[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (mercredi 23 février)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mer 23 Fév 08:30:05 CET 2022


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Manger plus sainement peut permettre de gagner plusieurs années d’espérance de vie <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/08/manger-plus-sainement-peut-permettre-de-gagner-plusieurs-annees-d-esperance-de-vie_6112854_3244.html>, Le Monde, maj le 09/02/22 à 05h59
2- Une alimentation bio permet une baisse significative du stress oxydatif <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/09/une-etude-met-en-evidence-les-benefices-sanitaires-de-l-alimentation-bio_6112939_3244.html>, Le Monde, 09/02/22, 17h22 
3- Nord : Une start-up lilloise mise sur les pouvoirs insoupçonnés de la mousse végétale <https://www.20minutes.fr/planete/3232827-20220209-nord-start-up-lilloise-mise-pouvoirs-insoupconnes-mousse-vegetale>, 20 Minutes, 09/02/22, 19h11
4- Stratégie « de la ferme à la table » : quand les objectifs environnementaux de l’UE ont un impact sur la production alimentaire <https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/strategie-%E2%80%89de-la-ferme-a-la-table%E2%80%89-quand-les-objectifs-environnementaux-de-lue-ont-un-impact-sur-la-production-alimentaire/>, EurActiv, 09/02/22
5- Études sur la toxicité des pesticides : une pétition bientôt ouverte pour les citoyens européens <https://www.actu-environnement.com/ae/news/etudes-toxicite-pesticides-petition-citoyens-europeens-39074.php4>, Actu-environnement, 09/02/22
6- Brésil : les députés approuvent une loi controversée sur les pesticides <https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220210-br%C3%A9sil-les-d%C3%A9put%C3%A9s-approuvent-une-loi-controvers%C3%A9e-sur-les-pesticides>, AFP, 10/02/22, 04:00
7- Sulfoxaflor : sa proposition d'interdiction rejetée, la Commission européenne fait appel <https://www.actu-environnement.com/ae/news/sulfoxaflor-appel-commission-europeenne-39091.php4>, Actu-environnement, 11/02/22
8-  <https://www.goodplanet.info/2022/02/15/rd-congo-greenpeace-denonce-le-non-respect-dun-accord-de-protection-des-forets/>RD Congo : Greenpeace dénonce le non-respect d'un accord de protection des forêts <https://www.goodplanet.info/2022/02/15/rd-congo-greenpeace-denonce-le-non-respect-dun-accord-de-protection-des-forets/>, AFP, 15/02/22, 15:00
9- Vols d’arbres centenaires en Ariège : le forestier condamné à neuf mois de prison ferme et à de fortes amendes <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/15/vols-d-arbres-centenaires-en-ariege-le-forestier-condamne-a-neuf-mois-de-prison-ferme-et-a-de-fortes-amendes_6113811_3244.html>, Le Monde, 15/02/22, 18h35 
10- Enquête. Pesticides : la grande illusion des équipements de protection des agriculteurs <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/16/pesticides-la-grande-illusion-des-equipements-de-protection-des-agriculteurs_6113855_3244.html>, Le Monde, 16/02/22, 12h27
11- Décryptage. Les exportations d’avocats du Mexique menacées par les cartels <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/17/l-or-vert-du-mexique-menace-par-les-cartels_6114081_3234.html>, Le Monde, maj le 18/02/22 à 01h46
12- Les porcs de la discorde dans un village du Massif central <https://information.tv5monde.com/info/les-porcs-de-la-discorde-dans-un-village-du-massif-central-445516>, AFP, 18/02/22, 09:00
13- Chronique. « L’expertise devrait toujours être l’objet d’une vigilance scientifique et démocratique » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/19/l-expertise-devrait-toujours-etre-l-objet-d-une-vigilance-scientifique-et-democratique_6114405_3232.html>, Le Monde, 19/02/22, 13h49
14- « Les algues terrestres pourraient participer au piégeage du carbone dans les sols » <https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/flore-les-algues-terrestres-pourraient-participer-piegeage-carbone-sols-96792/>, Futura-sciences, 19/02/22
15- Cette start-up fabrique de la viande à partir de nos émissions de CO2 <https://dailygeekshow.com/viande-dioxyde-carbone/>, Daily Geek Show, 21/02/22
En images
16- Alimentation bio : pourquoi la filière est en crise <https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/alimentation-bio-pourquoi-la-filiere-est-en-crise-63644409.html>, TF1, journal de 20h, 09/02/22
17- Environnement : les femmes indigènes replantent l'Amazonie <https://information.tv5monde.com/video/environnement-les-femmes-indigenes-replantent-l-amazonie>, TV5Monde, 14/02/22
18- Hausse des prix : la colère des agriculteurs contre la grande distribution <https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/hausse-des-prix-la-colere-des-agriculteurs-contre-la-grande-distribution-06816060.html>, TF1, journal de 20h, 17/02/22
19- Tendance : le "batch cooking", la préparation à l'avance des menus pour la semaine, séduit les Français <https://www.francetvinfo.fr/sante/enfant-ado/tendance-le-batch-cooking-la-preparation-a-l-avance-des-menus-pour-la-semaine-seduit-les-francais_4972530.html>, France 2, journal de 20h, 20/02/22

Bien à vous,
Florence

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ÉTUDES DU JOUR : — Des chercheurs ont calculé qu’en optant à l’âge de 20 ans pour un régime riche en légumineuses, céréales complètes et fruits et légumes, le gain potentiel d’espérance de vie est de plusieurs années. (cf. item 1 & suite)
— Des travaux associent pour la première fois l’alimentation bio avec une réduction significative du stress oxydatif impliqué dans différentes pathologies chroniques, en particulier certains cancers, maladies neurodégénératives, ou encore le diabète. (cf. item 2 & suite)
ENQUÊTE DU JOUR : Depuis 15 ans, un groupe de chercheurs alerte en vain sur l’inefficacité des équipements de protection des agriculteurs. Les normes, coécrites par les industriels, ignorent autant la réalité du métier que les données scientifiques. (cf. item 10)
HÉSITATION DU JOUR : Alors que le débat sur les pertes de productivité potentielles liées à la stratégie « de la ferme à la table » de l’Union européenne se poursuit, les législateurs restent divisés quant aux conséquences des études réalisées sur le sujet. (cf. item 4)
RÉUSSITE DU JOUR : A l’initiative des acteurs de la campagne Secrets toxiques, la demande d'ouverture d'une pétition européenne autour des études sur la toxicité des pesticides a été acceptée par la Commission des pétitions. (cf. item 5)
APPROBATION DU JOUR : Les députés brésiliens ont approuvé un projet de loi sur l'usage des pesticides, surnommé "projet de loi du poison" par ses détracteurs, mais dont les partisans affirment qu'il contribuera à moderniser l’agriculture. (cf. item 6)
REJET DU JOUR : Pesticide nocif pour les pollinisateurs, le sulfoxaflor reste, tant bien que mal, dans le collimateur de l'Union européenne. La proposition d'interdiction de la Commission n'a pas encore abouti. (cf. item 7)
RÉTORSION DU JOUR : A la suite des tentatives d’intimidation de l’un de leurs inspecteurs sanitaires par les cartels mexicains, les Etats-Unis ont décidé de bloquer les importations d’avocats mexicains. Or, plus de la moitié des 2,4 millions de tonnes d’avocats produites en 2021 au Mexique ont été destinées aux Etats-Unis. (cf. item 11)
CHRONIQUE DU JOUR : Un consensus fort existe désormais pour la sortie d’une agriculture dopée aux pesticides. Mais les agences continuent de permettre la mise sur le marché de nouveaux produits. (cf. item 13)
COLÈRE DU JOUR : Des agriculteurs en colère vident les rayons de volailles de tous les produits importés de l'étranger. Pour eux, c'est de la concurrence déloyale. (cf. item 18)
ALTERNATIVES DU JOUR : — La jeune entreprise lilloise PowerOfMoss propose des solutions d’isolation thermique des bâtiments et de purification de l’air intérieur à base d’un produit 100 % naturel, la mousse végétale. (cf. item 3)
— Les sols constituent le plus grand dépôt de matière organique au monde. D'après les dernières estimations, ils pourraient stocker quelque 2.500 gigatonnes de carbone. (cf. item 14)
— Lisa Dyson et John Reed, deux scientifiques du Berkeley Lab du ministère américain de l’Énergie, ont mis au point un steak fabriqué à partir de dioxyde de carbone. (cf. item 15)
— Depuis presque dix ans, des femmes autoctones pratiquent l'agroforesterie. Elles ont replanté plus de 25 millions d'arbres dans la province du Serrado au Brésil. (cf. item 17)
— Le "batch cooking" consiste à préparer à l’avance les plats de la semaine qui s’annonce. Cela permet d'optimiser son temps, ses courses et son argent. De plus en plus de familles en France sont séduites par le concept. (cf. item 19)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Manger plus sainement peut permettre de gagner plusieurs années d’espérance de vie, Le Monde, maj le 09/02/22 à 05h59 
Mathilde Gérard

