[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (jeudi 30 septembre)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Jeu 30 Sep 08:11:41 CEST 2021
Bonjour à tous,
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1- Le liga, la « boue » maritime qui infeste les côtes basques <https://reporterre.net/Le-liga-la-boue-maritime-qui-infeste-les-cotes-basques>, Reporterre, 21/09/21, 14h02
2- Chronique. « Le CO2, qui transforme la planète en bouilloire géante, manque terriblement à l’industrie alimentaire britannique » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/09/23/le-co2-qui-transforme-la-planete-en-bouilloire-geante-manque-terriblement-a-l-industrie-alimentaire-britannique_6095724_3234.html>, Le Monde, 23/09/21, 11h03
3- Ces entrepreneurs qui construisent de petits groupes de restauration à taille humaine <https://www.lejdd.fr/Societe/ces-entrepreneurs-qui-construisent-de-petits-groupes-de-restauration-a-taille-humaine-4067353>, Le JDD, 23/09/21, 13h00
4- Témoignage. Yuna Chiffoleau : « Les magasins de producteurs étaient un moyen pour beaucoup de paysans de retrouver de la dignité » <https://www.lemonde.fr/le-monde-passe-a-table/article/2021/09/23/yuna-chiffoleau-les-magasins-de-producteurs-etaient-un-moyen-pour-beaucoup-de-paysans-de-retrouver-de-la-dignite_6095766_6082232.html>, Le Monde, 23/09/21, 17h30
5- Ré-homologation du glyphosate : les consultations sont ouvertes <https://www.actu-environnement.com/ae/news/re-homologation-glyphosate-consultations-ouvertes-38218.php4>, Actu-environnement, 23/09/21
6- La Commission demande à la France de respecter l'obligation de débarquement des espèces pêchées <https://www.actu-environnement.com/ae/news/commission-demande-france-respecter-obligation-debarquement-especes-pechees-38221.php4>, Actu-environnement, 23/09/21
7- Epinay-sous-Sénart, le désert alimentaire qui veut faire revenir les commerces <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/24/epinay-sous-senart-le-desert-alimentaire-qui-veut-faire-revenir-les-commerces_6095814_3244.html>, Le Monde, 24/09/21, 01h56
8- L’ONU exhorte à transformer les systèmes alimentaires pour cesser « la guerre livrée à notre planète » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/24/l-onu-exhorte-a-transformer-les-systemes-alimentaires-pour-cesser-la-guerre-livree-a-notre-planete_6095859_3244.html>, Le Monde, 24/09/21, 11h00
9- Brésil : Jair Bolsonaro menace plus que jamais l’avenir de l’Amazonie <https://mrmondialisation.org/bresil-jair-bolsonaro-menace-plus-que-jamais-lavenir-de-lamazonie/>, Mr Mondialisation, 25/09/21
10- Reportage. Le vin à la reconquête de l’Ouest <https://www.lemonde.fr/le-monde-passe-a-table/article/2021/09/23/le-vin-a-la-reconquete-de-l-ouest_6095767_6082232.html>, Le Monde, maj le 27/09/21 à 10h34
11- Réduction des émissions agricoles : la Commission estime que l’Allemagne est à la traîne <https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/reduction-des-emissions-agricoles-la-commission-estime-que-lallemagne-est-a-la-traine/>, EurActiv, 27/09/21
12- Dans le dédale des labels alimentaires, trop peu de garanties sur leurs bénéfices <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/28/dans-le-dedale-des-labels-alimentaires-trop-peu-de-garanties-sur-leurs-benefices_6096297_3244.html>, Le Monde, 28/09/21, 12h00
13- Toujours pas d’accord entre Paris et Londres sur les licences de pêche post-Brexit <https://www.lemonde.fr/international/article/2021/09/28/toujours-pas-d-accord-entre-paris-et-londres-sur-les-licences-de-peche-post-brexit_6096357_3210.html>, Le Monde avec AFP, maj le 29/09/21 à 02h00
14- Décryptage. Agriculture : l’Union européenne ne dissuade pas la surconsommation d’eau <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/29/agriculture-l-union-europeenne-ne-dissuade-pas-la-surconsommation-d-eau_6096375_3244.html>, Le Monde, 29/09/21, 03h44
En audio
15- Lamya Essemlali : “On est trop nombreux pour manger de la viande et du poisson” <https://usbeketrica.com/fr/article/lamya-essemlali-on-est-trop-nombreux-pour-manger-de-la-viande-et-du-poisson>, Usbek & Rica, 20/09/21
En images
16- Brexit : entre Jersey et les pêcheurs français, le conflit perdure <https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/la-grande-bretagne-et-l-ue/brexit-entre-jersey-et-les-pecheurs-francais-le-conflit-perdure_4785239.html>, France 2, journal de 20h, 26/09/21
17- Insolite : à la découverte d'une forêt où tout est comestible <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/insolite-a-la-decouverte-d-une-foret-ou-tout-est-comestible_4785245.html>, France 2, journal de 20h, 26/09/21
Bien à vous,
Florence
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CITATIONS DU JOUR : — "La guerre livrée à notre planète doit cesser, et les systèmes alimentaires sont une des clés de la paix." Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies (cf. item 8)
— "Aujourd’hui, toute l’humanité appelle à la protection de la forêt amazonienne. mais le gouvernement veut que notre forêt, le poumon de la planète, soit remplacée par les cultures de soja et l’extraction d’or", Syrata Pataxo, chef d’une tribu de l’état de Bahia au Brésil (cf. item 9)
DÉSERT DU JOUR : « Epinay-sous-Sénart, 13 000 habitants et aucune boulangerie. » Ce slogan, qui colle à la peau de la commune essonnienne, devrait bientôt appartenir au passé. Cette ville située à 22 km de Paris souffre d’une offre alimentaire pour le moins insuffisante. (cf. item 7)
ÉTUDE & RAPPORT DU JOUR : — WWF, Greenpeace et l’UFC-Que choisir, publient deux études sur les « promesses » des démarches de qualité alimentaires et demandent au gouvernement d’orienter le soutien public vers les démarches qui ont fait leurs preuves, et de suspendre son soutien à la HVE (Haute valeur environnementale) tant que le cahier des charges n’a pas été révisé. (cf. item 12)
— Selon un rapport de la Cour des comptes européenne, la politique agricole commune (PAC) encourage le développement des cultures irriguées au détriment de la ressource hydrique. (cf. item 14)
DÉCISIONS DU JOUR : — Une matière visqueuse pullule depuis des années dans les eaux du Pays basque : le liga, une « boue » notamment due à l’excès d’azote et de phosphate dans les eaux, qui colmate les filets des pêcheurs. Alors que la situation s’enlise, pêcheurs et collectifs ont porté plainte. (cf. item 1)
— A la suite du Brexit, Londres accorde un nombre réduit de licences de pêche aux Français et Paris dénonce « des décisions inadmissibles ». Jersey a annoncé l’octroi de 64 licences définitives à des bateaux français (contre 169 demandées par Paris) et le rejet définitif de 75 dossiers. La veille, Londres avait accordé 12 autorisations dans ses eaux, (contre 87 demandées). (cf. item 13, suite & 16)
ÉTRANGETÉ DU JOUR : Le CO2 massivement utilisé dans l’industrie des boissons gazeuses, bières et sodas, dans celle de l’emballage et dans les abattoirs, manque terriblement à l’industrie alimentaire britannique. (cf. item 2)
CONSULTATIONS DU JOUR : Les deux consultations à la base de la décision de la ré-homologation du glyphosate sont ouvertes, en parallèle, pour soixante jours. (cf. item 5)
TÉMOIGNAGES DU JOUR : — Petite-fille de grands-parents agriculteurs et directrice de recherche en sociologie de l’économie et des réseaux à l’INRAE, Yuna Chiffoleau s’est spécialisée dans l’étude des circuits courts alimentaires. (cf. item 4)
— Lamya Essemlali, Présidente de Sea Shepherd France une association dont la mission la protection et la conservation des océans et de la biodiversité marine. (cf. item 15)
REPORTAGE DU JOUR : Connue pour son cidre, la Bretagne fut aussi, par le passé, une terre de vignobles. Cette activité renaît aujourd’hui dans la vallée de la Rance ou la presqu’île de Rhuys. L’évolution du climat y est prometteuse, et le secteur, en plein essor. (cf. item 10)
EXEMPLARITÉ DU JOUR : C’est un jardin-forêt où tout, ou presque, est comestible. Sur plus de deux hectares, des arbres, des plantes, des fleurs se développent dans le respect de l’environnement. (cf. item 17)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Le liga, la « boue » maritime qui infeste les côtes basques, Reporterre, 21/09/21, 14h02
Chloé Rébillard, Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), correspondance
Une matière visqueuse pullule depuis des années dans les eaux du Pays basque : le liga, une « boue » notamment due à l’excès d’azote et de phosphate dans les eaux, qui colmate les filets des pêcheurs. Alors que la situation s’enlise, pêcheurs et collectifs ont porté plainte.
Chaque année, le même scénario se répète : du printemps à l’automne, les marins pêcheurs basques remontent dans leurs filets non plus des poissons, mais du liga. Aussi appelé « morve de mer », le liga est « un mucilage marin qui se forme dans les zones de rencontre entre eaux douces et salées », explique Nicolas Susperregui, docteur en biologie marine et chargé de mission auprès du Comité interdépartemental des pêches et des élevages marins des Pyrénées-Atlantiques et des Landes (CIDPMEM 64-40). C’est-à-dire une prolifération de phytoplanctons qui sécrètent du mucus. La première alerte remonte à vingt ans, en 2001. Cette année-là, les pêcheurs avaient été intrigués par cette « boue » inhabituelle qui était venue colmater leurs filets.
