[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (mercredi 1er décembre)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Mer 1 Déc 08:01:49 CET 2021
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1- Enquête. Les champignons vont-ils sauver le monde ? <https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/11/19/les-champignons-vont-ils-sauver-le-monde_6102869_4500055.html>, Le Monde, maj le 20/11/21 à 01h25
2- Mesquer (Loire-Atlantique). Le restaurant scolaire décroche un beau label <https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/mesquer-44420/le-restaurant-scolaire-decroche-un-beau-label-67fe0cb1-8aff-46a2-b776-d195811ed80a>, Ouest-France, 20/11/21 à 05h04
3- Abeilles : l’épandage de produits phytopharmaceutiques autorisé deux heures avant le coucher du soleil <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/21/abeilles-l-epandage-de-produits-phytopharmaceutiques-autorise-deux-heures-avant-le-coucher-du-soleil_6103055_3244.html>, Le Monde avec AFP, 21/11/21, 16h35
4- Le Sri Lanka réautorise les produits chimiques dans l'agriculture pour éviter une crise économique <https://information.tv5monde.com/info/le-sri-lanka-reautorise-les-produits-chimiques-dans-l-agriculture-pour-eviter-une-crise>, AFP, 21/11/21, 18:00
5- Critique. « Sur le front » sur France 5 avec Hugo Clément, entre pêche et agrobusiness, la damnation du saumon <https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/11/21/sur-le-front-sur-france-5-avec-hugo-clement-entre-peche-et-agrobusiness-la-damnation-du-saumon_6103062_3246.html>, Le Monde, 21/11/21, 18h00
6- Alimentation : le gouvernement ne veut pas des pesticides sur l’étiquette <https://reporterre.net/Alimentation-le-gouvernement-ne-veut-pas-des-pesticides-sur-l-etiquette>, Reporterre, 22/11/21, 16h02
7- Le plan « pollinisateurs » du gouvernement suscite la colère des apiculteurs <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/22/le-plan-pollinisateurs-du-gouvernement-suscite-la-colere-des-apiculteurs_6103191_3244.html>, Le Monde, maj le 23/11/21 à 05h42
8- Le trafic en eaux troubles des civelles <https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/23/le-trafic-en-eaux-troubles-des-civelles_6103212_3224.html>, Le Monde, 23/11/21, 05h42
9- Près de la moitié de la population mondiale mange mal <https://www.sciencesetavenir.fr/sante/pres-de-la-moitie-de-la-population-mondiale-mange-mal_159365>, AFP, 23/11/21, 11:00
10- Agriculture : on vous résume ce que prévoit la nouvelle PAC, que le Parlement européen vient d'adopter <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/on-vous-resume-ce-que-prevoit-la-nouvelle-politique-agricole-commune-que-le-parlement-europeen-vient-d-adopter_4855763.html>, France Télévisions, 23/11/21, 18:04
11- Suicides chez les agriculteurs : le gouvernement lance une « mobilisation collective » <https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/23/suicides-chez-les-agriculteurs-le-gouvernement-lance-une-mobilisation-collective_6103324_3224.html>, Le Monde avec AFP, 23/11/21, 19h54
12- Au Niger, la Grande muraille verte avance à petits pas <https://information.tv5monde.com/info/au-niger-la-grande-muraille-verte-avance-petits-pas-433788>, AFP, 24/11/21, 15:00
13- Pesticides : une étude suggère de fixer les distances minimales d’épandage à plus de 100 mètres des habitations <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/25/pesticides-une-etude-suggere-de-fixer-les-distances-minimales-d-epandage-a-plus-de-100-metres-des-habitations_6103482_3244.html>, Le Monde, 25/11/21, 09h32
14- Après une année de baisse, un important rebond des ventes de pesticides en 2020 <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/25/apres-une-annee-de-baisse-un-important-rebond-des-ventes-de-pesticides-en-2020_6103541_3244.html>, Le Monde, 25/11/21, 10h46
15- A Mossoul après la guerre, on plante des acacias et des cyprès <https://information.tv5monde.com/info/mossoul-apres-la-guerre-plante-des-acacias-et-des-cypres-433938>, AFP, 25/11/21, 14:00
16- "La forêt est notre avenir" : face aux suppressions de postes, les employés de l’ONF réclament "un vrai débat à l’Assemblée" <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/25/la-foret-est-notre-avenir-face-aux-suppressions-de-postes-les-employes-de-l-onf-reclament-un-vrai-debat-a-l-assemblee_6103591_3244.html>, Le Monde avec AFP, 25/11/21, 17h56
17- Val-d'Oise : plus de 200.000 arbres plantés cet hiver pour créer une nouvelle forêt <https://information.tv5monde.com/info/val-d-oise-plus-de-200000-arbres-plantes-cet-hiver-pour-creer-une-nouvelle-foret-433983>, AFP, 25/11/21, 20:00
18- La nouvelle PAC, censée verdir l'agriculture européenne, fait polémique <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/la-nouvelle-pac-est-votee-deux-nouvelles-regles-pour-verdir-l-agriculture-font-polemique-150338.html>, Novethic, 25/11/21
19- Décryptage. Alimentation : l’essor du local fait de l’ombre au bio <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/11/26/alimentation-l-essor-du-local-fait-de-l-ombre-au-bio_6103638_3234.html>, Le Monde, 26/11/21, 05h34
En images
20- La vérité sur le saumon <https://www.france.tv/france-5/sur-le-front/2894109-la-verite-sur-le-saumon.html>, France 5, Sur le front, 21/11/21, 20h57
21- Solidarité : un restaurant pour lutter contre la précarité étudiante à Nice <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/entreprendre/aides/solidarite-un-restaurant-pour-lutter-contre-la-precarite-etudiante-a-nice_4858913.html>, France 2, journal de 13h, 25/11/21
Bien à vous,
Florence
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ENQUÊTE DU JOUR : Longtemps cantonnés à la moisissure ou aux omelettes, les champignons conquièrent le champ de la transition écologique. Dans la maroquinerie, le bâtiment, l’industrie ou le tourisme, le roi des sous-bois est promis à un bel avenir. (cf. item 1)
DÉCISIONS DU JOUR : — À partir du 1er janvier 2022, les produits phytopharmaceutiques pourront être utilisés, en période de floraison, 2 heures avant le coucher du soleil et jusqu’à 3 heures après quelle que soit la température extérieure selon un décret salué par les agriculteurs mais dénoncé par les apiculteurs. (cf. item 3 & 7)
— Le Sri Lanka a abandonné son programme visant à devenir le premier producteur mondial d'aliments 100% biologiques et annoncé la levée immédiate de l'interdiction d'importer des pesticides et d'autres intrants agricoles. (cf. item 4)
— Le Parlement européen a donné son feu vert définitif à la nouvelle Politique agricole commune (PAC), destinée à "verdir" l'agriculture de l'UE, malgré l'opposition des écologistes et d'une partie de la gauche, qui dénoncent une opération de "greenwashing ». (cf. item 10 & 18)
INITIATIVE DU JOUR : Le gouvernement a présenté une feuille de route de « prévention du mal-être et d’accompagnement des agriculteurs en difficulté », dans l’espoir d’enrayer les suicides dans cette profession. (cf. item 11)
REPORTAGE DU JOUR : Dans son émission, Hugo Clément tente de rétablir « la vérité sur le saumon », ses conditions d’élevage souvent épouvantables, sa pêche massive et piégeuse lorsqu’il tente de revenir dans les eaux qui l’ont vu naître, comme l’Adour. (cf. item 5 & 20)
AFFICHAGE DU JOUR : La future étiquette environnementale figurant sur l’emballage des aliments pourrait ne pas prendre en compte la présence de pesticides. Le mode d’élevage (intensif ou en plein air) pourrait également ne pas être intégré au score. (cf. item 6)
TRAFIC DU JOUR : Alors que son exportation est interdite hors Union européenne, l’alevin d’anguille, en danger d’extinction, est l’objet d’un intense braconnage à destination de l’Asie. Selon les autorités, le mode opératoire du trafic des civelles ressemble de plus en plus à celui de la drogue. (cf. item 8)
RAPPORT & ÉTUDE DU JOUR : — Selon le Global nutrition report (GNR), rapport annuel dont les données viennent d'organisations comme l'ONU, la FAO, l'OMS ou l'Unicef, 48% des humains mangent actuellement trop ou trop peu. (cf. item 9 & suite)
— Une campagne de prélèvements menée par l’association Générations futures remet en cause les distances (de 3 à 20 mètres) d’épandage des pesticides fixées par le gouvernement pour protéger les riverains. (cf. item 13)
— Après une année de baisse, les quantités de pesticides écoulées en 2020 ont augmenté de 23 % par rapport à 2019. Les tonnages de glyphosate et de prosulfocarbe vendus sont en forte hausse. (cf. item 14)
MANIFESTATION DU JOUR : Des centaines d’employés de l’Office national des forêts (ONF) ont manifesté pour demander la « renégociation du contrat avec l’Etat », alors que les 500 ouvriers forestiers seront remplacés par des prestataires extérieurs, moins bien formés, selon eux. (cf. item 16)
REBOISEMENTS DU JOUR : — Jadis paysage lunaire, le plateau de Simiri, ville située à une centaine de km au nord de Niamey, capitale du Niger, s'est transformé en un petit paradis pour la faune et la flore. (cf. item 12)
— Acacias, citronniers, cyprès et petits flamboyants : quelque 300 arbres ont été plantés jeudi sur le campus d'une université de Mossoul, coup d'envoi d'une campagne pour lutter contre la désertification dans cette métropole du nord de l'Irak, ancien bastion jihadiste ravagé par la guerre. (cf. item 15)
— Quelque 233.400 plants d'arbres ont commencé à être plantés sur le site de la future forêt de Pierrelaye-Bessancourt (Val d’Oise), un nouveau poumon vert à une vingtaine de kilomètres de Paris. (cf. item 17)
TENDANCE DU JOUR : Les consommateurs en quête de qualité se ruent sur les produits locaux. Cet intérêt n’a pas échappé à la grande distribution, qui étoffe ses rayons. Cette tendance pénalise le bio : plus vertueux… mais plus cher. (cf. item 19)
INITIATIVE DU JOUR : Un restaurant solidaire à destination des étudiants a ouvert à Nice (Alpes-Maritimes) en octobre. Deux fois par semaine, cinquante repas sont servis gratuitement, sur présentation d'une carte étudiante. (cf. item 21)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Démission de Nicolas Hulot <http://r.mail.fnh.org/mk/mr/AJw2TWE2FxIJSP_nUbGV9DBWuagtPvCD0f3UMdC7v_hbYNhvwTlMLGbkqJkb1odYvvFIVlg_nWk4LeTvVY7fmxpZY3vLRghbi-OJ57rhjJWzLJeJkBoYiolK7a2M> (24/11/21)
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Enquête. Les champignons vont-ils sauver le monde ?, Le Monde, maj le 20/11/21 à 01h25
Catherine Rollot
Longtemps cantonnés à la moisissure ou aux omelettes, les « fungi » conquièrent le champ de la transition écologique. Dans la maroquinerie, le bâtiment, l’industrie ou le tourisme, le roi des sous-bois est promis à un bel avenir.
Dévorer ses propres mots. Et en faire une fricassée relevée d’huile d’olive et d’ail pour appuyer son propos. En juin 2020, lors de la sortie de son premier livre, consacré au monde caché des champignons, Entangled Life(Random House), le jeune botaniste britannique Merlin Sheldrake se livrait à une expérience. Faire pousser des Pleurotus ostreatus (une variété de pleurote en forme d’huître) au sein même d’un exemplaire de son ouvrage, après l’avoir ensemencé de spores et placé dans un sac humide et fermé.
Un mois plus tard, le docteur en écologie de l’université de Cambridge postait, sur son compte Twitter, une vidéo de la dégustation de sa myciculture, nourrie à l’encre et au papier. « Ils étaient délicieux, je n’ai senti aucun goût bizarre, ce qui prouve que les champignons ont complètement métabolisé le texte. »
A 34 ans, le jeune homme au prénom de magicien et à l’allure de ménestrel est un passionné du monde fongique, celui des fungi, les champignons en langage vernaculaire. Pour faire sortir du bois ses protégés, il ne recule devant aucune excentricité, comme d’enregistrer l’activité bioélectrique de ses pleurotes dévoreurs de livres. Le scientifique, par ailleurs musicien et brasseur, en a sorti un air jazzy. Son ouvrage, classé parmi les meilleurs écrits de 2020 par le Times, multirécompensé, est très vite devenu un best-seller, traduit dans seize pays, dont récemment en France sous le titre Le Monde caché. Comment les champignons façonnent notre monde et influencent nos vies(First Editions, 378 pages, 20,95 euros).
