[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur biodiversité, sciences et protection du vivant et de l'univers, patrimoine (mercredi 3 février)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mer 3 Fév 07:55:28 CET 2021


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Enquête. Vive controverse autour du déclin des insectes <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/01/18/vive-controverse-autour-du-declin-des-insectes_6066693_1650684.html>, Le Monde, maj le 19/01/21, 01h08
2- Hulot et Canfin militent pour que les experts de la biodiversité reçoivent le Nobel de la paix <https://www.nouvelobs.com/politique/20210120.OBS39088/hulot-et-canfin-militent-pour-que-les-experts-de-la-biodiversite-recoivent-le-nobel-de-la-paix.html>, L’Obs, 20/01/21, 07h01
3- Vietnam : Son Doong, la plus grande grotte du monde, un écosystème unique sous la menace <https://www.geo.fr/environnement/vietnam-son-doong-la-plus-grande-grotte-du-monde-un-ecosysteme-unique-sous-la-menace-203475>, AFP, 20/01/21, 09:00
4- Une énorme baleine morte découverte près de Naples <https://www.geo.fr/environnement/une-enorme-baleine-morte-decouverte-pres-de-naples-203486>, AFP, 20/01/21, 19:00
5- Des macaques aux crabes, les animaux mis en danger par les masques usagés <https://www.geo.fr/environnement/des-macaques-aux-crabes-les-animaux-mis-en-danger-par-les-masques-usages-203489>, AFP, 21/01/21, 08:00
6- Les 56 parcs naturels régionaux français à la recherche d’un juste équilibre <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/21/les-56-parcs-naturels-regionaux-francais-a-la-recherche-d-un-juste-equilibre_6067071_3244.html>, Le Monde, 21/01/21, 11h27
7- La protection des éléphants appelle les satellites à la rescousse <https://www.geo.fr/environnement/les-satellites-a-la-rescousse-des-elephants-dafrique-203491>, AFP, 21/01/21, 13:00
8- Épave du Tanio : nouveaux échouages d'oiseaux mazoutés sur les côtes bretonnes <https://www.geo.fr/environnement/epave-du-tanio-nouveaux-echouages-doiseaux-mazoutes-sur-les-cotes-bretonnes-203499>, AFP, 21/01/21, 22:00
9- Un séisme de magnitude 7 au sud des Philippines <https://www.geo.fr/environnement/un-seisme-de-magnitude-7-au-sud-des-philippines-203501>, AFP, 22/01/21, 00:00
10- Loups : des signes de "dégradation de la dynamique de population", selon une note <https://www.geo.fr/environnement/loups-des-signes-de-degradation-de-la-dynamique-de-population-selon-une-note-203508>, AFP, 22/01/21, 19:00
11- Pyrénées : l'Etat mis en demeure de remplacer les ours tués <https://www.lepoint.fr/societe/pyrenees-l-etat-mis-en-demeure-de-remplacer-les-ours-tues-25-01-2021-2411054_23.php>, AFP, 25/01/21, 13:00
12- Biodiversité : la prise de conscience n'est pas suivie d'effet <https://www.actu-environnement.com/ae/news/biodiversite-bilan-2020-observatoire-national-portailk-naturefrance-36932.php4>, Actu-environnement, 25/01/21
13- A Davos, Ursula von der Leyen réclame un "Accord de Paris" pour la biodiversité <https://www.challenges.fr/monde/a-davos-ursula-von-der-leyen-reclame-un-accord-de-paris-pour-la-biodiversite_747825>, AFP, 26/01/21, 13:00
14- Des loups s'échappent d'un parc animalier : deux abattus, deux introuvables <https://www.geo.fr/environnement/des-loups-sechappent-dun-parc-animalier-deux-abattus-deux-introuvables-203540>, AFP, 26/01/21, 22:00
15- Pourquoi l'objectif de 10 % d'aires marines sous protection forte en 2022 ne sera pas tenu <https://www.actu-environnement.com/ae/news/objectif-10-pour-cent-aires-marines-protegees-protection-forte-2022-critiques-36939.php4>, Actu-environnement, 26/01/21
16- Nigeria : saisie de 8,8 tonnes d'écailles de pangolin et d'ivoire <https://information.tv5monde.com/info/nigeria-saisie-de-88-tonnes-d-ecailles-de-pangolin-et-d-ivoire-393676>, AFP, 27/01/21, 14:00
17- Le déclin des populations de requins laisse un "trou croissant" dans la vie océanique <https://information.tv5monde.com/info/le-declin-des-populations-de-requins-laisse-un-trou-croissant-dans-la-vie-oceanique-393723>, AFP, 27/01/21, 23:00
18- Nicaragua : deux bébés jaguars sauvés des mains de trafiquants grâce aux réseaux sociaux <https://information.tv5monde.com/info/nicaragua-deux-bebes-jaguars-sauves-des-mains-de-trafiquants-grace-aux-reseaux-sociaux-393781>, AFP, 28/01/21, 06:00
19- Paraguay : des caïmans déambulent près d'un centre commercial <https://information.tv5monde.com/info/paraguay-des-caimans-deambulent-pres-d-un-centre-commercial-393900>, AFP, 28/01/21, 19:00
20- Enquête. Les paradoxes de la longue bataille pour le bien-être animal <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/01/29/les-paradoxes-de-la-longue-bataille-pour-le-bien-etre-animal_6068014_3232.html>, Le Monde, 29/01/21, 06h00
21- Cirques, delphinariums, animaleries… l’Assemblée nationale adopte une série de mesures pour la condition animale <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/29/cirques-delphinariums-animaleries-l-assemblee-nationale-adopte-une-serie-de-mesures-pour-la-condition-animale_6068154_3244.html>, Le Monde, maj le 30/01/21 à 05h34

Bien à vous,
Florence

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DÉCISION DU JOUR : L’Assemblée nationale a voté, par 79 voix contre 2, la proposition de loi relative à la lutte contre la maltraitance animale. Il reste au texte à passer l’étape du Sénat. Certains amendements adoptés par l’Assemblée pourraient s’y retrouver amoindris. (cf. item 21, suite & 20)
ENQUÊTE DU JOUR : Une étude récemment publiée dans la revue « Science », qui relativise le rythme de disparition des insectes, suscite des critiques méthodologiques sévères, auxquelles les auteurs ne répondent que partiellement. (cf. item 1)
ETUDES, NOTE & BILAN DU JOUR : — Des scientifiques ont commencé à utiliser l'imagerie satellite pour compter les éléphants depuis l'espace, une technique prometteuse pour contribuer à la protection des pachydermes en Afrique. (cf. item 7 & suite)
— La population en France des loups, espèce protégée, montre des signes de "dégradation de (sa) dynamique", avertissent le CNRS et l'OFB dans une note, qui interroge la gestion par la France des loups et des "tirs de prélèvement". (cf. item 10 & suite)
— Ce n'est pas parce que la prise de conscience de l'effondrement de la biodiversité progresse dans l'opinion que des résultats positifs se font pour autant ressortir. C'est ce qui ressort du bilan 2020 de l'Observatoire national de la biodiversité. (cf. item 12 & 13)
— La surpêche a infligé des pertes de plus 70% sur la population de certains requins et raies au cours du dernier demi-siècle, laissant un "trou béant et croissant" dans la vie océanique, selon une étude publiée dans Nature. (cf. item 17)
REQUÊTE DU JOUR : Après que trois spécimens aient été tués par l’homme en 2020 (deux côté espagnol, un côté français), la Commission européenne demande à la France de procéder à de nouvelles réintroductions d’ours dans les Pyrénées. (cf. item 11 & suite)
ÉCOTOURISME DU JOUR : Nichée au cœur de la jungle vietnamienne, Son Doong, la plus grande grotte du monde, ouverte depuis huit ans aux visiteurs, est un modèle d'écotourisme, mais cet écosystème unique est menacé par des projets touristiques. (cf. item 3)
ÉNIGME DU JOUR : Dans le port de Sorrento, au sud de Naples et sur une des plages les plus touristiques de Bali en Indonésie, des échouages inexpliqués de baleines. (cf. item 4 & suite)
PLAIE DU JOUR : Les masques chirurgicaux qui permettent de sauver des vies pendant la pandémie de coronavirus sont devenus un véritable fléau pour les animaux qui peuvent se retrouver entravés ou étouffés par les masques usagés, abandonnés en grande quantité dans la nature. (cf. item 5)
ÉQUATION DU JOUR : Comment concilier le développement du tourisme et la préservation des espaces naturels ? Telle est la délicate équation que veulent résoudre les 56 parcs naturels régionaux français. (cf. item 6)
CHIFFRES DU JOUR : — Seul 1,6 % de l'espace maritime français bénéficie d'un statut de protection forte. (cf. item 15)
— Le Nigeria a saisi huit tonnes d'écailles de pangolin et une soixantaine de sacs remplis d'ivoire ou d'os d'animaux protégés à destination du Vietnam. (cf. item 16)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
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> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>______________________________________________________________________________________________________________________
1- Enquête. Vive controverse autour du déclin des insectes, Le Monde, maj le 19/01/21, 01h08
Stéphane Foucart

