[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (mercredi 18 décembre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mer 18 Déc 08:43:04 CET 2019


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- En Martinique, les plantes médicinales se modernisent pour soigner les maux <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/en-martinique-les-plantes-medicinales-se-modernisent-pour-soigner-les-maux_139422>, AFP, 30/11/19, 10:00
2- Triskalia : le long calvaire des salariés du groupe agricole victimes de pesticides <https://www.geo.fr/environnement/triskalia-le-long-calvaire-des-salaries-du-groupe-agricole-victimes-de-pesticides-198846>, AFP, 30/11/19, 14:00
3- Incendies en Amazonie : Leo DiCaprio réfute les accusations de Jair Bolsonaro <https://www.geo.fr/environnement/incendies-en-amazonie-leo-dicaprio-refute-les-accusations-de-jair-bolsonaro-198852>, AFP, 30/11/19, 21:00
4- Rien n'arrête la bactérie qui tue les orangers de Floride (ou presque) <https://www.youtube.com/watch?v=Ijaa_Pr0kV8&list=ULPAx7M5sM8rE&index=55857>, AFP, 01/12/19, 18:00
5- Les océans malades peuvent guérir, la preuve par l'exemple du mont Vema dans l'Atlantique <https://www.geo.fr/environnement/les-oceans-malades-peuvent-guerir-la-preuve-par-lexemple-du-mont-vema-dans-latlantique-198881>, AFP, 03/12/19, 08:00
6- Gaza : des champs ravagés par les herbicides israéliens retrouvent une vie fragile <https://www.geo.fr/environnement/gaza-des-champs-ravages-par-les-herbicides-israeliens-retrouvent-une-vie-fragile-198901>, AFP, 04/12/19, 10:00
7- Deux pesticides « tueurs d’abeilles » interdits en France <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/04/la-justice-interdit-deux-pesticides-tueurs-d-abeilles_6021700_3244.html>, Le Monde, 04/12/19, 18h51
8- Pas de mention du mode d’élevage pour les produits transformés contenant des œufs <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/05/pas-de-mention-du-mode-d-elevage-pour-les-produits-transformes-contenant-des-ufs_6021817_3244.html>, Le Monde, 05/12/19, 16h17
9- Côte d'Ivoire : face aux critiques, l'hévéaculture tente de se renouveler <https://www.geo.fr/environnement/cote-divoire-face-aux-critiques-lheveaculture-tente-de-se-renouveler-198940>, AFP, 07/12/19, 09:00
10- Chronique. Interdiction du chlorpyrifos : « Tout finit donc par advenir, mais avec quel retard » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/07/interdiction-du-chlorpyrifos-tout-finit-donc-par-advenir-mais-avec-quel-retard_6022038_3232.html>, Le Monde, 07/12/19, 10h56
11- « Le sapin de Noël est un marronnier »* <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/07/le-sapin-de-noel-est-un-marronnier_6022035_3234.html>, Le Monde, 07/12/19, 11h06
12- Pélicans contre pisciculteurs, le conflit insoupçonné d'Israël <https://www.geo.fr/environnement/pelicans-contre-pisciculteurs-le-conflit-insoupconne-disrael-198946>, AFP, 08/12/19, 10:00
13- Pesticides : décision officielle "d'ici fin décembre" sur la distance d'épandage <https://www.lepoint.fr/societe/pesticides-decision-officielle-d-ici-fin-decembre-sur-la-distance-d-epandage-08-12-2019-2351924_23.php>, AFP, 08/12/19, 10:00
14- Glyphosate : 36 produits retirés du marché français fin 2020 <https://www.liberation.fr/france/2019/12/09/glyphosate-36-produits-retires-du-marche-francais-fin-2020_1768190>, Libération, 09/12/19, 18:20
15- L'Autriche renonce à interdire le glyphosate en 2020 <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/le-gouvernement-autrichien-renonce-a-interdire-le-glyphosate-en-2020_139659>, AFP, 09/12/19, 18:00
16- Première victoire en justice pour les steaks sans viande et burgers végétariens aux Etats-Unis <https://www.lemonde.fr/international/article/2019/12/12/premiere-victoire-en-justice-pour-les-steaks-sans-viande-et-burgers-vegetariens-aux-etats-unis_6022553_3210.html>, Le Monde avec AFP, 12/12/19, 02h17
17- Arroser moins pour récolter plus : le riz thaï qui défie la sécheresse <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/arroser-moins-pour-recolter-plus-le-riz-thai-qui-defie-la-secheresse_139759>, AFP, 12/12/19, 06h45
18- Reportage. A Londres, Silo, le restaurant zéro déchet <https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/12/13/a-londres-silo-le-restaurant-zero-dechet_6022777_4497319.html>, Le Monde, 13/12/19, 14h45
19- La première fibre optique fabriquée… avec du bois ! <https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/technologie-premiere-fibre-optique-fabriquee-bois-78810/>, Futura-sciences, 13/12/19
20- Chronique. « Peur sur les parcs à huîtres » avant Noël et le Nouvel An <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/14/peur-sur-les-parcs-a-huitres-avant-noel-et-le-nouvel-an_6022861_3234.html>, Le Monde, 14/12/19, 10h00 
21- Ovins vs ours : la cohabitation dans l'impasse après un été meurtrier ? <https://information.tv5monde.com/info/ovins-vs-ours-la-cohabitation-dans-l-impasse-apres-un-ete-meurtrier-337101>, AFP, 14/12/19, 14:00
22- Brésil : la déforestation a plus que doublé en Amazonie en un an <https://information.tv5monde.com/info/bresil-la-deforestation-plus-que-double-en-amazonie-en-un-337119>, AFP, 14/12/19, 16:00
23- Entretien. «J’ai voulu répondre à cette question : quel est l’impact des pesticides sur notre santé ?» <https://www.lavoixdunord.fr/680497/article/2019-12-14/j-ai-voulu-repondre-cette-question-quel-est-l-impact-des-pesticides-sur-notre>, La Voix du Nord, 14/12/19
En images
24- Pesticides, peut-on encore y échapper ? <https://www.allodocteurs.fr/emissions/enquete-de-sante/enquete-de-sante-du-17-12-2019_27532.html>, France 5, Enquête de santé, 17/12/19, 20h50
Une annonce
25- Alimentation & biodiversité : se relier dans la nature <https://www.chaireunesco-adm.com/2020-Alimentations-et-biodiversite-se-relier-dans-la-nature>, 9e colloque de la Chaire Unesco Alimentations du monde, Montpellier SupAgro, le 07/02/2020, de 9h à 16h30

Bien à vous,
Florence

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M’ENFIN DU JOUR : 50 ans après leur mise sur le marché, la Commission européenne a annoncé le 6 décembre que les chlorpyrifos-éthyl et méthyl, produits génotoxiques et toxiques pour le développement cérébral des enfants, ne seront pas réautorisés dans l’Union. (cf. item 10)
DÉCISIONS DU JOUR : — La justice a interdit la vente en France de deux pesticides (Closer et Transform) à base de sulfoxaflor, apparenté aux néonicotinoïdes, du groupe américain Dow AgroSciences (Corteva), accusés par des associations écologistes de nuire à la santé des abeilles, une décision saluée par les défenseurs de l'environnement et les apiculteurs. (cf. item 7 & suite)
— Sans attendre la fin d'un processus qui devait s'achever fin 2020, l'Agence de sécurité sanitaire a annoncé le retrait de 36 produits à base de glyphosate, l'herbicide controversé. Une décision saluée par les ONG, qui demandent toutefois à ce que les études indépendantes soient prises en compte. (cf. item 14)
EXPANSION DU JOUR : Originaire de Chine et connue universellement comme "HLB", la bactérie huanglongbing ("la maladie du dragon jaune") a été signalée en Floride pour la première fois en 2005, et n'a cessé de conquérir des vergers depuis. (cf. item 4)
CITATION DU JOUR : "L’industrialisation nous a apporté la prospérité et a sauvé des milliers de vies. Ça a été formidable pour nous, mais pour personne d’autre. Nous prenons à la planète et nous ne lui rendons rien.", Douglas McMaster, à la tête du Silo, le restaurant londonien zéro déchet (cf. item 18)
CHIFFRES DU JOUR : — La déforestation en Amazonie brésilienne a plus que doublé (+104%) en novembre sur un an, selon des données officielles obtenues par satellite. (cf. item 22)
— Insecticides, fongicides ou herbicides…, plus de 300 principes actifs sont autorisés en France. Avec plus de 65 000 tonnes épandus chaque année dans les cultures agricoles, la France reste l’un des premiers utilisateurs mondiaux de produits phytosanitaires. (cf. item 23 & 24)
ALTERNATIVES DU JOUR : — Elles s'appellent doliprane ou efferalgan, mais n'ont rien à voir avec le médicament. Sous le soleil des Antilles, ces plantes, comme d'autres aux noms plus exotiques, sont consommées depuis toujours pour soigner les maux de la population. (cf. item 1)
— Pour lutter contre la sécheresse, les dettes et les ravages des pesticides, des riziculteurs du nord de la Thaïlande expérimentent une méthode de culture plus respectueuse de l'environnement, malgré les puissants intérêts du secteur agro-industriel dans le pays, deuxième exportateur mondial de riz. (cf. item 17)
— Des chercheurs finlandais ont fabriqué une fibre optique constituée intégralement de cellulose, bien moins chère et plus écologique que la fibre classique en verre et en plastique. Si ses performances optiques demeurent limitées sur les longues distances, elle offre des atouts supplémentaires pour de nombreuses autres applications. (cf. item 19)
ENQUÊTE DU JOUR : L’émission Enquête de santé se demande si l’on peut « échapper aux pesticides ». (cf. item 23 & 24)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- En Martinique, les plantes médicinales se modernisent pour soigner les maux, AFP, 30/11/19, 10:00
Fanny Marsot

Elles s'appellent doliprane ou efferalgan, mais n'ont rien à voir avec le médicament. Sous le soleil des Antilles, ces plantes, comme d'autres aux noms plus exotiques, sont consommées depuis toujours pour soigner les maux de la population.
Certains y sont restés très attachés et entendent bien les remettre au goût du jour, comme Rémi Asensio, chapeau à larges bords vissé sur la tête, qui arpente son hectare de terrain au cœur de la campagne du Gros Morne, en Martinique. 
Chaque semaine, cet originaire du Sud-Ouest passe en revue la quarantaine d'espèces végétales qu'il a plantées. Les atoumos avec leurs fleurs rose et blanches, les petites feuilles dentelées de la brisée et les bottes touffues de citronnelles. Autant de plantes qu'il transforme ensuite en tisanes. 
Voilà près de sept ans que cet agronome et son épouse ingénieure chimiste martiniquaise se sont lancés. "On était salariés et on sentait qu'on allait avoir des difficultés dans nos carrières. Et il commençait à y avoir des communications sur les +plantes libérées+ (du monopole pharmaceutique, ndlr). On s'est dit +pourquoi pas+?". 
Ainsi est née leur Herboristerie Créole. Ils ont d'abord proposé des compléments alimentaires en gélules avant de se lancer dans les infusions vendues en pharmacies et épiceries fines: "les Martiniquais préfèrent. Ca leur rappelle leur grand-mère". Car les plantes médicinales ont longtemps été consommées aux Antilles en tisane mais aussi en bain ou en application cutanée.
Sur le marché de Fort-de-France, Géonie Tobinord est l'une des rares à tenir un étal exclusivement composé de ces plantes. Chaque matin depuis 10 ans, elle déballe ses herbes et compose des bouquets en fonction des demandes de chacun. "Les plantes qui marchent le mieux, c'est la menthe glaciale et le basilic. Les gens font du thé, des bains, des frictions, tout ce qu’ils veulent."
Un savoir acquis au fil du temps qu'elle a transmis à sa fille. Sa principale crainte c'est que "les gens d'ailleurs viennent prendre notre culture ici et la transforment comme ils veulent. Nous les petites marchandes, ça nous inquiète. On nous dira un jour qu'on n'a pas fait les études nécessaires pour vendre ces plantes".
- Développement économique -
Le Pôle Agroressources et de Recherche de Martinique (PARM) fait partie de ceux qui veulent développer l'utilisation des plantes aromatiques et médicinales martiniquaises. En 2012, lorsque la pharmacopée française a intégré plusieurs nouvelles plantes antillaises, cet institut s'est penché sur la composition de 24 espèces afin de faire "le lien entre une activité déclarée au niveau traditionnel et une activité prouvée de façon scientifique", explique Sandra Adenet, responsable du Pôle Recherche et Développement du PARM. 
Ces recherches, financées par l'Europe et la Région, ont donné des résultats précieux qui permettent désormais un développement économique encadré. Par exemple, "le PARM a déposé un brevet sur l'activité anti-microbienne du Chardon Béni pour permettre à une entreprise locale de valoriser cette activité notamment sur le champ cosmétique" et de "développer des produits à base d'huile essentielle de cette plante". 
A cela s'ajoutent des ateliers, des formations, des sensibilisations sur l'utilisation des plantes. Le PARM met aussi à disposition ses laboratoires dernier cri pour permettre aux entrepreneurs de travailler sur leurs produits.
Ces dix dernières années, les sociétés de cosmétiques se sont véritablement intéressées aux plantes locales. Des herbes et des fleurs qui font aussi leur grand retour dans la cuisine. "Des entreprises en place, des porteurs de projet mais aussi des restaurateurs veulent réintroduire les plantes aromatiques et médicinales dans leurs préparations au quotidien", assure Sandra Adenet.
De son côté, la chambre d'agriculture se mobilise avec des parcelles expérimentales dédiées à la culture de ces plantes. Pour Sandra Adenet, il y a un véritable marché international du phyto-médicament à portée de la Martinique. Mais elle le concède : "la démarche est longue et difficile".
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/en-martinique-les-plantes-medicinales-se-modernisent-pour-soigner-les-maux_139422>
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2- Triskalia : le long calvaire des salariés du groupe agricole victimes de pesticides, AFP, 30/11/19, 14:00
Antoine Agasse

