[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur énergies, ressources, transports, habitat, urbanisme & aménagement (jeudi 19 septembre)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Jeu 19 Déc 08:03:53 CET 2019
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1- Enquête. Les doutes et les fragilités du secteur nucléaire français <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/08/le-grand-blues-du-nucleaire-francais_6022110_3234.html>, Le Monde, 08/12/19, 16h30
2- Entretien. Nucléaire : « L’Etat manque de vision à long terme » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/08/nucleaire-l-etat-manque-de-vision-a-long-terme_6022108_3234.html>, Le Monde, 08/12/19, 16h30
3- A Fessenheim, quelques reconversions et beaucoup de craintes pour l’avenir <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/08/a-fessenheim-quelques-reconversions-et-beaucoup-de-craintes-pour-l-avenir_6022109_3234.html>, Le Monde, 08/12/19, 16h30
4- UE : 3,2 milliards d'euros pour l'"Airbus des batteries électriques" <https://www.geo.fr/environnement/ue-plus-de-3-2-milliards-deuros-pour-l-airbus-des-batteries-electriques-198963>, AFP, 09/12/19, 17:00
5- EDF doit verdir plus rapidement sa production d’électricité <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/10/edf-doit-verdir-plus-rapidement-sa-production-d-electricite_6022316_3234.html>, Le Monde, 10/12/19, 10h45
6- EDF et Veolia vont démanteler les six plus vieux réacteurs nucléaires français <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/10/edf-et-veolia-vont-demanteler-les-six-plus-vieux-reacteurs-nucleaires-francais_6022361_3234.html>, Le Monde, 10/12/19, 15h49
7- Le nucléaire, énergie d’avenir ? « Trop cher et trop lent pour sauver le climat » <https://www.nouvelobs.com/planete/20191210.OBS22162/le-nucleaire-energie-d-avenir-trop-cher-et-trop-lent-pour-sauver-le-climat.html>, L’Obs, 10/12/19, 16h17
8- Contournement routier de Beynac : la justice annule le projet controversé <https://www.lepoint.fr/societe/contournement-routier-de-beynac-la-justice-annule-le-projet-controverse-10-12-2019-2352320_23.php>, AFP, 10/12/19, 18:00
9- Canada : vol d'essai réussi pour le premier hydravion commercial électrique <https://www.youtube.com/watch?v=kSuKTv0cabA>, AFP, 11/12/19, 01:00
10- Chronique. « Les Etats-Unis nagent dans un océan de pétrole et de gaz » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/11/les-etats-unis-nagent-dans-un-ocean-de-petrole-et-de-gaz_6022484_3234.html>, Le Monde, 11/12/19, 11h49
11- Vaca Muerta, le pari risqué de la fracturation hydraulique en Argentine <https://www.geo.fr/environnement/vaca-muerta-le-pari-risque-de-la-fracturation-hydraulique-en-argentine-198997>, AFP, 11/12/19, 13:00
12- Total au tribunal jeudi, assigné par six ONG pour ses activités en Ouganda <https://www.lepoint.fr/societe/total-au-tribunal-jeudi-assigne-par-six-ong-pour-ses-activites-en-ouganda-11-12-2019-2352474_23.php>, AFP, 11/12/19, 14:00
13- Le gaz du Moyen-Orient prospère, et exige toujours plus d'eau <https://www.geo.fr/environnement/le-gaz-du-moyen-orient-prospere-et-exige-toujours-plus-deau-199012>, AFP, 11/12/19, 16:00
14- Saint-Martin : nouveau plan de prévention des risques naturels <https://information.tv5monde.com/info/saint-martin-nouveau-plan-de-prevention-des-risques-naturels-336864>, AFP, 12/12/19, 23:00
15- EDF dévoile son plan industriel pour sauver la filière nucléaire <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/13/edf-devoile-son-plan-industriel-pour-sauver-la-filiere-nucleaire_6022731_3234.html>, Le Monde, 13/12/19, 14h02
16- En Afrique du Sud plongée dans le noir, les entreprises font grise mine <https://information.tv5monde.com/info/en-afrique-du-sud-plongee-dans-le-noir-les-entreprises-font-grise-mine-336966>, AFP, 13/12/19, 15:00
17- Tribune. Nick Butler et Shahin Vallée : EDF, « un fiasco industriel, économique et financier » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/13/nick-butler-shahin-vallee-edf-un-fiasco-industriel-economique-et-financier_6022799_3232.html>, Le Monde, 13/12/19, 17h42
18- Green Deal : l’accord européen durcira les émissions de CO2 automobiles <https://www.automobile-propre.com/breves/green-deal-laccord-europeen-durcira-les-emissions-de-co2-automobiles/>, Automobile propre, 13/12/19
19- La Colombie ordonne à une multinationale américaine d'abandonner la fracturation hydraulique <https://information.tv5monde.com/info/la-colombie-ordonne-une-multinationale-americaine-d-abandonner-la-fracturation-hydraulique>, AFP, 14/12/19, 10:00
20- La raffinerie Total de Gonfreville-l’Orcher, la plus grande de France, victime d’un incendie <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/14/un-incendie-sur-le-site-de-la-raffinerie-total-de-gonfreville-l-orcher-pres-du-havre_6022858_3234.html>, Le Monde, 14/12/19, 14h07
21- L’avenir des batteries électriques pourrait dépendre de l’exploitation minière des fonds marins <https://dailygeekshow.com/batteries-electriques-fond-marin/>, Daily Geek Show, 16/12/19
22- Hydrogène : enfin une façon économique de la produire ? <https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/physique-hydrogene-enfin-facon-economique-produire-8495/>, Futura-sciences, 16/12/19
23- L'appétit pour le charbon va se maintenir, selon l'AIE <https://information.tv5monde.com/info/l-appetit-pour-le-charbon-va-se-maintenir-selon-l-aie-337485>, AFP, 17/12/19, 10:00
24- Le rêve éternel de la ville à la campagne <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/17/le-reve-eternel-de-la-ville-a-la-campagne_6023171_3234.html>, Le Monde, 17/12/19, 12h07
25- Coupures d'électricité volontaires en Gironde et à Lyon <https://information.tv5monde.com/info/coupures-d-electricite-volontaires-en-gironde-et-lyon-337508>, AFP, 17/12/19, 16:00
26- Fébus, un bus à hydrogène "zéro émission" mis en service à Pau <https://information.tv5monde.com/info/febus-un-bus-hydrogene-zero-emission-mis-en-service-pau-337588>, AFP, 17/12/19, 19:00
27- Voitures électriques : le bonus écologique revu à la baisse à partir de 2021 <https://information.tv5monde.com/info/voitures-electriques-le-bonus-ecologique-revu-la-baisse-partir-de-2021-337616>, AFP, 17/12/19, 23:00
28- La crise du Boeing 737 MAX, un "choc" pour l'économie américaine <https://information.tv5monde.com/info/la-crise-du-boeing-737-max-un-choc-pour-l-economie-americaine-337598>, AFP, 17/12/19, 23:00
En images
29- Reportage. Plan B : les côtes françaises sont-elles prêtes à affronter la montée des eaux ? <https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/12/17/plan-b-les-cotes-francaises-sont-elles-pretes-a-affronter-la-montee-des-eaux_6023160_1652612.html>, Le Monde, 17/12/19, 11h24
Bien à vous,
Florence
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DOSSIER DU JOUR : Remis en cause après l’accident de Fukushima, en 2011, le nucléaire est encore fragilisé par les retards et l’envolée du coût de l’EPR de Flamanville. Baptisé "Excell" et doté d’un budget de 100 millions d’euros, EDF dévoile son plan industriel pour sauver la filière nucléaire et le groupe public promet de disposer de 50 GW de capacités renouvelables (hydraulique, solaire, éolien) d’ici à 2030. (cf. item 1, 2, 3, 5, 6, 7, 15 & 17)
INVESTISSEMENT DU JOUR : Une aide colossale de 3,2 milliards d'euros pour développer une filière européenne des batteries électriques : Bruxelles a donné son feu vert à cet "Airbus des batteries", qui entend concurrencer l'Asie pour des transports plus propres. (cf. item 4)
RÉPÉTITION DU JOUR : Dans une région déjà marquée par le récent incendie de l’usine Lubrizol, la raffinerie Total de Gonfreville-l’Orcher, site classé Seveso en raison de sa dangerosité, a été touchée par un incendie alors qu’elle venait de connaître plusieurs incidents successifs. (cf. item 20 & suite)
MENACE DU JOUR : Des mines à l'arrêt, des magasins qui ferment en pleine journée, les paiements par carte bancaire impossibles : les coupures d'électricité sans précédent qui affectent l'Afrique du Sud menacent sérieusement son économie déjà très fragile. (cf. item 16)
AVANCÉES DU JOUR : — Un hydravion de six places présenté comme le premier appareil commercial électrique du monde, a réussi son premier vol d'essai près de Vancouver (ouest du Canada). (cf. item 9)
— Un hydrogène vert, par électrolyse de l’eau ou décomposition de l'eau en dioxygène et en dihydrogène, le tout grâce à une électricité renouvelable, des chercheurs de l’UNSW Sydney (Australie), montrent aujourd'hui que la réaction peut être accélérée en utilisant des métaux abondants et bon marché. (cf.item 21, suite & 26)
RAPPORT DU JOUR : On a pas fini de parler du "King Coal"... La zone Asie-Pacifique a compté pour 73% de la consommation mondiale de charbon en 2018 selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et ce dernier devrait représenter encore 35% de la production mondiale d’électricité en 2024. (cf. item 23 & suite)
SONDAGE DU JOUR : Réalisé à l’occasion de la remise du Prix du livre d’économie, dont le thème est « les villes de demain », un sondage Ipsos dresse le portrait de Français à la recherche de la cité écologique. (cf. item 24)
RÉTICENCE DU JOUR : En Argentine comme en Colombie, la fracturation hydraulique n’a pas bonne presse. (cf. item 11 & 19)
CONTRAINTE DU JOUR : Un gigantesque gisement gazier, et à côté une usine d'approvisionnement en eau. A Oman, comme ailleurs au Moyen-Orient, la production d'énergies fossiles exige toujours plus d'eau, dans des régions qui en manque. (cf. item 13)
MALVEILLANCE DU JOUR : La CGT a revendiqué, mardi 17 décembre, des coupures d’électricité volontaires "liées à la grève" contre la réforme des retraites, qui ont privé de courant 50 000 foyers en Gironde, 40 000 à Lyon, 40 000 à Orléans et 37 000 à Nantes, selon le gestionnaire du réseau RTE (Réseau de transport d’électricité). (cf. item 25)
CRISE DU JOUR : L'arrêt de la production du 737 MAX par le constructeur aéronautique américain Boeing est le signal que l'avionneur reste englué dans la crise qui ne va pas épargner la croissance des Etats-Unis. (cf. item 28)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
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> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
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> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Enquête. Les doutes et les fragilités du secteur nucléaire français, Le Monde, 08/12/19, 16h30
Louisa Benchabane
Remis en cause après l’accident de Fukushima, en 2011, le nucléaire est encore fragilisé par les retards et l’envolée du coût de l’EPR de Flamanville.
« Je suis technicien de maintenance depuis 2013 et je ne me vois pas faire autre chose. J’adore mon métier », témoigne Aurélien, 30 ans et agent EDF à la centrale nucléaire du Tricastin, lorsqu’on lui demande de raconter son quotidien. Comme beaucoup de ses collègues, il dit qu’il « préfère ne pas trop penser » à ce qui pourrait se passer si la centrale venait à fermer dans les dix prochaines années. Dans la filière nucléaire, qui emploie 220 000 personnes, l’atome est défendu mordicus par les entreprises et les syndicats, même si chacun a conscience que l’avenir n’a jamais été aussi incertain.
> Lire aussi Nucléaire : « L’Etat manque de vision à long terme »
Les 58 réacteurs du parc français ont été à l’origine conçus pour fonctionner pendant quarante ans – et plusieurs d’entre eux atteignent cet âge vénérable. Emmanuel Macron a annoncé, en novembre 2018, que la France fermerait 14 réacteurs d’ici à 2035 mais reste flou sur l’éventuelle construction de nouveaux réacteurs. La concurrence des énergies renouvelables et la mauvaise image du nucléaire pèsent lourd sur l’avenir de la filière, pourtant structurante pour l’industrie française. Le nucléaire fournit encore plus de 70 % de la production d’électricité dans l’Hexagone. Mais cette part doit tomber à 50 % d’ici à 2035. Cette volonté est à première vue une mauvaise nouvelle pour la filière : quels sites devront fermer ? Quelle reconversion sera engagée dans les territoires ? Quel futur sera proposé aux salariés concernés ?
+ Infographie : Le nucléaire français à la croisée des chemins <https://img.lemde.fr/2019/12/05/0/0/1068/4532/630/0/60/0/631b8a1_avNgzoYB410mmh1GJ1vy5B4r.png>
La filière compte à son sommet quelques très grosses entreprises : EDF en tête, qui exploite les centrales, sa filiale Framatome, qui les construit, et Orano (ex-Areva), qui gère l’uranium et le recyclage. Leurs sites font vivre des milliers de petites et moyennes entreprises. Le Tricastin en est une bonne illustration. Situé dans la basse vallée du Rhône, le site se trouve à cheval sur deux départements, la Drôme et le Vaucluse. La centrale EDF s’étend sur 55 hectares et l’usine d’enrichissement d’Orano sur 650 hectares. Quelque 6 500 emplois directs et indirects sont concernés. Mais certaines des installations sont parmi les plus anciennes du parc nucléaire. Le réacteur n° 1 du Tricastin a atteint l’âge de 40 ans en 2019 et est actuellement arrêté pour que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) donne – ou non –l’autorisation de le prolonger de dix ans.
« Manque de compétence »
L’opération est importante, tant la prolongation de la durée de vie des réacteurs les plus anciens est cruciale. Si la filière passe le test du Tricastin, elle pourra espérer obtenir une prolongation des autres réacteurs du même type. Et, pour chacun de ces chantiers, des centaines d’entreprises pourront maintenir leur activité – et leurs emplois. Mais une autre ombre pèse sur le nucléaire français : le cauchemar sans fin de l’EPR de Flamanville (Manche). Le chantier du réacteur de troisième génération a débuté en 2007 ; il devait s’achever en 2012 et coûter 3,3 milliards d’euros. Il ne sera pas sur le réseau avant 2023 – au mieux – et a déjà coûté 12,4 milliards d’euros.
+ Infographie : Les trois temps du nucléaire – Expérimentation, Déploiement industriel, Exploitation & arrêt des commandes <https://img.lemde.fr/2019/12/05/0/0/1068/3277/630/0/60/0/c212abf_WByArTyJWkAZcKfweIwW1lk_.png>
Les errements du chantier ont été sévèrement relevés dans un rapport commandé par EDF à l’ancien président de PSA, Jean-Martin Folz, qui évoque un « fiasco » et souligne l’un des principaux problèmes de la filière : la perte progressive de ses compétences. Vingt ans sans construction de réacteurs ont conduit à des effets ravageurs. Flamanville a jeté le doute sur la capacité de l’industrie à maîtriser de tels ouvrages et à mobiliser les compétences nécessaires. « Les très nombreux incidents et malfaçons observés illustrent tant un certain manque de compétence des entreprises concernées que de vraies pénuries de soudeurs qualifiés », souligne le rapport.
> Lire aussi « Une perte de compétences généralisée » : le rapport Folz dresse un bilan sévère de l’« échec » de l’EPR de Flamanville
L’affaire des soudures non conformes, qui retardent le chantier de trois ans, a mis en lumière cette difficulté : la France ne produit plus de soudeurs, ce qui a paralysé la partie métallurgie de la filière. « Par manque de soudeurs assez qualifiés pour répondre aux exigences imposées sur le chantier d’une centrale nucléaire, j’ai dû refuser des chantiers », raconte Hugo Cosnefroy, dirigeant de la société Technometal, basée dans la Manche, qui intervient sur le chantier de Flamanville.
« On perdait notre savoir-faire »
Le climat devient parfois délétère, comme l’explique Isabelle Beaubras, responsable ressources humaines de la PME Manoir ACPP, qui fournit notamment des piscines pour le combustible nucléaire. « Face au manque de personnel, la concurrence débauchait nos employés en renchérissant les salaires. Nous perdions du savoir-faire et ça créait une mauvaise ambiance entre entreprises », développe-t-elle. Dans le Cotentin, où est situé l’EPR de Flamanville, environ 1 000 postes de soudeurs sont vacants. Dans une vaste enquête menée auprès des entreprises de la filière par le Boston Consulting Group pour le compte de la Société française d’énergie nucléaire (SFEN), 72 % des acteurs interrogés font part de difficultés très importantes rencontrées chez les soudeurs.
