[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international + 1 publication (vendredi 16 octobre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Ven 16 Oct 07:44:46 CEST 2020


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Un maire écolo, ça change quoi ? Voici ce que celui de Tours a fait en 100 jours <https://www.lci.fr/politique/un-maire-ecologiste-ca-change-quoi-voici-ce-que-celui-eelv-de-tours-emmanuel-denis-a-fait-en-100-jours-2166654.html>, LCI, 09/10/20, 07:00 
2- Interview. Pollution, pesticides, hydrogène, avenir de la planète... Les réponses de Nicolas Hulot aux lycéens de Saint-Malo <https://actu.fr/bretagne/saint-malo_35288/pollution-pesticides-hydrogene-avenir-de-la-planete-ce-qu-a-repondu-nicolas-hulot-aux-lyceens-de-saint-malo_36676646.html>, Actu Bretagne, 09/10/20, 10:27 
3- Civic tech : Taïwan, laboratoire de délibération citoyenne <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/09/civic-tech-taiwan-laboratoire-de-deliberation-citoyenne_6055478_3234.html>, Le Monde, 09/10/20, 22h19
4- Grenoble, nouvelle capitale verte européenne <https://www.journaldelenvironnement.net/article/grenoble-nouvelle-capitale-verte-europeenne,110188>, Le JDLE, 09/10/20
5- Tribune. « Une ville intelligente et démocratique donne forcément une place centrale à la formation » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/10/une-ville-intelligente-democratique-donne-forcement-une-place-centrale-a-la-formation_6055549_3234.html>, Le Monde, 10/10/20, 12h27 
6- Entretien. « Les personnes éco-anxieuses sont lucides dans un monde qui ne l’est pas » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/10/les-personnes-eco-anxieuses-sont-lucides-dans-un-monde-qui-ne-l-est-pas_6055577_3244.html>, Le Monde, 10/10/20, 18h00
7- Transition écologique : 40 maires de grandes villes demandent l’appui de l’Union européenne <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/11/transition-ecologique-40-maires-de-grandes-villes-demandent-l-appui-de-l-union-europeenne_6055590_3244.html>, Le Monde avec AFP, 11/10/20, 08h03
8- En Savoie, leçon de citoyenneté pour les auteurs d'infractions environnementales <https://information.tv5monde.com/info/en-savoie-lecon-de-citoyennete-pour-les-auteurs-d-infractions-environnementales-378878>, AFP, 11/10/20, 13:00
9- Entretien. Communication environnementale : quels freins et quels leviers pour sensibiliser efficacement… et mobiliser (enfin) pour la planète ? <https://brandnewsblog.com/2020/10/11/communicationenvironnementale/>, Brand News Blog, 11/10/20
10- L'Arctique, une région stratégique convoitée <https://information.tv5monde.com/info/l-arctique-une-region-strategique-convoitee-379049>, AFP, 12/10/20, 15:00
11- Entretien. Mariana Mazzucato : « Les Etats doivent retrouver une vision, un objectif de bien commun » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/13/mariana-mazzucato-les-etats-doivent-retrouver-une-vision-un-objectif-de-bien-commun_6055774_3232.html>, Le Monde, 13/10/20, 00h58
12- A l’assemblée, les députés évitent de statuer sur les conditions d’élevage condamnées par les Français <https://www.sciencesetavenir.fr/politique/a-l-assemblee-les-deputes-evitent-de-statuer-sur-les-conditions-d-elevage-condamnees-par-les-francais_148315>, Sciences & Avenir, 13/10/20, 15h34
13- Le plan de relance n’aura qu’un effet limité sur la croissance en 2021, estime l’OFCE <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/14/le-plan-de-relance-n-aura-qu-un-effet-limite-sur-la-croissance-en-2021-estime-l-ofce_6055945_3234.html>, Le Monde, 14/10/20, 09h00
14- Apple réduit sa consommation de terres rares et son impact sur l'environnement <https://information.tv5monde.com/info/apple-reduit-sa-consommation-de-terres-rares-et-son-impact-sur-l-environnement-379312>, AFP, 14/10/20, 12:00
15- La Commission européenne présente un ambitieux projet de refonte de la réglementation sur les produits chimiques <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/14/la-commission-europeenne-presente-un-ambitieux-projet-de-refonte-de-la-reglementation-sur-les-produits-chimiques_6056035_3244.html>, Le Monde, 14/10/20, 19h27
16- Première action du collectif la Ronce contre les lobbies du sucre <https://reporterre.net/Premiere-action-du-collectif-la-Ronce-contre-les-lobbies-du-sucre>, Reporterre, 14/10/20
17- Bruxelles élargit partiellement l’accès des ONG à la justice environnementale <https://www.journaldelenvironnement.net/article/bruxelles-elargit-partiellement-l-acces-des-ong-a-la-justice-environnementale,110363?xtor=RSS-31>, Le JDLE, 15/10/20, 17h11
Une publication
18- Livre. « Le pire n’est pas certain », de Catherine et Raphaël Larrère : pourquoi il faut laisser tomber l’« effondrisme » <https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/10/15/le-pire-n-est-pas-certain-de-catherine-et-raphael-larrere-pourquoi-il-faut-laisser-tomber-l-effondrisme_6056124_3260.html>, Le Monde, 15/10/20, 11h30

Bien à vous,
Florence

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CITATIONS DU JOUR : — "Je vois l’éco-anxiété comme une nouvelle forme d’humanisme, plus inclusive et moins anthropocentrée. C’est une invitation à repenser notre rapport à la nature, au monde, notre manière d’apprendre et d’enseigner." Dr Alice Desbiolles, médecin spécialisée en santé environnementale (cf. item 6)
— "Nous demeurons plus que jamais spectateurs de l’emballement d’un train fou, dont nous nous résignons à n’être que les passagers." Hervé Monier à propos du dernier ouvrage de Thierry Libaert « Des vents porteurs », comment mobiliser (enfin) pour la planète (cf. item 9)
EXPÉRIMENTATION DU JOUR : L’île de Taïwan expérimente des plates-formes de délibération citoyenne et de coélaboration des lois. (cf. item 3)
LABEL DU JOUR : Après Lisbonne (Portugal) en 2020 et Lahti (Finlande) en 2021, Grenoble sera la prochaine capitale verte de l’Union européenne en 2022. (cf. item 4)
NÉCESSITÉ DU JOUR : Beaucoup de citadins restent exclus du déploiement de la « ville intelligente », faute d’une sensibilisation aux enjeux du numérique. C’est pourtant là une nécessité républicaine. (cf. item 5)
APPEL DU JOUR : Une quarantaine de maires de grandes villes et présidents de communautés d’agglomération de droite comme de gauche appellent l’Union européenne à soutenir leurs efforts vers la transition écologique. (cf. item 7)
INITIATIVE DU JOUR : En Savoie, le parquet de Chambéry a lancé il y a un an, des stages de citoyenneté environnementale pour les auteurs d'infractions commises dans des milieux naturels. (cf. item 8)
CONVOITISE DU JOUR : Territoire aux conditions extrêmes, l'Arctique est convoité pour ses ressources naturelles mais menacé par le réchauffement climatique. (cf. item 10)
ANALYSE DU JOUR : Alors que la planète traverse l’une des plus importantes récessions de son histoire, l’économiste Mariana Mazzucato considère que les grands plans de relance actuels sont une opportunité, à condition de bien les encadrer et de faire attention au gaspillage, contrairement aux plans d’aide de 2008. (cf. item 11)
SORT DU JOUR : Le proposition de loi portant sur la fin de l’élevage en cages a été retoquée en commission et pas même soumise au vote lors de la séance de l’Assemblée nationale du 8 octobre 2020. (cf. item 12)
ANNONCE DU JOUR : Apple, qui entend réduire à "zéro" son impact sur le climat d'ici 2030, a annoncé que les nouveaux iPhone sont produits à partir de terres rares recyclées, une nouvelle qui a des implications environnementales mais aussi géopolitiques. (cf. item 14)
AMBITIONS DU JOUR : — Dans son ambitieux projet de refonte de la réglementation sur les produits chimiques, la Commission européenne a pour objectif d’accélérer l’exclusion des substances de synthèse dangereuses des produits de consommation courante. (cf. item 15 & suite)
— La Commission européenne a présenté sa proposition législative visant à améliorer le contrôle du public sur les décisions de l’UE affectant l’environnement. (cf. item 17)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://letempsestvenu.org/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 120 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Un maire écolo, ça change quoi ? Voici ce que celui de Tours a fait en 100 jours, LCI, 09/10/20, 07:00 
A.R

Premier bilan - Voilà cent jours qu'Emmanuel Denis est devenu maire écologiste de Tours. Pistes cyclables, réfection des écoles, mise en place d'un potager pour les cantines scolaires ou encore baisse de l'indemnité de maire... Le programme a été mis en route au pas de charge. 
Après l'euphorie de la victoire, les Verts élus à la tête de grandes villes lors des élections municipales se frottent désormais à l'épreuve du pouvoir. A Tours, le nouveau maire écolo, Emmanuel Denis, a mis en place son programme au pas de course. Depuis son accession à la mairie, il a multiplié les décisions, qui ne font pas toujours la joie des 130.000 habitants de la ville.
>> Suite à lire à :
<https://www.lci.fr/politique/un-maire-ecologiste-ca-change-quoi-voici-ce-que-celui-eelv-de-tours-emmanuel-denis-a-fait-en-100-jours-2166654.html>
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2- Interview. Pollution, pesticides, hydrogène, avenir de la planète... Les réponses de Nicolas Hulot aux lycéens de Saint-Malo, Actu Bretagne, 09/10/20, 10:27 
Rédaction de Saint-Malo

L'ancien ministre de l'Ecologie Nicolas Hulot a balayé l'actualité en répondant aux questions des lycéens de l'Institution de Saint-Malo. Morceaux choisis de cet échange.
L’ancien ministre de la transition écologique Nicolas Hulot est venu à la rencontre des lycéens de l’Institution à Saint-Malo le lundi 5 octobre 2020, dans le cadre de la Semaine de la science.
Les élèves délégués, éco-délégués et les membres de la junior association HumanISM étaient conviés à cette rencontre de deux heures.
Deux heures durant lesquelles les questions n’ont pas manqué. Florilège :
Les lycéens de l’Institution : Vous dites que vous n’êtes pas né écologiste. Comment l’êtes-vous devenu ?
Nicolas Hulot : « Lorsque j’étais jeune, pour moi la nature, c’était abstrait. J’étais dans une forme d’insouciance parce que je pensais que la Planète était un organisme invulnérable. En tournant mes documentaires, j’ai visité la Planète et je me suis rendu compte qu’on sciait la branche sur laquelle nous sommes assis. Petit à petit, j’ai vu la beauté de la nature, mais aussi sa vulnérabilité car elle fondait sous mes yeux. Les changements climatiques déplacent 3 fois plus de personnes que les conflits. La crise écologique tue déjà, et nous faisons face à des événements météorologiques graves qui deviennent plus fréquents et brutaux. C’est pour ça que je me suis engagé. Mon combat est humaniste car ce qui m’inquiète c’est ce qui va vous arriver à l’avenir.
Comment devenir écocitoyen au quotidien ?
NH : « Cela passe par des questionnements personnels pour devenir des consom’acteurs : est-ce que je dois changer mon téléphone si j’ai cassé l’écran alors que je peux le faire réparer ? Plutôt que de m’acheter les derniers vêtements à la mode, pourquoi ne pas acheter des vêtements recyclés ? Pour vous aider, vous pouvez consulter le site internet de la Fondation Nicolas Hulot dans lequel je donne des conseils ».
>> Suite à lire à :
<https://actu.fr/bretagne/saint-malo_35288/pollution-pesticides-hydrogene-avenir-de-la-planete-ce-qu-a-repondu-nicolas-hulot-aux-lyceens-de-saint-malo_36676646.html>
Sur le même sujet :
> Saint-Malo. Nicolas Hulot aux jeunes : « Engagez-vous ! » <https://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-malo-35400/saint-malo-nicolas-hulot-aux-jeunes-engagez-vous-7002047>, Ouest-France, 05/10/20, 19h01
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3- Civic tech : Taïwan, laboratoire de délibération citoyenne, Le Monde, 09/10/20, 22h19
Cécile Peltier

