[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur le dérèglement climatique & la COP25 de Madrid (suite du message d'hier) + 1 publication (mardi 3 décembre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mar 3 Déc 08:01:38 CET 2019


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Tribune. Elisabeth Laville : « Sur l’écologie, le point de bascule des comportements approche » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/elisabeth-laville-le-point-de-bascule-des-comportements-approche_6021028_3232.html>, Le Monde, 29/11/19, 13h16
2- Tribune. « Neutralité carbone : il faut une transformation radicale des modèles économiques des entreprises » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/neutralite-carbone-il-faut-une-transformation-radicale-des-modeles-economiques-des-entreprises_6021049_3232.html>, Le Monde, 29/11/19, 14h39 
3- Tribune. « L’objectif de croissance économique serait incompatible avec une sortie de la crise écologique » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/l-objectif-de-croissance-economique-serait-incompatible-avec-une-sortie-de-la-crise-ecologique_6021038_3232.html>, Le Monde, 29/11/19, 14h51
4- Entretien. « Le prix du carbone a une place centrale dans la transition environnementale » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/le-prix-du-carbone-a-une-place-centrale-dans-la-transition-environnementale_6021050_3232.html>, Le Monde, 29/11/19, 15h57
5- COP 25 : A Madrid, les regards de la planète déjà portés vers 2020 ? <https://www.20minutes.fr/planete/2663087-20191129-cop-25-madrid-regards-planete-deja-portes-vers-2020>, 20 Minutes, 29/11/19, 17h19
6- Reportage. Dans les Pyrénées, marmottes et papillons jouent les « sentinelles du climat » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/30/dans-les-pyrenees-marmottes-et-papillons-jouent-les-sentinelles-du-climat_6021120_3244.html>, Le Monde, 30/11/19, 05h33
7- Enquête. Les collapsologues en font-ils trop ? <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/les-collapsologues-en-font-ils-trop_6020948_3232.html>, Le Monde, maj le 30/11/19 à 07h35
8- A la COP25, les pays pressés d’augmenter leurs efforts pour le climat <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/30/a-la-cop25-les-pays-presses-d-augmenter-leurs-efforts-pour-le-climat_6021160_3244.html>, Le Monde, 30/11/19, 10h29
9- Des militants pour le climat ont occupé des mines de charbon allemandes <https://information.tv5monde.com/info/des-militants-pour-le-climat-ont-occupe-des-mines-de-charbon-allemandes-334708>, AFP, 30/11/19, 17:00
10- Soudan du Sud : après les inondations, l'heure est à la lente reconstruction <https://information.tv5monde.com/info/soudan-du-sud-apres-les-inondations-l-heure-est-la-lente-reconstruction-334815>, AFP, 30/11/19, 20:00
11- Une diplomate représentera Trump à la COP 25, les démocrates envoient leur chef <https://information.tv5monde.com/info/une-diplomate-representera-trump-la-cop-25-les-democrates-envoient-leur-chef-334802>, AFP, 30/11/19, 20:00
12- Factuel. Une course de lenteur pour sauver la Terre <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/01/une-course-de-lenteur-pour-sauver-la-terre_6021225_3244.html>, Le Monde, 01/12/19, 07h00
13- Entretien. « Face au réchauffement de la planète, nous n’avons plus le temps » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/01/face-au-rechauffement-de-la-planete-nous-n-avons-plus-le-temps_6021224_3244.html>, Le Monde, 01/12/19, 07h00
14- COP 25 à Madrid : "Nous marchons comme des somnambules vers la catastrophe climatique" <https://information.tv5monde.com/info/cop-25-madrid-nous-marchons-comme-des-somnambules-vers-la-catastrophe-climatique-334924>, AFP, 01/12/19, 17:26
15- Récit. Le réchauffement climatique lié aux activités humaines est connu depuis 40 ans <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/01/le-rechauffement-climatique-lie-aux-activites-humaines-est-connu-depuis-40-ans_6021260_3244.html>, Le Monde, 01/12/19, 18h17
16- A Madagascar, la jeunesse verte, éternelle oubliée, se rêve en Greta Thunberg des minorités <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/12/01/madagascar-la-jeunesse-verte-eternelle-oubliee-se-reve-en-greta-thunberg-des-minorites_6021266_3212.html>, Le Monde Afrique, 01/12/19, 19h01
17- John Kerry lance une coalition pour faire la "guerre" au changement climatique <https://information.tv5monde.com/info/john-kerry-lance-une-coalition-pour-faire-la-guerre-au-changement-climatique-334958>, AFP, 01/12/19, 19h32
18- Climat : à la COP25, Guterres souligne que « notre guerre contre la nature doit cesser » <https://news.un.org/fr/story/2019/12/1057251>, ONU Info, 01/12/19
19- Alexandria Ocasio-Cortez : « Donc, ils savaient ! » <https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/12/01/alexandria-ocasio-cortez-donc-ils-savaient_6021262_1652612.html>, Le Monde, maj le 02/12/19 à 03h17
20- La planète dévastée, et ce n'est que le début <https://information.tv5monde.com/info/la-planete-devastee-et-ce-n-est-que-le-debut-335003>, AFP, 02/12/19, 05:00
21- Climat : le monde tergiverse, malgré rapports alarmants et mobilisation citoyenne <https://www.courrierinternational.com/depeche/climat-le-monde-tergiverse-malgre-rapports-alarmants-et-mobilisation-citoyenne.afp.com.20191202.doc.1mq3fh.xml>, AFP, 02/12/19, 05:00
22- Intempéries dans le Sud-Est : cinq morts dont trois secouristes <https://information.tv5monde.com/info/intemperies-dans-le-sud-est-cinq-morts-dont-trois-secouristes-334994>, AFP, 02/12/19, 06:00
23- Interview. COP 25 : Face au changement climatique, "les défis sont importants, mais ce n’est pas fichu", lance Elisabeth Borne <https://www.20minutes.fr/planete/2663399-20191201-exclusif-cop-25-face-changement-climatique-defis-importants-fichu-lance-elisabeth-borne>, 20 Minutes, maj le 02/12/19 à 08h59
24- Climat : colère, espoir et plaidoyers pour l'action à la COP25 <https://information.tv5monde.com/info/climat-plaidoyers-vibrants-pour-l-action-la-cop25-335001>, AFP, 02/12/19, 22:00
En images
25- Climat : comment la science veut décarboner l'atmosphère <https://www.youtube.com/watch?v=HTN5esp0a2A&feature=emb_logo>, Courrier international, 21/11/19
Une publication
26- La fin du monde approche et c’est une bonne nouvelle <https://www.courrierinternational.com/magazine/2019/1516-magazine>, Courrier international, Hebdo n°1516, 21/11/19

Bien à vous,
Florence

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POINT NÉVRALGIQUE DU JOUR : Cop25 : comment réussir la transition énergétique. La COP 25 réunit 196 Etats à Madrid du 2 au 13 décembre, autour de la crise climatique. Mais la diminution des émissions de CO2 dépend d’abord des acteurs économiques, pris entre contrainte des prix et prise de conscience collective. (cf. item 1, 2, 3, 4, 5, 8, 11, 14, 18, 23 & 24)
RÉTROSPECTIVE DU JOUR : Force est de constater que 25 années de conférences sur le climat ont surtout démontré la lourdeur de la machine onusienne. (cf. item 12)
CITATIONS DU JOUR : — "C’est épouvantable d’arriver à ce point de l’histoire où l’on se dit que l’on savait, que l’on avait les moyens de faire autrement mais que l’on n’a pas été capables de répondre de manière collective à ce défi pour les générations actuelles et les générations futures. Cela devrait nous secouer fortement. Je ressens de la tristesse et j’espère que l’on va réussir à réorienter toute notre énergie pour résoudre cette crise." Teresa Ribera, ministre espagnole de la transition écologique (cf. item 13)
— "Depuis plus d’un siècle, nous savons que des changements de la composition de l’atmosphère peuvent modifier sa faculté à absorber l’énergie du soleil. Nous avons la preuve irréfutable que l’atmosphère se modifie et que nous contribuons à ce changement. Les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone augmentent continûment, ce qui est lié à la combustion des ressources fossiles et à l’utilisation des sols. Puisque le dioxyde de carbone joue un rôle significatif dans l’équilibre thermique de l’atmosphère, il est raisonnable de penser que son augmentation continue affectera le climat.", préambule du rapport Charney (1979) (cf. item 15)
— "Pour comprendre la réalité du réchauffement, il faut avoir de l’eau dans son salon. Chez nous, aux Maldives, l’eau est déjà dans la maison.", Mohamed Nasheed, ancien président des Maldives (cf. item 15)
— "Aucun pays ne fait le travail sur le changement climatique. Nous devons traiter cela comme une guerre." John Kerry, ex-secrétaire d'Etat de Barack Obama (cf. item 17)
FLASH BACK DU JOUR : Sur la question climatique, la communauté internationale et les politiques ont ignoré les avertissements des scientifiques, et des entreprises ont sciemment semé le doute dans l’opinion. (cf. item 15 & 19)
DÉNI DU JOUR : En dépit d’une connaissance précise du problème, Exxon sera pendant de nombreuses années le grand argentier des think tanks climatosceptiques qui mèneront campagne pour alimenter le doute sur la réalité du changement climatique anthropique. (cf. item 19)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Tribune. Elisabeth Laville : « Sur l’écologie, le point de bascule des comportements approche », Le Monde, 29/11/19, 13h16
Par Elisabeth Laville, fondatrice d’Utopies, groupe de réflexion et de conseil sur la transition environnementale, et auteure

Le seuil de 10 % d’une population adoptant de nouvelles pratiques peut changer la norme sociale et entraîner dans son sillage la majorité silencieuse. En matière d’environnement, nous en sommes proches, affirme la consultante, dans une tribune au « Monde ».
Tribune. La nouvelle est passée comme un avion de ligne dans le ciel de novembre : easyJet est devenue la première compagnie aérienne au monde à compenser l’intégralité des émissions carbone de ses vols, sans surcoût pour le client (mais avec un coût annuel de 30 millions d’euros pour l’entreprise)… tout en concédant que cela n’est pas la solution à long terme. Un signal faible ? Certainement pas. Plutôt un « point de bascule » du côté des entreprises. Clairement, Greta Thunberg et le flygskam (la honte de prendre l’avion, en suédois) sont passés par là.
Et, en ces temps de « crise climatique » désormais reconnue (en mai, le quotidien britannique The Guardian a annoncé que ce terme remplacerait dorénavant dans ses articles celui, trop neutre, de « changement climatique »), l’aviation civile est dans la ligne de mire du grand public. Anne Rigail, la directrice générale d’Air France, a également annoncé en octobre que, début 2020, la compagnie compensera 100 % des émissions de CO2 de ses vols intérieurs. Il n’est pourtant pas si loin le temps où la compensation carbone des vols était une option vaguement proposée, résolument facturée, et surtout systématiquement introuvable à la réservation…
> Lire aussi  Le difficile chemin de la Finlande vers la neutralité carbone en 2035
Pour ne pas parler de l’appli Air France qui valorise encore pour ses clients le nombre de villes visitées, de kilogrammes de bagages transportés ou, pis, le nombre astronomique de kilomètres (les équivalences sont données en parcours Terre-Lune, Lune-Mars, etc.) parcourus en avion depuis des années… Certes, Air France n’en est pas au stade de son cousin KLM, qui conseille à ses clients, dans sa campagne « Fly Responsibly » lancée avant l’été, de réfléchir avant de prendre l’avion voire avant de prendre le train, mais quand même ! Après une année riche en urgences environnementales réaffirmées, du climat à la biodiversité, on aurait presque envie de croire que l’on s’approche vraiment, cette fois, d’un point de bascule décisif…
Avant tout une transition culturelle
Selon l’éditorialiste américain Malcolm Gladwell, ce fameux tipping point,comme disent les Anglo-Saxons, se trouve quelque part aux alentours de 10 % d’une population, seuil à partir duquel une minorité engagée et adoptant de nouveaux comportements peut changer la norme sociale et entraîner dans son sillage la majorité silencieuse. L’initiative du haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire et à l’innovation sociale, Christophe Itier, baptisée justement « 10 % pour tout changer », ambitionne de fédérer au-delà de leurs différences les acteurs de la transition écologique et solidaire (groupes internationaux, entreprises de l’économie sociale et solidaire, TPE, start-up, ONG et acteurs de la société civile…) pour accélérer le changement.
> Lire aussi  Soixante ONG environnementales et sociales s’engagent dans la campagne des municipales
Cette thèse du point de bascule a le mérite d’insister à juste titre sur le fait que la transition écologique n’est pas qu’une transition des comportements individuels mais aussi (et sans doute avant tout) une transition culturelle qui se joue collectivement – d’où l’importance de faire changer d’abord les représentations et d’accroître la reconnaissance sociale accordée aux comportements vertueux. Ce changement culturel justifie, d’abord, la mobilisation des médias sur ces sujets – en témoignent les récentes initiatives de La Voix du Nord sur le journaliste positif, la fabrication locale, le reboisement des Hauts-de-France ou la lutte contre le harcèlement scolaire – dans le cadre de la nouvelle raison d’être du quotidien régional « Ensemble, écrire la nouvelle histoire du Nord ».
Mais aussi la mobilisation des intellectuels et des artistes (voir à ce sujet le travail utile d’Art of Change, par exemple), ou encore celle des acteurs du luxe qui, mieux que personne, peuvent faire changer les normes sociales, redéfinir ce qui est « cool » et ce qui ne l’est plus, nous proposer des scénarios alternatifs et des imaginaires collectifs désirables pour le futur. Il faut faire advenir plus vite ce moment où les comportements d’hier perdurent alors que leurs auteurs les assument de moins en moins (ou alors par provocation)…
L’entreprise à impact doit devenir la norme
Sur beaucoup d’autres sujets que l’avion, ce moment semble déjà amorcé : songez à l’émergence rapide, même en France dont beaucoup affirmaient qu’elle était « un pays de carnivores », des questions de bien-être animal et de végétarisme voire de véganisme (le groupe Nestlé vend les activités de sa marque Herta en conservant les produits végétariens car, annonce-t-il, « l’alimentation végétale est beaucoup plus prometteuse que les aliments carnés ») ; pensez à la façon dont consommateurs, entreprises et autorités publiques semblent désormais vouloir se débarrasser du plastique à usage unique…
> Lire aussi  L’organisation de la COP25, un défi pour Madrid
Ou encore à la folle quête de sens qui semble devoir s’emparer de toutes les entreprises françaises soucieuses de se doter d’une raison d’être sociétale, maintenant que la loi Pacte ou l’émergence du label B Corp ont consacré l’idée qu’une organisation peut être à but lucratif et au service de l’intérêt collectif. Qui aurait parié sur l’émergence aussi rapide de ces questions, et sur les changements de comportements qu’elles suscitent ?
Cette question du « point de bascule » pourrait être la clef pour l’avenir de l’humanité. Car le développement durable ne saurait advenir par la force des pionniers, si motivés et inspirants soient-ils : la consommation responsable doit gagner la majorité des citoyens, au-delà des « alterconsommateurs » de la première heure ; l’entreprise à impact doit devenir la norme au-delà du cercle fermé des entreprises historiquement engagées. Parce que les défis que nous devons relever sont massifs, il nous faut un effet de masse et l’engagement du plus grand nombre, que seule peut entraîner la transition culturelle, complément nécessaire de la transition écologique.
§ Elisabeth Laville est fondatrice d’Utopies, groupe de réflexion et de conseil sur la transition environnementale, et auteure de Marques positives, à paraître le 15 décembre, chez Pearson (344 pages, 35 euros).
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Cop25 : comment réussir la transition énergétique
La COP 25 réunit les Etats à Madrid du 2 au 13 décembre, autour de la crise climatique. Mais la diminution des émissions de CO2 dépend d’abord des acteurs économiques, pris entre contrainte des prix et prise de conscience collective.
> Christian Gollier et Jean-Charles Hourcade : « Le prix du carbone a une place centrale dans la transition environnementale » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/le-prix-du-carbone-a-une-place-centrale-dans-la-transition-environnementale_6021050_3232.html>
> Elisabeth Laville : « Sur l’écologie, le point de bascule des comportements approche » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/elisabeth-laville-le-point-de-bascule-des-comportements-approche_6021028_3232.html>
> Collectif : « Neutralité carbone : il faut une transformation radicale des modèles économiques des entreprises » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/neutralite-carbone-il-faut-une-transformation-radicale-des-modeles-economiques-des-entreprises_6021049_3232.html>
> François Briens, Timothée Parrique et Vincent Liegey : « L’objectif de croissance économique serait incompatible avec une sortie de la crise écologique » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/l-objectif-de-croissance-economique-serait-incompatible-avec-une-sortie-de-la-crise-ecologique_6021038_3232.html>
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/elisabeth-laville-le-point-de-bascule-des-comportements-approche_6021028_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/elisabeth-laville-le-point-de-bascule-des-comportements-approche_6021028_3232.html>>
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2- Tribune. « Neutralité carbone : il faut une transformation radicale des modèles économiques des entreprises », Le Monde, 29/11/19, 14h39 
Par Renaud Bettin et César Dugast, experts en transition écologique et membres du Pôle neutralité de Carbone 4*

Les acteurs entrepreneuriaux ne peuvent plus se contenter de « compenser » les émissions de CO2. Ils doivent, affirment une cinquantaine de chercheurs et de responsables d’ONG, contribuer directement à leur diminution.
Tribune. Promesses de « neutralité carbone », annonces de « compensation des émissions » des entreprises : il devient de plus en plus difficile de démêler le vrai du faux, l’honnête de l’abusif, l’exemplaire de l’anecdotique.
D’emblée, quelque chose dans ces déclarations heurte la raison. Comment cette entreprise-ci peut-elle se revendiquer « neutre en carbone » alors que ses émissions augmentent ? Comment celle-là peut-elle « annuler ses émissions » alors que son cœur d’activité participe directement à l’aggravation du problème climatique ?
Ces annonces sont souvent accompagnées d’excellentes justifications techniques (« notre neutralité s’applique à un périmètre restreint de nos émissions… ») ou sémantiques (« notre neutralité n’est qu’une étape vers l’atteinte du net zéro… »). Malgré cela, la défiance de l’opinion publique ne cesse légitimement de grandir et vient questionner la réelle ambition de ces entreprises. Au fond, ce qui pose problème, c’est peut-être que l’on puisse revendiquer un impact nul dans un monde qui ne cesse de se dégrader.
Etats, collectivités territoriales, entreprises, individus, notre objectif commun est d’atteindre avant 2050 le « net zéro » (c’est-à-dire l’équilibre entre les émissions et les puits de carbone mondiaux) à l’échelle de la planète, de manière à limiter le réchauffement à +2°C, voire +1,5°C. Cet objectif de neutralité globale est rigoureusement défini par la science climatique et gravé dans le marbre de l’accord de Paris.
> Lire aussi  Climat : où en est l’accord de Paris, après le retrait annoncé des Etats-Unis ?
Or, nous pensons que la traduction du concept de neutralité dans le monde de l’entreprise a échoué, probablement du fait d’une interprétation trop simpliste.
Malgré de bonnes intentions, trop d’organisations ont notamment l’illusion de pouvoir annuler le problème climatique, principalement à grand renfort de « compensation carbone », avec les conséquences que l’on connaît : triomphe du court-termisme, angoisses du management sur la manière d’y arriver et de communiquer, démobilisation des collaborateurs (« à quoi bon agir, si le travail est fait par d’autres ? »), opacité des efforts de réduction des émissions (« à quoi bon réduire, puisque le total fait de toute façon zéro ? »).
Nous appelons à un changement radical de paradigme dans la définition des concepts et l’utilisation des mots.
Il nous semble plus efficace de considérer les entreprises non plus comme des individualités affairées à rechercher « leur propre zéro », mais plutôt comme des vecteurs d’action au service de la neutralité du monde et des territoires. En somme, il faudrait passer d’un objectif individuel statique, autocentré et opaque (« je suis neutre »), à une aventure collective, dynamique et transparente au service de tous (« je suis un artisan de la neutralité carbone mondiale et française, en voici les preuves »).
Trois batailles à livrer
Pour donner corps à cette ambition, trois batailles doivent être menées en parallèle. Première bataille : il faut remettre au centre du jeu, et en toute transparence, l’exigence de réduction des émissions à la source. Et ce, dans les temps impartis et à la hauteur des budgets carbone sectoriels définis par les scénarios climatiques ou les stratégies nationales bas-carbone.
Deuxième bataille : il faut encourager les entreprises à devenir d’actives contributrices (et non plus compensatrices) à la baisse des émissions mondiales sur le long terme. Tant à travers leurs financements (les règles de mise en œuvre des marchés internationaux carbone devront être surveillées de près à la COP25) qu’à travers la commercialisation de produits et services bas-carbone.
Troisième bataille : il faut que chacune de ces entreprises endosse une part de l’immense effort de conservation et de développement des puits de carbone. L’agro-écologie doit devenir la norme à travers l’agriculture de conservation, biologique et régénérative, l’agroforesterie et une combinaison intelligente entre agriculture et élevage. Les forêts, les mangroves, les zones humides, et en particulier les tourbières, doivent être préservées et restaurées. Quant aux terres dégradées, elles doivent être reboisées et reforestées en favorisant la biodiversité.
> Lire aussi  Crise climatique : l’appel de 11 000 scientifiques pour éviter des « souffrances indescriptibles »
Nous invitons les entreprises à suivre leurs performances sur chacun de ces trois fronts au moyen d’indicateurs de suivi robustes et pilotés dynamiquement. Quant à la première bataille, qui consiste à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans la chaîne de valeur de l’entreprise, elle reste la plus importante. Et aucune des victoires remportées sur les deux autres fronts ne saurait venir la « compenser ».
S’aligner sur la neutralité carbone appelle à une transformation radicale des modèles économiques des entreprises, à une remise en question complète des modes de production. Il s’agit peut-être du chantier de transformation le plus ambitieux qu’un responsable d’entreprise aura à mener au cours de sa carrière.
§ Experts en transition écologique, Renaud Bettin et César Dugast ont rédigé cette tribune. Ils sont membres du Pôle neutralité de Carbone 4, cabinet de conseil spécialisé sur la transition énergétique et l’adaptation au changement climatique, et cofondateurs de Net Zero Initiative, action menée en partenariat avec des entreprises françaises pour rendre cohérentes les politiques d’entreprises avec l’accord de Paris.
Les autres signataires : Yann Arthus Bertrand (Fondation Goodplanet) ; Richard Baron (2050 Pathways Platform) ; Fouzi Benkhelifa (Origins. earth) ; Fabrice Bonnifet (Collège des Directeurs du Développement Durable) ; Sylvain Boucherand (B & L Evolution) ; Dominique Bourg (Université de Lausanne) ; Philippe Ciais (Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, LSCE) ; Michel Colombier (Institut du Développement Durable et des Relations Internationales, IDDRI) ; Christian Couturier (Solagro, négaWatt) ; Minh Cuong Le Quan (Staterre) ; Ronan Dantec (Climate Chance) ; Michel Dubromel (France Nature Environnement) ; Alexandre Florentin (Carbone 4, Net Zero Initiative) ; Augustin Fragnière (Centre interdisciplinaire de durabilité, Université de Lausanne) ; Sabine Frank (Carbon Market Watch) ; François Gemenne (Université de Liège) ; Michel Gioria (ADEME Île-de-France) ; Gaël Giraud (Chaire Économie et Prospérité) ; Alain Grandjean (Fondation Nicolas Hulot, FNH) ; Géraud Guibert (La Fabrique Écologique) ; Antoine Guillou (Terra Nova) ; Jonathan Guyot (All4trees) ; Stéphane Hallaire (Reforest’action) ; Jean-Marc Jancovici (The Shift Project) ; Jean Jouzel (Climatologue) ; Alain Karsenty (Cirad) ; Arthur Laurent (Microsol) ; Elisabeth Laville (Utopies) ; Bettina Laville (Comité 21) ; Hervé Le Treut (Sorbonne-Université, Ecole Polytechnique) ; Stéphane Le Foll (Initiative 4 pour 1000) ; Joël Lebreton (Agrisud International) ; Tristan Lecomte (Pur Projet) ; Benoit Leguet (I4CE) ; Maud Lelièvre (Les Eco Maires) ; Dr. Martin Cames (Öko Institut) ; Charlotte Meyrueis (Cœur de Forêt) ; Arnaud Montebourg (La Compagnie des Amandes) ; Laurent Morel (Institut français pour la performance du bâtiment - IFPEB) ; Xavier Morin (Canopée) ; Bertrand Pancher (Association Bilan Carbone) ; Patrice Papet (Planète Urgence) ; Emmanuel Poilane (Initiative Développement) ; Bruno Rebelle (Transitions Développement Durable) ; Marie-Noëlle Reboulet (Groupement pour l’exploitation rationnelle de l’énergie solaire - GERES) ; Julien Vidal (Ça commence par moi) ; Carsten Warnecke (New Climate Institute).
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Cop25 : comment réussir la transition énergétique
La COP 25 réunit les Etats à Madrid du 2 au 13 décembre, autour de la crise climatique. Mais la diminution des émissions de CO2 dépend d’abord des acteurs économiques, pris entre contrainte des prix et prise de conscience collective.
> Christian Gollier et Jean-Charles Hourcade : « Le prix du carbone a une place centrale dans la transition environnementale » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/le-prix-du-carbone-a-une-place-centrale-dans-la-transition-environnementale_6021050_3232.html>
> Elisabeth Laville : « Sur l’écologie, le point de bascule des comportements approche » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/elisabeth-laville-le-point-de-bascule-des-comportements-approche_6021028_3232.html>
> Collectif : « Neutralité carbone : il faut une transformation radicale des modèles économiques des entreprises » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/neutralite-carbone-il-faut-une-transformation-radicale-des-modeles-economiques-des-entreprises_6021049_3232.html>
> François Briens, Timothée Parrique et Vincent Liegey : « L’objectif de croissance économique serait incompatible avec une sortie de la crise écologique » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/l-objectif-de-croissance-economique-serait-incompatible-avec-une-sortie-de-la-crise-ecologique_6021038_3232.html>
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/neutralite-carbone-il-faut-une-transformation-radicale-des-modeles-economiques-des-entreprises_6021049_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/neutralite-carbone-il-faut-une-transformation-radicale-des-modeles-economiques-des-entreprises_6021049_3232.html>>
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3- Tribune. « L’objectif de croissance économique serait incompatible avec une sortie de la crise écologique », Le Monde, 29/11/19, 14h51
Collectif

