[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage + 1 annonce (jeudi 29 octobre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Jeu 29 Oct 08:10:38 CET 2020


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Le Fonds avenir Bio va être doté de 5 M€ supplémentaires par an <https://www.actu-environnement.com/ae/news/fonds-avenir-bio-plan-relance-cinq-millions-supplementaires-par-an-agriculture-36336.php4>, Actu-environnement, 20/10/20
2- Enquête. « Cette histoire, c’est Dallas en Anjou » : la bataille de l’ancien député Pierre Lellouche contre les silos à grains géants de Morannes-sur-Sarthe <https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/10/21/cette-histoire-c-est-dallas-en-anjou-la-bataille-de-l-ancien-depute-pierre-lellouche-contre-les-silos-a-grains-geants-de-morannes-sur-sarthe_6056766_3224.html>, Le Monde, 21/10/20, 05h19
3- La France présentera son plan stratégique agricole en 2021 <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/21/la-france-presentera-son-plan-strategique-agricole-en-2021_6056821_3234.html>, Le Monde, 21/10/20, 10h33
4- Sauvons : les abeilles, les papillons, les poissons & l’Homme ! <https://www.facebook.com/ApiculteursOccitanie/>, Syndicat des Apiculteurs d’Occitanie, 21/10/20
5- Lactalis accusé de ne pas respecter le code de l’environnement en polluant notamment des rivières en France <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/22/le-groupe-laitier-lactalis-accuse-de-ne-pas-respecter-le-code-de-l-environnement_6056932_3244.html>, Le Monde avec AFP, 22/10/20, 10h52
6- Reportage. Au Bénin, l’ananas bio et équitable protège les agriculteurs <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/20/au-benin-l-ananas-bio-et-equitable-protege-les-agriculteurs_6056702_3212.html>, Le Monde, maj le 22/10/20 à 21h45
7- Laure Noualhat : « L’alimentation est au cœur de ma vision de l’écologie » <https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2020/10/23/laure-noualhat-l-alimentation-est-au-c-ur-de-ma-vision-de-l-ecologie_6057139_4497540.html>, Le Monde, 23/10/20, 15h23
8- Après des négociations tendues, les eurodéputés adoptent la nouvelle politique agricole commune <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/23/apres-des-negociations-tendues-les-eurodeputes-adoptent-la-nouvelle-politique-agricole-commune_6057172_3244.html>, Le Monde avec AFP, 23/10/20, 19h26 
9- Trois applis pour contribuer à la reforestation <https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2020/10/24/trois-applis-pour-contribuer-a-la-reforestation_6057231_4497916.html>, Le Monde, 24/10/20, 10h00
10- La France va renforcer ses mesures de prévention dans sa lutte contre la grippe aviaire <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/25/la-france-va-renforcer-ses-mesures-de-prevention-dans-sa-lutte-contre-la-grippe-aviaire_6057302_3244.html>, Le Monde avec AFP, 25/10/20,  11h30
11- Tribune. « Le recours aux néonicotinoïdes sous prétexte de sauver la betterave est une erreur fondamentale » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/26/le-recours-aux-neonicotinoides-sous-pretexte-de-sauver-la-betterave-est-une-erreur-fondamentale_6057417_3232.html>, Le Monde, 26/10/20, 14h30
12- Phytosanitaires : le fongicide mancozèbe sera interdit en Europe à partir de 2021 <https://www.actu-environnement.com/ae/news/Interdiction-pesticides-dangereux-fongicide-mancozebe-36372.php4>, Actu-environnement, 26/10/20, 15h05 
13- Vins : les coopératives grappillent du terrain <https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/10/26/vins-les-cooperatives-grappillent-du-terrain_6057432_4500055.html>, M Le Mag, 26/10/20, 18h00
14- Les néonicotinoïdes, « l’arbre qui cache la forêt » de la crise de la betterave en France <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/26/les-neonicotinoides-le-vrai-faux-remede-a-la-crise-betteraviere_6057404_3234.html>, Le Monde, maj le 27/10/20 à 09h27
15- Après les député.e.s, les sénateurs et sénatrices manquent de vision et de courage en votant pour le retour des « insecticides tueurs d’abeilles » <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/cp271020-neonicotinoides-senat_0.pdf>, Fondation pour la Nature et l’Homme, communiqué du 27/10/20
16- Forêts : la crise des scolytes s'étend et redouble d'intensité <https://information.tv5monde.com/info/forets-la-crise-des-scolytes-s-etend-et-redouble-d-intensite-381161>, AFP, 27/10/20, 20:00
17- Des fonds américains financent la déforestation, selon Amazon Watch <https://information.tv5monde.com/info/des-fonds-americains-financent-la-deforestation-selon-amazon-watch-381170>, AFP, 27/10/20, 23:00
18- Chronique. Réintroduction des néonicotinoïdes : « La crise sucrière actuelle a moins à voir avec les pucerons qu’avec la fin des quotas européens en 2017 » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/28/la-crise-sucriere-actuelle-a-moins-a-voir-avec-les-pucerons-qu-avec-la-fin-des-quotas-europeens-en-2017_6057622_3232.html>, Le Monde, 28/10/20, 08h05 
19- Interview. Vote sur les pesticides au Sénat : «Ce qui s’est passé la nuit dernière est grave» <https://www.liberation.fr/terre/2020/10/28/pesticides-ce-qui-s-est-passe-la-nuit-derniere-est-grave_1803726>, Libération, 28/10/20, 16:13
20- Des niveaux alarmants de pesticides mesurés dans les sols et les vers de terre <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/29/des-niveaux-alarmants-de-pesticides-mesures-dans-les-sols-et-les-vers-de-terre_6057724_3244.html>, Le Monde, 29/10/20, 03h37
En images
21- Vidéo. Voici pourquoi cet agriculteur bio n'a pas besoin de néonicotinoïdes pour ses betteraves <https://positivr.fr/betteraves-bio-sans-pesticides-neonicotinoides-sur-le-front/>, Positivr, 15/10/20
22- Pascal Auriat, le maître boulanger <https://www.france.tv/france-2/13h15-le-samedi/2017417-pascal-auriat-le-maitre-boulanger.html>, France 2, 13h15 le samedi, 24/10/20
Une annonce
23- Rencontres de la Ruralité conquérante : Soyez avec nous... depuis chez vous ! <https://3yedv.r.a.d.sendibm1.com/mk/mr/Ta1pyrtpX5QYGOQxctXX6NNRAWAC0rasLJmPay_ejlUNDWJWS6a9XCOnEL1Fpko328WZG70brOfRSeDBe5cvw9KY4VQ9wutaDPrGzAIbs3gHcg>, le 31/10/20 de 11h à 18h30

Bien à vous,
Florence

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DOSSIER DU JOUR : Après les député.e.s, les sénateurs et sénatrices mettent les abeilles au pilori en donnant leur feu vert à la réautorisation des néonicotinoïdes. (cf. item 4, 11, 14, 15, suite, 18, 19 & 21)
TRAVAUX DU JOUR : Non seulement les néonicotinoïdes se diffusent largement dans l’environnement, hors des parcelles traitées mais ils s’y accumulent à des concentrations inattendues et alarmantes, en combinaison avec d’autres pesticides couramment utilisés. (cf. item 20 & suite)
TENSION DU JOUR : Terrena, la grande coopérative agricole qui règne sur le bocage angevin, est un léviathan de l’agriculture industrielle – 14 000 salariés, 21 500 exploitations agricoles, près de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires – qui utiliserait ses adhérents pour contourner le droit et faciliter l’implantation de sites industriels. Ces grandes coopératives transforment les agriculteurs en salariés pauvres, étranglés par les dettes, et les contraignent à industrialiser toujours plus leurs pratiques pour survivre. (cf. item 2)
DÉCISION DU JOUR : Le Parlement européen a adopté la prochaine politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne (UE), avec notamment des obligations environnementales accrues pour les agriculteurs, propositions jugées insuffisantes par des ONG écologiques et des eurodéputés au regard des enjeux climatiques. (cf. item 3, 8 & suite)
DOTATION DU JOUR : Le Fonds Avenir Bio bénéficiera de 5 millions d'euros supplémentaires par an de 2021 à 2022. Ce fonds géré par l'Agence bio disposera désormais de 13 millions d'euros par an jusqu'en 2022. (cf. item 1)
INVESTIGATION DU JOUR : Selon le site d’investigation « Disclose », « entre 2010 et aujourd’hui » 38 usines du groupe laitier Lactalis ont été ou sont toujours en violation du code de l’environnement. (cf. item 5)
SURVEILLANCE DU JOUR : Le risque d’introduction par les oiseaux migrateurs du virus influenza aviaire passe de « négligeable » à « modéré » en France, a prévenu le ministre de l’agriculture, qui appelle à une « surveillance accrue ». (cf. item 10)
RÉTROSPECTIVE DU JOUR : La plupart des 600 coopératives viticoles françaises se sont modernisées. Elles ont fait progresser leurs vins en précision et en qualité. Et s’attaquent même au haut de gamme. (cf. item 13)
ALERTE DU JOUR : Avec nouvelle sécheresse vécue au printemps et à l'été derniers, les constats du terrain font remonter une démultiplication des peuplements d'épicéas ravagés par les scolytes et rendent les coupes sanitaires inévitables dans les forêts touchées. (cf. item 16)
RAPPORT DU JOUR : Des groupes financiers américains contribuent à la destruction de l'environnement en Amazonie et aux violations des droits des indigènes en déversant des milliards de dollars dans des compagnies au comportement douteux, selon un rapport publié par Amazon Watch. (cf. item 17 & suite)
ALTERNATIVE DU JOUR : An Bénin, des petits producteurs d’ananas ont développé depuis une dizaine d’années, une filière bio et équitable en s’appuyant sur un partenariat économique avec une coopérative de Marmande. Une démarche qui leur assure des débouchés et une meilleure rémunération. (cf. item 6)
PORTRAITS DU JOUR : — Agriculteur dans le Nord, Jean-Luc Traisnel cultive des betteraves sans faire appel aux pesticides. Résultat ? Pas de souci de jaunisse. (cf. item 21)
— Dans le petit village de Laguiole au cœur de l’Aubrac, Pascal Auriat, le boulanger perfectionniste, a une ambition : faire oublier la baguette blanche et sans saveur à ses habitants. (cf. item 22)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
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> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
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> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Le Fonds avenir Bio va être doté de 5 M€ supplémentaires par an, Actu-environnement, 20/10/20
Dorothée Laperche 

Le Fonds Avenir Bio disposera de 5 millions d'euros supplémentaires par an de 2021 à 2022. Cette mesure s'inscrit dans les dispositions prévues par le volet transition agricole du plan de relance, présenté en septembre dernier. L'objectif de ce fonds est d'accompagner financièrement des programmes de développement de la production biologique. Ce fonds géré par l'Agence bio avait déjà été doublé pour être porté à 8 M€ en 2019. Il disposera donc désormais de 13 millions d'euros par an jusqu'en 2022.
Sans attendre cette enveloppe, un nouvel appel à projets est d'ores et déjà ouvert pour une clôture le 12 janvier prochain. « Un prochain guichet de ce Fonds Avenir Bio, toujours soutenu par le plan de relance, sera ouvert début 2021 sur une période plus longue, pour permettre un dépôt des dossiers au fil de l'eau », précise le ministère de l'Agriculture.
Reste à savoir si ce renforcement permettra de contribuer à atteindre l'objectif de 15 % de la surface agricole utile (SAU) en bio en 2022. Un rapport de la commission des finances du Sénat publié fin janvier dernier par les sénateurs Yannick Boutrel (PS, Côtes-d'Armor) et Alain Houpert (LR, Côte-d'Or) doutait de l'efficacité de la politique française pour y arriver et pointait notamment une nécessaire réorganisation de l'Agence bio. « Au-delà des difficultés crées par les modalités de sa gouvernance, la coexistence de missions éventuellement contradictoires représente une autre sérieuse difficulté, difficulté encore accrue par le développement de sa fonction de financeur dans le cadre d'un « fonds avenir bio » auquel l'agence est censée apporter une expertise dont les moyens semblent lui manquer, et dont la gestion, malgré les précautions prises pour prévenir toute dérive, mériterait un audit », dénonçaient-ils alors.
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/fonds-avenir-bio-plan-relance-cinq-millions-supplementaires-par-an-agriculture-36336.php4>
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2- Enquête. « Cette histoire, c’est Dallas en Anjou » : la bataille de l’ancien député Pierre Lellouche contre les silos à grains géants de Morannes-sur-Sarthe, Le Monde, 21/10/20, 05h19
Stéphane Foucart Morannes-sur-Sarthe (Maine-et-Loire), envoyé spécial

