[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur énergies, ressources, transports, habitat, urbanisme & aménagement du territoire (mercredi 1er juillet)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Mer 1 Juil 08:05:54 CEST 2020
Bonjour à tous,
Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants :
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1- 2 ferries électriques lancés fin 2021 en Norvège <http://www.avem.fr/actualite-2-ferries-electriques-lances-fin-2021-en-norvege-8107.html>, Avem, 23/06/20, 06:00
2- Total à Polytechnique : le projet de centre de recherche suscite l’opposition <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/23/total-a-polytechnique-le-projet-de-centre-de-recherche-suscite-l-opposition_6043870_3244.html>, Le Monde, 23/06/20, 12h39
3- Tribune. « Les énergies du futur devront être vertes, résilientes et abordables, en Afrique plus qu’ailleurs » <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/23/les-energies-du-futur-devront-etre-vertes-resilientes-et-abordables-en-afrique-plus-qu-ailleurs_6043919_3212.html>, Le Monde Afrique, 23/06/20, 18h00
4- Pourquoi l’Europe risque de manquer de pétrole d’ici à 2030 <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/23/l-europe-risque-de-manquer-de-petrole-d-ici-a-2030_6043842_3234.html>, Le Monde, 23/06/20, 18h37
5- Factuel. A Nantes, Nielsen Concept mise sur un abri vélo intelligent, solidaire et 100 % écolo <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-nantes-nielsen-concept-mise-sur-un-abri-velo-intelligent-solidaire-et-100-ecolo_6044079_4811534.html>, Le Monde, 25/06/20, 07h02
6- Chronique. « Il faut modifier profondément l’usage de la voiture, sans nuire à l’économie et dans le respect de la justice sociale » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/24/il-faut-modifier-profondement-l-usage-de-la-voiture-sans-nuire-a-l-economie-et-dans-le-respect-de-la-justice-sociale_6044010_3234.html>, Le Monde, maj le 25/06/30 à 07h42
7- Factuel. Au Burkina Faso, l’association La Voûte nubienne ressuscite une technique de construction ancestrale et écologique <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/25/au-burkina-faso-l-association-la-voute-nubienne-ressuscite-une-technique-de-construction-ancestrale-et-ecologique_6044110_3212.html>, Le Monde, 25/06/20, 10h45
8- A Saint-Etienne, l’algorithmique d’Imope aide à réaliser des économies d’énergie <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-saint-etienne-l-algorithmique-d-imope-aide-a-realiser-des-economies-d-energie_6044109_4811534.html>, Le Monde-Cities, 25/06/20, 11h37
9- Le COVID-19 menace les objectifs verts de l’UE <https://www.euractiv.fr/section/climat/news/le-covid-19-met-en-peril-les-objectifs-verts-de-lue/>, EurActiv, 25/06/20, 13:05
10- Fessenheim : une reconversion économique toujours dans les limbes <https://information.tv5monde.com/info/fessenheim-une-reconversion-economique-toujours-dans-les-limbes-364784>, AFP, 25/06/20, 17:00
11- Le gouvernement allemand approuve la loi sur l’abandon progressif du charbon <https://www.euractiv.fr/section/energie/news/german-cabinet-finally-approves-the-coal-phase-out/>, EurActiv, 25/06/20
12- Adieu l'avion ! Petit guide pratique pour parcourir l'Europe à vélo <https://www.wedemain.fr/Adieu-l-avion--Petit-guide-pratique-pour-parcourir-l-Europe-a-velo_a4760.html>, We Demain, 25/06/20
13- 10 incertitudes qui pèsent sur la transition écologique depuis le Covid-19 <https://www.novethic.fr/actualite/energie/transition-energetique/isr-rse/post-covid-19-les-10-incertitudes-qui-pesent-sur-la-transition-ecologique-148669.html>, Novethic, 25/06/20
14- Nucléaire : le nouveau projet d’EDF au Royaume-Uni face à d’importantes difficultés <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/26/nucleaire-le-nouveau-projet-d-edf-au-royaume-uni-face-a-d-importantes-difficultes_6044216_3234.html>, Le Monde, 26/06/20, 06h19
15- Canicule : des solutions pour que les villes n'abusent pas de la climatisation <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat/devra-t-on-arreter-la-climatisation-pour-faire-face-aux-futures-canicules_145504>, Sciences & Avenir, 26/06/20, 14h11
16- Enquête. Les sept piliers de la sagesse urbaine dans le « monde d’après » <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/26/les-sept-piliers-de-la-sagesse-urbaine-dans-le-monde-d-apres_6044285_4811534.html>, Le Monde, 26/06/20, 14h28
17- Tribune. Energies fossiles : « Des propositions incompatibles avec les engagements de lutte contre les changements climatiques » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/26/energies-fossiles-des-propositions-incompatibles-avec-les-engagements-de-lutte-contre-les-changements-climatiques_6044304_3232.html>, Le Monde, 26/06/20, 14h52
18- Tribune. « Il faut annuler le projet de quatrième terminal à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/26/il-faut-annuler-le-projet-de-quatrieme-terminal-a-l-aeroport-roissy-charles-de-gaulle_6044305_3232.html>, Le Monde, 26/06/20, 15h37
19- Barrage sur le Nil : l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan s’accordent pour reporter la mise en eau <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/27/barrage-sur-le-nil-l-egypte-l-ethiopie-et-le-soudan-s-accordent-pour-reporter-la-mise-en-eau_6044363_3212.html>, Le Monde Afrique avec AFP, 27/06/20, 05h26
20- Témoignages - Fessenheim : pro et anti-nucléaires racontent la centrale au moment de sa mise à l'arrêt <https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/temoignages-fesseheim-pro-anti-nucleaires-racontent-leur-centrale-atomique-au-moment-sa-mise-arret-1847268.html>, France 3 Grand Est, 29/06/20, 18h27
21- La centrale nucléaire de Fessenheim à l’arrêt, point de départ d’un démantèlement inédit sur quinze ans <https://www.lemonde.fr/energies/article/2020/06/29/dernieres-heures-pour-la-centrale-nucleaire-de-fessenheim-avant-un-demantelement-inedit-sur-quinze-ans_6044528_1653054.html>, Le Monde avec AFP, 29/06/20, 23h46
22- Reportage. A Fessenheim, la fin du nucléaire sous tension <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/29/a-fessenheim-la-fin-du-nucleaire-sous-tension_6044604_3234.html>, Le Monde, maj le 30/06/20, 00h01
23- Fessenheim : happening pro-nucléaire devant les locaux de Greenpeace <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/30/fessenheim-happening-pro-nucleaire-devant-les-locaux-de-greenpeace_6044637_3244.html>, Le Monde, 30/06/20, 02h54
En audio
24- Coronavirus : "Un aperçu de ce qui va nous arriver à répétition", dit Nicolas Hulot <https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/le-coronavirus-n-est-qu-un-apercu-de-ce-qui-va-nous-arriver-a-repetition-assure-nicolas-hulot-7800628395>, Invité RTL, 25/06/20, 08:19
25- Islande terre de data centers, eldorado du bitcoin <https://www.franceinter.fr/emissions/je-reviens-du-monde-d-avant/je-reviens-du-monde-d-avant-28-juin-2020>, France Inter, Je reviens du monde d’avant, 28/06/20, 17h
Bien à vous,
Florence
NB : En pied de page de chaque message, vous disposez d’une adresse url qui vous permet de vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner directement à votre gré.
ÉVÈNEMENT DU JOUR : Après 42 ans d'exploitation, Fessenheim, la doyenne des centrales nucléaires françaises est définitivement mise à l’arrêt et bien des questions subsistent : démantèlement, reclassement, etc. (cf. item 10, suite, 20, 21, 22 & 23)
ALTERNATIVES DU JOUR : — L’entreprise finlandaise Wärtsilä a été mandatée par l’opérateur norvégien Boreal Sjö pour concevoir et fournir les groupes motopropulseurs électriques de 2 ferries pilotables dans les 2 sens à la manière de certaines locomotives. (cf. item 1)
— A Nantes, la start-up Nielsen Concept recycle des conteneurs maritimes pour les transformer en garages à vélos sécurisés, accompagnés de multiples services. D’ici à la fin de l’année, un logiciel convertira les kilomètres avalés en économie de CO2 réalisée. (cf. item 5)
— En 22 ans, un maçon français et son homologue burkinabé ont construit plus de 4 000 bâtiments au Sahel et formé plus d’un millier d’artisans à la technique architecturale de la voûte nubienne. (cf. item 7)
— Deux Stéphanois ont créé Imope, un outil qui permet de croiser des données pour mieux cibler les actions d’amélioration de l’habitat et de diminution des émissions de CO2. (cf. item 8)
DÉCISION DU JOUR : Le gouvernement allemand a mis la touche finale à sa loi sur la suppression progressive du charbon, dans l’espoir qu’elle soit adoptée par le Bundesrat avant la pause estivale. (cf. item 11)
DÉCOR DU JOUR : 2 vols par an (un Paris-Les îles Canaries et un Paris-Venise) émettent plus d’1 tonne de CO2, soit un an de chauffage d’un petit logement. (cf. item 12)
ENQUÊTE DU JOUR : Passage en revue de 7 chantiers mis en lumière par la crise sanitaire pour permettre aux villes de devenir plus « résilientes ». (cf. item 16)
CONTRADICTION DU JOUR : L’experte du climat Yamina Saheb souligne la contradiction entre l’objectif de neutralité carbone affiché par le gouvernement et son soutien à la protection des investissements pétroliers par les traités internationaux. (cf. item 17)
TENSION DU JOUR : La tension était montée récemment entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie alors que cette dernière avait annoncé son intention de procéder au remplissage du réservoir du grand barrage de la Renaissance. (cf. item 19 & suite)
IMPACT DU JOUR : La consommation d’énergie des datas centers installés en Islande double tous les ans, et a même dépassé celle de ses 360 000 habitants. (cf. item 24)
TOUR DE PASSE-PASSE DU JOUR : L’implantation du centre de recherche de Total sur l’énergie bas carbone se fera, non sur l’emplacement initial, mais 200 mètres plus loin, sur un terrain qui appartient à l’Établissement public d'aménagement de Paris-Saclay et non plus à Polytechnique. (cf. item 2 & suite)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
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> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
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> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- 2 ferries électriques lancés fin 2021 en Norvège, Avem, 23/06/20, 06:00
Philippe Schwoerer
Entreprise finlandaise spécialisée dans la fabrication industrielle de générateurs électriques et de moteurs de bateaux, Wärtsilä a été mandatée par l’opérateur norvégien Boreal Sjö pour concevoir et fournir les groupes motopropulseurs des 2 ferries pilotables dans les 2 sens à la manière de certaines locomotives.
Eléments fournis
Plus précisément, Wärtsilä livrera au début de l’année prochaine à l’entreprise néerlandaise de construction navale Holland Shipyards les moteurs, batteries, équipements de recharge embarqués et au sol, les générateurs de secours et divers systèmes électriques. Ainsi, les 2 navires devraient pouvoir être commercialement exploités dès l’automne 2021. En choisissant de n’avoir qu’un seul interlocuteur pour toute l’architecture de propulsion, Boreal Sjö s’assure une simplicité de maintenance, d’accès aux pièces de rechange et d’assistance.
2 modèles différents
Si les 2 ferries auront un air de famille très marqué, ils seront cependant différents par leurs capacités d’embarquement. D’une longueur de 30 et 50 m, ils pourront respectivement accueillir 10 voitures + environ 100 passagers, et 35 voitures + 149 passagers, équipage compris. Ces navires desserviront les liaisons Launes - Kvellandstrand - Launes et Abelnes - Andabeløy - Abelnes, en Norvège.
<http://www.avem.fr/actualite-2-ferries-electriques-lances-fin-2021-en-norvege-8107.html <http://www.avem.fr/actualite-2-ferries-electriques-lances-fin-2021-en-norvege-8107.html>>
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2- Total à Polytechnique : le projet de centre de recherche suscite l’opposition, Le Monde, 23/06/20, 12h39
Patricia Jolly
Une analyse juridique pourrait contrarier l’installation d’une entité du géant pétrolier au cœur du campus de la prestigieuse institution.
Le projet d’implantation de centre d’innovation et de recherche de référence dans l’énergie bas carbone de Total, au cœur du campus de l’Ecole polytechnique, sur le plateau de Saclay, dans la banlieue sud de Paris, n’en finit pas de susciter les contestations.
Après un concert de tambourins et de vuvuzelas improvisé par des ONG environnementales, le 12 mars, afin de perturber le conseil d’administration (CA) de la prestigieuse institution militaire d’enseignement supérieur, qui devait examiner les modalités du dossier, c’est désormais sur le terrain légal que les opposants à la construction de ce bâtiment de 10 000 m², qui abriterait 200 salariés de Total, ont choisi de s’exprimer.
> Lire aussi Des ONG dénoncent un projet d’implantation de Total sur le campus de Polytechnique
Agissant dans le cadre du collectif Polytechnique n’est pas à vendre au sein duquel 61 % des élèves de l’école des promotions 2017 et 2018 auraient voté contre le projet, La Sphinx, une association d’anciens « X », a commandé une analyse juridique, dont elle a adressé les conclusions, en forme de mise en garde, le 19 juin, aux membres du CA.
Ces derniers doivent se prononcer sur l’implantation de l’immeuble, prévue à deux pas des logements, du restaurant et des salles de classe, jeudi 25 juin. Depuis septembre 2018, le PDG de Total, Patrick Pouyanné (X-Mines 1986), siège parmi eux au titre de « personnalité qualifiée ».
« Par cette note, nous informons les administrateurs afin qu’ils votent en connaissance et en responsabilité », explique Matthieu Lequesne, X2013 et porte-parole de La Sphinx, inquiète de préserver les principes « de neutralité et d’indépendance » de l’X et des futurs décideurs qu’elle forme, par rapport aux groupes industriels privés. Il précise cependant qu’il n’y a pas dans l’association « d’opposition de principe » à Total.
> Lire la tribune : « Il faut déplacer le centre de R&D de Total à l’extérieur du campus de Polytechnique »
Dans le document juridique de 25 pages que Le Monde a consulté, Me Guillaume Hannotin, avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation, identifie quatre « risques significatifs » d’embrasser ce projet. Des obstacles liés à la « méconnaissance du principe de spécialité des établissements publics », à la « méconnaissance de l’obligation de publicité et de mise en concurrence », à la « méconnaissance de l’obligation de concertation » et à la « méconnaissance des règles de bonne gouvernance publique ».
« Délit de favoritisme »
En clair, un établissement d’enseignement public comme Polytechnique ne peut légalement nouer un partenariat impliquant l’attribution d’une parcelle de son terrain avec une entreprise privée qui y gagne en image. Et, même si cela était possible, la concession du terrain serait effectuée au mépris des principes de la commande publique puisqu’elle n’a pas fait l’objet d’un appel d’offres. Ce qui constitue potentiellement une infraction pénale : le « délit de favoritisme ».
L’attribution du terrain, situé dans une zone d’aménagement concerté, n’a en outre fait l’objet d’aucune concertation. Enfin se pose la question d’un conflit d’intérêts puisque M. Pouyanné est à la fois promoteur du projet, en tant que PDG de Total, et décideur, en tant que membre du CA. Et que, même s’il s’abstient de voter sur ce point, il est en position d’exercer une influence. Comme lors du CA, organisé en ligne, au mois d’avril, pendant le confinement, durant lequel il a pris la parole pour présenter et défendre le dossier.
Contacté par Le Monde, lundi 22 juin, Total a répondu par courriel être « en train d’analyser les points juridiques soulevés par la note » afin de pouvoir faire part « en amont du conseil de l’X du 25 juin de ses observations ». M. Pouyanné ne siégeait pas encore au CA lorsque la décision concernant le centre Total a été prise, en juin 2018, et il n’a donc pu « en aucune manière, influencer le sens » de celle-ci, insiste le mail. Et le PDG de Total n’a pris la parole [en avril] « que pour exposer les motivations du projet du point de vue de Total, à la demande des administrateurs, avant de se retirer pendant les délibérations ».
Dans un courriel également, Eric Labaye (X1980), président de l’Ecole polytechnique, s’étonne des « incompréhensions majeures » et « informations erronées » contenues dans la note juridique. Et il promet « réponses et clarifications » de ses « équipes juridiques » avant le 25 juin.
« Une obole »
Comment de telles difficultés n’ont-elles pas été envisagées en amont par un géant du pétrole et du gaz et une institution de renommée mondiale comme Polytechnique ? « Au CA, personne n’imagine qu’une forme d’opposition ou de résistance puisse exister, décrypte Alexandre Moatti (X1978), ingénieur en chef des mines et administrateur du groupe de réflexion X-Alternative au sein de l’AX, une association d’anciens élèves. Et les représentants de l’Etat qui y siègent [ministères de l’armée, de l’économie, de l’enseignement supérieur, de l’industrie, de la recherche] n’oseraient jamais contredire un grand patron comme Patrick Pouyanné. »
M. Moatti – présélectionné, mais sans succès, à la présidence de l’institution en 2018 – préconise que le bâtiment Total rejoigne les centres de recherche d’autres entreprises comme Danone, EDF et Thalès, déjà installés sur le plateau de Saclay, mais hors les murs de l’X.
> Lire aussi Architecture : Saclay, campus monstre en quête d’urbanité
« L’X est devenu le jouet de quelques anciens influents », déplore l’économiste David Thesmar (X1992), depuis le Massachusetts Institute of Technology où il enseigne à la Sloan School of Management. Pour lui, le loyer de 50 000 euros annuels qui serait consenti à Total est « une obole » par rapport à l’accès direct « à un pipeline d’étudiants qui vaut de l’or pour les entreprises » dont le pétrolier gazier bénéficierait. « La gouvernance de l’X doit se réorganiser pour être digne de son rang de leader mondial dans son secteur et doit, pour cela, associer les professeurs aux décisions », estime-t-il.