Dans une tribune au « Monde », trois chercheurs, François Briens, Timothée Parrique et Vincent Liegey, expliquent qu’il faut en finir avec le mythe de la croissance verte, car les études scientifiques montrent que l’on ne peut à la fois faire croître le PIB et baisser l’empreinte écologique.
Tribune. Les manifestations pour le climat, les protestations, voire les poursuites judiciaires, contre l’inaction de l’Etat : face à la dégradation continue de notre milieu de vie, les politiques environnementales ne convainquent pas, et à juste titre. Les partisans de la « croissance verte » nous promettent pourtant que l’innovation technique, le développement et le déploiement massif de technologies « vertes » ou « intelligentes » par des mécanismes de marché, ainsi que la dématérialisation de l’économie ou le recyclage résoudront ces problèmes.
Cette stratégie de croissance verte repose fondamentalement sur le concept de « découplage » entre croissance et impacts environnementaux, c’est-à-dire l’hypothèse selon laquelle il serait possible de faire croître continuellement le produit intérieur brut (PIB) tout en réduisant de manière généralisée l’empreinte écologique liée aux activités économiques. Il s’agit donc d’un pari, dont les enjeux considérables devraient nous inviter à examiner prudemment et rationnellement les possibilités de succès.
L’hypothèse d’un découplage a-t-elle déjà été validée ? C’est précisément ce qu’a fait une équipe pluridisciplinaire d’universitaires dans une étude dont le rapport scientifique (« Decoupling debunked. Evidence and arguments against green growth as a sole strategy for sustainability », voir lien PDF) a été récemment publié par le Bureau environnemental européen.
> Lire aussi  Au Monde Festival, le plaidoyer de Laurence Boone et Adam Tooze pour réconcilier croissance et environnement
Les auteurs – dont deux sont signataires de cette tribune – y expliquent d’abord qu’une stratégie de croissance verte ne saurait être en mesure de répondre aux défis environnementaux qu’à la stricte condition de garantir un découplage absolu, global (à l’échelle planétaire), d’ampleur suffisante, mais aussi continuel – c’est-à-dire aussi longtemps que la croissance économique serait poursuivie.
Conclusion univoque
Or, existe-t-il des preuves qu’un tel découplage est atteignable en pratique ? Pour répondre à cette question, les chercheurs ont passé en revue la plupart des études empiriques portant sur les liens entre croissance économique et indicateurs environnementaux de diverses natures.
Leur conclusion est univoque : quels que soient les impacts environnementaux considérés (consommation de matières premières, d’eau et d’énergie, émissions de gaz à effet de serre, artificialisation des terres, biodiversité, polluants), les rares cas de découplage observés jusqu’à présent apparaissent tous largement insuffisants, dans la mesure où ceux-ci n’étaient que temporaires, ou très largement en deçà des objectifs jugés nécessaires par la communauté scientifique, ou alors ne concernaient qu’une catégorie restreinte d’indicateurs environnementaux, dans un périmètre géographique restreint (ne rendant ainsi pas compte des phénomènes de délocalisation des nuisances ou de leurs changements de nature potentiels), voire toutes ces raisons à la fois.
> Lire aussi  Les théories de la décroissance sont-elles vraiment applicables ?
Autrement dit, aucun exemple convaincant de découplage à la hauteur des enjeux environnementaux n’a été observé jusqu’à présent.
L’hypothèse d’un découplage est-t-elle réaliste ? Si cette absence de validation empirique ne suffit pas en soi à infirmer l’hypothèse d’un découplage dans le futur à la hauteur des défis, de nombreux éléments mettent sérieusement en doute sa plausibilité. Les auteurs du rapport avancent un certain nombre de raisons, dont certaines expliquent en grande partie l’échec actuel des stratégies de découplage passées, et font reconsidérer à la baisse les progrès apparents – pourtant déjà insuffisants.
Frugalité, convivialité et partage
Sont par exemple mentionnés : les rendements décroissants de l’innovation technique et sa déclinaison en termes d’extraction accrue de matières premières et de consommation d’énergie, le potentiel limité de la dématérialisation de l’économie et du recyclage, la délocalisation géographique des nuisances environnementales, ou encore la tendance fâcheuse des solutions technologiques à substituer un type d’impact environnemental à un autre, plutôt qu’à le résoudre.
Pour les auteurs, si chaque argument considéré individuellement suffit à douter de la possibilité d’opérer un découplage suffisamment rapide et important, leur combinaison et leur articulation invitent à considérer l’hypothèse d’un découplage futur comme hautement improbable, et toute stratégie politique fondée sur cette hypothèse comme extrêmement périlleuse, sinon vouée à l’échec. Autrement dit : l’objectif de croissance économique serait incompatible avec une sortie de la crise écologique.
En mettant en évidence le caractère infondé et irréaliste de l’hypothèse d’un authentique découplage entre croissance économique et impacts environnementaux, cette étude vient s’ajouter à une liste croissante de travaux scientifiques dénonçant les apories de la croissance verte. Pourtant, la quête de cette chimère continue d’orienter les politiques publiques et de monopoliser une part significative des ressources de notre société (investissements, appels à projet, recherche, etc.). Il apparaît plus que jamais urgent de faire le deuil de cette croyance et de changer de paradigme, pour explorer de nouvelles voies libérées de la croissance.
Dans cette perspective, les propositions et les expérimentations portées par les acteurs des réseaux de la décroissance, mettant par exemple l’accent sur la frugalité, le sens des limites, la convivialité et le partage (du travail, des ressources et des richesses) au travers de modèles socio-économiques alternatifs, méritent toute notre attention. Elles ouvrent des pistes pour la construction collective d’un avenir souhaitable et soutenable, au sujet duquel il est grand temps d’engager un véritable débat, et pour ce faire, de libérer des ressources, des espaces et du temps.
§ François Briens est ingénieur et chercheur Centre for Human Emancipation/IRCHE, coauteur du rapport « Decoupling debunked. Evidence and arguments against green growth as a sole strategy for sustainability », Timothée Parrique est chercheur et coauteur principal du rapport, Stockholm Resilience Centre, université de Stockholm/CERDI, université Clermont-Auvergne, et Vincent Liegeyest ingénieur, coordinateur de Cargonomia, centre de recherche et d’expérimentation sur la décroissance à Budapest.
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Cop25 : comment réussir la transition énergétique
La COP 25 réunit les Etats à Madrid du 2 au 13 décembre, autour de la crise climatique. Mais la diminution des émissions de CO2 dépend d’abord des acteurs économiques, pris entre contrainte des prix et prise de conscience collective.
> Christian Gollier et Jean-Charles Hourcade : « Le prix du carbone a une place centrale dans la transition environnementale » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/le-prix-du-carbone-a-une-place-centrale-dans-la-transition-environnementale_6021050_3232.html>
> Elisabeth Laville : « Sur l’écologie, le point de bascule des comportements approche » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/elisabeth-laville-le-point-de-bascule-des-comportements-approche_6021028_3232.html>
> Collectif : « Neutralité carbone : il faut une transformation radicale des modèles économiques des entreprises » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/neutralite-carbone-il-faut-une-transformation-radicale-des-modeles-economiques-des-entreprises_6021049_3232.html>
> François Briens, Timothée Parrique et Vincent Liegey : « L’objectif de croissance économique serait incompatible avec une sortie de la crise écologique » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/l-objectif-de-croissance-economique-serait-incompatible-avec-une-sortie-de-la-crise-ecologique_6021038_3232.html>
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/l-objectif-de-croissance-economique-serait-incompatible-avec-une-sortie-de-la-crise-ecologique_6021038_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/l-objectif-de-croissance-economique-serait-incompatible-avec-une-sortie-de-la-crise-ecologique_6021038_3232.html>>
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4- Entretien. « Le prix du carbone a une place centrale dans la transition environnementale », Le Monde, 29/11/19, 15h57
Propos recueillis par Antoine Reverchon

Si les économistes Christian Gollier et Jean-Charles Hourcade s’accordent sur la nécessité du calcul coût bénéfice pour chaque politique de transition, ils divergent sur les rôles respectifs du marché et de l’Etat. Entretien. 
Christian Gollier est économiste, directeur général de l’Ecole d’économie de Toulouse, qu’il a confondée avec Jean Tirole en 2007. Il a été l’un des lead authors (auteurs) du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en 2007, et président élu de l’Association européenne des économistes de l’environnement en 2018. Il est notamment l’auteur de Le Climat après la fin du mois (PUF, 367 pages, 19 euros). Jean-Charles Hourcade est économiste, directeur de recherche au CNRS et directeur d’étude à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il a dirigé le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired) de 1987 à 2012. Il a été coordinating lead author (auteur principal) de différents chapitres des rapports du GIEC entre 1995 et 2007 et lead author du rapport 1,5 °C. Il est notamment l’auteur, avec Emmanuel Combet, de Fiscalité carbone et finance climat. Un contrat social pour notre temps (Les Petits Matins, 2017). Pour ces deux économistes, donner un prix à la tonne de CO2 émise, que ce soit en l’ajoutant au prix de vente des produits « carbonés », en taxant les émetteurs, ou en échangeant des « permis de polluer », est souvent présenté comme le meilleur moyen d’inciter les acteurs économiques – producteurs et consommateurs – à changer de comportement au bénéfice de la transition énergétique.
Le retrait de la taxe carbone face à la révolte des « gilets jaunes » montre que l’incitation ne coule pas de source…
Christian Gollier : La question posée est : combien est-on prêt à payer pour réduire les émissions de CO2 ? 50 euros la tonne ? 100 euros ? 500 euros ? Quelle est la valeur limite de l’effort que nous sommes prêts à consentir pour que les générations futures bénéficient d’un monde meilleur ? Les économistes font des modèles macroéconomiques pour déterminer un niveau de prix en fonction du coût des dommages potentiellement causés par le réchauffement climatique. A cette question normative s’ajoute une autre question : comment organiser la société pour que ce coût soit effectivement pris en compte ?
Jean-Charles Hourcade : Le prix du carbone a en effet une place centrale dans la transition, mais il faut élargir la notion d’effort à consentir. Car c’est aussi un effort pour réformer notre société au bénéfice des générations présentes, sinon tout sera bloqué. Nous devons définir un nouveau contrat social intégrant la question climatique ; l’utilisation de l’argent généré par le prix du carbone est un élément crucial de sa construction.
> Lire aussi  Un rapport propose de redonner vie à la taxe carbone, outil fiscal controversé
C.G. : Gagner la guerre contre le changement climatique nécessite de mettre en branle des milliers d’actions de toute nature, celles dont le coût est inférieur à la valeur carbone. Imaginer que l’Etat serait capable de les orchestrer relève d’une utopie planificatrice révolue. Quand l’Etat fixe des normes et des contraintes différentes par secteur, par catégorie (les automobilistes, le diesel, le bâtiment…), il engendre des coûts par tonne de CO2 évitée souvent astronomiques. En même temps, il laisse d’autres actions inexploitées, comme l’indispensable sortie du charbon en Europe, alors que son coût social par tonne de CO2 évitée est minimal. En revanche, si l’Etat impose un prix universel du carbone, nous serons tous incités à faire l’effort écologique nécessaire au moindre coût pour la société. Si le prix est fixé par exemple à 100 euros, nous serons tous incités à réaliser les actions pour le climat dont le coût est inférieur à 100 euros par tonne de CO2 évitée. C’est ce que les économistes appellent un « signal prix », pour organiser une décroissance ciblée exclusivement sur les énergies fossiles.
J.-C. H : Attention, le « signal prix » est brouillé par bien d’autres signaux pour des décisions qui engagent sur dix ans ou plus : la volatilité du prix du pétrole ou des taux de change, le climat économique et ses conséquences sur le chiffre d’affaires, sans parler de l’incertitude sur les politiques publiques. Les acteurs économiques, pris dans un entrelacs de filières technologiques, ont besoin de coordonner leurs standards de fabrication. Ils peuvent le faire par des arrangements spontanés, mais l’intervention publique avec des normes ou des marchés garantis est souvent nécessaire. Les pouvoirs publics sont aussi légitimes pour édicter des normes protégeant les consommateurs et sécuriser les marchés. Le vrai danger est leur caractère arbitraire. Perçues comme gratuites par la population, elles peuvent générer des surcoûts d’autant plus importants qu’elles deviennent l’enjeu de lobbies et de pressions médiatiques. Contenir cette dérive est une question de qualité du processus institutionnel de fixation des normes, et un « signal prix » explicite peut y jouer un rôle important en objectivant le coût implicite de la norme.
Qui, du marché ou des institutions, est le mieux à même de délivrer aux acteurs économiques l’incitation nécessaire à la transition ?
C.G. : Les précédentes révolutions industrielles se sont faites par le libre jeu du marché, pas par la coordination entre institutions. Que l’Etat fixe une valeur au carbone, et laissons les acteurs trouver les bonnes solutions !
J.-C. H : Au XIXe  siècle, le réseau ferré s’est construit parce que des villes ou des Etats ont donné des garanties aux entrepreneurs et les métros ont demandé une forte planification urbaine. Si l’on veut développer la voiture électrique, il faut multiplier les bornes de recharge réparties sur le territoire : ce n’est pas de la planification mais de la coordination, entre institutions et industriels.
C.G. : Bien sûr que l’Etat devra faire sa part, mais en évaluant ses politiques vertes à l’aulne de cette valeur carbone, comme les autres acteurs. La taxe carbone ne devrait que refléter la valeur que nous accordons au bien-être des générations futures. Son imposition à tous les échelons de la société réaligne les intérêts particuliers avec l’intérêt général. Ce faisant, on restaure, dans les prix de marché, l’information sur les ressources que la société a utilisées pour nous permettre de consommer tel et tel bien. L’acceptabilité sociale de ces prix corrigés par l’Etat dépend de notre volonté à endosser notre responsabilité individuelle envers les générations futures.
J.-C. H : Le problème est que tout prix significatif du carbone se heurte au fait qu’on a favorisé pendant des décennies l’accès au pavillon de banlieue et aux grosses cylindrées au diesel. Maintenant on dit aux gens qu’ils devront payer plus cher parce qu’ils polluent ! Ils ont l’impression qu’on leur a vendu un faux rêve, et certains s’indignent qu’on les traite de pollueurs. Si les marchés de permis généraient des prix du carbone élevés ou détruisaient trop d’emplois dans certains secteurs, il y aurait des pressions pour relâcher les quotas ou baisser d’autres taxes. La seule solution est d’insérer le prix du carbone dans un tout cohérent qui intègre le prix des logements et l’accès aux services publics et sociaux. Taxer le carbone sans lutter aussi contre l’étalement urbain qui génère de la mobilité forcée est à la fois inefficace et injuste. De même, la pénalisation que le prix carbone impose aux zones rurales peut être compensée par une densification de l’économie locale autour de circuits courts ; mais ceci exige qu’on restructure les circuits de distributions et qu’on taxe le transport de marchandises.
> Lire aussi  Avant la COP25, le Parlement européen déclare (symboliquement) l’urgence climatique
C.G. : L’avantage du prix unique du carbone est qu’il permet de traiter l’ensemble de ces questions. Par exemple, un de ses effets, en augmentant le prix des carburants, sera précisément d’inciter les gens à loger en ville. Il est certain qu’un prix du carbone a des effets redistributifs importants. Passer d’une énergie fossile peu chère, qui a fait notre prospérité pendant deux siècles, à des énergies renouvelables, plus chères et difficiles à mettre en œuvre, a forcément attentatoire au pouvoir d’achat. Il faut donc réserver un partie des revenus dégagés par la taxe carbone aux seuls ménages modestes – les 30 % situés au plus bas de l’échelle des revenus – pour rendre cette fiscalité progressive.
J.-C. H : Vouloir compenser tous les perdants est impossible avec le seul produit de la taxe carbone : bien des ménages fortement touchés par un prix du carbone appartiennent à la classe moyenne, parce que la vulnérabilité énergétique dépend de « là où on habite ». Les ménages résidant en zones excentrées vont en outre subir une double peine avec la dévalorisation de leur patrimoine immobilier. Or l’augmentation des coûts de l’énergie va se propager de secteur en secteur pour aboutir à une hausse du coût du « made in France ». Si on veut en éviter les conséquences négatives sur l’emploi et sur le prix à la consommation, il faut utiliser les produits de la taxe pour baisser la fiscalité sur le travail. Si on applique en plus des abattements fiscaux pour préserver la capacité d’investissements de secteurs fortement émetteurs dont on a un fort besoin (industries de transformation des matériaux), le chèque vert disponible sera très insuffisant. La justice d’une taxe carbone se joue surtout sur la révision du financement de la protection sociale, la maîtrise du prix du logement et la réforme de l’impôt sur le revenu, pour bloquer la machine à produire des inégalités qu’est devenu notre système économique.
Dans une économie mondialisée et concurrentielle, est-il possible de mettre d’accord des Etats et des populations aux niveaux de développement très différents sur un prix unique du carbone ?
C.G. : La justice climatique voudrait que chaque habitant de la planète bénéficie du même crédit carbone, soit aujourd’hui une moyenne de 7 tonnes par habitant et par an, à réduire rapidement à 5 tonnes selon l’accord de Paris. Mais sachant qu’un Américain produit 18 tonnes par an et un Congolais 100 kg, un prix de 100 euros par tonne – ce qui est un minimum – signifierait que chaque Américain rachète 13 tonnes par an, soit 1 300 euros annuellement ! C’est inacceptable pour Trump…
> Lire aussi  Combien de CO2 pourrez-vous émettre dans votre vie si le réchauffement est contenu à 1,5 °C ?
L’économiste n’a pas de baguette magique sur ces sujets : il faut un engagement politique fort qui transcende les égoïsmes et des dirigeants qui acceptent de prendre des risques. Une solution possible serait de créer une « coalition climat » entre plusieurs Etats qui fixeraient un prix du carbone commun et l’imposerait aux frontières de la zone sous la forme d’un tarif douanier, ce qui inciterait les autres Etats à adopter ce prix commun.
J.-C. H : Ce n’est pas un hasard si le sujet du prix du carbone a été exclu de facto des négociations internationales. Imposer 50 euros par tonne à des Indiens ou des Sénégalais dont le revenu par tête est 6 et 12 fois inférieur au nôtre est une vue de l’esprit. L’enjeu est plutôt d’aider ces pays à bifurquer vers les sentiers de développement peu intensifs en carbone. On peut le faire en leur apportant notre garantie financière, calibrée sur une valeur universelle du carbone évité pour leurs investissements en infrastructures bas carbone. On pourrait alors négocier des taxes aux frontières transitoires sur certaines industries le temps que convergent nos prix du carbone.
> Lire aussi  Climat : à l’étranger, des taxes carbone efficaces et approuvées par la population
C.G. : Les garanties financières publiques ne sont qu’un pis-aller. L’incitation à investir dans des technologies décarbonées ne prévaudra qu’avec la promesse d’un prix élevé du carbone dans les décennies à venir. Un engagement fort des Etats sur la longue durée est la clé dans ce domaine. Cette solution est claire, transparente, résistante aux lobbies, et moins coûteuse.
J.-C. H : C’est pourquoi il faut que ces garanties soient calibrées sur un prix implicite du carbone et les projets évalués par des parties tierces. Bien des projets viables sans prix du carbone, ne sont pas lancés en raison des risques liés à leurs coûts de transaction et de la complexité de la tuyauterie donnant accès aux financements. Des garanties publiques faciliteraient la mobilisation d’opérateurs industriels et financiers avec un effet levier important bénéfique pour tous.
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Cop25 : comment réussir la transition énergétique
La COP 25 réunit les Etats à Madrid du 2 au 13 décembre, autour de la crise climatique. Mais la diminution des émissions de CO2 dépend d’abord des acteurs économiques, pris entre contrainte des prix et prise de conscience collective.
> Christian Gollier et Jean-Charles Hourcade : « Le prix du carbone a une place centrale dans la transition environnementale » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/le-prix-du-carbone-a-une-place-centrale-dans-la-transition-environnementale_6021050_3232.html>
> Elisabeth Laville : « Sur l’écologie, le point de bascule des comportements approche » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/elisabeth-laville-le-point-de-bascule-des-comportements-approche_6021028_3232.html>
> Collectif : « Neutralité carbone : il faut une transformation radicale des modèles économiques des entreprises » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/neutralite-carbone-il-faut-une-transformation-radicale-des-modeles-economiques-des-entreprises_6021049_3232.html>
> François Briens, Timothée Parrique et Vincent Liegey : « L’objectif de croissance économique serait incompatible avec une sortie de la crise écologique » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/l-objectif-de-croissance-economique-serait-incompatible-avec-une-sortie-de-la-crise-ecologique_6021038_3232.html>
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/le-prix-du-carbone-a-une-place-centrale-dans-la-transition-environnementale_6021050_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/le-prix-du-carbone-a-une-place-centrale-dans-la-transition-environnementale_6021050_3232.html>>
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5- COP 25 : A Madrid, les regards de la planète déjà portés vers 2020 ?, 20 Minutes, 29/11/19, 17h19
Fabrice Pouliquen