Le père lutte contre une leucémie depuis 20 ans, le fils a eu un cancer à 48 ans. Raymond et Noël Pouliquen ont longtemps travaillé à l'atelier pesticides de Triskalia. Le groupe agricole vient d'être condamné en justice pour "faute inexcusable". 
"On est peut-être des élus pour faire avancer la cause", sourit Noël Pouliquen, un grand gaillard de 52 ans, qui reçoit dans sa maison ornée de trophées de chasse, au fond d'un bois à Gourin (Morbihan).
Contrairement à leurs collègues de l'"atelier phyto" de Glomel (Côtes d'Armor), qui stocke les pesticides de Triskalia, le père, 72 ans, et le fils, 52 ans, considèrent avoir joui d'une certaine longévité. Cancers, Parkinson, tumeurs au cerveau... "Les dix de l'atelier phyto, ils sont tous malades ou morts", résume Noël, qui décrit des "collègues balayés en un an".
Embauché en 1973, Raymond raconte avoir travaillé sans gants ni masque de protection, à Carhaix (Finistère) puis à Glomel. "A un moment donné, on a réussi à avoir des gants en cuir, pas imperméables. C'était surtout pour éviter les coupures avec les cartons", dit-il.
Et quand les employés se sont inquiétés de ce manque de protection, Raymond se souvient qu'on leur a répondu : "ici, il n'y a rien de dangereux".
Dans les années 90, "entre 3.000 et 5.000 litres" de désherbants ont été "déversés à même le sol derrière le magasin", décrit aussi Raymond. D'autres étaient brûlés avec des palettes et emballages, selon lui : "rien n'allait à la poubelle, tout était brûlé derrière chez nous", assure-t-il.
Contacté, Triskalia, coopérative agricole et agroalimentaire, concède avoir "brûlé par le passé ses déchets (cartons, plastiques)" sur ce site, classé Seveso seuil haut, mais "dans le respect de la réglementation", selon un porte-parole.
- "Scandale sanitaire" -
En 1999, le jour de ses 52 ans, Raymond Pouliquen apprend qu'il est atteint d'une leucémie. "A cette époque, on disait qu'il vous restait un ou deux ans à vivre", se souvient-il. Il entame des démarches pour se faire reconnaître en maladie professionnelle, sans succès. "Je me suis engagé dans la bataille tout seul et je me suis fait démonter parce que je ne connaissais pas tout", dit-il.
En 2015, c'est au tour de son fils Noël, alors âgé de 48 ans, de se faire diagnostiquer un lymphome non hodgkinien, un cancer du système immunitaire. Son exposition habituelle aux pesticides lui vaut une reconnaissance en maladie professionnelle. "KO pendant un an", il a "failli y passer" après une embolie pulmonaire, dit-il. 
Le 4 novembre, le tribunal de Vannes a jugé que sa maladie était due à la "faute inexcusable" de Triskalia, ouvrant la voie à une indemnisation. Le jugement mentionne notamment des "conditions de travail particulièrement peu respectueuses des règles sanitaires de protection des salariés et de l'environnement". 
Plusieurs collègues ont témoigné en sa faveur. Comme ce magasinier-cariste de 51 ans "persuadé d'avoir eu une intoxication aiguë due aux pesticides", qui raconte avoir, un jour, été "pris d'un mal de tête, de nausées, de vomissements" et avoir saigné du nez et des oreilles, selon un témoignage écrit consulté par l'AFP. Malade depuis 2016, il dit souffrir aujourd'hui de "problèmes pulmonaires, respiratoires ainsi que des migraines incessantes".
La société Triskalia, qui n'a pas encore décidé si elle faisait appel, assure de son côté être "particulièrement soucieuse de la santé et de la sécurité de ses salariés". Ces derniers "portent des équipements de protection individuelle (EPI) et ne manipulent que des produits emballés dans des bidons ou des sacs parfaitement hermétiques. Ils n'ont donc par principe aucun contact avec ces produits", assure un porte-parole.
A l'heure actuelle, les collègues de Noël et Raymond Pouliquen n'ont pas suivi leur parcours judiciaire. "Noël et Raymond avaient le tempérament pour se battre. Beaucoup de gens ne veulent pas faire de bruit", explique Michel Besnard, du collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest. 
Une nouvelle action en "faute inexcusable" contre Triskalia est envisagée pour un autre salarié victime des pesticides, avance cependant l'avocat François Lafforgue, parlant d'un "scandale sanitaire".
<https://www.geo.fr/environnement/triskalia-le-long-calvaire-des-salaries-du-groupe-agricole-victimes-de-pesticides-198846>
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3- Incendies en Amazonie : Leo DiCaprio réfute les accusations de Jair Bolsonaro, AFP, 30/11/19, 21:00

L'acteur américain Leonardo DiCaprio a réfuté les accusations du président Jair Bolsonaro selon lesquelles il soutiendrait des organisations accusées par la police brésilienne d'avoir suscité des incendies en Amazonie.
"Bien qu'elles méritent certainement d'être soutenues, nous n'avons pas financé les organisations qui sont dénoncées actuellement", a souligné l'acteur de 45 ans, militant de la défense de l'environnement, dans un communiqué publié samedi dans la presse brésilienne.
DiCaprio fait référence à la Brigade des incendies Alter do Chão qui depuis 2018 aide les pompiers à lutter contre le feu dans les forêts du Pará (nord) et qui, selon la police régionale, pourrait avoir ouvert des foyers d'incendies dans le secteur pour obtenir des dons.
Quatre volontaires de cette brigade ont été arrêtés mardi.
Dans son intervention hebdomadaire jeudi dernier, Jair Bolsonaro est allé encore plus loin et a accusé DiCaprio de "collaborer aux incendies en Amazonie".
Selon le président brésilien, l'acteur a donné 500.000 dollars à la brigade, en préservant une partie pour les "personnes qui mettent le feu".
Il a répété ses accusations le lendemain.
DiCaprio a démenti un tel don et ajouté que "l'avenir de ces écosystèmes irremplaçables est en danger et je m'enorgueillis de faire partie des groupes qui les protègent".
Les incendies dans la région de Alter do Chão ont anéanti l'équivalent de 1.600 terrains de football et quatre jours ont été nécessaires pour en venir à bout.
Les enquêteurs ont assuré que des volontaires avaient provoqué des foyers d'incendies pour en vendre ensuite des images au Fonds Mondial pour la nature (WWF) qui les aurait utilisées dans des campagnes pour récolter des dons internationaux, parmi lesquels ceux de Leonardo DiCaprio.
WWF-Brésil a démenti ces accusations.
L'ONG Instituto Aquífero Alter do Chão, en charge de la brigade visée, a également assuré que les accusations de Jair Bolsonaro étaient infondées.
<https://www.geo.fr/environnement/incendies-en-amazonie-leo-dicaprio-refute-les-accusations-de-jair-bolsonaro-198852>
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4- Rien n'arrête la bactérie qui tue les orangers de Floride (ou presque), AFP, 01/12/19, 18:00
Gianrigo Marletta

Peter Spyke a deux types d'oranges dans ses vergers : celles qui sont oranges et celles qui sont vertes, invendables et responsables de l'effondrement de la production d'agrumes de Floride depuis 15 ans.
Ce cultivateur de Floride a observé, presque impuissant, au développement de la bactérie huanglongbing ("la maladie du dragon jaune" en chinois), connue universellement dans le secteur comme "HLB", et originaire de Chine. Elle a été signalée en Floride pour la première fois en 2005, et n'a cessé de conquérir des vergers depuis.
La bactérie provoque l'une des maladies les plus dévastatrices des agrumes, qu'on appelle le "greening" : les feuilles pâlissent, les fruits ne mûrissent pas sur l'arbre et restent verts, avant de tomber. La bactérie est transmise par un petit insecte du nom de psylle des agrumes.
Par rapport à la saison 2003-2004, la production d'oranges de Floride sera inférieure de 80% cette saison (la récolte dure de novembre à avril selon les variétés). Les pamplemousses sont les plus touchés.
"On a perdu des usines de jus, des emplois, des usines d'emballage", se lamente Peter Spyke, troisième génération de sa famille à cultiver des agrumes.
"Nous n'avons toujours pas trouvé comment immuniser les arbres contre HLB", dit-il en faisant visiter son verger.
Les cultivateurs de Floride n'ont généralement pas voulu arracher les arbres contaminés, ce qui fait que 90% des vergers sont infectés, alors que le Brésil ne l'est qu'à 19% tandis que l'Europe est épargnée. Les aspersions de traitements réalisées en Floride n'ont pas été efficaces. Des 7.000 cultivateurs en 2004, 5.000 ont jeté l'éponge, selon le Washington Post.
Peter Spyke, lui, a adopté une approche de long terme: tenter de trouver quelles variétés résistent naturellement mieux au HLB. Il en a plus d'une vingtaine différentes plantées sur son exploitation de 12 hectares: citrons, oranges, mandarines, pamplemousses...
Le cultivateur de 68 ans sait que cela prendra des années, mais il s'est résigné à l'idée qu'une solution miracle n'existait pas.
Il a aussi changé sa façon d'entretenir et de nourrir les arbres : "nous devons adopter des pratiques de culture qui nous aideront à lutter contre la maladie", dit-il.
L'une de ces solutions consiste à utiliser des engrais presque au compte-goutte, fréquemment, afin que l'apport en nutriments soit régulier et continu, ce qui aide apparemment certains arbres à faire mûrir les fruits.
- OGM ? -
C'est l'une des recommandations prônées par un laboratoire de recherche dédié aux agrumes, à dix minutes de route de l'exploitation de Peter Spyke.
L'université de Floride maintient un centre de recherche qui emploie pas moins de 40 scientifiques, et que fait visiter un jeune chercheur, Johnny Ferrarezi.
"Tout le monde réclame une solution mais malheureusement, nous les scientifiques n'en avons pas", dit-il.
"Mais il faut dire qu'après 15 ans à gérer la maladie en Floride, nous avons accumulé beaucoup de connaissances qui peuvent nous permettre de mieux gérer les vergers".
Le laboratoire, à force d'études et sous pression de l'industrie, a mis à disposition de nouvelles variétés qui peuvent produire plus de fruits malgré la bactérie, des variétés d'oranges et de mandarines.
Le centre suggère enfin aux exploitants une solution efficace, mais coûteuse : couvrir les arbres d'immenses filets protecteurs qui bloquent l'insecte porteur de HLB.
Dans une industrie en crise, la question des dollars revient souvent, comme ce fut le cas lors d'une réunion organisée fin novembre par le département des agrumes de l'Etat de Floride avec des exploitants.
"On a besoin que l'argent aide la recherche et le développement de futurs produits, avec le gros mot des OGM", dit l'un d'eux, Frank Youngman.
Des agrumes OGM, le laboratoire de l'université y travaille aussi. Mais ces oranges mutantes sont loin d'être prêtes à être plantées.
<https://www.youtube.com/watch?v=Ijaa_Pr0kV8&list=ULPAx7M5sM8rE&index=55857>
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5- Les océans malades peuvent guérir, la preuve par l'exemple du mont Vema dans l'Atlantique, AFP, 03/12/19, 08:00

Depuis le pont du bateau où l'on n’observe que des eaux profondes à perte de vue, rien ne laisse deviner la faune et la flore qui foisonnent à quelques mètres de la surface, en plein Atlantique, sur une façade du Mont Vema, un mont sous-marin submergé en haute mer, à un millier de kilomètres au nord-ouest de la ville sud-africaine du Cap.
En ce printemps austral, la trentaine de personnes à bord du navire de Greenpeace, s’affaire.
Sa mission ? Documenter les résultats du moratoire sur la pêche imposé en 2007 à proximité du Mont Vema, découvert dans les années 1950 par un bateau du même nom qui croisait dans le secteur.
Equipés de caméras haute résolution, les plongeurs de l'Arctic Sunrise, en combinaison orange fluo et noir, se lestent de bouteilles d'oxygène, avant de sonder les contours de cette montagne sous la mer de 4.600 m de haut – presque un Mont Blanc -- dont le sommet se trouve à une vingtaine de mètres de la surface.
Quarante-cinq minutes plus tard, ils émergent avec des milliers de photographies et des heures de vidéo qui révèlent des trésors enfouis : homards, écrevisses, beaucoup d'algues, éponges et poissons de toutes sortes.
"C'était absolument fantastique à voir. Magnifique !", s'extasie l'un des plongeurs, le Néerlandais Jansson Sanders. 
Alertée des ravages de la surpêche, une commission intergouvernementale, l'Organisation des pêcheries de l'Atlantique du Sud-Est (SEAFO), a strictement interdit en 2007 les parages du Mont Vema aux chalutiers.
Les résultats sont aujourd'hui spectaculaires. Mais ce type d'embargo radical reste encore l'exception.
En dehors des eaux territoriales gérées par les pays qui les bordent, seule une infime partie des mers du globe bénéficie d'une protection juridique, d'ailleurs souvent très théorique.
"La statistique est choquante : aujourd'hui 1% des mers du large est protégé (...) C'est totalement insignifiant", juge Bukelwa Nzimande, une militante de Greenpeace Africa. "Un changement de paradigme s'impose".
Greenpeace milite pour l'adoption d'un traité qui interdirait la pêche industrielle sur un tiers de la surface des océans d'ici 2030.
Vema est "le parfait exemple de ce qui se passe quand on laisse la nature tranquille pendant un certain temps", estime le biologiste néerlandais Thilo Maack, qui dirige l'expédition de Greenpeace. "Même épuisée par la surpêche, elle se reconstitue toujours."
<https://www.geo.fr/environnement/les-oceans-malades-peuvent-guerir-la-preuve-par-lexemple-du-mont-vema-dans-latlantique-198881>
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6- Gaza : des champs ravagés par les herbicides israéliens retrouvent une vie fragile, AFP, 04/12/19, 10:00
Clothilde Mraffko

