[revue-presse-FNH] Grande revue de presse de rattrapage centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage + 1 publication (vendredi 19 juillet)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Ven 19 Juil 07:35:12 CEST 2019


Bonjour à tous,

Un grand tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- L'agriculture biologique française a connu une "année record" en 2018 <https://www.capital.fr/economie-politique/lagriculture-biologique-francaise-a-connu-une-annee-record-en-2018-1340661>, AFP, 04/06/19, 16:00
2- Attention aux « montagnes de promesses » du bio, prévient 60 Millions de consommateurs <https://www.ouest-france.fr/economie/consommation/attention-aux-montagnes-de-promesses-du-bio-previent-60-millions-de-consommateurs-6383417>, Ouest-France, 05/06/19, 07h19
3- Lot-et-Garonne : "armistice" entre agriculteurs et autorités sur le lac de Caussade <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/lot-et-garonne-armistice-entre-agriculteurs-et-autorites-sur-le-lac-de-caussade_134261>, AFP, 05/06/19, 19:00
4- Dans quels fruits et légumes retrouve-t-on le plus de pesticides ? <https://www.ouest-france.fr/environnement/pesticides/dans-quels-fruits-et-legumes-retrouve-t-le-plus-de-pesticides-6385112>, Ouest-France avec AFP, 06/06/19, 13:23
5- Au large de l'Italie, la pêche au plastique dans l'Adriatique <https://www.nouvelobs.com/topnews/20190606.AFP7997/au-large-de-l-italie-la-peche-au-plastique-dans-l-adriatique.html>, AFP, 06/06/19, 16:00
6- Le quart des pesticides utilisés aux Etats-Unis sont interdits en Europe <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/07/le-quart-des-pesticides-utilises-aux-etats-unis-sont-interdits-en-europe_5472567_3244.html>, Le Monde, 07/06/19, 02h39
7- Fraude : 780 tonnes de "faux steaks hachés" distribuées aux plus démunis <https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/fraude-780-tonnes-de-faux-steak-distribuees-aux-demunis-7797787167>, RTL Petit Matin, 07/06/19, 05:01
8- Le Sri Lanka va interdire les tronçonneuses pour protéger ses forêts <https://www.geo.fr/environnement/le-sri-lanka-va-interdire-les-tronconneuses-pour-proteger-ses-forets-196002>, AFP, 07/06/19, 17:00
9- Favorite pour la présidence de la FAO, la candidate française serait favorable aux OGM et aux biotechnologies <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/07/guerre-diplomatique-pour-la-presidence-de-la-fao_5473025_3244.html>, Le Monde, maj le 08/06/19, 06h19
10- Pêche : deux fois plus de bateaux pour 80 % de poisson en moins <https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/environnement-peche-deux-fois-plus-bateaux-80-poisson-moins-76282/>, Futura-sciences, 08/06/19
11- Au Bénin, un camp d'entraînement intensif à l'agriculture bio <https://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/au-benin-un-camp-d-entrainement-intensif-a-l-agriculture-bio_2083106.html>, AFP, 09/06/19, 08:00
12- Chronique. « Avocat, tequila : même combat ! » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/08/avocat-tequila-meme-combat_5473515_3234.html>, Le Monde, 08/06/19, 09h19 
13- Chronique. « L’assiette des consommateurs de bio est plus respectueuse de l’environnement que celles des autres » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/08/l-assiette-des-consommateurs-de-bio-est-plus-respectueuse-de-l-environnement-que-celles-des-autres_5473339_3232.html>, Le Monde, 08/06/19, 10h26 
14- Bangladesh : des manifestants bloquent une autoroute contre une interdiction de pêcher <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/bangladesh-des-manifestants-bloquent-une-autoroute-contre-une-interdiction-de-pecher_134356>, AFP, 09/06/19, 15:00
15- Déforestation : Greenpeace dénonce "l'addiction" au soja OGM des élevages industriels européens <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/deforestation-greenpeace-denonce-l-addiction-au-soja-ogm-des-elevages-industriels-europeens_134376>, AFP, 11/06/19, 09:00
16- Au menu, 5 grammes de plastique par semaine (rapport) <https://www.geo.fr/environnement/au-menu-5-grammes-de-plastique-par-semaine-rapport-196042>, AFP, 12/06/19, 03:00
17- Allemagne : l'élimination des poussins mâles reste autorisée provisoirement <https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/allemagne-l-elimination-des-poussins-males-reste-autorisee-provisoirement_2083911.html>, AFP, 13/06/19, 13:00
18- Agriculture de conservation : quand le "sans-labour" gagne du terrain <https://www.lepoint.fr/societe/agriculture-de-conservation-quand-le-sans-labour-gagne-du-terrain-13-06-2019-2318773_23.php>, AFP, 13/06/19, 14:00
19- Pour les braconniers des mers, "il est de plus en plus dur de se cacher" <https://www.lepoint.fr/monde/pour-les-braconniers-des-mers-il-est-de-plus-en-plus-dur-de-se-cacher-13-06-2019-2318765_24.php>, AFP, 13/06/19, 14:00
20- Chronique. « Les industriels français butinent aux quatre coins de la planète pour remplir leurs pots de miel » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/15/les-industriels-francais-butinent-aux-quatre-coins-de-la-planete-pour-remplir-leurs-pots-de-miel_5476661_3234.html>, Le Monde, 16/06/19, 12h35
21- Chlorpyrifos : les dangers ignorés d’un pesticide toxique <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/17/chlorpyrifos-les-dangers-ignores-d-un-pesticide-toxique_5477084_3244.html>, Le Monde, 17/06/19, 09h40
22- Les Palaos modifient leur projet de sanctuaire marin pour faire plaisir aux pêcheurs japonais <https://www.geo.fr/environnement/les-palaos-modifient-leur-projet-de-sanctuaire-marin-pour-faire-plaisir-aux-pecheurs-japonais-196109>, AFP, 17/06/19, 11:00
23- Entretien. « La dégradation des terres est un enjeu vital pour l’humanité » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/16/la-degradation-des-terres-est-un-enjeu-vital-pour-l-humanite_5477003_3244.html>, Le Monde, maj le 17/06/19 à 11h54
24- Interdit dans huit pays européens, le pesticide chlorpyrifos traverse les frontières <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/17/les-residus-de-pesticides-n-ont-pas-de-frontieres_5477093_3244.html>, Le Monde, 17/06/19, 14h46
25- Ce n’est pas « à cause de la France » que le glyphosate a été réautorisé en Europe <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/17/ce-n-est-pas-a-cause-de-la-france-que-le-glyphosate-a-ete-reautorise-en-europe_5477379_4355770.html>, Blog Les Décodeurs, 17/06/19, 14h54
26- Environ 600 personnes sont concernées par les fichiers Monsanto <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/17/environ-600-personnes-concernees-en-france-et-en-allemagne-par-les-fichiers-monsanto_5477434_3244.html>, Le Monde avec AFP, 17/06/19, 15h19
27- « L’agroécologie peut parfaitement nourrir 10 milliards d’humains » <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/06/17/l-agroecologie-peut-parfaitement-nourrir-10-milliards-d-humains_5477403_1650684.html>, Le Monde, 17/06/19, 17h09
28- Loi Alimentation : l'Etat doit débloquer 1 milliard d'euros pour la restauration collective <https://www.geo.fr/environnement/loi-alimentation-letat-doit-debloquer-1-milliard-deuros-pour-la-restauration-collective-196123>, AFP, 18/06/19, 09:00
29- Cash Investigation : comment les multinationales contrôlent et modifient les variétés de semences <https://www.bioaddict.fr/article/cash-investigation-comment-les-multinationales-controlent-et-modifient-les-varietes-de-semences-a6256p1.html>, Bioaddict, 18/06/19, 12h56
30- Bayonne : amendes requises contre des éleveurs pour refus d'abattage préventif de leurs canards <https://www.lepoint.fr/societe/bayonne-amendes-requises-contre-des-eleveurs-pour-refus-d-abattage-preventif-de-leurs-canards-18-06-2019-2319697_23.php>, AFP, 18/06/19, 21:00
31- Vous voulez du bio dans les cantines ? L'État devra investir, prévient la Fondation Nicolas Hulot <https://www.franceinter.fr/societe/vous-voulez-du-bio-dans-les-cantines-l-etat-devra-investir-previent-la-fondation-nicolas-hulot>, France Inter, 19/06/19, 06h07
32- Syrie : après les années de guerre, la longue reconstruction du verger de Damas <https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/syrie-apres-les-annees-de-guerre-la-longue-reconstruction-du-verger-de-damas_2084973.html>, AFP, 19/06/19, 13:00
33- Alimentation 100 % végane : la fausse bonne idée pour sauver la planète <https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/alimentation-100-vegane-la-fausse-bonne-idee-pour-sauver-la-planete-1032008>, Les Echos, 25/06/19, 09h25
34- Editorial. La FAO, un test pour la Chine <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/26/la-fao-un-test-pour-la-chine_5481723_3232.html>, Le Monde, 26/06/19, 11h33 
35- L'agriculture bio, c'est bon pour les abeilles, selon une étude <https://www.liberation.fr/depeches/2019/06/26/l-agriculture-bio-c-est-bon-pour-les-abeilles-selon-une-etude_1736281>, AFP, 26/06/19, 13:00
36- La dangereuse course aux pesticides du Brési <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/26/la-dangereuse-course-aux-pesticides-du-bresil_5481866_3244.html>l, Le Monde, maj le 27/06/19 à 06h26
37- Le glyphosate, « vrai poison » ou « faux sujet » ? Petit manuel pour comprendre le débat sur l’herbicide controversé <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/28/petit-manuel-a-lire-pour-comprendre-le-debat-sur-le-glyphosate_5482759_4355770.html>, Blog Les Décodeurs, maj le 29/06/19 à 09h54
En images
38- Un monde sans abeilles <https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/video-un-monde-sans-abeilles_3472707.html>, France 2, Envoyé spécial, 06/06/19, 21h00
39- "Multinationales : hold-up sur nos fruits et légumes" <https://www.france.tv/france-2/cash-investigation/1005819-multinationales-hold-up-sur-nos-fruits-et-legumes.html>, France 2, Cash Investigation, 18/06/19, 21h00
Une publication
40- L'Agroécologie peut nous sauver <https://www.actes-sud.fr/catalogue/agriculture/lagroecologie-peut-nous-sauver>, Marc Dufumier en entretiens avec Olivier Le Naire, Editions Actes Sud, mai 2019

Bien à vous,
Florence

RAPPORTS & ÉTUDES DU JOUR : — Selon l'ONG Générations futures, près de 72 % des fruits et 43 % des légumes non-bio consommés en France contiennent des résidus de pesticides. L'association a publié un rapport portant sur la période 2012-2017. (cf. item 4 & suite)
— Un étude parue dans la revue Environmental Health dénonce l’influence des lobbys des pesticides et agricoles sur le régulateur américain. Plus du quart des volumes de pesticides utilisés dans l’agriculture américaine sont interdits dans l’Union européenne, et 3 % et 2 % sont interdits en Chine et au Brésil. (cf. item 6 & suite)
— Il y a 80 % de poissons en moins qu’en 1950… pour 2 fois plus de bateaux de pêche selon une étude publiée dans la très sérieuse revue PNAS. (cf. item 10 & suite)
— Un individu moyen pourrait ingérer jusqu'à 5 grammes de plastique chaque semaine, soit le poids d'une carte de crédit, selon un rapport de l'université de Newcastle (Australie). (cf. item 16)
— L'agriculture biologique apporte aux abeilles une alimentation diversifiée et surtout régulière, permettant d'atténuer le déclin de ces pollinisateurs, selon une étude. (cf. item 35)
TROMPERIE DU JOUR : 780 tonnes de faux steak hachés ont été distribués aux plus démunis. Une nouvelle tromperie en bande organisée. (cf. item 7)
EFFET PAPILLON DU JOUR : Manger des œufs, de la viande de poulet ou de porc en Europe aggrave considérablement la destruction des forêts au Brésil et en Argentine, en raison de l'importation massive de soja OGM de ces pays pour nourrir les animaux. (cf. item 15)
ALERTES DU JOUR : — Le chlorpyrifos, insecticide neurotoxique et perturbateur endocrinien, est toujours présent dans les produits alimentaires importés en France. Interdit dans huit pays européens, ce pesticide traverse les frontières. Son processus de renouvellement dans l’UE arrive à son terme. (cf. item 21 & 24)
— Les conséquences de l’appauvrissement des sols affectent trois milliards de personnes, alerte Ibrahim Thiaw, le secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification. (cf. item 23)
— Au Brésil, le gouvernement Bolsonaro a homologué 239 pesticides depuis son entrée en fonctions en janvier. (cf. item 36)
ENQUÊTE DU JOUR : Le service de presse du groupe allemand Bayer, qui a racheté la firme agrochimique Monsanto, a révélé que 600 personnes au total avaient été fichées. (cf. item 26 & suite)
TEST DU JOUR : Elu à à la tête de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, le Chinois Qu Dongyu va devoir montrer que Pékin ne cherche pas à promouvoir un multilatéralisme aux couleurs chinoises. (cf. item 34)
ALTERNATIVES DU JOUR : — En optant pour une évolution de leur régime alimentaire, les consommateurs de bio ont une assiette plus respectueuse de l’environnement. (cf. item 13)
— Comme Stéphane Schoumacher, céréalier dans la Marne, de plus en plus d'agriculteurs tentent l'agriculture sans labour, pour réduire leurs charges et ramener de la vie dans les sols. (cf. item 18)
— Pour l’agronome Marc Dufumier, l’agroécologie peut nourrir 10 milliards d’humains parce qu’elle tient compte du fonctionnement de l’écosystème dans sa globalité. (cf. item 27 & 40)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- L'agriculture biologique française a connu une "année record" en 2018, AFP, 04/06/19, 16:00

La production agricole biologique a enregistré une "année record" en France en 2018, surtout dans les céréales, avec une progression à 7,5% de la surface agricole bio, tandis que 10% des agriculteurs travaillent désormais en bio dans le pays, a annoncé mardi l'Agence Bio.
Avec deux millions d'hectares cultivés en bio l'an dernier en France, il y a vraiment "un cap franchi" côté production, "en ligne avec l'objectif de parvenir à 15% de la surface agricole en bio fin 2022", a déclaré Florent Guhl, directeur de l'Agence Bio, organisme public qui suit l'évolution du bio en France.
Au total, "14% de l'emploi agricole est en bio" a ajouté M. Guhl, soulignant "un effet emploi très significatif des fermes bio".
Les nouveautés de 2018 portent surtout sur les céréales, oléagineux et légumes secs qui rattrapent leur retard, avec un bond de 31% de ces surfaces agricoles en bio, à 513.000 hectares, indique l'Agence Bio dans son bilan annuel.
"En 2013, seulement 1% des grandes cultures en France étaient bio, aujourd'hui nous sommes à 4,3%" a salué M. Guhl. Une hausse permise notamment par l'augmentation importante des capacités de traitement et de stockage dédiées, l'ouverture de silos et de moulins dédiés aux blés bio, comme celui de la coopérative Valfrance près de Melun ou de Soufflet dans le département du Rhône.
Pour parvenir à réaliser l'objectif officiel de 15% de la surface utile agricole totale en bio fin 2022, l'agence estime que sur le plan des céréales, la France devra cultiver 8% de ses "grandes cultures" en bio.
Dans le domaine des légumes secs, 40% sont déjà bio.
En viticulture aussi, le bond est très important (+20%), avec 12% du vignoble français en bio (94.020 hectares) en 2018. Pour encourager les vignerons à franchir le pas, un label CAB (conversion agriculture biologique) a été créé pour couvrir la période de conversion de trois ans. 
Le logo permet au viticulteur d'expliquer au consommateur qu'il est engagé dans le processus bio, et ainsi de vendre son vin un petit peu plus cher que du vin non bio pendant la transition. "14.000 nouveaux hectares de vigne vont être en conversion bio l'an prochain", a indiqué M. Guhl.
Il a également souligné le "grand succès" des fruits et légumes bio, encouragés par l'objectif affiché dans la loi ALimentation (Egalim) de parvenir à 20% de produits bio ou en conversion en restauration collective d'ici à 2022.
<https://www.capital.fr/economie-politique/lagriculture-biologique-francaise-a-connu-une-annee-record-en-2018-1340661>
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2- Attention aux « montagnes de promesses » du bio, prévient 60 Millions de consommateurs, Ouest-France, 05/06/19, 07h19

