[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (mercredi 12 janvier)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mer 12 Jan 08:03:20 CET 2022


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Tribune. Loi Climat : "Une méthode qui permet de mieux évaluer les impacts environnementaux des systèmes d’élevage, intensifs ou extensifs" <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/28/loi-climat-une-methode-qui-permet-de-mieux-evaluer-les-impacts-environnementaux-des-systemes-d-elevage-intensifs-ou-extensifs_6107494_3232.html>, Le Monde, 28/12/21, 10h15 
2- Les pesticides néonicotinoïdes en voie de réautorisation pour 2022 <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/29/les-pesticides-neonicotinoides-en-voie-de-reautorisation-pour-2022_6107562_3244.html>, Le Monde, 29/12/21, 01h33
3- Reportage. Dans la région latino-américaine du Gran Chaco, la déforestation n’est pas une fatalité <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/29/dans-la-region-latino-americaine-du-gran-chaco-la-deforestation-n-est-pas-une-fatalite_6107632_3244.html>, Le Monde, 29/12/21, 17h00 
4- Déclin des insectes : l'Opecst pointe le rôle déterminant des pesticides <https://www.actu-environnement.com/ae/news/declin-insectes-role-pesticides-note-scientifique-opecst-38822.php4>, Actu-environnement, 29/12/21
5- Tribune. « Préservons les jardins ouvriers d’Aubervilliers menacés par une piscine olympique » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/30/preservons-les-jardins-ouvriers-d-aubervilliers-menaces-par-une-piscine-olympique_6107676_3232.html>, Le Monde, 30/12/21, 07h00
6- Dès le 1er janvier 2022, les élevages devront nommer un référent sur le bien-être animal <https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/animaux-d-elevage/des-le-1er-janvier-2022-les-elevages-devront-nommer-un-referent-sur-le-bien-etre-animal_160322>, Sciences & Avenir, 30/12/21, 16h00
7- On-Farm Experimentation : quand chercheurs et agriculteurs collaborent pour la science <https://www.actu-environnement.com/ae/news/on-farm-experimentation-inrae-chercheurs-agriculteurs-science-38824.php4>, Actu-environnement, 30/12/21
8- Le dioxyde de titane de nouveau banni des produits alimentaires français <https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/le-dioxyde-de-titane-de-nouveau-banni-des-produits-alimentaires-francais_4899737.html>, France info avec AFP, 31/12/21, 17:16
9- Le chalutage de fond dénoncé comme la pire technique de pêche <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/03/le-chalutage-de-fond-denonce-comme-la-pire-technique-de-peche_6107979_3244.html>, Le Monde, 03/01/22, 05h46
10- Les deux tiers des mollusques des grands fonds marins seraient menacés par les projets d’exploration <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/03/les-deux-tiers-des-mollusques-des-grands-fonds-marins-seraient-menaces-par-les-projets-d-exploration_6108003_3244.html>, Le Monde, 03/1/22, 09h47
11- L’espoir d’une solution contre la mortalité massive des jeunes huîtres <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/03/l-espoir-d-une-solution-contre-la-mortalite-massive-des-jeunes-huitres_6108055_3244.html>, Le Monde, 03/01/22, 18h05
12- La disparition du Haut conseil des biotechnologies <https://www.lemonde.fr/blog/huet/2022/01/03/la-disparition-du-haut-conseil-des-biotechnologies/>, Blog Sciences, 03/01/22
13- Néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles » : le passage en force du gouvernement <https://reporterre.net/Neonicotinoides-tueurs-d-abeilles-le-passage-en-force-du-gouvernement>, Reporterre, 05/01/22, 09h22
14- Interdiction du glyphosate : Emmanuel Macron veut une réponse européenne, après l’échec français <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/interdiction-du-glyphosate-emmanuel-macron-veut-une-reponse-europeenne-apres-l-echec-francais-150458.html>, Novethic, 05/01/22
15- La nouvelle crise de grippe aviaire pose la question de la vaccination <https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/06/la-nouvelle-crise-de-grippe-aviaire-pose-la-question-de-la-vaccination_6108466_3234.html>, Le Monde, 06/01/22, 19h32
16- Lait, beurre : "C’est qui le patron" explose le plafond de verre des produits équitables en se hissant à la première place <https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/lait-beurre-c-est-qui-le-patron-explose-le-plafond-de-verre-des-produits-equitables-en-se-hissant-a-la-premiere-place-150467.html>, Novethic, 06/01/22
17- Entretien. « On assiste à une uniformisation de l’alimentation » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/07/on-assiste-a-une-uniformisation-de-l-alimentation_6108564_3244.html>, Le Monde, 07/01/22, 14h48 
18- Ces agriculteurs créent des polos à partir de leur coton <https://mrmondialisation.org/ces-agriculteurs-creent-des-polos-a-partir-de-leur-coton/>, Mr Mondialisation, 08/01/22
En audio
19- Tout augmente... la faim dans le monde aussi <https://www.franceculture.fr/emissions/la-bulle-economique/tout-augmente-aussi-la-nourriture>, France culture, La Bulle économique, 08/01/22, 12h41 à 12h45
En images
20- Assurance récolte : des agriculteurs bientôt mieux protégés face au gel et à la grêle ? <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/assurance-recolte-des-agriculteurs-bientot-mieux-proteges-face-au-gel-et-a-la-grele_4907119.html>, France 2, journal de 20h, 06/01/22
21- Gaspillage alimentaire : des pommes de terre "déformées" vendues à prix réduits par les agriculteurs <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/gaspillage-alimentaire-des-pommes-de-terre-deformees-vendues-a-prix-reduits-par-les-agriculteurs_4909419.html>, France 3, le 12/13, 08/01/22

Bien à vous,
Florence

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NOS VŒUX : "Un autre monde est à notre portée. Puisse l’éveil des consciences nous donner le ressort de le bâtir en conduisant ensemble radicalement et progressivement cette société qui conjugue les enjeux écologiques, sociaux et économiques. Dans un sursaut salutaire, levons-nous enfin et que chacun fasse sa part !", Fondation pour la Nature et l’Homme
CONTRESENS DU JOUR : Alors que l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) qui n'a pas la réputation d'être un repaire d’écologistes, pointe le rôle déterminant des pesticides dans le déclin des insectes, les néonicotinoïdes, ces pesticides « tueurs d’abeilles » interdits en Europe depuis 2018 pourront être utilisés en France l’an prochain sur environ 400 000 hectares de betterave à sucre. (cf. item 4, 2 & 13)
REPORTAGE DU JOUR : La région du Gran Chaco, cette immense zone forestière située à cheval sur le Paraguay, la Bolivie et l’Argentine, a perdu plus de 8 millions d’hectares entre 2000 et 2019. Face à l’urgence, les habitants et les associations se mobilisent. (cf. item 3)
DÉCISIONS DU JOUR : — A partir du 1er janvier 2022, tous les élevages devront avoir nommé un référent "bien-être animal". Ceux opérant dans les élevages de porcs et de volailles devront obligatoirement suivre une formation. (cf. item 6)
— Les Vingt-Sept vont mettre définitivement un terme à l’usage alimentaire du dioxyde de titane, additif controversé en raison de la présence de nanoparticules, dans toute l'UE. (cf. item 8)
EXAMEN DU JOUR : Les députés examinent un projet de loi concernant l'assurance récolte, qui prévoit la création d'un fonds destiné à venir en aide rapidement aux agriculteurs victimes des aléas climatiques. (cf. item 20)
ÉTUDES DU JOUR : — Des scientifiques de huit pays, dont la France, ont publié un article dans la revue Nature Food détaillant les bénéfices d'un nouveau modèle d'expérimentations à la ferme – ou « On-Farm Experimentation » (OFE). (cf. item 7 & suite)
— La faune marine vivant en eau profonde est encore mal connue, mais déjà menacée par la pollution, le changement climatique et les projets d’exploration des grands fonds marins par le secteur minier. Une étude révèle la fragilité de la faune vivant à plusieurs kilomètres sous la surface de l’eau autour des cheminées hydrothermales, caractérisée par un endémisme élevé. (cf. item 10 & suite)
PREMIÈRE DU JOUR : A La Tremblade et à Montpellier, des chercheurs de l’Ifremer entraînent les huîtres dont le système immunitaire a de la mémoire, à résister au redoutable herpès virus. Une première mondiale. (cf. item 11)
PÉTITION DU JOUR : Dénoncée comme la pire technique de pêche, une coalition d’ONG demande l’interdiction du chalutage de fond dans les aires marines protégées d’Europe. Au niveau mondial, elle concerne 26 % des prises. (cf. item 9)
SUPPRESSION DU JOUR : Créé en 2008, le Haut Conseil des Biotechnologies qui avait comme mission d’éclairer de manière indépendante le Gouvernement sur les OGM ou toute autre biotechnologie va disparaître, ses missions étant pour l’essentiel transférées à l’Anses. (cf. item 12)
RELANCE DU JOUR : Après l’échec français de l’interdiction du glyphosate, Emmanuel Macron appelle désormais à une réponse commune européenne tandis que la CNDASPE se positionne dans le débat sur la dangerosité du célèbre herbicide. (cf. item 14 & suite)
MENACE DU JOUR : Démunis face à cette nouvelle épidémie de grippe aviaire, les professionnels estiment désormais que l’option de la vaccination des animaux est à envisager « sans quoi les filières avicoles resteront menacées par ce virus ». (cf. item 15)
ENTRETIEN DU JOUR : Auteur d’une enquête sur les aliments menacés d’extinction, le journaliste britannique Dan Saladino revient, dans un entretien, sur la nécessité de reconquérir plus de diversité agricole. (cf. item 17)
CHIFFRES DU JOUR : Dans le monde, plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim et 45 millions de personnes se rapprochent de l’inanition. (cf. item 19)
PODIUM DU JOUR : Alors qu'en décembre, "C'est qui le patron" devenait la première référence de sa catégorie sur le lait, un mois plus tard, c'est au tour du beurre bio de finir en haut du podium. Un tournant de taille pour les produits équitables qui n'avaient jamais atteints un tel niveau et une preuve que les consommateurs n'adhèrent pas tous au prix le plus bas. (cf. item 16)
ALTERNATIVES DU JOUR : — En France, trois agriculteurs font pousser du coton dans le Gers sans aucun système d’irrigation ni aucun pesticide et grâce à leur récolte annuelle, ils fabriquent des polos 100% made in France. (cf. item 18)
— Afin de lutter contre le gaspillage alimentaire, Guillaume Tesson, agriculteur à Hautot-Saint-Sulpice (Seine-Maritime), a décidé de vendre à prix cassé ses pommes de terre difformes, qui sont boycottées par les grandes distributions. (cf. item 21) 
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Tribune. Loi Climat : « Une méthode qui permet de mieux évaluer les impacts environnementaux des systèmes d’élevage, intensifs ou extensifs », Le Monde, 28/12/21, 10h15 
Par Collectif