> Lire aussi En Haute-Loire, un petit village se rêve en Silicon Valley du champignon
Pour Merlin Sheldrake, l’humble habitant des sous-bois et des recoins humides n’est rien de moins qu’« un magicien aux multiples pouvoirs ».Capable de réparer nos dégâts environnementaux, mais aussi, dans sa sagesse spongieuse et filamenteuse, de nous donner des pistes de réflexion sur notre relation à l’autre. Bref, le fongus en a sous le chapeau.
Econome et quasi inépuisable
Avant lui, le gourou de ce végétal, le mycologue américain Paul Stamets, avait déjà développé l’idée selon laquelle le champignon est le nouveau viatique de la transition écologique. Une théorie exposée notamment dans une conférence TED intitulée « Six façons dont les champignons peuvent sauver le monde », sept millions de vues, mais aussi dans Fantastic Fungi, un documentaire du réalisateur américain Louie Schwartzberg, actuellement diffusé sur Netflix.
Longtemps relégué à la lisière des forêts ou de l’assiette, parfois méprisé, cet organisme suscite un intérêt grandissant. Et pousse partout depuis quelque temps. Le mycélium, l’appareil végétatif souterrain des champignons constitué d’une multitude de filaments, est désormais une solution de remplacement écologique sérieuse à la viande, au cuir, au plastique, au béton, aux matériaux isolants…
> Lire aussi Dan, le youtubeur mycologue et ses « champipotes »
Dans la mode, Adidas, la créatrice Stella McCartney et même Hermès, en annonçant la commercialisation d’ici à la fin de 2021 de son premier sac en cuir végétal de champignon, le sac de voyage Victoria, en font leur étendard vert.
Il faut dire que, cultivée sur des substrats issus de déchets agricoles, la biomatière coche toutes les cases de la durabilité. Econome en eau, en électricité, rapide à fabriquer (après néanmoins des années de recherche et développement) et, contrairement à d’autres options, quasi inépuisable. Des qualités qui laissent augurer l’extension du domaine de ce végétal à bien d’autres produits, en particulier dans l’industrie alimentaire.
« Le champignon a un potentiel encore méconnu et sous-estimé, à nous de le faire connaître », confie Michaël Mottet, directeur général de la start-up basée dans les Hauts-de-France La Révolution Champignon, qui développe une option différente de la protéine animale en valorisant le pied des pleurotes, dont les fibres s’apparentent à la texture de la viande et qui était jusque-là considéré comme un déchet alimentaire.
Au menu, des boulettes et galettes 100 % bio et végétales, sans aucun additif, ni conservateur, ni soja, ni arômes artificiels. « Le pleurote, comme la plupart des champignons, possède à la fois des qualités nutritionnelles supérieures à bien des légumes (protéines, vitamines, fibres), mais aussi la capacité à texturer naturellement les produits, en apportant une mâche moelleuse et ferme », poursuit l’entrepreneur.
Dans ses produits, vendus depuis le début de l’année dans certains magasins de la moyenne et grande distribution sous la marque Funghies, « du champignon, et rien que du champignon », aromatisé par des épices. Notée comme « excellent » sur Yuka, affichant un Nutri-score A, la gamme Funghies a pour ambition d’être présente dans plus de 2 000 points de vente d’ici à trois ans, et de peser pour 80 % du chiffre d’affaires de La Révolution Champignon, qui possède par ailleurs la marque Pleurette, vendue dans les circuits bio et à base, elle, de cœur de pleurote.
A l’heure où consommateurs et entreprises cherchent à diminuer leur impact sur la planète, les fungi apparaissent comme une solution presque miraculeuse et bien rassurante. « Dans une civilisation qui croule sous les déchets, ils sont nos meilleurs alliés grâce à leur propriété de nettoyeurs de la nature, une qualité aujourd’hui très recherchée », estime le biologiste et mycologue Marc-André Selosse, professeur au Muséum d’histoire naturelle. Qui de plus efficace en effet que ces écolos à lamelles qui mangent et recyclent de la matière organique morte ? Que ces grands costauds invisibles capables de digérer et de transformer les molécules les plus polluantes ?
Mangeur de polluants
Gil Burban, cofondateur de la start-up YpHen, défend le champignon comme une innovation de rupture depuis plus de dix ans. Sans avoir vraiment pu financer, jusqu’à récemment, sa conviction. L’engouement récent pourrait l’aider, même si « parler champignon à des investisseurs français est encore perçu comme exotique ».
> Lire aussi Ces start-up françaises qui composent l’assiette de demain
D’ici à la fin de l’année, l’architecte de formation a bon espoir de réunir les 2,3 millions d’euros nécessaires pour pré-industrialiser sa production de mycélium encapsulé dans un matériau à base d’algues qui, tels des enzymes gloutons, vont, ensemble, littéralement manger les hydrocarbures et autres polluants des sols. Avec ce financement, YpHen pourra travailler sur ce procédé, déjà testé sur des sites pilotes et pour des clients comme l’entreprise de travaux publics Colas. L’innovation, qui s’adresse « dans un premier temps aux secteurs du BTP et du pétrole, pourrait par la suite permettre de redonner des terres à l’agriculture », espère M. Burban.
La prise de conscience écologique mais aussi l’envie de nature servent aujourd’hui la cause fongique. Depuis la crise sanitaire, les Français ressentent plus que jamais le besoin d’aller s’aérer. Cet automne, nombreux ont retrouvé les chemins forestiers, la cueillette des cèpes, girolles ou coulemelles. Revers de la médaille : les intoxications liées aux champignons sont en forte hausse (déjà plus de 1 000 cas depuis juillet), alors que la saison est loin d’être terminée. Mais la perspective d’une bonne omelette n’est pas la seule motivation des mycologues du dimanche.
Hervé Cochini, 55 ans, animateur nature en Ardèche et cueilleur professionnel, organise des sorties champignons, et chaque fois la sauce prend. « On part pour une heure et demie, et finalement on revient au bout de trois heures. Tant l’envie d’en savoir un peu plus sur l’un des organismes les plus résilients et les plus autonomes de la nature prend le pas. »
> Lire aussi Les champignons toxiques ne sont parfois pas identifiés par les applications de reconnaissance
Etonnant ? Pas vraiment. Des règnes du vivant, celui des champignons est le moins connu, celui dont on a identifié et répertorié le moins d’espèces. C’est pourtant l’un des plus vastes. Ils prolifèrent sur absolument tous les sols et dans les organismes. On ne sait combien il y a de variétés de champignons, car les fructifications visibles à l’œil nu (avec chapeau et pied) ne sont que la partie émergée d’un énorme iceberg. Quelque 140 000 espèces auraient été répertoriées sur un nombre total estimé de 1,5 à 30 millions ! Quant à son réseau racinaire (le mycélium), il peut s’étendre sur toute une forêt, et communique en réseau avec la totalité du monde végétal, ce qui lui vaut le surnom de Wood Wide Web.
Seule certitude : sans eux, neuf plantes sur dix mourraient, car la plupart vivent en symbiose avec elles dans une relation « gagnant gagnant ». Les champignons aident les plantes à aller chercher l’eau et les sels minéraux dans le sol ; en retour, elles leur fournissent des glucides, indispensables à leur survie.
Sources d’inspiration
Belle leçon de vie ! Pour Francesca Gavin, écrivaine et commissaire de l’exposition « Mushrooms : The Art, Design and Future of Fungi », qui a eu lieu en 2020 à Londres, notre engouement actuel correspondrait à notre quête d’un modèle d’humanité harmonieuse, « une métaphore contemporaine de la relation symbiotique que nous devrions avoir avec la nature, si nous voulions trouver une voie de survie ».
Ces végétaux pourraient même, selon l’anthropologue Anna Lowenhaupt Tsing, professeure à l’université de Californie et autrice d’un essai remarqué, Le Champignon de la fin du monde. Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme (traduit en français à La Découverte, 2017), nous aider à prospérer dans un environnement dégradé, à l’image du matsu take, un champignon rare qui pousse dans des zones détruites ou perturbées par les activités humaines.
Même ceux aux propriétés hallucinogènes, à la réputation sulfureuse, bénéficient d’un retour en grâce. Le 1er octobre, le très sérieux magazine américain Newsweek faisait sa « une » sur la psilocybine, le principe actif de certains champignons « magiques », titrant sur ce qui « pourrait être la plus grande avancée contre la dépression depuis le Prozac ».
> Lire aussi Les champignons, une menace silencieuse sur la santé et l’alimentation humaine
Sacrée revanche pour une famille de végétaux longtemps synonyme de moisissures et de putréfaction. Même les sciences les ont longtemps négligés, ne sachant pas trop dans quelles cases les mettre, entre les algues, les plantes ou les animaux. Il faudra attendre les années 1960 pour qu’on leur offre un règne à part, celui des fongiques. Aujourd’hui, l’avenir sent sérieusement le champignon. De là à ce que le futur ressemble au village des Schtroumpfs…
<https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/11/19/les-champignons-vont-ils-sauver-le-monde_6102869_4500055.html <https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/11/19/les-champignons-vont-ils-sauver-le-monde_6102869_4500055.html>>
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2- Mesquer (Loire-Atlantique). Le restaurant scolaire décroche un beau label, Ouest-France, 20/11/21 à 05h04
Fabrice Pleuvier, responsable du restaurant scolaire, et Chantal Leye, adjointe enfance – jeunesse, après l’obtention du label Mon Restau responsable® <https://www.monrestauresponsable.org/> (Fondation Nicolas Hulot). Le restaurant de l’école de Mesquer s’est inscrit depuis quelques années dans une démarche ancrée dans l’air du temps, en proposant aux élèves de bien manger, tout en réduisant le gaspillage alimentaire et limitant les déchets. 115 élèves déjeunent à l’école ; les menus sont élaborés pour sept semaines. Tout le monde est impliqué dans cette approche...
>> Suite à lire en édition abonnée à :
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3- Abeilles : l’épandage de produits phytopharmaceutiques autorisé deux heures avant le coucher du soleil, Le Monde avec AFP, 21/11/21, 16h35
Les agriculteurs ont salué cette décision, mais les apiculteurs ont regretté l’absence de prise en compte de la température et la possibilité de traiter les cultures au moment où les abeilles butinent encore.
La décision du gouvernement était attendue après la réintroduction temporaire des insecticides néonicotinoïdes, extrêmement nocifs pour les abeilles, pour la culture de betteraves. En cas d’épandage, l’enjeu était de minimiser les risques en ciblant les conditions où les abeilles ne butinent plus : horaires dans la journée mais aussi température extérieure.
Le ministère de l’agriculture a tranché en définissant le premier mais pas le second : à partir du 1er janvier 2022, les produits phytopharmaceutiques pourront être utilisés, en période de floraison, deux heures avant le coucher du soleil et jusqu’à trois heures après quelle que soit la température extérieure, selon un décret paru dimanche au Journal officiel salué par les agriculteurs mais dénoncé par les apiculteurs. La période de floraison désigne la période allant de l’ouverture des premières fleurs à la chute des pétales des dernières fleurs, précise le texte.
La publication intervient au lendemain de la présentation par le gouvernement des grandes lignes du plan pollinisateurs, promis en 2020 après la réintroduction temporaire des insecticides néonicotinoïdes pour la culture de betteraves. Il vise à lutter contre l’effondrement des populations d’insectes pollinisateurs, notamment les abeilles, essentiels à la biodiversité comme aux productions agricoles, mais vulnérables aux pesticides.
« En juillet, il fait 25 degrés et les abeilles butinent »
Le décret ne satisfait pas les apiculteurs, qui dénoncent la possibilité de traiter les cultures à des moments où les abeilles butinent. « Deux heures avant le coucher du soleil, sans autre critère, pour nous, ce n’est pas acceptable », a déclaré Eric Lelong, président de l’Interprofession des apiculteurs (Interapi). L’organisation voulait que soit également pris en compte le critère de la température. Ainsi, en juillet, deux heures avant le coucher de soleil, « il fait 25 degrés » et « les abeilles sont encore en train de butiner ».