Une équipe de recherche norvégienne a calculé qu’en optant à l’âge de 20 ans pour un régime optimal, riche en légumineuses, céréales complètes et fruits et légumes, le gain potentiel est de plus de dix ans. 
Le lien entre alimentation et santé n’est plus à prouver. Pour la première fois, des chercheurs ont quantifié comment différents changements alimentaires peuvent avoir un impact substantiel sur l’espérance de vie. Dans une étude publiée mardi 8 février dans la revue PLOS Medicine, une équipe de l’université de Bergen (Norvège) a établi qu’un « régime optimal » riche en légumineuses, céréales complètes, fruits à coque, et fruits et légumes, et pauvre en viande, pouvait faire gagner plus de dix ans d’espérance de vie à un individu nord-américain aujourd’hui âgé d’une vingtaine d’années (10,7 ans pour une femme, 13 ans pour un homme) par rapport à un régime alimentaire occidental moyen, où la consommation de féculents, produits laitiers et viande est plus importante.
Pour calculer cet impact, spectaculaire, les auteurs ont travaillé à partir de la base de données du Global Burden of Disease (GBD, la « charge mondiale des maladies »), un programme mondial de recherche en épidémiologie de l’Institute for Health Metrics and Evaluation à Seattle (Etats-Unis), auquel collaborent 7 000 chercheurs dans le monde. En 2019, les équipes du GBD avaient estimé qu’environ 11 millions de morts prématurées par an étaient attribuables à une mauvaise alimentation, soit un décès sur cinq, plus que le tabac (8 millions de morts par an). Les données du GBD ont été croisées avec d’autres méta-analyses, les plus complètes et récentes publiées sur chaque catégorie d’aliments, pour cette fois étudier, non pas l’impact sur la mortalité, mais le versant plus positif : comment l’alimentation peut faire gagner quelques années de vie.
> Lire aussi Un décès sur cinq dans le monde dû à une mauvaise alimentation
« Notre idée de départ était d’étudier comment les changements de paramètres de notre alimentation peuvent affecter la santé et avoir des effets qui se combinent entre eux », explique Lars Thore Fadnes, professeur à l’école de santé publique de l’université de Bergen et premier auteur de l’étude. Selon ces résultats, le seul fait d’augmenter sa ration de légumineuses (pois chiches, fèves, lentilles, haricots, à 200 grammes par jour) permettrait de gagner un peu plus de deux ans d’espérance de vie à l’âge de 20 ans, tout comme le fait de manger plus de céréales complètes (riz complet, pain complet, etc.) et de fruits à coque (jusqu’à 25 grammes par jour, soit, par exemple, une poignée de noix). Les fruits et légumes doivent toujours rester les ingrédients principaux de l’alimentation, mais les équipes norvégiennes estiment que le déficit de consommation est moins important concernant ces derniers. Pour tous les changements opérés, les gains espérés sont un peu plus forts chez les hommes que chez les femmes.
Les effets de changements intermédiaires
Les chercheurs ont, par ailleurs, calculé que la suppression de la viande rouge et de la viande transformée de son assiette permettrait de gagner de 1,5 à 1,9 année d’espérance de vie pour un vingtenaire.
Outre l’impact d’un régime « optimal », l’équipe de Bergen a étudié les effets de changements intermédiaires, qualifiés de plus réalistes, qui montrent également un bénéfice notable. Opter pour un régime « intermédiaire », par exemple en portant les portions journalières de légumes secs à 100 grammes, de céréales complètes à 137 grammes, et en réduisant notamment la viande rouge à 50 grammes, permettrait un gain potentiel de 7 % sur l’espérance de vie à tout âge.
« L’existence d’un effet progressif est l’un des messages intéressants à retenir de cette étude : ce n’est pas tout ou rien, observe Mathilde Touvier, directrice de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN, Inserm-Inrae-CNAM-université Paris-XIII), qui n’a pas participé à ces travaux. Si on part d’une consommation de zéro fruit et légume, à chaque portion ajoutée, on a un bénéfice pour la santé. » De quoi encourager la population, dont le régime habituel est encore loin des recommandations officielles, à faire le premier pas. En France, la dernière enquête alimentaire de Santé publique France, menée en 2015 (enquête Esteban), a montré que 72 % des adultes ne mangeaient pas les cinq portions de fruits et légumes recommandées, que 87 % mangeaient moins de deux portions hebdomadaires de légumineuses et que 85 % ne mangeaient jamais de fruits à coque. Par ailleurs, 63 % mangent de la charcuterie au-delà des 150 grammes par semaine fixés comme limite de consommation par les autorités sanitaires.
« Il y a des changements relativement faciles à opérer, qui peuvent avoir des effets substantiels tout au long de la vie, poursuit Lars Thore Fadnes. Le plus tôt on opère ces changements, le mieux c’est. Mais même lorsque l’on approche des 60 ou 70 ans, une partie du potentiel est perdue, mais reste notable. » Changer d’assiette pour un régime optimal à 60 ans pourrait faire gagner jusqu’à huit ans d’espérance de vie. Si le changement a lieu à 80 ans, le gain espéré est de trois ans.
« Manger sainement coûte trop cher »
Pour que médecins et chercheurs dans le monde puissent se saisir de ces paramètres, les auteurs ont mis en ligne un outil calculateur permettant d’effectuer ses propres simulations. Ces données comportent toutefois des limites, l’espérance de vie pouvant être affectée par d’autres facteurs, comme les changements de comportement ou les progrès de la médecine. Par ailleurs, les chercheurs se sont concentrés sur trois zones géographiques pour lesquelles ils avaient des données les plus complètes : les Etats-Unis, l’Europe et la Chine. « Nos résultats sont assez homogènes pour ces trois zones, mais les résultats ne seraient probablement pas comparables dans des pays où il y a, par exemple, plus de maladies infectieuses, précise Lars Fadnes. Partout, les individus peuvent bénéficier du régime optimal. Mais dans les pays où l’insécurité alimentaire est forte, il ne s’agit pas tant de diminuer telle catégorie d’aliments que d’augmenter les rations. »
Pour Francesco Branca, directeur du département de nutrition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette étude permet une approche très utile, « en disséquant les différents éléments d’un changement alimentaire et en soulignant leur importance relative. Cela permet aux pouvoirs publics d’identifier sur quelles catégories de produits concentrer leur action et mettre en place des politiques ciblées, de prix ou de marketing ». A l’heure où la mise en place d’un étiquetage nutritionnel sur les emballages alimentaires à l’échelle de l’Union européenne suscite d’âpres débats, l’expert de l’OMS rappelle que « certains remettent en cause le concept même de régime sain, en sapant soixante-dix ans de connaissances scientifiques. Mais ce n’est pas parce que la science doit continuer à progresser qu’il ne faut pas prendre des mesures dès à présent ». 
Le prix reste, à ce jour, un frein majeur pour que la population ait globalement accès à une alimentation adéquate. « Manger sainement coûte trop cher », rappelle Francesco Branca. Dans leur rapport de juillet 2021 sur l’état de la sécurité alimentaire dans le monde, les agences des Nations unies ont calculé que trois milliards d’habitants sur Terre ne pouvaient se payer un régime alimentaire sain. L’enjeu de l’accessibilité économique est d’autant plus vif que ces régimes les plus sains sont reconnus comme étant aussi… les plus durables pour la planète.
> Lire aussi Quels sont les régimes alimentaires avec le plus faible impact climatique ?
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/08/manger-plus-sainement-peut-permettre-de-gagner-plusieurs-annees-d-esperance-de-vie_6112854_3244.html>
En savoir plus : 
> Estimating impact of food choices on life expectancy : A modeling study <https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1003889>, PLOS Medicine, February 8, 2022
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2- Une alimentation bio permet une baisse significative du stress oxydatif, Le Monde, 09/02/22, 17h22 
Stéphane Foucart

Des travaux associent pour la première fois l’alimentation bio avec une réduction significative de ce phénomène impliqué dans différentes pathologies chroniques, en particulier certains cancers, maladies neurodégénératives, ou encore le diabète. 
En octobre 2018, des chercheurs français publiaient la première étude épidémiologique suggérant un risque diminué de certains cancers chez les consommateurs d’aliments issus de l’agriculture biologique. Trois ans plus tard, une équipe de scientifiques chypriotes est parvenue à mettre en évidence, au niveau moléculaire, un effet biologique susceptible d’expliquer ces résultats.
Leurs travaux, publiés dans l’édition de janvier de la revue Environment International, associent pour la première fois l’alimentation bio avec une réduction significative des marqueurs de stress oxydatif – un phénomène impliqué dans différentes pathologies chroniques, en particulier certains cancers, maladies neurodégénératives, ou encore le diabète. Pour les auteurs de ces travaux, cet effet est le plus probablement lié à la présence de résidus de pesticides de synthèse dans l’alimentation conventionnelle.
Approche métabolomique
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs de l’Institut pour l’environnement et la santé publique de l’université technique de Chypre ont enrôlé 191 enfants de plusieurs écoles primaires de la grande île méditerranéenne. Les enfants du premier groupe ont mangé exclusivement bio pendant quarante jours, avant de revenir à leur régime habituel, tandis qu’un second groupe a alterné les deux régimes dans l’ordre inverse.
Des centaines d’échantillons d’urine ont été collectées tout au long de l’expérience. Les auteurs ont ensuite procédé à une analyse dite métabolomique de ces échantillons. Cette méthode analytique consiste à relever la présence de dizaines de petites molécules (ou métabolites) qui sont le reflet du fonctionnement de l’organisme, c’est-à-dire la manière dont celui-ci utilise les nutriments, les graisses, les sucres, etc., et dont il réagit aux différents stress auxquels il est soumis. Certains métabolites sont ainsi caractéristiques d’une réaction de l’organisme à des substances capables d’altérer l’ADN.
« Ce que nous observons dans les deux groupes d’enfants est que le régime bio est associé à une réduction des marqueurs de dommages oxydatifs, fortement corrélée à une augmentation des marqueurs d’exposition aux pesticides, explique le professeur Konstantinos Makris, spécialiste de santé environnementale et coordinateur de ces travaux. On constate aussi que cet effet se renforce au cours de la période où les enfants s’alimentent en bio, pour devenir significatif au bout d’environ quarante jours. »
> Lire aussi L’alimentation bio réduit significativement les risques de cancer
Coautrice de travaux récents ayant montré une association entre l’alimentation bio et un risque moindre de certains cancers ou encore de diabète, Emmanuelle Kesse-Guyot, chercheuse dans l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Inserm, Inrae, université Paris-XIII), juge l’étude et l’analyse « de haut niveau ». « Leur échantillon est petit, mais le schéma de l’étude est très précis donc ils détectent beaucoup de choses », ajoute la chercheuse.
Ces résultats, commente de son côté Denis Lairon, chercheur émérite à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et auteur de nombreux travaux sur les liens entre nutrition, santé et environnement, suggèrent que « les réductions des marqueurs de l’inflammation et du stress oxydant sont originales et suggèrent en effet des modifications métaboliques ». M. Lairon juge toutefois que les résultats obtenus grâce à l’approche métabolomique « sont un peu difficiles à interpréter pour ce qui est des relations entre les changements métaboliques et les impacts sur la santé ».
Importance de l’hygiène de vie
« La réalisation d’études interventionnelles comme celle-ci est très importante », juge le toxicologue Robin Mesnage (Clinic Buchinger Wilhelmi-King’s College de Londres) et spécialiste de métabolomique. En effet, ajoute-t-il, les études épidémiologiques ne suffisent pas à elles seules à parvenir à la certitude d’un effet sanitaire bénéfique intrinsèque de l’alimentation biologique : « Il est clair depuis longtemps que les personnes qui mangent bio sont en meilleure santé que celles qui mangent de la nourriture non bio, et on sait aussi que c’est souvent parce que ces personnes ont une meilleure hygiène de vie. » Même si les études épidémiologiques utilisent généralement des techniques d’analyse pour corriger des effets de ces biais, il ne peut être certain que ceux-ci soient intégralement pris en compte.
> Lire aussi Manger plus sainement peut permettre de gagner plus de 10 ans d’espérance de vie
En l’espèce, M. Mesnage confirme que les travaux de M. Makris et de ses coauteurs « suggèrent clairement que la nourriture bio donnée dans cette étude est plus saine ». Mais, ajoute le toxicologue, le protocole mis en œuvre « ne permet pas de savoir si les effets mesurés viennent d’une diminution de l’exposition aux pesticides ou de différences de qualité nutritionnelles, ou même peut être de changements de comportements alimentaires ».
Les chercheurs chypriotes reconnaissent que le régime bio administré aux enfants contenait légèrement plus de fruits et légumes que le régime conventionnel, mais ils estiment que cette différence ne peut expliquer la majeure part de l’effet relevé dans leur étude. « Nous avons testé cette hypothèse en consultant les essais contrôlés randomisés disponibles dans la littérature scientifique, cherchant les effets d’une consommation systématique de fruits et légumes, explique M. Makris. Or, en particulier sur une période aussi courte que quarante jours, ces essais ne montrent pas de baisse de plusieurs des marqueurs de stress oxydatif qui sont diminués par l’alimentation bio. Nous attribuons donc plutôt l’effet bénéfique global de celle-ci à la quantité moindre de résidus de pesticides. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/09/une-etude-met-en-evidence-les-benefices-sanitaires-de-l-alimentation-bio_6112939_3244.html>
En savoir plus :
> Use of metabolomics in refining the effect of an organic food intervention on biomarkers of exposure to pesticides and biomarkers of oxidative damage in primary school children in Cyprus : A cluster-randomized cross-over trial <https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412021006334>, Environment International, January 2022
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, 20 Minutes, 09/02/22, 19h11
Mikaël Libert

Environnement. La jeune entreprise lilloise PowerOfMoss propose des solutions d’isolation thermique des bâtiments et de purification de l’air intérieur à base d’un produit 100 % naturel, la mousse végétale
• Une start-up lilloise utilise de la mousse végétale pour isoler les bâtiments et purifier l’air intérieur.
• Leur idée étant de ramener de la nature en ville et faire qu’elle soit esthétique et utile.
• Les produits, lancés en 2021, ont déjà été installés chez plus d’une centaine de clients.
Vous reprendrez bien une petite mousse. Economies d’énergie, rénovation énergétique, pollution de l’air, nature en ville… Des sujets qui n’ont jamais été autant d’actualité qu’aujourd’hui. S’il est opportun d’agrémenter d’arbres certaines rues particulièrement minérales, ce n’est pas cela qui va rafraîchir votre maison l’été et la maintenir au chaud l’hiver. La start-up lilloise PowerOfMoss a certainement la solution pour qu’une touche de vert soit aussi belle qu’efficace en termes de performance énergétique.
Lorsqu’ils ont débarqué de leur campagne, Joss Le Blan et Arthur Lejeune, les fondateurs de PowerOfMoss, ont eu beaucoup de mal à se faire au côté minéral de la ville. « On voulait vraiment revégétaliser les villes dans lesquelles, de manière générale, il manque beaucoup de nature », explique Joss Le Blan.
Pour l’entrepreneur, cette absence de vert a de nombreuses conséquences : « On le ressent sur la qualité de l’air, sur les îlots de chaleur, l’utilisation de la climatisation », énumère-t-il. Les deux associés ont aussi constaté qu’il n’était pas toujours possible d’y remédier avec des plantes traditionnelles, notamment en raison du poids, de leurs faibles performances énergétiques ou de leur moindre résistance.
>> Suite à lire à :
<https://www.20minutes.fr/planete/3232827-20220209-nord-start-up-lilloise-mise-pouvoirs-insoupconnes-mousse-vegetale>
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, EurActiv, 09/02/22
Julia Dahm | translated by  Anne-Sophie Gayet