Trois spécialistes de l’agronomie, Yannick Biard, Arnaud Hélias et Hayo van der Werf, répondent aux inquiétudes exprimées par 137 parlementaires dans une tribune publiée dans « Le Monde » en décembre, et défendent l’analyse sur laquelle repose le futur affichage environnemental des produits alimentaires.
Tribune. Récemment, 137 parlementaires ont exprimé, dans une tribune, publiée dans Le Monde daté du 15 décembre, leurs inquiétudes vis-à-vis de l’affichage environnemental des produits alimentaires, prévu par la loi Climat et résilience, et de la méthode sur laquelle il repose : l’analyse du cycle de vie (ACV). L’élevage bovin y est utilisé comme exemple emblématique, au titre que l’ACV, « en se contentant de mettre en rapport les émissions de gaz à effet de serre avec des kilos de viandes produites », sans tenir compte du type de l’élevage, pénaliserait les systèmes d’élevage extensifs.
> Lire aussi L’appel de 137 parlementaires : « L’affichage environnemental prévu par la loi Climat est l’occasion de faire un choix de société »
Sur le plan scientifique, il existe un large consensus sur l’intérêt de la méthode ACV pour l’évaluation des impacts environnementaux des produits alimentaires. Cela ne signifie pas qu’elle ne présente pas certaines limites, liées en particulier à l’état des connaissances scientifiques. Sans aucune dimension politique, il nous semble important de bien caractériser cet intérêt et ces limites pour répondre aux inquiétudes exprimées et apporter des éléments pour éclairer ce débat public.
Production de viande des « feedlots » américains
La première inquiétude serait qu’avec l’ACV « ce sont les viandes des feedlotsaméricains qui pourraient être présentées aux consommateurs comme les plus durables, celles vers lesquelles se tourner en priorité ». Les feedlots (systèmes d’élevage bovin hors-sol) n’existent pas en France et ne sont donc pas représentés dans la base de données ACV agricole française. Pour vérifier si l’ACV met en avant la viande bovine issue des feedlots, il faut consulter la « World Food LCA Database », qui représente diverses productions agricoles à travers le monde. Les données sont disponibles pour sept pays (Allemagne, Australie, Brésil, Grande-Bretagne, Chine, Etats-Unis et Inde). La comparaison des systèmes « prairie » et des systèmes feedlots montre l’avantage des premiers sur les seconds. C’est le cas, en particulier, pour les deux pays européens (Allemagne, impacts environnementaux réduits de 33 %, et Grande-Bretagne, impacts réduits de 32 %).
La deuxième inquiétude serait que les résultats reposent « très majoritairement sur le seul enjeu des émissions de gaz à effet de serre ». La particularité de l’ACV est justement de ne pas se limiter qu’au réchauffement climatique causé par les gaz à effet de serre, mais d’estimer aussi d’autres impacts environnementaux. Dans la méthode européenne préconisée pour l’affichage environnemental, seize impacts sont considérés. La contribution du réchauffement climatique y est importante, mais elle reste de l’ordre de 20 % dans le score global. L’environnement est bien évalué sur plusieurs critères qui, il est vrai, sont parfois corrélés.
Stockage de carbone dans les sols
La troisième inquiétude serait que les calculs se font « sans tenir compte du stockage de carbone dans le sol des prairies permis par les systèmes d’élevage herbagers ». L’ACV est une approche qui s’intéresse aux flux. Elle comptabilise les flux de carbone déstocké (perte de carbone du sol après un retournement d’une prairie…) et les flux de carbone stocké (fixation du carbone par la photosynthèse, augmentation du carbone du sol par la mise en place d’une prairie). Les valeurs manquantes de ces flux dans la base de données française peuvent être facilement introduites grâce aux résultats récents.
La quatrième inquiétude est que l’ACV ne s’intéresse pas à « la préservation de la biodiversité ». La principale finalité de l’ACV est de regarder les conséquences des activités humaines sur les écosystèmes. La préservation de la biodiversité y est un enjeu majeur. L’ACV intègre actuellement trois des cinq grandes causes d’érosion de la biodiversité : le réchauffement climatique, les pollutions et les changements d’usages des terres. Il est vrai que pour cette dernière cause, il faut compléter les évaluations, afin de mieux représenter l’impact des pratiques agricoles sur la biodiversité. Les recherches en cours montrent que l’on y parvient. Dès à présent, l’ACV permet de montrer l’intérêt d’une prairie, qui dure plusieurs années, par rapport à l’usage majoritaire des surfaces agricoles en France que sont les cultures annuelles. Deux causes d’érosion de la biodiversité ne sont pas encore véritablement représentées en ACV : les espèces invasives et la surexploitation (principalement par la surpêche), mais ce ne sont pas les causes les plus importantes pour étudier les élevages bovins.
> Lire aussi Pollution, érosion, raréfaction : la FAO s’alarme de la dégradation des terres et des eaux
Enfin, comme souligné par les parlementaires, les impacts sont exprimés par kilo de produit. Cela est indispensable pour permettre les comparaisons entre les aliments et les régimes alimentaires. Les systèmes extensifs ont des impacts réduits par unité de surface, mais produisent moins, et n’ont a priori pas moins d’impacts par kilo de produit. La prise en compte du stockage du carbone et une meilleure représentation de la biodiversité à la parcelle sont des éléments qui les favorisent, mais si on veut les mettre encore plus en avant dans les transitions agricoles, il faut d’autres instruments que l’affichage environnemental. Celui-ci est intrinsèquement lié aux quantités consommées.
L’ACV est une approche qui représente les chaînes de causalité entre les actions humaines et l’environnement, aborde les enjeux environnementaux dans leur multiplicité, impose d’argumenter scientifiquement les valeurs et les choix faits. Comme toute méthodologie, elle avance au fur et à mesure des progrès des connaissances. L’intégration des données de stockage du carbone dans les sols ou d’indicateurs de biodiversité permet progressivement de mieux rendre compte des impacts environnementaux des systèmes d’élevage, qu’ils soient intensifs ou extensifs. Il est indispensable de tenir compte de tous ces éléments pour comprendre le rôle de l’ACV dans la mise en place d’un affichage environnemental qui puisse servir les consommateurs.
Signataires : Yannick Biard, agronome au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), spécialiste des données pour l’analyse du cycle de vie (ACV) ; Arnaud Hélias, directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), spécialiste de l’ACV ; Hayo van der Werf, ingénieur de recherche à l’Inrae, spécialiste de l’évaluation environnementale des systèmes agricoles.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/28/loi-climat-une-methode-qui-permet-de-mieux-evaluer-les-impacts-environnementaux-des-systemes-d-elevage-intensifs-ou-extensifs_6107494_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/28/loi-climat-une-methode-qui-permet-de-mieux-evaluer-les-impacts-environnementaux-des-systemes-d-elevage-intensifs-ou-extensifs_6107494_3232.html>>
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2- Les pesticides néonicotinoïdes en voie de réautorisation pour 2022, Le Monde, 29/12/21, 01h33
Stéphane Foucart

Sauf coup de théâtre, ces pesticides « tueurs d’abeilles » interdits en Europe depuis 2018 pourront être utilisés l’an prochain sur environ 400 000 hectares de betterave à sucre. 
Le projet d’arrêté réautorisant, pour 2022, l’usage des principaux néonicotinoïdes sur la betterave a été mis en consultation lundi 27 décembre. Il fait suite à une décision favorable rendue une semaine plus tôt par le conseil de surveillance chargé d’instruire les demandes de dérogation d’usage de ces produits – conseil composé d’élus, de syndicats agricoles, de représentants de la filière, d’ONG, etc. Sauf coup de théâtre, ces pesticides interdits en Europe depuis 2018 pourront être utilisés l’an prochain sur environ 400 000 hectares de betterave à sucre. Ils avaient déjà fait l’objet d’une dérogation pour cette année, en raison de la menace de jaunisse de la betterave – une maladie virale transmise par un puceron.
Ironiquement, la récolte de l’année en cours a subi d’importantes pertes en raison de l’utilisation d’herbicides non conformes, présents par erreur dans les produits utilisés par de nombreux planteurs. Ces « incidents de phytotoxicité » ont touché, selon les données présentées au conseil de surveillance par le ministère de l’agriculture, 1 139 exploitations sur l’ensemble des régions betteravières, pour un total de près de 15 000 hectares, soit plus de 1,2 million de tonnes de betteraves, détruites ou recyclées en carburant.
> Lire aussi Le plan « pollinisateurs » du gouvernement suscite la colère des apiculteurs
Pour Grégory Besson-Moreau, député (La République en marche) de l’Aube et président du conseil de surveillance, la réautorisation des néonicotinoïdes pour 2022 est justifiée par le fait qu’« il est impossible de garantir à 99 % l’absence de présence des pucerons sur la betterave, au printemps prochain ». En particulier, M. Besson-Moreau s’appuie sur l’analyse des prévisions météorologiques saisonnières, qui anticipent un hiver particulièrement doux, propice au retour de ces insectes. Le représentant de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) au conseil de surveillance confirme que la consultation des modèles climatiques permet d’anticiper, « avec une probabilité de près de 80 %, des conditions météorologiques favorables à la présence précoce du puceron sur la quasi-totalité de la production de betterave ».
« Pression virale quasi nulle »
Les associations de défense de l’environnement siégeant au conseil de surveillance protestent contre une nouvelle année de dérogation. L’agronome Jacques Caplat, membre d’Agir pour l’environnement (APE), objecte en particulier que les prévisions météorologiques saisonnières sont notoirement fragiles et que la pression virale, telle qu’estimée par les campagnes d’échantillonnage, est cette année très faible.
Pour évaluer cette pression, les quatre familles de virus en cause dans la jaunisse de la betterave ont été recherchées sur une trentaine d’espèces de plantes, prélevées entre fin novembre et début décembre sur plus de 264 parcelles. Selon la note de synthèse du ministère de l’agriculture au conseil de surveillance, l’un ou l’autre de ces virus n’ont été retrouvés avec certitude que sur 7 de ces 264 parcelles analysées, soit environ 2,6 %. Or, en 2020, ces virus avaient été détectés sur 117 des 170 parcelles échantillonnées à l’époque, soit quelque 69 %.
« La pression virale est donc cette année quasi nulle, fustige M. Caplat. Nous sommes dans un semblant de débat qui s’opère dans un bruit de fond qui ressemble à de la science, mais il n’y a rien de scientifique là-dedans. Aucune des données fournies ne justifie l’octroi de la dérogation. »
> Lire aussi Même dans les zones protégées, les insectes sont exposés aux pesticides
De son côté, le représentant de l’Inrae au conseil de surveillance fait valoir que les indices de pression virale ne sont pas comparables en 2020 et en 2021, car, explique-t-il au Monde, « les analyses de 2020 ont été en partie conduites sur du colza. Or, nous savons désormais que ce dernier n’est pas la plante qui sert de réservoir viral, il n’a donc pas été inclus dans les analyses faites en 2021 ». Une explication qui semble toutefois incompatible avec les données présentées par le ministère : en excluant le colza des analyses de 2020, et en limitant le calcul aux autres plantes testées, le taux de détection des virus recherchés ne varie pas substantiellement. Pour les clostérovirus, responsables de formes graves de la jaunisse, les taux de détection dans les échantillons analysés sont même légèrement supérieurs en excluant le colza de l’analyse de 2020 (16,8 %) qu’en l’incluant dans le calcul (15,3 %). L’idée que le colza aurait artificiellement fait grimper le taux de détection des virus en 2020 est ainsi sujette à caution.
> Lire aussi Pesticides : l’exposition des Français est en baisse mais reste généralisée
Cause majeure du déclin de biodiversité
Au reste, M. Besson-Moreau assure que les prévisions météorologiques et les indicateurs de pression parasitaire sont moins utilisés pour octroyer les dérogations que pour informer les planteurs, leur permettant ainsi de « prendre leur risque » et de choisir de planter avec ou sans néonicotinoïdes. « J’assume de ne pas vouloir prendre le moindre risque qui pourrait mettre en difficulté toute une filière, mais l’octroi de dérogations ne signifie pas que le recours à ces produits est automatique et obligatoire : chaque exploitant peut décider de planter des semences non traitées », observe le député de l’Aube.
Jacques Caplat critique quant à lui un recours aux néonicotinoïdes qui « s’apparente à une assurance », motivée par les fortes tensions provoquées sur l’ensemble de la filière par la fin des quotas sucriers, fin 2017, qui a fait plonger les cours européens du sucre. Ceux-ci sont passés d’environ 500 euros la tonne à l’été 2017, à environ 300 euros en février 2019. Ils remontent désormais, assure le ministère de l’agriculture dans sa note de synthèse, et se situaient en septembre à environ 408 euros la tonne. « En réautorisant les néonicotinoïdes, on est dans une situation absurde où l’on cherche des solutions agronomiques destructrices à des problèmes économiques qui ont été créés de toutes pièces, pour des raisons purement idéologiques », ajoute M. Caplat.
> Lire aussi La fertilité des abeilles atteinte par les pesticides néonicotinoïdes
M. Besson-Moreau rappelle de son côté que le Plan national de recherche et d’innovation (PNRI), instauré en 2020 par la loi permettant de déroger aux interdictions des néonicotinoïdes, « est en train de fournir des résultats prometteurs qui permettront certainement dès 2023 de se passer de ces produits, sans les remplacer par d’autres produits chimiques ». Des outils de biocontrôle ou le développement de variétés de betteraves résistantes aux virus de la jaunisse sont en cours d’étude.
> Lire aussi Les néonicotinoïdes, « l’arbre qui cache la forêt » de la crise de la betterave en France
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/29/les-pesticides-neonicotinoides-en-voie-de-reautorisation-pour-2022_6107562_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/29/les-pesticides-neonicotinoides-en-voie-de-reautorisation-pour-2022_6107562_3244.html>>
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3- Reportage. Dans la région latino-américaine du Gran Chaco, la déforestation n’est pas une fatalité, Le Monde, 29/12/21, 17h00 
Flora Genoux (province du Chaco (Argentine), envoyée spéciale)