Le magazine 60 Millions de consommateurs consacré au « meilleur du bio », met en garde contre les « montagnes de promesses » du secteur qui est « loin d’être sans failles », après un banc d’essai de 130 produits.
Tout bio tout beau ? Pas forcément, affirme 60 Millions de consommateurs. Dans son hors-série de juillet-août consacré au « meilleur du bio », qui rassemble 130 produits au banc d’essai, le magazine met en garde contre les « montagnes de promesses »d’un secteur qui est « loin d’être sans failles ».
Déplorant qu’un produit arborant le label AB coûte bien plus qu’un produit conventionnel, le magazine dénonce « l’argument marketing de poids » qu’est devenu le précieux sésame.
>> Suite à lire à :
<https://www.ouest-france.fr/economie/consommation/attention-aux-montagnes-de-promesses-du-bio-previent-60-millions-de-consommateurs-6383417>
Sur le même sujet :
> « Le bio est loin d’être sans failles », alerte le magazine « 60 millions de consommateurs » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/05/le-bio-est-loin-d-etre-sans-failles-alerte-le-magazine-60-millions-de-consommateurs_5471639_3244.html>, Le Monde avec AFP, 05/06/19, 08h54
En savoir plus :
> Le meilleur du bio <https://www.60millions-mag.com/kiosque/le-meilleur-du-bio>, 60 Millions de consommateurs, hors-série n°199, juillet 2019
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3- Lot-et-Garonne : "armistice" entre agriculteurs et autorités sur le lac de Caussade, AFP, 05/06/19, 19:00

Les agriculteurs du Lot-et-Garonne ont trouvé un terrain d'entente avec les autorités à propos du conflit portant sur le lac de Caussade, une retenue d'eau qu'ils ont illégalement creusée pour l'irrigation, a-t-on appris mercredi auprès des deux parties.
"C'est un armistice", a déclaré à l'AFP Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne, qui a accepté d'arrêter la mise en eau du lac et de présenter une nouvelle demande d'autorisation de creusement à la préfecture.
Cette nouvelle demande, qui devrait prendre quelque six mois, présentera des arguments mieux étayés sur plusieurs "points de faiblesse", principalement écologiques, que comportait le dossier initial, a expliqué M. Bousquet-Cassagne.
Cet "armistice" fait suite à une réunion mercredi à Bordeaux qui a rassemblé représentants des agriculteurs et des autorités autour de la nouvelle préfète de Nouvelle-Aquitaine Fabienne Buccio.
Dans un communiqué, la préfecture a annoncé que l'Etat avait "proposé plusieurs orientations", dont "la réalisation d’une étude de sécurité de l’ouvrage existant", celle "d’une nouvelle étude d’impact environnemental comportant des compléments à l’étude initiale, notamment sur le volet hydrologique" ainsi que la "mise en œuvre d’une concertation".
Cette retenue de 920.000 m3 sur 20 hectares, quasi achevée, doit permettre, selon ses promoteurs, l'irrigation des 350 ha d'une vingtaine d'exploitations agricoles en régulant le débit du Tolzac, un affluent de la Garonne. Elle est dénoncée notamment par France Nature Environnement.
La justice administrative avait constaté fin mars l'illégalité des travaux, confirmant un arrêté préfectoral d'octobre qui avait abrogé un arrêté de juin autorisant le projet. Les agriculteurs étaient passés outre et avaient entamé les travaux en novembre.
Recevant en février partisans et opposants du lac, le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy avait plaidé pour une "solution alternative".
Cela n'avait pas empêché la préfète du Lot-et-Garonne, Béatrice Lagarde, de signer le mois dernier un arrêté exigeant la cessation des travaux et de la mise en eaux ainsi que la destruction de l'ouvrage et la remise en l'état du site, situé près de Villeneuve-sur-Lot.
"Nous serons là au pied du lac pour le défendre, ce territoire a été sacralisé", avait répliqué M. Bousquet-Cassagne.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/lot-et-garonne-armistice-entre-agriculteurs-et-autorites-sur-le-lac-de-caussade_134261>
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4- Dans quels fruits et légumes retrouve-t-on le plus de pesticides ?, Ouest-France avec AFP, 06/06/19, 13:23

Selon l'ONG Générations futures, près de 72 % des fruits et 43 % des légumes non-bio consommés en France contiennent des résidus de pesticides. L'association a publié ce jeudi un rapport portant sur la période 2012-2017.
Plus de 71% des fruits et 43% de légumes non bioconsommés en France contiennent des résidus de pesticides, selon un rapport portant sur les années 2012-17 publié ce jeudi par l'ONG Générations futures. L'association, qui actualise un premier bilan publié début 2018, se base sur des chiffres de la direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF). 18 fruits et 32 légumes ont été retenus car ils ont fait l'objet d'analyses menées pendant au moins 5 ans.
« Sur les six années, ce sont en moyenne 71,9 % des échantillons de fruits qui contenaient des résidus de pesticides, avec 2,9% de dépassement de la "limite maximale en résidus" (LMR) », note l'ONG dans un communiqué. Les LMR sont les seuils légaux européens ne devant pas être dépassés. « Pour les légumes, la moyenne est de 43,3 % des échantillons concernés (par des résidus) et 3,4% de dépassement de LMR », ajoute Générations futures. Des conclusions assez similaires à celles relevées 18 mois plus tôt.
>> Suite à lire à :
<https://www.ouest-france.fr/environnement/pesticides/dans-quels-fruits-et-legumes-retrouve-t-le-plus-de-pesticides-6385112>
En savoir plus :
> Nouveau rapport sur les résidus de pesticides dans les fruits et légumes <https://www.generations-futures.fr/actualites/residus-de-pesticides-2019/>, Générations futures, 06/06/19
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5- Au large de l'Italie, la pêche au plastique dans l'Adriatique, AFP, 06/06/19, 16:00
Charles Onians

Au large de l'Italie, sous la pâle lueur de la lune, des pêcheurs remontent dans leurs filets les habituels seiches, rougets et détritus. Mais pour une fois, ils ne rejettent pas le plastique à la mer.
Jusqu'à présent, les pêcheurs confrontés aux déchets plastiques avaient le choix entre les remettre en mer ou les jeter discrètement à terre, au risque de poursuites pour transport illégal d'ordures.
Mais la quarantaine de bateaux de pêche du port de San Benedetto del Tronto, sur l'Adriatique, participent à une expérience de ramassage et de recyclage de ces déchets. Elle devait durer un mois jusqu'au 7 juin mais va être prolongée durant tout l'été.
Objectif : mettre en place des protocoles qui pourraient être étendus à toute l'Italie et au-delà, pour faire face aux tonnes de déchets plastiques ou autres que les pêcheurs remontent désormais dans leurs filets.
"Beaucoup de pêcheurs avaient l'habitude de rejeter les détritus à la mer, parce que la loi dit qu'ils ne peuvent pas les ramener à terre", explique Eleonora de Sabata, coordinatrice du projet pour l'ONG Clean Sea Life.
"Ils n'ont pas le droit de transporter des déchets et dans les ports il n'y a nulle part où les déposer", ajoute-t-elle.
Depuis le début de l'expérience, les pêcheurs ont récolté chaque semaine une tonne de déchets dont 60% sont en plastique. Environ 20 à 25% des détritus collectés peuvent être recyclés - tout dépend de l'état de conservation des polymères contenus dans le plastique après avoir séjourné dans l'eau de mer, souligne Mme Sabata. A défaut d'être recyclés, certains déchets peuvent être brûlés pour créer de l'énergie.
- Pas récupéré à terre -
La plupart sont des objets à usage unique, comme des bouteilles, des assiettes ou des couverts, mais aussi de vieux filets et toutes sortes de morceaux de plastique, de la poche médicale au morceau de fax.
"Je vois du plastique depuis que j'ai commencé en mer", assure Claudio Uriani, un pêcheur de 62 ans, tout en triant ses prises entre différents seaux. Celui du plastique est le plus rempli.
"Disons que nous ne l'avons pas toujours collecté. Pendant longtemps il n'y avait personne à terre pour le récupérer", ajoute ce marin qui pêche depuis 1972. "Si les poissons mangent du plastique, ils tombent malades et nous pouvons l'être aussi."
Les vastes îles de plastique flottant dans les océans représentent un réel problème. Mais la Méditerranée, mer quasiment fermée, entourée de populations denses, "connaît en moyenne les densités de plastiques les plus importantes au monde", avec 250 milliards de microplastiques, selon François Galgani, chercheur à l'Ifremer.
Selon une récente étude de la Public Library of Science (PLOS), la Méditerranée contient 1.000 à 3.000 tonnes de plastique flottant, sans compter tout ce qui repose au fond de la mer. Et à lui seul, le Nil déverse chaque année dans la Méditerranée au moins 1.500 tonnes de plastique, selon cette étude.
Régulièrement, des cachalots viennent s'échouer sur les côtes italiennes, l'estomac plein de plastique.
Le Parlement européen a voté une interdiction des produits en plastique à usage unique à partir de 2021 et en Italie, un projet de loi est en cours d'examen pour le traitement des déchets existants.
- Un an pour nettoyer -
"Si les pêcheurs rendent service à la communauté en rapportant ces déchets à terre, il ne faut pas que ce soit à eux de payer" pour leur traitement, explique Mauro Colarossi, responsable de la capitainerie du port de San Benedetto del Tronto.
Selon les estimations, 80% des déchets en mer proviennent de la terre et 20% seulement de l'industrie de la pêche.
"L'intérêt de cette expérience (menée sous la houlette de l'ONG Clean Sea Life) est de déterminer ce qu'il y a au fond de la mer, comprendre ce qui peut être recyclé et comment gérer ces déchets", explique Mme De Sabata.
Le but est notamment d'éviter l'entrée du plastique dans la chaîne alimentaire (via l'ingestion par les poissons), mais aussi de permettre aux pêcheurs d'être moins gênés par ces déchets qui polluent les mers... et les filets de pêche, empêchant ou diminuant la prise de poissons.
"Le problème est en mer mais la solution est et doit être à terre, il faut une solution politique, nous devons passer de l'alerte à l'action", insiste Mme De Sabata.
Après une nuit de chalutage, les bateaux reviennent chargés de poisson et de déchets qui sont déposés, en toute légalité, sur le quai.
"Si on faisait ça pendant un an au lieu d'un mois, la mer serait propre", veut croire Stefano Voltattorni, capitaine d'un bateau de pêche, en déchargeant encore une caisse.
<https://www.nouvelobs.com/topnews/20190606.AFP7997/au-large-de-l-italie-la-peche-au-plastique-dans-l-adriatique.html>
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6- Le quart des pesticides utilisés aux Etats-Unis sont interdits en Europe, Le Monde, 07/06/19, 02h39

L’auteur de l’étude, parue jeudi dans la revue Environmental Health, qui dénonce l’influence des lobbys des pesticides et agricoles sur le régulateur américain.
Plus du quart des volumes de pesticides utilisés dans l’agriculture américaine sont interdits dans l’Union européenne, et 3 % et 2 % sont interdits en Chine et au Brésil, respectivement, selon une étude publiée jeudi dans la revue Environmental Health.
> Lire aussi  « Il faut stopper au plus vite l’usage des pesticides »
Il s’agit principalement d’herbicides, mais aussi d’insecticides et de fongicides. Sur 374 principes actifs autorisés pour l’agriculture aux Etats-Unis en 2016, 72 étaient interdits dans l’Union européenne. Deux produits en particulier sont interdits à la fois dans l’Union européenne, au Brésil et en Chine : le paraquat, un herbicide dangereux et banni d’Europe depuis 2007, et le phorate, un insecticide neurotoxique dont l’Etat de New York a interdit l’aspersion aérienne.
A l’inverse, les Etats-Unis n’interdisent que deux ou trois des pesticides qui sont autorisés dans chaque autre pays.
> Lire aussi  « Le bio est loin d’être sans failles », alerte le magazine « 60 millions de consommateurs »
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/07/le-quart-des-pesticides-utilises-aux-etats-unis-sont-interdits-en-europe_5472567_3244.html>
Sur le même sujet : 
> Le quart des pesticides utilisés aux Etats-Unis sont interdits en Europe <https://www.geo.fr/environnement/le-quart-des-pesticides-utilises-aux-etats-unis-sont-interdits-en-europe-195980>, AFP, maj le 12/06/19
En savoir plus :
> The USA lags behind other agricultural nations in banning harmful pesticides <https://ehjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12940-019-0488-0>, Environmental Health, 07/06/19
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7- Fraude : 780 tonnes de "faux steaks hachés" distribuées aux plus démunis, RTL Petit Matin, 07/06/19, 05:01
Armelle Levy

C'est un nouveau scandale alimentaire qui éclate à destination, cette fois, des plus démunis. 780 tonnes de faux steak leur ont été distribués. Une nouvelle tromperie en bande organisée.
Depuis juillet 2018, 780 tonnes de steaks hachés ont été livrées à La Croix Rouge, Les Restos du Cœur, le Secours Populaire Français, et la Fédération française des banques alimentaires, des associations venant en aide aux plus démunis. Au total, un achat groupé de steaks hachés d'une valeur de 5,2 millions d'euros. 
Mais les associations ont donné l'alerte au mois de mars : le goût, la couleur et la texture du steak haché ne leur paraissaient pas habituelles. Après avoir suspendu la distribution, elles ont fait analyser ces steaks par les services de la répression des fraudes. Et le verdict est sans appel : ces steaks ne contenaient pas de la viande mais du gras, pas du muscle mais de la peau. Le tout mixé avec du soja et de l'amidon, des produits non-autorisés dans des steaks hachés, avec un réemploi aussi de viande transformée. 
En fait, il s'agissait de tout sauf de la vraie viande. Ces matières premières, de très mauvaise qualité, ne présentent pour autant aucun danger pour la santé.
L'entreprise française incriminée a malgré tout réussi à écouler près de 7 millions de steaks hachés. Elles les a fait fabriquer en Pologne pour, selon l'enquête, baisser ses coûts de production et augmenter sa marge. Autrement dit, pour se faire de l'argent sur le dos des plus démunis. Les fraudeurs encourent 2 ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende pour tromperie et fraude en bande organisée.
<https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/fraude-780-tonnes-de-faux-steak-distribuees-aux-demunis-7797787167>
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8- Le Sri Lanka va interdire les tronçonneuses pour protéger ses forêts, AFP, 07/06/19, 17:00

