[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur aléas climatiques, émissions de GES, dérèglement climatique, Accord de Paris & COP25 (mercredi 31 juillet)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mer 31 Juil 07:58:30 CEST 2019


Bonjour à tous,

Un grand tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
–> Un accès 'rapide' direct à la source de l'article (hors abonnement) par un lien hypertexte sur son intitulé dans le sommaire ; si un lien vers un article ne fonctionne pas, vous pouvez retrouver son contenu dans le corps du mail à l'item correspondant.
–> Un accès 'lent' et plus complet dans le corps du mail sous le sommaire et les extraits, incluant les articles réservés aux abonnés, des liens vers d'autres articles sur le même sujet et des pour en savoir plus (sources, etc.).
1- Aux assises de Youth for Climate : « J’ai 16 ans, je n’ai pas encore le droit de vote, mais je peux me bouger » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/13/aux-assises-de-youth-for-climate-j-ai-16-ans-je-n-ai-pas-encore-le-droit-de-vote-mais-je-peux-me-bouger_5488966_3244.html>, Le Monde, maj le 14/07/19 à 06h22
2- Interview. Greta Thunberg : «On ne sait pas ce qui va se passer, tout est possible» <https://www.liberation.fr/planete/2019/07/14/greta-thunberg-on-ne-sait-pas-ce-qui-va-se-passer-tout-est-possible_1739960>, Libération, 14/07/19, 19:05
3- Le dérèglement climatique aggrave la fragilité du littoral français <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/15/le-dereglement-climatique-aggrave-la-fragilite-du-littoral-francais_5489552_3244.html>, Le Monde, 15/07/19, 11h01
4- Reportage. Dans le Finistère Sud, la mer monte et les riverains regardent ailleurs <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/15/dans-le-finistere-sud-la-mer-monte-et-les-riverains-regardent-ailleurs_5489382_3244.html>, Le Monde, 15/07/19, 10h22
5- Certaines îles du Pacifique résistent au changement climatique <https://www.geo.fr/environnement/certaines-iles-du-pacifique-resistent-au-changement-climatique-196587>, AFP, 16/07/19, 10:00
6- Manque de pluie et chaleur : une partie de l'Europe souffre de la sécheresse <https://www.lepoint.fr/monde/manque-de-pluie-et-chaleur-une-partie-de-l-europe-souffre-de-la-secheresse-16-07-2019-2325013_24.php>, AFP, 16/07/19, 20:00
7- Chaleur dans les villes : possible de mieux se protéger, selon la Croix-Rouge <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/chaleur-dans-les-villes-possible-de-mieux-se-proteger-selon-la-croix-rouge_135589>, AFP, 16/07/19, 21:00
8- La mousson fait 200 morts en Asie du Sud <https://www.geo.fr/environnement/au-moins-180-morts-de-la-mousson-en-asie-du-sud-196588>, AFP, 16/07/19, 23:00
9- Record de chaleur au point habité le plus au nord de la Terre <https://www.geo.fr/environnement/au-moins-180-morts-de-la-mousson-en-asie-du-sud-196588>, AFP, 17/07/19, 00:00
10- Une solution contre la fonte de l'Antarctique ouest ? Des canons à neige <https://www.geo.fr/environnement/une-solution-contre-la-fonte-de-lantarctique-ouest-des-canons-a-neige-196616>, AFP, 17/07/19, 21:00
11- "Personne ne se soucie de nous" : le désespoir des victimes d'inondations en Inde <https://www.lexpress.fr/actualites/1/styles/personne-ne-se-soucie-de-nous-le-desespoir-des-victimes-d-inondations-en-inde_2090405.html>, AFP, 18/07/19, 18:00
12- Israël : record de chaleur et multiplication des incendies <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/israel-record-de-chaleur-et-multiplication-des-incendies_135676>, AFP, 18/07/19, 21:00
13- Interview. Réchauffement climatique : «On n’est pas sûrs que les arbres puissent s’adapter» <https://www.20minutes.fr/planete/2566995-20190718-rechauffement-climatique-surs-arbres-puissent-adapter>, 20 Minutes, 18/07/19, 21h25
14- L'Autorité de la Grande barrière de corail veut des mesures contre le changement climatique <https://www.geo.fr/environnement/lautorite-de-la-grande-barriere-de-corail-veut-des-mesures-contre-le-changement-climatique-196637>, AFP, 19/07/19, 06:00
15- Réchauffement climatique : Qui sème le CO2 récolte la tempête <https://www.parismatch.com/Actu/Environnement/Rechauffement-climatique-Qui-seme-le-CO2-recolte-la-tempete-1638060>, Paris Match, 20/07/19, 08h47 
16- Plus de 1 000 pompiers mobilisés pour arrêter des feux de forêt dans le centre du Portugal <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/21/plus-de-900-pompiers-mobilises-pour-arreter-des-feux-de-foret-dans-le-centre-du-portugal_5491739_3244.html>, Le Monde avec AFP, 21/07/19, 05h52
17- Une canicule affecte 150 millions d’habitants dans le nord-est des Etats-Unis <https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/21/une-canicule-affecte-150-millions-d-habitants-dans-le-nord-est-des-etats-unis_5491758_3210.html>, Le Monde avec AFP, 21/07/19, 06h49
18- Tribune. Climat : « La collapsologie fait débat, c’est une bonne nouvelle » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/22/climat-la-collapsologie-fait-debat-c-est-une-bonne-nouvelle_5492085_3232.html>, Le Monde, 22/07/19, 12h45
19- Ces différentes sécheresses qui font que la France est à sec <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/23/secheresse-la-france-frappee-de-plein-fouet_5492321_3244.html>, Le Monde, 23/07/19, 11h27
20- Quand pleuvra-t-il ? Eleveurs, agriculteurs et viticulteurs comptent les jours <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/23/le-manque-de-pluie-inquiete-les-eleveurs_5492463_3234.html>, Le Monde, 23/07/19, 11h51
21- Greta Thunberg à l’Assemblée : « Vous devez écouter la science » <https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/07/23/a-l-assemblee-la-jeune-ecologiste-suedoise-greta-thunberg-ironise-face-aux-attaques_5492536_1652612.html>, Le Monde avec AFP, 23/07/19, 15h06
22- Interview. «Au-delà de la canicule, il y a une réflexion civilisationnelle globale à avoir» <https://www.liberation.fr/france/2019/07/24/au-dela-de-la-canicule-il-y-a-une-reflexion-civilisationnelle-globale-a-avoir_1741886>, Libération, 24/07/19, 20:16
23- La quasi-totalité de la Terre vit sa période la plus chaude depuis deux millénaires <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/24/la-quasi-totalite-de-la-planete-vit-sa-periode-la-plus-chaude-depuis-l-an-zero_5493029_3244.html>, Le Monde, maj le 25/07/19 à 01h38
24- Contre les canicules, comment les villes vont-elles lutter ? <https://www.huffingtonpost.fr/entry/comment-les-villes-vont-elles-lutter-contre-les-fortes-chaleurs_fr_5d388858e4b020cd994d71fd>, Le HuffPost, 25/07/19, 04:21
25- Les canicules seront "deux fois plus nombreuses en 2050" <https://www.huffingtonpost.fr/entry/les-canicules-seront-deux-fois-plus-nombreuses-en-2050_fr_5d396046e4b0419fd3381d21>, Le HuffPost, 25/07/19, 10:37
26- Entretien. « Les vagues de chaleur fragilisent l’agriculture et le cycle du vivant » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/25/les-vagues-de-chaleur-fragilisent-l-agriculture-et-le-cycle-du-vivant_5493301_3244.html>, Le Monde, 25/07/19, 11h59
27- Tribune. « Greta Thunberg face au syndrome de la fosse “sceptique” » <https://www.nouvelobs.com/planete/20190726.OBS16457/tribune-greta-thunberg-face-au-syndrome-de-la-fosse-septique.html>, L’Obs, 26/07/19, 17h42
28- Bangladesh : plus de cent morts du fait de la mousson <https://information.tv5monde.com/info/bangladesh-plus-de-cent-morts-du-fait-de-la-mousson-313389>, AFP, 26/07/19, 18:00
29- Adieu hêtre, épicéa ! Les jardins de Lyon à l'épreuve du réchauffement <https://information.tv5monde.com/info/adieu-hetre-epicea-les-jardins-de-lyon-l-epreuve-du-rechauffement-313277>, AFP, 26/07/19, 19:00
30- Equipé d’une caméra thermique, un ingénieur montre les différences de températures à Paris pendant la canicule <https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2019/07/26/equipe-d-une-camera-thermique-un-ingenieur-montre-les-differences-de-temperatures-a-paris-pendant-la-canicule_5493892_4832693.html>, Blog Big Brother, 26/07/19, 19h12
31- Canicule : 6.500 hectares incendiés à travers la France jeudi <https://www.20minutes.fr/planete/2572199-20190726-canicule-6500-hectares-incendies-travers-france-jeudi>, 20 Minutes avec AFP, 26/07/19, 19h39
32- Décryptage. Comment la canicule affecte le fonctionnement des centrales nucléaires <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/26/comment-la-canicule-affecte-le-fonctionnement-des-centrales-nucleaires_5493867_4355770.html>, Le Monde, maj le 27/07/19 à 07h04
33- L’est de la Russie suffoque dans la fumée des incendies <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/27/l-est-de-la-russie-suffoque-dans-la-fumee-des-incendies_5494015_3244.html>, Le Monde, 27/07/19, 07h35
34- La Pologne, "désert d'Europe" <https://information.tv5monde.com/info/la-pologne-desert-d-europe-313477>, AFP, 27/07/19, 16:00
35- Arctique : 200 rennes retrouvés morts de faim, le changement climatique pointé du doigt <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/arctique-200-rennes-retrouves-morts-de-faim-le-changement-climatique-pointe-du-doigt_135967>, AFP, 29/07/19, 12h43
36- Le cercle arctique ravagé par des incendies « sans précédent » <https://www.lepoint.fr/monde/le-cercle-arctique-ravage-par-des-incendies-sans-precedent-29-07-2019-2327330_24.php>, Le Point, 29/07/19, 15:14 
37- Tribune. Greta Thunberg, symbole du passage « d’une adolescence assise à une jeunesse en action » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/29/greta-thunberg-symbole-d-une-jeunesse-qui-ne-peut-plus-se-permettre-de-rester-en-adolescence_5494436_3232.html>, Le Monde, 29/07/19, 20h41
En images
38- Sécheresse : la France déjà en état d'alerte <https://www.france.tv/france-5/c-dans-l-air/1024713-secheresse-va-t-on-manquer-d-eau.html>, France 5, C dans l’air, 15/07/19, 17h46

Bien à vous,
Florence

NB : En pied de page de chaque message, vous disposez d’une adresse url qui vous permet de vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner directement à votre gré.

CITATION DU JOUR : "Il y a toujours trois niveaux pour changer le monde : le contenant global (la société), le contenant local (les relations) et l’individu.", Marion Robin, psychiatre d’adolescents (cf. item 1, 2, 22, 27 & 37)
RECORD DU JOUR : Le mercure a atteint 21°C à Alert, endroit habité le plus septentrional de la planète, à moins de 900 km du pôle Nord, établissant un "record absolu" de chaleur pour cette station, a indiqué la météo canadienne. (cf. item 9)
ENTRETIEN DU JOUR : Brigitte Musch, de l’ONF, travaille sur l’adaptation des forêts au réchauffement, qui pourrait aller jusqu’à faire pousser des espèces méditerranéennes dans les Vosges. (cf. item 13)
CLIGNOTANTS DU JOUR : — Les thermomètres s’affolent, les eaux montent, la terre vomit le plastique... Tous les  voyants sont au rouge. (cf. item 15)
— La vague de chaleur, qui s’étendait des plaines du Mid West à la côte atlantique, a affecté 150 millions d’habitants et a causé la mort de trois personnes cette semaine. (cf. item 17)
ALERTE DU JOUR : Les canicules seront "deux fois plus nombreuses en 2050", l'alerte est signée Valérie Masson-Delmotte, vice-présidente du Giec. (cf. item 25)
IMPACTS DU JOUR : — La sécheresse qui met la France et une grande partie de l’Europe à sec. (cf. item 19, 20, 33, 34 & 38)
— Comment la canicule affecte le fonctionnement des centrales nucléaires. (cf. item 32)
PISTES DU JOUR : — Pour les villes, comment lutter contre les canicules ? (cf. item 7, 24 & 30)
— Face aux vagues de chaleur qui fragilisent l’agriculture et le cycle du vivant, diversifier les cultures est la meilleure stratégie d’adaptation, analyse Chantal Gascuel, directrice de recherche à l’INRA. (cf. item 26 & 29)
COMBLE DU JOUR : De la Sibérie au Canada, des millions d'hectares sont partis en fumée depuis début juin, en raison des températures élevées combinées aux impacts de foudre. (cf. item 36)
RAPPORT & ÉTUDE DU JOUR : — Un rapport du think tank La Fabrique écologique montre les difficultés d’adaptation des communes de bord de mer aux risques de submersion et d’érosion. (cf. item 3 & 4)
— Les experts pensaient que les petites îles du Pacifique seraient englouties avec la montée des eaux liée au réchauffement climatique, mais une nouvelle étude vient donner un peu d'espoir. Elle établit, avec quelques nuances, que ces îles pourraient en fait modifier leur forme en même temps que le niveau des eaux augmente. (cf. item 5 & suite)
— Une équipe de recherche internationale vient de retracer 2000 ans de variations de températures à l’échelle planétaire. Son constat : non seulement le réchauffement climatique actuel est inédit du fait de son amplitude et de sa vitesse, mais il est également sans précédent de par son caractère universel. (cf. item 23 & suite) 
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
_______________________________________________________________________________________________________________________
1- Aux assises de Youth for Climate : « J’ai 16 ans, je n’ai pas encore le droit de vote, mais je peux me bouger », Le Monde, maj le 14/07/19 à 06h22
Claire Mayer  

Réunis à Bordeaux, les jeunes mobilisés pour le climat regrettent l’absence de résultats concrets après les manifestations. 
Ils s’appellent Amina, Tatiana, Enora, ou Léo. Ils sont venus du Pas-de-Calais, de Bretagne ou du sud de la France pour participer aux Assises nationales du mouvement Youth for Climate, qui se déroulent jusqu’au 14 juillet à Bordeaux. Après Nancy en avril, les jeunes mobilisés pour le climat ont élu domicile à la Manufacture de Darwin, pour quatre jours de débats, de rencontres et de formation à la désobéissance civile.
Darwin, ancienne caserne militaire réhabilitée en lieu écoresponsable qui accueille des acteurs de l’entreprenariat social, un restaurant bio et le lycée expérimental Edgar-Morin, a immédiatement répondu à la sollicitation du mouvement bordelais. Dans la Manufacture, grande salle de 1 800 m2, les jeunes ont installé leurs dortoirs grâce à une cinquantaine de lits de camps fournis par l’armée. Venus de toute la France, quelque 130 jeunes étaient attendus pour prendre part à cette deuxième édition des assises nationales. En échange d’une mise à disposition du lieu à titre gratuit, les militants ont participé à une grande collecte de mégots oubliés sur le sol. Ils se sont également engagés à respecter le couvre-feu de minuit et, bien sûr, à veiller à ce qu’aucun mineur ne consomme de drogue et ni d’alcool.
> Lire aussi  Des militants écologistes évacués violemment par les CRS lors d’un rassemblement pour le climat à Paris
Car la plupart n’ont pas atteint la majorité. La moyenne d’âge est de 17 ans, comme l’explique Virgile Mouquet, l’un des porte-parole bordelais. Engagé depuis le début, le jeune homme de 18 ans tout juste, fraîchement lauréat du bac, a participé au lancement de Youth for Climate dans la métropole. Un talkie-walkie dans une main, il veille, consciencieux, à l’arrivée des jeunes et à leur installation dans leur campement. Virgile n’est nullement découragé par une mobilisation en baisse lors des dernières marches pour le climat. « On se rend compte que les marches n’ont pas suffi pour obtenir des résultats, une partie du mouvement souhaite multiplier les actions plus tournées vers la désobéissance civile, le blocage, comme à l’Elysée, le 28 juin, une opération à laquelle j’ai participé. » Ce jour-là, alors que l’Hexagone enregistrait des températures records, près de 150 militants s’étaient rassemblés devant le palais présidentiel pour dénoncer l’inaction climatique de l’exécutif.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/13/aux-assises-de-youth-for-climate-j-ai-16-ans-je-n-ai-pas-encore-le-droit-de-vote-mais-je-peux-me-bouger_5488966_3244.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
2- Interview. Greta Thunberg : «On ne sait pas ce qui va se passer, tout est possible», Libération, 14/07/19, 19:05
Propos recueillis par Aude Massiot, Envoyée spéciale à Stockholm 

Avant de s’exprimer à l’Assemblée le 23 juillet, la lycéenne suédoise explique à «Libération» son choix de lancer une grève de l’école pour le climat et défend la nécessité d’agir rapidement.
Une assurance à toute épreuve face à l’objectif des appareils photo qui la mitraillent sans arrêt. En l’espace de huit mois, Greta Thunberg est devenue une star. De celles dont les interviews sont si difficiles à décrocher. De celles qui font s’arrêter les passants dans la rue pour demander un selfie. La Suédoise de seize ans, diagnostiquée jeune du syndrome d’Asperger, de trouble obsessionnel compulsif et de mutisme sélectif, fera, dans une semaine, le chemin inverse de nous et débarquera en France, pour recevoir à Caen le Prix Liberté, avant de s’exprimer devant l’Assemblée nationale le 23. Elle ne sait pas encore si le président français la rencontrera de nouveau.
>> Suite à lire à :
<https://www.liberation.fr/planete/2019/07/14/greta-thunberg-on-ne-sait-pas-ce-qui-va-se-passer-tout-est-possible_1739960>
Sur le même sujet :
> Analyse. Greta Thunberg : des «punchlines» simples pour médiatiser une pensée complexe, Libération, 14/07/19, 20:46
Nicolas Celnik
Avec des phrases calibrées pour susciter l’attention du public, Greta Thunberg développe un discours accessible et sans références théoriques qui appelle à refonder le système.
La vérité sort-elle toujours de la bouche des enfants ? Depuis sa médiatisation, Greta Thunberg a essuyé son lot de critiques. Les moins inspirées se sont attaquées à son physique - sa paire de nattes distinctives qui entoure des yeux au regard fixe plantés dans un visage juvénile perché à tout juste 1,50 mètre du sol sont autant de points d’accroche pour les caricatures.
D’autres ont montré de la méfiance à l’égard de la jeune militante en découvrant ses liens avec Ingmar Rentzhog, un entrepreneur suédois qui a profité de l’image de l’adolescente pour lever des fonds pour sa start-up. Sa présence précoce au côté de l’adolescente - il a contribué à médiatiser le tout premier sit-in de Greta Thunberg devant le Parlement suédois, à Stockholm, le 20 août 2018 - a fait lever quelques sourcils. Ces accusations ont depuis été démenties : la militante a assuré qu’elle n’était pas au courant que son image avait été utilisée. Quelques jours plus tard, la start-up présentait ses excuses, précisant que la jeune fille n’avait aucun lien financier avec elle.
>> Suite à lire à :
<https://www.liberation.fr/planete/2019/07/14/greta-thunberg-des-punchlines-simples-pour-mediatiser-une-pensee-complexe_1739985>
Sur le même sujet :
> Edito. Devoirs, Libération, 14/07/19, 20:46
Paul Quinio 
L’histoire de la jeune Greta Thunberg est trop belle. La natte de l’icône du printemps climatique trop bien tressée. Le discours de la pasionaria nordique du climat trop formaté. Les ressorts du succès fulgurant de l’adolescente trop marketés pour être honnêtes. La charpente idéologique de son obsession environnementale trop floue. N’en jetez plus. Greta Thunberg, 16 ans, à l’origine des manifestations de jeunes du vendredi qui fleurissent à travers la planète pour souligner l’urgence à agir contre le réchauffement climatique, dérange. L’écrivain Pascal Bruckner lui-même s’est fendu d’une tribune pour dénoncer le scandale de cette «dangereuse propagande de l’infantilisme climatique», dont Greta Thunberg est le symbole, et tous les jeunes qui se mobilisent dans son sillage «les perroquets» ventriloques. Revers sans doute inévitable de sa notoriété, la virulence des critiques adressées à la Suédoise intrigue. Son message est alarmiste ? C’est exact. Mais les analyses scientifiques sur l’évolution du climat ne sont-elles pas alarmantes ? Greta Thunberg joue trop sur les peurs ? C’est vrai. Elle l’assume dans l’entretien exclusif qu’elle a accordé à Libération.
>> Suite à lire à :
<https://www.liberation.fr/planete/2019/07/14/devoirs_1739987>
Sur le même sujet :
> Climat : Greta Thunberg à l'Assemblée nationale française le 23 juillet <https://information.tv5monde.com/info/climat-greta-thunberg-l-assemblee-nationale-francaise-le-23-juillet-311474>, AFP, 15/07/19, 11:00
_______________________________________________________________________________________________________________________
3- Le dérèglement climatique aggrave la fragilité du littoral français, Le Monde, 15/07/19, 11h01
Audrey Garric  

