[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international + 2 annonces (lundi 3 février)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Lun 3 Fév 08:04:29 CET 2020
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1- Entretien. Arnaud Leroy (Ademe) : « En matière de transition écologique, il faut sortir du cercle des initiés » <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/01/22/arnaud-leroy-ademe-en-matiere-de-transition-ecologique-il-faut-sortir-du-cercle-des-inities_6026851_4811534.html>, Le Monde, 22/01/20, 16h43
2- Tribune. « Pour une TVA réduite sur les produits et services de première utilité écoconçus » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/22/pour-une-tva-reduite-sur-les-produits-et-services-de-premiere-utilite-eco-concus_6026872_3232.html>, Le Monde, 22/01/20, 18h36
3- Bernard Charbonneau, ce pionnier méconnu de l’écologie française <https://theconversation.com/bernard-charbonneau-ce-pionnier-meconnu-de-lecologie-francaise-130094>, The Conversation, 22/01/20, 20:09
4- L'horloge de l'apocalypse avancée de 20 secondes, plus près de minuit que jamais <https://www.lalibre.be/planete/environnement/l-horloge-de-l-apocalypse-avancee-de-20-secondes-plus-pres-de-minuit-que-jamais-5e29e6e9d8ad587c2195f8e3>, AFP, 23/01/20, 21:00
5- Plus optimiste, la Banque centrale européenne (BCE) révise sa stratégie et veut y intégrer le climat <https://www.nordnet.fr/infos/eco/plus-optimiste-la-bce-revise-sa-strategie-et-veut-y-integrer-le-climat/urn.newsml.afp.com.20200123.doc.1o54xq>, AFP, 23/01/20
6- Enquête. Aux origines coloniales de la crise écologique <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/24/aux-origines-coloniales-de-la-crise-ecologique_6027034_3232.html>, Le Monde, 24/01/20, 03h09
7- Analyse. « Le capitalisme n’est pas mort, bien sûr, mais il a de sérieux problèmes » : à Davos, des inquiétudes et des promesses <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/01/24/a-davos-le-gotha-des-entreprises-promet-un-nouveau-capitalisme_6027079_3234.html>, Le Monde, 24/01/20, 16h09
8- Tribune. Laurence Scialom : « Il est légitime que la BCE verdisse son action » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/24/laurence-scialom-il-est-legitime-que-la-bce-verdisse-son-action_6027094_3232.html>, Le Monde, 25/01/20, 11h24
9- Tribune. Gregory Claeys et Simone Tagliapietra : « Le succès du “Green Deal” se jouera à Berlin, pas à Bruxelles » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/24/gregory-claeys-et-simone-tagliapietra-le-succes-du-green-deal-se-jouera-a-berlin-pas-a-bruxelles_6027095_3232.html>, Le Monde, 25/01/20, 11h28
10- Plastique, fret, douche : 3 innovations pour un monde plus durable <https://www.lejdd.fr/Societe/plastique-fret-douche-3-innovations-pour-un-monde-plus-durable-3945633>, Le JDD, 27/01/20, 11h00
11- Australie : "Les incendies montrent les limites de la vision dominatrice de la nature" <https://www.wedemain.fr/Australie-Les-incendies-montrent-les-limites-de-la-vision-dominatrice-de-la-nature_a4514.html>, We Demain, 28/01/20
12- Atteintes à l'environnement : Belloubet annonce des juridictions specialisées <https://information.tv5monde.com/info/atteintes-l-environnement-belloubet-annonce-des-juridictions-specialisees-344000>, AFP, 29/01/20, 12:00
13- « Le siècle vert » de Régis Debray, ou l'écologie vue depuis le XXe siècle <https://usbeketrica.com/article/siecle-vert-regis-debray-essai>, Usbek & Rica, 29/01/19, 17:15
14- Amazonie : des photos font vivre la mystique et la lutte des Yanomami <https://information.tv5monde.com/culture/amazonie-des-photos-font-vivre-la-mystique-et-la-lutte-des-yanomami-344110>, AFP, 29/01/20, 20:00
15- Chasse au plastique, vente en vrac… le Parlement adopte la loi contre le gaspillage <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/30/chasse-au-plastique-vente-en-vrac-le-parlement-adopte-la-loi-contre-le-gaspillage_6027824_3244.html>, Le Monde avec AFP, 30/01/20, 15h45
16- 2020, année de consécration de l'économie circulaire ? <https://www.latribune.fr/entreprises-finance/transitions-ecologiques/2020-annee-de-consecration-de-l-economie-circulaire-838375.html>, La Tribune, 30/01/20, 16:58
17- Faire de la "raison d’être" un axe structurant de l'entreprise et non un slogan vide de sens <https://www.novethic.fr/actualite/entreprise-responsable/isr-rse/raison-d-etre-les-principes-a-suivre-pour-reellement-faire-la-difference-148168.html>, Novethic, 30/01/20
18- Le Conseil constitutionnel reconnaît que « la protection de l’environnement » peut justifier des « atteintes à la liberté d’entreprendre » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/31/la-protection-de-l-environnement-peut-justifier-des-atteintes-a-la-liberte-d-entreprendre-juge-le-conseil-constitutionnel_6027909_3244.html>, Le Monde, 31/01/20, 11h23
19- Entretien. Loi antigaspillage : « Recycler 100 % de nos plastiques à l’infini est une illusion » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/31/loi-antigaspillage-recycler-100-de-nos-plastiques-a-l-infini-est-une-illusion_6027930_3244.html>, Le Monde, 31/01/20, 12h14
20- Nicolas Hulot : "Pour sauver l’humanité, faisons tourner la planche à billets" <https://www.parismatch.com/Actu/Environnement/Nicolas-Hulot-Pour-sauver-l-humanite-faisons-tourner-la-planche-a-billets-comme-pour-les-banques-1671582>, Paris Match, maj le 01/02/20 à 14h55
En audio
21- Réchauffement climatique, mobilité des Français, présidentielle de 2022, le "8h30 franceinfo" de Nicolas Hulot <https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/8h30-fauvelle-dely/rechauffement-climatique-mobilite-des-francais-presidentielle-de-2022-le-8h30-franceinfo-de-nicolas-hulot_3787189.html>, Radio France, 29/01/20, 11:37
En images
22- Municipales : objectif zéro carbone à Ungersheim <https://www.francetvinfo.fr/elections/municipales/municipales-objectif-zero-carbone-a-ungersheim_3799893.html>, France 3, le 19/20, 25/01/20
23- Collection Ecologie, la révolution est en marche, interview de Nicolas Hulot <https://www.6play.fr/capital-p_860/nicolas-hulot-son-interview-en-integralite-et-en-exclusivite-c_12575293>, M6, Capital, 26/01/20, 21h
24- Climat : "Est-ce qu'on en fait assez ? La réponse est non. Il faut changer d'échelle", estime Nicolas Hulot au sommet Change Now <https://www.francetvinfo.fr/politique/nicolas-hulot/video-climat-est-ce-qu-on-en-fait-assez-la-reponse-est-non-il-faut-changer-d-echelle-estime-nicolas-hulot-au-sommet-change-now_3807403.html>, France info, 31/01/20, 17:40
Deux annonces
25- Les modes de vie : de quoi parle-t-on ? Vidéo 3 mn et Flash TES 4 pages - Programme Transition Energétique et Sociétale (TES) <https://web.imt-atlantique.fr/x-dg/transition-energetique/uploads/ressources/Programme%20TES/Modes%20de%20vie/Video_mode%20de%20vie_Aful_vf_HD.mp4>, Collège des transitions sociétales, 31/01/20
26- Laurent Berger et Nicolas Hulot à Villeurbanne le 5 février pour présenter leur pacte social et écologique <https://www.leprogres.fr/edition-lyon-villeurbanne/2020/01/27/laurent-berger-et-nicolas-hulot-le-5-fevrier-a-villeurbanne>, Le Progrès, 27/01/20, 11:32
Bien à vous,
Florence
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DÉCISIONS DU JOUR : — Le Conseil constitutionnel a consacré la protection de l’environnement face à la liberté d’entreprendre brandie par l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP) et confirme l’interdiction de produire et d’exporter hors d’Europe des pesticides interdits sur le vieux continent. (cf. item 18 & suite)
— Adoptée par le Parlement, la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire vise à inscrire l'économie de ressources dans le quotidien des citoyens. (cf. item 15 & 16)
— La ministre de la Justice Nicole Belloubet a annoncé un projet de loi pour améliorer la réponse judiciaire aux atteintes à l'environnement, avec la création de pôles spécialisés dans chaque cour d'appel et l'affectation de magistrats dédiés. (cf. item 12)
CITATIONS DU JOUR : — Pour réussir une « vraie » transition écologique, il faut une volonté politique mais surtout, il faut que le principe de cette transition soit accepté par le plus grand nombre. Les citoyens, qui placent la question environnementale en tête de leurs préoccupations, sont d’accord avec l’idée qu’il faut changer de braquet." Arnaud Leroy, président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) (cf. item 1)
— "Nous exprimons désormais en secondes le temps séparant le monde de la catastrophe, non plus en heures ou en minutes", Rachel Bronson, présidente et directrice générale du Bulletin of Atomic Scientists (cf. item 4)
— "Les politiques ne sont pas responsables de tous les maux. Cette vision est caricaturale et même un peu dangereuse. Nous avons eu la chance d’hériter d’une démocratie, rendons la plus inclusive. La société civile doit être associée en amont." Nicolas Hulot, ancien ministre de la Transition écologique et solidaire (cf. item 20, 21, 23, suite & 24)
PLAIDOIRIES DU JOUR : — Romain Ferrari, expert de la transition écologique, plaide pour une « TVA circulaire » c’est-à-dire la réduction de la TVA sur les produits et services de première utilité écoconçus, donc à faibles externalités négatives. (cf. item 2)
— Pour espérer un succès au “Green Deal européen, les deux pistes les plus prometteuses sont une réforme des règles budgétaires de l’UE et une réorientation des missions de la Banque européenne d’investissement (BEI). (cf. item 9)
— Pour la philosophe Joëlle Zask, auteure de "Quand la forêt brûle", les méga-feux qui ravagent la planète sont dus à une relation erronée à la nature, que les hommes doivent non pas dominer, ni préserver, mais entretenir. (cf. item 11)
— Quels principes de base pour faire de la "raison d’être" un axe structurant de l'entreprise et non une allégation molle. (cf. item 17)
RÉVISIONS DU JOUR : — La Banque centrale européenne (BCE) a lancé le premier réexamen de sa stratégie depuis 17 ans, pour ajuster ses objectifs et intégrer la protection du climat à ses instruments. (cf. item 5 & 8)
— A la clôture du Forum économique mondial et sous la pression des consommateurs, des ONG et de leurs salariés, les entreprises sentent qu’elles doivent évoluer. (cf. item 7)
ENQUÊTE DU JOUR : Pour les chercheurs décoloniaux, le capitalisme s’est structuré sur une économie extractive et des monocultures intensives qui ont détruit la biodiversité. (cf. item 6)
ALTERNATIVE DU JOUR : A Ungersheim, petite commune du Haut-Rhin au pied des Vosges, l’objectif du maire est d'atteindre l'autonomie énergétique et alimentaire d'ici 2022. (cf. item 22)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 120 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Entretien. Arnaud Leroy (Ademe) : « En matière de transition écologique, il faut sortir du cercle des initiés », Le Monde, 22/01/20, 16h43
Propos recueillis par Cécile Peltier
Qualité de l’air, gestion de l’eau, énergies renouvelables, production d’une alimentation durable… Les collectivités sont en première ligne pour relever le défi de la transition écologique, estime le président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).
L’écologie est au cœur des promesses de campagne des candidats aux élections municipales de mars 2020. Alors que plusieurs lois récentes [sur l’économie circulaire, les mobilités ou les collectivités] viennent de renforcer leurs compétences en matière de transports ou d’économie circulaire, les collectivités, en particulier le couple intercommunalités-régions, sont les principales actrices de la transition écologique, selon Arnaud Leroy, président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Pour cela, elles vont devoir s’allier et prendre le temps d’impliquer les citoyens.
En amont de la conférence Le Monde Cities intitulée « Transition écologique : à quoi mesure-t-on son efficacité ? », qui se tiendra, de 17 heures à 19 heures, à l’hôtel de ville de Bordeaux le 27 janvier 2020, veille de l’ouverture des Assises européennes de la transition écologique, il invite à « sortir des cercles d’initiés » et de se donner les moyens au niveau européen de financer la transition.
Peut-on hiérarchiser les enjeux de la transition écologique ?
Le premier est celui de la qualité de l’air, qui représente un sujet de santé public majeur pour des millions de Français. Il suffit de regarder les programmes des candidats aux élections municipales…
Le deuxième porte sur la mobilité. Le retour des jeunes et des plus âgés vers les centres-villes s’accompagne de flux importants d’actifs importants avec les encombrements qui vont avec.
Autre défi : celui de la production d’une alimentation durable. A compter de 2022, les collectivités auront l’obligation de servir dans les cantines une part significative de repas bio, issus des circuits courts. Où va-t-on fabriquer cette agriculture durable, sachant que ce n’est pas avec l’agriculture urbaine, aussi utile soit-elle, que l’on satisfera la demande ?
> Lire aussi L’Assemblée nationale vote pour une plus grande part de produits bio dans les cantines
La question vaut également pour la production en énergies renouvelables. Certaines agglomérations, à l’instar de Bordeaux, affichent des objectifs ambitieux qu’elles ne pourront pas atteindre sans la construction d’une politique concertée avec les territoires environnants. Un autre enjeu majeur est celui de la gestion de l’eau. Si on veut éviter des conflits comme ceux rencontrés récemment en Espagne, entre le milieu économique et agricole et la population, les collectivités vont devoir mener un travail de gestion de la ressource et arbitrer lorsque c’est nécessaire.
