[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur aléas climatiques, émissions de GES, dérèglement climatique & dernier rapport du GIEC paru aujourd'hui (lundi 9 août)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Lun 9 Aou 14:13:47 CEST 2021
Bonjour à tous,
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1- Dérèglement climatique : les « signes vitaux » de la Terre s’épuisent, alertent des scientifiques <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/07/28/dereglement-climatique-les-signes-vitaux-de-la-terre-s-epuisent-alertent-des-scientifiques_6089808_3244.html>, Le Monde avec AFP, 28/076/21, 20h34
2- Réchauffement climatique : un monde à +2°c n’est déjà plus assurable <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/rechauffement-climatique-un-monde-a-2-c-n-est-deja-plus-assurable-150028.html>, Novethic, 28/07/21
3- Solastalgie et thermomètre mouillé : quand le réchauffement climatique change le langage <https://information.tv5monde.com/info/solastalgie-et-thermometre-mouille-quand-le-rechauffement-climatique-change-le-langage-418671>, AFP, 29/07/21, 09:00
4- Même avec un réchauffement de 1,5°C, le Royaume-Uni risque plus de 40°C l'été, avertissent des experts <https://information.tv5monde.com/info/meme-avec-un-rechauffement-de-15degc-le-royaume-uni-risque-plus-de-40degc-l-ete-avertissent-des>, AFP, 29/07/21, 17:05
5- Nouvel activisme climatique : la méthode des étudiants pour réveiller leurs écoles et futurs employeurs <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/nouvel-activisme-climatique-la-methode-des-etudiants-pour-reveiller-leurs-ecoles-et-futurs-employeurs-150036.html>, Novethic, 29/07/21
6- Tribune. « L’Amazonie brésilienne n’assure plus son rôle de poumon de la planète » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/07/30/l-amazonie-bresilienne-n-assure-plus-son-role-de-poumon-de-la-planete_6089977_3232.html>, Le Monde, 30/07/21, 05h30
7- Le mode de vie de trois Américains moyens génère des émissions de carbone qui peuvent tuer une personne <http://www.slate.fr/story/213747/mode-de-vie-trois-americains-moyens-genere-emissions-carbone-peuvent-tuer-personne-pollution>, Slate, 30/07/21, 17h59
8- Nouvel activisme climatique : les scientifiques sortent de leur réserve et poussent à l'action <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/nouvel-activisme-climatique-les-scientifiques-entre-150041.html>, Novethic, 30/07/21
9- Une vague de chaleur accélère la fonte des glaces au Groenland <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/07/31/une-vague-de-chaleur-accelere-la-fonte-des-glaces-au-groenland_6090176_3244.html>, Le Monde avec AFP, 31/07/21, 21h14
10- Entretien. Le climatologue Christophe Cassou : "Le changement climatique est un voyage sans retour" <https://www.lejdd.fr/Societe/le-climatologue-christophe-cassou-le-changement-climatique-est-un-voyage-sans-retour-4060331>, Le JDD, 01/08/21, 15h00
11- Climat : trop peu de pays ont déposé de nouveaux engagements <https://information.tv5monde.com/info/climat-trop-peu-de-pays-ont-depose-de-nouveaux-engagements-419051>, AFP, 01/08/21, 16:00
12- Climat : le seuil de +1,5°c risque d'être atteint d'ici 2025, avertit l'ONU <https://www.bfmtv.com/environnement/climat/climat-le-seuil-de-1-5deg-c-risque-d-etre-atteint-d-ici-2025-avertit-l-onu_AD-202108010187.html>, BFMTV avec AFP, 01/08/21, 17:01
13- Les incendies font rage dans le sud de l'Europe, villageois et touristes évacués <https://information.tv5monde.com/info/les-incendies-font-rage-dans-le-sud-de-l-europe-villageois-et-touristes-evacues-419040>, AFP, 01/08/21, 18:00
14- La révolution des juges : les États aux abois face à l’inaction climatique <https://mrmondialisation.org/la-revolution-des-juges-les-etats-aux-abois/>, Mr Mondialisation, 01/08/21
15- En Turquie comme en Grèce, des températures étouffantes et des incendies à répétition <https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/08/02/en-turquie-comme-en-grece-des-temperatures-etouffantes-et-des-incendies-a-repetition_6090317_1652612.html>, Le Monde, 02/08/21, 16h16
16- COP26 : à moins de cent jours de l'évènement, l’échec inquiétant des négociations climatiques <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/cop26-a-moins-de-cent-jours-l-echec-des-negociations-climatiques-inquietent-150035.html>, Novethic, 02/08/21
17- Plan « Zéro Carbone » : pas si vert que ça selon un rapport d’Oxfam <https://mrmondialisation.org/plan-zero-carbone-pas-si-vert-que-ca-selon-un-rapport-doxfam/>, Mr Mondialisation, 03/08/21
18- « Cette météo, ce n’est pas la nôtre » : en Russie, un été de catastrophes climatiques <https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/08/04/cette-meteo-ce-n-est-pas-la-notre-en-russie-un-ete-de-catastrophes-climatiques_6090462_1652612.html>, Le Monde, 04/08/21, 10h31
19- Vu de l'espace, le déséquilibre énergétique de la Terre s’aggrave <https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/rechauffement-climatique-vu-espace-desequilibre-energetique-terre-aggrave-86525/>, Futura-sciences, 04/08/21
20- Reportage. Au Japon, une île au riche passé bouleversée par le changement climatique <https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/08/05/au-japon-une-ile-au-riche-passe-bouleversee-par-le-changement-climatique_6090581_1652612.html>, Le Monde, 05/08/21, 06h26
21- Nouveaux ordres d'évacuation face au gigantesque incendie Dixie Fire en Californie <https://information.tv5monde.com/info/nouveaux-ordres-d-evacuation-face-au-gigantesque-incendie-dixie-fire-en-californie-419587>, AFP, 06/08/21, 05:00
22- En Turquie, Erdogan critiqué pour sa mauvaise gestion des incendies <https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/08/06/en-turquie-erdogan-critique-pour-sa-mauvaise-gestion-des-incendies_6090682_1652612.html>, Le Monde, 06/08/21, 05h53
23- Changement climatique : pourquoi le rapport du Giec est-il tant attendu ? <https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/changement-climatique-pourquoi-le-rapport-du-giec-est-il-tant-attendu_4725155.html>, France Télévisions, 06/08/21, 07:02
24- Des signes d'un effondrement du Gulf Stream observés par des scientifiques <https://www.franceinter.fr/sciences/des-signes-d-un-effondrement-du-gulf-stream-observes-par-des-scientifiques>, France Inter, 06/08/21, 16h50
25- Inondations en Corée du Nord : des milliers de personnes évacuées, des zones agricoles sous l’eau <https://www.lemonde.fr/international/article/2021/08/07/inondations-en-coree-du-nord-des-milliers-de-personnes-evacuees-des-zones-agricoles-sous-l-eau_6090807_3210.html>, Le Monde avec AFP, 07/08/21, 07h46
26- Sécheresse. Dans le nord du Mexique, des dizaines de milliers de vaches succombent à la chaleur <https://www.courrierinternational.com/article/secheresse-dans-le-nord-du-mexique-des-dizaines-de-milliers-de-vaches-succombent-la-chaleur>, Courrier international, 07/08/21, 11:08
27- Interview. Pascal Canfin au JDD : "On a trente ans pour inventer un modèle d'économie zéro carbone" <https://www.lejdd.fr/Politique/pascal-canfin-au-jdd-on-a-trente-ans-pour-inventer-un-modele-deconomie-zero-carbone-4061277>, Le JDD, maj le 08/08/21 à 00h01
28- Rapport du Giec sur les prévisions climatiques : pourquoi nous vivons déjà dans un monde à + 1,5 degré <https://www.lejdd.fr/Societe/rapport-du-giec-sur-les-previsions-climatiques-pourquoi-nous-vivons-deja-dans-un-monde-a-15-degre-4061336>, Le JDD, 08/08/21, 11h00
29- Le GIEC, trente ans de collaboration entre scientifiques et politiques au service du climat <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/09/le-giec-trente-ans-de-collaboration-entre-scientifiques-et-politiques-au-service-du-climat_6090937_3244.html>, Le Monde, 09/08/21, 05h17
30- Reportage. En Islande, avant-poste du dérèglement climatique : « On vit une explosion au ralenti » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/09/en-islande-avant-poste-du-dereglement-climatique-on-vit-une-explosion-au-ralenti_6090938_3244.html>, Le Monde, 09/08/21, 05h18
31- La crise climatique s’aggrave partout, à des niveaux sans précédent, alerte le GIEC <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/09/la-crise-climatique-s-aggrave-partout-a-des-niveaux-sans-precedent-alerte-le-giec_6090961_3244.html>, Le Monde, 09/08/21, 10h08
En audio
32- Lucie Pinson et Tony Gatlif <https://www.franceinter.fr/emissions/un-monde-nouveau/un-monde-nouveau-du-lundi-02-aout-2021>, France Inter, Un monde nouveau, 02/08/21, 18h10
En images
33- Vidéo. Des « phénomènes effrayants » : depuis la Station spatiale, Thomas Pesquet photographie les incendies en Turquie <https://www.nouvelobs.com/planete/20210805.OBS47252/des-phenomenes-effrayants-depuis-la-station-spatiale-thomas-pesquet-photographie-les-incendies-en-turquie.html>, L’Obs, 05/08/21, 19h12
34- Feux, inondations : l’été déréglé <https://www.france.tv/france-5/c-dans-l-air/2671481-emission-du-samedi-7-aout-2021.html>, France 5, C dans l’air, 07/08/21, 17h47
Bien à vous,
Florence
NB : En pied de page de chaque message, vous disposez d’une adresse url qui vous permet de vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner directement à votre gré.
EMBRASEMENT DU JOUR : Californie, Grèce, Turquie, Russie, Mexique…, "Notre maison brûle (& fond) et nous regardons ailleurs". (cf. item 9, 13, suite, 15, suite, 18, suite, 20, 21, 22, 25, 26, 30, 33 & 34)
VERTIGES DU JOUR : Le changement climatique actuel est "sans précédent" - Le seuil de +1,5 °C atteint autour de 2030, 10 ans plus tôt que prévu - La concentration de CO2 est la plus élevée depuis au moins 2 millions d'années - Les activités humaines sont, "sans équivoque", à l'origine du réchauffement - La capacité des océans et des forêts à absorber le CO2 s’affaiblit - L’irrémédiable montée du niveau des mers… Extraits du nouveau rapport du Giec (IPCC) publié aujourd’hui (cf. item 12, 23, 28, 29, 31 & suite)
RAPPORT & ÉTUDES DU JOUR : — Pour contrer des phénomènes en passe de devenir irréversibles, un groupe de chercheurs demande des mesures radicales et urgentes, comme la fin des énergies fossiles et un changement de modèle économique. (cf. item 1)
— Déjà confronté à un climat plus chaud et plus humide, le Royaume-Uni risque de connaître des températures estivales dépassant les 40°C même si le réchauffement global reste limité à 1,5°C, ont averti des experts à l'occasion de la publication du rapport annuel sur le climat britannique pour l'année 2020. (cf. item 4)
— Une nouvelle étude ayant calculé le coût mortel des émissions de carbone, révèle que le mode de vie d'environ 3 Américains moyens génère suffisamment de gaz à effet de serre pour tuer une personne contre 25 Brésiliens ou 146 Nigérians pour obtenir le même résultat. (cf. item 7)
— De nouveaux travaux montrent que ce sont bien nos émissions de gaz à effet de serre (GES) qui font pencher la balance énergétique de la Terre. (cf. item 19)
— Une étude du Potsdam institute for climat impact research montre que le Gulf Stream, courant qui régule le climat mondial, montre des signes de perte de stabilité. Cela pourrait avoir une incidence énorme sur le climat en Europe et dans le monde. (cf. item 24)
CITATIONS DU JOUR : — "Un monde à +2 °C pourrait encore être assurable, un monde à 4 °C ne le serait certainement plus", Henri de Castries alors président d’Axa, premier assureur mondial, à la veille de la COP21 en 2015 (cf. item 2)
— "Concernant les écosystèmes, l'irréversibilité est déjà en route : à 1,5 °C de réchauffement, plus de 70 % des coraux dans le Pacifique ouest auront disparu, à 2 °C plus de 99 %. C'est ça qu'il faut retenir : chaque fraction de degré compte. Un monde à + 1,6 °C n'est pas le même qu'un monde à + 1,7 °C. Si on continue sur notre lancée, les catastrophes actuelles ne sont qu'un avant-goût de ce qui nous attend.", Christophe Cassou, climatologue, coauteur du rapport du Giec paru le 9 août (cf. item 10)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
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> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
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> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
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> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Dérèglement climatique : les « signes vitaux » de la Terre s’épuisent, alertent des scientifiques, Le Monde avec AFP, 28/076/21, 20h34
Pour contrer des phénomènes en passe de devenir irréversibles, un groupe de chercheurs demande des mesures radicales et urgentes, comme la fin des énergies fossiles et un changement de modèle économique.
Les « signes vitaux » de la planète s’affaiblissent face à la surexploitation générée par l’économie mondiale, ont mis en garde des scientifiques de premier plan, mercredi 28 juillet. Auteurs d’une étude publiée dans la revue BioScience, ils s’inquiètent de l’imminence possible de certains « points de rupture » climatiques.
Ces chercheurs font partie d’un groupe de plus de 14 000 scientifiques ayant plaidé pour la déclaration d’une urgence climatique mondiale. Ils estiment que les gouvernements ont, de manière systématique, échoué à s’attaquer aux causes du changement climatique : « la surexploitation de la Terre ». Depuis une évaluation précédente en 2019, ils soulignent la « hausse sans précédent » des catastrophes climatiques, des inondations aux canicules, en passant par les cyclones et les incendies.
> Lire aussi L’Europe a enregistré un réchauffement climatique record en 2020
Dix-huit variables dans le rouge
Sur les 31 « signes vitaux » de la planète, qui incluent les émissions de gaz à effet de serre, l’épaisseur des glaciers ou la déforestation, dix-huit atteignent des records, selon ce texte publié dans la revue BioScience. Ainsi, en 2020 et en 2021, malgré la chute des émissions de gaz à effet de serre liée au ralentissement de l’activité, induit par la pandémie de Covid-19, les concentrations de CO2 et de méthane observées dans l’atmosphère n’ont jamais été aussi élevées. Les glaciers fondent 31 % plus vite qu’il y a quinze ans et la déforestation en Amazonie brésilienne a elle aussi atteint un record en 2020, transformant ce puits de carbone crucial en émetteur net de CO2.
Avec plus de quatre milliards d’animaux, notamment vaches et moutons, la masse du bétail dépasse, désormais, celle des humains et des animaux sauvages combinés, selon l’étude. « Nous devons réagir face aux preuves qui montrent que nous allons vers des points de rupture climatiques, en prenant des mesures urgentes pour décarboner l’économie et en commençant à restaurer la nature plutôt que la détruire », a déclaré l’un des auteurs, Tim Lenton, de l’université britannique d’Exeter.
> Écouter aussi Climat : sous nos yeux, le basculement
La menace de l’irréversibilité
Les auteurs estiment qu’il existe, en effet, « de plus en plus de preuves que nous approchons, voire avons déjà dépassé » certains des points de bascule qui pourraient entraîner le système climatique vers un changement dramatique et irrémédiable. Cela inclut la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, qui pourrait être irréversible à l’échelle de plusieurs siècles, même si les émissions de CO2 étaient réduites. Pour les récifs coralliens, menacés notamment par le réchauffement, et dont dépendent un demi-milliard de personnes, l’atteinte d’un point de non-retour est également possible.
Les auteurs réclament des actions rapides et radicales dans plusieurs domaines : éliminer les énergies fossiles, réduire la pollution, restaurer les écosystèmes, opter pour des régimes alimentaires basés sur les plantes, s’éloigner du modèle de croissance actuel et stabiliser la population mondiale.
« Nous devons arrêter de traiter l’urgence climatique comme un problème indépendant, le réchauffement n’est pas le seul problème de notre système Terre sous pression », a insisté William Ripple, de l’université d’Etat de l’Oregon. Selon lui, « les politiques pour combattre la crise climatique ou tout autre symptôme devraient s’attaquer à la source : la surexploitation de la planète par les humains ».
> Lire la tribune : « Il faut arrêter cette machine infernale du réchauffement climatique »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/07/28/dereglement-climatique-les-signes-vitaux-de-la-terre-s-epuisent-alertent-des-scientifiques_6089808_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/07/28/dereglement-climatique-les-signes-vitaux-de-la-terre-s-epuisent-alertent-des-scientifiques_6089808_3244.html>>
En savoir plus :
> World Scientists’ Warning of a Climate Emergency 2021 <https://academic.oup.com/bioscience/advance-article/doi/10.1093/biosci/biab079/6325731?searchresult=1>, BioScience, 28 July 2021
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2- Réchauffement climatique : un monde à +2°c n’est déjà plus assurable, Novethic, 28/07/21
Marina Fabre
Notre monde subit un réchauffement de +1,2 °C et déjà, des assureurs se désengagent de certaines zones qu’ils considèrent trop à risques. En Floride, région particulièrement touchée par les catastrophes climatiques, certains particuliers ne trouvent ainsi plus d’assureurs privés. En Allemagne, après les inondations historiques, les assureurs ont prévenu : si rien n’est fait pour limiter un réchauffement à +2 °C, l’assurance ne sera plus possible.
C’était à la veille de la COP21 en 2015. Henri de Castries alors président d’Axa, premier assureur mondial, expliquait qu’un "monde à +2 °C pourrait encore être assurable, un monde à 4 °C ne le serait certainement plus". Cette déclaration, qui a eu un fort retentissement à l’époque, était-elle trop optimiste ? Alors que le monde enregistre déjà un réchauffement de 1,2 °C par rapport à 1900 et que la barre des + 1,5 °C pourrait être franchie d’ici trois ans, les assureurs commencent déjà à se désengager de certaines zones particulièrement à risque.
Il y a un mois, dans la ville de Surfside en Floride, l’effondrement spectaculaire d’un immeuble résidentiel a tué une centaine de personnes, provoquant une vive émotion. Si l’enquête est toujours en cours pour trouver l’origine de cet effondrement, la piste de mauvais entretiens et d’une structure détériorée sont en cause. Mais cette région, particulièrement sous pression du changement climatique, est de plus en plus fragile. Depuis les années quatre-vingt, date de construction de l’immeuble, le niveau de la mer a augmenté de plus de 20 centimètres dans le sud de la Floride.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/rechauffement-climatique-un-monde-a-2-c-n-est-deja-plus-assurable-150028.html <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/rechauffement-climatique-un-monde-a-2-c-n-est-deja-plus-assurable-150028.html>>
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3- Solastalgie et thermomètre mouillé : quand le réchauffement climatique change le langage, AFP, 29/07/21, 09:00
Marlowe Hood
Catastrophes naturelles et bouleversements majeurs pour l'humanité ne sont pas les seules conséquences du changement climatique : il modifie aussi le langage, obligé de s'adapter en créant de nouveaux mots.
Des phénomènes climatiques apparaissent ou se renforcent, comme les "tornades de feu". Elles peuvent se déclencher en cas de feu extrêmement violents, si des différences de température et des vents instables créent un tourbillon capable d'aspirer les flammes. La Californie et l'Australie pourraient les voir se multiplier.
Les "orages de feu" s'accompagnent d'éclairs et de tonnerre, mais sans pluie. S'ils sont difficilement prévisibles, les principes de base sont toujours les mêmes : les grands incendies provoquent une chaleur extrême et un grand panache de fumée qui, en s'élevant dans le ciel, interagit avec l'humidité de l'air pour former un nuage. Ce nuage, après avoir libéré un orage de feu, est appelé "pyrocumulonimbus". L'Australie en a connu en 2019 et 2020.
En ville, les canicules s'accompagnent d'"ilots de chaleur urbains", quand le manque de végétation, l'importance des sols artificialisés et la pollution font encore grimper le thermomètre comparé à la campagne alentour.
- Transformation en savane -
Encore plus inquiétant pour les humains, le phénomène du "thermomètre mouillé" ou TW : cette mesure prend en compte l'humidité relative ambiante et ses possibilités d'évaporation. Sachant qu'un corps ne peut perdre de chaleur si cette température extérieure TW dépasse la sienne, les scientifiques s'accordent : l'être humain ne peut survivre longtemps à 35 degrés TW.
Les scientifiques pensaient que ce seuil ne serait jamais dépassé, mais des chercheurs américains ont relevé l'an dernier deux sites, un au Pakistan, l'autre aux Emirats arabes unis, où il l'a été brièvement.
Les nouvelles prévisions des experts climat de l'ONU, le Giec, actuellement en cours de validation par 195 pays, devraient souligner la menace croissante que représentent certains "points de rupture" climatiques qui pourraient entraîner le système climatique vers un changement dramatique et irrémédiable, selon des sources ayant vu une version préliminaire du texte.
Parmi ces points de bascule, la transformation en savane, ou "savannification" en anglais, pèse sur l'Amazonie dans les scénarios les plus pessimistes.
Des cercles vicieux se créent et renforcent encore ces changements. C'est le cas par exemple au Groenland, où l'effet d'albedo, c'est-à-dire la capacité à refléter une partie de l'énergie solaire, diminue. En effet, faute de tempêtes apportant de la neige fraîche, le Groenland s'assombrit. Ce léger changement de couleur n'est pas sans conséquence : moins blanc, il réfléchit moins la lumière du soleil, ce qui accélère son réchauffement.
- Agir ou laisser faire -
D'autres menaces viennent du permafrost, un sol perpétuellement gelé et qui occupe un quart des terres émergées de l'hémisphère nord. Il contient deux fois plus de carbone que l'atmosphère, mais dégèle sous le coup du réchauffement climatique, ce qui en fait une vraie bombe à retardement.