Dans le paisible bocage angevin, un projet de construction de silos à grains provoque la colère d’une partie des habitants, dont l’ancien député parisien Pierre Lellouche. Un conflit révélateur des tensions provoquées par l’agriculture intensive.
Le faisceau de la lampe de poche perce l’obscurité, se promène sur le plafond de la chapelle, encore partiellement délabrée. Après quelques hésitations, le halo de lumière se fixe sur un blason bleu, peint sur la charpente. « Là, s’exclame Pierre Lellouche, les armoiries du roi René ! » Depuis une décennie, l’ancien député (Les Républicains, LR) de Paris et secrétaire d’Etat au commerce extérieur de Nicolas Sarkozy vit une ruineuse histoire d’amour avec une maison du XVe siècle nichée entre Sarthe et Maine-et-Loire, dans ce qui reste du bocage angevin. « Quand nous sommes arrivés il y a dix ans, le manoir de Chandemanche était utilisé comme lieu de stockage de matériel agricole, dit Pierre Lellouche. Tout ce que j’ai, je l’ai mis pour le restaurer. »
L’ancien secrétaire d’Etat rappelle avec fierté que des pages d’histoire se sont écrites dans les parages. Le roi René d’Anjou (1409-1480) a fréquemment séjourné ici, dans ce qui était alors l’un de ses relais de chasse. Louis XI (1423-1483) a, lui aussi, dû en franchir à plusieurs reprises les douves, toujours en eau : c’est lui qui a consacré la petite chapelle en attente de restauration. A quelques kilomètres de là, à Baugé, s’est tenue l’une des plus célèbres batailles de la guerre de Cent Ans.
> Lire aussi L’ancien secrétaire d’Etat Pierre Lellouche se retire de la vie politique et rend sa carte des Républicains
Aujourd’hui, à deux pas du manoir, se joue une autre bataille. Non contre une armée quelconque, mais contre l’avancée inexorable de l’agriculture industrielle. Le front se situe à 535 mètres du monument historique – ce détail a son importance –, le long de la départementale 75, entre les villages de Morannes-sur-Sarthe (1 860 habitants) et Daumeray (1 530 habitants). Là doit s’élever, dans les mois à venir, un ensemble de grands silos à grains.
L’affaire semble picrocholine, mais Pierre Lellouche y voit tous les ressorts de l’industrialisation des campagnes françaises, et compte bien lui donner une dimension nationale. Le préfet est prévenu, le procureur de la République saisi, ainsi que le Conseil d’Etat, qui doit rendre, dans les prochains jours, un avis sur le fond du litige entre l’ancien secrétaire d’Etat et ses voisins d’une part, et le porteur du projet d’autre part, un agriculteur d’une vingtaine d’années, Nicolas Hérillard.
L’histoire commence il y a près d’un an, peu avant Noël. « Fin décembre, on découvre des travaux considérables de l’autre côté de la route, raconte Pierre Lellouche. Les haies ont été arrachées, des terrassements énormes sont en cours. On croise les voisins : personne ne sait ce qui se passe. Aucun panneau, aucune affiche, rien. »
Une rumeur de protestation circule à Morannes et une affiche apparaît enfin. Celle-ci indique que c’est un simple silo à grains qui va sortir de terre, sur une emprise modeste de 155 m2. Mais, dans ce cas, pourquoi diable un terrassement de cette ampleur ? La consultation du permis de construire offre une tout autre version du projet. Celui-ci porte en réalité sur un ensemble de dix silos, avec une emprise bien plus étendue : trois voies de dégagement sont prévues, destinées à la noria de 38-tonnes appelés à charger et décharger le grain.
Juste sous les seuils réglementaires
L’ancien secrétaire d’Etat s’en étrangle. « Ce qui doit être construit fait 70 mètres de long et 40 mètres de large, sur 20 mètres de hauteur ! Une barre d’immeuble en pleine campagne ! » Les seuils limites semblent avoir été soigneusement pris en compte : le volume total de stockage déclaré de l’installation est de 14 999 m3, soit 1 m3 de moins que la limite réglementaire qui déclenche une inscription d’« installation classée pour l’environnement », ce qui soumet celle-ci à des contraintes.
Pierre Lellouche n’est pas seul à s’inquiéter. Les Colignon, les Guy, les Louveau, les Gauthier : les riverains proches du chantier rencontrés par Le Monde, tous installés de longue date sur la commune, se disent mécontents, voire furieux, et choqués de n’avoir jamais été prévenus ou informés. Ainsi, la maison d’Annie et Michel Colignon, un couple de retraités, est située à quelque 150 mètres du site, devant le terrassement d’où sort déjà la silhouette d’une immense grue, prête à servir.
« Nous vivons ici depuis 1984, indique Annie Colignon. On a vu l’agriculture intensive progresser, les haies disparaître les unes après les autres. » Sur le territoire de la commune, le lacis du bocage angevin, avec ses vergers et ses prés, laisse toujours plus la place aux vastes parcelles de grandes cultures. Et maintenant, les silos. « On sait que ça va avec des nuisances, les poussières, les camions et le risque d’accident, poursuit MmeColignon. Et il n’y a aucune caserne de pompiers à côté en cas de problème. »
> Lire la tribune : Agribashing : « Les changements que connaît l’agriculture dépassent largement les intérêts des exploitants »
Même inquiétude et même colère à un jet de pierre de là, chez Jean-Luc Louveau, maçon, qui sort les photos jaunies de vingt-sept années de travail à restaurer, agrandir et embellir sa maison. « Savoir que vos parents ont trimé autant pour leur maison et voir ça de l’autre côté de la route, ça touche », s’indigne son fils, 19 ans, étudiant paysagiste. Cela sans parler de la circulation des camions et du bruit continu des séchoirs.
Gilbert Kahn, maire de Morannes de 2014 à 2020, comprend qu’il a accordé un peu vite le permis de construire, en novembre 2019, et tente donc de corriger le tir. « J’avais invité Nicolas Hérillard à participer à une réunion, début janvier, avec l’architecte des bâtiments de France et un responsable du département, pour que nous puissions discuter ensemble de son projet, dit-il. Il est venu, mais nous a opposé une fin de non-recevoir, en précisant qu’il mettrait la clé sous la porte s’il ne pouvait le mener à bien. »
Guérilla juridique
Dans les semaines suivantes, la guérilla juridique s’enclenche. Annulation du permis de construire par la mairie. Annulation de l’annulation par le tribunal administratif de Nantes. Saisine de la même juridiction par les riverains, déboutés au motif qu’ils sont soit légèrement trop éloignés, c’est-à-dire à plus de 500 mètres, soit qu’ils saisissent la justice trop tard. « Chandemanche est à 535 mètres du site, c’est-à-dire 35 mètres trop loin pour que soit reconnu mon intérêt à agir en justice, peste Pierre Lellouche. Il aurait été impossible de construire ces silos à 500 mètres d’un monument historique. »
Quant au riverain le plus proche du chantier, Claude Chevrollier, il aurait été dissuadé de s’associer à la plainte par plusieurs interventions du maire de Daumeray, Jean-Luc Davy. Fin juillet, la dizaine de riverains écrit au préfet pour dénoncer une « subornation de témoins », puis saisit le procureur de la République. « Cette histoire, c’est Dallas en Anjou », résume Pierre Lellouche. Interrogé, M. Chevrollier confirme avoir été « dissuadé », sans avoir été « menacé » par l’édile. Quant à ce dernier, il ne fait pas de commentaires sur ce point précis, mais ajoute qu’il ne s’agit à ses yeux que d’une histoire locale, d’un banal conflit de voisinage. « Il n’y a aucune raison de donner de publicité nationale à cette histoire », assure-t-il.
> Lire aussi Découverte d’un méga-site gaulois de silos à grains en Auvergne
Sans surprise, Pierre Lellouche n’est pas de cet avis. Selon lui, l’histoire illustrerait une manœuvre de Terrena, la grande coopérative agricole qui règne sur ce territoire, dont M. Hérillard est adhérent. Pour M. Lellouche, ce léviathan de l’agriculture industrielle – 14 000 salariés, 21 500 exploitations agricoles, près de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires – utiliserait ses adhérents pour contourner le droit et faciliter l’implantation de sites industriels. La coopérative pourrait ainsi, selon l’ancien député, se soustraire à ses responsabilités en cas d’accident, et faire reposer le risque sur ses adhérents.
Car les silos, parfois, explosent. La faute à la mise à feu accidentelle des poussières en suspension. C’est par exemple arrivé en 1982 à Metz (12 morts), à Blaye en 1997 (11 morts), à Strasbourg en 2018 (4 blessés)… « Les agriculteurs ont le droit de construire des installations de stockage pour le produit de leur récolte, précise M. Lellouche. En l’occurrence, les 170 hectares de l’agriculteur ne peuvent remplir qu’un dixième de la capacité de ces silos. Le reste sera loué à la coopérative : l’objectif de telles installations est de stocker d’énormes quantités de céréales en fonction des fluctuations du marché. Cela n’a plus rien à voir avec de l’agriculture, c’est de la finance. »
L’impossible ruissellement
Sollicité à plusieurs reprises, Nicolas Hérillard ne souhaite pas répondre aux questions du Monde, mais transmet un communiqué dans lequel il indique que « la construction de dix cellules répond aux besoins de l’exploitation, afin de stocker nombre de graines différentes : blé, blé dur, orge, avoine, pois, féverole, maïs, tournesol, de culture biologique ou traditionnelle ». Le jeune agriculteur ajoute que les silos ne font qu’un peu plus de 13 mètres, seule la tour permettant le chargement culminant à 18 mètres. D’après lui, des arbres cacheront le tout.
De son côté, la coopérative récuse toute évolution de sa stratégie industrielle, ainsi que les accusations de M. Lellouche, mais confirme son intention d’utiliser l’installation. « Lorsque M. Hérillard a défini son projet, il a proposé à sa coopérative [Terrena] de bénéficier d’une partie de ses capacités de stockage sous la forme d’une prestation », explique un porte-parole de la société, évoquant un contrat de stockage de céréales signé avec l’agriculteur. La coopérative ajoute qu’elle dispose de son propre réseau de collecte et de stockage et dit y investir, chaque année, 10 millions d’euros.
> Lire aussi « Beaucoup de gens, à Paris, sont moins bien logés que mes vaches » : le désarroi du monde agricole face à l’« agribashing »
« Quand j’étais secrétaire d’Etat, j’ai passé du temps à l’étranger à vanter l’agriculture française, poursuit Pierre Lellouche. Maintenant que je vois ça du terrain, je suis écœuré. Ces grandes coopératives transforment les agriculteurs en salariés pauvres, étranglés par les dettes, et les contraignent à industrialiser toujours plus leurs pratiques pour survivre. Un projet comme celui-ci, c’est un emprunt de 3 millions d’euros ! »
Avec l’affaire des silos, d’autres rancœurs remontent : les parcelles qui s’agglomèrent, les arbres qui disparaissent, l’horizon toujours plus lointain. Posté à deux pas de son jardin, en bordure des tournesols, Jean-Luc Louveau semble s’en étonner encore. Il pointe au loin, vers un bref éclair de lumière : « Vous voyez la voiture qui réfléchit le soleil ? La parcelle va jusque-là. Ça devient la plaine, ici ! » Pierre Lellouche, lui, ne s’en remet pas. « C’est dingue : on ruine le pays et l’Etat est absent, fulmine-t-il. Quand on arrive par l’autoroute, on voit un panneau annonçant fièrement le bocage angevin. Mais où est-il, le bocage angevin ? Il a été rasé ! Nous n’avons plus d’abeilles, presque plus d’oiseaux, il ne reste que des frelons et des sangliers. Tout ce que cette “nouvelle agriculture” garde en vie, ce sont les nuisibles. »
Ce n’est pas tout. Les champs immenses ont tendance à se gorger d’eau lorsqu’il pleut : des drains sont installés et inondent maisons et jardins pendant les fortes pluies. Et l’eau perdue n’alimente plus les ruisseaux. « Il suffit d’un agriculteur qui rachète pas mal de terres et agrandisse les parcelles pour que ça change toute l’hydrographie de la zone, témoigne Gilbert Kahn. On a récemment demandé à la police de l’eau d’intervenir, mais ils nous ont d’abord dit qu’ils ne pourraient pas venir avant des semaines parce qu’ils n’avaient pas de voiture pour se déplacer. » Depuis, les fonctionnaires sont venus et ont intimé à l’agriculteur de trouver « un autre exutoire pour ses eaux que les ronds-points et les routes », poursuit M. Kahn. Quant au site de stockage, « il va encore accentuer le ruissellement », craint M. Louveau.
La vieille maison du roi René réagit, elle aussi, à la transformation des paysages. Pierre Lellouche montre ses douves, connectées depuis cinq siècles au réseau hydrographique local. « Ce printemps, elles ont perdu un mètre. »
<https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/10/21/cette-histoire-c-est-dallas-en-anjou-la-bataille-de-l-ancien-depute-pierre-lellouche-contre-les-silos-a-grains-geants-de-morannes-sur-sarthe_6056766_3224.html>
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3- La France présentera son plan stratégique agricole en 2021, Le Monde, 21/10/20, 10h33
Laurence Girard 

Les subventions européennes représente, en moyenne, près de 20 % des recettes des exploitations agricoles. 
Le vote des députés européens, prévu vendredi 23 octobre, sur le projet de la prochaine politique agricole commune (PAC) pour la période 2021-2027 est très attendu par les agriculteurs français. Cette nouvelle mouture de la PAC va conditionner le futur de nombre d’entre eux. L’enjeu est à la mesure du poids de cette politique dans la structuration des filières alimentaires, dans le tissu économique des territoires ruraux, dans la question environnementale et climatique, et, bien sûr, dans l’assiette du consommateur.
Un pas crucial a été franchi le 21 juillet. A l’issue d’un round très dur de négociations, les Vingt-Sept se sont accordés sur le budget 2021-2027 alloué à la PAC. Il prévoit le maintien du montant global en valeur faciale, même si, en tenant compte de l’inflation, il pourrait baisser de près de 10 %. Soit une enveloppe de 386 milliards d’euros. Pour la France, la quote-part serait de 62,4 milliards d’euros. Un résultat salué peu ou prou par l’ensemble des syndicats agricoles.
> Lire aussi  Le lobby agricole lutte contre un verdissement de la PAC
Le cadre budgétaire étant dessiné, il reste à fixer les outils de répartition et à déterminer la stratégie agricole européenne et française. Bruxelles a demandé à chaque Etat membre de lui livrer un « plan stratégique national de la PAC ». Un exercice retardé après les aléas des discussions européennes. Il devait être prêt en septembre. Le ministère de l’agriculture estime désormais qu’il l’enverra au deuxième trimestre 2021. Il préfère attendre de connaître l’épure du projet bruxellois pour parfaire sa copie.
Dix objectifs
Toutefois, en février, en préalable au débat français, le gouvernement a établi un diagnostic de la PAC et en tire quelques lignes directrices pour la suite. Il identifie finalement 48 besoins nationaux classés en dix objectifs : revenus des agriculteurs, compétitivité, filières, climat, ressources naturelles, biodiversité, jeunes agriculteurs, développement local, exigences sociétales, modernisation et connaissances.
> Lire aussi  PAC : « Le temps est venu de bâtir ensemble la souveraineté alimentaire résiliente dont la France et l’Europe ont besoin ! »
Ce travail met en exergue, en préambule, la grande diversité des situations financières des exploitations agricoles. Prenant en exemple les chiffres de 2017, il rappelle que le revenu annuel moyen d’un agriculteur était de 27 400 euros. Mais 14 % des paysans accusaient des pertes, quand 15 % gagnaient plus de 50 000 euros. Une forte disparité relevée entre les productions, entre les régions, mais aussi d’une année sur l’autre. Le démantèlement des outils de régulation des marchés agricoles, désormais ouverts à la mondialisation, expose les agriculteurs aux mouvements brusques des cours. Une volatilité encore accrue par les accords commerciaux bilatéraux signés par l’Europe avec des pays tiers. Depuis 2005, la volatilité des prix agricoles a plus d’incidence sur le revenu des agriculteurs que les variations de rendement.
Dans ce contexte, le rapport souligne l’importance des subventions européennes dans le revenu des agriculteurs. Près de 90 % des exploitations en bénéficient pour un montant moyen de 33 200 euros, cela représente près de 20 % de leurs recettes. Ce ratio monte même à 40 % pour les fermes de 50 à 200 hectares. Sans les aides, 50 % des exploitations auraient des résultats négatifs, un pourcentage qui atteint 80 % pour les éleveurs bovins et ovins et 70 % pour les fermes en zones de montagne ou défavorisées, qui bénéficient d’un soutien spécifique.
Un nombre d’agriculteurs réduit de moitié entre 1998 et 2016
Ce diagnostic souligne également l’effet de la PAC sur l’attrition du nombre d’agriculteurs et son corollaire, l’agrandissement des fermes. Un mouvement qui n’a pas épargné la France, même s’il est plus contenu que dans d’autres pays européens. Le nombre d’agriculteurs a été réduit de moitié entre 1998 et 2016 passant de 1 million à 437 000. La taille moyenne de la propriété agricole augmentant de 28 à 63 hectares sur ce laps de temps. En parallèle, l’agriculture s’est spécialisée et intensifiée, avec des effets majeurs sur la biodiversité.
> Lire aussi  Trois jours d’assemblée citoyenne pour redéfinir un nouveau « contrat social » de la PAC
Si le constat est globalement partagé, le débat sur la future PAC divise. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles met en avant la compétitivité de l’agriculture et prône un statu quo, jugeant que « la PAC est en phase avec les attentes des marchés et de la société », lorsque la Confédération paysanne souhaite qu’elle « devienne l’outil de la transition écologique », en augmentant la part de financement des mesures environnementales. Elle demande également un plafonnement des aides et un soutien accru aux petites fermes et aux actifs pour une meilleure redistribution. La Coordination rurale, s’oppose, elle, aux plans stratégiques nationaux, « une décision qui s’apparente à une renationalisation permettant 27 politiques nationales ». Mais elle soutient des amendements d’eurodéputés favorables à la régulation des productions, aux outils de gestion de crise et à l’interdiction d’importations de produits ne respectant pas les normes de production européennes.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/21/la-france-presentera-son-plan-strategique-agricole-en-2021_6056821_3234.html>
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4- Sauvons : les abeilles, les papillons, les poissons & l’Homme !, Syndicat des Apiculteurs d’Occitanie, 21/10/20