Enfin, la collecte-gestion des déchets est essentielle dans la construction d’une économie circulaire. En imposant de plus en plus de contraintes aux collectivités, comme l’augmentation du coût de l’enfouissement, l’Etat les oblige à trouver des solutions. C’est encore balbutiant, mais doucement, on observe le passage d’une politique de gestion des déchets à une politique de gestion des ressources.
> Lire aussi L’abandon des déchets « est un héritage de la modernité industrielle »
Quel pouvoir les collectivités ont-elles sur ce dossier ?
Elles ont un rôle essentiel. Elles disposent de compétences importantes, qui viennent d’être renforcées. Le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire, par exemple, les place aux avant-postes sur ce sujet. De même, la loi d’orientation des mobilités, adoptée fin 2019, clarifie le rôle des différents échelons de collectivités, contribuant à en faire des acteurs majeurs dans la définition et la mise œuvre des politiques de transport.
Aujourd’hui, l’établissement public de coopération intercommunale [EPCI] et la région forment le couple parfait pour mener cette transition écologique, qui passera forcément par les territoires. Parce que c’est le bon niveau de décision, mais aussi le bon niveau d’action.
De quels leviers disposent-elles pour engager cette transition ?
Elles peuvent compter tout d’abord sur un certain nombre d’outils de planification intéressants. Le schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires [Sraddet] à l’échelon régional, qui intègre depuis la loi NOTRe la question des déchets, et le plan climat-air-énergie territorial au niveau communal constituent des documents stratégiques, excessivement importants pour le futur dans la mesure où ils permettent de poser des diagnostics.
Les contrats de transition écologique, lancés en 2018 par l’Etat sont vertueux, car ils ne se limitent pas à décerner un label. Ils permettent de faire émerger un projet territorial en mettant autour de la table les différents acteurs publics et même, dans certains endroits, les acteurs économiques. Cela paraît banal, mais c’est énorme. Quant au fait qu’il n’y ait pas forcément d’argent à la clé, cela ne constitue pas forcément un frein. Dans le passé, et notamment lors du précédent quinquennat, certains projets ont bénéficié de subventions importantes, mais pas de suivi. Ici, c’est plutôt l’inverse, et c’est mieux.
Autre levier important : la nouvelle Agence nationale de cohésion des territoires dont l’Ademe est partie prenante. En simplifiant le montage, le financement et le suivi des projets, elle devrait constituer un soutien important pour les villes et les communautés les moins bien outillées.
Enfin, le droit ouvre aux collectivités des possibilités d’expérimentation intéressantes, notamment en matière d’urbanisme – sur les matériaux utilisables, la manière de construire… Des collectivités qui, comme le montrent les premières discussions sur le projet de loi « 3D » (décentralisation, différenciation et déconcentration), ne demandent pas forcément plus de compétences, mais la possibilité d’adapter les règles au contexte local.
> Lire aussi Patrick Bouchain : « Il faut revenir à un urbanisme démocratique »
Les collectivités ont-elles vraiment les moyens financiers de faire face à ces nouvelles compétences ?
Dans l’histoire récente, l’Etat a souvent transféré de nouvelles compétences aux collectivités, sans les moyens qui vont avec. Il y a une confiance à rebâtir, qui est également au cœur de la transition écologique. Mais le président Macron a dit que s’il y avait transfert de compétences, il y aurait transfert de moyens conséquents, et je m’en tiens à cela.
Il est important que les pouvoirs publics puissent continuer de s’appuyer sur tous les niveaux de compétences, y compris les communes qui restent un élément moteur au sein des EPCI. Par exemple, à Rouen, ce sont trois communes de la métropole, très engagées dans le programme Cit’ergie – un label très qualitatif en matière d’énergie et de climat – qui en ont convaincu quatorze autres et la métropole en structure faîtière de se lancer dans la démarche.
> Lire aussi La métropole de Rouen décline sa COP21 sur le terrain
Quelles sont les conditions d’une « vraie » transition ?
D’abord, il faut une volonté politique. A ce titre, la mandature 2020-2026 va être cruciale si on veut des résultats en matière écologique en 2030. Heureusement, il semblerait que les candidats aux élections municipales de mars prochain aient pris conscience de l’urgence. J’en veux pour indice que les fiches pratiques que nous avons publiées à l’Ademe en prévision de cette échéance ont rencontré un succès record.
Mais surtout, il faut que le principe de cette transition soit accepté par le plus grand nombre. Les citoyens, qui placent la question environnementale en tête de leurs préoccupations, sont d’accord avec l’idée qu’il faut changer de braquet. Tout le monde a compris qu’il ne s’agissait plus de viser les trois fleurettes au concours « villes fleuries », mais de transformer la ville profondément pour la rendre résiliente. Construire des îlots de fraîcheur afin d’éviter qu’elle ne devienne une étuve, concevoir des transports pour permettre aux personnes âgées de rester chez elles et de se déplacer.
Mais changer de société suscite forcément craintes et oppositions. Fermer une usine polluante, signifie souvent mettre des gens au chômage, et ce n’est pas facile. C’est pourquoi il est essentiel de prendre le temps de rassurer, d’informer en sortant du cercle des initiés, mais aussi de former. Le passage d’une économie grise ou brune à une économie verte ne se résume pas aux énergies renouvelables et à la réparation de vélos. Il va concerner tous les secteurs de l’économie et tous les niveaux de compétences.
> Lire aussi Comment construire des villes durables en s’inspirant de la nature
Existe-t-il des outils qui permettent d’impliquer les citoyens dans la construction de cette transition ?
Des outils, je ne sais pas, mais il existe des initiatives qui fonctionnent très bien, comme, par exemple, le programme Rev3 – pour « 3e révolution industrielle » –, mené conjointement par les chambres de commerce et d’industrie et le conseil régional des Hauts-de-France. Le programme est né dans le Nord-Pas-de-Calais. Le territoire n’a pas fait l’objet d’une transition économique, mais une mutilation [liée à la désindustrialisation]. Pour y remédier, en 2012, l’ancienne majorité socialiste présidée par Daniel Percheron, a construit de toutes pièces un plan de transition fondé sur l’économie verte, inspiré des travaux de Jeremy Rifkin.
Elle a installé des structures de concertation, organisé des rencontres avec les instances universitaires, économiques, culturelles, et la mayonnaise a pris. Lorsque Xavier Bertrand – alors membre des Républicains – a remporté les élections régionales en 2016 et que la région a fusionné avec la Picardie, le dispositif a été maintenu et développé. C’est important, car la transition écologique implique un engagement de long terme. Aujourd’hui, les parties prenantes discutent des secteurs économiques dans lesquels il faut investir, former des gens…
Dans le même esprit, on peut citer le programme d’adaptation au changement climatique Aquiterra, déployé par la région Nouvelle-Aquitaine et le climatologue, Hervé Le Treut ou la COP21 de la métropole rouennaise.
> Lire aussi Les Hauts-de-France en pointe sur l’économie responsable
Ces outils sont-ils généralisables ?
Oui, à une condition d’être acceptés démocratiquement par les équipes en place. On ne peut pas leur imposer. A l’Ademe, nous avons testé des outils qui pourront être répliqués et adaptés. En matière de transition, il faut aller vite, et nous n’aurons pas toujours les moyens de faire du cousu main partout.
Comment éviter que les actions en matière de transition ne versent dans le « greenwashing » ?
Faire des promesses qu’on ne tient pas, compte tenu de l’intérêt et du niveau de connaissance des citoyens sur le sujet, c’est courir le risque de ne pas être réélu…
Bien sûr, il y a quelques mauvais élèves. Certains écoquartiers n’ont pas rempli le cahier des charges, mais la majorité des initiatives fonctionnent. Certaines villes ont même lancé des programmes pionniers de construction de bâtiments moins énergivores, aussi bien en matière de consommation d’énergie, que de matière en employant des matériaux biosourcés locaux, etc. Toute la difficulté étant de passer du stade de l’expérimentation à une échelle plus importante.
De quelle manière mesure-t-on l’efficacité de cette transition écologique ?
Tout se mesure. La qualité de l’air fait régulièrement l’objet d’analyses. En matière de mobilité, il n’est pas difficile de compter le nombre de voitures sur les routes, d’utilisateurs de vélo, des transports en commun, le remplacement des camions de livraison par des modes de locomotion plus doux (véhicules électriques, biogaz, vélo cargo, logistique fluviale, etc.) dans le centre-ville… C’est un enjeu démocratique important. Les citoyens apprécient de vivre sur un territoire actif sur le terrain environnemental. A Loos-en-Gohelle, dans le bassin minier du Pas-de-Calais, la politique municipale pour en faire une vitrine de l’écologie a été un facteur d’attractivité important.
Comment éviter que cette transition soit vécue comme pénalisante par les catégories les plus modestes ?
C’est toute la difficulté de cette transition qui arrive au moment où le modèle issu des Trente Glorieuses se fissure, et que l’aménagement du territoire, tant vanté, montre ses limites. Et y remédier prend du temps. Par exemple, le développement du périurbain a rendu une partie de sa population totalement esclave de sa voiture. Construire des réseaux de transport ne se fait pas en deux jours… Il faut réussir à juguler ces questions de calendrier, mais aussi de coût social.
A ce titre, le versement d’une compensation [financière pour les catégories les plus modestes] est central. C’est l’objectif du chèque énergie et qui doit peut-être temporairement être étendu aux questions de déplacement. C’est aussi l’ambition du dispositif « MaPrim’Renov » qui vient remplacer le CITE [crédit d’impôt pour la transition énergétique], et dont les conditions d’obtention ont été revues en faveur des plus modestes.
Cette notion de compensation n’a peut-être pas été assez prise en compte dans le cadre de l’augmentation de la taxe carbone. La population n’est pas opposée à la transition écologique, mais une partie ne peut tout simplement pas se la permettre.
C’est pourquoi je pense que les discussions sur la mise en place d’un Green New Deal européen de mille milliards d’euros sont si importantes. Il faut oser remettre en cause cette règle européenne, selon laquelle le déficit public annuel des Etats, ne doit pas excéder 3 % du produit intérieur brut et se mettre d’accord sur une liste d’investissements indispensables pour financer la transition. Et assurer la survie de l’Homo sapiens.
> Lire aussi « Green Deal » de l’UE : les aides européennes au secours du climat
§ Arnaud Leroy, président de l’Ademe, interviendra lors de la conférence « Transition écologique : à quoi mesure-t-on son efficacité ? », organisée par Le Monde Cities le 27 janvier, de 17 heures à 19 heures à l’hôtel de ville de Bordeaux. Accès libre sur inscription.
<https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/01/22/arnaud-leroy-ademe-en-matiere-de-transition-ecologique-il-faut-sortir-du-cercle-des-inities_6026851_4811534.html <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/01/22/arnaud-leroy-ademe-en-matiere-de-transition-ecologique-il-faut-sortir-du-cercle-des-inities_6026851_4811534.html>>
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2- Tribune. « Pour une TVA réduite sur les produits et services de première utilité écoconçus », Le Monde, 22/01/20, 18h36
Par Romain Ferrari, Président de Fondation 2019
Romain Ferrari, expert de la transition écologique, plaide dans une tribune au « Monde » pour une « TVA circulaire », une idée dernièrement rejetée par le gouvernement dans le cadre de la loi contre le gaspillage.
Tribune. Que va-t-on retenir de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, adoptée le 21 janvier par les députés : la consigne bouteille et la suppression des touillettes ? Une mesure, plus structurelle, finalement abandonnée, avait pourtant mobilisé plus d’une heure de débats à l’Assemblée nationale : celle de la TVA circulaire.
Son principe est simple : réduire la TVA sur les produits et services de première utilité écoconçus, donc à faibles externalités négatives. Un rapport a démontré que la dépense fiscale induite par cette baisse de TVA est largement compensée par la diminution des coûts publics résultant de la réduction des préjudices pesant sur la collectivité – pollution, santé, ressources (« Projet Modext. Modélisation des externalités environnementales pour une TVA circulaire », par Yves Gérand, Stéphane Le Pochat, Anaëlle Dubosc, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie – Ademe – et Evaluation et accompagnement – EVEA –, octobre 2018).
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Ce dispositif rétablirait une équité concurrentielle entre des offres responsables (souvent plus chères en apparence et, par conséquent, disqualifiées) et celles qui le sont moins (et, de ce fait, fréquemment moins chères). Elle permettrait au plus grand nombre de consommateurs d’accéder à ces offres responsables à un prix raisonnable : services de réparation, biens contenant des matières recyclées ou biosourcées, prestations à faibles impacts environnementaux, etc.
Un débat d’idées respectueux
Désignée comme priorité lors de la discussion générale du texte le 9 décembre 2019, à la fois par Guillaume Garot (PS) et François-Michel Lambert (groupe Libertés et territoires, président de l’Institut de l’économie circulaire), le projet de la TVA circulaire a fait l’objet d’une bonne dizaine d’amendements défendus par des députés d’obédiences diverses.
> Lire aussi Nicolas Hulot et Laurent Berger : « 66 propositions pour un pacte social et écologique »
Malgré cette très large représentation politique, aucun de ces amendements n’a résisté au vote de l’Assemblée, par suite d’un avis défavorable du gouvernement. Pour autant, ils ont permis un débat d’idées respectueux et de bon niveau qui fait honneur à toutes les députées et à tous les députés qui y ont pris part, sans souci des attaches partisanes.
Nombre d’entre eux ont souligné la nécessité de mettre en cohérence l’ensemble des politiques publiques, y compris la politique fiscale. L’intérêt d’une TVA circulaire est précisément de donner aux acteurs économiques une visibilité à long terme et de rendre les produits recyclés ou biosourcés plus compétitifs.
> Lire aussi Les vertus de « la TVA, une invention française qu’ont imitée la quasi-totalité des autres nations »
D’autres ont mis en avant cette « fiscalité positive », essentielle pour relancer les activités de réparation avec un double bénéfice environnemental et social, particulièrement pour l’économie sociale et solidaire.