Une étude récemment publiée dans la revue « Science », qui relativise le rythme de disparition des insectes et qui passe désormais pour une référence, suscite des critiques méthodologiques sévères, auxquelles les auteurs ne répondent que partiellement.
C’est l’étude que tout le monde attendait ; elle est aujourd’hui au cœur d’une vive controverse. En avril 2020, la revue Science publiait à sa « une » la plus vaste méta-analyse conduite à ce jour sur le déclin des populations d’insectes. Des chercheurs conduits par Roel van Klink et Jonathan Chase (Centre allemand pour la recherche intégrative sur la biodiversité, à Leipzig) y établissent de nouvelles estimations de la vitesse de ce phénomène, qui est au centre d’une attention de plus en plus forte. Des chiffres plutôt rassurants : une baisse d’abondance des insectes terrestres limitée à 9 % par décennie, et une surprenante hausse de 11 % par décennie pour les insectes aquatiques. Loin de l’« Armageddon des insectes » suggéré par les études le plus souvent citées sur le sujet – l’une des plus récentes estimait par exemple la perte d’abondance des arthropodes (insectes, araignées, mille-pattes) à 78 % entre 2007 et 2018, sur un échantillon de 150 prairies allemandes.
> Lire aussi En trente ans, près de 80 % des insectes auraient disparu en Europe
Chiffres rassurants, donc, et a priori d’autant plus crédibles qu’une méta-analyse (exercice consistant à rassembler les données de nombreux travaux disponibles) est théoriquement plus fiable que chaque étude prise indépendamment. Plus de 120 organes de presse à travers le monde ont relayé ces estimations – souvent avec soulagement. Dans son rapport « Planète vivante », le WWF s’appuie largement sur ces chiffres. La revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) les met elle aussi en avant dans son dossier sur le déclin des insectes publié mardi 12 janvier.
Accumulation spectaculaire de biais
Mais, huit mois après leur publication, ces travaux promis à devenir une référence incontournable se retrouvent au centre d’une intense dispute. Certains chercheurs n’hésitent pas à les considérer comme « invalides », minés par une accumulation spectaculaire de biais et d’erreurs méthodologiques. A ce jour, dans différents commentaires critiques ou lettres à l’éditeur de Science, soixante scientifiques ont manifesté des doutes sur leur solidité. Leurs auteurs, eux, maintiennent leur position.
Pour estimer les variations moyennes du nombre d’insectes terrestres et aquatiques, les chercheurs allemands ont inclus dans leur méta-analyse 166 études, rassemblant des mesures faites sur près de 1 700 sites dans le monde entier – la plupart en Amérique du Nord et en Europe. Parmi les équipes critiques, celle conduite par Marion Desquilbet (Inrae) et Laurence Gaume-Vial (CNRS), qui rassemble dix chercheurs français, britanniques et belges, a procédé à un travail de fourmi : ces scientifiques ont passé en revue l’ensemble des études incluses dans la fameuse méta-analyse. Et ont décortiqué la méthode utilisée pour assembler ces données.
> Lire aussi « La confrérie des insectes », ces scientifiques indépendants qui enquêtent sur la disparition des abeilles
Leur commentaire critique, publié le 18 décembre dans Science, identifie des biais importants et des problèmes méthodologiques dans 113 des 166 études utilisées dans la méta-analyse. « Un problème fondamental est qu’un tiers des 166 études vise en réalité à évaluer l’effet d’une perturbation spécifique sur un milieu donné, explique Marion Desquilbet. Par exemple, lorsque vous créez des mares artificielles et que vous observez leur colonisation par des libellules, vous obtenez mécaniquement une tendance à la hausse de leur abondance. C’est la même chose lorsque vous commencez à compter les insectes après un feu de forêt, vous allez observer leur retour, du fait de la fin d’une perturbation ponctuelle. Ou encore, si vous commencez à dénombrer des moustiques après la fin de l’utilisation d’insecticide… Tout cela ne dit rien de l’évolution de l’abondance générale des insectes dans l’environnement ! »
Une soixantaine d’études incluses dans le jeu de données des chercheurs allemands relèvent ainsi d’« expériences naturelles » ou d’expériences scientifiques contrôlées. Comme celle conduite sur un champ de 7 hectares, dont chacune des 172 microparcelles est soumise à différentes conditions expérimentales : les variations d’abondance d’insectes au cours du temps sur chacune de ces zones – qui pèsent plus de 15 % de l’ensemble des sites terrestres mondiaux inclus dans l’étude – ont été indistinctement utilisées dans la méta-analyse.
« Comparer des pommes et des oranges »
« Une telle approche est jugée irresponsable par de nombreux spécialistes des méta-analyses, explique l’écologue Bradley Cardinale (université de Pennsylvanie), extérieur à la controverse. Cela consiste à rassembler dans une analyse commune toutes les études documentant les changements dans l’abondance des insectes, sans tenir compte des différences dans la conception ou l’objectif de ces études. » Cela revient, illustre le chercheur américain, « à comparer des pommes et des oranges ».
De son côté, Roel van Klink estime que la frontière est trop floue entre les études qu’il faudrait retenir et celles qu’il faudrait exclure. « S’il n’y a pas de définition claire, exclure des données de l’analyse mènerait à du “cherry picking”[« picorage sélectif »], en fonction des présupposés du chercheur, ce qui conduirait à des résultats biaisés », déclare-t-il. Mieux vaudrait tout intégrer, en somme, pour ne pas prêter le flanc à la critique d’un choix orienté des études à prendre en compte.
Les griefs ne s’arrêtent toutefois pas là. « Une des premières failles que nous avons identifiées, c’est que 27 des 63 études utilisées pour évaluer l’abondance des insectes aquatiques portent en réalité sur des assemblages d’invertébrés qui comprennent des insectes, mais aussi des mollusques, des vers ou des crustacés, explique Laurence Gaume-Vial. Or, on ne peut pas déduire de tendance pour les insectes à partir des tendances de l’ensemble des invertébrés. D’autant que certains mollusques peuvent proliférer. »
> Lire aussi La disparition des insectes, un phénomène dévastateur pour les écosystèmes
Dans leur réponse à ces critiques, publiée par Science, M. van Klink et ses collègues assurent avoir répété leurs calculs en excluant certaines séries de données portant sur de tels assemblages. Et que leurs résultats sont inchangés. La réponse ne convainc pas leurs contradicteurs. « Les auteurs n’ont jamais regardé ce qui arrivait aux résultats s’ils enlevaient tous les problèmes à la fois, dit Laurence Gaume-Vial. Pire,dans l’erratum qu’ils ont publié, ils ont même ajouté les données de deux sites de lacs artificiels russes caractérisés par une forte augmentation des assemblages d’invertébrés aquatiques. » Or, poursuit Mme Gaume-Vial, « ces assemblages comprenaient très peu d’insectes : 0,7 % et 5 % de la biomasse totale des invertébrés, d’après des données récentes dans ces réservoirs ».
Amélioration supposée des eaux douces
L’idée qu’en moyenne l’abondance des insectes aquatiques augmente au rythme actuel de 11 % par décennie, comme l’estiment M. van Klink et ses collègues, suscite la stupéfaction de nombreux autres chercheurs. D’autant que, pour expliquer ce résultat, les auteurs de la méta-analyse suggèrent que cette augmentation serait attribuable à une amélioration de la qualité des eaux douces de surface (lacs, rivières, mares, etc.).
Vingt biologistes d’une dizaine d’institutions de recherche et d’universités, conduits par Sonja Jähnig (Institut Leibniz d’écologie aquatique, à Berlin), estiment, dans une critique publiée par la revue WIREs Water, qu’une telle conclusion va à l’encontre « de récentes publications documentant un déclin global drastique de la biodiversité en eau douce ». Eux aussi pointent des « problèmes majeurs » dans la méta-analyse.
En particulier, écrivent-ils, une augmentation de la biomasse et/ou du nombre total d’individus dans un assemblage de plusieurs types d’organismes peut refléter le « remplacement d’espèces sensibles par des espèces tolérantes » à certains stress, comme les pollutions, le changement climatique, etc. En somme, la disparition des éphémères peut aller de pair avec une prolifération des moustiques sans que cela implique une amélioration de la qualité du milieu… « De toute façon, l’hypothèse d’une amélioration de la qualité des eaux douces suggérée dans la méta-analyse ne repose sur aucune donnée », tranche Marion Desquilbet.
Pour M. van Klink et ses collègues, cette amélioration supposée des eaux de surface pourrait être liée au fait que « les pratiques agricoles sont devenues moins nuisibles à la qualité des eaux qu’elles ne l’étaient dans le passé ». Leur analyse indique de plus que la présence de parcelles agricoles semble favoriser la présence d’insectes.
Comment établir cette corrélation ? Les auteurs ont utilisé des images satellites pour catégoriser l’usage des terres autour des sites de prélèvement d’insectes inclus dans leur analyse. Mais, là encore, cette observation est disputée. « La résolution des photos satellites utilisées est trop faible pour faire la distinction entre les prairies, par exemple, et les parcelles agricoles, explique Marion Desquilbet. En utilisant les études elles-mêmes ou d’autres images satellites plus précises, nous estimons que, sur 48 études terrestres considérées comme incluant des zones de cultures, l’évaluation a été incorrecte pour 31 d’entre elles… »
Dans leur réponse, les auteurs de la méta-analyse conviennent que les données satellites sont imparfaites. Mais, écrivent-ils, « si les erreurs sont réparties de manière égale et homogène, leur utilisation est justifiée ». D’autres limites ou erreurs sont toutefois soulignées, notamment la surreprésentation, dans les données agrégées, de certains insectes, comme les moustiques, qui tendent à proliférer, tandis que les abeilles sauvages et domestiques, en fort déclin, sont presque absentes.
Jeux de données aberrants
Les contradicteurs relèvent également l’inclusion d’une vingtaine d’études ne comportant que deux années d’observations, ou encore la prise en compte de certains jeux de données aberrants. « On trouve par exemple une série dans laquelle la quantité de papillons migrateurs en Belgique a été multipliée par 300 entre 1983 et 1996 », dit Mme Desquilbet. Et ce, alors que la grande majorité des études disponibles montre une forte chute de l’abondance et de la diversité des lépidoptères, partout en Europe… « Après examen, nous avons réalisé que cette série était biaisée par l’accroissement de l’effort d’échantillonnage, détaille la chercheuse française. Quand le nombre d’observateurs est décuplé, on trouve forcément beaucoup plus de papillons ! »
Les avis demeurent partagés. « Après avoir lu les échanges publiés, ma confiance dans les résultats de Roel van Klink et ses collègues n’a fait que croître », assure l’écologue Gergana Daskalova (université d’Edimbourg, Ecosse). « Lorsque nous voyons des résultats publiés qui remettent en question les idées dominantes, il est sain de les remettre en question et de les réanalyser », ajoute sa collègue Maria Dornelas (université St Andrews, Ecosse). La vivacité de la controverse est ainsi, selon elle, « un signe de l’importance de l’étude ». Les chercheuses, qui avaient salué l’étude à sa publication, dans un article de perspective publié par Science, soulignent toutes deux que, dans leur réponse, M. van Klink et ses collègues trouvent des estimations inchangées après avoir repris leurs calculs. Contactée par Le Monde, la revue Science maintient la publication et souligne que les débats qu’elle a suscités lui sont clairement associés sur son site, « afin qu’ils soient visibles par la communauté scientifique ».
De leur côté, Marion Desquilbet, Laurence Gaume-Vial et leurs coauteurs protestent que seule une part très réduite de leurs critiques a été prise en compte. « Je dirais qu’ils ont tenu compte de 5 % de nos objections », dit Mme Gaume-Vial. M. Cardinale est plus sévère encore. Il estime que la méta-analyse « n’aurait pas dû passer le peer review [l’expertise préalable à la publication] d’une revue de qualité comme Science ». Quant à la réponse des auteurs aux critiques, ajoute-t-il, « elle ne montre aucune tentative sérieuse de prendre en considération les défauts de l’étude originelle ».
Comment trancher ? Roel van Klink rétorque malicieusement à ses contradicteurs que les données et les méthodes d’analyse employées par ses collègues et lui sont ouverts. « S’ils veulent refaire l’analyse, dit-il, ils sont les bienvenus. » Mais pour l’entomologiste et systématicien Philippe Grandcolas (CNRS), ce n’est peut-être pas la peine. « Les critiques envers cette méta-analyse me semblent assez justes, dit-il. Au-delà des aspects techniques, avant de conduire une méta-analyse, il faut cadrer précisément la question à laquelle on veut répondre. Ici, on essaie de trouver une estimation globale et chiffrée à partir de situations locales sans aucun rapport. Je ne suis pas certain que cela ait un sens. »
<https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/01/18/vive-controverse-autour-du-declin-des-insectes_6066693_1650684.html>
En savoir plus :
> Report. Meta-analysis reveals declines in terrestrial but increases in freshwater insect abundances <https://science.sciencemag.org/content/368/6489/417>, Science,  24 Apr 2020
> Comment on “Meta-analysis reveals declines in terrestrial but increases in freshwater insect abundances” <https://science.sciencemag.org/content/370/6523/eabd8947>, Science, 18 Dec 2020
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2- Hulot et Canfin militent pour que les experts de la biodiversité reçoivent le Nobel de la paix, L’Obs, 20/01/21, 07h01
Maël Thierry

Les deux écologistes invitent les parlementaires français à soutenir la candidature de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la Biodiversité et les Services écosystémiques (IPBES), l’équivalent du Giec sur la biodiversité.
En 2007, le prix Nobel de la paix avait honoré les scientifiques du Giec et leurs alertes sur le réchauffement climatique. En 2021, mettra-t-il à l’honneur les experts de la biodiversité ? C’est ce pour quoi font campagne le président de la commission Environnement au Parlement européen, Pascal Canfin, et l’ancien ministre Nicolas Hulot.
>> Suite à lire en édition abonnée à : 
<https://www.nouvelobs.com/politique/20210120.OBS39088/hulot-et-canfin-militent-pour-que-les-experts-de-la-biodiversite-recoivent-le-nobel-de-la-paix.html>
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3- Vietnam : Son Doong, la plus grande grotte du monde, un écosystème unique sous la menace, AFP, 20/01/21, 09:00
Nhac Nguyen

