[revue-presse-FNH] Grande revue de presse de rattrapage centrée sur aléas climatiques, émissions de GES, dérèglement climatique, Accord de Paris & COP25 (jeudi 18 juillet)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Jeu 18 Juil 07:55:19 CEST 2019


Bonjour à tous,

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1- Entretien. Jean Jouzel : « L’effondrement n’est pas imminent. Je nous vois griller à petit feu » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/02/jean-jouzel-l-effondrement-n-est-pas-imminent-je-nous-vois-griller-a-petit-feu_5470360_3244.html>, Le Monde, 02/06/19, 06h35
2- Climat : l’économie mondiale encore trop accro aux énergies fossiles <https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/climat-l-economie-mondiale-encore-trop-accro-aux-energies-fossiles-819059.html>, La Tribune, 03/06/19, 07:00  
3- Greta Thunberg prend une année sabbatique et veut se rendre à New York (sans prendre l’avion) <https://www.nouvelobs.com/societe/20190603.OBS13858/greta-thunberg-prend-une-annee-sabbatique-et-veut-se-rendre-a-new-york-sans-prendre-l-avion.html>, L’Obs, 03/06/19, 15h46
4- L'Inde suffoque sous la chaleur, jusqu'à 50°C <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/l-inde-suffoque-sous-la-chaleur-jusqu-a-50-c_134181>, AFP, 03/06/19, 17:00
5- Le climat, nouvelle donne pour penser les guerres de demain <https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/03/le-climat-nouvelle-donne-pour-penser-les-guerres-de-demain_5470925_3210.html>, Le Monde, 03/06/19, 18h00
6- Face aux critiques sur sa réputation de pollueur, le transport aérien se rebiffe <https://www.la-croix.com/Economie/Face-critiques-reputation-pollueur-transport-aerien-rebiffe-2019-06-04-1301026609>, AFP, 04/06/19, 14:00
7- Risque de famine en Somalie à cause de la sécheresse, selon l'ONU <https://www.geo.fr/environnement/risque-de-famine-en-somalie-a-cause-de-la-secheresse-selon-lonu-195966>, AFP, 05/06/19, 22:00
8- L'océan, un poumon de la planète au cœur des enjeux climatiques <https://www.geo.fr/environnement/locean-un-poumon-de-la-planete-au-coeur-des-enjeux-climatiques-195989>, AFP, 07/06/19, 12:00
9- L’acidification des océans, l’autre danger du CO2 <https://theconversation.com/lacidification-des-oceans-lautre-danger-du-co-114716>, The Conversation, 07/06/19, 14:49
10- En 2090, un citadin africain sur trois pourrait être exposé à des températures extrêmes <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/10/en-2090-un-citadin-africain-sur-trois-pourrait-etre-expose-a-des-temperatures-extremes_5474194_3212.html>, Le Monde Afrique, 10/06/19, 18h11
11- Le Royaume-Uni s'engage à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 <https://www.liberation.fr/planete/2019/06/12/climat-le-royaume-uni-s-engage-a-la-neutralite-carbone-d-ici-2050_1733221>, AFP, 12/06/19, 13:00
12- Oui, les glaces du pôle Sud fondent, et c’est bien à cause du réchauffement climatique <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/12/oui-les-glaces-fondent-et-c-est-bien-a-cause-du-rechauffement-climatique_5475076_4355770.html>, Blog Les Décodeurs, 12/06/19, 14h54
13- Tribune. Philippe Rahm : « Pour lutter contre le réchauffement climatique, changez vos fenêtres » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/14/philippe-rahm-pour-lutter-contre-le-rechauffement-climatique-changez-vos-fenetres_5476082_3232.html>, Le Monde, 14/06/19, 08h02 
14- L’urgence climatique est-elle soluble dans la démocratie ? <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/14/l-urgence-climatique-est-elle-soluble-dans-la-democratie_5476075_3232.html>, Le Monde, 14/06/19, 08h05
15- La Corse en proie à des feux de maquis et une forte chaleur <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/14/la-corse-en-proie-a-des-feux-de-maquis-et-une-forte-chaleur_5476375_3244.html>, Le Monde avec AFP, 14/06/19, 16h48
16- Climat : le Groenland a perdu plus de deux milliards de tonnes de glace en un jour, soit 40% de son territoire <https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/climat-le-groenland-a-perdu-plus-de-deux-milliards-de-tonnes-de-glace-en-un-jour-soit-40-de-son-territoire_3491595.html>, France Info, 15/06/19, 18:13
17- Ces nano-organismes consomment le CO2 pour le transformer en plastique biologique <https://dailygeekshow.com/micro-organisme-consommation-co2/>, Daily Geek Show, 15/06/19
18- Grêle sur la Drôme : récoltes "foutues" et état de catastrophe naturelle <https://www.nouvelobs.com/planete/20190616.OBS14463/recoltes-foutues-et-etat-de-catastrophe-naturelle-apres-les-orages-de-grele-dans-la-drome.html>, AFP, 16/06/19, 20:00
19- Des collectivités mettent en demeure Total d'agir plus pour le climat <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/des-collectivites-mettent-en-demeure-total-d-agir-plus-pour-le-climat_134609>, AFP, 18/06/19, 21:00
20- La "génération climat" converge vers la Ruhr pour une action anti-charbon <https://www.lepoint.fr/monde/la-generation-climat-converge-vers-la-ruhr-allemande-pour-une-action-anti-charbon-19-06-2019-2319742_24.php>, AFP, 19/06/19, 05:00
21- L’UE échoue à adopter la neutralité carbone en 2050 <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/21/l-union-europeenne-echoue-a-adopter-la-neutralite-carbone-en-2050_5479391_3244.html>, Le Monde, 21/06/19, 09h25
22- Pourquoi le verdissement de la Terre n’est pas qu’une bonne nouvelle <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/21/pourquoi-le-verdissement-de-la-terre-n-est-pas-qu-une-bonne-nouvelle_5479913_4355770.html>, Blog Les Décodeurs, 21/06/19, 20h05
23- Génération climat : "Ce n'est pas seulement manger bio !" <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/generation-climat-ce-n-est-pas-seulement-manger-bio_134756>, AFP, 22/06/19, 17:00
24- Inde : les corps de sept alpinistes retrouvés dans l'Himalaya <https://www.liberation.fr/planete/2019/06/23/inde-les-corps-de-sept-alpinistes-retrouves-dans-l-himalaya_1735671>, AFP, 23/06/19, 19:00
25- Non, le niveau de la mer n’augmente pas de manière « naturelle » <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/24/non-le-niveau-de-la-mer-n-augmente-pas-de-maniere-naturelle_5480573_4355770.html>, Les Décodeurs, 24/06/19, 08h39
26- Les canicules se répètent, marqueur du réchauffement climatique <https://www.geo.fr/environnement/les-canicules-se-repetent-marqueur-du-rechauffement-climatique-196224>, AFP, 24/06/19, 20:00
27- Plus d'énergie pour affronter le climat, le cercle vicieux du réchauffement <https://www.geo.fr/environnement/plus-denergie-pour-affronter-le-climat-le-cercle-vicieux-du-rechauffement-196226>, AFP, 24/06/19, 21:00
28- La gestion souple du trait de côte comme réponse aux changements climatiques <https://www.actu-environnement.com/ae/news/trait-cote-gestion-programme-Adapto-Conservatoire-littoral-changements-climatique-Marais-Brouage-33667.php4>, Actu-environnement.com <http://actu-environnement.com/>, 24/06/19
29- Canicule : qu’est-ce que la « température ressentie » ? <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/24/canicule-qu-est-ce-que-la-temperature-ressentie_5480770_4355770.html>, Les Décodeurs, maj le 25/06/19 à 06h21
30- Gelées, froid et maintenant canicule : la récolte de miel en totale déconfiture <https://www.geo.fr/environnement/gelees-froid-et-maintenant-canicule-la-recolte-de-miel-en-totale-deconfiture-196237>, AFP, 25/06/19, 17:00
31- Climat : pourquoi la France n’est pas du tout sur les rails <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/25/climat-pourquoi-la-france-n-est-pas-du-tout-sur-les-rails_5481398_3244.html>, Le Monde avec AP, 25/06/19, 22h30
32- Objectifs trop faibles, retards, manque d'investissements... Le Haut Conseil pour le climat adresse à la France un rapport cinglant <https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/objectifs-trop-faibles-retards-manque-d-investissements-le-haut-conseil-pour-le-climat-adresse-a-la-france-un-rapport-cinglant_3507169.html>, France Télévisions, 26/06/19, 06:17
33- Entretien. « Si les émissions de carbone ne baissent pas, on peut s’attendre à des températures de 50 °C vers la fin du siècle » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/26/les-vagues-de-chaleur-sont-au-moins-quatre-voire-dix-fois-plus-probables-en-raison-du-changement-climatique_5481450_3244.html>, Le Monde, 26/06/19, 11h30
34- Entretien. Canicule : « Les pratiques et savoirs ancestraux des villages de Grèce sont riches d’enseignements » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/26/canicule-les-pratiques-et-savoirs-ancestraux-des-villages-de-grece-sont-riches-d-enseignements_5481744_3244.html>, Le Monde, 26/06/19, 12h32
35- La neutralité carbone, un objectif ambitieux contre le réchauffement climatique ? <https://www.geo.fr/environnement/la-neutralite-carbone-un-objectif-ambitieux-contre-le-rechauffement-climatique-196267>, AFP, 26/06/19, 19:00
36- Incendie, manque d'eau, risques sanitaires : l'Europe face à des records de chaleur <https://www.geo.fr/environnement/incendie-manque-deau-risques-sanitaires-leurope-face-a-des-records-de-chaleur-196289>, AFP, 27/06/19, 19:00
En images
37- Avec une photo, un scientifique alerte sur la fonte inhabituelle du Groenland <https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/photographie/video-avec-une-photo-un-scientifique-alerte-sur-la-fonte-inhabituelle-du-groenland_3495993.html>, France Télévisions, Brut, 18/06/19, 17:40
38- Réchauffement climatique : comment le champagne s'y prépare <https://www.dailymotion.com/video/x7bst1x>, AFP, 22/06/19, 11:00
39- Architecture : à quoi vont ressembler les villes de demain ? <https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/architecture/architecture-a-quoi-vont-ressembler-les-villes-de-demain_3515047.html>, France 2, journal de 20h, 30/06/19
40- Sécheresse en Inde : des femmes risquent leur vie pour puiser de l’eau <https://www.francetvinfo.fr/meteo/secheresse/inde-de-l-eau-au-peril-de-leur-vie_3518341.html>, France 2, journal de 20h, 02/07/19

Bien à vous,
Florence

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CITATION DU JOUR : "Nous, scientifiques, sommes interloqués par l'ampleur, l'intensité et la rapidité du changement climatique". (cf. item 8 & 9)
ÉTUDES & RAPPORT DU JOUR : — Les canicules à répétition, toujours plus précoces, sont un symptôme sans équivoque du dérèglement climatique, soulignent les scientifiques au moment où une vague de chaleur recouvre une partie de l’Europe. (cf. item 1, 26, suite, 29, 33 & 34)
— Un citadin africain sur trois pourrait être exposé à des températures extrêmes en 2090 selon une étude scientifique de plusieurs universités européennes qui établi 12 scénarios en croisant les données de 173 villes dans 43 pays du continent. (cf. item 10)
— Le Groenland enregistre un réchauffement de 3 °C depuis 100 ans. La fonte des glaces y a été multipliée par 4 en dix ans, avec une moyenne de 280 milliards de tonnes de glace perdue chaque année entre 2002 et 2016, selon une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). (cf. item 16, suite & 37)
— Le réchauffement climatique va générer des besoins en énergie accrus, pour les climatiseurs notamment, de +25 à +60 % d’ici la moitié du siècle, selon l'étude 'Amplification of future energy demand growth due to climate change' parue dans Nature Communication. (cf. item 27 & suite)
— Dans son  premier rapport, le Haut Conseil pour le climat identifie des blocages dans les transports et le bâtiment et l’absence d’intégration des objectifs climatiques dans les politiques publiques. (cf. item 31, suite, 32, suite & 35)
AMBITION DU JOUR : Londres a revu à la hausse son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, comptant atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. (cf. item 11)
RECHERCHE DU JOUR : Des chercheurs ont découvert que des nano-organismes pouvaient consommer du CO2 simplement en étant exposés à la lumière. (cf. item 17)
OCCASION MANQUÉE DU JOUR : La Pologne, soutenue par la Hongrie, la République tchèque et l’Estonie, se sont opposées à un accroissement de l’ambition européenne en matière de neutralité carbone. (cf. item 21)
MOTIVATIONS DU JOUR : Un rapport d'experts, un paysage d'enfance disparu, ou un leader charismatique au lycée...les motivations des militants climatiques européens, portés par la vague politique "écologiste" en Europe, sont diverses. (cf. item 23, 20 & suite)
SUFFOCATION DU JOUR : Au Rajasthan, le mercure a dépassé les 50 degrés, la chaleur extrême au Bihar (nord de l'Inde) a fait 78 morts et avec le retard de la mousson, l’Inde affronte une crise de l’eau sans précédent. (cf. item 4, suite & 40)
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> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Entretien. Jean Jouzel : « L’effondrement n’est pas imminent. Je nous vois griller à petit feu », Le Monde, 02/06/19, 06h35
Propos recueillis par Nathaniel Herzberg

Je ne serais pas arrivé là si… « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence. Aujourd’hui, le climatologue relate son parcours, ses choix, et évoque son mentor, Etienne Roth.
Climatologue mondialement reconnu, Jean Jouzel est, à 72 ans, un acteur majeur du débat sur le changement climatique. Couvert de prix scientifiques, médaille d’or du CNRS, élu aux Académies des sciences française, européenne et américaine, membre du Conseil économique, social et environnemental, il peut même s’enorgueillir d’avoir reçu une partie du prix Nobel de la paix attribué en 2007 au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), puisqu’il fut vice-président de son groupe scientifique de 2002 à 2015.
Je ne serais pas arrivé là si…
Si Etienne Roth, un scientifique hors du commun, ne m’avait pas proposé un sujet de thèse complètement inattendu. Un concours de circonstances. J’avais fait maths sup, maths spé, puis l’école de chimie de Lyon. Je savais que je voulais faire de la recherche, mais pas du tout dans quoi. Et Roth est arrivé.
Il était responsable du service des isotopes stables au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), à Saclay (Essonne). Sa tâche consistait à suivre l’enrichissement de l’eau lourde utilisée dans les réacteurs nucléaires, mais il avait compris qu’il pouvait faire bien d’autres choses avec les noyaux des atomes. Or il se trouve que pendant la guerre, quand l’Ecole polytechnique s’était repliée sur Lyon, il avait été protégé, lui l’étudiant juif, par un enseignant devenu directeur de l’école de chimie de Lyon. Alors chaque année, comme marque de reconnaissance, il venait proposer un sujet de thèse aux jeunes de Chimie Lyon.
Je voulais me rapprocher de ma Bretagne natale. La région parisienne, c’était plus près. Le sujet portait sur les isotopes du soufre : j’ai dit oui. Mais quand je suis arrivé à la rentrée, il avait complètement oublié et il m’a dit que j’allais travailler sur la formation des grêlons.
Il vous a convaincu ?
Il était tellement passionné qu’il aurait pu me faire faire n’importe quoi. En plus, il avait rapporté du Canada une collection de gros grêlons, de 6 à 8 centimètres, qu’il conservait depuis cinq ans au froid. Des pièces impressionnantes. Je suis donc entré dans l’univers de la glace. Claude Lorius travaillait chez nous. A l’époque, il avait un petit labo sur une péniche, mais il venait analyser ses échantillons au CEA. C’est la deuxième rencontre qui a déterminé le reste de ma vie.
Tout ça par le hasard d’un sujet de thèse ?
C’est toujours déterminant pour un chercheur, le sujet de thèse, et c’est souvent choisi un peu par hasard. Beaucoup d’étudiants viennent chez nous parce qu’ils rêvent d’aller au Groenland ou en Antarctique, pas forcément plus.
Quel regard était porté sur ce sujet à l’extérieur du laboratoire ?
Les copains de promo rigolaient. Etudier les grêlons, ce n’était pas très sérieux. La plupart allaient dans l’industrie. Moi-même j’avais reçu une proposition de Procter & Gamble. Mes parents aussi étaient surpris. Ils n’imaginaient pas que la physique et la chimie devaient servir à ça. Mais la grêle, dans une exploitation agricole, c’est concret. D’autant qu’à l’époque on rêvait d’ensemencer les nuages, d’envoyer de l’iodure d’argent pour favoriser les précipitations avant la formation des grêlons. Ça n’a jamais vraiment marché, mais c’est une autre histoire.
Et le CEA, vous en rêviez ?
Disons que j’en avais rêvé. Je devais avoir 7 ou 8 ans, je m’en souviens encore, c’était le milieu des années 1950. On écoutait la radio le matin, et est annoncée l’inauguration d’un nouveau centre de recherche sur le plateau de Saclay. J’ai dit : c’est là que je travaillerai. Ensuite, j’ai évidemment oublié, mais quand Roth est venu à l’école, cette histoire est remontée. Ma vraie motivation, pourtant, était de pouvoir revenir en Bretagne tous les week-ends, jouer au foot et faire du théâtre.
Quel type d’enfance y avez-vous vécue ?
La vie à la ferme, dans l’exploitation familiale, à Janzé, au sud de Rennes. Mon frère l’a reprise et il s’en occupe toujours, à 73 ans. Trente hectares, avec à l’époque des lapins, des cochons, des vaches, de la volaille, des chèvres, c’était merveilleux. Après l’école, on aidait les parents. Emmener les vaches, arracher les choux, replanter… Beaucoup de copains, jamais de vacances – une fois, en colonie –, mais on était très heureux. Les amis venaient pour les moissons, un moment de fête. Et on jouait au foot, beaucoup, j’ai continué jusqu’à 50 ans.
Le foot, c’est aussi ce qui vous a rapproché de Claude Lorius au laboratoire ?
Disons qu’on avait cette passion en commun. Il avait quinze ans de plus que moi, avait été international universitaire et son frère, professionnel, gardien de but de Sochaux. On a monté une équipe du labo et on a gagné le tournoi du CEA dès la première année, en 1969. Enfin, l’essentiel entre nous, c’était quand même la glace. A la fin de la thèse, Lorius m’a dit deux choses : tu devrais travailler sur le climat et te présenter au CNRS. Je ne l’ai pas écouté pour le CNRS, j’ai préféré entrer au CEA, où je suis resté toute ma vie. Mais je l’ai accompagné dans ses recherches en paléoclimatologie. Et on ne s’est plus quittés. En 2002, on a reçu la médaille d’or du CNRS ensemble.
Passer de la grêle aux glaces polaires, c’est facile ?
Le principe est le même, à savoir que la composition de l’eau varie suivant les conditions météorologiques. Une partie des atomes d’hydrogène et d’oxygène y sont remplacés par leurs isotopes – les mêmes atomes avec plus de neutrons –, et la proportion de ces isotopes dépend notamment de la température. Plus il fait froid quand la précipitation se forme, moins il y a d’isotopes lourds. En découpant les grêlons, on peut retrouver leur trajectoire, les différentes altitudes empruntées. Et en analysant une carotte glaciaire, on met en évidence la variation du climat lors des dépôts successifs de neige.
Les nuages à grêle sont les plus complexes à modéliser : les gouttelettes, la vapeur, les différentes phases… Passer à la glace, oui, c’était presque facile. Et naturel. La grêle, ce n’était pas très porteur. Le climat semblait plus prometteur.
> Lire aussi Du mont Blanc à l’Antarctique, des carottes glaciaires collectées pour la mémoire
Parlait-on déjà de réchauffement ?
Au contraire, il y avait des articles qui évoquaient un retour à l’ère glaciaire. Les trois précédentes périodes interglaciaires avaient duré environ 10 000 ans, la nôtre s’approchait de 12 000 ans, et comme il y avait eu une petite baisse dans les années 1960-1970, on envisageait le refroidissement. Lorius aussi, du reste. Il voulait donc monter une équipe française pour aller en Antarctique. Les Danois avaient déjà foré au Groenland, les Américains en Antarctique, et les Russes à Vostok, là encore en Antarctique.
Et vous vous associez avec eux ?
Tout le mérite en revient à Claude Lorius. Les Russes avaient atteint 2 kilomètres en profondeur. Ils remontaient des carottes et laissaient les tronçons de 3 mètres sur le sol. Ils travaillaient pour l’Institut des Mines, voulaient développer leurs moyens de forage, mais c’est tout. Les Danois avaient compris l’intérêt de cette ressource, mais ils ont pris les Russes de haut et n’ont rien obtenu. Lorius, lui, était chaleureux, il a tissé des liens avec eux et convaincu en même temps les Américains d’apporter leur soutien logistique pour nous acheminer sur place et rapporter les échantillons à analyser à Saclay. Tout ça en 1982-1983, avant même l’ère Gorbatchev.
Et cela donnera la fameuse couverture de la revue « Nature », en 1987, et trois articles qui marquent un tournant dans votre discipline. Que démontrez-vous ?
D’abord, nous analysons la teneur des carottes en deutérium, c’est-à-dire en hydrogène lourd. Nous reconstituons ainsi la température sur 150 000 ans. Dans le même temps, l’équipe de glaciologie de Grenoble, où Claude Lorius avait fini par monter un laboratoire, parvient à extraire les bulles d’air présentes dans la glace et à mesurer ainsi la variation de concentration en gaz carbonique au cours du temps. Enfin, un troisième papier vient faire la synthèse et démontre que pendant les périodes froides il y a moins de CO2 et que pendant les périodes chaudes il y en a davantage. Nous confirmons ainsi que ce qui préside aux grandes phases, c’est bien l’astronomie, la position de la Terre par rapport au Soleil, mais que lors des réchauffements le CO2 amplifie le phénomène.
Avec un impact considérable…
La presse du monde entier nous appelle et nos résultats sortent du sérail scientifique. Déjà, depuis des années, les modélisateurs travaillant sur l’atmosphère avançaient ce lien et faisaient des prévisions d’augmentation des températures provoquées par les émissions de gaz à effet de serre. Mais c’était des modèles, auxquels s’ajoutaient quelques expériences de laboratoire et les études sur l’atmosphère des autres planètes. Là, grâce au retour dans le passé, nous apportons des résultats concrets, portant sur la Terre, avec des courbes faciles à comprendre par les politiques. Et en 1988, le G7 de Reagan et Thatcher décide de créer le GIEC. Le premier mérite en revient aux modélisateurs, mais notre découverte a aidé à convaincre les décideurs.
Pourtant, vous continuez à creuser, cette fois au Groenland. L’appel du large ?
Pendant toute la saga Vostok, je n’avais jamais mis les pieds en Antarctique. Lorius m’avait dit que je serais plus utile pour les analyses et la rédaction des articles. Au Groenland, en revanche, j’ai fait cinq séjours. Nous pensions y confirmer simplement les résultats de l’Antarctique et nous avons découvert les variations climatiques rapides, à savoir qu’en une dizaine d’années on pouvait enregistrer des réchauffements de 10 à 15 °C, un phénomène dû aux circulations océaniques et atmosphériques dans l’hémisphère Nord.
Comment le scientifique pur et dur, amoureux de son laboratoire, devient-il un citoyen engagé, dialoguant avec les puissants et signant des tribunes dans les journaux ?
Là encore, je n’ai pas tout à fait choisi. Les médias se sont intéressés au sujet, il n’y avait pas beaucoup de gens pour intervenir. Puis je suis devenu représentant de la communauté française au GIEC, et vice-président du groupe scientifique de 2002 à 2015. Enfin, en 2001, Dominique Voynet, alors ministre de l’environnement, que j’avais croisée sur un plateau télé, me demande de rejoindre la délégation française à la Conférence mondiale sur le climat. Je les ai toutes faites depuis.
Vous avez aussi plusieurs fois pris position avant les élections ?
Oui, toujours à gauche. Et toujours pour de futurs perdants. Ségolène Royal, Nicolas Hulot, Pierre Larrouturou, Benoît Hamon… Cette année, j’ai préféré ne pas me prononcer pour que le pacte finance-climat, que j’ai lancé avec Pierre Larrouturou, lui-même candidat sur la liste PS-Place publique, reste un peu au-dessus de la mêlée.
Votre pire adversaire fut pourtant un homme de gauche : Claude Allègre, ancien ministre socialiste. Comment avez-vous vécu ses attaques ?
Mal. Franchement, ça m’a marqué. D’abord parce que Allègre et les climatosceptiques ont beaucoup retardé l’action, comme Trump la retarde aujourd’hui. En France, les années 1990 sont une décennie perdue, les socialistes ont été au-dessous de tout, en grande partie sous l’influence d’Allègre.
Et pendant toutes les années 2000, il a continué à nous attaquer. Dans les journaux, les livres, à la radio. Lors d’une émission télévisée, il nous a tous traités d’escrocs. C’était si violent que la fois suivante, moi qui disais toujours qu’il fallait discuter, convaincre, j’ai refusé d’y aller. Valérie Masson-Delmotte m’a remplacé et elle a été bien meilleure que moi.
Le consensus scientifique est désormais établi. Pourtant, les climatosceptiques sont au pouvoir aux Etats-Unis et au Brésil, par exemple. Et même autour de vous, tout le monde n’est pas convaincu…
Vous parlez de mon frère… C’est vrai, il dit que le climat a toujours évolué par cycles et je n’arrive pas à le convaincre. Je pense que c’est un peu une posture, mais il est représentatif de toute une partie du monde agricole. Christiane Lambert, quand elle a pris la tête de la FNSEA, m’a demandé de venir la voir, je crois qu’elle a pris conscience de l’enjeu. C’est vital, car l’agriculture est à la fois une cause d’émission de CO2 et une solution, tant pour réduire ces émissions que pour stocker le carbone, produire de la biomasse, replanter des forêts.
Croyez-vous vraiment que l’on puisse encore endiguer la machine ou faut-il penser, avec les collapsologues, que tout est perdu ?
Les collapsologues se trompent, à mon sens, d’échelle de temps. L’effondrement n’est pas imminent. Je nous vois plutôt griller à petit feu. Une fois encore, je pense que les prévisions du GIEC sont les bonnes : on peut maintenir le réchauffement sur une trajectoire de 2 ou même 1,5 °C, si tout le monde avance dans le même sens.
> Lire aussi Réchauffement climatique : « Nous sommes tous vulnérables »
Si tout le monde… Vous que l’on a accusé de catastrophisme, n’êtes-vous pas au contraire un peu optimiste ?
Nous n’avons pas été catastrophistes. Malheureusement, nos premières projections de températures et d’élévation du niveau des mers se sont révélées exactes, comme du reste l’intensification des éléments extrêmes que le GIEC annonçait dès le troisième rapport.
Certains signaux, encore à confirmer, laissent penser à une accélération de la dégradation. Je pense que nous ne pourrons pas nous adapter à un réchauffement de 3 °C et que nous vivrons des conflits majeurs. Mais c’est vrai, je reste optimiste. Je suis convaincu que l’Europe pourrait être un exemple. Je vois les jeunes se mobiliser. Je vois les programmes scolaires intégrer nos idées. Les chevaux ont disparu en dix ans à Paris ; je pense qu’il en sera de même avec les moteurs thermiques. L’Europe ne doit pas rater ce virage. Et rêvons un peu : Donald Trump ne sera pas forcément réélu.
+ En vidéo. Jean Jouzel : « Il nous reste de dix à quinze ans pour agir sur le réchauffement climatique » <https://www.lemonde.fr/festival/video/2018/10/08/jean-jouzel-il-nous-reste-de-dix-a-quinze-ans-pour-agir-sur-le-rechauffement-climatique_5366339_4415198.html>, Le Monde, 08/10/18, 16h49
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/02/jean-jouzel-l-effondrement-n-est-pas-imminent-je-nous-vois-griller-a-petit-feu_5470360_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/02/jean-jouzel-l-effondrement-n-est-pas-imminent-je-nous-vois-griller-a-petit-feu_5470360_3244.html>>
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2- Climat : l’économie mondiale encore trop accro aux énergies fossiles, La Tribune, 03/06/19, 07:00  
Dominique Pialot 