Il est des combats, pour lesquels on ne peut hésiter. Protéger notre santé et la biodiversité devrait être un dénominateur commun dans l’esprit de chaque être humain. Pourtant … pourtant certains, par bêtise ou par appétence pour de l’argent (qui bien souvent ne leur reviendra pas), font d’autres choix.
Il en va ainsi de l’ensemble des députés français s’étant abstenus ou ayant voté pour la réintroduction des néonicotinoïdes, ces pesticides qui tuent nos abeilles et pas seulement.
Comment peut-on en conscience voter contre les 1222 études scientifiques internationales qui nous démontrent l’effet reprotoxique des néonicotinoïdes, leur effet délétère sur la mémoire, ou tout simplement la mort pour nos papillons, abeilles, bourdons, poissons …?
Face à cet écocide voté par 313 députés contre 158, le Syndicat des Apiculteurs d’Occitanie se mobilise et organise depuis aujourd’hui plusieurs actions de sensibilisation, notamment des habitants sur le choix exprimé par leur député. L’occasion d’alerter les citoyens sur le difficile combat des apiculteurs contre les pesticides mais aussi le frelon asiatique, afin d’assurer la survie de nos abeilles et notre autonomie alimentaire.
Jeudi dernier les firmes perdaient leur recours européen contre la précédente interdiction des insecticides néonicotinoïdes, aujourd’hui notre collègue et ami Paul François gagne pour la 5ème fois son procès contre Monsanto-Bayer.
Que font nos députés ? Que fait notre gouvernement ?
Suivez nos actions sur nos réseaux sociaux. La semaine prochaine se sera au tour de nos sénateurs de se prononcer.
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5- Lactalis accusé de ne pas respecter le code de l’environnement en polluant notamment des rivières en France, Le Monde avec AFP, 22/10/20, 10h52

Selon le site d’investigation « Disclose », « entre 2010 et aujourd’hui » 38 usines du groupe laitier ont été ou sont toujours en violation de ce code. 
Des usines du groupe laitier français Lactalis ne respectent pas le code de l’environnement en France, avec des pollutions de diverses natures, selon une enquête publiée lundi 19 octobre par le média d’investigation Disclose.
Le site web, qui a travaillé dans le cadre d’un partenariat avec Mediapart, Brut, France Culture, The Guardian, Envoyé spécial (France2) et le site d’investigation Le Poulpe, s’est intéressé notamment aux installations industrielles en France du géant laitier, qui en compte 250 à travers le monde.
Selon Disclose, « entre 2010 et aujourd’hui (…) 38 usines Lactalis ont été ou sont toujours en violation du code de l’environnement » en France, « soit plus de la moitié des 60 établissements recensés et analysés dans le cadre de cette enquête ». Ces usines sont des installations classées pour la protection de l’environnement, aussi appelées IPCE. Disclose s’est fondé sur des documents issus des directions régionales de l’environnement (DREAL) et des directions départementales de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP).
> Lire aussi  Lactalis va baisser le prix du lait payé aux éleveurs
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/22/le-groupe-laitier-lactalis-accuse-de-ne-pas-respecter-le-code-de-l-environnement_6056932_3244.html>
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6- Reportage. Au Bénin, l’ananas bio et équitable protège les agriculteurs, Le Monde, maj le 22/10/20 à 21h45
Morgane Le Cam

En une dizaine d’années, des petits producteurs d’ananas ont développé une filière bio et équitable en s’appuyant sur un partenariat économique avec une coopérative de Marmande. Une démarche qui leur assure des débouchés et une meilleure rémunération.
Le ballet est incessant. Sur le tapis roulant de l’usine Jus Tillou, les ananas roulent et déboulent, l’un après l’autre, dans la gueule d’acier de l’extracteur industriel. Quelques secondes plus tard, il n’en reste plus qu’un jus jaune pâle au goût exceptionnel. « L’ananas du Bénin est le meilleur du monde. Nous n’avons rien besoin d’y ajouter, la nature a tout prévu », sourit avec fierté Bertille Guèdègbé Marcos, la PDG des Jus Tillou. Son usine, dont la production a démarré à 2016 dans la petite ville d’Allada (50 km au nord de Cotonou), est la toute première unité de transformation d’ananas biologique équitable du Bénin. L’an dernier, elle a déjà pu exporter près de 600 000 litres de jus vers la France.
Historiquement, ce pays agricole d’Afrique de l’Ouest est un champion continental de l’ananas. Après le coton et l’anacarde (noix de cajou), le fruit en est le troisième produit le plus exporté. Mais avant Mme Marcos, personne n’avait eu l’idée de valoriser la filière en exportant de l’ananas biologique. En 2018, Les Jus Tillou a franchi une étape supplémentaire en obtenant le label Fairtrade (commerce équitable). Désormais, l’entreprise garantit à ses fournisseurs, réunis au sein du Réseau des producteurs d’ananas du Bénin (RéPAB), un salaire nettement supérieur à celui qu’ils percevaient par le passé.
« Ce label est une véritable aubaine. Depuis, je gagne beaucoup mieux ma vie. J’ai pu offrir des études convenables à mes enfants », s’enthousiasme François Bodotodé, membre du RéPAB, en faisant le tour du propriétaire. A quelques kilomètres de l’usine d’Allada, son exploitation de près de 3 000 m2 accueille plus de 15 000 plants d’ananas.
Une filière exigeante
La parcelle de M. Bodotodé n’a pas toujours été aussi vaste, ni biologique et encore moins équitable. Le chemin parcouru par l’agriculteur de 47 ans pour atteindre l’équilibre économique et la labellisation Fairtrade a été long et semé d’embûches.
Il y a plus de vingt ans, quand le paysan béninois se lance dans la production, le bio n’existe pas. Comme les 1 600 autres producteurs du RéPAB, M. Bodotodé vend alors son kilo d’ananas conventionnel une misère, à peine 65 francs CFA (environ 0,10 centime). Les pesticides, eux, brûlent les terres à petit feu. Alors, pour préserver l’avenir de leurs sols et gagner plus d’argent, les membres du RéPAB se convertissent au biologique. En 2009, avec l’aide de Mme Marcos, le RéPAB obtient sa certification bio. La filière, précurseur au Bénin, se structure mais manque de professionnalisme.
« Le kilo d’ananas bio aurait dû nous rapporter environ 90 FCFA. Sauf qu’on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas de marché national pour le bio. Nous nous sommes retrouvés à devoir vendre nos fruits au prix du conventionnel, 65 FCFA du kilo ! On ne s’en sortait pas », raconte Damien Kiki, le directeur du RéPAB. A ce moment-là, la filière biologique menace de s’effondrer.
Partenariat avec des agriculteurs français
Enfin, jusqu’à ce jour de 2015 où M. Kiki croise le chemin d’AFDI (Agriculteurs français et développement international). L’association, chargée de construire des partenariats raisonnés entre le monde agricole français et les pays du Sud, voit au contraire la demande d’ananas biologique croître fortement en France. En Nouvelle-Aquitaine, un de ses plus fidèles partenaires, le groupe coopératif Terres du Sud, est à la recherche de producteurs pour alimenter sa filiale, Les Jus de Marmande. Pour l’AFDI, le partenariat avec le RéPAB, qui cherchait alors un marché pour sauver sa production biologique, est une évidence. Ensemble, Les Jus de Marmande et le RéPAB se joignent donc à Mme Marcos et à son entreprise Les Jus Tillou pour créer l’usine d’Allada.
Pour ce faire, les nouveaux partenaires montent un modèle économique novateur où le capital des Jus Tillou est partagé entre les acteurs. Pour la première fois au Bénin, des agriculteurs, à travers le RéPAB, deviennent actionnaires de l’usine chargée de transformer et d’exporter leur produit. « Etre assis à la table des négociations avec les industriels a professionnalisé notre filière. Nous comprenons toute la chaîne de production et les prix. A l’avenir, nous serons plus à même de défendre nos droits et de gagner en indépendance », souligne M. Kiki.
> Lire aussi Au Sénégal, miser sur l’agroécologie pour un développement plus durable
En 2016, le patron du RéPAB et ses nouveaux associés regardent avec fierté sortir de terre l’usine d’Allada, qui se spécialise alors dans la production de jus d’ananas biologique.
Le label équitable n’existe pas encore. Mais peu de temps après l’export des premiers jus, le modèle économique de la jeune équipe Nord-Sud vacille quand le Costa Rica se met à inonder le marché mondial d’un jus d’ananas biologique deux fois moins cher que le leur. En France, Les Jus de Marmande ne peut plus suivre et baisse alors de plus d’un tiers le volume d’ananas commandé aux Jus Tillou. Au bout de la chaîne, ce sont les producteurs du RéPAB qui trinquent, se retrouvant, une nouvelle fois, à devoir brader leur production biologique pour limiter les pertes.
Label rémunérateur
« C’était terrible mais nous sommes sortis gagnants de cette épreuve. Grâce à cet épisode, nous avons réalisé que la certification biologique ne suffisait pas à protéger les agriculteurs », souligne M. Kiki. De cette crise, naît chez les partenaires l’idée d’une labellisation « commerce équitable », seule à même de protéger les ventes des producteurs d’ananas. Car, avec l’étiquette Fairtrade, le prix du kilo d’ananas augmente de 60 %, grâce à une prime garantie par le label et reversée aux producteurs. Le jus équitable, vendu plus cher en France, rapporte plus aux producteurs béninois.
Pour les deux industriels, Les Jus de Marmande et Les Jus Tillou, la labellisation est aussi avantageuse. Vendre du jus bio étiqueté équitable leur permet de se démarquer encore davantage de la concurrence, tout en renforçant leur démarche sociale. « Aux Jus de Marmande, nous sommes très attachés aux conditions de vie des producteurs. Nous sommes des agriculteurs, comme eux. Nos relations dépassent largement le commercial. Et nous savons que ce schéma équitable est essentiel pour les accompagner au mieux », souligne Philippe Gary, le président des Jus de Marmande.
Au RéPAB, les agriculteurs ont accueilli la nouvelle de la labellisation Fairtrade comme un soulagement. Les craintes pour leur avenir se sont envolées. Car le label, obtenu en 2018, a fait passer le prix de vente du kilo d’ananas de 90 FCFA à 144 FCFA. Mieux, les paysans disposent désormais d’un « gendarme » chargé de contrôler que l’ensemble de la production leur est payé au juste prix.
> Lire aussi Entre la France et l’Afrique, l’agroécologie ne connaît pas de frontières
Assis au milieu de ses champs, M. Bodotodé, lui, planifie le futur. « Je viens d’acheter une nouvelle parcelle. Je la léguerai à mon fils, dans quelques années », sourit-il en coupant un de ses ananas à la machette. Avec, dans le regard, la fierté d’imaginer son fils reprendre le flambeau familial d’une agriculture biologique et désormais rentable.
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/20/au-benin-l-ananas-bio-et-equitable-protege-les-agriculteurs_6056702_3212.html>
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7- Laure Noualhat : « L’alimentation est au cœur de ma vision de l’écologie », Le Monde, 23/10/20, 15h23
Camille Labro 