L’île expérimente, sous l’impulsion notamment de sa jeune ministre du numérique, Audrey Tang, des plates-formes de délibération citoyenne et de coélaboration des lois. Elle est aussi une des invitées d’honneur de MTL Connecte cette année, dont « Le Monde » est partenaire. 
Le parcours hors norme d’Audrey Tang avait défrayé la chronique en octobre 2016. A tout juste 35 ans, la jeune femme transgenre venait d’être nommée ministre de l’économie numérique de Taïwan. Programmeuse à 8 ans, entrepreneuse à 14 et consultante à 17, cette développeuse surdouée a longtemps œuvré dans la Silicon Valley. Avant de s’illustrer pendant le « mouvement des tournesols », en 2014. En tant que hackeuse citoyenne, membre de la communauté gOv (prononcer « gov-zéro »), elle apporte un soutien technologique à la jeunesse qui occupe le Parlement, pour protester contre la ratification d’un accord commercial avec la Chine sans consultation citoyenne préalable.
Au printemps 2020, son visage souriant, encadré de fines lunettes, a de nouveau fait le tour des médias. Cette fois, pour saluer l’efficacité de la réponse technologique de l’île au coronavirus – 500 malades et 7 décès pour près de 24 millions d’habitants. Très rapidement, en effet, Taïwan, avec la contribution des citoyens, a mis en place des outils permettant de visualiser en ligne, quasiment en temps réel, les stocks de masques disponibles et l’approvisionnement des pharmacies, de tracer les malades grâce aux données de leur téléphone portable ou des campagnes humoristiques contre les « fake news »…
> Lire aussi  Coronavirus : Taïwan s’émeut de voir son « modèle » de gestion ignoré par l’OMS
Cette « réussite », Audrey Tang l’interprète comme le fruit de la « confiance »tissée entre les pouvoirs publics et les citoyens grâce à une batterie d’outils open source (en accès libre) dont Taiwan s’est fait une spécialité (1er au Global Open data Index 2016-2017), s’appuyant sur un principe de « transparence radicale ». « Nous nous assurons que [les citoyens] ne comprennent pas seulement la décision politique, mais aussi les raisons qui y ont mené et la manière dont elle a été abordée, ce qui nous permet, lorsqu’une innovation émerge de la société civile, d’être en mesure de l’adopter et de l’amplifier, au lieu d’imposer des décisions par le haut », confie la ministre.
La démocratie délibérative, une aspiration ancienne
Ces expérimentations sont indissociables de l’histoire récente et du contexte géopolitique si particulier de Taïwan. Après des années de loi martiale, abolie en 1987, la démocratisation des années 1990 et le bouillonnement technologique ont contribué à l’émergence de cette « démocratie numérique ». Elle emprunte à la fois à la culture d’autogouvernement des pionniers de l’Internet, et à la notion de « démocratie délibérative », apparue dans le monde universitaire anglo-saxon dans les années 1980.
« A la différence de la notion de démocratie participative, davantage utilisée en France et qui insiste sur l’extension du pouvoir aux citoyens, la délibération porte sur le contenu du combat démocratique », décode Loïc Blondiaux, professeur de science politique à la Sorbonne :
« Elle désigne un idéal fondé sur l’importance d’un échange préalable à la décision politique avec l’ensemble des personnes concernées et pas seulement avec des experts, des élus ou des groupes d’intérêt. »
> Lire aussi  A Taïwan, la candidate indépendantiste portée par la jeunesse contestataire
A Taïwan, l’aspiration à la démocratie délibérative – dont les premières expérimentations remontent aux années 2000 – culmine en 2014, avec le « mouvement des tournesols », dominé par les hackers citoyens de gOv, et la figure d’Audrey Tang. Avec ses amis programmeurs, elle transforme le Parlement, occupé par la jeunesse, en véritable Truman show. Cinq caméras installées à l’intérieur de la salle retransmettent en direct sur un écran installé sur la façade du monument les discussions des occupants, qui seront ensuite stockées et commentées sur un site Internet. « Ils mettent ainsi à la disposition des manifestants des outils qui facilitent la transparence, la libération de la parole et la délibération des citoyens », écrit Emilie Frenkiel, maîtresse de conférences en science politique à l’université Paris-Est Créteil.
« vTaïwan » : une expérience de coélaboration des lois
Une nouvelle génération de décideurs politiques comprend l’intérêt de coopérer avec les héritiers des « tournesols ». « Pour la toute jeune démocratie taïwanaise, l’adhésion au principe du gouvernement ouvert est un moyen d’ancrer ses institutions, et de s’imposer sur la scène mondiale comme un champion de la démocratie face à la dictature chinoise », analyse Clément Mabi, maître de conférences à l’Université de technologie de Compiègne (UTC).
Cette coopération se concrétise en 2014, à l’occasion d’un hackathon, par la création de vTaïwan (pour « virtual Taiwan ») : une plate-forme de délibération citoyenne et de coélaboration des lois. Elle sera gérée par la communauté de hackers, en lien avec l’exécutif. En échange, Jaclyn Tsai, la ministre du numérique sans portefeuille, s’engage alors à mettre à disposition les informations nécessaires et à écouter les propositions des citoyens.
« vTaïwan allie une dimension participative permettant d’impliquer et de sensibiliser un maximum de personnes dans une première étape de la discussion, et une dimension délibérative », explique Loïc Blondiaux. La plate-forme leur permet d’adresser au gouvernement en ligne des propositions sur les questions qui touchent au numérique et aux nouvelles technologies. Un moyen de donner la parole aux membres de catégories émergentes (télétravailleurs, start-uppers, etc.), qui ne disposent pas de représentants officiels. Ces dernières sont ensuite discutées lors d’un hackathon hebdomadaire.
Toute proposition sélectionnée fait l’objet d’une consultation citoyenne publique via la page Facebook de vTaïwan. L’outil de consultation, Pol-is, a été conçu pour favoriser la délibération et la recherche du « consensus approximatif ». Le concept, inspiré des pionniers d’Internet, pourrait se résumer ainsi : « Quand plus personne n’exprime d’opposition, cela équivaut à un accord. » Un mode de gouvernance propice à l’innovation.
Pour engager la discussion sur une proposition, l’internaute peut indiquer son accord, son désaccord ou passer son tour. En revanche, il a pour interdiction de commenter l’avis des autres. Un moyen d’éviter les polémiques agressives, caractéristiques des discussions en ligne et d’orienter la discussion vers des bases de dialogue communes. Une partie des contributeurs du débat en ligne vont être invités à poursuivre les discussions dans le cadre d’une série de réunions publiques réunissant les différentes parties prenantes (gouvernement, fonctionnaires, chercheurs, ONG, etc.) et retransmises à la télévision ou sur les réseaux sociaux.
« Ancrer ses institutions »
Six ans après sa création, il s’est imposé comme un outil central dans la vie publique taïwanaise. Il a permis, à son niveau, « d’élargir la consultation par rapport à des réseaux sociaux classiques. Et par rapport aux expériences de démocratie participative, qui versent souvent dans la cooptation et finissent par avaliser des décisions plutôt que les trancher, vTaïwan constitue une expérience vraiment intéressante de délibération en ligne, multimédia et multimodale », estime Emilie Frenkiel.
Selon Audrey Tang, « sa plus grande réussite [est] d’avoir pu institutionnaliser cette participation des diverses parties prenantes dès le début de la consultation ». Ce qui lui a permis de régler des conflits importants sur des sujets épineux tels que la vente d’alcool en ligne ou la régulation d’Uber. « Nous sommes parvenus à un consensus approximatif concernant l’assurance, l’enregistrement et une fiscalité juste. Aujourd’hui, Uber possède sa flotte de taxis à Taïwan et les compagnies existantes ont pu profiter des innovations [que l’entreprise] a apportées en matière de majorations ou de prix évolutifs », se félicite la ministre.
Il n’est pas exempt de limites. La première concerne la participation. Malgré les tentatives de vTaïwan pour élargir le débat, le nombre de contributions dépasse rarement quelques milliers, voire quelques centaines, et demeure avant tout l’apanage d’un public averti. La seconde porte sur son impact. « Un peu moins d’une quarantaine de dossiers ont été débattus et relativement peu ont eu une traduction législative ou ont donné naissance à une réglementation », note Fiorella Bourgeois, doctorante en sociologie à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).
Si le gouvernement garde évidemment la main sur la décision finale, il n’est pas non plus tenu légalement de répondre aux propositions formulées via vTaïwan. Un projet de loi, en cours d’examen au Parlement, pourrait l’y obliger et systématiser le recours aux plates-formes de consultation.
« Join » : 12 millions de visiteurs uniques
Mais après la phase expérimentale de vTaïwan, Audrey Tang mise désormais beaucoup sur le déploiement d’un second dispositif de participation citoyenne : « Join ». Cet ensemble d’outils, piloté par le gouvernement avec l’aide d’une centaine de fonctionnaires pour s’y consacrer, semble prometteur. A son actif : déjà 12 millions de visiteurs uniques, soit près de la moitié des habitants de l’île.
A vocation consultative, il permet de commenter les textes administratifs, de surveiller le budget de l’Etat et surtout d’adresser des requêtes en ligne au gouvernement. Contrairement à vTaïwan, les requêtes portent sur tous les sujets – l’environnement, les questions LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), l’éducation, par exemple, reviennent régulièrement – à condition d’avoir une portée nationale. Ainsi, « les requêtes d’ordre constitutionnel, local ou géopolitique, comme l’épineuse question des frontières ou de la relation avec la Chine, sont en revanche écartées », note Fiorella Bourgeois.
> Lire aussi  « Une expérience pionnière de démocratie numérique » à Taïwan
Les requêtes qui passent la barre de l’évaluation (41 % environ) ont ensuite soixante jours pour atteindre 5 000 signatures, qui leur permettront d’obtenir une réponse de l’administration. Deux cent treize requêtes sur les 9 220 déposées mi-septembre avaient franchi ce seuil. Un chiffre faible en apparence, à relativiser au regard des scores enregistrés par les quelques systèmes nationaux de pétitions en ligne anglais ou américains, qui se rapprochent le plus de « Join ».
Une lycéenne fait interdire la vaisselle en plastique
Mais la grande force de « Join », c’est tout le minutieux « travail d’enquête mené par l’équipe de fonctionnaires de la participation pour instruire, documenter la requête en l’enracinant dans la loi », insiste Fiorella Bourgeois. Et d’organiser, comme dans le cadre de vTaïwan, une série de réunions délibératives avec l’ensemble des « parties prenantes ». Objectif : parvenir à une proposition concrète d’amendement, transmise ensuite au gouvernement.
Une part non négligeable de ces requêtes formulées par des citoyens – notamment très jeunes – a débouché sur des traductions concrètes. Comme celle de cette lycéenne qui est récemment parvenue à faire interdire la vente de vaisselle en plastique.
> Lire aussi  Comment le numérique change la politique
Malgré sa dimension strictement consultative, et le fait qu’il reste largement influencé par l’agenda gouvernemental – « quand une requête est choisie, c’est qu’en général, le gouvernement est d’accord pour changer la loi », remarque Fiorella Bourgeois –, « Join » a déjà permis d’instaurer un vrai dialogue entre l’administration et les citoyens.
Selon Audrey Tang, ces débats sont aussi un catalyseur de changement. Les innovateurs sociaux peuvent s’en inspirer pour rénover le système de l’intérieur sans attendre le blanc-seing du gouvernement. Les pouvoirs publics interviennent alors comme facilitateurs. Une contribution qui pourrait faire des émules.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/09/civic-tech-taiwan-laboratoire-de-deliberation-citoyenne_6055478_3234.html>
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4- Grenoble, nouvelle capitale verte européenne, Le JDLE, 09/10/20
Stéphanie Senet