Cette immense zone forestière située à cheval sur le Paraguay, la Bolivie et l’Argentine, a perdu plus de 8 millions d’hectares entre 2000 et 2019. Face à l’urgence, les habitants et les associations se mobilisent. 
Cinglant, le soleil tape sur un chemin de terre poussiéreux tracé entre d’épaisses ronces, des arbustes et, ça et là, apportant de l’ombre dans la sécheresse, des quebrachos – d’altiers arbres d’Amérique du Sud aux branches graciles. Sur le bas-côté de la route, parfois, des cadavres de vaches pourrissent dans la chaleur : les bêtes, introduites par les quelques paysans du coin, ont succombé avant de trouver de l’eau, si rare dans la forêt baptisée « l’Impénétrable », en raison de cette hostilité sèche. La région du Gran Chaco embrasse sur 107 millions d’hectares une partie de l’Argentine, de la Bolivie, du Paraguay et une infime larme du Brésil, dans des paysages variant de l’abondance humide à la semi-aridité. Elle abrite la deuxième forêt d’Amérique du Sud, après l’Amazonie.
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Ici aussi, les bulldozers ont avalé des milliers d’arbres, participant à la déforestation, en faisant la deuxième plus importante en nombre d’hectares en Amérique latine après le bassin amazonien, selon un rapport de l’ONG Greenpeace, en 2019. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) classe ainsi le Paraguay, l’Argentine et la Bolivie parmi les dix pays ayant le plus déforesté entre 2010 et 2015. Le Brésil occupe la première place. Selon le projet collaboratif MapBiomas, dont le Fonds mondial pour la nature (WWF) est membre, le Gran Chaco a perdu 8,7 millions d’hectares entre 2000 et 2019.
Côté argentin, 80 % de la déforestation se concentre, selon Greenpeace, dans quatre provinces du Nord : Salta, Santiago del Estero, Formosa et Chaco, cette dernière étant la région qui a le plus rétrocédé sa forêt entre 2016 et 2019 (plus de 130 000 hectares perdus, d’après l’ONG). Si la cadence de la déforestation diminue depuis 2009, elle continue de faire des ravages. « Même pendant le confinement en 2020, [elle] s’est poursuivie », remarque Hernan Giardini, coordinateur au sein de Greenpeace, qui relève la perte, pour moitié illégale, de plus de 13 000 hectares dans le Chaco en 2020.
Avancée de l’agriculture et élevage à grande échelle
Sur la carte satellite dans laquelle se plonge Natay Collet, membre du collectif de défense de l’environnement Somos Monte (« Nous sommes la forêt »), de vastes taches blanches tracées au cordeau se détachent de l’immensité verte. « On peut voir toute la déforestation de la province de Salta [à l’extrême nord-ouest du pays] et ce rectangle immense, de 19 kilomètres de long », détaille-t-elle, depuis son bureau.
Ce « rectangle » est visible après 180 kilomètres de chemin de terre dans l’« Impénétrable », caché à hauteur d’homme par un « rideau » d’arbres. « Cela permet aux personnes qui déforestent de dissimuler la zone quand on passe sur la route, mais elle n’échappe pas aux images satellites », explique Natay Collet. Au détour d’un chemin plus à l’écart, après avoir dépassé des cactus aux fleurs orange ou jaunes et des caroubiers, on peut apercevoir la terre chauve à perte de vue.
« La baraque au fond est le garage où sont entreposés les petits avions utilisés pour répandre les pesticides », précise Natay Collet. Le modèle agricole argentin repose sur la production intensive de céréales et de soja transgénique (introduit dès 1996), qui requiert une utilisation massive de produits phytosanitaires.
« La première cause de la déforestation est l’avancée de l’agriculture et l’élevage à grande échelle. Ceci est alimenté par la demande internationale de céréales et de viande », souligne Matias Mastrangelo, biologiste au Conseil national des recherches scientifiques et techniques (Conicet, basé à Buenos Aires), et spécialiste de la forêt Chaqueña. En 2018, le secteur agricole et agroalimentaire représentait plus de 60 % des exportations du pays. « Côté argentin, la déforestation a atteint son rythme le plus important à partir de la fin des années 1990, avec l’introduction du soja transgénique, et jusqu’à 2010 environ. Si le rythme a diminué depuis, il reste important. »
> Analyse : La déforestation de l’Amérique du Sud nourrit les élevages européens
Or ce changement de visage de la forêt bouscule les équilibres dans la région. « Sa capacité de résistance et de récupération est moindre. Avec la déforestation, sa fonction régulatrice face aux effets climatiques a diminué. La sécheresse et les inondations deviennent plus extrêmes », note le biologiste. Les vestiges des arbres abattus sont brûlés par les entreprises agricoles. Avec ces incendies volontaires, il y a « moins d’arbres pour absorber les gaz à effet de serre. Et la combustion de ces arbres en génère elle-même », poursuit-il.
Espèces menacées
A l’entrée de la ferme des Fernandez, une fratrie de huit personnes installée dans la forêt, trône, dans un autel, une statuette de Joseph, préservée par une vitre d’une pellicule poussiéreuse qui colle à la peau et irrite la gorge. « C’est pour nous porter chance avec l’eau », explique Adolfo Fernandez, paysan criollo (descendant d’indigènes et d’Européens), vêtu du béret et des espadrilles traditionnels des agriculteurs argentins.
Ses 2 500 hectares, soumis pendant l’été à des températures pouvant dépasser les 50 °C, souffrent d’une sécheresse accrue « depuis une dizaine d’années », estime le quinquagénaire qui relève une production en chute. « L’été nous assomme totalement maintenant », renchérit son frère Avelino, alors que des oies caquettent au fond de leur cour, là où commencent leurs cultures de potiron, de maïs et de sorgho.
Au bout du chemin, passé l’école sommaire qui accueille une poignée d’élèves, il y a cette vertigineuse zone déforestée, près de laquelle les vaches des Fernandez paissent librement. « Nos bêtes se sont mises à perdre leur gestation », rapporte Adolfo Fernandez, qui soupçonne les produits phytosanitaires d’en être responsables. « Elles ne trouvent plus les fruits très nutritifs des palmiers. Et quand il y a du vent, ce que dispersent les avions à pesticides arrive jusqu’à nous, soupire-t-il, à l’ombre d’un quebracho colorado, arbre riche en tanin. Et vers cette zone, on ne peut plus aller chasser les cerfs et les daguets [jeunes cervidés] qu’on y trouvait auparavant. »
Animal le plus emblématique de la région, le jaguar est quant à lui désormais menacé, en raison de la disparition de son habitat naturel. « Avant, il arrivait jusqu’aux provinces de Santiago del Estero et de Santa Fe. Maintenant, on le trouve seulement très au nord de l’ouest de Formosa », se désole Matias Mastrangelo. Selon Greenpeace, 25 espèces sont en danger dans le Gran Chaco, parmi lesquelles, en sus du jaguar, le tapir, le fourmilier, le pécari, le tatu carreta, le loup à crinière, le cerf des marais ou la loutre à longue queue. Outre la déforestation en elle-même, c’est la fragmentation de l’habitat qui fragilise les espèces. « Les bulldozers avancent et détruisent absolument tout sur leur passage. On brûle les archives nationales de l’Argentine », tonne Riccardo Tiddi, membre du collectif Somos Monte.
Une loi de protection mal appliquée
Au premier poste d’observation de ces animaux acculés, les familles indigènes wichi et qom, deux des 31 groupes qui composent le million d’Argentins autochtones ou descendants de ces communautés, sur une population de 45 millions d’habitants. José Orquera, qom et bénévole au sein de Junta Unida de Misiones, organisation liée à l’Eglise évangélique, très active dans la région, œuvre auprès des communautés indigènes.
« Avec la déforestation, certaines d’entre elles ne trouvent plus les feuilles de palmier essentielles à l’artisanat, rapporte-t-il. Elles sont aussi privées des plantes médicinales et de leurs aliments, les fruits des bois, comme les fruits du caroubier, ou du mistol [arbre régional]. » « Les familles indigènes se sentent démunies », articule celui qui partage sa vie entre la forêt et la ville à une trentaine de kilomètres de là, Juan José Castelli. « Cela pousse les familles vers la ville et la pauvreté. »
> Lire aussi Les fronts de la déforestation se multiplient sur la planète
Aux confins de l’« Impénétrable », dans le parc provincial du Loro hablador – du nom d’un éblouissant perroquet aux couleurs acidulées –, les gardes forestiers sont chargés de veiller sur la vie des communautés et les ressources en bois. Cette aire de plus de 30 000 hectares a été déclarée zone protégée en 1998, afin de préserver la vie végétale et animale, en premier lieu celle du perroquet convoité par les chasseurs, qui le vendent à la ville en tant qu’animal de compagnie.
Mais depuis quelques jours, les gardes qui devraient sillonner la zone sont immobilisés dans leur baraquement. « Ça fait un mois qu’on n’a pas d’essence. Cela arrive souvent, notre travail n’intéresse pas l’Etat », lâche l’un d’eux (son anonymat est conservé), en terminant sa tâche quotidienne : balayer les feuilles de quebracho et de mistol qui encombrent la coursive de leur refuge. « On doit payer l’essence de notre poche. Quand on sort sur le terrain, on voit sans arrêt des camions qui transportent du bois, même dans les zones où ce n’est pas permis de couper. »
Les gardes peuvent contrôler, mais n’ont pas le pouvoir de verbaliser. « Et les règles de zones de coupe ne sont pas claires. » Pourtant, l’Argentine est dotée, depuis 2007, d’une loi de protection des forêts, saluée par les associations de défense de l’environnement. Elle détermine, sur la base d’éléments écologiques et démographiques, les zones totalement sanctuarisées ; celles où certains arbres peuvent être coupés ; et les autres où la forêt peut être rasée pour laisser place à des terres cultivables. Un mécanisme de reforestation est par ailleurs prévu. Mais « elle est mal appliquée et les contrôles sont insuffisants », critique Natay Collet.
« La forêt n’est pas un musée »
A la direction de la forêt de Chaco, organisme public chargé de faire appliquer cette loi, basé dans la ville de Saenz Peña, Emanuel Carrocino tempête. Le directeur rejette « la vision apocalyptique » des associations de défense de l’environnement et déroule son argumentaire : une trentaine d’ingénieurs agronomes et des inspecteurs qui parcourent toute la province, 40 véhicules, un contrôle par images-satellites, 28 antennes dans toute la province, des amendes « jusqu’à deux salaires minimum par hectare », qui ont permis d’infléchir la tendance après un pic de plus 40 000 hectares de forêt décimée dans la province en 2017.
« Nous avons travaillé », insiste-t-il. Il admet cependant qu’il « manque toujours des moyens ; les voitures, il faut les réparer. Et avec l’inflation [de 51 % ces douze derniers mois], le prix de l’essence augmente. Les fonds que l’on reçoit sont inférieurs à ce que prévoit la loi ». « La déforestation, c’est mal, mais la forêt n’est pas un musée, il est possible de la mettre à profit de façon durable, assure-t-il. Pour en vivre, il faut qu’elle puisse apporter une source de revenu. »
« Regarde. On utilise tout l’arbre, on ne gâche rien. Notre travail est de faible impact », s’exclame Dino La Regina, producteur forestier aux abords de Juan José Castelli, pendant que des ouvriers s’affairent à polir du palo santo, un bois vendu pour être brûlé, notamment sous forme d’encens. Dans un vaste hangar, du bois de caroubier strié de défauts sera vendu pour l’artisanat, quand les meilleures coupes serviront à la fabrication de meubles. Là, des morceaux qui serviront au charbon végétal, un peu plus loin, un résidu sableux qui ira à la fabrication de briques de construction.
Les coupes qu’il réalise au sein de 150 hectares sont encadrées par la loi de protection des forêts. Celle-ci fait clairement le distinguo entre les opérations à la tronçonneuse et les terres rasées par les bulldozers. Cependant, « il y a un continuum, la coupe d’arbres prépare le chemin de la déforestation, car elle dégrade beaucoup la forêt », estime Hernan Giardini, de Greenpeace. « Ils nous contrôlent avec les images-satellites, les GPS. Et le bois, je dois le faire peser une fois que je l’ai coupé, je ne peux pas dépasser les normes », se défend Dino La Regina, qui a repris le négoce fondé par sa famille en 1943.
Pour l’exploitant, l’objectif zéro déforestation, prôné par certaines ONG, n’est pas la bonne option. « C’est une mauvaise idée, parce que beaucoup de personnes doivent vivre de la forêt », réagit-il en décrochant une gousse de caroubier, dont il mastique le fruit avant de recracher l’enveloppe.
Déboisement illégal
« Parfois, la déforestation est nécessaire, il faut bien pouvoir produire des aliments », rebondit Luis Dellamea, producteur agricole qui cultive 3 000 hectares de soja, maïs, coton et tournesol sur des terres déjà vierges – ravagées par un incendie à la fin des années 1980, précise-t-il. Dans cette zone, au sud de l’« Impénétrable », « le vent arrive beaucoup plus fort et il n’y a pas d’oiseaux, pas d’animaux ».
Il y a vingt ans, le producteur a ouvert une auberge, Tantanacuy, au cœur de la forêt, alors que l’activité touristique reste balbutiante dans la région. La nuit, il fait découvrir le chant des oiseaux, soudain bavards et, parfois, la présence d’un serpent corail, une espèce venimeuse. « L’activité touristique est une alternative à la déforestation, précise-t-il. Je ne me considère pas comme un écologiste, je suis un producteur agricole. » Il raconte avoir entendu, il y a trois ans, les bulldozers évoluer jour et nuit autour de son auberge avant de souligner : « Je suis contre la déforestation illégale. »
> Lire aussi Au Brésil, la déforestation de l’Amazonie, résultat de la politique de Jair Bolsonaro
Depuis plus d’un an, le ballet des bulldozers devrait avoir cessé. Sous la pression d’organisations de défense de l’environnement comme Somos Monte, la justice de la province a gelé les projets de déboisement en octobre 2020. La déforestation se poursuit cependant de façon illégale, confirme la direction des bois de Chaco. Selon Greenpeace, plus de 10 000 hectares ont ainsi été déforestés entre novembre 2020 et juin 2021. Les cartes de la déforestation et des coupes doivent être revues. « Ne pas actualiser les cartes est aussi une façon pour l’Etat de repousser le problème », analyse Ignacio Rubiolo, avocat au sein de l’Assemblée permanente pour les droits humains, qui accompagne le collectif Somos Monte.
« La conscience environnementale devient plus forte »
Les temps changent lentement dans ce pays où la mobilisation environnementale reste récente, sans parti politique pour la canaliser. Lancé en 2019, Somos Monte organise, sur le terrain, des séminaires avec les habitants pour les tenir au courant de leurs droits face à la déforestation, et assure le suivi des espèces menacées. Avec l’organisation Junta Unida de Misiones, José Orquera aide les familles indigènes à développer des activités pour vivre de la forêt, comme l’apiculture ; l’agriculteur Adolfo Fernandez a quant à lui fondé, en 2017, l’association Jabali, qui fait prévaloir les droits des habitants de la région face à la déforestation.
« Avant, je poussais un cri étouffé, maintenant nous sommes écoutés. Tout le monde en Argentine est désormais au courant de la déforestation, la conscience environnementale devient plus forte, s’enhardit Natay Collet. D’autres provinces, comme Salta, ont commencé à contacter notre collectif pour s’organiser. » Cette mobilisation associative et la loi de protection des forêts ont permis une décélération relative de la déforestation ces dix dernières années en Argentine.
Lors de la COP26, le sommet pour le climat qui s’est tenu à Glasgow (Ecosse), en novembre, l’Argentine s’est engagée, avec plus de 100 pays, à enrayer la déforestation d’ici à 2030. Le président Alberto Fernandez a promis de prendre « des mesures conséquentes pour éradiquer la déforestation illégale et la qualifier en délit pénal ».
> Lire aussi A la COP26, de belles promesses pour les forêts
Ce dernier point est une revendication historique des associations de défense de l’environnement. Le président argentin devrait aussi présenter, devant le Parlement, un nouveau projet de protection des forêts. « C’est un engagement qui, en plus de son aspect déclaratif et non contraignant juridiquement, n’est pas suffisant pour faire face à la grave crise du climat et de la biodiversité. Cela laisse place à une nouvelle décennie de déforestation, celle-ci pouvant par ailleurs augmenter de façon spéculative », réagit Greenpeace.
En mars 2021, déjà, le ministre de l’environnement, Juan Cabandié, reconnaissait l’urgence d’améliorer la loi de protection des forêts existante et admettait sans détour : « Si nous continuons avec ce taux de déforestation, dans soixante-dix ans, nous n’aurons plus de forêt primaire en Argentine. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/29/dans-la-region-latino-americaine-du-gran-chaco-la-deforestation-n-est-pas-une-fatalite_6107632_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/29/dans-la-region-latino-americaine-du-gran-chaco-la-deforestation-n-est-pas-une-fatalite_6107632_3244.html>>
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4- Déclin des insectes : l'Opecst pointe le rôle déterminant des pesticides, Actu-environnement, 29/12/21
Laurent Radisson 