Alors que le débat sur les pertes de productivité potentielles liées à la stratégie « de la ferme à la table » de l’Union européenne se poursuit, les législateurs restent divisés quant aux conséquences des études réalisées sur le sujet.
Selon plusieurs études, la production agricole de l’UE pourrait diminuer si le bloc va jusqu’au bout de sa politique alimentaire et agricole phare, la stratégie « de la ferme à la table » (Farm to Fork Strategyou F2F), qui définit des mesures et des objectifs représentant la vision à long terme de l’UE pour le secteur agricole et alimentaire.
Un certain nombre des ambitions écologiques qu’elle présente, telles que la réduction de l’utilisation des pesticides et des engrais, ont suscité des inquiétudes concernant un déclin de la productivité dans le bloc.
« Je pense qu’il devient de plus en plus clair que la stratégie “de la ferme à la table” se concentre sur la durabilité, mais elle présente le gros défaut de ne pas avoir une vue d’ensemble », a déclaré l’eurodéputé conservateur Herbert Dorfmann lors d’un récent événement organisé par EURACTIV.
Il a ajouté qu’il était absolument nécessaire, dans l’UE et au-delà, de concilier durabilité et sécurité alimentaire.
Une étude publiée par l’université néerlandaise de Wageningen a révélé que l’objectif de réduction des pesticides que prévoit la stratégie entraînerait une baisse de 9 % de la production végétale et une hausse des prix de 8 %.
Les acteurs du secteur agricole ont eux aussi tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises concernant les baisses projetées, mettant en garde contre les répercussions sur les revenus des agriculteurs, le commerce et les prix à la consommation.
Selon Diana Lenzi, présidente du Conseil européen des jeunes agriculteurs (CEJA), la transition écologique ne pose pas seulement un problème au niveau de la production mais également un problème sociétal, car il est important d’informer les consommateurs de ce qui change dans le système de production.
« Nous devons expliquer aux consommateurs […] pourquoi, par exemple, le coût sera probablement plus élevé, pourquoi nous ne pouvons pas nous permettre, nous, agriculteurs, d’être toujours l’élément écrasé de la chaîne de valeur lorsqu’il s’agit de profit », a-t-elle déclaré lors de l’événement.
Dans une déclaration commune publiée fin janvier, 19 associations du secteur agroalimentaire de l’UE ont appelé à la mise en place d’un cadre réglementaire approprié et équilibré pour le secteur agroalimentaire européen, l’innovation étant un élément clé de la stratégie F2F.
Dans leur déclaration, les organisations reconnaissent que l’innovation pourrait apporter une contribution essentielle à la réalisation des objectifs de la transition écologique sans pour autant affecter la production.
Cependant, « l’innovation ne peut se faire sans le soutien législatif et financier nécessaire », peut-on également lire dans la déclaration.
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<https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/strategie-%E2%80%89de-la-ferme-a-la-table%E2%80%89-quand-les-objectifs-environnementaux-de-lue-ont-un-impact-sur-la-production-alimentaire/>
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5- Études sur la toxicité des pesticides : une pétition bientôt ouverte pour les citoyens européens, Actu-environnement, 09/02/22
Nadia Gorbatko

Les acteurs de la campagne Secrets toxiques et la quinzaine d'associations européennes associées ont dû savourer leur – petite – victoire, lundi 7 janvier, au Parlement européen : leur demande d'ouverture d'une pétition européenne autour des études sur la toxicité des pesticides a été acceptée par la Commission des pétitions. Désormais accessible à la signature des citoyens européens, celle-ci sera mise en ligne dans les jours à venir.
Dans la foulée, la Commission des pétitions sollicite aussi des réponses de la part de trois commissions parlementaires (environnement, affaires juridiques et agriculture) et elle enjoint à la Commission européenne de formuler une réponse écrite. Les autorités françaises seront, par ailleurs, interpellées sur ce sujet.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/etudes-toxicite-pesticides-petition-citoyens-europeens-39074.php4>
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6- Brésil : les députés approuvent une loi controversée sur les pesticides, AFP, 10/02/22, 04:00

Les députés brésiliens ont approuvé mercredi un projet de loi sur l'usage des pesticides, surnommé "projet de loi du poison" par ses détracteurs, mais dont les partisans affirment qu'il contribuera à moderniser l'agriculture.
Ce projet, en gestation depuis 2002, a été adopté par 301 voix contre 150 et deux abstentions et doit encore être approuvé par le Sénat.
Il est soutenu par le président d'extrême droite Jair Bolsonaro qui, depuis son arrivée au pouvoir en 2019, a promu plusieurs projets favorables à l'agriculture - un acteur majeur de l'économie brésilienne - mais très critiqués par les écologistes.
Le projet de loi assouplit les règles d'usage des pesticides au Brésil et donne au ministère de l'Agriculture le pouvoir d'autoriser les nouveaux produits. Le processus d'autorisation actuelle est plus complexe et requiert les avis de plusieurs agences sanitaires et environnementales.
Les organisations de défense de l'environnement mettent en garde contre les risques que comporte selon elles ce texte, puisque l'impact des pesticides sur la santé humaine et sur l'écosystème cessera d'être évalué par les agences compétentes avant autorisation.
"Ils sont en train de libérer le poison pour l'envoyer dans nos assiettes", s'est alarmé le chef de l'opposition parlementaire, Alessandro Molon, en affirmant que la nouvelle loi aura des conséquences "irréversibles" pour la santé des Brésiliens.
Le gouvernement Bolsonaro "est en train de choisir un modèle qui rend malade, déforeste et tue", a dénoncé l'organisation écologiste Greenpeace.
Les défenseurs du projet soutiennent, pour leur part, que les nouvelles règles permettront d'augmenter la production, de réduire les prix et de garantir la sécurité alimentaire du Brésil.
Le Brésil a besoin de "mesures de défense (pour ses récoltes) tout comme il a besoin des vaccins, qui sont aussi un remède", a affirmé le député Diego Andrade, du Parti social démocratique, une formation qui fait partie de la coalition gouvernementale de M. Bolsonaro.
<https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220210-brésil-les-députés-approuvent-une-loi-controversée-sur-les-pesticides>
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7- Sulfoxaflor : sa proposition d'interdiction rejetée, la Commission européenne fait appel, Actu-environnement, 11/02/22
Félix Gouty

Pesticide nocif pour les pollinisateurs, le sulfoxaflor reste, tant bien que mal, dans le collimateur de l'Union européenne. La Commission affirme « mener des discussions depuis un an avec les États membres à ce sujet », mais sa proposition d'interdiction n'a pas encore abouti. Cette proposition, visant à limiter l'utilisation du pesticide seulement aux serres permanentes, a été rejetée par la « majorité qualifiée nécessaire » devant le comité permanent des végétaux, animaux, denrées alimentaires et aliments pour animaux de la Commission européenne.
« Il est de notre responsabilité et de la plus haute importance de protéger nos pollinisateurs et notre biodiversité pour les générations actuelles et futures », clame pourtant Stella Kyriakides, commissaire à la Santé et à la Sécurité alimentaire. Par conséquent, cette dernière annonce de saisir prochainement le comité d'appel « pour faire pression en faveur d'une position protectrice des pollinisateurs ». Et de la commissaire de conclure : « J'espère que nos États membres se rallieront à cette proposition. »
Pour rappel, en France, un décret, publié en décembre 2019, interdit déjà l'utilisation du sulfoxaflor (et de la flupyradifurone). Cette mesure a succédé à un jugement du tribunal de Nice, confirmé récemment par la cour administrative de Marseille, contre les autorisations de mise sur le marché, délivrées par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), de deux produits contenant du sulfoxaflor.
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/sulfoxaflor-appel-commission-europeenne-39091.php4>
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8- RD Congo : Greenpeace dénonce le non-respect d'un accord de protection des forêts, AFP, 15/02/22, 15:00

L'ONG de défense de l'environnement Greenpeace a alerté mardi sur le non-respect d'un accord pour financer la protection des forêts de la République démocratique du Congo signé à Glasgow (Écosse) par le président Félix Tshisekedi et le Premier ministre britannique Boris Johnson.
Deux mois après la signature de cet accord de financement d'un montant de 500 millions de dollars dans le cadre de l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale (Cafi), "la République démocratique du Congo (RDC) et ses bailleurs de fonds ne l’ont pas respecté", regrette Greenpeace dans un communiqué.
La Cafi est constitué d'un groupe de pays donateurs dont le leadership est assuré par la Norvège.
Selon Greenpeace, "le tout premier jalon politique de l’accord est la publication +avant fin 2021+ d’un audit des concessions forestières exécuté par l’Inspection générale des finances (IGF) de la RDC". 
Malgré le rappel fait au ministère congolais de l'Environnement le 2 janvier, "la RDC n’a pas publié" ce rapport d'audit, déplore l'organisation environnementale.
"Dans l'accord signé à Glasgow, il n'y avait aucun préalable au décaissement des fonds pour financer la protection de nos forêts. S'il y a des reproches à formuler, Greenpeace doit les adresser à la partie britannique", a réagi auprès de l'AFP Michel Koyakpa, conseiller en communication au ministère congolais de l'Environnement.
En octobre, la veille de la COP 26 de Glasgow en Écosse, le président Tshisekedi avait déclaré avoir été saisi de "plusieurs plaintes d’irrégularités" dans l’octroi de concessions forestières et ordonné la suspension de tout contrat "douteux". 
Jusque-là, la ministre de l'Environnement, Eve Bazaiba, en a suspendu six. 
Greenpeace dit craindre que le projet de la levée du moratoire sur la délivrance de nouveaux permis de coupe des arbres n'entre en vigueur en 2023, sans qu'une nouvelle politique de protection des forêts ne soit adoptée par le gouvernement.
<https://www.goodplanet.info/2022/02/15/rd-congo-greenpeace-denonce-le-non-respect-dun-accord-de-protection-des-forets/ <https://www.goodplanet.info/2022/02/15/rd-congo-greenpeace-denonce-le-non-respect-dun-accord-de-protection-des-forets/>>
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9- Vols d’arbres centenaires en Ariège : le forestier condamné à neuf mois de prison ferme et à de fortes amendes, Le Monde, 15/02/22, 19h21
Pascale Robert-Diard

Manuel Bautista, l’exploitant forestier espagnol qui avait coupé illégalement près de quatre cents arbres dans les forêts du département, a été déclaré coupable de vols avec dégradation et destruction de bois par le tribunal de Foix. 
Le tribunal correctionnel de Foix a condamné, mardi 15 février, Manuel Bautista, un exploitant forestier espagnol, à dix-huit mois d’emprisonnement, dont neuf mois ferme, pour avoir coupé illégalement près de quatre cents arbres, dont une centaine de chênes centenaires, dans la commune de Perles-et-Castelet (Ariège), pendant l’automne 2020 et l’hiver 2021. Le tribunal a précisé que cette peine ne serait pas aménageable.
Des amendes de 40 000 euros pour le forestier à titre personnel et de 100 000 euros pour sa société d’exploitation ont également été prononcées. A cette condamnation pénale s’ajoutent des dommages et intérêts pour les treize personnes reconnues parties civiles. Le tribunal se prononcera sur leur montant le 26 avril, mais il a d’ores et déjà demandé que 63 000 euros, soit 4 000 euros par plaignant, soient versés à titre de provision. Les parties civiles évaluent leur préjudice à près de 200 000 euros.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/15/vols-d-arbres-centenaires-en-ariege-le-forestier-condamne-a-neuf-mois-de-prison-ferme-et-a-de-fortes-amendes_6113811_3244.html>
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10- Enquête. Pesticides : la grande illusion des équipements de protection des agriculteurs, Le Monde, 16/02/22, 12h27
Stéphane Horel