Comme le montre le bilan énergétique 2018 publié par le cabinet Enerdata, l’intensité carbone des pays du G20 diminue beaucoup trop lentement pour respecter l’accord de Paris. En cause, une économie mondiale encore très énergivore et un mix énergétique fossile à 80%.
Certes, comme en 2017, la demande en énergie des 20 pays les plus riches de la planète (qui représentent 80% de la demande mondiale) en 2018 s'accroît un peu moins (+2,2%) que celle de leur PIB (+3,8%). Et leurs émissions de CO2 encore un peu moins, à +1,7%. Cette progression est moins importante que celle de l'année dernière (+2,2%), mais elle reflète le rebond survenu après un plateau atteint entre 2014 et 2016. Ce résultat médiocre, et en tous cas très en deçà de ce qui serait nécessaire pour respecter l'Accord de Paris, résulte à la fois d'un découplage insuffisant entre croissance économique et demande en énergie et d'un mix énergétique trop carboné. La quantité d'énergie nécessaire pour un point de PIB ne diminue que de 1,5%, soit nettement moins que les années précédentes. En dehors de phénomènes conjoncturels liés à la météo (forte croissance de la demande en énergie aux Etats-Unis à +3,5%, quasi-stagnation en Europe (-1%), dont une baisse significative de -4% en Allemagne), ces tendances sont essentiellement structurelles.
>> Suite à lire à :
<https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/climat-l-economie-mondiale-encore-trop-accro-aux-energies-fossiles-819059.html <https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/climat-l-economie-mondiale-encore-trop-accro-aux-energies-fossiles-819059.html>>
En savoir plus :
> Bilan énergétique mondial édition 2019 : augmentation des émissions de CO2, du Gaz et de l’électricité <https://www.enerdata.fr/publications/analyses-energetiques/bilan-energetique-mondial-2019.html>, Enerdata, 21/05/19
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3- Greta Thunberg prend une année sabbatique et veut se rendre à New York (sans prendre l’avion), L’Obs, 03/06/19, 15h46

L’adolescente est invitée en septembre à un sommet pour le climat à New York.
Greta Thunberg va faire de sa lutte pour le climat son occupation à temps plein. La jeune écologiste suédoise a expliqué dans le média suédois « Dagens Nyheter » qu’elle allait suspendre son cursus scolaire pendant un an afin de continuer son engagement contre le réchauffement climatique.
L’activiste de 16 ans, qui a inspiré le mouvement des grèves étudiantes pour le climat à travers le monde, a estimé que cette année sabbatique était nécessaire. « 2020 c’est l’année où il faut faire descendre drastiquement les émissions si nous voulons garder le réchauffement climatique entre 1,5 et deux degrés Celsius », a-t-elle rappelé avant d’ajouter : « C’était une décision difficile à prendre, mais il fallait le faire maintenant. »
> Lire aussi Greta Thunberg, 16 ans : si les jeunes marchent pour le climat, c’est grâce à elle
Nommée pour le prix Nobel de la paix
L’adolescente reprendra son cursus scolaire, qu’elle terminera un an plus tard, dès la fin de cette année sabbatique.
Elle profitera de cette pause dans ses études pour se rendre à New York en septembre, où elle est conviée au sommet pour le climat se déroulant aux Nations unies. Seul souci : elle devra trouver une solution pour s’y rendre sans emprunter l’avion. « Je ne sais pas encore trop comment, mais je vais trouver un moyen pour y aller, a-t-elle assuré auprès de  « Dagens Nyheter » . « Je veux essayer par tous les moyens possibles. »
L’adolescente a également été conviée à une conférence sur le climat à Santiago au Chili, en décembre.
Greta Thunberg est apparue en avril dans la liste des 100 personnes les plus influentes du monde du magazine « Time » et est nommée pour un prix Nobel de la paix.
<https://www.nouvelobs.com/societe/20190603.OBS13858/greta-thunberg-prend-une-annee-sabbatique-et-veut-se-rendre-a-new-york-sans-prendre-l-avion.html <https://www.nouvelobs.com/societe/20190603.OBS13858/greta-thunberg-prend-une-annee-sabbatique-et-veut-se-rendre-a-new-york-sans-prendre-l-avion.html>>
Sur le même sujet :
> Greta Thunberg reçoit le prix le plus prestigieux d'Amnesty International, AFP, 07/06/19, 13:00
L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International a annoncé vendredi décerner son prix le plus prestigieux à l'adolescente suédoise Greta Thunberg, égérie du combat pour le climat.
Le prix d'"ambassadrice de conscience" récompense Greta Thunberg et le mouvement "Fridays For Future" ("vendredi pour l'avenir") à l'initiative de marches organisées dans le monde entier pour alerter sur l'urgence de lutter contre les dérèglements climatiques.
"Chaque jeune personne participant à +Fridays for future+ incarne ce que signifie agir sur notre conscience. Ils nous rappellent que nous sommes plus puissants que nous le pensons et que nous avons tous un rôle à jouer dans la protection des droits de l'Homme contre la catastrophe climatique", a estimé le secrétaire général de l'ONG, Kumi Naidoo, dans un communiqué.
Greta Thunberg se trouvait vendredi matin, comme quasiment chaque vendredi depuis la rentrée 2018, aux abords du Parlement à Stockholm, tenant une pancarte "Grève de l'école pour le climat".
"Nous sommes ravis d'avoir reçu ce prix, c'est incroyable d'avoir une telle reconnaissance", a-t-elle déclaré à l'AFPTV.
L'adolescente a annoncé qu'elle allait prendre une année sabbatique et se rendrait en septembre à New York pour participer au sommet mondial sur le climat organisé par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, puis à la COP25 au Chili en décembre.
Elle qui ne se déplace qu'en train réfléchit encore au moyen de franchir l'océan autrement que par les airs.
"L'école termine la semaine prochaine et j'ai décidé d'essayer de prendre une année sabbatique et de voyager dans différents endroits, par exemple du nord au sud de l'Amérique où j'ai reçu plusieurs invitations pour assister à des sommets", a-t-elle indiqué à l'AFPTV.
"Mais c'est de l'autre côté de l'Atlantique et je ne prends pas l'avion à cause du climat, donc je vais devoir trouver un autre moyen", a ajouté la Suédoise, très sollicitée par les passants qui veulent échanger quelques mots avec elle ou prendre des selfies à ses côtés.
Avant elle, la prix Nobel de la paix Malala Yousafzai, l'adolescente pakistanaise qui avait survécu à une attaque des talibans, et l'ancienne icône de la démocratie en Birmanie Aung San Suu Kyi avaient reçu le prix d'"ambassadrice de conscience".
L'ONG a déchu la dirigeante birmane de sa récompense en novembre 2018, estimant qu'elle avait "trahi les valeurs qu'elle défendait autrefois" après son arrivée à la tête du gouvernement birman en 2016. Amnesty dénonce les "multiples violations des droits de l'Homme" observées depuis, en particulier liées aux persécutions, qualifiées par l'ONU de "génocide", des musulmans rohingyas.
<https://www.lexpress.fr/actualite/societe/environnement/greta-thunberg-recoit-le-prix-le-plus-prestigieux-d-amnesty-international_2082761.html>
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4- L'Inde suffoque sous la chaleur, jusqu'à 50°C, AFP, 03/06/19, 17:00

La température a dépassé lundi les 50 degrés Celsius pour la deuxième fois en trois jours dans une ville du nord de l'Inde, accablé depuis plusieurs jours par une vague de chaleur estivale extrême.
Le mercure est monté à 50,3°C à Churu, ville du désert de l'État du Rajasthan, poussant ses habitants à chercher la moindre ombre pour échapper au soleil brûlant.
La température avait déjà atteint 50,6°C dans cette ville samedi, frôlant le record de chaleur jamais enregistré en Inde, qui est de 51°C pour la localité de Phalodi au Rajasthan en mai 2016.
Les villes du nord de l'Inde suent abondamment dans une chaleur sèche depuis plusieurs jours, avec des températures souvent proches de 47°C.
Un agriculteur est mort d'un coup de chaleur dimanche au Rajasthan, a rapporté l'agence Press Trust of India. La vague de chaleur extrême est amenée à perdurer mardi sur le Rajasthan et la région voisine du Madhya Pradesh, selon les services météorologiques indiens.
Dans la capitale New Delhi, la température est descendue à environ 40°C lundi mais ses habitants étaient épuisés par la chaleur implacable.
"Il fait très chaud en ce moment mais que pouvons-nous y faire ? Nous devons faire tourner notre commerce. Nous devons être en mesure de nous nourrir, donc nous devons rester ouverts", a déclaré à l'AFP Laxmi Jagdish, un marchand de rue.
La mousson annuelle, qui amène des pluies bienvenues sur le sous-continent indien, a une semaine de retard sur son calendrier habituel et ne devrait atteindre la pointe sud de l'Inde que le 6 juin.
Selon le site météo El Dorado lundi, parmi les quinze endroits les plus chauds de la planète au cours des 24 dernières heures, 11 se trouvaient en Inde et 4 au Pakistan voisin.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/l-inde-suffoque-sous-la-chaleur-jusqu-a-50-c_134181>
Sur le même sujet :
> L’Inde, frappée par une sécheresse historique, bat des records de chaleur, Le Monde, 05/06/19, 08h38
Guillaume Delacroix  (Bombay , correspondance)
Au Rajasthan, le mercure a dépassé les 50 degrés le 2 juin. Au Maharashtra, des dizaines de milliers de villages n’ont plus d’eau, et des restrictions sont en cours à Bombay. 
Deux bidons de 35 litres, pas plus. Voilà la quantité d’eau à laquelle a droit Nasreen Sayyed ces jours-ci, à Bombay, pour assurer les besoins domestiques quotidiens de son foyer – pas de mari, mais deux parents et trois enfants. En attendant les pluies de la mousson, annoncées au mieux pour la mi-juin, cette mère de famille subit avec colère la pénurie d’eau qui frappe la capitale commerciale de l’Inde. Femme de ménage, elle vit à la pointe sud de la mégapole péninsulaire, à Geeta Nagar, un bidonville de 2 000 habitants qui borde les jardins très chics du lotissement militaire de la Navy. « La municipalité envoie de l’eau au robinet collectif au milieu de la nuit, et tous les soirs je fais la queue dans la rue, avec mes voisines », raconte-t-elle, épuisée par ses allées et venues.
Depuis la fin mai, ce n’est que vers 2 heures du matin que Mme Sayyed arrive à remplir ses bidons. « Je n’ai pas intérêt à rater le créneau horaire, car on passe par groupes de dix et on se fait dégager au bout de trente minutes », précise-t-elle, rageuse. En temps normal, le créneau dure une heure et elle est autorisée à remplir trois bidons, pas deux.
> Lire aussi  Une grave sécheresse touche le centre de l’Inde
Bombay, comme tout le centre du sous-continent, est frappée par une sécheresse d’une rare intensité. Exception faite de 2012, c’est « la pire depuis les années 1950 », indique le service météorologique indien, qui avance deux explications : le bilan pluviométrique désastreux de la mousson de l’été 2018, et la recrudescence du phénomène El Niño dans l’océan Pacifique, qui se traduit traditionnellement, en Inde, par un déficit de pluie au printemps, durant les mois qui précèdent la mousson.
Dans les sept lacs artificiels qui alimentent la ville, le niveau est préoccupant, au point que la municipalité dit ignorer ce qu’il adviendra s’il ne pleut pas assez d’ici à la mi-juillet. Le 28 mai, le gouvernement régional du Maharashtra, à court d’idées, a pris la décision de provoquer des pluies artificielles. Cet été, des avions pulvériseront, dans les airs, de la glace susceptible de se transformer en nuages et en précipitations.
Quotas par castes pour accéder à l’eau
A l’autre bout de l’agglomération, dans le faubourg nord de Dombivali, Maggy Rodrigues se dit elle aussi très inquiète. « On n’avait pas vu ça depuis très longtemps », jure cette nourrice qui vient de fêter ses 50 ans. Veuve depuis 2017, elle vit avec ses trois enfants dans un immeuble en béton abritant une trentaine de familles. Elle a la chance de louer un appartement équipé de deux réservoirs de 250 litres, un pour la cuisine, un pour la salle de bains. Mais le remplissage est de plus en plus aléatoire. « Le mercredi, on n’a pas une goutte, et les autres jours, il faut se battre », dit-elle.
Le combat est double. D’abord, il faut attendre que la municipalité veuille bien remplir, aux environs de minuit, les réserves enterrées du quartier, où il n’est pas rare de croiser des rats. Ensuite, il faut laisser se servir les dirigeants de la copropriété, puis les hindous, puis les natifs du Maharashtra, et enfin les « Ambedkar people », comme les appelle Maggy Rodrigues pour désigner les intouchables, en référence au père de la Constitution indienne, qui était l’un des leurs.
Ces derniers bénéficient de quotas pour inscrire leurs enfants à l’école, obtenir des postes dans l’administration… et accéder à l’eau. « Moi, je passe en dernier parce que je suis chrétienne et que je viens d’une autre région, le Karnataka, précise notre interlocutrice. Chaque matin, j’ai une demi-heure maximum, au lieu d’une heure, pour convaincre le gardien de l’immeuble de remplir mes réservoirs. L’eau sent de plus en plus mauvais, je suis obligée de la faire bouillir », déplore-t-elle.
Barrages à sec
Située sur le rivage de la mer d’Arabie, Bombay n’est pas la moins bien lotie. Globalement, les barrages du Maharashtra n’ont plus que 13 % de stock en moyenne, et d’après les services fédéraux de la ressource en eau, une cinquantaine de retenues sont complètement à sec, comme beaucoup ailleurs en Inde, au Gujarat, au Karnataka et au Telangana notamment.
Dans l’intérieur des terres, les régions du Vidarbha et du Marathwada, victimes depuis 2014 d’une sécheresse qui n’en finit pas, sont en train de mourir de soif. Un déficit de pluie de 50 % a été enregistré en 2018 et plus de 28 000 villages ruraux sont aux abois. A ce stade, les autorités ne sont en mesure d’acheminer de l’eau que dans la moitié d’entre eux, à l’aide de 6 200 camions-citernes réquisitionnés auprès de sociétés privées de transport.
> Lire aussi  L’Himalaya sous la menace du réchauffement climatique
Dans ce contexte très préoccupant, le premier ministre Narendra Modi, reconduit à son poste le 30 mai après une victoire triomphale aux élections législatives, cherche à reprendre l’initiative. Le dirigeant nationaliste a décidé de constituer un grand ministère de l’eau, en fusionnant deux portefeuilles, celui de la ressource en eau et du développement des rivières, et celui de l’eau potable et de l’assainissement. Objectif : « Aborder la question de la gestion de l’eau de manière globale et assurer une meilleure coordination des efforts. »
Dès sa nomination, vendredi 31 mai, le tout nouveau ministre de l’eau, Gajendra Singh Shekhawat, a pris l’engagement de connecter tous les logements du pays à un réseau d’eau potable. Une tâche titanesque, sachant que 600 millions d’Indiens ont « difficilement » ou « très difficilement » accès à l’eau, d’après NITI Aayog, l’agence qui conseille l’exécutif sur les questions économiques. En milieu rural, moins d’un logement sur cinq est desservi.
Réchauffement et gaspillage
Le problème est d’autant plus complexe que le volume d’eau annuel disponible par individu, qui était de 1 545 mètres cubes (m3) en 2011, baissera à 1 341 m3d’ici à 2025 et à 1 140 m3 en 2050, prédit la Commission nationale sur le développement de la ressource en eau. La faute du réchauffement climatique et de l’accroissement de la population : selon les Nations unies (ONU), l’Inde comptera en effet 1,4 milliard d’habitants avant trois ans, comme la Chine. La faute, aussi, du gaspillage. La faute, enfin, de l’irrigation intensive et des forages illégaux dans le sous-sol.
> Lire aussi  L’Inde menacée par l’épuisement de ses nappes phréatiques
A Latur, cœur du Marathwada, la nappe phréatique est au plus bas depuis qu’un tremblement de terre dévastateur, en 1993, a laissé place à une fièvre urbanistique débridée. « Au nom du développement industriel, on a laissé le nombre d’habitants passer de 400 000 à 700 000, pendant que des puits apparaissaient sur chaque parcelle de terrain », indique Abhilash Pillai, un entrepreneur rencontré sur place fin avril.
D’ici à l’arrivée de la mousson, vitale pour le pays et qui s’annonce médiocre en 2019, aux dires de la société de météorologie privée Skymet, l’Inde, comble de malchance, est frappée par une canicule historique qui aggrave la pénurie d’eau.
Le système de surveillance national de la sécheresse permet d’estimer que 51 % du pays seront bientôt en situation de « sécheresse exceptionnelle », les zones les plus touchées étant situées dans la partie centrale du sous-continent, de l’Andhra Pradesh au Gujarat, en passant par le Maharashtra et le Rajasthan, où le mercure a indiqué 50,8 degrés, le 2 juin, faisant de la ville de Churu le point le plus chaud de la planète. Lundi 3 juin, les quinze sites où le thermomètre a battu les records du monde étaient situés dans le nord de l’Inde et au Pakistan voisin.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/05/l-inde-frappee-par-une-secheresse-historique-bat-des-records-de-chaleur_5471519_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/05/l-inde-frappee-par-une-secheresse-historique-bat-des-records-de-chaleur_5471519_3244.html>>
> Chaleur extrême en Inde : nouveau bilan de 78 morts en deux jours, AFP, 17/06/19, 15:00
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La chaleur extrême au Bihar (nord de l'Inde) a fait 78 morts au cours des 48 dernières heures, selon un nouveau bilan lundi des autorités, qui ont imposé des restrictions de sorties par endroits.
Près de 130 personnes sont également hospitalisées en raison des températures extrêmes, qui tournent autour de 45°C au plus chaud de la journée ces derniers jours dans cette région. La plupart des victimes sont âgées de plus de 50 ans.
Le précédent bilan, dimanche, était d'une cinquantaine de morts.
Les responsables du district de Gaya, le plus durement affecté, ont interdit aux habitants de sortir pour tout travail non-essentiel. Les chantiers et toute activité en extérieur sont également bannis entre 11H00 et 16H00.
Les coups de chaleur sont généralement provoqués par une longue exposition au soleil ou un effort physique dans des températures élevées. Les victimes peuvent présenter de fortes fièvres et être en proie à des nausées et vomissements.
Une température en journée supérieure à 40°C est considérée comme caniculaire par les services météorologiques indiens. L'Inde a connu 32 jours de canicule cette année, soit à peine un de moins que lors de la pire canicule enregistrée dans le pays, en 1988.
En parallèle, une centaine d'enfants sont également morts au Bihar d'encéphalites aiguës depuis le début du mois, dans une zone réputée pour ses vergers de litchis. 80 sont morts à l'hôpital universitaire public du district de Muzaffarpur et 15 autres dans un établissement privé, a indiqué à l'AFP le responsable sanitaire Ashok Kumar Singh.
La plupart des enfants étaient en état d'hypoglycémie, a-t-il indiqué. Des images diffusées à la télévision montraient des parents inquiets au chevet de leur enfant, les jeunes malades étant parfois hospitalisés à plusieurs dans le même lit. 
Des cas similaires surviennent chaque année dans cette zone entre mai et juillet, période de récolte des litchis, et pourraient être dus selon les scientifiques à une toxine se trouvant dans le fruit juteux et sucré.
Le même phénomène d'encéphalites mortelles se produit dans des régions productrices de litchis au Vietnam et au Bangladesh. En 2014, la maladie avait tué un nombre record de 150 personnes à Muzaffarpur et ses environs.
Les études scientifiques suggèrent que ces vagues de décès sont dues à une toxine présente dans les graines de litchis, qui altérerait la production de glucose de l'organisme et provoquerait des hypoglycémies.
<https://www.geo.fr/environnement/chaleur-extreme-en-inde-nouveau-bilan-de-78-morts-en-deux-jours-196113>
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> Inde : dans Chennai (Etat du Tamil Nadu) à court d'eau, la quête obsessionnelle de l'or bleu, AFP, 22/06/19, 13:00
Alexandre Marchand
Dans le grincement de poulis et les splashs d'éclaboussures, des habitants tirent du plus vite qu'ils peuvent le fond d'eau de leur puits pour remplir leurs bidons du précieux liquide, devenu rare dans la ville indienne de Chennai.
Des précipitations insuffisantes depuis dix-huit mois ont plongé cette grande métropole du sud de l'Inde dans un stress hydrique appelé à durer des semaines encore. Dans cette agglomération de dix millions d'âmes, l'eau est devenue une obsession quotidienne.
Capitale du riche État du Tamil Nadu, Chennai dispose en temps normal de 830 millions de litres d'eau par jour. À l'heure actuelle, les autorités n'arrivent à fournir que 60% de cet approvisionnement. Les réservoirs sont à sec, les nappes phréatiques toujours plus basses.
"Nous n'arrivons pas à dormir la nuit car nous avons peur que ce puits s'épuise", confie à l'AFP Srinivasan V, un électricien de 39 ans venu à l'aube y chercher le quota autorisé par son quartier, proche de l'aéroport international. Les seaux s'enfoncent à une vingtaine de mètres de profondeur, dans l'obscurité, avant d'enfin rencontrer la nappe liquide.
Face à la pénurie, les gérants de ce point d'eau ont posé un verrou dessus et n'autorisent les 70 familles qui en dépendent à n'en tirer chacune que trois pots de 25 litres par jour. Une quantité insuffisante qui oblige les résidents à trouver d'autres sources pour compléter, ou à acheter au prix fort de l'eau à des sociétés privées.
Comme lors des précédentes sécheresses dans la région, qui n'avaient toutefois pas atteint un tel stade critique, ce puits fait l'objet d'un tirage au sort pour déterminer l'ordre de passage des habitants. Aux premiers une eau claire et abondante, aux derniers le raclement du fond et un liquide couleur de terre.
Srinivasan V passe près de cinq heures par jour à chercher de l'eau. Il consacre ces derniers temps 2.000 roupies par mois (25 euros) à acheter de l'eau en bonbonne ou à cotiser pour la venue d'un camion citerne privé, une fortune au vu de son salaire mensuel de 15.000 roupies (190 euros).
Pour les bourses modestes comme la sienne, cette dépense prioritaire rogne le reste de son budget: "j'ai plusieurs emprunts, notamment pour la maison, je n'ai pas pu payer les échéances", raconte-t-il.
- Les nerfs à vif -
La ville tout entière vit aujourd'hui à l'heure de l'eau rare.
Certains restaurants préfèrent servir la nourriture sur les traditionnelles feuilles de bananier, pour économiser l'eau dépensée en vaisselle d'assiettes. Des habitants se lèvent en pleine nuit pour ouvrir les robinets capricieux et attendre, des heures durant, que les récipients se remplissent, goutte à goutte. 
Le matin, les enfants se chamaillent pour savoir qui aura le droit de se laver ce jour-là. Dès l'aube dans la rue, des files d'attente de gens aux faibles revenus s'étirent devant des pompes, où l'eau est gratuite. 
Les nerfs sont à vif. Des disputes éclatent souvent, parfois violentes. Dans une autre ville du Tamil Nadu, une famille a battu un mort un activiste qui l'accusait de prendre trop d'eau.
Pendant que leur mari est au bureau, les épouses peuvent passer près de six heures par jour à faire la queue à la pompe, trois heures le matin et trois heures le soir. "Trouver de l'eau et la porter jusqu'à la maison, c'est un travail à plein temps pour nous", explique Nagammal Mani, une femme patientant dans une file d'attente.
Chennai tire habituellement le gros de son eau de quatre grands lacs-réservoirs voisins. La mauvaise mousson de l'année dernière ne les ayant pas régénérés, ceux-ci ne présentent plus que l'aspect de déserts craquelés, où pourrissent des cadavres de poissons morts.
Si les précipitations défaillantes sont les principales responsables de la situation, les experts soulignent que la crise est aggravée par le faible taux de récupération d'eau de pluie en Inde, société de plus en plus urbanisée et dont les besoins hydriques vont croissants.
"Au lieu de dépenser 5.000-10.000 roupies dans l'urgence pour faire venir une citerne d'eau privée, les gens auraient pu dépenser cet argent pour un système de récolte d'eau de pluie, ils pourraient alors être indépendants", note Pradeep John, un blogueur très suivi au Tamil Nadu pour ses prévisions météorologiques.
Pour son malheur, Chennai n'attend pas de retour à la normale dans l'immédiat. Tous les regards sont tournés vers la prochaine mousson, qui sévit dans cette région à partir d'octobre et lui fournit le gros de ses pluies annuelles.
"Si l'eau ne vient pas, les gens n'auront plus que du sang à la place des larmes pour pleurer", redoute la femme au foyer Parvathy Ramesh.
<https://www.lepoint.fr/monde/inde-dans-chennai-a-court-d-eau-la-quete-obsessionnelle-de-l-or-bleu-22-06-2019-2320381_24.php>
Sur le même sujet :
> L’Inde affronte une crise de l’eau sans précédent, Le Monde, 24/06/19, 13h28
Guillaume Delacroix  
La mousson, qui assure habituellement 70 % des précipitations annuelles, connaît un retard dramatique. 
Retour sur terre pour le nationaliste hindou Narendra Modi. Après une campagne électorale tout feu, tout flamme, suivie d’une victoire historique aux législatives, fin mai, le premier ministre indien était sur un petit nuage. Mais à l’orée de son second mandat, il affronte une sécheresse des plus sévères, obligeant son gouvernement à se retrousser les manches plus vite que prévu.
Emeutes au Madhya Pradesh, où la police est chargée de surveiller, nuit et jour, les dernières réserves d’eau disponibles, fermeture des écoles au Karnataka, où les cantines ne peuvent plus donner à boire aux enfants, villageois du Maharashtra réduits à réutiliser leurs eaux de vaisselle pour cuisiner… La panique s’empare de l’Inde et la nouvelle ministre des finances, Nirmala Sitharaman, a été chargée de mettre les sujets traitant de l’eau et de l’agriculture en tête des annonces qui seront faites le 5 juillet, lors de la présentation du budget de la nation.
> Lire aussi  L’Inde, frappée par une sécheresse historique, bat des records de chaleur
La mousson, qui assure habituellement 70 % des précipitations annuelles, accuse un retard dramatique que les experts attribuent au réchauffement de la planète. Si les premières pluies ont fini par toucher le 8 juin les côtes du Kerala, à la pointe sud du sous-continent, le cyclone Vayu qui a balayé la mer d’Arabie la semaine suivante a retardé leur traditionnelle progression vers le nord. Elles n’ont atteint Goa que jeudi 20 juin, à l’ouest, puis les Etats bordant le golfe du Bengale le lendemain, à l’est. Et elles ne devraient arroser la capitale économique du pays, Bombay, qu’à partir de lundi 24 juin au mieux, soit deux semaines plus tard que d’habitude.
« C’est le démarrage le plus tardif de ces dix dernières années », relèvent les météorologues, qui ajoutent que les averses dites de « prémousson », qui se manifestent en général dès la fin de l’hiver, accusent « un déficit pluviométrique de 44 % » par rapport à la moyenne sur une longue période. Dans ces conditions, les autorités ont recommandé aux paysans de patienter avant de se lancer dans les semis, faute de quoi les graines risquent de mourir avant de germer, et les rendements se révéler désastreux à l’automne.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/06/24/en-inde-narendra-modi-affronte-une-crise-de-l-eau-sans-precedent_5480708_1652612.html <https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/06/24/en-inde-narendra-modi-affronte-une-crise-de-l-eau-sans-precedent_5480708_1652612.html>>
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5- Le climat, nouvelle donne pour penser les guerres de demain, Le Monde, 03/06/19, 18h00
Clémentine Thiberge  