L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) n'a pas la réputation d'être un repaire d'écologistes. La publication, le 9 décembre dernier, d'une note scientifique sur le déclin des insectes, réalisée par la sénatrice centriste Annick Jacquemet, est d'autant plus remarquée. Elle met en avant plusieurs causes (pertes d'habitats, pollution, réchauffement climatique, espèces exotiques envahissantes, etc.) à ce déclin qui fait maintenant l'objet d'un consensus scientifique. Mais elle pointe l'agriculture intensive comme cause principale. « L'agriculture apparaît comme l'un des moteurs principaux du déclin des insectes, notamment à cause de l'usage excessif de pesticides », conclut en effet la sénatrice du Doubs, vétérinaire de profession.
« Quelle que soit la nature des insecticides, leur toxicité inhérente engendre sur les insectes (notamment sur les pollinisateurs) des effets non ciblés », rapporte cette synthèse scientifique très documentée. Les néonicotinoïdes, qui représentent 40 % du marché mondial des insecticides agricoles, sont particulièrement mis en cause en raison de plusieurs caractéristiques délétères : spectre d'action très large, toxicité à très faible dose, présence dans tous les organes de la plante, utilisation préventive et donc bien souvent inutile, rémanence dans l'environnement. « La mise sur le marché de ces pesticides s'est à chaque fois accompagnée d'intoxications de colonies d'abeilles », relève le document. La confirmation du caractère particulièrement toxique de ces substances ne semble pas pour autant inquiéter le ministère de l'Agriculture qui propose de reconduire leur autorisation cette saison en traitement des semences de betteraves.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/declin-insectes-role-pesticides-note-scientifique-opecst-38822.php4 <https://www.actu-environnement.com/ae/news/declin-insectes-role-pesticides-note-scientifique-opecst-38822.php4>>
En savoir plus :
> Le déclin des insectes <https://www2.assemblee-nationale.fr/content/download/451539/4391913/version/1/file/OPECST_2021_0064_Note_D%C3%A9clin_insectes.pdf>, Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), Note scientifique n° 30, décembre 2021
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5- Tribune. « Préservons les jardins ouvriers d’Aubervilliers menacés par une piscine olympique », Le Monde, 30/12/21, 07h00
Par Collectif

Un collectif de défense des jardins ouvriers des Vertus, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), appelle les élus de la ville et du département à renoncer à pratiquer un urbanisme effaçant des « communs » populaires pour construire un bassin olympique à la place de parcelles historiques.
Tribune. Le mardi 7 décembre 2021, les travaux de construction de la piscine olympique d’Aubervilliers ont commencé. Foreuses, palissades métalliques, pelleteuses… Ils diront qu’il était temps de s’y mettre afin que les bassins soient prêts pour entraîner les athlètes des Jeux olympiques de Paris en 2024.
Le contrat initial entre la municipalité et l’entreprise Spie Batignolles prévoyait de commencer le chantier en décembre 2020 afin de mettre en service le centre aquatique en juin 2023. L’occupation, entre mai et septembre, des jardins ouvriers des Vertus pour en empêcher la destruction, les centaines de personnes venues manifester et les recours juridiques contre le permis de construire et le plan local d’urbanisme ont retardé le chantier de près d’un an. Le compte à rebours était donc plus qu’enclenché.
Nous disons qu’il est toujours trop tôt pour bétonner 4 000 mètres carrés de terres, ces espaces vivants où une infinité de graines de plantes vivaces hibernent l’hiver avant de jaillir en surface au printemps.
> Lire aussi JO 2024 : le futur complexe aquatique d’Aubervilliers menace les jardins ouvriers
Les lombrics, mille-pattes, cloportes, iules, limaces, pince-oreilles et collemboles s’y nourrissent en permanence, à l’abri de la lumière. Leur activité digestive rend l’humus plus fécond chaque seconde. Les sols sont des écosystèmes de vie qui ne peuvent survivre ni au bétonnage, ni à la découpe en tranches à poser sur le toit d’un solarium, ni au déplacement vers d’autres parcelles. Vingt-deux espèces d’oiseaux protégés ont été recensées sur les 70 000 mètres carrés des jardins des Vertus et des jardins familiaux de Pantin.
Piscine « du territoire »
Ils diront que, même s’il est trop tard pour que la piscine soit prête pour les JO en 2024, c’est une piscine « du territoire », et qu’elle est nécessaire aux enfants de la Seine-Saint-Denis, qui ne bénéficient pas d’assez de bassins pour apprendre à nager. Qu’il est temps que les jeunes des classes populaires puissent, eux aussi, apprivoiser l’eau et ainsi se protéger du risque de noyade dans le canal Saint-Denis quand il fait trop chaud pour supporter l’air ambiant, ou dans la mer, quand ils peuvent s’y rendre.
Nous disons pour notre part que cet apprentissage est indispensable et qu’il nécessite la création de beaucoup plus de postes de maîtres-nageurs municipaux et de professeurs d’éducation physique et sportive que ce que nous voyons tous les jours dans nos villes de la Seine-Saint-Denis.
> Lire aussi JO 2024 : Paris et le « fléau olympique »
Nageuses et nageurs, nous attendons avec impatience la création de nouvelles lignes de natation. Mais nous refusons qu’elles se construisent en détruisant les parcelles historiques des jardins ouvriers des Vertus. Car nous savons qu’il y a suffisamment de place pour bâtir cet équipement sur les sols déjà bétonnés d’Aubervilliers, la ville la plus artificialisée du département avec 1,42 mètre carré d’espaces verts par habitant – nous tenons nos études à disposition des décideurs qui prendront la peine de les consulter.
Commerce privé
Ils diront que, même si les JO ne financent plus la piscine d’Aubervilliers – les privant de 10 millions sur un total de 34 millions d’euros pour ce gigantesque équipement –, ils trouveront de quoi la payer, et qu’il faudra peut-être prévoir un équipement plus modeste et moins coûteux.
Nous disons, nous, à nos camarades élus de gauche en Seine-Saint-Denis que cela laisse ouverte la possibilité de revoir le permis de construire de la piscine afin qu’elle ne détruise pas 20 parcelles potagères. Que rien ne les oblige à appliquer un urbanisme effaçant des « communs » populaires au profit du privé. Et qu’ils peuvent encore préserver les jardins ouvriers cultivés depuis près d’un siècle.
> Lire aussi Au bonheur des jardins ouvriers
Aujourd’hui, les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) s’accordent pour dire que la protection du vivant ne souffre aucune dérogation face à l’urgence écologique. Les responsables politiques doivent relever le défi exaltant d’un urbanisme qui « renature » la terre pour bâtir un projet social et solidaire fidèle aux convictions de la gauche qui nous portent.
Au pied des tours de logements sociaux, les jardins des Vertus et les jardins familiaux de Pantin offrent nourriture peu coûteuse, fraîcheur en temps de canicule, et espaces de liberté aux habitants qui les cultivent. En face de la cité des Courtillières – ainsi nommée en mémoire des courtilles, ces jardins attenants à des fermes, qui se trouvaient là il n’y a pas si longtemps –, ils ont traversé le temps et résisté à l’urbanisation.
Quand les fins de mois sont difficiles à boucler, les conserves de haricots frais et les sauces tomate rendent leur quotidien meilleur. Dans les moments pénibles de la vie, ou quand la pandémie restreint durement les déplacements, aller jardiner permet de se revigorer, de voir le ciel, de retrouver des visages connus, de s’occuper, de prendre soin de soi et de cultiver sa dignité face aux difficultés.
Ils diront que l’espoir fait vivre. Nous disons, nous, que nous sommes la nature qui se défend.
Tous les signataires sont des habitants d’Aubervilliers, de Pantin (Seine-Saint-Denis) et de Paris qui soutiennent le collectif de défense des jardins des Vertus : Chloé Damiron, Antoine Deloison, Bruno Do Nascimento, Sylvain Escoda, Ivan Fouquet, Viviane Griveau-Genest, Jérémy Jeannin, Manuela Laurence, Sarah Lazemi, Ariane Leblanc, Jade Lindgaard, Ziad Maalouf, Dolorès Mijatovic, Sylvie Napolitano, Flaminia Paddeu, Anne Paq, Aline Pires, Manuel Ulloa Colonia.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/30/preservons-les-jardins-ouvriers-d-aubervilliers-menaces-par-une-piscine-olympique_6107676_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/30/preservons-les-jardins-ouvriers-d-aubervilliers-menaces-par-une-piscine-olympique_6107676_3232.html>>
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6- Dès le 1er janvier 2022, les élevages devront nommer un référent sur le bien-être animal, Sciences & Avenir, 30/12/21, 16h00
Anne-Sophie Tassart

Dès le 1er janvier 2022, tous les élevages devront avoir nommé un référent "bien-être animal". Ceux opérant dans les élevages de porcs et de volailles devront obligatoirement suivre une formation.
Le baromètre annuel "Les Français et le bien-être des animaux", mené par la Fondation 30 millions d'Amis et l'Ifop réaffirmait, début 2021 encore, les attentes des citoyens concernant le bien-être des animaux de compagnie, des animaux sauvages et d'élevage. 85% des Français se disaient par exemple favorables à la fin de l'élevage intensif qui concerne environ 80% des animaux sur le territoire et 81% des sondés disaient préférer un abattage des animaux sur leur lieu d'élevage par des professionnels. Les différentes vidéos tournées par l'association L214 ont largement contribué à cette tendance.
"Cette mesure est effective dès le 1er janvier 2022"
L'élevage s'ouvre alors petit à petit au bien-être animal et c'est dans ce contexte que le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation a annoncé le 29 décembre 2021 la nomination d'un référent "bien-être animal" dans tous les élevages dès le 1er janvier 2022. "Le Gouvernement s’est engagé à la nomination dans chaque élevage d’un référent bien-être animal avec une formation spécifique et obligatoire à ces enjeux, explique-t-il dans un communiqué. Après un important travail engagé avec les filières pour concevoir ce volet formation, cette mesure est effective dès le 1er janvier 2022".
18 mois pour achever le parcours de formation
Ainsi, le décret n° 2020-1625 du 18 décembre 2020 prévoit que "tout responsable d'un élevage désigne au sein de son personnel une personne formée au bien-être animal notamment chargée d'y sensibiliser les personnes exerçant leur activité en contact avec les animaux" au plus tard le 1er janvier 2022. Et c'est le 29 décembre 2021 que les modalités de désignation du référent ont été présentées dans un nouvel arrêté publié au Journal officiel.
Et il ne s'agit pas que des animaux de rente mais aussi des élevages d'animaux de compagnie, d'équidés et d'animaux sauvages maintenus en captivité. Cependant, "cette nouvelle obligation est assortie d’une obligation de formation pour les référents en élevage de porcs et de volailles", et seulement pour ces filières. Ils auront 6 mois à compter du 1er janvier 2022 pour entamer le parcours de formation, et disposeront de 18 mois pour l’achever. Dans les autres filières (bovines, ovines...), une formation pourra aussi être suivie mais de manière volontaire. "Face aux mises en cause dont l’élevage fait régulièrement l’objet, la mise en place de ce dispositif de sensibilisation et d’amélioration continue, fruit d’un dialogue constructif entre l’État et le monde de l’élevage, participe à la relation de confiance renouvelée qui se construit entre nos éleveurs et les citoyens", a déclaré Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation.
<https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/animaux-d-elevage/des-le-1er-janvier-2022-les-elevages-devront-nommer-un-referent-sur-le-bien-etre-animal_160322 <https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/animaux-d-elevage/des-le-1er-janvier-2022-les-elevages-devront-nommer-un-referent-sur-le-bien-etre-animal_160322>>
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7- On-Farm Experimentation : quand chercheurs et agriculteurs collaborent pour la science, Actu-environnement, 30/12/21
 Félix Gouty 

