[revue-presse-FNH] Grande revue de presse de rattrapage centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international + 2 publications (lundi 8 juillet)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Lun 8 Juil 08:04:04 CEST 2019


 Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Investissements verts : nul besoin d’attendre un engagement à 27 pour agir ! <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/cp_190509_investissementsverts.pdf>, Fondation Nicolas Hulot, communiqué du 09/05/19
2- L’UE aura épuisé dès vendredi les ressources que la planète peut lui offrir pour l’année <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/09/l-ue-aura-epuise-des-vendredi-les-ressources-que-la-planete-peut-lui-offrir-pour-l-annee_5459989_3244.html>, Le Monde avec AFP, 09/05/17, 12h17
3- Assemblées générales : les actionnaires se rebellent <https://www.novethic.fr/actualite/gouvernance-dentreprise/gouvernance/isr-rse/saison-des-assemblees-generales-les-actionnaires-se-rebellent-147238.html>, Novethic, 09/05/19
4- Planète : la seule issue se trouve sous terre, selon certains experts <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/planete-la-seule-issue-se-trouve-sous-terre-selon-certains-experts_133553>, AFP, 10/05/19, 11:00
5- La transition écologique, thème incontournable des Européennes <https://www.lepoint.fr/politique/la-transition-ecologique-theme-incontournable-des-europeennes-10-05-2019-2311840_20.php>, AFP, 10/05/19, 12:00
6- Européennes : entre écologie et revenu, les partis veulent réorienter la PAC <https://lesmarches.reussir.fr/europeennes-les-partis-veulent-reorienter-la-pac>, AFP, 10/05/19, 16:00
7- Wildproject, dix ans d’« humanités écologiques » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/10/wildproject-dix-ans-d-humanites-ecologiques_5460284_3232.html>, Le Monde, 10/05/19, 16h46
8- En Amazonie, le combat de Raoni, le dernier des Kayapo <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/11/en-amazonie-le-combat-de-raoni-le-dernier-des-kayapo_5460803_3244.html>, Le Monde, 11/05/19, 06h26
9- Editorial. ADP : un référendum d’initiative partagée à double tranchant <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/11/adp-un-referendum-a-double-tranchant_5460891_3232.html>, Le Monde, 11/05/19, 11h11
10- Les défenseurs de l'environnement augmentent la pression sur les entreprises <https://www.la-croix.com/Economie/defenseurs-environnement-augmentent-pression-entreprises-2019-05-14-1301021712>, AFP, 14/05/19, 14h47
11- Entretien. Nicolas Hulot : « Il va falloir sortir de l'orthodoxie économique » <https://www.lepoint.fr/politique/nicolas-hulot-je-ne-veux-plus-me-laisser-prendre-15-05-2019-2312733_20.php>, Le Point, maj le 15/05/19, 12:05 
12- Conques : Nicolas Hulot plaide pour "changer de modèle économique" <https://www.centrepresseaveyron.fr/2019/05/15/conques-nicolas-hulot-plaide-pour-changer-de-modele-economique,8201678.php>, Centre Presse, 15/05/19, 18:22
13- Emmanuel Macron charge François-Henri Pinault de mobiliser la mode autour de l’environnement <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/15/emmanuel-macron-charge-francois-henri-pinault-de-mobiliser-la-mode-autour-de-l-environnement_5462578_3234.html>, Le Monde, 15/05/19, 22h36
14- Le Conseil de défense écologique installé dans les prochains jours <http://www.journaldelenvironnement.net/article/le-conseil-de-defense-ecologique-installe-dans-les-prochains-jours,97588?xtor=RSS-31>, Le JDLE, 15/05/19
15- Les lobbies lancent une offensive contre le droit de l’eau <https://www.euractiv.fr/section/plan-te/news/eu-clean-water-laws-under-attack-from-industry-lobbyists/>, EurActiv, 16/05/19, 09:29
16- Green IT, le collectif qui veut réduire la pollution numérique <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/17/green-it-le-collectif-qui-veut-reduire-la-pollution-numerique_5463402_3244.html>, Le Monde, 17/05/19, 12h22
17- Comment l’Europe a adopté la directive anti-plastique <https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/05/17/plastique-a-usage-unique-itineraire-d-une-directive-gatee_5463450_4500055.html>, M le Mag, maj le 18/05/19 à 06h10
18- Ils disent merci l’Europe <https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Ils-disent-merci-l-Europe-1624517>, Paris Match, 19/05/19, 03h00 
19- 150 Français tirés au sort, six mois de débat, la taxe carbone sur la table : la Convention citoyenne sur le climat se précise <https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/05/19/150-francais-tires-au-sort-six-mois-de-debat-la-taxe-carbone-sur-la-table-la-convention-citoyenne-se-precise_5464124_823448.html>, Le Monde, 19/05/19, 11h44
20- Le Festival de Cannes, un "immense gâchis environnemental" <https://www.lepoint.fr/societe/le-festival-de-cannes-un-immense-gachis-environnemental-21-05-2019-2313850_23.php>, AFP, 20/05/19, 10:00
21- Tribune. « La gouvernance sociale et environnementale au Brésil est en cours de démantèlement » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/21/la-gouvernance-sociale-et-environnementale-au-bresil-est-en-cours-de-demantelement_5465080_3232.html>, Le Monde, 21/05/19, 15h37
22- Institutions, agriculture, sécurité, social, environnement : 5 graphiques à avoir en tête avant de voter <https://www.franceinter.fr/monde/institutions-agriculture-securite-social-environnement-5-graphiques-a-avoir-en-tete-avant-de-voter>, France Inter, 21/05/19, 16h11
23- Tribune. « Mobilisons le secteur financier pour préserver la biodiversité » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/21/mobilisons-le-secteur-financier-pour-preserver-la-biodiversite_5465185_3232.html>, Le Monde, 21/05/19, 19h00
24- Le premier green bond des Pays-Bas noté Triple A fait un carton <https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/le-premier-green-bond-des-pays-bas-note-triple-a-fait-un-carton-817883.html>, La Tribune, 21/05/19, 19:45 
25- UE : le commerce international, nouvel enjeu électoral <https://www.lepoint.fr/monde/ue-le-commerce-international-nouvel-enjeu-electoral-21-05-2019-2314140_24.php>, AFP, 21/05/19, 20:00
26- Tribune. « L’obligation “verte” est une tentative pour faire croire qu’on fait quelque chose alors qu’on ne fait rien » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/21/l-obligation-verte-est-une-tentative-pour-faire-croire-qu-on-fait-quelque-chose-alors-qu-on-ne-fait-rien_5465162_3232.html>, Le Monde, 21/05/19, 20h41
27- Cinq choses que fait l'UE pour protéger l'environnement <https://www.geo.fr/environnement/cinq-choses-que-fait-lue-pour-proteger-lenvironnement-195122>, AFP, 23/05/19, 18:00
28- Les écotaxes restent marginales dans l'Union européenne <https://www.boursedirect.fr/fr/actualites/categorie/politique/les-ecotaxes-restent-marginales-dans-l-union-europeenne-afp-3642e95322cd41de520cddac8a2d4508e6df80a0>, AFP, 23/05/19, 18:00
29- Le travail décent, un enjeu mondial <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/23/le-travail-decent-un-enjeu-mondial_5465905_3234.html>, Le Monde, 23/05/19, 10h00
30- « Nos droits fondamentaux sont conditionnés par le respect du droit de la nature à exister et s’épanouir » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/24/nos-droits-fondamentaux-sont-conditionnes-par-le-respect-du-droit-de-la-nature-a-exister-et-s-epanouir_5466646_3232.html>, Le Monde, 24/05/19, 14h00 
31- Tribune. Cédric Durand et Razmig Keucheyan : « L’Etat doit prendre les commandes de la transition écologique » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/24/cedric-durand-et-razmig-keucheyan-l-etat-doit-prendre-les-commandes-de-la-transition-ecologique_5466643_3234.html>, Le Monde, 24/05/19, 14h00
32- Tribune. Laurence Tubiana : « L’Europe est notre meilleur atout dans la lutte pour la transition écologique » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/24/laurence-tubiana-l-europe-est-notre-meilleur-atout-dans-la-lutte-pour-la-transition-ecologique_5466645_3232.html>, Le Monde, 24/05/19, 14h00
33- Le pacte mondial pour l’environnement s’effondre à Nairobi <http://www.journaldelenvironnement.net/article/le-pacte-mondial-pour-l-environnement-s-effondre-a-nairobi,97732?xtor=RSS-31>, Le JDLE, 24/05/19
34- Fred Vargas : « Sur l’état de la planète, je tiens un discours d’instinct qui doit réveiller les gens » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/24/fred-vargas-sur-l-etat-de-la-planete-je-tiens-un-discours-d-instinct-qui-doit-reveiller-les-gens_5466836_3244.html>, Le Monde, maj le 25/05/19 à 06h26
35- Ces élèves indiens payent leurs frais de scolarité en déchets plastiques <http://www.slate.fr/story/177678/inde-frais-scolarite-plastique-recyclage>, Slate, 26/05/19, 07h26
36- Européennes : percée des Verts face à l'urgence climatique <http://www.lefigaro.fr/flash-actu/europeennes-percee-des-verts-en-europe-face-a-l-urgence-climatique-20190526>, AFP, 27/05/19, 02:00
37- L'Afrique du Sud, premier pollueur du continent, instaure une taxe carbone <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/l-afrique-du-sud-premier-pollueur-du-continent-instaure-une-taxe-carbone_133983>, AFP, 27/05/19, 14:00
38- Editorial. Elections européennes : vague verte sur l’Europe <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/28/elections-europeennes-vague-verte-sur-l-europe_5468494_3232.html>, Le Monde, 28/05/19, 10h49 
39- Europe, climat au menu de la réunion Bilderberg cette semaine en Suisse <https://www.geo.fr/environnement/europe-climat-au-menu-de-la-reunion-bilderberg-cette-semaine-en-suisse-195845>, AFP, 28/05/19, 19:00
40- Le projet de Montagne d'Or "ne se fera pas", réaffirme Poirson <http://www.lefigaro.fr/flash-eco/le-projet-de-montagne-d-or-ne-se-fera-pas-reaffirme-poirson-20190528>, AFP, 28/05/19, 19:00
41- Avis d’expert. Une loi pour développer l'économie circulaire grâce à la responsabilité élargie du producteur <https://www.actu-environnement.com/ae/news/loi-economie-circulaire-responsabilite-elargie-producteur-33518.php4>, Actu-Environnement.com <http://actu-environnement.com/>, 28/05/19
42- Entretien. Bruno Latour : « L’apocalypse, c’est enthousiasmant » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/31/bruno-latour-l-apocalypse-c-est-enthousiasmant_5469678_3232.html>, Le Monde, 31/05/19, 06h35
43- "On ne vit pas comme des 'bobos" : bienvenue à Trémargat, le village breton où l'on a toujours été écologiste <https://www.francetvinfo.fr/elections/europeennes/resultats-europeennes-2019-on-ne-vit-pas-comme-des-bobos-bienvenue-a-tremargat-le-village-breton-ou-l-on-a-toujours-ete-ecologiste_3466251.html>, France Télévisions, 01/06/19, 19:56
44- Taxe carbone : sortir de l’impasse <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/02/taxe-carbone-sortir-de-l-impasse_5470488_3234.html>, Le Monde, 02/06/19, 06h24
45- Entretien. Alain Grandjean : « Cesser d’augmenter la taxe carbone serait dramatique pour le climat en France » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/02/alain-grandjean-cesser-d-augmenter-la-taxe-carbone-serait-dramatique-pour-le-climat-en-france_5470478_3234.html>, Le Monde, 02/06/19, 16h15
46- Le casse-tête de la taxe carbone aux frontières de l’UE <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/02/le-casse-tete-de-la-taxe-carbone-aux-frontieres-de-l-ue_5470476_3234.html>, Le Monde, 02/06/19, 16h15
En audio
47- Comment la transition écologique fait-elle reculer le chômage ? <https://reporterre.net/Comment-la-transition-ecologique-fait-elle-reculer-le-chomage>, Reporterre, Une minute, une question, 29/05/19
En images
48- Fin du monde : l'appel d'Aurélien Barrau <https://www.youtube.com/watch?v=ckaErodDLnQ>, France 5, C à Vous, 09/05/19, 18h57
49- Reportage. En Amazonie, road-trip entre les champs de maïs transgéniques et le territoire Kayapo <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/13/en-amazonie-road-trip-entre-les-champs-de-mais-transgeniques-et-le-territoire-kayapo_5461593_3244.html>, Le Monde, 13/05/19, 17h57
50- Déforestation : le chef Raoni Metuktire lutte pour sauvegarder l'Amazonie <https://www.francetvinfo.fr/monde/bresil/deforestation-le-chef-raoni-metuktire-lutte-pour-sauvegarder-l-amazonie_3441951.html>, France 2, journal de 20h, 13/05/19
51- Comités écologiques : ménage en vue chez Théodule <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/video-comites-ecologiques-menage-en-vue-chez-theodule_3443351.html>, France 2, L'Oeil du 20 heures, maj le 15/05/19
52- Invité : Nicolas Hulot tire (encore) la sonnette d’alarme <https://www.tf1.fr/tmc/quotidien-avec-yann-barthes/videos/invite-nicolas-hulot-tire-sonnette-d-alarme.html>, TMC, Quotidien, 20/05/19
53- Découvrez l’interview vérité de Nicolas Hulot <https://www.youtube.com/watch?v=oQn2MDDPFEQ>, FNH, 20/05/19
54- Interview. Pour Dominique Bourg, «les difficultés, c'est pour maintenant» <http://www.slate.fr/story/177504/dominique-bourg-urgence-ecologie-elections-europeennes-rechauffement-climatique>, Slate, 21/05/19, 15h34
Deux publications
55- Le plus grand défi de l'histoire de l'humanité - Face à la catastrophe écologique et sociale <http://michel-lafon.fr/livre/2255-Le_plus_grand_defi_de_l_histoire_de_l_humanite.html>, d’Aurélien Barrau, Editions Michel Lafon, 02/05/19
56- Natura - Pourquoi la nature nous soigne et nous rend plus heureux <http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Natura-9791020906762-1-1-0-1.html>, Editions Les Liens qui Libèrent, 08/05/19

Bien à vous,
Florence

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ÉCHÉANCE DU JOUR : Alors qu’en 1961, le 'jour du dépassement' tombait le 13 octobre, depuis le 10 mai 2019, l’Union européenne vit 'à crédit' : elle a épuisé les ressources que la planète pouvait lui offrir pour l’année. (cf. item 2)
SOUBRESAUT DU JOUR : L’activisme actionnarial mais aussi des acteurs financiers et économiques plaident pour mettre les entreprises face à leurs responsabilités, notamment sur la question du climat et de la biodiversité. (cf. item 3, 10, 23, 24)
DOSSIERS DU JOUR : — En quoi l’écologie a été un sujet incontournable des élections européennes, en quoi l’UE intervient en matière d’environnement et avec quel impact pour les citoyens. (cf. item 5, 6, 17, 18, 22, 25, 27, 28, 32, 36, suite, 38, 43 & 54)
— Considéré comme l’un des instruments les plus performants pour lutter contre le dérèglement climatique, la taxe carbone est plébiscité par la plupart des économistes, n’a pas vocation à remplir les caisses de l’Etat et son application aux frontières de l’UE est complexe. (cf. item 37, 44, 45 & 46)
TOURNÉE DU JOUR : Trente ans après un premier voyage triomphal avec Sting, le cacique Raoni a entrepris une nouvelle tournée en Europe pour plaider la cause des Kayapos et de leur territoire, l’Amazonie. (cf. item 8, suite, 21, 49 & 50)
LOBBYING DU JOUR : Les lobbies lancent une offensive pour affaiblir les directives-cadres sur l’eau et les inondations, qui prévoient que tous les États membres s’assurent que leurs cours d’eau soient « en bonne condition écologique » d’ici 2027. (cf. item 15)
CHIFFRES DU JOUR : — En 2018, l’empreinte du numérique mondial a été de 1 492 millions de tonnes équivalent CO2. (cf. item 16 & suite)
— En 2017, selon l'Office européen des statistiques Eurostat, quelque 11,11% des recettes fiscales de la Lettonie provenaient d'impôts environnementaux. Ceux-ci, soutenus par l'opinion publique, ont permis au pays balte d'accélérer le verdissement de son économie. (cf. item 28)
ÉCHEC DU JOUR : Le projet d’élaborer un traité contraignant consacrant les grands principes du droit de l’environnement à l’échelle onusienne a échoué, le 23 mai à Nairobi (Kenya). Seule une déclaration politique les mentionnant pourrait être élaborée en 2021. (cf. item 33)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 120 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Investissements verts : nul besoin d’attendre un engagement à 27 pour agir !, Fondation Nicolas Hulot, communiqué du 09/05/19

Dans un livre en librairie ce jeudi 9 mai aux éditions Les Liens qui Libèrent, la Fondation Nicolas Hulot explique pourquoi et comment il est possible d’investir dès aujourd’hui dans la transition écologique.
Alors que de nombreux programmes pour les élections européennes renvoient les investissements en faveur de la transition écologique à un accord européen, Alain Grandjean, économiste, président de la Fondation Nicolas Hulot, rappelle qu’il est possible et déterminent de ne pas attendre un accord à 27 et que chaque pays de l’Union est en mesure de libérer les investissements verts au niveau national. Le problème est en effet moins technique que politique. 
Agir et négocier en même temps
Pour Alain Grandjean : « L’action résolue d’un ou plusieurs pays est le meilleur moyen de provoquer une dynamique européenne. L’accord à 27 ne doit pas être un préalable à des plans Marshall nationaux pour la transition écologique. Il en sera la conséquence »
Pour Kévin Puisieux, Responsable Economie et Finance et co-auteur du livre : « Le gouvernement n’a pas de raison de retarder la mobilisation générale pour le climat. Contrairement à ce qui est dit, investir les 30 milliards d’euros d’argent public manquant chaque année en France pour la transition est compatible avec les traités européens » 
Comment ? En activant les flexibilités permises par 2 clauses des traités européens : les circonstances exceptionnelles que représentent le dérèglement accéléré du climat et l'effondrement de la biodiversité ainsi que l’impact négatif, à terme, d’une absence d’investissements sur la richesse européenne. 
Interpréter la règle des 3%
La Commission européenne peut ainsi mettre entre parenthèse l’application dogmatique de la règle des 3% de déficit public pour financer par exemple la rénovation massive des logements et le remplacement des véhicules les plus polluants. 
Par ailleurs, il serait cohérent de ne plus compter les investissements verts comme des dépenses de fonctionnement, à l’instar des entreprises qui dissocient, dans leur comptabilité, les investissements amortis sur de nombreuses années et les dépenses courantes. 
Ces règles enferment l’Europe dans une spirale de sous-investissement qui pèse sur sa capacité à préparer l’avenir.
> Agir Sans Attendre : en librairie le 9 mai 2019
<http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Agir_sans_attendre-9791020907240-1-1-0-1.html <http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Agir_sans_attendre-9791020907240-1-1-0-1.html>>
<http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/cp_190509_investissementsverts.pdf <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/cp_190509_investissementsverts.pdf>>
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2- L’UE aura épuisé dès vendredi les ressources que la planète peut lui offrir pour l’année, Le Monde avec AFP, 09/05/17, 12h17

La situation ne cesse de se dégrader. En 1961, ce « jour du dépassement » tombait le 13 octobre, selon le WWF. 
Dès vendredi 10 mai, l’Union européenne (UE) vivra « à crédit » : elle aura épuisé les ressources que la planète peut lui offrir pour l’année, alerte WWF (World Wildlife Fund – le Fonds mondial pour la nature) jeudi 9 mai, à deux semaines des élections européennes. L’organisation non gouvernementale (ONG) relève que ce « jour du dépassement » tombe plus tôt chaque année. « A partir de vendredi les Européens vivront à crédit. Cela signifie que si le monde entier vivait comme eux, l’humanité aurait consommé toutes les ressources naturelles que la planète peut renouveler en un an », souligne l’association, qui publie ce rapport avec l’ONG Global Footprint Network.
Pêche, agriculture, sylviculture, construction, empreinte carbone… si l’humanité consommait autant que les Européens, elle aurait besoin de 2,8 planètes bleues, note le rapport. Alors que l’Union européenne regroupe 7 % de la population mondiale, elle absorbe 20 % de la biocapacité de la Terre. La situation ne cesse de se dégrader : en 1961, ce « jour du dépassement » tombait le 13 octobre. Même si les cas varient selon les régions : cette année le Luxembourg a atteint ce cap dès la mi-février, quand la Roumanie y sera à la mi-juin. C’est « un déficit que nous continuons de creuser d’année en année, en empruntant des ressources à la Terre, aux autres pays et aux générations futures », déplore le WWF.
> Lire aussi  « C’est trop tard, on ne peut plus rien faire » et autres idées reçues sur le réchauffement climatique
Les hommes consomment au-delà des capacités
A l’échelle mondiale, les hommes consomment aussi largement au-delà des capacités de renouvellement des ressources, et chaque année le « jour du dépassement » tombe plus tôt. En 2018 c’était le 1er août (en 1997 à la fin de septembre).
« Nous appelons les décideurs politiques à prendre des mesures à la hauteur des enjeux : des solutions existent, mais elles doivent être mises en œuvre dès maintenant ! », a appelé la navigatrice Isabelle Autissier, présidente de WWF France. Parmi les actions prônées au niveau européen, l’adoption d’une politique agricole commune « qui préserve les ressources naturelles et favorise l’emploi », et d’un « plan contre la déforestation et la conversion des écosystèmes naturels ». L’ONG réclame aussi des règles de contrôle des flottes de pêche pour assurer la légalité et la durabilité des pratiques.
> Lire aussi  Climat : « Nous dépendons fondamentalement de la diversité du vivant »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/09/l-ue-aura-epuise-des-vendredi-les-ressources-que-la-planete-peut-lui-offrir-pour-l-annee_5459989_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/09/l-ue-aura-epuise-des-vendredi-les-ressources-que-la-planete-peut-lui-offrir-pour-l-annee_5459989_3244.html>>
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3- Assemblées générales : les actionnaires se rebellent, Novethic, 09/05/19
Arnaud Dumas

Bayer, Barclays, UBS… La saison des assemblées générales connaît déjà quelques soubresauts, avec des actionnaires qui votent contre les dirigeants et leur demandent d’être plus responsables. L’activisme actionnarial se renforce pour mettre les entreprises face à leurs responsabilités, notamment sur la question du climat. Les entreprises commencent à écouter...elles doivent maintenant passer à l’action.
Un petit air de révolte se fait sentir chez les actionnaires des grandes entreprises. La saison des assemblées générales commence à peine et, déjà, des dirigeants ont reçu de sévères avertissements. L’assemblée générale de Bayer, le 26 avril, s’est terminée par un vote sanction contre le management de l’entreprise, après 13 heures de réunion marathon. Le rachat du groupe américain Monsanto et ses multiples controverses sur son impact négatif sur l’environnement s’est traduit par une chute de près de 40 % du cours de l’action Bayer. Les actionnaires ne l’ont pas digéré, ils se sont prononcés à 55 % contre le quitus au management.
Même chose chez UBS. La décharge des managers de la banque suisse n’a pas été votée non plus lors de l’assemblée générale du 2 mai. Cette fois, c’est l’amende record de 3,7 milliards d’euros infligée par le Tribunal de grande instance de Paris à UBS pour le système de facilitation de l’évasion fiscale de Français fortunés qui a déclenché la colère des petits porteurs.
Dans ces deux cas, les actionnaires ont pris la mesure de leur pouvoir en n’hésitant pas à utiliser leur arme ultime, en votant contre les dirigeants. Ils ont sanctionné des pratiques qu’ils ont jugées irresponsables et qui ont eu un impact direct sur la valeur de l’entreprise. Les exemples pourraient se poursuivre dans les prochaines semaines. Comme chez EssilorLuxottica, où des investisseurs et des actionnaires salariés ont déposé une résolution pour nommer des administrateurs indépendants et mettre fin à la crise de gouvernance. Une action rare en France, où il faut au moins 0,5 % du capital d’une société du CAC 40 pour déposer une résolution, quand aux États-Unis, la détention de l’équivalent de 2 000 dollars de capital suffit.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/gouvernance-dentreprise/gouvernance/isr-rse/saison-des-assemblees-generales-les-actionnaires-se-rebellent-147238.html <https://www.novethic.fr/actualite/gouvernance-dentreprise/gouvernance/isr-rse/saison-des-assemblees-generales-les-actionnaires-se-rebellent-147238.html>>
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4- Planète : la seule issue se trouve sous terre, selon certains experts, AFP, 10/05/19, 11:00
Ella IDE

Les solutions aux menaces les plus graves pesant sur l'avenir de la planète se trouvent... sous nos pieds, affirment certains experts.
Du réchauffement climatique aux pénuries alimentaires en passant par la surpopulation, pour chacun de ces problèmes, il suffit de creuser, affirment ces experts interrogés par l'AFP en marge d'un congrès mondial sur les tunnels, qui s'est tenu cette semaine à Naples (sud).
"Nous arrivons à un moment de notre histoire dans lequel il nous faut commencer à chercher de nouveaux espaces", a ainsi assuré Han Admiraal, ingénieur civil et spécialiste du "souterrain".
Selon lui, les efforts nécessaires pour atteindre sept des 17 objectifs fixés par l'ONU en matière de développement durable, de la pollution urbaine à la faim dans le monde, pourraient être considérablement allégés en cherchant de l'espace sous terre.
"Nous ne semblons pas réaliser que nous sommes en train de perdre chaque année de grandes superficies de terre arable à un rythme alarmant, là où nous devrions au contraire les augmenter pour nourrir la population mondiale en pleine croissance", explique cet expert.
Or, "les espaces souterrains pourraient facilement être utilisés pour l'agriculture", affirme-t-il, tout en visitant le Tunnel Bourbon, construit sous la ville de Naples pour offrir au roi Ferdinand II de Bourbon une échappatoire après les émeutes de 1848.
Des percées scientifiques dans des domaines comme l'aquaponie, un système qui réunit culture et élevage de poissons, peuvent aussi aider à augmenter l'offre de produits alimentaires, sans augmenter les surfaces cultivées, tout en réduisant fortement les coûts de transport si de telles "fermes" sont installées sous les villes.
- Soja ou lupin contre viande -
Certaines plantes comme le fenouil, le radis, la coriandre ou même la laitue sont déjà cultivées sous terre, assure M. Admiraal.
"Nous pourrions envisager d'ajouter des plantes comme le soja ou le lupin, qui peuvent être utilisés pour produire des aliments plus protéinés, pouvant servir de substitut à la viande", réduisant ainsi d'autant notre dépendance à l'un des plus grands responsables du réchauffement climatique: l'industrie de la viande.
"Nous pourrions aussi penser à l'utilisation des parkings souterrains: nous savons que les voitures tuent les villes. Nous sommes en train de passer à la voiture électrique, à des voitures automomes, à leur partage. La question est donc de savoir si tous ces espaces seront encore utiles à l'avenir, de la même manière qu'ils le sont aujourd'hui", ajoute l'expert.
De Boston à Oslo, Rio de Janeiro, Seattle et Sydney, des infrastructures comme des autoroutes multi-voies sont déjà enterrées et les espaces libérés convertis en parcs, relève de son côté Antonia Conaro, experte en planification urbaine.
"Les villes où la croissance de la population est très forte, et qui manquent de ressources, cherchent des moyens innovants pour se développer", explique-t-elle.
"Elles envisagent par exemple de bâtir des cités flottantes mais réalisent que ce n'est pas forcément la solution parce que cela affecte la vie marine et qu'elles sont difficiles à construire. Donc pourquoi ne pas chercher sous terre?", ajoute Mme Conaro, membre, tout comme M. Admiraal, du comité international sur l'espace souterrain (Itacus).
Des métropoles énormes comme Singapour ou Hong Kong ont déjà commencé à changer leur législation pour permettre à des universités, des bibliothèques, des cinémas ou des centres commerciaux de s'installer sous terre.
Et les arbres plantés sur les terrains gagnés sur le béton ou le macadam sont autant de contributions, aussi minces soient-elles, à la lutte contre la pollution de l'air.
S'abriter sous terre peut aussi permettre à la population de se protéger des fortes intempéries, comme les cyclones, redoutées avec le réchauffement climatique.
"Face aux inondations et autres catastrophes naturelles, cela peut vraiment rendre la ville plus résistante, si on en exploite le potentiel souterrain", juge cette experte.
"La fibre optique peut apporter la lumière sous terre et il est possible aujourd'hui de simuler une luminosité propre à la lumière naturelle", assure-t-elle.
La survie des plantes sans les rayons du soleil est au centre de nombreuses études, qui cherchent en particulier la fréquence optimale sur le spectre de la lumière pour permettre la photosynthèse, indispensable à la croissance des végétaux.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/planete-la-seule-issue-se-trouve-sous-terre-selon-certains-experts_133553 <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/planete-la-seule-issue-se-trouve-sous-terre-selon-certains-experts_133553>>
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5- La transition écologique, thème incontournable des Européennes, AFP, 10/05/19, 12:00
Stéphanie Lerouge

Banque climat, taxe carbone aux frontières, tribunal de justice climatique : Face à "l'urgence climatique", de nombreux partis placent la transition écologique au sommet de leurs priorités pour les européennes, avec cependant des divergences dans la nature et l'ampleur des solutions envisagées.
- Banque climat et budget écologique -
Parmi les partis susceptibles d'envoyer des élus à Strasbourg, LREM, EELV, LFI et la liste PS-Place publique affichent clairement leur volonté de faire de la transition écologique leur priorité pour ces élections.
"La proposition principale" de la République en Marche vise à investir "massivement dans la transition écologique et solidaire", car, estime-t-elle "au moins 1.000 milliards d'euros sont nécessaires d'ici 2024 pour développer les énergies et les transports propres, rénover les logements et accompagner la reconversion des travailleurs des secteurs en transition".
Le parti présidentiel souhaite la création d'une Banque du climat et que "40% des dépenses européennes" aillent à la transition écologique (en 2018, le budget européen s'est élevé à 160 milliards d'euros). 
Une proposition inspirée du "Pacte Finance-climat", dont le climatologue Jean Jouzel et le fondateur de Nouvelle Donne Pierre Larrouturou se font les inlassables promoteurs depuis deux ans, et qui a été signé par de très nombreuses personnalités.
Ce "Pacte" prévoit d'affecter 400 milliards d'euros par an à la transition énergétique, dont 300 à 350 via la "banque du climat", et 100 via le budget européen, explique M. Larrouturou à l'AFP.
Pour celui qui est désormais candidat sur la liste de Raphaël Glucksmann (n°5), la proposition d'En Marche est insuffisante. M. Larrouturou se félicite en revanche que M. Glucksmann ait repris "l'intégralité" du Pacte et notamment l'idée d'une taxe sur les bénéfices des sociétés pour alimenter le budget européen.
Tête de liste EELV, Yannick Jadot veut lui aussi une "banque européenne du climat et de la biodiversité", et un plan d'investissement de "100 milliards d'euros par an pour la sobriété, l'efficacité énergétique, les énergies renouvelables et la mobilité durable". Son projet prévoit de relever le budget de l'UE à 5% de son PIB (contre 1% aujourd'hui) et d'en consacrer "au moins 5% au climat", un budget alimenté notamment par une taxe sur les transactions financières.
LR veut un "Plan européen pour le climat, piloté par un Haut Commissaire européen pour le climat et la biodiversité favorisant notamment les prêts à taux zéro de la Banque européenne d'investissement".
M. Glucksmann et EELV entendent par ailleurs sortir les investissements écologiques de la règle des 3% de déficit, tandis que LFI préconise de s'affranchir des "diktats austéritaires de Bruxelles" pour retrouver "la liberté d'investir en faveur du progrès social et écologique". LREM parle de compléter le Pacte de stabilité par un "Pacte de soutenabilité", l'idée étant de rendre les objectifs climatiques contraignants.
Pour EELV, les critères environnementaux doivent primer sur les critères économiques et veut que les Etats qui ne diminuent pas leurs budgets carbone ni leur empreinte écologique puissent "faire l'objet de poursuites par la Commission européenne".
- Taxe carbone et "protectionnisme vert" -
Autre idée que l'on retrouve dans la majorité des programmes, celle d'une taxe écologique aux frontières de l'Europe. LR parle dans sa proposition 31 "d'instaurer une +barrière écologique+, grâce à la mise en place en oeuvre de droits de douane anti-pollution sur les produits importés de pays qui ne respectent pas nos normes environnementales ou sociales".
Le RN entend "surtax(er) les importations mondialisées anti-écologiques", et LREM "taxer le carbone des produits importés en Europe". Même chose pour LFI, EELV et Place publique allié au PS. Plusieurs se prononcent pour un "Buy European Act", soit l'introduction d'une clause de préférence européenne dans les marchés publics (LR, PS-Place publique). LFI veut donner la "priorité aux productions locales" dans les appels d'offre pour la commande publique, et le RN "favoriser le localisme".
Certains vont plus loin en souhaitant remettre en cause les accords de libre-échange. Raphaël Glucksmann veut ainsi suspendre "toutes les négociations et toutes les ratifications des accords de commerce et d'investissement, y compris le (traité euro-canadien) CETA, tant que n'auront pas été démocratiquement définis les critères environnementaux, sociaux, fiscaux et de droits humains ambitieux qui remettent la politique commerciale au service du droit commun". Même méfiance vis-à-vis du libre-échange chez EELV, LFI et le RN.
- Contre les énergies fossiles -
LREM propose de "taxer le transport aérien" (comme le PS, EELV et LFI) et d'arrêter la vente de voitures diesel et essence d'ici 2040. Elle veut "fermer toutes les centrales fonctionnant aux énergies fossiles et sortir de tous les hydrocarbures d'ici 2050".
LFI ambitionne 100% d'énergie renouvelables en 2050 via la "planification écologique" et la gestion publique de l'énergie. Elle entend "interdire l'importation de produits issus de la déforestation" et soutient la proposition d'un "tribunal de justice climatique".
LFI, EELV et Place publique veulent mettre fin aux subventions publiques en faveur des énergies fossiles. EELV propose un "bouclier écologique et social", soit un "fonds social pour la transition écologique" accompagnant la transformation des régions et des travailleurs des secteurs économiques les plus dépendants des énergies fossiles et toxiques.
<https://www.lepoint.fr/politique/la-transition-ecologique-theme-incontournable-des-europeennes-10-05-2019-2311840_20.php <https://www.lepoint.fr/politique/la-transition-ecologique-theme-incontournable-des-europeennes-10-05-2019-2311840_20.php>>
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6- Européennes : entre écologie et revenu, les partis veulent réorienter la PAC, AFP, 10/05/19, 16:00
Jérémy Marot