Depuis son champ d'aubergines, Massoud Habib scrute, sourcils froncés face au soleil d'automne, la barrière hautement sécurisée qui sépare Gaza d'Israël; de là étaient charriés les herbicides qui, pendant quatre ans, ont brûlé ses cultures. Des épandages qui peuvent reprendre à tout moment.
Israël justifie des opérations de ce genre au nom de sa sécurité. Les autorités affirment désherber pour créer une zone tampon entre l'enclave palestinienne, tenue par le mouvement islamiste Hamas, et l'Etat hébreu, et laisser un terrain vierge de toute végétation pour empêcher des attaques anti-israéliennes à la frontière. Mais, pour certains agriculteurs palestiniens, les conséquences étaient désastreuses.
"Ils pulvérisaient tôt le matin. Pourquoi ? Parce que le vent est alors en leur faveur, il emporte tout de notre côté", raconte Massoud à la chemise bleue mouchetée de boue. L'air se remplissait alors "d'une odeur d'égout, qui vous prenait à la gorge, vous coupait le souffle".
"La terre était ensuite rouge, comme ça", ajoute l'un de ses collègues, Moutia Habib, désignant le sol couleur brique entre les plants d'aubergine. "Après deux-trois jours, tout ce qui était vert avait disparu. On devait alors tout recommencer, planter à nouveau, sans l'aide de personne".
De 2014 à 2018, les autorités israéliennes ont pulvérisé des herbicides près de 30 fois le long de la barrière séparant la bande de Gaza d'Israël, selon l'ONG israélienne de défense des droits humains Gisha.
Tous les agriculteurs racontent le même déroulé : en décembre et en avril, des pneus étaient brûlés pour s'assurer que le vent allait bien en direction de Gaza. Puis de petits avions civils commençaient à tournoyer, lâchant les herbicides.
Dès 2015, plusieurs ONG ont lancé une bataille judiciaire pour faire cesser ces épandages.
Le ministère de la Défense israélien a reconnu auprès de l'AFP procéder à ces épandages pour des "buts opérationnels -notamment faire disparaître toute couverture potentielle pour des éléments terroristes".
Les pesticides sont pulvérisés "uniquement au-dessus du territoire de l'Etat d'Israël", selon des procédés "en accord avec la législation", selon les autorités. 
- Glyphosate -
Mais une enquête de Forensic architecture, un groupe de recherche basé à Londres, sur l'un des épandages a montré que des "terrains agricoles à plus de 300 mètres de la frontière orientale de Gaza" avaient "été endommagés, avec des concentrations en herbicides supérieures aux recommandations".
Parmi ces pesticides : du glyphosate, de l'oxyfluorfène et du Diuron.
Ce printemps, les épandages ont cessé, selon les agriculteurs. Sans confirmation officielle. "L'épandage est conduit de temps à autre, selon les besoins opérationnels", précise le ministère de la Défense israélien, sans plus de détails.
Massoud, lui, a vu ses champs reverdir. "Dieu merci, c'est beaucoup mieux, regardez !", s'exclame-t-il, caressant du bout de ses doigts rugueux une aubergine déjà violet foncé.
Il n'ose calculer les pertes depuis 2014. Cultiver un champ de 20 dunams (deux hectares) lui coûte 10.000 shekels (2.580 euros) par année en différents frais, assure-t-il. Et aucun agriculteur n'a reçu de compensations, que ce soit d'Israël ou du ministère de l'Agriculture à Gaza.
Les organisations continuent à faire pression sur Israël afin qu'il renonce définitivement à ces épandages. "Il n'y a aucune justification ou base légale pour continuer cette pratique", affirme Shay Grunberg, de l'ONG Gisha. 
Pour Samir Zarqout, de l'organisation palestinienne de défense des droits humains Al Mezan, cette politique remonte à 2005, date de l'évacuation par Israël de la bande de Gaza après 38 ans d'occupation.
"Ils ont alors commencé à rentrer avec des bulldozers pour défricher ou utiliser des avions pour des épandages", dit-il. Le but ? Créer une zone tampon pour surveiller Gaza, affirme-t-il.
- Autres dangers -
Les épandages stoppés, tous les dangers n'ont pas pour autant disparu pour les agriculteurs : ceux qui s'approchent trop de la barrière risquent d'être la cible de tirs de soldats israéliens, avance Riad al-Nasser.
"Le 9 juin 2017, j'ai été blessé à la main, je ne peux plus la fermer", dit cet agriculteur en montrant une profonde cicatrice au poignet et en resserrant péniblement ses doigts.
"Et j'ai été blessé au pied le 14 mai 2018, les médecins m'ont coupé deux orteils", soupire-t-il en enlevant sa chaussette, découvrant une peau lisse à la place des deux doigts de pied.
Riad connaissait pourtant la règle : ne pas s'aventurer à moins de 100m de la barrière. Mais certains parlent de 300m. Les distances fluctuent, sans que rien ne soit clairement énoncé, disent les  craignent de ne pas être à l'abri.
Casquette blanche sur la tête, Riad regarde ses ouvriers récolter délicatement des poivrons. Il peut les aider, mais certaines tâches lui sont désormais impossibles. "J'ai peur (...) quand je viens travailler". Pourtant, "je suis juste sur mes terres".
<https://www.geo.fr/environnement/gaza-des-champs-ravages-par-les-herbicides-israeliens-retrouvent-une-vie-fragile-198901>
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7- Deux pesticides « tueurs d’abeilles » interdits en France, Le Monde, 04/12/19, 18h51
Stéphane Mandard  

Le tribunal administratif de Nice annule l’autorisation de mise sur le marché accordée par l’Anses à deux insecticides à base de sulfoxaflor, apparenté aux néonicotinoïdes. 
C’est un camouflet pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Le tribunal administratif de Nice, dans un jugement rendu public mercredi 4 décembre, vient d’interdire deux insecticides (Closer et Transform) à base de sulfoxaflor, apparenté aux néonicotinoïdes.
L’Anses avait autorisé leur commercialisation en septembre 2017, provoquant la protestation des apiculteurs français qui dénoncent des produits « tueurs d’abeilles ». Le tribunal confirme ainsi, sur le fond, un premier jugement rendu en référé en novembre 2017 suspendant l’autorisation de mise sur le marché (AMM) de ces produits développés par Dow AgroSciences, filiale du géant américain de l’agrochimie Corteva (issu de la fusion entre Dow Chemical et DuPont).
Un recours avait été déposé par les associations Générations futures – qui mène la fronde contre les pesticides en France – et Agir pour l’environnement, ainsi que par l’Union nationale de l’apiculture française.
Pour motiver sa décision, le tribunal a conclu à l’absence de certitude quant à l’innocuité de l’insecticide. Il estime que l’AMM accordée par l’Anses à Dow AgroSciences ne garantit pas que les doses utilisées sans contrôle au moment de leur épandage ne présentent pas de danger pour les abeilles. Le jugement rappelle que « les études scientifiques menées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments [EFSA], la Commission européenne, ainsi que des organisations non gouvernementales ont identifié des risques importants de toxicité pour les insectes pollinisateurs ». Dans deux rapports publiés en mars 2015 et février 2019, l’EFSA avait pointé des risques élevés pour les abeilles et les bourdons lors de l’utilisation de sulfoxaflor.
> Lire aussi  Les pesticides néonicotinoïdes continuent à menacer les abeilles, même lorsqu’ils ne sont plus utilisés
« L’Anses a méconnu le principe de précaution »
Le Closer et le Transform sont utilisés contre les pucerons pour les grandes cultures, les fruits et les légumes. Le fabricant recommande d’épandre ces insecticides à raison d’une seule dose par an, au plus tard cinq jours avant la floraison. Outre les dangers que font courir aux pollinisateurs les insecticides, le tribunal a estimé qu’il était impossible de vérifier si cette recommandation était appliquée.
L’absence d’application du Closer et du Transform pendant la floraison (présentée par Dow AgroSciences et l’Anses comme une « mesure d’atténuation du risque ») n’est pas jugée « suffisante » par le tribunal, dès lors qu’elle n’est assortie d’« aucune obligation pour les utilisateurs du produit ». Ainsi, le juge estime qu’en autorisant la mise sur le marché des deux pesticides « l’Anses a méconnu le principe de précaution ».
« Nous espérons que cette décision incitera le gouvernement et les agences évaluatrices à réfléchir à deux fois avant de délivrer des autorisations de mises sur le marché de produits dont les utilisations pourraient s’avérer désastreuses pour la biodiversité ou pour la santé humaine », réagit François Veillerette, le directeur de Générations futures.
Pour l’association, le jugement souligne les « errements » de l’Anses qui, « malgré la loi biodiversité de 2016 prévoyant l’interdiction des pesticides à base de néonicotinoïdes [à partir de septembre 2018], a continué à autoriser la mise sur le marché de pesticides à base de nouveaux néonicotinoïdes ». L’Anses, comme le fabricant Dow AgroSciences, peuvent faire appel de la décision.
> Lire aussi  Disparition des abeilles : comment l’Europe a renoncé à enrayer leur déclin
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/04/la-justice-interdit-deux-pesticides-tueurs-d-abeilles_6021700_3244.html>
Sur le même sujet :
> Abeilles : la justice interdit la vente en France de deux pesticides, AFP, 04/12/19, 20:00
Claudine Renaud
La justice a interdit la vente en France de deux pesticides du groupe américain Dow AgroSciences (Corteva), accusés par des associations écologistes de nuire à la santé des abeilles, une décision saluée par les défenseurs de l'environnement et les apiculteurs.
"Le tribunal a estimé que le sulfoxaflor, qui entre dans la composition de ces pesticides et a pour effet d'agir sur le système nerveux central des insectes, était susceptible, en l'état des connaissances scientifiques de présenter un risque de toxicité important pour les insectes pollinisateurs", a expliqué dans un communiqué le tribunal administratif de Nice saisi par deux associations écologistes, Agir pour l'environnement et Générations Futures, et par l'Union nationale de l'apiculture française. 
L'instance, qui avait déjà suspendu en référé la vente de ces deux produits en novembre 2017, a fait valoir le principe de précaution pour justifier l'annulation de l'autorisation de mise sur le marché du Transform et du Closer accordée par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) en septembre 2017.
Les deux pesticides visés servent à traiter les cultures de grands champs et les fruits et légumes contre les pucerons grâce à une substance active, le sulfoxaflor, présentée par les associations comme "un néonicotinoïde de nouvelle génération" sur la base de diverses études scientifiques. 
Les néonicotinoïdes s'attaquent au système nerveux des insectes, désorientent les pollinisateurs, contribuant au déclin spectaculaire des colonies d'abeilles. Ils touchent aussi des invertébrés terrestres et aquatiques et persistent dans l'eau et les sols.
Le fabricant avait, lui, contesté en 2017 tout amalgame entre les néonicotinoïdes et le sulfoxaflor. "Le sulfoxaflor est un insecticide innovant qui ne présente pas de risque inacceptable pour les abeilles lorsqu’il est utilisé conformément aux recommandations de l’étiquette", a réagi Corteva, la nouvelle structure dans laquelle a été intégré Dow AgroSciences après la fusion entre les géants américains Dow Chemical et DuPont.
Les produits à base de sulfoxaflor "sont autorisés dans 18 états de l’Union européenne et dans 86 pays dans le monde", a ajouté Corteva disant étudier "les possibilités de réagir à cette décision".
- "Réfléchir à deux fois" -
"Si l'Anses et la société Dow AgroSciences font valoir que l'utilisation de l’insecticide est assortie de mesures d’atténuation des risques, telles que l’absence d’application du produit durant la période de floraison, ces mesures ne peuvent être regardées comme suffisantes", estime le tribunal dans son jugement.
Il se réfère aussi à l'Autorité européenne de sécurité des aliments, qui a relevé des risques élevés pour les abeilles et les bourdons lors de l’utilisation de sulfoxaflor dans des rapports publiés en 2015 et 2019.
"Dans ces conditions, l’existence d’un risque pour les pollinisateurs doit être regardée comme une hypothèse suffisamment plausible en l’état des connaissances scientifiques", poursuit-il, estimant que le directeur de l'Anses avait "méconnu le principe de précaution" en autorisant la mise sur le marché des deux produits.
Dow AgroSciences et l'Anses ont été condamnés à verser chacun 1.500 euros à Générations Futures, et 1.500 euros à l'Union nationale de l'apiculture française et Agir pour l'environnement.
Cette décision "servira, nous l’espérons, à inciter le gouvernement et les agences évaluatrices à réfléchir à deux fois avant de délivrer des autorisations de mises sur le marché de produits dont les utilisations pourraient s’avérer désastreuses pour la biodiversité ou pour la santé humaine", a réagi François Veillerette, directeur de Générations Futures, cité dans un communiqué.
Saluant "une décision exemplaire", l'avocat de l'association François Lafforgue estime de son côté qu'elle "fera incontestablement date (...) dans la lutte pour la préservation de la biodiversité".
"Le processus d’autorisation de mise sur le marché de pesticides est faillible et nécessite d’être revu en profondeur afin d’éviter qu'à l’avenir, la précipitation soit la norme et la prise en compte du principe de précaution l’exception", ont aussi réagi, dans un communiqué distinct l'Union nationale de l'apiculture française et Agir pour l'environnement.
<https://information.tv5monde.com/info/abeilles-la-justice-interdit-la-vente-en-france-de-deux-pesticides-335545>
Sur le même sujet :
> Abeilles : l'interdiction de deux pesticides ne sera pas contestée, AFP, 06/12/19, 16:00
L’Agence française de sécurité sanitaire (Anses) a annoncé vendredi qu'elle ne contesterait pas une décision judiciaire interdisant deux pesticides accusés de présenter un risque pour les abeilles et qu'elle retirait leur autorisation de mise sur le marché.
Le tribunal administratif de Nice, saisi en 2017 par des défenseurs de l'environnement, a annulé dans un jugement notifié mercredi l'autorisation de mise sur le marché du Transform et du Closer, produits par le fabricant américain Dow AgroSciences, filiale de Dow Chemical. 
Le tribunal s'est prévalu du principe de précaution, soulignant que le produit sulfoxaflor, qui entre dans la composition de ces pesticides, était "susceptible, en l'état des connaissances scientifiques, de présenter un risque de toxicité important pour les insectes pollinisateurs".
L'Anses, qui avait délivré cette autorisation en septembre 2017, indique dans un communiqué qu'elle ne fera pas appel de ce jugement et retire les autorisations de mise sur le marché, d'autant que "le gouvernement (a) décidé d'interdire l'utilisation du sulfoxaflor et de la flupyradifurone, deux substances actives phytopharmaceutiques au mode d’action identique aux néonicotinoïdes, en application de la loi Egalim" sur l'alimentation.
L'Agence souligne toutefois que le "sulfoxaflor (est) une substance active homologuée par la Commission européenne et qu'elle "applique strictement le cadre réglementaire européen".
<https://information.tv5monde.com/info/abeilles-l-interdiction-de-deux-pesticides-ne-sera-pas-contestee-335846>
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8- Pas de mention du mode d’élevage pour les produits transformés contenant des œufs, Le Monde, 05/12/19, 16h17
Mathilde Gérard

Un amendement proposant d’expérimenter pendant deux ans un étiquetage sur la provenance des œufs utilisés comme ingrédients par la filière agroalimentaire a été rejeté à l’Assemblée nationale, mercredi. 
Stigmatisation d’une filière pour les uns, transparence vis-à-vis des consommateurs pour les autres. Les rangs clairsemés de l’Assemblée nationale se sont polarisés, mercredi 4 décembre, sur la question de l’étiquetage des produits transformés contenant des œufs (pâtes, biscuits, mayonnaises, crèmes dessert…). Pendant l’examen de la proposition de loi relative à la transparence de l’information sur les produits agricoles et alimentaires, qui reprenait plusieurs articles censurés par le Conseil constitutionnel de la loi agriculture et alimentation (EGalim), les députés ont rejeté par 30 voix contre 18 un amendement défendu par Typhanie Degois, élue LRM de Savoie. Celui-ci proposait d’expérimenter pendant deux ans un étiquetage renseignant, pour le consommateur, le mode d’élevage de provenance des œufs utilisés comme ingrédients (ovoproduits).
L’identification du type d’élevage selon un marquage de 0 à 3 (0 pour des œufs issus de l’agriculture biologique, 1 pour les poules pondeuses élevées en plein air, 2 pour les poules élevées au sol, c’est-à-dire en bâtiments, et 3 pour les poules en cage) est obligatoire pour les œufs dits coquille (vendus entiers) depuis le 1er janvier 2004, conformément à une directive européenne. Depuis, les ventes d’œufs standards de classe 3 n’ont cessé de diminuer, pour atteindre 48 % aujourd’hui, selon les chiffres de la filière. Mais les ovoproduits, qui échappent à cette obligation d’information, proviennent à 71 % de poules en cages. Pour la députée Typhanie Degois, étendre la mention du mode d’élevage aux œufs utilisés comme ingrédients permettrait d’« accompagner la transition vers des modes d’élevage alternatifs ».
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/05/pas-de-mention-du-mode-d-elevage-pour-les-produits-transformes-contenant-des-ufs_6021817_3244.html>
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9- Côte d'Ivoire : face aux critiques, l'hévéaculture tente de se renouveler, AFP, 07/12/19, 09:00
Christophe Koffi