Depuis quinze ans, un groupe de chercheurs alerte en vain sur l’inefficacité de ces dispositifs. Les normes, coécrites par les industriels, ignorent autant la réalité du métier que les données scientifiques.
« Agriculteurs intoxiqués » (1/4). Jean-Baptiste Lefoulon se tient en caleçon au milieu de la cour de sa ferme. Quatre mains enveloppées de plastique bleu l’habillent : tee-shirt à manches longues, culotte blanche à jambes longues, combinaison de travail zippée portant broderie d’une marque de machines agricoles, gants immaculés qui ne vont pas le rester, casquette. Geste précis et regard concentré, deux scientifiques collent sur lui des patchs de 10 × 10 centimètres qu’ils extraient du coffre de leur voiture.
Dans leur ferme de la Baucherie, sur la commune de Lingèvres, dans le Calvados, les Lefoulon, parents et fils, cultivent céréales et maïs sur cent hectares et élèvent 140 vaches laitières. Cette étude à laquelle le jeune homme participe volontiers, « pour faire avancer la science », s’intitule « Pestexpo » – pour pesticide et exposition. En cet après-midi de mai 2021, les deux scientifiques sont venus consigner chacune des actions de l’agriculteur dans son quotidien le plus banal, pendant le semis de maïs.
Les patchs à trois couches – gaze, aluminium, autocollant – vont recueillir particules et poussières chargées de pesticides. Au cas où les produits passeraient à travers, l’aluminium fera barrage. On équipe maintenant Jean-Baptiste d’une pompe bruyante, deux tuyaux sont fixés sur sa clavicule. En pyjama bizarre sous le ciel d’été, il a l’air prêt à partir dans l’espace.
Un risque de pathologies graves
L’étude Pestexpo a débuté il y a plus de vingt ans en Normandie et dans la région de Bordeaux. De pionniers, ces travaux sont devenus une véritable bombe scientifique contre un pilier du modèle agricole intensif : le recours massif aux pesticides. Les chercheurs à l’origine de cette étude, devenus lanceurs d’alerte, n’ont eu de cesse de transmettre données et inquiétudes aux autorités françaises et européennes.
A force d’observation des conditions de travail réelles en grandes cultures, en maraîchage, sous serre, dans les pommeraies ou dans les vignes, l’équipe de Pestexpo a en effet démontré que les travailleurs agricoles étaient bien plus exposés aux pesticides qu’on ne le pensait. Pire encore : les équipements qu’ils sont censés porter pour se protéger ne remplissent tout simplement pas leur fonction. Dans certains cas, même, le port de combinaison ou de gants augmente leur exposition.
Mais les efforts des scientifiques sont à ce jour restés vains ou presque. Face à eux, il y a toute l’inertie d’un système marqué par une coconstruction historique, de la part des industriels et des pouvoirs publics, des règles qui régentent l’usage des pesticides et qui semblent peser plus lourd que l’état de la science. Quelles conséquences sur la santé des millions de travailleurs agricoles potentiellement exposés en Europe, dont plus d’un million en France ? Avec quinze à vingt applications de produits phytosanitaires chaque année en moyenne, un travailleur peut être exposé à plus d’une centaine de pesticides au cours de sa vie professionnelle, estiment les chercheurs de Pestexpo.
Dans les « conditions normales d’utilisation », les pesticides ne présentent pas de risque pour la santé humaine, certifient aussi bien leurs fabricants que les autorités réglementaires. Au fil des deux dernières décennies, cependant, tandis que l’étude Pestexpo établissait que ces conditions prétendument « normales » n’existaient pas en France ni ailleurs, un corpus croissant de données scientifiques issues d’analyses toxicologiques et d’études épidémiologiques montrait que les pesticides étaient nocifs pour la santé.
L’« usage contrôlé », une pure « fiction »
En juin 2021, un important rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) est venu le confirmer : six pathologies graves au moins sont liées à une exposition professionnelle aux pesticides. Sur la base de plus de 5 300 rapports et études scientifiques du monde entier, un groupe d’experts pluridisciplinaire a conclu que les pesticides peuvent provoquer la maladie de Parkinson, des troubles cognitifs, le lymphome non hodgkinien et le myélome multiple – deux cancers qui affectent les globules blancs –, le cancer de la prostate ainsi que certains troubles respiratoires.
Un « usage contrôlé » des pesticides, comme les fabricants d’amiante prétendaient jadis que cela était possible avec leur fibre mortelle, n’est qu’une pure « fiction ». Ce sont les termes percutants que n’hésite pas à employer le sociologue Jean-Noël Jouzel, directeur de recherche au CNRS (Sciences Po Paris). « En théorie, tout est mis sur le marché avec l’idée que, utilisés dans les conditions prescrites sur l’étiquette du produit, les pesticides n’entraîneront pas d’effets indésirables, expose le chercheur. Mais dans la réalité, les choses ne se déroulent pas comme sur les étiquettes. »
Nous sommes en 1999. Deux jeunes chercheurs assistent à un congrès d’épidémiologie en Bretagne. Ils entament une discussion qui scelle le début d’une profonde complicité intellectuelle, doublée d’une solide amitié. Isabelle Baldi et Pierre Lebailly s’interrogent : quelle est l’exposition réelle des agriculteurs aux pesticides ? Les informations disponibles sont quasi inexistantes : la plupart des études d’exposition ont été effectuées ou commanditées par les fabricants eux-mêmes et les données, considérées comme relevant du secret commercial, sont soustraites à l’examen du public et à celui de la communauté scientifique. Les chercheurs estiment que des données indépendantes doivent impérativement être collectées.
Le « niveau acceptable d’exposition »
Dangereux par essence, les produits phytosanitaires, dits « phytos », sont conçus pour tuer le vivant : insectes, champignons ou adventices – les « mauvaises herbes » – qui s’en prennent aux cultures et aux bêtes. Or, les humains qui appliquent ces produits peuvent en devenir les cibles accidentelles. C’est pourquoi leur homologation est soumise à de nombreuses conditions en Europe. Les données fournies par les firmes agrochimiques doivent notamment démontrer que les travailleurs qui utilisent leurs produits ne courent que peu ou pas de risques.
Dans le jargon réglementaire, leur exposition aux pesticides ne doit pas dépasser le « niveau acceptable d’exposition de l’opérateur » (AOEL, son acronyme anglais). Extrapolé à l’humain à partir de tests de toxicité sur des rongeurs de laboratoire, l’AOEL correspond à « la quantité maximale de substance active à laquelle l’opérateur peut être exposé sans que cela nuise à sa santé ». Dans le cas où l’exposition attendue dépasserait l’AOEL, le fabricant demandeur d’une autorisation de mise sur le marché peut ajouter des recommandations sur l’étiquette. Le port de gants, combinaison, lunettes ou masque – tout un attirail appelé « équipement de protection individuelle » ou EPI – est censé garantir que l’exposition des travailleurs agricoles reste contenue dans le territoire de l’« acceptable ».
La vie se déroule-t-elle exactement conformément aux instructions figurant sur l’autocollant d’un bidon de pesticide ? Pour en avoir le cœur net, Isabelle Baldi et Pierre Lebailly décident de mettre en place une étude hors norme. Elle s’appellera Pestexpo. A dire vrai, se souvient M. Lebailly,« le message selon lequel tout était sous contrôle et les niveaux d’exposition très, très, très faibles » était si prégnant que les deux chercheurs ne pensaient pas, au départ, trouver grand-chose.
Une croyance qui a volé en éclats dès leur première observation de terrain sur l’exploitation d’un trentenaire normand. « Le gars a un diplôme d’ingénieur agronome et il met les mains dans la cuve de pesticides !, raconte le chercheur. J’en avais la mâchoire qui pendait. » Il ne leur faut pas longtemps pour le découvrir : entre la vie rurale de carte postale dépeinte dans la loi ou les instructions d’usage et la réalité crue des tâches quotidiennes dans une exploitation agricole, il y a tout un monde.
Sous forme de poudres, de granulés ou de liquide, les « phytos » doivent être mélangés. « Déconditionner, ouvrir un bidon, transférer dans un récipient intermédiaire sans recevoir de gouttelettes, c’est une vue de l’esprit dans la plupart des cas », explique M. Lebailly. Les agriculteurs, observent les chercheurs, s’appuient contre les cuves contaminées pour y verser les produits ou l’eau. Les bidons se renversent, les mélanges moussent, les cuves débordent, les tuyaux se bouchent. Et vingt minutes seulement se sont écoulées. Il faut traiter, ensuite. En grande culture, pour accéder à la cabine du tracteur, les travailleurs passent constamment sous les rampes qui peuvent goutter. Beaucoup ont des cabines ouvertes : un peu de brise ou un demi-tour, et les voilà qui roulent dans une brume chimique.
Les défaillances matérielles sont constantes. Souvent, les buses du pulvérisateur se bouchent, engorgées par la pâte visqueuse qui a tapissé le fond de la cuve. Descendre de la cabine, passer sous la rampe, essayer de déboucher sans démonter la buse, échouer, la dévisser, elle est sous pression, ça gicle. Beaucoup portent la buse à la bouche et soufflent dedans. Lorsque le traitement est terminé, il faut nettoyer le matériel (et il y a toujours cette pâte de pesticide au fond de la cuve). Dans les pommeraies ou dans la vigne, les exploitants et surtout les employés travaillent et récoltent alors que fruits et feuilles sont encore imbibés du produit appliqué quelques jours plus tôt – des activités appelées tâches de réentrée.
Les pesticides ne sentent ni ne tachent forcément. Comment percevoir le danger quand c’est votre vie quotidienne ? « Les gens travaillent en short et en tee-shirt. Ce ne sont peut-être pas les “bonnes pratiques agricoles”, mais c’est la vraie vie », constate Isabelle Baldi, aujourd’hui directrice de l’équipe de recherche de l’Inserm Epidémiologie des cancers et des expositions environnementales à Bordeaux, et épidémiologiste de renommée mondiale.
Mais comment, dans cette fiction d’une agriculture intensive sous contrôle, les travailleurs agricoles sont-ils censés travailler ? « Comme des chirurgiens, décrit-elle, ironique, qui ont les deux mains en l’air pour que quelqu’un derrière eux leur mette les gants, et qui ne touchent absolument rien. C’est comme ça que ça se passe dans un bloc opératoire, donc ça doit aussi se passer comme ça sur une exploitation agricole. »
La pluie, un « incident » non conforme
Pour les autorités réglementaires, en effet, les réalités de la vie observées au cours de l’étude Pestexpo ne correspondent pas aux standards des « bonnes pratiques agricoles ». Considérées comme des « incidents », ces réalités ne peuvent paradoxalement pas être incluses dans l’équation du processus d’autorisation de mise sur le marché. « Quand les industriels font des études de terrain, ils gardent les valeurs étonnamment basses, mais s’ils trouvent des valeurs qui leur paraissent élevées, ils les considèrent comme des valeurs aberrantes, c’est-à-dire des données qui ne devraient pas exister, parce que quelque chose s’est mal passé », explique Isabelle Baldi. La pluie, par exemple, est considérée comme un incident. « Faut-il arrêter la pluie ? », demande-t-elle.
C’est dans le cadre de la création de l’Organisation mondiale du commerce, en 1995, pour laquelle les produits alimentaires constituent un enjeu crucial, que les règles d’évaluation des pesticides sont harmonisées à l’échelle mondiale. Selon les us de la capture réglementaire en vigueur à l’époque, ces discussions se déroulent entre fonctionnaires des agences officielles et fabricants de pesticides, sous l’égide de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Des comptes rendus archivés consignent les noms des représentants des firmes Rhône-Poulenc, DowElanco, DuPont ou Bayer. Zeneca (aujourd’hui Syngenta) joue là un rôle particulier : le document guide établissant les méthodes pour « la conduite d’études de terrain pour évaluer l’exposition aux pesticides des opérateurs, des travailleurs et des riverains » a été intégralement rédigé par un employé de la compagnie britannique, Graham Chester. Adopté en 1997, ce document fait encore référence aujourd’hui.
Mains : 820 cm2, corps : environ 2 m2
Dans un livre majeur paru en 2019 (Pesticides. Comment ignorer ce que l’on sait, Presses de Sciences Po), sur lequel se fonde une partie de cette enquête, le sociologue Jean-Noël Jouzel a minutieusement reconstitué le tricotage des normes qui conditionnent les procédures en vigueur en Europe.
En plus de graver dans le marbre l’étalon des « bonnes pratiques agricoles », le document guide de l’OCDE détermine le nombre de patchs à poser, les bonnes méthodes pour mesurer les résidus de produit sur les mains ou prélever des échantillons d’urine, etc., dans un univers intellectuel où le corps humain est envisagé en termes de surface. Mains : 820 cm2. Tête et visage : 1 300 cm2. Cou : 100 cm2. Corps entier : environ 2 m2.
Des modèles mathématiques sont également développés afin d’épargner aux fabricants de pesticides l’effort de réaliser des études de terrain coûteuses pour chacun des produits qu’ils veulent mettre sur le marché. Connus sous les noms de « modèle allemand », UK-POEM ou Europoem, ces modèles calculent la contamination potentielle des opérateurs en utilisant des données d’exposition plus anciennes. Et dans cette calculatrice, les équipements de protection individuels réduisent l’exposition par défaut et par principe. Ainsi, des « facteurs de réduction »spécifiques allant de 90 % à 95 % sont automatiquement appliqués. Si l’on suit ces règles, conclut Jean-Noël Jouzel, « de bonnes données, ce sont des données recueillies sur un sujet bien discipliné qui a bien porté son équipement ou, en tout cas, qui a fait tout ce qui est écrit sur l’étiquette ». Quid, si ce n’est pas le cas ?
Les combinaisons, un non-sens pour le confort
Bien souvent, observe l’équipe de Pestexpo, les travailleurs agricoles ne portent aucun équipement de protection. La moitié environ met des gants lors de la préparation, une tâche relativement brève. Mais le traitement et la récolte durent plusieurs heures. Pour ces opérations-là, rares sont ceux qui revêtent des combinaisons. Quand la température atteint 30 °C ou 35 C°, en porter une pendant six à huit heures repousse les limites du corps au-delà du raisonnable.
« Si vous êtes confiné dans une combinaison, avec des gants et un masque qui empêchent tout échange thermique, vous risquez de souffrir d’hyperthermie et de coup de chaleur », explique Mme Baldi. « Pourtant, la réglementation concernant la réentrée en viticulture et en arboriculture prévoit que les travailleurs doivent porter des vêtements complètement couvrants, ajoute M. Lebailly (université de Caen-Basse-Normandie), aujourd’hui investigateur principal de la plus grande étude épidémiologique sur la santé des agriculteurs au monde, Agrican (Agriculture et cancer). Cela n’a tout simplement aucun sens de supporter cela en termes de confort. »
Vient ensuite le facteur coût. Les équipements de protection ne sont pas bon marché. Le prix d’une combinaison varie de 10 euros pour une tenue jetable à plus de 60 euros. Ainsi, leur disponibilité repose entièrement sur la sensibilisation des exploitants agricoles et leur volonté d’en fournir à leurs employés, des saisonniers pour la plupart – sans même parler des nombreux travailleurs illégaux. « La main-d’œuvre pour les tâches de réentrée ou de récolte est éminemment changeante, avec des contrats de courte durée, parfois à la tâche, explique Mme Baldi. La priorité n’est donc pas toujours de leur procurer un niveau satisfaisant d’information et de protection. » Seuls 30 % à 40 % des travailleurs agricoles utiliseraient des équipements de protection en France, selon les chercheurs.
Au fil des années, les chercheurs de Pestexpo établissent que les niveaux d’exposition, en fait considérables, sont largement sous-estimés dans les scénarios d’exposition et les modèles mathématiques. « Les évaluateurs de risques sont complètement hors-sol, en conclut M. Lebailly. Mais quand nous leur expliquons ce que nous voyons, ils répondent : “Ah, mais c’est un dysfonctionnement.” Eh bien, non… » Mme Baldi termine sa phrase : « … C’est la vraie vie ! »
A la ferme de la Baucherie, Jean-Baptiste Lefoulon pilote son tracteur rouge flambant neuf à travers champs, bardé de tuyaux sifflants. Les bras chargés de matériel, les deux scientifiques trottinent derrière, baskets de ville aspirées dans la gadoue du chemin. Dans la parcelle, l’agriculteur déchire pour les ouvrir les gros sacs orange et jaune. Chaque semence de maïs est enrobée d’une matière orange vif aromatisée au prothioconazole et au métalaxyl. Comment le jeune homme pourrait-il percevoir la véritable nature de ces 50 000 graines acidulées, nappées de fongicides ?
Il referme les quatre semoirs : clac, clac, clac, clac ! Première tâche terminée. Les scientifiques détachent soigneusement les patchs et les emballent dans du papier aluminium, comme des sandwiches pour le train. « Main gauche », « Cuisse droite », écrivent-ils au marqueur. Jean-Baptiste Lefoulon est couvert de onze nouveaux patchs pour mesurer l’exposition liée à la tâche suivante : le semis. D’après la base de données Ephy de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), l’agriculteur aurait dû porter gants, combinaison, blouse ou tablier à manches longues, demi-masque équipé d’un filtre. Aucune instruction de sécurité ne figure sur les emballages.
Quand les protections aggravent le risque
En 2006, à Bordeaux, un autre chercheur a eu vent des premiers résultats de Pestexpo. « J’ai eu une connexion importante avec Isabelle Baldi, car notre point de départ, ce sont les pratiques quotidiennes sur le terrain. Comme elle, je ne juge pas ce que les gens font ou ne font pas. » L’ergonomie, la spécialité d’Alain Garrigou, consiste en effet à adapter l’environnement de travail au travailleur. « Or, en agriculture, c’est l’homme qui doit s’adapter au travail s’il veut limiter son exposition aux pesticides », dit-il.
Et la réalité, parfois, est plus étrange encore que la fiction. Le groupe de scientifiques s’en aperçoit vite : lors des phases de traitement et de nettoyage, les travailleurs en combinaison sont davantage contaminésque ceux qui n’en portent pas – respectivement deux et trois fois plus. La surprise est telle qu’ils pensent avoir interverti les échantillons par erreur. « Nous avons été piégés par cette idée implicite que porter un équipement de protection… protège », se souvient M. Garrigou.
L’ergonome compulse rapports techniques et articles scientifiques, et va de découverte en découverte. Stupéfait, il réalise que les pesticides peuvent traverser le plastique. Non pas en s’introduisant dans les imperfections des matériaux comme les trous, les déchirures ou les coutures, mais au niveau intramoléculaire.
A l’époque, assistée par des scientifiques de son propre laboratoire, la firme Syngenta effectue des tests sur un modèle courant de tablier en PVC à manches longues, disponible chez la plupart des fournisseurs. Douze produits phytosanitaires, dont le paraquat, un herbicide qui sera interdit un an plus tard en Europe, sont appliqués à la surface. La plupart traversent le plastique en moins de vingt minutes, moins de dix minutes pour trois d’entre eux. Employé pour l’emballage alimentaire, les câbles ou les rideaux de douche, le PVC est totalement étanche : « Rien ne passe,dit M. Garrigou, … sauf les pesticides. » Un phénomène appelé perméation.
« Les pesticides ont une capacité de pénétration exceptionnelle, explique-t-il. Ce sont des produits chimiques particuliers, faits pour tuer, mais aussi pour pénétrer à l’intérieur des cellules végétales et animales. » Les additifs et adjuvants additionnés à la substance active dans les formulations commerciales démultiplient cette capacité à atteindre le cœur de la vie. Depuis le milieu des années 2000 au moins, l’industrie sait ainsi que les équipements de protection ne constituent pas une barrière efficace, mais elle n’est toujours pas en mesure d’apporter une solution.
C’est alors qu’Alain Garrigou se rend aussi compte qu’« il n’existe pas de vêtements de protection spécifiques pour les pesticides ». Les combinaisons disponibles sur le marché ont été conçues pour l’industrie chimique, « mais en aucun cas pour protéger contre les pesticides ». Recommandées pour un usage agricole, elles n’ont pourtant jamais été testées pour les « phytos ». Les implications sont vertigineuses, les travailleurs n’ont aucune garantie d’être protégés.
En France, une prise de conscience
Nous sommes maintenant au printemps 2007 ; Alain Garrigou et Isabelle Baldi décident d’endosser le rôle de lanceurs d’alerte. Le 16 avril, les deux scientifiques détaillent leurs constats et inquiétudes dans une « note d’alerte », qu’ils adressent à plusieurs instances officielles françaises. Pour eux, « il est complètement illusoire, voire cynique, de penser que c’est à l’utilisateur de produits phytosanitaires de s’assurer que les protections à sa disposition sont compatibles » avec les pesticides qu’il utilise. La pire chose en matière de prévention, écrivent-ils, c’est de « se croire protégé alors qu’il n’en est rien ».
Au ministère du travail, Patricia Le Frious a reçu la note. Elle prend l’alerte très au sérieux. Chargée de mission au bureau Hygiène et sécurité au travail, elle commandite des tests en laboratoire sur dix combinaisons disponibles dans le commerce, certaines vendues par de grandes marques, comme DuPont ou Microgard. Publiés en 2010 par l’Anses, qui vient tout juste d’être créée, les résultats sont désastreux. Des modèles pourtant vendus comme ceux qui offrent la plus grande résistance laissent passer les produits chimiques « instantanément ». Seuls deux d’entre eux correspondent au niveau annoncé de résistance à la perméation. La vente de plusieurs modèles est suspendue.
L’Anses s’attaque au dossier. Bientôt, elle s’autosaisit de la question de l’efficacité des équipements de protection individuelle et constitue un groupe de travail sur l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides. Parmi les experts : Isabelle Baldi, qui en est la vice-présidente, Pierre Lebailly, Alain Garrigou et Jean-Noël Jouzel. Mais, si l’alerte se propage en France, elle s’arrête aux portes de l’Union européenne (UE).
De nouveaux modèles de prédiction
Il faut quatre années de plus pour que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), l’instance officielle chargée de l’évaluation des risques liés aux pesticides dans l’UE, ne se décide à remplacer les vieux « POEM » par un nouveau modèle de prédiction des expositions. Entre-temps, en 2009, un règlement entre en vigueur, qui prévoit que les pesticides dangereux doivent être interdits ou retirés du marché.
Pour élaborer le nouveau modèle européen, l’EFSA s’appuie sur les travaux préparatoires d’un groupe d’experts mis en place par l’Institut fédéral allemand pour l’évaluation des risques, le BFR. Près de la moitié de ses membres sont des représentants d’organisations de lobbying de l’industrie des pesticides. Parmi eux, l’employé (aujourd’hui décédé) de Zeneca responsable de la rédaction du document guide de l’OCDE. « Tous les membres [de notre] groupe de travail ont été soumis à la politique de l’EFSA en matière de déclaration d’intérêts », a répondu l’agence dans un courriel.
Les données manquent, reconnaît l’EFSA dans son rapport de 2014, pour de nombreuses situations de routine comme le nettoyage du matériel, la pulvérisation dans les serres et les tâches de réentrée – cruciales en termes d’exposition. Mais les études de l’équipe de Pestexpo n’y sont pas même mentionnées, pas plus que le mot perméation. Y compris dans la version mise à jour en janvier 2022. Le modèle est fondé « sur des données expérimentales bien menées et validées », écrit l’agence, avant d’ajouter qu’« il est reconnu que l’exposition aux pesticides suscite de vives inquiétudes du public ».
Les « bonnes pratiques agricoles »
Une véritable occasion manquée, pour les chercheurs français. Une fois de plus, le modèle s’appuie sur des études d’exposition confidentielles, non publiées, menées par les fabricants de pesticides conformément aux« bonnes pratiques de laboratoire » et aux « bonnes pratiques agricoles »de l’OCDE. « Quelle est la signification précise du terme “bonne pratique agricole” ? », demandent Isabelle Baldi et Pierre Lebailly lors de la consultation publique en amont de la publication du document. Réponse de l’EFSA : « Cela signifie qu’un modèle peut être fondé sur l’hypothèse de conduites correctes et ne peut pas inclure les accidents ou les mauvais comportements. »
Fondé sur le même type d’études sponsorisées et de postulats réglementaires, le nouveau modèle de l’EFSA présume toujours que gants et combinaison protègent. De plus, les régulateurs de l’UE continuent de considérer comme acquis le port d’équipement de protection individuelle couvrant pendant les longues et chaudes journées de récolte.
Jeté dans l’équation, le facteur « équipement de protection » offre toujours la possibilité d’une réduction automatique de l’exposition de 90 % à 95 % , qu’aucune source publique ne documente pourtant. Les firmes agrochimiques peuvent ainsi continuer à obtenir une autorisation de mise sur le marché, même lorsque les niveaux d’exposition dépassent le premier échelon du « niveau acceptable d’exposition de l’opérateur ». « Avec les EPI, tout passe », commente Pierre Lebailly. L’équipement de protection, une baguette magique pour les fabricants de pesticides ?
C’est « la question de la justice sociale »qui, au fil du temps, a relié le petit groupe hétéroclite de chercheurs français, raconte l’ergonome Alain Garrigou. Comme rien ne change concrètement pour les travailleurs agricoles, ils décident de publier en bonne et due forme toutes leurs trouvailles scientifiques. « Certains produits dangereux ont pu bénéficier d’une autorisation de mise sur le marché uniquement en raison de la présomption d’une limitation considérable de l’exposition par le port d’un [équipement de protection], concluent-ils. Sans cette protection présumée, ils seraient interdits. »
Publié fin 2019 dans Safety Science, une revue à comité de lecture, et cosigné par un total de quatorze auteurs dans cinq pays, l’article est aussitôt attaqué par l’industrie des pesticides, à travers son organisation de lobbying, CropLife Europe (anciennement European Crop Protection Association). Dans une lettre adressée à la revue, le groupe de pression accuse les chercheurs d’adopter « une position émotionnelle », « au mieux exagérée et au pire trompeuse ». Cet article, estime CropLife Europe dans une déclaration écrite au Monde, « ne propose pas un point de vue équilibré, exagère les risques pour la santé des opérateurs et accorde bien trop d’importance à la dépendance aux facteurs de protection assignés dans l’enregistrement » des produits pesticides. L’organisation a décliné nos demandes d’entretien.
Bleu de travail, nouvel outil de protection
Les industriels des pesticides, dont le chiffre d’affaires mondial atteignait 53 milliards d’euros en 2020, ne sont pas restés les bras croisés toutes ces années. A l’instar de Syngenta, qui a assuré au Monde avoir formé plus de huit millions de travailleurs agricoles à travers le monde à la manipulation de ses produits, les fabricants multiplient les initiatives de « bonne gestion » (« stewardship »). CropLife Europe s’est ainsi engagé à équiper l’intégralité des agriculteurs et des opérateurs européens de « systèmes de transfert fermés » pour vider les récipients dans les cuves d’ici à 2030.
Les industriels, selon Pierre Lebailly, « alimentent un discours selon lequel il y aurait une grande maîtrise technique de l’exposition aux pesticides, qui nous conduit vers l’“exposition zéro”, alors que ceux d’entre eux qui connaissent le terrain savent très bien que c’est faux ». C’est pourquoi, alors qu’ils ont été « bousculés » par l’alerte des scientifiques, « il leur fallait absolument trouver une solution qui ait un sceau à la fois scientifique et réglementaire », estime Alain Garrigou.
Cette « solution » prend la forme d’une norme internationale sur les « habillements de protection » pour les « opérateurs appliquant des pesticides et pour les travailleurs de réentrée ». Publiée initialement en 2011, pour être ensuite révisée en 2017, la norme ISO 27065:2017 est proposée par l’Organisation internationale de normalisation (ISO).
L’expression « équipement de protection individuelle » n’est pas utilisée, et pour cause. Cette norme transfigure le simple bleu de travail, amélioré d’un traitement déperlant, en vêtement de protection officiel des travailleurs agricoles. Une norme ISO similaire est publiée en 2019 pour les gants. Rien de moins qu’une « EPIsation du bleu de travail », pour Jean-Noël Jouzel. « Il n’existe même pas de test de perméation pour ce type de vêtement : ça passe tellement vite à travers ! », renchérit Alain Garrigou, déconcerté.
Beaucoup l’ignorent : l’ISO n’est pas un organisme public, mais une organisation entièrement privée, dont les 167 membressont également des « instituts » nationaux de normalisation privés… dont les membres paient pour accéder à des comités techniques aux thèmes les plus variés. Des codes alphabétiques des pays aux pneus, des dentiers aux électrocuteurs d’insectes, l’ISO est à l’origine de plus de 24 000 normes qui ont été intégrées dans notre vie quotidienne au fil des soixante-dix dernières années. C’est à l’initiative du membre américain de l’ISO que la norme 27065:2017 a été lancée.
Le responsable du comité technique permanent d’ISO Vêtements de protection, Eric van Wely, est en parallèle le responsable pour le monde des affaires réglementaires et des normes pour DuPont, à la fois fabricant de pesticides et leader en matière de sécurité et d’équipements professionnels.
Mais quels experts ont élaboré la norme ? Impossible de le savoir, l’identité des membres du groupe chargé du dossier est tenue secrète. « En respect des règles déontologiques de l’ISO, il ne leur est pas possible de communiquer cette liste nominative », a indiqué l’Afnor – l’Association française de normalisation –, membre français de l’organisation, dans un courriel au Monde. 
L’ISO fait cependant une exception avec le nom d’Anugrah Shaw, qui dirigeait le groupe. C’est cette professeure au département d’écologie humaine de l’université du Maryland Eastern Shore (Etats-Unis) qui, en parallèle des travaux de l’ISO même, a développé la norme. A la tête d’un consortium international composé de fabricants de pesticides, d’universitaires et de responsables d’autorités de régulation, Mme Shaw a bénéficié du soutien du groupe agrochimique allemand BASF, de celui de l’Union des industries de la protection des plantes – organisation de lobbying française –, ainsi que d’un financement du ministère français de l’agriculture, a-t-elle expliqué dans un courriel au Monde.
La responsabilité rejetée sur les travailleurs
D’après notre enquête, l’industrie des pesticides aurait commencé à produire des données destinées à appuyer la métamorphose du bleu de travail en équipement de protection dès 2008. Publiée dans une revue scientifique, une étude commanditée par CropLife Europe sur onze cultivateurs de poivrons sous serre en Grèce a conclu que le bleu de travail basique en « coton/polyester » pouvait « être considéré comme un outil approprié de protection individuelle ».
Pour Alain Garrigou, pourtant, la norme ISO est loin d’être « appropriée ». Même avec un traitement déperlant, explique-t-il, un bleu de travail ne peut que limiter la contamination par les pesticides, mais certainement pas l’éviter. Que sont censés faire les travailleurs agricoles de tout cela ? « On impose à l’agriculteur de porter des équipements de protection, mais s’il ne le fait pas, c’est de sa faute, dit Isabelle Baldi. Et c’est inacceptable, parce que cela signifie que l’on rejette une responsabilité collective, qui commence dès la mise sur le marché et même la conception d’une substance, sur le dernier maillon de la chaîne. » Pierre Lebailly complète : « Dernier maillon qui ne maîtrise pas toutes les connaissances pour faire un choix. »
Les travailleurs agricoles doivent-ils être les seuls responsables de leur propre sécurité ? Catherine Laurent désapprouve. Directrice de recherche à l’Institut national de recherche sur l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, spécialisée dans l’usage des connaissances scientifiques dans la prise de décision publique, elle rappelle qu’une directive européenne de 1989 énonce clairement trois étapes prioritaires afin d’améliorer la sécurité et la santé des « travailleurs au travail » : « éviter les risques », « évaluer les risques qui ne peuvent être évités » et « combattre les risques à la source ». « Donner les instructions appropriées aux travailleurs » n’est que la neuvième et dernière mesure. En d’autres termes, et selon la législation européenne elle-même, les équipements de protection individuelle devraient toujours constituer la dernière ligne de défense. Ils sont pourtant la première.
Les chercheurs français s’accordent pour le dire : les équipements de protection sont beaucoup plus utilisés qu’il y a quinze ans, et pas seulement en France. Mais « le système perpétue et légitime un cadre dans lequel c’est toujours à l’utilisateur final du produit d’assurer sa propre protection », regrette le sociologue Jean-Noël Jouzel, pour qui « les maladies professionnelles sont des crimes sans coupable ». Paraphrasant le philosophe Jean-Pierre Dupuy, Catherine Laurent a des mots encore plus forts : « C’est un monde de meurtriers sans méchanceté et de victimes sans haine. »
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Pesticides : les agriculteurs intoxiqués
L’enquête collaborative « Pesticides at Work » a été coordonnée par le réseau Investigative Reporting Denmark, éditée par Le Monde et la journaliste Katharine Quarmby, et réalisée en collaboration avec des journalistes du Monde en France, Knack en Belgique, Tygodnik Powszechny en Pologne, Ostro en Croatie et en Slovénie, IRPI en Italie, De Groene Amsterdammer aux Pays-Bas,Ippen Investigativ en Allemagne, Marcos Garcia Rey en Espagne et The Midwest Center for Investigative Reporting aux Etats-Unis. Ce travail a bénéficié du soutien de Journalismfund.eu et IJ4EU.
> Retrouvez les autres articles de l’enquête :
• Pesticides : la grande illusion des équipements de protection des agriculteurs <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/16/pesticides-la-grande-illusion-des-equipements-de-protection-des-agriculteurs_6113855_3244.html>
• La lutte kafkaïenne d’un malade de Parkinson contre le système agricole <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/17/pesticides-la-lutte-kafkaienne-d-un-malade-de-parkinson-contre-le-systeme-agricole_6114020_3244.html>
• Dans toute l’Europe, les agriculteurs malades des pesticides sont abandonnés à leur sort <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/17/dans-toute-l-europe-les-agriculteurs-malades-des-pesticides-sont-abandonnes-a-leur-sort_6114022_3244.html>
• « Les agriculteurs malades ont une réticence à se plaindre ou à porter plainte » : entretien avec le chercheur Jean-Noël Jouzel <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/17/pesticides-et-sante-les-agriculteurs-malades-ont-une-reticence-a-se-plaindre-ou-a-porter-plainte_6114019_3244.html>
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/16/pesticides-la-grande-illusion-des-equipements-de-protection-des-agriculteurs_6113855_3244.html>
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11- Décryptage. Les exportations d’avocats du Mexique menacées par les cartels, Le Monde, maj le 18/02/22 à 01h46
Frédéric Saliba (Mexico, correspondance)