Améliorer les revenus des exploitants d'un côté, favoriser une agriculture de qualité, soucieuse de l'environnement de l'autre : les partis cherchent l'articulation entre ces deux axes en vue des élections européennes, organisées en pleines négociations sur la future Politique agricole commune 2021-2027. 
Avec plus de 360 milliards d'euros alloués entre 2014 et 2020 - soit environ 40% du budget de l'Union européenne (dont 9,1 milliards d'euros par an pour la France), la PAC est un fromage aussi vital qu'appétissant pour l'agriculture nationale. Mais son avenir est incertain dans le contexte du Brexit, avec une possible baisse des crédits, à laquelle la France s'oppose fermement.
Le Rassemblement national estime qu'il est nécessaire d'arrêter ce programme pour "instaurer une Politique agricole française", capable de "protéger l’agriculture française face à la concurrence déloyale" et de "mettre en valeur et favoriser à l’international les richesses de notre terroir". Le RN met aussi l'accent sur la défense des "petites et moyennes exploitations agricoles", en s'appuyant sur le principe du "localisme" qui s'attache à privilégier les circuits courts.
Pour le reste du champ politique, attaché à la PAC, se pose la même problématique, résumée par le Parti communiste : comment allier "l'impératif d'un travail rémunérateur et celui d'une agriculture paysanne libérée de la pression du rendement à tout prix et du recours aux pesticides". 
Pour la République en marche, il s'agit d'abord de "ramener de la sérénité dans les exploitations agricoles", dixit l'éleveur et candidat Jérémy Decerle, en érigeant le revenu des exploitants comme première priorité. 
Le parti présidentiel affiche sa volonté de "défendre le budget agricole" mais en revoyant le système des aides qui ne doivent plus être allouées à l'hectare, ce qui favorise l'agrandissement des exploitations, mais en les concentrant "sur les exploitations petites et moyennes, les exploitations familiales, celles qui jouent le jeu de la transition écologique, en diminuant les pesticides, en sortant du glyphosate, en privilégiant le bio", selon l'écologiste et N.2 de la liste Pascal Canfin.
De manière générale, sanctuariser le budget de la PAC, flécher les aides vers la transition écologique et protéger les petites exploitations (une particularité française) font largement consensus à droite comme à gauche.
- Un volet "Alimentation" -
Par exemple, PS-Place Publique milite pour attribuer 70% du budget de la PAC "aux pratiques agricoles qui visent à l'abandon des pesticides et des engrais de synthèse, afin de permettre la restauration des sols, une meilleure gestion des ressources en eau et l’entretien des paysages et de la biodiversité". Générations évoque la création d'un "bouclier bio qui financera intégralement les coûts du passage à l'agriculture biologique pour les agriculteurs".
La France insoumise plaide de son côté pour "sortir des pesticides, des néonicotinoïdes et des OGM". "Si l'UE ne prend pas ces mesures, chaque Etat doit pouvoir les appliquer unilatéralement y compris vis-à-vis des importations en provenance d'autres pays de l’UE", ajoute LFI.
A gauche, les formations s'accordent pour inclure un volet "alimentation" dans la PAC. 
La France insoumise propose ainsi de "réduire fortement la part de l’alimentation carnée notamment en favorisant des subventions de la PAC pour les cultures végétales à destination de l’alimentation humaine". PS-Place publique demande de son côté "une TVA à taux réduit sur les produits de l'agriculture biologique"
"Nous voulons favoriser l'alimentation locale, avec la généralisation des plans alimentaires territoriaux, des journées européennes végétariennes et bio dans les cantines scolaires et la restauration collective, le retrait des aides de la PAC en cas d'exportation et l'instauration d'un conditionnement des aides à un critère territorial pour relocaliser l’agriculture", détaille Europe Ecologie - Les Verts.
Moins teinté d'écologie, le programme des Républicains se distingue par sa volonté de rétablir le "préférence communautaire dans le domaine agricole" mais aussi par la création d'un "Fonds européen permanent de prévention et de gestion des crises agricoles pour intervenir rapidement en dehors du principe budgétaire d’annualité de la PAC". LR appelle aussi à défendre "des synergies avec d'autres programmes européens", prenant comme exemple "les applications du secteur spatial au secteur agricole dans la gestion des terres et des ressources".
<https://lesmarches.reussir.fr/europeennes-les-partis-veulent-reorienter-la-pac <https://lesmarches.reussir.fr/europeennes-les-partis-veulent-reorienter-la-pac>>
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7- Wildproject, dix ans d’« humanités écologiques », Le Monde, 10/05/19, 16h46
Catherine Vincent 

La maison d’édition française, créée par Baptiste Lanaspèze, publie depuis 2009 les auteurs majeurs de la philosophie environnementale. 
Vie des idées. Evoquant le renouveau intellectuel induit par la crise écologique, Philippe Descola, anthropologue au Collège de France, est formel : « Nous sommes au seuil d’un mouvement du même ordre d’ampleur que ce qu’ont accompli les penseurs des Lumières au XVIIIe siècle. » En France, il y a peu encore, cette assertion aurait fait sourire : pour le grand public comme pour les chercheurs, l’écologie se réduisait essentiellement aux sciences de l’environnement.
Dans les pays anglo-saxons, en revanche, l’exploitation à outrance de notre planète suscitait déjà, et de longue date, de fructueuses réflexions dans le domaine des sciences humaines. C’est en partant de ce constat que Baptiste Lanaspèze créa les éditions Wildproject, qui fêtent aujourd’hui leurs 10 ans, dans une véritable effervescence de la pensée écologique.
> Lire aussi  Il y a trente ans, le monde aurait pu sauver le climat
« C’est l’histoire d’un étudiant en philosophie qui ne comprenait pas pourquoi la nature n’y avait pas droit de cité », résume-t-il. A 25 ans, il part aux Etats-Unis, fait un stage dans une agence littéraire et tombe sur le manuscrit de Monster of God (Hutchinson 2004, non traduit), de David Quammen, auteur américain de fiction passionné de sciences et de nature. « Ce fut pour moi une révélation majeure. En lisant ce texte, j’ai compris qu’il y avait des gens, aux Etats-Unis, qui pensaient l’écologie dans son ensemble, avec des implications politiques et métaphysiques sur notre rapport au monde. » Baptiste Lanaspèze écrit à Quammen, lui demande ses sources, et reçoit en retour une liste d’une trentaine de titres. Aucun n’a été traduit en français. Un minerai extraordinaire pour lancer sa maison d’édition.
Le vent en poupe
Ainsi naît Wildproject, en 2009, avec un coup de maître : la réédition de Printemps silencieux, best-seller mondial publié aux Etats-Unis en 1950, dans lequel l’Américaine Rachel Carson décrit les conséquences de l’usage massif du pesticide DDT sur l’écosystème et sur la santé humaine – les droits du texte étaient disponibles, en France, depuis 1965. Suivent quelques auteurs majeurs de la philosophie de l’écologie : l’Américain John Baird Callicott, le Japonais Kinji Imanishi, le Norvégien Arne Næss. « Les débuts ont été difficiles, se souvient le jeune éditeur, qui publie, en étant quasiment seul à bord, cinq à sept ouvrages par an. Mais soudain, vers 2013-2014, quelque chose s’est mis à bouger dans les sciences humaines et sociales. »
> Lire aussi  Histoire d’une notion : « Solastalgie » ou le mal du pays quand il est bouleversé
D’autres collections – « Anthropocène », au Seuil – ou maisons – Zones sensibles – se créent, et les penseurs français de l’écologie (Bruno Latour, Philippe Descola, Catherine et Raphaël Larrère) ont le vent en poupe. Wildproject commence à recevoir les manuscrits de jeunes auteurs français, tel le passionnant essai de philosophie animale de Baptiste Morizot, Les Diplomates. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant (Prix du livre d’écologie politique, 2016). Le mouvement des « humanités écologiques » est lancé.
> Lire aussi  « Le loup remet en question notre modèle de souveraineté humaine »
Pour saisir son dynamisme, sa richesse et sa portée politique, il faut lire Un Sol commun. Lutter, habiter, penser (200 pages, 15 euros), ouvrage-kaléidoscope que publie la petite maison à l’occasion de ses 10 ans d’existence. Interrogés par Marin Schaffner, une vingtaine d’auteurs, éditeurs ou militants y décrivent ce nouveau continent qu’est pour eux l’écologie, à la croisée des sciences, des arts et des luttes. Car ils sont nombreux à le souligner : l’action, dans ce domaine, nourrit désormais la réflexion autant que l’inverse est vrai. Le printemps, décidément, n’est plus silencieux.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/10/wildproject-dix-ans-d-humanites-ecologiques_5460284_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/10/wildproject-dix-ans-d-humanites-ecologiques_5460284_3232.html>>
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8- En Amazonie, le combat de Raoni, le dernier des Kayapo, Le Monde, 11/05/19, 06h26
Nicolas Bourcier (Metuktire, Peixoto de Azevedo, Brasilia (Brésil), envoyé spécial), Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante) et  Sabah Rahmani (Metuktire, Peixoto de Azevedo, Brasilia (Brésil), envoyée spéciale)

Le cacique débute lundi une nouvelle tournée en Europe pour plaider la cause de son peuple, trente ans après un voyage triomphal avec Sting. 
D’abord il crache, puis il expulse de ses poumons les restes de fumée qui s’y blottissent avant de se lancer, d’un trait et pendant plus d’une heure, dans son histoire. A 87 ans, ou davantage, Raoni aime les contes. Surtout ceux qui évoquent les hommes et les femmes de son village kayapo, portant des masques et des parures au milieu de fêtes qui durent des semaines, parfois des mois.
Il parle et sa voix rugit tel un jaguar. Ses chants portent comme des oiseaux. Par moments, on entend son rire de vieux sage. Raoni fait ensuite silence et regarde la route avec la détermination de ceux qui ont appris à savourer chaque seconde de l’existence. « Non, je n’ai aucun regret, rien », glisse-t-il.
> Lire aussi  Brésil : la détresse des indigènes face au mépris de Jair Bolsonaro
Sur le bac qui relie les deux rives léchées par les eaux sombres du rio Xingu, en plein cœur de ce Sud profond de l’Amazonie brésilienne, trois touristes se précipitent sur lui pour une séance de selfies. Lui s’en amuse. Il pose avec sa pipe calée entre le coin de sa lèvre et son célèbre plateau labial. Il est fier : « Vous savez qu’une partie des revenus du bateau permet d’acheter chaque mois de la nourriture pour le village ? » Il remonte dans la voiture. Et ponctue la conversation par : « Vous avez des sous ? »
Raoni, c’est un peu ça : un cacique connu de tous, un colosse au charme immédiat, mais à la parole directe et tranchante, tourné exclusivement vers la survie des siens, quoi qu’il en coûte. « L’argent est une malédiction », dit-il. Avant de s’empresser d’ajouter, comme pour mieux conjurer un piège devenu incontournable : « Mais une malédiction aujourd’hui indispensable pour maintenir la démarcation de nos terres, les protéger et aider nos peuples. » 
Neuvième tournée en Europe
Le chef kayapo effectue sa neuvième tournée en Europe du 13 au 31 mai. Sa figure poignante avait déjà secoué la planète en 1989, lorsqu’il courut au côté de Sting les plateaux télé et les scènes de concert. Il a connu la surexposition médiatique. Le tourbillon d’une époque. Les centaines de milliers de dollars amassés pour la cause indigène, la démarcation des terres et la défense des cultures autochtones. Les bisbilles aussi et les tiraillements avec des proches. Et puis plus rien, ou presque.
Après l’« âge d’or » des années 1990, comme l’appellent les indigénistes, les dangers sont vite réapparus. Le président Luiz Inacio Lula da Silva a autorisé la construction du barrage controversé de Belo Monte sur le Xingu. D’autres ont suivi. Les routes aussi. Et l’extension irréfrénée des fronts agricoles. L’argent, lui, s’est glissé dans les villages, même les plus reculés, avec la bolsa familia, cette bourse versée aux familles les plus pauvres du pays. Un pécule modeste, mais qui a encore un peu plus modifié les équilibres déjà fragiles des communautés indigènes.
> Lire aussi  Raoni, chef indien contre le barrage de Belo Monte au Brésil
L’arrivée au pouvoir en janvier de Jair Bolsonaro n’a fait qu’accentuer les inquiétudes. En évidant le ministère de l’écologie et en laissant aux mains de l’agrobusiness la tâche de démarquer les terres indigènes, le président d’extrême droite a revendiqué une stratégie d’exploitation sans concession de l’Amazonie, et une volonté d’acculturation violente des populations autochtones. Il l’a dit en campagne : « Les minorités devront s’adapter à la majorité… ou simplement disparaître. »
Alors, Raoni est venu à Brasilia, deux fois depuis l’investiture de Jair Bolsonaro. Il y a fait part de sa colère. Porte-parole des populations natives du Brésil, il a promis de repartir en guerre face aux nouveaux hommes forts de la capitale. A l’écouter parler devant les micros, Raoni a su une nouvelle fois brasser le destin des centaines d’Indiens kayapo (7 000 personnes selon les statistiques), des milliers d’autres Indiens des villages et des villes (900 000 personnes), pris au piège de l’identité dans un pays où les indigènes sont à la fois citoyens depuis peu et victimes depuis trop longtemps.
Trois objectifs
Pour sa nouvelle tournée européenne, le cacique participera à plusieurs conférences aux côtés de Jean-Pierre Dutilleux. C’est ce cinéaste belge qui lui avait consacré, en 1978, un documentaire, Raoni, nominé aux Oscars l’année suivante, avec la voix off de Marlon Brando.
Interrogé par Le Monde, le réalisateur, président d’honneur de l’Association pour la forêt vierge, identifie trois objectifs pour cette tournée : collecter 1 million d’euros afin de démarquer de nouveaux territoires kayapo, 15 millions d’euros pour créer un Institut Xingu au cœur de la réserve indigène, et promouvoir son dernier livre avec le cacique, paru le 8 mai et intitulé Raoni. Mon dernier voyage. SOS pour l’Amazonie (Arthaud, 254 p., 19 euros). Le dernier et sixième opus consacré à son « ami » Raoni, comme il dit, avec une préface du journaliste Patrick Mahé, ancien de Paris Match et proche de Jean-Marie Le Pen.
Etrange attelage. Raoni et Jean-Pierre Dutilleux se sont rencontrés en 1973 dans la forêt amazonienne, ici même, en plein Mato Grosso. Jeune aventurier, le cinéaste belge intervient alors pour soigner un des fils du cacique grièvement blessé. C’est lui qui participera ensuite à la première médiatisation du chef indien, sera témoin de son premier contact avec l’argent, ainsi que de l’ouverture de son premier compte en banque. S’ensuivent quarante années de relations intenses, tumultueuses aussi, faites de ruptures et de controverses. Une période durant laquelle le réalisateur autodidacte n’aura de cesse d’alimenter une réputation sulfureuse.
A intervalles plus ou moins réguliers, il fait l’objet de nombreuses critiques acerbes dans les médias, non seulement brésiliens, mais aussi belges, anglais et français. Des critiques également de la part d’anthropologues et d’anciens collègues, qui voient en lui un opportuniste de la cause, un ambitieux malhonnête, soucieux de ses propres intérêts. Dès 1981, le quotidien Folha de S. Paulo accuse Jean-Pierre Dutilleux de n’avoir pas respecté son contrat avec la Fondation nationale de l’Indien (Funai), qui prévoyait un versement de 10 % des gains du film Raoni à des communautés indiennes du Xingu.
Plusieurs fois, Raoni dénonce l’utilisation de son nom par le cinéaste, tout comme l’exploitation de son image pour « son propre bénéfice ». Le chef kayapo porte même ses accusations face caméra et dépose son témoignage sur YouTube en 2017, assurant qu’il ne travaillera « plus jamais avec Jean-Pierre ». Avant de se raviser. Et d’accepter de venir en Europe avec lui.
Un nouveau combat pour Sting
« Nous nous sommes parlé, souligne-t-il aujourd’hui. Il m’a assuré que les revenus reviendront à mon peuple intégralement, le moindre sou que nous parviendrons à récolter lors de cette campagne. Jean-Pierre n’aura pas l’autorisation d’y toucher. » La malédiction, assurément. Ou l’impossibilité de refuser toute aide extérieure, vu la contingence dramatique des peuples indigènes. Raoni ne dit plus rien. Il fige son regard, et finit par rallumer sa pipe.
Pour tenter de comprendre, il faut retisser les fils de leurs histoires, reprendre les moments forts de leurs combats et les controverses qui jalonnent le parcours du réalisateur-écrivain belge. Un des épisodes-clés se situe certainement en 1987. Jean-Pierre Dutilleux est « au bord de la faillite », comme il le confiera plus tard au magazine Rolling Stone. Il cherche un nouveau moyen d’aider les Kayapo.
Stewart Copeland, ex-batteur du groupe Police, lui aurait alors suggéré, durant un tournage, de mettre en lumière Raoni au côté de la star internationale Sting, pour attirer l’attention des médias. Après un premier rendez-vous arrangé, l’artiste aurait décliné la proposition de M. Dutilleux. Celui-ci insiste, déploie tout un stratagème pour convaincre le musicien, allant jusqu’à demander l’aide d’un sorcier brésilien. « J’étais un peu fou et encore jeune », souligne-t-il. La magie folle opère. Il réussit à convaincre Sting, après son concert à Rio, et sa femme, l’actrice Trudie Styler, de le suivre pour une virée de quelques jours en Amazonie à la rencontre de Raoni.
Séduit, le couple s’engage dans la lutte pour la sauvegarde de l’Amazonie et le peuple kayapo. Une aventure inédite que Sting racontera deux ans plus tard dans le livre Amazonie, lutte pour la vie (JC Lattès, 1989), publié avec les photographies de Jean-Pierre Dutilleux. A l’époque, c’est un nouveau combat pour l’artiste, qui s’était déjà engagé au côté d’Ammesty International en faveur des droits de l’homme. Habitué des concerts au profit de causes humanitaires, Sting découvre cette fois les enjeux écologiques liés aux terres et aux droits des peuples autochtones.
Sensibiliser l’opinion publique
« Raoni m’avait demandé si je pouvais l’aider à protéger ses terres ancestrales contre les destructions causées par les bûcherons, les mineurs et les éleveurs », se souvient Sting. « Je lui ai dit que j’essaierais de l’aider, même si je n’avais aucune idée de la façon dont cela pouvait être réalisé. Avec le recul, accepter cette décision était peut-être une naïveté de ma part, ou de l’orgueil, mais j’ai sans doute été influencé par l’appel direct de Raoni », précise le chanteur, encore admiratif du dirigeant kayapo.
Si l’artiste britannique n’avait aucune idée de la manière de procéder pour venir en aide, M. Dutilleux avait déjà un projet en tête : une tournée mondiale de Raoni au côté de Sting, orchestrée par ses soins.
En 1989, le trio commence un voyage sans précédent dans la lutte indigène. Ensemble, ils parcourent dix-sept pays pour sensibiliser l’opinion publique et rencontrer les leaders politiques : les présidents du Brésil et de la France, le roi d’Espagne, le prince Charles, le prince Albert de Monaco, le pape Jean Paul II, l’empereur du Japon… « Je n’étais qu’un membre de cet étrange ménage, mais les gens semblaient disposés à écouter, ou du moins intrigués », dit Sting. Raoni, lui, n’avait jamais quitté son pays : « Sting m’a beaucoup aidé et je n’oublierai jamais ce qu’il a fait pour appuyer la campagne de démarcation de notre terre », poursuit-il.
Sous la pression médiatique et de l’opinion internationale, l’homme fort de Brasilia à l’époque, José Sarney, accepte le projet de démarcation des territoires du haut et du bas Xingu, région historique des Kayapo. A condition que les Indiens et leurs alliés financent eux-mêmes le projet. La tournée offre l’occasion de lever des fonds pour créer la plus grande réserve indigène en Amazonie : le parc national du Xingu, d’une superficie de 184 000 km2, l’équivalent d’un tiers de la France.
« Ces gens-là dépensent tout ce que l’on a récolté ! »
Sting cofonde alors avec Trudie Styler et Jean-Pierre Dutilleux la Rainforest Foundation. Douze associations nationales voient le jour pour collecter les fonds. En France, elle porte le nom d’Association pour la forêt vierge, présidée par M. Dutilleux. Le succès est au rendez-vous. Les dons affluent de partout, générant une belle cagnotte : 1,2 million de dollars, selon la Rainforest Foundation, voire même 3 millions de dollars, selon le cinéaste.
Si jusqu’ici tout semblait réussir à la cause, la belle épopée bascule dès la fin de l’année 1989. Paniqué, Sting appelle Franca Sciuto, avocate et présidente à l’époque du comité exécutif d’Amnesty International à Londres. « “Je suis dans le pétrin… Peux-tu m’aider ? J’ai fait une tournée avec Jean-Pierre Dutilleux et des amis à lui, on a recueilli de l’argent, et ces gens-là dépensent tout ce que l’on a récolté !” Sting était catastrophé et désespéré, il ne savait plus quoi faire, se rappelle la responsable. Tout le monde se baladait, voyageait dans les meilleurs hôtels de luxe entre le Brésil, Londres et Los Angeles. C’était la pagaille. L’argent était dilapidé ! »
Alors qu’il ne s’était pas exprimé dans les médias sur ce sujet depuis près de trente ans, Sting livre aujourd’hui sa version : « Malheureusement, nous commencions à attirer l’attention de personnes ayant déjà eu affaire à M. Dutilleux, dans des situations où il semblait s’être fait beaucoup d’ennemis. Je n’avais absolument aucune preuve que leurs affirmations étaient vraies, mais cela m’inquiétait, car il y en avait tellement ! Les autres membres du conseil ne faisaient pas confiance à M. Dutilleux depuis le début et étaient très inquiets de sa réputation excentrique. Il a été sommairement rejeté du conseil par une majorité et je n’ai eu aucun contact avec lui depuis lors. »
Interrogé à son tour, Jean-Pierre Dutilleux esquive les raisons de son départ. « Je me suis retrouvé en position minoritaire, alors que j’étais le seul qui parlait portugais, qui connaissait les Indiens, et qui avait monté toute cette histoire au départ. On m’a forcé à partir », affirme-t-il.
« Terminé, tout le monde dehors »
Lorsque Franca Sciuto, nommée par Sting à la tête de la fondation, rencontre pour la première fois Jean-Pierre Dutilleux avant son éviction, elle est frappée par sa demande inattendue d’acheter un avion au peuple kayapo. Elle refuse, il insiste, la suit jusque dans son hôtel pour la convaincre. « A cet instant, j’ai dit : “Terminé, tout le monde dehors.” Je l’ai mis à la porte, lui, son directeur et tous ceux qui l’entouraient », se souvient-elle. Quelques mois plus tard, dans le village de Raoni, l’avocate reste stupéfaite par les arguments qu’on lui présente : « Les Kayapo m’ont tout de suite parlé de l’avion et l’un d’eux a dit : “Comme ça, on pourra aller acheter du Coca-Cola” ! Ils n’ont évidemment pas eu l’avion. »
Si l’anecdote peut paraître saugrenue, elle dénote les ravages de l’acculturation auxquels peuvent être exposés les peuples autochtones. Pour l’anthropologue français Patrick Menget, spécialiste de la région du Xingu au Brésil et ancien président de Survival International France, une ONG de défense des doits des peuples autochtones, « les populations indigènes sont extrêmement attirées par le mode de vie “moderne”, dont ils n’ont finalement que les miettes. Ils sont alors nombreux à devenir diabéto-dépendants ».
Quelques semaines avant son décès, en avril, le professeur d’université à la retraite dressait lui aussi une évaluation très sévère des compétences de Jean-Pierre Dutilleux à représenter la cause indigène : « Les traductions de Raoni par Dutilleux, à l’époque de la tournée, étaient grotesques ! Il parlait très mal portugais et prétendait parler kayapo. Tout le monde sentait qu’il frimait. » 
En janvier 1990 éclate un nouveau scandale, public cette fois. La tournée de la Rainforest Foundation est montrée du doigt par une enquête publiée dans la version française du magazine Rolling Stone. Elle cible directement la star anglaise, avec un titre pour le moins provocateur : « Sting a-t-il violé la forêt vierge ? » Le journaliste Mark Zeller s’interroge notamment sur l’engagement de l’artiste : « Pure naïveté ? (…) Soit il exploite le problème, soit il se fait lui-même exploiter. » Sur un ton satirique, il dénonce les dérives de la tournée mondiale, ponctuée de ventes aux enchères mondaines, où caviar et champagne entachent les dépenses destinées à la cause. « Où va l’argent ? A quoi sert-il ? », demande-t-il.
« Les associations s’intéressaient plus à Sting »
La multiplicité des statuts des douze associations fondées à travers le monde complexifie la gestion et le contrôle des dépenses. Impossible aujourd’hui de chiffrer la somme exacte de toutes les donations perçues. « J’ai commencé à remettre en ordre la Rainforest Foundation en 1990, j’y ai passé des mois », confie Franca Sciuto, consciente des dérives qui avaient terni la tournée. La militante des droits de l’homme constate avec amertume que « personne ne s’intéressait vraiment aux populations indigènes, les associations s’intéressaient plus à Sting ». La maison mère rompt alors avec la plupart des bureaux dans le monde.
Quelques mois après l’article français, c’est au tour de la chaîne anglaise BBC de s’interroger, dans un documentaire, sur les faits qui ont entaché la campagne de Sting. La question des recettes du livre de l’artiste et de M. Dutilleux, édité dans plusieurs pays, est à son tour posée. Alors que la version anglaise, Jungle Stories,mentionne sur la couverture que tous les bénéfices seront reversés à la fondation, M. Dutilleux n’aurait pas reversé sa part de royalties. Celui-ci s’en défend, et souligne avec agacement que Sting est un « milliardaire » et que lui, à l’époque, n’avait « pas un rotin. La moitié de l’avance du livre, c’était pour moi, et je l’ai gardée » : « 400 000 francs », dit-il, soit plus de 60 000 euros.
Dernier point épineux soulevé, là encore, par le journaliste Mark Zeller : pourquoi concentrer la campagne sur les Kayapo, dont le territoire n’est pas en danger immédiat, alors que « la tribu des Nambikwara a perdu la moitié de sa population quand la nouvelle route a traversé l’Etat de Rondonia » et que « les Yanomami se font joliment décimer » ? « Pouvait-on vraiment s’attendre à ce que nous résolvions les problèmes de l’ensemble de l’Amazonie ? », rétorque Sting, dont la fondation élargira ses actions en faveur des peuples autochtones.
Raoni a posé sa pipe depuis longtemps. Il dit et répète qu’il a toujours beaucoup aimé Sting : « Il m’a énormément aidé, je ne l’oublierai jamais. » Sans amertume dans l’évocation, avec un léger sourire même, voilà que le cacique fredonne un air de musique.
+ En vidéo : Sommet de la Terre : à Rio, le chef Raoni demande "au monde entier de respecter les peuples indigènes" <https://www.dailymotion.com/video/xrwkv2>, AFPTV, il y a 7 ans
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/11/en-amazonie-le-combat-de-raoni-le-dernier-des-kayapo_5460803_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/11/en-amazonie-le-combat-de-raoni-le-dernier-des-kayapo_5460803_3244.html>>
Sur le même sujet :
> Le chef indigène brésilien Raoni en Europe pour défendre l'Amazonie <https://www.geo.fr/environnement/le-chef-indigene-bresilien-raoni-en-europe-pour-defendre-lamazonie-195614>, AFP, 13/05/19, 08:00
> Amazonie : le chef indigène brésilien Raoni entame à Paris sa tournée européenne <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/amazonie-le-chef-indigene-bresilien-raoni-entame-a-paris-sa-tournee-europeenne_133613>, AFP, 13/05/19, 22:00
> Macron reçoit le chef indien Raoni et l'assure du soutien de la France <https://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/macron-recoit-le-chef-indien-raoni-et-l-assure-du-soutien-de-la-france_2078560.html>, AFP, 16/12/19, 22:00
> Le chef indien Raoni avec les jeunes pour le climat à Bruxelles <https://www.geo.fr/environnement/le-chef-indien-raoni-avec-les-jeunes-pour-le-climat-a-bruxelles-195678>, AFP, 17/05/19, 16:00
> Le chef indien Raoni chez le pape, super défenseur de l'Amazonie <https://www.nouvelobs.com/societe/20190527.AFP7328/le-chef-indien-raoni-chez-le-pape-super-defenseur-de-l-amazonie.html>, AFP, 27/05/19, 16:00
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9- Editorial. ADP : un référendum à double tranchant, Le Monde, 11/05/19, 11h11

Si la France a un besoin évident de renouveau démocratique, le risque que les initiatives de démocratie participative n’affaiblissent la légitimité du système représentatif est réel.
Editorial du « Monde ». Le groupe ADP n’est pas près de quitter le giron de l’Etat. L’opération de privatisation de ce groupe qui gère les aéroports de Roissy-Charles-de-Gaulle, d’Orly et du Bourget fait l’objet, depuis son lancement, d’une vaste fronde, aussi bien dans l’opinion qu’au sein de l’opposition parlementaire, qui souhaite donner à l’entreprise un caractère de « service public national ». L’alliance hétéroclite de 248 élus de gauche comme de droite, qui avait déposé une proposition de loi référendaire le 10 avril, a reçu le feu vert du Conseil constitutionnel, jeudi 9 mai, ouvrant la voie à l’organisation du premier référendum d’initiative partagée (RIP).
> Lire aussi  Voie ouverte à un référendum d’initiative partagée sur la privatisation d’ADP <https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/05/09/privatisation-d-adp-le-conseil-constitutionnel-ouvre-la-voie-au-referendum-d-initiative-partagee_5460077_823448.html>
Cette validation a pour effet immédiat d’hypothéquer sérieusement le processus de privatisation et d’infliger un échec cinglant au gouvernement. Mais, au-delà du cas particulier d’ADP, l’initiative ouvre une brèche susceptible de fragiliser le système de représentation politique.
Jusqu’à présent, la mise en œuvre du RIP, inscrit dans la Constitution en 2008, paraissait suffisamment exigeante pour que la procédure ne soit utilisée que dans des circonstances exceptionnelles. Déclenchée par au moins 185 parlementaires, elle doit ensuite recueillir le soutien de 10 % du corps électoral, soit à ce jour 4,7 millions de personnes. Un chiffre élevé, mais pas impossible à atteindre dans le contexte actuel.
> Lire aussi  Référendum sur Aéroports de Paris : les partis préparent la chasse aux signatures <https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/05/11/referendum-sur-aeroports-de-paris-les-partis-preparent-la-chasse-aux-signatures_5460789_823448.html>
La question-clé, pour le Conseil constitutionnel, consistait à se prononcer sur l’article 11 de la Loi fondamentale, qui précise qu’un RIP ne peut porter sur un sujet abordé dans une loi promulguée depuis moins d’un an. Considérant que le projet de privatisation d’ADP, inclus dans la loi Pacte, est toujours en attente de promulgation, les magistrats ont décidé de valider le processus. Cette décision peut avoir de lourdes conséquences sur le plan institutionnel.
« Une situation dangereuse »
La France a un besoin évident de renouveau démocratique et d’une plus grande participation directe des Français aux choix politiques, notamment sur le plan local. Le mouvement des « gilets jaunes » en a souligné l’urgence. Toutefois, il y a un risque très réel que les initiatives de démocratie participative, telles que le RIP, n’affaiblissent la légitimité des parlementaires et celle du système représentatif.
Le gouvernement s’est immédiatement inquiété de la lecture stricte du Conseil constitutionnel, qui fera jurisprudence. « Si, à chaque fois que la majorité vote une loi, 185 parlementaires peuvent retarder son application de plus de neuf mois, cela créerait une situation dangereuse pour la conduite de l’action publique », s’est ému Matignon. L’argument est recevable sur le fond, au risque de déposséder les élus d’une partie de leur pouvoir représentatif, qui pourrait engendrer une paralysie de l’action politique par des alliances de circonstance
> Lire aussi  Privatisation d’ADP : encore un long chemin avant un référendum d’initiative partagée <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/05/09/privatisation-d-aeroports-de-paris-encore-un-long-chemin-avant-un-referendum-d-initiative-partagee_5460141_4355770.html>
Certes, les conditions qui ont conduit à déposer cette proposition de loi référendaire restent exceptionnelles. La coalition des oppositions sur la privatisation d’ADP a su rebondir sur le mouvement social des « gilets jaunes » et exploiter le précédent calamiteux de la privatisation des sociétés d’autoroutes. Ce contexte a peu de chance de se reproduire. L’initiative, toutefois, n’est pas sans risque. S’il ne veut pas se faire piéger, Emmanuel Macron devra y songer au moment de la mise en œuvre de sa proposition de faire sauter deux verrous à la procédure du RIP, en abaissant son seuil de déclenchement à un million d’électeurs, tout en supprimant l’étape préalable de soutien par 185 élus.
> Lire aussi  La décision du Conseil constitutionnel sur la privatisation d’ADP « est une vraie première » <https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/05/09/decision-du-conseil-constitutionnel-sur-la-privatisation-d-adp-c-est-une-vraie-premiere_5460170_823448.html>
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/11/adp-un-referendum-a-double-tranchant_5460891_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/11/adp-un-referendum-a-double-tranchant_5460891_3232.html>>
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10- Les défenseurs de l'environnement augmentent la pression sur les entreprises, AFP, 14/05/19, 14h47

Dénoncer "l'avidité immorale du capitalisme" : à coups d'actions spectaculaires et de déclarations coup de poing, les défenseurs de l'environnement font monter la pression sur les entreprises.
Illustration mardi aux abords de l'assemblée générale du constructeur automobile Volkswagen à Berlin : des manifestants se couchent au sol pour un "die-in", au milieu de pneus et jantes de voitures éparpillés, derrière un faux cordon de police barré de la mention "scène de crime climatique".
"Volkswagen représente pour moi l'avidité immorale du capitalisme", confie à l'AFP Clara Marisa Mayer, militante de 18 ans du mouvement "Fridays for future" ("les vendredi pour l'avenir").
Fin avril, des tonneaux remplis de cadavres d'abeilles, et des militants déguisés, mimant des insectes à l'agonie au milieu de fumigènes, avaient accueilli les actionnaires du géant pétrochimique allemand Bayer, propriétaire de l'américain Monsanto, un producteur de pesticides honni des écologistes.
Plusieurs marches seront organisées ce week-end dans le monde, contre Monsanto et d'autres géants de l'agrochimie pour réclamer un autre modèle agricole, à l'appel d'un collectif d'ONG.
A Paris, Genève, Londres, d'autres assemblées générales ont été perturbées. L'an dernier, des dizaines de militants de Greenpeace avaient envahi celle de Total, défiant un important système de sécurité.
- Face à "l'urgence" -
"Les campagnes de dialogues, les expertises ne marchent plus face à l'urgence", estime Gabriel Mazzolini, chargé de mobilisation climat aux Amis de la Terre en France. "La désobéissance civile de masse permet d'impliquer les citoyens dans une action non violente mais qui peut dépasser le cadre légal". 
Pour Dominique Bourg, tête de liste Urgence écologie pour les élections européennes, où figure notamment l'ancienne ministre de l'Écologie Delphine Batho: "Les partis verts traditionnels n'intègrent pas les courants de protestation, cela ne +matche+ pas. Ces initiatives vont se multiplier", prédit-t-il. 
Fin avril, une "semaine de la rébellion" orchestrée par plusieurs ONG de défense de l'environnement a donné lieu à des blocages et mobilisations soigneusement préparés dans deux hauts lieux de la finance et de l'économie : la City de Londres et le quartier de la Défense à Paris.
"Extinction Rebellion veut agir sur l'Etat et mobiliser l'opinion publique. Pour cela, ils ont besoin d'un ennemi, et ce sont notamment les grandes multinationales du pétrole", analyse Graeme Hayes, sociologue à l'université d'Aston en Angleterre. 
- Désamorçage -
Ces mobilisations éclipsent d'autres méthodes plus techniques, comme l'achat d'actions, donnant le droit de poser des questions aux directions lors des assemblées générales des multinationales, voire d'espérer peser sur certaines décisions. 
"Les opérations chocs sont nécessaires mais ne suffisent pas" juge Mauro Meggiolaro, responsable des actions de la fondation italienne Finanza Etica, centrée sur les investissements "éthiques". 
"On utilise les questions écrites pour poser des questions techniques et garder des engagements traçables, et des questions grand public (à l'oral) pour l'assemblée générale", poursuit-il.
Finanza Etica a lancé un réseau d'investisseurs européens "Shareholders for Change" ("Actionnaires pour le changement") en 2017. "On a pris 34.100 actions de chez H&M et déposé une résolution externe à l'assemblée générale pour intégrer des critères environnementaux et sociaux dans la rémunération variable des dirigeants", explique Aurélie Baudhuin, du fonds Meeschaert AM, membre de Shareholders for Change. 
"La famille détient 75%, donc ça n'allait pas passer, mais on envoie un message fort", estime-t-elle. 
Les entreprises tentent de répondre à ces diverses initiatives. Certains géants du secteur financier, particulièrement visés, ont annoncé réduire leurs investissements dans certaines activités polluantes.
"Pensez à l'environnement, pensez aux déchets plastiques. Toutes les entreprises doivent faire face à ces problèmes et devront montrer comment elles y répondent", a assuré le PDG de Nestlé, Mark Schneider, dans une journée pour les investisseurs aux États-Unis, le 7 mai. Avant de vanter les initiatives de son groupe pour aider à mettre en place des systèmes de recyclage.
Ce qui n'avait pas empêché la directrice de Greenpeace International, Jennifer Morgan, d'intervenir à l'assemblée générale en avril pour demander à Nestlé d'arrêter les plastiques à usage unique, ni les militants de l'ONG de défiler quelques jours plus tard devant le siège avec une immense marionnette en forme de dragon, réalisée à partir de déchets en plastique récupérés en mer.
<https://www.la-croix.com/Economie/defenseurs-environnement-augmentent-pression-entreprises-2019-05-14-1301021712 <https://www.la-croix.com/Economie/defenseurs-environnement-augmentent-pression-entreprises-2019-05-14-1301021712>>
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11- Entretien. Nicolas Hulot : « Il va falloir sortir de l'orthodoxie économique », Le Point, maj le 15/05/19, 12:05 
Propos recueillis par Erwan Bruckert et Olivier Pérou