Le Sri Lanka va interdire les importations de tronçonneuses et fermer les scieries afin de protéger ses forêts, a annoncé vendredi le bureau du président Maithripala Sirisena.
"J'ai donné pour instructions à l'administration d'interdire les importations de tronçonneuses à compter de la semaine prochaine", a déclaré jeudi M. Sirisena au cours d'une conférence sur l'environnement, selon la même source.
Le président a à cette occasion fait part de sa détermination à lutter contre les coupes illégales de bois et à faire passer la couverture forestière dans son pays de 28% actuellement à 32% dans les dix ans.
Il y a quatre mois, M. Sirisena, qui est aussi le ministre de l'Environnement, a obligé tous les usagers de tronçonneuses à les faire enregistrer auprès de la police, ce qui avait permis d'en recenser 82.000 en trois semaines.
Il n'a pas précisé s'il interdirait totalement l'utilisation des tronçonneuses déjà en usage, mais a souligné que les scieries auraient cinq ans pour arrêter leurs activités, appelant les bûcherons à se trouver un autre emploi dans ce laps de temps.
<https://www.geo.fr/environnement/le-sri-lanka-va-interdire-les-tronconneuses-pour-proteger-ses-forets-196002>
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9- Favorite pour la présidence de la FAO, la candidate française serait favorable aux OGM et aux biotechnologies, Le Monde, maj le 08/06/19, 06h19
Stéphane Foucart et Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondante)

Catherine Geslain-Lanéelle se serait engagée à défendre les intérêts des Etats-Unis pour s’assurer de leur soutien à la tête de l’organisation onusienne pour l’agriculture et l’alimentation. 
C’est un enjeu crucial dans la stratégie de conquête des organismes onusiens. L’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) renouvellera, le 23 juin, son directeur général, au terme d’une âpre compétition qui voit concourir les candidats de quatre pays : la Chine, la France, la Géorgie et l’Inde.
Une campagne d’autant plus tendue que, trois semaines avant le scrutin – dans lequel chaque Etat membre dispose d’une voix –, la candidate française Catherine Geslain-Lanéelle s’est vue bousculée par la révélation, le 3 juin, par le Guardian, d’un mémo du gouvernement américain ­détaillant une série de garanties qu’elle apporterait aux Etats-Unis.
Mme Geslain-Lanéelle – qui fait partie des favoris et pourrait devenir la première femme à diriger la FAO – s’est rendue à Washington courant mai et, selon un responsable au fait des discussions, aurait expressément demandé aux Américains d’abandonner leur soutien au candidat géorgien, David Kirvalidze, à son profit. Selon le mémo cité par le quotidien britannique, elle s’est engagée à« ne pas défendre les positions européennes sur la question des biotechnologies et des OGM ».
Mouvement d’humeur des Américains
« Elle défendra un projet mondial incluant les intérêts américains », précise le mémo, cité par le Guardian, qui ajoute que la délégation américaine s’est aussi inquiétée de la volonté européenne « d’interdire le glyphosate et de réduire l’usage des herbicides ». Selon le document, Mme Geslain-Lanéelle se serait ­engagée à nommer un directeur adjoint américain. Rencontrée par Le Monde, l’intéressée n’a pas souhaité faire de commentaire.
La fuite dans la presse européenne de ce mémo interne divulguant ses échanges avec le département d’Etat est un mouvement d’humeur des Américains, qui n’auraient pas apprécié « la campagne de dénigrement de ­Paris, qui laisse entendre que soutenir le Géorgien, c’est assurer la victoire du Chinois ».
Présenté comme un partisan du libre-échange et promoteur d’une ­réforme structurelle de la FAO, qui rencontre des problèmes de budget, David Kirvalidze se targue par ailleurs d’avoir « le soutien d’un grand nombre de pays en voie de développement », selon Brett Bruen, l’un de ses conseillers.
Mécontentement européen
Côté français, on exclut tout faux pas de l’ancienne directrice de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). « Je ne m’en suis jamais caché : je ne souhaite pas devenir directrice générale de la FAO pour défendre les intérêts d’un Etat quel qu’il soit, ou d’un groupe d’Etats, dit-elle au Monde. Je n’ai pas pour ambition d’accaparer la FAO au profit d’intérêts particuliers. »
Quant à sa position sur les biotechnologies, elle la revendique haut et fort, de même qu’une approche pragmatique. « Je ne crois pas qu’il y ait une solution. Il y a beaucoup de solutions, et ce qui compte pour moi, c’est que cette organisation soit le lieu de débats sur les différentes solutions, à partir des faits et de la science. Et qu’évidemment on soit respectueux de la santé et de l’environnement ! » « Il ne faut pas nécessairement appliquer au reste du monde ce qui a été fait en ­Europe, ajoute-t-elle. Nous avons de nombreux exemples de modèles vertueux développés localement et qu’il faut aider à passer à une plus grande échelle. »
Mais, dans certaines chancelleries européennes, on s’étonne des positions de Mme Geslain-Lanéelle, vécues comme un désaveu pour « l’une des politiques agricoles les plus importantes pour Bruxelles ». Signe des divisions sur cette candidature unique portée par la Commission, les pays de l’Est, l’Italie et le Royaume-Uni seraient aussi peu enclins à soutenir la Française.
« L’agriculture est à la croisée des chemins, et en termes d’orientation et de financement de la recherche agronomique, de définition et de mise en œuvre des politiques publiques sur l’agriculture, la FAO est une agence cruciale », juge Olivier de Schutter, président de l’IPES-Food (panel international sur les systèmes alimentaires durables) et ancien rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation.
« Nous pensons qu’il faut miser sur l’agroécologie, ce qui est très loin de l’approche techno­logique prônée par l’administration américaine, qui souhaite une industrialisation croissante de l’agriculture. Miser sur la science, sur l’innovation : tout le monde sait ce que ces mots veulent dire. »
> Lire aussi  « Les modèles agro-écologiques ont fait leurs preuves »
« Pression chinoise intense »
De son côté, la Chine travaille activement à faire élire son candidat, Qu Dongyu, actuel vice-ministre de l’agriculture et des affaires rurales. Et pour cela, Pékin, selon un certain nombre d’observateurs, n’hésite pas à sortir le carnet de chèques et à user de son influence pour obtenir les voix de pays ­africains. « La plupart de ces Etats ­adhèrent déjà au mégaprojet des “nouvelles routes de la soie”, s’alarme une source diploma­tique. Les Chinois sont en terrain ami. On ne peut pas rivaliser. » ­
Pékin a obtenu une première victoire avec le désistement, en mars, du candidat camerounais, Médi Moungui. Selon un diplomate, la Chine aurait épongé une dette d’environ 70 millions de dollars (62 millions d’euros) en contrepartie. « La pression chinoise est intense, assure cette même source. Ils ont aussi menacé le Brésil et l’Uruguay d’interdire leurs exportations agricoles si ces deux pays ne leur accordaient pas leur voix. »
Mme Geslain-Lanéelle, pour sa part, s’est rendue à plusieurs reprises au siège de l’ONU à New York pour faire valoir sa candidature, notamment dans le sillage du ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, lors de la présidence française du Conseil de sécurité, en mars. Elle y avait assisté, entre autres, à une réunion à huis clos réunissant les cinq pays qui participent à la force conjointe du G5 Sahel. Objectif : rester en contact étroit avec les Etats africains.
Le 11 avril, au siège de la FAO, à Rome, les auditions des candidats en séance plénière ont mis en évidence une forte tension entre le représentant américain et le candidat chinois. « L’enquête menée par votre propre gouvernement sur l’ancien chef d’Interpol, comme vous, un vice-ministre de votre gouvernement, a révélé que l’une des raisons pour laquelle il a été arrêté – et je cite votre ministre de la sécurité publique – est qu’il “n’a absolument pas le droit de prendre des décisions sans autorisation”, a lancé le représentant américain à M. Qu. Comment pouvez-vous assurer la FAO que vous pourrez prendre des décisions sans l’autorisation de votre gouvernement ? »
> Lire aussi  La Chine à l’assaut des Nations unies
Jeux d’influence
La tension entourant cette élection – très politisée du fait que la présidence de la FAO est traditionnellement accordée à un pays en développement – est encore renforcée par le contexte de guerre commerciale à laquelle se livrent Washington et Pékin.
« Le jeu est serré, note un responsable, et certains jouent sur les divisions entre Nord et Sud pour obtenir des voix dans un système de vote à majorité simple qui donne le même poids à tous les pays. »
Dans ces jeux d’influence, la lutte contre l’insécurité alimentaire « passe clairement au second plan », regrette un haut responsable occidental, mais « le monde doit réaliser que la Chine peut prendre le contrôle d’une organisation importante qui aura une influence sur les standards agricoles et alimentaires ».
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/07/guerre-diplomatique-pour-la-presidence-de-la-fao_5473025_3244.html>
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10- Pêche : deux fois plus de bateaux pour 80 % de poisson en moins, Futura-sciences, 08/06/19
Céline Deluzarche

Malgré un doublement de la flotte de pêche et des bateaux de plus en plus gros et puissants, les quantités de poisson ramenées se réduisent comme peau de chagrin. La preuve que les ressources ne suivent pas, et de loin, cette course effrénée à la productivité.
« Jusqu'en 2014, on débarquait, du 1er janvier au 30 mai, 500 à 600 tonnes de soles à Boulogne, contre 192 tonnes sur la même période cette année. Cette dégringolade a conduit à la mise à la casse de 7 bateaux de fileyeurs fin 2017 », se lamente à l'AFP Stéphane Pinto, vice-président du Comité régional des pêches Hauts-de-France, qui n'est certainement pas le seul dans ce cas.
Une nouvelle étude de l'université de Tasmanie et du CSIRO parue le 28 mai dans la revue PNASvient confirmer l'effondrement de la productivité de la pêche mondiale. Compilant les données locales, les registres nationaux et les rapports scientifiques, celle-ci indique que la flotte globale de bateaux de pêche est passée de 1,7 million en 1950 à 3,7 millions en 2015. En Asie, elle a même été multipliée par quatre. Dans le même temps, chacun de ces bateaux ramène à peine un cinquième des captures qu'il faisait auparavant pour le même travail (quantité de poisson par jour de pêche et par kWh de puissance, noté capture par unité d'effort ou CPUE).
>> Suite à lire à :
<https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/environnement-peche-deux-fois-plus-bateaux-80-poisson-moins-76282/>
Sur le même sujet :
> Il y a 80 % de poissons en moins qu’en 1950… pour deux fois plus de bateaux de pêche <https://dailygeekshow.com/peche-poissons-industrie/>, Daily Geek Show, 09/06/19
En savoir plus :
> Evolution of global marine fishing fleets and the response of fished resources <https://www.pnas.org/content/early/2019/05/20/1820344116>, PNAS, 28/05/19
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11- Au Bénin, un camp d'entraînement intensif à l'agriculture bio, AFP, 09/06/19, 08:00
Delphine Bousquet

Machettes à la main et chapeau de paille traditionnel pour se protéger du soleil sur la tête, les participants à "l'AgroBootCamp" de Tori-Bossito, commune rurale du Bénin, défrichent des parcelles de maïs, niébé (haricot) et sorgho.
"Il faut faucher à la base", conseille Oluwafèmi Kochoni, qui dirige l'atelier. "Ensuite, laissez les plants sur place, on va les enfouir. Ils vont se décomposer et fertiliser le sol".
C'est un conseil pour les débutants, mais ce programme, mis en place par l'ONG bénino-nigérienne "Les Jardins de l'Espoir" a pour but d'apprendre les techniques agricoles élémentaires et ancestrales à ceux qui les auraient oubliées, ou à ceux qui veulent retourner à la terre.
Au Bénin, petit pays d'Afrique de l'Ouest limitrophe du géant pétrolier nigérian, 80% des 11 millions d'habitants dépendent de l'agriculture, selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM).
La grande majorité toutefois sont des fermiers de subsistance, cultivant de petites parcelles de terre et ne disposant pas d'infrastructures ou de moyens pour contrer les aléas climatiques ou les mauvaises récoltes. 
Mais cet "agro-bootcamp", dont le nom a été emprunté aux entraînements intensifs de l'armée américaine, vise un public bien différent. 
La troisième édition de ce camp de formation à l'agro-écologie et à l'entrepreneuriat vert veut encourager l'autosuffisance alimentaire sur le continent africain, sur lequel il reste les 2/3 de terres arables dans le monde, et qui pourtant importe sa nourriture à hauteur de 64,5 milliards de dollars chaque année, selon les chiffres de la Banque Africaine de Développement. 
Pour 27.000 Francs CFA (environ 40 euros), pendant une semaine, chaque jour de 6h à 22h, les 25 participants dorment sous tente, apprennent différentes techniques agricoles, suivent des cours de marketing et rencontrent des agro-entrepreneurs qui ont réussi. 
- Un mode de vie -
"Notre conviction, c'est que pour résoudre le problème de l'emploi dans nos pays, les jeunes doivent créer leurs entreprises avec une conscience écologique et climatique, explique Tanguy Gnikobou, le coordinateur.
Sur les 85 participants qui ont suivi les deux derniers "entrainements", dix ont déjà démarré de nouvelles activités, fermes ou entreprises agricoles, et huit autres ont accéléré leur production sur leurs terres, selon les organisateurs de l'AgroBootCamp.
Africains ou Européens, les 25 participants de la session la plus récente sont de huit nationalités différentes (en majorité des hommes) mais partagent la même vision d'une agriculture écologique source de développement. 
"Au départ, l'agriculture bio était une alternative à l'agriculture conventionnelle. Puis, c'est devenu un mode de vie et une philosophie", affirme le président des Jardins de l'Espoir. 
Sur trois hectares mis à disposition pour la semaine par une famille en échange de paniers de légumes, tout a été construit en branches de palmier et de teck : une cuisine avec foyer amélioré, des toilettes sèches, mais aussi un bassin de pisciculture et une champignonnière. 
Cheikh Amadou Bass, 36 ans, est arrivé de Nouakchott en Mauritanie. Ce fonctionnaire dont les parents sont paysans possède une ferme de 8 hectares dans son village natal. Il aimerait montrer à ses jeunes compatriotes qu'au lieu de traverser la mer, il y a des opportunités dans la terre. 
"J'ai eu une grande révélation ici", raconte-t-il près de sa tente couverte du drapeau mauritanien. "Avec la nature, on a tout à portée de main. Je ne vais plus dépenser en engrais mais utiliser le fumier de nos ruminants pour mes cultures. C'est rentable". 
- Produire durablement -
Rachidi Idrissou, étudiant béninois en cinquième année d'agronomie, veut faire du maraîchage sur son terrain.
Pelle en main, il partage son expérience : "Les conseils que reçoivent d'habitude les agriculteurs sont basés sur l'utilisation d'intrants chimiques. On pense aux rendements rapides et pas à produire durablement pour préserver nos terres."
Des sessions de l'AgroBootCamp sont prévues dans le nord du Bénin, puis au Tchad et en Côte d’Ivoire d'ici la fin de l'année.
Cela traduit-il un retour à la terre pour cette jeunesse ? 
Doryan Kuschner a eu le temps d'y réfléchir. Seul Français du camp, cet architecte de 25 ans est actuellement en mission au Bénin et a pris une semaine de congés pour venir à Tori-Bossito. "Ce n'est pas un retour mais une continuité car les jeunes ici ne sont pas coupés de l'agriculture." 
Il ajoute : "L'Afrique a une chance incroyable, elle n'a pas dépassé un point de non-retour comme nous Occidentaux. Ceux qui sont là ne veulent pas réparer les dégâts, ils veulent faire mieux que leurs aînés."
<https://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/au-benin-un-camp-d-entrainement-intensif-a-l-agriculture-bio_2083106.html>
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12- Chronique. « Avocat, tequila : même combat ! », Le Monde, 08/06/19, 09h19 
Laurence Girard