Face à ces catastrophes annoncées, certains se réfugient dans l'inaction climatique, sous prétexte qu'il est trop tard pour agir, le "doomism" en anglais (de "doom" : perte, ruine, destin tragique). D'autres se laissent aller à la "solastalgie", l'angoisse liée à la dégradation de la planète et la perte de notre environnement, ou à la "collapsologie", la théorie de l'effondrement de notre civilisation.
A l'inverse, l'engagement de la jeune Suédoise Greta Thunberg a entraîné une partie de sa génération à agir, un courant connu en Italie sous le nom de "Gretini".
Certains seront tentés par le "tourisme de la dernière chance" pour aller voir des paysages ou des animaux menacés de disparition. D'autres resteront cloués au sol par le "flygskam" ("la honte de prendre l'avion" en suédois). Il leur restera l'option de lire un roman ou de regarder un film de "fiction climatique" ou "cli-fi" ou un documentaire parlant du "carbone bleu", la capacité des océans à absorber du CO2.
<https://information.tv5monde.com/info/solastalgie-et-thermometre-mouille-quand-le-rechauffement-climatique-change-le-langage-418671 <https://information.tv5monde.com/info/solastalgie-et-thermometre-mouille-quand-le-rechauffement-climatique-change-le-langage-418671>>
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4- Même avec un réchauffement de 1,5°C, le Royaume-Uni risque plus de 40°C l'été, avertissent des experts, AFP, 29/07/21, 17:05
Sylvain Peuchmaurd
Déjà confronté à un climat plus chaud et plus humide, le Royaume-Uni risque de connaître des températures estivales dépassant les 40°C même si le réchauffement global reste limité à 1,5°C, ont averti jeudi des météorologistes.
Ce seuil correspond à l'objectif le plus ambitieux fixé par l'accord de Paris pour limiter le réchauffement climatique par rapport à l'ère pré-industrielle, que la présidence britannique de la COP26, prévue en novembre à Glasgow, espère maintenir "en vie". Il est selon nombre de scientifiques hors de portée.
A l'occasion de la publication du rapport annuel sur le climat britannique pour l'année 2020, la directrice générale de la Royal Meteorological Society, Liz Bentley, a souligné que la planète subissait déjà des chaleurs extrêmes résultant d'un réchauffement de 1,1 à 1,2°C.
"Si on ajoute encore 0,3°C", les vagues de chaleur "vont devenir de plus en plus intenses - nous verrons vraisemblablement 40°C au Royaume-Uni bien que nous n'ayons jamais connu ce genre de températures", a-t-elle déclaré.
La température la plus élevée jamais enregistrée au Royaume-Uni est de 38,7°C, record atteint le 25 juillet 2019 à Cambridge.
"En atteignant 1,5°C de réchauffement climatique, ce ne sera pas seulement quelque chose qu'on verra une fois ou deux", mais "quelque chose qu'on verra de manière régulière", a-t-elle ajouté.
Mike Kendon, l'auteur du rapport, a jugé sur la BBC que 40°C en été au Royaume-Uni est "plausible", soulignant que le réchauffement climatique se manifeste déjà dans le pays.
Selon le rapport, l'année 2020 est la troisième plus chaude, la cinquième plus humide, la huitième plus ensoleillée et la première à passer dans le top 10 de ces trois critères.
La température moyenne en hiver était de 5,3°C, soit 1,6°C plus que la moyenne observée entre 1981 et 2010.
Avec 34°C atteints six jours consécutivement début août 2020, le sud de l'Angleterre a atteint l'une des vagues de chaleur les plus importantes des 60 dernières années. Selon Mike Kendon, les 34°C ont été dépassés sept des dix dernières années au Royaume-Uni, contre sept des cinquante dernières années précédemment.
-"Dernier espoir" -
Pour l'envoyé spécial américain sur le climat John Kerry, la COP26 de Glasgow constitue "la dernière chance de minimiser les dommages" liés au changement climatique.
"Glasgow est notre dernier espoir d'éviter les pires conséquences et que la planète ne change d'une manière encore plus difficile à prévoir", a-t-il averti jeudi lors d'un échange à Londres avec l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair.
Le Royaume-Uni a connu le weekend dernier des pluies torrentielles qui ont entraîné des inondations à Londres. Plusieurs régions du monde ont récemment connu de tels phénomènes météorologiques extrêmes, des inondations meurtrières en Allemagne mi-juillet aux crues dévastatrices jeudi en Afghanistan.
"Il va désormais falloir gérer l'eau de manière efficace", a estimé jeudi John Kerry, et "adapter" les infrastructures des pays en fonction, en "construisant des digues, des murs, des barrières, des systèmes de pompes".
Selon Tom Burke, président du cercle de réflexion sur l'environnement E3G, la COP26 sera la première édition de cette conférence mondiale sur le climat où "la science du changement climatique a été validée par les événements".
"Ce n'est plus seulement ce que disent les scientifiques, c'est ce que les gens vivent", a-t-il déclaré jeudi à des journalistes, appelant le Premier ministre Boris Johnson à "être plus visible" sur le plan diplomatique avant la COP26.
<https://information.tv5monde.com/info/meme-avec-un-rechauffement-de-15degc-le-royaume-uni-risque-plus-de-40degc-l-ete-avertissent-des <https://information.tv5monde.com/info/meme-avec-un-rechauffement-de-15degc-le-royaume-uni-risque-plus-de-40degc-l-ete-avertissent-des>>
En savoir plus :
> State of the UK Climate 2020 report : Climate change continues to be evident across UK <https://www.rmets.org/news/climate-change-continues-be-evident-across-uk>, Royal Meteorological Society, 29 July 2021
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5- Nouvel activisme climatique : la méthode des étudiants pour réveiller leurs écoles et futurs employeurs, Novethic, 29/07/21
Marina Fabre
En quelques années les étudiants du Réveil écologique sont devenus une force incontournable dans le paysage de la lutte climatique. Ce collectif, qui met la pression sur les entreprises pour les pousser à plus d'ambition climatique sous peine de ne plus attirer les jeunes diplômés, a créé une vraie dynamique. D'autant plus forte dans les écoles qui sont de plus en plus nombreuses à former leurs étudiants sur les enjeux écologiques. Toute la semaine, Novethic explore les nouvelles formes d’activisme climatique qui prennent de l’ampleur en France.
Défiler dans la rue ne suffisait plus. En 2018, des étudiants issus de grandes écoles lancent un Manifeste pour un Réveil écologique. Leur cible prioritaire : leurs futurs employeurs. "À quoi rime-t-il de se déplacer à vélo, quand on travaille par ailleurs pour une entreprise dont l’activité contribue à l’accélération du changement climatique ou l’épuisement des ressources ?", interrogent-ils alors. En quelques semaines, le succès est au Rendez-vous. 30 000 étudiants signent le manifeste poussant le Réveil écologique à se transformer en collectif. Trois ans plus tard, il est devenu incontournable.
"On ne s’attendait pas à un tel succès", se rappelle Antoine Trouche, membre de la première heure. Soucieux de dialoguer, le collectif organise des rencontres avec la moitié des comités de direction du CAC 40, intervient dans des Conseils d’administration, prend la parole dans des forums, des conférences… et fait peu à peu prendre conscience aux entreprises que le recrutement des futurs talents peut leur échapper par manque d’ambition climatique. Le PDG de Total, Patrick Pouyanné a d’ailleurs avoué à l’AFP que sa "principale peur" était la capacité du groupe à "attirer les talents". "La plupart des ingénieurs qui rejoignent Total veulent travailler dans les énergies renouvelables", déclarait-il alors.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/nouvel-activisme-climatique-la-methode-des-etudiants-pour-reveiller-leurs-ecoles-et-futurs-employeurs-150036.html <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/nouvel-activisme-climatique-la-methode-des-etudiants-pour-reveiller-leurs-ecoles-et-futurs-employeurs-150036.html>>
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6- Tribune. « L’Amazonie brésilienne n’assure plus son rôle de poumon de la planète », Le Monde, 30/07/21, 05h30
Par Collectif
Un collectif de représentants d’ONG parmi lesquels Véronique Andrieux, directrice générale de WWF France, ou Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France, appelle, dans une tribune au « Monde », à une action immédiate pour stopper les importations issues de la déforestation.
Tribune. Au premier semestre 2021, la déforestation en Amazonie a augmenté de 17 % par rapport au premier semestre 2020. Alors que la saison sèche s’ouvre au Brésil, le nombre d’incendies dépasse celui de l’année dernière à la même période. Ces chiffres laissent présager de nouveaux records d’incendies au Brésil cet été.
Face à ce désastre environnemental, climatique et social, la France reste passive. Pourtant, nos importations de produits issus de la déforestation contribuent à la destruction des écosystèmes exceptionnels de ces régions : l’Amazonie et le Cerrado sont détruits afin de laisser place aux pâturages et aux champs de soja que la France importe massivement pour ses animaux d’élevage.
L’année 2020 a été marquée par des incendies qui ont ravagé plus de 310 000 km2au Brésil, avec la caution du président Jair Bolsonaro. Pour la troisième année d’affilée, la forêt aura perdu environ 10 000 km2, l’équivalent de la superficie de l’Ile-de-France ! Le rythme de destruction est tel que les scientifiques alertent : si aucune action immédiate n’est entreprise, la forêt amazonienne se transformera en savane, menant à la destruction irréversible de cet écosystème essentiel à la survie de l’humanité.
> Lire aussi Au Brésil, la déforestation de l’Amazonie au plus haut depuis 2008
Ces écosystèmes, à la biodiversité unique, sont vitaux pour l’équilibre climatique planétaire. Aujourd’hui, l’Amazonie brésilienne n’assure plus son rôle de poumon de la planète. Selon une étude scientifique publiée dans Nature, elle émet plus de carbone qu’elle ne contribue à en séquestrer. Si rien n’est fait, c’est toute l’Amazonie qui pourrait devenir émettrice nette de carbone.
Il y a urgence à agir. En 2019, Emmanuel Macron reconnaissait la responsabilité de la France et s’engageait à freiner la destruction de l’Amazonie. Deux ans après, le constat est amer : nos importations issues de la déforestation n’ont pas ralenti et la destruction de l’Amazonie s’est accélérée.
Regards rivés sur la France
Si la France s’est dotée d’une « stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée » en novembre 2018, celle-ci est restée lettre morte, faute de volonté politique. L’action de la France demeurera inefficace tant qu’elle reposera sur le bon vouloir des entreprises. Pour garantir que le soja qu’elle importe n’est pas issu de la déforestation, la France doit prendre des mesures pour contraindre les importateurs à garantir que les produits qu’ils mettent sur le marché ne sont pas liés à la déforestation ou à la destruction d’écosystèmes.
De même, le gouvernement ne peut continuer à négocier des accords qui risqueraient d’accroître la déforestation en Amérique du Sud. Selon l’expertise scientifique mandatée par le gouvernement, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur augmenterait la déforestation dans les pays du Mercosur, jusqu’à 25 % par an pendant six ans. La France doit bloquer l’adoption de cet accord et de tout instrument présentant le risque de contribuer à l’accélération de la déforestation.
> Lire aussi « L’Amazonie, notre dernier rempart, est en train de basculer » en émettant plus de carbone qu’en en absorbant
En septembre, les regards seront rivés sur la France, qui accueillera le Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Avant la fin de l’année, la Commission européenne proposera un projet de législation pour lutter contre la déforestation.
La France aura la responsabilité de faire aboutir un texte ambitieux puisqu’elle assurera la présidence de l’Union européenne au premier semestre 2022. Cette loi devra contraindre les entreprises à garantir que les produits qu’elles mettent sur le marché européen ne sont ni liés à la destruction de forêts, savanes et prairies, ni à des violations de droits humains. A ces conditions seulement, la trajectoire destructrice de la déforestation en Amérique du Sud pourra être inversée et l’équilibre environnemental et climatique préservé.
Signataires : Véronique Andrieux, directrice générale de WWF France ; Clotilde Bato, présidente de Notre affaire à tous ; Jonathan Guyot, cofondateur d’All4trees ; Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France ; Charlotte Meyrueis, directrice de Cœur de forêt ; Xavier Morin, directeur de Canopée ; Nico Muzi, directeur Europe de Mighty Earth ; Boris Patentreger, fondateur d’Envol Vert ; Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement ; Evrard Wendenbaum, fondateur de Naturevolution.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/07/30/l-amazonie-bresilienne-n-assure-plus-son-role-de-poumon-de-la-planete_6089977_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/07/30/l-amazonie-bresilienne-n-assure-plus-son-role-de-poumon-de-la-planete_6089977_3232.html>>
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7- Le mode de vie de trois Américains moyens génère des émissions de carbone qui peuvent tuer une personne, Slate, 30/07/21, 17h59
Repéré par Clarisse Portevin sur The Guardian
Il faudrait 25 Brésiliens ou 146 Nigérians pour obtenir le même résultat.
Une nouvelle étude ayant calculé le coût mortel des émissions de carbonerévèle que le mode de vie d'environ trois Américains moyens génère suffisamment de gaz à effet de serre pour tuer une personne. L'analyse s'appuie sur plusieurs rapports de santé publique et conclut que pour 4.434 tonnes de CO2 rejetées dans l'atmosphère, une personne mourra prématurément dans le monde, en raison de la hausse des températures. Cette quantité de CO2 équivaut aux émissions que produisent actuellement 3,5 Américains dans leur vie.
Ces nouvelles recherches sont basées sur ce qu'on appelle le «coût social du carbone», une mesure largement utilisée depuis sa création dans les années 1990 par l'économiste William Nordhaus, indique The Guardian. Le coût social du carbone calcule la valeur monétaire des dommages causés par chaque tonne de dioxyde de carbone émise, en tenant compte de la capacité d'adaptation au changement climatique.
>> Suite à lire à :
<http://www.slate.fr/story/213747/mode-de-vie-trois-americains-moyens-genere-emissions-carbone-peuvent-tuer-personne-pollution <http://www.slate.fr/story/213747/mode-de-vie-trois-americains-moyens-genere-emissions-carbone-peuvent-tuer-personne-pollution>>
En savoir plus :
> The mortality cost of carbon <https://www.nature.com/articles/s41467-021-24487-w>, Nature Communications, 29 July 2021
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8- Nouvel activisme climatique : les scientifiques sortent de leur réserve et poussent à l'action, Novethic, 30/07/21
Pauline Fricot
Face à l'urgence climatique, les scientifiques sortent de la réserve prônée dans la discipline pour s'investir dans le débat public. Certains misent sur les réseaux sociaux et la sensibilisation, alors que d'autres n'hésitent pas à appeler à la désobéissance civile face à l'inaction des gouvernements. Toute la semaine, Novethic explore les nouvelles formes d'activisme climatique qui prennent de l'ampleur en France.
"On a le sentiment que les journalistes et le monde découvrent cette urgence et se disent 'on ne nous l'avait pas dit'. Et bien si, on vous l'avait dit !" s’exclame l'éminent climatologue Jean Jouzel, membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), sur le plateau de LCP début juillet en réaction aux inondations monstrueuses qui ont touché la Belgique et l’Allemagne.
Depuis la fin des années 60, les scientifiques alertent sur le réchauffement climatique induit par les activités anthropiques. Mais alors que les études alarmantes s’amoncellent chaque semaine, les mesures politiques ne sont pas à la hauteur de l’urgence et les émissions de gaz à effet de serre continuent à croître à l'échelle mondiale. Face à ce constat, les scientifiques sont pris entre deux feux.
D’une part l’urgence à agir. De l’autre, la nécessité de se conformer à l’idée ancrée que la science se doit d’être neutre, que les scientifiques gagnent en crédibilité en maintenant ses distances avec le politique. En témoigne le mandat du GIEC, qui stipule que l’instance onusienne de référence en matière d'études sur le climat est chargée d'évaluer "sans parti pris et de manière méthodique et objective" l’information scientifique disponible, rapporte le site du gouvernement français.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/nouvel-activisme-climatique-les-scientifiques-entre-150041.html <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/nouvel-activisme-climatique-les-scientifiques-entre-150041.html>>
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9- Une vague de chaleur accélère la fonte des glaces au Groenland, Le Monde avec AFP, 31/07/21, 21h14
Sur le petit aéroport de Nerlerit Inaat, dans le nord-est du Groenland, le mercure a atteint 23,4 degrés jeudi, le plus haut niveau mesuré depuis le début des relevés de la station météo.
Une vague de chaleur au Groenland, avec des températures plus de dix degrés supérieures aux normales saisonnières, a provoqué cette semaine un épisode de fonte « massive » de la calotte glaciaire groenlandaise, ont averti des glaciologues.
Depuis mercredi, la calotte glaciaire qui recouvre le vaste territoire arctique a fondu d’environ 8 milliards de tonnes chaque jour, soit le double du rythme moyen lors de la période estivale, selon les données récentes du Polar Portal, un outil de modélisation géré par des instituts de recherche danois.
> Lire aussi Dérèglement climatique : les « signes vitaux » de la Terre s’épuisent, alertent des scientifiques
Températures record
Des températures inhabituelles de plus de 20 degrés, avec des records locaux, ont été enregistrées dans le nord du Groenland ces derniers jours, selon l’institut météorologique danois DMI.
Sur le petit aéroport de Nerlerit Inaat, dans le nord-est du Groenland, le mercure a atteint 23,4 degrés jeudi, le plus haut niveau mesuré depuis le début des relevés de la station météo et plus chaud que la température maximale enregistrée au Danemark ce jour-là.
Cette vague de chaleur, qui a également touché une grande partie de l’immense territoire arctique, s’est traduite par un rythme accéléré de fonte de la calotte glaciaire. A titre de comparaison, l’immense volume d’eau fondue relâché quotidiennement ces derniers jours - 8 000 milliards de litres d’eau douce - « suffirait pour couvrir de cinq centimètres d’eau l’ensemble de la surface de la Floride », souligne Polar Portal.
Le record de fonte quotidien au Groenland, qui date de l’été 2019, n’a pas été battu, mais la partie du territoire groenlandais où la glace a fondu est plus grande qu’il y a deux ans, a précisé le site de surveillance arctique.
> Lire aussi La calotte glaciaire du Groenland a déjà fondu au moins une fois au cours du dernier million d’années
Un réchauffement très rapide
Deuxième calotte glaciaire après l’Antarctique, avec une surface de près de 1,8 million de kilomètres carrés, la couche de glace qui recouvre le Groenland suscite l’inquiétude des scientifiques, alors que le réchauffement dans l’Arctique est trois fois plus rapide qu’ailleurs dans le monde.
Son recul entamé il y a plusieurs décennies s’accélère depuis 1990 et ne cesse de s’emballer. Selon une étude européenne publiée en janvier, la fonte de la calotte groenlandaise devrait contribuer à l’élévation générale du niveau des océans à hauteur de 10 à 18 centimètres d’ici 2100, soit 60 % plus vite que la précédente estimation. La calotte groenlandaise contient au total de quoi élever les océans de 6 à 7 mètres.
Du fait d’un début d’été relativement frais avec des chutes de neige et de pluie, le recul de la calotte en 2021 est pour l’heure encore dans la moyenne historique, selon Polar Portal. La période de fonte s’étend de juin à début septembre.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/07/31/une-vague-de-chaleur-accelere-la-fonte-des-glaces-au-groenland_6090176_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/07/31/une-vague-de-chaleur-accelere-la-fonte-des-glaces-au-groenland_6090176_3244.html>>
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10- Entretien. Le climatologue Christophe Cassou : "Le changement climatique est un voyage sans retour", Le JDD, 01/08/21, 15h00
Propos recueillis par Marie Quenet
Pour le climatologue Christophe Cassou, coauteur du rapport du Giec qui paraîtra le 9 août, les catastrophes naturelles vont se multiplier.
Les délégations de 195 pays sont réunies en visioconférence depuis lundi pour adopter les nouvelles prévisions du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). Sept ans après sa dernière évaluation, l'organisme s'apprête à publier une nouvelle synthèse des connaissances sur le sujet. Et son "résumé pour les décideurs" est actuellement négocié ligne à ligne à huis clos. Le premier volet, qui sera dévoilé le 9 août, analyse les aspects scientifiques du changement climatique, avec, pour la première fois, des évaluations régionales. Le directeur de recherche au CNRS Christophe Cassou, un de ses coauteurs, appelle à réagir avant qu'il ne soit trop tard.
Les catastrophes observées cet été traduisent-elles un emballement du changement climatique ?
Il ne s'agit pas d'une accélération. Le Giec a dit, depuis trente ans, que les événements extrêmes allaient devenir plus intenses, plus longs et plus fréquents en raison du changement climatique. Les scientifiques avaient prévenu que les effets commenceraient à être vraiment perceptibles dans le monde entier à partir de 2010-2020. Nous sommes sur les trajectoires prévues. Le changement climatique, c'est maintenant, et pas en 2040 ou 2050. On sait qu'on va battre des records de chaleur de plus en plus facilement, que les pluies diluviennes et les sécheresses vont s'accentuer. Le prochain rapport du Giec consacre d'ailleurs un chapitre aux événements climatiques extrêmes : canicules, vagues de froid, sécheresses, feux, etc.
Les événements récents sont-ils vraiment liés au changement climatique ?