Depuis, les pêcheurs ont constaté une différence de rendement de leur activité de 1 à 6 selon la présence ou non de liga. Il n’impacte pas seulement la productivité des pêcheurs : cette baisse peut être due à une fuite du poisson, mais elle s’explique aussi par un effondrement de la biodiversité. Certaines formes de liga se déposent et tuent les fonds marins, a constaté Nicolas Susperregui. Et depuis 2018, la situation empire : « Maintenant, c’est quasiment non-stop de mars à octobre », déplore le biologiste.
Le temps perdu dans la lutte contre ce phénomène attise la colère de Serge Larzabal, président du Comité des pêches basé à Ciboure (Pyrénées-Atlantiques) : « Après vingt ans de batailles et de discussions, les réponses des élus sont toujours les mêmes. Ils trouvent d’autres responsabilités en mettant tout sur les rejets de l’embouchure de l’Adour. » Le Comité interdépartemental des pêches a porté plainte contre X en juin 2021 pour mettre à jour les responsabilités de cette pollution par le biais d’une enquête judiciaire. De son côté, le Collectif des associations de défense de l’environnement du Pays basque et du sud des Landes (Cade) a aussi porté plainte contre X en juillet.
>> Suite à lire à :
<https://reporterre.net/Le-liga-la-boue-maritime-qui-infeste-les-cotes-basques>
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2- Chronique. « Le CO2, qui transforme la planète en bouilloire géante, manque terriblement à l’industrie alimentaire britannique », Le Monde, 23/09/21, 11h03
Philippe Escande
La pénurie de gaz carbonique illustre à nouveau la sensibilité extrême de la chaîne alimentaire mondiale à la fragilité de ses maillons les plus anodins, observe Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
Pertes & profits. Cela peut sembler étrange en cette fin d’année marquée par la mobilisation climatique, mais l’Europe, et particulièrement le Royaume-Uni, a soif de CO2. Ce gaz omniprésent, qui transforme la planète en bouilloire géante, manque terriblement à l’industrie alimentaire britannique. A tel point que le Financial Times évoque un « choc CO2 », comme on parlait dans le temps d’un choc pétrolier. Explication : ce gaz est massivement utilisé dans l’industrie des boissons gazeuses, bières et sodas, dans celle de l’emballage et dans les abattoirs. Comme il est, pour l’instant, très compliqué de l’extraire de l’atmosphère, il est commercialisé en tant que sous-produit de la fabrication des engrais ou de l’éthanol.
> Lire aussi La BCE alerte : ne pas agir pour le climat pourrait laminer l’économie européenne
C’est là que les choses se corsent. L’un des principaux fournisseurs au Royaume-Uni est la société américaine CF Industries, producteur d’engrais azoté à base d’ammoniac. Pour le produire, elle utilise de grandes quantités de gaz naturel. Petit problème, depuis quelques semaines, le prix du gaz explose dans le monde, et particulièrement en Europe, par la conjonction de la reprise économique, de faibles réserves et d’un approvisionnement insuffisant aggravé au Royaume-Uni par une pénurie d’électricité d’origine éolienne.
Au bord de la faillite
Résultat, le gaz se paye aujourd’hui 900 dollars (769 euros) la tonne, quand l’ammoniac se vend 700 dollars. Conséquence logique, sans prévenir personne, CF Industries, dont le siège est à Chicago, a fermé ses deux usines anglaises. Panique chez les brasseurs de Sa Majesté et chez les éleveurs de poulets, dont certains se retrouvent au bord de la faillite. Le gouvernement s’est trouvé obligé d’intervenir en indemnisant le producteur pour qu’il relance ses installations.
La pénurie est plus aiguë au Royaume-Uni du fait de son insularité, mais la crise touche l’Europe entière. Les fournitures d’ammoniac, et donc de CO2, ont baissé de près de moitié. Bien sûr, cette pénurie temporaire, si elle risque d’assécher le gosier des supporteurs de football anglais, ne va pas provoquer de famine, et les brasseurs développent le recyclage du CO2 que produit naturellement la fermentation des breuvages.
> Lire aussi L’irrésistible hausse des prix de l’énergie
Mais cette histoire illustre à nouveau la sensibilité extrême de la chaîne alimentaire mondiale à la fragilité de ses maillons les plus anodins. Un sujet qui sera amplement débattu à New York, où s’ouvre, jeudi 23 septembre, le Sommet international sur les systèmes alimentaires. Il y sera question de la Chine, de sécheresse, du climat et, justement, de logistique, qui tous poussent dangereusement les prix à la hausse et alimentent les pénuries. Celle de CO2 n’est qu’un apéritif.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/09/23/le-co2-qui-transforme-la-planete-en-bouilloire-geante-manque-terriblement-a-l-industrie-alimentaire-britannique_6095724_3234.html>
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3- Ces entrepreneurs qui construisent de petits groupes de restauration à taille humaine, Le JDD, 23/09/21, 13h00
Charlotte Langrand
Des entrepreneurs passionnés comme Florent Ciccoli, Julien Fouin, Florent Piard ou Stéphane Manigold ont réussi à construire de petits groupes de restauration à taille humaine.
• Florent Ciccoli : Les copains d'abord
"J'étais surtout un jeune étudiant qui aimait boire des coups avec ses potes!" Avec son groupe d'amis insouciants, le Lyonnais Florent Ciccoli a vite voulu "monter des bars comme on les aime : où tout le monde est bienvenu, où l'on peut boire et grignoter avec un petit budget." En 2006, il a 25 ans et ils ouvrent Les Caves Populaires (Paris 17e). Puis viennent, dans l'Est parisien, Les Pères Populaires (2007), L'International (2008), puis leur premier restaurant, La Bouche, avant Au Passage en 2010, Bones (rebaptisé Jones) en 2013, Cheval d'Or, etc. En parallèle, ils aident les chefs à monter leur maison : "On aimait accompagner les projets de cuisiniers aux chouettes personnalités. Nous étions des business angels sans argent ! C'était de la débrouillardise, à l'opposé des projets à concept des écoles de commerce…"
La seule ligne de conduite : la qualité à un prix abordable. Au Café du Coin, où Ciccoli est lui-même passé derrière les fourneaux, il propose une cuisine populaire au déjeuner et un bar à pizzettes le soir. "Faire le meilleur, le moins cher possible, c'est faisable : il faut les bons fournisseurs et ne pas chercher une marge à tout prix. C'est un choix de vie : notre objectif n'a jamais été de rouler sur l'or." Cette philosophie se ressent dans ses ouvertures, des bistrots d'un Paris plus populaire que celui des spots huppés.
> Lire aussi - Ces cinq cheffes qui incarnent le renouveau de la gastronomie marseillaise
Avec les attentats, les grèves et le Covid, le moral de Florent Ciccoli a parfois flanché : "Ceux qui peuvent encore investir, ce sont les établissements à concept et les gros groupes. J'ai peur que les banques ne financent plus les petites initiatives individuelles comme les nôtres… Mais si c'est encore possible, j'aurai toujours envie de restos et de copains!"
• Julien Fouin : Pionnier des bistrots durables
Dans le Marais, Glou a 12 ans ; Jaja, 10. Ils ont plein de petits frères parisiens ainsi qu'un cousin à Lyon (Cocotte). Julien Fouin et son acolyte Ludovic Dardenay ont créé un groupe à taille humaine constitué de bistrots où il fait bon manger et qui soutiennent les producteurs responsables. Pas étonnant, de la part de cet ancien journaliste passionné d'écologie avant l'heure, qui dirigea le magazine Régal de 2004 à 2008 avant d'inventer la première "cave à vins", Glou, avec cette maxime : "Cuisine et vins sympathiques".
> Lire aussi - Plan D, chez Mokoloco, Penny Lane... La street food végétarienne se révèle gourmande, rassasiante et éthique
Il faut dire que Julien Fouin s'intéresse aux quilles nature depuis 1990. "J'ai voulu regrouper mes passions : bien nourrir les ventres et les cerveaux dans une bonne ambiance, explique-t‑il. Le plus important dans ce métier, ce n'est pas l'emplacement ni la déco, mais les équipes. On vient chez nous pour une atmosphère, une cuisine et une personnalité." Hyperactif, engagé mais éternel insatisfait, il a aussi créé Dupain, une boulangerie sourcée et bio, Service compris, qui accompagne les projets de restauration et enfin une société de vins.
Il est le père de huit restaurants : Grandcœur, dont la carte est signée par Mauro Colagreco et sa cuisine d'inspiration végétale ; Goguette, le bistrot aux bons vins, avec le chef Gianmarco Gorni ; Glou, Jaja et Bonvivant, pilotés par le chef Eduardo González. Sans oublier Bonvivant Pizza. "Chez nous, pas de prêt‑à-manger de grosses chaînes où l'on nourrit les gens pour un ticket faible. Moi, je suis de l'école des bons bistrots, celle d'Yves Camdeborde, Rodolphe Paquin ou Flora Mikula." Dernièrement, la crise du Covid et la raréfaction du personnel, la concurrence et les réseaux sociaux ont chahuté sa vocation : faut-il revenir à l'écriture ? Développer le vin ou plutôt la boulangerie ? Il reste finalement un restaurateur debout et motivé : "J'ai plein d'idées, je ne vais pas m'arrêter là !"
• Florent Piard : La résistance aux fourneaux
Enfant, il passait ses vacances dans les champs normands. "Tous mes potes travaillaient avec des vaches et des poules !" Alors que, devenu adulte, il a endossé le costume confortable de banquier d'affaires à Londres, l'ambiance de la ferme lui a soudain manqué… La fibre sociale familiale a aussi resurgi – son père a travaillé aux Restos du cœur, sa mère dans le médico-social. Florent choisit, lui, la restauration engagée, pour soutenir les "vrais résistants" : les producteurs et éleveurs qui travaillent dur pour parfois rien et se démènent contre les normes dictées par la production intensive.