Après Lisbonne (Portugal) en 2020 et Lahti (Finlande) en 2021, Grenoble sera la prochaine capitale verte de l’Union européenne en 2022.
La capitale de l’Isère est la deuxième ville française, après Nantes en 2013, à emporter le label écolo décerné par la Commission européenne. Elle faisait partie des finalistes aux côtés de Dijon, Tallinn (Estonie) et Turin (Italie).
«Les lauréats et les finalistes ont prouvé leur résilience et ont montré que même dans les circonstances les plus difficiles, comme celles de cette année, des changements rapides sont possibles», a déclaré le commissaire à l’environnement Virginijus Sinkevicius.
Un quart d’émissions en moins
Grenoble, qui empoche à cette occasion 350.000 euros, a reçu les félicitations du jury au regard de 12 critères dont la qualité de l’eau et de l’air, la prévention et la gestion des déchets, la performance énergétique et la politique climatique. Elle est la première ville française à avoir finalisé son Plan Climat dès 2005 et a réussi à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 25% entre 2005 et 2016. Elle vise désormais les 50% d’ici à 2030.
La capitale de l’Isère a aussi réduit sa pollution sonore par la désignation de zones calmes, la réduction de la vitesse en ville et la promotion du vélo. 300 kilomètres de pistes ont été aménagés.
Conventions citoyennes
«Cette énergie va se poursuivre dès demain, avec la création d’une convention citoyenne pour le climat grenobloise associant comité scientifique, monde universitaire, économique, culturel, sportif et expertise citoyenne. D’ici la biennale des villes en transition, qui se tiendra en avril 2021, notre territoire expérimentera plusieurs formes de convention citoyenne, des plus locales aux plus transversales», a déclaré son maire Eric Piolle (EELV).
<https://www.journaldelenvironnement.net/article/grenoble-nouvelle-capitale-verte-europeenne,110188>
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5- Tribune. « Une ville intelligente et démocratique donne forcément une place centrale à la formation », Le Monde, 10/10/20, 12h27 
Par Hervé Rivano, professeur des universités en informatique à l’Insa Lyon

Beaucoup de citadins restent exclus du déploiement de la « ville intelligente », faute d’une sensibilisation aux enjeux du numérique. Une nécessité républicaine pourtant, estime Hervé Rivano dans cet épisode de l’Abécédaire de la ville, à la lettre « A », comme ville « apprenante ».
Tribune. Bien souvent, les débats autour des technologies numériques se noient dans des considérations techniques et noient les citoyens avec. Les polémiques récentes autour de l’application StopCovid ou de l’installation d’antennes 5G en sont de parfaits exemples. La multiplication des interventions mêlant conclusions hâtives et erreurs manifestes entretient la confusion quant aux enjeux politiques et sociaux dont ces dispositifs sont porteurs. Les discussions sur la « ville intelligente », laquelle s’appuie étroitement sur ce type de technologies numériques, courent le même risque.
La « ville intelligente » elle-même est un objet politique, social et technique mal défini. D’un point de vue pratique, elle utilise les technologies numériques – capteurs, applications mobiles, optimisation ou intelligence artificielle – pour transformer en profondeur le fonctionnement technique et administratif de la ville. L’objectif ? Mettre en réseau l’ensemble des services et des infrastructures, traditionnellement organisés en silos, pour faciliter le travail entre les différentes fonctions urbaines.
Si on s’en tient à la technique, il s’agit bien sûr de former les ingénieurs, cadres et techniciens amenés à développer et opérer ces technologies, mais rien ne s’impose concernant les usagers. D’un point de vue politique, il semble indispensable, si l’on veut que ces projets soient déployés de manière démocratique, que les citoyens disposent des connaissances adéquates, ne serait-ce que pour en cerner les implications sociétales.
La naissance de la « ville apprenante »
Le concept de « ville apprenante », apparu au cours des années 1980 dans le champ de la recherche en innovation et en réponse aux bouleversements économiques induits par la désindustrialisation puis par la montée en puissance du numérique, semble particulièrement stimulant pour orienter la réflexion. L’idée générale est d’identifier et de développer des pratiques d’apprentissage susceptibles d’être mises en œuvre par les municipalités afin de favoriser la montée en compétences des habitants, et ce tout au long de la vie. Ce projet s’est traduit par la création d’une grande variété de structures d’apprentissage informel, conçues pour accueillir des publics souhaitant se familiariser avec les nouvelles technologies.
> Lire aussi  « L’usager modèle de StopCovid n’est pas un être social, encore moins un citoyen »
Certaines procèdent d’une démarche institutionnelle, notamment des collectivités territoriales ou des instances universitaires, lesquelles s’appuient souvent sur des structures d’éducation populaire, sur des maisons des jeunes et de la culture (MJC) ou sur des centres sociaux pour accueillir fab lab et cycles de formation. On recense aussi des projets spontanés, menés par des associations issues de l’action sociale et destinés à accompagner les publics les plus en difficulté face au numérique. Enfin, certains acteurs privés, comme les magasins de réparation de téléphone, contribuent à cette formation de manière informelle.
Ces actions de formation s’articulent principalement autour de trois grandes préoccupations : la montée en compétences numériques, la capacité à débattre des enjeux politiques induits par les technologies, et enfin la faculté d’adaptation aux évolutions rapides, aux usages et aux nouvelles questions sociales, environnementales ou morales qui ne manqueront pas d’émerger avec ces nouvelles technologies.
Le citoyen, grand oublié de « la ville intelligente » technocentrée
Cette vision s’oppose à celle de la ville intelligente originelle, qui ne mesurait pas le bouleversement créé par l’irruption des technologies numériques dans le fonctionnement politique et social de la ville.
L’exemple des démarches administratives, qui se passent désormais presque toutes en ligne, en est une bonne illustration. L’aspect positif, c’est pour le citoyen une meilleure connaissance et un accès facilité à ses droits (si les choses sont bien faites), une simplification des parcours administratifs ; et pour l’administration une vision globale de la situation de chaque usager, afin d’éviter les injustices et les blocages. Le revers de la médaille, c’est l’exclusion d’une partie de la population, mal à l’aise avec les outils numériques, ce qui est contraire au principe républicain.
> Lire aussi  Ursula Eicker : « Il n’existe pas encore de villes intelligentes »
Un accompagnement indispensable face à l’illectronisme
Au-delà des inégalités économiques, lesquelles peuvent empêcher l’accès à un ordinateur ou à un smartphone, c’est la capacité à s’emparer de tels outils qui est également très variable parmi les foyers équipés. L’illectronisme (néologisme issu de la contraction « d’illettrisme » et « d’électronique » indiquant l’incapacité à interagir avec un système numérique) est le phénomène le plus handicapant socialement au sein de la ville intelligente, et il nécessite un accompagnement spécifique.
Plus largement, beaucoup de citoyens doivent encore apprendre à interagir avec une interface logicielle (par exemple celle d’un service social dématérialisé), ou encore à développer leur compréhension des informations numériques fournies par un capteur. C’est le pendant urbain du concept de « digital literacy »(« littératie numérique ») proposé par Paul Gilster (Digital Literacy, John Wiley & Sons, 1997), et que l’idée de « culture numérique » ou d’« habileté numérique » ne traduit pas complètement en français. Un citadin mal à l’aise avec ces outils risque de facto d’être exclu de la ville intelligente.
Participer au débat démocratique sur la ville intelligente demande en outre de percevoir les enjeux démocratiques, éthiques ou environnementaux qui découlent de l’usage des technologies. Et de pouvoir juger si ses propres valeurs morales, philosophiques ou politiques sont en phase avec les projets de villes intelligentes. Pour caricaturer, savoir différencier un projet de ville intelligente « de gauche » d’un projet « de droite ».
> Lire aussi  Une « ville intelligente » doit contenir les inégalités « dans des limites raisonnables »
Pour cela, il est bien moins nécessaire de faire état de connaissances techniques que d’une culture générale renouvelée et adaptée à ces nouvelles questions. Peu importe, en effet, le fonctionnement algorithmique d’un système de reconnaissance faciale. L’enjeu du débat relève d’un choix entre liberté individuelle et sécurité. Il est en revanche important de savoir que ces systèmes sont loin d’être infaillibles et qu’ils se trompent en suivant des biais ethniques. De la même manière, il n’est pas nécessaire de comprendre le fonctionnement d’un éclairage « intelligent » pour s’interroger sur la pertinence d’une telle installation. Mais il n’est pas inutile d’appréhender le coût environnemental de sa production pour le comparer aux gains en électricité envisagés.
Une culture du numérique pour exercer sa citoyenneté
Acquérir cette culture doit permettre à chacun non pas d’arbitrer sur des aspects techniques, mais d’évaluer la pertinence des politiques urbaines au regard de ses valeurs, voire de participer à leur élaboration. C’est d’une éducation émancipatrice dont il est question, dans un domaine propice aux fantasmes et où la tentation est grande, dans tous les camps, de cacher derrière une apparente technicité des choix politiques difficiles à assumer.
Cette formation doit démarrer à l’école. La création en France du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (CAPES) « Numérique et sciences informatiques » va dans le bon sens. Dans un monde en perpétuelle évolution, les plus jeunes doivent être capables de se repérer dans un flux d’informations et de technologies.
C’est comme cela qu’a été pensé le kit pédagogique « Ça va chauffer ! », élaboré avec l’association Fréquence écoles à l’attention des élèves de primaire. Ce kit se fonde sur des données de capteurs de température extérieure déployés dans des écoles de Villeurbanne (Rhône). La technologie de ces capteurs n’a aucune importance en elle-même : elle sera dépassée avant que les enfants n’arrivent au collège.
En revanche, elle permet de les initier à la lecture des données, de leur apprendre à relativiser ces dernières à travers une représentation tangible (par exemple en Lego) et qui permette de les comparer facilement entre elles. Les enfants parviennent ensuite à interpréter ces données, jusqu’à toucher du doigt le phénomène mesuré, fût-il aussi complexe que celui des îlots de chaleur urbains ou du rôle de la végétation en ville. Une compétence qui, elle, leur sera utile quels que soient la technologie et le sujet auxquels ils seront confrontés.
On comprend, à la lumière de ces exemples, qu’une ville apprenante ne peut pas procéder uniquement d’une volonté institutionnelle et descendante. Elle nécessite la mobilisation des acteurs de l’économie sociale et solidaire et du secteur privé autant que celle des pouvoirs publics, le tout de manière coordonnée. Un chantier essentiel, alors que l’accélération des évolutions technologiques éprouve régulièrement les principes républicains.
> Lire aussi  Clermont-Ferrand devient la première « ville apprenante » de l’Unesco en France
§ Hervé Rivano est professeur des universités en informatique à l’Institut national des sciences appliquées (Insa) de Lyon. Il dirige l’équipe projet Inria sur les algorithmes et l’optimisation des réseaux autonomes (Agora) et fait partie de l’Ecole Urbaine de Lyon. Ses travaux portent sur la conception, l’optimisation et l’usage des réseaux radios pour la ville intelligente, apprenante ou prédictive.
§ Cet article s’inscrit dans le cadre de L’Abécédaire de la ville du MondeCities, avec l’Ecole urbaine de Lyon. Sa coordination scientifique est assurée par Lucas Tiphine.
§ Ce texte est paru dans la newsletter Cities du Monde. Vous pouvez vous inscrire à cette lettre hebdomadaire en suivant ce lien <https://www.lemonde.fr/newsletters/cities/>.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/10/une-ville-intelligente-democratique-donne-forcement-une-place-centrale-a-la-formation_6055549_3234.html>
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6- Entretien. « Les personnes éco-anxieuses sont lucides dans un monde qui ne l’est pas », Le Monde, 10/10/20, 18h00
Propos recueillis par Maëlle Benisty 