La récente offensive commerciale de Donald Trump contre le Mexique, à laquelle il a finalement renoncé, a fait s’envoler les prix de l’avocat. Le consommateur américain, qui raffole du fruit vert, risquait d’être lésé, explique Laurence Girard, journaliste au « Monde », dans sa chronique hebdomadaire.
Matières premières. L’avocat, victime des droits ? Des droits de douane, s’entend… La récente offensive de Donald Trump vis-à-vis de son voisin mexicain a fait s’envoler les prix du fruit vert. Ce produit agricole aurait pu être taxé à 25 % à la frontière, si le président des Etats-Unis avait mis à exécution la menace qu’il a brandie le 30 mai – ce à quoi il a finalement renoncé, vendredi 7 juin. Une barrière douanière qui se serait appliquée à toutes les exportations du Mexique vers les Etats-Unis, et donc, aussi, à la tequila. Avocat, tequila : même combat !
Mais c’est bien l’électeur américain qui risquait d’être lésé par ce nouveau coup de sang du locataire de la Maison Blanche, recevant les hausses de tarif comme un boomerang. D’autant que, de New York à San Francisco, le consommateur raffole de l’avocat et de la tequila. On se souvient qu’en juin 2017 George Clooney a cédé au britannique Diageo, pour un milliard de dollars (environ 889 millions d’euros), sa marque de tequila, Casamigos, quatre ans à peine après sa création. Que ce soit sous forme de cocktails margarita ou de « shots », l’eau-de-vie d’agave mexicaine s’écoule à 80 % dans les gosiers américains, souvent accompagnée d’« avocado toasts » ou de tacos garnis de guacamole.
Les Américains sont, en effet, devenus accros à l’avocat. La consommation du fruit vert a plus que doublé en cinq ans, pour frôler le milliard de tonnes. Une progression fulgurante qui doit beaucoup au rouleau compresseur marketing du Hass Avocado Board (HAB). « Le HAB regroupe les producteurs californiens et les importateurs. Chacun verse 5 cents par colis pour financer la promotion. Aujourd’hui, les volumes sont tels qu’ils disposent de 70 millions de dollars par an pour leurs campagnes publicitaires », explique Eric Imbert, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Les avocats ont les moyens de plaider leur cause…
> Lire aussi  L’avocat du diable
Des dessous pas toujours blancs
Parallèlement, les producteurs d’avocats du Mexique, mais aussi du Pérou, ont mis les bouchées doubles, et leurs exportations atteignent 1,5 million de tonnes. Une partie de la récolte s’offre une traversée en bateau vers l’Europe, deuxième grand bassin de consommation, avec près de 500 millions de tonnes, en croissance exponentielle. Une fois débarqués, les avocats font un séjour en chambre de mûrissement avant de s’exposer dans les rayons des supermarchés. Au prix fort. En Europe, la World Avocado Organization est le bras armé des grands producteurs soucieux de convaincre les consommateurs des bienfaits de la chair verte, riche en fibres, vitamines, minéraux et… matières grasses.
Toutefois, certains, plus curieux, ont voulu regarder sous la robe de l’avocat. Et ont dévoilé des dessous pas toujours blancs. L’argent de l’or vert intéresserait de près les cartels de la drogue mexicains. De plus, la spéculation fait flamber le prix d’un produit de base de l’alimentation des Mexicains, dont ils restent les plus grands amateurs, avec une moyenne de sept kilos par an et par personne.
Sans oublier que ces cultures très intensives, avides d’eau et d’espace, contribuent à la déforestation. Un portrait à charge de l’avocat. Mais l’avocatier pousse aussi près de la Méditerranée, en Israël comme dans la partie méridionale de l’Espagne. Il tente maintenant de prendre racine au sud du Portugal, en Algarve. L’avocat suscite des vocations….
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/08/avocat-tequila-meme-combat_5473515_3234.html>
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13- Chronique. « L’assiette des consommateurs de bio est plus respectueuse de l’environnement que celles des autres », Le Monde, 08/06/19, 10h26 
Stéphane Foucart

Les mangeurs de bio font souvent évoluer leur régime alimentaire, notamment en diminuant leur consommation de produits animaux. Cette réalité va à l’encontre d’une vision de l’agriculture biologique comme péril environnemental, explique notre journaliste Stéphane Foucart dans sa chronique.
Chronique. La forte progression de l’agriculture biologique est-elle une menace pour l’environnement ? Provocatrice au premier abord, cette question est souvent posée par les tenants de modes de production agricoles aujourd’hui dominants, fondés sur la recherche de rendements élevés et stables, permis par la mécanisation et la pétrochimie (pesticides, fertilisants, etc.).
Bien que contre-intuitive, cette considération repose sur un raisonnement simple. L’agriculture biologique offre des rendements réduits par comparaison avec l’agriculture conventionnelle ; il faut donc mobiliser des surfaces plus importantes pour une production équivalente ; or la production doit augmenter dans les prochaines décennies pour faire face à une population en croissance ; donc la ruée vers le bio menace les derniers îlots de nature et de biodiversité de la planète, en passe d’être convertis en pâturages ou en systèmes agricoles.
Si ce raisonnement est juste, alors il y a tout lieu de s’inquiéter. Car le bio est porté par une insolente croissance, comme l’ont montré les chiffres rendus publics mardi 4 juin par l’Agence bio. Ce marché a doublé en quatre ans, poussant des exploitations toujours plus nombreuses à la conversion.
Le nombre de fermes bio a presque quadruplé entre 2003 et 2018 et représente aujourd’hui près de 10 % des exploitations françaises, occupant 7,5 % de la superficie agricole utile et représentant plus de 14 % des emplois de l’agriculture tricolore. Si le bio compte au nombre des périls environnementaux, c’est un péril galopant.
> Lire aussi  La grande bascule vers le bio de l’agriculture française
Une idée testée
Il faut aussi reconnaître que la principale préoccupation des adeptes du label « AB » est d’abord d’ordre sanitaire. Aprement combattue par les avocats de l’agriculture conventionnelle, l’idée que le bio (s’agissant des fruits et légumes) représente un bénéfice sanitaire n’en est pas moins étayée par un faisceau d’indices concordants.
Suffisamment pour que le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) proposel’introduction, dans le prochain Programme national nutrition santé (PNNS), « de recommandations concernant les fruits et les légumes issus de l’agriculture biologique », ce qu’appuie Santé publique France dans ses propres recommandations.
A cette aune, donc, le consommateur de bio serait une incarnation de l’individualisme ambiant, et la ruée vers les produits labellisés « AB » ne serait qu’une guerre de chacun contre tous, la manifestation d’une somme d’égoïsmes sanitaires menaçant la préservation de l’environnement.
Cela reflète-t-il la réalité ? Une équipe française conduite par Julie Baudry et Emmanuelle Kesse-Guyot, chercheuses au Laboratoire de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Inserm, INRA, CNAM, université Paris-XIII), a testé cette idée et suggère que la réalité est aux antipodes. Les chercheurs ont utilisé les informations générées par une cohorte de près de 30 000 individus remplissant régulièrement des questionnaires détaillés sur leur alimentation, et les ont croisées avec les données d’impact environnemental de chaque production agricole.
Moins de pesticides de synthèse
Leurs résultats, publiés en avril dans l’American Journal of Clinical Nutrition,montrent que l’assiette des plus gros consommateurs de bio est en fait beaucoup plus respectueuse de l’environnement que celles des autres.
La raison majeure en est simple : ceux qui mangent plus d’aliments bio consomment en moyenne beaucoup moins de produits animaux que les consommateurs conventionnels. Et cette différence compense plus que largement le déficit de rendements de l’agriculture biologique – déficits qui pourraient d’ailleurs être réduits ou résorbés par un rattrapage des investissements en recherche et développement.
> Lire aussi  Comment l’alimentation ultratransformée affecte notre santé
Les auteurs indiquent d’abord que « les consommateurs caractérisés par une forte consommation d’aliments biologiques montrent une consommation plus importante de végétaux, une prise accrue de la plupart des vitamines, des minéraux, de fibres et de meilleurs scores nutritionnels » et sont aussi en moyenne moins exposés aux pesticides de synthèse –faits déjà documentés par d’autres travaux.
Une vision mécaniste de l’homme
Surtout, en comparant le régime moyen des plus gros consommateurs de bio à celui des consommateurs exclusifs d’aliments conventionnels, les chercheurs ont calculé que l’alimentation des premiers produit environ 37 % de gaz à effet de serre de moins que les seconds, et qu’elle consomme 26 % d’énergie et 23 % de surfaces agricoles en moins.
L’idée selon laquelle le bio n’est pas généralisable pour des raisons environnementales repose donc, en quelque sorte, sur une vision mécaniste de l’homme, réduit à une machine à consommer incapable d’évoluer dans ses choix personnels, condamnée à reproduire ce qu’elle a toujours fait. « En l’état, en France en tout cas, les consommateurs bio font en moyenne évoluer leur régime alimentaire de façon à combiner les bénéfices sanitaires et environnementaux », explique Philippe Pointereau (Solagro), coauteur de ces travaux.
Encore les auteurs ont-ils été conservateurs dans leur approche. Car ils ne tiennent compte des gains pour l’environnement que selon trois critères : surface agricole mobilisée, énergie consommée, émissions de gaz à effet de serre. Or d’autres métriques (consommation d’eau, maintien de la biodiversité), si elles étaient prises en compte, augmenteraient encore le bénéfice environnemental d’une conversion au bio – à condition qu’elle s’accompagne des changements d’habitudes alimentaires adoptés par les consommateurs de bio actuels.
En réalité, la question est sans doute moins de savoir s’il est possible de convertir le modèle agricole dominant que de savoir combien de temps ce modèle, à la vitesse où il érode le potentiel productif de la nature, pourra encore tenir.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/08/l-assiette-des-consommateurs-de-bio-est-plus-respectueuse-de-l-environnement-que-celles-des-autres_5473339_3232.html>
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14- Bangladesh : des manifestants bloquent une autoroute contre une interdiction de pêcher, AFP, 09/06/19, 15:00

Des milliers de pêcheurs ont bloqué l'autoroute la plus fréquentée du Bangladesh dimanche pour manifester contre une interdiction de deux mois de pêcher dans le golfe du Bengale, a annoncé la police.
Les autorités ont pris cette mesure au nom de la préservation de l'environnement et des stocks de poisson. Mais, selon les pêcheurs, sa durée record les conduit à la faillite. 
La manifestation, d'une heure environ, dans la ville côtière de Sitakunda (est) a provoqué des embouteillages de plusieurs kilomètres sur la principale autoroute, qui relie la capitale, Dacca, à la deuxième ville, Chittagong.
Les manifestants n'ont quitté cet axe routier qu'après qu'un responsable du gouvernement et un député eurent promis de les aider.
Le Bangladesh impose régulièrement des interdictions saisonnières de pêche, mais celles-ci n'avaient encore jamais excédé quelque trois semaines.
Près de 15 millions d'habitants des zones côtières du Bangladesh vivent directement ou indirectement de l'industrie de la pêche, l'une des plus importantes du monde. Les interdictions de pêche ont permis d'augmenter les prises de 150% dans ce pays au cours des quinze dernières années.
Cette mesure, en vigueur depuis le 20 mai, et qui le restera jusqu'au 23 juillet, survient en pleine saison de pêche du hilsa, une sorte de hareng, poisson emblématique de la gastronomie locale.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/bangladesh-des-manifestants-bloquent-une-autoroute-contre-une-interdiction-de-pecher_134356>
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15- Déforestation : Greenpeace dénonce "l'addiction" au soja OGM des élevages industriels européens, AFP, 11/06/19, 09:00

Manger des œufs, de la viande de poulet ou de porc en Europe aggrave considérablement la destruction des forêts au Brésil et en Argentine, en raison de l'importation massive de soja OGM de ces pays pour nourrir les animaux, dénonce Greenpeace France mardi.
"Au Brésil et en Argentine, plus de 95% du soja produit est génétiquement modifié", indique un rapport de l'ONG environnementale qui montre aussi que l'UE importe plus de la moitié du soja qu'elle utilise de ces deux pays (37% du Brésil, 29% d'Argentine, 15% des Etats-Unis et 19% du reste du monde).
"La culture du soja dans ces deux pays conduit à ratiboiser leurs forêts, dans le but de nourrir les animaux, notamment en Europe", résume à l'AFP l'auteure du rapport, Cécile Leuba, chargée de campagne Forêts pour Greenpeace.
Dans le rapport intitulé "mordue de viande, l'Europe alimente la crise climatique par son addiction au soja", Greenpeace relève que 87% du soja importé en Europe est destiné à l'alimentation animale. 
Sur le total des besoins en soja de l'UE, les trois quarts sont destinés aux élevages industriels de poulets de chair ou poules pondeuses (50%), ou de porcs (24%). Les vaches laitières consomment pour leur part 16% du soja importé et les vaches allaitantes (races à viande) 7%. 
"Ce que nous dénonçons, c'est le deux poids et deux mesures de l'Union européenne qui, d'une part, interdit les OGM et de nombreux pesticides, et d'autre part, autorise l'importation de soja OGM poussé avec des pesticides interdits en Europe", souligne Cécile Leuba. 
"Et ce que nous voulons montrer aux Européens, c'est que dans leur consommation de viande, d'œufs ou de produits laitiers se cache de la déforestation, car la majorité des animaux d'élevage ont du soja dans leur ration alimentaire quotidienne" a-t-elle ajouté.
Ainsi selon un calcul de Greenpeace, pour obtenir 100 g de blanc de poulet, il faut 109 grammes de soja. Pour le même poids en côte de porc, il en faut 51 grammes.
Et, la production de soja a "plus que quadruplé au Brésil ces 20 dernières années", ajoute le rapport. 
Si l'Amazonie a été "relativement protégée de cette expansion" grâce au moratoire négocié en 2006 entre ONG, entreprises et autorités brésiliennes, la culture du soja s'est développée dans les savanes et les forêts du Cerrado, qui "a perdu la moitié de sa végétation d'origine". La région du Gran Chaco, qui s'étend sur l'Argentine, la Bolivie et le Paraguay, "subit également une forte pression de l'expansion agricole", note le rapport.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/deforestation-greenpeace-denonce-l-addiction-au-soja-ogm-des-elevages-industriels-europeens_134376>
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16- Au menu, 5 grammes de plastique par semaine (rapport), AFP, 12/06/19, 03:00

Un individu moyen pourrait ingérer jusqu'à 5 grammes de plastique chaque semaine, soit le poids d'une carte de crédit, selon un rapport commandé par le WWF à l'université de Newcastle (Australie), et publié mardi.
Selon ces résultats, compilation de 50 études menées sur l'ingestion humaine de plastiques, chaque homme avalerait environ 2.000 micro-pièces et particules chaque semaine, soit quelque 250 grammes annuellement.
Des études ont précédemment montré que les humains ingèrent et respirent une nuée de particules de plastique chaque année, mais le défi pour les chercheurs australiens était d'en évaluer le poids.
"Alors que la prise de conscience grandit quant à l'existence des microplastiques et à leur impact sur l'environnement, cette étude fournit pour la première fois un calcul précis des taux d'ingestion", a expliqué Thava Palanisami, professeur à l'Université de Newcastle. Ce qui "contribuera à cerner les potentiels risques toxicologiques pour les humains".
Première source de ce plastique ingurgité, l'eau, surtout si elle est embouteillée.
Parmi les autres produits de consommation analysés, les fruits de mer, la bière et le sel contiennent le plus fort taux.
Selon une étude canadienne parue le 5 juin, basée sur le mode de vie d'un Américain moyen, un adulte ingère jusqu'à 52.000 micro-particules de plastique par an, auxquelles s'ajoutent 90.000 supplémentaires s'il boit uniquement de l'eau en bouteille (et 4.000 s'il se contente de l'eau du robinet).
Et si l'on prend en compte la pollution de l'air, et donc l'inhalation, ce chiffre passe à 121.000 -- ces estimations variant individuellement selon le mode et le lieu de vie, ajoutait cette étude parue dans la revue Environmental Science and Technology.
Pour le WWF, "c'est un signal d'alarme pour les gouvernements : les plastiques ne polluent pas juste nos rivières et océans, ils ne tuent pas seulement la vie marine, mais ils sont en chacun d'entre nous", souligne Marco Lambertini, directeur général du WWF International, dans un communiqué.
"Alors que la recherche étudie les potentiels effets négatifs du plastique sur la santé humaine, il est clair que c'est un problème mondial qui pourra être résolu seulement si l'on s'attaque aux racines de la pollution : si nous ne voulons pas de plastique dans notre organisme, il faut stopper les millions de tonnes qui continuent à échouer dans la nature chaque année", a-t-il ajouté.
Il a appelé à agir "au niveau des gouvernements, des entreprises, des consommateurs" et à trouver "un traité mondial" contre la pollution de l'océan, avec des objectifs nationaux.
Les micro-plastiques, venus de la dégradation de produits aussi divers que les vêtements synthétiques, les pneus, les lentilles de contact..., se retrouvent désormais partout sur la planète, sur les plus hauts glaciers comme dans les failles marines.
<https://www.geo.fr/environnement/au-menu-5-grammes-de-plastique-par-semaine-rapport-196042>
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17- Allemagne : l'élimination des poussins mâles reste autorisée provisoirement, AFP, 13/06/19, 13:00

