[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international + 1 annonce (jeudi 25 juillet)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Jeu 25 Juil 07:49:14 CEST 2019


 Bonjour à tous,

Un grand tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
–> Un accès 'rapide' direct à la source de l'article (hors abonnement) par un lien hypertexte sur son intitulé dans le sommaire ; si un lien vers un article ne fonctionne pas, vous pouvez retrouver son contenu dans le corps du mail à l'item correspondant.
–> Un accès 'lent' et plus complet dans le corps du mail sous le sommaire et les extraits, incluant les articles réservés aux abonnés, des liens vers d'autres articles sur le même sujet et des pour en savoir plus (sources, etc.).
1- Enquête. Les entreprises bousculées par des jeunes en quête de sens <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/30/les-entreprises-bousculees-par-des-jeunes-en-quete-de-sens_5483418_3234.html>, Le Monde, maj le 01/07/19 à 00h31
2- Nicolas Hulot : « L’accord avec le Mercosur est complètement antinomique avec nos ambitions climatiques » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/30/nicolas-hulot-l-accord-avec-le-mercosur-est-completement-antinomique-avec-nos-ambitions-climatiques_5483453_3244.html>, Le Monde, maj le 01/07/19 à 02h16
3- Portrait. Ingrid Verleye, la militante d’Extinction Rebellion pour qui la catastrophe écologique est devenue une obsession <https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/03/ingrid-verleye-la-militante-d-extinction-rebellion-pour-qui-l-effondrement-est-devenu-une-obsession_5484708_4415198.html>, Le Monde, 03/07/19, 11h50
4- Tribune. Au-delà d’une finance simplement verte, atteindre « une finance véritablement dépolluée » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/03/au-dela-d-une-finance-simplement-verte-atteindre-une-finance-veritablement-depolluee_5484988_3232.html>, Le Monde, 03/07/19, 16h46
5- Pourquoi l’accord avec le Mercosur est si contesté <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/04/pourquoi-l-accord-avec-le-mercosur-est-si-conteste_5485115_3234.html>, Le Monde, 04/07/19, 09h06
6- Pollution de l'air : la justice reconnait de nouveau une faute de l'État français <https://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/pollution-de-l-air-la-justice-reconnait-de-nouveau-une-faute-de-l-etat-francais_2087814.html>, AFP, 04/07/19, 17:00
7- Entretien. François Gabart et Thomas Pesquet : « Il n’y aura pas de coup de baguette magique pour sauver la planète » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/05/francois-gabart-et-thomas-pesquet-il-n-y-aura-pas-de-coup-de-baguette-magique-pour-sauver-la-planete_5485579_3244.html>, Le Monde, 05/07/19, 06h02
8- Sommes-nous frappés d’« amnésie environnementale » ? <https://usbeketrica.com/article/sommes-nous-frappes-d-amnesie-environnementale>, Usbek & Rica, 07/07/19, 07:00
9- Enquête. La renaissance du faire-soi-même <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/07/le-renaissance-du-faire-soi-meme_5486548_3234.html>, Le Monde, maj le 08/07/19 à 06h30
10- Cinq stars qui mettent leur fortune au service du développement durable <https://www.novethic.fr/actualite/finance-durable/isr-rse/cinq-stars-qui-mettent-leur-fortune-au-service-du-developpement-durable-147431.html>, Novethic, 08/07/19
11- Le gouvernement met en place une écotaxe sur les billets d’avion <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/09/le-gouvernement-met-en-place-une-ecotaxe-sur-les-billets-d-avion_5487336_3244.html>, Le Monde avec AFP, 09/07/19, 16h46
12- Le plastique, l'encombrant invité du Tour de France <https://www.lexpress.fr/actualites/1/sport/le-plastique-l-encombrant-invite-du-tour-de-france_2088749.html>, AFP, 09/07/19, 16:00
13- A l’Assemblée, les opposants au CETA ne désarment pas <https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/10/a-l-assemblee-les-opposants-au-ceta-ne-desarment-pas_5487683_823448.html>, Le Monde, 10/07/19, 11h31
14- Economie circulaire : l’industrie du plastique sommée de se recycler <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/10/economie-circulaire-l-industrie-du-plastique-sommee-de-se-recycler_5487699_3244.html>, Le Monde, 10/07/19, 11h47
15- Portrait. Pekka Haavisto, la voix écolo de la Finlande <https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/11/pekka-haavisto-la-voix-ecolo-de-la-finlande_5488025_4500055.html>, Le Monde, 11/07/19, 09h44
16- Chronique. Dominique Méda : « Rendre inopérante la production de fausse science » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/13/dominique-meda-rendre-inoperante-la-production-de-fausse-science_5488911_3232.html>, Le Monde, 13/07/19, 06h30   
17- Christophe Itier : "Il y a urgence à trouver des solutions à nos défis climatiques, sociaux et démographiques" <https://www.lejdd.fr/Economie/christophe-itier-il-y-a-urgence-a-trouver-des-solutions-a-nos-defis-climatiques-sociaux-et-demographiques-3909564>, Le JDD, 13/07/19, 20h35
18- Entretien. « Notre cerveau n’est pas fait pour penser le long terme » <https://usbeketrica.com/article/notre-cerveau-pas-fait-pour-penser-long-terme>, Usbek & Rica, 14/07/19
19- Le Sénat va s'efforcer de muscler le projet de loi "énergie-climat" <https://www.lepoint.fr/politique/le-senat-va-s-efforcer-de-muscler-le-projet-de-loi-energie-climat-14-07-2019-2324433_20.php>, AFP, 14/07/19, 09:00
20- Les écolos désabusés par la valse des ministres de l'Environnement <https://www.geo.fr/environnement/les-ecolos-desabuses-par-la-valse-des-ministres-de-lenvironnement-196597>, AFP, 16/07/19, 19:00
21- L'industrie sud-africaine vent debout contre la toute nouvelle taxe carbone <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/18/l-industrie-sud-africaine-vent-debout-contre-la-toute-nouvelle-taxe-carbone_5490772_3212.html>, AFP, 17/07/19, 10:00
22- Les vastes chantiers qui attendent Elisabeth Borne <https://www.lepoint.fr/societe/les-vastes-chantiers-qui-attendent-elisabeth-borne-17-07-2019-2325174_23.php>, AFP, 17/07/19, 13:00
23- Tribune. Carlos Rittl : « L’Europe se fait-elle la complice de Bolsonaro dans la dévastation de l’Amazonie ? » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/18/carlos-rittl-l-europe-se-fait-elle-la-complice-de-bolsonaro-dans-la-devastation-de-l-amazonie_5490812_3232.html>, Le Monde, 18/07/19, 14h19 
24- Une ONG alerte sur les retards pris en Europe dans la détection des OGM de dernière génération <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/19/une-ong-alerte-sur-les-retards-pris-en-europe-dans-la-detection-des-ogm-de-derniere-generation_5490957_3244.html>, Le Monde, 19/07/19, 06h32
25- Tribune. "Taxer le carburant du transport aérien est souhaitable à l’échelle de l’Union européenne et de manière non homéopathique" <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/20/taxer-le-carburant-du-transport-aerien-est-souhaitable-a-l-echelle-de-l-union-europeenne-et-de-maniere-non-homeopathique_5491513_3232.html>, Le Monde, 20/07/19, 09h03
26- Elisabeth Borne au JDD : "L'écologie n'est pas la propriété de quelques-uns" <https://www.lejdd.fr/Politique/elisabeth-borne-au-jdd-lecologie-nest-pas-la-propriete-de-quelques-uns-3910664>, Le JDD, 20/07/19, 22h45
27- Tribune. Simone Tagliapietra : "Mis en œuvre avec pragmatisme, un “Green Deal” européen a le potentiel de remodeler l’économie du continent" <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/22/simone-tagliapietra-mis-en-uvre-avec-pragmatisme-un-green-deal-europeen-a-le-potentiel-de-remodeler-l-economie-du-continent_5491969_3232.html>, Le Monde, 22/07/19, 07h00 
28- Ceta. Les députés français approuvent l’accord avec le Canada, record de contestations chez LREM <https://www.ouest-france.fr/economie/commerce/ceta-les-deputes-francais-approuvent-l-accord-controverse-avec-le-canada-6456100>, Ouest-France avec agences, 23/07/19, 17h34
29- Rapport. Des pistes pour lutter contre l'artificialisation des sols <https://information.tv5monde.com/info/des-pistes-pour-lutter-contre-l-artificialisation-des-sols-312814>, AFP, 23/07/19, 18:00
30- La convention pour le climat, un enjeu démocratique <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/24/la-convention-pour-le-climat-un-enjeu-democratique_5492917_3244.html>, Le Monde, 24/07/19, 15h00
En audio
31- Marie-Monique Robin, une journaliste qui trempe la plume dans la plaie <https://www.franceculture.fr/emissions/de-cause-a-effets-le-magazine-de-lenvironnement/une-journaliste-qui-trempe-la-plume-dans-la-plaie>, France Culture, De cause à effets, 20/07/19, de 16h à 17h
En images
32- Des citoyens aux commandes du budget des communes <https://www.francetvinfo.fr/elections/municipales/des-citoyens-aux-commandes-du-budget-des-communes_3517605.html>, France 2, journal de 13h, 01/07/19
33- Photo : à La Gacilly, les extrêmes se rejoignent <https://www.parismatch.com/Culture/Art/Photo-a-La-Gacilly-les-extremes-se-rejoignent-1637276>, Paris Match, 15/07/19, 19h43 
Une annonce
34- Festival Climax à Bordeaux : Nicolas Hulot et le chef Raoni annoncés du 5 au 8 septembre <https://www.sudouest.fr/2019/07/18/festival-climax-a-bordeaux-nicolas-hulot-et-le-chef-raoni-annonces-du-5-au-8-septembre-6351170-2780.php>, Sud-Ouest, 18/07/19, 08h41 

Bien à vous,
Florence

NB : En pied de page de chaque message, vous disposez d’une adresse url qui vous permet de vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner directement à votre gré.

ENQUÊTES DU JOUR : — De moins en moins confiants dans l’avenir et dans les élites, les jeunes générations aspirent à plus d’autonomie et d’engagement. Un défi pour leurs futurs employeurs. (cf. item 1 & 3)
— Signe d’une société en quête de sens, le do-it-yourself revient en grâce. Habillement, cosmétiques mais aussi mécanique : des entreprises se développent pour accompagner ces nouveaux consommateurs. Et, dans le sillage des start-up, les grands groupes entrent dans la danse. (cf. item 9)
DOSSIER DU JOUR : Alimentation, environnement, retombées économiques… La Commission européenne a publié un document permettant de se faire une idée un peu plus précise des conséquences du Mercosur, ce traité de libre-échange si contesté. (cf. item 2, 5 & 23)
DÉCISION DU JOUR : A l’issue du Conseil de défense écologique, la ministre des transports, Elisabeth Borne, a annoncé la mise en place d’une taxe sur les billets d’avion au départ de la France. Plafonnée à 18 €, cette écotaxe, hautement inflammable, représente un montant trop faible pour avoir un réel effet. (cf. item 11, suite & 25)
SOMMATION DU JOUR : L’industrie du plastique qui compte 5 000 entreprises sur l’ensemble du territoire et 230 000 salariés, est sommée de se recycler. (cf. item 12 & 14)
ENTRETIEN DU JOUR : Avec Tali Sharot, chercheuse en psychologie et neurosciences, on a parlé de fake news, de biais d'optimisme, de court-terme et de réchauffement climatique. (cf. item 18)
ALERTE DU JOUR : Des documents officiels, rassemblés par Les Amis de la Terre, montrent que les autorités européennes ont tardé à élaborer un protocole d’évaluation des produits obtenus par mutagénèse. (cf. item 24)
RAPPORT DU JOUR : Densifier les espaces urbains, lutter contre la vacance des logements, augmenter la valeur des terres agricoles... Un rapport publié mardi fait une série de propositions au gouvernement pour lutter contre l'artificialisation des sols. (cf. item 29 & suite)
CONTOURS DU JOUR : La sélection des 150 citoyens tirés au sort pour participer à la convention pour le climat devrait débuter mi-août. (cf. item 30)
PORTRAITS DU JOUR : — Avec Pekka Haavisto, la Finlande, qui assure la présidence de l’UE, entend accélérer la lutte contre le réchauffement climatique. (cf. item 15)
— "Le Monde selon Monsanto", "Les Moissons du futur"... , Marie-Monique Robin, Prix Albert Londres en 1995, trempe sa plume dans la plaie, avec ténacité. Du social à l'écologie, elle nous confie ses combats, ses moteurs, ses mentors et espère être un lanceur d'avenir ! (cf. item 31)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 120 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
______________________________________________________________________________________________________________________
1- Enquête. Les entreprises bousculées par des jeunes en quête de sens, Le Monde, maj le 01/07/19 à 00h31
Béatrice Madeline

De moins en moins confiants dans l’avenir et dans les élites, les jeunes générations aspirent à plus d’autonomie et d’engagement. Un défi pour leurs futurs employeurs.
A 27 ans, Lucie Basch a déjà un joli bilan à son actif. Ingénieure de l’Ecole centrale, après avoir démarré sa carrière dans un grand groupe de l’agroalimentaire, elle a fondé en juin 2016 Too Good To Go, une entreprise vouée à lutter contre le gaspillage alimentaire, qui représente en France 10 millions de tonnes de produits par an.
Grâce à l’application du même nom, plutôt que de jeter leurs invendus, les commerçants peuvent les revendre à bas prix aux consommateurs qui s’inscrivent sur la plate-forme.
Trois ans plus tard, une soixantaine de waste warriors [guerriers des déchets] travaillent pour l’entreprise, 9 000 commerçants utilisent le dispositif, et trois millions de personnes ont téléchargé l’appli. « On crée de la valeur pour la société, on a construit un modèle économique qui fait sens et on peut viser un impact social positif », se félicite la jeune femme.
Lucie Basch est-elle une exception, au cœur d’une jeunesse désabusée ? Bien au contraire. Plus que jamais, les moins de 30 ans veulent un travail qui ait du sens pour eux, en lien avec leurs valeurs, et qui produise un impact positif – que ce soit sur le plan sociétal ou environnemental. « Aujourd’hui, les jeunes sont en quête de sens, y compris ceux qui sont moins allés à l’école », confirme Anne-Emmanuelle Semin, DRH chargée de l’acquisition des talents chez Engie, qui recrute à 80 % des profils techniques du niveau CAP à bac + 2.
> Lire aussi.Olivier Galland : « La valeur dominante est l’autonomie »
« Etre un jeune aujourd’hui, c’est se réveiller avec beaucoup d’incertitudes. Alors on n’a pas le choix. On est obligés de réagir », explique Solène Renaudin, étudiante à la Toulouse Business School, l’une des lauréates de l’opération « La Parole aux 18-28 ans » lancée lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), dont le thème, cette année, est « Renouer avec la confiance ».
« Partout où un problème se pose – le changement climatique, l’ascenseur social, le logement, la crise migratoire –, nous avons enchaîné les déceptions et on ne voit pas venir les solutions de la part des institutions, des gouvernements. Et beaucoup de repères ancrés depuis des années, comme la structure familiale ou la religion, qui fédéraient les gens, disparaissent », poursuit la jeune étudiante.
« La société ne fait plus société »
De fait, cette génération doit composer avec bien des ruptures pour s’imaginer un avenir : la mobilité sociale, la fin de l’idée de prospérité, la crise financière, la transition climatique et une forme de rupture du contrat social, qui a notamment pris corps dans le mouvement des « gilets jaunes ».
« Dans ma région, près de Nîmes, on n’a plus de bus, les administrations ne répondent plus, le commissariat a fermé, les gens sont empêchés de travailler à cause de tel ou tel problème… Or, la confiance, elle repose aussi sur ces institutions informelles et de sociabilisation, insiste Jules Baudet, 20 ans, étudiant en bachelor en école d’ingénieurs, lui aussi lauréat de « La Parole aux 18-28 ans ». On voit apparaître quelque chose qui ressemble à une guerre des castes. »
Un phénomène également pointé par Yann Algan, professeur d’économie à Sciences Po et auteur de travaux sur la défiance, qui rappelle que c’est dans les villes de taille intermédiaire que le sentiment de solitude des individus est le plus élevé, et que la société de classes postindustrielle est devenue une société d’individus. « La société ne fait plus société, dit-il, alors que la notion de confiance entre les individus est essentielle. »
« Les jeunes ont perdu confiance en la capacité des élites, qu’elles soient économiques ou politiques, à bâtir une société de progrès », analyse Jean-Hervé Lorenzi, le président du Cercle des économistes. Selon le Baromètre Cevipof de la confiance politique de janvier 2018, les 18-24 ans n’étaient « que » 38 % à se reconnaître dans l’affirmation « Je suis toujours optimiste quand je pense à mon avenir ». Et plus d’un jeune sur deux (55 %) pense que sa génération aura moins de chances de réussir dans la société française que ses parents.
Face à cela, outre l’idée du sens, celle de l’engagement fait son chemin. Mais pas sous la forme d’un engagement politique ou syndical, plutôt au profit d’une cause sociale ou humanitaire, sous la forme d’une action concrète. Selon une enquête réalisée par le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), fin 2018, près d’un lycéen de terminale sur deux était déjà engagé bénévolement dans des actions de ce type, souhaitant participer à des actions ponctuelles (manifestations, pétitions, boycottages).
Retisser le lien social entre les générations
Retisser le lien social entre les générations, répondre à un besoin, c’est justement l’objectif de Pauline Faivre, psychologue de formation, et de ses deux associées, Astrid Parmentier et Isabelle Pelissié du Rausas, 24 ans toutes les trois, créatrices de Tom & Josette.
L’entreprise veut créer des microcrèches dans les maisons de retraite privées et les résidences pour seniors, et y développer des activités communes entre enfants et résidents : lectures de contes, chants, ateliers au jardin ou au potager… De quoi « déconstruire », selon Pauline Faivre, les regards portés par les familles sur les personnes âgées, et aider ces dernières à mieux vieillir.
Lauréate de la mention « Engagement » du prix Moovjee décerné par le CIC, Pauline Faivre n’a pas le sentiment de sortir du lot, mais plutôt celui d’appartenir à une génération engagée. « Au sein de ma promo du master HEC Entrepreneurs, sur 110 étudiants, on compte au moins 70 % de projets à impact », note-t-elle. Pourquoi ? « On partage tous le diagnostic qu’il y a beaucoup d’enjeux à résoudre, tant environnementaux que sociaux », analyse la jeune femme.
> Lire aussi Grève pour le climat : nouvelle mobilisation des lycéens pour que « les élections européennes soient des élections climatiques »
Pour Yann Algan, si la génération des moins de 30 ans est aussi engagée et soucieuse de faire changer les choses, c’est en grande partie grâce à Internet qui, d’une part, offre un accès illimité à l’information, permet de faire émerger des projets collectifs et de toucher un maximum de monde à travers les plates-formes et les solutions numériques, mais également grâce à l’éducation. « Nos pays occidentaux n’ont jamais été aussi éduqués de toute l’histoire de l’humanité, or l’éducation va de pair avec une exigence d’esprit critique et une exigence de nouvelles formes de participation aux décisions », remarque le chercheur.
« Impact social plutôt que rentabilité »
Clément Le Bras, 25 ans, diplômé de l’Ecole des mines, a, lui, imaginé qu’Internet pouvait être une partie de la solution. En constatant les énormes revenus publicitaires générés par les moteurs de recherche, il a eu l’idée d’utiliser ces sommes pour financer des projets à impact social ou environnemental.
Le moteur de recherche Lilo est né en 2015, et il reverse aujourd’hui la moitié de ses revenus à des associations ou à des projets dans le domaine de la santé, de l’éducation, du social ou de l’environnement. Par ailleurs, 5 % des revenus vont à la compensation carbone du moteur. Des « gouttes d’eau » qui ont déjà permis de redistribuer près de 2 millions d’euros.
Aujourd’hui, Lilo est en passe de démontrer que le modèle économique est viable – ce qui avait suscité le scepticisme, voire la « condescendance » des premiers investisseurs contactés par le jeune entrepreneur.
« Depuis dix, vingt ou trente ans qu’ils regardaient des projets, ils n’avaient jamais imaginé qu’on pouvait travailler autrement que par le prisme de la rentabilité et en cherchant à maximiser les revenus », se souvient Clément Le Bras. « Il n’était pas dans leur ADN de croire que l’impact social pouvait être un argument différenciant. » Pour lui, « c’est aussi une histoire de génération, car nous trouvons une oreille plus attentive aujourd’hui dans les fonds d’investissement où travaillent des personnes plus jeunes ».
Ces aspirations traversent toutes les couches sociales
De fait, l’impact investing, ou « investissement à impact », se développe au rythme des multiples projets qui voient le jour, pour beaucoup portés par ces jeunes pleins d’idéaux.
« Il y a dix ans, la terminologie de l’impact investing n’existait même pas », se souvient Mathieu Cornieti, 40 ans, fondateur et président du fonds Impact Partenaires, alors qu’il reçoit aujourd’hui des dizaines de courriels et de demandes d’entretien par semaine. « Il y a clairement un élan, une jeunesse qui a envie de s’engager », constate-t-il.
La moyenne d’âge de son équipe, composée d’une vingtaine de personnes, s’établit autour de 28 ans, ce qui est extrêmement jeune pour une société de gestion. Juliette Both, 27 ans, diplômée de l’Edhec et de la London School of Economics, est entrée chez Impact Partenaires il y a plus de deux ans : « Quitte à dépenser énormément d’énergie et de temps de ma vie au travail, je voulais que cela soit investi d’une manière qui me corresponde », dit la jeune femme, qui a mené des projets dans la microfinance au Pérou et des missions au Kenya, notamment pour aider les jeunes des bidonvilles à développer leur business grâce à l’apprentissage du code informatique.
> Lire aussi. Environnement : le manifeste des jeunes pour interpeller les entreprises
Ces nouvelles aspirations ne concernent pas qu’une catégorie de jeunes favorisés, issus des grandes écoles. Comme le soulignait Anne-Emmanuelle Semin, d’Engie, elles traversent toutes les couches sociales.
Energie et pragmatisme
Boris Lombard, président de KSB France, un groupe industriel qui recrute des ingénieurs, mais aussi des techniciens et des technico-commerciaux, le constate au quotidien : « Ils veulent une entreprise dans laquelle ils vont pouvoir s’épanouir, ils sont attirés par le projet, toute forme d’immobilisme leur fait peur. »
Et pas question de faire l’impasse sur les valeurs : « Non seulement il faut donner à voir à nos candidats quelles sont nos valeurs, mais encore faut-il en apporter la preuve par des mesures ou des actions concrètes », ajoute-t-il.
A leur manière, avec énergie et un certain pragmatisme, tous ces jeunes sont en train de rebattre quantité de cartes. En obligeant les entreprises à repenser leur stratégie pour faire plus de place à l’environnement, à l’impact, en amenant les consommateurs, à travers de nouveaux services ou produits, à modifier leurs pratiques d’achat, en proposant à des acteurs traditionnels de réinventer leurs liens pour créer une société plus inclusive. Inévitablement, cette exigence s’étend déjà à toutes les formes de décisions, économiques ou politiques.
+ Infographie : Une nouvelle approche du travail <https://img.lemde.fr/2019/06/28/0/0/1068/3548/630/0/60/0/cd6ec46_QWSUYrlalRWFp8-UJdL6JkuZ.png>
+ Infographie : Le statut d’indépendant plébiscité <https://img.lemde.fr/2019/06/28/0/0/1068/3247/630/0/60/0/7745b06_HwLZSGoo3AAbGhOt4KtOfDNL.png>
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/30/les-entreprises-bousculees-par-des-jeunes-en-quete-de-sens_5483418_3234.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
2- Nicolas Hulot : « L’accord avec le Mercosur est complètement antinomique avec nos ambitions climatiques », Le Monde, maj le 01/07/19 à 02h16
Propos recueillis par  Rémi Barroux  

