[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international + 1 annonce (vendredi 6 mars)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Ven 6 Mar 07:53:36 CET 2020


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Écologie et consommation : « La vertu est dans le juste milieu » <http://www.influencia.net/fr/actualites/tendance,observatoire-influencia,ecologie-consommation-vertu-est-dans-juste-milieu,9921.html>, Influencia, 23/02/20
2- Le coronavirus met en péril la reprise de l’économie mondiale, <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/24/le-coronavirus-met-en-peril-la-reprise-de-l-economie-mondiale_6030581_3244.html> Le Monde, 24/02/20, 02h21
3- Tribune. Audrey Azoulay : « C’est dans l’esprit des hommes et des femmes que doivent s’élever les défenses de l’hospitalité du monde » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/24/audrey-azoulay-c-est-dans-l-esprit-des-hommes-et-des-femmes-que-doivent-s-elever-les-defenses-de-l-hospitalite-du-monde_6030647_3232.html>, Le Monde, 24/02/20, 15h09
4- Le projet de loi sur la « justice pour l’environnement » arrive au Sénat <https://www.20minutes.fr/politique/2724783-20200225-projet-loi-justice-environnement-arrive-senat>, 20 Minutes avec AFP, 25/02/20, 08h15
5- Entretien. « L’industrie textile est emblématique de tous les excès de la société de consommation » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/25/l-industrie-textile-est-emblematique-de-tous-les-exces-de-la-societe-de-consommation_6030747_3234.html>, Le Monde, 25/02/20, 10h48
6- Reportage. Tiruppur, capitale indienne du tricot, tente de survivre à la pollution de ses teintureries <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/25/tiruppur-capitale-indienne-du-tricot-tente-de-survivre-a-la-pollution-de-ses-teintureries_6030746_3234.html>, Le Monde, 25/02/20, 11h30
7- Urgence climatique : le premier "éco-syndicat" va faire son entrée dans les entreprises françaises <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/exclu-le-premier-eco-syndicat-de-france-printemps-ecologique-veut-revolutionner-les-entreprises-148259.html>, Novethic, 25/02/20
8- A Doha, un marché veut initier les Qataris à une consommation responsable <https://www.geo.fr/environnement/a-doha-un-marche-veut-initier-les-qataris-a-une-consommation-responsable-200069>, AFP, 26/02/20, 10:00
9- L’environnement au cœur des projets lauréats des budgets participatifs des villes <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/27/l-environnement-au-c-ur-des-projets-laureats-des-budgets-participatifs-des-villes_6031054_3244.html>, Le Monde, 27/02/20, 14h41
10- Entretien. « Je plaide pour une écologie du désir, de la joie » <https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/02/27/jacques-tassin-je-plaide-pour-une-ecologie-du-desir-de-la-joie_6031006_3260.html>, Le Monde, maj le 28/02/20 à 07h22
11- Chronique. « La longue croisade verte d’Antoine Frérot chez Veolia » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/28/la-longue-croisade-verte-d-antoine-frerot-chez-veolia_6031181_3234.html>, Le Monde, 28/02/20, 11h32 
12- L’écologie, ce nouvel horizon politique <https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/02/28/l-ecologie-ce-nouvel-horizon-politique_6031116_823448.html>, Le Monde, 28/02/20, 12h07
13- "Green Blood", la grande enquête sur les crimes contre l’environnement <https://www.parismatch.com/Culture/Medias/Green-Blood-la-grande-enquete-sur-les-crimes-contre-l-environnement-1676305>, Paris Match, 28/02/20, 19h29 
14- La première banque américaine, JPMorgan, fait un petit pas vers la finance durable <https://www.novethic.fr/actualite/finance-durable/isr-rse/la-premiere-banque-americaine-jpmorgan-fait-un-petit-pas-vers-la-finance-durable-148270.html>, Novethic, 28/02/20
15- Chronique. « “Dark Waters” raconte l’histoire d’une contamination mondiale et méconnue » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/29/dark-waters-raconte-l-histoire-d-une-contamination-mondiale-et-meconnue_6031336_3232.html>, Le Monde, maj le 01/03/20 à 07h12 
16- La mode s’entiche d’anti-gaspillage vestimentaire <https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2020/03/02/la-mode-s-entiche-d-anti-gaspillage-vestimentaire_6031570_4497319.html>, Le Monde, 02/03/20, 18h15
17- Coronavirus : l’OCDE prévoit une chute de la croissance mondiale à son niveau le plus bas depuis la crise de 2008 <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/03/coronavirus-l-ocde-prevoit-une-chute-de-la-croissance-mondiale-a-son-niveau-le-plus-bas-depuis-la-crise-de-2008_6031598_3244.html>, Le Monde, 03/03/20, 02h20
18- Pacte du «pouvoir de vivre» : «L’échelle locale, formidable terrain du pouvoir d’agir» <https://www.liberation.fr/france/2020/03/05/pacte-du-pouvoir-de-vivre-l-echelle-locale-formidable-terrain-du-pouvoir-d-agir_1780594>, Libération, 05/03/20, 08:53
En audio
19- Les vêtements sportifs éco-responsables de Vincent Defrasne <https://www.franceinter.fr/emissions/esprit-sport/esprit-sport-25-fevrier-2020>, France Inter, Esprit sportif, 25/02/20, 06h16
En images
20- Lutte contre la pauvreté : des colocations entre actifs et anciens SDF <https://www.francetvinfo.fr/societe/sdf/lutte-contre-la-pauvrete-des-colocations-entre-actifs-et-anciens-sdf_3843647.html>, France 2, journal de 13h, 27/02/20
Une annonce
21- Municipales : les 10 mesures écolos et sociales du Pacte du Pouvoir de Vivre <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>, Collectif de 55 organisations, 04/03/20

Bien à vous,
Florence

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INCONTOURNABLES DU JOUR : A L'occasion des élections municipales, et alors que de nombreux candidats revendiquent des mesures écologiques et sociales, les 55 organisations du Pacte du Pouvoir de Vivre posent sur la table 10 mesures incontournables pour un programme cohérent et exigent. (cf. item 18, 21 & suite)
DOSSIER DU JOUR : On achète deux fois plus de vêtements qu’il y a vingt ans et on les porte deux fois moins longtemps ! Le secteur de l’industrie textile est emblématique de tous les excès de la société de consommation et de ses failles – en particulier, l’obsolescence programmée des produits, le cycle infernal des promotions, la surconsommation de produits non nécessaires et la mondialisation de l’économie. (cf. item 5, 6, 16 & 19)
RÉVISION DU JOUR : Avec les impacts du coronavirus, FMI & OCDE revoient à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2020. (cf. item 2 & 17)
RAPPEL DU JOUR : Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, rappelle dans une tribune au « Monde », que la lutte contre le dérèglement climatique se fait par les sciences, la culture et l’éducation, mais aussi par le recours aux savoirs traditionnels. (cf. item 3)
AVANCÉES DU JOUR : — Pour améliorer la réponse pénale en matière d’environnement, le projet de loi sur la "justice pour l’environnement" consiste à créer des juridictions spécialisées sur ces dossiers. (cf. item 4)
— L'association Printemps écologique vient de lancer le premier "éco-syndicat" dans les entreprises françaises. Alors que le nombre de personnes syndiquées est de plus en plus faible en France et que l'urgence climatique mobilise les citoyens, ce syndicat veut allier justice sociale et transition écologique. (cf. item 7)
— 40 % des projets lauréats aux budgets participatifs des villes seraient liés à l’environnement. (cf. item 9)
— Antoine Frérot, PDG de Veolia, a présenté le plan "Impact 2023" qui prévoit, notamment, 5 milliards d’euros d’investissements dans des activités comme le recyclage des plastiques. (cf. item 11)
— La question environnementale, autrefois très clivante, transcende désormais tous les partis. (cf. item 12)
— JPMorgan Chase a annoncé vouloir faciliter dès cette année des projets et initiatives liés au développement durable à hauteur de 200 milliards de dollars. (cf. item 14)
ALTERNATIVE DU JOUR : Dans plusieurs villes, des colocations d'un nouveau genre ont vu le jour. Des personnes actives, insérées dans la société, partagent leur logis avec d'anciens SDF. (cf. item 20 & suite)
ENQUÊTE DU JOUR : « Green Blood », une grande enquête documentaire sur les crimes contre l’environnement. (cf. item 13)
FILM DU JOUR : Outre les qualités cinématographiques de Dark Waters, le film de Todd Haynes qui incarne l’histoire d’une contamination mondiale qui demeure méconnue, a peut-être une chance d’attirer l’attention sur une question demeurée largement sous le radar médiatique en Europe, alors qu’elle concerne l’ensemble de la population. (cf. item 15)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 120 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Écologie et consommation : « La vertu est dans le juste milieu », Influencia, 23/02/20
Romain Gavache, Country Manager France chez Le Dénicheur

Il existe un paradoxe entre l’envie d’adopter des comportements écologiques et celle de continuer à profiter de la société de consommation. Plutôt que de basculer dans le « tout ou rien », il semble plus sage de trouver un équilibre entre ses désirs et ses besoins réels.
2019 a été l’année du sursaut écologique en France. Mieux consommer, trier et recycler sont devenues des préoccupations, sinon majeures, du moins réelles pour une part croissante de la population. Paradoxalement, en même temps que cette prise de conscience se développe, la consommation, elle, continue de croître. Le plus symptomatique est peut-être le Black Friday, qui n’a jamais eu tant de succès ni été autant critiqué qu’au cours de sa dernière édition.
>> Suite à lire à :
<http://www.influencia.net/fr/actualites/tendance,observatoire-influencia,ecologie-consommation-vertu-est-dans-juste-milieu,9921.html <http://www.influencia.net/fr/actualites/tendance,observatoire-influencia,ecologie-consommation-vertu-est-dans-juste-milieu,9921.html>>
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2- Le coronavirus met en péril la reprise de l’économie mondiale, Le Monde, 24/02/20, 02h21
Julien Bouissou 

Le Fonds monétaire international a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2020. Les investisseurs, jusqu’ici sereins, commencent à s’inquiéter. 
Pour la première fois depuis l’apparition, en décembre 2019, de l’épidémie de coronavirus Covid-19, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse, samedi 22 février, ses prévisions de croissance mondiale pour 2020.
« Le virus [SARS-CoV-2], une urgence sanitaire mondiale, a perturbé l’activité économique en Chine et pourrait mettre en péril la reprise », a mis en garde sa directrice générale Kristalina Georgieva, dimanche, lors de la réunion des ministres des finances du G20 à Ryad. Les économistes de l’institution installée à Washington chiffrent l’impact à 0,1 point de croissance dans le monde. En janvier, ils tablaient sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) global de 3,3 % pour 2020, contre 2,9 % en 2019.
Cette première estimation, qui repose sur l’hypothèse d’un retour à la normale de l’économie chinoise au deuxième trimestre, est la plus optimiste. « Nous regardons aussi les pires scénarios, où le virus continue de se propager plus longtemps et ailleurs dans le monde, avec des conséquences prolongées sur la croissance », a ajouté Mme Georgieva.
La paralysie, ennemie de la croissance
Depuis le début de l’épidémie, les économistes se voulaient prudents dans leurs prévisions, mais avec l’augmentation rapide des cas enregistrée ces derniers jours en Italie, et l’annonce par la Corée du Sud d’un état d’alerte maximum, l’inquiétude a monté d’un cran.
> Lire aussi  Coronavirus : l’épidémie s’étend en Corée du Sud, deux morts en Italie
« Le coronavirus était au centre de toutes les préoccupations lors du sommet du G20 », confie un participant. Il y a un consensus « pour reconnaître que le coronavirus représente désormais un risque réel sur la croissance internationale »,a déclaré, dimanche, le ministre français de l’économie Bruno Le Maire depuis Ryad. Le FMI a indiqué qu’il se tenait prêt à assister financièrement les pays les plus fragiles.
La paralysie est l’ennemie de la croissance, surtout lorsqu’elle touche l’un des centres névralgiques de l’économie mondiale. Les pays d’Asie du Sud-Est comme la Thailande sont désertés par les touristes chinois et les ports comme les usines de la deuxième puissance économique mondiale tournent au ralenti. La première économie asiatique est la plus affectée, avec une croissance pour 2020 qui ne devrait pas dépasser 5,6 %, au lieu des 6 % initialement prévus par le FMI.
Manque de visibilité
« Le reste du monde est exposé, avec une baisse du tourisme mondial au premier semestre 2020 et des disruptions des chaînes d’approvisionnement à court terme », note l’agence de notation Moody’s dans sa note de conjoncture de février. C’est le cas de l’Australie et de la Mongolie, exportateurs de matières premières vers la Chine, ou encore du Japon et de la Corée du Sud, dont les chaînes d’approvisionnement dans l’industrie électronique sont étroitement liées à celles du géant asiatique.
> Lire aussi  Le coronavirus est une « menace pour le monde »
Les investisseurs qui étaient jusque-là parvenus à garder leur sérénité en se détournant des marchés émergents et en se rabattant sur des valeurs sûres, ont montré à nouveau quelques signes de fébrilité en fin de semaine dernière, avec les principaux indicateurs financiers qui ont terminé dans le rouge.
Le manque d’information, et donc de visibilité, ne les rassure pas. « Les plus grandes entreprises européennes très exposées en Chine sont soupçonnées de ne pas vouloir offenser les autorités en rendant publics leurs problèmes opérationnels », regrette le cabinet d’analyse financière Alphavalue qui dénonce des « mensonges par omission ». L’armateur français CMA-CGM, l’un des grands transporteurs mondiaux de containers, n’a pas répondu aux questions du Monde et admet tout juste « suivre la situation ».
Plus grande défiance vis-à-vis de la Chine
Au-delà des conséquences sur les secteurs de la distribution, du transport maritime et aérien, ou encore de l’électronique, l’épidémie va laisser des traces profondes sur le nouveau paysage de l’économie mondiale, notamment une plus grande défiance vis-à-vis de la Chine.
« Le rayonnement international de la Chine devrait diminuer pour deux raisons : le pays va davantage se tourner sur lui-même et les étrangers vont s’en détourner », estime James McCormack, responsable des notes souveraines à l’agence de notation Fitch Ratings.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/24/le-coronavirus-met-en-peril-la-reprise-de-l-economie-mondiale_6030581_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/24/le-coronavirus-met-en-peril-la-reprise-de-l-economie-mondiale_6030581_3244.html>>
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3- Tribune. Audrey Azoulay : « C’est dans l’esprit des hommes et des femmes que doivent s’élever les défenses de l’hospitalité du monde », Le Monde, 24/02/20, 15h09
Par Audrey Azoulay, Directrice générale de l’Unesco

Alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) se réunit à l’Unesco les 24 et 25 février, la directrice générale de l’organisation rappelle, dans une tribune au « Monde », que la lutte contre le dérèglement climatique se fait par les sciences, la culture et l’éducation, mais aussi par le recours aux savoirs traditionnels.
Tribune. « L’histoire de l’humanité devient de plus en plus une course entre l’éducation et la catastrophe », s’inquiétait, en 1920 [ The Outline of History], l’auteur de La Guerre des mondes, Herbert George Wells. Notre monde en effet s’abîme. Et à mesure que partent en fumée les forêts, que la biodiversité s’effondre, que les océans montent et s’acidifient, il nous devient peu à peu hostile.
Même s’ils sont cruciaux, les accords politiques et économiques seuls ne pourront résoudre durablement cette crise sans précédent : car nous ne pourrons faire face à cette catastrophe écologique – qui a déjà commencé – si l’on ne mobilise pas massivement l’éducation, les sciences et la culture.
> Lire aussi  Christian Brodhag : « Rapprocher science et démocratie pour relever le défi écologique »
L’éducation est un facteur crucial car elle a ce pouvoir exceptionnel de faire évoluer, sur le long terme, les consciences, les habitudes et les comportements. C’est parce que l’éducation peut changer les mentalités, qu’elle peut changer le monde. Il est donc urgent de généraliser l’éducation à l’environnement dans les programmes scolaires, de la petite école à l’enseignement supérieur, afin que les prochaines Greta Thunberg puissent trouver dès la salle de classe de vraies réponses aux questions qu’elles se posent.
Rapprocher sciences et politique
Face à cette crise, les patrimoines culturels ont également un rôle à jouer. Il faut bien sûr anticiper et prévoir la manière dont ces changements affecteront le patrimoine existant, notamment bâti ; mais il faut aussi prendre la mesure du fantastique réservoir de connaissances que constitue le patrimoine immatériel et autochtone.
> Lire aussi  Les incendies en Australie sont « un drame sans précédent » pour la faune et la flore
Nombreux sont les savoir-faire, les connaissances intimes qui préservent l’hospitalité et la beauté du monde, à l’image du « nakamal », ce savoir-faire architectural autochtone des îles du Vanuatu, qui s’est avéré, après le passage du cyclone Pam, bien mieux adapté à ce genre d’événements que les autres techniques de construction.
Laisser ces savoirs sombrer dans l’oubli constituerait une perte irrémédiable d’une expérience du monde ; ce serait également se désarmer à un moment crucial. Au contraire, il s’agit de mobiliser toutes les connaissances possibles pour faire face à cet immense défi. L’Unesco permet de faire ce pont entre sciences, culture et éducation et entend mettre à la disposition de tous les acquis de la recherche scientifique la plus récente dans les domaines des sciences de la Terre et des océans, de la biodiversité et de la gestion de l’eau.
Il est en effet crucial de rapprocher sciences et politique si l’on veut que les politiques environnementales et climatiques soient à la hauteur de leur ambition. C’est en fait notre rapport au monde qu’il faut repenser. Loin d’être une utopie, il s’agit déjà d’une réalité dans les sites du patrimoine mondial naturel, dans les géoparcs et dans les réserves de biosphère de l’Unesco. Au sein de ces zones protégées, qui couvrent une superficie équivalente à celle de la Chine, nous ménageons non seulement l’harmonie des écosystèmes, mais réapprenons aussi à vivre avec la nature pour que les savoir-faire deviennent un savoir-vivre autrement.
Une bataille depuis 75 ans
Cette conviction que seules les forces de l’éducation, de la culture et de la science peuvent durablement emporter une telle bataille, c’est celle de l’Unesco depuis sa création. Soixante-quinze ans plus tard, c’est la même ambition qui nous anime : puisque c’est la pensée technique et économique qui a rendu la nature altérable à volonté, c’est dans l’esprit des hommes et des femmes, par l’éducation, les sciences et la culture, que doivent s’élever les défenses de l’hospitalité du monde.
> Lire aussi  La grotte Chauvet, un chef-d’œuvre à l’équilibre fragile
À l’heure où le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) s’apprête à se réunir au siège de l’Unesco, à Paris, ces différents domaines demeurent trop négligés : leur potentiel mérite pourtant qu’on leur accorde une place centrale dans les politiques publiques, pour lutter contre le réchauffement climatique et l’effondrement de la diversité du vivant.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/24/audrey-azoulay-c-est-dans-l-esprit-des-hommes-et-des-femmes-que-doivent-s-elever-les-defenses-de-l-hospitalite-du-monde_6030647_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/24/audrey-azoulay-c-est-dans-l-esprit-des-hommes-et-des-femmes-que-doivent-s-elever-les-defenses-de-l-hospitalite-du-monde_6030647_3232.html>>
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4- Le projet de loi sur la « justice pour l’environnement » arrive au Sénat, 20 Minutes avec AFP, 25/02/20, 08h15

Il s’agit de créer des juridictions spécialisées sur ces dossiers pour améliorer la réponse pénale en matière d’environnement
L’urgence écologique gagne le terrain judiciaire : le projet de loi créant « une nouvelle justice pour l’environnement », avec la mise en place de juridictions spécialisées, va entamer mardi au Sénat son parcours parlementaire, dans l’objectif d’une entrée en vigueur début 2021. Le Sénat à majorité de droite se prononcera le 3 mars sur l’ensemble du texte relatif « au Parquet européen et à la justice pénale spécialisée ». Le projet de loi ira ensuite à l’Assemblée nationale.
La ministre de la Justice Nicole Belloubet ne devrait pas rencontrer de difficultés majeures au Sénat sur ce texte, malgré des réserves de la gauche. Les sénateurs l’ont adopté en commission avec seulement 16 amendements. Mais, pour le Syndicat de la magistrature, classé à gauche, qui a été entendu par la commission des lois du Sénat, il « comporte deux volets susceptibles d’entraîner une profonde évolution du droit pénal, et qui auraient mérité de plus amples débats ».
Réponse pénale pas à la hauteur
Le volet le plus emblématique vise à améliorer la réponse judiciaire aux atteintes à l’environnement, aujourd’hui peu poursuivies, et avec des peines souvent assez faibles. Le taux de « réponse pénale » aux atteintes environnementales n’est ainsi que de 47 % (pour un taux global en matière pénale de plus de 87 %), selon le procureur général près la Cour de Cassation François Molins. Le texte prévoit la création dans chacune des 36 cours d’appel d’une juridiction spécialisée, avec des magistrats dédiés, pour s’occuper des atteintes telles que la pollution des sols ou les infractions à la réglementation des espèces protégées.
Les dossiers les plus simples (décharges sauvages, infractions aux permis de pêche ou chasse) continueront à être traités par les tribunaux de proximité, tandis que les plus graves, comme l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen, par les deux pôles interrégionaux spécialisés de Paris et Marseille. Le projet prévoit également la mise en place d’une nouvelle « réponse judiciaire », la « convention judiciaire écologique », une forme de transaction, comme le plaider-coupable, notamment pour les entreprises reconnaissant leur responsabilité.
« On ne sait pas réparer l’irréparable »
Le Syndicat de la magistrature craint cependant que cette mesure « ne soit pas dissuasive, et que les pollueurs gagnent le rapport de force qui ne manquera pas de s’installer avec les parquets ». « On ne sait pas réparer l’irréparable », souligne de son côté le patron de Greenpeace France, Jean-François Julliard.
Le second volet important du texte vise à adapter la procédure pénale française à la nouvelle autorité judiciaire qu’est le Parquet européen. Il sera mis en place en novembre 2020 et siégera à Luxembourg. Son rôle est d’enquêter et de poursuivre les fraudes au budget de l’Union européenne et autres infractions portant atteinte aux intérêts financiers de l’UE (escroqueries à la TVA, corruption, détournement de fonds publics…). Le projet de loi modifie en conséquence les codes de procédure pénale, de l’organisation judiciaire et des douanes.
<https://www.20minutes.fr/politique/2724783-20200225-projet-loi-justice-environnement-arrive-senat <https://www.20minutes.fr/politique/2724783-20200225-projet-loi-justice-environnement-arrive-senat>>
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5- Entretien. « L’industrie textile est emblématique de tous les excès de la société de consommation », Le Monde, 25/02/20, 10h48
Propos recueillis par Juliette Garnier

Elisabeth Laville, la fondatrice du cabinet de conseil en développement durable Utopies, explique le changement complet de modèle qui s’impose au secteur de l’habillement. 
La fondatrice du cabinet de conseil en développement durable Utopies et auteure de l’ouvrage Les Marques positives (éditions Pearson, 2019), Elisabeth Laville explique le changement complet de modèle qui s’impose au secteur de l’habillement.
Pourquoi l’industrie textile est-elle en première ligne sur les questions environnementales ?
Le secteur de l’industrie textile est emblématique de tous les excès de la société de consommation et de ses failles – en particulier, l’obsolescence programmée des produits, le cycle infernal des promotions, la surconsommation de produits non nécessaires et la mondialisation de l’économie.
> Lire aussi  Tiruppur, capitale indienne du tricot, tente de survivre à la pollution de ses teintureries
Tout s’est accéléré depuis vingt ans, avec les enseignes de la fast fashion qui, en renouvelant constamment leurs collections, nous poussent à acheter à l’excès, avec un modèle de prix bas qui implique de produire dans des pays à faibles coûts de main-d’œuvre, sans aucune visibilité sur les conditions de travail des ouvriers. On achète deux fois plus de vêtements qu’il y a vingt ans et on les porte deux fois moins longtemps !
Aujourd’hui, on parle beaucoup du gaspillage alimentaire. Mais, au fond, ce gaspillage est aussi vestimentaire, et il ne concerne pas que les invendus des marques. Cela étant, on ne parviendra à rien dans ce secteur si on dit aux consommateurs qu’il leur faut se passer de la mode. C’est le secteur qui doit s’adapter. Toutefois, le sujet du développement durable est aujourd’hui trop perçu comme un sujet de conformité réglementaire, et non pas comme un sujet stratégique au sein de l’entreprise, un sujet d’innovation, ce qu’il est pourtant.
Quel rôle peut jouer le secteur du luxe ?
Les marques de luxe ont une influence importante sur nos modes de vie et notre perception de ce qui est à la mode ou non. Elles définissent la nouvelle donne de la distinction sociale, elles ont un rôle de leader à jouer en matière de développement durable. Mais si le Fashion Pact élaboré par François-Henri Pinault, PDG de Kering, en août 2019, va dans le bon sens sur les sujets environnementaux, il ne change pas le cœur du modèle de la mode. Il ne traite pas explicitement de la fast fashion, or ce sujet est central pour résoudre en profondeur les effets environnementaux et sociaux du secteur. Par ailleurs, ces dirigeants prennent des engagements à l’horizon 2050. Il faut des objectifs plus proches, qui les engagent vraiment.
Quelles sont les entreprises dont la stratégie développement durable est intéressante ?
Sur ce secteur, Patagonia a montré la voie depuis des décennies et a fait preuve de transparence en disant, il y a dix ans déjà, lors d’une campagne qui a marqué :« Notre veste a un impact écologique, donc l’acte le plus responsable que vous puissiez faire est encore de ne pas l’acheter si vous n’en avez pas besoin. » Parmi les grands groupes, H&M, aujourd’hui, fait bien plus sur le volet environnemental que toutes les autres enseignes de fast fashion… Peut-être parce qu’ils ont beaucoup à se faire pardonner.
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6- Reportage. Tiruppur, capitale indienne du tricot, tente de survivre à la pollution de ses teintureries, Le Monde, 25/02/20, 11h30
Guillaume Delacroix, Tiruppur, envoyé spécial

