[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage + 1 publication & 1 annonce (jeudi 1er juillet)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Jeu 1 Juil 08:31:07 CEST 2021


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- La « forêt olympique » va accueillir 355 000 arbres au sein de la Grande Muraille verte d’Afrique <https://www.enviro2b.com/2021/06/21/la-foret-olympique-va-accueillir-355-000-arbres-au-sein-de-la-grande-muraille-verte-dafrique/>, Enviro2B, 21/06/21
2- Factuel. Dans le Nord, le lin file de nouveau sa toile <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/06/22/dans-le-nord-le-lin-file-de-nouveau-sa-toile_6085185_3234.html>, Le Monde, 22/06/21, 12h00
3- La Tunisie, "pionnière" de la culture des algues rouges en Méditerranée <https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20210623-la-tunisie-pionni%C3%A8re-de-la-culture-des-algues-rouges-en-m%C3%A9diterran%C3%A9e>, AFP, 23/06/21, 13:00
4- Pour la Cour de cassation, tout CBD légalement produit dans l’UE peut être vendu en France <https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/06/23/pour-la-cour-de-cassation-tout-cbd-legalement-produit-dans-l-ue-peut-etre-vendu-en-france_6085380_3224.html>, Le Monde, 23/06/21, 17h43 
5- En Côte d’Ivoire, une « armée verte » lutte contre la déforestation <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/06/23/en-cote-d-ivoire-une-armee-verte-lutte-contre-la-deforestation_6085397_3212.html>, Le Monde Afrique, 23/06/21, 18h00
6- Gros plan sur la culture de l'avocat : culture clandestine, pesticides, transports et déforestation <https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/deforestation-gros-plan-culture-avocat-culture-clandestine-pesticides-transports-deforestation-88156/>, Futura-sciences, 24/06/21
7- Agriculture : la PAC soutient des pratiques "climaticides", selon la Cour des comptes européenne <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/agriculture-la-pac-soutient-des-pratiques-climaticides-selon-la-cour-des-comptes-europeenne-149929.html>, Novethic, 24/06/21
8- Les externalités positives de l'agriculture reconnues par le code rural <https://www.actu-environnement.com/ae/news/agriculture-externalites-positives-paiements-services-environnementaux-projet-loi-climat-senat-37775.php4>, Actu-environnement, 24/06/21 
9- A la ferme verticale Jungle, les herbes aromatiques voient la vie en rose <https://information.tv5monde.com/info/la-ferme-verticale-jungle-les-herbes-aromatiques-voient-la-vie-en-rose-414322>, AFP, 25/06/21, 10:00
10- Le géant de la distribution Aldi ne vendra plus de viande issue d’animaux élevés en intérieur <https://www.nouvelobs.com/animaux/20210625.OBS45779/le-geant-de-la-distribution-aldi-ne-vendra-plus-de-viande-issue-d-animaux-eleves-en-interieur.html>, L’Obs avec AFP, 25/06/21, 18h25
11- Enquête. « Au lieu d’attendre que le monde change, on pouvait déjà changer de monde » : la permaculture ou le nouveau retour à la terre <https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2021/06/25/au-lieu-d-attendre-que-le-monde-change-on-pouvait-deja-changer-de-monde-la-permaculture-ou-le-nouveau-retour-a-la-terre_6085729_4497916.html>, Le Monde, maj le 26/06/21 à 06h30
12- Agriculture : l'aide européenne aux Outre-mer est maintenue <https://www.clicanoo.re/Economie/Article/2021/06/26/Agriculture-laide-europeenne-aux-Outre-mer-est-maintenue_625425>, Clicanoo, 26/06/21, 07h28
13- Union européenne : les Vingt-Sept s’accordent sur un verdissement minimum de la future politique agricole commune <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/26/union-europeenne-les-vingt-sept-s-accordent-sur-un-verdissement-a-minima-de-la-future-politique-agricole-commune_6085770_3244.html>, Le Monde, maj le 26/06/21 à 08h52
14- Abeilles : les 27 ouvrent la voie à de nouveaux efforts de protection <https://information.tv5monde.com/info/abeilles-les-27-ouvrent-la-voie-de-nouveaux-efforts-de-protection-414842>, AFP, 29/06/21, 08:00
15- Pêche au calamar : la Chine annonce un moratoire en Atlantique et Pacifique <https://information.tv5monde.com/info/peche-au-calamar-la-chine-annonce-un-moratoire-en-atlantique-et-pacifique-414900>, AFP, 29/06/21, 14:00
16- Glyphosate : le principe de précaution remet en cause les autorisations de mise sur le marché <https://www.actu-environnement.com/ae/news/glyphosate-roundup-autorisation-mise-sur-le-marche-amm-principe-precaution-caa-lyon-37803.php4>, Actu-environnement, 29/06/21
En images
17- Il faut sauver la forêt ivoirienne ! <https://www.lemonde.fr/afrique/video/2021/06/23/il-faut-sauver-la-foret-ivoirienne_6085395_3212.html>, Le Monde Afrique, 23/06/21, 17h45
18- "Un sentiment d'impuissance" : le bois français peu à peu grignoté par la Chine <https://www.lci.fr/economie/video-tf1-jta-comment-la-chine-grignote-peu-a-peu-le-bois-francais-2189500.html>, TF1, journal de 20h, 23/06/21
Une publication
19- Méthanisation : un guide de bonnes pratiques d'épandage de digestats <https://www.actu-environnement.com/ae/news/agroparistech-guide-bonnes-pratiques-epandage-digestats-methanisation-37779.php4>, Actu-environnement, 24/06/21
Une annonce
20- Le vrai débat avec Julien Denormandie & Clément Beaune <http://r.mail.fnh.org/mk/mr/WGkD2ydKBViaRN29xhdJYMTlDOD7_975oqcuyUZ7Fx5HpaD3JHnkPjCfZVtBvxccY4BuoaUgVbUWbNTQtZrqDJJ8G8ZSiPwgDoU>, Fondation Nicolas Hulot, le 07/07/21 à 18h30

Bien à vous,
Florence

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CHIFFRES DU JOUR : — Le Comité international olympique (CIO) a décidé d’ajouter 355 000 arbres indigènes au Mali et au Sénégal dans le but d’assurer une résilience à la zone. (cf. item 1)
— La France, premier producteur mondial de lin, compte 6 500 exploitations agricoles consacrées à cette culture. (cf. item 2)
— Depuis 2020, 650 "soldats verts" rattachés au ministère des eaux et forêts livrent bataille contre les activités clandestines qui détruisent le couvert forestier du pays. (cf. item 5 & 18)
— L’avocat est devenu le 6e fruit le plus consommé au monde et sa culture révèle de nombreux impacts. (cf. item 6)
— Alors que la France est le 3ème producteur mondial de bois de chêne, les scieries hexagonales peinent parfois à s’approvisionner car 2 arbres sur 3 sont envoyés en Chine. (cf. item 18)
RÉUSSITES DU JOUR : — Après des années de recherche, c'est la première fois cette année que Selt Marine, une entreprise tunisienne de texturants alimentaires, récolte des algues rouges à l'échelle industrielle. (cf. item 3)
— Chez Jungle, un vaste entrepôt d'une zone industrielle à 100 km de Paris, herbes aromatiques et micro-pousses prospèrent sur des plateaux empilés les uns au dessus des autres, sous la lumière rosée et violacée des LED horticoles. (cf. item 9)
DÉCISIONS DU JOUR : — La Cour de cassation a confirmé une décision européenne selon laquelle on ne peut interdire la commercialisation de cannabidiol dans un Etat membre de l’UE s’il est produit légalement dans un autre Etat membre. (cf. item 4)
— La Cour des comptes européenne tacle sévèrement les résultats climatiques de la dernière version de la PAC, de 2014 à 2020. (cf. item 7)
— Le Sénat a adopté un amendement au projet de loi climat qui prévoit les paiements pour services environnementaux (PSE) en agriculture. (cf. item 8)
— Le discounter allemand Aldi va bannir de ses rayons d’ici 2030 la viande issue d’animaux élevés dans des conditions qui ne garantissent pas leur bien-être. (cf. item 10)
— A l'issue d'âpres pourparlers, eurodéputés et États membres de l'UE ont trouvé un accord sur la nouvelle PAC, destinée à "verdir" l'agriculture européenne, une réforme jugée cependant insuffisante par des ONG environnementales et parlementaires verts. (cf. item 13 & suite)
— Les ministres européens de l'Agriculture se sont accordés sur la manière de prendre en compte, dans l'évaluation des pesticides, leurs effets sur les colonies d'abeilles, ouvrant la voie à de nouvelles mesures contre le déclin de ces insectes cruciaux pour la pollinisation. (cf. item 14)
— La Chine a annoncé un moratoire temporaire sur les prises de calamars effectuées par ses bateaux de pêche dans les océans Atlantique et Pacifique, après une surpêche qui a fortement réduit les populations. (cf. item 15)
ENQUÊTE DU JOUR : Ils veulent lutter contre la débâcle écologique et créer d’autres rapports économiques. Mais aussi réconcilier l’homme et la nature. Rencontre avec celles et ceux qui ont tout quitté pour cultiver leur jardin. (cf. item 11)
QUESTIONNEMENT DU JOUR : Le coup d'arrêt du glyphosate, tristement célèbre herbicide, viendra-t-il de la justice plutôt que du pouvoir exécutif ? (cf. item 16)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- La « forêt olympique » va accueillir 355 000 arbres au sein de la Grande Muraille verte d’Afrique, Enviro2B, 21/06/21
Par Rédaction

Le Comité international olympique (CIO) a décidé d’ajouter 355 000 arbres indigènes au Mali et au Sénégal dans le but d’assurer une résilience à la zone et à devenir positif pour le climat d’ici 2024.
Cette « forêt olympique » est une contribution à l’initiative de la Grande Muraille Verte qui aide à restaurer les paysages dégradés de la région du Sahel en Afrique.
« La forêt olympique soutiendra les communautés du Mali et du Sénégal en augmentant leur résilience climatique, leur sécurité alimentaire et leurs opportunités de revenus, et aidera le CIO à devenir positif pour le climat dès 2024 », a déclaré le président du CIO, Thomas Bach.
Conformément aux objectifs fixés par l’Accord de Paris, l’organisation s’est engagée à réduire ses émissions de carbone de 30 % d’ici 2024 et de 45 % d’ici 2030.
La forêt olympique de 2 120 hectares devrait séquestrer 200 000 tonnes de CO2, soit plus que les émissions estimées par le CIO au cours des trois prochaines années.
« La lutte contre le changement climatique est l’une des principales priorités du CIO, et nous sommes pleinement déterminés à réduire nos émissions conformément à l’Accord de Paris », ajoute Thomas Bach.
>> Suite à lire à :
<https://www.enviro2b.com/2021/06/21/la-foret-olympique-va-accueillir-355-000-arbres-au-sein-de-la-grande-muraille-verte-dafrique/>
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2- Factuel. Dans le Nord, le lin file de nouveau sa toile, Le Monde, 22/06/21, 12h00
Laurie Moniez, Lille, correspondante

