[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur biodiversité, sciences et protection du vivant et de l'univers, patrimoine (lundi 10 janvier)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Lun 10 Jan 08:02:53 CET 2022
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1- Même dans les zones protégées, les insectes sont exposés aux pesticides <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/19/meme-dans-les-zones-protegees-les-insectes-sont-exposes-aux-pesticides_6106674_3244.html>, Le Monde, 19/12/21, 07h28
2- En France, un plan pour sauver le lynx, "parent pauvre" des grands prédateurs <https://www.geo.fr/environnement/un-plan-national-daction-pour-le-lynx-boreal-parent-pauvre-des-grands-predateurs-en-matiere-de-preservation-207571>, AFP, 21/12/21, 11:00
3- Tromelin, l'ancienne île aux esclaves devenue un exemple de restauration de la biodiversité <https://www.lejdd.fr/Societe/tromelin-lile-des-esclaves-abandonnes-est-redevenue-lile-aux-oiseaux-4083386>, Le JDD, 21/12/21, 16h49
4- En Papouasie, les espèces "reines de la forêt" menacées par la déforestation <https://www.geo.fr/environnement/en-papouasie-les-especes-reines-de-la-foret-menacees-par-la-deforestation-207596>, AFP, 22/12/21, 09:00
5- La Réunion : le Piton de la Fournaise en éruption pour la seconde fois de l'année <https://www.geo.fr/environnement/la-reunion-le-piton-de-la-fournaise-en-eruption-pour-la-seconde-fois-de-lannee-207585>, AFP, 22/12/21, 12:00
6- Islande : importants séismes aux abords d'un volcan près de Reykjavik <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/islande-importants-seismes-aux-abords-d-un-volcan-pres-de-reykjavik_160035>, AFP, 22/12/21, 14:00
7- Trop de gorilles? Au Rwanda, les grands singes à l'étroit <https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/trop-de-gorilles-au-rwanda-les-grands-singes-a-l-etroit_2164885.html>, AFP, 23/12/21, 02:23
8- Les tortues marines de retour sur les plages de Thaïlande depuis la pandémie <https://www.geo.fr/environnement/les-tortues-marines-de-retour-sur-les-plages-de-thailande-depuis-la-pandemie-207608>, AFP, 23/12/21, 07:00
9- Le chardonneret, victime d’un trafic de haut vol <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/24/le-chardonneret-victime-d-un-trafic-de-haut-vol_6107183_3244.html>, Le Monde, 24/12/21, 05h06
10- Ile de la Gorgone : des serpents, des bagnards et des baleines <https://www.geo.fr/environnement/lile-de-la-gorgone-en-colombie-des-serpents-des-bagnards-et-des-baleines-207618>, AFP, 24/12/21, 09:00
11- Quatre loups au comportement inhabituel abattus dans un zoo du Tarn <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/24/quatre-loups-au-comportement-inhabituel-abattus-dans-un-zoo-du-tarn_6107250_3244.html>, Le Monde avec AFP, 24/12/21, 18h39
12- Sur l’île de La Palma, fin de l’éruption du volcan Cumbre Vieja <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/25/canaries-fin-de-l-eruption-du-volcan-cumbre-vieja_6107293_3244.html>, Le Monde avec AFP, 25/12/21, 16h34
13- Edward O. Wilson, scientifique américain spécialiste des fourmis et père fondateur de la sociobiologie, est mort <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/12/27/edward-o-wilson-scientifique-americain-specialiste-des-fourmis-et-pere-fondateur-de-la-sociobiologie-est-mort_6107424_1650684.html>, Le Monde avec AP et AFP, 27/12/21, 17h01
14- Factuel. Les salons de chiens et chats, angle mort de la loi sur la maltraitance animale <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/29/les-salons-de-chiens-et-chats-angle-mort-de-la-loi-sur-la-maltraitance-animale_6107561_3244.html>, Le Monde, 29/12/21, 01h04
15- Inde : 126 tigres ont péri en 2021, un chiffre record <https://www.geo.fr/environnement/en-inde-126-tigres-ont-peri-en-2021-bilan-le-plus-eleve-jamais-enregistre-207674>, AFP, 30/12/21, 14:00
16- Tourterelles des bois : le Conseil d'État annule les derniers arrêtés autorisant leur chasse <https://www.actu-environnement.com/ae/news/tourterelle-bois-chasse-annulation-arretes-conseil-etat-38831.php4>, Actu-environnement, 31/12/21
17- Le jaguar retrouve peu à peu son habitat naturel en Argentine <https://www.lepoint.fr/monde/le-jaguar-retrouve-peu-a-peu-son-habitat-naturel-en-argentine-01-01-2022-2458797_24.php>, AFP, 01/01/22, 11:00
18- En images. En Italie, sur les traces de l’ours brun de l’Apennin <https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2022/01/01/en-italie-sur-les-traces-de-l-ours-brun-de-l-apennin_6107906_4500055.html>, Le Monde, 01/01/22, 23h00
En images
19- Aube : en retrouvant son lit naturel, le Landion favorise la biodiversité <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/aube-en-retrouvant-son-lit-naturel-lelandionfavorise-la-biodiversite_4898889.html>, France 2, journal de 13h, 30/12/21
20- Primates, la force du clan <https://fr-fr.facebook.com/france5/videos/primates-la-force-du-clan/207337724851077/>, France 5, 31/12/21, 21h00
Bien à vous,
Florence
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ÉTUDES DU JOUR : Selon une étude allemande, des produits phytosanitaires peuvent affecter les invertébrés à plusieurs kilomètres des champs traités. Une quinzaine de substances en moyenne sont détectées sur les insectes des aires de conservation. De son côté, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) qui n'a pas la réputation d'être un repaire d’écologistes, pointe le rôle déterminant des pesticides dans le déclin des insectes. (cf. item 1 & suite)
DÉCISIONS DU JOUR : — Le ministère de la Transition écologique a annoncé l'élaboration du premier Plan national d'action (PNA) en faveur du lynx, prévu de 2022 à 2026, avec l'objectif de "déterminer les actions à mettre en œuvre en France afin de rétablir l'espèce dans un bon état de conservation ». (cf. item 2)
— Après la suspension de la chasse du courlis cendré et de la barge à queue noire, le Conseil d'État a annulé les arrêtés qui avaient autorisé la chasse à la tourterelle des bois les années précédentes. (cf. item 16)
HISTOIRE DU JOUR : Comment Tromelin, ce confetti de France au nord de La Réunion, raconte le pire et le meilleur de l'humanité. (cf. item 3)
MENACES DU JOUR : — Dans les monts Star isolés, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les autochtones disent que le kangourou arboricole est roi et que le paradisier est reine. Mais leurs têtes sont mises à prix sous l’effet de la déforestation. (cf. item 4)
— Lors du recensement de 2010, il y avait 880 gorilles de montagne dans le parc national des Volcans, au Rwanda. En 2015, on en avait dénombré 1.063 et les grands singes sont désormais à l'étroit faisant peser des menaces sur leur santé et leur cohabitation. (cf. item 7)
— Paradis méconnu de biodiversité préservée, l'île de la Gorgone, rocher volcanique couvert de jungle tropicale au large des côtes sud-ouest de la Colombie est elle aussi, malgré les efforts, menacée par la pollution planétaire et l'activité humaine. (cf. item 10 & suite)
PAUSE DU JOUR : Avec la pandémie, la nidification des tortues s'est améliorée ces deux dernières années sur les plages de Thaïlande grâce à l'absence des touristes, de pollution sonore et lumineuse tandis que les plages de Maya Bay ont rouvert après 3 ans de fermeture pour restaurer les écosystèmes naturels dégradés à cause du surtourisme. (cf. item 8 & suite)
TRAFIC DU JOUR : Le chardonneret, cet oiseau prisé pour sa beauté et son chant mélodieux, est victime d’un trafic qui traverse les frontières, de la Méditerranée à la Belgique. (cf. item 9)
INCIDENT DU JOUR : Un parc animalier du Tarn a été fermé jusqu’à la mi-janvier après que neuf loups se sont échappés de leur enclos. Quatre ont été abattus et cinq autres anesthésiés. (cf. item 11)
TERMINUS DU JOUR : Après un peu plus de trois mois d’activité, le volcan Cumbre Vieja entre en léthargie : l’éruption sur l’île espagnole de La Palma a officiellement pris fin. (cf. item 12)
DÉCÈS DU JOUR : Surnommé "l’héritier de Darwin", le grand scientifique américain Edward Osborne Wilson a consacré sa vie à étudier le monde naturel et à inspirer les autres à en prendre soin comme il l’a fait. "Détruire la forêt tropicale à des fins lucratives, c'est comme brûler un tableau de la Renaissance pour cuisiner un repas", avait-il rappelé. (cf. item 13)
ANGLE MORT DU JOUR : Alors qu’une toute récente loi interdira la vente de chiens et de chats dans les animaleries à partir du 1er janvier 2024, la question de l’achat d’impulsion (et du potentiel abandon) continue de se poser lors des salons animaliers, qui se tiennent presque tous les week-ends en France. (cf. item 14)
CHIFFRE DU JOUR : L'autorité en charge de la protection des tigres en Inde (NTCA) a annoncé que 126 de ces félins menacés d'extinction ont péri en 2021, soit le bilan le plus élevé depuis que cet organisme a commencé à rassembler des données en la matière en 2012. (cf. item 15)
RÉINTRODUCTION DU JOUR : Jatobazinho est le huitième jaguar à avoir été "rendu" à la vie sauvage à Corrientes dans le nord-est de l'Argentine. Il a été précédé de trois femelles et quatre petits, un pas de plus dans la réintroduction de cette espèce menacée dans des régions où elle a quasiment disparue. (cf. item 17)
REPORTAGE DU JOUR : Pendant 2 ans, le photographe Carlo Lombardi a arpenté le parc national des Abruzzes, Molise et Latium, au cœur de l’Italie, à la recherche de l’ours brun. Mêlant ses images à des archives, il documente le combat pour la préservation d’une espèce désormais en "danger critique d’extinction". (cf. item 18)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
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> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Même dans les zones protégées, les insectes sont exposés aux pesticides, Le Monde, 19/12/21, 07h28
Stéphane Foucart
Selon une étude allemande, des produits phytosanitaires peuvent affecter les invertébrés à plusieurs kilomètres des champs traités. Une quinzaine de substances en moyenne sont détectées sur les insectes des aires de conservation.
L’étude avait fait grand bruit : en octobre 2017, une douzaine de chercheurs européens documentaient dans la revue PLoS One la disparition des insectes dans les paysages représentatifs de l’Europe occidentale. Le biologiste et écologue Caspar Hallmann (université Radboud, Pays-Bas) et ses coauteurs avaient analysé des données historiques de capture d’insectes volants dans 63 zones protégées allemandes et concluaient à une chute catastrophique de ces populations entre 1989 et 2016 : 76 % à 82 % de leur biomasse avaient disparu en un quart de siècle.
Comme en complément à ces travaux, une équipe de chercheurs conduits par Carsten Brühl (université de Coblence-Landau, Allemagne) a publié, jeudi 16 décembre dans Scientific Reports, une étude montrant que les insectes capturés dans les zones protégées peuvent être contaminés par un grand nombre de pesticides employés dans les parcelles environnantes.
Les auteurs ont utilisé le même type de piège non sélectif que leurs prédécesseurs en 2017. Ils ont ainsi capturé, en mai et en août 2020, des insectes volants de toutes espèces, dans 21 zones protégées allemandes insérées dans des paysages agricoles. Ils ont ensuite recherché sur ces animaux des traces de 92 pesticides.
> Lire aussi La disparition accélérée d’insectes est aussi inquiétante que celle des grands mammifères
Finalement, ils ont retrouvé 47 molécules différentes. En moyenne, les échantillons d’insectes étaient contaminés par 16 produits différents, avec un maximum de 27 pesticides collectés sur les insectes d’un unique site. Tous les sites choisis étaient labellisés « Zone spéciale de conservation », définis par le droit européen comme des lieux protégés pour leur patrimoine naturel exceptionnel.
« Former une zone tampon »
Les auteurs ont ensuite relevé la taille des surfaces cultivées, plusieurs centaines de mètres autour des points de capture et font le lien avec le nombre de produits qui y sont retrouvés. « Pour protéger les insectes dans les zones de conservation, il n’est pas seulement nécessaire d’y arrêter l’utilisation de pesticides, il faut aussi réduire les applications de pesticides de synthèse tout autour, pour former une zone tampon », écrivent-ils. Celle-ci, ajoutent les auteurs, doit se compter « en centaines de mètres, et non en dizaines » : dans un rayon de 2 kilomètres autour des sites, plus les superficies traitées sont grandes, plus le nombre de produits retrouvés est élevé.