Selon Jean-Pierre Bourguignon (X1966), enseignant en mathématiques à l’X de 1986 à 2012 puis président du Conseil européen de la recherche de 2014 à 2019, « il est urgent d’attendre ». « Il y a trop d’inconnues dans ce dossier et il faut l’instruire d’autant plus minutieusement qu’avec la crise du Covid-19, nul ne sait comment la reprise économique et politique va s’organiser », conclut-il. Le conseil d’administration de l’école tranchera le 25 juin.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/23/total-a-polytechnique-le-projet-de-centre-de-recherche-suscite-l-opposition_6043870_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/23/total-a-polytechnique-le-projet-de-centre-de-recherche-suscite-l-opposition_6043870_3244.html>>
Sur le même sujet :
> Total exclu du campus de Polytechnique <https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/total-exclu-du-campus-de-polytechnique-1218574>, Les Echos, 25/06/20, 18h35
> Malgré la polémique, Total va s'installer au centre de la vie étudiante de Polytechnique <https://www.novethic.fr/actualite/gouvernance-dentreprise/entreprises-controversees/isr-rse/malgre-la-polemique-total-va-bel-et-bien-s-installer-sur-le-campus-de-polytechnique-148716.html>, Novethic, 26/06/20
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3- Tribune. « Les énergies du futur devront être vertes, résilientes et abordables, en Afrique plus qu’ailleurs », Le Monde Afrique, 23/06/20, 18h00
Par Collectif*
Les auteurs de cette tribune alertent sur la tentation de relancer, sur le continent, des projets de production électrique carbonée.
Tribune. La baisse marquée des cours du pétrole durant le premier semestre 2020 soulève des inquiétudes sur l’accélération de la transition énergétique en Afrique. De plus en plus de voix s’élèvent pour dire que la compétitivité et la rentabilité des investissements verts ne seraient plus assurées à l’ère du pétrole bon marché, que les investissements dans ces infrastructures engendreraient une rigidité des prix sur de longues périodes empêchant toute flexibilité en situation de crise et que, dès lors, les solutions thermiques resteraient les mieux adaptées aux besoins du continent.
> Lire aussi L’Afrique incontournable pour conduire la transition énergétique mondiale
Le continent reste dépendant des énergies fossiles à plus de 75 % pour sa production électrique, tandis que plusieurs projets de centrales à charbon ont reçu leur feu vert ces derniers mois. L’un des plus emblématiques se situe au Zimbabwe. La centrale thermique de Sengwa, d’un coût total estimé à 3 milliards de dollars pour 2 800 mégawatts, vient de recevoir un soutien décisif sous la forme d’importants financements chinois.
Plus largement, les entreprises et les banques chinoises sont impliquées dans le financement d’au moins une douzaine de projets de centrales charbon sur le continent et plusieurs autres sont en cours de réalisation, selon des données compilées par Global Energy Monitor. En Afrique du Sud, le gouvernement a annoncé des mesures de soutien au « charbon propre » (dont l’efficacité et la compétitivité restent très largement remises en cause), pour soutenir la production électrique du pays dans le cadre de la relance post-Covid-19.
Plus de 600 millions d’Africains sans électricité
Ces projets sont inquiétants, non seulement parce qu’ils sont « court-termistes »et dangereux pour l’environnement, mais aussi parce qu’ils nous éloignent du profond changement de paradigme nécessaire pour électrifier tout le continent. Notre conviction est que « l’accès universel » à une énergie suffisante n’est pas contradictoire avec l’exigence environnementale.
Outre le besoin impérieux d’énergie pour soutenir la croissance du continent, la pandémie de Covid-19 nous rappelle que, sans énergie, il n’est pas possible d’apporter certains soins vitaux, ni d’assurer la continuité du système éducatif, ni de télétravailler. Cette crise doit surtout interpeller sur ces plus de 600 millions d’Africains pour qui l’électricité reste encore inaccessible.
> Lire aussi Le désarroi des pays producteurs de pétrole africains face à la chute des prix
Les énergies du futur devront être résilientes et abordables, en Afrique encore plus qu’ailleurs. Seules les énergies renouvelables peuvent répondre à ces défis. Leur nature décentralisée permet d’en faire bénéficier le plus grand nombre. Leur fonctionnement, moins impacté par la perturbation des systèmes d’approvisionnement en période de crise, apporte une plus grande résilience.
Ces dimensions permettraient à l’Afrique de se doter de ses propres armes pour assurer son indépendance énergétique et constitueraient ainsi un puissant bouclier contre de probables futurs conflits commerciaux internationaux et/ou récessions économiques. De plus, en raison de la baisse continue des coûts dans le secteur, les énergies renouvelables sont devenues les sources d’énergies les plus abordables et soutenables à long terme pour l’Afrique.
Forte dépendance aux énergies fossiles
Durant la dernière décennie, ce coût a été divisé par 3 pour l’éolien terrestre et par 10 pour le solaire à grande échelle. Les récents programmes solaires en Tunisie, en Egypte et en Ethiopie en témoignent, avec un tarif à moins de 30 $/MWh.
Une production électrique fondée sur les énergies fossiles ne représente en aucun cas la solution adaptée aux défis du continent, au-delà même d’évidentes raisons climatiques. Cela serait omettre la forte dépendance aux importations des énergies fossiles et donc à la volatilité des cours du pétrole, y compris parfois des pays producteurs de ces matières premières, qui importent le combustible destiné aux centrales thermiques. Les secteurs électriques africains restent très exposés aux variations du prix du fioul qui représente deux tiers du coût de l’électricité.
> Lire aussi Coronavirus : en Afrique, l’eldorado pétrolier s’éloigne pour les petits pays producteurs
Cela serait aussi oublier qu’avec les premières mesures de déconfinement, les cours repartent déjà à la hausse et qu’une normalisation des prix est à prévoir. Rappelons que, durant les quinze dernières années, les cours du pétrole ont très souvent été au-dessus de 60 dollars le baril.
Cette situation a fragilisé les finances des sociétés électriques, fortement dépendantes des combustibles fossiles, et se répercute à la fois sur les tarifs d’électricité, parmi les plus élevés au monde, mais également sur les finances publiques, fortement impactées par les tarifs sociaux.
Une question de volonté politique
Le contexte actuel du baril bas devrait donc pousser à revoir les subventions notamment fiscales sur les combustibles fossiles, comme vient par exemple de le décider le Nigeria, afin de les rediriger vers des usages plus durables. Il faut bien entendu aussi tenir compte de l’existant pour mener une transition résolue et engagée.
Un pays comme l’Afrique du Sud, où Eskom a frôlé la faillite et où les townships accèdent gratuitement à l’électricité, peut difficilement se passer du charbon actuellement. En revanche, c’est aussi l’un des pays les plus avancés en Afrique sur les questions d’innovations en matière d’énergies renouvelables. Tout est question de volonté politique.
> Lire aussi L’entreprise Eskom menace de faire disjoncter l’économie sud-africaine
Plusieurs pays ont réalisé que la dépendance aux énergies fossiles leur était préjudiciable, à l’image du Maroc qui vise une production de 52 % de son électricité issue des énergies renouvelables à l’horizon 2030. La société civile en Afrique se mobilise aussi de plus en plus efficacement contre les projets polluants. En 2019, un tribunal kényan a refusé d’accorder sa licence au très controversé mégaprojet de centrale à charbon de Lamu. Toujours en 2019, le Sénégal a annulé la construction de la centrale à charbon de Sendou.
Nombre d’institutions de financement du développement se retirent de certains projets, à l’instar de la Banque africaine de développement à Lamu, ou s’engagent à ne plus en financer, à l’image du FMO, la banque de développement néerlandaise, qui faisait partie des investisseurs de la centrale de Sendou.
Primordial de développer les innovations
Après la crise due au coronavirus, le défi pour les Etats Africains sera d’abord de relancer leurs économies et de rendre effectif un nouveau modèle de croissance à moyen terme. L’investissement massif dans les ressources inégalées de l’Afrique en énergies renouvelables doit être au cœur de cette relance économique, comme nous le rappelle la collaboration entre l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) et l’Union africaine en riposte au Covid-19.
> Lire aussi Au Sénégal, les perspectives d’exploitations pétrolières s’éloignent une fois de plus
L’industrialisation de ces solutions crée bien plus d’emplois locaux et durables que les énergies fossiles et représente une excellente opportunité de faire face au chômage des jeunes. A moyen terme, ces investissements produiront une croissance plus respectueuse de l’environnement.
Il devient donc primordial de développer les innovations permettant d’accompagner l’essor des énergies renouvelables et de répandre leur usage partout sur le continent en s’appuyant sur les technologies de stockage d’énergie, la gestion et le pilotage intelligent des systèmes électriques, ou les miniréseaux et les « Solar Home System » particulièrement adaptés aux zones rurales.
Pour concrétiser ces stratégies d’investissement d’avenir, une réponse adéquate au financement demeure la clé du succès. Il s’agit de rendre le coût du capital plus abordable, de développer les mécanismes de garanties, d’assouplir les processus de financement, de mobiliser des capitaux privés notamment africains, ou encore d’harmoniser les cadres réglementaires.
Ainsi, l’Afrique pourra mettre à l’échelle industrielle les infrastructures d’énergies renouvelables qui seront le socle du système énergétique de demain et le pilier d’un nouveau modèle de croissance durable.
*Signataires de cette tribune : Rolake Akinkugbe (Managing Director, Energy Inc. Advisors), Mahoussi Amoussou (conseillère technique juridique, ministère de l’énergie du Bénin), Amarou Aw (Partner A & A conseil investissement et stratégie), Monique Barbut (envoyé spécial du président de la République française pour la biodiversité, One Planet Summit), Jean-Pierre Barral (directeur du département transitions énergétique et numérique, AFD), Pierre Bernheim (avocat partner chez Trinity International LLP), Romain de Villeneuve (directeur général WeLight), Ousmane Diawara (EY Advisory Services), Karim El Alamy (directeur général Elum Energy), Gaston Eloundou Essomba (ministre de l’eau et de l’énergie, Cameroun), Guillaume Estager (Partner, Philae Advisory), Justin Faye (Counsel Linklaters), Mokhtari Ghalia (avocate au barreau de Casablanca), Grégory Grellet (cadre dirigeant de la fonction publique, expert en études d’impact des politiques publiques), Hamza Hraoui (communicant, cofondateur de MGH Partners), Rafikh Ismail (director, Camco Clean Energy), Maurice Itous Ibara (président de l’Academie des sciences et des arts du Congo, expert des énergies renouvelables), Malado Kaba (ancien ministre de l’économie et des finances, Guinée), Pierre Kiala (directeur Bureau coopération internationale, ministère de l’énergie, Angola), Souleymane Konaté (conseiller technique du ministre de l’énergie, responsable du programme énergie du Burkina Faso, PCA Sonabel), Alexandre Lambolez (CEO Qair International), Ibrahim Assane Mayaki (CEO African Union Development Agency), Nicolas Simel Ndiaye (senior manager conseil aux gouvernements, Deloitte Afrique, fondateur du think tank L’Afrique des idées), Benoit Ndzana(enseignant, chercheur ENSP, université Yaoundé 1, président du comité technique énergies nouvelles et renouvelables de l’ANOR Cameroun), Jean-Jacques Ngono (Managing Partner Africa, Finergreen), Gerard Ntchouabia (président de l’Association camerounaise pour les énergies renouvelables, vice-président du Comité technique 19 des énergies nouvelles et
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/23/les-energies-du-futur-devront-etre-vertes-resilientes-et-abordables-en-afrique-plus-qu-ailleurs_6043919_3212.html <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/23/les-energies-du-futur-devront-etre-vertes-resilientes-et-abordables-en-afrique-plus-qu-ailleurs_6043919_3212.html>>
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4- Pourquoi l’Europe risque de manquer de pétrole d’ici à 2030, Le Monde, 23/06/20, 18h37
Nabil Wakim
Les plus gros fournisseurs de l’UE, en particulier la Russie, l’Algérie ou l’Angola, vont voir leur production décliner dans les années à venir.
Le resserrement de l’offre pétrolière mondiale risque de s’accélérer en raison de la crise sanitaire, et les pays européens pourraient en payer durement les conséquences. Dans un rapport rendu public mardi 23 juin, le groupe de réflexion The Shift Project, présidé par le consultant Jean-Marc Jancovici, détaille comment les bouleversements récents du marché pétrolier pourraient mettre en difficulté l’approvisionnement en or noir de l’Union européenne dans les dix prochaines années.
Principal enseignement : plus de la moitié des pays producteurs qui fournissent le Vieux Continent vont voir leur offre se raréfier dans les années à venir. « La production de la Russie et celle de l’ensemble des pays d’ex-URSS, qui fournissent plus de 40 % du pétrole de l’UE, semblent être entrées en 2019 dans un déclin systématique. La production pétrolière de l’Afrique (plus de 10 % des approvisionnements de l’UE) paraît promise au déclin au moins jusqu’en 2030 », explique ainsi Matthieu Auzanneau, directeur du think tank et auteur d’un ouvrage de référence sur l’histoire du pétrole, Or noir. La grande histoire du pétrole (La Découverte, 2015).
> Lire aussi Le jour où le marché pétrolier a craqué
The Shift Project a compilé les données de l’un des cabinets de référence dans le monde des hydrocarbures, Rystad Energy, implanté en Norvège. L’analyse détaillée de ces chiffres (non publics) permet de constater que la courbe dessinée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dès 2018 a tendance à s’accentuer : à l’époque, l’institution établie à Paris avertissait que, sans investissements majeurs de la part des producteurs, le monde viendrait à manquer de pétrole en 2025.
Depuis trois décennies, les découvertes de pétrole conventionnel – tel qu’il est exploité en Arabie saoudite ou en Russie, par exemple – sont au plus bas. Or les champs existants connaissent une lente décrue, de l’ordre de 3 millions à 4 millions de barils par jour au niveau mondial, soit 4 % de la consommation de la planète.
Ces dernières années, la révolution des pétroles non conventionnels, comme le schiste nord-américain ou les sables bitumineux de l’Alberta (Canada), a laissé penser à certains analystes que les nouvelles ressources pétrolières mondiales seraient assurées. De fait, les Etats-Unis sont devenus en 2018 les premiers producteurs du globe, grâce aux techniques de forage hydraulique, produisant jusqu’à 12 millions de barils par jour.
« L’hiver du pétrole facile »
La crise du Covid-19 est venue bousculer cette situation, en provoquant une dégringolade historique du prix de l’or noir. Pour faire face, les compagnies du secteur ont réduit leurs investissements de manière massive, en particulier dans le domaine de l’exploration et de la production. Avec une conséquence importante : le pétrole non conventionnel est plus cher à récupérer et son débit est en chute libre, notamment aux Etats-Unis. Les investissements qui ne sont pas effectués maintenant pourraient provoquer une contraction rapide de l’offre.
La volatilité extrême des prix constatés ces dernières années a rendu les majors du secteur plus timorées. « Notre exploration, dont les budgets ont diminué au cours des cinq dernières années, n’intervient que là où l’on peut produire du pétrole pas cher », expliquait début juin au Monde, le PDG de Total, Patrick Pouyanné. Mais ce pétrole bon marché se fait de plus en plus rare. « C’est l’hiver du pétrole facile », souligne le rapport du Shift Project.
> Lire aussi Patrick Pouyanné, PDG de Total : « La question de la pérennité des compagnies pétrolières est posée »
Pourquoi l’Europe serait-elle davantage concernée par ce risque que le reste du monde ? Parce que le Vieux Continent demeure le premier importateur net de pétrole, devant la Chine. Les 27 pays de l’UE importent plus de 13 millions de barils par jour. Or, au fur et à mesure que les principales sources d’approvisionnement se contractent, les besoins en pétrole en Afrique ou dans le Sud-Est asiatique vont croître. « Le gâteau à se partager va être plus petit, or d’autres pays, comme la Chine, déploient une véritable géostratégie du pétrole pour sécuriser leurs approvisionnements », observe Matthieu Auzanneau.
La consommation de pétrole diminue légèrement en Europe depuis 2010 grâce aux progrès de l’efficacité énergétique et aux politiques environnementales, mais cette courbe n’est pas suffisante, alerte le directeur du Shift. « Si ces politiques climatiques échouent, l’humanité risque d’être rattrapée par des contraintes de plus en plus fortes sur l’accès au brut », prévient le document, qui évoque, en creux, les difficultés majeures à venir pour certains pays étroitement dépendants des hydrocarbures, comme l’Algérie ou l’Angola. Le rapport plaide ainsi pour que l’Europe réduise de manière plus sensible son accoutumance à l’or noir. « La consommation diminue de 0,5 % par an. Ce rythme n’est pas assez rapide : il faudrait être autour de 5 % de baisse annuelle », prévient M. Auzanneau.
L’agence Rystad, de son côté, a publié mi-juin son rapport annuel et tire des conclusions assez proches. « Le pic pétrolier se rapproche, juge ainsi l’analyste en chef du cabinet, Per Magnus Nysveen, nous disions auparavant qu’il arriverait autour de 2030. Nous pensons maintenant qu’il pourrait arriver en 2027 ou 2028. »Le cabinet estime que les prix de cette ressource vont augmenter de manière continue au cours des prochaines années, ce qui pourrait aboutir à une reprise de l’exploration.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/23/l-europe-risque-de-manquer-de-petrole-d-ici-a-2030_6043842_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/23/l-europe-risque-de-manquer-de-petrole-d-ici-a-2030_6043842_3234.html>>
Sur le même sujet :
> L’Europe risque de manquer de pétrole d’ici 2030 <https://dailygeekshow.com/europe-penurie-petrole/>, Daily Geek Show, 27/06/20,
En savoir plus :
> Possible déclin de l’approvisionnement en pétrole de l’UE d’ici 2030 : la nouvelle étude du Shift sur le « pic pétrolier » <https://theshiftproject.org/article/ue-declin-approvisionnements-petrole-2030-etude/>, 23/06/20
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5- Factuel. A Nantes, Nielsen Concept mise sur un abri vélo intelligent, solidaire et 100 % écolo, Le Monde, 25/06/20, 07h02
Yan Gauchard, Nantes, correspondant
Cette start-up recycle des conteneurs maritimes pour les transformer en garages à vélos sécurisés, accompagnés de multiples services. D’ici à la fin de l’année, un logiciel convertira les kilomètres avalés en économie de CO2 réalisée. Elle remporte le prix de l’innovation urbaine 2020 du « Monde »-Cities, dans la catégorie « Mobilité ».