Climat.  La COP 25, qui s’ouvre ce lundi, n’est jamais abordée sans parler des enjeux de la suivante, à Glasgow, fin 2020. Les Etats ont jusqu’à cette date pour revoir leurs ambitions climatiques à la hausse. Or, ça traîne. A Madrid, tout l’enjeu sera de relancer la dynamique
• Après maintes péripéties, la COP 25 ouvrira ses portes ce lundi, à Madrid, pour quinze jours de négociations entre Etats sur les questions climatiques.
• A l’agenda officiel, pas de négociations majeures. C’est donc en coulisses que devrait se jouer cette COP 25, en préparant 2020, année décisive pour le climat et la biodiversité, de la meilleure façon possible.
• Dans toutes les têtes, il y a déjà la COP 26, prévue à Glasgow dans un an. Les Etats ont jusqu’à cette date pour revoir à la hausse leurs ambitions climatiques, comme ils l’avaient promis au moment de conclure l’accord de Paris sur le climat, en 2015.
Le Brésil n’en a pas voulu. Le Chili, plongé dans une grave crise sociale, a dû y renoncer à la dernière minute. C’est donc en Espagne, à Madrid, que s’ouvre ce lundi et jusqu’au 13 décembre, la vingt-cinquième conférence des parties sur les changements climatiques.
Depuis 1995 et la première COP à Berlin, ces sommets de l’ONU sur le climat, où sont discutés les efforts à fournir pour faire face aux changements climatiques, s’enchaînent au rythme d’un par an. Habituellement, ils s’organisent dans un cadre plus serein. Est-ce de mauvais augure ? « Il faudra en tout cas rompre cette malédiction pour faire de cette COP 25 le meilleur tremplin possible pour lancer l’année 2020 », prévient Pierre Cannet, co-directeur des programmes de l’ONG WWF France.
>> Suite à lire à :
<https://www.20minutes.fr/planete/2663087-20191129-cop-25-madrid-regards-planete-deja-portes-vers-2020>
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6- Reportage. Dans les Pyrénées, marmottes et papillons jouent les « sentinelles du climat », Le Monde, 30/11/19, 05h33
Rémi Barroux  (Pyrénées-Atlantiques - envoyé spécial)

Certaines espèces sédentaires subissent déjà les conséquences du réchauffement. Reportage. 
D’un geste rapide, Mathieu Molières fauche avec un grand filet l’espace devant lui. Puis il observe le fruit de sa récolte aérienne, sortant délicatement les papillons pris au piège. Chargé du suivi des lépidoptères de montagne, dont le magnifique apollon, objet de sa sollicitude, l’homme consigne précisément le fruit de sa moisson.
Mathieu Molières travaille pour l’association Cistude Nature, basée dans la commune du Haillan, non loin de Bordeaux, dans le cadre d’un projet baptisé « Sentinelles du climat », mis en place en 2016 pour une durée de six ans. Ce programme doit permettre d’observer les conséquences du changement climatique dans différents écosystèmes sensibles de la région Nouvelle-Aquitaine, landes humides, hêtraies de plaine, dunes littorales, pelouses et rocailles de montagne… au travers du suivi régulier d’une dizaine d’« espèces sentinelles » : lézard ocellé, grenouille des Pyrénées, apollon, azuré des mouillères (un autre papillon), marmotte… « Nous avons choisi des espèces à mobilité réduite, qui ne pouvaient pas changer de lieux de vie pour fuir les conséquences du réchauffement », explique le naturaliste.
L’apollon se fait rare
Après une heure de montée, nous sommes à quelque 1 700 mètres d’altitude, dans le vallon d’Arrious, non loin de Laruns (Pyrénées-Atlantiques). Sous ses aspects de balade champêtre et ludique, le travail du spécialiste en papillons et libellules obéit à un protocole scientifique précis. Pour le suivi d’apollon, dix sites, dont Arrious, ont été choisis et sont visités quatre fois dans l’année, entre juin et septembre.
Deux méthodes sont retenues, l’une consistant en un temps d’observation en des endroits déterminés, les mêmes à chaque visite. A chaque fois, Mathieu Molières s’arrête cinq minutes et compte tous les apollons qu’il aperçoit dans un rayon de cinquante mètres. Les lieux sont choisis en fonction de la présence abondante de plantes nourricières, particulièrement appréciées par ces papillons, comme les cirses, des chardons aux fleurs violettes. Parnassius apollo, qui peut atteindre 7 cm d’envergure, aux grandes ailes blanches ornées de noir et de rouge, plane comme les oiseaux et peut parcourir jusqu’à 15 km.
« Il est menacé par le réchauffement climatique, car quand les hivers sont trop doux, le papillon, qui a une durée de vie de deux à quatre semaines, risque de sortir dès février-mars, et ne trouve pas alors les plantes qui lui sont nécessaires, ajoute Mathieu Molières. Isolé, il peut alors vivre sa vie sans se reproduire. Le changement climatique va trop vite pour qu’une espèce ait le temps de s’adapter. En quelques dizaines d’années, beaucoup ne vont pas survivre. » Les températures clémentes entraînent aussi une multiplication des parasites.
L’autre technique d’observation des insectes consiste à marcher entre deux points précis, en suivant une ligne imaginaire de 200 mètres. Ce « transect », ainsi que la manœuvre est appelée, permet l’observation dans un cube virtuel de tous les cortèges de papillons, quelle qu’en soit l’espèce. Le bilan de l’une des dernières missions d’observation est inquiétant. Sur les deux transects effectués, vingt-trois papillons de treize espèces différentes ont été comptabilisés, mais pas d’apollons.
« La population d’apollons est en chute, sur certains sites il n’y en a quasiment plus alors qu’ils étaient très nombreux les années précédentes », constate Mathieu Molières. Les altitudes minimales auxquelles les populations sont observées augmentent, de 600 mètres à plus de 1 200 mètres dans certaines régions. L’espèce doit s’élever toujours plus haut et certains sites où cette migration est impossible ont vu leur population d’apollons s’effondrer, voire disparaître après des hivers chauds, comme dans les Causses du Sud. Les effets du changement climatique sur ces espèces sentinelles sont très rapides, car visibles en à peine trois ans, alors que le calendrier d’observation mis au point par Cistude Nature doit en durer six.
Les marmottes ont chaud
Ce programme, porté par une association de protection de la nature, a été mis au point par le CNRS, les universités de Bordeaux-Montaigne et de Pau, ainsi que de nombreux experts naturalistes de divers conservatoires. Il est financé par le fonds européen Feder, la région Nouvelle-Aquitaine et les départements de Gironde et des Pyrénées-Atlantiques. Selon un rapport d’Acclima Terra, un comité régional consacré au changement climatique, la Nouvelle-Aquitaine est l’une des régions de France où il aura le plus d’impact. « Force est de constater un manque de données globales à l’échelle régionale sur les façons dont la biodiversité s’adapte », précise Carine Lecœur, chargée de la communication de Cistude Nature.
D’où le choix des sentinelles et l’observation de leur évolution année après année. Outre les papillons, les marmottes font également l’objet d’un suivi. Le site d’Ayous, à 2 100 mètres d’altitude, est cerné par de hauts pics. Là résident une quinzaine de familles de marmottes. Trois d’entre elles font partie du programme de suivi, évoluant à des altitudes différentes : 1 700 à 1 800 mètres, 1 800 à 1900, et 2 000 à 2 100 mètres. Une famille peut compter jusqu’à une dizaine d’individus, et il n’est pas rare d’observer une colonie qui, elle, regroupe jusqu’à deux ou trois familles. Les marmottes vivent dans un rayon d’un kilomètre.
Pour cette espèce, le temps d’observation, réalisée au moyen de puissantes jumelles par Emilie Loutfi, naturaliste membre de Cistude Nature, dure de quarante à cinquante minutes. « Le but premier est de compter les individus et suivre les plus jeunes, sachant qu’ils sont nés autour de la mi-juillet, commente la spécialiste des marmottes. Je dois réaliser jusqu’à trois passages par terrier, car l’objectif est d’apercevoir au moins deux fois chaque jeune. »
Sur les quinze familles résidant dans la vallée d’Ossau, 33 jeunes et 40 adultes ont été comptabilisés. En 2018, certaines familles n’ont eu aucun petit, alors que 2016 avait été une année faste. Selon Emilie Loutfi, s’il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions, on peut déjà évaluer, comme pour l’apollon, certains effets du changement climatique. « La diminution de la reproduction fait partie des effets du réchauffement. Cela a déjà été documenté dans les Alpes, observe la spécialiste. Quand il y a moins de neige, moins d’isolation pour les terriers, il fait plus froid et les marmottes entament plus leur réserve de graisse. Elles ont alors moins d’énergie au moment du rut, au printemps, ce qui entraîne une moindre reproduction. »
La petite boule de poils, à peine visible à l’œil nu, à quelques centaines de mètres du poste d’observation, ne semble, elle, guère perturbée, toute à la surveillance de sa zone d’habitat. Loin d’imaginer qu’elle est une « sentinelle du climat » et que ses allées et venues font l’objet d’évaluations scientifiques, destinées aussi à préserver ses conditions de vie.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/30/dans-les-pyrenees-marmottes-et-papillons-jouent-les-sentinelles-du-climat_6021120_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/30/dans-les-pyrenees-marmottes-et-papillons-jouent-les-sentinelles-du-climat_6021120_3244.html>>
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7- Enquête. Les collapsologues en font-ils trop ?, Le Monde, maj le 30/11/19 à 07h35
Catherine Vincent

L’introduction de la notion d’« effondrement » dans le débat sur le changement climatique a touché une corde sensible et a eu un impact considérable. Mais à prédire « ad nauseam » la fin du monde, ces prophètes du malheur risquent de rendre leur discours contre-productif.
En décembre 2018, Greta Thunberg devenait célèbre en assénant, du haut de ses 15 ans, une leçon de morale aux responsables politiques et économiques du monde entier. « Vous n’êtes pas assez matures pour dire les choses comme elles sont. (…) Vous dites que vous aimez vos enfants par-dessus tout et pourtant vous volez leur futur devant leurs yeux », constatait-elle à Katowice (Pologne), lors de la 24e Conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, ou COP24. Gageons que le discours de la jeune activiste suédoise sera tout aussi incisif lors de la COP25, qui doit se tenir à Madrid (Espagne) du 2 au 13 décembre. Peut-être même, cette fois, prononcera-t-elle le mot « effondrement ». A moins qu’elle ne lui préfère celui de « collapsologie » ou encore de « catastrophe » : autant de termes qui se sont invités depuis quelques années dans le débat public et y font florès. Au point qu’on peut se demander si cette prédiction de fin du monde, visant à accélérer notre prise de conscience du désastre écologique en cours, ne finit pas par être contre-productive.
Grossir le trait pour convaincre, faire peur pour faire réagir, prophétiser le pire pour, peut-être, l’éviter : tels sont les arguments de ceux qui, parmi les écologistes, se sont rebaptisés « collapsologues » (de l’anglais « collapse », « effondrer »). Le fait est qu’ils ont touché une corde sensible. Et commercialement rentable. Pourquoi tout va s’effondrer, de Julien Wosnitza (LLL, 2018) ; Les Cinq Stades de l’effondrement, de Dmitry Orlov (Le Retour aux sources, 2016) ; Une autre fin du monde est possible, de Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle (Seuil, 2018) ; Survivre à l’anthropocène. Par-delà guerre civile et effondrement, d’Enzo Lesourt (PUF, 2018) ; Réflexions sur l’effondrement, de Corinne Morel Darleux (Libertalia, 104 pages, 10 euros) : on ne compte plus les livres récemment publiés sur ce thème, ni les conférences publiques qui les accompagnent.
Les chaînes télévisées ne sont pas en reste. En juin 2019, l’émission « Complément d’enquête » s’interroge : « Fin du monde, et si c’était sérieux ? » Diffusée cet automne sur Canal+, la mini-série d’anticipation L’Effondrement décrit ce qui se passe les jours « d’après ». En juillet, Le Monde publie une série de six tribunes sur le thème : « Vivre avec la fin du monde ». Même le premier ministre, Edouard Philippe, en est convaincu : « Si on ne prend pas les bonnes décisions, c’est une société entière qui s’effondre littéralement, qui disparaît », déclarait-il en juillet 2018, lors d’un échange avec Nicolas Hulot. Quant à l’ancien ministre de l’écologie (2001-2002) Yves Cochet, il vient de publier Devant l’effondrement (LLL, 256 p., 18,50 €), un livre aux accents prophétiques dont la quatrième de couverture s’accompagne d’une pastille rouge sur laquelle on peut lire : « Attention : l’idée de l’effondrement est une drogue dure à accoutumance rapide. La plupart des lecteurs de ce livre n’en sortiront peut-être pas complètement convaincus, mais certainement pas indemnes non plus. » On ne saurait faire plus accrocheur.
Débat dépolitisé
La collapsologie fait vendre. On peut évidemment s’en réjouir. Popularisé en France par l’ouvrage de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes (Seuil, 2015), ce néologisme a le mérite d’aborder frontalement l’hypothèse d’une destruction globale de notre civilisation thermo-industrielle sous l’effet ­conjoint du réchauffement climatique et de la surexploitation des ressources. Un scénario que ne désavoue pas le rapport très alarmiste présenté en octobre 2018 par le Groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique (GIEC), qui appelle à réduire drastiquement (45 %) les émissions mondiales de CO2d’ici à 2030. Soit un changement radical de notre modèle économique, seul moyen d’éviter des conséquences irréversibles pour la planète et pour nos sociétés.
> Lire aussi Pablo Servigne : « Pour éviter la catastrophe, il faut la considérer comme certaine »
Mais les « collapsos » n’en font-ils pas trop ? Et le terme même par lequel ils se désignent est-il seulement le bon ? Dans une tribune publiée dans Le Monde en août, six chercheurs français, parmi lesquels Jean Jouzel, climatologue mondialement reconnu, réfutaient cette vision globalisante. « Certes, un effondrement est possible ; mais, non, il n’est pas certain. Ses zélateurs peuvent le qualifier d’imminent, affirmer qu’il surviendra dans quelques décennies, sans toujours préciser ce dont il s’agit. En vérité, il n’y a sans doute pas un mais des effondrements partiels dont l’accumulation finirait par rendre impossible une vie humaine décente », soulignaient-ils. Très engagé dans la lutte contre le réchauffement, Jean Jouzel nous voit plutôt « griller à petit feu ». Une projection proche de celle du philosophe Jean-Pierre Dupuy, auteur de l’ouvrage Pour un catastrophisme éclairé (Seuil, 2004), qui évoque, quant à lui, « un long gémissement »… Bref, si désastre il y a, il sera hétérogène dans le temps et l’espace. Le considérer comme global et inéluctable, c’est mettre la charrue avant les bœufs.
> Lire aussi Jean Jouzel : « L’effondrement n’est pas imminent. Je nous vois griller à petit feu »
A prédire ad nauseam la fin du monde, ces prophètes du malheur ne vont-ils pas favoriser l’« aquoibonisme » ? Décourager les populations et leurs dirigeants dans la lutte contre les événements en cours ? Contre cette tendance aux accents défaitistes, les critiques des intellectuels ne manquent pas. A gauche, notamment. Certains rappellent que des centaines de millions de personnes dans le monde sont d’ores et déjà rationnées en eau, en alimentation ou en énergie, et soulignent que nos peurs illustrent une vision très « occidentalo-centrée » de l’effondrement. D’autres, ou les mêmes, craignent que les « collapsologues » ne contribuent à dépolitiser le débat. Il est vrai que Pablo Servigne et ses coauteurs, dans Un autre monde est possible (plus de 70 000 exemplaires vendus), exhortent à l’entraide, au cheminement intérieur, à la remise en question radicale de notre vision de la nature. Mais ils ne parlent guère des dérives autoritaires que risque d’entraîner la multiplication des conflits mondiaux pour l’accès aux ressources et aux terres habitables, ni des garde-fous démocratiques qui permettraient de les contrer.
« Petits gestes »
« Aucune institution ni action globale n’est aujourd’hui à la hauteur des enjeux. Néanmoins, l’effondrisme a permis de changer la manière dont on abordait le problème, en France notamment. Que la question soit devenue un objet dans le débat public, c’est déjà un changement considérable », tempère Alexandre Monnin. Enseignant en école de management (ESC Clermont), ce docteur en philosophie vient de codiriger, avec deux autres chercheurs, un copieux dossier sur le thème de l’effondrement dans la revue Multitudes (2019/3, n° 76). Avec pour objectif – c’est là tout son intérêt – de « sortir des spéculations polémiques pour observer comment les “collapsonautes” vivent l’effondrement en cours ». 
> Lire aussi Climat : « La collapsologie fait débat, c’est une bonne nouvelle »
Collapsonautes ? Le terme désigne ceux qui modifient leurs actions et leurs projets de vie face à l’imminence de la catastrophe et qui mutualisent leurs réflexions sur les réseaux sociaux. Dans cette « collapsosphère » en pleine effervescence (pour ne citer que les plus importants, le groupe Facebook « Transition 2030 » comptait, en juin, 17 500 membres, et « La collapso heureuse » 13 800 membres), la sociologue Alexandra Bidet, chargée de recherche au CNRS, a exploré les motivations des internautes. « Je voulais étudier ce que cette notion d’effondrement leur fait faire, précise-t-elle. Est-ce qu’elle vient saper leur potentiel d’engagement ? Est-ce qu’elle alimente au contraire certaines formes de mobilisation, en permettant de partager l’expérience de ce désarroi ? » 
De cette incursion au pays des « effondrés numériques », elle est revenue avec une certitude : loin d’exercer un effet démobilisateur ou dépolitisant, la perspective du désastre les amène à « explorer en commun les relations concrètes, situées, qui les font exister », et favorise « la radicalisation de leur rapport au réel ». 
Sur les réseaux sociaux comme dans leur vie concrète, ces communautés d’effondrés – dont les membres, issus de milieux divers, ont souvent pour point de commun une certaine précarisation socio-économique – partagent ainsi un foisonnement de suggestions et d’expériences allant dans une direction moins polluante et moins énergivore. Autant de « petits gestes » et de transformations locales révélateurs d’un engagement écocitoyen qui n’aurait pas déplu au psychologue et philosophe américain John Dewey (1859-1952), initiateur du hands-on learning (« apprendre par l’action »).
« L’effondrisme fait faire des choses, résume Alexandre Monnin. Il fait sortir les gens de leur routine, parfois abandonner leur travail, reconsidérer leur activité, s’inscrire dans des collectifs associatifs ou sur des réseaux sociaux pour discuter de questions qui affectent toutes les dimensions de nos formes de vie actuelle : la mobilité, l’alimentation ou le fait d’avoir un smartphone. Ce ne sont pas des formes de mobilisation classiques – se syndiquer, militer ou adhérer à un parti –, mais il ne s’agit pas moins de politique. »
> Lire aussi L’apocalypse paisible d’Yves Cochet
A parcourir les contributions réunies par la revue Multitudes, un autre élément semble pouvoir être mis à l’actif des collapsologues : grâce à eux, les sciences humaines et sociales sont en train de se saisir du concept d’effondrement, jusqu’alors relativement absent de la recherche académique. Dans un texte témoignage, trois enseignants-chercheurs et une étudiante en sociologie, aux parcours très différents, racontent ainsi comment ils ont été amenés à travailler ensemble sur ce thème. Une coopération qui s’est notamment concrétisée à l’université de Lille, le 21 novembre, par une journée d’étude intitulée « Questionner l’effondrement ». Mais non sans regard critique.
Procès en fatalisme
« Mon inquiétude serait que la collapsologie, avec ses rayons en librairie et ses forums d’experts, devienne une sorte de nouveau “développement durable” (dont tous les gens sérieux s’accordent aujourd’hui à dire qu’il ne résoudra pas la crise), avec ses conférences de bien-être et de développement personnel », précise Paul Cary, coorganisateur de cette rencontre. Spécialiste de l’économie solidaire et des expériences urbaines, il se dit toutefois « un peu mal à l’aise devant la double volée de bois vert que reçoivent les collapsologues » – venant d’une part d’une gauche héritière du matérialisme marxiste et peu concernée par la question écologique, de l’autre d’intellectuels leur faisant un procès en fatalisme. Ces jeunes chercheurs estiment au contraire que la pensée de l’effondrement « ouvre de nouvelles perspectives en matière de lutte sociale », et invitent à « repenser l’articulation entre les cheminements biographiques individuels et l’engagement dans une dynamique collective très diffuse, qui a décroché des luttes sociales traditionnelles ».
> Lire aussi « Les perspectives catastrophistes peuvent être de vrais aiguillons démocratiques »
Mais cette politique des petits gestes n’est-elle pas dérisoire face à la crise écologique en cours ? Aux implications politiques et économiques qu’impliquerait sa résolution ? A cet égard, l’une des critiques les plus aiguës portées aux prophètes de l’effondrement vient du philosophe Pierre Charbonnier. S’il considère, comme les collapsologues, que s’en remettre à la croissance pour construire des sociétés justes est devenu « simplement impossible », il estime que ce constat doit avant tout « venir à l’appui d’une réorientation des luttes sociales vers un rapport de force avec les intérêts attachés au règne de l’accumulation et de la production ». Une priorité à laquelle l’engagement des effondrés, qu’il situe « au croisement du développement personnel et de la promotion de la vie simple », ne répond guère.
> Lire aussi Ils ne sont pas survivalistes, mais au cas où… ils ont un plan B pour la fin du monde
Sous le titre : « Splendeurs et misères de la collapsologie. Les impensés du survivalisme de gauche », ce spécialiste de l’écologie politique a récemment précisé sa pensée dans la Revue du crieur (2019/2, n° 13). « Nous savons déjà que les crises écologiques ne font qu’accroître la rareté, la compétition, les inégalités. Aux bouleversements climatiques doit donc répondre une réflexion sur les instruments de protection contre ces phénomènes, sur nos moyens de faire aboutir de nouvelles demandes de justice dans une nouvelle conflictualité sociale », écrit-il. Et Pierre Charbonnier de s’interroger sur ce que proposent les « avocats de l’effondrement » : « Que disent-ils aux millions de personnes prises au piège de l’extension urbaine, à celles qui ne peuvent accéder au luxe que constitue trop souvent un mode de vie écologique ? Que disent-ils, surtout, à ceux et celles qui, par exemple, ont été frappés par le cyclone Idai au Mozambique au printemps dernier ? Peuvent-ils se contenter de leur dire que faire face à une catastrophe est une affaire de “cheminement intérieur” ? Autrement dit : vont-ils se montrer à la hauteur des affects qu’ils soulèvent et mobilisent, vont-ils assumer la responsabilité qui découle de leurs annonces ? »
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La « sagesse du pire » selon Jean-Pierre Dupuy
Jean-Pierre Dupuy, philosophe et polytechnicien, a publié, en 2002, Pour un catastrophisme éclairé. Quand l’impossible est certain (Seuil), une réflexion sur le destin apocalyptique de l’humanité, « devenue capable au siècle dernier de s’anéantir elle-même ». En bonne logique, il est une référence pour les collapsologues. Pourtant, ce professeur de l’université Stanford (Californie) vient de livrer contre eux, le 21 octobre, une attaque en règle dans la revue en ligne AOC sous la forme d’un article titré « Les simplismes de l’écologie catastrophiste ». S’il reconnaît qu’« ils attirent l’attention générale sur des problèmes considérables », il leur reproche un « flou conceptuel », et plus encore de n’avoir rien compris à ses propos.
« Tous me créditent, pour m’en féliciter, d’avoir énoncé que le “catastrophisme éclairé” impliquait de tenir la catastrophe pour certaine, ce qui est une absurdité », réaffirme-t-il au Monde lors d’un passage à Paris. En effet, « annoncer que la catastrophe est certaine, c’est contribuer à la rendre telle… Mais la passer sous silence ou en minimiser l’importance conduit au même résultat ». C’est sur la ligne étroite qui sépare ces deux attitudes que Jean-Pierre Dupuy propose sa posture philosophique : considérer la possibilité de cet avenir (et non sa réalité) comme certaine pour qu’il n’advienne pas. C’est « la sagesse du pire ».
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« Vivre avec la fin du monde », une série en six épisodes
• « Face à l’effondrement, il faut mettre en œuvre une nouvelle organisation sociale et culturelle » <https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/22/face-a-l-effondrement-il-faut-mettre-en-uvre-une-nouvelle-organisation-sociale-et-culturelle_5491958_4415198.html>, par Yves Cochet, Pablo Servigne et Agnès Sinaï
• « L’effondrement des civilisations est un problème qui obsède l’Occident depuis au moins deux siècles » <https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/23/jean-baptiste-fressoz-depuis-la-genese-on-pratique-la-collapsologie-sans-le-savoir_5492314_4415198.html>, par Jean-Baptiste Fressoz
• « Nous ne sommes pas la cause de la fin du monde, mais la fin du monde nous donne une cause : vivre la meilleure vie possible » <https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/24/marianne-durano-l-idee-de-fin-du-monde-est-un-remede-necessaire-a-l-absence-de-sens-de-la-civilisation-industrielle_5492684_4415198.html>, par Marianne Durano
• « Le changement climatique n’est pas forcément une mauvaise nouvelle » <https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/25/sylvie-brunel-le-changement-climatique-n-est-pas-forcement-une-mauvaise-nouvelle_5493113_4415198.html>, par Sylvie Brunel
• « Un autre monde semble disparaître, cette part que nous n’avons pas créée : celui de la nature sauvage » <https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/26/virginie-maris-la-vie-sauvage-n-a-pas-dit-son-dernier-mot_5493524_4415198.html>, par Virginie Maris
• « Vivre mieux aujourd’hui consiste à échapper aux développements du progrès » <https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/27/sylvain-tesson-vivre-mieux-aujourd-hui-consiste-a-echapper-aux-developpements-du-progres_5493986_4415198.html>, Sylvain Tesson
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/les-collapsologues-en-font-ils-trop_6020948_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/29/les-collapsologues-en-font-ils-trop_6020948_3232.html>>
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8- A la COP25, les pays pressés d’augmenter leurs efforts pour le climat, Le Monde, 30/11/19, 10h29
Audrey Garric  