Les produits les plus fréquemment retrouvés sont le prosulfocarbe, le métolachlore-S et le diméthénamide pour les herbicides. Quant aux fongicides les plus présents, il s’agit du boscalid, du fluopyram, de l’azoxystrobine ou encore du bixafen − parmi ces produits, plusieurs sont très controversés pour leurs effets potentiels sur les humains et ne sont pas intégrés au programme de biosurveillance national.
Des travaux qui font écho à une publication française
En outre, comme le notent les auteurs, « certains fongicides ne luttent pas seulement contre les maladies fongiques, mais peuvent aussi être toxiques pour les insectes et d’autres invertébrés ». Ils citent en exemple le fluopyram, détecté sur tous les sites étudiés, qui « est aussi vendu et utilisé comme nématicide sur de nombreuses cultures et peut donc directement affecter des invertébrés ». Quant à l’insecticide le plus souvent repéré, c’est un néonicotinoïde, le thiaclopride, mais bien d’autres produits ciblant les insectes sont aussi détectés, en particulier au printemps.
Ces travaux font écho à une publication française de 2020 conduite par les chercheurs du Centre d’études biologiques de Chizé (CNRS, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, université de La Rochelle), montrant des niveaux de contamination considérables, par une diversité de pesticides, d’échantillons de sol et de vers de terre prélevés dans les habitats semi-sauvages (haies, bosquets, marges des parcelles agricoles).
> Lire aussi Des niveaux alarmants de pesticides mesurés dans les sols et les vers de terre
« Pas mal d’études montrent des contaminations de parcelles non traitées par le voisinage traité, mais là ce sont les insectes qui sont analysés, et non des échantillons de sol », souligne l’écologue et systématicien Philippe Grandcolas, directeur de l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (Muséum national d’histoire naturelle, CNRS, Sorbonne Université, Ecole pratique des hautes études, université des Antilles), qui n’a pas participé à ces travaux et les juge « très importants et très significatifs ».
« La distance de vol peut être importante pour certains petits insectes qui, à l’extrême, pourraient venir de régions non protégées et être piégés dans les zones protégées, ajoute M. Grandcolas. Mais cela ne change rien à la conclusion principale que l’on peut en tirer : les sites protégés ont une faune d’insectes qui est touchée par les traitements, d’une manière ou d’une autre. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/19/meme-dans-les-zones-protegees-les-insectes-sont-exposes-aux-pesticides_6106674_3244.html>
En savoir plus :
> More than 75 percent decline over 27 years in total flying insect biomass in protected areas <https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0185809>, Plos One, October 18, 2017
> Direct pesticide exposure of insects in nature conservation areas in Germany <https://www.nature.com/articles/s41598-021-03366-w>, Nature, 16 December 2021
Sur le même sujet :
> Déclin des insectes : l'Opecst pointe le rôle déterminant des pesticides, Actu-environnement, 29/12/21
Laurent Radisson
L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) n'a pas la réputation d'être un repaire d'écologistes. La publication, le 9 décembre dernier, d'une note scientifique sur le déclin des insectes, réalisée par la sénatrice centriste Annick Jacquemet, est d'autant plus remarquée. Elle met en avant plusieurs causes (pertes d'habitats, pollution, réchauffement climatique, espèces exotiques envahissantes, etc.) à ce déclin qui fait maintenant l'objet d'un consensus scientifique. Mais elle pointe l'agriculture intensive comme cause principale. « L'agriculture apparaît comme l'un des moteurs principaux du déclin des insectes, notamment à cause de l'usage excessif de pesticides », conclut en effet la sénatrice du Doubs, vétérinaire de profession.
« Quelle que soit la nature des insecticides, leur toxicité inhérente engendre sur les insectes (notamment sur les pollinisateurs) des effets non ciblés », rapporte cette synthèse scientifique très documentée. Les néonicotinoïdes, qui représentent 40 % du marché mondial des insecticides agricoles, sont particulièrement mis en cause en raison de plusieurs caractéristiques délétères : spectre d'action très large, toxicité à très faible dose, présence dans tous les organes de la plante, utilisation préventive et donc bien souvent inutile, rémanence dans l'environnement. « La mise sur le marché de ces pesticides s'est à chaque fois accompagnée d'intoxications de colonies d'abeilles », relève le document. La confirmation du caractère particulièrement toxique de ces substances ne semble pas pour autant inquiéter le ministère de l'Agriculture qui propose de reconduire leur autorisation cette saison en traitement des semences de betteraves.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/declin-insectes-role-pesticides-note-scientifique-opecst-38822.php4 <https://www.actu-environnement.com/ae/news/declin-insectes-role-pesticides-note-scientifique-opecst-38822.php4>>
En savoir plus :
> Le déclin des insectes <https://www2.assemblee-nationale.fr/content/download/451539/4391913/version/1/file/OPECST_2021_0064_Note_D%C3%A9clin_insectes.pdf>, Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), Note scientifique n° 30, décembre 2021
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2- En France, un plan pour sauver le lynx, "parent pauvre" des grands prédateurs, AFP, 21/12/21, 11:00
Angela Schnaebele
Le lynx boréal, espèce menacée d'extinction en France, fait figure de "parent pauvre" des grands prédateurs en matière de préservation, selon ses défenseurs, mais un premier Plan national d'action de cinq ans va voir le jour en 2022.
Souple et gracieux, le lynx se faufile entre les arbres des profondes forêts du Jura (est), telle une ombre silencieuse. Lancé à pleine vitesse après un chamois, le plus grand félin sauvage d'Europe fait à peine bruisser les feuilles, dans le film "Lynx", de Laurent Geslin, qui sortira en France le 19 janvier.
Mais avant d'être à l'honneur dans les salles obscures, l'animal forestier au pelage doré, tacheté de noir, et aux oreilles surmontés d'un pinceau de poils a pâti de son extrême discrétion et d'une absence de médiatisation.
Il a "un niveau de prédation sur les troupeaux domestiques anecdotique" par rapport au loup et à l'ours, qui attaquent respectivement 3.000 et 650 bêtes en moyenne par an, contre une centaine pour le lynx boréal, explique Nicolas Jean, directeur adjoint de l'Office Français de la biodiversité (OFB).
Ce chasseur solitaire est donc "moins visible", à tel point que "sa quasi-disparition dans les Vosges est passée pratiquement inaperçue", souligne Olivier Guder, coordinateur lynx au sein de l'association Férus.
- Collisions et braconnage -
Le ministère de la Transition écologique a donc annoncé l'élaboration du premier Plan national d'action (PNA) en faveur du lynx, prévu de 2022 à 2026, avec l'objectif de "déterminer les actions à mettre en œuvre en France afin de rétablir l'espèce dans un bon état de conservation".
Revenu par la Suisse dans les années 1970, le lynx boréal s'est installé dans le massif du Jura, qui accueille les deux tiers des 150 individus présents en France, ainsi que dans les Alpes et, de manière sporadique, dans le massif des Vosges où il réapparaît depuis de récentes réintroductions dans le Palatinat, en Allemagne.
Le PNA vise à "réduire la mortalité liée aux collisions" et à "lutter contre les destructions illégales de lynx" qui sont les principales menaces directes pesant sur cette espèce classée "en danger", sur la "liste rouge" française des espèces menacées d'extinction de l'Union mondiale pour la nature.
En 2021, "10% de la population est passée sous une voiture", soit 12 spécimens, déplore le Centre Athénas, spécialisé dans la sauvegarde du lynx. "L'espèce humaine empiète de plus en plus sur la nature, il y a de plus en plus de véhicules, avec un flux important des travailleurs frontaliers", analyse son directeur, Gilles Moyne, qui milite pour la "création de zones refuges".
Ce fervent défenseur du lynx reproche par ailleurs de "ne pas mettre les moyens nécessaires pour lutter contre le braconnage" et d'être "complaisant" avec "les porteurs de fusils dans la nature".
D'après les services de l'Etat, une vingtaine de cas avérés de "destructions illégales" ont été dénombrés depuis le retour du félin en France, "ce qui représente 10% des individus retrouvés morts", un chiffre jugé toutefois "sous-estimé".
En 2020 la justice a ouvert des enquêtes pour "destruction d'espèce protégé" après le décès de quatre lynx tués par arme à feu.
- Un intérêt pour la biodiversité -
Le plan lynx prévoit des "actions sociologiques pour redorer l'image du lynx auprès des chasseurs, dont certains le considèrent comme un concurrent, de montrer son intérêt pour la biodiversité et de rétablir la vérité sur son impact sur les populations des chevreuils", indique M. Jean, de l'OFB.
Pour le président de la Fédération des chasseurs du Jura, Christian Lagalice, "le lynx fait partie de notre environnement, c'est un animal protégé et nous respectons son statut".
Il attend du PNA une "amélioration des connaissances" de l'espèce et "qu'on ramène le lynx à ce qu'il est, sans le sacraliser : un très bel animal qui fait partie de notre environnement, comme des centaines d'autres".
Pour assurer la diversité génétique et la survie de l'espèce, Férus et le Centre Athénas réclament des réintroductions de lynx, mais chasseurs et éleveurs y sont opposés, préférant que l'animal "s'étende naturellement".
<https://www.geo.fr/environnement/un-plan-national-daction-pour-le-lynx-boreal-parent-pauvre-des-grands-predateurs-en-matiere-de-preservation-207571>
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3- Tromelin, l'ancienne île aux esclaves devenue un exemple de restauration de la biodiversité, Le JDD, 21/12/21, 16h49
Marianne Enault
L'histoire de Tromelin, un confetti de France au nord de La Réunion, raconte le pire et le meilleur de l'humanité.
C'est l'histoire d'un kilomètre carré de terre, un confetti perdu dans l'océan Indien, à 560 kilomètres au nord de La Réunion. Celle de l'île Tromelin. L'an prochain, on célébrera le 300e anniversaire de sa découverte par le navire La Diane. Dépourvu d'intérêt stratégique, le caillou est devenu le symbole d'une biodiversité retrouvée. Le lieu raconte l'enchevêtrement de l'humain et du sauvage. Pour le pire et pour le meilleur. "Tromelin est entrée dans l'histoire parce qu'on y a abandonné des esclaves, et aujourd'hui, l'île est un exemple de notre capacité à restaurer des écosystèmes", résume Olivier Poivre d'Arvor, l'ambassadeur du gouvernement français pour les pôles, qui narre dans un livre à paraître* son voyage sur les mers françaises.
Car, depuis quelques années, les oiseaux marins sont de retour en nombre à Tromelin, qui fait partie des îles Éparses, l'un des cinq districts des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). "La sterne fuligineuse, les fous masqués, les fous à pieds rouges, la gygis blanche, le noddi brun, le noddi à bec grêle, le puffin du Pacifique… énumère Matthieu Le Corre, spécialiste d'écologie marine à l'université de la Réunion. Près de 3.000 couples y nichent aujourd'hui."
Pourtant, tous ou presque avaient disparu. En cause ? Les rats, débarqués sur l'île dans des conditions rocambolesques. Nous sommes le 31 juillet 1761 quand L'Utile y fait naufrage avec près de 300 personnes à bord. Et des rongeurs, donc. "Les oiseaux des îles océaniques ont évolué en l'absence de prédateurs, explique le chercheur. Ils ne s'envolent pas quand il y a un danger et ne cachent pas leurs œufs." Ce n'est qu'à partir de 2005, et une campagne de dératisation, que les volatiles ont commencé à revenir. "C'est allé beaucoup plus vite que ce qu'on avait imaginé", se réjouit Cédric Marteau, ex-directeur de la Conservation du patrimoine naturel des TAAF et désormais à la Ligue de protection des oiseaux.
Avec des effets positifs à terre et en mer : le guano, riche en nitrates et en phosphate, entraîne le développement du plancton et avec lui, celui de la chaîne alimentaire marine. "Cela rassure sur la capacité de la nature à se reconstruire", juge Matthieu Le Corre.
Et sur la capacité de l'homme à réparer ce qu'il a abîmé. Jusqu'à pardonner l'impardonnable? Car le nom de Tromelin est entré dans l'histoire par la vilaine porte de l'inhumanité. Parmi les naufragés de 1761 se trouvaient 160 esclaves originaires de Madagascar. A l'époque, leur arrivée sur l'île Bourbon, actuelle Maurice, était pourtant suspendue car la disette menaçait. Mais le cupide commandant de L'Utile, Jean de La Fargue, en a fait fi.