Comment transformer un monstre de métal de deux tonnes – conteneur maritime faisant partie du paysage du port de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) – en casemate parée de vertus écologiques ? A Nantes, la start-up Nielsen Concept a développé, en guise de réponse ingénieuse, un abri vélo « sécurisé et intelligent », comme le qualifie Nicolas Salmon, cofondateur de la société. Le dispositif, baptisé Mobilypod, se veut bien plus qu’un banal garage à vélos inviolable, accessible 24 heures sur 24 grâce à un digicode autonome : la société se fait fort d’agrémenter cette « bonbonnière à vélos » d’une profusion de services, selon les besoins de ses clients : réservation d’emplacements à l’avance, mise à disposition et gestion d’une flotte de deux-roues électriques, recharges de batteries, atelier de réparation, douches…
Le concept, destiné aux entreprises et aux collectivités, se veut « 100 % vert ». Grâce à un partenariat noué avec l’entreprise Wattway, filiale de Colas, les Mobilypod sont parés de dalles photovoltaïques assurant l’alimentation de l’abri en électricité, donc la recharge des batteries des vélos entreposés.
Inspiration scandinave
Nicolas Salmon a puisé un certain nombre de ses idées auprès des pays d’Europe du Nord. Nielsen Concept décline d’ailleurs le patronyme nordique de la cofondatrice de l’entreprise : « Nielsen, c’est le nom de ma femme, native du Danemark, précise M. Salmon. On s’inspire beaucoup de la culture vélo de ce pays pour alimenter nos réflexions ».
La stratégie élaborée fait de l’entreprise un véritable couteau suisse, capable de s’adapter « à chaque problématique relative à la question des mobilités douces ». Le Mobilypod peut ainsi accueillir en son sein vélos, trottinettes ou scooters électriques. La start-up mise aussi sur la mise à disposition de vélos cargo ou de cycles aménagés pour le transport de personnes à mobilité réduite. Et comme le maître-mot, ici, est l’adaptabilité, Nielsen Concept peut garnir son parc de sa propre gamme de produits.
Le cercle vertueux est assuré à toutes les étapes de la chaîne : l’assemblage des vélos – danois évidemment – de Nielsen Concept est réalisé localement par des salariés d’ateliers d’insertion. Et en amont de la filière, des entreprises de travail adapté se chargent de concevoir le portail d’accès aux abris vélos. « Au-delà de l’envie d’apporter des réponses utiles pour la promotion de moyens de transports décarbonés, l’idée était de concevoir un projet ayant du sens de A à Z, fait valoir M. Salmon. En tant que responsables de société, renvoyer l’ascenseur à des gens ayant besoin d’un coup de pouce était une évidence à nos yeux ».
« Le vélo est devenu désirable »
L’entreprise, qui affiche une capacité de production de 200 abris vélos par an, vise « 1,2 million de chiffre d’affaires » en 2021. Pour l’heure, une dizaine de Mobilypod sont livrés en France. Le dispositif a notamment séduit Grenoble-Alpes Métropole. Une grande enseigne de bricolage est également sur les rangs pour signer un contrat.
« Les grèves de l’hiver dernier et le Covid-19 ont rendu le vélo désirable, relance M. Salmon. Les employeurs ont envie d’accompagner ce mouvement, ne serait-ce que sur le volet qualité de vie au travail. Attention, on n’est pas des ayatollahs du deux-roues. On a conscience que certains usagers ont besoin des transports en commun ou de leur voiture. Mais le vélo permet au moins de boucler les premiers ou les derniers kilomètres menant au bureau. On peut très bien combiner le Mobilypod à une aire de covoiturage pour éviter aux automobilistes de brûler du 10 litres aux 100 en ville ».
La start-up, qui vient de remporter le challenge « Green connexion » organisé par la SNCF, devrait déployer son équipement dans plusieurs gares des régions Ile-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire. Et elle ambitionne d’être présente sur l’un des sites des Jeux olympiques de 2024 à Paris.
Ultime innovation : d’ici à la fin de l’année, un logiciel convertira les kilomètres avalés par les usagers du Mobilypod en économies de CO2 réalisées. Un outil supplémentaire permettant aux entreprises et collectivités de valoriser leur bilan carbone.
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Les cinq prix de l’innovation urbaine « Le Monde »-Cities
Voici les projets récompensés à travers le monde dans cinq catégories :
• Habitat Grand Prix : Au Burkina Faso, l’association La Voûte nubienne ressuscite une technique de construction ancestrale et écologique <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/25/au-burkina-faso-l-association-la-voute-nubienne-ressuscite-une-technique-de-construction-ancestrale-et-ecologique_6044110_3212.html>.
• Energie : A Saint-Etienne, l’algorithmique d’Imope aide à réaliser des économies d’énergie <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-saint-etienne-l-algorithmique-d-imope-aide-a-realiser-des-economies-d-energie_6044109_4811534.html>.
• Mobilité : A Nantes, Nielsen Concept mise sur un abri-vélo intelligent, solidaire et 100 % éco <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-nantes-nielsen-concept-mise-sur-un-abri-velo-intelligent-solidaire-et-100-ecolo_6044079_4811534.html>lo.
• Participation citoyenne : A Agbogbloshie, une plate-forme collaborative pour promouvoir le « up-recycling » <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-agbogbloshie-une-plate-forme-collaborative-pour-promouvoir-le-up-recycling_6044106_4811534.html>.
• Urbanisme : A Carthagène, HOPU prend le pouls de la ville espagnole pour lutter contre le changement climatique <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-carthagene-hopu-prend-le-pouls-de-la-ville-espagnole-pour-lutter-contre-le-changement-climatique_6044108_4811534.html>.
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<https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-nantes-nielsen-concept-mise-sur-un-abri-velo-intelligent-solidaire-et-100-ecolo_6044079_4811534.html>
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6- Chronique. « Il faut modifier profondément l’usage de la voiture, sans nuire à l’économie et dans le respect de la justice sociale », Le Monde, maj le 25/06/30 à 07h42
Philippe Escande
Entre l’urgence climatique, l’envie de mobilité individuelle et le besoin de relance de l’industrie, se dessine un paradoxe qu’il faut résoudre.
Pertes & profits. Bonne nouvelle, PSA embauche à nouveau. Et pas que des Polonais venus des usines du groupe en Silésie. Mais aussi des intérimaires recrutés en France, et premières victimes des vagues de dégraissage de l’industrie automobile. Une équipe de nuit de 800 personnes, dont la moitié d’intérimaires, va être reconstituée à Sochaux, le plus grand site du groupe en France. Ce dernier évoque une « dynamique commerciale ». Bref ça repart, et même un peu plus fort que prévu.
Mauvaise nouvelle, cette dynamique française concerne les modèles phares de la marque, les 3008 et 5008, des SUV à l’allure de 4 x 4 qui ne plaisent pas du tout à notre nouveau juge de paix écologique, la convention citoyenne pour le climat. Dans une de leurs propositions phares, les citoyens proposent d’interdire, dès 2025, les véhicules émettant plus de 110 grammes de CO2, soit les trois quarts des modèles de ces voitures, hormis les diesels et les hybrides. Cette proposition a été adoptée par 86 % des votants de la convention, des Français tirés au sort et non des militants de la cause écologique. Un volontarisme qui rencontre un écho positif dans la population française.
Le grand pari
Nous voilà au cœur du paradoxe français (qui a cours ailleurs aussi en Europe). Les gens continuent d’adorer la voiture et la liberté qu’elle procure – un sentiment renforcé par la crise sanitaire –, mais en même temps reconnaissent qu’il faut prendre des mesures fortes. Et la convention a beau jeu de rappeler que les déplacements représentent en France 30 % des émissions de gaz à effet de serre et que la voiture individuelle porte la moitié de cette responsabilité. Il faut donc en modifier profondément l’usage, sans nuire à l’économie et dans le respect de la justice sociale. Et ce dans l’espace très court de quelques années.
> Lire aussi Le patron de Valeo constate une reprise automobile vigoureuse en Chine et aux Etats-Unis
Mission impossible ? A si brève échéance, très probablement. Bien sûr, la pénalisation des grosses voitures touchera surtout les classes aisées, mais ce sont ces acheteurs qui portent les espoirs du maintien ou de l’amélioration de l’industrie automobile française et des emplois qui vont avec. Pour les autres, les coûts de production des petites voitures les rendent peu compétitives en France face à leurs concurrentes construites en Europe de l’Est. Toute décision coercitive se fera au détriment du pouvoir d’achat des classes modestes, friandes de low cost.
Tenir ensemble les trois fils, l’économique, le social et l’écologique est le grand pari de la décennie qui s’ouvre en Europe. Mais les temporalités ne sont pas les mêmes. Le social se mesure immédiatement, par les intérimaires de PSA ou de Renault qui se retrouvent sur le carreau, l’économique à moyen terme par le niveau d’investissement et de développement des entreprises et l’écologique dans le temps plus long (même s’il se raccourcit singulièrement). La voie est étroite et les arbitrages seront douloureux. Comme dans la crise sanitaire, ce n’est plus aux experts de trancher, mais aux politiques.
> Lire aussi Brexit, coronavirus, électrification… au Royaume-Uni, « la survie de l’industrie automobile est en jeu »
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/24/il-faut-modifier-profondement-l-usage-de-la-voiture-sans-nuire-a-l-economie-et-dans-le-respect-de-la-justice-sociale_6044010_3234.html>
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7- Factuel. Au Burkina Faso, l’association La Voûte nubienne ressuscite une technique de construction ancestrale et écologique, Le Monde, 25/06/20, 10h45
Sophie Douce, Ouagadougou, correspondance
En vingt-deux ans, un maçon français et son homologue burkinabé ont construit plus de 4 000 bâtiments au Sahel et formé plus d’un millier d’artisans à ce type d’architecture. Leur association remporte le Grand Prix de l’innovation urbaine « Le Monde »-Cities, dans la catégorie « Habitat ».
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Les Prix de l’innovation urbaine « Le Monde »-Cities
Pour la cinquième année consécutive, Le Monde décerne ses Prix de l’innovation urbaine-« Le Monde » Cities. Soixante et un projets ont été soumis au jury par un comité de sélection composé de personnalités du monde entier, experts des mutations urbaines : élus, chercheurs, dirigeants d’entreprise ou de fondations, architectes, urbanistes…
Formé des journalistes du Monde qui suivent au quotidien les champs couverts par ces prix, le jury, présidé par Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, a récompensé des innovations développées à l’initiative de municipalités, d’entreprises, de start-up comme d’associations, d’ONG, de fondations, de citoyens ou groupes de citoyens, dans cinq catégories : mobilité, énergie, habitat, urbanisme, participation citoyenne. Le Grand Prix, doté de 20 000 euros, a été décerné, parmi ces cinq projets, à celui qui se distingue particulièrement par son approche innovante, l’ampleur de son impact potentiel et sa possibilité de reproduction.
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Dans la cour des Youlou, ça crie, ça rit. Les voisines piquent un fou rire en sirotant une calebasse de dolo, la bière de mil traditionnelle, Kadja, la mère, prépare le dîner à l’ombre du vieux manguier et les enfants font la course aux « poulets-bicyclette » (race de poulet en Afrique de l’Ouest). Un passant s’autorise même une petite sieste dans l’entrée. Dans ce quartier de Boromo, à 180 kilomètres à l’ouest de Ouagadougou, la capitale burkinabée, tout le monde sait que Kadja Youlou garde sa porte grande ouverte. « Les gens se sentent si bien chez nous qu’il est parfois difficile de les faire partir », s’amuse la matriarche, un œil sur son saladier de feuilles de baobab, l’autre sur ses visiteurs allant et venant librement dans sa grande cour en terre rouge. Et si on passe chez elle, c’est aussi pour profiter de la fraîcheur de ses murs et pour admirer sa maison en voûte nubienne, imaginée par Séri Youlou, son mari, et Thomas Granier, un maçon français.
En 1998, les deux amis ont eu l’idée d’adapter cette technique architecturale venue de l’ancienne Nubie – aujourd’hui la zone frontalière entre le Soudan et le sud de l’Egypte – pour réaliser des habitations bas carbone confortables, solides et économiques. Construites en terre crue, sans bois ni tôle, des matériaux encore largement utilisés dans les villages, ces voûtes constituent une alternative durable et écologique face à la désertification au Sahel. Depuis, l’association française La Voûte nubienne a déjà réalisé plus de 4 000 chantiers en Afrique de l’Ouest. Des maisons, mais aussi des écoles, des centres de santé, des bureaux, et même des lieux de culte.
« La cour du roi »
Avec son entrée en voûte et ses murailles décorées, la maison des Youlou ressemble un peu à une forteresse. « On la confond parfois avec la cour du roi ! », glisse fièrement Abi Youlou, 20 ans, fille du couple Youlou, en sortant de la douche. Une trentaine de personnes – trois générations – vivent ici, dans onze maisonnettes en banco, de la terre crue malaxée, moulée puis séchée au soleil. La technique de la voûte est simple : on superpose les briques une à une pour bâtir les murs. « Puis on utilise un câble pour nous guider et former la courbe », explique le maçon et cofondateur Séri Youlou. Grâce à cette méthode ancestrale, revue et corrigée par les deux artisans, pas besoin de coffrage ni de structure porteuse. Pas besoin non plus de matériaux coûteux, comme le bois, devenu rare, et la tôle, polluante et peu pratique.
La voûte coûte 30 à 60 % moins cher à fabriquer que les maisons en bloc de ciment. Elle est aussi plus solide et résistante aux intempéries, avec une durée de vie estimée à cinquante ans au minimum, soit cinq fois plus que les habitats en tôle et en parpaings, selon l’association. Mieux isolée, la voûte nubienne s’adapte particulièrement au climat sahélien, où les températures souvent extrêmes peuvent dépasser les 40 °C.
Grâce à la terre, qui « amortit » la chaleur, la famille parvient à garder 4 à 6 degrés de moins qu’à l’extérieur, sans climatisation ni ventilateur. « Il fait bon toute l’année, frais pendant la saison chaude et doux pendant l’hivernage », résume Séri Youlou, en s’engouffrant, malgré son 1,98 mètre, dans sa maison, un dédale de couloirs feutrés et colorés conduisant à un toit terrasse.
Déforestation
Si les voûtes nubiennes grandissent désormais un peu partout au Burkina, à la campagne, mais aussi désormais en ville pour des clients plus aisés, avec au total plus de 2 000 réalisations, il y a vingt ans le projet était loin de faire l’unanimité. En 1998, lorsque Thomas Granier, artisan maçon originaire de Ganges, dans l’Hérault, et Séri Youlou, paysan et « maçon débrouillard » lancent leurs premiers essais, les habitants de Boromo sont plus que sceptiques. « Ils pensaient qu’on était fous, que les voûtes allaient s’effondrer aux premières pluies », se rappelle le Burkinabé, qui ira même jusqu’à faire monter 40 personnes sur le toit de 24 m² de son bureau pour convaincre. Du jamais-vu pour ces villageois.
Il faut dire qu’à l’époque ces constructions sont encore inconnues en Afrique de l’Ouest, la terre étant avant tout considérée comme le matériau « du pauvre ». Pourtant le Sahel souffre de son mal-logement. Face à la croissance démographique galopante et à la désertification, les forêts se vident, certaines espèces d’arbres disparaissent. Les villageois délaissent de plus en plus l’architecture traditionnelle, en toit de chaume et en bois, pour se tourner vers la tôle ondulée, importée. « En termes de coût, de confort, de durabilité et d’environnement, c’est absurde », pointe Thomas Granier. Ce matériau, très polluant à produire, est fragile, chauffe rapidement au soleil, sans parler du vacarme lorsque la pluie tombe sur les toitures.
En 1999, les deux maçons commencent par construire une auberge touristique en voûte à Boromo, « pour voir ». A l’arrivée de la saison des pluies, alors que plusieurs bâtiments s’effondrent dans la commune, leur construction résiste. « Tout le quartier est venu voir, ils étaient impressionnés ; moi, convaincu », raconte Séri Youlou. L’association décide d’avancer pas à pas : en réalisant d’abord des « maisons témoins » avec des maçons qu’elle a formés dans une dizaine de villages autour de Boromo. En 2006, six premiers artisans sont formés, « la première génération » est née.
« Cercle vertueux »
Car l’objectif n’est pas seulement de construire, mais surtout de former et de « diffuser un savoir-faire ». Et avant tout en milieu rural où, au Burkina Faso, pays majoritairement paysan, vivent 92 % des ménages pauvres. D’autant plus que selon l’association, 98 % des agriculteurs travaillent également comme maçons dans le pays, en contre-saison ou en complément de revenus. Alors, pour Thomas Granier, « l’idée est de créer un cercle vertueux, en boostant l’emploi et en investissant dans la main-d’œuvre et l’économie locales. ». Grâce à sa technique simplifiée, facile et rapide à reproduire – il faut compter onze jours en moyenne pour construire une voûte –, l’association veut faire tache d’huile.
Sur chaque chantier, un maître maçon forme plusieurs apprentis, et ainsi de suite. Depuis 2000, 1 500 ouvriers ont déjà été formés en Afrique de l’Ouest, 1 000 au Burkina Faso. A Ouroubonon, l’un des premiers villages où l’association a commencé, à quelques kilomètres de Boromo, les voûtes ont changé la vie des habitants. Une quinzaine de constructions ont été réalisées, et une dizaine d’artisans formés.