La recherche doit-elle forcément s'affranchir des aléas du terrain pour rester objective ? Selon de nombreux chercheurs agronomes à travers le monde, dont ceux de l'Institut national de recherche agronomique (Inrae), la réponse est non. Des scientifiques de huit pays, dont la France, partagent cette idée et ont publié un article dans la revue Nature Food détaillant les bénéfices d'un nouveau modèle d'expérimentations à la ferme – ou « On-Farm Experimentation » (OFE). Ils constatent que cette approche existe dans différents pays du monde – et implique environ 30 000 exploitations agricoles – sans jamais avoir été « formalisée ou systématisée institutionnellement ». Ils appellent ainsi à l'encadrer pour « accélérer la création de connaissances locales et appliquées » au service des « transitions agroécologique et digitale ».
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/on-farm-experimentation-inrae-chercheurs-agriculteurs-science-38824.php4>
En savoir plus : 
> On-Farm Experimentation to transform global agriculture <https://www.nature.com/articles/s43016-021-00424-4>, Nature Food, 23 December 2021
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8- Le dioxyde de titane de nouveau banni des produits alimentaires français, France info avec AFP, 31/12/21, 17:16

Cet additif est controversé en raison de la présence de nanoparticules. En France, il est interdit dans l'alimentation depuis 2020 et cette année, les Vingt-Sept vont mettre définitivement un terme à son usage alimentaire dans toute l'UE.
La France reconduit en 2022 l'interdiction d'utiliser le dioxyde de titane dans les denrées alimentaires, selon un arrêté publié au Journal officiel, vendredi 31 décembre. Signalée sur les étiquettes par TiO2 ou E171, cette poudre blanche est utilisée principalement comme colorant pour blanchir ou intensifier la brillance des produits alimentaires (confiseries, pâtisseries, plats cuisinés).
Cette substance contenant des nanoparticules – d'une taille inférieure à 100 nanomètres, ce qui facilite leur pénétration dans l'organisme – a été bannie des assiettes françaises une première fois en janvier 2020. La mesure a depuis été reconduite. L'interdiction de cet additif controversé doit devenir pérenne courant 2022. Début octobre, en effet, les Vingt-Sept ont donné leur feu vert pour interdire le dioxyde de titane dans l'alimentation à l'échelle de l'UE, après une remise en cause de sa sécurité par le régulateur européen.
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/le-dioxyde-de-titane-de-nouveau-banni-des-produits-alimentaires-francais_4899737.html>
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9- Le chalutage de fond dénoncé comme la pire technique de pêche, Le Monde, 03/01/22, 05h46
Martine Valo

Une coalition d’ONG demande l’interdiction de cette méthode peu sélective et destructrice dans les aires marines protégées d’Europe. Au niveau mondial, elle concerne 26 % des prises, parfois en dehors des zones économiques exclusives des Etats. 
Alors que l’Union européenne prépare, pour le printemps, un « plan d’action pour l’océan » destiné à protéger les écosystèmes marins, les organisations de défense de l’environnement centrent leurs efforts sur une technique de pêche en particulier : le chalutage des fonds marins. Elle consiste à racler le plancher océanique avec de lourds engins, en capturant les espèces sans distinction ou presque, le tout à grand renfort de carburant. Elle est considérée comme « la plus néfaste à l’environnement et au climat » par une coalition d’ONG – Oceana, Seas at Risk, Our Fish, Environmental Justice Foundation entre autres.
Dans le cadre de la consultation publique ouverte jusqu’au 10 janvier, celle-ci a remis le 20 décembre 2021 une pétition, forte de plus de 152 000 signataires, au commissaire européen chargé de ce secteur, Virginijus Sinkevicius. Elle demande le bannissement immédiat du chalutage de fond dans toutes les aires marines protégées – c’est actuellement loin d’être le cas en Allemagne, aux Pays-Bas, ou en France. Cette pratique est également dénoncée dans une synthèse détaillée publiée le 9 décembre, rédigée par une quarantaine d’universitaires, d’ONG et des consultants en environnement, avec le soutien financier de fondations américaines (Oceans 5, Oak Foundation et Oceankind).
> Lire aussi Surchauffe, acidification, asphyxie, pollution, algues… L’état de l’océan continue de se dégrader à grande vitesse
Dans le monde, les chaluts de fond – quels que soient la dimension du bateau et le modèle de filet – se taillent une grosse part de la totalité des pêches : environ 26 %, rapportent les auteurs. Chaque année, ces filets remontent au moins 30 millions de tonnes de produits de la mer, soit à peu près l’équivalent de ce qu’attrapent l’ensemble des pêcheurs artisanaux. Le reste correspond à divers autres engins : chaluts pélagiques de pleine eau, filets posés, palangres, etc., industriels ou non. Les chalutiers de fond opèrent presque exclusivement dans les zones économiques exclusives (ZEE) des pays côtiers, s’aventurant rarement au-delà des 200 milles marins. Ils se cantonnent même en partie à moins de 12 milles du rivage où ils effectuent 20 % de leurs prises. Ils s’y trouvent alors en concurrence directe avec les petits bateaux des artisans et les pirogues des communautés locales.
Rivalité féroce entre Etats
« Les prises mondiales pourraient augmenter s’il y avait moins de chalutage. Quand on surpêche, les rendements diminuent pour tous », affirme Daniel Pauly. Ce spécialiste internationalement reconnu est à l’origine du programme de l’université canadienne de Colombie-Britannique Sea Around Us, qui a reconstitué des décennies de captures de produits de la mer de 1950 à 2018. Le rapport sur les impacts du chalutage de fond s’appuie sur cette base de données exceptionnelle, ainsi que sur une revue de la littérature scientifique. Ses auteurs constatent que cette méthode de pêche a atteint un pic de 36,5 millions de tonnes en 1989, avant de décliner tout autour du globe. Sauf en Asie, qui n’a pas suivi la même tendance, au contraire.
Ses flottes remontent désormais environ la moitié des produits de pêche grâce aux chaluts de fond, dont 15 % pour la seule Chine. Les prises chinoises sont passées de 1,4 million de tonnes en 1985 à 5,2 millions en 2015. Le Vietnam suit de près, avec une armada d’environ 20 000 chalutiers – de fond et pélagiques – et une augmentation de ses captures de 7 000 % depuis les années 1970, tandis que celles de l’Inde et du Myanmar croissaient de plus de 400 %.
> Lire aussi Le chalut électrique, cheval de bataille des pêcheurs industriels néerlandais
Si ces pays sont des champions de l’exploitation de leurs propres eaux, ils se lancent aussi dans des campagnes lointaines, qui reviennent pourtant très cher, s’avèrent plus dangereuses et propices à des conditions de travail dégradées au cours de navigations durant plusieurs mois. Au total, 22 % des poissons et des crustacés attrapés au fond de l’océan le sont par des bateaux naviguant hors de leur zone économique exclusive. La Chine, le Vietnam, l’Indonésie, l’Inde, mais aussi le Maroc figurent en tête du classement des pays pêchant à la fois dans et hors de leur ZEE respective, suivis par le Japon, la Corée du Sud, les Etats-Unis, l’Argentine et la Malaisie.
Qui pêche où ? Les réponses avancées en disent long sur la rivalité féroce entre Etats dans la course aux ressources halieutiques. Plus de 90 % des captures réalisées dans les ZEE de 34 pays, situés principalement en Afrique, sont le fait de chalutiers de fond battant pavillon étranger. « Ces chiffres pourraient même être plus élevés, étant donné l’importance des opérations de pêche lointaine jugées illicites, non déclarées ou non réglementées », précise le rapport.
« Logique colonialiste »
Les navires chinois sont bien présents devant la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Ghana, le Liberia, le Togo, mais ils n’y sont pas seuls. La moitié des produits de la mer remontés par des chaluts de fond à moins de 200 milles des côtes africaines l’est par des flottes asiatiques et européennes, en particulier espagnoles et françaises. Or, les auteurs citent des données de 2017 selon lesquelles les accords permettant aux opérateurs étrangers de venir puiser dans les eaux d’Afrique de l’Ouest généreraient des revenus compris entre 2 % et 8 % de la valeur estimée des poissons et crustacés au moment de leur débarquement. Leurs prix grimpent ensuite au fur et à mesure qu’ils passent entre les mains d’intermédiaires vers des marchés étrangers. En d’autres termes, les gouvernements de ces pays « acceptent un commerce important de ressources essentielles sans obtenir grand-chose en retour », estiment les rapporteurs.
« Non seulement la pêche au chalut suit une logique colonialiste, conduit à des conflits entre pêcheurs, est très destructrice pour les espèces avec beaucoup de prises accessoires, mais elle contribue aussi aux émissions de gaz à effet de serre »,souligne Daniel Pauly. Très gourmandes en fioul, ces pêcheries consommeraient environ 40 milliards de litres de carburant par an, sans compter les émissions de CO2 générées par la mise en suspension des sédiments sous-marins.
« Ce n’est pas rentable, poursuit le chercheur. Le chalutage revient très cher, prend beaucoup de poissons de moindre qualité qui vont être transformés en farine pour l’aquaculture. Du coup, les armateurs tirent les salaires des marins vers le bas. » Pour les défenseurs de l’environnement, la bataille pour réduire le ratissage des fonds par des filets lestés va de pair avec celle contre les milliards d’euros de financements du secteur, sous forme de détaxe du carburant ou d’aides à la motorisation et à la construction de bateaux toujours plus puissants.
L’Organisation des Nations unies demande officiellement depuis 2015 l’interdiction des subventions néfastes qui favorisent la « surcapacité et la surpêche », ainsi que la pêche illicite, car, souligne-t-elle, plus de trois milliards de personnes dépendent de la biodiversité marine et côtière pour subvenir à leurs besoins. Elle a mandaté l’Organisation mondiale du commerce pour y travailler. Un pas en avant était attendu à Genève début décembre durant la conférence ministérielle : un projet d’accord était prêt. Las, la venue des ministres a été annulée in extremis en raison de la pandémie de Covid-19. Le 2 décembre, la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a néanmoins exhorté les délégations présentes à trouver des réponses à ces questions d’ici à fin février.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/03/le-chalutage-de-fond-denonce-comme-la-pire-technique-de-peche_6107979_3244.html>
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10- Les deux tiers des mollusques des grands fonds marins seraient menacés par les projets d’exploration, Le Monde, 03/1/22, 09h47
Martine Valo

