[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international (mardi 28 avril)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mar 28 Avr 07:58:21 CEST 2020


Bonjour à tous,

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1- Entretien. Edgar Morin : « Cette crise nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins masqués dans les aliénations du quotidien » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/19/edgar-morin-la-crise-due-au-coronavirus-devrait-ouvrir-nos-esprits-depuis-longtemps-confines-sur-l-immediat_6037066_3232.html>, Le Monde, 19/04/20, 11h27
2- Coronavirus : Bruxelles se divise sur le Green deal <https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/coronavirus-bruxelles-se-divise-sur-le-green-deal-1196238>, Les Echos, 19/04/20, 18h41
3- Dominique Bourg : «une relance classique ne nous fera pas sortir de la crise» <http://www.journaldelenvironnement.net/article/dominique-bourg-une-relance-classique-ne-nous-fera-pas-sortir-de-la-crise,105269?xtor=RSS-31>, Le JDLE, 19/04/20
4- Entretien. Jean-Yves Le Drian : « Ma crainte, c’est que le monde d’après ressemble au monde d’avant, mais en pire » <https://www.lemonde.fr/international/article/2020/04/20/jean-yves-le-drian-ma-crainte-c-est-que-le-monde-d-apres-ressemble-au-monde-d-avant-mais-en-pire_6037128_3210.html>, Le Monde, 20/04/20, 06h23
5- Tribune. « Proposons aux 16-25 ans de participer à un service civique Covid pour les mois à venir » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/20/annabel-desgrees-du-lou-proposons-aux-16-25-ans-de-participer-a-un-service-civique-covid-pour-les-mois-a-venir_6037123_3232.html>, Le Monde, 20/04/20, 07h06
6- Tribune. Covid-19 : l'enjeu n'est pas « la vie d'après » mais « la vie avec » <https://www.lepoint.fr/debats/covid-19-l-enjeu-n-est-pas-la-vie-d-apres-mais-la-vie-avec-20-04-2020-2372155_2.php>, Le Point, 20/04/20, 15:24 
7- Le revenu universel inconditionnel plébiscité en Europe <https://theconversation.com/le-revenu-universel-inconditionnel-plebiscite-en-europe-135883>, The Conversation, 20/04/20, 19:27
8- «On ne fera pas de business dans un monde dévasté» <https://www.liberation.fr/france/2020/04/20/on-ne-fera-pas-de-business-dans-un-monde-devaste_1785868>, Libération, 20/04/20, 20:21
9- Boris Cyrulnik : “Après la crise du coronavirus, la culture de la performance sera critiquée” <http://courriercadres.com/management/conduite-du-changement/boris-cyrulnik-apres-la-crise-du-coronavirus-la-culture-de-la-performance-sera-critiquee-20042020>, Courrier cadres, 20/04/20
10- Pandémie : début d'effondrement global, ou (dernière) chance à saisir ? <https://information.tv5monde.com/info/pandemie-debut-d-effondrement-global-ou-derniere-chance-saisir-356206>, AFP, 21/04/20, 08:00
11- Le Haut conseil au climat veut un plan de relance économique vert, pas gris <https://www.franceinter.fr/les-recommandations-du-haut-conseil-au-climat-pour-un-plan-de-relance-economique-vert-pas-gris>, France Inter, 22/04/20, 06h01
12- Les enjeux climatiques doivent être au cœur de la relance, avertit le Haut Conseil pour le Climat <https://www.nouvelobs.com/planete/20200421.OBS27827/les-enjeux-climatiques-doivent-etre-au-c-ur-de-la-relance-previent-le-haut-conseil-pour-le-climat.html>, L’Obs, maj le 22/04/20 à 08h32
13- Comment le confinement pour cause de coronavirus agit sur l’environnement <https://www.vice.com/fr/article/7kznjy/comment-le-confinement-pour-cause-de-coronavirus-agit-sur-lenvironnement>, Vice, 22/04/20, 12:37
14- Quatre scénarios pour le futur de la consommation et du commerce <http://www.influencia.net/fr/actualites/media-com,tendances,quatre-scenarios-pour-futur-consommation-commerce,10141.html>, INfluencia, 22/04/20
15- Coronavirus : le Medef souhaite un moratoire sur des lois environnementales <https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-le-medef-souhaite-un-moratoire-sur-des-lois-environnementales_3930599.html>, France info avec AFP, 23/04/20, 13:23
16- Décryptages. Coronavirus : d’où viennent tous ces milliards des plans de relance ? <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/04/23/coronavirus-d-ou-viennent-tous-ces-milliards-des-plans-de-relance_6037543_4355770.html>, Blog Les Décodeurs, 23/04/20, 16h40
17- La transition écologique résistera-t-elle à la crise ? <https://www.actu-environnement.com/ae/news/transition-ecologique-plan-relance-crise-lobbying-35377.php4>, Actu-environnement, 23/04/20
18- Covid-19 : des voix s'élèvent partout dans le monde pour exiger des plans de relance durables <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/apres-covid-19-une-autre-voie-est-possible-plus-juste-et-durable-148472.html>, Novethic, 23/04/20
19- Consommation Post-Covid : changer ce qui doit l’être, sauver ce qui peut l’être <https://www.lanouvellerepublique.fr/deux-sevres/confinement-le-jour-d-apres-vu-par-la-journaliste-marie-monique-robin>, INfluencia, 23/04/20
20- Penser l’après : La reconstruction plutôt que la reprise <https://theconversation.com/penser-lapres-la-reconstruction-plutot-que-la-reprise-137042>, The Conversation, 24/04/20, 10:24
21- Confinement : le jour d'après vu par la journaliste Marie-Monique Robin <https://www.lanouvellerepublique.fr/deux-sevres/confinement-le-jour-d-apres-vu-par-la-journaliste-marie-monique-robin>, La Nouvelle République, 24/04/20, 11:07
En audio
22- Les entretiens confinés, avec Valérie Masson-Delmotte : "La question de la solidarité est fondamentale" <https://www.franceinter.fr/environnement/les-entretiens-confines-avec-valerie-masson-delmotte-la-question-de-la-solidarite-est-fondamentale>, France Inter, 20/04/20, 10h29
En images
23- Décryptages. Moins de bruit, plus de télé, pas d’avions ou presque : la « France à l’arrêt » en douze graphiques <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/04/01/bruit-circulation-electricite-douze-indicateurs-d-une-france-a-l-arret_6035150_4355770.html>, Blog Les Décodeurs, maj le 02/04/20 à 14h03

Bien à vous,
Florence

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LOBBY DU JOUR : En pleine crise sanitaire, le Medef demande "un moratoire" sur la mise en place de mesures environnementales, notamment dans la lutte contre le gaspillage et le recyclage, selon un courrier de l'organisation patronale publié par Le JDD. Va-t-on revenir sur mesures pourtant adoptées à une très large majorité par les députés et sénateurs il y a seulement quelques mois ? (cf. item 2, 8, 15, suite & 17)
QUESTIONNEMENTS DU JOUR : Transition, reconstruction, relance, reprise, remise en cause, chance à saisir ou amplification des fractures et effondrement : quelles interrogations, quelles problématiques, quels enjeux, quelles propositions en vue du « jour d’après » mais d’ores-et-déjà, « quelle vie avec » ? (cf. item 1, 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 16, 18, 19, 20, 21, 22 & 23)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 120 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Entretien. Edgar Morin : « Cette crise nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins masqués dans les aliénations du quotidien », Le Monde, 19/04/20, 11h27
Propos recueillis par Nicolas Truong 