La région Hauts-de-France veut faire revivre une filière 100 % française, comme l’illustre la récente annonce  d’une relocalisation de filature à Béthune. Au-delà du textile, cette fibre se déploie aussi dans les secteurs de l’énergie et du BTP.
On le surnomme la fibre zéro déchet. C’est une petite pépite vieille de plus de 36 000 ans, à en croire ces chercheurs de l’Institut de paléobiologie du Musée national géorgien (Tbilissi) qui en ont découvert, en 2009, plus de 700 échantillons microscopiques dans une grotte du Caucase. En cette période de crise sanitaire, économique et écologique, le lin profite d’une nouvelle jeunesse, sous le sceau d’une mode écoresponsable et d’une volonté française de réindustrialisation.
Cette matière textile, cultivée le long d’une bande de terre qui s’étale d’Amsterdam à Caen, connaît un retour en grâce depuis près de dix ans. La surface de lin textile cultivée en France, en Belgique et aux Pays-Bas a augmenté de 132 % entre 2009 et 2020. La relocalisation d’une filature à Béthune (Pas-de-Calais) vient compléter ce « come-back » prometteur du lin dans les Hauts-de-France.
> Lire aussi Dans les Hauts-de-France, une usine de textile made in France en pleine croissance
Safilin, entreprise familiale créée en 1778 et basée à Sailly-sur-la-Lys (Pas-de-Calais) depuis près de deux cent cinquante ans, a en effet choisi de relancer une unité de filature pour assurer une production de fils de lin 100 % française. Aberration liée à la mondialisation, la France a perdu, ces vingt dernières années, toutes ses filatures de lin, parties principalement en Chine, alors que l’essentiel de la production mondiale s’effectue dans cette zone. « C’est une fibre qui pousse en France mais qui n’est pas encore transformée à 100 % sur notre territoire, confirme le président de Safilin, Olivier Guillaume. Or, on a la volonté de produire au plus proche des bassins de production. »
Jusqu’ici, Safilin proposait, du champ au produit fini, une production 100 % européenne avec l’aide de ses deux sites en Pologne. Dans les années 1990, en pleine crise du textile, le groupe familial y a en effet délocalisé ses filatures. Dans le Pas-de-Calais, les machines à filer le lin se sont, pour leur part, tues en 2005. Seule restait au siège de Sailly-sur-la-Lys une équipe chargée de la commercialisation des produits et du soutien aux usines polonaises. Il y a vingt ans, cette délocalisation permettait à Safilin de ne pas mettre définitivement la clef sous la porte et de produire à un coût 30 % inférieur. Désormais, l’heure est à la relocalisation.
« Prise de conscience »
La crise sanitaire a joué le rôle d’accélérateur dans ce projet chiffré à 5 millions d’euros, dont 800 000 euros apportés par Bpifrance. « Le Covid-19 a fait prendre conscience aux acteurs de la distribution que consommer et produire localement sont des solutions complémentaires, explique Olivier Guillaume. Et le gouvernement est au rendez-vous. » Le lin, considéré comme une fibre noble, séduit. Avec un chiffre d’affaires d’environ 30 millions d’euros, soit deux fois plus qu’il y a six ans, Safilin veut se positionner sur le textile local de qualité. « Quand je parlais de made in France il y a cinq ans, on me riait au nez, se souvient-il. Mais, comme pour l’alimentaire ou les cosmétiques, il y a désormais une vraie prise de conscience dans le textile. »
> Lire aussi Quand l’envie de consommer local entraîne un renouveau du textile made in France
Safilin a acquis un bâtiment existant de 6 000 m2, qu’il compte aménager avec du matériel de filage d’origine, récupéré il y a quelques années, soit un parc de 20 à 22 machines. « On a déjà reçu des candidatures spontanées de jeunes retraités qui avaient travaillé dans notre filature fermée en 2005, qui ont le savoir-faire et se souviennent des gestes, raconte le dirigeant. Une dame m’a dit : le lin, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas ! » Une filature de lin nécessite dix fois plus de personnes que pour le coton. Safilin, qui compte 500 salariés, souhaite embaucher une cinquantaine de personnes pour produire dès 2022 plus de 100 tonnes annuelles de textile, de quoi fabriquer environ 200 000 vêtements.
« Certes, il y a un surcoût à fabriquer en France, admet Olivier Guillaume, mais on veut que le produit soit confectionné au plus proche des champs de lin. » Tous les protagonistes de cette filière, du liniculteur au teilleur, en passant par les fileurs et tisseurs, partagent une relation organoleptique à cette fibre que beaucoup qualifient de « sensuelle ». Pour Inès de la Fressange, figure de la mode française, « si le lin avait un alter ego dans les métaux, ce serait l’or ». Rien que ça.
Traçabilité pointue
C’est à la mi-juin que cette petite plante, semée en mars-avril et haute d’une centaine de centimètres, fleurit. Cette délicate fleur bleue, qui ne dure que quelques heures, est essentiellement plantée en Europe de l’Ouest. La France, premier producteur mondial, compte 6 500 exploitations agricoles qui pratiquent une agriculture en rotation, le lin succédant sur une parcelle aux betteraves, au blé, ou aux pommes de terre. Après l’arrachage des plantes en juillet, vient la délicate opération de rouissage au sol, première phase 100 % naturelle de transformation de la plante en fibre.
> Lire aussi L’industrie textile française renaît de ses cendres
Le soleil, la rosée et la pluie aident les micro-organismes présents dans le sol à éliminer la pectose, qui soude les fibres textiles à la partie ligneuse de la tige. Le lin aime les climats tempérés, pas les excès. Selon la météo, les millésimes sont plus ou moins bons. « C’est une vraie culture écologique, avec une matière très vivante, qui utilise peu d’intrants et pas d’irrigation », explique Bertrand Decock, teilleur de 54 ans à Hondschoote (Nord), dans le Dunkerquois. Son métier, c’est d’être « le maillon entre l’agriculteur et le filateur ». Une véritable passion, transmise depuis quatre générations au gré de « l’école du terrain ».
Chez les Decock, l’un des treize sites de teillage des Hauts-de-France, on sépare les différentes parties de la plante avec des machines, mais aussi avec le savoir-faire des 40 salariés. « Le lin, c’est une histoire d’hommes, et de femmes puisque j’ai quatre filles et qu’en principe la relève est assurée ! », sourit Bertrand Decock. Le Nordiste travaille avec 300 liniculteurs (sur les 2 950 recensés dans les Hauts-de-France), à qui il achète chaque année 24 000 tonnes de paille de lin, qui sont transformées en 5 000 tonnes de fibres longues et 2 500 tonnes de fibres courtes.
> Lire aussi Industrie textile : « Les relocalisations créent peu d’emplois directs »
Chaque parcelle de lin cultivée est travaillée séparément par les teilleurs et bénéficie d’une traçabilité pointue avant de partir dans les filatures asiatiques, européennes (Pologne, Italie…) et désormais françaises. Outre Safilin, Emanuel Lang, en Alsace, a déjà relancé une filature. « Selon la qualité, les usages sont différents, précise Bertrand Decock, tout en manipulant un lourd ruban, doux et lustré de fibres calibrées qui rappellent étrangement la queue d’un cheval. Les fibres courtes sont utilisées pour du textile d’ameublement par exemple, ou mélangées à du coton. »
Valorisation
Le lin est une fibre à la fois légère, résistante, naturelle et recyclable. Et même les anas, ces particules de bois présentes dans la tige et qui composent près de 50 % de la fibre de lin, sont valorisés. Soit en litières pour animaux, soit en panneaux agglomérés pour l’industrie du meuble, soit, nouveauté, transformés en énergie pour les réseaux de chaleur.
Si le lin annonce de beaux jours dans le textile français, il promet aussi de belles innovations. Directeur du département de chimie de l’université du Littoral Côte d’Opale, François Delattre scrute les propriétés du lin depuis 2015. « L’idée, c’est de mettre de plus en plus de lin dans les matériaux composites, explique ce maître de conférences. Notre nouvelle étape est de l’ignifuger avant de commercialiser ce futur matériau bio-sourcé et local. »
Des recherches sont également menées sur les anas : « On veut utiliser ce paillage pour faire de la méthanisation de deuxième génération, explique François Delattre, qui scrute avec gourmandise toutes les parties des tiges de lin. On travaille aussi sur le mucilage contenu dans les graines de lin : aujourd’hui, ça part aux cochons, mais ça pourrait être utilisé dans la cosmétique. De toute façon, il n’y a rien à jeter dans le lin ! »
L’ancien ministre de l’agriculture Philippe Vasseur, pilote de la mission Rev3 pour promouvoir la transition énergétique dans les Hauts-de-France, a lui aussi perçu le potentiel du lin. « C’est une filière vertueuse, et en bio-économie il y a de réelles opportunités, dit-il. Dans le bassin minier par exemple, un bailleur social travaille sur l’utilisation du béton de lin dans une dizaine de logements démonstrateurs. »
> Lire l’entretien :« L’industrie textile est emblématique de tous les excès de la société de consommation »
En s’appuyant sur le savoir-faire et le potentiel de la filière lin en Hauts-de-France, Philippe Vasseur a participé à la création d’un pôle d’excellence porté par la communauté de communes des Hauts de Flandre (CCHF, Nord). André Figoureux, le président de la CCHF, fils d’agriculteurs ayant cultivé le lin, a milité pour construire le réseau de chaleur du futur centre aquatique de l’Ehpad et du groupe scolaire Jean-Moulin de la commune de Wormhout, avec une chaufferie alimentée par des anas et un gaz fabriqué à partir de graines de lin.
> Lire aussi Pollution : la planète est devenue la première victime de l’industrie textile
Et un éclosoir d’entreprises permet à des jeunes start-up d’aller plus loin dans l’exploitation de cette fibre locale, à l’image de celle de Camille Deligne, qui a lancé la fabrication de gobelets en lin, une alternative au plastique en matière 100 % naturelle. Du textile au béton bio-sourcé, en passant par des papiers spéciaux ou des produits d’entretien, le lin n’a pas fini de dévoiler tout son potentiel.
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Le lin en chiffres
141 397 : C’est le nombre d’hectares (ha) de lin cultivés en France, soit 87 % des surfaces en Europe de l’Ouest, contre 19 044 ha en Belgique et 2 410 ha aux Pays-Bas.
50 315 : C’est le nombre d’hectares cultivés dans les Hauts-de-France par 2 950 liniculteurs.
60 % : C’est le pourcentage du lin produit qui est consommé par le secteur de la mode (contre 30 % pour l’ameublement d’intérieur, 10 % pour des applications techniques).
0,4 % : C’est la part du lin dans la production des fibres textiles, loin derrière les fibres synthétiques (63 % ) ou le coton (23,8 %).
72 % : C’est la part mondiale de la Chine dans la filature du lin. Le podium est complété par l’Inde (10 %) et l’Europe (8 %).
Source : Confédération européenne du lin et du chanvre (CELC)
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/06/22/dans-le-nord-le-lin-file-de-nouveau-sa-toile_6085185_3234.html>
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3- La Tunisie, "pionnière" de la culture des algues rouges en Méditerranée, AFP, 23/06/21, 13:00
Kaouther Larbi