Selon le Dr Alice Desbiolles, médecin spécialisée en santé environnementale, le contexte sanitaire actuel nous rappelle la nécessité urgente à se préparer aux changements environnementaux à venir. 
La pandémie de Covid-19 a surgi alors que les nouvelles inquiétantes sur l’état de notre planète s’accumulent. De plus en plus de personnes ressentent une forme d’angoisse liée à ces événements, l’éco-anxiété. Autrice de L’Eco-anxiété. Vivre sereinement dans un monde abîmé (Fayard, septembre 2020), Alice Desbiolles est épidémiologiste et médecin de santé publique spécialisée en santé environnementale. Loin de pathologiser ce mal-être, elle invite à le dépasser par l’action et à tirer les leçons de la crise sanitaire.
Peut-on considérer l’éco-anxiété comme une réponse normale aux bouleversements de notre écosystème ?
Tout d’abord, il faut comprendre que l’éco-anxiété est une sensibilité au monde, un rapport à celui-ci qui est très rationnel. Cette angoisse prospective, qui anticipe l’effondrement du monde et la disparition de la nature telle qu’on l’a connue, s’appuie sur une forme de véracité scientifique. Les éco-anxieux sont souvent très documentés et d’ailleurs, l’élément déclencheur de leurs angoisses est principalement une information ou une actualité sur le changement climatique. De là va s’amorcer un questionnement, une forme de prise de conscience qui va conduire ces personnes à identifier de plus en plus de problèmes et leur interconnexion. On passe alors d’une éco-anxiété simple à une forme plus complexe. L’étape finale de cette pensée en réseaux est de réaliser que les solutions à mettre en œuvre pour contrer ces événements sont très complexes, du fait de cette imbrication des problèmes.
> Lire aussi  Eco-anxiété, dépression verte ou « solastalgie » : les Français gagnés par l’angoisse climatique
Il est important de ne pas pathologiser ces émotions. Les personnes éco-anxieuses sont courageuses, elles sont lucides dans un monde qui ne l’est pas. Ne pas l’être est une manière de ne pas affronter la réalité. En cela, on ne peut pas dire que l’on ait affaire à une maladie mentale. Devenir éco-anxieux, c’est plutôt entamer une quête identitaire, bouleverser sa vision de soi, son rapport à soi-même et aux autres, au monde.
Si tout le monde est concerné par le réchauffement climatique et les conséquences qui en découlent, pourquoi ne sommes-nous pas tous en proie à l’éco-anxiété ?
Il y a certaines prédispositions à l’éco-anxiété, notamment un attachement profond à la nature (biophilie) et le fait d’être témoin direct de catastrophes naturelles. On constate pourtant que beaucoup de citadins sont éco-anxieux, alors même que leur biophilie est moindre, du fait de leur environnement. Les réseaux sociaux et les écrans permettent de rejouer cette connexion à la nature en transformant n’importe qui en témoin de ces catastrophes. Par ailleurs, les jeunes sont aussi particulièrement touchés par l’éco-anxiété. L’horizon d’un effondrement est plus proche pour eux que pour leurs aînés et ils n’ont pas envie d’être dépossédés de leur avenir environnemental. Certaines personnes, au contraire, choisissent délibérément de se mettre à distance de ces considérations, dans un souci de protection. Tout comme il ne faut pas pathologiser l’éco-anxiété, il ne faut pas non plus culpabiliser les personnes hermétiques à cette émotion.
En sciences, on fait souvent l’erreur de penser que l’exposé de faits alarmants suffit à susciter une réaction. Personnellement, je pense que l’on a besoin d’être touché dans nos émotions pour se sentir concerné, et c’est pourquoi j’appelle à une sensibilisation bienveillante. Il serait également bon de mettre en place une réelle pédagogie du risque, car il y a beaucoup de personnes pour qui les rapports du GIEC restent très abstraits. Enfin, il est difficile de saisir la gravité de la situation tant qu’il n’y a pas de sursaut de la collectivité à ce sujet. Personne n’avait réellement peur du Covid-19 jusqu’à ce que des mesures exceptionnelles soient prises par le gouvernement.
Le contexte de crise sanitaire dans lequel nous sommes est-il propice à développer ce type de prise de conscience individuelle ?
Il faut d’abord rappeler que nous ne sommes pas tous vulnérables aux crises de la même façon, cela varie selon plusieurs facteurs comme les ressources financières ou culturelles. Mais de manière générale, l’anxiété a augmenté en France au début du confinement et ce, pour des raisons légitimes liées à l’avalanche d’informations et de « fake news », à la peur de contracter le virus, au confinement lui-même, à l’époque et aux autres mesures associées. Pour ce qui est de l’éco-anxiété, elle a pu être engendrée ou même ravivée chez certains, notamment du fait d’une « mise sous le tapis » des sujets environnementaux, que ce soit dans le traitement médiatique de l’actualité ou par la hiérarchisation des priorités de l’action publique. Je pense par exemple aux incendies qui sévissaient à l’époque en Australie et dont il n’a plus été question du jour au lendemain. Le confinement a aussi engendré beaucoup d’interrogations, et de nouvelles aspirations – concernant le lieu de vie notamment – qui peuvent témoigner d’une forme d’éco-anxiété naissante.
Quelles leçons pourrions-nous apprendre de ces événements ?
Cet épisode nous rappelle que nous sommes vulnérables et que nous pouvons être confrontés à des menaces inattendues. En vérité, les épidémies ont jalonné notre histoire, donc on sait comment y faire face. Ce qui est plus inquiétant, ce sont les perturbations géophysiques de la Terre qui nous menacent et que l’on risque de ne pas pouvoir maîtriser. A nous de tirer les leçons de la période actuelle et d’adopter un véritable principe d’anticipation. On a vu que notre gouvernement était capable de prendre des décisions radicales, extraordinaires et engageant tout le monde et de les faire appliquer en moins de quarante-huit heures. Tout cela a été entrepris car la menace était jugée suffisament importante. Je ne veux pas faire de parallèle entre ces mesures et celles qu’il faudrait adopter face au changement climatique, je dis simplement que notre société est capable de se protéger, si elle s’en donne les moyens. Les faits sont là, la planète va mal. On a tout intérêt à se préparer au changement, tant physiquement que psychologiquement.
> Lire aussi  « Vivre avec la fin du monde », retrouvez les six épisodes de notre série
Comment peut-on bien vivre cette anticipation d’un avenir catastrophique, comment garder une forme d’espoir ?
Le terme d’éco-anxiété évoque quelque chose de sombre, une forme d’angoisse qui inhibe. Elle peut l’être si l’on reste dans une forme passive, mais on peut choisir, au contraire, de s’engager par l’action. On peut, par exemple, modifier sa consommation et son alimentation et contribuer à la fois à son bien-être et à celui de l’environnement. Par ailleurs, il est très important de s’autoriser à lâcher prise. On peut facilement se sentir dépassé par tout ce qu’il reste à accomplir et cela est contre-productif. Je recommande de choisir les combats que l’on veut mener, quitte à faire des sacrifices temporaires. Il est également possible de se réapproprier des formes de croyances, de spiritualités écologiques pour s’apaiser et créer ce que j’appelle des « clusters de bonheur ». Ce qui peut rassurer aussi, c’est de réapprendre des compétences simples. N’oublions pas, enfin, qu’il existe encore nombre d’endroits magnifiques avec une nature vivante, où l’on peut retrouver une forme de biophilie. Le plus important reste d’assumer et d’accepter ce que l’on ressent. Ce n’est en aucun cas une honte d’être éco-anxieux, bien au contraire.
Peut-on être éco-anxieux et optimiste ?
Tout à fait, je le suis moi-même. Ce n’est pas parce que l’on est en proie à certains questionnements que l’on doit s’empêcher de vivre. Je vois l’éco-anxiété comme une nouvelle forme d’humanisme, plus inclusive et moins anthropocentrée. C’est une invitation à repenser notre rapport à la nature, au monde, notre manière d’apprendre et d’enseigner. De belles initiatives existent, à nous de décider quel rôle on souhaite jouer dans notre destin écologique.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/10/les-personnes-eco-anxieuses-sont-lucides-dans-un-monde-qui-ne-l-est-pas_6055577_3244.html>
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7- Transition écologique : 40 maires de grandes villes demandent l’appui de l’Union européenne, Le Monde avec AFP, 11/10/20, 08h03

Anne Hidalgo, Grégory Doucet, Johanna Rolland… Ces maires de tous bords disent savoir « où investir au plus près des citoyens » pour agir efficacement. 
Une quarantaine de maires de grandes villes et présidents de communautés d’agglomération de droite comme de gauche appellent dimanche 11 octobre l’Union européenne à soutenir leurs efforts vers la transition écologique.
« En tant qu’élus locaux, nous savons où investir au plus près des citoyens pour traduire en actions concrètes les mesures de transition. Mais nous ne pouvons pas y arriver seuls. L’Europe doit être à nos côtés dans cette bataille », écrivent ces signataires d’une tribune publiée par le Journal du dimanche, parmi lesquels les maires PS de Paris et Nantes, les maires écologistes de Bordeaux, Strasbourg, Lyon, Poitiers, Besançon et Grenoble, mais aussi les maires de droite de Reims, Saint-Etienne ou Angers.
Un objectif à la hauteur de la crise
L’Union européenne, affirment ces édiles, « doit soutenir et accompagner nos actions dans les territoires. Les centaines de milliards d’euros du plan de relance européen doivent être une opportunité d’accélérer la transition écologique, de financer le Green Deal européen et de relever l’ambition climatique de notre continent ».
« Les dirigeants européens doivent adopter au plus vite un objectif climatique à la hauteur de la crise climatique », réclament notamment les signataires, qui s’associent à l’objectif, porté par le Parlement européen, de réduction de 60 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. S’agissant des plans de relance nationaux et du plan européen, exigent-ils par ailleurs, « pas 1 euro ne doit être gaspillé dans des projets néfastes à l’environnement ou qui créeraient un risque pour les citoyens ».
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/11/transition-ecologique-40-maires-de-grandes-villes-demandent-l-appui-de-l-union-europeenne_6055590_3244.html>
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8- En Savoie, leçon de citoyenneté pour les auteurs d'infractions environnementales, AFP, 11/10/20, 13:00
Fanny Hardy