Dans un entretien au « Monde », le sociologue et philosophe estime que la course à la rentabilité comme les carences dans notre mode de pensée sont responsables d’innombrables désastres humains causés par la pandémie de Covid-19. 
Né en 1921, ancien résistant, sociologue et philosophe, penseur transdisciplinaire et indiscipliné, docteur honoris causa de trente-quatre universités à travers le monde, Edgar Morin est, depuis le 17 mars, confiné dans son appartement montpelliérain en compagnie de sa femme, la sociologue Sabah Abouessalam.
> Lire aussi  Coronavirus : « la baisse des besoins en matériel et en ressources humaines en réanimation se confirme » en France
C’est depuis la rue Jean-Jacques Rousseau, où il réside, que l’auteur de La Voie(2011) et de Terre-Patrie (1993), qui a récemment publié Les souvenirs viennent à ma rencontre (Fayard, 2019), ouvrage de plus de 700 pages au sein duquel l’intellectuel se remémore avec profondeur les histoires, rencontres et « aimantations » les plus fortes de son existence, redéfinit un nouveau contrat social, se livre à quelques confessions et analyse une crise globale qui le « stimule énormément ».
La pandémie due à cette forme de coronavirus était-elle prévisible ?
Toutes les futurologies du XXe siècle qui prédisaient l’avenir en transportant sur le futur les courants traversant le présent se sont effondrées. Pourtant, on continue à prédire 2025 et 2050 alors qu’on est incapable de comprendre 2020. L’expérience des irruptions de l’imprévu dans l’histoire n’a guère pénétré les consciences. Or, l’arrivée d’un imprévisible était prévisible, mais pas sa nature. D’où ma maxime permanente : « Attends-toi à l’inattendu. »
De plus, j’étais de cette minorité qui prévoyait des catastrophes en chaîne provoquées par le débridement incontrôlé de la mondialisation techno-économique, dont celles issues de la dégradation de la biosphère et de la dégradation des sociétés. Mais je n’avais nullement prévu la catastrophe virale.
Il y eut pourtant un prophète de cette catastrophe : Bill Gates, dans une conférence d’avril 2012, annonçant que le péril immédiat pour l’humanité n’était pas nucléaire, mais sanitaire. Il avait vu dans l’épidémie d’Ebola, qui avait pu être maîtrisée assez rapidement par chance, l’annonce du danger mondial d’un possible virus à fort pouvoir de contamination, il exposait les mesures de prévention nécessaires, dont un équipement hospitalier adéquat. Mais, en dépit de cet avertissement public, rien ne fut fait aux Etats-Unis ni ailleurs. Car le confort intellectuel et l’habitude ont horreur des messages qui les dérangent.
Comment expliquer l’impréparation française ?
Dans beaucoup de pays, dont la France, la stratégie économique des flux tendus, remplaçant celle du stockage, a laissé notre dispositif sanitaire dépourvu en masques, instruments de tests, appareils respiratoires ; cela joint à la doctrine libérale commercialisant l’hôpital et réduisant ses moyens a contribué au cours catastrophique de l’épidémie.
> Lire aussi  Régis Debray et Edgar Morin : « On n’arrive pas encore à regarder la mort en face »
Face à quelle sorte d’imprévu cette crise nous met-elle ?
Cette épidémie nous apporte un festival d’incertitudes. Nous ne sommes pas sûrs de l’origine du virus : marché insalubre de Wuhan ou laboratoire voisin, nous ne savons pas encore les mutations que subit ou pourra subir le virus au cours de sa propagation. Nous ne savons pas quand l’épidémie régressera et si le virus demeurera endémique. Nous ne savons pas jusqu’à quand et jusqu’à quel point le confinement nous fera subir empêchements, restrictions, rationnement. Nous ne savons pas quelles seront les suites politiques, économiques, nationales et planétaires de restrictions apportées par les confinements. Nous ne savons pas si nous devons en attendre du pire, du meilleur, un mélange des deux : nous allons vers de nouvelles incertitudes.
Cette crise sanitaire planétaire est-elle une crise de la complexité ?
Les connaissances se multiplient de façon exponentielle, du coup, elles débordent notre capacité de nous les approprier, et surtout elles lancent le défi de la complexité : comment confronter, sélectionner, organiser ces connaissances de façon adéquate en les reliant et en intégrant l’incertitude. Pour moi, cela révèle une fois de plus la carence du mode de connaissance qui nous a été inculqué, qui nous fait disjoindre ce qui est inséparable et réduire à un seul élément ce qui forme un tout à la fois un et divers. En effet, la révélation foudroyante des bouleversements que nous subissons est que tout ce qui semblait séparé est relié, puisqu’une catastrophe sanitaire catastrophise en chaîne la totalité de tout ce qui est humain.
Il est tragique que la pensée disjonctive et réductrice règne en maîtresse dans notre civilisation et tienne les commandes en politique et en économie. Cette formidable carence a conduit à des erreurs de diagnostic, de prévention, ainsi qu’à des décisions aberrantes. J’ajoute que l’obsession de la rentabilité chez nos dominants et dirigeants a conduit à des économies coupables comme pour les hôpitaux et l’abandon de la production de masques en France. A mon avis, les carences dans le mode de pensée, jointes à la domination incontestable d’une soif effrénée de profit, sont responsables d’innombrables désastres humains dont ceux survenus depuis février 2020.
Nous avions une vision unitaire de la science. Or, les débats épidémiologiques et les controverses thérapeutiques se multiplient en son sein. La science biomédicale est-elle devenue un nouveau champ de bataille ?
Il est plus que légitime que la science soit convoquée par le pouvoir pour lutter contre l’épidémie. Or, les citoyens, d’abord rassurés, surtout à l’occasion du remède du professeur Raoult, découvrent ensuite des avis différents et même contraires. Des citoyens mieux informés découvrent que certains grands scientifiques ont des relations d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique dont les lobbys sont puissants auprès des ministères et des médias, capables d’inspirer des campagnes pour ridiculiser les idées non conformes.
Souvenons-nous du professeur Montagnier qui, contre pontifes et mandarins de la science, fut, avec quelques autres, le découvreur du VIH, le virus du sida. C’est l’occasion de comprendre que la science n’est pas un répertoire de vérités absolues (à la différence de la religion) mais que ses théories sont biodégradables sous l’effet de découvertes nouvelles. Les théories admises tendent à devenir dogmatiques dans les sommets académiques, et ce sont des déviants, de Pasteur à Einstein en passant par Darwin, et Crick et Watson, les découvreurs de la double hélice de l’ADN, qui font progresser les sciences. C’est que les controverses, loin d’être anomalies, sont nécessaires à ce progrès. Une fois de plus, dans l’inconnu, tout progresse par essais et erreurs ainsi que par innovations déviantes d’abord incomprises et rejetées. Telle est l’aventure thérapeutique contre les virus. Des remèdes peuvent apparaître là où on ne les attendait pas.
La science est ravagée par l’hyperspécialisation, qui est la fermeture et la compartimentation des savoirs spécialisés au lieu d’être leur communication. Et ce sont surtout des chercheurs indépendants qui ont établi dès le début de l’épidémie une coopération qui maintenant s’élargit entre infectiologues et médecins de la planète. La science vit de communications, toute censure la bloque. Aussi nous devons voir les grandeurs de la science contemporaine en même temps que ses faiblesses.
Dans quelle mesure peut-on tirer parti de la crise ?
Dans mon essai Sur la crise (Flammarion), j’ai tenté de montrer qu’une crise, au-delà de la déstabilisation et de l’incertitude qu’elle apporte, se manifeste par la défaillance des régulations d’un système qui, pour maintenir sa stabilité, inhibe ou refoule les déviances (feed-back négatif). Cessant d’être refoulées, ces déviances (feed-back positif) deviennent des tendances actives qui, si elles se développent, menacent de plus en plus de dérégler et de bloquer le système en crise. Dans les systèmes vivants et surtout sociaux, le développement vainqueur des déviances devenues tendances va conduire à des transformations, régressives ou progressives, voire à une révolution.
La crise dans une société suscite deux processus contradictoires. Le premier stimule l’imagination et la créativité dans la recherche de solutions nouvelles. Le second est soit la recherche du retour à une stabilité passée, soit l’adhésion à un salut providentiel, ainsi que la dénonciation ou l’immolation d’un coupable. Ce coupable peut avoir fait les erreurs qui ont provoqué la crise, ou il peut être un coupable imaginaire, bouc émissaire qui doit être éliminé.
Effectivement, des idées déviantes et marginalisées se répandent pêle-mêle : retour à la souveraineté, Etat-providence, défense des services publics contre privatisations, relocalisations, démondialisation, anti-néolibéralisme, nécessité d’une nouvelle politique. Des personnalités et des idéologies sont désignées comme coupables.
Et nous voyons aussi, dans la carence des pouvoirs publics, un foisonnement d’imaginations solidaires : production alternative au manque de masques par entreprise reconvertie ou confection artisanale, regroupement de producteurs locaux, livraisons gratuites à domicile, entraide mutuelle entre voisins, repas gratuits aux sans-abri, garde des enfants ; de plus, le confinement stimule les capacités auto-organisatrices pour remédier par lecture, musique, films à la perte de liberté de déplacement. Ainsi, autonomie et inventivité sont stimulées par la crise.
Assiste-t-on à une véritable prise de conscience de l’ère planétaire ?
J’espère que l’exceptionnelle et mortifère épidémie que nous vivons nous donnera la conscience non seulement que nous sommes emportés à l’intérieur de l’incroyable aventure de l’Humanité, mais aussi que nous vivons dans un monde à la fois incertain et tragique. La conviction que la libre concurrence et la croissance économiques sont panacées sociales universelles escamote la tragédie de l’histoire humaine que cette conviction aggrave.
La folie euphorique du transhumanisme porte au paroxysme le mythe de la nécessité historique du progrès et celui de la maîtrise par l’homme non seulement de la nature, mais aussi de son destin, en prédisant que l’homme accédera à l’immortalité et contrôlera tout par l’intelligence artificielle. Or, nous sommes des joueurs/joués, des possédants/possédés, des puissants/débiles. Si nous pouvons retarder la mort par vieillissement, nous ne pourrons jamais éliminer les accidents mortels où nos corps seront écrabouillés, nous ne pourrons jamais nous défaire des bactéries et des virus qui sans cesse s’automodifient pour résister aux remèdes, antibiotiques, antiviraux, vaccins.
La pandémie n’a-t-elle pas accentué le repli domestique et la fermeture géopolitique ?
L’épidémie mondiale du virus a déclenché et, chez nous, aggravé terriblement une crise sanitaire qui a provoqué des confinements asphyxiant l’économie, transformant un mode de vie extraverti sur l’extérieur à une introversion sur le foyer, et mettant en crise violente la mondialisation. Cette dernière avait créé une interdépendance mais sans que cette interdépendance soit accompagnée de solidarité. Pire, elle avait suscité, en réaction, des confinements ethniques, nationaux, religieux qui se sont aggravés dans les premières décennies de ce siècle.
Dès lors, faute d’institutions internationales et même européennes capables de réagir avec une solidarité d’action, les Etats nationaux se sont repliés sur eux-mêmes. La République tchèque a même volé au passage des masques destinés à l’Italie, et les Etats-Unis ont pu détourner pour eux un stock de masques chinois initialement destinés à la France. La crise sanitaire a donc déclenché un engrenage de crises qui se sont concaténées. Cette polycrise ou mégacrise s’étend de l’existentiel au politique en passant par l’économie, de l’individuel au planétaire en passant par familles, régions, Etats. En somme, un minuscule virus dans une ville ignorée de Chine a déclenché le bouleversement d’un monde.
Quels sont les contours de cette déflagration mondiale ?
En tant que crise planétaire, elle met en relief la communauté de destin de tous les humains en lien inséparable avec le destin bio-écologique de la planète Terre ; elle met simultanément en intensité la crise de l’humanité qui n’arrive pas à se constituer en humanité. En tant que crise économique, elle secoue tous les dogmes gouvernant l’économie et elle menace de s’aggraver en chaos et pénuries dans notre avenir. En tant que crise nationale, elle révèle les carences d’une politique ayant favorisé le capital au détriment du travail, et sacrifié prévention et précaution pour accroître la rentabilité et la compétitivité. En tant que crise sociale, elle met en lumière crue les inégalités entre ceux qui vivent dans de petits logements peuplés d’enfants et parents, et ceux qui ont pu fuir pour leur résidence secondaire au vert.
En tant que crise civilisationnelle, elle nous pousse à percevoir les carences en solidarité et l’intoxication consumériste qu’a développées notre civilisation, et nous demande de réfléchir pour une politique de civilisation (Une politique de civilisation, avec Sami Naïr, Arléa 1997). En tant que crise intellectuelle, elle devrait nous révéler l’énorme trou noir dans notre intelligence, qui nous rend invisibles les évidentes complexités du réel.
En tant que crise existentielle, elle nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins, nos vraies aspirations masquées dans les aliénations de la vie quotidienne, faire la différence entre le divertissement pascalien qui nous détourne de nos vérités et le bonheur que nous trouvons à la lecture, l’écoute ou la vision des chefs-d’œuvre qui nous font regarder en face notre destin humain. Et surtout, elle devrait ouvrir nos esprits depuis longtemps confinés sur l’immédiat, le secondaire et le frivole, sur l’essentiel : l’amour et l’amitié pour notre épanouissement individuel, la communauté et la solidarité de nos « je » dans des « nous », le destin de l’Humanité dont chacun de nous est une particule. En somme, le confinement physique devrait favoriser le déconfinement des esprits.
Qu’est-ce que le confinement ? Et comment le vivez-vous ?
L’expérience du confinement domiciliaire durable imposé à une nation est une expérience inouïe. Le confinement du ghetto de Varsovie permettait à ses habitants d’y circuler. Mais le confinement du ghetto préparait la mort et notre confinement est une défense de la vie.
Je l’ai supporté dans des conditions privilégiées, appartement rez-de-chaussée avec jardin où j’ai pu au soleil me réjouir de l’arrivée du printemps, très protégé par Sabah, mon épouse, doté d’aimables voisins faisant nos courses, communiquant avec mes proches, mes aimés, mes amis, sollicité par presse, radio ou télévision pour donner mon diagnostic, ce que j’ai pu faire par Skype. Mais je sais que, dès le début, les trop nombreux en logement exigu supportent mal le surpeuplement, que les solitaires et surtout les sans-abri sont des victimes du confinement.
Quels peuvent être les effets d’un confinement prolongé ?
Je sais qu’un confinement durable sera de plus en plus vécu comme un empêchement. Les vidéos ne peuvent durablement remplacer la sortie au cinéma, les tablettes ne peuvent remplacer durablement les visites au libraire. Les Skype et Zoom ne donnent pas le contact charnel, le tintement du verre qu’on trinque. La nourriture domestique, même excellente, ne supprime pas le désir de restaurant. Les films documentaires ne supprimeront pas l’envie d’aller sur place voir paysages, villes et musées, ils ne m’enlèveront pas le désir de retrouver l’Italie et l’Espagne. La réduction à l’indispensable donne aussi la soif du superflu.
J’espère que l’expérience du confinement modérera la bougeotte compulsive, l’évasion à Bangkok pour ramener des souvenirs à raconter aux amis, j’espère qu’il contribuera à diminuer le consumérisme c’est-à-dire l’intoxication consommatrice et l’obéissance a l’incitation publicitaire, au profit d’aliments sains et savoureux, de produits durables et non jetables. Mais il faudra d’autres incitations et de nouvelles prises de conscience pour qu’une révolution s’opère dans ce domaine. Toutefois, il y a espoir que la lente évolution commencée s’accélère.
Que sera, selon vous, ce que l’on appelle « le monde d’après » ?
Tout d’abord que garderons-nous, nous citoyens, que garderont les pouvoirs publics de l’expérience du confinement ? Une partie seulement ? Tout sera-t-il oublié, chloroformé ou folklorisé ? Ce qui semble très probable est que la propagation du numérique, amplifiée par le confinement (télétravail, téléconférences, Skype, usages intensifs d’Internet), continuera avec ses aspects à la fois négatifs et positifs qu’il n’est pas du propos de cette interview d’exposer.
Venons-en à l’essentiel. La sortie du confinement sera-t-elle commencement de sortie de la méga-crise ou son aggravation ? Boom ou dépression ? Enorme crise économique ? Crise alimentaire mondiale ? Poursuite de la mondialisation ou repli autarcique ?
Quel sera l’avenir de la mondialisation ? Le néolibéralisme ébranlé reprendra-t-il les commandes ? Les nations géantes s’opposeront-elles plus que par le passé ? Les conflits armés, plus ou moins atténués par la crise, s’exaspéreront-ils ? Y aura-t-il un élan international salvateur de coopération ? Y aura-t-il quelque progrès politique, économique, social, comme il y en eut peu après la seconde guerre mondiale ? Est-ce que se prolongera et s’intensifiera le réveil de solidarité provoqué pendant le confinement, non seulement pour les médecins et infirmières, mais aussi pour les derniers de cordée, éboueurs, manutentionnaires, livreurs, caissières, sans qui nous n’aurions pu survivre alors que nous avons pu nous passer de Medef et de CAC 40 ? Les pratiques solidaires innombrables et dispersées d’avant épidémie s’en trouveront-elles amplifiées ? Les déconfinés reprendront-ils le cycle chronométré, accéléré, égoïste, consumériste ? Ou bien y aura-t-il un nouvel essor de vie conviviale et aimante vers une civilisation où se déploie la poésie de la vie, où le « je » s’épanouit dans un « nous » ?
On ne peut savoir si, après confinement, les conduites et idées novatrices vont prendre leur essor, voire révolutionner politique et économie, ou si l’ordre ébranlé se rétablira. 
Nous pouvons craindre fortement la régression généralisée qui s’effectuait déjà au cours des vingt premières années de ce siècle (crise de la démocratie, corruption et démagogie triomphantes, régimes néo-autoritaires, poussées nationalistes, xénophobes, racistes).
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Toutes ces régressions (et au mieux stagnations) sont probables tant que n’apparaîtra la nouvelle voie politique-écologique-économique-sociale guidée par un humanisme régénéré. Celle-ci multiplierait les vraies réformes, qui ne sont pas des réductions budgétaires, mais qui sont des réformes de civilisation, de société, liées à des réformes de vie.
Elle associerait (comme je l’ai indiqué dans La Voie) les termes contradictoires : « mondialisation » (pour tout ce qui est coopération) et « démondialisation » (pour établir une autonomie vivrière sanitaire et sauver les territoires de la désertification) ; « croissance » (de l’économie des besoins essentiels, du durable, de l’agriculture fermière ou bio) et « décroissance » (de l’économie du frivole, de l’illusoire, du jetable) ; « développement » (de tout ce qui produit bien-être, santé, liberté) et « enveloppement » (dans les solidarités communautaires).
Vous connaissez les questions kantiennes – Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Qu’est-ce que l’homme ? –, qui ont été et demeurent celles de votre vie. Quelle attitude éthique doit-on adopter devant l’imprévu ?
L’après-épidémie sera une aventure incertaine où se développeront les forces du pire et celles du meilleur, ces dernières étant encore faibles et dispersées. Sachons enfin que le pire n’est pas sûr, que l’improbable peut advenir, et que, dans le titanesque et inextinguible combat entre les ennemis inséparables que sont Eros et Thanatos, il est sain et tonique de prendre le parti d’Eros.
Votre mère, Luna, a elle-même été atteinte de la grippe espagnole. Et le traumatisme prénatal qui ouvre votre dernier livre tend à montrer qu’il vous a donné une force de vie, une extraordinaire capacité de résister à la mort. Sentez-vous toujours cet élan vital au cœur même de cette crise mondiale ?
La grippe espagnole a donné à ma mère une lésion au cœur et la consigne médicale de ne pas faire d’enfants. Elle a tenté deux avortements, le second a échoué, mais l’enfant est né quasi mort asphyxié, étranglé par le cordon ombilical. J’ai peut-être acquis in utero des forces de résistance qui me sont restées toute ma vie, mais je n’ai pu survivre qu’avec l’aide d’autrui, le gynéco qui m’a giflé une demi-heure avant que je pousse mon premier cri, ensuite la chance pendant la Résistance, l’hôpital (hépatite, tuberculose), Sabah, ma compagne et épouse. Il est vrai que « l’élan vital » ne m’a pas quitté ; il s’est même accru pendant la crise mondiale. Toute crise me stimule, et celle-là, énorme, me stimule énormément.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/19/edgar-morin-la-crise-due-au-coronavirus-devrait-ouvrir-nos-esprits-depuis-longtemps-confines-sur-l-immediat_6037066_3232.html>
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2- Coronavirus : Bruxelles se divise sur le Green deal, Les Echos, 19/04/20, 18h41
Hortense Goulard