Il y a toujours eu des canicules, des pluies diluviennes, mais le fait qu'elles se multiplient et frappent à présent l'ensemble de la planète, c'est le signe indiscutable du changement climatique. Le climat actuel n'est déjà plus celui qu'ont connu nos parents, grands-parents et arrière-grands-parents. On est entrés dans un territoire inconnu. Concernant les dômes de chaleur, aux latitudes tempérées, il faut imaginer la circulation atmosphérique comme une rivière à haute altitude faisant le tour de la planète. Celle-ci forme, par endroits, des méandres qui se bloquent, provoquant des tourbillons atmosphériques de plusieurs milliers de kilomètres. Le dôme de chaleur, c'est ça : un grand méandre avec de l'air emprisonné à l'intérieur, sans vent. L'air se réchauffe de jour en jour. On a déjà eu ce phénomène en France, lors de la canicule meurtrière de 2003. Sans les créer, le changement climatique amplifie énormément l'effet de ces dômes.
Il existe plusieurs points de rupture dans le système climatique, des moments où l'on bascule vers un autre état
Est-on bien parti pour limiter le réchauffement à moins de 2 °C, l'objectif fixé par l'accord de Paris ?
La température a déjà augmenté de 1,1 °C par rapport à l'ère préindustrielle. Le but est de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d'arriver à la neutralité carbone à l'horizon 2050-2060 pour stabiliser le réchauffement à 1,5 °C. Mais en attendant, ce dernier va continuer. Aujourd'hui, nous ne sommes pas sur une trajectoire de stabilisation à 1,5 °C, mais plutôt à 3 °C, voire 3,5 °C à la fin du siècle. Le seuil de + 1,5 °C sera très probablement franchi au début de la décennie 2030 et, si on poursuit au rythme actuel, celui de 2 °C entre 2040 et 2060. Le risque de canicule va augmenter de façon très importante : avec + 1,1 °C, la probabilité d'affronter chaque été en France une canicule comme celle de juin 2019 avec 46 °C dans le Sud-Est de 1 sur 50 environ ; à + 1,5 °C, on passera à 1 sur 10 ; et à + 2 °C, à 1 sur 4. D'autre part, une hausse de 1 °C augmente de 7 % la quantité de vapeur d'eau contenue dans l'atmosphère, on va donc avoir des précipitations diluviennes encore plus intenses. Le climat que connaîtront nos enfants et petits-enfants sera très différent du nôtre. C'est un voyage sans retour.
Est-on proche du point de rupture ?
Il existe plusieurs points de rupture dans le système climatique, des moments où l'on bascule vers un autre état. Parmi eux, la fonte irréversible des calottes glaciaires, qui provoquerait une élévation rapide du niveau de la mer. Un changement de certains courants océaniques, qui aurait des répercussions sur les moussons. Ou la disparition de la forêt amazonienne. Mais les scientifiques ne savent pas à quel niveau de température ces phénomènes peuvent se produire, ni à quelle échéance. Seule certitude : le risque de basculement augmente considérablement avec le réchauffement : ce n'est pas linéaire!
> Lire aussi - Climat : fonte des glaces, récifs coralliens… pourquoi il faut s'intéresser aux points de bascule
Peut-on vraiment lutter contre le changement climatique ?
Oui, on peut encore limiter la casse. Il n'y a qu'une seule solution : la neutralité carbone. Il ne faut plus qu'une seule molécule de CO2 s'accumule dans l'atmosphère. Imaginons une baignoire, avec un robinet et un siphon. Actuellement, le robinet – nos activités humaines – déverse plus de gaz à effet de serre que l'océan et la végétation, ces siphons ou puits naturels, peuvent en pomper. Si on arrête aujourd'hui d'émettre des gaz à effet de serre, environ 40 % du CO2 émis depuis le début de l'ère industrielle sera encore présent dans cent ans, et 20 % dans mille ans.
La question est de savoir jusqu'à quel niveau nos sociétés sont capables de s'adapter avant une déstabilisation mondiale
Les États ont pris des engagements…
Pour limiter le réchauffement à 2 °C, il faudrait arriver à la neutralité carbone à l'horizon 2060-2070. Et pour 1,5 °C, en 2050-2060. En France, ces objectifs sont le cadre de la loi climat et résilience qui vient d'être adoptée et qui repose sur la stratégie nationale bas carbone. Malheureusement, on ne les respecte pas. Selon le Haut Conseil pour le climat, la baisse des émissions de gaz à effet de serre est deux fois trop lente. D'une façon générale, la plupart des pays, y compris la France, font figure de cancres en matière de lutte contre le changement climatique.
Les citoyens ont-ils les moyens d'inverser la donne ?
Les actions individuelles ne suffisent pas. Si nous devenions tous vertueux, cela réduirait d'environ un quart, au mieux d'un tiers, nos émissions de gaz à effet de serre au regard des engagements de neutralité carbone. Nous avons besoin de transformations radicales. Il faut que la société civile s'empare encore davantage des rapports du Giec pour pousser les gouvernements à revoir les modes de production, de transports, de consommation… Depuis quatre, cinq ans, la prise de conscience semble grandir.
L'humanité survivrait-elle à un réchauffement de 3°C ?
La question est de savoir jusqu'à quel niveau nos sociétés sont capables de s'adapter avant une déstabilisation mondiale. Concernant les écosystèmes, l'irréversibilité est déjà en route : à 1,5 °C de réchauffement, plus de 70 % des coraux dans le Pacifique ouest auront disparu, à 2 °C plus de 99 %. C'est ça qu'il faut retenir : chaque fraction de degré compte. Un monde à + 1,6 °C n'est pas le même qu'un monde à + 1,7 °C. Si on continue sur notre lancée, les catastrophes actuelles ne sont qu'un avant-goût de ce qui nous attend.
<https://www.lejdd.fr/Societe/le-climatologue-christophe-cassou-le-changement-climatique-est-un-voyage-sans-retour-4060331 <https://www.lejdd.fr/Societe/le-climatologue-christophe-cassou-le-changement-climatique-est-un-voyage-sans-retour-4060331>>
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11- Climat : trop peu de pays ont déposé de nouveaux engagements, AFP, 01/08/21, 16:00
Seulement un peu plus de la moitié des Etats ont soumis leurs nouveaux engagements climatiques, s'est inquiétée samedi la responsable climat de l'ONU Patricia Espinosa, appelant également à "renforcer" l'ambition des plans déposés.
En vertu de l'Accord de Paris de 2015 qui vise à maintenir le réchauffement "bien en deçà" de +2°C, si possible +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, chacun des quelque 200 signataires devait déposer avant fin 2020 une version révisée de ses engagements en matière de lutte contre les dérèglements climatiques, appelés "contribution déterminée au niveau national" (NDC).
En raison de la pandémie de Covid-19 et du report d'un an de la conférence climat COP26 de Glasgow, à novembre 2021, de nombreux gouvernements avaient fait savoir qu'ils ne respecteraient pas les délais. Seulement 75 pays, dont très peu de gros émetteurs hormis l'UE, avaient effectivement déposé leur nouvelle NDC au 1er janvier 2021.
L'ONU avait fixé une nouvelle date limite au 30 juillet, pour que les engagements puissent être pris en compte dans l'évaluation globale qui doit être publiée avant la COP26, réunion cruciale pour l'avenir de la planète.
Mais vendredi, 110 pays seulement avaient déposé leurs engagements révisés: une "comparaison favorable" par rapport à janvier, mais "c'est encore loin d'être satisfaisant, puisque seulement un peu plus de la moitié des Parties (54%) ont respecté le délai butoir", a déclaré Patricia Espinosa dans un communiqué.
"Le niveau d'ambition reflété dans ces plans d'action nationaux pour le climat doit également être renforcé", a-t-elle insisté.
La première évaluation des 75 engagements révisés publiée en février "montrait que les efforts collectifs sont loin d'être à la hauteur" : "J'espère sincèrement que l'estimation révisée des efforts collectifs révélera une image plus positive", a encore déclaré la responsable onusienne.
"Les vagues de chaleur extrêmes, les sécheresses et les inondations qui ont eu lieu récemment dans le monde entier sont un signal d'alarme qui montre qu'il faut faire beaucoup plus, et beaucoup plus vite, pour modifier notre trajectoire actuelle. Cet objectif ne peut être atteint que par des NDC plus ambitieuses", a-t-elle martelé.
Le rapport de février estimait que l'impact combiné des nouvelles contributions constituerait moins de 1% de baisse des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 (comparé à 2010). Très loin des 45% nécessaires pour rester sous les 1,5°C comme l'ont estimé les experts climat de l'ONU (Giec).
Parmi les nouvelles NDC soumises, celle des Etats-Unis revenus dans l'Accord de Paris dès l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, ainsi que celle du Canada.
Mais la Chine, qui s'est engagée à la neutralité carbone d'ici 2060, n'a pas déposé la sienne. L'Inde ou l'Afrique du Sud non plus.
<https://information.tv5monde.com/info/climat-trop-peu-de-pays-ont-depose-de-nouveaux-engagements-419051 <https://information.tv5monde.com/info/climat-trop-peu-de-pays-ont-depose-de-nouveaux-engagements-419051>>
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12- Climat : le seuil de +1,5°c risque d'être atteint d'ici 2025, avertit l'ONU, BFMTV avec AFP, 01/08/21, 17:01
Hugo Septier
Sous les effets du changement climatique, la dernière décennie avait déjà enregistré des températures record.
Les prévisions de l'Organisation des Nations unies sont extrêmement pessimistes. Selon l'ONU, il y a 40% de probabilités que la température moyenne sur une année dépasse d'ici 2025 le seuil de 1,5 degré au-dessus des niveaux pré-industriels, objectif de l'accord de Paris de lutte contre le réchauffement climatique.
Sous les effets du changement climatique, la dernière décennie a enregistré des températures record : 2020 a ainsi rejoint 2016 sur la plus haute marche des années les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde, avec une moyenne de 1,25°C au-dessus de la période pré-industrielle.
Or l'accord de Paris, conclu en 2015, fixe pour objectif de "contenir l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, en poursuivant l'action menée pour limiter l'élévation de la température à 1,5°C (ce qui) réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques".
>> Suite à lire à :
<https://www.bfmtv.com/environnement/climat/climat-le-seuil-de-1-5deg-c-risque-d-etre-atteint-d-ici-2025-avertit-l-onu_AD-202108010187.html <https://www.bfmtv.com/environnement/climat/climat-le-seuil-de-1-5deg-c-risque-d-etre-atteint-d-ici-2025-avertit-l-onu_AD-202108010187.html>>
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13- Les incendies font rage dans le sud de l'Europe, villageois et touristes évacués, AFP, 01/08/21, 18:00
Des dizaines de villages et hôtels ont été évacués dimanche dans le sud touristique de la Turquie, face à la progression des incendies qui sévissent depuis cinq jours et ont déjà fait huit morts, pendant que plusieurs régions de Grèce, d'Italie et d'Espagne étaient elles aussi ravagées par le feu.
Ces pays du pourtour méditerranéen, très dépendants des recettes touristiques dont ils ont été privés à cause de la pandémie, sont confrontés à des températures caniculaires et à des feux de forêts plus nombreux que d'habitude.
La Turquie subit actuellement les pires incendies depuis au moins une décennie, avec près de 95.000 hectares brûlés depuis janvier, contre une moyenne de 13.516 à ce stade de l'année entre 2008 et 2020.
Les corps de deux personnes ont été retrouvés dans la ville de Manavgat, dans la province d'Antalya, portant le bilan à huit décès, a tweeté dimanche le ministre de la Santé, Fahrettin Koca. Il s'agissait d'un couple turco-allemand, tué dans l'incendie de sa maison, selon l'agence de presse étatique Anadolu.
Depuis mercredi, 864 personnes ont reçu des soins médicaux, selon le ministre.
Dans la station balnéaire turque huppée de Bodrum, un quartier a été évacué, alors que les flammes étaient attisées par des vents forts.
Plus de 1.100 personnes ont été évacuées par bateau, a annoncé dimanche le maire Ahmet Aras, car les routes n'étaient pas praticables.
- 40°C prévus à Antalya -
D'autres évacuations ont eu lieu par bateau à Marmaris, dans la province de Mugla, avec l'aide des forces navales, selon le ministère de la défense.
Le ministre de l'Agriculture et des Forêts, Bekir Pakdemirli, a déclaré que 111 feux de forêt étaient désormais sous contrôle, mais que des incendies se poursuivaient dans les régions d'Antalya, de Mugla, et de Tunceli (est).
Les températures devraient rester élevées après des records atteints le mois dernier. Il a fait par exemple 49,1°C le 20 juillet à Cizre, en Anatolie, dans l'extrême sud-est de la Turquie.
Le mercure devrait monter jusqu'à 40°C à Antalya lundi, selon les prévisions.
Le ministère turc de la Défense a publié des images prises par satellite montrant l'importance des dégâts sur les forêts, noires de suie et avec des fumées toujours visibles.
Le président Recep Tayyip Erdogan a été la cible de critiques lorsqu'il s'est avéré que la Turquie n'avait pas d'avions bombardiers d'eau alors que le problème des incendies s'aggrave dans ce pays dont un tiers du territoire est boisé.
Selon des données publiées par l'Union européenne, la Turquie a été ravagée par 133 incendies en 2021 jusqu'ici, comparé à une moyenne de 43 entre 2008 et 2020.
- Maisons brûlées en Grèce -
En Grèce, les pompiers luttaient aussi dimanche contre un incendie qui s'est déclaré la veille, par des températures caniculaires, dans le nord-ouest de la péninsule du Péloponnèse, près de la ville de Patras.
Huit personnes ont été hospitalisées avec des problèmes respiratoires et des brûlures.
Cinq villages ont été évacués. "La catastrophe est immense", a confié Dimitris Kalogeropoulos, le maire d'Aigialeias, l'un des villages proches de l'incendie.
Dans les villages de Ziria, Kamares, Achaias, Labiri, près de trente maisons, des hangars agricoles et des étables ont brûlé, des champs entiers d'oliviers ont été détruits, selon le journal local Patrastimes.
"Nous avons dormi la nuit dehors, terrifiés de ne plus avoir de maison à notre réveil!", raconte à la télévision grecque Skai un habitant de Labiri.
La station balnéaire de Loggos a été aussi évacuée. Une centaine d'habitants et de touristes ont été transportés samedi soir par la police portuaire vers le port d'Aigio, à quelques kilomètres du village.
Près de 13.500 hectares ont brûlé en Grèce depuis le début de l'année, contre une moyenne de 7.500 à ce stade de l'année entre 2008 et 2020.
Après des incendies dévastateurs en Sardaigne le week-dernier, l'Italie a enregistré en cette fin de semaine plus de 800 départs de feu, essentiellement dans le sud du pays, ont indiqué les pompiers sur Twitter.
"Au cours des dernières 24 heures, les pompiers ont effectué plus de 800 interventions: 250 en Sicile, 130 dans les Pouilles et en Calabre, 90 dans le Latium (la région de Rome) et 70 en Campanie", précise le tweet.
En Espagne, touchée à la mi-juillet par un incendie dans un parc naturel sur la côte catalane, près de la frontière franco-espagnole, les pompiers luttaient ce week-end contre un feu près du réservoir de San Juan, à environ 70 kilomètres à l'est de Madrid.
<https://information.tv5monde.com/info/les-incendies-font-rage-dans-le-sud-de-l-europe-villageois-et-touristes-evacues-419040 <https://information.tv5monde.com/info/les-incendies-font-rage-dans-le-sud-de-l-europe-villageois-et-touristes-evacues-419040>>
Sur le même sujet :
> "Je vais mourir sous cette chaleur" : Athènes confrontée à une nouvelle canicule <https://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/je-vais-mourir-sous-cette-chaleur-athenes-confrontee-a-une-nouvelle-canicule_2155799.html>, AFP, 30/07/21, 02:00
> Incendie en Grèce dans le Péloponnèse : une dizaine de maisons brûlées, cinq blessés <https://www.lepoint.fr/monde/incendie-en-grece-dans-le-peloponnese-une-dizaine-de-maisons-brulees-cinq-blesses-01-08-2021-2437452_24.php>, AFP, 01/08/03, 03:00
> "La catastrophe est immense" : l'incendie dans le Péloponnèse en passe d'être maîtrisé, nouveau feu à Rhodes <https://www.la-croix.com/catastrophe-immense-incendie-Peloponnese-passe-etre-maitrise-nouveau-feu-Rhodes-2021-08-01-1301168986>, AFP, 02/08/21, 06:00
> Incendie aux portes d'Athènes : les habitants découvrent "le désastre" <https://information.tv5monde.com/info/incendie-aux-portes-d-athenes-les-habitants-decouvrent-le-desastre-419381>, AFP, 04/08/21, 13:00
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14- La révolution des juges : les États aux abois face à l’inaction climatique, Mr Mondialisation, 01/08/21
L’État fédéral belge ainsi que les trois régions du pays (Flandre, Wallonie et Bruxelles) ont récemment été reconnus coupables de « faute » par le Tribunal de 1er instance de Bruxelles, pour avoir mené une politique climatique négligente et peu diligente dont les conséquences menacent directement certains droits fondamentaux des citoyens. Tel que souligné dans le jugement, « en s’abstenant de prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir les effets du changement climatique attentatoire à la vie et à la vie privée des plaignants », les politiques climatiques des différents gouvernements mis en cause portent atteinte à la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH)[1]. Bien qu’envoyant un signal clair à nos décideurs politiques concernant l’urgence de la décarbonisation de notre économie, le tribunal n’a pas assorti sa décision de conséquences financières ou juridiques, malgré la demande des plaignants d’imposer à la Belgique des objectifs concrets de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Depuis plusieurs années, les juges sont de plus en plus nombreux à se prononcer en faveur de l’environnement, mettant les gouvernements face à leurs responsabilités en pointant du doigt leur inaction en matière climatique. Face à cette judiciarisation des questions climatiques, des voix s’élèvent, principalement celles des acteurs politiques ou défenseurs du système économique ultra-libéral actuel, pour dénoncer ce phénomène de « gouvernement des juges » qui ébranlerait le principe de la séparation des pouvoirs. Dès lors, assistons-nous réellement à l’avènement du pouvoir judiciaire par le biais du contentieux climatique ou au contraire, impartiaux, garants de l’État de droit et de nos libertés fondamentales, les juges sont-ils devenus des acteurs actifs du changement sociétal qui doit être opéré pour faire face à la crise écologique et humanitaire que nous traversons ?
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/la-revolution-des-juges-les-etats-aux-abois/ <https://mrmondialisation.org/la-revolution-des-juges-les-etats-aux-abois/>>
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15- En Turquie comme en Grèce, des températures étouffantes et des incendies à répétition, Le Monde, 02/08/21, 16h16
L’Union européenne a envoyé trois bombardiers pour aider les pompiers turcs à maîtriser les feux, alors que près de 100 000 hectares sont partis en fumée depuis le début de l’année.
Des températures dépassant les 40 °C et des vents violents ont alimenté des centaines de feux de forêt autour du bassin méditerranéen du sud de l’Europe depuis une semaine, particulièrement en Grèce et en Turquie. Les évacuations de touristes et d’habitants se poursuivaient, lundi 2 août, alors même que l’Union européenne envoyait des renforts en Turquie, pays le plus touché, sous la forme de trois avions bombardiers.
« La pire canicule depuis 1987 » en Grèce
La Grèce vit actuellement « la pire canicule depuis 1987 », selon son premier ministre Kyriakos Mitsotakis, et celle-ci devrait durer encore quelques jours avec des températures prévues aux alentours des 45 °C en ce début de semaine, et des minimales qui ne devraient pas descendre en dessous de 26 °C.
Asséchées par la chaleur, les forêts grecques connaissent chaque été des incendies, mais ceux de 2021 sont particulièrement dévastateurs. Le risque d’incendie a, par ailleurs, été décrété à un niveau « très élevé » sur la majeure partie du pays, en particulier la région d’Athènes, le Péloponnèse, la Crète et les îles égéennes. D’après le système européen d’information sur les feux de forêt (Effis), 13 511 hectares sont partis en fumée depuis le début de l’année en Grèce.
Les deux plus importants incendies sont signalés dans le nord-ouest du Péloponnèse et sur l’île touristique de Rhodes. Le premier a entraîné l’évacuation de villages côtiers et la fermeture de plusieurs axes, dont l’autoroute qui relie Corinthe à Patras, troisième ville du pays, et le pont de Rio-Antirio reliant la péninsule à la Grèce continentale.
A Rhodes, la situation est en passe d’être maîtrisée, selon les autorités, qui affirment que l’incendie déclaré dimanche était en déclin, sous l’effet d’un renfort important des effectifs et des moyens de lutte contre le feu. « Le premier objectif, la protection de la vie humaine, a été atteint » et « les dégâts sur le réseau électrique ont été réparés », a dit le gouverneur de la mer Egée du Sud, George Chatzimarkos. Les pompiers ont quand même évacué, par précaution, la vallée des Papillons, une zone arborée du centre de cette île du Dodécanèse, qui attire traditionnellement les randonneurs et les touristes.
> Lire le décryptage : Peut-on mourir de chaud ? En période de chaleur extrême, « c’est comme si le corps faisait une course de fond en permanence »
Des villes évacuées et près de 100 000 hectares brûlés en Turquie
Les incendies en Turquie sont, comparés à ceux de Grèce, plus inquiétants car plus nombreux, plus étendus et moins facilement maîtrisables. Depuis six jours, alors que les températures dépassent les 40 °C, les feux ont entraîné l’évacuation de plus d’un millier de personnes, touristes comme habitants, et provoqué la mort d’au moins huit personnes. Près de 95 000 hectares ont brûlé jusqu’à présent en 2021 dans le pays. Entre 2008 et 2020, la moyenne annuelle était d’un peu plus de 13 000 hectares par an.
Selon le ministre de l’agriculture, Bekir Pakdemirli, 119 incendies signalés dans les 32 provinces du pays depuis mercredi ont été éteints, dimanche. La Direction des forêts, un organisme public turc cité par l’Agence France-Presse (AFP), en recense encore sept actifs, notamment dans les provinces côtières et touristiques d’Antalya et Mugla. Ahmet Aras, maire de la ville de Bodrum, où touristes et habitants ont fui les flammes en bateau, car les routes n’étaient pas praticables, a décrit des scènes de « l’enfer ».