Quinze ans de survie
Ce fut la première lâcheté. La deuxième : avoir enchaîné les malheureux dans la cale. Beaucoup mourront noyés lors du naufrage. La troisième : ne pas les avoir embarqués à bord du bateau de secours construit grâce aux débris de L'Utile. Quelque 80 hommes, femmes et enfants regarderont partir les "Blancs", les laissant, avec pour seul bagage la promesse du second Castellan du Vernet de revenir les chercher, et pour habitat, cet îlot désert, balayé par les alizés. "Quand on pose le pied à Tromelin, on a ce sentiment très fort d'une île qui pourrait disparaître à tout moment", décrit Olivier Poivre d'Arvor.
Les naufragés y ont survécu pendant quinze ans, se nourrissant d'oiseaux, d'œufs et de tortues ; et grâce à un puits d'eau saumâtre. "Ils ont construit des bâtiments avec des blocs de corail, raconte Max Guérout, l'archéologue qui a mis au jour leurs vestiges avec Thomas Romon. Ça a fait écran au vent, et le sable s'est accumulé, créant comme des scellés. Aujourd'hui, quand on creuse sur 40 centimètres, on retrouve le sol de 1776 ! Quelle émotion !" Seuls les travaux menés en 1954 pour construire une station météo – l'île est sur la route des cyclones –, dont une piste d'atterrissage pour le ravitaillement, ont perturbé le site archéologique.
Passés d'esclaves clandestins à survivants malgré eux, ils ont utilisé le fer, le cuivre et le plomb de L'Utile pour façonner toutes sortes d'ustensiles. Le silex des mises à feu des pistolets leur a permis de faire du feu. "Voici des naufragés […] qui utilisent les rares ressources de l'île pour rebâtir une petite société et vivre debout, opposant un vivant démenti à ceux qui leur avaient dénié toute humanité", écrivent les deux archéologues dans leurs travaux.
Chez les oiseaux comme chez les hommes, il y a des marginaux
Hanté par la promesse énoncée, Castellan du Vernet mettra quatorze ans à convaincre les autorités de retourner sur place. Après trois échecs – les déferlantes rendent impossible l'accostage –, Jacques-Marie Lanuguy de Tromelin parvient à atteindre l'île le 28 novembre 1776 et découvre sept femmes et un enfant de 8 mois. Ce récit, à la fois extraordinaire et honteux, a longtemps été avalé par l'histoire.
"Chez les oiseaux comme chez les hommes, il y a des marginaux, avance Cédric Marteau. Les oiseaux marins se reproduisent toujours à l'endroit où ils sont nés, sauf quelques audacieux qui sont revenus à Tromelin après la dératisation et qui ont permis la recolonisation. Cela devrait nous apprendre que la diversité nous sauve."
* "Voyage en mers françaises", Olivier Poivre d'Arvor, Éditions Place des Victoires, 239 pages, 29,95 euros, parution le 6 janvier 2022.
<https://www.lejdd.fr/Societe/tromelin-lile-des-esclaves-abandonnes-est-redevenue-lile-aux-oiseaux-4083386>
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4- En Papouasie, les espèces "reines de la forêt" menacées par la déforestation, AFP, 22/12/21, 09:00
Chris McCall
Dans les monts Star isolés, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les autochtones disent que le kangourou arboricole est roi et que le paradisier est reine. Mais leurs têtes sont mises à prix.
Longtemps prisées par les chasseurs traditionnels, ces espèces extraordinaires sont aujourd'hui menacées par la disparition de leur habitat.
Les forêts dans lesquelles elles vivent, l'une des dernières grandes zones sauvages de la planète, pourraient bientôt tomber sous la hache et le bulldozer.
"Les vieux disent que le kangourou arboricole est le roi", raconte Lloyd Leo, un jeune de Golgubip, une communauté montagnarde dont les habitants vivent essentiellement d'une agriculture de subsistance et dont les ancêtres, il y a quelques décennies à peine, menaient un mode de vie proche de celui de l'époque néolithique.
"Il vit haut dans la forêt. Il ne mange pas certains fruits. Il ne prend que ceux qui sont frais", dit-il. Le marsupial, qui ressemble à un mélange de kangourou et de lémurien, était autrefois une forme de monnaie, utilisée pour payer la dot des mariées.
La créature, dont la queue est encore portée comme un emblème, est en danger critique d'extinction et figure parmi les espèces les plus menacées de la planète, sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature.
Deux espèces d'oiseaux de paradis, ou paradisier, vivent également dans la région. L'une, appelée "karom" dans la langue locale Faiwol, est considérée sur place comme la reine des oiseaux.
Les gens les chassent, bien que ce soit illégal. Les plumes et les oiseaux empaillés sont prisés, conservés dans les maisons et sortis pour les fêtes.
Mais les arbres autour de Golgubip ont également de la valeur, comme d'autres arbres similaires en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et la double menace de la déforestation et de la chasse pourrait sceller le destin de ces espèces uniques dans le pays.
- Désespoir -
"Dans les villages, on s'attend généralement à un développement économique qui, dans l'ensemble, ne se produit pas", estime Vojtech Novotny, biologiste pour le Centre de recherche Binatang de Nouvelle-Guinée.
La population du pays (9 millions d'habitants) a presque triplé depuis l'indépendance en 1975.
Comme il reste de moins en moins de forêts en Asie du Sud-Est et qu'une grande partie des terres ont été converties en plantations d'huile de palme, certaines sociétés d'exploitation forestière se tournent désormais vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a déclaré M. Novotny, qui travaille dans le pays depuis 25 ans.
Dans le passé, les autorités autorisaient principalement l'abattage "sélectif", qui permet aux forêts de se reconstituer rapidement. Mais cela pourrait changer, ajoute M. Novotny.
"Il y a maintenant une pression pour les grands projets agricoles. Le gros problème ici est le palmier à huile. Une fois que vous avez fait la première coupe, vous venez pour la deuxième et la troisième. Très vite, vous détruisez la structure de la forêt. C'est ce qui s'est passé à Bornéo", explique-t-il.
Selon le site Global Forest Watch, les forêts de Papouasie-Nouvelle-Guinée couvraient 93% des terres en 2010. Entre 2001 et 2020, l'organisation estime que le pays a perdu 3,7% de ses forêts.
Comme une centaine d'autres pays, la Paouasie-Nouvelle-Guinée s'est engagée lors de la COP26 début novembre à mettre fin à la déforestation d'ici 2030. Mais l'exploitation illégale des forêts a pris une telle ampleur que des ONG et certains acteurs politiques locaux appellent les autorités à prendre des mesures urgentes.
Le paradisier de Raggiana figure sur le drapeau du pays et, bien qu'officiellement une seule espèce apparentée --le paradisier bleu-- soit classée comme "vulnérable", les biologistes affirment que personne ne connaît avec certitude son état de conservation.
Un autre oiseau suscite des inquiétudes : le perroquet de Pesquet, dont les plumes rouges et noires sont portées lors de cérémonies indigènes.
"Ses plumes rouge vif sont très prisées pour les coiffes", explique Brett Smith, conservateur du parc naturel de Port Moresby, disant craindre qu'il y ait aujourd'hui plus de plumes de perroquet de Pesquet dans les tenues traditionnelles que sur les oiseaux vivants.
Les biologistes disent vouloir impliquer davantage la population dans la conservation. Mais la pauvreté, le manque d'éducation et la faible prise de conscience de l'impact des activités humaines sur l'environnement compliquent la tâche.
Il y a pourtant eu des réussites, explique Yolarnie Amepou, directrice du réseau de biodiversité de Piku.
En impliquant les enfants dans la préservation d'espèces-clés, une nouvelle génération, aujourd'hui adulte, est investie dans la survie des tortues à nez de cochon dans une région où cette espèce rare faisait partie du régime alimentaire.
"Leur environnement est ce dont ils dépendent tous les jours. Si nous voulons sauver la tortue, nous devons aider les gens", dit-elle.
<https://www.geo.fr/environnement/en-papouasie-les-especes-reines-de-la-foret-menacees-par-la-deforestation-207596>
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5- La Réunion : le Piton de la Fournaise en éruption pour la seconde fois de l'année, AFP, 22/12/21, 12:00
Le Piton de la Fournaise, le volcan de La Réunion, département français dans l'océan Indien, est entré en éruption pour la seconde fois de l'année dans la nuit de mardi à mercredi, a indiqué l'observatoire volcanologique local.
L'éuption du volcan, qui a alterné les phases de sismicité et de calme depuis plusieurs semaines, s'est produite vers à 03H30 (23H30 GMT) dans une zone totalement inhabitée et ne présente pas de danger pour la population
Situé dans le Sud-Est de La Réunion, le Piton de la Fournaise est l'un des volcans les plus actifs au monde.
Il est entré en éruption à une vingtaine de reprises au cours des dix dernières années.
La première éruption de l'année avait eu lieu en avril et avait duré six semaines.
Les éruptions du volcan de La Réunion sont qualifiées d'effusives ou de type hawaïen.
La lave s'écoule en majeure partie sur la surface du volcan, à la différence des éruptions explosives qui crachent des nuages de cendres haut dans le ciel.
<https://www.geo.fr/environnement/la-reunion-le-piton-de-la-fournaise-en-eruption-pour-la-seconde-fois-de-lannee-207585>
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6- Islande : importants séismes aux abords d'un volcan près de Reykjavik, AFP, 22/12/21, 14:00
Alors que son éruption venait d'être déclarée officiellement terminée, deux tremblements de terre significatifs se sont produits mercredi matin près d'un volcan à proximité de Reykjavik, secouant la capitale islandaise.
A 09H13 heure locale et GMT, une première secousse de magnitude 4,1 a été nettement ressentie par les habitants de la capitale, puis dix minutes plus tard une autre plus forte d'une magnitude 4,9, a annoncé l'Institut métérologique d'Islande.
L'épicentre se trouve au nord-est des vallées de Geldingadalir, théâtre d'une spectaculaire éruption de lave entre le 19 mars et le 18 septembre, non loin du mont Fagradalfjall à une trentaine de kilomètres de Reykjavik, a précisé l'IMO.
Aucun dégât n'a été signalé par les autorités.
Un "essaim sismique", c'est à dire une multitude de petits séismes, se produit depuis mardi après-midi aux abords du Fagradalfjall, avec 1.400 microsecousses, selon l'IMO.
Après trois mois sans effusion de lave, l'éruption de Geldingadalir avait été déclarée officiellement terminée par l'IMO ce week-end.
L'activité sismique est un signe avant-coureur des éruptions, mais ne signifie pas nécessairement qu'elles vont se produire, selon les vulcanologues.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/islande-importants-seismes-aux-abords-d-un-volcan-pres-de-reykjavik_160035>
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7- Trop de gorilles? Au Rwanda, les grands singes à l'étroit, AFP, 23/12/21, 02:23
Parc national des Volcans (Rwanda) - L'énorme mâle grignote une appétissante pousse de bambou, puis s'allonge avec flegme et relâche même bruyamment quelques gaz : il ne semble nullement importuné par le meuglement des vaches et les coups de bêche des fermiers, que l'on distingue à une cinquantaine de mètres.
Ce gorille au "dos argenté" et sa famille évoluent ce jour-là tout près du talus qui marque l'extrémité du parc national des Volcans, au Rwanda, un sanctuaire où les grands singes sont désormais à l'étroit.
Le Rwanda partage avec l'Ouganda et la République démocratique du Congo le célèbre massif des Virunga. Située au coeur de la région densément peuplée des Grands Lacs, cette chaîne de huit majestueux volcans est aussi, avec la forêt ougandaise de Bwindi, le seul habitat au monde des gorilles de montagne, dont la population augmente.
"Lors du recensement de 2010, il y avait 880 gorilles de montagne. En 2015, un autre recensement a montré qu'il y en avait 1.063" au total, expose fièrement à l'AFP le ranger Felicien Ntezimana, avant d'entamer la randonnée qui, à travers des champs fertiles, mène à la forêt brumeuse où vivent les mythiques animaux.
Ce primate à la superbe fourrure sombre, épaisse et brillante, est depuis 2018 considéré comme "en danger" et non plus "en danger critique" d'extinction, comme le sont tous les autres grands singes.
Les gorilles de montagne reviennent de loin. Dans les années 1980, lorsque la célèbre primatologue américaine Dian Fossey fut assassinée ici, le massif des Virunga n'en comptait plus que 250, après des décennies d'un impitoyable braconnage.
Depuis, leur nombre a quadruplé, notamment grâce à une sécurité renforcée et à l'implication des communautés. Au Rwanda, 10% des revenus du tourisme (soit 25 millions de dollars avant le Covid) reviennent aux habitants sous forme de projets et 5% via un fonds de compensation.