La journaliste et réalisatrice a quitté Paris il y a sept ans pour se ressourcer dans l’Yonne. Depuis sa maison, entourée d’un potager et de vergers, cette défenseuse de l’environnement refait le monde avec ses proches, tout en les régalant d’un risotto de saison. 
La cuisine tient une place centrale dans mon ­quotidien. Je travaille chez moi, je mange et je cuisine trois fois par jour. Souvent, quand des amis viennent me rendre visite, ils proposent d’aller au resto, mais j’insiste pour qu’on reste à la maison et qu’on se mette aux fourneaux. Je ne transige pas là-dessus. On a les tomates du potager, les fruits du verger, des bons produits frais du marché.
Cela fait sept ans que j’ai quitté Paris pour vivre à Joigny, dans l’Yonne. Ici, j’ai un jardin et un verger un peu plus loin, derrière le cimetière, plein de pommiers, poiriers, cerisiers, pruniers… C’est un achat collectif, à visée politique et écologique pour reconstituer une ceinture verte autour de la ville. Et c’est mon refuge. J’y retrouve le temps long. Le silence, la simplicité, le lien au vivant. Une balade au verger, cela vaut quatre heures de méditation.
Il m’a fallu longtemps pour sortir d’un rapport purement serviciel à la nature. Je suis née à Avignon, mes parents ont divorcé très tôt, et j’ai l’impression d’être venue à la vie quand je suis enfin partie de chez moi. Ma mère, qui était anesthésiste, travaillait beaucoup. En cuisine, elle avait l’envie de bien faire, mais ni le temps ni la passion : c’était la spécialiste de la ratatouille flotteuse et de la quiche sans pâte. Côté repas, mon frère et moi étions livrés à nous-mêmes. Je suis une enfant des lasagnes, du hachis Parmentier et des brandades Findus, et j’ai développé un goût prononcé, jeune, pour les produits industriels dont je ne veux plus entendre parler aujourd’hui.
Tombée en « éco-depression »
Je me suis orientée vers des études d’ingénieur Télécom, avant de faire du journalisme. Je suis entrée à Libération en 2000, on a créé la page « Terre », j’ai traité de grandes épidémies, de canicules, de catastrophes naturelles. Forcément, je suis devenue écolo, et, à force d’être confrontée aux absurdités du monde et à l’indifférence générale, je suis tombée en « éco-dépression ». J’ai quitté la ville pour m’installer en Bourgogne – dans une maison vibrante, où l’on refait le monde autour de grandes tablées pleines de joie et de choses simples.
> Lire aussi  Voyage dans la France des utopistes
Le risotto est l’un des mets que je ­préfère. J’adore cette version automnale bien crémeuse, qui combine le fumé de la scamorza et la roquette craquante – une recette tirée d’un petit livre sur les risottos de Laura Zavan que j’utilise tout le temps. Ce plat, il ne faut pas le quitter des yeux, et touiller sans cesse. Avant, je croyais que c’était très compliqué, mais mon premier risotto m’a libérée de ce préjugé.
> Lire aussi  Le risotto d’automne : la recette de Laure Noualhat
L’alimentation est au cœur de ma vision de ­l’écologie : ça va avec les toilettes sèches, les producteurs, donc l’agriculture, le tissu socio­économique, la localité, la saisonnalité, le plaisir, la convivialité. L’une des solutions pour « rester écolo sans finir dépressif », c’est de ne pas rester seul, de convoquer ses amis éco-anxieux autour d’une bonne bouffe, d’un bon vin, de fromages, de pain, de quelques tomates juteuses ou d’un risotto crémeux. C’est aussi cela qui nous fait tenir.
§ Comment rester écolo sans finir dépressif, de Laure Noualhat, Tana éditions, 256  p., 18,90 €.
<https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2020/10/23/laure-noualhat-l-alimentation-est-au-c-ur-de-ma-vision-de-l-ecologie_6057139_4497540.html>
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8- Après des négociations tendues, les eurodéputés adoptent la nouvelle politique agricole commune, Le Monde avec AFP, 23/10/20, 19h26 

Des ONG environnementales et certains eurodéputés jugent ces propositions insuffisantes compte tenu des enjeux climatiques. 
C’est une étape cruciale pour l’agriculture européenne de demain. Le Parlement européen a adopté, vendredi 23 octobre, la prochaine politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne (UE), avec notamment des obligations environnementales accrues pour les agriculteurs, provoquant la colère d’organisations non gouvernementales (ONG) écologiques et d’eurodéputés qui jugent ces propositions insuffisantes compte tenu des enjeux climatiques.
Les trois rapports constituant la future PAC ont été adoptés à une large majorité, en dépit d’incertitudes sur l’issue du vote. Les ministres des 27 Etats membres s’étaient, eux, mis d’accord sur leur feuille de route.
Désormais, sur la base de leurs propositions respectives, eurodéputés, Etats et Commission européenne devront négocier et trancher d’ici au début de 2021 sur les règles qui s’appliqueront à partir de 2023. Les textes adoptés par le Parlement européen entendent conditionner les aides européennes apportées aux agriculteurs au respect de pratiques environnementales renforcées.
Les écorégimes – des primes accordées aux agriculteurs participant à des programmes environnementaux exigeants – seront rendus obligatoires et les Etats devront y consacrer au moins 30 % des paiements directs de l’UE aux exploitations. Les ministres des Vingt-Sept préconisent de n’y allouer que 20 %.
> Lire aussi  La France présentera son plan stratégique agricole en 2021
Les eurodéputés prévoient également de consacrer au moins 35 % du budget du développement rural à toutes sortes de mesures liées à l’environnement et au climat.
Soucieux de protéger les plus petites exploitations, ils ont par ailleurs voté pour réduire progressivement les paiements directs annuels aux agriculteurs au-dessus de 60 000 euros et pour les plafonner à 100 000 euros.
Enfin, les textes prévoient d’octroyer une marge de manœuvre accrue aux gouvernants en les laissant décider d’une partie de la distribution des fonds européens, à condition de respecter les engagements environnementaux et climatiques de l’UE.
« Un texte qui ne répond pas aux enjeux agricoles »
« La PAC sera un levier pour réaliser l’ambition du Green New Deal [adopté par Bruxelles au printemps dernier] » et permettra d’« accompagner les agriculteurs dans la transition verte et digitale », s’est félicité l’eurodéputé Pascal Canfin (Renew Europe, libéraux). Le rapporteur Peter Jahr (Parti populaire européen, droite) s’est réjoui du « lien explicite entériné entre le secteur agricole et l’accord de Paris » sur le climat. Pour autant, certains parlementaires et nombre d’ONG environnementales affichaient déception et colère.
« La PAC a été validée, c’est une catastrophe, un texte qui ne répond pas aux enjeux agricoles ni environnementaux. On se souviendra qu’en 2020 l’Europe a renationalisé la PAC et loupé la transition environnementale », a déploré l’eurodéputé socialiste Marc Tarabella.
Les Verts, qui fustigent une « erreur historique », ont rejeté le texte, tout comme la Gauche unitaire européenne, dont la délégation française (La France insoumise) a dénoncé un « exercice de communication cynique (…) s’inscrivant dans la lignée des logiques de rentabilité ».
> Lire aussi  Négociations tendues autour de la nouvelle PAC européenne
« Si ce texte en reste là, nous devrons attendre sept années de plus avant d’enclencher la transition écologique et sociale indispensable. L’agro-industrie doit se frotter les mains », abondait Suzanne Dalle, de Greenpeace France. Avec un budget déjà fixé d’environ 387 milliards d’euros pour sept ans, la PAC est le premier poste budgétaire de l’UE.
Pour les ONG environnementales, cette réforme est incompatible avec les engagements pris par l’UE. L’architecture de la nouvelle PAC a été élaborée en 2018, avant les stratégies du Green New Deal et « de la ferme à l’assiette », présentées par Bruxelles au printemps 2020. Celles-ci visent notamment à réduire de 50 % l’usage de pesticides d’ici à 2030 tout en réservant un quart des terres aux cultures biologiques.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/23/apres-des-negociations-tendues-les-eurodeputes-adoptent-la-nouvelle-politique-agricole-commune_6057172_3244.html>
Sur le même sujet :
> Les eurodéputés ne verdissent pas la PAC <https://www.journaldelenvironnement.net/article/les-eurodeputes-ne-parviennent-pas-a-verdir-la-pac,110718>, Le JDLE, 23/10/20
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9- Trois applis pour contribuer à la reforestation, Le Monde, 24/10/20, 10h00
Marlène Duretz 

La déforestation, anthropique ou naturelle, affaiblit la biodiversité et contribue au réchauffement climatique. Trois pistes pour contribuer à lutter contre cette menace. 
• Forêt à la carte
Savez-vous planter des arbres ? La déforestation, anthropique ou naturelle, menace la biodiversité et contribue au réchauffement climatique. Pour contrer l’effet de serre, Reforest’Action, entreprise à vocation sociale créée en 2010, dont la mission est de sensibiliser et d’agir pour les forêts, propose de « planter votre forêt grâce à une plateforme de plantation participative » (ou « crowdplanting »). Plusieurs options se présentent aux sylvestres candidats : planter son bout de forêt, en choisissant le lieu et le nombre d’arbres souhaités, sinon opter pour un abonnement, à raison de cinq arbres plantés par mois pour 15 euros, ou encore offrir un arbre à l’un de ses proches pour qu’il puisse à son tour choisir de le planter dans l’une des forêts françaises privées, mais aussi sur des parcelles publiques gérées par l’Office national des forêts (ONF), ainsi qu’à l’étranger, dans des forêts recommandées par Reforest’Action. Près de 8 millions d’arbres de plus de 260 essences différentes ont ainsi été plantés.
> 3 euros TTC l’arbre planté par l’intermédiaire du site Reforestaction.com
• Un arbre dans mon moteur
Plus de 75 % des recherches mondiales se font sur Google, avec près de 70 000 requêtes par seconde. Pour mettre à profit ses recherches tout en limitant son empreinte carbone, et contribuer dans le même temps à la reforestation, on peut choisir de délaisser les américains Google, Yahoo ou Bing, pour l’allemand Ecosia, qui réinvestit près de 80 % de ses bénéfices dans des programmes de plantation d’arbres dans seize pays, parmi lesquels le Brésil, l’Indonésie ou la Tanzanie. L’utilisateur dispose d’un compteur personnel, situé en haut à droite de son écran, qui lui indique le nombre de recherches effectuées. En moyenne, 45 requêtes permettent de financer la plantation d’un arbre. Ces revenus, comme pour la plupart des moteurs de recherche, proviennent des publicités présentes sur Ecosia. Ce dispositif aurait permis de planter plus de 108 millions de « super-héros de notre planète » dans le monde depuis 2009.
> Ecosia, moteur accessible sur Ecosia.org et sur l’appli gratuite Ecosia, sur iOS et Android.
• Une forêt sous la main
Comment allier détox numérique et geste pour la planète ? L’appli Forest propose un dispositif ludique pour museler son smartphone, et ainsi préserver notre concentration pour d’autres activités, tout en contribuant modestement à la reforestation, à hauteur de cinq arbres par utilisateur. On sélectionne un arbre virtuel, on définit une plage de travail, de repos ou de loisir, comprise entre 10 et 120 minutes, et l’on met son smartphone de côté pour se plonger, par exemple, dans la lecture de L’Homme qui plantait des arbres, de Jean Giono. Si l’on est tenté d’observer l’évolution de son arbre, on est accueilli par un « Arrêtez de me regarder ». Si l’on ne cède pas à la tentation, le plant mis en terre arrive à maturité, et un bouleau ou un châtaignier vient peupler notre forêt, tout en nous octroyant quelques pièces d’or ; si l’on craque, l’arbre en devenir meurt. Dissuasif ! Dès le seuil de 2 500 pièces d’or atteint, de l’argent peut être versé à l’ONG Trees for the future, engagée auprès de pays en développement pour restaurer leur environnement en plantant des arbres. En 2019, plus de 252 000 arbres – des vrais – ont été plantés par le biais de Forest.
> Appli payante « Forest : Restez concentré », sur iOS et Android. 2,29 euros.
> Lire aussi  La déforestation de l’Amazonie s’accélère et pourrait la conduire à « un point de non-retour »
<https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2020/10/24/trois-applis-pour-contribuer-a-la-reforestation_6057231_4497916.html>
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10- La France va renforcer ses mesures de prévention dans sa lutte contre la grippe aviaire, Le Monde avec AFP, 25/10/20,  11h30

Le risque d’introduction par les oiseaux migrateurs du virus influenza aviaire passe de « négligeable » à « modéré » en France, a prévenu dimanche le ministre de l’agriculture, qui appelle à une « surveillance accrue ». 
Le ministre de l’agriculture a décidé de renforcer à compter de lundi les mesures de prévention dans les élevages de volailles contre le virus influenza aviaire, dont le risque d’introduction en France par les oiseaux migrateurs passe de « négligeable » à « modéré ».
« Le virus influenza aviaire hautement pathogène H5N8 a été détecté le 20 octobre sur deux cygnes tuberculés aux Pays-Bas », indique le ministère, dimanche 25 octobre, dans un communiqué, précisant que « ces cas alertent sur le risque d’introduction en France à partir de la circulation du virus dans les couloirs de migration actuellement empruntés par les oiseaux sauvages ». Le ministre Julien Denormandie « appelle au strict respect des mesures de biosécurité et à une surveillance accrue de la part des acteurs professionnels, des particuliers détenteurs d’oiseaux et des chasseurs », indique le communiqué.
Mesures de prévention obligatoires à partir de lundi
Des mesures de prévention seront obligatoires à partir de lundi « dans les communes situées dans des zones dites à risque particulier (ZRP), c’est-à-dire abritant des zones humides fréquentées par les oiseaux migrateurs », selon la même source. Elles consistent en la « claustration ou protection des élevages de volailles par un filet avec réduction des parcours extérieurs pour les animaux », l’« interdiction de rassemblement d’oiseaux » dans des concours ou des expositions par exemple, ou encore de « transports et lâchers de gibiers à plumes »et « d’utilisation d’appelant » par les chasseurs.
Sur tout le territoire, la surveillance clinique quotidienne dans les élevages commerciaux est rendue obligatoire et les compétitions de pigeons voyageurs au départ ou à l’arrivée d’un département cité sont interdites. Et la vaccination est « obligatoire dans les zoos pour les oiseaux ne pouvant être confinés ou protégés sous filet ».
Le ministère précise qu’« à ce jour, la France est indemne d’influenza aviaire » et que la « consommation de viande, foie gras et œufs ne présente aucun risque pour l’homme ». Le virus H5N1 en 2015-2016 et le H5N8 lors de l’hiver 2016-2017 ont décimé des millions de canards, abattus pour freiner la propagation du virus dans plusieurs départements du Sud-Ouest. La filière a depuis mis en place une batterie de mesures de sécurité sanitaire pour éviter de nouvelles épidémies.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/25/la-france-va-renforcer-ses-mesures-de-prevention-dans-sa-lutte-contre-la-grippe-aviaire_6057302_3244.html>
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11- Tribune. « Le recours aux néonicotinoïdes sous prétexte de sauver la betterave est une erreur fondamentale », Le Monde, 26/10/20, 14h30
Par Claude Henry, Professeur honoraire à l’Ecole polytechnique et à Columbia University