Plusieurs pays européens, ainsi que des lobbys, tentent de profiter de la crise du coronavirus pour échapper à leurs obligations climatiques. La Commission européenne prépare un plan de relance mais peine à recueillir l'accord des Etats.
Après la paralysie économique engendrée par l'épidémie de coronavirus, la reprise sera-t-elle verte ? A Bruxelles, soutiens et opposants du Green deal s'affrontent. Alors que la Commission européenne dit vouloir faire de la lutte contre le changement climatique un axe de son plan de relance, une réunion des chefs d'Etat et de gouvernement la semaine prochaine sera cruciale. D'autant plus que les premières mesures de relance , qui ont fait l'objet d'un accord difficile entre ministres des Finances européens le 9 avril, ne comportent pour l'instant aucune mention du climat. 
Quelques pays européens - Pologne et République tchèque en tête - espèrent profiter de la crise pour s'affranchir des objectifs climatiques de l'Union. Des lobbys dont l'Association européenne des constructeurs automobiles (Acea) ont eux aussi tenté d'obtenirun report de règles européennes sur les émissions de CO2, avant de faire machine arrière. Le patronat européen enfin, représenté à Bruxelles par l'organisation Business Europe, cherche à retarder l'adoption d'une série de textes visant notamment à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l'industrie.
>> Suite à lire sur abonnement à :
<https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/coronavirus-bruxelles-se-divise-sur-le-green-deal-1196238>
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3- Dominique Bourg : «une relance classique ne nous fera pas sortir de la crise», Le JDLE, 19/04/20
Valéry Laramée de Tannenberg

Le confinement est source d’inspiration. Après les plateformes participatives, les tentatives de relance de projets de société perdus, les débats parlementaires et les actions de lobbying, au tour du philosophe. Avec 6 co-auteurs , Dominique Bourg publie une esquisse de projet de société post-Covid. L’occasion pour le professeur à l’Université de Lausanne en retraite, de revenir dans le jeu politique, un an après son échec aux Européennes de 2019. Entretien critique avec le philosophe de l'écologie.
Mises en ligne il y a quelques jours, Les propositions pour un retour sur Terre sont d’abord un réquisitoire contre la gouvernance actuelle et ses conséquences actuelles et à venir pour la société et l’environnement. «C’est effrayant, notre gouvernement n’a rien fait pour prévenir l’épidémie avant de voir la mort déferler sur l’Italie. En Europe, aux Etats-Unis, au Brésil, nous sommes dirigés par des idéologues qui n’apprennent rien de leurs erreurs. Pour sortir de la crise, tous veulent appliquer des recettes économiques éculées, basées sur une hausse de l’endettement des Etats; une dette que l’on fera payer au peuple par la suite, alors que nous avons rien fait d’autre que de faire tourner la planche à billets», nous indique Dominique Bourg.
Ne plus faciliter l'expansion des maladies vectorielles
Pas convaincu par la réponse monétaire choisie par l’administration d’Emmanuel Macron et le parlement, Dominique Bourg ? C’est un euphémisme. «En quoi la relance par la consommation de la machine économique telle qu’elle existait réduira-t-elle nos impacts sur le climat et la biodiversité? Si nous reprenons les rythmes qui étaient encore les nôtres au début de l’année, le réchauffement atteindra les 2 °C dès 2040 et les milieux naturels continueront de reculer sous l’asphalte. En détruisant la biodiversité sauvage comme la diversité génétique des espèces domestiques, nous déstabilisons les équilibres entre populations et facilitons la circulation des pathogènes. A quoi s’ajoutent aussi les effets du dérèglement climatique favorisant l’expansion des maladies infectieuses vectorielles comme le Chikungunya ou le virus Zika», rappelle l’ex-vice-président de la fondation Nicolas Hulot.
>> Suite à lire à :
<http://www.journaldelenvironnement.net/article/dominique-bourg-une-relance-classique-ne-nous-fera-pas-sortir-de-la-crise,105269?xtor=RSS-31>
En savoir plus :
> Propositions pour un retour sur Terre <http://lapenseeecologique.com/propositions-pour-un-retour-sur-terre/>, La pensée écologique, 15/04/20
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4- Entretien. Jean-Yves Le Drian : « Ma crainte, c’est que le monde d’après ressemble au monde d’avant, mais en pire », Le Monde, 20/04/20, 06h23
Propos recueillis par Christophe Châtelot, Piotr Smolar et Cyril Bensimon 