Eduquer plutôt que sanctionner : en Savoie, le parquet de Chambéry a lancé il y a un an, au bord du lac d’Aiguebelette, des stages de citoyenneté environnementale pour les auteurs d'infractions commises dans des milieux naturels.
Dix hommes et deux femmes, d’âges et origines sociales divers, se sont retrouvés en cette fin de semaine à la Maison du lac, à Nances, dans l’Avant-pays savoyard. 
Ils sont là pour avoir jeté des déchets là où il ne fallait pas, coupé du bois sur des parcelles appartenant à d’autres, croisé un cochon avec un sanglier pour une hybridation sans déclaration, traversé une réserve naturelle en buggy, ou pêché dans une réserve. 
Ce stage leur évite une comparution, pour délit ou contravention, devant un tribunal. "Je ne pensais pas que c’était une réserve naturelle. Mais quand on y pense, ça paraît logique", reconnaît Mélanie, 24 ans, confondue pour avoir organisé un barbecue au bord des eaux turquoises du lac d’Aiguebelette.
Comme tous les stagiaires, sac poubelle en main, elle ramasse des déchets dans cette réserve naturelle parfois fréquentée par plus de 30.000 personnes les jours de forte affluence, selon la police de l’environnement. 
Ce stage se veut théorique et pratique, facilitant les échanges entre stagiaires et intervenants. 
Elodie Livin, de la direction de la gestion des déchets de l'agglomération de Chambéry, explique à un des stagiaires qu’il "va pouvoir dire à son Acca (Association communale de chasse agréée, ndlr) qu’on n’a pas le droit de jeter ses déchets" d’animaux de chasse dans la filière classique de gestion des déchets. Ce dernier passera volontiers le message.
- "Tentative" -
A l’origine de ces stages, la magistrate Mélanie Callec, vice-procureure au tribunal judiciaire de Chambéry chargée du contentieux de l’environnement. 
Elle a lancé un travail commun avec les Maisons de la justice et du droit de Savoie et leur coordonnateur Pierre Raymond sur le principe des alternatives aux poursuites créées à la fin des années 90. 
L'idée était de trouver une réponse à certaines infractions qui ne méritent pas la tenue d’audiences et dont leurs auteurs sont le plus souvent des primo-délinquants. Seules quelques rares juridictions ont adopté ces stages en France.
"C’est une tentative", prévient Pierre Raymond face aux stagiaires. "Si ça ne fonctionne pas, s’il y a réitération de l’infraction, ce sera une sanction plus classique". 
L’organisation de la justice dans les grandes lignes, celle de la police de l’environnement, quelques règles sur la protection de la faune et de la flore : impossible d’être exhaustif en une seule journée pour les intervenants, il s'agit surtout d’aiguiser l’attention des stagiaires sur des points clés. 
Là, il est interdit de se balader avec un chien, même en laisse ; la cueillette des fleurs, "dans le doute, on évite" ; ici, le camping n’est pas autorisé contrairement au bivouac, mais là-bas, les deux sont interdits. 
"C’est aussi le rôle du citoyen de chercher à s’informer" sur les réglementations en vigueur sur chaque territoire, souligne Patrick Gardet, garde de la réserve naturelle des Hauts de Chartreuse, à un stagiaire jugeant ces réglementations bien "complexes". 
"Ce qui est important, avance Fabrice Cartonnet, autre garde de la réserve naturelle du Haut-Rhône Français, c’est de se dire +je ne suis pas chez moi donc je fais attention parce que je vais peut-être laisser une trace qui n’est pas souhaitée+".
<https://information.tv5monde.com/info/en-savoie-lecon-de-citoyennete-pour-les-auteurs-d-infractions-environnementales-378878>
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9- Entretien. Communication environnementale : quels freins et quels leviers pour sensibiliser efficacement… et mobiliser (enfin) pour la planète ?, Brand News Blog, 11/10/20
Propos recueillis par Hervé Monier 

C’est un « pavé dans la mare communicante », mais aussi dans le jardin de l’écologie, que vient d’envoyer en cette rentrée Thierry Libaert…
Dans un ouvrage passionnant et brillant, nourri de plus de 20 ans d’engagement personnel, ce grand expert de la communication sensible et de la communication environnementale nous offre un constat sans concession : celui de l’échec de plus de 40 ans de discours écologiques et des tentatives de sensibilisation aux grands enjeux climatiques et environnementaux.
Alors que la « maison brûle » et que tous les indicateurs du dérèglement climatique et écologique ont viré au rouge écarlate, nous n’avons en effet jamais été autant « informés » des catastrophes à venir. Pourtant, rien ne bouge… ou si peu. Tout se passe comme si les alertes répétées de la communauté scientifique ne produisaient plus qu’un lointain brouhaha à nos oreilles. Et même la pratique des « écogestes », loin d’être anodine, a régressé parmi nos concitoyens. Nous demeurons plus que jamais spectateurs de l’emballement d’un train fou, dont nous nous résignons à n’être que les passagers.
Pourquoi une telle inaction, quand tous les sondages nous disent que nous n’avons jamais été aussi préoccupés par la cause environnementale, et déterminés à modifier nos comportements ?
Avec finesse, Thierry Libaert décrypte sans concession le décalage entre nos belles déclarations de citoyens responsables et nos comportements de consommateurs, souligne nos paradoxes et ceux des acteurs politiques et des entreprises, et nous dévoile les 4 freins à une véritable prise de conscience individuelle, préalable à tout changement.
De fait, nous dit le membre du conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot et du Earth & Life institute, les scientifiques, les écolos et les communicants se sont trompés de combat, car ce n’est ni en abreuvant le grand public de chiffres et d’images d’ours sur la banquise, ni en effrayant et culpabilisant la population que nous pourrons sortir de notre mortiphère inertie… Il s’agit de repenser l’ensemble des discours de sensibilisation, de relier les enjeux climatiques et écologiques à nos vies quotidiennes, mais aussi de modifier nos représentations en produisant un nouveau récit beaucoup plus motivant et mobilisateur…Tout un programme, certes, mais qui requiert en particulier le talent et une vraie implication des communicants que nous sommes !
>> Suite à lire à :
<https://brandnewsblog.com/2020/10/11/communicationenvironnementale/>
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10- L'Arctique, une région stratégique convoitée, AFP, 12/10/20, 15:00

Territoire aux conditions extrêmes, l'Arctique est convoité pour ses ressources naturelles mais menacé par le réchauffement climatique.
- Un territoire extrême, unique au monde -
D'un point de vue géographique, la zone arctique s'étend du pôle Nord au cercle polaire arctique (66° de latitude), soit sur un peu plus de 21 millions de km2.
Elle englobe l'océan Arctique, les régions septentrionales de Norvège, Islande, Suède, Finlande, les archipels du grand nord canadien, le Groenland (Danemark), les côtes les plus au nord de la Russie et enfin l'Alaska (Etats-Unis). La définition politique inclut d'autres territoires comme la Laponie.
Bordé par l'Europe, l'Asie et l'Amérique, l'océan Arctique qui s'étend sur plus de 14 millions de km2, communique au sud avec l'océan Atlantique par la mer de Barents et le détroit de Fram, et à l'ouest avec l'océan Pacifique à travers le détroit de Béring.
L'Arctique est un océan entouré de terres, contrairement à l'Antarctique qui est un continent entouré d'océan. 
Le développement de la vie y est ralenti par des températures très basses pouvant chuter jusqu'à -50°C et par une très faible luminosité une grande partie de l'année (nuits polaires). Dans ces conditions climatiques extrêmes, seule une maigre végétation parvient à exister, la toundra.
Durant la période hivernale, la banquise se reconstitue pour atteindre, en mars, une surface de 14 millions de km2. En été, elle fond et se réduit à quelque 5 millions de km2, en septembre.
- Quatre millions d'habitants -
Sa population s'élève à environ quatre millions d'habitants dont quelque 500.000 autochtones : Inuits (Esquimaux), Samis (Lapons), Iakoutes (Sakhas), et petits peuples du nord de la Russie dont les Nenets et les Aléoutes.
Outre les huit nations riveraines, six organisations indigènes sont représentées au sein du Conseil de l'Arctique. Cette instance de coopération régionale, créée en 1996, a pour but de promouvoir "les aspects environnementaux, économiques et sociaux du développement durable dans la région".
- Une biodiversité menacée -
L'Arctique qui abrite plus de 21.000 espèces animales ou végétales connues est une des dernières vastes régions mondiales restées à l'état sauvage. La préservation de la biodiversité est toutefois mise en danger par le développement des activités humaines. 
En réduisant l'étendue de la banquise, le réchauffement climatique constitue également une menace pour plusieurs espèces emblématiques comme les ours polaires et les phoques. 
Depuis les années 1990, le réchauffement est deux fois plus rapide au pôle Nord qu'ailleurs sur la planète ("l'amplification arctique"). Air, glace et eau interagissent dans un cercle vicieux de réchauffement.
En 2019 et 2020, les températures se sont établies à des niveaux records. Ainsi, cette année, la banquise d'été a fondu jusqu'à la deuxième superficie la plus petite jamais enregistrée, après 2012.
- Un Eldorado polaire -
Susceptible de receler 13% des réserves de pétrole et 30% du gaz naturel non découvert dans le monde, une manne de plus en plus accessible grâce à la fonte accélérée des glaces, l'Arctique est au cœur des convoitises des Etats riverains, mais aussi de pays plus éloignés comme la Chine.
La Russie, qui voit comme une priorité le développement des ressources naturelles de l'Arctique, vient de lancer un deuxième méga-projet gazier en Sibérie.
La Norvège compte également sur les ressources du Grand Nord, la mer de Barents recelant 65% des réserves pétrolières du pays.
Le gouvernement de Donald Trump a de son côté approuvé en août un programme ouvrant la voie à des forages d'hydrocarbures dans la plus grande zone naturelle protégée des Etats-Unis, en Alaska. 
Dans cette optique, la course aux revendications territoriales s'accélère. Moscou, Washington, Ottawa, Oslo et Copenhague ont réclamé l'extension de leur "plateau continental" au-delà de leur zone économique exclusive de 200 milles marins.
- Voies maritimes stratégiques -
La fonte accélérée de la banquise ouvre de nouveaux passages maritimes, amenés à jouer un rôle croissant dans les échanges internationaux.
Dans ce contexte, la Russie qui mise sur le développement du trafic par le passage du Nord-Est reliant l'Europe à l'Asie, a ouvert de nombreuses bases militaires et scientifiques. De l'autre côté, la route du Nord-Ouest, au large du Canada, permettrait également de réduire considérablement la distance entre océans Atlantique et Pacifique.
<https://information.tv5monde.com/info/l-arctique-une-region-strategique-convoitee-379049>
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11- Entretien. Mariana Mazzucato : « Les Etats doivent retrouver une vision, un objectif de bien commun », Le Monde, 13/10/20, 00h58
Propos recueillis par Eric Albert, Londres, correspondance