Dans cette ville du Tamil Nadu, qui produit 80 % des vêtements tricotés indiens destinés à l’export, la plupart des industriels recyclent leurs effluents, mais les eaux restent affreusement polluées
Chaque soir, en sortant de l’usine, Justin Prabhakar, 26 ans, empoigne sa canne à pêche, enfourche son vélo et file rejoindre le barrage d’Orathupalayam. Le long ouvrage en terre barre la vallée de la Noyyal dans le Tamil Nadu, un Etat du sud de l’Inde. Ses vannes restent grandes ouvertes en permanence, pour laisser passer aussi vite que possible les déchets à la dérive provenant de Tiruppur, la ville aux 500 teintureries, à 30 km en amont.
Lundi 17 février, le jeune homme, inconscient du danger, a attrapé dans une eau noire quatre tilapias, poissons habitués aux milieux pauvres en oxygène. « Je vais pouvoir rapporter un dîner à ma femme, qui est enceinte de trois mois, elle va être contente », dit-il, en replongeant son hameçon dans de grosses bulles blanchâtres, entre deux épaves de chaussures en caoutchouc et trois bouteilles en plastique.
Comme 1 million d’habitants du district, M. Prabhakar travaille dans le textile. Il est ouvrier dans un atelier de confection de vêtements pour enfants destinés au Royaume-Uni. Son salaire : 6 000 roupies par mois (77 euros). Un peu plus loin au-dessus du barrage, dans le village de Mettupalayam, le cours d’eau se transforme souvent, à la pointe du jour, en un gigantesque bain moussant à l’odeur chlorée. Un riverain désabusé constate que, « souvent, les usines profitent de la nuit pour vidanger, ainsi, personne ne sait d’où vient cette mousse ».
« La pollution de nos usines est éliminée à 99 % »
Tiruppur est la capitale du tricot dans le sous-continent. Elle fournit 80 % du prêt-à-porter indien destiné à l’export. C’est ici que les H&M, Marks & Spencer, Gap, Zara, Adidas, Reebook, Walmart, Next et autres Tommy Hilfiger font fabriquer tee-shirts et pantalons bon marché. « Toutes ces marques occidentales font vivre 5 000 entreprises en leur assurant un chiffre d’affaires annuel de 360 millions de dollars [332,5 millions d’euros] », souligne, avec fierté, Divyar Nagarajan.
Vêtu d’un costume gris bien coupé, le président de l’Association des teinturiers de Tiruppur est fatigué de voir sa profession accusée de tous les maux. « La mousse dans la Noyyal, ce n’est pas nous ! Depuis que la population a pris conscience des problèmes écologiques, nous avons construit des stations de traitement et, aujourd’hui, la pollution de nos usines est éliminée à 99 % », assure-t-il.
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Selon lui, l’état actuel de la rivière est le résultat de l’incapacité des pouvoirs publics à gérer les eaux usées domestiques. « Chaque habitant de Tiruppur [1,8 million de personnes] utilise 5 grammes de savon par jour pour faire sa toilette. Alors, forcément, avec les remous dans la rivière, cela mousse ! »
« Le barrage a été un révélateur »
Dans le quartier d’Arulpuram, une station de recyclage des eaux industrielles tourne à plein régime. Montée par douze teintureries, elle est capable de traiter jusqu’à 5,5 millions de litres par jour. Il en existe dix-huit comme elle en ville.
Ravi Chandran, son directeur, fanfaronne. Après avoir fait observer la puanteur des effluents que le site réceptionne à l’entrée, une eau sombre et corrosive à 40 °C, il se dirige vers la sortie pour y remplir un verre d’eau limpide et inodore qu’il s’empresse de boire. Entre les deux, le liquide a traversé une tour de refroidissement, un bassin de traitement biologique, une cuve de décantation, une autre de chlore, puis toute une série de filtres. « Nous recyclons 98 % des effluents et renvoyons l’eau propre aux teintureries », précise M. Chandran.
Les écologistes le confirment : la situation s’est améliorée à Tiruppur. C’est dans les années 1980 que le textile a pris racine dans la région. A l’époque, raconte Amurugan Eswaran, membre du Forum scientifique du Tamil Nadu, qui sensibilise les écoliers aux questions environnementales, l’Etat entreprenait la construction d’un barrage en aval de Tiruppur pour alimenter en eau 200 hectares de terres agricoles. Celui d’Orathupalayam, où M. Prabhakar pratique la pêche à la ligne.
« A Tiruppur, les gars faisaient leurs colorations sur les berges et laissaient tout couler dans la rivière, se souvient M. Eswaran. Inauguré en 1991, le barrage a été un révélateur. En stockant toutes les eaux en provenance de la ville, il est très vite devenu un horrible réceptacle, menaçant de contaminer l’aquifère par percolation. » Blanchisseurs au perborate de sodium, colorants à l’acide sulfonique, catalyseurs inorganiques… Les autorités sanitaires évaluaient alors les rejets quotidiens de l’industrie textile à 2 283 tonnes.
« Le problème demeure »
La moitié des gens résidant à moins de 20 km du cours d’eau sont tombés malades (diarrhées et problèmes de peau), selon une étude de l’Université de Madras (Est), les cocotiers se sont mis à dépérir dans les champs, tandis que le millet, le sorgho et le curcuma ont cessé de germer. Quant aux vaches et aux brebis, elles ont commencé à perdre leurs petits avant la naissance.
La justice a été saisie et a ordonné l’ouverture définitive du barrage. Quatre ans seulement s’étaient écoulés depuis sa mise en service. Il faudra néanmoins attendre 2011 pour que les teintureries soient forcées de traiter la totalité de leurs eaux usées. Sur les 750 ateliers dénombrés dans la ville à ses heures de gloire, près de 200 ont mis la clé sous la porte et sont partis s’installer au Karnataka (Ouest) ou au Gujarat (Nord-Ouest). Aujourd’hui, indique le ministère de l’environnement du Tamil Nadu, 458 teintureries recyclent leurs effluents dans des stations d’épuration collectives et 95 autres dans des stations de traitement individuelles. Au total, quelque 120 millions de litres d’eau sont recyclés chaque jour.
Lorsque l’on emprunte le pont principal de Tiruppur en plein jour, la Noyyal paraît presque propre. Les nénuphars et les joncs abondent dans son lit, une apparence trompeuse. « On peut remercier la mousson, qui a été très abondante en 2018 et en 2019, ainsi que les fortes pluies qui sont tombées exceptionnellement au mois de décembre. La pollution a été diluée et tout a reverdi, mais le problème demeure », estime Karthikeya Sivasenapathy.
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Agé de 48 ans, cet agriculteur bio dirige une fondation spécialisée dans la protection du bétail. D’après lui, il y a de quoi se réjouir que la concentration totale des substances solides dissoutes dans l’eau (TDS) soit aujourd’hui retombée à environ 1 000 milligrammes par litre, seuil au-delà duquel l’Organisation mondiale de la santé estime que la qualité de l’eau n’est plus« optimale ». « Il y a dix ans, le TDS pouvait grimper jusqu’à 17 000, c’était impossible de survivre », dit-il. Les terres agricoles n’en restent pas moins inexploitables « dans une bande de 20 km de part et d’autre de la Noyyal », car certaines usines continuent, discrètement, de prendre la rivière pour une poubelle.
Pour brouiller les pistes, les eaux sales sont décolorées
Raja Mani est très inquiet. Habillé de blanc, chemise et dhoti, le tissu traditionnel que les Tamouls s’enroulent autour de la taille, le secrétaire général du syndicat agricole de Tiruppur (200 000 adhérents) affirme qu’une centaine de teintureries qui avaient quitté la ville sont de retour : « Elles se font toutes petites et gardent leurs effluents dans de grands réservoirs. Certaines attendent qu’il pleuve pour ouvrir les vannes et tout balancer dans la nature. D’autres font des forages illégaux pour injecter leurs cochonneries dans la nappe phréatique. »
Pour brouiller les pistes, les eaux sales sont préalablement décolorées. Résultat, tous les puits agricoles situés en aval de Tiruppur sont contaminés. « La TDS est en train de remonter en flèche », affirme le syndicaliste, mais le Central Pollution Control Board, l’organisme de contrôle sous tutelle du ministère fédéral de l’environnement, à Delhi,« s’en fiche complètement ».
A Orathupalayam, une vingtaine de maisons au pied du barrage sont encore habitées. Dans l’une d’elles, Selva Kumar et Mahel Samy ont dû abandonner leurs champs et n’ont eu d’autre solution que de devenir, eux aussi, ouvriers du textile. Equipés de petites machines à coudre, ils produisent des tee-shirts qu’un exportateur leur achète 9 centimes d’euro pièce. Leur ravitaillement en eau potable est assuré par camion-citerne, deux fois par semaine. Et, régulièrement, la route d’accès au village est coupée par des montagnes de mousse qui dévalent du barrage.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/25/tiruppur-capitale-indienne-du-tricot-tente-de-survivre-a-la-pollution-de-ses-teintureries_6030746_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/25/tiruppur-capitale-indienne-du-tricot-tente-de-survivre-a-la-pollution-de-ses-teintureries_6030746_3234.html>>
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7- Urgence climatique : le premier "éco-syndicat" va faire son entrée dans les entreprises françaises, Novethic, 25/02/20
Marina Fabre

L'association Printemps écologique vient de lancer le premier "éco-syndicat" dans les entreprises françaises. Alors que le nombre de personnes syndiquées est de plus en plus faible en France et que l'urgence climatique mobilise les citoyens, ce syndicat veut allier justice sociale et transition écologique. Pour cela, il va pénétrer dans onze entreprises dont cinq sociétés du CAC 40 dans les prochains jours et espère atteindre 100 sociétés d'ici la fin de l'année. 
La CGT main dans la main avec Oxfam et Greenpeace pour défendre l'environnement. Ces alliances, autrefois impensables, tendent aujourd'hui à se multiplier. Face à l'urgence climatique, les syndicats traditionnels sont de plus en plus nombreux à intégrer les enjeux environnementaux dans leurs revendications, même si ce n'est pas leur coeur de leur lutte. Un nouveau syndicat, porté par l'association Printemps écologique, compte bien, quant à lui, faire de la transition écologique le sujet prioritaire des négociations collectives. 
"Les nouvelles générations ne veulent plus seulement qu’on parle de leurs conditions de travail mais aussi de l’urgence climatique, des nouveaux modes de travail, des conséquences de leur travail sur la planète… ", explique Maxime Blondeau. Cet enseignant, spécialiste des mutations du travail, vient de cofonder Printemps écologique. L'association guide les salariés dans la création d'éco-syndicats dans les entreprises.
L’ambition est d’intégrer les enjeux environnementaux au dialogue social. Onze "syndicats verts" sont en cours de lancement dont trois dans des sociétés de moins de 50 salariés, trois dans des entreprises moyennes et cinq dans des sociétés du CAC 40. Le nom de ces dernières sera bientôt révélé. L’objectif est d’en créer 100 d’ici la fin de l’année et d’avoir 20 000 membres, contre 1 000 aujourd'hui.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/exclu-le-premier-eco-syndicat-de-france-printemps-ecologique-veut-revolutionner-les-entreprises-148259.html>
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8- A Doha, un marché veut initier les Qataris à une consommation responsable, AFP, 26/02/20, 10:00
Gregory Walton et Anne Levasseur