A l’inverse, la plus grande organisation d’exploitants agricoles française, la FNSEA, et les Jeunes Agriculteurs saluent, au nom de la lutte contre le travail de nuit des agriculteurs, « l’ouverture permettant de déroger à l’obligation de traiter les cultures attractives seulement après le coucher du soleil, avec l’ajout d’une plage de deux heures avant le coucher du soleil ».
Selon l’arrêté, cette plage horaire d’application des produits phytosanitaires (qui appartiennent à la famille des pesticides) peut être modifiée en cas d’activité « exclusivement diurne » des « bioagresseurs » (organismes vivants qui s’en prennent aux cultures), pour assurer « une protection efficace de la culture traitée ». Autre exception : si une maladie impose une utilisation urgente d’un « traitement fongicide », dans un délai « incompatible avec la période prévue »dans l’arrêté.
La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs dénoncent, néanmoins, une « surtransposition des règles communautaires » qui « met les agriculteurs français en situation de distorsion de concurrence pour la protection de leurs cultures », ainsi que « l’insuffisance des moyens financiers pour mettre en œuvre les objectifs ambitieux du plan pollinisateurs ».
Ce plan prévoit notamment d’évaluer le risque de tous les pesticides, dont les herbicides et fongicides, pour les pollinisateurs en vue d’une possible restriction, voire interdiction de traitement sur les cultures attractives en floraison, aujourd’hui applicable uniquement aux insecticides.
+ Vidéo : Comprendre les problèmes posés par les pesticides en 5 minutes <https://www.lemonde.fr/planete/video/2016/04/21/comprendre-les-problemes-poses-par-les-pesticides-en-5-minutes_4906296_3244.html>, Le Monde, maj le 12/04/17 à 10h38
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/21/abeilles-l-epandage-de-produits-phytopharmaceutiques-autorise-deux-heures-avant-le-coucher-du-soleil_6103055_3244.html>
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4- Le Sri Lanka réautorise les produits chimiques dans l'agriculture pour éviter une crise économique, AFP, 21/11/21, 18:00
Le Sri Lanka a abandonné dimanche son programme visant à devenir le premier producteur mondial d'aliments 100% biologiques et annoncé la levée immédiate de l'interdiction d'importer des pesticides et d'autres intrants agricoles.
"Nous autoriserons désormais les intrants chimiques dont le besoin est urgent", a déclaré le secrétaire du ministère, Udith Jayasinghe, à la chaîne de télévision privée News First, avant des manifestations d'agriculteurs prévues à Colombo.
"Compte tenu de la nécessité d'assurer la sécurité alimentaire, nous avons pris cette décision", a-t-il expliqué en annonçant la levée de la large interdiction de tous les produits agrochimiques, y compris les herbicides et les pesticides.
En pleine crise économique, le Sri Lanka est notammnent victime d'une sévère chute de ses réserves de devises entraînant des pénuries de vivres, de pétrole brut et d'autres produits essentiels.
Le mois dernier, les autorités avaient déjà levé les restrictions sur les importations d'engrais pour le thé, principal produit d'exportation du pays.
De vastes étendues de terres agricoles ont été abandonnées après l'interdiction d'importation, introduite pour la première fois en mai.
Les pénuries se sont aggravées au cours de la semaine écoulée, les prix du riz, des légumes et d'autres produits de base ayant doublé dans tout le pays.
Les supermarchés ont également rationné les ventes de riz, n'autorisant que cinq kilos par client.
Les organisations d'agriculteurs avaient prévu de marcher sur le Parlement dans la capitale vendredi pour exiger l'importation de produits chimiques essentiels pour protéger leurs cultures.
Le président Gotabaya Rajapaksa avait justifié l'interdiction d'importation en déclarant vouloir rendre l'agriculture sri-lankaise 100% biologique.
Mais cette politique a été mise en place après que l'économie de l'île, à court d'argent, ait été durement touchée par la pandémie de Covid-19, les recettes du tourisme et les envois de fonds des travailleurs étrangers ayant considérablement diminué.
Les autorités ont tenté d'économiser des devises étrangères en interdisant l'an dernier toute une série de produits importés, dont certains aliments et épices. Le Sri Lanka a également fermé sa seule raffinerie de pétrole le mois dernier après avoir manqué de dollars pour importer du brut.
<https://information.tv5monde.com/info/le-sri-lanka-reautorise-les-produits-chimiques-dans-l-agriculture-pour-eviter-une-crise>
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5- Critique. « Sur le front » sur France 5 avec Hugo Clément, entre pêche et agrobusiness, la damnation du saumon, Le Monde, 21/11/21, 18h00
Martine Valo
Dans son émission, Hugo Clément tente de rétablir « la vérité sur le saumon », ses conditions d’élevage souvent épouvantables, sa pêche massive et piégeuse lorsqu’il tente de revenir dans les eaux qui l’ont vu naître, comme l’Adour.
A table et à l’écran, il revient régulièrement à l’approche des festins de fin d’année. Le saumon d’élevage reste une valeur sûre malgré sa chair à la couleur artificielle, son cocktail d’antibiotiques et de pesticides destinés à le soulager des infestations de poux de mer qui le gangrènent. Sa captivité à plusieurs dizaines de milliers de congénères par cage l’éloigne progressivement de son cousin, le saumon sauvage, un puissant marathonien capable de se lancer dans une odyssée des plus risquées jusqu’au Groenland avant de revenir dans les eaux qui l’ont vu naître, celle d’une rivière française par exemple. Dans les deux cas, l’animal a des chances de finir comme un banal pavé dans une assiette.
> Lire aussi Le saumon, industrie à grande échelle et filon pour la Norvège
L’avantage, avec les documentaires qui se penchent sur l’alimentation des pays développés, c’est que le spectateur a de grandes chances de beaucoup voyager, les voies de l’agrobusiness mondial étant peu pénétrables, mais toujours riches en kilomètres. Hugo Clément et son équipe sont ainsi allés chercher des images édifiantes dans des lochs écossais, guidés par Don Staniford à bord de son kayak. Ce militant dénonce depuis une vingtaine d’années les conditions d’élevage épouvantables apparemment tolérées au Royaume-Uni. « Dans ces cages, on trouve de la pollution plastique, des bouts de corde, des tâches d’essence, des poissons morts, de la merde partout… », résume un ex-employé d’une ferme piscicole devant son ancien lieu de travail.
« Pêche minotière »
La nourriture est apportée sous forme de sacs de granulés par un porte-conteneurs de la firme norvégienne Mowi – un des géants mondiaux du secteur et l’un des moteurs de l’essor de cette industrie en Ecosse. Même entassé, le saumon est un carnassier qui ingurgite une dose de soja et quantité de maquereaux, harengs, sardinelles provenant du Pérou ou d’Afrique de l’ouest. Cette « pêche minotière » est réduite en farine et en huile, souvent transformée dans des usines chinoises ou russes directement installées sur les côtes sénégalaises ou mauritaniennes. Résultat, les femmes de Joal qui fumaient ces petits poissons n’ont plus de ressource et leurs clients manquent de protéines.
> Lire aussi Le boum de l’aquaculture et des farines de poisson aux dépens de l’alimentation des pays du sud
Retour en France, près de Bayonne, où une poignée de pêcheurs raflent les derniers saumons atlantiques sauvages assez téméraires pour tenter d’aller frayer dans l’Adour. Malgré la détermination de défenseurs de la nature, ces professionnels persistent à tendre leurs filets dans l’embouchure d’un fleuve que les pouvoirs publics continuent néanmoins de doter de passes à poissons en amont.
Histoire, sans doute, de finir sur des images bucoliques plus positives, le documentaire nous emmène glisser en canoë dans les belles gorges de l’Allier. Avec une équipe de volontaires, Hugo Clément y lâche plusieurs centaines de milliers d’alevins de saumons. Une fois adultes, les survivants reviendront un jour dans la rivière après avoir vaincu la remontée de la Loire. Cette année, à peine deux cents de ces super athlètes ont été dénombrés. Les alevins proviennent du conservatoire national du saumon sauvage situé à Chanteuges (Haute-Loire).
A une trentaine de kilomètres de là, EDF a entrepris d’ouvrir un de ses barrages hydroélectriques, celui de Poutès sur l’Allier, trois mois par an, afin de laisser passer les saumons. L’énergéticien est fier de ce chantier pilote de près de 20 millions d’euros admiré en Europe. Le film ne dit pas qu’une de ses filiales s’apprête à construire une nouvelle centrale hydroélectrique en aval, sur l’Allier, à Vichy.
> Lire aussi Le barrage de Poutès s’ouvre pour laisser filer vers l’Atlantique les saumons sauvages de l’Allier
§ Sur le front/La vérité sur le saumon, documentaire d’Hugo Clément (Fr. 50 minutes) France 5
<https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/11/21/sur-le-front-sur-france-5-avec-hugo-clement-entre-peche-et-agrobusiness-la-damnation-du-saumon_6103062_3246.html>
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6- Alimentation : le gouvernement ne veut pas des pesticides sur l’étiquette, Reporterre, 22/11/21, 16h02
Le gouvernement ne veut pas d’un affichage environnemental trop exigeant. Tout comme le Nutri-score pour la santé, cette information figurerait sur l’emballage des aliments et renseignerait sur leur impact sur l’environnement. D’après le site d’informations Contexte, cette future étiquette environnementale pourrait ne pas prendre en compte la présence de pesticides. Le mode d’élevage (intensif ou en plein air) pourrait ne pas non plus être intégré au score.
Depuis plus d’un an, les pouvoirs publics planchent dessus. C’était une des revendications de la Convention citoyenne sur le climat, avec une idée simple : inciter les consommateurs à privilégier les aliments les plus écolos et les moins polluants. Sauf que l’affaire est bien plus épineuse que prévu. Car comment évalue-t-on le coût écologique d’un produit ? Une première méthode d’évaluation, nommée « éco-score », s’est ainsi révélée trop favorable à l’agriculture industrielle.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://reporterre.net/Alimentation-le-gouvernement-ne-veut-pas-des-pesticides-sur-l-etiquette>
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7- Le plan « pollinisateurs » du gouvernement suscite la colère des apiculteurs, Le Monde, maj le 23/11/21 à 05h42
Perrine Mouterde et Stéphane Foucart
Pour stopper le déclin des insectes, les horaires d’épandage des produits phytosanitaires sur les cultures seront limités. Une mesure jugée insuffisante par les syndicats apicoles et les associations de défense de l’environnement.
Attendu depuis plusieurs mois, le plan « pollinisateurs » du gouvernement a été rendu public dimanche 21 novembre. Promis dans la foulée de la réautorisation partielle des insecticides néonicotinoïdes sur les cultures de betterave à sucre, à l’été 2020, il devait illustrer l’engagement des ministères de la transition écologique et de l’agriculture en faveur des abeilles domestiques et des pollinisateurs. Il fédère finalement contre lui les syndicats apicoles et les associations de défense de l’environnement, qui le jugent inopérant.
Le plan présenté est accompagné de la publication d’un nouvel arrêté « abeilles », encadrant l’utilisation des pesticides en vue de protéger les abeilles domestiques et sauvages. L’arrêté, qui remplace un texte de 2003, avait fait l’objet d’une consultation publique en juillet mais, en dépit du grand nombre de contributions – près de 17 000 –, il n’a été modifié qu’à la marge par rapport à la version présentée en juin.
L’arrêté « abeilles » de 2003 interdisait l’utilisation d’insecticides pendant la période de floraison, à l’exception de produits autorisés de manière dérogatoire après évaluation des risques. Le nouvel arrêté introduit deux nouveautés. En premier lieu, tous les produits phytosanitaires, c’est-à-dire les fongicides (les traitements contre les champignons) et les herbicides, en plus des insecticides et acaricides, devront désormais être évalués avant de pouvoir être utilisés. Ensuite, leur épandage ne sera autorisé qu’à partir de deux heures avant le coucher du soleil et jusqu’à trois heures après – jusqu’à présent, les agriculteurs ne disposaient d’aucune contrainte concernant les horaires auxquels utiliser ces produits.