L’Union européenne a envoyé trois avions bombardiers d’eau – deux Canadair de l’Espagne et un de la Croatie – pour aider la Turquie, dans le cadre du Mécanisme de protection civile de l’Union européenne. Avant l’annonce de l’aide européenne, la Turquie avait emprunté des avions bombardiers auprès de la Russie, de l’Ukraine, de l’Azerbaïdjan et de l’Iran.
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/08/02/en-turquie-comme-en-grece-des-temperatures-etouffantes-et-des-incendies-a-repetition_6090317_1652612.html <https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/08/02/en-turquie-comme-en-grece-des-temperatures-etouffantes-et-des-incendies-a-repetition_6090317_1652612.html>>
Sur le même sujet :
> Turquie : quatrième jour de lutte contre les feux de forêt <https://www.lefigaro.fr/international/turquie-quatrieme-jour-de-lutte-contre-les-feux-de-foret-20210731>, AFP, 01/08/03, 03:00
> A Athènes, les touristes refoulés de l'Acropole pour cause de canicule exceptionnelle <https://information.tv5monde.com/info/athenes-les-touristes-refoules-de-l-acropole-pour-cause-de-canicule-exceptionnelle-419200>, AFP, 03/08/21, 02:00
> Incendies en Turquie : une centrale thermique menacée, les évacuations continuent <https://information.tv5monde.com/info/incendies-en-turquie-une-centrale-thermique-menacee-les-evacuations-continuent-419255>, AFP, 03/08/21, 13:00
> "C'était comme une bombe" : les paysans turcs voient leurs animaux périr dans les flammes <https://information.tv5monde.com/info/c-etait-comme-une-bombe-les-paysans-turcs-voient-leurs-animaux-perir-dans-les-flammes-419295>, AFP, 03/08/21, 17:00
> La Turquie et la Grèce bataillent contre le feu <https://information.tv5monde.com/info/la-turquie-et-la-grece-bataillent-contre-le-feu-419511>, AFP, 05/08/21, 20:00
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16- COP26 : à moins de cent jours de l'évènement, l’échec inquiétant des négociations climatiques, Novethic, 02/08/21
Pauline Fricot
Alors que les catastrophes naturelles en chaîne rappellent l'urgence de lutter contre le réchauffement climatique, les discussions censées préparer la COP26, grand rendez-vous international sur le climat, capotent. Les États ne parviennent pas à se mettre d'accord, ni sur des objectifs clés, comme la limitation du réchauffement à 1,5 °C, ni sur les stratégies pour y parvenir.
C'était une étape importante pré-COP26, mais elle n'a pas abouti. Les ministres de l'environnement et de l'énergie du G20, réunis à Naples le 22 et le 23 juillet ont échoué à s’entendre pour relever les ambitions climatiques, à moins de 100 jours du grand rendez-vous international sur le climat prévu en novembre. Les dissensions étaient tels que les ministres ne sont pas parvenus à s’accorder sur la rédaction d’un communiqué final.
Selon le ministre italien de la Transition écologique, Roberto Cingolani, qui présidait les réunions, les discussions ont été particulièrement rudes avec la Russie, l'Inde et la Chine qui se sont opposées à deux points : l'abandon progressif de l'énergie issue du charbon d'ici 2025 et l'objectif de limiter la hausse des températures à 1,5 degré par rapport au niveau pré-industriel, plutôt que les 2 degrés maximum prévus par l'Accord de Paris. "Le monde a besoin de tout urgence d’un engagement clair et sans ambiguïté de la part de toutes les nations du G20 en faveur de l’objectif 1,5 degré" a appuyé le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres sur le réseau social Twitter. Les pays du G20 représentent à eux seuls 75 % des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle planétaire.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/cop26-a-moins-de-cent-jours-l-echec-des-negociations-climatiques-inquietent-150035.html <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/cop26-a-moins-de-cent-jours-l-echec-des-negociations-climatiques-inquietent-150035.html>>
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17- Plan « Zéro Carbone » : pas si vert que ça selon un rapport d’Oxfam, Mr Mondialisation, 03/08/21
Depuis l’adoption des Accords de Paris en 2015, nombreux sont les états, territoires ou entreprises qui affichent leur ambition de parvenir à zéro émission nette dans les décennies à venir, c’est-à-dire à un équilibre entre émissions de leurs activités et absorptions du CO2 ainsi libéré dans l’atmosphère, soit la neutralité carbone. Mais ces programmes « zéro émission nette » peuvent se révéler beaucoup moins verts qu’ils n’y paraissent. Gourmands en terres, ces derniers pourraient entraîner une hausse de 80 % du prix des denrées alimentaires et une aggravation de la faim dans le monde, tout en permettant aux pays riches et aux entreprises d’entretenir un statu quo néfaste pour l’environnement. L’ONG Oxfam tire la sonnette d’alarme avec son dernier rapport « Pas si net » et dévoile les risques d’une politique verte faussement ambitieuse.
Cinq ans après la COP 21 et l’adoption des Accords de Paris, on ne peut que constater la multiplication rapide des engagements pour la neutralité carbone au sein de nombreux secteurs et de diverses parties prenantes. En novembre 2020, ce sont ainsi plus de 110 pays qui se sont engagés vers un objectif de zéro émission nette pour les décennies à venir, représentant alors près de la moitié du PIB mondial et des émissions globales de CO2. L’ensemble des pays du G7 et la grande majorité du G20 s’est donc aujourd’hui engagé sur la voie d’un monde neutre en carbone. Et cette notion n’est pas seulement devenue la référence en politique, elle s’est aussi imposée pour bon nombre d’acteurs non-étatiques, les entreprises en tête, qui sont plus de 1 100 à avoir adopté les objectifs de neutralité carbone et rejoint la Campagne Objectif Zéro de la COP 26 aux Royaume-Unis aux côtés d’autres acteurs non-étatiques.
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/plan-zero-carbone-pas-si-vert-que-ca-selon-un-rapport-doxfam/ <https://mrmondialisation.org/plan-zero-carbone-pas-si-vert-que-ca-selon-un-rapport-doxfam/>>
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18- « Cette météo, ce n’est pas la nôtre » : en Russie, un été de catastrophes climatiques, Le Monde, 04/08/21, 10h31
Paul Gogo (Moscou, correspondance)
Les forêts de Carélie, non loin de la frontière finlandaise, ont été frappées par des incendies inédits pour cette région d’ordinaire humide.
De mémoire de Carélien, on n’avait jamais vu de tels feux. Koudama est un petit village russe niché au bord du lac Siamozero, à 130 km à l’est de la frontière avec la Finlande. Le 17 juillet, Vita Tchiornaya a dû faire face à un incendie qui filait droit vers sa maison. Cette jeune sportive professionnelle, qui entraîne une centaine de chiens de traîneau, a tout de suite lancé l’alerte dans le village. « Dans un premier temps, les pompiers n’avaient qu’un seul camion à disposition. Alors nous avons prévenu les entreprises forestières qui travaillent dans la zone. Des hommes se sont élancés dans les bois avec leurs bulldozers pour creuser une tranchée coupe-feu », les bénévoles ont tenu le front pendant soixante-douze heures, jour et nuit, avec seaux d’eau et sacs à dos équipés de petites lances. Le feu s’est arrêté à 1 kilomètre du village alors que les habitants s’apprêtaient à évacuer.
Trois kilomètres plus loin, même situation : les flammes sont venues lécher les murs en bois des quelques maisons habitées du petit village de Rouga. Nina, grand-mère venue passer l’été dans sa datcha, a renvoyé ses petits enfants chez eux. « On a un instant cru qu’il faudrait s’échapper par le lac ! », lance-t-elle depuis son jardin. « Le feu n’a cessé de changer de direction puis il a commencé à brûler le cimetière et à s’approcher des maisons. Mais les pompiers sont arrivés avec des dizaines de bénévoles, ils ont dégagé le chemin et ont installé des lances. Vous auriez vu tous ces gamins, c’était impressionnant », s’émeut-elle.
Comme partout dans la région, personne ne s’était préparé à l’arrivée d’incendies de cette ampleur. Nina l’admet : « Rien n’est nettoyé dans le village, les grandes herbes arrivent jusqu’à la maison, il faudra réfléchir à tout ça pour la suite. » « C’est simple, cette météo ce n’est pas la nôtre, lance Vita. Normalement la Carélie ne dépasse jamais les 30 0C, la région est humide. Cet été, les experts nous disent qu’il faudra trois jours de pluie intense pour tout éteindre. » En quelques semaines, plus de 15 000 hectares de forêt ont disparu sous les feux de la région.
La position du Kremlin a évolué
Depuis ces trois jours infernaux « durant lesquels le feu avançait comme un train », un campement s’est assez naturellement constitué. D’un côté, une quarantaine de soldats envoyés en appui dans le cadre de l’état d’urgence décrété dans la région. De l’autre, des gardes forestiers et spécialistes des incendies ont établi un QG. Tous se retrouvent au bord du lac, là où les bénévoles ont installé un fourneau militaire. Vera, grand-mère du village, y cuisine plusieurs centaines de repas par jour, appuyée à l’épluchage des pommes de terre par un soldat. « D’ordinaire, nos petits incendies sont vite éteints, c’est la première fois qu’on fait face à une telle catastrophe », glisse-t-elle entre deux gamelles.
Vu de Moscou, il est facile de fermer les yeux sur ces catastrophes climatiques à répétition, même si un double épisode de canicule a poussé les citadins à se mettre au vert début juillet. Récemment, la position du Kremlin sur le climat a évolué. Longtemps vue comme une opportunité maritime et agricole pour Moscou, la fonte de l’Arctique pose d’ores et déjà de sérieux soucis au quatrième émetteur de gaz à effet de serre mondial. Les conséquences négatives d’un tel réchauffement semblent désormais claires pour les autorités. Mais par le passé, le président Vladimir Poutine a pu se montrer sceptique sur le rôle joué par l’homme dans le réchauffement de la planète, mettant en avant « des périodes de réchauffement et de refroidissement dépendant de processus dans l’Univers ». Ce discours est toujours présent dans la presse russe, mais il est désormais contrebalancé par des propos de scientifiques.
Car en dehors de la capitale, le dérèglement climatique est déjà une affaire quotidienne. La Iakoutie, en Sibérie, est au cœur des préoccupations. Les incendies qui y réapparaissent dès la fin de l’hiver dépassent l’échelle humaine. Plus de 3,5 millions d’hectares ont déjà brûlé cette année. D’après Greenpeace, seule organisation indépendante à surveiller les incendies russes, la Iakoutie devrait battre son record de 2020 (3,9 millions d’hectares touchés) en dépassant les 4 millions d’hectares ravagés d’ici à l’hiver. Des villages disparaissent régulièrement sous les flammes, des parcs nationaux sont dévastés, près de 200 feux grignotent la région en permanence.
La toxicité de l’air atteint des taux dangereux plusieurs semaines par an dans la capitale régionale, Iakoutsk. En juillet, la pollution de l’air y dépassait de 36 fois la norme, faisant naître des inquiétudes pour la santé de la population. Ce smog toxique a même traversé le lac Baïkal plusieurs jours de suite, fin juillet, pour atteindre Irkoutsk. Selon Greenpeace, « les forces engagées pour réagir rapidement au déclenchement d’incendies ne suffisent pas en raison du sous-financement catastrophique des gardes forestiers. Les secouristes attaquent systématiquement les feux avec un à deux jours de retard ».
Des « feux zombies »
Le manque de moyens des pompiers est régulièrement dénoncé dans la région mais c’est bien le dérèglement climatique qui est en cause. Les secours n’ont aujourd’hui d’autre choix que de s’en remettre aux précipitations qui pourraient ne pas arriver avant septembre. La Iakoutie, c’est aussi l’Arctique, la zone la plus sensible aux changements climatiques. Le réchauffement de la planète y est trois fois plus rapide qu’ailleurs, en raison d’un phénomène appelé amplification arctique, aggravé par la fonte du pergélisol, gorgé de gaz à effet de serre.
> Lire aussi : Chaleurs extrêmes et feux de forêt : à l’avant-poste du changement climatique, la Sibérie suffoque
L’ensemble contribue à la multiplication des sécheresses dans le pays. En Bachkirie, région connue pour ses parcs naturels, le niveau des rivières a atteint un minimum historique cet été à cause d’une vague de chaleur inédite. A Sotchi, la Riviera russe, l’été a été gâché par des inondations à répétition. Même chose en Crimée et en Extrême-Orient, qui peinent à se remettre de grosses inondations intervenues en juin et juillet. Dans le même temps, des chaleurs record ont été enregistrées dans l’Arctique cet été avec des températures dépassant les 40 degrés. « Nous voyons des changements climatiques évidents : augmentation des températures estivales, longues périodes de sécheresse, redistribution des précipitations, relève Evgeni Ponomarev, de l’institut des forêts Soukatchev. Nous utilisons des satellites depuis vingt-cinq ans pour observer les feux. Nos prévisions nous assurent qu’il faudra se préparer à une situation dans laquelle le nombre d’incendies ne fera que grandir. »
D’autant que certains feux pourraient passer l’hiver. Bénévole de Koudama, Evgeny Ponomarev s’inquiète de ce qu’on appelle les « feux zombies ». « En Carélie, en Iakoutie et même dans la région de Moscou, il y a énormément de tourbe : il est très dur d’y éteindre les incendies, le feu peut couver tout l’hiver sous la neige et réapparaître au printemps suivant, c’est effrayant. »
> Lire aussi : En Arctique, la crise climatique favorise des « incendies zombies »
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/08/04/cette-meteo-ce-n-est-pas-la-notre-en-russie-un-ete-de-catastrophes-climatiques_6090462_1652612.html <https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/08/04/cette-meteo-ce-n-est-pas-la-notre-en-russie-un-ete-de-catastrophes-climatiques_6090462_1652612.html>>
Sur le même sujet :
> "On a besoin de gens" : les pompiers russes face aux feux sibériens <https://www.geo.fr/environnement/on-a-besoin-de-gens-les-pompiers-russes-face-aux-feux-siberiens-205677>, AFP, 29/07/21, 23:00
> En Sibérie, le changement climatique déchaîne les feux de forêts <https://information.tv5monde.com/info/en-siberie-le-changement-climatique-dechaine-les-feux-de-forets-419474>, AFP, 05/08/21, 09:00
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19- Vu de l'espace, le déséquilibre énergétique de la Terre s’aggrave, Futura-sciences, 04/08/21
Nathalie Mayer, journaliste
Certains pensent encore que le réchauffement climatique que nous vivons est le résultat de quelques fluctuations naturelles. Mais de nouveaux travaux montrent aujourd'hui que ce sont bien nos émissions de gaz à effet de serre (GES) qui font pencher la balance énergétique de la Terre.
La machine Terre est a priori bien huilée. Elle reçoit de l'énergie, la lumière du Soleil. Et pour rester dans un certain équilibre, elle en réfléchit aussi. À travers ses nuages, ses océans, ses calottes glaciaires et même ses terres. Mais depuis quelques décennies, le mécanisme semble grippé. La lumière continue de nous affluer du Soleil, mais la Terre n'en renvoie plus autant vers l'espace. La balance de son équilibre énergétique penche dangereusement. Les températures grimpent. Le niveau de la mer monte. Les ouragans se déchaînent.
Pour les climatologues, c'est le résultat de nos émissions de dioxyde de carbone (CO2). Mais certains doutent encore. Invoquant des variations naturelles. Voire un simple « bruit climatique » brouillant des enregistrements réalisés sur un temps trop court.
>> Suite à lire à :
<https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/rechauffement-climatique-vu-espace-desequilibre-energetique-terre-aggrave-86525/ <https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/rechauffement-climatique-vu-espace-desequilibre-energetique-terre-aggrave-86525/>>
En savoir plus :
> Anthropogenic forcing and response yield observed positive trend in Earth’s energy imbalance <https://www.nature.com/articles/s41467-021-24544-4>, Nature Communications, 28 July 2021
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20- Reportage. Au Japon, une île au riche passé bouleversée par le changement climatique, Le Monde, 05/08/21, 06h26
Philippe Mesmer
« L’autre Japon » (6/6). Typhons entraînant des glissements de terrain, disparition de poissons, sécheresse et précipitations record… Longtemps épargnée par les catastrophes, l’île d’Iki subit désormais les effets du dérèglement climatique.
Kentaro Suenaga est inquiet. Le patron du restaurant Ajiyoshi, inventeur il y a une quarantaine d’années de l’« unidon » – un bol de riz couvert d’oursins et assaisonné d’un bouillon traditionnel, de wasabi et de sauce soja, qu’il faut « bien mélanger » –, craint de ne pouvoir servir très longtemps ce qui est devenu un atout culinaire majeur d’Iki. Car, sur cette île de 139 kilomètres carrés, à deux heures de ferry à l’ouest du Kyushu, dans le sud-ouest du Japon, « il y a de moins en moins d’oursins ». « Les algues dont ils se nourrissent disparaissent à cause du réchauffement de l’eau et des changements de courant », explique le volubile restaurateur dans son établissement à la devanture en bois ornée de maquettes de bateaux.
> Lire aussi Dans les océans, la pollution chimique menace toute la chaîne alimentaire
Parfois aussi attribuée aux excès des pêcheurs venus de Chine voisine et adeptes de la technique dite « en eau profonde » qui racle les fonds marins, la menace pesant sur l’oursin d’Iki, mais aussi sur ses ormeaux et ses sazae – une sorte d’escargot de mer – s’ajoute à une multitude de signaux témoignant des effets grandissants du changement climatique sur la région. Cette évolution a convaincu le maire, Hirokazu Shirakawa, de déclarer l’état d’urgence climatique pour l’ensemble de l’île le 25 septembre 2019, une première au Japon. « L’impact du changement climatique se manifeste de manière de plus en plus évidente et représente une menace pour la vie des citoyens », explique l’édile.
L’île a subi des glissements de terrain en 2020, à la suite de puissants typhons. Les années précédentes avaient, elles, été marquées par des précipitations record, alternant avec des périodes de sécheresse intense. Et la température moyenne est passée de 15,1 °C à 15,8 °C entre 1978 et 2018. Une menace multiforme pour l’ensemble des activités de ce petit territoire de 26 000 âmes, qui accueillait, avant la pandémie de Covid-19, 230 000 touristes par an venant profiter de son littoral alternant plages de sable blond et falaises rocailleuses, et photographier son fameux « rocher du singe », sculpté par le vent et les embruns, sur sa côte occidentale.
« Les insectes disparaissent »
Le port de Katsumoto, dans le nord de l’île, ne compte plus qu’une centaine de pêcheurs (500 dans les années 1970). « La très rentable pêche au thon, c’est fini. Il n’y en a plus, tout comme la sériole, qui se pêche maintenant plus au nord, au large d’Hokkaido. A Iki, nous prenons aujourd’hui des poissons qu’on ne voyait pas autrefois, comme le mérou oriflamme, qui se pêchait plus au sud », explique Toru Okubo, l’un des responsables du marché aux poissons.
A l’intérieur des terres, les agriculteurs redoutent la baisse de qualité du riz. « Le gradient de température entre le jour et la nuit se réduit. Or, il faut qu’il soit important pour faire travailler le riz et lui donner meilleur goût », rappelle Kyoichi Nakata, agriculteur qui promeut la recherche d’une nouvelle espèce adaptée au changement climatique. « Les insectes disparaissent. Les populations d’oiseaux ont bien baissé d’un tiers », s’inquiète de son côté Seikichi Makiyama, octogénaire producteur de melons et de fraises, engagé dans le bio depuis 1964, par intérêt « pour les choses qui ne nuisent pas au corps ».
> Lire aussi Biodiversité : les aires protégées progressent en superficie et couvrent désormais au moins 17 % des zones terrestres
Le dérèglement climatique a aussi des conséquences sur la production du réputé shochu d’Iki, un alcool réalisé l’hiver à partir de riz et de blé. « Pour la fermentation, nous devons maintenir une température de 15 °C. Autrefois, cela se faisait naturellement car l’hiver était froid. Aujourd’hui, il faut refroidir artificiellement », explique Yuzo Yokoyama, patron de la maison Omoya, qui produit, dans ses bâtiments de bois, 72 000 litres de shochu par an.
L’évolution du climat menace l’écosystème de ce petit paradis au passé riche. L’île fut longtemps une escale diplomatique et commerciale entre Kyushu et la péninsule coréenne. Les chroniques chinoises dites « des trois royaumes » (IIe-IIIe siècle) en parlaient comme du « pays d’Iki ».
Etat d’urgence à portée limitée
Profitant du courant marin de Tsushima qui adoucit les hivers et rafraîchit les étés, Iki a longtemps été épargnée par les catastrophes. Surnommée l’« île chanceuse », elle se prévaut aussi d’une protection divine, se disant « l’île où sont nés les dieux du Yamato [ancien nom du Japon] ». Le Kojiki, la plus ancienne chronique historique du pays, compilée en 712, y situe le point de départ du développement du shintoïsme, religion ancienne du Japon, avant sa diffusion dans l’ensemble de l’Archipel.
La déclaration de l’état d’urgence climatique du maire reste pourtant à portée limitée. Une structure municipale, le Conseil pour la prévention du réchauffement global, sensibilise les citoyens sur ces questions et promeut les « 4R » (réduire, réutiliser, recycler, refuser) de la lutte contre les gaspillages. « Les collégiens reçoivent des cours liés aux objectifs de développement durable selon la méthode du nudge, visant à influencer les comportements par des suggestions indirectes, avec l’idée que les enfants sensibilisent les parents », affirme le maire.