A la suite des tentatives d’intimidation de l’un de leurs inspecteurs sanitaires, les Etats-Unis ont décidé de bloquer les importations d’avocats mexicains.
C’est une douche froide pour les producteurs mexicains d’avocats. Washington a confirmé, lundi 14 février, le blocage des importations du fruit en provenance du Mexique à la suite de menaces mafieuses reçues par un inspecteur sanitaire américain dans l’Etat du Michoacan (ouest), premier producteur mondial. La manne colossale générée par les exportations d’avocats, surnommés l’« or vert du Mexique », attise la convoitise des cartels de la drogue, menaçant un secteur-clé qui emploie plus de 300 000 Mexicains.
« La suspension se maintiendra le temps nécessaire pour garantir la sécurité de notre personnel », a justifié, lundi 14 février, le département américain de l’agriculture. Trois jours plus tôt, Washington annonçait l’interruption des importations d’avocats après qu’un de ses trente inspecteurs sanitaires au Mexique a été victime d’intimidations téléphoniques de la part d’un cartel. La menace est intervenue alors que l’agent inspectait des chargements d’avocats dans la ville d’Uruapan, où des pans entiers de forêt sont zébrés de plantations d’avocatiers.
> Lire aussi La culture de l’avocat épuise les ressources en eau du sud de l’Espagne
L’enjeu est de taille : plus de la moitié des 2,4 millions de tonnes d’avocats produites en 2021 au Mexique ont été destinées aux Etats-Unis, premier importateur du fruit mexicain. Les exportations du fruit vers les Etats-Unis ont même progressé de 12 % l’an dernier. Et ce produit représente quelque 3,4 milliards de dollars (environ 3,8 milliards d’euros) de recettes pour le pays, en augmentation constante sur la dernière décennie (268 % sur dix ans). Originaire du Mexique, l’avocat est le troisième produit agricole exporté par le pays après la bière et la tequila.
Déforestation accélérée
Les habitudes alimentaires des 38 millions de Mexicains qui vivent aux États-Unis ont vite gagné le reste de la population américaine, ce qui a fait bondir les prix, provoquant une véritable ruée vers l’« or vert » responsable d’une déforestation accélérée. L’État du Michoacan concentre plus de 75 % de la production nationale. Avec 170 000 hectares de champs d’avocatiers, c’est l’unique région disposant de la certification phytosanitaire permettant l’accès au marché américain.
Le filon a vite attiré les intérêts mafieux dans cette zone stratégique de la production de marijuana et de drogues de synthèse. « Plusieurs groupes criminels ont commencé, au début des années 2000, à rançonner les producteurs », explique le spécialiste en sécurité publique, Alejandro Hope, dans une tribune publiée, mercredi 16 février, dans le quotidien El Universal. Exaspérés par ces rackets, les habitants de plusieurs villages du Michoacan avaient créé, en 2013, des milices d’autodéfense. En réaction, le gouvernement avait mené une importante opération policière qui s’était soldée par le démantèlement du cartel des Chevaliers templiers.
Depuis, cette mafia s’est fragmentée en gangs locaux entrés en guerre contre le puissant Cartel Jalisco nouvelle génération (CJNG), dont la soif de conquête met la région à feu et à sang. Lundi, alors que Washington confirmait le blocage des importations d’avocats, 23 meurtres étaient recensés dans l’Etat. La ville d’Uruapan, où l’inspecteur sanitaire américain a reçu des menaces, est une des zones les plus affectées par les affrontements entre cartels rivaux, équipés de lance-roquettes et de drones bombardiers. Leur ultraviolence a contraint de nombreux agriculteurs à quitter leurs terres. Pour M. Hope, « les groupes criminels ont franchi une étape supplémentaire : ils ne cherchent plus seulement à imposer un droit du sol aux producteurs mais prétendent réguler le marché, imposant des quotas de production et fixant les prix ».
> Lire aussi Le Kenya veut profiter de l’engouement pour l’avocat
C’est là que la menace professée contre l’inspecteur américain prend tout son sens : le service d’inspection sanitaire du département américain de l’agriculture (APHIS-USDA) n’a pas détaillé le contenu des menaces subies par son agent. Mais M. Hope souligne que « l’APHIS-USDA dispose des clés d’entrée au marché américain (…) pouvant certifier un producteur ou lui fermer la porte » des Etats-Unis. Refusant de céder à la pression des cartels, des centaines d’agriculteurs ont repris les armes, en juin, pour défendre leurs terres.
Spirale infernale
Une spirale infernale de violences avancée par l’ambassade des Etats-Unis au Mexique pour justifier, mardi 15 février, le maintien du blocage des exportations jusqu’à l’instauration de protocoles de sécurité pour les agents de l’APHIS-USDA. L’argument a néanmoins été mis en doute par le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »), qui a déploré « des intérêts économiques et politiques de concurrents intéressés à vendre leurs avocats » sur le marché américain.
> Lire aussi Comment le président « AMLO » militarise le Mexique
Une polémique que l’Association mexicaine des producteurs et des conditionneurs-exportateurs d’avocats refuse pourtant d’alimenter. Ses dirigeants jouent plutôt la carte du pragmatisme : ils se sont réunis, le 15 février, avec des représentants américains et les autorités du Michoacan pour créer une « cellule permanente de sécurité » destinée aux inspecteurs sanitaires américains. Le temps presse pour les producteurs mexicains qui ne cessent de rappeler, dans leurs communiqués, que leur « or vert » est une denrée périssable.
> Lire aussi Voyage au cœur de l’avocat
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/17/l-or-vert-du-mexique-menace-par-les-cartels_6114081_3234.html>
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12- Les porcs de la discorde dans un village du Massif central, AFP, 18/02/22, 09:00
Céline Castella