Dans une lagune du nord de la Tunisie, des paysans récoltent des algues rouges qu'ils ont plantées eux-mêmes. Leur entreprise est la principale en Méditerranée et la seule dans le pays à cultiver ces plantes, devenues précieuses avec le succès des épaississants alimentaires végétaux.
Après des années de recherche, c'est la première fois cette année que Selt Marine, une entreprise de texturants alimentaires, récolte des algues rouges à l'échelle industrielle.
Face à l'eau plate d'une lagune près de Bizerte, des femmes vident dans de grandes bassines les filets des touffes rugueuses tirant du vert au rouge sombre, puis en prélèvent quelques sections.
Des fermiers nouent ensuite ces échantillons d'algue autour d'un filet cylindrique qu'ils plongent dans la lagune.
"On récupère 10% de la biomasse naturelle, on la cultive dans la lagune puis on attend que la nature fasse son œuvre, et après 45 jours, on récolte : c'est du bouturage", explique Mounir Bouklout, un Français d'origine tunisienne, expert des algues et entrepreneur à l'origine du projet.
Pour un kilo d'algues mis en culture, dix kilos de la plante aquatique sont récoltés un mois et demi plus tard, indique-t-il à l'AFP. De quoi développer la production locale sans épuiser les ressources naturelles, quand d'autres pays comme le Maroc voisin ou le Chili ont vu leurs réserves d'algues rouges épuisées par la surpêche.
Les algues sont ensuite séchées au soleil sur de grandes tables puis transportées à l'usine où elles deviendront des texturants, des gélifiants ou des épaississants alimentaires comme de l'agar-agar ou des carraghénanes.
- "Dépolluer naturellement" -
Ce type de produits supplantent peu à peu la gélatine d'origine animale, moins populaire dans l'industrie alimentaire en raison de scandales sanitaires et du nombre grandissant de végétariens. Les algues rouges commencent aussi à se faire une place dans les secteurs cosmétique et pharmaceutique.
Si elles sont essentiellement cultivées en Asie, premier producteur, consommateur et exportateur d'algues marines dans le monde, les algues rouges bénéficient d'un climat idéal en Tunisie, et leur présence favorise le développement de tout un écosystème avec la présence de crevettes, de petits poissons, d'huitres ou de moules.
Les algues se développent en outre, par la photosynthèse, à partir d'éléments comme l'azote et le phosphore, une façon de "dépolluer naturellement la lagune", explique M. Bouklout. 
Depuis 25 ans, son entreprise transforme à Ben Arous, dans la banlieue de Tunis, des algues qui étaient jusque-là importées d'Asie.
Pour sa première récolte, M. Bouklout espère obtenir 500 tonnes d'algues humides, et il compte porter dès l'année prochaine la surface cultivée à 40 hectares pour une récolte de 3.500 tonnes, avant de passer à 80 hectares d'ici deux ans. 
- Nuggets végétariens -
"La Tunisie est pionnière" en Méditerranée, indique à l'AFP Houssam Hamza, spécialiste de l'aquaculture pour la Méditerranée à l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Non seulement Selt Marine est la principale entreprise cultivatrice d'algues rouges dans la région, mais elle a un savoir-faire en matière de "transformation des algues en différents produits", ce qui permet de les valoriser sur place, explique l'expert.
Qu'elles soient cultivées localement ou importées, les algues sont lavées puis cuites à 90 degrés pour obtenir un liquide gélifiant qui est ensuite pressé, séché et broyé en une fine poudre blanche. 
Mélangée avec d'autres ingrédients, elle servira d'additifs dans des produits laitiers, la charcuterie, la confiserie ou la pâtisserie industrielle, pour des entreprises locales mais aussi européennes, turques ou chinoises. 
Une myriade d'autres utilisations sont en cours d'étude: des bouteilles biodégradables, des nouilles ou encore des nuggets végétariens à base d'algues mais au goût de viande qui seront bientôt commercialisés, indique la biologiste Mariem Mouheddine, responsable de la recherche et du développement chez Selt Marine. 
Une aubaine pour toute la région, où le projet emploie environ une centaine de personnes et devrait permettre d'en faire travailler 500 d'ici deux ans, selon M. Bouklout qui a attendu plus de 20 ans l'autorisation d'exploiter des lagunes tunisiennes.
Selon M. Hamza, les algues représentent "des opportunités à saisir". "C'est aussi notre rôle d'être au côté de la Tunisie, qui reste un pays riche en compétences et plein de jeunes talentueux", souligne-t-il
<https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20210623-la-tunisie-pionnière-de-la-culture-des-algues-rouges-en-méditerranée>
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4- Pour la Cour de cassation, tout CBD légalement produit dans l’UE peut être vendu en France, Le Monde, 23/06/21, 17h43 
Romain Geoffroy

Dans un arrêt attendu, la Cour a confirmé une décision européenne selon laquelle on ne peut interdire la commercialisation de cannabidiol dans un Etat membre de l’UE s’il est produit légalement dans un autre Etat membre. 
Une deuxième décision sur le CBD (cannabidiol) en deux semaines, et une nouvelle victoire pour les boutiques vendant ces produits. Dans un arrêt très attendu, la Cour de cassation a estimé mercredi 23 juin que, en vertu de la libre circulation des marchandises au sein de l’Union européenne (UE), on ne peut interdire la commercialisation du CBD dans un Etat membre si ce produit est produit légalement dans un autre Etat membre.
La Cour de cassation a cassé un arrêt condamnant le gérant d’une boutique de Grenoble qui vendait des produits à base de CBD – la molécule non psychotrope du cannabis – et ordonné un nouveau procès à Paris. Dans cette affaire, les juges de la cour d’appel de Grenoble « n’ont pas recherché, alors que cela leur était demandé, si le CBD découvert dans le magasin tenu par le prévenu était fabriqué légalement dans un autre Etat de l’UE », explique-t-elle.
> Lire aussi  Pour la justice européenne, le CBD n’est pas un « stupéfiant » et ne peut être interdit en France
En juin 2019, le tribunal correctionnel de Grenoble avait relaxé le gérant du magasin des chefs de complicité d’acquisition, détention, offre ou cession non autorisée de produits stupéfiants. Le parquet avait fait appel. Un an plus tard, en juin 2020, la cour d’appel de Grenoble avait infirmé le jugement et déclaré coupable le gérant, qui avait formé un pourvoi en cassation.
Cette décision de la Cour de cassation vient ainsi appliquer l’arrêt rendu en novembre par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) qui était venu contredire les autorités françaises. La CJUE avait considéré que le CBD n’est pas un stupéfiant et que la libre circulation des marchandises ne permet pas à un pays de l’UE de s’opposer à sa commercialisation quand il est légalement produit dans un autre Etat membre. Et ce, même « lorsqu’il est extrait de la plante de Cannabis sativa dans son intégralité et non de ses seules fibres et graines ». Elle autorisait donc, de fait, la vente de produits importés, même si la France en interdit la production sur son sol.
Selon Ingrid Metton, avocate spécialisée dans les affaires de « cannabis light », « cet arrêt de la Cour de cassation dit que si le CBD est produit légalement dans l’UE et que le THC est à l’état de trace, le produit ne peut être qualifié de produit stupéfiant en France, peu importe qu’il s’agisse de fleurs ou de produit transformé ». « Ces produits peuvent donc être commercialisés », assure-t-elle. « Cette décision fait du CBD un produit lambda, à l’instar de tous produits issus d’une plante. »
« Les boutiques ont obtenu gain de cause »
Pour Yann Bisiou, spécialiste du droit de la drogue et cofondateur de l’association L630, qui milite pour une réforme des politiques publiques sur les drogues, la décision de la Cour de cassation mettra fin à la poursuite des boutiques qui vendaient du CBD importé de l’UE : « Les boutiques ont obtenu gain de cause. »« Reste à trancher si la France va rester un pays de consommateurs ou si elle autorisera la production, avec la création d’une filière, etc. », ajoute-t-il.
Le 15 juin, la plus haute instance judiciaire française avait déjà donné raison à une boutique de Dijon qui vendait des produits à base de CBD et contestait sa fermeture, prononcée en 2018 par les autorités. Mais cette décision n’avait qu’une portée limitée. Elle estimait que la fermeture de six mois de cette boutique avait été ordonnée de manière « prématurée », car décidée « en l’absence de détermination par expertise de l’origine du cannabidiol et de la présence de THC dans les produits saisis, au-delà du test effectué par les services de police ». Sans une expertise indépendante, il n’y avait pas de preuve « que les produits en cause entraient dans la catégorie des produits stupéfiants », écrivaient les juges.
> Lire aussi  Comment le CBD est devenu la coqueluche des insomniaques
Dans les dizaines d’affaires actuellement en cours devant les tribunaux en France, les poursuites reposent chaque fois sur l’arrêté de 1990 sur le cannabis, selon lequel « sont autorisées la culture, l’importation, l’exportation et l’utilisation industrielle et commerciale (fibres et graines) de variétés de Cannabis sativa L. » si leur « teneur en delta-9-tétrahydrocannabinol [ou THC] n’est pas supérieure à 0,2 % ». Or, le cannabidiol se trouvant principalement dans les feuilles et les fleurs de la plante – et non dans les fibres et les graines –, le texte tel qu’il est rédigé empêche théoriquement toute commercialisation de produits à base de CBD en France.
Dans l’attente d’une nouvelle réglementation
Mais depuis qu’elles ont été sommées par la CJUE, en novembre, de revoir leur copie, les autorités françaises travaillent sur une nouvelle réglementation. Le ministère de l’intérieur a révélé, fin mai, que le prochain cadre prévoyait que « l’autorisation de culture, d’importation, d’exportation et d’utilisation industrielles et commerciales du chanvre » soit « étendue à toutes les parties de la plante », sous réserve que la teneur en THC ainsi que celle des produits finis soient inférieures à 0,2 %. Une décision qui permettrait aux agriculteurs français de cultiver du CBD pour la fabrication de produits dérivés et clarifierait l’activité des boutiques spécialisées qui exerçaient jusqu’ici dans le flou et risquaient des poursuites judiciaires.
Selon cette prochaine réglementation, les boutiques spécialisées seraient ainsi autorisées à vendre divers produits – aliments, huiles, cosmétiques, e-cigarettes… à base de CBD –, mais ne pourraient en revanche pas commercialiser de fleurs brutes, car celles-ci contiennent des traces de THC, sont souvent fumées et mélangées à du tabac, ce qui est nocif pour la santé. Par ailleurs, en cas de contrôle policier, il faudrait les analyser pour les distinguer du cannabis stupéfiant.
> Lire aussi  Les acteurs français du CBD toujours dans l’attente d’une réglementation claire
Dans un communiqué, la Cour de cassation a précisé mercredi qu’elle « ne tranchait pas la question de savoir si la France peut valablement ou non se prévaloir de l’objectif de protection de la santé publique pour interdire la détention et la commercialisation de CBD sur son territoire ». Pour cela, les autorités devraient alors démontrer la dangerosité sanitaire du « cannabis light » sur la base des données scientifiques les plus récentes. Cependant, comme le relevait en novembre la CJUE, « d’après l’état actuel des connaissances scientifiques », le CBD, à la différence du THC, « n’apparaît pas avoir d’effet psychotrope ni d’effet nocif sur la santé humaine ».
Dans l’attente d’une nouvelle réglementation, la décision de la Cour de cassation représente, pour Me Metton, « un désaveu des autorités et du cadre très restrictif qu’ils espéraient mettre ». « La décision de la Cour de cassation sonne aujourd’hui comme un nouveau camouflet pour le gouvernement », a également réagi dans un communiqué Aurélien Delecroix, président du Syndicat professionnel du chanvre. « Dans ce contexte, il n’apparaît plus tenable pour le gouvernement de maintenir ses positions dogmatiques en la matière », insiste-t-il, fustigeant une « position prohibitionniste à l’encontre des produits CBD » justifiée par « des raisons devenues froidement politiques ».
<https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/06/23/pour-la-cour-de-cassation-tout-cbd-legalement-produit-dans-l-ue-peut-etre-vendu-en-france_6085380_3224.html>
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5- En Côte d’Ivoire, une « armée verte » lutte contre la déforestation, Le Monde Afrique, 23/06/21, 18h00
Youenn Gourlay (Diamarakro, envoyé spécial)