La plus haute juridiction administrative allemande a jugé mardi que la filière avicole pouvait continuer d'éliminer par millions les poussins mâles jusqu'à l'avènement de méthodes permettant le sexage dans l'œuf à grande échelle.
La Cour administrative fédérale devait trancher si tuer, par broyage généralement, les poussins mâles était en conformité avec l'article premier de la loi sur la protection des animaux, selon laquelle "personne n'est en droit d'infliger aux animaux des douleurs, souffrances ou dommages sans motif raisonnable".
"La pratique actuelle (d'éliminer les poussins mâles, ndlr) repose sur un motif raisonnable jusqu'à l'apparition, dans un délai a priori rapproché, de méthodes pour déterminer le sexe dans l'œuf", a dit la juge Renate Philipp.
Dans un communiqué, la Cour a insisté que cette autorisation était "transitoire" mais elle n'a pas fixé pour autant de calendrier précis. 
Comme les deux instances précédentes, la juridiction a estimé que les intérêts économiques des éleveurs de poules pondeuses primaient dans l'immédiat, ceux-ci estimant que les mâles n'ont pas d'utilité dans la filière et coûtent trop cher à élever. Chaque année, 45 millions de ces oisillons sont tués.
L'origine du litige examiné par la Cour remonte à 2013, lorsque le ministère de l’agriculture de la région de Rhénanie du Nord-Westphalie a voulu bannir l'élimination en masse des poussins. Mais des éleveurs ont attaqué la décision et gagné devant les juridictions du Land et désormais au niveau fédéral.
L'élimination des poussins mâles est très controversée en Allemagne. La ministre de l'Agriculture, Julia Klöckner y est notamment opposée.
"Tuer des animaux dès leur naissance en raison de leur sexe, ce n'est pas possible", a-t-elle dit dans l'édition de jeudi du quotidien régional Rheinische Post, précisant que huit millions d'euros ont été débloqués pour la quête d'alternatives.
Plusieurs méthodes de sexage dans l'œuf, qui permettent de détruire les œufs mâles avant l'éclosion, sont testées actuellement, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas. Mais celles-ci ne sont pas encore applicables à l'échelle industrielle.
Quant à l'élevage des poussins mâles, il se fait dans des élevages bios d'Allemagne mais le coût se répercute dans le prix à la consommation et représente plusieurs centimes par œuf.
Pour les défenseurs des droits des animaux, le sexage n'est pas une méthode pérenne non plus. Pour eux, c'est à l’hyper-spécialisation des volailles --des poules pondeuses ultra-performantes ou alors des oiseaux très en chair-- qu'il faut s'attaquer en mettant en place des filières où mâles et femelles ont une utilité.
"Le recours à des (espèces de) volailles ayant double emploi -- la production d'œufs et l'engraissement -- est une bonne alternative", relève l'organisation spécialisée dans l'alimentaire Foodwatch dans un communiqué jeudi.
"Au lieu de parier sur la sélection en fonction du sexe, la ministre de l'Agriculture Klöckner ferait mieux de s'engager pour mettre fin à l'élevage fondé sur le très haut rendement", martèle-t-elle.
<https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/allemagne-l-elimination-des-poussins-males-reste-autorisee-provisoirement_2083911.html>
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18- Agriculture de conservation : quand le "sans-labour" gagne du terrain, AFP, 13/06/19, 14:00
Nicolas Gubert

"A certains moments, la chimie ne marche plus. Qu'est-ce qu'on fait ? Il faut qu'on remette de l'agronomie dans notre système" : comme Stéphane Schoumacher, céréalier dans la Marne, de plus en plus d'agriculteurs tentent l'agriculture sans labour, pour réduire leurs charges et ramener de la vie dans les sols.
Abrités sous un hangar, alors que la pluie tombe dru sur les champs de blé et de colza de la Marne, une dizaine d'agriculteurs écoutent avec attention un ingénieur agronome, animateur du club Agrosol pour le compte de la coopérative Vivescia, leur expliquer comment modifier leurs pratiques et passer en agriculture de conservation des sols (ACS).
Jean-Luc Forrler brandit des pieds de colza, attaqués par des charançons (coléoptères blottis dans les tiges qui éclatent, NDLR): "Il faut nourrir vos plants, les insectes vont privilégier les colzas les plus chétifs", explique à ces paysans de tous âges M. Forrler, véritable "coach" des paysans.
"Entre 1998 et 2000, les cours des céréales étaient très bas, il fallait trouver des moyens de baisser les charges", rappelle-t-il pour expliquer son engagement dans ces pratiques.
Dans le viseur, la mécanisation, qui représente "plus de 50% des charges", selon Stéphane Schoumacher, hôte de ce tour de plaine.
Car ce type d'agriculture, qui repose sur trois leviers -suppression du labour, modification des rotations et couverts végétaux entre les cultures pour ne jamais laisser les parcelles à nu-, vise aussi à "assurer un revenu correct sur l'exploitation", explique Savine Oustrain, de Vivescia.
La moisson catastrophique de 2016 a, selon elle, agi comme un déclic: "Depuis trois ans, le club Agrosol est passé de 100 membres à 350 dans le Grand Est. Certains agriculteurs se sont rendu compte qu'il fallait peut-être changer de système".
Sous un ciel chargé de nuages gris, M. Schoumacher admire ses champs de blé d'un beau vert tendre, avant d'arracher une motte de terre pour montrer la qualité retrouvée de ses sols, dans lesquels on observe les restes de cultures précédentes, comme des résidus de maïs.
"Les résidus se décomposent plus lentement et servent de garde-manger pour les vers de terre. Plus vous avez de résidus, plus vous avez de vie du sol", explique-t-il.
- Une aubaine pour le revenu... et le climat -
Mais ces techniques peuvent également servir contre le changement climatique: les couverts végétaux plantés entre les cultures, souvent des légumineuses comme le pois, captent l'azote de l'air pour le fixer dans le sol.
Outre cet apport d'azote, "les insecticides, ça fait quatre ans qu'on s'en passe en colza, dans les cultures céréalières, ça fait deux ans et demi, sans impact sur le rendement", assure Etienne Mignot, en école d'ingénieur, dont le père est engagé en agriculture de conservation depuis cinq ans.
Mais, car il y a un "mais", "aujourd'hui, les plus grosses difficultés, c'est avec les herbicides, on n'arrive pas à faire sans", explique M. Mignot.
Une fois par an, les agriculteurs en ACS recourent au glyphosate, cancérogène probable selon une agence internationale, pour nettoyer leur parcelle des couverts végétaux, afin que la culture qu'ils plantent puisse se développer.
Sur la ferme familiale, assure Etienne Mignot, c'est 0,2, 0,3 litre par hectare, pas plus.
En contrepartie, "on a moins de travail (superficiel) du sol. On est en moyenne à 40 à 50 litres de fioul à l'hectare. En système conventionnel, c'est 70 à 80 litres".
"Face à des incidents climatiques de plus en plus fréquents, et de plus en plus accentués, on est plus résilient", fait valoir M. Schoumacher, qui assure que "le fait de ne pas travailler les sols, ça protège votre sol du gros orage, de la sécheresse", car l'eau "va s'infiltrer plus vite", grâce aux vers de terre et aux racines qui aèrent le sol.
"Toutes les charges phytosanitaires sont divisées par deux", ajoute-t-il. Il voit dans l'interdiction du glyphosate le seul frein potentiel au développement de cette pratique.
Mais selon M. Forrler, pour les néophytes, "le problème est beaucoup plus psychologique que technique. La question qui revient le plus, c'est : +Je ne sais pas si je fais bien ?+. Du jour au lendemain, vous changez totalement de mode d'emploi. C'est là que la notion de groupe est importante".
<https://www.lepoint.fr/societe/agriculture-de-conservation-quand-le-sans-labour-gagne-du-terrain-13-06-2019-2318773_23.php>
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19- Pour les braconniers des mers, "il est de plus en plus dur de se cacher", AFP, 13/06/19, 14:00
Ivan Couronne

Au premier étage d'un immeuble du centre de Washington, depuis son poste de travail, Lacey Malarky traque les navires de pêche qui profitent de l'immensité des océans pour commettre des infractions à l'abri des regards.
Elle utilise le site Global Fishing Watch, lancé par son employeur, l'ONG Oceana, avec Google et la société SkyTruth il y a moins de trois ans, pour retracer où 70.000 navires ont vogué depuis 2012.
Le site analyse les signaux GPS transmis par les bateaux et visualise leurs itinéraires sur une carte, afin de déterminer s'ils ont traversé une zone marine protégée, ou s'ils se trouvaient bien dans la zone correspondant aux poissons déclarés.
Grâce à des algorithmes, Global Fishing Watch peut même déterminer quel type de pêche un bateau a effectué : par chalut (un filet traînant sur le fond), par palangre (une longue ligne) ou à la senne (grand filet encerclant des bancs de poissons). A chaque type de pêche correspond une vitesse et une trajectoire... et des espèces spécifiques.
"Si on ne regardait que les trajets des bateaux, on ne verrait qu'un tas de spaghettis sur la carte", dit Beth Lowell, une responsable d'Oceana. "La magie de Global Fishing Watch est qu'il transforme ce tas de spaghettis pour identifier ce qui correspond à une activité de pêche".
"Il devient de plus en plus dur de se cacher derrière l'horizon", conclut Beth Lowell.
Mais les zones d'ombre sont encore nombreuses. Le système d'Identification automatique des navires (AIS), qui gère les signaux GPS, n'est pas obligatoire au niveau mondial pour les navires de pêche. 
Les Etats ont leurs propres systèmes obligatoires mais seuls l'Indonésie, le Pérou et bientôt le Chili partagent leurs données avec le site.
- Détective des océans -
A titre d'exemple, l'ONG publie jeudi un rapport retraçant les itinéraires de trois navires à la mauvaise réputation.
Le grand large est très propice au trafic d'êtres humains : des esclaves modernes peuvent y être exploités pendant des mois, loin des inspecteurs des ports.
C'est, selon Oceana, sans doute le cas du Hung Yu 212, qui bat pavillon taïwanais. Entre 2015 et 2017, il est probablement resté 20 mois en mer, selon les données GPS analysées par Lacey Malarky et ses collègues.
L'ONG pointe aussi du doigt le Oyang 77, de pavillon sud-coréen. 
Ce bateau n'a pas le droit de pêcher dans la zone économique exclusive de l'Argentine (jusqu'à 200 miles nautiques des côtes), alors il a apparemment éteint son transpondeur 77 fois de 2014 à 2019... à chaque fois, il était au bord ou à l'intérieur de la zone argentine.
Tout indique qu'il allait pêcher, incognito, dans les eaux interdites, puis rallumait son GPS une fois revenu dans les eaux internationales. Mais ses manœuvres rendent la tactique évidente. Les garde-côtes argentins ont d'ailleurs fini par l'attraper, en février.
Un troisième navire, le bateau frigorifique Renown, illustre le blanchiment de poissons : des pêcheurs illégaux transbordent au large leurs poissons sur ce type de navires. Les données GPS aident à repérer ces transbordements.
"C'est comme des enquêtes", dit Lacey Malarky.
Oceana voudrait que les autorités utilisent le même site de façon routinière pour cibler leurs inspections portuaires. Ce n'est pas qu'une question de gestion des stocks de poissons, insiste l'ONG.
"Personne n'a d'avions permanents au-dessus des océans, il se passe beaucoup de choses invisibles au-delà de l'horizon", dit Beth Lowell. "Les conséquences économiques sont majeures : ce sont les entreprises criminelles qui profitent de la violation des lois sur le travail et la pêche."
<https://www.lepoint.fr/monde/pour-les-braconniers-des-mers-il-est-de-plus-en-plus-dur-de-se-cacher-13-06-2019-2318765_24.php>
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20- Chronique. « Les industriels français butinent aux quatre coins de la planète pour remplir leurs pots de miel », Le Monde, 16/06/19, 12h35
Laurence Girard (Service Economie du « Monde »)

Une pétition demande l’adoption d’un décret obligeant les industriels à informer clairement le consommateur de l’origine des miels, et ce alors que la France en importe près de 80 %, explique la journaliste du « Monde » Laurence Girard.
Matières premières. Se faire enfumer… A ce sujet, les abeilles en connaissent un rayon. Mais que dire de l’essaim des consommateurs amateurs de miel ? Ils sont dans le brouillard le plus complet face à l’étal de miel des supermarchés. Pour tenter de les éclairer, une pétition vient d’être lancée. L’Union nationale de l’apiculture française (UNAF), l’ONG Agir pour l’environnement et le syndicat de la Confédération paysanne ont décidé d’aiguillonner le gouvernement. Ils demandent l’adoption d’un décret garantissant « la pleine information » sur les miels mélangés. Sachant qu’aujourd’hui seule la mention, très elliptique, « UE » ou « non-UE » est obligatoire. Circulez, il n’y a rien d’autre à voir.
Un tel décret, obligeant les industriels à lever le voile sur l’origine des miels, avait été voté dans le cadre de la loi alimentation. Las. Il a été retoqué par le Conseil constitutionnel. Motif : cette mesure législative était un cavalier… Nul ne pensera que le verdict des sages était, lui, cavalier vis-à-vis des citoyens. Quelle idée, il est vrai, de se préoccuper d’étiquetage, dans une loi alimentation…
> Lire aussi  Le miel authentique, un aliment en voie de raréfaction
Du miel sans les abeilles
Pourtant, le sujet n’est pas anodin, quand la France importe, bon an mal an, près de 80 % du miel qu’elle consomme. Même si, en 2018, malgré une mortalité des abeilles de 30 % durant l’hiver, le ratio a été moindre. « L’année a été bonne : la production a bondi à 18 000 tonnes contre 10 000 tonnes en 2017 », souligne Henri Clément, apiculteur en Lozère et porte-parole de l’UNAF.
A comparer toutefois aux 1,8 million de tonnes récoltées dans le monde. Dont la moitié en Asie, Chine en tête. Une provenance qui n’est pas toujours gage de qualité. Certains importateurs ont été pris la main dans le pot de miel par les services de répression des fraudes. Un peu de sirop de glucose, et le tour de passe-passe est joué. En 2014, UFC-Que choisir avait testé 20 miels premier prix et découvert des ajouts de sucre dans un tiers d’entre eux. Du miel sans les abeilles…
Les industriels français butinent donc aux quatre coins de la planète pour remplir leurs pots. L’entreprise Famille Michaud est la plus vibrionnante, passant de l’Espagne à l’Ukraine, sans oublier l’Argentine ou l’Urugay, pour abreuver sa marque Lune de miel. Pour rassurer ses clients, elle affiche, depuis peu, la photo d’un apiculteur de ces pays sur le flacon. Mais s’oppose à tout projet d’étiquetage avec la mention du pourcentage de chaque origine.
« Ce qui me heurte, c’est de voir un miel d’Asie vendu à 1,80 euro le kilo quand nos coûts de revient sont à 4,50 euros le kilo, affirme M. Clément. C’est comme l’EPO, la sophistication des méthodes de fraude passe le cap des analyses », lance-t-il en une boutade. Les apiculteurs français sont confrontés à la mortalité des abeilles, touchées en plein vol, par les néonicotinoïdes ou autres pesticides, sans oublier les attaques de frelons japonais. Ils doivent aussi faire face aux aléas climatiques de plus en plus fréquents. Trop froid, et l’insecte pollinisateur reste dans sa ruche. Un vent du Nord, et le nectar disparaît, le butin des butineuses avec.
L’idée de créer une interprofession du miel a vu le jour. Son président : un représentant du syndicat agricole FNSEA. « Pour les agriculteurs, l’abeille est un grain de sable dans la machine », reconnaît M. Clément. Les apiculteurs vont-ils se faire enfumer ?
> Lire aussi  En Afrique, le miel comme facteur de développement
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/15/les-industriels-francais-butinent-aux-quatre-coins-de-la-planete-pour-remplir-leurs-pots-de-miel_5476661_3234.html>
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21- Chlorpyrifos : les dangers ignorés d’un pesticide toxique, Le Monde, 17/06/19, 09h40
Stéphane Horel  