Dans les contreforts du Massif central, l'implantation d'une porcherie industrielle mobilise riverains, néoruraux, pêcheurs et défenseurs de l'environnement, inquiets de voir leur nature préservée transformée en "poubelle", leurs cours d'eau pollués, leur air pur altéré.
Cette exploitation d'une capacité de 1.000 porcs, affiliée à une coopérative, a reçu en fin d'année le feu vert de la préfecture pour s'installer à Giat (Puy-de-Dôme), le conseil municipal a donné son aval.
"C'est un jeune éleveur qui reprend l'exploitation de son père. Il y a déjà des porcheries sur la commune et son projet s'inscrit dans cette filière", explique Didier Sénégas-Rouvière, maire de la commune de 800 habitants.
L'élevage constitue l'activité principale de ce territoire marqué par l'exode rural avec des exploitations de taille modeste, bien loin des élevages industriels développés dans d'autres régions françaises, au coeur de vifs débats.
A Giat, l'activité agricole façonne un paysage bucolique, où alternent bocage, étangs et cours d'eau.
Aussi, pour les opposants, une porcherie de cette capacité, avec des animaux engraissés à l'intérieur des bâtiments est une vraie menace pour l'environnement et la qualité de vie. Principal point noir selon eux : l'épandage de lisier -déjections des porcs- qui permet de fertiliser les parcelles des agriculteurs.
"C'est un territoire avec des eaux de surface donc tout va se retrouver directement dans l'eau avec des conséquences sur la biodiversité", affirme Arnaud Chapal, un retraité qui mène la contestation.
Cet habitant de Basville (Creuse), à une poignée de kilomètres, a fondé une association pour déposer un recours devant le tribunal administratif.
Même inquiétude du côté de la Fédération de pêche : "il y a un risque de pollution du Sioulet, la seule rivière où il y a encore des truites sauvages" estime Michel Vigier, un responsable local. 
Des associations comme L214 ou France Nature Environnement commencent aussi à se mobiliser. 
-"Omerta"-
Dans son arrêté, la préfecture précise que le plan d'épandage présente un excès de phosphore -principal responsable de la pollution des cours d'eau- tout en accordant un délai de cinq ans à l'éleveur pour se mettre "en conformité". 
"On ne va pas attendre cinq ans ! La Creuse n'est pas une poubelle. C'est maintenant qu'il faut arrêter, car il y a tous les autres projets derrière" souligne Arnaud Chapal.
"Les industriels savent qu'ils ne peuvent plus aller en Bretagne alors ils viennent dans les territoires déshérités comme les nôtres", dit-il.
Faux, répond Christine Roguet, cheffe de projet à l'Ifip (Institut du porc) : les éleveurs privilégient "les zones où la production est importante, car il y a déjà un réseau d'outils, de compétences".
"Pourquoi empêcher un jeune qui a un projet dans une zone de faible densité ?", interroge-t-elle en assurant que "les progrès technologiques et l'encadrement des éleveurs" limitent désormais les risques environnementaux. 
Pour elle, se pose surtout la question de l'autonomie alimentaire : pour la filière porcine, le taux d'auto-approvisionnement de la France est de 100% mais atteint 135% en Allemagne et 200% en Espagne. "Les gens préfèrent-ils manger du cochon espagnol ?" questionne-t-elle. 
Quant à l'épandage de lisier, "c'est un engrais naturel et ce sera toujours ça en moins d'engrais chimiques", selon elle.
Mais Xavier Dubois, 39 ans et sa compagne Diane Chastang, 35 ans, qui cultivent des légumes bio près de Basville, refusent de "choisir entre la peste et le choléra". Ils craignent le pire depuis qu'ils ont découvert que le lisier serait déversé sur des parcelles situées au-dessus de leurs terres.
"Nous ne sommes pas militants mais on s'interroge : quelles seront les conséquences, comment cela va être contrôlé ?", demande Xavier Dubois, évoquant une "omerta" autour du dossier. De fait, aucun éleveur sollicité par l'AFP n'a souhaité s'exprimer. 
A Fernoël, village proche de l'exploitation, "tout le monde est contre mais les gens ne veulent pas le dire. Personne ne bouge parce qu'ils sont cousins ou eux-mêmes agriculteurs", témoigne Marie-Claude Berger, une habitante qui redoute aussi "la pollution olfactive". "Ma voisine n'en dort plus, elle a peur de ne pas pouvoir vendre sa maison", souffle-t-elle.
Le maire de Giat lui, voit les opposants comme "une minorité de personnes qui ne vivent pas à l'année dans la région et défendent surtout leurs problèmes de résidence secondaire sous couvert d'écologie".
<https://information.tv5monde.com/info/les-porcs-de-la-discorde-dans-un-village-du-massif-central-445516>
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13- Chronique. « L’expertise devrait toujours être l’objet d’une vigilance scientifique et démocratique », Le Monde, 19/02/22, 13h49
Stéphane Foucart