Pourquoi, alors, ce blocage du gouvernement sur la TVA circulaire ?
Un manque d’ambition ?
Est-ce en raison de l’échec de la baisse de la TVA sur la restauration ? Mais le « projet Modext » démontre que la TVA circulaire peut s’appliquer de façon ciblée, avec un contrôle strict d’une création de valeur publique par euro de dépense fiscale. En ce sens, ce dispositif n’est aucunement comparable à celui du secteur de la restauration, appliqué sans contrôle et qui n’a pas produit l’effet escompté.
> Lire aussi La TVA, une invention française
Est-ce un manque d’ambition ? Rappelons que la France inventa la TVA en 1954, grâce notamment aux travaux de Maurice Lauré. Peut-on imaginer un seul instant que notre pays puisse avoir perdu l’audace de réinventer cette norme de fiscalité nécessaire au « nouveau modèle écologique » qu’appelle Emmanuel Macron de ses vœux ?
Est-ce la faute à la réglementation européenne ? Elle n’a pas empêché plusieurs Etats membres d’expérimenter des taux de TVA réduits, notamment sur certains services de réparation. Dès janvier 2018, la Commission européenne a présenté une proposition visant à permettre plus de souplesse aux Etats membres pour modifier les taux de TVA.
Dès lors, comment les décideurs publics pourraient-ils rester inactifs alors que cette TVA circulaire est soutenue par une telle diversité de parties prenantes : ONG, acteurs de l’économie sociale et solidaire, consommateurs et producteurs ? Rendez-vous au prochain projet de loi de finance…
§ La mission de Fondation 2019 est de « concevoir les instruments économiques pour accélérer la transition écologique ». Romain Ferrari enseigne au sein de différents masters d’économie et environnement.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/22/pour-une-tva-reduite-sur-les-produits-et-services-de-premiere-utilite-eco-concus_6026872_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/22/pour-une-tva-reduite-sur-les-produits-et-services-de-premiere-utilite-eco-concus_6026872_3232.html>>
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3- Bernard Charbonneau, ce pionnier méconnu de l’écologie française, The Conversation, 22/01/20, 20:09
Par Patrick Chastenet, Professeur de science politique, Université de Bordeaux
Génie méconnu ou faux prophète ? À l’ère du dérèglement climatique, de la sixième extinction de masse, de la transition écologique et du greenwashing, il devient urgent de lire, ou de relire, un auteur connu des seuls spécialistes, et encore plus injustement ignoré que son ami Jacques Ellul.
L’ancien responsable de la rubrique « environnement » du journal Le Monde, le regretté Roger Cans (1945-2018), ne s’y était du reste pas trompé dans sa Petite Histoire du mouvement écolo en France : « Les premiers intellectuels à se préoccuper de la nature, en France, se trouvent habiter à Bordeaux dans les années 1930 ».
Animateurs d’une troisième tendance au sein du mouvement personnaliste, qualifiée de « gasconne », à mi-chemin des mouvements « Esprit » et « Ordre nouveau », Bernard Charbonneau et Jacques Ellul <https://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique1-2012-1-page-67.htm#>publient en 1935 un texte à quatre mains intitulé « Directives pour un manifeste personnaliste ».
Il contient en germe toute leur œuvre à venir mais, surtout, il constitue la première proposition occidentale moderne d’une limitation volontaire de la croissance économique.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://theconversation.com/bernard-charbonneau-ce-pionnier-meconnu-de-lecologie-francaise-130094 <https://theconversation.com/bernard-charbonneau-ce-pionnier-meconnu-de-lecologie-francaise-130094>>
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4- L'horloge de l'apocalypse avancée de 20 secondes, plus près de minuit que jamais, AFP, 23/01/20, 21:00
L'horloge de l'apocalypse, imaginée en 1947 pour symboliser l'imminence d'un cataclysme planétaire, a été avancée à minuit moins 100 secondes par le groupe de scientifiques la gérant, soulignant les dangers présentés par le changement climatique et la prolifération nucléaire.
"Nous exprimons désormais en secondes le temps séparant le monde de la catastrophe, non plus en heures ou en minutes", a déclaré Rachel Bronson, présidente et directrice générale du Bulletin of Atomic Scientists, lors d'une conférence de presse à Washington, comme tous les ans en janvier.
L'an dernier, l'horloge indiquait minuit moins 2. L'aiguille a donc été avancée de 20 secondes.
Un groupe d'experts, dont 13 lauréats du prix Nobel, fixe chaque année la nouvelle heure.
A l'origine, après la Seconde guerre mondiale, l'horloge indiquait minuit moins 7. En 1991, à la fin de la Guerre froide, elle avait reculé jusqu'à 17 minutes avant minuit. En 1953, ainsi qu'en 2018 et 2019, elle affichait minuit moins 2.
Sur le front nucléaire, les scientifiques ont constaté le démantèlement du socle de contrôle international des armements, avec le retrait des Etats-Unis et de la Russie du traité sur les armes nucléaire de portée intermédiaire (INF) en 2019. Les Etats-Unis de Donald Trump menacent de ne pas renouveler le traité New Start sur les armements stratégiques nucléaires, conclu en 2010, après son expiration en 2021.
"Cette année, nous pourrions assister à d'autres événements que l'effondrement total de l'accord sur le nucléaire iranien", a déclaré l'experte Sharon Squassoni.
Quant à la Corée du Nord, l'approche directe de Donald Trump avec Kim Jong Un n'a toujours pas porté ses fruits, dit-elle.
Sur le climat, les experts ont pointé la déception de deux grands sommets consacrés au climat, qui n'ont pas suscité les engagements nécessaires des grands pays pollueurs pour infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre.
L'année 2019 fut la deuxième la plus chaude jamais enregistrée, après 2016, et le dérèglement climatique s'est illustré avec les records de chaleur, la fonte de l'Arctique et les incendies exceptionnels en Australie.
"Si l'humanité pousse le climat vers l'opposé d'un âge de glace, nous n'avons aucune raison de croire qu'un tel monde resterait hospitalier pour la civilisation humaine", a dit Sivan Kartha, scientifique du Stockholm Environmental Institute.
Le groupe a aussi blâmé d'autres catalyseurs de délitement sociétal tels que les campagnes de désinformation et les vidéos "deepfakes", ainsi que l'émergence des armes fondées sur de l'intelligence artificielle, comme des drones capables de tuer sans supervision humaine. Sans compter la nouvelle militarisation de l'espace.
"Nous appelons les dirigeants mondiaux à éloigner l'humanité du précipice", a lancé Mary Robinson, présidente du groupe des Anciens (Elders) et ancienne présidente irlandaise. "Le temps est venu de se rassembler et d'agir".
<https://www.lalibre.be/planete/environnement/l-horloge-de-l-apocalypse-avancee-de-20-secondes-plus-pres-de-minuit-que-jamais-5e29e6e9d8ad587c2195f8e3>
En savoir plus :
> Closer than ever : It is 100 seconds to midnight <https://thebulletin.org/doomsday-clock/current-time/>, Bulletin of Atomic Scientists, 23/01/20
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5- Plus optimiste, la Banque centrale européenne (BCE) révise sa stratégie et veut y intégrer le climat, AFP, 23/01/20
Francfort (AFP) - Légèrement plus optimiste depuis l'accord commercial sino-américain, la Banque centrale européenne a lancé jeudi le premier réexamen de sa stratégie depuis 17 ans, pour ajuster ses objectifs et intégrer la protection du climat à ses instruments.
"L'année s'annonce chargée pour nous", a résumé face à la presse la nouvelle patronne de l'institut, Christine Lagarde, qui espère voir ce vaste chantier aboutir "en novembre ou décembre", sans exclure de prolonger la réflexion.
La BCE pourra s'y consacrer d'autant plus librement qu'elle n'a touché ni à ses taux ni à ses rachats d'actifs jeudi, confirmant l'arsenal de soutien à l'économie adopté en septembre sous la direction de son ex-président Mario Draghi, au prix de profondes divisions.
Son principal taux reste donc à zéro, tandis que les banques se verront appliquer un prélèvement de 0,50% sur les dépôts confiés à la banque centrale au lieu de les prêter à leurs clients. La BCE continuera par ailleurs à acheter 20 milliards d'euros de dette publique et privée par mois.
Christine Lagarde a cependant distillé quelques notes d'optimisme: elle juge les risques conjoncturels "moins prononcés" maintenant que Washington et Pékin ont conclu une trêve commerciale, et qualifie de "positive" l'avancée des discussions américano-européennes sur le commerce.
- Impératif climatique -
Mais pour l'essentiel, "comme tout est calme sur le front de la politique monétaire, la BCE s'apprête à se regarder le nombril" pour la première fois depuis 2003, synthétise Ulas Akincilar, vendeur d'actions de la plateforme Infinox.
L'un des enjeux les plus suivis, inédit pour les gardiens de l'euro, portera sur l'intégration de la protection du climat à leur stratégie, prônée par Christine Lagarde avant même qu'elle prenne ses fonctions début novembre.
"Nous aurons un débat" sur la place du combat contre le changement climatique dans les instruments et objectifs de la BCE, a expliqué Mme Lagarde, mais "je suis consciente du danger de ne rien faire et je pense que ne pas essayer est en soi un échec".
Une piste évoquée par les analystes serait de "verdir" les rachats d'obligations publiques et privées, le fameux "QE" par lequel la BCE a engagé plus de 2.600 milliards d'euros depuis 2015 pour soutenir l'économie, en l'orientant vers des titres respectant des critères environnementaux.
Mais le puissant président de la Bundesbank, la banque centrale allemande, y est ouvertement opposé et ce thème cher à la nouvelle présidente pourrait raviver les divisions qu'elle s'efforce d'apaiser.
- Objectif d'inflation -
Techniquement, le point central sera la redéfinition de la "stabilité des prix", soit l'unique mandat fixé à la BCE. Cette expression revient actuellement à cibler une inflation "proche mais inférieure à 2%", derrière laquelle l'institut court en vain depuis sept ans.
L'institut de Francfort pourrait désormais introduire l'idée de "symétrie", permettant à l'indice de prix de dévier de part et d'autre des 2% sans ajuster immédiatement sa politique.
"Attendez-vous à des rumeurs régulières et des allusions des responsables de la BCE pendant les prochains mois", souligne Carsten Brzeski, économiste de la banque ING.
Enfin, Mme Lagarde a promis de se pencher sur les effets secondaires de la politique très accommodante menée par la BCE depuis plusieurs années, en particulier les taux négatifs très décriés en Allemagne et que certaines banques répercutent à leurs clients.
"Nous avons cela depuis un long moment, et cela limite notre capacité à répondre à d'éventuels chocs exogènes", a convenu Mme Lagarde, quand son prédécesseur s'évertuait à marteler que la BCE avait encore "toute sa boîte à outils" à disposition
<https://www.nordnet.fr/infos/eco/plus-optimiste-la-bce-revise-sa-strategie-et-veut-y-integrer-le-climat/urn.newsml.afp.com.20200123.doc.1o54xq>
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6- Enquête. Aux origines coloniales de la crise écologique, Le Monde, 24/01/20, 03h09
Séverine Kodjo-Grandvaux
Pour les chercheurs décoloniaux, le dérèglement climatique serait lié à l’histoire esclavagiste et coloniale de la modernité occidentale. Selon eux, le capitalisme s’est structuré sur une économie extractive et des monocultures intensives qui ont détruit la biodiversité.
C’est une petite phrase qui n’a pas manqué de faire réagir les nombreux critiques de Greta Thunberg, la jeune égérie suédoise du combat contre le dérèglement climatique. Le 9 novembre 2019, une tribune intitulée « Why we strike again » (« Pourquoi nous sommes à nouveau en grève »), dont elle est une des trois signataires, affirme que « la crise climatique ne concerne pas seulement l’environnement. C’est une crise des droits humains, de la justice et de la volonté politique. Les systèmes d’oppression coloniaux, racistes et patriarcaux l’ont créée et alimentée. Nous devons les démanteler. » « Nos dirigeants politiques ne peuvent plus fuir leurs responsabilités », poursuit ce texte, reprenant là l’un des arguments avancés par l’écologie décoloniale : la crise climatique serait liée à l’histoire esclavagiste et coloniale de la modernité occidentale.
Économie d’extraction
Dès les années 1970, des chercheurs afro-américains ont fait le lien entre la question écologique et la colonisation. « La véritable solution à la crise environnementale est la décolonisation des Noirs », écrit Nathan Hare en 1970. Cinq ans plus tard, le sociologue Terry Jones parle, lui, d’« écologie d’apartheid ». Cette approche sera développée dans les années 1990 par les penseurs décoloniaux latino-américains présents dans les universités américaines, tels Walter Mignolo à Duke (Caroline du Nord), Ramón Grosfoguel à Berkeley (Californie) ou Arturo Escobar à l’université de Caroline du Nord. Tout récemment en France, des chercheurs s’efforcent de démontrer que la traite négrière, la servitude et la conquête puis l’exploitation des colonies ont permis au capitalisme de se structurer comme une économie d’extraction. Cette manière destructrice d’habiter la Terre serait responsable d’une nouvelle ère géologique du fait de l’activité humaine industrielle baptisée anthropocène.
> Lire aussi Arturo Escobar, pourfendeur du développement
« Le véritable début de l’anthropocène serait la conquête européenne de l’Amérique. Cet événement historique majeur, dramatique pour le peuple amérindien et fondateur d’une économie monde capitaliste, a en effet laissé sa marque dans la géologie de notre planète. La réunification des flores et des faunes de l’Ancien et du Nouveau Monde aura bouleversé la carte agricole, botanique et zoologique du globe, mêlant à nouveau des formes de vie séparées deux cents millions d’années plus tôt avec la dislocation de la Pangée et l’ouverture de l’océan Atlantique », notent les chercheurs Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz dans leur ouvrage L’Evénement anthropocène. La Terre, l’histoire et nous (Seuil, 2013) en évoquant les travaux des géographes britanniques Simon Lewis et Mark Maslin.