Un rapport du think tank La Fabrique écologique montre les difficultés d’adaptation des communes de bord de mer aux risques de submersion et d’érosion. 
Le littoral français est « pris entre deux vagues ». L’une vient de la mer, provoquant des phénomènes d’érosion et de submersion aggravés par l’élévation du niveau de l’eau. L’autre de la terre, sous l’effet d’une urbanisation croissante liée à l’attractivité démographique et économique. Ces mots de Philippe Grosvalet, président du conseil départemental de Loire-Atlantique, expliquent pourquoi le dérèglement climatique représente un enjeu majeur pour ces régions déjà fragiles. Or, ces zones n’y sont pas préparées, conclut un rapport du think tank La Fabrique écologique, publié lundi 15 juillet, et consacré à l’adaptation du littoral hexagonal aux changements du climat.
La submersion marine menace d’ores et déjà 1,4 million de résidents, 850 000 emplois et 590 000 hectares de terres, tandis que l’érosion affecte un quart du littoral métropolitain. Ces risques naturels vont être amplifiés par le changement climatique, alors que le niveau des océans pourrait grimper de 1 mètre à la fin du siècle. En Nouvelle-Aquitaine, par exemple, le trait de côte devrait reculer de 65 mètres en moyenne sur le littoral sableux des Landes et de la Gironde à l’horizon 2050. Dans le même temps, la démographie des départements littoraux devrait augmenter de 4,5 millions d’habitants d’ici à 2040 (+ 19 % par rapport à 2007). Ils accueilleront alors 40 % de la population française.
> Lire le reportage : Dans le Finistère Sud, la mer monte et les riverains regardent ailleurs
Comment, dans ce cas, protéger les vies humaines mais également les bâtiments, les activités économiques ou les infrastructures de transports ? Deux mois après le rapport de deux sénateurs qui concluait que la France n’était pas préparée au « choc climatique » qu’elle subira d’ici à 2050, La Fabrique écologique souligne que la mise en œuvre des principales stratégies d’adaptation « reste encore très insatisfaisante ».
Digues, épis ou enrochements
La première réside dans le déploiement d’ouvrages de protection, tels que des digues, des épis ou des enrochements (entassements de roches), qui couvrent 20 % du linéaire côtier, soit 2 300 km en cumulé. Ils constituent souvent une solution incontournable lorsque d’importants enjeux (habitations, commerces, etc) sont concentrés au même endroit, mais ils s’avèrent onéreux. Les intercommunalités, responsables depuis 2018 de leur gestion et de leur entretien, « ne disposent pas de moyens techniques et financiers suffisants », écrit Jill Madelenat, l’auteure du rapport.
C’est pourquoi de plus en plus d’élus tentent de favoriser les « solutions fondées sur la nature », plus durables et moins chères, telles que l’implantation de végétaux sur les dunes ou les falaises afin de les maintenir ou la recharge en sable. Le Conservatoire du littoral a également lancé en 2015 le projet Adaptopour expérimenter la dépoldérisation de dix sites, qui seraient rendus à la mer. Mais le problème réside dans l’acceptabilité de la mesure. « Pour les élus et les habitants, cela peut être vécu comme une défaite face à la mer », note Jill Madelenat.
La réduction de la vulnérabilité passe également par la maîtrise de l’urbanisme. Or, seulement 60 % des territoires désignés comme prioritaires à la suite de la tempête Xynthia – qui avait fait 47 morts en 2010 – sont dotés d’un plan de prévention des risques littoraux, qui interdit les constructions dans certaines zones et les soumet à conditions dans d’autres. Lorsque de tels plans existent, ils font régulièrement l’objet d’opposition des élus et de recours en justice des habitants craignant qu’ils n’altèrent le développement économique de la commune et la valeur des biens.
Une dernière solution d’adaptation, plus radicale, passe par la relocalisation des activités et des biens. Cette option, étudiée par l’Etat depuis 2012, reste aujourd’hui très marginalement mise en place. « C’est une question explosive car les habitants sont attachés à leur maison et surtout il faut savoir qui doit supporter le coût de la relocalisation, prévient Jill Madelenat. Le fonds Barnier, qui recourt à la solidarité nationale, permet l’indemnisation des propriétaires menacés par un risque de submersion. Mais un tel dispositif fait défaut pour l’érosion, comme on l’a vu avec l’exemple du Signal. » Les habitants de cet immeuble de Soulac-sur-Mer (Gironde), menacé d’effondrement, ont attendu cinq ans pour être indemnisés, après avoir déposé un recours devant le Conseil constitutionnel.
> Lire aussi  En Gironde, impasse judiciaire pour les copropriétaires de l’immeuble Le Signal
« Traiter l’inéluctable »
Le gouvernement s’est saisi de cette question en lançant une mission parlementaire sur l’adaptation des territoires littoraux face à l’évolution du trait de côte, qui doit rendre ses conclusions fin octobre avant de déboucher sur une proposition de loi. « On ne fera pas de la recomposition spatiale partout, mais il y a des endroits où les élus sont prêts. Il leur manque un outil juridique et financier », assure son président, Stéphane Buchou, député (LRM) de Vendée. Sur la question brûlante du financement, une mission d’inspection interministérielle a proposé, en avril, d’abandonner la solidarité nationale au profit de celle locale, avec la création d’un Fonds d’aide à la recomposition du littoral, abondé par les communes du littoral.
« La relocalisation ne peut être faite que là où il n’y a pas d’enjeux massifs, donc en dehors des grandes villes. Mais même dans les zones de moindre densité, les pouvoirs publics ne pourront pas financer le rachat des biens face à la mer tant qu’ils auront une telle valeur immobilière », observe Catherine Meur-Férec. De manière générale, pour cette professeure de géographie à l’université de Brest, « la dissociation que fait l’Etat entre submersion et érosion nuit à une gestion cohérente, durable et équitable de la côte ».
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/15/le-dereglement-climatique-aggrave-la-fragilite-du-littoral-francais_5489552_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/15/le-dereglement-climatique-aggrave-la-fragilite-du-littoral-francais_5489552_3244.html>>
_______________________________________________________________________________________________________________________
4-  Reportage. Dans le Finistère Sud, la mer monte et les riverains regardent ailleurs, Le Monde, 15/07/19, 10h22
Audrey Garric (pays bigouden (Finistère), envoyée spéciale)

Le pays bigouden tente de s’adapter à des risques de submersion et d’érosion aggravés par le dérèglement climatique. 
Alain et Maryvonne Bosser vivent au bord de l’eau. Tellement près qu’ils ont vu la mer monter, année après année, grignotant la plage jusqu’à venir lécher leur clôture et entrer dans le jardin de leur voisin. Avec dix-sept autres riverains, ils ont alors fait construire un enrochement (entassement de morceaux de roches) pour se protéger de la vaste étendue bleue, au va-et-vient si apaisant l’été mais qui se déchaîne dans de furieuses tempêtes l’hiver. Car ce couple aujourd’hui à la retraite habite à l’Ile-Tudy, en pays bigouden, une région du sud du Finistère régulièrement frappée par les vagues et la houle qui mettent à l’épreuve dunes et digues. Une menace qui ne va cesser de s’aggraver sous l’effet du dérèglement climatique.
> Lire aussi  Le dérèglement climatique aggrave la fragilité du littoral français
« L’enrochement a sauvé notre maison. Aujourd’hui, on peut dormir tranquille »,assurent-ils, sourire aux lèvres et petit-fils dans les bras. Les voisins de derrière, Emile et Maryvonne Nouy, en sont moins convaincus : « La mer a une force terrible. Il existe un risque qu’un jour, les maisons de ce quartier soient englouties, comme à La Faute-sur-Mer (Vendée). »
En février 2010, la tempête Xynthia avait frappé le littoral de Vendée et de Charente-Maritime, faisant 47 morts et 2,5 milliards d’euros de dégâts. Après ce drame, la côte du Finistère Sud comprise entre Penmarc’h et Concarneau a été classée, comme d’autres sites français, territoire à risque important d’inondation (TRI) en raison de sa géographie : des zones basses qui peuvent être submergées en cas de dépression combinée à un haut coefficient de marée.
Particulièrement vulnérable
Parmi ces communes, l’Ile-Tudy, maigre bande de terre qui plonge dans l’océan, est particulièrement vulnérable. A chaque tempête, la mer passe au-dessus des maisons de la pointe. « Au milieu du XIXe siècle, les habitants ont asséché les lagunes autour de l’Ile-Tudy, créant un polder pour leurs activités agricoles. Puis, à partir de la seconde guerre mondiale, l’urbanisation s’est accélérée », raconte Eric Jousseaume, le maire (sans étiquette) de la ville, également vice-président de la communauté de communes du pays bigouden sud (CCPBS).
Sur les huit communes littorales de la CCPBS, 11 000 personnes (un quart de la population totale) et 3 800 logements sont exposés à un aléa fort de submersion marine. Le nombre de bâtiments grimpera à 4 800 à l’horizon 2100, dans une perspective d’élévation du niveau de la mer de 60 cm – des projections sous-estimées. Dans le pire des scénarios, en cas de brèche de 100 mètres dans le cordon dunaire, l’océan envahirait l’ensemble du polder, noyant la seule route accédant à la ville. « Il faudrait évacuer les habitants en roulant sur la digue », détaille Eric Jousseaume.
> Lire aussi  L’île d’Ouessant, futur plancher des vaches
Pour mieux gérer le risque, la CCPBS s’est regroupée avec deux autres communautés de communes voisines. Un programme d’actions de prévention contre les inondations (PAPI) a été signé en décembre 2018 entre les trois acteurs, le département et l’Etat. Des études seront menées pendant trois ans – pour un coût de 1,5 million d’euros –, avant le début de travaux début 2022.
En attendant, les élus multiplient les mesures d’urgence pour protéger la côte : on conforte les cordons dunaires en rajoutant du sable, on y plante des oyats (plantes vivaces des terrains sablonneux) pour les maintenir, on dépose des sapins ou du goémon sur les dunes afin de limiter l’érosion, qui peut atteindre plusieurs mètres après certaines tempêtes.
La communauté de communes multiplie également les interventions dans les classes et mène des diagnostics gratuits de vulnérabilité des habitats. A Penmarc’h, mi-décembre 2018, un exercice de simulation d’inondation a permis d’entraîner tous les services. Un festival a même été créé à l’Ile-Tudy, le bien nommé « Si la mer monte », pour « parler de ce sujet anxiogène de manière non anxiogène », selon son cofondateur Erik Patrix.
Un plan de prévention des risques littoraux (PPRL), pris par la préfecture en 2016, réglemente par ailleurs l’urbanisme, s’ajoutant à la loi Littoral : les nouvelles constructions sont interdites dans les zones rouges tandis que les habitations de plain-pied existantes doivent disposer d’une ouverture dans le toit. Enfin, dans chaque ville, un plan communal de sauvegarde prévoit l’organisation de la gestion de crise en cas d’inondation (alarme, etc.).
Si la communauté de communes est volontaire et investie, le chemin vers l’adaptation de son littoral n’en reste pas moins périlleux. « C’est très long et lourd d’un point de vue administratif, le temps de faire les études, d’avoir toutes les autorisations pour engager des travaux. La population ne comprend pas toujours pourquoi cela n’avance pas », confie Raynald Tanter, le maire (divers gauche) de Penmarc’h et président de la CCPBS, qui a appris à jongler entre les PPRL, PAPI et autres TRI.
> Lire aussi  La France n’est pas préparée au « choc climatique » qu’elle subira d’ici à 2050
Les difficultés sont également d’ordre financier. A Penmarc’h, les travaux pour conforter une quinzaine d’ouvrages (dunes, digues, murs, ports) ont été évalués entre 4 et 14 millions d’euros. La communauté de communes, elle, a levé une nouvelle taxe, de 7,70 euros en moyenne par habitant et par an, dans le cadre de la compétence de prévention des inondations qu’elle s’est vu confier en 2018. Des frais qui posent la question de la solidarité entre les habitants.
« En raison de la gentrification du littoral, certains ne peuvent pas s’installer sur la côte. Ils sont pénalisés une seconde fois quand on leur demande de payer pour protéger les autres », expose Benjamin Buisson, responsable du pôle littoral à la CCPBS. « Il y a un petit enjeu de lutte des classes, abonde Marie-Anne Gourlaouen, l’ancienne directrice de l’école de l’Ile-Tudy. A partir des années 1960, on a vu beaucoup de gens d’ailleurs acheter des résidences secondaires à prix d’or. Les gens d’ici, qui étaient pauvres et qui avaient dû se protéger de la mer à leurs frais, n’ont pas voulu mettre la main au portefeuille pour ceux qui ne vivent pas là à l’année. »
Modifier le découpage
La tâche la plus ardue reste d’obtenir le soutien de la population. En 2016, lors de la présentation du PPRL, les « débats ont été tendus notamment sur les zones constructibles ou non », se souvient Eric Jousseaume. Les maires sont intervenus pour modifier le découpage entre zones. Mais certains habitants sont restés lésés, propriétaires de terrains devenus du jour au lendemain sans valeur.
Aujourd’hui, la situation est apaisée, mais « il y a encore une méconnaissance des phénomènes naturels ainsi qu’une forme de déni », remarque Joachim Houbib, chargé de mission réduction de la vulnérabilité à la CCPBS. Jean-Luc Hamon, 61 ans, qui vit juste derrière la dune de Treffiagat-Léchiagat depuis ses 8 ans, assure ne pas être inquiet : « On a toujours vécu des tempêtes et il y a beaucoup d’exagération dans les prévisions. » 
« La prise de conscience a tout de même progressé depuis dix ans, mais les gens ne sont pas préparés pour une vraie catastrophe, surtout les habitants des résidences secondaires [70 % de la population de l’Ile-Tudy] », observe Yves Belleville, cofondateur de Si la mer monte. « On n’entend pas l’alarme avec le vent et personne ne sait où sont les points de ralliement », précise-t-il. Sans compter qu’à chaque alerte, au lieu de se calfeutrer, de plus en plus d’habitants pratiquent un « tourisme de tempête », bravant les consignes de sécurité pour observer au plus près les éléments se déchaîner.
> Lire aussi  En Bretagne, de riches propriétaires refusent de partager leur accès privé à la mer
« Nous sensibilisons également à l’hypothèse d’une relocalisation mais c’est un sujet explosif politiquement », constate Erik Patrix, dont le festival a été accusé de faire baisser le prix des maisons. Il l’assure pourtant, l’idée de faire un passage à la mer, et non plus barrage, gagne du terrain.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/15/dans-le-finistere-sud-la-mer-monte-et-les-riverains-regardent-ailleurs_5489382_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/15/dans-le-finistere-sud-la-mer-monte-et-les-riverains-regardent-ailleurs_5489382_3244.html>>
_______________________________________________________________________________________________________________________
5- Certaines îles du Pacifique résistent au changement climatique, AFP, 16/07/19, 10:00

Les îles du Pacifique de faible altitude pourraient réagir au changement climatique en modifiant leur forme plutôt qu'en disparaissant sous les eaux, selon une nouvelle étude qui semble contredire les inquiétudes en vigueur.
Les Etats insulaires comme les Tuvalu, Tokelau et Kiribati ne dépassent le niveau de la mer que de quelques mètres. Ils sont considérés comme les plus vulnérables au réchauffement climatique de la planète et les populations craignent d'être chassées par la montée des eaux.
Mais selon une étude réalisée par des scientifiques néo-zélandais, britanniques et canadiens, ces îles "réagissent de manière morphodynamique" à l'environnement car elle sont constituées par les squelettes de minuscules organismes coralliens, plutôt que par de la roche solide. 
D'après les chercheurs, ce genre d'île se transforme progressivement à la manière des plages de sable, découverte qui pourrait avoir des répercussions importantes sur la stratégie de lutte contre le changement climatique dans les pays concernés. 
Murray Ford, co-auteur de l'étude et chercheur à l'Université d'Auckland, assure que ces îles sont plus résilientes qu'on ne le pensait jusque-ici.
"Les répercussions sur les différentes îles vont varier. Tandis que des zones deviennent inhabitables, d'autres vont s'adapter à la montée des eaux", affirme-t-il dans un communiqué. 
"Il appartiendra aux gouvernements et aux populations de décider de la stratégie à adopter mais nous estimons que cette étude met en lumière le fait que la nature est un modèle d'adaptation et les populations insulaires pourraient devoir s'adapter également".
L'étude a été publiée cette semaine par la Geological Society of America.
Les scientifiques ont créé une maquette à l'échelle 1/50 de l'île Fatato dans l'archipel des Tuvalu et un mécanisme de simulation des vagues afin de tester l'impact de la montée des eaux et des tempêtes causées par le changement climatique.
Ils ont découvert que le point le plus haut de l'île gagnait en altitude tandis que la masse terrestre toute entière se déplaçait sur le récif corallien sous-jacent. 
"Ces informations illustrent la nécessité urgente d'incorporer la dynamique morphologique insulaire dans les projections futures des risques liés aux inondations dans les îles coralliennes", écrivent les auteurs de l'étude. 
La même équipe de chercheurs avait publié en 2018 une étude sur Tuvalu selon laquelle l'archipel était en fait en train d'accroître son territoire. Entre 1971 et 2014, la surface terrestre de ses neufs atolls et 101 îles a augmenté de 2,9%.
En 2017, le gouvernement de gauche en Nouvelle-Zélande était arrivé au pouvoir en évoquant la création d'un visa reconnaissant les réfugiés climatiques. Cette idée a cependant été remisée au placard, les intéressés ayant fait savoir qu'ils préféraient qu'on les aide à conserver leur maison plutôt que partir.
Le Forum des îles Pacifique tiendra le mois prochain son sommet annuel aux Tuvalu et le changement climatique devrait figurer une nouvelle fois en tête de son ordre du jour.
<https://www.geo.fr/environnement/certaines-iles-du-pacifique-resistent-au-changement-climatique-196587>
En savoir plus :
> Physical modelling of the response of reef islands to sea-level rise <https://pubs.geoscienceworld.org/gsa/geology/article-abstract/572047/physical-modelling-of-the-response-of-reef-islands>, GeoScienceWorld, 05/07/19
Sur le même sujet : 
> [Science] Les petites îles du Pacifique pourraient finalement s'adapter à la montée des eaux, Novethic, 27/07/19
Marina Fabre
Les petites îles du Pacifique seront-elles sauvées ? Les experts pensaient qu'elles seraient englouties avec la montée des eaux liée au réchauffement climatique, mais une nouvelle étude vient donner un peu d'espoir. Elle établit, avec quelques nuances, que ces îles pourraient en fait modifier leur forme en même temps que le niveau des eaux augmente. 
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/science-les-petites-iles-du-pacifique-pourraient-finalement-s-adapter-a-la-montee-des-eaux-147518.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
6- Manque de pluie et chaleur : une partie de l'Europe souffre de la sécheresse, AFP, 16/07/19, 20:00
Joëlle Garrus, avec les bureaux européens de l'AFP