L’économiste, directrice de l’Institut pour l’innovation et l’utilité publique à l’University College London, rappelle dans un entretien au « Monde » que, sans le financement de la recherche fondamentale par les Etats, les plus grandes inventions actuelles, dont Internet, n’auraient jamais vu le jour.
Entretien. En 2013, Mariana Mazzucato a publié en anglais la version originale de L’Etat entrepreneur (traduit cette année chez Fayard, 384 pages, 24 euros), un livre qui a fait date. En pleine cure d’austérité imposée à travers toute l’Europe, l’économiste américano-italienne, basée au Royaume-Uni, a lancé un cri du cœur : opposer le secteur privé « productif » à un secteur public soi-disant dépensier et improductif était, selon elle, une grave erreur.
Sa thèse : les plus grandes inventions actuelles – les smartphones, les nouveaux médicaments, les énergies renouvelables… – n’auraient jamais été possibles sans les investissements réalisés par l’Etat. Elle ne nie pas la capacité du secteur privé à innover – « Steve Jobs était indiscutablement un vrai génie digne d’admiration », dit-elle –, mais souligne simplement que ces inventions s’appuient sur des décennies de recherche fondamentale et de vraies prises de risques financées par les gouvernements.
> Lire la tribune :« L’investissement public dans l’ingénierie écologique est un investissement d’avenir »
Ainsi, le smartphone utilise des technologies développées par le secteur public : Internet (dont l’ancêtre, Arpanet, a été financé par le Pentagone), le GPS (développé dans les années 1970 pour déterminer l’emplacement de matériel militaire) ou encore l’écran tactile (inventé grâce à un projet financé par la National Science Foundation et la CIA). Alors que la planète traverse l’une des plus importantes récessions de son histoire, cette star de l’économie considère que les grands plans de relance actuels sont une opportunité, à condition de bien les encadrer et de faire attention au gaspillage, contrairement aux plans d’aide de 2008.
En 2013, dans quel contexte publiez-vous votre livre « L’Etat entrepreneur » ?
Quelques années après la crise financière de 2008, les pays sont entrés dans une vaste cure d’austérité, notamment le Royaume-Uni, où je vis, ainsi que de nombreux pays européens. L’argumentation du gouvernement britannique de l’époque, dirigé par David Cameron, était qu’il fallait rendre le pays plus compétitif et qu’il fallait pour cela réduire le déficit. L’administration britannique disait le plus grand bien des entrepreneurs, estimant que si l’Etat se retirait, cela leur donnerait la possibilité d’agir.
> Lire la tribune : Après le coronavirus : « Mêler argent public et fonds privés pour financer des projets de long terme »
J’ai réagi vivement. Le gouvernement disait vouloir ainsi créer les Google du futur, alors que justement, l’algorithme de Google a été financé par l’Etat américain ou qu’Internet a été développé par l’Etat. Plutôt que d’adopter le langage de la Silicon Valley, j’ai voulu dire : inspirez-vous de ce que fait vraiment la Silicon Valley, et constatez que les Etats-Unis ont beaucoup dépensé dans la recherche et l’innovation. Mon livre a été écrit pour pousser un cri face à la misère humaine que je voyais infligée au nom de l’amélioration de la compétitivité. C’était un cri d’appel à l’aide, pour dire : arrêtez !
Pour autant, vous reconnaissez que les dépenses publiques ont leurs limites…
Absolument. Il ne s’agit pas de seulement dépenser de l’argent, il faut comprendre comment le dépenser et comment développer l’innovation. Il suffit de voir l’URSS : l’Etat dépensait beaucoup, mais de façon verticale, essentiellement dans la défense, et c’était accompagné d’un micro-management qui étouffait la liberté d’agir. Pour être efficace, un système d’innovation a besoin d’être flexible et d’aider au développement de l’investissement privé, pas du tout comme l’Union soviétique.
A l’inverse, les pays occidentaux manquent actuellement de planification, qu’il faut redécouvrir. Il est impossible d’avancer si on ne planifie pas ce qu’on cherche. Aux Etats-Unis, la Defense Advanced Research Projects Agency (Darpa) l’a très bien fait. La Darpa a été créée en 1958, en réaction à l’envoi par l’URSS de Spoutnik, le tout premier satellite, dans l’espace. Cette agence, destinée à la recherche sans objectif de résultat immédiat, est à l’origine de découvertes qui ont mené au GPS, au développement des puces informatiques ou aux premiers pas de l’Internet.
Comment les Etats doivent-ils procéder ?
Les investissements réalisés par l’Etat doivent ouvrir la voie, aller dans les endroits plus difficiles, plus risqués, l’objectif étant de faire émerger de nouveaux secteurs. Le Danemark, grâce à la politique de son gouvernement, a développé un secteur de services high-tech pour l’économie verte. Résultat, ce petit pays est aujourd’hui le premier fournisseur de services verts à la Chine.
La pandémie de Covid-19 a-t-elle été le révélateur d’un manque de flexibilité et d’innovation des Etats ?
On a effectivement découvert que certains pays avaient clairement perdu leur capacité à s’adapter, parce qu’ils avaient tout sous-traité au secteur privé. Par exemple, on s’est aperçu qu’ils n’avaient plus la capacité de mettre en place des systèmes efficaces de tests et de traçage des cas positifs de Covid-19.
La sous-traitance est pourtant réalisée au nom de la meilleure efficacité du secteur privé…
Il est tout à fait possible de travailler avec le secteur privé, mais il faut le faire de façon dynamique. L’expédition Apollo sur la Lune, en 1969, était intéressante. La NASA était très claire sur ses objectifs, mais elle a laissé beaucoup de détails aux mains du secteur privé. Elle a évité le micro-management, qui tue l’innovation. En revanche, ses contrats de sous-traitance étaient bien négociés, courts, dynamiques, et si la NASA n’était pas contente, elle rejetait ce que les entreprises lui donnaient.
Inversement, ces dernières années, beaucoup d’entreprises privées sont entrées dans le secteur de la santé au Royaume-Uni, alors qu’il n’y a pas eu de réflexion stratégique sur ce que l’Etat voulait pour la santé. Il n’y avait pas de vision. Les entreprises privées ont juste « capturé » le processus.
Avec le Covid-19, l’Etat fait son grand retour. Est-ce une chance pour enfin investir, comme vous le recommandez ?
Il faut faire attention. On a beaucoup dépensé en 2008, mais de la mauvaise façon, en allant au secours d’entreprises. Goldman Sachs en a par exemple profité, mais a ensuite gardé les profits. On a mutualisé les pertes et privatisé les bénéfices. Il ne faut pas recommencer cette erreur.
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C’est bien qu’il y ait aujourd’hui beaucoup d’argent injecté par les pouvoirs publics, mais il faut s’assurer que les sommes arrivent au bon endroit. Il faut imposer des conditions aux plans de sauvetage. La France, c’est à son honneur, est leader en la matière. Air France a été sauvé, mais à condition de réduire ses émissions, alors qu’EasyJet a été sauvée sans conditions. Au Danemark et en France, il y a aussi l’obligation pour les entreprises sauvées de ne pas utiliser les paradis fiscaux.
Il faut un vrai partenariat entre le privé et le public. Et cette fois-ci, les gouvernements sont en position de force pour vraiment imposer leurs conditions. C’est très important.
Sur Air France cependant, est-ce que l’Etat n’est pas schizophrène ? Il sauve la compagnie aérienne, mais lui interdit de réaliser des vols court-courriers, ce qui va réduire ses marges…
Effectivement, il faut que les conditions aient du sens. La condition imposée à Air France ne doit pas être : « Arrêtez de voler », mais plutôt : « Il faut réduire vos émissions, à vous de présenter un plan pour y parvenir. » De façon générale, il ne faut pas imposer des interdictions, mais plutôt forcer des améliorations.
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L’Union européenne s’est mise d’accord en juillet sur un plan de relance de 750 milliards d’euros, qui a trois objectifs : développer le numérique, l’économie verte et le social. Est-ce une chance pour l’Europe ?
Oui, je le crois. Ça peut être un moment équivalent au plan Marshall, à condition de l’approcher de façon stratégique. Le risque, cependant, est que les pays arrivent avec juste une longue liste de projets, sans stratégie. Il faut identifier des missions claires.
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Dire : « L’Etat est de retour », c’est, en soi, une idéologie. La question est la façon dont on dépense l’argent. Les Etats doivent retrouver une vision, un objectif de bien commun. Ils doivent réapprendre à voir grand.
Face à la crise écologique, vous écrivez que les Etats doivent investir urgemment afin d’éviter le « confinement climatique ». Qu’entendez-vous par là ?
Si on n’agit pas ensemble, le risque est qu’on se retrouve avec un Etat qui interdise la circulation en voiture, la viande rouge, les vols en avion… C’est ce que j’appelle le « confinement climatique ». A la place, il faut réussir à créer une transition lente, qui utilise toutes les compétences.
Prenez une entreprise comme BP (Beyond Petroleum, ex-British Petroleum), qui a des milliers d’ingénieurs dont la compétence en énergie est immense. Il faut éviter que ces talents se retrouvent simplement interdits de pratiquer, mais au contraire réussir à les utiliser pour trouver de nouvelles méthodes de production d’énergie. Je ne crois pas à la décroissance. Le problème, ce n’est pas la croissance, mais la direction de la croissance. Il faut arriver à avoir une économie qui réutilise, qui recycle, qui évite l’obsolescence programmée…
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Mariana Mazzucato, une économiste qui séduit et à gauche et à droite
Très présente dans les médias anglo-saxons, l’économiste Mariana Mazzucato a retenu l’attention des deux côtés de l’échiquier politique, à gauche comme à droite. Son livre, publié en 2013 en anglais (L’Etat entrepreneur, pour en finir avec l’opposition public-privé, Fayard, 384 pages, 24 euros), qui prône plus de dépenses de l’Etat, comble les opposants à l’austérité, mais son appel à développer l’innovation et l’entrepreneuriat séduisent aussi les partisans du libre-échange. Son travail a été abondamment cité par le sénateur républicain de Floride Sergio Rubio, tandis qu’elle a aussi collaboré étroitement avec Alexandria Ocasio-Cortez, représentante démocrate au Congrès et égérie de la gauche américaine. Au Royaume-Uni, elle a travaillé avec le gouvernement de David Cameron, puis celui de Theresa May, mais elle est aussi consultante auprès de Nicola Sturgeon, la première ministre écossaise. Quant au conseiller de l’ombre de Boris Johnson, Dominic Cummings, il a contacté MmeMazzucato après avoir lu son livre, qu’il a « mal compris », dit-elle…
Pragmatique, l’économiste a rédigé, pour la Commission européenne, les grandes lignes d’Horizon Europe, le plan d’investissement de 100 milliards d’euros définissant les principaux secteurs dans lesquels l’Union doit investir ces prochaines années. « Il faut éviter les longues listes de projets et vraiment se concentrer sur quelques missions précises », dit-elle.
De parents italiens, mais ayant déménagé aux Etats-Unis pendant sa petite enfance, l’économiste de 52 ans est installée depuis plus de vingt ans au Royaume-Uni. En 2017, elle a créé, à l’University College de Londres, l’Institut pour l’innovation et l’utilité publique, qu’elle dirige encore aujourd’hui.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/13/mariana-mazzucato-les-etats-doivent-retrouver-une-vision-un-objectif-de-bien-commun_6055774_3232.html>
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12- A l’assemblée, les députés évitent de statuer sur les conditions d’élevage condamnées par les Français, Sciences & Avenir, 13/10/20, 15h34
Loïc Chauveau