> Lire aussi « Le Green Deal ne peut pas être une rustine verte sur un capitalisme prédateur »
Le « plantationocène »
Aux yeux des penseurs décoloniaux ce n’est pas l’homme (anthropos), c’est-à-dire l’humain en tant que tel, qui est responsable du dérèglement climatique, mais une certaine activité humaine portée par le capitalisme occidental. La crise écologique actuelle serait une conséquence directe de l’histoire coloniale. Les populations des pays dits du Sud n’en sont pas responsables mais en constituent les premières victimes. Une étude, publiée en mai 2019 dans la revue américaine PNAS, montrait, selon le climatologue Noah Diffenbaugh, que « la plupart des pays pauvres sur Terre sont considérablement plus pauvres qu’ils ne l’auraient été sans le réchauffement climatique. Dans le même temps, la plupart des pays riches sont plus riches qu’ils ne l’auraient été ».
Pour bien montrer l’origine esclavagiste et coloniale du dérèglement climatique, les chercheurs Donna Haraway, Nils Bubandt et Anna Tsing ont forgé la notion de « plantationocène ». « Il s’agit là de désigner la transformation dévastatrice de divers types de pâturages, de cultures, de forêts en plantations extractives et fermées, qui se fondent sur le travail des esclaves et sur d’autres formes de travail exploité, aliéné et généralement spatialement déplacé », expliquait en 2019 Donna Haraway dans une interview au Monde. Et de rappeler que « ces modèles de plantations à grande échelle ont précédé le capitalisme industriel et ont permis sa mise en place, en accumulant du capital sur le dos d’êtres humains réduits en esclavage. Du XVe au XIXe siècle, les plantations de canne à sucre au Brésil, puis aux Caraïbes, furent ainsi étroitement liées au développement du mercantilisme et du colonialisme. »
> Lire aussi Donna Haraway : « Avec le terme chthulucène, je voulais que l’oreille entende le son des terrestres »
Déforestations massives
L’instauration de monocultures intensives destructrices de la biodiversité et responsable de l’appauvrissement des sols s’est faite par des déforestations massives. Les conséquences aux Caraïbes en sont aujourd’hui encore dramatiques. Dans son essai Une écologie décoloniale (Seuil, 2019), Malcom Ferdinand, ingénieur en environnement et chercheur au CNRS, explique que le plantationocène permet de contextualiser et d’historiciser l’anthropocène ou le capitalocène de telle sorte que « les génocides des Amérindiens, les mises en esclavage des Africains et leurs résistances sont alors compris dans l’histoire géologique de la Terre et du temps ». Selon lui, l’autre face de la plantation est « la politique de la cale » – en référence au navire négrier – où une minorité s’abreuve de l’énergie vitale d’une majorité et produit matériellement, socialement et politiquement du « nègre », lequel est l’homme réduit à sa valeur énergétique, en « bois d’ébène » et à un outil de transformation des sols.
Marquée par une « double fracture, coloniale et environnementale », la modernité a engendré un « habiter colonial » qui crée « une Terre sans monde », dit Malcom Ferdinand. Il y a d’un côté une population dominante, celle de l’Occident. De l’autre, des populations dominées, jugées en trop, exploitables à merci. Cette séparation entre la « zone de l’être » et la « zone du non-être » reste d’actualité à travers la globalisation d’une économie d’extraction, de monocultures intensives, et des écocides… engendrant des injustices spatiales – on exploite et la terre et les hommes pour la consommation et le plaisir d’un là-bas lointain.
Cancer Alley
« Dès les années 1970, explique Malcom Ferdinand au Monde, des chercheurs afro-américains constatent que les décharges de produits toxiques sont placées aux abords des quartiers des communautés noires. Ils ont qualifié cette exposition inégale de minorités racialisées à des dangers environnementaux de racisme environnemental. » A titre d’exemple, le couloir pétrochimique entre Bâton-Rouge et la Nouvelle-Orléans (Louisiane), surnommé Cancer Alley, enferme des populations majoritairement noires, installées depuis l’esclavage et la ségrégation dans une zone où le taux de cancer est parfois soixante fois supérieur à la moyenne nationale. Malcom Ferdinand rappelle qu’en France, les essais nucléaires n’ont pas été réalisés sur le territoire de l’Hexagone mais en Algérie et en Polynésie.
> Lire aussi L’Etat, « premier responsable » du scandale du chlordécone aux Antilles selon la commission d’enquête parlementaire
Ce chercheur souligne aussi que la contamination de la Martinique et de la Guadeloupe par le chlordécone utilisé pour la production de bananes à l’exportation s’inscrit dans l’histoire d’une « filière agricole (…) détenue en majorité par un petit nombre d’individus appartenant à la communauté des békés, personnes se reconnaissant une filiation avec les premiers colons esclavagistes des Antilles ».
« Le chemin décolonial permet de dépasser la double fracture, coloniale et environnementale. Le décolonial cherche à fonder un monde plus égalitaire, plus juste et, pour cela, il faut reconsidérer les espaces mis sous silence », explique le chercheur. C’est là l’un des credo de l’écologie décoloniale : revaloriser les manières autres, sinon ancestrales, d’habiter le monde, mises à mal par la colonisation. Avec le risque de les folkloriser ou de les idéaliser. En Amérique latine, où est né le courant décolonial théorique, des penseurs comme l’économiste équatorien Alberto Acosta Espinosa appellent à nouer un autre rapport à la Terre et aux autres, celui du « buen vivir » (bien vivre), inspiré d’une conception quetchua ou du« sentir-penser avec la Terre », de l’anthropologue américano-colombien Arturo Escobar. C’est parfois toute la vision du monde occidental moderne séparant nature et culture, corps et esprit, émotion et raison, qui est remise en question aboutissant à décliner l’universel en « pluriversel », c’est-à-dire un universel pluriel intégrant les différences.
« Opérations de diplomatie cosmologiques »
Ces nouvelles manières de vivre et d’habiter le monde se façonnent aussi « par des opérations de diplomatie cosmologiques », souligne le chercheur bolivien Diego Landivar, évoquant la Constitution bolivienne voulue par l’ex-président Evo Morales, qui avait abouti à la reconnaissance d’un « hypersujet de droit », la Pachamama (Terre Mère). L’Equateur a fait de la nature un sujet de droit et la rivière Vilcabamba a gagné son procès contre une municipalité de la région de Loja accusée d’avoir détourné son cours par des constructions abusives.
Prendre en considération les cosmologies autochtones amène parfois à renoncer à l’exploitation de certaines ressources naturelles. En Australie, par exemple, où les communautés aborigènes ont abandonné, pour des raisons cosmologiques, l’exploitation touristique du mont Uluru, une terre sacrée qui attirait 300 000 visiteurs par an. « L’écologie décoloniale établit des horizons non extractivistes : c’est une écologie du renoncement, analyse Diego Landivar. Dans les cosmologies occidentales, ne serait-ce que par la pensée, l’on peut tout faire. Aujourd’hui, on envisage même de coloniser Mars. Or, je crois qu’on ne peut pas coloniser la Lune, le ciel, Mars, juste parce qu’ils sont vides. »
> Lire aussi « En Afrique, les paysans qui pratiquent l’agroécologie résistent mieux au changement climatique »
Savoirs locaux traditionnels
La pensée décoloniale invite à concilier savoirs et savoir-faire locaux avec les connaissances scientifiques et technologiques. Ce qui était également préconisé dans un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié en août 2019, qui incitait à promouvoir l’agroécologie. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) l’a bien compris. L’agroéconomiste et coordinatrice régionale de cette institution, Coumba Sow, constate que les savoirs locaux traditionnels permettent souvent une meilleure appréhension des phénomènes naturels et sont à même de proposer des solutions efficaces. Dans une interview au « Monde Afrique », en 2019, elle rappelait l’expérience du Burkinabé Yacouba Sawadogo, qui « a eu recours dès 1980 à une technique ancestrale, le zaï, qui consiste à utiliser des cordons de pierres pour empêcher le ruissellement des eaux, mais aussi les rigoles que creusent les termites pour récupérer l’eau. En procédant ainsi, il a gagné des dizaines de milliers d’hectares sur le désert du Sahara ».
> Lire aussi Wangari Maathai, Prix Nobel de la paix et militante écologiste, est morte
A en croire Coumba Sow, « il ressort de nombreuses études que les petits paysans qui observent les pratiques agroécologiques, non seulement résistent mieux, mais encore se préparent mieux au changement climatique en réduisant au maximum les pertes de récoltes entraînées par les sécheresses. (…) Traditionnellement, l’humanité cultive la terre selon les principes écologiques que met en avant l’agroécologie et qui sont profondément ancrés dans de nombreuses pratiques agricoles indigènes ». Autant de pratiques dévalorisées par les anciens colonisateurs et que l’écologie décoloniale appelle à se réapproprier. Prix Nobel de la Paix 2004, la biologiste kényane Wangari Maathai (décédée en 2011) l’avait bien compris. Dès 1977, elle avait fondé le Mouvement de la ceinture verte, avec pour objectif de reconquérir des sols en voie de désertification en plantant plus de 40 millions d’arbres selon des méthodes kikuyu protectrices de la biodiversité.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/24/aux-origines-coloniales-de-la-crise-ecologique_6027034_3232.html>
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7- Analyse. « Le capitalisme n’est pas mort, bien sûr, mais il a de sérieux problèmes » : à Davos, des inquiétudes et des promesses, Le Monde, 24/01/20, 16h09
Isabelle Chaperon (Davos, Suisse, envoyée spéciale)
Le Forum économique mondial s’achève vendredi en Suisse. Sous la pression des consommateurs, des ONG et de leurs salariés, les entreprises sentent qu’elles doivent évoluer.
« Le capitalisme tel que nous le connaissons est mort » : c’est la sentence que Marc Benioff, le charismatique patron de l’éditeur de logiciels américain Salesforce, a prononcée lors de la cinquantième édition du Forum économique mondial, qui s’achève vendredi 24 janvier, à Davos, en Suisse. « Cette obsession que nous avons de maximiser les profits pour les actionnaires a conduit à d’incroyables inégalités et à une urgence planétaire », a-t-il asséné.
« Les citoyens soutenaient le capitalisme tant qu’il offrait des opportunités de créer du capital pour eux et pour leurs enfants. Ce n’est plus possible désormais », commente le politologue américain Ian Bremmer, avant de poursuivre : « Le capitalisme n’est pas mort, bien sûr, mais il a de sérieux problèmes. »
> Lire aussi Le Forum de Davos ouvre dans un climat électrique
A Davos, le gotha des entreprises était venu pour essayer de sauver ce grand malade, jamais remis de la crise financière de 2008. Le 19 août 2019, un premier massage cardiaque avait été administré : 181 membres du Business Roundtable, le lobby des grands patrons américains, ont signé une déclaration affirmant que les entreprises ne devaient pas rendre des comptes seulement à leurs actionnaires – le dogme outre-Atlantique depuis 1997 – mais aussi aux autres parties prenantes que sont les salariés, les clients et la société en général.
« Changement d’état d’esprit »
Le rendez-vous des Grisons aura permis de tester la sincérité de ce revirement. Car, forcément, une bonne partie des « notre passion est de rendre le monde meilleur » entendus d’une tribune à l’autre relève d’une posture, voire d’une imposture.
Pourtant, « je suis plus optimiste depuis douze mois car j’observe un vrai changement d’état d’esprit chez les dirigeants d’entreprise, assure Colin Mayer, professeur à la Saïd Business School à Oxford. Ils intègrent l’idée que leur responsabilité n’est pas de faire que du profit mais de résoudre des problèmes de façon profitable ».
Si les menaces de taxes, les boycotts des consommateurs, la montée des populismes mettent les chefs d’entreprise sous pression pour revoir leur gestion, les demandes des salariés se révèlent déterminantes. « On parle beaucoup de la génération Y qui veut trouver davantage de sens dans son travail, je crois que c’est en partie un mythe. Cette quête de sens résonne dans toutes les générations », souligne Martine Ferland, la PDG du cabinet de conseil Mercer. Sur fond de guerre des talents, donner de la fierté à ses troupes est devenu un enjeu majeur.
Le climat au centre des préoccupations
L’invitation de Greta Thunberg, la jeune militante écologiste, avait donné le ton : parmi tous les maux de l’humanité à résoudre, le climat a été au centre des préoccupations à Davos. « Cela fait des années que nous prêchons dans le désert. J’ai le sentiment que nous sommes à un tournant », se réjouit Jean-Pascal Tricoire, le PDG de Schneider Electric. « En six mois, le discours a changé », confirme un banquier de la City.
> Lire aussi Climat : à Davos, la « génération Greta » tance l’élite mondiale
C’est bien la force du « village global » : clients, fournisseurs, banques, ONG ont multiplié les réunions de travail sur la batterie électrique ou encore les emballages en plastique, autant de sujets qui imposent de revoir une chaîne de valeur dans son ensemble. Bonne nouvelle, les industriels se disent capables de bâtir une économie plus durable, grâce à des technologies propres. Mais pour cela, ils réclament le soutien des apporteurs de capitaux. Et l’on en revient à la nécessaire transformation du modèle financier.
Car investir dans de nouvelles usines, reconvertir des milliers de salariés, passe par un sacrifice de la performance à court terme au bénéfice du long terme. « Il faut résister à la tentation du profit à court terme », résume Feike Sijbesma, PDG du chimiste néerlandais DSM. Or, c’est d’autant plus difficile que tous les compas sont réglés sur cet horizon de temps, des normes comptables à la publication trimestrielle des comptes, en passant par les fluctuations de la Bourse.