Grand débat, décroissance, élections européennes, Emmanuel Macron… Les confidences d'un écolo de plus en plus radical.
Le vent souffle fort sur le sable fin de la plage de l'Écluse à Dinard. Il fait beau, ce lundi 6 mai. « Un temps idéal pour le kitesurf », jure Nicolas Hulot tout sourire. La veille encore, avec quelques amis, il virevoltait avec sa planche sur le bras de mer émeraude qui sépare la cité balnéaire de sa voisine corsaire, Saint-Malo. Ministre, c'est ici qu'il s'échappait aussi souvent que son agenda le permettait, et même plus encore. Loin du tumulte politico-médiatique parisien que notre visite vient lui ressasser. Car depuis quelques semaines, ils lui font tous la danse du ventre.
Yannick Jadot, Nathalie Loiseau, Olivier Faure, Benoît Hamon… Chacun des candidats aux élections européennes se persuadent d'une pseudo-cohérence entre leur liste et l'ancien animateur du petit écran. Mais pour l'ancien ministre de la Transition écologique, il n'en est rien. « Je ne sais toujours pas pour qui je vais voter », admet-il presque désemparé et guère convaincu des programmes et promesses des uns et autres. Ce scrutin est, pour le cassandre de l'écologie, fondamental mais si aucun programme ne trouve grâce à ses yeux, c'est sans nul doute qu'ils manquent d'ambition. Non, Hulot est à la recherche d'autre chose et en appel à l'exigence des électeurs. De l'eau a coulé sous les ponts depuis sa démission. En Bretagne, les marins disent d'ailleurs : « vent au visage rend sage ». « Paumé » mais pas résigné, il prône au Point un virage pour un « plan Marshall vert ».
Le Point : Un pacte « social et écologique » avec Laurent Berger, des interviews, la préface d'un livre… Quel rôle souhaitez-vous occuper désormais ?
Nicolas Hulot : Je n'en sais rien ! Pour dire les choses le plus sincèrement possible, on est tous un peu paumés. Depuis des décennies, tous les signaux étaient visibles, on aurait pu anticiper et contenir un certain nombre de phénomènes. Et on est près du point de rupture. On devrait construire un monde de préservation et on est dans un monde de prédation. On devrait mutualiser nos compétences, on est dans une tentation tragique du repli sur soi. Les gens comme moi s'interrogent sur ce qu'on peut faire pour essayer de provoquer un sursaut collectif. En l'état, je n'ai pas la solution. J'ai tout essayé : ministre, dans la société civile, associative, intervenant de l'extérieur auprès des politiques, parfois un pied dedans un pied dehors… On gagne du temps en se fixant des objectifs, en posant des plans, en signant des conventions sans aucune valeur contraignante. On s'entête à rejeter la responsabilité sur les politiques qui, eux, s'entêtent à ne pas écouter la créativité ou les attentes des citoyens. On doit faire cette jonction - et c'est impossible dans un esprit de préjugés, d'agressivité, de confrontation permanente.
Que pensez-vous de la convention citoyenne de 150 citoyens tirés au sort voulue par le président ?
Des instances, il y en a déjà pléthore ! Qu'il y ait des citoyens tirés au sort, j'y suis favorable, mais il faut que les scientifiques, les corps intermédiaires, les ONG soient présents. J'aurais préféré une réforme du Cese [Conseil économique, social et environnemental]. Qu'on le transforme en chambre du futur, avec des citoyens tirés au sort, doté d'un droit de veto suspensif, donc avec un vrai poids politique. L'exécutif, aujourd'hui, est dans le réactif permanent et on ne peut pas lui en vouloir. S'il y avait un lieu apaisé, documenté, qui puisse prendre un peu de recul, ce serait une manière d'adapter nos institutions aux enjeux du long terme contre cette plaie qu'est la précipitation.
La foi dans le progrès ne finit-elle pas par nous jouer des tours ?
On a hérité de cette intime conviction que le progrès était quelque chose de constant. Qu'il y avait un couple qui s'était formé dans la modernité : avenir et progrès. Et que demain serait toujours meilleur qu'aujourd'hui, que la science et la technologie trouveraient un remède à tout. Sauf que nous n'avons pas acté le changement d'échelle des menaces et qu'à un moment, si puissants soyons-nous, nous serons démunis. Si effectivement, comme le dit Emmanuel Macron, nous sommes en état d'urgence écologique, il va peut-être falloir sortir de l'orthodoxie économique, financière, budgétaire et politique.
Il y a une sorte d'intégrisme économique. Il faut se rappeler que toutes les règles, y compris celles des traités européens, ne sont pas des lois divines ! Des économistes brillants comme Nicholas Stern et Joseph Stiglitz ont pris en compte les paramètres de l'urgence climatique, pourquoi ne les écoute-t-on pas ? Au XXIe siècle, lâchons-nous ! La croissance telle que tout le monde l'attend en mettant des cierges dans toutes les églises du monde, est un médicament qui empoisonne.
Vous voilà devenu apôtre de la décroissance ?
Non, mais si on continue, elle va s'imposer par la force des choses. Nous sommes condamnés, au moins pendant le temps de la transition, à pratiquer une croissance et une décroissance sélectives. Il y a des flux qu'il va falloir propulser, d'autres qu'il va falloir tarir. Pour que ça ne soit pas brutal, il faut le programmer, l'accompagner et le rendre irréversible.
Pour la nouvelle porte-parole du gouvernement, vous êtes « un militant qui n'a pas su se confronter à l'exercice du pouvoir »…
Ah, toutes ces petites phrases inutiles et maladroites qui divisent au lieu d'unir… Je me suis confronté à l'exercice du pouvoir - et j'en ai vu l'inefficience ! Dans la gouvernance actuelle, on n'imprimera pas une transition écologique et solidaire irréversible. Je ne dis pas que j'aurais pu l'opérer en cinq ans ! Mais s'il y avait eu une coordination au plus haut niveau, nous aurions pu dans de nombreux domaines - l'énergie, le bâtiment, le transport et l'agriculture - faire basculer notre modèle économique conventionnel vers un modèle social, solidaire et écologique. J'avais dit à Emmanuel Macron : « Seul, ma notoriété va s'étioler très rapidement si on n'a pas de résultats, donc j'ai besoin de vous. » Quand il m'a promis de soutenir cette vision, je pense qu'il était sincère. Mais il a été, comme beaucoup de responsables politiques, rapidement rattrapé par une pression du court terme qui sacrifie l'avenir au présent.
La faute à Bercy ?
Pas que… Il y avait une stratégie : faire primer le 3 % maastrichtien sur tout le reste pour recréer la confiance avec le monde économique et financier, et avec nos partenaires européens. Pour faire repartir l'économie, la fameuse croissance qui va avec - et faire ruisseler…
En acceptant d'être ministre, vous y avez cru…
Je n'y ai pas cru ! C'est la stratégie d'Emmanuel [Macron], d'Edouard [Philippe] et de notre ami Gérald [Darmanin], à Bercy. Moi, je considère à l'inverse que la croissance telle qu'on l'attend ne viendra pas. Il valait mieux tout de suite investir, relancer l'économie de demain plutôt que celle d'aujourd'hui, quitte à refaire de la dette. C'était mon option et elle n'a pas été choisie. Quand j'ai compris que je n'aurais pas les moyens réglementaires, économiques et démocratiques pour cette transition, j'ai pris mes responsabilités. Dans la remarque de Sibeth Ndiaye, j'entends en creux ce qui a été dit à maintes reprises : « Hulot est impatient et ne s'accommode pas des petits pas. » Il y a des domaines où on ne peut pas s'accommoder de petits pas, chaque jour perdu équivaut à des milliers de morts supplémentaires. « A force de sacrifier l'essentiel à l'urgence, on finit par oublier l'urgence de l'essentiel », dit justement Edgar Morin.
Quel chantier vous a-t-on refusé ?
Il y avait d'abord les idées retenues, mais qu'on faisait a minima, comme la réforme du statut de l'entreprise et sa raison d'être dans le Code civil. Rien n'a fondamentalement changé. Ou les états généraux de l'Alimentation, où presque aucune des propositions de la société civile n'a été retenue. Après, des projets toujours ajournés, comme le sujet de la condition animale ou une réflexion holistique sur la fiscalité écologique et la fiscalité générale. Je voulais copiloter la réforme de la PAC, mais je n'ai eu aucune garantie là-dessus. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai quitté le navire. C'est pourtant un levier incroyable, non seulement pour diversifier les revenus des agriculteurs et créer des emplois, mais aussi pour que l'agriculture soit au service du changement climatique. Au ministère de l'Agriculture, il y avait des gens opposés à cela. A côté, la FNSEA, c'est des gais lurons ! Je me réjouis qu'Emmanuel Macron mette en place un Conseil de défense écologique, encore faut-il qu'il y ait plus que trois secrétaires d'Etat. Il faut que Bercy, l'Agriculture et la Santé soient là. Même l'armée doit être concernée. Le ministre de l'Ecologie ne doit pas être seul pour ferrailler ! Quand j'ai lancé le plan hydrogène, jamais Bruno Le Maire ne s'y est intéressé. Or tout le monde sait que cette technologie va jouer un rôle très important dans la transition énergétique et que l'on va se faire devancer par les Asiatiques. Quand j'ai annoncé un budget pour ce plan, le ministère de l'Economie a communiqué trois heures plus tard pour dire qu'il n'avait pas été arbitré alors que je l'avais pris sur mon propre budget. Quand on fait des promesses, il faut une certaine sincérité et il faut les juger sur les moyens alloués.
La liste LREM propose de taxer le kérosène des vols intraeuropéens, 1 000 milliards d'investissements verts d'ici à 2024…
(Il coupe.) Je prends ! Mais d'où viennent ces 1 000 milliards ? Est-ce déjà acté ? Il ne faut pas que ce soient des promesses dont on sait qu'elles vont buter contre les freins européens. Que la France commence elle-même à instaurer une taxe sur les vols intérieurs. La rapidité avec laquelle on a trouvé des milliards pour Notre-Dame montre que, lorsque l'émotion est partagée par tous, on est capable de trouver de l'argent qui n'existait pas la veille. Ce qui est vrai pour Notre-Dame devrait être vrai pour la grande cathédrale qu'est la planète Terre. Or ça ne l'est pas. Pourquoi ? Qu'attend-on ? Que les flammes soient visibles de partout ?
Etes-vous favorable à l'idée de ne plus soumettre les investissements liés à la transition écologique à la règle des 3 % ?
Bien sûr ! Il y a des interprétations possibles grâce à deux clauses des traités européens : la clause des circonstances exceptionnelles, ce que représente le dérèglement climatique, et celle, plus économique, qui tient à la nécessité de libérer de la croissance. Utilisons ces flexibilités pour investir massivement ! La France peut, si elle le souhaite, décréter la mobilisation générale pour un plan Marshall vert. D'autre part, quelle que soit la politique énergétique que la France va choisir, il y a un consensus : on peut diviser par deux, par trois même, notre consommation. Imaginez ce que ça peut engendrer sur le budget ! Cet argent qu'on ne mettra plus pour importer des énergies fossiles ira dans l'éducation, la santé ou l'économie. On peut gagner ainsi du pouvoir d'achat ou du pouvoir d'investissement ! Prenez la fiscalité écologique : tous les gouvernements se sont plantés, car elle est toujours apparue comme additionnelle et punitive. Il y a une réflexion intégrale à avoir sur la fiscalité. C'est un double instrument : de recettes, d'abord, et de changement comportemental.
Peut-on créer une politique de transition écologique européenne réellement ambitieuse à 28 pays ?
Reconnaissons que, sur le plan du fonctionnement, cette fameuse règle de l'unanimité a été généreuse et nécessaire, mais c'est aujourd'hui plus un frein qu'un levier. Quand Emmanuel Macron a été élu, un groupe de coopération renforcée sur la taxe sur les transactions financières s'est mis en place. On donnait l'exemple, puis on a arrêté parce qu'il y avait le Brexit, ceci et cela… Il y a toujours une bonne raison. Puisque l'Europe est le principal marché économique mondial et que 70 % de notre économie est intraeuropéenne, il serait formidable de fixer des règles communes à la finance spéculative, de mettre fin à toute l'optimisation et à l'évasion fiscales - et de fermer ce qui ressemble furieusement à des paradis fiscaux. En l'état, il ne faut pas se leurrer : l'Europe est condamnée à l'austérité. Un pan entier de notre économie s'est organisé en toute légalité et en toute immoralité pour échapper à la solidarité. Chacun sait que le petit entrepreneur qui va planquer 1 000 euros se retrouvera au pénal quand la multinationale qui s'est organisée par un système d'optimisation fiscale s'en sortira avec les compliments de la société. J'en parlais récemment avec le nouveau patron du Medef, qui m'a répondu : « Mais, monsieur, l'optimisation fiscale, c'est un devoir pour nos entreprises. » Si c'est effectivement un devoir, un réflexe, c'est aux politiques de faire en sorte que ça ne le soit plus.
On compte 34 listes aux européennes, du jamais-vu. Toutes se disent plus vertes les unes que les autres. Est-ce une victoire politique et culturelle ou une course au label écolo ?
L'avenir le dira. Mon camarade Dominique Bourg a une liste peu visible mais radicale. Raphaël Glucksmann a une approche intéressante et un esprit nouveau. On a aussi Pascal Durand et Pascal Canfin sur la liste de La République en marche… Maintenant, est-ce simplement une forme de vente aux enchères ou arrivera-t-on à une approche systémique, intégrale ? Quels moyens va-t-on se donner ? Qu'ils nous le disent ! Je ne veux plus me laisser prendre. On peut dire au moment électoral que l'on va sortir du nucléaire en 2025, que l'on mettra fin aux voitures thermiques en 2040 ou que l'on aura une neutralité carbone en 2050. Quels sont les leviers ? La PAC va bientôt être révisée, mais je n'ai pas entendu beaucoup d'idées des candidats alors que le sujet est central et que l'on est loin de la souveraineté alimentaire en Europe.
Aucune liste ne trouve donc grâce à vos yeux ?
J'attends celui qui aura une vision claire, des moyens réglementaires et financiers pour y parvenir. Sinon, c'est du pipeau ! Sinon, ce ne sont que des vœux pieux ! Je cherche entre autres trois ambitions : autonomie énergétique pour l'Europe à partir des énergies renouvelables, autonomie alimentaire et que, progressivement, l'économie conventionnelle devienne sociale et solidaire.
<https://www.lepoint.fr/politique/nicolas-hulot-je-ne-veux-plus-me-laisser-prendre-15-05-2019-2312733_20.php <https://www.lepoint.fr/politique/nicolas-hulot-je-ne-veux-plus-me-laisser-prendre-15-05-2019-2312733_20.php>>
Sur le même sujet :
> "Rien n'a fondamentalement changé" : dans une interview, Hulot tacle Macron et le gouvernement <https://www.bfmtv.com/politique/rien-n-a-fondamentalement-change-dans-une-interview-hulot-tacle-macron-et-le-gouvernement-1692478.html>, BFMTV, 15/05/19, 20h10
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12- Conques : Nicolas Hulot plaide pour "changer de modèle économique", Centre Presse, 15/05/19, 18:22

Invité par le Centre européen de Conques, mardi 14 mai, Nicolas Hulot, ancien ministre de la Transition écologique et solidaire et président d'honneur de la Fondation pour la nature et l'homme, a livré un discours engagé pour " plus de solidarité " entre les peuples. 
Devant une salle de l'auditorium du Centre européen de Conques comble, Nicolas Hulot a livré un plaidoyer vibrant et engagé pour la protection de la nature mais également pour plus "de solidarité " entre les peuples. Invité à l'occasion du cycle de conférences organisé par le Centre européen, il s'est penché sur le thème : " La solidarité au XXIe siècle n'est plus une option ". 
Durant près de 45 min, Nicolas Hulot s'est attaché à relater les maux qui caractérisent, selon lui notre siècle : injustice, urgence climatique, solidarité. L'ancien ministre a livré de nombreuses clés de compréhension mais il a surtout appelé " à changer de modèle économique " pour "rentrer dans un modèle de juste échange ". Une réflexion complétée par les nombreux échanges avec la salle autour des prochaines élections européennes, de la meilleure manière d'agir en faveur de l'environnement, etc.
<https://www.centrepresseaveyron.fr/2019/05/15/conques-nicolas-hulot-plaide-pour-changer-de-modele-economique,8201678.php <https://www.centrepresseaveyron.fr/2019/05/15/conques-nicolas-hulot-plaide-pour-changer-de-modele-economique,8201678.php>>
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13- Emmanuel Macron charge François-Henri Pinault de mobiliser la mode autour de l’environnement, Le Monde, 15/05/19, 22h36
Juliette Garnier (Copenhague, envoyée spéciale)

L’Elysée espère obtenir une batterie d’engagements quantifiés pour réduire l’impact environnemental de la production d’habillement et de sa distribution dans le monde. 
Le timing est serré. Le président de la République, Emmanuel Macron, a chargé François-Henri Pinault, PDG de Kering, de mobiliser le secteur de l’industrie de la mode pour adopter de bonnes pratiques et améliorer son impact sur l’environnement, a révélé au Monde la secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, Brune Poirson.
Le patron du groupe français de luxe devra rallier ses pairs de l’industrie de la mode pour réduire l’impact de leurs entreprises sur l’environnement. « Le secteur est le deuxième secteur industriel le plus polluant au monde. Il faut lui donner une direction », a rappelé Mme Poirson, mardi 13 mai, en marge du Copenhague Fashion Summit, consacré à la mode durable et qui se déroule dans la capitale danoise jusqu’au 16 mai. L’objectif est de présenter un « fashion pact » lors de la prochaine édition du G7 qui se tiendra à Biarritz, fin août, quelques semaines avant la tenue du sommet sur le climat du secrétaire général de l’ONU, prévu en septembre.
> François-Henri Pinault : « Chez Gucci, 50 % des clients sont des trentenaires »
La mode doit « changer de logiciel »
« Nous devons construire une coalition d’entreprises de mode prêtes à adopter une plate-forme d’objectifs de développement durable », a expliqué M. Pinault, mercredi 15 mai, devant 1 700 représentants de l’industrie de la mode. En quelques semaines, l’Elysée espère obtenir une batterie d’engagements quantifiés et un calendrier de mise en œuvre pour réduire l’impact environnemental de la production d’habillement et de sa distribution dans le monde. Ce pacte portera sur « le changement climatique, la lutte contre la perte de la biodiversité dans le monde, la protection des océans et le financement durable », précise Marie-Claire Daveu, directrice du développement durable du groupe de luxe.
L’industrie de la mode doit « changer de logiciel », formule Mme Poirson. Ce n’est pas le seul secteur à être prié de se réformer. Toujours en vue du G7, l’Elysée veut obtenir des engagements d’autres industries. M. Pinault ne sera pas le seul patron du CAC 40 à y contribuer. Emmanuel Faber, patron du groupe Danone, a été chargé de rallier des entreprises pour qu’elles s’engagent dans la lutte contre la perte de biodiversité.
La lettre de mission de M. Pinault est dévoilée quelques jours après la signature d’un accord de son groupe avec les autorités italiennes, qui solde le contentieux portant sur la défiscalisation des ventes de sa filiale Gucci en Suisse. M. Pinault s’est engagé à verser 1,25 milliard d’euros au fisc italien, pour mettre fin à ce litige qui entachait l’image de son groupe, alors que le dirigeant revendique être exemplaire en matière de développement durable.
> Lire aussi  Il est comme ça… François-Henri Pinault
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/15/emmanuel-macron-charge-francois-henri-pinault-de-mobiliser-la-mode-autour-de-l-environnement_5462578_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/15/emmanuel-macron-charge-francois-henri-pinault-de-mobiliser-la-mode-autour-de-l-environnement_5462578_3234.html>>
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14- Le Conseil de défense écologique installé dans les prochains jours, Le JDLE, 15/05/19
Stéphanie Senet

Annoncé le 25 avril par le président Macron, le nouveau Conseil de défense écologique a été précisé ce 15 mai en conseil des ministres. 
Le décret présenté par le ministre de la transition écologique François de Rugy énumère les missions de la nouvelle instance composée du président, Premier ministre, ministres chargés de la transition écologique et opérateurs de l’Etat. Au menu: définir les grandes orientations de la transition, en particulier de la lutte contre le changement climatique, de la préservation de la biodiversité et de la protection des ressources et milieux naturels. Mais aussi veiller à leur prise en compte dans les autres politiques et à leur mise en œuvre effective.
Le Conseil de défense écologique auditionnera aussi, chaque année, le Haut conseil pour le climat, à l’occasion de son rapport annuel sur le respect des objectifs de baisse des émissions de gaz à effet de serre en France. Il sera «installé dans les prochains jours», selon le communiqué du conseil des ministres.
<http://www.journaldelenvironnement.net/article/le-conseil-de-defense-ecologique-installe-dans-les-prochains-jours,97588?xtor=RSS-31 <http://www.journaldelenvironnement.net/article/le-conseil-de-defense-ecologique-installe-dans-les-prochains-jours,97588?xtor=RSS-31>>
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15- Les lobbies lancent une offensive contre le droit de l’eau, EurActiv, 16/05/19, 09:29
Arthur Neslen | The Guardian | translated by Manon Flausch

Les lobbies des industries sont en train de construire une campagne contre la réglementation sur l’eau, alors même que plus de la moitié des rivières, lacs et marais de l’Union sont dans un bon état. Un article de notre partenaire, The Guardian.
Les lobbies lancent une offensive pour affaiblir les directives-cadres sur l’eau et les inondations, qui prévoient que tous les États membres s’assurent que leurs cours d’eau soient « en bonne condition écologique » d’ici 2027. Les groupes de protection de l’environnement dénoncent des manœuvres qui pourraient faire disparaître plusieurs espèces aquatiques en danger.
La campagne lancée par des lobbies de l’agriculture, de l’extraction minière et de l’hydroélectrique semble trouver écho dans les positions de cinq États membres, l’Allemagne, la Belgique, la Finlande, le Luxembourg et les Pays-Bas.
« Les rivières, lacs et marais sont les systèmes de soutien de la vie. Pourtant, ils sont en train d’être anéantis sous nos yeux. Nous avons les outils juridiques pour mettre un terme à cela, le droit de l’eau européen, mais les États membres doivent s’opposer activement aux secteurs qui détruisent et polluent le plus », appelle Andreas Baumüller, qui dirige la section « ressources naturelles » du bureau de politiques européennes du WWF.
Une nouvelle étude menée par plusieurs groupes de protection de la nature indique que les propositions avancées dans le cadre du bilan de qualité du droit de l’eau pourraient autoriser des projets dangereux, affaiblir le principe du « pollueur payeur » et abaisser la barre de ce qui est considéré comme une « bonne condition écologique ».
La règle obligeant les États à adopter des normes complètes pour la biodiversité, le flux et les polluants des cours d’eau est particulièrement visée par l’assaut des lobbies. Dans des documents de positions obtenus par The Guardian, l’entreprise minière suédoise SveMin indique que cette règle « ne peut prévaloir » à cause de son « impact négatif important sur les investissements ». Le document appelle à des exceptions plus permissives et à une nouvelle définition de la « bonne condition » de l’eau.
Le syndicat agricole britannique estime également que la règle doit être revue, parce qu’elle entraîne des coûts et complications pour ses membres. Dans son document de position, il assure que la lutte contre le changement climatique doit être revue à la mesure des possibilités et inclure davantage d’exemptions en ce qui concerne les objectifs « inatteignables » de flux aquatique.
L’industrie hydroélectrique a pour sa part plaidé pour une législation qui tienne davantage compte des coûts, du principe de subsidiarité et de l’approbation des barrages.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/plan-te/news/eu-clean-water-laws-under-attack-from-industry-lobbyists/ <https://www.euractiv.fr/section/plan-te/news/eu-clean-water-laws-under-attack-from-industry-lobbyists/>>
En savoir plus :
> EU clean water laws under attack from industry lobbyists <https://www.theguardian.com/environment/2019/may/15/eu-clean-water-laws-under-attack-from-industry-lobbyists?CMP=Share_iOSApp_Other>, The Guardian, 15/05/19, 06:00
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16- Green IT, le collectif qui veut réduire la pollution numérique, Le Monde, 17/05/19, 12h22
Romain Philips  

En 2018, l’empreinte du numérique mondial a été de 1 492 millions de tonnes équivalent CO2. Les sites mal conçus génèrent une dépense d’énergie inutile. 
Des solutions pour la planète. Réduire le « gras numérique ». C’est l’objectif que s’est fixé le collectif Green IT, afin de juguler la pollution invisible, mais bien réelle, générée par Internet. Aujourd’hui, le numérique représente plus de 2 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) et 7 % de la consommation électrique mondiales. Et comme le marché du numérique, qui compte plus de 22 milliards d’appareils connectés dans le monde, ne cesse de croître, l’impact de ce dernier augmente en proportion. Selon les estimations de la société d’étude Idate DigiWorld, 30 milliards d’appareils seront connectés en 2025.
Or chaque page consultée par un internaute génère de la pollution. Et celles qui affichent énormément de contenus et d’interactions vont engendrer plus de transferts de données et donc… plus de pollution. L’impact écologique des appareils particuliers est aujourd’hui plus important, contrairement aux idées reçues, que celui des data centers ou des serveurs. Selon une étude de Green IT, les utilisateurs représentent près de deux tiers de l’empreinte écologique du numérique. Ce phénomène, notamment dû au poids des pages Web, qui a été multiplié par 115 entre 1995 et 2015, a fait exploser le nombre de données téléchargées quotidiennement par les internautes, eux aussi de plus en plus nombreux. Chaque mois, 23 millions de Go « inutiles » sont téléchargés sur des sites mal conçus, plus communément appelés par les spécialistes des « obégiciels ».
« Parfois, il suffit de compresser les images d’un site »
Dès le milieu des années 2000, une communauté d’experts s’est formée autour de « Green IT » pour rendre le numérique moins polluant. Ses actions ont d’abord consisté à former les particuliers et salariés aux gestes du quotidien. « On a commencé par réduire les impressions dans les entreprises, éteindre les serveurs, les box, etc. détaille Frédéric Bordage, spécialiste de l’écoconception numérique et fondateur de la communauté GreenIT. fr. Mais on a aujourd’hui complètement basculé sur la promotion des services numériques responsables, car sur ce sujet, les leviers d’action sont plus puissants. »
> Lire aussi  COP21 : les écrans d’ordinateurs sont aussi de grands responsables du réchauffement climatique
Pour limiter l’impact environnemental du numérique, les membres de la communauté interviennent auprès d’entreprises de tous horizons – La Poste, Société générale, Mediapart ou encore le Fonds mondial pour la nature (WWF) – pour former et sensibiliser à la conception responsable dans l’élaboration des services. « Il faut changer la vision des entreprises. Elles doivent s’imposer des contraintes. Certains sites peuvent être des centaines de fois plus légers », poursuit M. Bordage. Avant d’insister sur l’importance de revenir aux fondamentaux, « lorsque l’on va sur un site pour rechercher un horaire de train, on n’a pas forcément besoin des photos, vidéos ou chatbots [agents conversationnels du Web] présents sur les pages. Il faut que les entreprises recentrent leur site marchand sur leur cœur de métier. »
Le collectif a mis en place, grâce aux contributions des dizaines de spécialistes qui ont rejoint la communauté au fil des années, un système d’écoconception en plusieurs étapes basé sur 115 pratiques. Les experts débutent leurs travaux par une « analyse du cycle de vie » (ACV). Il s’agit de faire l’inventaire et l’analyse de la totalité du réseau d’une entreprise afin de définir quels leviers peuvent être actionnés afin de réduire son empreinte. « Parfois, les solutions sont très simples, il suffit de compresser les images d’un site pour réduire drastiquement son impact sur l’environnement », explique M. Bordage.
« Une sobriété numérique »
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) s’est saisie du sujet. Elle partage l’objectif du collectif Green IT sur l’importance d’instaurer « une sobriété numérique » afin de fournir « un même niveau de service avec des appareils et logiciels mieux conçus », détaille Raphaël Guastavi de la direction économie circulaire et déchets de l’Ademe. Dans ce cadre, elle accompagne et finance de nombreuses entreprises dans leur démarche d’écoconception. Elle a notamment soutenu Sébastien Bernis, pour qui la conception numérique écoresponsable est une philosophie.
> Lire aussi  Face à Google, « les administrations peuvent privilégier l’usage de moteurs de recherche alternatifs »
Lorsqu’il a fondé son entreprise Pricecomparator, – où les salariés sont obligés de trier leurs déchets – il a totalement écoconçu le site Web de sa start-up montpelliéraine pour des raisons « éthiques ». Mettre en œuvre les techniques développées par le collectif Green IT, lui a permis de « diviser par quatre les impacts environnementaux et par deux le temps de consultation de son service numérique », rapporte l’Ademe. Grâce à l’ACV, M. Bernis a pu identifier que les « robots » qui récoltent les données alimentant son comparateur de prix représentaient la principale source de pollution de son service. « On a codé nos robots pour qu’ils récoltent le minimum de data. On prend ce dont on a besoin et pas de superflu, détaille-t-il. Ainsi, on réduit aussi le stockage sur des serveurs. »
Le manque de reconnaissance de l’écoconception numérique fait que cette pratique n’apporte pas d’avantage concurrentiel aujourd’hui. Sébastien Bernis a dû payer un audit et une formation au coût « non négligeable » pour écoconcevoir sa société et regrette qu’il n’y ait encore aucune « récompense », mis à part la satisfaction d’avoir bien agi. « On pourrait encourager l’écoconception dans les appels d’offres ou encore l’enseigner dans les écoles d’ingénieurs », propose Sébastien Bernis, en espérant que la pratique soit encouragée au niveau national. « Il faut éduquer, et vite », estime-t-il.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/17/green-it-le-collectif-qui-veut-reduire-la-pollution-numerique_5463402_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/17/green-it-le-collectif-qui-veut-reduire-la-pollution-numerique_5463402_3244.html>>
Sur le même sujet :
> L'impact insoupçonné du numérique sur l'environnement <https://www.lepoint.fr/environnement/l-impact-insoupconne-du-numerique-sur-l-environnement-17-05-2019-2313237_1927.php>, AFP, 17/05/19, 14:31 
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17- Comment l’Europe a adopté la directive anti-plastique, M le Mag, maj le 18/05/19 à 06h10
Zineb Dryef 