« Avant il n’y avait pas de travail ici, seulement les champs ; les jeunes partaient pour la ville, mais avec les chantiers certains sont revenus », explique Adama Sougué, un maçon de 26 ans, qui a vu son salaire doubler, environ 150 000 francs CFA mensuels (220 euros environ), depuis sa formation à l’association. Cette année, le jeune homme a même pu construire une nouvelle maison pour son grand-père. L’ancienne, en bois, grignotée par les pluies et les termites, menaçait de s’effondrer.
« Je suis fier de lui et de ces enfants qui investissent dans notre village, je vais pouvoir dormir en paix maintenant », souffle Bissima Yao, un ancien cultivateur et maçon de 71 ans. Ses enfants n’ont eu à débourser que 50 000 francs CFA (76 euros), le banco fabriqué à partir de terre du village et le reste des matériaux étant pris en charge par l’association. « Ici on n’a pas d’argent, mais on a de la terre et des bras ! », souligne son petit-fils. Et c’est là tout l’enjeu, si les villageois ne manquent pas de matière première, les liquidités peuvent poser plus de problèmes quand il faut payer la main-d’œuvre.
Là encore, Thomas Granier a réponse à tout. « Pourquoi ne pas mettre en place un mécanisme de crédit carbone pour les pollueurs en échange d’une aide financière à l’écoconstruction pour les villageois ? », avance l’entrepreneur, qui estime que l’association, récompensée en 2014 par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques à la COP20 de Lima, a déjà permis d’économiser entre 120 000 à 140 000 tonnes de CO2 depuis 2000. Et Thomas Granier et Séri Youlou ne comptent pas s’arrêter là. Leur rêve : construire « 100 000 toits » pour le Sahel.
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Les cinq prix de l’innovation urbaine « Le Monde »-Cities
Voici les projets récompensés à travers le monde dans cinq catégories :
• Habitat Grand Prix : Au Burkina Faso, l’association La Voûte nubienne ressuscite une technique de construction ancestrale et écologique <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/25/au-burkina-faso-l-association-la-voute-nubienne-ressuscite-une-technique-de-construction-ancestrale-et-ecologique_6044110_3212.html>.
• Energie : A Saint-Etienne, l’algorithmique d’Imope aide à réaliser des économies d’énergie <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-saint-etienne-l-algorithmique-d-imope-aide-a-realiser-des-economies-d-energie_6044109_4811534.html>.
• Mobilité : A Nantes, Nielsen Concept mise sur un abri-vélo intelligent, solidaire et 100 % éco <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-nantes-nielsen-concept-mise-sur-un-abri-velo-intelligent-solidaire-et-100-ecolo_6044079_4811534.html>lo.
• Participation citoyenne : A Agbogbloshie, une plate-forme collaborative pour promouvoir le « up-recycling » <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-agbogbloshie-une-plate-forme-collaborative-pour-promouvoir-le-up-recycling_6044106_4811534.html>.
• Urbanisme : A Carthagène, HOPU prend le pouls de la ville espagnole pour lutter contre le changement climatique <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-carthagene-hopu-prend-le-pouls-de-la-ville-espagnole-pour-lutter-contre-le-changement-climatique_6044108_4811534.html>.
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<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/25/au-burkina-faso-l-association-la-voute-nubienne-ressuscite-une-technique-de-construction-ancestrale-et-ecologique_6044110_3212.html>
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8- A Saint-Etienne, l’algorithmique d’Imope aide à réaliser des économies d’énergie, Le Monde-Cities, 25/06/20, 11h37
Nabil Wakim
Deux Stéphanois ont créé Imope, un outil qui permet de croiser des données pour mieux cibler les actions d’amélioration de l’habitat et de diminution des émissions de CO2. Une innovation qui remporte le Prix de l’innovation urbaine 2020 du « Monde »-Cities dans la catégorie « Energie ».
Pour la France, c’est l’un des enjeux majeurs de la transition énergétique : le bâtiment représente 19 % des émissions de gaz à effet de serre. Mais malgré les annonces successives et les promesses de rénovation massive du bâti, les objectifs ne sont jamais atteints. Le sujet est également un casse-tête pour les métropoles comme pour les villages : comment améliorer les conditions de vie des habitants, diminuer les émissions de CO2, sans coût excessif et avec efficacité ?
Une start-up de Saint-Etienne, URBS – lauréate du Prix de l’innovation Le Monde-Cities dans la catégorie « Energie » –, s’est donné pour mission d’essayer de répondre à une partie de cette question. Maximilien Brossard et Jonathan Villot, tous deux issus de l’Ecole nationale supérieure des mines de Saint-Etienne, ont créé un outil qui permet aux collectivités locales de cibler au mieux les opérations de rénovation, en utilisant toute la puissance du croisement des données.
« On est partis de deux constats : d’abord il y a beaucoup d’objectifs fixés, mais il manque une démarche proactive, concrète. Et ensuite, on a vu que de nombreuses données existent mais sont dormantes et ne sont pas connues des acteurs de l’habitat », explique Maximilien Brossard, aujourd’hui à la tête de cette « jeune entreprise innovante » officiellement créée à l’automne 2019.
Maillage de l’habitat
Les deux fondateurs ont imaginé dès 2016 Imope, un outil de cartographie qui permet de croiser un maximum de données sur une zone déterminée, pour mieux cibler les opérations de rénovation énergétique. « C’est un véritable observatoire numérique de l’habitat », explique M. Brossard. Concrètement, les acteurs publics qui l’utilisent peuvent visualiser dans l’outil, par exemple, les logements qui se chauffent au fioul, ou identifier les « passoires énergétiques ».
« La plupart de ces données ne sont pas disponibles », expliquent les fondateurs d’Imope, « nous avons donc créé une base de données qui apprend au fur et à mesure, et croise différents chiffres pour arriver à un maillage le plus fin possible ». Le résultat n’est pas parfait, mais en continuant à l’alimenter de données, il se rapproche des 95 % d’exactitude.
L’objectif : permettre aux utilisateurs de mener des campagnes de rénovation plus efficaces en fonction de leurs objectifs. « Avec la métropole de Saint-Etienne [Loire], on a utilisé notre outil pour cibler les copropriétés qui se chauffent au fioul en centre-ville, par exemple. Dans le nord de Paris, on travaille à un projet qui permet de remonter sur les huit dernières années de consommation d’énergie par bâtiment : en agrégeant ces données on peut cibler les endroits prioritaires », détaille Maximilien Brossard, qui espère que le fait de mettre à disposition cet outil permettra de massifier l’intervention des acteurs publics et privés.
Mener des actions groupées sur une rue ou un quartier qui connaît les mêmes enjeux constitue aussi une source possible de baisse des coûts pour les collectivités. « Mais massification ne veut pas dire uniformisation : l’outil permet de trouver une solution appropriée en fonction des défis qui se posent », ajoute M. Brossard. Un sujet particulièrement mis en lumière pendant le confinement, pendant lequel des milliers de personnes se sont retrouvées enfermées dans des logements insalubres ou mal isolés.
Améliorer les algorithmes
Les fondateurs précisent que les données utilisées sont anonymisées et que les plus sensibles – comme par exemple les données fiscales – ne sont accessibles que par un panel réduit d’utilisateurs de l’outil. Le modèle mathématique construit pour Imope est en constant apprentissage, alimenté par les remontées des acteurs de terrain. L’équipe d’URBS, qui compte huit salariés, est surtout composée d’ingénieurs spécialisés en système d’information géographique et d’experts en mathématiques.
L’équipe continue de travailler activement avec l’Ecole des mines de Saint-Etienne, dans une démarche entrepreneuriale et scientifique. Les fondateurs se projettent sur le long terme ; les projets menés dans la Loire et en région parisienne permettent déjà d’améliorer leurs algorithmes en croisant les différents chantiers menés. « La vocation de cet outil, c’est de capitaliser sur les rénovations, de voir les résultats et de faire des recommandations de plus en plus précises », explique encore Maximilien Brossard.
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Les cinq prix de l’innovation urbaine « Le Monde »-Cities
Voici les projets récompensés à travers le monde dans cinq catégories :
• Habitat Grand Prix : Au Burkina Faso, l’association La Voûte nubienne ressuscite une technique de construction ancestrale et écologique <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/25/au-burkina-faso-l-association-la-voute-nubienne-ressuscite-une-technique-de-construction-ancestrale-et-ecologique_6044110_3212.html>.
• Energie : A Saint-Etienne, l’algorithmique d’Imope aide à réaliser des économies d’énergie <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-saint-etienne-l-algorithmique-d-imope-aide-a-realiser-des-economies-d-energie_6044109_4811534.html>.
• Mobilité : A Nantes, Nielsen Concept mise sur un abri-vélo intelligent, solidaire et 100 % éco <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-nantes-nielsen-concept-mise-sur-un-abri-velo-intelligent-solidaire-et-100-ecolo_6044079_4811534.html>lo.
• Participation citoyenne : A Agbogbloshie, une plate-forme collaborative pour promouvoir le « up-recycling » <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-agbogbloshie-une-plate-forme-collaborative-pour-promouvoir-le-up-recycling_6044106_4811534.html>.
• Urbanisme : A Carthagène, HOPU prend le pouls de la ville espagnole pour lutter contre le changement climatique <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-carthagene-hopu-prend-le-pouls-de-la-ville-espagnole-pour-lutter-contre-le-changement-climatique_6044108_4811534.html>.
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<https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/25/a-saint-etienne-l-algorithmique-d-imope-aide-a-realiser-des-economies-d-energie_6044109_4811534.html>
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9- Le COVID-19 menace les objectifs verts de l’UE, EurActiv, 25/06/20, 13:05
Euroefe | translated by Morgane Detry
La crise sanitaire a eu un impact positif sur le secteur énergétique en diminuant les émissions de gaz polluants, mais elle a aussi freiné les investissements verts, ce qui complique la mise en œuvre du programme climatique de l’UE.
Dans un rapport publié jeudi 25 juin, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) signale que la baisse de production et de consommation de l’énergie causée par la pandémie pourrait rendre les objectifs de diminution des émissions et de hausse de la production d’énergie verte plus facilement atteignables en Europe d’ici à la fin de l’année.
Mais cette satisfaction à court terme pourrait entraîner d’autres conséquences qui empêcheraient de mener à bien les objectifs à moyen et long terme de la Commission.
L’AIE souligne notamment que le nombre d’investissements dans l’énergie renouvelable a diminué d’un tiers par rapport à 2019 — et ce chiffre pourrait baisser de moitié dans le photovoltaïque, un record « historique ».
Cette diminution des investissements pourrait compromettre les objectifs écologiques de l’Union, qui s’est engagée, d’ici à 2030, à utiliser un tiers d’énergies propres et à améliorer l’efficacité énergétique de 32,5 %.
Par ailleurs, la relance d’après crise se traduira certainement par une hausse des émissions de C02, qui risque d’être accélérée par la baisse des prix des matières premières.
L’AIE considère que l’UE, dont la production d’énergie génère 75 % des émissions de gaz à effet de serre du bloc, doit freiner cette hausse, tant sur les plans de la consommation que de l’industrie ou du transport.
Ces derniers mois, à cause du confinement et d’une diminution de 20 % de la demande en charbon au premier trimestre 2020, les émissions de carbone ont chuté et la production d’énergie renouvelable a augmenté.
Pour l’ensemble de l’année, l’AIE prévoit une plongée de 10 % de la demande énergétique en Europe par rapport à 2019, une baisse deux fois plus importante que celle enregistrée lors de la crise financière de 2008.
Au premier trimestre 2020, les émissions de dioxyde de carbone liées à la production énergétique ont baissé de 8 %, ce qui confirme la tendance de ces dernières années, avec une diminution de 17 % par rapport à 2005 et de 23 % par rapport à 1990.
C’est l’utilisation croissante de l’énergie verte qui a permis cette diminution. L’éolien, notamment, a généré 32 % de l’électricité européenne en 2018.
La consommation d’énergies plus polluantes est aussi découragée sur le plan juridique. L’UE est d’ailleurs à la traîne en matière d’émissions de gaz à effet de serre d’énergies fossiles.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/climat/news/le-covid-19-met-en-peril-les-objectifs-verts-de-lue/>
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10- Fessenheim : une reconversion économique toujours dans les limbes, AFP, 25/06/20, 17:00
Marie Julien
Attirer des entreprises innovantes, miser sur le franco-allemand, développer les énergies vertes, favoriser le tourisme : à quelques jours de l'arrêt complet de la centrale nucléaire de Fessenheim, ces projets qui visent à compenser les emplois perdus restent au stade d'ébauche, laissant augurer un trou d'air économique.
En février, quand le premier réacteur a été éteint, les projets d'alternatives économiques à la centrale dans cette zone proche de la frontière allemande, entre Colmar et Mulhouse, en étaient encore au stade des discussions, qu'il s'agisse de la création d'une zone économique le long du Rhin pour attirer des entreprises, du développement du port fluvial ou d'un "technocentre" de recyclage de matériaux métalliques.
Cinq mois plus tard, "on est exactement dans la même situation", se désespère le maire de la commune de 2.500 habitants, Claude Brender, qui parle "d'incertitude totale" sur nombre de sujets.
Pour l'édile réélu le 15 mars et fervent défenseur de la centrale, cela ne fait aucun doute: le trou d'air tant redouté "aura lieu". "Il n'y a aucune perspective à court terme sur le bassin d'emploi de Fessenheim", regrette-t-il.
Une usine de biocombustible issu du bois est bien en projet, avec plusieurs centaines d'emplois à la clé, mais sa mise en service par le groupe Européenne de biomasse n'est pas prévue avant 2023-2024.
"Clairement, après la fermeture, on se retrouve complètement à sec et très loin de tout projet de territoire", a également estimé le président de la région Grand Est, Jean Rottner, interrogé jeudi par la mission d'information parlementaire sur la fermeture de la centrale.
"C'est quelque chose qu'on aurait dû commencer il y a 5 ou 10 ans pour être prêt aujourd'hui", a-t-il regretté, critiquant une "décision politique" de l'Etat prise "sans avoir mis au préalable les outils de remplacement en place".
Seuls soixante salariés EDF resteront pour le démantèlement de la centrale vers 2024. Fin 2017, ils étaient encore 750 ainsi que 300 prestataires.
- "Indifférence de l'Etat"-
A l'approche de l'arrêt définitif de la centrale, les élus locaux pestent à tout va contre "l'indifférence de l'Etat", malgré un "projet d'avenir" signé début 2019 avec l'ambition de faire de cette zone un modèle de reconversion industrielle et énergétique.
Le député LR, Raphaël Schellenberger, à la tête de la mission parlementaire, a critiqué "un manque d'engagement et d'intérêt de l'Etat", tandis que la présidente du Haut-Rhin, Brigitte Klinkert, juge qu'il faut "impérativement passer à la vitesse supérieure".
Présentée comme "l'outil opérationnel" de la reconversion du territoire de Fessenheim, la société d'économie mixte (SEM) franco-allemande, annoncée en janvier, n'est toujours pas concrétisée.
"La mise en place de la SEM se poursuit, la date prévisionnelle de création est fixée à fin 2020", assure-t-on toutefois à la région Grand Est qui en sera le principal actionnaire, précisant qu'un directeur général devrait prendre ses fonctions en septembre.
Autrefois zone agricole pauvre, le village de Fessenheim et ses alentours ont vu arriver avec la centrale nucléaire des dizaines de familles dotées de bons revenus, mais aussi des millions d'euros de retombées fiscales. La commune a pu ainsi développer services et infrastructures et voir s'installer un nombre de commerces particulièrement important pour sa taille. Un atout précieux pour l'avenir.
Sur la vingtaine de maisons mises en vente, dix-sept ont déjà trouvé preneurs, selon le maire. "C'est le côté un peu rassurant, ça veut dire que Fessenheim reste attractif, mais c'est le résultat de ces années d'investissements (...) et ça c'est grâce aux retombées de la centrale nucléaire", souligne Claude Brender.
La communauté de communes continue aussi de réclamer un geste fiscal de l'Etat. Pour l'heure et en dépit de la réduction progressive des 6,5 millions d'euros de recettes fiscales provenant de la centrale, elle doit continuer à verser près de la moitié de cette somme au Fonds national de garantie individuelle des ressources (FNGIR) qui a succédé à la taxe professionnelle et dont les contributions sont fixes. "On nous balade encore une fois", s'énerve le maire.
<https://information.tv5monde.com/info/fessenheim-une-reconversion-economique-toujours-dans-les-limbes-364784>
Sur le même sujet :
> Entre résignation et colère, Fessenheim attend l'arrêt de sa centrale <https://information.tv5monde.com/info/entre-resignation-et-colere-fessenheim-attend-l-arret-de-sa-centrale-364973>, AFP, 26/06/20, 13:00
> La centrale nucléaire de Fessenheim vit ses dernières heures <https://information.tv5monde.com/info/la-centrale-nucleaire-de-fessenheim-vit-ses-dernieres-heures-365308>, AFP, 29/06/20, 05:00
> Fessenheim : après l’arrêt définitif de la centrale, beaucoup de questions subsistent <https://reporterre.net/Fessenheim-malgre-l-arret-definitif-de-la-centrale-beaucoup-de-questions-subsistent>, Reporterre, 29/06/20
> La fermeture de la centrale de Fessenheim a valeur de test <https://www.actu-environnement.com/ae/news/fessenheim-fermeture-centrale-nucleaire-demantelement-reconversion-35746.php4>, Actu-environnement, 29/06/20
> Fessenheim : la doyenne des centrales nucléaires françaises définitivement débranchée <https://information.tv5monde.com/info/fessenheim-la-doyenne-des-centrales-nucleaires-francaises-definitivement-debranchee-365308>, AFP, 30/06/20, 00:00
> Fessenheim: le nucléaire "garde toute sa pertinence" en France, affirme Le Maire <https://information.tv5monde.com/info/fessenheim-le-nucleaire-garde-toute-sa-pertinence-en-france-affirme-le-maire-365475>, AFP, 30/06/20, 11:00
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11- Le gouvernement allemand approuve la loi sur l’abandon progressif du charbon, EurActiv, 25/06/20
Florence Schulz | translated by Sandra Moro
Mercredi 24 juin, le gouvernement allemand a mis la touche finale à sa loi sur la suppression progressive du charbon, dans l’espoir qu’elle soit adoptée par le Bundesrat avant la pause estivale. Un article d’Euractiv Allemagne.