Sa solution ? Court-circuiter les intermédiaires pour travailler en direct avec eux et les rémunérer au plus juste. "On parle toujours de qualité des produits, dit-il, mais on occulte la dimension sociale du cuisinier : une partie du milieu ne rencontre jamais les producteurs et se laisse démarcher par l'industrie agroalimentaire. En tant qu'investisseur, on peut faire le choix d'une rentabilité moins élevée et d'une responsabilité plus sociétale."
Florent abandonne son métier confortable et, pendant plus d'un an, part à la rencontre des fermiers. Il ouvre Les Résistants en 2017 puis l'Avant-Poste en 2019. À l'ouverture, les deux adresses du 10e arrondissement parisien ne désemplissaient pas. Plus de 100 producteurs et autant de vignerons travaillent désormais en direct avec lui et ses associés, Yannick Laurent et Clément Desbans. Une épicerie de quartier accolée aux Résistants ouvrira en novembre. "On est toujours à fond, assure-t-il, on veut continuer à faire des projets, si les banques soutiennent toujours les projets comme les nôtres."
• Stéphane Manigold : L'appétit de l'outsider
"Je déteste dormir et m'ennuyer." Pendant la fermeture des restaurants en 2020, Stéphane Manigold a donc passé son temps à "éplucher la loi des assurances" pour défendre les droits des restaurateurs. "Mon émotion, quand j'ai gagné contre Axa, était réelle : je savais combien de restaurateurs étaient derrière moi", confie-t‑il.
Le grand public découvre alors à la télévision un quadragénaire passé de l'automobile à la restauration. Avant, il s'est sorti d'une enfance difficile, loin du sérail : dans les quartiers sensibles de Mulhouse, avec un père balayeur et une mère femme de ménage qui abandonne sa famille. Il a 7 ans, découvre les foyers, et dès 11 ans travaille en nettoyant les pare-brise aux feux rouges, pour "quitter cet environnement à tout prix".
"Bosseur", Stéphane Manigold gravit les échelons chez Audi où il est chef des ventes grands comptes pendant dix-sept ans, "avec voiture de fonction et un bon salaire". Mais deux films décident ce "passionné de bouffe italienne" à sauter le pas de l'entrepreneuriat : Le Fondateur (2016), de John Lee Hancock, sur l'ascension des frères McDonald, et La Quête d'Alain Ducasse (2017), un documentaire de Gilles de Maistre : "En chef d'entreprise, Ducasse conseillait d'être toujours en mouvement. Depuis, quand je crée un restaurant, ma conviction profonde c'est d'avoir un lieu, un chef, une histoire."
Son groupe, Éclore, compte déjà six restaurants (Substance, Contraste, Maison Rostang, Bistrot Flaubert, Liquide à Paris et Braise à Strasbourg), auxquels s'ajouteront bientôt, toujours dans la capitale, Granite et Braise. Amoureux du champagne et des bons vins, il décline l'adage "belle cave et bistronomie" et met ses chefs en avant. "Je cherche avant tout une personnalité, indique-t‑il. On peut décorer le plus joli endroit du monde, ce sont les hommes qui le rendent vivant." Liquide, son deuxième opus avec Matthias Marc (demi-finaliste du dernier Top Chef), est complet depuis juillet. Granite, avec Tom Meyer, l'ex-chef d'Anne-Sophie Pic, est attendu fin septembre. L'ascenseur social de Stéphane Manigold n'arrête plus de monter.
<https://www.lejdd.fr/Societe/ces-entrepreneurs-qui-construisent-de-petits-groupes-de-restauration-a-taille-humaine-4067353>
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4- Témoignage. Yuna Chiffoleau : « Les magasins de producteurs étaient un moyen pour beaucoup de paysans de retrouver de la dignité », Le Monde, 23/09/21, 17h30
Camille Labro
Petite-fille de grands-parents agriculteurs et directrice de recherche en sociologie de l’économie et des réseaux à l’INRAE, Yuna Chiffoleau s’est spécialisée dans l’étude des circuits courts alimentaires.
« J’ai toujours souhaité me rendre utile. Jeune, je voulais travailler dans la médecine humanitaire, j’ai finalement suivi des études d’ingénieur agronome, avec une spécialité tropicale pour œuvrer dans les pays du Sud. Après quelques expériences en Afrique et en Asie, je me suis rendu compte que les solutions techniques n’étaient pas suffisantes, voire contre-productives, si on ne comprenait pas d’abord la façon dont les choses s’organisent socialement.
J’ai donc décidé de faire un DEA puis une thèse en sociologie pour compléter ma formation d’agronome et me suis intéressée aux questions de l’action collective et des innovations locales.
De fil en aiguille, j’en suis venue à me passionner pour les circuits courts, qui, au début des années 2000, suscitaient un regain d’intérêt. Il ne s’agissait pas seulement d’initiatives militantes. Les magasins de producteurs, la vente directe, au marché ou à la ferme, étaient aussi un moyen, pour beaucoup de paysans, de sortir de la précarité et de retrouver de la dignité, en particulier à travers le lien avec les consommateurs, qui redonne du sens à ce que l’on produit et à ce que l’on mange.
Evidemment, l’alimentation est une problématique centrale pour moi. J’ai grandi à Saint-Nazaire, où mes grands-parents étaient agriculteurs. J’ai entendu parler de leur ferme en déclin, car ils étaient des “petits agriculteurs” qui ne se sont pas modernisés et ont eu la vie dure.
Résultat, pour mon père, l’agriculture était à éviter à tout prix. Il est devenu professeur de mathématiques… dans un lycée hôtelier. Ce qui fait que, même si ma mère cuisinait peu, j’ai eu de nombreuses occasions de manger dans de très bons restaurants, car on suivait des élèves de mon père partout où ils allaient, jusque dans les cuisines. J’ai ainsi appris à goûter, à bien manger et à bien boire.
De l’échelle locale à l’échelle européenne
Mon travail, aujourd’hui, est axé sur l’étude des circuits courts pour comprendre quelles formes cela peut prendre, de l’échelle locale à l’échelle européenne, en quoi cela change la donne, si cela favorise les actions collectives, la transition des pratiques agricoles, l’évolution des habitudes alimentaires et des modèles économiques.
> Enquête : Du producteur au consommateur, le circuit court revient dans la course
J’accompagne des ministères comme des collectivités territoriales, par exemple la Ville de Paris ou des petites communes dans le Sud, où j’ai notamment créé avec un élu un label participatif pour les produits de proximité, Ici.C.Local. Je suis convaincue que l’une des solutions à la crise agricole et alimentaire comme aux problèmes environnementaux et climatiques, c’est la reterritorialisation de l’alimentation, en collaboration avec les citoyens.
> Lire aussi Le crumble de courgettes : la recette de Yuna Chiffoleau
C’est parfois aussi simple qu’un crumble de courgettes, une recette facile et savoureuse qui respecte les produits bruts, qui m’a été transmise par une amie investie avant moi dans le bio et les circuits courts. C’est un plat qui évoque le Sud, mon territoire d’adoption, réalisé avec des légumes bio de saison, de la farine issue de blés anciens, qui se mange tiède ou froid, et qui prouve que l’on peut se régaler avec peu, ici et maintenant. »
> Le site de Ici.C.Local <https://iciclocal.fr/>
§ Les Circuits courts alimentaires. entre marché et innovation sociale, Yuna Chiffoleau, Editions Erès, 2019.
<https://www.lemonde.fr/le-monde-passe-a-table/article/2021/09/23/yuna-chiffoleau-les-magasins-de-producteurs-etaient-un-moyen-pour-beaucoup-de-paysans-de-retrouver-de-la-dignite_6095766_6082232.html>
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5- Ré-homologation du glyphosate : les consultations sont ouvertes, Actu-environnement, 23/09/21
Dorothée Laperche
Les deux consultations à la base de la décision de la ré-homologation du glyphosate sont ouvertes, en parallèle, pour soixante jours : celle sur le site de l'Agence européenne des produits chimiques (Echa) porte sur le rapport de classification et d'étiquetage harmonisés, celle sur le site de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) vise le rapport d'évaluation de renouvellement sur le glyphosate.
Les dossiers en consultation ont été préparés et réactualisés par le groupe d'évaluation du glyphosate (AGG, Assessment Group of Glyphosate) composé de quatre États membres : la France, la Hongrie, les Pays-Bas et la Suède.
« Le glyphosate a actuellement une classification harmonisée comme causant des lésions oculaires graves et comme toxique pour la vie aquatique avec des effets à long terme, rappelle l'Efsa. La classification pour la mutagénicité des cellules germinales, la cancérogénicité ou la toxicité pour la reproduction n'a pas été considérée comme justifiée. L'évaluation scientifique initiale de l'AGG ne recommande pas de modification de la classification existante. »
L'Efsa tiendra compte de l'avis de l'Echa sur le rapport d'évaluation de renouvellement sur le glyphosate (RAR) lors du processus d'examen par les pairs. Ses travaux devraient être finalisés au second semestre 2022.
La dernière étape revient à la Commission européenne, qui décidera en collaboration les 27 États membres, du renouvellement ou non de l'homologation du glyphosate pour une utilisation dans l'Union européenne.
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/re-homologation-glyphosate-consultations-ouvertes-38218.php4>
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6- La Commission demande à la France de respecter l'obligation de débarquement des espèces pêchées, Actu-environnement, 23/09/21
Félix Gouty
La France, comme l'Espagne, a reçu, ce jeudi 23 septembre 2021, une lettre de mise en demeure de la part de la Commission européenne. L'infraction signalée concerne le non-respect, vis-à-vis du contrôle et de l'exécution, de l'obligation de débarquement des espèces pêchées. Cette obligation, mise en place progressivement jusqu'en 2019 pour l'ensemble des pêcheries commerciales, est prévue par les règlements européens relatifs à la politique commune de la pêche et au contrôle de la pêche. En somme, elle interdit le rejet en mer de captures non désirées, car involontaires ou non commercialisables, de poissons.