> Lire la tribune : « L’apiculture ne doit plus subir une dictature agrochimique sans issue »
En 2019, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) avait pourtant recommandé que les traitements phytopharmaceutiques bénéficiant d’une dérogation ne soient appliqués qu’après l’heure de coucher du soleil, l’activité de butinage des abeilles étant, notamment, liée à la luminosité. « Nous voulions avoir une approche ambitieuse pour les abeilles mais aussi pragmatique, ont justifié les cabinets des ministères de l’agriculture et de la transition écologique. La présence des abeilles décroît de façon forte à partir de deux heures avant le coucher du soleil et nous ne souhaitions pas qu’un arrêté impose le travail de nuit aux agriculteurs. »
Possibilités de dérogations
« Nous sommes très déçus, réagit Henri Clément, porte-parole de l’Union nationale de l’apiculture française. Autoriser les traitements deux heures avant le coucher du soleil ne protégera pas les abeilles, d’autant que la température n’est pas prise en compte dans l’arrêté. » La filière apicole souhaitait que, outre la luminosité, une température inférieure à 12 °C soit toujours requise pour permettre les épandages, ce qui n’a pas été retenu par le gouvernement.
Les représentants des agriculteurs conventionnels ne sont pourtant pas davantage convaincus par les nouvelles dispositions. Si la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et les Jeunes agriculteurs saluent la possibilité de traiter les cultures deux heures avant le coucher du soleil, ils réclament aussi de pouvoir réaliser des traitements le matin et dénoncent l’instauration de nouvelles interdictions et contraintes. « Très tôt le matin, quand il y a une bonne hydrométrie, pas de vent et des températures basses, on peut réduire significativement les doses de produits phytosanitaires », assure Hervé Lapie, secrétaire général adjoint de la FNSEA.
Pour l’association de protection des pollinisateurs Pollinis, les nouvelles mesures, « en plus de compliquer la tâche aux agriculteurs, n’aideront que marginalement les abeilles domestiques, contraintes de plus en plus souvent de butiner dans les grandes cultures et dans des vergers saturés de pesticides ». Elles oublient en outre, précise l’association dans un communiqué, « les innombrables espèces de papillons de nuit, incontournables pollinisateurs dont les populations s’effondrent en France et en Europe, sans compter que ces substances, pulvérisées de nuit, ne disparaîtront pas à l’aube ».
Le texte prévoit toutefois plusieurs possibilités de dérogations, par exemple pour des « traitements flash » de fongicides ou pour faire face à des « bioagresseurs » dont l’activité est exclusivement diurne. Autre dérogation importante, l’arrêté précise que jusqu’à septembre 2022 − donc lors de la prochaine campagne de production − il sera possible de traiter à toute heure « à condition que la température soit suffisamment basse pour éviter la présence d’abeilles », sans que les seuils de température soient précisés. Selon le nouvel arrêté, l’Anses doit se prononcer sur les modalités permettant des traitements le matin ou sous un seuil de température. Selon les ministères, cet avis est attendu début 2022.
Déclin rapide et sévère
En attendant, les syndicats agricoles majoritaires maintiennent la pression sur le gouvernement. Pour la FNSEA, qui dénonce une « distorsion de concurrence » par rapport aux autres agriculteurs européens, le plan du gouvernement manque surtout de « vision globale ». « Plus on fait peser des contraintes sur les cultures qui sont des ressources mellifères, plus ces cultures risquent de disparaître, juge M. Lapie. Ça risque d’être contre-productif ! Il aurait fallu valoriser la complémentarité entre apiculteurs et agriculteurs, promouvoir les échanges et le dialogue et les projets de territoires plutôt que d’en passer encore par le cadre réglementaire qui se focalise sur les produits phytosanitaires. »
> Lire aussi « Les insectes pollinisateurs sont les véritables garants de notre sécurité alimentaire »
De fait, l’arrêté « abeilles » est le principal aspect réglementaire du plan national en faveur des insectes pollinisateurs et de la pollinisation. Mais ce dernier contient d’autres actions destinées à enrayer la baisse du nombre de pollinisateurs observée depuis plusieurs décennies. Ce déclin est rapide et sévère. Selon des travaux publiés en 2017 dans la revue PLoS One, plus de 75 % de la biomasse d’insectes volants auraient disparu des paysages représentatifs des campagnes d’Europe occidentale entre 1989 et 2016. D’autres travaux, publiés en 2019 dans la revue Nature, suggèrent que la biomasse des arthropodes (insectes, araignées, etc.) capturés chaque année sur un échantillon de 150 prairies allemandes a baissé de 67 % entre 2008 et 2017, tandis que le nombre d’individus présents sur ces sites a baissé de 78 % et la diversité des espèces rencontrées, de 34 %.
« Des mesures cosmétiques »
Le plan gouvernemental est décliné autour de six axes. Financement de recherche pour « objectiver le déclin » des pollinisateurs et affiner les connaissances sur ces espèces, promotion et partage des bonnes pratiques agricoles et apicoles, renforcement des procédures d’évaluation des risques des pesticides, etc. « Ce plan contient beaucoup de choses ambitieuses pour la recherche, mais pas d’actions concrètes », proteste M. Clément. Pour le systématicien et écologue Philippe Grandcolas, directeur de l’Institut de systématique, évolution, biodiversité, « des efforts de recherche sont en effet indispensables, mais nous savons déjà aujourd’hui que le problème, c’est l’agriculture industrielle et l’utilisation à grande échelle de pesticides, ce que le plan du gouvernement ne remet pas en cause ». « Dans le système actuel, on ne peut sans doute difficilement faire mieux mais, à moyen terme, c’est totalement insuffisant », ajoute le chercheur.
« La situation des pollinisateurs est trop grave pour que le gouvernement se permette d’annoncer triomphalement des mesures cosmétiques, déclare pour sa part Nicolas Laarman, délégué général de l’association Pollinis. Ce plan n’aura aucun effet sur la disparition des pollinisateurs. Il ne s’inscrit dans aucun projet à grande échelle visant à accompagner techniquement et financièrement les agriculteurs dans un processus de transition qui leur permettrait de se passer des pesticides de synthèse et de mettre enfin sur pied un modèle agricole durable et respectueux de la biodiversité. » Selon les cabinets des ministres, le plan bénéficiera « d’au moins » 115 millions d’euros de financements.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/22/le-plan-pollinisateurs-du-gouvernement-suscite-la-colere-des-apiculteurs_6103191_3244.html>
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8- Le trafic en eaux troubles des civelles, Le Monde, 23/11/21, 05h42
Thomas Saintourens
Alors que son exportation est interdite hors Union européenne, l’alevin d’anguille, en danger d’extinction, est l’objet d’un intense braconnage à destination de l’Asie. La campagne de pêche, qui commence en ce mois de novembre, s’annonce sous haute tension.
Un simple trio de « touristes », trois copains embarqués dans une virée à la découverte de l’Europe ; c’est ainsi que Guohong L. (52 ans), Fenghuang C. (50 ans) et Yang Z. (32 ans) se sont défendus face aux enquêteurs français intrigués par le contenu du coffre de leur voiture. A bord de leur monospace Seat d’occasion, arrêté la nuit du 16 mars 2019 lors d’un banal contrôle douanier sur une route de l’Ariège, les trois Chinois n’étaient pas seuls. Plusieurs millions d’alevins d’anguilles, appelés civelles, semblables à de petits spaghettis gélatineux, grouillaient dans vingt-trois sachets remplis d’eau fraîche. Au total, 101,24 kilos de marchandise illicite, dont le prix de vente peut atteindre, en Chine, 4 000 euros par kilo.
De bien curieux vacanciers que ces trois hommes voyageant sous des faux noms avec 3 000 euros en espèces. Lors de leurs auditions, aucun ne se souvient des villes visitées. Pas un ne sait justifier l’achat de six valises et de 100 kilos de glaçons. Ni leurs multiples allers-retours avec l’Espagne ou leurs incursions nocturnes aux abords de rivières poissonneuses.
> Lire aussi Un vaste trafic de civelles estimé à 18,5 millions d’euros démantelé en France
Au terme des investigations menées par l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp), les « touristes » apparaissent sous un autre visage. Celui d’une équipe de trafiquants composée d’un chauffeur, d’un négociant et d’un logisticien, tous trois originaires de Putian, une ville de la province du Fujian, réputée pour ses bassins d’engraissement d’anguilles. Guohong L., le plus chevronné du groupe, était déjà recherché par la police portugaise. Repéré à l’aéroport de Lisbonne, il coordonnait le transit de « mules » chargées de cet or blanc à destination de l’Asie.
Le tribunal correctionnel de Bordeaux a jugé les trois hommes coupables de trafic international d’espèce protégée en bande organisée, le 5 février 2021. Des peines de cinq ans de prison, dont trois avec sursis, ont été prononcées envers les deux principaux coordinateurs. Une première dans la lutte contre le marché illégal de ce poisson en danger d’extinction, estimé à plusieurs milliards d’euros par an selon l’association européenne Sustainable Eel Group. Un trafic saisonnier, calqué sur les dates de la pêche légale. La campagne 2021-2022, lancée ce mois de novembre, s’annonce sous haute tension.
Six cents pêcheurs habilités
« Après deux années particulières, marquées par des liaisons aériennes perturbées, les braconniers veulent se refaire, pressent Michel Vignaud, chargé de mission de police migrateurs et réglementation des pêches à l’Office français de la biodiversité (OFB). La demande asiatique est forte, si bien qu’on peut s’attendre à une forme de “rattrapage” des trafics. » Du Pays basque jusqu’à la Vendée, la pêche de ces alevins translucides de moins de 12 centimètres sera limitée cet hiver à un quota de 65 tonnes, partagé entre les quelque 600 pêcheurs habilités ; 60 % des prises de cet animal incapable de se reproduire en captivité sont réservées au repeuplement des rivières, les 40 % restant, autorisés à la vente. Depuis son classement à l’annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) en 2009, pour assurer sa protection, la civelle, appelée « pibale » dans le Sud-Ouest, est interdite d’export hors de l’Union européenne.
Mais c’est bien en Chine que l’Anguilla anguilla européenne est la plus prisée. Confrontée à la quasi-extinction de son espèce locale, l’Anguilla japonica, l’Asie est devenue un débouché aussi fructueux qu’illicite, où les prix peuvent être dix fois plus élevés qu’en France. Une aubaine pour les braconniers, pas rassasiés par un marché local limité à quelques restaurants gastronomiques, notamment en Espagne, où la pibale, appréciée en cassolette ou sur des tapas, est encore un mets de fête.
Pourtant, il y a de cela trente ans, les civelles pullulaient encore dans les fleuves de l’ouest de la France. C’était un « plat du pauvre », dont les surplus étaient utilisés pour fabriquer de la colle. Le déclin d’environ 75 % de sa population n’est pas imputable qu’à la surpêche. Pollution des rivières, changement climatique, urbanisation et gestion de l’eau erratiques ont fragilisé l’habitat de ce migrateur passant sa croissance dans les rivières françaises avant de repartir pondre, puis mourir, dans la mer des Sargasses.
Ces derniers mois, les affaires liées aux civelles se sont multipliées, en particulier dans le Sud-Ouest. Selon les informations du Monde, quatre dossiers d’ampleur sont actuellement à l’instruction à la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Bordeaux. Parmi eux, le suivi du démantèlement d’un réseau de trafiquants ayant entraîné la mise en examen, au printemps 2021, d’une dizaine de personnes. Au total, 46 tonnes de civelles auraient été écoulées, selon une architecture complexe, mêlant des plates-formes logistiques installées en Europe de l’Est (Pologne, Roumanie et Bulgarie), des sociétés écrans, situées en Irlande et au Panama, et un système de rétrocommissions entre l’Asie et l’Afrique, destiné à blanchir des gains estimés à 18,5 millions d’euros.
« Boucs émissaires »
« Les procès sont aussi un indicateur judiciaire de la perte de biodiversité », constate Me François Ruffié, avocat à Libourne (Gironde). Les prises miraculeuses depuis les quais de sa ville n’animent plus désormais que les souvenirs des anciens. « Les lieux de pêche, et donc de braconnage, se rapprochent de la côte, par exemple dans le Médoc en ce qui concerne la Gironde », remarque l’avocat, défenseur notamment de l’association France Nature Environnement. « Parmi les braconniers, on retrouve des petits criminels connus pour des délits et escroqueries divers – des histoires de drogue, de chasse, de voitures… –, des familles de gens du voyage, mais aussi des professionnels trichant sur les quotas », poursuit-il. Le 25 octobre, le tribunal correctionnel de Dax a ainsi condamné un mareyeur landais à dix-huit mois de prison avec sursis et 80 000 euros d’amende. Son tort ? Le recel de 55 kilos de civelles « non justifié ».