"Détestés" par le passé, les primates sont aujourd'hui surnommés "ceux qui apportent le lait", s'amuse un vieil habitant de Musanze, la ville qui borde le parc.
"Les touristes dépensent de l'argent pour eux et cet argent revient à nous sous forme de nourriture, de logements et de bonnes conditions de vie", se félicite Jean-Baptiste Ndeze.
- Maladies -
Cette résurrection spectaculaire n'est pas sans conséquences.
Avec une vingtaine de familles connues et surveillées par les autorités rwandaises (contre six il y 25 ans), la densité s'est accrue. Et ces primates habitués aux humains s'aventurent par conséquent chez leurs voisins.
"Nous observons plus souvent des gorilles qui sortent du parc et qui cherchent de la nourriture à l'extérieur (...). Ils passent également plus de temps en dehors du parc, et ont tendance à s'éloigner plus de la bordure", explique Felix Ndagijimana, directeur pays du Fonds Dian Fossey pour les gorilles.
Le singe à la force herculéenne, qui peut peser jusqu'à 200 kilos, est vulnérable aux maladies humaines, comme la grippe, la pneumonie ou même Ebola.
La densité fait peser d'autres menaces à l'intérieur même du sanctuaire. Les interactions entre ces familles se sont fortement accrues et peuvent déclencher des combats, au cours desquels les bébés courent de grands risques.
Le Fonds, qui s'inquiétait de voir la croissance de la population ralentir, a mené il y a dix ans une étude sur une zone spécifique du parc: elle a notamment conclu à une multiplication par 5 du nombre d'"infanticides".
"Les infanticides sont un grand problème car ils ont un immense impact à la baisse sur la progression de la population", déplore Felix Ndagijimana.
- 4.000 familles -
Ce problème de densité est aujourd'hui bien plus prégnant au Rwanda, où en raison de la pression démographique la surface du parc a été grignotée de moitié au XXe siècle.
Une seule famille de gorilles vit dans la partie ougandaise des Virunga, et le parc est "immense" côté congolais, note Benjamin Mugabukomeye, du Programme international de protection des gorilles, une organisation régionale.
Le Rwanda a décidé d'étendre de 23% la surface de son parc d'ici cinq à dix ans. Un projet ambitieux, qui doit démarrer en 2022 et nécessitera de restaurer la forêt mais aussi de déplacer 4.000 familles d'agriculteurs.
"C'est un processus que nous menons de manière très très prudente", insiste Prosper Uwingeli, le directeur du parc, soulignant que des études de faisabilité sont en cours ainsi qu'une cartographie précise des familles concernées.
Kigali prévoit des indemnisations mais aussi la construction de "villages modèles", dont un prototype est sorti de terre à Musanze. Outre une immense école et une usine d'oeufs, des immeubles de briques y abritent des appartements impeccables, mobilier inclus.
Dans ce pays où le régime est salué pour ses projets de développement mais aussi critiqué pour son autoritarisme, les responsables affirment que l'extension est une "responsabilité" envers les singes et une "opportunité" pour les humains.
Mais au bord du parc, à quelques jets de pierre de l'énorme gorille, un paysan bêchant sa terre noire se montre inquiet.
Les gorilles "ne sont pas un problème", balaye ce producteur de pommes de terre.
Mais "cet endroit est très fertile, il m'a permis de nourrir ma famille", ajoute-t-il. "Là où ils veulent nous relocaliser, le sol n'est pas aussi fertile. Donc l'argent qu'ils nous donneront doit être significatif pour notre subsistance."
<https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/trop-de-gorilles-au-rwanda-les-grands-singes-a-l-etroit_2164885.html>
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8- Les tortues marines de retour sur les plages de Thaïlande depuis la pandémie, AFP, 23/12/21, 07:00
Sophie Deviller et Pitcha Dangprasith
Elle a creusé son nid sur une plage déserte du sud de la Thaïlande, pondu une centaine d'œufs blanchâtres avant de les recouvrir de sable et de replonger dans les eaux de la mer d'Andaman.
Les tortues marines sont plus nombreuses à nicher dans le royaume depuis la pandémie et, alors que la saison de nidification démarre, les scientifiques luttent pour préserver ces espèces menacées d’extinction.
La tortue verte, repérée sur l'îlot de Koh Maiton près de Phuket (sud), ne reviendra pas voir ses œufs. Ils vont éclore dans environ deux mois et les bébés glisseront vers la mer, guidés par le clair de lune. Leurs chances de survie sont très faibles : de l'ordre d'un œuf éclos sur 1.000 devient une tortue adulte.
Luth, verte, imbriquée, olivâtre, caouanne : cinq espèces vivent dans les eaux chaudes qui baignent la Thaïlande.
"Leur nidification s'est améliorée ces deux dernières années grâce à l'absence des touristes, de pollution sonore et lumineuse", raconte à l'AFP Kongkiat Kittiwatanawong, directeur du Centre de biologie marine de Phuket.
La station balnéaire accueillait des millions de visiteurs avant la crise, entraînant de fortes nuisances comme le bétonnage des côtes ou la surabondance des hors-bords.
Puis, pendant des mois, tout s'est arrêté, permettant à la nature de reprendre ses droits ici et là.
Entre octobre 2020 et février 2021, 18 nids de tortues luths, la plus grande espèce de tortues marines, 400 kilos à l'âge adulte, ont été trouvés à Phuket. "On n'en avait jamais vu un tel nombre depuis 20 ans", s'enthousiasme Kongkiat Kittiwatanawong.
Un nid de tortue olivâtre a également été repéré, le premier depuis 20 ans.
En Inde, aux Philippines, aux États-Unis, un phénomène similaire est observé.
- Pas d'impact à long terme -
Mais, alors que la Thaïlande commence à rouvrir timidement ses portes au tourisme, les scientifiques tempèrent leur optimisme.
"La pandémie peut offrir aux tortues marines une pause salutaire", relève Thon Thamrongnawasawat de l'université Kasetsart de Bangkok.
Mais, ces animaux ont une grande longévité, jusqu'à 100 ans pour certaines espèces. "Sans politique efficace pour les protéger, on ne s'attend pas à ce que la crise du Covid ait un réel impact à long terme".
En Thaïlande, comme dans de nombreux pays, leur avenir est menacé par le réchauffement climatique qui nuit aux récifs coralliens et impacte la répartition des sexes: plus le nid est chaud, plus il verra éclore des femelles, ce qui risque de bouleverser l'équilibre des populations.
Les déchets marins restent la première cause de maladies et de décès.
"Dans 56% des cas, les tortues qu'on nous amène en ont ingurgité ou se sont retrouvées piégées dedans", explique Dr Patcharaporn Kaewong du Centre de biologie marine de Phuket.
Dans le centre, 58 sont actuellement soignées. Certaines doivent être opérées, d'autres amputées et équipées de prothèse avant d'être relâchées dans la mer.
- Législation sévère -
Scientifiques et autorités locales sont en ordre de marche pour la saison de nidification qui court jusqu'en février.
Dès qu'un nid est repéré, des agents interviennent. Si la tortue a pondu trop près de l'eau, mettant en péril les oeufs, ils le déplacent dans un endroit sûr.
Sinon, les nids sont sécurisés par des clôtures de bambou et des patrouilles sont organisées.
"Après l'éclosion, nous prenons soin des tortues faibles jusqu'à ce qu'elles soient assez fortes pour aller à la mer", explique Patcharaporn Kaewong. L'équipe installe aussi des caméras à proximité des nids pour éduquer les locaux.
La consommation des œufs était une pratique courante à Phuket il y a encore quelques décennies.
Le ramassage est interdit depuis 1982 et le royaume n'a cessé de durcir la législation. Posséder illégalement ou vendre des oeufs de tortues luth est désormais passible de trois à quinze ans de prison et d'une amende de 10 à 50.000 dollars.
Des ONG récompensent aussi financièrement les locaux qui signalent un nid.
Système satellite, puce électronique : les spécialistes de la conservation s'appuient sur de nouvelles technologies pour observer ces animaux.
"Grâce au traçage, on a observé qu'elles pouvaient migrer beaucoup plus loin qu'on ne le pensait", explique Kongkiat Kittiwatanawong. Jusqu'au nord de l'Australie, à des milliers de kilomètres de Phuket.
<https://www.geo.fr/environnement/les-tortues-marines-de-retour-sur-les-plages-de-thailande-depuis-la-pandemie-207608>
Sur le même sujet :
> Maya Bay en Thaïlande rouvre ses plages : bonne ou mauvaise nouvelle ? <https://www.etourisme.info/maya-bay-en-thailande-rouvre-ses-plages-bonne-ou-mauvaise-nouvelle/>, etourisme, 07/01/21
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9- Le chardonneret, victime d’un trafic de haut vol, Le Monde, 24/12/21, 05h06
Angela Bolis (Marseille, envoyée spéciale)
Cet oiseau, prisé pour sa beauté et son chant mélodieux, est victime d’un trafic qui traverse les frontières, de la Méditerranée à la Belgique.
Dans une cage minuscule, au fond du marché aux puces de Marseille, un petit oiseau s’affole. Masque rouge autour du bec, éclat jaune aux ailes, quelques touches de noir et de blanc : c’est un chardonneret élégant. Un client s’en approche, le vendeur surgit et, en quelques secondes, l’homme repart dans le tumulte du grand bazar, son butin enfoui dans un sac plastique. Quelques pas plus loin, entre l’allée des viandes et celle des épices, ce sont deux hommes qui palabrent, accroupis devant une cage où s’entassent cette fois cinq ou six oiseaux de la même espèce. « Il y a quelques années, les chardonnerets étaient vendus en pleine rue, maintenant, ils les cachent… On gagne du terrain, ils ont au moins compris que c’était illégal », note Jean-Yves Bichaton, chef du service départemental de l’Office français de la biodiversité (OFB), qui s’efforce de démanteler le trafic de cet oiseau protégé.
Des deux côtés de la Méditerranée, dans le sud de la France et plus encore au Maghreb, le chardonneret se meurt d’être tant adoré. Sa capture à l’état sauvage a pris une telle ampleur qu’elle menace l’espèce, déjà fragilisée. La passion pour cet oiseau est ancienne – en Afrique du Nord, on trouve trace de son usage domestique dès le VIIIe siècle. Il porterait chance au foyer. Sa beauté, délicate, a charmé plus d’un peintre. Et, pour une fois, son ramage se rapporte à son plumage : son chant est vif, virevoltant, varié… Si bien que certains capturent des oiseaux pour les « écoler » (les entraîner), les enfermant plusieurs mois avec un oiseau maître chanteur ou des enregistrements sonores, afin qu’ils apprennent à imiter leurs vocalises à la note près. Les plus virtuoses prennent une grande valeur, qui peut dépasser les 500 euros.
« Savoir comment c’est organisé »
Mais le plus souvent, son commerce est moins juteux. En France, les spécimens tout juste capturés seraient vendus entre 20 et 50 euros, puis revendus jusqu’à 80 à 100 euros au marché aux puces de Marseille, épicentre de ce trafic. Leurs prédateurs : « Ça va du passionné qui fait ça par tradition familiale, sans y voir le mal, à des trafiquants polyvalents, qui s’en servent comme ressource d’appoint », expose Jean-Yves Bichaton. Si la peine encourue est de trois ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende, les condamnations sont, de fait, bien plus faibles. Et le trafic, dit-on, est plus rentable que le cannabis. Pas besoin d’investir ni d’aller loin pour s’en procurer : l’oiseau est commun sur les terrains vagues et les friches des zones urbaines, sur toute la côte méditerranéenne. Dans les quartiers nord de Marseille, par exemple.
> Lire Le chardonneret, un oiseau à 10 euros le gramme
On y retrouve M. Bichaton, en repérage. « On nous a signalé un terrain où il y aurait des captures assez intensives depuis quelque temps », annonce-t-il. Sur la route, des squats, des vendeurs de cigarettes à la sauvette, un immeuble en ruine, une voiture brûlée… Et, enfin, passé un chemin de fer, une sorte de no man’s land. « On y est, montre l’agent de l’OFB en longeant un vaste terrain embroussaillé, derrière un grillage. Là, il faut être discret, on peut vite se faire repérer. » Nul braconnier ce jour-ci, les inspecteurs de l’environnement repasseront. « On surveille, on peut intervenir sur un flagrant délit avec la police, mais on cherche surtout à savoir comment c’est organisé, qui fait quoi, et quelle est l’ampleur du trafic », explique-t-il.