Les bouleversements climatiques pourraient exacerber les tensions présentes dans des zones vulnérables économiquement et politiquement. 
En 2007, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait qualifié le conflit au Darfour, qui a fait 300 000 morts et déplacé deux millions et demi de personnes depuis 2003, de « première guerre du changement climatique ». Cette affirmation avait provoqué une prise de conscience mondiale, entraînant plusieurs travaux de recherche sur le sujet. Ainsi, Marshall Burke, économiste de Berkeley, a établi, peu de temps après, un lien entre changement climatique et guerres en Afrique subsaharienne. En comparant les courbes de températures et l’historique des conflits, le chercheur a prédit que les guerres causées par le réchauffement climatique feraient plus de 459 000 morts d’ici à 2030.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/03/le-climat-nouvelle-donne-pour-penser-les-guerres-de-demain_5470925_3210.html <https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/03/le-climat-nouvelle-donne-pour-penser-les-guerres-de-demain_5470925_3210.html>>
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6- Face aux critiques sur sa réputation de pollueur, le transport aérien se rebiffe, AFP, 04/06/19, 14:00
Sonia Wolf

Face aux appels à bouder l'avion, le secteur du transport aérien se rebiffe et assure être "mobilisé à mort" pour contenir ses émissions de CO2, sans toutefois disposer pour l'heure des technologies qui permettraient de les faire baisser de manière drastique.
"Le secteur subit une pression assez importante. Ce qui nous surprend, c'est que beaucoup ne savent pas ce que nous faisons déjà" depuis 2009, se défend Alexandre de Juniac, le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata), dont les membres se sont réunis dimanche et lundi à Séoul pour leur assemblée générale annuelle.
Depuis plusieurs mois, l'aviation est sous le feu des critiques pour ses émissions de dioxyde de carbone (CO2) qui, selon des chiffres de l'Agence européenne de l'environnement, dépassent largement avec 285 grammes par passager-kilomètre celles des autres modes de transport. 
Le secteur est également accusé de sous-estimer son impact environnemental. 
L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) estime ainsi à 2% la part du transport aérien dans les émissions mondiales de CO2.
Mais "une fois tous ses effets pris en compte (trainées de condensation, oxydes d’azote, etc.) il est responsable de 5% du réchauffement climatique", affirme pour sa part "Réseau Action Climat", qui fédérant des associations qui luttent contre le changement climatique.
Depuis quelques mois, des citoyens se mobilisent pour appeler au boycott de l'avion, notamment en Suède où le mouvement "flight shaming" (la honte de prendre l'avion) incite les voyageurs à privilégier tout autre moyen de transport.
En France, l'ex-ministre de l'Ecologie Delphine Batho veut, avec des élus des Insoumis (gauche radicale), interdire les vols intérieurs pour lesquels le même trajet serait réalisable en train dans une durée raisonnable.
Pourtant, selon M. de Juniac, "l'industrie est mobilisée à mort" pour faire baisser ses émissions polluantes 
Le secteur s'est engagé à améliorer son efficacité énergétique de 1,5% par an entre 2009 et 2020 et à stabiliser ses émissions de CO2 à partir de 2020 pour viser une réduction en 2050 de 50% par rapport au niveau de 2005. 
Un défi de taille, sachant que, selon les projections de l'Iata, le nombre de passagers devrait doubler au cours des deux prochaines décennies pour atteindre 8,2 milliards en 2037.
Les compagnies misent sur des avions de nouvelle génération moins polluants, mieux remplis, plus légers (sièges, fibre de carbone, tablettes remplaçant la lourde documentation des pilotes...), volant avec des bio-carburants, suivant des trajectoires plus directes, eet desservant des aéroports moins congestionnés.
- Démarrer "très vite" -
"Pour atteindre les objectifs de 2050, il faut démarrer aujourd'hui et très vite", constate Philippe Plouvier, directeur associé au cabinet de conseil Boston Consulting Group à Paris.
"Le renouvellement continu de la flotte est un élément majeur", estime-t-il, citant les derniers modèles de gros porteurs qui "permettent de réduire les émissions de CO2 de 20 à 25%".
Mais selon lui, avec les moyens existants "on peut combler environ 30% du problème. Pour combler les 70% qui restent il faut soit faire appel à des carburants bio, soit faire appel à de l'électrique".
Autrement dit, un tournant technologique qui semble encore lointain. La propulsion électrique pour l'aviation commerciale long-courrier reste en effet très hypothétique en raison du poids excessif des batteries. L'utilisation des bio-carburants, techniquement éprouvée, est freinée par leur prix élevé, ainsi que par les questions sur le coût environnemental et social de leur production.
D'autres pistes, comme des fuselages plus aérodynamiques, sont explorées. A Séoul, l'université néerlandaise de Delft a présenté, avec le soutien de KLM, une structure de fuselage en V qui réduirait la consommation de carburant de 20%.
Autant d'efforts mis en avant pour écarter d'éventuelles "taxes vertes" sur le transport aérien, que les compagnies ne veulent surtout pas voir s'ajouter aux mesures de compensation déjà existantes, basées sur le principe des quotas d'émissions. Ainsi le marché du carbone européen (SEQE, ou ETS selon son acronyme anglais), et bientôt un mécanisme mondial, le Corsia (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation), devant entrer en service Après 2020. 
"Souvent ces taxations sont absorbées dans les budgets des Etats et servent à faire tout ce qu'on veut, sauf de l'environnement", s'agace M. Juniac.
<https://www.la-croix.com/Economie/Face-critiques-reputation-pollueur-transport-aerien-rebiffe-2019-06-04-1301026609>
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7- Risque de famine en Somalie à cause de la sécheresse, selon l'ONU, AFP, 05/06/19, 22:00

La Somalie fait face à un risque important de famine en raison de l'une des pires sécheresses vécues depuis des décennies, a averti mercredi le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock.
"Les prévisions pour la saison des pluies en Somalie (entre avril et juin) vont se traduire par l'une des pires sécheresses survenues au cours des 35 dernières années", souligne le responsable dans un communiqué.
L'ONU a débloqué en urgence 45 millions de dollars pour aider la population, notamment en eau et en nourriture en Somalie mais aussi dans certaines régions de l'Ethiopie et du Kenya. Sur cette somme, environ 30 millions de dollars sont destinés à la Somalie, où 2,2 millions de personnes risquent la famine d'ici à septembre.
Environ 3,2 millions de personnes supplémentaires risquent d'avoir des difficultés à s'approvisionner en nourriture sur la même période.
La sécheresse en Somalie s'est développée plus vite que ce qui avait été constaté au cours de la dernière décennie, précise Mark Lowcock dans son communiqué.
Déjà entre octobre et décembre, les pluies avaient été moindres que par le passé.
"Les communautés déjà touchées par les sécheresses passées sont de nouveau confrontées à la faim et à la pénurie d'eau, accentuant leur vulnérabilité aux maladies mortelles contagieuses", précise le responsable de l'ONU.
"Les agences humanitaires en Somalie sont déjà dépassées et subissent un sérieux manque de financement", déplore-t-il.
L'ONU a besoin d'1,09 milliard de dollars cette année pour l'aide à apporter à la Somalie, mais seulement 22% de cette somme ont été obtenus.
La Somalie a déjà connu deux famines meurtrières en 1992 et 2011 pour cause de sécheresses, exacerbées par le conflit secouant le pays.
<https://www.geo.fr/environnement/risque-de-famine-en-somalie-a-cause-de-la-secheresse-selon-lonu-195966>
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8- L'océan, un poumon de la planète au cœur des enjeux climatiques, AFP, 07/06/19, 12:00

Réchauffement, acidification, zones mortes... L'océan est une des premières victimes des émissions de CO2, mais il nous en protège aussi en l'absorbant, un rôle vital que ses défenseurs espèrent enfin voir pris en compte dans les politiques climat.
"Nous avons une vraie opportunité dans les 18 mois qui viennent de faire quelque chose pour les océans", estime Dan Laffoley, de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Et pas seulement contre la pollution aux plastiques ou la surpêche, cibles régulières des campagnes de protection des mers.
L'année 2019 sera ainsi marquée par la publication en septembre d'un rapport spécial du groupe d'experts de l'ONU sur le climat (Giec) consacré aux océans.
Un rapport qui "devrait être plutôt sombre", prédit Lisa Speer, de l'ONG américaine Natural Resources Defense Council, à la veille de la Journée mondiale de l'océan le 8 juin.
La hausse du niveau de la mer, variable selon les régions, a déjà été en moyenne de 20 cm au XXe siècle et il monte d'environ 3,3 mm par an, rythme qui semble s'accélérer. Le rapport du Giec de 2014 tablait sur une augmentation au pire d'un mètre d'ici la fin du siècle par rapport à 1986-2005. Mais une récente étude scientifique évoque plus d'un mètre, et ce, même si l'humanité parvient à limiter le réchauffement à +2°C, objectif minimal de l'accord de Paris.
Et les constats sont tout aussi alarmants pour d'autres marqueurs que Dan Laffoley décrit comme les "quatre cavaliers de l’Apocalypse": le réchauffement de la surface, celui de l'océan dans son ensemble, l'accélération de l'acidification néfaste notamment pour les coraux, et les "zones mortes" où le trop faible taux d'oxygène empêche la vie marine.
"Nous, scientifiques, sommes interloqués par l'ampleur, l'intensité et la rapidité du changement", insiste-t-il.
Tout ça parce que l'océan a absorbé environ 30% des émissions de CO2 générées par l'homme et plus de 90% de la chaleur supplémentaire créée par ces émissions, limitant les conséquences pour l'humanité.
"Mais il y a une limite à cela", mettait en garde récemment Peter Thomson, envoyé spécial pour le climat du secrétaire général de l'ONU, insistant sur le rôle de poumon que l'océan joue, avec les forêts.
"Une respiration sur deux provient d'oxygène produit par l'océan. Alors il est temps pour nous de faire des changements radicaux", ajoutait-il. 
Les défenseurs des océans espèrent que l'alerte probablement lancée par le Giec en septembre fasse prendre conscience du lien inextricable entre mer et climat.
- "Gagnant-gagnant-gagnant"-
Et dans la même optique, le président chilien Sebastian Pinera voudrait que la 25e conférence de l'ONU sur le climat (COP25) que son pays présidera en décembre à Santiago "reste dans les mémoires comme la COP bleue".
Mais comment traduire cette volonté politique dans les actes ? 
Il faut que les pays "introduisent des mesures relatives à l'océan dans leurs engagements nationaux", plaide Raphaël Cuvelier, de la Fondation Prince Albert II de Monaco, en référence au fait que les signataires de l'accord de Paris doivent préparer pour 2020 une révision de leurs engagements de réduction d'émissions de gaz à effet de serre.
"Travailler à la préservation et la valorisation des écosystèmes marins, c'est travailler pour le climat", insiste-t-il. 
Concrètement, ONG et scientifiques réclament l'extension rapide du réseau mondial d'aires marines protégées. 
Elles "peuvent redonner la vie à certaines parties de la mer en quelques décennies (...) et inverser la tendance. Nous pouvons contrer les changements provoqués par le réchauffement climatique", assure Callum Roberts, océanographe à l'université de York.
Certains mettent également en avant l'importance du "carbone bleu", concept désignant la capacité d'absorber le CO2 de certains écosystèmes côtiers comme les mangroves.
"On y trouve des synergies importantes entre l'atténuation du changement climatique -- avec le stockage de carbone-- et l'adaptation, vu l'importance des mangroves pour protéger contre les tempêtes et la montée des niveaux des mers, et pour la biodiversité", souligne une source diplomatique. 
"C'est un potentiel gagnant-gagnant-gagnant", poursuit-elle, estimant que cela pourrait être un "axe intéressant" dans la perspective de révision des engagements des Etats.
<https://www.geo.fr/environnement/locean-un-poumon-de-la-planete-au-coeur-des-enjeux-climatiques-195989>
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9- L’acidification des océans, l’autre danger du CO2, The Conversation, 07/06/19, 14:49
Par Guillaume Paris, Géochimiste, chargé de recherche CNRS au Centre de recherches pétrographiques et géochimiques de Nancy, Université de Lorraine

Atmosphère, atmosphère… On se focalise souvent sur l’atmosphère lorsque l’on aborde le sujet des émissions de CO2, au risque d’oublier deux autres acteurs clés de la machine climatique : la biomasse et l’océan. Ils captent à eux deux plus de 50 % des quelque 40 milliards de tonnes (Gt) de CO2 émises par les activités humaines.
L’océan nous aide, car en absorbant du CO2, il limite l’augmentation de l’effet de serre. Mais au rythme auquel vont les émissions humaines, c’est à ses risques et périls : le CO2 absorbé entraîne une acidification de ses eaux, un danger majeur pour les écosystèmes.
Pour comprendre les mécanismes complexes qui entrent en jeu, suivons ce que deviennent les molécules de dioxyde de carbone une fois absorbées par les océans.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://theconversation.com/lacidification-des-oceans-lautre-danger-du-co-114716 <https://theconversation.com/lacidification-des-oceans-lautre-danger-du-co-114716>>
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10- En 2090, un citadin africain sur trois pourrait être exposé à des températures extrêmes, Le Monde Afrique, 10/06/19, 18h11
Amaëlle Brignoli  

Une étude scientifique de plusieurs universités européennes a établi douze scénarios en croisant les données de 173 villes dans 43 pays du continent. 
2090 : le thermomètre n’en finit plus de monter. Les vagues de chaleur sont désormais le quotidien d’un tiers des citadins du continent africain. Un peu partout, le seuil des 40,6 °C est franchi, ce cap « au-dessus duquel on estime qu’il y a vraiment un danger critique pour les personnes », pose Guillaume Rohat, doctorant en sciences de l’environnement à l’Université de Genève (Unige). Ce scénario, qui s’apparente à de la science-fiction, n’est pas écrit pour un film, mais dans un très sérieux rapport scientifique, fruit d’une année de travail d’une équipe internationale et publié le 5 juin. Quatre chercheurs de l’Unige, de Twente Universiteit aux Pays-Bas et du Centre commun de recherche de l’Union européenne d’Ispra, en Italie, viennent d’établir douze scénarios de l’évolution du changement climatique et du développement socio-économique en analysant les données de 173 villes de plus de 300 000 habitants dans 43 pays d’Afrique.
> Lire aussi  Avec le réchauffement climatique, la culture du sorgho s’implante en Europe
Guillaume Rohat a fait partie de cette aventure, qui s’est terminée fin 2018. Un travail inédit. « C’est la première fois qu’on croise des projections climatiques avec des projections de croissance démographique et d’urbanisation pour une étude », expose-t-il au Monde Afrique. En effet, la plupart des études actuelles s’intéressent au changement climatique sans intégrer les changements sociétaux. Or, en Afrique, « c’est une combinaison d’accroissement démographique, d’urbanisation et de changement climatique qui font un vrai cocktail explosif », insiste-t-il.
Les chercheurs ont ainsi croisé trois schémas de changement climatique avec cinq schémas socio-économiques pour les années 2030, 2060, et 2090, permettant de calculer le nombre de personnes exposées chaque jour à des températures supérieures à 40,6 °C sur une base annuelle dans 173 villes du continent : à l’horizon 2090, un Africain citadin sur trois sera soumis chaque jour à des températures avoisinant les 41 °C. « Malheureusement, on tend vers le pire des scénarios pour l’instant », déplore le doctorant de l’Université de Genève. D’un point de vue socio-économique, « des rivalités régionales et un développement des pays moins rapide qu’espéré liés à une croissance démographique qui explose ». Autant dire une catastrophe.
En débutant leur travail, les chercheurs étaient d’ailleurs loin d’imaginer de telles conclusions. « On ne pensait pas du tout que le nombre de personnes exposées à des vagues de chaleur extrêmes pourraient augmenter de 5 000% par rapport à aujourd’hui. Il est d’ailleurs assez rare que des augmentations puissent être aussi fortes », rappelle le chercheur suisse.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/10/en-2090-un-citadin-africain-sur-trois-pourrait-etre-expose-a-des-temperatures-extremes_5474194_3212.html <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/10/en-2090-un-citadin-africain-sur-trois-pourrait-etre-expose-a-des-temperatures-extremes_5474194_3212.html>>
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11- Le Royaume-Uni s'engage à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, AFP, 12/06/19, 13:00
Clara Wright

Londres a revu mercredi à la hausse son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, comptant atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, un grand pas en avant selon Greenpeace mais trop petit pour Extinction Rebellion.
Le gouvernement doit présenter mercredi au Parlement un décret afin d'amender en ce sens la législation de 2008 sur le changement climatique.
Les Britanniques peuvent être "fiers" d'appartenir au "premier pays" du G7 "à légiférer pour accomplir des objectifs climatiques à long terme", a affirmé la Première ministre conservatrice Theresa May dans un communiqué.
Londres prévoyait de réduire, d'ici 2050, de 80% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Mais le principe de neutralité carbone va plus loin : il suppose de ne pas émettre plus de gaz à effet de serre que le pays ne peut en absorber, grâce notamment à ses forêts ou ses sols.
"Cette décision déclenche le coup d'envoi d'une transformation fondamentale de notre économie", a relevé le scientifique Doug Parr, de l'organisation écologiste Greenpeace UK, saluant "un grand moment".
"Accomplir la neutralité carbone d'ici 2050 va changer nos vies, cela va changer la manière dont on voyage, les maisons dans lesquelles on vit, la nourriture que l'on mange", a abondé David Reay, professeur en management du carbone à l'Université d'Edimbourg.
Pour le mouvement Extinction Rebellion cependant, Londres aurait pu viser plus grand.
"Pourquoi attendons-nous 2050 ?", s'est-il interrogé dans un communiqué. "2050 est une condamnation à mort. Des gens sont déjà en train de mourir, et cela ne fera qu'empirer".
L'objectif gouvernemental n'est "pas assez ambitieux", a aussi jugé Mark Maslin, professeur de climatologie à University College London (UCL), préconisant 2030.
- Coûts -
Le gouvernement n'a pas encore présenté de plan concret pour y parvenir mais compte notamment définir ses "priorités" avec de jeunes scientifiques.
Il a aussi indiqué qu'il n'excluait pas d'utiliser les crédits internationaux de carbone, qui permettent aux pays industrialisés de respecter seulement une partie de leurs engagements en investissant dans des projets de réductions dans des pays en développement.
Dans une lettre adressée à la Première ministre, et dévoilée la semaine dernière par le Financial Times, le ministre des Finances Philip Hammond estime le coût total de la neutralité à 1.000 milliards de livres et alerte sur une réduction de l'"argent disponible pour d'autres domaines de dépenses publiques".
Mais selon Chris Skidmore, secrétaire d'Etat à la Recherche et l'Innovation, "ce chiffre n'inclut pas les bénéfices des technologies vertes" et les nouveaux emplois générés, "2 millions d'ici 2030".
Surtout, ce nouvel objectif requiert autant d'argent que l'ancien, soit "1% à 2% du produit intérieur brut", a-t-il affirmé mercredi sur la radio BBC4.
Selon Paul Ekins, directeur de l'institut des ressources durables à UCL, "il faut procéder rapidement, avec une clarté absolue des objectifs" pour favoriser les "investissements privés" et engendrer des réductions de coûts, évoquant l'exemple du photovoltaïque solaire et de l'éolien offshore.
L'industrie énergétique britannique s'est dite "prête" à relever le défi, pointant que "la moitié de (sa) production provient aujourd'hui de sources faibles en émission de carbone".
Les représentants du secteur ont même encouragé à "aller plus loin et plus rapidement dans des domaines tels que la décarbonisation des transports, du chauffage et améliorer l'efficacité de l'énergie dans nos maisons et nos entreprises".
- Evaluation dans cinq ans -
Le gouvernement britannique appelle les autres pays à le suivre, précisant qu'il procédera à une "évaluation" d'ici cinq ans pour "veiller à ce que (ses) industries ne soient pas confrontées à une concurrence déloyale".
Londres pourrait-elle faire marche arrière si elle se trouvait économiquement désavantagée? Evitant de répondre directement, Chris Skidmore a assuré que cette évaluation faisait juste "partie du procédé" habituel.
D'autres pays se sont également fixé pour objectif d'atteindre la neutralité carbone à plus ou moins longue échéance. En France, le gouvernement a présenté un projet de loi en avril prévoyant d'y parvenir d'ici 2050. La Norvège vise 2030 alors que le Japon pense pouvoir l'atteindre après 2050 seulement.
L'Union européenne s'est, elle, engagée à réduire ses émissions de 40% par rapport à 1990 d'ici 2030. Le Parlement européen a appelé à relever ces objectifs à 55%.
<https://www.liberation.fr/planete/2019/06/12/climat-le-royaume-uni-s-engage-a-la-neutralite-carbone-d-ici-2050_1733221>
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12- Oui, les glaces du pôle Sud fondent, et c’est bien à cause du réchauffement climatique, Blog Les Décodeurs, 12/06/19, 14h54
Adrien Sénécat