> Lire aussi Dans le Médoc, les trafiquants de civelle imitaient les barons de la drogue
En ce début de campagne, les premières sorties de pêche ne sont guère fructueuses. Cette froide nuit d’automne, Jean-Yves Elissalde laisse derrière lui les lumières de Bayonne, bercé par le ronronnement de son petit bateau gris filant sur l’Adour. La Lune pour seule témoin, ce professionnel expérimenté, muni d’une lampe frontale, remonte le fleuve pour y plonger ses deux filets de 120 centimètres de diamètre. Lui qui a appris le métier à l’âge de 13 ans, aux côtés de son père, a connu les années fastes autant que les crises, seul à la barre de son bateau comme aussi, parfois, devant celle du tribunal.
« La pêche à la civelle est la plus réglementée qui soit, et les pêcheurs sont trop souvent considérés comme des boucs émissaires », peste ce gaillard de 53 ans, critiquant des décisions prises par des « bureaucrates » hors sol, servant les intérêts de « la mafia de l’anguille fumée », des pays du nord de l’Europe. Les gagnants, selon lui, de la législation mettant la Chine hors jeu.
« Le meilleur moyen de lutter contre les trafics et de stabiliser la filière, c’est de pouvoir de nouveau vendre aux Chinois », estime-t-il. Ce soir, seulement trois civelles se tortillent dans ses filets. Rien à ajouter sur le fameux « livre de pêche » répertoriant les prises. Quand la météo et la marée seront propices, il ne sera plus seul à sonder les eaux troubles de l’Adour. L’appât du gain attirera les as discrets de la « pêche à la chaussette », réalisée depuis le rivage au moyen de larges tamis.
Un inspecteur roué de coups
Ces chercheurs d’or blanc tâcheront d’éviter les uniformes gris des agents de l’OFB, chargés de traquer les flagrants délits. Leurs face-à-face nocturnes sont de plus en plus tendus. Lionel Taillebois, inspecteur de l’environnement, trente-sept campagnes de pêche à son actif, a récemment été roué de coups par un groupe de braconniers installés en aval de Dax. « Les constatations sont complexes, face à des groupes toujours plus organisés, postant des guetteurs, et prêts à se défendre », confie-t-il. Selon lui, sur les 15 000 fiches de pêche récupérées chaque année, les services de l’OFB ne sont en capacité d’en contrôler qu’environ 2 %.
Une fois la marchandise entreposée dans un coffre de voiture commence la course contre la montre. Les civelles ne peuvent survivre plus de quarante-huit heures avant de retrouver un bassin avec suffisamment d’oxygène. « Le mode opératoire se rapproche désormais de celui du trafic de drogue, constate Patrick Gauchard, responsable de l’unité de Bordeaux du service d’enquêtes judiciaires et financières (SEJF). Les groupes utilisent des téléphones cryptés et des véhicules rapides ouvrant et fermant les convois. »
Ces camionnettes cherchent en priorité à rejoindre les aéroports internationaux, en limitant les pertes. « L’axe privilégié est l’autoroute A86, constate Michaël Faucher, chef divisionnaire des douanes de Bordeaux-Mérignac. Contrairement aux saisies de stupéfiants, essentiellement réalisées sur un axe sud-nord, les civelles sont acheminées vers l’Espagne, le centre de gravité des trafics. » En 2019, les services douaniers de Bordeaux ont saisi plus de 1,2 tonne de civelles, sur un total de cinq tonnes en Europe.
Après une étape éventuelle dans une zone « rebond » (au Maroc, dans les Balkans ou en Europe de l’Est, selon les dernières constatations), les alevins globe-trotters débarquent en Chine pour y subir un engraissement express, plongés dans les bassins de fermes aquacoles aux méthodes industrielles. Un cycle de croissance accéléré (parfois moins de quatre ans, contre sept ans habituellement) avant de se retrouver dans les assiettes. Certaines concluront cette longue migration vers l’Europe, sous la forme d’« anguilles tronçonnées », prêtes à être dégustées fumées ou surmontant des sushis.
> Lire aussi La Chine attise le trafic international de civelles
Mais passé les frontières, la trace des civelles se perd tout autant que celle des trafiquants, opérant dans des cellules cloisonnées où les « chefs » sont inconnus de leurs « soldats ». En dépit du développement de coopérations policières internationales, notamment avec la Guardia Civil espagnole, les donneurs d’ordre demeurent largement invisibles. Les trois Chinois condamnés à Bordeaux en février 2021 ont eux aussi disparu dans la nature, à la faveur de la pandémie. Remis en liberté sous contrôle judiciaire, puis absents à leur procès, ils sont à ce jour toujours recherchés.
<https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/23/le-trafic-en-eaux-troubles-des-civelles_6103212_3224.html>
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9- Près de la moitié de la population mondiale mange mal, AFP, 23/11/21, 11:00
Près de la moitié de la population mondiale souffre d'une mauvaise nutrition, avec des conséquences néfastes pour la santé mais aussi pour la planète, souligne un rapport publié mardi.
Selon ce rapport annuel intitulé "Global nutrition report" (GNR), dont les données viennent d'organisations comme l'ONU, la FAO, l'OMS ou l'Unicef, 48% des humains mangent actuellement trop ou trop peu.
Au rythme actuel, le monde n'atteindra pas huit des neuf objectifs nutritionnels fixés par l'Organisation mondiale de la santé pour 2025.
Il s'agit notamment de réduire l'émaciation des enfants (lorsqu'ils sont trop minces pour leur taille) et les retards de croissance (lorsqu'ils sont trop petits pour leur âge), ainsi que l'obésité des adultes.
Le rapport estime que près de 150 millions d'enfants de moins de cinq ans souffrent d'un retard de croissance, plus de 45 millions sont émaciés et près de 40 millions en surpoids.
Il révèle également que plus de 40% des hommes et femmes (2,2 milliards de personnes) sont en surpoids ou obèses.
"Les décès évitables, dus à une mauvaise alimentation, ont augmenté de 15% depuis 2010" pour représenter aujourd'hui "un quart de tous les décès d'adultes", a déclaré à l'AFP la présidente du groupe d'experts indépendants du GNR, Renata Micha.
"Nos résultats mondiaux montrent que notre alimentation ne s'est pas améliorée au cours des dix dernières années et constitue désormais une menace majeure pour la santé des gens et pour la planète", a-t-elle ajouté.
Selon le rapport, les populations ne consomment pas les quantités recommandées d'aliments bénéfiques pour la santé comme les fruits et les légumes.
Sans surprise, les pays à faible revenu ont la plus faible consommation de ces aliments.
Les pays à revenu plus élevé sont ceux qui consomment le plus les aliments ayant des effets nocifs sur la santé comme la viande rouge, les produits laitiers et les boissons sucrées et ont les taux les plus élevés de personnes en surpoids.
Le GNR a par ailleurs calculé que la demande alimentaire mondiale avait généré quelque 35% des émissions de gaz à effet de serre en 2018.
"Les aliments d'origine animale ont généralement une empreinte environnementale par produit plus élevée que les aliments d'origine végétale", indique le rapport.
En plus de perturber les systèmes alimentaires et de santé, la pandémie de Covid-19 a poussé environ 155 millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté, ajoute le rapport.
<https://www.sciencesetavenir.fr/sante/pres-de-la-moitie-de-la-population-mondiale-mange-mal_159365>
En savoir plus :
> 2021 Global nutrition report (GNR) <https://globalnutritionreport.org/reports/2021-global-nutrition-report/>
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10- Agriculture : on vous résume ce que prévoit la nouvelle PAC, que le Parlement européen vient d'adopter, France Télévisions, 23/11/21, 18:04
Marie-Adélaïde Scigacz
Le Parlement européen a donné son feu vert définitif à la nouvelle Politique agricole commune, destinée à "verdir" l'agriculture de l'UE, malgré l'opposition des écologistes et d'une partie de la gauche, qui dénoncent une opération de "greenwashing".
La PAC du compromis. Le Parlement européen a donné, mardi 23 novembre, son feu vert définitif à la nouvelle Politique agricole commune, qui se veut plus "verte". Après de longs mois de difficiles pourparlers, en raison de l'opposition des écologistes et d'une partie de la gauche qui ne la jugent pas à la hauteur des ambitions environnementales de l'UE, les eurodéputés réunis en session plénière à Strasbourg, ont validé les trois textes qui vont régir cette PAC à partir de janvier 2023.
Ils ont été approuvés respectivement à 452 voix (178 contre, 57 abstentions), 485 voix (142 contre et 61 abstentions) et 487 voix (130 contre et 71 abstentions). Le groupe des Verts a voté contre ces trois textes, de même qu'une partie des sociaux-démocrates (S&D) et la majorité de la GUE (gauche radicale). On vous résume ce que prévoit cette nouvelle PAC.
• Un budget en augmentation
• Des politiques nationales conformes au Pacte vert européen
• Des primes pour les "écorégimes" et une "réserve de crise"
• Une PAC très critiquée en France
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/on-vous-resume-ce-que-prevoit-la-nouvelle-politique-agricole-commune-que-le-parlement-europeen-vient-d-adopter_4855763.html>
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11- Suicides chez les agriculteurs : le gouvernement lance une « mobilisation collective », Le Monde avec AFP, 23/11/21, 19h54
Le gouvernement a présenté, mardi, une feuille de route, dans l’espoir d’enrayer les suicides dans cette profession.
C’est un plan d’action qui était attendu depuis décembre 2020 et la remise d’un rapport du député de la majorité Olivier Damaisin sur la prévention des suicides d’agriculteurs. Un rapport sur le même sujet a aussi été publié en mars 2021 par les sénateurs Henri Cabanel (groupe RDSE) et Françoise Férat (Union centriste).
Le gouvernement a présenté, mardi 23 novembre, une feuille de route de « prévention du mal-être et d’accompagnement des agriculteurs en difficulté », dans l’espoir d’enrayer les suicides dans cette profession.
Un risque de suicide plus élevé que le reste de la population
Elle a été présentée, au ministère de l’agriculture, par les ministres de la santé, Olivier Véran, et de l’agriculture, Julien Denormandie, ainsi que par le secrétaire d’Etat chargé des retraites et de la santé au travail, Laurent Pietraszewski. Elle part d’un terrible constat : les agriculteurs se suicident plus que le reste de la population. Selon les données les plus récentes de la sécurité sociale agricole (MSA), 529 suicides ont été dénombrés en 2016 parmi le 1,6 million d’assurés du régime agricole âgés d’au moins 15 ans. Chez les assurés de la MSA, âgés de 15 à 64 ans, le risque de suicide était alors supérieur de 43,2 % à celui des assurés de l’ensemble des régimes de sécurité sociale. Au-delà de 65 ans, le risque de suicide dans cette tranche d’âge était deux fois plus élevé par rapport à la population générale.
> Lire aussi Suicides chez les agriculteurs : le gouvernement lance une « mobilisation collective »
Cette réalité a, pourtant, longtemps été « taboue » dans la profession, ont estimé les participants à cette réunion. Le gouvernement prévoit, notamment, de structurer et de former des réseaux de « sentinelles » ou de volontaires gravitant autour des agriculteurs « à même de détecter les situations de détresse ».
Parmi les mesures qui seront engagées, la « création de comités de pilotage dans chaque département », courant 2022, afin de mieux coordonner la prévention localement. Ces comités réuniront « un très large panel d’acteurs » (représentants de l’Etat, du monde agricole, professionnels de santé, banques). L’exécutif entend aussi structurer et former des réseaux de « sentinelles », des volontaires gravitant autour des agriculteurs « à même de détecter les situations de détresse ».
Il prévoit aussi de renforcer financièrement des dispositifs permettant de soulager les agriculteurs, notamment l’« aide au répit » (qui finance le remplacement jusqu’à dix jours des exploitants en situation d’épuisement professionnel) et le crédit d’impôt remplacement. Au total, l’enveloppe dédiée au mal-être agricole passera de 30 à 42 millions d’euros par an.
« La surmortalité par suicide » des agriculteurs « nous oblige », a déclaré le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie. « Quand vous ne gagnez pas votre vie, travaillez 80 heures par semaine (…), êtes isolé », il faut être encore « plus inventifs, côté prévention », a souligné le ministre de la santé, Olivier Véran. Il a rappelé le numéro national de prévention du suicide (3114) que les agriculteurs peuvent appeler en complément de la plate-forme Agri’Ecoute mise en place par la MSA (09-69-39-29-19).