Associé notamment à des déficits de QI chez l’enfant, l’insecticide est toujours autorisé malgré des études scientifiques accablantes. Son processus de renouvellement dans l’UE arrive à son terme. 
C’est une famille de pesticides qui vole en moyenne 2,5 points de quotient intellectuel (QI) à chaque enfant européen. Son principal représentant, comme beaucoup de produits chimiques, porte un nom compliqué qui lui garantit le confort d’un certain anonymat. Pourtant, il contamine notre vie quotidienne. D’abord pulvérisé sur les cultures pour éliminer pucerons ou chenilles, le chlorpyrifos poursuit son existence sous la forme de traces dans les oranges, les pommes, la laitue, l’urine des enfants et le cordon ombilical des femmes enceintes.
Au fil d’un demi-siècle de pulvérisation, les données scientifiques se sont accumulées sur les effets nocifs de cet insecticide. Censé remplacer le DDT et ses effets délétères en 1965, le produit de la firme américaine Dow endommage en fait le cerveau des enfants de manière irréversible.
Les éléments scientifiques sont désormais si accablants que, d’après les informations du Monde, la Commission européenne s’apprête à proposer son retrait du marché. Or, notre enquête démontre que les autorités ont mis près de vingt ans avant d’évaluer les données du fabricant. Des données qui, de plus, étaient erronées.
Huit pays européens n’autorisent pas, ou plus, le chlorpyrifos pour un usage agricole. Depuis 2016, la France ne permet plus qu’une exception pour les épinards. Une évaluation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail a conclu à une absence d’effets nocifs dans les conditions d’usage. Mais l’exposition à l’insecticide ne s’arrête pas aux frontières : elle perdure par le biais des produits importés.
« Neurotoxique et perturbateur endocrinien »
« On peut se demander pourquoi il n’a pas déjà été interdit, déplore Barbara Demeneix, professeure de biologie au laboratoire Evolution des régulations endocriniennes (CNRS-Muséum national d’histoire naturelle) à Paris. Le chlorpyrifos est toxique pour le système nerveux central, c’est-à-dire neurotoxique, et c’est un perturbateur endocrinien qui agit notamment sur la signalisation thyroïdienne. Il peut donc interférer avec le développement du cerveau. »
Mis au point comme gaz innervant pendant la seconde guerre mondiale, les organophosphorés, dont fait partie le chlorpyrifos, ont ensuite été adaptés pour tuer les insectes à des doses plus économiques. Pour ce faire, ce dernier inhibe les circuits d’une enzyme qui dégrade un neurotransmetteur essentiel au bon fonctionnement du système nerveux central, l’acétylcholine. Or, de nombreux animaux sont également équipés de ce circuit. Parmi eux : les êtres humains.
A cela s’ajoute que l’insecticide est un perturbateur endocrinien qui interagit avec l’axe thyroïdien, comme l’a récemment démontré une équipe française. Or, les hormones thyroïdiennes jouent un rôle essentiel dans le développement du cerveau pendant la grossesse. Un déficit de ces hormones chez les mères peut entraîner des retards mentaux chez leurs enfants.
Si l’ensemble des mécanismes biologiques de sa neurotoxicité ne sont pas totalement éclaircis, il n’existe aucun doute pour les chercheurs compétents dans le domaine : le chlorpyrifos cambriole le cerveau des enfants.
Les données scientifiques viennent principalement d’études de suivi des populations menées aux Etats-Unis sur de longues durées. Leurs résultats se recoupent. Une exposition au chlorpyrifos ou à ses cousins organophosphorés, avant la naissance ou dans les mois qui suivent, est associée à des déficits de QI allant jusqu’à sept points pour les enfants plus exposés, à un retard de développement mental, une mémoire de travail réduite, des troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.
Augmentation de la fréquence de l’autisme
Menée en Californie et publiée en mars, la dernière étude en date montre une augmentation de la fréquence de l’autisme et de lésions cérébrales précoces chez des enfants exposés au chlorpyrifos avant et après la naissance. Facteur déterminant : leurs mères vivaient à moins de 2 000 mètres d’un lieu de pulvérisation.
Peu après, la Californie, le plus grand Etat agricole américain, a annoncé son intention d’interdire le chlorpyrifos. Cinq autres Etats ont annoncé leur intention de lui emboîter le pas (Hawaï, Oregon, New York, Connecticut, New Jersey). Si l’insecticide est toujours autorisé au niveau fédéral, c’est parce que l’administration Trump en a décidé ainsi. A peine arrivé à la tête de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) début 2017, Scott Pruitt avait torpillé le processus lancé par sa propre institution, alors qu’elle s’apprêtait à l’interdire au vu des données scientifiques.
Plus impressionnant encore : les dégâts du chlorpyrifos sur le cerveau se voient presque à l’œil nu. En 2012, l’équipe de Virginia Rauh à l’université Columbia (New York) avait employé l’imagerie par résonance magnétique pour examiner les cerveaux de quarante enfants âgés de 6 à 11 ans. Plus ils avaient été exposés pendant la grossesse, plus l’épaisseur de leur cortex cérébral était amoindrie. « Nos travaux, concluaient les chercheurs, indiquent qu’une exposition prénatale au chlorpyrifos, à des niveaux d’utilisation courante (non professionnelle) et inférieurs au seuil montrant des signes d’exposition aiguë, a un effet mesurable sur la structure du cerveau. »
Des dommages aussi spectaculaires ont également un impact à plus grande échelle. En 2015, un groupe de scientifiques a entrepris de le mesurer. D’après leurs estimations, l’exposition à la famille des pesticides organophosphorés est associée à 13 millions de points de QI perdus et 59 300 cas de déficience intellectuelle par an en Europe. Or, chaque point de QI en moins coûte très cher à la société : il correspond à une perte de productivité sur l’ensemble d’une vie. Ces chercheurs ont évalué la facture à 146 milliards d’euros par an.
Le feuilleton du glyphosate, herbicide connu sous le nom de Roundup, avait tenu le monde en haleine jusqu’à la reconduction de son homologation dans toute l’Union européenne pour cinq ans, fin 2017. C’est maintenant le tour du chlorpyrifos, inconnu du public. Son sort doit en effet être scellé, après avoir suivi la même procédure que le glyphosate, avant le 31 janvier 2020.
La loi a beau exiger une « évaluation indépendante, objective et transparente à la lumière des connaissances scientifiques et techniques actuelles » pour les pesticides, elle permet aux industriels de garnir leur dossier de demandes de renouvellement des études scientifiques de leur choix. Ainsi, les autorités évaluent le chlorpyrifos sur la base de données rassemblées non pas par les chercheurs traquant ses effets nocifs sur le cerveau des enfants, mais par les industriels qui en font commerce.
Plusieurs volumes d’informations complexes
Ainsi, en 2014, une « chlorpyrifos task force », créée par Dow et par les autres fabricants, soumet un dossier de demande de renouvellement de l’insecticide à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Responsable du processus, l’agence délègue alors l’examen du dossier à un « Etat membre rapporteur ». Pour le glyphosate, c’était l’Allemagne. Ici, ce sera l’Espagne. L’Espagne, premier producteur d’agrumes dans l’Union européenne, dont 9,5 % des échantillons de fruits et légumes, testés en 2016, contenaient des résidus de chlorpyrifos…
Composé de plusieurs volumes d’informations complexes qui se déploient sur plusieurs milliers de pages, ce dossier ne se feuillette pas dans une salle d’attente. Les données scientifiques qu’il comporte sont de deux natures différentes. Il est désormais censé inclure les études académiques publiées dans les revues scientifiques au cours des dix dernières années, réalisées sur financements publics pour la plupart. Une nouvelle obligation instaurée par le règlement sur les pesticides adopté par l’UE en 2009.
La sélection de la task force est plutôt maigre. Sa liste ne compte que 131 études. Soit seulement 13 % des articles scientifiques existants et disponibles, selon une analyse effectuée par l’ONG Générations futures, dont Le Monde a pu prendre connaissance. En faisant une recherche dans PubMed, l’une des principales bases de données de publications scientifiques, l’organisme a trouvé 1 023 études traitant de la toxicité du chlorpyrifos, publiées entre 2006 et 2017. En d’autres termes, près d’un millier de résultats potentiellement défavorables au chlorpyrifos « ont été complètement ignorés », conclut le rapport, encore inédit.
Etudes protégées par le secret commercial
Cela n’a pas non plus échappé à l’Etat membre rapporteur. « Les résultats disparates (nombre final de références pertinentes et fiables) (…) semblent montrer que les stratégies de recherche appliquées n’étaient pas appropriées », souligne l’Espagne dans son rapport d’évaluation du chlorpyrifos, rendu public par l’EFSA, fin 2017.
Mais le dossier du chlorpyrifos est aussi et surtout constitué d’une batterie d’études dont la quasi-totalité a été effectuée ou financée par Dow et consorts. C’est en suivant la saga du glyphosate que le public avait découvert, stupéfait, que l’EFSA faisait confiance à des industriels qui n’ont aucun intérêt à présenter leur produit sous un jour désavantageux.
Or, si le soupçon est bien là, personne n’a jamais été en mesure de jauger ces études des fabricants et leurs possibles biais : elles sont confidentielles, protégées par le secret commercial. Personne, en dehors de l’EFSA ou des experts des Etats membres, ne pouvait donc les examiner à la loupe. Personne, jusqu’en 2017.
Trois spécialistes scandinaves du développement du cerveau et de la toxicité des pesticides décident alors d’en avoir le cœur net. « De nombreuses études indépendantes constatent des effets du chlorpyrifos sur le développement du cerveau, alors que celles financées par les firmes n’en constatent aucun », souligne Axel Mie, professeur associé à l’Institut Karolinska, à Stockholm (Suède).
Anomalies troublantes
Philippe Grandjean, Christina Ruden et lui contournent le secret entourant les études des industriels. Ils s’appuient sur la loi suédoise, qui garantit un large accès aux documents de l’administration, pour demander aux autorités du pays la communication de deux études commanditées par Dow sur des rats pour étudier la neurotoxicité développementale du chlorpyrifos – soit ses effets sur le cerveau avant et après la naissance. L’une faite en 1998, l’autre en 2015 avec un insecticide très proche, le chlorpyrifos-méthyl. Puis ils patientent. Leurs efforts en valaient la peine.
Quelques mois plus tard, documents sous les yeux, les chercheurs découvrent des anomalies troublantes. Ils relèvent que des données manquent. Constatent que des protocoles statistiques ont été modifiés après l’expérience. Ou encore que les fenêtres d’exposition des ratons au chlorpyrifos et au chlorpyrifos-méthyl ne correspondent pas aux mêmes stades du développement du cerveau chez les petits humains.
Plus crucial encore : ils remarquent que l’épaisseur du cervelet des animaux les plus jeunes exposés au chlorpyrifos était significativement amoindrie à toutes les doses – faibles ou élevées. Mais Dow a complètement omis de le signaler. « A partir du moment où l’on voit des choses comme un ralentissement de la croissance du cerveau, c’est alerte rouge. Ce n’est vraiment pas quelque chose que l’on peut ignorer. C’est pourtant ce qu’ils ont fait », explique Philippe Grandjean, professeur de médecine environnementale à l’Université du Danemark du Sud et à la Harvard School of Public Health (Etats-Unis).
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Mais Dow défend les méthodes de travail employées par ses scientifiques. Dans une lettre adressée à la revue Environmental Health, que dirige Philippe Grandjean et dans laquelle l’analyse des études a été publiée, des scientifiques maison et des contractants de la firme soutiennent que le rétrécissement de la taille du cervelet s’explique par un séjour des cerveaux dans du formol. Une réponse « embarrassante », selon le chercheur danois. Le formol est certes connu pour faire rétrécir les tissus cérébraux dans leur ensemble. Pas pour s’en prendre au cervelet et uniquement au cervelet.
Puzzle scientifique
Ces omissions étaient-elles vraiment involontaires ? En 1998 déjà, l’EPA avait qualifié l’étude d’« inacceptable », avant d’évoquer une « manipulation inappropriée et peu concluante des données » en 2000.
Les autorités européennes n’ont-elles donc rien vu ? La conclusion générale de l’Espagne sur la question de la neurotoxicité développementale dans son rapport d’évaluation du chlorpyrifos de 2017 indique pourtant que si. « Une nouvelle étude de neurotoxicité développementale est nécessaire pour clarifier les inquiétudes », écrit-elle parmi ces milliers de pages impénétrables pour les non-initiés.
Aux aguets sur la question, l’ONG Pesticide Action Network Europe nous a signalé que cette requête n’était pas inédite. En 2013 déjà, et dans les mêmes termes, les rapporteurs espagnols demandaient à Dow de faire cette étude. Alors pourquoi n’a-t-elle toujours pas été effectuée ?
Tout simplement parce que Dow n’a pas jugé « nécessaire » de la faire… C’est ce que la firme, dont la branche agrochimique s’appelle désormais Corteva, a répondu au Monde dans un courriel. « Les informations produites par la première étude de neurotoxicité développementale, ainsi que la nouvelle étude menée sur le chlorpyrifos-méthyl, sont suffisantes pour conclure qu’il n’existe aucun indice d’un mécanisme inconnu sur le système nerveux en développement. »
La réponse de l’EFSA apporte la dernière pièce décisive à ce puzzle scientifique. Si l’Espagne insistait tant auprès de Dow, c’est parce que le dossier des industriels ne comportait, depuis le départ, qu’une seule étude de neurotoxicité développementale, a expliqué un porte-parole de l’EFSA. Une unique étude datée de 1998 qu’il décrit comme souffrant de « plusieurs insuffisances » telles qu’une « absence de résultats sur le témoin positif » ou une « fenêtre d’exposition » incorrecte.
Coïncidence aux implications lourdes
Une seule et unique étude dans le dossier, menée en 1998, financée par Dow, truffée d’anomalies ? L’empilement de ces informations donne le vertige. Car c’est en fait de la seule et même étude qu’il est question dans la réponse de Dow et dans celle de l’EFSA. Mais qui est aussi celle examinée, en 2018, par le trio de scientifiques scandinaves…
Une coïncidence aux implications lourdes. Ainsi, depuis le début des années 2000, l’évaluation de la toxicité du chlorpyrifos sur le développement du cerveau des enfants par l’Europe se serait appuyée sur une seule et unique étude confidentielle aux conclusions erronées. Si grossièrement erronées que l’agence américaine EPA l’avait aussitôt consigné dans son rapport en caractères gras.
Mais cette évaluation a-t-elle été effectuée par les autorités européennes ? Aussi inouï que cela puisse paraître, la réponse est non. Des documents officiels et des correspondances avec les autorités européennes, consultés par Le Monde, montrent que l’étude n’a, en près de vingt ans, n’a jamais fait l’objet d’une évaluation.
Dow l’avait pourtant soumise à ces dernières dès décembre 1999, dans le cadre d’une procédure de renouvellement. En 2005, après examen par l’Espagne, déjà rapporteur à l’époque, le chlorpyrifos a été reconduit pour quinze ans, puis réévalué en 2014. Mais il a fallu attendre 2017 pour que l’Espagne, enfin, examine l’étude.
Si l’EFSA, créée en 2002, n’était pas responsable du précédent processus de renouvellement, elle a cependant eu l’occasion d’examiner les données à plusieurs reprises depuis lors. Critiqués ces dernières années pour leur évaluation du glyphosate, l’EFSA et son directeur exécutif, Bernhard Url, n’ont cessé de répéter que l’agence s’appuyait « principalement sur les études originales et leurs données brutes qu’ils vérifi[ai]ent eux-mêmes ».
La Commission européenne décidera du sort de l’insecticide en fonction des conclusions de l’agence, attendues dans les prochaines semaines. Dans son courriel, cette dernière précise que l’analyse d’Axel Mie et ses collègues a été « prise en compte » au cours de ces discussions qui doivent compléter et valider le rapport de l’Espagne.
Une source a en effet assuré que « la Commission ne proposera pas le renouvellement de l’autorisation du chlorpyrifos, car les inquiétudes quant aux effets sur la santé sont très claires ». Rien, en revanche, n’est encore décidé pour le chlorpyrifos-méthyl, les données n’étant « pas aussi claires ».
Corteva, pour sa part, semble prête à défendre son produit jusqu’au bout. Inscrite depuis quelques jours à peine dans le registre de transparence de l’UE, la firme estime à entre un et 1,5 million d’euros ses dépenses de l’année en activités de lobbying. Un montant qui représente une centaine de points de QI.
§ L’enquête transfrontalière sur le chlorpyrifos a été lancée par Investigative Reporting Denmark et DanWatch, et effectuée en collaboration avec des journalistes de Knack, en Belgique, El Confidencial, en Espagne, Dagbladet, en Norvège, Newsweek, en Pologne, et Ostro, en Slovénie, avec une contribution du Midwest Center for Investigative Reporting, aux Etats-Unis. L’enquête a bénéficié du soutien de Journalismfund.eu.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/17/chlorpyrifos-les-dangers-ignores-d-un-pesticide-toxique_5477084_3244.html>
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22- Les Palaos modifient leur projet de sanctuaire marin pour faire plaisir aux pêcheurs japonais, AFP, 17/06/19, 11:00