Dans un communiqué, la Commission européenne affirme que la France n'a « pas assuré le contrôle et l'exécution de l'obligation selon laquelle toutes les captures d'espèces faisant l'objet de limites de capture et, en Méditerranée, d'espèces soumises à des tailles minimales sont ramenées et conservées à bord des navires de pêche, puis enregistrées, débarquées et imputées sur les quotas, le cas échéant ». L'État français a deux mois pour prendre les mesures qui s'imposent, avant d'être la cible d'un avis motivé.
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/commission-demande-france-respecter-obligation-debarquement-especes-pechees-38221.php4>
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7- Epinay-sous-Sénart, le désert alimentaire qui veut faire revenir les commerces, Le Monde, 24/09/21, 01h56
Mathilde Gérard
Les quartiers prioritaires des Cinéastes et de la Plaine ne sont desservis que par une seule supérette alimentaire et leurs habitants sont contraints à de longs détours pour leurs courses.
« Epinay-sous-Sénart, 13 000 habitants et aucune boulangerie. » Ce slogan, qui colle à la peau de la commune essonnienne, devrait bientôt appartenir au passé. Une vraie boulangerie est sur le point de s’y installer : le four à pain est prêt, les locaux aménagés… L’ouverture n’est plus qu’une affaire de jours ou de semaines. Une petite victoire, pour cette ville située à 22 km de Paris, dont l’offre alimentaire est pour le moins insuffisante.
Dans les quartiers des Cinéastes et de la Plaine, deux quartiers prioritaires de la politique de la ville, où vit 70 % de la population, le seul commerce alimentaire est un Franprix, l’un des derniers survivants d’un centre commercial moribond, avec une pharmacie, un cordonnier et un point de vente de pizzas à emporter. A l’heure du déjeuner, les collégiens se pressent sur la dalle, au milieu des tours des années 1960, pour acheter des sachets de bonbons. La plupart du temps, les habitants du quartier ne fréquentent l’enseigne que pour de l’appoint. Guimbala Diakite, responsable adjoint du magasin, confirme que le ticket moyen en caisse ne dépasse guère les quelques euros. Dans une commune où le taux de chômage dépasse 19 % (contre 11 % dans le département), faire ses courses localement est un luxe.
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Le Franprix, Paulette B., 79 ans, ne s’y rend en effet « qu’en cas d’urgence ». Elle fait partie des premiers locataires à avoir emménagé dans le quartier de la Plaine, en 1968, et a connu l’âge d’or du centre commercial, lorsqu’il abritait un fleuriste, un magasin de bricolage, une mercerie… Certains anciens se souviennent qu’il y avait même une boucherie chevaline. Mais les commerces ont fui les uns après les autres, faisant les frais de zones commerciales plus lointaines, mais plus rutilantes. Désormais, la fille de Paulette, Isabelle, qui habite quelques rues plus loin dans un immeuble voué à la démolition, lui fait ses achats, prenant sa voiture pour traverser la rivière et se rendre dans les communes avoisinantes. Car Epinay-sous-Sénart est nichée au cœur d’une boucle de l’Yerres, dont les rives champêtres lui donnent des airs bucoliques mais enclavent la ville.
« Paupérisation importante »
Yasmina Chabane, elle, fait ses courses deux fois par mois, au Cora, au Lidl ou à l’Intermarché des alentours. Cette mère de trois enfants âgés de 10 à 17 ans, qui n’a pas de voiture, doit anticiper ses déplacements : elle y consacre une grosse demi-journée, de 9 heures à 14 heures, en empruntant un bus ou en profitant parfois du trajet d’une voisine.
L’urbaniste Capucine Frouin (université Gustave-Eiffel et université Paris-Est-Créteil), qui a travaillé sur les inégalités dans l’offre alimentaire en Ile-de-France, a identifié les quartiers Cinéastes et la Plaine comme faisant partie des quelques « déserts alimentaires » de la région francilienne : des quartiers sous-dotés en commerces de produits frais et caractérisés par une population plus précaire. Damien Allouch, maire socialiste de la ville depuis 2020, en convient : la réimplantation de commerces est une priorité. « On a une concentration de difficultés et une paupérisation importante, note l’élu. Dans notre contrat local de santé, on a identifié un problème de surpoids chez les enfants, supérieur à la moyenne. On place aussi la restauration scolaire, comme l’agriculture urbaine, au cœur de la réflexion. »
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Le concept de « désert alimentaire » vient des Etats-Unis, où il a été théorisé dans les années 1990. Le ministère de l’agriculture américain le définit comme une zone dans laquelle les habitants n’ont pas accès à un commerce alimentaire dans un rayon de 1,6 kilomètre en zone urbaine, et de 16 kilomètres en zone rurale. A cette dimension géographique s’ajoutent des critères de revenus et d’accès aux transports. Selon les autorités américaines, plus de 6 % de la population vit dans ces territoires, dont la plupart sont associés à des indicateurs de santé défavorables, où la prévalence du surpoids et de l’obésité est plus forte. On y retrouve des quartiers urbains dépourvus de supermarchés, mais fournis en supérettes vendant alcool et snacks, ainsi que de vastes zones rurales sans aucun commerce. Mais la carte de ces déserts tend surtout à recouper celle des inégalités raciales, les populations afro-américaines et latinas y étant surreprésentées.
Dans d’autres pays, des chercheurs ont voulu évaluer le phénomène : au Royaume-Uni, une étude de 2018 a conclu que 1,2 million de Britanniques vivent dans un désert alimentaire. Le critère retenu pour cette étude : un bassin de population de 5 000 à 15 000 habitants servi par deux supermarchés maximum, quand la moyenne nationale est de sept à huit enseignes.
Densité de fast-food
« En France, il n’existe pas de désert alimentaire à proprement parler », précise Capucine Frouin. Le maillage commercial y est plus resserré et beaucoup de communes perpétuent la tradition des marchés de plein vent, qui permettent d’acheter des fruits et légumes à prix moindre que dans les commerces physiques. Epinay-sous-Sénart dispose d’ailleurs d’une halle de marché, qui ouvre deux fois par semaine, mais ses tarifs n’en font pas le marché le plus attractif de la zone. Malgré ces nuances, les disparités géographiques dans l’offre alimentaire sont bien réelles. L’urbaniste a calculé que les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) franciliens sont moins fournis en magasins vendant des fruits et légumes frais (0,32 commerce pour 1 000 habitants, contre 0,37 en moyenne en Ile-de-France).
Capucine Frouin a relevé une autre caractéristique des QPV, particulièrement en petite couronne : la densité de fast-food, qui représentent 40 % de leur offre commerciale alimentaire, et même les deux tiers des restaurants, contre la moitié dans l’ensemble des communes d’Ile-de-France. Pour qualifier ces derniers quartiers, où coexiste une offre commerciale de produits frais avec une très forte densité de restauration rapide, les géographes emploient le terme de « marécage alimentaire » : les fruits et légumes y sont accessibles, mais ils sont « noyés » par une offre moins saine, notamment de fast-food.
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Déserts ou marécages, ces images employées par les géographes sont parfois vues comme réductrices. En France, les études sur le sujet sont émergentes et n’ont porté que sur des territoires limités – l’Ile-de-France, Lyon-Vénissieux et Montpellier. « Plusieurs chercheurs ont essayé d’appliquer la grille de lecture nord-américaine au cas français et se sont rendu compte que ce n’est généralement pas pertinent, constate Alexandra Pech, doctorante en géographie à l’Ecole urbaine de Lyon, qui consacre ses travaux aux pratiques alimentaires. Par ailleurs, les milieux ruraux n’ont pas été étudiés en France. Cela reste une notion en débat et qui ne fait pas consensus. » Au ministère de l’agriculture français, les déserts alimentaires ne sont pas étudiés tels quels, même si, depuis plusieurs années, les pouvoirs publics prônent une approche territorialisée de l’alimentation et financent des projets alimentaires qui visent à reconnecter la restauration collective et l’offre commerciale à la production agricole locale.
« Travailler une culture de proximité »
Parmi les critiques, beaucoup reprochent au concept de « désert alimentaire » d’être trop clément à l’égard de la grande distribution. Selon la définition américaine, la présence d’un hypermarché est vue comme un facteur positif. Mais la disponibilité de fruits et légumes dans un supermarché n’entraîne pas obligatoirement leur achat. De nombreux freins – économiques, culturels, individuels – peuvent intervenir. L’ouverture d’hypermarchés a aussi un effet dévitalisant sur les commerces de centre-ville. « Ajouter des commerces ne permet pas de tout résoudre, insiste Alexandra Pech. Il faut travailler une culture de proximité. Certains quartiers de banlieue sont situés à côté de zones agricoles et, pourtant, ils n’ont pas accès à ces produits. »
Pour Megan Blake, docteure en géographie à l’université de Sheffield, « il y a des limites au concept de désert alimentaire. C’est un outil analytique, mais qui ne se suffit pas et doit être complété par une approche plus qualitative ». Pour autant, cette spécialiste des questions de justice alimentaire y voit un intérêt politique. « Nous ne vivons pas dans des espaces égaux et le fait de représenter les inégalités sur une carte permet de les rendre concrètes. »
A Epinay-sous-Sénart, si l’on se réjouit de l’ouverture de la boulangerie, l’arrivée d’autres commerces n’est pas à l’ordre du jour et le Franprix, qui se situe au milieu d’un vaste et complexe chantier de rénovation, devrait rester esseulé encore quelques années. A l’entrée du magasin, une « table-mémorial » a été dressée en hommage à un salarié décédé deux semaines auparavant. Les feuilles A4 de messages de condoléances s’empilent, témoins de l’affection des habitants pour cette figure « toujours souriante et accueillante ». Même s’ils y font peu d’achats, les Spinoliens restent attachés à ce magasin, où l’on se croise et se rend des services. Et Paulette d’insister, avant de nous quitter : « Il n’y a pas beaucoup de commerces, mais on est bien quand même à Epinay. »
> Lire aussi Emmanuel Macron veut relancer l’entrepreneuriat dans les quartiers populaires
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/24/epinay-sous-senart-le-desert-alimentaire-qui-veut-faire-revenir-les-commerces_6095814_3244.html>
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8- L’ONU exhorte à transformer les systèmes alimentaires pour cesser « la guerre livrée à notre planète », Le Monde, 24/09/21, 11h00
Mathilde Gérard
Plusieurs coalitions internationales – pour la restauration scolaire, la lutte contre le gaspillage alimentaire ou encore l’agroécologie – ont été lancées, jeudi, à l’occasion d’un sommet onusien très critiqué.