Une étude de la NASA est utilisée par des sites douteux pour semer le doute sur la fonte des glaces dans l’Antarctique. Voici pourquoi l’argument ne tient pas. 
Ce que dit la rumeur
« Le réchauffement climatique est une fraude : l’Antarctique gagne 112 milliards de tonnes de glace par an. » A en croire les articles de nombreux sites comme Lesmoutonsenrages.fr <http://lesmoutonsenrages.fr/>, Sott.net <http://sott.net/> ou Sante-nutrition.org <http://sante-nutrition.org/> (autant de références qui nous apparaissent peu fiables dans le Décodex), l’affirmation serait tout ce qu’il y a de plus sérieux, puisqu’elle émanerait directement d’une étude de la NASA publiée en 2015. Si bien qu’elle est régulièrement utilisée pour semer le doute sur la réalité du changement climatique. L’étude en question existe bel et bien, mais elle a en fait été largement détournée de son sens par certains. Explications.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/12/oui-les-glaces-fondent-et-c-est-bien-a-cause-du-rechauffement-climatique_5475076_4355770.html <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/12/oui-les-glaces-fondent-et-c-est-bien-a-cause-du-rechauffement-climatique_5475076_4355770.html>>
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13- Tribune. Philippe Rahm : « Pour lutter contre le réchauffement climatique, changez vos fenêtres », Le Monde, 14/06/19, 08h02 
Par Philippe Rahm, architecte suisse installé à Paris, professeur invité à l’université Cornell aux Etats-Unis

Améliorer l’isolation des bâtiments est le premier geste à accomplir pour le climat, estime l’architecte, dans une tribune au « Monde ». Le premier ministre a raison de vouloir en faire une priorité, comme il l’a annoncé mercredi 12 juin à l’Assemblée nationale.
Tribune. Plus personne ne peut contester sérieusement qu’un réchauffement climatique est en cours. Plus personne non plus ne conteste que la cause de ce réchauffement climatique est humaine. Depuis le début du XIXe siècle, l’homme brûle massivement du carbone (charbon, pétrole, gaz) pour produire de l’énergie et lors de la combustion, un gaz, le CO2, se dégage dans l’air. S’il est invisible à nos yeux, le CO2 est en réalité opaque dans les infrarouges. Il piège alors dans l’atmosphère la chaleur émise par la terre, comme le ferait une serre, ce qui provoque un réchauffement progressif et constant du climat.
Pour arrêter le réchauffement climatique, il faut donc arrêter de brûler du carbone et passer aux énergies renouvelables (hydraulique, solaire, éolien, géothermique) qui ne dégagent pas de CO2. Malheureusement, en 2019, encore 90 % de l’énergie que l’on consomme au niveau mondial dépend du carbone et il nous faudra quelques dizaines d’années pour accomplir complètement cette transition énergétique.
Ce qu’il faut, en attendant, c’est réduire l’émission de CO2 et par conséquent la consommation d’énergie. Tout le monde est d’accord là-dessus. C’est ensuite que ça ne va plus. Car nous assistons à la cacophonie la plus totale dans les réponses apportées à la question que tout le monde se pose : où faut-il faire des efforts pour limiter le réchauffement climatique ? Cela est dû à l’absence de hiérarchisation des priorités des actions à mener : par méconnaissance souvent, délibérément parfois, par intérêt politique ou économique. Faut-il arrêter de manger de la viande, arrêter d’acheter du savon liquide, construire en bois, se déplacer à vélo ?
Ainsi, certains rendent responsable le trafic aérien du réchauffement climatique, alors que le pétrole brûlé par les avions n’est responsable que de 2 % des émissions globales de gaz à effet de serre. Derrière la lutte contre le réchauffement climatique, c’est, bien sûr, la mobilité des riches dans la mondialisation qui est ici politiquement attaquée. D’autres accusent maintenant le transport maritime d’être responsable du réchauffement climatique, alors que celui-ci n’est responsable que de 2,5 % des émissions globales de CO2. La menace qui est parfois brandie ici est celle de se faire envahir par les marchandises venues de Chine.
> Lire aussi  La rénovation des fenêtres reste exclue des dispositifs d’aide de l’Etat
Quant au gouvernement, il entretient la confusion depuis qu’il a décidé d’exclure des dispositifs d’aide de l’Etat, le 16 novembre 2018, le remplacement des vieilles fenêtres par du double ou triple vitrage. La mauvaise performance énergétique de ces vieilles fenêtres au verre simple, qui laissent passer le froid l’hiver et le chaud l’été, est pourtant responsable de 15 % des émissions globales des gaz à effet de serre. C’est bien plus, on le constate, que le transport aérien et le transport maritime, qui ensemble ne représentent que 4,5 % des émissions de CO2. Ce qui se joue ici, c’est un manque de responsabilité de l’Etat qui se dérobe et se décharge vers les citoyens.
Lutte contre les « passoires thermiques »
Il est temps d’énoncer clairement que si l’on veut lutter contre le réchauffement climatique, la première chose à faire est de changer ses vieilles fenêtres, avant d’arrêter de prendre l’avion, avant d’arrêter de manger des fraises hors saison. Car c’est à cause de la mauvaise isolation thermique des bâtiments que se perd 50 % de l’énergie consommée dans l’Union européenne, dépensée pour chauffer et climatiser les bâtiments. Changer ses fenêtres permettrait de réduire les émissions de CO2 de 15 %. Car le double vitrage empêche la chaleur des radiateurs de sortir, ce qui permet de baisser considérablement la consommation d’énergie et donc de baisser d’autant les émissions de CO2. Remplacer ses fenêtres simple vitrage par des fenêtres à double ou triple vitrage est donc la priorité pour lutter contre le réchauffement climatique.
Si on veut aller plus loin, isoler thermiquement d’une épaisseur de laine de 25 cm également les murs et le toit des « passoires thermiques », comme on surnomme ces vieux bâtiments mal isolés, permettrait de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 32,4 %. Sans renoncer au transport aérien ni au transport maritime, on atteindrait quasiment l’objectif de l’accord de Paris sur le climat de 2015, à savoir la réduction de 40 % des émissions de CO2 d’ici à 2030. Ensuite, bien sûr, ou en même temps, on prendra d’autres mesures. Mais si l’on veut agir immédiatement pour le climat, c’est ici, dans ces 15 % qu’il faut agir.
« Reconnaissons-le, à part dans le logement social, nous ne disposons pas aujourd’hui des leviers efficaces pour venir à bout des passoires thermiques qui plombent le climat et le pouvoir d’achat de nos concitoyens. Inventons-les ensemble ! », a dit le premier ministre, Edouard Philippe, lors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, mercredi 12 juin. C’est effectivement ici que doivent se porter en priorité les aides à la transition énergétique que le gouvernement veut remettre à plat dans les douze prochains mois.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/14/philippe-rahm-pour-lutter-contre-le-rechauffement-climatique-changez-vos-fenetres_5476082_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/14/philippe-rahm-pour-lutter-contre-le-rechauffement-climatique-changez-vos-fenetres_5476082_3232.html>>
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14- L’urgence climatique est-elle soluble dans la démocratie ?, Le Monde, 14/06/19, 08h05
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)

Le professeur Pieter Leroy reproche notamment aux grandes formations politiques d’avoir trop longtemps négligé le thème environnemental. 
Il n’est ni un illibéral, ni un trumpiste climatosceptique, ni un adversaire résolu de ce que, dans son pays d’adoption, les Pays-Bas, on appelle « l’église de gauche », qui rassemble la nouvelle génération bien-pensante. Aussi est-ce avec un intérêt mêlé d’une grande curiosité que l’on découvre la question iconoclaste posée par Pieter Leroy dans un entretien avec le magazine belge Knack : « Le problème climatique peut-il être résolu dans le cadre de la démocratie classique ? » Et la réponse qu’il y apporte : « Je crains que non… » 
Né en Belgique en 1954, ce scientifique, qui enseigne la politique environnementale à l’université Radboud de Nimègue, aux Pays-Bas, a derrière lui quarante années de réflexion sur le climat et une pléthore de distinctions, dont celle d’officier de l’ordre d’Orange-Nassau, la plus haute récompense néerlandaise. Il est également membre, à Paris, du Groupement d’intérêt scientifique (GIS) dirigé par le politiste Loïc Blondiaux, qui prône une démocratie plus participative.
Pieter Leroy pense néanmoins que les grandes marches des jeunes pour le climat ou la percée écologiste lors des récentes élections européennes ne servent pas à grand-chose. Il avoue sa « sympathie intuitive pour quelque chose d’aussi nouveau » que les défilés de Youth for Climate mais ces actions, regrette-t-il, se limitent « à une certaine catégorie d’âge et à un certain groupe social » – des jeunes issus des classes aisées, qui ne parviennent pas à mobiliser le reste de leur génération.
> Lire aussi  De Sydney à Vancouver, plus d’un million de jeunes descendent dans la rue pour le climat
Le professeur reproche en outre aux partis écologistes leur défaut de pédagogie et leur incapacité à inscrire leur combat dans une critique plus générale du capitalisme : selon lui, ils mettent trop l’accent sur la dimension personnelle – « “Arrêtez de faire ceci, faites cela”, c’est irritant et cela ne peut être évité que si l’on aborde le thème climatique comme un problème collectif. » Si, dans beaucoup de pays, les populations ont compris que l’allongement de l’espérance de vie et celle de la scolarité mettaient en péril le système des retraites, il devrait être possible de les convaincre que la question environnementale les concerne tous, insiste Pieter Leroy.
Un « écomodernisme » illusoire
Sa critique ne se limite pas aux mouvements écologistes : elle vise également l’ensemble du monde politique et les grands courants, obsédés, dans les années 1970 et 1980, par la croissance et le progrès technologique : ils ont, selon lui, négligé le thème environnemental, le laissant aux seuls partis verts, qui, privés d’une assise populaire, ne peuvent mobiliser suffisamment. Aujourd’hui encore, toutes les formations refusent d’envisager « l’énorme problème de redistribution » posé par la question climatique. « Aucun politicien n’ose en parler. Prenez Emmanuel Macron : non seulement il n’a rien dit à ce sujet, mais il a augmenté le prix du gazole. » Ce qui, selon le professeur, a entraîné une compréhensible rébellion.
Son dernier coup de griffe, Pieter Leroy le réserve aux « prétendus écomodernistes », qui affirment que seule la technologie pourra éviter le dérèglement climatique, alors que le monde n’y arrivera que par des changements « d’inspiration sociale et éthique ». Si les démocraties, victimes du court-termisme et prisonnières du carcan national, ne sont pas soumises à une pression suffisante de l’opinion, comment arriver à l’indispensable approche globale prônée par les scientifiques du GIEC ? En mettant de côté, pendant un certain temps, la démocratie ? « Je ne connais pas la réponse, confesse Pieter Leroy. Mais nous n’avons jamais décidé démocratiquement que nous allions produire notre énergie à partir du nucléaire… »
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/14/l-urgence-climatique-est-elle-soluble-dans-la-democratie_5476075_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/14/l-urgence-climatique-est-elle-soluble-dans-la-democratie_5476075_3232.html>>
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15- La Corse en proie à des feux de maquis et une forte chaleur, Le Monde avec AFP, 14/06/19, 16h48

Les écoles d’Ajaccio sont fermées sur arrêté municipal, en raison des alertes de Météo France pour vigilance chaleur et vent et de la pollution de l’air. 
« La Corse connaît aujourd’hui un épisode de chaleur exceptionnel lié à un coup de sirocco sur la façade occidentale de l’île. Le seuil des très fortes chaleurs est déjà atteint. » Météo France a lancé l’alerte sur Twitter vendredi 14 juin. La Corse est en proie depuis plusieurs jours à de fortes chaleurs et à du vent. La Corse-du-Sud a été placée en alerte jaune vent, tandis qu’Ajaccio a battu son record mensuel de chaleur avec 38,6°C à 11 heures, « du jamais vu en juin depuis 1949 », selon Météo France.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/14/la-corse-en-proie-a-des-feux-de-maquis-et-une-forte-chaleur_5476375_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/14/la-corse-en-proie-a-des-feux-de-maquis-et-une-forte-chaleur_5476375_3244.html>>
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16- Climat : le Groenland a perdu plus de deux milliards de tonnes de glace en un jour, soit 40% de son territoire, France Info, 15/06/19, 18:13

Une fonte aussi rapide des glaces est très rare au Groenland. D'habitude, elle s'étale entre les mois de juin et d'août, et intervient principalement en juillet.
Un événement climatique inquiétant et inhabituel, mais pas inédit. Le Groenland a perdu plus de deux milliards de tonnes de glace, jeudi 13 juin, soit environ 40% de son territoire, rapporte la chaîne d'information américaine CNN (lien en anglais), samedi. Cette fonte extrêmement rapide et spectaculaire des glaces est très rare dans le courant du mois de juin. En général, la fonte s'étale du mois de juin au mois d'août, et a surtout lieu dans le courant du mois de juillet, précise CNN. 
Pour autant, une telle perte de glace n'est pas inédite. "Elle est comparable à des pics de fonte que nous avons vu en juin 2012", analyse auprès de CNN Thomas Mote, chercheur étudiant le climat du Groenland à l'Université de Géorgie (Etats-Unis). Le centre américain de données sur la neige et la glace (NSIDC) rappelle (lien en anglais) qu'en 2012, quasiment l'intégralité de la calotte glaciaire du Groenland avait fondu dans le courant de l'été. 
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/climat-le-groenland-a-perdu-plus-de-deux-milliards-de-tonnes-de-glace-en-un-jour-soit-40-de-son-territoire_3491595.html <https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/climat-le-groenland-a-perdu-plus-de-deux-milliards-de-tonnes-de-glace-en-un-jour-soit-40-de-son-territoire_3491595.html>>
Sur le même sujet : 
> La photographie d’un scientifique danois illustre la fonte des glaces précoce au Groenland, Blog Big Browser, maj le 19/06/19 à 03h07 
Selon les calculs de l’équipe de chercheurs, plus de deux milliards de tonnes de glace auraient fondu durant la seule journée du 13 juin.
La photographie n’est pas truquée, malheureusement. Un cliché pris le 13 juin par le scientifique danois, Steffen Olsen, révèle la gravité inhabituelle de la fonte printanière des glaces que subit actuellement le Groenland, du fait du réchauffement climatique.
Sur la photographie, un attelage de chiens semble marcher sur une eau d’un bleu azur quasi irréel, dans le fjord d’Inglefield (Bredning), au nord-ouest du Groenland. La banquise sur laquelle les animaux avancent est, en effet, recouverte d’une couche d’eau pouvant atteindre par endroits 40 à 50 centimètres de profondeur, selon Steffen Olsen, chercheur au Centre pour l’océan et les glaces de l’Institut météorologique danois. Une situation d’une ampleur inédite à cette époque de l’année – d’ordinaire, la fonte des glaces commence plus tard dans l’été. 
> Lire aussi  Du pôle Nord au pôle Sud, coup de chaud sur les glaces
Selon les calculs de l’équipe de chercheurs, plus de deux milliards de tonnes de glace auraient fondu durant la seule journée du 13 juin. « Les chasseurs et moi n’étions pas préparés à l’ampleur de la fonte », a expliqué le scientifique à France Info, qui explique cette fonte par des températures particulièrement élevées dans la région la semaine passée. La station météorologique DMI, située à proximité de l’aéroport de Qaanaaq, a ainsi enregistré un maximum de 17,3 °C mercredi dernier et 15 °C jeudi dernier, ce qui est anormalement élevé pour la région.
3 °C depuis cent ans
Sur Twitter, Steffen Olsen a souligné à quel point ce phénomène perturbe les populations locales. « Les communautés du Groenland ont besoin de la banquise pour se déplacer, pour chasser et pour pêcher », alerte-t-il.
> Lire aussi  Avec le réchauffement, les temps changent au Groenland
Le Groenland enregistre un réchauffement de 3 °C depuis cent ans. La fonte des glaces y a été multipliée par quatre en dix ans, avec une moyenne de 280 milliards de tonnes de glace perdue chaque année entre 2002 et 2016, selon une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), le 22 janvier. L’ensemble de la calotte polaire est affecté, essentiellement en raison du réchauffement de l’air qui fait fondre la surface de l’inlandsis. « Le Groenland a atteint un point de basculement », prévient Michael Bevis, principal auteur de l’étude et professeur à l’université d’Etat de l’Ohio aux Etats-Unis.
> Lire aussi  Anne Quéméré, la navigatrice bretonne qui a vu les effets du réchauffement de l’Arctique
<https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2019/06/18/la-photographie-d-un-scientifique-danois-revele-la-fonte-des-glaces-precoce-au-groenland_5478139_4832693.html <https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2019/06/18/la-photographie-d-un-scientifique-danois-revele-la-fonte-des-glaces-precoce-au-groenland_5478139_4832693.html>>
En savoir plus :
> Accelerating changes in ice mass within Greenland, and the ice sheet’s sensitivity to atmospheric forcing <https://www.pnas.org/content/116/6/1934>, PNAS, 22/01/19
Sur le même sujet : 
> "Si nous continuons à ce rythme, le Groenland va fondre" selon un glaciologue, AFP, 20/06/19, 13:00
A elles seules, les glaces du Groenland contiennent l'équivalent de sept mètres de montée des océans. Une nouvelle analyse publiée mercredi avec des données de la Nasa n'exclut pas qu'elles fondent entièrement dans le prochain millénaire sous l'effet du réchauffement climatique.
"Nous prédisons que le Groenland deviendra très probablement sans glace d'ici la fin du millénaire, à moins d'une réduction importante des émissions de gaz à effet de serre", écrit l'équipe menée par des chercheurs de l'université d'Alaska à Fairbanks dans l'étude, publiée par la revue Science Advances.
Leur modèle s'ajoute aux nombreux autres qui montrent que les glaciers du Groenland fondent à vitesse grand V depuis les années 2000, et que le processus s'aggrave.
Pour cette étude, les scientifiques ont exploité des mesures réalisées par avion par la Nasa (opération IceBridge) sur l'épaisseur de la calotte glaciaire, et reconstitué la vitesse des glaciers, ces fleuves de glace qui se déplacent à plus ou moins grande vitesse et se déversent dans l'océan.
Ils produisent des estimations selon des scénarios de réchauffement plus ou moins dramatiques.
A lui seul, estiment les chercheurs, le Groenland pourrait contribuer à une montée des eaux mondiales de 5 à 33 cm d'ici 2100. 
Et dans les 1.000 prochaines années, dans le pire des scénarios, l'intervalle le plus probable serait de 5,23 à 7,28 mètres.
"Si nous continuons à ce rythme, le Groenland va fondre", résume Andy Aschwanden, professeur à l'institut de géophysique de l'université d'Alaska.
<https://www.geo.fr/environnement/si-nous-continuons-a-ce-rythme-le-groenland-va-fondre-selon-un-glaciologue-196166 <https://information.tv5monde.com/info/si-nous-continuons-ce-rythme-le-groenland-va-fondre-selon-un-glaciologue-307118>>
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17- Ces nano-organismes consomment le CO2 pour le transformer en plastique biologique, Daily Geek Show, 15/06/19
Justine Manchuelle - Source : Phys.org <http://phys.org/>

Ils n’ont besoin que d’eau et de lumière pour y parvenir
Pour réduire notre impact environnemental, certains chercheurs n’hésitent pas à faire appel aux organismes les plus petits. Des chercheurs ont découvert que des nano-organismes pouvaient consommer du CO2 simplement en étant exposés à la lumière.
Un projet en développement depuis 5 ans
Depuis 2013, l’équipe du professeur Prashant Nagpal travaille sur un ambitieux projet. Ils ont constaté à l’époque qu’injecter des points quantiques dans certains organismes pouvait permettre de les « activer » avec de la lumière. 
En les injectant passivement dans ces microbes, ils créent de petites usines vivantes aux facultés étonnantes. Celles-ci pourraient d’ailleurs rendre plus écologique la fabrication de produits chimiques, comme le rapporte Phys.org <http://phys.org/>.
>> Suite à lire à :
<https://dailygeekshow.com/micro-organisme-consommation-co2/ <https://dailygeekshow.com/micro-organisme-consommation-co2/>>
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18- Grêle sur la Drôme : récoltes "foutues" et état de catastrophe naturelle, AFP, 16/06/19, 20:00
Philippe Desmazes & Pierre Pratabuy

"C'est irréversible" : effaré, un arboriculteur constate dimanche les dégâts causés par la grêle dans les vergers du nord de la Drôme, que l'Etat va déclarer en situation de catastrophe naturelle et de calamité agricole après les violents orages de la veille.
"La quasi-totalité de ma récolte est foutue", estime Grégory Chardon, exploitant à La Roche-de-Glun, à l'ouest de Romans-sur-Isère, épicentre de la tempête qui a balayé la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Son exploitation produit abricots, pêches, cerises mais il n'en sortira pas grand-chose cette saison, malgré les filets de protection dont certains n'ont pas résisté à des grêlons gros comme des balles de ping-pong. Peu de fruits ont été épargnés, beaucoup étant déchiquetés ou tombés par terre.
Pour M. Chardon, qui préside la fédération départementale du syndicat FNSEA, c'est "du jamais vu". "Les dégâts sont énormes, des céréales, des serres et le maraîchage sont touchés, la vigne aussi."
Dans la commune voisine de Pont-de-L'Isère, "on a vraiment cru que c'était la fin du monde", raconte Aurélien Esprit en faisant le tour de ses vergers dans une vidéo diffusée sur Facebook.
"Je vais vous montrer ce qu'on vient de se prendre", poursuit-il, à chaud et en retenant ses larmes. "Tout est foutu, j'ai jamais vu ça, ce sont des blocs de glace entiers qui sont tombés."
Le sol est jonché d'abricots. Ses jeunes pommiers ont souffert également. "La saison s'est malheureusement arrêtée pour nous hier soir. Je vais pas m'en sortir cette fois je crois", souffle l'agriculteur qui est aussi conseiller départemental LR.
- "Dramatique" -
Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, ancien président du département, est venu constater les dégâts dimanche matin dans la Drôme.
"J'ai rarement vu des épisodes comme celui-ci, la situation est vraiment dramatique", a-t-il déclaré sur BFMTV. Il a assuré que l'état de catastrophe naturelle serait reconnu "dans les deux jours qui viennent" après les remontées d'informations nécessaires. L'état de calamité agricole aussi.
Pour lui, il n'est "pas pensable que des exploitants mettent la clé sous la porte après cet épisode". Des aides seront apportées en termes de cotisations sociales et d'impôts, en complément des assurances pour ceux qui en ont.
C'est le cas de Thierry Perrot-Minot, qui produit des fraises des bois à Romans. "Le plastique résiste mieux que le verre en principe mais là mes serres ressemblent à une passoire. Elles sont assurées pour la structure mais le plastique n'est pas assurable, j'en ai pour 15.000 euros s'il faut tout changer et ça risque d'être pour ma poche", redoute-t-il avant d'aller voir son assureur lundi.
Les agriculteurs ont également subi des dégâts en Isère et en Savoie, où 200 à 300 hectares de vignoble ont perdu leur récolte de l'année selon Yannick Uchet, président des vins d'Apremont. Et celle de 2020 est compromise car "les bois sont touchés gravement et on n'aura pas de quoi tailler l'année prochaine".
Certains exploitants ont appelé les habitants, sur internet, à leur venir en aide, et des cagnottes en ligne ont été ouvertes. Des forêts ont aussi souffert.
- Vitraux brisés -
Samedi, jusqu'à neuf départements avaient été mis en alerte dans la région par Météo-France. En Haute-Savoie, une touriste allemande de 51 ans est morte écrasée par la chute d'un arbre sur son camping-car.
Les dégâts matériels ont été importants à Romans-sur-Isère dans la Drôme, où des rues se sont brutalement transformées en torrents. Pompiers et services techniques ont bâché en urgence de nombreux bâtiments en attendant les réparations.
"On a des toitures très endommagées", indique le lieutenant-colonel Hervé Gabion, du service départemental des secours. Les pompiers sont intervenus à près de 600 reprises à Romans et alentour.
"Des phénomènes météo aussi violents sont très rares, sur ce secteur-là je n'en avais jamais constatés", ajoute-t-il.
Les grêlons ont brisé des vitres de voitures, d'habitations, de commerces mais aussi des vitraux de la collégiale Saint-Barnard à Romans ; dans l'agglomération, ils ont endommagé des écoles et transpercé une verrière sur le toit d'un gymnase où se déroulait une compétition de judo.
Les orages ont aussi fait un mort en Suisse, où une plaisancière s'est noyée samedi dans le lac Léman quand son bateau a coulé au large de Genève.
<https://www.nouvelobs.com/planete/20190616.OBS14463/recoltes-foutues-et-etat-de-catastrophe-naturelle-apres-les-orages-de-grele-dans-la-drome.html>
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19- Des collectivités mettent en demeure Total d'agir plus pour le climat, AFP, 18/06/19, 21:00