Après l’accord conclu entre l’UE et l’union sud-américaine, l’ancien ministre de la transition écologique estime que « le libre-échange est à l’origine de toutes les problématiques écologiques ». 
La Commission européenne a conclu, vendredi 28 juin, un vaste accord commercial avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay). L’ancien ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, qui avait démissionné de son poste fin août 2018, estime que cet accord est « incohérent » avec les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique.
> Lire aussi  L’Union européenne conclut un accord commercial historique, mais polémique, avec le Mercosur
Pour le président Emmanuel Macron, l’accord commercial conclu entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur est « bon, à ce stade ». Partagez-vous ce jugement ?
Je ne comprends pas qu’on puisse en l’état signer cet accord. Ce type de décision politique montre qu’on n’a aucune approche systémique, globale de la lutte climatique. On est très loin de la cohérence. Cet accord est complètement antinomique avec nos ambitions affichées et, surtout, avec la réalité de ce qu’il faut faire.
D’une part, cela crée des doutes sur les intentions et les déclarations politiques, au vu de la réalité des pratiques ; et on voit les conséquences quand les doutes sur l’action politique grandissent. D’autre part, on laisse un président, Jair Bolsonaro, saccager la forêt amazonienne, sans laquelle on n’a aucune chance de gagner la bataille climatique. Elle représente à elle seule dix années d’émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cela n’était pas parfait avec les gouvernements brésiliens précédents, mais là c’est la curée.
Par ailleurs, on s’indiffère d’exactions multiples et répétées contre les Indiens d’Amazonie puisqu’on laisse les nervis des forestiers, des miniers et des pétroliers agir sans se soucier de ces populations et de leurs droits. Cela parachève une forme de génocide au fil de l’histoire des Indiens.
Je ne vois pas comment on peut, sur un enjeu universel, signer un accord avec un pays qui bafoue, à ce point, ces objectifs. Cela prouve qu’on n’a pas pris la mesure des choses et, surtout, qu’on est loin d’être dans la cohérence.
> Lire aussi  Au Brésil, l’accord commercial entre le Mercosur et l’Europe affole les ONG environnementales
Comment jugez-vous la diplomatie française ?
Notre diplomatie devrait être prioritairement écologique et une diplomatie des droits de l’homme et accessoirement ou corollairement une diplomatie économique.
On se tire une balle dans le pied puisque dans le même temps, on décourage nos agriculteurs qui sont déjà sur la corde raide. On exonère les pays importateurs des efforts que l’on demande à nos propres agriculteurs.
C’est cette fameuse incohérence que je dénonce en permanence, qui fait qu’il ne peut pas y avoir de crédibilité. On finit par ne plus croire personne : on dit des choses et dans la foulée, on prend des engagements, on signe des traités qui nous mènent à l’opposé de nos intentions.
Il existe un triptyque pour créer de la confiance. Il faut de l’exigence, c’est-à-dire mettre la barre très haut parce que la situation l’exige. Il faut de la cohérence, car sans elle, les gens sont démobilisés. Et il faut de la pertinence, ce qui veut dire que certaines choses sont compatibles avec nos objectifs climatiques et d’autres ne le sont pas.
Il y a des choses dans lesquelles il ne faut plus investir, des textes que l’on ne peut plus signer. On ne signe pas avec des gens qui bafouent l’accord de Paris, ou alors ce n’était pas la peine de se donner tant de mal pour le faire signer.
> Lire aussi  « Le Brésil ne fera rien pour respecter l’accord de Paris sur le climat »
N’a-t-on pas surestimé la signature de l’accord de Paris, en décembre 2015 ? Peut-on croire en l’action internationale avec les arrivées au pouvoir de Donald Trump ou de Jair Bolsonaro ?
J’étais le seul à ne pas me trémousser à la signature de cet accord. J’avais trop conscience qu’on allait se décharger sur ce texte qui n’était malheureusement pas contraignant. On a confondu la signature d’objectifs avec leur réalisation.
Au niveau international, il faut être sans concession et s’unir avec les progressistes, faire un front commun contre ces conservateurs criminels contre l’humanité.
Cela dit quoi des discours présidentiels, fermes à l’international sur le climat ?
Deux sincérités s’affrontent qui ne sont pas compatibles. On est victimes de ce que certains économistes ont appelé la « tragédie des horizons », soit notre incapacité à combiner le court terme et le long terme. A un moment il faut faire des choix, on ne peut pas courir deux lièvres à la fois.
Le libre-échange est à l’origine de toutes les problématiques écologiques. L’amplifier ne fait qu’aggraver la situation. Il faudra d’ailleurs comprendre un jour qu’une des premières obligations va être de relocaliser tout ou partie de nos économies.
Mais avant que nos élites l’intègrent, je pense qu’on sera tous calcinés. Il est fini le temps où j’arrondis les angles, terminé, j’en ai ras le bol. La mondialisation, les traités de libre-échange sont la cause de toute la crise que nous vivons. Si on ne s’attaque pas à cela, ça ne sert à rien. Ce n’est pas en installant trois éoliennes que l’on va y arriver.
Fallait-il signer le CETA, le traité entre l’UE et le Canada ?
Tout cela va dans le mauvais sens. Le Canada est l’un des pires élèves du G20. Signer le CETA c’était le conforter alors que ne pas le signer c’était l’encourager à faire autrement.
Que faire politiquement en France ?
Ma réponse va paraître bizarre. Déjà, il faut changer d’état d’esprit, c’est-à-dire sortir politiquement de nos divisions. Il faut que les femmes et les hommes de gauche et du centre s’additionnent sur ces sujets-là.
L’équation est très complexe, mais elle ne peut pas s’accommoder de nos divisions permanentes. C’est comme en temps de guerre, on est en guerre contre nous-mêmes, et à un moment ou à un autre, on met de côté nos petits préjugés. Si on se mettait d’accord sur des moyens et des objectifs, les citoyens suivraient comme un seul homme. En entretenant à foison des divisions artificielles, on ne met pas la société en situation de muter.
L’écologie est le prisme qui doit dicter toutes nos politiques publiques et notre diplomatie internationale. Tant que l’on n’a pas compris ça, on est dans les intentions, pas dans la réalisation.
Il faut appeler la classe politique à faire preuve de maturité, de responsabilité et la première chose à faire, pour ce qui nous concerne, est d’investir massivement dans la transition écologique et, y compris, on le voit bien actuellement, dans l’adaptation au changement climatique.
Vous faites allusion à l’épisode caniculaire qui sévit ?
Oui, on voit bien avec ce petit épisode que l’on est totalement pris de court dès lors qu’on dépasse le seuil des 40 °C, on ne sait plus quoi faire.
Or ce que l’on vient de subir est un épiphénomène. Il faut savoir les conséquences immédiates que cela aura sur l’accès à l’eau, sur nos propres cultures. On ne réalise pas l’effet domino de ce qui s’abat sur nous.
> Lire aussi  Que contient l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur ?
Il y a un moment où on doit sonner la mobilisation générale politique de toutes les intelligences. Cela ne peut se faire que dans un esprit de responsabilité, que j’appelle de tous mes vœux. Or on continue à s’affronter comme si on avait l’éternité devant nous.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/30/nicolas-hulot-l-accord-avec-le-mercosur-est-completement-antinomique-avec-nos-ambitions-climatiques_5483453_3244.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
3- Portrait. Ingrid Verleye, la militante d’Extinction Rebellion pour qui la catastrophe écologique est devenue une obsession, Le Monde, 03/07/19, 11h50
Eléa Pommiers

Depuis une « prise de conscience fulgurante », elle a intégré le mouvement de désobéissance civile. 
Le soleil ardent qui écrase Paris en ce vendredi de canicule les a fait hésiter. Puis les militants du mouvement de désobéissance civile Extinction Rebellion (XR) se sont dit qu’ils ne pouvaient pas mieux tomber pour alerter sur le « désastre écologique » en cours. Pour leur premier blocage d’envergure, ils ont choisi le pont de Sully, en plein cœur de la capitale. Au milieu des fanions colorés aux messages alarmistes, des vélos et des pistes de danse improvisées qui remplacent les voitures, Ingrid Verleye promène un regard ému.
A 44 ans, cette iconographe fait partie des « anciens » du mouvement, qu’elle a intégré au mois de novembre 2018, à ses balbutiements en France. Elle a passé des semaines à préparer cette action aux côtés des autres militants. Les « Sur le pont, rébellion ! » scandés par ses camarades lui arrachent un large sourire : c’est elle qui a eu l’idée du slogan.
> Un débat au Monde Festival : Comment vivre dans un monde effondré ?
Armée de son drapeau jaune sérigraphié avec le symbole d’XR, un sablier dans un cercle représentant la Terre, elle espère attirer l’œil et susciter l’intérêt des curieux qui observent ces quelque 300 à 400 militants, pour provoquer chez eux la prise de conscience qui l’a amenée, elle, sur ce pont parisien.
« Fulgurant déclic »
L’engagement, cette « militante sur le super tard » – comme elle se qualifie – l’a ressenti comme une urgence « du jour au lendemain ». Elle navigue sur Internet un matin de début novembre 2018 lorsqu’elle tombe sur une tribune d’Yves Cochet, éphémère ministre de l’environnement du gouvernement Jospin, publiée dans Libération en août 2017. L’ancien ministre et mathématicien y soutient la thèse que « l’effondrement est imminent » et que la « fin du monde tel que nous le connaissons » interviendra dès 2020, 2030 au plus tard.
L’écologie ne lui était pas étrangère. Elle mangeait déjà bio, vivait à Montreuil où l’écologiste Dominique Voynet avait été maire de 2008 à 2014, était sensible au vivant et aux menaces qui pèsent sur l’environnement, mais la crise climatique ne lui semblait qu’une lointaine menace.
En parcourant le texte qui prédit à court terme un effondrement des systèmes politiques, une rupture de l’approvisionnement alimentaire, des guerres, des famines et des morts, Ingrid, mère de deux enfants, a « un fulgurant déclic ».
« Ça a été l’étincelle qui manquait. Je me suis dit “mais en fait on y est, ce n’est pas un truc qui arrivera dans trois générations, mais de mon vivant, et surtout de celui de mes enfants”. »
> Lire : Eco-anxiété, dépression verte ou « solastalgie » : les Français gagnés par l’angoisse climatique
Elle était jusqu’alors convaincue que la technique aurait le temps d’évoluer, que le développement durable s’inventerait dans le bureau des ingénieurs. « D’un coup, j’ai compris que c’était trop tard », explique-t-elle. Les quinze jours qui suivent sont des semaines d’angoisse et d’incertitude. « Je me suis demandé comment on allait s’en sortir, ce qu’il fallait faire. J’ai même pensé organiser un truc survivaliste à la campagne », se remémore-t-elle.
Créer des solidarités pour l’avenir
Puis elle découvre l’existence d’Extinction Rebellion. Les revendications du mouvement (dont la reconnaissance politique de la gravité de l’urgence écologique et la neutralité carbone en 2025) et son mode d’action non violent mais percutant la convainquent immédiatement. Elle intègre l’association deux jours plus tard, « pour faire prendre conscience aux gens de l’urgence absolue de la situation ».
Parrainage des nouveaux militants, organisation des actions, relation avec les médias, gestion des réseaux sociaux… Son engagement militant lui prend désormais tout son temps en dehors du travail, y compris ses jours de congé. Elle était place de la Bourse en mars pour le lancement officiel du mouvementen France et au Trocadéro en mai pour verser du faux sang sur le sol et alerter sur la sixième extinction de masse. Deux jours avant le blocage du pont Sully, le groupe local qu’elle a contribué à lancer à Montreuil a réussi à faire voter l’urgence climatique par le conseil municipal, et Ingrid ne cache pas sa satisfaction face à cette « victoire », même symbolique.
> Lire : « On est plus chaud, plus chaud que le climat » : à Paris ou Londres, la désobéissance civile s’intensifie
Elle n’a pas trouvé dans Extinction Rebellion qu’une réponse à son angoisse écologique. Le mouvement, « horizontal et décentralisé », lui semble aussi être une réponse aux défis démocratiques de l’avenir. « On voit qu’on est capable de monter des actions qui fonctionnent sans organisation hiérarchique, c’est une manière de réinventer la prise de décision », s’enthousiasme-t-elle. Extinction Rebellion lui a aussi permis de « créer des solidarités ». « Si on doit vivre autrement faute de ressources plus tard, l’entraide sera fondamentale, et nous, on aura déjà fait une partie du chemin », estime-t-elle.
Ses deux enfants de 13 et 16 ans, à qui elle a d’emblée expliqué qu’il allait « falloir s’adapter » et sans doute « apprendre à travailler avec ses mains » pour l’avenir, l’ont suivie dans son engagement. Comme son compagnon, sa belle-mère de 76 ans, et « plusieurs amis ». « Je suis un peu prosélyte malgré moi, j’en parle tout le temps », admet-elle dans un sourire timide.
« C’est tout le système qui doit changer »
Ingrid n’a cependant pas changé sa « vie de salariée citadine » du tout au tout. Elle fait de nombreux trajets en vélo, mais utilise la voiture dès qu’il s’agit des enfants. « Je la laisserai quand ils ne seront plus là, peut-être que je changerai complètement de vie, mais pour l’instant je dois subvenir à leurs besoins », explique-t-elle. Elle a prévu un voyage en avion pour le mois d’août, mais « ce sera sûrement le dernier ». Elle ne peut pas non plus se passer de supermarchés, même si elle cherche à les contourner grâce à son jardin potager et aux circuits courts et réfléchit à limiter au maximum sa consommation de biens.
« Les petits gestes individuels sont importants mais ce n’est pas ce qui sauvera la planète. C’est tout le système économique industriel fondé sur l’hyperconsommation qui doit changer pour qu’on puisse tous transformer notre mode de vie, c’est pour ça que je milite. »
Ce qui a changé, en revanche, c’est son regard sur le monde. « Je fais des liens que je n’aurais pas faits avant », assure-t-elle. Comme lorsqu’elle traverse le Jardin des plantes et remarque que le nombre de mésanges a diminué « en quelques années seulement ». 
« Depuis novembre, j’y pense sans cesse. Je n’arrive plus à me projeter parce que je ne sais pas à quoi ressemblera le monde dans trente ans. »
Et si l’effondrement tant redouté n’arrivait jamais ? « Je n’ai aucune certitude », concède Ingrid : « Je sais juste que je ne pourrai pas me regarder dans une glace à l’avenir si je ne fais rien aujourd’hui. » 
Ce vendredi-là, l’action du pont de Sully a tourné court : les CRS ont délogé les militants en une heure et demie, à grand renfort de gaz lacrymogène.
> Lire aussi  Des militants écologistes évacués violemment par les CRS lors d’un rassemblement pour le climat à Paris
Ingrid baisse la tête, déçue que le blocage et l’occupation aient si peu tenu et désarçonnée par le mode d’action des policiers. « C’était un tour de chauffe », veut-elle cependant croire. Certains prennent la direction de l’Elysée pour la fin de la journée, mais l’objectif est plus lointain : la « semaine internationale de la rébellion », qui aura lieu à Paris en octobre et à l’occasion de laquelle Extinction Rebellion France espère reproduire l’expérience londonienne de près de deux semaines de blocages avec plusieurs milliers de personnes. Ingrid, en tout cas, a déjà réservé sa semaine.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Retrouvez notre série de portraits de celles et ceux qui préparent l’après-effondrement
Seuls ou en famille, en ville ou à la campagne, des hommes et des femmes ont choisi de préparer l’après-effondrement lié au réchauffement climatique, en tissant de nouvelles solidarités ou en changeant de vie. Nous sommes partis à leur rencontre.
• Daniel Cueff, le maire breton qui invente le village de l’après-pétrole <https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/06/19/daniel-cueff-le-maire-breton-qui-invente-le-village-de-l-apres-petrole_5478334_4415198.html>
• Gaël Musquet, « hacker citoyen » et vigie du changement climatique <https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/06/26/gael-musquet-hacker-citoyen-et-vigie-du-changement-climatique_5481584_4415198.html>
• Ingrid Verleye, la militante d’Extinction Rebellion pour qui l’effondrement est devenu une obsession <https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/03/ingrid-verleye-la-militante-d-extinction-rebellion-pour-qui-l-effondrement-est-devenu-une-obsession_5484708_4415198.html>
<https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/03/ingrid-verleye-la-militante-d-extinction-rebellion-pour-qui-l-effondrement-est-devenu-une-obsession_5484708_4415198.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
4- Tribune. Au-delà d’une finance simplement verte, atteindre « une finance véritablement dépolluée », Le Monde, 03/07/19, 16h46
Par Collectif

Un collectif d’économistes et de responsables politiques plaide dans une tribune au « Monde » pour une notation des banques en fonction de leur prise en compte des enjeux écologiques et sociaux.
Tribune. La crise des « gilets jaunes » a mis en lumière l’impasse politique d’une transition écologique reposant d’abord sur les ménages les plus contraints, qui n’ont d’autre choix dans les zones rurales que de prendre la voiture pour se déplacer, faute d’alternative. La nécessaire hausse de l’investissement public dans la transition écologique est régulièrement évoquée dans le débat public, mais quid de l’investissement privé ?
Les enjeux et les potentiels d’investissements sont pourtant colossaux : le financement bancaire mondial aux énergies fossiles extrêmes était en hausse de 11 % entre 2016 et 2017, passant de 104 à 115 milliards d’euros. Et ce alors même qu’environ 80 % des émissions mondiales de CO2 sont dues à la combustion d’énergies fossiles.
> Lire aussi  « L’écologie est au cœur de l’acte II du quinquennat »
En parallèle, les citoyens veulent agir. C’est ce que montrent les mobilisations de plus en plus nombreuses en faveur de politiques ambitieuses de lutte contre le changement climatique, des marches pour le climat à « l’Affaire du siècle », la pétition la plus populaire de l’histoire en France avec deux millions de signatures.
Enjeux écologiques et sociaux
Or, le grand public est souvent démuni face au manque d’accessibilité de l’information. Certains citoyens ont récemment découvert, médusés, que le « livret de développement durable et solidaire » pouvait financer le charbon et les « obligations vertes » la rénovation d’une raffinerie pétrolière (par l’énergéticien espagnol Repsol). Près de neuf Français sur dix estiment que leur banque les informe peu ou pas du tout sur l’utilisation de leur épargne et son impact sur le changement climatique, alors que 57 % souhaiteraient que leur épargne contribue à lutter contre le changement climatique.
> Lire aussi  « L’industrie financière doit s’engager à prévenir la menace d’une prochaine grande crise écologique et sociale »
Dès lors, de la même manière que le baromètre « Nutriscore » classe les aliments sur une échelle de A à E en fonction de leurs qualités nutritionnelles, une notation publique des établissements financiers en fonction de leur prise en compte des enjeux écologiques et sociaux pourrait être mise en place.
> Lire aussi  Extraction minière : « Les entreprises anticipent la transition, mais elles attendent d’être contraintes par les Etats »
Engagements de désinvestissement des énergies fossiles, investissements dans la transition écologique, comportement envers les populations précaires en matière de frais financiers, respect des obligations de transparence et d’information des consommateurs : autant de facteurs qui pourraient faire l’objet d’une évaluation et, in fine, d’une notation des banques, assurances et gestionnaires d’actifs.
Associer les citoyens et les citoyennes
Un tel baromètre des établissements financiers pourrait permettre aux citoyens de mieux orienter leurs choix d’épargne et de services financiers (ne pas ouvrir de compte ou déposer d’argent chez une banque qui investirait massivement dans le charbon ou les sables bitumineux par exemple). Ce type de baromètre a déjà été élaboré par un cabinet de consultants allemand à partir de l’analyse des informations rendues publiques par les assureurs allemands.
C’est en jouant précisément sur ce risque pesant sur la réputation des institutions que les ONG accroissent la pression : les publications dénonçant le financement des énergies fossiles se multiplient. Ce « naming and shaming »contribue à faire évoluer les pratiques du secteur financier. Les obligations de transparence et de publication d’information qui s’imposent de plus en plus sont propices à nourrir la mobilisation des ONG, qui doit aujourd’hui être amplifiée par celle des citoyens consommateurs.
> Lire aussi  Annonces d’Emmanuel Macron : « Repenser la méthode de la transition écologique est utile mais ne suffira pas »
Ainsi, depuis la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015, les établissements financiers doivent publier chaque année un rapport indiquant la prise en compte des critères écologiques dans leurs investissements. Dans l’attente d’une action forte de l’Union européenne sur ce sujet, qui s’attache pour l’heure à développer une classification – nécessaire - des produits verts afin d’avoir une définition commune dans toute l’Union, d’autres pouvoirs publics pourraient encourager le développement de ce baromètre.
En France, alors que la Place de Paris affiche l’ambition de devenir la capitale européenne de la finance verte, la Ville de Paris pourrait encourager le lancement d’un travail associant experts, associations, instituts de recherches et entreprises afin de développer un baromètre des institutions financières en fonction de leur alignement sur une stratégie bas carbone. Paris ne deviendra réellement capitale de la finance verte qu’en faisant de ce projet une entreprise collective, associant ses citoyens et citoyennes pour atteindre, au-delà d’une finance simplement verte, une finance véritablement « dépolluée ».
Collectif de cette tribune : Celia Blauel est adjointe à la Maire de Paris en charge de la transition écologique, du climat, de l’environnement, de l’eau et de l’assainissement, pour Paris en commun ; Florian Bercault, cofondateur d’Estimeo, entreprise de notation financière et extra-financière ; Raphaël Boroumand, économiste, auteur de 20 idées reçues sur l’énergie (De Boeck) ; Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la Maire de Paris, pour Paris en commun ; Nicolas Hazard, fondateur d’INCO, incubateur de start-up vertes et sociales ; Claire Ponty, professionnelle du secteur de l’énergie ; Laurence Scialom, professeure d’économie à l’université Paris Nanterre ; Gabrielle Siry, membre de l’observatoire économie de la Fondation Jean Jaurès et auteure de Dépolluons la finance (FJJ, 2019)
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/03/au-dela-d-une-finance-simplement-verte-atteindre-une-finance-veritablement-depolluee_5484988_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
5- Pourquoi l’accord avec le Mercosur est si contesté, Le Monde, 04/07/19, 09h06
Pierre Le Hir, Laurence Girard, Mathilde Gérard, Marie de Vergès, Éric Béziat et Sophie Petitjean  (Bruxelles, bureau européen)