Le Qatar est davantage connu comme gros producteur de gaz et pour sa compagnie aérienne que pour ses initiatives "zéro déchet", mais, dans ce riche émirat du Golfe, certains habitants veulent s'initier à un mode de vie durable.
Dans un marché en plein air à Doha, les vendeurs tentent de convertir leurs clients à consommer tout en respectant l'environnement. Ils encouragent ainsi les acheteurs à éviter bouteilles, couverts et assiettes en plastique au profit de produits réutilisables.
"Si une ou trois personnes de plus finissent cette saison en ayant réduit leurs déchets ou leur empreinte carbone, je pense que ce sera formidable. Plus nous attirons des gens qui changent, mieux ce sera", assure à l'AFP Ghada al-Khater, directrice de l'innovation du marché de Torba, situé dans le nord-ouest de Doha.
Jusqu'à la création de ce marché de producteurs, dans le nord-ouest de Doha, "les gens n'avaient pas nécessairement les moyens ou l'endroit" pour changer leurs habitudes.
Expatriés et Qataris se côtoient dans les allées de ce marché, au milieu des plantes cultivées localement, achetant du café servi dans des tasses réutilisables et remplissant leurs sacs de pain au levain cuit de manière artisanale.
Un stand tenu par des bénévoles distribue gratuitement des tasses en porcelaine à condition qu'elles lui soient rendues, pour être ensuite lavées et réutilisées.
Les bouteilles en plastique à usage unique sont bannies et des fontaines offrent gratuitement de l'eau aux visiteurs et à leurs chiens.
Lancé en 2016, le marché compte désormais des dizaines d'étals et reçoit jusqu'à 5.000 visiteurs chaque week-end pendant l'automne et l'hiver de ce pays vite caniculaire le reste de l'année.
- Recyclage à la traîne -
"Je suis plongeur et j'ai vu ce que le plastique fait à l'océan. A Doha ou ailleurs, j'en vois les effets. C'est très beau de voir Doha prendre des initiatives", a déclaré Rachid al-Kuwari, 28 ans, un adepte du marché.
Dès 1974, le Qatar a adopté une loi de "propreté générale" et s'est engagé, dans sa constitution de 2004, à "protéger l'environnement et l'équilibre écologique".
Mais le plastique à usage unique reste omniprésent et le recyclage peu développé. Le pays produit 2,5 millions de tonnes de déchets solides, qu'ils soient d'usage domestique, pour ses industries ou le secteur du BTP.
Seulement 8% de ces déchets solides sont recyclés, selon les statistiques officielles.
Le Qatar vise à faire passer ce taux à 15% d'ici la Coupe du monde de 2022, dont il est le pays hôte. Mais les services municipaux ne trient pas les déchets collectés.
A titre de comparaison, l'Allemagne, leader mondial en la matière, recycle 67% des déchets ménagers, 70% des déchets industriels et 90 % des déchets du secteur du BTP.
Dans la région du Golfe, chaque habitant produit en moyenne 1,5 kg de déchets par jour, dont environ 14% sont en plastique, selon une étude de l'université du Qatar.
- "Frustrant" -
Devenue consultante pour le marché de Torba pour les modes de vie durable, la Néo-zélandaise Sarah Cameron ne ménage pas ses efforts.
"On m'a dit que je devrais avoir un badge de policière du plastique", s'amuse celle qui tient aussi un stand de jus de fruits au marché.
"Parfois, c'est frustrant. Nous sommes arrivés avec de grandes idées, puis nous avons réalisé que nous devions commencer d'un peu plus loin. Chaque année, nous avançons un peu plus et nous sommes plus stricts en matière de durabilité", dit-elle.
L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a promis en 2019 aux Nations unies que le Mondial-2022 aurait un bilan carbone neutre, sans donner de détails sur la manière dont le pays y parviendrait.
L'une des mesures envisagées par les organisateurs pourrait être l'interdiction des bouteilles en plastique à usage unique dans les stades.
Mais pour l'instant, le Qatar a le plus haut niveau de déchets plastiques par habitant de tous les pays du Golfe, selon le chercheur Sultan al-Salem.
Les Qataris remportent régulièrement la palme des émissions de CO2 par habitant les plus élevées au monde, et l'économie du Qatar est largement basée sur les combustibles fossiles.
Le pays fait ainsi partie des trois premiers producteurs de gaz au monde et partage un énorme gisement de gaz avec l'Iran.
Mais pour Youssef al-Derbasti, un étudiant de 18 ans venu avec ses proches au marché de Torba, "il est possible de divertir les gens (...) tout en les sensibilisant" aux modes de vie durables.
<https://www.geo.fr/environnement/a-doha-un-marche-veut-initier-les-qataris-a-une-consommation-responsable-200069>
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9- L’environnement au cœur des projets lauréats des budgets participatifs des villes, Le Monde, 27/02/20, 14h41
Wendy Noel

Nichoirs, jardins partagés, ruches, etc., 40 % des projets lauréats aux budgets participatifs seraient liés à l’environnement. Une tendance que confirme l’apparition en 2019 de budgets thématiques. 
Il y a encore deux ans l’association essonnaise Culture Nature n’aurait pu rêver d’un centre de soins avec volières, enclos et matériel d’anesthésie. « Heureusement qu’on a eu cette aide. Sinon cela aurait été impossible d’avoir des infrastructures variées pour les différentes espèces de mammifères et d’oiseaux », se réjouit Nathalie Lacour, vétérinaire de formation et présidente de la structure. A la fin de 2017, l’association avait déposé le projet « Nhérisson », visant à créer un centre de soins pour la faune sauvage de l’Essonne, sur la plate-forme ministérielle Mon projet pour la planète.
Lancé par Nicolas Hulot, alors ministre de la transition écologique et solidaire, dans le cadre du Plan climat, ce budget participatif entendait soutenir des actions concrètes et innovantes dans les secteurs de l’énergie, de l’économie circulaire ou encore de la biodiversité. Avec près de 4 000 votes, le projet « Nhérisson » s’était imposé au printemps 2018 comme l’un des lauréats et avait ainsi décroché une subvention de 35 000 euros. Pas de quoi couvrir tous ses frais – « Nous cherchons toujours des partenaires pour financer le terrassement de la parcelle et pour assurer les frais fixes » –, mais un apport qui permettra à l’association, d’ici à mai 2020, après la phase de travaux, de recueillir chouettes, martinets, écureuils, mais aussi hérissons blessés dans son centre de Vert-le-Grand.
> Lire aussi  « Rappelons les vertus politiques du budget participatif »
Comme pour « Nhérisson », de nombreux projets en lien avec l’environnement ont vu le jour avec le développement des budgets participatifs. Ils représentent d’ailleurs « 40 % des projets arrivés en tête des votes », selon Antoine Bézard, créateur du site Lesbudgetsparticipatifs.fr. Lequel explique dans une étude sur le sujet publiée par la Fondation Jean Jaurès mercredi 26 février que « les projets liés à l’aménagement et au cadre de vie, qui viennent en deuxième position, ou ceux liés à la mobilité, placés en quatrième position, orientent également les investissements vers une ville plus respectueuse de l’environnement ». D’où la multiplication, dans les 170 budgets participatifs recensés, des projets d’installation de nichoirs à oiseaux, de végétalisation des places ou de piétonnisation de chaussées.
« Faible coût d’investissement »
Un verdissement des propositions qu’Antoine Bézard, dans son enquête, explique par deux raisons. La première étant que la priorité environnementale est aujourd’hui en tête des préoccupations des Français, selon le baromètre Ipsos des fractures françaises. La seconde étant que « les aménagements liés à l’environnement sont assez faciles à concrétiser du fait de leur faible coût d’investissement ». Ce qui n’empêche pas, dans certaines municipalités, à l’instar de Paris qui en 2019 allouait une enveloppe de 100 millions au budget participatif, de voir fleurir des projets importants.
Comme celui porté par la coopérative d’énergie solaire Enercitif. Cette dernière a été créée à partir d’un noyau de citoyens qui avaient proposé en 2016 l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits parisiens. Lauréat, le projet s’était alors vu accorder une subvention de 2 millions d’euros. « La rentabilité d’un tel projet est plus compliquée à Paris, où le taux d’ensoleillement est 30 % inférieur à Marseille. Sans subvention des pouvoirs publics, on n’y serait pas arrivé », observe Gilles Wintrebert, le président d’Enercitif. Quinze toitures d’établissements scolaires et de logements sociaux ont depuis été mises à la disposition de la coopérative pour y installer et y exploiter des centrales solaires. De quoi alimenter, à terme, près de 300 foyers.
> Lire aussi  Les budgets participatifs en plein essor : 80 villes et six millions de Français concernés
D’autres collectivités ont décidé, elles, de consacrer la totalité de leur budget participatif aux questions de développement durable, comme c’était le cas avec Mon projet pour la planète. C’est le cas à Sceaux (Hauts-de-Seine), à Metz, dans le Puy-de-Dôme, en Seine-Saint-Denis, ou encore, à plus grande échelle, en Occitanie. « 2019 a vu apparaître les premiers budgets participatifs thématiques, sur le développement durable, précise ainsi dans son enquête Antoine Bézard. C’est une manière de donner un sens nouveau au budget participatif. Le sens précède l’engagement. »
Donner davantage de sens
A Metz, la municipalité a en effet lancé le 14 février pour la deuxième année de suite son budget écocitoyen après le succès de sa première édition. Sept cents idées avaient été déposées et soixante projets sélectionnés. Une idée née du constat que la majorité des propositions faites lors des éditions précédentes (le budget participatif existe depuis 2014 dans la capitale mosellane) relevaient d’une sensibilité écologique. « Lors d’une réunion de réflexion avec les membres des comités de quartier, l’idée du budget participatif écocitoyen s’est imposée d’elle-même », explique la Ville.
Si le nombre de budgets participatifs a doublé depuis la fin de 2018, où on n’en comptait que 80, contre 170 à l’heure actuelle, il est aujourd’hui nécessaire selon Antoine Bézard de donner davantage de sens à cet engagement des citoyens. « Le budget participatif doit donner le pouvoir d’agir sur la priorité environnementale. » Tout en gardant néanmoins en tête que la transition énergétique ne pourra « pas se réaliser uniquement avec les budgets participatifs », mais grâce à de vraies politiques publiques.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/27/l-environnement-au-c-ur-des-projets-laureats-des-budgets-participatifs-des-villes_6031054_3244.html>
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10- Entretien. « Je plaide pour une écologie du désir, de la joie », Le Monde, maj le 28/02/20 à 07h22
Propos recueillis par Florent Georgesco et Serge Audier (Philosophe et collaborateur du "Monde des livres")

Dans son essai « Pour une écologie du sensible », le chercheur Jacques Tassin défend la nécessité d’appréhender le vivant dans sa continuité, par l’engagement des sens. 
Chercheur en écologie végétale au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), auteur de plusieurs essais, dont A quoi pensent les plantes ? (Odile Jacob, 2016), Jacques Tassin vient de publier Pour une écologie du sensible.
> Lire aussi  Ecologie. Les pieds sur terre ? Chiche ! « L’Art d’habiter la Terre «, de Kirkpatrick Sale, et « Manières d’être vivant », de Baptiste Morizot
La raison, écrivez-vous, « est allée trop loin, trop seule » et, en s’isolant du sensible, a fait de nous « des étrangers sur notre Terre ». A quand remonte cette rupture ?
Le processus trouve son aboutissement chez Descartes, qui écrit, dans ses Méditations métaphysiques (1641) : « J’ai une claire et distincte idée de moi-même, en tant que je suis seulement une chose qui pense et non étendue », et ajoute : « J’ai une idée distincte du corps, en tant qu’il est seulement une chose étendue et qui ne pense point. » Cela remonte loin, on peut aller jusqu’à Démocrite ou Platon, dont on retrouve la conception géométrique du monde, au début de l’ère moderne, chez Galilée, mais Descartes est le point d’aboutissement de cette histoire. Le fil du sensible s’effilochait déjà. Il a fini par se rompre.
Vous parlez d’un malentendu sur la nature même de la raison…
Oui, parce que, en réalité, comme le philosophe Maurice Merleau-Ponty [1908-1961] l’a démontré, la raison commence par le sensible. Elle se manifeste en aval de ce que nos sens nous permettent d’en percevoir. La raison vient ensuite, en relais, ou en surplomb. Je ne dis d’ailleurs pas qu’il faudrait y renoncer. Surtout pas. La raison est une force. Nous sommes naturellement de pauvres singes plutôt démunis et, sans elle, nous aurions du mal à nous débrouiller. Mais le sensible est une disposition à aller de l’avant, vers ce qui n’est pas soi, en établissant une continuité avec l’ensemble du vivant : s’en couper nous éloigne du monde. Je cite le livre de Bruno Latour, Où atterrir ? [La Découverte, 2017]. Nous nous sommes mis en position satellitaire, loin de la Terre, loin des réalités, qui sont d’abord sensibles. Certes, l’humanité pilote bien la matière, si je puis dire. La raison est efficace. Mais on en reste là, loin de la vie, et il est urgent d’atterrir.
Vous critiquez les approches qui dominent aujourd’hui l’écologie, aussi bien scientifiques que politiques. En quoi vous paraissent-elles insuffisantes ?
Elles demeurent dans une appréhension conceptuelle, quantifiée, du vivant, une sorte d’approche comptable. C’est ce que j’observe dans l’usage du terme paradoxal de « biodiversité » : comment un mot suffirait-il à contenir toute la diversité du vivant ? Il ne faut pas s’étonner que cette « biodiversité » disparaisse sous nos yeux, si nous remplaçons ce qui est devant nous par un concept. Quand j’ai eu la chance de faire partie de l’IPBES, la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, je me suis aperçu que les scientifiques procédaient de leur manière coutumière : ils allaient dans le sens du recueil de données, de la numérisation, de la quantification. C’est un niveau très faible d’appréhension du vivant.
N’avez-vous pas le sentiment que le désir d’« atterrissage » est pourtant très présent dans la société ?
Il est là, bien sûr. Mais beaucoup ne savent pas comment procéder et se perdent dans des pièges ou des excès. On le voit dans les mouvements de jeunes, que par ailleurs j’admire : il y a encore de la distanciation, de l’hyperintellectualisation. Certains tombent dans le panneau d’une écologie de derrière les écrans. D’autres, dans le catastrophisme, la peur. Rien de tout cela ne va dans le bon sens. Il faut partir de l’expérience concrète, et cela le plus tôt possible, dès l’école : on doit apprendre aux enfants à écouter, à regarder, à sentir, à éveiller leur attention au vivant. Je plaide pour une écologie du désir, de la joie, qui fasse découvrir, par l’engagement de tous les sens dans la continuité du vivant, qu’un des grands bonheurs de l’existence est, précisément, d’exister : d’être plongé dans le monde. C’est aussi simple que cela.
Le risque, dans une telle redécouverte de la continuité, n’est-il pas d’abolir les différences ?
Mais non, pas du tout ! Je vais vous donner un exemple. Je m’intéresse beaucoup aux arbres, je leur ai même consacré mon précédent livre, Penser comme un arbre. Nous avons des liens très forts avec eux, depuis que nous sommes devenus des primates, il y a 65 millions d’années. Il suffit de regarder nos mains : elles se sont faites au contact des arbres, en en épousant les formes, les textures… Mais il existe quelque chose qui s’appelle la sylvothérapie, une méthode de soin à base de fréquentation des arbres, où l’on incite à des relations presque affectueuses avec eux. Cela n’a plus de rapport avec cette longue familiarité, parce que cela revient à nier, de manière anthropocentrée, la réalité des arbres. C’est un accaparement, à l’inverse du mouvement d’ouverture que je défends. Je ne pense pas que nous baignions dans un grand tout : je voudrais, au contraire, redonner le goût et l’usage de la multiplicité des mondes.
§ « Pour une écologie du sensible », de Jacques Tassin, Odile Jacob, 206 p., 19,90 €.
§ Lire un extrait  <https://www.odilejacob.fr/feuilleter.php?ean=9782738148964>sur le site des éditions Odile Jacob.
§ Signalons, du même auteur, la parution en poche de « Penser comme un arbre », Odile Jacob, « Poches », 142 p., 7,50 €.
<https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/02/27/jacques-tassin-je-plaide-pour-une-ecologie-du-desir-de-la-joie_6031006_3260.html>
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11- Chronique. « La longue croisade verte d’Antoine Frérot chez Veolia », Le Monde, 28/02/20, 11h32 
Jean-Michel Bezat