Après avoir suscité une véritable euphorie en Côte d'Ivoire il y a dix ans, l'hévéaculture, qui fait désormais l'objet d'innombrables critiques, tente de se transformer, en proposant des solutions plus durables.
"Bien géré, l'hévéa est un atout", assure Eugène Kremien, président de l'Association des professionnels du caoutchouc naturel (Apromac), alors que l'hévéaculture est accusée d'épuiser les sols et de mettre en péril la sécurité alimentaire.
L'enjeu est de taille pour le pays, qui produit 60% du caoutchouc d'Afrique (7e rang mondial), avec une production annuelle de 624.000 tonnes et des projections d'un million de tonnes à moyen terme. Quelques 160.000 producteurs vivent du latex, qui emploie aussi des dizaines de milliers de "saigneurs", comme on nomme ceux qui entaillent l'arbre pour faire couler le latex.
Fin 2010, tous les indicateurs étaient au vert. Le prix du caoutchouc était élevé et l'Etat avait même investi 40 millions d'euros pour développer la filière, avec la création de 110.000 hectares de plantations nouvelles, l'ouverture des pistes rurales et la formation aux métiers de l'hévéa.
La plante, qui produit 10 mois sur 12, contre une à deux récoltes par an pour les cultures classiques, était alors vue comme une panacée. De nombreux paysans avaient abandonné leurs cultures traditionnelles, au profit de "l'or blanc".
- "Dévorer les forêts" -
"Les planteurs se sont laissés appâter par le gain, abandonnant les cultures vivrières", déplore Jean-Baptiste Koffi, président de l'Union fédérale des consommateurs de Côte d'Ivoire.
"Les cultures de bananes, manioc, ignames, maïs, riz, qui rentrent dans le bol alimentaire des Ivoiriens ont été délaissées au profit des cultures de spéculation, comme le cacao (dont le pays est le premier producteur mondial) et le caoutchouc", souligne-t-il.
La baisse constante des cours mondiaux du caoutchouc et du cacao depuis cinq ans ne plaide plus guère en faveur de ces cultures non vivrières. Et si le cacao pourrait remonter, les prévisions pour le caoutchouc sont mauvaises.
Pour l'Apromac, pas question toutefois de faire marche arrière. Fin novembre, Eugène Kremien l'a réaffirmé lors du Salon de l'agriculture d'Abidjan (SARA), la plus grande manifestation du genre en Afrique de l'Ouest - tout en proposant que les planteurs d'hévéa diversifient leurs cultures, en consacrant 5 à 10% de leur exploitation à des cultures vivrières maraichères et à des petits élevages (poulets, lapins).
De nombreuses ONG accusent en effet l'hévéa de mettre en péril la sécurité alimentaire de la Côte d'Ivoire, qui importe des produits alimentaires, comme le riz, alors que ses sols sont connus pour être particulièrement fertiles.
L'hevéa est aussi accusé de "dévorer les forêts".
- Revenus à la baisse -
"Les contraintes agronomiques de la culture de l'hévéa (un espace d'un mètre entre les plants en forme carrée), ont poussé des planteurs à marginaliser les vivriers, d'où cette idée que la plante appauvrit le sol", explique à l'AFP Arthur Alloco, de la Fondation Soundélé Konan, chargée de la protection des forêts ivoiriennes.
"L'hévéa n'appauvrit pas le sol, enlevez-vous ça de la tête. Ceux qui le disent ne sont pas des producteurs", rétorque M. Kremien, pour qui "l'hévéaculture moderne doit s'accommoder avec une politique d'autosuffisance alimentaire".
L'Apromac souhaite que le "gouvernement intègre l'hévéaculture dans la politique nationale de promotion des cultures vivrières", la présentant comme une parade à la déforestation qui a détruit en un demi-siècle la quasi-totalité des forêts du pays.
"La culture de l'hévéa ne s'attaque pas aux forêts classées, contrairement à la culture du cacao. En faisant de l'hévéa, on fait du reboisement. Là ou les autres ont détruit, nous on construit", estime Eugène Kremien.
Actuellement, le caoutchouc naturel représente environ 15 à 30% des matériaux utilisés dans la production des pneus de voitures et camions.
En 2015, l'ONG environnementale WWF avait signé un partenariat avec le fabricant français de pneumatiques Michelin pour développer une filière du caoutchouc naturel responsable au niveau international.
Une pratique qui permettrait de préserver, voire de restaurer, des forêts nécessaires pour répondre aux défis posés par le changement climatique.
<https://www.geo.fr/environnement/cote-divoire-face-aux-critiques-lheveaculture-tente-de-se-renouveler-198940>
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10- Chronique. Interdiction du chlorpyrifos : « Tout finit donc par advenir, mais avec quel retard », Le Monde, 07/12/19, 10h56
Stéphane Foucart

Derrière la bataille des pesticides se cachent des compétitions d’approches scientifiques qui font écran à la réalité, explique, dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
Chronique. C’est un affrontement qui semble devoir s’encalminer dans les campagnes françaises et qui pourrait être baptisé « guerre des ZNT » – pour « zones de non-traitement ». D’un côté, des agriculteurs utilisant des pesticides légaux, dûment homologués et considérés comme sûrs par les instances chargées de leur évaluation ; de l’autre, des riverains qui s’inquiètent des risques qu’ils encourent à vivre en bordure de parcelles traitées, ou qui s’insurgent de voir leurs enfants fréquenter des lieux non loin desquels ces produits sont épandus. Avec, au centre de ces tensions, des maires qui prennent des arrêtés instituant des ZNT autour des habitations et des lieux de vie.
Des vidéos postées sur les réseaux sociaux donnent à voir toute l’incompréhension qui règne entre certains agriculteurs et leurs voisins, les premiers se conformant à des règles d’usage qu’ils considèrent comme contraignantes et les seconds ne supportant plus qu’on pulvérise le moindre « phyto » à proximité de leur foyer.
> Lire aussi  Pour la première fois, un juge refuse de suspendre deux arrêtés antipesticides
Pour calmer les esprits, le gouvernement a saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui a provisoirement conseillé des distances de sécurité de 3 à 10 mètres entre les traitements et les habitations, en fonction des matériels utilisés pour la pulvérisation, du type de cultures, hautes ou basses, etc. Et ce en attendant de nouvelles données d’exposition, dont on constate qu’elles sont singulièrement rares.
Travaux récents
Des données, pourtant, il en existe. Des études observationnelles suggèrent, de fait, des associations entre une variété de troubles et la distance entre le lieu de résidence d’une part, et des parcelles traitées d’autre part. Dans son éditorial du 10 avril 2018, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) saluait ainsi les résultats d’une étude tout juste publiée dans ses colonnes, notant « une augmentation de l’incidence de la maladie de Parkinson en population générale dans les cantons français les plus agricoles, notamment les cantons viticoles, y compris après exclusion des agriculteurs de cette analyse ». « Une explication possible serait l’utilisation importante de pesticides dans ces cantons, qui aurait pour conséquence une exposition des riverains », ajoutait l’éditorial.
D’autres travaux récents, menés en Californie et publiés en mars dans le British Medical Journal, soulignent pour leur part une légère augmentation du risque de troubles du spectre autistique chez les enfants nés de mères résidant à moins de 2 kilomètres de parcelles traitées.
Cette situation de tension entre deux approches – l’une rassurante, se contentant de réclamer plus de données, l’autre suggérant la réalité d’un risque – est au cœur d’un ouvrage académique passionnant, paru fin octobre (Pesticides. Comment ignorer ce que l’on sait, Presses de Science Po, 272 p., 21 euros). Le sociologue Jean-Noël Jouzel (CNRS) y explore les controverses qui entourent, depuis les années 1950, l’impact des pesticides sur la santé des agriculteurs et les travailleurs agricoles.
Et l’histoire qu’il raconte est remarquablement parallèle à celle qui surgit depuis quelques mois dans les campagnes françaises et dont l’enjeu est cette fois la santé des riverains. Aux confins de l’histoire de la réglementation des toxiques, de l’épistémologie, de la sociologie des sciences et peut-être du journalisme, Jean-Noël Jouzel offre de précieuses clés pour comprendre les controverses qui fondent l’actuelle « guerre des ZNT ».
Victoire ou défaite ?
Hypothèses de travail défectueuses, méconnaissance du terrain, surestimation des effets des équipements de protection, scepticisme face aux données qui perturbent les routines de l’évaluation réglementaire des risques ou entament « la croyance institutionnelle en un usage contrôlé des pesticides », selon l’expression de Jean-Noël Jouzel : comme souvent lorsque des intérêts puissants sont en jeu, il se crée autant de savoir qu’il s’en détruit. Ou qu’il s’en oublie.
> Lire aussi la tribune : Où vont la recherche et l’expertise scientifique sur les risques environnementaux et leurs impacts sanitaires ?
Des connaissances acquises outre-Atlantique dans les années 1970 demeurent ainsi ignorées des régulateurs français pendant deux à trois décennies, et leur « redécouverte » ne tient qu’à l’opiniâtreté de scientifiques isolés. Qui parviendront finalement à objectiver sur les agriculteurs français – au prix de travaux solitaires et précarisés par la fragilité de leurs financements – le lien entre usage professionnel des pesticides et différentes pathologies chroniques (lymphomes, myélomes, maladie de Parkinson, cancer de la prostate…).
Le travail de Jean-Noël Jouzel le montre avec acuité : derrière la bataille des pesticides se cachent des questions techniques subtiles, invisibles de l’opinion et des décideurs, des conflits institutionnels, des compétitions d’approches scientifiques qui font écran à la réalité. « Comme l’ont bien montré les travaux fondateurs de l’historien Robert Proctor (…), l’ignorance n’est pas nécessairement le contraire de la connaissance : elle peut en être le corollaire, écrit Jean-Noël Jouzel. En l’occurrence, c’est bien la production de données sur l’exposition des agriculteurs aux pesticides qui permet aux institutions (…) de ne pas tenir compte des données épidémiologiques inquiétantes sur l’effet de ces substances. »
Tout finit donc par advenir, mais avec quel retard… Vendredi 6 décembre, la Commission européenne a annoncé que les chlorpyrifos-éthyl et méthyl ne seront pas réautorisés dans l’Union. Les écologistes claironnent victoire. Mais n’est-ce pas au contraire une terrible défaite ? Ces produits, génotoxiques et toxiques pour le développement cérébral des enfants, sont autorisés depuis un demi-siècle. Quels dégâts ont-ils causés depuis ? Mieux vaut, sans doute, ne pas trop y penser.
> Lire aussi  Le chlorpyrifos va être interdit dans l’Union européenne
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/07/interdiction-du-chlorpyrifos-tout-finit-donc-par-advenir-mais-avec-quel-retard_6022038_3232.html>
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11-  « Le sapin de Noël est un marronnier »*, Le Monde, 07/12/19, 11h06
Laurence Girard  

En 2018, les Français auraient déboursé 157 millions d’euros pour s’offrir 5,8 millions de résineux naturels. Un chiffre qui pourrait être du même ordre cette année, avec de plus en plus de sapins à la provenance très précise. 
« Mon bio sapin, mon bio sapin, que j’aime ta verdure… ». Cette année, il faut adapter la ritournelle de Noël. Car même le sapin commence à arborer le logo AB, avec sa feuille verte sur fond blanc comme neige. Drapé dans sa virginité environnementale, l’arbre doublement vert fait une entrée discrète, sur la pointe du pied, dans les magasins.
La chaîne de jardineries Botanic le propose pour la première fois, dans l’ensemble de ses 70 boutiques. Elle a préparé le terrain depuis trois ans avec Michel Vuillier, qui s’est lancé dans la culture d’arbres de Noël au cœur de l’Ariège et a créé la structure de commercialisation, France Sapin Bio, en espérant fédérer d’autres producteurs français. Moins vert foncé que ses congénères, moins dense, le sapin bio demande des soins particuliers et doit séduire autrement.
Le Label rouge, lui, se distingue par ses critères morphologiques et sa fraîcheur. Un vrai concours de beauté dans la sapinière. Le label, qui fête son troisième Noël, revendique s’accrocher sur 100 000 spécimens, en progression de 40 % sur un an. Mais attention, le Label rouge n’est pas synonyme de cocarde tricolore. L’arbre vient parfois du Danemark ou de Belgique, à la seule condition d’avoir été coupé après le 21 novembre.
Le sapin Label rouge peut aussi avoir pris racine en Bretagne. Plus précisément à Scaër dans le Finistère où la société Greencap exploite 600 hectares. D’abord sous pavillon danois, puis belge et depuis peu en association franco-belge, avec l’entrée au capital de Gildas Le Foll, directeur de l’entité bretonne. Greencap possède également 1 000 hectares en Belgique. « Le Label rouge représente 8 000 à 10 000 sapins sur les 300 000 coupés cette année en France », assure M. Le Foll.
Nordmann ou épicéa
Greencap est un des deux plus gros faiseurs de sapins en France, au coude à coude avec les pépinières Naudet, dans le Morvan, qui en commercialise près de 400 000 chaque année. Les 120 producteurs regroupés au sein de l’Association française du sapin de Noël naturel (ASFNN) sont loin d’avoir la même taille sous la toise. Mais ils ont tous le même objectif : proposer le sapin le plus adapté aux attentes.
Depuis quelques années, le cœur des Français bat pour le sapin de Nordmann. Un résineux qui a le bon goût de garder ses aiguilles même s’il ne dégage aucun parfum, contrairement à l’épicéa, auquel il fait de plus en plus d’ombre. Le roi des forêts trône ainsi plus longtemps dans les salons. Avant d’être sagement amené, lorsque les lumières de la fête s’éteignent, vers un point de collecte.
En 2018, les Français auraient déboursé 157 millions d’euros pour s’offrir une forêt de 5,8 millions de résineux naturels, selon les estimations de FranceAgriMer. Des chiffres en légère régression. Le mouvement des « gilets jaunes » a perturbé les ventes, disent les professionnels. Ils retiennent leur souffle. Le coup de froid, début décembre, a donné le coup d’envoi des achats. Verdict imminent. Et à l’année prochaine pour la suite de l’histoire : le sapin est un marronnier…
> Lire aussi  Quand le sapin prend feu chez le voisin
* En journalisme, un marronnier est un article consacré à un événement récurrent et prévisible.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/07/le-sapin-de-noel-est-un-marronnier_6022035_3234.html>
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12- Pélicans contre pisciculteurs, le conflit insoupçonné d'Israël, AFP, 08/12/19, 10:00
Jonah Mandel