Autre illustration de cette perte d’expérience : devant les difficultés du chantier à Flamanville, EDF a dû rappeler des retraités, qui avaient participé à la construction de centrales dans les années 1990. « Mon métier, je l’ai avant tout appris sur le terrain. Les anciens m’ont transmis ce qu’ils savaient lorsque j’ai commencé », relate Jean-Luc Cardoso, technicien d’exploitation à la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) et délégué syndical CGT. Ce mode de transmission a été largement compromis.« Avec des cadences importantes, l’esprit d’équipe passe à la trappe et on ne peut pas s’appuyer sur les autres et transmettre le savoir sur le terrain », indique Virginie Neumayer, responsable de la filière nucléaire à la CGT.
> Lire aussi A Fessenheim, quelques reconversions et beaucoup de craintes pour l’avenir
La perte de compétence est aussi liée à un recours accru à la sous-traitance – même si elle a toujours existé dans le secteur. « Nos fonctions ont été longtemps déléguées aux prestataires ; on se contentait de superviser. En ne touchant plus de machines, on perdait notre savoir-faire. EDF s’en est rendu compte et a aujourd’hui rectifié le tir », assure Aurélien, technicien de maintenance chez l’électricien.
« Une image négative »
Les travailleurs sous-traitants dénoncent, eux, des conditions de travail qui se sont dégradées et une absence de visibilité. « Je plains les jeunes qui commencent dans le métier ; là où nous étions deux pour exécuter une tâche il y a vingt ans, nous sommes seuls aujourd’hui », confie ainsi Jean-Marie, agent d’entretien pour une entreprise prestataire d’Orano au Tricastin. Une commission d’enquête parlementaire sur le nucléaire a d’ailleurs plaidé pour la mise en place d’une convention collective dans le secteur et la limitation du recours à la sous-traitance – un appel qui, pour l’instant, n’a pas été entendu.
Le climat morose qui règne sur la filière s’est répandu jusque dans les écoles d’ingénieurs. « Une partie des 2 800 jeunes formés [pour le nucléaire] finissent par changer de domaine et s’orienter vers les énergies renouvelables », reconnaît Abdesselam Abdelouas, enseignant-chercheur à l’IMT Atlantique (institut Mines-Télécom). Les métiers de la métallurgie ne sont pas moins affectés par ce désintérêt. « On accole trop souvent une image négative aux métiers de techniciens, déplore Hugo Cosnefroy, alors que les conditions de travail se sont largement améliorées. »
Des initiatives locales se mettent en place dans les territoires concernés par le nucléaire. Une formation initiée par des PME a ainsi vu le jour dans le Cotentin. « On s’est relevé les manches pour réagir face au manque de candidats soudeurs. On ne voulait plus renoncer aux grosses commandes. La métallurgie dans le Cotentin a de l’avenir, avec le chantier de l’EPR notamment », s’enthousiasme Hugo Cosnefroy. L’opération est née en 2018. Objectif : occuper les 1 000 postes de soudeurs vacants dans la région Normandie. « Les formations classiques ne correspondaient pas à la réalité du métier. Les quinze entreprises partenaires ont formulé leurs exigences et les formations ont été adaptées en fonction », explique Ludovic Roualle, conseiller industrie à la chambre de commerce et d’industrie de Normandie.
« Une paire d’EPR tous les cinq ans »
A l’échelle nationale, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a demandé au patron d’EDF de lui remettre, avant la fin novembre, un « plan d’action » portant notamment sur la mise en place d’un « plan de compétences » précis. Mais chacun sait que la prolongation des réacteurs actuels ne suffira pas. Les dirigeants de la filière clament depuis plusieurs mois que seul le lancement de nouveaux chantiers d’EPR pourra remplir les carnets de commandes. « La construction d’une paire d’EPR tous les cinq ans est vitale pour optimiser la gestion et le développement des compétences des acteurs. La pérennité de l’ensemble de la filière est en jeu », plaide ainsi Valérie Faudon, déléguée générale de la SFEN. Selon cette organisation qui défend les intérêts de la filière, 40 % des entreprises du secteur sont au-dessous du seuil d’activité souhaitable pour assumer leurs charges. Une majorité de dirigeants se projettent difficilement au-delà des trois prochaines années.
Mais les entreprises de la filière ne sont pas toutes touchées de la même façon. Les gros acteurs peuvent exploiter leurs compétences à l’étranger. C’est le cas d’Orano (ex-Areva) : le groupe, qui fournit et recycle le combustible, emploie 16 000 collaborateurs, dont plus de 12 000 en France. En 2018, 53 % de son chiffre d’affaires était réalisé à l’étranger. « Les décisions prises aujourd’hui concernant l’arrêt de réacteurs n’auront pas de conséquence à court terme mais pourront avoir un impact au milieu de la prochaine décennie », prévient toutefois le groupe.
Ce sont bien les PME – qui représentent 80 % des entreprises de la filière – qui sont les plus vulnérables. Pour Manoir ACPP, qui emploie 260 salariés, l’enjeu d’un chantier comme l’EPR est colossal – 75 % de son chiffre d’affaires du nucléaire. « Un chantier peut remplir nos carnets de commandes pendant des années. Si d’autres chantiers se mettent en marche, ça nous donnera sûrement envie de nous projeter dans l’avenir et d’investir », estime la DRH, Isabelle Beaubras.
Un scénario 100 % énergies renouvelables ?
La décision de renouveler le parc nucléaire français est désormais une décision politique. A l’origine, Emmanuel Macron souhaitait se prononcer à la mi-2021, avant l’élection présidentielle. Mais cette date a été compromise par les nouvelles difficultés de l’EPR de Flamanville, et le gouvernement est aujourd’hui beaucoup plus flou sur son calendrier. Il a demandé à EDF de travailler sur un scénario de construction de six EPR en quinze ans. Mais la ministre de la transition écologique et solidaire a laissé la porte ouverte à un scénario 100 % énergies renouvelables – sans donner la moindre précision sur cette option.
> Lire aussi Nucléaire : le programme de futurs EPR pourrait coûter au moins 46 milliards d’euros
Dans la filière – qui dispose de sérieux appuis à Matignon et à Bercy –, on n’imagine pas que l’Etat abandonne une filière qui a longtemps été la vitrine d’un savoir-faire français d’excellence. « Si on ne construit plus d’EPR, on sera sûrement contraint d’importer la technologie de Chine, où le savoir-faire est désormais installé »,explique l’économiste Jacques Percebois, directeur du Centre de recherche en économie et droit de l’énergie.
+ Infographie : L’EPR, avenir ou fardeau de la filière <https://img.lemde.fr/2019/12/05/0/0/1068/2136/630/0/60/0/6d4e910_HOGnakutRiShO-7ZLjw-hgaY.png>
L’image du nucléaire, assombrie par les accidents de Tchernobyl et Fukushima, a été encore écornée ces dernières années par les dérives du chantier de Flamanville. « On voit des personnalités publiques dans les médias qui annoncent la fin de la filière, ça n’aide pas à garder le moral », s’inquiète Virginie Neumayer. En juin 2018, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, a résumé, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, la situation dans laquelle la filière se trouve empêtrée : « Si je devais utiliser une image pour décrire notre situation, ce serait celle d’un cycliste qui, pour ne pas tomber, ne doit pas s’arrêter de pédaler. »
Un argument qui ne convainc pas tous les experts du nucléaire. « D’un point de vue national, ça n’a jamais de sens de maintenir une activité économique uniquement parce que des emplois en dépendent. C’est contre l’idée d’une politique industrielle viable sur le long terme », affirme ainsi Yves Marignac, directeur de Wise-Paris, une agence indépendante sur le nucléaire, très critique sur l’EPR. Mais les salariés de la filière refusent d’entendre ce point de vue : « J’ai construit toute ma vie dans la Drôme, explique Aurélien. Si on ferme la centrale [du Tricastin], je devrais partir ou changer de métier – et ça, c’est inconcevable. »
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Le nucléaire français a-t-il encore un avenir ?
Les difficultés financières d’EDF et les dérapages de la construction de l’EPR, mis en avant par le rapport de Jean-Martin Folz, remis le 28 octobre, ont relancé le débat sur la pérennité du modèle économique de la filière.
> « Il faut reconstruire d’urgence une filière nucléaire d’excellence » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/22/il-faut-reconstruire-d-urgence-une-filiere-nucleaire-d-excellence_6020170_3232.html>, par Colette Lewiner
> « La France ne doit pas divorcer du nucléaire par inadvertance » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/22/la-france-ne-doit-pas-divorcer-du-nucleaire-par-inadvertance_6020172_3232.html>, par Christian Stoffaës
> « L’entêtement nucléaire risque de faire commettre à la France une faute de politique industrielle historique » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/22/l-entetement-nucleaire-risque-de-faire-commettre-a-la-france-une-faute-de-politique-industrielle-historique_6020169_3232.html>, par Aurélien Saussay
> « Pourquoi ne pas investir dans des usines photovoltaïques plutôt que dans de nouveaux EPR ? » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/22/pourquoi-ne-pas-investir-dans-des-usines-photovoltaiques-plutot-que-dans-de-nouveaux-epr_6020171_3232.html>, par Daniel Lincot
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/08/le-grand-blues-du-nucleaire-francais_6022110_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/08/le-grand-blues-du-nucleaire-francais_6022110_3234.html>>
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2- Entretien. Nucléaire : « L’Etat manque de vision à long terme », Le Monde, 08/12/19, 16h30
Propos recueillis par Louisa Benchabane
Dans un entretien au « Monde », l’économiste Gabriel Colletis passe en revue l’évolution de la politique industrielle de la France concernant l’énergie atomique.
Gabriel Colletis est professeur à l’université de Toulouse-I et président de l’Association du manifeste pour l’industrie.
La part du nucléaire dans le mix énergétique français atteint 72 % : un record dans le monde. Comment l’expliquer ?
Le développement de l’énergie nucléaire en France s’inscrit dans une perspective gaullienne de souveraineté énergétique. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’idée est que l’énergie constitue en premier lieu un bien public et que, à ce titre, sa gestion ne peut demeurer dans les mains de sociétés privées. Le but est de doter la France d’une énergie ne dépendant ni du pétrole ni du nucléaire américain. Dans cette optique, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) est l’une des pièces maîtresses. Il est à l’origine du développement en France des centrales graphite-gaz. Mais la technologie est vite abandonnée sous la pression d’EDF, au profit du réacteur américain à eau pressurisée – dit PWR –, plus puissant et mieux diffusé dans le monde.
Le programme électronucléaire français a bénéficié d’un financement public important. Mais l’Etat est intervenu bien plus largement et de façon organisée. Il a mis en place tous les outils nécessaires pour assurer la souveraineté de la filière. Il est devenu chercheur par le biais de la création du CEA, mais aussi client à travers Electricité de France (EDF) et, enfin, constructeur, en détenant une part du capital des opérateurs de la filière, dont Framatome.
Aujourd’hui, comment le choix du tout-nucléaire impacte-t-il les politiques énergétiques ?
« Le tout-quelque chose » est un péché français. On le paie aujourd’hui. Aucune autre énergie ne peut répondre aussi massivement aux besoins en électricité de la France. L’électrification massive des logements dans le pays a contribué à accroître la demande en énergie. Alors que la demande d’électricité dans les différents modes de mobilité ne peut que croître (véhicules électriques rechargeables, trains, etc.), une des solutions va consister à réduire la demande en électricité là où on le peut (logements et bâtiments publics, notamment par leur rénovation thermique). Mais, surtout, il faut rééquilibrer le mix énergétique car la part du nucléaire est devenue excessive, à tel point qu’il est extrêmement difficile de laisser de la place aux énergies renouvelables.
Quel avenir peut-on imaginer pour le nucléaire ?
Avec la dépendance qui existe de fait, la France ne va pas tourner la page du nucléaire facilement. Une période difficile de dix ans s’annonce pendant laquelle il va falloir maintenir l’outil en se désengageant progressivement de l’énergie nucléaire. Mais on voit que l’Etat manque de vision à long terme. L’arrêt des recherches autour du réacteur de quatrième génération Astrid l’illustre parfaitement. Ce programme – centré sur le retraitement des déchets nucléaires – représentait un grand pas en termes d’innovation pour la filière. C’est une défaillance : on est prêt à investir des milliards sur l’EPR de Flamanville mais on est incapable de mettre des dizaines de millions d’euros pour préserver le programme Astrid.
> Lire aussi Les doutes et les fragilités du secteur nucléaire français
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/08/nucleaire-l-etat-manque-de-vision-a-long-terme_6022108_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/08/nucleaire-l-etat-manque-de-vision-a-long-terme_6022108_3234.html>>
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3- A Fessenheim, quelques reconversions et beaucoup de craintes pour l’avenir, Le Monde, 08/12/19, 16h30
Louisa Benchabane
La fermeture de la doyenne des centrales nucléaires françaises, prévue en 2020, soulève les inquiétudes de la majorité des 1 000 employés qui dépendent directement du site.
A bord de sa camionnette grise où les clés à molette côtoient les jouets de ses enfants, Clément Satori sillonne l’Alsace tous les jours pour offrir ses services de frigoriste. Les appels s’enchaînent sur son téléphone fixé au tableau de bord. Aussitôt un chantier terminé à Colmar, il reprend la route pour Strasbourg, où un climatiseur en panne l’attend. « C’est moins routinier qu’à Fessenheim, même si j’aimais ça », confie-t-il, toujours un sourire aux lèvres.
Il y a trois ans, cet électricien de formation a troqué son uniforme d’agent EDF à la centrale nucléaire de Fessenheim pour se mettre à son compte. « Je suis content de m’être épargné les angoisses autour de la fermeture », raconte-t-il. Laisser partir ce bon élément n’a pas été simple pour ses responsables, tant la perte de compétences est criante dans le secteur. Aujourd’hui, il met à contribution l’expérience acquise en centrale pour réparer et poser des systèmes de climatisation. Grandes surfaces, petites et grosses entreprises de la région, la liste de ses clients n’a cessé de s’allonger : « On peut dire que j’ai réussi ma reconversion. »
Rien ne laissait présager qu’il changerait de voie. Un poste à la centrale de Fessenheim était une aubaine pour rejoindre sa famille, déjà installée en Alsace. Les dix ans passés à écumer la France pour son premier employeur, RTE ( Réseau de transport d’électricité), pesaient sur son entourage. « Quand j’ai commencé à Fessenheim, tout le monde savait que la centrale fermerait un jour, mais ça nous paraissait loin et on nourrissait l’espoir de garder nos postes, se souvient-il. Ça nous semblait fou que les politiques décident de fermer une entreprise avec autant d’emplois. Je ne voulais pas y croire. »
« L’avenir est incertain »
La sentence est tombée en septembre 2019. La doyenne des centrales fermera définitivement en 2020. La décision plonge tout un territoire dans l’inquiétude. Nichée à 30 kilomètres de Mulhouse (Haut-Rhin) et de Colmar, la centrale nucléaire de Fessenheim emploie près de 700 salariés EDF, auxquels s’ajoutent 280 salariés d’entreprises prestataires. EDF est l’acteur économique majeur du bassin rhénan. Qu’adviendra-t-il des employés ?
« Je suis parti car, petit à petit, nos conversations entre collègues ne tournaient plus qu’autour de la fermeture. J’étais rongé par la peur de devoir une fois de plus quitter la région », confie Clément. L’artisan – comme il aime se qualifier – côtoie toujours son ancienne équipe de Fessenheim. « Beaucoup ont peur de partir et de tout reconstruire. Seuls certains songent à quitter le nucléaire pour travailler dans le privé », indique-t-il.
> Lire aussi Les doutes et les fragilités du secteur nucléaire français
En réponse, EDF assure qu’« aucun salarié ne sera laissé sur le carreau ». L’électricien a signé, en février 2018, un contrat de transition énergétique pour l’avenir du territoire de Fessenheim. Les agents EDF de la centrale dont la fonction n’est pas nécessaire pendant le démantèlement seront « déployés sur l’ensemble des unités du parc nucléaire », indique le groupe. Une cellule d’accompagnement spécialisée a été mise en place avec les pouvoirs publics pour les employés des entreprises prestataires. « Tous les salariés redéployés doivent laisser une vie de famille qu’ils ont construite en Alsace pour tout recommencer ailleurs ; ils n’en ont pas envie, confie Jean-Luc Cardoso, délégué CGT sur le site de Fessenheim. C’est mon cas ; et l’avenir est incertain pour beaucoup d’entre nous. »
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/08/a-fessenheim-quelques-reconversions-et-beaucoup-de-craintes-pour-l-avenir_6022109_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/08/a-fessenheim-quelques-reconversions-et-beaucoup-de-craintes-pour-l-avenir_6022109_3234.html>>
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4- UE : 3,2 milliards d'euros pour l'"Airbus des batteries électriques", AFP, 09/12/19, 17:00
Clément Zampa
Une aide colossale de 3,2 milliards d'euros pour développer une filière européenne des batteries électriques : Bruxelles a donné son feu vert à cet "Airbus des batteries", qui entend concurrencer l'Asie pour des transports plus propres.