196 pays, réunis du 2 au 13 décembre à Madrid, sont appelés à relever leurs ambitions climatiques, à commencer par les plus gros pollueurs dont l’Union européenne. 
C’est un véritable tour de force auquel est parvenue l’Espagne : organiser une conférence des Nations unies sur le climat, la COP25, en seulement quatre semaines, là où les précédents hôtes disposaient d’une année de préparation. Une gageure pour réorienter 29 000 personnes de Santiago vers Madrid, après le désistement du Chili, secoué par une violente crise sociale. Mais c’est un exploit bien plus grand qui est attendu des 196 pays qui se réuniront dans la capitale espagnole du 2 au 13 décembre : accélérer la lutte contre la crise climatique, alors que les inondations, ouragans ou encore incendies se multiplient partout dans le monde.
> Lire aussi  L’organisation de la COP25, un défi pour Madrid
Les Etats n’ont jamais été aussi loin du compte. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont progressé de 1,5 % par an en moyenne au cours de la dernière décennie pour atteindre un record historique l’an dernier. Et aucun signal ne laisse présager un changement de trajectoire de ces rejets, majoritairement issus de la combustion des énergies fossiles. Même les engagements pris par les 197 signataires de l’accord de Paris pour enrayer le dérèglement climatique sont totalement insuffisants : ils mettent la planète sur une trajectoire de réchauffement de 3,2 °C d’ici à la fin du siècle, bien loin des 2 °C, et si possible 1,5 °C, prévus par le traité international conclu en 2015.
« Une COP de l’action »
« Il y a une dissonance sidérante entre la crise climatique et la réponse des Etats, qui sont à la traîne », s’indigne Laurence Tubiana, l’ancienne ambassadrice de la France lors de la COP21. Une incompréhension partagée par des centaines de milliers de jeunes qui ont encore défilé dans de nombreux pays, vendredi 29 novembre, inspirés par la jeune militante suédoise Greta Thunberg.
L’urgence est telle que, désormais, les délégués, les observateurs ou encore le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, n’ont plus qu’une expression à la bouche : « Relever l’ambition » – comprendre accroître les efforts que les pays sont prêts à consentir d’abord à court terme, c’est-à-dire en 2030, et ensuite à long terme, en 2050. D’ici à la fin 2020, les Etats doivent soumettre de nouveaux plans climatiques plus ambitieux (ce que l’on appelle les NDCs en anglais), comme le prévoit l’accord de Paris. La conférence de Madrid doit accélérer ce processus crucial, qui s’achèvera à la COP26 prévue en novembre 2020 à Glasgow (Royaume-Uni). « La COP25 est une COP de l’action », assure la présidente de la conférence, la ministre chilienne de l’environnement, Carolina Schmidt.
A moins d’un an de l’échéance, un seul pays a rendu sa copie : les îles Marshall. Soixante-huit Etats (Chili, Mexique, Argentine, Fidji, etc.) se sont engagés à rehausser leurs efforts avant la fin de l’année prochaine, mais ils ne représentent que 7 % des émissions de CO2. Manquent à l’appel les grandes puissances, celles du G20 notamment qui pèsent pour 80 % des émissions globales. « Aucune d’entre elles ne prend aujourd’hui ses responsabilités, regrette Lucile Dufour, responsable des négociations internationales au Réseau action climat. Pire, certains parlent déjà de ne pas relever leur ambition, comme le Japon. » 
L’absence d’Emmanuel Macron
Le multilatéralisme nécessaire à l’action climatique pâtit d’un contexte géopolitique défavorable. Il est mis à mal par les Etats-Unis, dont Donald Trump a engagé en novembre le retrait formel de l’accord de Paris. Mais aussi par le Brésil, dirigé par le président climatosceptique Jair Bolsonaro – qui a refusé d’accueillir la COP25 –, ou encore l’Australie, menée par le conservateur Scott Morrison, deux pays qui ont boudé, en septembre, le sommet spécial de l’ONU sur le climat.
Près de cinquante chefs d’Etat et de gouvernement assisteront à l’ouverture de la COP25 à Madrid lundi. La France sera représentée par le premier ministre Edouard Philippe, accompagné de la secrétaire d’Etat Brune Poirson. « Emmanuel Macron, déjà absent en Pologne lors de la COP24 en 2018, aurait dû se rendre à Madrid pour donner du poids à la voix française et contrecarrer les attaques contre l’accord de Paris », dénonce Clément Sénéchal, chargé de campagne Climat à Greenpeace France. « La mobilisation est générale au plus haut niveau de l’Etat », répond-on du côté de Matignon.
> Lire aussi  Ursula von der Leyen promet un « green deal » pour faire de l’UE « le premier continent neutre » en carbone en 2050
Au-delà de la France, tous les regards sont tournés vers l’Union européenne (UE), troisième pollueur mondial après la Chine et les Etats-Unis, dont le Parlement a voté l’urgence climatique jeudi 28 novembre. « C’est désormais à l’Europe, hôte des COP24, COP25 et COP26, d’envoyer un signal fort au reste du monde pour créer un effet d’entraînement », estime Pierre Cannet, codirecteur des programmes au WWF France. L’entrée en fonction de la nouvelle Commission européenne, le 1er décembre, laisse entrevoir un signal d’espoir. Sa présidente, l’Allemande Ursula von der Leyen, a promis la neutralité carbone en 2050, et elle soutient une réduction des émissions des gaz à effet de serre de l’Union de 50 % à 55 % d’ici à 2030, contre 40 % aujourd’hui. Des objectifs qui figureront dans le « green deal européen » qu’elle présentera le 11 décembre, à la veille d’un conseil européen les 12 et 13 décembre – dans les derniers jours de la COP donc.
Dégâts irréversibles
Pour l’instant, vingt-quatre pays soutiennent la neutralité carbone et trois s’y opposent : la Pologne, la République tchèque et la Hongrie. L’équation est encore plus compliquée pour la relève de l’ambition en 2030, alors que seulement neuf Etats, dont la France, sont favorables à la baisse de 55 % des émissions. « Un volet sur la solidarité dans le “green deal” ainsi qu’un fonds de transition juste doté de 35 milliards d’euros, pourraient permettre de répondre aux enjeux de la transition dans les pays de l’Est, encore dépendants du charbon », précise Pierre Cannet.
Selon les observateurs, ce n’est qu’à la condition d’une avancée de l’Europe que la Chine pourrait décider de faire un pas elle aussi. Un sommet UE-Chine est prévu en septembre 2020 à Leipzig (Allemagne) au cours duquel Bruxelles espère pouvoir négocier un accord avec Pékin. Un dialogue que la France veut « pousser dans les mois qui viennent », indique Matignon.
> Lire aussi  « Le Brésil ne fera rien pour respecter l’accord de Paris sur le climat »
« Il faut être réaliste, la plupart des Etats ne sont pas prêts à dire, à Madrid, ce qu’ils vont mettre sur la table pour augmenter leurs efforts, juge un spécialiste de longue date des négociations climatiques. Mais il peut y avoir le signal que tout est en préparation, afin de mettre la pression sur les grands émetteurs et leur dire : “C’est maintenant à votre tour”. »
Les délégués, eux, sont attendus sur deux chantiers majeurs. Il s’agit tout d’abord de finaliser les règles d’application de l’accord de Paris, dont l’article 6 avait été laissé en suspens à la COP24 en raison d’un blocage du Brésil. Ce point, compliqué et très controversé, concerne la définition de nouvelles règles pour les marchés carbone, c’est-à-dire les échanges d’émissions de CO2 qui permettent aux pays les moins pollueurs de revendre des quotas à ceux émettant plus. A la clé : éviter notamment les doubles comptages (par le pays vendeur et le pays acheteur) des réductions d’émissions, qui conduiraient à leur baisse artificielle.
Une plate-forme des solutions océaniques
Le second dossier concerne la notion de « pertes et préjudices », à savoir les dégâts irréversibles – pertes de vies humaines ou économiques – causés par les dérèglements du climat. Alors que ces effets sont en hausse, les pays les plus affectés souhaitent que l’organe de l’ONU qui régit la question – ce que l’on appelle le mécanisme de Varsovie – ait accès à un soutien financier. « Les pays développés ne veulent pas entendre parler de la création d’un nouveau fonds, alors que pour les plus vulnérables, cela ne peut pas passer par les fonds déjà existants sur l’adaptation », explique Alden Meyer, directeur de la stratégie de l’ONG américaine Union of Concerned Scientists.
> Lire aussi  L’alarme du GIEC sur un océan en surchauffe
Comme chaque année, une attention particulière sera accordée à la question des financements climat, le nerf de la guerre des discussions onusiennes. Les pays du Nord se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 en faveur des pays du Sud pour les aider à faire face aux effets du changement climatique. Selon le dernier rapport de l’OCDE, ces financements sont en hausse, avec 71 milliards en 2017. « Une part trop faible va à l’adaptation au changement climatique, la majorité étant consacrée à la réduction des émissions », regrette Tosi Mpanu Mpanu, négociateur de la République démocratique du Congo.
Enfin, le Chili, doté de près de 6 500 kilomètres de côtes, veut faire de la COP25 une « COP bleue ». La présidence a ainsi décidé de lancer une plate-forme des solutions océaniques lors de la conférence, afin « d’encourager l’action en faveur de l’océan » – qui absorbe 25 % des émissions de CO2 – dans le cadre des nouveaux plans climatiques. Ces discussions pourraient mener à une déclaration politique sur la question à la fin de la COP.
Autant de dossiers sur la table de la présidence chilienne, mais aussi du gouvernement britannique qui sera présent en force à Madrid afin de préparer, déjà, la COP26.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/30/a-la-cop25-les-pays-presses-d-augmenter-leurs-efforts-pour-le-climat_6021160_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/30/a-la-cop25-les-pays-presses-d-augmenter-leurs-efforts-pour-le-climat_6021160_3244.html>>
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9- Des militants pour le climat ont occupé des mines de charbon allemandes, AFP, 30/11/19, 17:00
Florian Cazeres

Des militants pour le climat ont occupé, avant d'être évacués par la police, des mines de charbon samedi dans le bassin de Lusace, dans l'est de l'Allemagne, un nouveau mouvement de "désobéissance civile" qui suscite une forte défiance sur place.
Le mouvement anti-charbon "Ende Gelände" (littéralement "terminus" ou "fin de l'histoire"), qui organise ces blocages, a revendiqué la présence d'environ 4.000 personnes dans le bassin, "un vrai succès", selon une porte-parole. 
Ils ont finalement été délogés dans l'après-midi par les forces de l'ordre, sans incident notable.
Les manifestants, maquillés, vêtus de blanc, ont d'abord bloqué les rails de la mine de Jänschwalde. D'autres ont pénétré dans la mine de Welzow Süd.
L'opération était soutenue par d'autres mouvements écologistes, à commencer par "Fridays for future", qui organisait sa propre manifestation devant une centrale électrique de la région, au lendemain de plusieurs manifestations dans toute l'Allemagne.
C'est la seconde fois cette année que "Ende Gelände" occupait des mines de charbon. En juin, le mouvement avait paralysé pendant plusieurs jours une mine de Garzweiler, près de Cologne, dans la région industrielle rhénane située dans l'ouest du pays.
- 'Complètement vide' -
Les militants dénoncent le contenu du plan climat présenté par Berlin en septembre et en cours d'examen parlementaire. Ce programme, fruit d'un difficile compromis entre conservateurs et sociaux-démocrates, prévoit une sortie du charbon d'ici 2038. 
"Je me suis engagé pour le climat dans mon école mais ce n'était que des discussions. Ici, je peux complètement arrêter le charbon", explique à l'AFP "Lumml", un jeune de 24 ans qui refuse comme tous les autres de donner son vrai nom.
"Cette action permet de médiatiser le combat contre le charbon qui détruit le climat", abonde "Kids", âgé d'une vingtaine d'années.
Les militants écologistes jugent trop lointaine la date de 2038, qui ne permettra pas, selon eux à l'Allemagne, déjà assurée de manquer ses objectifs climatiques pour 2020, de respecter ceux de 2030.
"Ce plan est complètement vide. C'est un scandale et un crime contre les générations futures", s'est indignée Nike Malhaus, porte-parole du mouvement. "Le gouvernement a abandonné l'objectif de 1,5°C, pas nous", a-t-elle ajouté.
Ces mines sont situées dans le bassin de Lusace, une région minière de l'Etat de Brandenburg qui s'étend sur plus d'un millier de km2 entre la Pologne et l'Allemagne. 
Ces sites à ciel ouvert, détenus par l'entreprise LEAG, extraient chaque année plus de 20 millions de tonnes de lignite, un charbon brun exploité sur de larges surfaces et particulièrement émetteur de gaz à effet de serre.
Le mouvement anti-charbon a gagné en importance en Allemagne depuis que la sortie du nucléaire, décidée en 2011 dans la foulée de la catastrophe de Fukushima, a prolongé la dépendance du pays à ce minerai.
- 'Besoin' de charbon -
Mais l'industrie minière, qui emploie plusieurs milliers de personnes dans les villes et villages aux alentours, est cruciale pour l'économie de cette région située dans l'ex-RDA. 
Le conseil municipal de Cottbus, une ville située à quelques kilomètres du bassin de Lusace, a d'ailleurs condamné le blocage par une résolution adoptée grâce à une majorité composite allant du parti d'extrême droite AfD à la gauche radicale, en passant par le SPD. Seuls les Verts se sont opposés à ce texte. 
La forte présence de l'extrême droite dans la région fait par ailleurs craindre des débordements, alors qu'un rassemblement soutenu par l'AfD était organisé vendredi pour dénoncer le blocage. 
Plusieurs dizaines de militants pro-charbon étaient eux aussi rassemblés samedi matin près de ces mines certains empêchant d'accomplir leur action.
"Ende Gelände veut détruire nos infrastructures, ce n'est pas une bonne méthode, nous voulons tout simplement appliquer le plan climat (jusqu'en 2038), nous avons besoin du charbon dans la région", a expliqué à l'AFP Thomas Hauke, 62 ans. 
Une troisième mine a été brièvement la cible de manifestants à Vereinigtes Schleenhain, située dans la même région, selon la direction du site, qui a condamné "toute forme de violation de la loi".
<https://information.tv5monde.com/info/des-militants-pour-le-climat-ont-occupe-des-mines-de-charbon-allemandes-334708>
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10- Soudan du Sud : après les inondations, l'heure est à la lente reconstruction, AFP, 30/11/19, 20:00