> Lire l’enquête : Suicides d’agriculteurs, l’hécatombe silencieuse
L’association Solidarité Paysans, dont l’action a été saluée à plusieurs reprises, a refusé de se rendre à la présentation, expliquant dans un communiqué que la feuille de route n’était « pas à la hauteur des enjeux et ne répond [ait] pas aux besoins concrets des agriculteurs en difficulté ». « Le suicide n’est que la pointe émergée de l’iceberg de la souffrance au travail des agricultrices et des agriculteurs », ajoute l’association, jugeant « urgent d’interroger [le] modèle industriel de développement agricole qui engendre isolement, surcharge de travail… ».
Le déclic du film « Au nom de la terre »
Le député de la majorité Olivier Damaisin, à l’origine d’un autre rapport, a, pour sa part, dit espérer qu’« une page puisse se tourner ». « Si on est là, Edouard y est pour beaucoup », a ajouté l’élu du Lot-et-Garonne, en référence au réalisateur Edouard Bergeon.
Son film Au nom de la terre, sur la dépression d’un éleveur (interprété par Guillaume Canet) pris dans la spirale du surendettement, avait rencontré un vif succès en salles fin 2019. La FNSEA avait « eu très peur de mon film », a retracé M. Bergeon, se félicitant d’avoir « brisé un tabou », « libéré la parole ». Le film est adapté de sa propre histoire : son père agriculteur s’est suicidé en 1999 en ingérant des pesticides. « Mes parents étaient seuls » quand les difficultés se sont accumulées, a-t-il décrit. Selon lui, le plan présenté mardi est « important, nécessaire », même si « certains diront qu’il ne va pas assez loin ».
> Lire aussi « Au nom de la terre » : Emotions à Marmande face à un film sur le suicide de paysans
<https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/23/suicides-chez-les-agriculteurs-le-gouvernement-lance-une-mobilisation-collective_6103324_3224.html>
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12- Au Niger, la Grande muraille verte avance à petits pas, AFP, 24/11/21, 15:00
Boureima Hama
Au sol, des chèvres croquent des graines d'acacia, un arbuste aux redoutables épines : jadis paysage lunaire, le plateau de Simiri, ville située à une centaine de km au nord de Niamey, capitale du Niger, s'est transformé en un petit paradis pour la faune et la flore.
"Bienvenue sur le site de la Grande muraille verte de Simiri, une petite forêt de plus de 25 hectares qui a poussé sur un terrain caillouteux", se félicite en accueillant l'AFP le capitaine Mouhamadou Souley, chef des Services de la lutte contre la désertification.
Des termites s'enfoncent dans des galeries, on peut voir des empreintes d'écureuils et de perdrix, ainsi que des mantes religieuses accrochées aux arbres où des nuées de sauterelles dévorent les feuillages.
La reforestation de l'hostile plateau de Simiri a débuté en 2013.
Armés de pioches et de bêches, des villageois ont construit des digues en terre qui retiennent plus longtemps les eaux de pluie autour des jeunes arbres pour assurer leur croissance, même en cas de sécheresse.
"Par là, nous avons déjà lancé des travaux d'extension de 65 autres hectares", montre du doigt le capitaine Souley.
- 8.000 km de verdure -
Pharaonique projet de l’Union africaine, la Grande muraille verte (GMV) vise à restaurer d'ici 2030 cent millions d’hectares de terres arides en Afrique, sur une bande de 8.000 km de long allant du Sénégal à Djibouti, en passant par la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan, l’Erythrée et l’Éthiopie.
La partie nigérienne de la GMV est essentiellement formée d'acacia Sénégal (gommier blanc) et de Bauhinia rufescens, deux espèces très résistantes à la sécheresse pouvant culminer à douze mètres.
"Leurs feuilles et graines sont riches en protéines pour le bétail", se réjouit Garba Moussa, paysan de Bani-Maté, un hameau proche du site. "Cuites ou séchées, nous les consommons aussi comme aliments de survie pendant les graves disettes", ajoute-t-il.
"Cet endroit était un paysage stérile, voilà qu'une petite forêt renaît par miracle !", exulte Moussa Adamou, le maire de Simiri, qui note "le retour du gibier". Désormais, même "les girafes" quittent leur lointain habitat de Kouré, au sud de Niamey, pour venir savourer les tendres feuilles d'acacia, affirme-t-il.
D'ici la date butoir de 2030, le Niger, Etat aux trois-quarts désertique, ambitionne de "reverdir" 3,6 millions d'hectares de terres sur 37,5% de son immense territoire, selon le colonel Maïsharu Abdou, directeur général de l'agence de la GMV au Niger.
- "Une course de fond" -
Pour réaliser ce rêve, ce pays, un des plus pauvres au monde, a besoin de plus de 454,645 milliards FCFA (plus de 693 millions d'euros), selon lui.
L'Union européenne, l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la Banque mondiale et des bailleurs de fonds bilatéraux, ont déjà mis à la main à la poche.
En plus de stopper le désert, le projet est aussi axé sur l’accès à l'eau, à l’énergie solaire, ainsi que sur des volets socio-économiques : maraîchage, pisciculture, élevage bovin, fermes avicoles, l’enjeu étant de fournir des emplois à une population minée par la pauvreté.
"C'est une course de fond", estime le colonel Abdou et des ONG locales se sont lancé dans la bataille.
"Nous allons reboiser 100 hectares dans six communes, nous avons nos pépinières et nous avons creusé des forages d'eau", explique Issa Garba, de l'organisation Jeunes volontaires pour l'Environnement (JVE).
Cependant, les attaques jihadistes qui endeuillent plusieurs pays de la GMV risquent de compromettre la concrétisation de ce chantier gigantesque.
"L'insécurité a porté un coup dur à sa réalisation (...) Tous les pays sont tournés vers la lutte contre l'insécurité", s'alarme Issa Garba.
"Il y a des zones où les paysans ont peur de s'aventurer pour mener des actions de reboisement ou d'entretien des arbres", note de son côté Sani Yaou, un expert nigérien.
Après une décennie de travaux, "on a fait une première évaluation en 2020 et ce qui a été réalisé (...) c'est 8% à 12%" de l'ensemble, révèle le colonel Abdou.
Au Niger, les zones forestières du sud ont déjà perdu un tiers de leur surface, pour ne plus représenter que 1 à 2% du pays, d’après le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
Les surfaces arables sont donc autant de trésors pour ce pays dont 80% de la population vit d’une agriculture de subsistance.
De 23 millions d'habitants en 2019, la population nigérienne doit passer à 30 millions en 2030 et 70 millions en 2050, selon la Banque mondiale. D'ou l'importance vitale de la réussite rapide de la GMV.
<https://information.tv5monde.com/info/au-niger-la-grande-muraille-verte-avance-petits-pas-433788>
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13- Pesticides : une étude suggère de fixer les distances minimales d’épandage à plus de 100 mètres des habitations, Le Monde, 25/11/21, 09h32
Stéphane Mandard
Une campagne de prélèvements menée par l’association Générations futures remet en cause les distances (de 3 à 20 mètres) fixées par le gouvernement pour protéger les riverains.
Voilà une nouvelle étude dont les résultats risquent de relancer le débat explosif sur l’exposition aux pesticides des riverains des zones agricoles. Ils confirment en effet, sur le terrain, que les distances minimales d’épandage retenues par le gouvernement (3 mètres, 5 mètres, 10 mètres et plus exceptionnellement 20 mètres) sont largement insuffisantes pour les mettre à l’abri. A l’initiative de l’association Générations futures, une campagne participative de mesure de pesticides dans l’air (Exporip) a été organisée entre avril et octobre aux domiciles de 58 volontaires, répartis dans 26 départements. Elle a permis d’obtenir 58 échantillons à partir d’une méthode originale : un prélèvement sur la vitre du logement, à l’aide d’une lingette. L’analyse des échantillons a été confiée au laboratoire indépendant Yootest.
> Lire aussi : Le gouvernement opte pour des distances très réduites entre zones d’épandage et habitations
Trente pesticides, parmi les plus utilisés, ont été recherchés. Pour des raisons techniques et de coûts, des substances comme le glyphosate ou le folpel (très utilisé dans les vignes contre le mildiou) n’ont pu être dépistées. Quinze pesticides ont été détectés au moins une fois : neuf fongicides, cinq herbicides et un insecticide. Des résidus ont été identifiés dans près de 80 % des échantillons. Leur occurrence varie en fonction de la distance entre les habitations et les cultures : des pesticides sont identifiés dans 95 % des échantillons prélevés à moins de 20 mètres ; la proportion est quasiment la même entre 20 et 100 mètres (90 %) ; elle chute à 50 % au-delà de 100 mètres.
La même tendance est constatée si on s’intéresse au nombre de pesticides différents retrouvés par échantillon : 3,1 en moyenne à moins de 20 mètres, 2,6 entre 20 et 100 mètres et 1,2 au-delà de 100 mètres. La grande majorité (73 %) des échantillons sans trace de résidus de pesticides a été prélevée sur des fenêtres situées à plus de 100 mètres des cultures. En termes de concentration, enfin, la valeur médiane entre 20 mètres et 100 mètres est comparable, et même légèrement supérieure, à celle pour les habitations à moins de 20 mètres d’une culture.
Un fongicide et un herbicide très présents
Autre indication de l’étude : les résultats varient en fonction de la nature des cultures. Les pesticides sont ainsi plus fréquemment détectés près des vignes (94 %) qu’à proximité des grandes cultures (73 %). Ils montrent aussi une prévalence des fongicides chez les riverains des vignes et des herbicides aux domiciles situés à proximité des grandes cultures (blé, maïs, orge, colza, tournesol, etc.), ce qui est cohérent avec les usages liés à ces cultures. En matière de concentrations, les niveaux retrouvés près des vignes (489 ng/m² en valeur médiane) sont également supérieurs à ceux mesurés à proximité des grandes cultures.
Parmi les substances les plus retrouvées, toutes cultures confondues, un fongicide et un herbicide apparaissent dans plus de 40 % des échantillons. Il s’agit de l’amétoctradine, suspecté d’être nocif pour la reproduction, et du métolachlore, soupçonné d’agir comme un perturbateur endocrinien. On retrouve également un produit bien connu de la communauté scientifique, le boscalid, un fongicide de la classe des inhibiteurs de la succinate déshydrogénase, les controversés SDHI dont l’interdiction est réclamée par de nombreux chercheurs qui les soupçonnent d’être à l’origine de certains cancers ou de maladies neurodégénératives.
> Lire aussi Pesticides : des associations attaquent l’Etat pour n’avoir pas assez protégé la biodiversité
Même si ces résultats ne portent que sur un nombre limité d’échantillons, une tendance se dessine : l’exposition aux pesticides (en matière d’occurrence de résidus, de nombre de résidus trouvés et de concentration médiane) semble assez comparable pour les habitations à moins de 20 mètres et pour celles situées de 20 à 100 mètres d’une parcelle traitée. Ce n’est qu’au-delà de 100 mètres que les chiffres sont significativement plus bas.
« Ces résultats suggèrent qu’une distance de plus de 100 mètres avec les cultures permet de limiter l’exposition des riverains aux résidus de pesticides », commente François Veillerette, porte-parole de Générations futures. Cette distance ne met toutefois pas à l’abri de toute contamination : des traces de pesticides ont été détectées dans un échantillon prélevé à 1 500 mètres de la première culture. Un résultat qui illustre la dérive importante des pulvérisations de pesticides.
Etude étatique près des exploitations viticoles
« Le gouvernement doit mettre en place des zones sans traitement réellement significatives, poursuit François Veillerette. Avec des distances bien plus larges que les 5, 10 ou 20 mètres prévus actuellement et très insuffisantes pour protéger les riverains des pulvérisations de pesticides. » Le Conseil d’Etat a également demandé au gouvernement de revoir sa copie pour « mieux protéger la population ». En juillet, il lui a ainsi ordonné d’augmenter les distances minimales d’épandage pour les substances seulement « suspectées » – et non avérées ou présumées – d’être cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (les agents CMR), et les a fixées à 5 mètres pour les cultures basses comme les céréales ou les légumes.
La plus haute juridiction administrative a donné six mois à l’exécutif pour présenter un nouveau texte. Au ministère de la transition écologique et solidaire, on indique que « le travail se poursuit » et qu’« un dispositif juridique sera adopté avant l’échéance fixée par le Conseil d’Etat ». A l’origine du recours, Générations futures et les maires ayant pris des arrêtés antipesticides – tous cassés par la justice – prônent des distances d’au moins 100, voire 150 mètres.