Le ministre des affaires étrangères relève, avec la pandémie due au coronavirus, « une amplification des fractures qui minent l’ordre international ». 
Démocratiques ou autoritaires, tous les régimes sont secoués par la pandémie du Covid-19. La tendance au repli national et à la controverse sur la crise sanitaire est difficile à battre en brèche. Alors que se profile un sommet inédit, par visioconférence, des pays du Conseil de sécurité de l’ONU (dit « P5 »), le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a répondu par téléphone aux questions du Monde.
L’ambassadeur de Chine Lu Shaye a été convoqué au Quai d’Orsay en raison d’écrits jugés inadmissibles sur la réponse occidentale au Covid-19. S’agit-il d’un cas isolé ou de l’illustration d’une mue de la diplomatie chinoise, plus agressive ?
Depuis le début de la crise pandémique, je me suis entretenu quatre fois avec mon collègue chinois. Nous avons des relations de dialogue et de coopération, qui nous amènent à dire ce qu’on pense. Nous avons des principes.
Je ne peux pas accepter que le personnel de nos Ehpad se trouve calomnié par qui que ce soit, y compris par l’ambassade de Chine [qui a accusé le personnel soignant français des établis­sements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes d’avoir abandonné leur poste]. Je l’ai fait savoir.
Dans les heures qui ont suivi, une déclaration du porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a permis de lever tout malentendu, en insistant sur la nécessité de travailler ensemble dans un nouveau multilatéralisme. Nous entendons être respectés comme la Chine, elle, souhaite l’être.
Pékin essaie-t-il de prendre la place occupée par Washington dans le concert des puissances ?
Je lis et j’entends que le monde d’après n’aurait rien à voir avec le monde d’avant. Je partage ce vœu, mais c’est de l’ordre de la prédiction. Ma crainte, c’est que le monde d’après ressemble furieusement au monde d’avant, mais en pire.
Il me semble que nous assistons à une amplification des fractures qui minent l’ordre international depuis des années. La pandémie est la continuation, par d’autres moyens, de la lutte entre puissances. C’est d’abord la remise en cause déjà ancienne du multilatéralisme. Des acteurs majeurs se désengagent, comme l’illustre la décision américaine de suspendre sa contribution à l’Organisation mondiale de la santé [OMS], alors que c’est la seule organisation universelle capable de lutter contre la pandémie. D’autres s’engouffrent dans les brèches.
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Cette lutte, c’est aussi la systématisation des rapports de force qu’on voyait monter bien avant, avec l’exacerbation de la rivalité sino-américaine. C’est enfin l’extension de la compétition internationale, voire de l’affrontement, à tous les secteurs. Cela se poursuit, dans cette crise, sur le terrain de l’information. Je pense à ce qu’on appelle les « infodémies » et au terrain politique où l’on essaie de comparer les modèles de gestion de crise.
Vous avez mentionné l’OMS, dont la direction est très contestée. Partagez-vous ces reproches ?
Cette crise a révélé une double difficulté dans le multilatéralisme de la santé. Il faut redonner à l’OMS les moyens de mieux remplir sa mission normative, ainsi que celle d’alerte et de détection. Il serait souhaitable de constituer, sur le modèle du GIEC [Groupe d’experts ­ intergouvernemental sur l’évolution du climat], un haut conseil de la santé humaine et animale, qui pourrait dire la science, sur la base du travail d’experts reconnus.
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L’autre difficulté pour l’OMS, c’est la coordination entre les grandes initiatives et les grands acteurs de la santé mondiale : Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, l’Alliance du vaccin (GAVI), Unitaid… La France est un grand contributeur et travaille pour que la réponse à la pandémie soit massive, coordonnée, en particulier pour les pays les plus vulnérables et en Afrique.
Il y avait avant la crise sanitaire une différence d’approche entre Américains et Européens par rapport à la Chine, entre confrontation et quête de compromis. Les Européens durciront-ils leurs positions ?
L’Europe doit devenir géopolitique. Elle doit être au rendez-vous de son histoire, mais aussi assumer ses responsabilités sur le plan international.
La Commission européenne avait dit début 2019 que la Chine était à la fois un partenaire et un rival systémique. Cela ne nous empêche pas d’avoir des relations de travail, de collaboration. Je pense par exemple à la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat. Cela ne peut se faire que si la Chine respecte l’Union européenne [UE] en tant que telle. Ce n’est pas toujours le cas. Parfois, Pékin joue sur les fragmentations dans l’UE.
Avez-vous fait le deuil des Etats-Unis comme allié ?
Les Etats-Unis sont une grande puissance qui semble hésiter à jouer son rôle de leadership au niveau mondial. Cela entraîne son repli et rend difficile une action collective sur les grands enjeux de l’humanité. En conséquence, la Chine se sent en situation de pouvoir dire un jour « je suis la puissance et le leadership ». Nous souhaitons que les Etats-Unis remplissent leurs responsabilités et gardent une relation de confiance avec leurs alliés.
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Mais l’enjeu est surtout que l’Europe exerce sa souveraineté et se trouve un destin de leadership. Qu’elle se projette dans ce rôle. Qu’elle ne se contente pas de s’interroger sur elle-même, sur la manière dont elle sortira de la crise, dont elle défendra sa souveraineté sécuritaire, d’une manière générale, pour ne pas dépendre de l’extérieur.
Emmanuel Macron s’est prononcé pour une annulation de la dette des pays africains. Pékin, qui en détient 40 %, n’y est pas favorable. N’avez-vous pas lancé un slogan généreux avec l’argent des autres ?
L’initiative prise par le président de la République visant à alléger la dette de pays africains a été acceptée et validée puisque le remboursement des dettes bilatérales publiques et privées a fait l’objet d’un moratoire jusqu’à la fin de l’année, y compris par la Chine.
C’est un premier acte, souhaité par les Africains, qu’il faut maintenant mettre en œuvre. Ce ballon d’oxygène d’environ 20 milliards de dollars [18,4 milliards d’euros] pour quarante pays doit leur permettre d’investir davantage pour lutter contre le Covid-19.
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Ce premier résultat ne suffit pas. Nous souhaitons qu’en fonction de la situation des pays et dans un cadre multilatéral, il puisse y voir des annulations de dettes accompagnées d’un plan d’investissement dans les domaines de la santé, de l’éducation… La même détermination devra être au rendez-vous et cela concerne aussi la Chine.
Pensez-vous que l’onde de choc de la pandémie pourrait emporter certains régimes africains ?
Il faut être vigilant sans développer des perspectives cataclysmiques. L’ampleur de la crise sanitaire en Afrique est impossible à prédire. La pandémie atteint cinquante-deux pays sur cinquante-quatre mais le nombre de cas détectés est relativement faible, probablement parce que le dispositif sanitaire africain n’est pas suffisamment structuré pour identifier toutes les personnes touchées.
Il y a des facteurs qui incitent à l’optimisme comme la jeunesse de la population, l’expérience dans la gestion des pandémies. D’autres portent au pessimisme comme la faiblesse des systèmes de santé, le risque de propagation accélérée dans les grands centres urbains, le nombre de déplacés… Il importe donc d’anticiper le développement de la pandémie car la violence du choc économique arrivera, quoi qu’il en soit.
Après le retour des Français bloqués à l’étranger, comment allez-vous traiter la question des expatriés, dont certains, notamment en Afrique, voudraient aussi rentrer ?
Nous avons mobilisé beaucoup d’acteurs pour permettre le retour des Français qui étaient à l’étranger à titre provisoire. Nous avons rapatrié, avec l’appui d’Air France, près de 170 000 Français dans un contexte de circulation aérienne très ténue, de fermeture des frontières… Désormais, nous allons effectuer dans le cadre de l’UE des « vols balais » pour la fin de ces retours.
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Concernant les 3,5 millions de Français qui résident en permanence à l’étranger, nous allons envisager des mesures spécifiques pour les personnes les plus vulnérables. Pour les autres, nous souhaitons qu’ils restent là où ils vivent, qu’ils répondent aux normes de confinement ou de précaution dictées par les pays où ils résident. Cela demande un minimum de sécurisation. Nous allons proposer un dispositif de soutien sanitaire à chaque communauté française des pays les plus exposés. Avec de la télésurveillance, de la télémédecine, avec des capacités sanitaires d’évacuation si nécessaire et un soutien éducatif et social.
Vous avez appelé de vos vœux une « grande explication » avec la Turquie sur ses alliances contradictoires. Y a-t-il un tabou turc dans l’OTAN ?
Il existe une interrogation sur les objectifs, les stratégies à long terme de l’Alliance [atlantique] à un moment sensible où sont en train de tomber les grands accords de maîtrise des armements datant de la guerre froide.
Dans ce cadre-là, nous nous interrogeons sur le comportement de la Turquie. Sa présence au sein de l’OTAN, tout en choisissant des dispositifs antiaériens russes ; lorsqu’en Libye, elle fait transférer des proxies syriens pour participer au conflit et mobilise d’importants moyens (bateaux, drones…), comme dans la baie de Misrata ; quand l’immigration devient un sujet de chantage ; quand en Méditerranée orientale des bateaux participent tantôt à l’action de présence de l’OTAN tantôt à la sécurisation de zones qu’elle s’approprie…
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Cela fait beaucoup ! Lorsque la Turquie demande la solidarité, elle doit en même temps apporter une clarification. Elle n’a pas été faite, la pandémie ne le permet pas, mais on ne pourra éviter cette clarification.
Comment assurer la poursuite des opérations antidjihadistes au Sahel en cette période de crise sanitaire mondiale ?
La pandémie qui touche aussi ces pays complique la mise en œuvre de l’accord de Pau [conclu en janvier]. Mais la dynamique issue de Pau fonctionne toujours. Il y a eu des gains opérationnels dans la zone des trois frontières. L’armée malienne est retournée à Kidal. La force Takouba se mobilise.
Certes, il y a des éléments négatifs. Je pense notamment à l’affaire Soumaïla Cissé [opposant enlevé au Mali par des djihadistes] ou à la réorientation provisoire des forces tchadiennes vers le lac Tchad à la suite d’attaques de Boko Haram.
La Pologne et la Hongrie exploitent la crise pour piétiner les normes démocratiques. Est-ce qu’elles détruisent le projet européen de l’intérieur ?
Dans le débat sur le meilleur modèle politique pour une résolution de la crise, il y a une tendance qui préconise le modèle autoritaire.
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Je suis convaincu que le modèle démocratique est en train de prouver sa propre autorité. Il faut que la démocratie, l’information, la transparence et la liberté soient au rendez-vous pour gagner. Si vous n’avez pas la transparence, ni la confiance, vous ne gagnez pas. C’est ce message que je pourrais porter à nos partenaires européens.
Peut-on envisager des sanctions européennes contre ces pays ?
Cette question se posera au moment opportun et j’imagine qu’elle pourrait l’être à un prochain Conseil européen. Mais la priorité est de lutter contre la pandémie.
<https://www.lemonde.fr/international/article/2020/04/20/jean-yves-le-drian-ma-crainte-c-est-que-le-monde-d-apres-ressemble-au-monde-d-avant-mais-en-pire_6037128_3210.html>
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5- Tribune. « Proposons aux 16-25 ans de participer à un service civique Covid pour les mois à venir », Le Monde, 20/04/20, 07h06
Par Annabel Desgrées du Loû, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), directrice adjointe de l’Institut Convergences Migrations, membre du Centre Population et développement (Ceped) à l’Université de Paris et membre du think tank Santé mondiale 2030

La directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), Annabel Desgrées du Loû, estime que si la suspension des cours de l’enseignement supérieur est nécessaire, cette mesure doit être expliquée, car la jeune génération forme une population moins à risque. Surtout ne la livrons pas à l’inactivité.
Tribune. « Pour les étudiants de l’enseignement supérieur, les cours ne reprendront pas physiquement jusqu’à l’été. » Au milieu de tant d’autres, cette déclaration du président Macron a été assez peu commentée. Pourtant mesure-t-on ce que cela représente : près de 3 millions de jeunes à l’arrêt pendant six mois, s’il faut attendre septembre pour que leur vie d’étudiant reprenne ?
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Dans ce domaine encore, cette décision va aggraver la fracture sociale : l’enseignement académique peut être fait en grande partie en ligne, mais à condition d’avoir un lieu pour se connecter, pour étudier. Comment étudieront ceux qui allaient dans les bibliothèques car ils vivent dans des espaces trop petits ? Comment former à distance aux métiers techniques et artistiques ? Les étudiants les moins aisés, qui vont souffrir le plus de ce semestre sacrifié, vont aussi être touchés de plein fouet par la tardive réouverture des restaurants et des fast-foods, où ils sont très nombreux à travailler pour payer leurs études.
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Pour tous, pas de perspective de reprise des cours avant la rentrée de septembre est une mesure dont on peut craindre toute une série de conséquences délétères. Il sera bien difficile de profiter de ce temps d’arrêt forcé pour partir à la découverte d’autres horizons : trouver des stages va être encore plus qu’avant un parcours du combattant, dans un pays sonné, où les entreprises auront bien d’autres priorités que de prendre la responsabilité de stagiaires. Impossible bien évidemment de voyager, sacrifice dur à consentir aussi pour cette génération Erasmus, dont on s’est tant réjoui qu’ils passent de pays en pays.
« Tuer le temps »
Que va-t-il leur rester ? Etre les inactifs de notre société, confinés chez eux comme leurs grands-parents ? Le gouvernement a-t-il pris la mesure de ce que c’est que décréter six mois d’inactivité pour une bonne partie de la jeunesse d’un pays ? Le bénéfice épidémiologique en matière de lutte contre le Covid-19 vaut-il les risques en matière de santé psychique, d’augmentation de la consommation de drogue, d’alcool et de tabac chez des jeunes qui en seront réduits à « tuer le temps » ?
Tout d’abord, la rationalité de cette décision doit être expliquée : quelles études épidémiologiques justifient cette décision, lourde d’impacts ? Qu’est-ce qui justifie de rouvrir les lycées et pas l’enseignement supérieur ? Connaît-on le niveau d’immunité des 16-25 ans ? Où sont les modèles épidémiologiques qui conduisent à conseiller la fermeture de leurs lieux de formation ?
Si nous fermons à nos étudiants la porte de leurs écoles, alors qu’ils constituent une classe d’âge quasiment pas à risque pour l’épidémie, et suffisamment mûre pour être en mesure d’appliquer les gestes barrières pour protéger leurs proches, il faut pouvoir leur expliquer la raison de ce sacrifice imposé. Pourquoi ne pas rendre accessibles les données sur le niveau d’immunité par classe d’âge et les modèles de transmission, de la même façon que sur le site Data.gouv.fr chacun peut accéder aux statistiques de l’épidémie de Covid-19 ? Pour vivre le déconfinement, la connaissance et la compréhension des chaînes de transmission sont aussi importantes que l’a été le suivi de la mortalité et de la tension exercée sur les services de réanimation pour maintenir les gens confinés.
Faire fi de tout l’enseignement manuel, artistique, technique
Espérons que cette décision de maintenir fermés ces lieux d’enseignement supérieur ne repose pas uniquement sur un principe de précaution qui serait peu étayé par des données épidémiologiques. Car fermer ces lieux juste par précaution, c’est affirmer que la formation de nos jeunes est facultative, et ne sert donc pas à grand-chose. La remplacer uniquement par de l’enseignement à distance, c’est considérer que les lieux d’échange, entre étudiants et avec les professeurs, sont inutiles, et faire fi de tout l’enseignement manuel, artistique, technique, qui ne peut se faire à distance.
Si vraiment les arguments épidémiologiques montrent que les bénéfices de cette décision sont supérieurs aux risques, alors proposons que ce temps de formation soit remplacé par un temps d’action, au service des plus vulnérables, dans le combat contre cette épidémie : les plus âgés, les migrants, les isolés, les convalescents. Le président a appelé toute la population française à être au front. Proposons aux 16-25 ans de participer à un service civique Covid pour les mois à venir. Ne les reléguons pas dans une « quatrième ligne » inutile et désespérante. Ne laissons pas notre jeunesse au bord du chemin.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/20/annabel-desgrees-du-lou-proposons-aux-16-25-ans-de-participer-a-un-service-civique-covid-pour-les-mois-a-venir_6037123_3232.html>
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6- Tribune. Covid-19 : l'enjeu n'est pas « la vie d'après » mais « la vie avec », Le Point, 20/04/20, 15:24 
Par Arnaud Mercier, professeur en Information-Communication à l'université Paris-2-Assas

Pour le politologue Arnaud Mercier, la manière dont certains posent le débat s'apparente à un déni des contraintes de la vie d'après.
Tribune. Résumons simplement l'enjeu contemporain : il n'y a pas d'espoir possible d'un retour à la normale, à la vie d'avant, sans l'invention d'un vaccin, sa fabrication de masse et la vaccination à grande échelle des populations. Dans l'attente, les relations sociales et les comportements professionnels et quotidiens vont être durablement minés par une angoisse sourde d'attraper le virus, de tomber gravement malade ou de contaminer les siens. C'est toute la chaîne de confiance qui est durablement affectée et toutes les habitudes de participation à des activités collectives vont devoir être remises en cause. Et si des individus adoptent à coup sûr un bravache « même pas peur », ou un résigné « il faut bien y retourner », gageons que la majorité des dirigeants politiques, économiques et sanitaires n'oseront pas assumer une recommandation de relâchement complet de la vigilance, au risque de subir l'accusation d'être directement responsables du retour d'une vague épidémique et d'être comptables des morts que cette vague charrierait. Le Premier ministre, dans son exposé télévisé du 19 avril, a d'ailleurs commencé à mettre timidement dans l'ambiance la population, en déclarant : « Notre vie à partir du 11 mai ne sera pas celle d'avant le confinement, pas avant longtemps. »
À cet égard, la manière dont certains posent le débat sur le futur déconfinement a quelque chose de surréaliste et révèle le maintien de blocages psychiques qui s'apparentent à un déni des contraintes de la vie d'après. On voit fleurir des discours d'espoir, planant en apesanteur, où le souhait ardent de revenir à la normale au plus vite tient de la prophétie autoréalisatrice. (Ex. : quand vais-je réserver mes billets d'avion pour les vacances d'été ? ou pire, aux États-Unis, où des militants ultra-conservateurs manifestent dans les rues côte à côte pour réclamer la « libération » de leur État, soit un déconfinement immédiat et sans condition). On lit des projections économiques sur les deux mois de parenthèse à encaisser, avant de repartir de l'avant comme hier, voire en faire plus pour rattraper le temps perdu. On entend des projections en gradations successives, faisant de mars-avril une période noire, de mai-juin une ère gris foncé et de l'été, le sas de décompression vers un retour à la normalité en septembre. L'habitude mentale et culturelle de considérer la fin du mois d'août comme une « rentrée » sert de barrière psychique pour se rassurer et se dire qu'au-delà de cette date, nous avons vocation à retrouver nos routines et notre vie d'avant.
>> Suite à lire à :
<https://www.lepoint.fr/debats/covid-19-l-enjeu-n-est-pas-la-vie-d-apres-mais-la-vie-avec-20-04-2020-2372155_2.php>
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7- Le revenu universel inconditionnel plébiscité en Europe, The Conversation, 20/04/20, 19:27
Par Mark Smith, Dean of Faculty & Professor of Human Resource Management, Grenoble École de Management (GEM) & Genevieve Shanahan, Etudiante PhD, Grenoble École de Management (GEM)

Ainsi que les implications de la pandémie de coronavirus deviennent évidentes, de nouveaux appels ont été lancés en faveur d’un revenu de base universel : par des politiciens de droite comme de gauche, des academiques, le pape et même le comité de rédaction du Financial Times. Cette politique garantirait aux individus des paiements réguliers de la part de l’État, quelle que soit leur activité économique.
Nous avons récemment analysé la faisabilité de la mise en place d’un tel revenu dans les pays de l’Union européenne. Nos conclusions montrent que, bien que des mesures importantes aient été prises, pour que ces politiques soient mises en œuvre avec succès, des changements seraient nécessaires en termes de soutien public, d’alignement institutionnel, de preuve des effets et de clarté de l’objectif politique. La pandémie de Covid-19 pourrait-elle déclencher un tel changement ?
Mettre le stimulus financier entre les mains des particuliers ?
Étant donné que des stimuli financiers massifs sont négociés pour atténuer la dépression économique, certains économistes soutiennent qu’une politique de transferts directs d’argent aux particuliers est un mécanisme relativement abordable. Un revenu de base pourrait soulager les travailleurs et entrepreneurs qui sont en difficulté.
Au-delà de ses avantages potentiels en temps normal – comme atténuer les situations de pauvreté, valoriser le travail de soin non rémunéré – il est suggéré qu’un revenu de base inconditionnel pourrait amoindri certains des effets et des causes de la pandémie.
En effet, d’après les économistes et les épidémiologistes, en palliant l’insécurité des revenus, un revenu de base pourrait renforcer le respect de la distance sociale, en particulier chez les travailleurs précaires qui ne bénéficient pas d’indemnités de maladie ou le télétravail, ce qui ralentirait la propagation du virus. Des transferts directs en espèces sont aussi proposés pour faire face à la chute précipitée des dépenses de consommation, ce qui permettrait d’amortir l’impact économique de la crise.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/le-revenu-universel-inconditionnel-plebiscite-en-europe-135883>
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8- «On ne fera pas de business dans un monde dévasté», Libération, 20/04/20, 20:21
Laure Equy

Les grandes entreprises, y compris les plus polluantes, poussent-elles en sous-main pour une relance post-confinement s’asseyant sur les normes environnementales ? C’est ce que redoute le député (ex-LREM), Matthieu Orphelin, qui a écrit lundi à plusieurs dirigeants d’organisations patronales pour leur demander des comptes sur leurs «actions de lobbying pendant la crise du coronavirus». Alors que la pandémie a mis le gros de l’économie à l’arrêt, «il est normal que vous vous mobilisiez auprès du gouvernement pour le compte des entreprises que vous représentez», en particulier pour la sauvegarde des emplois, convient l’écologiste dans ce courrier adressé au président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA), de l’Association française des entreprises privées (Afep) et au directeur général de l’Association internationale du transport aérien (Iata). Mais l’élu juge «moins normal - voire inacceptable - que cette crise économique soit utilisée comme prétexte pour contourner, voire supprimer, les lois et réglementations environnementales en vigueur ou pour demander de différer les engagements pris sur la baisse des émissions» de gaz à effet de serre.
Orphelin pointe plusieurs «actions coordonnées et, pour certaines, très discrètes» qui auraient été menées auprès du gouvernement : un courrier du Medef à Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, qui demanderait «un report de certaines dispositions» des lois mobilités et énergie-climat, «une note de synthèse de l’Afep au gouvernement demandant notamment un report des dispositions de la loi économie circulaire et de la révision de la directive émissions industrielles», «des documents et échanges avec le gouvernement» menés selon lui par le CCFA pour «revenir sur la réglementation européenne» qui impose, à partir de 2020, des réductions de rejet de CO2 pour les voitures neuves. Et enfin des demandes de l’Iata qui viseraient à «reporter le système de compensation des émissions du transport aérien». Des requêtes «particulièrement choquantes», accuse Orphelin, alors que le gouvernement a fait voter samedi un crédit de 20 milliards d’euros au bénéfice de ces grandes entreprises «stratégiques», sans contreparties.
<https://www.liberation.fr/france/2020/04/20/on-ne-fera-pas-de-business-dans-un-monde-devaste_1785868>
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9- Boris Cyrulnik : “Après la crise du coronavirus, la culture de la performance sera critiquée”, Courrier cadres, 20/04/20
Fabien Soyez

Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et conférencier. Selon lui, après la crise du Covid-19, de nombreuses entreprises, à l’arrêt ou ralenties actuellement, devraient faire preuve de résilience. Jusqu’à changer leur façon de produire, d’organiser le travail et de manager.
Comment analysez-vous la crise actuelle, pensez-vous qu’il s’agit d’une épreuve enrichissante pour les entreprises en matière de résilience ?
Définissons d’abord la résilience : il s’agit de la capacité à vivre, à réussir et à se développer en dépit de l’adversité. La résilience, c’est la reprise d’un nouveau développement après un traumatisme, et elle s’applique aussi aux entreprises. Après un choc, une crise, certaines sont traumatisées, mais se relèvent. Le trauma peut être collectif et individuel et concerner tant l’entreprise que les individus qui la composent.
La crise actuelle n’est qu’une épreuve parmi d’autres pour les entreprises, qui connaissent régulièrement des vagues de licenciement, des rachats, des fusions, des bad buzz, des problèmes financiers… Mais cette période devrait changer énormément de choses dans notre société. C’est pourquoi la plupart des organisations vont donc surmonter ce cap et faire preuve de résilience. Pour déclencher un processus de résilience, elles doivent s’adapter, revoir leur copie. Car si elles répètent le même processus qu’avant la crise, elles risquent de disparaître.
La crise du coronavirus va-t-elle changer le fonctionnement des entreprises ?
Des épreuves comme celle que nous vivons actuellement, il y en a régulièrement depuis des siècles. À chaque fois, cela nous oblige à changer de manière de vivre, donc de consommer, d’échanger, de produire et de travailler.
Si l’on ne change pas de manière de vivre, on remet en place les conditions de la catastrophe : un mode de consommation et des transports internationaux qui répandent un virus aux quatre coins du globe et de la France, des entreprises inadaptées au confinement et à la distanciation sociale, des modes de production trop dépendants de l’importation/exportation et de la délocalisation.
Statistiquement, la plupart des entreprises reprennent malgré les blessures et les échecs. Dans quelques mois, il y aura sans doute énormément de faillites, de petites entreprises qui ne pourront pas redémarrer, qui vont licencier, qui auront des dettes… Pour éviter cela, les autres seront obligées de s’adapter. Elles devraient probablement relocaliser leur production, réduire la part des importations dans ce processus, diversifier leurs activités, réorganiser les circuits de distribution en les ramenant à une échelle européenne plutôt que mondiale.
Les entreprises reverront aussi forcément leur organisation du travail : télétravail, horaires flexibles, autonomie des collaborateurs… tout ce qui aura été expérimenté pendant la crise avec plus ou moins de succès. Le télétravail avait déjà commencé à se développer avant la crise, mais il sera désormais incontournable, impératif. Il faudra aussi réorganiser les lieux de rencontre, ainsi que permettre une plus grande agilité dans le temps de travail.
>> Suite à lire à :
<http://courriercadres.com/management/conduite-du-changement/boris-cyrulnik-apres-la-crise-du-coronavirus-la-culture-de-la-performance-sera-critiquee-20042020>
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10- Pandémie : début d'effondrement global, ou (dernière) chance à saisir ?, AFP, 21/04/20, 08:00
Stéphane Orjollet

ls sont ingénieur, sociologue, universitaire ou ancien ministre. Penseurs d'un effondrement possible de nos sociétés menacées notamment par le changement climatique, souvent rangés sous l'appellation - que certains réfutent - de "collapsologues", ils scrutent la profonde crise dans laquelle le coronavirus plonge nos sociétés.
Constat de départ : la non-soutenabilité du modèle socio-économique basé sur les énergies fossiles, qui a assuré en à peine plus de deux siècles un développement spectaculaire, tout en causant des modifications fondamentales de l'environnement humain: réchauffement climatique, perte de biodiversité...
Certains l'appellent "anthropocène", certains "Gaïa", d'autres refusent les chapelles, mais tous s'accordent sur les fragilités auxquelles a conduit ce modèle.
A 74 ans, l'écologiste français Yves Cochet, ancien ministre de l'Environnement, est aujourd'hui retiré dans sa propriété dans la campagne en Bretagne (ouest), choisie justement pour favoriser un mode de vie résilient face à la catastrophe qu'il estime inéluctable. 
Mathématicien de formation, fondateur du parti des Verts, ex-député français et européen, il a publié en septembre un livre intitulé "Avant l'effondrement". Scénario principal : un effondrement global de notre civilisation d'ici 2030.
Avec le coronavirus, "on a vu qu'on n'était pas du tout préparés, et donc ça arrive beaucoup plus vite qu'on ne le croyait", analyse-t-il. Pour autant il "hésite encore" à parier qu'il s'agit là du premier domino qui va précipiter la chute. Et de paraphraser l'humoriste Pierre Dac: "Il est encore trop tôt pour savoir s'il est trop tard".
Par contre, "une crise économique mondiale, encore plus sévère que ce qu'on pense, ça oui", il en est convaincu. Avec à la clé, "la probabilité que l'avenir tourne au désastre mondial, avec beaucoup de victimes, économiquement ou physiquement".
- Fragilisation généralisée -
"Ce qui se passe est le symptôme de toute une série d'affaiblissements", estime Yves Citton, co-auteur du livre "Générations collapsonautes" paru en mars en France, professeur à l'université Paris VIII et directeur de la revue Multitudes.
"Ce n'est pas la fin du monde mais un avertissement sur quelque chose qui est déjà en train de se faire", poursuit celui pour qui nous devons aujourd'hui "naviguer sur toute une série d'effondrements en cours".
"L'effondrement a commencé à petit feu", abondait en mars dans une vidéo postée sur son site Jean-Marc Jancovici, directeur du Shift Project, think tank "qui oeuvre en faveur d'une économie libérée de la contrainte carbone". 
"L'effondrement peut être lent, c'est un processus par marche d'escalier, et là on vient de se prendre une petite marche, derrière laquelle on ne reviendra pas au niveau précédent".
Car la crise démontre comment "notre société est vraiment devenue hyper-vulnérable," avec notamment des sources d'approvisionnement spécialisées et souvent éloignées, constate aussi Pablo Servigne, co-auteur en 2015 de "Comment tout peut s'effondrer", ouvrage qui a popularisé la "collapsologie", mais aussi de "Une autre fin du monde est possible" en 2018.
"La grande leçon de l'Histoire, explique-t-il, c'est que les trois manières de mourir en masse, que les anciens appelaient les cavaliers de l'apocalypse, sont les guerres, les maladies et les famines. Et que les trois s'entretiennent l'une l'autre. Là, on a une pandémie qui peut amener d'autres chocs, des guerres, des conflits géopolitiques ou internes et des famines. Et si on a une famine, on a d'autant plus de vulnérabilité de voir survenir d'autres pandémies, le corps n'étant plus prêt à résister aux maladies etc...".
Le constat posé, tous se félicitent que la crise laisse voir une alternative au système néo-libéral mondialisé. Le sociologue et philosophe Bruno Latour, pointe dans un texte pour le média en ligne AOC une leçon "stupéfiante" de l'épidémie : "Il est possible, en quelques semaines, de suspendre partout dans le monde et au même moment, un système économique dont on nous disait jusqu'ici qu'il était impossible à ralentir ou à rediriger".
- "Dans le désert" -
"On prêchait dans le désert et ces revendications qui semblaient irréalistes se mettent en place en quelques jours," renchérit Yves Citton, qui compare le chèque de 1.200 dollars que l'Etat fédéral américain prévoit de verser à de nombreux citoyens victimes de la crise à "l'équivalent d'un début de revenu universel".
Pablo Servigne se réjouit aussi de ce "grand coup d'arrêt, comme un signal d'alarme dans le train". Et voit une "source d’inspiration et de joie dans l'incroyable réactivité du vivant à l'arrêt de nos bêtises", avec les animaux ou les plantes qui regagnent déjà des espaces libérés par le confinement des humains. 
Il se félicite également du "grand retour des Etats souverains", notamment dans la sphère socio-économique.
"La très, très bonne nouvelle, c'est que l'argent n'est plus un problème : On a besoin de 300 milliards? On les trouve. On aura besoin de 500 milliards ? On les trouvera," constate aussi Jean-Marc Jancovici.
La question qui se pose alors, c'est évidemment pour quoi? Pour quel "après"?
"Il faut que le plan de relance soit le plus décarbonant possible, ou que le plus vite possible on passe à quelque chose qui le soit," insiste Jean-Marc Jancovici. Il redoute pourtant que "le seul plan qui vienne à l'esprit de tout le monde quand il s'agit de sauver de l'emploi (soit) de faire repartir la situation comme avant".
- Oublier en week-end -
"A la sortie de crise, qu'est-ce qu'on va faire ? Soutenir Renault et Peugeot pour qu'ils fabriquent des voitures électriques, alors qu'il faudrait repenser les modes de mobilités ?", craint aussi Yves Cochet.
"Il faudrait au contraire relocaliser dans les domaines démocratique, alimentaire et énergétique", souligne-t-il, en estimant qu'un vrai changement dépendra aussi de "seuils psychologiques", notamment le "nombre de morts".
Un changement qui devra aussi venir de la base, estime Yves Citton. "L'enjeu c'est aussi est-ce qu'on va réussir à faire pression sur nous-mêmes ? (..) ne pas se précipiter pour prendre un EasyJet et partir en week-end pour tout oublier dès que le confinement sera levé".
<https://information.tv5monde.com/info/pandemie-debut-d-effondrement-global-ou-derniere-chance-saisir-356206>
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11- Le Haut conseil au climat veut un plan de relance économique vert, pas gris, France Inter, 22/04/20, 06h01
Sandy Dauphin 

Le Haut conseil pour le climat, un organisme indépendant installé en novembre 2018 par Emmanuel Macron pour évaluer la politique climatique de la France et donner des avis, a publié ce mardi 21 avril un rapport spécial intitulé "Climat, Santé mieux prévenir, mieux guérir". Il formule 18 recommandations pour tirer les leçons de la crise sanitaire Covid-19 et faire en sorte que la lutte contre le changement climatique soit au cœur du plan de relance économique.
Ce document d’une vingtaine de pages part du postulat que la crise Covid-19 et la crise climatique, toutes deux des "menaces majeures pour l’ensemble de l’humanité", présentent de grandes similarités et sont liées. "La réponse du gouvernement à la crise sanitaire du Covid-19 doit soutenir la transition bas-carbone juste pour renforcer notre résilience aux risques sanitaires et climatiques", résument les experts.
Premier point commun : la plupart des causes structurelles de la pandémie sont aussi à l’origine du changement climatique. Pour les auteurs du rapport, la crise du Covid-19 est en effet en partie le fruit des bouleversements écologiques, sociaux et économiques de ces dernières 40 années : la mondialisation des échanges, y compris le commerce de la faune sauvage, l’éparpillement planétaire des chaines de valeur, la délocalisation, l’intensification des mobilités, la réduction de l’intervention de l’État ou encore le recul de l’État providence. Ces mutations ont produit de nouvelles vulnérabilités dont "certaines ont favorisé le passage du virus à l’homme. D’autres ont favorisé la diffusion plus rapide de l’épidémie à l’échelle mondiale". 
>> Suite à lire à :
<https://www.franceinter.fr/les-recommandations-du-haut-conseil-au-climat-pour-un-plan-de-relance-economique-vert-pas-gris>
En savoir plus :
> En ligne. Rapport spécial. Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir <https://drive.google.com/file/d/1WqNl2C8W29vZ7iDfI2iWaqUJuiN3kMBA/view>, Haut conseil pour le climat, avril 2020
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12- Les enjeux climatiques doivent être au cœur de la relance, avertit le Haut Conseil pour le Climat, L’Obs, maj le 22/04/20 à 08h32
Sébastien Billard

« La baisse des émissions de gaz à effet de serre constatée pendant le confinement reste marginale », rappelle cette instance composée d’experts. La relance doit donc être « verte » et les aides publiques aux entreprises conditionnées. Le gouvernement sera-t-il aussi sensible à sa parole qu’il l’est à celle du conseil scientifique sur le Covid-19 ?