Le versement de cet argent public, par sept Etat membres dont l'Allemagne et la France, à un consortium de 17 entreprises, a été autorisé lundi par la Commission européenne.
Cette aide doit engendrer la mobilisation de "5 milliards d'euros supplémentaires en investissements privés", ce qui permettra aux Européens, espère Bruxelles, de faire face aux producteurs chinois, très en avance dans ce secteur.
Dans le détail, l'Allemagne est autorisée par Bruxelles à investir jusqu'à 1,25 milliard d'euros. Viennent ensuite la France (960 millions), l'Italie (570 millions), la Pologne (240 millions), la Belgique (80 millions), la Suède (50 millions) et la Finlande (30 millions).
Ce "projet important d'intérêt européen commun" (PIIEC) comptera 17 participants directs de toute la filière, comme le constructeur automobile BMW ou les chimistes BASF et le belge Solvay, mais aussi des petites et moyennes entreprises (PME).
Ces entreprises collaboreront "étroitement les unes avec les autres et avec plus de 70 partenaires externes", des entreprises mais aussi "des organismes publics de recherche de toute l'Europe", selon le communiqué de Bruxelles.
- "Risques financiers" -
"L'aide autorisée permettra de garantir que ce projet important ira de l'avant sans fausser indûment la concurrence", a estimé la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager.
L'objectif du projet, qui court jusqu'en 2031, est de développer des batteries lithium-ion "qui ont une plus longue durée de vie", "se rechargent plus vite" et "sont plus sûres et plus respectueuses de l'environnement que les batteries actuellement sur le marché".
"La demande de batteries devrait augmenter très rapidement au cours des années à venir", selon la Commission.
Or, le retard des pays européens dans le secteur des batteries, en particulier face à la Chine, est régulièrement relevé par les acteurs du secteur automobile.
Selon la Commission, les "risques technologiques et financiers importants" qui accompagnent ce vaste projet justifient l'octroi d'une telle aide publique.
Mais "une part importante des bénéfices supplémentaires réalisés par les participants sera partagée avec les contribuables grâce à un mécanisme de récupération", indique-t-elle.
Cela signifie que si les projets "dégagent des revenus nets supplémentaires dépassant les projections, les entreprises restitueront aux États membres respectifs une partie de l'argent perçu auprès des contribuables".
Le ministre allemand de l'Economie, Peter Altmaier, s'est félicité dans un communiqué de ce "grand succès".
- Recyclage -
"Toute la chaîne de valeur de la filière des batteries pourra se déployer sur le sol européen, permettant ainsi de maintenir une production industrielle solide en Europe", a pour sa part insisté le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire.
Ce projet "contribuera à la réalisation de l'objectif fixé par l'Union européenne de devenir le premier continent neutre en carbone d’ici à 2050, a-t-il ajouté.
Bruxelles souligne d'ailleurs que le projet vise à "améliorer la durabilité environnementale" de la production, en réduisant son empreinte carbone et la quantité de déchets, mais aussi en mettant au point le démantèlement des batteries et leur recyclage.
La lutte contre le réchauffement climatique fait partie des priorités de la Commission, qui doit présenter mercredi ses premières mesures en la matière.
Les cellules lithium-ion sont essentielles aux batteries rechargeables de voitures électriques, mais peu de constructeurs se hasardent à les produire eux-mêmes car cela suppose des investissements colossaux pour des volumes encore limités. Beaucoup préfèrent conserver le choix entre plusieurs fournisseurs spécialisés, d'autant que les technologies évoluent rapidement.
Actuellement, seul 1% de la production mondiale de cellules lithium-ion émane de l'Union européenne, alors que le marché mondial des batteries auto pourrait atteindre 45 milliards d'euros en 2027, dont 20% à 30% en Europe, selon le cabinet BCG.
<https://www.geo.fr/environnement/ue-plus-de-3-2-milliards-deuros-pour-l-airbus-des-batteries-electriques-198963>
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5- EDF doit verdir plus rapidement sa production d’électricité, Le Monde, 10/12/19, 10h45
Jean-Michel Bezat
Le groupe public promet de disposer de 50 GW de capacités renouvelables (hydraulique, solaire, éolien) d’ici à 2030.
Verdir leur production et tendre vers le « zéro carbone » : tous les groupes d’énergie européens en ont fait une priorité, du français Engie à l’italien Enel, l’allemand Innogy, l’espagnol Iberdrola ou le portugais EDP. Une trajectoire plus difficile à suivre pour EDF, premier exploitant mondial de centrales nucléaires, qui s’est pourtant engagé sur une trajectoire ambitieuse afin de disposer de 50 gigawatts (GW) de capacités renouvelables (hydraulique, solaire, éolien…) en 2030, soit presque autant que le nucléaire (63 GW).
> Lire aussi Nucléaire : comment le gouvernement travaille en catimini à la construction de six nouveaux EPR
Le groupe public doit s’inscrire dans le cadre de la loi énergie-climat, qui prévoit 40 % d’électricité à partir des renouvelables en 2030, soit le double de la production actuelle (21 %). Or cet objectif est hors de portée au rythme actuel de leur déploiement, surtout dans le solaire. EDF a annoncé, lundi 9 décembre, une « accélération » de son développement dans l’éolien et le solaire. Elle s’accompagnera d’un « rééquilibrage géographique et technologique », vers la France notamment.
Ce coup d’accélérateur intervient deux ans après l’engagement pris par son PDG de mobiliser 25 milliards d’euros sur quinze ans en faveur d’un « plan solaire » prévoyant l’installation de 30 GW de panneaux solaires dans le monde. L’annonce de Jean-Bernard Lévy était à la fois de circonstance et stratégique. Il avait dévoilé ce plan au moment où Paris accueillait le One Planet Summit sur la lutte contre le réchauffement climatique, organisé avec les Nations unies.
Dans le photovoltaïque, l’objectif est d’atteindre 30 % du marché
Le groupe devait aussi montrer qu’il accélérait l’exécution de son plan stratégique CAP 2030. « Nous voulons faire d’EDF un leader mondial de l’électricité neutre en carbone en nous appuyant sur le nucléaire et les énergies renouvelables », indique Bruno Bensasson, directeur exécutif chargé de celles-ci. Et donner enfin l’exemple dans l’Hexagone, où il a franchi la barre symbolique de 2 GW de solaire et d’éolien (1,6 GW) raccordés au réseau en 2019. « Cela couvre la consommation résidentielle de 1 million d’habitants », indique Nicolas Couderc, directeur France d’EDF Renouvelables.
> Lire aussi « Pourquoi ne pas investir dans des usines photovoltaïques plutôt que dans de nouveaux EPR ? »
Dans le photovoltaïque, l’objectif est d’atteindre 30 % du marché français d’ici à 2035. Entre l’identification d’un site jusqu’à la mise en service du parc solaire, il s’écoule de quatre à cinq ans. EDF affirme que, après avoir mené « avec succès » la phase préparatoire, ses équipes sont entrées dans le déploiement opérationnel des centrales.
En 2018-2019, il a multiplié par sept les surfaces foncières nécessaires à ses parcs (2 000 hectares), par cinq le nombre de projets ayant un permis de construire et par six celui des appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie remportés. L’électricien juge être ainsi capable de développer en France 1 GW de photovoltaïque en moyenne par an entre 2020 et 2028 pour atteindre 10 GW de capacités en 2028 et 30 GW en 2035.
« Année record » des éoliennes
Un autre secteur se développe rapidement, notamment avec l’appui d’Enedis, la filiale qui gère le réseau de distribution d’électricité : l’autoconsommation de courant grâce aux panneaux solaires installés sur les toitures. EDF revendique 20 % du marché français, soit 10 000 installations résidentielles et une centaine dans l’industrie et le tertiaire.
> Lire aussi Eoliennes : la filière française prend son envol
EDF s’est longtemps concentré sur les marchés internationaux, les projets français mettant de sept à huit ans à sortir de terre. Son développement est porté par les pays du golfe Arabo-Persique (Abou Dhabi, Arabie saoudite), l’Afrique du Nord (Maroc, Egypte), l’Inde et les Etats-Unis.
Il reste que 2019 a été une « année record » pour les installations d’éoliennes terrestres dans l’Hexagone (+ 0,2 GW), dont les deux tiers des projets sont retardés de plusieurs années par des procédures juridico-administratives, qui touchent également les éoliennes en mer. Après l’expiration de tous les recours, EDF a pu annoncer le lancement de la construction du parc de Saint-Nazaire (0,48 GW) – le premier sur les côtes françaises – pour une mise en service en 2022, dix ans après avoir remporté l’appel d’offres ; et celle d’un parc en Ecosse (0,45 MW) en juin 2020. Il a aussi remporté l’appel d’offres du site de Dunkerque (0,6 GW), qu’il exploitera avec Innogy et le canadien Enbridge.
Si EDF peut revendiquer sa place de numéro un des renouvelables dans l’Union européenne, c’est en y intégrant ses barrages hydroélectriques. En ne retenant que l’éolien et le solaire, il arrive derrière Engie en France. « On a envie d’accélérer en France à un moment où le coût des technologies a beaucoup chuté [surtout celui des panneaux solaires] et où la programmation pluriannuelle de l’énergie montre une forte accélération sur les renouvelables », souligne M. Bensasson. EDF, qui reste le bras armé de l’Etat en matière d’énergie, doit y consacrer une part importante de ses investissements. Même s’il lui faut dans le même temps mobiliser des capitaux énormes pour moderniser ses 58 réacteurs nucléaires et partir à la reconquête du marché des centrales atomiques, aujourd’hui dominé par la Russie et la Chine.
> Lire aussi Jean-Bernard Lévy : « Il est clair que la France se prépare à construire de nouvelles centrales nucléaires »
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/10/edf-doit-verdir-plus-rapidement-sa-production-d-electricite_6022316_3234.html>
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6- EDF et Veolia vont démanteler les six plus vieux réacteurs nucléaires français, Le Monde, 10/12/19, 15h49
Jean-Michel Bezat
Les deux groupes ont annoncé, mardi, la création d’une coentreprise, Graphitech. Elle commencera par travailler sur la centrale de Chinon, arrêtée en 1985.
La vieille centrale nucléaire de Chinon (Indre-et-Loire) est encore familière aux riverains, avec sa sphère de béton très reconnaissable, même si elle ne produit plus d’électricité depuis trente ans. Ses trois réacteurs faisaient partie, avec les deux tranches de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) et celle de Bugey (Ain), de la filière française dite « UNGG » (uranium naturel graphite gaz), abandonnée en 1969 au profit de la technologie de l’américain Westinghouse (eau légère pressurisée).
Dans le cadre du partenariat EDF-Veolia, signé en juin 2018, le numéro un mondial du nucléaire et le premier groupe de services à l’environnement ont annoncé, mardi 10 décembre, la création d’une coentreprise chargée de déconstruire ces six réacteurs. Baptisée « Graphitech », « elle aura en charge des développements technologiques et des études d’ingénierie, nécessaires à la préparation du démantèlement », expliquent-ils dans un communiqué. Un long travail !
Graphitech devra en priorité fournir à EDF, en 2028, « un scénario optimisé » pour le réacteur de Chinon A2, arrêté en 1985, et « proposer un programme d’essais qui permettra de tester les solutions technologiques nécessaires à la réalisation des opérations ». Les deux partenaires espèrent que ces solutions pourront être appliquées aux cinq autres réacteurs lancés entre 1956 et 1972. Et, plus largement, à la cinquantaine d’installations de ce type dans le monde (Royaume-Uni, Espagne, Italie, Lituanie et Japon).
« Le combustible a été évacué »
EDF a déjà commencé des travaux sur ces sites. « Le combustible, qui représentait la quasi-totalité du risque, a été évacué », rassure l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Mais il avait besoin de Veolia, dont l’un des axes de développement porte précisément sur le démantèlement et l’assainissement des sites industriels dangereux, comme les usines Seveso. Et, plus récemment, des installations nucléaires comme celles de Marcoule (Gard), site historique de production du plutonium militaire, et de Cadarache (Bouches-du-Rhône).
> Lire aussi En France, le nucléaire produit des déchets qui resteront dangereux pendant des millénaires
L’accord de juin 2018 prévoit que Veolia apporte son expérience en matière de technologies d’interventions à distance (robotique), pour « concevoir et réaliser des solutions innovantes » permettant d’accéder au cœur des réacteurs UNGG, de découper et d’extraire les composants dans des conditions de sûreté et de sécurité optimales. Parallèlement, les deux groupes travaillent à une solution industrielle de vitrification des déchets de faible et moyenne activité sur la base de la technologie GeoMelt de Veolia.
« Pas acceptable » d’attendre… 2070
En 2016, EDF avait prévenu l’ASN qu’il voulait revoir sa technologie et le rythme du démantèlement des « UNGG ». Il prévoyait au départ de démanteler les caissons irradiés, c’est-à-dire les cœurs des réacteurs, en les noyant (« sous eau »). Toutefois, face à des difficultés techniques majeures, il a obtenu de l’ASN que les opérations se fassent « sous air ». De plus, l’électricien voulait déconstruire complètement un réacteur avant de s’attaquer aux cinq autres.
Le « gendarme du nucléaire », partisan d’une déconstruction rapide, n’avait pas caché que « cette nouvelle stratégie conduit à [la] décaler de plusieurs décennies » pour ces réacteurs. Et il a jugé, en juillet, qu’il n’était « pas acceptable »d’attendre… 2070, pour le retour de cette première expérience. Il lui donne jusqu'à 2055 « au plus tard » pour débuter les travaux sur les cinq autres.
> Lire aussi La France face au fardeau des déchets nucléaires
Conçue par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et EDF au lendemain de la seconde guerre mondiale, au nom de l’indépendance énergétique (et militaire) décidée par le général de Gaulle, cette filière avait l’avantage de s’épargner la phase, coûteuse et énergivore, de l’enrichissement de l’uranium. Elle a néanmoins subi deux accidents graves à Saint-Laurent-des-Eaux, en 1969, et surtout en 1980. Et elle présentait de gros inconvénients (inertie thermique, système de refroidissement très lourd…), jusqu’à la complexité du démantèlement, dont les travaux risquent de s’étaler jusqu’à la fin du siècle.
> Lire aussi Les déchets nucléaires de faible activité, un marché attractif
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/10/edf-et-veolia-vont-demanteler-les-six-plus-vieux-reacteurs-nucleaires-francais_6022361_3234.html>
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7- Le nucléaire, énergie d’avenir ? « Trop cher et trop lent pour sauver le climat », L’Obs, 10/12/19, 16h17
Sébastien Billard
Selon le World Nuclear Industry Status Report 2019, investir dans de nouvelles centrales « serait la pire chose à faire » pour contrer le réchauffement climatique.
Le nucléaire est-il vraiment bon pour le climat ? A en croire un rapport d’experts, la réponse à cette question est bien moins affirmative qu’il n’y paraît. Si cette énergie est indiscutablement peu émettrice de CO2, elle n’est pas pour autant la meilleure réponse à la crise climatique à laquelle nous devons faire face, souligne l’édition 2019 du World Nuclear Industry Status Report (WNISR).
Pour Mycle Schneider, le coordinateur de cet épais rapport annuel, auquel ont contribué huit experts interdisciplinaires, investir dans de nouvelles centrales n’est pas une bonne idée. Ce serait même « la pire chose à faire si l’on veut lutter efficacement contre le réchauffement climatique », explique-t-il à « l’Obs ».
Alors que l’urgence climatique impose de réduire très rapidement nos émissions carbonées, l’atome présente, à l’entendre, deux énormes points faibles : le temps de construction des centrales et leurs coûts. « Le nucléaire est trop cher et trop lent pour sauver le climat », résume le consultant, expert en énergie.
« L’urgence climatique est telle que les investissements doivent être consacrés en priorité aux solutions énergétiques les plus efficaces, les plus économiques et les plus rapides. »
Autrement dit, aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (rendre les bâtiments moins énergivores).
> Lire aussi Climat : la France n’est pas (encore) dans les clous pour limiter le réchauffement à 1,5°
>> Suite à lire (offre à 1 €) à :
<https://www.nouvelobs.com/planete/20191210.OBS22162/le-nucleaire-energie-d-avenir-trop-cher-et-trop-lent-pour-sauver-le-climat.html>
En savoir plus
> Online. World Nuclear Industry Status Report 2019 <https://www.worldnuclearreport.org/-World-Nuclear-Industry-Status-Report-2019-.html>, 27/09/19
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8- Contournement routier de Beynac : la justice annule le projet controversé, AFP, 10/12/19, 18:00
Philippe Bernes-Lasserre
La justice a fourni mardi aux défenseurs de l'environnement et du patrimoine une victoire retentissante, à défaut d'être finale, dans un dossier emblématique : le projet de contournement routier de Beynac (Dordogne), un des plus beaux villages de France, est annulé, et les travaux réalisés devront être démolis.