Quatorze collectivités ont pressé mardi le groupe pétrolier Total d'agir pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C et exigent un nouveau "plan de vigilance" plus ambitieux, faute de quoi elles pourraient l'attaquer en justice.
Arcueil, Bayonne, Bègles, Bize-Minervois, Champneuville, Correns, Est-Ensemble Grand Paris, Grande-Synthe, Grenoble, La Possession, Mouans-Sartoux, Nanterre, Sevran et Vitry-le-François sont à l'origine de cette démarche, avec le soutien des associations Notre Affaire à Tous, Les Eco Maires, Sherpa et ZEA.
En octobre, 13 d'entre elles avaient déjà interpellé le géant pétrolier, faisant valoir que leurs territoires souffrent du réchauffement climatique. Elles demandaient à la multinationale française de présenter un plan de vigilance qui prenne en compte "la réalité des impacts de (ses) activités et les risques d'atteintes grave au système climatique qu'elles induisent". 
Depuis 2017, la loi française oblige les multinationales françaises à établir un tel plan chez leurs sous-traitants ou fournisseurs à l'étranger.
Huit mois plus tard, ces collectivités constatent que Total a publié en mars 2019 un plan de vigilance, mais elles estiment que "les mesures annoncées sont clairement insuffisantes, en-deçà des efforts nécessaires au respect des objectifs internationaux reconnus par l'Accord de Paris" conclu en 2015 pour limiter l'élévation de la température moyenne de la planète bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, voire à 1,5°C.
Dans une mise en demeure qui doit être déposée le 19 juin, les collectivités demandent à Total, qui fait partie selon elles des 25 multinationales les plus polluantes de la planète, de publier un nouveau plan de vigilance.
"Nous allons poursuivre avec fermeté", a assuré le président des Eco Maires, Guy Geoffroy, lors d'une conférence de presse après une rencontre avec le PDG de Total, Patrick Pouyanné. Ce dernier "n'a pris aucun engagement", a assuré de son côté Jean-Ronan Le Pen, le co-président de ZEA.
Le PDG de Total a affirmé pour sa part, dans un communiqué, que le groupe pétrolier était "ouvert au dialogue" en vue "d'engager des initiatives concrètes avec les collectivités locales qui le souhaitent".
Il a souligné avoir expliqué à ses interlocuteurs comment la stratégie de Total intègre le changement climatique, en "développant notamment dans le gaz naturel et l'électricité bas carbone, de façon à contribuer positivement à la mise en oeuvre de l'Accord de Paris".
Si d'ici le 19 septembre, "Total ne présente toujours pas de mesures de réduction de gaz à effet de serre adéquates, les collectivités qui le souhaiteront ainsi que les associations les accompagnant pourront assigner la multinationale française en justice pour qu'il lui soit enjoint, le cas échéant sous astreinte, de réduire ses gaz à effet de serre et de se mettre en conformité avec la loi et l’Accord de Paris", ont précisé les collectivités et associations dans un communiqué.
La démarche des collectivités s'inscrit dans un contexte de multiplication de plaintes déposées concernant le climat. 
En Colombie, la Cour suprême a acté la nécessité d'agir, sur plainte de 25 jeunes. Au Pakistan, un fils d'agriculteurs a fait reconnaître le droit à la vie. Au Pays-Bas, sur plainte d'une ONG, la cour de La Haye a imposé à l'État de relever ses ambitions de réduction des GES.
En France, quatre ONG poursuivent l'Etat pour action insuffisante contre le réchauffement climatique.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/des-collectivites-mettent-en-demeure-total-d-agir-plus-pour-le-climat_134609>
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20- La "génération climat" converge vers la Ruhr pour une action anti-charbon, AFP, 19/06/19, 05:00
Daphne RousseaU avec Yann Schreiber

Des milliers de militants européens convergent à partir de mercredi dans la Ruhr allemande pour une action anti-charbon d'une ampleur inédite, mêlant occupation illégale d'une mine et présence massive des jeunes de Fridays for Future, tentés par la radicalisation de leur mouvement.
Leur cible : l'immense gisement de lignite à ciel ouvert de Garzweiler, près de Cologne, charbon brun bon marché et très polluant exploité sur de vastes surfaces par le groupe RWE.
Depuis lundi, tentes et hamacs sont édifiés à Viersen, près du site minier, pour accueillir et nourrir en plats vegan près de 6.000 personnes venues de Madrid, Paris ou Varsovie en bus ou en covoiturage. 
A partir de vendredi, ces militants prêts à l'action illégale veulent déferler par milliers sur ce terrain à l'ambiance lunaire, vêtus de combinaisons blanches, se faufiler entre les milliers de policiers et occuper le site ou perturber l'approvisionnement par le rail des chaudières voisines.
"La lignite est la plus sale des énergies fossiles, nous devons arrêter de la brûler", quitter à bloquer "de nos propres corps les puits et leurs machines d'extraction diaboliques", annonce auprès de l'AFP Tadzio Müller, l'un des chefs de file du mouvement Ende Gelände qui organise cette action.
- Frustration croissante -
En 2018, avec d'autres associations, ce groupe spécialiste de la "lutte contre les acteurs du réchauffement climatique" avait stoppé l'extension d'un autre site minier de RWE, qui menaçait la forêt de Hambach occupée par les activistes.
Dans une rare convergence entre action légale et illégale, le jeune mouvement Fridays for Future attend de son côté 20.000 collégiens, lycéens et étudiants pour une "manifestation européenne" vendredi, dans la ville toute proche d'Aix-la-Chapelle, suivie le lendemain d'un "soutien" aux occupants de la mine, qui a été adopté par vote électronique par une majorité des membres de Fridays for Future. 
De l'avis des organisateurs, le rapprochement entre Ende Gelände et Fridays for Future doit permettre à ces nouveaux défenseurs du climat de passer à la vitesse supérieure, après des mois de mobilisation dans les villes d'Europe et une poussée écologiste aux Européennes.
"Nous sommes encore paternalisés, on ne se sent pas pris au sérieux. Les gens s'impatientent" et sont tentés par "l'action", constate Helena Marschall, 16 ans, coresponsable de Fridays for Future à Francfort. "S'il n'y a pas de réaction des politiques (...), alors la frustration va se développer".
Chez Ende Gelände, composé de trentenaires plus aguerris au militantisme, on dit "tendre la main aux jeunes" sans pour autant les appeler à une action de blocage périlleuse pour eux. 
L'idée, ce n'est pas qu'un mineur finisse en garde à vue", confirme la lycéenne de Fridays for Future. "Il y a plusieurs façons de participer, cuisiner, aider dans le camp, et c'est tout aussi important". 
- Police impuissante -
La police locale allemande essaie de son côté, depuis des semaines, de dissuader les jeunes de rejoindre leurs aînés plus radicaux. Elle a notamment fait passer des messages d'avertissement auprès des lycées de la région, a rapporté la presse. Mais face à l'ampleur de la mobilisation, elle reconnaît son impuissance. 
"Nous ferons tout notre possible pour empêcher l'entrée dans la mine, mais il y a des points que nous ne pourrons pas couvrir", a reconnu vendredi face à la presse Dirk Weinspach, le chef de la police d'Aix-la-Chapelle.
Selon Tadzio Müller, qui milite pour le climat depuis douze ans, ce sujet ne serait jamais devenu "la priorité politique et sociale" révélée par le scrutin européen sans la mobilisation récente "des gamins et des étudiants".
Mais pour lui, seule l'action directe "peut pousser la classe politique à prendre des décisions", elle "qui dit en permanence qu'elle fait ce qu'elle peut, mais qui ne fait rien".
Le gouvernement allemand, déjà assuré de manquer ses objectifs climatiques pour 2020, a certes programmé en début d'année l'abandon du charbon d'ici 2038, alors qu'il représente encore près de 40% de sa consommation d'électricité.
Mais pour les défenseurs de l'environnement, cette échéance est encore trop tardive, et ne s'accompagne pour l'heure d'aucun calendrier précis pour la fermeture des centrales et des mines concernées.
<https://www.lepoint.fr/monde/la-generation-climat-converge-vers-la-ruhr-allemande-pour-une-action-anti-charbon-19-06-2019-2319742_24.php <https://information.tv5monde.com/info/la-generation-climat-converge-vers-la-ruhr-pour-une-action-anti-charbon-306913>>
Sur le même sujet : 
> Allemagne : 5.000 militants climatiques prêts à bloquer une mine de charbon, AFP, 21/06/18, 05:00
Daphné Rousseau, avec Yann Schreiber
Venus de toute l'Europe, armés d'une formation éclair et du soutien des jeunes manifestants pour le climat, plusieurs milliers de militants anti-charbon s'élanceront vendredi à l'aube pour tenter d'occuper une mine dans l'ouest de l'Allemagne.
Depuis mercredi, environ 5.000 activistes ont établi un immense "camp climatique" dans la Ruhr, entre entraînement aux techniques anti-arrestation, ambiance de festival et utopie écologiste, à une trentaine de kilomètres du site d'extraction de Garzweiler.
Autosuffisant, vegan, doté d'un hôpital, d'un cinéma en plein air, d'une boulangerie et d'une crèche, ce village éphémère monté par l'organisation Ende Gelände permet d'initier sur le tas les nombreux militants novices à la "désobéissance civile", hors la loi mais en principe non violente.
Dès l'aurore, ils devront forcer à pied les nombreux barrages de police pour déferler, en combinaison blanche et visage souvent masqué, dans les immenses travées de cette mine de lignite, un charbon brun bon marché et très polluant exploité sur de vastes surfaces par le groupe RWE.
Si Ende Gelände occupe cette mine chaque année depuis 2015, l'opération prend cette fois un relief particulier : non seulement le nombre de participants va croissant, mais ils sont pour la première fois appuyés par le jeune mouvement Fridays for Future, dans une rare convergence entre action légale et illégale.
- "Aller plus loin" -
Peu après le blocage de Garzweiler attendu dans la matinée, 20.000 collégiens, lycéens et étudiants sont attendus à 10H00 GMT pour une "manifestation européenne" à Aix-La-Chapelle, à quelques dizaines de kilomètres, suivie le lendemain d'un "soutien" direct aux occupants de la mine.
Et dès jeudi, ces militants souvent mineurs, assidus dans la rue depuis des mois, étaient déjà très présents sur le camp d'Ende Gelände et y recevaient des consignes de sécurité spécifiques. Beaucoup d'entre eux confiaient vouloir rester "derrière les lignes" plutôt que de courir au fond de la mine.
"Moi j'ai toujours été une citoyenne modèle, je n'ai jamais transgressé la loi. Mais le fait est que cela ne changera pas si nous ne faisons rien maintenant, et je suis là (...) pour aller plus loin", explique cependant Döerthe, 19 ans, qui s'est choisi comme tous les participants un "nom de guerre".
Depuis jeudi, les militants se préparent à camper par "groupes affinitaires" d'une dizaine de personnes, qui partagent la même endurance physique et mentale et se sont fixé les mêmes limites, en attendant le top départ dans la nuit via des moyens de communication cryptés ou discrets.
Entre corvées d'épluchage et de sanitaires, ils ont passé en revue auprès des formateurs aguerris d'Ende Gelände tous les scénarios : arrestation, blessure, crise de panique, et même échec de la tentative de blocage. 
- Abandon du charbon -
Si la moyenne d'âge ne dépasse pas trente ans, certains vétérans ont été de toutes les manifestations écologistes et occupations illégales depuis des décennies, notamment celles de sites nucléaires avant que l'Allemagne ne décide en 2011 de sortir de l'atome avant 2022.
La chancelière Angela Merkel "maintient une politique qui prive littéralement les jeunes de leur avenir, mais ces jeunes sont en train de prendre le pouvoir. Ils ont des forces que je n'ai plus", dit d'une voix nouée d'émotion Günter Wimmer, 76 ans, venu de Munich en combinaison, appuyé sur sa canne.
Mais le renoncement au nucléaire a prolongé la dépendance du pays au charbon, source d'une énergie plus prévisible, meilleur marché et plus facile à acheminer que l'éolien ou le solaire, et qui représente encore près de 40% de sa production d'électricité.
Le gouvernement allemand vient seulement de décider son abandon d'ici 2038, échéance jugée trop lointaine par les activistes, et dépourvue pour l'heure d'un calendrier précis pour fermer mines et centrales.
"La crise climatique est déjà là, nous le voyons tous les jours au quotidien. Notre but est de stopper physiquement, de nos corps, les moyens de production économique qui en sont responsables", explique à la presse Nike Malhaus, porte-parole d'Ende Gelände.
<https://www.courrierinternational.com/depeche/allemagne-5000-militants-climatiques-prets-bloquer-une-mine-de-charbon.afp.com.20190621.doc.1ho80s.xml <https://information.tv5monde.com/info/allemagne-5000-militants-climatiques-prets-bloquer-une-mine-de-charbon-307346>>
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21- L’UE échoue à adopter la neutralité carbone en 2050, Le Monde, 21/06/19, 09h25
Cécile Ducourtieux, Audrey Garric et Virginie Malingre

La Pologne, soutenue par la Hongrie, la République tchèque et l’Estonie, se sont opposées à un accroissement de l’ambition européenne. 
C’est une occasion manquée dans la bataille que mène l’Union européenne (UE) contre le dérèglement climatique. Malgré la pression exercée par une partie du personnel politique et par les associations environnementales, les chefs d’Etat et de gouvernement, réunis en Conseil à Bruxelles jeudi 20 et vendredi 21 juin, ne sont pas parvenus à s’accorder sur un objectif de neutralité carbone en 2050 ni à relever leurs efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. En cause : une opposition de la Pologne, soutenue par la Hongrie, la République tchèque et l’Estonie.
Jeudi soir, le Conseil européen s’est contenté d’appeler à « assurer une transition vers une UE climatiquement neutre », qui « préservera la compétitivité européenne, sera juste et socialement équilibrée, prendra en compte les circonstances nationales des Etats membres et respectera leur droit de décider de leur propre mix énergétique ». La référence à 2050 est reléguée en note de bas de page, indiquant qu’une majorité de pays soutient la neutralité climatique avant cette échéance.
En fin de journée, vingt-quatre des vingt-huit Etats membres avaient pourtant basculé en faveur de cet objectif, qui ne consiste pas à réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre mais à fortement les réduire et à compenser les rejets résiduels par des puits de carbone naturels (forêts, prairies, etc.) ou des techniques de captage et de stockage. Mais c’était sans compter l’opposition de la Pologne. « Personne ne pensait que Varsovie serait prête à signer ce soir, c’était trop tôt », relativisaient plusieurs sources diplomatiques, jeudi soir.
> Lire aussi  Nous sommes en 2050, à quoi ressemblerait la vie dans un pays neutre en carbone ?
La Pologne demande plus de fonds européens
La Pologne et les trois autres pays « ont fait valoir que la transition écologique leur coûtera plus cher qu’à ceux qui ont un mix énergétique moins polluant et qu’il faut donc en tenir compte en prévoyant un accompagnement financier », expliquait-on dans l’entourage du président français Emmanuel Macron.
Varsovie réclamait un engagement, précis, écrit, des autres capitales, garantissant le versement de fonds européens supplémentaires pour financer sa transition, jugée plus coûteuse, car encore très dépendante du charbon. Accessoirement, des élections législatives étant prévues en novembre, le PiS, le parti (droite ultraconservatrice) au pouvoir, n’a pas envie de prendre des positions politiques jugées risquées à Bruxelles.
« Le problème, c’est que le futur budget pluriannuel de l’UE n’est toujours pas terminé d’être négocié et qu’il n’est pas question de s’engager comme cela sur des moyens supplémentaires, pour un pays qui est déjà le principal bénéficiaire des fonds structurels européens », décrypte un diplomate bruxellois, pour expliquer la réticence des autres Etats de l’Union européenne à céder aux demandes polonaises.
« Malgré un effet domino qui a vu le ralliement de vingt-quatre Etats membres –du jamais vu –, l’UE a échoué à envoyer un message clair aux citoyens et aux jeunes qui se sont mobilisés sur ces questions lors des élections européennes et lors des grèves scolaires, regrette Lola Vallejo, directrice du programme climat de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Cela fragilise la position de leadership climatique qu’elle souhaite assumer, dans un contexte géopolitique peu évident pour le multilatéralisme. »
> Lire aussi  « Votre planète, bleue ou saignante ? » : des dizaines de milliers de jeunes Français marchent pour le climat
Une fracture Ouest-Est
Les Vingt-Huit – troisième pollueur mondial après la Chine et les Etats-Unis – risquent ainsi d’arriver sans engagement commun au sommet sur le climat convoqué le 23 septembre par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres.
Alors que les années sont désormais comptées pour éviter des bouleversements sans précédents, celui-ci a appelé les Etats à venir non pas avec des discours mais avec des plans « réalistes et concrets » pour accroître leurs engagements climatiques. Dans un courrier daté de mai, il avait demandé à l’UE d’aller plus loin dans ses efforts et de réduire ses émissions de 55 % d’ici à 2030 au lieu des − 40 % prévus actuellement.
Mais depuis la présentation par la Commission européenne, fin novembre 2018, de sa stratégie de long terme – sur les huit scénarios envisagés, deux proposent la neutralité carbone –, les Etats membres peinent à trouver un consensus. Le Conseil européen des 21 et 22 mars et le sommet sur l’avenir de l’Europe du 9 mai ont déjà buté sur une fracture Ouest-Est, récurrente ces dernières années sur ces sujets climatiques.
Seuls neuf pays (Belgique, Danemark, Espagne, France, Lettonie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Suède) demandaient alors une mention claire de la neutralité climatique « au plus tard » au milieu du siècle. Ils se sont heurtés aux nations charbonnières, Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie – le « groupe de Visegrad » –, qui s’opposent à toute référence à 2050, mais aussi à l’Allemagne, qui à l’époque, demandait encore un report.
> Lire aussi  « La neutralité carbone est possible à condition d’un rétroplanning extrêmement serré »
Le rapport de force a depuis sérieusement évolué. Sous la pression de la mobilisation des jeunes en grèves scolaires pour le climat, des Länders et de la puissante fédération de l’industrie BDI, la chancelière Angela Merkel a ouvert une première porte en faveur de la neutralité carbone sur son territoire mi-mai. Mais ce sont surtout les élections européennes des 23 au 26 mai, avec l’inscription des enjeux climatiques dans les programmes de la majorité des partis et la spectaculaire percée des Verts dans plusieurs pays, qui ont fait bouger les lignes. Outre-Rhin, leur score a poussé Angela Merkel à rejoindre la coalition des pays ambitieux à l’avant-veille du sommet européen. Un retournement qui a entraîné celui de la Slovaquie, provoquant une fracture au sein du groupe de Visegrad.
Les débats européens ont aussi entraîné un mouvement au niveau domestique : le Royaume-Uni et l’Irlande ont présenté un plan pour atteindre la neutralité climatique sur leur propre territoire, et les députés français doivent l’inscrire fin juin dans la loi sur le climat et l’énergie. La Finlande et la Suède visent même des émissions nettes égales à zéro dès 2035 et 2045.
Beaucoup de diplomates restaient malgré tout positifs jeudi soir. « Cela n’est pas la fin de l’histoire, notre ambition reste intacte et nous tenterons de nouveau de nous entendre à l’unanimité avant décembre », expliquait l’un d’eux. Décrocher une unanimité à Vingt-Huit reste un tour de force à Bruxelles, quels que soient les sujets, et le fait, à leurs yeux, d’être parvenus en quelques mois à former une telle majorité relève déjà de la performance.
« Seule une plus grande solidarité, notamment à travers le budget européen, pourra donner des garanties aux quatre pays réticents qu’ils sont soutenus face à cette transition », estime Neil Makaroff, responsable des politiques européennes du Réseau action climat.
Les chefs d’Etat et de gouvernement doivent décider d’ici à la fin 2020 de la part allouée à l’action climatique dans ce budget d’environ 1 200 milliards d’euros prévu pour la période 2021-2027. Une hausse de l’enveloppe permettrait d’amortir le choc de la transition écologique pour les régions dépendantes des énergies fossiles. Les Français plaident pour un budget qui consacrerait jusqu’à 40 % des montants à la transition écologique.
> Lire aussi  L’argent européen pour limiter les fractures territoriales
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/21/l-union-europeenne-echoue-a-adopter-la-neutralite-carbone-en-2050_5479391_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/21/l-union-europeenne-echoue-a-adopter-la-neutralite-carbone-en-2050_5479391_3244.html>>
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22- Pourquoi le verdissement de la Terre n’est pas qu’une bonne nouvelle, Blog Les Décodeurs, 21/06/19, 20h05
Théo Mercadier