La proposition de loi de Cédric Villani prônant la fin de l’élevage en cages au cours de la prochaine décennie n’a pas pu être débattue ni votée à l’Assemblée nationale le 8 octobre 2020. Le sujet agite pourtant de plus en plus l’opinion.
Si la fin des spectacles d'animaux dans les cirques et des présentations de cétacés dans les delphinariums décidée par la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili semble faire consensus, il n'en est pas de même des conditions d'élevage. Le député de l'Essonne Cédric Villani a pu le constater avec le sort réservé à sa proposition de loi portant sur la fin de l'élevage en cages, retoquée en commission et pas même amenée au vote lors de la séance de l'Assemblée nationale du 8 octobre 2020.
Que propose Cédric Villani ? D’en finir avec l’élevage en cages des poules pondeuses, des cailles et des veaux en 2025, des lapins d’engraissement en 2027, des truies en 2028. Est également demandé l’obligation d’une zone de litière pour les porcs élevés en bâtiments hors-sol en 2030 et surtout l’interdiction de tout bâtiment d’élevage qui n’offre pas un accès au plein air pour toutes les espèces domestiques d’ici 2040. La proposition de loi n’a rien de révolutionnaire pour certaines espèces comme les poules. Elle met des échéances plus rapprochées aux mesures déjà votées dans la loi "Egalim" de 2018 qui prévoit notamment la fin de la construction des bâtiments destinés à l’élevage de poules en cages et la filière avicole s’est engagée à produire la moitié des œufs à partir de structures alternatives aux cages dès 2022. C’est en revanche beaucoup plus problématique pour les porcs élevés à 95% sur caillebotis et non sur paille en hors-sol. C’est pourquoi le député propose une échéance à 2040, soit une génération pour s’adapter.
Le bien-être animal en cinq besoins fondamentaux
Les chercheurs n’ont pas attendu ces dates lointaines pour se pencher sur le bien-être animal. "Cela fait trois décennies que nous étudions le comportement animal et les conditions de son bien-être. Nous avons très fortement renforcés nos effectifs notamment en éthologie", rappelle Françoise Médale, chef du département physiologie animale et Elevages à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Les programmes développés pour toutes les espèces domestiquées s’appuient sur les "cinq libertés" définies en 1979 puis 2009 par le "Farm animal walfare council", (FAWC) organe consultatif indépendant britannique qui fait autorité en la matière. Ces cinq besoins fondamentaux sont l’absence de faim et de soif avec un accès libre à l’eau et à la nourriture, l’absence d’inconfort avec abri et aire de repos, l’absence de douleur, de blessures et de maladies, la liberté d’expression d’un comportement normal pour l’espèce, l’absence de peur et de détresse.
>> Suite à lire à :
<https://www.sciencesetavenir.fr/politique/a-l-assemblee-les-deputes-evitent-de-statuer-sur-les-conditions-d-elevage-condamnees-par-les-francais_148315>
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13- Le plan de relance n’aura qu’un effet limité sur la croissance en 2021, estime l’OFCE, Le Monde, 14/10/20, 09h00
Béatrice Madeline

Les 100 milliards d’euros de mesures annoncées par le gouvernement soutiendront la croissance de seulement 1,1 point l’an prochain, affirme l’Observatoire français des conjonctures économiques dans des estimations publiées ce mercredi 
Malgré son ampleur – 100 milliards d’euros – le plan de relance mis en place à la rentrée 2020 ne fera pas de miracle, en tout cas pas en 2021. Du fait de la multiplicité des mesures qu’il contient, de leur étalement dans le temps et, surtout, du délai nécessaire à leur mise en œuvre, l’effet sur la croissance serait de 1,1 point l’an prochain, selon les estimations réalisées par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et rendues publiques mercredi 14 octobre.
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En tenant compte de cette impulsion supplémentaire, la croissance du produit intérieur brut (PIB) en 2021 serait de 7 %, alors qu’elle aurait été de 6 % en son absence. Le PIB de la France reviendra ainsi, à la fin de l’année 2021, à un niveau proche de celui atteint fin 2019, mais « cela ne veut pas pour autant dire que l’économie française aura comblé ses pertes », avertissent les experts de l’OFCE. En effet, par rapport à la croissance potentielle qui avait été estimée en 2019, le recul sera de 2,7 points de PIB à la fin de l’année prochaine. D’une manière générale, l’Observatoire estime que la crise du Covid aura fait perdre deux années de croissance à l’économie mondiale.
« Lenteur du lancement »
En comparaison au plan de relance, les mesures d’urgences prises dès le début de la crise et régulièrement prolongées – activité partielle, dispositifs d’aide aux PME-TPE en difficulté à travers le fonds de solidarité, aides aux indépendants et exonérations de cotisations sociales pour les secteurs les plus touchés – auront eu un impact bien plus significatif, puisqu’elles ont permis de réduire la chute d’activité de 3,4 points de PIB.
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Pour expliquer cet impact relativement faible des mesures de relance, l’OFCE note qu’en 2021, une proportion significative du plan, à savoir 38 %, sera concentrée sur un soutien, non ciblé, aux entreprises, en particulier à travers la baisse des impôts de production. « Ces mesures, dans un contexte de forte incertitude, seront peu efficaces pour redynamiser l’investissement à court terme », note l’Observatoire. L’effet sur la croissance sera donc faible l’année prochaine.
Au passage, ces mesures viendront amputer les recettes publiques de l’ordre de 9 milliards d’euros. De même, « si le plan de relance fait le pari de l’investissement public » – 36 % des montants en jeu – l’ampleur sera limitée en 2021, en raison de « la lenteur du lancement des projets ».
En revanche, les mesures censées soutenir l’emploi et le revenu des ménages et aider les entreprises en difficulté devraient se révéler plus efficaces, estime l’OFCE. Elles représentent une part importante du plan en 2021 (environ 37 %).
Plus de 800 000 emplois détruits
L’OFCE a aussi décortiqué les différentes mesures du plan en faveur de l’emploi et de la formation professionnelle (contrat aidé, prime à l’embauche des jeunes, prise en charge de l’activité partielle, mesures pour l’alternance…), qui représentent, sur la période 2020-2022, environ 15 milliards d’euros.
> Lire aussi  Le Covid-19 entraîne des pertes importantes d’emploi et de revenus
Dans un contexte de forte dégradation du marché du travail – l’OFCE estime que 840 000 emplois seront détruits en 2020 –, ces dispositions devraient permettre de créer 55 000 emplois en fin d’année 2020 et 45 000 supplémentaires fin 2021 (par rapport au quatrième trimestre 2020). A cela, il faut ajouter les 97 000 emplois maintenus grâce à l’activité partielle en 2021. Au final, « le plan de relance aura permis de créer ou préserver directement un peu plus de 140 000 emplois sur l’ensemble de l’année 2021 ». Et c’est sans compter les jobs générés par le supplément de croissance.
Ainsi, en 2021, l’économie française créerait des emplois (510 000 au total, dont 450 000 emplois salariés), sans retrouver les niveaux observés avant-crise. Conséquence, le taux de chômage devrait atteindre 11 % en fin d’année avant de baisser à 9,6 % fin 2021 (soit 1,5 point de plus que le niveau observé fin 2019).
Toutes ces prévisions sont, bien entendu, conditionnées à l’évolution de la situation sanitaire et aux restrictions imposées pour contenir l’épidémie. « Nous supposons ici que le durcissement des mesures prophylactiques reste limité aux secteurs à interactions physiques, et ce pendant une durée de six mois », avertit l’OFCE. Avant de prévenir : « Un durcissement avec restriction des déplacements entraînant un impact significatif sur l’offre de travail (confinements locaux, fermeture des écoles…) conduirait à un scénario d’activité plus dégradé ».
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/14/le-plan-de-relance-n-aura-qu-un-effet-limite-sur-la-croissance-en-2021-estime-l-ofce_6055945_3234.html>
En savoir plus : 
> Perspectives économiques 2020-2021 <https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/pbrief/2020/OFCEpbrief78.pdf>, OFCE, Policy brief 78, 14/10/20
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14- Apple réduit sa consommation de terres rares et son impact sur l'environnement, AFP, 14/10/20, 12:00

Apple, qui entend réduire à "zéro" son impact sur le climat d'ici 2030, a annoncé mardi que les nouveaux iPhone sont produits à partir de terres rares recyclées, une nouvelle qui a des implications environnementales mais aussi géopolitiques.
"Pour la première fois, nous utilisons 100% de terres rares recyclées dans tous les aimants, y compris la nouvelle caméra", a déclaré Lisa Jackson, directrice des politiques du groupe californien en matière d'environnement.
Elle s'exprimait pendant la présentation de la nouvelle gamme de smartphones, quatre iPhone 12 avec la 5G.
Les terres rares regroupent 17 métaux très courants, mais rarement présents dans des gisements exploitables commercialement. Ils sont indispensables à la fabrication des écrans, aimants et autres composants de biens électroniques courants.
La majorité des réserves se trouve en Chine, et cette dépendance inquiète l'Union européenne et les Etats-Unis, surtout à l'heure de la guerre commerciale entre Washington et Pékin. Dans le passé, la Chine a déjà menacé de bloquer ses exportations de terres rares raffinées.
Apple a aussi annoncé que les écouteurs et chargeurs ne seront plus inclus avec les iPhone, puisque de nombreux clients les ont déjà.
Cette mesure doit "réduire les émissions CO2 et d'éviter d'utiliser des matériaux précieux", et aussi diminuer la quantité d'emballages. 
Elle implique cependant pour les consommateurs de devoir dépenser plus pour s'équiper de nouveaux accessoires adaptés et souvent indispensables, vendus à part.
Le géant de l'électronique et des technologies a promis d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2030.
"Cela veut dire que pour tous les appareils Apple vendus, l'approvisionnement en matériaux, la fabrication des composants, l'assemblage, le transport, l'utilisation par les consommateurs, le chargement des batteries, et même le recyclage seront à 100% neutres en termes d'émissions carbone", précise le communiqué du groupe.
<https://information.tv5monde.com/info/apple-reduit-sa-consommation-de-terres-rares-et-son-impact-sur-l-environnement-379312>
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15- La Commission européenne présente un ambitieux projet de refonte de la réglementation sur les produits chimiques, Le Monde, 14/10/20, 19h27
Stéphane Mandard et Stéphane Foucart 