Touillettes, pailles, Coton-Tige… Autant d’objets en plastique bientôt bannis de l’UE. Cette décision populaire a été prise en huit mois. Une performance extraordinaire tant les textes européens sont soumis à de multiples validations, amendements et jeux de pouvoir. 
Cet hiver, à quelques jours de Noël, la télévision française a rendu visite à Maurice Bouchayer. Son nom ne vous dit rien – sauf si vous habitez du côté de Grenoble et que vous appréciez les spectacles de prestidigitation. Mais Maurice Bouchayer, outre son activité de magicien-ventriloque, est le dernier à fabriquer des ballons gonflables en France. A 62 ans, il s’apprêtait tout juste à transmettre son usine à ses enfants, mais ses plans sont fichus.
Voix off du reportage : « En cause, la directive européenne qui bannit les tiges plastiques, support des ballons, en 2021. » Le patron ne sait pas comment les remplacer. S’il utilise du carton ou du bois, la tige pourrait se briser, or les normes de jouets pour enfants exigent qu’elles soient incassables.
Pire : la directive prévoit une responsabilité élargie des producteurs de baudruches. Voix off encore : « Chacun des 60 millions de ballons que fabrique cette usine cette année sera taxé (…) Devant cette décision politique prise sans concertation, la famille s’interroge sur son avenir. »
« Une lacune »
Et voilà résumé en à peine plus de deux minutes ce que notre imaginaire collectif prête aux directives européennes : le pouvoir d’imposer, sans concertation aucune, des décisions absurdes qui compliquent la vie des citoyens européens.
Vraiment ? Pour comprendre comment naissent les directives à Bruxelles, tentons de remonter le cheminement de celle qui figure désormais en cinquième position du « Top 20 EU achievements » du bilan de la Commission : la fameuse directive des ballons de M. Bouchayer, ou pour être plus exact la « directive relative à la réduction de l’incidence sur l’environnement de certains produits en plastique », également dite directive SUP (single-use plastics) oudirective sur les plastiques à usage unique.
De quoi s’agit-il ? D’un acte législatif européen qui donne des objectifs aux Etats membres en les laissant libres de choisir les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre.
Ici, le but est de lutter contre les déchets marins en se débarrassant des dix objets en plastique jetable les plus fréquemment trouvés sur les plages européennes ainsi que des engins de pêche abandonnés en mer (essentiellement des filets en plastique). Parce qu’ils peuvent être fabriqués avec d’autres matières que du plastique, certains des objets de cette liste seront interdits à partir de 2021 (assiettes, couverts, Coton-Tige, pailles, touillettes à boisson, tiges de ballons).
> Lire aussi  Très cher Parlement européen
Quand il n’existe pas d’alternative satisfaisante au plastique, les Etats membres s’engagent à réduire leur consommation.
D’autres mesures ont été prises : des objectifs de collecte pour les bouteilles ; l’obligation de rendre les bouchons solidaires des bouteilles ; l’étiquetage de certains produits ; l’application du principe « pollueur-payeur » pour les producteurs de plastique, de cigarettes (les filtres contiennent du plastique) et de matériel de pêche qui devront prendre en charge une partie des coûts de la collecte des déchets. « L’instrument juridique le plus ambitieux au monde en matière de déchets marins », s’est félicité Frans Timmermans, le vice-président (socialiste) de la Commission, réputé pour sa formidable emphase dès qu’il s’agit de vanter les mérites de l’Union européenne (UE).
Ces derniers mois, le Néerlandais, très proche du président de la Commission Jean-Claude Juncker et par ailleurs candidat à sa succession, a tout fait pour que la directive plastique aboutisse. Tout a commencé en novembre 2017, pendant une journée de team building organisée pour les fonctionnaires européens de la direction générale de l’environnement, un service bruxellois. Ce matin-là, M. Timmermans, invité à ouvrir la journée, commence par prendre un café avec le directeur général, l’Espagnol Daniel Calleja Crespo et certains membres de son équipe. Ils discutent de la stratégie sur le plastique que la Commission doit adopter début janvier 2018. Il s’agit de faire des propositions pour « transformer la manière dont les produits sont conçus, fabriqués, utilisés et recyclés dans l’UE ».
Le projet est ambitieux, mais voilà, M. Timmermans trouve qu’il manque quelque chose de vraiment concret sur les déchets plastiques marins, un élément qui obligerait les Etats membres à agir vite et fort et qui montrerait que l’Europe n’entend pas laisser l’océan se remplir de touillettes et de pailles. Il aurait dit quelque chose comme « Hum… il y a encore une lacune », avant de lancer à Daniel Calleja Crespo : « Est-ce que vous ne pouvez pas faire une proposition législative sur le plastique ? Je sais qu’il est déjà trop tard, mais est-ce que c’est possible ? » Le directeur général n’a pas répondu tout de suite. Il s’est tourné vers les membres de son équipe. « On peut le faire ? » Eux : « On va le faire. »
On ignore si cette anecdote promeut davantage les qualités du vice-président que celles des journées de team building, mais toujours est-il que la machine s’est mise en branle.
Et la machine européenne qui se met en branle, ça n’est pas rien. Ce sont des centaines d’acteurs mobilisés et autant de textes qui circulent entre des dizaines de structures aux noms parfois voisins – dans un effort louable de transparence et d’exhaustivité, les institutions éparpillent sur leurs sites un nombre fascinant de documents, rédigés dans un style parfaitement insaisissable.
Tortues étouffées
Si on ne sait pas toujours comment va s’achever le processus, il démarre toujours à la Commission, qui a le monopole de l’initiative législative. En son sein, c’est à la direction générale de l’environnement qu’a été confiée la tâche de rédiger une proposition de directive. Après avoir réalisé une analyse d’impact, c’est-à-dire l’étude du coût et des bénéfices d’un tel projet – un travail laborieux et minutieux lui-même soumis à nombre d’étapes de validation –, la Commission est parvenue à soumettre une ébauche de texte au Parlement le 28 mai 2018.
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« Le projet de la Commission était très bien, j’irais même jusqu’à dire ambitieux, ce qui ne nous a pas empêchés de l’améliorer », explique Frédérique Ries, la rapporteure du texte (groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe). Entourée de ses « shadow rapporteurs » – un député par groupe politique –, cette ancienne journaliste star de la télévision belge et eurodéputée depuis vingt ans, désignée pour porter le texte jusqu’à son adoption, a passé trois saisons à le défendre.
En déposant son sac « I love Europe » sur le banc d’un café à proximité du grand bâtiment de verre qui abrite le Parlement européen à Bruxelles, elle rappelle, volubile et souriante, qu’entre sa nomination en mai 2018 et la remise de son projet de rapport en juillet (il s’agit d’une série d’amendements apportés au texte) il ne s’est écoulé que cinq semaines. « C’est exceptionnel, j’irais jusqu’à dire unique, insiste-t-elle. En vingt ans, je n’ai jamais vu ça. La directive sur les produits chimiques : cinq ans. Celle sur le tabac : trois ans… Et là, entre le travail de la Commission et la poignée de main finale, il s’est écoulé huit mois ! »
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Pourquoi est-ce allé si vite ? Frédérique Ries : « Il y a quatre ans, quand on a légiféré sur les sacs en plastique, Timmermans était singulièrement moins ambitieux. Mais, là, il s’est engagé pleinement. Il y a eu une évolution des mentalités. »
Au cours des deux dernières années, et après des décennies d’orgie plastique, plusieurs événements notables ont contribué à précipiter son déclin. La députée rappelle que le premier facteur, « reluisant ou pas », est la fermeture du marché chinois au traitement des déchets plastiques du monde entier.
« Ensuite, et c’est crucial, il y a eu une appropriation exceptionnelle du sujet par les opinions. » Elle salue notamment le rôle de Blue Planet 2, diffusé sur la BBC en octobre 2017. Les images de tortues étouffées par des sacs en plastique et de plages souillées sur des kilomètres au large du Pacifique, pourtant loin de toute présence humaine, sont devenues insupportables pour l’opinion. « Moins angélique : le calendrier, poursuit Ries. L’UE a besoin furieusement, dramatiquement, de jolies histoires. Il nous fallait celle-là pour les élections. »
Loin de l’archipel de bâtiments austères et écrasants du quartier européen, dans les bureaux de Surfrider, installés dans un immeuble éco-rénové du centre de Bruxelles, on souligne que le travail n’a pas été si facile : « Ça ne s’est pas fait en un claquement de doigts : tout cela représente vingt ans de campagnes de sensibilisation. »
La « bulle » bruxelloise prise de court
L’ONG parle tout de même d’une « bonne surprise ». « L’annonce de la proposition de directive a créé beaucoup d’émoi dans la bulle autour des institutions. Tout ce petit monde a été pris de court », confirme un fonctionnaire du Parlement. Par « bulle autour des institutions » et « petit monde », il faut comprendre « représentants d’intérêts », ou « lobbys ».
Le lobbyisme, s’il est souvent présenté comme suspect, fait partie intégrante de la vie européenne. Ces groupes, à l’existence tout à fait officielle (un registre les recense), recourent à un éventail de manœuvres plus ou moins occultes pour influencer les prises de décision. Ils déploient leurs talents dès le travail en Commission, l’échelon de base, là où se décident les textes. « Le lobbying peut sembler négatif mais, pour nous, c’est très important d’être à l’écoute de tous »,explique une fonctionnaire de la Commission qui a suivi le dossier. « On ne défend rien d’indéfendable, approuve la Fédération de la plasturgie et des composites. Par ailleurs, on n’aime pas ce terme qui suggère qu’on reste dans une antichambre, ce qui est faux. On rentre à l’intérieur. »
De fait, pendant tout le cheminement du texte, les lobbyistes sont en contact étroit avec des « cibles clés » : les rédacteurs du projet, les commissaires, leurs collaborateurs, les ministres des Etats membres, les parlementaires et, surtout, la rapporteure.
« Pour moi, ONG, industriels, membres de la Commission ou ambassadeurs des Etats membres… ce sont des lobbys, au sens de partie prenante », explique Frédérique Ries. En général, les échanges sont fort civils. Seule exception : les lobbyistes du cabinet Eamonn Bates, qui représente des géants de l’industrie des fast-foods et de l’emballage : « Ils m’ont dit qu’on ne comprenait rien aux enjeux et quelque chose comme “on vous a à l’œil”. C’est ridicule de représenter ainsi ses clients, et contre-productif. »
Une trentaine de rendez-vous
Frédérique Ries a fait le calcul : entre mai et juillet 2018, elle a eu une trentaine de rendez-vous avec des lobbyistes. Sans compter ceux de son assistant, les heures passées au téléphone et les dizaines de « notes de position » reçues. Ces courriers de quelques pages envoyés aux députés présentent un avis ainsi que des suggestions précises d’amendements. Les députés n’étant pas tous des experts du recyclage, des « bioplastiques » ou de la pêche internationale, les lobbys se proposent ainsi de les « guider », voire de rédiger pour eux les modifications à apporter.
« On a rencontré un certain nombre d’eurodéputés, dans leurs pays et à Bruxelles, pour essayer de leur faire porter des amendements », explique Plastics Europe. Dans sa note de position du 18 octobre 2018, à quelques jours du vote, cette association européenne de producteurs encourageait les élus à exiger une définition plus précise de ce qu’est un produit plastique à usage unique. « Les emballages alimentaires qui ne sont pas réutilisables ont une longue durée d’utilisation : ils servent par exemple au transport du produit. »
De son côté, la Fédération de la plasturgie a plaidé pour le sauvetage des contenants en polystyrène expansé (les barquettes jaunes oblongues dans lesquelles échouent frites et kebabs), « produits dans des volumes importants en Europe ». Les géants de l’industrie ne sont pas les seuls à intervenir.
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« La loi ne se fait pas sans nous, souligne l’ONG de protection des océans et de leurs usagers Surfrider. Mais on se sent David contre Goliath. » Les lobbys environnementaux, présents à Bruxelles, travaillent de la même manière que ceux du secteur privé, mais avec « une grande inégalité de moyens ».
Les grands cabinets ont de quoi lancer des campagnes massives de mailings, des grands colloques, de multiplier les rendez-vous physiques et d’organiser cocktails et autres réceptions où se croisent politiques et grands patrons. Pour peser sur les débats autour de la stratégie plastique, plusieurs ONG, regroupées au sein de la coalition Rethink Plastic au cours de l’été 2017, ont rivalisé d’imagination : nettoyage de plages en présence de députés, happenings médiatisés devant le Conseil et le Parlement les jours de vote… Car, si elles ont moins de moyens, elles disposent d’un levier important pour faire bouger les députés : l’opinion publique.
« On surveille les manœuvres des lobbys »
Durant le travail parlementaire à l’automne 2018, les échanges entre Rethink Plastic et certains députés ont été intenses et étroits. « Notre action a surtout consisté à ce que la proposition ne soit pas détricotée, confirme Laura Châtel, de l’association écologiste Zero Waste France. On surveille les manœuvres des lobbys sur la définition des termes : c’est là que le texte peut être vidé de sa substance. »
Le 24 octobre 2018, tout ce monde a transhumé au Parlement de Strasbourg afin que les 751 députés, certains dûment briefés, débattent du sujet dans toutes les langues. En italien, les avis émis étaient plutôt chagrins : le pays compte beaucoup de producteurs de bioplastiques, dont Novamont, leader dans le développement de ces nouvelles matières « biosourcées et compostables ». 
A leur grande consternation, le 24 octobre 2018, le Parlement européen a adopté le projet de directive à une large majorité (571 voix pour). L’interdiction ou la réduction de la consommation de dix objets jetables en plastique ont été conservées, quel que soit le matériau qui les compose – plastique dérivé du pétrole ou du maïs. Quant à la biodégradabilité de ces plastiques alternatifs, elle a été jugée incertaine : ce qui est biodégradable dans un jardin ne l’est pas forcément dans l’eau.
En dépit de ses tentatives d’intervention auprès de la Commission et du Parlement, le fabricant n’a donc pas réussi à faire entendre sa voix. « Les députés n’ont pas vraiment eu le temps de se pencher sur ce texte engagé dans un contexte émotionnel, déplore Christophe Doukhi-de Boissoudy, le directeur général de Novamont France. Cette directive, j’ose le dire, pourrait marquer la mort de toute cette activité. » Une fonctionnaire : « Ils sont mécontents parce qu’on ne les a pas présentés comme la solution miracle. Parce que ça n’est pas le cas ! »
D’autres sont moins chagrins, notamment les députés parvenus à faire passer leurs amendements. Après avoir échoué quelques mois plus tôt à les faire adopter au sein de la commission environnement du Parlement, l’eurodéputé français Younous Omarjee (La France insoumise) a réussi lors de cette séance à ajouter au texte l’élaboration, d’ici à 2022, d’un programme à l’échelle de l’UE pour nettoyer les océans de ses déchets plastiques et l’interdiction de l’utilisation de produits chimiques dangereux dans la composition de produits sanitaires (serviettes hygiéniques, tampons…).
Vives critiques contre le secret
Victoire ? Non, le texte n’a pas fini sa route. Il doit encore être approuvé par le Conseil de l’UE (la réunion des ministres des vingt-huit pays membres, présidée à tour de rôle par un Etat) et par le Parlement européen. Avant cela, les deux institutions négocient pendant le trilogue.
Ce nom peu engageant, du pur jargon européen, désigne une étape souvent clé des propositions législatives, le moment le plus trépidant, le plus crucial mais aussi le plus secret du processus. Il s’agit de réunions informelles tenues à huis clos entre le Parlement, la Commission et le Conseil de l’UE.
Lorsque ces négociations aboutissent à un accord de compromis, c’est cet accord qui est ensuite adopté. C’est donc là que s’élabore le texte final. Paradoxalement, alors que l’UE s’applique à afficher la plus grande transparence dans toutes les étapes antérieures, ce moment est longtemps demeuré parfaitement opaque. Rien ne filtrait, ni les dates, ni les comptes rendus, ni les positions des institutions. Si les critiques vives contre le secret ont poussé les institutions à communiquer un peu plus sur ces réunions, aucun document n’est rendu public à son issue.
Ces discussions, engagées le 6 novembre 2018 pour la directive plastique, se tiennent soit au Parlement, soit au Conseil. Physiquement, les positions autour de la table définissent les rôles : les représentants du Conseil et du Parlement, les deux colégislateurs, se font face, et la Commission est installée au milieu. Son rôle est celui de « facilitateur » : s’il y a un conflit ou un blocage (toujours précédés de « petit » dans la bouche des fonctionnaires), la Commission doit trouver une manière d’en sortir. Une image des trois institutions telles qu’elles sont censées fonctionner : le Conseil et le Parlement décident ; la Commission se borne à proposer.
« Un festival de récriminations »
La troisième et dernière réunion du trilogue s’est ouverte le 18 décembre 2018, à 18 heures, dans le bâtiment du Conseil déserté avant les fêtes de Noël.
« C’est très physique, raconte Frédérique Ries. On a fini au petit matin, sans s’interrompre. Le café, c’était en négociant ! » Autour de la table, une quarantaine de personnes – et des bouteilles en verre. Côté Commission : outre des membres de la DG, Karmenu Vella, commissaire à l’environnement, aux affaires maritimes et à la pêche, avait fait le déplacement. Du côté du Conseil, présidé par les Autrichiens, les représentants des Etats membres. Du côté du Parlement, la rapporteure (seule de son camp habilitée à prendre la parole), ses « shadows rapporteurs » (qui murmurent à son oreille) et leurs assistants. Et aux côtés de chaque partie, leurs équipes d’experts et de juristes.
A quoi ça ressemble ? « En partie, à un festival de récriminations », répond un habitué de cet exercice, rappelant que les Etats membres n’ont ni les mêmes intérêts ni le même niveau d’équipement ou de savoir-faire.
Florilège, rapporté par des participants aux trilogues : les Polonais ont ouvert le feu en disant « pas question de consigner 90 % des bouteilles pour 2025 » – le délai a été repoussé à 2029 ; les Italiens sont restés constants : épargner leur plastique biodégradable ; les Finlandais et les Suédois ont cherché à protéger leurs gobelets en carton – mais qui en réalité contiennent un film plastique pour assurer leur étanchéité ; les Autrichiens eux-mêmes sont arrivés cette nuit-là avec leur propre assiette en plastique à protéger. Les intérêts des industriels ont également pesé. Tels ceux du Français Total qui s’est associé avec le leader néerlandais de l’acide lactique Corbion dans le dessein de devenir le plus grand acteur du bioplastique.
Une source à la Commission résume : « Le Parlement défend sa proposition, le Conseil freine des quatre fers et la Commission modère. Concernant les amendements votés par le Parlement, on peut dire que le mandat du Conseil, c’est de dire non, non et non. »
En début de soirée, c’est une diplomate autrichienne qui présidait. De quoi donner des suées à la rapporteure Ries. « Moi, mon mandat, c’est le vote du Parlement, je porte ce qu’a voté la plénière. J’ai poussé sur chacun des points, mais la diplomate a des lignes rouges qu’elle ne peut pas dépasser. » Au milieu de la nuit, la ministre autrichienne l’a relayée. « Heureusement qu’elle est venue : elle avait plus de latitude pour faire des compromis. »
« Trilogues informels et antidémocratiques »
Comme toute négociation, celles-ci ont essentiellement porté sur des délais à rallonger ou des objectifs à réduire. Un jeu classique où il s’agit d’être endurant. Prenons l’objectif d’atteindre un taux de collecte séparée de 90 % des bouteilles plastique à l’horizon 2025. Le Conseil a dit non. L’objectif initial a baissé au fil des négociations jusqu’à 77 %. « D’habitude, c’est plutôt des chiffres ronds »,remarque une fonctionnaire comme pour expliquer pourquoi les négociations ont duré douze heures et demie.
Au milieu de la nuit, la ministre autrichienne, jeune mère, s’est exclamée pour plaisanter « le bébé va se réveiller ! », ce à quoi le DG environnement a répondu qu’il s’occuperait de donner le biberon au nourrisson s’il le fallait. Tant qu’elle restait. La ministre a souri. « Sa présence jusqu’au bout et celle du commissaire Vella signifiaient qu’un accord était attendu à l’issue de cette dernière réunion »,explique un participant.
C’est finalement au petit matin, à 6 h 30, le 19 décembre, que les trois institutions sont parvenues à un accord. Les heures qui ont suivi, chaque camp a fait le décompte de ses victoires et de ses échecs.
Les amendements de Younous Omarjee n’ont pas survécu au trilogue. « Je trouve cela malheureux pour les groupes majoritaires, qui votent des amendements pour faire bonne figure lorsque le vote est public et qui, une fois derrière des portes closes, finissent par voter ce que les lobbys demandent, dénonce-t-il. La position du Parlement européen est tout simplement balayée par des trilogues informels et antidémocratiques. »
Laura Châtel, de Zero Waste, regrette la version précédente du texte : « Le Parlement était plus ambitieux. Les objectifs chiffrés de baisse de la consommation des gobelets et des contenants alimentaires ont été retirés. Les Etats membres qui le souhaitent peuvent carrément les interdire. »
Deux ans pour transposer la directive
La rapporteure voulait des objectifs quantifiés sur les mégots (les filtres constituent le deuxième déchet en plastique retrouvé sur les plages européennes), mais ni la Commission ni les Etats membres n’ont soutenu ce retour au monde des Gitanes sans filtre (tant pis si les filtres sont polluants et toxiques pour les fumeurs). « On a une législation chimique, on a une agence qui s’occupe de ça. C’est mélanger les genres », justifie un négociateur.
Mais cette dernière n’est-elle pas censée seulement faciliter les négociations ? « On est un peu les experts, neutres, qui rappelons le cadre de la négociation mais, si on dit niet, ça n’aide pas celui qui propose », reconnaît une source à la Commission. La rapporteure a obtenu que, comme pour les serviettes hygiéniques, les tampons et lingettes humides, le marquage des paquets de cigarettes informe les consommateurs de la présence de plastique. La Commission dispose d’un délai d’un an pour travailler sur l’étiquette exacte.
Pourquoi la rapporteure n’a-t-elle pas été plus tenace sur certains points ? « Le 19 décembre au matin, j’aurais pu pousser plus loin et dire “je veux continuer les négociations”, répond Frédérique Ries. Mais on allait bientôt changer de présidence [l’actuelle est la roumaine], on n’avait plus de garanties d’avoir le texte en main pour les élections. Prendre le risque d’exposer la décision au prochain Parlement, c’était vraiment le saut dans l’inconnu… »
Et après ? Le texte définitif a été validé par le Conseil de l’UE et rendu public le 18 janvier 2019, traduit en vingt-quatre versions validées par des juristes et, enfin, il a été adopté formellement par le Parlement le 27 mars. Il faut désormais attendre l’approbation du Conseil européen – une formalité prévue avant les élections – et la publication du texte au Journal officiel, en juillet. Cette date marque le début du temps imparti aux Etats membres pour transposer la directive : deux ans.
L’industrie veillera évidemment à ce qu’elle ne soit pas « surtransposée » et les ONG environnementales, au contraire, à ce que les Etats optent pour les obligations les plus ambitieuses. Quant à la Commission, elle devra assurer son rôle de gardienne et s’assurer que tous les pays appliquent correctement cette législation. En réalité, c’est là que tout commence.
<https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/05/17/plastique-a-usage-unique-itineraire-d-une-directive-gatee_5463450_4500055.html <https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/05/17/plastique-a-usage-unique-itineraire-d-une-directive-gatee_5463450_4500055.html>>
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18- Ils disent merci l’Europe, Paris Match, 19/05/19, 03h00 
Mariana Grépinet

Sans les dotations de Bruxelles, ils n’auraient pas pu réaliser leur rêve pour Coutances, leur commune. A la veille du vote, ils s’en souviendront ! 
Coutances, ses rues commerçantes fleuries, son centre de santé, sa médiathèque, son cinéma flambant neuf, son théâtre où se déroule le troisième plus gros festival de jazz en France… Un insolent dynamisme pour une commune normande de 8 650 habitants. Le secret ? L’Europe. Une Europe qui protège, soutient et sert de tremplin à l’essor économique et culturel. Une Europe qui a versé à la région Normandie (dont le budget annuel est de 2,5 milliards d’euros) plus de 1 milliard d’euros sur la période 2014-2020, sans compter les 2,5 milliards d’euros (depuis 2014) d’aides directes à l’agriculture dans le cadre de la politique agricole commune (Pac). Une Europe qui s’invite dans le quotidien des Coutançais. Le plus souvent sans qu’ils le sachent.
La grande fierté de la ville est son pôle santé, inauguré en décembre 2017, qui regroupe plus de 25 professionnels. C’est aussi le projet qui a bénéficié du plus gros investissement de l’Union européenne. « Sans les 470 000 euros du Feader [Fonds européen agricole pour le développement de l’espace rural], on n’aurait jamais pu faire un bâtiment de 18 000 mètres carrés comme celui-là », insiste le Dr Frédéric Deloly, président de l’association qui gère la structure. On y trouve, entre autres, deux généralistes, une dentiste, deux kinés, un psychomotricien, une dermatologue, deux ergothérapeutes, une sage-femme et un centre de soins avec six infirmières. Et des permanences, comme celle de l’oncologue de la polyclinique d’Avranches qui vient une fois par semaine. « A Coutances, cela faisait deux ans qu’il n’y avait plus d’ophtalmologue. Désormais, il y en a deux et les gens viennent depuis Cherbourg, à 75 kilomètres, pour une consultation », précise Mathieu Legraverend, 41 ans, diététicien nutritionniste. Cette année, le Dr Deloly accueille deux internes en médecine, logés dans une aile du nouveau bâtiment. Il espère qu’au moins un des deux fera le choix de rester.
>> Suite à lire à :
<https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Ils-disent-merci-l-Europe-1624517 <https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Ils-disent-merci-l-Europe-1624517>>
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19- 150 Français tirés au sort, six mois de débat, la taxe carbone sur la table : la Convention citoyenne sur le climat se précise, Le Monde, 19/05/19, 11h44

François de Rugy, ministre de la transition écologique, donne des détails sur la mesure de démocratie citoyenne annoncée en avril par Emmanuel Macron. 
Répondre à la demande de démocratie participative formulée par les « gilets jaunes » et relancer des mesures écologiques ambitieuses : tel est le double objectif de la Convention citoyenne pour le climat, une assemblée de 150 Français qui seront tirés au sort, et dont le ministre de la transition écologique, François de Rugy, a précisé les contours dans un entretien accordé au Parisien dimanche 19 mai.
Par ailleurs, M. Rugy a annoncé que le premier conseil de défense écologique, dont la création avait été évoquée par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 25 avril, se tiendrait jeudi à l’Elysée. Cette instance, réunissant au moins neuf ministres sous l’autorité du président, devra se réunir de manière régulière.
> Lire aussi  Annonces de Macron : vote blanc, référendum, services publics… Ce qu’il faut retenir
Comment seront désignés les 150 membres ?
Cette assemblée citoyenne devra « représenter la France dans sa diversité ». Elle sera composée à partir d’un tirage au sort sur les listes électorales, mais aussi à partir des listes des abonnés au téléphone afin d’élargir la convention aux personnes éloignées de la politique. Contrairement aux jurés d’assises, il sera possible de refuser d’y participer.
Quelle sera leur mission ?
Les 150 Français sélectionnés devront formuler des propositions pour lutter contre le réchauffement climatique. François de Rugy estime qu’ils pourront ainsi « proposer un avenir à la taxe carbone » ou préférer une autre fiscalité écologique, présenter des mesures réglementaires ou incitatives. « Il n’y aura pas de sujet tabou », assure le ministre, mais il faudra créer une recette pour chaque dépense supplémentaire.
Comment fonctionnera cette Convention citoyenne pour le climat ?
Concrètement, les citoyens travailleront un week-end sur trois et seront défrayés. La première réunion devrait se tenir avant la fin du mois de juin, et les travaux dureront six mois. Les propositions formulées seront ensuite adoptées directement, votées par le Parlement ou soumises à un référendum.
Est-ce un système nouveau ?
Ce fonctionnement est une première en France, où la démocratie participative n’est pas très développée. Mais il s’inspire fortement de l’exemple irlandais. Une convention de citoyens et d’élus y a abouti à l’adoption du mariage entre personnes de même sexe en 2015, et une assemblée purement citoyenne a été à l’initiative de la reconnaissance du droit à l’avortement.
Si la convention citoyenne pour le climat fonctionne bien en France, le gouvernement n’exclut pas d’y recourir pour d’autres dossiers, dans le cadre de la révision constitutionnelle.
> Lire aussi  RIC, tirage au sort, vote par note : quels outils pour intéresser les citoyens à la politique ?
<https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/05/19/150-francais-tires-au-sort-six-mois-de-debat-la-taxe-carbone-sur-la-table-la-convention-citoyenne-se-precise_5464124_823448.html <https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/05/19/150-francais-tires-au-sort-six-mois-de-debat-la-taxe-carbone-sur-la-table-la-convention-citoyenne-se-precise_5464124_823448.html>>
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20- Le Festival de Cannes, un "immense gâchis environnemental", AFP, 20/05/19, 10:00

Sous des apparences impeccables, le Festival de Cannes cache une réalité moins glamour. Kilos de nourriture jetés, yachts énergivores, atterrissages incessants de jets, berlines transportant les stars sur quelques mètres... Les associations écologistes pointent un "immense gâchis".
"Il y a sans doute énormément de progrès à faire sur l'organisation du festival pour la rendre plus écologique", commentait vendredi lors de son passage à Cannes le militant pro-climat et réalisateur Cyril Dion en lançant un appel au monde du cinéma à agir face à la crise environnementale.
Pendant douze jours, la ville qui reçoit les cinéastes du monde entier brille de mille feux, mais pour l'Association pour la défense de l'environnement et de la nature (ADEN) l'envers du décor est moins reluisant et l'événement "hors norme" s'accompagne d'une pollution tout aussi démesurée. 
"Pendant le festival, la population triple, or tous ces gens se déplacent. Les professionnels et artistes viennent en avion à l'aéroport de Cannes et de Nice, une noria de voitures souvent précédées de motards toutes sirènes hurlantes les conduisent aux hôtels afin d'éviter les bouchons, les immenses yachts dans la baie sont obligés de faire fonctionner leurs moteurs toute la journée pour avoir de l’électricité...", énumère la présidente de l'association Geneviève Huchet.
Le tapis rouge est changé trois à quatre fois par jour, les prospectus en papier glacé distribués aux festivaliers sont innombrables et s'envolent parfois dans la mer, pointe encore la militante cannoise, déplorant "une consommation frénétique". En 2015 (dernier chiffre connu en date), le festival a généré 1.900 tonnes de déchets supplémentaires, selon l'association. 
- Leo et les yachts -
Si les festivaliers lambda sont pointés du doigt, les nombreuses célébrités qui défilent sur la Croisette sont en première ligne.
"On précède les demandes des stars, on va imaginer leur envie et commander des monceaux de fleurs, éventuellement changer, à la demande des proches, la décoration de la suite, imaginer ce qu'elles aimeraient manger même si ça ne sera pas toujours consommé et alors jeté", souligne Mme Huchet. 
Au large, les feux d'artifices tirés sur les yachts qui clôturent les fêtes génèrent une pollution de particules fines avec des éléments qui tombent dans la mer et provoquent des nuisances lumineuses qui perturbent les oiseaux marins, relève l'association.
Mais plus que tout, c'est le ballet incessant des jets, qui débute avec le festival et se poursuit durant tout l'été, qui exaspère les habitants proches de l'aéroport.
L'aéroport de Cannes, situé dans la ville, a enregistré en 2018 1.700 mouvements (atterrissages et décollages) d'avions d'affaires pendant le mois de mai, soit 54 par jour, contre 1.000 le mois précédent et plus de 2.000 en plein été, selon des chiffres de l'aéroport obtenus par l’AFP. 
Le niveau de bruit peut dépasser les 80 décibels pour les aéronefs qui ont les turboréacteurs les plus bruyants alors que le bruit ambiant, hors événements aéronautiques, est inférieur à 50 décibels, relève l'Association de défense contre les nuisances sonores (ADNA). 
"Les stars c'est très bien, mais avec leurs jets bruyants, elles nous pourrissent la vie. On ne peut plus vivre les fenêtres ouvertes pendant cette période", s'agace Albert Dauphin, son président.
Pire, déplore-t-il, les habitants doivent s'habituer à retrouver du kérosène dans leur jardin en raison de la combustion incomplète des petits appareils qui effectuent une boucle au dessus de la zone urbaine.
"Contrairement à un lieu commun je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de gabegie pendant le festival", se défend le maire LR de Cannes David Lisnard. L'élu, qui vient de lancer une grande campagne publicitaire contre l'incivisme, rappelle que le tapis rouge est en matière recyclée et la mer ratissée après chaque feu d'artifice.
"Beaucoup de stars s'affichent comme des défenseurs de l'environnement, après dans la réalité il y a quelques paradoxes", observe M. Lisnard qui réfute néanmoins tout laxisme vis-à-vis des personnalités. Si l'acteur Leonardo DiCaprio, engagé pour l'environnement et grand adepte des yachts, "vidangeait son bateau dans la baie de Cannes, il prendrait un PV comme les autres", assure l'élu.
<https://www.lepoint.fr/societe/le-festival-de-cannes-un-immense-gachis-environnemental-21-05-2019-2313850_23.php <https://www.lepoint.fr/societe/le-festival-de-cannes-un-immense-gachis-environnemental-21-05-2019-2313850_23.php>>
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21- Tribune. « La gouvernance sociale et environnementale au Brésil est en cours de démantèlement », Le Monde, 21/05/19, 15h37
Par Collectif*

Dans une tribune au « Monde », huit anciens ministres de l’environnement brésiliens appellent le régime du président Jair Bolsonaro à renoncer à sa politique antiécologique et à rester dans l’accord de Paris.
Tribune. En octobre 2018, en tant qu’anciens ministres d’Etat de l’environnement, nous attirions l’attention sur l’importance que le gouvernement élu ne supprime pas le ministère de l’environnement et maintienne le Brésil dans l’accord de Paris. Nous considérons que la consolidation et le renforcement de la gouvernance environnementale et climatique étaient une condition essentielle pour l’intégration internationale du Brésil et le réamorçage de son développement au XXIe siècle.
Passés les cent premiers jours du nouveau gouvernement, les initiatives en cours vont dans la direction opposée au sens de notre mise en garde, compromettant l’image et la crédibilité internationale de notre pays. Nous ne pouvons nous taire devant cette situation. Bien au contraire. Nous insistons sur la nécessité d’un dialogue permanent et constructif. La gouvernance sociale et environnementale au Brésil est en train d’être démantelée et porte atteinte à notre Constitution.
> Lire aussi  Elections au Brésil : le bulldozer comme programme écologique pour Jair Bolsonaro
Nous sommes en train d’assister à une série d’actes sans précédent, qui vident les politiques publiques du ministère de l’environnement de leur capacité de formulation et d’application. Parmi eux : la disparition de l’Agence nationale des eaux, le transfert du service des eaux et forêts sous la coupe du ministère de l’agriculture, l’extinction du secrétariat aux changements climatiques et, désormais, la menace de « redéfinition » des zones protégées, d’amoindrissement du Conseil national de l’environnement et d’extinction de l’Institut Chico Mendes de conservation de la biodiversité (ICMBio).
Augmentation incontrôlée de la déforestation
Lors des trois dernières décennies, la société brésilienne a été capable, à travers ses gouvernements successifs, de concevoir un ensemble de lois et d’institutions aptes à affronter les défis de l’agenda environnemental de notre pays dans les différentes strates de la fédération.
La décision de maintenir la participation brésilienne à l’accord de Paris voit sa crédibilité remise en cause, aux niveaux national et international, par les manifestations politiques, institutionnelles et légales adoptées ou appuyées par le gouvernement, qui renforcent le déni, partagé par des figures-clés de la nouvelle administration, des changements climatiques.
> Lire aussi  Au Brésil, l’inquiétante fusion des ministères de l’agriculture et de l’environnement
L’absence de directives objectives sur ce thème empêche non seulement la mise en œuvre des engagements pris par le Brésil, compromettant son rôle de protagoniste à l’échelle globale, mais se manifeste également dans le recul des efforts pratiqués pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, dans les actions nécessaires d’adaptation et dans le non-respect de la politique nationale contre le changement climatique.
Nous sommes devant un risque réel d’augmentation incontrôlée de la déforestation en Amazonie. La multiplicité des signaux contradictoires dans la lutte contre le crime environnemental peut transmettre l’idée que la déforestation est essentielle pour le succès de l’agriculture et de l’élevage au Brésil. La science et la propre histoire récente du pays démontrent catégoriquement que c’est un raisonnement fallacieux et une erreur qui coûtera très cher à nous tous.
Crime organisé et corruption
Il est urgent de continuer à combattre le crime organisé et la corruption présents dans les actions de déforestation illégale et d’occupation des espaces protégés et des ressources en eau, spécialement dans les grands centres urbains. Le discours contre les organes de contrôle environnemental, en particulier l’Institut brésilien de l’environnement des ressources naturelles renouvelables (Ibama) et l’ICMBio, et la remise en cause des données de surveillance satellitaire de l’Institut national de recherches spatiales (INPE), dont le succès parle de lui-même, s’ajoutent à une situation budgétaire critique pour ces organismes et leur personnel. Tout ceci renforce de manière aiguë le sentiment d’impunité, qui est la porte ouverte à l’augmentation de la déforestation et des violences.
A rebours, il faudrait renforcer les règles qui composent l’organisation juridique environnementale brésilienne, structurées dans une perspective systémique après la loi de politique nationale de l’environnement de 1981. Le système national de l’environnement a besoin d’être renforcé, en particulier par le financement des organes qui l’intègrent.
La perspective de l’assouplissement des autorisations environnementales, travesti en « efficacité managériale », dans un pays encore traumatisé par la catastrophe de Brumadinho, est très grave. Le 29 janvier, à Brumadinho, dans le Minas Gerais, la rupture d’un barrage a provoqué une gigantesque catastrophe écologique et humaine : 50 millions de mètres cubes de boue gorgée de déchets miniers se sont brutalement déversés dans la rivière et sur ses rives, sur 650 km jusqu’à l’Atlantique. Le bilan est à ce jour de 34 morts et d’au moins 300 disparus.
> Lire aussi  Appel des peuples indigènes : « Depuis l’élection de Jair Bolsonaro, nous vivons les prémices d’une apocalypse »
Il n’est pas possible, presque sept ans après la modification du code des forêts, que ses dispositifs établis par le Congrès et consolidés par le Tribunal fédéral suprême soient attaqués alors qu’ils devraient être simplement mis en œuvre. Sous le prétexte d’une « sécurité juridique » qui n’est qu’unilatérale, celle du pouvoir économique, on met un pays entier sous le risque de la judiciarisation.
Développement et protection de l’environnement
Nous ne pouvons non plus cesser de faire part de notre préoccupation vis-à-vis des politiques concernant les populations indigènes, les quilombolas (descendants des habitants des quilombos, nom que l’on donnait autrefois aux communautés fondées par des esclaves en fuite) et d’autres peuples traditionnels, depuis que l’on a retiré à la Fondation nationale de l’Indien (Funai) sa compétence pour délimiter les terres indigènes. Il faut respecter les préceptes inscrits dans la Constitution fédérale de 1988, renforcés par les engagements pris par le Brésil, il y a plusieurs décennies, devant la communauté internationale.
Le Brésil a parcouru un long chemin pour consolider sa gouvernance environnementale. Nous sommes devenus l’un des chefs de file au niveau mondial dans la lutte contre les changements climatiques, le plus grand défi de l’humanité pour ce siècle. Nous sommes également le pays le plus riche en biodiversité de la planète, ce qui nous confère une énorme responsabilité en relation à la conservation tous nos écosystèmes.
Cette semaine, la plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), considérée comme le « GIEC de la biodiversité », a fourni son premier rapport aux décideurs, alertant sur les graves menaces qui pèsent sur la biodiversité : un million d’espèces animales et végétales dans le monde sont menacées d’extinction.
> Lire aussi  Au Brésil, la mise en place d’une politique de destruction de l’environnement
Il est urgent que le Brésil réaffirme sa responsabilité quant à la protection de l’environnement et définisse des objectifs concrets qui visent à la promotion du développement durable et à l’avancement de l’agenda socio-environnemental, à partir de l’action ferme et engagée de ses gouvernants. Il n’y a pas de développement sans protection de l’environnement. Et cela ne peut se faire que dans des cadres de régulation robustes et efficaces. Nous réaffirmons que le Brésil ne peut débarquer du monde en plein XXIe siècle. Et bien davantage, il faut éviter que le pays débarque de lui-même.
*Les signataires : Rubens Ricupero, Gustavo Krause, José Sarney Filho, José Carlos Carvalho, Marina Silva, Carlos Minc, Izabella Teixeira, Edson Duarte sont des anciens ministres d’Etat de l’environnement au Brésil.
> Lire aussi  En Amazonie, le combat de Raoni, le dernier des Kayapo
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/21/la-gouvernance-sociale-et-environnementale-au-bresil-est-en-cours-de-demantelement_5465080_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/21/la-gouvernance-sociale-et-environnementale-au-bresil-est-en-cours-de-demantelement_5465080_3232.html>>
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22- Institutions, agriculture, sécurité, social, environnement : 5 graphiques à avoir en tête avant de voter, France Inter, 21/05/19, 16h11
Rédaction Internationale 

Si elle n'a pas toujours tenu ses promesses, l'Union européenne a poussé ses pays membres à se parler, à produire plus, à dépenser mieux. Elle les a aussi aidés à protéger leurs territoires et leurs institutions. Avec des succès et des insuffisances.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.franceinter.fr/monde/institutions-agriculture-securite-social-environnement-5-graphiques-a-avoir-en-tete-avant-de-voter <https://www.franceinter.fr/monde/institutions-agriculture-securite-social-environnement-5-graphiques-a-avoir-en-tete-avant-de-voter>>
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23- Tribune. « Mobilisons le secteur financier pour préserver la biodiversité », Le Monde, 21/05/19, 19h00
Par Collectif*