> Lire aussi Au Japon, la construction d’une centrale à charbon provoque la colère de la population
Sur le plan énergétique, l’île travaille à produire de l’hydrogène renouvelable. Un consortium de sociétés de l’île, Iki Clean Energy, a installé une éolienne dans le nord et gère plusieurs sites de panneaux solaires. Mais, regrette l’agriculteur Kyoichi Nakata, « on a investi 8 millions de yens [61 000 euros] dans une centrale à biomasse qui n’a jamais marché ». Le manque de batteries de stockage pour l’électricité oblige à maintenir des générateurs au diesel, qui fournissent toujours l’essentiel du courant de l’île.
« Victimes, pas coupables »
En outre, la question environnementale divise pêcheurs et agriculteurs. « Ici, nous sommes victimes du changement climatique, pas coupables », se défend un pêcheur de Katsumoto. M. Makiyama, lui, ne voit « que des mots » dans la déclaration du maire et M. Nakata s’interroge sur l’utilisation de produits phytosanitaires.
En coopération avec le département de Nagasaki – dont dépend l’île – et la coopérative agricole locale, Iki a créé une certification pour le bio et promeut une agriculture « respectueuse de l’environnement, harmonieuse et durable ». « Nous utilisons moitié moins de produits phytosanitaires qu’avant. Mais il y a des limites. Les agriculteurs vieillissent et n’ont pas l’énergie ou la main-d’œuvre pour arracher les mauvaises herbes dans les rizières. Il est difficile de renoncer totalement aux pesticides », relève Kyoichi Nakata. « Le problème est aussi économique. L’agriculture, ce sont 13 % des emplois de l’île », ajoute Tomoharu Yamaishi, éleveur de bovins.
Iki a pourtant pris cette initiative dans un Japon en plein éveil aux questions environnementales. Une quarantaine d’autres villes et départements ont suivi l’île et déclaré l’urgence climatique. Le ministère de l’environnement a fait de même en juin 2020 et, quatre mois plus tard, le premier ministre, Yoshihide Suga, engageait l’Archipel sur la voie de la neutralité carbone à l’horizon 2050. Lors du sommet sur le climat des 22 et 23 avril, organisé par le président américain, Joe Biden, il a également annoncé la hausse à 46 %, contre 26 % auparavant, de l’objectif japonais de réduction des gaz à effet de serre d’ici à 2030, par rapport au niveau de 2013. Et même promis « d’essayer d’obtenir une réduction encore plus élevée ».
> Lire aussi Dix ans après Fukushima : le Japon face au défi énergétique de la neutralité carbone
Les autorités semblent prendre conscience de l’urgence, alors que le rapport 2021 du centre d’analyses environnemental allemand Germanwatch plaçait le Japon en quatrième place de la liste des pays les plus affectés par la crise climatique, en raison de sa vulnérabilité aux typhons et vagues de fortes chaleurs. Selon une étude de juillet 2019 du ministère nippon du territoire et des transports, consacrée à la préservation du littoral, le niveau de la mer au Japon augmente par ailleurs de plusieurs millimètres chaque année.
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/08/05/au-japon-une-ile-au-riche-passe-bouleversee-par-le-changement-climatique_6090581_1652612.html <https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/08/05/au-japon-une-ile-au-riche-passe-bouleversee-par-le-changement-climatique_6090581_1652612.html>>
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21- Nouveaux ordres d'évacuation face au gigantesque incendie Dixie Fire en Californie, AFP, 06/08/21, 05:00
Josh Edelson
Des ordres supplémentaires d'évacuation ont été émis jeudi face à la propagation du Dixie Fire, un gigantesque incendie en Californie qui a ravagé la veille une localité du nord de l'Etat, tordant des lampadaires sous la chaleur et détruisant plusieurs bâtiments historiques.
Greenville, environ 800 habitants, a été engloutie par les flammes du Dixie Fire dans la nuit de mercredi à jeudi.
"La majorité du centre ville de Greenville a été complètement détruite", a tweeté le photographe Stuart Palley, photos à l'appui. "Mon coeur est brisé pour cette belle petite ville".
Ce brasier dévaste la Californie septentrionale depuis trois semaines, attisé par des vents continus et par les effets du changement climatique, notamment une chaleur étouffante et une sécheresse alarmante dans la région. Il a désormais parcouru plus de 110.000 hectares.
"Nous avons fait tout ce que nous avons pu", a déclaré le porte-parole des pompiers du secteur Mitch Matlow à des journalistes. "Parfois, cela ne suffit pas".
Des clichés d'un photographe de l'AFP montrent des lampadaires métalliques pliés en deux par la chaleur de l'incendie et quelques rares structures encore debout.
Une station-service, un hôtel et un bar ont été détruits, de même que certains bâtiments vieux de plus d'un siècle, dans cette ville construite lors de la ruée vers l'or californien au milieu du 19e siècle.
Le feu a atteint Greenville à environ 16H00 mercredi (23H00 GMT), selon Jake Cagle, chef de section au sein de l'équipe de gestion de crise.
Dans une vidéo publiée mercredi soir, il a indiqué que les pompiers étaient retardés par des personnes ne suivant pas les ordres d'évacuation, les obligeant à sacrifier du temps et des ressources pour leur venir en aide.
"Nous avons des pompiers qui se retrouvent face à des armes braquées sur eux, à cause de personnes qui ne veulent pas évacuer", a expliqué M. Cagle.
Quelque 2.000 habitants de Californie avaient été appelés mercredi à évacuer "immédiatement" leur domicile à l'approche des flammes. Les autorités ont par ailleurs demandé jeudi aux habitants des villes de Taylorsville et Westwood, situées au sud et au nord de Greenville, de quitter leur domicile pour se protéger.
Le Dixie Fire est si vaste qu'il est à l'origine de ses propres phénomènes climatiques.
- "Danger imminent" -
"Si vous êtes restés, vous devriez évacuer vers l'est, immédiatement !", avait tweeté le bureau du shérif du comté de Plumas, en s'adressant aux habitants des localités de Greenville et de Chester.
"Si vous êtes toujours sur le secteur de Greenville, vous êtes en danger imminent et vous devez partir maintenant !", avait-il ajouté dans un second message, en précisant: "Si vous restez, les secours pourraient ne pas réussir à vous venir en aide."
Le nombre d'hectares ayant brûlé en Californie était en hausse de 250% fin juillet par rapport à 2020, qui était déjà la pire année en matière d'incendies dans l'histoire récente de l'Etat.
Le Dixie Fire rappelle douloureusement le Paradise Fire de 2018, incendie le plus mortel pour la Californie ces dernières années.
Des lignes électriques défectueuses, qui parcouraient la ville septentrionale de Paradise, avaient provoqué ce brasier, tuant 86 personnes.
Le fournisseur d'énergie Pacific Gas and Electric (PG&E), plus grande compagnie d'énergie de Californie, a plaidé coupable.
Les équipements de PG&E sont à nouveau mis en cause pour le Dixie Fire, après qu'un arbre est tombé sur un câble d'alimentation le jour où l'incendie a démarré.
L'entreprise a annoncé fin juillet qu'elle enfouirait ses 16.000 km de câbles électriques afin d'éviter que ses équipements soient à l'origine de nouveaux incendies dévastateurs.
<https://information.tv5monde.com/info/nouveaux-ordres-d-evacuation-face-au-gigantesque-incendie-dixie-fire-en-californie-419587 <https://information.tv5monde.com/info/nouveaux-ordres-d-evacuation-face-au-gigantesque-incendie-dixie-fire-en-californie-419587>>
Sur le même sujet :
> En images. En Californie, le gigantesque incendie Dixie Fire a englouti la localité de Greenville <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/06/en-californie-le-gigantesque-incendie-dixie-fire-a-englouti-la-localite-de-greenville_6090673_3244.html>, Le Monde, 05/08/21, 07h42
> Environnement. Feu la planète ? <https://www.liberation.fr/environnement/feu-la-planete-20210807_JBGA6NZADJEZXIVX3BN3Q5PP2U/>, Libération, 07/08/21, 08h40
> En Californie, le Dixie Fire poursuit sa course, cinq personnes portées disparues <https://information.tv5monde.com/info/en-californie-le-dixie-fire-poursuit-sa-course-cinq-personnes-portees-disparues-419829>, AFP, 08/08/21, 06:00
> La Californie lutte contre le 2e incendie le plus vaste de son histoire <https://information.tv5monde.com/info/la-californie-lutte-contre-le-2e-incendie-le-plus-vaste-de-son-histoire-419919>, AFP, 09/08/21, 03:00
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22- En Turquie, Erdogan critiqué pour sa mauvaise gestion des incendies, Le Monde, 06/08/21, 05h53
Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
La côte méditerranéenne du pays est frappée depuis plus d’une semaine par de multiples feux. Le gouvernement, qui a tardé à réagir, cherche des boucs émissaires.
Ils étaient des milliers, pompiers, policiers, soldats, villageois, jeudi 5 août, à lutter sans relâche contre les incendies qui ravagent depuis neuf jours la côte méditerranéenne de la Turquie, une destination prisée des touristes, source importante de revenus en devises pour le pays.
Les températures caniculaires, la grande sécheresse des sols et les vents puissants rendent la lutte particulièrement ardue. Jeudi soir, dix-sept incendies faisaient toujours rage dans plusieurs provinces, notamment dans les régions côtières d’Antalya et de Mugla, dont les pinèdes, les oliveraies et les villages sont toujours en proie aux flammes, malgré l’entrée en action d’avions bombardiers d’eau venus d’Espagne, de Croatie, d’Ukraine, de Russie et d’Azerbaïdjan.
> Lire aussi En Grèce et en Turquie, des centaines d’incendies font toujours rage
A Mugla, trois quartiers de la ville balnéaire de Milas encerclés par les flammes ont dû être évacués. En revanche, la centrale thermique au charbon de Kemerköy, toute proche, a pu être sauvée. Les jours précédents, les vents violents avaient poussé l’incendie vers le bâtiment principal, laissant craindre le pire.
Toute la journée de jeudi, des tonnes d’eau ont été déversées depuis les airs sur l’usine et son pourtour. Evacuée et vidée de ses substances explosives, notamment ses réservoirs à hydrogène, la centrale est apparue plutôt intacte sur les images diffusées jeudi par les chaînes de télévision.
La station balnéaire d’Oren évacuée
Le ministre de l’énergie, Fatih Dönmez, a assuré que les turbines de cette centrale au lignite, pourvoyeuse d’électricité pour une bonne partie de la région, n’avaient pas été endommagées. « Pour le moment, il n’y a pas d’incendie qui menace l’usine », a-t-il déclaré.
Les gardes forestiers sont moins optimistes, craignant une reprise du feu autour de la centrale à cause des vents extrêmement changeants. Preuve que le danger persiste, la station balnéaire voisine d’Oren a dû être évacuée jeudi par la marine turque, tandis que des convois interminables de voitures encombraient les routes, selon les images transmises par la chaîne de télévision Habertürk.
La population suit avec angoisse les ravages causés par le feu. Pas moins de 180 incendies ont été recensés depuis le 28 juillet, du jamais vu depuis 2003. La plupart ont été maîtrisés, seuls dix-sept foyers subsistent.
Critiqué pour son manque de réactivité, le gouvernement tente de faire bonne figure, répétant à l’envi que tout est sous contrôle, que les vents vont se calmer, que les paysages devenus lunaires vont être reboisés. Dans une interview télévisée diffusée mercredi soir, le président Recep Tayyip Erdogan a accusé l’opposition de pratiquer la « terreur du mensonge » pour avoir dénigré l’impréparation dont il se voit accusé.
Absence d’avions bombardiers d’eau
Samedi 31 juillet, au moment où les feux ravageaient des centaines d’hectares à Marmaris, station balnéaire prisée, et que des villages étaient évacués, le chef de l’Etat, en déplacement dans la région, a manifesté son soutien aux personnes sinistrées en jetant personnellement des paquets de thé depuis son autobus aux badauds rassemblés le long de la route ainsi qu’à son auditoire, pour l’essentiel des fonctionnaires fortement incités à venir applaudir le discours présidentiel.
Dans l’interview télévisée diffusée mercredi, M. Erdogan a rejeté la faute sur les municipalités sinistrées, dirigées pour beaucoup d’entre elles par des maires issus du Parti républicain du peuple (CHP, opposition), rappelant que c’était à eux de protéger leurs villes. Les maires en question sont d’autant plus surpris qu’ils n’ont jamais été conviés aux réunions de coordination organisées par le gouvernement.
Toute la semaine dernière, les édiles ont lancé des appels poignants via les réseaux sociaux pour un soutien aérien qui a tardé à venir. Muhammet Tokat, le maire (CHP) de Milas, n’a eu de cesse de demander une intervention aérienne pour empêcher que la centrale de Kemerköy ne soit encerclée par les flammes.
Les incendies, qui en sont à leur neuvième jour, ont révélé que la Turquie n’avait pas d’avions bombardiers d’eau en état de fonctionner, comme l’a admis le président Erdogan. Cet aveu a incité 2,5 millions d’internautes à réclamer, sous le mot dièse #HelpTurkey, une intervention aérienne étrangère pour mieux venir à bout du sinistre qui a fait 8 morts, des milliers de personnes évacuées, et a réduit en cendres plus de 100 000 hectares de pinèdes et de cultures. Le gouvernement a trop tardé à demander l’aide aérienne étrangère, disent ses détracteurs.
Les incendies, « une nouvelle tentative de coup d’Etat »
Le directeur de la communication présidentielle, Fahrettin Altun, a bien tenté de riposter avec le hashtag #GüçlüTürkiye (« Turquie forte »), qui s’est finalement avéré bien moins populaire que son concurrent. Après cette déconvenue, le gouvernement a changé sa position sur l’aide étrangère, pour finalement l’accepter.
Les adeptes de #HelpTurkey sont toutefois dans le viseur de la justice. Jeudi, le bureau du procureur général d’Ankara a annoncé avoir ouvert une enquête sur ceux qui ont tenté de susciter « l’anxiété, la peur, la panique » parmi la population et ont au final « humilié » l’Etat turc et le gouvernement en le faisant apparaître comme faible. Des contenus « irréels » ont été publiés sur les réseaux sociaux afin de créer « une atmosphère de chaos », dit le communiqué du parquet.
Allergiques à la critique, les autorités préfèrent attiser le discours de haine. Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rébellion kurde armée) est pointé du doigt. Ses militants auraient allumé 180 feux dans 35 provinces en neuf jours. Une thèse que M. Erdogan accrédite puisqu’il a annoncé mercredi l’interpellation de suspects dont les familles « étaient affiliées au PKK ».
La raison semble avoir été débranchée. La presse pro-gouvernementale accuse les Etats-Unis d’avoir utilisé les indépendantistes kurdes pour mettre le feu à la Turquie. Hilal Kaplan, l’éditorialiste vedette du quotidien Sabah, voit dans les incendies « une nouvelle tentative de coup d’Etat ». L’amiral à la retraite Cihat Yayci, auteur d’une doctrine militaire prisée du pouvoir, estime pour sa part que « le PKK s’est associé à la Grèce » pour les déclencher.
La chasse aux pyromanes a commencé. Elle a mobilisé jeudi des groupes de riverains ivres de colère dans les régions d’Aydin et de Manavgat, où des hommes, parfois armés de pétoires, se sont mis à contrôler les routes, arrêtant et vérifiant les identités des automobilistes qu’ils soupçonnaient d’avoir mis le feu aux pinèdes environnantes. Le fait d’avoir une plaque d’immatriculation étrangère à la région suffit à éveiller les pires soupçons. Plusieurs tentatives de lynchage ont eu lieu, sans faire de victimes pour le moment.
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/08/06/en-turquie-erdogan-critique-pour-sa-mauvaise-gestion-des-incendies_6090682_1652612.html <https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/08/06/en-turquie-erdogan-critique-pour-sa-mauvaise-gestion-des-incendies_6090682_1652612.html>>
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23- Changement climatique : pourquoi le rapport du Giec est-il tant attendu ?, France Télévisions, 06/08/21, 07:02
Camille Adaoust
La publication du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat est prévue lundi 9 août.
Hausse de la température mondiale, augmentation du niveau des océans, intensification des événements extrêmes... La publication du rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) est prévue lundi 9 août. "Très important dans le monde entier", ce document "est crucial pour le succès de la conférence climat de Glasgow (Royaume-Uni) en novembre", a soutenu le patron de l'Organisation météorologique mondiale, Petteri Taalas, à l'ouverture des négociations pour l'adoption de ce texte de référence. Pourquoi est-il tant attendu, tant par la communauté scientifique que politique ? Voici plusieurs éléments de réponse.
• Parce que le Giec fait référence en la matière
Depuis plus de trente ans, le Giec analyse le changement climatique, ses conséquences et les stratégies d'adaptation possibles à travers le monde via des rapports d'évaluation mis à jour régulièrement. Il a déjà dressé cinq rapports d'évaluation. Il entame à présent la publication de son sixième rapport, qui se décompose en trois volets : le premier sur les éléments scientifiques les plus récents concernant le changement climatique, le deuxième sur les conséquences du changement climatique et les mesures d'adaptation – prévu pour février 2022 – et le troisième consacré aux mesures d'atténuation – pour le mois suivant.
Son fonctionnement repose sur les contributions, pour ce premier volet par exemple, de "plus de 200 auteurs, les meilleurs experts au monde dans leur domaine", décrit à France info Laurent Bopp, climatologue et océanographe chercheur au CNRS. "Pendant quatre ans, ils ont travaillé et discuté ensemble de dizaines de milliers d'articles pour faire sortir un consensus", continue-t-il, rapportant un processus auquel il a déjà participé.
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/changement-climatique-pourquoi-le-rapport-du-giec-est-il-tant-attendu_4725155.html <https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/changement-climatique-pourquoi-le-rapport-du-giec-est-il-tant-attendu_4725155.html>>
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24- Des signes d'un effondrement du Gulf Stream observés par des scientifiques, France Inter, 06/08/21, 16h50
Martin Delacoux
Une étude du Potsdam institute for climat impact research publié dans une revue scientifique prestigieuse montre que le Gulf Stream, courant qui régule le climat mondial, montre des signes de perte de stabilité. Cela pourrait avoir une incidence énorme sur le climat en Europe et dans le monde.
Un changement majeur du Gulf stream et des courants nord-atlantiques serait ce que certains scientifiques appellent un point de bascule. S'il s’enraye, des conséquences en cascade sont attendues. Et pas seulement sur les rives de l'océan Atlantique, océan dans lequel opère ces courants : cela pourra avoir un impact sur d'autres points clefs de la planète, telle que la forêt amazonienne ou la mousson. Or une équipe de scientifique a observé que nous sommes bien plus proches de ce seuil qu'on ne le pensait.
Le Gulf stream appartient a un ensemble plus large de courants, surnommé AMOC pour the Atlantic Meridional Overturning Circulation. Cet ensemble transporte de l'eau chaude circulant en surface depuis les tropiques vers le nord de l'océan Atlantique. Dans le même temps, de l'eau froide circule en profondeur dans l'autre sens. Ce phénomène permet de répartir la chaleur reçue du soleil et permet à l'Europe de connaître des hivers cléments par rapport à l'Amérique du Nord, avec pourtant des latitudes similaires.
>> Suite à lire à :
<https://www.franceinter.fr/sciences/des-signes-d-un-effondrement-du-gulf-stream-observes-par-des-scientifiques <https://www.franceinter.fr/sciences/des-signes-d-un-effondrement-du-gulf-stream-observes-par-des-scientifiques>>
En savoir plus :
> Major Atlantic ocean current system might be approaching critical threshold <https://www.pik-potsdam.de/en/news/latest-news/major-atlantic-ocean-current-system-might-be-approaching-critical-threshold>, Potsdam Institute for Climat Impact Research, 05/08/21
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25- Inondations en Corée du Nord : des milliers de personnes évacuées, des zones agricoles sous l’eau, Le Monde avec AFP, 07/08/21, 07h46
Causées par de fortes précipitations, ces intempéries surviennent alors que Kim Jong-un a reconnu que son pays faisait face à une « situation alimentaire tendue ».
Quelque 5 000 personnes ont dû être évacuées et plus d’un millier de maisons ont été endommagées par des inondations causées par de fortes précipitations en Corée du Nord, a rapporté samedi 7 août la télévision nationale KCTV.
Des images diffusées par la chaîne publique montrent l’eau parvenant jusqu’au toit des maisons. « Des centaines d’hectares de terres agricoles » ont été inondées dans la province méridionale du Hamgyong du Sud, et des routes et habitations ont été affectées, précise la chaîne.
> Lire aussi Face au coronavirus, la Corée du Nord confrontée à la fragilité de son système de santé
Une « situation alimentaire tendue »
Ces intempéries surviennent après que le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a reconnu en juin que son pays faisait face à une « situation alimentaire tendue ».
La Corée du Nord risque de devoir composer avec une pénurie alimentaire de 860 000 tonnes cette année, selon des prévisions de l’agence des Nations unies pour l’alimentation (FAO) rendues publiques en juillet. L’agence a mis en garde contre « une période difficile entre août et octobre ».
> Lire aussi En Corée du Nord, les plus mauvaises récoltes agricoles depuis plus de dix ans
Le régime nord-coréen, qui est sous le coup de sanctions internationales en raison de ses programmes militaires interdits, peine de longue date à nourrir sa population et souffre régulièrement de pénuries alimentaires.
La pression sur l’économie nord-coréenne a été renforcée par la fermeture des frontières ordonnée pour lutter contre la pandémie et par une série de tempêtes et d’inondations l’an passé.