Epilogue d'une saga de 30 ans mêlant infrastructures, sécurité routière, environnement et patrimoine, la cour administrative d'appel de Bordeaux a suivi les juges de première instance en annulant un arrêté de 2018 qui autorisait les travaux. Ceux-ci sont stoppés depuis 12 mois.
Et elle a "enjoint" le département de la Dordogne, porteur du projet, "d'engager le processus de démolition" des éléments déjà construits (notamment deux piles de pont dans le lit de la Dordogne) dans un délai d'un mois et de "procéder à l'ensemble des opérations de démolition" et à la "remise en état des lieux dans un délai global de 12 mois".
Fallait-il ou pas construire une rocade de contournement de 3,2 km, un projet de 32 millions d'euros, autour de Beynac-et-Cazenac, village de 550 âmes au pied d'une forteresse classée du XIIe siècle, sur un axe routier départemental Bergerac-Sarlat fréquenté, avec des pics à 10.000 véhicules par jour en haute saison touristique ?
Opposants et partisans du projet se renvoient les arguments.
D'un côté sécurité, fluidité du trafic, baisse des nuisances sonores, de la pollution. De l'autre, atteinte dans un site classé Natura 2000 et "réserve de biosphère", à l'habitat de plus de 120 espèces - chiroptères, mammifères semi-aquatiques, reptiles ou amphibiens -, dont quelques protégées.
Sans compter l'impact visuel à une vallée parsemée de châteaux, qui a valu aux opposants le soutien remarqué de Stéphane Bern. "Hors sujet", balaient les pro-contournement, relevant que les juridictions ont évoqué sécurité et environnement, pas paysage ou patrimoine.
- Intérêt public "majeur" ou pas ?-
Mais la Cour a estimé que le projet ne répond pas à une "raison impérative d’intérêt public majeur" - les cinq mots-clefs du dossier - qui seule permettrait de déroger à l’interdiction de porter atteinte aux espèces et à leur habitat, aux termes du Code de l'environnement.
Les juges ont retenu "en particulier la réalité des atteintes portées par le projet à un grand nombre d’espèces animales protégées et à leurs habitats", ainsi que "l’amélioration des conditions de circulation apportées en 2017 par les travaux de voirie" à Beynac, "rendant le contournement moins utile".
L'avocat du département, Me Xavier Heymans, a assuré à l'AFP qu'un pourvoi en cassation devant le Conseil d'Etat serait formé "dans les semaines qui viennent", ainsi qu'un sursis à exécution pour la démolition.
Les opposants ont salué "après 30 ans de combat, une victoire (...) Mais que de temps perdu, que de procédures pour faire primer le droit et le bon sens !", a réagi Philippe d’Eaubonne, président de l’Association de Sauvegarde de la Vallée de la Dordogne.
Il s'est indigné que le département n'ait pas attendu la justice avant d'engager les travaux "ce qui aurait évité au contribuable de financer les constructions illégales du département, puis leur destruction !". A l'audience fin novembre, l'avocate des opposants, Corinne Lepage, avait fustigé cette "course du bulldozer contre le juge : foncer et construire le plus de choses possibles afin de les rendre irrémédiables".
Interrogé par l'AFP, le président PS du département, Germinal Peiro, a déploré une situation "totalement ubuesque", qui verrait la démolition ajouter 15 millions de surcoût à un projet achevé à 60%, et porter une nouvelle atteinte à l'environnement. Le premier coup de pioche semble en effet encore loin, la Cour n'ayant pas assorti l'injonction de démolir d'astreinte financière.
La décision de mardi "n'est qu'une étape", souligne M. Peiro, préfigurant de nouvelles saisons à la saga Beynac.
<https://www.lepoint.fr/societe/contournement-routier-de-beynac-la-justice-annule-le-projet-controverse-10-12-2019-2352320_23.php>
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9- Canada : vol d'essai réussi pour le premier hydravion commercial électrique, AFP, 11/12/19, 01:00
Un hydravion de six places présenté comme le premier appareil commercial électrique du monde, a réussi son premier vol d'essai mardi près de Vancouver (ouest du Canada), selon une journaliste de l'AFP sur place.
L'appareil de la compagnie canadienne Harbour Air, un Beaver DHC-2 de Havilland de 62 ans équipé d'un moteur électrique, a effectué un vol de quelques minutes en début de matinée, au départ de l'aéroport de Vancouver, devant une centaine de curieux et de journalistes.
"C'est le début de l'ère de l'aviation électrique", s'est félicité Roei Ganzarski, président de la société magni-X de Seattle (Etats-Unis) qui a conçu le moteur électrique de 750 chevaux pour Harbour Air, principale compagnie d'hydravions d'Amérique du Nord.
L'appareil jaune et bleu était piloté par Greg McDougall, fondateur et président de la compagnie Harbour Air qui exploite une quarantaine d'hydravions et transporte chaque année quelque 500.000 passagers sur de courtes distances le long de la côte du Pacifique en Colombie-Britannique. "Notre but est d'électrifier toute la flotte, il n'y a aucune raison de ne pas le faire", a-t-il ajouté.
M. McDougall estime qu'il devra attendre encore au moins deux ans avant de commencer cette électrification: il faudra d'abord mener d'autres essais en vol pour tester la fiabilité de ce moteur puis obtenir les homologations nécessaires à son exploitation commerciale, selon lui.
"Pour moi c'était comme piloter un Beaver normal, sauf que c'était un Beaver sous stéroïdes électriques", a-t-il commenté après un vol le long de la rivière Fraser, qui jouxte l'aéroport. "En fait j'ai même dû contenir la puissance".
En raison des capacités de sa batterie, le "e-Beaver" testé mardi a une autonomie limitée à environ 160 km, ce qui correspond à la majorité des vols opérés par Harbour Air, a expliqué son PDG.
Des vols à bas coût à bord d'avions électriques pourraient transformer la façon dont les gens se déplacent, notamment pour se rendre à leur travail, selon lui.
"Si les gens sont prêts à conduire pendant une heure pour aller travailler, pourquoi pas voler pendant 15 minutes", a-t-il demandé.
Interrogé avant le vol d'essai, le ministre canadien des Transports Marc Garneau s'est dit très intéressé par cette expérience "parce que ça pourrait montrer la voie vers une façon de voler plus respectueuse de l'environnement".
Les Verts canadiens ont également salué une "étape importante : le début d'une nouvelle ère de l'aviation et la transformation des hydravions de Harbour Air en la première flotte commerciale entièrement électrique".
L'aviation représente environ 2% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2), selon les chiffres de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI).
En octobre dernier, lors de la dernière assemblée générale de l'institution onusienne basée à Montréal, les 193 pays membres se sont engagés à travailler sur un objectif à long terme (2050) pour limiter les émissions de CO2 des vols internationaux. Cet objectif sera discuté lors de la prochaine assemblée triennale en 2022.
<https://www.youtube.com/watch?v=kSuKTv0cabA>
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10- Chronique. « Les Etats-Unis nagent dans un océan de pétrole et de gaz », Le Monde, 11/12/19, 11h49
Philippe Escande
Nombre de pétroliers réduisent la valeur de leurs réserves face à l’abondante production américaine. Des décisions politiques pour sortir du carbone, comme le fait Bruxelles, influent de plus en plus sur la demande et les prix. Une nouvelle donne, estime Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
Chronique. Ce n’est pas encore la panique, mais la grande braderie. L’un après l’autre, les pétroliers révisent à la baisse la valeur de leurs actifs d’hydrocarbures. Le Californien Chevron, l’un des plus grands producteurs mondiaux, a annoncé mardi 10 décembre qu’il allait déprécier de près de 11 milliards de dollars (9,9 milliards d’euros) le prix de ses gisements, notamment dans le domaine du gaz. Il n’est pas le seul. Le britannique BP s’était livré à cet exercice en octobre, ainsi que l’espagnol Repsol et le groupe parapétrolier Schlumberger. Tous invoquent la chute des prix, notamment dans le gaz aux Etats-Unis. Jamais ils n’avaient été aussi bas depuis vingt ans. Quand Chevron y a investi lourdement dans les années 2010, le gaz de schiste se vendait deux fois plus cher qu’aujourd’hui.
Les Etats-Unis nagent dans un océan de pétrole et de gaz, en grande partie grâce à ses réserves de schiste. Pour la première fois depuis des décennies, le pays devrait redevenir en 2019 exportateur net d’hydrocarbures alors qu’il était le premier importateur mondial. La pression sur les prix est telle que l’Organisation des pays producteurs, l’OPEP, a annoncé vendredi 6 décembre une nouvelle réduction volontaire de sa production pour éviter que le cours du baril ne descende sous les 60 dollars. Et cela ne devrait pas s’arranger car plusieurs pays importants, comme le Canada, le Brésil et la Norvège, vont lancer en 2020 l’exploitation de nouveaux champs.
> Lire aussi L’Arabie saoudite fait tout pour soutenir les cours du pétrole
Pic de la demande
La controverse préférée des experts pétroliers concerne la date du pic de production de pétrole sur la planète. Ce jour fatidique où le volume produit baissera, menant inévitablement vers une augmentation de plus en plus forte des prix avec les conséquences économiques et sociales dramatiques que l’on peut imaginer. Sans cesse repoussée, cette date fatidique a été aperçue par l’agence internationale de l’énergie en 2005. Puis en 2018, face à des niveaux de production records, repoussée à 2025.
> Lire aussi « L’inquiétant yoyo des cours du baril »
Mais il semble qu’aujourd’hui ce soit plutôt le pic de la demande qui inquiète les majors pétrolières. C’est elle qui agit en ce moment sur les prix et contraint l’OPEP à diminuer ses livraisons d’or noir. La plus classique des explications est le ralentissement économique, dû notamment à la guerre tarifaire entre la Chine et les Etats-Unis. Mais la pression politique et sociale prend de l’ampleur. Les normes fixées par l’Union européenne sont en train de faire basculer à grande vitesse l’industrie automobile vers l’électrique.
> Lire aussi Pétrole : le marché mondial de l’or noir au bord de la crise
De plus, le « pacte vert », présenté ce mercredi 11 décembre par la nouvelle Commission européenne, va accélérer la sortie des énergies carbonées, avec un objectif de neutralité fixé en 2050 et, peut-être, l’instauration d’une taxe carbone aux frontières. Si le sursaut actuel, constaté aussi aux Etats-Unis, se poursuit, l’ère du pétrole bon marché pourrait paradoxalement être alors plutôt devant nous que derrière.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/11/les-etats-unis-nagent-dans-un-ocean-de-petrole-et-de-gaz_6022484_3234.html>
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11- Vaca Muerta, le pari risqué de la fracturation hydraulique en Argentine, AFP, 11/12/19, 13:00
Nina Negron
A Sauzal Bonito, petit village de la Patagonie argentine, le sol n'arrête pas de trembler et les maisons se fissurent. La faute au mégagisement d'hydrocarbures non conventionnels de Vaca Muerta, assurent des habitants hostiles à la fracturation hydraulique.
"Les secousses ont commencé il y a trois ans. Ma maison a été touchée, il y a des morceaux de mur qui tombent", raconte Marisol Sandoval, mère de trois enfants. Trois habitations, déclarées inhabitables par le gouvernement local, ont dû être reconstruites.
Sur ces plaines semi-désertiques, au pied de la Cordillère argentine, cohabitent des puits pétroliers et de gaz, des sites de fruiticulture et des restes de dinosaures.
De nombreuses compagnies pétrolières opèrent à Vaca Muerta, considéré par le département américain de l'Energie comme la deuxième réserve mondiale de gaz de schiste, et situé au quatrième rang mondial pour le pétrole de schiste.
Une manne financière pour ce pays fréquemment secoué par des crises économiques et constamment à la recherche de devises.
Mais les habitants du coin mettent en garde depuis plusieurs années contre la fracturation hydraulique.
Ce procédé consiste à créer des fissures souterraines et y infiltrer un mélange d'eau, de sable et de produits chimiques pour permettre l'extraction de gaz ou de pétrole capturé dans la roche.
"Ils disent que cette ressource leur appartient et que l'économie du pays en dépend. Mais ils affectent l'écosystème. L'eau et l'air ont été contaminés, les plantes se sont asséchées, des maladies sont apparues. Ils perforent, puis s'en vont. Et nous, on reste", déplore Lorena Bravo, porte-parole de la communauté locale des indiens Mapuche, opposés aux géants pétroliers.
Le gisement de Vaca Muerta s'étend sur 30.000 kilomètres carrés en Patagonie, à cheval sur les provinces de Neuquen, Rio Negro, la Pampa et Mendoza. Il représente 43% de la production totale de pétrole du pays, qui était de 505.000 barils par jour en juillet, et 60% de celle de gaz, de 144 millions de mètres cubes.
- "Illégal" -
Il y a encore quelques années, Añelo était un hameau qui vivait de l'élevage des chèvres et agneaux.
A présent, quelque 8.000 personnes y vivent, la plupart travaillant dans les hydrocarbures, au milieu des hôtels et d'un casino géant.
Aux alentours, se sont installés des indiens Mapuche qui assurent avoir été déplacés à cause des conséquences de la fracturation hydraulique.
"C'est une activité illégale sur un territoire Mapuche. Nous n'avons pas été consultés, alors que c'était notre droit", revendique Jorge Nahuel, une des représentants de cette communauté à Neuquen.
D'autres localités, comme Allen et Fernandez Oro, ont vu leurs champs d'arbres fruitiers diminuer face à l'avancée des groupes pétroliers, qui achètent ou louent les terrains pour les exploiter.
Cette zone est la principale région de production de pommes et de poires du pays.
"L'activité pétrolière existe depuis longtemps dans la région, mais elle se déroulait toujours dans des zones inhabitées. Au-delà de la fracturation hydraulique, ces dernières sept ou huit années, on a assisté à un changement: le rapprochement des exploitations des centres de population et des zones de production agricole", explique Agustin Gonzalez, de la faculté d'agronomie à Neuquen.
Selon cet expert, 20.000 hectares de production ont été perdues en 30 ans. Et cela a un impact sur le réchauffement climatique, assure-t-il, une exploitation d'arbres fruitiers absorbant bien plus de CO2 qu'un sol désertique.
Mariano Lavin, le maire de de Fernandez Oro, tente de contenir les géants des hydrocarbures avec ses maigres moyens. Il s'apprête à approuver un nouveau règlement local pour encadrer cette activité sur le territoire de sa commune.
"Après l'exploitation pétrolière, la terre n'est plus utilisable", explique-t-il.
Bien que les puits représentent une manne pour les provinces et les municipalités, Mariano Lavin estime que ce n'est pas suffisant. "On préfère la poire, la pomme, le vin et la bière", produits localement.
<https://www.geo.fr/environnement/vaca-muerta-le-pari-risque-de-la-fracturation-hydraulique-en-argentine-198997>
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12- Total au tribunal jeudi, assigné par six ONG pour ses activités en Ouganda, AFP, 11/12/19, 14:00
Les ONG dénoncent des "menaces" pour la biodiversité, un "accaparement" des terres : le groupe Total, assigné en justice pour ses activités en Ouganda, a rendez-vous jeudi matin au tribunal à Nanterre.
Il s'agit de la première action en justice en France basée sur la loi relative au "devoir de vigilance" des multinationales, selon les deux ONG françaises et les quatre ougandaises qui ont assigné en référé (procédure d'urgence) le groupe pétrolier fin octobre.
Ces ONG estiment que le groupe ne respecte pas la loi dite du "Rana Plaza", du nom de l'immeuble qui s'est effondré en 2013 au Bangladesh, causant la mort de 1.138 ouvriers.
Cette loi votée en 2017 impose aux groupes d'établir un "plan de vigilance" destiné à "prévenir les atteintes graves envers les droits humains et les libertés fondamentales, la santé et la sécurité des personnes ainsi que l'environnement", chez leurs sous-traitants ou fournisseurs à l'étranger.
Pour les ONG, le plan de Total publié en mars est trop parcellaire, en particulier ce qui concerne le projet "Tilenga" en Ouganda, opéré par Total aux côtés des compagnies chinoise CNOOC et britannique Tullow.
Il consiste à forer des puits de pétrole pour atteindre une production d'environ 200.000 barils par jour. Un projet associé EACOP prévoit la construction d'un oléoduc de plus d'un millier de kilomètres en Ouganda et en Tanzanie.
Un premier plan de réinstallation a touché près de 5.000 personnes et les ONG ont observé "des phénomènes de famine" et de "déscolarisation des enfants", explique Thomas Bart, militant de Survie qui a coordonné l'enquête sur le terrain.
Jeudi, deux Ougandais qui ont dû quitter leurs terres doivent témoigner devant le tribunal.
Par ailleurs, "Total va forer plus de 400 puits, majoritairement dans un parc naturel protégé [celui des Murchison Falls] qui est à la fois le plus vieux et le plus grand d'Ouganda", ajoute M. Bart.
Cette audience est "importante à deux titres": "le juge peut contraindre Total à mieux prévenir les risques de violations et donc changer ses pratiques en Ouganda" et "il y a un enjeu d'une correcte application de la loi" de 2017, souligne Juliette Renaud des Amis de la Terre France.