La NASA a révélé que la surface de végétation avait augmenté ces vingt dernières années. Du pain béni pour les climatosceptiques, qui occultent le fait que ce verdissement participe d’un dérèglement climatique global. 
« C’est officiel : la planète est de plus en plus verte. » Tout commence avec une étude de la NASA qui, à première vue, peut passer pour une bonne nouvelle. Après avoir analysé des relevés satellitaires effectués pendant une vingtaine d’années, l’agence américaine a conclu en février 2019 que les surfaces de verdure avaient augmenté de 5 % entre 2000 et 2017, soit une superficie supplémentaire équivalente à celle de la forêt amazonienne.
Cette croissance est en grande partie due aux politiques de l’Inde, qui a augmenté ses surfaces cultivées, et de la Chine, qui reboise des terres déforestées.
Ce que dit la rumeur
Certains médias et internautes de bonne foi ont relayé l’information, y voyant un signe annonciateur de jours meilleurs. D’autres s’en sont emparés pour légitimer leur agenda climatosceptique. On retrouve par exemple les résultats de l’étude de la NASA chez des médias conservateurs américains comme Fox News ou Red State.
Ces publications appliquent une stratégie éprouvée en dévoyant les résultats de l’étude scientifique, en sélectionnant certains éléments pour en laisser d’autres de côté. Avec un propos clairement assumé : mettre en avant le verdissement pour dénoncer l’alarmisme ambiant sur le climat.
Pourquoi c’est trompeur
• Replanter ne restaure pas les forêts vierges
Ces articles trompeurs relaient un chiffre de l’étude : un tiers du verdissement de la planète est directement dû à l’activité humaine (reforestation, agriculture…). C’est vrai, mais un autre élément est passé sous silence : replanter des forêts en Chine ne permet pas de restaurer, par exemple, la biodiversité perdue en Amazonie.
C’est pourtant l’un des points essentiels portés par la NASA en conclusion de son étude :
« Ce verdissement (…) ne compense pas les dommages causés sur la végétation tropicale naturelle (comme au Brésil, en République démocratique du Congo et en Indonésie), et n’atténue pas les conséquences sur la durabilité des écosystèmes et de la biodiversité. »
Il est difficile d’obtenir une estimation précise du temps qu’il faut à une forêt vierge pour retrouver son état originel après déboisement. D’après les résultats d’une étude scientifique menée au Brésil en 2008, une jungle mettrait en moyenne 66 ans pour reprendre ses droits et développer un écosystème durable. Mais il faudrait attendre « entre 1 000 et 4 000 années » pour constater une restauration complète de la faune et de la flore de la forêt vierge d’origine.
• Les nouvelles forêts peuvent déséquilibrer les écosystèmes
La verdure progresse aussi dans les régions arides de la planète, comme en Afrique. Doris Barboni, paléo-écologiste au Centre national de la recherche scientifique et experte de la végétation sur le très long terme, explique que cette poussée des forêts peut déséquilibrer les écosystèmes, en grignotant par exemple la savane, habitat de nombreuses espèces animales.
Lorsqu’elles sont poussées à migrer, ces espèces se retrouvent coincées entre une forêt qui avance et des infrastructures humaines envahissantes : « Je me rappelle ces girafes coincées sur le bord de la route aux environs de Nairobi [Kenya], incapables de traverser à cause des files ininterrompues de camion », raconte la chercheuse.
• Dans le Nord : là où il y avait de la neige, il y a des prairies
Autre point précisé par l’étude de la NASA et omis par Fox News : l’augmentation des surfaces vertes est surtout constatée « dans le nord de la planète, à des latitudes élevées ». Les régions les plus froides du globe se couvrent aujourd’hui de végétation du fait du réchauffement climatique, d’après l’agence américaine.
On trouve des prairies là où il y avait de la neige il y a trente ans, avec tous les risques que cela comprend pour les espèces animales dépendantes d’habitats enneigés, comme les ours polaires. Et cette frontière entre les deux types d’habitats ne cesse de se déplacer vers le nord : dans une autre étude publiée en 2016, l’agence estimait ainsi que ces nouveaux paysages verts ressemblent à ce qu’on trouvait, en 1982, entre 400 et 750 kilomètres plus au sud.
> Lire aussi  Non, le nombre d’ours polaires n’est pas en augmentation
• Le CO2 facteur numéro un du verdissement
Le Nord est plus vert qu’avant, car les plantes y profitent d’un climat plus doux, mais aussi d’une concentration plus élevée en dioxyde de carbone (CO2). C’est l’une des conclusions d’une autre étude publiée par la NASA en 2016 : la hausse des niveaux de CO2 est le facteur numéro 1 du développement de la végétation sur terre, loin devant les efforts de replantation.
Le CO2 contribue ainsi « à 70 % au verdissement de la planète », commente Ranga Myneni, coautrice de l’étude et professeure au département planète et environnement de l’université de Boston (Massachusetts).
Les plantes combinent cette molécule à l’eau pour réaliser leur photosynthèse et se développer. L’équation est simple : plus de CO2, plus de verdure. Et si elles en trouvent de plus en plus, c’est bien à cause de la consommation humaine d’énergies fossiles, dont la combustion entraîne le rejet de CO2 dans l’atmosphère. C’est ce gaz qui, par effet de serre, est le principal responsable du réchauffement climatique.
« On peut donc considérer le verdissement comme une bonne nouvelle, explique au Monde la chercheuse Doris Barboni. Cela montre bien la capacité de résilience de notre planète, comme on peut le constater plusieurs fois en remontant des millions d’années en arrière. Mais cette fois, l’homme est le principal responsable de ce changement. »
Si elle reste régulièrement niée par certains, la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique a été prouvée de nombreuses fois et fait consensus dans la communauté scientifique, tout comme le fait que les concentrations de CO2 dans l’air n’ont jamais été aussi élevées.
+ Graphique : Une concentration de CO2 dans l’atmosphère en forte hausse depuis le début du XXe siècle / Sources : National Oceanic and Atmospheric Administration, Carbon Dioxide Information Analysis Center
Fox News et consorts ont raison de louer la politique de reforestation chinoise. Mais ils oublient une dimension primordiale du problème : les émissions de CO2 chinoises sont en hausse constante depuis les années 1960.
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L’environnement, « ça commence à bien faire » ?
Les questions environnementales ont pris une place considérable dans le débat public ces dernières années, mais font souvent l’objet de vives controverses. Pour vous aider à y voir plus clair entre questions légitimes et fausses informations, Les Décodeurs vous proposent plusieurs analyses sur le sujet :
• « C’est trop tard, on ne peut plus rien faire » et autres idées reçues sur le réchauffement climatique <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/14/quelques-idees-idees-recues-sur-le-rechauffement-climatique_5397657_4355770.html>
• Comment l’homme bouscule l’équilibre du climat sur la Terre <https://abonnes.lemonde.fr/les-decodeurs/visuel/2018/08/15/qu-est-ce-qui-rechauffe-reellement-la-terre_5342811_4355770.html>
• Petit manuel pour comprendre le débat sur les carburants <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/11/09/petit-manuel-a-lire-avant-de-debattre-de-la-hausse-des-prix-du-carburant_5381196_4355770.html>
• Oui, les glaces fondent, et c’est bien à cause du réchauffement climatique <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/12/oui-les-glaces-fondent-et-c-est-bien-a-cause-du-rechauffement-climatique_5475076_4355770.html>
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/21/pourquoi-le-verdissement-de-la-terre-n-est-pas-qu-une-bonne-nouvelle_5479913_4355770.html <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/21/pourquoi-le-verdissement-de-la-terre-n-est-pas-qu-une-bonne-nouvelle_5479913_4355770.html>>
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23- Génération climat : "ce n'est pas seulement manger bio !", AFP, 22/06/19, 17:00
Daphne Rousseau et Yann Schreiber

Un rapport d'experts, un paysage d'enfance disparu, ou un leader charismatique au lycée...les motivations des militants climatiques européens, portés par la vague politique "écologiste" en Europe, sont diverses.
Tour d'horizon en quelques entretiens réalisés à l'occasion d'une action contre le charbon entamée mercredi en Allemagne et qui se poursuit samedi dans le bassin minier rhénan. Entre manifestations et blocage de mine à ciel ouvert, elle a mobilisé des milliers de personnes.
- Parents pas assez "verts"- 
• "Pupsy", 18 ans, Allemagne
"Il y a ce copain dans mon lycée, qui était déjà super actif cette année. C'est vraiment un modèle pour nous. Donc, ça a été très vite, ces cinq dernières semaines, il m’a présenté à des groupes de Fridays for Future", témoigne sous son "pseudo d'action" cette lycéenne néo-activiste. 
Elle n'aurait jamais pensé il y a encore quelques mois commencer ses vacances d'été au milieu de 5.000 militants écologistes chevronnés près d'une mine à ciel ouvert et elle a encore quelques doutes. 
"Pour moi faire une action illégale (bloquer une mine) n’est pas une option. Je risque une arrestation et une mention dans un casier judiciaire, pour trouver un travail ça peut être très compliqué", reconnaît-elle. 
Et à la rentrée ? "L'étape d’après c’est de fédérer tout le monde dans un +Groupe climat+ à l’échelle de notre ville de Mannheim et de faire pression sur la municipalité pour qu’elle modifie ses pratiques. On peut y arriver. Rien qu’avec mes parents en quelques mois ça a été très vite. Même si je ne les trouve pas assez +verts+ à mon goût. Ils sont quand même devenus végétariens depuis cet hiver", se félicite-t-elle. 
- Mobilisation au village - 
Aksel Johansen, 27 ans, Danemark 
"A 15 ans j'ai lu un premier rapport sur le climat, qui m'a donné envie de m'engager. J'ai rejoint des manifestations" et face au manque de réponse des pouvoirs publics "j'ai décidé de passer aux actions directes", dit à l'AFP le jeune homme, qui participe pour la cinquième fois à une action de blocage de mine de charbon. Elle est organisée par les activistes allemands de l'organisation "Ende Gelände" (Terminus). 
Sur le camp installé, qui sert de base arrière aux 5.000 militants, il a été affecté à l'atelier de peintures de pancartes. "Je suis particulièrement ému cette année, car on a vu l'ampleur qu'a pris le mouvement de la grève pour le climat (Fridays for Future)", dit-il.
- 'Glaciers de mon grand-père' -
Guillaume Durin, 41 ans, France
"Mon grand-père vient de Haute-Savoie, il a fait beaucoup d'alpinisme et il ne reconnaît plus ses glaciers, le massif des Bossons, ni ses vallées blanches. J'ai écrit sur le sujet pendant mes études, fait un doctorat, mais à un moment, écrire ne suffisait plus", explique ce consultant. 
"Ce qu’il faut, c'est aller beaucoup plus loin, car le problème est bien plus grave. Il faut se mettre en jeu, faire en sorte que les choses changent vraiment, et parfois aller sur le terrain quand il y a des projets qui sont destructeurs et les empêcher et collectivement", raconte-t-il. 
Se préoccuper du climat "ce n’est pas seulement couper sa douche ou manger bio", ajoute-t-il.
- La relève -
Günter Wimmer, 76 ans, Allemagne
"Je suis activiste écologique depuis 40 ans. C'est la question du nucléaire qui m'a fait prendre conscience des menaces. Et puis il y a eu Tchernobyl. Depuis j’ai été de plusieurs luttes. Mais aujourd’hui je ne suis plus en état physique", dit ce militant aux cheveux blancs, appuyé sur une canne. 
"Ces dernières années nous étions deux à Munich à nous impliquer quotidiennement. Je commençais à perdre espoir mais là tous ces jeunes m’en redonnent. Cette génération a tellement de force, ils sont si connectés, si intelligents. Avec eux, on va finir par gagner", dit-il sans pouvoir retenir ses larmes.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/generation-climat-ce-n-est-pas-seulement-manger-bio_134756>
Sur le même sujet :
> Une mine de charbon allemande occupée par des militants écologistes <https://information.tv5monde.com/info/une-mine-de-charbon-allemande-occupee-par-des-militants-ecologistes-307623>, AFP, 22/06/19, 21:00
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24- Inde : les corps de sept alpinistes retrouvés dans l'Himalaya, AFP, 23/06/19, 19:00

Les corps de sept alpinistes disparus il y a près d'un mois en Inde sur un sommet de l'Himalaya ont été retrouvés dimanche par une équipe de secouristes spécialisés dans les interventions en haute montagne.
Ces secouristes étaient partis début juin à la recherche de huit alpinistes - quatre Britanniques, deux Américains, un Indien et une Australienne - dans la Nanda Devi, le deuxième plus haut massif d'Inde près de la frontière avec le Népal. 
Les sept corps, qui ont pu être récupérés au bout de sept heures de labeur, ont été "transportés sur un site à proximité", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la Police des frontières indo-tibétaine (ITBP), Vivek Kumar Pandey. "Nous avons aussi découvert de l'équipement de montagne", a-t-il ajouté.
Les recherches pour trouver le huitième alpiniste disparu se poursuivront lundi, a-t-il précisé. 
- Sans autorisation -
"Les conditions sur le terrain étaient extrêmement difficiles en raison de la forte pente, de l'accumulation de neige et des vents forts", a-t-il expliqué.
Les identités et nationalités des sept victimes retrouvées n'ont pas encore été déterminées.
Les huit alpinistes disparus sont les Britanniques Martin Moran, John McLaren, Rupert Whewel et Richard Payne, les Américains Anthony Sudekum et Ronald Beimel, l'Australienne Ruth McCance et leur guide indien Chetan Pandey.
Quatre autres alpinistes britanniques secourus après s'être séparés du groupe principal avaient aidé les équipes de secours à localiser les huit autres.
Le groupe d'alpinistes, emmené par l'alpiniste britannique chevronné Martin Moran, avait reçu l'autorisation d'escalader uniquement le sommet oriental de la Nanda Devi.
Mais selon un message publié sur Facebook le 22 mai par la compagnie de M. Moran, ils avaient en fait l'intention de tenter l'ascension d'un "sommet qui n'avait pas encore été escaladé", haut d'environ 6.500 mètres, dans l'Etat d'Uttarakhand (nord).
- Des centaines d'alpinistes -
Des responsables ont indiqué à l'AFP que les alpinistes avaient pris un risque mortel en s'engageant dans une ascension pour laquelle ils n'avaient pas reçu d'autorisation.
Selon une source militaire, ils ont peut-être chuté d'une crête de glace ou alors été emportés par une avalanche.
Les alpinistes disparus avaient communiqué pour la dernière fois le 26 mai, la veille d'importantes chutes de neige et avalanches.
D'importantes opérations de recherches, à l'aide notamment d'hélicoptères, avaient été lancées par les autorités indiennes, mais elles avaient été affectées par le mauvais temps, notamment des vents violents, le risque d'avalanche et le terrain difficile.
Des centaines d'alpinistes du monde entier se rendent chaque année en Inde pour escalader les sommets de l'Himalaya, et ceux de la Nanda Devi sont considérés comme parmi les plus difficiles.
La première ascension de la Nanda Devi couronnée de succès remonte à 1936. L'Inde compte sur son territoire dix sommets de plus de 7.000 mètres, dont le troisième plus haut du monde, le Kangchenjunga (8.586 m), coincé entre l'Inde et le Népal.
<https://www.liberation.fr/planete/2019/06/23/inde-les-corps-de-sept-alpinistes-retrouves-dans-l-himalaya_1735671>
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25- Non, le niveau de la mer n’augmente pas de manière « naturelle », Les Décodeurs, 24/06/19, 08h39
Théo Mercadier

Plusieurs sites assurent que, si la mer gagne du terrain sur la Terre, elle le fait à un rythme constant depuis des millénaires, sans influence de l’activité humaine. Voilà pourquoi c’est faux. 
« L’accélération de la hausse du niveau de la mer est une supercherie ! […]L’élévation est naturelle et n’a rien à voir avec l’activité humaine », peut-on lire sur le site climatosceptique Real Climate Science. Mais les études scientifiques sur la question disent bien le contraire.
Pourtant, de nombreuses publications douteuses continuent de défendre l’hypothèse en s’appuyant sur des études scientifiques dévoyées ou erronées. On la retrouve ainsi dans un rapport publié en 2015 par le Heartland Institute, que le New York Times décrit comme « la première organisation climatosceptique des Etats-Unis ». 
L’idée fallacieuse, qui remet en question l’une des conséquences majeures du réchauffement climatique, resurgit aussi régulièrement sur l’Internet français, dans des billets de blogs ou des articles publiés par exemple sur le très discutable site reinformation.tv <http://reinformation.tv/> (que nous avons classé peu fiable dans le Décodex).
Pourquoi c’est faux
• Deux facteurs expliquent la hausse du niveau marin
Une étude de la NASA a, malgré elle, apporté de l’eau au moulin des climatosceptiques. Un article de l’agence américaine publié en 2016 explique ainsi que, de manière contre-intuitive, la fonte des icebergs ne fait pas augmenter le niveau de la mer.
L’explication est à chercher du côté de la physique : ces blocs de glace appuient déjà sur l’eau et donc, d’après le principe de la poussée d’Archimède, leur fonte n’entraîne pas une hausse des océans. Un phénomène éclairé par l’émission « On n’est pas que des cobayes », qui a mené l’expérience dans ses studios avec des blocs de glace de 150 kg (séquence à retrouver ici).
L’élévation des océans est principalement due à la fonte de la glace présente sur la couche terrestre, par exemple dans les glaciers et dans la calotte polaire. A cause du réchauffement climatique, elle se retrouve à l’état liquide dans les mers et entraîne une hausse de leur niveau. Dans des proportions potentiellement colossales : d’après une étude publiée dans la revue Science, la fonte de toute la glace du continent Antarctique (qui représente 90 % de la glace terrestre) et du Groenland entraînerait une montée du niveau de la mer de 70 mètres.
Une deuxième raison, moins connue, explique l’élévation des océans : l’eau liquide se dilate à mesure qu’elle monte en température, son volume augmentant en même temps que sa température – c’est cette propriété des liquides qui explique le fonctionnement d’un thermomètre à alcool, par exemple. Or, les océans absorbent 90 % de la hausse de température due à l’effet de serre. Résultat, d’après les chiffres de la NASA, cette dilatation de l’eau a provoqué une élévation de sept millimètres du niveau des océans entre 2003 et 2018.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/24/non-le-niveau-de-la-mer-n-augmente-pas-de-maniere-naturelle_5480573_4355770.html <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/24/non-le-niveau-de-la-mer-n-augmente-pas-de-maniere-naturelle_5480573_4355770.html>>
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26- Les canicules se répètent, marqueur du réchauffement climatique, AFP, 24/06/19, 20:00
Catherine Hours

Les canicules à répétition, toujours plus précoces, sont un symptôme sans équivoque du déréglement climatique, soulignent les scientifiques au moment où une vague de chaleur recouvre une partie de l'Europe.
"Les vagues de chaleur sont le marqueur du réchauffement" planétaire, résume Jean Jouzel, ex-vice-président du Giec (experts climat de l'Onu). 
"C'est à la fois ce qu'on observe, ce que le Giec attribuait déjà aux activités humaines dans ses précédents rapports - c'est là qu'il est le plus affirmatif - et clairement, le diagnostic est qu'elles vont devenir plus précoces, plus intenses, plus fréquentes".
Toujours plus de cas
Stefan Rahmstorf, chercheur au Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK), convoque la statistique : "Les étés les plus chauds relevés en Europe depuis l'année 1500 concernent tous le début du 21e siècle : 2018, 2010, 2003, 2016, 2002. Mondialement, les records de chaleur mensuels tombent cinq fois plus souvent qu'ils ne le feraient dans un climat stable".
"Cette hausse des extrêmes de chaleur se déroule comme l'avait prévu la science, conséquence directe d'un réchauffement induit par les gaz à effet de serre liés à la combusion du charbon, du pétrole et du gaz", ajoute-t-il.
En France par exemple, ces 30 dernières années ont vu deux fois plus de vagues de chaleur que la période antérieure, et leur fréquence devrait encore doubler d'ici à 2050, souligne l'organisme national de la prévision. En 2016 et 2017 ce fut en juin et en septembre, et on pourra à l'avenir les attendre de fin mai à début octobre, débordant la seule période estivale.
Masses d'air surchauffées
Pourquoi cette recrudescence ?
"On aurait pu avoir cette configuration atmosphérique il y a un siècle", explique Etienne Kapikian, prévisionniste à Météo-France, qui surveille le phénomène en cours sur l'Europe.
"La différence est que les masses d'air aujourd'hui sont surchauffées. Les blocages anticycloniques de haute pression sont plus intenses que dans le passé, avec des masses d'air plus chaudes remontant du Sahara, ce qui amènent des extrêmes plus intenses".
Aux degrés en plus s'ajoute le bouleversement de la circulation atmosphérique, avec le ralentissement des courants voyageant vers l'est en été, jet stream inclus, comme l'a montré le chercheur Dim Coumou, du PIK. "Ce qui favorise des conditions de chaleur et de séchesse au-dessus du continent qui parfois se transforment en dangereuse canicule".
Phénomènes périlleux
Selon le Giec, pics et records de chaleur croissent environ deux fois plus vite que les températures moyennes. Ainsi, si les températures prennent en moyenne 3 à 5°C dans la seconde partie du 21e siècle (par rapport à l'ère prè-industrielle), faute d'action suffisante pour réduire les émissions, les records gagneront eux 6° à 8°C.
Parfois durables, les vagues de chaleur s'accompagnent de sécheresse, et de conséquences sur la santé, notent les chercheurs.
Si l'on excepte les 75.000 morts de la canicule de 2003 en Europe, les événements climatiques provoquent en moyenne 3.000 décès par an sur le continent, relève Jean Jouzel. Avec un réchauffement de +3°C (horizon prévu si les Etats tiennent leurs promesses de 2015 de réduire leurs émissions), "le nombre de victimes des événements climatiques extrêmes pourrait être multiplié par 30 ou 40, dont 99% liés aux canicules", prévient le chercheur.
"Et l'Europe n'est pas la région la plus chaude de la planète", ajoute-t-il, préoccupé par l'Asie du sud-est, le Moyen-Orient ou certaines régions de Chine aujourd'hui très peuplées.
0,5°C de différence ça compte
Alors que faire ? Chaque demi-degré de réchauffement global évité comptera, a montré le Giec en 2018, dans son rapport sur un réchauffement à +1,5°C, limite pour protéger la planète d'impacts majeurs. Mais le monde est hors des clous et les émissions ont encore atteint un record l'an dernier.
Dans l'immédiat le réchauffement continuera à croître, et donc ses impacts, souligne le chercheur Hervé Le Treut, sous l'effet de gaz persistant des décennies dans l'atmosphère.
Donc il y a "urgence" à "anticiper" et à apprendre à s'adapter: "les canicules deviennent des objets dont on doit se prémunir", note-t-il, tout en œuvrant urgemment à réduire les émissions de demain.
<https://www.geo.fr/environnement/les-canicules-se-repetent-marqueur-du-rechauffement-climatique-196224 <https://information.tv5monde.com/info/les-canicules-se-repetent-marqueur-du-rechauffement-climatique-307971>>
Sur le même sujet :
> Les grandes vagues de chaleur en France depuis l'été 1976, AFP, 24/06/19, 13:00
La France, qui s’apprête à vivre à partir de dimanche une vague de chaleur intense, a déjà connu plusieurs épisodes de canicule ces cinquante dernières années, comme celui mémorable de l’été 1976 ou la canicule meurtrière d’août 2003.
Le terme canicule désigne, selon Météo-France, "un épisode de températures élevées, de jour comme de nuit, sur une période prolongée". Les seuils ne sont pas les mêmes d'une région à l'autre et la chaleur doit durer au moins trois jours.
- La fournaise de 76 -
De fin juin à la mi-juillet 1976, tous les records de chaleur sont battus. Il faut remonter jusqu'en 1921 pour trouver de semblables conditions météorologiques.
En termes d'impact sanitaire, une vingtaine de départements voient leur mortalité s'élever de près de 10%, selon Météo-France. 
L'absence prolongée de pluie est désastreuse pour l'agriculture. L'indemnisation des victimes de la sécheresse est financée en partie par une majoration exceptionnelle de l'impôt sur le revenu, baptisée "l'impôt-sécheresse".
- 1983 : chaleur intense -
Une vague de chaleur intense s'abat sur la France entre le 9 et le 31 juillet 1983. Des pics sont enregistrés le 11 juillet à Nantes, Cognac (36°) et Carcassonne (35°). À Paris, il fait 33°.
La surmortalité sur l'ensemble de la France s'élève à 4.700 cas pour juin et juillet dont 300 décès dans la seule région de Marseille, imputables directement ou indirectement à la chaleur. 
- 2003 : été meurtrier - 
La canicule fait 15.000 morts entre le 4 et le 18 août 2003, particulièrement dans la région Centre et en Ile-de-France. Sur l'ensemble de l'été, le nombre des morts causés par la chaleur atteint 19.490 en France, selon une étude bilan publiée en 2007 par l'Inserm.
L'été 2003 est le plus chaud jamais observé depuis le début de la mise en place d'un réseau d'observation en France. Des records sont enregistrés à Toulouse, Bordeaux, Limoges et Montauban, avec plus de 40 degrés le 4 août. 
La chaleur met en évidence des dysfonctionnements des services de santé et l'isolement des personnes âgées, principales victimes de la canicule.
L'urgentiste Patrick Pelloux dénonce le 10 août la gestion de la canicule dans les hôpitaux. Le 18, le directeur général de la Santé Lucien Abenhaïm, dont les services sont mis cause par le ministre Jean-François Mattei, démissionne.
Le ministre lui-même sera remplacé en mars 2004 par Philippe Douste-Blazy qui élabore un "plan canicule". Celui-ci sera, dès lors, opérationnel tous les étés pour protéger les personnes âgées, handicapées, sans domicile et les très jeunes enfants. 
- 2006 : chaleur en juillet - 
Une vague de chaleur frappe la France du 10 au 28 juillet : la basse vallée du Rhône est la plus affectée, la mer atteint 30 degrés à Marseille. La chaleur aurait entraîné une surmortalité de plus de 2.000 décès en France, selon Météo-France/Inserm.
- 2015 : trois épisodes -
Trois épisodes de canicule entre le 29 juin et le 9 août 2015 entraînent 3.300 décès supplémentaires par rapport à un été normal (chiffre de InVs aujourd'hui Santé Publique France).
- 2018 : 1.500 morts -
La France connaît une vague de chaleur du 24 juillet au 8 août 2018 et l'été 2018 se classe en moyenne comme le deuxième plus chaud de l'histoire de France, derrière 2003, selon Météo-France. La canicule de 2018 provoque environ 1.500 morts de plus qu'un été normal.
<https://www.geo.fr/environnement/les-grandes-vagues-de-chaleur-en-france-depuis-lete-1976-196215>
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27- Plus d'énergie pour affronter le climat, le cercle vicieux du réchauffement, AFP, 24/06/19, 21:00