Dans ce contexte, les déclarations de Larry Fink, le patron de BlackRock, ont été perçues comme un signal important. Le premier gestionnaire mondial d’actifs a annoncé juste avant de venir à Davos son intention de placer le développement durable au cœur de sa stratégie d’investissement. Du pur pragmatisme : le changement climatique entraîne « une réévaluation en profondeur des risques et de la valeur des actifs », justifie-t-il.
> Lire aussi Climat : « L’attitude de BlackRock peut tout changer sur la planète finance »
« Dans leur ensemble, les gérants européens avaient déjà fait des annonces similaires mais comme Larry Fink est devenu une autorité, sa position constitue un accélérateur important », relate un concurrent, un peu agacé. L’ONG Avaaz a publié mercredi une pleine page de publicité dans le Financial Times pour enjoindre à Jamie Dimon, le patron de JPMorgan, de verdir à son tour son bilan.
« Relier la feuille de route écologique et sociale »
Mais attention, « on ne peut pas traiter les sujets de climat sans régler aussi les conséquences sociales », prévient Thierry Déau, créateur du fonds d’infrastructures Meridiam. A Davos, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, a d’ailleurs réuni une dizaine d’investisseurs pour « relier la feuille de route écologique et sociale ». La France est bien placée pour tirer la sonnette d’alarme sur ce risque, après la crise des « gilets jaunes » déclenchée à la suite de la mise en place de la taxe sur les carburants.
Finalement, si le capitalisme anglo-saxon affiche sa volonté de se réformer, sera-t-il assez inclusif ? Surtout quand des milliers d’emplois sont déjà menacés par la transition numérique. Sans attendre la réponse, Bruno Le Maire, le ministre de l’économie et des finances, plaide pour que « l’Europe porte le nouveau capitalisme plus juste, plus durable ».
« S’il y a un endroit au monde où le capitalisme responsable a une chance de s’implanter, c’est bien en Europe car cela correspond à nos valeurs. Ce sujet avance à Bruxelles », se réjouit Jean-Dominique Senard, président de Renault et coauteur en 2018 du rapport « L’entreprise, objet d’intérêt collectif ». A l’époque, la possibilité de doter les entreprises d’une « raison d’être » avait provoqué une levée de boucliers du patronat, avant son introduction dans la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises). Deux ans après, le mot est rentré dans les mœurs.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/01/24/a-davos-le-gotha-des-entreprises-promet-un-nouveau-capitalisme_6027079_3234.html>
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8- Tribune. Laurence Scialom : « Il est légitime que la BCE verdisse son action », Le Monde, 25/01/20, 11h24
Laurence Scialom, Economiste
L’économiste Laurence Scialom détaille, dans une tribune au « Monde », les différentes manières par lesquelles la Banque centrale européenne peut agir en faveur du climat, notamment en fléchant les flux financiers vers la transition écologique
Tribune. L’urgence climatique est également une urgence financière, et nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas… Dès 2015, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, mettait en garde le monde de la finance lors d’un discours à la Lloyds, le 29 septembre, sur les risques financiers climatiques. L’accélération des destructions d’actifs et des pertes de revenus liés directement aux événements climatiques extrêmes (incendies, inondations, montée des océans, etc.) lui donnent raison. Sur ce front, ce sont les assurances qui sont en première ligne, mais aussi les banques, qui risquent de voir monter les prêts non remboursés du fait de débiteurs dont l’activité est directement impactée.
Mais les impacts financiers ne se limitent pas à ce risque de destruction physique. Les marchés financiers ne tarifient pas le risque de dévalorisation massive d’actifs adossés à des activités très carbonées. En d’autres termes, si les gouvernements s’engagent enfin dans des politiques de transition énergétique ambitieuses (taxe carbone, trajectoire de sortie rapide des énergies fossiles, etc.), et si celles-ci sont crédibles, les actifs financiers émis pas les industries fossiles et les secteurs intensifs en carbone vont très fortement se dévaloriser (ce que l’on appelle les « actifs échoués »). Pire, on assistera probablement à des cascades d’« échouages » d’actifs du fait des interdépendances entre les secteurs d’activité.
> Lire aussi A court de munitions, la Banque centrale européenne veut réinventer son mandat
Le dilemme dramatique auquel sont confrontés les gouvernements et les banques centrales est donc le suivant : comment favoriser la réorientation massive des flux financiers vers une économie bas carbone (désinvestissement dans les secteurs dits « bruns » et investissements massifs dans le « vert ») sans, en même temps, accélérer l’échouage des actifs financiers adossés à l’industrie carbonée, et donc précipiter une crise financière ?
Ce dilemme paralyse les décideurs publics et se trouve exacerbé par le fait que les risques financiers climatiques se réaliseraient à court terme, alors que la politique de transition écologique ne verra ses effets qu’à long terme. C’est « la tragédie des horizons ».
Soutien aux priorités politiques
Pourtant, surmonter ce dilemme est un point de passage obligé pour la survie de l’humanité. Répondre à ce défi implique des innovations institutionnelles majeures, qui passent par des collaborations originales entre la puissance publique, l’expertise scientifique et l’implication des institutions financières. Les banques centrales ont un rôle crucial à jouer dans ce jeu de construction institutionnel. Si un consensus semble se dessiner dans le monde des banquiers centraux sur le fait qu’ils ne peuvent plus ignorer le changement climatique, il n’y a pas, en revanche, d’accord sur la traduction opérationnelle de ce consensus. Jusqu’à quel point les risques environnementaux doivent-ils être intégrés dans les cadres opérationnels existants ? Les banques centrales doivent-elles jouer un rôle plus direct dans la réorientation des flux financiers ?
Les banques centrales des pays les plus avancés sont souvent soumises à des mandats étroits centrés sur la stabilité des prix. Pourtant, historiquement, la stabilité financière leur incombe, à travers la fonction de prêteur en dernier ressort. On semblait l’avoir oublié entre les années 1990 et les années 2007-2008, mais la crise a rebattu les cartes. Les banques centrales sont de nouveau les acteurs pivot de la préservation de la stabilité globale du système financier.
> Lire aussi Patrick Artus : « Jusqu’où peut aller une banque centrale dans la mise en place de politiques économiques ? »
Par ailleurs, elles ont souvent un objectif secondaire de soutien aux priorités de politique économique, comme la croissance durable ou l’emploi. En conséquence, tant pour des raisons de stabilité financière que pour prêter main-forte à la politique de la nouvelle Commission européenne sur la transition écologique, il est légitime que la BCE verdisse son action.
Pourtant, au nom du principe de neutralité du marché, la BCE refuse que ses interventions distordent les prix relatifs des actifs, ce qui la conduit finalement à reproduire les biais très carbonés des marchés. Or, ni les traités de l’Union européenne ni les statuts de la BCE ne font référence à ce principe, qui ne relève que de sa doctrine. Par ailleurs, elle n’a pas hésité à le transgresser allégrement quand il s’agissait de soutenir… le secteur bancaire. Ce verrou peut et doit donc sauter !
L’imagination doit prendre le pouvoir
Comment la BCE peut-elle agir en faveur du climat ? Les outils possibles sont multiples. Elle peut, par exemple, privilégier dans sa politique d’accès à la liquidité les collatéraux (garanties) « verts » et pénaliser les collatéraux « bruns ». C’est un outil puissant car l’accès aux liquidités de la Banque centrale est crucial pour les banques vulnérables au risque de liquidité lorsque la structure de leur bilan est fragile. Un tel outil, s’il est réellement pénalisant pour les actifs « bruns », peut entraîner une modification des conventions de marché pour évaluer les risques financiers climatiques, et donc inciter à réallouer les flux financiers.
> Lire aussi Jean Pisani-Ferry : « N’attendons plus notre salut de la Banque centrale européenne »
D’autres facilités d’accès à la liquidité de la Banque centrale pourraient être mobilisées et reformatées en fonction d’objectifs climatiques. C’est le cas par exemple des TLTRO, ces opérations de refinancement à moyen-long terme (4 ans) ciblées, c’est-à-dire conditionnées aux prêts aux ménages (hors immobilier) et aux entreprises non financières qu’octroient les banques. On peut imaginer que le ciblage concerne désormais des crédits « verts » : rénovation des bâtiments, agriculture bio, économie circulaire, etc.
Bref, les options sont multiples et l’imagination doit prendre le pouvoir. Tout comme Mario Draghi a su infléchir le cours de l’histoire de la zone euro par son « whatever it takes » (« quel qu’en soit le prix ») de juillet 2012, gageons que Christine Lagarde mènera aussi la BCE vers des actions à la hauteur de sa responsabilité historique en matière de transition écologique.
§ Laurence Scialom est professeure d’économie à l’université Paris-Nanterre, membre du laboratoire EconomiX et du conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/24/laurence-scialom-il-est-legitime-que-la-bce-verdisse-son-action_6027094_3232.html>
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9- Tribune. Gregory Claeys et Simone Tagliapietra : « Le succès du “Green Deal” se jouera à Berlin, pas à Bruxelles », Le Monde, 25/01/20, 11h28
Par Gregory Claeys, Economiste, & Simone Tagliapietra, Economiste, tous deux chercheurs au centre de réflexion européen Bruegel (Bruxelles)
Dans une tribune au « Monde », les deux chercheurs jugent insuffisants les efforts financiers annoncés par la Commission européenne, s’ils ne sont pas relayés par des instruments budgétaires et financiers… que l’Allemagne refuse de débloquer.
Tribune. Mille milliards d’euros : c’est la vague d’investissements verts que la Commission européenne cherche à mobiliser sur dix ans grâce à son nouveau « plan d’investissement pour une Europe durable ». Le bras exécutif de l’Union européenne (UE) entend ainsi non seulement encourager les investissements publics et privés nécessaires pour atteindre son ambitieux objectif de décarbonisation complète de l’économie européenne d’ici à 2050, mais aussi apporter un soutien aux territoires confrontés à de sérieux défis socio-économiques liés à la transition environnementale.
> Lire aussi Le plan de la Commission européenne pour aider à financer la transition écologique
Cela va-t-il suffire ? Nous en doutons. Pour atteindre les objectifs du Green Deal européen, des investissements supplémentaires de l’ordre de 300 milliards d’euros par an devront être réalisés en Europe d’ici à 2030, notamment dans l’efficacité énergétique des bâtiments, les voitures propres et la production d’électricité éolienne et solaire. Même si la Commission européenne réussissait à mobiliser 1 000 milliards d’euros d’investissements sur dix ans, cela ne représenterait qu’un tiers des besoins.
Deux pistes prometteuses
Pour être honnête, il aurait été difficile pour la Commission européenne d’en faire beaucoup plus, étant donné la taille limitée du budget de l’UE. Mais cela montre clairement qu’il faudrait utiliser d’autres outils afin d’encourager les investissements verts en Europe.
> Lire aussi « Le Green Deal ne peut pas être une rustine verte sur un capitalisme prédateur »
Nous pensons que les deux pistes les plus prometteuses sont une réforme des règles budgétaires de l’UE et une réorientation des missions de la Banque européenne d’investissement (BEI).
Les règles budgétaires de l’UE devraient autoriser un financement des investissements verts par le déficit. De manière générale, ces règles devraient être modifiées pour éviter que les Etats ne réduisent leurs investissements lorsqu’ils consolident leurs finances publiques et qu’ils profitent de taux d’intérêt favorables pour investir dans les biens publics. Une façon d’y parvenir serait d’inclure une forme de « règle d’or » dans le cadre budgétaire européen, pour permettre le financement de ces investissements par l’émission de dette.
Si un accord ne peut être trouvé pour une telle réforme en profondeur, un assouplissement des règles budgétaires axé sur les investissements verts devrait être un élément central du Green Deal européen. Une telle « règle d’or verte » serait d’exempter du cadre budgétaire européen les investissements publics qui atténuent le changement climatique.
Des marges de manœuvre insuffisantes
Bien entendu, pour éviter que les pays n’abusent de ces exemptions, des règles comptables claires seront nécessaires afin de séparer les investissements favorisant la transition vers une économie sobre en carbone des autres dépenses de l’Etat. L’adoption récente d’une « taxonomie » européenne pour une finance durable apporte une première réponse à ce défi.
> Lire aussi La finance verte peut-elle sauver le monde ?
Quant à la BEI, sa mission devrait être réformée pour la transformer véritablement en « banque européenne pour le climat ». Avec un volume de nouveaux prêts en baisse chaque année depuis 2015 et un encours total de prêts également en diminution, la BEI dispose de marges de manœuvre suffisantes pour investir davantage : son ratio de capital a augmenté ces dernières années, son effet de levier diminue depuis 2012. Conformément à ses statuts, elle peut prêter jusqu’à deux fois et demie son niveau de capital : son portefeuille de prêts pourrait atteindre environ 600 milliards d’euros, contre environ 450 milliards d’euros aujourd’hui.
Par ailleurs, elle bénéficie actuellement de taux très favorables lorsqu’elle emprunte sur les marchés, et il serait dommage de ne pas profiter de cette opportunité pour financer des projets qui peuvent contribuer à la lutte contre le changement climatique.
Si les pays de l’UE craignent (indûment d’ailleurs) pour la notation des crédits de la BEI, la Commission pourrait proposer aux Etats membres une nouvelle augmentation de capital, similaire à celle qui a été réalisée au début de 2013.
> Lire aussi A court de munitions, la Banque centrale européenne veut réinventer son mandat
Mais la clé de ces deux réformes ne se trouve pas à Bruxelles, elle se trouve à Berlin. Ces derniers mois, les politiciens allemands ont constamment mis en garde Bruxelles contre toute tentative d’assouplir les règles budgétaires européennes au bénéfice des projets verts ; ils ont également rejeté l’idée d’augmenter le capital de la BEI pour libérer des fonds en faveur du climat. C’est bien à Berlin – et non à Bruxelles – que se jouera véritablement le succès du Green Deal européen.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/24/gregory-claeys-et-simone-tagliapietra-le-succes-du-green-deal-se-jouera-a-berlin-pas-a-bruxelles_6027095_3232.html>
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10- Plastique, fret, douche : 3 innovations pour un monde plus durable, Le JDD, 27/01/20, 11h00
Luc Tribel
ChangeNOW, le rendez-vous annuel des promoteurs de solutions préservant la planète attend du 30 janvier au 1er février plus de 20 000 visiteurs sous la nef du Grand Palais à Paris. Focus sur trois projets prometteurs présentés durant cette troisième édition.