Sollicité lundi, Total a renvoyé à son communiqué publié fin septembre, dans lequel le groupe dit avoir "conscience des impacts potentiels pour les populations locales (...)".
"Total E&P Uganda et ses partenaires ont réalisé des évaluations détaillées des impacts sociétaux et environnementaux potentiels des projets" qui "ont permis de mettre en place les mesures afin d'éviter ces impacts ou de les minimiser", selon le groupe.
"Ces études d'impact ont été conduites dans le respect des standards nationaux et internationaux" et ont "nécessité la consultation de près de 70.000 personnes en Ouganda et en Tanzanie", affirme Total.
La décision sera mise en délibéré.
<https://www.lepoint.fr/societe/total-au-tribunal-jeudi-assigne-par-six-ong-pour-ses-activites-en-ouganda-11-12-2019-2352474_23.php>
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13- Le gaz du Moyen-Orient prospère, et exige toujours plus d'eau, AFP, 11/12/19, 16:00
Catherine Hours
Un gigantesque gisement gazier, et à côté une usine d'approvisionnement en eau. A Oman, comme ailleurs au Moyen-Orient, la production d'énergies fossiles exige toujours plus d'eau, dans des régions en manque.
Aux portes du Roub al-Khali (le "Quart vide"), plus grande mer de sable au monde, BP exploite depuis fin 2017 avec Oman Oil le principal champ de gaz omanais. Bientôt 300 puits, partis pour fonctionner 20 à 30 ans.
Pour forer jusqu'à au moins 5.000 mètres, il faut de l'eau, nécessaire à la fracturation hydraulique, dit Stewart Robertson, gestionnaire opérationnel du site de BP Khazzan, rencontré fin novembre par l'AFP.
"La roche est comme une grosse éponge avec de petits trous, nous injectons de l'acide et la pression ouvre légèrement les pores pour sortir le gaz", explique-t-il, jurant aussitôt de "l'attention portée à l'environnement".
Face à ce complexe, enchevêtrement massif de conduits, à des heures de route de la première ville, Veolia, géant français de la gestion de l'eau, a donc construit une installation chargée d'en fournir 6.000 m3 chaque jour.
Cette eau, il faut la faire venir. BP a identifié une nappe à 50 km, acheminant la ressource par canalisations à travers ce territoire invariablement plat, zébré de pylones et de pipelines.
Il faut ensuite la traiter, pour obtenir une eau ultra-pure pour injection dans les puits d'extraction, une eau désoxygénée contre la corrosion des chaudières, ainsi que de l'eau potable pour les employés sur les "bases de vie".
"Nous sommes un chaînon essentiel. Si on ne fournit pas la qualité requise, l'unité de BP s'arrête", souligne Xavier Vidal, directeur opérationnel de l'installation de Veolia, à l'occasion d'une visite de la direction du groupe, dont le PDG Antoine Frérot.
- Recycler l'eau -
Pour Jean-François Nogrette, vice-président de Veolia Technologies, "ce qu'on voit ici préfigure des situations attendues dans les années à venir en plusieurs endroits du Golfe".
D'abord parce que les hydrocarbures proches de la surface étant souvent déjà exploités, l'extraction en profondeur exigera plus d'eau.
Jusqu'ici, le pétrole est en outre fréquemment extrait avec du gaz, en Arabie saoudite notamment. Mais celui-ci gagnant en valeur, les exploitants se tournent vers l'eau, explique encore M. Nogrette, dont l'entreprise mène par exemple auprès de Saudi Aramco des projets pilotes.
En attendant, à Khazzan, l'eau d'injection, qui pourrait être recyclée, ne l'est pas, BP la stockant, avec sa saumure, son chlore et d'autres produits dans un bassin d'évaporation de 30 hectares.
Plus généralement, la question se pose aussi du sort de "l'eau produite": la plupart des puits, quand ils expulsent du pétrole ou du gaz, sortent de l'eau --souvent un volume de pétrole pour deux ou trois d'eau. Mais les exploitants la recyclent peu, même si les solutions techniques existent : "on commence à avoir des réglementations en mer du Nord", note M. Nogrette.
"Le monde du pétrole doit évoluer, il commence", assure-t-il, évoquant des "ateliers" avec Total ou BP.
"Le gaz naturel, comme le gaz de schiste ou le pétrole sont très dépendants de la ressource en eau", souligne Charles Iceland, expert au World Resources Institute (WRI).
Or, à l'avenir, "le Moyen-Orient aura besoin de plus en plus d'énergie pour sa propre consommation", dit-il. "La situation devrait donc empirer, sauf s'ils produisent de l'électricité avec des panneaux solaires, qui n'ont pas besoin de beaucoup d'eau et qui dans la région atteignent des prix raisonnables".
A ce stade, l'exploitation des hydrocarbures, notamment du gaz, en plein boom mondial, n'est pas près de s'arrêter.
A Oman, qui tire là trois quarts de son budget, et veille à l'"omanisation" des personnels, BP est en train d'étendre le site de Khazzan de 50%, pour produire 42 millions de m3 par jour en 2020, soit 10 fois la consommation de Paris. En octobre, le sultanat a signé avec Shell un contrat d'exploration dans le sud-est. Et près de Khazzan, BP et ENI vont explorer un autre bloc, sur plus de 2.700 km2.
De son côté Veolia, sur l'eau industrielle ou municipale mais aussi la gestion de déchets pétrochimiques ou l'efficacité énergétique, espère doubler son activité au Moyen-Orient d'ici 2023, de 790 millions d'euros (3% aujourd'hui) à plus d'1,2 milliard.
<https://www.geo.fr/environnement/le-gaz-du-moyen-orient-prospere-et-exige-toujours-plus-deau-199012>
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14- Saint-Martin : nouveau plan de prévention des risques naturels, AFP, 12/12/19, 23:00
Plusieurs barricades ont été érigés jeudi à Saint-Martin par des habitants protestant notamment contre la révision du Plan de prévention des risques naturels (PPRN) préparé par les services de l’État pour réduire la vulnérabilité de la population et l'impact des prochains ouragans, a constaté un correspondant de l'AFP.
Saint-Martin a été dévasté il y a deux ans par l'ouragan Irma, qui avait fait 11 morts et endommagé 95% des bâtiments.
Les manifestants, rassemblés sous le nom de "Mouvement pour Saint-Martin", ont bloqué plusieurs axes, à Sandy Ground (ouest), Quartier d’Orléans (nord), Grand Case (nord) et Marigot, le chef-lieu, a précisé la préfecture dans un communiqué, conseillant "aux automobilistes d’éviter tout déplacement non indispensable".
Les manifestants réclament "l'abrogation" du Plan de prévention des risques naturels, qui a été appliqué par anticipation par la préfecture dans l'été, avant l'enquête publique qui s'est terminée fin octobre.
Lors de sa visite officielle à Saint-Martin en septembre 2018, Emmanuel Macron avait demandé que soit révisé rapidement ce PPRN, qui datait de 2011, afin de prendre en compte les effets d'Irma en termes de submersion marine notamment.
Le nouveau plan a notamment redéfini les zones à risques (notamment de submersion), et surtout des zones, en bord de mer, où toute reconstruction sera interdite, mais la carte de zonage ne satisfait pas la population, ni la Collectivité de Saint-Martin.
Mardi, la commission d’enquête publique a donné un avis favorable à la révision du plan de prévention, jugeant qu'elle était d'utilité publique, "malgré le nombre important d’avis défavorables" de la part de la population.
"On doit anticiper sur la montée marine du niveau de la mer, qui devient une problématique à prendre en compte immédiatement, car les intensités deviendront plus importantes et aggraveront les risques de débordements des ravines et exutoires des bassins versants, l’érosion littorale, les éventuels glissements de terrains, et autres effets multiples de l’eau", indique la commission d'enquête dans ses conclusions.
"Le projet de PPRN est en cours d’actualisation afin de prendre en compte les recommandations formulées par la commission d’enquête", a précisé jeudi la préfecture.
Les manifestants dénoncent également la pollution de l'eau de ville aux bromates (composés chimiques), récurrente depuis juin. Ils réclament "l'arrêt des expropriations sur les terres en bord de littoral", et "l'arrêt des poursuites judiciaires contre les occupants qui reconstruisent ou réparent leur maison détruites" après Irma.
Alors que les mesures d'interdiction de consommation de l'eau du robinet sont toujours en vigueur,les dernières analyses "réalisées par un laboratoire indépendant" "font état d'une absence de bromates, conséquence directe du nouveau système de traitement" de l'eau, a indiqué jeudi la préfecture de Saint-Martin.
Deux générateurs de dioxyde de chlore ont été installés il y a quelques semaines sur des réservoirs pour éliminer les bromates des réseaux. Si les résultats sont confirmés par les analyses du laboratoire agréé par l'ARS, les mesures d'interdiction de consommation de l'eau de ville pourraient être levées la semaine prochaine.
<https://information.tv5monde.com/info/saint-martin-nouveau-plan-de-prevention-des-risques-naturels-336864>
Sur le même sujet :
27- Blocages, affrontements… Vives tensions à Saint-Martin à propos d’un plan prévoyant de nouvelles zones non constructibles, Le Monde, 17/12/19, 19h43
Patrick Roger
Depuis jeudi 12 décembre, Saint-Martin est en proie à de vives tensions : barrages, véhicules incendiés, pneus et poubelles brûlés, jets de pierres et de cocktails Molotov contre les forces de l’ordre… De nombreux commerces ont baissé leurs rideaux. Mardi 17 décembre, l’île était pratiquement paralysée, les écoles n’étaient pas en mesure de fonctionner et le président de la collectivité, Daniel Gibbs, recommandait aux parents d’élèves de les garder à la maison. En début de matinée, plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées devant la gare maritime de Marigot, le chef-lieu de cette collectivité d’outre-mer.
La raison de cette crise ? L’avis favorable donné le 10 décembre par la commission d’enquête publique, constituée à la demande de la préfecture, à la révision du plan de prévention des risques naturels (PPRN), qui définit les zones à risque, « malgré le nombre important d’avis défavorables ». Dans ses conclusions, la commission d’enquête souligne le besoin d’« anticiper sur la montée marine du niveau de la mer, (…) les risques de débordement des ravines,(…) l’érosion littorale, les éventuels glissements de terrain… ».
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/12/17/blocages-affrontements-vives-tensions-a-saint-martin-a-propos-d-un-plan-prevoyant-de-nouvelles-zones-non-constructibles_6023219_3224.html>
Sur le même sujet :
> Saint-Martin : Girardin promet que le plan à l'origine des tensions sera "corrigé" <https://information.tv5monde.com/info/saint-martin-girardin-promet-que-le-plan-l-origine-des-tensions-sera-corrige-337609>, AFP, 17/12/19, 22:00
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15- EDF dévoile son plan industriel pour sauver la filière nucléaire, Le Monde, 13/12/19, 14h02
Jean-Michel Bezat
Baptisé « Excell », ce projet, doté d’un budget de 100 millions d’euros, vise à améliorer la fabrication des équipements et l’exécution des chantiers.
Le PDG d’EDF a peu ou prou respecté le calendrier que lui avait imposé le gouvernement. Un mois et demi après la remise d’un rapport sévère de Jean-Martin Folz sur les dérives de la filière nucléaire française, Jean-Bernard Lévy a présenté à son conseil d’administration, jeudi 12 décembre, puis aux industriels et à la presse vendredi, le plan destiné à redresser une situation critique, illustrée par la dérive du chantier du réacteur EPR de Flamanville (Manche) : le retard de dix ans a entraîné une multiplication par quatre (12,4 milliards d’euros) de son budget initial.
> Lire aussi Nucléaire : l’EPR de Flamanville coûtera au moins 12,4 milliards d’euros
Lors de la publication des conclusions de l’ex-patron de PSA, qui qualifiait la conduite du chantier de l’EPR d’« échec pour EDF », le ministre de l’économie et des finances avait jugé que « ces difficultés à répétition [n’étaient] pas acceptables » et demandé à la filière de « se ressaisir très vite », notamment EDF et sa filiale réacteurs Framatome, qui en sont les chefs de file. « Il en va de notre souveraineté énergétique », avait souligné Bruno Le Maire.
Baptisé « Excell », ce plan 2020-2021 répond point par point aux critiques du « rapport Folz ». Il vise un retour « au plus haut niveau de rigueur, de qualité et d’excellence » et bénéficiera d’un « budget spécifique » de 100 millions d’euros, a annoncé M. Lévy. Il sera piloté par un « délégué général à la qualité industrielle et aux compétences ». Issu du monde de l’industrie, mais pas du secteur nucléaire, il fera des rapports réguliers au PDG et devra notamment garantir les « meilleures pratiques » au sein de la filière.
> Lire aussi « Une perte de compétences généralisée » : le rapport Folz dresse un bilan sévère de l’« échec » de l’EPR de Flamanville
Car, contrairement à l’automobile, à l’aéronautique et au spatial, qui n’ont pas subi de rupture de commandes pendant vingt ans, le nucléaire n’a pas su préserver la rigueur acquise lors du déploiement du parc nucléaire dans les années 1970-1990. Excell prévoit donc « le renforcement de la qualité industrielle » qui a fait défaut dans l’exécution du projet de Flamanville comme la fabrication de composants majeurs (cuves, générateurs de vapeur…) par Framatome (ex-Areva NP). Cela avait contraint l’exploitant à des arrêts coûteux de certains de ses 58 réacteurs.
« Outils de traçabilité renforcés »
« Le choix des fournisseurs valorisera davantage les critères de qualité » et ils seront « mieux associés à l’élaboration des spécifications et à l’analyse de la constructibilité ». Les déboires de Flamanville avaient commencé par des malfaçons dans le béton dès 2008, un an après le début du chantier. Puis, des problèmes de ségrégation carbone sont apparus dans la cuve où se produit la réaction nucléaire. Avant que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) exige d’EDF la révision de huit soudures du circuit secondaire, qui se traduira par un surcoût de 1,5 milliard d’euros. EDF va revoir la qualification de ses fournisseurs, les exigences accrues pouvant être étendues aux entreprises sous-traitantes de rangs 2 et 3, a prévenu M. Lévy, qui a annoncé « des outils de traçabilité renforcés » pour les pièces sensibles.
Le secteur a aussi, depuis vingt ans, un énorme problème de renouvellement des compétences. Il est largement dû aux atermoiements des gouvernements successifs sur le lancement d’un nouveau programme de centrales, un éventuel feu vert qui attendra la fin du quinquennat. Avec le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (Gifen), qui regroupe une trentaine d’entreprises sur le modèle du Gifas dans l’aéronautique, EDF va créer une « université des métiers du nucléaire ». Des « parcours croisés seront mis en place au sein d’EDF et de la filière ainsi qu’entre les métiers de la fabrication, de la construction et de l’exploitation », a annoncé M. Lévy. Un plan spécifique sera mis en place pour la formation de soudeurs, « un domaine qui, de toute évidence, appelle un redressement majeur ».
Le patron d’EDF présidera un comité stratégique chargé de valider de A à Z tous les « grands projets », et il informera régulièrement le conseil d’administration de leur état d’avancement. C’est l’achèvement des travaux de Flamanville qui est en jeu et, au-delà, la capacité à relancer la construction de nouvelles centrales, en France et à l’étranger – donc la survie d’une filière représentant 200 000 emplois directs et indirects dans l’Hexagone. Le gouvernement a en effet demandé aux dirigeants d’EDF une étude détaillée sur la construction de six EPR, pour un coût estimé de 46 milliards d’euros. Ils devront la remettre mi-2021 pour éclairer les pouvoirs publics sur leur éventuelle construction. Et il veut aussi que ce secteur reste exportateur.
> Lire aussi Nucléaire : le programme de futurs EPR pourrait coûter au moins 46 milliards d’euros
Son redressement est « un enjeu majeur, non seulement pour la filière nucléaire et pour EDF mais pour la France », a prévenu M. Lévy, soulignant les quatre raisons qui, selon lui, rendent l’atome civil indispensable : l’indépendance énergétique de la France, sa croissance et son développement industriel, la compétitivité de son économie et la lutte contre le réchauffement climatique. Sans avancée majeure dans le stockage de l’électricité, il faudrait recourir au gaz, importé et émetteur de CO2, pour remplacer le nucléaire, a-t-il plaidé, tout en assurant que la technologie proprement dite de l’EPR n’était pas en cause : les deux réacteurs de Taishan, construits par CGN avec EDF dans le sud de la Chine, fonctionnent sans difficulté depuis plusieurs mois.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/13/edf-devoile-son-plan-industriel-pour-sauver-la-filiere-nucleaire_6022731_3234.html>
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16- En Afrique du Sud plongée dans le noir, les entreprises font grise mine, AFP, 13/12/19, 15:00
Michelle Gumede et Béatrice Debut
Des mines à l'arrêt, des magasins qui ferment en pleine journée, les paiements par carte bancaire impossibles : les coupures d'électricité sans précédent qui affectent l'Afrique du Sud menacent sérieusement son économie déjà très fragile.