Depuis 2020, 650 « soldats verts » rattachés au ministère des eaux et forêts livrent bataille contre les activités clandestines qui détruisent le couvert forestier du pays. 
Trois véhicules tout-terrain avalent à la hâte les kilomètres de piste dans l’est ivoirien. Voilà quelques jours déjà que les indics du village d’Aprompron ont alerté les autorités. Une centaine d’orpailleurs clandestins seraient en train d’extraire de l’or au beau milieu de la forêt classée de Diamarakro. Un point GPS permet de localiser le site. En lisière de forêt, une douzaine d’hommes de la Brigade spéciale de surveillance et d’intervention (BSSI), autrement appelée « armée verte », s’approche.
Le lieutenant Jean Kouakou Kouassi, chef de mission, inspecte les environs à l’aide d’un drone. Les chercheurs d’or sont cachés dans une vaste clairière qu’ils ont eux-mêmes défrichée. Sur les images aériennes, la zone déforestée est nette : des dizaines de mares boueuses défigurent le couvert forestier. Seuls quelques arbres ont survécu. « Les orpailleurs sont à 300 ou 400 mètres seulement », indique le lieutenant.
> Lire aussi  « La mine aurait dû nous donner la richesse, elle nous a apporté la misère » : en Côte d’Ivoire, un village contre l’Etat
Visage camouflé, le commando poursuit l’opération à pied. Plusieurs équipes encerclent la zone. Les talkies-walkies s’emballent. De concert, l’assaut est donné. Des dizaines de jeunes orpailleurs torse nu détalent à toute vitesse. Intercepté, l’un d’eux est menotté face contre terre. « Ne bougez plus ! Monsieur, couchez-vous ! », lui ordonne le sergent-chef Gilles Bleu. Ils sont des dizaines d’autres à réussir à s’échapper. Mais pas question de tirer, sauf en cas de légitime défense.« L’idée, c’était vraiment de les dissuader. Pas de bavure », explique le lieutenant Kouakou Kouassi.
« Le danger peut venir de partout »
Pourtant, le risque existe. « Ils peuvent être armés, soyez sur vos gardes. Sur un site d’orpaillage, le danger peut venir de partout », rappelle le sergent-chef à ses hommes. Au total, huit orpailleurs seront arrêtés et sept motopompes saisies.« Un bilan mitigé », concède le lieutenant. Une équipe de nuit prendra le relais pour surveiller les récidivistes. Les fautifs, essentiellement des petites mains, ont été présentés devant le procureur pour « délit d’extraction de minerais dans un domaine forestier protégé » et risquent jusqu’à deux ans de prison.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/06/23/en-cote-d-ivoire-une-armee-verte-lutte-contre-la-deforestation_6085397_3212.html>
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6- Gros plan sur la culture de l'avocat : culture clandestine, pesticides, transports et déforestation, Futura-sciences, 24/06/21
Par Bruno Parmentier, ingénieur, économiste, auteur conférencier et consultant, spécialisé dans les questions agricoles et alimentaires

Quand on achète un produit, qu'on le veuille ou non, on achète le monde qui va avec. Voyons un peu ce que cette sage maxime implique en ce qui concerne les avocats.
Voilà un fruit originaire du Mexique et d'Amérique centrale, et qui a toujours été fortement consommé sur place sous de nombreuses formes. Jusqu'à il y a quelques années, on en trouvait très peu en Europe vu les difficultés de conservation de ce produit éminemment tropical (tout comme la mangue, autre fruit vraiment excellent et vraiment tropical).
Une explosion de la demande mondiale
Et puis soudain, il est devenu à la mode, en particulier aux États-Unis, ce qui est assez logique vu le nombre de personnes d'origine mexicaine qui y résident, mais aussi en Europe, et tout particulièrement en France, pays des gastronomes. Les grands cuisiniers et les diététiciens ont commencé à en dire le plus grand bien. Il est bourré de vitamines et serait bon pour le transit intestinal, le cœur, la vue, les femmes enceintes, et permettrait de lutter contre le cholestérol, le cancer, les douleurs des règles, etc. En moyenne, un foyer français en mange dorénavant trois kilos par an.
La demande mondiale a explosé ; la production aussi, qui est passée 3,7 millions de tonnes en 2010 à 7,2 millions de tonnes en 2019 ! L'avocat est devenu le 6e fruit le plus consommé au monde derrière la banane, le raisin, la pomme, l'orange et l'amande. L'avocatier est un arbre du tropique humide qui nécessite énormément d'eau pour pousser. 
>> Suite à lire à :
<https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/deforestation-gros-plan-culture-avocat-culture-clandestine-pesticides-transports-deforestation-88156/>
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7- Agriculture : la PAC soutient des pratiques "climaticides", selon la Cour des comptes européenne, Novethic, 24/06/21
Marina Fabre

En pleine négociation de la nouvelle Politique agricole commune (PAC) au sein de l'Union européenne, la Cour des comptes européenne tacle sévèrement les résultats climatiques de la dernière version, de 2014 à 2020. Alors qu'un tiers du budget de la PAC était dédié à la lutte contre le changement climatique, les émissions de gaz à effet de serre d'origine agricole n'ont pas baissé au cours de la dernière décennie. Pire, la PAC a soutenu des "pratiques climaticides", estime l'institution.
Plus de 100 milliards d’euros. C’est la somme que la Politique agricole commune a dédiée à la lutte contre le changement climatique de 2014 à 2020 soit un quart de l’ensemble des dépenses agricoles de l’Union européenne. Or, dans un nouveau rapport, la Cour des comptes européenne dresse un bilan catastrophique des impacts des mesures de la PAC dans l’atténuation du changement climatique. De fait, les émissions de gaz à effet de serre d’origine agricole n’ont pas baissé depuis 2010. 
Alors que l’élevage, notamment les cheptels bovins, représente la moitié des émissions d’origine agricole, la PAC n’a pas prévu de limitation du cheptel, ni d’incitation à le réduire. Au contraire, "certaines de ses mesures de marché promeuvent la consommation de produits d’origine animale, qui n’a pas baissé depuis 2014. Ce faisant, elles contribuent davantage au maintien des émissions de gaz à effet de serre qu’à leur réduction", écrit la Cour des comptes européenne. 
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/agriculture-la-pac-soutient-des-pratiques-climaticides-selon-la-cour-des-comptes-europeenne-149929.html>
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8- Les externalités positives de l'agriculture reconnues par le code rural, Actu-environnement, 24/06/21
Laurent Radisson 

Le Sénat a adopté le 22 juin un amendement au projet de loi climat qui prévoit que la politique en faveur de l'agriculture vise à reconnaître et mieux valoriser les externalités positives de l'agriculture, notamment en matière de services environnementaux et d'aménagement du territoire.
« Les PSE permettent de sortir de la seule logique, au demeurant toujours nécessaire, de compensation des surcoûts ou des manques à gagner qui domine actuellement dans les politiques agricoles, pour encourager, en les rémunérant dans la durée, les éléments de biodiversité et les pratiques qui permettent d'améliorer la santé et l'efficacité agronomique, climatique et environnementale des écosystèmes (stockage du carbone, préservation de la qualité et de la ressource en eau, protection du paysage et de la biodiversité…) », a expliqué le sénateur Franck Montaugé (Soc. – Gers), auteur de l'amendement.
Si le Gouvernement a soutenu ce dernier, il a en revanche émis un avis défavorable sur un autre amendement qui lui demandait de remettre un rapport sur le développement des prestations pouvant donner lieu à paiements pour services environnementaux (PSE).
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/agriculture-externalites-positives-paiements-services-environnementaux-projet-loi-climat-senat-37775.php4>
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9- A la ferme verticale Jungle, les herbes aromatiques voient la vie en rose, AFP, 25/06/21, 10:00
Pascale Mollard-Chenebenoit

Dans un vaste entrepôt d'une zone industrielle à 100 km de Paris, herbes aromatiques et micro-pousses prospèrent sur des plateaux empilés les uns au-dessus des autres, sous la lumière rosée et violacée des LED horticoles : bienvenue chez Jungle, une ferme verticale aux grandes ambitions.
Fondée en 2016 par l'ex-financier Gilles Dreyfus et l'entrepreneur Nicolas Séguy, cette jeune pousse a ouvert son premier site à Château-Thierry dans l'Aisne. Elle prévoit d'en ouvrir deux autres d'ici à fin 2022, dans l'ouest et le sud de la France. Et de devenir numéro un des fermes verticales maraîchères dans l'Hexagone.
La ferme de Château-Thierry fonctionne en hydroponie, c'est-à-dire sans terre, les plants poussant sur un substrat et recevant de l'eau chargée en nutriments. Le tout éclairé de LED horticoles, dans une atmosphère chaude et humide. 
Deux "tours" de production, avec des plateaux sur dix mètres de haut, fonctionnent actuellement. "D'ici la fin de l'année, on en aura dix-neuf", déclare à l'AFP Gilles Dreyfus, le président de Jungle.
Une tour peut produire 400.000 plantes par an. Lorsque toutes les structures seront montées, la production annuelle sera de 8 millions de plantes, explique cet ancien financier de 38 ans.
- Goût -
Dans ses tours, Jungle fait pousser des herbes aromatiques (basilic, persil, coriandre, ciboulette) mais aussi des micro-pousses (moutarde, radis pourpre, shiso rouge, wasabi) et des salades (laitue, roquette).
Ses produits, qui jouent sur l'ultra-frais, sont destinés à la grande distribution. La société a signé un accord-cadre avec Monoprix et ses herbes sont déjà proposées dans certains magasins parisiens. Jungle négocie aussi avec Intermarché.
"Mettre la puissance de l'innovation industrielle au service de la vie végétale": telle est la devise de Jungle. "On va répondre aux usages et aux nouveaux besoins des consommateurs avec des plantes sans pesticides, qui ont du goût, qui sont vivantes, qui sont traçables et qui, surtout, sont produites très près de là où elles sont vendues et consommées", vante Gilles Dreyfus.
Dans l'entrepôt, le parcours des graines, disposées sur un plateau, commence sur un tapis automatisé. Elles sont semées avec précision dans un petit récipient rempli de substrat.
Cap ensuite sur les chambres de germination, à l'atmosphère tropicale, où les plants resteront quelques jours. Avant de rejoindre les tours de culture pour se développer et atteindre la maturité, dans une ambiance futuriste.
Dans la tour, un ordinateur contrôle tous les paramètres (eau, nutriments, éclairage, température, humidité, CO2, ventilation) et les ajuste sans cesse en fonction du but recherché.
"En jouant sur le spectre lumineux et les différents rapports de couleurs, on peut faire fleurir une plante plus vite, la rendre plus compacte, avoir des feuilles plus grandes, modifier sa morphologie", explique l'agronome Mickaël Mitterrand, responsable de la recherche et développement chez Jungle et chef de culture.
- Robot -
Un robot est à la manœuvre pour manipuler les plateaux disposés sur quinze niveaux, les faire monter et descendre et contrôler leur état sanitaire.
"On a une productivité extrêmement importante car on optimise tous les paramètres", souligne Gilles Dreyfus. "En pleine terre, vous avez 3 à 5 récoltes maximum de basilic par an. Nous, nous en avons 14".
Il prévoit de parvenir à la rentabilité fin 2022, lorsque le deuxième site sera à la moitié de sa capacité.
Jungle mise aussi sur la production de plantes pour les fabricants de parfum et les marques de cosmétiques. Cette activité représente déjà 30% de son chiffre d'affaires mais la société reste muette sur les fleurs produites.
La zone de production est cachée aux visiteurs. Il s'y cultive "une fleur rare", qui entrera dans la recette d'un parfum, se contente de dire Gilles Dreyfus.
Après dix ans dans la finance, il raconte avoir décidé de changer de vie en 2015 après avoir lu un article évoquant l'agriculture verticale et s'être rendu à New York pour rencontrer "le père du concept", Dickson Despommier, professeur émérite à l'Université de Columbia. Il enchaîne sur une conférence mondiale sur l'agriculture verticale en Californie.
"Je suis rentré à Paris, j'ai plaqué mon job. Et je suis parti faire le tour du monde pour voir ce qui existait déjà". Chemin faisant il rencontre Nicolas Dupuy, devenu son associé.
Jungle vient de lever 42 millions d'euros pour prendre son envol.
<https://information.tv5monde.com/info/la-ferme-verticale-jungle-les-herbes-aromatiques-voient-la-vie-en-rose-414322>
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10- Le géant de la distribution Aldi ne vendra plus de viande issue d’animaux élevés en intérieur, L’Obs avec AFP, 25/06/21, 18h25