Entre octobre et décembre, les chardonnerets, poussés par le froid, migrent vers le sud en vols denses. « On en a vu attraper jusqu’à soixante oiseaux en une matinée, relève Jean-Yves Bichaton. Parmi eux, 90 % meurent dans les mois qui suivent. Ils ne se remettent pas du traumatisme de la capture. » Dans les bureaux de l’OFB des Bouches-du-Rhône, le matériel saisi donne une idée des méthodes employées. Une petite cage bricolée, où un oiseau, l’« appelant », attire ses congénères en chantant ; des brindilles couvertes de glu ; ou encore la cage à trébuchet, avec son couvercle qui se referme d’un coup sec sur l’animal piégé. Au printemps, certains se contentent de voler les œufs et les oisillons dans les nids.
Globalement, le trafic semble artisanal, et la plupart des dossiers se résument à une poignée d’oiseaux mal en point… « Est-ce que ces braconniers ont un réseau organisé entre eux ? Les enquêtes n’ont pas encore permis de le démontrer », note Michel Sastre, premier vice-procureur de Marseille. Les chardonnerets ne sont pas non plus la priorité d’une justice surchargée… « Même s’il y a une sensibilité qui monte sur l’environnement », assure le magistrat.
Volatile classé « vulnérable »
Signe d’une biodiversité qui s’érode, le chardonneret élégant est menacé, et pas seulement par les braconniers. Classé vulnérable sur la liste rouge des oiseaux de France, il a subi, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), une réduction de près de 40 % de ses effectifs en dix ans. En cause, l’intensification de l’agriculture et le recul des prairies. « La réforme de la PAC de 2015 a fortement réduit les chaumes et les sols “nus” en hiver, où restaient des grains et des plantes adventices qui fournissaient une ressource alimentaire à ces oiseaux granivores », précise Frédéric Jiguet, professeur au Muséum national d’histoire naturelle. Le braconnage, « avec probablement des milliers d’oiseaux capturés chaque année » selon l’UICN, est une cause de mortalité additionnelle, dont l’ampleur n’est pas précisément évaluée en France.
> Lire aussi La population des oiseaux des villes et des champs en France a décliné de près de 30 % en trente ans
Au Maghreb par contre, ses effets sont très nets. Selon une étude publiée en 2017 dans Scientific Reports, le « braconnage industriel » du chardonneret a commencé au début des années 1990. Entre 1990 et 2016, son aire de répartition s’est réduite de 57 %, et il a quasiment disparu de Tunisie et d’Algérie. Cette pénurie a conduit, selon l’étude, « à l’augmentation de sa valeur économique et à la mise en place d’un réseau d’échanges internationaux dans l’ouest du Maghreb », le Maroc approvisionnant massivement ses voisins.
Quinze millions de chardonnerets seraient ainsi détenus dans les foyers marocains, algériens et tunisiens, provenant presque exclusivement de captures à l’état sauvage. « C’est très paradoxal, la population sait que le chardonneret a quasiment disparu de son milieu naturel et que son commerce est interdit, mais, malgré tout, la demande de spécimens sauvages reste très importante », commente Sadek Atoussi, chercheur en écologie à l’université du 8-Mai-1945, à Guelma, en Algérie.
La Belgique, plaque tournante notoire
Le trafic ne faiblit pas, et traverse les frontières. Des chardonnerets d’Afrique du Nord sont emportés en France, voyageant en ferry dans de petites boîtes cachées au fond de la voiture. Certains passent aussi par l’Espagne. « Malgré la pénurie au Maghreb, on continue à saisir des oiseaux à l’import… Mais ce qui est nouveau, c’est qu’on commence à voir aussi l’inverse, des chardonnerets qui passent de la France au Maghreb », relate Fabrice Gayet, référent des douanes pour la faune et flore.
> Lire aussi Contre le braconnage, les défenseurs de l’environnement se lancent dans l’espionnage
Parvenus dans les ports du sud de la France, certains spécimens poursuivent leur route vers le nord. A Paris, le marché aux oiseaux, qui ouvrait les dimanches sur l’île de la Cité, a été fermé par la Mairie en février, officiellement pour mettre fin à ces trafics illégaux. Qu’à cela ne tienne : la Belgique est aussi une plaque tournante notoire. On y retrouve des chardonnerets importés, du Maghreb donc, et de France ; d’autres exportés vers la Hollande, l’Italie… Sans compter ceux qui sont capturés et revendus localement.
En Belgique comme dans le nord de la France, cet attachement est aussi culturel. « Avant, les mineurs descendaient au fond des mines avec des canaris pour prévenir du coup de grisou, car ces oiseaux sont très sensibles au gaz. Le rapport à l’oiseau est resté très ancré, avec des concours de chant, de beauté, des croisements entre canaris et chardonnerets… », raconte Jean-Michel Vasseur, chef adjoint du service de l’OFB du Nord, qui compte une dizaine de procédures complètes par an. Des chasseurs et pêcheurs surtout, qui braconnent à la tenderie – un filet tendu à la verticale –, piégeant des chardonnerets mais aussi des tarins des aulnes, des sizerins flammés, des bouvreuils, des pinsons, des verdiers…
Concernant le commerce de ces oiseaux, la Belgique a l’avantage d’être plus souple que la France, où seuls de rares éleveurs capacitaires sont autorisés à détenir des chardonnerets d’apparence sauvage, issus de l’élevage – les chardonnerets croisés pour obtenir certains coloris sont, eux, considérés comme domestiques. En Belgique, il suffit au contraire que l’oiseau soit bagué pour autoriser sa détention. « Plus de 90 % des éleveurs détiennent des oiseaux capturés illégalement, auxquels ils posent une fausse bague pour les “légaliser”, ce qui leur permet de doubler ou de tripler leur prix », explique Fabien Molenberg, garde pour l’unité antibraconnage de la région wallonne. L’officier croule sous les dossiers, dont certains mettent au jour un trafic plus structuré : « Il y a ceux qui capturent, ceux qui recèlent, ceux qui ont le réseau pour écouler les oiseaux… Certaines bandes sont organisées en associations de malfaiteurs, comme des trafiquants de drogue. »
> Lire aussi Les chants des oiseaux en voie de disparaître de nos paysages sonores
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/24/le-chardonneret-victime-d-un-trafic-de-haut-vol_6107183_3244.html>
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10- Ile de la Gorgone : des serpents, des bagnards et des baleines, AFP, 24/12/21, 09:00
La Colombie possède deux îles dans le Pacifique : l'îlot rocheux de Malpelo, paradis pour l'observation des requins, et l'île de la Gorgone, réputée pour son bagne infâme dans les années 60 que les Colombiens redécouvrent aujourd'hui comme un paradis naturel.
La Gorgone offre un panorama de montagnes couvertes d'une épaisse jungle tropicale tombant à flancs de roches dans les eaux sombres du Pacifique. Les pluies sont quotidiennes, l'eau douce est abondante, et l'humidité sature l'air ambiant, avec une température moyenne de 25 à 30°.
C'est en fait un chapelet de deux îles, la Gorgone et la Gorgonilla : la plus grande fait 8 km de long pour 2,5 de large, avec quelques plages de graviers noirs, la seconde est un îlot d'environ 1 km du nord au sud, cernée de récifs.
- Conquistadors -
On trouve sur la Gorgone des traces de présence pré-colombienne, poteries et pierres sculptées notamment. Les conquistadors espagnols débarquent sur l'île principale en 1526, qu'ils baptisent d'abord San Felipe. Fuyant les attaques des indigènes sur la côte et à la recherche d'eau potable, Francisco Pizarro y accoste un an plus tard. En quelques mois, Pizarro perdra 87 hommes sur 770, tués par des morsures de serpents venimeux. Il décide de la rebaptiser la Gorgone, en référence à la Méduse mortelle à chevelure de serpents de la mythologie grecque.
L'île fut longtemps le refuge des forbans. Le "libertador" Simon Bolivar en fait don au XIXe siècle à un de ses sergent-chef, d'origine britannique, pour services rendus. Elle reste la propriété privée de deux familles, qui y exploitent notamment la noix de coco, jusque dans les années 1960, quand l'Etat colombien se l'approprie pour y construire une prison de "haute sécurité".
Les plus dangereux criminels du pays, mais aussi de nombreux prisonniers politiques, sont relégués dans ce bagne sordide, où ils sont livrés aux sévices des gardiens et aux pires châtiments.
- Lézard bleu -
La prison sera fermée en 1984 et la Gorgone devient un parc national la même année. Car à côté des serpents qui pullulent sur l'île, et qui ont fait sa réputation, elle est un paradis naturel, avec un écosystème marin exceptionnel.
Le parc s'étend sur près de 62.000 hectares, dont 60.000 d'aire maritime protégée.
De juin à novembre, les baleines à bosse s'ébattent parfois à peine à quelques dizaines de mètres du rivage. Les cétacés viennent s'y reproduire, donner bas et guider les baleineaux dans des eaux relativement protégées, la pêche et la grande navigation y sont en théorie interdites dans un périmètre de 12 km.
La faune marine abondante et multicolore prolifère sur de vastes champs de récifs coralliens : tortues marines, thons, barracudas, requins marteaux, dauphins, carrangues, raies, mérous, murènes...
"La Gorgone possède deux éco-systèmes", résume le directeur du parc, Santiago Felipe Duarte Gomez : "la jungle tropicale humide, dont il reste encore beaucoup de choses à étudier, et son exceptionnel éco-système marin, avec les récifs coralliens les mieux conservés du Pacifique oriental colombien".
- Eco-tourisme -
La Gorgone ce sont 500 différentes plantes terrestres -dont de nombreuses orchidées- 380 espèces de poissons, 19 de requins, 41 de reptiles (dont 18 serpents), 167 espèces d'oiseaux (fous bruns, pélicans et frégates), une quinzaine de mammifères (dont des paresseux et des singes capucins), 14 types de chauve-souris, et l'anole bleu (Anolis gorgone), un lézard endémique entièrement bleu et unique au monde...
Parmi les serpents, la vipère fer de lance, le serpent corail et le serpent marin (il n'existe pas d'antidote contre son venin) sont les plus dangereux. Mais la fréquentation de l'île, limitée à quelques sentiers balisés et uniquement de jour, permet aujourd'hui de prévenir les accidents.
"La biodiversité est merveilleuse ici", se félicite M. Duarte. Raison sans doute pour laquelle, de la soixantaine de parcs et zones naturelles protégées en Colombie, la Gorgone est le parc le plus étudié par les scientifiques.
La prison, progressivement dévorée par la jungle avec les années, draine toujours quelques visiteurs. Mais ce sont les baleines et les fonds marins qui attirent désormais les amateurs d'éco-tourisme.
<https://www.geo.fr/environnement/lile-de-la-gorgone-en-colombie-des-serpents-des-bagnards-et-des-baleines-207618>
Sur le même sujet :
> La Gorgone, menaces sur "l'île magique" du Pacifique colombien, AFP, 03/01/22, 20:00
Hervé Bar
Paradis méconnu de biodiversité préservée, l'île de la Gorgone, rocher volcanique couvert de jungle tropicale au large des côtes sud-ouest de la Colombie est elle aussi, malgré les efforts, menacée par la pollution planétaire et l'activité humaine.
"C'est dans l'imaginaire colombien l'un des parcs les plus lointains, les plus inaccessibles", observe Santiago Felipe Duarte Gomez, directeur du Parc national naturel de la Gorgone, l'une des soixante aires protégées du pays.
La faute sans doute à la singulière histoire de l'île qui abrita dans les années soixante un bagne infâme où les pires criminels du pays et les prisonniers politiques étaient livrés aux sévices de leurs gardiens.
Si l'ancienne prison (fermée en 1984), déjà presque engloutie par la végétation luxuriante, "attire toujours les visiteurs", son intérêt, essentiellement historique, est bien moindre que "l'exceptionnelle biodiversité de ce paradis naturel", souligne M. Duarte Gomez.
Conséquence des pluies quasi-quotidiennes, l'eau douce coule de partout, donnant à l'île verdoyante des allures de jardin d’Eden.
Observation des baleines qui s'ébattent à quelques dizaines de mètres du rivage, plongée au milieu des poissons sur des récifs coralliens enchanteurs, et promenades le long de sentiers balisés dans la forêt font la joie d'une poignée de touristes (environ 3.000 par an) venus trouver ici "calme et sérénité" sous les cocotiers géants de la plage de graviers noirs.
Une "île magique", assure Juan Fernando Agredo Lara, manager de l'unique hébergement touristique. "Le tourisme ne doit pas dévorer la Gorgone. L'occupation maximum n'a jamais été atteinte, et c'est heureux", plaide-t-il.
La fréquentation de la jungle est limitée à quelques sentiers balisés, de jour uniquement, pour y prévenir les accidents avec les très nombreux serpents qui ont fait la mauvaise réputation de l'île et lui ont donné son nom.