France, Espagne, Allemagne, pays baltes, Pologne... une bonne partie de l'Europe commence à souffrir de la sécheresse, un phénomène désormais récurrent sur un continent pourtant pas spécialement aride.
En France, le manque de pluie est criant depuis un an dans plusieurs régions de l'est et du centre, selon les services de météorologie. Et les températures élevées de juin ont aggravé la situation, notamment dans un large quart nord-est et sur la côte méditerranéenne.
Dans les Vosges (est), de plus en plus de sapins meurent sur pied, tués par la chaleur et la sécheresse de 2018 à laquelle a succédé le déficit hydrique de ce début d'été. Le vert de la forêt se teinte désormais de la couleur rouille des épines séchées. 
Mardi, 61 départements sur les 96 de la France métropolitaine étaient placés en restriction d'eau, selon le site internet Propluvia, avec les interdictions en découlant (de remplir les piscines, de laver les véhicules en dehors des stations professionnelles, d'arroser, etc.).
"Depuis septembre, le déficit pluviométrique reste de 20% en moyenne sur la France", résumait récemment Météo-France. Mais des zones de la Côte d'Azur atteignaient un déficit de pluie de 70%, voire 90%. Le Sud-Est de la France n'a connu que quelques orages depuis début juillet, pas assez pour imbiber les sols. 
Sans atteindre de tels déficits, l'Espagne a reçu environ 25% de moins de pluies que la moyenne enregistrée entre 1981 et 2010. Et cette année est la 3e plus sèche enregistrée au XXIe siècle, selon l'agence nationale de météorologie AEMET.
Mars et mai notamment ont été "très secs" et plusieurs régions sont en stress hydrique : l'Andalousie (sud-ouest), l'Extrémadure (ouest) ainsi que Madrid (centre). En outre, après un mois de juillet plus chaud que d'habitude, août et septembre s'annoncent au-dessus des normales saisonnières.
Résultat : la situation pour les agriculteurs est "préoccupante", selon leur ministre Luis Planas, notamment dans l'élevage et les cultures d'été dépendant des nappes phréatiques.
En Allemagne, ce sont principalement les régions du nord qui sont touchées, là encore faute de précipitations suffisantes. Sur deux fleuves, l'Elbe et l'Oder (est), des restrictions sont en vigueur concernant le passage des bateaux, le niveau d'eau n'étant pas assez haut.
Même si l'approvisionnement en eau potable n'est pas problématique, les autorités ont appelé les habitants à la parcimonie.
- "De plus en plus fréquent" -
En Pologne, les autorités estimaient il y a peu que l'aridité risquait d'affecter les cultures céréalières dans 14 des 16 régions, tandis qu'à Prague l'Académie des sciences soulignait qu'elle pourrait atteindre un niveau "exceptionnel ou extrême sur 80%" du territoire tchèque.
Dans les Pays baltes également gravement frappés, la Lituanie a décrété début juillet une "situation d'urgence". 
"Les agriculteurs estiment que leurs récoltes risquent d'être réduites de 40% à 50%. Les stocks de poissons sont également menacés", avait dit à l'AFP le ministre de l'Environnement Kestutis Mazeika, incriminant le changement climatique pour les épisodes de sécheresse et de vagues de chaleur des dernières années.
En Suède, l'année catastrophique pour l'agriculture fut 2018. En effet, à la même époque l'an dernier, les forêts y brûlaient et les éleveurs devaient abattre une partie de leur cheptel faute de pouvoir le nourrir. Cette année, en revanche, les rendements devraient dépasser de 75% ceux de l'an dernier pour atteindre 6,3 millions de tonnes, selon les prévisions de Lantmännen, la plus grande coopérative agricole d'Europe du Nord.
Mais les aléas climatiques de la sorte ne sont plus une nouveauté. Déjà, en 2009, l'Agence européenne pour l'environnement relevait que "depuis 1980, les épisodes de sécheresse en Europe (avaient) augmenté en nombre et en intensité". Soit un "coût estimé de 100 milliards d’euros au cours des trente dernières années".
En 2003, un tiers du territoire de l'Union européenne - plus de 100 millions de personnes - avait subi une des plus grandes sécheresses ayant affecté le continent, rappelait-elle dans un document avertissant que l'Europe était en train d'épuiser ses principales ressources en eau.
<https://www.lepoint.fr/monde/manque-de-pluie-et-chaleur-une-partie-de-l-europe-souffre-de-la-secheresse-16-07-2019-2325013_24.php>
_______________________________________________________________________________________________________________________
7- Chaleur dans les villes : possible de mieux se protéger, selon la Croix-Rouge, AFP, 16/07/19, 21:00

Comment se protéger dans les villes contre les vagues de chaleur de plus en plus fréquentes avec le réchauffement climatique ? Dans un guide pour les municipalités présenté mardi à l'ONU, la Croix-Rouge propose des pistes, dont davantage d'espaces verts créant de l'ombre.
"Les vagues de chaleur sont prévisibles et on peut s'en prémunir. Les mesures que peuvent prendre les autorités pour sauver des vies et réduire considérablement les souffrances sont simples et abordables", a assuré lors d'une conférence de presse Francesco Rocca, président de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), qui regroupe 190 institutions nationales.
Parmi ces mesures, détaillées dans un document de 80 pages, figure la nécessité de prévoir des espaces verts lors de la construction de nouveaux quartiers urbains ou de les recréer dans ceux qui existent, ainsi qu'établir des zones interdites aux véhicules.
Selon l'IFRC, environ cinq milliards de personnes vivent dans des régions où une chaleur extrême peut être anticipée des jours ou des semaines au préalable.
Depuis le début du siècle, plusieurs épisodes de très fortes chaleurs ont tué des dizaines de milliers de personnes dans le monde, notamment en 2015 en Inde (environ 2.500 décès) et en 2003 en Europe (plus de 70.000 décès). Plus récemment, en juin, l'Europe de l'ouest a été confrontée à des records de température.
"Il est vital que chacun sache comment se préparer" à les affronter afin "de limiter leur impact", a insisté Francesco Rocca.
Outre le développement des espaces verts, le "Guide pour les villes" de l'IFRC suggère aux municipalités d'établir des systèmes d'alerte pour la population, de renforcer les installations médicales pour éviter qu'elles ne soient vite débordées, de mener des campagnes d'information et d'établir des centres d'accueil temporaire bénéficiant d'un air conditionné.
Une attention particulière doit être portée aux plus vulnérables, enfants, personnes âgées, femmes enceintes et ouvriers travaillant en extérieur, souligne aussi le document de la Croix-Rouge.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/chaleur-dans-les-villes-possible-de-mieux-se-proteger-selon-la-croix-rouge_135589>
En savoir plus :
> Heatwaves : urgent action needed to tackle climate change’s “silent killer” <https://media.ifrc.org/ifrc/press-release/heatwaves-urgent-action-needed-tackle-climate-changes-silent-killer/>, IFRC, 16 July 2019
_______________________________________________________________________________________________________________________
8- La mousson fait 200 morts en Asie du Sud, AFP, 16/07/19, 23:00

Les inondations et les glissements de terrain provoqués par les pluies torrentielles de la mousson ont fait près de 200 morts en Asie du Sud, selon de nouveaux bilans mardi des autorités des pays touchés.
Faisant rage de juin à septembre, la mousson est essentielle à l'irrigation des cultures et au remplissage des réserves d'eau de ce sous-continent qui abrite un cinquième de la population mondiale. Mais chaque année, les précipitations sont aussi accompagnées de leur cortège de victimes et de destructions.
"Des communautés entières sont coupées du monde par la montée des eaux, augmentant les risques que les gens aient faim et tombent malades", a averti Xavier Castellanos, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Presque un tiers du Bangladesh, un pays de delta strié par des centaines de rivières et de faible élévation, est actuellement sous l'eau, a déclaré à l'AFP Arifuzzaman Bhuyan, du centre de prévention des inondations et d'alerte du Bangladesh.
Au moins 14 cours d'eau majeurs, dont le Brahmapoutre, sont sortis de leur lit et ont dépassé des niveaux considérés comme dangereux, a-t-il précisé. La mousson a pour l'instant coûté la vie à 44 personnes au total dans ce pays de 160 millions d'habitants.
En 1998, au moment d'un des pires épisodes d'inondations au Bangladesh, près de 70% de sa surface était sous l'eau.
- Appel à l'aide -
Au Népal, au moins 78 personnes ont péri et 16.000 familles ont été déplacées en raison de la montée des eaux, avant que la décrue ne commence. 
Des images montraient des sauveteurs utilisant des canots gonflables pour évacuer les familles bloquées dans des maisons inondées.
"Le rez-de-chaussée de notre maison a été complètement submergé", a raconté à l'AFP Rajaram Yadav, un habitant de 45 ans d'un district frontalier de l'Inde.
"Notre famille et quelques voisins ont survécu en restant à l'étage supérieur pendant deux jours. La plupart des maisons de plain-pied en terre ont été gravement endommagées", a-t-il décrit.
Les experts sanitaires s'inquiètent de possibles épidémies de maladies véhiculées par l'eau et ont appelé à l'aide la communauté internationale.
En Inde, la mousson à coûté la vie à plus de 50 personnes.
Deux États du nord et du nord-est, le Bihar et l'Assam, sont les plus durement touchés par le déluge.
Les autorités de l'Assam ont émis une alerte rouge face aux inondations, dans lesquelles jusqu'ici 11 personnes ont péri tandis que 83.000 ont dû être déplacées. 
Au Bihar, 25 décès ont été signalés, les inondations affectant 2,5 millions d'habitants au total.
Un immeuble de plusieurs étages s'est par ailleurs effondré mardi dans la capitale économique Bombay après un épisode de fortes pluies, entraînant la mort de 10 personnes. Huit autres ont été blessées et plus de dix seraient toujours ensevelies sous les décombres, selon les services de secours locaux. 
L'effondrement d'un bâtiment dimanche dans l'État montagneux d'Himachal Pradesh avait quant à lui coûté la vie à 14 personnes.
Plus au nord, dans le Cachemire pakistanais, les autorités ont fait état de 23 morts et de 120 maisons endommagées dans de brusques montées des eaux.
Les Nations unies ont déclaré lundi "se tenir prêtes à travailler avec les autorités des pays affectés dans leur réponse aux besoins humanitaires résultant de la saison de mousson en cours".
<https://information.tv5monde.com/info/la-mousson-fait-200-morts-en-asie-du-sud-311639 <https://information.tv5monde.com/info/la-mousson-fait-200-morts-en-asie-du-sud-311639>>
_______________________________________________________________________________________________________________________
9- Record de chaleur au point habité le plus au nord de la Terre, AFP, 17/07/19, 00:00

Le mercure a atteint 21 degrés Celsius dimanche à Alert, endroit habité le plus septentrional de la planète, à moins de 900 km du pôle Nord, établissant un "record absolu" de chaleur pour cette station, a indiqué mardi la météo canadienne.
"C'est assez phénoménal comme statistique, c'est un exemple parmi des centaines et des centaines d'autres records établis par le réchauffement climatique", a souligné auprès de l'AFP Armel Castellan, météorologue au ministère canadien de l'Environnement.
Base militaire permanente établie au 82e parallèle, servant notamment à intercepter les communications russes, Alert abrite depuis 1950 une station météo.
Il y a fait 21 degrés dimanche : "C'est un record absolu, on n'a jamais vu ça", a déclaré M. Castellan, soulignant qu'il avait fait 20 degrés lundi.
Il faisait 17,6 degrés mardi à 16H00 locales (20H00 GMT) "et ça peut encore monter", a-t-il relevé.
"Ce n'est pas exagéré d'appeler cela une vague de chaleur arctique", a dit de son côté à l'AFP David Phillips, climatologue principal au ministère canadien de l'Environnement, en notant qu'il s'agissait "de records pour chacune de ces journées".
De telles températures élevées aussi au nord, "c'est complètement foudroyant", selon M. Castellan, d'autant que "ça fait une semaine et demie qu'on a des températures beaucoup plus chaudes qu'à l'habitude".
Le précédent record --20 degrés Celsius-- remontait au 8 juillet 1956 mais, depuis 2012, plusieurs journées comprises entre 19 et 20 degrés ont été enregistrées dans cette station située sur le rivage de l'océan Arctique.
La moyenne quotidienne pour un mois de juillet est de 3,4 degrés à Alert, et la moyenne des températures maximales y est de 6,1 degrés.
La vague de chaleur actuelle s'explique par une "crête de haute pression" qui se maintient sur le Groenland, ce qui est "assez exceptionnel" et "aide à avoir des vents du sud" sur l'océan Arctique, a observé M. Castellan.
M. Phillips a rappelé que le nord du Canada avait connu son deuxième ou troisième printemps le plus doux des 72 dernières années, selon les endroits. "Et nos modèles indiquent que cela va continuer en juillet, en août et jusqu'à début septembre", a-t-il ajouté.
Pour M. Castellan, "le changement climatique a une influence très indirectement ou directement" sur ces températures record, d'autant que l'Arctique se réchauffe trois fois plus vite qu'ailleurs sur la planète.
<https://www.geo.fr/environnement/au-moins-180-morts-de-la-mousson-en-asie-du-sud-196588>
_______________________________________________________________________________________________________________________
10- Une solution contre la fonte de l'Antarctique ouest ? Des canons à neige, AFP, 17/07/19, 21:00
Patrick Galey

Comment contrer le dégel de l'Antarctique occidental et la hausse du niveau des océans? Pomper l'eau issue de la fonte des glaces pour la rejeter sur la calotte glaciaire grâce à des canons à neige, suggère une étude parue mercredi.
Cette zone de l'Antarctique contient suffisamment d'eau gelée pour faire monter le nouveau des océans de la planète d'environ six mètres. Une simple hausse d'un mètre obligerait 190 millions de personnes à partir de chez eux et une augmentation de trois mètres mettrait en péril des mégalopoles comme New York, Shanghai et Tokyo.
Les scientifiques craignent en particulier que les glaciers de Pine Island et de Thwaites - qui renferment assez de glace pour élever le niveau des mers de trois mètres -, aient atteint un point de non retour où ils continueraient à fondre, quelles que soient les efforts menés contre les émissions de gaz à effet de serre.
Alors que limiter le réchauffement climatique pourrait ne pas suffire à éviter les catastrophes, différentes pistes technologiques, souvent réunies sous le terme de géo-ingénierie, sont envisagées. Mais peu d'entre elles concernent le problème de l'élévation du niveau des océans.
Des chercheurs du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) ont donc imaginé cette solution de pompage de la glace fondue pour la projeter sur la calotte glaciaire.
"C'est une chose terrible à faire, il n'y a pas de doute à ce sujet, et nous ne suggérons pas de le faire à tout prix", explique Anders Levermann, physicien au PIK et auteur principal de l'étude parue dans Science Advances.
"Mais tous les modèles montrent que si nous nous en tenons au réchauffement de 2°C de l'Accord de Paris, nous aurons finalement une hausse de cinq mètres du niveau de la mer, voire plus", a-t-il dit à l'AFP.
- "Station lunaire" -
Pour stabiliser les glaciers, il faudrait au moins 7.400 milliards de tonnes de neige.
Anders Levermann insiste sur le fait qu'il ne s'agit que d'une hypothèse et que toute mesure de cette nature devrait s'accompagner d'une réduction radicale des émissions de gaz à effet de serre pour avoir une chance de réussir.
Le système pourrait être alimenté par 12.000 éoliennes et comprendre des centaines de canons à neige pour pulvériser de la poudreuse sur une zone de la taille du Costa Rica.
Une telle infrastructure, dont le coût n'est pas chiffré, nécessiterait "quelque chose ressemblant à une station lunaire en Antarctique", a estimé Anders Levermann.
Des solutions imaginées par le passé pour parer la fonte de l'Antarctique ouest incluaient l'édification de quatre colonnes sous-marines hautes de 300 m pour retenir le glacier ou un mur haut de 50 à 100 m et long de 80 à 120 km.
Anders Levermann a admis que le projet du PIK, s'il était réalisable, pourrait avoir des effets "terribles" en Antarctique, mais que cette solution en vaudrait la peine si elle permet de limiter l'élévation du niveau des océans.
"C'est aussi grand que l'Amérique du Nord, du Mexique au Canada. Il n'y a pas d'endroit sur terre qui soit protégée à une telle échelle", fait-il valoir.
"Nous ferions de l'Antarctique ouest une zone industrialisée", reconnaît-il. "Mais si nous déstabilisons (la calotte glaciaire), tout changera de manière dramatique de toute façon."
<https://www.geo.fr/environnement/une-solution-contre-la-fonte-de-lantarctique-ouest-des-canons-a-neige-196616>
_______________________________________________________________________________________________________________________
11- "Personne ne se soucie de nous" : le désespoir des victimes d'inondations en Inde, AFP, 18/07/19, 18:00
Archana Thiyagarajan