Après l’adoption par les députés, début octobre, de la loi réautorisant l’utilisation des néonicotinoïdes pour protéger la culture de la betterave, Claude Henry, spécialiste du développement durable, dénonce, dans une tribune au « Monde », une agriculture qui contribue significativement à une marche accélérée vers une planète inhospitalière.
Tribune. « La question qui est face à nous, c’est une question de souveraineté. » Il ne s’agit pas de la souveraineté sur des médicaments essentiels, mais de la souveraineté sur la betterave sucrière. Et cette proclamation, dans une interview le 7 octobre sur Europe 1, n’était pas de Marine Le Pen, mais de Julien Denormandie, ministre de l’agriculture et de l’alimentation, issu du parti du président de la République. Elle s’inscrivait dans la discussion à l’Assemblée nationale du projet de loi permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour sauver la filière betterave [qui doit être examiné par le Sénat le 27 octobre en première lecture].
Il s’agit donc de sauver une filière qui produit, plutôt médiocrement, un aliment dont notre consommation excessive, celle des enfants en particulier, est un problème sérieux de santé publique. Et pour y parvenir, il serait indispensable de remettre en service une famille de pesticides qui a été interdite parce qu’elle est particulièrement nocive pour la santé publique et la biodiversité, c’est-à-dire la diversité et l’abondance d’êtres vivants, animaux et végétaux.
Deuxième pollueur au monde
En vérité, le recours aux néonicotinoïdes est une manifestation extrême de la dérive d’une forme d’agriculture qui a substitué la chimie à la fertilité des sols, à l’alliance avec la biodiversité et à la variété des compétences des agriculteurs. Cette agriculture, deuxième pollueur au monde – les sols, l’eau, la biodiversité, le climat – derrière la production et la consommation de combustibles fossiles, contribue significativement à une marche accélérée vers une planète inhospitalière.
> Lire aussi  « La réautorisation des néonicotinoïdes en France constituerait un recul démocratique majeur »
De tout cela, quelle vision peut avoir le président de la République ? Il a manifestement une intelligence pénétrante des rouages de l’économie dans laquelle nous vivons depuis un demi-siècle. Il en assure la sauvegarde dans des conditions difficiles à travers la crise que nous vivons actuellement. C’est de très grande importance, mais ce n’est pas l’essentiel.
L’essentiel, c’est de conduire, avec une vision claire, opérationnelle et déterminée, la transition économique, sociale et écologique qui nous donnerait une chance d’infléchir la marche vers une planète inhospitalière. A-t-il cette vision ? Je n’arrive plus à m’en persuader.
Il n’est pas question ici de nostalgie passéiste ni de contestation aveugle de ce qu’on appelle le progrès. Les avancées scientifiques et techniques ont été prodigieuses depuis que Galilée (1564-1642) et Newton (1643-1727) ont établi les bases de la méthode scientifique et en ont révélé le potentiel d’innovations techniques. Cela a radicalement changé les conditions de vie, au moins dans les pays riches. Cependant, c’est aussi le facteur principal dans la destruction du capital naturel que la planète nous offre et sans lequel nous ne pouvons pas survivre.
> Lire aussi  « Les néonicotinoïdes sont des substances trop efficaces et trop persistantes pour que leur usage puisse être contrôlé »
En dépit de cette tendance de fond, on ne peut s’en passer pour sortir de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons, à condition de ne pas nous limiter au scientifique et technique mais d’inclure dans nos décisions le social, l’économique et l’organisationnel. Ce n’est pas être indûment optimiste que de constater que les moyens d’une transition vers une société et une économie plus durables sont pour l’essentiel disponibles : énergie et mobilité, matériaux, agriculture et alimentation, gestion de l’eau et des sols, correction des systèmes de prix par la fiscalité, instruments et marchés financiers réorientés…
Pas de quartier
Mais ce sont de jeunes pousses qui, aussi prometteuses et pour beaucoup vigoureuses qu’elles soient, sont en danger d’être étouffées par des plantes nuisibles solidement installées.
> Lire aussi  Le retour des néonicotinoïdes a été voté à l’Assemblée par une majorité plus que jamais divisée
Au cours de la discussion à l’Assemblée nationale, Julien Denormandie a dit aussi : « Nous sommes tous favorables à l’arrêt des néonicotinoïdes, nous sommes tous favorables à la transition agroécologique. Cela ne peut pas être au prix de tuer une filière française. » Erreur fondamentale ! On ne peut pas être pour une chose et son contraire.
Il y a des filières létales pour la vie sur la planète. Non seulement la destruction directe d’écosystèmes essentiels comme les océans ou les forêts (comme l’écrit Stéphen Rostain à propos de l’Amazonie, dans une tribune publiée en août par Le Monde), mais aussi la production et la consommation de combustibles fossiles, de matériaux indestructibles dans l’environnement jetés après usage, de polluants chimiques particulièrement agressifs comme certaines classes de pesticides et toute la famille des perturbateurs endocriniens…
> Lire aussi  Pourquoi « réautoriser les néonicotinoïdes pour un système de culture betteravier désuet et dommageable » ?
Elles ne font pas de quartier, tout y passe : air, eau, sol, biodiversité, climat et santé publique. Au point où nous en sommes, plus aucune coexistence n’est possible : ou bien elles sont maîtrisées à brève échéance, ou bien ce sont les conditions de la vie sur terre qui sont sapées. Il serait bon que le président de la République ne se laisse pas enivrer par le chant de la betterave…
§ Claude Henry est président du Conseil scientifique de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri)/Sciences Po.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/26/le-recours-aux-neonicotinoides-sous-pretexte-de-sauver-la-betterave-est-une-erreur-fondamentale_6057417_3232.html>
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12- Phytosanitaires : le fongicide mancozèbe sera interdit en Europe à partir de 2021, Actu-environnement, 26/10/20, 15h05 
Sophie Fabrégat 

Les représentants des États membres européens ont décidé, le 23 octobre dans le cadre d'un comité permanent des végétaux, de ne pas renouveler l'autorisation du mancozèbe. Ce fongicide sera donc interdit à partir du 31 janvier 2021. L'agence française de sécurité sanitaire (Anses) préconisait, en avril dernier, de ne pas renouveler l'approbation de cette substance, considérée comme toxique pour la reproduction, de catégorie 1B.
« Dans son avis de 2019, l'EFSA [Autorité européenne de sécurité des aliments] a identifié six "domaines critiques d'inquiétude", c'est-à-dire six raisons pour lesquelles le mancozèbe ne devrait pas être autorisé par l'UE, parmi lesquelles le fait qu'il s'agit d'un pesticide perturbateur endocrinien complet, qu'il est classé comme toxique pour la reproduction et qu'il présente des risques élevés pour les oiseaux, les mammifères, les arthropodes non ciblés et les macro-organismes du sol », indiquaient également plusieurs associations dans une lettre au ministre de l'Agriculture, cet été.
Ce fongicide est l'un des plus vendus en France aujourd'hui. Selon l'Anses, à ce jour, « 93 préparations commerciales contenant du mancozèbe disposent d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les produits phytopharmaceutiques, correspondant à 78 usages ». Il est très utilisé notamment dans la culture de pommes de terre, de melons, de tomates, de pommes et de poires ainsi qu'en viticulture.
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/Interdiction-pesticides-dangereux-fongicide-mancozebe-36372.php4>
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13- Vins : les coopératives grappillent du terrain, M Le Mag, 26/10/20, 18h00
Rémi Barroux 

Bien loin de l’image poussiéreuse qu’elles véhiculaient encore il y a peu, la plupart des 600 coopératives françaises se sont modernisées. Elles ont fait progresser leurs vins en précision et en qualité. Et s’attaquent même au haut de gamme. 
Souvent, elles se ressemblent : un grand bâtiment, des cuves impressionnantes qui le jouxtent et un nom qui varie en fonction du lieu mais qui toujours affiche l’identité, coopérative des vignerons de… Elles sont l’écho de l’histoire de la viticulture locale, une histoire économique, sociale, le reflet aussi d’une aventure humaine collective.
Elles ont été, et sont parfois encore malheureusement, synonymes de vins à la peine face aux vignerons individuels ou aux grandes maisons. Et véhiculent une image un peu ringarde, de moindre qualité, un complexe qui marquait encore il y a peu l’esprit coopératif. « Dans l’inconscient collectif, la coopérative, c’était un endroit poussiéreux, un vieux président et une grande cuve où l’on mélangeait tout », résume Eric Henaux, le directeur général des Vignerons de Tutiac (Gironde), une cave dynamique qui regroupe 520 viticulteurs sur quelque 5 200 hectares.
Mais le présent raconte autre chose. Les caves coopératives d’aujourd’hui, si petites soient-elles, n’ont plus grand-chose à voir avec leurs ancêtres. Elles se sont modernisées, la qualité est (presque) partout au rendez-vous, l’esprit coopératif a rajeuni.
Car la coopérative viticole, c’est d’abord ça : l’envie, ou la nécessité, qu’ont eue plusieurs vignerons d’un même coin de s’unir pour partager leur métier, leurs raisins. « Paysans, ne restez pas isolés, unissez vos volontés et dans la cuve de la République préparez le vin de la révolution sociale ! », s’exclamait Jean Jaurès, alors député socialiste du Tarn, en 1905, en visitant les Vignerons libres de Maraussan (Hérault), créateurs de la première coopérative viticole de France. En Champagne et en Alsace, les caves fleurirent rapidement, sur le modèle déjà installé et apprécié de l’autre côté des frontières, dès la fin du XIXe siècle, avec les Winzervereine (unions de vignerons) en Allemagne et les cantine sociali (caves coopératives) en Italie.
S’organiser face au pouvoir du négoce
Au début du XXe siècle, les vignerons durent s’unir pour faire face à la crise du phylloxéra qui dévasta le vignoble français, pour résister aussi aux méventes, aux conséquences de la première guerre mondiale et de l’exode rural. « L’adhésion à une cave, c’est surtout une philosophie, une dimension sociale avec laquelle on aide les plus modestes à faire leurs vins. C’est un siècle d’histoire, celle d’une synergie entre les territoires, les femmes et les hommes qui y cultivent », explique Eric Paul, président du comité national des indications géographiques protégées relatives aux vins et aux cidres de l’Institut national de l’origine et de la qualité.
Il s’agissait aussi de s’organiser face au pouvoir du négoce et des grandes maisons qui faisaient la loi sur le marché du raisin. La cave de Mailly Grand Cru, qui rassemble 80 adhérents sur 85 hectares sur la commune de Mailly-Champagne (Marne), existe depuis 1929. « Elle est née de la volonté d’une poignée de vignerons qui ont décidé de se regrouper pour peser face aux grandes maisons. L’idée était d’être indépendant, d’avoir son pressoir, ses cuves, pour ne plus seulement vendre son raisin », raconte Jean-François Préau, le directeur général de la cave.
Dans des conditions difficiles, au lendemain de la première guerre mondiale, le collectif s’est renforcé et, surtout, la marque Mailly Grand Cru s’est imposée comme une référence en Champagne, avec une gamme très qualitative de neuf cuvées (dont les prix varient de 30 à 100 euros), notamment un blanc 100 % pinot noir, qui existe depuis trente ans, ou encore de magnifiques rosés.
Et, quand Mailly ou Nicolas Feuillatte, comme tant d’autres caves en France, préfèrent afficher une marque plutôt qu’un nom de coopérative, cela indique-t-il une gêne aux entournures ? Non point, justifie Jean-François Préau. « On n’a pas à cacher le fait que l’on est une coopérative, mais pas non plus à le mettre en avant. Nous faisons du champagne et ce n’est pas la raison sociale qui va en indiquer la qualité. » La Champagne est d’ailleurs la seule région où obligation est faite d’indiquer sur l’étiquette la notion de coopérative de manipulation, « CM », différente, par exemple, de « RM », récoltant manipulant.
Si l’histoire de la coopération est ancienne, ce mode de production continue d’attirer, puisque Mailly a encore accueilli de nouveaux adhérents ces cinq dernières années. Les jeunes, notamment, que l’on imaginerait vouloir s’installer à leur compte, produire leur étiquette, continuent souvent cette aventure coopérative.
Fusions et, parfois, scissions
« Reprendre le mode coopératif, c’était une évidence, j’ai été élevée là-dedans, j’y trouve de l’entraide, une grande ouverture », avance Violaine Perrin, viticultrice de 33 ans, à la tête de 12,6 hectares, à Milly-Lamartine (Saône-et-Loire). En reprenant l’exploitation familiale, fin 2017, elle est alors restée avec plaisir au sein des Vignerons des terres secrètes, une coopérative du sud de la Bourgogne, qui couvre 900 hectares et 120 familles de coopérateurs, dans le Mâconnais. Cette cave reflète aussi une histoire souvent complexe, faite de regroupements de caves, de fusions et, parfois, de scissions.
La marque Vignerons des terres secrètes, née en 2006, est la succession du groupement de producteurs Prissé-Sologny-Verzé, lui-même né de trois caves créées en 1928 et en 1951. « Il fallait avoir alors le nom de chaque village, de chaque clocher sur la façade de la coopérative », évoque Michel Barraud, le président de la cave.
Un travail important y a été réalisé pour améliorer l’image de la coopérative, qui souffrait de « gammes trop restreintes » ou encore d’une « image trop industrielle ». « De 80 % de vente en négoce [en vrac] et 20 % en bouteilles, il y a une vingtaine d’années, nous sommes passés à la proportion inverse et nous travaillons beaucoup sur les sélections parcellaires », précise encore Michel Barraud. La cave propose une cinquantaine de cuvées, pour cinq à six millions de bouteilles par an, allant d’un prix de 6 à 20 euros, à l’exception d’une sélection, « très haut de gamme », sur quelques parcelles de saint-véran, à 39 euros.
Car les caves n’hésitent plus à jouer le match sur le terrain des grandes marques et des vignerons indépendants renommés. Si les prix restent raisonnables, liés à la présence pour beaucoup en grande distribution, nombre d’entre elles visent le haut de gamme.
« De nombreuses caves tirent bien leur épingle du jeu, La Chablisienne, celle de Tain-l’Hermitage, des caves alsaciennes, comme Turckheim, Mailly et Jacquard en Champagne, etc. Je travaille avec Alliance Loire et des caves comme celles de Vouvray, du Vendômois ou de Saint-Cyr-en-Bourg. J’élabore des cuvées avec eux, à l’intention des restaurants, des cavistes indépendants », raconte Philippe Faure-Brac, le ­président de l’Union de la sommellerie française.
Les coopératives sortent donc de leur zone de confort. « Notre œnologue, Vincent Bartement, a remporté le titre de meilleur vinificateur de vin blanc, dans le grand concours International Wine Challenge, plusieurs années. C’est relatif, mais cela montre que l’on peut se confronter avec les autres grandes maisons et au niveau international », se félicite Damien Leclerc, directeur général de La Chablisienne, la cave qui représente un quart du vignoble de Chablis (Yonne), avec 250 vignerons sur 1 250 hectares. La cave s’est appliquée, ces dernières années, à travailler la précision des vins, en conseillant les vignerons sur le terrain.
« L’importance de la qualité de la matière première, c’est 90 % de la réussite », explique encore Damien Leclerc. Un précepte qui vaut dans toutes les coopératives. Tutiac a ­multiplié les centres analytiques, identifié 4 000 « îlots », des parcelles, pour bonifier encore ses assemblages, « travailler la variabilité desterroirs », avance Eric Henaux, qui dirige cette cave proposant une cinquantaine de références, dans seize appellations du Bordelais.
En France, aujourd’hui, quelque 600 caves coopératives et unions de caves représentent près de 50 % de la production viticole, avec plus de 18 millions d’hectolitres, hors Charente et cognac, et 53 % des viticulteurs. Les géants en sont Vinadeis (Occitanie), Nicolas Feuillatte (Champagne) ou Alliance Fine Champagne (Nouvelle-Aquitaine).
« On est passés d’une mise en marché poussée, d’une production qui ne tenait pas compte du consommateur, à une prise en compte de la demande. On s’est adaptés, avec des investissements matériels importants, l’arrivée d’œnologues dans les caves, des techniciens pour la vigne et pour assurer la transition agroécologique », avance Boris Calmette, le président des Vignerons coopérateurs de France, qui regroupe les coopératives. Elles sont, selon lui, le meilleur système pour assurer la traçabilité du raisin, sa qualité aussi : « Le parcellaire est renseigné, car chaque coopérateur pèse son raisin apporté à la coop’, puisqu’il sera payé en fonction de cet apport. »
Chef de cave du géant Nicolas Feuillatte – 80 coopératives et 5 000 vignerons adhérents sur 2 100 hectares et près de 7 millions de bouteilles vendues chaque année sur le seul marché français (60 % des ventes) –, Guillaume Roffiaen vante aussi l’importance de la relation avec les viticulteurs. « On a mis en place un sourcing exceptionnel, puisqu’on est présent dans tous les crus de Champagne, on joue sur la diversité des sols, des sous-sols et des expositions, détaille-t-il. Nos conseillers connaissent aussi bien le vignoble que les sensibilités des vignerons. C’est tout cela qu’il faut savoir gérer. » 
Dans la petite cave de Clairmont (130 hectares, onze coopérateurs), au cœur de l’appellation renommée crozes-hermitage, à Beaumont-Monteux (Drôme), Carol Lombard, la directrice depuis 2011, à 39 ans, affiche fièrement son bilan. « Je déguste 100 % des 150 parcelles, pour déterminer les cuvées. On travaille dans un esprit “domaine”, très qualitatif, pour répondre aux envies différentes des clients, pour exprimer l’individualité de chaque vigneron à travers un ouvrage collectif », explique-t-elle. Un esprit qui séduit puisque les jeunes rejoignent la cave, telle Barbara Schmid-Borja, qui possède 2 hectares. « Le cadre est familial et on a le luxe de profiter d’une œnologue, d’un commercial tout en gardant du temps pour soi, de bénéficier de compétences tout en pouvant déconnecter », dit la jeune vigneronne de 31 ans.
Et le bio dans tout ça ? Les coopératives prennent-elles le virage amorcé dans le vignoble ? « Notre environnement est notre outil de production, alors nous sommes à 80 % de certification haute valeur environnementale, 100 % du vignoble en Agri Confiance et, sur nos 5 200 hectares, 650 sont en bio ou en conversion », affirme le directeur de Tutiac, Eric Henaux. Selon les Vignerons coopérateurs de France, un tiers des caves sont « engagées dans la production bio ». Les Vignerons de Buzet, qui représentent 95 % de cette appellation, mettent en avant leur engagement « pionnier » en faveur d’une « agriculture douce, soucieuse de son environnement et de la richesse naturelle des sols ». Beaucoup ont suivi l’exemple.
Frédéric Saccoman, à la tête des Vignerons d’Héraclès, à Vergèze (Gard), ne peut que se féliciter du mouvement. « Cela fait vingt-cinq ans que l’on a fait le travail et on a démontré que l’on pouvait faire des vins propres et de qualité. On ne peut pas forcer un vigneron à faire du bio, mais le marché tire, car il rémunère différemment ces vins et, surtout, la demande explose, on est plutôt en sous-production », explique Frédéric Saccoman.
Sa cave, anciennement « de Vergèze », créée en 1940, 75 adhérents pour 1 100 hectares, ne propose que du bio, « les plus gros faiseurs de vin bio de France », vend principalement en vrac, fournissant de grandes marques telle Gérard Bertrand. « La pression sociétale est forte, avec une vision parfois erronée, parce que ce n’est pas parce qu’on est en bio qu’on ne traite pas. Il faut aussi défaire l’image de la coopérative, qui à partir de ses grosses cuves fait dix fois le même vin avec des étiquettes différentes, quand l’adage du “small is beautiful” règne sur le monde du vin », analyse Frédéric Saccoman.
Si les coopératives réagissent, ce n’est pas encore suffisant, estime Jean-Luc Jamrozik, le président de l’Association des sommeliers de Paris. « Elles ont énormément progressé. Mais il faut qu’elles montrent plus le bout de leur nez, qu’elles nous fassent déguster leurs vins, qu’elles s’adressent aux écoles hôtelières où sont formés les sommeliers. Elles ne le font pas assez, c’est dommage », assène le maître sommelier. Un message de nature à stimuler l’ambition nouvelle des caves ­coopératives.
<https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/10/26/vins-les-cooperatives-grappillent-du-terrain_6057432_4500055.html>
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14- Les néonicotinoïdes, « l’arbre qui cache la forêt » de la crise de la betterave en France, Le Monde, maj le 27/10/20 à 09h27
Laurence Girard