Seize acteurs de la finance, des agences publiques, de la recherche et des associations appellent dans une tribune au « Monde » à des investissements massifs en faveur de la gestion durable des ressources naturelles et de la transformation des modèles de production et de consommation.
Tribune. À l’occasion de la Journée mondiale de la biodiversité, le 22 mai, nous, représentants d’acteurs financiers et économiques, d’acteurs publics, du monde de la recherche et d’organisations non-gouvernementales, réunis par l’initiative Finance For Tomorrow, appelons à la mobilisation pour contribuer à préserver nos écosystèmes terrestres et marins. Nous devons réorienter à grande échelle les flux financiers pour développer des projets d’envergure en vue d’une économie durable et inclusive.
> Lire aussi  Elections européennes : face à l’urgence climatique, les partis rivalisent de propositions « vertes »
Comme ce qui a été fait pour le climat au moment de la COP21 et la signature de l’Accord de Paris, il est indispensable de soutenir un accord politique ambitieux lors de la COP15 pour la biodiversité à Kunming, en Chine, à l’automne 2020. Ces efforts du secteur financier pourront participer à la mise en place d’un « new deal pour la nature et les hommes » à l’échelle internationale.
« Les seules limites de nos réalisations de demain sont nos hésitations d’aujourd’hui ». La citation de Roosevelt, père du « New Deal », illustre l’urgence d’agir aujourd’hui pour sauver la biodiversité demain. Les opportunités déjà existantes pour les investisseurs nous montrent qu’il s’agit d’une mutation créatrice de valeur.
Impacts positifs sur l’environnement
Chaque année au niveau mondial, la nature nous rend gratuitement des services d’une valeur de 125 à 140 000 milliards de dollars, et l’on estime les besoins d’investissements à 440 milliards de dollars par an pour développer des activités bénéfiques à la biodiversité (« Into the wild : Integrating nature into investment strategies », rapport publié par le WWF-France et AXA à l’occasion du G7 de l’environnement à Metz, 5 et 6 mai 2019).
> Lire aussi  Le développement durable, figure imposée à l’industrie de la mode
Pour les investisseurs, les enjeux liés à la biodiversité représentent, comme pour le climat, de nouveaux facteurs de risques à prendre en compte. Mais les opportunités sont par ailleurs nombreuses, concrètes et diverses. On peut identifier deux principaux types d’investissements : d’un côté, des projets de gestion de ressources naturelles (pêche durable, reforestation, matières premières…) ; de l’autre, l’accompagnement financier des entreprises qui innovent pour transformer nos modèles de production et de consommation.
Ces investissements sont porteurs d’impacts positifs sur la biodiversité et sont sources de développement économique au niveau local. Les acteurs financiers français sont conscients de l’urgence et ont développé une expertise pionnière sur le sujet, contribuant ainsi à l’émergence de nouvelles thématiques d’investissement. Des fonds dédiés se structurent. De nouveaux modèles émergent, avec par exemple des fonds « AgTech » (agriculture et numérique) dédiés à l’innovation.
Responsabilité collective
L’innovation passe aussi par le lancement de nouveaux produits financiers : des obligations durables dédiées au financement de filières agricoles et de matières premières durables, ou encore les « prêts à impact », indexés sur des critères environnementaux dans les chaînes logistiques agroalimentaires. Par ailleurs, des outils se développent pour mesurer les impacts et les dépendances des activités économiques vis-à-vis de la nature. Une telle mesure de la performance en matière de biodiversité est nécessaire pour guider les décisions des entreprises et des investisseurs, et mieux prendre en compte les impacts sur la nature.
> Lire aussi  Un G7 de l’environnement sous la pression de l’urgence écologique
Pour que cette dynamique se concrétise, il est indispensable de construire des partenariats rassemblant toutes les parties prenantes : acteurs de la recherche, ONG, entreprises, porteurs de projets et financeurs. Ce n’est qu’en joignant nos forces que nous pourrons réussir.
> Lire aussi  Biodiversité : l’humanité face à ses responsabilités
Si la responsabilité est collective et un passage à l’action globale nécessaire, le secteur financier a conscience de l’urgence et de la nécessité à agir pour préserver les écosystèmes naturels, au-delà des initiatives déjà mise en œuvre de manière pionnière par les acteurs français. C’est pourquoi nous lançons cet appel à mobilisation de l’ensemble du secteur financier – banquiers, investisseurs assureurs – à investir pour préserver la biodiversité et à encourager la création de coalitions multi parties prenantes avec tous les acteurs économiques, industriels, académiques et de la société civile. Il est de notre devoir de mettre toute notre énergie à lutter de manière collective contre la perte de la biodiversité.
Signataires : Marc Abadie, président de CDC Biodiversité ; Isabelle Autissier, présidente de WWF France ; Thomas Buberl, directeur général du Groupe Axa ; Clément Chenost, directeur délégué général de Moringa ; Fabrice Dumonteil, PDGl d’Eiffel IG et membre du bureau de Finance for Tomorrow ; Patrick Dixneuf, directeur général d’Aviva Europe et d’Aviva France ; Johnny El Hachem, directeur général d’Edmond de Rothschild Private Equity ; Alain Grandjean, président de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme ; Arnaud Leroy, PDG de l’ADEME ; François Riahi, directeur général de Natixis ; Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement ; Daniel Roy, président du conseil d’administration de La Banque Postale AM et membre du bureau de Finance for Tomorrow ; Sébastier Treyer, directeur exécutif de l’Institut du développement durable et des relations internationales(IDDRI) ; Hélène Soubelet, directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité ; Jean-François Sylvain, président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité ; Philippe Zaouati, directeur général de Mirova et président de Finance for Tomorrow.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/21/mobilisons-le-secteur-financier-pour-preserver-la-biodiversite_5465185_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/21/mobilisons-le-secteur-financier-pour-preserver-la-biodiversite_5465185_3232.html>>
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24- Le premier green bond des Pays-Bas noté Triple A fait un carton, La Tribune, 21/05/19, 19:45 
Delphine Cuny 

La demande a dépassé 21 milliards d'euros pour la première obligation verte de l'État néerlandais, qui va lever 6 milliards. Il s'agit du premier green bond souverain d'un émetteur noté Triple A.
L'État néerlandais avait annoncé fin octobre son intention d'émettre sa première obligation verte. L'opération a rencontré un vif succès auprès des investisseurs : la demande a atteint 21,2 milliards d'euros selon le Trésor néerlandais, pour un objectif initial de 4 à 6 milliards d'euros. Il s'agit du premier green bond souverain d'un émetteur noté Triple A (la meilleure note donnée par les agences de notation de crédit).
Les Pays-Bas sont le sixième pays européen à se lancer sur le marché des green bonds, et le troisième de la zone euro, après la Pologne en décembre 2016, juste avant la France en janvier 2017, suivies de la Belgique, la Lituanie et l'Irlande l'an dernier.
« Notre ambition est d'émettre une obligation "vert foncé" », avait déclaré le ministre des finances néerlandais, Wopke Hoekstra. « Jusqu'ici, les banques, compagnies d'assurance et fonds de pension néerlandais à la recherche d'investissements verts dans des obligations souveraines sûres devaient se tourner vers l'étranger. L'obligation verte représentera un actif solide pour tout portefeuille vert. Cela permettra aux investisseurs de diversifier leurs portefeuilles verts et aidera à développer davantage le marché intérieur des capitaux verts », avait-il estimé.
> Lire aussi : Qu'est-ce qu'un green bond ?
>> Suite à lire à :
<https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/le-premier-green-bond-des-pays-bas-note-triple-a-fait-un-carton-817883.html <https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/le-premier-green-bond-des-pays-bas-note-triple-a-fait-un-carton-817883.html>>
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25- UE : le commerce international, nouvel enjeu électoral, AFP, 21/05/19, 20:00
Clément Zampa

Après avoir mené sa politique commerciale dans l'indifférence pendant des années, l'UE est depuis peu sous le feu des critiques, accusée de délaisser son agriculture, de mépriser l'environnement ou de négliger la santé des Européens, en privilégiant le libre-échange.
Ces reproches ont peu à peu conduit la Commission Juncker, pendant laquelle deux accords commerciaux majeurs avec le Canada (le CETA) et le Japon sont entrés en vigueur, à repenser sa politique, sans parvenir toutefois à convaincre totalement.
A quelques jours des élections européennes, état des lieux d'une politique devenue un enjeu électoral.
- Premières critiques -
Les négociations entamées en 2013 entre Bruxelles et Washington en vue de mettre en place le plus vaste accord de libre-échange de l'histoire, le TTIP, ont cristallisé les critiques et donné naissance à un large mouvement de contestation pan-européen.
Les opposants, qu'il s'agisse d'ONG, d'agriculteurs, de syndicats ou de représentants politiques --en particulier à l'extrême gauche, chez les écologistes ou à l'extrême droite-- ont vu dans cet accord un danger pour l'environnement, les normes sanitaires, les services publics et parfois même la démocratie.
L'ouverture des marchés agricoles risquait selon eux de renforcer la concurrence sur un secteur européen fragile.
Ils reprochaient aussi à l'UE un mode de négociation opaque.
Cette fronde, suivie par l'élection de Donald Trump, a rendu impossible la poursuite des discussions sur le TTIP, qui ont été suspendues en 2016.
- Les réponses de Bruxelles -
Après avoir fait la sourde oreille, la Commission a progressivement pris en compte les critiques... surtout quand elle s'est aperçue que l'opposition au TTIP s'était déplacée sur un autre accord, le CETA, avec le Canada.
Elle qui imaginait conclure cet accord sans problème a dû faire face fin 2016 à une mini-crise diplomatique avec Ottawa, la région belge francophone de Wallonie parvenant à bloquer la signature du traité pendant quelques jours.
Ce contretemps a incité Bruxelles à mieux communiquer face aux nombreuses "fake news" liées au commerce --en aucun cas le saumon transgénique ou le boeuf aux hormones ne seront autorisés dans l'UE à cause des accords commerciaux. Mais aussi à revoir sa philosophie : l'UE sera désormais moins "naïve" et plus protectrice (mais pas protectionniste).
La Commission a ainsi lancé les discussions pour mettre en place une cour internationale afin de remplacer les traditionnels tribunaux d'arbitrage privés. Prévus dans les accords de libre-échange afin de trancher les litiges entre un Etat et un investisseur, ces tribunaux sont très critiqués, soupçonnés d'être trop favorables aux entreprises.
Elle n'hésite pas non plus à affirmer qu'elle ne conclura plus de traité avec un pays qui ne respecte pas l'accord de Paris sur le climat.
Problème : Bruxelles est sur le point de négocier un mini-accord commercial (moins vaste que le TTIP) avec les Etats-Unis, qui ont pourtant quitté cet accord.
- Le rôle de la France -
Les critiques envers la politique commerciale européenne sont restées vives en France, où le CETA est régulièrement agité comme un épouvantail par les dirigeants politiques de tous bords et les ONG.
Les agriculteurs français s'inquiètent pour leur part des conséquences d'un éventuel accord avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), que l'UE tente de conclure depuis plusieurs années.
Le président français Emmanuel Macron s'est emparé du sujet, appelant à plusieurs reprises l'UE à revoir sa politique commerciale, notamment en prenant mieux en compte l'environnement.
Dans ce contexte, la France est le seul pays à s'être prononcé contre l'ouverture de nouvelles négociations avec les Etats-Unis, ce qui a beaucoup irrité ses partenaires.
Ce choix a été interprété comme un gage aux écologistes présents sur la liste du parti du président français aux élections européennes.
- La place du Parlement -
L'approbation du Parlement européen est indispensable pour qu'un accord négocié par la Commission au nom des 28 Etats membres puisse entrer en vigueur.
La dernière législature, dominée par la droite, s'est globalement toujours positionnée du côté de la Commission dans ses votes. 
Mais les eurodéputés sont parfois parvenus à élargir certaines propositions, par exemple sur la mise en place d'un cadre européen de contrôle des investissements étrangers.
Les reproches de l'opinion ont trouvé un certain écho dans l'hémicycle européen, face à une Commission plus hermétique.
Les eurodéputés d'extrême gauche, et plus encore les écologistes, se sont fait les relais des ONG, même si les problématiques liées au commerce semblent désormais transcender les clivages partisans
<https://www.lepoint.fr/monde/ue-le-commerce-international-nouvel-enjeu-electoral-21-05-2019-2314140_24.php <https://www.lepoint.fr/monde/ue-le-commerce-international-nouvel-enjeu-electoral-21-05-2019-2314140_24.php>>
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26- Tribune. « L’obligation “verte” est une tentative pour faire croire qu’on fait quelque chose alors qu’on ne fait rien », Le Monde, 21/05/19, 20h41
Par Ivar Ekeland, Professeur émérite de mathématiques de l'université Paris Dauphine & Julien Lefournier, Consultant en finance

Les placements promettant un bénéfice environnemental sont vendus au même prix que les placements normaux, ce qui ne peut qu’éveiller le soupçon, observent dans une tribune au « Monde » le professeur Ivar Ekeland et le professionnel du secteur Julien Lefournier
Tribune. l’empereur Vespasien déclarait « l’argent n’a pas d’odeur » après avoir instauré un impôt sur les latrines publiques. Mais il a désormais une couleur. Depuis quelques années, on voit en effet apparaître sur les marchés financiers des obligations « vertes ». En 2018, plus de 6 000 milliards en équivalent euros de nouvelles obligations ont été émises sur le marché, dont environ 2 % dites « vertes ».
> Lire aussi  « Mobilisons le secteur financier pour préserver la biodiversité »
Les obligations « vertes » sont des obligations classiques agrémentées d’une promesse, celle d’employer les fonds recueillis à des investissements « verts », c’est-à-dire présentant un bénéfice environnemental. Intention plus que louable, car les besoins sont urgents. La Cour des comptes européenne estime que la reconversion de l’économie nécessitera un investissement annuel de 1 115 milliards d’euros entre 2021 et 2030. Il est donc crucial de réorienter l’épargne en faveur de la sauvegarde du climat, et pour cela il faut des incitations financières.
> Lire aussi  Annonces d’Emmanuel Macron : « Repenser la méthode de la transition écologique est utile mais ne suffira pas »
En effet, la pierre angulaire de la restructuration écolo énergétique réside dans l’incorporation d’externalités négatives (comme les coûts de pollution) ou positives mais non pécuniaires (comme l’amélioration de la qualité de l’air). Les projets réellement « verts » encourent des coûts supplémentaires pour éviter les externalités négatives, alors que les bénéfices non marchands ne figurent pas dans leur bilan financier. Ils sont donc moins rentables financièrement que les projets « bruns ».
La logique du marché
On s’attendrait donc à ce que l’obligation « verte » en tienne compte, c’est-à-dire que, à risque égal, elle coûte plus cher à son acheteur que l’obligation classique, ce qui constituerait une incitation financière pour l’émetteur. C’est bien ce qui se passe quand les consommateurs acceptent de payer plus cher un café équitable pour que les producteurs concernés puissent vivre décemment de leur travail.
> Lire aussi  Finance solidaire : cinq lauréats et une loi
Or, il n’en est rien ! L’obligation « verte » a exactement le même prix que l’obligation standard (« L’obligation verte : homéopathie ou incantation ? », Ivar Ekeland et Julien Lefournier, Document de travail, Chaire finance et développement durable, 17 mai 2019). De nombreuses études empiriques ont été faites, et si elles décèlent des différences, elles sont de l’ordre du dix-millième, soit un centime sur 100 euros ! C’est que la logique du marché joue ici.
> Lire aussi  « L’industrie financière doit s’engager à prévenir la menace d’une prochaine grande crise écologique et sociale »
Les intervenants sont, dans leur immense majorité, des investisseurs professionnels qui agissent pour le compte d’autrui et qui ont vis-à-vis de leurs mandants l’obligation de leur assurer le meilleur rendement possible. Ces investisseurs ne peuvent pas valoriser une promesse « verte » qui n’a aucune valeur juridique et qui ne leur offre aucune contrepartie tangible. La main invisible du marché ne peut tout simplement pas avoir le pouce vert !
> Lire aussi  En France, la finance verte en est toujours à ses balbutiements
Pourtant, « plus d’un Français sur deux souhaite qu’une partie de son épargne profite à l’écologie », selon une étude d’Ipsos (avril 2018). Cela ne nous dit pas si cette préférence s’accompagnerait d’une concession sur le prix, comme pour le commerce équitable, ou pas. Quoi qu’il en soit, on ne pourra répondre concrètement à cette demande qu’à deux conditions : l’identification de véritables actifs verts à proposer à ces investisseurs et l’implication de l’Etat sous une forme ou une autre (garanties publiques, subvention, fiscalité bonifiée).
En attendant, l’obligation « verte » est un pur produit du monde du « business as usual ». Elle sert à financer des projets qui auraient été financés de toutes façons, car ils offrent le même couple de rendement/risque que les projets « bruns ». C’est une tentative pour faire croire qu’on fait quelque chose alors qu’on ne fait rien. Et faire semblant, c’est mentir.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/21/l-obligation-verte-est-une-tentative-pour-faire-croire-qu-on-fait-quelque-chose-alors-qu-on-ne-fait-rien_5465162_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/21/l-obligation-verte-est-une-tentative-pour-faire-croire-qu-on-fait-quelque-chose-alors-qu-on-ne-fait-rien_5465162_3232.html>>
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27- Cinq choses que fait l'UE pour protéger l'environnement, AFP, 23/05/19, 18:00
Marine Laouchez

La protection de l'environnement, l'une des prérogatives de l'Union européenne, a pris une importance croissante sous la pression de l'opinion publique. Protection de l'air, de l'eau, des habitats naturels, encadrement des produits chimiques, voilà cinq exemples dans lesquels l'UE a joué les gardiens verts. 
- La fin du plastique à usage unique -
Après le petit sac plastique qui a disparu des supermarchés, l'UE s'attaque à tous les produits en plastique à usage unique : à partir de 2021, elle veut voir disparaître toutes les touillettes à café, pailles, emballages divers, qui représentent pas moins de 70% des déchets qui échouent dans la mer.
Sous impulsion européenne, les Etats membres vont devoir recycler jusqu'à 90% des bouteilles en plastique d'ici 2029. L'UE renforce aussi le principe du pollueur-payeur pour supporter les coûts de la collecte des déchets.
L'UE a fait de "l'économie circulaire" l'une de ses priorités. En juillet 2018, de nouvelles règles sont entrées en vigueur pour les taux de recyclage : d'ici à 2030, 70% des déchets d'emballages et 60% des déchets municipaux (65 % d'ici 2035) devront être recyclés, tandis que la mise en décharge doit être limitée à 10%.
- Un air moins pollué -
Signataire de l'accord de Paris au nom des 28 Etats membres, l'UE s'est engagée d'ici 2030 à réduire de 40% ses émissions de gaz à effet de serre. L'effort pour atteindre cet objectif global a été réparti par pays, en fonction du PIB.
Une série de mesures ont été adoptées, comme l'obligation pour chaque Etat d'augmenter la part d'énergies renouvelables dans son mix énergétique.
L'UE doit aussi réduire sa consommation d'énergie d'environ un tiers d'ici 2030 (par rapport aux niveaux de 1990). Pour parvenir à ses fins, elle a notamment réformé sa législation sur la construction des bâtiments et travaille à améliorer l'efficacité énergétique des appareils électroménagers : elle a imposé l'étiquette notée de A à G pour connaître le niveau de consommation d'électricité d'un appareil.
L'UE fixe en outre des normes d'émissions pour un certain nombre de gaz polluants. Ainsi, l'instauration de limites a permis de faire reculer de plus de 70% en moins de 20 ans les émissions d'oxydes de soufre, plus connues sous le nom de "pluies acides".
- Des voitures plus propres sur les routes -
Le scandale du Dieselgate a montré à l'UE que sa législation pouvait être contournée en matière d'émissions de gaz polluants, dans ce cas les oxydes d'azote des moteurs diesel.
Elle a revu ses tests de mesures d'émissions, qui existent désormais en condition réelle de conduite, non seulement pour les oxydes d'azote mais aussi pour le CO2. Le secteur du transport routier représente un cinquième des émissions totales de gaz à effet de serre de l'UE. 
La réglementation européenne impose des limites aux constructeurs automobiles pour les véhicules légers neufs depuis 2009. Des restrictions viennent d'être décidées pour les poids lourds.
L'objectif est d'arriver à délaisser les moteurs à combustion (diesel et essence) en faveur de technologies plus propres.
L'industrie automobile s'est vivement inquiétée de l'impact sur les emplois et du manque d'infrastructures pour accompagner les changements technologiques, des bornes de chargement par exemple.
- Protection des abeilles -
L'un des grands succès récents pour les défenseurs de l'environnement a été l'interdiction pour toutes les cultures en plein champ de trois néonicotinoïdes, pesticides jugés dangereux pour les abeilles.
De manière générale, l'UE est chargée de réguler l'utilisation de produits chimiques sur son territoire afin de protéger à la fois l'environnement et la santé humaine.
La polémique autour du renouvellement de la licence du glyphosate, herbicide controversé mais très utilisé, a montré les limites d'une procédure considérée par beaucoup comme opaque.
L'UE a d'une part décidé de rendre la procédure d'évaluation, menée par l'Agence européenne pour la sécurité alimentaire (Efsa), plus transparente. D'autre part, la Commission a proposé d'appliquer plus de transparence aux décisions prises par les Etats membres dans des dossiers comme le glyphosate ou les OGM.
- La justice européenne pour sauver des arbres millénaires -
La Pologne a été condamnée en avril 2018 par la justice européenne pour l'abattage d'arbres dans la forêt de Bialowieza, classée patrimoine mondial par l'Unesco et site Natura 2000 par l'UE. Le gouvernement soutenait que ces opérations avaient pour but de lutter contre la prolifération d'insectes xylophages.
L'une des missions de l'UE est de protéger la biodiversité et les parcs naturels. Elle le fait en grande partie via le programme Natura 2000, un vaste réseau d'espaces naturels protégés.
Les directives "Oiseaux" et "Habitats" sont les fondations de la politique de protection environnementale. Par exemple, après des années de pression européenne, la France a mis fin en avril 2017 à sa politique de tolérance sur la chasse à l'ortolan, petit oiseau recherché par les gourmets, afin d'éviter une condamnation.
<https://www.geo.fr/environnement/cinq-choses-que-fait-lue-pour-proteger-lenvironnement-195122 <https://www.geo.fr/environnement/cinq-choses-que-fait-lue-pour-proteger-lenvironnement-195122>>
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28- Les écotaxes restent marginales dans l'Union européenne, AFP, 23/05/19, 18:00
Jean-Philippe Chognot, avec les bureaux de l'AFP

Malgré un discours volontariste de Bruxelles, les écotaxes peinent à s'imposer dans l'Union européenne, la fiscalité verte se heurtant régulièrement à des mouvements de contestation, à l'image des "gilets jaunes" en France.
En 2011, la Commission européenne préconisait, à horizon 2020, un "recentrage sur la taxation environnementale", qui devait permettre "un allégement considérable de la taxation du travail". En vain. Depuis, la part des recettes fiscales environnementales dans l'Union, qui s'élevait à 6,18%, a baissé quasiment chaque année.
Les écotaxes ont tout de même généré 369 milliards d'euros de recettes en 2017 dans l'Union européenne.
- Situations contrastées -
La Lettonie est le pays de l'Union le plus en pointe en matière d'écotaxes. En 2017, selon l'Office européen des statistiques Eurostat, quelque 11,11% de ses recettes fiscales provenaient d'impôts environnementaux. Ceux-ci, soutenus par l'opinion publique, ont permis au pays balte d'accélérer le verdissement de son économie.
La Slovénie et la Grèce sont également en avance, avec respectivement 10,13% et 9,5% de recettes fiscales environnementales.
Ces pays sont largement au-dessus de la moyenne européenne (5,97%).
A l'autre bout de l'échelle, c'est le Luxembourg qui mise le moins sur la fiscalité verte (4,25%). L'Allemagne (4,46%), la Belgique (4,74%), la France (4,77%) et la Suède (4,8%) ne font guère mieux.
- Des exemples d'écotaxes -
En Allemagne, la fiscalité verte repose sur des réformes de 1999 et 2000. Les Allemands paient notamment une taxe sur l'électricité, baptisée "EEG-Umlage", de 6,405 centimes par kilowattheure. Elle finance directement les infrastructures d'énergies renouvelables.
En Hongrie, une écotaxe est prélevée, via la TVA, sur les produits générant des déchets, comme les sacs plastique, les batteries, les prospectus, les emballages... Elle s'échelonne de 20 et 2.000 forints (6 centimes à 6 euros) par kilogramme selon le produit taxé.
La Bulgarie prélève des écotaxes à l'enregistrement des véhicules, de 125 leva (64 euros) à 310 leva (158 euros) selon l'âge de la voiture. Les véhicules électriques en sont exemptés.
De leur côté, les Grecs paient depuis janvier pour les sacs plastiques des supermarchés. Cette mesure est bien acceptée et les experts observent une réduction "significative" du nombre des sacs. Selon le gouvernement, les recettes seront affectées à l'organisme grec de recyclage.
En Lettonie, l'énergie est fortement imposée. Le fioul est taxé à hauteur de 509 euros les 1.000 litres et le charbon est tellement taxé qu'il est quasiment impossible d'ouvrir une centrale à charbon. En revanche, le gaz naturel est moins taxé.
- Contestations et reculs -
Le mouvement français des "gilets jaunes" est le dernier mouvement d'ampleur né de la contestation d'une écotaxe.
Avant de basculer vers une contestation générale de l'action du gouvernement, c'est une hausse des taxes sur les carburants prévue pour 2019 qui a déclenché fin 2018 des manifestations, des occupations de ronds-points et des blocages de routes.
La mesure a été abandonnée après moins de trois semaines de mobilisation, mais le mouvement s'est poursuivi plusieurs mois sur des revendications plus large de baisse de la fiscalité, de hausse du pouvoir d'achat et de référendum d'initiative citoyenne.
En Bulgarie, où les écotaxes sont généralement accueillies dans l'indifférence, c'est une tentative d'augmenter sensiblement l'impôt annuel sur les véhicules de plus de 10 ans qui a fait polémique. Le pouvoir a dû faire marche arrière et a décidé, à la place, de réduire l'impôt sur les véhicules neufs.
Du côté de la Slovénie, pourtant en avance en matière de fiscalité environnementale, une hausse des taxes sur les émissions de CO2 a déclenché, fin 2014, une manifestation devant le siège du gouvernement. Celui-ci a accepté de modifier la mesure, pour ne pas frapper trop durement les plus gros pollueurs.
En Estonie, c'est l'industrie du schiste bitumineux qui est parvenue à obtenir une baisse de taxes pendant quelques années.
En Suède, la taxe sur les carburants a animé la campagne des législatives en 2018. Les Démocrates de Suède, parti d'extrême-droite arrivé troisième du scrutin, a axé une partie de la campagne sur sa limitation, notamment pour les agriculteurs après une sécheresse inédite.
<https://www.boursedirect.fr/fr/actualites/categorie/politique/les-ecotaxes-restent-marginales-dans-l-union-europeenne-afp-3642e95322cd41de520cddac8a2d4508e6df80a0 <https://www.boursedirect.fr/fr/actualites/categorie/politique/les-ecotaxes-restent-marginales-dans-l-union-europeenne-afp-3642e95322cd41de520cddac8a2d4508e6df80a0>>
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29- Le travail décent, un enjeu mondial, Le Monde, 23/05/19, 10h00
Béatrice Madeline  

Pour les Nations unies, l’emploi digne, correctement rémunéré et protégé, est un facteur de développement. 
« Emplois décents et lien social ». Quoi de commun entre une Ethiopienne employée dans l’une des usines textiles de son pays, payée 23 euros mensuels à confectionner des vêtements pour les grandes marques occidentales, et le livreur à vélo qui sillonne Paris, Londres ou New York pour quelques euros, au péril de sa vie ? Entre la jeune Malgache qui trime vingt heures par jour chez un propriétaire aisé, avec à peine de quoi subvenir à ses besoins, et l’ouvrier du bâtiment grec qui fait des chantiers au noir pour « arranger » son patron ? Aux yeux de l’Organisation internationale du travail (OIT), aucun d’eux n’occupe ce qu’il est convenu d’appeler un « travail décent ». Un travail digne, convenablement rémunéré, qui s’exerce dans de bonnes conditions de sécurité et qui procure un minimum de protection sociale pour le travailleur et sa famille. Un travail qui laisse la possibilité d’entrevoir un avenir meilleur.
> Lire aussi  La loi française sur « le devoir de vigilance » fait peu à peu des émules
Raison pour laquelle l’OIT et l’Agence française de développement (AFD) organisent le 24 mai, à Paris, la conférence « Emplois décents et lien social : un enjeu démocratique mondial », dont Le Monde est partenaire.
A l’échelle mondiale, outre la lutte contre le chômage, l’enjeu est aujourd’hui de défendre la possibilité pour chacun d’accéder à un travail décent, un concept élaboré il y a une quinzaine d’années par l’OIT, dans le sillage de la crise économique et financière de 2008. « En 2015, au cours de l’assemblée générale, les Nations unies ont inscrit le travail décent comme un facteur de développement et non comme une résultante », rappelle Cyril Cosme, directeur de l’OIT pour la France.
80 % des entreprises sont informelles
Et l’enjeu est de taille. Selon les chiffres de l’OIT, 50 % de la main-d’œuvre mondiale (2,5 milliards de personnes) exerce des activités de production dans le secteur informel. Une proportion déjà considérable, qui monte à neuf personnes sur dix dans les pays à revenu faible, contre deux sur dix dans les pays développés. « 80 % des entreprises du monde sont informelles, ce qui recouvre l’économie non déclarée ou non couverte par la loi comme le travail domestique. Il se peut aussi que la loi existe mais ne protège pas, car elle n’est pas appliquée, précise Philippe Marcadent, coordinateur des travaux sur le travail informel à l’OIT. On est donc, au bout du compte, sur la très grande majorité des travailleurs : au fond, c’est plutôt l’emploi formel qui fait exception. »
> Lire aussi  Les femmes turques réduites à la précarité
Les secteurs les plus touchés par le travail informel sont aussi ceux qui font largement vivre les pays en développement : l’agriculture et la pêche, premier secteur créateur d’emplois dans le monde, qui relève de conditions très précaires ; l’exploitation des ressources naturelles telles que le cacao et le tabac, le textile, l’habillement… Des secteurs où bien souvent le travail ne protège pas de la pauvreté et de l’insécurité : en 2015, selon les chiffres des Nations unies, 2,2 milliards de personnes vivaient avec moins de 2 dollars par jour, dont 780 millions occupaient pourtant un emploi ; en 2018, toutes les quinze secondes, une personne mourait, quelque part dans le monde, d’un accident ou d’une maladie liés au travail ; plus de 45 % des travailleurs domestiques dans le monde n’ont aucun jour de congé (OIT 2013) ; neuf travailleurs sur dix en Afrique subsaharienne n’ont aucune protection sociale (AFD 2018)…
Ce serait pourtant une erreur de croire que la question ne touche que les pays les plus pauvres. La notion de légalité ne suffit pas pour qu’un emploi puisse être qualifié de « décent ». « En Grèce, par exemple, environ 35 % du travail n’est pas déclaré, mais il s’exerce souvent dans des entreprises qui, elles, sont déclarées », explicite Philippe Marcadent. Par ailleurs, les pays les plus riches favorisent ou entretiennent à leur manière le fléau à travers leurs chaînes d’approvisionnement, qu’il s’agisse de textile, de minerai, de cacao ou d’autres matières premières.
« Accroître les protections »
C’est justement la diversité des situations et des formes de travail qui rend complexe la question du travail décent. Si le travail au noir, en Europe par exemple, peut être contrôlé et sanctionné par des structures adéquates, telles que les services d’inspection du travail, « en Afrique, pour les travailleurs des rues, cela ne servirait strictement à rien, souligne Philippe Marcadent. La ligne fondamentale est d’accroître les protections ; si certaines personnes ne vont jamais entrer dans un travail formel, on peut néanmoins essayer d’obtenir des conditions de travail meilleures, la base étant une protection sociale pour tous ».
> Lire aussi  Au Cambodge, la longue marche vers la « sécu »
Agir en faveur de l’emploi décent implique donc d’appréhender les situations de manière différente selon les pays, les situations personnelles et les parcours des individus, les secteurs concernés… L’OIT mène en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD) et d’autres institutions de nombreuses actions sur le terrain, à la fois pour faciliter l’accès d’un maximum de personnes à l’emploi salarié ou à l’autoemploi, pour accompagner les personnes en renforçant l’employabilité à travers la formation ou la qualification. Récemment, dans un camp de réfugiés syriens installé en Jordanie, l’OIT, en lien avec l’Union européenne, a organisé un « marché de l’emploi » entre les entreprises locales et les hommes et les femmes du camp, pour leur permettre de trouver un travail rémunéré et améliorer leurs conditions de vie. Autre exemple, totalement différent : un projet mené à Madagascar. Il s’agissait de détecter les situations de servitude des enfants, pour les inciter à faire évoluer leur condition. Finalement, 200 enfants sont entrés en formation et 2 500 ont quitté leur « emploi ». Peu, au regard du nombre d’enfants concernés par le travail forcé dans le pays, estimé à 2 millions, mais qui peut favoriser une prise de conscience collective.
§ Ce dossier est réalisé dans le cadre d’un partenariat avec l’AFD
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/23/le-travail-decent-un-enjeu-mondial_5465905_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/23/le-travail-decent-un-enjeu-mondial_5465905_3234.html>>
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30- « Nos droits fondamentaux sont conditionnés par le respect du droit de la nature à exister et s’épanouir », Le Monde, 24/05/19, 14h00
Par Valérie Cabanes, juriste et auteure de ‘Un nouveau droit pour la Terre’ (Seuil, 2016) et Homo Natura (Buchet-Chastel, 2017)

Dans une tribune au « Monde » la juriste Valérie Cabanes considère que nous devons rompre avec un ordre juridique qui considère la nature comme une propriété, ce qui confère au propriétaire le droit de l’exploiter, l’endommager ou la détruire.
Tribune. Les pires scénarios présentés dans les derniers rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), de l’Académie américaine des sciences et de la Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) concernant le dérèglement climatique, la hausse des océans et l’érosion de la biodiversité devraient astreindre nos dirigeants à proposer des politiques publiques et des lois en capacité de répondre à un nouveau défi, celui de l’avenir de l’humanité.
Emile de Girardin expliquait que « Gouverner, c’est prévoir ; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte ». Des civilisations ont disparu parce qu’elles n’avaient pas pu - ou voulu - prévoir les conséquences de leurs actes, et nous ne semblons pas apprendre de l’Histoire. Les tentatives collectives de la dernière chance pour limiter les dommages infligés à l’écosystème Terre échouent l’une après l’autre sur le rivage de la souveraineté nationale : l’Accord universel de Paris pour le climat en 2015 n’a aucune force contraignante, les négociations pour l’adoption d’un Pacte mondial pour l’Environnement viennent d’échouer à Nairobi dans la nuit du 22 mai.
> Lire aussi  Un G7 de l’environnement sous la pression de l’urgence écologique
Il est maintenant trop tard pour changer de carburant, il nous faut quitter le véhicule de la croissance. Il est trop tard pour espérer maintenir un modèle capitaliste et consumériste sur une planète exsangue, dont la biosphère, l’hydrosphère et l’atmosphère sont sous pression et dont les limites de générosité sont atteintes. La Terre va devenir inhabitable, invivable.
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Si les conditions de la vie elle-même sont menacées sur Terre, comment pourrions-nous espérer garantir à l’humanité son droit à l’eau, à l’alimentation, à la santé et même à l’habitat, comment donner force au droit à un environnement sain ? Le choix qui nous est posé à ce moment de notre histoire collective est soit d’accepter de vivre de façon plus sobre et plus équitable en harmonie avec le vivant, soit de regarder mourir une grande majorité d’entre nous.
Stopper l’écocide en cours
Dans les systèmes juridiques en vigueur dans presque tous les pays, la nature est considérée comme une propriété, ce qui confère au propriétaire le droit de l’exploiter, l’endommager ou la détruire. Or nous appartenons à la Terre et non l’inverse. Il est vital pour l’humanité de repenser radicalement sa place dans le monde en repensant un droit et une gouvernance centrés sur la Terre.
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Il nous faut renverser notre échelle des normes afin d’une part de réaffirmer la suprématie des droits de l’Homme sur le droit commercial et, d’autre part, de reconnaître que nos droits fondamentaux sont conditionnés par le respect du droit de la nature à exister et s’épanouir. La première étape serait d’oser imposer un cadre contraignant aux activités industrielles pour qu’elles respectent les limites que la planète nous offre, et ainsi préservent nos conditions d’existence.
> Lire aussi  « Sur l’impact des pesticides, la recherche scientifique doit éclairer la décision publique »
Les limites planétaires sont des valeurs seuils scientifiquement établies depuis 2009. Elles concernent le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, le déboisement, la consommation d’eau douce, l’acidification de l’océan, la pollution. Elles sont aujourd’hui reconnues comme des outils de mesure des objectifs de développement durable par l’ONU et l’Union européenne, mais elles devraient être élevées au rang de normes internationales et gravées dans le marbre constitutionnel de chaque Etat afin de stopper l’écocide en cours.
Vertus d’une démocratie participative décentralisée
La seconde étape nécessiterait d’arrêter de croire que notre développement est un objectif en soi et recentrer nos efforts vers le maintien des relations que nous entretenons avec les autres espèces et écosystèmes sur Terre. Nos interdépendances conditionnent notre survie. Il nous faut inventer des moyens de concilier nos droits aux leurs, en commençant par leur reconnaître le droit à jouer leur rôle respectif dans le maintien de la vie.
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La pensée politique occidentale et les lois qui en découlent sont centrées sur le bien être humain et le respect de sa dignité selon le postulat que l’humain est l’aboutissement de l’évolution de la vie, un être supérieur qui peut régner sur la Terre et disposer de ses ressources. Au final cette conception de notre place au sein de l’Univers n’est qu’un récit que nous nous racontons à nous-mêmes, une fiction sur laquelle nous nous accordons mais qui semble malheureusement nous conduire au précipice.
> Lire aussi  Climat : « Le chaos n’est pas une fatalité, mais son évitement suppose un changement radical »
Dans son livre The Great Work, l’historien Thomas Berry (1914-2009) explique que la mission historique de notre époque est de « réinventer l’humain ». Pour nous réinventer, nous devons redéfinir notre rôle au sein d’une communauté plus large tissée de relations entre des espèces et des systèmes qui soutiennent la vie. Nous devons le faire aussi aux niveaux régional et local en tant que participant au cycle de vie de biorégions, de territoires dont les limites ne sont pas définies par des frontières politiques, mais par des limites géographiques qui prennent en compte tant les communautés humaines que les écosystèmes.
Ceci nous ramène aussi à notre rôle en tant que citoyen et aux vertus d’une démocratie participative décentralisée, où les intérêts des écosystèmes locaux pourraient aussi être entendus et défendus. C’est exactement ce que les citoyens de la ville de Toledo en Ohio (Etats-Unis) ont tenté : le 26 février, ils ont voté par référendum à 61,37 % l’octroi au lac Erié de droits à « exister, prospérer et évoluer naturellement ».
Au-delà de sa portée symbolique, ce référendum a une portée juridique : en conférant des droits légaux au lac, les habitants de Toledo souhaitaient pouvoir engager des poursuites contre les pollueurs, au nom du lac. Pour l’heure, comme en écho au déni et au cynisme des dirigeants du monde, la Chambre des Représentants de leur Etat leur en a interdit le droit. Nous devons braver ces interdits qui tentent désespérément de maintenir le mythe d’une séparation entre l’humain et la nature.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/24/nos-droits-fondamentaux-sont-conditionnes-par-le-respect-du-droit-de-la-nature-a-exister-et-s-epanouir_5466646_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/24/nos-droits-fondamentaux-sont-conditionnes-par-le-respect-du-droit-de-la-nature-a-exister-et-s-epanouir_5466646_3232.html>>
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31- Tribune. Cédric Durand et Razmig Keucheyan : « L’Etat doit prendre les commandes de la transition écologique », Le Monde, 24/05/19, 14h00
Par Cédric Durand  (Economiste à l'université Paris-XIII) et Razmig Keucheyan (Sociologue à l’université de Bordeaux)