Le PDG a présenté, ce vendredi, les très bons résultats du groupe, mais aussi le plan « Impact 2023 » qui prévoit, notamment, 5 milliards d’euros d’investissements dans des activités comme le recyclage des plastiques, explique le journaliste économique du « Monde » Jean-Michel Bezat.
Pertes & profits. Antoine Frérot, PDG de Veolia, poursuit inlassablement la croisade lancée il y a dix ans pour faire admettre que la raison d’être d’une entreprise ne se borne pas à servir ses actionnaires, mais aussi d’autres parties prenantes, ses salariés, la société ainsi que la planète menacée par le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources.
> Lire l’entretien : Antoine Frérot, PDG de Veolia : « L’entreprise a besoin d’être utile »
Il l’a réaffirmé, vendredi 28 février, en publiant de « très solides résultats » pour 2019, avec un chiffre d’affaires de 27,2 milliards d’euros (+ 4,3 %) et un résultat net de 760 millions (+ 13,5 %). Et, surtout, en dévoilant un plan stratégique « Impact 2023 ».
Le plan du numéro un mondial de la gestion de l’eau et des déchets comporte des objectifs financiers : 1 milliard d’euros de profit en 2023, 3 milliards de cessions et 5 milliards d’investissements dans des activités comme les déchets toxiques et le recyclage des plastiques, un métier qui a largement contribué aux bons résultats 2019 et qui « continuera à croître à un rythme très soutenu dans les prochaines années », prévoit Antoine Frérot.
De possibles sanctions
« Jamais la priorité environnementale n’a été aussi forte, et je veux faire de Veolia l’entreprise de référence pour la transformation écologique, explique le patron du groupe. Mais la raison d’être, ce n’est pas un slogan, cela se prouve. »
Pour répondre aux accusations de s’habiller « en vert » à bon compte, le patron de Veolia a pris des engagements chiffrés et « liés » à 13 des 17 objectifs de développement durable des Nations unies, qui correspondent souvent aux métiers de demain à forte valeur ajoutée.
> Lire la chronique : « Il y a une bonne dose de green washing et de social washing dans la démarche des grands patrons »
Veolia va investir dans l’efficacité énergétique et, pour 1 milliard d’ici à 2030, dans la suppression des chaudières à charbon des réseaux de chaleur des villes européennes, remplacées par des équipements alimentés par des énergies renouvelables. Au total, il s’engage à éviter le rejet dans l’atmosphère de 15 millions de tonnes-équivalent CO2 au terme du plan stratégique. La multinationale prévoit aussi d’augmenter d’environ 500 000 le nombre de personnes pauvres (4,7 millions) auxquelles l’entreprise donne accès aux services d’eau et d’assainissement ou d’accélérer ses plans de défenses de la biodiversité. Et au chapitre de l’égalité des genres, elle augmentera de 50 % le nombre de femmes nommées sur les 500 plus hauts postes du groupe.
> Lire aussi  Dans le CAC 40, le patriarcat se fissure
Le respect de ces objectifs sera mesuré grâce à des indicateurs, affirme le PDG qui s’est lancé dans une longue croisade verte. Et sanctionné. La part variable de la rémunération des 5 000 cadres dirigeants en dépendra pour moitié, l’autre étant calculée sur leurs performances économiques et financières. Le tout reste contrôlé, entre autres instances, par le comité indépendant de « critical friends » (« amis critiques ») créé dès 2013. Composé de membres d’associations, d’ONG et d’experts des questions sociales ou environnementales, il est présidé par une figure reconnue, Jean-Michel Severino, l’ancien patron de l’Agence française de développement. « Nous ne sommes pas majoritaires au sein des grandes entreprises », constate M. Frérot, qui aimerait faire plus d’émules chez ses pairs du CAC 40. Et au-delà.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/28/la-longue-croisade-verte-d-antoine-frerot-chez-veolia_6031181_3234.html>
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12- L’écologie, ce nouvel horizon politique, Le Monde, 28/02/20, 12h07
Matthieu Goar 

La préoccupation environnementale, autrefois très clivante, transcende désormais les clivages politiques et gagne toutes les catégories sociales de la population. 
Sommes-nous à un tournant de l’histoire de l’écologie politique ? A-t-on atteint le point de bascule, celui où la victoire culturelle des premiers militants laisse place au débat entre toutes les familles politiques ?
Citadins mais aussi ruraux, CSP + comme CSP –, gauche décroissante et droite libérale… Depuis quelques mois, les enquêtes d’opinion convergent : la préoccupation environnementale gagne toutes les catégories de la population. Dans le sillage de cette angoisse montante, la vie politique des pays occidentaux se teinte de vert. En France, les candidats aux élections municipales s’affrontent sur la végétalisation dans les grandes villes ou sur la place des éoliennes dans les villages.
Au soir du second tour de ce scrutin, le 22 mars, le parti Europe Ecologie-Les Verts (EELV) pourrait remporter des victoires symboliques et faire élire de très nombreux conseillers municipaux. L’esprit tourné vers 2022, Emmanuel Macron ne cesse de répéter que l’un des deux piliers de la fin de son quinquennat sera l’écologie…
« Cela fait quinze ou vingt ans qu’on se désespérait, nos alertes ne prenaient pas, les débats restaient confinés aux cercles d’experts. Nous sommes maintenant à une période charnière, confirme François Gemmene, spécialiste en géopolitique de l’environnement et coauteur d’un Atlas de l’anthropocène (2019, Ed. Les Presses de Science Po), très attentif à l’évolution de l’opinion. Il y avait déjà eu un basculement il y a deux ans avec les marches des jeunes. A ce moment-là, les parents et les grands-parents ont commencé à se sentir concernés. »
La première préoccupation des Français
L’un des moments-clés a sans doute eu lieu en 2019, notamment après les épisodes caniculaires de l’été. En septembre, l’enquête Fractures françaises <https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/16/une-france-pessimiste-sur-son-avenir-et-sceptique-sur-ses-dirigeants_5510874_823448.html>, réalisée par Ipsos Sopra-Steria pour Le Monde, la Fondation Jean-Jaurès et l’Institut Montaigne, montrait que la protection de l’environnement était devenue la première préoccupation des Français interrogés (52 %), devant l’avenir du système social (48 %) et le pouvoir d’achat (43 %). Une première. Jusqu’au printemps 2019, le sujet était habituellement relégué derrière les enjeux économiques, sociaux ou sécuritaires.
Autrefois très clivant et réservé à ceux qui avaient le temps et l’argent pour s’inquiéter de la « fin du monde » – schématiquement, les cadres urbains diplômés –, cet enjeu a commencé à se propager à d’autres catégories traditionnellement angoissées par les questions de pouvoir d’achat et de « fin du mois » (55 % de ceux qui se considèrent comme appartenant aux milieux populaires, 49 % des périurbains, 46 % des électeurs de droite, etc., selon l’enquête). Comme si les récents phénomènes météorologiques avaient tout changé. « Après des événements climatiques, il y a eu une sorte de matérialisation aussi dans les pays occidentaux. Les gens ont commencé à se dire : “Ça va nous impacter aussi” », poursuit M. Gemmene.
Rejet du climatoscepticisme
Une étude publiée par Destin commun <https://www.destincommun.fr/media/h10falb5/destin-commun-reconcilier-les-francais-grace-a-l-environnement.pdf> confirme cette poussée verte. Ce think tank s’est appuyé sur une enquête de l’institut Kantar. Tout un pan encore inédit de ce travail est consacré à l’écologie. Les résultats prouvent une nouvelle fois l’émergence des questions écologiques dans l’esprit des Français : 68 % des sondés considèrent ainsi que « la protection de l’environnement pourrait nous unir par-delà nos divisions », 78 % estiment « penser souvent aux enjeux liés à l’environnement », 77 % y perçoivent une « opportunité pour créer de nouveaux emplois », 86 % veulent « agir (…) pour les jeunes générations ». Enfin, le climatoscepticisme est vivement rejeté, 66 % affirmant que « la plupart des gens ne prennent pas assez au sérieux le changement climatique ».
+ Infographie : L’action en faveur de l’environnement, pour les jeunes générations <https://img.lemde.fr/2020/02/27/0/0/960/1992/688/0/60/0/c94b7bb_2c9V_vRt6Ecz1u-IpDpS6Or.png>
« L’environnement fait donc figure d’exception dans la politique nationale française, car une majorité de Français et de Françaises y voient un sujet rassembleur dans un paysage où tout semble diviser », peut-on lire dans le rapport de Destin commun, alors que 84 % des personnes interrogées considèrent que cette question concerne « tout le monde et dans tous les territoires » (16 % seulement la considèrent comme un problème « pour les riches et les citadins »).
Au moment des élections européennes de 2019, la liste EELV (13,47 %) avait été portée par le vote des jeunes. Selon les données Ipsos, 25 % des 18-24 ans et 28 % des 25-34 ans avaient alors choisi un bulletin EELV, loin devant le Rassemblement national (RN) dans ces deux catégories (15 %, 20 %) et La République en marche (12 %, 17 %). Un résultat qui a pu occulter une autre réalité : les seniors et les retraités sont loin de délaisser ces thématiques. Dans l’enquête Kantar, 91,1 % des retraités considèrent qu’il faut en « faire plus pour les jeunes générations » (82,6 % chez les 18-24 ans), 67,9 % des plus de 50 ans estiment que les gens ne « prennent pas assez au sérieux la question climatique » (67 % des 18-24 ans).
Même quasi-unanimité dans d’autres catégories qui semblaient autrefois peu mobilisées : 65,7 % des ouvriers considèrent la transition à venir comme une « opportunité » pour l’emploi. C’est moins que les professions libérales et les cadres (82 %), mais on est loin d’un rejet. Idem pour les non-diplômés, qui sont 68,6 % à penser que cette thématique parle à tout le monde.
L’originalité du travail de Destin commun est d’avoir classé les sondés en six groupes, en fonction des valeurs qu’ils revendiquent : les militants désabusés, les stabilisateurs, les libéraux optimistes, les attentistes, les laissés-pour-compte, les identitaires. Ces deux dernières « familles », proches du mouvement des « gilets jaunes » pour l’une et du RN pour l’autre, partagent elles aussi la préoccupation environnementale (79 % des laissés-pour-compte et 90 % des identitaires affirment que « l’environnement nous concerne tous »).
Réelles divergences
Cette irruption massive de l’écologie dans l’imaginaire politique français est prise très au sérieux par les partis politiques, dont les candidats se font de plus en plus interpeller sur le terrain. Reste à savoir comment répondre à cette anxiété, de plus en plus unanime, mais qui cache de réelles divergences au moment d’évoquer concrètement les problèmes et les solutions. « A Carpentras, lors des élections municipales en 2014, on ne parlait que de sécurité. Cette fois-ci, tout le monde semble préoccupé par l’écologie, sauf que tous ne mettent pas la même chose derrière cette préoccupation. Certains s’inquiètent de la pollution de l’air, d’autres du nucléaire, des animaux, du climat », résume Julien Aubert, député Les Républicains (LR) de Vaucluse.
A l’image des individus, chaque parti réfléchit donc en fonction de ses valeurs et de sa ligne. Depuis les européennes de mai 2019, le RN vend le « localisme » fondé sur les circuits courts, qui lui permet de réhabiliter son vieux concept d’écologie civilisationnelle. En ordre dispersé, la droite a bien senti que son électorat évoluait et se penche sur les notions de conservatisme, de protection des modes de vie et des paysages.
Alors qu’ils travaillent depuis beaucoup plus longtemps sur ces sujets, les partis de gauche surveillent l’offensive d’Emmanuel Macron, qui espère reconquérir la famille sociale-démocrate en mettant notamment l’accent sur les dossiers environnementaux.
Ce débat d’idées animera l’après-municipales, mais aussi la prochaine campagne présidentielle. « Nous sommes sortis de la phase de sensibilisation. Il y a eu une victoire culturelle, il faut maintenant aller au-delà des slogans, savoir ce que l’on veut faire, par exemple sur la question cruciale de l’articulation entre justice sociale et protection écologique, conclut M. Gemmene. Les solutions sont différentes selon les familles politiques. C’est là que le débat démocratique prend tout son sens. »
+ Infographie : La protection de l’environnement est un enjeu qui pourrait nous unir par-delà nos divisions <https://img.lemde.fr/2020/02/27/0/0/960/3933/688/0/60/0/4e177fa_T23WQXFtVfajwEQHppFrNZsd.png>
+ Infographie : Sensibilité au changement climatique et à la préservation de l’environnement <https://img.lemde.fr/2020/02/28/0/0/1068/4769/688/0/60/0/8d95bf5_rzcysL_dmkm5AstN9nnPM7YI.png>
<https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/02/28/l-ecologie-ce-nouvel-horizon-politique_6031116_823448.html>
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13- "Green Blood", la grande enquête sur les crimes contre l’environnement, Paris Match, 28/02/20, 19h29 
Propos recueillis par Alfred de Montesquiou