Nichée au cœur de la jungle vietnamienne, Son Doong, la plus grande grotte du monde, ouverte depuis huit ans aux visiteurs, est un modèle d'écotourisme, mais cet écosystème unique est menacé par des projets touristiques. 
Ce dédale souterrain, creusé et érodé depuis des millions d'années s'élève par endroits à 200 mètres de haut : il pourrait contenir un bloc d'immeubles new-yorkais avec des grattes-ciels de 40 étages.
A l'intérieur, un tunnel de plus de cinq kilomètres, une barrière de calcite de 90 mètres de haut - la "Grande Muraille du Vietnam", des stalagmites et des stalactites gigantesques... 
En 1991, Ho Khanh, un cueilleur du coin, découvre par hasard l'entrée de la cavité, cachée dans le parc national de Phong Nha-Ke Bang, classé au patrimoine de l'Unesco. 
Il tente de revenir mais est incapable de retrouver l'orifice, dissimulé dans une épaisse jungle, et le site retombe dans l'oubli pendant près de 20 ans. 
En 2009, Khanh et une équipe de chercheurs britanniques repèrent de nouveau l'entrée et la grotte est enfin répertoriée. Quatre ans plus tard, une partie est ouverte aux touristes.
- "Protéger" -
Depuis, seule une agence de voyages, Oxalis, est autorisée à la faire visiter, un bon moyen de limiter le nombre de visiteurs.
Objectif : ne pas refaire les mêmes erreurs que dans certains lieux emblématiques du pays, comme la baie d'Ha Long ou les plages de Nha Trang, menacées par le tourisme de masse avant la pandémie de coronavirus.
Seules quelques centaines de visiteurs pénètrent dans Son Doong chaque année. 
Le précieux sésame a un prix : entre 50 euros la visite et 2.500 euros les quatre jours d'exploration. 
J'ai dit aux jeunes qui font visiter la grotte que "leur premier devoir est de protéger l'environnement afin que l'exploitation (du site) profite aussi à nos enfants", rapporte à l'AFP Ho Khanh, aujourd'hui âgé de 52 ans.
Les retombées économiques bénéficient essentiellement à la population locale, une aubaine dans cette région du centre du pays, reculée et particulièrement pauvre.
Autrefois, les jeunes pénétraient dans le parc national pour couper illégalement le précieux bois d'agar, utilisé dans la fabrication de l'encens. D'autres chassaient civettes et porcs-épics, des espèces en voie de disparition.
"On était toujours sous la menace des gardes forestiers (et) on ne faisait rien de bon pour la nature", raconte Ho Minh Phuc, un ancien coupeur de bois devenu porteur pour les groupes autorisés à explorer la grotte.
Guides, porteurs, propriétaires de petits logements pour les touristes : quelque 500 locaux vivent aujourd'hui grâce à Son Doong et aux autres cavités gigantesques qu'abrite le parc national.
- Téléphérique -
Mais les menaces qui pèsent sur le site restent grandes, comme le souligne l'UNESCO dans un rapport de 2019.
Un projet de téléphérique vers Son Doong a été abandonné, mais un autre pour se rendre à une grotte située à 3,5 kilomètres est toujours à l'étude. 
Cela provoquera "un changement radical dans la nature des offres touristiques proposées (...) et aura certainement des impacts irréversibles sur l'environnement en grande partie vierge" du site, averti l'UNESCO.
Des experts sont tout aussi inquiets.
La pandémie frappe de plein fouet le tourisme au Vietnam : le nombre de visiteurs étrangers a chuté de près de 80% en 2020 par rapport à 2019, année où le pays a accueilli 18 millions de visiteurs étrangers, un record.
Les enjeux économiques sont tels que, dès la fin de la crise sanitaire, le Vietnam pourrait céder aux sirènes des promoteurs et développer des infrastructures autour des cavités du parc, mettent en garde les experts.
Les autorités ont mis en place "de très bonnes politiques de protection, mais souvent ils les ignorent" et n'en tiennent pas compte dans la réalité, relève Peter Burns, un consultant qui a travaillé sur un projet de tourisme durable au Vietnam. 
Pour le porteur Phuc, il est crucial que l'après pandémie n'entraîne pas Son Doong vers le tourisme de masse.
"Cela serait terrible", cette merveille naturelle se réduira comme peau de chagrin en quelques années et notre moyen de subsistance disparaîtra, s'alarme-t-il.
<https://www.geo.fr/environnement/vietnam-son-doong-la-plus-grande-grotte-du-monde-un-ecosysteme-unique-sous-la-menace-203475>
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4- Une énorme baleine morte découverte près de Naples, AFP, 20/01/21, 19:00

Le cadavre d'une énorme baleine a été découvert dans la nuit de mardi à mercredi près de Sorrento, dans le sud de l'Italie, ont annoncé les garde-côtes italiens, pour lesquels il s'agit "probablement de l'une des plus grandes" jamais trouvées en Méditerranée.
Sorrento est une destination très prisée des touristes située sur la côte à une cinquantaine de km au sud de Naples.
Le corps du mammifère avait été repéré dimanche par des plongeurs des garde-côtes, qui avaient d'abord été alertés de la présence d'une plus petite baleine, qui a ensuite disparu au large.
Les garde-côtes ont remorqué la baleine par voie maritime jusqu'à Naples, où elle sera autopsiée par des spécialistes en biologie marine pour tenter d'expliquer les causes de sa mort.
<https://www.geo.fr/environnement/une-enorme-baleine-morte-decouverte-pres-de-naples-203486>
Sur le même sujet :
> Une baleine échouée sur une plage de Bali <https://www.geo.fr/environnement/une-baleine-de-14-metres-echouee-sur-une-plage-de-bali-203493>, AFP, 21/01/21, 12:00
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5- Des macaques aux crabes, les animaux mis en danger par les masques usagés, AFP, 21/01/21, 08:00
Sam Reeves

Les masques chirurgicaux qui permettent de sauver des vies pendant la pandémie de coronavirus sont devenus un véritable fléau pour les animaux qui peuvent se retrouver entravés ou étouffés par les masques usagés, abandonnés en grande quantité dans la nature.
Des masques à usage unique ont été retrouvés sur les trottoirs, dans les rivières et sur les plages de tous les continents depuis qu'ils sont devenus obligatoires dans les espaces publics dans de nombreux pays pour contenir la propagation du virus.
Les masques, fabriqués à base de polyester et polypropylène, peuvent mettre plusieurs centaines d'années avant de se décomposer.
"Les masques ne vont pas disparaître de sitôt, mais quand nous les jetons, ils peuvent menacer l'environnement et les animaux qui partagent notre planète", a souligné Ashley Fruno, une responsable de l'association de défense des animaux PETA en Asie, interrogée par l'AFP.
Des macaques ont été observés en train de mâcher les élastiques de masques usagés dans les collines environnant la capitale malaisienne Kuala Lumpur, au risque de s'étouffer. 
En Angleterre, l'organisation de protection des oiseaux RSPCA est venue au secours d'une mouette dont les pattes étaient restées entravées dans un masque pendant près d'une semaine à Chemsford.
L'association a été alertée par un passant qui a trouvé l'oiseau vivant mais immobile et l'a emmené dans une clinique vétérinaire avant de le libérer.
L'animal avait été entravé par les attaches du masque depuis plusieurs jours, "les élastiques s'étaient resserrés sur ses pattes et ses articulations étaient enflées et douloureuses", a indiqué l'inspecteur du RSCPA Adam Jones.
- Impact important en mer -
Mais l'impact le plus important de ces grandes quantités de déchets médicaux produits par la pandémie pourrait se faire sentir sur les animaux marins.
Des associations écologistes ont tiré l'alarme après avoir observé un nombre croissant de gants en latex, et d'autres équipements de protection dans les rivières et les mers.
Plus de 1,5 milliard de masques se sont retrouvés dans les océans l'an dernier, soit 6.200 tonnes de déchets plastiques supplémentaires, selon l'organisation environnementale OceansAsia.
Et il y a déjà des signes qu'ils menacent la vie marine.
Au Brésil, une association de protection de l'environnement a retrouvé des masques dans l'estomac d'un pingouin dont le corps était échoué sur une plage. Et un poisson-globe a été trouvé emprisonné dans un masque au large de Miami.
L'association française Opération Mer Propre a retrouvé un crabe mort, prisonnier d'un masque dans l'étang de Berre, près de Marseille en septembre.
Les masques et les gants en plastique "sont particulièrement problématiques" pour les créatures marines, souligne George Leonard, directeur scientifique de l'ONG américaine Ocean Conservancy.
"Quand ces plastiques se décomposent dans la nature, ils deviennent des particules de plus en plus petites", explique-t-il à l'AFP.
Ces particules peuvent entrer dans la chaîne alimentaire et avoir un impact sur des écosystèmes entiers, dit-il.
L'ONG OceansAsia a demandé aux gouvernements d'augmenter les amendes contre ceux qui jettent des ordures dans la nature et encourage le recours aux masques réutilisables.
<https://www.geo.fr/environnement/des-macaques-aux-crabes-les-animaux-mis-en-danger-par-les-masques-usages-203489>
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6- Les 56 parcs naturels régionaux français à la recherche d’un juste équilibre, Le Monde, 21/01/21, 11h27
Rémi Barroux

Confrontés à une hausse de leur fréquentation, ces territoires cherchent à concilier le tourisme et la préservation des espaces naturels. 
Comment concilier le développement du tourisme et la préservation des espaces naturels ? Telle est la délicate équation que veulent résoudre les parcs naturels régionaux. Pour répondre à cette possible contradiction, leur fédération a développé une nouvelle stratégie pour le tourisme.
« Depuis la pandémie de Covid-19 et l’envie de nature qui l’a accompagnée, nos espaces ont été très fréquentés. L’enjeu n’est pas de limiter cet engouement, mais de développer un tourisme durable, de faire venir les gens pour qu’ils vivent la nature comme les habitants du cru le font », explique Eric Brua, le directeur de la Fédération des parcs naturels régionaux de France (FPNRF).
A la différence de la réglementation très stricte qui encadre les parcs nationaux, les 56 parcs naturels régionaux associent la protection des paysages et des patrimoines naturels avec le développement économique, social et culturel. Représentant 17 % du territoire national (9 millions d’hectares), 4 700 communes au total, ils comptent 4,4 millions d’habitants, qui y vivent et y travaillent. Les capacités d’accueil touristique sont de 2 millions de lits.
« Faire émerger une offre spécifique aux parcs »
« On s’est assez plaint que les Français aillent aux quatre coins du monde, on ne peut que se réjouir d’un retour au tourisme hexagonal et d’outre-mer », estime encore Eric Brua. La fédération a donc décidé de concevoir une quarantaine de séjours « destination parcs », afin de « faire émerger une offre touristique et de loisirs spécifique aux parcs ». Le concept « Utopie rurale » qui veut mettre en avant le côté humain, la rencontre, a été développé avec le Slow Tourism Lab, un incubateur situé à Troyes et spécialisé dans le tourisme durable. Cela pourrait consister, par exemple, dans le développement d’activités accessibles sans recours à une voiture personnelle.
Après une phase d’expérimentation réalisée dans cinq parcs, une quinzaine d’entre eux, dans toutes les régions de France, seraient prêts à « partir à l’aventure », selon les mots du directeur de la fédération. Ces séjours seraient vendus par un prestataire dont le choix 
devrait être arrêté en mars.
> Lire aussi  Toujours plus fréquenté, le parc national des Calanques veut décourager les visiteurs
Alors que certaines destinations attirent les foules, telle la Réserve naturelle des Hauts-Plateaux du Vercors, qui, avec ses 17 000 hectares, s’étend sur 10 % du parc naturel régional du Vercors, il faut aussi cibler des destinations moins prestigieuses, en proposant des rencontres directes avec les locaux : artisans, agriculteurs, acteurs culturels…
« Aller à la rencontre des attentes des clientèles »
Avec ses 330 000 hectares et quelque 78 000 habitants sur une cinquantaine de communes, le parc naturel régional des Landes de Gascogne a vu doubler sa fréquentation pendant la pandémie. « Il faut développer le tourisme, aller à la rencontre des attentes des clientèles d’aujourd’hui et de demain », déclare Béatrice Renaud, la responsable du pôle tourisme et marque du parc. Mais, dans le même temps, précise-t-elle, il ne s’agit pas de subir un tourisme de masse. « Ici, on vient s’immerger dans une forêt et on veut préserver ce moment de rencontre avec la nature. Nous allons ainsi cesser de communiquer sur la Leyre [un fleuve côtier labellisé « site rivière sauvage », emblématique du parc], car il y a beaucoup trop de monde l’été », indique Béatrice Renaud.
Dans le parc naturel régional des Vosges du Nord, des espaces ont été interdits au public grâce à un programme « Quiétude Altitude », créé en 2015. « Il consiste à communiquer à un large public la localisation de ces zones de quiétude et à promouvoir quelques bons réflexes à adopter dans la nature pour préserver le calme dont a besoin la faune pour survivre », indique le parc. Pour Michaël Weber, président du parc ainsi que de la FPNRF, cela signifie que les visiteurs ne peuvent pas sillonner des zones où se trouvent, par exemple, le lynx, le grand tétras ou le gypaète barbu.
« Autant une chance qu’une crainte »
Certaines espèces animales sont particulièrement sensibles aux dérangements, notamment durant la période hivernale, où la nourriture se fait plus rare, mais également au printemps et au début de l’été, pendant la saison de reproduction et d’élevage des jeunes, détaille ce programme. « Il faut accepter ces contraintes, il s’agit d’une éducation au territoire, qui a toujours été la marque des parcs naturels régionaux », explique Michaël Weber.
Le retour à la ruralité, à la nature, a été accentué par la pandémie, souligne le président de la fédération. « La fréquentation des sites Internet des parcs, les locations dans les gîtes ruraux et en chambres d’hôtes ont explosé. C’est autant un motif de satisfaction, une chance, qu’une crainte. Il faut éviter la surfréquentation, tout en développant l’activité économique, et donc élaborer nos propres propositions de séjours », résume Michael Weber.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/21/les-56-parcs-naturels-regionaux-francais-a-la-recherche-d-un-juste-equilibre_6067071_3244.html>
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7- La protection des éléphants appelle les satellites à la rescousse, AFP, 21/01/21, 13:00