Les ministres se sont mis d’accord sur les derniers amendements de trois textes différents – dont une loi pour la réhabilitation des régions charbonnières et un accord avec les exploitants de centrales au lignite – qui permettront de réguler l’abandon progressif du charbon en Allemagne d’ici à 2035.
Les trois projets de loi sur l’élimination progressive du charbon ont déjà été soumis au Bundestag il y a plusieurs mois. Les amendements soumis mercredi 24 juin ont été négociés entre les factions gouvernementales après des consultations au Bundestag et au Bundesrat, les deux chambres du Parlement, dans le but d’accélérer le processus législatif.
Les modifications apportées à la loi sur l’abandon progressif du charbon fixent notamment un prix d’enchère plus élevé, permettant aux opérateurs de soumettre une proposition d’indemnisation plus généreuse pour la fermeture de leurs centrales au charbon.
Il semble que les modifications finales de l’accord aient été convenues dans la nuit du 23 au 24 juin avec les exploitants de centrales au lignite. Contrairement à ce qui a été décidé pour la houille, cet accord contient des échéances fixes, qui avaient été précédemment convenues avec les ministres-présidents des Länder et les entreprises énergétiques. En contrepartie, les opérateurs recevront des indemnités compensatoires d’un montant total de 4,35 milliards d’euros.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/energie/news/german-cabinet-finally-approves-the-coal-phase-out/>
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12- Adieu l'avion ! Petit guide pratique pour parcourir l'Europe à vélo, We Demain, 25/06/20
Morgane Russeil-Salvan
Dans "Voyager sans avion", qui vient de paraître aux éditions Plume de Carotte, Audrey Baylac et Cindy Chapelle livrent leurs conseils pour voyager autrement, plus lentement, à pied, à cheval, en bateau, mais aussi à vélo. Voici leurs recommandations avant d'enfourcher le vôtre à travers l'Europe.
"2 vols par an (un Paris-Les îles Canaries et un Paris-Venise) émettent plus d’1 tonne de CO2, soit un an de chauffage d’un petit logement". Audrey Baylac et Cindy Chapelle plantent le décor. Dans un monde de plus en plus menacé par la crise climatique, et si l'on réinventait les vacances pour que le voyage ne soit plus un plaisir coupable ?
Au fil de 144 pages largement illustrées, les autrices fournissent ensuite de précieux conseils et idées de vacances. Saviez-vous, par exemple, que des pistes cyclables traversent l'Europe ? Cela s'appelle l'EuroVélo. "Il s’agit du réseau cyclable européen tracé d’itinéraires longue distance (par exemple l’EuroVelo 1, 8 186 km de la Norvège au Portugal !) dont 9 de ces parcours passent par la France, écrivent-elles. Tout un réseau qui se développe."
> À lire aussi : Investir dans un vélo électrique : notre guide d'achat
Avant de vous lancer dans un périple à l'échelle européenne, les autrices vont conseillent de ne pas sous-estimer la préparation du voyage. Et vous livrent une liste de conseils dont nous publions des extraits.
>> Suite à lire à :
<https://www.wedemain.fr/Adieu-l-avion--Petit-guide-pratique-pour-parcourir-l-Europe-a-velo_a4760.html>
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13- 10 incertitudes qui pèsent sur la transition écologique depuis le Covid-19, Novethic, 25/06/20
Concepcion Alvarez
Le prix des énergies fossiles, la baisse des investissements dans les renouvelables, l'exode urbain ou encore la poursuite du télétravail.... De nombreuses incertitudes liées au Coronavirus, mises en avant par le cabinet Enerdata <https://www.enerdata.fr/>, pèsent sur la transition écologique alors que les plans de relance des États peuvent jouer un rôle clé pour construire une société bas-carbone plus résiliente.
1) Des énergies fossiles bon marché
La baisse du prix des énergies fossiles pourrait avoir comme conséquence une hausse de leur usage au détriment des renouvelables. En Chine, par exemple, les indicateurs montrent déjà une progression du charbon. C’est pourquoi, l’AIE et l’OCDE appellent les gouvernements à profiter de ces prix bas pour supprimer les soutiens aux énergies fossiles sans que cela ne pèse sur les budgets des ménages.
2) La voiture ressort du garage
Dans son premier bilan du déconfinement, publié le 9 juin, Airparif révélait que la pollution de l’air liée au trafic routier avait retrouvé des niveaux très élevés, jusqu'à atteindre 80 % des émissions observées avant le confinement. Une autre étude, réalisée par le Centre de recherche sur l’énergie et la qualité de l’air (CREA) confirme qu'avec la levée du confinement les concentrations en dioxyde d’azote (NO2) ont plus que doublé par rapport à la moyenne des trente jours de confinement où elles étaient les plus basses. Paris est ainsi la métropole européenne où le rebond a été le plus important.
>> Suite à lire à
<https://www.novethic.fr/actualite/energie/transition-energetique/isr-rse/post-covid-19-les-10-incertitudes-qui-pesent-sur-la-transition-ecologique-148669.html>
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14- Nucléaire : le nouveau projet d’EDF au Royaume-Uni face à d’importantes difficultés, Le Monde, 26/06/20, 06h19
Eric Albert (Londres, correspondance), Nabil Wakim et Mirel Bran (Bucarest, correspondant)
Des documents rendus publics jeudi révèlent que la centrale de Sizewell pourrait coûter 22 milliards d’euros, alors que les tensions diplomatiques touchent le partenaire chinois de l’électricien français.
EDF persiste et signe au Royaume-Uni : l’électricien français vient de déposer officiellement sa demande de permis de construire pour une nouvelle centrale nucléaire à Sizewell, dans l’est de l’Angleterre. Mercredi 24 juin, les autorités britanniques ont donné leur feu vert à l’étude du dossier. Mais les deux réacteurs de type EPR qui seraient construits font face à deux énormes difficultés : leur coût, et un encombrant partenaire chinois.
Sur le prix à payer, la montagne de documents publics qui accompagne la demande de permis de construire contient un aveu de taille : « Le coût total estimé du projet Sizewell C est de 20 milliards de livres [22 milliards d’euros] », explique EDF.
Ce prix est une bombe politique. Car EDF est déjà au cœur de la polémique outre-manche. A Hinkley Point C, dans l’ouest de l’Angleterre, l’entreprise construit actuellement deux réacteurs de type EPR, qui doivent être terminés pour 2025 – même si elle envisage que le projet connaisse encore des retards. Ceux-ci produiraient à eux seuls 7 % de l’électricité consommée dans le pays. Mais leur coût a considérablement gonflé : 10 milliards de livres évoqués aux débuts du projet il y a une douzaine d’années, puis 18 milliards lors de la signature du contrat en 2016, et, depuis septembre 2019, une enveloppe revue à un maximum de 22,5 milliards de livres.
> Lire aussi Surcoût de 5 milliards d’euros et retards pour l’EPR construit au Royaume-Uni
Pour boucler le financement de ce dossier impossible, EDF avait arraché des autorités britanniques un contrat hors norme, qui lui garantit le prix de l’électricité à un prix très élevé pendant trente-cinq années. Mais depuis, Downing Street a été clair sur le fait qu’il n’accepterait plus jamais un tel accord.
Un partenaire chinois de plus en plus encombrant
EDF s’est donc engagé à réduire d’au moins 20 % le coût de construction de sa prochaine centrale et de 10 % à 15 % le coût du financement. A priori, le chiffre de 20 milliards de livres publié dans la demande de permis de construire ne semble pas respecter cette promesse. Mais l’électricien français affirme qu’il s’agit en fait d’un prix comprenant l’inflation, tandis que celui d’Hinkley est exprimé en monnaie de 2015, date du début du projet. L’engagement d’une réduction de 20 % des coûts serait bien tenu, promet-il.
L’autre énorme difficulté du projet de Sizewell vient de CGN, le partenaire chinois d’EDF, dont le logo est d’ailleurs bien présent sur le dossier soumis pour le permis de construire. Celui-ci devient de plus en plus encombrant, à l’heure des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, des affrontements diplomatiques sur Hongkong et des craintes sur la souveraineté britannique. Pour une raison simple : ces projets nucléaires étaient soutenus par un accord diplomatique tripartite entre la France, la Chine et le Royaume-Uni, acté en 2015 et reconfirmé ensuite.
> Lire aussi Nucléaire : sur le chantier d’Hinkley Point, les travaux continuent
L’idée est la suivante : CGN soutient financièrement les projets de Hinkley Point C et de Sizewell, et, en échange, EDF soutient l’entreprise dans sa volonté de construire un réacteur 100 % chinois au Royaume-Uni, sur le site de Bradwell, avec un feu vert espéré autour de 2024. Un tel réacteur serait une véritable victoire diplomatique et industrielle chinoise, qui aurait ainsi une tête de pont en Europe pour le nucléaire « made in China ».
Mais les nuages s’assombrissent sur ces projets. En 2019, le département américain du commerce a placé CGN sur sa « liste noire », accusant l’entreprise chinoise d’espionnage, sur fond de durcissement de Washington vis-à-vis de Pékin.
Début juin 2020, la Roumanie, qui avait signé un accord avec la Chine pour faire construire deux réacteurs par CGN, a finalement fait machine arrière. Une décision mûrie après une visite du président libéral Karl Iohannis à la Maison Blanche en 2019. Cette guérilla diplomatique contre CGN risque de s’intensifier : jeudi, le Pentagone a placé la compagnie nucléaire sur une liste d’entreprises « qui appartiennent ou sont contrôlées par le gouvernement chinois, l’armée ou l’industrie de la défense ».
Virage à 180 degrés
Ce changement de climat incite le gouvernement britannique et EDF à la prudence vis-à-vis de leur partenaire chinois. Chez EDF, qui souhaite prendre une décision finale d’investissement de Sizewell d’ici à la fin 2021, on affirme que cette centrale peut se faire avec un faible financement chinois, et on prend ses distances avec le projet de Bradwell. L’électricien français espère que Sizewell soit financé « à majorité par des investisseurs basés au Royaume-Uni », par exemple des fonds de pension ou des assurances-vie. CGN pourrait prendre une participation inférieure aux 20 % qu’il a actuellement dans la phase de développement de Sizewell. EDF s’est aussi organisée pour ne pas être exposé par capillarité à d’éventuelles sanctions américaines, explique-t-on en interne.
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Mais le sujet vraiment explosif est celui de la centrale de Bradwell. « Hinkley et Sizewell sont simplement cofinancés par les Chinois, alors que Bradwell est de technologie chinoise », s’inquiète le député conservateur Tom Tugendhat, qui préside le groupe parlementaire sur les affaires étrangères. « A la fin, je ne pense pas que Bradwell sera autorisé par les autorités britanniques, étant donné le climat politique », estime Yu Jie, analyste au groupe de réflexion Chatham House.
EDF reste pourtant associé à la démarche de certification de ce nouveau réacteur chinois auprès de l’autorité de sûreté britannique – et finance 20 % de son long processus. Quant à CGN, elle assure maintenir le cap. Elle a 250 personnes déployées au Royaume-Uni, dont une centaine à Hinkley, et a déjà dépensé 3,6 milliards de livres dans ses différents projets britanniques.
La prise de distance d’EDF peut être perçue comme un lâchage en rase campagne par CGN, et par celui qui s’est impliqué dans la réalisation de ce deal : le président Xi Jinping. Qui risque de ne pas apprécier ce virage à 180 degrés.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/26/nucleaire-le-nouveau-projet-d-edf-au-royaume-uni-face-a-d-importantes-difficultes_6044216_3234.html>
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15- Canicule : des solutions pour que les villes n'abusent pas de la climatisation, Sciences & Avenir, 26/06/20, 14h11
Antoine Duval
Au fil des années, le nombre d’épisodes caniculaires dans le monde va considérablement augmenter, et leur intensité avec. L’humanité va devoir s’adapter à ce nouveau climat, tout en ne mettant pas en danger la planète. Comment ? Des chercheurs apportent des pistes de réponse dans une étude.
Dans une étude parue dans Environmental Research Letters, une équipe interdisciplinaire de l'École des Ponts ParisTech, du CNRS, de Météo-France et du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) a étudié l'évolution des vagues de chaleur qui toucheront la région parisienne, grâce à une simulation statistique précise du siècle à venir. Cette simulation, rendue possible grâce à une importante base de données des épisodes de chaleur passés, permet de prédire le rythme et l'importance des prochaines vagues qui frapperont l'Île-de-France. Le modèle final de l'étude réunit également des simulations prenant en compte l'expansion urbaine, l'évolution de l'impact énergétique des transports et bâtiments, etc. “Pour définir une vague de chaleur, il n'existe pas de critère universel”, explique à Sciences et Avenir le professeur Vincent Viguié de l'Ecole des Ponts ParisTech, qui a dirigé ces travaux. “Dans notre étude, nous nous sommes basés sur la définition présente dans les plans canicule français.”
Une canicule dure par définition plus de trois jours, durant lesquels la température atteint un certain seuil sans redescendre trop bas. Entre 1960 et 1989, une vague de chaleur était recensée tous les neuf ans à Paris. Entre 2070 et 2099, d'après les simulations de l'étude, la capitale subira une à deux vagues par an, avec des températures pouvant atteindre 50°C, sur une durée de 70 jours. En comparaison, l'épisode caniculaire de 2003, qui avait fait 5.000 victimes en Ile-de-France (près de 20.000 en France), avait duré neuf jours pour des températures ne dépassant pas 40°C. Pour lutter contre ces futurs étés meurtriers, la solution semble alors toute indiquée : la climatisation.
>> Suite à lire à :
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat/devra-t-on-arreter-la-climatisation-pour-faire-face-aux-futures-canicules_145504>
En savoir plus :
> Early adaptation to heat waves and future reduction of air-conditioning energy use in Paris <https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ab6a24>, Environmental Research Letters, 10/01/20
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16- Enquête. Les sept piliers de la sagesse urbaine dans le « monde d’après », Le Monde, 26/06/20, 14h28
Cécile Peltier
En première ligne pendant la crise sanitaire, les villes veulent devenir plus « résilientes ». A quelques jours du second tour des municipales, passage en revue de sept chantiers mis en lumière par la crise sanitaire.
Foyer de propagation du virus, en raison de sa « densité », la ville s’est aussi imposée, à travers ses infrastructures et ses réseaux de solidarité, comme un laboratoire d’expérimentation. Le respect des règles de distanciation physique l’a poussée à imaginer des solutions pour adapter son espace public au développement de la marche et du vélo ou à structurer des circuits courts pour soutenir ses commerçants ou ses maraîchers.
Autant d’expériences sur lesquelles bon nombre de villes, présentées comme des moteurs de la transition écologique, entendent capitaliser dès le lendemain des élections municipales. « Qu’il s’agisse du besoin de sobriété, d’authenticité, d’aller vers des circuits courts, d’être dans le respect de l’environnement, dans l’attention qu’on porte aux autres…, ces trois mois nous ont obligés à passer du discours à la pratique », assure Nicolas Florian, maire Les Républicains (LR) de Bordeaux, candidat à sa réélection, qui a noué une alliance avec le candidat La République en marche (LRM), Thomas Cazenave, face à l’écologiste Pierre Hurmic.
« Par ses compétences et sa connaissance du terrain, la ville a pallié les défaillances de l’Etat et fait la preuve de son utilité, quand le discours en vogue est plutôt à la valorisation de l’échelon intercommunal », note de son côté Nicolas Kada, professeur de droit public à l’université Grenoble-Alpes.
Nature en ville, agriculture urbaine, développement des mobilités douces… Ces enjeux étaient déjà au cœur des politiques urbaines partout dans le monde ; ils s’insèrent désormais dans une réflexion plus globale sur la gestion de l’urbanité. Entre la traditionnelle promesse d’une meilleure « qualité de vie » et l’injonction, plus récente, à construire une « ville durable », émerge la notion de « résilience ». « Déjà présente dans la réflexion de certaines grandes villes, comme Paris, elle infuse, à des degrés divers, tous les programmes », observe le maire socialiste de Lieusaint (Seine-et-Marne) et président de l’agglomération du Grand Paris Sud, Michel Bisson.
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Comment les villes comptent-elles utiliser les enseignements de la crise pour se transformer ? Avec qui doivent-elles travailler pour y parvenir ? A quelques jours du second tour des élections municipales, dimanche 28 juin, revue de sept dossiers-clés.
1. Renforcer la « résilience sociale »
Avant de parler de repenser l’espace urbain, l’urgence est sociale, dans les villes où les plus fragiles vont continuer de payer un lourd tribut à la crise. Les communes et les intercommunalités, qui accompagnent les besoins urgents des administrés en matière d’alimentation ou de logement, entendent poursuivre leurs efforts : réductions sur la cantine, bons d’achat, « plans été » renforcés… Au côté des activités sportives et culturelles habituelles, l’agglomération du Grand Paris Sud – qui regroupe 23 communes de l’Essonne et de la Seine-et-Marne – intègre un volet soutien scolaire assuré par des étudiants, indemnisés et équipés de tablettes. Un travail avec des entreprises locales a permis de distribuer 300 ordinateurs à des enfants qui n’en avaient pas.