Enfoncées jusqu'à la poitrine dans l'eau limoneuse, des sacs de vêtements et ustensiles sur la tête, les victimes des inondations de la mousson dans l'État indien du Bihar sont en proie à la faim et au désespoir.
"Lorsque beaucoup d'entre nous pauvres gens nous noyons, soudain les politiciens se réveillent", dit à l'AFP Raj Majhi. "Mais autrement, personne ne se soucie de nous."
Comme beaucoup d'autres habitants du grand État pauvre du Bihar (nord de l'Inde), ce commerçant a actuellement sa maison submergée par les eaux de la mousson annuelle, qui a fait déborder les rivières. Seuls les toits sont visibles sur les flots.
Sa famille a trouvé refuge sur un petit bout de terre derrière une autoroute encore au sec, où ils cuisinent sur un réchaud.
Les inondations sont récurrentes au Bihar, frappé tous les ans par des montées des eaux dues aux précipitations torrentielles de la mousson, qui fait rage de juin à septembre sur le sous-continent indien.
Les inondations de cette année ont tué plus de 67 personnes au Bihar et fait 4,5 millions de déplacés. Au total, les pluies ont coûté la vie à plus de 270 personnes à travers l'Asie du Sud ces derniers jours.
Les courants ont emporté des milliers de chaumières, détruit d'innombrables routes, ponts, champs et coupé du monde des communautés entières.
Dans le district de Sitamarhi, les inondations recouvrent routes et habitations aussi loin que porte le regard. Des villageois sinistrés, exténués des heures passées à se frayer un chemin dans les eaux, attendent les bateaux des secours sur de petits îlots de terre.
L'éleveuse Sonabati Devi est parvenue à sauver quelques-unes de ses chèvres, mais guère plus.
"Nous avons quitté la maison pour sauver nos vies et avons tout laissé derrière", relate-t-elle, assise sous une tente qui lui sert d'abri temporaire.
Dans les zones où les eaux ont commencé à baisser, les résidents s'entassent sur de petites embarcations en bois ou nagent jusqu'à chez eux pour tenter de récupérer certaines de leurs possessions.
Certains déplacés reçoivent du khichdi, un mélange de riz et de lentilles, de la part du gouvernement, mais les rations sont souvent insuffisantes pour se nourrir correctement.
"Mes enfants ne cessent de me demander à manger, ils me disent qu'ils ont faim, mais que pouvons-nous faire ?", se lamente Nima Devi, qui ne mange qu'une fois par jour avec ses enfants lorsque du khichdi est distribué.
Dans une rare bonne nouvelle pour les sinistrés, les services météorologiques n'ont émis aucun bulletin d'alerte extrême pour les prochains jours, même si les pluies pourraient continuer.
Cependant les villageois savent que, lorsque les eaux se seront retirées, commencera alors la dure tâche de nettoyer leur maison. Si celle-ci n'a pas été purement et simplement emportée.
<https://www.lexpress.fr/actualites/1/styles/personne-ne-se-soucie-de-nous-le-desespoir-des-victimes-d-inondations-en-inde_2090405.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
12- Israël : record de chaleur et multiplication des incendies, AFP, 18/07/19, 21:00

Israël a enregistré un record de chaleur en plus de 70 ans et les incendies se sont multipliés dans le pays, entraînant l'évacuation de centaines de personnes.
Sur le site de Sodom, près de la mer Morte (est), "une température maximale de 49,9 degrés Celsius a été enregistrée" mercredi, un "record" depuis la création d'Israël en 1948, a indiqué l'Office météorologique israélien dans un communiqué.
Au total, une centaine d’incendies d'intensité variable se sont déclarés ces derniers jours, et "au moins trois ou quatre localités ont du être évacuées", a indiqué à l'AFP une porte-parole du ministère de la Sécurité intérieure, Tal Volvovitch. Elle a évoqué des centaines de personnes évacuées. 
Aucune victime n'est toutefois à déplorer, a-t-elle poursuivi, précisant que ces feux étaient probablement le fait d'actes de négligence et qu'ils étaient amplifiés par "les températures élevées, la sécheresse et les vents".
Près de Jérusalem, autour de l'ancien village arabe abandonné de Lifta, un incendie a mobilisé douze équipes de pompiers et quatre avions dans la journée de jeudi. Il était maîtrisé en soirée, selon la porte-parole du ministère. 
"Le réchauffement va se poursuivre, selon les meilleures estimations, et nous devrions donc nous attendre à d'autres vagues de chaleur extrêmes et à de nouveaux records de température", a indiqué l'Office météorologique .
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/israel-record-de-chaleur-et-multiplication-des-incendies_135676>
_______________________________________________________________________________________________________________________
13- Interview. Réchauffement climatique : «On n’est pas sûrs que les arbres puissent s’adapter», 20 Minutes, 18/07/19, 21h25
Propos recueillis par Rachel Garrat-Valcarcel

Brigitte Musch de l’ONF travaille sur l’adaptation des forêts au réchauffement, qui pourrait aller jusqu’à faire pousser des espèces méditerranéennes dans les Vosges
• Le réchauffement climatique va profondément bouleverser les forêts. C’est même déjà le cas.
• Les spécialistes du sujet réfléchissent déjà à introduire des espèces méditerranéennes plus au nord, par exemple.
Ce n’est sans doute pas le premier stigmate mais il est très visible : dans la forêt vosgienne, d’habitude invariablement verte, des sapins meurent de soif. Des taches brunes paraissaient dans les vallées. Dans les Vosges comme ailleurs, on s’en doute : le réchauffement climatique ne va pas faire du bien aux forêts. Mais, si on en croit Brigitte Musch, généticienne au département recherche et développement de l'Office national des forêts (ONF), ce n’est pas une fatalité. Mieux : on y bosse sur le sujet depuis longtemps, car les modifications pourraient être profondes. Alors, du cèdre de l’Atlas dans les Vosges, ce n’est peut-être pas un fantasme, d’autant plus qu’il nous faudra bien des arbres, en nombre, pour capturer du CO2.
L’adaptation des forêts au réchauffement climatique, c’est un enjeu, là et maintenant ainsi que dans les toutes prochaines années, pour l’ONF ?
Ah oui ! C’est plus qu’un enjeu. Au département recherche et développement de l’ONF, c’est notre cheval de bataille. C’est vraiment ce sur quoi toutes les personnes, d’une manière ou d’une autre, travaillent et contribuent pour trouver des solutions et adapter la forêt. Cela depuis plus d’une dizaine d’années.
Prenons le cas des Vosges, où on s’aperçoit que des sapins meurent de soif. Il va falloir tout changer ?
Il faut d’abord savoir que les arbres forestiers sont quand même des espèces qui n’ont pas été domestiquées, ou quasiment pas. On a donc un réservoir de diversité génétique très important. Ce sont aussi des espèces qui ont une très longue vie : on coupe des chênes à 150 ans alors qu’ils peuvent vivre 800 ans. Ce sont donc des espèces à part. En plus de ça, ces arbres échangent des gènes via le pollen sur de grandes distances. Tout ça, ça fait que de nombreuses espèces ont de grandes capacités d’adaptation.
>> Suite à lire à :
<https://www.20minutes.fr/planete/2566995-20190718-rechauffement-climatique-surs-arbres-puissent-adapter>
_______________________________________________________________________________________________________________________
14- L'Autorité de la Grande barrière de corail veut des mesures contre le changement climatique, AFP, 19/07/19, 06:00

L'autorité de gestion de la Grande barrière de corail s'est démarquée du gouvernement conservateur australien pour réclamer "les actions les plus fortes et les plus rapides possibles" contre le changement climatique afin de sauver le site inscrit au patrimoine mondial de l'humanité.
L'Autorité du parc marin de la Grande barrière de corail, un service gouvernemental, écrit dans une étude publiée cette semaine qu'il faut réduire de manière urgente les émissions de gaz à effet de serre, à la fois en Australie et dans le monde, pour protéger l'immense récif corallien.
La hausse de la température de l'eau liée au changement climatique a eu des effets dévastateurs sur de vastes étendues de la Grande barrière, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco en 1981 et qui s'étend sur environ 2.300 kilomètres le long de la côte nord-est de l'Australie. Elle a subi en 2016 et 2017 deux épisodes de blanchissement sans précédent de ses coraux.
Les émissions australiennes de gaz à effet de serre ont augmenté ces quatre dernières années et le gouvernement conservateur récemment réélu soutient le gigantesque secteur minier du pays.
Canberra a renoncé à inscrire dans la loi les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre inscrits dans l'accord de Paris de 2015. Les spécialistes doutent que l'Australie parvienne à les réduire de 26-28% par rapport aux niveaux de 2005 pour 2030 comme promis.
L'Autorité de la Grande barrière prévient cependant que "seules les actions les plus fortes et les plus rapides en matière de changement climatique pourront réduire les risques et limiter les répercussions du changement climatique sur le récif". 
"Des pertes supplémentaires de coraux sont inévitables et peuvent être minimisées en limitant au maximum l'augmentation des températures mondiales", dit le rapport.
Si les émissions se poursuivent à leur rythme actuel, les épisodes de blanchissement pourraient se produire deux fois par décennie aux environs de 2035 puis devenir annuelles vers 2050.
"Si le blanchissement devient plus fréquent et plus intense, les récifs n'auront pas assez de temps pour se remettre et se maintenir en tant que systèmes dominés par les coraux".
<https://www.geo.fr/environnement/lautorite-de-la-grande-barriere-de-corail-veut-des-mesures-contre-le-changement-climatique-196637>
_______________________________________________________________________________________________________________________
15- Réchauffement climatique : Qui sème le CO2 récolte la tempête, Paris Match, 20/07/19, 08h47 
Ghislain de Violet

Les thermomètres s’affolent, les eaux montent, la terre vomit le plastique... Tous les  voyants sont au rouge  
En ouvrant ses volets, ce matin du samedi 29 juin, Emilien Fournel n’en croit pas ses yeux. Son beau vignoble, comme passé au lance-flammes ! Les feuilles ont viré au marron et les grappes, jusqu’alors dodues et juteuses, ont pris l’apparence de raisins de Corinthe. Comme lui, nombre d’exploitants de l’Hérault ont vu des milliers d’hectares de leurs cultures griller sur place en l’espace de quelques heures. « Cela fait trente ans que je suis viticulteur, je n’avais jamais assisté à ça », confesse auprès de l’AFP Jérôme Despey, président de la chambre d’agriculture du département. Nul besoin de chercher bien loin l’auteur du forfait : c’est la chape de plomb climatique qui s’est abattue sur le pays.
Le mois de juin a été le plus chaud jamais enregistré sur la planète
Cet été, la France tire la langue comme jamais. Le 28, Météo France enregistre une température de 45,9 °C à Gallargues-le-Montueux, dans le Gard. Le pic historique du 12 juillet 2003 (44,1 °C à Conqueyrac) est pulvérisé. Le brevet des collèges est reporté. Des dizaines de départs de feu frappent le Sud-Est. Dans un élevage de poules bio de l’Hérault, 250 gallinacés sur 300 succombent. Même les poissons y passent ! Faute de suffisamment d’oxygène dans l’eau, plusieurs milliers de carpes, anguilles et muges d’un étang de Marignane sont retrouvés asphyxiés. Les humains ont plus de chance : « seulement » quatre victimes de malaise mortel décomptées par les autorités.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.parismatch.com/Actu/Environnement/Rechauffement-climatique-Qui-seme-le-CO2-recolte-la-tempete-1638060>
_______________________________________________________________________________________________________________________
16- Plus de 1 000 pompiers mobilisés pour arrêter des feux de forêt dans le centre du Portugal, Le Monde avec AFP, 21/07/19, 05h52

En raison de la chaleur et des vents violents, six régions du centre et du sud du Portugal ont été placées samedi en alerte maximale aux incendies. 
Les feux qui touchent le centre du Portugal ne sont pas sans rappeler la série d’incendies ravageurs qui avaient tué dans la même région une centaine de personnes en 2017. Plus de mille pompiers luttaient dans la nuit de samedi 20 à dimanche 21 juillet contre des incendies qui ont fait huit blessés dans cette zone montagneuse.
> Lire aussi  Au Portugal, 12 personnes accusées d’homicide par négligence après un immense incendie en 2017
Un des blessés, un civil dans un état grave, a été évacué en hélicoptère sur Lisbonne, a annoncé le commandant de la Protection civile pour la région centre, Luis Belo Costa, lors d’un point de presse. Trois des sept pompiers légèrement blessés l’ont été dans une collision entre deux voitures de pompiers.
A 3 heures (4 heures à Paris), plus de 1 100 pompiers et 400 véhicules étaient engagés dans la lutte contre les flammes, selon le site de la Protection civile. L’état-major va également envoyer vingt militaires et quatre engins pour « ouvrir des voies afin de faciliter l’accès des pompiers », selon le communiqué de l’armée. Plusieurs routes nationales ont été fermées.
Ces feux de forêt, attisés par des vents violents, progressaient depuis le milieu de l’après-midi sur trois fronts dans des zones difficiles d’accès. En raison de la chaleur et de fortes bourrasques, six régions du centre et du sud du Portugal ont été placées samedi en alerte maximale aux incendies.
Un des trois incendies, le plus menaçant dans la journée de samedi, a été circonscrit à 90 %, a annoncé le commandant Belo Costa, mais le second dans le district de Vila de rei suscitait le plus d’inquiétude pendant la nuit. « La stratégie est de parvenir à dominer les trois feux d’ici 6 heures ou 7 heures du matin. C’est un objectif ambitieux vu le terrain sur lequel nous luttons », a-t-il reconnu mais la météo aide, avec des trêves dans les rafales de vent.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/21/plus-de-900-pompiers-mobilises-pour-arreter-des-feux-de-foret-dans-le-centre-du-portugal_5491739_3244.html>
Sur le même sujet : 
> Portugal : plus de mille pompiers luttent contre des feux de forêt <https://www.youtube.com/watch?v=oNGuHp_97zQ>, AFP, 21/07/19, 11:00
_______________________________________________________________________________________________________________________
17- Une canicule affecte 150 millions d’habitants dans le nord-est des Etats-Unis, Le Monde avec AFP, 21/07/19, 06h49

La vague de chaleur, qui s’étend des plaines du Mid West à la côte atlantique, devrait durer au moins jusqu’à dimanche soir. Elle a causé la mort de trois personnes cette semaine. 
Les températures ont atteint les 38 °C à New York et Washington, samedi 20 juillet. Une grande partie des Etats-Unis, allant des plaines du Mid West à la côte atlantique, est confrontée à une canicule qui affecte 150 millions d’habitants et a déjà causé la mort de trois personnes. Cette vague de chaleur devrait durer au moins jusqu’à dimanche soir.
Deux des trois victimes sont mortes dans l’Etat du Maryland (est), près de Washington, en fin de semaine alors que la chaleur n’était pas encore à son maximum. Et en Arkansas, Mitch Petrus, ancien joueur de football américain de la NFL (National Football League), a succombé jeudi à 32 ans alors qu’il travaillait dehors, à côté du magasin familial. Il est mort en raison d’une attaque due à la chaleur, selon le médecin légiste du comté de Pulaski.
Les températures ressenties pourraient atteindre les 45 °C par endroits ce week-end, a prévenu le Service météorologique national américain qui diffusait des messages de prévention. Des alertes à la canicule ont été également lancées dans plusieurs régions de l’est du Canada.
Le triathlon de New York annulé
La ville de New York a ouvert 500 centres pour que les habitants puissent se rafraîchir. Dès vendredi, les enfants jouaient dans l’eau des fontaines publiques de la ville pour se rafraîchir. Le triathlon de New York, qui était prévu dimanche, a été annulé pour cause de « niveaux d’humidité et de température devant atteindre des niveaux extrêmes », peut-on lire sur son site internet.
> Lire aussi  La canicule revient dans l’Hexagone la semaine prochaine
« La journée de samedi va être vraiment, vraiment pénible et ce, jusqu’à dimanche », a averti le maire de New York, Bill de Blasio. « Prenez soin de vous, ne vous exposez pas à la chaleur si cela n’est pas nécessaire… C’est du sérieux. »
Le réseau électrique de la ville, qui a connu une importante panne la semaine passée, était particulièrement sollicité, notamment pour faire fonctionner les appareils de climatisation, mais fonctionnait normalement samedi.
Egalement sur la côte est, Philadelphie pourrait battre le record de températures pour un 20 juillet, et les médias locaux plaisantaient en suggérant que les habitants pourraient aller se rafraîchir à Miami ou Phoenix, deux villes d’ordinaire beaucoup plus chaudes que « Philly », mais où la température sera inférieure d’une dizaine de degrés ce week-end.
> Lire aussi  Le record absolu de température du 28 juin réévalué à 46 °C
Le mois dernier a été le mois de juin le plus chaud jamais enregistré dans le monde, notamment en raison d’une canicule exceptionnelle en Europe, selon les données du service européen Copernicus sur le changement climatique. Et les températures ont même grimpé au début du mois jusque dans l’Etat de l’Alaska, à cheval sur le cercle polaire arctique, avec un record absolu de 32 °C enregistré à Anchorage. Selon les scientifiques, le réchauffement climatique est deux fois plus rapide en Alaska que la moyenne mondiale.
<https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/21/une-canicule-affecte-150-millions-d-habitants-dans-le-nord-est-des-etats-unis_5491758_3210.html>
Sur le même sujet :
> Chaleur extrême aux Etats-Unis, mises en garde des autorités <https://www.geo.fr/environnement/un-week-end-de-chaleur-extreme-aux-etats-unis-mises-en-garde-des-autorites-196661>, AFP, 20/07/19, 19:00
_______________________________________________________________________________________________________________________
18- Tribune. Climat : « La collapsologie fait débat, c’est une bonne nouvelle », Le Monde, 22/07/19, 12h45
Par Pierre-Eric Sutter, codirecteur de l’Observatoire des vécus du collapse, psychologue, enseignant à l’Ecole de psychologues praticiens, Loïc Steffan, codirecteur de l’Observatoire des vécus du collapse, professeur agrégé d’éco-gestion, enseignant à l’institut national universitaire Jean-François-Champollion & Dylan Michot, consultant, statisticien