Des scientifiques ont commencé à utiliser l'imagerie satellite pour compter les éléphants depuis l'espace, une technique prometteuse pour contribuer à la protection des pachydermes en Afrique.
Selon une étude publiée par des chercheurs des universités britanniques d'Oxford et de Bath en décembre, algorithmes, apprentissage automatique et satellites pourraient être utilisés pour remplacer les techniques actuelles de comptage des éléphants, pratique essentielle à leur conservation.
"La population des éléphants d'Afrique s'est effondrée au cours du siècle dernier en raison du braconnage, de l'abattage en représailles des pillages de cultures et de la fragmentation de l'habitat", indique l'Université d'Oxford dans un communiqué. "Leur conservation nécessite de savoir où ils sont et combien ils sont: une surveillance précise est vitale".
Actuellement, le comptage depuis le ciel grâce à des aéronefs est la technique la plus courante. Mais elle prend du temps et de l'énergie et pâtit parfois de mauvaises conditions de visibilité.
"La surveillance par satellite est une technique discrète, ne nécessitant aucune présence au sol, éliminant ainsi le risque de déranger les animaux, ainsi que les risques pour l'homme lors des recueils de données", souligne l'université.
Autre avantage, un gain de temps considérable : "une opération qui auparavant prendrait des mois peut être accomplie en quelques heures".
La technique a d'abord été développée à l'Addo Elephant National Park, en Afrique du Sud. Les images, prises depuis un satellite en orbite à 600 kilomètres au-dessus de la Terre, ont pu couvrir jusqu'à 5.000 km2 en un passage et ont été recueillies en quelques minutes.
Les scientifiques ont entraîné l'algorithme pour ne reconnaître que les adultes sur une base de 1.000 éléphants dans le parc sud-africain, avant de voir qu'il pouvait également identifier les éléphanteaux.
Ils espèrent que ces techniques seront adoptées en urgence pour protéger la biodiversité.
<https://www.geo.fr/environnement/les-satellites-a-la-rescousse-des-elephants-dafrique-203491>
Sur le même sujet :
> Les satellites appelés à la rescousse pour protéger les éléphants d’Afrique <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/21/les-satellites-appeles-a-la-rescousse-pour-proteger-les-elephants_6067083_3244.html>, Le Monde avec AFP, 21/01/21, 13h40
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8- Épave du Tanio : nouveaux échouages d'oiseaux mazoutés sur les côtes bretonnes, AFP, 21/01/21, 22:00

Plus d'une centaine d'oiseaux marins mazoutés se sont échoués depuis mi-octobre sur les côtes bretonnes, a révélé jeudi Vigipol, syndicat mixte de protection du littoral breton, mettant en cause le Tanio, ce pétrolier qui a sombré en 1980 au large du Finistère. 
"Comme l'an passé, les analyses réalisées par le Cedre (le Centre de documentation de recherche et d'expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux, ndlr) ont identifié l'épave du Tanio comme cause de cette pollution", indique Vigipol dans un communiqué.
Sollicitée, la préfecture maritime de l'Atlantique a assuré dans un communiqué "étudie(r) les modes d'action possibles suite à la reprise de cette pollution résiduelle", ajoutant avoir déployé début janvier un sous-marin téléguidé afin de "contrôler l'état de l'épave".
"Cette opération a permis d'observer que 3 des 10 plaques installées en septembre 2020 pour boucher des orifices de coque ont depuis été arrachées par des engins de pêche et qu'un des orifices présente une nouvelle fuite intermittente d'hydrocarbures", indique-t-elle.
En novembre 2019, des dizaines d'oiseaux blessés ou morts, dont certains portaient des traces d'hydrocarbure, avaient été trouvés sur les plages du nord-Finistère. 
Des investigations avaient fait apparaître des fuites sur la coque du Tanio, qui gît par 80 mètres de fond, et des analyses d'échantillons prélevés sur les oiseaux avaient montré des similarités avec le fioul lourd du pétrolier. La Marine nationale était intervenue en septembre 2020 pour stopper ces fuites. 
"Ces opérations n'auront cependant pas été suffisantes puisqu'à peine un mois et demi plus tard, de nouveaux oiseaux marins se trouvent souillés par le pétrole du Tanio", note Vigipol dans son communiqué, soulignant que le nombre d'oiseaux mazoutés signalés depuis octobre est "déjà près du double de l'an passé" et la zone d'échouage "beaucoup plus étendue".
Près de 70% des oiseaux recensés sont des Guillemots de Troïl, précise le syndicat mixte créé à la suite de la marée noire de l'Amoco Cadiz en 1978.
"La vigilance des autorités maritimes sur cette épave est toujours forte", assure cependant la préfecture maritime, ajoutant qu'"aucune pollution en mer, ni sur les plages n'a été repérée depuis les travaux effectués" en septembre dernier. 
Elle souligne en outre avoir entrepris d'identifier les habitudes de pêche à proximité de l'épave afin de "sensibiliser" les armements "au risque que le chalutage fait peser sur l'intégrité de l'épave".
Le Tanio, long de 192 m, s'était brisé en deux sous la violence d'une tempête le 7 mars 1980 au large de l'île de Batz, dans le Finistère. Huit hommes d'équipage avaient péri dans le naufrage. Le navire transportait 28.600 tonnes de pétrole, dont quelque 10.000 tonnes s'étaient déversées en mer, souillant 200 kilomètres de littoral. Quinze mois d'opérations sous-marines avaient été nécessaires pour récupérer plus de 5.000 tonnes de pétrole et tenter de colmater les brèches.
<https://www.geo.fr/environnement/epave-du-tanio-nouveaux-echouages-doiseaux-mazoutes-sur-les-cotes-bretonnes-203499>
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9- Un séisme de magnitude 7 au sud des Philippines, AFP, 22/01/21, 00:00

Un séisme de magnitude 7 s'est produit jeudi au large du sud des Philippines, a annoncé l'Institut américain de géophysique (USGS), mais aucune alerte au tsunami n'a été émise.
Son épicentre a été localisé à 95 km de profondeur à environ 310 kilomètres au sud-est de Davao, une ville de la grande île de Mindanao.
Aucun dégât matériel n'y a pour l'heure été signalé. 
Les habitants de Jose Abad Santos, une localité située sur cette même île, ont subi pendant une quinzaine de minutes une coupure de courant, a raconté à l'AFP son chef de la police, le capitaine Glabynarry Murillo. 
"Nous avons vu beaucoup de personnes se précipiter à l'extérieur" de leur domicile, au moment du séisme, qui est survenu à 20H23 (12H23 GMT), a-t-il toutefois ajouté.
"Nous nous sommes aussi précipités au-dehors car notre poste de police est un bâtiment s'élevant sur trois niveaux", a encore dit ce responsable.
"Cela a été un tremblement de terre important, donc il a été fortement ressenti. Mais comme il s'est produit à une grande profondeur et à une distance considérable (de Mindanao), il n'a pas endommagé les infrastructures", a de son côté expliqué à la radio DZBB Renato Solidum, le directeur de l'Institut philippin de volcanologie.
Les Philippines se trouvent sur la "Ceinture de feu" du Pacifique, où la collision de plaques tectoniques provoque de fréquents séismes et une importante activité volcanique.
<https://www.geo.fr/environnement/un-seisme-de-magnitude-7-au-sud-des-philippines-203501>
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10- Loups : des signes de "dégradation de la dynamique de population", selon une note, AFP, 22/01/21, 19:00

La population en France des loups, espèce protégée, montre des signes de "dégradation de (sa) dynamique", avertissent le CNRS et l'OFB dans une note, qui interroge la gestion par la France des loups et des "tirs de prélèvement".
Cette analyse, publiée le 24 décembre sur le site de l'Office français de la biodiversité (OFB) dédié au loup en France, a été relayée vendredi par l'association Ferus, qui milite pour la sauvegarde de l'ours, du loup et du lynx en France.
A la sortie de l'hiver 2019-2020, "l'effectif de loups est estimé à 577 individus", moyenne d'une fourchette de 474 à 679 loups gris, contre environ 530 à la fin de l'hiver 2018-19, selon cette note.
Le loup gris, revenu en France par l'Italie après avoir été exterminé, est une espèce protégée. Des animaux peuvent toutefois être tués, "dans un cadre dérogatoire strict", pour lutter contre la prédation sur les troupeaux. En 2021, le nombre maximum pouvant a été fixé à 110. 
Un scénario supposant "que la population fonctionne comme avant le renforcement des prélèvements de loups donnerait une projection d'environ 700 loups à l'horizon 2020", indiquent dans leur étude l'OFB et le CNRS. "Plusieurs signaux montrent une dégradation de la dynamique de la population", signaux "à mettre en regard de la politique de gestion".
"La gestion de l’espèce par les tirs –-si telle était la volonté de l’Etat-- doit avant tout reposer sur un objectif de gestion des attaques aux troupeaux et non de contrôle des effectifs", poursuit l'étude. 
"Les risques observés pour les troupeaux ne sont pas forcément directement proportionnels aux densités d’animaux, particulièrement sur les espèces territoriales et sociales comme le loup", poursuit le rapport.
"Le nombre d’attaques n’est pas uniquement lié au nombre de loups, mais aussi dépendant d'une multitude de facteurs biologiques, topographiques, ou encore humain", insistent les spécialistes.
"L'Etat français écoutera-t-il enfin ses propres experts ? Agira-t-il avec prudence et misera-t-il vraiment, une bonne fois pour toutes, sur les moyens de protection, la seule solution pour réduire les dégâts aux troupeaux ?", s'interroge Ferus dans un communiqué.
<https://www.geo.fr/environnement/loups-des-signes-de-degradation-de-la-dynamique-de-population-selon-une-note-203508>
En savoir plus :
> Note technique. Mise à jour des effectifs et paramètres démographiques de la population de loups en France : conséquences sur la viabilité de la population à long terme <https://www.loupfrance.fr/mise-a-jour-des-effectifs-et-parametres-demographiques-de-la-population-de-loups-en-france-consequences-sur-la-viabilite-de-la-population-a-long-terme/>, Office français de la biodiversité (OFB), 24/12/20
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11- Pyrénées : l'Etat mis en demeure de remplacer les ours tués, AFP, 25/01/21, 13:00