Alimentation, environnement, retombées économiques… La Commission européenne a publié un document permettant de se faire une idée un peu plus précise des conséquences de ce traité de libre-échange. 
Moins d’une semaine après l’annonce de l’accord de libre-échange conclu entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), le 28 juin, la contestation prend de l’ampleur. Manifestations d’agriculteurs, levée de boucliers d’ONG, division au sein même de la majorité…
Le débat pourrait compliquer la donne pour Emmanuel Macron, qui a défendu, mardi 2 juillet à Bruxelles, ce texte, en mettant en garde contre les attitudes « néoprotectionnistes ».
En attendant la version définitive, qui sera publiée dans les prochaines semaines, la Commission européenne a mis en ligne un document de dix-sept pages permettant de se faire une idée un peu plus précise du résultat des négociations.
> Lire aussi  L’Union européenne conclut un accord commercial historique, mais polémique, avec le Mercosur
• A quoi sert un traité de libre-échange ?
A Bruxelles, l’impératif économique est mis en avant pour défendre la logique des accords de libre-échange. Premier objectif : créer des opportunités pour nos exportateurs et donner à nos entreprises un meilleur accès aux marchés publics des pays concernés. Ainsi, selon la Commission, l’accord avec le Mercosur est censé faire économiser aux sociétés européennes plus de 4 milliards d’euros en droits de douane. Il impose aussi la reconnaissance de spécificités comme les indications géographiques protégées.
Mais comme pour toute négociation commerciale, l’Europe a dû offrir des concessions à ses partenaires, dans l’agriculture notamment, ce qui nourrit les inquiétudes.
In fine, aucune étude officielle ne chiffre l’impact global sur la croissance et l’emploi au sein de l’UE. L’exercice semblait-il trop risqué ? Pour le défunt Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement avec les Etats-Unis (TIPP, aujourd’hui à l’arrêt), les économistes parlaient d’un bénéfice de 0,01 à 0,05 point de produit intérieur brut par an sur la première décennie. Un gain faible au regard de la fronde des opinions publiques dans certains pays… même si bon nombre d’Etats membres restent farouchement libres-échangistes.
Pour justifier ces accords, les dirigeants insistent aussi sur leur caractère politique. Dans une UE initialement construite comme un vaste espace de libre-échange et dont la force est avant tout économique, le commerce serait un levier d’influence. Ainsi la Commission ne manque-t-elle pas de souligner la décision du Brésil de rester dans l’accord de Paris sur le climat : un engagement pris pour ne pas hypothéquer ses relations avec l’UE, en dépit des pressions exercées par Washington.
• Allons-nous être inondés de bœufs, poulets, sucre sud-américains ?…
Les portes du marché européen vont s’ouvrir sans frais à 45 000 tonnes de miel et 60 000 tonnes de riz en provenance des pays du Mercosur. Mais le point de crispation majeur est le quota de 99 000 tonnes de bœuf taxé à 7,5 % auquel s’ajoutent 60 000 tonnes de viande bovine exemptée de taxe et 180 000 tonnes de poulet.
Certes, cela paraît peu par rapport aux 8 millions de tonnes de bœuf consommés en Europe (et 14 millions de tonnes de volaille), et la Commission rappelle que le Mercosur écoule déjà plus de 200 000 tonnes de viande bovine et près de 500 000 tonnes de volaille en Europe.
Mais cette ouverture est dénoncée par les éleveurs de bœuf et de volaille appuyés par un front uni syndical regroupant Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Confédération paysanne et Coordination rurale. Ils parlent d’une concurrence déloyale. « Les éleveurs du Mercosur sont déjà ultracompétitifs. Quel est l’intérêt de leur ouvrir ce contingent à droits de douane réduits d’autant que nous savons que leur production ne répond pas aux critères imposés en Europe ? », s’interroge Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine (FNB). Les scandales sanitaires et de corruption qui ont touché les dirigeants politiques au Brésil et dont l’un des acteurs n’est autre que le leader mondial de la viande bovine, le brésilien JBS, ont marqué les esprits.
> Lire aussi  Après l’accord de libre-échange avec le Mercosur, Macron critiqué par les écologistes comme par les agriculteurs
Même incompréhension du côté de la filière sucrière. L’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (AIBS) dénonce le choix d’accorder un quota de 180 000 tonnes de sucre au Brésil sans droit de douane, assorti de 450 000 tonnes d’éthanol également à taxation zéro et 200 000 tonnes à taxation réduite.
L’AIBS estime que cela représente l’équivalent de 1,5 million de tonnes de sucre soit la production de sept sucreries européennes. Et ce, au moment où la filière est fragilisée sur le Vieux Continent, notamment en France, par la fin des quotas.
• La sécurité de l’alimentation sera-t-elle garantie ?
Officiellement, la Commission l’assure, « les normes européennes en matière de sécurité alimentaire resteront inchangées et toutes les importations devront [les] respecter ». En théorie donc, les productions agricoles traitées avec des pesticides interdits en Europe resteront prohibées. Tout comme les OGM ou la viande issue d’animaux traités aux hormones.
Mais dans les faits, les contrôles, réalisés par les services de douane de chaque Etat membre à l’arrivée des marchandises dans les ports, sont insuffisants. Un rapport de décembre 2018 sur les filières agricoles sensibles en France <https://agriculture.gouv.fr/suivi-des-effets-du-ceta-sur-les-filieres-agricoles-sensibles>  conduit notamment par l’inspection générale des finances, notait qu’en 2017, sur un poste d’inspection frontalier français, « aucune recherche d’hormones n’était réalisée sur la base des viandes importées ; la recherche d’antibiotiques n’était réalisée que pour la viande d’agneau et de cheval ». Or, en augmentant les quotas et les volumes d’importation, l’Europe s’expose davantage à un risque de fraude.
Les pays du Mercosur, qui ont misé sur l’agriculture intensive, sont pourtant des grands consommateurs d’intrants chimiques et de produits pharmaceutiques. Le Brésil a autorisé depuis janvier la commercialisation de 239 nouvelles références de pesticides <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/26/la-dangereuse-course-aux-pesticides-du-bresil_5481866_3244.html> et recourt à des molécules dont plusieurs sont interdites en Europe, comme l’atrazine. Les élevages brésiliens sont parmi les plus gros consommateurs d’antibiotiques pour animaux dans le monde, derrière la Chine et les Etats-Unis. Le recours à ces médicaments, dont l’usage en agriculture est reconnu comme favorisant l’antibiorésistance, y a bondi de 68 % entre 2000 et 2010, selon l’ONG Institute for Agriculture and Trade Policy <https://www.iatp.org/sites/default/files/2017-11/2017_11_30_RiseBigMeat_f.pdf>  Deuxième plus grand producteur de bœuf au monde, le Brésil a par ailleurs été au centre d’un scandale de viande avariée en mars 2017 dans lequel étaient impliqués des agents du ministère brésilien de l’agriculture.
Depuis, l’UE a renforcé ses inspections sur place. « Mais les audits sont toujours annoncés, ce qui réduit leur valeur », regrette Stéphanie Ghislain, chargée du commerce international pour Eurogroup for Animals, une organisation européenne de lobbying sur les questions animales. Et la Commission, qui ne s’attend pas à ce que le volume d’échanges augmente considérablement, ne planifie pas de recruter de nouveaux enquêteurs (une centaine actuellement).
Enfin, cet accord pourrait rendre « plus difficile demain d’établir de nouvelles normes en Europe, d’avoir de nouvelles exigences d’étiquetage, ou des règles plus strictes sur l’usage de certains intrants », s’inquiète Karine Jacquemart, directrice de l’ONG Foodwatch, selon qui des évolutions de législation pourraient être attaquées par les futurs Etats partenaires devant l’Organisation mondiale du commerce, ce qui pourrait conduire « à un abaissement des normes dans le temps ».
• Les indications géographiques offrent-elles une vraie protection ?
La France vante souvent l’atout que représentent les indications géographiques (IG) mettant en avant un terroir ou une spécialité régionale. Un patrimoine partagé par les autres pays de l’UE. La Commission promeut ainsi le jambon prosciutto di Parma, le champagne mais aussi le vin de Porto ou le whiskey irlandais.
Elle affirme que dans l’accord négocié avec le Mercosur, 355 de ces indications géographiques européennes portant sur des spiritueux, des vins, des bières et des produits alimentaires seront protégées. Au Brésil, en Argentine, en Uruguay ou au Paraguay, il sera interdit de faire référence à une indication géographique européenne en ajoutant des expressions comme « type », « dans le style de », « imitation »…
Mais l’Europe n’a pas le monopole de ces labels valorisés auprès du consommateur. Les quatre pays d’Amérique du Sud revendiquent de leur côté 220 indications géographiques qui bénéficieront du même degré de protection. L’eau-de-vie brésilienne, la cachaça en fait partie, mais aussi de nombreux vins ou cafés.
• Environnement : un texte non contraignant
Selon les négociateurs européens, le texte, qui comporte un chapitre sur le développement durable, stipulant que l’accroissement des échanges commerciaux « ne devrait pas se faire au détriment de l’environnement et des conditions de travail », sera bénéfique pour l’environnement en général et la lutte contre le changement climatique en particulier.
Leur argument est qu’il permet d’arrimer le Brésil du président Jair Bolsonaro à l’accord de Paris, et cela dans le cadre d’un traité commercial par nature plus coercitif. Lors de la COP21 de 2015, le Brésil s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 37 % d’ici à 2025 par rapport à leur niveau de 2005, à mettre fin à la déforestation illégale dans l’Amazonie brésilienne d’ici à 2030 et à restaurer ou replanter 12 millions d’hectares de forêts à la même échéance.
Sauf que le chapitre sur le développement durable et sur les droits sociaux est précisément le seul à ne pas être contraignant, observe Mathilde Dupré, de l’Institut Veblen, un think thank spécialisé dans les réformes économiques nécessaires à la transition écologique. « Il y a deux poids deux mesures, entre la partie commerciale, soumise à un mécanisme de règlement des différends entre Etats, et la partie environnementale, pour laquelle il n’y a pas de garde-fous », dénonce-t-elle.
Concrètement, en cas de non-respect des engagements – sur l’arrêt de la déforestation ou la baisse des émissions de gaz à effet de serre par exemple –, il est seulement prévu « des consultations gouvernementales » puis, si elles n’aboutissent pas, la mise en place d’un « panel indépendant d’experts » qui pourra faire de simples « recommandations ». A quoi s’ajoutera un dispositif de « consultation de la société civile » aux modalités indéfinies.
L’Europe ne disposera donc, en réalité, d’aucun levier pour faire pression sur ses partenaires. Cela, alors que les ONG craignent que la déforestation ne reparte de plus belle sous le gouvernement Bolsonaro, alors que le Brésil a défriché l’équivalent d’un pays comme la France entre 1985 et 2017. Selon l’agence spatiale nationale, 920 km2 de forêt tropicale ont disparu en juin 2019 dans le pays, soit une augmentation de 88 % par rapport à juin 2018. Sur les onze derniers mois, 4 565 km2 de forêts ont été détruits en Amazonie, en hausse de 15 % sur un an.
« Compte tenu de la politique catastrophique pour le climat et la biodiversité menée par le Brésil, il est injustifiable de lui accorder des nouveaux avantages commerciaux, estime Mme Dupré. Il faudrait au contraire bloquer l’accès au marché européen à des produits comme le soja ou le bœuf qui contribuent à la déforestation. »
« A l’heure de l’urgence climatique, la priorité est d’utiliser les échanges commerciaux pour faire avancer la transition écologique, pas de signer un accord avec un pays dont la politique va à l’encontre de cet objectif », abonde Samuel Leré, de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme.
Quant à l’effet global de l’augmentation des flux commerciaux entre les deux continents sur les émissions de gaz à effet de serre, il n’est pas connu : l’étude d’impact réalisée par la Commission européenne n’a pas encore été publiée.
• Les gagnants de l’accord restent discrets
On les entend moins, pourtant certains secteurs se frottent clairement les mains. L’accord éliminera des droits de douane sud-américains encore très élevés dans certains secteurs industriels-clés : 35 % dans l’habillement et l’automobile ou encore 18 % dans la chimie et 14 % dans l’industrie pharmaceutique. Les partisans du texte notent aussi que les pays du Mercosur ouvriront leurs marchés publics aux entreprises européennes.
L’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), forte de ses 14 millions d’emplois directs et indirects, s’est tout de même réjouie publiquement de l’extinction sur quinze ans des taxes douanières portant sur les automobiles made in UE. L’ACEA voit un « un vrai potentiel de croissance » pour ses adhérents sur un marché de 3,3 millions de voitures en 2018 (l’équivalent des ventes en Allemagne) mais où l’UE n’a exporté que 73 000 véhicules l’an passé. Les constructeurs européens, comme Renault-Nissan et PSA, qui ont des usines sur place, ne paieront plus à terme de droits de douane (14 % à 18 %) sur les pièces venues d’Europe. De quoi les satisfaire.
Les industries agroalimentaires sont aussi ravies. Le bras armé des spiritueux à Bruxelles Spirits Europe soulignait le faible volume des exportations vers le Mercosur estimé à 204 millions d’euros (sur 10 milliards d’euros au total) et pointait la baisse, depuis 2015, des ventes d’alcools européens au Brésil, taxés entre 20 % et 35 % et qui ont du mal s’imposer face à la cachaça locale. Or, l’accord prévoit une disparition graduelle des droits de douane et des conditions d’accès facilitées. Des règles qui s’appliqueront aussi au vin taxé actuellement à 27 %.
Les industriels laitiers européens espèrent également bénéficier de l’accord avec un quota de 30 000 tonnes de fromage bénéficiant d’une taxation tombant à zéro en dix ans. De même pour un quota de 10 000 tonnes de poudre de lait et de 5 000 tonnes de lait infantile. En 2018, les exportations de produits laitiers de l’UE vers le Mercosur ne pesaient que 76 millions d’euros. Mais des entreprises comme Lactalis ou Danone sont fortement implantées au Brésil. D’autres produits agroalimentaires européens vont voir les barrières tarifaires s’abaisser comme l’huile d’olive, les fruits frais, le malt, les biscuits, les boissons sucrées ou le chocolat.
• Un texte loin d’être adopté
La procédure d’adoption de ce texte est celle retenue pour un accord mixte, ce traité de libre-échange faisant partie d’un accord d’association plus large contenant un volet politique.
Concrètement, cela signifie que les Etats membres devront se prononcer par un vote à l’unanimité (qu’un seul s’y oppose et le texte est rejeté). Le Parlement européen devra, lui, se prononcer à la majorité. Tout comme pour l’accord de libre-échange avec le Canada (CETA), les parlements nationaux seront aussi associés au processus et devront chacun approuver l’accord. Les Etats membres pourront décider de l’appliquer de manière provisoire d’ici à ce que tous les Parlements se soient prononcés.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/04/pourquoi-l-accord-avec-le-mercosur-est-si-conteste_5485115_3234.html> 
Sur le même sujet :
> Les éleveurs se mobilisent contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/03/les-eleveurs-se-mobilisent-contre-l-accord-de-libre-echange-entre-l-union-europeenne-et-le-mercosur_5484771_3234.html> Le Monde, 03/07/19, 14h51
> Mercosur : le gouvernement tente de rassurer une majorité pas convaincue par l’accord <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/04/mercosur-l-executif-tente-de-rassurer-sa-majorite_5485316_3234.html>, Le Monde, 04/07/19, 12h16
______________________________________________________________________________________________________________________
6- Pollution de l'air : la justice reconnait de nouveau une faute de l'État français, AFP, 04/07/19, 17:00

La justice a une nouvelle fois reconnu une "faute" de l’État dans sa politique de lutte contre la pollution de l'air en Île-de-France, après le recours de trois Parisiens victimes de problèmes respiratoires, selon une décision rendue publique jeudi.
C'est la deuxième fois qu'une décision de ce type mettant en cause l’État est rendue : fin juin, le tribunal administratif de Montreuil avait estimé que l’État avait commis une faute, après le recours d'une mère et sa fille vivant près du périphérique et souffrant de problèmes respiratoires.
C'est au tour du tribunal administratif de Paris d'épingler ce jeudi la "carence fautive" de l’État "pour réduire, le plus rapidement possible, les valeurs de dioxyde d’azote et de particules fines dans l’air", sans toutefois indemniser les plaignants pour le préjudice "qu’ils estimaient subir".
"Le tribunal admet ainsi que l’État a commis une faute de nature à engager sa responsabilité (mais...) a cependant rejeté les demandes indemnitaires des requérants", estimant que le lien de causalité entre les pathologies respiratoires et l'insuffisance des mesures prises n'était pas avéré, indique le tribunal.
"C'est une bonne nouvelle que la deuxième juridiction saisie retienne aussi la faute de l’État", a réagi Me François Lafforgue, qui défendait les plaignants. "En revanche, les trois victimes ne sont pas indemnisées. C'est une déception, nous allons certainement faire appel de cette décision", a-t-il ajouté.
Trois personnes résidant à Paris depuis plus de vingt ans et souffrant de diverses pathologies respiratoires avaient demandé au tribunal parisien de condamner l’État à les indemniser. Parmi elles, Clotilde Nonnez, Parisienne victime de problèmes respiratoires chroniques et figure de proue de ces requérants.
Cette professeure de yoga d'une cinquantaine d'année avait été la première en France à attaquer l'État en justice en la matière, en juin 2017.
Elle avait réclamé 140.000 euros d'indemnisation, les deux autres plaignants avaient demandé de leur côté 83.000 et 120.000 euros.
Selon l'agence Santé publique France, la pollution aux particules fines entraîne chaque année 48.000 morts prématurées dans le pays.
Mesurée par des valeurs fixées par Bruxelles, l'exposition aux principaux polluants (particules fines, ozone, benzène, dioxyde d'azote et dioxyde de souffre) ne doit pas dépasser certains niveaux, sur un jour et sur l'ensemble de l'année. "L’État français est soumis à cette obligation de résultat transposée dans le code de l’environnement", souligne le tribunal.
Si la situation s'est globalement améliorée depuis 15 ans, ces normes sont régulièrement dépassées dans les grandes villes ou dans des bassins industriels.
Une cinquantaine de recours ont été déposés par d'autres victimes de la pollution à Paris, Lyon, Lille ou Grenoble (vallée de l'Arve), selon les associations.
"On a toujours dit qu'il ne s'agissait pas d'ouvrir une boîte de Pandore mais que l’État prenne ses responsabilités et indemnise des victimes, quand des personnes sont vulnérables et ont subi de plein fouet les épisodes de pollution ou ont contracté des pathologies respiratoires", a estimé Me Lafforgue.
"Nous allons continuer à déposer des recours pour des victimes, des enfants malades, quand les dossiers sont étayés", dit-il, avec 39 recours déjà engagés ou sur le point de l'être au sein de son cabinet.
<https://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/pollution-de-l-air-la-justice-reconnait-de-nouveau-une-faute-de-l-etat-francais_2087814.html>
Sur le même sujet :
> L’Etat français de nouveau condamné par la justice pour la pollution de l’air <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/04/l-etat-francais-de-nouveau-condamne-par-la-justice-pour-la-pollution-de-l-air_5485365_3244.html>, Le Monde avec AFP, 04/07/19, 13h15
______________________________________________________________________________________________________________________
7- Entretien. François Gabart et Thomas Pesquet : « Il n’y aura pas de coup de baguette magique pour sauver la planète », Le Monde, 05/07/19, 06h02
Propos recueillis par  Rémi Barroux

Le navigateur François Gabart et le spationaute Thomas Pasquet ont tous deux une expérience et une vision uniques de l’état de la planète. Dans un entretien au « Monde », ils s’alarment de sa dégradation, mais estiment que l’humanité a la capacité d’agir. 
Ils sont de la même génération. L’un, François Gabart, 36 ans, né à Saint-Michel-d’Entraygues (Charente), navigue au large et détient, depuis 2017, le record du tour du monde à la voile (42 jours 16 h 40 min 35 s). L’autre, Thomas Pesquet, 41 ans, spationaute, né près de Rouen, a habité la station spatiale internationale durant sept mois de novembre 2016 à juin 2017. Depuis leur premier contact en août 2015, ils ont conversé à plusieurs reprises, et à distance, l’un sur son bateau et l’autre dans son centre d’entraînement aux Etats-Unis.
Au printemps 2016, ils se rencontraient en Bretagne, mais si François Gabart voulait faire naviguer Thomas Pesquet, le mauvais temps les a cloués à terre. Pour Le Monde, les deux hommes font le constat de la dégradation de la planète et appellent à changer radicalement nos modes de vie pour la préserver.
Vu d’en haut et depuis l’océan, quel constat faites-vous de l’état de la planète ?
Thomas Pesquet : Depuis l’espace, on voit les signes néfastes de l’activité humaine, à l’œil nu ou au téléobjectif : les coupes dans la forêt amazonienne, les pollutions sur les embouchures de rivière, la pollution atmosphérique car on ne distingue plus certaines villes, ou encore la fonte des glaces, que l’on constate mission après mission. Et, avec les satellites qui mesurent la montée des eaux, leur température, l’épaisseur de la glace, les gaz à effet de serre, on peut conclure scientifiquement que c’est un fait : le changement climatique existe et il s’accélère.
Le voyage spatial m’a permis de prendre du recul. Notre cerveau n’est pas équipé pour raisonner avec les grands nombres, les grandes échellestemporelles et géographiques. Le phénomène du réchauffement climatique se passe à une échelle qui nous dépasse. Aller dans l’espace permet de voir la finitude de la planète, son côté fragile. C’est le début de mon histoire écologique.
François Gabart : On n’a pas tous la chance d’aller dans l’espace et d’observer la planète de l’extérieur. Mais Thomas, comme moi, voyons certaines choses que le commun des mortels n’a pas la possibilité de constater. Ce qui est excessivement difficile, c’est qu’on n’arrive pas toujours à pointer du doigt précisément ces problèmes qui sont globaux. On voit les plastiques dans les océans, mais il est difficile de les quantifier précisément, du coup la prise de conscience se fait difficilement. Quand on me demande mon avis sur le réchauffement climatique, je réponds que si je ne peux, moi, le percevoir globalement, les données scientifiques sont irréfutables.
Mais la prise de conscience progresse, même si les élections de Donald Trump, aux Etats-Unis, et de Jair Bolsonaro, au Brésil, montrent des blocages.
François Gabart : Il y a une différence entre le fait de concevoir le changement climatique, de le penser, de l’intellectualiser et celui de le vivre émotionnellement. Malheureusement, on n’agit que quand on est dans l’émotionnel. C’est à partir de là que l’on changera radicalement notre façon de vivre.
Thomas Pesquet : On comprend le changement mais il ne crée pas de peur. Il y a une inquiétude, mais pas de peur physique. Cela nous dépasse. L’être humain ne peut vraiment saisir que ce qui est à sa portée.
Comment vous est venue cette conscience de l’urgence écologique ?
François Gabart : J’ai eu la chance de naviguer tôt, très tôt même puisque j’étais dans le ventre de ma mère. Quand j’avais 6 ans, mes parents ont pris une année sabbatique et nous avons vécu un an sur un bateau, en croisière. Au retour de ce voyage, j’ai commencé à faire de la voile, dériveur, optimiste… La conscience écologique est là depuis que je suis tout petit. Quand on vit sur un bateau, on écoute la nature, on joue avec les éléments, le vent, la mer. On vit aussi dans un système isolé, comme dans une station spatiale. On doit produire son énergie, on consomme son eau de manière limitée, on économise, on fait attention aux déchets. On comprend la notion de système fermé. Je conseillerais à chacun de faire cette expérience.
Plus tard, étudiant, si je n’arrivais pas à faire de la course au large, je voulais travailler en mécanique et sur l’écoconception dans le domaine de la plaisance. Mais j’ai pu naviguer, gagner des courses, et j’aimerais pouvoir concilier les problématiques d’environnement et mon métier. C’est physique. Avec mon bateau, je fais le tour de la planète en 42 jours, je traverse l’Atlantique en quelques jours et je me rends compte que si la planète paraît très grande, l’océan immense, en fait le monde est fini. J’ai fait le tour de la planète en utilisant le vent, les vagues, j’ai vu de nombreux pays. Par contre, la situation de la planète, de l’océan dont je me sens naturellement le plus proche, est hyperfragile.
Thomas Pesquet : J’ai grandi à la campagne, dans un village en Seine-Maritime, entre Dieppe et Rouen. Mes grands-parents étaient tous agriculteurs et donc le contact avec la nature était évident. En grandissant, je suis devenu citadin, avec mes études, Dieppe, Rouen, Toulouse puis Paris. A 25 ans, je voulais devenir pilote et les problèmes d’environnement entraient moins en ligne de compte.
Ma compagne travaille pour la FAO [organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation], sur l’élevage. Cela a aidé à ma prise de conscience. Arrivé dans l’espace, j’ai compris la finitude de la planète. Là-haut, il n’y a rien. La Terre est une petite oasis dans un désert à perte de vue. Le seul choix de survie que l’on ait, c’est de rester dans l’oasis. Il faut éduquer afin que tout le monde comprenne cela, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Une partie de l’humanité vit pourtant dans sa chair le dérèglement climatique, les ouragans, les inondations…
Thomas Pesquet : Si de trop nombreuses personnes meurent dans ces catastrophes, cela reste une minorité par rapport à l’ensemble de la population. Beaucoup n’en ont pas conscience. Sur le milliard et demi de Chinois, combien connaissent les dégâts de l’ouragan Katrina ? Quand cela se passe à l’autre bout de la planète, il y a un problème d’information.
Notre connaissance est partielle et on en reste au constat. Tout le monde se regarde en chien de faïence, attendant que les autres agissent. Or il n’y aura pas de coup de baguette magique, de solution technologique pour sauver la planète. Certains essayent de vendre cela, mais ce n’est pas vrai. La technologie aura son rôle à jouer, mais on n’arrêtera pas en cinq ans de nous attaquer aux ressources de la planète. Il faut vraiment changer nos comportements, accepter de vivre autrement, que les gens soient prêts à renoncer à une partie de leur confort. Bizarrement, tout le monde veut sauver la planète, mais quand il s’agit de passer à l’action, on attend que cela vienne de la sphère politique, des constructeurs de voitures…
Certains préconisent d’arrêter de prendre l’avion, qu’en pensez-vous ?
François Gabart : L’aviation de demain devra être différente. Les avions ne disparaîtront pas dans les six mois, il faut être réaliste. Il existe des innovations intéressantes, je pense aux planeurs par exemple. Un des rôles de l’aéronautique, depuis un siècle, c’est de rapprocher les gens et les technologies le permettent fantastiquement. En tant que marin, j’ai aussi envie de dire que pour passer d’un continent à l’autre, il y a le bateau. Dans les cent prochaines années, il faudra que les gens puissent continuer à passer d’un continent à l’autre.
Thomas Pesquet : Je suis tout à fait d’accord. Il faut chercher dans toutes les directions. Les gens vont dire que je suis de mauvaise foi parce que j’appartiens au monde de l’aéronautique. L’activité humaine, par définition, consomme des ressources. La meilleure manière de limiter notre impact sur la nature serait que l’on soit moins nombreux, mais on ne va pas arrêter de faire des enfants. Il faut accepter d’être humain, il faut limiter son impact, être intelligent, utiliser l’énergie propre, faire des visioconférences, utiliser le bateau autant que possible. Mais c’est un peu simpliste de dire, supprimons l’avion et on gagnera le combat climatique.
On cherche parfois des boucs émissaires, mais cela ne fait que renvoyer la faute sur d’autres modes de vie que le sien. On ne peut pas s’exclure des efforts à faire. Changer de mode d’énergie, c’est un but formidable, mais cela n’empêchera pas la compétition pour les sources d’énergie. Je me méfie toujours des solutions simplistes : on arrête l’avion ou on est tous végétariens et le monde sera sauvé.
La conscience environnementale doit-elle amener à la remise en cause des systèmes économiques ? Devez-vous vous engager dans cette voie, faire des propositions ?
Thomas Pesquet : On est à la frontière de la politique. Malheureusement ou heureusement, je crois que l’on n’a pas vocation à faire de la politique. Il y a des gens dont c’est le métier. J’ai des convictions en tant que citoyen, mais dans mon métier, je ne peux pas le faire. Mais quand quelqu’un affirme que le changement climatique n’existe pas, dire qu’il se trompe, ce n’est pas politique, c’est scientifique.
François Gabart : Il faut à l’évidence changer les systèmes. Mais il existe aussi plein de petites solutions, de petits gestes. On a tous une responsabilité. J’ai vécu en France, et durant 36 ans, j’ai énormément pollué. On a la chance, avec Thomas, de pouvoir faire passer des messages. On a un devoir de sensibilisation et d’action. Nos petits gestes ne changeront pas tout, mais la somme de ces gestes contribue à la solution.
Par rapport au message d’urgence, à l’accélération de la dégradation de la planète, quel horizon fixer ? Faut-il être alarmiste ?
Thomas Pesquet : Il faut faire attention à cela. Moi, je n’aime pas les messages comme « on va coloniser la planète Mars », cela me fait bondir. Car les gens se disent « ce n’est pas grave, on aura une autre planète ». Technologiquement, ce n’est pas vrai.
François Gabart : Est-ce trop tard ? Personne ne peut le dire, mais quoi qu’il en soit, agissons, on verra bien après.
Thomas Pesquet : Il n’est jamais trop tard. Si tu es trop loin de la côte, tu te dis que tu n’arriveras jamais à la rejoindre à la nage mais tu nages quand même. Je reste assez optimiste. L’humanité a un gros problème d’environnement à régler, mais globalement, elle a progressé. L’espèce humaine peut faire des trucs dingues. Moi je suis allé dans l’espace, dans une station spatiale. Avec de la volonté, de la coopération internationale, des budgets conséquents, on peut faire des choses qui relèvent du domaine de la science-fiction. Il faut juste s’en donner les moyens, faire tomber les frontières. Il faut aussi abandonner l’idée que l’environnement ce n’est pas bon pour le business. Il faut essayer de faire en sorte que les gens adhèrent au message.
Comment éveiller une conscience universelle, d’un continent à l’autre ?
Thomas Pesquet : On ne peut pas se poser en donneur de leçons et vouloir interdire à d’autres ce que l’on a fait pendant des décennies. Les problèmes viennent des inégalités : des gens n’ont rien et veulent se développer, et ceux qui possèdent veulent garder. La Chine n’aurait pas envie d’aller dans l’espace si elle se sentait considérée comme une puissance au même titre que les Etats-Unis.
François Gabart : Il y a en effet cette question d’inégalité et, en même temps, que les gens soient différents n’est pas grave. Il existe une diversité, tout le monde n’agira pas de la même façon. Mais il faut une cohésion. N’attendons pas que tout le monde agisse de la même façon, et en même temps, parce que cela ne se réalisera pas. Agissons même si le voisin ne le fait pas.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/05/francois-gabart-et-thomas-pesquet-il-n-y-aura-pas-de-coup-de-baguette-magique-pour-sauver-la-planete_5485579_3244.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
8- Sommes-nous frappés d’« amnésie environnementale » ?, Usbek & Rica, 07/07/19, 07:00
Annabelle Laurent