L'archipel des Palaos, îles paradisiaques de Micronésie, a modifié son projet de créer un gigantesque sanctuaire marin afin d'autoriser une partie de ses eaux aux bateaux de pêche japonais.
Les ressources de la mer sont surexploitées dans le monde entier, a averti cette année l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Et les Palaos ont longtemps été considérés comme pionniers dans la protection des océans.
L'archipel a l'intention d'interdire à la pêche commerciale à compter de l'année prochaine 80% de sa zone économique spéciale, soit 500.000 km2, une superficie environ de la taille de l'Espagne.
Les 20% restants étaient censés être réservés aux bateaux de pêche des Palaos, mais le président Tommy Remengesau a indiqué que le Japon, l'un des pays aidant le plus l'archipel, avait demandé une modification de ce projet.
En réponse, le gouvernement a fait passer un texte de loi qui permettra à certains palangriers étrangers de venir pêcher dans la zone.
M. Remengesau a précisé que cette modification était destinée en particulier à accommoder les bateaux de la province d'Okinawa, dans le sud du Japon, qui écument les eaux des Palaos depuis des générations.
"Nous sommes proches du Japon et nous voulons tenir compte de leurs besoins quand nous le pouvons", a déclaré le président.
Le ministre des Ressources naturelles Umiich Sengebau a affirmé que cet amendement n'affecterait pas les politiques de conservation du sanctuaire.
L'archipel avait créé en 2009 le premier sanctuaire pour requins au monde, ce qui eut pour conséquence d'interdire leur pêche dans toute sa zone économique exclusive (ZEE), soit 630.000 kilomètres carrés.
Depuis décembre 2017, les touristes sont contraints par les autorités de l'archipel de s'engager à respecter l'environnement et de prêter serment.
Les Palaos interdiront l'année prochaine l'usage des crèmes solaires "toxiques pour les récifs" afin de protéger des coraux prisés par les plongeurs du monde entier.
Les Palaos étaient jadis une destination confidentielle réservée aux connaisseurs. Mais ces dernières années, le nombre de touristes a explosé, faisant pression à la fois sur les infrastructures et sur le paysage.
<https://www.geo.fr/environnement/les-palaos-modifient-leur-projet-de-sanctuaire-marin-pour-faire-plaisir-aux-pecheurs-japonais-196109>
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23- Entretien. « La dégradation des terres est un enjeu vital pour l’humanité », Le Monde, maj le 17/06/19 à 11h54
Propos recueillis par  Simon Roger et  Pierre Le Hir

Les conséquences de l’appauvrissement des sols affectent trois milliards de personnes, alerte le secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification, Ibrahim Thiaw. 
Issue du Sommet de la Terre de Rio de 1992, aux côtés des conventions sur les changements climatiques et sur la diversité biologique, la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification tiendra sa 14e Conférence des parties du 2 au 13 septembre à New Delhi, en Inde. Son nouveau secrétaire exécutif, le Mauritanien Ibrahim Thiaw, appelle à un changement de modèle de production et de consommation.
Le 17 juin est la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse. Quelle est l’ampleur de ce phénomène ?
Deux milliards d’hectares de terres sont aujourd’hui dégradés dans le monde, du fait des activités humaines et du réchauffement climatique. C’est un processus qui s’accélère et qui touche tous les continents, sans exception. L’Afrique est bien sûr la plus touchée, mais c’est aussi le cas de l’Asie, de l’Amérique latine et même de l’Europe du Sud. Cette situation affecte 3 milliards de personnes – à commencer par leur accès aux ressources alimentaires et à l’eau –, qui sont parmi les plus pauvres et les plus vulnérables. Et on estime qu’elle entraîne une perte de 10 % du PIB mondial.
Le terme de « désertification », qui s’applique à l’ensemble des zones arides, semi-arides et subhumides, a un aspect réducteur. Il peut faire penser que le phénomène est localisé aux seules zones désertiques, alors que la dégradation des terres est en réalité mondiale.
La convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification est moins connue que celle sur le climat et sur la biodiversité…
Ce sont pourtant les trois pièces d’un même puzzle. Début mai, le rapport de l’IPBES [Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques] a alerté sur le fait qu’un million d’espèces sont menacées d’extinction. La cause principale en est la destruction des écosystèmes naturels qui, s’ils étaient préservés et restaurés, favoriseraient au contraire le maintien de la biodiversité.
De la même façon, la déforestation et la perte de milieux naturels contribuent fortement au réchauffement planétaire, en réduisant le stockage du carbone dans les sols et les végétaux. La qualité des terres est donc à la fois une menace et une solution pour le climat et pour la biodiversité.
> Lire aussi  Biodiversité : « Comme dans “Le Crime de l’Orient-Express”, il y a plusieurs coupables »
Cette convention, adoptée en 1994, a un quart de siècle d’existence. Quel est son bilan ?
D’abord, elle a permis de mieux comprendre la réalité de la dégradation des terres, sur laquelle existaient peu d’études et qui fait aujourd’hui l’objet d’un consensus scientifique. Ensuite, elle a permis une coopération internationale qui n’existait pas sur ce sujet. De par son caractère de traité juridiquement contraignant pour les Etats – elle compte aujourd’hui 197 « parties » [196 pays et l’Union européenne] –, elle a aidé à orienter les politiques nationales d’agriculture et d’usage des sols vers des pratiques plus durables.
Mais il reste encore beaucoup à faire. Chacun doit avoir conscience que notre planète est un village et que nous sommes tous interdépendants. C’est ainsi que les biens et les services produits dans les pays du Sud sont majoritairement consommés dans ceux du Nord. La sécurité alimentaire mondiale est donc en cause. L’appauvrissement des sols exacerbe aussi les conflits pour l’accès aux terres ou à l’eau, menaçant la paix sociale, en même temps qu’il encourage les migrations des populations, notamment vers l’Europe. Il en va encore de la santé publique, non seulement dans les pays affectés, mais également à l’échelle mondiale, puisque l’érosion des sols favorise la dispersion de particules par les vents sur le globe. La question des terres est donc un enjeu vital pour l’humanité.
Comment éviter qu’avec près de 10 milliards d’humains au milieu du siècle la pression sur les espaces naturels, pour la production d’aliments et de ressources énergétiques, ne soit exacerbée ?
Le défi est immense, mais il y a des solutions. Collectivement et individuellement, nous devons revoir nos modèles de production et de consommation, qui ne sont pas durables. Aujourd’hui, jusqu’à un tiers de la production alimentaire est gaspillé dans les pays de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques], tandis qu’un quart des récoltes est perdu dans les pays du Sud, faute de moyens de conservation et de distribution. Réduire ce gaspillage et ces pertes est donc essentiel.
Une nouvelle approche agricole, visant à améliorer la productivité plutôt qu’à accaparer de nouveaux espaces, est également nécessaire. Les énergies renouvelables – le soleil et le vent ne manquent pas dans les pays du Sud – ont aussi un rôle à jouer, par exemple pour alimenter des systèmes de conservation des denrées.
La restauration de la qualité des terres est l’une des clés. Réhabiliter une partie significative des 2 milliards d’hectares dégradés sera indispensable pour nourrir la planète.
De quels moyens d’action disposez-vous, alors même qu’en Afrique, notamment, des puissances étrangères s’approprient les terres arables ?
Nos moyens financiers sont pour l’instant très faibles. Mais nous ne voulons pas dépendre seulement de l’aide internationale. Le secteur privé doit être mobilisé. Cela peut se faire, non pas par l’achat de terres par des investisseurs étrangers, mais par des conventions, avec des concessions de long terme, entre les Etats, les communautés locales et les entreprises. Il y a de vraies possibilités de développer des productions durables en misant sur la restauration des terres.
> Lire aussi  Dégradation massive des terres à l’échelle planétaire
Qu’attendre de la réunion de septembre des pays membres de la convention sur la désertification, à New Delhi, en Inde ?
Nous lui avons précisément donné pour titre : « Investir dans les terres, ouvrir de nouvelles opportunités. » L’objectif n’est pas de conclure, à New Delhi, un accord international tel que celui scellé lors de la COP climatique de Paris en décembre 2015. Il est de donner une plus grande visibilité à la question de la dégradation mondiale des terres, en portant un nouveau message : leur restauration est le gage de développement, de création d’emplois, de sécurité, de paix et d’avenir pour les générations futures.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/16/la-degradation-des-terres-est-un-enjeu-vital-pour-l-humanite_5477003_3244.html>
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24- Interdit dans huit pays européens, le pesticide chlorpyrifos traverse les frontières, Le Monde, 17/06/19, 14h46
Stéphane Horel  

Le chlorpyrifos, neurotoxique et perturbateur endocrinien, est toujours présent dans les produits alimentaires importés en France. 
La libre circulation des marchandises en Europe comporte quelques désagréments. Les résidus de pesticides peuvent voyager à bord de fruits, légumes et autres aliments jusqu’aux pays où ils sont pourtant interdits, et aux organismes de leurs habitants. C’est le cas du chlorpyrifos.
> Lire notre enquête : Les dangers ignorés du chlorpyrifos, pesticide toxique
Dans l’Union européenne (UE), huit pays interdisent l’insecticide pour tous ses usages (Allemagne, Danemark, Finlande, Irlande, Lettonie, Lituanie, Slovénie, Suède). Depuis 2016, la France ne le tolère plus que pour la culture d’un seul légume, les épinards, qui bénéficient d’une exception à la suite d’une évaluation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail qui a conclu à une absence d’effets nocifs dans les conditions d’usage. Cette année-là, il s’en était vendu plus de 156 tonnes dans le pays sous la forme d’une quarantaine de produits commerciaux portant les noms de Kregan, Nelpon ou encore Pyrinex, selon les données du ministère de l’agriculture.
En 2013, par exemple, une étude menée en Suède a détecté la présence de chlorpyrifos dans les urines de femmes âgées de plus de 40 ans alors que l’insecticide n’a jamais été homologué pour un usage agricole dans le pays. Au Danemark, où l’usage du chlorpyrifos est très restreint, plus de 140 « couples » d’écoliers et leurs mères ont participé à un projet de recherche européen de biosurveillance, Democophes. Les urines de la quasi-totalité d’entre eux contenaient des traces d’organophosphorés, de la famille du chlorpyrifos.
Chaque année, dans toute l’UE, les autorités nationales effectuent des tests aléatoires sur des échantillons d’aliments. Le chlorpyrifos figure parmi les pesticides les plus détectés. C’était aussi le pesticide perturbateur endocrinien le plus présent sur les fruits et légumes testés en 2015, selon un rapport de l’ONG Pesticide Action Network (PAN Europe) à partir de ces données officielles centralisées par l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA).
En 2016, dernière année pour laquelle les données sont disponibles auprès de l’EFSA, 3 371 échantillons sur 76 200 contenaient du chlorpyrifos, et 839 du chlorpyrifos-méthyl, une autre forme de l’insecticide. Soit un total de 5,5 % des échantillons. Si l’on ne prend en compte que les végétaux non transformés, le pourcentage grimpe, selon nos calculs, à 6,2 %.
Dans le détail, une analyse effectuée par les ONG Health and Environment Alliance et PAN Europe, non encore publiée, désigne les agrumes et les fruits pelables comme les plus contaminés en 2016 : un pamplemousse testé sur trois ; un quart des oranges et mandarines ; une banane sur dix. C’est moins pour les fruits dont la peau peut être mangée : une poire ou une pomme sur 20. Les agrumes en provenance des pays producteurs du Sud de l’Europe sont ceux qui comptent le plus de résidus.
« Possibles risques chroniques et aigus »
Il arrive aussi que des aliments contiennent du chlorpyrifos ou du chlorpyrifos-méthyl au-dessus de la limite autorisée par la réglementation européenne. C’était le cas de 374 échantillons enregistrés par l’EFSA en 2016.
En février 2017, à l’issue d’un processus de plusieurs années, ces « limites maximales de résidus » ont d’ailleurs été révisées à la baisse par l’EFSA, agence responsable de l’évaluation des pesticides. « De possibles risques chroniques et aigus pour les consommateurs ont été identifiés », concluait-elle. Selon son évaluation, certaines personnes pouvaient consommer 199 % de la dose journalière admissible en exposition chronique, tandis qu’un dépassement parfois de près de 800 % de la dose aiguë de référence – en exposition sur une courte durée – était identifié pour les pommes, les poires, les pêches, les raisins de vigne, les poivrons et les coings.
Reste que la « dose journalière admissible », c’est-à-dire le maximum recommandé par personne, est fixée en Europe à 1 microgramme par kilogramme de poids corporel et par jour. Les Etats-Unis recommandent une dose plus de huit cent fois inférieure.
Pour les scientifiques spécialistes du développement du cerveau des enfants, comme Philippe Grandjean, toute exposition au chlorpyrifos représente un danger pour ces derniers. « On constate des dégâts sur le développement du cerveau aux doses les plus faibles, explique ce professeur de médecine environnementale (université du Danemark du Sud et Harvard School of Public Health, aux Etats-Unis). Par définition, cela signifie qu’on ne peut pas établir de dose maximale tolérée : elle doit être de zéro. » Pour lui, il n’est pas acceptable que femmes enceintes et enfants soient exposés au chlorpyrifos, « car il est probablement tellement toxique que, en pratique, on ne peut pas du tout l’utiliser ».
§ L’enquête transfrontalière sur le chlorpyrifos a été lancée par Investigative Reporting Denmark et DanWatch, et effectuée en collaboration avec des journalistes de Knack en Belgique, El Confidential en Espagne, Dagbladet en Norvège, Newsweek en Pologne et Ostro en Slovénie, avec une contribution du Midwest Center for Investigative Reporting aux Etats-Unis. L’enquête a bénéficié du soutien de Journalismfund.eu.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/17/les-residus-de-pesticides-n-ont-pas-de-frontieres_5477093_3244.html>
Sur le même sujet : 
> Après le glyphosate, le nouveau scandale phytosanitaire s’appelle chlorpyrifos <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/apres-le-glyphosate-le-nouveau-scandale-phytosanitaire-s-appelle-chlorpyrifos-147401.html>, Novethic, 25/06/19
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25- Ce n’est pas « à cause de la France » que le glyphosate a été réautorisé en Europe, Blog Les Décodeurs, 17/06/19, 14h54
Adrien Sénécat  