<https://www.lemonde.fr/international/article/2021/08/07/inondations-en-coree-du-nord-des-milliers-de-personnes-evacuees-des-zones-agricoles-sous-l-eau_6090807_3210.html <https://www.lemonde.fr/international/article/2021/08/07/inondations-en-coree-du-nord-des-milliers-de-personnes-evacuees-des-zones-agricoles-sous-l-eau_6090807_3210.html>>
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26- Sécheresse. Dans le nord du Mexique, des dizaines de milliers de vaches succombent à la chaleur, Courrier international, 07/08/21, 11:08
Los Angeles Times
La succession de saisons excessivement sèches a transformé certains pâturages de l’État de Sonora en déserts, constate le Los Angeles Times. Une situation catastrophique pour les éleveurs, dont les bêtes meurent les unes après les autres, accablées par la faim et la chaleur.
Le blason de l’État de Sonora, dans le nord du Mexique, arbore un bœuf, symbole d’une longue tradition où les bovins sont l’“élément central de l’alimentation comme de l’économie”, raconte le Los Angeles Times. Deux années de sécheresse extrême ont transformé les vastes étendues de cet État, où les habitants ont la réputation de manger du bœuf trois fois par jour, en un cimetière pour les bêtes, accablées par la faim et la chaleur.
En deux ans, le nombre de bovins aurait presque été divisé par deux, affirment les représentants agricoles. Une perte “inimaginable” pour les éleveurs, tel Marco Antonio Gutiérrez, 55 ans, qui “arpente une clairière en dénombrant les cadavres”. Autour de lui, neuf vaches mortes de faim. “Il n’y a plus rien à manger pour elles”, déplore l’éleveur, les yeux baissés sous les larges bords de son chapeau :
Il y avait de grands ranchs ici. Maintenant, c’est du chagrin à l’état pur.”
>> Suite à lire en édition abonnée à :
<https://www.courrierinternational.com/article/secheresse-dans-le-nord-du-mexique-des-dizaines-de-milliers-de-vaches-succombent-la-chaleur <https://www.courrierinternational.com/article/secheresse-dans-le-nord-du-mexique-des-dizaines-de-milliers-de-vaches-succombent-la-chaleur>>
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27- Interview. Pascal Canfin au JDD : "On a trente ans pour inventer un modèle d'économie zéro carbone", Le JDD, maj le 08/08/21 à 00h01
Propos recueillis par Marianne Enault
Face au changement climatique, le président de la Commission environnement du Parlement européen appelle à une transformation négociée de nos sociétés.
Le rapport du Giec [Groupe d'experts intergouvernementaux sur l'évolution du climat] doit préciser à quelle date sera franchi le seuil de + 1,5 degré, ce qui aura lieu plus tôt que prévu. Limiter le réchauffement à ce niveau est-il toujours possible ?
Pascal Canfin : Il est déjà trop tard pour échapper aux premières conséquences du dérèglement climatique. Incendies, canicules, crues, les dernières semaines nous l'ont montré. La limitation du réchauffement à + 1,5 degré doit rester notre objectif, mais il sera très difficile à atteindre. Il faut désormais tout faire pour ne pas dépasser les + 2 degrés. Ce n'est pas trop tard.
Ces seuils ont-ils encore un sens ?
Ils peuvent paraître théoriques, mais le Giec nous dit qu'au-delà de ces seuils les conséquences du réchauffement ne seront plus maîtrisables. Si l'on franchit cette zone entre + 1,5 et + 2 degrés, il y a un emballement et un point de non-retour. Ça pose la question de l'adaptation de manière plus forte encore.
> Lire aussi - Cartes. Quel climat pour la France, demain ?
Comment s’adapter ?
Dans les négociations climat, l'adaptation a longtemps été le parent pauvre. On parle davantage des mesures liées à la réduction des émissions. Pourtant, à chaque fin d'été, après les feux, les tempêtes, les inondations, on se dit qu'il faut agir. Mais nous ne le faisons pas, car nous n'avons pas pris conscience qu'en réalité on vivait déjà dans un monde à + 1,5 degré. Il faut donc mettre en place des politiques d'adaptation plus systémiques et arrêter d'être aveugle sur l'impact climatique.
Lesquelles?
C'est par exemple ce qu'on a fait avec la loi climat européenne : à chaque fois que l'Europe finance un grand projet d'infrastructures (hôtel, centre commercial, route, voie ferrée, etc.), il devra faire l'objet d'un test climat qui va évaluer sa capacité de résilience au choc climatique. Car, pour l'instant, on continue de construire comme si le dérèglement climatique n'existait pas. Or on sait que certains équipements seront inutilisables si nous ne déployons pas maintenant des stratégies d'adaptation. Par exemple, en France, les ports du Havre et de Dunkerque, essentiels à notre économie, seront partiellement sous l'eau dans la deuxième moitié du siècle! L'agriculture doit aussi s'adapter. Il faut faire évoluer les pratiques. Il y a aujourd'hui un consensus sur l'utilité des solutions fondées sur la nature. Quand vous remettez de la diversité agricole dans les champs, vous êtes plus résilient ; quand vous investissez pour restaurer les coraux en outre-mer, vous protégez le littoral de la montée des eaux, etc. Ces solutions sont gagnant-gagnant. Mais aujourd'hui il y a tout un champ d'investissement très largement ignoré car il n'y a pas de modèle économique. Personne ne gagne de l'argent en investissant dans du corail et donc personne ne le fait. Il faut donc être créatif et inventer de nouveaux modèles économiques, car tout ne peut pas reposer sur l'argent public. Ceux-ci doivent rémunérer le fait d'investir dans l'adaptation au changement climatique.
Les rapports du Giec ne semblent pas suffire à déclencher ces politiques. Sont-ils vraiment utiles ?
Sans les rapports du Giec, il n'y a pas d'action politique. Ils forgent le consensus scientifique et légitiment l'action politique. Ils sont le socle qui permet d'agir. Aujourd'hui, le problème n'est pas la prise de conscience. Même dans les pays émergents, même dans l'opinion publique chinoise, même dans l'Amérique de Trump, la très grande majorité est convaincue de l'existence et de l'importance du changement climatique. L'enjeu n'est plus l'alerte. Aujourd'hui, la question est : comment crée-t-on le chemin de transformation de nos économies et de nos sociétés qui permet de se saisir des rapports du Giec pour les transformer en changements sociaux, économiques et technologiques ? L'enjeu politique est de transformer nos modèles sans fracturer les sociétés, sinon on n'avance pas.
L'enjeu politique est de transformer nos modèles sans fracturer les sociétés, sinon on n'avance pas
Justement, comment avancer malgré ces tensions ?
Quand on parle de transition, on a tout de suite des résistances, soit des lobbies, soit de certains groupes sociaux pour lesquels le changement peut créer des injustices. Il faut consolider aujourd'hui une écologie de gouvernement, qui considère que l'urgence climatique n'est pas une formule et qui élabore des consensus sociaux. Sinon, dans dix ans, les rapports du Giec nous diront qu'on n'arrivera pas à limiter le réchauffement à + 2 degrés. Il faut négocier les transformations des territoires avec les territoires, les groupes sociaux, etc.
A-t-on le temps de négocier quand les objectifs climatiques doivent être atteints dès 2030 ?
C'est simple : si on ne négocie pas, ils ne seront pas atteints car on ne fera rien ! L'idée selon laquelle la transformation pourrait s'imposer d'elle-même n'existe pas. C'est la recette de l'échec.
Quels sont les leviers ?
Il y a trois éléments essentiels. D'abord, la technologie. C'est une bonne nouvelle, car aujourd'hui nous avons plus de 80% des technologies nécessaires pour réaliser la transition à grande échelle qui sont disponibles : les voitures électriques, les maisons zéro émission, les énergies renouvelables pas chères. Contrairement à il y a dix ans, nous maîtrisons aujourd'hui presque toutes les technologies nécessaires à un monde zéro carbone. Ensuite, les attentes sociétales. C'est la capacité des citoyens à soutenir cette transition sur le terrain. C'est par exemple ne pas se mobiliser contre des mesures qui consisteraient demain à faire en sorte que le propriétaire d'une maison ne puisse pas la vendre si l'isolation n'a pas été faite. Car, quand on passe du rapport du Giec à la réalité des politiques publiques concrètes à mettre en place pour changer le modèle, il y a des choses qui ne font pas plaisir. A ce titre, la mobilisation de la jeunesse est fondamentale car elle injecte de l'énergie. Enfin, le dernier élément, ce sont les règles du jeu, et donc les politiques publiques. Si les technologies sont prêtes, si les consommateurs sont prêts à y aller, et qu'il n'y a pas les bonnes règles du jeu, ça ne fonctionne pas. Ces trois éléments seront au cœur de la réussite ou de l'échec. C'est ce qu'on fait avec le Green Deal en Europe.
Comment ?
On aligne pour la première fois les technologies des entreprises – et l'Europe est le leader mondial pour les technologies vertes – et les attentes sociétales. On change les règles du jeu politique, avec un prix du carbone, les limitations sur les voitures, etc. Dans les deux ans qui viennent, on va changer 54 lois en Europe.
Les plans de relance post-Covid sont-ils à la hauteur de l'urgence climatique ?
Selon un classement de l'ONU, le plan de relance le plus vert au monde est celui de la Corée du Sud. Vient ensuite celui de l'Union européenne puis de quelques pays européens, dont la France et l'Espagne. En France, on a réussi à utiliser ce plan pour créer les conditions de l'accélération de la transition. Ce n'est pas vrai partout. Par exemple, le plan chinois n'est pas aligné sur les 2 degrés. Or on sait que c'est le premier émetteur au monde et qu'une grande partie de la lutte contre le changement climatique se joue en Chine.
La France est-elle assez vertueuse ?
Pour la première fois cette année en France, on va avoir une structure d'investissement dans l'économie qui est alignée avec ce qu'il faut faire pour réduire nos émissions de CO2 au rythme de l'accord de Paris. C'est une très belle victoire. Mais est-ce que ça va être maintenu lors du prochain quinquennat? Car il faut prendre la mesure de l'enjeu qui est devant nous. On a trente ans, donc une génération, pour inventer un modèle d'économie zéro carbone. On a trente ans pour transformer ce qu'on a mis deux siècles à construire! Toutes les décisions que l'on prend maintenant permettront ou non d'atteindre cet objectif. C'est de cette façon qu'il faut traduire l'urgence climatique et le rapport du Giec.
Bonjour
On a trente ans, donc une génération, pour inventer un modèle d'économie zéro carbone
On l'a vu avec la loi climat en France, les débats sont souvent caricaturaux. Comment en sortir ?
On a réussi au niveau européen et c'est aujourd'hui le seul espace où on arrive à le faire. C'est lié au système politique de coalition, qui fait que la majorité est obligée de négocier. Les partis de gouvernement ne peuvent pas faire du sujet climat un sujet qui les clive. Ils le font donc avancer ensemble, d'autant que c'est une priorité européenne. Nous avons un vice-président du Green Deal dont l'autorité s'impose aux commissaires à l'Energie, à l'Agriculture, etc. C'est un exemple intéressant pour le prochain quinquennat en France car, aujourd'hui trop souvent encore, on peut avoir des tensions entre les différents périmètres ministériels. Car la transformation systémique dont nous avons besoin implique une réorganisation de la façon dont l'Etat fonctionne et dont le gouvernement est structuré. Il ne s'agit pas de dépolitiser l'écologie, mais de s'organiser différemment pour gagner la bataille.
Comment ?
Pour créer ce consensus et sortir des débats stériles, il faut réussir à considérer que la bataille climatique n'appartient à personne. C'est une question fondamentale posée aux Verts. J'ai fait partie d'EELV car, il y a dix ans, c'était le seul parti politique qui prenait ce sujet au sérieux. Mais aujourd'hui la condition du succès de la bataille climatique, c'est précisément qu'elle n'appartienne plus à personne. L'écologie n'appartient à personne. La responsabilité appartient à tous les partis de gouvernement. Pour se donner la chance de réussir, chacun doit faire son aggiornamento : les Verts doivent arrêter de considérer qu'ils sont les seuls à pouvoir le faire car c'est la condition de l'échec, et une partie de la droite doit sortir de l'opposition stérile entre économie et écologie. Toutes les études montrent que la transition écologique crée des emplois. Le coût de l'inaction est infiniment plus élevé que le coût de l'action. On le voit aujourd'hui au Canada, en Californie, en Allemagne : la gestion des phénomènes climatiques extrêmes est très difficilement supportable pour les finances publiques.
L'écologie n'appartient à personne
Ce sera l'un des enjeux de la campagne présidentielle ?
Tous les programmes de 2022 doivent être alignés avec l'exigence climatique de l'accord de Paris. Et j'invite la société civile à juger les programmes politiques à l'aune de leur compatibilité avec nos objectifs climatiques. Je me battrai pour que ce soit le cas dans le projet d'Emmanuel Macron.
<https://www.lejdd.fr/Politique/pascal-canfin-au-jdd-on-a-trente-ans-pour-inventer-un-modele-deconomie-zero-carbone-4061277 <https://www.lejdd.fr/Politique/pascal-canfin-au-jdd-on-a-trente-ans-pour-inventer-un-modele-deconomie-zero-carbone-4061277>>
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28- Rapport du Giec sur les prévisions climatiques : pourquoi nous vivons déjà dans un monde à + 1,5 degré, Le JDD, 08/08/21, 11h00
Marianne Enault
Le rapport du Giec sur les prévisions climatiques sera dévoilé lundi. L'alerte est donnée, alors que le niveau des émissions de CO2 et les phénomènes extrêmes inquiètent.
Ils luttent depuis des jours contre des feux qui dévorent des milliers d'hectares en Grèce et en Californie. Et depuis le début de l'été, plusieurs endroits du monde ont été frappés par de violents épisodes de canicule et de sécheresse. "Les scientifiques sont désormais capables de lier certains événements extrêmes au changement climatique, relève Gerhard Krinner, directeur de recherche au CNRS et auteur principal d'un chapitre du sixième rapport du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), publié lundi. On sait dire quelle est la probabilité pour que ces événements se produisent en fonction de l'ampleur du réchauffement."
"Nous ne sommes pas sur la bonne voie"
Attendu, ce rapport est consacré aux nouvelles évaluations et prévisions climatiques : hausse de la température mondiale, montée des océans et intensification des événements extrêmes. En fonction du niveau des émissions et de leur évolution, il sera possible de déterminer à quelle date seront atteints les différents seuils de réchauffement, notamment le + 1,5 °C fixé par l'accord de Paris.
> Lire aussi - Cartes. Quel climat pour la France, demain ?
Les deux prochains volets seront dévoilés en 2022 et consacrés aux impacts sur les écosystèmes et les espèces, puis à l'adaptation au changement climatique. "Nous ne sommes pas sur la bonne voie pour atteindre l'objectif de Paris, s'était inquiétée le 26 juillet la secrétaire exécutive de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Patricia Espinosa, lors de la cérémonie d'ouverture de la réunion rassemblant des représentants des 197 Etats membres de la CCNUCC et des scientifiques pour l'approbation du 'résumé pour les décideurs' de ce sixième rapport, le premier depuis 2013. En fait, nous sommes sur la voie opposée. Nous nous dirigeons vers une augmentation de plus de 3 °C."
Les Etats doivent aller plus loin
L'étape de lundi est d'autant plus importante qu'elle constituera le principal apport scientifique aux négociations internationales sur le climat qui se dérouleront lors de la COP26, du 1er au 12 novembre à Glasgow, en Ecosse. Les experts espèrent que ces nouvelles prévisions obligeront les Etats à aller plus loin.
> Lire aussi - Pascal Canfin au JDD : "On a trente ans pour inventer un modèle d'économie zéro carbone"
Chacun des quelque 200 signataires de l'accord de Paris devait déposer avant fin 2020 une version révisée de ses engagements. Le délai avait été allongé en raison de la pandémie, mais au 30 juillet, date limite fixée par l'ONU, seuls 110 pays l'avaient fait. Et parmi eux, le niveau d'ambition n'est pas à la hauteur. Quant aux plus gros émetteurs, Chine en tête, ils n'ont pas rendu leur copie. "Quand on passe d'un monde de + 1,5 à + 3 °C, les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes, la fonte des glaciers s'accélère, illustre Gerhard Krinner. A + 3 °C, la calotte de glace du Groenland ne peut pas subsister. A l'échelle de quelques milliers d'années, sa fonte représente 6 mètres en plus pour le niveau de la mer."
Avec des conséquences irréversibles. "Nous n'en sommes qu'aux prémices du réchauffement, prévient le climatologue Jean Jouzel. Ce que nous vivons n'a rien à voir avec ce qu'on vivra plus tard si rien n'est fait aujourd'hui."
<https://www.lejdd.fr/Societe/rapport-du-giec-sur-les-previsions-climatiques-pourquoi-nous-vivons-deja-dans-un-monde-a-15-degre-4061336 <https://www.lejdd.fr/Societe/rapport-du-giec-sur-les-previsions-climatiques-pourquoi-nous-vivons-deja-dans-un-monde-a-15-degre-4061336>>
Sur le même sujet :
> Au milieu des catastrophes, de nouvelles prévisions climatiques très attendues <https://information.tv5monde.com/info/au-milieu-des-catastrophes-de-nouvelles-previsions-climatiques-tres-attendues-419922>, AFP, 09/08/21, 05:00
> Climat : l’alarme tirée (encore) plus fort par le Giec <https://www.lesoir.be/388489/article/2021-08-09/climat-lalarme-tiree-encore-plus-fort-par-le-giec>, Le Soir, 09/08/21, 07:18
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29- Le GIEC, trente ans de collaboration entre scientifiques et politiques au service du climat, Le Monde, 09/08/21, 05h17
Audrey Garric
Qui sont les experts du GIEC et comment élaborent-ils leurs rapports ? Au moment où l’organisation publie son nouveau rapport, « Le Monde » passe au crible son fonctionnement unique.
Ses rapports sont toujours attendus, et amplement cités par les médias, les dirigeants politiques et la société civile. Depuis sa création il y a plus de trente ans, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) n’a cessé de voir son influence s’accroître à mesure qu’il produisait des constats alarmants sur l’amplification de la crise climatique. Alors que l’organisation doit publier le premier volet de son 6e rapport, lundi 9 août, son fonctionnement unique, basé sur une collaboration des mondes scientifique et politique, reste toutefois largement méconnu du grand public.
• Qu’est-ce que le GIEC et pourquoi a-t-il été créé ?
Le GIEC a été créé en 1988 par deux institutions onusiennes : l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Sa mission est d’évaluer et de synthétiser l’état des connaissances scientifiques sur le changement climatique, ses causes, ses conséquences et les solutions possibles pour le limiter, dans le but de fournir un diagnostic précis, robuste et objectif aux décideurs politiques. Il ne s’agit donc pas de créer de nouvelles études, mais d’établir un consensus à partir de celles qui existent, en l’assortissant de marges d’incertitude et de degrés de confiance. Ses rapports servent notamment de base aux négociations climatiques internationales, mais le GIEC n’est pas prescripteur. « Il ne se substitue pas aux choix et à la prise de décision politiques, qui font intervenir d’autres enjeux que scientifiques », prévient le climatologue Hervé Le Treut.
Cette institution est issue de la rencontre, dans les années 1980, entre la communauté scientifique, notamment le Suédois Bert Bolin, et le monde politique, en particulier sous la pression de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, qui souhaitaient agir face à l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère dont on commençait à modéliser les conséquences sur la hausse des températures. De là est née une organisation hybride, dans laquelle les scientifiques doivent négocier en partie avec les délégations gouvernementales. « L’idée était d’intégrer pleinement les gouvernements dans le fonctionnement du GIEC pour qu’ils endossent les conclusions des rapports et ne puissent pas se défausser », explique le climatologue Jean-Pascal van Ypersele, chef de la délégation belge et ancien vice-président du GIEC.
• Comment est-il organisé ?
Les membres du GIEC sont les 195 Etats membres de l’OMM et du PNUE, qui se réunissent une ou deux fois par an en assemblée plénière. Ils élisent notamment le bureau du GIEC, composé de 34 scientifiques, dont un président (actuellement le Coréen Hoesung Lee), trois vice-présidents et les bureaux des groupes de travail. Ce sont ces bureaux qui sélectionnent les centaines d’auteurs des futurs rapports, parmi ceux proposés par les gouvernements ou par les organisations scientifiques et celles de la société civile. La sélection des experts, qui varie à chaque rapport, s’opère en fonction de leurs compétences académiques ainsi que d’équilibres géographiques, de genre et de disciplines. Le GIEC fait ainsi appel à des climatologues ou glaciologues, mais aussi des économistes, des sociologues, des philosophes, des ingénieurs.
Les auteurs se répartissent en trois groupes de travail. Le premier est consacré aux bases physiques du changement climatique, le deuxième aux impacts du changement climatique, à la vulnérabilité et à l’adaptation, le troisième à l’atténuation, c’est-à-dire la limitation des émissions de gaz à effet de serre. Une équipe spéciale s’occupe en outre de développer une méthodologie pour le suivi des émissions. Le sixième rapport d’évaluation du GIEC fait appel à 743 auteurs du monde entier, dont 234 auteurs pour le groupe 1.
• Quand les rapports sont-ils publiés ?
Le GIEC a pour l’instant produit cinq rapports d’évaluation, en 1990, 1995, 2001, 2007 et 2014, et travaille sur son 6e rapport. Chaque groupe de travail publie une partie de ces grands rapports. La contribution du groupe 1 au sixième rapport sera publiée le 9 août, tandis que le volet du groupe 2 doit être publié en février 2022 – celui dont un brouillon a déjà fuité dans la presse en juin – et le troisième volet en mars 2022, avant le rapport de synthèse qui est attendu en septembre 2022.
Le GIEC publie aussi des rapports spéciaux, comme ceux consacrés à l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C (paru en 2018), à l’utilisation des terres ou aux océans et à la cryosphère (2019).