La première puissance industrielle du continent a renoué avec les délestages depuis une semaine mais lundi, la crise s'est soudainement aggravée.
Pendant plusieurs heures, l'entreprise publique d'électricité Eskom a rationné 6.000 mégawatts sur une capacité de 44.000 MW, les pires coupures qu'ait connu à ce jour le pays.
Ce jour-là, les magasins de ce centre commercial de Johannesburg, sa capitale économique, ont fermé un à un à la mi-journée. Ce n'était pas l'heure de la pause déjeuner, non, mais celle des délestages.
"Nous devons immédiatement fermer car il pourrait y avoir des vols", les portiques anti-vol étant hors d'usage faute de courant, a expliqué à l'AFP une vendeuse.
Les coupures ne peuvent pas plus mal tomber pour les commerces : en cette période festive, ils réalisent une bonne partie de leur chiffre d'affaires de l'année.
Elles affectent en premier lieu les petits entrepreneurs "car ils ne peuvent pas se permettre de solutions alternatives" comme des générateurs ou des panneaux solaires, estime le président du conseil des entrepreneurs noirs, Kganki Matabane.
Un primeur du quartier est lui resté ouvert, mais son patron est en colère. Les clients ne peuvent plus le payer par carte bancaire.
Eskom, qui fournit plus de 90% de l'électricité en Afrique du Sud, a comme d'habitude justifié ses coupures par des problèmes techniques. Ses centrales à charbon, l'essentiel de sa production, affichent une moyenne d'âge de 37 ans.
- Mines au ralenti -
Cette fois, le groupe a aussi avancé une autre explication qui a provoqué quelques sarcasmes: de fortes précipitations ont mouillé ses stocks de charbon.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, rentré précipitamment de l'étranger à cause de la crise, a pour sa part attribué une partie des coupures à des "actes de sabotage". Là encore, l'explication est mal passée.
Ces délestages historiques ont rapidement affecté les grandes industries. A commencer par les mines - un des principaux contributeurs du produit intérieur brut (PIB) sud-africain - qui ont fonctionné au ralenti ces derniers jours.
Les coupures "ont un effet dévastateur pour le secteur minier", a averti le président de la chambre des mines, Roger Baxter.
"La plupart des compagnies minières vont avoir perdu une semaine de production et cela affecte leur viabilité", a-t-il affirmé, alors que le pays se débat déjà avec un taux de chômage endémique (29%).
Lundi, le groupe Petra Diamonds a fermé ses mines de Cullinan, Finsch et Koffiefontein. Ses mineurs ont dû être remontés d'urgence à la surface pour ne pas se retrouver bloqués dans les entrailles de la terre.
Le géant du platine AngloAmerican a fait fonctionner ses générateurs, mais "ce n'est pas une solution viable puisque cela coûte cher", a expliqué à l'AFP le porte-parole du groupe, Sibusiso Tshabalala.
Quand l'Afrique du Sud est plongée dans le noir, toute son industrie trinque, et l'image du pays avec.
- 'Coup fatal' -
Des centaines de touristes qui espéraient profiter de la vue imprenable du Cap depuis la Montagne de la table se sont retrouvés bloqués dans les airs pendant trois heures lundi, dans le funiculaire qui conduit au sommet.
Pour éviter l'effondrement total du réseau, Eskom a introduit depuis 2008 des délestages par roulement de quatre heures.
Les Sud-Africains ont appris, comme nombre d'habitants sur le reste du continent, à vivre avec. Une application pour téléphone portable qui répertorie les coupures, généralement programmées, connaît un franc succès ces derniers jours en les aidant à anticiper lessives et préparation des repas.
Pour de nombreux experts et usagers, la crise actuelle est le prix à payer des années de mauvaise gestion et de la corruption qui ont régné sous la présidence de Jacob Zuma (2009-2018).
Eskom est au bord du gouffre. Le groupe croule sous une dette abyssale de 26 milliards d'euros, malgré plusieurs plans de sauvetage de l'Etat qui a injecté en trois ans 128 milliards de rands (7,8 milliards d'euros).
Cyril Ramaphosa, au pouvoir depuis 2018, a promis de faire le ménage dans les entreprises publiques. Sans résultat tangible.
Les coupures de courant actuelles "sont le coup fatal" pour l'économie de l'Afrique du Sud, qui ne s'est jamais remise de la crise financière mondiale de 2008, a estimé Indigo Ellis, analyste chez Verisk Maplecroft.
La croissance s'est encore contractée de 0,6% au troisième trimestre 2019, après avoir chuté de 3,2% au premier.
Les délestages "sonnent le glas de la croissance du PIB au quatrième trimestre", a prévenu M. Ellis, qui a déjà mettant en garde, avec d'autres experts, sur les risques de récession.
<https://information.tv5monde.com/info/en-afrique-du-sud-plongee-dans-le-noir-les-entreprises-font-grise-mine-336966>
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17- Tribune. Nick Butler et Shahin Vallée : EDF, « un fiasco industriel, économique et financier », Le Monde, 13/12/19, 17h42
Par Nick Butler, Professeur d’économie invité au King’s College /Londres & Shahin Vallée, Chercheur au Conseil allemand pour les affaires étrangères /DGAP
La coûteuse tentative de sauvetage d’EDF va retarder l’indispensable changement de politique énergétique de la France, analysent dans une tribune au « Monde » les deux économistes Nick Butler et Shahin Vallée.
Tribune. Il y a un an, la réaction à l’annonce d’une augmentation relativement modeste des taxes sur le carburant a été l’un des déclencheurs du mouvement des « gilets jaunes ». Aujourd’hui, un autre projet de loi sur l’énergie se profile. Cette fois, la facture pèsera sur les contribuables plutôt que sur les automobilistes, mais le fardeau sera encore plus lourd. Mais puisque les coûts supportés par les contribuables seront diffus et qu’ils peuvent être facilement dissimulés, il est probable que nous échappions à un réel débat public.
Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est le prix de la responsabilité de décennies d’une politique énergétique inepte qui a mis Elecricité de France (EDF) en état de quasi-faillite, contraignant l’Etat à en organiser le sauvetage. La cause profonde de cette banqueroute est double : d’une part, l’évolution du marché de l’énergie, avec l’effondrement du coût marginal des énergies renouvelables, le prix relativement bas du carbone et l’interconnexion croissante du marché européen de l’énergie ; et d’autre part, la performance lamentable d’EDF dans la mise en œuvre de son nouveau programme extrêmement coûteux de centrales nucléaires (EPR).
> Lire aussi EDF dévoile son plan industriel pour sauver la filière nucléaire
Selon ses défenseurs, l’EPR offrait, en raison des effets d’échelle, la perspective de produire de grands volumes d’énergie électrique à un faible coût unitaire. Le seul problème est que l’industrie nucléaire française n’a pas été en mesure de construire et de faire fonctionner un seul EPR (mis à part un en Chine, à Taishan, mais qui n’est pas construit exactement avec les mêmes spécifications). En Finlande, l’EPR d’Olkiluoto a onze ans de retard.
Le coût prévisionnel de Flamanville est passé de 3,3 milliards à 12,4 milliards d’euros
Au Royaume-Uni, l’usine d’Hinkley Point, qui était censée entrer en production à Noël 2017, vient tout juste d’entrer dans la phase de construction du réacteur. Les coûts ont déjà atteint 26 milliards d’euros – la plus récente augmentation étant due à la découverte tardive de l’humidité trop importante du sous-sol du site. Par ailleurs, les syndicats locaux, qui avaient jusqu’alors soutenu le projet, ont maintenant identifié de graves risques pour la santé, dont certains ont conduit à des tentatives de suicide, ce qui risque de retarder encore le projet.
> Lire aussi Nucléaire : « L’Etat manque de vision à long terme »
Mais le pire exemple est peut-être en France, à Flamanville, où le projet-phare d’EDF sur la péninsule du Contentin accuse huit ans de retard et dont le coût prévisionnel est passé de 3,3 milliards à 12,4 milliards d’euros. EDF reste aujourd’hui incapable d’annoncer la moindre date pour la mise en service de l’usine.
Compte tenu de ces errements, le secteur nucléaire français ne peut être sauvé que par une combinaison de plusieurs interventions gouvernementales :
- une augmentation substantielle du prix du carbone, qui soulagerait EDF, mais nécessite un accord politique paneuropéen aujourd’hui bien lointain sur la tarification du carbone ;
- une augmentation du coût réglementé de l’énergie (le tarif d’accès régulé à l’énergie nucléaire historique, ou Arenh), qui nécessite un accord de l’autorité de la concurrence à Bruxelles ;
- une succession d’injections de capital pour éponger les pertes de l’industrie de l’énergie nucléaire.
Echec de l’ensemble de la politique énergétique de la France
Le plan « Hercules » qu’EDF vient de rendre public repose sur un savant mélange de ces leviers afin d’étalonner, échelonner, mais aussi camoufler, les combinaisons de ces différentes politiques dans l’espoir de sauver EDF. Car un fiasco industriel, économique et financier d’une telle ampleur ne cause pas seulement des pertes considérables pour EDF, qui sera responsable d’indemnisations colossales au Royaume-Uni, en Finlande et en France.
Il ruine également l’ensemble de la politique énergétique de la France, retardant la transition et les investissements dans les énergies renouvelables et forçant à adopter un mix énergétique à la fois trop dépendant du nucléaire et financièrement désastreux.
> Lire aussi « L’entêtement nucléaire risque de faire commettre à la France une faute de politique industrielle historique »
Ces problèmes conduisent aujourd’hui le gouvernement à préparer la scission d’EDF en deux : une division nucléaire détenue à 100 % par l’Etat (EDF Blue), et une société énergétique plus large qui travaillera sur la base d’investissements privés (EDF Green) : en d’autres termes, la nationalisation des pertes de l’EPR et la privatisation des activités rentables. Cette fuite en avant consacrée par le développement de six nouveaux réacteurs EPR, alors que le gouvernement est encore incapable de déterminer le coût exact de la construction d’un seul, ne coûtera pas seulement cher à la France, elle retardera aussi de plusieurs décennies l’émergence d’une nouvelle politique énergétique et électrique.
Au lieu de cela, la faillite de l’EPR devrait être l’occasion de s’engager dans un profond changement de la stratégie nucléaire et énergétique de la France en s’appuyant sur trois développements-clés :
- remplacer le parc de réacteurs nucléaires mourants par le développement de petits réacteurs modulaires (SMR), qui peuvent être construits rapidement et démantelés facilement. Ces technologies sont celles des réacteurs embarqués dans les sous-marins lanceurs d’engins ou le porte-avions Charles-de-Gaulle. Ce sont celles que la Chine et la Russie développent et commercialisent, et dans lesquelles nous commençons à accuser un retard stratégique ;
- des investissements massifs dans un réseau électrique intelligent (smart grid) et décentralisé qui permettrait une meilleure interconnexion avec le reste de l’Europe et une production plus décentralisée. C’est en partie la structure centralisée de notre réseau, lui-même résultat du choix du tout-nucléaire, qui retarde nos investissements dans les énergies renouvelables ;
- un investissement massif dans les énergies renouvelables afin d’augmenter leur part dans la production totale d’électricité ;
- le développement d’une grande flotte de véhicules électriques qui réduirait la part de la consommation de combustibles fossiles dans les transports et augmenterait la capacité de stockage, réduisant ainsi notre dépendance à l’énergie nucléaire.
> Lire aussi « Pourquoi ne pas investir dans des usines photovoltaïques plutôt que dans de nouveaux EPR ? »
Malheureusement, les autorités françaises semblent plus enclines à dissimuler les erreurs du passé et à renflouer la stratégie actuelle qu’à préparer une véritable transition. Cette réponse politique n’est pas sans rappeler celle déployée en Allemagne pour sauver le secteur automobile. Elle n’est pas seulement économiquement absurde, elle est aussi politiquement dangereuse car elle alimente à juste titre la défiance des citoyens envers les élites.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/13/nick-butler-shahin-vallee-edf-un-fiasco-industriel-economique-et-financier_6022799_3232.html>
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18- Green Deal : l’accord européen durcira les émissions de CO2 automobiles, Automobile propre, 13/12/19
Matthieu Lauraux
Signé cette semaine, le nouvel accord de l’Union Européenne vise la neutralité carbone en 2050, et prépare une réduction plus stricte des rejets de CO2 de nos voitures.
Les constructeurs automobiles se pressent actuellement pour développer leur gamme électrifiée. Ceci par motivation financière, car la course au respect des niveaux de CO2 démarre dès 2020 avec un objectif fixé à 95 g/km. Mais la plus sensible des barrières est celle de 2030, votée en décembre 2018. Le Parlement Européen a validé la réduction moyenne de 37,5% des taux de CO2 par rapport aux niveaux de 2021, soit 59,4 g/km. Un taux qui déjà appelé à changer rapidement.
>> Suite à lire à :
<https://www.automobile-propre.com/breves/green-deal-laccord-europeen-durcira-les-emissions-de-co2-automobiles/ <https://www.automobile-propre.com/breves/green-deal-laccord-europeen-durcira-les-emissions-de-co2-automobiles/>>
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19- La Colombie ordonne à une multinationale américaine d'abandonner la fracturation hydraulique, AFP, 14/12/19, 10:00
La justice en Colombie a ordonné à la multinationale américaine Drummond de cesser sa production de gaz de schiste au moyen de la fracturation hydraulique, une méthode controversée, a annoncé vendredi le Conseil d'Etat colombien.
Dans son communiqué, le Conseil d'Etat, plus haute instance de la justice administrative, explique avoir ordonné la suspension, sur 15 sites exploitées par Drummond, de cette technique jugée néfaste pour l'environnement par ses détracteurs, sous peine de sanctions financières.
Le procédé de fracturation hydraulique consiste à créer des fissures souterraines et y infiltrer un mélange d'eau, de sable et de produits chimiques pour permettre l'extraction de gaz ou de pétrole capturé dans la roche.
Contacté par l'AFP, Drummond n'a pas souhaité commenter cette décision.
Mais en septembre, le groupe américain avait nié dans un communiqué avoir recours à cette technique d'exploitation du gaz de schiste, affirmant utiliser un procédé de "stimulation hydraulique traditionnel, similaire à ce qui est utilisé depuis plus de 50 ans" en Colombie.
Spécialisée dans la production de charbon, Drummond a démarré en 2018 l'exploitation de gaz de schiste dans l'une de ses mines dans la province de Cesar (nord-est de la Colombie).
Cinquième exportateur mondial de charbon, la Colombie en a produit en 2018 plus de 84 millions de tonnes.
<https://information.tv5monde.com/info/la-colombie-ordonne-une-multinationale-americaine-d-abandonner-la-fracturation-hydraulique>
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20- La raffinerie Total de Gonfreville-l’Orcher, la plus grande de France, victime d’un incendie, Le Monde, 14/12/19, 14h07
Stéphane Mandard
Le feu sur le site, classé Seveso en raison de sa dangerosité, a été maîtrisé sans faire de victime. Il a eu lieu dans une région déjà marquée par le récent incendie de l’usine Lubrizol.
Un important incendie s’est déclaré dans la nuit de vendredi 13 à samedi 14 décembre dans la raffinerie Total de Gonfreville-l’Orcher, près du Havre, a annoncé la préfecture de Seine-Maritime, samedi en début de journée :
« Le feu a débuté à 4 heures sur une pompe chargée de faire circuler les hydrocarbures dans l’usine Total de Gonfreville-l’Orcher. »
Le feu a été maîtrisé en fin de matinée. La préfecture, après avoir invité les habitants à rester chez eux, a finalement levé les recommandations de mise à l’abri. « Des premières mesures de la qualité de l’air ont été effectuées et sont négatives, mais le préfet conseille à la population de rester chez elle », avait-elle déclaré dans un premier temps.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/14/un-incendie-sur-le-site-de-la-raffinerie-total-de-gonfreville-l-orcher-pres-du-havre_6022858_3234.html>
Sur le même sujet :
> La raffinerie Total touchée par un incendie venait de connaître plusieurs incidents, Le Monde, maj le 16/12/19 à 10h26
Stéphane Mandard
Selon nos informations, la plus grande raffinerie de France, située près du Havre, avait connu ces dernières semaines trois incidents majeurs, dont un départ de feu.
Touchée par un important incendie, samedi 14 décembre, la raffinerie Total de Normandie avait connu plusieurs incidents ces dernières semaines, selon des informations du Monde. Située à Gonfreville-l’Orcher, en Seine-Maritime, aux portes du Havre, la plus grande plate-forme de raffinage et de pétrochimie de France, qui représente 12 % de la capacité de raffinage du pays avec 253 000 barils produits chaque jour et 1 500 personnes employées, venait de faire l’objet d’un arrêt de maintenance, programmé initialement du 15 septembre au 15 novembre. Mais le redémarrage complet du site n’a pu avoir lieu que le 5 décembre en raison de trois incidents, survenus après ces travaux : une fuite d’éthylène, un conduit de pétrole brut endommagé et, déjà, un départ de feu.