Visiblement épuisé, Ali Fonj part couper des pieux en bois pour rebâtir un abri pour son épouse et ses quatre enfants, après que leur maison de fortune a été emportée par les inondations violentes ayant touché ces dernières semaines le Soudan du Sud.
Ali, 45 ans, est l'un des 150.000 réfugiés venus de la région du Nil Bleu, au Soudan voisin, qui ont trouvé asile dans le comté de Maban, dans le nord-est du Soudan du Sud.
Ils ont été frappés par les plus fortes inondations qu'ait connues la région depuis des décennies.
Les inondations sont habituelles en Afrique de l'Est en cette saison, mais un phénomène climatique centré sur l'océan Indien, d'une puissance jamais observée depuis des années, a provoqué dernièrement des pluies dévastatrices.
Ces pluies ont eu des conséquences mortelles en Somalie, au Kenya, en Tanzanie et en Ethiopie. Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), près d'un million de personnes ont été affectées par les inondations au Soudan du Sud.
Le comté de Maban est l'une des zones les plus durement touchées. L'eau commence à peine à se retirer, mais les maisons submergées et les récoltes endommagées portent témoignage des dégâts causés.
"Quand l'eau est arrivée, j'ai pris tous mes enfants et trouvé refuge dans une école proche", explique à l'AFP un Ali abattu. Mais quand les cours ont repris, sa famille et lui ont dû quitter les lieux.
"Nous essayons de construire des abris et nous les recouvrons avec des bâches de plastique distribuées par le HCR", raconte-t-il. "Nous attendons que l'eau s'assèche pour pouvoir aller chercher du chaume afin de bâtir un meilleur abri pour nos enfants."
Ali vit dans l'un des quatre camps de réfugiés du comté accueillant ceux qui ont fui les combats dans la région du Nil Bleu, où des rebelles s'opposent à Khartoum depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011.
- Crainte des maladies -
La communauté sud-soudanaise locale a également été rudement touchée par les inondations, qui ont fait six morts à Maban selon le HCR.
"Ils n'avaient jamais vu d'inondations aussi sévères depuis 1984", relève Malar Maharajah Smith, une haute responsable du HCR à Maban.
L'agence onusienne estime que dans le pays, qui subissait déjà l'une des plus graves crises humanitaires au monde, en raison de la guerre civile déclenchée en 2013, environ 600.000 personnes ont besoin d'une aide humanitaire immédiate.
Les flots ont aussi détruit des latrines et contaminé des puits d'eau, faisant craindre l'apparition de maladies transmises par l'eau.
Selon l'ONU, il faudra 61 millions de dollars (55 MEUR) pour faire face aux dégâts commis par les inondations.
Dans le même camp, Mukbulah Saleh, 25 ans, patauge dans l'eau, avec dans une main ses chaussures et dans l'autre une poêle contenant quelques provisions.
"Nous n'avons rien pour faire cuire le peu de nourriture que j'ai, parce qu'il est trop dangereux d'aller dans la forêt pour ramasser du bois, l'eau étant encore partout", dit-elle.
L'eau a tout de même apporté une bénédiction : les poissons. Des habitants se réveillent ainsi à l'aube pour tenter d'en attraper, presque sur le pas de leur porte, armés de bâtons, de lances ou de moustiquaires.
"Ces inondations étaient venues nous tuer, mais Dieu était en notre faveur et à la place il nous a apporté des poissons", se félicite un autre habitant, Abdul Gasim Dafala, en montrant fièrement sa prise du jour.
<https://information.tv5monde.com/info/soudan-du-sud-apres-les-inondations-l-heure-est-la-lente-reconstruction-334815>
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11- Une diplomate représentera Trump à la COP 25, les démocrates envoient leur chef, AFP, 30/11/19, 20:00

Le gouvernement républicain de Donald Trump, en voie de quitter l'accord de Paris sur le climat, sera représenté à la COP 25 de Madrid par une diplomate, qui pourrait croiser une délégation démocrate emmenée par leur chef Nancy Pelosi. 
"Les Etats-Unis vont continuer à participer aux négociations et aux rencontres en cours sur le changement climatique -comme la COP 25- afin d'assurer des règles du jeu équitables qui protègent les intérêts américains", a indiqué samedi le département d'Etat, moins d'un mois après avoir officialisé l'intention de la première puissance mondiale de quitter l'accord de Paris. 
La chef du bureau pour les Océans et les Affaires scientifiques et environnementales internationales, Marcia Bernicat, "sera à la tête de la délégation des Etats-Unis" qui participera au sommet de l'ONU sur le climat organisé du 2 au 13 décembre dans la capitale espagnole, selon un communiqué.
Elle sera accompagnée d'autres responsables du département d'Etat, de l'Agence américaine de protection de l'environnement, du département du Trésor, de l'agriculture, de l'agence américaine NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) et de l'agence pour le développement international.
Face à cette délégation de technocrates, l'opposition démocrate a annoncé samedi dépêcher quinze élus du Congrès américain à Madrid, emmenée par Nancy Pelosi, l'influente présidente de la Chambre des représentants. 
"C'est un privilège d'accompagner une délégation de haut-rang du Congrès en Espagne pour combattre la menace existentielle de notre temps : la crise climatique", a déclaré la représentante de Californie. 
"Au nom du Congrès des Etats-Unis, je suis fière de me rendre à la COP 25 pour réaffirmer l’engagement du peuple américain à combattre la crise climatique", a-t-elle poursuivi. 
Washington a officialisé le 4 novembre son intention de se retirer de l'accord de Paris sur le climat, suscitant des réactions consternées à travers le monde, en particulier de la Chine et de la France. Cette étape-clé, qui ne pouvait intervenir plus tôt en raison d'une clause inscrite dans le texte de l'accord, enclenche un compte-à-rebours d'un an avant que Washington puisse effectivement le quitter.
Le départ n'aura donc lieu au plus tôt que le 4 novembre 2020, le lendemain de la prochaine élection présidentielle aux Etats-Unis, où Donald Trump compte briguer un second mandat.
Les démocrates, plus soucieux de protection de l'environnement, sont vent debout contre cette décision de Donald Trump annoncée dès 2017. 
Le président des Etats-Unis a multiplié depuis son arrivée au pouvoir les mesures pour alléger les régulations en matière de normes environnementales.
<https://information.tv5monde.com/info/une-diplomate-representera-trump-la-cop-25-les-democrates-envoient-leur-chef-334802>
Sur le même sujet : 
> La discrète présence des Etats-Unis à la COP 25, malgré le retrait de Trump <https://information.tv5monde.com/info/la-discrete-presence-des-etats-unis-la-cop-25-malgre-le-retrait-de-trump-334715>, AFP, 30/11/19, 09:00
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12- Factuel. Une course de lenteur pour sauver la Terre, Le Monde, 01/12/19, 07h00
Audrey Garric

Alors que la COP 25 aura lieu du 2 au 13 décembre à Madrid, force est de constater que vingt-cinq années de conférences sur le climat ont surtout démontré la lourdeur de la machine onusienne.
D’une voix grave et posée, elle sermonne les puissants. « Les parents devraient pouvoir réconforter leurs enfants en leur disant : “Tout va bien se passer, ce n’est pas la fin du monde, et nous faisons du mieux que nous pouvons.” Mais je ne pense pas que vous ­puissiez encore nous dire ça », s’indigne une jeune fille face à une centaine de dirigeants, les exhortant à agir pour préserver l’environnement. Cette jeune fille n’est pas Greta ­Thunberg mais Severn Cullis-Suzuki, invitée à parler à la tribune du Sommet de la Terre de Rio, en 1992.
Entre cette jeune Canadienne, alors âgée de 12 ans, et sa cadette, la Suédoise de 16 ans qui a lancé un mouvement international de grèves scolaires pour le climat il y a un an, et qui a tancé les chefs d’Etat à l’ONU en septembre, vingt-sept années se sont écoulées. Et vingt-quatre conférences internationales ont réuni les chefs d’Etat et de gouvernement de la planète pour tenter de répondre à la crise climatique. La 25e de ces grand-messes, la COP25, se tiendra à Madrid du 2 au 13 décembre avec le même objectif. Mais jusque-là, la réalité et le discours alarmant des deux adolescentes n’ont guère changé. Pour comprendre pourquoi, il faut remonter le fil des avancées, des renoncements et des recommencements, qui s’est déroulé entre Rio et Madrid.
Les négociateurs vont arriver dans la capitale espagnole avec deux mandats. D’abord, compléter les règles d’application de l’accord de Paris conclu en 2015, dont l’essentiel a été validé lors de la COP24 de Katowice (Pologne) en 2018, mais dont certains points techniques ont été laissés en suspens. Ensuite, et surtout, continuer à préparer le terrain d’une hausse des efforts collectifs dans la lutte contre le dérèglement climatique. Pour l’heure cet accord, premier traité international de réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui vise à contenir le réchauffement climatique bien en deçà de 2 °C et si possible à 1,5 °C, reste une avancée de taille sur un terrain encore instable.
L’année qui vient constituera le test de sa crédibilité. Ce traité universel a de fait été conçu comme un processus progressif. Actuellement, les engagements de réduction des émissions pris par ses 196 pays signataires mettent la planète sur une trajectoire de réchauffement de 3,2 °C d’ici à la fin du siècle. La situation pourrait même être pire alors que les rejets mondiaux ne cessent d’augmenter. C’est pourquoi le traité de décembre 2015 prévoit que les Etats soumettent de nouveaux plans plus ambitieux tous les cinq ans jusqu’à atteindre la neutralité carbone au maximum en 2050.
« Une double temporalité »
La première échéance de cette relève de l’ambition aura lieu en décembre 2020, à la COP26 à Glasgow (Ecosse) – année de la mise en œuvre effective de l’accord de Paris. Or, pour l’instant, seulement soixante-six nations, essentiellement des pays en développement (Chili, Mexique, Argentine, Fidji, îles Marshall, etc.), pesant pour 6,8 % des émissions mondiales, se sont engagées à accroître leurs efforts. Aucun des principaux pollueurs (Chine, Etats-Unis, Inde, Canada, Australie, Brésil), à l’exception de l’Afrique du Sud, n’a encore montré qu’il était prêt à s’engager davantage dans la bataille du climat. A ce titre, le sommet de l’ONU pour l’action climatique, qui s’est tenu à New York le 23 septembre, a échoué à donner un véritable coup d’accélérateur au processus.
De quoi relancer le débat sur l’utilité de cette vaste et lourde machine onusienne des négociations climatiques, tant ces conférences mondiales semblent fonctionner en vase clos, déconnectées de la réalité du terrain et des attentes, de plus en plus pressantes, d’une société civile toujours plus inquiète. Un lieu où les négociateurs s’écharpent sur des formulations entre crochets (les options à trancher) tandis qu’ailleurs le monde brûle.
« On fait face à une double temporalité : d’un côté, la course à la lenteur du processus des négociations climatiques, et, de l’autre, la dégradation rapide du climat », observe Amy Dahan, historienne du climat au CNRS et auteure, avec Stefan Aykut, d’un ouvrage de référence sur l’histoire des négociations (Gouverner le climat ?, Presses de Sciences Po, 2015). Une urgence pourtant martelée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans ses derniers rapports : d’ici à 2030, l’humanité doit diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre – essentiellement dues à la combustion d’énergie fossile – sous peine de conséquences désastreuses. Chaque dixième de degré et chaque année comptent.
L’action se heurte à un « schisme de réalité », comme le nomme Amy Dahan. Si la gouvernance des conférences sur le climat se targue d’avancées dans la bataille du climat, la réalité du monde est celle d’une explosion des émissions de CO2, surtout pendant la première décennie du XXIe siècle. Une hausse des rejets carbonés portée par la croissance des pays émergents, au premier rang desquels la Chine et l’Inde. En cause, également, la mutation du paysage énergétique, avec le développement du gaz de schiste et des sables bitumineux aux Etats-Unis et au Canada, et le déploiement partout dans le monde de charbon bon marché. Dernier responsable : le développement tous azimuts du commerce international.
1992, prise de conscience à Rio
Avant le temps des désillusions, l’espoir était pourtant grand. Le sommet de Rio, en 1992, marque la prise de conscience de la nécessité d’instaurer un cadre international pour répondre à la crise climatique, deux ans après le premier rapport du tout jeune GIEC. « A ce moment-là, on est au summum du multilatéralisme. Après la chute du mur de Berlin, il y a l’idée que tout est possible, qu’il n’y a plus de fractures, qu’il faut construire des institutions pour répondre à l’unité du monde », rappelle Amy Dahan. Les Etats érigent en exemple le succès de la lutte contre le trou de la couche d’ozone : en 1987, le protocole de Montréal a vu la communauté internationale s’engager à bannir progressivement les chlorofluorocarbones responsables de sa destruction.
Au Sommet de la Terre de 1992 est adoptée la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), socle des négociations. Ratifiée par 196 Etats (auxquels il faut ajouter l’Union européenne) en 1994, elle reconnaît l’existence d’un changement climatique d’origine humaine et donne aux pays industrialisés le primat de la responsabilité pour lutter contre ce phénomène. Elle instaure les Conférences des parties annuelles – les fameuses COP (Conference of the Parties, en anglais) –, qui se réunissent chaque année lors d’un sommet mondial où sont adoptées, par consensus, les décisions pour lutter contre le dérèglement climatique.
1995, première COP à Berlin
La première COP se tient en 1995 à Berlin. Elle prépare l’adoption, deux ans plus tard, du protocole de Kyoto, premier traité juridiquement contraignant destiné à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Signé en 1997, ce texte ne fixe des objectifs contraignants qu’à 55 pays industrialisés, représentant 55 % des émissions globales de CO2 en 1990. Le protocole vise à réduire d’au moins 5 % leurs émissions entre 2008 et 2012 par rapport au niveau de 1990.
Mais ce texte, perçu comme une première étape sur le papier, se révèle un échec dans les faits. Si certains Etats ont respecté leurs engagements (comme l’Union européenne), les gros pollueurs n’ont pas atteint leurs objectifs : les Etats-Unis n’ont jamais ratifié le protocole, le Canada en est sorti, la Nouvelle-Zélande, la Russie et le Japon n’ont pas pris d’engagement pour la deuxième période du traité (2013-2020), et la Chine, devenue le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, n’est pas concernée. « Les pays en développement refusaient alors d’assumer de nouvelles responsabilités avant de voir les pays développés, historiquement responsables du changement climatique, pleinement assumer les leurs, rappelle Paul Watkinson, président de l’organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique de la CCNUCC. Ce clivage a rendu presque inévitable le refus des Etats-Unis à rejoindre le protocole et a coloré les négociations jusqu’à l’accord de Paris. »
2005, le protocole de Kyoto
Il faut attendre que suffisamment d’Etats aient ratifié le texte pour que le protocole de Kyoto entre en vigueur, en 2005, dans un monde complètement différent de celui où il avait été signé : les pays émergents sont devenus d’importants pollueurs et le paysage énergétique a été totalement redessiné. En définitive, si le protocole de Kyoto a ralenti les rejets des émissions de CO2 des pays développés, il n’a eu aucun impact sur ceux des pays en développement, qui ont triplé entre 1990 et 2012. En découle un échec, à la fois politique et arithmétique, à enrayer l’envolée des émissions mondiales.
2009, un désastre danois
Il s’agit alors de trouver un successeur au protocole de Kyoto. C’est tout l’objet de la COP15, qui se tient à Copenhague (Danemark) en 2009, avec pour ambition de renégocier un accord international sur le climat, concernant cette fois les pays industrialisés comme ceux en développement. Mais, après deux ans de négociations, le sommet se solde par un échec. S’il affirme la nécessité de limiter le réchauffement planétaire à 2 °C, le texte de l’accord ne comporte aucun engagement chiffré de réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’assemblée plénière de clôture « prend note » des travaux des chefs d’Etat : une déclaration sans valeur d’accord juridique.
Les raisons de ce qui sera vécu comme un désastre sont multiples. Il y a l’impréparation de la présidence danoise, qui n’a pas suffisamment écouté les pays, en particulier ceux en développement, et a changé de président de conférence en cours de COP. Autre erreur, les négociateurs ont remis aux chefs d’Etat et de gouvernement une proposition d’accord avec trop d’options à trancher. Les discussions sont également entravées par un clivage entre les pays du Nord et ceux du Sud, les BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine) souhaitant peser davantage dans les décisions. Le tout sur fond de suites de la crise économique et financière.
« Cette COP marque malgré tout quelques avancées, rappelle Pierre Cannet, codirecteur des programmes au WWF France. C’est de Copenhague que vient l’objectif de mobiliser dans les pays développés 100 milliards de dollars par an, d’ici à 2020, pour aider les pays en développement à faire face aux effets du réchauffement. » C’est là aussi que fut décidée la création du Fonds vert pour le climat, principal mécanisme des flux financiers Nord-Sud.
2015, enfin un traité universel
Le multilatéralisme parvient finalement à rebondir, transformant l’échec de Copenhague en succès de Paris. Avant cela, la conférence mondiale de Cancun (Mexique), en 2010, renoue d’abord les fils du dialogue Nord-Sud. Puis celle de Durban (Afrique du Sud), en 2011, établit un groupe de travail chargé de préparer un accord « applicable à tous » pour 2015. Les COP suivantes balisent le chemin jusqu’à la fameuse 21e conférence internationale, qui verra, le 12 décembre 2015, l’adoption de l’accord de Paris, un traité universel engageant pour la première fois tous les pays.
Pour parvenir à ce coup de marteau historique donné par Laurent Fabius, le président de la conférence, alors ministre français des affaires étrangères, il a fallu une implication sans faille de la présidence française : un marathon de deux ans, des déplacements incessants pour rencontrer chaque pays, et la mobilisation du réseau des ambassades. Un tour de force rendu possible également par un fort engagement de l’Union européenne et par un accord décisif entre les Etats-Unis et la Chine, en amont de la COP21, pour limiter leurs émissions.
Surtout, la démarche suivie est inverse à celle du protocole de Kyoto. Au lieu d’imposer aux Etats des objectifs, de manière descendante, la présidence de la COP21 choisit une approche ascendante (bottom-up), où les pays décident eux-mêmes de l’effort dont ils sont capables. L’idée est de les engager dans un cercle vertueux. « C’est ce que j’appelle une prophétie autoréalisatrice : parce que tous pensent que l’accord est irréversible, alors tout le monde se prépare à cet horizon », expliquait en 2016, dans un entretien au Monde, Laurence Tubiana, alors négociatrice en chef de la COP21.
Les 186 Etats qui ont jusqu’ici ratifié le texte sont-ils pour autant contraints par leurs promesses ? C’est tout le débat sémantique qui oppose juristes et experts depuis 2015. Pour les uns, l’accord est contraignant au même titre que tout traité international. « Les Etats sont contraints à rendre des comptes sur les progrès accomplis », détaille Olivier Fontan, ancien négociateur français, aujourd’hui directeur exécutif du Haut Conseil pour le climat. Ce texte peut également être invoqué devant les juges pour réclamer des Etats des législations plus ambitieuses. Pour les autres, il n’en est rien puisque le traité ne prévoit aucune sanction en cas de non-respect des engagements. Ni n’empêche des pays d’en sortir, à l’image des Etats-Unis, dont le président Donald Trump a engagé le retrait en novembre.
2019, tout reste à faire
Qu’il s’agisse de « droit dur » ou de « droit mou », une chose est certaine : la bataille climatique ne peut s’arrêter à la signature de cet accord. « On a mis en place les conditions de travail dont on avait besoin, mais cela ne se substitue pas à l’action qui n’est pas à la hauteur du défi », observe un fin connaisseur des négociations climatiques. Relever le défi de la mise en œuvre de l’accord de Paris est d’autant plus malaisé dans un contexte géopolitique défavorable. Des pays réfractaires sapent toute relève de l’ambition et s’emploient à remettre en cause l’état de la science : les Etats-Unis de Donald Trump, le Brésil, dirigé par le président climatosceptique Jair Bolsonaro, l’Arabie saoudite, premier producteur de pétrole au monde, ou la Pologne, pays encore dépendant du charbon, qui empêche l’Union européenne d’adopter un objectif de neutralité carbone d’ici à 2050.
« Aujourd’hui, le processus international a donné beaucoup de ce qu’il pouvait donner. L’action doit être portée à toutes les échelles, notamment celles des villes, des régions et de chaque nation », considère l’historienne du climat Amy Dahan. Pour autant, la spécialiste juge qu’une suppression des COP dans le contexte géopolitique actuel serait une « régression catastrophique » tant elles « maintiennent le multilatéralisme et participent de la sensibilisation croissante de l’opinion publique ». Elles donnent en outre une voix aux pays les plus vulnérables qui peinent sans cela à se faire entendre. Enfin, « ce point de passage essentiel tient les Etats responsables de leurs engagements », ajoute Pierre Cannet, du WWF. En outre, chaque conférence climat suscite une mobilisation de la société civile bénéfique à la lutte contre le dérèglement climatique.
L’accord de Paris largement ratifié, la question de l’évolution de cet espace de négociation se pose avec acuité. « Il est nécessaire de réinventer le mandat des COP. Elles pourraient par exemple porter des sujets comme la fin des énergies fossiles, le développement des énergies renouvelables ou l’adaptation au réchauffement », imagine Stefan Aykut, professeur à l’université de Hambourg. Mais l’essentiel, ajoute ce sociologue des négociations climatiques, c’est que la question climatique « soit portée dans d’autres arènes internationales, comme l’Organisation mondiale du commerce ou la Banque mondiale, afin de penser tous les problèmes à l’aune du problème climatique » et de répondre enfin aux appels désespérés de Severn Cullis-Suzuki, de Greta Thunberg, et de millions d’autres citoyens. Il en va de la survie de l’accord de Paris, de celle de la convention sur le climat mais aussi de celle de l’humanité.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/01/une-course-de-lenteur-pour-sauver-la-terre_6021225_3244.html>
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13- Entretien. « Face au réchauffement de la planète, nous n’avons plus le temps », Le Monde, 01/12/19, 07h00
Propos recueillis par  Simon Roger et  Audrey Garric