• Comment les rapports sont-ils élaborés ?
Chaque cycle du GIEC dure entre cinq et sept ans. Une fois le sommaire du rapport défini par les scientifiques et négocié avec les gouvernements, les auteurs passent en revue les études scientifiques (plus de 14 000 dans le cadre du premier volet du sixième rapport) et rédigent leurs chapitres. Le brouillon du rapport est alors soumis à trois cycles de relecture, lors d’un processus qui dure deux ans : d’abord par les spécialistes, puis par les scientifiques mais aussi les experts des gouvernements et des organisations de la société civile. Le premier volet du sixième rapport du GIEC, lourd de 1 300 pages, a ainsi reçu plus de 75 000 commentaires, et son « résumé à l’intention des décideurs », d’une quinzaine de pages, en a reçu plus de 3 000. « Tous les commentaires seront publiés et les auteurs doivent répondre à chacun pour indiquer l’issue qu’ils leur réservent. C’est un processus lourd mais qui donne une légitimité extrêmement forte aux rapports », indique Hervé le Treut.
Arrive la séance plénière d’approbation du « résumé à l’intention des décideurs », qui s’est tenue du 26 juillet au 6 août pour le groupe 1. Les représentants des Etats membres examinent et approuvent le texte, ligne par ligne et mot par mot, en collaboration avec les scientifiques. « Le plus souvent, cela ne change rien sur le fond, si ce n’est que cela clarifie le langage, explique Jean-Pascal van Ypersele. Les auteurs ont le dernier mot pour ce qui se trouve dans le résumé, mais pas sur ce qui ne s’y trouve pas. S’il n’y a pas de consensus sur une partie, elle sera enlevée, ce qui est très rare. »
• Quelle est l’influence du GIEC ?
Le GIEC, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2007 avec l’ancien vice-président américain Al Gore, a eu une influence sur les négociations climatiques : les objectifs de l’accord de Paris sur le climat, scellé en 2015, sont par exemple basés sur les conclusions du cinquième rapport du GIEC. « Ses travaux ont également joué un rôle dans la prise de conscience de l’urgence climatique au sein de l’opinion publique, ajoute le climatologue Jean Jouzel, ancien vice-président du groupe 1 du GIEC. Sa crédibilité a augmenté car dès ses premiers rapports, il avait correctement anticipé le changement climatique. »
L’organisation a également souvent été critiquée, voire plongée dans de violentes polémiques, accusée d’être « alarmiste » – en réalité, elle a plutôt été conservatrice sur certains sujets –, d’avoir « truqué des données » ou fait des erreurs, comme en 2010 au sujet de la fonte des glaciers de l’Himalaya – des campagnes orchestrées par différents lobbies et des climatosceptiques. « La seule faiblesse du GIEC, désormais, c’est de mettre trop de temps à produire des rapports et d’avoir allongé ses cycles rapport après rapport », juge Jean-Pascal van Ypersele. La pandémie de Covid-19 a allongé les délais, mais ce sont surtout les faibles moyens alloués à l’organisation – un budget d’environ 6 millions d’euros par an – qui sont en cause à ses yeux. « Cela va poser problème par rapport à l’accord de Paris, alors qu’un bilan mondial des efforts des Etats doit être réalisé tous les cinq ans. »
> Lire aussi Climat : pourquoi les scientifiques sont plutôt plus prudents qu’alarmistes
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/09/le-giec-trente-ans-de-collaboration-entre-scientifiques-et-politiques-au-service-du-climat_6090937_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/09/le-giec-trente-ans-de-collaboration-entre-scientifiques-et-politiques-au-service-du-climat_6090937_3244.html>>
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30- Reportage. En Islande, avant-poste du dérèglement climatique : « On vit une explosion au ralenti », Le Monde, 09/08/21, 05h18
Audrey Garric, Islande, envoyée spéciale
Le pays, aux marges de l’Arctique, subit un fort réchauffement qui entraîne un déclin accéléré des glaciers, pourtant emblématiques de cette terre de glace. Le changement climatique pourrait aussi multiplier les glissements de terrain à l’avenir.
Quel est le son du réchauffement climatique ? Peut-être celui que l’on a entendu au milieu du lac Jökulsarlon, dans le sud-est de l’Islande, une soirée de juillet. Ce magnifique lagon glaciaire, où dérivent des icebergs aux teintes blanches et bleutées presque irréelles de beauté, est alors bercé par le concert des sternes arctiques et des phoques. Soudain, un bruit sourd déchire l’air : un énorme bloc, de la taille d’un immeuble, se détache de l’imposant glacier Breidamerkurjökull.
Ce monstre de glace, qui s’avance puissamment sur la lagune, est en réalité des plus fragiles : il a reculé entre 100 et 250 mètres en 2020, selon les endroits, et de 8 kilomètres depuis la fin du XIXe siècle sous l’effet du dérèglement climatique. De sorte que le lac Jökulsarlon, né en 1930 de la fonte du glacier et de son vêlage (détachement d’icebergs), ne cesse de s’agrandir année après année, jusqu’à atteindre près de 30 km2aujourd’hui. Les 40 kilomètres de longueur et 25 kilomètres de largeur de Breidamerkurjökull ne suffiront peut-être pas à le protéger de la disparition.
Comme lui, les quelque 300 glaciers d’Islande sont tous menacés d’extinction entre 2100 et 2300 si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas drastiquement réduites. Ils sont devenus le symbole du changement climatique rapide que subit le pays, une terre de glace (de l’islandais Island) qui pourrait un jour n’être plus qu’une simple terre.
Une forme de cercle vicieux
« L’Islande s’est réchauffée de 1,5 °C depuis la fin du XIXe siècle, ce qui est plus que la moyenne mondiale, explique Tomas Johannesson, qui coordonne les études glaciologiques à l’office météorologique islandais. C’est un laboratoire naturel pour étudier le changement climatique. » Le pays, situé aux marges du pôle Nord, subit une partie de l’amplification arctique, un phénomène qui entraîne un réchauffement prononcé en une forme de cercle vicieux : la disparition de la glace et de la neige limite le réfléchissement des rayons du soleil et donc augmente la température, provoquant encore davantage de fonte. Ce processus est toutefois modéré par l’océan entourant l’île, qui absorbe l’essentiel de la chaleur excédentaire. « La disparition de la banquise arctique réchauffe aussi les vents du Nord qui arrivent sur l’Islande. On enregistre des hivers plus chauds et moins de jours froids ou très froids », précise Trausti Jonsson, climatologue à l’office météorologique.
Les glaciers sont à la fois les victimes et les témoins de ce réchauffement. A une heure de route de Breidamerkurjökull, plus au nord, Hoffellsjökull subit le même phénomène que son congénère : un recul de 40 km2depuis la fin de l’ère préindustrielle, entraînant la formation d’un lac parsemé d’icebergs. Malgré le brouillard, Thorsteinn Thorsteinsson tente de décrire l’inexorable déclin du colosse blanc aux veines noires, qui s’étire de moins en moins loin au travers de petites collines sombres. « On observe un recul accéléré de tous les glaciers du pays depuis 2000. Leur bilan de masse a été négatif presque chaque année depuis 1995, parce que la fonte estivale, liée au réchauffement, excède les chutes de neige en hiver », précise le glaciologue de l’office météorologique islandais.
Difficile d’imaginer que cette glace millénaire, compacte comme de la roche, qui alterne crevasses et séracs, puisse disparaître à jamais. Les glaciers islandais occupent encore 10 % de la superficie du pays. S’étendant sur 7 700 km2 et culminant à 2 100 mètres, l’immense Vatnajökull – dont Breidamerkurjökull et Hoffellsjökull sont deux des nombreuses langues glaciaires – est la deuxième plus grosse calotte glaciaire d’Europe en volume (après celle de l’île Severny, en Russie), et la troisième en termes de superficie (après également l’Austfonna, au Svalbard, en Norvège). Son parc national a été classé en 2019 au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Il faut se plonger dans les chiffres pour saisir l’ampleur de la débâcle de ces géants blancs sous l’effet du réchauffement climatique. Ils ont perdu environ 750 km2 de surface depuis le début des années 2000, soit 7 % de leur superficie, et 2 200 km2 depuis 1890 (soit 18 %), selon une étude publiée en 2020 par les plus éminents scientifiques islandais dans la revue Jökull, dont les résultats ont été intégrés au nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié lundi 9 août. Les plus grands glaciers ont perdu entre 10 % et 30 % de leur superficie maximale, alors que ceux de taille intermédiaire ont été réduits jusqu’à 85 %. Les glaciers islandais sont ceux qui diminuent le plus vite dans le monde ces dernières années, juste devant ceux des Alpes et de l’Alaska, selon une vaste étude publiée en avril dans Nature.
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« Je crains que, désormais, plus rien ne puisse être fait pour éviter le trépas des glaciers : le réchauffement va se poursuivre du fait de l’inertie de la machine climatique », juge avec pessimisme le géologue et glaciologue Oddur Sigurdsson, qui a longtemps réalisé l’inventaire des glaciers islandais à l’office météorologique. Il montre certaines de ses 70 000 photos de glaciers, des « avant-après » édifiants, et conclut : « On a déjà construit la catastrophe pour le futur. »
L’écrivain Andri Snær Magnason, dont les grands-parents ont fondé la société de recherche glaciologique islandaise, tente aussi de mettre des mots sur une issue presque impossible à appréhender. « Beaucoup de ces symboles d’éternité pourraient disparaître à l’échelle d’une vie humaine, c’est une explosion au ralenti », compare l’auteur de Du temps et de l’eau. Requiem pour un glacier (Alisio, 368 pages, 22 euros), un essai consacré aux défis du réchauffement climatique.
Un bouleversement des temps géologiques dont l’on prend réellement conscience en grimpant au sommet du volcan Ok, à deux heures de route au nord-est de la capitale Reykjavik. Là, à 1 100 mètres d’altitude, la vue est imprenable sur la région des hautes terres, hérissée de glaciers. Il en manque toutefois un : Okjökull, qui s’étendait jadis sur la face nord d’Ok, a été le premier glacier de l’île à perdre son statut en raison du changement climatique.
« Je me sens honteux »
En 2014, Oddur Sigurdsson découvre que cette masse de glace, qui mesurait 16 km2 à la fin du XIXe siècle, a presque totalement disparu et qu’elle n’avance plus. « Un glacier, pour être considéré comme tel, doit avoir une épaisseur d’au moins 40 ou 50 mètres pour se déplacer sous son propre poids », explique le glaciologue. A l’époque, il embarque une équipe de télévision islandaise pour déclarer le glacier éteint, mais l’événement passe inaperçu. Ce n’est que lorsque deux anthropologues américains y consacrent un documentaire et proposent d’installer un mémorial que la nouvelle est largement reprise. Le 18 août 2019, une cérémonie est organisée au sommet du volcan avec une centaine de personnes, dont Katrin Jakobsdottir, la première ministre d’Islande, et Oddur Sigurdsson signe un certificat de décès, le premier du genre.
Aujourd’hui, seuls quelques amas de glace subsistent entre les innombrables rochers du volcan. La magnifique masse blanche qui s’enroule au sein du cratère est trompeuse : il s’agit de la neige déposée l’hiver. Lorsque l’on parvient enfin à la plaque commémorative clouée sur un rocher – étonnamment peu visible –, la randonnée s’empreint d’émotion et de solennité. Sur le morceau de cuivre, un texte, écrit en islandais et en anglais par Andri Snær Magnason, s’adresse aux générations futures : « Ok est le premier glacier islandais à perdre son statut de glacier. Dans les deux cents prochaines années, tous nos glaciers devraient suivre le même chemin. Ce monument atteste que nous savons ce qui se passe et ce qui doit être fait. Vous seuls savez si nous l’avons fait. »
L’éloge funèbre porte également la mention de « 415 ppm CO2 », c’est-à-dire la concentration en dioxyde de carbone dans l’atmosphère enregistrée en mai 2019, en hausse de 47 % par rapport au niveau préindustriel. Okjökull n’est pas la seule victime des émissions de gaz à effet de serre : selon les comptages d’Oddur Sigurdsson, entre 20 et 30 autres glaciers, plus petits, ont disparu ces dernières années en Islande.
> Synthèse : 2020 a été l’une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées
« C’est une gifle. Je me sens honteux de ce que l’on impose à notre environnement », s’émeut Ivar Sæland. Ce guide et photographe de l’entreprise Fjallhalla Adventurers a entrepris d’immortaliser le maximum de glaciers de son pays en une forme de legs aux générations futures, dont sa fille, âgée de dix mois. « Cela m’attriste et m’effraie d’imaginer l’Islande sans glace. Les glaciers sont très puissants, ils nous donnent de l’énergie. Quand ils bougent, c’est un peu comme s’ils étaient vivants », abonde son épouse, Erla Thordis Traustadottir, guide, fondatrice et directrice de Fjallhalla Adventurers.
Cultiver de nouvelles céréales
Tous les Islandais ne s’émeuvent pourtant pas du déclin des glaciers. Autour du lac Jökulsarlon, l’heure est davantage à l’admiration des icebergs qu’au recueillement. La relativisation est parfois de mise. « Aujourd’hui, les glaciers sont encore plus grands que quand les Vikings se sont installés ici au IXe siècle. Leur déclin me rend triste et heureux à la fois car de la végétation est déjà en train de pousser à la place », indique Ulfur Hrobjartsson, capitaine de l’un des bateaux qui proposent des tours sur le lac. Plus loin, un touriste islandais considère impossible la disparition d’une telle masse de glace. « On ne sait pas comment les choses vont évoluer, veut-il croire, il y aura peut-être bientôt un refroidissement en Islande si le Gulf Stream s’affaiblit » – ce que les scientifiques considèrent comme improbable au cours de ce siècle.
« Les Islandais ont une relation compliquée aux glaciers, tente l’écrivain Andri Snær Magnason. Jusqu’en 1900, leur superficie progressait et ils étaient le symbole de multiples périls, alors qu’ils descendaient jusqu’aux fermes et que les rivières glaciaires étaient difficiles et dangereuses à traverser. La génération de ma grand-mère a appris à les explorer et à les aimer pour leur beauté. » Aujourd’hui, « beaucoup d’Islandais considèrent que leur déclin fait partie d’un cycle naturel », alors que leur environnement, largement façonné par les éruptions volcaniques, a déjà beaucoup changé, analyse le militant environnemental.
En Islande, les conséquences du changement climatique ne sont pas toutes mauvaises. La hausse du thermomètre est appréciée dans un pays où le temps est rude, « et il ne fera jamais chaud au point que ça soit invivable », note Oddur Sigurdsson. Le réchauffement permet de cultiver de nouvelles céréales, comme le blé, l’orge et le seigle. La fonte des glaciers augmente également la production d’hydroélectricité, une énergie renouvelable qui représente plus de 70 % du mix électrique. « La disparition possible des glaciers n’aura pas de conséquences négatives sur l’approvisionnement en eau car les précipitations devraient rester similaires à celles d’aujourd’hui », indique Tomas Johannesson.
« Des éruptions volcaniques plus fréquentes »
Le recul des glaciers reste toutefois synonyme de périls. La vidange brutale de lacs proglaciaires, qui se forment devant les glaciers en recul, a déjà entraîné d’importantes crues et les scientifiques craignent un accroissement de ce phénomène. Des ponts doivent être reconstruits ou sont abandonnés, en raison de la baisse du débit de certaines rivières glaciaires. La fonte des glaciers limite en outre la pression qu’ils exercent sur les volcans sous-glaciaires, ce qui peut faciliter la remontée du magma et déséquilibrer les chambres magmatiques. « Le changement climatique pourrait entraîner à l’avenir des éruptions volcaniques plus fréquentes et plus intenses », indique Magnus Tumi Gudmundsson, géophysicien à l’institut des sciences de la Terre à Reykjavik.
De manière moins attendue, l’Islande subit un phénomène d’élévation de la croûte terrestre près des glaciers qui, du fait de leur déclin accéléré, n’exercent plus la même pression sur le manteau terrestre. Le sol s’élève actuellement jusqu’à 4 cm par an à l’ouest de la calotte Vatnajoküll, et de 1,5 cm par an dans la ville de Höfn, dans le sud-est du pays. « Dans l’est de l’Islande, la fonte des glaciers entraîne une élévation du sol encore plus importante que la hausse du niveau de la mer. L’océan s’éloigne donc, de sorte que, dans le futur, il sera plus difficile d’amarrer les bateaux au port de Höfn », avertit Tomas Johannesson.
Près d’une trentaine de maisons détruites ou endommagées, un amoncellement de détritus, des rues et des places envahies de boue : les graves glissements de terrain qu’a subis le village de Seydisfjördur, dans les fjords du nord-est, du 15 au 18 décembre 2020, préfigurent également le futur d’une Islande heurtée par le dérèglement climatique. Six mois plus tard, en se baladant dans ce bourg coquet, connu pour son église bleu pastel et l’arrivée du ferry, il est d’abord difficile d’imaginer la violence des événements : 744 mm de pluies se sont abattues sur la localité, dont 581 mm en cinq jours, un record en Islande. En y regardant de plus près, toutes les cicatrices n’ont pas été effacées. Les flancs verdoyants de la montagne qui surplombe le village sont encore ponctués de saignées marron, des énormes rochers s’amoncellent le long du port et l’on comprend que les dalles qui s’apparentent à des parkings sont en réalité les fondations de bâtisses disparues.
Instabilités de la montagne
« C’est incroyable qu’il n’y ait eu aucun blessé ou mort. J’en ai encore la chair de poule », témoigne Ingrid Karis, une Estonienne arrivée en Islande il y a vingt et un ans. Le 18 décembre 2020, elle s’apprête à faire une sieste dans sa maison lorsque les policiers lui demandent de l’évacuer, arguant d’instabilités de la montagne et d’un premier glissement de terrain. Vingt minutes plus tard, un bruit assourdissant fait trembler l’air : sa maison, ainsi que d’autres, vient d’être pulvérisée. Deux mille tonnes de rochers, dont certains de la taille de voitures, se sont abattues sur sa rue. La majorité de ses affaires sont détruites. « Pendant trois semaines, j’ai fait des cauchemars où je devais sortir de torrents de boue », raconte-t-elle.
Pour retrouver l’emplacement exact de sa petite maison rouge aux encadrures blanches, sur le flanc de montagne nouvellement créé, Ingrid Karis doit s’aider d’un lampadaire resté debout. Elle finit par sentir une dalle sous son pied. « C’est définitivement une partie des fondations », affirme-t-elle, en extirpant trois morceaux de parquet de son logement coincés dans la rocaille.
Non loin, le charpentier Elvar Mar Kjartansson a lui aussi frôlé la mort. Il a sauté de la maison dans laquelle il travaillait quelques secondes avant qu’elle ne soit emportée par l’un des glissements de terrain. Sa femme, Hanna Christel Sigurkarlsdottir, qui a assisté à l’écroulement de la montagne sur le lieu de travail de son mari, a « vécu les minutes les plus stressantes de [s]a vie » avant de le savoir sain et sauf. Comme les 650 autres habitants du village, sous le choc, ils seront évacués de la ville mi-décembre et mettront des semaines à revenir. Tous appréhendent désormais le prochain hiver et le retour des pluies. « Je ne me sens plus totalement en sécurité chez moi, j’ai une valise prête au cas où nous devions être évacués », indique Zuhaitz Akizu, le directeur du musée technique de Seydisfjördur, dont la maison offre une vue imprenable sur le magnifique fjord – et sur la montagne désormais menaçante.
Multiplication des glissements de terrain
Les scientifiques n’ont pas pu attribuer cet événement particulier, qui n’est pas le premier dans l’histoire de la commune, au dérèglement climatique – même s’il faisait 10 °C au lieu des températures négatives habituelles. Leurs modèles montrent en revanche que « le changement climatique multipliera les glissements de terrain dans le futur », avertit le glaciologue Tomas Johannesson. En cause : la hausse attendue des précipitations l’hiver tombant sous forme de pluie au lieu de neige, et l’augmentation générale des précipitations en Islande, sous l’effet du réchauffement climatique. Mais aussi la dégradation du permafrost (ou pergélisol), ces terrains dont la température est toujours négative et qui servent de ciment aux montagnes.
D’ici là, Seydisfjördur, tente de se protéger : le maire, Björn Ingimarsson, a prévu de déplacer certaines familles, d’interdire la construction dans la zone la plus à risque et de créer un polder de 30 000 m2 pour accueillir l’usine de poissons, de nouvelles maisons et des entreprises. Sur la mer, donc plus loin de la montagne.
C’est justement dans la mer que se joue un autre effet majeur du dérèglement climatique. La pêche, principale industrie d’Islande, est chamboulée par le réchauffement de l’océan, qui entraîne des changements dans la distribution et l’abondance de nombreux stocks de poissons. Depuis le milieu des années 2000, les maquereaux, jusqu’alors très rares dans le pays, y arrivent en masse, attirés par des eaux plus chaudes. Ils constituent désormais une importante prise pour l’île – malgré une baisse en 2020.
A l’inverse, les capelans, l’une des principales pêcheries, enregistrent de forts déclins, ces espèces amatrices d’eaux froides remontant plus au nord. La pêche de capelans a été interdite deux hivers d’affilée, en 2019 et 2020, pour préserver des stocks trop bas. « Ce serait très mauvais que les capelans disparaissent d’Islande, car c’est un poisson très important pour nous », indique Sigurdur Olafsson, le capitaine du bateau de pêche du même nom, amarré dans le port de Höfn. « Les cabillauds [la principale pêche du pays] sont aussi moins présents : ils aiment les eaux chaudes mais ils se nourrissent de capelans. Et les homards sont en déclin », ajoute Hannes Jonsson, ingénieur sur le bateau. Il reste encore difficile de dire si l’industrie de la pêche islandaise tire profit du réchauffement climatique. Mais, dans ce secteur comme dans d’autres, tout changement apporte son lot de conséquences négatives : acidification des océans néfaste à certains poissons ou coquillages, augmentation des espèces invasives, etc.