Une étude révèle la fragilité de la faune vivant à plusieurs kilomètres sous la surface de l’eau autour des cheminées hydrothermales, caractérisée par un endémisme élevé. 
La faune marine vivant en eau profonde est encore mal connue, mais déjà menacée par la pollution, le changement climatique et les projets d’exploration des grands fonds marins par le secteur minier, qui semble se préparer à en exploiter prochainement les ressources minérales. Une étude publiée dans Frontiers in Marine Science le 10 décembre entend communiquer cette préoccupation aux décideurs, aux industriels et au grand public.
Elin Angharad Thomas, chercheuse au laboratoire marin de l’université Queen’s de Belfast, a utilisé pour ce faire la Liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Après une étude précédente sur le même thème, publiée le 20 octobre dans la revue Conservation Biology, elle a classé la faune vivant plusieurs kilomètres sous la surface des mers en fonction du degré de priorité de leur besoin de conservation, en ayant recours aux critères de la Liste.
> Lire aussi Le chalutage de fond dénoncé comme la pire technique de pêche
Jusqu’à présent, plus de 700 espèces ont été recensées dans les grandes profondeurs de l’océan mondial. Il faut imaginer un milieu inhospitalier, mais abritant quelques cheminées hydrothermales – 600 ont été repérées – qui font office d’oasis pour des organismes caractérisés par des niveaux élevés d’endémisme et une connectivité très limitée. Ces îlots de vie sont en effet extrêmement éloignés les uns des autres. Ils s’étendent sur des aires de moins de 100 000 mètres carrés – qui n’occupent guère que 50 kilomètres carrés du plancher de l’océan au total. Et ils abritent des communautés (souvent une seule ou deux à la fois), dont la biomasse relative est néanmoins comparable à celle d’un récif corallien ou d’une forêt tropicale.
39 espèces en danger critique d’extinction
L’équipe d’Elin Angharad Thomas s’est focalisée sur les mollusques regroupés autour des sources thermales actives. Ces derniers constituent en effet un groupe important de la biodiversité des profondeurs, ils sont répartis tout autour du globe et sont pour la plupart endémiques. Donc, si une population de ces mollusques est détruite localement du fait d’une exploitation industrielle, c’est son espèce entière qui se trouve en danger.
Les scientifiques ont conclu que, sur les 184 espèces évaluées, près des deux tiers (62 %) seraient menacées : 39 apparaissent même comme en « danger critique d’extinction », 32 « en danger » et 43 « vulnérables », essentiellement en raison de projets d’exploration minière, a fortiori en cas d’exploitation. D’autres s’en sortent a priori mieux : 45 sont répertoriées comme « quasi menacées », une part de leurs sous-populations étant confrontée à des menaces d’exploitation tandis que d’autres se trouvent au contraire dans des zones protégées. Enfin, 25 se classent dans la catégorie « préoccupation mineure », car elles font l’objet de mesures de conservation locales.
> Lire aussi Surchauffe, acidification, asphyxie, pollution, algues… L’état de l’océan continue de se dégrader à grande vitesse
Au fond de l’océan, les panaches de sédiments générés par les activités d’extraction peuvent affecter des zones situées jusqu’à 70 kilomètres alentour. Cette étude n’en détaille pas l’impact global, mais s’emploie à déterminer quels animaux ont des probabilités élevées de ne pas survivre. Des revues de la littérature scientifique ont été menées pour chaque espèce considérée ; les données rassemblées comprennent le nom, l’emplacement, la profondeur, la région et le statut des habitats de sources hydrothermales.
« Menaces futures plausibles »
Faute de données complètes pour calculer la taille et les tendances des populations, l’équipe n’a pas appliqué la totalité de la méthode de l’UICN pour établir le niveau de risque d’extinction. Elle s’est concentrée sur les critères portant sur la répartition géographique et les « menaces futures plausibles provoquant des déclins extrêmes ». Les atteintes en question découlent du croisement des zones abritant des mollusques déjà décrits avec les cartes des zones marines protégées, ou bien celles des permis d’exploration. Ces autorisations sont délivrées soit par des Etats côtiers pour les eaux sous leur juridiction, soit par l’Autorité internationale des fonds marins s’agissant de la haute mer.
> Lire aussi Dans les océans, la pollution chimique menace toute la chaîne alimentaire
C’est pour cette dernière raison que « les mollusques de l’océan Indien courent le plus grand risque d’extinction », estime Elin Angharad Thomas. Puisque « l’intérêt industriel et l’exploitation commerciale commencent à s’accélérer plus rapidement que la découverte biologique », elle plaide pour l’adoption en urgence de « véritables mesures de conservation ».
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/03/les-deux-tiers-des-mollusques-des-grands-fonds-marins-seraient-menaces-par-les-projets-d-exploration_6108003_3244.html>
En savoir plus : 
> A Global Red List for Hydrothermal Vent Molluscs <https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmars.2021.713022/full>, Frontiers in Marine Science, 09 December 2021
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11- L’espoir d’une solution contre la mortalité massive des jeunes huîtres, Le Monde, 03/01/22, 18h05
Frédéric Zabalza(La Rochelle, correspondant)

A La Tremblade et à Montpellier, des chercheurs de l’Ifremer entraînent les bivalves à résister au redoutable herpès virus. Une première mondiale. 
Contre toute attente, les huîtres ont de la mémoire – leur système immunitaire, en tout cas. La découverte de deux équipes de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) s’appuie sur cette capacité insoupçonnée pour donner l’espoir d’une solution contre la surmortalité des jeunes huîtres, due à l’herpès virus OsHV-1.
Depuis plus d’une dizaine d’années, dès que l’eau de mer atteint 16 °C, celui-ci dévaste les élevages, sur les bords de l’Atlantique comme en Méditerranée et ailleurs dans le monde, tuant, en fonction des années et de l’état des stocks, 50 à 90 % des huîtres au stade naissain, soit les mollusques bivalves âgés de moins d’un an. Un fléau pour les exploitations ostréicoles – pas pour le consommateur, puisque le virus ne se transmet pas à l’homme. Les bassins d’Arcachon et de Marennes-Oléron sont particulièrement touchés.
> Lire aussi « Jusqu’à maintenant on avait des jeunes, mais là, je ne sais pas où ils sont » : les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon manquent de bras
En Charente-Maritime, dès 2008, l’année où le nouveau variant de l’herpès virus est apparu, près des trois quarts des huîtres creuses en première année d’élevage ont disparu ; dans le même temps, l’ensemble des classes d’âge a été frappé par une mortalité supérieure d’environ 80 % à celle rencontrée habituellement. Le processus a été décrit en 2018 dans la revue scientifique Nature Communications par les scientifiques du laboratoire Interactions hôtes-pathogènes-environnements (IPHE, réunissant CNRS, Ifremer, universités de Perpignan et de Montpellier) : le virus s’introduit dans l’huître par l’eau qu’elle filtre, affaiblit ses défenses antibactériennes, ouvrant la voie aux bactéries porteuses de maladies. En quelques jours, l’animal succombe à une infection.
« Pseudo-vaccination »
« Quand on a commencé à travailler sur cette surmortalité, on avait davantage d’informations sur la réponse antibactérienne chez les huîtres, notamment chez les jeunes, parce qu’il y avait des infections en écloserie par des bactéries, moins par des virus », expliquent Caroline Montagnani, directrice adjointe de l’unité IHPE à Montpellier, et Benjamin Morga, chercheur en virologie dans la station fraîchement rénovée de La Tremblade (Charente-Maritime), où ont lieu la plupart des expérimentations du projet « Stimulation antivirale de l’huître creuse » (« Star »).
> Lire aussi Les eaux usées seraient à l’origine de la gastro-entérite des huîtres en Bretagne
C’est en étudiant la réponse antivirale de l’huître qu’ils ont découvert, « par hasard », une technique permettant de stimuler son immunité. « Par hasard, oui, confirme Caroline Montagnani, en utilisant une molécule qui est couramment utilisée en recherche sur la réponse immunitaire antivirale chez les mammifères, l’acide polyinosinique-polycytidylique. On s’en est servi pour stimuler l’immunité des huîtres. En faisant ça, on s’est rendu compte que non seulement les composantes étaient très proches de ce qui existe chez les mammifères, mais aussi qu’on était capable de stimuler l’immunité et, surtout, qu’on pouvait protéger les huîtres contre une infection ultérieure. »
A partir de ces résultats, les équipes de l’Ifremer tentent de concevoir une « pseudo-vaccination », en injectant un herpès virus inactivé dans l’organisme de l’huître. « Ce n’est pas un vaccin à proprement parler, car l’huître ne produit pas d’anticorps, contrairement à l’humain. C’est plutôt une stimulation de l’immunité, précise la chercheuse. On va entraîner l’huître à reconnaître un virus, lui donner les armes pour qu’elle puisse se défendre de manière efficace dans la nature. »
Prudence des ostréiculteurs
Les chercheurs estiment qu’il reste encore « cinq ou dix ans de travaux » pour trouver la manière d’appliquer cette solution à l’échelle d’un parc ostréicole. Mais l’espoir est là. « Les recherches menées en laboratoire montrent une grande efficacité, soulignent-ils. On arrive à des taux de survie de 100 %. »
Il faudra aussi du temps pour parvenir à convaincre les ostréiculteurs, qui ne cachent pas une certaine prudence à l’égard de cette « première mondiale ». A l’image de Daniel Coirier, président du comité régional de la conchyliculture Poitou-Charentes, qui attend « d’avoir des informations complémentaires » avant de se prononcer. « Nous n’en sommes encore qu’à la preuve de concept en laboratoire, remarque Benjamin Morga. Mais nous sommes soucieux de communiquer, d’échanger et d’avancer avec les professionnels dans les prochaines étapes de nos recherches. »
> Lire aussi Huître ou ne pas huître
« Ils ont sans doute peur qu’on ait recours à toute unerecherches menées sur les invertébrés, insectes ou mollusques. Jusqu’à présent, on considérait qu’il n’y avait pas de mémoire immunitaire, qu’ils ne pouvaient pas se souvenir d’une rencontre avec un pathogène. Ça ouvre la voie à d’autres questions et à d’autres possibilités. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/03/l-espoir-d-une-solution-contre-la-mortalite-massive-des-jeunes-huitres_6108055_3244.html>
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12- La disparition du Haut conseil des biotechnologies, Blog Sciences, 03/01/22
Sylvestre Huet

Créé en 2008, le Haut Conseil des Biotechnologies avait comme mission d’éclairer de manière indépendante le Gouvernement sur les OGM ou toute autre biotechnologie.
Avait, car il va disparaître, ses missions étant pour l’essentiel transférées à l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail).
La fin du HCB résulte de l’échec final d’une structure qui devait favoriser un débat sociétal autour des biotechnologies, débat en réalité limité aux plantes transgéniques pour l’agriculture. Ce fut la réponse politique aux opérations des « faucheurs d’OGM », détruisant des essais en plein champs ou en laboratoires au nom du refus total de toute plante transgénique. Organisé en deux comités, l’un dit scientifique de 40 membres et l’autre dit Comité économique, éthique et social, de 33 membres il était censé permettre un dialogue ouvert sur tous les aspects de l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés. Mais il était surtout attendu par les opposants à leur usage agricole.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/blog/huet/2022/01/03/la-disparition-du-haut-conseil-des-biotechnologies/>
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13- Néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles » : le passage en force du gouvernement, Reporterre, 05/01/22, 09h22
Justine Guitton-Boussion 

Les écologistes sont dépités : les néonicotinoïdes seront à nouveau autorisés en 2022 dans les champs de betteraves, malgré leur toxicité. Voici pourquoi.
Encore un coup dur pour les insectes : les néonicotinoïdes continueront à polluer les champs de betterave sucrière français cette année. Interdits depuis 2018 en France, ils avaient été autorisés à nouveau en 2021 pour aider les producteurs de ce légume racine à lutter contre le virus de la jaunisse. Et devrait toujours l’être en 2022, malgré l’opposition des défenseurs de l’environnement. Explication en quatre points.
1 / Les néonicotinoïdes, qu’est-ce que c’est ?
Ce sont des insecticides. Lorsqu’ils enrobent des graines, les « néonics »protègent la plante du semis jusqu’à la récolte. Mais ces produits sont extrêmement rémanents : ils persistent dans l’environnement pendant une longue durée. Solubles dans l’eau, ils se répandent des champs agricoles vers le reste de l’environnement, contaminant toutes sortes de plants, de sols et d’animaux.
Ils sont souvent surnommés les « tueurs d’abeilles » : des études ont prouvé que l’utilisation de néonicotinoïdes fait baisser les populations d’abeilles, entrave leur croissance, leurs réponses immunitaires et leur reproduction. « La biodiversité, ce ne sont pas que les abeilles, soulignait le toxicologue expert de ces molécules, Jean-Marc Bonmatin, dans un entretien à Reporterre. On oublie tous les autres pollinisateurs, tous les insectes autres, tous les invertébrés du sol, tous les invertébrés aquatiques, et tous ceux qui boivent de l’eau et mangent des fruits et des légumes. » Les néonicotinoïdes sont interdits en France depuis l’entrée en vigueur de la loi Biodiversité, en 2018. Mais une dérogation a été mise en place l’an dernier pour les cultures de betteraves sucrières.
>> Suite à lire à :
<https://reporterre.net/Neonicotinoides-tueurs-d-abeilles-le-passage-en-force-du-gouvernement>
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14- Interdiction du glyphosate : Emmanuel Macron veut une réponse européenne, après l’échec français, Novethic, 05/01/22
Marina Fabre Soundron