Alors qu’un consensus fort existe désormais sur la nécessité de sortir d’une agriculture dopée aux pesticides, les agences réglementaires continuent de permettre la mise sur le marché de nouveaux produits. Stéphane Foucart, journaliste au « Monde », revient dans sa chronique sur la controverse au sujet du glyphosate.
Chronique. Il n’existe aujourd’hui plus une autorité scientifique qui ne recommande une sortie rapide du système agricole dominant. Celui-ci non seulement pèse sur la santé publique, mais il précipite un effondrement sans précédent de la biodiversité. Il ne fait plus de doute que l’usage inconsidéré de la chimie de synthèse pour produire notre alimentation est trop risqué et n’est en tout cas pas durable.
> Lire aussi Le glyphosate, l’expertise et la défiance
Les autorités continuent pourtant de permettre, ne varietur, l’arrivée sur le marché de nouveaux produits phytosanitaires et offrent ainsi à un système unanimement considéré comme insoutenable, de perdurer. Il y a là un paradoxe en apparence inexplicable. Si le modèle agricole dominant est si dangereux, comment l’expertise réglementaire lui permet-elle de perpétuer ses pratiques ?
L’une des vertus de la controverse sur le glyphosate a été de focaliser l’attention des médias, des décideurs et même de la communauté scientifique sur les méthodes réglementaires d’évaluation des risques des pesticides. C’est le sens du récent avis de la Commission nationale de la déontologie et des alertes en santé publique et environnement (CNDASPE), qui demande la conduite d’une enquête sur l’expertise européenne sur le célèbre herbicide, non seulement sur les conflits d’intérêts des experts mais aussi sur la pertinence scientifique de leur démarche. Dans un monde dominé par la technique, l’expertise devrait toujours être l’objet d’une vigilance scientifique et démocratique.
Vers une réautorisation du glyphosate
Cela tombe bien : une nouvelle évaluation est en cours et devrait aboutir à la réautorisation du glyphosate, fin 2022. Le rapport préliminaire d’expertise a été concocté par les agences réglementaires de quatre Etats membres (France, Suède, Pays-Bas et Hongrie) et ne trouve rien à redire : le glyphosate n’est ni génotoxique, ni cancérogène, ni perturbateur endocrinien, et n’est pas toxique pour la reproduction. Rien ne s’oppose donc à sa réautorisation.
> Lire aussi Réautorisation du glyphosate en Europe : la qualité des études réglementaires en cause
Dans la procédure communautaire, c’est l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui est chargée de recueillir et de rendre publics les commentaires critiques adressés par la société civile à ce rapport préliminaire. Hélas, l’EFSA les a publiés sous un format inconsultable. Les commentaires s’affichent par groupe de trois, dispersés sur 142 pages du site Web de l’agence. Et une fois chaque commentaire affiché, il faut à nouveau cliquer sur un onglet pour connaître l’identité de son auteur et parfois cliquer encore pour accéder aux documents associés.
Afficher ainsi, un par un, quelque 450 commentaires, au prix de longues heures à cliquer sans relâche : c’est humainement impossible. Le Monde a donc demandé à l’EFSA que lui soient transmis ces commentaires sous une forme consultable. Réponse : l’agence ne peut rassembler tous les commentaires dans un simple tableau. Est-ce si compliqué ? Mon collègue Maxime Ferrer, data journaliste aux Décodeurs du Monde, y est parvenu en dix minutes (le résultat est publié ci-dessous). Et il assure, après s’être plongé dans le code du site de l’agence, que le format de publication choisi n’a, en aucun cas, été dicté par des contraintes techniques.
> Download this PDF <https://fr.scribd.com/document/559749044/Commentaires-de-l-Autorite-europeenne-de-securite-des-aliments-EFSA#download&from_embed>
> Commentaires de l'Autorité européenne des sécurité des aliments (Efsa)... <https://www.scribd.com/document/559749044/Commentaires-de-l-Autorite-europeenne-de-securite-des-aliments-EFSA#from_embed> by Le Monde
Que peuvent bien receler ces commentaires, théoriquement publics mais rendus inconsultables ? On peut y lire, par exemple, que l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) conteste la plupart des assertions-clés de l’expertise préliminaire européenne. Celle-ci estime que le glyphosate n’est pas génotoxique ? « Les études montrant que le glyphosate est génotoxique sont plus nombreuses et de meilleure qualité que celle suggérant une absence d’effet, répond l’Inserm dans l’un de ses commentaires. Un effet génotoxique du glyphosate est cohérent avec l’induction d’un stress oxydatif, observé dans différentes espèces et systèmes cellulaires, parfois à des niveaux d’exposition analogues à ceux rencontrés dans l’environnement. »
Eléments de preuve
L’organisme de recherche public n’en reste pas là : il critique aussi la non-prise en compte des synthèses des données épidémiologiques (on parle de « méta-analyses ») qui établissent un lien entre l’utilisation de produits à base de glyphosate et certains cancers. « Nous considérons que toutes les méta-analyses publiées dans la littérature scientifique internationale devraient être prises en compte », précise l’Inserm. D’autant plus, ajoute l’organisme de recherche, que d’autres éléments de preuve pointent dans la même direction.
Le consortium de laboratoires Human Biomonitoring for European Union (HBM4EU) n’est pas plus tendre. « Trois récentes études épidémiologiques ont trouvé des associations entre la concentration urinaire maternelle en glyphosate et des risques de naissance prématurée et de durée de gestation plus courte (…), écrit HBM4EU. Aucune de ces études n’a été incluse dans le rapport préliminaire, alors que les naissances prématurées ont des conséquences potentielles à long terme (…). Ces études doivent être intégrées à l’évaluation du risque du glyphosate. » L’Inserm n’est pas plus en accord avec les conclusions du rapport préliminaire sur les effets de perturbateur endocrinien du célèbre herbicide, ou encore sa neurotoxicité.
A l’appui de son avis demandant la conduite d’une enquête sur l’évaluation européenne du glyphosate, la CNDASPE notait que plus de 90 % de la littérature scientifique sur le sujet avait été considérée comme non fiable ou non pertinente, laissant l’estimation des risques être fondée sur les données fournies par les industriels régulés. Les commentaires de la communauté scientifique compétente donnent la mesure de ce que cela signifie. Changeront-ils les conclusions de l’expertise européenne ? Le fait que ce soit très peu probable répond, en partie, à la question posée au début de cette chronique.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/19/l-expertise-devrait-toujours-etre-l-objet-d-une-vigilance-scientifique-et-democratique_6114405_3232.html>
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14- « Les algues terrestres pourraient participer au piégeage du carbone dans les sols », Futura-sciences, 19/02/22
Nathalie Mayer, journaliste