Cette décision aboutira à l’horizon 2030, a annoncé le groupe allemand.
Le discounter allemand Aldi va bannir de ses rayons d’ici 2030 la viande issue d’animaux élevés dans des conditions qui ne garantissent pas leur bien-être, a-t-il annoncé ce vendredi 25 juin, une décision saluée par Greenpeace.
D’ici neuf ans, l’ensemble du groupe Aldi, qui comprend les deux entités Aldi Nord et Aldi Süd, ne proposera plus de viande venant d’animaux élevés uniquement dans des hangars sans jamais voir le soleil ou vivre à l’air libre, selon un communiqué.
>> Suite à lire à :
<https://www.nouvelobs.com/animaux/20210625.OBS45779/le-geant-de-la-distribution-aldi-ne-vendra-plus-de-viande-issue-d-animaux-eleves-en-interieur.html>
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11- Enquête. « Au lieu d’attendre que le monde change, on pouvait déjà changer de monde » : la permaculture ou le nouveau retour à la terre, Le Monde, maj le 26/06/21 à 06h30
Célia Laborie

Ils veulent lutter contre la débâcle écologique et créer d’autres rapports économiques. Mais aussi réconcilier l’homme et la nature. Rencontre avec celles et ceux qui ont tout quitté pour cultiver leur jardin.
Ils étaient ingénieur, vendeuse, pilote d’hélicoptère ou éducatrice spécialisée. Il y a quelques mois ou quelques années encore, ils allaient au supermarché, prenaient le bus, buvaient l’eau du robinet et rendaient des comptes à leur patron. Avec, enfoui en eux, un sentiment de culpabilité diffuse, une impression de décalage entre ce quotidien et leurs aspirations morales. Tous ont opéré leur révolution personnelle après avoir rencontré une discipline pensée à l’autre bout du monde il y a plus de cinquante ans : la permaculture.
Imaginé par les Australiens Bill Mollison et David Holmgren dans les années 1970, cet ensemble de méthodes agricoles apprend aux néo-ruraux à faire pousser légumes, céréales et fruits sans nuire aux écosystèmes, et nourrit l’espoir de subvenir à nos besoins alimentaires sans passer par l’agriculture intensive.
Mais surtout, il s’accompagne d’une éthique censée nous aider à opérer une transition globale, en apprenant à vivre en harmonie avec les animaux et la nature. « En permaculture, il y a trois principes fondateurs : prendre soin des humains, prendre soin de la terre, partager équitablement les ressources », rappelle Laura Centemeri, chargée de recherche au CNRS et autrice de l’ouvrage La Permaculture ou l’art de réhabiter, paru en 2019 aux éditions Quae. « Cela touche à toutes les sphères de la vie : l’alimentation, mais aussi l’éducation des enfants, les relations entre les humains… Beaucoup de formations à la permaculture proposent d’ailleurs des initiations à la communication non violente », précise la sociologue.
Alors que le sentiment d’impasse écologique se propage, la permaculture s’impose comme un guide de reconversion pour citoyens en quête de sens. « Elle séduit des centaines de Français de tous les âges, de tous les milieux. En adhérant à ses principes, ils choisissent de s’autonomiser et de recréer tout un mode de vie en accord avec leurs valeurs », explique Anahid Roux-Rosier, doctorante en philosophie à l’Université Lyon-III, dont les travaux de thèse portent sur les principes de la permaculture. Selon elle, « plus qu’une pratique, cela correspond à un imaginaire. C’est un choix qui permet de se positionner moralement dans la société, en opérant un mouvement de retrait du monde ».
Difficile d’évaluer le nombre de permaculteurs en France, puisque c’est un mouvement informel, ne correspondant à aucun label agricole, qui se développe en dessous des radars et commence à peine à être étudié par des universitaires. L’association Brin de Paille, qui rassemble et met en réseau les permaculteurs en France, recense 3 090 projets dans l’Hexagone. Mais l’influence du mouvement ne se mesure pas forcément en chiffres. Comme leurs prédécesseurs se sont retrouvés dans le Larzac pour bâtir une utopie agricole commune, « les permaculteurs » proposent une réforme sociétale qui résonne, car en phase avec les angoisses et les espoirs de l’époque
> Lire aussi :Le Larzac, éternel laboratoire paysan
Claire et Gildas Véret - Un mode de vie durable sur les bords de Loire
« Ce qui m’animait le plus quand j’ai voulu quitter Paris ? Pouvoir faire mon compost moi-même et avoir des toilettes sèches. J’en avais ras-le-bol de faire mes besoins dans de l’eau, il n’y a rien de plus absurde ! », martèle Claire Véret, depuis le grand salon de sa maison de Lussault-sur-Loire (Indre-et-Loire), où son mari Gildas a posé sur la table un saladier rempli de laitue, d’arroche, de lampsane et d’autres feuillages insolites cueillis ce matin dans le potager. Egalement au menu ce midi, un plat de pâtes aux féveroles conservées depuis la récolte de l’été dernier.
Chez Claire et Gildas, 38 et 39 ans, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. L’eau de pluie est récupérée et filtrée pour ressortir par le robinet, les excréments sont compostés dans de grands bacs pour servir de terreau, cinq panneaux solaires assurent 80 % de la consommation d’électricité. Pour chauffer les pièces, le couple a installé un poêle bouilleur, alimenté par du bois coupé dans la forêt juste derrière la maison. Claire Véret, haute fonctionnaire formée à Sciences Po, a découvert la permaculture lors d’un voyage en Australie, à l’âge de 25 ans. En rencontrant Gildas à son retour à Paris, elle l’initie à cette discipline alors presque inconnue en France. Lui a été ingénieur chez Bouygues, avant d’être embauché au Palais de la découverte.
Ecolos convaincus, frustrés par le monde du travail, ils rêvent alors tous les deux d’un mode de vie durable, sans vraiment savoir comment le mettre en place. « En ville, on avait l’impression d’être obligés de passer par un système qui ne nous convenait pas, d’aller au supermarché, d’utiliser des transports polluants. Quand on a fait notre cours certifié de permaculture [CCP], on s’est rendu compte que plein de gens vivaient déjà en dehors de ce système-là. Et qu’au lieu d’attendre que le monde change, on pouvait déjà changer de monde, rejoindre ceux qui avaient fait leur transition », s’enthousiasme aujourd’hui Gildas Véret. En rentrant de leur stage, Claire et Gildas se mettent tous deux à mi-temps, et passent une partie de leurs semaines à perfectionner leurs connaissances en permaculture dans une maison en paille sans eau ni électricité, au cœur du jardin de la ferme Crocus, dans la Sarthe.
En 2013, le couple parvient enfin à acheter une grande maison à Lussault-sur-Loire, encadrée de deux grands jardins et une parcelle de forêt, à trente minutes en vélo de la gare d’Amboise. Près de la nature, mais aussi près de la ville et d’une école pour leur fils Solann, aujourd’hui âgé de 4 ans. Pour mettre en place un habitat durable, Claire et Gildas organisent un chantier bénévole et isolent entièrement la maison avec de la paille, fabriquent une serre et bâtissent progressivement leur potager, où l’on retrouve aujourd’hui une petite parcelle de blé, des blettes, du sorgho, des pois chiches, du céleri…
Depuis, ils ont quitté leurs emplois respectifs pour vivre de stages de permaculture, de conseil pour les particuliers, les institutions ou les associations, et de la vente d’ouvrages sur le sujet. Les revenus du couple ont baissé, mais ce mode de vie s’est aussi accompagné d’une réduction des dépenses : ne plus prendre l’avion, acheter moins de nourriture, remplacer ses loisirs citadins par le bricolage, le jardinage, les balades en forêt ou les voyages en bateau sur la Loire. S’ils vont encore parfois dans des magasins bio, tous deux ont désormais l’impression de maîtriser complètement leurs modes de consommation. « Pour nous, c’est du bon sens : on a cessé d’être dans le déni des conséquences de nos actes, on vit en fonction des données scientifiques que nous avons », déclare fièrement Claire Véret.
A côté d’elle, Solann, tout agité dans sa marinière multicolore, demande avec insistance une portion de yaourt à la vanille en dessert. « D’accord, mais on ne t’en sert pas beaucoup », prévient son père, qui tient à lui rappeler que « la vanille, ça pousse très loin d’ici ». Quand on lui demande s’il pense qu’on pourrait nourrir toute la France avec des fermes en permaculture, l’ancien ingénieur répond du tac au tac : « Oui, mais il faudrait revoir son rapport au plaisir, parce qu’on ne mangerait pas d’avocat ou de chocolat tous les jours. Et je ne suis pas sûr qu’on puisse prendre du plaisir à manger des féveroles si on ne les a pas fait pousser soi-même. » 
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Arnaud Guerry et Manon Welfringer - La permaculture végétale et sonore du Marais Poitevin
En décembre 2019, Arnaud Guerry, 30 ans, et Manon Welfringer, 29 ans, avaient décroché le job dont ils rêvaient depuis des années : programmateurs de musique expérimentale au Quai de Bourbon, une salle de concert du Marais, à Paris. Ils étaient loin de se douter qu’à peine cinq mois plus tard, ils auraient quitté la ville pour s’éveiller tous les matins au son des insectes du Marais Poitevin. Les deux amoureux se sont rencontrés à Poitiers au début de leurs études, et ont déménagé ensemble en région parisienne pour travailler dans la culture. Pendant des années, leurs nuits étaient tout entières consacrées à la tournée des bars, salles de concert et festivals de la capitale. Jusqu’au 13 mars 2020, date du dernier concert programmé au Quai de Bourbon, suivi peu après de la fermeture de l’établissement.
« On est allés se confiner à Saintes [Charente-Maritime], chez mes parents, et on a pris le temps de se questionner sur notre quotidien à Paris. On menait un train de vie de dingues, et on avait l’impression de travailler pour une industrie assez cynique, dirigée par des gens qui s’en foutent totalement de défendre l’art », souffle Arnaud, joint par téléphone. « On a commencé à imaginer créer un lieu de résidence musicale à la campagne, et on a rapidement trouvé une maison de 80 mètres carrés à Arçais [Deux-Sèvres], pour un loyer bien moins cher que celui de notre colocation à Saint-Ouen. On voulait créer un espace qui mêle création artistique et permaculture. »
Les voilà donc locataires d’une vieille maison aux volets rouges et d’un petit terrain mêlant jardin et forêt cerclé par les cours d’eau du Marais Poitevin, où cohabitent moustiques, ragondins, cygnes, hérons et chatons sauvages. Une fois installés, Manon et Arnaud remplissent les étages de leur bibliothèque d’ouvrages comme La Permaculture au quotidien, de Louise Browaeys, et Petit traité du jardin punk, d’Eric Lenoir, tous deux parus chez Terre Vivante, en 2018. Ils s’offrent aussi une formation à domicile avec Tita Guery, conseil en permaculture, qui leur explique comment prendre soin de la terre et apprendre à vivre en harmonie avec cet environnement marécageux réputé hostile, un peu magique, grouillant de bêtes aquatiques et terrestres.
En ramenant à sa mémoire les bases apprises dans son enfance avec ses grands-parents, Manon installe trois parcelles de potager, paille le sol pour conserver son humidité et tente de faire pousser fruits, légumes et plantes aromatiques sans produire aucun déchet. « Cet hiver, on s’est beaucoup nourris de blettes, de poireaux, de choux de Bruxelles, de mâche et de persil », précise-t-elle fièrement, même si le couple est bien loin d’être autonome en fruits et légumes. Pour se chauffer, les deux néoruraux vont couper du bois dans la forêt et récupèrent la cendre pour éloigner les limaces du potager. « On consomme moins, on lit beaucoup plus et on n’a jamais autant créé de nos mains », se félicite Arnaud, qui a quand même dû trouver un emploi d’agent commercial à Niort pour subvenir temporairement à leurs besoins financiers.
A terme, leur objectif est de gagner leur vie en invitant des musiciens à venir trouver l’inspiration au cœur des sonorités du Marais, via des résidences artistiques subventionnées qui commenceront dès cet été. Ils ont, dans une chambre du rez-de-chaussée de leur maison, installé un studio de fortune, où traînent tout un tas de câbles, de micros, d’enceintes et d’instruments exotiques. A ceux qui viennent leur rendre visite, Manon et Arnaud font découvrir leur nouveau passe-temps favori : aller se perdre dans la campagne environnante pour enregistrer les bruissements de l’eau, des animaux et des feuillages, avant de les intégrer dans des compositions musicales. Leur objectif est d’abord de donner à entendre les menaces qui pèsent sur cet écosystème fragile.
« On était déjà sensibles au réchauffement climatique et à la pollution, mais le fait de vivre auprès de la nature nous a rendus témoins de leurs conséquences. Des arbres attaqués par des maladies s’écroulent, les ragondins se multiplient et minent les berges, les lentilles d’eau disparaissent », insiste Manon, qui s’est donné pour mission de créer une « carte sonore du Marais Poitevin », sur laquelle les internautes peuvent cliquer pour entendre les bruits enregistrés dans la région. En un an passé dans le marais, l’ancienne Parisienne est déjà devenue nostalgique : « J’ai compris progressivement que ce que j’archive, ce sont les sons des oiseaux qu’on n’entendra plus dans dix ans. »
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Mélina Longpré  - Un « électrochoc » qui lui a redonné la force de travailler à Paris