A la veille de la conférence des Nations unies sur le climat (COP25), organisée à Madrid suite à la défection du Chili, la ministre espagnole de la transition écologique et la ministre chilienne de l’environnement en exposent les enjeux. 
Organisée du 2 au 13 décembre à Madrid, en Espagne, à la suite de la défection du Chili, qui fait face à une crise sociale ­majeure, la 25e Conférence ­climat des Nations unies (COP25) pourrait donner lieu à un nouvel élan dans la lutte contre le réchauffement, veulent croire la ministre chilienne de l’environnement, ­Carolina Schmidt, et son homologue espagnole, Teresa Ribera.
Après le désistement du Chili, était-il nécessaire de maintenir une COP cette année, alors que le grand rendez-vous, où les Etats devront rehausser leurs engagements, est prévu fin 2020 ?
Teresa Ribera C’est un moment important pour le multilatéralisme. Le changement climatique est un sujet compliqué qui demande beaucoup d’actions. La suspension de la COP aurait été une horrible nouvelle : elle aurait représenté un manque d’espoir, une démoralisation, pour beaucoup de gens qui ne comprennent pas pourquoi les gouvernements ne peuvent pas faire plus. Si même la réunion annuelle pour coopérer sur l’action climatique n’avait pas eu lieu, cela aurait été un mauvais signal. Et si l’Amérique latine, qui était volontaire, n’avait pas trouvé comment accueillir la COP, cela aurait également donné un très mauvais signal : celui que seulement l’Europe peut présider une COP. En conservant les mêmes dates, la même présidence, une même région engagée, et un Chili qui garde le leadership, nous envoyons un message de normalité et d’engagement très important.
Carolina Schmidt Renoncer à accueillir la COP a été une décision très difficile à prendre. La crise climatique est le défi le plus grave auquel fait face l’humanité. La crise sociale que nous traversons dans notre pays ainsi que la crise environnementale sont les deux faces d’une même pièce. Le dérèglement climatique multiplie les inégalités sociales et environnementales. Il est injuste : il affecte surtout les gens et les pays les plus vulnérables. Même si nous n’avons pas pu accueillir la COP25 dans notre pays, nous avions la conviction profonde de l’importance de continuer la bataille contre la crise climatique. Nous ne sommes pas seulement ici pour garder la présidence de la COP, mais aussi pour montrer les différences que nous avons entre pays en développement et pays développés du point de vue de la vulnérabilité au changement climatique. L’Amérique latine a des besoins particuliers et une urgence particulière que nous aller porter dans les débats.
Quels sont les principaux enjeux de cette COP25 ?
C. S. C’est la dernière COP avant la mise en œuvre de l’accord de Paris en 2020. C’est donc une COP de l’action : il s’agit de pousser les pays à augmenter leurs efforts pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre mais aussi à améliorer l’adaptation au changement climatique. Nous voulons amener les pays à relever leur contribution nationale en vue de 2030 mais aussi s’engager vers un objectif de neutralité carbone en 2050. De nouveaux pays ont rejoint l’Alliance pour l’ambition climatique [elle regroupait, en septembre, soixante-six pays engagés vers la neutralité carbone].
Une « COP bleue »
Nous voulons mettre les gens au centre de l’action climatique, parce que ce sont eux qui souffrent de la pollution, des sécheresses ou des vagues de chaleur. Il faut donc qu’au-delà des gouvernements les régions, les collectivités, les entreprises et les investisseurs s’engagent à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Nous voulons amener de nouveaux acteurs autour de la table. Pour la première fois dans une COP, nous allons organiser une réunion des ministres de finances, des ministres de l’énergie et de ceux de l’agriculture, pour permettre la transformation de nos sociétés.
Il s’agit ensuite de placer la science à la base de notre action, pas seulement pour avoir un diagnostic des problèmes mais aussi pour trouver des solutions aux problèmes. Il faudra également finaliser les règles d’application de l’accord de Paris [dont certains points techniques ont été laissés en suspens après la COP24 qui s’est tenue en Pologne en 2018], pour permettre sa mise en œuvre. Enfin, c’est une « COP bleue » : nous allons défendre la protection et la durabilité des océans, qui représentent 70 % de notre planète. Pour parvenir à atténuer le changement climatique, et s’y adapter, nous devons inclure les océans.
T. R. L’enjeu est de quitter Madrid pleinement conscient de l’urgence et de la volonté d’augmenter l’ambition l’an prochain. Les choses ne vont pas se faire toutes seules. L’année 2020 commence dans un mois : nous devons nous assurer que tout le travail préparatoire pour augmenter les contributions déterminées au niveau national (les NDC) [les engagements volontaires pris par les pays dans l’accord de Paris] est là.
Dans son dernier rapport, l’ONU Environnement dénonce une « décennie perdue » pour l’action climatique et un « échec collectif » à limiter les émissions. Partagez-vous cette analyse ?
T. R. C’est une honte collective énorme. C’est épouvantable d’arriver à ce point de l’histoire où l’on se dit que l’on savait, que l’on avait les moyens de faire autrement mais que l’on n’a pas été capables de répondre de manière collective à ce défi pour les générations actuelles et les générations futures. Cela devrait nous secouer fortement. Je ressens de la tristesse et j’espère que l’on va réussir à réorienter toute notre énergie pour résoudre cette crise.
On avait été honnêtes lors de l’adoption de l’accord de Paris en 2015 : on avait dit qu’on savait bien que les engagements volontaires des Etats n’étaient pas suffisants et qu’il faudrait accroître les efforts [les engagements des pays mettent la planète sur une trajectoire de 3,2 0C de réchauffement d’ici à la fin du siècle. L’accord de Paris prévoit alors que les pays augmentent leurs efforts tous les cinq ans, jusqu’à atteindre la neutralité carbone en 2050]. Mais aujourd’hui, au lieu de faire davantage, on se divise, on se disperse. Pourtant, nous n’avons plus le temps. J’espère atteindre des engagements plus solides après Madrid. Il ne s’agit pas seulement de critiquer certains leaders, comme le président américain Donald Trump, mais aussi des leaders politiques, économiques ou sociaux qui restent silencieux et qui ne mesurent pas l’ampleur de la crise qui bouleverse nos sociétés. Je suis malgré tout plus optimiste maintenant qu’il y a quelques années, car beaucoup ont compris que l’effort doit être collectif.
C. S. Il est exact que les pays et les gouvernements ne sont pas allés assez vite pour limiter le réchauffement à 1,5 0C. C’est pourquoi il est si important d’augmenter les efforts et de prendre des mesures concrètes qui vont pouvoir transformer nos sociétés et nos économies.
Comment convaincre les grandes puissances, notamment celles du G20 qui pèsent 80 % des émissions mondiales, de s’engager davantage ?
T. R. Les membres du G20 doivent être beaucoup plus sérieux dans leurs propositions. Par exemple, les ministres de l’énergie se réunissent la semaine prochaine à l’Agence internationale de l’énergie. Il faudrait attendre des propositions plus sérieuses pour assurer une énergie décarbonée avant 2050 dans les pays de l’OCDE.
La décision de la Banque européenne d’investissement de renoncer à financer de nouveaux projets liés aux énergies fossiles, y compris le gaz, à partir de 2022, est extraordinaire, mais on aurait besoin d’avancées similaires dans toutes les banques de développement et d’investissement. Combien de temps faudra-t-il attendre pour voir ces évolutions ? Nous n’avons plus une minute ni un euro à perdre dans des domaines qui ne valent plus la peine.
On va voir si la nouvelle Europe prend davantage ses responsabilités dans les ­semaines qui viennent. J’espère que lors du Conseil européen des 12 et 13 décembre, qui aura lieu pendant la COP, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne ­seront suffisamment solides et cohérents pour voter la neutralité carbone en 2050 et pour accorder un mandat afin d’augmenter les efforts d’ici à 2030.
C. S. Tous les pays doivent faire plus d’efforts car les contributions déterminées au niveau national de la majorité d’entre eux sont considérées comme « hautement insuffisantes » pour ne pas dépasser 1,5 0C de réchauffement. Mais il est vrai que les pays les plus développés ont plus de responsabilités que d’autres. Nous avons besoin d’eux autour de la table.
Peut-on encore croire au multilatéralisme alors que les Etats-Unis ont engagé leur retrait de l’accord de Paris ?
T. R. Les instruments du multilatéralisme sur lesquels on compte aujourd’hui ne sont pas totalement adaptés au monde moderne. Mais c’est le système sur lequel on doit s’appuyer pour faire mieux. Il faut revoir la manière dont on travaille dans les Nations unies. Ce système onusien a été conçu à une époque qui n’existe plus. Le principe d’inclusivité [la participation de tous les Etats au processus de négociation internationale] est le moins mauvais système qu’on ait réussi à développer. On peut l’améliorer en permettant la participation beaucoup plus active des acteurs non étatiques, des collectivités locales, des entreprises, de la société civile… Il y a sur ces enjeux climatiques une adrénaline collective, qui peut nourrir les discussions de la COP.
Objectif neutralité carbone en 2050
Les COP ont un peu évolué, elles sont beaucoup plus ouvertes, avec plus de side-events [des événements parallèles aux négociations], plus d’échanges et de dialogue, mais elles répondent encore aux éléments de la diplomatie classique : des délégués viennent avec des instructions de leurs gouvernements et mesurent l’avancée des débats au nombre de documents techniques qui ont été validés à la fin de la réunion.
C. S. Même si le gouvernement fédéral [des Etats-Unis] se retire de l’accord de Paris − sachant que cette procédure ne sera effective qu’en novembre 2020 et que pour l’instant les Américains participent toujours aux négociations − la société américaine s’implique toujours, notamment par le mouvement We’re Still In, et veut être l’une des parties de la solution. Nous invitons les régions, les villes et le secteur privé des Etats-Unis à s’engager à accroître leurs efforts et aller vers la neutralité carbone en 2050.
En décidant de faire l’impasse sur la COP25, le président Emmanuel Macron, qui se pose en garant de l’accord de Paris, n’envoie-t-il pas un mauvais signal ?
T. R. On aurait bien aimé qu’Emmanuel Macron vienne à la COP car on parle de l’accord de Paris, pas d’Istanbul ou de Nairobi, mais on comprend bien que les agendas domestiques sont parfois compliqués. Le premier ministre, Edouard Philippe, viendra à la place.
C. S. Tous les participants aux négociations sont importants mais la France, en tant que maison de l’accord de Paris, joue un rôle particulier. Même si le président Macron ne peut pas venir, il reste un acteur très important qui pousse d’autres pays à agir.
L’Espagne veut prendre des mesures ambitieuses, notamment sur les énergies renouvelables, mais elle est en retard dans la réduction de ses émissions. Par ailleurs, Madrid mène une politique inverse depuis que la droite, au pouvoir, a rouvert la zone de basses émissions du centre-ville aux voitures polluantes. Ces objectifs sont-ils réalistes ?
T. R. Les membres du gouvernement comme une large majorité de la population trouvent que le maire de Madrid se trompe. Nous sommes très optimistes sur les mesures et les propositions que nous avons faites dans notre cadre stratégique d’action pour le climat et l’énergie.
Le processus pour l’adoption formelle n’a pas eu lieu, parce que nous n’étions pas en plein exercice de pouvoir. Mais les différents acteurs publics et privés ont considéré nos mesures comme réalistes et nécessaires. Ils ont commencé à travailler avec les éléments que l’on a eu le temps d’adopter d’une manière cohérente. Je suis optimiste mais pas naïve. Je sais bien que l’on va rencontrer des difficultés. Mercredi 27 novembre, je suis allée au Parlement pour porter mes propositions [l’Espagne a fait approuver un décret-loi qui fixe une rentabilité garantie minimum pour les installations d’énergies renouvelables et prévoit des aides aux zones affectées par la fermeture des centrales de charbon], je n’ai pas eu un seul vote contre. L’extrême droite et le Parti populaire ont décidé de s’abstenir et tous les autres ont voté pour.
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Comment le Chili gère-t-il sa transition énergétique alors que le pays est confronté au double défi de la décarbonation de l’économie et d’une crise sociale profonde ?
C. S. Nous avons pris l’engagement de fermer toutes nos centrales à charbon d’ici à 2040, nous avons aussi la volonté d’atteindre un objectif de 70 % d’électricité renouvelable à l’horizon 2050, mais tout cela sans laisser de côté les populations concernées. Tous les pays en développement qui cherchent à changer de modèle économique rencontrent ce type de problème. Ce qui les différencie, c’est la manière de les affronter, de fixer des échéances claires et de s’y tenir.
La lutte contre le changement climatique réclame une forte mobilisation financière, notamment des pays du Nord vers ceux du Sud. Comment allez-vous aborder ce sujet sensible durant les COP ?
C. S. Nous allons procéder à une mise à jour des engagements financiers avant2020, nous allons suivre les promesses de dons des pays au Fonds vert pour le climat, qui vient de boucler sa recapitalisation et devrait disposer de 10 milliards de dollars pour la période 2020-2023. Certains doublent leur participation financière au fonds, c’est précieux au moment où les Etats-Unis s’en désengagent.
Nous avons d’autres outils à notre disposition pour favoriser l’investissement bas carbone, notamment les green bonds. Le Chili est le premier pays sud-américain à avoir lancé des « obligations vertes ». La rencontre des ministres des finances pendant la COP sera l’occasion de partager ces expériences. L’invitation a été faite aux ministres des finances de l’Alliance pour l’ambition climatique. Une quarantaine d’entre eux ont déjà confirmé leur participation à cette réunion, qui sera coprésidée par la Finlande et le Chili.
La mobilisation de la jeunesse pour le climat est-elle un élément de pression supplémentaire pour les Etats réunis à partir du 2 décembre, à Madrid ?
C. S. Cette mobilisation est utile, elle peut aider les pays à aller plus loin dans la lutte contre le réchauffement climatique. Par ailleurs, il faut prendre en compte ce que disent les jeunes qui marchent pour le climat : ils réclament davantage d’égalité, une meilleure qualité de vie, une transition plus juste, qui s’adresse à tous, aux entrepreneurs comme aux ouvriers ou aux communautés locales.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/01/face-au-rechauffement-de-la-planete-nous-n-avons-plus-le-temps_6021224_3244.html>
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14- COP 25 à Madrid : "Nous marchons comme des somnambules vers la catastrophe climatique", AFP, 01/12/19, 17:26
Matthieu Vendrely

La COP 25 s'ouvre ce lundi 2 décembre 2019 à Madrid. Pendant dix jours, les pays signataires de l'accord de Paris sur le climat vont tenter de régler leurs points de désaccords et de faire avancer sa mise en oeuvre. Mais il n'est pas évident que les catastrophes climatiques à répétition et les manifestations pour le climat à travers le monde ne soient suffisantes pour accélérer le tempo.
"#Time for action": le moment d'agir. Le slogan de cette 25e réunion annuelle de l'ONU sur le climat (COP25) est limpide. "Nous devons accélérer le rythme avec des mesures concrètes", plaide la ministre chilienne de l'Environnement Carolina Schmidt, dont le pays présidera cette COP du 2 au 13 décembre.
Les négociateurs entendront-ils le cri des jeunes descendus dans la rue par millions ces derniers mois, inspirés par la jeune militante suédoise Greta Thunberg ?
Nombre d'observateurs craignent que ce rendez-vous, transféré en urgence à Madrid en raison du mouvement social au Chili, ne soit pas à la hauteur de l'urgence. "Cette COP-là risque de ne pas répondre à ces attentes, parce que sur cette question de l'ambition, la réponse ce sera l'an prochain", prédit Lola Valejo, analyste à l'Institut du développement durable et des relations internationale (IDDRI).
L'accord de Paris de 2015 prévoit que les quelque 200 pays signataires révisent d'ici à fin 2020 leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le point de mire de beaucoup d'entre eux est donc pour dans un an. 
>> Suite à lire à :
<https://information.tv5monde.com/info/cop-25-madrid-nous-marchons-comme-des-somnambules-vers-la-catastrophe-climatique-334924>
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15- Récit. Le réchauffement climatique lié aux activités humaines est connu depuis 40 ans, Le Monde, 01/12/19, 18h17
Stéphane Foucart

La communauté internationale et les politiques ont ignoré les avertissements des scientifiques, et des entreprises ont sciemment semé le doute dans l’opinion.
Sur la question climatique, tout regard rétrospectif sur l’accumulation du savoir depuis un demi-siècle ne peut produire que deux réactions : regret et consternation d’une part, effroi d’autre part. Regret et consternation car, bien que la science sache fermement, depuis au moins la fin des années 1970, que les émissions humaines de gaz à effet de serre modifient profondément le climat terrestre, rien n’a été entrepris à temps pour infléchir le cours des choses. Effroi, car les nouvelles connaissances conduisent presque toujours à aggraver les diagnostics précédents.
Mi-septembre 2019, les deux grandes institutions scientifiques françaises impliquées dans des travaux de modélisation du climat terrestre – le Centre national de recherches météorologiques et l’Institut Pierre-Simon-Laplace – ont rendu publique la mise à jour de leurs projections : dans le pire des scénarios de développement, fondé sur une croissance économique soutenue par la combustion des ressources fossiles, la température moyenne mondiale pourrait s’élever, d’ici à 2100, de 6 °C à 7 °C par rapport au climat préindustriel.
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Les dernières simulations de ces deux équipes, utilisées dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), sous-estimaient donc l’élévation de la température de près de 1 °C. Comment imaginer l’adaptation des sociétés et des économies dans un monde oppressé par une telle hausse des températures ? Cette question est dangereusement ouverte.
Incendies et canicules
Car, aujourd’hui, le thermomètre terrestre ne pointe qu’à environ 1 °C de réchauffement, mais la situation est déjà difficilement gérable dans les régions du monde les plus exposées aux risques de sécheresses, de canicules ou d’inondations. A 1 °C de réchauffement, les océans se sont en moyenne déjà élevés de 20 cm environ, l’acidité de leurs eaux de surface s’est accrue de 25 % environ et l’avenir réserve d’autres surprises, plus sombres encore. Chaque saison estivale charrie désormais un lot croissant de catastrophes.
Dans un pays comme la France, pourtant moins exposé aux risques du réchauffement que nombre de régions du monde, on comptait moins de deux épisodes caniculaires par décennie entre 1950 et 1990 sur le territoire métropolitain, alors qu’on en dénombre déjà seize entre 2010 et 2019. Soit un taux huit fois plus élevé. En très peu de temps, le changement climatique a cessé de n’offrir aux citoyens occidentaux que le spectacle des malheurs de pays pauvres et lointains, voire la possibilité de dommages éventuels dans un futur distant.
L’été 2019, dont le mois de juillet a été le mois le plus chaud jamais mesuré, tous mois confondus, a plus encore que les précédents vu s’enchaîner des désastres de grandes magnitudes. Incendies hors de contrôle en Sibérie, avec une superficie de forêt boréale de la taille de la Belgique partie en fumée en quelques mois ; deux canicules en France, avec des températures excédant, fin juillet, les 40 °C dans une cinquantaine de villes, et un record absolu à près de 46 °C, à Gallargues-le-Montueux, dans le Gard ; températures excédant 30 °C au-delà du cercle polaire ; en Inde, les 10 millions d’habitants de la ville de Chennai ont dû être ravitaillés en eau douce par trains spéciaux… Au Sahel, la sécheresse pourrait rapidement devenir chronique.
Encore tout cela n’est-il qu’un amer avant-goût de l’avenir prévisible. Au rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre, rien ne semble en mesure d’empêcher le franchissement, dès 2030-2040, du seuil de 2 °C de réchauffement par rapport au climat préindustriel, fixé par l’accord de Paris. En plus d’un quart de siècle, la diplomatie climatique n’a donné aucun résultat tangible sur la baisse des émissions mondiales de gaz à effet de serre : jusqu’à présent, la réalité a correspondu avec le pire scénario d’émissions imaginé par les chercheurs.
Les températures ne sont pas tout. Ce qui se produit dans l’océan est plus massif encore. Inaccessibles aux sens, les bouleversements qui frappent la physico-chimie et la biologie des mers du globe sont gigantesques. Songeons que l’océan a absorbé plus de 90 % de la chaleur excédentaire introduite dans le système Terre par les émissions de gaz à effet de serre humaines produites depuis l’après-guerre. Il éponge aussi une grande part du dioxyde de carbone émis par les humains et poursuit son acidification à un rythme inédit depuis 300 millions d’années, excédant les capacités d’adaptation de nombreuses espèces.
Acidification, réchauffement, stratification, mais aussi baisse de la teneur en oxygène et accumulation des effluents de l’agriculture intensive : les zones mortes de l’océan augmentent imperturbablement. Elles ont gagné de 3 % à 8 % de leur surface entre 1970 et 2010, et la tendance accélère, menaçant la productivité biologique des écosystèmes marins – c’est-à-dire la capacité de l’océan à fabriquer et à maintenir la vie.
Une grande part de l’impact du réchauffement sur les sociétés passera par l’océan, qui fournit une portion importante des protéines du régime alimentaire de centaines de millions d’individus. Tout comme 680 millions d’individus vivent aujourd’hui en zones côtières de basse altitude, vulnérables à l’élévation du niveau marin. Celui-ci pourra grimper de 1 mètre d’ici à la fin du siècle, en cas de poursuite sans contrainte des émissions. Et, dans son dernier rapport spécial sur l’océan, le GIEC projette que les populations vulnérables à l’érosion des côtes et à l’avancée de l’océan à l’intérieur des terres pourraient atteindre 1 milliard d’individus.
> Lire aussi Réchauffement climatique : comment la réalité a pris de vitesse la science
Prise de conscience brutale
Tous les aspects de l’organisation des sociétés humaines sont et seront lourdement touchés par le réchauffement. De la production primaire à la production énergétique, de la stabilité des services écosystémiques à la disponibilité des ressources en eau : tous les secteurs économiques devront s’adapter à marche forcée tout en tentant de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Rien ne dit, tant s’en faut, que cela sera toujours possible : avec quelques degrés de plus, ce sont des zones entières du globe qui ne seront simplement plus habitables.
La rapidité des changements survenus entre le milieu et la fin des années 2010 a surpris les opinions. En dépit de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis et de celle de Jair Bolsonaro au Brésil, un basculement rapide s’est opéré entre le climatoscepticisme triomphant du début des années 2010 et la prise de conscience brutale de la gravité du problème moins d’une décennie plus tard.
Cette bascule ne reflète nullement une évolution de la connaissance disponible sur la question climatique. Au contraire : celle-ci est relativement stable depuis la fin des années 1970. En 1979, le sujet est mis à l’agenda de la diplomatie mondiale lors de la première Conférence internationale sur le climat, tenue à Genève sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale. La réunion conclut qu’il faut intensifier la recherche mais, la même année, la Maison Blanche demande à l’Académie nationale des sciences américaine son expertise sur le sujet. La vénérable institution rassemble les meilleurs spécialistes américains, conduits par Jule Charney (1917-1981), physicien de l’atmosphère et professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Leur rapport, baptisé plus tard « rapport Charney », est le premier document consensuel dans lequel la science moderne prédit un réchauffement, en raison du renforcement de l’effet de serre.
« Depuis plus d’un siècle, nous savons que des changements de la composition de l’atmosphère peuvent modifier sa faculté à absorber l’énergie du soleil, explique le rapport dans son préambule. Nous avons la preuve irréfutable que l’atmosphère se modifie et que nous contribuons à ce changement. Les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone augmentent continûment, ce qui est lié à la combustion des ressources fossiles et à l’utilisation des sols. Puisque le dioxyde de carbone joue un rôle significatif dans l’équilibre thermique de l’atmosphère, il est raisonnable de penser que son augmentation continue affectera le climat. » En dépit de la baisse des températures, enregistrée depuis trois décennies, les auteurs accordaient suffisamment de confiance à la science disponible pour prévoir un renversement de la tendance. Qui s’est bel et bien produit.
Les experts du rapport Charney estimaient en outre qu’un doublement de la concentration du gaz carbonique dans l’atmosphère conduirait à un réchauffement moyen compris entre 1,5 et 4,5 °C. Soit une estimation un peu plus optimiste que celle produite aujourd’hui avec les moyens modernes de calcul et de modélisation du climat terrestre. Surtout, le rapport annonçait déjà la tragédie à venir. Et précisait que, si les pouvoirs publics attendaient de voir les premiers effets du réchauffement se manifester pour réagir, il serait trop tard, du fait de l’inertie du système climatique, pour en éviter les désagréments majeurs. « Attendre pour voir avant d’agir signifie attendre qu’il soit trop tard », écrivaient les auteurs du rapport Charney. Ayant attendu pour voir, la communauté internationale a ainsi attendu, comme il était prévu, qu’il soit trop tard.
Un éditorial alarmiste dès 1979
Cette connaissance n’est pas demeurée loin du débat public et des décideurs. En juillet 1979, la grande presse américaine se saisit du sujet et traite du risque climatique dans son éditorial. « Les conséquences [de l’accumulation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère], bien qu’incertaines, peuvent être désastreuses. Le dioxyde de carbone bloque l’évacuation du rayonnement de la Terre dans l’espace. L’effet de serre résultant peut réchauffer le climat, en particulier dans les régions polaires,lit-on dans l’éditorial du 12 juillet 1979 du New York Times. Les régimes des vents et des précipitations, les courants marins pourront être déstabilisés, les zones agricoles pourraient se déplacer vers le nord, là où la terre est moins fertile, et la fonte des calottes polaires pourrait à terme élever le niveau des mers jusqu’à 6 mètres, inondant les plaines côtières fortement peuplées, partout dans le monde. Dans le passé, de petites variations du climat ont perturbé les récoltes dans de nombreux pays et ont porté les pays du Sahel, en Afrique de l’Ouest, au bord de la ruine. Il n’est pas difficile de voir comment une intensification de l’effet de serre peut produire une catastrophe bien pire que tout accident nucléaire imaginable. »
Cette haute probabilité de la catastrophe à venir n’a pas empêché le scepticisme de s’installer. Car derrière la procrastination de la communauté internationale et le peu d’intérêt manifesté par les politiques se cachent la faible mobilisation et l’incrédulité des opinions. Un scepticisme savamment entretenu par les intérêts économiques qui auraient à pâtir d’une taxation mondiale du carbone. Tout au long des années 2000, des sommes considérables sont investies dans un travail de fond visant à décrédibiliser la science climatique, discipline aux résultats présentés comme très incertains et motivés par des considérations idéologiques.
Une myriade de think tanks ou d’organisations-écrans financées par les industries pétrolières, gazières et pétrochimiques, ou par les fondations philanthropiques des grandes familles proches des milieux conservateurs américains, recrutent de pseudo-experts qui accaparent les médias, maintiennent une armada de blogs et de commentateurs anonymes inondant la Toile de contrevérités sur la question climatique. Avec succès. Des manœuvres d’autant plus choquantes que certaines des grandes entreprises pétrolières américaines avaient elles aussi, dès la fin des années 1970, pleinement connaissance de l’ampleur des risques liés à la combustion des énergies fossiles.
En 2015, le Los Angeles Times et le site InsideClimate News ont révélé des dizaines de documents internes du pétrolier Exxon, montrant que les ingénieurs et les scientifiques de l’entreprise n’avaient aucun doute sur l’ampleur de ce qui était à l’horizon. « Au rythme actuel de leur combustion, les ressources fossiles provoqueront des effets environnementaux dramatiques avant 2050 », lit-on par exemple dans un document daté de 1979.
Deux historiens des sciences américains, Geoffrey Supran et Naomi Oreskes, ont comparé ces documents confidentiels – ainsi que d’autres textes rédigés par des chercheurs d’Exxon pour des colloques ou des revues savantes – à ceux que le pétrolier destinait au grand public sur le réchauffement. Ils ont ainsi étudié plus de 150 documents scientifiques produits entre 1977 et 2014 par Exxon, Mobil ou ExxonMobil – le fruit de la fusion des deux entreprises en 1998 – et les publirédactionnels publiés par ces sociétés dans le New York Times au cours de la même période.
Un été 1988 très chaud en Amérique
Selon les deux historiens, « en tenant compte des expressions de doute raisonnable, 83 % des articles scientifiques et 80 % des documents internes [de l’entreprise] reconnaissent que le changement climatique est réel et causé par l’homme, contre seulement 12 % de ses publirédactionnels, dont 81 % expriment au contraire des doutes » sur la réalité du phénomène ou sur sa cause anthropique. Dans les années 1990 et 2000, ExxonMobil continue de s’offrir, avec régularité, des publi-informations évoquant systématiquement la science climatique comme « incertaine », trop en tout cas pour justifier des mesures. « Il ne faut pas mettre la charrue politique avant les bœufs scientifiques », argumentait l’un de ces textes. ExxonMobil a donc été l’un des grands argentiers du climatoscepticisme, alors que ses propres services ne doutaient pas de la réalité du changement en cours et de ses causes anthropiques.
En dépit de cette campagne et dans la foulée du rapport Charney, un petit groupe de scientifiques, de militants et de responsables de l’administration américaine se sont discrètement démenés, tout au long des années 1980, pour contraindre à l’action les Etats-Unis – et à leur suite le reste du monde. En vain. Le rapport Charney a été rangé dans les tiroirs de l’administration Carter. Il faudra attendre près d’une décennie pour que l’affaire s’installe, pour de bon, au centre de l’attention médiatique. Qu’elle devienne « un sujet ».
Quand a-t-on détecté les premiers signes de l’influence humaine sur le climat ? Quand en a-t-on pris conscience ? L’événement a une date et un lieu précis : il s’est produit le 23 juin 1988, sous les ors du Sénat des Etats-Unis, au début de l’une des pires saisons estivales qu’ait connues l’Amérique du Nord.
La presse américaine égrène alors les records de températures et compte les jours sans pluie. Les Etats céréaliers courent à la catastrophe ; la moitié du parc national de Yellowstone est en feu ; le porte-parole du président Reagan appelle sans rire ses compatriotes à « prier pour que la pluie tombe ». Le 23 juin, une commission parlementaire auditionne des scientifiques sur les anomalies météorologiques qui sévissent. Parmi eux, un certain James Hansen, directeur du Goddard Institute for Space Studies, le laboratoire d’étude du climat de la NASA, fait sensation. Il annonce que l’ampleur des événements excède la variabilité naturelle du climat et que la Terre est entrée dans une phase de réchauffement dû aux activités humaines. Contre l’avis de la majorité de ses pairs – qui estiment que ce réchauffement n’est pas encore sensible –, il se dit sûr de son fait « à 99 % ». Le lendemain, les déclarations de James Hansen font la « une » du New York Times : le changement climatique est désormais mis à l’agenda médiatique et politique mondial. La création du GIEC, cette même année, sous l’égide des Nations unies, lui permettra d’y rester.
Mais rien ne sera pourtant sérieusement entrepris pour lutter contre la dérive climatique. « Pour comprendre la réalité du réchauffement, il faut avoir de l’eau dans son salon, confiait au Monde, en octobre 2010, le président des Maldives (2008-2012), Mohamed Nasheed. Un jour, à New York, ils verront de l’eau dans leur salon et ils se diront : “Tiens, le changement climatique est une réalité !” Chez nous, aux Maldives, l’eau est déjà dans la maison. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/01/le-rechauffement-climatique-lie-aux-activites-humaines-est-connu-depuis-40-ans_6021260_3244.html>
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16- A Madagascar, la jeunesse verte, éternelle oubliée, se rêve en Greta Thunberg des minorités, Le Monde Afrique, 01/12/19, 19h01
Laure Verneau  (Antananarivo, correspondance)