Le réchauffement climatique va générer des besoins en énergie accrus, pour les climatiseurs notamment, de +25 à +60% d'ici la moitié du siècle, selon une étude parue lundi.
La demande en énergie pourrait croître d'un quart, même si le réchauffement était limité. Cette hausse atteindrait 58% si les émissions de gaz à effet de serre gardaient leur trajectoire présente.
De quoi alimenter encore plus le dérèglement du climat si cette énergie devait venir de sources fossiles (charbon, gaz ou pétrole), note l'étude parue dans Nature Communication.
En 2018, pétrole et gaz ont assuré les deux tiers de la production électrique mondiale, le solaire et l'éolien moins de 10%, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
"Si la consommation d'énergie croît et conduit à des émissions supplémentaires de gaz à effet de serre, une consommation énergétique accrue pour la climatisation compliquerait et rendrait plus coûteux encore la lutte contre le réchauffement", note Ian Sue Wing, de la Boston University.
Ces besoins devraient croître le plus rapidement dans le sud de l'Europe, de la Chine, des Etats-Unis, et dans les pays les moins avancés des Tropiques, selon elle.
L'étude parue lundi reprend différentes projections de températures, d'évolution démographique et économique.
D'ici le milieu du siècle, le changement climatique devrait accroître la demande énergétique de 11 à 27% en cas de réchauffement modéré, de 25 à 58% en cas de réchauffement "vigoureux", selon ces chercheurs.
Le marché des climatiseurs individuels devrait exploser, passant, en Inde par exemple, de 30 millions d'unités aujourd'hui à un milliard d'ici 2050, indiquaient de précédentes recherches. Globalement ces équipements devraient consommer trois fois plus d'énergie d'ici 2050, selon l'AIE.
<https://www.geo.fr/environnement/plus-denergie-pour-affronter-le-climat-le-cercle-vicieux-du-rechauffement-196226>
Sur le même sujet :
> Le réchauffement climatique va entraîner une hausse des besoins d'énergie, 20 Minutes, 25/06/19, 10h05
J.-L. D.
Pensez à la planète, transpirez au lieu d’utiliser la climatisation
A force d’utiliser la clim H24 cette semaine, il fallait s’attendre à ce genre de scénario. Le réchauffement climatique va générer des besoins en énergie accrus, pour les climatiseurs notamment, de +25 à +60 % d’ici la moitié du siècle, selon une étude 'Amplification of future energy demand growth due to climate change' parue ce lundi dans Nature Communication et relayée par Franceinfo.
La hausse énergétique devrait dépendre de la hausse des températures. Si le réchauffement climatique parvient à être circonscrit, la hausse des besoins devrait se limiter à une augmentation d’un quart. Si elle évolue comme actuellement, la dépense énergétique devrait par contre connaître une hausse de 58 %.
Le marché du climatiseur individuel explose
De quoi devenir un sacré cercle vicieux, puisque cette énergie devrait probablement venir des énergies fossiles, comme le rapporte l’étude. « Si la consommation d’énergie croît et conduit à des émissions supplémentaires de gaz à effet de serre, une consommation énergétique accrue pour la climatisation compliquerait et rendrait plus coûteux encore la lutte contre le réchauffement », note Ian Sue Wing, de la Boston University.
Les climatiseurs individuels devraient connaître une croissance exponentielle. Rien que dans le cas de l’Inde, le marché de ce produit devrait passer de 30 millions d’unités actuellement à un milliard en 2050.
<https://www.20minutes.fr/planete/2548579-20190625-clim-rechauffement-climatique-va-entrainer-hausse-besoins-energie <https://www.20minutes.fr/planete/2548579-20190625-clim-rechauffement-climatique-va-entrainer-hausse-besoins-energie>>
En savoir plus :
> Amplification of future energy demand growth due to climate change <https://www.nature.com/articles/s41467-019-10399-3>, Nature Communications, 24/06/19
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28- La gestion souple du trait de côte comme réponse aux changements climatiques, Actu-environnement.com <http://actu-environnement.com/>, 24/06/19
Laurent Radisson

Plutôt que résister, l'adaptation apparaît comme la meilleure solution pour faire face aux effets des changements climatiques sur le littoral. Illustration dans le Marais de Brouage où le Conservatoire du littoral a lancé une expérimentation.
"Il existe trois possibilités : résister avec un coût qui peut être exorbitant, subir ou s'adapter", explique Adrien Privat, chargé de mission interface Terre/mer au Conservatoire du littoral. C'est cette dernière approche, consistant à privilégier une gestion souple du trait de côte sous l'effet du changement climatique, qui a les faveurs de l'établissement public qui assure la protection de près de 200.000 hectares en France. Ce dernier a lancé en 2015 le projet Adapto qui explore...
>> Suite à lire en édition abonnée à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/trait-cote-gestion-programme-Adapto-Conservatoire-littoral-changements-climatique-Marais-Brouage-33667.php4 <https://www.actu-environnement.com/ae/news/trait-cote-gestion-programme-Adapto-Conservatoire-littoral-changements-climatique-Marais-Brouage-33667.php4>>
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29- Canicule : qu’est-ce que la « température ressentie » ?, Les Décodeurs, maj le 25/06/19 à 06h21
Pierre Breteau et  Adrien Sénécat  

Une vague de chaleur pouvant atteindre 40 °C arrive en France. L’indice de température ressentie, lui, est variable d’un coin de rue à un autre. 
« Jusqu’à 48 °C ressentis avec l’humidité : une canicule plus éprouvante qu’en 2013 ? » C’est sous ce titre que BFM-TV a diffusé, dimanche 23 juin, une carte de prévisions météo qui a rapidement inquiété bon nombre d’internautes.
Le nord de la France, Paris incluse, y est ainsi recouvert de noir, avec la mention « 48 ». Mais que signifie vraiment cette prévision et y a-t-il lieu de s’inquiéter ?
> Lire aussi  Canicule : début d’une vague de chaleur sans précédent pour un mois de juin en France
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/24/canicule-qu-est-ce-que-la-temperature-ressentie_5480770_4355770.html <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/24/canicule-qu-est-ce-que-la-temperature-ressentie_5480770_4355770.html>>
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30- Gelées, froid et maintenant canicule : la récolte de miel en totale déconfiture, AFP, 25/06/19, 17:00
Nicolas Gubert

Faudra-t-il rebaptiser cette année le miel français miel de Bretagne ? La question peut paraître provocante, mais la région est la seule de France à avoir évité une récolte de miel "catastrophique", selon les apiculteurs français, qui pointent des conditions climatiques désastreuses.
Habituellement, à ce stade, "on a fait une bonne partie des miels, autour de 40, 50%, là, on ne les a pas", se désole mardi Henri Clément, porte-parole et secrétaire général du syndicat majoritaire, l'Union nationale de l'apiculture française (UNAF).
"Les abeilles ne récoltent rien ! Dans les ruches, il n'y a pas à manger, les apiculteurs sont obligés de les nourrir avec du sirop car elles risquent de mourir de faim", déplore le syndicat agricole Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux), qui a lancé l'alerte dans un communiqué.
Les causes de ce désastre sont multiples, selon le syndicat : "Un hiver très doux a facilité une bonne reprise de ponte, les colonies très populeuses se sont trouvées sans fleurs, ni miellée (nectar butiné, ndlr) et se sont effondrées en peu de temps. Ce nouveau coup dur est d'autant plus critique pour les apiculteurs qu'il intervient après plusieurs saisons difficiles".
"On a des conditions météo qui sont catastrophiques", renchérit M. Clément. "Ça fait quelque temps qu'on s'alarme du bouleversement climatique qui a un gros impact sur les productions. Pour l'instant, il ne s'est quasiment pas fait de miel, à part en Bretagne, où ils ont tiré un peu leur épingle du jeu".
"On peut ajouter la Bourgogne à la Bretagne. Sur le miel de fleurs printanières, les récoltes ont été correctes, environ 70 à 80% de ce qu'on a su faire l'année dernière", tempère quelque peu Thomas Decombard, vice-président du Syndicat français des miels (conditionneurs de miels français et importés).
"Les acacias dans beaucoup de régions ont gelé. Il a fait un printemps pourri, on a été obligé de nourrir les ruches, plutôt que de récolter du miel. On attend de voir un peu comment la saison peut évoluer, parce que ça peut se redresser, mais la canicule qui s'annonce a l'air de vouloir compromettre véritablement les récoltes", s'inquiète toutefois Henri Clément.
- Le pourtour méditerranéen menacé -
"Jusqu'à présent, on n'a pas fait un gramme de miel, il n'y a pas eu de miellée de printemps, c'est surtout dû au mauvais temps", témoigne pour l'AFP Yvan Gouttequillet, apiculteur installé à Saint-Ours-les-Roches (Puy-de-Dôme).
"On espérait beaucoup sur cette année, puisqu'on avait des ruches en quantité. Et puis le temps n'a pas permis du tout aux abeilles de travailler, à un point - ça fait 40 ans que je fais ce métier - que je ne n'avais jamais vu", se lamente-t-il.
"Ce n'est pas propre à la France. J'ai reçu un message de mon collègue italien, qui me dit n'avoir, en 43 ans d'apiculture, jamais connu un tel désastre", assure M. Clément.
"Depuis une bonne quinzaine d'années, le pourtour méditerranéen en particulier souffre de ce bouleversement climatique, on a de plus en plus de périodes de vent du nord, de sécheresse, de canicule. Les miellées sont de plus en plus capricieuses, de plus en plus courtes", ajoute M. Clément.
Et la canicule qui vient de s'abattre pourrait être un nouveau coup dur.
"Là, on va avoir le châtaignier, si c'est 38, 39 degrés pendant 3 jours, (ces miellées) vont être cramées", craint M. Clément.
Les chutes de grêle en Auvergne/Rhône-Alpes sont également pointées du doigt par la Confédération paysanne, selon laquelle l'apiculture "pâtira sévèrement de l'absence de fleurs de châtaigniers en Ardèche".
La France, qui consomme environ 40.000 tonnes de miel, est déjà très loin d'être auto-suffisante, produisant, au mieux, comme l'an dernier, autour de 18.000 à 20.000 tonnes, rappelle M. Clément.
"Les mauvaises années, on faisait 10.000 tonnes, mais si ça se poursuit comme ça, je pense qu'on sera largement en-dessous cette année", indique-t-il, rappelant que les apiculteurs sont déjà aux prises avec certains insecticides, le frelon asiatique, ou la concurrence de miels à bas prix en provenance de Chine, souvent épinglés pour des fraudes.
Seul espoir, pour certaines régions, comme l'Auvergne où travaille M. Gouttequillet, une miellée de sapins, qui prolongerait la récolte d'un mois, jusqu'à la mi-août.
<https://www.geo.fr/environnement/gelees-froid-et-maintenant-canicule-la-recolte-de-miel-en-totale-deconfiture-196237>
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31- Climat : pourquoi la France n’est pas du tout sur les rails, Le Monde avec AP, 25/06/19, 22h30
Audrey Garric

Le Haut Conseil pour le climat identifie des blocages dans les transports et le bâtiment et l’absence d’intégration des objectifs climatiques dans les politiques publiques. 
Alors que la France suffoque de chaleur, on aimerait se dire que le pays lutte contre le dérèglement climatique de manière à limiter la répétition de ces épisodes de canicule. En réalité, l’Hexagone n’est pas sur la bonne trajectoire pour respecter ses objectifs climatiques et ne se donne pas les moyens d’y parvenir. Ce n’est pas la conclusion d’une association engagée dans un bras de fer juridique avec l’Etat mais celle du premier rapport du Haut Conseil pour le climat, l’instance indépendante lancée fin novembre 2018 par Emmanuel Macron.
Dans cette évaluation de l’action française, publiée et remise au premier ministre mardi 25 juin, les onze experts (climatologues, économistes, ingénieurs, etc.) formulent sept propositions afin d’accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’inscrire la transition vers une économie bas carbone au cœur des politiques publiques, ce qui n’est aujourd’hui pas le cas.
Le Haut Conseil pour le climat (HCC), mis en place en pleine crise des « gilets jaunes », n’a été formellement créé qu’à la mi-mai par décret. Son existence doit encore être inscrite dans la loi relative à l’énergie et au climat, examinée à partir de mercredi à l’Assemblée nationale. En quelques mois d’existence, cette autorité, dotée d’un budget de 1,2 million d’euros par an, a réussi le tour de force de dresser un panorama de la situation française, d’identifier les blocages et les options pour les résoudre.
« Les efforts de la France sont réels, mais ils sont nettement insuffisants et n’ont pas produit les résultats attendus. Tant que l’action en réponse au changement climatique restera à la périphérie des politiques publiques, la France n’aura aucune chance d’atteindre la neutralité carbone en 2050 », résume la climatologue Corinne Le Quéré, de l’université britannique d’East Anglia, qui préside le HCC.
L’Hexagone s’est donné un cap ambitieux : atteindre la neutralité carbone en 2050, en divisant les émissions par au moins six et en absorbant les rejets résiduels par des puits de carbone naturels (forêts, zones humides, etc) ou des techniques de séquestration. De quoi permettre, si tous les pays s’engageaient dans la même voie, de contenir le réchauffement planétaire à 1,5 °C d’ici la fin du siècle, en cohérence avec l’accord de Paris de 2015.
> Lire notre enquête : Nous sommes en 2050, à quoi ressemblerait la vie dans un pays neutre en carbone ?
Rythme nettement insuffisant
La neutralité carbone, que la loi énergie-climat doit inscrire dans le marbre, est « techniquement réalisable mais implique une transformation de l’économie et de la société à grande échelle », note le rapport du HCC. Or, « le rythme de cette transformation est actuellement insuffisant ». Cette trajectoire est définie par la stratégie nationale bas carbone (SNBC), l’outil de pilotage de la politique climatique du pays. Pour la première période de la SNBC, fixée pour 2015-2018, la France a dépassé de 62 millions de tonnes équivalent CO2 les budgets carbone alloués, c’est-à-dire les plafonds maximums d’émissions, soit un surplus de 3,5 %.
Les émissions de gaz à effet de serre françaises ont certes diminué de 19 % entre 1990 et 2018. Mais le rythme de baisse sur la période 2015-2018, de 1,1 % par an en moyenne comparé à 2011-2014, est « nettement insuffisant » alors que l’objectif a été fixé à − 1,9 % par la SNBC. Sans compter que cette diminution devra atteindre − 3,3 % à partir de 2025. En somme, les efforts sont près de deux fois moindres que prévu alors qu’il faudra bientôt les tripler.
La France est dans le rouge, malgré la baisse de 4,2 % des émissions enregistrée en 2018 – après trois années à la hausse depuis 2015. « Ces résultats n’indiquent pas que la situation sera meilleure dans le futur car ils sont conjoncturels et non structurels », note Corinne Le Quéré. En cause : l’hiver particulièrement doux qui a permis de réduire la consommation de chauffage et la disponibilité plus importante qu’en 2017 des centrales nucléaires.
Transports et bâtiment, deux points noirs
Les points noirs résident dans les transports et le bâtiment, les deux secteurs les plus émetteurs, qui cumulent 50 % des rejets. Les émissions des transports ont ainsi augmenté de 10 % entre 1990 et 2018, en raison de la croissance de la demande, du retard du développement des véhicules électriques et de l’absence de report modal de la voiture vers le rail, les transports en commun ou le vélo.
Les rejets du bâtiment, eux, sont en baisse, mais à un rythme trois fois inférieur qu’anticipé par la SNBC. En cause : des rénovations peu performantes (seulement 5 % d’entre elles ont permis un saut de deux classes énergétiques ou plus), sans exigence de résultat et de contrôle, ainsi qu’un retard dans l’élimination des chauffages les plus carbonés (fioul et charbon). Aujourd’hui, près de la moitié des logements en location du parc privé sont des passoires énergétiques. « Comme elle a déjà un mix électrique décarboné, du fait de l’importance du nucléaire, la France doit agir sur les émissions les plus difficiles en premier, celles qui touchent tout le monde », analyse Corinne Le Quéré.
> Lire aussi  La lutte contre les « passoires thermiques » divise la majorité comme le gouvernement
Au-delà du détail secteur par secteur, le problème réside dans l’absence de prise en compte de la SNBC, « isolée et peu opérationnelle », dans l’ensemble des politiques publiques. Nombre de lois qui ne concernent pas directement le climat, telles que la loi de finances, la loi d’orientation pour les mobilités ou la loi agriculture et alimentation, ont en réalité un impact important sur les émissions de gaz à effet serre. « Pourtant, ces lois et les grands projets ne sont pas évalués ex ante à l’aune de leur impact sur les émissions et de leur respect des budgets carbone, regrette Laurence Tubiana, directrice de la Fondation européenne pour le climat et membre du HCC. La SNBC doit être remise au cœur des politiques publiques, en s’assurant que chaque loi soit compatible. »
Révision de la taxe carbone
Les experts recommandent en outre de revoir la deuxième version de la SNBC, en cours d’élaboration. Il s’agirait d’inscrire les budgets carbone dans la loi et non plus seulement dans un décret, d’y intégrer les émissions des transports internationaux aériens et maritimes et de réfléchir à une stratégie pour les émissions importées. Ces dernières ont doublé depuis 1995, de sorte que l’empreinte carbone totale des Français atteint 11 tonnes équivalent CO2 par habitant, près de deux fois plus que les 6,6 tonnes comptabilisées dans les émissions nationales.
Ils proposent également de renforcer les instruments des politiques climatiques, à savoir les normes et réglementations, les quotas, les taxes et les subventions, de manière à instituer un prix du carbone qui oriente les choix des ménages et des entreprises. La taxe carbone devra être « revue en profondeur », tant ses modalités que son assiette et ses mesures d’accompagnement, pour « garantir son appropriation sociale et son efficacité ». Enfin, il s’agira de préparer l’économie et la société, en s’assurant que la transition soit « juste et équitable » et déclinée aux échelles locales et régionales.
Le gouvernement a désormais six mois pour répondre au rapport, devant le Parlement et le Conseil économique, social et environnemental. Avant une prochaine évaluation du HCC à l’été 2020, qui suivra de nouveau l’évolution des émissions ainsi que l’action du gouvernement. Le Haut Conseil deviendra alors définitivement le gardien des engagements climatiques de la France.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/25/climat-pourquoi-la-france-n-est-pas-du-tout-sur-les-rails_5481398_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/25/climat-pourquoi-la-france-n-est-pas-du-tout-sur-les-rails_5481398_3244.html>>
Sur le même sujet : 
> Le Haut conseil pour le climat appelle la France à revoir son action, AFP, 26/06/19, 00:00
Catherine Hours
"Objectifs ambitieux" mais "actions insuffisantes", "dispositifs trop faibles"... le Haut conseil pour le climat (HCC), mis en place par Emmanuel Macron, invite la France à revoir sa politique de lutte contre le réchauffement.
"Les actions engagées restent insuffisantes, alors que l'ensemble des politiques climatiques devrait dès maintenant être renforcé", note cette instance indépendante dans son premier rapport, publié mardi en plein coeur d'une canicule qui devrait se répéter avec le dérèglement en cours.
Ce diagnostic d'une cinquantaine de pages, intitulé "Agir en cohérence avec les ambitions", a été remis mardi soir au Premier ministre Edouard Philippe. Le gouvernement a six mois pour y répondre devant le Parlement.
- Priorité nationale -
Le HCC, composé de onze experts reconnus, y salue la décision du pays d'inscrire dans la loi un objectif de neutralité carbone en 2050 (impliquant que la France n'émette pas plus de gaz à effet de serre que ses "puits" - sols, forêts... - ne peuvent en absorber).
Mais "au rythme actuel, les engagements de la France ont peu de chance d'être tenus", explique sa présidente, la climatologue Corinne Le Quéré.
"Tant que l'action en réponse au changement climatique restera à la périphérie des politiques publiques, la France n'aura aucune chance d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour cela il faut que les mesures pour réduire les émissions deviennent une priorité nationale, au coeur des décisions des acteurs publics et privés", souligne la scientifique, co-auteur de trois rapports du Giec.
Sur ces quatre dernières années, la France n'a ainsi pas tenu ses objectifs de réduction d'émissions, et si 2018 a été meilleure, les conditions météo y ont largement contribué, note le rapport.
En cause notamment, les transports (31% des émissions): la demande croît, l'électrification est en retard... Mais aussi les bâtiments (19% du total), un sujet actuellement au coeur de vives discussions au Parlement sur le traitement à réserver aux "passoires énergétiques".
Pour le Haut conseil, il faut des réformes structurelles pour mettre le climat "au coeur de l'action publique".
Ainsi, inscrire dans la loi les objectifs à court terme de réductions d'émissions, pour les graver et envoyer un signal à tous les acteurs.
Que chaque grand projet soit compatible avec l'objectif neutralité carbone, que l'impact des lois soient évaluées: "Qui peut nous dire l'impact sur les émissions de la loi sur les mobilités (LOM), ou de la loi Egalim?", souligne Mme Le Quéré.
- Comment on y va -
Le rapport revient sur la nécessité de reprendre et faire évoluer la taxe carbone, étincelle de la colère des "gilets jaunes", vers plus de transparence, d'équité.
Et "comme en attendant son gel crée un vide, le gouvernement devrait renforcer d'autres instruments", note la climatologue, notamment les normes ou supprimer les subventions aux énergies fossiles, qui ont doublé en 10 ans.
"C'est bien d'avoir l'objectif de neutralité carbone, ce qui manque fondamentalement c'est comment on y va", résume Laurence Tubiana, autre membre du HCC.
Dans un communiqué mardi soir, le Premier ministre Edouard Philippe, tout en répétant que la lutte contre le changement climatique est "une priorité du gouvernement", reconnaît que l'action doit "être amplifiée au regard de l’urgence".
Rappelant que Mme Le Queré sera auditionnée début juillet lors du prochain Conseil de défense écologique, il assure que le gouvernement "présentera à cette occasion les premières réponses et les suites qu’il compte donner aux recommandations du Haut conseil, dont certaines seront prises en compte dès l’examen parlementaire du projet de loi relatif à l’énergie et au climat". 
Conçu sur le modèle du conseil britannique installé depuis 10 ans, le HCC a été mis en place fin novembre en pleine crise des "gilets jaunes". Son but, livrer un regard scientifique sur l'action publique, sur le long terme.
Il a souhaité publier ce 1er rapport dès juin "pour influencer les décisions de l'automne", avait dit précédemment Mme Le Quéré : budget, éventuelles annonces avant la COP de l'ONU...
Il sort aussi avant la "convention citoyenne" prévue par le gouvernement (150 personnes tirées au sort pour faire des propositions sur la transition écologique).
"Les citoyens doivent être au fait des dernières analyses", dit Mme Le Quéré.
Laurence Tubiana y voit un espoir. "Sur des sujets difficiles, c'est bien qu'il y ait un vrai débat. L'assemblée citoyenne peut permettre de débloquer des choses."
<http://www.leparisien.fr/environnement/le-haut-conseil-pour-le-climat-appelle-la-france-a-revoir-son-action-25-06-2019-8102763.php>
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32- Objectifs trop faibles, retards, manque d'investissements... Le Haut Conseil pour le climat adresse à la France un rapport cinglant, France Télévisions, 26/06/19, 06:17

Dans son premier rapport annuel publié mercredi et que France Info a pu consulter, cet organisme indépendant lancé en novembre estime notamment qu'en termes d'émissions de gaz à effet de serre, la trajectoire de la France est incompatible avec ses ambitions. 
C'est le premier avis émis par le Haut Conseil pour le climat sur les politiques publiques du gouvernement français pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du pays. Et le constat est loin d'être réjouissant. Dans son premier rapport publié mercredi 26 juin et que franceinfo a pu consulter, cet organisme indépendant créé en novembre dernier pointe les efforts insuffisants de la France pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et espérer atteindre la neutralité carbone.
Il relève aussi que toutes les transformations socio-économiques profondes nécessaires pour y parvenir restent encore à être engagées. France Info vous résume les principaux enseignements de ce rapport. 
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/objectifs-trop-faibles-retards-manque-d-investissements-le-haut-conseil-pour-le-climat-adresse-a-la-france-un-rapport-cinglant_3507169.html <https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/objectifs-trop-faibles-retards-manque-d-investissements-le-haut-conseil-pour-le-climat-adresse-a-la-france-un-rapport-cinglant_3507169.html>>
Sur le même sujet :
> Mis en place par Macron, le Haut conseil pour le climat critique sa politique écologique <https://www.huffingtonpost.fr/entry/mis-en-place-par-macron-le-haut-conseil-pour-le-climat-critique-sa-politique-ecologique_fr_5d12ffb2e4b04f059e4bd2df>, Le HuffPost avec AFP, 26/06/19, 07:32
> Climat : pourquoi le Haut conseil épingle la politique d'Emmanuel Macron ? <https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/climat-pourquoi-le-haut-conseil-epingle-la-politique-d-emmanuel-macron-7797886346>, RTL, C’est notre Planète, 27/06/19, 04:59
> Le Haut Conseil pour le climat frise la Révolution, Blog Sciences, 03/07/19
Sylvestre Huet
Le premier rapport du tout neuf Haut Conseil pour le Climat n’a pas reçu l’accueil qu’il mérite. Sous son vocabulaire châtié et son style technocratico-compatible, il cache des propositions qui frisent la Révolution.
Le Haut Conseil pour le climat a été mis en place par Emmanuel Macron le 27 novembre 2018. Ses membres sont tous compétents sur le sujet. Et leur premier rapport annuel déménage, dès lors qu’on sait le lire. Ce qui n’a rien d’étonnant puisque ce texte est en ligne avec le dernier rapport du GIEC. Ce dernier l’affirmait déjà, seules des politiques de ruptures – économiques, sociales, culturelles, techniques… donc politiques – peuvent nous conduire sur la trajectoire d’émissions de gaz à effet de serre compatibles avec l’objectif climatique adoubé par les Nations à la COP-15 de Copenhague, ne pas dépasser 2°C d’élévation de la température planétaire relativement à période pré-industrielle.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/blog/huet/2019/07/03/le-haut-conseil-pour-le-climat-frise-la-revolution/ <https://www.lemonde.fr/blog/huet/2019/07/03/le-haut-conseil-pour-le-climat-frise-la-revolution/>>
En savoir plus :
> Rapport en ligne. « Agir en cohérence avec les ambitions » <https://www.hautconseilclimat.fr/rapport-2019/pdf/>, Haut Conseil pour le climat, 26/06/19 (PDF 154,3 KB)
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33- Entretien. « Si les émissions de carbone ne baissent pas, on peut s’attendre à des températures de 50 °C vers la fin du siècle », Le Monde, 26/06/19, 11h30
Propos recueillis par Audrey Garric