Chroniques Vertes : chaque semaine, la crise écologique vue par les créateurs. Cinéma, romans, documentaires, essais, expos… comment la culture fait face aux défis de la planète. Aujourd’hui « Green Blood », une grande enquête documentaire sur les crimes contre l’environnement.    
Investigation de longue haleine sur trois continents et quatre épisodes, « Green Blood » creuse l’une des faces les plus sombres et les plus violentes de la pollution mondiale, celle de l’industrie minière. De l’Inde au Guatemala et à la Tanzanie, cette ambitieuse série mène l’enquête sur ce qu’on veut empêcher les journalistes de connaître. Pour ce faire, les réalisateurs se sont alliés au collectif de journalistes « Forbidden Stories », ou « les Histoires interdites », qui s’est donné pour mission de poursuivre le travail de confères assassinés ou bloqués dans leur métier de par le monde. Jules Giraudat et Arthur Bouvart, épaulés par le directeur de collection Alexis Marant, ont ainsi prolongé l’enquête 18 mois durant, avec un constat saisissant : bien souvent, les journalistes qu’on tente de faire taire ou même qu’on supprime physiquement sont ceux qui investiguent les crimes écologiques… Leur série, palpitante, les mène auprès des mafias du sable indiennes, des mineurs de nickel guatémaltèques et des chercheurs d’or tanzaniens, comme un polar et caméra au poing.
Interview du co-réalisateur Arthur Bouvart
Paris Match. Pourquoi vouloir centrer vos films spécifiquement sur les méfaits de l’industrie minière ?
Arthur Bouvart. Parce que l’importance des crimes commis autour de cette industrie est très significative, flagrante même. En rejoignant le projet « Forbidden Stories » nous nous sommes attachés à regarder de près les cas de journalistes assassinés à travers le monde. Je parle de cas précis, qu’ont étudié des organismes comme RSF (Reporters Sans Frontières) ou le groupe américain CPJ (Comitee to Protect Journalists). Ils ont trouvé 13 journalistes tués parce qu’ils enquêtaient sur l’environnement, et 19 autres dont la mort est « suspecte », probablement liée d’une manière ou d’une autre à leurs travaux, sans qu’on en ait la certitude. Or, dans la grande majorité des cas, nettement plus de 50 %, les journalistes tués enquêtaient sur l’industrie minière. Il y a quelques cas autour de la sur-pêche, ou du bûcheronnage clandestin, notamment aux Philippines. Mais le schéma qui revient le plus, ce sont les mines.
>> Suite à lire à :
<https://www.parismatch.com/Culture/Medias/Green-Blood-la-grande-enquete-sur-les-crimes-contre-l-environnement-1676305>
> En savoir plus : 
« Green Blood », série documentaire de 4 épisodes réalisés par Jules Giraudat et Arthur Bouvart, avec le directeur de collection Alexis Marant, diffusés le dimanche 1er mars sur France 5, puis en replay pendant deux mois sur http://www.france.tv
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14- La première banque américaine, JPMorgan, fait un petit pas vers la finance durable, Novethic, 28/02/20
Ludovic Dupin avec AFP

JPMorgan Chase a annoncé mardi 25 février vouloir faciliter dès cette année des projets et initiatives liés au développement durable à hauteur de 200 milliards de dollars. C'est une hausse de 14,3 % sur un an, a fait savoir la première banque américaine à l'occasion d'une journée de présentation de l'entreprise aux investisseurs. L’établissement américain reste toutefois l’un des principaux financeurs des énergies fossiles au monde.
La première banque américaine veut dédier 200 milliards de dollars au développement durable pour 2020. Elle envisage, soit d'octroyer des prêts, soit d'offrir des conseils financiers, soit d'aider des entreprises responsables à lever de l'argent frais auprès des marchés. JPMorgan souhaite ainsi soutenir les "initiatives climatiques", celles "contre la pollution de l'eau" et sur "la gestion du gaspillage". La priorité sera accordée aux projets portant sur le logement, l'éducation, la santé et le développement économique dans les pays émergents.
JPMorgan Chase va en outre arrêter de financer directement les projets d'exploration et de développement des hydrocarbures dans l'Arctique et va recadrer son financement du secteur minier et des projets liés au charbon. "Limiter le forage dans l'Arctique et le charbon sont des engagements gagnant-gagnant pour l'entreprise, ses actionnaires et la planète", a réagi Lila Holzman, une des responsables de As you Sow, dans un communiqué. L’ONG regrette néanmoins que la banque américaine ne se soit pas engagée à réduire son bilan carbone au niveau arrêté par l'Accord de Paris sur le climat.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/finance-durable/isr-rse/la-premiere-banque-americaine-jpmorgan-fait-un-petit-pas-vers-la-finance-durable-148270.html>
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15- Chronique. « “Dark Waters” raconte l’histoire d’une contamination mondiale et méconnue », Le Monde, maj le 01/03/20 à 07h12 
Stéphane Foucart

Les PFAS (Per- and Polyfluoroalkyl Substances), au centre du film de Todd Haynes, sont associés à de nombreuses pathologies et présents aussi bien dans les antiadhésifs en cuisine que dans certains matériaux textiles ou pour le bâtiment, raconte dans sa chronique Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
Chronique. Certains scandales, bien que réels et documentés, n’éclatent jamais vraiment. Ils sont connus de quelques initiés, mais ne parviennent pas à s’imposer dans la grande actualité, celle qui forme le tronc commun des faits présents à l’esprit de tous. L’indignation qu’ils suscitent, ils ne la suscitent qu’en vain, dans de petits cercles de scientifiques, de juristes, de riverains, de journalistes ou de militants.
L’une des raisons à cela est que certains scandales sanitaires ou environnementaux sont, au sens littéral du terme, indescriptibles. Des mots intelligibles et des situations concrètes manquent pour en raconter l’histoire. C’est tout l’intérêt de Dark Waters, sorti en France le 26 février. Outre ses qualités cinématographiques, saluées par Thomas Sotinel dans les colonnes du Monde, le film de Todd Haynes a peut-être une chance d’attirer l’attention sur une question demeurée largement sous le radar médiatique en Europe, alors qu’elle concerne l’ensemble de la population.
> Lire aussi  Dans « Dark Waters », de Todd Haynes, le voyage d’hiver d’un avocat héroïque
Tirée de faits réels, l’histoire a déjà fait l’objet d’une enquête-fleuve publiée en janvier 2016 par le New York Times Magazine. Elle met en scène un avocat aux prises avec un géant de la chimie, accusé par une petite communauté de Virginie-Occidentale d’avoir contaminé leur environnement avec des substances dangereuses.
Chacun d’entre nous
Substances dangereuses : voilà une qualification un peu facile. Les produits dont il est question appartiennent à une grande famille chimique regroupant les alkyls perfluorés et les polyfluorés sous le nom de « substances per- et polyfluoroalkyliques » (PFAS). A cette famille appartiennent notamment l’acide perfluorooctanoïque (PFOA), le sulfonate de perfluorooctane (PFOS), l’acide perfluorononanoïque (PFNA) ou encore l’acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS), et bien d’autres. Ce n’est pas seulement le mur de la complexité qui se dresse entre le problème et sa prise de conscience : c’est aussi celui de la prononciation.
Chacune de ces substances a des propriétés toxicologiques particulières. Certaines sont associées à des pathologies thyroïdiennes, hépatiques, d’autres à certains cancers, à des troubles de la fertilité et de l’immunité, ainsi qu’à des troubles métaboliques ou neurocomportementaux. Elles ont en commun d’agir à des doses d’expositions infimes et, surtout, de ne se dégrader que très lentement. Voire de ne pas se dégrader du tout. Elles s’accumulent dans l’environnement et contaminent les ressources en eau, de même que la chaîne alimentaire. Le problème est aussi qu’elles s’accumulent dans les organismes de ceux qui y sont exposés – c’est-à-dire à peu près chacun d’entre nous. Aux Etats-Unis, on leur a trouvé ce sobriquet : les forever chemicals. Des substances de synthèse pour l’éternité, en somme.
Il y a un deuxième voile d’hermétisme tiré sur ce scandale. Car si Dark Watersraconte une histoire à la trame familière, circonscrite dans l’espace et le temps, scandée par les aventures de ses personnages – victimes ou bourreaux, héros ou complices –, la réalité est bien plus diffuse, insaisissable. Des PFAS, on en trouve à peu près partout. Les victimes potentielles se comptent probablement par millions, ignorent généralement leur statut de victimes et ne sont tenues par aucune unité de lieu ou de dramaturgie.
Mousses anti-incendie
Quant aux responsabilités indirectes, elles sont aussi nombreuses – même si les firmes DuPont et 3M sont les principales coupables. Les PFAS sont surtout connus pour être produits par la fabrication de certains revêtements antiadhésifs (notamment les surfaces d’ustensiles de cuisine). Mais ils sont aussi – ou ont été – mis à profit pour une variété d’applications. Ils sont utilisés dans les mousses anti-incendie, des procédés de traitement des métaux, des imperméabilisants utilisés dans la tannerie ou l’industrie textile, on les trouve encore dans des matériaux de construction, des enduits, des pesticides, des détergents, des emballages alimentaires, des semi-conducteurs, etc.
Rejets industriels, ruissellements des décharges, bases militaires fortement utilisatrices de mousse anti-incendie sont les principales routes par lesquelles ces substances se sont taillé un destin mondial et se sont progressivement incrustées un peu partout dans l’environnement. Et donc dans toute la population, ou presque.
En 2015, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a été saisie de la question par la Commission européenne. Ses experts rédigent un volumineux rapport sur le sujet et proposent un niveau d’exposition acceptable, pour la somme des quatre principaux PFAS, de 8 milliardièmes de gramme par kilo de poids corporel et par semaine. Or, les estimations de l’exposition réelle de la population indiquent, selon l’EFSA, qu’une part importante des Européens sont exposés au-delà, et souvent bien au-delà, de ce seuil de sécurité. Une situation jugée « préoccupante » par l’agence, bien peu suspecte d’alarmisme.
L’histoire racontée par Dark Waters va donc, en réalité, bien au-delà d’une bataille locale entre une firme sans scrupule et une communauté de riverains empoisonnée. Elle résume et incarne l’histoire d’une contamination mondiale qui demeure méconnue. Le film de Todd Haynes sera peut-être une première étape dans la prise de conscience du problème. Une deuxième étape pourra être la lecture du dernier livre du grand épidémiologiste américain David Michaels (George Washington University), The Triumph of Doubt : Dark Money and the Science of Deception (Oxford University Press), dont un chapitre est consacré aux PFAS. En attendant la traduction de cet ouvrage indispensable, il faut cependant savoir lire l’anglais (et avoir le cœur bien accroché).
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/29/dark-waters-raconte-l-histoire-d-une-contamination-mondiale-et-meconnue_6031336_3232.html>
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16- La mode s’entiche d’anti-gaspillage vestimentaire, Le Monde, 02/03/20, 18h15
Sophie Abriat