On en parle peu. Pourtant, les sols constituent le plus grand dépôt de matière organique au monde. D'après les dernières estimations, ils pourraient stocker quelque 2.500 gigatonnes de carbone. C'est largement plus que la végétation. D'où l'importance, dans le contexte de réchauffement climatique, de mieux comprendre leur dynamique. Et pour cela, Vincent Jassey, chercheur au Laboratoire Écologie fonctionnelle et Environnement du CNRS, s'est intéressé aux grandes oubliées de cet écosystème : les algues. Il nous éclaire à ce sujet.
Des algues, il en existe de toutes les sortes. Des algues vertes. Des algues bleues. Des algues brunes. Et même des algues rouges. Des algues unicellulaires de taille microscopique. Ou des algues multicellulaires qui peuvent atteindre des tailles impressionnantes. Jusqu'à plusieurs dizaines de mètres de long pour les « feuilles » de la kelp géante - connue des scientifiques sous le nom de Macrocystis pyrifera. Des « feuilles », car justement, ce qui définit les algues, c'est bien qu'elles ne présentent ni tiges, ni racines, ni feuilles, ni fleurs. Et si les algues sont plus connues pour s'épanouir dans des milieux aquatiques, il faut savoir qu'on en trouve aussi sur la terre ferme. Même si elles restent généralement invisibles à nos yeux.
> Voir aussi Les biocarburants de demain seront-ils à base d’algues ?
« Dans les milieux désertiques -- aussi bien dans les régions polaires que dans les déserts chauds --, il pousse peu de plantes. Mais, à la surface du sol, on peut observer comme une croûte formée principalement par des algues. Ces algues-là, les biologistes les étudient depuis longtemps », nous précise Vincent Jassey, chercheur au Laboratoire Écologie fonctionnelle et Environnement du CNRS.
>> Suite à lire à  
<https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/flore-les-algues-terrestres-pourraient-participer-piegeage-carbone-sols-96792/>
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15- Cette start-up fabrique de la viande à partir de nos émissions de CO2, Daily Geek Show, 21/02/22
Kanto Andriamanjatoson - Source : Huffington post

Une piste pour limiter les effets négatifs des élevages
Lisa Dyson et John Reed, deux scientifiques du Berkeley Lab du ministère américain de l’Énergie avaient pour objectif commun de freiner le changement climatique. Sachant que l’agriculture est responsable d’une grande partie des émissions annuelles de gaz à effet de serre, ils ont mis au point un steak fabriqué à partir de dioxyde de carbone.
L’entreprise californienne Air Protein a trouvé le moyen de capter nos émissions de CO2 pour fabriquer de la… viande, rapporte The Huffington Post ! Ce sont deux scientifiques du Berkeley Lab, Lisa Dyson et John Reed, qui ont réalisé cette prouesse. Les deux chercheurs connaissent très bien l’impact de l’agriculture sur notre planète. L’agriculture est responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre, c’est pourquoi ils ont décidé de chercher des alternatives à la viande.
>> Suite à lire à :
<https://dailygeekshow.com/viande-dioxyde-carbone/>
 <https://www.youtube.com/watch?v=fa4URVHXFl8&t=1s> <https://www.lemonde.fr/international/article/2022/02/04/l-islande-compte-cesser-la-chasse-a-la-baleine-a-partir-de-2024_6112355_3210.html>
 <https://twitter.com/SeaShepherdFran/status/1489207092791721987?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1489207092791721987%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/05/golfe-de-gascogne-la-these-d-un-rejet-de-milliers-de-poissons-recusee-par-le-navire-implique_6112412_3244.html> <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/05/golfe-de-gascogne-la-these-d-un-rejet-de-milliers-de-poissons-recusee-par-le-navire-implique_6112412_3244.html> <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/05/golfe-de-gascogne-la-these-d-un-rejet-de-milliers-de-poissons-recusee-par-le-navire-implique_6112412_3244.html> <https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/05/galvauder-l-autorite-de-la-science-pour-defendre-des-decisions-politiques-ou-des-interets-particuliers-est-l-un-des-creusets-de-la-defiance_6112479_3232.html>
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En images
16- Alimentation bio : pourquoi la filière est en crise, TF1, journal de 20h, 09/02/22

Patrick Hamon n'imaginait pas subir un tel coup dur lorsqu'il s'est lancé dans l'élevage de poules bio il y a 4 ans. Depuis quelques mois, ses œufs se vendent moins bien. Leur prix de vente a baissé de 2,04 euros la boite de six l'an dernier contre 1,92 euros aujourd’hui. Soit 12 centimes de moins. Mais dans le même temps, les charges énergétiques et le coût de l'alimentation de ses poules ont augmenté. "L'aliment a pris 40% d'augmentation sur un an. Mon inquiétude est de voir mon élevage déclassé et de retourner en conventionnel, alors que mes charges sont trop importantes. Ils sont le double d'un conventionnel". Les producteurs estiment qu'il y a plus d'un million de poules bio en trop face au besoin des consommateurs. Ce coup de froid sur la demande inquiète aussi Dominique Perdereau. Ce céréalier vend actuellement son blé 350 euros la tonne contre 500 euros l'an dernier. "J'espère simplement que c'est une crise passagère, parce que, sinon il faudrait qu'on arrête certaines productions pour des cultures nettement moins onéreuses en terme de main d'œuvre de façon à baisser nos coûts de production". La filière laitière n'est pas épargnée. Elle fait face à une crise de surproduction alors que la consommation de lait bio a baissé de 7% en 2021. Pour certains produits, la baisse des ventes est spectaculaire : -18% sur la farine bio, -12% sur le beurre, et -11% sur les fruits et légumes. La filière bio est-elle en crise ? "Ne soyons pas alarmistes, puisqu'on observe de toute façon un repli sur les filières alimentaires. Par exemple, la farine en général, c'est moins 20%. Ce n'est pas la bonne échelle de temps pour évaluer le bio. Puisque le bio, il faut 3 ans pour se convertir. En général, on vend sa production sur trois à cinq ans. On reste vigilant, mais gardons en tête que le temps de la production agricole n'est pas forcément le temps de la consommation", explique Laure Verdeau, directrice de l'Agence Bio. Pour relancer la consommation, la filière compte aussi sur les cantines publiques qui doivent obligatoirement servir 20% de produits bio depuis le 1er janvier.
> Reportage à voir à :
<https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/alimentation-bio-pourquoi-la-filiere-est-en-crise-63644409.html <https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/alimentation-bio-pourquoi-la-filiere-est-en-crise-63644409.html>>
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17- Environnement : les femmes indigènes replantent l'Amazonie, TV5Monde, 14/02/22
Patrick Vanier

Depuis presque dix ans, des femmes autoctones pratiquent l'agroforesterie. Elles ont replanté plus de 25 millions d'arbres dans la province du Serrado au Brésil. Elles regénèrent ainsi des sols appauvris par des cultures intensives. Désormais, elles vendent aussi leurs graines natives dont l'excellente qualité est reconnue par de nombreux cultivateurs.
> Vidéo (4 min) à voir à :
<https://information.tv5monde.com/video/environnement-les-femmes-indigenes-replantent-l-amazonie>
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18- Hausse des prix : la colère des agriculteurs contre la grande distribution, TF1, journal de 20h, 17/02/22

Ils sont venus en nombre pour maintenir la pression. Les agriculteurs en colère vident les rayons de volailles de tous les produits importés de l'étranger. Pour eux, c'est de la concurrence déloyale. "Ils mettent des petits drapeaux français, "cuisiné en France" et une viande d'origine UE, et les gens pensent acheter français. Nous en tant qu'éleveurs français, nous n'avons pas les mêmes charges, les mêmes normes", explique l'un d'eux. Ils dénoncent aussi des prix tirés vers le bas. Le pire pour eux, ce sont les promotions, un litre de lait à 0,68 euro par exemple. "C'est une catastrophe. Le prix du lait est ramené au même qu'il y a 30 ans, sauf que les charges ne sont pas les mêmes", réagit Didier Bonnet, producteur de lait. Des actions symboliques menées en pleine négociation des prix avec la grande distribution. Les agriculteurs demandent le respect de la loi. c'est-à-dire que leur coût de production soit automatiquement prix en compte dans le prix final. Selon un éleveur céréalier, il y a urgence. "Les engrais ont pris 300%, le fuel a pris 100% d'augmentation aussi. Aujourd'hui, on est payé entre 3,50 euros et 4 euros le kilo. Il faudrait qu'on ait 4,85 euros du kilo de carcasse pour pouvoir toucher à peu près un SMIC. Je ne suis pas au SMIC sans mon élevage", confie Luc Wery.
> Reportage de P. Corrieu & N. Hesse à voir à :
<https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/hausse-des-prix-la-colere-des-agriculteurs-contre-la-grande-distribution-06816060.html>
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19- Tendance : le "batch cooking", la préparation à l'avance des menus pour la semaine, séduit les Français, France 2, journal de 20h, 20/02/22

Le "batch cooking" consiste à préparer à l’avance les plats de la semaine qui s’annonce. Cela permet d'optimiser son temps, ses courses et son argent. De plus en plus de familles en France sont séduites par le concept.  
Cuisiner à l'avance en une seule session de quelques heures, tous les plats pour une semaine : c'est le principe du "batch cooking". La méthode, apparue à New-York (États-Unis) au début des années 2000, séduit de plus en plus. À Marseille (Bouches-du-Rhône), Cristelle Leclet teste la méthode depuis trois mois. Chaque week-end, elle passe plusieurs heures dans sa cuisine. Elle prépare simultanément lasagnes, ratatouille et velouté de butternut, cinq repas qu'elle stockera ensuite au réfrigérateur. 
Gagner du temps la semaine
Pour elle et son fils Théo, ce sera du temps de gagné les autres soirs de la semaine. "Quand on rentre, maman a plus qu'à mettre au four. Le soir c'est déjà prêt, et puis c'est pratique", explique l'enfant, tandis que la maman se réjouit de pouvoir profiter d'un "moment famille" plutôt que de passer du temps à cuisiner. Elle fait également des économies. Comme le "batch cooking" fait recette, de nombreux livres et sites internet proposent d'accompagner les nouveaux adeptes. Sandra Thomann, blogueuse culinaire, s'y consacre entièrement depuis quatre ans. Elle a désormais 42 000 abonnés sur Instagram. 
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/sante/enfant-ado/tendance-le-batch-cooking-la-preparation-a-l-avance-des-menus-pour-la-semaine-seduit-les-francais_4972530.html>
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