La France profitera-t-elle de la crise actuelle pour accélérer la transition écologique ? Ou, à l’inverse, repoussera-t-elle encore un peu plus des décisions pourtant inévitables, voire marquera-t-elle un recul, comme le réclament quelques lobbies industriels en Europe ? Alors que le gouvernement travaille à l’élaboration de plans massifs d’aide aux entreprises, dont la teneur n’a pour l’instant rien de très rassurant, le Haut Conseil pour le Climat (HCC) s’immisce dans le débat.
Le HCC est ce groupe d’experts, mis en place en mai 2019 sur ordre du président de la République, qui est chargé de donner des avis sur les politiques publiques à mettre en œuvre pour tenir ses engagements internationaux en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Dans un rapport spécial consacré aux enseignements à tirer de la crise du Covid-19 pour le climat (« Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir »), cet organisme indépendant, composé de treize membres, spécialistes de la science du climat, de l’économie, de l’agronomie et de la transition énergétique, se montre catégorique : il est impératif que la réponse de l’exécutif soit « verte », pas grise, et que les « jours d’après »soient ceux de l’après-carbone.
« Pour répondre au choc économique, social, et financier qui s’annonce, la sortie de crise et la relance doivent intégrer l’urgence climatique [….] Il est essentiel de placer les enjeux climatiques au cœur des plans post-crise du Covid-19. »
> Lire aussi : La crise du coronavirus accélèrera-t-elle la transition écologique ?
Pour le HCC, la crise sanitaire souligne « de façon brutale » le besoin urgent de réduire nos vulnérabilités aux risques sanitaires et climatiques. « La plupart des causes structurelles de la pandémie sont aussi à l’origine du changement climatique », rappelle l’instance, présidée par la climatologue Corinne Le Quéré, et qui compte en son sein Jean-Marc Jancovici, Valérie Masson-Delmotte, Laurence Tubiana ou encore Alain Grandjean.
>> Suite à lire à :
<https://www.nouvelobs.com/planete/20200421.OBS27827/les-enjeux-climatiques-doivent-etre-au-c-ur-de-la-relance-previent-le-haut-conseil-pour-le-climat.html>
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13- Comment le confinement pour cause de coronavirus agit sur l’environnement, Vice, 22/04/20, 12:37
Sabrina Faramarzi

Les chiffres sont là pour nous montrer que nous devrions reconsidérer ce que nous jugeons « essentiel ».
Depuis le début du confinement lié au coronavirus, nous sommes forcés de vivre sans les produits « non essentiels ». Mais qu’est-ce qu’un produit « non essentiel » ? La définition exacte de ce terme varie selon les pays et les personnes. En France, les lieux publics non essentiels ont été fermés le 14 mars. Au Canada, on considère bien la beuh comme essentielle. Au Royaume-Uni, la police a dû s’excuser après avoir patrouillé dans les allées jugées « non essentielles » du supermarché. Tout cela pose la question de ce qu’on jugera essentiel après « la Grande Pause ».
C’est le monde du travail qui est le plus bouleversé par ces questions. Si on peut faire du télétravail, et, comme beaucoup l’ont découvert, c’est tout à fait possible, à quoi bon faire le trajet maison-bureau tous les jours ? Et, puisque les entreprises peuvent faire des visioconférences internationales, les voyages d’affaires sont-ils si indispensables ?
Le ralentissement des voyages, de l’industrie et du tohu-bohu quotidien des opérations capitalistes aurait-il déjà un impact positif sur la planète ? Si oui, est-ce qu’une action mondiale organisée – comme on l’a vu durant cette pandémie – pourrait constituer la base du type de comportement collectif profitable à la population, à la planète et à l’économie ?
>> Suite à lire à :
<https://www.vice.com/fr/article/7kznjy/comment-le-confinement-pour-cause-de-coronavirus-agit-sur-lenvironnement>
Sur le même sujet :
> L’impact de la pandémie sur l'environnement dans une infographie <https://www.vice.com/fr/article/m7q8a4/limpact-de-la-pandemie-sur-lenvironnement-dans-une-infographie>, Vice, 22/04/20, 12:40
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14- Quatre scénarios pour le futur de la consommation et du commerce, INfluencia, 22/04/20

A quoi ressemblera le monde « d’après » en matière de consommation, de commerce, de rapport aux produits et aux marques et dans notre vie de tous les jours ? L’Échangeur BNP Paribas et l’Observatoire Cetelem apportent, à leur tour, leur pierre à la réflexion autour de cette question… abyssale.
En collaboration avec l’Observatoire Cetelem, l’Echangeur BNP Paribas Personal Financedévoile les résultats d’une étude prospective réalisée dans le cadre de son événement annuel Commerce Reloaded et revisitée avec cette crise du Covid-19. « Cette enquête, qui s’appuie sur deux types d’indicateurs : macro et micro économiques, a permis de définir quatre scénarios privilégiés pour le futur de la consommation et du commerce, que la crise du Coronavirus, en rebattant les cartes, a certes modifiés mais aussi confortés, voire exacerbés », détaille Cécile Gauffriau, directrice de l’Echangeur.
• Scénario 1 : les marques stars (Stars Systems)
Ce scénario incarne une réponse immédiate aux problématiques actuelles liées au Covid-19. Il voit les écarts se creuser entre les entreprises qui allaient mal, comme par exemple André en France, Macy’s ou JC. Penney aux USA et celles qui se portaient bien et sont sur le front de la bataille face au coronavirus, que ce soit pour nourrir les populations ou réinventer leurs services/produits pour fournir du matériel médical face à la pénurie (Tesco en Grande-Bretagne a ainsi réalisé un CA en hausse de 30 %. Walmart aux USA est au plus haut de son action boursière). Ce modèle valorise également une consommation de plus en plus digitalisée. En France, l’e-commerce alimentaire (drive et livraison) a cru de 50 % depuis mars et 68% des baby-boomers ont passé durant cette période leur première commande en ligne, des usages qui vont se pérenniser. Aux États-Unis, Amazon n’accepte plus de nouveaux clients pour la livraison de produits alimentaires. L’application Walmart Grocery est la grande gagnante de cette tendance (+460% de téléchargement depuis janvier) dépassant même Amazon.
Internet sera le grand gagnant de la crise actuelle et un nouveau commerce émerge : le commerce en vidéo streaming. « La loi du plus fort et du plus résistant fera des leaders du commerce les grands survivants de cette période difficile, en particulier ceux qui auront su venir au secours des États pour se positionner en héros », commente Nicolas Diacono, analyste digital de l’Echangeur.
>> Suite à lire à :
<http://www.influencia.net/fr/actualites/media-com,tendances,quatre-scenarios-pour-futur-consommation-commerce,10141.html>
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15- Coronavirus : le Medef souhaite un moratoire sur des lois environnementales, France info avec AFP, 23/04/20, 13:23

"Le Medef demande un moratoire sur la préparation de nouvelles dispositions énergétiques et environnementales", selon une lettre adressée au ministère de la Transition écologique et publiée par "Le JDD".
Le Medef s'engouffre dans la brèche. En pleine crise sanitaire liée à l'épidémie de coronavirus, l'organisation patronale demande "un moratoire"sur la mise en place de mesures environnementales, notamment dans la lutte contre le gaspillage et le recyclage, selon un courrier publié jeudi 23 avril par Le JDD. Dans ce courrier daté du 3 avril, adressé à la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, et signé par son président Geoffroy Roux de Bézieux, "le Medef demande un moratoire sur la préparation de nouvelles dispositions énergétiques et environnementales" liées à la loi sur la lutte contre le gaspillage et l'économie circulaire.
>> Coronavirus : les dernières informations sur la pandémie dans notre direct
Cette loi prévoit notamment la création de nouvelles filières pollueur-payeur, l'interdiction pour les grandes surfaces ou les plateformes en ligne de détruire les invendus non alimentaires en 2022 ou la suppression des contenants en plastique dans les fast-food en 2023. Pour la principale organisation patronale, compte tenu de la crise liée au coronavirus, il est "indispensable d'envisager de reporter (...) les délais d'application de la loi afin de garantir une participation pleine et entière des entreprises à la préparation des textes sur l'économie circulaire".
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-le-medef-souhaite-un-moratoire-sur-des-lois-environnementales_3930599.html>
Sur le même sujet : 
> Ce courrier du Medef qui agace le ministère de l'Ecologie <https://www.lejdd.fr/Politique/ce-courrier-du-medef-qui-agace-le-ministere-de-lecologie-3963772>, Le JDD (abonnés), maj le 23/04/20 à 09h44
> Émissions de CO2, invendus alimentaires, énergie… le Medef demande de multiples moratoires sur les lois environnementales pour sortir de la crise, Novethic avec AFP, 23/04/20
Ludovic Dupin avec AFP
Pour le Medef, l’économie française ne se redressera rapidement qu’en soulageant de toutes contraintes les entreprises, à commencer par celles concernant l’environnement et le climat. En ce sens, il demande des moratoires "sur tous les textes actuellement en cours d'élaboration". Pas question, répond le ministère de la Transition énergétique, qui n’exclut cependant pas quelques ajustements.
En pleine crise sanitaire, le Medef demande "un moratoire" sur la mise en place de mesures environnementales, notamment dans la lutte contre le gaspillage et le recyclage, selon un courrier publié jeudi par le Journal du dimanche (JDD). Dans ce document daté du 3 avril, adressé à la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne et signé par son président Geoffroy Roux de Bézieux, "le Medef demande un moratoire sur la préparation de nouvelles dispositions énergétiques et environnementales", liées à la loi sur la lutte contre le gaspillage et l'économie circulaire.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/emissions-de-co2-invendus-alimentaires-energie-le-medef-demande-de-multiples-moratoires-sur-les-lois-environnementales-pour-sortir-de-la-crise-148482.html>
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16- Décryptages. Coronavirus : d’où viennent tous ces milliards des plans de relance ?, Blog Les Décodeurs, 23/04/20, 16h40
Par Mathilde Damgé et Maxime Vaudano

Il y a quelques mois, le gouvernement jugeait déraisonnable d’augmenter la dépense publique. Aujourd’hui, il débloque 110 milliards d’euros. Comment est-ce possible ?
Aurait-on trouvé de l’« argent magique »  ? Depuis quelques semaines, une avalanche de milliards est annoncée par les dirigeants du monde pour faire face aux conséquences économiques du Covid-19. Le gouvernement français a déjà annoncé plus de 110 milliards d’euros d’ici à la fin de l’année, et la facture pourrait encore gonfler.
« Tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et nos entreprises, quoi qu’il en coûte », a justifié le président Emmanuel Macron. Cette formule, qui peut laisser croire à une manne infinie d’argent public, a de quoi étonner : comment le gouvernement peut-il desserrer les cordons de la bourse dans l’urgence, alors que des sommes bien moindres sont réclamées de longue date pour soutenir l’hôpital, investir dans l’école ou renforcer le pouvoir d’achat des Français ? Décryptage d’un miracle… pas si magique.
1. D’où vient cet argent ?
D’une manière générale, l’Etat dispose de trois leviers pour se financer :
• faire des coupes budgétaires (pour baisser ses dépenses) ;
• augmenter les impôts (pour accroître ses recettes) ;
• s’endetter auprès de créanciers disposés à lui prêter de l’argent.
Depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron tentait de réduire la dette en taillant dans certaines dépenses publiques, tout en n’augmentant pas les impôts. La crise du coronavirus l’a forcé à changer de cap : pour aider les entreprises, financer le chômage partiel de millions de salariés et renforcer le système de santé dans l’urgence, il n’y avait guère d’autre choix que de creuser la dette.
Le ministre des finances, Bruno Le Maire, d’habitude plutôt partisan de la rigueur budgétaire, assume : « L’addition, ce n’est pas le sujet. A un moment donné, il sera bien temps de faire les comptes, mais aujourd’hui, la mobilisation est totale pour sauver notre appareil de production, et garantir qu’il y ait le moins de faillites possible dans notre pays. » Laisser l’économie s’effondrer aurait in fine coûté beaucoup plus cher au pays.
Pour financer son plan d’urgence, l’Etat va devoir emprunter au moins 90 milliards d’euros de plus que ce qui était initialement prévu dans le budget, soit 323 milliards d’euros.
Cette tâche incombe à l’Agence France Trésor, qui emprunte chaque semaine de l’argent à des banques pour le compte de l’Etat français. En échange, celles-ci obtiennent des « bons du Trésor », des contrats qui engagent la France à rembourser cet argent à plus ou moins long terme.
Les banques revendent généralement à leur tour ces bons à des investisseurs disposés à prêter de l’argent à la France, en échange d’intérêts rémunérateurs ou, du moins, d’un placement sûr. ll peut s’agir d’Etats étrangers, de fonds d’investissement, de banques ou encore de compagnies d’assurance – cet ensemble d’acteurs est regroupé sous l’expression « les marchés ».
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/04/23/coronavirus-d-ou-viennent-tous-ces-milliards-des-plans-de-relance_6037543_4355770.html>
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17- La transition écologique résistera-t-elle à la crise ?, Actu-environnement, 23/04/20
Florence Roussel