Porter plusieurs fois la même robe de soirée ou le même smoking, comme Kate Middleton ou Joaquin Phoenix ? Un fashion faux pas qui devient acte militant dans une industrie qui s’empare des enjeux environnementaux. 
Quelques jours avant la cérémonie des Bafta organisée au Royal Albert Hall, à Londres, le 2 février, les invités ont reçu un guide pour le moins inattendu : une feuille de route éditée par l’Ecole de mode anglaise, le London College of Fashion, les incitant à s’habiller « sustainable » (« écoresponsable ») sur le tapis rouge. Et les rédacteurs de l’opuscule n’ont pas fait dans la nuance. Dès les premières lignes, le constat est sans appel : « Il est difficile d’imaginer un monde sans mode mais, face aux réalités de l’urgence climatique, nous devons reconnaître que (…) le système actuel ne fonctionne plus et ne peut plus continuer comme tel. »
Ils s’appuient aussi sur des citations cash du mouvement activiste Fashion Revolution, des chiffres impressionnants sur le gaspillage vestimentaire et des projections peu optimistes de la Fondation Ellen MacArthur, qui promeut l’économie circulaire.
Le but du London College of Fashion ? Inciter stars et influenceurs, rois du tapis rouge et du « photocall », à se tourner vers la location de vêtements ou vers l’achat d’une pièce vintage ou répondant à des critères certifiés de développement durable. Pragmatique, le guide va jusqu’à lister neuf griffes sustainable et inclusives, c’est-à-dire bonnes pour la planète et représentatives des gens qui la peuplent dans toute leur diversité de genre, d’origine, de poids, de taille, de handicap, etc.
Au passage, la recommandation de ces labels, en majorité britanniques, de la pionnière Stella McCartney à des signatures plus confidentielles comme Rejina Pyo ou Mother of Pearl, sous-tend une petite opération de patriotisme économique. On imagine encore mal, à ce jour, l’Institut français de la mode donner les noms des marques à porter au détriment d’autres griffes, à l’occasion du Festival de Cannes par exemple.
Changement des mentalités
Mais le guide va plus loin. Encourageant les invités à ouvrir leurs placards et à faire tout simplement avec ce qu’ils ont, il va jusqu’à les orienter vers des services de réparation. « Le vêtement le plus durable est celui que l’on possède déjà »,rappelle benoîtement le guide.
Quelques acteurs, têtes couronnées et autres VIP se sont prêtés à l’exercice, notamment Kate Middleton : elle est apparue dans une robe signée Alexander McQueen, déjà portée en 2012 lors d’un voyage en Malaisie. Signe d’un changement des mentalités, son geste a été salué par la presse et sur les réseaux sociaux – on se souvient que ces mêmes protagonistes identifiaient, il n’y a pas si longtemps, deux fashion faux pas à ne surtout pas commettre : porter la même robe qu’une autre invitée et s’afficher deux fois dans la même tenue. En 2016, pour célébrer les 90 ans de la reine, la duchesse de Cambridge s’était présentée dans une robe blanche déjà portée à l’occasion du baptême de sa fille, un an plus tôt. Les tabloïds avaient alors critiqué ce qu’ils considéraient comme une faute de goût, titrant, moqueurs, « Princesse Econome ».
> Lire aussi  Le Joker, superméchant bien de ce monde
Début janvier 2020, anticipant les prescriptions du guide publié par le London College of Fashion, l’acteur Joaquin Phoenix a fait savoir qu’il porterait le même costume à l’occasion de toutes les remises de prix cette année. Or, en un mois, il a été sacré meilleur acteur pour son rôle dans Joker aux Golden Globes, aux Bafta et aux Oscars. Ce n’est donc pas un mais trois prix que le comédien est allé chercher, vêtu invariablement du même smoking Stella McCartney, donnant ainsi un écho considérable à sa déclaration. La mode durable ne pouvait rêver meilleur porte-drapeau.
Toujours pour lutter contre le réchauffement climatique, lors de la cérémonie des Oscars, les deux ambassadrices de la maison Chanel, Penélope Cruz et Margot Robbie, ont choisi des robes vintage de la marque. Quand on sait le nombre de followers de ces personnalités et l’intérêt que leur porte la presse people, ces gestes qui peuvent faire sourire de prime abord laissent entrevoir la possibilité d’un changement profond dans la manière de consommer la mode, donc de la concevoir. Car à ces premiers signaux s’en ajoutent d’autres, apparus récemment, qui, mis bout à bout, pourraient avoir un effet boule de neige.
En décembre, Virgil Abloh, directeur artistique de sa marque Off-White et des collections homme de Louis Vuitton, suivi par près de 5 millions d’abonnés sur Instagram et très populaire auprès de la jeune génération, déclarait au magazine anglais Dazed & Confused : « Les magasins vintage sont pleins de vêtements cool, il suffit de les porter. Pour moi, la mode va s’éloigner de la nouveauté, et bientôt on se dira : “Allez, je vais piocher dans mes propres stocks.” » Une affirmation qui a fait couler naturellement beaucoup d’encre.
On a vu apparaître aussi des influenceuses d’un nouveau genre, exhortant leur communauté à faire comme elles : ne rien acheter de neuf pendant l’année. C’est le cas des Anglaises Jade Doherty (@notbuyingnew, 49 000 abonnés sur Instagram) et Hannah Rochell (@EnBrogue, 30 000 abonnés) : deux adeptes de la « slow fashion » qui proposent des looks mis au point à partir du contenu de leurs stocks, justement.
Sur les réseaux, la mode se fait écolo
Sarah Laurier, analyste mode et beauté pour Linkfluence, spécialiste de la veille et de l’analyse des contenus en ligne, souligne : « Sur les réseaux sociaux, on remarque que les mentions associant la mode à l’écologie sont en hausse et que certains hashtags sont de plus en plus utilisés, comme #recycledclothing, #zerowastefashion, #slowfashionmovement, #whitefriday [en opposition au Black Friday, qui pousse à se ruer dans les magasins pour faire des affaires et à acheter des choses dont on n’a pas besoin] ou encore #secondhandseptember [mouvement de déconsommation d’articles de mode neufs incitant à se tourner vers le marché de la seconde main, apparu pendant la Fashion Week de septembre 2019]. Ces signaux faibles ajoutés à une prise de conscience plus politique sur l’urgence climatique laissent deviner un changement dans la manière de consommer la mode. »
> Lire aussi  « Black Friday » ou la honte du shopping
« Depuis deux ans, il existe en effet un mouvement de déconsommation dans la mode, tous niveaux de gamme confondus, renchérit Thomas Delattre, professeur à l’Institut français de la mode. En 2019, cette déconsommation a touché 42 % des Français. Elle est subie à 60 %, certes, mais aussi choisie à 40 %. On voit apparaître un mouvement vers une forme de “sobriété heureuse” – acheter moins mais mieux –, selon l’expression de Pierre Rabhi, mais c’est un phénomène de niche, pas encore généralisé et par ailleurs compensé par des comportements de surconsommation venant d’autres acteurs. »
Le « shame of buying », une idée venue de Suède
L’exercice du « pouvoir de non-achat » prend de l’essor dans une forme assez contagieuse : refus de consommer des vêtements et des objets inutiles, mal conçus, jetables, fabriqués aux dépens de l’écosystème et des personnes qui les fabriquent. Si l’on connaissait le « flight shaming » – la honte de prendre l’avion à cause de son impact environnemental –, désormais on parle aussi de « shame of buying », ou « köpskam », en suédois, puisque l’idée nous vient elle aussi du pays de Greta Thunberg, le premier à avoir annulé sa Fashion Week, l’an dernier.
« Köpskam » désigne la honte associée au shopping, et notamment à l’achat de produits de mode. « Cela ne concerne pour l’instant qu’une poignée de personnes et peut paraître anodin, mais il faut bien constater que le “flight shaming” s’étend peu à peu. L’apparition de changements radicaux dans la manière de consommer est nouvelle : tout en se méfiant des projections ou conclusions hâtives, on peut donc imaginer un risque plus fort de déconsommation », poursuit Thomas Delattre.
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Conscientes de ces enjeux, les marques de luxe diversifient leurs investissements en se tournant davantage vers les services, notamment. Début 2019, LVMH a ainsi racheté le groupe d’hôtels Belmond, propriétaire de palaces comme le Copacabana à Rio de Janeiro mais aussi du célèbre train Venice Simplon-Orient-Express. De son côté, Louis Vuitton vient d’ouvrir son premier restaurant au Japon et a signé un partenariat avec la NBA.
« Certaines marques risquent de disparaître : celles qui n’ont pas suffisamment de patrimoine ou de légitimité, qui n’ont pas un imaginaire assez fort pour déplacer leur modèle économique vers le service et l’entertainment, et qui resteront sur leur seul métier historique consistant à produire encore et encore du prêt-à-porter neuf », souligne Stéphane Hugon, sociologue et cofondateur du cabinet stratégique Eranos.
Le secteur du luxe épargné ?
En première ligne, donc, la fast fashion, mais aussi toutes les marques « qui n’ont pas anticipé la survaleur de l’expérience », poursuit Stéphane Hugon, avant de préciser tout de même : « Le secteur du luxe, lui, semble être à l’abri du danger car le besoin de luxe est inépuisable. Quand on consomme du luxe, il est question de transcendance, de désir, de poésie : quelque chose de plus se joue. » 
Car le luxe est, par essence, « ce qui se répare », comme le rappelait, mi-février à New York, pour le lancement du thème annuel de la maison Hermès, Pierre-Alexis Dumas, citant son père, Jean-Louis. Comme pour étayer le propos, c’est aussi à New York, au Metropolitan Museum of Art, que la prochaine grande exposition du Costume Institute se tiendra, au printemps. Son sujet ? Le temps et la pérennité. « About time : fashion and duration » devrait enfoncer un peu plus le clou de notre responsabilité à faire perdurer l’existant.
<https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2020/03/02/la-mode-s-entiche-d-anti-gaspillage-vestimentaire_6031570_4497319.html>
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17- Coronavirus : l’OCDE prévoit une chute de la croissance mondiale à son niveau le plus bas depuis la crise de 2008, Le Monde, 03/03/20, 02h20
Julien Bouissou et Virginie Malingre 