« La guerre livrée à notre planète doit cesser, et les systèmes alimentaires sont une des clés de la paix. » Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a usé d’une métaphore combative pour lancer le Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires, jeudi 23 septembre, qui avait pour objectif de mettre un coup d’accélérateur à l’atteinte des 17 objectifs de développement durable pour 2030, et notamment ceux de la « faim zéro » et de la protection de la planète. A neuf ans de l’échéance, Antonio Guterres a martelé l’urgence à agir, enjoignant aux chefs d’Etat de prendre des engagements concrets. Convoqué dans un format virtuel en raison de la pandémie de Covid-19, le sommet a vu se succéder plus d’une centaine de responsables politiques présentant leur feuille de route pour une alimentation plus durable.
> Lire aussi Peu de commerces et de produits frais : voyage dans un « désert alimentaire »
Quelques annonces ont marqué la journée : les Etats-Unis se sont notamment engagés à investir 10 milliards de dollars (8,5 milliards d’euros) sur cinq ans dans la lutte contre l’insécurité alimentaire, dont la moitié destinée aux populations les plus vulnérables sur le sol américain, et l’autre moitié aux pays en développement. Le Burkina Faso a annoncé que le droit à une alimentation saine serait inscrit dans sa Constitution, et plusieurs grandes coalitions internationales ont vu le jour sur des thématiques comme la lutte contre le gaspillage, la protection des cultures des peuples indigènes et la restauration scolaire. Cette dernière coalition, portée par la France, la Finlande et le Programme alimentaire mondial, promet l’accès à un repas nutritif quotidien pour tous les enfants dans le monde, et a été signée par une soixantaine d’Etats, dont le Brésil, la Russie et l’ensemble des membres de l’Union africaine.
« Nutri-washing »
Sur d’autres sujets plus clivants, des lignes de fracture sont apparues. Washington, en particulier, défend une coalition pour « une hausse de productivité durable », qui prône une approche technologique de l’agriculture (techniques de stockage de carbone, biofortification des aliments ou encore sélection génétique). Une initiative perçue comme une réponse à la stratégie alimentaire européenne De la ferme à la fourchette, qui prévoit une baisse de 50 % du recours aux pesticides d’ici à 2030. La France, elle, s’est engagée dans une coalition « pour l’agroécologie et l’agriculture régénératrice ». La place de l’agroécologie dans les solutions portées par le sommet a fait l’objet d’intenses débats, un grand nombre d’organisations et de scientifiques regrettant qu’elle ne soit pas davantage mise en avant.
> Lire aussi L’ONU organise un sommet sur les systèmes alimentaires entaché de controverses
Mais les reproches les plus nourris ont porté sur la gouvernance du sommet, son organisation très complexe et la place accordée au secteur privé. De nombreuses organisations avaient boycotté la phase préparatoire, dénonçant une asymétrie dans les prises de parole, tandis que l’ancien directeur de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, José Graziano da Silva, mettait en garde, à la veille du rendez-vous, contre une opération de « nutri-washing ». « Je n’ai jamais vu de processus aussi inclusif que ce sommet, a contesté, jeudi, la vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed. La société civile a été la plus représentée dans l’ensemble des dialogues organisés en amont (…) et les entreprises privées doivent être intégrées aux solutions, dans la mesure où elles sont responsables d’une partie des problèmes. »
Afin de placer les chefs de gouvernement devant leurs responsabilités, Antonio Guterres a assuré que ce sommet n’était qu’un point de départ, et qu’un « inventaire des progrès » serait fait tous les deux ans jusqu’en 2030.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/24/l-onu-exhorte-a-transformer-les-systemes-alimentaires-pour-cesser-la-guerre-livree-a-notre-planete_6095859_3244.html>
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9- Brésil : Jair Bolsonaro menace plus que jamais l’avenir de l’Amazonie, Mr Mondialisation, 25/09/21
Sur fond de tensions politiques, des milliers de manifestants issus de communautés autochtones se sont rassemblés sur l’esplanade des ministères à Brasilia, en août dernier, afin de dénoncer les violences systématiques du Président Jair Bolsonaro et de son administration à l’égard des peuples originels, ainsi que l’accélération de la déforestation de l’Amazonie au profit des secteurs agroalimentaires et d’exploitation minière. Quel avenir pour la plus grande démocratie Sud-Américaine et ses nombreux écosystèmes essentiels à la survie de l’humanité ?
« Aujourd’hui, toute l’humanité appelle à la protection de la forêt amazonienne. mais le gouvernement veut que notre forêt, le poumon de la planète, soit remplacée par les cultures de soja et l’extraction d’or »[1] s’indigne Syrata Pataxo, chef d’une tribu de l’état de Bahia.
Les manifestations récentes des peuples premiers interviennent alors que la Cour Suprême devrait prochainement se prononcer sur un projet de loi qui, si validé, priverait les communautés amérindiennes de leurs terres ancestrales. Mais conscient que ses supports s’amenuisent à l’approche des élections présidentielles de 2022, Bolsonaro s’est lancé dans une campagne de lutte contre les institutions démocratiques du pays, et a appelé ses partisans à défier l’État de droit si ses volontés n’étaient respectées… Décryptage d’une menace grandissante.
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/bresil-jair-bolsonaro-menace-plus-que-jamais-lavenir-de-lamazonie/>
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10- Reportage. Le vin à la reconquête de l’Ouest, Le Monde, maj le 27/09/21 à 10h34
Rémi Barroux
Connue pour son cidre, la Bretagne fut aussi, par le passé, une terre de vignobles. Cette activité renaît aujourd’hui dans la vallée de la Rance ou la presqu’île de Rhuys. L’évolution du climat y est prometteuse, et le secteur, en plein essor.
Premier indice : la vigne descend en pente douce dominant une large vallée qui abrite rivière et îlots puis, à quelques kilomètres, la mer. Une vue époustouflante. Deuxième indice : quelques pieds de chenin, encore bébés, tentent de se faire une place au milieu de hautes tiges ornées de grappes de petites fleurs blanches, Fagopyrum esculentum, qui les protègent des fortes chaleurs. Son nom commun est sarrasin (là, ça devient facile). Troisième indice : sur cette île, le projet viticole, en biodynamie, se conjuguera avec maraîchage, élevage de vaches et de brebis, et cidrerie…
Nous sommes sur les rives de la vallée de la Rance, qui se jette dans la Manche entre Dinard et Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), à Saint-Jouan-des-Guérets. Là, Edouard Cazals, 31 ans, et sa compagne, Pauline von Kunssberg, se sont lancés dans la viticulture, avec 2 hectares plantés en 2019. Les jeunes chenins, eux, appartiennent à Catherine Bourdon, sur la presqu’île de Quiberon (Morbihan) : 1 800 pieds sur 2 500 mètres carrés, plantés aussi en 2019. Enfin, le projet vin-cidre-élevage-maraîchage se développe sous la conduite de Mathieu Le Saux et Noémie Vallélian, à la Ferme de Port Coustic, sur l’île de Groix (Morbihan).
« Bevet gwin vreizh »
En témoignent ces trois projets, le vignoble breton est en plein essor. Selon l’Association pour la reconnaissance des vins bretons (ARVB) – à l’origine le R signifiait « renaissance », mot remplacé par « reconnaissance » –, qui porte aussi le joli nom de Bevet gwin vreizh (« Vive le vin de Bretagne »), une quinzaine de projets seraient déjà bien avancés. Dix vignes associatives seraient déjà en exploitation, plus trois en projet, ainsi que vingt-cinq vignes privées. Cette association est née en 2005, à la suite de la parution de l’ouvrage Le Vin des Bretons (Editions Le Télégramme, 2004), de Gérard Alle, qui préside l’ARVB.
« C’est vers 2006 que la première vigne associative est plantée, à côté de Quimper [Finistère], le Coteau du Braden, avec les cépages chardonnay, pinots noir et gris, qui produit un excellent blanc », raconte Aurélien Berthou, ingénieur agronome, spécialisé en viticulture et œnologie, formé à Montpellier. Le trentenaire conseille certains projets viticoles et a créé son entreprise, ŒnoSkol, début 2020, pour former à l’œnologie et à la dégustation particuliers et professionnels.
« Le plus marquant, au-delà des vignes associatives, ce sont les nombreux projets agricoles. Nous sommes en train de créer une section professionnelle à l’ARVB. Il y a aujourd’hui une trentaine d’hectares plantés, hors association, et d’ici un à deux ans, ce sera une centaine », explique celui qui va développer une vigne sur 2,5 hectares pour le compte du lycée agricole Kerplouz-LaSalle, à Auray, dans le Morbihan.