L’économiste et le sociologue plaident pour une restructuration dirigée de l’économie productive en fonction des besoins sociaux et de la restauration de l’environnement.
Tribune. Les maîtres du monde eux-mêmes le reconnaissent : le Global Risks Report du Forum économique mondial de Davos de cette année fait de la crise environnementale la principale menace qui pèse sur l’humanité. Loin des discussions feutrées de la station suisse, les grèves lycéennes – avec leur figure de proue, la Suédoise Greta Thunberg – sont une autre expression de la prise de conscience environnementale. Leur ampleur ne laisse pas place au doute : en matière de mobilisation pour le climat, nous sommes entrés dans une phase nouvelle.
Les débats qui entourent le « Green New Deal » aux quatre coins du monde en sont une troisième illustration. Contre toute attente, sa version américaine, portée par la jeune représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, est la plus ambitieuse. La transition écologique, soutiennent Mme Ocasio-Cortez et son équipe, suppose la restructuration de fond en comble de nos économies.
La transition écologique sera dirigée ou ne sera pas
Une chose est sure : l’Etat doit prendre les commandes de la transition écologique. Les solutions préconisées jusqu’ici, mélange de mécanismes de marché et d’initiatives décentralisées, ne sont pas à la hauteur. La transition écologique sera dirigée ou ne sera pas. Comme il s’agit d’un enjeu transversal, toutes les ressources de l’Etat doivent être réorientées dans cette perspective. En même temps qu’il se fera plus interventionniste, sa teneur en démocratie doit augmenter, afin d’éviter le risque de « technocratie verte ». Bien sûr, il faut préserver – voire élargir – un espace d’autonomie et d’expérimentation pour les collectivités locales et la construction des communs. Mais cela doit se faire dans le cadre d’objectifs validés démocratiquement au niveau central.
> Lire aussi  « On est plus chaud, plus chaud que le climat » : à Paris ou Londres, la désobéissance civile s’intensifie
L’idée est simple : il s’agit de repartir des besoins. Pour peu qu’ils soient solvables, le capitalisme est prêt à satisfaire n’importe quel besoin, si nocif soit-il. A l’inverse, quantité de besoins individuels et collectifs ne sont pas satisfaits car ils ne sont pas solvables. Tout commence par la définition des besoins, une définition basée sur des procédures démocratiques. Des formes de « démocratie participative » pourront être mises en œuvre pour y parvenir. Ensuite, il faudra satisfaire les besoins ainsi définis. Parfois, ce sera par le secteur privé, d’autres fois par des sociétés publiques locales, d’autres fois encore par des organisations de l’économie sociale et solidaire. Mais dans bien des cas, l’Etat sera partie prenante pour donner cohérence à une trajectoire de transition qui allie satisfaction des vrais besoins et restauration écologique.
L’action de l’Etat en matière de transition écologique doit reposer sur trois piliers. Le premier est un programme d’investissements massifs en faveur des énergies et des infrastructures propres et de désinvestissement des énergies fossiles. Les chiffrages existent, ceux de l’association négaWatt par exemple. Les Américains, eux, proposent de décarboner leur économie d’ici dix ans. Ces investissements, combinés à la décroissance matérielle, doivent déboucher sur ce que les économistes de l’environnement appellent le « découplage » : jusqu’ici, la croissance économique s’est toujours accompagnée d’un surcroît d’exploitation de la nature, et notamment de dépenses énergétiques. Cette corrélation doit être défaite. Pour cela, l’Etat doit intervenir dans les choix productifs, car les marchés ou les taxes carbone relèvent d’une logique a posteriori, qui cherche à limiter les « externalités négatives » de l’activité économique en les internalisant. Il faut la remplacer par une logique a priori, qui empêche en amont les pollutions ou les dégradations de la biodiversité de survenir.
Rompre avec les politiques d’austérité en vigueur depuis 2008
Historiquement, l’intervention de l’Etat dans les choix productifs porte un nom : la planification. Au XXe siècle, elle a pris des formes diverses. En France, la tradition de la planification « indicative » ou « concertée » doit être revitalisée pour réussir la transition écologique, après que la parenthèse néolibérale a conduit à son affaiblissement.
Le deuxième pilier est un programme d’« emplois verts », situés dans des secteurs non polluants et/ou contribuant à la transition écologique. La campagne « One million climate jobs » lancée par une coalition internationale de syndicats et d’associations doit être transformée en politique publique. Le « Green New Deal » version Ocasio-Cortez comprend une proposition de bon sens : la « job guarantee », souvent traduite en français par « employeur en dernier ressort ». L’Etat s’engage à offrir ou financer un emploi à tout chômeur qui souhaite travailler, au salaire de base du secteur public ou davantage. Cela permet de réduire le chômage, mais aussi de satisfaire des besoins dans des secteurs non polluants, ou à effet social et environnemental positif : amélioration de la vie urbaine, prise en charge des personnes en situation de dépendance, activités scolaires, etc. Ces emplois ont ceci de particulier qu’ils ne font pas croître l’usage des ressources, donc qu’ils ne pèsent d’aucun poids sur l’environnement.
Justice environnementale
Le troisième pilier est la rupture avec les politiques d’austérité en vigueur depuis la crise de 2008. Elles ont non seulement creusé les inégalités mais, en paralysant l’Etat, elles ont conduit à une aggravation de la crise environnementale. C’est d’autant plus déplorable que, dans le même temps, les banques centrales ont démontré leur puissance de feu, mais au service de la stabilité de la finance privée. La mobilisation de la puissance souveraine de la monnaie permettra de faire en sorte que les ressources productives soient pleinement engagées dans la transition.
> Lire aussi  La France n’est pas préparée au « choc climatique » qu’elle subira d’ici à 2050
Mais rien de tout ceci n’aurait de sens si la transition écologique n’était pas juste. Justice environnementale est un mot d’ordre que l’on voit déjà fleurir dans les mobilisations pour le climat. Les classes populaires sont souvent les premières victimes des pollutions ou des catastrophes naturelles. C’est aussi sur elles que les gouvernements successifs font peser prioritairement le coût de la transition. C’est moralement insupportable, et politiquement voué à l’échec.
Investissements et désinvestissements massifs, découplage, garantie de l’emploi, planification, justice environnementale : la feuille de route ne peut pas être plus claire. Reste à construire la coalition qui la mettre en œuvre.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/24/cedric-durand-et-razmig-keucheyan-l-etat-doit-prendre-les-commandes-de-la-transition-ecologique_5466643_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/24/cedric-durand-et-razmig-keucheyan-l-etat-doit-prendre-les-commandes-de-la-transition-ecologique_5466643_3234.html>>
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32- Tribune. Laurence Tubiana : « L’Europe est notre meilleur atout dans la lutte pour la transition écologique », Le Monde, 24/05/19, 14h00
Par Laurence Tubiana, directrice de la Fondation européenne pour le climat

Dans une tribune au « Monde », la directrice de la Fondation européenne pour le climat pense que l’échelon européen est le seul où il est possible, sous la pression politique des citoyens, de mener une action publique efficace contre le réchauffement climatique.
Tribune. Sous la pression des citoyens, et notamment des jeunes citoyens, le climat s’est imposé comme un sujet central dans ces élections européennes, en France et dans la grande majorité des Etats membres de l’Union (UE).
Pour moi qui suis engagée depuis une trentaine d’années dans la lutte pour le climat et la transition écologique, c’est une excellente nouvelle, car l’Europe est notre meilleur atout dans cette lutte : au niveau international, bien sûr, mais aussi pour faire avancer la transition sur le terrain, dans nos pays et nos régions.
Je crois profondément qu’une transition écologique inclusive est le seul élément fondateur qui puisse reconnecter les citoyens avec l’Europe, et ces élections sont un moment-clé pour donner corps à cette nouvelle vision.
Les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) nous le disent : pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, comme le prévoit l’accord de Paris, nous devons transformer nos économies et nos sociétés en profondeur, et le temps presse. L’alerte est tout aussi urgente sur la biodiversité, avec un million d’espèces menacées d’extinction sur les 8 millions que compte la planète. Mais jusqu’ici, à l’évidence, le sentiment d’urgence et de crise a fait défaut – c’est pourquoi il était important que l’urgence climatique soit reconnue et affirmée, comme l’ont fait les Parlements britannique et irlandais. Toutefois, il ne suffit pas de reconnaître l’urgence : il faut aussi et surtout prendre rapidement des mesures sérieuses et donner le cap à long terme de l’indispensable transformation.
Nous risquons de rater une occasion historique
A cet égard, les mouvements populistes hostiles au multilatéralisme qui se développent actuellement en Europe représentent un risque grave pour nos citoyens. Ce n’est que par une plus grande action collective que nous pourrons prendre le contrôle de notre avenir : si nous n’agissons pas pour lutter contre le changement climatique, nous perdrons progressivement, et sans doute plus rapidement qu’on ne veut le croire, notre souveraineté et le contrôle de nos économies, de nos environnements et de nos vies. Si nous nous retranchons dans le chacun pour soi, nous risquons de perdre une grande partie des progrès que l’Union européenne – grâce notamment au travail du Parlement européen au nom des citoyens – nous a offerts en matière d’environnement, de qualité de l’air et de l’eau, ou encore de santé publique. Mais, plus important encore, nous risquons de rater une occasion historique, au moment précis où nous devons enclencher la transition écologique.
C’est par l’intermédiaire de l’UE – bien plus que par les Etats membres – que l’action en faveur du climat est menée en Europe. Les Etats membres se poussent les uns les autres vers des engagements plus ambitieux et concrets en matière de réduction des émissions, et le Parlement, qui est généralement l’institution européenne la plus progressiste, entraîne les autres institutions de l’Union. Une Europe unifiée est aussi une force formidable dans les négociations internationales. Je peux témoigner, après avoir participé à tant de réunions critiques à la COP21, que sans le leadership et l’engagement ferme d’une Europe unifiée, il n’y aurait pas d’accord de Paris.
Qu’on ne s’y trompe pas : la grande majorité des Européens veut que l’UE reste un leader en matière de climat. Environ les trois quarts des électeurs potentiels à ces élections disent qu’il est important pour eux que le parti qu’ils soutiennent s’engage à faire de l’UE un leader mondial dans la lutte contre le changement climatique, selon un récent sondage Ipsos Mori mené dans 11 Etats membres. Encore plus d’électeurs potentiels – 77 % au niveau européen, 83 % en France – citent le réchauffement climatique comme un sujet important dans leur décision de vote.
Au-delà des différences politiques
Ce qui m’a le plus marquée en découvrant les résultats de ce sondage, c’est leur similitude dans toutes les régions d’Europe, du nord au sud et de l’est à l’ouest, au-delà des différences politiques. Cela montre que l’action en faveur du climat n’est pas une question partisane et que les partis politiques ne devraient pas hésiter à faire des propositions audacieuses et ambitieuses pour faire face au changement climatique.
Il est temps que les partis européens, et notamment ceux qui aspirent à constituer une coalition majoritaire, proposent une vision ambitieuse pour la transition écologique. Nous avons un besoin vital d’une action européenne audacieuse pour parvenir à la neutralité carbone au plus tard en 2050, afin d’éviter les pires impacts du changement climatique et d’assurer un avenir plus sûr, stable et prospère à tous nos concitoyens.
Cette transition doit être équitable et inclusive. Comme nous l’a rappelé récemment le mouvement des « gilets jaunes », la justice sociale et économique doit être au cœur de toute solution climatique. C’est une opportunité pour la société. Pour construire le mouvement climatique dont nous avons besoin, nous devons inspirer toujours plus d’Européens en les aidant à se projeter dans une transition écologique qui améliorera leur vie quotidienne : une transition qui leur donnera accès à de nouveaux emplois, purifiera l’air que respirent leurs enfants, maintiendra l’Europe dans sa position de force dominante dans l’économie mondiale, et assurera un climat stable pour les populations du monde entier. C’est sur une telle vision que la prochaine phase du projet européen doit s’appuyer.
Plus conscients que jamais de la crise climatique
Les Européens veulent des villes moins congestionnées et moins polluées. Ils veulent dépenser moins en carburant et en chauffage. Ils veulent mettre un terme à la sixième grande extinction qui menace la biodiversité dont dépendent tous les écosystèmes mondiaux. Ils veulent des opportunités économiques et des emplois qualifiés. Ils veulent que l’Europe conserve et renforce sa compétitivité économique.
Les citoyens européens de tous âges qui descendent dans la rue sont plus conscients que jamais de la crise climatique. Ils exigent que leurs dirigeants soient au rendez-vous de l’histoire, et ils ne se contenteront pas de demi-mesures. Aux partis politiques européens, maintenant, de répondre à l’appel de leurs citoyens et de saisir cette occasion historique de réenchanter l’Europe !
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Mobilisation pour la planète
Poussée des Verts en Europe, engagement des jeunes, urgence écologique… Qui, du politique, du marché, de l’Etat ou de la science, est l’acteur le plus apte à changer le système ?
• Laurence Tubiana : « L’Europe est notre meilleur atout dans la lutte pour la transition écologique » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/24/laurence-tubiana-l-europe-est-notre-meilleur-atout-dans-la-lutte-pour-la-transition-ecologique_5466645_3232.html>
• Christian Gollier : « Nous ne nous désintoxiquerons pas des énergies fossiles sans en augmenter le prix » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/24/christian-gollier-nous-ne-nous-desintoxiquerons-pas-des-energies-fossiles-sans-en-augmenter-le-prix_5466642_3232.html>
• Cédric Durand et Razmig Keucheyan : « L’Etat doit prendre les commandes de la transition écologique » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/24/cedric-durand-et-razmig-keucheyan-l-etat-doit-prendre-les-commandes-de-la-transition-ecologique_5466643_3234.html>
• Christian Brodhag : « Rapprocher science et démocratie pour relever le défi écologique » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/24/christian-brodhag-rapprocher-science-et-democratie-pour-relever-le-defi-ecologique_5466644_3234.html>
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/24/laurence-tubiana-l-europe-est-notre-meilleur-atout-dans-la-lutte-pour-la-transition-ecologique_5466645_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/24/laurence-tubiana-l-europe-est-notre-meilleur-atout-dans-la-lutte-pour-la-transition-ecologique_5466645_3232.html>>
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33- Le pacte mondial pour l’environnement s’effondre à Nairobi, Le JDLE, 24/05/19
Stéphanie Senet

Porté par Emmanuel Macron et l’ancien président de la COP 21 Laurent Fabius, le projet d’élaborer un traité contraignant consacrant les grands principes du droit de l’environnement à l’échelle onusienne a échoué, le 23 mai à Nairobi (Kenya). Seule une déclaration politique les mentionnant pourrait être élaborée en 2021.
«Nous sommes abattus», reconnaît l’avocat Yann Aguila, l’un des principaux instigateurs de ce projet, qui avait orchestré la rédaction d’un texte en juin 2017 à Paris avec 80 juristes du monde entier. «C’est comme si vous venions de revivre la COP de Copenhague. Mais d’un point de vue positif, l’échec de Copenhague a permis de préparer le succès de la COP 21 à Paris. Peut-être que dans 6 ans, nous adopterons un pacte mondial pour l’environnement», veut-il croire. L’objectif était de graver dans le marbre de grands principes transversaux comme le droit à un environnement écologiquement sain et la non-régression du droit.
Des principes bons pour la discussion
La troisième réunion du groupe de travail mandaté par l’Assemblée générale de l’ONU[1] a en effet accouché d’une souris. Loin de la nécessité d’un pacte contraignant –une idée partagée par quelques pays africains et européens dont la France– les Etats se sont contentés d’énumérer une suite de bonnes intentionssans conséquences: «renforcer la protection de l’environnement pour les générations présentes et futures», «respecter les obligations et engagements respectifs des Etats membres et des institutions spécialisées en vertu du droit international de l’environnement»… 
Quant au cœur du débat, la déclaration finale se contente de «reconnaître le rôle des discussions sur les principes du droit international de l’environnement dans l’amélioration de la mise en œuvre de ce droit». «Un échec complet», selon Yann Aguila.
>> Suite à lire à :
<http://www.journaldelenvironnement.net/article/le-pacte-mondial-pour-l-environnement-s-effondre-a-nairobi,97732?xtor=RSS-31 <http://www.journaldelenvironnement.net/article/le-pacte-mondial-pour-l-environnement-s-effondre-a-nairobi,97732?xtor=RSS-31>>
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34- Fred Vargas : « Sur l’état de la planète, je tiens un discours d’instinct qui doit réveiller les gens », Le Monde, maj le 25/05/19 à 06h26
Rémi Barroux  

L’auteure de polars, angoissée par la dégradation de l’environnement, s’est donnée pour mission dans son dernier livre d’informer le grand public sur l’urgence climatique. 
Dans le dernier livre de Fred Vargas, il y a bien un crime. Mais pas de ceux que pourrait résoudre le commissaire Adamsberg, son héros favori et extravagant, escorté du lieutenant Violette Retancourt, du Béarnais Veyrenc ou encore du puits de science qu’est le capitaine Danglard. La fine équipe, à l’œuvre dans près d’une dizaine de romans, ne peut rien contre ce que Vargas qualifie de course à l’abîme.
Dans L’humanité en péril (Flammarion, 256 pages, 15 euros), l’auteure de romans policiers – essentiellement –, parmi les préférés des Français, a changé de registre.
Pourquoi ce cri d’alarme sur l’état de la planète, maintenant ? Elle évoque une « furieuse nécessité ». « On est dans l’abîme si on ne fait pas quelque chose vite. Demain matin 8 heures, ce serait l’idéal, explique-t-elle. Nicolas Hulot l’a dit : il nous reste deux ans pour bouleverser totalement notre système de production industrielle. Si nous n’arrivons pas à changer cela, nos modes de pensée et nos modes de vie, quitte à ce qu’on nous coupe l’électricité quelques heures par jour pour économiser, ce sera foutu. »
> Lire aussi  Elections européennes : 3 arguments de la majorité sur l’écologie passés au crible
Pour Fred Vargas, qui va fêter en juin ses 62 ans, ce livre n’est pas une réponse opportune à l’actualité, nourrie quotidiennement des impacts du dérèglement climatique, de la perte de la biodiversité, mais aussi de l’importance des mobilisations en faveur de la sauvegarde de l’environnement. Voici une dizaine d’années, l’écrivaine avait déjà écrit un texte sur l’écologie, Nous y sommes, dans lequel elle expliquait la nécessité d’une « troisième révolution », celle d’une autre consommation, d’une autre production, d’un autre comportement, pour sauver la planète. C’est à partir de ce texte, lu par Charlotte Gainsbourg dans un message adressé à la COP24, la conférence onusienne sur le climat qui s’est tenue en décembre 2018 a Katowice (Pologne), que le livre est né.
« Les gens ne savent pas »
« Pour que les gens adhèrent à ce bouleversement, il faut les informer. Les gouvernements ne feront rien, car ils sont entièrement liés avec les grands lobbys de la pétrochimie, du secteur agro-industriel, des hydrocarbures. Ce sont eux qui dirigent, les gouvernants leur obéissent, en les taxant à peine ou pas du tout. On continue à subventionner les énergies fossiles », poursuit Fred Vargas.
L’intérêt de celle qui est aussi une scientifique, docteure en archéozoologie, longtemps chercheuse au CNRS, ne date donc pas d’hier. Mais, explique-t-elle, « deux événements ont servi de déclencheurs : la démission de Nicolas Hulot [alors ministre de la transition écologique et solidaire, il a quitté le gouvernement d’Edouard Philippe fin août 2018] qui a déclaré que dès qu’il proposait quelque chose, on lui disait que ce n’était pas possible, et qui a dénoncé le poids des lobbys. Et l’échec de la COP24 qui a décidé de passer outre la recommandation impérieuse du GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] de maintenir l’objectif à + 1,5 °C d’augmentation des températures. »
« Les gens ne savent pas, reprend-elle. Ils se disent qu’avec 2 °C, il fera plus chaud en Normandie et en Bretagne, qu’on aura de meilleurs étés. Ils ne savent pas que ce sont des moyennes mondiales qui tiennent compte de la température des océans, plus froide, des pôles. »
> Lire aussi  Grève pour le climat : nouvelle mobilisation des lycéens pour que « les élections européennes soient des élections climatiques »
Fred Vargas, manifestement réellement angoissée, tapant du poing sur la table pour mieux marteler ses arguments, s’est donc donné pour mission d’« informer ».
« Pour que les gens soient capables d’accepter, de comprendre les changements et qu’ils soient motivés pour les désirer même. Il existe beaucoup de livres sur l’environnement mais qui sont souvent trop spécialisés, justifie-t-elle. J’ai essayé de faire un livre accessible et je me dis que, peut-être, mon nom ne fait pas peur car je suis connue comme auteur de roman policier, pas comme celui d’un chercheur, d’un glaciologue ou un climatologue. »
« Derrière leur smartphone, leur bagnole »
Le livre ne se lit en tout cas pas comme un polar. Fred Vargas a puisé dans les nombreux rapports disponibles, dont ceux du GIEC, pour alerter le lecteur. Au risque de multiplier les statistiques et de l’effrayer. Le message ne serait-il pas trop dramatique ?
« Alors que fait-on, on ne dit rien et tout le monde crève ?, rétorque l’auteure. Je tiens un discours d’instinct qui doit réveiller les gens. Afin qu’ils comprennent que derrière leur smartphone, leur bagnole, il y a un problème de survie. Le GIEC dit qu’à court terme, le quart du globe est impacté [par le réchauffement climatique]et la moitié de la population est en péril vital, à cause de la chaleur, des sécheresses et de la baisse des rendements agricoles. La planète connaîtra des problèmes de malnutrition, de famine, de hausse du niveau des eaux, de pollution, d’épidémie et de guerre. Tout est imbriqué, agriculture, élevage intensif, déforestation pour pouvoir nourrir le bétail… » 
Tout au long de l’ouvrage, les différents enjeux écologiques sont évoqués : CO2, gaz fluorés, agro-industrie, malbouffe, surconsommation, obsolescence programmée… Fred Vargas propose aussi, en fin d’ouvrage, une série d’actions possibles à réaliser par tout un chacun. Pour réussir cette « troisième révolution », conclut-elle, enfin optimiste.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/24/fred-vargas-sur-l-etat-de-la-planete-je-tiens-un-discours-d-instinct-qui-doit-reveiller-les-gens_5466836_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/24/fred-vargas-sur-l-etat-de-la-planete-je-tiens-un-discours-d-instinct-qui-doit-reveiller-les-gens_5466836_3244.html>>
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35- Ces élèves indiens payent leurs frais de scolarité en déchets plastiques, Slate, 26/05/19, 07h26
Repéré sur NDTV <https://www.ndtv.com/india-news/teach-earn-and-pay-with-plastic-assam-school-brings-hope-for-poor-kids-2040397> par Claire Levenson 

Au Nord de l'Inde, une école a remplacé les frais de scolarité par du plastique qui est recyclé sur place.
Dans le village de Pamohi dans l'État d'Assam en Inde, de nombreuses familles sont trop pauvres pour payer des frais de scolarité. Créée en 2016 par un couple désireux d'améliorer l'accès à l'éducation, l'école Akshar propose une nouvelle approche permettant aux élèves d'aller à l'école gratuitement et même d'être rémunérés s'ils poursuivent leur scolarité.
Une des particularités de l'établissement est que chaque semaine, les élèves (ils sont actuellement plus de cent) viennent en cours avec des déchets plastiques à recycler. S'ils apportent vingt-cinq déchets par semaine, ils n'ont rien à payer. Le plastique est ensuite transformé sur place en éco-briques utilisées pour des projets de construction. Les fondateurs de l'école ont commencé à demander aux enfants d'apporter du plastique après avoir remarqué que des fumées toxiques se diffusaient jusque dans les salles de classe. En effet, les familles locales avaient pris l'habitude de brûler du plastique pour se réchauffer l'hiver, sans se rendre compte du danger sanitaire encouru. Le but est aussi d'apprendre à toute la communauté à mieux protéger leur environnement.
L'autre aspect novateur de l'école est qu'en plus du cursus scolaire normal, les élèves sont formés à des activités rémunérées. Par exemple, les plus âgés apprennent à enseigner aux plus petits et gagnent ainsi de l'argent, ce qui leur évite d'aller travailler dans les carrières de pierres.
«Nous nous sommes dits qu'il devait y avoir un nouveau modèle pour les élèves qui vivent dans la pauvreté la plus abjecte. Nous avons donc créé ce modèle où les enfants apprennent et sont aussi formés à différentes professions, dont enseignant» explique Mazin Mukhtar, un ancien ingénieur qui a ouvert l'école avec sa femme, Parmita Sarma, une travailleuse sociale.
Parmi les autres compétences pratiques enseignées, il y a l'installation de panneaux solaires, la menuiserie et l'électronique. Le couple a l'intention de créer cent écoles similaires en Inde dans les cinq années à venir.
<http://www.slate.fr/story/177678/inde-frais-scolarite-plastique-recyclage <http://www.slate.fr/story/177678/inde-frais-scolarite-plastique-recyclage>>
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36- Européennes : percée des Verts face à l'urgence climatique, AFP, 27/05/19, 02:00
Antoine Lambroschini

Avec des résultats à deux chiffres chez des poids lourds de l'UE, notamment en Allemagne, les écologistes ont enregistré un succès historique aux Européennes dimanche, l'urgence climatique s'imposant comme un thème de préoccupation majeur pour les électeurs.
Le bond des Grünen allemands qui doublent leur score à 20,9% est emblématique. En France, les écologistes sont troisièmes avec 12%. Au Royaume-Uni, les Greens ont pratiquement doublé leur score de 2014 et dépassé le Parti conservateur au pouvoir avec plus de 12% des voix également. En Autriche, aux Pays-Bas, en Irlande ou en Scandinavie, leurs homologues sont au-delà ou proches des 10%.
Les Verts pourraient même peser sur la composition de la Commission européenne et l'identité de son président, aucun des groupes parlementaires de la droite (PPE) et de la gauche (PSE) ne semblant en mesure d'obtenir une majorité absolue des 751 sièges en jeux dans 28 pays, signant la fin du bipartisme européen.
"On va vouloir avoir notre mot à dire", a glissé l'Allemand Cem Özdemir.
Interrogée à la télévision allemande, la cheffe de file des Verts européens a refusé de se prononcer sur sa préférence: "Ce qui nous intéresse, c'est que nos propositions" soient reprises, a martelé Ska Keller.
La droite européenne, en tête, a déjà renvendiqué la présidence de la Commission pour son candidat, l'Allemand Manfred Weber. Ce que les sociaux-démocrates ont immédiatement rejeté.
- Vague verte -
Pour la tête de liste des écologistes français, Yannick Jadot, une chose est acquise: l'Europe a sa "vague verte". 
Et médias, observateurs et politiques ont une explication: la menace climatique est devenue une thématique sociétale dominante et une source d'inquiétude croissante. 
"C'est la première fois que le changement climatique joue un tel rôle dans une élection", a noté Robert Habeck, un chef des Grünen. 
Même analyse chez le Premier ministre français Edouard Philippe : "Partout en Europe nos concitoyens, en particulier les plus jeunes, nous demandent d'agir avec détermination, c'est ce que nous ferons en France et en Europe".
Un message martelé aussi par le chef des centristes libéraux européens Guy Verhofstadt, allié au parti du président français Emmanuel Macron, et qui veut une majorité notamment autour du défi climatique. 
Avant les élections en Allemagne, des enquêtes d'opinion montraient que 68% des sondés jugeaient insuffisante l'action du gouvernement d'Angela Merkel qui a échoué à atteindre ses objectifs climatiques et peine toujours à ficeler sa stratégie en la matière.
- La jeunesse -
L'analyse post-électorale de la télévision ARD montre que pour les électeurs en Allemagne cette thématique est devenue prioritaire : 46% d'entre eux ont dit que la question était centrale dans leur choix électoral, un bon de 26 points par rapport aux Européennes de 2014.
Dans l'électorat allemand, une rupture générationnelle se dessine par ailleurs, les Verts arrivant devant les conservateurs parmi les 18-44 ans quand la CDU-CSU de Mme Merkel domine chez les plus de 60 ans.
La mobilisation des jeunesses européennes tous les vendredis lors des "Fridays For future" autour de leur égérie suédoise Greta Thunberg en est une autre illustration. 
Ce mouvement a revendiqué des centaines de milliers de manifestants vendredi dans une centaine de pays avec comme mot d'ordre de peser sur le scrutin des Européennes.
Le Français Yannick Jadot a d'ailleurs salué la mobilisation électorale des jeunes en France, qui se sont selon lui "emparés de ce scrutin".
En Allemagne, des dizaines de YouTubeurs ont appelé le même jour leurs millions d'abonnés à voter contre les partis du gouvernement Merkel en raison de leur mauvais bilan en matière de climat.
Les élections "montrent que nous ne mettons pas la crise climatique seulement à l'agenda de la rue mais aussi dans les bureaux de vote", s'est félicitée la figure de proue des Fridays for Future en Allemagne, Luisa Neubauer. 
"Ce résultat est une invitation à toute le spectre politique : attaquez-vous vraiment à la crise climatique", ajoute-t-elle sur Twitter, "la planète se fiche de savoir si la protection du climat est de gauche ou libérale".
Le secrétaire général du EEB, un important réseau européen d'organisations environnementales, s'est aussi réjoui de la "vague verte", martelant que le climat devait devenir l'affaire de tous. 
"Pour répondre aux défis environnementaux, aider à construire un avenir où humains et nature peuvent s'épanouir, il faudra que tous les partis adoptent des politiques vertes", a dit Jeremy Wates dans un communiqué.
<http://www.lefigaro.fr/flash-actu/europeennes-percee-des-verts-en-europe-face-a-l-urgence-climatique-20190526 <http://www.lefigaro.fr/flash-actu/europeennes-percee-des-verts-en-europe-face-a-l-urgence-climatique-20190526>>
Sur le même sujet :
> Européennes : les écologistes s'offrent une 3e place inespérée <https://www.allfrenchnews.com/News/84152.html>, AFP, 27/05/19, 00:00
> Elections européennes 2019 : avec 13,1 % des voix et une 3e place, la surprise EELV, Le Monde, 26/05/19, 22h44
Abel Mestre  
La liste Europe Ecologie-Les Verts emmenée par Yannick Jadot arrive en tête des formations de gauche. 
Yannick Jadot le clamait depuis longtemps : sa liste Europe Ecologie-Les Verts (EELV) serait la « surprise » du scrutin européen. C’est chose faite. Avec 13,1 % des voix selon un sondage Ipsos-Sopra Steria pour Radio France et France Télévisions, la liste emmenée par Yannick Jadot se hisse à la troisième position devant Les Républicains (8,4 %) et derrière le Rassemblement national (RN) et La République en marche (LRM), qui recueillent respectivement 23,3 % et 21,9 % des voix.
Une véritable victoire pour EELV. Ils arrivent non seulement en tête de la gauche, loin devant La France insoumise et le Parti socialiste (6,6 %), mais la liste de M. Jadot est proche de l’objectif annoncé des 15 % des voix. Ils améliorent également leur score de 2014 de plus de trois points. A l’époque, ils avaient recueilli 8,95 % des voix. Et sont à quatre points de leur record de 2009, quand les écologistes avaient créé la surprise avec 16,28 % des suffrages.
Le pari de partir seuls
Yannick Jadot et les écologistes ont, très tôt, décidé de partir seuls pour cette élection proportionnelle à un tour. Un temps avait été envisagée une alliance avec Benoît Hamon et son mouvement Génération.s. Mais la campagne présidentielle de 2017, où M. Jadot avait décidé de se ranger derrière l’ancien socialiste et le départ de ce dernier du PS en juillet 2017, a laissé des traces entre les deux hommes qui entretiennent, depuis, des relations tendues.
Les Verts avaient donc décidé de lever l’hypothèque Hamon, qui développe un programme très proche de celui d’EELV, en partant seuls avec une liste « 100 % écolo ».
A gauche, la première position pour EELV, devant LFI, donne un avantage certain aux écologistes pour devenir le pivot de la reconstruction d’une « offre alternative » à Emmanuel Macron. Beaucoup d’entre eux réfléchissent en effet à l’après-européennes avec les municipales de mars 2020 en ligne de mire. L’idée serait de « dépasser » EELV, dans une structure plus large, à la faveur d’Etats généraux de l’écologie politique.
Cette idée était d’ailleurs sur toutes les lèvres dimanche 19 mai. Une semaine avant le scrutin européen, toute la gauche était réunie à Gonesse (Val-d’Oise) pour s’opposer à EuropaCity. « La reconstruction se fera autour des gens qui s’opposent à des projets comme cela. Cela dessine les contours de ce que pourrait être une écologie politique rassemblée », estime Marie Toussaint, quatrième sur la liste EELV.
> Lire aussi  Elections européennes 2019 : les résultats et la carte du vote en France
Tensions avec La France insoumise
« On n’en est plus au programme commun, comme dans les années 1970. Mais la base d’un programme des communs est en train de se construire. C’est la prochaine synthèse politique majoritaire. Ça se fait dans des rencontres, on doit apprendre à travailler ensemble, déclare un conseiller de M. Jadot. La “fédération populaire” de Mélenchon ne sera pas possible, car il est le point de départ et le point d’arrivée. Il veut que ça se passe autour de lui. Il étouffe toute perspective de rassemblement. Il brûle les étapes. »
Un point de vue qui résume bien les tensions entre EELV et LFI qui ont scandé la campagne européenne pendant plusieurs semaines. Les « insoumis » accusant les Verts de défendre « une écologie de marché », les écolos renvoyant les mélenchonistes au Venezuela et à l’Union soviétique. Ambiance.
> Lire aussi  Elections européennes 2019 : les Verts européens saluent des résultats « au-delà des espérances »
Si EELV a su consolider son flanc gauche, il lui faut aussi arrêter l’hémorragie de son flanc droit vers LRM et Emmanuel Macron. Pendant la campagne, LRM a obtenu deux prises de guerre chez EELV avec les ralliements de Pascal Canfin et Pascal Durand. Conscient du risque de voir les « réalistes » partir vers le parti présidentiel, M. Jadot a envoyé des signaux dans leur direction, dans la première partie de sa campagne.
Avec le risque de s’aliéner, à terme, les tendances de gauche, qui pourraient être tentées de rejoindre La France insoumise, à l’image de l’ancien député Sergio Coronado, même si ce dernier a pris sa décision bien avant le scrutin de dimanche. « Les copains d’EELV ne voient pas que les Verts allemands les ont mis sous leur coupe, estimait M. Coronado quelques jours avant le vote. EELV ne fera rien après le 26 mai, il n’y a jamais eu de projets dans cette organisation, c’est une marque. Ils pensent développement de marque, mais pas en termes de conquête de parts de marché. C’est un bureau de placement. »
Surtout, la question principale reste pour eux de se différencier des autres formations qui se réclament de l’écologie. LRM, donc, mais aussi le Parti socialiste, qui s’est sérieusement verdi grâce à Place publique de Raphaël Glucksmann ; La France insoumise, qui a mis l’écologie au cœur de son projet depuis de nombreuses années ; sans oublier ce qui va rester de Génération.s, dont de nombreux cadres sont issus d’EELV… Même le PCF a commencé sa transition écologique lors de cette campagne européenne. Au vu des résultats, les électeurs ont préféré l’original à la copie.
<https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/05/26/elections-europeennes-2019-la-surprise-eelv_5467635_823448.html <https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/05/26/elections-europeennes-2019-la-surprise-eelv_5467635_823448.html>>
Sur le même sujet :
> Elections européennes 2019 : les Verts européens saluent des résultats « au-delà des espérances » <https://www.lemonde.fr/international/article/2019/05/26/elections-europeennes-2019-les-verts-europeens-saluent-des-resultats-au-dela-des-esperances_5467608_3210.html>, Le Monde, maj le 27/05/19 à 04h25
> Interview. "On a sous-estimé le vote des jeunes" : un chercheur explique la percée des Verts aux européennes <https://www.francetvinfo.fr/politique/eelv/resultats-europeennes-2019-on-a-sous-estime-le-vote-des-jeunes-un-chercheur-explique-la-percee-des-verts_3462273.html>, France Télévisions,27/05/19, 06:35
> Européennes 2019 : malgré le succès des populistes, les Verts gagnent la bataille des idées <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/europeennes-2019-malgre-le-succes-des-populistes-les-verts-gagnent-la-bataille-des-idees-147301.html>, Novethic, 27/05/19
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37- L'Afrique du Sud, premier pollueur du continent, instaure une taxe carbone, AFP, 27/05/19, 14:00