L’objectif affiché est notamment d’accélérer l’exclusion des substances de synthèse dangereuses des produits de consommation courante. 
C’est l’une des pièces maîtresses du Green Deal annoncé en décembre 2019 par Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Après moult lobbying de l’industrie et affrontements internes à l’administration européenne, Bruxelles a présenté, mercredi 14 octobre, un projet ambitieux de refonte de la réglementation des produits chimiques visant à « garantir un environnement sans substances toxiques » à l’horizon 2030. L’objectif affiché est notamment d’accélérer l’exclusion des substances de synthèse dangereuses des produits de consommation courante.
Selon la Commission, « 84 % des Européens sont inquiets de l’impact pour leur santé des produits chimiques présents dans les objets du quotidien et 90 % s’inquiètent de leur impact sur l’environnement ». L’exécutif européen leur donne d’ailleurs raison en rappelant que « les études de biosurveillance menées en Europe pointent un nombre croissant de différents produits chimiques dangereux dans le sang et les tissus humains, en particulier certains pesticides, biocides, produits pharmaceutiques, métaux lourds et retardateurs de flamme ».
> Lire aussi  Des perturbateurs endocriniens imprègnent tous les Français et surtout les enfants
Certaines de ces molécules, ajoute Bruxelles, « représentent une menace pour la santé humaine » et la pollution qui en est issue « est l’un des facteurs-clés de mise en danger de la planète, en provoquant ou en amplifiant les crises planétaires que sont le changement climatique, la dégradation des écosystèmes et la perte de biodiversité ». 
Harmonisation
L’un des premiers axes de la stratégie proposée est l’adoption de critères encadrant le développement des nouvelles substances, afin que celles-ci soient par construction « sûres et durables ». Dans les produits de consommation courante – matériaux au contact des aliments, jouets, articles de puériculture, cosmétiques, détergents, meubles, textiles, etc. – la Commission préconise une approche dite « basée sur le danger », c’est-à-dire sur les propriétés intrinsèques des substances et non sur l’exposition prévue des populations à ces produits. Ainsi, la réglementation devrait assurer que ces produits de consommation « ne contiennent pas de substances causant des cancers, des mutations génétiques, des troubles de la reproduction ou du système endocrinien, ou qui soient persistantes ou capables de bio-accumulation ».
La Commission promet d’évaluer l’impact économique qu’aurait la même approche pour les substances « affectant les systèmes immunitaire, neurologique ou respiratoire, et celles toxiques pour un organe spécifique » avant de définir l’agenda et les modalités de leur retrait. Un accent particulier est mis sur les perturbateurs endocriniens : Bruxelles propose d’établir une « identification légalement contraignante » de ces substances, en s’appuyant sur les critères déjà développés dans la réglementation européenne pour les pesticides et les biocides. Une telle harmonisation était réclamée de longue date par les organisations de la société civile.
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L’une des annonces fortes de la Commission est l’interdiction de l’ensemble des substances dites poly et perfluoroalkylées (ou PFAS) dans leurs usages non « essentiels pour la société » – sans cependant préciser la portée de cette mention. Les PFAS sont une famille de molécules utilisées pour leurs propriétés imperméabilisantes et anti-adhésives dans une variété d’application (Teflon, traitements des vêtements, mousses anti-incendie, industrie automobile, etc.). Mais, une fois en circulation, elles se répandent dans l’environnement et finissent par s’accumuler dans la chaîne alimentaire et les ressources en eau potable ; elles sont impliquées dans une variété de pathologies (immunitaires, métaboliques, hépatiques, etc.) et provoquent des troubles de la reproduction. L’Autorité européenne de sécurité des aliments vient de rendre une expertise selon laquelle l’exposition de larges parts de la population européenne à ces produits excède considérablement le seuil de sécurité.
« Points encore problématiques »
Les organisations non gouvernementales se félicitent dans leur ensemble d’une « avancée significative ». Rassemblées au niveau européen dans l’Alliance pour la santé et l’environnement (HEAL), elles exhortent la Commission à une « mise œuvre rapide » des mesures proposées. Elles craignent cependant que celle-ci puisse être freinée. « Le fait que l’introduction de toutes les nouvelles mesures soit conditionnée à la conduite d’études d’impact peut remettre en question toutes les annonces faites aujourd’hui », alerte Natacha Cingotti, spécialiste des produits chimiques au sein d’HEAL.
« Certains points restent encore problématiques, notamment le fait que l’accent est 
fortement mis sur l’innovation plutôt que sur une réduction de la production de 
produits chimiques de manière générale », souligne pour sa part la députée européenne belge Marie Arena (Parti socialiste), rapporteuse de la résolution adoptée en juillet par le Parlement pour encourager la Commision à « intensifier ses actions contre les produits chimiques dangereux ».
> Lire aussi  Produits chimiques : bataille au sein de la Commission sur la nouvelle « stratégie durable »
Le texte final précise en effet que l’Union « reconnaît pleinement le rôle fondamental des produits chimiques pour le bien-être de l’être humain et pour la transition écologique et numérique de l’économie et de la société européennes ». Une mention arrachée par la direction générale du marché intérieur et de l’industrie qui a ferraillé avec celle de l’environnement pour limiter les ambitions du projet, soucieuse de protéger les champions de la chimie (quatrième secteur industriel en Europe avec un million d’emplois).
A l’échelle de l’Union, environ 300 millions de tonnes de substances chimiques sont produites chaque année et la production mondiale devrait doubler d’ici à 2030. Or, aujourd’hui, la grande majorité (74 %) est considérée comme« dangereuse pour la santé ou l’environnement » par l’Agence européenne pour l’environnement. Une estimation très incertaine, comme le reconnaît la Commission : sur les quelque 100 000 substances chimiques aujourd’hui présentes sur le marché européen, environ 70 000 ne sont que faiblement caractérisées du point de vue des dangers qu’elles représentent et de la manière dont la population européenne y est exposée.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/14/la-commission-europeenne-presente-un-ambitieux-projet-de-refonte-de-la-reglementation-sur-les-produits-chimiques_6056035_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/14/la-commission-europeenne-presente-un-ambitieux-projet-de-refonte-de-la-reglementation-sur-les-produits-chimiques_6056035_3244.html>>
Sur le même sujet : 
> La Commission européenne croise le fer avec les perturbateurs endocriniens <https://www.euractiv.fr/section/sante-modes-de-vie/news/commission-launches-phase-two-of-fight-against-hormone-disruptors/>, EurActiv, 15/10/20
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16- Première action du collectif la Ronce contre les lobbies du sucre, Reporterre, 14/10/20

Le nouveau collectif écolo La Ronce a lancé sa première action mercredi 14 octobre. Sa cible : les marques de l’industrie sucrière. Daddy’s, Saint Louis, Béghin Say... sont accusées d’être responsables de la réintroduction des néonicotinoïdes, votée à Assemblée Nationale le 6 octobre dernier. Son mode d’action : aller dans les supermarchés pour ouvrir des paquets de sucre, enlever les bouchons et détacher les ouvertures faciles.
« Nous ripostons contre ceux à qui profite le crime : les lobbies du sucre », expliquent les membres de La Ronce dans un communiqué. « Ce sont ces marques et la poignée de grands groupes derrière qui — au nom d’impératifs de rentabilité toujours plus importants — ont poussé cette loi. Ce sont eux qui en France déterminent la rémunération souvent misérable des betteraviers, leur production, qui choisissent l’orientation de notre modèle agricole. »
Une vidéo de la chaîne Youtube Partager c’est Sympa relaie l’initiative de La Ronce. Elle rappelle la puissance du lobby de l’industrie sucrière, qui a tenté d’attaquer en justice l’interdiction des néonicotinoïdes, a déposé dès 2017 un projet de loi pour leur réintroduction et a dépensé des centaines de milliers d’euros pour influencer les élus.
>> Suite à lire à :
<https://reporterre.net/Premiere-action-du-collectif-la-Ronce-contre-les-lobbies-du-sucre>
Et aussi sur le collectif La Ronce :
> "Les SUV nous pompent l’air" : un collectif appelle à dégonfler leurs pneus <https://www.dna.fr/environnement/2020/10/12/les-suv-nous-pompent-l-air-un-collectif-appelle-a-degonfler-leurs-pneus>, Les DNA, 12/10/20, 16:00 
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17- Bruxelles élargit partiellement l’accès des ONG à la justice environnementale, Le JDLE, 15/10/20, 17h11
Stéphanie Senet

La Commission européenne a présenté, le 14 octobre, sa proposition législative visant à améliorer le contrôle du public sur les décisions de l’UE affectant l’environnement. Epinglée par le comité d’application de la convention d’Aarhus, elle s’arrête toutefois au milieu du gué.
Extrait : 10 ans après les premières critiques, la Commission européenne a enfin changé les lignes de son règlement Aarhus de 2006, qui transpose la convention internationale sur l’information, la participation du public et l’accès à...
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<https://www.journaldelenvironnement.net/article/bruxelles-elargit-partiellement-l-acces-des-ong-a-la-justice-environnementale,110363?xtor=RSS-31>
En savoir plus :
> Proposal for a Regulation of the European Parliament and of the Council  <https://ec.europa.eu/environment/aarhus/pdf/legislative_proposal_amending_aarhus_regulation.pdf>(pdf), European Commission, 14/10/20
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Une publication
18- Livre. « Le pire n’est pas certain », de Catherine et Raphaël Larrère : pourquoi il faut laisser tomber l’« effondrisme », Le Monde, 15/10/20, 11h30
David Zerbib (Philosophe et collaborateur du « Monde des livres »)

Sans déni ni naïveté, le nouvel essai des deux spécialistes de philosophie de la nature et d’éthique environnementale critique la collapsologie et son « innocuité politique ». 
Faut-il croire en l’effondrement prochain de notre civilisation ? Plusieurs auteurs à succès, scientifiques, essayistes ou politiques, ont popularisé l’idée que cette conséquence des dérèglements de l’écosystème planétaire serait inéluctable. Certains, comme l’ancien ministre de l’environnement Yves Cochet, vont jusqu’à dater cette fin du monde imminente, autour de 2030. C’est toutefois Pablo Servigne qui, en France, a défendu avec le plus de retentissement la thèse de l’effondrement, preuves chiffrées et courbes vertigineuses à l’appui, en particulier dans Une autre fin du monde est possible (avec Gauthier Chapelle et Raphaël Stevens, Seuil, 2018).
> Lire aussi  Pour les collapsologues, la pandémie accélère la quête de l’autosuffisance
Voilà pourquoi ses prises de position font l’objet, dans Le pire n’est pas certain, des critiques les plus systématiques. Respectivement philosophe et ingénieur agronome, Catherine et Raphaël Larrère veulent en effet dénoncer dans ce livre l’idéologie « effondriste », qui s’est vu attribuer, à la suite des théories de l’Américain Jared Diamond, le nom scientifique de « collapsologie » (de l’anglais collapse, « effondrement »).
Spécialistes de philosophie de la nature et d’éthique environnementale, les Larrère ne veulent pas pour autant verser de l’eau polluée au moulin des défenseurs du business as usual, ni boire les paroles consensuelles du « développement durable » ou de la « croissance verte ». Pas plus de déni que de naïveté : il y a bien urgence. Puisqu’une croissance illimitée dans un monde fini est impossible, puisque la crise écologique annoncée depuis le début des années 1970 est désormais avérée, si les Etats n’agissent pas, notre système, aussi complexe que vulnérable, est de fait menacé. Comment donc ne pas adhérer à la prophétie de malheur des collapsologues, ni reconnaître sa vertu mobilisatrice ? C’est là toute la difficulté théorique et politique à laquelle se confrontent les auteurs.
Deux types de catastrophisme
Au-delà de l’effet de sidération et de fascination exercé par la catastrophe annoncée, il faut distinguer deux types de catastrophisme. Le premier serait « ontologique », c’est-à-dire qu’il décrirait une réalité nécessaire, absolue, certaine, comme le font les collapsologues. Le second serait « méthodologique » et relèverait du « catastrophisme éclairé » défendu par le philosophe Jean-Pierre Dupuy. Selon cette approche, il ne s’agit pas de proclamer quel serait le sens de l’histoire mais de définir un futur probable afin de créer les conditions pour qu’il ne survienne pas.
> Lire aussi cette tribune : Climat : « La collapsologie fait débat, c’est une bonne nouvelle »
Les conséquences éthiques et politiques de ces conceptions de la catastrophe sont très différentes : si l’effondrement est certain, il ne vous reste qu’à vous y préparer, en l’acceptant à travers un repli survivaliste ou la création de petites communautés résilientes. En revanche, si la catastrophe est probable, vous pouvez agir contre les forces qui contribuent à la provoquer, ce qui vous engage vers la lutte au sein d’un monde pluriel où d’autres mondes restent possibles, comme des milliers d’initiatives locales l’attestent.
L’« effondrisme », en somme, apparaît frappé d’« innocuité politique ». Il relèverait même, selon les auteurs, d’un nouveau grand récit nourri d’un imaginaire gestionnaire, statistique et simpliste du « système Terre », qui serait comme l’ombre de la globalisation thermo-industrielle occidentale, incapable de remettre en cause sa téléologie linéaire et unificatrice. En dernier ressort, il affaiblirait la pensée et l’action écologique dans une sorte de résignation millénariste qui, passé son effet d’alerte, risque de réduire l’écologie politique à une technique de développement personnel.
> Lire aussi cet entretien avec Catherine Larrère (avril 2020) : « En chassant la nature de la ville, on l’a vidée de sa sociabilité »
§ Le pire n’est pas certain. Essai sur l’aveuglement catastrophiste <http://www.premierparallele.fr/livre/le-pire-nest-pas-certain>, de Catherine et Raphaël Larrère, Premier Parallèle, 208 p., 18 €, numérique 12 €.
<https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/10/15/le-pire-n-est-pas-certain-de-catherine-et-raphael-larrere-pourquoi-il-faut-laisser-tomber-l-effondrisme_6056124_3260.html>
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