Montrer concrètement les chemins des possibles à ceux qui sont saisis par l’effroi de fin du monde peut faire surgir une espérance plus forte que les peurs, assurent, dans une tribune au « Monde », trois spécialistes de collapsologie.
Tribune. Les avis concernant la collapsologie, courant de recherche en plein essor sur les risques d’effondrement de nos sociétés thermo-industrielles, sont très tranchés. Les uns s’enthousiasment, les autres crient à l’irrationalité. Greta Thunberg, jeune figure de proue climatosensible, serait pour les uns une marionnette effrayante, pour les autres une Pythie nécessaire.
Ceux qui s’opposent sur le sujet le font pour d’autres fins que les enjeux liés à l’environnement, car le climatoscepticisme semble de moins en moins tenable. A l’inverse, il est hasardeux de reprogrammer l’apocalypse, à l’instar des prédictions mayas. Pour ceux qui dénigrent les collapsologues, ces derniers seraient les tenants d’une « dictature verte moyenâgeuse ». S’il n’est toutefois pas difficile de trouver les propos excessifs de quelques « collapsophiles » effrayés par ces risques, ils masquent la prudence des scientifiques qui cherchent à faire de la collapsologie une science à part entière.
> Lire aussi  Le succès inattendu des théories de l’effondrement
Les hypothèses des collapsologues pointent les fragilités de nos sociétés – consommation d’énergie, émission de gaz à effet de serre (GES), inégalités. Les ressources étant limitées, il faut trancher dans le vif. Soit laisser filer la croissance et nos standards de vie en risquant l’emballement des problèmes, soit tenir compte des conclusions du récent rapport du Haut Conseil pour le climat, qui indiquent que seules des politiques de ruptures – économiques, techniques, sociales, culturelles, et donc politiques – peuvent nous conduire sur la trajectoire d’émissions de GES compatibles avec les COP successives.
La reconfiguration de visions du monde
La force de la collapsologie tient dans la robustesse des travaux scientifiques qui l’appuient : le rapport Meadows, alertant dès 1972 sur les dangers d’une croissance sans limite, et ses actualisations successives ; le modèle mathématique Handy (Human and nature dynamics) sur les inégalités et l’usage des ressources ; aujourd’hui les travaux de Pablo Servigne, Jean-Marc Jancovici, Matthieu Auzanneau, Gaël Giraud…
> Lire aussi  Eco-anxiété, dépression verte ou « solastalgie » : les Français gagnés par l’angoisse climatique
En fait, il ne faudrait pas prendre ces critiques au pied de la lettre. Ces débats mettent en représentation des jeux de pouvoir et de positionnement. Ce conflit sur la collapsologie est le symptôme de la reconfiguration de visions du monde opposées sur le sens de nos sociétés consuméristes et de leurs atteintes à l’environnement. C’est narration contre narration : comment postuler une croissance infinie dans un monde fini ? Mais comment vivre sereinement dans un monde s’il s’effondre ?
> Lire aussi  « Il existe en France une conscience collective que le dérèglement climatique est déjà là »
Comme l’a montré Serge Moscovici, les croyances auxquelles nous adhérons conditionnent nos modes de pensée et façonnent nos sociétés à partir de normes sociales et de mythes. En bref, nous ne choisissons pas nos croyances, elles nous choisissent selon nos allégeances sociales. Ces croyances poussent les uns à rejeter farouchement la collapsologie, les autres à la promouvoir, parfois aveuglement.
Le difficile rendu du réel sans passion
Mais il n’y a pas que les croyances sociales qui entrent en jeu dans le phénomène d’attraction-répulsion concernant ce sujet. L’annonce du collapse suscite une charge émotionnelle forte. Sa représentation, même imprécise, bouscule les visions du monde de nos concitoyens. S’y cumulent face-à-face avec la mort et angoisse eschatologique. Comme elle fait peur, l’idée de la mort est mise à distance. La « re-présenter » – parfois brutalement – avec ce nouveau concept est anxiogène, voire traumatisant. Dans une société sécularisée qui a fait de la mort un tabou, on peut raisonnablement dire de ce phénomène d’attraction-répulsion qu’il est un « retour du refoulé » qui ne laisse personne indifférent.
Il est urgent d’objectiver le réel des représentations des Français vis-à-vis du collapse plutôt que de spéculer sur des opinions infondées. La méthode propre à la psychologie et à la sociologie, sciences humaines et sociales, le permet. Toutefois, à part quelques rares sondages, il n’existe pas encore à notre connaissance de recherches ayant construit des indicateurs pertinents et produit un état des lieux rendant compte sans passion de ce réel.
> Lire aussi  Christian Brodhag : « Rapprocher science et démocratie pour relever le défi écologique »
De telles études devront mettre en exergue le processus du cheminement qui fait passer les individus de la posture de « collapsophobe » (celui qui redoute le collapse et n’en fait rien) à celle de « collapsosophe » (celui qui a décidé de faire avec et de s’y préparer). Elles devront rendre compte des croyances en présence mais aussi des éco-comportements adoptés pour établir finement les typologies de répondants, bien loin des caricatures tendant à réduire les « collapsonautes » à des survivalistes misanthropes.
Pour agir avec la plus grande pertinence
La collapsologie fait débat, c’est une bonne nouvelle. Elle devrait stimuler les travaux des scientifiques et aider les Français à prendre conscience des enjeux environnementaux. C’est en montrant concrètement les chemins des possibles à ceux qui sont saisis par l’effroi de fin du monde qu’une espérance plus forte que les peurs est possible.
En appliquant partout les standards de vie européens, la Terre ne pourrait nourrir que 2,2 milliards d’humains, contre 14 milliards avec une gestion sobre, respectueuse des ressources.
> Lire aussi  « A force de voir des catastrophes, l’esprit s’habitue »
Un juste milieu doit être trouvé ; cela suppose que l’humanité parvienne à se raconter un « mythe » qui soit soutenable, de façon durable. Nous l’avons vu, les croyances déterminent les postures et comportements. En analysant finement les réactions des Français à la narration du collapse, les scientifiques pourront offrir aux décideurs publics et privés un panorama objectivé et dépassionné des représentations du collapse en présence, permettant d’agir avec la plus grande pertinence.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/22/climat-la-collapsologie-fait-debat-c-est-une-bonne-nouvelle_5492085_3232.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
19- Ces différentes sécheresses qui font que la France est à sec, Le Monde, 23/07/19, 11h27
Pierre Le Hir  

A la sécheresse météorologique – le manque de pluie qui vide les nappes phréatiques – s’ajoute celle dite « agricole » : la canicule qui assèche les sols. 
Alors que la France subit un nouvel épisode caniculaire de très forte intensité,moins d’un mois après la vague de chaleur de fin juin, une grande partie du pays souffre déjà, de façon durable, de la sécheresse.
Mardi 23 juillet, 73 départements étaient touchés par des arrêtés de restriction des usages de l’eau, pris par les préfets selon quatre niveaux de gravité : « vigilance » (information et incitation des particuliers et des professionnels à économiser l’eau) ; « alerte » (réduction de moins de 50 % des prélèvements agricoles, interdiction à certaines heures d’arroser les jardins et de laver les voitures) ; « alerte renforcée » (réduction de 50 % ou plus des prélèvements agricoles, limitation pouvant aller jusqu’à l’interdiction pour les autres usages) ; « crise » (arrêt des prélèvements non prioritaires ne relevant pas de la santé, de la sécurité civile, de l’accès à l’eau potable ou de la salubrité).
Cette situation n’est pas véritablement inédite. En 2017, à la même date, 70 départements étaient frappés par des arrêtés similaires. Elle est toutefois beaucoup plus tendue qu’en 2018, où 22 départements seulement étaient affectés à la même période.
> Lire aussi  Le retour de la canicule va aggraver la sécheresse qui touchait déjà la France
+ Infographie : 142 arrêtés en cours - Restriction d’usage de l’eau en vigueur (le 22 juillet) <https://img.lemde.fr/2019/07/23/0/0/1068/1619/688/0/60/0/9dae40f_oNYSOLnpmAvTf-OiAnrPzFAI.png>
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/23/secheresse-la-france-frappee-de-plein-fouet_5492321_3244.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
20- Quand pleuvra-t-il ? Eleveurs, agriculteurs et viticulteurs comptent les jours, Le Monde, 23/07/19, 11h51
Laurence Girard

« Nous sommes très inquiets. Cela fait un mois sans pluie, l’herbe ressemble à un paillasson », dit un agriculteur qui vit sa 2e année de sécheresse. 
Didier Guillaume, le ministre de l’agriculture, était sur le terrain, lundi 22 juillet. Plus précisément en Loir-et-Cher pour évoquer un « plan de mobilisation générale », destiné aux agriculteurs touchés par la sécheresse. « Le ministre de l’agriculture qui s’apitoie sur le sort des éleveurs face à la sécheresse, vingt-quatre heures avant la signature du CETA, l’accord commercial entre l’Europe et le Canada, c’est vraiment nous prendre pour des cons », tonne Patrick Bénézit, éleveur dans le Cantal et secrétaire général adjoint du syndicat agricole FNSEA.
Le responsable syndical dénonce « cette opération de communication », « de diversion », quand « toute l’armée de La République en marche s’apprête à voter pour le CETA, alors que les agriculteurs canadiens utilisent des farines animales dont des farines de ruminants, activateurs de croissance, et 46 pesticides non autorisés en Europe ».
> Lire aussi  Ces différentes sécheresses qui font que la France est à sec
Tout dépendra du maïs
Bien que personne ne conteste la réalité des problèmes liés à la sécheresse, le choix de la date de communication et la teneur du message ministériel laissent les observateurs circonspects. L’autorisation d’utilisation des fourrages et des pâturages des surfaces en jachère par les éleveurs avait déjà été annoncée le 1er juillet. Elle concernait 24 départements, dont 9 en Auvergne et 9 en Occitanie. Cette autorisation pour cas de force majeure a été étendue à 9 autres départements : le Cantal, les Alpes-de-Haute-Provence, les Alpes-Maritimes, le Loiret, le Loir-et-Cher, la Haute-Savoie, le Jura, la Nièvre et le Haut-Rhin.
Sur le plan financier, le ministre a annoncé « l’augmentation de l’avance de trésorerie des subsides de la politique agricole commune (PAC) afin d’aider les agriculteurs à acheter de la paille pour nourrir leurs animaux, soit 1 milliard d’euros de plus dès le 16 octobre 2019 ». En fait, les agriculteurs devraient toucher, mi-octobre, 70 % du montant annuel de leurs aides PAC et non 50 % comme habituellement. « Nombre d’éleveurs ont déjà gagé ces aides. Il n’y a pas d’argent frais », réagit Marie-Thérèse Bonneau, éleveuse en Vendée et vice-présidente de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL).
Mme Bonneau, comme beaucoup d’éleveurs en France, fait face à sa deuxième année d’affilée de sécheresse. Elle raconte :
« Nous sommes très inquiets. Cela fait un mois sans pluie, l’herbe ressemble à un paillasson. D’habitude, nous avons un stock tampon d’un ou deux mois de fourrage d’avance, mais il a été utilisé l’année dernière. »
Même si la récolte de fourrage de printemps a été satisfaisante, si elle est entamée dès maintenant, il faudra passer aux achats pour compléter la ration d’hiver. Tout dépendra de la récolte de maïs. Or elle « pourrait être amputée de moitié », estime l’éleveuse, qui a souscrit une assurance récolte. En 2018, cette assurance lui a permis de financer l’achat de fourrage, compensant une production de maïs déjà affectée par la sécheresse.
Dans d’autres régions, comme en Auvergne ou en Bourgogne, la récolte de fourrage de printemps n’a pas été à la hauteur des attentes. Et les tensions sont d’autant plus fortes. « Toutes nos prairies de fauche en altitude ont été touchées par la canicule, avec une baisse de rendement de 50 %. Et nous sommes en rupture de pâture cette semaine, la situation est préoccupante », affirme M. Bénézit, évoquant l’exemple du Cantal.
Le stock de paille existe
« L’Etat a dit qu’il ferait un état des lieux avec les chambres d’agriculture. Mais l’ensemble des éleveurs doit avoir accès aux opérations fourrage et il faut limiter la spéculation sur les fourrages », estime Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne. Il souligne également un élément de tension entre le fourrage destiné aux animaux et celui destiné aux méthaniseurs. « C’est complètement insensé de faire tourner des méthaniseurs pour produire de l’énergie quand on a besoin de nourrir les troupeaux », ajoute-t-il.
Le stock de paille existe. En effet, la récolte de blé tendre, encore en cours, est jugée satisfaisante. Le ministère de l’agriculture l’a estimée à 37 millions de tonnes. Encore faut-il transporter la paille. Or le coût de l’acheminement des zones céréalières vers les zones d’élevage en manque de fourrage est pénalisant. De la réponse à ces pressantes questions logistiques dépend peut-être le choix que devra faire l’éleveur de se séparer d’une partie de son troupeau. Un enjeu lourd de conséquences.
Quand pleuvra-t-il ? Les éleveurs bovins sont suspendus à cette interrogation. Mais les agriculteurs qui cultivent maïs, betterave, tournesol ou pommes de terre, toutes plantes encore en terre, retiennent aussi leur souffle. De même que les viticulteurs. La canicule a brûlé certaines vignes dans le sud de la France, un phénomène rarissime. Selon une première estimation du ministère de l’agriculture, la production de vin est attendue en baisse de 6 % à 13 %, entre 42,8 et 46,4 millions d’hectolitres.
> Lire le reportage : Retour à Vérargues
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/23/le-manque-de-pluie-inquiete-les-eleveurs_5492463_3234.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
21- Greta Thunberg à l’Assemblée : « Vous devez écouter la science », Le Monde avec AFP, 23/07/19, 15h06

La militante de 16 ans a exhorté les députés à agir, lors d’un débat organisé mardi à Paris par le collectif transpartisan pour le climat « Accélérons ». 
Elle a choisi l’ironie pour répondre aux attaques. « Vous n’êtes pas obligés de nous écouter, nous ne sommes que des enfants après tout… » Mardi 23 juillet, la jeune militante écologiste Greta Thunberg a exhorté les députés à agir, lors d’un débat organisé à Paris à l’Assemblée nationale par le collectif transpartisan pour le climat « Accélérons » :
« Mais vous devez écouter la science. C’est tout ce que nous demandons : unissez-vous derrière la science. »
Et de renvoyer à la lecture du dernier rapport alarmant du groupe d’experts de l’ONU sur le climat (GIEC). « C’est presque comme si vous ne saviez pas que [ces chiffres] existent, comme si vous n’aviez pas lu le dernier rapport du GIEC dont dépend l’avenir de notre civilisation », a lancé l’adolescente de 16 ans. Et de tacler :
« Ou peut-être simplement que vous n’êtes pas assez matures pour dire les choses telles qu’elles sont. Même cette charge, vous nous la laissez à nous, les enfants. »
> Lire notre éditorial : Greta Thunberg, forces et faiblesses d’un symbole
« On parle de la messagère mais pas du problème »
Plusieurs députés Les Républicains (LR) et du Rassemblement national (RN) ont exprimé, ces derniers jours, leur opposition à la venue de la jeune suédoise à l’Assemblée nationale, l’un évoquant une « prophétesse en culottes courtes », un autre un « gourou apocalyptique ». Des élus de tout bord étaient malgré tout présents mardi pour écouter Greta Thunberg.
« Nous sommes devenus les méchants qui devons dire aux gens des choses pas faciles, parce que personne ne veut le faire ou n’ose. Et [pour cela], nous recevons un déferlement de haine et de menaces. Des députés et journalistes se moquent de nous et mentent à notre sujet », a répondu Greta Thunberg, devenue célèbre pour organiser, depuis presque un an, des grèves de l’école hebdomadaires pour le climat.
> Lire aussi  A l’Assemblée, Greta Thunberg s’adressera aux députés qui voudront bien l’écouter
La climatologue Valérie Masson-Delmotte, soulignant avoir échangé avec de nombreux jeunes réellement préoccupés par la question climatique, a, elle, dénoncé des polémiques « extrêmement futiles » :
« On parle de la messagère mais pas du problème, et ce qui m’intéresse c’est de parler du changement climatique qui affecte tout le monde, les écosystèmes et les gens et parler des solutions et faire en sorte que ces solutions soient déployées. »
> Lire aussi  Greta Thunberg : « Militante pour le climat, âgée de 16 ans, avec Asperger »
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/07/23/a-l-assemblee-la-jeune-ecologiste-suedoise-greta-thunberg-ironise-face-aux-attaques_5492536_1652612.html>
Sur le même sujet :
> Climat : Greta Thunberg lauréate du Prix Liberté en Normandie <https://www.geo.fr/environnement/greta-thunberg-recompensee-du-prix-liberte-en-normandie-196667>, AFP, 21/07/19, 19:00
> Editorial. Greta Thunberg, forces et faiblesses d’un symbole <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/23/greta-thunberg-forces-et-faiblesses-d-un-symbole_5492487_3232.html>, Le Monde, 23/07/19, 13h05
> Portfolio. Le grand défilé de Greta Thunberg <https://www.lemonde.fr/m-styles/portfolio/2019/07/27/le-grand-defile-de-greta-thunberg_5494163_4497319.html>, Le Monde, 27/07/19, 15h15
> Attendue en Amérique, Greta Thunberg traversera l'Atlantique en bateau <https://information.tv5monde.com/info/attendue-en-amerique-greta-thunberg-traversera-l-atlantique-en-bateau-313737>, AFP, 29/07/19, 18:00
_______________________________________________________________________________________________________________________
22- Interview. «Au-delà de la canicule, il y a une réflexion civilisationnelle globale à avoir», Libération, 24/07/19, 20:16
Propos recueillis par Charles Delouche 

Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France, salue les messages de prévention des pouvoirs publics, mais s’inquiète de la situation des plus pauvres et du «chaos» des services d’urgence.
En 2003, il avait été le premier à tirer la sonnette d’alarme quant à la gravité de la canicule. Plus de quinze ans après l’été meurtrier, alors que le pays est en proie à un nouvel épisode caniculaire, Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France, salue les politiques de prévention mais appelle à aller plus loin dans l’investissement national.
En quoi cette canicule est-elle particulière ?
Les canicules se suivent mais ne se ressemblent pas. Cette année, le phénomène est très fragmenté, avec des périodes très chaudes. Les températures très élevées de la journée ne baissent pas pendant la nuit et le phénomène actuel se surajoute à la chaleur du mois de juin. Il n’a pratiquement pas plu, la sécheresse en France est considérable et les organismes sont déjà fatigués. Physiologiquement, nous devons pouvoir nous adapter à des variations, mais il est impossible de vivre toujours avec une température élevée, car nos organismes ne peuvent pas récupérer. Selon moi, cet épisode caniculaire montre bien les conséquences du réchauffement climatique. Je compte saisir le Haut Conseil pour le climat au sujet de ces canicules successives et de leurs conséquences majeures.
>> Suite à lire à :
<https://www.liberation.fr/france/2019/07/24/au-dela-de-la-canicule-il-y-a-une-reflexion-civilisationnelle-globale-a-avoir_1741886>
_______________________________________________________________________________________________________________________
23- La quasi-totalité de la Terre vit sa période la plus chaude depuis deux millénaires, Le Monde, maj le 25/07/19 à 01h38
Sylvie Burnouf