Océan de plastique : comment s'en débarrasser ?
Des pailles, emballages, jouets et toutes sortes de menus objets... Selon l’association Ocean Conservancy, quelque huit millions de tonnes de plastique seraient chaque année déversées dans le Grand Bleu. Dans ce contexte, la dépollution des océans constitue l’un des projets les plus audacieux et nécessaires de ce début du 21e siècle. Mais c’est un combat de longue haleine et il va falloir patienter avant qu’une solution pleinement opérationnelle ne voit le jour, comme l’équipe d’Ocean Cleanup l’a appris récemment à ses dépens.
Retour en arrière : quatre mois plus tôt, l’association environnementaliste avait installé au large de San Francisco une barrière de 600 mètres de long dotée d’une jupe de trois mètres de profondeur pour repêcher les plastiques flottant à la surface. Cette période de test devait valider la possibilité de mettre en service ce collecteur dans la fameuse mer de polymères située entre Hawaii et la Californie où les déchets s’accumulent depuis des décennies. Dans le projet conçu par l’ONG, des bateaux-poubelles devaient intervenir sur zone pour les acheminer vers la terre ferme afin de les recycler. Mais lors d’une inspection le 29 décembre dernier, Ocean Cleanup a dû interrompre son programme : une partie de la barrière s’était détachée, à force d’être secouée par les vagues, tempêtes et courants. Autre souci, le collecteur éprouverait des difficultés à retenir les détritus pêchés au fil de l’eau.
Pour ces deux raisons, le système a été rapatrié en Californie. Les quelque 80 ingénieurs, chercheurs, scientifiques et informaticiens de cette ONG vont devoir analyser les dysfonctionnements, réparer la barrière et probablement revoir sa conception. Mais déjà certains environnementalistes comment à douter de la pertinence du projet : selon eux, mieux vaudrait investir dans le nettoyage des plages et limiter drastiquement le plastique à usage unique plutôt que de dépenser des millions d’euros dans ces coûteux équipements. Reste qu’il faut bien envisager une solution pour les déchets déjà présents en milieu marin avant qu’ils ne se fragmentent en micro-plastiques qui feront encore plus de dégâts...
Quoiqu’il en soit, ces péripéties ne découragent en rien le Néerlandais Boyan Slat, qui a fondé en 2013 l’ONG Ocean Cleanup. Le jeune et charismatique ingénieur continue d’afficher un objectif très ambitieux : mettre au point un collecteur capable d’éliminer en cinq ans la moitié de la grande zone d’ordures du Pacifique, soit trois fois la superficie de la France, ce qui représenterait environ 15.000 tonnes de plastique par an à recycler. Un objectif que d’aucuns jugent irréaliste au vu de l’ampleur de la tâche.
Mais Ocean Cleanup n’a cure des sceptiques et critiques et continue de tracer son chemin. En parallèle de son projet de collecteur pour les océans, l’association a déjà lancé une version fluviale pour opérer plus en amont : "The Interceptor", un prototype de péniche entièrement autonome qui fonctionne à l’énergie solaire est actuellement testé à l’embouchure du fleuve Klang en Malaisie. "The Interceptor" affirme pouvoir bloquer jusqu’à 50 tonnes de déchets par jour qui autrement se déverseraient en mer. La guerre contre la dissémination des plastiques en milieu marin ne fait décidément que commencer…
>> Suite à lire :
<https://www.lejdd.fr/Societe/plastique-fret-douche-3-innovations-pour-un-monde-plus-durable-3945633>
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11- Entretien. Australie : "Les incendies montrent les limites de la vision dominatrice de la nature", We Demain, 28/01/20
Alice Pouyat
Pour la philosophe Joëlle Zask, auteure de "Quand la forêt brûle", les méga-feux qui ravagent la planète sont dus à une relation erronée à la nature, que les hommes doivent non pas dominer, ni préserver, mais entretenir. Sinon la planète risque de sombrer dans le Pyrocène, une ère d'incendies permanents...
We Demain : Les feux actuels sont impressionnants. Mais les feux n’ont-ils pas toujours modelé l'espèce humaine et les paysages ?
Joëlle Zask : La culture du feu commence il y a 1,6 million d'années avec Homo erectus qui apprend à conserver la flamme. Cela permet sa migration. La planète est donc complètement façonnée par les usages anthropiques du feu. Le bush australien est un paysage issu du feu, comme les grandes plaines américaines. Et l’espèce elle-même a été transformée. Le feu permet de cuire les aliments, donc de consacrer moins d'énergie à la mastication, de contracter moins de maladies, de se multiplier, de devenir prédateur… Cela conduit aussi à la disparition d’autres espèces végétales et animales, notamment les grands animaux. Donc, oui, il est important de rappeler que la présence humaine sur la terre n'a jamais été innocente ou sans effet. Mais les "méga-feux" actuels sont différents des feux naturels allumés par la foudre, des feux saisonniers, des feux d'entretien, et même des feux criminels qui pouvaient brûler autrefois quelques hectares…
>> Suite à lire à :
<https://www.wedemain.fr/Australie-Les-incendies-montrent-les-limites-de-la-vision-dominatrice-de-la-nature_a4514.html>
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12- Atteintes à l'environnement : Belloubet annonce des juridictions specialisées, AFP, 29/01/20, 12:00
La ministre de la Justice Nicole Belloubet a annoncé mercredi un projet de loi pour améliorer la réponse judiciaire aux atteintes à l'environnement, avec la création de pôles spécialisés dans chaque cour d'appel et l'affectation de magistrats dédiés.
"Nous allons présenter (ce mercredi) en Conseil des ministres une évolution forte de ce point de vue (...) Il faut que la justice soit rendue plus vite par des magistrats spécialisés, car ce sont des questions très techniques", a déclaré la ministre sur Europe 1.
"Nous proposons une réforme de notre système judiciaire sur l'aspect environnemental avec des tribunaux qui seront spécialisés sur ce sujet-là, nous proposons également de nouvelles peines, avec des conventions judiciaires qui permettront des réparations plus rapides, et puis aussi des travaux d'intérêt général verts", a-t-elle ajouté.
Ce projet de loi pourrait être discuté le 25 février au Sénat, selon le Figaro qui en précise les principaux aspects.
Dans le détail, les tribunaux judiciaires continueront de traiter les dossiers les plus simples, comme les décharges sauvages, les infractions aux permis de pêche ou de chasse.
Les accidents les plus graves, comme celui de l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen, continueront de relever des pôles interrégionaux spécialisés à Paris et Marseille, les Pôles santé Publique et accidents collectifs.
Entre les deux, ce projet de loi prévoira, dans chacune des 36 cours d'appel, des juridictions spécialisées qui s'occuperont des atteintes telles que la pollution des sols ou les infractions à la règlementation des espèces protégées.
Des magistrats dédiés seront affectés à ces pôles, qui interviendront aussi bien au niveau de l'enquête que des procès.
A la Chancellerie, on défend notamment l'objectif de réduire les délais de traitement de ces affaires.
Sur la question des moyens alloués à cette réforme dans un contexte budgétaire très serré, la ministre de la Justice met en avant l'augmentation du budget de la justice prévue par la loi de programmation des Finances publiques.
"Au moment où nous parlons, sur l'année 2020, nous aurons 100 magistrats supplémentaires, c'est une garantie, c'est inscrit dans le budget. Il n'y a jamais assez pour la justice, mais c'est très clair, l'effort est là", a fait valoir Mme Belloubet.
<https://information.tv5monde.com/info/atteintes-l-environnement-belloubet-annonce-des-juridictions-specialisees-344000>
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13- « Le siècle vert » de Régis Debray, ou l'écologie vue depuis le XXe siècle, Usbek & Rica, 29/01/19, 17:15
Vincent Lucchese
Dans Le Siècle Vert (Gallimard, 2020), Régis Debray analyse le basculement des valeurs et des préoccupations de la société des luttes sociales vers les luttes écologiques. L'intellectuel d'extrême gauche assume être nostalgique de son époque et alerte sur le risque d'excès de l'écologie radicale. S'il reconnaît la gravité de la situation, il ne semble pas en prendre pleinement la mesure.
C’est un étrange et passionnant exercice d’équilibriste auquel se livre Régis Debray. Celui d’un sage qui s’inquiète du « changement de civilisation » à l’œuvre, tout en reconnaissant que celui-ci est nécessaire, voire inéluctable. Le siècle vert, c’est ainsi que le philosophe baptise notre époque dans un essai d’une cinquantaine de pages, ciselé, dense, empreint d’ironie et d’humour, paru le 9 janvier dans la collection « Tracts » de Gallimard.
Notre siècle serait donc vert, succédant et contrastant fortement avec le « siècle rouge », estime non sans nostalgie l’ancien compagnon de route de Che Guevara. L’urgence ne serait, à l’esprit de la nouvelle génération, plus sociale mais écologique, d’où les nouvelles obsessions : l’Union internationale pour la conservation de la nature a remplacé dans les cœurs la Quatrième Internationale, le parti animaliste rattrape aux élections le parti communiste et « l’ennemi principal n’est plus le patron mais la fumée d’usine ». En résumé : « Au “Ah, ça ira ! Ça ira !” succède le “Ah, ça triera, ça triera” ».
La caricature peut faire sourire ou irriter. Elle est tout de même nuancée en permanence par Régis Debray qui n’a de cesse de rappeler la légitimité de ces nouvelles préoccupations environnementales. La modernité, écrit-il, fut un « long Moyen Âge », une ère faustienne : elle nous a certes apporté un bien-être et un confort sans précédent mais au prix d’un épuisement des ressources, d’un saccage du monde vivant et d’un péril climatique imminent.
>> Suite à lire à :
<https://usbeketrica.com/article/siecle-vert-regis-debray-essai>
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14- Amazonie : des photos font vivre la mystique et la lutte des Yanomami, AFP, 29/01/20, 20:00
Un visage frais d'enfant émerge heureux de l'onde mouvante d'un fleuve amazonien : la symbiose d'un peuple et de son environnement forestier menacé est le fil conducteur d'une exposition de la photographe Claudia Andujar à Paris.
La Fondation Cartier pour l'art contemporain, qui vient d'achever l'exposition à succès "Nous les arbres" (plus de 200.000 visiteurs), revient avec force sur l'écologie et la planète menacées, en présence de la photographe et du chaman Davi Kopenawa, porte-parole des Indiens yanomami, qui vivent dans le bassin du rio Catrimani.
C'est l'anthropologue français Bruce Albert, auteur de plusieurs ouvrages ethnographiques, qui est le commissaire de ces deux expositions.
Claudia Andujar, née en Suisse en 1931 dans une famille d'origine juive et protestante, rescapée de la Shoah, présente quelque 300 photographies. Elle s'est fait accepter des Yanomami en partageant leur vie.
Ces photos, présentées déjà à Rio dans un autre format, et qui seront aussi montrées en Suisse, en Italie et en Espagne, auraient dû être détruites à la mort de ceux qu'elles représentent. Mais les chefs yanomami ont accepté qu'elles soient le témoignage du peuple de la forêt qui voit ses droits bafoués.
La photographe va séjourner à de nombreuses reprises à partir de 1971 dans le bassin. Un missionnaire, le père Carlo Zacquini, lui fera découvrir ce peuple.
Très vite, Claudia Andujar, en s'imprégnant des mythes de ce peuple, s'éloigne de la photo documentaire. Elle adapte ses images à des techniques et effets, en y ajoutant un aspect surréel : grand angle, vaseline sur l'objectif, pellicule infrarouge, filtres. Les rayons de lumière fusent, la fumée nimbe les scènes, leurs donne une dimension transcendante, mystérieuse.
Les Yanomami sont saisis dans l'intimité sombre de leurs maisons collectives, les "yano". Andujar documente aussi le "reahu", cérémonie d'alliance et rite funéraire, où les jeunes danseurs avalent des poudres hallucinogènes. Elle joue avec une vitesse d'obturation lente, se sert de flashs et de lampes à huile pour provoquer brillance et brouillage. Elle surimpose différentes scènes, montrant les connexions spirituelles dans la communauté.
"Urihi" = terre-forêt, "Tëpërësiki" = monstre aquatique, "Omama" = créateur des règles sociales, "Yoasi", à l'origine de la mort et de tous les maux... A côté de ces divinités puissantes et rivales, des réalités heureuses collectives, et aussi des réalités sanitaires et sociales très crues sont montrées : d'un homme décimé par une épidémie sur un brancard à une piste d'atterrissage des orpailleurs et à des bases militaires au milieu de la forêt.
> La lutte yanomami, du 30 janvier au 10 mai à la Fondation Cartier pour l'art contemporain <https://www.fondationcartier.com/expositions/claudia-andujar-lalutteyanomami>
<https://information.tv5monde.com/culture/amazonie-des-photos-font-vivre-la-mystique-et-la-lutte-des-yanomami-344110>
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15- Chasse au plastique, vente en vrac… le Parlement adopte la loi contre le gaspillage, Le Monde avec AFP, 30/01/20, 15h45
La loi fixe notamment l’objectif de 100 % de plastique recyclé d’ici au 1er janvier 2025 et instaure de nouvelles filières pollueur-payeur.
Le Parlement a adopté définitivement, jeudi 30 janvier, le projet de loi contre le gaspillage. Après l’Assemblée nationale, le Sénat, à majorité de droite, a voté dans l’après-midi le texte à l’unanimité, moins une abstention. Voici les principales mesures de ce texte, présenté comme un marqueur environnemental de l’acte II du quinquennat Macron.