Les pélicans sont là, à attendre, leurs pattes plantées dans la vase. Et à la seconde où le camion-citerne commence à vider son chargement de petits poissons, ils attaquent de leur grand bec le buffet frétillant qui roule sur les eaux.
Chaque année environ 50.000 pélicans "visitent" Israël lors de leur migration entre les Balkans et l'Afrique, où ils profitent d'un climat plus clément l'hiver avant de retourner au printemps en Europe.
Mais lors de cet "arrêt au stand", qui peut se prolonger sur des semaines, les volatiles gracieux ont faim. Très faim... 
Voraces, ils prennent d'assaut des réservoirs de piscicultures à la recherche de poissons frais, causant chaos, frayeurs et pertes pour l'industrie locale.
"Ils n'ont pas d'autres endroits pour prendre une pause et se ravitailler", note Eli Sharir, directeur général de l'Association israélienne des pisciculteurs. "Pour nous, cela représente donc des millions de shekels par année" en perte, dit-il.
Pour tenter d'empêcher les pélicans de siphonner les poissons des piscines d'élevage, les autorités ont trouvé il y a quelques années une solution: elles ont commencé à distribuer des petits poissons aux pélicans, loin des piscicultures.
Ce jour-là, dans le nord-est d'Israël, non loin de la frontière libanaise, un camion-citerne déverse ses eaux remplies de poissons gigotants, aussitôt béquetés par les pélicans, dans un concert de cris et d'extase.
- Arme non fatale -
En Israël, la production des piscicultures représente environ 10% de la consommation nationale de poissons. Mais cette industrie demeure vitale dans des villages comme Emek Hamaayanot et ses paysages émeraude en contrebas du Mont Guilboa.
Dans ces régions, les pisciculteurs ont joint leurs forces à celles de l'Autorité nationale des parcs et de la faune afin de créer des sources alternatives de poissons pour les pélicans en migration. 
Mais en leur offrant, loin des piscicultures, des poissons encore trop petits pour la vente, donc non commercialisables, certains craignent toutefois de voir les pélicans s'accoutumer à ces snacks sans efforts et ainsi s'installer en Israël tout l'hiver.
Protégés par différentes conventions internationales, les pélicans sont interdits de chasse en Israël. Et pour les chasser des piscicultures, des agriculteurs comme Dor Maimon utilisent d'autres techniques.
A Beit Alfa, près du mont Guilboa, il dépose sur un réservoir de pisciculture un bateau d'environ d'un mètre de long télécommandé qu'il dirige rapidement vers un groupe de pélicans badinant sur l'eau. Le bateau téléguidé, au moteur ronronnant, effraie des oiseaux qui s'envolent sur le champ.
Nitzan Nadan, qui gère la coopérative de pisciculteurs de Guilboa, installe de jour des hauts-parleurs sur des véhicules et tirent dans les airs des cartouches non létales qui produisent un son de craquement. But de la manoeuvre: effrayer les oiseaux par le bruit.
Le soir, ce sont des projecteurs et des rayons laser qui sont utilisés pour effrayer les pélicans et les empêcher de se vautrer dans le butin sous l'eau. 
"Les pélicans doivent manger et ils se nourrissent dans nos réservoirs, ils nous causent des pertes inimaginables", dit-il aux abords d'une de ses "piscines" géantes en chiffrant à environ 600.000 shekels (155.000 euros) la facture annuelle des stratagèmes qu'il déploie pour faire fuir les pélicans.
- Rare oasis -
La présence des pélicans s'est accrue ces dernières années en Israël, dit remarquer Eli Sharir, de l'Association des pisciculteurs.
Cette migration en hausse ne serait pas liée à une augmentation de la population de pélicans, mais à l'assèchement de plans d'eau dans des pays de la région comme la Turquie, le Liban ou la Syrie, où les pélicans ont coutume de s'arrêter dans leur migration, estime Amit Dolev, biologiste à l'Autorité israélienne des parcs et de la faune.
Résultat, dit-il, les plans d'eau restants sont plus sollicités par les pélicans. Et puisque, selon lui, les lois israéliennes empêchent de tuer les pélicans, les volatiles ont peut-être tendance aussi à éviter d'autres pays de la région pour prendre leur pause en Israël.
"A plusieurs égards, Israël est une île au Moyen-Orient en terme de préservation de la faune", dit-il, appelant à plus de coopération afin de trouver une solution au conflit entre pélicans et pisciculteurs.
"C'est une question globale", car ces pélicans viennent d'Europe pour passer l'hiver en Afrique, mais "nous affrontons le problème, seuls, de notre côté".
<https://www.geo.fr/environnement/pelicans-contre-pisciculteurs-le-conflit-insoupconne-disrael-198946>
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13- Pesticides : décision officielle "d'ici fin décembre" sur la distance d'épandage, AFP, 08/12/19, 10:00

La secrétaire d'Etat à la Transition écologique Emmanuelle Wargon a affirmé dimanche que la décision du gouvernement sur la distance d'épandage des pesticides par rapport aux habitations serait annoncée "d'ici la fin décembre".
"En ce qui concerne l'arrêté sur les pesticides, nous rendrons une décision d'ici la fin du mois de décembre, sur la base de ce que nous avons mis en consultation. Et donc c'est trop tôt pour vous dire la décision que le gouvernement a prise", a indiqué Mme Wargon sur franceinfo.
Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume avait évoqué mi-novembre une annonce "début décembre".
"Quand nous avons mis en consultation, nous avons dit entre trois, cinq et dix mètres et donc on sera probablement dans cet ordre de grandeur-là pour les zones dites de non-traitement" entre les habitations et les cultures, a rappelé Mme Wargon.
Le gouvernement envisage une distance de "10 mètres pour les cultures hautes et 5 mètres pour les cultures basses" avec un arrêté qui "prévoira des cas en fonction de la concertation locale", selon M. Guillaume.
"S'il faut faire 20 mètres à certains endroits, on fera 20 mètres à certains endroits" et "s'il y a une concertation qui arrive à 100 mètres, ce sera 100 mètres, avait-il déclaré.
La consultation publique sur les distances minimales entre habitations et zones d'épandage de pesticides, lancée début septembre, avait duré un mois, recueillant plus de 50.000 avis.
Le projet est dénoncé par les écologistes qui jugent les mesures de protection trop faibles et par des dizaines de maires de communes rurales ou urbaines qui ont pris des arrêtés anti-pesticides contestés en justice par l'Etat.
<https://www.lepoint.fr/societe/pesticides-decision-officielle-d-ici-fin-decembre-sur-la-distance-d-epandage-08-12-2019-2351924_23.php>
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14- Glyphosate : 36 produits retirés du marché français fin 2020, Libération, 09/12/19, 18:20
Coralie Schaub 

Sans attendre la fin d'un processus qui devait s'achever fin 2020, l'Agence de sécurité sanitaire a annoncé lundi le retrait de 36 produits à base de l'herbicide controversé. Une décision saluée par les ONG, qui demandent toutefois à ce que les études indépendantes soient prises en compte.
Trop peu de données pour exclure tout risque pour la santé. L’Agence française de sécurité sanitaire (Anses) met en avant «l’insuffisance ou l’absence de données scientifiques permettant d’écarter tout risque génotoxique» pour justifier sa décision, annoncée lundi, de retirer du marché 36 produits à base de glyphosate sur les 69 disponibles en France, à compter de fin 2020. Soit près des trois quarts des tonnages de produits à base de cette molécule herbicide vendus dans le pays en 2018, pour des usages agricoles et non agricoles. Même raison invoquée par l’Anses pour refuser quatre des onze nouvelles demandes d’autorisation de ce type de produits déposées depuis janvier 2018 et en cours d’examen.
L’annonce de l’Anses constitue une relative surprise. Suite à la réapprobation pour cinq ans de la substance active par l’Union européenne en 2017, l’agence devait procéder au réexamen – selon des exigences renforcées – des autorisations de mise sur le marché des produits à base de glyphosate commercialisés en France. Elle avait lancé une évaluation comparative avec les alternatives disponibles mais ce processus devait s’achever fin 2020. C’est donc «sans attendre»qu’elle a notifié le retrait de 36 produits et le refus de 4 autres.
Refuser les autres demandes»
«Nous sommes agréablement surpris par ces premières décisions de retrait d’autorisation de mise sur le marché, avant la fin du processus», réagit François Veillerette, le directeur de l’ONG Générations futures. «Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) avait bien souligné le risque génotoxique du glyphosate, c’est-à-dire le risque de dommages sur l’ADN. Car 70% des études universitaires – indépendantes de l’industrie – prises en compte par le Circ mettaient en évidence une génotoxicité», rappelle-t-il.
Prochaine étape nécessaire, à ses yeux : que l’Anses – laquelle pour l’instant se base toujours sur les seuls éléments fournis par l’industrie – «prenne en compte l’ensemble de cette littérature scientifique disponible montrant la génotoxicité du glyphosate, pour refuser les autres demandes de mise en marché d’herbicides à base de glyphosate qu’elle doit encore examiner».
Peut mieux faire
Même réaction en forme de «bien, mais peut mieux faire» du côté de Martin Pigeon, de l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory. «Il faut rappeler que la réglementation de l’UE impose le retrait des pesticides génotoxiques confirmés ou probables, car le régulateur considère qu’il n’y a pas de dose minimale admissible pour ces effets. Il est donc bienvenu que la France commence à s’aligner sur les études académiques sur le sujet, même si cette décision semble surtout motivée par l’absence de données convaincantes dans les dossiers de demande d’autorisation des industriels. Le système d’évaluation réglementaire des pesticides, tant français qu’européen, reste en effet basé sur les données expérimentales fournies par les fabricants de pesticides», déplore ce dernier.
En attendant une meilleure prise en compte de ces études indépendantes, l’Anses se veut rassurante. «Seuls les produits à base de glyphosate répondant aux critères d’efficacité et de sécurité définis au niveau européen pour les usages revendiqués, et ne pouvant pas être substitués de façon satisfaisante, bénéficieront in fine de l’accès au marché français», assure l’agence, qui n’a pas le droit d’interdire le glyphosate en tant que «substance active» (seule l’UE le peut), mais peut retirer du marché des formulations contenant cette substance si elle a les éléments pour le faire.
Preuve que le dossier du glyphosate, herbicide le plus vendu au monde, reste sensible et soumis à de fortes pressions, le gouvernement autrichien a annoncé lundi qu’il ne mettrait pas œuvre l’interdiction du glyphosate votée cet été par le Parlement pour une entrée en vigueur en janvier 2020. Motif invoqué : la proposition de loi n’a pas été soumise aux instances européennes comme elle aurait dû l’être. La France, de son côté, prévoit officiellement de «sortir de l’essentiel des usages» de l’herbicide controversé «au 1er janvier 2021, et de tous les usages au 1er janvier 2023». Mais un certain flou artistique demeure…
<https://www.liberation.fr/france/2019/12/09/glyphosate-36-produits-retires-du-marche-francais-fin-2020_1768190>
Sur le même sujet : 
> Retrait de 36 produits à base de glyphosate en France <https://information.tv5monde.com/info/retrait-de-36-produits-base-de-glyphosate-en-france-336252>, AFP, 09/12/19, 16:00
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15- L'Autriche renonce à interdire le glyphosate en 2020, AFP, 09/12/19, 18:00

L'Autriche ne sera pas le premier pays européen à bannir le glyphosate de ses sols: le gouvernement a invoqué lundi une faute de procédure pour infirmer un récent vote du Parlement qui prescrivait l'interdiction de l'herbicide à partir de 2020.
Cette annonce a fait vivement réagir les associations de défense de l'environnement, comme Greenpeace qui a dénoncé "un déni de démocratie".
Le gouvernement autrichien a écrit lundi au président du Parlement pour annoncer qu'il renonçait à promulguer l'interdiction du glyphosate votée en juillet par les députés, car la proposition de loi aurait dû faire l'objet d'une notification à la Commission européenne "afin que celle-ci et les Etats membres puissent formuler des observations".
"Cette notification n'a pas été faite en bonne et due forme", explique, dans son courrier, le gouvernement qui avait été pris de court par l'initiative du parlement: l'interdiction du glyphosate avait été approuvée grâce à une alliance des députés de l'opposition -sociaux-démocrates, Verts, extrême droite- et contre la volonté des conservateurs de l'ÖVP, qui constituent le principal groupe parlementaire à la chambre.
Les députés avaient profité de la marge de manoeuvre législative que leur avait laissée la chute du gouvernement de droite dirigé par Sebastian Kurz, remplacé en mai par un cabinet d'experts.
La licence d'utilisation du glyphosate dans l'Union européenne court jusqu'au 15 décembre 2022 et son sort fait débat dans de nombreux pays.
En Autriche, aucune réflexion n'avait été engagée sur la mise en oeuvre de la mesure depuis son vote au Parlement. Le monde agricole jugeait irréaliste l'entrée en vigueur en janvier 2020, même si, selon le Bauernbund, syndicat agricole issu du parti conservateur, le glyphosate n'est pas utilisé sur plus de 1% des surfaces agricoles du pays.
La chancelière autrichienne Brigitte Bierlein, qui dirige le gouvernement d'experts, a expliqué dans son courrier au Parlement qu'une promulgation de la loi exposerait l'Autriche à "des risques juridiques".
Elle assure qu'il s'agit "d'une décision juridique formelle et non d'une appréciation du contenu de la loi".
Greenpeace a qualifié ces explications de "stratagème" et de "prétexte" pour "stopper une loi réclamée par les Autrichiens".
L'organisation souligne que dans un avis adressé à Vienne fin novembre, la Commission européenne n'émettait pas d'opposition formelle à l'application de la loi anti-glyphosate. Elle évoquait cependant un "risque d'infraction".
"Ce n'est pas au gouvernement de décider ce qui est conforme à la règlementation européenne", ont réagi les sociaux-démocrates selon lesquels le gouvernement "outrepasse ses attributions". Ils ont annoncé qu'ils déposeraient cette semaine au parlement un nouvel amendement pour interdire le glyphosate.
Le mandat de l'actuelle équipe gouvernementale s'achèvera lorsque les conservateurs de Sebastian Kurz, vainqueur des législatives anticipées organisées fin septembre, seront parvenus à former une coalition.
Sebastian Kurz négocie depuis plusieurs semaines la formation d'un gouvernement avec les Verts, favorables à l'interdiction immédiate du glyphosate. Les tractations devraient se prolonger jusqu'à début 2020.
La France a prévu "de sortir de l'essentiel des usages au 1er janvier 2021, et de tous les usages au 1er janvier 2023", selon le gouvernement, mais ce calendrier a été jugé difficile à tenir par un récent rapport parlementaire.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/le-gouvernement-autrichien-renonce-a-interdire-le-glyphosate-en-2020_139659>
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16- Première victoire en justice pour les steaks sans viande et burgers végétariens aux Etats-Unis, Le Monde avec AFP, 12/12/19, 02h17