Des paléoclimatologues confirment le caractère inédit, de par son homogénéité, du réchauffement actuel de la planète. 
Etudier le passé pour comprendre le présent peut s’avérer crucial en matière de climat. Grâce à une analyse systématique inégalée, une équipe de recherche internationale vient de retracer deux mille ans de variations de températures à l’échelle planétaire.
Son constat : non seulement le réchauffement climatique actuel est inédit du fait de son amplitude et de sa vitesse, mais il est également sans précédent de par son caractère universel. Il y a bien eu quelques périodes de réchauffement et de refroidissement entre l’an un et la fin de l’ère préindustrielle, mais aucune n’a touché de façon simultanée l’ensemble des régions de la planète.
La base de données que les chercheurs ont utilisée pour leurs analyses – publiées mercredi 24 juillet dans les revues Nature et Nature Geoscience – est « ce qui se fait de plus complet aujourd’hui », salue Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et coordinatrice du chapitre sur les climats passés dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui n’a pas participé à ces recherches.
Archives naturelles
Ce sont ainsi près de 700 indicateurs climatiques, appelés « proxy », qui ont été étudiés par les scientifiques afin de reconstruire les variations de températures passées – les observations issues d’instruments de mesure ne couvrant que les cent cinquante dernières années. Ces archives naturelles sont de plusieurs types, de la carotte de glace aux anneaux de croissance des arbres, en passant par les sédiments des lacs ou les coraux.
« Il est important de collecter un maximum de données provenant d’un maximum d’archives naturelles différentes, si l’on veut pouvoir neutraliser les facteurs de confusion inhérents à chacun de ces enregistrements, pointe Raphael Neukom (université de Berne, en Suisse), premier auteur de ces études. Les arbres, par exemple, ne sont pas sensibles qu’aux variations de température, ils répondent aussi à la pluviométrie. » 
> Lire aussi  Canicule : avec plus de 40 °C à Brive, Rennes ou Châteauroux, de nouveaux records de chaleur battus
Retour sur deux millénaires de fluctuations des températures : à l’optimum climatique romain – une période chaude survenue au cours des premiers siècles – a succédé le petit âge glaciaire de la fin de l’époque antique (entre les années 400 et 800), suivi de l’optimum climatique médiéval (années 800-1200) et du petit âge glaciaire (1300-1850) – qui a notamment été marqué par une forte avancée des glaciers alpins.
Mais, et c’est ce que révèle cette étude systématique, aucun de ces événements climatiques antérieurs au XXe siècle n’a affecté de façon synchrone l’ensemble du globe. Les températures froides associées au petit âge glaciaire, par exemple, ont d’abord touché l’est et le centre de la région du Pacifique (autour du XVe siècle), avant d’affecter le nord-ouest de l’Europe et le sud-est de l’Amérique du Nord (XVIIe siècle) puis, au cours du XIXe siècle, les autres régions du monde.
Pour Valérie Masson-Delmotte, ces résultats soulignent l’importance de « ne pas extrapoler un signal local comme étant représentatif du climat de la Terre ».
> Lire aussi  Canicule : pour faire baisser les températures en ville, « il faut y mettre de la nature, mais de manière intelligente »
L’Antarctique épargné
« En réalité, dans le passé, la variabilité naturelle n’était pas en phase partout, poursuit la climatologue. Cela s’explique très bien : beaucoup des variations passées sont dues soit à des facteurs naturels (soleil, volcans), soit à de la variabilité spontanée (fluctuations de courants marins, de la circulation atmosphérique régionale). Il n’y a donc aucune raison que cela affecte le climat planétaire à des échelles de temps de plusieurs dizaines d’années. » 
Contrairement au réchauffement global de ces dernières décennies… que Neukom et ses collègues identifient sans équivoque dans leurs travaux.
Ils observent en effet que 98 % de la surface de la planète vit actuellement sa plus chaude période depuis 2 000 ans, et que la vitesse à laquelle cette hausse des températures est survenue, depuis la seconde moitié du XXe siècle, est inédite. Seul le continent Antarctique est encore en partie épargné par ce réchauffement sans précédent.
« Les facteurs naturels ne peuvent expliquer la vitesse et la structure spatiale du réchauffement actuel, souligne Raphael Neukom. Nos résultats confirment, de façon implicite, que ce sont les activités humaines qui sont responsables de ces changements. »
> Lire aussi  Greta Thunberg : « Militante pour le climat, âgée de 16 ans, avec Asperger »
Les chercheurs ont par ailleurs utilisé leur base de données d’indicateurs climatiques pour comparer les prédictions de températures fournies par plusieurs méthodes statistiques couramment utilisées dans le domaine de la paléoclimatologie. « Nous avons retrouvé une très forte concordance entre nos reconstitutions et les simulations de modèles climatiques, rapporte Raphael Neukom. C’est important car ce sont ces modèles climatiques qui sont utilisés pour prédire les changements climatiques à venir. » 
Cela signifie, pour le chercheur, que ces modèles sont fiables. « Ils ne sont bien sûr pas parfaits, mais notre étude montre qu’ils sont suffisamment performants pour que l’on puisse s’en servir comme base pour les prises de décisions relatives au changement climatique », conclut-il.
------------------------------------------------------------------
Le poids des éruptions volcaniques au XIXe siècle
Dans un article publié le 24 juillet dans Nature Geoscience, Stefan Brönnimann de l’université de Berne (Suisse) et ses collègues se sont intéressés à une série de cinq éruptions volcaniques survenues au cours de la première moitié du XIXe siècle, dont celle du Tambora (Indonésie) en 1815. Leur analyse systématique montre que ces éruptions ont été à l’origine d’un changement important du système climatique de l’époque – « pas seulement un refroidissement général, mais aussi des sécheresses en Afrique, de faibles moussons, un glissement de la circulation atmosphérique depuis le nord vers l’Europe, ainsi que l’avancée des glaciers alpins », détaille Stefan Brönnimann. Pour la climatologue Valérie Masson-Delmotte, ces résultats permettent de lutter contre les idées reçues selon lesquelles ce sont des variations de l’activité du soleil qui seraient à l’origine des variations de températures observées au cours du petit âge glaciaire.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/24/la-quasi-totalite-de-la-planete-vit-sa-periode-la-plus-chaude-depuis-l-an-zero_5493029_3244.html>
En savoir plus :
> No evidence for globally coherent warm and cold periods over the preindustrial Common Era <https://www.nature.com/articles/s41586-019-1401-2>, Nature, 24/07/19
<https://doi.org/10.1038/s41586-019-1401-2
> Last phase of the Little Ice Age forced by volcanic eruptions <https://www.nature.com/articles/s41561-019-0402-y>, Nature Geoscience, 24/07/19
_______________________________________________________________________________________________________________________
24- Contre les canicules, comment les villes vont-elles lutter ?, Le HuffPost, 25/07/19, 04:21
Benedicte Magnier

La végétalisation des immeubles, un urbanisme plus logique ou les rues et toits peints en blanc sont des pistes envisagées, voire déjà appliquées.
Canicule - Les températures caniculaires de cet été 2019 poussent à adopter une réflexion encore plus rapide sur les manières de faire baisser le thermomètre en centre-ville, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus. Car au sein des grandes agglomérations comme Paris, il fait toujours 1 ou 2 degrés de plus que dans les petites villes à proximité. 
Pourquoi un tel écart ? Car les villes ont été construites sans réflexion autour des ”îlots de chaleur”, ces endroits qui s’approchent de la fournaise en cas de températures très élevées. 
Avec le réchauffement climatique, les experts estiment que les canicules seront deux fois plus nombreuses en France, avec des épisodes plus sévères et plus longs.
Aussi, les villes entament une réelle réflexion pour faire baisser la température. Anne Hidalgo, maire de Paris, a récemment annoncé la végétalisation de plusieurs endroits de la capitale, comme la place de l’Hôtel de ville, qui pourrait devenir une “forêt urbaine” d’ici 2020. Sept places sont également en travaux pour réduire la circulation des voitures et permettre plus d’espaces verts, comme Nation, inaugurée le 7 juillet dernier, ou Bastille, toujours en travaux.
D’autres villes tentent de végétaliser leurs constructions, à l’instar de Singapour ou de Liuzhou, une ville chinoise dans la province du Guangxi. En 2020, “une ville dans la forêt” devrait sortir de terre. 
La végétalisation est bénéfique à plusieurs niveaux. Les feuilles des arbres permettent de faire plus d’ombre et donc de rafraîchir les rues, notamment le soir, car le bitume n’aura pas emmagasiné de chaleur. De plus, la verdure pourrait aussi aider à lutter contre la pollution des grandes agglomérations en absorbant les rejets de CO2 trop importants.
>> Suite à lire à :
<https://www.huffingtonpost.fr/entry/comment-les-villes-vont-elles-lutter-contre-les-fortes-chaleurs_fr_5d388858e4b020cd994d71fd>
_______________________________________________________________________________________________________________________
25- Les canicules seront "deux fois plus nombreuses en 2050", Le HuffPost, 25/07/19, 10:37
Alexandre Boudet

L'alerte est signée Valérie Masson-Delmotte, vice-présidente du Giec.
Elle était la scientifique invitée mardi 23 juillet à l’Assemblée nationale aux côtés de Greta Thunberg. Vice-présidente du Giec, Valérie Masson-Delmotte est l’une des plus éminentes spécialistes du climat en France et dans le monde. Alors quand elle prend la parole en période de canicule, son alerte sonne encore plus fort. 
Interrogée par Le Point ce jeudi 25 juillet, la paléoclimatologue pointe une donnée déjà mise en avant par Météo-France: en 2050, les canicules seront deux fois plus nombreuses qu’aujourd’hui. Ce sera le cas, “y compris si l’on parvient à contenir le réchauffement à 1,5 degré”, précise la scientifique en évoquant l’objectif prévu dans l’accord de Paris sur le climat. 
Dans un tweet, elle pointe aussi l’intensité et la longueur possibles de ces épisodes caniculaires.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.huffingtonpost.fr/entry/les-canicules-seront-deux-fois-plus-nombreuses-en-2050_fr_5d396046e4b0419fd3381d21>
_______________________________________________________________________________________________________________________
26- Entretien. « Les vagues de chaleur fragilisent l’agriculture et le cycle du vivant », Le Monde, 25/07/19, 11h59
Propos recueillis par Nathan Mann

Diversifier les cultures est la meilleure stratégie d’adaptation, analyse Chantal Gascuel, directrice de recherche à l’INRA, spécialiste de l’eau. 
Rendements faibles en raison de la chaleur intense et du stress hydrique, plantes brûlées par le soleil, champs propices aux incendies… L’agriculture est très vulnérable aux sécheresses estivales. Chantal Gascuel, directrice scientifique adjointe environnement de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et spécialiste de l’eau, revient sur les stratégies de gestion de l’eau du secteur agricole dans le contexte de changement climatique.
> Lire aussi  Avec les canicules à répétition, les sapins virent au rouge et les arbres meurent
Quels risques les épisodes de sécheresse font-ils courir à l’agriculture ?
L’agriculture est vulnérable, car tout le cycle du vivant, des cultures – la croissance, la floraison… – est très dépendant du climat. Ce cycle est donc bousculé dans les années atypiques, marquées par des vagues de chaleur, qui vont être de plus en plus fréquentes, et qui fragilisent l’agriculture. Outre la question de la disponibilité de l’eau, celle de sa qualité est aussi modifiée. De ce point de vue, on voit les sécheresses de manière très variée. En plus de regarder les niveaux des nappes, les scientifiques s’intéressent notamment à la longueur des cours d’eau. La qualité de l’eau s’acquiert sur les têtes de bassins et les petits cours d’eau sont de plus en plus longuement asséchés.
Cela peut avoir des conséquences sur les cycles de l’azote et du phosphore [les nutriments essentiels à la croissance des plantes] et ces perturbations vont induire – parce que les concentrations sont plus fortes et les systèmes aquatiques plus vulnérables avec la hausse des températures – une tension sur la qualité des eaux. Les excédents d’azote et de phosphore sont moins dilués, mais aussi émis de manière plus variable, en fonction des pluies et des températures. Donc la sécheresse accroît certains impacts environnementaux de l’agriculture. Elle peut par exemple accroître l’eutrophisation – un excès de matière vivante dans les systèmes aquatiques.
Quelles sont les stratégies à privilégier pour faire face aux sécheresses ?
La première stratégie, c’est de privilégier les cultures au moment où on a de l’eau, donc les cultures d’hiver par rapport aux cultures d’été. Il faut rechercher des rotations qui sont moins gourmandes en eau, travailler les espèces mais aussi la diversité génétique pour avoir des variétés qui sont plus résistantes.
Par ailleurs, quand on allonge les rotations, que l’on met des intercultures, la restitution d’une part de la biomasse au sol est ­globalement plus importante. Cela contribue à l’augmentation du carbone dans le sol, et donc à l’atténuation du changement ­climatique. Cela contribue aussi à la meilleure qualité des sols, qui retiennent l’eau davantage et qui s’assèchent moins, ce qui permet de nourrir la plante plus longtemps au cours de son cycle cultural.
Il y a aussi des solutions autour de l’irrigation. Les stratégies consistent alors à mettre l’eau en quantité réduite, au bon moment, près des racines, donc de mieux raisonner l’apport de l’eau. La dernière solution, qui pose question et nécessite de réfléchir au cas par cas, ce sont les retenues d’eau. Ce sont des solutions qui viennent en dernier lieu car l’ensemble des retenues peuvent avoir des impacts cumulés sur les cours d’eau et sur les nappes.
C’est ce qu’a établi une expertise scientifique conjointe menée par l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture et l’INRA il y a quelques années : les retenues peuvent avoir des conséquences négatives sur la ressource en eau globalement, mais aussi sur la qualité de l’eau et sur les écosystèmes aquatiques. Donc les retenues apparaissent comme une solution, mais de bout de chaîne, dans une logique globale privilégiant les deux premières options.
Aujourd’hui, nous essayons de plus en plus de travailler sur des solutions au cas par cas, en prenant en compte le climat, le système de culture, la recharge en eau et la retenue. Tous les outils de modélisation que l’INRA fabrique en ce moment sont toujours relatifs à un contexte et à une situation.
Certaines cultures doivent-elles être valorisées ou écartées ?
Il faut surtout insister sur la diversification des cultures : dans la rotation, avec des cultures et des variétés différentes dans un territoire. On avait auparavant de manière dominante une ou deux cultures dans un territoire. Il faut remettre des rotations – de la succession des cultures sur plusieurs années – longues et diversifiées pour avoir un territoire qui n’aura plus une seule culture. Mais, attention, cela ne se fait pas du jour au lendemain, car réintroduire de nouvelles espèces et variétés veut dire réintroduire des filières qui utilisent ces produits, y trouvent un marché.
Face au changement climatique, on va donc créer de la diversité dans le temps et dans l’espace. Le temps de la monoculture de maïs est révolu, on va mélanger les cultures plus ou moins gourmandes, et la diversité au sein des espèces. Il faut diversifier pour étaler le besoin d’eau dans le temps et dans l’espace, mais aussi le réduire.
Cela va amener un changement de production et de manière d’alimenter les animaux et les hommes. Si on diminue la part du maïs, on introduira d’autres productions qui devront répondre aux besoins des consommateurs. Cela sera peut-être moins productif une année mais les productions seront plus stables d’année en année.
> Lire notre reportage : A Vérargues, « point le plus chaud » de France, le désarroi des viticulteurs
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/25/les-vagues-de-chaleur-fragilisent-l-agriculture-et-le-cycle-du-vivant_5493301_3244.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
27- Tribune. « Greta Thunberg face au syndrome de la fosse “sceptique” », L’Obs, 26/07/19, 17h42
Par Guilhem Méric (romancier et scénariste)

Le romancier et scénariste Guilhem Méric réagit aux attaques qui ont visé la jeune militante écologiste suédoise lors de son intervention à l’Assemblée nationale le 23 juillet.
J’aimerais revenir sur les réactions suscitées par la venue de Greta Thunberg à l’Assemblée nationale, et en particulier celle de Laurent Alexandre, fondateur de Doctissimo, « anti-collapsologue et anti-Greta Thunberg », comme il se plaît à le préciser, avec une arrogance stupéfiante, dans la biographie de son profil Twitter. Une bonne grosse cerise sur le gâteau des haineux, des ricaneurs et des bas du front qui commencent sérieusement à me gonfler le péritoine, comme on dit par chez moi.
Les scientifiques, qu’on se le dise, se sont tous cassés les dents à vouloir informer et alerter les politiques de tous poils depuis quarante ans. Personne n’a daigné les écouter. Aucun de ces 15 000 savants n’a su tirer son épingle du jeu médiatique, hormis récemment Aurélien Barrau, pourtant plus au fait de l’astrophysique que de l’écologie, mais qui a réussi, par ses talents d’orateur, sa connaissance du sujet et sa détermination sans faille, à réunir trois cents personnalités autour d’un manifeste paru dans « le Monde ». Quid depuis l’événement ? Rien.
>> Suite à lire à :
<https://www.nouvelobs.com/planete/20190726.OBS16457/tribune-greta-thunberg-face-au-syndrome-de-la-fosse-septique.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
28- Bangladesh : plus de cent morts du fait de la mousson, AFP, 26/07/19, 18:00

Plus de cent personnes ont trouvé la mort du fait d'inondations causées par la moussson au Bangladesh, et le niveau des eaux montait encore vendredi, ont annoncé les autorités.
Une trentaine de décès ont été recensés depuis mercredi, portant le nombre de morts à 114, un des pires bilans de moussons enregistrés ces dernières années.
La plupart des victimes se sont noyées, d'autres ayant été emportées par des glissements de terrain, mordues par des serpents ou frapppées par des éclairs, ont-elles précisé.
Cinq jeunes filles de 6 à 18 ans se sont noyées après que le bateau à bord duquel elles se trouvaient a chaviré dans une rivière en crue du district de Jamalpur (nord) jeudi, a indiqué à l'AFP l'adiministrateur de ce district, Ahmed Kabir.
Le niveau du fleuve Brahmapoutre, qui descend de l'Himalaya, est monté de manière dramatique depuis le 10 juillet, affectant 1,2 million d'habitants.
Le Brahmapoutre a atteint son plus haut niveau depuis 1975, année où les autorités ont commencé à le répertorier.
Six villages du district de Mymensingh, un peu plus à l'est, ont été inondés après la rupture d'une digue, forçant 2.000 habitants à fuir leur maison, a dit l'administrateur de ce district, Mizanur Rahman.
Au total, cinq millions de personnes ont été touchées par ces inondations depuis le 10 juillet, dont plusieurs centaines de milliers ont dû abandonner leurs habitations, selon les autorités.
Le centre officiel de prévention des inondations a précisé que 26 des 64 districts, soit un tiers de la superficie du pays, ont été inondés par les fortes pluies de mousson et le déluge en provenance des rivières himalayennes.
Le Bangladesh est régulièrement frappé par des inondations dans la période de mousson allant de juin à septembre, lorsque des centaines de cours d'eau se jetant dans le golfe du Bengale débordent.
En 1998, une des pires années, près de 70% du territoire du pays se sont retrouvés sous les eaux, affectant 30 millions de personnes et en tuant plus de mille.
<https://information.tv5monde.com/info/bangladesh-plus-de-cent-morts-du-fait-de-la-mousson-313389>
_______________________________________________________________________________________________________________________
29- Adieu hêtre, épicéa ! Les jardins de Lyon à l'épreuve du réchauffement, AFP, 26/07/19, 19:00