• Des objectifs chiffrés
Le texte inscrit dans la loi :
> l’objectif de 100 % de plastique recyclé d’ici au 1er janvier 2025 ;
> une réduction de 50 % d’ici à 2030 du nombre de bouteilles en plastique à usage unique vendues ;
> l’interdiction de mise sur le marché des emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040.
Les industriels jugent ce dernier objectif « irréaliste », mais le WWF le qualifie de « trop tardif ». L’ONG décrit d’ailleurs le projet de loi comme une « occasion manquée de sortir de la société du tout-jetable ».
• Des nouvelles filières pollueur-payeur
Ces filières à responsabilité élargie du producteur (REP) exigent des professionnels qu’ils financent la gestion des déchets liés à leurs produits. Cela concernera les mégots dès 2021 ; les matériaux de construction (BTP), les jouets, les articles de sport et de loisirs, les articles de bricolage et de jardinage à compter de 2022 ; les lingettes pré-imbibées pour usages corporels et domestiques en 2024.
> Lire aussi Vers une filière pollueur-payeur pour les déchets de chantier
• Les dépôts sauvages sanctionnés
Une amende forfaitaire de 1 500 euros pour sanctionner les auteurs de dépôts sauvages de déchets est créée.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/30/chasse-au-plastique-vente-en-vrac-le-parlement-adopte-la-loi-contre-le-gaspillage_6027824_3244.html>
Sur le même sujet :
> Le Parlement adopte définitivement le projet de loi antigaspillage <https://information.tv5monde.com/info/le-parlement-adopte-definitivement-le-projet-de-loi-antigaspillage-344161>, AFP, 30/01/20, 18:00
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16- 2020, année de consécration de l'économie circulaire ?, La Tribune, 30/01/20, 16:58
Giulietta Gamberini
Adoptée le 30 janvier par le Parlement, la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire vise à inscrire l'économie de ressources dans le quotidien des citoyens. Le marché a déjà anticipé quelques mesures.
2020 s'annonce comme l'année de la consécration pour l'économie circulaire. Jeudi 30 janvier, le parlement a définitivement adopté la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire. Un texte qui doit incarner, pour le gouvernement, l'intérêt de l'acte II du quinquennat pour l'urgence écologique.
Le concept, fondé sur la nécessité de limiter la consommation des ressources naturelles, a été défini dès 2015 par la loi de transition énergétique, qui avait déjà reconnu l'économie circulaire comme un objectif national. Depuis, ce pilier du développement durable peine toutefois à se frayer une place dans l'opinion publique, à côté de la prise de conscience de la crise climatique et bien au-delà de l'urgence du tri et du recyclage à laquelle il est souvent réduit.
>> Suite à lire à :
<https://www.latribune.fr/entreprises-finance/transitions-ecologiques/2020-annee-de-consecration-de-l-economie-circulaire-838375.html>
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17- Faire de la "raison d’être" un axe structurant de l'entreprise et non un slogan vide de sens, Novethic, 30/01/20
Béatrice Héraud
L’élaboration de raison d’être et leur inscription dans les statuts de la société suscitent l’engouement des grands groupes depuis que la loi Pacte leur permet de le faire. Récemment, ce sont les grandes banques qui s’y sont mises. Mais ces raisons d’être sont-elles réellement efficaces et pérennes ? Entre précipitation et prudence, elles tombent souvent dans l’allégation molle. Voici quelques principes de base pour faire réellement la différence.
"Agir chaque jour dans l’intérêt de nos clients et de la société" (Crédit agricole), "Bâtir la confiance en notre société" (PwC), "Protéger et agir pour un futur serein" (Axa)…Voici quelques-unes des dernières raisons d’être adoptées par des grands groupes depuis la loi Pacte. Si certains donnent du sens à l'action d'une société, d'autres sont de simples slogans pleins de bons sentiments mais qui peinent à caractériser les sociétés pour lesquelles elles ont été rédigées. Et qui risquent de ne pas servir la transformation des entreprises. La faute à un engouement louable mais précipité qui risque de tourner à l'effet de mode. Alors pour définir une Raison d’être efficace, durable et transformante, voici quelques principes de base.
1. Savoir pourquoi on s’engage
La raison d’être est "la colonne vertébrale" de l’entreprise, selon Errol Cohen, avocat au barreau de Paris et spécialiste des sociétés à mission (1). La définir mobilise du temps et des moyens, cela suppose de bien définir le projet et de se poser des questions aussi existentielles que celle du "pourquoi" de la démarche et de l’entreprise. L’exercice peut sembler virer à l’introspection philosophique, mais il est nécessaire. Car il s’agit bien de définir "ce que l’entreprise apporte à l’humanité" ou "ce qui manquerait au monde ou qui irait mieux si elle n’existait pas", assure Fabrice Bonnifet, président du Collège des directeurs développement durable (C3D).
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/entreprise-responsable/isr-rse/raison-d-etre-les-principes-a-suivre-pour-reellement-faire-la-difference-148168.html>
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18- Le Conseil constitutionnel reconnaît que « la protection de l’environnement » peut justifier des « atteintes à la liberté d’entreprendre », Le Monde, 31/01/20, 11h23
Stéphane Mandard
Il admet sa « valeur constitutionnelle » et valide la fin de l’exportation de pesticides interdits en Europe et produits en France.
Dans le combat acharné qu’ils mènent pour continuer à produire en France des pesticides pourtant interdits en Europe en raison de leur toxicité, les géants de l’agrochimie viennent de perdre une manche, sans doute définitive. Dans une décision rendue vendredi 31 janvier, le Conseil constitutionnel vient de rejeter la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) posée par l’Union de l’industrie de la protection des plantes (UIPP), qui regroupe Bayer, Syngenta, BASF et tous les fabricants de produits phytosanitaires implantés en France.
Par cette décision inédite, le Conseil constitutionnel reconnaît pour la première fois que « la protection de l’environnement, patrimoine commun des êtres humains, constitue un objectif de valeur constitutionnelle » qui peut justifier des « atteintes à la liberté d’entreprendre ».
La QPC visait l’article 83 de la loi sur l’alimentation (Egalim) d’octobre 2018 interdisant, à partir de 2022, la production, le stockage et la circulation de produits phytopharmaceutiques contenant des substances actives non autorisées en Europe pour des raisons liées à la protection de la santé humaine ou animale ou à la préservation de l’environnement.
> Lire notre enquête : Pesticides interdits : révélations sur l’intense lobbying des industriels jusqu’au sommet de l’Etat
Interdits en Europe, mais vendus en Afrique
A l’instar de l’atrazine, désherbant utilisé dans les champs de maïs dont l’usage est banni dans l’Union européenne depuis 2003 en raison de son potentiel cancérigène, un perturbateur endocrinien aux effets délétères sur le développement intra-utérin, de nombreux pesticides interdits sont toujours produits en France dans le but d’être vendus, principalement dans les pays en développement, et tout particulièrement en Afrique. L’article 83 vise à mettre un terme à cette activité, qui présente un risque pour les populations exposées, mais se révèle très juteuse pour les fabricants.
L’UIPP estimait que ledit article portait une « atteinte excessive à la liberté d’entreprendre, protégée par la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ». Pour le syndicat, qui regroupe dix-neuf entreprises, dont certaines sont à la fois productrices de pesticides et de semences, l’interdiction aura « un effet sanitaire nul », dans la mesure où elle est limitée à la France et n’empêchera donc pas les exportations depuis d’autres pays. Elle introduit, en revanche, une « distorsion de concurrence » en défaveur des entreprises implantées sur le territoire national.
Le Conseil constitutionnel n’a pas été convaincu par les arguments de l’UIPP. Ses membres ont estimé que l’article 83 était « conforme » à la Constitution. Ce jugement ouvre la voie à la fin d’une pratique (« exposer la population d’autres pays à des pesticides extrêmement dangereux dont l’utilisation n’est plus permise dans les pays industrialisés ») dénoncée par l’Organisation des Nations unies, dans son rapport de 2017 sur le droit à l’alimentation, comme « une violation des droits de l’homme ».
Surtout, pour la première fois, le Conseil constitutionnel estime qu’« il appartient au législateur d’assurer la conciliation des objectifs de valeur constitutionnelle de protection de l’environnement et de protection de la santé avec l’exercice de la liberté d’entreprendre. À ce titre, le législateur est fondé à tenir compte des effets que les activités exercées en France peuvent porter à l’environnement à l’étranger ».
> Lire aussi Philippe Mauguin (Inrae) : « Il existe des solutions pour réduire l’usage des pesticides jusqu’à 60 % »
Ses membres jugent ainsi qu’avec « l’atteinte portée à la liberté d’entreprendre », par cette interdiction, « le législateur a entendu faire obstacle à ce que des entreprises établies en France participent à la vente de tels produits partout dans le monde, et donc, indirectement, aux atteintes qui peuvent en résulter pour la santé humaine et l’environnement ».
Cette décision constitue un tournant important dans la jurisprudence. En 2015, le Conseil constitutionnel avait en effet censuré la loi suspendant la fabrication et l’exportation des emballages alimentaires contenant du bisphénol A. Une QPC avait été posée par les fabricants européens de matières plastiques, qui avaient également invoqué la liberté d’entreprendre et agité le chiffon rouge de l’emploi.
Pour Jérôme Graefe, juriste de l’association France nature environnement (FNE), qui intervenait dans la QPC, « par cette décision extrêmement importante, le Conseil constitutionnel envoie un signal très clair aux acteurs industriels et ouvre la voie à d’autres arbitrages en faveur de la préservation de l’environnement ».
Intense lobbying jusqu’au sommet de l’Etat
Du côté de l’UIPP, on explique vouloir prendre le temps de l’analyse de la décision du Conseil constitutionnel avant d’envisager d’autres voies de recours. Depuis la promulgation de la loi Egalim, en octobre 2018, les fabricants de pesticides ont engagé les grandes manœuvres, jusqu’au sommet de l’Etat, pour faire obstacle à cette interdiction. Courrier au président de la République, courrier au premier ministre, courrier au ministre de l’économie… avec toujours un même argument : l’emploi. L’UIPP agite la menace de l’emploi (plus de 3 000), des délocalisations et de toute une économie rurale fragilisée. Un discours qui ne laisse pas insensible à l’Elysée et qu’endosse même le ministre de l’économie, Bruno Lemaire.
Un intense lobbying qui finit par payer. Avant de saisir le Conseil constitutionnel (après le Conseil d’Etat), l’UIPP avait remporté une première manche. Avec le soutien du gouvernement, un amendement glissé dans la loi Pacte, relative à la croissance et à la transformation des entreprises, en avril 2019, avait rendu caduque l’interdiction. Cette fois, le Conseil constitutionnel avait retoqué ledit amendement, flairant un cavalier législatif.
> Lire aussi Pesticides SDHI : 450 scientifiques appellent à appliquer le principe de précaution au plus vite
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/31/la-protection-de-l-environnement-peut-justifier-des-atteintes-a-la-liberte-d-entreprendre-juge-le-conseil-constitutionnel_6027909_3244.html>
Sur le même sujet :
> Le Conseil constitutionnel valide l'interdiction d'exporter des pesticides prohibés dans l'UE <https://information.tv5monde.com/info/le-conseil-constitutionnel-valide-l-interdiction-d-exporter-des-pesticides-prohibes-dans-l-ue-0>, AFP, 31/01/20, 14:00
> Pesticides : le Conseil constitutionnel au secours de la protection de l’environnement <http://www.journaldelenvironnement.net/article/pesticides-le-conseil-constitutionnel-au-secours-de-la-protection-de-l-environnement,103001?xtor=RSS-31>, Le JDLE, 31/01/20
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19- Entretien. Loi antigaspillage : « Recycler 100 % de nos plastiques à l’infini est une illusion », Le Monde, 31/01/20, 12h14
Propos recueillis par Laura Motet
Une loi contre le gaspillage fixant à 100 % l’objectif de plastique recyclé d’ici à 2025 a été adoptée, mais pour la chercheuse Nathalie Gontard cette méthode ne répond pas à l’urgence de la situation.
C’était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Jeudi 30 janvier, le Parlement a définitivement adopté le projet de loi contre le gaspillage, qui fixe à 100 % l’objectif de plastique recyclé d’ici à 2025.
En 2016, seuls 26 % des emballages plastique étaient recyclés en France, selon les derniers chiffres publiés par l’organisation Plastics Europe, qui représente les producteurs européens de matières plastiques. Les meilleurs élèves européens en la matière (l’Allemagne, la République tchèque ou la Suède) plafonnaient, eux, à 50 %.
Pour Nathalie Gontard, directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) de Montpellier, « un objectif 100 % recyclage » est « impossible à atteindre » dans l’immédiat et ne répond pas à l’urgence de la situation.
> Quiz : Combien de déchets sont produits et recyclés en France ?
L’objectif de 100 % de plastique recyclé d’ici à 2025 fixé dans la loi vous paraît-il réaliste ?
Nathalie Gontard : Il faut commencer par définir ce qu’on appelle « recyclage ». Ce terme est en effet souvent utilisé pour décrire des processus aux conséquences très différentes pour l’environnement.
Le « vrai » recyclage, au sens de l’économie circulaire, signifie qu’un déchet redevient sa matière d’origine, intacte. Ainsi, une bouteille en verre peut être refondue en une bouteille que vous ne distinguerez pas du matériau originel. Idem pour le métal. Vous pouvez répéter ce processus de très nombreuses fois sans compromettre la qualité d’utilisation du produit final. La boucle est bouclée, il s’agit bien de recyclage.
> Lire aussi Mulhouse pratique déjà la consigne de bouteilles en plastique
Ce processus ne fonctionne pas pour les plastiques. Seul ce qu’il conviendrait plutôt d’appeler un « décyclage » est possible : on les transforme en objets de plastique de moindre qualité, comme des cintres, des pulls ou des matériaux de construction. Remplaçant ainsi à moindre coût le bois, la laine ou la terre cuite.