Cet été, on s’attaque aux mots de l’écologie. Il y a les imprononçables, comme flygksam, la honte de prendre l’avion en suédois, et les néologismes qui nous embrouillent, comme la solastalgie, qui décrit la détresse face à l’effondrement (et à la collapsologie, encore un !). L’écologie a ses mots tout simples, ses mots pompeux, et hélas peu de mots doux, mais une chose est sûre, il suffit parfois d’une seule expression pour expliquer, ou rendre subitement concret(e) un sentiment ou une réalité diffuse. C'est, à l'heure de l'urgence climatique, toujours utile. On commence donc cette série avec un concept né pour expliquer notre inertie face à la catastrophe écologique : l'amnésie environnementale.
>> Suite à lire à :
<https://usbeketrica.com/article/sommes-nous-frappes-d-amnesie-environnementale>
______________________________________________________________________________________________________________________
9- Enquête. La renaissance du faire-soi-même, Le Monde, maj le 08/07/19 à 06h30
Elodie Chermann

Signe d’une société en quête de sens, le do-it-yourself revient en grâce. Habillement, cosmétiques mais aussi mécanique : des entreprises se développent pour accompagner ces nouveaux consommateurs. Et, dans le sillage des start-up, les grands groupes entrent dans la danse.
Cinq voitures attendent leur quart d’heure sur des ponts élévateurs. « Est-ce que j’ai les larmes aux yeux ? », fredonne la sono entre les coups de maillet et les bruits de ferraille. Au fond de l’atelier, une clé à choc dévisse les boulons d’une roue. « Comme je prévois de sillonner le Sud algérien avec ma femme en septembre, je dois remettre toute ma voiture en état avant de partir », raconte Chérif Ouazine, 60 ans, le nez sous le châssis de sa vieille Renault Laguna. Contrairement aux apparences, Chérif n’est pas du tout mécano de métier. Il a juste loué un emplacement au garage Repareco de Vert-Saint-Denis (Seine-et-Marne), le temps d’un après-midi, pour remplacer les Silentbloc de sa voiture.
C’est un vaste espace aux couleurs rafraîchissantes aménagé dans une ancienne quincaillerie, dans le 10e arrondissement de Paris. Une rangée de boîtes de chaussures, de cadres et de coussins à fleurs habillent le mur du fond. Sur la table, les machines à coudre tournent à plein régime.« Couture, broderie, marqueterie de paille… Nous organisons en moyenne deux à quatre ateliers par semaine, explique Noémi Koxarakis, responsable de cette activité chez Make My Lemonade. Notre objectif est de parler de savoir-faire, de beaux gestes. » Une aiguille dans une main, un morceau de tissu rayé rouge et blanc de l’autre, Mélanie Perol, une DRH de 35 ans, enchaîne les points invisibles avec une redoutable dextérité. « J’ai appris à coudre enfant, avec ma maman, puis j’ai beaucoup pratiqué quand j’étais étudiante. Cela me vidait la tête, confie-t-elle. Aujourd’hui, je m’y remets parce que j’aime vraiment ça. »
> Lire aussi « Avec le faire-soi-même, on revendique une liberté d’accès à l’objet » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/07/avec-le-faire-soi-meme-on-revendique-une-liberte-d-acces-a-l-objet_5486544_3234.html>
Deux lieux, deux mondes parallèles, qui témoignent d’un même phénomène : le retour en grâce du faire-soi-même, facilité par Internet et les réseaux sociaux. D’après l’étude de l’Observatoire des consommations émergentes publiée au premier trimestre 2018, huit Français sur dix pratiquent une activité de do-it-yourself (DIY). « En France, la culture du faire-soi-même a été particulièrement forte dans les années 1970, mais elle a reculé avec la société de consommation, assure le sociologue Ronan Chastellier, auteur de Tous en slip ! (Ed. du Moment, 2013). Avant de revenir en force, il y a quatre ou cinq ans. »
+ Infographie : Do-it-yourself : comment les entreprises s’adaptent à un usage déjà répandu <https://img.lemde.fr/2019/07/05/0/0/1068/5527/630/0/60/0/f79dd1c_rk_h4wKSCJld-JtqLJaJAqgB.png>
« Une formule géniale »
Désormais, la pratique ne se limite plus aux grands classiques comme le bricolage, la poterie ou le scrapbooking. Tous les domaines de la vie quotidienne sont concernés, de la beauté à la confection de vêtements en passant par la cuisine ou la mécanique, ce qui, d’après l’Observatoire société et consommation (Obsoco), représente un marché de 95 milliards d’euros, soit le double du marché de l’habillement et de la chaussure.
Tony Pedroso, le patron du garage Repareco de Vert-Saint-Denis, a flairé le filon dès 2007. « En travaillant chez les grands concessionnaires, je me suis vite rendu compte que les gens en avaient assez de payer des fortunes pour entretenir leur voiture, raconte-t-il. D’où l’idée de leur proposer un système qui soit plus avantageux pour eux, tout en me permettant de remplir le frigo. » A l’époque, il existait seulement quatre ateliers de « selfgarage » en France. Aujourd’hui, pas moins de 148 sont référencés sur le site Selfgarage.org, et ce n’est sans doute qu’un début. « Chaque jour, je reçois en moyenne cinq demandes de location de pont de la part de nouveaux clients », dit-il.
Les mains noires de graisse et le débardeur trempé de sueur, Chérif Ouazine retire le bras de la suspension arrière, démonte les deux ressorts de chaque côté, puis dépose le train arrière. « Le selfgarage est une formule géniale pour les sans-dents comme nous !, s’exclame-t-il. Si j’avais tout délégué à un garagiste, je m’en serais tiré au minimum pour 500 euros. Là, j’ai payé 80 euros pour la location et une trentaine d’euros pour les pièces, que j’ai achetées sur Internet. »
« Se reconnecter avec le réel »
Si la crise pèse indiscutablement dans la balance, elle est loin d’être la seule explication au développement du DIY. « Aujourd’hui, la plupart des gens exercent des métiers intellectuels, où ils se retrouvent enfermés toute la journée dans des bureaux, sans jamais voir le fruit de leur travail », souligne Ronan Chastellier. Pour se reconnecter avec le réel, ils sont de plus en plus nombreux à se construire à côté une deuxième vie, plus créative, qui leur permet de se faire plaisir, de s’épanouir et de remettre du sens dans leur quotidien. »
> Lire aussi Quête de sens, souci de la planète, frugalité choisie : va-t-on atteindre un plafond de consommation des biens ? <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/08/consommer-mieux-est-devenu-une-philosophie-de-vie_5432990_3232.html>
C’est ce qui explique le formidable succès des fab lab – ces ateliers ouverts de fabrication numérique équipés d’imprimantes 3D. D’après la cartographie disponible sur Fablabo.net, on en compte à l’heure actuelle 110 sur le territoire, en sachant que d’autres, qui ne revendiquent pas cette étiquette, échappent à la recension. « La promesse de ces tiers-lieux est de montrer que le numérique et le travail manuel ne sont pas deux mondes séparés et qu’en alliant les deux on peut fabriquer tout ce qu’on veut », rappelle Samuel Remy, président du fablab Villette Makerz, dans le 19e arrondissement de Paris.
Inga Couffignal, blouse blanche et charlotte sur la tête, prend place sur l’un des dix fauteuils violets disposés autour de la table. Devant elle, une balance électronique, un bol en inox et un gobelet contenant une maryse et un fouet. Olivia Paul, responsable des ateliers cosmétiques au magasin Aroma Zone de Paris-Odéon, rappelle l’objectif du jour : réaliser un soin pour cheveux 100 % personnalisé en tout juste une heure. Algo’zinc, phyto’liss, honeyquat… Inga épluche avec attention la liste des ingrédients disponibles.
« J’essaie de contrôler ce que je mets sur ma peau autant que ce que je mange », explique cette médecin de 43 ans. Une tendance de fond. En un an, la part des acheteurs fabriquant eux-mêmes leurs produits de beauté a augmenté de 42 %. Soucieux de leur santé et du respect de l’environnement, « les Français aspirent de plus en plus à reprendre le pouvoir sur leur consommation », commente Frédéric Nicolas, du cabinet d’analyse et de conseil IRI. Selon son baromètre Shopper Insights 2017, 48 % des adeptes du fait maison disent avoir besoin de se rassurer par rapport à la composition des produits alimentaires ou d’hygiène qu’ils consomment.
Déferlante de tutos sur Internet
Mais, pour oser se lancer, encore faut-il avoir un minimum de compétences. « Quand vous ne savez pas faire, vous ne ressentez pas de plaisir, note ainsi Philippe Moati, professeur agrégé d’économie à l’université Paris-Diderot et coprésident de l’Obsoco. Pendant toute la phase de réalisation, vous êtes dans l’incertitude quant au résultat, et souvent, à la fin, le rendu ne correspond pas à vos attentes. Vous finissez donc en général par lâcher l’affaire. »
La déferlante des tutos sur Internet a décomplexé beaucoup de créateurs en herbe. Pour savoir comment créer un système d’arrosage automatique ou préparer un kéfir, il suffit désormais de se référer aux fiches pratiques postées sur des sites comme Wikifab, le Wikipédia du DIY, ou aux innombrables vidéos, gratuites ou payantes, disponibles sur la Toile.
Restés longtemps spectateurs du phénomène, les grands acteurs, dans le secteur du bricolage notamment, y voient de plus en plus une opportunité de développement. « Si le prix reste le principal critère d’attractivité pour les clients, la notion de service revêt une importance croissante », souligne Mathieu Pivain, président de la Fédération des magasins de bricolage, qui regroupe 2 500 adhérents et 70 000 salariés.
De quoi pousser les enseignes à quitter le mode transactionnel pur pour assurer en plus un rôle de conseil. « Les clients ne veulent plus seulement qu’on leur vende des produits, mais aussi qu’on les aide à maîtriser les principaux gestes techniques », constate Pascal Jeanney, responsable marketing de l’équipement de la maison au sein du groupe Les Mousquetaires, qui regroupe les enseignes Bricomarché, Bricorama et Brico Cash. « Pour répondre à cette demande, nous avons développé des tutos, destinés plutôt aux bricoleurs d’entretien, des ateliers pour un public de passionnés et des formations à destination des semi-professionnels. »
+ Infographie : Les grands groupes veulent accompagner le mouvement <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/07/le-renaissance-du-faire-soi-meme_5486548_3234.html>
Un moyen à la fois de fidéliser sa clientèle et de générer du chiffre d’affaires. D’après l’Obsoco, plus les pratiquants sont engagés dans une activité de do-it-yourself, plus ils dépensent, le budget moyen passant de 200 euros par an chez les moins investis à 998 euros chez les plus mordus.
Pas étonnant que tous les acteurs du marché aient suivi la même voie… Dès 2015, Castorama a ainsi lancé le site 18h39.fr, qui donne toutes sortes d’idées et de conseils pour améliorer son intérieur. De son côté, Leroy Merlin a créé Leroy Merlin Campus, qui propose à la fois des cours de bricolage en ligne et des leçons physiques en magasin. Pour compléter son offre, le leader du secteur vient d’ouvrir un atelier, rue des Rosiers, à Paris, où on peut profiter d’un établi, de tous les outils et des conseils d’un coach pour réaliser son projet, moyennant 30 euros de l’heure.
« Le deuxième âge du DIY »
« On a vécu le premier âge un peu utopique du do-it-yourself où l’idée était de se réapproprier son quotidien. Désormais, on vit le deuxième âge : celui du DIY aidé », résume le sociologue Rémy Oudghiri, qui dirige l’institut d’études Sociovision, spécialisé dans la prospective et les tendances. Anne-Cécile Vausselin, la PDG d’Aroma Zone, a senti le vent venir il y a belle lurette. « Nous avons démarré la cosmétique maison en 2005 », se souvient-elle. Au départ, seules des eaux florales, des huiles végétales et de la cire d’abeille étaient proposées à la vente sur Internet. « A la demande de nos clients, nous avons très vite élargi la gamme en développant en parallèle des fiches savoir-faire. »
+ Infographie : Les start-up et PME du do-it-yourself en forte croissance <https://img.lemde.fr/2019/07/05/0/0/1068/1769/630/0/60/0/89edc4b_jqdbr6l2l-TaJiy79IZ-9cRx.png>
Pour se rapprocher un peu plus de ses utilisateurs, la PME familiale, installée dans le Luberon, a inauguré une première boutique à Paris, en 2009. Dix ans plus tard, elle en compte quatre et deux nouveaux shop in shop vont ouvrir leurs portes en septembre dans les magasins Printemps de Strasbourg et Lille. « Dans chacune de nos boutiques, nous organisons des ateliers de cosmétique et/ou d’aromathérapie, qui sont un bon moyen de se mettre en confiance au début », indique Mme Vausselin. La stratégie paie : en 2018, l’entreprise a enregistré un chiffre d’affaires de 66 millions d’euros, avec une progression moyenne de 25 % par an sur les cinq dernières années.
> Lire aussi La mode du « shop in shop », des boutiques dans le magasin, pour faire revenir les clients <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/03/29/la-mode-des-boutiques-dans-le-magasin-pour-faire-revenir-les-clients_5442993_3234.html>
Une success story qui suscite beaucoup de convoitises. Pour organiser la riposte, la start-up Romy a mis au point un formulateur inspiré des machines à café Nespresso, permettant de créer chaque jour une dose de soin personnalisé. Mettre à l’arrière une base de texture, de l’eau et une à trois capsules contenant chacune un principe actif – vitamine C, yuzu, aloe vera… – et l’appareil, qui coûte 299 euros sans les capsules, compose la formule avec juste la quantité nécessaire. « Le concept s’adresse aux consommateurs en quête de transparence, qui ne veulent pas acheter des produits de grande consommation chez les grandes marques, mais trouvent le DIY trop contraignant », explique Morgan Acas, cofondateur.
« Du do-it-yourself hyperoptimisé »
Du fait maison vite préparé, c’est aussi la grande tendance du moment dans le secteur de la cuisine. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer les chiffres de vente de robots culinaires. Un million d’unités se sont écoulées en France en 2018. La multiplication des kits prêts à cuisiner en est une autre illustration. « Les gens sont disposés à retourner aux fourneaux, mais ils n’ont pas toujours le temps d’aller faire les courses et manquent souvent d’inspiration », constate Olivier Tangopoulos, fondateur de Foodette.
D’où l’idée de leur livrer tous les ingrédients dans la juste quantité, accompagnés d’une recette facilement compréhensible. Un peu comme dans un Lego. « Avec les meal kits, on élimine toutes les parties ennuyeuses pour ne garder que le plaisir de cuisiner. C’est du do-it-yourself hyperoptimisé », résume ainsi Amélie Oudéa-Castera, directrice de la transformation digitale et de l’e-commerce chez Carrefour, qui a racheté en 2018 le leader du marché, Quitoque. Mais le confort a un coût : compter 7,38 euros par recette et par personne chez Quitoque, de 5,50 à 10 euros chez Foodette. Même quand on cherche à s’en détacher, le marketing finit toujours par nous rattraper.
---------------------------------------------------
Une teinture de cheveux comme au salon
Parce que toutes les femmes n’ont pas forcément le temps ni les moyens d’aller tous les deux mois chez leur coiffeur pour entretenir leur coloration, Le Bar des coloristes a développé une offre de produits de teinture capillaire à emporter à la maison. La promesse ? Offrir un résultat professionnel pour un prix de supermarché. « Vous vous rendez dans l’un de nos salons et, en quinze minutes, nos coloristes réalisent un diagnostic approfondi de vos cheveux, vous proposent une coloration qui va aller avec la carnation de la peau, puis vous livrent le kit avec tout le matériel et le mode d’emploi pour vous permettre de réaliser votre coloration vous-même », détaille Jean-Marc Lucifora, le patron de la marque. La première fois, le service est facturé 28 euros à Lille ou 25 euros à Arras, puis 18 euros pour le réassort. Dans le premier salon de 80 m2 qu’il a ouvert à Paris, en décembre 2013, la formule a fait un carton. « Je faisais un chiffre d’affaires de 700 000 euros par an contre 80 000 euros en moyenne pour un salon classique », précise-t-il. Il a néanmoins déjà revendu à bon prix son salon parisien, proche des Champs-Elysées, pour ouvrir deux nouvelles adresses à Lille et Arras. Avec des résultats encourageants et la promesse d’un retour parisien.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/07/le-renaissance-du-faire-soi-meme_5486548_3234.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
10- Cinq stars qui mettent leur fortune au service du développement durable, Novethic, 08/07/19
Arnaud Dumas

Robert Downey Junior, l’acteur qui joue Iron Man au cinéma, veut lancer en 2020 la Footprint Coalition, un projet pour mettre la science au service de l’environnement. Il n’est pas le seul à mettre sa célébrité - et sa fortune – au service du bien commun. Bono, Leonardo DiCaprio, Serena Williams, Bill Gates, le font aussi. Certains depuis des années. Novethic recense les initiatives des stars pour financer la transition écologique.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/finance-durable/isr-rse/cinq-stars-qui-mettent-leur-fortune-au-service-du-developpement-durable-147431.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
11- Le gouvernement met en place une écotaxe sur les billets d’avion, Le Monde avec AFP, 09/07/19, 16h46

A l’issue du Conseil de défense écologique, mardi, la ministre des transports, Elisabeth Borne, a annoncé la mise en place de cette taxe, qui ira de 1,50 euro à 18 euros, sur les billets pour les vols au départ de la France. 
Critiqué pour son plan d’action de lutte contre la pollution, le gouvernement a décidé de taxer davantage les transports aériens et routiers dès 2020. La ministre des transports, Elisabeth Borne, a en effet annoncé, mardi 9 juillet, la mise en place l’année prochaine d’une écotaxe de 1,50 à 18 euros sur les billets pour les vols au départ de la France et la réduction de l’avantage fiscal accordé aux transporteurs routiers sur le gazole.
> Lire aussi  Ecologie : quel bilan pour Emmanuel Macron ?
Cette taxe sur les billets d’avion concernera tous les vols au départ de la France, sauf vers la Corse, l’outre-mer et les vols en correspondance, a précisé Mme Borne à la sortie du Conseil de défense écologique mis en place il y a quelques semaines par Emmanuel Macron. Plus précisément, l’écotaxe sera de 1,50 euros en classe éco pour les vols intérieurs et intra-européens, de 9 euros pour ces vols en classe affaires, de 3 euros pour les vols en classe éco hors Union européenne et de 18 euros pour ces vols en classe affaires.
Une mesure « incompréhensible » pour Air France
Cette mesure, qui sera intégrée au projet de loi de finances pour 2020, s’appliquera à toutes les compagnies aériennes, « car il n’est pas question que notre pavillon national s’en trouve désavantagé », a précisé la ministre. Cette taxe devrait rapporter 182 millions d’euros à partir de 2020, qui seront consacrés à des investissements pour des infrastructures de transports plus écologiques, notamment le ferroviaire, selon la ministre.
> Lire aussi  Climat : pourquoi la France n’est pas du tout sur les rails
« Depuis des mois s’exprime un sentiment d’injustice chez nos concitoyens sur la fiscalité du transport aérien. La France s’est engagée sur la voie de la taxation du transport aérien mais il y a urgence », a expliqué Mme Borne. « Aussi, nous avons décidé comme d’autre pays de mettre en œuvre un éco-contribution progressive. » Dans un communiqué, Air France qualifie d’« incompréhensible » l’annonce du gouvernement. « Cette nouvelle taxe pénaliserait fortement la compétitivité d’Air France, alors que la compagnie a besoin de renforcer ses capacités d’investissement pour accélérer la réduction de son empreinte environnementale, notamment dans le cadre du renouvellement de sa flotte », a réagi la compagnie française.
« Le gouvernement vient d’annoncer brutalement, et sans concertation aucune, la levée d’une nouvelle taxe sur les compagnies aériennes – déjà asphyxiées par les taxes – au profit notamment du ferroviaire, qui est déjà très largement subventionné », a déploré de son côté le Syndicat des compagnies aériennes autonomes (Scara). Pour le président de l’Union des aéroports français (UAF), Thomas Juin, cette « nouvelle taxe est un non-sens économique et environnemental ».
Par ailleurs, la ministre des transports a également annoncé mardi que « le remboursement partiel dont bénéficie le transport routier de marchandises sur le gasoil sera réduit de deux centimes par litre, ce qui représente une contribution de 140 millions d’euros en année pleine ». Cette mesure prendra également effet en 2020.
> Lire aussi  Pourquoi « la honte de prendre l’avion » inquiète les compagnies aériennes
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/09/le-gouvernement-met-en-place-une-ecotaxe-sur-les-billets-d-avion_5487336_3244.html>
Sur le même sujet : 
> La route et l'aérien mis à contribution pour financer les infrastructures de transport <https://www.capital.fr/economie-politique/la-route-et-laerien-mis-a-contribution-pour-financer-les-infrastructures-de-transport-1344314>, AFP, 09/07/19, 21:00
> Le gouvernement met en place une écotaxe sur les billets d’avion <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/09/le-gouvernement-met-en-place-une-ecotaxe-sur-les-billets-d-avion_5487336_3244.html>, Le Monde avec AFP, maj le 10/07/19 à 02h05
> Chronique. Transport aérien : « L’écotaxe, matière hautement inflammable », Le Monde, 10/07/19, 11h12
Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
Alors que la consommation de carburant par le secteur est en augmentation, la création d’une telle taxe se comprend. Le problème est qu’en la matière, les pays d’Europe avancent chacun de leur côté, analyse Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
Pertes et profits. La ministre des transports, Elisabeth Borne, a « entendu le message des Français »… et a donc créé une nouvelle taxe. Habituellement, les gouvernements n’attendent pas d’entendre des voix, fussent-elles celles de la France, pour déployer leur imagination en matière de fiscalité. Mais il s’agissait, cette fois, de justifier un revirement, les pouvoirs publics n’étaient pas favorables au départ à l’idée de créer un nouveau prélèvement sur le transport aérien, et de conjurer le mauvais sort qu’ont connu un bon nombre d’impôts écologiques par le passé. En 2013, l’écotaxe sur les camions, pourtant amplement justifiée, a soulevé la Bretagne et contraint le gouvernement à reculer jusqu’à abandonner le projet après quinze ans d’atermoiements. Plus récemment, l’augmentation de la taxe carbone sur l’essence a allumé la mèche de la rébellion des « gilets jaunes ».
> Lire aussi  Le gouvernement taxe l’aérien pour financer le train
Une activité « de riches »
Des défaites cuisantes et coûteuses qui, visiblement, n’ont pas refroidi l’ardeur de l’exécutif. Il faut dire que ce dernier est confronté à la nécessité de trouver de nouvelles ressources pour financer ses ambitions, notamment en matière de transport, et pour respecter ses engagements climatiques. Taper sur l’aérien présente l’avantage de viser une activité « de riches », peu utilisée par les « gilets jaunes », et de s’attaquer à un secteur jusque-là épargné par la fiscalité verte. Rappelons qu’à la différence de l’essence, le kérosène échappe pour l’instant à toute TVA.
> Lire l’enquête : L’avion, plaisir coupable de l’écolo voyageur
Cette mesure, qui va prélever 1,5 euro par billet sur un vol européen, a sa logique. En incluant les vols internationaux au départ de notre territoire, l’aérien représente, selon les calculs du groupe de réflexion The Shift Project, près de 6 % de l’empreinte carbone des Français et ce chiffre est en augmentation du fait de l’accroissement de la consommation de carburant par l’aviation, alors qu’il est plutôt en diminution dans les autres secteurs. Il n’est donc pas absurde d’accroître la contribution de cette activité à la lutte contre le réchauffement climatique, y compris sur le plan financier. D’ailleurs, tous les pays d’Europe testent des modes de taxation différents. Selon une étude de la Commission européenne, les taxes par billet, hors redevances d’aéroport, s’élèvent en moyenne à 15 euros par billet en France ou en Suède et à près de 40 euros au Royaume-Uni.
> Lire aussi  Pourquoi « la honte de prendre l’avion » inquiète les compagnies aériennes
Le seul problème est que ces initiatives sont prises en ordre dispersé, ce qui est un comble pour une activité aussi internationale, et trop souvent sujettes aux fluctuations de l’opinion, alors qu’elles devraient s’inscrire dans le dialogue et la durée pour laisser aux secteurs concernés le temps de s’adapter. C’est la raison pour laquelle la fiscalité environnementale reste encore, comme le kérosène, une matière hautement inflammable.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/10/transport-aerien-l-ecotaxe-matiere-hautement-inflammable_5487660_3234.html>
Sur le même sujet :
> La future taxe sur les billets d'avion va-t-elle plomber le trafic aérien ? <https://www.france24.com/fr/20190711-future-taxe-billets-davion-va-elle-plomber-le-trafic-aerien>, AFP, 11/07/19, 12:00
> En un graphique. « Ecotaxe » sur l’avion, une goutte d’eau dans le prix des billets, Blog Les Décodeurs, 11/07/19, 17h59
Pierre Breteau
La ministre des transports, Elisabeth Borne, a annoncé la mise en place d’une « écotaxe » sur les billets d’avion plafonnée à 18 euros. Un montant trop faible pour avoir un réel effet. 
De 1,5 à 18 euros sur un billet au départ de la France métropolitaine – sauf pour la Corse ou les départements ultramarins –, c’est le montant de l’écotaxe présentée mardi 9 juillet par la ministre des transports, Elisabeth Borne. La ministre défend sa mesure pour contrecarrer le « sentiment d’injustice chez nos concitoyens sur la fiscalité du transport aérien ». Selon les calculs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le transport aérien est « à l’origine de 4,9 % du réchauffement climatique mondial ».
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/11/ecotaxe-sur-l-avion-une-goutte-d-eau-dans-le-prix-des-billets_5488274_4355770.html
______________________________________________________________________________________________________________________
12- Le plastique, l'encombrant invité du Tour de France, AFP, 09/07/19, 16:00
Juliette Vilrobe