- "L'île science" -
La Gorgone fait partie du corridor marin du Pacifique oriental (CMAR), composé des célèbres Galapagos (Equateur), de Malpelo (Colombie), Coiba (Panama) et Cocos (Costa Rica).
Comme "connectées", ces îles protégées servent de couloir de migration à la faune marine, tels requins marteau ou tortues marines, ainsi qu'aux oiseaux.
"Nous sommes dans un sanctuaire d'une beauté merveilleuse. Peu de gens imaginent la richesse des eaux de la Gorgone", souligne M. Duarte. "Les baleines apprennent à chanter ici. Les écouter sous l'eau est un enchantement", s'émeut-il.
Par conséquent, d'innombrables missions scientifiques ont été menées sur l'île, parfois surnommée "l'île science", notamment pour étudier un lézard endémique entièrement bleu et unique au monde (Anolis gorgone).
Mais comme tous les sanctuaires naturels de la planète, l'île fait inévitablement face à diverses menaces.
Celles de "l'érosion côtière de certaines plages, les interrogations sur le réchauffement de l'eau en surface, et la hausse du niveau des océans", énumère un biologiste du parc, Christian Diaz.
Et si elle ne se voit pas au premier abord, la pollution est bien là. "Ici comme ailleurs, la contamination aux micro-plastiques est réelle, même si la qualité de l'eau est très bonne", constate-t-il.
"Et puis il y a les poubelles", soupire le biologiste. Charriés par les courants, venus des côtes, de pays plus lointains ou jetés par les gros bateaux au large, des détritus en tout genre s'amoncellent sur les plages du sud de l'île les plus exposés à la houle.
Au milieu des bernard-l’hermite gisent pèle-mêle sur le sable gris des sandales rongées par le sel, des rasoirs jetable et d'innombrables bouteilles en plastique.
"C'est une problématique planétaire", se navre M. Diaz, fataliste. "Le parc organise régulièrement des collectes. On peut tout nettoyer un jour, mais le lendemain il faut recommencer..."
Un autre sujet inquiète mais dont on parle moins volontiers : celui des projets de l'armée colombienne de construction d'un ponton et d'un radar.
Située sur un corridor du narcotrafic vers le nord, "on entend parfois au large la nuit les moteurs surpuissants des hors-bords des trafiquants", confie un employé.
"Le radar fait de nous une cible. Il y aura aussi des baraquements, car plus d'hommes. Nous risquons de devenir un objectif militaire", pour les narcos notamment, s'inquiète l'un des résidents.
"Il y aura un impact. Nous espérons qu'il sera minimal", lâche le directeur du parc. Il souhaite "simplement que la Gorgone reste ce lieu si spécial où l'on vient se ressourcer spirituellement".
<https://information.tv5monde.com/info/la-gorgone-menaces-sur-l-ile-magique-du-pacifique-colombien-438870>
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11- Quatre loups au comportement inhabituel abattus dans un zoo du Tarn, Le Monde avec AFP, 24/12/21, 18h39
Neuf loups se sont échappés de leur enclos dimanche alors que ce parc animalier, situé à environ 35 kilomètres d’Albi, était ouvert. Ce « problème de sécurité » a justifié la fermeture du zoo jusqu’à la mi-janvier.
Un parc animalier du Tarn a été fermé jusqu’à la mi-janvier après que neuf loups se sont échappés de leur enclos. Quatre ont été abattus et cinq autres anesthésiés, a-t-on appris, vendredi 24 décembre, auprès de la préfecture et du zoo.
« Il y a eu un incident avec une meute de loups qui ne s’est pas comportée de manière normale », dimanche au zoo des Trois Vallées à Montredon-Labessonnié, a déclaré le secrétaire général de la préfecture du Tarn, Fabien Chollet. « Le propriétaire a dû faire abattre quatre loups et a fait appel aux services de l’Etat pour anesthésier les cinq autres », a-t-il précisé.
L’incident s’est produit alors que ce parc animalier, situé à environ 35 kilomètres d’Albi, était ouvert. « Il n’y avait pas grand monde dans le zoo et à aucun moment le public n’a été mis en danger immédiat », a assuré M. Chollet, ajoutant que ce « problème de sécurité » a toutefois justifié la fermeture du zoo, effective depuis jeudi et « jusqu’à ce que les conditions de sécurité redeviennent normales ».
Les visiteurs n’ont pas été menacés
Le propriétaire du parc, Sauveur Ferrara, a précisé que les loups, « qui venaient d’arriver », se sont échappés de leur enclos, « après avoir détruit les trappes de sécurité », et ont pénétré dans des parcs adjacents, mais n’ont pas quitté l’enceinte du zoo.
« Neuf loups (…) sont sortis de leur enclos de nuit où ils étaient enfermés pour observation, avant que nous décidions de les lâcher dans leur vaste parc de jour », a-t-il déclaré dans un communiqué. « Ils ont alors accédé à ce parc de jour, ainsi qu’à deux autres parcs contigus (…) conçus pour accueillir par le passé d’autres meutes de loups (…). Ils n’ont donc jamais quitté cet ensemble d’enclos », a affirmé M. Ferrara.
Il a ajouté que face au « comportement anormal et dangereux de certains d’entre eux (…), quatre loups ont hélas dû être abattus par le personnel du parc ». Soulignant qu’« à aucun moment » les loups « n’ont été en contact ou n’ont représenté une menace pour les visiteurs et pour les agents du parc », il a précisé qu’il avait été procédé à « l’évacuation immédiate du public ».
Déjà frappé d’une mesure de fermeture en 2020
Alors que le site Web des Trois Vallées affichait vendredi le message « En raison de travaux urgents, le zoo est fermé du 23 décembre à mi-janvier 2022 », le directeur a promis une « réouverture dans les meilleures conditions ».
Ce parc animalier, qui accueille sur 60 hectares quelque 600 animaux de 70 espèces, dont des grands félins, avait déjà été frappé le 22 octobre 2020 d’une mesure de fermeture administrative, sur ordre ministériel, en raison de « manquements majeurs » mettant en danger la sécurité des animaux, du personnel et des visiteurs.
Mais l’arrêté préfectoral avait été suspendu le 2 novembre suivant par le tribunal administratif de Toulouse, « en raison de l’atteinte grave et manifestement illégale portée au droit de propriété, à la liberté d’entreprendre et à la liberté du commerce et de l’industrie », faute de mise en demeure préalable, selon un communiqué du tribunal. Le propriétaire avait alors dénoncé un « acharnement » des autorités à son encontre.
> Lire aussi La population de loups gris progresse en France, mais à un rythme plus lent
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/24/quatre-loups-au-comportement-inhabituel-abattus-dans-un-zoo-du-tarn_6107250_3244.html>
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12- Sur l’île de La Palma, fin de l’éruption du volcan Cumbre Vieja, Le Monde avec AFP, 25/12/21, 16h34
Cet arrêt a été pressenti plusieurs fois ces trois derniers mois, avant que l’éruption reprenne quelques jours plus tard, au grand désarroi des habitants de cette île des Canaries.
Après un peu plus de trois mois d’activité, le volcan Cumbre Vieja entre en léthargie : l’éruption sur l’île espagnole de La Palma a officiellement pris fin. « Aujourd’hui le comité scientifique peut le dire [que] l’éruption est terminée », a annoncé Julio Pérez, le directeur du plan d’urgence volcanique des Canaries, lors d’une conférence de presse samedi 25 décembre.
« Il n’y a pas de lave, pas d’émission de gaz significative, pas de secousses sismiques significatives », a énuméré le responsable, rappelant que cette éruption a duré « quatre-vingt-cinq jours et dix-huit heures », depuis le 19 septembre. Il fallait dix jours consécutifs sans signe visible d’activité volcanique, délai requis selon les experts scientifiques, pour pouvoir affirmer que l’épisode était terminé, alors que la fin de l’éruption a été pressentie à plusieurs reprises ces trois derniers mois, avant de reprendre à chaque fois quelques jours plus tard, au grand désarroi des habitants de l’île.
> Lire aussi L’éruption du volcan de La Palma, aux Canaries, pourrait durer plusieurs semaines
Région dangereuse
Désormais, le Cumbre Vieja est en léthargie, ses torrents de lave sont noirs, figés, durcis, et une couche de sable noir – de la cendre – s’est déposée comme un voile sur l’endroit. Il faudra des années, voire une décennie pour nettoyer, déblayer, reconstruire et se réapproprier ce terrain défiguré.
Les experts ont d’ores et déjà mis en garde : la zone restera dangereuse pendant encore quelque temps en raison de la persistance d’émissions de gaz toxiques et du fait que la lave mettra beaucoup de temps à refroidir. Sans compter les risques d’effondrement de terrain.
L’activité volcanique est inscrite dans l’histoire de La Palma, qui, comme les six autres îles de l’archipel des Canaries – situé dans l’océan Atlantique, au large des côtes nord-ouest de l’Afrique – est d’origine volcanique. Il s’agissait toutefois de l’éruption la plus longue que l’île ait connue : débutée le 19 septembre, c’était la première depuis cinquante ans, après celles du volcan San Juan en 1949 et du Teneguia en 1971.
Malgré sa durée et les images impressionnantes des coulées de lave en fusion, elle n’a fait aucun mort, mais a provoqué d’énormes dégâts : plus de 7 000 personnes ont été évacuées, parmi lesquelles environ 600 vivent encore dans des hôtels, et près de 3 000 bâtiments ont été détruits.
> Lire aussi Aux Canaries, la longue éruption du volcan Cumbre Vieja oblige à confiner 33 000 habitants
Dégâts estimés à 900 millions d’euros
La lave a recouvert 1 250 hectares de la superficie de l’île et l’a même… agrandie : les coulées qui ont atteint la mer se sont solidifiées et ont donné naissance à deux péninsules, ajoutant à la superficie de l’île 44 hectares pour l’une et 5 hectares pour l’autre, selon les dernières données fournies par les autorités locales. Au plus fort de l’épisode, le volcan a craché des milliers de litres de lave, produisant des coulées bouillonnantes et fluorescentes qui descendaient le long de la montagne, le tout dans un vrombissement constant.
Les 83 000 habitants de La Palma n’oublieront ni les secousses sismiques, ni les pluies de cendres, ni les gaz toxiques ou la fumée s’échappant du cône du volcan qui les obligeaient à se calfeutrer parfois pendant plusieurs jours. Il a fallu évacuer à la hâte les domiciles, et parfois revenir chercher quelques jours plus tard les animaux et les effets personnels. Villas ou bâtiments engloutis, routes disparaissant sous les coulées de lave et spectaculaires jets d’eau salée lorsque la lave est entrée dans la mer : l’activité du volcan a rythmé les journaux télévisés espagnols des semaines entières.
Les dommages pourraient dépasser les 900 millions d’euros, selon les autorités locales. Le gouvernement espagnol, dont le chef, Pedro Sanchez, s’est rendu à de multiples reprises sur place, a promis 225 millions d’euros d’aides destinées notamment à construire des logements et à acheter des biens de première nécessité, ainsi qu’à des subventions directes aux agriculteurs et aux pêcheurs. Madrid a également sollicité la Commission européenne pour qu’elle active le fonds de solidarité de l’Union européenne.
> Lire aussi Aux Canaries, trois mois après l’éruption du volcan Cumbre Vieja
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/25/canaries-fin-de-l-eruption-du-volcan-cumbre-vieja_6107293_3244.html>
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13- Edward O. Wilson, scientifique américain spécialiste des fourmis et père fondateur de la sociobiologie, est mort, Le Monde avec AP et AFP, 27/12/21, 17h01
Le biologiste avait aussi participé à l’invention de la notion de biodiversité, qu’il a fait entrer dans le langage commun. Il avait 92 ans.
Il était surnommé « l’héritier de Darwin ». Le grand scientifique américain Edward Osborne Wilson, expert de renommée internationale sur les fourmis, est mort à l’âge 92 ans, a annoncé la fondation qui porte son nom, lundi 27 décembre.
Le scientifique, qui est mort dimanche dans le Massachusetts, « a consacré sa vie à étudier le monde naturel et à inspirer les autres à en prendre soin comme il l’a fait », a souligné la fondation. E. O. Wilson, qui a longtemps enseigné à l’université de Harvard, a écrit des dizaines de livres dont deux lui ont valu le prix Pulitzer de l’essai : le premier, en 1978, pour L’Humaine Nature, le second, en 1990, pour Les Fourmis.