Au programme, du soreli, un croisement de cépages italien et hongrois ; du muscaris, croisement du solaris (cépage blanc allemand) et d’un muscat petit grain allemand ; ou encore du sauvignac, créé en Suisse à partir de riesling, de sauvignon blanc et de variétés américaines résistantes. « Avec ces cépages plus résistants, on sera mieux adapté au changement climatique et au climat breton. J’aurai moins à traiter qu’avec du chardonnay ou du pinot. Le désavantage : ces cépages sont moins connus et il sera plus difficile de communiquer dessus », assure Aurélien Berthou.
Planter de la folle-blanche
Sur la presqu’île de Quiberon, Catherine Bourdon, 61 ans, n’en est pas encore à communiquer sur un vin qui ne sortira pas des cuves avant cinq ans. Cette Bretonne de Lorient prend le temps et a choisi la biodynamie. Elle travaille avec Lise et Bertrand Jousset, viticulteurs de Montlouis-sur-Loire (Indre-et-Loire), un magnifique domaine de 11 hectares en biodynamie.
« Il a fallu trouver les parcelles et cela n’a pas été facile. L’agriculture a quasiment disparu de Quiberon au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Les terrains sont à l’intérieur de la presqu’île, les parcelles sont murées et ne sont plus travaillées depuis les années 1950, envahies par les ronces, les genêts, les fougères », raconte-t-elle. Il a donc fallu défricher, travailler avec des engrais verts, planter aussi d’autres végétaux, comme le sarrasin, « léger, avec des racines courtes », du lin ou du seigle, bref, « faire renaître la terre, morte et très compacte ».
Avant de rejoindre Quiberon voilà seize ans, Catherine Bourdon, qui est propriétaire du Petit Hôtel du Grand Large, à Saint-Pierre-Quiberon (où œuvre en cuisine son mari, Hervé), travaillait dans la publicité à Paris. Elle privilégie ce rapport direct avec la nature, entretenant aussi cinq potagers. Sa carte des vins témoigne de cet attachement avec de belles références : Françoise Bedel en Champagne, Philippe Gilbert à Menetou-Salon (Cher), Dominique Belluard en Haute-Savoie… et, bien sûr, les touraines et montlouis de Bertrand Jousset.
Outre le chenin, la néoviticultrice compte aussi planter de la folle-blanche, appelée gros-plant en pays nantais ou picpoul dans le Gers, sur une petite parcelle de 1 300 mètres carrés. Enthousiaste, elle espère pouvoir acheter d’autres terres.
Trouver les bons cépages pour produire du vin en Bretagne ? Chaque viticulteur apporte sa réponse, en fonction des typicités du terroir, de la météo et de ses goûts. « On a de la chance, car il n’existe pas d’appellation et, étant en vin de France, il n’y a pas de cahier des charges. Le premier vin breton n’a pas encore été commercialisé [les vins d’association ne peuvent être vendus], on a donc une grande liberté sur les cépages ou la conduite de la vigne. C’est important, car on ne sait pas ce qui marchera », rappelle Aurélien Berthou.
La toute-puissance des abbayes
La Bretagne et la vigne, une histoire prometteuse ? Elle remonte pourtant au Ve siècle – date à laquelle Saint Guénolé aurait fondé, en 485, l’abbaye de Landévennec, au cœur de la rade de Brest. Au temps de la toute-puissance des abbayes, la vigne s’impose au nord comme au sud, à Morlaix, Saint-Brieuc, Quimper ou encore Carnac. Selon des données cadastrales remontant à 1848, la région comptait encore quelque 800 hectares de vignes. Au début du XXe siècle, le phylloxéra a eu raison de la vigne bretonne. Après les deux guerres mondiales, aucun paysan n’a l’idée de replanter du raisin, se consacrant plutôt à l’élevage ou au maraîchage.
Avec le réchauffement climatique, la Bretagne devrait retrouver ses couleurs viticoles. Tous les producteurs en font état et misent sur des maturités plus précoces. « L’intéressant gain thermique, observé surtout sur la dernière décennie, offre des conditions plus favorables à la maturité du raisin qui peuvent faire espérer de bons millésimes en Bretagne, avance Hervé Quénol, climatologue et directeur de recherches au CNRS à Rennes. En prenant en compte divers indices sur différents cépages, on retrouve une situation que l’on connaissait il y a une cinquantaine d’années dans la région d’Angers. »
Le climatologue, qui travaille sur les problématiques de changement climatique et viticulture, notamment dans le cadre du projet Laccave (INRA, CNRS), explique aussi que l’augmentation des températures ne fait pas tout. « Cela devient plus compliqué s’agissant des simulations sur les précipitations. »
Changement des règles européennes
En Bretagne, la météo, capricieuse parfois, et les ondées, le vent, la douceur relative, même en hiver, peuvent modifier les conditions de développement de la vigne. « Sous ce climat océanique frais en été et doux en hiver, il est également nécessaire d’étudier les températures à d’autres saisons (un hiver trop doux, par exemple, peut poser un problème pour la levée de dormance des bourgeons latents),mais aussi d’élargir l’étude climatique à d’autres paramètres (la pluie, l’humidité, le vent) qui peuvent être limitants ou contraignants (pression phytosanitaire) », écrit Hervé Quénol dans un article cosigné avec Valérie Bonnardot, « Viticulture en Bretagne : challenge ou opportunité ? Quelques indices bioclimatiques régionaux », dans « Changement climatique et territoires » (Actes du XXXIIIe colloque de l’Association internationale de climatologie, 2020).
Mais cette éclosion depuis quelques années s’explique surtout par le changement des règles européennes, en 2016, qui a permis de planter de la vigne à des fins commerciales, hors des zones à indication géographique protégée (IGP) et appellation d’origine contrôlée (AOC).
« A partir de ce moment-là, des agriculteurs professionnels commencent l’exploitation du terroir viticole breton pour vivre, entre autres, de la viticulture. (…) C’est par la commercialisation du premier vin breton [mis à part celui du pays nantais, déjà commercialisé en Bretagne historique] que le vignoble pourrait gagner en visibilité/légitimité et prétendre être/devenir un vignoble incorporé au vignoble national », écrivent Clémentine Charmont, Valérie Bonnardot et Luc Capdevila, dans Changement climatique et viticulture en Bretagne : émergence ou renaissance d’un vignoble ? Une analyse historique (Changement climatique et territoires, 2020).
Sol très calcaire
Dominant la vallée de la Rance, sur un sol très calcaire où poussent les petites fleurs jaunes des crépis, la vigne d’Edouard Cazals profite des rayons d’un soleil généreux, en cette fin juillet 2021. Le jeune vigneron, en bio, a fait ses armes à Saint-Emilion, en Corse, en Toscane ou encore en Nouvelle-Zélande. Paré, donc, pour une nouvelle aventure, commencée au printemps 2019 : chardonnay, pinot noir et grolleau pour, dès 2022 espère-t-il, proposer un vin blanc effervescent, puis un tranquille. En septembre, une souscription sera ouverte, un « wine funding », une « vente de vins à l’avance par caisse de douze sur sept ans ».
L’important pour Edouard Cazals, originaire de la Manche, c’est la rencontre avec la région. « Cela va être sympa de travailler dans cet environnement, d’accompagner les cultures d’algues, les palourdes et les huîtres, les encornets… Il faut que les locaux s’approprient cette culture, mais pas question de mettre une hermine ou un Breton sur la bouteille. »
> Lire aussi La vigne francilienne refleurit
Les cuvées s’appelleront Les Longues Vignes (nom de la parcelle), peut-être La Vallée des singes, surnom de la vallée de la Rance, car les hommes étaient habitués à grimper dans les voilures par tous les temps, ou encore Glaz, nom breton pour une couleur alliant les bleus et verts de l’océan.
Accompagner la production ostréicole
A l’opposé, sur la côte sud, Guillaume Hagnier, 38 ans, soigne ses 5 hectares plantés, depuis 2020, en chardonnay, cabernet franc et chenin. Ce Champenois, qui a travaillé chez Pierre Moncuit, Castelnau… voulait faire de la vigne dans sa nouvelle région d’adoption, à Sarzeau (Morbihan). « J’ai appris que la mairie cherchait quelqu’un pour redémarrer l’activité viticole. Elle possède les terres, a acheté les plants et va construire le chai et un hangar », explique le viticulteur, qui paye un fermage.
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Comme Edouard Cazals, Guillaume Hagnier veut se fondre dans le local. « Mais, comme le dit le maire de Sarzeau, je ne suis pas là pour faire du folklore, c’est une vraie activité économique. » Ses blancs accompagneront idéalement la production ostréicole et les restaurateurs dans une région très touristique.
Ici, au lieu-dit Poulhors, à 1 kilomètre à peine de l’océan, la vigne n’est pas une incongruité. Sur la presqu’île de Rhuys, on produisait du vin. « On a compté jusqu’à 2 000 hectares et la fine de Rhuys a profité du déclin du cognac, décimé par le phylloxéra, et s’est beaucoup exportée aux Etats-Unis », rappelle le spécialiste Aurélien Berthou.
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Retour du passé et promesse d’avenir, le vignoble breton revit. Dans les vignes de Guillaume Hagnier, un touriste s’arrête, surpris de voir là ces rangs de ceps. L’homme, viticulteur dans le Médoc, se montre envieux. « Je vais venir m’installer ici, et je serai sûr alors de vendre mon vin », confie-t-il au vigneron breton. L’encouragement ultime.
<https://www.lemonde.fr/le-monde-passe-a-table/article/2021/09/23/le-vin-a-la-reconquete-de-l-ouest_6095767_6082232.html>
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11- Réduction des émissions agricoles : la Commission estime que l’Allemagne est à la traîne, EurActiv, 27/09/21
Julia Dahm | translated by Charles Szumski
La Commission européenne a souligné le manque de progrès de l’Allemagne en matière de réduction des émissions dans le cadre de la politique agricole commune (PAC). Les associations industrielles considèrent également que les plans actuels ne sont pas à la hauteur, rapporte Euractiv Allemagne.