Que ce soit en France ou en Europe, les pressions sont nombreuses pour alléger les ambitions climatiques et environnementales face à la crise économique. Pour l'instant, les discours sont rassurants mais l'incertitude et la méfiance restent de mise.
A l'heure où de nombreux acteurs appellent à baser les plans de relance économiques en préparation sur les secteurs d'activités favorables à la transition écologique, il semble que l'enjeu soit surtout de préserver les acquis. La crise économique qui débute est propice aux remises en question et plusieurs signaux démontrent que le lobbying est intense pour affaiblir les ambitions environnementales.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/transition-ecologique-plan-relance-crise-lobbying-35377.php4>
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18- Covid-19 : des voix s'élèvent partout dans le monde pour exiger des plans de relance durables, Novethic, 23/04/20
Concepcion Alvarez

Syndicats, ONG, élus, économistes, entrepreneurs, climatologues, citoyens : de nombreuses voix s’élèvent partout dans le monde pour appeler à un "jour d’après" plus juste, inclusif et durable. Pour eux, la crise actuelle doit justement être l'occasion de réinventer une société plus résiliente face aux futurs chocs. Ils espèrent une prise de conscience massive afin de faire pression sur les dirigeants pour des plans de relance économique bâtis autour de l'urgence climatique.
"Cette crise est un énième signal d’alarme qui nous dit que c’est le moment de changer nos modes de vie" estime Pauline Boyer, porte-parole d’Alternatiba. Son organisation fait partie des 16 signataires de la pétition "Plus jamais ça" lancée le 7 avril avec des syndicats (CGT, Confédération paysanne, FSU, Solidaires) et d’autres associations environnementales, étudiantes et sociales. Le texte a recueilli pour l’heure plus de 130 000 signatures.
À long terme, ils appellent à mettre en place "un plan de développement de tous les services publics", "une fiscalité plus juste et redistributive" et "un plan de réorientation et de relocalisation solidaire de l’agriculture, de l’industrie et des services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations et de répondre à la crise écologique", écrivent les signataires.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/apres-covid-19-une-autre-voie-est-possible-plus-juste-et-durable-148472.html>
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19- Consommation Post-Covid : changer ce qui doit l’être, sauver ce qui peut l’être, INfluencia, 23/04/20
Véronique Langlois et Xavier Charpentier

Depuis le 24 mars, FreeThinking, le laboratoire de conseil et d’études collaboratives au sein de Publicis Groupe en France, écoute les Français des classes moyennes pour mieux comprendre comment ces derniers vivent et ressentent cette période et anticipent l’Après. #ResterChezSoi. Paroles de Véronique Langlois et Xavier Charpentier.
« Mes courses se font au drive, je ne prends que l’essentiel, pas de superflu, effectivement mon budget courses a été réduit car je ne suis pas tentée d’acheter comme je pouvais le faire en allant en supermarché des coups de cœur… Ça me manque de flâner dans les magasins et les galeries marchandes ».
Confrontés à une crise qu’ils ne pouvaient pas anticiper, et qui bouleverse leurs repères les plus intimes, les Français s’adaptent. Leurs routines, leurs habitudes, et en particulier leurs habitudes de consommation se transforment sous la pression des événements.
Cultiver son jardin potager ?
Réduction du rythme de sortie et des courses ; mouvement d’hybridation des circuits de distribution freiné avec la prééminence des grandes enseignes dans leurs formats de proximité, à travers le drive ou la livraison à domicile ; recentrage sur l’alimentaire à la fois parce que le reste - mode, beauté, loisirs… - est moins accessible et parce que l’envie est moindre, quand on vit dans l’incertitude ; redécouverte du plaisir de cuisiner, et pour ceux qui le peuvent du privilège de cultiver son jardin potager, comme un Candide 2020 retiré loin des métropoles… Les Français changent. C’est incontestable. Mais en ont-ils envie ? En d’autres termes : cette adaptation rapide et nécessaire à la crise du Covid et au confinement ouvre-t-elle la voie à un « Grand Soir » de la consommation ?
Un Grand Soir de la consommation ?
Non. Car pour que le « Grand Soir » advienne, demain, quand le confinement sera terminé et que la vie devra reprendre son cours même si c’est autrement, il faudrait que les Français changent radicalement de regard sur la consommation. Or c’est bien plus d’une « Révolution de velours de la consommation » qu’ils nous parlent aujourd’hui.
>> Suite à lire à :
<http://www.influencia.net/fr/actualites/media-com,tendances,consommation-post-covid-changer-qui-doit-etre-sauver-qui-peut-etre,10144.html>
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20- Penser l’après : La reconstruction plutôt que la reprise, The Conversation, 24/04/20, 10:24
Par Patrick Criqui, Directeur de recherche émérite au CNRS, Université Grenoble Alpes & Sébastien Treyer, Directeur général, Iddri, Sciences Po – USPC

Le « cygne noir » désigne un événement très peu probable, non anticipé et aux conséquences incalculables. La crise du Covid-19 ne répond pas strictement à cette définition puisque le risque d’une pandémie avait été maintes fois signalé dans différents rapports de l’OMS ou du PNUE, et aussi dans la littérature d’anticipation.
Mais il est certain que ses effets sont aujourd’hui incalculables : l’enchaînement des conséquences économiques et sociales de la crise et la détresse sanitaire et humaine qui en découleront restent malheureusement encore à découvrir. Il aurait fallu s’y préparer, mais aujourd’hui les politiques, les experts les plus chevronnés, les citoyens, tous doivent affronter une situation d’incertitude radicale sur les développements futurs de cette crise.
Comment se préparer à l’après et avec quelles armes, alors même que, dans l’ébranlement du monde, il faut gérer l’urgence ?
Gardons-nous d’une instrumentalisation des événements en cours dans la poursuite d’autres fins et, évidemment, chacun voit dans la crise une confirmation de son appréhension du monde. Mais il est clair que l’ampleur du choc exogène sera telle qu’un effort de reconstruction s’impose. Autant le mettre à profit pour engager des transformations durables dans la dynamique de la société mondiale.
C’était l’optique du New Deal de Roosevelt au début du XXe siècle, qui cherchait à piloter ensemble trois horizons d’action : l’intervention d’urgence, la relance, et un profond changement dans le projet de société (relief, recovery, reform). C’était aussi la perspective des accords de Bretton Woods qui ont permis de refonder le système économique et financier mondial, dans la reconstruction de l’après-Seconde Guerre mondiale.
Les jours d’après, il faut en discuter maintenant.
Les bouleversements que nos sociétés auront subis avec l’actuelle crise sanitaire pourraient très bien conduire, comme le souligne l’économiste turc Dani Rodrik, à approfondir les tropismes nationaux comme les tendances délétères du monde d’avant – inégalités, dégradations environnementales, captures du pouvoir…
Mais elles pourraient aussi constituer une rupture féconde à condition, comme le souligne Joseph Stiglitz, que la gravité des périls permette de dépasser les égoïsmes nationaux de court terme. En tous cas, à moins de souhaiter un simple retour au statu quo, la réflexion collective doit être menée dès maintenant.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/penser-lapres-la-reconstruction-plutot-que-la-reprise-137042>
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21- Confinement : le jour d'après vu par la journaliste Marie-Monique Robin, La Nouvelle République, 24/04/20, 11:07

La journaliste d’enquête deux-sévrienne produit depuis trente ans des documentaires et des livres sur l’environnement et le social comme « Le Monde selon Monsanto » ou « Nouvelle Cordée ». Voici ses pistes pour après.
Les cloches sonnent joliment au clocher catalan des Pyrénées où elle s’est installée dans la maison de famille de son mari… La journaliste Marie-Monique Robin explique au téléphone que, même loin de tout, elle est - comme toujours - hyperactive… « Je profite du confinement pour réfléchir, lire, compulser des articles… L’écologie m’habite depuis très longtemps. Je constate une montée des zoonoses (les infections d’origine animale comme le SRAS, Ebola), des épidémies infectieuses - alors que dans les années soixante on avait triomphé de la variole. Dans les années suivantes, on identifie une nouvelle maladie tous les dix-quinze ans ; maintenant c’est cinq par an ! » Son éditeur, La Découverte, est partant pour un livre d’enquête (par Skype !) auprès de vingt-cinq scientifiques internationaux étudiant ces épidémies, tandis qu’elle boucle aussi un projet de documentaire pour Arte. « J’ai téléchargé une centaine d’études qui confirment le lien entre déforestation, échanges globaux, etc. et ces maladies. » L’antidote c’est de « préserver la biodiversité », éviter la rupture des équilibres naturels.
>> Suite à lire à :
<https://www.lanouvellerepublique.fr/deux-sevres/confinement-le-jour-d-apres-vu-par-la-journaliste-marie-monique-robin>
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En audio
22- Les entretiens confinés, avec Valérie Masson-Delmotte : "La question de la solidarité est fondamentale", France Inter, 20/04/20, 10h29
Camille Crosnier 

Camille Crosnier s'entretient à distance avec des personnalités scientifiques pour nourrir notre réflexion et construire le fameux "monde d'après". Aujourd'hui, la paléoclimatologue et co-présidente du GIEC Valérie Masson-Delmotte, confinée en famille dans l'Essonne.
Bonjour Valérie Masson-Delmotte. Vous êtes confinée, où et comment ?  
Dans ma petite maison dans un village de l'Essonne, où j'habite.  Mon mari et moi sommes en télétravail, et nos deux filles étudiantes sont en télé-études avec un accès à Internet un peu limité !  
Il y a beaucoup de solidarité dans la famille, avec nos voisins et puis également avec notre famille à distance. Egalement avec l'ensemble de mes collègues un peu partout aux quatre coins du monde.
>> Suite à lire ou à réécouter (14 min) à :
<https://www.franceinter.fr/environnement/les-entretiens-confines-avec-valerie-masson-delmotte-la-question-de-la-solidarite-est-fondamentale>
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En images
23- Décryptages. Moins de bruit, plus de télé, pas d’avions ou presque : la « France à l’arrêt » en douze graphiques, Blog Les Décodeurs, maj le 02/04/20 à 14h03
Par Mathilde Damgé, Jérémie Baruch, Maxime Ferrer, Léa Sanchez et Grégoire Humbert

Avec le confinement en vigueur depuis le 17 mars, l’activité de la France s’est ralentie dans de nombreux secteurs. Tour d’horizon en douze graphiques.
Le directeur de l’Institut national des statistiques et des études économiques (Insee) l’a reconnu lui-même en publiant, jeudi 26 mars, les résultats des enquêtes de conjoncture, en forte baisse : il est difficile, voire impossible, de montrer par des chiffres l’ampleur de la crise inédite provoquée par l’épidémie de Covid-19 en France. Selon l’Insee, l’activité aurait fondu d’un tiers en quelques jours. Certains indicateurs sont assez explicites : transport, énergie, consommation, entreprises, finance… Nous en avons sélectionné douze.
Dans cet article, il s’agit de montrer des tendances et des ordres de grandeur. Excepté pour les chiffres de l’Insee, qui sont construits avec un calendrier mensuel, et dans la limite de la disponibilité des données, nous avons pris des indicateurs des trente derniers jours, et non ceux des années précédentes, qui ne sont pas toujours pertinents pour des comparaisons (variations selon les jours de la semaine, selon la météo ou d’autres événements…).
>> Suite à voir à :
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/04/01/bruit-circulation-electricite-douze-indicateurs-d-une-france-a-l-arret_6035150_4355770.html>
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– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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