Celui qui est considéré comme le père fondateur de la sociobiologie a aussi participé à l’invention de la notion de « biodiversité », qu’il a fait entrer dans le langage commun. Il a ainsi défendu l’importance de préserver la diversité des espèces et des écosystèmes. En 2007, il s’était joint à plus de deux douzaines d’autres leaders religieux et scientifiques pour signer une déclaration appelant à des changements urgents de valeurs, de modes de vie et de politiques publiques afin d’éviter un changement climatique désastreux.
> Lire aussi « Découvrir une nouvelle espèce reste quelque chose d’absolument spécial » : inventorier animaux et végétaux, une tâche colossale
Très critiqué pour l’une de ses théories
Le magazine Time l’avait décrit comme ayant eu « l’une des grandes carrières de la science du XXe siècle » en soulignant son travail de cartographie du comportement social des fourmis, à travers lequel il a montré que leurs colonies communiquaient via un système de phéromones.
Les théories de Wilson en matière de sociobiologie ont transformé le domaine de la biologie et relancé le débat entre nature et éducation parmi les scientifiques. Il avait déclenché une vague de critiques après avoir suggéré, dans l’un de ses livres, que les comportements des humains résultaient en partie de principes inscrits dans leurs gènes. Ses détracteurs ont fait valoir qu’une telle théorie confortait l’injustice sociale, notamment la discrimination à l’égard des femmes, en affirmant que l’inégalité était inscrite dans les gènes humains.
L’entomologiste n’en reste pas moins très respecté. Le scientifique Steven Pinker a déploré, lundi, la mort d’un « grand scientifique ». « Nous étions en désaccord sur certaines choses, mais cela n’a pas affecté sa générosité et le fait qu’il soit disposé à discuter », a-t-il tweeté.
<https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/12/27/edward-o-wilson-scientifique-americain-specialiste-des-fourmis-et-pere-fondateur-de-la-sociobiologie-est-mort_6107424_1650684.html>
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14- Factuel. Les salons de chiens et chats, angle mort de la loi sur la maltraitance animale, Le Monde, 29/12/21, 01h04
Julie Bienvenu (Marseille, envoyée spéciale)
Alors qu’une toute récente loi interdira la vente de chiens et de chats dans les animaleries à partir du 1er janvier 2024, la question de l’achat d’impulsion (et du potentiel abandon) continue de se poser lors des salons animaliers, qui se tiennent presque tous les week-ends en France.
Le brouhaha qui monte de la fosse de la salle de concert du Dôme, à Marseille, ce samedi 20 novembre, n’est pas celui des spectateurs impatients de voir leur idole mais celui des jappements de 469 toutous de toutes races venus des quatre coins de la France. « J’ai craqué en le voyant, il s’appelle Soprano, comme le chanteur ! » Ce n’est pas le célèbre Marseillais que sa nouvelle maîtresse présente ainsi avec fierté aux badauds, mais un petit coton de Tuléar venu de Bretagne. Au total, 120 chiots et chatons ont été vendus en deux jours, lors du premier Salon des animaux de compagnie et leur bien-être.
Presque tous les week-ends se tient en France un salon animalier – des petits Salons du chiot, consacrés uniquement à la vente d’animaux par des éleveurs ou des revendeurs, au Paris Animal Show qui réunit chaque année plus de cinq mille chiens, chats et nouveaux animaux de compagnie (NAC – lapins, rongeurs, oiseaux, lézards, etc.), avec exposition, concours et vente de produits pour animaux.
Ces salons ne sont pas concernés par la nouvelle loi sur la maltraitance animale, parue au Journal officiel le 1er décembre, qui prévoit l’interdiction de la vente de chiens et de chats dans les animaleries à partir du 1er janvier 2024. L’objectif affiché est de limiter les achats impulsifs afin de lutter contre l’abandon des animaux de compagnie. Chaque année en France, environ 900 000 chiots seraient vendus ou cédés, d’après une estimation du Syndicat national des professions du chien et du chat (SNPCC) – les derniers chiffres officiels datent d’il y a plus de vingt ans –, et près de 300 000 chiens et chats seraient abandonnés, selon le rapport du député Loïc Dombreval (La République en marche).
> Décryptage : Plébiscités pendant les confinements, les animaux de compagnie envahissent les refuges
« On est responsable de son animal toute sa vie, rappelle Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 millions d’amis. L’acquisition doit être un acte réfléchi, on ne peut pas prendre cette décision en se baladant entre les stands d’un salon ! » Pour bien choisir son compagnon, il faut pouvoir discuter avec la personne qui s’occupe de l’animal, revenir le voir plusieurs fois, bien connaître son caractère… Or « les vendeurs jouent sur la sensibilité des gens, les chiots sont sevrés trop jeunes, c’est attendrissant et c’est ça qui attire le chaland. »
Qui n’aurait pas craqué devant la bouille de Sariette, petit teckel à poils courts blotti dans les bras de Deva, 10 ans, ou de Sbouba, un shiba inu, âgé de 2 mois ? Mathilde et son compagnon sont, eux, repartis avec une pomsky (croisé husky et spitz nain). Ils étaient venus pour « acheter un animal de compagnie à [leur] chat ». « Quand on a vu que les chats coûtaient aussi cher que les chiens [entre 800 et 3 000 euros sur ce salon], on a préféré prendre un chien », explique la jeune femme de 25 ans, séduite aussi par la possibilité de payer en trois fois sans frais. Un achat imprévu ; la preuve, ils sont venus en scooter.
Espérance de vie d’une quinzaine d’années
La plupart des acheteurs que nous avons rencontrés avaient déjà en tête l’idée de prendre un chien, mais tous se sont décidés sur place après avoir « craqué » sur une boule de poils. Beaucoup mettent en avant leur volonté de prendre un animal jeune, sûrs qu’il s’adaptera mieux aux animaux déjà présents dans le foyer. Lucie, elle, voulait bien adopter un chien plus âgé auprès de la Société protectrice des animaux (SPA), mais « ils ont dit que j’étais trop vieille ». Son amie Geneviève estime qu’à 75 ans elle « fait une connerie » en ramenant chez elle un petit chien nommé Snack, âgé de 2 mois et dont l’espérance de vie est d’une quinzaine d’années.
Si les salons sont vecteurs d’achats impulsifs, pourquoi ne pas y interdire la vente d’animaux, comme en animalerie ? « En général, justifie Loïc Dombreval, un salon dure un ou deux jours maximum, donc les animaux sont exposés de manière beaucoup plus courte au public et pas derrière des vitrines, comme c’est le cas dans les animaleries. » « A titre personnel,ajoute-t-il, j’étais cependant favorable au fait de mettre fin aux salons, mais la majorité voulait maintenir un contact entre les futurs acquéreurs et les éleveurs, souvent de bonne qualité. »
Les salons sont toutefois concernés par l’article 1er, qui instaure un « certificat d’engagement et de connaissance des besoins spécifiques de l’espèce ». « Il est important que le propriétaire soit prêt physiquement, psychiquement et financièrement à assumer un animal pendant dix ou quinze ans », explique M. Dombreval. Mais les espèces concernées ainsi que le contenu et les modalités de délivrance du certificat sont pour l’instant inconnus. S’agira-t-il d’un simple document à signer pour le futur détenteur ou d’un vrai test de connaissances ? Réponse lors de la parution du décret, dont la date n’a pas été précisée.
Présence d’un chien adulte
Plus impactant pour les salons, la loi prévoit un délai de carence de sept jours entre la date de délivrance du certificat et la cession effective de l’animal : les acheteurs seront censés anticiper et se procurer un certificat au moins une semaine avant.
Le SNPCC était prêt à aller plus loin avec la mise en place d’« une formation obligatoire sur le comportement des animaux ». Il avait aussi suggéré de rendre obligatoire la présence lors des salons d’un chien adulte de chaque race présentée, pour que les visiteurs sachent à quoi ressemblera le chiot une fois devenu grand et éviter ainsi quelques déconvenues. A Marseille, seule une poignée d’éleveurs avaient fait ce choix.
L’éleveur n’a, en théorie, pas le droit de refuser une vente, conformément au code de la consommation, les animaux ne faisant pas exception à la règle. Mais pour Emmanuelle et Delphine Bouillet, les organisatrices du salon marseillais, « l’éleveur tient à ses animaux et il ne vendra pas un saint-bernard dans un deux-pièces. Il doit aussi refuser de vendre l’animal s’il pense que les gens ne sont pas à la hauteur ».
Certains éleveurs assurent un suivi de l’animal vendu et acceptent de le reprendre en cas de problème, quand d’autres affichent clairement leur politique et la loi : « Le consommateur ne bénéficie pas d’un droit de rétractation pour tout achat effectué sur une foire ou un salon. » Renvoyant ainsi l’animal, considéré comme un « être vivant doué de sensibilité » depuis 2015, à un statut de marchandise.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/29/les-salons-de-chiens-et-chats-angle-mort-de-la-loi-sur-la-maltraitance-animale_6107561_3244.html>
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15- Inde : 126 tigres ont péri en 2021, un chiffre record, AFP, 30/12/21, 14:00
L'autorité en charge de la protection des tigres en Inde (NTCA) a annoncé que 126 de ces félins menacés d'extinction ont péri en 2021, soit le bilan le plus élevé depuis que cet organisme a commencé à rassembler des données en la matière en 2012.
L'Inde abrite environ 75% des tigres dans le monde. On estime que 40.000 d'entre eux vivaient dans le pays au moment de son indépendance en 1947.
La population recensée était tombée à 1.411 en 2006 avant de remonter à 2.967 en 2018, avait annoncé le gouvernement il y a deux ans, une performance qualifiée d'"historique" par le Premier ministre Narendra Modi.
Cette hausse est cependant à relativiser en raison des moyens colossaux mis en oeuvre pour recenser les tigres de façon exhaustive en 2018, notamment un nombre sans précédent de caméras et un logiciel de reconnaissance des motifs des rayures.
Au cours de la décennie écoulée, la plupart des morts de tigres recensées avaient des "causes naturelles", selon la NTCA, mais beaucoup de félins ont aussi été victimes du braconnage ou de "conflits entre humains et animaux".
L'Inde, pays de 1,3 milliard d'habitants, peine à freiner la destruction de l'habitat naturel des tigres provoquée par le développement urbain et la déforestation.
Quelque 225 personnes ont été tuées dans des attaques de tigres entre 2014 et 2019, selon les chiffres du gouvernement.
Le gouvernement a toutefois fait des efforts pour mieux gérer la population de félins, en créant 50 réserves à travers le pays pour protéger leur habitat.
Kartick Satyanarayan, fondateur de Wildlife SOS ("SOS vie sauvage"), a expliqué à l'AFP que les morts dues aux "conflits entre humains et animaux" augmentent en raison de "la fragmentation de l'habitat naturel du tigre."
"Les tigres parcourent la jungle sur de longues distances, et de plus en plus il leur est impossible de passer d'une forêt à l'autre sans rencontrer de l'habitat humain, ce qui augmente les chances de conflit", a-t-il déclaré.
Les critiques soulignent aussi que le gouvernement a assoupli certaines règles de protection de l'environnement, notamment pour des projets miniers, réduisant encore l'habitat des tigres.
<https://www.geo.fr/environnement/en-inde-126-tigres-ont-peri-en-2021-bilan-le-plus-eleve-jamais-enregistre-207674>
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16- Tourterelles des bois : le Conseil d'État annule les derniers arrêtés autorisant leur chasse, Actu-environnement, 31/12/21
Laurent Radisson
Par deux décisions rendues le 30 décembre 2021, le Conseil d'État a annulé les arrêtés qui avaient autorisé la chasse à la tourterelle des bois les années précédentes. Ces deux textes avaient fixé des quotas maximaux de 18 000 et 17 460 spécimens pour les saisons 2019-2020et 2020-2021. Ils avaient été attaqués par trois associations de protection de la nature : la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Humanité et biodiversité et One Voice. L'intervention de la Fédération nationale des chasseurs dans ce contentieux n'a pas été admise car la ministre de la Transition écologique n'a pas produit de mémoire pour défendre ses arrêtés. Cette annulation n'a bien entendu pas d'effets sur les prélèvements passés, qui avaient d'ailleurs été réduits du fait d'une suspension de l'autorisation, mais elle confirme l'illégalité des arrêtés qui avaient été pris.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/tourterelle-bois-chasse-annulation-arretes-conseil-etat-38831.php4>
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17- Le jaguar retrouve peu à peu son habitat naturel en Argentine, AFP, 01/01/22, 11:00
Liliana Samuel
"Jatobazinho", un jaguar de cinq ans, a rejoint en ce début d'année son habitat naturel dans le nord-est de l'Argentine, un pas de plus dans la réintroduction de cette espèce menacée dans des régions où elle a quasiment disparue.