Une dizaine d'associations défendant la présence de l'ours dans les Pyrénées ont annoncé lundi avoir mis la ministre de l'Ecologie et le président de la République en demeure de remplacer les plantigrades tués en 2020 dans le massif franco-espagnol.
"A défaut de réponse rapide, des plaintes seront déposées devant le tribunal administratif pour faire reconnaître une nouvelle fois la carence fautive de l'Etat dans ce dossier et obtenir une injonction de procéder aux lâchers requis", ont-elle mis en garde dans un communiqué.
"Depuis que trois ours ont été retrouvés morts de cause humaine en 2020 dans les Pyrénées (...), nous ne cessons de demander au gouvernement de procéder au remplacement rapide de ces animaux, conformément à l'engagement pris dans le Plan Ours 2018-2028", ajoutent les associations.
En effet, la règle qui prévaut dans le plan visant à rétablir la population d'ours dans les Pyrénées est le remplacement du plantigrade si sa mort est provoquée par l'homme.
En novembre, les autorités espagnoles avaient annoncé la mort de l'ourse Sarousse, "abattue d'un coup de feu". En juin, un autre ours avait été abattu près de la station de ski française de Guzet, en Ariège. Et en avril, c'est l'ours Cachou, un mâle de six ans qui avait été retrouvé mort dans le val d'Aran en Espagne, après avoir été empoisonné selon la presse espagnole.
De part et d'autre des Pyrénées, la présence de l'ours est décriée, parfois combattue, notamment par les éleveurs qui déplorent de nombreuses prédations de brebis. 
"L'annonce du président aux responsables agricoles locaux en janvier 2020 sur le fait +de ne pas procéder à de nouvelle introduction+ ne peut concerner le cas des ours morts +de cause anthropique (braconnage ou accident)+ comme l'atteste la Feuille de route Pastoralisme et ours de juin 2020", ont indiqué les associations de défense de l'ours, dont Férus et Pays de l'Ours-Adet. 
Pour eux, une décision d'Emmanuel Macron de ne pas remplacer ces ours "donnerait le sentiment de cautionner et de tolérer la violence des opposants radicaux à l’ours, croissante depuis son élection".
L'ours des Pyrénées étant menacé d'extinction, la France a engagé dans les années 1990 un programme de réintroduction d'ours venant de Slovénie.
"Sans réponse rapide de l'État, nos associations prendront, elles, leurs responsabilités en lançant toutes les procédures légales nécessaires", ont affirmé les associations.
<https://www.lepoint.fr/societe/pyrenees-l-etat-mis-en-demeure-de-remplacer-les-ours-tues-25-01-2021-2411054_23.php>
Sur le même sujet : 
> La Commission européenne demande une nouvelle réintroduction d’ours dans les Pyrénées <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/29/la-commission-europeenne-demande-des-reintroductions-d-ours-dans-les-pyrenees_6068123_3244.html>, Le Monde avec AFP, 29/01/21, 17h33 
> L'Europe demande des réintroductions d'ours dans les Pyrénées françaises <https://information.tv5monde.com/info/l-europe-demande-des-reintroductions-d-ours-dans-les-pyrenees-francaises-394062>, AFP, 29/01/21, 18:00
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12- Biodiversité : la prise de conscience n'est pas suivie d'effet, Actu-environnement, 25/01/21
Laurent Radisson

Ce n'est pas parce que la prise de conscience de l'effondrement de la biodiversité progresse dans l'opinion que des résultats positifs se font pour autant ressortir. C'est ce qui ressort du bilan 2020 de l'Observatoire national de la biodiversité présenté par l'OFB à l'occasion de la mise en ligne du portail naturefrance, point d'entrée pour accéder à l'ensemble des données sur la biodiversité.
« En France, comme ailleurs dans le monde, le bilan est préoccupant », rapporte l'Observatoire. Quelques chiffres l'illustrent : six fois la surface de Paris artificialisée chaque année, augmentation de 25 % des ventes de pesticides entre 2009 et 2018, disparition de 24 % des oiseaux communs spécialistes depuis 1989, 20 % seulement des écosystèmes remarquables bien conservés, etc. Seuls quelques indicateurs sont au vert : hausse de 77 % des oiseaux d'eau hivernant depuis 1980 ou progression de la surface boisée en métropole.
En parallèle, les connaissances et la prise de conscience progressent. « Sur les 188 883 espèces terrestres et marines connues en France, plus de 60 millions de données d'observations sont désormais disponibles dans l'Inventaire national du patrimoine naturel, et ce volume croît de 19 % par an », indique le bilan. Les deux tiers des principaux groupes d'espèces restent toutefois mal inventoriés. Côté prise de conscience, huit Français sur dix se disent concernés par l'état de la biodiversité. Trente-deux pour cent considèrent que la disparition d'espèces fait partie des deux problèmes environnementaux les plus préoccupants. La participation à des programmes de science participative a été multipliée par cinq depuis 2011.
Reste à ce que l'acteur économique mette en œuvre la prise de conscience qu'il a faite en tant que citoyen.
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/biodiversite-bilan-2020-observatoire-national-portailk-naturefrance-36932.php4>
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13- A Davos, Ursula von der Leyen réclame un "Accord de Paris" pour la biodiversité, AFP, 26/01/21, 13:00

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a réclamé mardi un pacte international pour préserver la biodiversité, à l'image de l'Accord de Paris conclu en 2015 pour le climat, dans un discours devant le Forum économique mondial de Davos.
"Nous avons beaucoup parlé des liens entre la perte de biodiversité et le Covid. Nous devons maintenant passer à l'action", a-t-elle déclaré.
"Si nous n'agissons pas de toute urgence pour protéger notre nature, la prochaine pandémie sera au coin de la rue", a-t-elle ajouté, réclamant "un +Accord de Paris+ pour la biodiversité".
La COP15 sur la biodiversité, qui se tiendra cette année à Kunming en Chine, devra être "comme la COP21 l'a été pour le climat", avec "la même ambition au niveau mondial", a-t-elle insisté.
Mme von der Leyen a également annoncé que sa Commission proposerait "une législation pour garantir que le marché de l'UE n'entraîne pas la déforestation à l'autre bout du monde".
Elle présentera aussi "un cadre juridique pour la restauration d'écosystèmes sains".
"Si les températures continuent à augmenter et que la nature continue à disparaître, nous verrons davantage de catastrophes naturelles et de maladies", a poursuivi la dirigeante allemande.
"Quand nous perdons des forêts, on ne perd pas juste un espace vert ou de l'habitat naturel. Nous perdons un allié clé dans notre lutte contre le changement climatique", a-t-elle dit.
<https://www.challenges.fr/monde/a-davos-ursula-von-der-leyen-reclame-un-accord-de-paris-pour-la-biodiversite_747825>
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14- Des loups s'échappent d'un parc animalier : deux abattus, deux introuvables, AFP, 26/01/21, 22:00

Quatre loups arrivés d'Estonie dans un parc animalier des Pyrénées-Orientales se sont échappés lundi de leur enclos dans des circonstances encore floues : deux ont dû être abattus "pour des raisons de sécurité" et deux autres étaient toujours activement recherchés mardi soir, ont indiqué le parc Ecozonia et la préfecture.
"Quatre loups se sont échappés de leur enclos sécurisé dans des conditions qui restent à déterminer. Un rapport circonstancié a été demandé à cet effet à l'exploitant et toute nouvelle introduction d’animaux est suspendue", écrit mardi soir la préfecture des Pyrénées-Orientales dans un communiqué.
"Un important dispositif a été déployé pour tenter de capturer vivants, au moyen de fusils hypodermiques" les quatre loups. "Malgré nos efforts et pour des raisons de sécurité, nous avons été dans l’obligation d'abattre deux d'entre eux", écrit Ecozonia dans un communiqué sur sa page Facebook.
"Il y en a toujours deux qu'on essaie de localiser", a expliqué à l'AFP le responsable du parc, Cyril Vaccaro. Il n'était pas en mesure de préciser si ces deux loups étaient sortis du périmètre du parc animalier situé dans la commune de Cases-de-Pène.
Des agents de l'Office français de la biodiversité (OFB) ont participé à une battue à l'extérieur du site du nouveau parc animalier de 26 hectares centré sur les animaux de prédation qui devait ouvrir en février, a constaté un photographe de l'AFP.
Selon la préfecture, l'un des deux loups abattus se trouvait l'extérieur du parc.
La direction d'Ecozonia n'a pas souhaité donner plus d'informations sur les circonstances de la fuite des quatre loups, parmi les six arrivés dimanche d'un parc zoologique en Estonie.
<https://www.geo.fr/environnement/des-loups-sechappent-dun-parc-animalier-deux-abattus-deux-introuvables-203540>
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15- Pourquoi l'objectif de 10 % d'aires marines sous protection forte en 2022 ne sera pas tenu, Actu-environnement, 26/01/21
Laurent Radisson

Placer 10 % du territoire sous protection forte dès 2022. Cet objectif est loin de la réalité : seulement 1,6 % des aires marines sont bien protégées et la pêche destructrice continue à faire des ravages.
Le 11 janvier dernier, le président de la République réaffirmait en grande pompe lors du One Planet Summit l'objectif de protéger 30 % des espaces terrestres et maritimes dès 2022 en France. La stratégie nationale présentée dans la foulée, accompagnée de son premier plan d'actions, précise que 10 % des espaces protégés feront l'objet d'une protection forte.
Si l'objectif de 30 % semble possible, voire même déjà atteint pour les aires marines, celui des 10 % sous protection forte semble totalement utopique compte tenu de la proximité de l'échéance et de la réalité des protections existantes. Plusieurs études, réalisées par le CNRS et des ONG, révèlent en effet un niveau de protection extrêmement faible, notamment du fait de pratiques de pêches très destructrices des milieux naturels.
Moins de 0,5 % des mers européennes protégées
Selon un rapport publié par l'ONG Oceana en décembre dernier, les aires marines protégées (AMP) européennes n'existent pour la plupart que sur le papier. Les chiffres avancés par l'association sont marquants. Moins de 0,5 % des mers européennes seraient réellement protégées grâce à une restriction des activités nuisibles à l'environnement. Autrement dit, 96 % du réseau des zones marines classées Natura 2000 autorisent au moins une activité industrielle ou extractive, ou une infrastructure. « Selon les normes internationales de l'UICN adoptées en 2016, ces aires ne devraient pas correspondre à la définition d'une AMP », relève froidement Oceana.
Et la France, prise indépendamment, n'est pas meilleure élève : 80 % de ses sites marins Natura 2000 sont affectés par au moins une des treize menaces majeurs recensées par l'ONG. Et ce mauvais état de protection ne résulte pas d'un constat isolé effectué par une association. Il est confirmé par une étude du CNRS qui doit être publiée en février dans la revue Marine Policy. À lire les résultats, on pourrait, dans un premier temps, croire la France exemplaire. Les auteurs constatent en effet que l'objectif des 30 % d'aires protégées est d'ores et déjà atteint.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/objectif-10-pour-cent-aires-marines-protegees-protection-forte-2022-critiques-36939.php4>
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16- Nigeria : saisie de 8,8 tonnes d'écailles de pangolin et d'ivoire, AFP, 27/01/21, 14:00

Le Nigeria a saisi huit tonnes d'écailles de pangolin et une soixantaine de sacs remplis d'ivoire ou d'os d'animaux protégés à destination du Vietnam, a annoncé mercredi un responsable des douanes. 
La cargaison, saisie dans le port de Lagos le 21 janvier, était dissimulée dans un container de meubles, a précisé à l'AFP Mohammed Abba-Kura, le contrôleur général des douanes. 
"Le conteneur a été ouvert et nous avons vu des bûches de bois qui cachaient la cargaison", a-t-il rapporté. 
"Après une fouille complète, on a découvert 162 sacs d'écailles de pangolin, ainsi que 57 sacs remplis de défenses d'éléphants, d'os de lions et autres... pour un poids total de 8,8 tonnes" et une valeur estimée de plus de 2 millions d'euros, a précisé M. Abba-Kura. 
Le Nigeria, pays de 200 millions d'habitants gangréné par la corruption est devenu une plaque tournante des trafics des animaux pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale. 
Bien que le commerce d'ivoire soit officiellement interdit au Vietnam depuis 1992, le pays est un marché de choix pour les défenses d'éléphant, en plus d'être un point de transit vers la Chine voisine. 
Le commerce illégal d'ivoire est la troisième forme de trafic la plus rentable après les stupéfiants et les armes. L'ivoire peut atteindre jusqu'à 7.000 euros le kilo.
Les écailles de pangolins sont recherchées en Asie du Sud-Est pour leurs prétendues propriétés médicinales contre l'acné, le cancer ou l'impuissance.
Les pangolins, soupçonnés d'avoir été l'hôte intermédiaire qui aurait permis la transmission du virus de la chauve-souris à l'espèce humaine, ont été retirés cette année de la pharmacopée officielle chinoise.
Début janvier, la Chine a condamné 17 trafiquants qui avaient introduit depuis le Nigeria des quantités astronomiques d'écailles de pangolin (23 tonnes, évaluées à plus de 22 millions d'euros) entre 2018 et 2019. Un million de pangolins ont été chassés dans les forêts d'Afrique et d'Asie au cours des dix dernières années, à mesure que l'appétit pour le quadrupède s'envolait en Chine ou au Vietnam.
<https://information.tv5monde.com/info/nigeria-saisie-de-88-tonnes-d-ecailles-de-pangolin-et-d-ivoire-393676>
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17- Le déclin des populations de requins laisse un "trou croissant" dans la vie océanique, AFP, 27/01/21, 23:00
Sara Hussein