Nous sommes en 2019 quand Mélina, alors coordinatrice en développement durable dans un grand groupe à Paris, commence à rêver de tout plaquer pour vivre du travail de la terre. Dérangée par le mode de vie consumériste auquel elle se sent obligée d’adhérer, elle se trouve déphasée, fatiguée. « A cette période, quand j’allais boire un verre avec des amis, je me rendais malade si le bar ne servait que des bières industrielles. A chaque gorgée, je pensais aux conditions de production des céréales et aux pesticides qui avaient été utilisés », s’amuse la trentenaire brune au léger accent québécois, depuis son appartement de Meudon (Hauts-de-Seine). « J’avais entendu parler de la permaculture par des amis, j’étais curieuse. Je me suis inscrite à un cours certifié de deux semaines pendant mes vacances. »
Cette expérience, Mélina s’en souvient comme d’un « électrochoc » : « En plus d’apprendre des choses passionnantes sur la vie des sols, nous avions beaucoup de conversations sur l’impact de nos modes de vie. Il était clair pour tout le monde que si on travaillait dans de grands groupes capitalistes, nos salaires étaient directement liés à la destruction de la nature. » Dès son retour au travail, elle parle à son patron de son désir de démissionner. Alors célibataire et sans enfant, Mélina ne voit pas grand-chose la retenir à Paris : elle rend les clés de son appartement et passe l’été 2020 en Haute-Loire à faire du woofing – qui consiste à être nourri et logé dans des fermes écologiques contre un travail bénévole. C’est dans cette région qu’elle a choisi de s’ancrer, avec la vague idée de se laisser porter jusqu’à trouver une communauté auprès de laquelle s’installer définitivement.
A l’automne, le temps change, les fermes ont moins besoin de main-d’œuvre et Mélina décide d’explorer les profondeurs de la « permaculture humaine ». Elle enchaîne des sessions de coaching, des stages en forêt où elle apprend à entrer en empathie avec les arbres et les animaux, ou encore une initiation au « travail qui relie », méthodologie censée aider à accueillir les émotions difficiles ressenties face au changement climatique. « Nous étions réunis en petit groupe pour quelques jours dans le domaine du château de Janville, dans les Yvelines. Je crois que, dans cette période, quelque chose a bougé en moi. L’un des rituels consistait à s’asseoir en cercle dans la forêt avec, au milieu du groupe, des objets au pouvoir symbolique : des feuilles mortes représentant la tristesse, un bâton pour la colère… Chacun à notre tour, nous avons exprimé nos émotions avant de déposer ces objets dans le sol. L’idée était de redonner nos émotions négatives à la Terre, pour les recycler et retrouver l’énergie de passer à l’action. »
Progressivement, Mélina a la sensation de s’apaiser, de mettre de côté les raisons qui l’avaient poussée à quitter Paris. En Ile-de-France, il y a son compagnon, rencontré juste après sa démission et pas vraiment intéressé par la vie au milieu de la forêt. Son ancien patron est revenu vers elle plusieurs fois, et lui parle d’une création de poste dans son ancien service, dont la direction serait devenue plus sensible aux enjeux climatiques. Mélina finit par accepter. En mars 2021, la voilà de retour au bureau. « Finalement, tout ce cheminement m’aura donné des ressources pour revenir au combat », conclut-elle aujourd’hui. Elle estime qu’« il y a un énorme travail à faire pour sensibiliser les masses à l’urgence climatique, et une poignée de permaculteurs ne pourront pas faire basculer les choses tout seuls. » Pour elle, leur travail et le sien sont complémentaires.
« En France, on émet en moyenne 12 tonnes de CO2 par an. Je pourrais m’autonomiser pour réduire ces émissions à 2 tonnes. Mais je sais aussi que mon entreprise en émet 16 millions, et que si je peux contribuer à réduire ce chiffre, l’impact sera sans commune mesure », fait-elle remarquer. A 36 ans, Mélina a depuis emménagé à Meudon avec son compagnon, pour être proche de la forêt, des arbres et des écureuils. Sans regret pour cette autre vie qu’elle n’aura finalement pas épousée, mais avec la certitude d’avoir changé son rapport à elle-même. « Aujourd’hui, je ne me prends plus la tête si je dois boire une Leffe de temps en temps. J’ai abandonné cette pulsion de pureté, et appris à être plus à l’aise avec mes imperfections », conclut Mélina dans un sourire.
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Eric Ydais  - De l’armée de l’air au retour à la terre
« Une passion dévorante » : c’est en ces termes qu’Eric Ydais décrit sa rencontre avec la permaculture, il y a douze ans déjà, au travers d’un documentaire déniché par hasard sur YouTube. « Je ne pensais qu’à ça, au point que ça a fini par être un souci pour ma compagne, comme si j’avais une maîtresse », s’amuse-t-il aujourd’hui. A l’époque, à 48 ans, il a déjà eu des vies différentes, beaucoup de déconvenues aussi. Après une enfance à Chambéry, en Savoie, il suit une formation de l’armée de l’air à Aulnat, à côté de Clermont-Ferrand, pour ensuite travailler comme pilote d’hélicoptère et transporter des militaires, déverser des pesticides dans les champs ou encore « trimballer des milliardaires » à Monaco. Des emplois très polluants, dans lesquels il a du mal à s’épanouir, lui qui est irrésistiblement attiré par la nature depuis ses vacances d’enfant aux Scouts de France.
Quand il commence à se renseigner sur le pic pétrolier après la crise économique de 2008, la frustration se transforme en angoisse. « J’étais alors un consommateur de pétrole à outrance, et j’ai commencé à entrevoir comment tout ce système pouvait s’écrouler. J’ai eu, pendant un moment, une période survivaliste : j’ai acheté un 4x4, appris à tirer à l’arc dans les bois avec ma compagne. Mais on a vite compris que cette approche de la catastrophe était bien trop individualiste. » Dans la permaculture, Eric Ydais voit un moyen de se reconnecter, enfin, avec la nature et d’arrêter d’enchaîner les contrats précaires. Après un cours de conception en permaculture, en Inde en 2012, il achète avec sa compagne deux petites maisons avec 13 hectares de terrain dans le village de Boffres, en Ardèche. En parallèle des travaux d’aménagement et de l’installation du potager, le quinquagénaire continue à travailler comme pilote d’hélicoptère, cette fois pour éteindre les feux de forêt dans le Var.
Dès 2018, il décide de vivre à plein temps du travail de formateur en permaculture, et doit se résoudre à vendre les maisons dont il ne peut continuer à rembourser les crédits. Avec sa compagne, reconvertie dans la naturopathie, ils s’installent juste à côté dans une yourte de 35 mètres carrés. Comme la plupart des « permaculteurs », Eric peine à vivre exclusivement de sa passion. L’année dernière, la situation sanitaire n’aidant pas, les formations ne lui ont rapporté que 3 500 euros, et il a dû puiser dans l’argent d’un héritage touché en décembre. Mais après une carrière chaotique, il dit se sentir serein, comme s’il avait enfin accepté que ses lendemains soient toujours incertains. « J’ai eu la tête dans le guidon pendant trente ans, j’avais une femme et un fils à nourrir, j’étais endetté, je ne pensais qu’à travailler », se souvient le père de famille.
Finalement, ses regrets concernent surtout sa vie d’avant, « ce monde du travail qui broie les gens » et dont il garde des souvenirs amers. « Parfois, j’aimerais revenir en arrière et avoir découvert la permaculture à 20 ans. J’aurais compris plus tôt qu’on n’a pas besoin de beaucoup d’argent si on vit en connexion avec la nature. Et j’aurais eu plus de temps pour vivre », imagine-t-il depuis le poste de travail installé dans sa yourte, face à une fenêtre donnant sur les frênes du jardin. Eric a aujourd’hui 60 ans, et se voit bien continuer à organiser des formations pendant dix, quinze ans, s’il « ne devien[t] pas trop sénile ». Son fils de 27 ans, a, lui, monté une start-up de matériel d’escalade à Paris. Eric n’essaye pas de le convaincre de se reconvertir à la permaculture. Il lui fait confiance pour y venir tout seul, plus tard.
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Angélique Roudy et Natacha Boussenot  - Une oasis rêvée en Périgord
Il est 17 heures, l’heure de l’apéro chez Natacha Boussenot et Angélique Roudy. Après une longue journée passée à planter des courges sous le soleil avec des amies, les deux maraîchères débouchent des bouteilles de Grimbergen et se roulent des cigarettes à l’entrée de leur ferme en taquinant Jean-Pierre, 59 ans, cheveux gris coupés en brosse. Polyhandicapé, celui-ci vient passer trois jours par mois ici pour se mettre au vert, loin de la Maison d’accueil spécialisée de Soyaux (Charente). Un border collie noir et blanc aboie de temps en temps, une énorme truie grise vient se frotter aux roues du fauteuil du quinquagénaire. L’Unis-Vert des Sens, c’est le nom qu’ont donné Angélique et Natacha à cette oasis perdue dans la campagne périgourdine, qu’elles partagent aussi avec des paons, des chats, des canards, des brebis, des coqs et des ânes.
Cette ferme, Angélique et Natacha l’ont rêvée pendant des années avant de pouvoir y habiter. Toutes deux originaires de la région, elles se sont rencontrées à 17 ans à Saint-Genis-de-Saintonge (Charente-Maritime), dans l’établissement où elles passaient leur bac pro. Angélique, short en jean et cheveux blonds ébouriffés, raconte avoir travaillé comme éducatrice spécialisée pendant quatre ans, avant de chercher un cadre où accueillir des personnes handicapées en dehors des institutions. Natacha, fille d’agriculteurs, a d’abord tout fait pour fuir le métier de ses parents : « Ils avaient 240 hectares de terre en agriculture conventionnelle, mais ils n’en ont jamais vraiment vécu. Ils n’avaient aucun moment pour leur vie de famille, ça a déchiré leur couple. Je les ai vus pleurer tellement de fois parce qu’ils ne savaient pas comment on allait manger à la fin du mois… », confie la maraîchère aux épaules musclées en tirant sur sa cigarette.
Après dix ans à travailler comme vendeuse en jardinerie-animalerie, Natacha a pourtant ressenti le désir de revenir à la terre, de travailler de ses mains comme quand elle aidait ses parents à la ferme. Les deux jeunes femmes décident de passer leur brevet professionnel de responsable d’entreprise agricole en 2017. Au même moment, elles découvrent le concept de permaculture un peu par hasard, dans des livres. « Ça nous est apparu comme une évidence : l’idée d’observer et de protéger les écosystèmes, ça correspondait exactement à ce qu’on comptait faire. On a développé notre connaissance de la permaculture sur YouTube », commente Angélique. Leur objectif est alors de trouver une ferme où faire du maraîchage et accueillir des personnes en situations de handicap.
« On y croyait très fort, mais notre entourage, pas du tout », s’amuse Natacha, qui rappelle que « les banquiers avaient aussi beaucoup de mal à croire à un projet porté par deux femmes ». Après deux ans de recherche, le couple finit par s’installer dans le hameau de Gout-Rossignol (Dordogne) en mai 2018, avec 10 hectares de terrain. Elles montent une grande serre, un enclos pour les ânes, un autre pour les brebis et développent un système d’irrigation pour récupérer l’eau de pluie. La nuit est tombée sur la ferme, Jean-Pierre a enfilé son pyjama avant d’aller regarder une série dans sa chambre. Angélique et Natacha, épuisées par leur journée de travail, nous servent une tisane dans le salon de leur grande maison en pierre en se remémorant leur arrivée ici.
Tout était plus dur, plus cher, plus long que ce qu’elles avaient imaginé. « On était sur d’anciens champs de blé, le sol avait été laissé à nu, il était très calcaire et bourré de cailloux. Quand on plantait quelque chose, on saignait des doigts », se souvient Natacha. Dès les premiers plants, les deux maraîchères se donnent des principes précis : n’utiliser aucun pesticide ni aucune machine, travailler la terre le moins possible. Pour faire fuir les doryphores des plants de patates douces, elles passent une partie de leurs soirées à aller écraser les larves à la main. C’est gratifiant, mais c’est beaucoup de travail pour peu de reconnaissance.
« Cette année, on déclare un SMIC pour deux », précise Angélique avec satisfaction. Le couple a mis une année à établir une clientèle fidèle, et aujourd’hui, les revenus proviennent autant des marchés et de la vente de légumes à la ferme que de l’accueil de personnes handicapées. Malgré la concurrence entre les maraîchers, la dureté du travail, physique, et les moments difficiles, comme cette inondation qui a failli détruire totalement leur système d’irrigation, il y a deux ans, Angélique et Natacha n’ont jamais regretté leur reconversion. « C’est tellement valorisant de manger des repas qu’on a nous-mêmes produits, de vendre des légumes qui n’ont causé aucune nuisance, qu’on en veut toujours plus », ajoute Natacha dont le visage s’illumine en buvant son infusion de tilleul.
Avec leurs maigres revenus, les deux maraîchères ont de quoi partir en vacances tous les ans, mais plutôt l’hiver, au moment où l’activité est plus calme. « C’est souvent ma mère, aujourd’hui retraitée, qui s’occupe de la ferme en notre absence », précise Natacha. « Elle ne voulait pas que je fasse le même métier qu’elle parce qu’elle a beaucoup trop souffert. Mais quand elle vient ici et qu’elle voit ce qu’on a construit, elle répète qu’elle est la mère la plus fière du monde. »
<https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2021/06/25/au-lieu-d-attendre-que-le-monde-change-on-pouvait-deja-changer-de-monde-la-permaculture-ou-le-nouveau-retour-a-la-terre_6085729_4497916.html>
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12- Agriculture : l'aide européenne aux Outre-mer est maintenue, Clicanoo, 26/06/21, 07h28