Approuvée par les députés début octobre, la dérogation à l’interdiction de ces pesticides contestés doit être débattue par les sénateurs, mardi 27. 
Les néonicotinoïdes vont-ils faire leur retour dans la campagne française ? Les sénateurs devront répondre à cette épineuse question après en avoir débattu, mardi 27 octobre. En première lecture, le 6 octobre, les députés ont, eux, donné le feu vert à une dérogation pour trois ans à l’interdiction, prononcée en 2018, de ces insecticides jugés néfastes pour la biodiversité en général et les abeilles en particulier. Aujourd’hui, le texte législatif stipule que seule la culture betteravière bénéficiera de cette autorisation.
> Lire aussi  « 577 abeilles » ont protesté à Paris contre la réintroduction des néonicotinoïdes
Sans surprise, la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) s’est donc félicitée de l’adoption du projet de loi par les députés. Une victoire pour cet organisme, affilié au syndicat agricole FNSEA, qui milite depuis des mois, en lien avec l’industrie sucrière, pour une inflexion de la politique environnementale du gouvernement.
Tout commence en avril, lorsque la CGB lance une alerte aux pucerons verts. Ces insectes vecteurs de la jaunisse sont détectés dans plusieurs régions betteravières. Très alarmiste, elle évoque un impact potentiel sur les rendements de 30 % à 50 %, alors même que la culture est encore au stade précoce de son développement – les semis ayant eu lieu en mars – et brandit la menace des conséquences économiques.
« Une impasse technique »
Fin mai, c’est au tour d’Olivier de Bohan, président du conseil d’administration de Cristal Union, deuxième sucrier français, connu pour ses marques Daddy et Erstein, de tirer la sonnette d’alarme, dans un courrier adressé à Didier Guillaume, alors ministre de l’agriculture. Il demande ouvertement une dérogation pour l’usage des néonicotinoïdes : il met l’accent sur les dégâts de la jaunisse dans les champs et chiffre la perte de rendement potentielle à 30 %. Cette requête avait déjà été faite par la filière deux ans plus tôt, mais, cette fois, l’attaque des pucerons verts lui donne des arguments. Sans compter que la période est plus favorable.
Durant le temps du confinement, les groupes sucriers comme Tereos et Cristal Union ont beaucoup communiqué sur leur mobilisation pour produire de l’alcool pharmaceutique, et même temporairement du gel hydroalcoolique. Face à la forte demande des fabricants de gel hydroalcoolique, leurs distilleries ont, en effet, privilégié la production d’alcool, un marché plus rentable que celui de l’éthanol, en berne. Un débouché bienvenu, mais aussi une façon, pour ces entreprises, de montrer qu’elles participaient « à l’effort de guerre ».
> Lire aussi  La situation financière de la coopérative sucrière Tereos reste tendue
Les événements se sont ensuite précipités à l’été. Début juillet, la CGB relance la mobilisation. Elle finance une campagne de communication sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #labetteraveenpéril, affirmant qu’à la « suite de l’interdiction des néonicotinoïdes en 2018, les betteraviers sont dans une impasse technique ».
A peine nommé, le nouvel hôte de la Rue de Varenne, Julien Denormandie, se rend, le 14 juillet, sur l’exploitation de Jean-Philippe Garnot, secrétaire général de la CGB et président de l’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre, à Arville (Seine-et-Marne). Cette zone est tout particulièrement touchée par la jaunisse, et les photos des champs environnants le confirment. « Dans les zones touchées, il peut y avoir 50 % de pertes. Je pense que mon rendement, cette année, sera de 25 tonnes à 30 tonnes à l’hectare, contre 87 tonnes une année normale », affirme M. Garnot, qui consacre un quart des 200 hectares de son exploitation à la betterave sucrière, aux côtés des cultures de blé, d’orge et de maïs. Il livre ses betteraves à la sucrerie de Nangis, une des rares entreprises encore indépendantes.
Sécheresse et jaunisse
Mais la situation très difficile des planteurs situés en Seine-et-Marne et dans le sud de Paris est-elle représentative de l’ensemble des régions betteravières ? Il n’en est rien, aux dires des industriels eux-mêmes.
Alain Commissaire, directeur général de Cristal Union, tablait, début octobre, alors que la récolte débutait, « sur une baisse de production globale de 15 % » pour alimenter ses neuf usines. Quant à la coopérative Tereos, premier groupe sucrier français, connue pour ses marques La Perruche et Beghin-Say, elle affirme que « la perte moyenne de rendement des coopérateurs Tereos est estimée à environ 12 % par rapport à la campagne 2019-2020 ». Bénéficiant d’une hausse de ses surfaces de culture, la baisse des volumes traités dans les neuf usines de la société sera limitée à 9 %. La Normandie et les Hauts-de-France, en particulier, sont relativement épargnés.
> Lire la chronique : « Les néonicotinoïdes sont des substances trop efficaces et trop persistantes pour que leur usage puisse être contrôlé »
En outre, Tereos comme Cristal Union expliquent ce repli des rendements par un double effet de la sécheresse et de la jaunisse. D’ailleurs, M. Garnot, souligne que le sujet des indemnisations des planteurs les plus affectés cette année est pour l’instant en pause : « Il faut faire les calculs à la fin de la campagne pour évaluer la part liée à la sécheresse et la part liée à la jaunisse. » D’autant que les assurances climatiques prennent en charge les pertes liées à la sécheresse, mais pas aux dégâts sanitaires.
Sans attendre, le gouvernement a choisi de statuer, dès août, en présentant un projet de loi autorisant les agriculteurs à planter au printemps prochain, et pour trois ans, des semences de betteraves enrobées de néonicotinoïdes. L’Etat s’est aussi engagé à financer à hauteur de 5 millions d’euros les efforts de recherche pour lutter contre la jaunisse.
« Etre rémunéré, c’est mieux »
Le texte législatif autorisant une dérogation à l’interdiction de ces pesticides contestés a suscité une levée de boucliers des associations environnementales et des apiculteurs. Mais il divise aussi au sein même du monde agricole.
« Réautoriser les néonicotinoïdes ne protégera pas les paysans », affirme ainsi le syndicat Confédération paysanne, estimant « que ce texte est au service d’une filière agro-industrielle qui va poursuivre la pression aux rendements et aux prix bas ». « Soigner ses betteraves, c’est bien ; être rémunéré, c’est mieux » : si la Coordination rurale salue la décision du gouvernement d’accorder une dérogation, elle « alerte sur le fait qu’elle ne permettra pas à elle seule de combler les pertes de cette année et d’éviter la disparition des producteurs et la fermeture des sucreries françaises ». Selon Damien Brunelle, planteur et membre de la Coordination rurale, « le puceron vert n’est que l’arbre qui cache la forêt. Les prix des betteraves payés aux producteurs ont été divisés par deux en dix ans ».
La fin des quotas sucriers, en 2017, enlevant les filets de sécurité et le prix garanti aux planteurs, a été le véritable détonateur de la crise que traverse la filière. Cette libéralisation s’est faite au moment où le marché mondial était en surplus, et le cours du sucre européen, désormais corrélé au cours mondial, s’est effondré. Les groupes comme Tereos et Cristal Union ont vu leurs comptes virer au rouge sur les exercices 2018 et 2019.
Dans ce contexte déprimé, Cristal Union a annoncé, en 2019, la fermeture de deux sucreries, l’une à Bourdon (Puy-de-Dôme) et l’autre à Toury (Eure-et-Loir). Pour les mêmes raisons, le groupe allemand Südzucker, présent en France par sa filiale Saint-Louis Sucre, a baissé le rideau de deux sucreries, à Eppeville (Somme) et à Cagny (Calvados).
> Lire le récit : Les sacrifiés de la sucrerie de Toury
Tout l’enjeu pour Tereos ou Cristal Union est de convaincre les 26 000 planteurs français de continuer à cultiver la betterave sur 450 000 hectares pour saturer leurs usines, même si le prix de la précieuse racine a fondu.
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L’autorisation des néonicotinoïdes peut-elle se limiter à la betterave ?
La commission des affaires économiques du Sénat a validé le projet de loi autorisant par dérogation la filière betteravière à utiliser des néonicotinoïdes, avant le débat devant les sénateurs mardi 27 octobre. Mais sa présidente, Sophie Primas (Les Républicains), se dit toutefois inquiète de la robustesse juridique du texte. « Mentionner explicitement que ces dérogations seront réservées aux seules betteraves sucrières expose le texte dans son ensemble à un risque d’inconstitutionnalité au regard du principe d’égalité devant la loi », souligne-t-elle. Après la filière betteravière, la filière céréalière, par exemple, qui utilisait les néonicotinoïdes pour les cultures de maïs ou d’orge, pourrait à son tour s’engouffrer dans la brèche.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/26/les-neonicotinoides-le-vrai-faux-remede-a-la-crise-betteraviere_6057404_3234.html>
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15- Après les député.e.s, les sénateurs et sénatrices manquent de vision et de courage en votant pour le retour des « insecticides tueurs d’abeilles », Fondation pour la Nature et l’Homme, communiqué du 27/10/20