La surpêche a infligé des pertes de plus 70% sur la population de certains requins et raies au cours du dernier demi-siècle, laissant un "trou béant et croissant" dans la vie océanique, selon une étude rendue publique mercredi.
Le déclin de certaines espèces, comme le requin-marteau ou la raie manta, est remarquable. Parmi les plus touchées se trouve le requin océanique qui est au bord de l'extinction.
Prisé des pêcheurs pour ses ailerons, il est aussi victime de techniques de pêche non sélectives. Sa population a chuté de 98% en 60 ans.
"C'est un déclin pire que celui de la plupart des grands mammifères terrestres, et proche ou égal à celui de la baleine bleue", explique à l'AFP le professeur Nick Dulvy, du département des sciences biologiques de l'Université canadienne Simon Fraser. 
Son équipe a récolté et analysé les données leur permettant de dresser un état global de 31 espèces de requins et de raies.
Ils en concluent que les trois quarts des espèces étudiées sont menacées d'extinction. 
"Nous savions que la situation était mauvaise dans de nombreux endroits mais elle provenait de plusieurs études et rapports, il était donc difficile d'avoir une idée de la situation globale", explique à l'AFP le scientifique Nathan Pacoureau, qui a cosigné l'étude parue dans Nature.
"Nous montrons des déclins prononcés et un risque croissant rapidement d'extinction pour de larges espèces dans les habitats les plus grands et les plus reculés de la planète, qu'on croit souvent protégés de l'influence humaine", dit à l'AFP M. Pacoureau, lui aussi à Simon Fraser. 
L'étude pointe du doigt la surpêche et une faible protection de ces animaux, en appelant à des restrictions plus grandes et une meilleure application des règles existantes. 
Les chercheurs remarquent que le déclin des espèces n'est pas toujours irréversible si l'on engage des efforts de conservation. 
L'étude s'est concentrée sur les requins océaniques et les raies vivant avant tout dans l'océan, et en a dégagé une tendance claire : "Les données révèlent un trou béant et croissant dans la vie océanique", selon M. Pacoureau.
- Stade critique -
Pour 18 espèces pour lesquelles ils disposaient de plus de données, les chercheurs concluent à une chute des populations de plus de 70% depuis 1970.
M. Dulvy estime que ce chiffre était sans doute similaire, voire pire, pour d'autres raies et requins océaniques, mais sans pouvoir l'affirmer faute de suffisamment de données. 
Ces résultats ont même choqué des experts, selon M. Pacoureau. 
Trois de leurs espèces sont à un stade critique avec une population ayant baissé de plus de 80%: le requin océanique, le requin-marteau halicorne et le grand requin-marteau.
Les populations de requins et de raies sont particulièrement à risque d'effondrement parce que ces animaux grandissent lentement et se reproduisent peu.
Selon l'étude, il y a eu un doublement en cinquante ans de l'utilisation de palangres et filets de senne (un filet de surface) qui capturent la vie marine sans discrimination. 
Les organismes régionaux réglementant les entreprises de pêche internationales "n'ont pas inscrit la protection des requins et des raies comme une priorité", dit le Pr Pacoureau. En appelant à une interdiction de capture des espèces menacées et à des limites pour celles qui le sont moins.
"Des mesures de protection peuvent empêcher un effondrement des populations. Et nous savons que ça marche", dit-il en prenant l'exemple du retour du grand requin blanc dans les eaux américaines après l'application de règles de protection.
Selon le Pr Dulvy les simples citoyens peuvent jouer un rôle en pressant les gouvernements de respecter leurs engagements nationaux et internationaux.
"Où que vous le puissiez, exigez de votre gouvernement qu'il fasse attention aux requins", dit-il.
<https://information.tv5monde.com/info/le-declin-des-populations-de-requins-laisse-un-trou-croissant-dans-la-vie-oceanique-393723>
En savoir plus : 
> Half a century of global decline in oceanic sharks and rays <https://www.nature.com/articles/s41586-020-03173-9>, Nature, 27 January 2021
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18- Nicaragua : deux bébés jaguars sauvés des mains de trafiquants grâce aux réseaux sociaux, AFP, 28/01/21, 06:00

Deux jeunes jaguars, l'un des animaux les plus menacés du Nicaragua, ont été sauvés des mains de trafiquants qui comptaient les vendre à un acheteur étranger, grâce à une alerte envoyée sur les réseaux sociaux.
Les braconniers détenaient les félins, une femelle et un mâle de trois mois, dans la région autonome nord de la côte des Caraïbes. Pour les capturer, ils ont d'abord tué la mère des petits, a indiqué le directeur du zoo Eduardo Sacasa, qui a participé à l'opération de sauvetage.
Les animaux sauvages devaient être vendus à un acheteur étranger, un citoyen chinois, mais une alerte via les réseaux sociaux, accompagnée d'une photo des félins en cage, a fait échouer leur projet.
Le zoo a alors contacté les trafiquants, qui ont accepté que M. Sacasa vienne récupérer les jaguars, mais sans les autorités. Au terme d'un périple en avion, voiture et bateau, le directeur du zoo atteint le village où se trouvaient les animaux.
"Ils sont maigres, ils leur donnaient de la peau de vache à manger. Ils allaient les vendre à un citoyen chinois et les emmener ensuite au Honduras", a expliqué le directeur du zoo.
"C'est notre passion de sauver ces animaux qui sont en danger d'extinction", a déclaré M. Sacasa après être arrivé mercredi à Managua avec les félins.
De nombreux animaux sauvages errent après que les ouragans Eta et Iota ont détruit en novembre leur habitat naturel.
Les jaguars sont, avec le tapir, les animaux les plus menacés du Nicaragua, a déclaré M. Sacasa.
En captivité, les jaguars peuvent vivre jusqu'à 25 ans, alors qu'à l'état sauvage ils ne vivent pas plus de 10 ans à cause de la destruction des forêts et de la chasse illégale.
<https://information.tv5monde.com/info/nicaragua-deux-bebes-jaguars-sauves-des-mains-de-trafiquants-grace-aux-reseaux-sociaux-393781>
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19- Paraguay : des caïmans déambulent près d'un centre commercial, AFP, 28/01/21, 19:00

Les pompiers volontaires paraguayens ont capturé mercredi sept caïmans mesurant jusqu'à deux mètres repérés au petit matin à proximité d'un centre commercial de la vile d'Ita, à 30 km au sud de la capitale Asuncion, après s'être échappés de leur enclos.
Plusieurs d'entre eux avaient atteint les portes du magasin, selon des photos et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.
Les reptiles, qui vivent dans un lac attraction touristique du centre-ville, s'étaient échappés durant la nuit après l'effondrement d'un mur de soutènement qui a cédé suite aux fortes pluies qui s'abattent depuis plusieurs jours sur le pays, inondant les rives.
"Les caïmans sont sortis de l'eau pour se réfugier sur la surface sèche pour se reposer", a expliqué à l'AFP le porte-parole des pompiers de Ita, Francisco Platon.
"Heureusement c'est arrivé la nuit", a soufflé le secrétaire général de la mairie, Diego Caputo.
L'association "Sauvez le lac d'Ita" a indiqué dans un communiqué constater une surpopulation de caïmans. "Avec le temps, ils peuvent représenter un danger. Par manque de nourriture, ils pourraient attaquer", a-t-elle averti après avoir recommandé "de ne pas les toucher". 
Les pompiers ont demandé sur leur compte Twitter "d'effectuer un appel d'urgence si quelqu'un voit un autre caïman sur la voie publique".
La saison des pluies fait rage au Paraguay depuis la semaine dernière, causant de nombreux dégâts aux maisons et aux routes, et entraînant des coupures d'électricité. De nouvelles fortes pluies sont attendues jusqu'à dimanche.
<https://information.tv5monde.com/info/paraguay-des-caimans-deambulent-pres-d-un-centre-commercial-393900>
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20- Enquête. Les paradoxes de la longue bataille pour le bien-être animal, Le Monde, 29/01/21, 06h00
Claire Legros 