Dans une interview au Parisien, Emmanuel Macron a reconnu "ne pas avoir réussi sur le glyphosate". Alors que le Président s'était engagé à interdire ce pesticide controversé en France d'ici fin 2020, sans parvenir à réaliser cette promesse, il appelle désormais à une réponse commune européenne. La France, qui prend la Présidence tournante du Conseil de l'UE, va porter le sujet sur le Vieux Continent, assure-t-il. 
C’était une de ses promesses de campagne. En novembre 2017, Emmanuel Macron s’engageait à interdire d'ici trois ans l’utilisation du glyphosate en France avant de se rétracter en 2019, sous la pression du principal syndicat agricole, la FNSEA. Près de cinq ans ont passé et le glyphosate n’a toujours pas été interdit sur le sol français. Mardi 4 janvier, dans un entretien accordé au Parisien, le chef de l’Etat a reconnu "ne pas avoir réussi sur le glyphosate", admettant avoir commis "l'erreur" en début de quinquennat d'avoir cru la France capable de sortir de ce désherbant seule sans les autres pays européens.
"Certains agriculteurs m'ont dit que si on les obligeait à sortir rapidement, ils allaient mettre la clé sous la porte, parce que leurs concurrents espagnols ou italiens, eux, pouvaient continuer à produire", a-t-il expliqué assurant qu’il fallait "agir sur ces sujets au niveau européen". Et justement, la France a pris, depuis le 1er janvier, la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (PFUE). L’enjeu est d’autant plus crucial que la licence de mise sur le marché du glyphosate sur le Vieux Continent expire fin 2022. Les 27 devront donc décider rapidement du renouvellement ou non de cet agent actif utilisé dans plusieurs désherbants phare dont le Roundup.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/interdiction-du-glyphosate-emmanuel-macron-veut-une-reponse-europeenne-apres-l-echec-francais-150458.html>
Sur le même sujet : 
> « Sur le glyphosate, on a dit : on va essayer de sortir en trois ans. Je n’ai pas réussi », Emmanuel Macron <https://www.actu-environnement.com/dit-aujourdhui/1060.html>, Actu-environnement, Ils l’ont dit, 06/01/22
> Glyphosate : une expertise indépendante de l’évaluation européenne en cours réclamée, Le Monde, 10/01/22, 19h11
Stéphane Foucart
La Commission nationale de la déontologie et des alertes en santé publique et d’environnement juge que la confiance des citoyens dans le processus actuel de réautorisation de l’herbicide controversé n’est pas garantie. 
La saga du glyphosate n’est jamais à court de nouveaux rebondissements. Dans un avis rendu public lundi 10 janvier, c’est, cette fois, la Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé publique et d’environnement (CNDASPE) qui se positionne dans le débat sur la dangerosité du célèbre herbicide, produit phytosanitaire le plus utilisé en France et dans le monde. Créée en 2013 pour veiller à la déontologie de l’expertise dans les champs sanitaires et environnementaux, la CNDASPE, dont les avis sont consultatifs, recommande, en quelque sorte, que soit « expertisée » l’expertise européenne sur le glyphosate, en cours de finalisation.
> Lire aussi Réautorisation du glyphosate en Europe : la qualité des études réglementaires en cause
Des conclusions de celle-ci découlera la décision, par les Etats membres, de réautoriser ou non le pesticide controversé en Europe. L’échéance est fixée à décembre 2022. En juin 2021, un volumineux prérapport, rédigé par les experts des agences réglementaires de quatre pays (France, Hongrie, Pays-Bas et Suède) a déjà été rendu public : il conclut que le glyphosate ne remplit aucun critère d’interdiction (cancérogène, mutagène, toxique pour la reproduction ou perturbateur endocrinien) et ouvre ainsi la voie à sa remise en selle dans l’Union. Cependant, les conclusions de ce prérapport s’opposent à celles d’autres institutions.
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a, en effet, classé en 2015 le glyphosate comme « cancérogène probable ». L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), dans son expertise collective de juin 2021, a, de son côté, conclu à « une présomption moyenne d’un risque accru de lymphome non hodgkinien », en lien avec une exposition au glyphosate.
« Expérience malheureuse »
Le collège de la CNDASPE – une vingtaine d’universitaires, chercheurs, élus et juristes – demande que soient institués deux panels de personnalités indépendantes internationales. Le premier groupe serait composé de « spécialistes de la déontologie de l’expertise scientifique » avec pour mission « d’examiner les liens d’intérêt de chacun des experts membres des comités qui ont participé au prérapport d’évaluation des Etats rapporteurs sur le glyphosate, rendu public en juin 2021 ». Il devrait également examiner les liens d’intérêts des experts qui participeront, dans les prochains mois, au sein des agences réglementaires européennes, à l’évaluation critique du fameux prérapport.
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La CNDASPE demande que ce panel fasse rétrospectivement le même travail pour l’expertise européenne précédente, qui avait conduit à la réhomologation du glyphosate, en 2017. « Nous ne nous prononçons bien évidemment pas sur la question de savoir s’il faut ou non réautoriser ce produit, explique Denis Zmirou-Navier, professeur honoraire de santé publique à l’université de Lorraine, ancien directeur du département santé-environnement-travail de l’Ecole des hautes études en santé publique et président de la CNDASPE. A l’unanimité de ses membres, le collège [de la Commission] s’est autosaisi de cette question, car notre mission consiste à proposer le cadre qui permettra de rétablir la confiance des citoyens dans le processus d’expertise. Or, il est indéniable que l’exercice précédent a été une expérience malheureuse. »
Examen des données scientifiques
Conduite entre 2013 et 2017, la précédente expertise européenne sur le glyphosate avait été principalement menée par l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques (Bundesinstitut für Risikobewertung, BfR) et avait généré d’intenses controverses : le comité d’experts de l’agence était composé pour un tiers de salariés de firmes agrochimiques, les liens d’intérêts des autres membres n’étaient pas publics, des chapitres entiers du prérapport rendu étaient des copiés-collés de la documentation des industriels, une étude de cancérogenèse sur la souris avait été écartée sans motif, etc.
Le second panel appelé de ses vœux par la CNDASPE devrait réunir des experts indépendants en matière de la cancérogenèse, de toxicologie, de perturbation endocrinienne ou encore d’écotoxicologie. Ces scientifiques auraient pour mission de faire l’examen critique des données scientifiques retenues dans le cadre du processus d’expertise.
> Lire aussi Glyphosate : l’expertise européenne a exclu de son analyse l’essentiel de la littérature scientifique
Cette question est centrale. « Il a été montré que le prérapport européen [de juin 2021] a opéré une sélection drastique, en excluant la plupart des études sur le glyphosate publiées dans la littérature scientifique internationale, retenant essentiellement celles fournies par les industriels, répondant à des protocoles standardisés, explique M. Zmirou-Navier. Il faut que cette méthode soit questionnée : il n’est plus possible de continuer à faire de l’expertise en ignorant les avancées de la science. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/10/glyphosate-une-expertise-independante-de-l-evaluation-europeenne-en-cours-reclamee_6108923_3244.html>
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15- La nouvelle crise de grippe aviaire pose la question de la vaccination, Le Monde, 06/01/22, 19h32
Laurence Girard

Démunis face à cette nouvelle épizootie, les professionnels estiment désormais que l’option de la vaccination des animaux est à envisager « sans quoi les filières avicoles resteront menacées par ce virus ». 
Pas de trêve des confiseurs pour l’épizootie de grippe aviaire. Elle poursuit sa progression en France, en particulier dans les Landes, où vingt-quatre foyers ont été détectés. Sur l’ensemble du territoire national, le décompte atteint désormais quarante-six cas, selon les données officielles publiées jeudi 6 janvier. Alors que le sud-ouest du pays a déjà subi trois épisodes d’influenza aviaire depuis 2015, le sujet de la vaccination des animaux est désormais sur la table.
Le ministère de l’agriculture a tiré la sonnette d’alarme, le 27 novembre 2021, après la première découverte d’un foyer d’infection au virus H5N1 dans un élevage professionnel. L’exploitation avicole concernée, située dans la commune de Warhem (Nord), près de la frontière belge, regroupait 160 000 poules pondeuses. D’autres exploitations agricoles avaient ensuite été touchées dans ce département. Au total, les services vétérinaires en recensent huit, mais le sinistre semble circonscrit dans cette zone.
Hormis un autre foyer découvert récemment en Vendée, l’essentiel de la crise se joue donc une fois de plus dans le Sud-Ouest, région à forte densité d’élevages de volailles et en particulier de canards. Le virus H5N1 a fait son apparition dans le Gers, les Pyrénées-Orientales et surtout dans les Landes. Dès le 5 novembre 2021, face à la progression de l’épizootie dans les pays limitrophes, le ministère de l’agriculture avait fixé à « élevé » le risque de grippe aviaire. Un seuil qui contraint tous les agriculteurs à confiner leurs volailles de manière stricte, en limitant au maximum les dérogations.
> Lire aussi La grippe aviaire s’étend en France, avec 41 élevages infectés, dont un premier en Vendée
Contestations sur le terrain
La mesure a soulevé des contestations sur le terrain. Deux syndicats agricoles, la Confédération paysanne et le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef), ainsi que six associations, ont demandé devant le Conseil d’Etat la suspension des arrêtés grippe aviaire, craignant la mise en péril de l’élevage en plein air en France. Un recours rejeté le 24 décembre 2021.
Le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, a défendu le confinement des volailles destiné à éviter les contacts avec les oiseaux migrateurs porteurs du virus, lors d’une conférence de presse, mardi 4 janvier. « Les mesures de protection étaient nécessaires. Si nous ne les avions pas prises, la situation que je vous décris aujourd’hui serait beaucoup plus dramatique », a estimé le ministre, soulignant qu’il y avait « 35 % d’élevages touchés en moins par rapport à l’année [2020] ». Lors de la précédente épizootie, entre décembre 2020 et mai 2021, près de 500 élevages avaient été contaminés et environ 3,5 millions de volatiles, en priorité des canards, avaient dû être éliminés. Il a cité, a contrario, la situation en Italie, où l’épidémie flambe, avec 270 foyers recensés.
Toutefois, M. Denormandie a reconnu que « le sujet qui va revenir sur la table est celui de la vaccination ». Selon lui, la propagation du virus a été observée dans différents types d’élevage et si des oiseaux migrateurs sont porteurs, la diffusion peut se faire lors des transports des animaux par camion ou par les êtres humains. Sur le terrain, la tension est forte. « Les éleveurs sont en détresse. Il y a une grande incompréhension. Nous ne constatons aucune non-conformité dans les exploitations affectées. Ils ont investi dans de nouveaux bâtiments, mis les animaux à l’abri, appliqués les règles de biosécurité et certains sont à nouveau touchés »,explique Marie-Pierre Pé, directrice du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cigof).
> Lire aussi Le retour de la grippe aviaire accentue les tensions dans la filière de la volaille
Changement de ton notable
La colère est d’autant plus forte que les aides pour la crise précédente n’ont pas encore été totalement versées. « Les éleveurs ont reçu pour l’instant une avance correspondant à 50 ou 60 % de la perte estimée. Ils doivent déposer leur dossier avant le 14 janvier pour que leur solde soit évalué », ajoute Marie-Pierre Pé. Le Cifog demande à ce que les dossiers des agriculteurs victimes de l’épizootie pour la deuxième année d’affilée soient traités en priorité.
Changement de ton notable dans cette interprofession. Après avoir défendu les mesures de confinement des volailles, elle juge « indispensable de faire avancer le dossier de la vaccination des animaux contre l’influenza aviaire ». Et d’ajouter : « Alors que les règles de biosécurité sont respectées, il est indispensable de pouvoir protéger nos animaux par une vaccination, sans quoi les filières avicoles resteront menacées par ce virus. » Avec un bémol toutefois : « Il faut préserver la possibilité de poursuivre les exportations. »
Les industriels de la volaille ont, en effet, jusqu’à présent repoussé l’option de la vaccination car les animaux perdaient le statut indemne à la grippe aviaire et ne pouvaient plus être exportés. Le Cifog estime que le sujet peut être débattu à Bruxelles, puisque l’épizootie concerne quasiment tous les pays de l’Union européenne. « Je préfère une volaille vaccinée à une volaille confinée », réagit pour sa part Sylvie Colas, agricultrice à Lectoure dans le Gers et porte-parole du syndicat Confédération paysanne dans ce département. Elle juge la situation actuelle comme « la catastrophe sans fin d’un système qui ne se remet pas en question avec une industrialisation qui s’est faite à outrance » et conclut en dénonçant « une destruction massive de [notre] profession d’éleveur ».
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/06/la-nouvelle-crise-de-grippe-aviaire-pose-la-question-de-la-vaccination_6108466_3234.html>
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16- Lait, beurre : "C’est qui le patron" explose le plafond de verre des produits équitables en se hissant à la première place, Novethic, 06/01/22
Marina Fabre Soundron

Alors qu'en décembre, "C'est qui le patron" devenait la première référence de sa catégorie sur le lait, un mois plus tard, c'est au tour du beurre bio de finir en haut du podium. Un tournant de taille pour les produits équitables qui n'avaient jamais atteints un tel niveau et une preuve que les consommateurs n'adhèrent pas tous au prix le plus bas. 
Une bonne nouvelle n’arrive jamais seule. La marque "C’est qui le patron" se hisse pour la première fois en tête des ventes – en valeur et en volume - du beurre bio, sur deux références : le doux et le demi-sel. Elle passe ainsi devant Président Bio et Grand Fermage. Depuis le lancement de ces deux produits en 2017, elle a ainsi vendu 22,8 millions de plaquettes de beurre bio sous sa propre marque.
Si ce classement ne prend pas en compte les marques de distributeurs et les promotions, il signale un tournant pour la marque, qui, au mois de décembre, avait déjà franchi une étape de taille en devenant la première de sa catégorie sur le lait demi-écrémé, son produit phare. C’était la première fois dans l’histoire qu’un produit équitable devenait le produit le plus vendu de sa catégorie.
>> Suite à lirre à :
<https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/lait-beurre-c-est-qui-le-patron-explose-le-plafond-de-verre-des-produits-equitables-en-se-hissant-a-la-premiere-place-150467.html>
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17- Entretien. « On assiste à une uniformisation de l’alimentation », Le Monde, 07/01/22, 14h48 
Mathilde Gérard