Une fois cette transformation effectuée, ils deviendront impropres à tout nouveau recyclage, parce qu’ils seront fragilisés, dégradés, chargés d’additifs et de contaminants. Arrivés à la fin de leur deuxième vie, ces plastiques ne pourront pas être à nouveau injectés dans un circuit de fabrication et finiront en décharge ou incinérés – et produiront des micro-, nano-déchets plastique et autres résidus toxiques dont on ne sait que faire.
Recycler 100 % de nos plastiques à l’infini et faire ainsi disparaître ces déchets est une illusion.
Ce constat vaut-il aussi pour les bouteilles en polyéthylène téréphtalate (PET), dont le recyclage semble pouvoir se rapprocher de celui du verre ou du métal ?
Lorsqu’elles sont correctement collectées (ce qui est le cas pour à peine 55 % d’entre elles en France), le processus de recyclage des bouteilles en PET est relativement efficace et peu coûteux. Mais il subsiste cependant des limites qui font que le PET ne peut subir qu’un recyclage unique.
Contrairement au verre ou au métal, qui sont des matériaux très denses, le plastique se comporte comme une éponge. Il absorbe les substances hydrophobes qu’il rencontre sur son chemin, qu’il s’agisse des substances colorées du jus de carottes, des arômes du pastis… ou de produits pesticides. Le recyclage consiste à nettoyer, à éliminer autant que faire se peut ces substances absorbées. Le PET ainsi recyclé est un peu moins transparent et un peu moins résistant que le PET vierge. Les industriels ajoutent donc souvent du plastique vierge au plastique recyclé pour camoufler les faiblesses de ce dernier dans leur produit final.
Par ailleurs, le nettoyage élimine les contaminants volatiles, mais il n’élimine pas, par exemple, les métaux lourds. Les opinions de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) démontrent que la sécurité des consommateurs vis-à-vis du PET, recyclé grâce aux technologies autorisées, est assurée pour un cycle unique de recyclage. L’état des connaissances ne permet donc pas de dire avec certitude que le PET recyclé plusieurs fois ne présentera pas de risques pour le consommateur. On ne sait pas comment les débris de polymère, les additifs et les contaminants résiduels peuvent s’accumuler et se dégrader au fil des cycles d’utilisation/décontamination, et venir polluer nos aliments.
> Lire aussi Economie circulaire : l’industrie du plastique sommée de se recycler
Dès lors, à quelles solutions recourir pour réduire la pollution par les plastiques ? Les techniques de recyclage du plastique ne seront-elles pas amenées à s’améliorer dans un futur proche ?
D’aucuns parient sur le développement de technologies de « vrai » recyclage du plastique dans un avenir pas trop lointain. Mais ce pari est terriblement hasardeux, car la rentabilité environnementale de ces technologies reste à établir, alors que les enjeux environnementaux se jouent dès aujourd’hui.
Nous focaliser sur un objectif 100 % recyclage impossible à atteindre détourne notre attention de toutes les autres mesures à prendre, qui sont à la portée de tous, dès maintenant, pour réduire notre consommation de plastique. Il s’agit d’encourager une utilisation optimale des plastiques irremplaçables et de nouvelles pratiques qui évitent le recours au plastique, comme le vrac, par exemple, ainsi que de privilégier les matériaux qui sont vraiment biodégradables, comme les bois, papiers et cartons, ou bien encore les matériaux réellement recyclables, comme le verre et le métal.
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Notre rubrique « Les dessous des déchets »
Qu’ils soient organiques ou plastiques, ménagers ou industriels, enfouis ou dispersés dans les airs et les océans, les déchets sont les traces tenaces de la vie humaine, et leur accumulation exponentielle constitue aujourd’hui l’un des plus grandes menaces auxquelles doit faire face l’humanité. Cette rubrique, que vous pouvez retrouver sur cette page <https://www.lemonde.fr/les-dessous-des-dechets/>, décortiquera la façon dont modes de vie et rebuts sont intimement liés, comment agir pour en réduire le nombre, amortir leur impact, et s’accommoder de ceux qui restent.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/31/loi-antigaspillage-recycler-100-de-nos-plastiques-a-l-infini-est-une-illusion_6027930_3244.html>
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20- Nicolas Hulot : "Pour sauver l’humanité, faisons tourner la planche à billets", Paris Match, maj le 01/02/20 à 14h55
Anne-Laure Le Gall
Vendredi 31 janvier, au sommet ChangeNow qui se tient à Paris, le leader écolo, ex-ministre du gouvernement Philippe, a plaidé pour une convergence de l’écologie et de la solidarité. Il a aussi parlé modernisation de notre démocratie.
«Je suggère aux hommes et aux femmes politiques, si ce n’est déjà fait, de venir s’inspirer ici, dans ce lieu, car ils sentiront le parfum du changement. Ils verront qu’ici, en gestation, les standards et les normes de demain sont là. On peut faire autrement !» Tête d’affiche du sommet ChangeNow, où se rencontrent inventeurs, investisseurs et public, Nicolas Hulot apparaît sur scène remonté à bloc. Pas blasé, malgré les feux en Australie, les ouragans, le danger qui pèse sur les peuples d’Amazonie qu’il connaît bien. Il est au front, avec des mots et des images qui percutent. Plus positif qu’alarmiste dans son discours, Nicolas Hulot a repris son rôle d’activiste à bras le corps et plutôt que jeter l’opprobre sur les décideurs politiques, comme prisonniers d’un système –il en a fait l’amère expérience–, il met chacun face à ses responsabilités. La transition écologique, c’est l’affaire de tous.
«Les politiques ne sont pas responsables de tous les maux. Cette vision est caricaturale et même un peu dangereuse. Nous avons eu la chance d’hériter d’une démocratie, rendons la plus inclusive. La société civile doit être associée en amont. Car les politiques sont enfermés dans le conformisme. Combien de fois ai-je entendu : "On ne peut pas faire autrement". On ne pourrait pas nourrir l’humanité autrement qu’avec une agriculture productiviste et conventionnelle, répondre aux besoins d’énergie que par le nucléaire et les énergies fossiles. Si on ne laisse pas pénétrer un peu d’utopie dans notre logiciel, on n’y arrivera pas.» Interrogé sur le mouvement des gilets jaunes et la taxe carbone, il analyse la maladresse d’une telle mesure, vouée à l’échec. Une étincelle qui a mis le feu.
>> Suite à lire à :
<https://www.parismatch.com/Actu/Environnement/Nicolas-Hulot-Pour-sauver-l-humanite-faisons-tourner-la-planche-a-billets-comme-pour-les-banques-1671582>
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En audio
21- Réchauffement climatique, mobilité des Français, présidentielle de 2022, le "8h30 franceinfo" de Nicolas Hulot, Radio France, 29/01/20, 11:37
Nicolas Hulot, ancien ministre de la Transition écologique et solidaire, et Florence Gilbert, directrice de Wimoov, étaient les invités du "8h30 franceinfo", mercredi 29 janvier 2020.
Nicolas Hulot, ancien ministre de la Transition écologique et solidaire, accompagné de Florence Gilbert, directrice de Wimoov, plate-forme d'accueil et d'accompagnement qui propose des solutions pour une mobilité durable aux publics en situation de fragilité, sont venus présenter dans le "8h30 franceinfo" le premier baromètre des mobilités du quotidien et répondre aux questions de Renaud Dély et Marc Fauvelle.
> 7 min à (ré)écouter à :
<https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/8h30-fauvelle-dely/rechauffement-climatique-mobilite-des-francais-presidentielle-de-2022-le-8h30-franceinfo-de-nicolas-hulot_3787189.html>
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En images
22- Municipales : objectif zéro carbone à Ungersheim, France 3, le 19/20, 25/01/20
Le village d'Ungersheim (Haut-Rhin) se veut le plus écologique de France. En mars prochain, le maire briguera un sixième mandat.
C'est une petite commune aux pieds des Vosges. À Ungersheim (Haut-Rhin), le maire compte bien emmener ses habitants sur le chemin de la transition écologique. Son objectif est d'atteindre l'autonomie énergétique et alimentaire d'ici 2022. En mars prochain, Jean-Claude Mensch remet en jeu son mandat. La commune s'apprête à inaugurer sa première éolienne. Cet engin de 30 m de haut permettra de produire 25 000 kWh, de quoi alimenter les bâtiments municipaux. Le maire et ses administrés sont plutôt fiers.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/elections/municipales/municipales-objectif-zero-carbone-a-ungersheim_3799893.html>
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23- Collection Ecologie, la révolution est en marche, interview de Nicolas Hulot, M6, Capital, 26/01/20, 21h
Julien Courbet recevait Nicolas Hulot sur le plateau de Capital dimanche.
En replay et sur inscription, l’intégralité de l’interview à :
<https://www.6play.fr/capital-p_860/nicolas-hulot-son-interview-en-integralite-et-en-exclusivite-c_12575293>
<https://www.6play.fr/capital-p_860>
Sur le même sujet :
> Dans « Capital », Nicolas Hulot prône la mise en place d’une « TVA incitative » <https://www.20minutes.fr/arts-stars/television/2702499-20200124-video-capital-nicolas-hulot-prone-mise-place-tva-incitative>, 20 Minutes, 24/01/20, 13h59
En savoir plus :
> Demain, il sera trop tard…- Des solutions au quotidien ! <https://www.6play.fr/6play/semaine-green-6play-f_679>, M6, SemaineGreen, du 26/01 au 02/02/20
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24- Climat : "Est-ce qu'on en fait assez ? La réponse est non. Il faut changer d'échelle", estime Nicolas Hulot au sommet Change Now, France info, 31/01/20, 17:40
L'ancien ministre de la Transition écologique et solidaire était l'invité de franceinfo à l'occasion du sommet Change Now. Il a insisté sur la nécessité de lutter plus efficacement contre le changement climatique.
"L'intelligence, c'est comme l'argent, il faut l'utiliser à bon escient, ne pas se disperser sur tous les fronts". Invité à s'exprimer lors du sommet Change Now, l'exposition universelle sur les innovations pour la planète, qui se tient à Paris, l'ancien ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, s'est arrêté quelques minutes sur le plateau de franceinfo pour donner son sentiment sur le rôle que doit jouer la technologie contre le réchauffement climatique.
> Vidéo à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/politique/nicolas-hulot/video-climat-est-ce-qu-on-en-fait-assez-la-reponse-est-non-il-faut-changer-d-echelle-estime-nicolas-hulot-au-sommet-change-now_3807403.html>
Sur le même sujet :
> Steak sans viande, cargo à voile, agriculture urbaine... Des start-ups présentent leurs innovations pour la planète au sommet Change NOW <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/video-des-entreprises-presentent-leurs-innovations-pour-la-planete-au-sommet-change-now_3807649.html>, France info, 31/01/20, 20:02
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Deux annonces
25- Les modes de vie : de quoi parle-t-on ? Vidéo 3 mn et Flash TES 4 pages - Programme Transition Energétique et Sociétale (TES), Collège des transitions sociétales, 31/01/20
Après plusieurs mois de travail collectif avec les partenaires du programme TES, nous avons le plaisir de partager ces supports pour aider à mieux comprendre ce que recouvrent "les modes de vie".
> Visualiser la vidéo (3 mn) <https://web.imt-atlantique.fr/x-dg/transition-energetique/uploads/ressources/Programme%20TES/Modes%20de%20vie/Video_mode%20de%20vie_Aful_vf_HD.mp4>
> Télécharger le Flash TES <https://web.imt-atlantique.fr/x-dg/transition-energetique/uploads/ressources/Programme%20TES/Modes%20de%20vie/Flash%20TES%20N%C2%B03%20Modes%20de%20vie-VF.pdf>
Merci à tous pour ce travail collectif,
Bernard Lemoult
Directeur du Collège des transitions sociétales
Directeur de recherche à IMT Atlantique
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26- Laurent Berger et Nicolas Hulot à Villeurbanne le 5 février pour présenter leur pacte social et écologique, Le Progrès, 27/01/20, 11:32
A.-L.W.
En mars 2019, le secrétaire général de la CFDT et l’ancien ministre de la Transition écologique s’étaient engagés pour défendre un pacte social et écologique. Ils présenteront leurs 66 propositions le 5 février, à Villeurbanne.
Nicolas Hulot et Laurent Berger seront en visite à Villeurbanne ce 5 février pour défendre leur « pacte du pouvoir de vivre ». En mars dernier, 19 associations, ONG et syndicats s’étaient réunies à l’initiative de Nicolas Hulot et Laurent Berger et avaient formulé 66 propositions concrètes prenant en compte l’urgence sociale et écologique. Aujourd’hui, au niveau national, plus d’une cinquantaine d’associations sont signataires de ce pacte.
« C’était notamment une réponse au mouvement des Gilets jaunes et d’une certaine manière à un début de quinquennat qui faisait fi des corps intermédiaires », précise Sonia Paccaud, secrétaire générale CFDT de l’Union territoriale interprofessionnelle du Rhône. « La société civile organisée a des choses à dire, ajoute Christian Juyaux, du club Convaincre du Rhône. Ce qui est un phénomène nouveau, c’est qu’avant chacun faisait des propositions de son côté. Là, on a rassemblé des personnes très différentes autour de propositions communes. » « Tout le monde associatif et humanitaire apporte sa pierre à l’édifice » insiste Bernard Lagache, de l’association Pacte civique.
>> Suite à lire à :
<https://www.leprogres.fr/edition-lyon-villeurbanne/2020/01/27/laurent-berger-et-nicolas-hulot-le-5-fevrier-a-villeurbanne>
En savoir plus :
> 19 organisations réunies pour un Pacte écologique et social <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/19-organisations-reunies-pour-un-pacte-ecologique-et-social>, Fondation pour la Nature et l’Homme, 08/03/19
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– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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