Les animaux sont des êtres doués de sensibilité qui ont le droit de vivre dans de bonnes conditions : l’idée s’est imposée dans la réflexion éthique et la loi mais les faits résistent aux principes. Car la notion interroge aussi la place de l’humain dans le monde, et ses relations avec les autres vivants
Depuis deux ans, une nouvelle étiquette est apparue sur des emballages de volailles dans les supermarchés. Une lettre majuscule y évalue de A à E le « bien-être » qu’a pu connaître, de son vivant, l’animal dont les cuisses ou les filets s’étalent désormais sur les linéaires : densité de l’élevage, soins apportés, accès à un parcours extérieur et à la lumière naturelle, insensibilisation au moment de l’abattage… La démarche est portée par des organisations de protection animale, associées à des distributeurs et des producteurs, afin d’encourager « les consommateurs à orienter leurs achats vers des produits plus respectueux du bien-être animal, et les producteurs à renforcer l’intégration de la protection animale dans leurs pratiques ».
> Lire aussi La proposition de loi contre la maltraitance animale symbolise la prise de conscience de son importance politique
La notion s’est imposée en quelques années dans le débat public. Elle est au cœur d’un mouvement d’opinion d’une ampleur inédite. Plus des deux tiers des Français souhaitent que soit mieux pris en compte le bien-être des animaux, selon un sondage de la Fondation Brigitte Bardot publié en août 2020.
Un sujet devenu politique
Hier circonscrit au champ des sciences de la nature, le sujet est devenu politique. Après un rendez-vous manqué en octobre, une proposition de loi sur la protection des animaux de compagnie et de cirque est débattue cette semaine à l’Assemblée. La condition animale a aussi investi le champ des sciences sociales dans de nouveaux cursus à la croisée du droit, de la philosophie et de l’histoire, inspirés des animal studies américaines. Elle est même au programme, cette année, de l’épreuve de culture générale du concours d’entrée aux écoles de commerce.
« On constate une diffusion constante de la réflexion depuis vingt ans, et une évolution profonde de la société sur ce sujet », note la philosophe Florence Burgat, directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et autrice de L’Humanité carnivore (Seuil, 2017). Pourtant, trois millions d’animaux continuent d’être soumis chaque jour en France à la violence ordinaire de l’abattoir, dont 83 % naissent et grandissent dans des élevages intensifs. Il ne se passe pas une semaine sans qu’une organisation de défense des animaux dénonce une situation de souffrance intolérable.
Dans les supermarchés, l’étiquetage « bien-être » des volailles reste soumis au bon vouloir des producteurs et « la meilleure catégorie récompense des élevages intensifs dont la densité est de dix poulets au m2, ne risque-t-on pas de tromper le consommateur en présentant cette catégorie comme l’excellence ? », s’interroge Nicolas Treich, directeur de recherche à l’Inrae et à la Toulouse School of Economics. L’économiste s’inquiète d’« une initiative contre-productive qui risque de contribuer à maintenir un niveau élevé de consommation de viande, plutôt que d’inciter à la diminuer ».
« Incohérence éthique de notre société »
Pour la philosophe Florence Burgat, « il existe une forme d’incohérence éthique de notre société : on peut collectivement affirmer dans le code civil que les animaux sont des “êtres vivants doués de sensibilité” – c’est le cas depuis 2015 –, tout en continuant à les considérer juridiquement comme des choses. De la même façon, on peut revendiquer de ne pas supporter la souffrance des animaux, tout en perpétuant des modes de consommation qui les soumettent aux pires traitements, comme si la réalité de ce qu’ils vivent ne nous concernait pas ».
Comment expliquer ce paradoxe ? Que dit-il de notre relation à l’animal ? Que recouvre l’idée de bien-être et jusqu’où va-t-elle ? Est-elle compatible avec l’utilisation domestique et la mise à mort ? A la croisée du droit, de la philosophie, des sciences et de l’économie, la notion de bien-être animal oblige à repenser les droits des bêtes et leur statut moral, mais elle interroge aussi « la place de l’humain dans le monde, et ses relations aux autres vivants », affirme la philosophe Corine Pelluchon, spécialiste de la question animale.
La réflexion puise aux origines même de la pensée et a jalonné l’histoire des idées. « On peut assurément parler d’un débat universel, constate Florence Burgat, même s’il ne se développe pas au même rythme dans toutes les traditions ni avec les mêmes concepts ; la façon dont la tradition orientale pense la non-violence à l’égard des animaux – par exemple dans le jaïnisme, en Inde, le plus explicite sur la condition animale – diffère de la façon dont l’Occident a posé le débat. »
La tradition occidentale est marquée par le stoïcisme, avant même le christianisme, et l’idée que la nature a été faite pour l’homme, supérieur à l’animal par son intelligence. Mais dès l’Antiquité, des philosophes grecs livrent des textes majeurs sur les relations entre l’humain et l’animal. « Des penseurs du droit des animaux comme Plutarque, au Ier siècle, dans son traité S’il est loisible de manger chair, ou le philosophe Porphyre (IIIe siècle), défendent une attitude juste envers eux, allant jusqu’à s’interroger, par exemple, sur la question morale de l’acte carnivore, observe Florence Burgat. Ces philosophes justifient déjà leur propos en montrant, par la seule observation des comportements, que les animaux sont capables d’enchaîner les raisonnements, ce qui indique l’existence d’une vie psychique et d’une intelligence. » 
> Lire aussi La philosophie à l’épreuve de la viande
A l’âge classique, c’est sur la sensibilité des bêtes que Montaigne fondera leurs droits, notamment dans son Apologie de Raimond Sebond. « Pour ce grand penseur de la bienveillance à l’égard des animaux, à partir du moment où les humains et les animaux peuvent tous pâtir de la souffrance, la même bienveillance est due aux uns et aux autres », note la philosophe. Un siècle plus tard, les Lumières prolongeront sa réflexion dans des textes d’une grande richesse. Pour Condorcet, la sensibilité des animaux leur donne naturellement le droit de n’être pas maltraités. Rousseau assure de son côté que la qualité d « être sensible », « commune à la bête et à l’homme », « doit au moins donner à l’un le droit de ne pas être maltraité inutilement par l’autre ». Une formule qui, « bien avant que les éthologues n’observent les capacités psychiques et cognitives des animaux, résume le concept sur lequel repose le droit des animaux aujourd’hui, non pas fondé sur l’intelligence mais sur la sensibilité », note Florence Burgat.
Des espèces conçues pour être mangées
Pour autant, si les débats sur la condition animale traversent l’histoire des idées, la révolution industrielle va marquer une étape majeure. Certes, la contention et la sélection animale existent depuis la domestication. Mais le développement de moyens techniques et scientifiques va démultiplier les pratiques. Les premiers abattoirs modernes du Middle West américain, qui inspireront à Henry Ford les chaînes de montage des premières usines automobiles, ouvrent une nouvelle ère.
De la cadence infernale des mises à mort à la généralisation de l’élevage intensif au XXe siècle dans les pays industrialisés, on assiste à une rupture profonde du lien entre l’humain et l’animal qui, jusque-là, cohabitaient souvent dans les mêmes espaces. « La moitié de la population française pratiquait l’agriculture après la première guerre mondiale, contre 3 % aujourd’hui. La majorité est aujourd’hui totalement coupée des animaux », note l’anthropologue Jean-Pierre Digard, auteur de L’animalisme est un anti-humanisme (CNRS Editions, 2018). Dans le même temps, la consommation de viande explose. Les progrès génétiques ouvrent la voie à la sélection d’espèces conçues pour être mangées, lapins cloués au sol par leur corps trop lourd, dindes aux cuisses hypertrophiées qui les empêchent de marcher.
Pour la philosophe Corine Pelluchon, « avec cette industrialisation forcenée de la nature, qui s’accélère encore après les pénuries alimentaires de la première puis de la seconde guerre mondiale, on entre dans un système d’exploitation illimitée des autres vivants, miroir d’une rationalité devenue folle et qui nous déshumanise ». A ces pratiques fait écho, dans la deuxième moitié du XXe siècle, un renouveau de la réflexion éthique sur l’animal, qui contribue à re­connaître les animaux comme des êtres doués de sensi­bilité, voire comme des sujets ayant des droits.
Dans les pays anglo-saxons, la philosophie s’empare de façon frontale de la question de la condition animale. En 1975, le livre du philosophe australien Peter Singer, La Libération animale (HarperCollins), joue un rôle important dans la prise de conscience par le grand public de la réalité des abattoirs et des laboratoires qui pratiquent l’expérimentation animale.
De la violence à l’égard des bêtes
Pour Singer, qui s’inscrit dans la philosophie utilitariste, la sensibilité à la souffrance et au plaisir est un critère plus pertinent de considération morale que l’intelligence ou l’appartenance à une espèce. Il lui paraît injustifié de se nourrir du corps des animaux, alors que cette consommation ne constitue pas un besoin vital pour nous et entraîne des souffrances disproportionnées pour eux. En popularisant le terme de « spécisme », forgé en analogie avec les termes«  racisme » et « sexisme », Singer va contribuer au développement de l’antispécisme, une théorie qui condamne l’exploitation animale au nom d’une égalité de considération des intérêts des individus, qu’ils soient humains ou non.
Le débat se déplace aussi sur le terrain de la philosophie des droits. En 1983, dans son ouvrage Les Droits des animaux (traduit de l’américain par Enrique Utria, Paris, Hermann, « L’avocat du diable », 2013), le philosophe américain Tom Regan définit les mêmes droits pour tous ceux qu’il appelle les « sujets-d’une-vie ». Ils ont en commun « des croyances et des désirs, une perception, de la mémoire et un sens du futur, y compris de leur propre futur, une vie émotionnelle ainsi que des sensations de plaisir et de douleur, des intérêts en rapport aux préférences et au bien-être, la capacité d’initier une action en vue de leurs désirs et de leurs buts, une identité psychophysique au cours du temps ; et un bien-être individuel […] ». Pour le philosophe, il ne fait pas de doute que les animaux font partie de cette catégorie.
En France, c’est Jacques Derrida, dans sa philosophie de la déconstruction, qui pose la question de la violence à l’égard des bêtes en s’attaquant à la thèse de l’« animal machine » de Descartes, dénué de conscience et de pensée. Dans un livre posthume, L’Animal que donc je suis (Galilée), publié en 2006, il dénonce « l’assujettissement de l’animal par l’homme [qui] a pris depuis deux siècles des proportions absolument inouïes, d’une violence sans précédent, que nous n’avons plus le droit d’ignorer ». Si l’on a pu légitimer de tels traitements, assure-t-il, c’est parce qu’on a nommé « par un terme unique, “l’animal”, cette multitude hétérogène d’êtres vivants » qui n’existent que pour être exploités et tués, traçant de la sorte « une seule et unique limite […] qui définirait le “propre de l’homme” et qui autoriserait le traitement infligé aux animaux ».
Ces réflexions s’appuient sur les formidables avancées scientifiques qui, à la même époque, révèlent la richesse de l’univers psychique des animaux. Les progrès de l’éthologie – l’étude scientifique des comportements animaliers – ont contribué à mieux comprendre ce qu’ils ont en commun avec le genre humain : leurs capacités d’anticipation, d’entraide et d’organisation, mais aussi leur affectivité et leur sensibilité. De multiples travaux ont montré qu’ils sont sujets à la joie et à la tristesse, à la souffrance, physique et psychique, et qu’ils sont attachés à leur vie.
Conscience animale
En 2012, la Déclaration de Cambridge sur la conscience, cosignée par des scientifiques internationaux de premier plan, marque un tournant. Elle affirme qu’« une convergence de preuves indique que les humains ne sont pas les seuls à posséder les substrats neurologiques qui produisent la conscience. Les animaux non humains, soit tous les mammifères, les oiseaux, et de nombreuses autres créatures, comme les poulpes, disposent des substrats neuro-anatomiques, neurochimiques et neurophysiologiques des états conscients ainsi que la capacité d’exprimer des comportements intentionnels… ».
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Cinq ans plus tard, en France, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) publie une expertise scientifique collective sur la conscience animale qui conclut : « Les acquis scientifiques dans ce domaine invitent à reprendre les réflexions morales concernant les relations que les hommes entretiennent avec les animaux [et particulièrement avec les animaux domestiques]. »
Pour l’économiste Nicolas Treich, l’affaire est entendue : « Il n’existe aucun argument moral pour ignorer la souffrance d’un animal. Or, c’est ce que fait aujourd’hui la recherche en économie qui ne prend pas en compte le bien-être animal dans les critères de décision. » Le chercheur a recensé dans la littérature économique les articles qui s’intéressent aux animaux et à leur bien-être, et le constat est sans appel. « La recherche en économie ne s’intéresse pas au sujet, affirme-t-il, et lorsqu’il est évoqué en économie agricole ou de l’environnement, le bien-être animal n’est étudié qu’à travers le prisme anthropocentrique de celui des humains. Les animaux y sont considérés comme des produits ou des ressources renouvelables, sans grande différence avec l’eau ou les plantes. » Pour le chercheur, « il est temps de remettre les animaux dans une fonction de bien-être social ».
Entre welfarisme et abolitionnisme
Comment conduire les sociétés humaines à un comportement plus éthique avec les animaux ? La réflexion s’organise de part et d’autre d’une ligne de fracture entre deux grands courants de pensée.
D’un côté, le welfarisme (de l’anglais welfare, c’est-à-dire bien-être), mouvement réformiste, qui vise à limiter la souffrance des animaux en revendiquant des pratiques d’élevage plus éthiques, mais sans remettre en cause leur exploitation. « On peut défendre le bien-être d’un animal tout en assumant l’acte de l’utiliser et de le tuer, estime ainsi le philosophe Etienne Bimbenet, auteur du Complexe des trois singes. Essai sur l’animalité humaine (Seuil, 2017). C’était d’ailleurs le cas dans l’éthique utilitariste des années 1970 où Peter Singer n’excluait pas la mort de l’animal. Il existe des éleveurs qui défendent la cause des animaux tout en entretenant avec eux une relation de cotravail, dans une tradition d’élevage artisanal aux antipodes des méthodes intensives. Mais cette idée est difficile à entendre aujourd’hui car la mise à mort est devenue l’un des marqueurs les plus puissants de la cause animaliste. »
De l’autre, le courant abolitionniste défend au contraire l’idée qu’il ne peut exister de « bon élevage », et qu’aucune morale ne peut justifier la privation de liberté ni la mise à mort d’un être vivant doué de sensibilité. « Pourquoi faudrait-il en tuer un peu et “bien” les tuer ? » s’interroge Florence Burgat, qui voit dans le welfarisme « une pensée difficile à fonder du point de vue philosophique. On en arrive à des aberrations comme de revendiquer un “bien-être” des animaux dans les abattoirs parce qu’on les étourdit pour leur éviter la conscience de leur égorgement – un étourdissement, en outre, loin d’être indolore, contrairement à ce que laisse entendre le terme – alors qu’on en est juste à éviter le pire ».
Le welfarisme s’appuie sur la définition rédigée en 1992 par l’ONG britannique Farm Animal Welfare Council (FAWC), et qui fait aujourd’hui référence dans les milieux scientifiques et associatifs. Le bien-être animal y repose sur cinq grands principes connus sous le nom des cinq « libertés fondamentales » : un animal ne doit pas souffrir de faim, de soif ni de malnutrition ; ne pas subir de stress physique ou thermique grâce à un environnement approprié ; il doit être indemne de douleurs, de blessures et de maladies, grâce à la prévention et l’accès à des traitements ; il doit avoir la liberté d’exprimer les comportements naturels propres à son espèce ; et être protégé de la peur et de la détresse.
> Lire aussi L’écoféminisme mobilisé sur la cause animale
« La difficulté, c’est que cette définition peut faire l’objet d’interprétations différentes, constate Emilie Dardenne, responsable du diplôme universitaire  Animaux et société à l’université Rennes-II, qui reproche à la filière de production animale de « détourner le terme, par exemple en justifiant l’épointage des dents des porcelets par le fait qu’elle peut leur être bénéfique en réduisant les blessures dans des espaces étroits, alors qu’elle est douloureuse et génère du stress, et que c’est une pratique qui est envisagée dans une perspective anthropocentrée. Le bien-être animal est toujours à lire dans un certain contexte et en fonction du type de relation qu’on établit avec les animaux ».
La domestication pour satisfaire les besoins humains
De son côté, l’anthropologue Jean-Pierre Digard souligne « une ambiguïté » dans la définition car « si les espèces animales doivent être libres d’exprimer les comportements propres à leur espèce, on ne peut plus les domestiquer ». Pour le chercheur, qui a consacré une partie de ses recherches à l’animal domestique, aux techniques d’élevage et, plus largement, aux relations de l’homme avec l’animal, la domestication, justement, vise à adapter les animaux afin de satisfaire les besoins humains. « Cela implique depuis sept millénaires de les sélectionner en fonction de leur acceptation sans crainte de la présence de l’homme, afin de pouvoir les approcher, ne serait-ce que pour traire une vache. »
Au-delà de la dimension éthique, la distinction entre welfarisme et abolitionnisme est surtout anthropologique. « L’organisation de la mise à mort massive des animaux, alors que nous avons la possibilité de survivre autrement, soulève une question essentielle, métaphysique, constate Florence Burgat : pourquoi les préférons-nous morts plutôt que vivants ? La réponse tient à la manière dont l’humanité s’est définie contre, et non avec, les animaux. Elle semble avoir besoin de les dominer de façon absolue. Si l’on n’avance pas sur la condition des animaux, c’est que nous avons peur d’y perdre du pouvoir. »
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A travers la relation à l’animal, c’est la place de l’humain dans le monde des vivants qui est interrogée. Critique à l’égard de l’antispécisme, le philosophe Etienne Bimbenet revendique « l’exceptionnalisme humain », convaincu qu’« on peut prendre en charge le bien-être animal sans considérer qu’une forme de vie sensible résumerait notre condition fondamentale à tous, animaux et humains. Notre commune sensibilité n’est pas plus importante que ce qui fait nos différences, notamment la condition langagière ou l’engagement pour des idéaux, propres à l’humain. On n’a pas la même vie. »
L’urgence de l’élevage intensif 
A l’ère des pandémies et de la crise de la biodiversité, Corine Pelluchon, qui vient de publier Les Lumières à l’âge du vivant (Seuil, 2020), plaide de son côté pour « un humanisme de l’altérité et de la diversité. Notre modèle de développement fondé sur la réification des autres vivants a fait la démonstration qu’il est contre-productif du point de vue écologique, sanitaire, social, affirme-t-elle. Il s’agit maintenant d’inventer un nouveau rapport aux autres vivants, de repenser notre manière de cohabiter avec les animaux en respectant leurs normes éthologiques et leur subjectivité. Cela ne veut pas dire que les hommes et les animaux sont identiques. Ce sont les humains qui confèrent des droits aux animaux, lesquels tiennent compte de ce qu’ils sont et indiquent les limites que nous ne devons pas transgresser dans nos interactions avec eux. Cela suppose que nous cessions de nous octroyer une souveraineté absolue sur le reste de la création et que nous acceptions le fait que nous partageons la Terre avec les autres vivants. »
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Comme elle, une partie des abolitionnistes prône une attitude pragmatique de soutien au welfarisme. Ils considèrent que la fin de l’exploitation animale prendra du temps et nécessitera des étapes. « Le conflit entre abolitionnistes et welfaristes a du sens sur le plan théorique car ils n’ont pas le même horizon. Mais d’un point de vue pratique et dans le contexte actuel, il est stérile car tout le monde n’est pas prêt à renoncer à une alimentation carnée », estime l’autrice du Manifeste animaliste. Politiser la cause animale (Alma, 2017). La première cause de souffrance animale étant l’élevage intensif et les mutilations qu’il implique, « l’urgence est de mettre fin à ces pratiques, dont on connaît, en outre, le coût sanitaire et environnemental majeur ». Une approche imparfaite, concède-t-elle, mais qui a le mérite de « tracer des limites aux droits des propriétaires d’user comme bon leur semble des animaux ».
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/01/29/les-paradoxes-de-la-longue-bataille-pour-le-bien-etre-animal_6068014_3232.html>
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21- Cirques, delphinariums, animaleries… l’Assemblée nationale adopte une série de mesures pour la condition animale, Le Monde, maj le 30/01/21 à 05h34
Mathilde Gérard