« Le principal risque, c’est la désespérance sociale », confie Frédéric Chéreau, maire de Douai (Nord), arrivé en tête du premier tour sur une liste Union des gauches. La « cité de Gayant » – du nom du géant qui symbolise la ville – recèle d’importantes poches de pauvreté, où il sera nécessaire d’intensifier les actions de prévention et d’insertion, à travers notamment la création d’une entreprise municipale.
Mais la ville au sens large ne doit pas agir seule. Elle doit compter avec son territoire et les « formidables solidarités que la crise a révélées. Notre résilience s’appuie sur notre capacité à les valoriser et à les conserver », insiste Michel Bisson.
De la « couturière masquée » au patron de la grande distribution, l’agence d’urbanisme de l’agglomération de Tours s’est lancée dans le cadre de la « Mission Résonance » dans l’écoute de 70 de ces acteurs du territoire pour tenter d’identifier les ressorts des réseaux qui se sont tissés au plus fort de la crise.
« Ce qui nous a le plus surpris, c’est cette capacité à rentrer en coproduction avec des gens auxquels nous n’aurions pas pensé. La crise a cassé les silos et des solidarités se sont nouées dans tous les secteurs, et qui ont constitué la résilience locale », observe Jérôme Baratier, directeur de l’agence d’urbanisme de l’agglomération de Tours et professeur à l’école urbaine de Science Po. En témoigne la drôle d’histoire des « jardiniers masqués », qui, pour venir en aide aux « couturières masquées », privées de revenus, ont décidé d’investir le seul parc tourangeau accessible, faute de grilles, et d’y planter des tomates.
Ce type d’initiative, bien qu’un peu ubuesque, chamboule les repères et pose la question de la pérennité de cette agilité sociale, et de la manière d’accompagner ces projets, sans les brider. Au-delà du « vivre ensemble », l’enjeu est de « faire ensemble » : « La mission du maire consiste moins aujourd’hui à réaliser en propre des actions, qu’à catalyser, organiser et réguler un nuage d’initiatives », estime Jérôme Baratier.
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Il s’agit aussi de mieux associer les habitants à la décision publique. A Bordeaux, par exemple, la Mairie a constitué une cellule de réflexion d’une quarantaine de personnes pour préparer le déconfinement. « Cela doit être la norme. Aujourd’hui, on concerte beaucoup les gens sur un projet identifié, mais moins sur une politique publique, c’est ça qu’il faut amplifier », affirme Nicolas Florian.
2. Cap sur les mobilités douces
Le développement du vélo et de la marche est sans doute l’un des effets les plus visibles de la crise sanitaire sur la ville. Afin de permettre le respect des règles de distanciation physique, les villes ont partout réduit la capacité des transports publics. Et, pour éviter un report massif sur la voiture, supprimé des places de parking et utilisé marquages au sol et mobilier urbain pour libérer de la place aux piétons et aux terrasses de café. « Ces espaces retrouvent ainsi une dimension collective et sociale. C’est intéressant, car cela rend la densité plus supportable », souligne Jérôme Baratier.
C’est l’occasion de redonner de l’importance à la marche. « Dans certaines villes, [elle] concerne plus de 60 % des dépassements urbains », mais reste la « grand[e] oublié[e] des politiques publiques de mobilités, malgré quelques progrès », estime le collectif Place aux piétons. La développer appelle une adaptation des trottoirs et des places, pour circuler mais aussi pour séjourner dans l’espace public. Et faire ralentir la voiture. Dans le cadre du déconfinement, beaucoup de villes ont opté pour un aménagement de rues piétonnes ou de zones 30 ou 20 (zones de rencontre), comme Strasbourg, où tout le centre a été limité à 30 km/h.
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Les villes ont également tracé des centaines de kilomètres de pistes cyclables provisoires. Dans les centres des grandes villes, comme Nantes, Strasbourg, Bordeaux ou Grenoble, qui ont déjà largement investi les mobilités douces, ces infrastructures devraient jouer un rôle de catalyseur : « A Bordeaux, les aménagements doivent s’inscrire dans la durée », assure Nicolas Florian.
Dans les villes moyennes ou dans le périurbain, où le recours à la voiture est plus massif, elles pourraient être davantage un déclencheur. C’est le cas par exemple dans l’agglomrération de Cergy, qui a créé 25 km de pistes cyclables supplémentaires, dont 5 km entre les trois gares RER. Une évaluation est prévue en septembre, et si elle est positive elles devraient être pérennisées et étendues.
Derrière les effets d’affichage, cet urbanisme dit « tactique » a un intérêt majeur : « Montrer que ces changements sont possibles », déclare Stéphane Cordobes, chercheur à l’Ecole urbaine de Lyon.
Metz Métropole a, avec une association d’usagers, aménagé sept pistes cyclables « expérimentales » afin de combler les éventuelles discontinuités. « C’est un grand pas en avant. On espère que les gens s’en emparent », confie Dominique Gros, qui rêve d’atteindre partout au minimum 10 % de déplacements à vélo, comme dans l’Allemagne voisine.
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Y parvenir suppose des aménagements rassurants, un marquage adapté, des actions de sensibilisation, la création de parkings sécurisés, un système de location longue durée et une réduction de la vitesse des véhicules motorisés, voire de la voiture tout court, ce que tout le monde n’est pas prêt à faire, comme à Cannes, où le maire (LR), David Lisnard, réélu au premier tour, refuse « d’opposer les modes de transports ».
Surtout, ces mesures doivent s’inscrire, à l’échelon intercommunal, dans un plan de déplacements urbains qui ménage au maximum l’alternative à la voiture. Et plus largement dans des schémas d’aménagement des transports favorisant l’intermodalité, avec notamment des transports publics (bus, trams, trains, etc.) performants.
3. Le télétravail, levier de « la ville du quart d’heure »
Le confinement a révélé les potentialités du télétravail. A condition d’être bien encadrée, la formule peut permettre de gagner un temps précieux sur les trajetsdomicile-travail qui, avec l’urbanisation croissante, ne cessent de s’allonger. Alors que les entreprises envisagent de le développer, élus et urbanistes y voient une opportunité de repenser l’organisation de la cité. « Aujourd’hui, d’un côté, on a des emplois et, de l’autre, des logements, et entre les deux, des autoroutes ou des transports surchargés. Ce n’est plus possible… », dit en soupirant Jean-Paul Jeandon, maire de Cergy et vice-président de l’agglomération, qui rêve d’incitations fiscales pour les entreprises qui accepteraient de réserver à leurs employés des places dans des espaces de coworking.
Certains veulent en faire la revanche des villes moyennes. D’autres, comme Nicolas Florian, à Bordeaux, y voient l’occasion de bâtir la « ville du quart d’heure », chère à l’expert de la smart city Carlos Moreno, autour de quartiers multifonctionnels accessibles à pied et équipés de tiers lieux où l’on pourrait travailler.
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« Le concept pose la question intéressante de la mixité des fonctions, mais j’ai peur qu’on en reste au slogan car, derrière, il y a toute une fabrique de la ville à renouveler », remarque Jérôme Baratier. La mixité fonctionnelle se heurte à la logique du marché, qui privilégie la construction de logements, plus rentable. Pour parvenir à une ville plus hybride, les agglomérations doivent mieux maîtriser leur foncier, afin d’y contrôler les opérations qui vont s’y faire. « C’est ce que Rennes fait depuis plus de trente ans, et cela lui donne vraiment des marges de manœuvre pour façonner la ville, quand Paris, en proposant de la réinventer autour de 15 lieux, est davantage dans la création de sites démonstrateurs. »
Par ailleurs, la notion de quart d’heure est trop limitante. La ville doit pouvoir se projeter sur un territoire plus large, relève Marco Cremaschi, directeur du cycle urbanisme au sein de l’école urbaine de Science Po : à savoir, dans un rayon de quinze minutes pour le confort et les formes d’urbanisme transitoire ; de 15 km pour ce qui est de l’emploi et de la rénovation des logements, qui nécessite une gouvernance publique et privée ; et la ville des 150 km (« The 100 Mile City ») pour l’aménagement du temps de vie.
4. Transformer et rénover au lieu de détruire et rebâtir
Un des autres effets du confinement serait le renforcement du désir de verdure des citadins et leur ruée sur les maisons de campagne. Chercheurs et élus mettent en garde contre les risques d’une aggravation de l’étalement urbain qui pourrait en résulter. Et la nécessité de rester fidèle au modèle de la ville dense, moins polluante.
La construction d’une ville plus « résiliente » implique la fin du mythe du maire bâtisseur au profit d’une approche beaucoup plus frugale, fondée au maximum sur la transformation et la rénovation de l’existant, assurent-ils. « Reconstruire la ville sur de l’ancien, c’est l’un des grands enjeux auxquels on est confronté en tant que maire », rappelle l’édile de Douai, Frédéric Chéreau, dont la ville comprend suffisamment de friches urbaines et de logements vides, assure-t-il pour absorber quelques milliers d’habitants supplémentaires sans s’étaler.
Dans son « Top 10 des mesures prioritaires pour décarboner une commune/intercommunalité », le think tank The Shift Project propose de manière radicale de renforcer les dispositifs prévus dans la loi, afin « d’inscrire dans les documents de planification des critères très restrictifs de construction, limités à des zones desservies par les transports en commun et accessible à vélo ».
Et pourquoi les espaces publics chroniquement inoccupés (gymnases, écoles, lieux publics, etc.) ne seraient-ils pas utilisés par d’autres acteurs pour la réalisation d’activités temporaires ? Une solution qui permettrait de gagner en « intensité ».
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Un autre enjeu essentiel, selon les élus, c’est celui de l’évolutivité du bâti. Aujourd’hui, lorsqu’un bâtiment n’est plus adapté aux usages, il revient souvent moins cher de le détruire et de le reconstruire. Une pratique néfaste pour l’environnement. La « réversibilité » des bâtiments permet au contraire de les transformer facilement selon les besoins en logement ou en bureaux.
Des étudiants en urbanisme de Science Po, constitués en think tank – Déclic – à l’occasion du Covid-19, veulent progressivement imposer la réversibilité des bâtiments, y compris en cas de rénovation, ainsi que la création de zones urbaines de mutation. A la clé, une réduction des déchets du bâtiment et une plus grande flexibilité des logements.
La pandémie pose aussi la question du confort et de l’adaptation des habitations : « On est en droit de se demander si on pourra encore construire des appartements sans espace extérieur, par exemple ? », conclut Jérôme Baratier.
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5. Verdir
Le confinement, qui a privé les citadins d’accès aux espaces verts, a rappelé l’importance des parcs et jardins sur leur bien-être physique et mental. Et aiguisé leur soif de végétal : près de 8 personnes sur 10 (78 %) interrogées par l’Observatoire des villes vertes (avec l’Union nationale des entreprises du paysage, UNEP, et Hortis, juin 2020) déclarent faire du développement de ces espaces une priorité des futurs édiles, contre 6 sur 10 (61 %) il y a quatre ans (étude Ville en vert, ville en vie-IFOP pour l’UNEP, 2016).
Végétalisation des toitures ou des pieds d’immeubles, créations de parcs… plus que jamais, les candidats des grandes villes ont fait du verdissement de leurs programmes une priorité.
Au-delà de la qualité de vie de ses habitants, le végétal en ville est un puissant allié dans la lutte contre la pollution de l’air et les phénomènes d’îlots de chaleur urbains. « On a besoin de villes de l’arbre, qui préservent la santé de nos habitants, qui résistent mieux aux épidémies et au réchauffement climatique, en créant des îlots de fraîcheur et en incitant les habitants à se retrouver », assure Frédéric Chéreau.
Parmi les promesses : des plantations d’arbres par milliers. A l’instar de Paris et Bordeaux, Metz et sa métropole se sont engagés à planter 20 000 nouveaux arbres d’ici à 2030.
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Sur le terrain, l’appel à une ville plus verte se heurte au besoin de nouveaux logements, aux contraintes du parc existant et à la pression des promoteurs. Selon Jérôme Baratier, il n’y a pas dix mille options : agrandir les parcs et jardins oblige à débitumer et donc, à réduire la place de la voiture en surface, mais aussi la surface bâtie, en construisant davantage dans les espaces de friches ou à recycler de la périphérie… L’expérience récente de la région capitale bruxelloise, qui a décidé de dédensifier son centre, ou celle de Londres, qui compte des artères commerçantes dans les quartiers excentrés, est à méditer.
6. Développer une agriculture urbaine durable
En faisant resurgir la crainte des ruptures d’approvisionnement et les initiatives locales pour aider les producteurs à écouler leurs produits, la crise sanitaire a braqué les projecteurs sur l’agriculture urbaine. « On a pu expérimenter à travers les paniers de légumes ou les drive fermiers une relation directe consommateur-producteur qu’il faut inscrire dans la durée », explique Nicolas Florian. « Alors que jusqu’au milieu du XXe siècle, une majorité des denrées consommées dans une ville poussaient dans un rayon de quelques kilomètres, elles parcourent aujourd’hui des centaines de kilomètres entre la terre et l’assiette. Cette question de la souveraineté alimentaire est centrale », abonde le socialiste Frédéric Chéreau.
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Pour diminuer la dépendance alimentaire et la facture énergétique, de nombreuses villes réfléchissent à la manière de produire au moins une partie de leur alimentation sur le territoire. Partout, les projets d’agriculture urbaine fleurissent, comme à Douai, où la Mairie veut créer un jardin maraîcher en insertion.
Les villes, avec le soutien de l’intercommunalité, parfois du département ou de la région, prennent le contrôle de terres qu’elles louent ou mettent à disposition de maraîchers ou d’agriculteurs bio, dont la production vient fournir la cuisine des écoles ou des commerces locaux par des circuits courts.
L’enjeu est ensuite de les rendre accessibles au plus grand nombre : « On pourrait imaginer une baisse de la TVA pour des produits issus de circuits courts », suggère Jean-Paul Jeandon, maire de Cergy et vice-président de l’agglomération dont le territoire accueille plusieurs projets de ce type. A Bordeaux, le maire sortant envisage, s’il est réélu, la création d’un Fonds de dotation afin de prendre en charge une partie du surcoût de ces produits.
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Mais Jérôme Baratier met en garde contre la tentation du mythe de l’autonomie alimentaire intégrale. « Ces questions se discutent avec son hinterland », prévient-t-il.
Les échanges qui s’amorcent dans le cadre des projets alimentaires territoriaux à l’échelle du bassin de vie, ouvrent des perspectives intéressantes en matière d’aménagement du territoire, dans une logique de complémentarité. Par exemple, on pourra convaincre une commune qui aurait été tentée de construire un lotissement, plus rentable, d’accueillir un projet maraîcher en échange d’un soutien financier à la structuration de la filière agricole locale et à une filière d’approvisionnement.
Lorsque le projet dépasse quelques hectares, le soutien du département ou de la région, qui dispose notamment de l’ingénierie nécessaire pour solliciter des fonds européens, peut s’avérer précieux.
7. Redynamiser les centres-villes
Le commerce de proximité est également revenu sur le devant de la scène à l’occasion du Covid-19. Les citadins, assignés à résidence, ont redécouvert, pendant le confinement, les magasins de bouche et les marchés de leur quartier, alors que depuis des années, dans les villes moyennes, les panneaux « bail à céder » ou « à louer » se multiplient. Les villes, qui pour certaines se sont mobilisées pour les soutenir, voudraient bien pérenniser ce nouvel intérêt. C’est le cas de Douai qui, au début de juin, a mis en place une galerie virtuelle afin d’aider ses commerçants à vendre en ligne, et offert des bons d’achats aux habitants.
« Avant, le commerce, c’étaient des vitrines en centre-ville et le maire n’avait rien à faire. Aujourd’hui, une politique publique s’impose », relève Frédéric Chéreau, qui fait du projet de revitalisation, lancé en 2014, un axe fort de son bilan. En 2018, Douai a été sélectionnée, au côté de 221 autres communes, pour bénéficier du programme national « Cœur de ville ». A la clé : une aide à l’ingénierie et un accès privilégié aux aides et aux prêts consentis par Action logement ou la Banque des territoires.
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La ville rachète progressivement des murs en centre-ville. Ils sont réhabilités et loués ensuite à des commerçants ou des artisans, choisis pour leur projet ou leur type d’activité, dans une logique de long terme. « On sait que certaines rues seront perdues. Dans les autres, il faut un commerce d’expertise, où l’on puisse découvrir un produit, mais aussi partager un moment de vie », avance Frédéric Chéreau.
Au-delà des commerces, l’idée est de ramener des habitants et de la vie : avec des boutiques en rez-de-chaussée et des logements ou des bureaux à l’étage et des espaces publics réaménagés, aux antipodes de la zone d’activité monotype. « C’est indispensable si on veut impulser une dynamique de centre-ville », conclut Jean-Paul Jeandon, qui mène une politique d’acquisition du même type.
Pour mener à bien leurs missions, les communes, qui ont souvent eu le sentiment d’être réduites au simple rôle d’exécutantes, réclament davantage de dialogue et de marge de manœuvre. « Il faut que les acteurs s’organisent en mode projet et qu’il y ait un travail beaucoup plus horizontal avec l’Etat », explique France urbaine.
Cela implique un renforcement des services déconcentrés de l’Etat, estiment les élus. « J’ai bien travaillé avec la préfète, avec le directeur de l’agence régionale de santé, mais derrière il y a une hyperlourdeur structurelle. Ce dont on a besoin, c’est d’un interlocuteur ayant la capacité de prendre une décision sans avoir à en référer à sa centrale », témoigne Nicolas Florian.
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Les villes demandent en outre une plus grande autonomie et un vrai droit à l’expérimentation.
Réélu dès le premier tour, David Lisnard, maire (LR) de Cannes, va plus loin : « L’Etat centralisateur qui, une nouvelle fois, a montré ses limites, doit se recentrer sur ses missions régaliennes et réaffirmer le principe de subsidiarité pour le reste, moyennant un contrôle a posteriori, mais pas a priori. C’est attentatoire aux libertés et contre-productif ! »
Pour y parvenir, « il faudrait vaincre la méfiance historique de l’Etat envers les collectivités, et cela prend du temps », analyse Nicolas Kada. Après la crise du Covid-19, l’Elysée veut travailler à une clarification des compétences entre l’Etat et les collectivités territoriales. A suivre donc.