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a promulgué une loi imposant une taxe sur les émissions de carbone aux entreprises de son pays, le plus pollueur du continent, une mesure saluée lundi comme "une première étape" par les défenseurs de l'environnement.
Le montant de cette taxe, qui entre en vigueur le 1er juin, a été fixé à 120 rands (7,4 euros) par tonne de dioxyde de carbone.
"Le changement climatique représente l'un des plus grands défis auquel est confrontée l'espèce humaine et l'objectif premier de la taxe carbone est de réduire les émissions de gaz à effet de serre d'une façon viable", a expliqué le ministère du Trésor dans un communiqué dimanche soir.
Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a "loué" M. Ramaphosa pour avoir promulgué cette loi qui "traînait depuis longtemps".
"Quand elle a été la première fois évoquée en 2010, l'idée d'une taxe carbone a rencontré une forte résistance de la part des gros émetteurs" de CO2, a souligné l'ONG.
"Même si beaucoup doit encore être fait pour que la taxe devienne plus efficace, nous reconnaissons qu'il s'agit là d'une première étape significative", a-t-elle ajouté, rappelant que son objectif était "d'améliorer la santé (...) et de rendre l'environnement et l'économie résilients".
Greenpeace a estimé que la taxe "lançait un signal" aux entreprises polluantes, mais regretté que son montant ne soit pas à ses yeux suffisant pour les convaincre de réduire leurs émissions de dioxyde de carbone.
"Nous ne pensons pas que la taxe" en l'état actuel "aura un impact", a regretté Melissa Steele auprès de l'AFP.
Jusqu'en 2022, la taxe doit être réévaluée chaque année du montant de l'inflation valorisé de deux points, puis à partir de 2023 réévaluée seulement du montant de l'inflation.
L'Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, est extrêmement dépendante du charbon pour sa production d'électricité. Elle figure au 14e rang des pays pollueurs de la planète, selon Greenpeace. 
Elle a adopté des objectifs climatiques stricts en 2011 et figure parmi les signataires de l'accord de Paris sur le réchauffement de 2015, mais les mesures d'application traînent en longueur.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/l-afrique-du-sud-premier-pollueur-du-continent-instaure-une-taxe-carbone_133983 <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/l-afrique-du-sud-premier-pollueur-du-continent-instaure-une-taxe-carbone_133983>>
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38- Editorial. Elections européennes : vague verte sur l’Europe, Le Monde, 28/05/19, 10h49 

La progression des listes écologistes dans plusieurs pays est l’un des faits majeurs du scrutin. C’est une bonne nouvelle pour la planète et pour le renouveau de la politique.
Editorial du « Monde ». Il ne faut pas se fier aux apparences. L’émergence du pouvoir Vert en Europe dépasse largement la tranche de 69 sièges que lui accordent, dans le « camembert » du futur Parlement européen, les résultats des élections des 23-26 mai. La dynamique écologique, confirmée par une augmentation de 40 % de la représentation des Verts au Parlement, est en réalité, avec la hausse de la participation, le fait politique majeur de ce scrutin européen de 2019.
C’est la nouveauté qui se dessine sur les ruines d’un monde en voie de disparition, le monde de l’axe gauche-droite dont les deux blocs, le Parti populaire européen (PPE, droite classique) et les sociaux-démocrates (S&D), ont subi de lourdes pertes, confirmant une tendance à l’œuvre dans plusieurs scrutins nationaux depuis deux ans. L’essor des partis populistes, nationalistes ou d’extrême droite se confirme également, mais il reste contenu, fragmenté, et repose sur un rejet plus que sur un projet.
L’écologie, elle, s’est imposée comme un élément structurant de cette campagne. En France, l’impératif de la lutte contre le changement climatique a transcendé les clivages partisans, au point que toutes les grandes listes, peu ou prou, ont dû « verdir » leur programme pour tenir compte de l’ampleur de cette préoccupation et du caractère d’urgence qu’elle a pris au sein de l’électorat.
Désir d’un autre modèle
La percée de la liste d’Europe Ecologie-Les Verts, conduite par Yannick Jadot, avec un score de 13,5 %, reflète cette urgence, même si sa traduction politique reste à construire. En Allemagne, la spectaculaire progression des Verts – parti plus structuré et cohérent que son équivalent français –, qui accèdent à la deuxième place devant le Parti social-démocrate, en est une autre confirmation.
Même les Britanniques ont su dépasser l’obsession du Brexit pour envoyer sept députés Verts au Parlement européen. Une fraction importante de l’électorat européen est donc désormais prête à abandonner les partis traditionnels pour exprimer son désir d’un autre modèle socio-économique : c’est, a résumé la tête de liste des Verts européens, l’Allemande Ska Keller, « un mandat pour le changement ».
> Lire aussi  La campagne européenne d’EELV : « un long combat, avec plein de chausse-trappes »
Cet électorat est essentiellement concentré en Europe de l’Ouest. Les pays du Sud et d’Europe centrale, qui connaissent pour les uns des évolutions politiques spécifiques, pour les autres un stade de développement économique moins avancé, sont beaucoup moins touchés par la vague verte – pour l’instant.
Une autre caractéristique de la dynamique écologique est qu’elle est portée par la société civile, et en particulier par la jeunesse. C’est l’effet Greta Thunberg : le combat de l’adolescente suédoise pour sauver la planète symbolise la mobilisation d’une génération que n’attirent plus les vieilles idéologies, mais qui reste prête à s’engager dans l’action publique pour un projet positif, comme l’a montré le succès éclatant des marches pour le climat.
> Lire aussi  Elections européennes 2019 : EELV est devenu le premier parti chez les 18-34 ans en France
Ce projet est d’autant plus porteur politiquement qu’il n’a de sens qu’à l’échelle européenne, première étape pour atteindre l’indispensable échelle mondiale. L’Europe a été pionnière dans ce combat pour lequel le Parlement européen a déjà su jouer un rôle concret. Une écologie inclusive et non punitive, susceptible d’intégrer aussi les préoccupations des catégories professionnelles qui se sentent menacées par les militants les plus radicaux, s’inscrit parfaitement dans l’identité européenne. Pour la planète et pour le renouveau politique, la percée du vote Vert est une bonne nouvelle.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/28/elections-europeennes-vague-verte-sur-l-europe_5468494_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/28/elections-europeennes-vague-verte-sur-l-europe_5468494_3232.html>>
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39- Europe, climat au menu de la réunion Bilderberg cette semaine en Suisse, AFP, 28/05/19, 19:00

Le groupe Bilderberg, qui réunit chaque année en toute discrétion des personnalités politiques et économiques européennes et nord-américaines, se retrouvera dès jeudi dans la ville suisse de Montreux pour parler notamment de l'Europe et du climat.
Parmi les participants figurent notamment cette année Jared Kushner, le gendre et conseiller du président américain Donald Trump, ainsi que le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, la ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, la directrice générale de l'Unesco Audrey Azoulay, le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg et l'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger. 
"La 67ème Rencontre Bilderberg se tiendra du 30 mai au 2 juin 2019 à Montreux, Suisse. Environ 130 participants de 23 pays ont confirmé leur participation", ont annoncé mardi les organisateurs dans un communiqué.
Le roi des Pays-Bas Willem-Alexander sera également présent à cette réunion. 
Du côté des chefs d'entreprise, seront présents notamment le PDG du groupe français Total, Patrick Pouyanné, et le patron de Credit Suisse Tidjane Thiam.
Le programme de la réunion est constitué de 11 thèmes, dont la stabilité mondiale, l'avenir de l'Europe et le Brexit, le changement climatique, les cyber-menaces, la Chine, la Russie, l'avenir du capitalisme ou encore l'éthique et l'intelligence artificielle.
Environ deux tiers des participants viennent d'Europe et le reste d'Amérique du nord.
La réunion se déroule sous la règle de Chatham House : les participants sont libres d'utiliser les informations collectées à cette occasion, mais ils ne doivent révéler ni l'identité, ni l'affiliation des personnes à l'origine de ces informations.
La première réunion a eu lieu en 1954 aux Pays-Bas, dans l'hôtel Bilderberg de Oosterbeek (centre des Pays-Bas), dont elle a gardé le nom.
Plusieurs sources prêtent les origines de ce groupe au Polonais Joseph Retinger (ami de l'écrivain Joseph Conrad), à l'ancien Premier ministre belge Paul van Zeeland et à l'ancien Pdg du groupe de produits de grande consommation Unilever, Paul Rijkens.
Inquiets des tensions grandissantes entre l'Europe et les Etats-Unis, ils auraient monté une conférence destinée à rapprocher l'élite des deux côtés de l'Atlantique.
<https://www.geo.fr/environnement/europe-climat-au-menu-de-la-reunion-bilderberg-cette-semaine-en-suisse-195845 <https://www.geo.fr/environnement/europe-climat-au-menu-de-la-reunion-bilderberg-cette-semaine-en-suisse-195845>>
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40- Le projet de Montagne d'Or "ne se fera pas", réaffirme Poirson, AFP, 28/05/19, 19:00

Le projet de mine Montagne d'Or en Guyane "ne se fera pas", a insisté mardi la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson, lors de la séance de questions au Sénat.
Le projet est-il "définitivement enterré, oui ou non ?", lui avait demandé le sénateur communiste Fabien Gay, estimant que "le flou persiste" entre rejet du plan actuel ou rejet de tout plan quel qu'il soit.
"Le projet de Montagne d'Or ne se fera pas, le projet est incompatible avec les exigences de protection de l'environnement, de préservation de la biodiversité, de lutte contre le changement climatique, qui sont défendues par ce gouvernement et exigées par les Français", a répondu Mme Poirson.
"Et donc je le répète, de même que chacun des membres du gouvernement qui aurait à s'exprimer sur cette question-là : le projet ne se fera pas", a-t-elle ajouté.
"Nous allons réformer en profondeur le code minier de façon à ce qu'il puisse prendre en compte trois conditions pour délivrer un titre minier : prise en compte des enjeux environnementaux, prise d'engagement sur les impacts sociaux et économiques du projet, et assurance du consentement des populations. Et si d'aventure un dossier était déposé pour ce projet, il serait examiné à l'aune de nos standards environnementaux et donc à l'aune de la réforme", a-t-elle assuré.
Le projet industriel d'extraction aurifère est porté par la compagnie Montagne d'Or, un consortium russo-canadien, qui n'a pas encore demandé de permis d'exploitation.
Ses opposants dénoncent la déforestation et les millions de tonnes de déchets générés, boues issues du processus de recueil de l'or par le cyanure.
<http://www.lefigaro.fr/flash-eco/le-projet-de-montagne-d-or-ne-se-fera-pas-reaffirme-poirson-20190528 <http://www.lefigaro.fr/flash-eco/le-projet-de-montagne-d-or-ne-se-fera-pas-reaffirme-poirson-20190528>>
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41- Avis d’expert. Une loi pour développer l'économie circulaire grâce à la responsabilité élargie du producteur, Actu-Environnement.com <http://actu-environnement.com/>, 28/05/19
Par Arnaud Gossement, avocat et président de la commission juridique de l'Institut de l'économie circulaire.

Le très attendu projet de loi relatif à l'économie circulaire comporte de nombreuses mesures concrètes et fait du principe de la responsabilité élargie du producteur le moteur d'une économie circulaire, selon l'avocat Arnaud Gossement.
Le gouvernement va prochainement présenter un projet de loi relatif à l'économie circulaire. Un texte très important, comportant de nombreuses mesures très concrètes, selon la dernière version qui circule aujourd'hui, et qui fait du principe de la responsabilité élargie du producteur le moteur d'une économie circulaire appelée à se développer fortement. A notre sens, ce texte deviendra sans doute l'une des lois les plus importantes de ce quinquennat en matière d'environnement comme a pu l'être la loi de transition énergétique de 2015 pour le quinquennat de François Hollande ou la loi Grenelle 1 de 2009 pour le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
Ce projet de loi pour une économie circulaire va certainement susciter de nombreux débats et réactions et augure donc d'une "loi fleuve" car il sera sans aucun doute beaucoup amendé et complété lors de son examen au Parlement. A titre d'exemple, les parlementaires souhaiteront peut-être ne pas "réduire" l'économie circulaire à la question des déchets. A l'arrivée, il devrait permettre de donner un contenu plus concret à l'obligation de transition vers une économie circulaire qui a été inscrit en tête du code de l'environnement en 2015.
Il faut reconnaître que cette nouvelle version du projet de loi pour une économie circulaire est bien plus complète et ambitieuse que la première version circularisée en janvier 2019. Laquelle se résumait pour l'essentiel à une habilitation du Gouvernement à procéder via des ordonnances. Cela s'explique sans doute par le souci du Gouvernement de répondre à la préoccupation des élus locaux, relayée par le Sénat, de n'être pas privés d'un débat sur l'avenir du service public des déchets. Cela s'explique sans doute aussi par le fait que ce texte permettra au Gouvernement de démontrer son ambition écologique sans trop mobiliser les finances publiques. Ce sont en effet les consommateurs et les entreprises qui sont appelés à développer cette économie circulaire. S'agissant du calendrier, ce texte devrait être présenté au Conseil national de la transition écologique (CNTE) le 3 juin prochain et en conseil des ministres début juillet. L'examen au Parlement devrait commencer avant la rentrée.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/loi-economie-circulaire-responsabilite-elargie-producteur-33518.php4 <https://www.actu-environnement.com/ae/news/loi-economie-circulaire-responsabilite-elargie-producteur-33518.php4>>
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42- Entretien. Bruno Latour : « L’apocalypse, c’est enthousiasmant », Le Monde, 31/05/19, 06h35
Propos recueillis par Jean Birnbaum

Revenant sur son itinéraire, le sociologue affirme, dans un entretien au « Monde », que la catastrophe écologique nous prive d’espace vivable, d’assise solide, bref, d’un monde commun. C’est à l’aune de cette perte qu’il analyse les élections européennes, la montée des « populismes » et le mouvement des « gilets jaunes ».
Il est aujourd’hui l’intellectuel français le plus influent à l’étranger. Du reste, beaucoup de ses livres sont d’abord parus en anglais avant d’être publiés en France (où le monde académique ne lui a pas toujours réservé bon accueil). Tour à tour philosophe des sciences, sociologue du droit ou anthropologue du métro, cet esprit libre a mis au point une méthode bien à lui, à la fois savante et narquoise, pour décrire notre modernité, en particulier la façon dont la société produit des valeurs et des vérités. Depuis des années, dans ses livres comme dans ses expositions ou ses expériences théâtrales, il concentre son regard sur la catastrophe écologique et sur la manière dont l’humanité peut faire face à « Gaïa », autrement dit la terre vivante, qui s’agite et rend les coups…
Au lendemain d’élections européennes qui ont confirmé l’urgence de cette préoccupation, Bruno Latour fait ici le lien entre ces enjeux et des phénomènes politiques comme les « gilets jaunes » ou le « populisme ». Revenant aussi sur son propre itinéraire, il évoque notamment son ancrage familial, son rapport à la religion et la maladie qu’il vient de traverser. Entretien.
Vous avez publié de nombreux livres, beaucoup d’articles dans des revues savantes, mais aussi dans des journaux, vous écrivez beaucoup. Depuis quand ?
J’ai toujours écrit, tout le temps, depuis l’âge de 12 ans. J’ai commencé à cette époque où les enfants de la bourgeoisie notaient ce qui leur passait par la tête. C’est une expérience un peu bizarre, devenue assez étrangère aujourd’hui, que Sartre a bien décrite dans Les Mots [1963].
Au début, vous notez des banalités, bientôt ce que vous écrivez devient intéressant, et vous finissez par découvrir qui vous êtes. Moi je notais tout, les choses de la vie quotidienne, la visite d’un oncle, la naissance d’une amourette… Bref, je suis encore de ceux qui ont été faits par l’écriture. J’étais saisi par des idées, toutes ces idées sont restées très concrètes pour moi. Aujourd’hui, j’ai 218 carnets, classés par années.
12 ans, c’est aussi le moment où vous lisez un auteur important, à la fois poète et pamphlétaire, l’écrivain catholique Charles Péguy (1873-1914). Que représente-t-il pour vous ?
J’ai toujours lu Péguy. Chaque année, mes parents m’emmenaient aux journées qui lui étaient consacrées à Orléans. Mon père était un bourgeois de Bourgogne, négociant en vin, qui avait une bonne culture à l’ancienne, mais il l’a complétée avec l’homme de théâtre Jacques Copeau [1879-1949], qui avait pris sa retraite près de chez nous et qui lui a transmis son amour des grands écrivains catholiques, Claudel, Bernanos, et donc Péguy.
Aujourd’hui encore, il n’y a guère de sujet sur lequel je ne me sens pas péguyste. C’était un père de l’Eglise, l’un des rares à avoir renouvelé quelque chose de la religion catholique.
C’était aussi un socialiste qui a développé de profondes analyses de la modernité. Au milieu du XXe siècle, on l’a considéré comme un antimoderne. Mais maintenant, à part les quelques Californiens qui veulent aller sur Mars, tout le monde sait que la modernisation ne peut pas continuer. Si bien que Péguy redevient actuel.
Ce qui faisait de lui, naguère, un réactionnaire, son écriture de l’incarnation, sa pensée du sol et de l’attachement, lui permettent aujourd’hui d’éclairer la situation où nous nous trouvons, nous qui ne savons plus quel espace habiter. On parle de tous ces jeunes qui se mobilisent par peur de la catastrophe écologique. Or Péguy avait compris ceci : le monde moderne nous prive de notre capacité d’engendrement, cette perte est une tragédie.
Quand vous parlez d’une crise de « l’engendrement », que voulez-vous dire ?
Je désigne la crise qui nourrit peu ou prou tous les débats politiques actuels, et que résume cette question : comment va-t-on s’y prendre pour que le monde continue ?
Ces jeunes qui manifestent reprochent aux générations précédentes leur incapacité à léguer un monde vivable. Pour les gens de mon âge, qui ont connu Mai 68, c’est surprenant. Les aînés, on voulait qu’ils nous laissent la place ! Maintenant, on a des enfants qui disent : « Nous ferons nos devoirs quand vous ferez le vôtre. » Ma génération voulait accélérer et faire table rase. Eux souhaitent ralentir le temps et font appel à la responsabilité.
Péguy avait une saisie prophétique de ce mouvement : le geste moderniste contre lequel il luttait, et qui consiste à aller de l’avant en ignorant les conséquences de nos actions, ce geste se trouve aujourd’hui congédié par la nouvelle génération.
La Suédoise Greta Thunberg, jeune militante écologiste et icône de cette « génération climat », serait-elle alors une figure péguyste ?
Si Péguy était vivant, il parlerait d’elle autant que de Jeanne d’Arc ! C’est une figure apocalyptique, une figure du Kathèkon, une jeune fille autiste, sans aucun charisme apparent, qui essaie de freiner la catastrophe. Elle me fascine. Sa maladresse même lui confère une puissance de conviction extraordinaire. Elle répand non l’espoir mais la peur. A ses aînés, elle ne dit pas « on va vous remplacer », mais « nous sommes vos enfants et nous nous demandons s’il faut encore en faire, des enfants ». Cette crise de l’engendrement est donc une crise de civilisation.
Que faisiez-vous à son âge, quelle espérance vous portait ?
J’étais très catho. D’abord louveteau, puis, dans les années 1960, militant de la Jeunesse étudiante chrétienne [JEC]. On essayait de « transmettre l’Evangile », on faisait beaucoup de réunions, d’examens de conscience. Ce sont des choses qui peuvent paraître bizarres aujourd’hui [rires], mais c’était la forme par laquelle les jeunes chrétiens entraient en contact avec le monde, à un moment où le monde prenait déjà ses distances avec cette religion.
Vous êtes l’un des rares intellectuels français à prendre au sérieux la religion. Cela explique-t-il en partie le fait que vous soyez presque davantage connu à l’étranger que dans votre propre pays ?
Je ne sais pas. En tout cas, cela m’a effectivement valu quelques malentendus et quelques ennemis. En France, on devient intelligent, et intellectuel, parce qu’on a compris que la religion, c’est des conneries… Quand on considère que la religion n’est que l’expression dissimulée du vide, que peut-on comprendre à ce qui motive les gens en général, bien au-delà de la religion ?
Mais ce qui a rendu mon projet problématique pour beaucoup, c’est surtout que j’ai toujours voulu articuler plusieurs modes de vérité. La vérité religieuse, mais aussi la vérité scientifique ou la vérité politique. J’ai essayé de renouveler la sociologie pour la rendre capable d’encaisser cette réalité : une société est faite de tous ces modes d’existence, il faut donc articuler diverses formes de vérité.
Or, en France, c’est compliqué. Au fond, ce qu’on appelle les sciences sociales se résume ici à l’analyse d’une bataille d’« intérêts » : il y a des humains, ils ont des intérêts, ils se battent, penser c’est critiquer cette lutte d’intérêts. Bourdieu a assez bien synthétisé cette vulgate.
Cet héritage religieux est essentiel à votre pensée, qui a parfois des accents de prédication. Il y a chez vous une gravité prophétique et une ironie apocalyptique, mélange que l’on trouvait chez l’anthropologue René Girard. L’avez-vous lu ?
Oui, beaucoup ! Justement, l’apocalypse, la vraie, ce n’est pas les effets spéciaux hollywoodiens, c’est quelque chose de sérieux, qu’il faut aborder avec les bons outils scripturaires. L’apocalypse, cela ne veut pas dire que tout va s’effondrer et qu’on n’aura plus rien à manger l’année prochaine, comme le prétendent les collapsologistes, qui font de la très mauvaise religion.
Le thème « apocalyptique » permet deux choses : d’abord, de considérer que notre situation a déjà été jugée, qu’il n’y aura pas d’autre monde, d’autre progrès… Mais aussi, du même coup, de recommencer une histoire positive, de constater que les marges de manœuvre sont nombreuses, les innovations aussi, bref de dire : non, la Terre ne va pas disparaître, les humains non plus, faut se mettre au boulot !
L’apocalypse est un thème positif, enthousiasmant, grâce auquel on peut se débarrasser des faux espoirs. C’est donc ce qui rend notre époque si intéressante, et même sensationnelle.
Se mettre au boulot, à vous lire, c’est d’abord décrire les choses comme elles sont. Votre travail s’inscrit ainsi dans la tradition sociologique dite « de Chicago », née au début du XXe siècle, celle d’Erving Goffman ou d’Howard Becker, pour qui rien n’est plus subversif qu’une bonne description…
C’est tout à fait ma tradition. La politique est d’abord une enquête puisque, par définition, l’Etat est toujours en retard d’un combat. Gaïa en est l’exemple parfait. Il n’y a pas de précédent, aucune civilisation n’a affronté une mutation écologique aussi profonde. Aujourd’hui, il faudrait cinq planètes pour continuer à vivre comme nous le faisons.
Soudain, nous prenons conscience de la différence entre le monde dont nous vivons et le monde où nous vivons (par exemple, les cafés parisiens). Réconcilier ces deux mondes, c’est ce que j’appelle « atterrir ». Mais la chose est impossible car la politique est faite par des Etats qui ont été refondés après 1945, à l’époque de la reconstruction et de la modernisation, et dont la définition des territoires est inadaptée. Voilà pourquoi il est si difficile de passer de l’ancien au nouveau régime climatique.
Et, dans un pays comme la France, qui est la fille aînée de la modernisation, c’est particulièrement lent : être antireligieux, positiviste, étatiste, bourdieusien… cela n’aide pas à comprendre quoi que ce soit à notre situation.
D’ailleurs, les « grands débats » lancés par Emmanuel Macron n’ont pas produit une seule description de ce type ! Or, vous ne pouvez pas avoir une position politique sans un monde concret, sans assise dans un sol durable (et revoilà Péguy). De ce point de vue, il est hallucinant de penser qu’on puisse conclure le « grand débat » en convoquant 150 citoyens hors sol, sans territoires, et même privés du vieux système gauche/droite. D’où l’extraordinaire inaptitude des « gilets jaunes » à mouliner du politique. Que voulez-vous qu’ils disent, à part « Macron démission » ? Ce n’est pas de leur faute. Quand on a perdu la possibilité de décrire le monde où on vit, on est frappé par l’aphasie. Voire par la folie.
La folie ?
Pour faire confiance aux faits élaborés par telle ou telle institution, il faut un terrain partagé. Quand celui-ci n’existe plus, la déraison s’installe. Aujourd’hui, les « climatosceptiques » sont de plus en plus nombreux. Leur problème n’est pas une défaillance cognitive, mais une absence de monde commun.
Il est illusoire de penser qu’on les convaincra à coups de « fact checking » ! Vous pouvez toujours leur présenter de nouveaux faits, ils répondent, à la manière des trumpistes : tout ce que vous dites est faux a priori, parce que le monde où le réchauffement climatique arrive n’est pas le mien, d’ailleurs je vais me tirer, je vais atterrir ailleurs.
Ainsi le modernisme est-il devenu une forme d’« escapisme » criminel. Car personne n’imagine qu’on sera 9 milliards à aller sur Mars. D’où la prolifération de ceux que j’appelle les « surnuméraires ». Cette notion a une immense profondeur tragique. Cela signifie : les gens naissent et ne servent à rien. C’est aussi cela, l’histoire des « gilets jaunes » : désormais, Gaïa nous pousse dehors, et tout le monde se sent surnuméraire.
Ce que nous traversons, plus encore qu’une crise écologique, c’est donc une désorientation générale des consciences ?
Bien sûr. C’est d’ailleurs ce que j’expliquais récemment à Yannick Jadot [tête de liste Europe Ecologie-Les Verts aux européennes]. Je lui disais : le problème est maintenant existentiel, les gens n’ont plus de monde où être.
La question politique classique « quel peuple pour quel sol ? » ne trouve plus de réponse. L’extrême droite l’a très bien compris, et il faut bien reconnaître que les réponses apportées par ceux qu’on nomme « populistes », même si ce ne sont pas les miennes, se fixent sur une série de symptômes assez bien choisis. Etre anti-immigration, climatosceptique, antiféministe, antiavortement, c’est une façon très claire de demander : où sommes-nous ? Sur quelle terre, avec qui, contre qui ? C’est un mode d’atterrissage un peu brutal, mais assez impressionnant.
Par exemple, mes amis brésiliens me disent que chez eux, la « théorie du genre », qui ne mobilise en réalité que quelques milliers de personnes, est devenue l’ennemie principale du pouvoir. C’est quand même extraordinaire ! Partout dans le monde, de la droite extrême à la gauche extrême, tout le monde se pose la question de l’engendrement.
Quand vous parlez de l’Europe, vous n’hésitez pas à dire « nous, les Européens », et ce « nous » est le nom d’une vocation : à vos yeux, l’Europe est la mieux placée pour inventer un nouveau régime climatique. Pourquoi ?
Parce que tous les problèmes se posent maintenant en Europe. Nous appartenons à ce territoire qui a commis tous les crimes possibles, qui a traversé toutes les catastrophes, qui s’est suicidé deux fois de suite, qui accueille désormais les gens que nous avons jadis dominés, et qui a imaginé cette chose bizarre, cette extraordinaire création institutionnelle qu’est l’Union européenne (UE).
L’Europe a inventé la modernisation, et elle est bien placée pour la désinventer. Ce n’est pas la Chine qui va s’y atteler, elle qui croit encore à la modernisation. Ce n’est pas non plus l’Amérique, qui n’a jamais été le bon agent de son propre désir de progrès.
Même si, face à la Chine, à l’Amérique, à la Russie, cette Europe apparaît bien faible ?
Il y a plein d’histoires où les losers gagnent à la fin ! Réduire l’Europe à l’institution bruxelloise, c’est une folie ! J’ai beau connaître les limites de ce cadre, je me sens attaché à l’Europe-monde, à l’Europe patrie.
Nous pouvons critiquer Bruxelles et affirmer en même temps que nous nous sentons Européens, même si ce « nous » est devenu délicat. Mais c’est précisément ça, l’histoire européenne, c’est de désinventer cet extraordinaire moment de domination. Il faut accepter positivement la provincialisation de l’Europe ! A partir de là, on peut retrouver des marges de manœuvre, et du souffle. Pour cela, l’urgence est de savoir dans quel espace et à quel moment de l’histoire nous sommes.
A cette aune, comment voyez-vous les résultats du dernier scrutin européen ? Avons-nous enfin « atterri » ?
Non, loin de là. Mais quand mes amis même me disent « cette élection, c’est la tienne ! », ils veulent dire que la réorganisation en cours se projette plutôt bien sur la petite boussole proposée dans mon livre Où atterrir ? [La Découverte, 2017].
Les partis de gouvernement ont disparu, les nouveaux extrêmes nationalistes ou libéraux se saisissent les uns du local, les autres du global. Pendant ce temps, les forces progressistes ont viré de bord à quatre-vingt-dix degrés et explorent quelque chose comme le « terrestre », qui n’est en effet ni de droite ni de gauche, mais un autre lieu, ou plutôt une autre façon d’occuper tous les lieux.
Ce qui devient passionnant, c’est que de nouvelles négociations s’ouvrent, de nouvelles lignes de front, qui toutes portent sur ce que veut dire « appartenir à un territoire ».
Et, de nouveau, l’Europe si détestée : l’Europe UE aussi bien que l’Europe patrie sont à la bonne échelle. Imaginez cela : on va enfin se passionner pour des batailles au Parlement européen ! Il va y avoir de la baston parce que c’est la bonne enceinte pour se réapproprier les questions délaissées : quels peuples, sur quels sols, avec quels alliés, dans quel climat, pour quelle justice sociale ? On n’atterrit pas encore, mais, dans l’épais brouillard, des lumières clignotent.
« Moi ce monde me va tout à fait, je n’en connais pas de meilleur, d’ailleurs je n’en ai pas d’autre », écrivez-vous dans « Jubiler » (La Découverte, 2013). Chez vous, la conscience apocalyptique coïncide avec un optimisme foncier ?
Oui, c’est encore un thème religieux. En même temps, il ne faut pas oublier que je suis bourguignon, et les Bourguignons ne sont pas des gens tristes, il y a chez nous une couche d’optimisme assez simple… La semaine dernière, j’étais à la réunion de notre société familiale, tout le monde pétait le feu ! Les gens se préparent au changement climatique, ils savent très bien comment faire, ils changent déjà les plants de vigne. On ne fera pas croire à un Bourguignon que le monde va s’effondrer !
Cette manière de cultiver l’optimisme relève presque chez vous de la performance physique, comme l’illustrent vos conférences-spectacles. Affronter la question de la catastrophe écologique exige d’inventer de nouvelles pratiques corporelles ?
Parfaitement. Car nous ne disposons pas du matériel théorique et affectif pour aborder la question de l’anthropocène. Nous étions habitués à absorber beaucoup de choses, mais pas ce fait absolument nouveau que la terre réagit à notre action. Pour faire face, il faut innover.
Moi, je mobilise le théâtre, la musique, la danse. Les expositions aussi. Avant chaque cours, mes étudiants de Sciences Po font un peu de qi gong, ce qui étonne parfois au cœur de cette institution parisienne… A chaque fois, il s’agit d’inventer des formes qui redonnent de l’articulation, des marges de manœuvre. Sinon Gaïa va nous rendre fous… Pour réagir, pour survivre, il faut retrouver cette capacité d’articulation. Il y a ici un côté thérapeutique au sens profond du terme. Je peux en témoigner.
Récemment, vous avez eu un cancer. Vous qui êtes si attentif à la façon dont la pensée est liée au corps, comment avez-vous traversé cette épreuve ?
D’abord, j’avais déjà eu un cancer il y a vingt ans, donc je suis un peu vacciné, si j’ose dire… Ensuite, cela fait dix ans que je suis dans la confrontation avec Gaïa, et je pense qu’on ne peut sortir indemne d’un tel face-à-face.
S’apercevoir qu’au fond nous nous sommes totalement trompés sur la nature, et jusque sur notre être même, cela rend malade. Faire face à Gaïa est aussi éprouvant que faire face à un cancer. Je ne prétends pas du tout que c’est scientifique, mais je considère que j’ai donné mon pancréas, si j’ose dire, dans une sorte de rituel nécessaire pour absorber le choc.
Bien sûr, cela n’a rien d’indifférent, et je me suis posé la question : pourquoi ce cancer ? Pourquoi au pancréas ? C’est une petite apocalypse. Mais le fait d’avoir un cancer, de subir une chimiothérapie, cela assied, et pour moi cette question de l’assise, je l’ai dit, est fondamentale. De nouveau, j’ai les pieds sur terre. Je sais où je suis. Je suis face à Gaïa, et je peux reprendre une activité normale.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/31/bruno-latour-l-apocalypse-c-est-enthousiasmant_5469678_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/31/bruno-latour-l-apocalypse-c-est-enthousiasmant_5469678_3232.html>>
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43- "On ne vit pas comme des 'bobos" : bienvenue à Trémargat, le village breton où l'on a toujours été écologiste, France Télévisions, 01/06/19, 19:56
Elise Lambert