De leur côté, pour « objectiver » le débat, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et Santé publique France viennent de lancer une vaste étude d’exposition aux pesticides des riverains d’exploitations viticoles. Des analyses de cheveux et d’urines doivent être conduites auprès de 1 500 adultes et 750 enfants vivant à moins de 500 mètres de vignes et à plus d’un kilomètre de toute autre culture. Les résultats finals ne sont pas attendus avant 2024. Trop tardif pour Générations futures, qui compte renouveler sa propre campagne de mesures en 2022.
> Lire aussi PestiRiv, l’étude sur les pesticides qui inquiète les vins de Bordeaux
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/25/pesticides-une-etude-suggere-de-fixer-les-distances-minimales-d-epandage-a-plus-de-100-metres-des-habitations_6103482_3244.html>
En savoir plus :
> Des riverains exposés aux pesticides jusqu’à 100 mètres et plus de la zone d’épandage la plus proche ! <https://www.generations-futures.fr/actualites/exporip-riverains-pesticides/>, Générations futures, 25/11/21
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14- Après une année de baisse, un important rebond des ventes de pesticides en 2020, Le Monde, 25/11/21, 10h46
Stéphane Foucart et Perrine Mouterde
Les quantités de substances actives écoulées ont augmenté de 23 % par rapport à 2019. Les tonnages de glyphosate et de prosulfocarbe vendus sont en forte hausse.
Après une année de baisse, une année de hausse se profile. Les derniers chiffres d’utilisation des pesticides ont été communiqués, lundi 22 novembre, aux membres du comité d’orientation et de suivi du plan Ecophyto, visant à surveiller et à mesurer l’évolution du recours aux produits phytosanitaires dans les campagnes françaises. Les éléments présentés confirment des données préliminaires déjà communiquées, indiquant une forte réduction de l’intensité d’usage de ces produits en 2019, par rapport à l’année précédente. Mais les chiffres disponibles pour l’année 2020 laissent entrevoir un important rebond.
> Lire aussi Pesticides : une étude suggère de fixer les distances minimales d’épandage à plus de 100 mètres des habitations
Premier enseignement : les données consolidées pour l’année 2019 confirment une forte baisse du recours aux « phytos » par rapport à l’année précédente. Le nombre de doses unité (NODU), l’indicateur de référence de l’intensité d’usage des pesticides, a chuté de 37 % en 2019 par rapport à l’année précédente. Celle-ci avait été marquée par des achats massifs, motivés par l’anticipation d’une augmentation des taxes sur les ventes de ces produits. Toutefois, en moyenne triennale, le NODU a augmenté de 15 % environ entre les périodes 2009-2011 et 2017-2019.
Le NODU de l’année 2020 n’a pas été présenté au cours de la réunion, seules les quantités brutes vendues étant disponibles. Celles-ci sont un indicateur moins précis de la réalité du recours aux pesticides, car il n’intègre pas les surfaces et la nature des cultures traitées, mais il offre un indice de l’évolution. Celle-ci est orientée à la hausse : en 2020, les quantités de substances actives écoulées, sans comptabiliser les produits autorisés en agriculture biologique, ont augmenté de 23 % par rapport à 2019.
> Lire aussi Le gouvernement contraint de réglementer l’usage des pesticides dans les sites Natura 2000
Les substances les plus dangereuses stagnent
Une forte augmentation des tonnages d’herbicides vendus tire la tendance : les quantités de glyphosate écoulées en 2020 ont notamment bondi de 42 % par rapport à l’année précédente. Elles se situent à plus de 8 600 tonnes, un niveau comparable à ce qui est enregistré depuis dix ans. Un autre herbicide controversé, le prosulfocarbe, est en forte augmentation. Il est dénoncé par les agriculteurs biologiques du fait de sa tendance à dériver sur de grandes distances et à abîmer les cultures voisines des traitements. Toutefois, les substances réputées les plus dangereuses, dites CMR1 (cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques avérés ou présumés), sont en baisse. Les CMR2 (cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques suspectés) stagnent entre 2019 et 2020.
> Lire aussi L’Europe exporte des milliers de tonnes de pesticides « tueurs d’abeilles » pourtant interdits sur son sol
Pour les associations de défense de l’environnement, cette réunion du comité d’orientation et de suivi du plan Ecophyto, la première tenue depuis janvier 2020, est décevante. La fédération France Nature Environnement (FNE) se dit « en colère » devant les résultats présentés. L’association Générations futures note de son côté l’absence, dans les points abordés, des mesures prévues pour répondre à la décision du Conseil d’Etat du 26 juillet, qui ordonne à l’Etat de mieux protéger les populations riveraines des épandages.
La haute juridiction a donné six mois au gouvernement pour revoir l’encadrement de l’usage des pesticides CMR2 : augmentation des distances minimales d’épandage, mesures de protection des personnes travaillant à proximité des traitements et information des riverains en amont de l’utilisation de ces produits.
> Lire aussi Le plan « pollinisateurs » du gouvernement suscite la colère des apiculteurs
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/25/apres-une-annee-de-baisse-un-important-rebond-des-ventes-de-pesticides-en-2020_6103541_3244.html>
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15- A Mossoul après la guerre, on plante des acacias et des cyprès, AFP, 25/11/21, 14:00
Acacias, citronniers, cyprès et petits flamboyants : quelque 300 arbres ont été plantés jeudi sur le campus d'une université de Mossoul, coup d'envoi d'une campagne pour lutter contre la désertification dans cette métropole du nord de l'Irak, ancien bastion jihadiste ravagé par la guerre.
Au total, quelque 5.000 arbres seront mis en terre ces deux prochains mois à Mossoul et ses environs grâce à des financements du centre de crise et de soutien du ministère français des Affaires étrangères.
Jeudi matin, des volontaires et des étudiants, hommes et femmes, munis de pelle creusaient les pelouses clairsemées de l'Université technique de Mossoul pour y planter des arbres à la silhouette frêle, tout près des tuyaux d'irrigation devant assurer leur survie.
Des cyprès, citronniers, pins, acacias, mais aussi margousiers et petits flamboyants, poétiquement appelés en arabe les "moustaches du roi" : quelque 300 arbres ont été mis en terre, explique Abdel Aziz al-Saleh, responsable communication de "Mosul Eye", l'œil de Mossoul, média citoyen chargé de mener à bien le projet.
"L'objectif est de lutter contre la désertification à Mossoul qui n'a pas beaucoup d'espaces verts, nombre d'entre eux ayant disparu avec la guerre", a-t-il dit à l'AFP.
L'Irak est le cinquième pays au monde le plus affecté par le changement climatique, vivant des sécheresses de plus en plus sévères et une baisse des précipitations.
"Ces dernières années (...) il y a moins de pluies, les eaux souterraines s'assèchent, les températures augmentent", a déploré M. Saleh.
Le collectif Mosul Eye a vu le jour initialement pour dénoncer les exactions des jihadistes du groupe Etat islamique (EI), chassés de Mossoul en 2017 au terme d'une offensive des forces irakiennes soutenues par une coalition internationale.
Jeudi, Aysan Samir, apiculteur de 23 ans dans la région de Mossoul, est venu planter des arbres.
"La province de Mossoul était une province sinistrée. Replanter des espaces verts ça redonne de l'espoir et de la vie dans la ville", confie le jeune homme.
Avec "l'accroissement des espaces verts, les habitants de Mossoul pourront se détendre dans les jardins".
D'ici 2050, une hausse de température d'un degré Celsius et une baisse des précipitations de 10% en Irak entraîneraient une chute de 20% de l'eau douce disponible, a averti mercredi la Banque mondiale, précisant qu'un tiers des terres agricoles irriguées seraient alors privées d'eau.
<https://information.tv5monde.com/info/mossoul-apres-la-guerre-plante-des-acacias-et-des-cypres-433938>
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16- « La forêt est notre avenir » : face aux suppressions de postes, les employés de l’ONF réclament « un vrai débat à l’Assemblée », Le Monde avec AFP, 25/11/21, 17h56
Des centaines d’employés de l’Office national des forêts ont manifesté jeudi pour demander la « renégociation du contrat avec l’Etat », alors que les 500 ouvriers forestiers seront remplacés par des prestataires extérieurs, moins bien formés, selon eux.
« La forêt peut nous sauver si on la préserve » : des centaines d’employés de l’Office national des forêts (ONF) ont manifesté jeudi 25 novembre pour demander la « renégociation du contrat avec l’Etat » qui prévoit 500 suppressions de postes, et une vision d’avenir pour affronter le changement climatique.
« Des bras pour planter des arbres », « des moyens et une nouvelle gouvernance » : vêtus de l’uniforme vert bouteille de forestier, ils étaient réunis devant le siège de l’ONF à Paris à l’appel d’une intersyndicale, pour dire leur colère face à « un modèle économique à bout de souffle » et « incapable de répondre à l’urgence climatique », selon une journaliste de l’Agence France-Presse.
« On a perdu 5 000 emplois en vingt ans : aujourd’hui, nous ne sommes plus que 8 000 à assurer la gestion des forêts publiques. La baisse des effectifs a conduit à un recentrage sur les activités commerciales au détriment de nos missions de service public », explique Patrice Martin, secrétaire général du Snupfen-Solidaires, premier syndicat du secteur public à l’ONF.
« Nous demandons la renégociation du contrat ONF-Etat 2021-2025, qui a été adopté de justesse par le conseil d’administration en juillet : tous les syndicats, mais aussi les représentants des 11 000 communes forestières, les associations ont voté contre », a-t-il déclaré.
> Lire le reportage : Confronté à une crise financière, l’ONF se cherche un avenir
Gobelet de café chaud à la main, les ouvriers forestiers ne comprennent pas qu’on supprime 500 postes « tout en injectant des millions pour planter des arbres : qui va les planter, les entretenir ? », demande David Druesne, venu d’Annecy. « L’Etat étrangle financièrement l’ONF au lieu d’assurer ses missions : ce qu’on demande, c’est un modèle économique viable, qui permette de faire face aux enjeux climatiques », martèle Patrice Martin.
Le nouveau contrat d’objectifs et de performance a fait l’objet d’âpres batailles, tant au sein de l’ONF que parmi les élus.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/25/la-foret-est-notre-avenir-face-aux-suppressions-de-postes-les-employes-de-l-onf-reclament-un-vrai-debat-a-l-assemblee_6103591_3244.html>
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17- Val-d'Oise : plus de 200.000 arbres plantés cet hiver pour créer une nouvelle forêt, AFP, 25/11/21, 20:00
Quelque 233.400 plants d'arbres ont commencé à être plantés jeudi sur le site de la future forêt de Pierrelaye-Bessancourt, un nouveau poumon vert à une vingtaine de kilomètres de Paris, a annoncé le syndicat mixte qui pilote le projet.
Démarrées en 2019, les plantations qui visent à créer artificiellement cette nouvelle forêt entrent dans une nouvelle phase ces prochains mois sur une centaine d'hectares, a indiqué le syndicat mixte d'aménagement de la plaine de Pierrelaye-Bessancourt (SMAPP), dans un communiqué commun avec le conseil départemental du Val-d'Oise.
L'objectif affiché est de créer une nouvelle forêt d'un million d'arbres, vaste de 1.340 hectares, à cheval sur sept communes du département.
"C'est une forêt qui viendra créer un poumon vert entre la forêt de Montmorency et celle de Saint-Germain-en-Laye", a déclaré Anne Locatelli-Biehlmann, la directrice du syndicat mixte, pointant un projet "très exceptionnel".
Le SMAPP acquiert au fur et à mesure des terres dans ce secteur (724 hectares à ce jour), sur une plaine historiquement agricole, mais dont les sols ont subi une pollution due aux épandages successifs de la Ville de Paris.
"Cet aménagement forestier emblématique viendra contribuer au développement de la biodiversité, à la lutte contre la pollution atmosphérique et contre le réchauffement climatique", a souligné le syndicat mixte.
"84,5 millions d’euros seront investis pour la création de la forêt", a précisé cette source.
Dans une région parisienne très urbanisée, et où la pression foncière ne cesse de croître, ce massif sera accessible au grand public mais ne sera mature que dans 30 à 50 ans selon les essences.
Chênes, charmes, églantiers ou merisiers ont été sélectionnés par l'Office national des forêts (ONF), maître d’œuvre de l'opération.