« Ni les Islandais ni la plupart des gens, ne saisissent encore l’urgence, déplore l’écrivain Andri Snær Magnason. Nous nous adaptons à une nouvelle normalité au lieu de changer de modes de vie. Nous n’avons pas compris que c’est l’avenir de l’humanité qui est en jeu. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/09/en-islande-avant-poste-du-dereglement-climatique-on-vit-une-explosion-au-ralenti_6090938_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/09/en-islande-avant-poste-du-dereglement-climatique-on-vit-une-explosion-au-ralenti_6090938_3244.html>>
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31- La crise climatique s’aggrave partout, à des niveaux sans précédent, alerte le GIEC, Le Monde, 09/08/21, 10h08
Audrey Garric
Dans un nouveau rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat conclut que le dérèglement touche toutes les régions du monde, à un rythme très rapide, et qu’il s’intensifie de manière sans précédent.
C’est un état des lieux qui donne le vertige. D’abord, parce qu’il montre, de la manière la plus implacable qui soit, à quel point l’humain est en train de bouleverser le climat dans chaque région du monde : l’élévation de la température de l’air et de l’océan, la fonte des glaciers ou la hausse du niveau des mers s’aggravent à un rythme et avec une ampleur sans précédent depuis des millénaires, voire des centaines de milliers d’années. Ensuite, parce qu’il brosse un tableau sombre du monde qui nous attend : celui de catastrophes climatiques en cascade si nous continuons à brûler des combustibles fossiles à un rythme élevé, mais aussi de changements irréversibles, comme la montée des océans ou la fonte des glaces, quoi que nous fassions.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) établit ce diagnostic dans le premier volet de son sixième rapport d’évaluation, publié lundi 9 août. Il paraît alors que les incendies, les inondations, les canicules, les sécheresses s’enchaînent et se déchaînent, de la Turquie aux Etats-Unis en passant par la Grèce, l’Allemagne, la Russie ou la Chine. Un rappel dramatique que le dérèglement climatique, loin de se résumer à des chiffres et à des projections, est déjà une nouvelle normalité, celle d’une planète en surchauffe.
+ Carte : Un été marqué par une série de catastrophes climatiques <https://img.lemde.fr/2021/08/09/0/0/0/0/700/0/0/0/b9b2c10_535937541-web-pla-3121-climat2021-700pix.png>
Ce rapport du groupe de travail 1 du GIEC, une instance intégrée à l’Organisation des Nations unies, constitue l’évaluation la plus à jour des connaissances sur les bases physiques du changement climatique, huit ans après le précédent rapport similaire, publié en 2013. Il a été rédigé par 234 scientifiques de 66 pays, à partir de l’analyse de plus de 14 000 études scientifiques. Ce premier volet sera complété par deux autres, sur la vulnérabilité de nos sociétés et sur les solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, qui paraîtront en février et mars 2022, avant une synthèse du 6e rapport prévue pour septembre 2022.
+ Carte : Les terres émergées se réchauffent plus que les océans, et les pôles plus que les tropiques <https://img.lemde.fr/2021/08/09/0/0/1050/1290/1328/0/45/0/a80aa49_995055279-web-pla-3321-giec-plani.png>
« Un voyage sans retour »
Davantage que le rapport, c’est son « résumé à l’intention des décideurs », un document d’une quinzaine de pages, qui était le plus attendu. Il a été adopté lors d’une assemblée plénière, qui s’est tenue – pour la première fois en visioconférence du fait du Covid-19 – du 26 juillet au 6 août. Il a été négocié ligne par ligne, mot par mot, par les représentants des 195 pays membres du GIEC, en collaboration avec les auteurs, ce qui lui donne une forte légitimité.
> Lire aussi Le GIEC, trente ans de collaboration entre scientifiques et politiques au service du climat
L’alerte sonne comme un nouvel avertissement pour les Etats, à moins de cent jours de la 26e conférence climat de l’ONU (COP26) à Glasgow (Ecosse), qui s’avère cruciale. Seulement la moitié des signataires de l’accord de Paris sur le climat ont révisé à la hausse leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui sont pour l’instant insuffisants pour tenir les objectifs du traité international : limiter le réchauffement climatique « bien en deçà » de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, et si possible à 1,5 °C.
« Ce rapport montre que le changement climatique est un voyage sans retour, mais qu’aujourd’hui nous décidons de notre chemin futur », résume le climatologue Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS et l’un des auteurs. « Sans réduire fortement, rapidement et durablement nos émissions, la limitation du réchauffement à 1,5 °C sera hors de notre portée, prévient la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, directrice de recherche au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies (CEA) et coprésidente du groupe 1 du GIEC. En revanche, si nous agissons maintenant, nous verrons des effets d’ici dix à vingt ans. S’il est désormais impossible de revenir en arrière pour certaines composantes du système climatique, la montée du niveau des mers peut être limitée et on peut avoir une stabilisation des événements extrêmes. »
Surplus d’énergie
Pour la première fois, le GIEC montre que le rôle des activités humaines est « sans équivoque » sur le réchauffement climatique, entraînant des « changements rapides dans l’atmosphère, les océans, la cryosphère et la biosphère ». « C’est désormais un fait, c’est une avancée majeure de ce rapport », commente Valérie Masson-Delmotte. Dans les précédents rapports, la responsabilité humaine était assortie de degrés de confiance. Elle avait été qualifiée d’« extrêmement probable »en 2013.
Les activités humaines, et en particulier la combustion d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) pour les transports, la production d’électricité, l’agriculture ou l’industrie, émettent des gaz à effet de serre qui ne cessent d’augmenter année après année. De sorte que les concentrations de dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre, ont atteint 410 parties par million (ppm) en 2019 – en hausse de 47 % depuis l’ère préindustrielle –, un niveau inégalé depuis au moins deux millions d’années. Celles de méthane (principalement émis par l’élevage, l’extraction du gaz et du pétrole ou la gestion des déchets) et de protoxyde d’azote (issu des engrais azotés) sont, elles, les plus élevées depuis au moins huit cent mille ans.
Résultat : le système climatique s’emballe sous l’effet de ce surplus d’énergie. La température à la surface du globe s’est élevée d’environ 1,1 °C sur la dernière décennie comparativement à 1850-1900, avec un réchauffement plus prononcé sur les continents (1,6 °C) que sur les océans (0,9 °C). Chacune des quatre dernières décennies a été successivement la plus chaude enregistrée depuis 1850. La comparaison avec des échelles de temps plus longues donne la mesure de ce changement : il faut remonter 125 000 ans en arrière, au dernier interglaciaire, pour avoir une température globale comparable et le rythme actuel de hausse du mercure est le plus rapide depuis au moins deux mille ans.
+ Graphique : Le rythme du réchauffement est sans précédent depuis 2 000 ans <https://img.lemde.fr/2021/08/09/0/0/1050/1281/1328/0/45/0/542a7f8_541547556-web-pla-3321-giec-bandeau-graphrythme.png>
Evénements extrêmes
Le réchauffement n’est qu’un aspect du dérèglement climatique. Dans toutes les autres composantes du système climatique, l’influence humaine est sans commune mesure. La fonte des glaciers, qui reculent de manière synchrone partout dans le monde, est inédite depuis deux mille ans. Le rythme de fonte des calottes du Groenland et de l’Antarctique a été multiplié par quatre entre 1992-1999 et 2010-2019. L’élévation du niveau des mers (3,7 mm par an entre 2006 et 2018) est plus rapide depuis 1990 qu’au cours des trois mille dernières années. Cet océan bien plus chaud est également moins riche en oxygène et plus acide (un taux inégalé depuis deux millions d’années), ce dont souffrent les poissons, les coraux ou les coquillages. Les événements extrêmes, comme les canicules, les pluies diluviennes ou les sécheresses, sont devenus plus fréquents et plus intenses, les moussons plus abondantes, et le nombre de cyclones tropicaux majeurs a augmenté.
> Synthèse : 2020 a été l’une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées
Le futur n’est guère plus réjouissant. Les auteurs du GIEC ont établi cinq scénarios d’émissions de gaz à effet de serre pour explorer l’évolution du système climatique. Dans tous les cas de figure, la température va continuer d’augmenter dans les vingt prochaines années. Nos actions actuelles déterminent l’ampleur du dérèglement climatique dans la deuxième moitié du siècle.
Dans le détail, sur la période 2081-2100, en comparaison avec l’ère préindustrielle, les scientifiques prévoient une élévation de la température mondiale de 1,4 °C (fourchette de 1 °C à 1,8 °C) dans le scénario très peu émetteur, 1,8 °C pour le scénario peu émetteur, 2,7 °C pour celui intermédiaire, 3,6 °C pour l’émetteur et 4,4 °C pour le très émetteur (fourchette de 3,3 °C à 5,7 °C). Et encore ne s’agit-il que de moyennes, masquant les disparités régionales. En Arctique, qui subit déjà un réchauffement trois fois supérieur à la moyenne mondiale, le thermomètre pourrait grimper de plus de 7 °C à la fin du siècle dans le scénario très émetteur. « Nous avons réduit les incertitudes en combinant les projections climatiques avec les observations les plus récentes et grâce à une meilleure connaissance des processus physiques qui contrôlent la réponse du système climatique aux gaz à effet de serre », précise Christophe Cassou.
Seuils de tolérance pour la santé et l’agriculture
Aggravant leur diagnostic, les experts estiment que le seuil de 1,5 °C de réchauffement, permettant de limiter les pires effets de la crise, sera atteint avant 2040 – soit plus tôt qu’ils ne l’avaient prévu en 2018. Mais avec le scénario très peu émetteur, qui implique une neutralité carbone en 2050, la température redescendrait à 1,4 °C en 2081-2100. Le dépassement du seuil de 2 °C aurait lieu au milieu du siècle dans les trois scénarios les plus émetteurs.
Ces différences de trajectoire sont cruciales tant chaque fraction de réchauffement compte. « Chaque demi-degré de réchauffement entraîne des événements climatiques plus intenses, plus fréquents et touchant plus d’endroits », rappelle le climatologue Robert Vautard, directeur de l’Institut Pierre-Simon Laplace et l’un des auteurs du rapport. Le réchauffement continuera d’accroître les canicules et les saisons chaudes, tout en diminuant les vagues de froid. Dans un monde à + 2 °C, les extrêmes de températures atteindront plus souvent les seuils de tolérance pour la santé et l’agriculture. Vers la fin du XXIe siècle, ces seuils seraient franchis plus de cent jours de plus qu’actuellement dans de nombreuses régions tropicales.
+ Graphique : La hausse future des températures variera en fonction des activités humaines <https://img.lemde.fr/2021/08/09/0/0/1050/1578/1328/0/45/0/429113b_151841423-web-pla-3321-giec-graphiscenario.png>
Le réchauffement perturbera davantage le cycle de l’eau, avec notamment une hausse des précipitations extrêmes ainsi que des inondations mais aussi des sécheresses. De quoi aussi entraîner des risques d’incendies majeurs, notamment autour de la Méditerranée, en Australie, dans l’Ouest américain, en Amérique centrale et en Amazonie. « Chaque région fera face à plusieurs changements majeurs concomitants », prévient Robert Vautard. Le GIEC a pour la première fois mis en ligne un atlas interactif détaillant, pour chaque région du monde, les effets liés à une trentaine de « conditions climatiques génératrices d’impacts ».
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Ces changements sont pour certains irréversibles sur de très longues échelles de temps. Le réchauffement, l’acidification et la désoxygénation de l’océan se poursuivront pendant des siècles ou millénaires. Les glaciers vont continuer de fondre pendant des décennies voire des siècles, de même que la calotte du Groenland et le pergélisol, ces sols de l’Arctique gelés en permanence.
Points de basculement
L’élévation du niveau des mers va également se poursuivre pendant des siècles puisqu’elle est entraînée par l’expansion thermique de l’océan sous l’effet du réchauffement, ainsi que la fonte des glaciers et des calottes. Les océans pourraient s’élever de 0,3 à 1 mètre d’ici à 2100 en comparaison avec 1995-2014, selon les différents scénarios de réchauffement, et jusqu’à 1,9 mètre d’ici à 2150 dans le scénario le plus sombre, entraînant davantage d’inondations côtières.
Pour la première fois, le GIEC aborde la notion de points de basculement, des seuils de rupture entraînant un emballement du système. Il évoque des événements à « faible probabilité mais fort impact » comme la déstabilisation de la calotte glaciaire antarctique ou le dépérissement des forêts. De sorte qu’« il ne peut pas être exclu que l’élévation du niveau de mer s’approche de 2 mètres d’ici à 2100 et 5 mètres d’ici à 2150 », écrivent ainsi les auteurs.
Le rapport montre l’importance de stabiliser la température globale, ce qui passe par l’atteinte de la neutralité carbone pour le CO2. « Si l’on n’est pas en mesure d’arrêter net nos émissions, on va avoir besoin de retirer du CO2 de l’atmosphère », assure Sophie Szopa, chercheuse au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement et l’une des autrices du rapport. Le rapport indique que ces technologies (plantation de forêts, captage et stockage, capture directe dans l’air, etc.) permettraient de baisser les concentrations en CO2 dans l’atmosphère mais évoque aussi de possibles effets adverses. « En plus des réductions fortes de CO2, agir rapidement et durablement sur les émissions de méthane, qui a une durée de vie beaucoup plus courte que le CO2, serait efficace pour le climat à court terme mais également pour la pollution de l’air », ajoute l’experte.
+ Graphique : L’irrémédiable montée du niveau des mers <https://img.lemde.fr/2021/08/09/0/0/1050/1542/1328/0/45/0/967046f_874624385-web-pla-3321-giec-graphelevationmers.png>
Le rapport montre l’importance de stabiliser la température globale, ce qui passe par l’atteinte de la neutralité carbone pour le CO2. « Si l’on n’est pas en mesure d’arrêter net nos émissions, on va avoir besoin de retirer du CO2 de l’atmosphère », assure Sophie Szopa, chercheuse au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement et l’une des autrices du rapport. Le rapport indique que ces technologies (plantation de forêts, captage et stockage, capture directe dans l’air, etc.) permettraient de baisser les concentrations en CO2 dans l’atmosphère mais évoque aussi de possibles effets adverses. « En plus des réductions fortes de CO2, agir rapidement et durablement sur les émissions de méthane, qui a une durée de vie beaucoup plus courte que le CO2, serait efficace pour le climat à court terme mais également pour la pollution de l’air », ajoute l’experte.
« Il n’y a pas de temps à perdre ni d’excuses à trouver », avertit Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, appelant à « l’union des dirigeants, des entreprises et de la société civile » derrière des « solutions claires » : la fin des énergies fossiles au bénéfice des renouvelables, le financement de politiques d’adaptation et de résilience ou encore des plans de relance post-Covid-19 qui financent la transition écologique. « La viabilité de nos sociétés en dépend. »
+ Vidéo : Comment le réchauffement climatique va bouleverser l’humanité (ft. Le Réveilleur) <https://www.lemonde.fr/planete/video/2021/07/11/comment-le-changement-climatique-va-bouleverser-l-humanite_6087906_3244.html>, Le Monde, 11/07/21
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/09/la-crise-climatique-s-aggrave-partout-a-des-niveaux-sans-precedent-alerte-le-giec_6090961_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/09/la-crise-climatique-s-aggrave-partout-a-des-niveaux-sans-precedent-alerte-le-giec_6090961_3244.html>>
Sur le même sujet :
> Editorial. Climat : été extrême, urgence absolue <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/08/09/climat-ete-extreme-urgence-absolue_6090978_3232.html>, Le Monde, 09/08/21, 12h05
> Tchat. Rapport du GIEC : « L’espoir est maigre tant les Etats ne parviennent pas à prendre des décisions politiques ambitieuses et contraignantes » <https://www.lemonde.fr/planete/live/2021/08/09/rapport-du-giec-que-faut-il-en-retenir-posez-vos-questions-en-direct_6090964_3244.html>, Le Monde, 09/08/21, 12:29
> Réchauffement climatique : que retenir du nouveau rapport du Giec ? <https://www.la-croix.com/Rechauffement-climatique-retenir-nouveau-rapport-Giec-2021-08-09-1201170041>, La Croix, 09/08/21, 10:00
> Changement climatique : ce qu'il faut retenir du sixième rapport des experts du Giec publié aujourd'hui <https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/changement-climatique-ce-qu-il-faut-retenir-du-sixieme-rapport-des-experts-du-giec-publie-aujourd-hui_4731447.html>, France Télévisions, 09/08/21, 10:02
> « Des impacts sur le climat irréversibles » : ce qu’il faut retenir du rapport du Giec <https://www.letelegramme.fr/dossiers/le-nouveau-rapport-alarmiste-du-giec-sur-le-rechauffement-climatique/des-impacts-sur-le-climat-irreversibles-ce-qu-il-faut-retenir-du-rapport-du-giec-09-08-2021-12804638.php>, Le Télégramme, 09/08/21, 10h16
> Le rapport des experts sur le climat constitue un « avertissement sévère de la part des scientifiques du monde entier » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/09/le-rapport-des-experts-sur-le-climat-constitue-un-avertissement-severe-de-la-part-des-scientifiques-du-monde-entier_6090981_3244.html>, Le Monde avec AFP, 09/08/21, 13h22
En savoir plus :
> Report. AR6 Climate Change 2021: The Physical Science Basis <https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/>, The Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC), 09/08/21
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En audio
31- Lucie Pinson et Tony Gatlif, France Inter, Un monde nouveau, 02/08/21, 18h10
Sonia Chironi
Il est question de courage, de lutte et d'espoir, avec Lucie Pinson, cette militante qui veut faire plier la finance et la mettre au service de la planète, et Tony Gatlif qui immortalise la beauté de la Camargue, tant qu'il en est encore temps, dans son film “Tom Medina”.
Lucie Pinson
Contrairement au candidat François Hollande, en 2012, l'ennemi de Lucie Pinson n’est pas la finance, mais le découragement. Elle veut faire plier la finance, la mettre au service de la planète, pour que les banques cessent d’investir dans les énergies fossiles. Un combat perdu d’avance, pour certains, mais pas elle, qui a déjà plusieurs victoires à son actif. Lucie Pinson, est fondatrice de l’ONG Reclaim Finance. Lucie Pinson mène la grande bataille de noter époque : la lutte contre le réchauffement climatique. A seulement 35 ans, elle a déjà reçu le Prix Goldman, l'équivalent du Prix Nobel de l'Environnement. Sa cible, la finance, qu'elle veut décarboniser.
• Son objet du futur : un détecteur de greenwashing
Tony Gatlif
Le réchauffement climatique, Tony Gatlif, n'y est pas non plus indifférent, en particulier parce qu'il menace, avec la montée des eaux, les terres de la Camargue dont il célèbre la beauté sauvage dans son dernier long métrage, Tom Medina. Tony Gatlif est l'un des rares à avoir été primé à la fois en tant que réalisateur : Prix de la mise en scène à Cannes en 2004, pour Exils, pour ne citer que celui-là et pour la musique, deux Césars pour les musiques des filmsGadjo Dilo (1999) et Vengo (2001). Dans Tom Medina, Tony Gatlif conte l'histoire d'un jeune délinquant, placé chez un "gardian de manade" camarguais. Mais à travers l'histoire de Tom Medina, le personnage principal de ce film, c'est aussi et surtout Tony Gatlif qui se raconte. Un film fort et bouleversant.
• Film : Tom Medina, de Tony Gatlif, en salles à partir du 4 août 2021
> Emission (48 minutes) à réécouter à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/un-monde-nouveau/un-monde-nouveau-du-lundi-02-aout-2021 <https://www.franceinter.fr/emissions/un-monde-nouveau/un-monde-nouveau-du-lundi-02-aout-2021>>
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En images
32- Vidéo. Des « phénomènes effrayants » : depuis la Station spatiale, Thomas Pesquet photographie les incendies en Turquie, L’Obs, 05/08/21, 19h12
Avec ces images, l’astronaute alerte sur les conséquences du réchauffement climatique.
Les images permettent de mesurer la gravité de la situation. Depuis la Station spatiale internationale, Thomas Pesquet a photographié les gigantesques fumées créées par les feux de forêt qui sévissent depuis plus d’une semaine dans le sud de la Turquie. Des clichés pris à une hauteur de 400 kilomètres que l’astronaute français a accompagnés de ces mots, dans un message posté sur Twitter :
« Le genre de vue qui fait mal… Même si on est loin depuis l’ISS, les phénomènes naturels extrêmes sont effrayants : on sait que l’augmentation de leur fréquence et de leur ampleur est due au réchauffement climatique et que des gens sont menacés au moment même où on les observe… »
> Découvrez ses photos ci-dessous :
<https://www.nouvelobs.com/planete/20210805.OBS47252/des-phenomenes-effrayants-depuis-la-station-spatiale-thomas-pesquet-photographie-les-incendies-en-turquie.html <https://www.nouvelobs.com/planete/20210805.OBS47252/des-phenomenes-effrayants-depuis-la-station-spatiale-thomas-pesquet-photographie-les-incendies-en-turquie.html>>
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33- Feux, inondations : l’été déréglé, France 5, C dans l’air, 07/08/21, 17h47
> Magazine (65 min) à revoir à :
<https://www.france.tv/france-5/c-dans-l-air/2671481-emission-du-samedi-7-aout-2021.html <https://www.france.tv/france-5/c-dans-l-air/2671481-emission-du-samedi-7-aout-2021.html>>
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