Après les député.es, le Sénat vient de donner son feu vert à la réautorisation des néonicotinoïdes, suite à un débat des plus clivants. Malgré l’opposition déterminée de nombreux sénateurs et sénatrices, une majorité (à 56 voix) a décidé d’entériner une décision qui met à mal la biodiversité dans un état déjà catastrophique et la durabilité de nos pratiques agricoles. Face à ce recul historique, nos organisations alertent les pouvoirs publics : elles n’en resteront pas là et se battront pour la biodiversité, la santé humaine et un avenir agricole durable.
>> Suite à lire à :
<http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/cp271020-neonicotinoides-senat_0.pdf>
Sur le même sujet :
> Les abeilles sauvées au Sénat quelques heures, puis mises au pilori par le même Sénat, communiqué du Syndicat des Apiculteurs d’Occitanie, nuit du 27 au 28 octobre 2020
Le Sénat dans tous ses états ce soir...
C’était trop beau pour être vrai, des sénateurs tellement sensibles à la dangerosité des insecticides tueurs d’abeilles, ont voté leur interdiction par 159 voix contre 158. A une voix d’écart donc les abeilles étaient enfin sauvées de ce péril En Marche. C’était sans compter sur la demande du Ministre de l’Agriculture Julien Denormandie de procéder à un second vote conformément à l’article 43 alinéa 4 du règlement du Sénat.
C’est ainsi qu’à 00h45, le Sénat a changé de vote (ou plutôt qu’un groupe politique a semble-t-il mieux compris l’utilisation des tablettes de vote, ce fût par exemple le cas en Haute-Garonne de M Pierre Médevielle). C’est donc par 184 voix pour le retour des néonicotinoïdes contre 128 que le texte a été définitivement adopté par le Sénat.
Ce texte est un recul politique, scientifique, agricole et environnemental à mettre au crédit d’une majorité d’élus ayant relayé sans analyse les arguments de l’agrochimie, avant même de penser aux betteraviers et aux apiculteurs. Il y avait d’autres possibilités pour soutenir l’agriculture française, notamment en revenant sur la fin des quotas de production de betteraves supprimés depuis le 1er octobre 2017 et ayant engendré la fermeture de 4 sucreries en France.
C’est donc avec amertume, que le Syndicat des Apiculteurs d’Occitanie prend acte ce vote tardif, tout en restant mobilisé pour la suite.
<Communiqué de presse VICTOIRE puis DEFAITE la même nuit NEONICOTINOIDES 27_10_2020.pdf>
Sur le même sujet :
> Filière betterave : feu vert du Sénat au retour des néonicotinoïdes <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/27/filiere-betterave-vote-surprise-au-senat-contre-un-retour-des-neonicotinoides_6057585_3244.html>, Le Monde avec AFP, maj le 28/10/20 à 01h04
> Filière betterave : feu vert du Sénat au retour controversé des néonicotinoïdes <https://information.tv5monde.com/info/filiere-betterave-feu-vert-du-senat-au-retour-controverse-des-neonicotinoides-381207>, AFP, 28/10/20, 08:00
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16- Forêts : la crise des scolytes s'étend et redouble d'intensité, AFP, 27/10/20, 20:00

Les coopératives forestières ont alerté mardi les pouvoirs publics sur une intensification de la crise des scolytes, ces coléoptères qui creusent les arbres affaiblis par la sécheresse, un phénomène qui ne cesse selon elles de s'étendre.
En cause, la nouvelle sécheresse vécue au printemps et à l'été derniers: à la "suite des conditions climatiques exceptionnelles, les constats du terrain sont très alarmants. Ils font remonter une démultiplication des peuplements d'épicéas ravagés par les scolytes et rendent les coupes sanitaires inévitables dans les forêts touchées", a indiqué dans un communiqué l'Union de la coopération forestière française (UCFF).
"Les volumes de bois scolytés vont doubler d'ici deux ans", a-t-elle affirmé.
Fin juin 2020, 4,6 millions de mètres cubes de bois étaient estimés touchés depuis 2018 dont 3 millions uniquement en 2019. Les professionnels estiment qu'un doublement des volumes scolytés est attendu pour 2021 "au vu du contexte climatique du printemps-été 2020", a-t-elle ajouté, citant des chiffres du département de santé des forêts du ministère de l'Agriculture.
"On constate effectivement que les volumes de bois scolytés augmentent et que vu les conditions météo de 2020, ça risque d'empirer en 2021", a indiqué Aymeric Albert, chef du département commercial-bois de l'Office national des forêts (ONF), joint au téléphone par l'AFP.
"On a déjà des arbres très fragilisés et une population d'insectes qui est très forte et le fait qu'il n'y ait pas d'eau, ça ne permet pas aux arbres de réagir", a-t-il précisé, rappelant que les arbres, habituellement, se défendent contre ces attaques en produisant de la résine et ont été cette année dans l'impossibilité de le faire en raison du déficit hydrique.
"On a une population très forte d'insectes, des arbres qui sont déjà fragilisés et cette année, la situation a été encore plus favorable au développement des insectes, donc tout laisse à craindre que 2021 soit au moins au niveau de 2020 voire supérieure", a-t-il ajouté.
Les coopératives forestières demandent à l'Etat de "renforcer et pérenniser" son aide "pour l'évacuation des bois vers le sud-ouest de la France" à hauteur de 12 millions d'euros par an pour les deux prochaines années.
"Le marché régional étant saturé", les gestionnaires privés (coopératives) et publics se sont organisés pour évacuer au plus vite ces bois d'abord localement, en maximisant leur utilisation en bois d'œuvre quand leur qualité le permet encore, puis vers les industries d’autres régions françaises, ont précisé les coopératives.
Elles demandent également à l'Etat de mettre en place, avec les régions, une aide pour le stockage des bois sains issus des coupes collatérales, ainsi qu'une aide à la trésorerie et de simplifier l'accès aux aides pour contrer efficacement la propagation des scolytes et évacuer les bois contaminés.
<https://information.tv5monde.com/info/forets-la-crise-des-scolytes-s-etend-et-redouble-d-intensite-381161>
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17- Des fonds américains financent la déforestation, selon Amazon Watch, AFP, 27/10/20, 23:00

Des groupes financiers américains contribuent à la destruction de l'environnement en Amazonie et aux violations des droits des indigènes en déversant des milliards de dollars dans des compagnies au comportement douteux, selon un rapport publié mardi par Amazon Watch.
Le rapport publié par l'ONG avec l'Apib, l'Association des peuples indigènes du Brésil, montre du doigt BlackRock, Citigroup, JPMorgan Chase, Vanguard, Bank of America et Dimensional Fund Advisors.
Ces groupes financiers ont au total investi plus de 18 milliards de dollars (15,2 milliards d'euros) au cours des trois dernières années dans des compagnies d'extraction minière, d'énergie ou d'agro-négoce impliquées dans "une série d'abus" dans la plus grande forêt tropicale au monde, selon le rapport.
"Des groupes financiers de premier plan (...) utilisent l'argent de leurs clients pour encourager le comportement irresponsable de compagnies impliquées dans la violation des droits des indigènes et la destruction de la forêt amazonienne", a accusé le directeur des programmes d'Amazon Watch, Christian Poirier.
"Cette complicité financière dans la destruction (de l'Amazonie) contredit les promesses en matière de droits de l'Homme faites par certaines de ces sociétés, expose leurs investisseurs à des risques importants et contribue largement aux crises mondiales croissantes en matière de biodiversité et de climat", poursuit-il.
Les auteurs du rapport ont étudié les investissements de ces firmes dans neuf compagnies brésiliennes et multinationales, notamment les groupes miniers Vale et Anglo American, les compagnies d'agro-négoce Cargill et JBS, et la compagnie d'énergie Eletronorte.
Ces groupes s'accaparent des terres illégalement et ont recours à la violence contre les indigènes, la déforestation et l'utilisation de pesticides dangereux, accusent Amazon Watch et l'Apib.
Selon ce rapport, JBS, premier producteur mondial de viande, se fournit dans des exploitations installées sur des réserves des peuples Uru-Eu-Wau-Wau et Kayabi, en Amazonie brésilienne.
Le groupe minier Vale est de son côté accusé de contaminer de l'eau et de ne pas respecter ses engagements visant à compenser l'impact de ses activités en territoire indigène.
Ces conflits se sont traduits par une hausse des violences contre les peuples indigènes d'Amazonie, avec une augmentation l'an dernier de 135% des invasions de terres et le meurtre de sept chefs de tribu.
La plupart des compagnies montrées du doigt ont démenti toute irrégularité en Amazonie.
Vale, Anglo American, Cargill et JBS ont indiqué avoir présenté des éléments qui contredisent le rapport. Les groupes financiers qui investissent dans ces compagnies ont également rejeté toute irrégularité.
"La déforestation et les droits indigènes sont des questions cruciales (...) Quand les compagnies sont mal gérées ou que les progrès ne sont pas suffisants, nous (en tant qu'investisseurs) votons contre leur direction", a indiqué un porte-parole de la firme de gestion d'actifs BlackRock.
<https://information.tv5monde.com/info/des-fonds-americains-financent-la-deforestation-selon-amazon-watch-381170>
En savoir plus :
> Complicity in Destruction III - How Global Corporations Enable Violations of Indigenous Peoples' Rights in The Brazilian Amazon <https://amazonwatch.org/news/2020/1027-complicity-in-destruction-iii>, APIB & Amazon Watch, October 2020
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18- Chronique. Réintroduction des néonicotinoïdes : « La crise sucrière actuelle a moins à voir avec les pucerons qu’avec la fin des quotas européens en 2017 », Le Monde, 28/10/20, 08h05 
Par Jean-Baptiste Fressoz, Historien, chercheur au CNRS

L’Assemblée nationale a voté la réintroduction des néonicotinoïdes pour protéger les champs de betteraves. Il existe pourtant d’autres possibilités que le sucre de betterave, qui nuit à la santé, explique dans sa chronique Jean-Baptiste Fressoz.
Pendant la monarchie de Juillet (1830-1848), une grande controverse enflamma tout ce que la France comptait de politiciens et d’économistes. On l’appela la « question du sucre ». En jeu, une affaire douanière : fallait-il, oui ou non, défendre le sucre de betterave « indigène » en élevant une muraille tarifaire contre son rival, le sucre de canne ?
Des centaines de brochures, de livres, de pétitions, des jours de débats parlementaires furent consacrés à cette question. Comme l’a montré l’historien David Todd, à travers le sucre se discutait en fait « l’identité économique de la France », sa nature, sa puissance – maritime, continentale ou impériale –, sa place dans le monde, ses relations avec ses possessions d’outre-mer et bien d’autres choses encore. On discuta aussi d’innovation nationale avec, déjà, beaucoup d’emphase.
Hécatombe des insectes volants
Selon le célèbre agronome Mathieu de Dombasle (1777-1843), la betterave sucrière était « une des plus importantes découvertes des temps modernes ». Le futur Napoléon III expliquait qu’elle devait « résoudre, sinon complètement, du moins en grande partie » le problème du paupérisme. Pour ses promoteurs, la culture de la betterave devait permettre de fixer les pauvres dans les campagnes et d’éviter qu’ils ne viennent rejoindre les rangs du prolétariat révolutionnaire.
Presque deux cents ans plus tard, la question du sucre a été sommairement expédiée par le gouvernement alors que les enjeux n’ont sans doute jamais été aussi importants. Dans la nuit du 5 au 6 octobre, suite à une attaque de pucerons sournois, l’Assemblée nationale a voté la réintroduction des néonicotinoïdes, une classe d’insecticides surpuissants dont les scientifiques ont démontré, au-delà de tout doute, la responsabilité dans l’immense hécatombe des insectes volants – une diminution de trois quarts de leur population en trente ans, peut-être la plus grande catastrophe écologique de l’histoire.
Pour justifier ce bond environnemental en arrière, le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, déclarait, catégorique : « Il n’y a pas d’alternative. » Comment en est-on arrivé au point où un ministre peut déclarer froidement qu’il n’y a pas d’alternative à la disparition des insectes ?
On pourrait d’abord objecter qu’il y a une part d’impondérable dans toute activité agricole et qu’une baisse des rendements sur une année est un phénomène banal. Les agriculteurs disposent depuis longtemps d’assurances pour s’en protéger. En Italie du Nord, les maïsiculteurs ont mis en place des systèmes de mutuelles contre les ravageurs qui leur ont permis de réduire drastiquement l’usage préventif de phytosanitaires, de limiter les phénomènes de résistance, et donc de diminuer en même temps leurs coûts et leur impact sur l’environnement (Lorenzo Furlan et al., « An update of the Worldwide Integrated Assessment (WIA) on systemic insecticides », Environmental Science and Pollution Research, 2018).
> Lire aussi  Néonicotinoïdes : face à l’« absence d’alternative », les députés votent le retour de l’insecticide
Ensuite, depuis le blocus continental sous Napoléon Ier jusqu’à aujourd’hui, le sucre de betterave a toujours dépendu de la protection tarifaire, entre autres parce que son rendement en sucre est inférieur à celui de la canne. La crise sucrière actuelle a moins à voir avec les pucerons qu’avec la fin des quotas européens en 2017. Dès 2019, Tereos (ex-Béghin-Say), Daddy et Saint-Louis annonçaient des déficits et des licenciements. Une fois encore, l’alternative posée par le gouvernement entre emploi et écologie est un leurre grossier.
Obésité, infactus, cancers...
Enfin, l’Assemblée nationale aurait dû se demander s’il est de bonne politique que la France soit le premier producteur mondial de betterave sucrière (40 millions de tonnes, plus de 500 kg par habitant), qu’elle soit responsable d’une épidémie d’obésité, d’infarctus et de cancers, qu’elle se retrouve à soutenir une industrie du sucre manipulatrice et meurtrière (les boissons sucrées seraient la cause de 180 000 décès prématurés par an). L’existence d’alternative est liée à l’éventail des possibles que l’on accepte de considérer, et si le gouvernement n’en a pas trouvé, c’est parce qu’il n’y a pas eu de « question du sucre » en 2020.
> Lire aussi  Les néonicotinoïdes, « l’arbre qui cache la forêt » de la crise de la betterave en France
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/28/la-crise-sucriere-actuelle-a-moins-a-voir-avec-les-pucerons-qu-avec-la-fin-des-quotas-europeens-en-2017_6057622_3232.html>
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19- Interview. Vote sur les pesticides au Sénat : «Ce qui s’est passé la nuit dernière est grave», Libération, 28/10/20, 16:13
Propos recueillis par Coralie Schaub 