Le climatologue Robert Vautard explique pourquoi les canicules devraient se répéter à l’avenir. 
Le mercure n’en finit pas de grimper dans l’Hexagone. Mardi 25 juin, plus des deux tiers des départements étaient en vigilance orange, à deux jours du pic attendu d’une canicule inédite pour un mois de juin.
Robert Vautard, climatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (Institut Pierre-Simon-Laplace), spécialisé dans les épisodes climatiques extrêmes, explique pourquoi cet événement va se répéter avec le réchauffement planétaire.
> Lire aussi  Canicule : début d’une vague de chaleur sans précédent pour un mois de juin en France
Ce phénomène caniculaire est-il exceptionnel ?
Cette canicule est d’abord exceptionnelle de part son intensité, avec des valeurs extrêmes historiques : Météo France prévoit 41 °C à Clermont-Ferrand et en Auvergne et 42 °C en Ardèche pour la journée de jeudi, ainsi que 45 °C dans le Gard et à Nîmes pour vendredi, soit des températures jamais enregistrées.
Ensuite, c’est la première fois qu’un événement d’une telle intensité se tient en juin. Ces canicules sont plutôt des phénomènes de milieu d’été. En 2017, le 5 août, on enregistrait 42 °C à Nîmes, ce qui était déjà un record. Dès qu’on atteint les 40 °C, on bat des records.
Les canicules et vagues de chaleur sont-elles plus fréquentes que par le passé ?
En Europe, et en France, les vagues de chaleur sont plus intenses, plus longues et plus fréquentes depuis au moins trente ans.
Ces dernières années, on estime que les canicules sont au moins quatre, voire dix fois plus probables, en raison du changement climatique. Depuis 2015, une vague de chaleur se produit chaque année quelque part sur le Vieux Continent : en 2015 et en 2016 c’était en Europe centrale, en 2017 en Europe du Sud, en 2018 en Europe du Nord. Cette année, début juin, les températures ont avoisiné 30 °C près du cercle polaire en Finlande.
> Lire aussi  Réchauffement : « On approche du point de bascule où l’Atlantique va envahir l’Arctique »
Quelle sera l’évolution de ces canicules à l’avenir ?
Une canicule comme celle qui a touché le sud de l’Europe à l’été 2017 devrait se reproduire tous les dix ans dans le climat actuel.
Dans un climat sans interaction humaine, elle se produirait tous les cent ans. Mais dans un monde plus chaud de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle – ce que l’on atteindra probablement en 2050 –, cela deviendra la norme : en moyenne, les étés seront tous comme les plus chauds que nous connaissons aujourd’hui.
Donc les étés les plus chauds à ce moment-là seront bien plus intenses qu’actuellement. On observera alors + 4 °C à + 5 °C degrés d’anomalie sur ces périodes, ce qui est énorme. Et ce qui veut dire des pointes bien plus élevées encore. Il faut par ailleurs s’attendre à une chaleur estivale qui démarre plus tôt et qui s’arrête plus tard, de mai à octobre en moyenne, contre juin à septembre aujourd’hui.
Vers la fin du siècle, si les émissions de carbone ne baissent pas, on peut s’attendre, selon certains modèles, à des températures qui avoisinent ou dépassent les 50 °C en pointes journalières, dans le sud et l’est de la France ; elles seraient similaires à celles que l’on observe en Inde depuis trois semaines.
> Lire aussi  L’Inde affronte une crise de l’eau sans précédent
En outre, dans certaines régions, comme les côtes méditerranéennes ou en outre-mer, la combinaison de températures élevées et d’humidité rendront la situation très difficile à vivre.
Les impacts de la chaleur ne sont pas linéaires : on la supporte jusqu’à une certaine valeur et brutalement, on se met à ne plus la supporter. Au-delà de 30 °C ou de 35 °C, beaucoup de gens souffrent fortement. Il y a des valeurs seuils, au-delà desquelles les effets sanitaires deviennent importants (déshydratation, hyperthermie, troubles cardiovasculaires, maladies respiratoires).
La corrélation entre les canicules et le réchauffement est-elle plus facile à établir ?
C’est désormais plus facile car le signal est très clair. Il faudra attendre quelques jours que l’épisode s’achève, puis on regardera les relevés météorologiques et on les comparera aux valeurs extrêmes passées, actuelles et aux simulations climatiques. On déduira alors le changement de probabilité de ce type d’événement.
Le dérèglement climatique joue un rôle majeur dans l’augmentation de la probabilité de survenue des vagues de chaleur.
> Lire aussi  Canicule : qu’est-ce que la « température ressentie » ?
Que faire pour limiter l’occurrence des canicules ?
Il faut réduire fortement nos émissions. On sait déjà qu’il sera difficile de limiter le réchauffement à 2 °C et qu’un tel climat aura des impacts majeurs. Mais il faut éviter d’atteindre + 3 °C, + 4 °C ou + 5 °C.
Toutes les actions que l’on met en œuvre aujourd’hui auront un effet à long terme, particulièrement pour la seconde moitié du XXIe siècle, moins avant en raison de l’inertie de la machine climatique.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/26/les-vagues-de-chaleur-sont-au-moins-quatre-voire-dix-fois-plus-probables-en-raison-du-changement-climatique_5481450_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/26/les-vagues-de-chaleur-sont-au-moins-quatre-voire-dix-fois-plus-probables-en-raison-du-changement-climatique_5481450_3244.html>>
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34- Entretien. Canicule : « Les pratiques et savoirs ancestraux des villages de Grèce sont riches d’enseignements », Le Monde, 26/06/19, 12h32
Propos recueillis par Jérémie Lamothe  

Sols artificiels, peu de végétalisation, pollution atmosphérique… il fait souvent plus chaud en ville qu’à la campagne. Solène Marry, docteure en urbanisme à l’Ademe, revient sur le phénomène des îlots de chaleur urbains. 
Sols artificiels, faible végétalisation, pollution atmosphérique… en cette période de canicule exceptionnelle, les habitants des villes souffrent davantage que ceux des campagnes. Pour Solène Marry, docteure en urbanisme à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), l’organisation et l’aménagement des villes contribuent à cette accentuation de la chaleur. Mais des solutions, parfois ancestrales, existent pour contrer ce phénomène.
> Lire aussi  Une canicule « d’intensité exceptionnelle » dans une grande partie de la France (et ce n’est pas fini)
En quoi l’urbanisme des villes et la manière dont elles ont été organisées depuis plusieurs décennies accentuent l’effet de chaleur ?
Solène Marry : Il faut en premier lieu rappeler que le réchauffement climatique est lié aux activités humaines, comme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) l’a démontré. Mais l’organisation et l’aménagement des territoires contribuent en effet aussi à l’accentuation de la surchauffe.
Plus le tissu urbain est organisé, comme dans la plupart des villes nord-américaines qui ont des rues très rectilignes et un plan en damier, plus la chaleur est piégée. A l’inverse, plus le tissu est sinueux, comme dans de nombreux cœurs de villes historiques, plus la chaleur s’évacue facilement. C’est ce qu’ont mis en lumière les travaux de recherche menés notamment par les équipes françaises et américaines de l’Unité mixte internationale MSE (CNRS-MIT) et du Centre interdisciplinaire des nanosciences de Marseille (CNRS-Aix-Marseille université). Sur une cinquantaine de villes étudiées à travers le monde, il a ainsi été démontré que les effets des îlots de chaleur variaient nettement selon le tissu urbain.
Les matériaux utilisés ont-ils également des conséquences ?
Le choix des matériaux de construction et des infrastructures urbaines, la place de la végétation et de l’eau sont déterminants, tant l’imperméabilité des revêtements et la capacité d’absorption vis-à-vis du rayonnement solaire des matériaux vont accentuer le réchauffement de la zone urbaine.
La couleur sombre qui est utilisée pour l’asphalte, par exemple, accentue la chaleur. Les pratiques et savoirs ancestraux des villages de certaines latitudes, comme en Grèce, entièrement blancs et aux ruelles sinueuses, sont riches d’enseignements à ce titre. Les matériaux et leur couleur peuvent jouer sur l’albédo, qui représente, sur une échelle de 0 à 1, le pouvoir de réflexion des rayons du soleil dans l’espace – plus le taux s’approche de 1, plus la surface est peu réfléchissante, accumule des rayons de soleil et donc de la chaleur. C’est là où les collectivités ont un rôle à jouer en imposant par exemple, dans leurs appels d’offres, des critères environnementaux exigeants. Certaines intègrent déjà les enjeux climatiques dans leurs documents de planification urbaine.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/26/canicule-les-pratiques-et-savoirs-ancestraux-des-villages-de-grece-sont-riches-d-enseignements_5481744_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/26/canicule-les-pratiques-et-savoirs-ancestraux-des-villages-de-grece-sont-riches-d-enseignements_5481744_3244.html>> 
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35- La neutralité carbone, un objectif ambitieux contre le réchauffement climatique ?, AFP, 26/06/19, 19:00
Patrick Galey & Laure Fillon

La France n'a aucune chance d'atteindre en l'état son objectif de neutralité carbone, vient d'avertir le Haut conseil pour le climat. Que recouvre cette notion et quels pays veulent l'atteindre ?
- Définition -
Les nations sont réunies jusqu'à jeudi à Bonn, en Allemagne, pour des discussions sur la mise en œuvre de l'Accord de Paris de 2015. Cet accord a posé le principe d'une diminution des "émissions de gaz à effet de serre le plus tôt possible, pour une neutralité des émissions dans la seconde partie du siècle".
La neutralité carbone consiste pour un pays à ne pas émettre plus de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, qu'il ne peut en absorber via par exemple les forêts et les sols.
- Les pays engagés -
Deux petits pays, le Bhoutan et le Suriname, ont déjà atteint la neutralité carbone, selon une étude de l'ONG britannique ECIU présentée en marge de négociations sur le climat à Bonn.
Le Royaume-Uni, la France, l'Espagne et la Nouvelle-Zélande veulent atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 et inscrire cet objectif dans la loi. 
La Suède et la Norvège l'ont déjà fait et une dizaine de pays (Uruguay, Finlande, Chili, Costa Rica, Portugal, Fidji...) l'évoquent dans des documents.
Mais les échéances visées divergent -de 2030 à 2050- tout comme la définition retenue. "Est-ce que cela recouvre tous les gaz à effet de serre" ? Ou seulement le CO2 ?
- Les secteurs concernés -
Le bâtiment, les transports, l'agriculture, l'industrie devront drastiquement réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour atteindre cet objectif.
D'autres secteurs peuvent passer à travers les mailles du filet. Les émissions liées aux transports internationaux (aviation et maritime) "sont exclues du projet de loi énergie de la France dans sa forme actuelle" relèvent Corinne Le Quéré, présidente du Haut conseil pour le climat (HCC) qui vient de rendre un rapport sur la politique climatique de la France, et l'économiste Céline Guivarch. 
L'empreinte carbone liée aux importations n'est souvent pas prise en compte dans le calcul des émissions.
Atteindre la neutralité carbone ne doit pas non plus se faire via un système de compensation qui ferait "porter l'effort sur d'autres pays" ou en comptant trop sur des solutions technologiques, avertit Teresa Anderson de l'ONG ActionAid.
Les forêts, les sols et les océans sont des acteurs essentiels pour stocker le carbone. Mais "les pressions en cours sur les écosystèmes et l'érosion accélérée de la biodiversité, les impacts attendus du changement climatique sur ceux-ci (...) rendent leur futur, et notre capacité à agir dessus, incertains", relève l'institut français IDDRI.
- Un changement de mode de vie important -
Atteindre zéro émission nette "va nécessiter une véritable transformation de l'énergie que nous utilisons, de la façon dont nous chauffons nos maisons, dont nous voyageons", a souligné Archie Young, en charge de la délégation britannique à Bonn.
- Quelle échéance et à quel rythme ? -
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) a publié en 2018 un rapport de référence sur les conséquences du réchauffement climatique. Pour le contenir à 1,5°C, les émissions de CO2 doivent chuter bien avant 2030 (-45% d'ici 2030) et le monde atteindre une neutralité carbone en 2050. 
Des ONG estiment que l'objectif des pays développés doit être plus ambitieux et viser plutôt 2030.
Se pose aussi la question de la trajectoire pour parvenir à zéro nette émission. "Un objectif pour 2050 ne fait pas grand sens si cela ne conduit pas à agir dans les prochaines années", relève Teresa Anderson. Richard Blake, directeur de l'ECIU, plaide pour "des objectifs intermédiaires".
- Les difficultés -
Les dirigeants européens viennent d'échouer à inscrire la date de 2050 comme celle d'une Union européenne neutre en émissions de carbone face à l'opposition de quatre pays d'Europe de l'Est très dépendants des énergies fossiles, dont la Pologne avec le charbon.
"Nous voulons vraiment maintenir le leadership européen dans l'action climatique, faire valoir que c'est faisable et convaincre ainsi d'autres pays et régions", a pourtant assuré Yvon Slingenberg, représentante de l'UE, à l'AFP. 
Certains pays ne parviendront pas seuls à la neutralité carbone, avertit Richard Blake. "Les pays en voie de développement pourraient dépendre d'un soutien financier."
<https://www.geo.fr/environnement/la-neutralite-carbone-un-objectif-ambitieux-contre-le-rechauffement-climatique-196267>
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36- Incendie, manque d'eau, risques sanitaires : l'Europe face à des records de chaleur, AFP, 27/06/19, 19:00

Incendie hors de contrôle en Espagne, restriction d'eau potable en Allemagne, pollution à l'ozone en France : les records de températures sont tombés un à un jeudi dans une bonne partie de l'Europe et cela devrait continuer dans les jours à venir, faisant craindre de sérieux problèmes de santé publique.
Attisé par la canicule, un incendie hors de contrôle progressait jeudi dans le nord-est de l'Espagne, dans une zone rurale de Catalogne où les flammes ont déjà ravagé 5.500 hectares. Quelque 350 pompiers, environ 230 militaires et une quinzaine d'unités aériennes étaient mobilisés pour freiner l'avancée du feu. 
"La situation est critique", a déclaré aux médias le chef des opérations des pompiers, Antonio Ramos. "Il faut remonter 20 ans en arrière pour voir un incendie pareil" dans la région.
Les records pour un mois de juin sont tombés un à un dans une grande partie de l’Europe : 42°C en France, 38,9 °C en République tchèque, 38,6 °C en Allemagne...
Vendredi, la température va encore monter et on pourrait ainsi "battre localement le record national", estime Météo France, record qui remonte au 12 août 2003 avec 44,1°C enregistrés dans le Gard (Sud). 
- Electricité -
L'agence météorologique française a ainsi placé en vigilance rouge à la canicule pour la journée de vendredi quatre départements du sud de la France, une première en France. Dans cette région, les températures atteignent fréquemment "42 à 45 degrés et des records absolus de températures maximales pourraient être battus", selon Météo France.
Un autre record est tombé en Pologne : celui de la consommation d'électricité, poussée par les climatisations.
Ce genre d'épisode, exceptionnel par son intensité et sa précocité, est appelé à se répéter avec le réchauffement planétaire, a rappelé le président français Emmanuel Macron. 
"Nous allons devoir changer notre organisation, notre façon de travailler (...) construire différemment", a-t-il prévenu depuis Tokyo, soulignant une nécessaire "adaptation de la société et de ses pratiques". 
En Allemagne, dans les villes de Loehne et Bad Oeynhausen (120.000 habitants environ, dans le centre-ouest du pays), les autorités ont mis en place des mesures de restriction de l'eau potable, qui vient à manquer. Son usage sera ainsi limité aux "besoins vitaux", sous peine d'une amende de 1.000 euros.
L'accumulation des jours d'intenses chaleurs commence à poser de sérieux problèmes de santé. "Mon inquiétude est que nous voyons augmenter aujourd'hui le nombre d'appels aux secours, à SOS médecins, le nombre de passages aux urgences. Les organismes commencent à souffrir", a déclaré la ministre française de la Santé Agnès Buzyn.
Dans ce pays, plusieurs écoles sont fermées pour ménager les enfants, et sur les pelouses du mondial féminin de football, les joueuses pourront se voir accorder des pauses fraîcheur en cours de match pour se réhydrater.
En prévision du pic attendu en cette fin de semaine, la ministre a renouvelé les consignes "vis-à-vis de tous les publics" afin d'"éviter des morts et des passages aux urgences inutiles". 
- Un mort en Italie -
Le docteur Miho Susic, qui dirige les urgences de Split en Croatie, déplore également l'inconscience de certains face à la canicule : "Que puis-je dire quand une personne de 80 ans fait un malaise à midi sur la plage en plein soleil ?" Les Balkans sont aussi accablés et le mercure atteindra les 36 degrés à Zagreb.
En Italie, un sans-abri de 72 ans a été retrouvé mort jeudi matin à Milan (nord), victime d'un malaise dû à la chaleur.
Le groupe Accor, qui exploite près de 1.700 hôtels en France, a annoncé ouvrir les espaces climatisés ou "rafraîchis" de ses établissements aux personnes âgées "en situation de fragilité".
La chaleur accentue par ailleurs les effets de la pollution, notamment à l'ozone, un épisode classique des vagues de chaleur puisque l'ozone se forme par réactions chimiques sous l'effet du soleil. Les villes françaises de Paris, Lyon (est), Marseille (sud) et Strasbourg (est), ont mis en place la circulation différenciée pour les véhicules à moteur, qui oblige les voitures les plus polluantes à rester au garage.
<https://www.geo.fr/environnement/incendie-manque-deau-risques-sanitaires-leurope-face-a-des-records-de-chaleur-196289>
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En images
37- Avec une photo, un scientifique alerte sur la fonte inhabituelle du Groenland, France Télévisions, Brut, 18/06/19, 17:40

Les paysages du nord-ouest du Groenland ont vivement déconcerté le scientifique danois Steffen Olsen. Il a souhaité attirer l'attention des internautes.
Une photo de chiens d'attelage marchant sur l'eau a suscité l'étonnement des internautes. Il ne s'agit pourtant pas d'un miracle, ni d'un trucage mais d'un problème environnemental. Avec ce cliché pris le 13 juin dans le fjord d'Inglefield, le scientifique danois Steffen Olsen a souhaité alerter sur la fonte des glaces inhabituelle que subit actuellement le Groenland. En effet, la banquise sur laquelle marchent les chiens est recouverte d'une couche d'eau pouvant atteindre 40 à 50 centimètres d'épaisseur à certains endroits. Steffen Olsen assure qu'à cette période, la couche de glace n'est d'ordinaire pas submergée ainsi. "Les chasseurs et moi n'étions pas préparés à l'ampleur de la fonte", explique le scientifique. 
> Vidéo à voir à : 
<https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/photographie/video-avec-une-photo-un-scientifique-alerte-sur-la-fonte-inhabituelle-du-groenland_3495993.html>
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38- Réchauffement climatique : comment le champagne s'y prépare, AFP, 22/06/19, 11:00
Dominique Charton

Les dix hectares du domaine expérimental de Plumecoq près d'Epernay (Marne) sont un laboratoire en plein air dont les recherches grandeur nature ne visent qu'un objectif: continuer à faire du bon champagne malgré le réchauffement climatique.
"Nous explorons dès à présent des scénarios de rupture permettant de conserver la typicité de nos vins pour des hypothèses moins optimistes que +2° à l'horizon 2050", explique Arnaud Descôtes, directeur technique environnement du Comité Champagne, ex-CIVC (Comité interprofessionnel du Vin de Champagne), propriétaire et gestionnaire du domaine.
A côté de la conservation de 350 ceps anciens pour assurer la biodiversité historique du vignoble champenois, la création de nouvelles variétés capables de s'accommoder d'un climat proche de celui de Montpellier aujourd'hui est l'une des voies les plus étudiées à Plumecoq.
"Nous cherchons à créer des variétés adaptées au changement climatique, qui possèdent une résistance efficace et durable aux maladies et confèrent de bonnes aptitudes culturales à la plante et une bonne qualité au vin", précise M. Descôtes.
Tout commence à la pince à épiler pour castrer manuellement les fleurs d'un cépage emblématique du champagne, le chardonnay par exemple. Les fleurs sont fécondées avec le pollen d'une variété résistante puis la future grappe est protégée d'un sac en papier en attendant sa récolte.
Les plantules issues de ces graines sont ensuite triées grâce à des outils de sélection assistée pour ne retenir que celles ayant acquis les gènes souhaités.
Cette vieille technique, dite de l'hybridation croisée, a déjà permis d'ajouter quatre nouvelles variétés, deux de blanc et deux de rouge, aux sept cépages autorisés en Champagne.
"Depuis 2015, nous croisons ces variétés avec nos cépages. Aujourd'hui, nous avons 200 espèces en observation. A l'horizon 2030, nous pourrons présenter aux professionnels quatre à cinq nouvelles variétés plus adaptées aux changements", promet M. Descôtes.
- Vendanges chaudes - 
Le défi climatique comme l'ambitieux objectif de zéro herbicide en 2025 et 100% du vignoble certifié "viticulture durable" en 2030 imposent de renverser quelques fétiches comme celui de l'espacement des vignes, aujourd'hui fixé à 1,50 m.
Responsable du service viticulture au pôle technique du Comité Champagne, Sébastien Dubuisson l'assure: "un premier bilan montre que les vignes semi-larges, entre 1,80 m et 2,20 m, sont un peu moins sensibles au gel de printemps, facilitent la gestion de la bande enherbée qui limite l'évaporation du sol et offrent une meilleure résistance à la sécheresse".
"Les vignes semi-larges permettent de conserver de l'acidité dans les raisins", ajoute-t-il. Une vertu intéressante quand le taux d'acidité des raisins champenois baisse presqu'à mesure que leur taux de sucre augmente inéluctablement.
"Avec une température en hausse de 1,1° en moyenne depuis les années 1990, le réchauffement est déjà une réalité en Champagne", prévient Arnaud Descôtes. "Il donne des raisins plus sucrés et des vendanges plus précoces d'environ 18 jours", souligne-t-il.
C'est pourquoi les techniques propres à limiter les conséquences négatives des vendanges dites chaudes -celles de plus en plus souvent démarrées en août contre septembre dans les années 1980- sont aussi expérimentées. 
Responsable du service Vin au Comité Champagne, l'oenologue Sylvie Collas rappelle quelques règles de bon sens comme "aménager les heures de cueillette aux heures les plus fraîches, ne pas laisser les caisses de raisin en plein soleil mais à l'ombre des rangs de vigne et utiliser des caisses de couleur claire".
"En cuverie, tous les procédés concourant à réduire les délais sont à privilégier. Par exemple, l'apport d'enzymes qui permet d'obtenir des moûts clairs au bout de dix heures au lieu de 24 heures aujourd'hui ou le levurage précoce pour éviter des retards à la fermentation", explique-t-elle. Le champagne du futur est à ce prix.
<https://www.dailymotion.com/video/x7bst1x>
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39- Architecture : à quoi vont ressembler les villes de demain ?, France 2, journal de 20h, 30/06/19

Dans le contexte de canicule, à quoi vont ressembler les villes de demain ? Architectes et urbanistes dessinent déjà des espaces végétalisés au cœur de villes de plus en plus exposées aux fortes chaleurs.
Dans quelques années à Paris, les immeubles haussmanniens et les façades de la rue de Rivoli pourraient être surplombés de tours végétalisées. Un projet pensé par un architecte belge pour l'horizon 2050 dans l'optique de refroidir les rues suffocantes de la capitale."Toutes les façades en pierre des bâtiments haussmanniens et tout le goudron et la pierre du trottoir absorbent le rayonnement solaire pour le restituer la nuit. C'est-à-dire qu'au coeur de Paris, nous avons une température de 10° supérieure la nuit par rapport à la campagne qui elle arrive à se rafraîchir", développe l'architecte Vincent Callebaut.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/architecture/architecture-a-quoi-vont-ressembler-les-villes-de-demain_3515047.html <https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/architecture/architecture-a-quoi-vont-ressembler-les-villes-de-demain_3515047.html>>
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40- Sécheresse en Inde : des femmes risquent leur vie pour puiser de l’eau, France 2, journal de 20h, 02/07/19

En Inde, alors que la température avoisine les 50°C en plein été 2019, 40% du pays est menacé par la sécheresse. Les habitants de Delhi vont chercher de l'eau dans des puits illégaux, au péril de leur vie. 
Elles tiennent des jarres sur la tête, des casseroles et tout ce qui peut contenir de l'eau. Des femmes indiennes se risquent à puiser de l'eau dans un puits pourtant complètement à sec. Il y a juste une petite flaque dans ce puits, 18 mètres plus bas, mais elles tentent tout de même d'en extraire quelques litres. 
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/meteo/secheresse/inde-de-l-eau-au-peril-de-leur-vie_3518341.html <https://www.francetvinfo.fr/meteo/secheresse/inde-de-l-eau-au-peril-de-leur-vie_3518341.html>>
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– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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