A la veille de la COP25, une conférence des jeunes de l’océan Indien s’est tenue dans la Grande Ile, très exposée au changement climatique. 
« L’Etat ne nous voit pas, alors on fait en sorte d’être visible ! » Mirindra Rakotoarisoa, 25 ans, est le président du Réseau climat océan Indien et le coprésident de l’association CliMates Madagascar. A quelques jours de la COP25 qui se déroulera du 2 au 13 décembre à Madrid (Espagne), le jeune homme est à pied d’œuvre pour que les problématiques de ce coin du monde ne soient pas oubliées.
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C’est là tout le paradoxe de la Grande Ile : très exposée et pourtant rendue invisible. Madagascar a en effet été classée zone à risque en tant que septième pays le plus affecté par le changement climatique en 2017 par le Global Climate Risk Index.
Dans une étude publiée par le WWF en mars 2019, l’ONG écrivait que « les résultats des projections des scientifiques sur la Grande Ile sont alarmants. Même si nous limitons l’augmentation de la température de la Terre à 2 °C – objectif des pays signataires de l’accord de Paris –, la situation climatique sera insoutenable pour 25 % des espèces de Madagascar. Ce qui provoquera leur extinction dans les années 2080 ».
Promouvoir les solutions locales
Une menace que la jeunesse malgache veut à tout prix contrer. Dimanche 24 novembre s’est achevée à Antananarivo la COY15 (Conference of Youth) – version jeune de la COP –, spécialement dédiée à l’océan Indien. « C’est la première fois que se tient une COY océan Indien, pour peser comme une seule région » poursuit Mirindra Rakotoarisa. Cette réunion a permis de trouver des ambassadeurs pour Madagascar, mais aussi les Comores, Maurice, La Réunion, prêts à aller plaider la cause de leurs pays à Madrid.
Quelques centaines d’activistes en herbe sont venus des quatre coins de l’île participer à cette COY. L’événement a offert une formation plus poussée sur les questions climatiques à des publics déjà concernés qui partageront à leur tour leurs savoirs, une fois de retour chez eux.
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Les ambassadeurs ne sont pas seulement censés porter un plaidoyer à la COP, mais aussi promouvoir les solutions locales et les essaimer. Sur ses près de 590 000 km2 de territoire, Madagascar regorge en effet déjà d’initiatives de jeunes. « Je suis étudiante en agronomie et environnement, explique ainsi Clotilde, 22 ans, venue de Tamatave. Les effets du changement climatique, je les connais en théorie et je les observe aussi en réalité. Comme la hausse des températures devenues insoutenables sur la côte Est. » Alors, avec cinq de ses amis, elle a créé une entreprise sociale, baptisée Recycle’anay. « On recycle le papier, le plastique et aussi les jeans. Et lors de cette COY, j’ai vraiment appris beaucoup de choses sur les low-tech », se réjouit celle qui veut encore aller plus loin.
« Montrer qu’on est là »
Un autre participant raconte, lui, organiser toutes les semaines des nettoyages collectifs sur la plage de Ramena, la plus connue et la plus touristique de la zone.« Il y a des monticules de déchets derrières les petites dunes de sable. Pareil dans la mer, explique Dieudonné, un étudiant en langue et communication numérique, à l’université de Diego-Suarez. Mon travail consiste à nettoyer, mais aussi à aller voir les chefs fokontany [les chefs de quartiers] et les convaincre d’utiliser le bac en collecte pour que les déchets ne traînent pas partout dans la ville. »
Mais si la COY15 a été un succès local, l’après est nettement moins simple. « En plus de devoir trouver par eux-mêmes des financements pour le voyage, affirme un militant écologiste qui souhaite rester anonyme, les participants qui devaient se rendre à Madrid pour porter la voix des jeunes n’ont pas obtenu les accréditations promises par le gouvernement. » Au risque de demeurer les éternels oubliés. « L’enjeu principal, c’est donc de montrer qu’on est là », martèle aussi Marie-Christina Kolo, 30 ans, une des figures de proue du militantisme écologique à Madagascar, grâce notamment à son entreprise sociale GreenNKool qui fait de la récupération et de la revalorisation des déchets.
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Elle sera l’une des représentantes de la société civile malgache à la COP25, à laquelle elle pourra participer en tant que membre du groupe Femme : « On fait partie des pays les plus vulnérables et, pourtant, lors des grosses négociations internationales, c’est souvent la jeunesse issue des pays développés qui est représentée, parce qu’ils peuvent se payer le voyage ». Elle marque une pause et poursuit : « Je trouve dommage qu’on place Greta Thunberg comme symbole de la lutte de la jeunesse contre le changement climatique. Ça reste une jeune fille blanche et issue d’un milieu privilégié. Alors que beaucoup d’activistes issus des minorités mériteraient d’être plus mis en lumière. »
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/12/01/madagascar-la-jeunesse-verte-eternelle-oubliee-se-reve-en-greta-thunberg-des-minorites_6021266_3212.html>
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17- John Kerry lance une coalition pour faire la "guerre" au changement climatique, AFP, 01/12/19, 19h32

L'ancien chef de la diplomatie américaine John Kerry a officiellement lancé dimanche une coalition pour lutter contre la crise climatique, soutenu par des personnalités comme Leonardo DiCaprio, Emma Watson ou encore Arnold Schwarzenegger.
Cette initiative est lancée à la veille de l'ouverture à Madrid de la COP 25, la conférence climat de l'ONU alors que les Etats-Unis de Donald Trump sont en voie de se retirer de l'accord de Paris. 
Baptisée "World War Zero" (Guerre mondiale zéro), cette initiative rassemble des personnalités politiques de différents bords, des stars du cinéma ou du monde de la chanson.
"Nous rassemblons des alliés improbables avec une mission commune: pousser le monde à répondre à la crise climatique de la même manière que nous nous étions mobilisés pour gagner la Seconde Guerre mondiale", peut-on lire sur le site internet de la coalition.
Parmi ces personnalités politiques, l'acteur Arnold Schwarzenegger, ancien gouverneur républicain de Californie ou John Kasich, ex-gouverneur républicain de l'Ohio, mais aussi l'ancien président démocrate Bill Clinton et l'ex-secrétaire d'Etat Madeleine Albright.
L'actrice britannique Emma Watson et le chanteur Sting font partie de cette coalition, tout comme l'Américain Leonardo DiCaprio. 
Venu défendre son initiative sur le plateau de la chaîne NBC, John Kerry a assuré dimanche que ces personnalités aux opinions politiques diverses avaient un désir en commun : "faire en sorte qu'en Amérique et à travers le monde, les gens placent cet enjeu en haut de leurs priorités".
Pour l'ex-secrétaire d'Etat de Barack Obama, "aucun pays ne fait le travail" sur le changement climatique. "Nous devons traiter cela comme une guerre", a-t-il poursuivi. 
"Nous allons littéralement parler à des millions d'Américains au cours de ces prochains mois et cela va devenir un enjeu primordial", a promis cet ardent défenseur de la lutte contre le changement climatique.
Washington a officialisé le 4 novembre son intention de se retirer de l'accord de Paris sur le climat, déjà annoncée en 2017 par le président climato-sceptique Donald Trump. 
Selon le New York Times, une soixantaine de personnalités soutiennent cette coalition dont le budget est, pour l'instant, estimé à 500.000 dollars. John Kerry et d'autres membres organiseront à partir de janvier des rassemblements à travers les Etats-Unis pour échanger sur cet enjeu.
<https://information.tv5monde.com/info/john-kerry-lance-une-coalition-pour-faire-la-guerre-au-changement-climatique-334958>
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18- Climat : à la COP25, Guterres souligne que « notre guerre contre la nature doit cesser », ONU Info, 01/12/19

A la veille de l’ouverture à Madrid de la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP25), le chef de l’ONU a alerté que les objectifs de l’Accord de Paris ne sont pas respectés et insuffisants.
« Nous sommes maintenant confrontés à une crise climatique globale », a déclaré dimanche le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors d’une conférence de presse dans la capitale espagnole qui accueille la COP25 présidée par le Chili.
« Le point de non-retour n'est plus à l'horizon. Il est en vue et fonce vers nous », a alerté M. Guterres aux côtés de Patricia Espinosa, la Secrétaire exécutive de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
« Notre guerre contre la nature doit cesser. Et nous savons que c'est possible », a-t-il ajouté, soulignant que la communauté scientifique a fourni au monde la feuille de route pour y parvenir. 
Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l’humanité doit limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degrés Celsius, atteindre la neutralité en carbone d'ici 2050 et réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45% par rapport aux niveaux de 2010 d'ici 2030. 
« Mais soyons clairs. Jusqu'à présent, nos efforts pour atteindre ces objectifs ont été totalement insuffisants », a dit le Secrétaire général. « Les engagements pris à Paris (accord sur le climat conclu en 2015) entraîneraient toujours une augmentation de la température au-dessus de trois degrés Celsius. Mais de nombreux pays ne respectent même pas ces engagements », a-t-il dit.
>> Suite à lire à :
<https://news.un.org/fr/story/2019/12/1057251>
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19- Alexandria Ocasio-Cortez : « Donc, ils savaient ! », Le Monde, maj le 02/12/19 à 03h17
Stéphane Foucart  

L’élue new-yorkaise a fait dire, face caméra, à deux scientifiques, qu’ils avaient prédit et démontré l’évolution du climat dès 1982, alors qu’ils travaillaient pour la firme pétrolière Exxon. 
La vidéo est au bon format pour devenir virale : elle ne dure qu’une minute et vingt-trois secondes. Quant au contenu, singulièrement frappant, il assure à la séquence une large circulation sur les réseaux sociaux depuis un mois. Fin octobre, Alexandria Ocasio-Cortez – AOC pour les intimes –, élue du 14e district de New York à la Chambre des représentants et étoile montante de l’aile gauche du Parti démocrate, auditionne deux scientifiques, Ed Garvey et Martin Hoffert, tous deux anciens du pétrolier Exxon.
« Dr Hoffert, votre travail chez Exxon était focalisé sur le cycle du carbone et la modélisation du climat, lance la jeune femme en montrant à l’écran une diapositive. Connaissez-vous ce graphique, établi en 1982 ? Pouvez-vous nous expliquer brièvement ce que cela montre ? » Martin Hoffert s’exécute. « Bien sûr. Cela montre une projection des niveaux futurs de dioxyde de carbone [CO2], et le changement de température associé à l’évolution de cette concentration, répond le géochimiste, cheveux gris et front plissé. Et c’est une représentation très précise de ce que le climat est effectivement devenu aujourd’hui. »
L’information semble suffisamment incroyable pour devoir être répétée. « Il s’agit donc de projections datant de 1982, prévoyant de manière étonnamment précise ce qui se passe aujourd’hui, reformule Alexandria Ocasio-Cortez. Donc en 1982, Exxon – 1982, c’est sept ans avant même que je sois née ! – avait précisément prévu qu’en 2019 la Terre atteindrait une concentration atmosphérique de CO2 de 415 ppm (parties par million) et que la température moyenne aurait augmenté de 1°C. »
« Un déni historique »
Selon les dernières mesures, la concentration atmosphérique de CO2 pointait en novembre à 410 ppm (contre 335 ppm au début des années 1980) et la température moyenne mondiale s’est effectivement élevée de 1°C, par rapport à l’ère pré-industrielle. « Donc, ils savaient », conclut l’élue américaine. Narquois, Martin Hoffert lui répond : « Nous étions d’excellents scientifiques ».
Pourtant, en dépit d’une connaissance précise du problème, Exxon sera pendant de nombreuses années le grand argentier des think tanks climatosceptiques qui mèneront campagne pour alimenter le doute sur la réalité du changement climatique anthropique. « Un déni historique qui a grandement entravé le traitement de la question du réchauffement dans le monde », selon Martin Hoffert, qui n’a pas de mots assez durs pour son ancien employeur. Dans une étude publiée en 2017, deux historiens des sciences de l’université Harvard, Geoffrey Supran et Naomi Oreskes, ont même objectivé ce hiatus entre la connaissance que la société avait du problème climatique et sa communication externe.
En quelques échanges saisissants, la séquence donne à voir ce qui est désormais connu depuis 2015, avec la publication par le Los Angeles Times et le site InsideClimate News de documents internes du grand pétrolier américain. Dès la fin des années 1970, les cadres de la firme connaissaient les effets climatiques prévisibles de la combustion des ressources fossiles – charbon, gaz, pétrole –, un mémo de 1979 expliquant par exemple : « La tendance actuelle de combustion des ressources fossiles causera des effets environnementaux dramatiques avant 2050. »
Pourtant, en dépit d’une connaissance précise du problème, Exxon sera pendant de nombreuses années le grand argentier des think tanksclimatosceptiques qui mèneront campagne pour alimenter le doute sur la réalité du changement climatique anthropique. « Un déni historique qui a grandement entravé le traitement de la question du réchauffement dans le monde », selon Martin Hoffert, qui n’a pas de mots assez durs pour son ancien employeur. Dans une étude publiée en 2017, deux historiens des sciences de l’université Harvard, Geoffrey Supran et Naomi Oreskes, ont même objectivé ce hiatus entre la connaissance que la société avait du problème climatique et sa communication externe.
L’affaire ne se limite pas à des considérations morales. En 2016, le procureur de New York, Eric Schneiderman, a engagé une procédure contre le pétrolier, en vertu du Martin Act. Cette loi prévoit des sanctions contre une entreprise qui aurait délibérément caché à ses actionnaires des informations susceptibles d’avoir un impact sur son business model. Les trois années d’enquête des services du procureur de New York ont conduit à la saisie de quelque trois millions de pages de documentation interne de l’entreprise, et le procès s’est ouvert fin octobre. C’est toute la beauté de l’affaire : Exxon n’est pas formellement accusée d’avoir entravé la lutte contre le changement climatique, mais d’avoir caché les risques que celui-ci représente pour… elle-même.
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/12/01/alexandria-ocasio-cortez-donc-ils-savaient_6021262_1652612.html>
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20- La planète dévastée, et ce n'est que le début, AFP, 02/12/19, 05:00
Amélie Bottollier-Depois