Auteur d’une enquête sur les aliments menacés d’extinction, le journaliste britannique Dan Saladino revient, dans un entretien, sur la nécessité de reconquérir plus de diversité agricole. 
Journaliste à la BBC spécialisé dans l’agriculture et l’alimentation, l’auteur britannique Dan Saladino a publié, à l’automne, un essai remarqué sur la perte d’agrobiodiversité, Eating to Extinction. The World’s Rarest Foods, and Why We Need to Save Them (« manger jusqu’à l’extinction », Jonathan Cape, non traduit), dans lequel il part à la rencontre des paysans, de militants et des peuples à travers le monde qui préservent des variétés agricoles rares, à rebours d’une tendance mondiale à l’uniformisation.
Que sait-on de la perte de diversité agricole, un phénomène moins connu que l’extinction des espèces de faune et de flore ?
La perte d’agrobiodiversité est moins connue parce qu’elle est plus récente et rapide, mais aussi parce que le processus qui l’a entraînée a été en partie perçu, au XXe siècle, comme un succès. L’idée d’abondance et d’uniformisation, véhiculée par la « révolution verte » [le développement, à partir des années 1950, de techniques agricoles d’intensification et de hausse des rendements dans les pays en développement], était vue comme une nécessité après la guerre. Nous prenons seulement maintenant conscience des effets qu’a eus cette politique agricole, sur une période de temps très courte, sur la santé de la planète et notre propre santé.
> Lire aussi Pomme de terre « serpent » ou « qui fait pleurer la belle-fille » : au Pérou, des paysans préservent des centaines de variétés du tubercule
Mais l’intérêt pour la diversité alimentaire ne date pas d’aujourd’hui. Dans les années 1920 et 1930, le botaniste soviétique Nikolaï Vavilov parcourait déjà le monde pour collecter et conserver des variétés rares [créant l’une des premières banques de semences au monde, à Saint-Pétersbourg].
Peut-on quantifier la perte d’agrobiodiversité ?
Nous savons qu’il y a un déclin, il a été documenté par de nombreux travaux. Mais nous ne connaissons pas précisément l’ampleur de la biodiversité de départ. La réserve mondiale de semences du Svalbard, en Norvège, conserve près d’un million de graines, mais personne ne sait exactement dans quelle mesure ces variétés sont génétiquement différentes les unes des autres.
S’il est difficile de quantifier la perte, les grandes tendances sont claires. Sur les 6 000 à 7 000 plantes domestiquées par l’homme à travers l’histoire, nous en cultivons et consommons principalement neuf, parmi lesquelles trois fournissent plus de la moitié des calories mondiales : le blé, le riz et le maïs. Un même déclin s’observe parmi les races d’animaux d’élevage.
Nous avons l’impression, dans nos sociétés modernes, de pouvoir manger diversifié, car il est facile de se procurer de nombreux aliments mondialisés. Mais n’est-ce pas une illusion de diversité ?
Oui, on a accès à un plus large panel d’aliments, mais c’est le même panel qui se déploie partout dans le monde, avec des produits très marketés et transformés, destinés aux habitants des grandes villes et bénéficiant d’un certain niveau de revenus. Comme pour la mode ou la musique, on assiste à une uniformisation de l’alimentation.
Quand on étudie le fonctionnement du système alimentaire, nous voyons un fort niveau de consolidation et d’homogénéisation. Prenons l’industrie des semences : depuis la « révolution verte », les semenciers ont développé des variétés qui requièrent un système d’irrigation moderne et des produits phytosanitaires (fertilisants, fongicides, pesticides, etc.). Les compagnies qui fournissent les intrants chimiques ont ensuite commencé à racheter les fabricants de semences. C’est ainsi que Monsanto ou Syngenta se sont étendus dans ce secteur, créant l’occasion d’une très forte concentration des pouvoirs.
> Lire aussi Les semences, à la source du goût
Quels sont les principaux facteurs d’uniformisation ?
C’est un processus complexe, et de nombreuses pièces composent ce puzzle. Dans les filières des céréales, il y a eu l’impact massif de la « révolution verte », on a cru pouvoir surpasser la nature en développant des monocultures de blé, de riz ou de maïs. Pour les fruits, le transport a été un facteur déterminant : une fois que des bateaux-conteneurs pouvaient se rendre d’un point du globe à un autre, les saisons perdaient leur importance. Pour les aliments sauvages, comme les baies ou les graines, le colonialisme est venu heurter la diversité culturelle des peuples.
La population mondiale continue de croître et une personne sur dix ne mange pas à sa faim. L’uniformisation n’est-elle pas inévitable pour nourrir la planète ?
Au-delà de la nécessité de produire plus de calories, la diversité alimentaire est cruciale. En Irlande, au XIXe siècle, un million de personnes sont mortes et plusieurs millions d’autres ont fui le pays, à cause d’une maladie de la pomme de terre. Cette catastrophe nous a montré que si on plante la même variété, année après année, sur un même sol, il n’y a pas d’issue lorsqu’un champignon émerge.
L’industrie des semences doit sans cesse développer de nouvelles variétés pour contrer en vitesse les maladies. L’exemple le plus connu est celui de la banane Cavendish, développée dans les années 1960 en réponse à la « maladie de Panama » qui ravageait alors les cultures [aujourd’hui, près de la moitié des bananes cultivées dans le monde sont des Cavendish ; à leur tour, elles sont menacées par un nouveau champignon].
On ne peut pas séparer la sécurité alimentaire de la santé globale. Nos systèmes alimentaires ne sont pas sains et les budgets consacrés à la santé sont en hausse, avec l’essor de maladies comme le diabète de type 2. Nous savons aussi, grâce aux recherches sur le microbiome, que plus nous avons un régime varié, plus nous serons en bonne santé. Du point de vue climatique, le secteur agricole doit également opérer de profonds changements pour espérer atteindre les objectifs de neutralité carbone.
Avez-vous, malgré tout, des motifs d’espoir ?
L’une des motivations de mon enquête était de raconter comment s’est perpétuée la diversité alimentaire au fil des siècles. Il ne s’agit pas de dire qu’il faut retourner aux temps anciens, mais de montrer comment des variétés ont été cultivées par des générations successives d’agriculteurs, qui ont expérimenté en harmonie avec la nature. Comprendre et étudier cette histoire de l’alimentation peut nous fournir des clés sur les évolutions souhaitables de notre modèle agricole.
Les Hadza, en Tanzanie, sont un très bon exemple de ce qu’a pu être la diversité de notre alimentation. Ce peuple, l’un des derniers chasseurs-cueilleurs de la planète, a un régime potentiel de 800 plantes et espèces animales. Les Hadza ont un microbiote parmi les plus riches du monde.
> Lire aussi Rachel Lagière, la maraîchère aux mille variétés de légumes et de fruits
Et puis, il y a beaucoup de plaisir à retirer de la diversité. Dans l’Angleterre victorienne, on pouvait manger une pomme chaque jour pendant quatre ans, sans manger deux fois la même variété. Aujourd’hui, dans les supermarchés, on a le choix entre cinq ou six types de pommes. Je reste malgré tout optimiste, car, partout dans le monde, des institutions, des activistes et des paysans multiplient les actions pour sauver la diversité alimentaire. Une ville comme Copenhague fait, par exemple, figurer la diversité des variétés dans ses critères de commande publique de fruits et légumes pour les restaurants scolaires.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/07/on-assiste-a-une-uniformisation-de-l-alimentation_6108564_3244.html>
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18- Ces agriculteurs créent des polos à partir de leur coton, Mr Mondialisation, 08/01/22

En France, trois agriculteurs font pousser du coton dans le Gers. Grâce à leur récolte annuelle, ils fabriquent des polos 100% made in France, avec le coton qui est cultivé sur les terres d’une ferme familiale. Pour faire pousser le coton, les agriculteurs n’utilisent aucun système d’irrigation ni aucun pesticide. Une vraie révolution dans le monde de l’industrie textile.
Aujourd’hui, la production de textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde, après celle du pétrole. Selon un rapport publié par la fondation Ellen MacArthur, l’industrie textile utilise des ressources non-renouvelables pour fabriquer les vêtements, qui sont rarement recyclés par la suite. Le cycle de vie d’un produit va passer par plusieurs étapes, comme la fabrication et la distribution, qui ont toutes un impact environnemental d’ampleur.
Selon le rapport de la fondation Ellen MacArthur, un t-shirt possède une empreinte carbone de 5 kg, de sa fabrication à sa mise en vente. En effet, on estime que 3 750 litres d’eau sont nécessaires pour cultiver du coton, et que le t-shirt aura parcouru plus de 40 000 km pour être fabriqué et livré à travers le monde. Pour y remédier, il y a l’occasion, puis toutes ces autres initiatives plus saines qui offrent un large éventail de choix alternatifs à la fast-fashion. Démonstration.
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/ces-agriculteurs-creent-des-polos-a-partir-de-leur-coton/>
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En audio
19- Tout augmente... la faim dans le monde aussi, France culture, La Bulle économique, 08/01/22, 12h41 à 12h45
Anne-Laure Chouin

Le prix des matières premières agricoles atteint des sommets inédits depuis 2011.
« 2021 a été une année difficile, qui marquera l’Histoire....La pandémie de Covid-19 et les ralentissements économiques ont fait sombrer davantage de personnes dans la souffrance....Dans le monde, plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim et 45 millions de personnes se rapprochent de l’inanition. »
Voici comment commencent les vœux pour 2022 de Qu Dongyu, le directeur général de la FAO.
> Chronique (3 min) à réécouter à :
<https://www.franceculture.fr/emissions/la-bulle-economique/tout-augmente-aussi-la-nourriture>
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En images
20- Assurance récolte : des agriculteurs bientôt mieux protégés face au gel et à la grêle ?, France 2, journal de 20h, 06/01/22

Le froid revient, et les agriculteurs surveillent la météo. De leur côté, les députés examinent actuellement un projet de loi concernant l'assurance récolte, qui prévoit la création d'un fonds destiné à venir en aide rapidement aux agriculteurs victimes des aléas climatiques. 
Face aux aléas climatiques, la réforme de l'assurance pourrait-elle mieux protéger les agriculteurs ? À Curbans (Alpes-de-Haute-Provence), David Ailhaud, a vu ses pommiers et poiriers détruits par le gel, au mois d'avril. "90% de perte", se souvient-il. Il n'était pas assuré, mais est éligible aux aides de l'État, et espère récupérer ainsi 5 000 euros par hectare, d'ici un an. Il attend beaucoup de la réforme à venir de l'assurance, afin d'être systématiquement indemnisé en cas de coup dur. 
Seule une exploitation sur cinq assurée face aux risques climatiques
Les pertes jusqu'à 20% resteraient à la charge des agriculteurs. Les assureurs prendraient le relai pour des pertes plus importantes. Au-delà, pour un événement exceptionnel, la solidarité nationale fonctionnerait quoi qu'il arrive, avec des indemnités plus importantes pour les assurés. À Mercurol (Drôme), Pierre Combat, viticulteur, a fait le choix d'assurer son domaine il y a 40 ans. Il paye 17 000 euros pour son exploitation, soit 2% de son chiffre d'affaires. Il ne regrette pas, notamment après un important épisode de grêle subi il y a trois ans. "On aurait pu mettre la clé sous la porte de l'exploitation", dit-il. Aujourd'hui, seule une exploitation sur cinq est assurée face aux risques climatiques. 
>> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/assurance-recolte-des-agriculteurs-bientot-mieux-proteges-face-au-gel-et-a-la-grele_4907119.html>
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21- Gaspillage alimentaire : des pommes de terre "déformées" vendues à prix réduits par les agriculteurs, France 3, le 12/13, 08/01/22

Afin de lutter contre le gaspillage alimentaire, un agriculteur a décidé de vendre à prix cassé ses pommes de terre difformes, qui sont boycottées par les grandes distributions. 
C'est à Hautot-Saint-Sulpice que se trouve la mine d'or de Christine : des pommes de terre "déformées". Pour une vingtaine de kilos, elle débourse seulement dix euros. "Moi, les pommes de terre moches ne me dérangent pas (...) on cuisine avec tout. Et j'ai l'habitude d'acheter mes pommes de terre chez le producteur (...) je n'achète jamais en grandes surfaces", témoigne-t-elle, ravie.
Bientôt proposées à des associations caritatives
Guillaume Tesson est le producteur de trois variétés de pommes de terre qu'il propose en libre-service, à prix libre. Parmi ses 900 tonnes de pommes de terre produites par an, environ 5 % sont déformées, à cause des fortes pluies. Si elles sont aussi consommables et qualitatives que les autres, ces patates moches sont ignorées par les la grande distribution. Face au succès, le producteur envisage de proposer ses pommes de terre à des associations caritatives. 
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/gaspillage-alimentaire-des-pommes-de-terre-deformees-vendues-a-prix-reduits-par-les-agriculteurs_4909419.html>
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