Dans la nuit de mardi à mercredi, le Sénat a adopté le projet de loi remettant en cause l’interdiction des néonicotinoïdes. Le sénateur écologiste Joël Labbé s’alarme aussi du vote d’un amendement LR qui rendrait difficile l’interdiction de tous les autres pesticides, même toxiques.
Double victoire pour le lobby des pesticides. Dans la nuit de mardi à mercredi, le Sénat a adopté le projet de loi remettant en cause l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes dits «tueurs d’abeilles» – mais aussi extrêmement dangereux pour l’ensemble de la biodiversité et la santé humaine –, qui était pourtant prévue par la loi biodiversité de 2016. Pire, les sénateurs ont aussi voté un amendement LR déposé à la dernière minute, actant dans la loi le principe «pas d’interdiction de mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques sans alternative dans des conditions pragmatiques». Ce qui, de facto, conforterait le modèle agrochimique actuel et entraverait la transition agricole vers un modèle plus respectueux de l’environnement et de la santé. Entretien avec le sénateur écologiste du Morbihan, Joël Labbé.
Il y a eu un coup de théâtre la nuit dernière, avec l’adoption – puis le rejet après un second vote – de votre amendement de suppression de l’article 1, le cœur du projet de loi, qui autorise à titre dérogatoire les producteurs de betteraves à sucre à utiliser jusqu’en 2023 des semences traitées avec des néonicotinoïdes. Que s’est-il passé ? 
C’était un incident de vote. Les centristes se sont trompés, ils ont voté pour l’amendement de suppression de l’article 1. On s’est donc retrouvés avec 159 voix pour et 158 contre, donc l’article était supprimé et la loi tombait. Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a demandé un nouveau vote. Et le projet de loi a finalement été adopté par 184 voix pour, 128 contre et 28 abstentions. Ce qui est relativement serré, étant donné que le Sénat est extrêmement conservateur. 
La rapporteure LR du texte, la présidente de la commission des affaires économiques, Sophie Primas, a déposé deux amendements qui ont été adoptés…
Oui. Nous avons voté le premier à l’unanimité, contre l’avis du gouvernement. Cet amendement vise à permettre d’interdire l’importation de denrées alimentaires qui ne respectent pas les normes minimales requises sur le marché européen. C’est une sacrée avancée, demandée par les agriculteurs mais aussi par la société civile. Il sera intéressant de voir ce que deviendra cet amendement. En tout cas, le débat est lancé. 
> A lire aussi : Paul François vainqueur face à Monsanto : «Quelle valeur a ma santé ? Celle de ma famille ?»
Quid de l’autre amendement LR, qui entend acter dans la loi le principe «pas d’interdiction sans alternative, dans des conditions pragmatiques» ? 
C’est la porte grande ouverte à toutes les possibilités pour l’agrochimie, pour tous les pesticides, au-delà des seuls néonicotinoïdes. On sait qu’au fil du temps, ces produits abominables, qui sont pour la plupart classés cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR), sont voués à être interdits les uns après les autres. Or, avec un amendement comme celui-là, ils ne pourront plus être interdits. Car il faudra démontrer, avant d’interdire un produit, même s’il est très toxique, qu’il existe des alternatives.
Or, les rédacteurs de cet amendement entendent par «alternatives» le fait de remplacer un produit ou une substance par un autre. Evidemment, ce sera difficile voire impossible pour des produits aussi redoutables que les néonicotinoïdes ou le désherbant glyphosate, qui sont systémiques. L’alternative viable réside dans un changement de modèle agricole. Il s’agit de modifier l’ensemble des pratiques afin de pouvoir se passer des pesticides de synthèse. Cet amendement est donc redoutable, car il ferme la porte à toutes les productions bio comme alternatives, il empêche de changer de modèle et conforte le modèle agrochimique. 
Il est impensable que LR ait osé déposer un tel amendement. C’est complètement à contre-courant de l’histoire, cela montre qu’ils veulent absolument défendre le modèle agrochimique. On n’en revient pas. 
>>Suite à lire à :
<https://www.liberation.fr/terre/2020/10/28/pesticides-ce-qui-s-est-passe-la-nuit-derniere-est-grave_1803726>
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20- Des niveaux alarmants de pesticides mesurés dans les sols et les vers de terre, Le Monde, 29/10/20, 03h37
Stéphane Foucart 

L’imidaclopride, principal représentant des néonicotinoïdes, compte parmi les substances les plus fréquemment retrouvées. Il s’accumule de manière inattendue dans les vers de terre, où il est parfois présent à des taux « faramineux ». 
Alors que le Sénat a adopté, mardi 27 octobre, la remise en selle des néonicotinoïdes sur les cultures de betteraves sucrières, une étude française met en évidence la capacité du principal représentant de cette famille de pesticides à se diffuser largement dans l’environnement, hors des parcelles traitées. Et, surtout, à s’y accumuler à des concentrations inattendues et alarmantes, en combinaison avec d’autres pesticides couramment utilisés.
Publiés en ligne fin septembre, ces travaux, à paraître en janvier dans la revue Agriculture, Ecosystems & Environment, n’ont jusqu’à présent reçu aucune publicité malgré la tenue, en France, du débat parlementaire sur la réautorisation partielle des « néonics ».
Les résultats sont pourtant frappants. Les auteurs ont analysé 180 échantillons de sols dans la région de Chizé (Deux-Sèvres), sur les 450 km2 de la zone atelier Plaine et Val de Sèvre du CNRS, une grande plaine céréalière utilisée pour l’étude des interactions entre les activités agricoles et l’environnement. Ils y ont recherché la présence de trente et un pesticides (insecticides, fongicides ou herbicides), dont vingt-neuf sont actuellement autorisés en agriculture.
> Lire aussi  L’usage des néonicotinoïdes pour sauver la filière betteravière validé par le Sénat
Conclusion : la totalité des prélèvements analysés contiennent au moins une des substances recherchées, et 90 % contiennent un mélange d’au moins un insecticide, un fongicide et un herbicide. Si un tel constat est inédit, c’est que les auteurs ne se sont pas arrêtés aux surfaces cultivées. Ils ont prélevé leurs échantillons sur des parcelles agricoles conduites en agriculture conventionnelle, en agriculture biologique, mais aussi sur des prairies et des haies n’ayant jamais reçu de traitements. « Dans 40 % des cas, on retrouve plus de dix pesticides différents », explique l’écologue Vincent Bretagnolle (CNRS) et coauteur de ces travaux.
Bio-accumulation des substances dans les lombrics
De telles données de contamination sont « étonnamment rares », soulignent les chercheurs. « Nous n’avons trouvé aucune donnée sur la contamination, par différentes classes de pesticides couramment utilisés, des éléments du paysage distincts des champs, formant des habitats semi-naturels comme les haies, les bosquets, les marges des parcelles, ou encore les champs biologiques non traités », écrivent les auteurs.
Les quatre substances les plus fréquemment retrouvées sont le diflufenican (un herbicide), l’imidaclopride (un insecticide néonicotinoïde) et deux fongicides, le boscalide et l’époxiconazole. Au moins une de ces quatre substances est détectée dans plus de 80 % des sols analysés.
> Lire aussi  Les néonicotinoïdes, « l’arbre qui cache la forêt » de la crise de la betterave en France
Les chercheurs ont également cherché ces trente et une substances sur des vers de terre (Allolobophora chlorotica) prélevés dans les sols des mêmes parcelles. Dans vingt-cinq cas, aucun ver de terre n’a pu être trouvé et ainsi seuls 155 échantillons ont été étudiés.
« C’est à notre connaissance la première fois qu’on cherche des résidus de pesticides sur des vers de terre prélevés dans des milieux agricoles et semi-naturels, dit l’écologue Céline Pelosi (Inrae), première autrice de ces travaux. Nous suspections une potentielle persistance de certaines molécules en raison d’une utilisation récurrente, fréquente et massive à large échelle. Mais nous pensions aussi possible de n’en trouver aucune trace. »
La réalité s’est révélée aux antipodes. « Les taux d’imidaclopride que l’on retrouve dans les vers de terre sont faramineux, estime ainsi l’écologue Vincent Bretagnolle. Ils indiquent un phénomène de bio-accumulation. » Sur près de 80 % des vers de terre analysés, on retrouve cette substance, le principal néonicotinoïde sur le marché. « Les concentrations retrouvées sont spectaculaires : 43 % des vers de terre présentent un taux d’imidaclopride de plus de 100 ppb [parties par milliard] et 8 % en ont plus de 500 ppb », précise M. Bretagnolle. Le maximum enregistré pointe à près de 780 ppb. Soit, par exemple, une concentration presque 400 fois supérieure à ce qui est mesuré dans le nectar du colza, lorsque celui-ci est traité à l’imidaclopride.
Un risque élevé pour les oiseaux
« Cette étude fournit des éléments de preuve montrant que des “néonics” peuvent se bio-accumuler dans les vers de terre, confirme l’entomologiste John Tooker, professeur à l’université de Pennsylvanie (Etats-Unis), qui n’a pas participé à cette étude. En effet, les concentrations relevées dans les vers de terre sont plus élevées que ce qui est mesuré dans les sols. Je ne connais pas d’autres travaux montrant que des “néonics” peuvent s’accumuler dans la faune, et je suis curieux de connaître les mécanismes ou les explications à ce phénomène. »
En 2008, lors de sa dernière réautorisation, l’imidaclopride avait été considéré comme « à faible risque de bio-accumulation » par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Le produit est interdit depuis 2018 – mais bénéficie encore de dérogations, comme en France sur la betterave.
> Lire aussi  Après l’alerte des scientifiques, un recours en justice pour interdire les pesticides SDHI
Non seulement l’imidaclopride est retrouvé à des concentrations très fortes sur les lombrics, mais il est fréquemment détecté en compagnie d’autres produits. Le niveau d’exposition de ces organismes essentiels à la bonne santé des sols présente fréquemment « un risque de toxicité chronique élevé », écrivent les chercheurs. Une situation jugée par M. Tooker « très inquiétante, non seulement pour les lombrics eux-mêmes, mais pour l’intégrité des chaînes alimentaires et la santé environnementale en général ».
Des résultats préliminaires, non encore publiés, suggèrent que la chaîne alimentaire est impactée. « Nous avons commencé à faire des mesures sur les micromammifères, et celles-ci semblent cohérentes avec ce que l’on trouve sur les vers de terre notamment », dit Mme Pelosi. « Pour certains oiseaux qui se nourrissent presque exclusivement de vers de terre à certaines périodes de l’année, les concentrations d’imidaclopride que nous retrouvons laissent suspecter des effets quasi létaux », explique, de son côté, M. Bretagnolle.
> Lire aussi la tribune de Christophe Gatineau, en 2018 : « Il y a urgence à sauver le ver de terre »
« La contamination généralisée des sols censés être exempts de substances de synthèse soulève des questions sur l’ampleur réelle de la pollution de l’environnement par les pesticides et ses répercussions », juge M. Tooker. De fait, écrivent les chercheurs, ces travaux illustrent « le potentiel des pesticides comme agents de changement global ».
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/29/des-niveaux-alarmants-de-pesticides-mesures-dans-les-sols-et-les-vers-de-terre_6057724_3244.html>
En savoir plus :
> Residues of currently used pesticides in soils and earthworms : A silent threat ? <https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0167880920303534>, Agriculture, Ecosystems & Environment, 1 January 2021
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En images
21- Vidéo. Voici pourquoi cet agriculteur bio n'a pas besoin de néonicotinoïdes pour ses betteraves, Positivr, 15/10/20
Axel Leclercq

Agriculteur dans le Nord, Jean-Luc Traisnel cultive des betteraves sans faire appel aux pesticides. Résultat ? Pas de souci de jaunisse.
Si les néonicotinoïdes ont été réautorisés, c’est, nous dit-on, pour sauver nos betteraves de la jaunisse. Pourtant, il semblerait bien que des agriculteurs n’aient aucun souci avec leurs betteraves, alors mêmes qu’ils n’utilisent aucun pesticide. Démonstration dans le Nord.
Pour l’émission Sur le front, Hugo Clément est allé près de Lille à la rencontre d’un producteur de betteraves bio. Celui-ci ne nie pas l’existence de la jaunisse, cependant, il ne la craint pas. Pourquoi ? Parce qu’il n’utilise aucun insecticide et que, par conséquent, les pucerons porteurs de la jaunisse se font dévorer par d’autres insectes.
> Reportage à voir à :
<https://positivr.fr/betteraves-bio-sans-pesticides-neonicotinoides-sur-le-front/>
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22- Pascal Auriat, le maître boulanger, France 2, 13h15 le samedi, 24/10/20

C’est l’histoire d’un homme qui vit entièrement pour son pain. Passionné, jusqu’au-boutiste.
Pascal Auriat a ouvert sa boulangerie, sans aucun diplôme, il y a 18 ans maintenant dans le petit village de Laguiole au cœur de l’Aubrac.
Formé par le cuisinier étoilé Michel Bras, Pascal Auriat y a appris l’extrême rigueur. Peu importe si sa farine coûte plus chère, si la fermentation de son pain dure cinq fois plus longtemps qu’en boulangerie industrielle, Pascal Auriat a une ambition : faire oublier la baguette blanche et sans saveur aux habitants de Laguiole.
> Un portrait (31 min) signé Aude Rouaux, Benjamine Jeunehomme et Gaël Pouvreau à voir à :
<https://www.france.tv/france-2/13h15-le-samedi/2017417-pascal-auriat-le-maitre-boulanger.html>
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Une annonce
23- Rencontres de la Ruralité conquérante : Soyez avec nous... depuis chez vous !, le 31/10/20 de 11h à 18h30

Programme de la journée – Liens YouTube en direct
Il est possible de profiter des différents ateliers, tables-rondes et conférences à distance, en se connectant via YouTube, pour interagir avec la salle, poser des questions et prendre la parole.
Chaque lien du programme ci-dessous renvoie vers la vidéo en direct sur YouTube le jour de l'événement, mais il est déjà possible de programmer une alerte pour être prévenu le 31 octobre prochain.
Parlez-en autour de vous, organisez une réunion, diffusez largement l'information afin que ces échanges soient utiles pour tous les territoires ruraux ! 
> Détail du programme et des liens
<https://3yedv.r.a.d.sendibm1.com/mk/mr/Ta1pyrtpX5QYGOQxctXX6NNRAWAC0rasLJmPay_ejlUNDWJWS6a9XCOnEL1Fpko328WZG70brOfRSeDBe5cvw9KY4VQ9wutaDPrGzAIbs3gHcg>
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Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
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Si l’archivage récemment mis en place ne cous convient pas, pensez à conserver les articles qui vous concernent ou vous intéressent particulièrement.
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– Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>, janvier 2020
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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