Depuis plus de quarante ans, la commune située dans les Côtes-d'Armor se distingue par son vote à contre-courant de la moyenne nationale. Aux européennes, les habitants ont voté à 38,79% pour EELV.
On ne vient pas à Trémargat par hasard. La commune bretonne se trouve dans un coin reculé des Côtes-d'Armor. Les habitants appellent ce territoire isolé le Kreiz Breizh ou l'Argoat, "le pays des bois" et des rochers, où la terre pauvre et le climat rude n'attirent que les plus téméraires.
Le 26 mai, lors des européennes, les habitants de "Trem" ont voté à 38,71%pour EELV, le Rassemblement national n'a obtenu que 3 des 98 voix exprimées et LREM est arrivée dernière, avec une seule voix. Des résultats à contre-courant de la tendance nationale, mais habituels dans ce patelin de 200 habitants.
"L'écologie, c'est la base de tout", explique dans un sourire Marie-Jo, Trémargatoise depuis trente ans. Affairée dans le petit enclos communal où poussent menthe verte et persil, l'agricultrice aux cheveux flamboyants attend une livraison de bois. "J'ai toujours réfléchi à notre façon de consommer. J'habite dans un chalet autonome, je me chauffe avec des panneaux solaires. Je n'ai aucun appareil électrique, pas de portable ou internet, explique celle qui se définit volontiers comme collapsologue.
« Pour moi, l'effondrement a déjà commencé. Les catastrophes dites 'naturelles' ne le sont pas, elles sont liées à la surexploitation de notre Terre. » Marie-Jo, habitante de Trémargatà franceinfo
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/elections/europeennes/resultats-europeennes-2019-on-ne-vit-pas-comme-des-bobos-bienvenue-a-tremargat-le-village-breton-ou-l-on-a-toujours-ete-ecologiste_3466251.html <https://www.francetvinfo.fr/elections/europeennes/resultats-europeennes-2019-on-ne-vit-pas-comme-des-bobos-bienvenue-a-tremargat-le-village-breton-ou-l-on-a-toujours-ete-ecologiste_3466251.html>>
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44- Taxe carbone : sortir de l’impasse, Le Monde, 02/06/19, 06h24
Marjorie Cessac

Considéré comme l’un des instruments les plus performants pour lutter contre le dérèglement climatique, cet impôt « vert », plébiscité par la plupart des économistes, est impopulaire.
C’est finalement à eux, les citoyens, qu’il reviendra, d’ici à la fin juin, de plancher sur le climat. Et peut-être bien, qui sait, de se prononcer sur un sujet devenu presque tabou en France, celui de l’avenir de la taxe carbone.
Dans quelques jours, en effet, la convention citoyenne pour le climat – et les 150 Français tirés au sort qui la composent – commencera à réfléchir sur les meilleurs moyens d’effectuer la transition, y compris sur la fiscalité écologique. Les consultations vont durer six mois, à l’issue desquels, ces Français « devront faire des choix pour proposer un paquet de mesures cohérent », a prévenu le ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, François de Rugy. Ils pourront « discuter de tous les leviers d’action, des dosages entre les différents leviers. Y compris la taxe carbone », a-t-il avancé…
La France a multiplié les échecs
Inédit à cette échelle, le choix de cette méthode révèle le degré d’embarras du gouvernement qui, bousculé depuis novembre 2018 par la crise des « gilets jaunes », cherche désormais la caution populaire pour faire adopter ses réformes les plus sensibles.
On se souvient que la taxe carbone avait contribué à l’émergence du mouvement des « gilets jaunes ». Et que, pour endiguer la colère de la rue, le gouvernement avait consenti à geler sa hausse, prévue en 2019, de 44,60 euros à 55 euros la tonne de CO2.
Cette taxe, qui augmente progressivement depuis son adoption en 2014, aurait dû voir sa trajectoire s’accélérer cette même année, en vue de remplir l’objectif de neutralité carbone de 2050. Un nouveau rythme qui tombait mal, puisque ce renchérissement venait s’ajouter au rattrapage de la fiscalité diesel et à la flambée des cours mondiaux du pétrole brut. Et ce, alors que les Français commençaient à montrer de sérieux signes de ras-le-bol fiscal.
Ce dernier rejet est sans doute l’un des plus forts qu’ait connus l’histoire de la fiscalité « verte » française, pourtant déjà mise à rude épreuve.
Dans ce domaine, en effet, la France a multiplié les échecs. A commencer par celui – cuisant – de l’écotaxe. Inspirée du principe pollueur-payeur, celle-ci visait à taxer les poids lourds qui traversent le pays, en vue de financer le fret et le transport fluvial. Quinze ans de tergiversations n’ont pourtant abouti qu’à sept reports, deux suspensions, une révolte des « bonnets rouges » bretons en 2013, puis, en 2016, à un enterrement de cette taxe. Une volte-face qui, selon la Cour des comptes, a coûté plus de 1,2 milliard d’euros à l’Etat.
Les économistes libéraux la portent aux nues
Les débuts laborieux de l’entrée en vigueur de la taxe carbone n’ont guère effacé la trace de ce fiasco. Deux fois retoquée par le Conseil constitutionnel, dont la dernière en 2010, au motif d’exemptions trop nombreuses, elle ne sera finalement adoptée qu’en 2014 par le gouvernement Ayrault.
Et encore, pas au grand jour. Arrivée en catimini, cette « composante carbone » sera intégrée à la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (Ticpe). Un camouflage qui, s’il a fait illusion au début, a fini par peser sur le porte-monnaie des Français. Même si, toutes proportions gardées, la Ticpe ne devait représenter que 4 % des prélèvements obligatoires d’ici à 2022 : 42 milliards d’euros contre 160 milliards pour la TVA.
Souvent incomprise par les citoyens, la taxe carbone fait pourtant consensus chez les économistes quant à son efficacité pour lutter contre le réchauffement climatique. A l’exception des climatosceptiques, tout le monde s’accorde sur la nécessité de ce « signal-prix » – évoqué lors du protocole de Kyoto en 1997 –, dont la vocation première est d’orienter les ménages et les entreprises vers des modes de consommation et de production moins polluants. Si les plus keynésiens la considèrent comme un instrument parmi d’autres, qu’il convient de marier à des subventions et à de la réglementation, les économistes libéraux la portent littéralement aux nues.
Ainsi, vingt-sept d’entre eux, lauréats du prix Nobel, ont plaidé dans le Wall Street Journal pour l’instauration d’une telle taxe. Elle reste le « levier le plus rentable pour réduire les émissions de CO2 à l’échelle et à la vitesse nécessaire », rappelle Christian Gollier, directeur général de la Toulouse School of Economics. Elle remplacerait avantageusement les autres mécanismes cachés – des normes d’isolation thermique aux normes automobiles – qui, au final, reviennent plus chers pour le consommateur », estime-t-il. Aujourd’hui, pourtant, même les plus libéraux admettent la nécessité de certaines contreparties sociales.
> Lire aussi Alain Grandjean : « Cesser d’augmenter la taxe carbone serait dramatique pour le climat en France »
A cela rien d’étonnant. Ces derniers mois, en France, ont démontré que, coupée des réalités, la taxe carbone, vue comme un seul outil théorique, avait peu de chances de rencontrer l’adhésion des citoyens.
Nombre de chercheurs ayant travaillé sur les causes de son échec pointent le manque de transparence fiscale comme l’un des freins à son acceptation. « Bercy a accepté de soutenir la taxe carbone – et c’est d’ailleurs bien la seule mesure écologique –, mais à condition de la transformer », se souvient la députée des Deux-Sèvres Delphine Batho, qui fut ministre de l’écologie du gouvernement Ayrault avant d’en démissionner. « Entre 2014 et 2017, le gouvernement a consacré l’essentiel de son rendement budgétaire au financement du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi [CICE], pas à celui de l’écologie », explique-t-elle.
L’opacité budgétaire n’est pas insurmontable
Certes, à compter de 2017, une partie des recettes de la contribution carbone est venue alimenter le compte d’affectation spéciale « transition énergétique ». Mais son usage reste difficile à établir, en raison justement du principe d’universalité budgétaire.
« Entre 2013 et 2018, les recettes de la taxe carbone sont passées de 0 à quelque 9,2 milliards d’euros (et devaient atteindre plus de 12 milliards en 2019), sur lesquels 2,5 milliards environ sont allés au financement du compte d’affectation spéciale, le reste n’étant pas fléché », affirme Kevin Puisieux, économiste à la Fondation Nicolas Hulot.
L’opacité budgétaire n’est toutefois pas insurmontable. De nombreux pays ou régions du monde ont su y remédier par des mesures concrètes, insistent les chercheurs d’I4CE, un think tank spécialisé dans la finance et le climat, qui y a consacré une étude.
Parmi les plus cités, la Suède, la Colombie-Britannique (Canada) ou encore la Californie. Dans cet Etat américain, le fonds public alimenté par les recettes de son marché carbone (quotas d’émission) s’est vu fixer des objectifs clairs. Ainsi, 60 % de l’argent dont il bénéficie doit aller à la mobilité et au logement. « Toutes les réalisations du fonds sont cartographiées sur un site Internet, les projets de terrain sont labélisés, et des opérations de communication sont lancées pour donner à voir très concrètement l’impact du fonds », détaille Sébastien Postic, à l’origine de cette enquête. Cet exercice de transparence va même plus loin. « Une opération de destruction de voitures anciennes a ainsi été organisée sur la place de la mairie de San Francisco, pour rendre visible l’impact des nouvelles subventions à l’acquisition de voitures moins gourmandes en énergie », ajoute-t-il.
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Outre l’opacité fiscale, c’est le caractère injuste de la taxe carbone qui est, aujourd’hui, identifié comme étant l’une des raisons de son rejet massif.
« L’impact de cette taxe est particulièrement sensible pour les ménages à bas revenu », confirment Nicolas Berghmans et Mathieu Saujot, chercheurs à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Les dépenses énergétiques représentent, en effet, un poids bien plus important dans leur budget : 15,7 % pour les 20 % des ménages les plus pauvres, contre 6,5 % pour les 20 % les plus riches. Une iniquité exacerbée par le fait que certaines entreprises parmi les plus polluantes bénéficient souvent d’exemptions – comme celles du secteur aérien – ou d’une taxe moins élevée que celle des particuliers lorsqu’elles sont soumises au marché du carbone européen.
Un sursaut salutaire pour repenser la fiscalité
Mais, là encore, pour nombre d’experts, la sonnette d’alarme tirée par les « gilets jaunes » peut être vue comme un sursaut salutaire pour repenser la fiscalité, mais aussi la politique économique. « Cette taxe ne peut être acceptée que dans le cadre d’un contrat social et que s’il y a une vision sociale d’ensemble », prévient Jean-Charles Hourcade, économiste au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement.
Pour lui, un chèque « vert » sera de portée nécessairement limitée si la taxe carbone provoque une hausse générale des coûts du « made in France », et donc une baisse du pouvoir d’achat, une augmentation de nos importations, une réduction de nos exportations et au bout du compte plus de chômage.« Pour éviter cela, reprend-il,il faut utiliser une partie de la taxe pour baisser les cotisations salariales et patronales en s’assurant, et cela ressort de la négociation sociale et salariale, qu’une partie de cette baisse se retrouve bien en hausse des salaires nets et non en simple augmentation des marges des entreprises. »
Et ce n’est qu’un volet, puisque la réforme doit aussi, notamment, inclure les collectivités et les villes pour qu’elles transforment leur politique foncière, immobilière et de transports avec des offres alternatives à l’automobile classique. Ces politiques ont jusqu’alors induit « des décennies de forts besoins de mobilité, la prolifération du périurbain au détriment des centres-villes et l’augmentation des distances domicile-travail », déplore l’économiste.
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Certains pays ont réussi à mener cette remise à plat. C’est le cas de la Suède. Après deux ans de concertation politique, en 1991, Stockholm a décidé d’intégrer cet impôt dans une réforme fiscale plus vaste, de sorte que les recettes de la taxe carbone ont servi à baisser d’autres impôts, notamment ceux des ménages les plus modestes. Ce pays scandinave a aussi su préparer le terrain en offrant à ses citoyens des alternatives « bas carbone ». Ainsi, lors de l’introduction de la taxe, un tiers des chauffages urbains étaient d’ores et déjà d’origine renouvelable grâce aux investissements réalisés dans les années 1970.
Redonner une nouvelle chance à la taxe carbone
Quelle sera la recette française ? Pour cette réforme, les options en présence, issues des think tanks, ONG ou élus, sont nombreuses. Nombre d’entre elles ont un dénominateur commun, celui d’une nécessaire redistribution de revenus sous forme de prime aux ménages les plus modestes. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) recommande, par exemple, d’en affecter l’essentiel à la précarité énergétique.
Le gouvernement réfléchit également à généraliser des dispositifs mis en œuvre dans certaines régions : le « chèque transport » dans les Hauts-de-France ou la « prime mobilité » en Bourgogne-Franche-Comté (30 euros versés directement sur la fiche de paie des ménages ruraux les plus modestes).
La convention citoyenne entendra-t-elle ces propositions ? Ira-t-elle dans leur sens pour redonner une nouvelle chance à la taxe carbone ? Certains experts sont perplexes. « Cela m’étonnerait que cet échantillon de la population française – qui n’en est d’ailleurs pas vraiment un puisque, dans les sondages, on interroge au moins 1 000 personnes – propose un retour de la taxe carbone », avance François Ecalle, le président de l’association Fipeco. « Ces citoyens pourraient plutôt pencher pour un retour de l’impôt de solidariré sur la fortune [ISF] puisque 99 % des Français ne le paient pas », ajoute-t-il.
D’autres trouvent innovante l’idée de faire participer les citoyens, même si son issue reste hasardeuse. « L’expérience irlandaise [de conventions citoyennes sur l’avortement et le mariage gay]montre que la délibération des citoyens peut, si elle est organisée dans de bonnes conditions, débloquer des sujets de société controversés », estiment ainsi les chercheurs de l’Iddri. « La réussite n’est pourtant pas acquise et dépendra de l’accès de ces citoyens choisis par le sort à une information objective et à une expertise pluraliste, ainsi que de la garantie d’un débouché politique clair qui pourra légitimer ces propositions. » Comme un premier pas modeste pour sortir la taxe carbone du piège dans lequel elle est aujourd’hui enfermée.
+ Graphique : Les différentes trajectoires de taxe carbone évoquées, en euros 2018 par tonne de CO2 <https://img.lemde.fr/2019/05/31/0/0/1068/1242/630/0/60/0/202c894_ZP9I_VFHF2un8CApabgtJw1A.png>
+ Graphique : Comment la trajectoire de la taxe carbone a été freinée <https://img.lemde.fr/2019/05/31/0/0/1068/3304/630/0/60/0/2b1eda0_S8fex0LJzWWMjdJVvrO89fSA.png>
+ Graphique : Ce prélèvement finance peu la transition écologique <https://img.lemde.fr/2019/05/31/0/0/1068/1111/630/0/60/0/1a05ad4_1nKdXdo1Kv8NB8WX7Gt2qJvK.png>
+ Graphique : Il pèse davantage sur les plus pauvres <https://img.lemde.fr/2019/05/31/0/0/1068/2937/630/0/60/0/23ee613_TIDxHZB8ozJJTIU8FLuy6xd5.png>
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/02/taxe-carbone-sortir-de-l-impasse_5470488_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/02/taxe-carbone-sortir-de-l-impasse_5470488_3234.html>>
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45- Entretien. Alain Grandjean : « Cesser d’augmenter la taxe carbone serait dramatique pour le climat en France », Le Monde, 02/06/19, 16h15
Propos recueillis par Marjorie Cessac  

La taxe carbone n’a pas vocation à remplir les caisses de l’Etat. Elle doit se combiner de façon pragmatique avec d’autres instruments existants, estime l’économiste, membre du Haut Conseil pour le climat. 
L’économiste Alain Grandjean est cofondateur du cabinet Carbone 4 et membre du Haut Conseil pour le climat, instance créée en novembre 2018 en réponse à la crise des « gilets jaunes ».
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Après le gel de sa hausse, la taxe carbone a un avenir incertain. Faut-il, selon vous, reprendre la trajectoire envisagée auparavant ?
Oui, bien sûr. Ce serait un drame pour la question climatique en France si, en 2021, il n’y avait pas de reprise de la hausse de la taxe carbone. En effet, nous n’avons pas 50 instruments à portée de main capables de nous donner un signal prix et d’inciter les entreprises à produire des biens et services « bas carbone » et les ménages à en acheter. Si le parc automobile européen consomme moins d’essence que celui des Etats-Unis, c’est bien parce qu’il y a plus de taxes en Europe. Mais, attention, la taxe carbone n’a pas vocation à remplir les caisses de l’Etat et elle doit se combiner de façon pragmatique avec d’autres instruments existants.
Que se passera-t-il si l’on ne parvient pas à renouer avec la hausse prévue de cette taxe carbone ?
En ce cas, il faudra activer davantage les autres instruments, mettre plus de normes. Il faudra, par exemple, rendre obligatoire la rénovation des logements, durcir les contrôles et les sanctions en cas de non-respect des normes de performance énergétique dans l’habitat ou la voiture, limiter encore plus la vitesse, etc. Les industriels, plus encore que les ménages, risquent de ne pas apprécier.
Outre les normes, vos travaux montrent que l’investissement tant public que privé est un levier essentiel…
Effectivement, à Carbone 4, nous avons calculé qu’un citoyen, s’il consent de lui-même à des efforts, sans dépenser plus, pour réduire son bilan carbone, ne pourra le faire qu’à hauteur de 20 % à 25 % au plus. Sachant que la moitié de cet effort, c’est d’arrêter de manger de la viande. En d’autres termes, 60 % à 65 % du chemin à faire pour atteindre la neutralité carbone en 2050 doit porter sur des changements d’infrastructures ou d’appareils industriels. Pourquoi ? Parce que ce sont les machines qui émettent du CO2. Il faut donc, pour changer les modes de vie, que les Etats, les collectivités territoriales et les entreprises investissent. Et, pour ce faire, leur raisonnement ne sera pas le même selon que le CO2coûtera plus cher ou pas.
L’étude « ZEN 2050 », à laquelle Carbone 4 a participé, permet d’évaluer l’impact que peuvent avoir les citoyens. Quels en sont les résultats ?
Oui, ce travail réalisé en partenariat avec un sociologue explore les motivations en matière de sobriété des ménages. Il en déduit que les plus « moteurs » dans ce domaine pourraient représenter environ 20 % de la population française. Les « variables » environ 60 % et les réticents 20 %. Comme je viens de le dire, les plus vertueux pourraient baisser au mieux de 20 % leur bilan carbone, les indécis de 5 %, tandis que les plus réfractaires risquent de ne rien faire, voire d’augmenter leur bilan. En conclusion, si on laisse le problème climatique aux seuls citoyens, il ne faudra pas s’attendre à ce qu’ils réduisent leur bilan au-delà de 5 % à 10 %, alors qu’il faut que les émissions de gaz à effet de serre baissent de plus de 80 %.
Que préconisez-vous alors ?
Il va nous falloir à la fois mener un programme bailleurs dont les logements sont mal isolés. Bref, il n’y a pas de recette miracle. Nous avons une révolution à mener. Mais, tant que la taxe carbone ne sera perçue que comme un moyen de boucler les fins de mois de l’Etat et rien d’autre, on sera loin du compte.
> Lire aussi  Le casse-tête de la taxe carbone aux frontières de l’UE
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/02/alain-grandjean-cesser-d-augmenter-la-taxe-carbone-serait-dramatique-pour-le-climat-en-france_5470478_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/02/alain-grandjean-cesser-d-augmenter-la-taxe-carbone-serait-dramatique-pour-le-climat-en-france_5470478_3234.html>>
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46- Le casse-tête de la taxe carbone aux frontières de l’UE, Le Monde, 02/06/19, 16h15
Marjorie Cessac  

Sur le Vieux Continent, Paris milite depuis plus de dix ans en faveur de l’instauration d’un mécanisme d’ajustement aux frontières. Un projet qui suscite des levées de boucliers tant au sein de l’Union européenne qu’en dehors. 
Le paradoxe est saisissant. A l’heure où le gouvernement recule sur la taxe carbone en France, en Europe, il se démène pour voir émerger un impôt similaire sur les produits importés par le continent. Il n’est d’ailleurs pas le seul. Aux élections européennes, la plupart des partis hexagonaux l’avaient inscrite dans leurs programmes. Avec, certes, des objectifs et méthodes différents. Les écologistes, par exemple, y voient un moyen de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et de tenir compte du vrai coût des produits. « En France, les émissions ont diminué de 18 % entre 1995 et 2015, rappelle Delphine Batho, présidente de Génération écologie, sauf que ces chiffres ne tiennent pas compte des émissions incluant les importations qui, sur cette même période, ont augmenté de 93 % ! »
> Lire aussi  Taxe carbone : sortir de l’impasse
D’autres sont séduits par ce « protectionnisme vert » susceptible, par ailleurs, de rétablir une certaine équité commerciale. Emmanuel Macron, par exemple, ne cache pas sa volonté de voir l’Union européenne (UE) abandonner « la politique du faible » qui impose des contraintes environnementales strictes à ses entreprises sans exiger la même chose de ses partenaires. Ce discours fait mouche auprès des industriels.
L’Allemagne réfractaire à cette idée
Dans la sidérurgie ou le pétrole, notamment. « Le changement climatique est un phénomène global et il est absurde de payer une taxe carbone élevée en Europe si l’on doit délocaliser des activités industrielles et importer des biens de pays qui ne respectent pas nos règles en termes d’émissions de gaz à effet de serre !, insiste Patrick Pouyanné, le patron de Total. Je comprends que l’Europe veuille être à la pointe dans la lutte contre le changement climatique. Mais si elle s’impose des contraintes environnementales plus fortes qu’ailleurs sans contreparties, non seulement la question climatique ne progressera pas, mais, en plus, l’industrie européenne en pâtira. »
> Lire aussi  Alain Grandjean : « Cesser d’augmenter la taxe carbone serait dramatique pour le climat en France »
Reste que ces arguments peinent à convaincre la plupart des pays européens. Et surtout l’Allemagne, réfractaire à toute idée susceptible d’activer une guerre commerciale. Cette taxe « pourrait risquer de mener à de possibles mesures de représailles », avait d’ailleurs mis en garde la Commission européenne, citant son incompatibilité avec les principes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En 2012 déjà, l’Inde et la Chine n’avaient pas manqué de montrer leur désapprobation face à la taxe carbone européenne sur l’aérien. Des compagnies issues de ces pays avaient refusé de fournir à l’UE les données sur leurs émissions de CO2. Au-delà des obstacles politiques, cette taxe est également jugée complexe à mettre en place. Concrètement, « elle impliquerait d’établir une comptabilité du carbone présent dans tous les biens du monde », détaille Christian de Perthuis, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine : « Or, si ce chiffrage est possible sur la tôle de l’acier brut, il va être plus compliqué pour un véhicule automobile ou un iPhone, par exemple. » La solution ? « Elle pourrait avoir du sens, mais pour quelques produits de base tels que l’acier ou le béton », insiste-t-il.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/02/le-casse-tete-de-la-taxe-carbone-aux-frontieres-de-l-ue_5470476_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/02/le-casse-tete-de-la-taxe-carbone-aux-frontieres-de-l-ue_5470476_3234.html>>
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En audio
47- Comment la transition écologique fait-elle reculer le chômage ?, Reporterre, Une minute, une question, 29/05/19

Jean-Christophe Sarrot est membre d’ATD Quart Monde. Avec d’autres, l’association est à l’origine du projet « Territoire zéro chômeur de longue durée », qui vise à « proposer à tout chômeur de longue durée qui le souhaite, un emploi à durée indéterminée à temps choisi, en développant des activités utiles pour répondre aux besoins des divers acteurs du territoire ».
> Une minute à écouter à :
<https://reporterre.net/Comment-la-transition-ecologique-fait-elle-reculer-le-chomage <https://reporterre.net/Comment-la-transition-ecologique-fait-elle-reculer-le-chomage>>
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En images
48- Fin du monde : l'appel d'Aurélien Barrau, France 5, C à Vous, 09/05/19, 19h02

Au menu de l’émission, Aurélien Barrau, astrophysicien, pour son livre « Le Plus Grand Défi de l’histoire de l’Humanité » chez Michel Lafon.
> Entretien à retrouver à : 
<https://www.youtube.com/watch?v=ckaErodDLnQ <https://www.youtube.com/watch?v=ckaErodDLnQ>>
<https://www.france.tv/france-5/c-a-vous/c-a-vous-saison-10/991917-fin-du-monde-l-appel-d-aurelien-barrau-c-a-vous-09-05-2019.html <https://www.france.tv/france-5/c-a-vous/c-a-vous-saison-10/991917-fin-du-monde-l-appel-d-aurelien-barrau-c-a-vous-09-05-2019.html>>
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49- Reportage. En Amazonie, road-trip entre les champs de maïs transgéniques et le territoire Kayapo, Le Monde, 13/05/19, 17h57

En compagnie de Raoni, notre journaliste Nicolas Bourcier et le photographe Avener Prado se sont rendus à Metuktire, le village du vieux cacique amazonien.
L’idée de départ était d’aller avec le photographe Avener Prado dans le village du cacique Raoni, l’aldeia Metuktire et ses 400 âmes, sa vingtaine de huttes traditionnelles, son école et son petit poste de santé planté devant les eaux sombre de la rivière Xingu, au cœur du territoire Kayapo, dans l’Etat du Mato Grosso. Le temps d’un reportage pour nourrir notre enquête avant la venue en Europe du grand chef indien, du 13 au 31 mai. Lui-même ne devait pas être là. Il nous avait déjà donné une interview à Brasilia quelques semaines auparavant.
Et puis, pour une raison inconnue, il a voulu nous accompagner. Quitter pour un moment Peixoto de Azevedo, la ville où il s’est installé depuis plusieurs mois déjà avec sa femme malade. Le trajet a duré huit heures, six heures de route cahoteuse et boueuse, deux heures de barque à moteur. Un aller-retour initiatique entre les champs de maïs transgéniques et l’Amazonie mythique. Voyager aux côtés de Raoni, c’est un peu remonter le fil du temps, prendre la mesure des choses, toucher d’un doigt une nature luxuriante d’un côté et malmenée de l’autre. A 87 ans, ou plus, Raoni nous a ouvert sa porte. Il nous a offert son gîte et partagé son monde. Un monde aussi grand qu’un continent.
>> Reportage photo à voir à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/13/en-amazonie-road-trip-entre-les-champs-de-mais-transgeniques-et-le-territoire-kayapo_5461593_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/13/en-amazonie-road-trip-entre-les-champs-de-mais-transgeniques-et-le-territoire-kayapo_5461593_3244.html>>
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50- Déforestation : le chef Raoni Metuktire lutte pour sauvegarder l'Amazonie, France 2, journal de 20h, 13/05/19

Âgé de 87 ans, le célèbre chef Raoni Metuktire repart au combat pour lutter contre la déforestation de l'Amazonie et défendre les terres de son peuple.
Il est la figure mondiale de la lutte contre la déforestation. Pour rencontrer le chef Raoni Metuktire, il faut faire un long voyage. Survoler le parc national de Xingu au Brésil, qui fait partie de la forêt amazonienne, sa jungle mystérieuse et ses innombrables cours d'eau. Nous atterrissons dans une réserve où le mythique chef de tribu est en visite. Il se présente avec le fameux labret, qui perce sa lèvre inférieure, marque des grands guerriers. Il est accueilli comme une sainteté à qui on fait toucher les enfants. "Je vous considère tous comme mes enfants, je vous assure que je fais tout pour protéger notre terre", confie-t-il à son audience.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/bresil/deforestation-le-chef-raoni-metuktire-lutte-pour-sauvegarder-l-amazonie_3441951.html <https://www.francetvinfo.fr/monde/bresil/deforestation-le-chef-raoni-metuktire-lutte-pour-sauvegarder-l-amazonie_3441951.html>>
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51- Comités écologiques : ménage en vue chez Théodule, France 2, L'Oeil du 20 heures, maj le 15/05/19

Quand l’État doit prendre une décision, en général il consulte des experts. C’est même une spécialité hexagonale : les comités, commissions, conseils supérieurs et autres hauts conseils… Rien que pour l’écologie, il en existe plus de 60 ! Sont-ils tous vraiment utiles ? Enquête sur un casse-tête très français.
Fin avril, Emmanuel Macron annonçait la création d’un nouveau “conseil de défense écologique”. Mais aussi d’une “convention citoyenne, de 150 citoyens tirés au sort dès le mois de juin."
D’ailleurs quelques jours plus tard, au ministère de la Transition écologique, se tient une réunion pour discuter de cette convention. “L’idée c’est de faire une assemblée citoyenne qui délibère et qui propose des solutions qui soient soumises à référendum, détaille le réalisateur et militant écologiste Cyril Dion, qui participe à la réunion. Ne craint-il pas que son projet ne devienne un "gadget" de plus ? “Évidemment qu’on a peur, évidemment qu’on se méfie. Et c’est justement pour ça qu’on vient discuter.”
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/video-comites-ecologiques-menage-en-vue-chez-theodule_3443351.html <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/video-comites-ecologiques-menage-en-vue-chez-theodule_3443351.html>>
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52- Invité : Nicolas Hulot tire (encore) la sonnette d’alarme, TMC, Quotidien, 20/05/19
Yann Barthes

La question écologique n’a jamais été plus présente dans les débats et dans la rue. Partout, les mobilisations se mobilisent, notamment chez les jeunes, pour exiger des pouvoirs publics mondiaux plus d’actions, plus d’engagement pour préserver la planète. Pourtant, l’impression que rien ne bouge, rien ne change, est persistante. On en parle avec l’ancien ministre de l’Écologie, Nicolas Hulot, sur le plateau de Quotidien.
> Interview à retrouver à
<https://www.tf1.fr/tmc/quotidien-avec-yann-barthes/videos/invite-nicolas-hulot-tire-sonnette-d-alarme.html <https://www.tf1.fr/tmc/quotidien-avec-yann-barthes/videos/invite-nicolas-hulot-tire-sonnette-d-alarme.html>>
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53- Découvrez l’interview vérité de Nicolas Hulot, FNH, 20/05/19

Concernant la mise en place de solutions durables, doit-on penser “Présent ou Avenir” ? “Possible ou Impossible” ? “Individuel ou Collectif” ?
> Interview à retrouver à :
<https://www.youtube.com/watch?v=oQn2MDDPFEQ>
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54- Interview. Pour Dominique Bourg, «les difficultés, c'est pour maintenant», Slate, 21/05/19, 15h34

La tête de liste Urgence écologie a alerté sur les dangers imminents du changement climatique et sur la nécessité absolue d'une action des pouvoirs publics.
Dominique Bourg, tête de liste Urgence écologie aux élections européennes, était l'invité de «L'Instant politique» sur France Info, lundi 20 mai. Venu défendre sa vision d'une écologie sociale, alliant la lutte contre la fin du monde et celle contre les fins de mois difficiles, il a dénoncé l'inaction des gouvernements face au bouleversement climatique.
«Si vous ne resserrez pas les revenus, si vous n'avez pas une société plus égale, vous ne ferez rien en écologie, assure-t-il. Nous constatons l'effondrement de la faune bactérienne et de toute la pyramide du vivant, à commencer par les insectes. Nous sommes dans une situation gravissime et les forces politiques n'y répondent pas», s'indigne Dominique Bourg, évoquant les alertes répétées et les nombreux rapports de plus en plus fatalistes de la communauté scientifique. «On est dans une dynamique d'effondrement, les difficultés, c'est pour maintenant», martèle-t-il, rappellant que la première cause d'immigration est le changement climatique. «L'enjeu de l'urgence est la dégradation des conditions d'habitabilité de notre espèce et des autres espèces.» 
Dominique Bourg se dit pour le retour de la taxe carbone, à condition d'en faire une mesure plus équitable, à l'instar de la loi californienne où les sommes récoltées par le prélèvement de cette taxe vont à parts égales aux infrastructures décarbonées et aux aides destinées aux précaires énergétiques.
À la question Slate (à 6'57) «Soutenez-vous la plainte de Christophe Castaner contre le rappeur Nick Conrad ?», Dominique Bourg déclare ne pas pouvoir soutenir un individu qui appelle à «pendre les Blancs».
> Vidéo à voir à :
<http://www.slate.fr/story/177504/dominique-bourg-urgence-ecologie-elections-europeennes-rechauffement-climatique <http://www.slate.fr/story/177504/dominique-bourg-urgence-ecologie-elections-europeennes-rechauffement-climatique>>
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Deux publications
55- Le plus grand défi de l'histoire de l'humanité - Face à la catastrophe écologique et sociale, d’Aurélien Barrau, Editions Michel Lafon, 02/05/19

Ecologie : il faut agir maintenant, il n'est pas trop tard pour éviter le pire ! La question écologique engage notre survie. Elle ne peut pas être considérée comme secondaire. " La vie, sur Terre, est en train de mourir. L'ampleur du désastre est à la démesure de notre responsabilité. L'ignorer serait aussi insensé que suicidaire. Plus qu'une transition, je pense qu'il faut une révolution. Et c'est presque une bonne nouvelle. 
Ce livre fait suite à l'appel, signé par 200 personnalités, que l'actrice Juliette Binoche et moi avons lancé dans le journal Le Monde du 3 septembre 2018 ".
A propos de l’auteur
Aurélien Barrau est astrophysicien au CNRS et professeur à l'université Grenoble-Alpes. Membre honoraire de l'Institut universitaire de France, lauréat de plusieurs prix scientifiques et docteur en philosophie, il est l'auteur d'une centaine d'articles de recherche et d'une dizaine d'ouvrages grand public.
Le plus grand défi de l'histoire de l'humanité - Face à la catastrophe écologique et sociale, d’Aurélien Barrau, Editions Michel Lafon, 02/05/19, ISBN : 978-2-7499-4058-8, EAN : 9782749940588, 144 pages, 8 € ou 6,99 € en e-book.
<http://michel-lafon.fr/livre/2255-Le_plus_grand_defi_de_l_histoire_de_l_humanite.html <http://michel-lafon.fr/livre/2255-Le_plus_grand_defi_de_l_histoire_de_l_humanite.html>>
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56- Natura - Pourquoi la nature nous soigne et nous rend plus heureux, Editions Les Liens qui Libèrent, 08/05/19

Ce livre est inspiré du documentaire Natura, diffusé à l'automne 2018 par Canal+/chaînes Planète, enquête auprès des scientifiques pionniers qui explorent les bénéfices de la nature sur notre santé physique, physiologique ou mentale. On y lit le récit de cette nouvelle science, depuis la première étude parue en 1984 dans la revue Science ayant démontré l'impact positif d'une chambre d'hôpital avec vue sur un jardin, jusqu'à l'apport récent des neurosciences qui cherchent à évaluer comment la nature ou les espaces verts agissent dans notre cerveau, et influencent le fonctionnement neurologique. 
L'étude de notre lien avec la nature et de ses bénéfices pour notre santé nécessite une approche pluridisciplinaire. Pascale d'Erm décrit les interrogations et les démarches des universitaires, elle rend sensible le travail de recherche et permet à chacun, même s'il n'est pas scientifique de s'approprier le sujet. Ce livre-enquête est le récit de travaux du monde entier, dans des disciplines aussi variées que la médecine, la biologie, les neurosciences, la psychologie environnementale, la géographie, l'ingénierie forestière. 
Leurs résultats concordent pour affirmer que la nature a un effet de rééquilibrage sur notre santé globale. Ce constat est essentiel pour les politiques publiques de la santé ou de la ville : c'est un enjeu citoyen et éthique, directement impliqué dans les questions de pollution, de modes de développement, d'urbanisme et d'écologie en général. L'auteure propose une nouvelle relation des humains avec la nature, afin de l'intégrer dans notre vie pour son pouvoir bénéfique préventif sur notre santé globale. 
Avec cet ouvrage, c'est un nouveau chapitre de nos liens avec l'ensemble du monde vivant qui s'écrit. Natura nous invite à ne plus jamais regarder comme avant le marronnier de la fenêtre de notre bureau...
A propos de l’auteure
Journaliste et réalisatrice du documentaire Natura, spécialisée dans les sujets de nature et d’écologie depuis une vingtaine d’années, Pascale d’Erm a travaillé aux côtés de la Fondation Nicolas Hulot, de Yann Arthus-Bertrand ou d’Ushuaïa TV. Elle a publié Vivre ensemble autrement (préfacé par Pierre Rabhi, Éditions Ulmer, 2009), Ils l’ont fait et ça marche : comment l’écologie change déjà la France (Éditions Les Petits Matins, 2014) et Sœur en écologie (Éditions La Mer salée, 2018).
Natura - Pourquoi la nature nous soigne et nous rend plus heureux, Editions Les Liens qui Libèrent, 08/05/19, ISBN : 979-10-209-0676-2, EAN : 9791020906762,  224 pages, 18 € ou 13,99 € ou e-book.
<http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Natura-9791020906762-1-1-0-1.html <http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Natura-9791020906762-1-1-0-1.html>>
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NOS APPELS 
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– Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
NOS CAMPAGNES 
– 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/> pour participer à l'émergence d'un modèle énergétique plus propre et durable
– Mon Restau’Responsable® <https://www.youtube.com/watch?list=PLh--7obE3XQ5hw0hyacAsOc7PLMneP7-N&v=Eo7AZvPE_MA> pour guider les professionnels de la restauration collective et valoriser leurs bonnes pratiques.
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NOS VIDÉOS PÉDAGOGIQUES 
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– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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