Alors que la Commission européenne avait proposé une baisse globale du fonds spécifique à l’agriculture pour les outre-mer, le POSEI (Programme d’Options Spécifiques à l’Éloignement et à l’Insularité), la bataille menée au Parlement européen pour empêcher cette baisse et rétablir le budget a porté ses fruits après trois longues années de négociations.
L’accord sur la nouvelle PAC a été conclu ce vendredi 25 juin, entre le Parlement européen et le Conseil.
Il prévoit le maintien du budget du POSEI jusqu’en 2027, date à laquelle la politique agricole commune fera l’objet d’une renégociation.
Dans un premier temps, la Commission Européenne prévoyait, une baisse de près de 4% du budget pour le programme soit une réduction de près de 11 millions d'euros par an, sur une enveloppe annuelle de 278 millions.
<https://www.clicanoo.re/Economie/Article/2021/06/26/Agriculture-laide-europeenne-aux-Outre-mer-est-maintenue_625425>
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13- Union européenne : les Vingt-Sept s’accordent sur un verdissement minimum de la future politique agricole commune, Le Monde, maj le 26/06/21 à 08h52
Laurence Girard

Après d’âpres négociations, les Européens ont adopté une feuille de route qui s’appliquera à partir de 2023. Au-delà de la mise en place d’« écorégimes » destinés à rémunérer les pratiques vertueuses, elle introduit une clause sociale. 
Les Vingt-Sept ont enfin trouvé un terrain de compromis pour planter les graines d’un consensus agricole. L’accord sur la future politique agricole commune (PAC), qui entrera en vigueur en 2023, négocié par les eurodéputés et les Etats membres de l’Union européenne (UE), a été officialisé vendredi 25 juin. Dire que les discussions ont été laborieuses serait un euphémisme. Les grandes lignes du projet avaient été dévoilées en 2018 déjà par la Commission. Un dernier round d’âpres négociations, fin mai, s’était même soldé par un échec. Les règles destinées « à verdir » l’agriculture européenne et la question d’une plus juste répartition des aides ont concentré les oppositions.
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Le projet mis sur la table présentait un changement de philosophie par rapport à la situation actuelle, rendant la PAC moins communautaire. Signe de cette « renationalisation », chaque pays doit présenter à la Commission un plan stratégique national (PSN), déclinaison locale de la PAC, avec, à la clé, la répartition sur chaque territoire des aides européennes. Soit une enveloppe de 386 milliards d’euros sur sept ans, dont 270 milliards d’aides directes aux agriculteurs. Pour la France, la quote-part s’élève à 62 milliards d’euros.
Si, en 2020, l’adoption du budget, maintenu à son niveau actuel, avait été unanimement saluée, les dissensions sur son emploi se sont rapidement dessinées. Avec, d’un côté, le COPA-Cogeca, syndicat agricole européen ombrelle, représenté en France par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), partisan d’un statu quo. Et, de l’autre, de multiples ONG militant pour une transition écologique et sociale de l’agriculture européenne.
Avec son Pacte vert, fixant le cap de la neutralité carbone en 2050, décliné en stratégies « De la ferme à la fourchette » et « Biodiversité 2030 », Bruxelles s’est, pour sa part, fixé des ambitions fortes de mutation de l’agriculture vers un modèle plus respectueux de l’environnement. Elles se traduisent dans un nouvel outil, baptisé « écorégime ». Cette prime rémunère les agriculteurs adoptant des programmes environnementaux exigeants. Finalement, l’accord fixe à 25 % de l’ensemble des aides directes aux fermiers le montant des aides conditionné au respect de ces mesures. Les pays pourront mettre en place progressivement ces écorégimes, avec un taux plancher de 20 % en 2023 et 2024. Les eurodéputés demandaient, eux, que ce dernier soit de 30 %.
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« Equilibre »
Si le principe des écorégimes s’applique aux Vingt-Sept, chaque pays peut définir les conditions d’attribution. Seule obligation : il devra s’aligner sur les objectifs climatiques et environnementaux de l’UE, et Bruxelles vérifiant le bien-fondé des choix effectués. Beaucoup d’écologistes redoutent que les écorégimes soient attribués avec un faible niveau d’exigence, qui ne permettrait pas d’entraîner des changements de pratiques. Quant à la question de l’obligation d’une rotation annuelle des cultures pour toucher les aides directes, elle a été débattue, mais une simple diversification des productions ou une introduction de légumineuses pourra lui être substituée. Les producteurs de maïs en avaient fait une ligne rouge.
« Sur le fond, même si nous devons rester prudents, tant que les textes ne sont pas finalisés, l’accord répond à de nombreux points sensibles que nous avions soulevés », a réagi la FNSEA. Le syndicat agricole explique qu’il avait « alerté depuis longtemps les gouvernements et les parlementaires européens sur les impasses liées à une rotation annuelle stricte à la parcelle, ou sur un pourcentage d’écorégimes trop important ».
« Il faut faire en sorte qu’il y ait une durabilité économique et une durabilité environnementale. Le résultat est un bon équilibre entre les deux sujets », réagit Anne Sander, eurodéputée (Les Républicains, PPE). Elle se félicite également de la décision de faire de la réserve de crise actuelle, qui aide les agriculteurs en cas d’instabilité des prix ou du marché, un outil permanent doté d’un budget propre, estimé à 450 millions d’euros par an. Son collègue Eric Andrieu, eurodéputé socialiste, lui, se dit « déçu par le volet environnemental de l’accord », ajoutant : « Alors que le verdissement était présenté comme une priorité de la future PAC, paradoxalement, il y a loin de la coupe aux lèvres. »
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Une nouvelle notion : la conditionnalité sociale
M. Andrieu a piloté le volet Organisation commune des marchés (OCM) de la PAC. « Prétendre que les marchés agricoles s’autorégulent est un leurre. Le Parlement a fait des propositions et nous sommes parvenus à rénover les outils de gestion de crise et à maintenir des filets de sécurité. Des mesures comme la réduction volontaire de production seront possibles. Et le régime d’autorisations de plantation de vignes, outil de régulation de la viticulture, sera prolongé jusqu’en 2045 », explique-t-il. A son grand regret, il n’a pas réussi à inscrire dans l’OCM l’interdiction d’importation de tout produit présentant des traces de pesticides interdits dans l’UE. La Commission s’est engagée à traiter la question dans un futur texte.
Les négociateurs ont également introduit une nouvelle notion dans la PAC, la « conditionnalité sociale ». L’idée est de lier l’attribution des subsides européens au respect du droit du travail. Pour l’heure, le dispositif serait optionnel en 2023 et 2024 et les modalités d’application, en particulier pour les travailleurs saisonniers, sont encore à préciser. Les infractions seraient constatées et sanctionnées par les autorités de chaque pays.
Quant à la politique de redistribution des aides, elle ne suscite pas d’avancées majeures. Le seuil d’au moins 10 % des paiements directs alloués au soutien des petites et moyennes fermes est maintenu au niveau européen. Certes, les jeunes agriculteurs bénéficieront d’un coup de pouce, la part du budget de la PAC qui leur est consacré étant portée à 3 %. Mais toute tentative de plafonnement des aides, à hauteur de 100 000 euros pour une exploitation agricole, reste du ressort de chaque Etat membre.
A la suite de cet accord politique si âprement négocié, le texte devra être approuvé lundi 28 juin par les ministres de l’agriculture. Ce sera ensuite au tour du Parlement européen de le voter.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/26/union-europeenne-les-vingt-sept-s-accordent-sur-un-verdissement-a-minima-de-la-future-politique-agricole-commune_6085770_3244.html>
Sur le même sujet : 
> Accord à Bruxelles pour verdir la PAC à partir de 2023 <https://information.tv5monde.com/info/accord-bruxelles-pour-verdir-la-pac-partir-de-2023-414361>, AFP, 25/06/21, 17:00
> Accord sur la PAC : « Bon accord » pour Denormandie, « désastre » pour les écologistes <https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/accord-sur-la-pac-bon-accord-pour-denormandie-desastre-pour-les-ecologistes/>, EurActiv, 29/06/21
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14- Abeilles : les 27 ouvrent la voie à de nouveaux efforts de protection, AFP, 29/06/21, 08:00