Une loi de l’Arkansas, qui prévoyait d’interdire les références à la viande sur les étiquettes des produits végétariens, a été suspendue en attendant un examen de fond. 
Les steaks et burgers végétariens, nouvelle tendance culinaire aux Etats-Unis, ont enregistré mercredi 11 décembre une première victoire judiciaire dans leur combat pour pouvoir utiliser des références à la viande sur leurs étiquettes. Un tribunal fédéral a suspendu une loi de l’Arkansas qui prévoyait d’interdire les mots « viande », mais aussi « saucisse », « rôti » ou « burger », dans la présentation de ce type de produits, même suivis des mentions « végétarienne »« à base de plantes » ou « vegan ».
> Lire aussi  Alimentation : Beyond Meat, la start-up qui voulait être aussi grosse qu’un bœuf
La loi, entrée en vigueur en juillet, prévoyait des amendes de 1 000 dollars par produit mal étiqueté. La société Tofurky, qui produit un ersatz au rôti de dinde (« turkey » en anglais) à base de tofu, avait porté plainte en juillet au nom de la défense de la liberté d’expression, garantie par le premier amendement de la Constitution américaine.
« Quand les consommateurs choisissent des produits à base de plantes, ils ne le font pas parce qu’on les trompe, mais parce qu’ils sont conscients des conséquences sanitaires et environnementales de la consommation de produits animaliers », avait alors déclaré le patron de Tofurky, Jaime Athos. Kristine Baker, juge fédérale à Little Rock, a jugé mercredi que « Tofursky avait des chances de gagner sur le fond » et qu’il « subirait un préjudice irréparable » si la loi restait en vigueur. Elle l’a donc suspendue en attendant un examen de fond du dossier.
Une industrie florissante aux Etats-Unis
Des actions en justice ont également été engagées contre des lois comparables adoptées dans le Missouri, le Mississippi ou encore la Louisiane, avec le soutien de la puissante association de défense des droits civiques ACLU, de l’ONG de soutien aux produits végétariens The Good Food Institute et du groupe de défense des animaux Animal Legal Defense Fund.
« Nous nous réjouissons que le tribunal ait bloqué cet effort clairement inconstitutionnel d’étouffer la concurrence avec de la censure. Les parlements qui ont adopté ou considèrent des lois aussi absurdes devraient en prendre note », a réagi un avocat de l’ACLU Brian Hauss.
> Lire aussi  La demande de viande pèse sur les ressources de la planète
Si le steak de soja existe depuis longtemps, des entreprises sont passées à l’étape supérieure en utilisant des technologies sophistiquées pour s’approcher au plus près du goût, de la couleur, de l’odeur ou de la texture de la viande.
Depuis quelque temps, les hamburgers à base de blé, les hot dogs au tofu et autres filets de faux poulet s’imposent peu à peu dans les fast-foods et les rayons des supermarchés américains. Selon le Good Food Institute, les ventes d’alternatives à la viande ont bondi de 23 % en 2018 aux Etats-Unis, sur fond d’inquiétudes pour l’environnement, le bien-être animal et la santé.
<https://www.lemonde.fr/international/article/2019/12/12/premiere-victoire-en-justice-pour-les-steaks-sans-viande-et-burgers-vegetariens-aux-etats-unis_6022553_3210.html>
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17- Arroser moins pour récolter plus : le riz thaï qui défie la sécheresse, AFP, 12/12/19, 06h45

Pour lutter contre la sécheresse, les dettes et les ravages des pesticides, des riziculteurs du nord de la Thaïlande expérimentent une méthode de culture plus respectueuse de l'environnement, malgré les puissants intérêts du secteur agro-industriel dans le pays, deuxième exportateur mondial de riz.
Au cœur des rizières en terrasse du hameau de Ban Pa Pong Piang (nord-ouest), la récolte bat son plein. Une vingtaine de fermiers, protégés du soleil par de larges chapeaux colorés, coupent avec une faucille les tiges du riz, aliment de base de plus de trois milliards d'êtres humains. Mais, si certains épis sont vigoureux, d'autres ont peu de grains, flétris par la sécheresse qui a frappé la région pendant plusieurs mois.
A une centaine de kilomètres de là, Sunnan s'apprête aussi à faucher son champ. Ici, malgré le manque de pluie, la situation est tout autre et le modeste fermier de 58 ans sourit en zigzaguant entre de robustes plants d'un vert intense, d'où les grains pendent lourdement.
Il pratique, dans une petite ferme biologique expérimentale, le "Système de riziculture intensive" (SRI), inventé dans les années 1980 à Madagascar par un prêtre jésuite français et qui se propage lentement en Afrique et en Asie.
En juillet, appliquant les principes du "Système de riziculture intensive", baptisé ainsi car il promet de meilleurs rendements, Sunnan a planté chaque épi de manière plus espacée que dans l'agriculture traditionnelle. Objectif : permettre à la tige d'absorber davantage de lumière, d'eau et de nutriments afin qu'elle produise plus de grains.
Puis, contrairement à des millions de riziculteurs, il a asséché régulièrement son champ, limitant les apports en eau pour encourager l'apparition de micro-organismes qui se développent à l'air libre et agissent comme engrais naturels.
Appuyé par une entreprise française, Pur Projet, il a aussi replanté des arbres autour du lopin pour rengorger les nappes phréatiques.
Depuis, "ma récolte a bondi de 40% (...) je n'ai plus besoin de produits chimiques mauvais pour ma santé", relève-t-il.
Il utilise aussi moins de graines et d'eau. Du coup, ses dépenses ont diminué: contrairement à de nombreux riziculteurs thaïlandais qui gagnent quelque 3.000 bahts par mois (moins de 100 euros) et sont lourdement endettés, il a pu "rembourser 100.000 bahts" (3.000 euros) à ses créanciers.
- Cercle vicieux -
Sunnan a longtemps pratiqué la culture traditionnelle.
Mais, "nos rizières sont épuisées par les produits chimiques", relève-t-il, montrant du doigt des fermiers qui coupent des épis jaunis par le soleil dans un champ voisin.
Et les riziculteurs sont enfermés dans un cercle vicieux: affectés par le changement climatique qui provoque sécheresse et inondations, ils contribuent eux-mêmes à ce dérèglement car leurs champs rejettent méthane et protoxyde d'azote, deux gaz à effet de serre.
Avec le SRI, comme la rizière n'est pas inondée en permanence, "les émissions de méthane sont réduites de 60%", assure Tristan Lecomte, fondateur de Pur Projet. Quant au rendement, "selon les zones, il peut bondir de 20 à plus de 100%" par rapport à la méthode traditionnelle. 
Plus de deux millions de fermiers ont déjà été formés en Asie du Sud-Est, selon l’Université américaine de Cornell qui a crée en 2010 un centre international spécialisé.
Dans la province de Bac Giang , au nord du Vietnam, les bénéfices nets pour les agriculteurs "ont bondi de 113% voire de 226%", s'enthousiasme Abha Mishra qui a piloté dans le pays un vaste projet pour l'institut asiatique de technologie.
Les Philippines, qui cultivent le riz mais sont ausi un des premiers importateurs mondiaux, s'intéressent également à cette méthode. Le ministère de l'Agriculture a commencé à former des riziculteurs et des cérémonies de plantation SRI sont organisées.
- Pression des lobbies -
Pour autant, la technique peine à se démocratiser.
"Assez complexe, elle nécessite pas mal de connaissances. Il faut planter les plants un par un, contrôler étroitement l'eau, cela donne aussi plus de travail", relève Tristan Lecomte. 
Certains préfèrent ne pas tenter l'expérience ou abandonnent et retournent à la méthode traditionnelle.
Le principal obstacle reste la pression de l'agro-industrie peu favorable à une méthode qui ne propose ni nouvelle graine hybride, ni engrais à vendre. 
D'autant que les lobbies du secteur sont très présents en Asie du Sud-Est, particulièrement en Thaïlande, un des plus gros utilisateurs de pesticides au monde.
L'agro-industrie vient d'ailleurs d'y remporter une nouvelle bataille.
Les autorités thaïlandaises, qui s'étaient engagées à interdire le glyphosate, ont fait machine arrière fin novembre décidant qu'un usage "limité" serait finalement autorisé. L'utilisation de deux autres herbicides très controversés a aussi été prolongée.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/arroser-moins-pour-recolter-plus-le-riz-thai-qui-defie-la-secheresse_139759>
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18- Reportage. A Londres, Silo, le restaurant zéro déchet, Le Monde, 13/12/19, 14h45
Eric Albert, Londres correspondance