> Lire aussi La raffinerie Total de Gonfreville-l’Orcher, la plus grande de France, victime d’un incendie
« C’est extrêmement inquiétant qu’après deux mois de travaux, il y ait eu trois incidents majeurs dans le cadre du redémarrage, et désormais un incendie sur la principale unité de production, réagit Gérald Le Corre, inspecteur du travail et délégué syndical CGT de Seine-Maritime. A force de mettre la pression sur les sous-traitants, on fait de plus en plus vite et de moins en moins bien. » Avec son syndicat, M. Le Corre réclame, depuis l’incendie de Lubrizol à Rouen, l’arrêt du recours à la sous-traitance sur les sites classés Seveso, en raison du manque de formation des personnels concernés en matière de sécurité.
A l’instar de l’usine chimique de Lubrizol, pour laquelle le préfet de Seine-Maritime a donné son accord pour une réouverture partielle vendredi 13 décembre, la raffinerie de Gonfreville-l’Orcher est classée Seveso seuil haut, en raison de la dangerosité de ses activités ; le 15 février, un salarié d’une entreprise sous-traitante avait fait une chute mortelle alors qu’il intervenait sur un filtre à sable sur le site.
« La priorité est la mise en sécurité du site »
Contacté par Le Monde, Total explique que « les grands arrêts, comme celui qui a été organisé cette année à la raffinerie de Normandie, visent notamment à prévenir les risques industriels ». Le groupe pétrolier précise que « des incidents peuvent avoir lieu pendant ces chantiers de très grande ampleur » et qu’« ils sont évidemment résolus avant de procéder au redémarrage. [Celui-ci] se fait conformément à des procédures strictes de sécurité ».
Total ajoute que les travaux de maintenance du « grand arrêt 2019 » ont nécessité 110 millions d’euros, plus d’un million d’heures de travail et plus de 3 000 intervenants externes, et qu’ils ont permis de « mettre en œuvre des projets portant sur la sécurité et l’environnement ». Ces importants moyens n’ont cependant pas permis d’éviter l’important incendie de samedi 14 décembre.
> Lire aussi 2,5 millions de Français vivent à moins d’un kilomètre d’une usine Seveso
Sur le site de Gonfreville-l’Orcher, on assure que « la priorité est la mise en sécurité du site ». « On est toujours en cellule de crise, témoigne, sous le couvert de l’anonymat, un salarié de la raffinerie. Ça a chauffé dur. Aujourd’hui, on ne sait pas ce qui s’est passé. Il va falloir du temps pour déterminer l’origine de l’incendie. »
Le sinistre s’était déclaré à 4 heures du matin samedi sur la principale pompe servant à faire circuler le pétrole brut au sein de la raffinerie, générant un dégagement de fumée sur la zone industrielle du port et touchant plusieurs communes à l’embouchure de la Seine, à dix kilomètres à l’est du Havre. L’incendie a été maîtrisé en fin de journée, sans faire de victime.
« Un incendie pas anodin dans le contexte de Lubrizol »
« Des mesures d’évaluation du risque chimique pour les populations (essentiellement les personnels travaillant sur la zone industrielle), réalisées par le service départemental d’incendie et de secours [SDIS-76], n’ont pas fait apparaître d’élément de toxicité (dioxyde de soufre, dioxyde d’azote, hydrogène sulfuré, monoxyde de carbone) », a communiqué la préfecture de Seine-Maritime.
« Du pétrole qui brûle, ce n’est forcément pas bon pour la santé », relève M. Le Corre. « Il faut toujours s’inquiéter des risques industriels, cet incendie n’est pas anodin dans le contexte de Lubrizol », a déclaré, de son côté, à l’Agence France-Presse, le maire communiste de Gonfreville-l’Orcher, Alban Bruneau.
> Lire aussi « C’est peu de dire que les leçons de Seveso n’ont guère été retenues »
A la différence du président de la Métropole de Rouen, M. Bruneau s’était abstenu, mardi 10 décembre, lors du conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques, qui avait donné son accord à une reprise partielle de l’activité de Lubrizol.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/15/la-raffinerie-total-touchee-par-un-incendie-venait-de-connaitre-plusieurs-incidents_6022962_3244.html>
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21- L’avenir des batteries électriques pourrait dépendre de l’exploitation minière des fonds marins, Daily Geek Show, 16/12/19
Victor Chevet – Source : BBC
Avec la raréfaction des ressources sur terre, l'océan représente un nouveau terrain de conquête
Les besoins mondiaux en métaux, à l’heure de l’explosion des besoins de composants nécessaires à la fabrication des voitures électriques et cellules solaires, poussent chercheurs et industries à se tourner vers l’exploitation minière des fonds marins, ou deep sea mining.
Le Deep Sea Mining se développe
À ce jour, il existe trois manières d’exploiter les ressources minières de l’océan : l’exploitation des monts hydrothermaux, celle des croûtes de cobalt, mais le procédé qui intéresse le plus industriels et chercheurs est l’extraction des nodules, ces roches (de la taille d’une pomme de terre) très riches en métaux dont la demande se fait de plus en plus pressante — du cobalt en majorité, mais aussi du cuivre, du manganèse et du nickel. Ces nodules se trouvent à la surface du sol des fonds marins plats, entourés d’eaux particulièrement claires, comme dans la zone Clarion-Clipperton au milieu du Pacifique, ou au large des îles Canaries dans l’Atlantique.
Jusqu’ici, l’exploitation minière était considérée comme techniquement trop difficile, notamment à cause des conditions de pression et l’obscurité (à 5 km de profondeur). Aujourd’hui, l’extraction paraît de plus en plus faisable, mais les scientifiques s’y prennent avec prudence — devant les enjeux économiques massifs, la question ne semble pas être si, mais quand se développera l’industrie mondiale du deep sea mining.
L’industrie n’a plus l’immunité environnementale dont elle pouvait jouir auparavant : pour ne pas reproduire les destructions massives de l’exploitation minière traditionnelle, chercheurs et ingénieurs veulent faire le moins de dégâts sur les hommes et les écosystèmes. Aujourd’hui, l’extraction actuelle des ressources en cobalt passe en majorité par la République démocratique du Congo (RDC) qui, rapporte la BBC, a vu au cours des années des affaires de travail d’enfants, des dommages sur l’environnement et un système de corruption généralisé.
Une problématique technique majeure survient au moment où les appareils doivent racler le fond de l’océan sur une épaisseur de 10-15 centimètres, afin de « récolter » les fameux nodules, avant de les pomper vers un navire mère resté à la surface. L’eau de ces milieux est très claire, et la poussière et le sable soulevés mettent en danger la faune locale qui se trouve désorientée, et ce, sur des kilomètres carrés autour des zones d’extraction — des expéditions tendent à comprendre comme les résidus se diffusent dans le fond marin, comment ils interagissent avec le courant, pour permettre de réduire leur expansion.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://dailygeekshow.com/batteries-electriques-fond-marin/>
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22- Hydrogène : enfin une façon économique de la produire ?, Futura-sciences, 16/12/19
Nathalie Mayer, journaliste
Ce mardi, la ville de Pau lancera son Fébus, un bus à hydrogène qui puise son énergie dans une pile à combustible. Mais, pour gagner le pari de l'hydrogène, il faudra sans aucun doute réussir à produire un hydrogène vert bon marché. C'est ce que promet aujourd'hui une équipe de chercheurs.
Certains voient dans l'hydrogène une solution à bon nombre de nos problèmes énergétiques. Encore faut-il être en mesure de produire un hydrogène propre. Un hydrogène vert, par électrolyse de l’eau. Comprenez, par décomposition de l'eau en dioxygène et en dihydrogène. Le tout grâce à une électricité renouvelable.
Jusqu'alors, le procédé restait cher et donc peu rentable. Mais des chercheurs, notamment de l'UNSW Sydney (Australie), montrent aujourd'hui que la réaction peut être accélérée en utilisant des métaux abondants et bon marché comme le fer et le nickel. En lieu et place du ruthénium, du platine ou de l'iridium actuellement utilisés comme catalyseurs et des milliers de fois plus chers.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/physique-hydrogene-enfin-facon-economique-produire-8495/>
En savoir plus :
> Scientists find cheaper way to make hydrogen energy out of water <https://newsroom.unsw.edu.au/news/science-tech/scientists-find-cheaper-way-make-hydrogen-energy-out-water>, UNSW Sydney, Newsroom, 11/12/19
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23- L'appétit pour le charbon va se maintenir, selon l'AIE, AFP, 17/12/19, 10:00
L'appétit pour le charbon ne faiblira pas ces prochaines années en raison de la demande en Asie et en dépit de la crise climatique, a mis en garde mardi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
"La demande mondiale de charbon a rebondi depuis 2017. Même si elle va probablement décliner en 2019, nous nous attendons ce qu'elle reste globalement stable ensuite jusqu'en 2024", écrit l'agence basée à Paris dans un rapport consacré au sujet.
Le charbon reste la première source pour la génération d’électricité - et compte pour plus de 40% des émissions de CO2 liées à l'énergie. Il est par ailleurs encore largement utilisé pour la production d'acier et de ciment.
Gros émetteur de gaz à effets de serre mais aussi source de pollution de l'air, il est pourtant sous pression dans les pays développés en raison de la crise climatique et se trouve par ailleurs concurrencé dans la production d'électricité par le gaz et les renouvelables, aux coûts déclinants.
Mais si son utilisation recule en Europe et aux Etats-Unis, elle progresse encore en Asie, en particulier en Inde et en Chine, le plus gros producteur et consommateur au monde de charbon.
"Les centrales électriques au charbon en Asie sont jeunes - 12 ans en moyenne - ce qui fait qu'elles pourraient encore fonctionner pendant des décennies", souligne le directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol.
Selon lui, il sera nécessaire d'avoir recours à des technologies comme le captage, le stockage et la valorisation du CO2 (CCUS), une technologie onéreuse qui permet de capturer le CO2 pour éviter qu'il ne soit rejeté dans l'atmosphère.
"L'adoption du CCUS sur de nombreuses centrales jeunes en Asie serait nécessaire pour remettre le monde sur le chemin pour atteindre les objectifs internationaux sur le climat, la qualité de l'air et l'accès à l'énergie", estime Fatih Birol. "De plus, la décarbonation de grosses industries comme l'acier et le ciment serait extrêmement difficile sans CCUS."
Pour l'instant, très peu de projets de captation du CO2 sont en fonctionnement commercial dans le monde.
<https://information.tv5monde.com/info/l-appetit-pour-le-charbon-va-se-maintenir-selon-l-aie-337485>
Sur le même sujet :
> Chronique. Climat : « On n’a pas fini d’entendre parler du roi charbon », Le Monde, 17/12/19, 11h26
Philippe Escande
Selon l’Agence internationale de l’énergie, l’usage de ce combustible va repartir à la hausse dans le monde entier. Les coupables sont la Chine, l’Inde et les pays d’Asie du Sud-Est, observe Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
Pertes & profits. L’affaire semblait entendue. Le monde avait entamé sa cure de désintoxication du charbon, sous la pression des politiques de lutte contre le changement climatique. Même les Etats-Unis n’y croient plus, et les banquiers mondiaux se retirent progressivement de ces investissements qui sentent désormais le soufre. « King Coal », le roi charbon, était nu, montré du doigt, y compris par ses premiers consommateurs et producteurs, comme la Chine. D’ailleurs, l’année 2019 s’annonce comme celle d’une chute record de la consommation de ce combustible.
> Lire aussi Pourquoi le monde est toujours accro au charbon
Et puis, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) est venue faire éclater cette bulle d’espérance. Selon son rapport 2019, publié mardi 17 décembre, les prochaines années devraient voir repartir à la hausse l’usage du charbon dans le monde entier. Celui-ci reste et restera encore longtemps la première source d’énergie et de production d’électricité sur la planète (40 % des besoins). En fait, elle n’a jamais vraiment baissé, et l’année 2018 a même battu des records historiques.
Résistances
Les coupables sont connus. Ils ne sont pas à chercher du côté de l’Europe, qui a déjà programmé l’arrêt de ses centrales, même si les discussions sont rudes avec les deux gros producteurs encore en activité, l’Allemagne, qui devrait entériner, en 2020, sa loi de sortie d’ici à 2038. Ses 148 centrales produisent 38 % de l’électricité du pays. Un chiffre remonté à la suite de l’abandon du nucléaire, après la catastrophe de Fukushima, au Japon, en 2011. Les Etats-Unis ne sont pas non plus responsables de cette situation, puisque, en dépit des encouragements de Donald Trump, la consommation y est en chute libre, du fait de la concurrence du gaz de schiste, abondant et très bon marché.
> Lire aussi En Allemagne, une nouvelle centrale à charbon échauffe les esprits
La tendance est donc au déclin, sauf en Asie. Selon l’AIE, la consommation, en Inde, devrait y progresser de 4,6 % par an jusqu’en 2024, et le bond sera même de 5 % par an en Asie du Sud-Est. Reste la Chine, qui tente de réduire sa dépendance, mais qui représente encore, à elle seule, la moitié de la consommation mondiale.
En dépit de son activisme dans le nucléaire, l’hydroélectricité, le solaire et l’éolien, tous les domaines où elle est le premier investisseur mondial, le charbon représente encore 60 % de ses besoins en énergie. Entre 2014 et 2018, le pays a ajouté près de 200 gigawatts de capacité de production d’électricité avec ce combustible, soit l’équivalent de plus d’une centaine de réacteurs nucléaires comme celui en construction à Flamanville (Manche). Et ces centrales ont une durée de vie de quarante ans.
> Lire aussi La COP25 s’achève sur des avancées quasi insignifiantes dans la lutte contre le changement climatique
Les résistances qui ont finalement fait échouer la conférence mondiale sur le climat, la COP 25, à Madrid, reflètent cette puissance du fossile noir. L’Australie, grand exportateur, a tout fait pour faire achopper les discussions et les engagements sur une sortie de cette énergie. On n’a pas fini d’entendre parler de « King Coal ».
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/17/climat-on-n-a-pas-fini-d-entendre-parler-du-roi-charbon_6023159_3234.html>
Sur le même sujet :
> L’heure du déclin n’a pas encore sonné pour le charbon selon l’AIE... <https://www.connaissancedesenergies.org/lheure-du-declin-na-pas-encore-sonne-pour-le-charbon-selon-laie-191217>, Connaissance des énergies, 17/12/19
En savoir plus :
> Report. Coal 2019 - Analysis and Forecasts to 2024 <https://www.iea.org/reports/coal-2019>, International Energy Agency (IEA), december 2019
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24- Le rêve éternel de la ville à la campagne, Le Monde, 17/12/19, 12h07
Philippe Escande
Un sondage Ipsos, réalisé à l’occasion de la remise, mercredi, du Prix du livre d’économie, dont le thème est « les villes de demain », dresse le portrait de Français à la recherche de la cité écologique.
> Infographie : Les Français heureux de leur lieu de vie selon le sondage « L’économie des villes de demain » <https://img.lemde.fr/2019/12/17/0/0/1068/4282/688/0/60/0/ecb7ba2__knaara44pEvkq-LzTWt8t6g.png>
Voilà un mythe qui s’effondre. Les Français ne se sentent pas « assignés à résidence », comme le suggérait en 2017 le candidat à la présidence de la République Emmanuel Macron. « Moi, j’ai un ennemi, c’est l’assignation à résidence, les gens qui sont bloqués dans leur situation, le regard qui cantonne les gens à leur quartier, leur famille », avait-il déclaré lors d’un déplacement en Seine-Saint-Denis. Quand on interroge les Français, le sentiment général n’est pas celui-là.
Dans le sondage Ipsos, réalisé à l’occasion de la remise du 21e Prix du livre d’économie, mercredi 18 décembre, ils sont une écrasante majorité, 74 %, à être satisfaits de leur lieu d’habitation. Ils ne sont d’ailleurs que 8 % à reconnaître que leur résidence actuelle est une contrainte. Et ce chiffre tombe à 2 % pour ceux qui vivent en zone rurale. « C’est un phénomène que nous constatons régulièrement, explique Stéphane Zumsteeg, directeur du département politique et opinion à l’institut Ipsos, les gens sont toujours contents d’habiter là où ils sont, même s’ils y voient des défauts. La plupart de celles et ceux qui sont partis habiter dans le périurbain l’ont fait par choix. »
Et de fait, qu’ils habitent en grande métropole, en banlieue ou dans le rural, ils sont plus de 80 % à apprécier leur cadre de vie. Avec tout de même un clivage politique. Les sympathisants En marche sont des indécrottables optimistes : 92 % sont satisfaits du cadre de vie de leur commune, contre 77 % pour ceux de la France insoumise et 79 % du Rassemblement national (RN).