Records de chaleur, multiplication des catastrophes météo, fonte des glaces, déclin de la nature : les preuves de l'impact dévastateur des activités humaines sur la planète s'accumulent, attestant de l'urgence à agir, en particulier contre le dérèglement climatique.
En moins d'un an, quatre rapports des scientifiques de l'ONU sur l'état de la planète ont sonné comme des coups de tonnerre réveillant des citoyens du monde entier. Un constat alarmant qui met la pression sur les signataires de l'accord de Paris sur le climat réunis à partir de lundi à Madrid pour la COP25.
. Records de chaleur
Les quatre dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées sur la planète. Avec notamment le mois le plus chaud de l'histoire en juillet, 2019 va rejoindre le top 5, selon l'ONU.
Et ce n'est que le début. Le monde a gagné environ 1°C depuis l'ère pré-industrielle. Mais si le mercure continue de grimper au rythme actuel sous l'effet des émissions de gaz à effet de serre, le seuil de +1,5°C, objectif idéal de l'accord de Paris, devrait être atteint entre 2030 et 2052, selon les experts climat de l'ONU (Giec).
Même si les Etats tiennent leurs engagements de réduction d'émissions, ce sera au moins +3°C d'ici la fin du siècle, alors que chaque demi-degré supplémentaire augmente l'intensité et/ou la fréquence de catastrophes météo comme les canicules, les tempêtes, les sécheresses ou les inondations.
En outre, des scientifiques qui travaillent sur de nouveaux modèles climatiques qui serviront de base au prochain rapport du Giec de 2021 laissent présager d'un réchauffement encore plus prononcé que prévu, avec un scénario du pire de +7°C en 2100, soit un degré de plus que les estimations précédentes.
. Catastrophes multipliées
Canicules exceptionnelles en Europe, incendies monstres en Sibérie ou en Australie, cyclone Idai au Mozambique, Venise sous l'eau...
Même s'il est difficile d'attribuer une catastrophe spécifique au dérèglement climatique, la multiplication déjà en cours des phénomènes extrêmes reflète les prévisions des scientifiques. Et l'avenir sera encore plus sombre.
Dans un monde à +1,5°C, les épisodes de fortes précipitations seront plus fréquents, intenses et/ou abondants, selon le Giec. La fréquence et l'intensité des sécheresses devraient aussi augmenter.
Et encore un demi-degré supplémentaire causerait des différences d'impact "nettes".
Ainsi par exemple, même si le plafond de +2°C, objectif minimal de l'accord de Paris, est respecté, la proportion des cyclones de catégorie 4 et 5 devrait encore augmenter.
. Trop de CO2
Selon un récent rapport de l'ONU, les émissions de CO2 ont progressé en moyenne de 1,5% par an ces 10 dernières années et ne donnent aucun signe de ralentissement, alors qu'il faudrait qu'elles baissent de 7,6% par an, chaque année entre 2020 et 2030 pour espérer respecter la limite de +1,5°C.
Fin 2018, les principaux gaz à effet de serre ont franchi de nouveaux records de concentration dans l'atmosphère, en particulier le CO2, avec 407,8 parties par millions (ppm).
. La glace fond, l'eau monte
Selon le Giec, le niveau des mers a augmenté de 15 cm au XXe siècle. Le rythme de cette élévation s'accélère et le niveau des océans continuera à monter pendant des siècles, menaçant des zones côtières peu élevées où vivront d'ici 2050 plus d'un milliard de personnes.
Même si le monde parvient à réduire fortement les émissions, la hausse des océans pourrait atteindre 30 à 60 cm d'ici 2100. Et 60 à 110 cm si les émissions continuent d'augmenter.
Cette élévation est due principalement à la fonte des glaces. Les deux calottes glaciaires, en Antarctique et au Groenland, ont perdu en moyenne 430 milliards de tonnes chaque année depuis 2006. La banquise de l'Arctique rétrécit aussi et de nombreux glaciers de montagne pourraient disparaître.
. Points de bascule
Des scientifiques craignent qu'au-delà de certains seuils, la planète bascule dans un état durable d'étuve, même si on parvient à réduire les émissions.
Selon un texte publié récemment dans la revue scientifique Nature, 9 de ces 15 points de bascule sont dangereusement proches, notamment celui lié à la fonte du permafrost. Cette fonte, au-delà d'une certaine température, conduirait à libérer inéluctablement des quantités énormes de gaz à effet dans l'atmosphère.
. 1 million d'espèces menacées 
L'Homme n'est pas responsable uniquement du climat détraqué. Son exploitation sans précédent des ressources naturelles, en particulier pour nourrir une population croissante, conduit en parallèle à un déclin de la nature plus rapide que jamais.
Pratiques agricoles, exploitation forestière, pollution... Selon les experts biodiversité de l'ONU (IPBES), 75% de l'environnement terrestre et 66% de l'environnement marin sont dégradés. Résultat, un million d'espèces animales et végétales sont en danger de disparition, dont beaucoup dans les prochaines décennies.
<https://information.tv5monde.com/info/la-planete-devastee-et-ce-n-est-que-le-debut-335003>
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21- Climat : le monde tergiverse, malgré rapports alarmants et mobilisation citoyenne, AFP, 02/12/19, 05:00
Amélie Bottollier-Depois

L'Humanité, qui subit les assauts du dérèglement climatique, a presque atteint le "point de non-retour", mais la 25e conférence climat de l'ONU (COP25), à partir de ce lundi à Madrid, risque de ne pas répondre aux appels pressants à des actions immédiates et radicales.
Rapports alarmants des scientifiques, désobéissance civile de citoyens, défilés de jeunes par millions... Depuis un an, les pays signataires de l'accord de Paris sont la cible d'une pression sans précédent que résume le mot d'ordre de ces deux semaines de réunion : #TimeforAction.
"Nous ne pouvons plus remettre à plus tard l'action climatique", a confirmé la ministre espagnole de l'Environnement Teresa Ribera, dont le pays accueille au pied levé la COP25 après le désistement du Chili, qui assure toutefois sa présidence.
Ce même message a été martelé sans relâche par l'ONU à l'approche du rendez-vous.
"Le point de non-retour n'est plus loin à l'horizon, il est en vue et se rapproche de nous à toute vitesse", a déclaré dimanche son secrétaire général Antonio Guterres, dénonçant des engagements "totalement insuffisants" contre le réchauffement.
"Depuis des décennies, l'espèce humaine est en guerre contre la planète et la planète rend coup pour coup. Nous devons mettre fin à notre guerre contre la nature", a-t-il lancé.
- Chaque degré compte -
Quelques jours plus tôt, le Programme de l'ONU pour l'environnement portait un coup aux espoirs d'atteindre l'objectif idéal de l'accord de Paris de limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Il faudrait pour cela réduire les émissions de CO2 de 7,6% par an, chaque année dès l'an prochain et jusqu'à 2030. Alors qu'il n'y a aucun signe qu'elles commencent à baisser.
Le monde a déjà gagné environ 1°C, entraînant une multiplication des catastrophes climatiques. Et chaque degré supplémentaire va augmenter l'ampleur des dérèglements.
Or au rythme actuel, la température pourrait grimper jusqu'à 4 ou 5°C d'ici à la fin du siècle. Et même si les Etats respectent leurs engagements actuels, la hausse du mercure pourrait dépasser 3°C.
"Ce qui manque toujours, c'est la volonté politique", a déploré Antonio Guterres, pointant en particulier du doigt, sans les nommer, les pays les plus émetteurs de CO2, "qui ne font pas leur part".
"Certains pays comme la Chine et le Japon donnent des signes de leur réticence à augmenter leur ambition", a estimé Laurence Tubiana, architecte de l'accord de Paris.
Quant aux Etats-Unis, ils viennent de confirmer leur retrait de cet accord l'an prochain, même si le "peuple américain" est engagé contre le changement climatique, a assuré l'influente présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, qui devrait être lundi à Madrid.
- Les yeux vers l'UE -
Dans ce contexte, les yeux se tournent vers l'Union européenne et son tout nouvel exécutif qui sera présent lundi, aux côtés d'une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernements, dont une quinzaine de l'UE.
La Commission européenne, dont la nouvelle présidente Ursula Von der Leyen s'est engagée pour un "green deal" européen, "est le nouvel élément politique de la COP25", note ainsi Mme Tubiana. Elle espère que, lors du sommet européen des 12 et 13 décembre, les 28 pourront s'entendre sur l'objectif de neutralité carbone d'ici 2050.
Mais même dans ce cas, il faudra encore attendre 2020 pour que l'UE présente une révision de ses ambitions à plus court terme.
Aujourd'hui, seuls 68 pays se sont engagés à revoir à la hausse leurs engagements de réduction d'émissions de CO2 en 2020, avant la COP26 à Glasgow. Mais ils ne représentent que 8% des émissions mondiales, selon les experts.
"Les décideurs doivent montrer qu'ils se préoccupent des communautés vulnérables les plus à risque, et pas des industries puissantes et motivées par le profit", a plaidé Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace International.
Outre les actions, les pays du Sud attendent de leur côté plus d'aide et de soutien des pays du Nord pour faire face aux impacts du changement climatique.
"Nous appelons ceux qui sont le plus responsables de cette crise à honorer leur responsabilité envers les plus vulnérables, en ne sacrifiant pas les Etats insulaires en voie de développement", a ainsi plaidé le groupe Aosis, représentant ces petites îles particulièrement menacées par la montée des océans.
<https://www.courrierinternational.com/depeche/climat-le-monde-tergiverse-malgre-rapports-alarmants-et-mobilisation-citoyenne.afp.com.20191202.doc.1mq3fh.xml>
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22- Intempéries dans le Sud-Est : cinq morts dont trois secouristes, AFP, 02/12/19, 06:00
Vincent-Xavier Morvan & Olivier Lucazeau

Deux morts emportés par les eaux, trois secouristes décédés alors qu'ils partaient en hélicoptère à l'aide des sinistrés,: les violentes intempéries qui ont frappé la Côte d'Azur dimanche ont causé un lourd bilan humain, une semaine après des pluies diluviennes qui avaient fait six morts.
En un peu plus d'une semaine, onze personnes sont mortes dans le Sud-Est de la France lors des épisodes méditerranéens successifs qui ont engendré une alerte rouge de Météo France.
Les trois occupants d'un hélicoptère de la Sécurité civile partis porter secours à des habitants touchés par les intempéries dans le département du Var ont été retrouvés morts près de Marseille, dans une zone qui n'était pas placée en alerte rouge météo, dans la nuit de dimanche à lundi, a indiqué le ministère de l'Intérieur.
"Alors que leur hélicoptère EC145 de la Sécurité civile se dirigeait vers Le Luc-Le Cannet (Var) afin d'assurer une mission de reconnaissance et de sauvetage, les liaisons radios et radar ont été rompues", indique le ministère. 
"Malgré l'engagement d'importants moyens de recherche (...), les trois occupants de l'hélicoptère ont été retrouvés décédés à 1h30 du matin" près de la commune du Rove, dans la région de Marseille, ont expliqué dans un communiqué le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d'Etat Laurent Nuñez en rendant hommage aux secouristes.
Une enquête devra établir les circonstances exactes du drame.
Sur la Côte d'Azur, les fortes pluies qui se sont abattues dimanche soir ont fait deux morts dans le Var, selon la préfecture de ce département.
A Fréjus, le propriétaire d'une pension de chevaux sorti pour veiller sur ses animaux a été emporté par les eaux. Dans la commune de Saint-Paul-en-Forêt, un berger apparemment parti dans la nuit pour faire rentrer ses bêtes, a lui été emporté dans son 4x4, alors qu'il tentait de franchir un gué. Son corps a été retrouvé dans son véhicule, encastrée contre un arbre, 300 m en aval de là où il avait été vu pour la dernière fois.
- Etablissement scolaires fermés -
Dans la nuit de dimanche à lundi, les secours étaient notamment engagés à Fréjus, où un quartier a été envahi par les eaux, mais aussi à Puget-sur-Argens et Roquebrune-sur-Argens, deux communes déjà inondées le week-end dernier.
Les écoles maternelles et primaires seront fermées lundi à Fréjus et dans certains quartiers de Roquebrune.
"L'Argens aval a entamé une hausse, et la hauteur maximale la plus probable pourrait atteindre les 6,1 à 6,3 m", avait averti en début de soirée le Service de prévisions des crues (SPC) Méditerranée-Est. La semaine dernière, la même rivière Argens avait monté de plus de 7 mètres, un niveau atteint tous les 50 ans seulement.
"Sur le Var et les Alpes-Maritimes, la décrue se confirme; en revanche, les niveaux d'eau restent élevés et les débordements restent significatifs, a souligné Météo France dans son bulletin situation de 04H00 du matin. Le Var est en vigilance orange crues.
Dans les Alpes-Maritimes, ce sont les communes de Mandelieu-la-Napoule et Cannes qui ont été les plus touchées, avec plusieurs quartiers inondés.
Dimanche en fin de soirée le préfet des Alpes-Maritimes a confirmé à l'AFPTV que l'épisode avait passé son pic.
Tous les établissements scolaires, jusqu'aux lycées, seront toutefois fermés à Cannes et Mandelieu ainsi que dans la commune de Pegomas.
Cet épisode méditerranéen a entraîné l'annulation, par mesure de précaution, de très nombreux événements culturels et sportifs dimanche, dont le choc attendu dans la soirée à Monaco entre l'ASM et le Paris SG, pour le compte de la 15e journée de Ligue 1 de football.
Cinémas fermés à 13h00 dans les Alpes-Maritimes, massifs forestiers interdits au public: après les six morts de la semaine dernière dans le Var, les autorités préfectorales à Nice et Toulon avaient pris les devants dimanche, dans deux départements où quelque 150 communes au total avaient été reconnues en état de catastrophe naturelle samedi. 
Du côté de la SNCF, le trafic a été totalement interrompu entre Toulon (Var) et Vintimille, à la frontière italienne, ainsi qu'entre Cannes et Grasse (Alpes-Maritimes) depuis dimanche après-midi. Le trafic pourrait reprendre lundi matin, si l'alerte est bien levée.
L'autoroute A8, coupée quelques heures entre le Var et les Alpes-Maritimes, a rouvert dans la nuit dans la nuit, a indiqué la préfecture du Var.
Météo France maintient sa vigilance rouge pour les deux départements jusqu'à 06H00, même si les pluies ont beaucoup faibli, le Vaucluse restant pour sa part en vigilance orange inondation.
<https://information.tv5monde.com/info/intemperies-dans-le-sud-est-cinq-morts-dont-trois-secouristes-334994>
Sur le même sujet :
> Le Sud-Est de la France endeuillé après de nouvelles intempéries <https://information.tv5monde.com/info/le-sud-est-de-la-france-endeuille-apres-de-nouvelles-intemperies-334919>, AFP, 02/12/19, 17:00
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23- Interview. COP 25 : Face au changement climatique, « les défis sont importants, mais ce n’est pas fichu », lance Elisabeth Borne, 20 Minutes, maj le 02/12/19 à 08h59
Propos recueillis par Fabrice Pouliquen

Comment relever l’ambition climatique ? Ce sera le fil rouge de l’année 2020, décisive pour le climat, mais aussi de la COP 25 de Madrid, qui s’ouvre ce lundi et doit lancer cette dynamique. A cette occasion, la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, répond à « 20 Minutes »
• Après maintes péripéties, la COP 25 ouvrira ses portes ce lundi, à Madrid, pour quinze jours de négociations entre Etats sur les questions climatiques. Principal enjeu : préparer de la meilleure façon possible 2020, année décisive pour le climat et la biodiversité
• « Nous avons besoin que cette COP 25 soit un temps fort pour relancer la dynamique qui doit conduire à la relève, par tous les Etats, de nos ambitions climatiques », précise à 20 Minutes Elisabeth Borne, qui s’y rendra en deuxième semaine.
• L’Union européenne est-elle encore loin de pouvoir présenter sa nouvelle contribution déterminée ? La France va-t-elle suffisamment vite dans sa transition écologique ? La ministre répond à nos questions.
Multiplier les ambitions, réduire les émissions. Mardi, l’ONU a publié un nouveau rapport pressant les Etats à accélérer la mise en œuvre leur transition écologique. Elle leur demande notamment de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 7,6 % par an chaque année, dès l’an prochain et jusqu’à 2030.
Mission impossible ? « Cela paraît très ambitieux », glisse à 20 Minutes  Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire. Ce rapport n’est pas tombé par hasard il y a quelques jours. Car nous ne sommes plus qu’à quelques encablures de l’année 2020, à la fin de laquelle tous les Etats devront avoir revu à la hausse leurs ambitions climatiques pour rester dans les clous de l’accord de Paris sur le climat. La COP 25, qui s’ouvre ce lundi, doit lancer cette dynamique.
A cette occasion, Elisabeth Borne répond aux questions de 20 Minutes.
L’an dernier, ni François de Rugy, votre prédécesseur, ni Emmanuel Macron n’avaient fait le déplacement à la COP 24 de Katowice, en Pologne. En sera-t-il de même cette année ?
Le contexte était très particulier en France lors de cette COP 24. Nous étions en pleine crise des « gilets jaunes ». A Madrid, la France sera bien représentée au plus haut niveau de l’État. Le Premier ministre, Édouard Philippe, y sera ce lundi pour l’ouverture, et je serai présente en deuxième semaine, pour le segment ministériel.
Ces absences avaient-elles porté préjudice à la COP 24 de Katowice ?
Celle-ci avait surtout eu pour mission de décliner les règles de la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat. L’enjeu était relativement peu politique, moins en tout cas que ne devrait l’être la COP de Madrid.
>> Suite à lire à :
<https://www.20minutes.fr/planete/2663399-20191201-exclusif-cop-25-face-changement-climatique-defis-importants-fichu-lance-elisabeth-borne>
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24- Climat : colère, espoir et plaidoyers pour l'action à la COP25, AFP, 02/12/19, 22:00
Amélie Bottollier-Depois

Vite et fort ! Les exhortations à agir pour sauver l'humanité qui subit les assauts du dérèglement climatique se sont multipliées lundi à Madrid à l'ouverture de la COP25, qui risque toutefois de décevoir les attentes.
Rapports alarmants des scientifiques, désobéissance civile de citoyens, défilés de jeunes par millions... Depuis un an, les pays signataires de l'accord de Paris sont la cible d'une pression sans précédent que résume le mot d'ordre de ces deux semaines de réunion: #TimeforAction.
Le message a été martelé sur tous les tons dès l'ouverture de cette 25e conférence de l'ONU sur le climat qui va durer deux semaines.
Le monde se trouve à un "tournant" et doit choisir entre l'"espoir" d'un monde meilleur en agissant maintenant de façon radicale, ou la "capitulation", a déclaré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
"Voulons-nous vraiment rester dans l'histoire comme la génération qui a fait l'autruche, qui flânait pendant que le monde brûlait ?", a-t-il lancé, accusateur, devant les représentants des quelque 200 pays signataires de l'accord de Paris, dont une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement.
Dimanche déjà, dénonçant les engagements "totalement insuffisants" des Etats, il avait mis en garde contre "le point de non-retour" qui approche rapidement, appelant à mettre un terme à "notre guerre contre la planète".
- Chaque degré compte -
Quelques jours plus tôt, le Programme de l'ONU pour l'environnement portait un coup aux espoirs d'atteindre l'objectif idéal de l'accord de Paris de limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Il faudrait pour cela réduire les émissions de CO2 de 7,6% par an, chaque année dès l'an prochain et jusqu'à 2030. Alors que pour l'instant elles ne cessent d'augmenter.
Le monde a déjà gagné environ 1°C, entraînant une multiplication des catastrophes climatiques. Et chaque degré supplémentaire va augmenter exponentiellement l'ampleur des dérèglements.
Or au rythme actuel, la température pourrait grimper jusqu'à 4 ou 5°C d'ici à la fin du siècle. Et même si les Etats respectent leurs engagements actuels, la hausse du mercure pourrait dépasser 3°C.
"Ce qui manque toujours, c'est la volonté politique", a déploré Antonio Guterres, pointant en particulier du doigt, sans les nommer, les pays les plus émetteurs de CO2, "qui ne font pas leur part". Ni la Chine, ni le Japon, ni le Canada, ni l'Australie n'étaient représentés au plus haut niveau lundi.
Quant aux Etats-Unis, qui viennent de confirmer leur retrait de l'accord de Paris l'an prochain, ils ont envoyé une simple diplomate.
La présence de la démocrate Nancy Pelosi, influente présidente de la Chambre américaine des représentants, a été d'autant plus remarquée. "Nous sommes toujours là", a-t-elle assuré, soulignant la "responsabilité morale" envers les futures générations.
- "Couloir de la mort" -
Dans ce contexte, l'Union européenne, présente en force, est très attendue.
"A un moment marqué par le silence de certains, l'Europe a beaucoup à dire dans ce combat", a commenté le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, qui accueillait la réunion au pied levé après la défection du Chili.
"Parce que nos sociétés le réclament (...) mais aussi pour des raisons de justice historique: l'Europe a mené la révolution industrielle et le capitalisme fossile, elle doit mener la décarbonation", a-t-il insisté.
Les défenseurs de la planète espèrent que lors du sommet européen des 12 et 13 décembre, les 28 pourront s'entendre sur l'objectif de neutralité carbone d'ici 2050.
"Nous serons les champions de la transition verte", a assuré le nouveau président du Conseil européen Charles Michel, réclamant une "révolution verte".
Aujourd'hui, seuls 68 pays se sont engagés à revoir à la hausse leurs engagements de réduction d'émissions de CO2 en 2020, avant la COP26 à Glasgow (Royaume-Uni). Mais ils ne représentent que 8% des émissions mondiales, selon les experts.
Les pays du Sud ont aussi fait entendre leur voix, réclamant de l'aide pour faire face aux désastres.
"Les atolls les plus vulnérables comme mon pays sont déjà dans le couloir de la mort", a souligné à distance par vidéo la présidente des Iles Marshall, Hilda Heine. "L'eau recouvre déjà la plus grande partie de notre territoire à un moment ou un autre de l'année (...) En tant que nation, nous ne voulons pas fuir. Mais nous refusons aussi de mourir."
Vu l'ampleur des réformes nécessaires partout dans le monde pour réduire les émissions, qui risquent d'aggraver les inégalités sociales, la question de la transition "juste" était également sur toutes les lèvres.
"Les crises sociale et environnementale sont les crises du XXIe siècle. Ce sont les deux faces d'une même pièce, on ne peut pas s'attaquer à l'une sans faire face à l'autre", a insisté la ministre chilienne de l'Environnement Carolina Schmidt, présidente de cette COP25. "Il ne faut abandonner personne".
Les déclarations vibrantes n'ont pas convaincu les militants d'Extinction Rebellion, qui ont appelé les "rebelles sans frontières" à rejoindre Madrid pour des actions de désobéissance civile.
<https://information.tv5monde.com/info/climat-plaidoyers-vibrants-pour-l-action-la-cop25-335001>
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En images
25- Climat : comment la science veut décarboner l'atmosphère, Courrier international, 21/11/19

Face à la prise de conscience des dangers du dérèglement climatique, nous ne devons pas rester paralysés par la peur : au contraire, celle-ci doit nous pousser à agir, insistent certains chercheurs. Et nous avons aussi besoin d’optimisme ! Bien sûr, la lutte contre le dérèglement climatique doit passer par une remise en question de l’impact humain sur la planète, et sans doute un changement de modèle économique. Mais les entreprises de la Tech planchent aussi sur des solutions scientifiques qui pourraient nous aider à décarboner l’atmosphère : en voici quelques-unes.
> Vidéo à voir à :
<https://www.youtube.com/watch?v=HTN5esp0a2A&feature=emb_logo>
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Une publication
26- La fin du monde approche et c’est une bonne nouvelle, Courrier international, Hebdo n°1516, 21/11/19

Et si la crise climatique était une chance ? Elle pourrait provoquer le changement de système qui nous sauvera. 
> Dossier à consulter à :
<https://www.courrierinternational.com/magazine/2019/1516-magazine>
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