Les députés ont adopté en première lecture l’interdiction des orques et des dauphins dans les parcs aquatiques, ainsi que des animaux sauvages dans les cirques. 
Ce n’est pas la grande loi révolutionnaire pour le droit des animaux qu’espéraient certains. Mais c’est un texte qui pourrait faire date : l’Assemblée nationale a voté, vendredi 29 janvier, par 79 voix contre 2, la proposition de loi relative à la lutte contre la maltraitance animale, qui était défendue par trois élus de la majorité – Loïc Dombreval et Laëtitia Romeiro-Dias (La République en marche, LRM) et Dimitri Houbron (Agir ensemble). Fin des animaux sauvages dans les cirques, des cétacés dans les delphinariums, des élevages de visons pour leur fourrure, encadrement plus strict des achats d’animaux de compagnie et renforcement des peines en cas de maltraitance… Le texte comporte plusieurs mesures qui étaient réclamées de longue date par les associations de protection animale et par une majorité de Français, de plus en plus sensibles au sort des animaux.
Mais tout au long des trois jours d’examen dans l’Hémicycle, plusieurs élus, notamment de La France insoumise (LFI), n’ont cessé de déplorer que le texte exclue de son champ les chasses cruelles, l’élevage en cage ou encore la corrida, manquant ainsi son objectif. De fait, tous les amendements portant sur ces pratiques avaient été déclarés irrecevables par la commission des affaires économiques. Le député Olivier Falorni (Libertés et territoires) avait raillé une« loi bisounours », Bastien Lachaud (LFI) a parlé d’un texte « luttant contre les maltraitances de certains animaux seulement ». Les rapporteurs du texte, eux, ont justifié une approche pragmatique, assumant d’avancer sur des sujets moins explosifs, mais tout aussi nécessaires à leurs yeux.
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Si la majeure partie des débats se sont déroulés dans un climat relativement consensuel, les bancs de l’hémicycle se sont fortement divisés sur la question des delphinariums. L’interdiction des cétacés – dauphins et orques – dans les parcs aquatiques a été de loin l’objet des plus vives discussions. Plusieurs députés Les Républicains (LR), mais aussi La République en marche, avaient déposé des amendements en faveur du maintien des delphinariums, arguant que l’interdiction des cétacés dans ces établissements ouvrirait la voie à une interdiction future de tous les animaux dans les parcs zoologiques. Le député Daniel Labaronne (LRM) a été jusqu’à qualifier ses collègues rapporteurs du texte d’« extrémistes » sur ce point. Les défenseurs des delphinariums, dont Jean-Christophe Lagarde (UDI) s’est fait un des principaux porte-voix, ont vanté les mérites des parcs aquatiques comme « outils d’attractivité pour les territoires », « participant et finançant des programmes de conservation », où les animaux vivraient plus longtemps qu’à l’état sauvage…
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Des arguments balayés par la corapporteuse du texte, Laëtitia Romeiro-Dias, qui a énuméré tous les arguments scientifiques plaidant pour la fin de la détention de cétacés, des animaux au caractère social, qui parcourent en état de liberté des centaines de kilomètres par jour et sont très conscients de leur état de captivité. Leur enfermement dans des bassins entraîne des maladies de peau, des maladies rénales, des comportements stéréotypés ou encore l’impossibilité pour les dauphins d’utiliser leurs sonars pour se repérer dans l’espace. Le rôle de la science dans ces débats a donné lieu à quelques échanges houleux dans l’hémicycle, des élus pro-delphinariums remettant en cause le sérieux de certaines études citées par les rapporteurs.
Malgré ces débats, l’interdiction l’a emporté, avec une entrée en vigueur sous deux ans pour les orques et sept ans pour les dauphins, le temps de trouver une solution de placement pour ces animaux. Après l’annonce de la cession par le Parc Astérix de ses huit dauphins à d’autres établissements européens, seuls deux établissements seront concernés par cette interdiction : le Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes), plus grand delphinarium d’Europe, et Planète Sauvage (Loire-Atlantique), qui détiennent à eux deux quatre orques et vingt et un dauphins.
L’interdiction de la faune sauvage dans les cirques itinérants a été moins débattue sur le fond, mais un amendement du gouvernement a fait la quasi-unanimité contre lui : le ministère de la transition écologique ne souhaitait pas voir inscrit de délai dans la loi et fixer par arrêté la liste des espèces concernées par l’interdiction. « On veut que cet engagement soit inscrit dans la loi, pas dans un arrêté, a au contraire plaidé Aurore Bergé (LRM), à l’unisson de nombreux élus. Je ne veux pas que l’on revienne sur cet engagement dans dix-huit mois. »
Interdiction des ventes de chats et chiens dans les animaleries d’ici à 2024
Concernant les animaux de compagnie, dont la France est championne d’Europe de l’abandon, les députés se sont également opposés au gouvernement sur la question des animaleries. Afin de lutter contre les achats impulsifs, les élus ont voté l’interdiction de la vente de chats et chiens dans ces commerces d’ici à 2024, quand le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, défendait, lui, le travail effectué par les salariés de ces établissements. Alors qu’un animal de compagnie sur huit se retrouve abandonné en France, les députés ont aussi voté la mise en place d’un certificat de connaissances avant toute première acquisition et un plus fort encadrement de la vente : ainsi, les annonces sur Internet seront réservées aux éleveurs professionnels et aux refuges. Autre mesure notable : l’obligation pour les communes de stériliser les chats errants, dont la France compte entre 10 millions et 12 millions, afin de lutter contre la surpopulation féline (+ 30 % en dix ans).
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C’est enfin dans un climat d’entente que les députés ont voté pour une aggravation des peines encourues en cas de maltraitance sur un animal. Les législateurs comptent porter à trois ans d’emprisonnement les sanctions encourues en cas de sévices graves et cinq ans d’emprisonnement en cas de mort de l’animal, une mesure adoptée à l’unanimité. C’est aussi à l’unanimité qu’a été votée la délictualisation de l’atteinte volontaire à la vie d’un animal, jusqu’alors passible d’une simple contravention. Les vétérinaires pourront par ailleurs s’affranchir du secret professionnel en cas de constat de maltraitances, tout comme peuvent le faire les médecins.
Si les mesures ainsi votées marquent des avancées notables en matière de protection animale, certains regretteront que le texte ne soit pas allé plus loin. L’article sur les élevages de visons notamment est accusé par une partie des élus de manquer d’ambition : le délai d’entrée en vigueur retenu est de deux ans, quand le risque sanitaire posé par la concentration de mustélidés et le faible nombre d’élevages concernés (plus que trois en activité en France) rendaient envisageable une interdiction immédiate.
Il reste au texte à passer l’étape du Sénat, où il sera examiné en procédure accélérée. Certains amendements adoptés par l’Assemblée pourraient s’y retrouver amoindris.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/29/cirques-delphinariums-animaleries-l-assemblee-nationale-adopte-une-serie-de-mesures-pour-la-condition-animale_6068154_3244.html>
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> Maltraitance animale : vote quasi unanime des députés, après quelques prises de bec <https://information.tv5monde.com/info/maltraitance-animale-vote-quasi-unanime-des-deputes-apres-quelques-prises-de-bec-394084>, AFP, 29/01/21, 21:00
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