Un satisfecit à leur équipe municipale
Cet optimisme n’est cependant pas béat et la liste des griefs est longue. Ils sont ainsi 30 % à déplorer la dégradation de la sécurité, quand seulement 18 % estiment qu’elle s’est améliorée. Mais c’est un sentiment de citadin. Du côté des ruraux, plus de 40 % d’entre eux pointent la dégradation des transports publics, des commerces et globalement de la qualité des services publics. Le message ici converge avec celui porté par les « gilets jaunes » : une partie de la France s’estime de plus en plus délaissée par l’activité économique et par l’Etat.
En dépit de ce jugement mitigé, les personnes interrogées délivrent un satisfecit à leur équipe municipale. 72 % d’entre elles estiment que leur commune est bien gérée. Et ce chiffre grimpe à 80 % dans les zones rurales, tandis que seulement 59 % des habitants des métropoles sont contents de leur maire. Une bonne nouvelle tout de même à trois mois des élections municipales.
Le clivage ville-campagne n’est pas une chimère. Lorsque l’on demande aux gens leur lieu d’habitation préféré, plus de la moitié des citadins (59 %) plébiscitent la ville et seulement 12 % d’entre eux évoquent la zone rurale. A l’inverse, seuls 5 % des ruraux s’imaginent en ville. Au total, seuls 20 % des Français se prononcent en faveur de la ville. Tout juste reconnaît-on à la métropole son attractivité en matière de loisirs et de culture, de services publics et de commerce. Curieusement, les sondés ne sont que 14 % à évoquer le dynamisme économique et 5 % seulement la diversité de population, alors que l’essence même des grandes cités est d’être avant tout le lieu de toutes les opportunités économiques et sociales. D’ailleurs, plus de la moitié des sondés, et les deux tiers des ruraux, jugent que les métropoles asphyxient les territoires qui les entourent, en attirant entreprises, commerces et travailleurs. A noter une fracture nette entre les sympathisants En marche, qui ne sont que 38 % à porter cette accusation, contre 69 % des proches du RN.
Le premier défaut des villes, la circulation et la pollution
C’est surtout l’automobile qui concentre les critiques. Le premier défaut des villes est la circulation et la pollution, avant même l’insécurité, le stress ou la taille des logements. Une ville, c’est cher et pollué. Le message est désormais tellement bien passé que 70 % des personnes interrogées expriment le sentiment qu’il faut diminuer la place de la voiture. Et ce sont sans surprise près des quatre cinquièmes des citadins qui sont de cet avis. Les écologistes sont naturellement 80 % à estimer qu’il faut le faire, même au prix d’un impact sur le budget et les temps de déplacement. A l’autre bout du spectre, les deux tiers des électeurs RN assurent « qu’étant donné l’ampleur de la crise économique et sociale, il n’est pas urgent de diminuer la place de la voiture ».
Mais la ville est aussi un lieu d’imaginaire, naturellement tournée vers le futur et les utopies. Quatre modèles ont été proposés à l’échantillon. Si la ville connectée et technologique ne fait pas recette (7 %), pas plus que la ville diffuse, à l’américaine, pleine de parcs, de jardins, de pavillons et de centres commerciaux, les personnes interrogées ont préféré, à 34 %, la ville ramassée, celle des courtes distances, où les activités sont proches, les transports publics efficaces et les relations de voisinage encouragées, et plus encore, à 47 %, la ville nature, où les habitants adoptent un style de vie fondé sur le développement durable, la biodiversité et les transports doux. On y limite les déchets et la consommation d’énergie et d’eau.
Ainsi, la boutade d’Alphonse Allais qui préconisait d’installer les villes à la campagne (« l’air y est si pur ! ») est désormais le rêve d’un Français sur deux. Il ne reste plus qu’à l’inventer.
> Lire aussi Prix du livre d’économie : les trois ouvrages sélectionnés
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/17/le-reve-eternel-de-la-ville-a-la-campagne_6023171_3234.html>
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25- Coupures d'électricité volontaires en Gironde et à Lyon, AFP, 17/12/19, 16:00
Près de 50.000 foyers ont été privés d'électricité en Gironde dans la nuit après un acte malveillant et 40.000 à Lyon dans la matinée à la suite d'une coupure qui serait également volontaire et liée à la grève, a-t-on appris mardi de sources concordantes.
En Gironde, "il y a eu un acte de malveillance sur deux postes à haute tension (Cissac et Masquet). Au plus fort de la coupure, on a eu 50.000 foyers coupés et les derniers foyers ont été réalimentés au bout de 1h30", a indiqué RTE, le gestionnaire du réseau à haute tension.
Les matériels ont été mis hors tension sans dégradation, a précisé RTE, qui va porter plainte.
Selon une source proche du dossier, l'incident est survenu dans la nuit entre 00h45 et 02h45 sur les deux postes, l'un situé à Mios, sur le bassin d'Arcachon, et l'autre à Cissac-Médoc.
"Aucun acte n'a pas été revendiqué pour le moment", ajoute RTE.
La source proche du dossier évoque pour sa part la piste d'"un acte de malveillance interne". "Il s'agit de connaisseurs", selon elle.
RTE a par ailleurs fait état d'une coupure à Lyon (3e et 6e arrondissement) et dans les communes avoisinantes de Villeurbanne et Caluire mardi matin entre 10h06 et 10h55.
L'entreprise a dénombré "40.000 foyers coupés au plus fort de la coupure", a précisé une porte-parole à l'AFP.
La coupure "serait volontaire et liée au mouvement social actuel" contre la réforme des retraites, a ajouté la même source.
<https://information.tv5monde.com/info/coupures-d-electricite-volontaires-en-gironde-et-lyon-337508>
Sur le même sujet :
> Retraites : la CGT revendique des coupures d’électricité à travers la France <https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/12/17/retraites-la-cgt-de-rte-revendique-des-coupures-d-electricite-en-gironde-et-a-lyon_6023180_823448.html>, Le Monde, 17/12/19, 21h10
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26- Fébus, un bus à hydrogène "zéro émission" mis en service à Pau, AFP, 17/12/19, 19:00
Fébus, un bus de 18 mètres de long fonctionnant à l'hydrogène avec "zéro émission", a été mis en service mardi à Pau (Pyrénées-Atlantiques).
Une flotte de huit de ces bus -- d'une capacité de 125 passagers (dont 32 assis) -- va effectuer un tracé de 6 km et 14 stations dans l'axe nord-sud de la ville, en site propre, sur un parcours spécialement aménagé (voirie, mobilier urbain, espaces verts, etc).
Des bus équipés de cette technologie ont également été mis en service à l'automne dans les Yvelines, entre Versailles et Jouy-en-Josas et dans le Pas-de-Calais entre Bruay-La-Buissière et Auchel.
Le maire de Pau François Bayrou a salué une "grande aventure humaine" et une "aventure technologique". C'est "un événement pour lutter contre les plus grands problèmes que notre planète a à affronter aujourd'hui. L'hydrogène est une réponse novatrice à la question cruciale du stockage et du transport de l'énergie", a-t-il ajouté.
La ligne devait être inaugurée ce mardi par le président Macron qui a repoussé sa venue à Pau en janvier et devrait ainsi inaugurer officiellement Fébus le 13 ou le 14 janvier, selon M. Bayrou.
"Fébus", conçu par le groupe belge Van Hool, propose une fréquence de passage toutes les 8 minutes aux heures de pointe. Il faudra 17 minutes pour parcourir le trajet entier, selon la Ville.
L'hydrogène des Fébus sera produit sur place, par électrolyse de l'eau, un hydrogène "vert".
Le nom de Fébus a été choisi en référence au prince Gaston III de Foix-Béarn, dit Gaston Fébus ou Phoebus, un chevalier et homme de lettres qui unifia au XIVe siècle des territoires correspondant au Béarn d'aujourd'hui, proclamant son indépendance.
N'émettant aucun gaz à effet de serre ou particule fine à l'échappement, les véhicules à hydrogène sont considérés comme une option pour décarboner le secteur des transports afin de contrer le réchauffement climatique, aux côtés des bus roulant au biométhane carburant et des bus électriques.
<https://information.tv5monde.com/info/febus-un-bus-hydrogene-zero-emission-mis-en-service-pau-337588>
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27- Voitures électriques : le bonus écologique revu à la baisse à partir de 2021, AFP, 17/12/19, 23:00
Le montant du bonus écologique pour l'achat d'un véhicule électrique, actuellement fixé à 6.000 euros, sera revu à la baisse en 2021 et 2022, a annoncé mardi le ministère de la Transition écologique et solidaire, qui prend en compte la baisse des prix de ce type de véhicules.
"Le gouvernement a décidé de maintenir l’enveloppe budgétaire du bonus en 2021 (400 millions d'euros) pour soutenir plus de 130.000 véhicules", a indiqué le ministère de la Transition écologique, ajoutant que le bonus "sera porté à 5.000 euros pour les personnes physiques en 2021".
Pour l'année 2022, l'enveloppe budgétaire consacrée au financement de ce dispositif passera à environ 340 millions d'euros pour soutenir plus de 160.000 véhicules, tandis que le bonus sera abaissé à 4.000 euros.
Ces chiffres prennent en compte la baisse attendue des prix des véhicules électriques "qui sera notamment accélérée par les nouvelles normes européennes sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre des constructeurs automobiles", a précisé le ministère.
Près de 40.000 véhicules électriques ont bénéficié du bonus en 2018 et 50.000 en 2019.
"L’objectif pour 2020 est de multiplier par 2 en 1 an le nombre de véhicules soutenus, et d’atteindre 100.000 véhicules électriques bénéficiant du bonus", a-t-on souligné.
En revanche, certaines catégories de véhicules ne pourront pas profiter pleinement du dispositif en 2020. Les véhicules dont le prix est compris entre 45.000 et 60.000 euros se verront en effet attribués un bonus réduit, à 3.000 euros, afin d'éviter "les effets d'aubaine".
"Au-delà d’un prix de 60.000 euros (véhicules très haut de gamme), les véhicules ne seront plus éligibles au bonus, à l'exception des véhicules utilitaires légers (...) et des véhicules hydrogène", a ajouté le ministère.
Le gouvernement a également décidé de distinguer les personnes physiques et morales dans l'attribution du dispositif "en raison des avantages fiscaux à destination des véhicules électriques dont disposent les entreprises".
Les entreprises "sont en effet exonérées de taxe sur les véhicules de société pour les véhicules électriques possédés", a complété le ministère.
Le bonus sera ramené à 3.000 euros pour les personnes morales en 2020, à 2.000 euros en 2021 puis à 1.000 euros en 2022.
"Cette visibilité pluriannuelle sur le bonus est une attente très forte de la filière automobile", a assuré le ministère de la Transition écologique, indiquant qu'un décret paraitra "d’ici la fin de l’année" pour mettre en œuvre les dispositions du bonus pour l’année 2020.
<https://information.tv5monde.com/info/voitures-electriques-le-bonus-ecologique-revu-la-baisse-partir-de-2021-337616>
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28- La crise du Boeing 737 MAX, un "choc" pour l'économie américaine, AFP, 17/12/19, 23:00
Delphine Touitou avec John Biers à New York
Mauvais pour Boeing, mauvais pour l'économie américaine : l'arrêt de la production du 737 MAX est un signal que l'avionneur reste englué dans la crise qui ne va pas épargner la croissance des Etats-Unis.
Le constructeur aéronautique américain a pris acte lundi que son avion vedette n'était pas près de revoler en annonçant la suspension de la production à partir de janvier, et pour une durée indéterminée.
Le 737 MAX est cloué au sol depuis mi-mars après deux accidents ayant fait 346 morts. Et alors que Boeing a martelé que son avion revolerait avant la fin de l'année, la FAA, le régulateur américain, a douché ses espoirs la semaine dernière.
"Cette décision montre que le processus (de retour en service du 737 MAX) prend plus de temps que Boeing ne l'anticipait et que cela a un impact sur les liquidités du groupe", explique à l'AFP Ernie Arvai, expert aéronautique chez Airinsight.
De plus, Boeing commence à manquer sérieusement de capacité de stockage alors que quelque 400 exemplaires se serrent sur ses parkings.
L'avionneur a également dû se rendre à l'évidence que le problème du 737 MAX s'est étendu bien au-delà du dysfonctionnement du MCAS, le système anti-décrochage, mis en cause dans les accidents meurtriers de Lion Air et Ethiopian Airlines survenus respectivement le 30 octobre 2018 et le 10 mars.
"D'autres problèmes relatifs à l'intégration informatique des commandes de vol, l'affichage dans le poste de pilotage et la formation des pilotes ont rendu le processus (de remise en service) plus difficile", détaille Ernie Arvai.
Pour l'heure, le constructeur américain assure que l'arrêt de la production n'aura pas de répercussion sur ses effectifs, les quelque 12.000 personnes affectées à la production du MAX à Renton (banlieue de Seattle), pouvant être assignées à d'autres tâches et/ou relocalisées dans d'autres usines.
A Wall Street mardi, le titre Boeing a terminé sur un niveau stable après avoir cédé plus de 4% la veille.
Pour autant, la décision de Boeing "laisse de nombreuses questions sans réponse", ont réagi des analystes de J.P. Morgan dans une note.
Quid en effet de la durée de l'arrêt de la production, du rythme de la production quand elle reprendra, de la date de la recertification de l'avion, du délai de livraison une fois l'interdiction levée et surtout, comment Boeing va-t-il soutenir la chaîne d'approvisionnement pendant l'arrêt de la production.
- Sous-traitants -
Pour Michel Merluzeau, la suspension de la production pourrait, dans un premier temps, aider Boeing, à condition que cela ne dure pas au-delà du premier trimestre 2020.
"Pour le premier trimestre, cela permet à Boeing de se préparer au retour en service du MAX", explique-t-il. D'autant que les avions stockés vont devoir subir une sérieuse révision avant de voler du fait de la longue immobilisation.
En revanche, "à partir d'avril, si on n'a pas de visibilité sur les dates de retour en service, la crise risque de s'accélérer et de mettre en difficulté la chaîne des sous-traitants", souligne-t-il. Et, "cela pourrait conduire à des licenciements chez Boeing".
Pour le moment, en vertu d'un accord avec ses sous-traitants, Boeing va continuer de payer ses partenaires sur le programme 737 MAX.
Plus de 600 sociétés soutiennent la production de la famille 737. Et "beaucoup de ces entreprises sont de petites et moyennes entreprises et nous savons qu'elles ont été, elles aussi, touchées par l'immobilisation au sol du 737 Max", avait reconnu le président, Dennis Muilenburg, en octobre.
Boeing a inscrit dans ses comptes en juillet une charge de 5,6 milliards de dollars pour les compensations aux compagnies aériennes qui ont dû annuler des milliers de vols et remplacer les 737 MAX dans leurs programmes par d'autres appareils.
Boeing va "brûler toujours plus d'un milliard de dollars par mois, même après l'arrêt de la production du 737 Max", estime J.P. Morgan.
Mais l'impact va se propager bien au-delà de la filière aéronautique.
Environ 25% de la production de Boeing est destinée au marché américain, environ 75% à l'export, rappelle Gregory Daco, chef économiste chez Oxford Economics.
"Nous avons examiné l'impact sur (...) l'investissement, le commerce et les stocks. Et ce que nous avons constaté, c'est que si vous accumulez les trois effets au premier trimestre de l'année prochaine, vous obtenez un impact sur le PIB d'environ 0,5% en chiffres annualisés", a-t-il indiqué à l'AFP.
"C'est relativement important pour une entreprise en particulier", a-t-il ajouté. "La majeure partie de cet impact proviendra des exportations, environ 0,4%, et 0,1% du côté des investissements".
Et alors que la croissance américaine ralentit, "ceci est un choc", relève-t-il.
<https://information.tv5monde.com/info/la-crise-du-boeing-737-max-un-choc-pour-l-economie-americaine-337598>
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En images
29- Reportage. Plan B : les côtes françaises sont-elles prêtes à affronter la montée des eaux ?, Le Monde, 17/12/19, 11h24
Karim El Hadj
D’ici à 2100, le niveau des océans pourrait grimper de plus d’un mètre, menaçant de nombreuses villes côtières françaises. Elus et chercheurs se mobilisent pour trouver des solutions.
Avec le réchauffement climatique, le niveau des océans s’élève. Et la mer finit par grignoter le littoral. Résultat : l’eau menace une partie de l’habitat en bord de mer, les terres agricoles et la nappe phréatique qui se charge en sel. Selon la nature du littoral, ce recul de la terre ferme peut aller de quelques centimètres par an pour les falaises à un ou deux mètres pour certaines plages. D’ici à 2050, 300 millions d’habitants risquent d’être confrontés à des inondations côtières au moins une fois par an. Alors, pour faire face à l’érosion du littoral, en Normandie, chercheurs et élus se mobilisent. Notre journaliste est allé à leur rencontre.
> Vidéo à voir à :
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/12/17/plan-b-les-cotes-francaises-sont-elles-pretes-a-affronter-la-montee-des-eaux_6023160_1652612.html>
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– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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