<https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/06/26/les-sept-piliers-de-la-sagesse-urbaine-dans-le-monde-d-apres_6044285_4811534.html>
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17- Tribune. Energies fossiles : « Des propositions incompatibles avec les engagements de lutte contre les changements climatiques », Le Monde, 26/06/20, 14h52
Par Yamina Saheb, experte internationale des politiques d’atténuation du changement climatique au cabinet d’études OpenExp et une des auteurs du rapport à venir du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)
L’experte du climat Yamina Saheb souligne, dans une tribune au « Monde », la contradiction entre l’objectif de neutralité carbone affiché par le gouvernement et son soutien à la protection des investissements pétroliers par les traités internationaux.
Tribune. Alors qu’à Paris pleuvent les propositions de la convention citoyenne en faveur d’une relance verte visant la neutralité carbone, reprises en chœur par le gouvernement, ce même gouvernement fait, à Bruxelles, tout pour prolonger l’application du traité de la charte de l’énergie (TCE), un accord multilatéral de 1994 ratifié par la France en 1999 pour… protéger les investissements étrangers dans les énergies fossiles.
Le TCE permet aux investisseurs étrangers d’exiger des compensations exorbitantes de la part des Etats qui modifieraient leur législation dans le secteur de l’énergie, du fait de l’impact que ces changements pourraient avoir sur leurs investissements et sur leurs bénéfices escomptés. Ces demandes de compensation sont présentées devant des tribunaux d’arbitrage privés par des avocats d’affaires bien rodés à extorquer de l’argent public au nom des « attentes légitimes des investisseurs étrangers ».
A ce jour, le TCE a été invoqué dans au moins 130 cas de litige entre investisseurs étrangers et Etats. Parmi les litiges connus, 64 % sont des différends intra-européens, liés en particulier à la révision des subventions à la production d’électricité.
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Bien souvent, les investisseurs étrangers n’attendent même pas qu’une nouvelle législation soit votée. Il leur suffit de brandir la menace d’une demande de compensation devant les tribunaux d’arbitrage privés pour que les gouvernements abdiquent. Ce fut, notamment, le cas de la loi Hulot sur la fin de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures, qui fut vidée de sa substance par la simple menace de la société canadienne Vermilion, qui considérait que la loi « viole les engagements internationaux de la France en tant que membre du traité de la charte de l’énergie de 1994 ».
A l’origine, le TCE avait été conçu pour sécuriser l’approvisionnement de l’Europe de l’Ouest en énergies fossiles à partir des républiques du bloc soviétique, en protégeant les opérations des compagnies pétrolières occidentales dans ces pays. Mais la décision de la Russie, principal fournisseur de l’Union européenne (UE) en énergies fossiles, de se retirer du TCE en 2009 a mis ce traité en situation de mort cérébrale.
Depuis, un processus de réforme du traité a été enclenché par ses signataires, l’un des objectifs étant de remplacer la Russie par d’autres pays abritant d’importantes réserves en énergies fossiles, principalement des pays africains. Cette extension du TCE serait d’ailleurs principalement financée par les fonds de développement de l’UE.
Manque de cohérence
La France et les autres pays de l’Union (sauf l’Italie, qui s’est retirée du TCE en 2015) ont donné, en 2019, mandat à la Commission européenne pour négocier les modifications à apporter au traité. Sur la base de ce mandat, la Commission a préparé, avec les Etats membres, une série de propositions.
L’objectif affiché des négociations est d’aligner le TCE avec les exigences des nouveaux accords internationaux, et en particulier l’accord de Paris sur le climat. Toutefois, les propositions européennes connues à ce jour sont peu ambitieuses et, surtout, incompatibles avec les engagements de lutte contre les changements climatiques. Il n’est par exemple pas proposé de mettre fin à la protection des investissements étrangers dans les énergies fossiles, ce qui est pour le moins surprenant après l’accord historique signé en 2019 par les ministres des finances de l’UE, interdisant à partir de 2022 à la Banque européenne d’investissement (BEI) de soutenir des investissements dans les énergies fossiles en Europe.
> Lire aussi « Et si la crise accélérait la transition énergétique, et donc la fin rapide du pétrole ? »
Par ailleurs, comme le montre le rapport « Modernisation of the Energy Charter Treaty » (Open Exp, janvier 2020), les émissions de gaz à effet de serre (GES) placées sous la protection du TCE depuis son entrée en vigueur en 1998 sont supérieures au budget carbone de l’UE prévu pour la période 2018-2050. Si rien ne change, les émissions de GES protégées par le TCE seraient équivalentes à environ un tiers du budget carbone mondial d’ici à 2050. De plus, sur la base des investissements étrangers réalisés dans les pays signataires du TCE jusqu’en janvier 2020, les actifs fossiles potentiellement « échoués » (« stranded assets »,c’est-à-dire dévalorisés par l’évolution de l’environnement, de la législation ou des technologies), mais protégés par le TCE, seraient déjà de l’ordre de 879 milliards d’euros et pourraient atteindre 2 150 milliards d’ici à 2050 si les énergies fossiles ne sont pas exclues du TCE.
Les négociations sur la modernisation du TCE doivent avoir lieu pendant l’été 2020, derrière des portes closes aux élus et à la société civile. Les parlementaires français et européens ne doivent pas attendre l’arrivée du TCE « modernisé » sur leurs bureaux pour s’emparer du dossier. Il leur incombe de saisir dès aujourd’hui le gouvernement, pour qu’il exige d’exclure du texte la protection des investissements étrangers dans les énergies fossiles. Et si le gouvernement veut être cohérent avec l’objectif de neutralité carbone voté par le Parlement en 2019, il doit retirer la France du TCE si cette protection est maintenue dans le traité révisé.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/26/energies-fossiles-des-propositions-incompatibles-avec-les-engagements-de-lutte-contre-les-changements-climatiques_6044304_3232.html>
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18- Tribune. « Il faut annuler le projet de quatrième terminal à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle », Le Monde, 26/06/20, 15h37
Par Alain Grandjean, économiste, président de la Fondation Nicolas Hulot, Gaël Giraud, néconomiste, directeur de recherche au CNRS, ancien chef économiste de l’Agence française de développement & Philippe Quirion, économiste, directeur de recherche au CNRS et président de l’association Réseau Action Climat
Les économistes Alain Grandjean, Gaël Giraud et Philippe Quirion appellent, dans une tribune au « Monde », à une remise en question complète de l’économie du transport aérien en vue d’une relance verte.
Tribune. Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, l’a dit lui-même, le 30 avril à l’Assemblée nationale : « Avec un transport aérien qui va être beaucoup moins actif au moins dans les mois et les années qui viennent, la question [de l’extension des aéroports] se pose. » Nous souhaitons répondre à cette question dans le cas du projet de terminal 4 de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.
Rappelons que ce projet à 8 milliards d’euros prévoit la construction d’un nouveau terminal qui accueillerait de 35 à 40 millions de passagers supplémentaires par an, l’équivalent du trafic de l’aéroport de Paris-Orly. Est-ce vraiment une bonne idée ? Il est sérieusement permis d’en douter.
> Lire aussi La tortueuse feuille de route de la France pour atteindre la neutralité carbone en 2050
Sur le plan climatique d’abord. La croissance du trafic aérien que permettrait une telle infrastructure ferait croître les émissions de gaz à effet de serre (GES) de Roissy de plus de 40 %, ce qui est incompatible avec la loi de transition énergétique pour la croissance verte (2015) et avec l’engagement de la France d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, issu de la loi énergie-climat de novembre 2019.
Des faux-semblants en guise de solution
Ces émissions ne se limitent pas, en effet, comme le prétend le groupe ADP, aux émissions des bâtiments aéroportuaires, ni à celles des avions lors des phases de décollage-atterrissage, ni à celles des seuls vols domestiques. On doit inclure celles, beaucoup plus conséquentes, qui sont générées par les vols internationaux. Enfin, il convient de compter le CO2 émis en amont pour produire le kérosène ainsi que les autres GES et les traînées de condensation qui, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), ont un impact au moins aussi important que le CO2.
Au total il s’agit de quinze millions de tonnes d’équivalent CO2 de GES supplémentaires par an à l’horizon 2040, sur la base des objectifs de croissance de trafic. Si l’on utilise la « valeur de l’action pour le climat » calculée par la commission Quinet 2, soit 500 euros par tonne d’équivalent CO2en 2040, on peut évaluer les coûts externes liés à l’impact climatique du seul terminal 4 à 7,5 milliards d’euros par an supplémentaires pour 15 millions de tonnes d’équivalent CO2 émis à cet horizon. Comment un projet générant des coûts externes annuels du même ordre de grandeur que l’investissement initial peut-il garder sa justification ?
En guise de solution, on nous présente des faux-semblants. La compensation carbone d’abord. Selon les travaux du GIEC, il n’est plus possible de se reposer sur l’absorption du CO2 par les milieux naturels pour pouvoir continuer à polluer. Nous devons réduire drastiquement les émissions de tous les secteurs sans exception, et simultanément restaurer la capacité de séquestration de la planète. Le total des besoins de compensation sera bientôt très supérieur aux projets de réduction d’émissions.
> Lire aussi Quel impact pour le nouveau terminal de Roissy ?
Plusieurs études estiment d’ailleurs qu’une grande majorité de projets de compensation ont une faible probabilité de remplir les critères attendus en matière de réduction d’émissions. Sans parler du réchauffement induit par les émissions autres que le CO2, qui n’entrent pas dans le périmètre du Régime de compensation et de réduction de carbone pour l’aviation internationale (Corsia). L’hypothétique avion zéro carbone, quant à lui, repose sur des agrocarburants problématiques et très chers au regard du coût à la tonne de carbone évitée, ou sur d’incertains paris technologiques fondés sur l’hydrogène ou l’électrique.
Un futur « actif échoué »
Sur le plan économique ensuite. Le caractère à la fois indispensable et rentable qu’affichent les promoteurs de ce terminal repose sur des hypothèses de croissance qui ne tiennent compte ni de l’affaiblissement considérable du secteur aérien par la pandémie de Covid-19, ni des changements de comportement face à la matérialisation de la crise climatique et à la crise sanitaire, ni des mesures que les politiques ont prises ou vont être amenés à prendre pour répondre aux enjeux climatiques et sanitaires.
Ces mesures vont en effet inéluctablement réduire l’offre et la demande de transport aérien. Contrairement à ce qu’a affirmé le PDG de Groupe ADP, Augustin de Romanet, le 12 mai, et alors que les travaux sur le terminal B devraient déjà permettre à l’aéroport de Roissy d’accueillir 6 millions de nouveaux passagers, nous ne pensons pas que la déflagration du Covid-19 ne doive induire qu’une simple « mise à jour du calendrier et du phasage » de ce terminal.
C’est une remise en question complète de l’économie du transport aérien et de son dimensionnement qui est ici en cause. Plus réalistes, d’autres aéroports européens comme ceux de Copenhague, Madrid ou Barcelone ont déjà annoncé leur intention de retarder ou d’annuler leurs projets d’extension. En définitive, cette extension de l’aéroport de Roissy a toutes les chances de devenir un « actif échoué ».
> Lire aussi La convalescence du transport aérien pourrait durer jusqu’à 10 ans
L’ignorer reviendrait à s’exonérer de l’exigence de responsabilité économique et climatique qui devrait présider à nos choix d’investissements, d’autant plus lorsque l’Etat est actionnaire. Une relance verte ne saurait se construire sur la croissance sans fin des flux aériens qui sous-tend de tels investissements, sans manquer doublement sa cible. L’Etat doit se saisir de la redéfinition du contrat de régulation économique, résilié dernièrement par Groupe ADP, pour intégrer cette nouvelle donne en annulant le projet d’extension de l’aéroport de Roissy.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/26/il-faut-annuler-le-projet-de-quatrieme-terminal-a-l-aeroport-roissy-charles-de-gaulle_6044305_3232.html>
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19- Barrage sur le Nil : l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan s’accordent pour reporter la mise en eau, Le Monde Afrique avec AFP, 27/06/20, 05h26
La tension était montée récemment entre les trois pays alors que l’Ethiopie avait annoncé son intention de procéder au remplissage du réservoir du grand barrage de la Renaissance.
La présidence égyptienne a annoncé, vendredi 26 juin, que l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan s’étaient entendus pour reporter la mise en eau d’un gigantesque barrage construit par l’Ethiopie sur le Nil, et objet d’un conflit entre les trois pays.
« Un accord final légalement contraignant et visant à prévenir toute action unilatérale, y compris la mise en eau du barrage, va être envoyé au Conseil de sécurité des Nations Unies afin qu’il y soit examiné lors de sa réunion de lundi sur la question du Grand barrage de la renaissance », ont indiqué les services du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Le premier ministre soudanais Abdalla Hamdok a pour sa part déclaré dans un communiqué qu’il avait été « convenu que la mise en eau du barrage serait reportée jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé ». Ses services ont indiqué que des commissions techniques des trois pays allaient mettre sur pied un accord dans les deux semaines.
> Lire aussi Barrage sur le Nil : le Soudan met en garde contre une escalade
« Le Soudan est l’un des principaux bénéficiaires du barrage, mais aussi l’un des grands perdants si les risques ne sont pas limités, c’est pourquoi il rappelle à l’Egypte et à l’Ethiopie la nécessité absolue de trouver une solution », a ajouté M. Hamdok.
Réunion du Conseil de sécurité lundi
Cette avancée est survenue après une réunion en urgence et en visioconférence du Conseil exécutif de l’Union africaine, présidée par le chef de l’Etat sud-africain Cyril Ramaphosa.
La tension était montée ces derniers temps entre le Soudan, l’Ethiopie et l’Egypte alors que l’Ethiopie avait annoncé son intention de procéder au remplissage du réservoir du grand barrage de la Renaissance, après l’échec de négociations tripartites.
L’Egypte, qui considère ce projet comme une menace « existentielle », a appelé la semaine dernière le Conseil de sécurité à intervenir. Une nouvelle réunion du Conseil doit avoir lieu lundi.
Si l’Ethiopie voit le barrage de 145 mètres de haut comme essentiel à son développement et à son électrification, le Soudan et l’Egypte craignent qu’il ne restreigne leur accès à l’eau. Le Nil, qui coule sur quelque 6 000 km, est une source d’approvisionnement en eau et en électricité essentielle pour une dizaine de pays d’Afrique de l’Est. L’Egypte tire 97 % de ses besoins en eau de ce fleuve.
> Lire aussi Barrage de la Renaissance : l’Afrique du Sud peut-elle résoudre le conflit sur les eaux du Nil ?
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/27/barrage-sur-le-nil-l-egypte-l-ethiopie-et-le-soudan-s-accordent-pour-reporter-la-mise-en-eau_6044363_3212.html>
Sur le même sujet :
> Le projet éthiopien de méga-barrage sur le Nil, source de tensions régionales <https://information.tv5monde.com/info/le-projet-ethiopien-de-mega-barrage-sur-le-nil-source-de-tensions-regionales-365381>, AFP, 29/06/20, 15:00
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20- Témoignages - Fessenheim : pro et anti-nucléaires racontent la centrale au moment de sa mise à l'arrêt, France 3 Grand Est, 29/06/20, 18h27
Ils ont vu naître, vivre et s'éteindre la centrale nucléaire de Fessenheim. Quatre grands témoins ont accepté de se confier à France 3 Alsace, alors que la centrale sera définitivement mise à l'arrêt dans la nuit de lundi 29 au mardi 30 juin 2020.
C'est donc la fin. La fin d'une époque. Après quarante-deux ans d'exploitation, la centrale nucléaire de Fessenheim va définitivement fermer. Promise en 2012 par François Hollande lors de sa campagne pour l'élection présidentielle, cette fermeture est effective en 2020. Après la mise à l'arrêt du premier réacteur en février, celle du second intervient dans la nuit de ce lundi 29 au mardi 30 juin 2020. Une page d'histoire se tourne dans le sud Alsace. Nous avons rencontré ceux qui ont vu naître, vivre et s'éteindre la centrale nucléaire de Fessenheim, la plus vieille de France. Des témoins partagés entre soulagement pour certains, incompréhension et amertume pour d'autres. Ils ont accepté de nous raconter "leur Fessenheim".
>> Suite à lire à :
<https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/temoignages-fesseheim-pro-anti-nucleaires-racontent-leur-centrale-atomique-au-moment-sa-mise-arret-1847268.html>
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21- La centrale nucléaire de Fessenheim à l’arrêt, point de départ d’un démantèlement inédit sur quinze ans, Le Monde avec AFP, 29/06/20, 23h46
Victoire pour les antinucléaires, crève-cœur pour les salariés et habitants : la doyenne des centrales françaises a définitivement cessé de fonctionner. C’est la première fois qu’une centrale à eau pressurisée est arrêtée, puis démantelée intégralement.
Quarante-trois ans de service et un démantèlement qui s’annonce long : ce lundi 29 juin, la centrale nucléaire alsacienne de Fessenheim a, comme prévu, définitivement cessé de fonctionner avant d’être démantelée. Une victoire pour les antinucléaires mais un crève-cœur pour les salariés et les habitants.
L’opération, similaire à celle qui avait conduit à l’arrêt du premier réacteur, le 22 février, a commencé lundi à 16 h 30 – avec un peu d’avance par rapport à l’horaire annoncé –, avec une baisse progressive de la puissance du second réacteur, selon un porte-parole d’EDF. Le second réacteur a été débranché du réseau électrique national lundi soir à 23 heures, a annoncé EDF.