Traditionnelles casquettes et autres gadgets promotionnels éphémères et en prime cette année l'arrivée d'un géant de la pétrochimie dans le peloton : le Tour de France est accusé de faire la part belle au plastique, même si ses organisateurs assurent faire des efforts.
Parmi les nouveaux venus du Tour 2019, Ineos, groupe de pétrochimie britannique, un des leaders mondiaux de la production de plastique et très controversé au Royaume-Uni pour ses importations de gaz de schiste et ses investissements dans ce secteur.
Encore peu identifiée en France, l'entreprise va vite se faire connaître grâce à son sponsoring de l'équipe favorite du Tour de France, anciennement Sky, qui compte parmi ses coureurs Geraint Thomas et Egan Bernal.
Un engagement que le groupe britannique justifie par les vertus sociales du sport et par les enjeux technologiques liés au cyclisme de haut niveau. 
"Ineos fait du greenwashing avec le Tour de France et il ne faudrait pas qu'ils soient connus uniquement pour avoir remporté cette course", alerte, auprès de l'AFP, Laura Châtel, responsable du plaidoyer à l'association Zero Waste France. 
L'ONG rebondit sur l'arrivée d'Ineos pour lancer une campagne d'information sur les conséquences environnementales de la fracturation hydraulique, processus d'extraction de gaz de schiste répandu en Amérique du Nord. 
"On veut rendre visible les liens entre fracturation hydraulique et explosion de la production de plastique", poursuit Laura Châtel. "Le gaz de schiste est une matière première peu coûteuse pour la production de plastique à bas coût et c'est ce qui permet la distribution d'objets promotionnels à volonté." 
- "Du plastique comme s'il en pleuvait" -
"Nous pensons que la société doit minimiser l'utilisation de plastique à usage unique", répond un porte-parole d'Ineos. "C'est une ressource qui a encore plus de valeur si elle est recyclée".
Durant les trois semaines de la Grande Boucle, 15 millions d'objets promotionnels seront distribués aux 10 à 12 millions de spectateurs, selon son directeur Christian Prudhomme, soit 3 millions de moins qu'en 2017.
C'est encore trop pour le député François-Michel Lambert (groupe Libertés des territoires), signataire d'une tribune, avec 34 députés et six ONG, dénonçant les "pitoyables breloques en plastiques", "gadgets qui ne servent à rien", "semés chaque année sur les routes de France" par la caravane publicitaire. "Du plastique comme s'il en pleuvait !" 
"Depuis maintenant cinq ans, nous avons entamé, avec nos partenaires, une politique de réduction du plastique dans les cadeaux que les marques offrent au public", avance Christian Prudhomme, qui évoque également la fin des emballages plastique supplémentaires. 
Côté pollution des espaces naturels, organisateurs et collectivités assurent que les spectateurs se jettent sur les cadeaux de la caravane et les ramènent chez eux, n'en laissant pas sur le bord de la route.
- Les déchets "mieux gérés" -
Le département de Haute-Savoie a collecté plus de 43 m3 de déchets autour des 150 km de route empruntés par le Tour 2018. Dans les sacs poubelle, la collectivité territoriale a retrouvé "principalement des déchets ménagers et très peu de +goodies+ du Tour de France". Idem pour le maire d'Huez dans l'Isère et pour la communauté de communes des Pyrénées Haut-Garonnaises.
Du côté des marques, on privilégie les cadeaux à garder aux porte-clefs à jeter. "Bic distribue deux types de stylos sur le Tour de France, ce sont des produits attendus, utiles et durables. Le but n'a jamais été de distribuer des objets inutiles", assure la marque de papeterie. 
Pour Vittel, impossible d'échapper à la bouteille en plastique en raison d'une contrainte sanitaire : l'eau minérale doit être embouteillée à la source. "Nos caravaniers ne jettent pas nos bouteilles, c'est de la main à la main et nous faisons un travail de sensibilisation au recyclage", précise Françoise Bresson, directrice RSE et événements de Nestlé Waters, maison mère de Vittel. 
Reste que les bobs, tee-shirts et autres finiront bien un jour parmi les déchets, parfois un peu trop rapidement. 
"Que les gens ramènent les +goodies+ chez eux c'est bien mais ce n'est pas ce qu'on cible", souligne François Lambert, président de l'ONG Expédition 7e continent, signataire de la tribune. "Le problème vient de cette démarche de distribution, une pratique culturelle et fainéante que l'on pourrait changer."
<https://www.lexpress.fr/actualites/1/sport/le-plastique-l-encombrant-invite-du-tour-de-france_2088749.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
13- A l’Assemblée, les opposants au CETA ne désarment pas, Le Monde, 10/07/19, 11h31
Manon Rescan  

Le projet de loi autorisant la ratification de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Canada a été adopté en commission mardi. Il sera discuté en séance le 17 juillet. 
Des tranches de rosbif froid, de la charcuterie et des fruits frais de production française sont disposés sur des tables. Un buffet accueille, mardi 9 juillet à midi, les députés venus rencontrer les manifestants de la FNSEA sur une place à deux pas de l’Assemblée nationale. Le principal syndicat agricole français ne digère pas ce qu’il appelle un « mauvais coup » du gouvernement : la ratification imminente au Palais-Bourbon du CETA, le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. Le texte a été adopté en commission des affaires étrangères mardi soir et sera examiné dans l’hémicycle le 17 juillet.
Mardi, les échanges et l’identité des élus présents auprès des agriculteurs donnaient la teneur des débats à venir. Plusieurs députés Les Républicains (LR) sont longuement restés avec Christian Jacob, ancien syndicaliste agricole, président du groupe LR et candidat à la présidence du parti. Des socialistes et des communistes sont également passés. Tous ferraillent contre ce texte qui s’invite au cœur de l’été, une semaine après la levée de boucliers à l’Assemblée contre le futur traité avec le Mercosur.
> Lire aussi  Après l’accord de libre-échange avec le Mercosur, Macron critiqué par les écologistes comme par les agriculteurs
Ce télescopage de calendrier fait grincer les macronistes qui défendent l’accord avec le Canada mais pas son cousin sud-américain. « Il ne faut pas se tromper de combat, l’agriculture française a besoin d’exporter », insiste Jean-Baptiste Moreau, député La République en marche (LRM) et éleveur bovin dans la Creuse, passé lui aussi saluer des manifestants dont il ne partage pas les inquiétudes.
Deux fronts d’ordinaire opposés
Depuis plusieurs jours, la majorité est en opération déminage sur le traité qui coalise deux fronts d’ordinaire opposés : les agriculteurs et les écologistes. Tous répètent une même crainte de voir les échanges commerciaux se développer au détriment des normes de qualité française. La filière bovine redoute particulièrement la concurrence d’une viande produite sur un territoire qui autorise le recours aux hormones de croissance et aux farines animales.
Les macronistes rétorquent que l’accord empêche toute importation de produits non conformes aux normes européennes en matière de santé publique. Ils répètent en outre que le traité, entré provisoirement en vigueur depuis bientôt deux ans, n’a pas pénalisé la production française, bien au contraire. Très peu de viande bovine canadienne a été importée et les exportations de produits laitiers ont augmenté de 19 %.
Pas suffisant pour convaincre certains députés de la majorité, comme le tempétueux Richard Ramos. L’élu MoDem a annoncé aux agriculteurs son intention de voter contre le traité. Au moins deux de ses collègues centristes feront de même.
Des doutes existent aussi au sein de la frange écologiste de LRM. Pour la rassurer, le député des Hauts-de-Seine Jacques Maire, rapporteur LRM du texte, s’appuie sur l’étude d’impact du traité. Elle assure qu’il aurait un très faible effet en matière d’émission de CO2.
« Ne pas de laisser “cornériser” par les oppositions »
M. Maire a aussi révélé mardi après-midi en conférence de presse un document présenté comme la preuve de l’engagement de la France et du Canada à mettre en place un « veto climatique ». Cette disposition, proposée par la commission Schubert, mise sur pied en début de quinquennat par Emmanuel Macron pour évaluer l’impact environnemental du traité, a été également encouragée par Nicolas Hulot lorsqu’il était ministre de l’écologie. Elle devait permettre à Paris et à Ottawa d’avoir la main quand une entreprise privée contestera l’une de leurs normes environnementales au nom de l’application du traité de libre-échange.
Las, les ONG ont immédiatement décelé dans le texte un « veto » Canada dry : il porte le nom de la proposition, mais pas l’ampleur envisagée. « Le dispositif envisagé par le gouvernement diverge de la proposition initiale », abonde dans une tribune au Monde la juriste Sabrina Robert-Cuendet, membre de la commission Schubert.
La bataille à venir le 17 juillet sera très politique. « Il ne faut pas que l’on se fasse “cornériser” par les oppositions », redoutait un macroniste mardi soir. Dans la journée, la députée LRM Marie Lebec rappelait que le traité avait été initié et négocié sous la droite de Nicolas Sarkozy et sous la gauche de François Hollande. A bon entendeur.
<https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/10/a-l-assemblee-les-opposants-au-ceta-ne-desarment-pas_5487683_823448.html>
Sur le même sujet :
> Entretien. Paul Magnette : « A ce stade, le CETA n’est pas acceptable », Le Monde, 16/07/19, 10h16
Propos recueillis par  Sophie Petitjean (Bruxelles, bureau européen)
L’ancien ministre-président de la région wallonne avait porté l’offensive contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, en 2016. 
Paul Magnette a porté l’offensive contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Canada, en 2016, lorsqu’il était ministre-président de la région wallonne. Aujourd’hui chef de file du parti socialiste (PS) en Wallonie, il continue de penser que ces accords ne peuvent être acceptés sans une série de garanties.
L’arrêt rendu fin avril par la Cour de justice de l’UE indique que le CETA est conforme au droit européen. Cela apaise-t-il vos craintes ?
Nous considérons toujours que les tribunaux d’arbitrage prévus dans le CETA n’ont pas de raison d’être, parce que ce sont des juridictions d’exception, qui ne sont ouvertes qu’aux entreprises. Cela crée une asymétrie entre d’un côté les petits producteurs, les consommateurs et les travailleurs qui n’ont pas accès à ce type de juridiction, et les entreprises qui peuvent s’en emparer. Par ailleurs, même si la Cour dit l’inverse, les grands groupes y ont, dans les faits, beaucoup plus facilement accès que les petits.
> Lire aussi  Faut-il ratifier le CETA ? La question qui agite les députés à la veille du vote
En Belgique, les entités fédérées doivent aussi ratifier l’accord. Pourraient-elles le rejeter ?
C’est possible. En 2016, trois gouvernements s’y étaient opposés : le gouvernement wallon, le gouvernement bruxellois et le gouvernement de ce qu’on appelle la communauté française, qui regroupe les Wallons et les Bruxellois francophones [Fédération Wallonie-Bruxelles]. Mais, aujourd’hui, ces trois gouvernements sont en cours de formation à la suite des élections du 26 mai. Il se pourrait que les accords de majorité de ces trois gouvernements prévoient qu’il n’y ait pas de ratification. Mais, pour l’instant, il est trop tôt pour le dire.
> Lire aussi  CETA : farines animales, antibiotiques... la confusion du gouvernement sur les conséquences en France
Etes-vous au courant des intentions des autres Parlements en Europe. Certains pourraient-ils rejeter l’accord ?
Pour le moment, le Parti socialiste est dans l’opposition dans la plupart des niveaux de pouvoir en Belgique, nous avons donc moins de contacts avec les autres parties prenantes en Europe. Mais le CETA continue de faire débat un peu partout. Et pas seulement sur l’aspect des arbitrages privés. La question climatique est aussi prégnante : ce type de traité de libre-échange a été négocié avant l’accord de Paris et ne tient pas du tout compte de la lutte contre le réchauffement climatique. Cela pose de vraies questions : est-ce que cela a du sens de continuer à promouvoir des échanges notamment sur des produits agricoles, à l’époque où l’on prétend être les champions du monde en matière de changements climatiques ?
> Lire aussi  CETA : la droite, divisée sur le libre-échange, votera majoritairement contre le traité
Doit-on comprendre que vous et votre parti allez recommander de rejeter cet accord ?
> Lire aussi  CETA : les agriculteurs français unis dans leur refus du traité
Lors de la campagne électorale, nous avons dit que nous refuserions de ratifier les traités s’il n’y a pas un certain nombre de conditions, qui sont des clauses sociales et environnementales obligatoires, un calcul du bilan carbone des importations et des exportations. On ne dit pas que c’est toujours nocif : importer des produits agricoles qui viennent du bout du monde, même si c’est paradoxal, peut être climatiquement plus censé que de le produire nous-même. Ainsi l’agneau de Nouvelle-Zélande, nourri uniquement de pâturage, a un bilan carbone inférieur à celui produit dans beaucoup de régions d’Europe, lorsqu’il est nourri de céréales importées. Il ne faut pas être sectaire. Mais, dans le cas du CETA ou de l’accord avec le Mercosur, cela continue à poser de vraies questions.
A ce stade, sans clauses sociales et environnementales suffisantes, sans prise en compte de l’impact sur le réchauffement climatique, sans exclusion des mécanismes d’arbitrage privés, pour nous, ils ne sont pas acceptables.
> Lire aussi  CETA : le « veto climatique » n’en est pas vraiment un
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/16/a-ce-stade-le-ceta-n-est-pas-acceptable_5489888_3234.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
14- Economie circulaire : l’industrie du plastique sommée de se recycler, Le Monde, 10/07/19, 11h47
Philippe Jacqué et  Cécile Prudhomme  

Ce secteur compte 5 000 entreprises sur l’ensemble du territoire et 230 000 salariés. 
« Nous déclarons la guerre au plastique. » La sortie de Brune Poirson, la secrétaire d’Etat à la transition écologique, dans Le Journal du dimanche le 7 juillet ne passe toujours pas chez les patrons du secteur. « C’est traumatisant pour toute une profession », confie l’un d’eux. « Arrêter les plastiques à usage unique, oui. S’en passer complètement, en revanche, poserait de nombreuses questions », souligne Benoît Hennaut, le président de la Fédération de la plasturgie, qui ne tarit pas d’éloges sur un matériau « léger, durable, abordable et qui demande peu d’énergie pour le transformer, ce qui limite en fait ses émissions de CO2. Il participe notamment à l’allégement des voitures ou des avions, ce qui, là encore, a un impact sur le CO2. »
Depuis plusieurs années, ce secteur, qui compte 5 000 entreprises sur l’ensemble du territoire et 230 000 salariés, est sous le feu des critiques. « On ne va pas défendre l’indéfendable. On a assisté à des aberrations, comme le suremballage de certains fruits et légumes. La suppression des sacs à usage unique était une bonne décision, mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il existe des sacs réutilisables, produits à partir de plastiques recyclés, dont l’analyse du cycle de vie est bien plus intéressante qu’un sac en coton », assureRémy Belval, chargé des affaires publiques de la société TT Plast, une PME productrice de sacs plastiques recyclés.
« Sucre de canne »
L’arrêt de la vente de produits à usage unique (Coton-Tige, couverts, etc.), prévu d’ici à 2021, est en passe d’être digéré par l’industrie. « Environ 2 000 emplois sont potentiellement en danger du fait de cette décision, mais les fabricants français de pailles et autres couverts sont en train de se réadapter et de faire évoluer leur offre, dit-on à Bercy. Pour l’instant, il n’y a pas encore de défaillances du fait de cette décision. »
Ces nouvelles contraintes seraient même l’occasion pour la France de se doter d’une filière de plastique d’origine végétale, selon Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’Etat à l’économie. Encore faut-il que les industriels prennent le pli assez rapidement. Casino, qui a lancé le 20 juin une marque propre écoresponsable de produits non alimentaires, a choisi, pour sa vaisselle jetable, la bagasse, cette pulpe de canne à sucre obtenue après l’extraction du jus. Mais, faute de producteur à bas coût en Europe, le groupe importe ses produits de Chine.
Dans l’emballage, d’autres sociétés émergent, à l’image de Lactips, qui utilise la caséine du lait pour produire des plastiques solubles et biodégradables, et qui vient de s’associer au chimiste BASF. Sphere, le numéro un français de l’emballage européen (avec sa marque Alfapac), a déjà réalisé son tournant depuis une douzaine d’années. « Le polyéthylène que nous utilisons provient de l’éthanol issu du sucre de canne produit par Braskem, au Brésil, explique John Persenda, le dirigeant. Nous investissons également dans le bioplastique biodégradable. » 
« On joue le jeu »
La loi sur l’économie circulaire, qui devait être présentée en conseil des ministres, mercredi 10 juillet, doit mettre l’accent sur la recyclabilité du plastique. « Nous voulons tenir les objectifs du gouvernement qui prévoit le recyclage à 100 % des plastiques d’ici à 2025 », reprend M. Hennaut, même si cela lui semble ambitieux à l’heure où la France ne recycle que 23 % de ses différentes résines de plastique…
> Lire aussi  Déchets : un projet de loi pour mettre fin au gaspillage et renforcer la responsabilité des producteurs
Le secteur s’est ainsi engagé à recycler au moins un million de tonnes de plastiques d’ici à 2025. L’an dernier, il en a atteint 600 000 tonnes. « Preuve que l’on joue le jeu, la part de matière vierge utilisée a baissé de 2,6 %, malgré l’augmentation des volumes produits, indique M. Hennaut. Les entreprises se tiennent d’ailleurs prêtes à investir pour adapter leur outil aux matériaux recyclés. » 
Côté collecte, les entreprises sont ouvertes à la consigne de bouteilles ou de sacs. « Cela a très bien fonctionné ailleurs, confirme M. Hennaut. Mais il faut que ce gisement soit accessible à tous les acteurs, et non accaparé par certains », comme la grande distribution, par exemple.
De manière générale, ajoute Adeline Pillet, de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, « tous les plastiques ne sont pas recyclables dans les conditions technico-économiques actuelles. Il existe des alliages, des plastiques multicouches assemblant des matériaux différents (aluminium, papier, textile…) que l’on ne sait pas traiter aujourd’hui ». 
Mais cela évolue. Le PET opaque, longtemps non recyclable, est désormais traité par des grands acteurs comme Paprec ou Soprema. De même, la PME Carbios a développé le biorecyclage, via des enzymes, des plastiques, afin de les retransformer en matière vierge. Pour enfin boucler la boucle.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/10/economie-circulaire-l-industrie-du-plastique-sommee-de-se-recycler_5487699_3244.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
15- Portrait. Pekka Haavisto, la voix écolo de la Finlande, Le Monde, 11/07/19, 09h44
Anne-Françoise Hivert (Malmö (Suède), correspondante régionale)

Le patron de la Ligue verte, récemment nommé ministre des affaires étrangères, a réussi à sensibiliser les Finlandais à l’écologie. Avec lui, le petit pays du nord, qui assure la présidence de l’UE, entend accélérer la lutte contre le réchauffement climatique. 
Il est le premier écolo à avoir décroché un portefeuille ministériel en Europe. C’était en 1995 et son parti, la Ligue verte, venait d’intégrer la coalition dirigée par le social-démocrate Paavo Lipponen. À l’époque, Pekka Haavisto avait été nommé à l’environnement. Vingt-quatre ans plus tard (si on omet un bref passage au ministère de la coopération pour le développement en 2013 et 2014), il fait son retour au gouvernement finlandais. Cette fois, en tant que chef de la diplomatie du petit pays nordique qui, depuis le 1er juillet, assure la présidence de l’Union européenne, avec pour objectif d’accélérer la lutte contre le changement climatique.
Le costume parfaitement coupé, toujours agrémenté d’un mouchoir de poche, Pekka Haavisto admet « avoir été surpris » par le succès des Verts aux dernières élections européennes. En Finlande, son parti a battu des records, avec 16 % des voix, lui permettant d’arriver en seconde position, pour la première fois de son histoire. Un mois et demi plus tôt, le 14 avril, la Ligue verte avait déjà enregistré son meilleur résultat lors d’une élection législative, avec 11,5 % des suffrages.
Remplaçant au pied levé l’ancien leader du parti en novembre 2018, Pekka Haavisto a mené les deux campagnes. De l’avis des experts, sa popularité en Finlande a contribué au succès de son parti. Fondée en 1987, la Ligue verte compte parmi les premiers mouvements écologistes européens. Et pourtant, elle a toujours eu du mal à percer, dans un pays traditionnellement moins concerné par la protection de l’environnement que ses voisins scandinaves. C’est en train de changer. Le nouveau gouvernement, entré en fonction le 6 juin, sous la direction du social-démocrate Antti Rinne, avec trois ministres verts, vise la neutralité carbone d’ici 2035.
> Lire aussi  L’UE échoue à adopter la neutralité carbone en 2050
Pekka Haavisto en est presque ému. « Depuis le temps que je me bats sur ces questions, ce que nous demandions est enfin en train d’arriver. » Né en 1958, ce qui fait de lui le doyen du gouvernement, il a commencé sa carrière politique en 1987, en décrochant un siège au Parlement, où il reste jusqu’en 1995, date de sa nomination au ministère de l’environnement. Il prend part ensuite à plusieurs missions du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
Un couple gay qui crève l’écran
Il dirige l’enquête de l’ONU sur les effets de l’uranium appauvri dans les Balkans, conduite après le décès de plusieurs soldats européens ayant participé aux opérations de maintien de la paix dans la région. Représentant spécial de l’Union européenne au Soudan, il participe aux négociations de paix sur le Darfour.
Le tournant a lieu en 2011. Son parti le désigne candidat à la présidence de la République. Malgré un CV impeccable, son homosexualité est alors considérée comme un obstacle majeur en Finlande. Le pays est à la traîne une nouvelle fois par rapport à ses voisins scandinaves, toujours en première ligne sur la défense des droits LGBT. Le mariage des couples homosexuels n’y a été légalisé qu’en 2017.
Pekka Haavisto, pourtant, dispose d’un atout insoupçonné : son compagnon, Nexar Antonio Flores, un coiffeur équatorien, de vingt ans son cadet. Ils se sont rencontrés en 1997, dans une boîte de nuit, à Bogota. Les deux hommes ont enregistré leur union civile en 2002. Parlant le finnois, Antonio crève l’écran. Le couple se retrouve en couverture de tous les magazines people, dont les Finlandais raffolent.
Le candidat du Parti du centre, Paavo Väyrynen, contre-attaque, en faisant campagne avec un slogan clamant qu’« un foyer a besoin d’un maître et d’une maîtresse ». L’orientation sexuelle de Pekka Haavisto est également présentée comme un potentiel risque de compromettre la candidature de la Finlande au poste de membre non-permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.
Mais le 22 janvier 2012, Pekka Haavisto arrive en deuxième place, avec 18,5 % des voix et se qualifie pour le second tour, où il est finalement battu par le grand favori, le conservateur Sauli Niinistö, réélu dès le premier tour, six ans plus tard. De son côté, son compagnon est sélectionné quelques mois plus tard pour participer à l’émission de téléréalité « Danse avec les stars », où il finit lui aussi à la deuxième place.
<https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/11/pekka-haavisto-la-voix-ecolo-de-la-finlande_5488025_4500055.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
16- Chronique. Dominique Méda : « Rendre inopérante la production de fausse science », Le Monde, 13/07/19, 06h30   
Dominique Méda, professeure de sociologie à l'université Paris-Dauphine, directrice de l’Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales

Seuls des chercheurs indépendants et bien payés peuvent s’opposer aux « marchands de doute » qui dissimulent la nocivité de produits industriels pour la santé et l’environnement, explique la sociologue dans sa chronique au « Monde ».
Chronique. L’enquête récente consacrée par Le Monde aux méthodes employées par Coca-Cola pour s’exonérer de toute responsabilité dans la pandémie mondiale d’obésité et de diabète a pleinement confirmé ce que les sociologues de sciences ont établi de manière rigoureuse depuis plusieurs années : les procédures nécessaires pour contrôler et réguler les pratiques des grandes entreprises, mais plus généralement pour protéger les consommateurs et les citoyens d’informations fausses ou biaisées, font encore cruellement défaut.
Un livre publié en 2010 par Naomi Oreskes et Erik M. Conway, traduit en 2012 sous le titre Les Marchands de doute (éditions Le Pommier), a magistralement démontré, au terme de plusieurs années d’enquête, comment de grandes entreprises, souvent soutenues par des groupes d’intérêt et des organisations farouchement hostiles à l’idée même de régulation, étaient parvenues à mettre massivement en doute les résultats scientifiques les mieux établis, qu’il s’agisse des méfaits du tabagisme, des agents chimiques (CFC) responsables du trou d’ozone, ou du CO2. De nombreux travaux ont depuis été consacrés à la mise en évidence de ces pratiques, par exemple celle des industriels de l’amiante dans Ignorance scientifique & inaction publique (Emmanuel Henry, Les Presses de Sciences Po, 2017).
> Lire aussi  Enquête sur la science sous influence des millions de Coca-Cola
Dans tous les cas, les méthodes des semeurs de doute sont les mêmes : profiter du fait qu’il n’est scientifiquement pas toujours possible d’affirmer qu’un fait A est de manière absolument certaine, exclusivement et à 100 %, la cause d’un fait B (le soda de l’obésité, le tabac du cancer, l’activité humaine du réchauffement climatique…), c’est-à-dire profiter de ce qui caractérise précisément l’éthique scientifique pour remettre massivement en cause les résultats de la science. Il suffit alors de disposer des voix de quelques scientifiques égarés, non spécialistes de la discipline, aveuglés par une idéologie ou plus rarement corrompus, qui soutiendront des positions contraires immédiatement surmédiatisées, de requalifier l’ensemble en « controverse » au sein de laquelle les différentes positions apparaîtront pourvues de la même légitimité, puis de focaliser l’attention, grâce au financement de chercheurs embarqués dans ces croisades, sur d’autres causes probables des problèmes (l’absence d’activité physique, la teneur en goudron, le soleil…).
Empêcher les producteurs de « fake news » d’agir
Le chapitre VI des Marchands de doute, intitulé « Le déni du changement climatique », devrait devenir une lecture obligée pour tous les étudiants : il explique de façon extrêmement précise comment le rapport publié en 1983 par un comité constitué (habilement) au sein de l’Académie nationale des sciences américaine, dénommé Changement climatique : rapport du comité d’évaluation sur le dioxyde de carbone, a vu les conclusions des spécialistes du climat considérablement amoindries par deux parties rédigées par des économistes, dont le futur « prix Nobel » d’économie William Nordhaus. L’usage du raisonnement probabiliste permettait, en effet, à ces derniers d’affirmer que les changements majeurs se produiraient sans doute dans très longtemps, et qu’il était donc urgent, sinon de ne rien faire, au mieux de s’adapter, lorsque le temps serait venu, à un monde à haute température.
Les mesures prises à la suite de la série de scandales récents (Dieselgate, Monsanto…) révélant des pratiques qui mettent en grand danger non seulement la santé des humains, mais plus gravement le caractère habitable de régions de la planète, n’ont pas été à la hauteur. Nous devons agir pour empêcher les producteurs de « fake news » d’agir mais surtout, en amont, pour rendre inopérante la production de fausse science ou d’ignorance scientifique.
D’abord, il est essentiel que les entreprises publient la liste des chercheurs et des institutions qu’elles financent (c’est parce que cela a été le cas que Le Monde a pu réaliser son enquête sur Coca-Cola), qu’une véritable traçabilité des fonds soit organisée et que les scientifiques rendent publics le nom de leurs financeurs, les montants obtenus et la nature des travaux réalisés. Le contrôle de l’ensemble de ce processus doit être renforcé.
Disposer d’institutions scientifiques puissantes, indépendantes
Mais cela est loin de suffire. Car ces affaires mettent en évidence, plus généralement, le problème de l’indépendance et des moyens accordés aux chercheurs et aux institutions scientifiques. La seule manière d’empêcher la production de « fausse science » est de disposer d’institutions scientifiques puissantes, totalement indépendantes, dotées d’importants moyens de financement et de scientifiques indépendants et bien payés, capables de répondre aux questions des gouvernements, des parlementaires et des citoyens – comme le suggère le dernier rapport de France Stratégie consacré à l’expertise –, mais également susceptibles d’autosaisine.
Or, comme l’ont unanimement souligné les lauréats du prix Nobel présents à l’Elysée lors du débat organisé par le président de la République avec des intellectuels le 18 mars, l’attractivité des carrières scientifiques est en France de plus en plus faible, et les moyens destinés à la recherche, censés atteindre 3 % du PIB, n’ont jamais dépassé 2,3 % depuis trente ans. La seule recherche publique atteint péniblement 0,8 %, et les recrutements y sont en forte baisse.
Le 1er février, à l’occasion des 80 ans du CNRS, le premier ministre a annoncé la préparation pour 2021 d’une loi de programmation pluriannuelle pour l’enseignement supérieur et la recherche. Mais l’urgence est là : il n’est nul besoin d’attendre 2021 pour engager les profondes réorientations que cette loi devrait promouvoir.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/13/dominique-meda-rendre-inoperante-la-production-de-fausse-science_5488911_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
17- Christophe Itier : "Il y a urgence à trouver des solutions à nos défis climatiques, sociaux et démographiques", Le JDD, 13/07/19, 20h35
Propos recueillis par Anna Monti

Le haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire Christophe Itier dresse le bilan du premier sommet Pact for Impact, qui a eu lieu cette semaine à Paris, et affirme ses ambitions pour la suite.
La France a abrité le premier sommet Pact for Impact mercredi et jeudi au Musée du quai Branly à Paris. Un raout mondial rassemblant 50 pays auquel devait participer François de Rugy. Christophe Itier, haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire et initiateur de ce projet, veut faire de ce premier rendez-vous l’acte fondateur d’une COP 21 2.0.
Quel est le propos de Pact for Impact ?
Nous sommes partis du constat qu’il y a aujourd’hui une urgence à agir, à trouver des solutions à nos défis climatiques, sociaux et démographiques. Nos anciennes recettes ne marchent plus. Nous cherchons à jeter des ponts entre les politiques publiques, le monde économique, le monde de la finance et les entrepreneurs sociaux. Je citerai Cedrus partner, ce fonds d’investissement immobilier consacre 20% des 300 millions investis en Ile-de-France à l’achat de logements pour les plus défavorisés. Il les met gratuitement à disposition pendant 10 ans, sortant ainsi 5.000 personnes de la rue. La démarche "10% pour tout changer" s’inscrit elle aussi dans cette mouvance, 10% est le seuil d’entreprises engagées qu’il faut dépasser pour créer ce point de bascule et changer le paradigme.
>> Suite à lire à :
<https://www.lejdd.fr/Economie/christophe-itier-il-y-a-urgence-a-trouver-des-solutions-a-nos-defis-climatiques-sociaux-et-demographiques-3909564>
______________________________________________________________________________________________________________________
18- Entretien. « Notre cerveau n’est pas fait pour penser le long terme », Usbek & Rica, 14/07/19
Propos recueillis par Annabelle Laurent

On a parlé de fake news, de biais d'optimisme, de court-terme et de réchauffement climatique avec Tali Sharot, chercheuse en psychologie et neurosciences.
Dans le monde occidental, le taux de divorce est de 40%. Mais si vous demandez à des jeunes mariés la probabilité de leur propre divorce, ils l’estiment à… 0%. Cet exemple est l'une des traductions de ce qu'on appelle le biais d’optimisme, une illusion cognitive dont 80% d’entre nous, tous âges et pays confondus, disposons. Nous surestimons les probabilités de vivre des évènements heureux au cours de la vie et sous-évaluons les probabilités d’en vivre de mauvais. C’est à la fois avantageux et dangereux, puisque ce biais nous conduit à moins évaluer les risques. 
Tali Sharot, professeure en neurosciences cognitives, en psychologie et en neurosciences à l’université de Londres, a publié en 2011 l’essai The Optimism Bias: A Tour of the Irrationally Positive Brain, fait la couverture de Time Magazine, écrit pour le New York Times, le Washington Post, CNN, la BBC, donné une conférence TED, puis s’est attaquée à l’influence des émotions sur les croyances, les décisions et les interactions sociales, notamment avec son livre The Influential Mind, paru en 2017.  Ses articles sur la prise de décision, l’émotion et l’influence ont été publiés dans Nature, Science, Nature Neuroscience, Psychological Science, etc. Nous l’avons rencontrée à Paris, dans le cadre d'une conférence organisée par la start-up Tinyclues, un peu découragés par son idée que face aux mensonges, les faits ne peuvent rien. 
Usbek & Rica : Dans votre livre The Influential Mind, vous montrez que les faits et les données ne font pas changer les gens d’opinion. Pourquoi ? 
Tali Sharot : Quantité d'études ont déjà montré ça depuis des décennies, bien avant que nous menions nos propres recherches. Quand les gens reçoivent une information, ils l'interprètent en fonction des croyances qu'ils ont déjà. Cela donne plus de poids aux informations qui confirment ce qu'ils pensent déjà, et moins de poids aux informations qui ne les confirment pas. C’est en fait un moyen rationnel d’évaluer les données que vous recevez. Car quand vous êtes confronté à une information qui ne confirme pas ce que vous pensez, cette information va, en moyenne, être fausse : par exemple, si je vous dis qu'il y a un éléphant rose qui vole dans le ciel, vous allez partir du principe que je mens ou que je délire parce que vous avez la conviction forte que les éléphants ne volent pas dans le ciel, et ça a un sens, c'est comme ça que nous devons raisonner. Si nous changions nos croyances à chaque fois qu’il y a un élément de preuve qui ne confirme pas ce que nous croyons, ce serait le chaos ! C'est pour ça que notre cerveau est construit de cette façon. Mais ça veut aussi dire que si nous avons une croyance erronée, il sera vraiment dur de la changer avec des faits… Vous avez des exemples extrêmes de cette tendance avec ceux qui croient que la Terre n'est pas ronde : aucune preuve ne les fait changer d’avis. C'est un cas problématique.
>> Suite à lire à :
<https://usbeketrica.com/article/notre-cerveau-pas-fait-pour-penser-long-terme>
______________________________________________________________________________________________________________________
19- Le Sénat va s'efforcer de muscler le projet de loi "énergie-climat", AFP, 14/07/19, 09:00
Véronique Martinache

Encourager le développement de l'hydroélectricité, de la filière biogaz et de l'éolien en mer, accompagner la transition énergétique : le Sénat entend muscler à partir de mardi le projet de loi "énergie-climat" porté par un François de Rugy en difficulté.
La "petite loi énergie" a beaucoup grossi lors de son passage à l'Assemblée nationale, passant de 8 à 55 articles. Elle est portée par le ministre de la Transion écologique François de Rugy, aux prises avec une polémique à rebondissements sur des dîners fastueux à l'Hôtel de Lassay ou encore des travaux coûteux dans son ministère.
Le texte fixe plusieurs objectifs ambitieux face à "l'urgence écologique et climatique" : il prévoit d'atteindre la "neutralité carbone" à l'horizon 2050, une baisse de 40% de la consommation d'énergies fossiles d'ici 2030, contre 30% précédemment, la fermeture des dernières centrales à charbon en 2022...
Mais pour le rapporteur de la commission des Affaires économiques, Daniel Gremillet (LR), le projet de loi manque toujours "d'ampleur", alors que la politique énergétique est "stratégique pour l'ensemble de nos concitoyens, mais aussi pour les industriels", a-t-il souligné auprès de l'AFP.
Le texte "ne fixe guère de cap, si ce n'est peut-être celui d'atteindre la neutralité carbone en 2050", déplore-t-il.
"Ce projet de loi répond à une attente citoyenne forte, celle d'une action plus forte et plus rapide sur les enjeux écologiques en général et climatiques en particulier", a de son côté assuré François de Rugy devant la commission.
Le texte entérine le report de 2025 à 2035 de l'objectif de ramener la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50% contre plus de 70% aujourd'hui. Il pérennise le Haut conseil pour le climat, instauré en novembre par Emmanuel Macron, et prévoit des dispositifs de lutte contre les fraudes aux certificats d'économies d'énergie (CEE).
Les députés ont en outre introduit un dispositif progressif sur la rénovation énergétique des logements et les "passoires thermiques", ces quelques sept millions de logements mal isolés, pour moitié en locatif.
- "Comme une pastèque" -
En commission, les sénateurs ont "cranté" des objectifs chiffrés supplémentaires "réalistes" pour le développement des énergies renouvelables, avec "un accent significatif sur la partie hydraulique" et un objectif "plus offensif sur l'éolien en mer" : au moins 27 GW d'hydroélectricité en 2028, développement d'au moins 1 GW par an d'éolien en mer, posé et flottant, jusqu'en 2024 et 8% de biogaz en 2028 pour s'assurer que l'objectif des 10% en 2030 sera bien tenu.
En outre, la commission a prévu que tous les dispositifs de soutien à l'électricité et au gaz renouvelables devront inclure un bilan carbone, "ce qui sera bon pour l'environnement et bon pour les filières françaises et européennes".
Comme à l'Assemblée, le dossier des "passoires thermiques" devrait donner lieu à des débats animés.
Le programme du candidat Macron prévoyait que ces logements énergivores seraient interdits de location à compter de 2025. Mais le sujet était absent du projet de loi initial et après des discussions enflammées, les députés ont opté pour un dispositif en trois temps: information et incitation jusqu'en 2023, puis obligation de travaux, mais avec la mise en place de sanctions seulement à partir de 2028.
En commission, les sénateurs ont adopté plusieurs amendements pour renforcer encore l'information des locataires et des acheteurs et pour rendre certaines obligations plus progressives, le rapporteur plaidant pour "l'incitation" plutôt que "la contrainte".
A gauche, on crie à l'urgence. Pour Fabien Gay (CRCE à majorité communiste), "il faut un plan Marshall". En repoussant les sanctions en 2028, "l'urgence climatique est repoussée à plus tard", regrette aussi Roland Courteau (PS).
Globalement dans le texte, "il y a une ambition forte", reconnaît Fabien Gay. Mais d'ajouter aussitôt, sur Public Sénat et LCP : "c'est comme une pastèque, elle est verte à l'extérieur, mais quand on l'ouvre, ce n'est pas la même chose".
<https://www.lepoint.fr/politique/le-senat-va-s-efforcer-de-muscler-le-projet-de-loi-energie-climat-14-07-2019-2324433_20.php>
Sur le même sujet : 
> Projet de loi énergie et climat au Sénat : Wargon assure "la continuité de l'Etat" <https://www.liberation.fr/depeches/2019/07/16/projet-de-loi-energie-et-climat-au-senat-wargon-assure-la-continuite-de-l-etat_1740357>, AFP, 16/07/19, 19:00
______________________________________________________________________________________________________________________
20- Les écolos désabusés par la valse des ministres de l'Environnement, AFP, 16/07/19, 19:00
Amélie Bottollier-Depois

L'environnement est la véritable victime de la valse des ministres de l'Ecologie, ont déploré mardi ses défenseurs, doutant que le successeur de François de Rugy, quel qu'il soit, puisse faire plus pour la planète au sein de ce gouvernement.
"Les ministres de l'Ecologie ne passent pas l'été, c'est le deuxième (...). Ce n'est pas bon signe que ce poste ne résiste pas dans la durée", a commenté Sandrine Bélier, de l'ONG Humanité et Biodiversité.
"Ce poste qui est pourtant numéro 2 du gouvernement ressemble à un siège éjectable (...). Je trouve ça désolant parce qu'on est dans l'urgence tant sur le plan climatique que de la biodiversité", a renchéri auprès de l'AFP Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). 
Malgré sa popularité et ses convictions, Nicolas Hulot avait tenu 15 mois avant de claquer la porte avec fracas en août dernier, se disant isolé sur les enjeux environnementaux. Son successeur François de Rugy a abandonné au bout de seulement dix mois, emporté par des polémiques autour de repas fastueux.
Les raisons des deux démissions n'ont certes rien à voir, mais pour les militants écologistes, la conséquence est la même : encore des délais dans des décisions qu'ils jugent urgentes et donc un mauvais signe pour l'environnement.
La "victime de cette situation c'est l'écologie", a ainsi estimé Julien Bayou, porte-parole d'EELV. "Qui pour succéder à #derugy sur ce poste et cet enjeu si malmené par le gouvernement ?", a-t-il ajouté sur Twitter.
Certains noms circulaient déjà au moment du départ de Nicolas Hulot : Pascal Canfin, tout nouveau député européen LREM, ou Laurence Tubiana, architecte de l'accord de Paris sur le climat. Pourraient s'y ajouter les deux secrétaires d'Etat à la Transition écologique - Emmanuelle Wargon, qui a pris du poids politique pendant la crise des "gilets jaunes", et Brune Poirson - ou le député LREM Cédric Villani.
- Bilan "sévère" -
Mais "finalement, peu importe qui a la charge de ce ministère si le sujet ne devient pas une véritable priorité au sein de ce gouvernement !", a déclaré à l'AFP Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace, qui porte un "regard sévère sur le bilan du gouvernement" en la matière.
Sur la scène internationale, le chef de l'Etat porte des ambitions fortes en matière climatique et de protection de la nature, mais les ONG, dont quatre ont déposé un recours contre l'Etat pour inaction climatique, lui reprochent sans cesse de ne pas traduire ces intentions en actions concrètes sur le plan national.
Le projet de loi énergie et climat qui décrète "l'urgence climatique" et que François de Rugy devait défendre au Sénat mardi soir laisse notamment les associations sur leur faim.
Fin juin, le premier rapport du tout nouveau Haut Conseil pour le climat voulu par Emmanuel Macron a lui aussi appelé le gouvernement à revoir sa politique de lutte contre le réchauffement climatique, décrivant des "actions insuffisantes" et des "dispositifs trop faibles".
Alors malgré leurs doutes, les défenseurs de l'environnement, dont certains regrettent toujours Nicolas Hulot, espèrent que le prochain ministre sera plus à même de peser sur les décisions de l'exécutif.
Ce ministère est "l’un des plus exposés", lié aux "arbitrages politiques les plus polémiques", souligne un responsable de la majorité.
"Idéalement, il faudrait quelqu'un qui ait une vraie conviction écologique mais aussi cette habitude des arbitrages interministériels, de la pratique politique - ce qui manquait à Nicolas Hulot", a noté Jean-François Julliard.
Il faut quelqu'un "qui puisse taper du poing sur la table quand il le faut, résister aux injonctions de Bercy, et qui ait l'écoute du président et du Premier ministre, sinon on va continuer de saupoudrer des demi-mesures par-ci par-là et le bilan sera similaire dans un an", a-t-il ajouté.
Un ministre capable aussi de résister au lobbying des chasseurs ou des agriculteurs, a insisté Allain Bougrain-Dubourg. Parce qu'actuellement pour les associations de défense de l'environnement, "nos seules victoires", a-t-il lancé, "c'est quand on évite une défaite".
<https://www.geo.fr/environnement/les-ecolos-desabuses-par-la-valse-des-ministres-de-lenvironnement-196597>
______________________________________________________________________________________________________________________
21- L'industrie sud-africaine vent debout contre la toute nouvelle taxe carbone, AFP, 17/07/19, 10:00
Béatrice Debut

Chute des investissements, suppressions d'emplois, hausse du prix des carburants et de l'électricité... Dans un climat économique fragile, l'industrie sud-africaine craint le pire de la nouvelle taxe carbone, malgré son montant extrêmement faible.
En dépit de la forte résistance des gros émetteurs de CO2, l'Afrique du Sud, 14e pollueur au monde selon Greenpeace, est devenu le 1er juin le premier pays du continent à introduire une taxe carbone, entièrement à la charge des entreprises.
Cet impôt, qui existe déjà dans de nombreux pays comme le Canada, la Colombie, la France ou la Suède, vise à réduire les gaz à effet de serre, responsables du réchauffement de la planète.
Les ONG environnementales comme le Fonds mondial pour la nature (WWF) ont salué "une première étape significative", très rare dans un pays émergent, mais ont immédiatement regretté la faiblesse de la taxe.
Son montant a été fixé à 120 rands (8 euros) par tonne de CO2 émise. Mais compte tenu d'abattements fiscaux pouvant aller jusqu'à 95%, son montant variera entre 6 et 48 rands (de 0,4 à 3 euros). Très loin des 40 à 80 dollars d'ici 2020 recommandés pour se conformer aux objectifs de l'accord de Paris.
"La taxe carbone est plutôt faible, mais très importante symboliquement", reconnaît lui-même Ismail Momoniat, directeur général adjoint du Trésor, qui promet déjà sa réévaluation à partir de 2023.
Il n'empêche, l'industrie s'indigne en agitant le spectre des licenciements et des fermetures d'usines.
Dans les mines, un secteur déjà en crise, "6.800 emplois directs et indirects" vont être supprimés dans les deux prochaines années à cause de la taxe carbone, prévient la Chambre nationale des mines. A compter de 2023, la situation va encore se détériorer avec "environ 6.000 emplois perdus par an".
- Temps perdu -
La puissante organisation patronale Busa dénonce une taxe qui va "décourager les investissements étrangers et nationaux" dans un contexte déjà difficile de "chômage, pauvreté et inégalités".
En Afrique du Sud, au moins 27% de la population active est sans emploi. Un taux qui dépasse 50% chez les jeunes. 
Pour l'entreprise Transalloys, fabricant d'alliages de fer qui emploie 400 personnes, réduire les émissions de CO2 est tout simplement impossible, affirme son PDG Theo Morkel. "Pour moi, la seule façon de les faire baisser est de fermer mes fourneaux", assure-t-il à l'AFP, très en colère.
Les effets de la taxe sont pourtant "très faibles pour les gros émetteurs" d'ici 2023, assure Noëlle Garcin de l'organisation African Climate Reality Project.
Tellement faibles qu'elle ne va probablement pas, selon les ONG, permettre de réduire significativement les émissions de CO2.
"On l'impression qu'on va perdre trois ans, ce qu'on ne peut pas se permettre" compte tenu de l'urgence à agir, s'inquiète Noëlle Garcin. "Le fardeau va reposer encore plus sur la prochaine génération... et je ne sais même pas si on peut encore parler de prochaine génération".
Face aux inquiétudes de l'industrie, elle appelle à penser autrement, et à voir dans le défi climatique de "splendides opportunités" pour l'économie.
Les syndicats, "soucieux" de l'impact de la taxe carbone sur l'emploi mais aussi des "conséquences de la pollution sur les travailleurs les plus pauvres", ne disent pas autre chose.
- "Opportunité parfaite" -
Le changement climatique offre "une opportunité parfaite" de créer des emplois, assure Matthew Parks de la Cosatu, la principale centrale syndicale en Afrique du Sud.
Et de citer la construction de voitures propres ou le développement de l'énergie solaire dans un pays qui abrite de nombreuses usines automobiles et bénéficie d'un ensoleillement exceptionnel.
Mais "les entreprises qui ne pensent qu'au profit sont très réticentes au changement" et le gouvernement "ne pense qu'à taxer sans proposer un juste plan de transition", dénonce M. Parks.
Sur le terrain, l'industrie pétrolière a déjà répercuté la taxe sur les consommateurs en augmentant le prix des carburants de 0,09 à 0,1 rand (moins de 0,06 euro) par litre.
La compagnie nationale d'électricité Eskom, plombée par une dette de 26 milliards d'euros, attendra 2023. 
D'ici quatre ans, "le poids de la taxe carbone pour Eskom devrait être de l'ordre de 11,5 milliards de rands (725 millions d'euros) par an", prévient Gina Downes, chargée de l'économie de l'environnement dans l'entreprise.
Eskom, qui fournit l'essentiel de son électricité avec des centrales à charbon, est le plus gros pollueur d'Afrique du Sud, responsable de 30% de ses émissions de CO2, selon Greenpeace.
Le groupe promet de graduellement remplacer ces centrales très polluantes, quand "elles atteindront leur fin de vie". Mais la mutation prendra du temps. Eskom a encore mis récemment en service deux mégacentrales à charbon.
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/18/l-industrie-sud-africaine-vent-debout-contre-la-toute-nouvelle-taxe-carbone_5490772_3212.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
22- Les vastes chantiers qui attendent Elisabeth Borne, AFP, 17/07/19, 13:00
Vanessa Carronnier & Laure Fillon