Ce n'est pas de gaîté de cœur que les jardiniers de la ville de Lyon ont abattu quelque 200 épicéas. Mais le réchauffement climatique les oblige à repenser totalement leur palette végétale.
L'an dernier, une mini-forêt d'épicéas a disparu au Parc de la Tête d'Or, un jardin à l'anglaise du milieu du XIXe siècle classé monument historique. Fragilisés par les vagues de chaleur, ils ont été victimes d'une attaque fulgurante de scolytes, coléoptères qui creusent des galeries sous l'écorce et empêchent la sève de circuler.
Aujourd'hui, il n'en reste qu'une plaine vide où les herbes folles ont repris leurs droits. D'autres espèces nordiques comme les hêtres ou les bouleaux ont aussi de plus en plus de mal à survivre à Lyon, où il fera en 2100 au mieux le climat de Madrid, au pire celui d'Alger si rien n'est fait.
Dans ces conditions, les espèces méditerranéennes remontent et Lyon détrônerait presque Valence au titre de porte du Sud. En témoigne les quelques cigales qui chantent désormais sur des boulevards du centre-ville.
- L'olivier trop risqué -
Au Parc Blandan, qui a ouvert en 2014 sur un ancien fort militaire, les jardiniers ont cherché une végétation capable de s'adapter au climat des décennies à venir. 
Des essences du Sud : des genêts, chênes verts, petits érables de Montpellier se mêlent aux peupliers d'origine. 
Mais il y a aussi des chênes de Turquie et du Caucase, où les hivers sont froids, les sols calcaires et les étés caniculaires et très secs. "Finalement c'est un peu le climat de Lyon dans quelques années", remarque Frédéric Ségur, responsable du service arbres et paysages de la métropole de Lyon.
Des expérimentations capitales car "on ne peut pas transposer intégralement la palette végétale méditerranéenne" ici, prévient Jean-Marie Rogel, chef du service de gestion du paysage à la ville de Lyon.
Pourquoi ? Le laurier rose par exemple est sensible au gel. L'olivier ? Trop risqué avec la bactérie xylella fastidiosa qui a décimé des milliers d'arbres en Italie et a été détectée en France. Le cyprès ? allergène. Et qui dit pin d'Alep, dit chenilles processionnaires incompatibles avec la présence du public.
Le cèdre du Liban en revanche a la cote. Mais les majestueux spécimens centenaires du parc de la Tête d'or perdent des branches quand il fait chaud l'été. "Un phénomène inexpliqué, peut-être lié au réchauffement mais difficile à appréhender car l'arbre ne présente aucun signe avant-coureur de rupture", témoigne Jean-Marie Rogel. 
Il n'y a donc pas de réponse toute faite, l'adaptation au réchauffement "c'est du cas par cas" et la meilleure stratégie aujourd'hui est "de diversifier au maximum et d'expérimenter", martèle-t-il.
- 12 degrés de moins sous un arbre -
La prise de conscience date de 1994 quand le chancre coloré a décimé un millier de platanes à Lyon. Donc à l'avenir on évitera les allées de platanes où une maladie se propage comme une traînée de poudre. Et dans la métropole, on est passé de 150 à 300 espèces différentes.
Avec quelques ratés comme le tulipier de Virginie ou des adaptations insoupçonnées comme le melia des Indes. Le micocoulier de Provence est aussi une valeur sûre et on voit arriver à Lyon l'albizia, un arbre d'Inde avec des pompons roses.
Car l'enjeu avec les arbres c'est aussi de rafraîchir la ville. Avec l'évapotranspiration, on peut ressentir 12 degrés de moins sous un arbre, qu'à quelques mètres à côté. Même si pour créer de l'évapotranspiration, il faut arroser. Une autre équation à régler.
Dans ces conditions, la métropole de Lyon veut encourager la plantation de 300.000 arbres en plus d'ici 2030 et appelle au sursaut de tous. Si chaque copropriété plante trois arbres, ce sera déjà beaucoup, souligne M. Ségur. 
"On doit pouvoir traverser la ville de Lyon à l’ombre de nombreux arbres. L’espace public doit s’adapter à la catastrophe climatique", implorait justement EELV Lyon dans un communiqué jeudi où la température a dépassé 39 degrés.
<https://information.tv5monde.com/info/adieu-hetre-epicea-les-jardins-de-lyon-l-epreuve-du-rechauffement-313277>
_______________________________________________________________________________________________________________________
30- Equipé d’une caméra thermique, un ingénieur montre les différences de températures à Paris pendant la canicule, Blog Big Brother, 26/07/19, 19h12

Pour révéler l’incidence des choix d’urbanisme et de matériaux de construction sur la température, Thibault Laconde a partagé son « expédition canicule » sur Twitter.
A l’heure où ses semblables restaient tapis dans l’ombre pour survivre aux températures records dans la capitale (42,6 °C), l’ingénieur Thibault Laconde s’est lancé, jeudi 25 juillet, dans une drôle d’expédition. Armé de sa caméra infrarouge et d’un thermomètre, le dirigeant de Callendar, une entreprise spécialisée dans l’étude des risques climatiques, s’est rendu dans plusieurs lieux emblématiques de Paris.
Objectif de ses pérégrinations caniculaires : rendre visibles les « îlots de chaleur », ce cocktail de choix urbanistiques et architecturaux et de forte densité de population, qui accumulent la chaleur le jour et freinent le refroidissement des villes la nuit, et expliquent les écarts importants de température entre zones urbaines et rurales.
Métal brûlant
« D’un bâtiment à l’autre, les valeurs peuvent complètement changer », explique-t-il au Monde. Et de citer en guise d’exemple son relevé à la gare Saint-Lazare. Sur le côté gauche de l’image thermique, on aperçoit deux bâtiments mitoyens en plein soleil. L’un en pierre claire, construit dans la première moitié du XIXe siècle, atteint une température d’environ 40 °C, proche de celle de l’air ambiant. L’autre, tout de verre foncé et de métal, construit à la fin des années 1970, dépasse les 55 °C.
Le choix de la couleur – claire pour réverbérer les rayons du soleil –, mais aussi des matériaux peu conducteurs en chaleur du bâtiment le plus ancien semblent donc avoir été judicieux pour lutter contre les « îlots de chaleur ». Ce terme, forgé en 1958 par le climatologue Gordon Manley, décrit un phénomène observé 140 ans auparavant par le pharmacien et météorologiste britannique Luke Howard, dans son étude du climat de Londres alors en pleine révolution industrielle.
Autre relevé de Thibault Laconde à Paris, autre constat frappant : au milieu d’une place sans ombre, la statue du lion de Belfort en cuivre noir absorbe la chaleur et tranche nettement sur l’image thermique avec son socle en pierre et les bâtiments haussmanniens environnants.
« Il faudra dorénavant avoir une réelle réflexion sur les projets choisis lors des concours d’urbanisme, souligne l’ingénieur. Il faut que le projet reste viable dans les 20-30 ans à venir, compte tenu du changement climatique. » Et ce d’autant que les épisodes de forte chaleur devraient être de plus en plus réguliers et intenses. « Les étés sans canicule deviennent assez rares, puisque depuis 2010 seul l’été 2014 n’a pas connu de canicule, détaillait David Salas y Mélia, climatologue, interrogé jeudi par Le Monde. A titre de comparaison, sur 1947-1988 (soit 42 ans), il n’y a eu que neuf canicules. »
« Merci les platanes ! »
Outre la réflexion à mener sur le bâti en tant que tel, les relevés de Thibault Laconde illustrent l’efficacité de la végétalisation des rues. Sur le trottoir devant l’hôtel de Roquelaure, siège du ministère de la transition écologique, comme sur le bâtiment lui-même, les températures ne dépassent pas 40 °C. « Merci les platanes ! », s’enthousiasme l’ingénieur sur Twitter lors du relevé.
Selon Solène Marry, docteure en urbanisme à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) interrogée fin juin par Le Monde, la place de la végétation est déterminante pour faire baisser les températures en ville :
« Par une journée ensoleillée de 26 °C à l’ombre, un toit exposé au soleil peut atteindre une température de 80 °C si sa couleur est foncée, 45 °C si sa couleur est blanche et seulement 29 °C s’il est couvert de végétaux. »
Trafic infernal
Dernier effet relevé par l’ingénieur, à quelque 300 mètres d’écart : celui du trafic routier. Sur le périphérique parisien, la température au sol atteint entre 50 et 60 °C – contre entre 40 °C et 50 °C sur le boulevard des Maréchaux tout près. Ce dernier, pas beaucoup plus ombragé que le périphérique, est cependant bien moins dense en trafic routier.
« A mon sens, deux effets jouent : d’une part, les véhicules rejettent de l’air chaud par leur pot d’échappement. D’autre part, le frottement des pneumatiques sur le sol est lui aussi source de chaleur », analyse Thibault Laconde. Selon Albert Lévy, urbaniste chercheur au CNRS, cette « chaleur anthropique », liée aux activités humaines comme la circulation et la production, « participe pour 20 % » à la création des îlots de chaleur urbains.
Où, en pleine canicule, trouver un maximum de fraîcheur ? Un coup d’œil aux douze relevés parisiens de l’ingénieur et nous voilà sous les arcades du Palais Royal. « Le calme, un gentil 38 °C et un petit air qui agite le tilleul… Et si c’était ça le bonheur ? », s’interroge-t-il sur Twitter.
> Retrouvez la carte de tous les relevés de l’« expédition canicule » en cliquant ici <http://callendar.climint.com/wp-content/uploads/2019/07/ExpeditionCanicule.html>.
<https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2019/07/26/equipe-d-une-camera-thermique-un-ingenieur-montre-les-differences-de-temperatures-a-paris-pendant-la-canicule_5493892_4832693.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
31- Canicule : 6.500 hectares incendiés à travers la France jeudi, 20 Minutes avec AFP, 26/07/19, 19h39
J.-L. D.

La canicule n’est pas la seule responsable, mais amplifie le phénomène
Plus de 6.500 hectares de terres agricoles et de forêts ont brûlé en France jeudi 25 juillet sous l’effet conjugué de la canicule et de la sécheresse, mobilisant 4.000 pompiers, selon un bilan national de la sécurité civile communiqué vendredi.
Au total, 267 feux de végétations et 10 feux de forêts ont été recensés sur le territoire sur les dernières 24 heures et des feux étaient encore en cours vendredi dans l’Eure.
Des records de chaleurs dans plusieurs régions
La région Hauts-de-France, où des records de température ont été battus dans plusieurs villes comme Lille (41,5 °C) ou Dunkerque (41,3 °C), a été particulièrement touchée avec près de 2.500 hectares de récoltes et de chaume partis en fumée.
Dans l'Oise, 61 feux d’espaces naturels ont ravagé plus d’un millier d’hectares, a indiqué le service d’incendie et de secours (SDIS). Six pompiers et un homme de 72 ans ont été légèrement blessés.
>> Suite à lire à :
<https://www.20minutes.fr/planete/2572199-20190726-canicule-6500-hectares-incendies-travers-france-jeudi>
_______________________________________________________________________________________________________________________
32- Décryptage. Comment la canicule affecte le fonctionnement des centrales nucléaires, Le Monde, maj le 27/07/19 à 07h04
Nabil Wakim, Jonathan Parienté et Pierre Breteau

Lors des épisodes caniculaires, les réacteurs nucléaires doivent parfois être arrêtés pour qu’ils ne rejettent pas une eau trop chaude dans les cours d’eau.
Comment la canicule affecte-t-elle les centrales nucléaires ? Mardi 23 juillet, EDF a dû arrêter pour une semaine les deux réacteurs de la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne) et a dû procéder à de nombreuses baisses de puissance ponctuelles sur plusieurs réacteurs, notamment de Saint-Alban (Isère) ou du Bugey (Ain). Jeudi, jour le plus chaud de la canicule, l’un des réacteurs du Tricastin (Drôme) a été arrêté, tandis que la production a été réduite sur trois autres sites.
Les températures enregistrées ces derniers jours sont inédites, mais de tels arrêts sont fréquents : de fait, la multiplication et l’intensification des épisodes de forte chaleur exigent de plus en plus régulièrement une diminution de l’activité des réacteurs.
Selon des données compilées par EDF à la demande de la députée écologiste allemande Sylvia Kotting-Uhl, que Le Monde a pu consulter, 22 réacteurs sur les 58 en France ont déjà été affectés ponctuellement par des arrêts ou des baisses de production entre 2000 et 2019. Parmi eux, 12 font partie des réacteurs qui vont atteindre prochainement l’âge de 40 ans, âge maximal pour lequel ils avaient été conçus à l’origine. EDF et le gouvernement espèrent prolonger leur durée de vie d’au moins dix ans, si l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) l’accepte.
L'année 2003 et la canicule exceptionnelle loin devant
Ce graphique représente le temps pendant lequel certains réacteurs français ont été arrêtés en raison de fortes chaleurs, et de la législation environnementale. Les barres grises représentent la réduction de la production d'énergie, conséquence des arrêts.
Pourquoi les centrales nucléaires sont-elles si sensibles à la canicule ?
Aussi intense soit-elle, la chaleur n’a pas d’impact direct sur la production d’électricité dans les centrales nucléaires. Mais ces installations ont besoin d’eau en grande quantité pour refroidir la vapeur du circuit secondaire qui alimente les turbines. C’est la raison pour laquelle toutes les centrales sont installées à proximité immédiate d’un fleuve, d’une rivière, d’un canal ou de la mer.
L’eau est pompée, utilisée dans les circuits de refroidissement, puis rejetée. Comme elle est plus chaude, en rejeter d’importantes quantités n’est pas sans conséquence pour la faune, la flore et globalement l’équilibre physique et biologique du cours d’eau ou de la mer.
C’est pourquoi prélèvements et rejets sont soumis à une stricte réglementation environnementale, propre à chaque site. A Flamanville, par exemple, l’eau rejetée dans la Manche doit avoir une température inférieure à 30 °C l’hiver et à 35 °C l’été.
Si la météo a pour conséquence le dépassement de ces valeurs, les réacteurs sont mis à l’arrêt, ou leur production est diminuée.
Ces rejets sont régulièrement critiqués par les associations écologistes, qui accusent les centrales nucléaires de contribuer à réchauffer les fleuves.
Les centrales ne sont pas égales face à la canicule
Selon leur situation géographique et la technologie employée, les centrales sont plus ou moins concernées par des « réductions de production environnementale », selon le terme consacré par EDF.
Ainsi, les réacteurs construits directement en bord de mer sont moins concernés par cette problématique, les contraintes étant moins fortes.
Par ailleurs, toutes les centrales ne sont pas dotées de tours de refroidissement, dites « aéroréfrigérantes », devenues le symbole de la production d’électricité à partir de combustible nucléaire. Dans ces centrales, un tiers environ de l’eau prélevée est évacué sous forme de vapeur, réduisant d’autant la quantité d’eau rejetée dans le cours d’eau proche. Elles sont donc moins sensibles aux canicules, mais elles peuvent tout de même être arrêtées quand le mercure s’affole : c’est le cas de la centrale de Golfech, ces derniers jours, arrêtée malgré la présence de tours aéroréfrigérantes.
Celles qui n’ont pas cet équipement rejettent la quasi-totalité de l’eau dans le fleuve ou la mer, et contribuent à en augmenter la température. C’est notamment le cas en bord du Rhône, pour celles de Saint-Alban et du Tricastin.
D’autres centrales peuvent rencontrer des problèmes si le niveau du fleuve devient trop bas. Un problème qui ne concerne pas la Loire ni le Rhône, mais qui peut se poser, par exemple, pour la centrale de Civaux, au bord de la Vienne.
Les canicules vont-elles entraîner des coupures d’électricité ?
A l’exception de celui de 2003, les épisodes de canicule ont eu un impact modéré sur la production d’électricité. EDF souligne, dans les documents qu’elle a fait parvenir à Mme Kotting-Uhl, que la durée des baisses de puissance est d’environ 28 heures par an et par réacteur et que cela représente en moyenne moins de 0,25 % de la production nucléaire française. Autrement dit, le risque de « black-out » est a priori écarté.
Mais la pertinence de cette moyenne est relative. La France dispose d’un très grand parc nucléaire en activité, le deuxième plus important au monde, qui tourne à plein régime en hiver, pour supporter les épisodes de grand froid. En été, le parc nucléaire tournait historiquement au ralenti, et une partie de la maintenance nécessaire était assurée. Mais la hausse des températures entraîne une augmentation significative de la consommation d’électricité, à cause de la climatisation. Ainsi, la France a battu mercredi son record estival d’électricité, souligne le gestionnaire du réseau, RTE.
Un autre aspect est à prendre en compte : l’électricité produite en période de canicule est vendue sur le marché de l’énergie à des prix très élevés, tant la demande européenne est forte. Chaque été, EDF exporte énormément aux pays voisins à prix d’or. Cette manne risque de se réduire, alors qu’EDF est déjà dans une situation financière difficile.
>> Suite à voir à :
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/26/comment-la-canicule-affecte-le-fonctionnement-des-centrales-nucleaires_5493867_4355770.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
33- L’est de la Russie suffoque dans la fumée des incendies, Le Monde, 27/07/19, 07h35
Benoît Vitkine (Moscou, correspondant)

Les autorités de Sibérie ont le droit de décider de ne pas agir si elles jugent que le coût de la lutte contre les flammes est plus important que celui des potentielles destructions. 
En cette fin juillet, c’est l’un des thèmes les plus discutés sur Twitter. Sous le hashtag #EteignezLesFeuxEnSibérie, des milliers de Russes racontent leur quotidien dans la fumée des incendies, les quintes de toux et l’horizon bouché par un impressionnant nuage noir.
Comme chaque été, la Sibérie est en proie à des incendies d’une ampleur difficilement concevable. Au 26 juillet, la surface de taïga en flammes dépassait 1,5 million d’hectares, soit une progression de 200 000 hectares durant les dernières vingt-quatre heures. Plusieurs centaines de foyers étaient comptabilisés dans la région de Krasnoïarsk, la plus touchée, mais aussi dans celles d’Irkoutsk, de Bouriatie, de Transbaïkalie… Plus à l’est, en Extrême-Orient, ce sont des inondations monstres qui ont englouti des milliers de kilomètres carrés.
Le record de 2018 – 3,2 millions d’hectares brûlés – n’est pas encore atteint, et les incendies se déroulent dans des lieux isolés et inhabités, mais la fumée dégagée par le feu, elle, recouvre déjà des espaces gigantesques. Le 25 juillet, le site Internet Meduza titrait ainsi : « La fumée des incendies s’étend sur six fuseaux horaires ».
Alerte « ciel noir »
Les principales villes de Sibérie, mais aussi d’autres situées à des milliers de kilomètres à l’ouest, dans l’Oural et jusqu’au Tatarstan, comme Perm ou Kazan, sont englouties par une épaisse fumée. L’état d’alerte « ciel noir », qui met en garde les plus fragiles contre la pollution de l’air et recommande notamment aux entreprises de diminuer leurs activités, a été déclaré, mais la réaction des autorités est jugée largement insuffisante et provoque la colère dans les régions concernées.
Depuis 2015, un nouveau règlement du ministère des ressources naturelles et de l’environnement de la Fédération de Russie prévoit en effet l’établissement de territoires (qualifiés de « zones de contrôle ») sur lesquels les feux de forêt peuvent ne pas être éteints. S’il est établi que le feu ne constitue pas une menace immédiate pour les habitants et que les coûts de la lutte contre les incendies s’annoncent plus importants que les dommages matériels qu’ils peuvent causer, les autorités locales peuvent décider de ne pas agir.
> Lire aussi : Sur le climat, la Russie cultive l’ambivalence
Le 17 juillet, le gouvernement de la région de Krasnoïarsk a ainsi estimé à 141 millions de roubles (environ 20 millions d’euros) le coût de la lutte contre les incendies sur son territoire, contre 4 millions celui des destructions attendues. Un responsable local interrogé par le site Tayga.info estimait quant à lui que déployer des Canadair sur toute la zone touchée « pouvait mettre en faillite l’Etat fédéral ».
Risque pour l’écosystème
Reste que cette politique provoque l’exaspération des habitants des villes atteintes par les fumées. D’autant que les incendies les plus importants en cours dans la région de Krasnoïarsk se sont déclarés dès le mois de mai, et que chaque année les moyens mis à disposition des pompiers se révèlent insuffisants, obligeant les citoyens à s’organiser eux-mêmes pour protéger leur maison ou lutter contre les flammes.
Selon le directeur Russie du WWF, si l’impact sur le climat est limité (en termes d’émission de carbone), le risque pour l’écosystème et pour la santé des habitants des villes touchées est plus important. Plus de 100 000 d’entre eux ont signé une pétition réclamant une action des autorités. A Krasnoïarsk, quelques dizaines de personnes se sont réunies, masque à gaz sur le visage, devant le siège de l’administration régionale.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/27/l-est-de-la-russie-suffoque-dans-la-fumee-des-incendies_5494015_3244.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
34- La Pologne, "désert d'Europe", AFP, 27/07/19, 16:00
Bernard Osser