Bien que les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole allemand ont diminué de 19 % par rapport à 1990, leur quantité a atteint un plateau au cours des deux dernières décennies, indique le document de la Commission.
Selon Bruxelles, l’Allemagne devrait promouvoir davantage la réduction des émissions et du carbone dans son plan stratégique national, qui doit être soumis à la Commission d’ici la fin de l’année.
Les « éco-régimes » — des incitations versées aux agriculteurs qui adhèrent volontairement à des pratiques respectueuses de l’environnement — et les « mesures agro-environnementales et climatiques » (MAEC) offrent la possibilité de promouvoir des mesures climatiques avec les fonds de la PAC au cours de la prochaine période de financement.
Si un catalogue d’éco-régimes est déjà prévu dans les lois adoptées par le Bundestag en juin, la conception des AECM relève principalement de la compétence des États fédéraux, dont les plans sont encore en cours d’élaboration.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/reduction-des-emissions-agricoles-la-commission-estime-que-lallemagne-est-a-la-traine/>
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12- Dans le dédale des labels alimentaires, trop peu de garanties sur leurs bénéfices, Le Monde, 28/09/21, 12h00
Mathilde Gérard et Laurence Girard
Trois associations, WWF, Greenpeace et l’UFC-Que choisir, publient conjointement deux études sur les « promesses » des démarches de qualité alimentaires.
Label rouge, Appellation d’origine protégée (AOP), C’est qui le patron ?!, Agriculture biologique (AB)… Devant un rayon de supermarché, le consommateur peut facilement se retrouver submergé par la profusion d’informations présentes sur les étiquettes. La plupart de ces labels, dont certains sont publics, comme l’AB, et d’autres privés, à l’instar de la marque Bleu-Blanc-Cœur, se targuent de proposer des produits de meilleure qualité et élaborés dans des conditions plus respectueuses de l’environnement et mieux-disantes socialement. Mais quelles garanties offrent-ils réellement ? C’est pour évaluer l’écart entre les intentions affichées et leur impact que trois associations, le World Wide Fund (WWF) avec Greenpeace d’un côté et l’UFC-Que choisir de l’autre, présentent, mardi 28 septembre, deux analyses complémentaires sur les « promesses » des labels.
La première étude, conduite par WWF et Greenpeace, avec le Basic (Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne), porte sur l’impact environnemental et socio-économique d’un panel de onze grands labels, regroupés en trois catégories : ceux qui s’appuient sur le socle de l’agriculture biologique (AB, Demeter, Nature & progrès) ; ceux qui partagent l’approche de la « certification environnementale » (Zéro résidu de pesticide ou Haute valeur environnementale – HVE –, moins contraignants que l’agriculture biologique) ; et les labels définis par filière, comme l’AOP ou le Label rouge.
> Lire aussi Fraude massive sur les labels de qualité pour les denrées alimentaires
Toutes ces démarches sont soumises à une grille d’analyse commune comportant sept critères environnementaux (dérèglement climatique, pollution de l’air, dégradation des sols…) et sept critères socio-économiques (conditions de travail, atteinte d’un niveau de vie décent, impacts sur la santé humaine…). Les auteurs de l’étude ont à la fois épluché les cahiers des charges, mais aussi mené une analyse qualitative, en s’appuyant sur des études publiées et complétées par des entretiens, pour aboutir à une double notation de 1 à 5.
Des résultats hétérogènes
Selon cette grille d’analyse, ce sont les démarches s’appuyant sur l’agriculture biologique qui présentent le plus fort potentiel environnemental et socio-économique, concluent WWF et Greenpeace. « Ce n’est pas une surprise, mais on voit qu’une démarche qui fixe des critères robustes et contrôlés, comme l’interdiction des engrais de synthèse, offre un niveau de garantie supérieur », note Joseph D’Halluin, chargé de campagne « agriculture » à Greenpeace. Les labels liés à des filières, eux, affichent des résultats hétérogènes : le rapport distingue par exemple l’AOP comté, qui présente de bons résultats en matière de modèle agricole ainsi que de construction des prix et de transparence, quand l’AOP cantal obtient des notes bien inférieures.
A l’inverse, les démarches s’appuyant sur le principe de certification environnementale « ont les effets positifs les plus faibles et les moins avérés ». L’étude vient ainsi renforcer les critiques adressées à la certification HVE, dont le gouvernement a fait un des piliers de l’attribution des aides de la prochaine politique agricole commune (PAC), et dont le niveau d’exigences est jugé insuffisant par un grand nombre d’acteurs. Une note de l’Office français de la biodiversité (OFB) remise fin 2020 au gouvernement a notamment établi que ce label ne présente, dans la grande majorité des cas, aucun bénéfice environnemental.
> Lire aussi La certification agricole « HVE » sous le feu d’une nouvelle critique
« On voit émerger de plus en plus de politiques publiques de soutien à certains labels, que ce soit via la loi EGalim [loi Agriculture et alimentation de 2018, qui prévoit que 50 % des produits servis dans la restauration collective publique soient issus de labels, dont 20 % issus de l’agriculture biologique] ou dans les négociations pour la PAC, et l’objectif de notre analyse est de s’assurer que ces politiques participent effectivement à la transition agroalimentaire », poursuit Joseph D’Halluin.
Pour la seconde étude publiée le même jour, l’association de consommateurs UFC-Que choisir a passé au crible les cahiers des charges de huit AOP fromagères, partant du postulat que la promesse de ces produits est qu’ils soient élaborés selon un savoir-faire reconnu dans une même zone géographique. Trois critères discriminants ont été retenus par l’association : l’interdiction du lait pasteurisé ou thermisé, l’interdiction de l’ensilage, c’est-à-dire le recours à une alimentation fermentée pour les animaux, mais aussi la proportion de races locales pour les vaches. De l’échantillon choisi, il ressort que seules cinq appellations, l’abondance, le camembert de Normandie, le laguiole, le picodon et le salers, garantissent des conditions de production traditionnelles et une réelle typicité. Pour les trois autres – saint-nectaire, cantal et munster –, « les produits d’entrée de gamme sont trop peu différents des productions fromagères industrielles et ne devraient pas logiquement pouvoir bénéficier de l’appellation », estime l’UFC-Que choisir.
> Lire aussi Des traces de pesticides dans des vins certifiés « haute valeur environnementale »
Une étude similaire a été conduite pour les viandes Label rouge, en fixant cette fois quatre critères pour juger de la validité des cahiers des charges : l’exigence de races d’animaux spécifiques, une alimentation de bonne qualité nutritionnelle, un parcours extérieur pour les animaux et, enfin, un âge d’abattage supérieur au standard. Les poulets Label rouge arrivent en tête de cet examen, suivis de près par le bœuf Label rouge, puis le veau. En revanche, « pour le porc Label rouge, la différenciation est très faible. Ainsi, pour les productions qui s’en tiennent aux conditions de production minimales, le label ne se justifie pas », affirme l’UFC-Que choisir. Pour l’association de consommateurs, ces défaillances sont liées aux procédures d’enregistrement et de contrôle de ces produits sous signe de qualité. En effet, la création et les révisions des cahiers des charges dépendent, selon elle, de la seule initiative des professionnels, l’Institut national de l’origine et de la qualité, l’établissement public censé garantir leur conformité, ne pouvant les contraindre à faire évoluer le cahier des charges.
Dans un appel commun, les trois associations demandent ainsi au gouvernement d’orienter le soutien public vers les démarches qui ont fait leurs preuves, et plus spécifiquement de suspendre son soutien à la HVE tant que le cahier des charges n’a pas été révisé. Le ministère de l’agriculture s’est engagé à réformer les critères d’attribution de cette certification, mais il attend pour cela une étude détaillée de l’OFB, qui devrait être rendue au printemps 2022.
> Lire aussi Le gouvernement accusé de faire du label haute valeur environnementale un « cheval de Troie du “greenwashing” »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/28/dans-le-dedale-des-labels-alimentaires-trop-peu-de-garanties-sur-leurs-benefices_6096297_3244.html>
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13- Toujours pas d’accord entre Paris et Londres sur les licences de pêche post-Brexit, Le Monde avec AFP, maj le 29/09/21 à 02h00
La ministre de la mer a regretté, mardi, l’annonce de l’octroi de douze nouvelles licences à des pêcheurs français pour l’accès aux eaux territoriales britanniques. La France en demandait quatre-vingt-sept.
Les négociations achoppent entre la France et le Royaume-Uni. A quarante-huit heures de l’expiration de dizaines de licences de pêcheurs français, Londres a annoncé, mardi 28 septembre, l’octroi prochain de seulement douze autorisations supplémentaires. Un nombre loin de celui réclamé par la France.
L’accord post-Brexit négocié par l’Union européenne (UE) prévoit que les pêcheurs européens pourront continuer à se rendre dans certaines eaux britanniques à condition d’obtenir une licence, accordée s’ils peuvent prouver qu’ils y pêchaient auparavant. Londres, ainsi que les îles semi-autonomes anglo-normandes Jersey et Guernesey, n’ont pas accordé toutes les autorisations demandées par les bateaux français, ce qui provoque de nombreuses tensions depuis plusieurs mois.
> Lire aussi Pour les pêcheurs français, « du jour au lendemain, le Brexit est devenu concret »
Le gouvernement britannique a annoncé, mardi, qu’il accorderait douze nouvelles licences sur quarante-sept demandées, pour l’accès à une zone située entre 6 milles nautiques et 12 milles nautiques des côtes britanniques (Paris parle de quatre-vingt-sept demandes). Au total, en incluant les autorisations délivrées précédemment par Londres, cent licences sur 175 ont été accordées, selon le ministère français de la mer.