Les ministres européens de l'Agriculture se sont accordés lundi sur la manière de prendre en compte, dans l'évaluation des pesticides, leurs effets sur les colonies d'abeilles, ouvrant la voie à de nouvelles mesures contre le déclin de ces insectes cruciaux pour la pollinisation.
Les pesticides ne peuvent être autorisés dans l'UE que si "une évaluation complète des risques" a démontré l'absence de nocivité sur la santé humaine et d'effets "inacceptables" sur l'environnement, mais les critères pour évaluer l'impact sur les abeilles n'avaient pas évolué depuis 2002, selon la Commission européenne.
Saisie en mars 2019 par l'exécutif européen, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a élaboré plusieurs scénarios permettant de fixer des "objectifs spécifiques" de protection des abeilles mellifères dans l'évaluation des pesticides.
Parmi les diverses méthodes proposées, les ministres des Vingt-Sept, réunis au Luxembourg, ont conclu lundi que fixer un seuil de réduction "acceptable" de la taille des colonies d'abeilles "offrait une protection suffisante", selon un communiqué.
Alors que les Etats étaient initialement très partagés sur le niveau de ce seuil, ils se sont finalement accordés sur "un taux de réduction maximum" de 10% de la taille des colonies d'abeilles dans l'ensemble de l'UE.
Une baisse supérieure de la population d'abeilles serait donc considérée comme critique. Plusieurs Etats plaident pour abaisser encore ce seuil.
"Les ministres sont convenus de la nécessité d'accroître les ambitions de l'UE en matière de protection des abeilles mellifères tout en veillant à ce que les mesures puissent être mises en œuvre par les États", indique le communiqué sans autre précision.
Selon l'ONU, citée par le Conseil européen, les abeilles pollinisent 71 des 100 espèces cultivées fournissant 90% des denrées alimentaires mondiales.
Or ces dernières années, l'effondrement des populations d'insectes pollinisateurs, très vulnérables aux pesticides, menace des productions agricoles.
Le gouvernement français a d'ailleurs mis ce lundi en consultation un "plan pollinisateurs" visant à contrer le déclin des abeilles -- un plan promis par Paris en août 2020 après la réintroduction temporaire des insecticides néonicotinoïdes, qualifiés de "tueurs d'abeilles", pour la culture de la betterave.
Ce plan français prévoit d'évaluer le risque de tous les pesticides, dont les herbicides et fongicides, pour les pollinisateurs en vue d'une possible restriction, voire interdiction de traitement sur les cultures attractives en floraison, aujourd'hui applicable uniquement aux insecticides.
<https://information.tv5monde.com/info/abeilles-les-27-ouvrent-la-voie-de-nouveaux-efforts-de-protection-414842>
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15- Pêche au calamar : la Chine annonce un moratoire en Atlantique et Pacifique, AFP, 29/06/21, 14:00

La Chine a annoncé un moratoire temporaire sur les prises de calamars effectuées par ses bateaux de pêche dans les océans Atlantique et Pacifique, après une surpêche qui a fortement réduit les populations.
Le calamar est la star des stands de nourriture de rue dans le pays asiatique, où il y est très consommé, notamment sous forme de grillades.
La Chine représente environ 70% des prises mondiales de calamars. Et les bateaux chinois s'aventurent parfois jusqu'au large de l'Afrique de l'ouest et de l'Amérique latine pour en pêcher.
Les navires chinois suspendront toutefois leurs opérations dans les principales frayères mondiales, dans le sud-ouest de l'Atlantique près de l'Argentine (1er juillet-30 septembre) et dans certaines zones du Pacifique (septembre-novembre), a indiqué lundi le ministère chinois de l'Agriculture.
Ce moratoire fait suite à une polémique consécutive à la forte présence des bateaux chinois à l'international, où ils sont accusés de pratiquer la surpêche et d'endommager les écosystèmes marins.
"La Chine est le plus grand consommateur de calamars au monde et la diminution des prises inquiète les autorités", selon Zhou Wei, spécialiste des écosystèmes marins au sein de l'organisation écologiste Greenpeace Chine. 
"Il est important de garantir un approvisionnement stable en produits de la mer pour assurer la sécurité alimentaire."
La flotte de pêche en eaux lointaines de la Chine compte plus de 2.600 navires, dont un tiers pêche le calamar.
"Une interdiction par la Chine de la pêche au calamar -- même temporaire - est essentielle pour la santé de l'océan, étant donné l'ampleur des prises", selon Zhang Jihong, spécialiste de la biologie marine à l'Institut chinois de recherche sur la pêche en mer Jaune.
Le secteur chinois de la pêche emploie plus de 14 millions de personnes.
Avec l'amenuisement des réserves en Chine, les pêcheurs naviguent de plus en plus loin pour réaliser leurs prises. Au risque parfois de se retrouver empêtrés dans des conflits maritimes.
En juillet 2020, l'Equateur avait protesté face à la présence controversée de plus de 260 bateaux chinois à proximité des îles Galapagos, réserve marine connue pour ses tortues géantes.
La Chine avait annoncé dans la foulée une interdiction temporaire de pêche en haute mer à l'ouest de la réserve.
Ces dernières années, l'Indonésie a saisi dans ses eaux des dizaines de bateaux chinois accusés de braconnage. Des affrontements entre pêcheurs chinois et garde-côtes sud-coréens ont également entraîné des morts.
<https://information.tv5monde.com/info/peche-au-calamar-la-chine-annonce-un-moratoire-en-atlantique-et-pacifique-414900>
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16- Glyphosate : le principe de précaution remet en cause les autorisations de mise sur le marché, Actu-environnement, 29/06/21
Laurent Radisson 

Le coup d'arrêt du tristement célèbre herbicide viendra-t-il de la justice plutôt que du pouvoir exécutif ? Par une décision du 29 juin 2021, la cour administrative d'appel de Lyon a rejeté les requêtes de Bayer et de l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) contre le jugementde première instance qui avait annulé l'autorisation de mise sur le marché (AMM) du Roundup Pro 360 de Monsanto, herbicide à base de glyphosate. Cette autorisation, accordée par l'Anses en mars 2017, avait été attaquée par le Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique (Criigen).
« Il appartient à l'autorité administrative, saisie d'une demande d'autorisation de mise sur le marché d'un produit phytopharmaceutique, de veiller au respect du principe de précaution garanti par l'article 5 de la Charte de l'environnement », juge la cour. Or, elle estime que ce principe n'a pas été respecté lors de la délivrance de l'autorisation compte tenu des risques d'atteinte à l'environnement liés à l'usage du glyphosate, mais aussi des risques sanitaires liés à l'association de la substance active avec des coformulants.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/glyphosate-roundup-autorisation-mise-sur-le-marche-amm-principe-precaution-caa-lyon-37803.php4>
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En images
17- Il faut sauver la forêt ivoirienne !, Le Monde Afrique, 23/06/21, 17h45
Laureline Savoye

La Côte d’Ivoire a perdu 80 % de son couvert forestier en soixante ans. Face à l’urgence, le pays s’est doté en 2019 d’un nouveau Code forestier. 
Culture de cacao intensive mais aussi d’hévéa, orpaillage et sciage de bois clandestins sont les principaux facteurs de déforestation en Côte d’Ivoire. Le pays a perdu 80 % de ses forêts depuis les années 1960. Face à ce constat, le gouvernement s’est engagé à étendre la couverture forestière à 20 % du pays d’ici 2030, contre 11 % en 2015 en plantant des millions d’arbres, dont 50 millions en 2021.
Il prévoit également de renforcer la surveillance des forêts, notamment en augmentant le contingent de son « armée verte », la Brigade spéciale de surveillance et d’intervention (BSSI) créée en 2019 et opérationnelle depuis août 2020. Cependant, en dépit de ses déclarations de bonnes intentions, la Côte d’Ivoire ne semble pas prête à renoncer à sa première place de producteur de cacao au monde pour sauver sa forêt. L’équation arbre-cacao ne sera pas aisée à résoudre.
> Vidéo à voir à :
<https://www.lemonde.fr/afrique/video/2021/06/23/il-faut-sauver-la-foret-ivoirienne_6085395_3212.html>
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18- "Un sentiment d'impuissance" : le bois français peu à peu grignoté par la Chine, TF1, journal de 20h, 23/06/21

Or vert- Alors que la France est le troisième producteur mondial de bois de chênes, les scieries hexagonales peinent parfois à s'approvisionner. Et pour cause : deux arbres sur trois sont envoyés en Chine. 
Propriétaire d'une scierie dans l'Ain, Patrice Janody, achète le bois brut de la région pour en faire des planches, qui une fois vendues, deviendront des palettes ou seront utilisées pour faire du parquet. Une entreprise lucrative typique de la région.
Mais depuis quelques années, le professionnel peine à s'approvisionner en bois. En France, deux chênes sur trois sont vendus en Chine, ce qui place la France au rang de troisième exportateur mondial. "Il y a vraiment un souci d'approvisionnement", confie-t-il dans le reportage de TF1 en tête de cet article, soucieux de l'avenir de sa scierie et de ses 85 salariés. "On a vraiment un sentiment d'impuissance face à la situation, on peut être inquiet pour ses emplois qu'on a pu déployer et qui comptent sur nous pour vivre et faire vivre leurs familles", déplore Patrice Janody. 
Pour l'instant, il survit grâce aux relations qu'il a nouées avec des exploitants forestiers français comme Gérard Thivillier qui continue de lui vendre du chêne à bas prix. "On a toujours vendu aux scieries françaises, ce serait dommage que les scieries de la région ferment", justifie l'exploitant forestier. 
> Reportage à voir à :
<https://www.lci.fr/economie/video-tf1-jta-comment-la-chine-grignote-peu-a-peu-le-bois-francais-2189500.html>
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Une publication
19- Méthanisation : un guide de bonnes pratiques d'épandage de digestats, Actu-environnement, 24/06/21
Rachida Boughriet

AgroParisTech publie un guide de bonnes pratiques d'épandage de digestats de méthanisation. Ce guide est le fruit d'un travail de 18 mois. « Nous avons voulu relier toutes les informations technologiques, techniques, environnementales, et économiques sur l'épandage du digestat dans un seul guide. L'ouvrage va aider les agriculteurs à mieux maîtriser l'épandage de digestats sur leurs parcelles, en leur livrant toutes les informations nécessaires », souligne Sophie Carton, chef de projets à AgroParisTech et co-autrice du guide.
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/agroparistech-guide-bonnes-pratiques-epandage-digestats-methanisation-37779.php4>
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Une annonce
20- Le vrai débat avec Julien Denormandie & Clément Beaune, Fondation Nicolas Hulot, le 07/07/21 à 18h30

Europe : Comment garantir un avenir aux agriculteurs tout en protégeant l'environnement ?
Le Think Tank de la FNH inaugure les Talks, des événements pour dialoguer et débattre des conditions et solutions pour opérer la transformation écologique et sociale.
Deux invités exceptionnels, mercredi 7 juillet :
• Julien Denormandie, Ministre de l’Agriculture et de l'Alimentation
• & Clément Beaune, Secrétaire d’État, chargé des Affaires européennes
Débattront avec :
• Bruno Dufayet, Président commission enjeux sociétaux, INTERBEV
• Mathilde Dupré, Co-directrice de l’Institut Veblen
• Amandine Lebreton, Directrice du plaidoyer, Fondation Nicolas Hulot
• Samuel Leré, Responsable plaidoyer, Fondation Nicolas Hulot
• Marine Colli, Responsable enjeux publics, INTERBEV
Avec la participation de :
• Nicolas Hulot, Président d'honneur de la FNH
• & Chantal Jouanno, Présidente de la CNDP
Un débat animé par Walter Bouvais, Cofondateur de la Fabrique Open Lande, ancien directeur de la publication de Terra eco.
Suivez le débat mercredi 7 juillet à 18H30, en direct sur nos réseaux Facebook & Twitter
>> Suite à lire à :
<http://r.mail.fnh.org/mk/mr/WGkD2ydKBViaRN29xhdJYMTlDOD7_975oqcuyUZ7Fx5HpaD3JHnkPjCfZVtBvxccY4BuoaUgVbUWbNTQtZrqDJJ8G8ZSiPwgDoU>
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