"Le portail lui a été ouvert", a indiqué vendredi la fondation environnementale Rewilding Argentina, porteuse du projet. Le mâle de 90 kilos - le jaguar peut atteindre jusqu'à 110 kg - se trouve désormais dans le vaste parc naturel Esteros de Ibera, une zone s'étendant sur 12.000 kilomètres dans le nord-est argentin, près du Paraguay.
Mais l'animal prendra peut-être du temps à se faire à son nouvel environnement.
"L'important c'est que lorsqu'il sort, il le fasse tranquillement, qu'il explore la zone. S'il sort stressé, il peut perdre son orientation et finir n'importe où", explique à l'AFP Sebastian di Martino, directeur de conservation de Rewilding Argentina.
"Pour être relâchés, les animaux doivent savoir chasser - nous leur fournissons des proies vivantes - et ils ne doivent pas avoir de contact humain", dans le vaste terrain "d'attente" où il vivait depuis deux ans avant d'être réintroduit dans son habitat naturel, poursuit-il.
Le jaguar se nourrit d'une large variété d'animaux : mammifères, oiseaux, reptiles et poissons.
"Si le jaguar mâle dispose de proies et d'une femelle, la logique veut qu'il reste dans la zone", ce qui est l'objectif.
Jatobazinho est le huitième jaguar à avoir été "rendu" à la vie sauvage à Corrientes. Il a été précédé de trois femelles et quatre petits.
- Excellent nageur -
Le jaguar avait été recueilli en 2018, maigre et affaibli, dans la région brésilienne du Pantanal, après avoir traversé le fleuve Paraguay - l'aniit été découvert près d'une école du nom d'un arbre local, le jatoba (courbaril).
Le jaguar, 3e plus gros félin au monde après le tigre et le lion, est une espèce autochtone d'Amérique. On estime qu'au moment de l'arrivée des Européens au XVe siècle, plus de 100.000 jaguars vivaient sur le continent, des zones semi-désertiques d'Amérique du Nord aux forêts tropicales d'Amérique du Sud.
S'il a disparu aux États-Unis, au Salvador, en Uruguay, au Chili, il existe encore quelque 173.000 jaguars dans 18 pays d'Amérique latine, estime l'organisation environnementale WWF, où il fréquente des milieux diversifiés, entre forêts humides amazoniennes, hauts-plateaux andins, savanes, mangroves...
L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) classe le jaguar comme une espèce "presque menacée" sur sa Liste rouge. La population "a décliné de 20 à 25% sur trois générations, c'est à dire en 21 ans", un chiffre "qui pourrait être une sous-estimation notoire", avance la UICN.
Ce déclin est davantage dû à la destruction de l'habitat par la déforestation qu'à la chasse.
- "Yaguareté" -
En Argentine, on estime qu'entre 200 et 250 spécimens vivent dans les jungles du nord. Mais ils avaient disparu il y a 70 ans de la province de Corrientes, où Rewilding Argentina se démène pour les réintroduire.
Mais aussi emblématique qu'il soit, le "yaguareté" de son nom d'origine guarani, a été remplacé par le puma, au pelage fauve et uniforme, en tant que symbole sportif en Argentine.
L'équipe nationale de rugby d'Argentine s'appelle ainsi "les Pumas", même si l'animal figurant sur leur blason est bel et bien un jaguar.
La méprise viendrait d'un journaliste sud-africain, qui dans ses articles, aurait confondu les deux félins, lors d'une tournée du XV d'Argentine dans les années 1960.
"C'est en quelque sorte une perte d'identité par rapport à nos espèces", analyse Di Martino, qui fait toutefois remarquer que l'équipe argentine de rugby féminin, récemment créée, s'appelle "Les Yaguaretés".
Sans oublier les "Jaguars" la franchise de rugby masculin qui a évolué dans le Super Rugby (avec des provinces néo-zélandaises, australiennes et sud-africaines).
"Nous sommes en train de récupérer à la fois l'espèce, et l'identité", se félicite l'environnementaliste.
<https://www.lepoint.fr/monde/le-jaguar-retrouve-peu-a-peu-son-habitat-naturel-en-argentine-01-01-2022-2458797_24.php>
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18- En images. En Italie, sur les traces de l’ours brun de l’Apennin, Le Monde, 01/01/22, 23h00
Guillaume Delacroix
Pendant deux ans, le photographe Carlo Lombardi a arpenté le parc national des Abruzzes, Molise et Latium, au cœur de l’Italie, à la recherche de l’animal. Mêlant ses images à des archives, il documente le combat pour la préservation d’une espèce désormais en « danger critique d’extinction ».
Au cœur de l’Italie, sur les pentes des Apennins, un ours se tapit dans sa tanière. Pendant la saison froide, il pointe de temps à autre son museau, en quête d’eau ou de nourriture. Ursus arctos marsicanus est une sous-espèce de la grande famille des ours bruns, ceux qui hibernent, encore que les généticiens se disputent à ce sujet.
Il ne reste qu’une cinquantaine d’individus autour de L’Aquila, cette ville connue pour avoir été frappée une nuit printanière de 2009 par un tremblement de terre qui tua plus de trois cents habitants. L’ours des Apennins est inscrit sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), dans la catégorie des espèces « en danger critique d’extinction ». Il passionne Carlo Lombardi, natif de Pescara, cité côtière de l’Adriatique. Ce trentenaire en a fait un sujet de recherche photographique, de 2019 à 2021.
Le plantigrade survit dans le parc national créé en 1922 aux confins des Abruzzes, du Molise et du Latium, la région de Rome. Un territoire de plus de 50 000 hectares, constitué de forêts de hêtres. « Mon travail artistique était au départ très personnel, mais il a convergé avec les préparatifs des célébrations du centenaire du parc, programmées en 2022 », raconte le photographe, qui s’est aventuré dans ces contrées escarpées.
Archives méconnues en noir et blanc
D’abord introduit dans le parc par deux ONG, Rewilding Apennines (« Réensauvager les Apennins ») et Salviamo l’Orso (« Sauvons l’ours »), Carlo Lombardi a rapidement collaboré avec les autorités locales. Il a ainsi eu accès aux archives noir et blanc, encore très largement méconnues du grand public. « Les plus vieux clichés ont été réalisés dans les années 1930 par le premier directeur du site, dit-il. J’ai numérisé les négatifs ainsi que les diapos en vogue dans les années 1970 et 1980. »
Cette tâche a réclamé beaucoup de « discipline », souligne-t-il, et a pu remuer sa « sensibilité », car certaines images du passé peuvent aujourd’hui heurter le regard sinon le questionner. Celles, par exemple, qui montrent des cadavres de loups : à l’époque, les autorités préféraient les tuer pour protéger l’ours. Celles, aussi, où l’on voit un ours empaillé, ou une peau d’ours tannée.
Des pratiques révolues – le loup, toujours présent, est aujourd’hui ménagé. Ironie de l’histoire, les photos contemporaines peuvent à leur tour prêter à confusion, reconnaît Carlo Lombardi. Ainsi que celle du fusil, qui se trouve être une arme non létale chargée de balles en caoutchouc, dont l’usage a pour seul but d’éloigner l’animal.
Ursus arctos marsicanus est de taille relativement modeste et n’attaque jamais les humains, à l’inverse de son lointain parent, l’ours brun carnivore qui effraie les populations des Pyrénées françaises et du Trentin, à l’extrême nord de l’Italie, où il a été réintroduit.
Toutefois, s’il suit un régime végétarien composé à plus de 90 % de racines et de baies, l’ours des Apennins ne rechigne pas à avaler de temps à autre une volaille, ce qui explique sa présence occasionnelle aux abords des villages. « Les gestionnaires du parc cherchent à l’éloigner et à éviter à tout prix d’avoir à le placer en captivité, ce qui rendrait sa reproduction compliquée et tout retour à la vie sauvage quasiment impossible », précise le photographe, qui y voit une méthode « innovante », au même titre que les transports de l’ours par hélicoptère, lorsqu’il s’agit de le replacer dans des zones non habitées.
Noyés dans des abreuvoirs
Carlo Lombardi réfute l’étiquette de « naturaliste », mais revendique « l’examen sur longue durée de l’évolution du rapport entre l’homme et la nature ». D’après lui, l’ours ne doit être considéré que pour ce qu’il est : un animal sauvage. « Je me bats contre l’anthropomorphisme qui consiste à vouloir lui donner une dimension humaine, au motif qu’on le comprendrait mieux de cette façon », confie-t-il. Du reste, c’est l’homme qui a investi le domaine de l’ours au fil du temps, et non l’inverse.
> Écouter aussi L’ours dans les Pyrénées : vingt-cinq ans de tensions
La recherche documentaire de l’Italien qui a vu l’ours des Apennins se situe aux antipodes de la pratique de Timothy Treadwell, l’écologiste américain qui prenait les ours de l’Alaska pour des camarades de jeu, au point d’aller vivre tous les étés parmi eux, dans les années 2000. Le cinéaste Werner Herzog a fait mouche en contant cette histoire vraie dans le film documentaire Grizzly Man. A la fin, l’homme finit dévoré par l’animal.
> Lire aussi Protection animale : en Alaska, Otis, à nouveau champion poids lourds des ours bruns
Carlo Lombardi, lui, préfère que l’homme évite à l’ours une fin cruelle. Dans les Apennins, il arrive que le brouillard égare le gros mammifère. Entre 2010 et 2019, cinq spécimens assoiffés se sont noyés dans des abreuvoirs destinés au bétail d’altitude. Les « pozza », comme on les appelle en Italie, sont autant de pièges mortels pour l’ours, comme les routes qui traversent la péninsule de part en part. Il y a deux ans, une femelle est morte la nuit de Noël percutée par une voiture, laissant son petit abandonné au milieu des bois.
<https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2022/01/01/en-italie-sur-les-traces-de-l-ours-brun-de-l-apennin_6107906_4500055.html>
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En images
19- Aube : en retrouvant son lit naturel, le Landion favorise la biodiversité, France 2, journal de 13h, 30/12/21
Dans l’Aube, 2 km de cours d’eau ont été détournés pour redessiner le lit naturel d’une rivière. Il a fallu convaincre un exploitant agricole de laisser la rivière couper de nouveau sa parcelle.
Une rivière qui serpente au milieu d’un champ, paysage typique de nos campagnes. Mais ici, le Landion vient tout juste de retrouver son lit d’origine, alors qu'il y a quelques mois, il ressemblait à une autoroute rectiligne. Derrière ces gros travaux, des experts du milieu aquatique ont enquêté à partir du cadastre napoléonien. "Ces méandres ont été enlevés, supprimés, et on est venus les restaurer", résume Matthias Alloux, chef de projet du syndicat mixte du bassin-versant de l’Armançon.
500 hectares sur 800 convertis en bio
La rivière s’est allongée de 700 mètres en retrouvant ses courbes. Ce lit naturel favorise la biodiversité, il permet aussi de lutter contre la sécheresse et les inondations dans les villages environnants. Le projet a été financé par des subvensions, à hauteur de 320 000 euros. Sylvain Taupin, agriculteur à Chesley (Aube), en profite pour passer sa parcelle en bio, car avec la rivière qui la coupe désormais en deux, il était devenu trop compliqué de cultiver du blé. 500 hectares ont été convertis en bio, sur les 800 que compte le projet.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/aube-en-retrouvant-son-lit-naturel-lelandionfavorise-la-biodiversite_4898889.html>
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20- Primates, la force du clan, France 5, 31/12/21, 21h00
Les primates sont agiles, curieux, intrépides, inventifs et savent parfaitement s'adapter à l'environnement qui les entoure. Ils sont dotés d'une intelligence remarquable qui leur permet d'affronter les prédateurs et d'utiliser à leur avantage les outils les plus singuliers que leur offre la nature. Certains savent comment se soigner, d'autres élaborent des stratégies exceptionnelles pour trouver de quoi se nourrir. Ils rivalisent d'ingéniosité pour trouver leur proie. Mais leur plus grand atout est sans aucun doute la force du clan. C'est toujours ensemble, groupés, unis qu'ils avancent, se protègent et apprennent les uns des autres. Il suffit que l'un d'entre eux joue le rôle d'innovateur pour que son comportement s'étende au reste du groupe. Gorilles des montagnes, lémurs, ou encore sajous font preuve de capacités étonnantes.
> Extraits à voir à :
<https://fr-fr.facebook.com/france5/videos/primates-la-force-du-clan/207337724851077/>
> Bande-annonce à voir à :
<https://www.programme-tv.net/videos/yakoi/primates-la-force-du-clan-17-octobre_268825>
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