« C’est un nouveau refus des Britanniques de mettre en application les conditions de l’accord du Brexit malgré tout le travail entrepris ensemble », a déclaré Annick Girardin, la ministre française de la mer, qui hausse le ton :
« Je n’ai plus qu’un seul mot d’ordre : obtenir des licences définitives pour nos pêcheurs comme le prévoit l’accord. La pêche française ne doit pas être prise en otage par les Britanniques à des fins politiques. »
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/international/article/2021/09/28/toujours-pas-d-accord-entre-paris-et-londres-sur-les-licences-de-peche-post-brexit_6096357_3210.html>
Sur le même sujet :
> Pêche post-Brexit : Londres accorde un nombre réduit de licences aux Français, Paris dénonce « des décisions inadmissibles » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/09/29/peche-post-brexit-londres-accorde-un-nombre-reduit-de-licences-aux-francais-paris-denonce-des-decisions-inadmissibles_6096466_3234.html>, Le Monde avec AFP, 29/09/21, 18h39
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14- Décryptage. Agriculture : l’Union européenne ne dissuade pas la surconsommation d’eau, Le Monde, 29/09/21, 03h44
Martine Valo
La politique agricole commune encourage le développement des cultures irriguées au détriment de la ressource hydrique, selon un rapport de la Cour des comptes européenne.
En Europe comme ailleurs, les agriculteurs ont besoin d’eau pour produire. Mais dans quelles mesures sont-ils incités à en prendre soin et à l’économiser, eux qui sont de plus en plus souvent frappés par les sécheresses saisonnières ?
La Cour des comptes européenne consacre un rapport spécial à l’utilisation durable de la ressource dans l’Union (UE). Publié mardi 28 septembre, cet audit montre clairement comme les Vingt-Sept sont loin du compte, pris dans une contradiction de fond : d’un côté, ils sont censés améliorer la qualité de leurs masses d’eau, de l’autre, la politique agricole commune (PAC) incite toujours davantage à développer l’irrigation jusque dans les régions arides.
> Lire aussi Estimer la valeur réelle de l’eau, un pari nécessaire pour mieux protéger les ressources
Sans surprise mais avec une rigueur implacable, les membres de la Cour passent en revue l’ensemble des mesures de la PAC qui sont « davantage susceptibles d’encourager à consommer plus qu’à consommer mieux » la ressource hydrique.
Or « la démographie, l’activité économique et le changement climatique accentuent la pénurie d’eau, préviennent les rapporteurs. Sur une part importante du territoire, les captages dépassent déjà les réserves disponibles ». Malgré l’aggravation des sécheresses, les efforts ne sont pas à la hauteur de la directive-cadre de 2000. Celle-ci a pour ambition d’atteindre le « bon état » – à la fois en qualité et en volume – de toutes les masses d’eau souterraines au plus tard d’ici à 2027.
Des autorisations de captages généreusement accordées
Cependant, si la consommation agricole en eau a baissé de 28 % depuis 1990, le rythme s’est ralenti dans les années 2010. Les terres irriguées représentaient environ 6 % des surfaces agricoles de l’UE en 2016, mais utilisaient 24 % de l’eau provenant de captages.
Les différents fonds de la PAC – qu’ils soient liés au régime de base, aux surfaces cultivées ou à des mesures « vertes », soit 35,3 milliards d’euros en 2019 – permettent de financer leur développement, souvent sans condition ni limite. Même les programmes en faveur du monde rural ne sont pas conditionnés à de meilleures pratiques comme les bandes enherbées ou le respect des zones humides par exemple, et peuvent permettre d’investir dans de nouvelles infrastructures d’irrigation. Quant aux masses d’eau, les Etats membres reconnaissent que 9 % d’entre elles sont dans un état « médiocre ».
> Lire l’article : L’eau à l’épreuve des changements climatiques
En cause notamment : les autorisations de captages trop généreusement accordées, l’absence de sanction lorsque des prélèvements illégaux sont détectés, un principe pollueur-payeur revendiqué mais pas appliqué. Ainsi, de 2015 à 2018, seuls 1,2 % des bénéficiaires de la PAC qui s’étaient engagés à respecter des normes de pratiques agricoles durables ont été soumis à un contrôle. Les rares auteurs d’infraction (1,5 %) ont pour les deux tiers d’entre eux perdu 3 % du montant de leur subvention.
Les tarifs ne poussent pas les irrigants à la parcimonie
Les contrôles des irrigants peuvent d’ailleurs se limiter à vérifier qu’ils disposent bien d’une autorisation idoine. Les rapporteurs notent qu’aucun des onze Etats membres où ils ont approfondi leurs investigations, hormis la Belgique, « ne vérifiait le contenu des autorisations (volume maximal, horaires d’irrigation, etc.) ».
De surcroît, des appareils de mesure des débits ne sont pas toujours obligatoires. Les petits captages sont généralement exemptés de toute déclaration. La France se distingue sur ce chapitre en permettant de prélever jusqu’à 200 000 mètres cubes (m³) par an hors des zones souffrant de stress hydrique, très loin devant l’Espagne (7 000 m³) et l’Allemagne (5 000 m³). Enfin, les tarifs ne poussent pas non plus les irrigants à la parcimonie. L’eau coûte par exemple plus de quatre fois moins cher aux agriculteurs qu’aux autres usagers au Portugal ; deux fois moins en France ; quarante-deux fois moins que pour l’eau potable en Italie…
> Lire aussi La culture de l’avocat épuise les ressources en eau du sud de l’Espagne
« En réalité, les Etats membres ne dissuadent aucunement la consommation excessive d’eau », observe Joëlle Elvinger, qui a supervisé ce rapport. La Cour des comptes recommande donc notamment aux Etats « de justifier la tarification de l’eau utilisée à des fins agricoles » et, « d’ici à 2025 », de se demander comment leur politique d’autorisation de nouveaux captages pourrait ne pas avoir « d’incidence significative sur l’état des masses d’eau ».
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/29/agriculture-l-union-europeenne-ne-dissuade-pas-la-surconsommation-d-eau_6096375_3244.html>
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En audio
15- Lamya Essemlali : “On est trop nombreux pour manger de la viande et du poisson”, Usbek & Rica, 20/09/21
2030 Glorieuses
Aujourd’hui, Julien Vidal part à la rencontre de Lamya Essemlali, Présidente de Sea Shepherd France une association dont la mission la protection et la conservation des océans et de la biodiversité marine. Chaque jour, leur flotte sillonne les mers et océans du monde entier afin de faire respecter les traités, les lois et les conventions signés et votés par les gouvernements.
> Ça commence par moi à écouter à :
<https://usbeketrica.com/fr/article/lamya-essemlali-on-est-trop-nombreux-pour-manger-de-la-viande-et-du-poisson>
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En images
16- Brexit : entre Jersey et les pêcheurs français, le conflit perdure, France 2, journal de 20h, 26/09/21
Les pêcheurs français attendent des licences des autorités de l'île anglo-normande de Jersey pour leur permettre de travailler dans les eaux territoriales. Aujourd'hui, l'accès leur est restreint. Certains pêcheurs possèdent des autorisations mais celles-ci sont provisoires.
Depuis des siècles, les bateaux de Granville (Manche) partent le matin pour aller pêcher dans les eaux de Jersey. Guillaume Lenoir, patron de pêche, se rend depuis 20 ans du côté anglais. C'est peut-être la dernière fois qu'il va pêcher dans les eaux de Jersey. Depuis le Brexit et l'accord commercial conclu entre le Royaume-Uni et l'Europe, l'île anglo-normande impose en effet une nouvelle condition : prouver avoir pêché régulièrement dans ses eaux ces dernières années.
Des emplois menacés
Depuis janvier 2021, le conflit perdure. En mai, les marins français ont bloqué le port de Jersey. Le gouvernement britannique a même envoyé deux navires de guerre. "Là, on est en eaux britanniques, typiquement vendredi à minuit, on n'a plus le droit d'y aller", commente Guillaume Lenoir, qui pêche 50% de ses 130 tonnes annuelles de coquilles Saint-Jacques côté anglais. Certains pêcheurs ont déjà vu leur licence refusée. "Ça fait quatre mois qu'on est complètement bloqué", témoigne un autre pêcheur, qui a investi trois millions d'euros dans deux nouveaux bateaux. 11 de ses salariés sont au chômage partiel. Tout un secteur est un danger. 800 emplois seraient menacés.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/la-grande-bretagne-et-l-ue/brexit-entre-jersey-et-les-pecheurs-francais-le-conflit-perdure_4785239.html>
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17- Insolite : à la découverte d'une forêt où tout est comestible, France 2, journal de 20h, 26/09/21
C'est un projet qui a vocation à se développer. Celui d'un jardin-forêt où tout, ou presque, est comestible. Sur plus de deux hectares, des arbres, des plantes, des fleurs se développent dans le respect de l'environnement.
C'est une forêt extraordinaire. Elle semble sauvage, mais en réalité, elle a été plantée. Feuilles, lianes, fruits, ici tout se mange ou presque. Un millier d'espèces comestibles que Fabrice Desjours a soigneusement sélectionnées et semées. Mais attention, c'est à consommer avec précaution. "Notamment avec la carotte sauvage qui peut ressembler à d'autres plantes de la même famille, mais qui sont vénéneuses", explique le fondateur de l'association Forêt Gourmande.
Des plantes qui s'enrichissent mutuellement
Sur son terrain de deux hectares et demi, il a aussi introduit des légumes plus classiques, des arbres fruitiers, des fleurs, mais il n'a pas besoin de les arroser ou de les traiter. Comme dans une forêt, ses plantes poussent toutes seules, et mieux encore, elles s'enrichissent mutuellement. Cette agriculture, respectueuse de l'environnement, Fabrice Desjours l'a découverte en Afrique et en Asie. Il veut aujourd'hui la faire connaître à des cuisiniers.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/insolite-a-la-decouverte-d-une-foret-ou-tout-est-comestible_4785245.html>
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