Des choix énergétiques à la lutte contre le gaspillage, de vastes chantiers attendent Elisabeth Borne qui succède mercredi à François de Rugy à la tête du ministère de la Transition écologique. 
Ces dossiers s'annoncent complexes, avec des décisions qui se heurtent aux intérêts de différents secteurs, à l'heure où la France a déjà du retard sur ses engagements climatiques. Le Haut conseil pour le climat a ainsi récemment appelé l'Hexagone à revoir son action.
- "Urgence climatique" -
Le projet de loi énergie et climat, actuellement examiné par le Sénat, fixe une série d'objectifs pour répondre à "l'urgence écologique et climatique".
Il prévoit d'atteindre la "neutralité carbone" à l'horizon 2050, une baisse de 40% de la consommation d'énergies fossiles d'ici à 2030 et la fermeture des dernières centrales à charbon en 2022.
Il entérine le report de 2025 à 2035 de l'objectif de ramener à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité (plus de 70% aujourd'hui).
Le sujet de la rénovation énergétique des logements, absent du texte initial, a été ajouté par les députés.
Une "convention citoyenne", voulue par Emmanuel Macron comme une réponse au grand débat, est chargée de proposer d'autres mesures. Ces 150 particuliers tirés au sort devront commencer leurs travaux en septembre et conclure début 2020.
- Nucléaire et énergies renouvelables -
L'adoption du projet de loi énergie est indispensable pour pouvoir entériner la feuille de route énergétique de la France à horizon 2028. Présentée en janvier, la programmation pluriannuelle de l'énergie fait actuellement l'objet de consultations pour d'éventuelles modifications à la marge.
Elle prévoit la fermeture de 14 réacteurs nucléaires sur 58 d'ici à 2035, mais ouvre aussi la porte à la construction de nouveaux réacteurs. Le gouvernement veut disposer mi-2021 des éléments pour se décider.
Elle fixe également des trajectoires de développement des énergies renouvelables avec des appels d'offres réguliers, en particulier dans le solaire et l'éolien.
- Transports -
Le projet de loi sur les mobilités (LOM), un texte fleuve qui vise à "verdir" les transports, doit revenir en septembre en nouvelle lecture au Parlement.
Il doit notamment fixer un cadre pour la circulation des trottinettes électriques et permettre d'étendre l'interdiction de circulation de véhicules polluants à certaines heures dans les villes.
- Nouvelles taxes -
Le gouvernement a annoncé début juillet qu'il allait mettre en place dès 2020 une contribution sur les vols au départ de la France. Cette mesure, dénoncée par le secteur concerné, doit être intégrée dans la loi énergie climat.
L'exécutif compte aussi réduire l'avantage fiscal accordé aux transporteurs routiers sur le gazole.
Quant à la hausse de la taxe carbone, étincelle du mouvement des "gilets jaunes", le gouvernement souhaite qu'une éventuelle décision vienne de la "convention citoyenne" installée à la rentrée.
- Lutte contre le gaspillage -
Le projet de loi pour une économie circulaire sera examiné par le Parlement à la rentrée, dans un contexte d'attentes grandissantes de l'opinion publique.
Ce texte décrète la guerre au plastique et mise sur le recyclage et les consignes. Il recèle de multiples propositions qui doivent cependant trouver leurs modalités concrètes d'application.
- Electricité et gaz -
Le projet de loi énergie climat intègre un article permettant de faire évoluer le mode de calcul des tarifs régulés de l'électricité, qui avait entraîné une hausse très contestée de 5,9% en juin.
Le texte prévoit également de mettre fin d'ici à 2023 aux tarifs réglementés de vente du gaz, jugés contraires au droit européen.
- Bien-être animal -
François de Rugy avait prévu de prendre en septembre des décisions concernant le sort des des animaux dans les cirques, les zoos, les delphinariums et les élevages de visons, au moment où l'opinion publique est de plus en plus sensible à la condition des bêtes sauvages en captivité.
- Biodiversité -
Le gouvernement a présenté début juillet un maigre bilan d'un plan pour préserver la biodiversité. Il est notamment prévu d'augmenter la part des aires marines et terrestres protégées à 30% du territoire d'ici à 2022 (contre 20% actuellement). 
L'Office français de la biodiversité (OFB) est en cours de création. Il regroupera à partir de 2020 l'Agence française pour la biodiversité et l'Office national de la chasse et de la faune sauvage.
- Adaptation au changement climatique -
Un deuxième plan national d'adaptation au changement climatique a été présenté en décembre. Mais un rapport sénatorial a estimé en mai que la France devait faire plus, alors que des zones littorales, des activités agricoles et des ressources en eau sont menacées.
<https://www.lepoint.fr/societe/les-vastes-chantiers-qui-attendent-elisabeth-borne-17-07-2019-2325174_23.php>
______________________________________________________________________________________________________________________
23- Tribune. Carlos Rittl : « L’Europe se fait-elle la complice de Bolsonaro dans la dévastation de l’Amazonie ? », Le Monde, 18/07/19, 14h19 
Par Carlos Rittl, Secrétaire exécutif de l'Observatorio do clima

L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur risque d’accélérer la destruction des écosystèmes traditionnels du Brésil, sauf si les Parlements nationaux en charge de le ratifier, imposent des procédures de conformité et de transparence, estime dans une tribune au « Monde » le secrétaire exécutif de l’Observatório do clima.
Tribune. L’accord commercial historique conclu le 28 juin entre l’Union européenne et le Mercosur [Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay] est une épée à double tranchant pour le Brésil. D’une part, on ne peut mésestimer son importance à long terme pour l’intégration de l’économie fermée du pays dans les chaînes de valeur mondiales. D’autre part, jusqu’à ce qu’il soit intégralement mis en œuvre, et peut-être au-delà, il donne le feu vert au gouvernement d’extrême droite de Jair Bolsonaro pour accélérer sa politique de destruction des écosystèmes et des peuples traditionnels du Brésil.
Comme chacun sait, le nouveau président a été élu en promettant de démanteler les agences et réglementations environnementales, de « mettre un point final à tout activisme » et de ne plus accorder « un seul centimètre » de terre aux autochtones. Son ministre de l’environnement Ricardo Salles a tenu ces promesses : il a bâillonné Ibama, l’agence fédérale de l’environnement, et fermé le service dédié au changement climatique, lequel était chargé de définir et mettre en œuvre les politiques permettant au Brésil de remplir ses engagements dans le cadre de l’accord de Paris. Résultat : la déforestation en juin était de 88 % supérieure au chiffre de juin 2018.
> Lire aussi  « Le Brésil ne fera rien pour respecter l’accord de Paris sur le climat »
Alors que le Brésil perd chaque année quelque 8 000 kilomètres carrés de forêt – près de 106 fois la superficie de Paris – sur le seul territoire amazonien, M. Salles a affirmé que cela représentait une « déforestation quasi nulle ». Citant des données fausses ou déformées, le régime prétend que le pays protège déjà trop la forêt et qu’il fait un meilleur travail de préservation que les agriculteurs brésiliens. Le message implicite est que l’agriculture brésilienne ne peut renoncer à la déforestation.
Le recours au principe de précaution
L’Europe représente un marché crucial pour les produits brésiliens. Elle est le deuxième plus gros acheteur de soja (10 %) et d’avoine (16 %), le premier acheteur de café (58 %) et le troisième de sucre (5 %). Grâce à la nouvelle politique de tarifs douaniers, ces chiffres vont augmenter, tout comme les exportations de bœuf, principale cause de la déforestation. Il s’agit là d’un levier qui aurait pu être employé pour réfréner Bolsonaro, mais qui n’a pas été utilisé.
> Lire aussi  Au Brésil, la mise en place d’une politique de destruction de l’environnement
Ainsi privés de leur principal outil de pression, les organisations environnementales et les mouvements indigènes brésiliens doivent se préparer à des temps encore plus difficiles. Cela se manifeste déjà clairement dans l’intention non dissimulée du gouvernement de supprimer l’Amazon Fund, un fond d’un milliard de dollars destiné à soutenir des projets de développement durable. La perte de ce fonds constituerait un coup dur pour les ONG et pour Ibama, dont les opérations d’inspection forestière sont financées par cette structure.
Pire, les criminels environnementaux se sentiront encore plus encouragés après le succès politique de Bolsonaro face aux Européens lors du G20. L’accord commercial de libre-échange contient sans doute des engagements en matière de développement durable. Il préserve certaines initiatives du secteur privé sur l’agriculture durable, comme le moratoire sur le soja. Par ailleurs, dans le chapitre (toujours en discussions) concernant sa mise en œuvre, l’accord prévoirait le recours au principe de précaution.
Une large place à de possibles dérapages
Mais le ministre brésilien de l’agriculture a d’ores et déjà fait savoir que les Européens ne seront pas en mesure d’empêcher l’entrée de produits brésiliens au motif que le pays enfreindrait les règles environnementales. Aux yeux des dirigeants brésiliens, la charge de la preuve devra revenir à l’accusateur. Il est aisé de voir la large place laissée ici à différentes interprétations.
Dans les années qui viennent, avant l’entrée en vigueur du traité, le Brésil pourra facilement « verdir » son modèle agricole en profitant des lacunes de l’accord. Par exemple, le projet de loi déposé au Sénat par le fils aîné du président entend éliminer les zones protégées au sein des propriétés rurales, ce qui entraînera l’ouverture à la déforestation légale d’une superficie équivalente à la France et l’Allemagne réunies.
> Lire aussi  Au Brésil, l’accord commercial entre le Mercosur et l’Europe affole les ONG environnementales
Une large place est également laissée à de possibles dérapages. Selon Paulo Barreto, du centre de recherche Imazon (Institut de l’homme et de l’environnement d’Amazonie), si l’accord accroît les importations de bœuf en Europe, il est probable que le risque de déforestation augmentera même s’il existe des règles environnementales sur l’origine des importations – la demande supplémentaire devra être satisfaite par la déforestation d’autres secteurs, ce qui se produira inévitablement si la gouvernance publique diminue, comme c’est d’ores et déjà le cas.
« La confiance, c’est bien ; le contrôle, c’est mieux »
Il est possible qu’en concluant cet accord maintenant, l’UE cherche à imposer un certain degré de multilatéralisme à Jair Bolsonaro, un isolationniste taillé dans la même étoffe que l’alt-right [ultra-droite] américaine. L’hypothèse stratégique semble être que le président brésilien, soumis aux contraintes du traité, sera obligé de respecter les règles du jeu. Au vu de son incapacité, vérifiée à de multiples reprises, à refréner les autocrates dans l’espoir qu’ils finiront par agir normalement, l’Europe devrait pourtant savoir qu’elle se berce d’illusions.
> Lire aussi  « L’étude des peuples premiers exige d’abolir les frontières nationales »
Les Parlements nationaux auront l’occasion de réparer l’erreur de Bruxelles et de préserver la réputation des importateurs de produits brésiliens en imposant, avant ratification de l’accord, certaines procédures claires de conformité et de transparence. Comme on dit en allemand, Vertrauen ist gut, Kontrolle ist besser (La confiance, c’est bien ; le contrôle, c’est mieux).
§ Carlos Rittl est le secrétaire exécutif de l’Observatório do clima, un réseau de quarante-sept organisations de la société civile brésilienne.
§ Cette tribune a été traduite de l’anglais par Gille Berton.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/18/carlos-rittl-l-europe-se-fait-elle-la-complice-de-bolsonaro-dans-la-devastation-de-l-amazonie_5490812_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
24- Une ONG alerte sur les retards pris en Europe dans la détection des OGM de dernière génération, Le Monde, 19/07/19, 06h32
Mathilde Gérard

Des documents officiels, rassemblés par Les Amis de la Terre, montrent que les autorités européennes ont tardé à élaborer un protocole d’évaluation des produits obtenus par mutagénèse. 
En plein débat à l’Assemblée nationale sur le CETA, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Canada, soumis au vote des députés le 23 juillet, voilà de quoi donner du grain à moudre à ceux qui s’inquiètent des contrôles sanitaires sur les produits importés en Europe. L’association Les Amis de la Terre révèle, vendredi 19 juillet, que le soja et le colza qui arrivent d’Amérique du Nord ne sont pas testés aux organismes génétiquement modifiés (OGM) de nouvelle génération, et ce parce que la Commission européenne n’a à ce jour pas encore établi de protocole de test transmis aux Etats membres.
L’association s’est procurée des documents montrant qu’en avril 2017, la direction générale (DG) de la santé n’a pas jugé utile de coordonner et de développer une procédure commune pour détecter les produits issus des nouvelles techniques de mutagénèse (NBT pour « new breeding techniques »).
Selon le compte rendu d’une réunion organisée entre la DG santé et des représentants du Réseau européen des laboratoires d’OGM (ENGL), pendant laquelle la question d’établir une méthodologie d’évaluation a été soulevée, « la DG santé a expliqué qu’ENGL était un réseau très important, mais que la Commission a décidé d’avoir un débat plus ouvert sur la question des OGM 2.0 et d’examiner les perspectives d’avenir de façon plus large. »
Des produits assimilés aux OGM
Si les OGM dits de première génération sont obtenus par transgénèse, c’est-à-dire par l’introduction d’un gène étranger (« trans »), les technologies de séquençage du génome permettent de « muter » des gènes (par exemple pour améliorer la résistance de variétés à certains ravageurs, leur adaptabilité au climat, mais aussi, dans certains cas, leur compatibilité à des herbicides). Pendant plusieurs années, le flou a été entretenu sur le statut juridique des produits issus de ces nouvelles techniques.
En juillet 2018, une décision de Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), saisie par plusieurs organisations françaises dont la Confédération paysanne, a tranché très clairement, assimilant les produits obtenus par mutagénèse à des OGM. Cette décision, d’application immédiate, les soumettait de facto aux mêmes règles en matière d’évaluation des risques sanitaires, d’obligation d’étiquetage, de traçabilité et de surveillance.
Suite à l’arrêt de la CJUE, la DG santé a finalement chargé en octobre 2018 le Réseau européen des laboratoires d’OGM (ENGL) et le Laboratoire de référence européen pour les aliments génétiquement modifiés (EURL) d’établir un protocole commun, mais selon Mute Schimpf, chargée de campagne Alimentation et Agriculture des Amis de la Terre, « un temps précieux a été perdu, et aujourd’hui, aucune méthode n’est encore définie et des produits obtenus par mutagénèse peuvent rentrer illégalement sur le territoire européen ».
Si la Commission de Bruxelles affirme « ne pas être au courant d’OGM obtenus par des techniques de séquençage du génome importés depuis le Canada ou les Etats-Unis », elle renvoie la responsabilité aux fournisseurs de produits OGM. « La charge de la preuve que les importations ne contiennent pas d’OGM non-autorisés incombe aux opérateurs économiques », explique au Monde une porte-parole de la DG santé, ajoutant par ailleurs que « chaque Etat membre est responsable de l’application de la législation européenne sur les OGM ».
> Lire aussi  « Il faut évaluer au cas par cas les organismes obtenus par mutagénèse »
« Construire une expertise publique impartiale »
Les documents rassemblés par Les Amis de la Terre montrent toutefois que ces derniers sont demandeurs depuis plusieurs mois de plus de clarté de la part de la Commission européenne. Le compte rendu d’une discussion du 11 septembre 2018 entre DG santé et des représentants nationaux indique que « la plupart des Etats membres ont soulevé des difficultés à identifier et à quantifier les produits issus de techniques de mutagénèse et ont souligné l’importance de récolter des informations sur les produits susceptibles d’entrer sur le marché européen ».
Dans une lettre envoyée par la France à la Commission le 13 septembre, que Le Monde a pu consulter, Paris explique tenir à disposition de Bruxelles un rapport produit par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur la détection des nouvelles techniques de sélection des plantes.
Dans un autre courrier daté du 17 octobre 2018, les autorités françaises demandent à la DG santé que « l’interprétation de l’arrêt de la CJUE soit déclinée de manière opérationnelle » et qu’un « registre contenant des informations précises sur les produits susceptibles d’être commercialisés » soit mis en place. « Il importe, poursuit la France, que l’UE (...) construi(s)e une expertise publique impartiale sur les bénéfices et les risques inhérents à ces technologies. »
Enfin, dans une note du 18 janvier, la France liste les brevets déposés et les projets connus en développement aux Etats-Unis, au Canada, en Argentine, au Brésil et au Chili.
> Lire aussi  Que faire des « OGM cachés » ?
« Pas de moyens de contrôles »
D’autres pays, qui devaient tous établir début septembre, à la demande de Bruxelles, un état des lieux des projets et recherches en cours sur leur territoire, formulent des doléances similaires. Ainsi de l’Espagne, qui note dans une lettre envoyée le 11 septembre 2018 que « les méthodes de détection des OGM issus des techniques de mutagénèse n’étant pas disponibles, nous ne pouvons donner d’instructions spécifiques à nos organes de contrôle ». Ou du Danemark, qui adresse le même jour : « Nous demandons une clarification à la Commission sur comment la traçabilité et l’étiquetage peuvent être garantis quand les outils manquent pour identifier les changements et qu’il n’y a pas de moyens de contrôles. »
La Commission européenne s’en remet aux travaux en cours des laboratoires de référence sur l’établissement d’un protocole, sans avancer de calendrier. Ce qui fait tousser les Amis de la Terre : « Il est clair que c’est à la Commission de prendre le lead pour coordonner les actions, considère Mute Schimpf. Le retard pris fait porter un risque au public et au secteur agroalimentaire. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/19/une-ong-alerte-sur-les-retards-pris-en-europe-dans-la-detection-des-ogm-de-derniere-generation_5490957_3244.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
25- Tribune. "Taxer le carburant du transport aérien est souhaitable à l’échelle de l’Union européenne et de manière non homéopathique", Le Monde, 20/07/19, 09h03
Par Jacques Le Cacheux, Professeur d’économie à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et à l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées

L’économiste Jacques Le Cacheux rappelle, dans une tribune au « Monde », que la meilleure taxe carbone est celle qui aboutit à un prix unique par tonne de carbone.
Tribune. Le jour où le gouvernement français s’est prononcé en faveur du déremboursement des médicaments homéopathiques, il a, en revanche, persisté dans son recours à l’homéopathie climatique. La ministre des transports, et désormais de la transition écologique et solidaire, a en effet annoncé l’institution, dans le projet de loi de finances pour 2020, d’une taxe sur le transport aérien de passagers au départ des aéroports français.
Présentée comme progressive – 1,50 euro par passager pour un vol intérieur en classe économique, et jusqu’à 18 euros pour un vol en classe affaires vers une destination extra-européenne –, cette taxe est censée rapporter environ 180 millions d’euros par an, qui seront affectés au financement d’infrastructures de transports collectifs « propres » (c’est-à-dire peu émetteurs de gaz à effet de serre, essentiellement le ferroviaire, trains, TER et trams).
> Lire aussi  « Enrichissements indus, abus et détournements » auraient dû alerter sur les dysfonctionnements du marché carbone
Rien à voir, apparemment, entre ces deux décisions ? Les économies réalisées par la Sécurité sociale grâce à la première devraient être du même ordre de grandeur que les recettes procurées par la seconde. Mais surtout la taxe sur le transport aérien annoncée relève vraiment de l’homéopathie climatique.
Quel effet attendre d’une telle taxe ? Aucun, probablement, car son montant est ridiculement faible : 1,50 euro sur un aller simple Paris-Pau en classe économique correspond à une taxe d’environ 9 euros par tonne de CO2 émise ; 18 euros sur un aller simple Paris-Tokyo en classe Affaires correspondent à environ 3 € la tonne de CO2 émise. Bien loin des 27 euros par tonne de CO2 qu’atteint actuellement le prix du carbone sur le marché européen des quotas d’émission (auxquels sont soumis les industriels gros émetteurs) ou des 44,60 euros par tonne de CO2 que représente aujourd’hui la composante carbone de la Taxe intérieure sur la consommation sur les produits énergétiques (TICPE) frappant les carburants automobiles en France.
Un effet marginal
En pourcentage du prix des billets d’avion, la taxe envisagée est presque imperceptible : 0,3 % du tarif le plus bas d’un aller simple en classe économique sur un vol intérieur de la compagnie nationale ; à peine 1 % du tarif le plus bas pour un aller en classe affaires Paris-Tokyo. Encore faut-il postuler, pour qu’une telle taxe ait une incidence sur les choix des voyageurs, qu’elle sera intégralement répercutée par les compagnies aériennes sur les prix de vente des billets, ce qui est peu probable.
> Lire aussi  « Flight shaming » : « le gouvernement veut verdir sa politique mais devra avancer prudemment »
Quant à l’effet détournement de trafic vers d’autres aéroports européens, il sera tout au plus marginal, pour la même raison : imagine-t-on un passager prendre un TGV pour Amsterdam dans le seul but d’économiser 1 % (18 euros) sur son tarif aérien en business pour Tokyo ? L’exonération totale de taxes (ni TVA ni TICPE) sur le carburant de l’aviation civile (le kérosène), en vigueur dans tous les pays depuis une convention de 1944, choque l’opinion, qui admet mal que la taxe carbone frappe les carburants des transports du quotidien alors que l’aérien échappe à toute taxation sur les siens.
> Lire aussi  Transport aérien : « L’écotaxe, matière hautement inflammable »
Dans certains pays européens, en Suède notamment, des mouvements citoyens proclament la « honte de prendre l’avion » et plaident pour une taxation accrue de ce moyen de transport très émetteur de gaz à effet de serre et dont les émissions, qui ne représentent qu’une faible part des émissions mondiales totales (environ 3 %), croissent très rapidement. Il y a quelques semaines, plusieurs députés de l’Assemblée nationale proposaient d’interdire purement et simplement les vols intérieurs vers les destinations bien desservies par le TGV. Taxer est assurément une meilleure idée, et elle est susceptible de susciter l’adhésion d’une bonne partie de l’opinion.
Une taxe pas souhaitable
Les compagnies aériennes protestent. Elles y voient une menace sur leur rentabilité et brandissent la menace d’un transfert de certains vols vers d’autres aéroports européens. A-t-on jamais vu les entreprises d’un secteur se réjouir de voir mis fin à un avantage fiscal existant depuis des lustres ? Le rabotage de certaines niches fiscales annoncé par le gouvernement ou le déremboursement des médicaments homéopathiques suscitent, évidemment, les mêmes protestations, étayées par les mêmes arguments.
L’analyse économique rapporte que la meilleure taxe carbone est celle qui aboutit à un prix unique par tonne de carbone émise, quelle que soit la source des émissions (donc ici le moyen de transport utilisé). Elle évite les distorsions entre moyens de transports, et elle est plus juste. Quant au montant de la taxe qui serait susceptible d’avoir un effet sensible sur les comportements des consommateurs et sur l’offre de solutions bas carbone, il dépend des technologies alternatives disponibles.
Lire aussi  Le gouvernement taxe l’aérien pour financer le train
Mais de nombreux rapports d’experts ont conclu qu’un prix du carbone inférieur à 35 euros la tonne ne permettra pas d’influencer suffisamment les choix des consommateurs et des producteurs pour placer les économies sur une trajectoire compatible avec les objectifs de réduction des émissions adoptés lors de la Conférence de Paris sur le climat en décembre 2015. Des objectifs eux-mêmes jugés insuffisamment ambitieux pour limiter le réchauffement climatique à moins de 2 °C d’ici à la fin du siècle.
Taxer le carburant du transport aérien est donc assurément souhaitable, mais pas de manière homéopathique, et probablement à l’échelle de l’Union européenne, plutôt qu’à la seule échelle nationale.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/20/taxer-le-carburant-du-transport-aerien-est-souhaitable-a-l-echelle-de-l-union-europeenne-et-de-maniere-non-homeopathique_5491513_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
26- Elisabeth Borne au JDD : "L'écologie n'est pas la propriété de quelques-uns", Le JDD, 20/07/19, 22h45
Anne-Laure Barret, Hervé Gattegno & Arthur Nazaret

La nouvelle ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, qui a succédé à François de Rugy, répond dans le JDD aux critiques et se définit comme "une écologiste de terrain".
Canicule, sécheresse, venue à Paris de Greta Thunberg, l'adolescente et égérie de la "génération climat" qui sera à l'Assemblée nationale... La semaine prochaine sera sous le signe de la transition écologique et de la lutte contre le réchauffement climatique. L'occasion pour la nouvelle ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne d'expliquer dans le JDD sa vision du sujet. Celle qui a succédé à François de Rugy, qui a démissionné mardi dernier, se définit comme "une écologiste de terrain" : "Ce ne sont pas des théories pour moi, ce sont des réalités vécues."
> Lire aussi - Les 4 défis d’Elisabeth Borne à l'Écologie
Elisabeth Borne répond aux critiques des Verts
Ancienne préfète, ex-patronne de la RATP à qui avait été confiée le ministère des Transports, répond aux Verts qui n'ont pas accueilli sa nomination avec enthousiasme : "Les mêmes critiquaient Nicolas Hulot avant d’essayer de se prévaloir de son soutien aux européennes. Il est normal qu’il y ait des attentes, des exigences."
"Pour lutter contre le réchauffement climatique, il est plus efficace d’être constructif et d’agir plutôt que de passer son temps à créer un climat de défiance qui finit par faire du tort à l’écologie", assure-t-elle encore avant d'ajouter : "C’est fini l’époque où on avait besoin seulement de lanceurs d’alerte. L’époque a changé, l’écologie n’est pas la propriété de quelques-uns, c’est un enjeu porté très largement dans la société, par les élus, les partenaires sociaux..."
>> Suite à lire en édition abonnée à :
<https://www.lejdd.fr/Politique/elisabeth-borne-au-jdd-lecologie-nest-pas-la-propriete-de-quelques-uns-3910664>
Sur le même sujet : 
> Sondage. Sur l'écologie, les Français ne font pas confiance à Emmanuel Macron, Le JDD, 20/07/19, 23h15
Par Rédaction du JDD
Selon une étude Ifop pour le JDD, seuls 24% des Français jugent le bilan d'Emmanuel Macron "positif" sur l’environnement et le réchauffement climatique.
En un an, l'image du président qui a lancé le slogan "Make our planet great again"("Fabriquons à nouveau une grande planète") a bien changé. Selon un sondage Ifop pour le JDD, réalisé vendredi et samedi - après la démission du ministre de la Transition écologique François de Rugy -, seuls 24% des Français jugent le bilan d'Emmanuel Macron…
>> Suite à lire en édition abonnée à :
<https://www.lejdd.fr/Politique/sondage-sur-lecologie-les-francais-ne-font-pas-confiance-a-emmanuel-macron-3910663>
______________________________________________________________________________________________________________________
27- Tribune. Simone Tagliapietra : « Mis en œuvre avec pragmatisme, un “Green Deal” européen a le potentiel de remodeler l’économie du continent », Le Monde, 22/07/19, 07h00 
Par Simone Tagliapietra, Chercheur à Bruegel et à la Fondazione Eni Enrico Mattei, il est professeur affilié à l’Université Johns Hopkins