« Les interdépendances dans l’économie mondiale sont désormais bien plus grandes qu’elles ne l’étaient » lors d’épidémies similaires par le passé, souligne l’organisation. 
Le décrochage risque d’être brutal. L’épidémie de coronavirus pourrait faire chuter la croissance mondiale à + 2,4 % en 2020, son niveau le plus bas depuis les crises financières de 2008-2009, contre + 2,9 % en 2019, a averti, lundi 2 mars, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle appelle les pays à coordonner leurs actions et à soutenir l’activité. Si l’épidémie de Covid-19 se propage en Asie-Pacifique, en Europe et aux Etats-Unis, la hausse du produit intérieur brut (PIB) mondial pourrait même tomber jusqu’à + 1,5 % en 2020.
L’OCDE note que « par rapport à la situation qui prévalait lors d’épisodes comparables, comme celui du SRAS [syndrome respiratoire aigu sévère] en 2003, les interdépendances dans l’économie mondiale sont désormais bien plus grandes qu’elles ne l’étaient et la Chine joue aujourd’hui un rôle bien plus important ».
Les mesures de quarantaine ont provoqué dans la deuxième puissance économique mondiale des ruptures de chaînes d’approvisionnement et elles ont freiné la consommation intérieure de biens et de services. L’OCDE table sur une croissance chinoise à + 4,9 % en 2020, contre + 6,1 % en 2019 et elle envisage une récession au premier trimestre. En dépit d’un ralentissement de la progression de l’épidémie dans le pays, la reprise économique est plus lente que prévue.
> Lire aussi  L’épidémie de coronavirus a stoppé net l’économie de la Chine
La publication, samedi 29 février, de l’indice PMI officiel mesurant la production manufacturière en Chine, donne une idée de l’ampleur du choc économique. Il a chuté à 35,7 au mois de février, contre 50 en janvier, bien en deçà des attentes. « En dévoilant des chiffres plus mauvais que prévus, le gouvernement prépare aussi les esprits au plan de relance qui risque d’alourdir la dette », estime Alicia Garcia Herrero, chef économiste de Natixis pour la région Asie-Pacifique.
Risques de ruptures d’approvisionnement
Le risque d’un ralentissement de l’économie mondiale s’est accru avec la propagation de l’épidémie en Asie et en Europe, notamment en Corée du Sud et en Italie où le seuil des 50 morts a été franchi. « L’hypothèse d’un rebond rapide en forme de V s’éloigne, la reprise mondiale sera progressive et ne consolidera pas avant le second semestre 2020 », prédit Hervé Goulletquer, directeur adjoint de la recherche à la Banque postale Asset Management.
L’Europe qui était jusque-là percutée par une baisse de la demande en Chine et fragilisée par des risques de ruptures d’approvisionnement pourrait à son tour voir sa demande chuter si les mesures de confinement et les fermetures d’usine devaient se multiplier. L’OCDE prévoit que la croissance dans la zone euro « demeure en deçà de la normale et avoisine + 1 % par en moyenne sur 2020-2021 ».
« L’Union européenne [UE] est prête à utiliser tous les outils à sa disposition pour protéger la croissance » des effets du Covid-19, a affirmé, lundi, le commissaire à l’économie, l’Italien Paolo Gentiloni. Difficile de ne pas penser à la déclaration du 26 juillet 2012 de son concitoyen Mario Draghi quand il était président de la Banque centrale européenne. Il avait su rassurer, ce jour-là, les marchés en assurant que l’institution monétaire ferait « tout ce qui est nécessaire » pour sauver la zone euro, alors menacée par la crise de la dette souveraine.
> Lire aussi  Les effets du coronavirus font craindre une déroute de l’économie mondiale
Faut-il en déduire que pour Paolo Gentiloni l’heure est aussi grave qu’il y a huit ans, quand la Grèce avait failli emporter dans sa chute l’union monétaire ? « J’espère que nous n’en sommes pas là », a précisé l’ancien premier ministre italien. Tout en jugeant raisonnables les dernières prévisions de l’OCDE, il a expliqué qu’« il est encore trop tôt pour évaluer les conséquences économiques » du coronavirus. Avant de poursuivre : « Cela ne veut pas dire qu’il faille les minimiser. Il est temps d’agir. »
En Europe, « c’est le moment de la solidarité »
Mercredi 4 mars, les ministres des finances de la zone euro tiendront une conférence téléphonique pour analyser la situation, évoquer ce qui est fait au niveau des Etats membres et discuter des mesures d’urgence à prendre. Ils commenceront aussi à préparer l’Eurogroupe du 16 mars, a précisé Paolo Gentiloni qui appelle à une « réponse budgétaire coordonnée » face au ralentissement économique qui s’annonce.
« C’est le moment de la solidarité, de l’action », a insisté Paolo Gentiloni. Les pays qui engageraient des dépenses liées à la lutte contre l’épidémie pourraient ainsi bénéficier des flexibilités offertes par le pacte de stabilité, a indiqué la Commission lundi, qui n’a pas encore reçu de demandes en ce sens.
L’Italie, qui a annoncé un plan de soutien à l’économie de 3,6 milliards d’euros pour faire face aux conséquences du virus, et dont la dette représente 135 % de son PIB, n’a pas caché qu’elle comptait sur cette bienveillance.
> Lire aussi  Le moteur économique de l’Italie fragilisé par le coronavirus
L’OCDE suggère plusieurs mesures ciblées pour venir en aide à ceux qui subissent une perte de revenus causée par l’épidémie, comme les travailleurs placés en congé sans solde qui pourraient bénéficier de l’assurance-chômage. Elle propose aussi d’aider les entreprises à surmonter leurs problèmes de trésorerie en reportant le paiement des impôts ou le remboursement de leurs dettes, et en injectant des liquidités dans le système financier pour éviter les faillites. « On a la chance d’avoir testé ces mesures il y a dix ans pendant la crise financière donc on peut aller plus vite aujourd’hui », insiste Laurence Boone, la chef économiste de l’OCDE. Quand la crise de 2008 est dans tous les esprits…
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/03/coronavirus-l-ocde-prevoit-une-chute-de-la-croissance-mondiale-a-son-niveau-le-plus-bas-depuis-la-crise-de-2008_6031598_3244.html>
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18- Pacte du «pouvoir de vivre» : «L’échelle locale, formidable terrain du pouvoir d’agir», Libération, 05/03/20, 08:53
Amandine Cailhol 

Après avoir formulé leurs premières propositions il y a un an, la CFDT, la Fondation Nicolas Hulot ou encore Emmaüs s'adressent aux maires et aux candidats aux municipales pour les convaincre de «répondre à l’urgence sociale et écologique». Avec l'espoir que les édiles soient plus à l'écoute que l'exécutif.
Elles avaient déjà tenté de convaincre en présentant leur premier pacte du «pouvoir de vivre», en pleine crise des gilets jaunes. En mars dernier, 19 organisations entendaient porter 66 propositions afin de «répondre à l’urgence sociale et écologique de notre pays». Las, leurs recommandations n’avaient pas eu l’accueil attendu, notamment dans les rangs de l’exécutif. Et notamment lors du discours de politique générale du Premier ministre du 12 juin qui avait déçu bon nombre de cosignataires de ce «Pacte», ne le jugeant «pas à la hauteur des enjeux». Près d’un an plus tard, le collectif compte désormais 55 membres qui entendent «peser sur le cours des choses» avec de nouvelles propositions qu’elles présentent ce jeudi, à Paris. Parmi eux, des syndicats, et notamment la CFDT, l’Unsa et la CFTC, et des organisations, fondations ou mutuelles, telles qu’Emmaüs France, la Cimade, ou encore France nature environnement ainsi que la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme. Et un objectif intact : promouvoir une «convergence des enjeux écologiques, sociaux et démocratiques pour qu’elle devienne le cœur de chaque décision publique». Mais la cible, elle, a changé, puisqu’il ne s’agit plus de convaincre les concepteurs des politiques nationales, mais locales. Après un an de «tour de France», le collectif veut donc «faire des élections municipales à venir une étape décisive du changement qui s’impose».
Le constat de départ est amer. «Notre pays connaît une situation de crise aux multiples visages», à la fois sociale, écologique et démocratique, écrivent les cosignataires, qui égratignent au passage «les choix politiques qui ne répondent pas aux profondes difficultés vécues par une part croissante de citoyen.ne.s». Face à ces difficultés, reconnaissent-ils, «les maires ne peuvent pas tout». Mais «une grande partie des solutions à la crise sociale, écologique et démocratique se trouve à l’échelle locale».
«To-do list»
Aux futurs édiles, le «Pacte» veut donc adresser, en amont des élections municipales, dix mesures «indispensables». La première : «Développer les alternatives actives et collectives pour diminuer drastiquement les trajets en voiture individuelle.» Une proposition en forte résonance avec le mouvement des gilets jaunes qui avait fait du prix des carburants et des enjeux climatiques deux sujets centraux. Et pour cause, précise le «Pacte» : «Les Français dépendent de la voiture […] Dans les communes isolées, 77% des gens n’ont pas accès à pied aux transports en commun [et] 30% de l’empreinte carbone des individus est due à la voiture individuelle.» Pour répondre à ces enjeux, les cosignataires invitent donc, modestement, les maires à développer des «plans vélo», le covoiturage ou encore les transports à la demande… Deuxième mesure, dans la «to-do list» des maires : la réduction de l’utilisation des pesticides. Pour cela, il leur est conseillé de mettre en place un «plan agricole communal ou territorial» fixant un objectif de «diviser par deux l’usage des pesticides en 2025». Un cadre qui permet, certes, de mobiliser des fonds publics et privés pour divers projets, mais sans véritable caractère contraignant. En revanche, le Pacte n’évoque pas les arrêtés municipaux anti-pesticides pris par certains édiles.
«Zéro sans-abri dans nos communes»
Pêle-mêle, leur document propose aussi de développer les «cantines bio, locales et socialement responsables» ou encore de «lutter activement contre la précarité énergétique des personnes modestes et mettre en place un plan de rénovation thermique des bâtiments publics» et de «lutter contre l’artificialisation des sols en posant un moratoire sur toute ouverture ou extension de grandes surfaces commerciales ou logistiques dès 2020».
Les enjeux d’accès à la santé sont aussi au programme, avec la mise en place de «centres de santé municipaux, associatifs ou mutualistes». Tout comme ceux de l’accueil des personnes migrantes et réfugiées et du logement. Sur ce dernier point, le «Pacte» reprend une promesse formulée par le candidat à l’élection présidentielle Emmanuel Macron, loin d’être tenue : «Zéro sans-abri dans nos communes.» Les cosignataires proposent de développer des plans «Logement d’abord» afin de «proposer directement et sans conditions un vrai logement pérenne et de droit commun aux personnes à la rue». Sur tous ces chantiers, défi est donc lancé aux maires et conseillères et conseillers municipaux. A eux de faire mieux que le gouvernement.
<https://www.liberation.fr/france/2020/03/05/pacte-du-pouvoir-de-vivre-l-echelle-locale-formidable-terrain-du-pouvoir-d-agir_1780594>
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En audio
19- Les vêtements sportifs éco-responsables de Vincent Defrasne, France Inter, Esprit sportif, 25/02/20, 06h16
Laëtitia Bernard

Comment limiter l'impact environnemental et avoir tout de même des vêtements techniques performants, et esthétiques ? Le champion olympique de biathlon à Turin (en 2006) Vincent Defrasne est en train de résoudre cette équation en créant la marque "Ayaq".
L'histoire aujourd'hui c'est celle d'un champion olympique français de biathlon, mais pas Martin Fourcade... Il s'agit de Vincent Defrasne, médaillé d'or à Turin en 2006. Il lance une marque de vêtements sportifs, des vêtements éco-responsables, destinés aux les amoureux de la montagne en général et du ski et des randonnées en particuliers.
> Chronique (2 min) à réécouter à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/esprit-sport/esprit-sport-25-fevrier-2020 <https://www.franceinter.fr/emissions/esprit-sport/esprit-sport-25-fevrier-2020>>
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En images
20- Lutte contre la pauvreté : des colocations entre actifs et anciens SDF, France 2, journal de 13h, 27/02/20

Dans plusieurs villes, des colocations d'un nouveau genre ont vu le jour. Des personnes actives, insérées dans la société, partagent leur logis avec d'anciens SDF.
Alix, jeune ingénieure de 24 ans, a emménagé il y a trois semaines dans une nouvelle collocation, une maison en commun un peu particulière. Ici, elles sont huit femmes de tous les âges. La particularité de cette coloc, c'est que parmi ces huit locataires, quatre sont d'anciennes SDF, dont Freddie. Il y a quatre ans, elle entend parler de cette maison, grâce à laquelle elle a enfin pu quitter la rue, sa solitude et ses dangers. "J'ai appréhendé, surtout que moi j'ai fait trois mois de rue donc vivre avec sept autres filles... dans ma tête c'était non", raconte-t-elle. Elle dira finalement oui à cette expérience, qui lui fera reprendre confiance en elle-même.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/societe/sdf/lutte-contre-la-pauvrete-des-colocations-entre-actifs-et-anciens-sdf_3843647.html>
Sur le même sujet : 
> Cette asso propose des colocs entre jeunes actifs et anciens SDF, We Demain, 27/02/20
Sofia Colla
L’association Lazare met en place des colocations solidaires entre jeunes actifs et anciens sans-abri. Ceux-ci y retrouvent une famille. Puis souvent un travail et un toit à eux.
> Visite dans une coloc de femmes, à Nantes, en vidéo à voir à :
<https://www.wedemain.fr/Cette-asso-propose-des-colocs-entre-jeunes-actifs-et-anciens-SDF_a4578.html>
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Une annonce
21- Municipales : les 10 mesures écolos et sociales du Pacte du Pouvoir de Vivre, Collectif de 55 organisations, 04/03/20

Le Pacte du Pouvoir de Vivre est l’alliance de 55 organisations, syndicats, fondations, mutuelles réunies depuis le 5 mars 2019. Représentant des millions de personnes, elles portent ensemble la convergence des enjeux écologiques, sociaux et démocratiques pour qu’elle devienne le cœur de chaque décision publique.
A L'occasion des élections municipales, et alors que nombreux sont les candidats qui revendiquent des mesures écologiques et sociales, les 55 organisations posent sur la table 10 mesures incontournables pour un programme cohérent et exigent. Ces 10 propositions forment un ensemble dans lequel les différentes ambitions et solidarités portées par le Pacte du pouvoir de vivre se retrouvent.
Les organisations du Pacte suggèrent qu’elles servent de guide pour tout citoyen souhaitant examiner en quoi les candidats mais aussi, plus tard, les maires et les élus d’opposition, répondent simultanément et avec ambition - ou non - aux urgences sociales, environnementales et démocratiques.
<http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> En savoir plus :
<https://www.pactedupouvoirdevivre.fr/10-propositions-pour-les-municipales-2020/
> Dossier de presse à télécharger à :
<http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp_pactepouvoirdevivre_municipales_sous_embargo-4-03-2020.pdf?utm_source=sendinblue&utm_campaign=Pacte_du_pouvoir_de_vivre__Municipales&utm_medium=email>
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– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
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– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
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– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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