> Lire aussi « La fermeture de la centrale de Fessenheim marque une étape historique »
Installée en bordure du Rhin, près de l’Allemagne et de la Suisse, la plus vieille centrale de France a donc cessé pour toujours de produire de l’électricité. Son démantèlement peut alors commencer. Il s’annonce long : quinze ans sont prévus pour démonter les deux réacteurs, à commencer par l’évacuation du combustible hautement radioactif qui, selon le calendrier prévu, s’achèvera en 2023.
Le démantèlement proprement dit, inédit en France à cette échelle, devrait débuter à l’horizon 2025 et se poursuivre au moins jusqu’en 2040. « C’est la première fois qu’une centrale nucléaire à eau pressurisée [la technologie qui équipe les 56 réacteurs restants du parc français] est arrêtée puis démantelée intégralement », explique un porte-parole d’EDF.
Auparavant, d’autres centrales avaient subi le même sort, comme celle de Brennilis, dans le Finistère, mais elles utilisaient des technologies différentes, précise-t-il.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/energies/article/2020/06/29/dernieres-heures-pour-la-centrale-nucleaire-de-fessenheim-avant-un-demantelement-inedit-sur-quinze-ans_6044528_1653054.html>
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22- Reportage. A Fessenheim, la fin du nucléaire sous tension, Le Monde, maj le 30/06/20, 00h01
Adrien Dentz, Mulhouse, correspondant
L’arrêt définitif du second réacteur de Fessenheim a eu lieu lundi avec un peu d’avance sur le calendrier initial. Cette procédure acte la fin de la doyenne des centrales nucléaires françaises entrée en activité en 1977.
« Un jour de deuil. » Alain Besserer, délégué FO et secrétaire du comité social et économique (CSE) de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), ne cache pas sa tristesse de voir s’arrêter « pour des raisons politiques, un outil sûr et performant ». Il règne, selon lui, une « ambiance pesante » parmi les 350 agents EDF présents sur le site, sur un effectif de 640 salariés, pour assurer le bon fonctionnement jusqu’à l’arrêt définitif du réacteur n° 2, le 30 juin, 130 jours après celui du réacteur n° 1. Neuf ans après la promesse par François Hollande, alors candidat à la présidentielle, de la « fermeture immédiate », le personnel de la doyenne du parc nucléaire français, soumise à une longue agonie, a livré son baroud d’honneur. A huis clos. « Sans rassemblement pour pleurer ensemble. »
L’accès du site a été refusé par les représentants du personnel, le 22 juin, à cinq députés de la mission parlementaire d’information conduite par le député Les Républicains (LR) de la circonscription, Raphaël Schellenberger, défenseur de l’énergie nucléaire. Même le président d’EDF, Jean-Bernard Lévy, n’a pas été le bienvenu. Il a rencontré, le 18 juin, des cadres et représentants du personnel discrètement au centre d’information du public jouxtant le site. « Vous avez fait preuve d’une conscience professionnelle exceptionnelle », a-t-il déclaré, selon les propos rapportés par Anne Laszlo, déléguée CFE-CGC.
Reclassement compliqué
Les agents EDF, bénéficiant de la garantie d’emploi au sein du groupe, réclament un « reclassement exemplaire ». Cent soixante-dix départs sont programmés d’ici à fin 2020. Les autres se feront par vagues échelonnées jusqu’en 2025. Au moment du démarrage du démantèlement, qui durera quinze ans au moins, il ne restera plus que 60 agents EDF sur place et une centaine de salariés des entreprises prestataires, contre 280 actuellement.
Les 140 agents qui ont opté pour une mutation sur un autre site nucléaire connaissent leur affectation. Ainsi Fabrice Widmer un des opérateurs de salle de commande va rejoindre en septembre le site du Bugey (Ain). Il perd ses attaches en Alsace, mais bénéficiera d’une « belle opportunité de promotion » vers un poste d’ingénieur sûreté. Mais pour les 200 agents qui ne veulent pas quitter l’Alsace, le reclassement s’annonce compliqué. L’incertitude se poursuit.
Du 6 avril 1977 au 30 juin 2020, en près de quarante-trois ans, les deux réacteurs de 900 mégawatts, construits au bord du Grand Canal d’Alsace longeant le Rhin, ont produit 437 milliards de kWh « décarbonés » sans accident grave. Mais la vie de cette centrale, bête noire des riverains allemands, aura été émaillée de nombreuses pannes et incidents. Jusqu’au bout. A trois jours de l’arrêt définitif, la foudre a frappé une ligne à haute tension à proximité du site déclenchant le système d’arrêt automatique du réacteur.
> Lire aussi Transition énergétique : « Une solution sans nucléaire ni CO2 est un mirage »
« Un événement qui n’a pas eu d’impact sur la sûreté ni sur l’environnement », selon la formule employée maintes fois dans les communiqués de presse de la direction. Malgré l’imminence de l’échéance, EDF a procédé au redémarrage le lendemain, « pour répondre aux besoins du réseau » géré par RTE. « Pour compenser la perte de la production de Fessenheim, on devra, en cas de forte consommation l’hiver prochain, acheter de l’électricité en Allemagne provenant de centrales thermiques au charbon », fulmine Alain Besserer.
« Ouf, on l’a échappé belle ! », clame Gabriel Weisser, saluant « le jour de la libération du nucléaire » comme « un jour heureux ». Seul habitant de Fessenheim à afficher publiquement son hostilité au nucléaire, « une des pires technologies inventées par l’homme », le conseiller pédagogique principal d’un lycée de Guebwiller peut « enfin dormir tranquille ».
Dans le village de 2 400 habitants, suréquipé grâce à la manne d’EDF, on espère que l’après-nucléaire ne sera pas aussi dramatique qu’annoncé par certains. Les commerçants s’inquiètent pour l’heure davantage de l’impact du confinement. « Jusqu’ici tout va plutôt bien. Il est trop tôt pour mesurer les effets de la fermeture », signale Philippe Uhlen, le garagiste. « On va s’adapter », estime Michel Grenacker, le boulanger pour qui le personnel de la centrale génère « environ 30 % du chiffre d’affaires ».
Pas de grande inquiétude non plus pour René Schwein, le directeur de l’école primaire et maternelle Arc-en-ciel regroupant 200 élèves. Une des sept classes du primaire fermera à la rentrée, « en raison de la baisse de natalité, pas du départ des agents EDF ». Les présidents des associations sportives et culturelles comptent les départs annoncés encore sur les doigts d’une main. Les vingt maisons mises en vente ont presque toutes trouvé un acheteur, en partie des Allemands attirés par les prix de l’immobilier nettement inférieurs.
« Belles intentions »
L’onde de choc n’atteindra le village que dans deux ou trois ans seulement. « Un rendez-vous raté » : Dominique Schelcher, directeur du supermarché et président du groupe Système U, dresse un constat amer. « L’engagement pour compenser la perte des emplois à la centrale n’a pas été tenu. » Deuxième employeur local, avec 90 salariés, ce chef d’entreprise volontariste veut investir « plusieurs millions » dans la modernisation de son magasin pour préserver les emplois et attirer davantage de clients allemands. « Débarrassée de son étiquette de “village du nucléaire”, la commune pourrait bénéficier d’une nouvelle dynamique », croit-il, grâce à sa proximité avec l’Allemagne.
Le maire, Claude Brender, se présente comme la victime d’un « assassinat politique ». Réélu au premier tour, le maire en colère s’en prend vivement au président Macron qui en ne revenant pas sur la loi de transition énergétique limitant la part du nucléaire a « sonné le glas de la centrale ». Il qualifie le projet de revitalisation du territoire, signé l’an dernier, de « catalogue de belles intentions, sans rien de concret ».
Comme son collègue Gérard Hug, président de la communauté de communes Pays Rhin Brisach, il s’insurge contre une « aberration fiscale ». Bien que privée des retombées d’EDF, ils devront continuer à verser leur contribution, 2,9 millions d’euros par an, au FNGIR, le fonds national de péréquation des ressources entre agglomérations. « C’est à l’Etat de payer », grondent-ils en menaçant de saisir le Conseil d’Etat. « On est loin d’une solution », a indiqué le député Raphaël Schellenberger à l’issue de la première réunion de conciliation le 25 juin à Bercy.
« On a tardé à anticiper l’après-nucléaire. Il nous faut impérativement passer la vitesse supérieure pour créer des emplois rapidement », exhorte Brigitte Klinkert, la présidente du conseil départemental du Haut-Rhin, issue de la droite modérée. Elle est appelée à présider la société d’économie mixte (SEM) franco-allemande pilotant le futur parc d’entreprises Eco Rhena. Ce projet binational, rendu possible par le récent accord d’Aix-la-Chapelle, se heurte à un écueil.
> Lire aussi Le président de l’Autorité de sûreté nucléaire s’inquiète d’un « recul de la rigueur dans l’exploitation des centrales »
La SEM dispose de la maîtrise de 80 hectares seulement de cette ancienne zone industrielle de 200 hectares restée quasiment vide. Les premières implantations sont espérées en 2022 ou 2023. Déjà installée près de Reims, l’Européenne de biomasse a annoncé la construction sur le site d’Eco Rhena d’une autre usine de pellets, un biocarburant à base de bois destiné à alimenter des centrales thermiques. « Ce projet ne m’a pas encore été présenté », tempère Brigitte Klinkert.
Faisabilité
Après avoir arraché au gouvernement, avec son homologue du Bas-Rhin, un statut particulier de l’Alsace dissociée du Grand Est, l’énergique présidente du Haut-Rhin veut réaliser autour de Fessenheim, « un site pilote d’industries innovantes et de production d’énergies renouvelables. » Avec l’aide de l’Etat et des fonds du « Green Deal » de l’Union européenne. En reproduisant le modèle du parc d’activité que les Allemands ont réalisé, en face de Fessenheim, sur une ancienne base aérienne de l’OTAN générant 2 000 emplois. Le nombre d’emplois directs et indirects qui disparaîtront en Alsace, avec la fermeture de la centrale.
EDF étudie toujours la faisabilité, « à Fessenheim ou ailleurs », d’un technocentre recyclant les grosses pièces métalliques des centrales en démantèlement. « Ce ferrailleur du nucléaire ferait fuir les entreprises innovantes », avertit André Hatz, président de l’association Stop Fessenheim, farouchement opposé à ce projet auquel les Allemands ne veulent pas s’associer.
Après cinquante ans de lutte, les écologistes alsaciens et allemands célèbrent la fermeture de Fessenheim sans le grand rassemblement international prévu sur l’île du Rhin avant la crise du Covid-19. Des représentants des associations antinucléaires des deux pays se sont retrouvés le 29 juin en fin d’après-midi au milieu du pont du Rhin à Breisach. « Là où le nuage de Tchernobyl s’est arrêté en 1986 », ironise André Hatz.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/29/a-fessenheim-la-fin-du-nucleaire-sous-tension_6044604_3234.html>
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23- Fessenheim : happening pro-nucléaire devant les locaux de Greenpeace, Le Monde, 30/06/20, 02h54
Nabil Wakim
Une quarantaine de défenseurs de l’atome ont manifesté devant les locaux de l’ONG pour dénoncer le discours des associations antinucléaires, qu’ils assimilent à un « crime climatique ».
« Vandalisme climatique ! », « Le nucléaire pour le climat ! ». Curieuse inversion des rôles : ils sont une quarantaine, lundi soir, devant les locaux de Greenpeace France, à crier des slogans et brandir des pancartes contre la fermeture du deuxième réacteur de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin). Cette fois, ce ne sont pas les activistes écologistes, habitués des happenings et des actions médiatiques, qui tiennent le haut du pavé, mais des militants pro-nucléaires beaucoup moins rompus à l’exercice, et un peu étonnés de se retrouver là. « On est là pour dénoncer les contre-vérités de Greenpeace sur le nucléaire », dénonce Myrto Tripathi, ancienne cadre d’Areva, qui anime désormais le collectif Les Voix du Nucléaire. Pourquoi interpeller une ONG, alors que la décision de fermer la centrale de Fessenheim a été prise par le gouvernement ? « Il y a un amalgame qui est fait entre le nucléaire et les énergies fossiles, et on voit que ces éléments, diffusés par des associations comme Greenpeace, sont repris jusqu’au gouvernement », détaille Mme Tripathi.
> Lire aussi Ce qu’il faut savoir sur l’arrêt du réacteur de Fessenheim
Face aux portes closes de l’ONG, les militants pro-nucléaire, dont certains déguisés en ours blancs, ont respecté une minute de silence pour la fermeture de la centrale alsacienne, en dénonçant un « crime climatique ». Le groupe, plutôt jeune et masculin, ne comptait pas que des salariés de la filière nucléaire. Fabrice, la trentaine, salarié dans l’automobile, explique ainsi : « J’ai très peur du changement climatique, je fais le maximum dans ma vie personnelle, je prends peu l’avion, je circule à vélo. Mais, en analysant la situation je me suis dit qu’on n’avait pas d’autre choix que le nucléaire pour faire face à l’urgence climatique. Ce n’est pas l’énergie idéale, mais c’est la moins mauvaise de toutes ». Un argument répété par de nombreux militants présents, qui affirment ne pas défendre bec et ongles la filière nucléaire et ses emplois, mais penser d’abord que l’énergie nucléaire, très peu émettrice de CO2, est une solution face au défi climatique.
« Une question de contrainte physique »
Ici, la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, est rangée au même rang que les activistes antinucléaires. « On fait passer le nucléaire pour un choix politique, alors que c’est une simple question de contrainte physique, on ne pourra pas faire sans », assure Myrto Tripathi, qui estime qu’en France « le sujet est tabou » – même si 75 % de l’électricité consommée est d’origine nucléaire et que le pays compte 56 réacteurs en activité.
> Lire aussi Elisabeth Borne : « Nous voulons corriger les insuffisances du passé »
A ses côtés, Valérie Faudon, déléguée générale de la Société française d’énergie nucléaire (SFEN), qui défend les intérêts de la filière, est venue « à titre personnel », soutenir l’initiative. « Greenpeace a une mauvaise influence, mais on voit au niveau international que les choses tournent et que des écologistes aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni se rallient au nucléaire », assure-t-elle. La « vague verte » qui a porté les écologistes à la tête de plusieurs villes de France, dimanche, inquiète ces militants pro-nucléaire. Certains rappellent que Yannick Jadot, eurodéputé et figure de proue d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) est d’ailleurs un ancien de Greenpeace.
Le combat pour le climat « est ailleurs »
Interrogé par Le Monde, le directeur de l’ONG, Jean-François Julliard, absent au moment du happening, reconnaît que cette manifestation est « une première ». « Le fait que les gens qui défendent le nucléaire se sentent menacés est une bonne nouvelle », fait-il valoir. « Mais le nucléaire n’est pas une solution réaliste pour faire baisser les émissions de CO2 », explique-t-il, en répondant aux critiques formulées par les manifestants : « Greenpeace n’a jamais dit que le nucléaire émettait du CO2. Il est décarboné mais comporte d’autres risques environnementaux. En revanche, il ne faut pas oublier que les centrales sont plus vulnérables à cause du risque climatique », plaide-t-il. « Ces manifestants pro-nucléaires disent vouloir sauver le climat alors que le combat pour réduire les émissions de gaz à effet de serre est ailleurs : dans l’agriculture industrielle, le tout-camion et le tout-avion, les bâtiments énergivores », répond également Alix Mazounie, chargée de campagne nucléaire à Greenpeace.
> Lire aussi Le complexe et coûteux démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/30/fessenheim-happening-pro-nucleaire-devant-les-locaux-de-greenpeace_6044637_3244.html>
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En audio
24- Coronavirus : "Un aperçu de ce qui va nous arriver à répétition", dit Nicolas Hulot, Invité RTL, 25/06/20, 08:19
Alba Ventura
Pour Nicolas Hulot, il y a urgence à agir concrètement pour le climat, au risque de voir les pandémies se répéter.
Emmanuel Macron doit donner lundi 29 juin une première réponse à la convention citoyenne pour le climat, qui a rendu 149 propositions en faveur de la transition écologique. Des mesures, comme la réduction de la vitesse sur autoroute, divisent l'opinion publique où certains voient nos libertés en danger.
Mais pour Nicolas Hulot, le danger pèse avant tout sur l'avenir de la planète. "J'aimerais tellement qu'on ait la même inquiétude, la même peur, sur ce qui est en train de se passer dans une planète qui est en train de se déliter sous nos yeux", a-t-il déclaré au micro de RTL ce jeudi 24 juin.
Pour l'ancien ministre de la Transition écologique et solidaire, les crises sanitaires internationales comme celle du coronavirus sont vouées à se répéter si l'on ne fait rien pour modifier nos modes de vie, de consommation et de production.
> Interview à réécouter à :
<https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/le-coronavirus-n-est-qu-un-apercu-de-ce-qui-va-nous-arriver-a-repetition-assure-nicolas-hulot-7800628395>
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25- Islande terre de data centers, eldorado du bitcoin, France Inter, Je reviens du monde d’avant, 28/06/20, 17h
Giv Anquetil
Notre monde numérique est tellement énergivore que si internet était un pays, il figurerait dans le top 5 des plus gros consommateurs mondiaux d’électricité (chiffres Greenpeace). Et comme nous produisons toujours plus de données, les émissions de CO2 liées à notre activité en ligne ont dépassé celles de l’aviation
Si bien qu’un petit pays comme l’Islande essaye de jouer une carte écolo et déroule le tapis rouge aux centres de données et autres fermes à bitcoin en vantant son froid naturel et ses énergies renouvelables. Du coup, la consommation d’énergie des datas centers y double tous les ans, et a dépassé celle de tous les 360 000 Islandais. Ce qui en agace plus d’un, comme Smari McCarthy, élu du parti pirate et pourtant technophile, qui voit dans cette industrie un formidable gâchis.
>> Emission (49 min) à réécouter à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/je-reviens-du-monde-d-avant/je-reviens-du-monde-d-avant-28-juin-2020>
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– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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