Dans le sud-ouest de la France, la forêt des Landes est un autre exemple de forêt créée par l'Homme. D'une superficie d'environ un million d'hectares, elle se distingue en revanche comme étant essentiellement une monoculture industrielle de pins maritimes.
<https://information.tv5monde.com/info/val-d-oise-plus-de-200000-arbres-plantes-cet-hiver-pour-creer-une-nouvelle-foret-433983>
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18- La nouvelle PAC, censée verdir l'agriculture européenne, fait polémique, Novethic, 25/11/21
Mathilde Golla
Le Parlement européen a validé la réforme de la Politique agricole commune (PAC) qui fixe les grandes orientations agricoles à partir de 2023 pour quatre années. Dotée d'un budget de 387 milliards d'euros, ce pilier de l’Union européenne a été conçu pour "verdir" l'agriculture. Mais ses détracteurs déplorent un système en désaccord avec le "green deal" européen et incompatible avec les défis environnementaux et sociaux actuels.
Après d'âpres négociations, l’Europe se dote de nouvelles règles de politique agricole Commune (PAC) particulièrement complexes. Les eurodéputés ont adopté la réforme à 452 voix contre 178 et 57 abstentions mais le nouveau cadre d’attribution des subventions censé "verdir" l’agriculture du continent est loin de faire l’unanimité. Le système reste accusé de favoriser les plus gros exploitants agricoles conventionnels, au détriment des plus petits, alors que l’agriculture représente aujourd’hui un tiers des émissions de gaz à effet de serre du continent.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/la-nouvelle-pac-est-votee-deux-nouvelles-regles-pour-verdir-l-agriculture-font-polemique-150338.html>
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19- Décryptage. Alimentation : l’essor du local fait de l’ombre au bio, Le Monde, 26/11/21, 05h34
Laurence Girard et Cécile Prudhomme
Les consommateurs en quête de qualité se ruent sur les produits locaux. Cet intérêt n’a pas échappé à la grande distribution, qui étoffe ses rayons. Cette tendance pénalise le bio : plus vertueux… mais plus cher.
Tendance qualifiée d’émergente il y a encore quelques années, l’intérêt des Français pour une consommation plus responsable s’est considérablement développé avec la crise liée au Covid-19. Plus proche du consommateur, mieux identifiée dans sa provenance, la demande de produits locaux ou régionaux est en plein essor. Alors que, dans le même temps, dans les magasins, les ventes de produits alimentaires bio sont en recul de 1,7 % sur les dix premiers mois de l’année.
Un Français sur quatre déclare avoir consommé davantage auprès des producteurs locaux en 2020, selon un sondage Ipsos du 2 février. Et les Français, interrogés en juin par l’IFOP, seraient même 66 % prêts à « acheter plus de produits locaux et made in France, quitte à les payer 10 % ou 15 % plus chers », alors que seulement 36 % feraient de même avec des « produits alimentaires bio ».
Protectionnisme
Dans les enquêtes d’opinion du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, Pascale Hebel, la directrice du pôle consommation et entreprises, constate, elle aussi, « cette envie d’avoir des produits locaux, régionaux. Le local au sens large ». Est-ce parce qu’après le Covid-19 « le consommateur, inquiet de ce qu’il mange, a besoin d’être rassuré » ou bien parce qu’il fréquente davantage des grandes surfaces de proximité où « la part d’offre de produits bio est plus faible » ? Elle constate, en tout cas, que les profils sont différents. Le local attire « plutôt des populations plus âgées, entre 45 ans et 60 ans, plus matures, davantage préoccupées par des questions de protectionnisme des produits français », alors que le bio intéresse « des populations plus jeunes, moins au fait des enjeux économiques ».
Emily Mayer, du cabinet d’études IRI, note également « une dynamique des produits locaux. Pour les consommateurs, ils cochent la case qualité recherchée. Et ils sont en moyenne 10 % plus chers, contre un différentiel de prix de près de 30 % pour le bio ». Cet institut a mené une étude en mai pour scruter la croissance des marques locales. Le constat est sans appel : « En moyenne, elles progressent de 6 % quand le marché de la grande consommation croît de 2 % », ajoute Mme Mayer.
L’institut IRI a défini l’offre locale en se basant sur les entreprises qui réalisent plus de 50 % de leur activité dans leur région de production. Avec ce postulat, qui exclut les produits frais, il estime ce marché à 1,8 milliard d’euros. Des différences sensibles apparaissent, selon les zones géographiques.
En Bretagne et dans le Grand-Est, les marques locales pèsent près de 5 % du chiffre d’affaires total des magasins, quand le ratio n’est que de 0,5 % en Ile-de-France. La notion de terroir est aussi plus présente dans la crémerie, la charcuterie, les spécialités traiteur ou les alcools que dans d’autres rayons.
Si d’emblée les fromages AOP ou les vins IGP ont, de par leur nature, toujours revendiqué leur origine régionale, la gamme de produits jouant sur cette proximité avec le consommateur s’élargit. Des fabricants de beurre, mais aussi des vendeurs de lait ou de yaourts n’hésitent pas à troquer la mention « lait de France », pour évoquer un lait breton, savoyard ou vendéen, voire le nom de la ferme où est brassé le laitage.
Dans les assortiments de bière, les grands groupes Carlsberg et Heineken ont dû faire de la place aux bouteilles des microbrasseries, dont le nombre a explosé en France. Certains industriels, comme le leader français du poulet LDC, considèrent même comme une innovation le fait de décliner sa marque nationale Le Gaulois, selon le lieu de production. Les découpes de volaille arborent donc le nom d’une des six régions où se situent les abattoirs.
> Lire aussi L’explosion des bières artisanales
Cet intérêt des consommateurs n’a pas échappé aux grandes surfaces. « Face à la hausse de la demande, les acteurs de la grande distribution mettent les bouchées doubles pour référencer les acteurs locaux », relevaient les analystes de Xerfi Precepta dans une étude, parue en janvier, sur les stratégies des acteurs sur le marché des produits locaux et régionaux.
A l’entrée du magasin Carrefour du boulevard Saint-Marcel, à Paris, un rayon estampillé « local » accueille le client. Sous cette bannière, l’enseigne a regroupé des produits laitiers fabriqués en Ile-de-France. A Meaux, l’hypermarché d’Auchan indique dans le rayon la distance qui le sépare du fournisseur de produits locaux. Tout comme le fait, sur une affichette récapitulative, la supérette U Express de Meschers-sur-Gironde, en Charente-Maritime.
Fleurs de courgette
Sur ce créneau, les distributeurs indépendants comme E.Leclerc, Intermarché ou Système U ont pris une longueur d’avance grâce à leur modèle décentralisé, où les directeurs de magasin sont leur propre patron. « Leur stratégie repose pour l’essentiel sur les MDD [marque de distributeur] terroir au niveau national, et sur les initiatives individuelles des directeurs de magasin, ces derniers jouissant d’une grande liberté dans l’assortiment de leurs rayons », relève l’étude de Xerfi Precepta.
Dans les groupes intégrés où le choix de l’approvisionnement est habituellement décidé au siège, la situation a néanmoins commencé à bouger depuis quelques mois. Chez Monoprix, par exemple, « dans nos études de clients, le critère du local est passé devant le bio, rapporte un porte-parole. Les indépendants le font bien, mais pour un groupe centralisé, c’est plus compliqué. Alors, à la fin de l’année 2020, on a travaillé sur la décentralisation » des achats. Après un test sur 12 magasins en début d’année, le dispositif a été lancé, en avril 2021.
« On a donné la main aux directeurs de magasin pour faire entrer des producteurs locaux [situés à] moins de 100 kilomètres, explique l’enseigne. On a simplifié les autorisations, en divisant par deux la taille du document contractuel. Avant, il fallait remonter jusqu’au siège pour faire entrer un fournisseur. Maintenant, en quarante-huit heures, les magasins peuvent référencer le producteur. »
Des fleurs de courgette à Nice, un maraîcher dans le Nord, un producteur de salades à Nantes « à qui on passe commande le soir, et le lendemain les produits sont en vente dans le magasin ». Plus de 150 fournisseurs locaux sont entrés dans les rayons. Et, dans ce système, qui reste encore marginal par rapport à l’ensemble de l’offre, « il n’y a pas de négociation à l’achat, on prend le prix du producteur quand c’est une commande à partir du magasin », explique Monoprix.
Depuis un an, Carrefour a aussi développé une offre « ultra-locale ». « Nous avons aujourd’hui 650 fournisseurs locaux qui livrent un magasin à 25 ou 30 kilomètres, et qui ont signé avec son directeur un contrat simplifié avec paiement sous sept jours, raconte François Vincent, directeur des marchandises alimentaires de Carrefour France. Cette offre s’est accélérée avec le Covid-19, et s’est développée plus particulièrement sur l’épicerie et le maraîchage, ces trois derniers mois. Nous sommes en train de travailler pour étendre ce dispositif aux produits de la marée en rattachant nos magasins côtiers à une criée. » Ce dispositif complète les 9 000 producteurs français qui travaillent pour les 120 filières qualité Carrefour, et les 3 700 producteurs locaux et régionaux qui, eux, ont tous signé des contrats auprès de la centrale d’achat de l’enseigne.
> Lire aussi Les supermarchés de la seconde chance en plein essor
Ce mouvement en direction des producteurs locaux n’est que le « prolongement de la démarche de construction des filières [il en existe 250 chez Auchan], et de la crise Covid, qui a accéléré ces modes de consommation. De toute façon, à un moment donné, on va avoir un problème d’approvisionnement et on devra avoir des circuits courts, notamment à cause de la taxe carbone, qui un jour ou l’autre va être mise sur l’ensemble des produits. Plus vite on construit une relation avec la filière agricole, plus vite on aura des garanties au niveau des approvisionnements ».
En Ile-de-France, Auchan a intégré 25 % de nouveaux fournisseurs régionaux et locaux depuis le début de l’année, ce qui porte leur nombre à 150. Face à cet engouement pour le local, les acteurs du bio doivent réagir. Et prouver que le différentiel de prix des produits siglés AB est bien justifié par une démarche plus vertueuse.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/11/26/alimentation-l-essor-du-local-fait-de-l-ombre-au-bio_6103638_3234.html>
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En images
20- La vérité sur le saumon, France 5, Sur le front, 21/11/21, 20h57
Hugo Clément part à la rencontre de celles et ceux qui se mobilisent pour préserver les derniers saumons des rivières françaises - il n'en resterait que quelques milliers. D'autres militants alertent sur la face cachée des élevages industriels, qui nécessitent de grandes quantités de farine de poissons pêchés au large de l'Afrique de l’Ouest.
> Documentaire (52 minutes) à revoir à :
<https://www.france.tv/france-5/sur-le-front/2894109-la-verite-sur-le-saumon.html>
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21- Solidarité : un restaurant pour lutter contre la précarité étudiante à Nice, France 2, journal de 13h, 25/11/21
Le premier restaurant solidaire à destination des étudiants a ouvert à Nice (Alpes-Maritimes) en octobre. Deux fois par semaine, cinquante repas sont servis gratuitement, sur présentation d'une carte étudiante.
Vivre avec un budget étudiant à Nice (Alpes-Maritimes), deuxième ville étudiante la plus chère de France, n'est pas facile tous les jours. Pour lutter contre la précarité étudiante, Rémy Bruny, a décidé de créer un restaurant solidaire a soulagé de nombreux étudiants. Le président de l'association étudiante Face 06 a noué un partenariat avec la Ville de Nice, qui fournit deux fois par semaine cinquante repas gratuits. Lancé en octobre, le restaurant solidaire a trouvé preneur : "Les étudiants n'ont pas forcément les moyens d'aller au restaurant. Ici ils se font servir à table",explique Rémy Bruny, à l'origine du projet.
Créer du lien social
Les repas sont servis gratuitement, sans critère de revenus, les mardis et jeudis soirs. Le restaurant ne fonctionne qu'avec des bénévoles. Le chef du soir, Youssef Brahmi, est étudiant en droit : "On met notre main à la patte, littéralement."Le restaurant permet de manger gratuitement et de créer du lien social "j'ai fait des connaissances ici, ça me change les idées", explique une jeune étudiante étrangère. La salle affiche complet comme tous les soirs. Les besoins sont tels qu'un deuxième restaurant solidaire doit ouvrir ses portes en 2022.
>> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/entreprendre/aides/solidarite-un-restaurant-pour-lutter-contre-la-precarite-etudiante-a-nice_4858913.html>
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