Faire tourner une table gastronomique sans poubelles, tel est le défi que relève quotidiennement Douglas McMaster, à la tête du restaurant londonien. Circuit ultracourt, approvisionnement en vrac, réutilisation des restes, ce chef entend concilier plaisir gustatif et respect de l’environnement.
Le restaurant de Douglas McMaster n’a pas de poubelle. Pour qui a déjà vu les arrière-cuisines d’un restaurant et les quantités industrielles de nourriture gaspillées, la phrase mérite d’être répétée : Silo, l’établissement que le jeune chef britannique de 32 ans a ouvert en septembre dans l’est de Londres, réussit l’exploit de ne jamais rien jeter !
Pas une étiquette, pas une boîte en plastique, pas un carton. Les seuls déchets sont organiques et entièrement compostés. Et, même là, la lutte contre le gâchis alimentaire est constante. En ce jeudi soir, après quatre jours de service, le conteneur de compost – un simple grand bac en plastique – n’est qu’à moitié plein. Une cantine scolaire ou un établissement traditionnel auraient produit plusieurs fois ce volume de résidus chaque jour.
Pionnier de l’antidéchet
Né à Worksop, dans les Midlands, Douglas McMaster, qui a quitté l’école à 16 ans, n’avait pas prévu de devenir un pionnier de l’antidéchet. Après avoir appris le métier de cuisinier dans deux restaurants haut de gamme, il est parti en Australie changer d’air après le décès d’un ami. Là-bas, il rencontre Joost Bakker, un artiste néerlandais charismatique, qui venait d’ouvrir un café sans poubelles à Melbourne.
« Notre système agroalimentaire est tellement destructeur. Je trouvais absurde de créer autant de déchets », explique le Néerlandais. Joost Bakker avait déjà ouvert des lieux éphémères sans poubelles, mais qui étaient expérimentaux, construits avec de la paille et disposant de cultures agricoles sur le toit. « Les gens me demandaient si l’idée pouvait être appliquée à un café normal. Avec Silo, j’ai voulu le prouver. L’objectif était que les clients viennent parce qu’ils voulaient un bon café ou un bon verre de vin, pas parce que l’endroit était zéro déchet. »
Rapidement, à Melbourne, Douglas McMaster devient le chef du restaurant. Trois ans plus tard, il décide de tenter l’aventure à Brighton, en Grande-Bretagne, mais avec l’ambition de passer d’un petit bistrot de vingt places à un vrai restaurant. Joost Bakker lui accorde gratuitement la licence du concept, ravi de voir quelqu’un partageant la même conviction poursuivre l’aventure. Pour financer son ouverture sur la côte anglaise, le Britannique hypothèque la maison de sa mère. « J’ai désormais remboursé, elle est soulagée… », confie-t-il.
L’ouverture à Londres, plus ambitieuse, plus coûteuse (à l’aide notamment d’une campagne de financement participatif), plus risquée, est l’aboutissement de ce parcours. Tendu, stressé en cette phase de lancement, Douglas McMaster n’a rien d’un doux rêveur. « C’est un obsessif compulsif, s’amuse Joost Bakker. Il se tape la tête contre les murs jusqu’à ce qu’il obtienne ce qu’il veut. » 
Le sel est peut-être le meilleur exemple de cette opiniâtreté. Dans son restaurant de Brighton, désormais fermé, « Doug », comme tout le monde l’appelle, avait un problème avec son fournisseur de sel de Cornouailles. « C’est le meilleur que l’on puisse trouver. Pour le protéger de l’humidité, le producteur l’envoyait néanmoins dans un sac plastique. Je l’ai appelé de nombreuses fois pour qu’il arrête, mais il refusait, craignant de compromettre la qualité de son produit. Alors, avant l’ouverture à Londres, je suis allé le voir au cap Lizard, l’endroit le plus au sud de la Cornouailles. Et je me suis mis à genoux pour le supplier. » Depuis, Doug reçoit le sel dans un carton.
Cette détermination est indispensable, tant il faut naviguer à contre-courant pour éliminer emballages, cartons, bouteilles, Cellophane, plastiques… Tout, dans le système alimentaire actuel, contribue à produire des déchets. À commencer par la banale bouteille de lait, généralement en plastique au Royaume-Uni. Doug McMaster a dû convaincre un producteur de le fournir dans de gros pots en acier inoxydable de huit litres, qui sont lavés avant d’être à nouveau remplis. Et le beurre ? « Nous ne trouvions pas de fournisseur qui ne l’emballe pas dans de l’aluminium. Du coup, nous faisons le beurre nous-mêmes. En plus, ça a bien meilleur goût. » On confirme : celui qu’il fabrique n’a rien à voir avec ces barres sans goût qu’on trouve en supermarché.
Silo fonctionne en circuit court, se fournissant en fruits et légumes presque exclusivement auprès de deux fermes situées à moins d’une heure de Londres. « Notre menu dépend de leur production. Le menu peut changer en milieu de soirée si la quantité d’un produit est insuffisante. » Cela impose des limites aussi : impossible d’avoir un citron, par exemple, le climat britannique ne le permet pas. « Comme alternative, nous travaillons avec des graines acides », indique le chef.
Persuadé qu’il faut entièrement réinventer le système agroalimentaire, Doug McMaster vit ces limites comme un défi : « Il s’agit de retourner trois cents ans en arrière, à un système préindustriel, dit le Britannique. À l’époque, il n’y avait pas de déchets. L’explosion des emballages ne date vraiment que de l’après-seconde guerre mondiale. »
Non pas que le chef rejette le progrès : « L’industrialisation nous a apporté la prospérité et a sauvé des milliers de vies. Ça a été formidable pour nous, mais pour personne d’autre. Nous prenons à la planète et nous ne lui rendons rien. » Selon le Food Climate Research Network, de l’université d’Oxford, le système agroalimentaire est responsable de 20 % à 30 % de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre.
Dans les cuisines de Silo, tout est fait pour tenter de réduire cet impact. Des caisses (certes, en plastique dur) sont alignées sur les étagères, pleines de graines achetées en vrac. La farine est faite sur place, de même que les flocons d’avoine. Les serviettes pour les clients sont en tissu, les brosses pour nettoyer les casseroles en fibres de noix de coco, le savon est fourni dans une bassine de 200 litres en plastique, à nouveau remplie quand elle est vide. Le meuble pour ranger les manteaux des clients a été assemblé sans clous ni colle. « Les clous et la colle sont vendus dans des emballages, nous n’en voulions pas… »
Autant que possible, Doug McMaster évite aussi les restes et réutilise les aliments. Le vieux pain est transformé en miso, les tomates sont fermentées, des restes de seiche servent à faire un garum, une sorte de nuoc-mâm… La plupart des épluchures et des racines sont longuement cuites, pour en faire un épais sirop au goût proche de celui de la Marmite (une pâte à tartiner salée très populaire au Royaume-Uni), utilisé ensuite dans les cuissons.
Un menu dégustation à 60 €
Si tout cela vous paraît dangereusement néobaba cool, genre cantine de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, détrompez-vous. Silo se veut un restaurant gastronomique haut de gamme. Chaque soir, un menu dégustation unique de six plats est servi, pour 50 livres (60 euros). Comptez le double du prix en ajoutant l’excellente sélection d’un verre de vin différent pour chaque plat.
Salade de betteraves roses avec œillets mexicains, artichauts blancs grillés au feu de bois, glace au potiron, crackers aux graines de lin… C’est frais, original et excellent. Les légumes sont au centre de la création, mais le poisson et la viande ne sont pas exclus. Chaque assiette est apportée par des serveurs enthousiastes qui sont là pour raconter l’origine des ingrédients.
Trop cher pour ce que c’est ? « Je ne crois pas. Vous ne trouverez pas d’autre menu dégustation à ce prix », rétorque Doug McMaster. Quand il a quitté Brighton, le chef s’était agacé contre la clientèle qui le poussait à revoir à la baisse ses exigences. « Brighton n’est pas l’endroit pour un restaurant qui regarde vers l’avenir », confiait-il au magazine Big Hospitality.
La réaction ne s’est pas fait attendre. « Ce n’est pas qu’on ne comprend pas la gastronomie, mais on ne comprend pas ces prix exorbitants, a répliqué un habitant sur un forum Internet. Je veux qu’on serve ma boisson dans un verre, pas dans un pot de confiture hors de prix. » La critique est un peu rude : Silo est le résultat de huit ans de travail acharné et absolument sincère. Mais elle trahit le problème de la rentabilité d’un tel projet. Travailler avec des produits non transformés, faire son propre beurre et sa propre farine, cela nécessite beaucoup de main-d’œuvre et d’espace.
18 employés pour 50 couverts
À Londres, le restaurant, qui n’est ouvert que le soir et pour le brunch le week-end, a dix-huit employés pour cinquante couverts. « Au début, quand j’ai ouvert à Brighton, environ la moitié de mon chiffre d’affaires servait à couvrir les frais de personnel, contre environ un tiers pour les restaurants traditionnels », signale Doug McMaster. Il a réussi à baisser cette part à 40 %, mais un tel concept coûte forcément cher. Le prix de l’avant-garde.
Le chef espère trouver son public à Londres. Silo est installé en bordure de l’ancien parc olympique, dans une atmosphère postindustrielle adaptée à son ambition. L’endroit était autrefois rempli d’usines et de hangars plus ou moins à l’abandon, qu’il a fallu décontaminer avant les Jeux olympiques de 2012. Un canal, aux odeurs autrefois nauséabondes, passe devant le bâtiment et est devenu un charmant lieu de promenade.
Graffitis aux murs, escaliers en métal pour accéder au restaurant, ateliers d’artiste à proximité, l’endroit incarne parfaitement cet Est londonien en voie de gentrification. La clientèle répond aux codes des lieux, avec une prolifération de hipsters barbus à tatouages et en chemises à carreaux. Le bâtiment a été repris il y a sept ans par Crate, un petit brasseur indépendant, qui a ouvert au rez-de-chaussée une pizzeria qui attire beaucoup de monde. « Nous voulions monter en gamme, c’est pour cela que nous nous sommes associés à Doug », déclare Neil Hinchley, l’un des patrons de Crate.
Pour réussir à allier goût et respect de l’environnement, Doug McMaster dépend de fournisseurs aussi passionnés que lui. Calixta Killander dirige Flourish, l’une des deux fermes fournissant Silo. Fille d’agriculteurs du Cambridgeshire, qui travaillaient selon les méthodes intensives habituelles, elle a décidé de complètement changer d’approche. « Un jour, j’ai reçu en cadeaux deux chevaux de labour. J’y ai vu un signe. »
Depuis, elle travaille avec Bill et Ben (le nom des chevaux), n’utilise que la moitié des sols pour sa production, pendant que l’autre moitié est régénérée, et fait pousser « plusieurs centaines » d’espèces différentes sur sa petite surface de six hectares pour améliorer la biodiversité. « J’ai une passion pour les légumes inhabituels. Je voulais travailler directement avec les restaurants, parce que je savais que je trouverais des chefs qui comprendraient mon approche. »
Agriculture régénérative
C’est ainsi que Doug McMaster l’a contactée presque à ses débuts, il y a deux ans et demi, trouvant chez elle ce qu’il recherchait. Cela va sans dire, les pesticides sont bannis à Flourish. Mais la démarche ne se limite pas à cela : « Je fais de l’agriculture régénérative. L’objectif premier est que la terre soit excellente. Plus il y a de biodiversité, plus la terre est saine et plus les produits ont bon goût. »
Calixta Killander s’inspire notamment des méthodes des amish, cette communauté au mode de vie qui semble sorti du XIXe siècle, essentiellement présente en Amérique du Nord. « En Angleterre, je ne trouvais pas les outils nécessaires au labour avec des chevaux. J’ai dû les acheter à une communauté amish, aux États-Unis », rapporte-t-elle.
Cette approche présente de nombreux inconvénients. « Parfois, nous perdons des récoltes entières à cause d’insectes », reconnaît-elle. Ses deux chevaux ont connu un grave accident récemment et ne peuvent plus travailler. Elle est donc à la recherche de deux nouvelles bêtes, de préférence de la même race française de trait (des Comtois). « Mais le jeu en vaut malgré tout la chandelle », assure la jeune agricultrice de 29 ans.
Rien n’étant jamais parfait, même à Silo, il reste toujours le « 1 % », les quelques déchets incontournables. Le produit pour nettoyer le four (et son emballage non recyclable) doit être utilisé une fois par semaine, sinon l’assurance de l’appareil perd sa validité. Les feutres pour écrire sur les étiquettes des pots contenant de la nourriture sont également jetables. « Nous avons essayé avec d’autres crayons, mais il faut absolument que ce soit écrit de façon indélébile pour garantir le respect des dates de péremption », témoigne une serveuse.
Tous ces produits sont accumulés dans le grenier de Silo, en attendant de leur trouver un débouché. Mais pas question d’accepter la fatalité. Ainsi, un fabricant de couteaux vient d’accepter de fabriquer des manches avec le plastique recyclé des stylos. Pour que jamais la poubelle ne soit nécessaire.
<https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/12/13/a-londres-silo-le-restaurant-zero-dechet_6022777_4497319.html>
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19- La première fibre optique fabriquée… avec du bois !, Futura-sciences, 13/12/19
Céline Deluzarche, journaliste

Des chercheurs finlandais ont fabriqué une fibre optique constituée intégralement de cellulose, bien moins chère et plus écologique que la fibre classique en verre et en plastique. Si ses performances optiques demeurent limitées sur les longues distances, elle offre des atouts supplémentaires pour de nombreuses autres applications.
es câbles optiques sous-marins s'étendent aujourd'hui sur plus de 1,2 million de kilomètres entre les continents, selon le site Telegeography. Et c'est sans compter la fibre optique qui relie chacune de nos maisons pour nous apporter une connexion ultra-rapide aux services de l'Internetou à la télévision. La fibre optique trouve aussi de nombreux débouchés dans le domaine médical (endoscopes, photothérapie, dentaire...), dans l'éclairage, le transport ou le militaire.
Ces millions de câbles sont généralement constitués d'une « âme » en verre et plastique, et qui possèdent d'excellentes propriétés optiques, puis ils sont recouverts d'une gaine avec un plus faible indice de réfraction afin de guider la lumière à l'intérieur. Malheureusement, ces matériaux sont souvent coûteux et non renouvelables.
>> Suite à lire à :
<https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/technologie-premiere-fibre-optique-fabriquee-bois-78810/>
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20- Chronique. « Peur sur les parcs à huîtres » avant Noël et le Nouvel An, Le Monde, 14/12/19, 10h00 
Laurence Girard

Les grèves pourraient perturber le flux de coquillages prêts à se déverser dans les rayons des magasins. Le volume disponible cette année sera compris entre 100 000 et 120 000 tonnes, observe, dans une chronique, Laurence Girard, journaliste au « Monde ».
Matières premières. Parler des huîtres n’a rien de commun avec enfiler des perles. Quoique… En ce mois de décembre, à quelques encablures des fêtes de fin d’année, les projecteurs se braquent sur le coquillage. A la page société, sous le titre « Peur sur les parcs à huîtres », il défraye à nouveau la chronique. Il y a quelques jours, 4,5 tonnes de coquillages ont été dérobées chez un ostréiculteur du Morbihan. Pas un petit larcin de quelques bourriches de bivalves cachées sous le manteau. Non, un véritable fric-frac de perles de la mer, ric-rac avant Noël. « C’est un vol impressionnant, digne du grand banditisme. La vigilance est renforcée et les camions vont être contrôlés », réagit Philippe Le Gal, président du Comité national de la conchyliculture.
Ce Breton, installé sur la rivière de Pénerf, dans le Morbihan, a d’autres motifs de stress. Les grèves pourraient bien perturber le flux des huîtres prêtes à se déverser dans les rayons des magasins. « Entre le 15 et le 20 décembre, entre 60 % et 70 % de la production française part vers les réseaux de distribution. C’est une période vitale pour nous », souligne M. Le Gal. Or les ostréiculteurs ont été douchés, en 2018, par la vague de manifestations des « gilets jaunes ».
> Lire aussi  La vague des « gilets jaunes » inquiète les ostréiculteurs
La production française d’huîtres, estimée entre 80 000 et 100 000 tonnes, a été réduite d’entre 10 % et 20 % après l’annulation de commandes. Les coquillages encalminés ont continué à « pousser » au fond de l’eau, augmentant, de facto, le volume disponible cette année, compris entre 100 000 et 120 000 tonnes. A condition que les fines de claire soient livrées à bon port dans l’assiette du consommateur.
Une demande de pêche à l’information
Le client devra débourser une somme quasi identique à celle de 2018, soit de 10 euros à 12 euros le kilo, pour déguster le goûteux mollusque, dont entre 6 euros et 8 euros ruissellent dans la poche de l’ostréiculteur. Un prix que les Français sont prêts à dépenser à une condition : que leur curiosité soit autant satisfaite que leur appétit. Huîtres bretonnes, normandes ou de Marennes-Oléron, nées en pleine mer ou en écloserie industrielle, triploïdes ou naturelles, les questions ne manquent pas.
Une demande de pêche à l’information relayée par l’association Ostréiculteur traditionnel, désireuse d’imposer un étiquetage pour distinguer les coquillages nés et élevés en pleine mer. Toutefois, un type d’huître répond aujourd’hui à ce cahier des charges. La plate, dite encore la belon, du nom d’un fleuve côtier du Finistère.
Cette huître française a été décimée par la maladie et reste très fragile. Il ne s’en récolte que 1 500 tonnes en Bretagne. Les amateurs apprécient son goût de noisette. « C’est un produit typiquement français, qui fait la réputation de Cancale [Ille-et-Vilaine] », affirme Stéphan Alleaume, ostréiculteur cancalais, dont la production s’exporte à 90 %. « Paradoxalement, les Chinois ont plus gardé en mémoire l’huître plate que les Français », estime-t-il. Prêts à payer près de 5 euros pièce la pied de cheval, dite hors taille, car pesant plus de 140 grammes. La perle rare sous le pied d’un cheval…
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/14/peur-sur-les-parcs-a-huitres-avant-noel-et-le-nouvel-an_6022861_3234.html>
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21- Ovins vs ours : la cohabitation dans l'impasse après un été meurtrier ?, AFP, 14/12/19, 14:00
Catherine Boitard

Les ours menacent-ils la survie de l'élevage ovin dans les Pyrénées ? Le bond cet été des pertes imputées aux plantigrades a scellé l'antagonisme entre éleveurs et défenseurs de la biodiversité, sans sortie de conflit en vue.
A la fin des estives, pour la seule Ariège -- place forte de la cinquantaine de plantigrades du massif pyrénéen -- 565 dossiers d'indemnisation pour dommages d'ours avaient été introduits, comptabilisant 1.155 ovins morts ou blessés. 
En 2018, 443 dossiers avaient été soumis pour 669 ovins victimes, à comparer avec 138 dossiers et 259 victimes ovines en 2015. 
L'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) impute ce bond à la survenue cette année de quatre dérochements, pour la totalité desquels la responsabilité de l'ours n'a pas encore été formellement établie. L'Office avait suspendu cet été ses constats dans deux vallées de l'Ariège face à des menaces d'éleveurs sur ses agents. 
Ces dérochements concernent à eux seuls plus de 500 bêtes. 
Mais pour le président de la Chambre d'agriculture de l'Ariège, Philippe Lacube, un "seuil a été franchi" avec des "pourcentages jamais connus" de prédation ursine, attestant selon lui de l'impossible cohabitation entre ours et élevage. 
Avant, "l'ours passait une fois au printemps et une fois à l'automne, et il prenait une ou deux brebis. C'était embêtant mais ça passait. Mais là, ce n'est plus possible", affirme Patrick Gimeno, éleveur de 450 brebis à Bagnères-de-Luchon, qui met en cause "l'explosion" du nombre d'ours. 
- "Arrêter le métier » ? -
"Quand il y en aura trop, il faudra arrêter le métier, à terme, plus personne ne voudra monter en estives", ajoute-t-il. 
Le camp anti-ours, qui a multiplié les manifestations cet été et "ne veut plus discuter" avec l'Etat, selon M. Lacube, réclame des retraits de spécimens -- en sus du gel des réintroductions déjà consenti par le gouvernement -- et l'ouverture de réserves pour ceux préservés sur place. 
Il conteste également l'efficacité des mesures introduites par les pouvoirs publics, "effarouchements" organisés ou l'envoi d'alertes sms pour prévenir les éleveurs de l'approche d'ours. 
Mais si les ours se sont multipliés depuis les premières réintroductions en 1996 -- imposées par les règles européennes sur la biodiversité -- les troupeaux transhumant aussi ont augmenté. De 15% entre 2014 et 2017 dans le Couserans ariégois, selon un rapport de 2018 commandité par le ministère de la Transition écologique. 
Ses auteurs voient là de quoi "contredire les propos des professionnels" sur le risque de disparition du pastoralisme. 
Pour l'ONCFS, l'augmentation de la population ursine et de son aire de répartition n'est qu'un des "nombreux facteurs qui peuvent influencer le nombre de dégâts".
- Course aux indemnisations ? -
Parmi les autres, l'Office cite, comme tous les experts, les retards pris par les éleveurs à se doter des moyens de protection requis, le tryptique bergers-chiens de protection-parcs électrifiés. Cet arsenal est subventionné à hauteur de 80% même si souvent au prix d'une lourde paperasserie. 
Son absence, ou sa mise en œuvre défaillante, a contribué à donner de mauvaises habitudes aux ours, s'alarme un spécialiste. Comme beaucoup, au vu de la virulence du conflit, il ne veut pas être cité. 
Pour les pro-ours, l'explosion des dossiers témoigne surtout d'une course aux indemnisations encouragée par leur récente revalorisation et l'assouplissement du cadre les régissant, dont la systématisation des dommages accordés au bénéfice du doute. 
D'autant que même sans ours, la montée des troupeaux en estive engendre 3 à 5% de pertes en moyenne, du fait de maladies et accidents divers, relève Alain Reynes, de l'association Pays de l'ours, 
Selon lui, l'ours a aussi bon dos dans le cadre d'une mobilisation des éleveurs visant la renégociation en cours de la PAC.
"Si demain une PAC moins favorable aux espaces pastoraux en montagne s'ajoutait aux prédations, les montagnes vont se vider", fait écho M. Lacube. Qui admet aussi, même si pour lui la solution n'est pas là, que "l'Etat essaie d'acheter la paix civile en balançant plus d'argent".
<https://information.tv5monde.com/info/ovins-vs-ours-la-cohabitation-dans-l-impasse-apres-un-ete-meurtrier-337101>
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22- Brésil : la déforestation a plus que doublé en Amazonie en un an, AFP, 14/12/19, 16:00