Deux cannes à pêche plantées au bord de la Vistule, Tadeusz Norberciak, 85 ans, scrute avec préoccupation le niveau extrêmement bas du fleuve qui traverse la capitale polonaise, signe non seulement de sécheresse mais également d'une véritable pénurie d'eau qui menace la Pologne.
"Je ne me rappelle pas d'eau aussi basse que ce que l'on a depuis quelques années. C'est une tragédie", s'émeut ce retraité, gilet de pêcheur traditionnel et casquette pour s'abriter du soleil qui tape fort.
"Plus loin vers le nord, c'est encore pire, la Vistule ressemble à des flaques d'eau", dit-il à l'AFP. 
A son image, des centaines de rivières en Pologne se réduisent à des ruisseaux, des lacs disparaissent.
"Statistiquement, un Polonais dispose de 1.600 m3 d'eau par an, soit trois fois moins que la moyenne dans l'Union européenne. Nos ressources sont comparables à celles de l'Egypte", a alerté en juin la Cour des comptes polonaise (NIK), qui a intitulé son rapport "Pologne, désert d'Europe".
La moyenne européenne est de 4.500 m3 par an et par habitant. Le record est détenu par la Croatie, avec 27.330 m3, selon l'Eurostat. La République tchèque affiche un niveau comparable à celui de la Pologne. Chypre et Malte ferment la marche, ce dernier pays ne disposant que de 220 m3 par habitant.
Contrairement aux idées reçues, située à la rencontre des zones climatiques océanique et continentale, la Pologne n'a jamais eu beaucoup d'eau. Elle reçoit moins de pluies que les pays plus à l'Ouest, alors que l'évaporation y reste comparable.
Avec les changements climatiques, des sécheresses de plus en plus fréquentes et des pluies violentes et très brèves, la situation est devenue alarmante.
- Steppe -
Toute une bande de terre traversant le pays d'ouest en est se transforme lentement en steppe. Et, si la sécheresse provoque de grosses pertes pour l'agriculture, la nature, les forêts, la faune sont également frappées. 
"En 2018, une année très très sèche, le niveau d'eau est tombé à 1.100 m3 par habitant, presque en dessous du seuil de sécurité", déclare à l'AFP Sergiusz Kiergiel, porte-parole de Wody polskie (Eaux polonaises), l'institution d'Etat chargée de mettre en place une politique globale de l'eau.
Cette année, la situation risque de se répéter.
Début juin, la ville de Skierniewice à 80 kilomètres de Varsovie a dû couper l'eau dans certains quartiers. Pendant quelques jours, elle n'a coulé dans les maisons qu'au rez-de-chaussée. Les habitants des étages supérieurs pouvaient se procurer des sacs de dix litres d'eau fournis par la municipalité.
Le Service hydrologique polonais a déclenché en juillet une alerte. Dans 12 voïvodies sur 16 le niveau des eaux souterraines risque d'être insuffisant cet été. En clair, dans les 2/3 du pays, l'eau peut manquer dans les puits les moins profonds.
Plus de 320 municipalités ont d'ores et déjà imposé des économies d'eau, certaines ont interdit de remplir les piscines, d'arroser des jardins ou de laver les voitures sous peine de lourdes amendes.
- Conflits sociaux -
Des communes privées d'eau sont obligées d'en acheter à leurs voisins, provoquant des conflits sociaux comme à Sulmierzyce (centre) qui accuse une mine de lignite d'abaisser le niveau des nappes phréatiques, ou à Podkowa Lesna, près de Varsovie, où les habitants s'en prennent à leurs voisins qui arrosent abondamment leurs jardins.
"Certaines région du pays connaissent déjà la sécheresse hydrogéologique - lorsque l'eau ne pénètre pas dans les couches profondes du sol et n'est pas filtrée dans les sources", explique M. Kiergiel.
"Je ne me rappelle plus un véritable hiver avec de la neige qui reste longtemps et fond lentement pour pénétrer dans le sol", se lamente encore Tadeusz Norberciak.
Aujourd'hui, le niveau d'eau dans la Vistule à Varsovie est d'environ 40 centimètres. En mai, au moment de grosses précipitations, il était de 6 mètres. 
"L'eau s'est enfuie. Elle est dans la Baltique. Le bilan est le même, mais cette eau ne nous donne rien. L'eau ne profite pas à l'homme, à l'agriculture", confirme M. Kiergiel.
La rétention reste, en effet, le plus gros problème auquel la Pologne doit faire face dans les années à venir.
Faute d'un nombre de réservoirs suffisant, le pays ne retient que 6,5% de l'eau qui passe par son territoire, alors que l'Espagne réussit à en retenir 49%.
Pour parer à l'urgence, le gouvernement compte construire d'ici 2027 une trentaine de réservoirs de rétention, pour doubler le volume d'eau stocké actuellement. Un investissement de 14 milliards de zlotys (3,28 mds EUR). En plus, les agriculteurs pourront construire de petits réservoirs jusqu'à 1.000 m3 sans autorisation spéciale. 
"Ce n'est que maintenant que l'on découvre en Pologne des problèmes avec l'eau. (...) On pensait jusqu'à présent que ce problème ne touchait que l'Afrique subsaharienne, que ce n'était pas un problème européen, polonais", explique M. Leszek Pazderski, un expert de Greenpeace.
<https://information.tv5monde.com/info/la-pologne-desert-d-europe-313477>
_______________________________________________________________________________________________________________________
35- Arctique : 200 rennes retrouvés morts de faim, le changement climatique pointé du doigt, AFP, 29/07/19, 12h43

Quelque 200 rennes ont été retrouvés morts de faim sur l'archipel norvégien du Svalbard dans l'Arctique, un nombre inhabituellement élevé qui s'explique par les changements climatiques dans la région, a indiqué lundi l'Institut polaire norvégien.
Au cours de leur cartographie annuelle de la population de rennes sauvages sur ce groupe d'îles, situées à quelque 1.200 km du pôle Nord, trois chercheurs de l'Institut polaire ont recensé cet été environ 200 cadavres de cervidés, morts de faim au cours de l'hiver passé.
Cheffe du projet de recensement, Åshild Ønvik Pedersen voit dans ce "très haut degré de mortalité" une conséquence du réchauffement climatique, deux fois plus rapide dans l'Arctique que dans le reste du monde selon les climatologues.
"Cette année, on a observé une mortalité très élevée des animaux et cela est dû à des pluies abondantes qui leur posent problème", a-t-elle expliqué à l'AFP. 
"Le changement climatique fait qu'il pleut beaucoup plus. La pluie tombe sur la neige et forme une couche de glace sur la toundra, ce qui fait que les conditions de pâture pour les animaux sont très mauvaises", a-t-elle ajouté.
Les rennes se nourrissent généralement de lichen et autres pousses végétales qu'ils dénichent l'hiver à travers la neige grâce à leurs sabots. Les alternances de gel et de redoux peuvent cependant former une ou plusieurs couches de glace impénétrables qui les privent de nourriture.
Que des animaux meurent de faim est courant, souligne Mme Ønvik Pedersen, mais un tel niveau de mortalité n'a été enregistré qu'une seule fois, à l'issue de l'hiver 2007-2008, depuis que la population des rennes du Svalbard a commencé à faire l'objet d'un suivi il y a 40 ans.
Cette mortalité élevée est aussi due à une nette augmentation sur l'archipel norvégien du nombre de rennes qui entrent ainsi en compétition pour les mêmes zones de pâture, a précisé la chercheuse.
Selon l'Institut polaire norvégien, le nombre de rennes au Svalbard, un territoire grand comme deux fois la Belgique, a doublé depuis les années 1980 --là aussi en partie en raison du changement climatique et d'étés plus chauds-- pour atteindre aujourd'hui environ 22.000 têtes.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/arctique-200-rennes-retrouves-morts-de-faim-le-changement-climatique-pointe-du-doigt_135967>
_______________________________________________________________________________________________________________________
36- Le cercle arctique ravagé par des incendies « sans précédent », Le Point, 29/07/19, 15:14 
Guerric Poncet

De la Sibérie au Canada, des millions d'hectares sont partis en fumée depuis début juin, en raison des températures élevées combinées aux impacts de foudre.
En Sibérie, au nord du Canada ou encore en Alaska, le même désastre écologique et climatique se joue depuis le début du mois de juin alors qu'une centaine de gigantesques incendies ont ravagé des millions d'hectares dans le cercle polaire arctique. Souvent déclenchés par la foudre, combinée aux températures élevées et à la sécheresse, ces feux sont exceptionnels par leur ampleur et leur nombre, « sans précédent » depuis que l'on tient des statistiques, selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM), l'agence de l'ONU chargée de la météo et du climat. La température moyenne dans ces zones, qui se réchauffent beaucoup plus vite que le reste de la planète, est supérieure d'environ dix degrés à la normale des mêmes mois sur la période 1981-2010.
>> Suite à lire à :
<https://www.lepoint.fr/monde/le-cercle-arctique-ravage-par-des-incendies-sans-precedent-29-07-2019-2327330_24.php>
_______________________________________________________________________________________________________________________
37- Tribune. Greta Thunberg, symbole du passage « d’une adolescence assise à une jeunesse en action », Le Monde, 29/07/19, 20h41
Par Marion Robin, psychiatre d’adolescents

« Au-delà de la jeune Greta », écrit Marion Robin, psychiatre d’adolescents, c’est une « nouvelle éthique du rapport à l’autre qui permet aux jeunes de sortir d’une société qui les a façonnés dans l’impuissance acquise comme certitude ».
Tribune. L’image dominante de l’adolescence est aujourd’hui représentée par des jeunes de 12 à 25 ans qui traversent une crise. Apathiques, repliés sur eux-mêmes, critiques envers leurs parents : la vision d’une adolescence « canapé-selfie » inquiète, et plus personne ne sait exactement à quel âge ce stade de développement est censé se terminer. Activisme idéologique et engagement politique paraissent loin de cette construction de l’adolescence occidentale des trente dernières années, qui a plutôt été l’objet d’une médicalisation à l’excès.
Pourtant, la génération Z, née après 2000, nous montre que cette époque est en train d’être révolue. Brutalement, en 2018, une mobilisation citoyenne émerge chez les jeunes, qui ne sont plus appelés adolescents. Greta Thunberg, 15 ans à ce moment, engage une grève étudiante qui mobilise des centaines de milliers de participants à travers le monde.
En fait, elle semble surtout avoir rendu visible un mouvement qui avait démarré quelques années plus tôt, une mobilisation croissante des jeunes pour la survie de l’espèce : en marge de la COP21, le mouvement COY (Conference of Youth) avait par exemple mobilisé des milliers de jeunes venant de nombreux pays pour la défense du climat. Leur organisation très précise incluait des méthodes collaboratives de travail et de modération de réunions inspirées des Nations unies, signant là une forme de maturité inédite. Ils montraient d’ores et déjà leur volonté d’accomplir une transition citoyenne aux côtés des nombreux adultes engagés dans cette voie.
Une bascule individuelle
Au-delà de la jeune Greta, qui a la particularité de questionner sans détour la lucidité et la culpabilité des adultes, les poussant ainsi à se mobiliser dans l’action ou à se replier dans le discrédit, cette nouvelle génération sollicite directement la fonction de « contenance » du monde adulte : il s’agit de la façon dont celui-ci est capable de répondre, de reformuler, d’agir et non seulement de réagir à cette jeunesse qui l’interroge et avance vite. Mais comment est-on passé si rapidement d’une adolescence assise à une jeunesse en action ?
Au premier plan, il existe une bascule individuelle : la conscience d’un danger a produit un passage à l’action en lieu et place de la dépression liée à une impuissance défaitiste (que peut-on faire face au système ?), d’un doute obsessionnel (une issue est-elle possible ?) ou d’un déni de la réalité (ça n’existe pas). Pour cela, il a fallu contenir individuellement les angoisses de mort, les dégager d’un sentiment de devoir et d’une culpabilité devenus paralysants.
Pourtant, beaucoup d’adultes restent actuellement bloqués dans ces trois impasses. Où cette génération d’adolescents a-t-elle donc trouvé ses ressources, elle qui depuis la naissance a été abreuvée de très nombreuses images de mort, omniprésentes à la télévision ou sur Internet, entre autres celles des attentats en Occident et ailleurs. D’où est sortie leur impulsion si ce n’est par un effet de renversement, de saturation de la mort via les écrans et les réseaux sociaux qui, après les avoir fixés sur leur canapé, les ont finalement mis debout derrière 15 000 scientifiques internationaux pour la défense du vivant ?
Ensuite, cet engagement établit d’emblée un sentiment d’appartenance qui manquait largement. Il vient présenter une alternative à l’hubris et à la compétition à tous les niveaux : par des actions de coopération très coordonnées à travers le monde pour la protection des générations futures, par la réinvention des façons de consommer, de produire, d’habiter, de se nourrir.
Le sentiment de solitude diminue et le bénéfice psychique est immédiat, via la possibilité d’une réalisation de soi dans ce qui fait sens ici et maintenant (par exemple, le végétarisme rassemble les actions individuelles quotidiennes dans une cohérence planétaire). Or, la solitude des jeunes avait, depuis plusieurs années, atteint des sommets, ajoutant des ingrédients aux modalités suicidaires d’expression de la souffrance adolescente en ce début de XXIe siècle.
Sa propre finitude
Enfin, sur ce chemin de l’individuel vers le collectif, chacun change ce qu’il peut à son niveau, de façon perceptible dans le quotidien, et produit pourtant un changement pour le groupe. Le précepte de Gandhi « Sois le changement que tu souhaites voir dans le monde » inspire cette forme d’action qui consiste à lâcher l’emprise sur l’autre, le contrôle, la surveillance, pour se centrer sur soi, en sachant que cela diffusera ensuite sur autrui si et seulement si cette centration n’est pas un but premier.
Cette nouvelle éthique du rapport à l’autre permet aux jeunes de sortir d’une société qui les a façonnés dans ces rapports d’emprise et, à l’extrême, dans l’impuissance acquise comme certitude. Cette impuissance qui faisait dire à tous, il y a dix ans, qu’ils n’allaient pas changer le monde à leur niveau, sans prise en compte du fait qu’il y a toujours trois niveaux pour changer le monde : le contenant global (la société), le contenant local (les relations) et l’individu.
Ces trois étapes – supporter la prise de conscience de sa propre finitude, modifier radicalement son rapport à autrui, agir sur soi pour agir sur le monde – sont les conditions centrales pour qu’un jeune sorte de l’adolescence et ne s’enferre pas dans une attente infinie et une passivité adulte aliénante. C’est l’entrée dans l’adolescence qui rend possible la richesse d’un œil neuf, la remise en question, l’impulsion, l’exploration sans limite, mais c’est la sortie qui rend possible la construction.
C’est l’entrée dans l’adolescence qui rend possible l’intelligence visionnaire, mais c’est la sortie qui rend possibles la réalisation de cette intelligence dans les actes, l’engagement dans la vie lorsqu’on a pressenti la mort, l’engagement dans la survie psychique et physique de l’espèce lorsque ses remparts en sont à ce point menacés. C’est ici le visage inédit d’une jeunesse qui ne peut plus se permettre de rester en adolescence.
§ Marion Robin est psychiatre d’adolescents à l’Institut mutualiste Montsouris. Elle est l’auteure d’« Ado désemparé cherche société vivante » (Odile Jacob, 2017).
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/29/greta-thunberg-symbole-d-une-jeunesse-qui-ne-peut-plus-se-permettre-de-rester-en-adolescence_5494436_3232.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
En images
38- Sécheresse : la France déjà en état d'alerte, France 5, C dans l’air, 15/07/19, 17h46

Invités : • Frédéric Denhez - Journaliste spécialiste des questions d’environnement 
• Bernard Barraqué - Directeur de recherches émérite au CNRS sur les ressources en eau 
• Marillys Macé - Directrice générale du Centre d'information sur l'eau 
• Françoise Vimeux - Climatologue
> Magazine d'actualités (66 min) présenté par Caroline Roux à revoir à :
<https://www.france.tv/france-5/c-dans-l-air/1024713-secheresse-va-t-on-manquer-d-eau.html <https://www.france.tv/france-5/c-dans-l-air/1024713-secheresse-va-t-on-manquer-d-eau.html>>
_______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA PRÉSENTE REVUE DE PRESSE...
Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
Elle n’a pas de caractère exhaustif. Il s’agit d’une sélection pluraliste d’articles ou de dépêches, parfois antagonistes, ne faisant pas systématiquement la Une des journaux et regroupés en 6 thèmes, adressée par mail du lundi au vendredi, à raison d’un thème différent chaque jour.
Diffuser ces articles ne signifie pas automatiquement les approuver mais vise à vous surprendre, vous enrichir, vous donner envie d’en savoir plus, vous aider à relayer l’info, à passer à l’action, et même, à vous indigner ou à vous faire sourire ! Nous espérons qu’au moins un de ces articles répondra chaque jour à l’un de ces objectifs.
Si l’archivage récemment mis en place ne cous convient pas, pensez à conserver les articles qui vous concernent ou vous intéressent particulièrement.
Sur le fond et en complément de notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> & Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>, il s’agit là d’une modeste contribution à une meilleure compréhension du monde par l’éducation à la complexité.
Quant à la forme, elle se veut sans prétention et n'y associe aucune pièce jointe pour éviter de saturer votre boîte mail.
Pour agrandir la taille des caractères
A l’aide du clavier : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et appuyez sur la touche + autant de fois que vous le souhaitez jusqu’à ce que vous soyez en mesure de lire correctement.
A l’aide de la souris : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et tournez la molette de votre souris vers le bas pour agrandir. Cela fonctionne avec la plupart des navigateurs.
Merci pour votre indulgence.
NB : – Si vous êtes équipé(e) d’un antispam, n’oubliez pas de le formater pour vous permettre de recevoir la présente revue de presse.
- En pied de page de chaque message vous trouverez une adresse url qui vous permet :
• De vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner à votre gré ;
• D’accéder à un archivage.
- Pour entrer en liaison avec le gestionnaire de cette liste, adresser votre mail à : <f.demonclin(at)fnh.org <http://fnh.org/>>
- Economisez de l'énergie, du papier et de l'encre, n'imprimez ce message que si nécessaire.
_______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)...
NOS APPELS 
– Let’s Bio ! Ensemble pour des cantines bios et locales <https://www.letsbio.org/> pour bien nourrir nos enfants.
– Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
NOS CAMPAGNES 
– 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/> pour participer à l'émergence d'un modèle énergétique plus propre et durable
– Mon Restau’Responsable® <https://www.youtube.com/watch?list=PLh--7obE3XQ5hw0hyacAsOc7PLMneP7-N&v=Eo7AZvPE_MA> pour guider les professionnels de la restauration collective et valoriser leurs bonnes pratiques.
– J’agis pour la nature <http://www.jagispourlanature.org/> pour participer à des activités utiles et ludiques en pleine nature, près de chez vous.
NOS VIDÉOS PÉDAGOGIQUES 
– Sur notre chaîne You Tube <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>, retrouvez toutes nos vidéos.  
NOS PUBLICATIONS (les plus récentes) 
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
_______________________________________________________________________________________________________________________
-------------- section suivante --------------
Une pièce jointe HTML a été nettoyée...
URL: <http://mailing.fondation-nature-homme.org/pipermail/revue-presse/attachments/20190731/367b3049/attachment.html>


Plus d'informations sur la liste de diffusion revue-presse