Dans une tribune au « Monde » l’économiste Simone Tagliapietra estime que le plan présenté par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, représente une occasion sans précédent de parvenir à une profonde décarbonisation de l’Europe.
Tribune. Ursula von der Leyen a fait du changement climatique la principale priorité de la nouvelle Commission européenne, promettant de réaliser, dès ses 100 premiers jours de mandat, un « Green Deal » européen capable de faire de l’Europe le premier continent climatiquement neutre d’ici à 2050.
C’est un bon point pour l’Europe, car une profonde décarbonisation représente une occasion historique de moderniser son économie, de revitaliser son industrie et de garantir une croissance et des emplois à long terme. C’est aussi un atout pour le monde, car cela montre que la recherche de la neutralité climatique d’ici à 2050 est non seulement techniquement et économiquement possible, mais aussi politiquement gratifiante.
> Lire aussi  Ursula von der Leyen : « Nous devons tout faire pour aller vers un Brexit ordonné »
C’est d’une importance capitale, car les scientifiques ont montré que la neutralité climatique dans ce délai est le seul moyen raisonnable de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius, et donc de protéger la planète des effets plus dramatiques du changement climatique.
Le plan de la présidente de la Commission européenne pour un « Green Deal » européen ne manque pas d’ambition, car il contient déjà une vingtaine de propositions politiques variées, allant de la création d’un plan d’investissement pour une Europe durable à l’introduction d’une taxe carbone aux frontières ; de la transformation partielle de la Banque européenne d’investissement en banque climatique à l’adoption d’une nouvelle politique industrielle européenne.
L’importance d’une politique globale
S’il est structuré et mis en œuvre avec pragmatisme, un « Green Deal » a – en raison de sa nature globale – le potentiel de libérer la profonde décarbonisation de l’Europe, et donc de remodeler profondément l’économie du continent. Il suffit de regarder le secteur industriel européen. Dans un scénario climatiquement neutre toutes les industries qui sont construites en brûlant des combustibles fossiles devront se transformer ou disparaître en seulement trois décennies. Cette politique affectera les régions qui génèrent une grande partie de la richesse de ces industries et des personnes qui y travaillent et consomment.
> Lire aussi  Européennes : avec Jesse Klaver, les Verts néerlandais prônent une « société empathique »
Il est clair que seule une politique globale – englobant les aspects climatiques, énergétiques, environnementaux, industriels, économiques et sociaux – pourrait relever un tel défi. Comme l’UE ne peut agir dans ce domaine sans l’approbation des Etats membres, le principal obstacle auquel sont confrontées les initiatives de décarbonisation de Bruxelles a toujours été de survivre aux veto croisés des mêmes Etats membres.
Comme les Etats membres ont des intérêts divergents dans des domaines différents, les initiatives de décarbonisation ont souvent donné naissance à des minorités de blocage et d’affaiblissement, ce qui a toujours entravé cette politique. Le caractère global d’un accord vert peut aider à relever ce dilemme car il ouvre de multiples fronts en même temps, élargit les possibilités de négociation et permet ainsi aux Etats membres de compenser d’éventuelles pertes dans certains domaines par des gains dans d’autres.
L’UE possède un potentiel institutionnel et financier
Pour donner un exemple concret, l’échec récent de l’UE à adopter un objectif de neutralité climatique pour 2050 est dû à l’opposition de la République tchèque, de l’Estonie, de la Hongrie et de la Pologne, qui cherchent à obtenir des compensations pour moderniser leurs secteurs industriels qui ne faisaient même pas l’objet de discussions dans ce contexte. Si cette discussion avait été plus large, le résultat aurait pu être différent.
> Lire aussi  Elue sans enthousiasme, Ursula von der Leyen s’expose à des débuts difficiles à la tête de la Commission européenne
Le « Green Deal » européen représente donc une occasion sans précédent pour l’Europe de passer d’une politique fragmentée sur le terrain, constituée d’initiatives autonomes de décarbonisation exposées à la minorité de blocage et d’affaiblissement des Etats membres, à un cadre politique véritablement global et cohérent capable de promouvoir une décarbonisation profonde de manière intelligente, en saisissant les opportunités économiques et industrielles qui en découlent, et en assurant son inclusion sociale.
L’UE dispose à la fois du potentiel institutionnel et financier pour faire fonctionner un « Green Deal » européen. Ce dont elle a besoin, c’est d’un sens aigu de l’orientation et d’un pragmatisme laborieux pour y parvenir. La présidente von der Leyen s’est présentée devant le Parlement européen et les citoyens européens en revendiquant ces deux pouvoirs. Il est maintenant temps d’agir, avec audace et détermination. Si ce projet fonctionne, l’Europe et le monde seront certainement dans une meilleure situation en 2024.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/22/simone-tagliapietra-mis-en-uvre-avec-pragmatisme-un-green-deal-europeen-a-le-potentiel-de-remodeler-l-economie-du-continent_5491969_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
28- Ceta. Les députés français approuvent l’accord avec le Canada, record de contestations chez LREM, Ouest-France avec agences, 23/07/19, 17h34

L’Assemblée nationale a voté ce mardi 23 juillet en faveur de la ratification du Ceta, le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada qui fait polémique.
L'Assemblée nationale a approuvé ce mardi 23 juillet la ratification du controversé traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (Ceta), par 266 voix contre 213, et 74 abstentions, malgré un record de contestations au sein du groupe LREM.
La majorité des députés LREM a voté pour, mais 52 « marcheurs » se sont abstenus et surtout 9 ont voté contre le texte. L'ensemble de la gauche s'est prononcée contre. LR et UDI-Indépendants se sont en majorité opposés au texte qui doit maintenant être soumis au Sénat à une date encore indéterminée.
Un texte n'avait jamais généré autant de contestations au sein de la majorité présidentielle. Le scrutin sur la proposition de loi « anticasseurs », début février, avait donné lieu certes à cinquante abstentions mais aucun élu LREM n'avait voté contre.
Du côté du MoDem, partenaire d'En Marche, 32 députés ont validé la ratification du Ceta mais 6 se sont abstenus et 2 ont voté contre.
>> Suite à lire à :
<https://www.ouest-france.fr/economie/commerce/ceta-les-deputes-francais-approuvent-l-accord-controverse-avec-le-canada-6456100>
Sur le même sujet :
> Le Ceta approuvé par l'Assemblée, mais record de "marcheurs" contestataires <https://information.tv5monde.com/info/le-ceta-approuve-par-l-assemblee-mais-record-de-marcheurs-contestataires-312744>, AFP, 23/07/19, 23:00
> Farines animales, antibiotiques, quotas : le point sur le Ceta <https://information.tv5monde.com/info/farines-animales-antibiotiques-quotas-le-point-sur-le-ceta-312806>, AFP, 23/07/19, 16:00
> Cinq questions sur le CETA : un traité funeste ou une chance pour l’Europe ? <https://information.tv5monde.com/info/cinq-questions-sur-le-ceta-un-traite-funeste-ou-une-chance-pour-l-europe-311784>, TV5Monde, maj le 22/07/19 à 17:15
______________________________________________________________________________________________________________________
29- Rapport. Des pistes pour lutter contre l'artificialisation des sols, AFP, 23/07/19, 18:00

Densifier les espaces urbains, lutter contre la vacance des logements, augmenter la valeur des terres agricoles... Un rapport publié mardi fait une série de propositions au gouvernement pour lutter contre l'artificialisation des sols, engagement pris sous l'ex-ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.
Ce rapport, réalisé par l'organisme France Stratégie qui dépend du Premier ministre, est attendu par le gouvernement pour fixer une échéance afin d'atteindre l'objectif de "zéro artificialisation nette des sols". Cet objectif est inscrit dans le plan pour la biodiversité 2018, alors que la faune et la flore déclinent à un rythme accéléré à cause des activités humaines.
"On démarre demain un groupe de travail commun, entre le ministère de 'l’Agriculture, de la Cohésion des territoires et nous", le ministère de la Transition écologique, a déclaré la secrétaire d'Etat Emmanuelle Wargon à l'AFP. Ce groupe de travail se basera sur les rapports existants pour "réfléchir ensemble à quel type de feuille de route on peut se donner", en espérant arriver à des conclusions vers le "printemps 2020", a estimé Mme Wargon.
L'artificialisation des sols consiste à perdre des espaces naturels, agricoles ou forestiers au profit de logements, d'espaces commerciaux et de loisirs ou encore d'infrastructures routières.
"En France, 20.000 hectares d’espaces naturels sont artificialisés chaque année", selon un communiqué de presse. "L'habitat représente 41,9% des terres artificialisées, les réseaux routiers 27,8%, les services et les loisirs 16,2%."
France Stratégie a étudié trois scénarios à horizon 2030. Si la tendance actuelle se poursuit, 280.000 hectares d'espaces naturels supplémentaires seraient artificialisés, "soit un peu plus que la superficie du Luxembourg".
Un deuxième scénario envisage une "densification forte" qui permettrait de diminuer la consommation d'espaces naturels à 5.500 hectares par an (contre 20.000 actuellement). 
Le troisième scénario ajoute un renchérissement des terres et une baisse des logements vacants, ce qui réduirait le nombre d'hectares artificialisés à 3.650 hectares par an mais nécessiterait "des mesures difficiles à mettre en oeuvre".
Cet exercice de modélisation suggère qu’atteindre le "zéro artificialisation nette" dès 2030 nécessiterait de réduire de 70% l’artificialisation brute et de renaturer 5.500 hectares de terres artificialisées par an.
France Stratégie recommande notamment d'"imposer une obligation de densification", d'"exclure de l'éligibilité au dispositif Pinel et au prêt à taux zéro les constructions sur des terres non artificialisées" et d'"exonérer totalement de taxe d'aménagement les projets qui ne changent pas l'emprise du sol bâti (surélévation, rénovation, reconstruction).
Le rapport propose aussi de mieux réguler la différence de prix du foncier entre les terres agricoles et les terres urbanisables. "La valeur de l'hectare agricole en France est parmi les plus basses d'Europe occidentale", souligne-t-il. 
Un autre axe d'action est la lutte contre les logements et les bureaux vacants.
L'artificialisation des sols est plus forte en France que chez ses voisins européens et plus rapide que la croissance démographique, en particulier dans les métropoles et les zones côtières, à cause de "la préférence des ménages pour l'habitat individuel", "un cadre fiscal pas toujours adapté", le fait que "les entreprises (sont) incitées à s'installer en périphérie des pôles urbains" et l'importance des logements vacants (9,5% des logements en 2015).
L'artificialisation des sols conduit à détruire la biodiversité, à augmenter les émissions de CO2, car les terres agricoles ou forestières vont en stocker plus qu'un sol bitumé, et peut générer des pollutions (métaux lourds, pollution de l'air liée aux transports...)
<https://information.tv5monde.com/info/des-pistes-pour-lutter-contre-l-artificialisation-des-sols-312814>
En savoir plus :
> Objectif « zéro artificialisation nette » : quels leviers pour protéger les sols ? <https://www.strategie.gouv.fr/publications/objectif-zero-artificialisation-nette-leviers-proteger-sols>, France Stratégie, 23/07/19
______________________________________________________________________________________________________________________
30- La convention pour le climat, un enjeu démocratique, Le Monde, 24/07/19, 15h00
Rémi Barroux

La sélection des 150 citoyens tirés au sort pour participer à cette assemblée devrait débuter mi-août. 
C’était l’une des réponses d’Emmanuel Macron à la crise des « gilets jaunes », en conclusion du grand débat national : la Convention citoyenne pour le climat, qui démarrera ses travaux à l’automne, voit ses contours se dessiner. On en connaît désormais les trois garants – Cyril Dion, réalisateur et écrivain, Anne Frago, directrice du service culture et questions sociales de l’Assemblée, et Michèle Kadi, ancienne directrice des missions institutionnelles du Sénat –, ainsi que la date de lancement, le 4 octobre. Les 150 citoyens tirés au sort pour participer à cette assemblée remettront leurs conclusions et propositions à l’exécutif et aux parlementaires au début de l’année 2020 – les dates des 1er et 2 février 2020 sont avancées.
> Lire aussi  Le gouvernement met sur les rails la convention citoyenne sur la transition écologique
La sélection des participants commencera mi-août, a confirmé le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Cette instance servira de cheville ouvrière au processus, offrant à l’assemblée son hémicycle et des moyens humains en mission d’appui. Environ 300 000 personnes seront appelées pour recruter cette « France en petit », selon le mot de Thierry Pech, directeur du groupe de réflexion Terra Nova, qui copréside cette convention avec Laurence Tubiana, membre du Haut Conseil pour le climat et directrice de la Fondation européenne pour le climat.
Le tirage au sort sera corrigé, afin de réunir un panel représentatif de la société civile : sexe, catégories socioprofessionnelles, niveau d’études, lieu de résidence, etc. S’agissant de l’âge, si la possibilité d’associer de jeunes mineurs a bien été étudiée, face aux complexités juridiques que cela entraînerait, d’autres moyens d’association de ces adolescents mobilisés sur les questions climatiques sont envisagés.
Budget de 4 millions d’euros
Six week-ends de travail seront organisés toutes les trois semaines jusqu’à la fin de cette assemblée. « Mon rôle, c’est de faire vivre cette convention, de lui donner accès à une information de bonne qualité et d’assurer la sérénité des débats. Ce scénario étant inédit, je ne sais dire ce qui va en sortir », avance Thierry Pech.
La convention, qui bénéficiera d’un budget de 4 millions d’euros, doit permettre de rendre concrètes les mesures de transition écologique dans les secteurs les plus concernés – logement, transport, agriculture… Aucun thème ne sera a priori exclu, y compris la question de la fiscalité environnementale, alors que la hausse de la taxe carbone a servi de déclencheur au mouvement des « gilets jaunes » à l’automne 2018. « Nous sommes face à des problèmes complexes sur lesquels il n’existe pas de consensus dans la société », explique Laurence Tubiana.
> Lire notre tribune avec Laurence Tubiana : « L’Europe est notre meilleur atout dans la lutte pour la transition écologique »
Une fois l’assemblée de citoyens réunie, les trois garants devront veiller au bon déroulement des travaux, surveillant qu’aucune consigne gouvernementale ou parlementaire ne puisse venir les entraver. C’est pour cette raison principalement que Cyril Dion, militant engagé de la cause climatique, a accepté ce rôle institutionnel, plutôt éloigné des grandes manifestations et des actions de désobéissance civile qu’il soutient.
« J’ai accepté pour que [cette convention] ne soit pas n’importe quoi. Cette idée, nous l’avons suggérée au chef de l’Etat, avec le collectif des “gilets citoyens”, au début de l’année. Avec Laurence Tubiana comme vice-présidente, que nous avions proposée, nous voulons garder la main sur ce processus. Il y a surtout une chance que cela marche, que des Français de toutes catégories sociales puissent délibérer », confie au Monde Cyril Dion.
Ce porte-parole de la cause climatique cite d’autres exemples d’assemblées citoyennes qui ont abouti à des changements législatifs, comme en Irlande sur le droit à l’avortement et le mariage pour tous, ou au Texas, « Etat pétrolier par excellence », qui a développé les éoliennes. Le collectif des « gilets citoyens », auquel appartiennent Cyril Dion et Priscilla Ludovski, une des figures des « gilets jaunes », a demandé, lors de ses contacts avec l’Elysée, que les délibérations soient ouvertes et transparentes, afin d’éviter toute confiscation du débat par les 150 tirés au sort.
Les responsables de la convention devront veiller à ce que les participants à l’assemblée ne s’érigent pas en décideurs de la chose publique. « Le vrai enjeu est d’obtenir un bon équilibre entre la démocratie représentative et la démocratie participative », insiste Patrick Bernasconi, le président du CESE. « Il n’est pas question que des citoyens tirés au sort prennent des décisions à la place de gens qui ont été élus ou à la place du peuple. Ce sera bien au pouvoir politique de décider », prévient Thierry Pech. « La démocratie représentative n’est pas la seule forme à prendre en compte, mais il existe une force de la société qui innove et ce n’est pas forcément au gouvernement ou au Parlement que l’on se montre le plus innovant », argue de son côté Laurence Tubiana.
Le gouvernement sera ensuite tenu de soumettre ses propositions par voie référendaire, législative ou réglementaire, ainsi que le chef de l’Etat s’y est engagé. Un risque majeur serait que trop peu de décisions sortent des travaux de cette société civile en miniature. « Aucun gouvernement ne prendra seul des mesures difficiles, comme diviser par deux le nombre de voitures, ou par trois la consommation de viande par exemple. Il faut en discuter, arriver à des solutions acceptables. Si cela ne marche pas, cela dira quelque chose de très fort sur notre société », conclut Cyril Dion.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/24/la-convention-pour-le-climat-un-enjeu-democratique_5492917_3244.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
En audio
31- Marie-Monique Robin, une journaliste qui trempe la plume dans la plaie, France Culture, De cause à effets, 20/07/19, de 16h à 17h
Aurélie Luneau

"Escadrons de la mort, l'école française", "Le Monde selon Monsanto", "Les Moissons du futur"... , Marie-Monique Robin trempe sa plume dans la plaie, avec ténacité. Du social à l'écologie, elle nous confie ses combats, ses moteurs, ses mentors et espère être un lanceur d'avenir !
Notre invitée consacre sa carrière à dénoncer les abus, les mensonges, les atteintes aux autres, à coups de films, de livres et de prises de paroles sans fond de teint. 
Réputée pour sa ténacité, cette journaliste-réalisatrice d'investigation et auteure est notamment devenu le poil à gratter du monde de l’agro-industrie, celle dont le nom est désormais associé au "Monde selon Monsato" (film qui a obtenu le Prix Rachel Carson en 2009), un combat pour faire connaître les méfaits des intrants chimiques sur les hommes, leur santé et celle de la planète. 
Très tôt, cette fille de paysan des Deux-Sèvres, formée en Sciences politiques en Allemagne et à l'école de journalisme de Strasbourg, a parcouru le monde, dénonçant les exactions faîtes aux êtres humains, comme dans son film " Escadrons de la mort" ou encore "Voleurs d'yeux" (Prix Albert Londres en 1995), et les agressions commises par les hommes sur l’environnement, un engagement que l’on retrouve dans sa filmographie qui compte à ce jour plus d'une quarantaine de réalisations et une trentaine de prix. Et en seconde partie, Dominique Méda, directrice du Laboratoire de sciences sociales de Dauphine, auteur notamment de "La Mystique de la croissance. Comment s'en libérer" prendra place dans le studio afin de croiser la parole avec vous.
> Emission (54 min) à (ré)écouter à :
<https://www.franceculture.fr/emissions/de-cause-a-effets-le-magazine-de-lenvironnement/une-journaliste-qui-trempe-la-plume-dans-la-plaie>
______________________________________________________________________________________________________________________
En images
32- Des citoyens aux commandes du budget des communes, France 2, journal de 13h, 01/07/19

Le budget participatif permet aux municipalités d'inclure des citoyens dans la gestion de la commune. C'est le cas de L'Union près de Toulouse (Haute-Garonne).
À L'Union, dans la banlieue de Toulouse (Haute-Garonne), 15 habitants tirés au sort parmi 30 volontaires sont réunis à la mairie en commission participative. Ils gèrent 100 000 euros, soit 10% du budget de la voirie de la commune. Certains se sont engagés pour le côté pédagogique et d'autres pour défendre les droits des cyclistes. Le maire, Marc Péré, qui a eu cette idée avant la crise des "gilets jaunes", ne se mêle pas de la réunion.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/elections/municipales/des-citoyens-aux-commandes-du-budget-des-communes_3517605.html>
Sur le même sujet :
> La démocratie participative, un enjeu pour les élections municipales, France 2, journal de 13h, 01/07/19
De plus en plus de communes mettent en place des dispositifs de démocratie participative. Une tendance qui répond aux attentes des Français qui cherchent des élus plus à leur écoute.
> Plateau à retrouver à :
<https://www.francetvinfo.fr/elections/municipales/la-democratie-participative-un-enjeu-pour-les-elections-municipales_3517593.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
33- Photo : à La Gacilly, les extrêmes se rejoignent, Paris Match, 15/07/19, 19h43 
Corinne Thorillon

En invitant les photographes de l’Est dans ses ruelles, la petite cité bretonne signe son édition la plus vibrante. Notre sélection. 
Josef Koudelka Devoir de mémoire 21 août 1968. Les chars russes donnent un coup fatal à « l’insoutenable légèreté » du Printemps de Prague. Un jeune photographe de 30 ans, Josef Koudelka, va être rattrapé par l’Histoire. Durant sept jours, il vit le chaos de la foule qui résiste et des blindés qui brûlent, fixant des centaines de clichés qui sortiront clandestinement du pays et seront envoyés à New York, d’où l’agence Magnum les diffusera dans le monde entier sous couvert d’anonymat. Ils lui vaudront le prix Robert Capa et une longue vie d’exil. L’indomptable Koudelka, 81 ans, a accepté, parce que le lieu lui convenait, une chance, de présenter pour la première fois en France le seul photoreportage qu’il ait jamais réalisé. En entrant dans le Garage, on prend une grosse claque en découvrant les 250 images qu’il a choisies et mises en scène sur grand format. Une leçon d’histoire et de photographie magistrale.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.parismatch.com/Culture/Art/Photo-a-La-Gacilly-les-extremes-se-rejoignent-1637276>
______________________________________________________________________________________________________________________
Une annonce
34- Festival Climax à Bordeaux : Nicolas Hulot et le chef Raoni annoncés du 5 au 8 septembre, Sud-Ouest, 18/07/19, 08h41 

La 5e édition du festival de "l’éco-mobilisation", du 5 au 8 septembre, a dévoilé les premiers noms de ses "grands témoins". Climax renouvelle la formule concerts et grandes conférences sur l’environnement et le climat
Le thème de l’édition 2019 sera "l’Amazonie ou le déracinement du monde". Le Climax festival repart pour une cinquième saison, toujours à la fin de l’été, du 5 au 8 septembre, et toujours à la Caserne Niel, sur la rive droite de Bordeaux. 
En 2018, Climax avait notamment accueilli l’éthologue Jane Goodall, et les artistes Mr Oizo, Etienne de Crécy, Jeanne Added. 
Ce mercredi, Climax a dévoilé les premiers noms de ses "grands témoins", soit quatre figures tutélaires engagées dans la lutte pour le respect de la nature et des hommes, qui animeront des conférences pendant ces quatre jours. Le calendrier n’est pas encore dévoilé mais la billetterie elle, est ouverte.
>> Suite à lire à :
<https://www.sudouest.fr/2019/07/18/festival-climax-a-bordeaux-nicolas-hulot-et-le-chef-raoni-annonces-du-5-au-8-septembre-6351170-2780.php>
______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA PRÉSENTE REVUE DE PRESSE...
Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
Elle n’a pas de caractère exhaustif. Il s’agit d’une sélection pluraliste d’articles ou de dépêches, parfois antagonistes, ne faisant pas systématiquement la Une des journaux et regroupés en 6 thèmes, adressée par mail du lundi au vendredi, à raison d’un thème différent chaque jour.
Diffuser ces articles ne signifie pas automatiquement les approuver mais vise à vous surprendre, vous enrichir, vous donner envie d’en savoir plus, vous aider à relayer l’info, à passer à l’action, et même, à vous indigner ou à vous faire sourire ! Nous espérons qu’au moins un de ces articles répondra chaque jour à l’un de ces objectifs.
Si l’archivage récemment mis en place ne cous convient pas, pensez à conserver les articles qui vous concernent ou vous intéressent particulièrement.
Sur le fond et en complément de notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> & Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>, il s’agit là d’une modeste contribution à une meilleure compréhension du monde par l’éducation à la complexité.
Quant à la forme, elle se veut sans prétention et n'y associe aucune pièce jointe pour éviter de saturer votre boîte mail.
Pour agrandir la taille des caractères
A l’aide du clavier : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et appuyez sur la touche + autant de fois que vous le souhaitez jusqu’à ce que vous soyez en mesure de lire correctement.
A l’aide de la souris : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et tournez la molette de votre souris vers le bas pour agrandir. Cela fonctionne avec la plupart des navigateurs.
Merci pour votre indulgence.
NB : – Si vous êtes équipé(e) d’un antispam, n’oubliez pas de le formater pour vous permettre de recevoir la présente revue de presse.
- En pied de page de chaque message vous trouverez une adresse url qui vous permettra :
• De vous abonner, de changer de mail ou de vous désabonner à votre gré ;
• D’accéder à un archivage.
- Pour entrer en liaison avec le gestionnaire de cette liste, adresser votre mail à : <f.demonclin(at)fnh.org <http://fnh.org/>>
- Economisez de l'énergie, du papier et de l'encre, n'imprimez ce message que si nécessaire.
_______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)...
NOS APPELS 
– Let’s Bio ! Ensemble pour des cantines bios et locales <https://www.letsbio.org/> pour bien nourrir nos enfants.
– Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
NOS CAMPAGNES 
– 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/> pour participer à l'émergence d'un modèle énergétique plus propre et durable
– Mon Restau’Responsable® <https://www.youtube.com/watch?list=PLh--7obE3XQ5hw0hyacAsOc7PLMneP7-N&v=Eo7AZvPE_MA> pour guider les professionnels de la restauration collective et valoriser leurs bonnes pratiques.
– J’agis pour la nature <http://www.jagispourlanature.org/> pour participer à des activités utiles et ludiques en pleine nature, près de chez vous.
NOS VIDÉOS PÉDAGOGIQUES 
– Sur notre chaîne You Tube <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>, retrouvez toutes nos vidéos.  
NOS PUBLICATIONS (les plus récentes) 
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
______________________________________________________________________________________________________________________
-------------- section suivante --------------
Une pièce jointe HTML a été nettoyée...
URL: <http://mailing.fondation-nature-homme.org/pipermail/revue-presse/attachments/20190725/b5bbc2ed/attachment.html>


Plus d'informations sur la liste de diffusion revue-presse