La déforestation en Amazonie brésilienne a plus que doublé (+104%) en novembre sur un an, selon des données officielles obtenues par satellite et exploitées samedi par l'AFP.
Avec 563 km2 déboisés, il s'agit du chiffre le plus élevé pour un mois de novembre depuis 2015, selon l'Institut de recherches spatiales (INPE), organisme public de référence pour mesurer la déforestation.
Il s'agit d'une hausse significative pour une période où elle est censée être plus faible en raison de la saison des pluies.
Pour les 11 premiers mois de l'année, qui coïncident avec le début du mandat du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, qui a pris ses fonctions en janvier, la déforestation a atteint 8.974,31 km2.
C'est près du double du total de janvier à novembre 2018 (4.878,7 km2), soit une augmentation de 83,9%.
Ces données ont été recueillies à l'aide du système DETER, basé sur des alertes de déforestation identifiées par satellite.
Un autre système utilisé par l'INPE, le PRODES, considéré comme plus fiable, mais dont les données prennent plus de temps à être compilées, a montré fin novembre que la déforestation en Amazonie brésilienne a dépassé le seuil des 10.000 km2 pour la première fois depuis 2008 entre août 2018 et juillet 2019, en hausse de 43% par rapport aux 12 mois précédents.
Ces données révèlent une progression encore plus importante, de 74,5%, de la déforestation dans les territoires indigènes en un an, selon l'INPE, l'institut national des études spatiales.
Au total, la plus grande forêt tropicale du monde a perdu 10.100 km2 en un an, contre 7.033 km2 entre août 2017 et juillet 2018.
Vendredi, Ricardo Galvao, ex-président de l'INPE, a été choisi parmi les dix scientifiques les plus importants de l'année par la revue de référence britannique Nature.
Début août, il avait été limogé par le gouvernement Bolsonaro, après avoir été accusé d'exagérer l'ampleur de la déforestation.
<https://information.tv5monde.com/info/bresil-la-deforestation-plus-que-double-en-amazonie-en-un-337119>
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23- Entretien. «J’ai voulu répondre à cette question : quel est l’impact des pesticides sur notre santé ?», La Voix du Nord, 14/12/19
Propos Recueillis Par Isabelle Ellender 

L’émission Enquête de santé, sur France 5 ce mardi soir, se demande si l’on peut « échapper aux pesticides ». Trois Nordistes de Houplin-Ancoisne et Roncq y témoignent. Interview de la journaliste-réalisatrice Delphine Renault.
– Pourquoi consacrer un reportage de près d’une heure au sujet des pesticides ?
« En tant que journaliste au Magazine de la santé, j’ai rencontré Paul François. Vous savez, c’est cet agriculteur malade qui a gagné plusieurs procès contre Monsanto… Depuis, je m’intéresse au sujet et j’ai voulu faire un point : pourquoi existe-t-il autant de pesticides ? Et quel est leur impact éventuel sur notre santé ? Enfin, je me suis intéressée aux alternatives. »
– Et vous avez été au final convaincue de leur toxicité ?
« Je suis convaincue que les agriculteurs malades le sont parce qu’ils ont utilisé ces produits, comme Julien, qu’on voit dans le reportage. Ce lien de cause à effet a été clairement établi par des études, comme celle d’Alexis Elbaz, le neurologue et épidémiologiste qui intervient dans le reportage à propos de la maladie de Parkinson : comme le lymphome non hodgkinien, elle a été reconnue «maladie professionnelle» du monde agricole. »
– Avez-vous pu mesurer l’impact réel sur la santé ?
« Non. De nombreuses équipes de chercheurs travaillent là dessus et on commence à avoir des pistes : je pense notamment à Laurence Payraste, de l’INRA à Toulouse, qui mène des études sur l’effet cocktail des pesticides dans l’alimentation. Ses résultats sur les souris donnent des pistes sérieuses à suivre pour l’homme (…) Il y a des agriculteurs malades, des gens qui s’inquiètent d’une possible « exposition passive » aux pesticides, dans l’air, dans l’eau. Mais à quelle dose, avec quelle durée d’exposition est-on en danger ? Comment montrer que c’est l’exposition à telles ou telles molécules qui entraîne un sur-risque chez les utilisateurs et les riverains des parcelles traitées ? »
– Votre reportage ne participe-t-il pas à cet « agri bashing », ce dénigrement des paysans que certains dénoncent ?
« Ce n’est pas le but ! D’ailleurs, on leur donne la parole. Comme l’agriculteur interviewé dans votre région, à Houplin-Ancoisne. On leur a appris à utiliser ces produits-là, ce sont des produits autorisés, ils croient bien faire en les épandant… et certains ne se sentent pas en mesure de s’en passer. Ce qui est surprenant, c’est que ce monsieur qui défend les produits phytosanitaires est jeune, il a le même âge que Julien, l’agriculteur malade d’un cancer du sang. Ce dernier a longtemps utilisé des traitements comme le glyphosate, sans protection… »
– Et malgré tout cela, les autorités ont reculé la date d’interdiction du glyphosate en France…
« Oui, mais il y a quelques jours, le chlorpyrifos et le chlorpyrifos-méthyl, deux pesticides nocifs pour le cerveau du fœtus et des jeunes enfants, ont été interdits par la commission européenne. C’est une bonne nouvelle. »
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Trois Nordistes témoignent dans le reportage
Le témoignage de deux lanceurs d’alerte, Edmond Leduc, de Roncq, et Gérard Marouzé, d’Houplin-Ancoisne, qui ont fait l’objet de divers articles dans nos colonnes et qui ont créé un collectif contre les pesticides sert de point de départ au reportage signé Delphine Renault. Il sera diffusé ce mardi 17 décembre sur France 5, à 20 h 50 dans l’émission Enquête de santé.
Son titre : « Pesticides, peut-on encore y échapper ? » La journaliste et réalisatrice (lire ci-dessus) a sillonné la France pour son documentaire de 52 minutes. Elle donne aussi la parole à un agriculteur qui défend l’usage des pesticides, un terme auquel il préfère celui de « produits phytosanitaires », « des médicaments pour les plantes ». Il s’agit d’Émilien Rose, exploitant agricole du champ jouxtant le lotissement des Pétunias, à Houplin-Ancoisne. Il dit avoir « mal vécu » ce qu’il considère comme « des accusations d’empoisonnement ». 
Divers experts (neurologue, épidémiologiste, chercheurs, etc.), mais aussi des agriculteurs malades (d’un cancer ou de la maladie de Parkinson) interviennent dans le reportage, qui s’interroge aussi sur les pistes possibles pour se passer des pesticides, et sur le bio : « Est-il aussi vertueux qu’on le croit ? »
Le documentaire sera suivi d’un débat en direct animé par Marina Carrère-d’Encausse, Philippe Charlier et Emma Strack. Il sera visible en replay pendant sept jours et sur le site allodocteurs.fr .
<https://www.lavoixdunord.fr/680497/article/2019-12-14/j-ai-voulu-repondre-cette-question-quel-est-l-impact-des-pesticides-sur-notre>
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En images
24- Pesticides, peut-on encore y échapper ?, France 5, Enquête de santé, 17/12/19, 20h50
Présenté par Marina Carrère d’Encausse, Philippe Charlier et Emma Strack

Les pesticides sont omniprésents dans l’air, l’eau, les sols et l’alimentation. Ils constituent une pollution diffuse, permanente. En plus de leur persistance dans l’environnement, un autre problème majeur est le nombre de produits existants. 
Glyphosate, chlordécone, méthamsodium… Pas une semaine sans que la dangerosité des pesticides ne soit pointée du doigt par des associations environnementales, des chercheurs et des victimes. Plus de 300 principes actifs sont autorisés en France. Insecticides, fongicides ou herbicides… Avec plus de 65 000 tonnes épandus chaque année dans les cultures agricoles, la France reste l’un des premiers utilisateurs mondiaux de produits phytosanitaires.
Dangereux, les pesticides peuvent l’être d’abord, de façon directe, pour les agriculteurs. En 2012, la maladie de Parkinson a ainsi été reconnue comme maladie professionnelle liée à l’usage des pesticides. Mais l’exposition touche aussi les riverains des zones agricoles et les consommateurs. 
Car les pesticides ne s’arrêtent pas aux champs. Ils pénètrent dans les légumes et les fruits et que nous mangeons. Difficile de quantifier avec précision tous les méfaits de ces substances chimiques sur la santé. L’un des défis consiste à mesurer l’effet cocktail, autrement dit l’impact cumulé de plusieurs substances qui interagissent entre elles à l’échelle d’une vie.  
Comment agissent ces pesticides ? Quand y sommes-nous le plus exposés ? Et peut-on encore y échapper en se tournant vers le bio ?
Le documentaire "Pesticides, la plaie des champs" réalisé par Delphine Renault sera suivi d’un débat animé par par Marina Carrère-d’Encausse, Philippe Charlier et Emma Strack
<https://www.allodocteurs.fr/emissions/enquete-de-sante/enquete-de-sante-du-17-12-2019_27532.html>
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Une annonce
25- Alimentation & biodiversité : se relier dans la nature, 9e colloque de la Chaire Unesco Alimentations du monde, Montpellier SupAgro, le 07/02/2020, de 9h à 16h30

La biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture désigne la diversité du vivant (des gènes aux écosystèmes), ainsi que la diversité des connaissances associées (les savoirs et savoirs-faire traditionnels). Les rapports au monde du vivant évoluent, passant d’une conception figée de la nature à une vision plus dynamique. Menacée par les activités humaines, la biodiversité était perçue comme une somme d’éléments indépendants, à protéger, utiliser et valoriser. Elle intègre aujourd'hui davantage les sociétés humaines et devient une somme d’interactions complexes, de combinaisons et de constructions sociales et culturelles, à négocier. Dans cette vision de la relation, les activités agricoles et alimentaires sont au cœur de ces interrogations sur les liens dans la nature autour desquelles nous échangerons lors de ce colloque : la notion d’« espèce » existe-t-elle vraiment ? Sommes-nous vraiment à la veille d’une 6e grande extinction ? Comment concilier protection de la forêt et maintien de son caractère nourricier ? Comment (ré)introduire de la diversité au champs, dans les industries de transformation agroalimentaire et dans l’assiette ?
Avec notamment : 
• Pierre-Henry Gouyon (Muséum national d'histoire naturelle), 
• Mariteuw Chimère Diaw (Réseau africain de forêts modèles et IPBES), 
• Marie-Laure Navas (Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive),
• Selassie Atadika (cheffe du restaurant ghanéen Midunu), 
• Alessandro Pignocchi (auteur de bandes dessinées), 
Les places sont limitées, inscrivez-vous
Programme définitif en janvier
Vendredi 07 février 2020, de 9h à 16h30 à Montpellier SupAgro - Campus de la Gaillarde - Amphithéâtre Philippe Lamour - 2, place Pierre Viala - 34 060 Montpellier
> Inscription gratuite mais obligatoire <https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfdzTRbGS0I3CUz3LFDfDrTqL5TaJTlRhdXC_jlQ_7sdgaG0w/viewform>
> Toutes les informations <https://www.chaireunesco-adm.com/2020-Alimentations-et-biodiversite-se-relier-dans-la-nature>
> Retrouvez les éditions précédentes <https://www.chaireunesco-adm.com/Colloques-annuels> :
<https://www.chaireunesco-adm.com/2020-Alimentations-et-biodiversite-se-relier-dans-la-nature>
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À PROPOS DE LA PRÉSENTE REVUE DE PRESSE...
Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
Elle n’a pas de caractère exhaustif. Il s’agit d’une sélection pluraliste d’articles ou de dépêches, parfois antagonistes, ne faisant pas systématiquement la Une des journaux et regroupés en 6 thèmes, adressée par mail du lundi au vendredi, à raison d’un thème différent chaque jour.
Diffuser ces articles ne signifie pas automatiquement les approuver mais vise à vous surprendre, vous enrichir, vous donner envie d’en savoir plus, vous aider à relayer l’info, à passer à l’action, et même, à vous indigner ou à vous faire sourire ! Nous espérons qu’au moins un de ces articles répondra chaque jour à l’un de ces objectifs.
Si l’archivage récemment mis en place ne cous convient pas, pensez à conserver les articles qui vous concernent ou vous intéressent particulièrement.
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À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)...
NOS APPELS 
– Let’s Bio ! Ensemble pour des cantines bios et locales <https://www.letsbio.org/> pour bien nourrir nos enfants.
– Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
NOS CAMPAGNES 
– 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/> pour participer à l'émergence d'un modèle énergétique plus propre et durable
– Mon Restau’Responsable® <https://www.youtube.com/watch?list=PLh--7obE3XQ5hw0hyacAsOc7PLMneP7-N&v=Eo7AZvPE_MA> pour guider les professionnels de la restauration collective et valoriser leurs bonnes pratiques.
– J’agis pour la nature <http://www.jagispourlanature.org/> pour participer à des activités utiles et ludiques en pleine nature, près de chez vous.
NOS VIDÉOS PÉDAGOGIQUES 
– Sur notre chaîne You Tube <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>, retrouvez toutes nos vidéos.  
NOS PUBLICATIONS (les plus récentes) 
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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