L’ex-ministre de l’environnement, Ségolène Royal, a accusé le gouvernement d’Edouard Philippe d’avoir changé son « vote » sur l’herbicide controversé. C’est faux. 
Est-ce la faute de la France si le glyphosate est toujours autorisé en Europe ? C’est ce qu’a affirmé Ségolène Royal sur France Inter, lundi 17 juin, évoquant un « recul ». La position du gouvernement d’Edouard Philippe au sujet de l’herbicide peut se discuter, notamment du fait d’ambitions revues à la baisse. Mais il faut tout de même rappeler que la France a bien voté « contre » sa réautorisation en 2017. Explications.
> Lire aussi : le débat sur le glyphosate résumé en discussion pour/contre
Ce qu’elle a dit
« C’est à cause du changement du vote de la France que l’Europe a redonné une réautorisation » du glyphosate, a estimé Ségolène Royal. Le gouvernement français a « reconduit [le glyphosate] pour trois ans alors que la position de la France, avant l’arrivée de ce gouvernement [alors que Mme Royal était encore ministre], c’était non au renouvellement puisque Mosanto avait déjà eu dix ans pour se mettre aux normes ».
Pourquoi c’est faux
La France a voté contre la réautorisation du glyphosate en 2017
Les vingt-huit Etats membres de l’Union européenne (UE) devaient se prononcer en novembre 2017 sur la prolongation de l’utilisation du glyphosate pour cinq ans. Pour qu’une telle décision soit prise, elle devait réunir une majorité qualifiée, c’est-à-dire au moins 55 % des Etats membres représentant au moins 65 % de la population de l’UE.
Ce seuil n’a été dépassé que de justesse, puisque les dix-huit Etats qui ont voté en faveur de la réautorisation de l’herbicide ne représentaient que 65,71 % de la population. Le résultat de ce vote, considéré à l’époque comme inattendu par bon nombre d’observateurs, s’expliquait par les revirements de dernière minutede la Pologne et de l’Allemagne, qui ont voté « pour » alors qu’ils s’étaient abstenus lors d’un vote précédent.
Contrairement à ce qu’a affirmé Ségolène Royal, la France d’Emmanuel Macron a, quant à elle, bien voté « contre » la prolongation de la licence du glyphosate pour cinq ans et réclamé une interdiction immédiate. On ne peut donc pas attribuer au gouvernement français la responsabilité de cette situation, tout en déplorant qu’il n’ait pas obtenu gain de cause.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/17/ce-n-est-pas-a-cause-de-la-france-que-le-glyphosate-a-ete-reautorise-en-europe_5477379_4355770.html>
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26- Environ 600 personnes sont concernées par les fichiers Monsanto, Le Monde avec AFP, 17/06/19, 15h19

Bayer a mis un terme « jusqu’à nouvel ordre » à sa collaboration en matière de communication avec l’agence Fleishman-Hillard, qui avait établi ces fichiers. 
Le cabinet d’avocats Sidley Austin, engagé par Bayer pour enquêter sur un programme européen de collecte de données géré par sa filiale Monsanto, a rendu ses conclusions au groupe chimique allemand.
« Jusqu’à la fin de la semaine dernière, toutes les personnes qui se trouvent sur les listes pour la France et l’Allemagne ont été contactées par le cabinet mandaté », a écrit Bayer sur le compte Twitter du groupe. « Au total, il s’agit de près de 600 personnes. »
Des listes de personnalités (politiques, scientifiques, journalistes) dressées en fonction de leurs positions sur les pesticides et les OGM et de leur propension à être influencées existent également dans au moins cinq autres pays (Italie, Pays-Bas, Pologne, Espagne, Royaume-Uni) ainsi que pour les institutions européennes.
> Sur les « Fichier Monsanto » : « Le Monde » porte plainte
Enquête sur des soupçons de fichage illégal
Le chimiste allemand, propriétaire de Monsanto depuis l’an dernier, a mis un terme « jusqu’à nouvel ordre » à sa collaboration en matière de communication avec l’agence Fleishman-Hillard, qui avait établi ces fichiers pour le compte de Monsanto.
La justice française a ouvert une enquête sur des soupçons de fichage illégal qui vise notamment le chef de « collecte de données personnelles par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite ».
Les documents en question datent de 2016, soit avant le rachat par Bayer du géant américain des pesticides et des OGM, finalisé l’été dernier pour 63 milliards de dollars.
Depuis cette acquisition, Bayer doit affronter les multiples procédures liées à l’herbicide au glyphosate du groupe américain, objet ces derniers mois de trois jugements défavorables en Californie, et désormais visé par plus de 13 000 requêtes aux Etats-Unis. Le groupe allemand a promis vendredi plus de « transparence » en réaction au scandale.
S’il ne tourne pas le dos au glyphosate, classé « cancérigène probable » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Bayer compte investir cinq milliards d’euros sur dix ans dans de nouvelles générations d’herbicides.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/17/environ-600-personnes-concernees-en-france-et-en-allemagne-par-les-fichiers-monsanto_5477434_3244.html>
Sur le même sujet : 
> Enquête. Un mois après les révélations sur le « fichier Monsanto », Bayer veut changer d’image, Le Monde, 19/06/19, 15h04
Stéphane Foucart et  Stéphane Horel  
Le service de presse du groupe allemand, qui a racheté la firme agrochimique, a révélé que 600 personnes au total avaient été fichées. 
Près de 600 personnes au total ont été fichées, en France et en Allemagne, par une ou plusieurs entreprises de relations publiques agissant pour le compte de Monsanto. C’est ce qu’a annoncé, lundi 17 juin, le service de presse de Bayer, le groupe allemand qui a racheté la firme agrochimique américaine. L’objectif de cette opération était l’identification de journalistes, de responsables politiques, de syndicalistes ou encore de scientifiques favorables ou opposés à la réhomologation du glyphosate en Europe. Mais aussi la description des modalités de lobbying sur certaines personnalités-clés.
Un mois après la révélation, par Le Monde et France 2, de l’existence de ce fichier, constitué par la firme de relations publiques FleishmanHillard et rassemblant quelque 200 parties prenantes françaises, Bayer n’est toujours pas sorti de l’embarras causé par les manœuvres de Monsanto.
Fichage de personnalités publiques avec dépôts de plaintes en cascade, création de groupes factices d’agriculteurs plaidant pour le maintien du glyphosate sur les réseaux sociaux, publication de fausses tribunes dans la presse, infiltration du pool presse par une fausse journaliste au cours de l’un des procès américains… L’accumulation de scandales a conduit le patron de Bayer, Werner Baumann, à lancer une campagne de communication pour redorer le blason de son entreprise.
> Lire aussi  Glyphosate : comment Monsanto mène sa guerre médiatique
La justice est saisie
Après la révélation de l’existence des fichiers, Bayer a présenté ses excuses et a précisé que sept pays européens étaient concernés : la France et l’Allemagne, mais aussi l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, l’Espagne et le Royaume-Uni, ainsi que les institutions de l’Union européenne.
En France, plusieurs médias et institutions scientifiques ont annoncé avoir saisi la justice dont Le Monde, Radio France, France Télévisions, le CNRS, l’Institut national de la recherche agronomique et Sorbonne Université. L’eurodéputé belge du groupe des Verts, Philippe Lamberts, inscrit par erreur dans le fichier français, a également porté plainte. Des enquêtes ont été ouvertes en France et en Belgique.
> Lire aussi  « Fichier Monsanto » : « Le Monde » porte plainte
Mi-mai, sans en attendre les résultats, le groupe allemand a mandaté un cabinet d’avocats bruxellois, Sidley-Austin, pour conduire une enquête auprès de FleishmanHillard. Dans son communiqué du 17 juin, Bayer assure « avoir écrit en fin de semaine dernière à toutes les personnes présentes sur les listes française et allemande, soit 600 personnes ».
Cependant, plusieurs personnalités fichées s’étonnent de n’avoir pas été contactées. Aucune de celles jointes par Le Monde mardi 18 juin n’avait eu de contact avec Bayer ou ses avocats. C’est notamment le cas du biologiste Robert Bellé, des journalistes Yves Sciama et Marie-Monique Robin, de l’avocate et ancienne ministre Corinne Lepage, des eurodéputés Philippe Lamberts, Karima Delli ou José Bové. Les journalistes du Monde inscrits au fichier n’avaient, eux non plus, pas été contactés le 18 juin en fin de journée.
Faux groupes d’agriculteurs
« Sidley-Austin, le cabinet que nous avons engagé dans ce dossier est chargé du processus de notification. Ce processus se déroule de manière à s’assurer que les lois sur la protection des données sont respectées, a expliqué un porte-parole de Bayer. Un courrier a été effectivement adressé tout récemment aux personnes figurant sur le listing, les derniers courriers ont été envoyés le 14 juin. Si le nom d’une personne figure sur ce listing, cette personne recevra le courrier prochainement. »
A cette affaire s’en sont ajoutées d’autres. FleishmanHillard a ainsi fait paraître au moins un faux témoignage d’agriculteur dans la presse, selon des révélations d’un reportage d’« Envoyé spécial » sur France 2. Fin octobre 2017, le site Web des Echos avait publié une tribune signée d’un agriculteur, mais rédigée par les services de FleishmanHillard. Le quotidien économique a, depuis, dépublié le texte intitulé « Moi, Vincent, agriculteur et utilisateur de glyphosate », et malencontreusement signé… par Julie Dramard, alors consultante pour FleishmanHillard.
« Le système de publication des tribunes en ligne a changé et le basculement a entraîné la publication du nom de la personne ayant posté l’article sur notre plate-forme, explique un rédacteur des Echos. Cette affaire a lancé une réflexion sur les modalités de publication des textes extérieurs sur notre site. » Contactée, Mme Dramard n’a pas répondu à nos sollicitations.
Monsanto a aussi fait appel à Red Flag, une autre firme de relations publiques qui, elle, a créé ex nihilo de faux groupes d’agriculteurs militant pour la défense du glyphosate. Une stratégie de lobbying connue sous le nom d’« astroturfing ». Baptisé « Agriculture et liberté » en France, le groupe factice avait un stand au Salon de l’agriculture, où des hôtesses étaient chargées de récupérer des signatures d’agriculteurs. Déjà dévoilée par le quotidien britannique The Independent et RMC en octobre 2018, l’affaire a fait l’objet d’une enquête diffusée mi-mai par France 2, précipitant la suppression des comptes de ce groupe sur les réseaux sociaux.
Un message du patron de Bayer
Ce n’est pas tout. Mi-mai, l’Agence France-Presse (AFP) a révélé qu’une jeune journaliste présente aux audiences du procès intenté par Edwin Hardeman à Monsanto était en réalité consultante pour FTI Consulting, une autre firme de relations publiques comptant Monsanto et Bayer parmi ses clients. La jeune femme se présentait comme reporter indépendante pour la BBC et The Inquireraux autres journalistes, auxquels elle se mêlait.
« Bayer n’a pas demandé que des employés de FTI assistent au procès Round-Up et n’était pas au courant que cette personne se trouvait sur place », assure-t-on au sein du groupe allemand, où l’on ajoute que ce type de manœuvre « n’est pas conforme aux principes de l’entreprise. » « La mission donnée à l’employée en question était d’assister au procès et son but était expressément et uniquement de prendre des notes sur les débats à l’audience », a, pour sa part, précisé FTI à l’AFP.
> Lire aussi  La justice américaine reconnaît à nouveau le rôle du désherbant Roundup de Monsanto dans un cancer
Le 13 juin, dans la foulée de ces scandales, le patron de Bayer, Werner Baumann, a diffusé en interne un message en plusieurs langues. Il y souligne que la « contribution sociétale [de l’entreprise] n’est pas perçue par tous ». « Nous souhaitons nous impliquer afin de renforcer la transparence, la responsabilité sociétale et d’améliorer la façon dont nous interagissons avec nos parties prenantes, écrit-il. Demain marquera le début d’efforts soutenus pour (re)gagner la confiance de la société. » Tous les salariés du groupe étaient conviés à une réunion d’information le lendemain.
Le passé est loin d’être apuré
Mot d’ordre du message : « Nous avons écouté. Nous agissons. » La société dit vouloir changer d’image, promouvoir de nouvelles valeurs (« Produire mieux plutôt que produire plus ») et précise : « Nous entendons les attentes sociétales qui souhaitent limiter le recours aux produits phytosanitaires et proposerons les moyens d’optimiser l’utilisation du glyphosate en France. » « La transparence est notre socle, ajoute Werner Baumann dans son message. Nous partagerons un code de conduite qui établira la nature de nos échanges avec les scientifiques, les journalistes, les législateurs et les acteurs politiques sur des valeurs de transparence, d’intégrité et de respect. »
Cependant, le passé de Monsanto est encore loin d’être apuré. Aux 13 400 plaignants atteints de cancers qui poursuivent la société outre-Atlantique, s’ajoutent désormais d’autres poursuites en Australie et au Canada. « En petit nombre », selon Bayer.
> Lire aussi  Glyphosate : une étude montre une nette augmentation du risque de lymphome
Avec les procès, de nouveaux documents internes de la firme agrochimique acquise par Bayer se font jour. De sources judiciaires américaines, une initiative jusqu’ici inconnue, baptisé « Project Spruce » avait pour but d’attaquer la crédibilité d’un scientifique dont les travaux portent préjudice au glyphosate. « Conformément à nos engagements en matière de transparence et d’ouverture au dialogue, nous sommes certainement prêts à fournir davantage d’informations à ce sujet, répond-on chez Bayer. Nous vous proposons de revenir vers vous proactivement dès que nous serons en mesure de fournir plus d’informations à ce sujet. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/19/un-mois-apres-les-revelations-sur-le-fichier-monsanto-bayer-veut-changer-d-image_5478240_3244.html>
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27- « L’agroécologie peut parfaitement nourrir 10 milliards d’humains », Le Monde, 17/06/19, 17h09
Propos recueillis par  Fabien Goubet ("Le Temps")

Pour l’agronome Marc Dufumier, l’agriculture doit tenir compte du fonctionnement  de l’écosystème dans sa globalité. 
Professeur d’agronomie, ex-titulaire de la chaire d’agriculture comparée et de développement agricole à AgroParisTech, Marc Dufumier prône un changement de paradigme agricole en refusant le modèle imposé par les industriels et en considérant les milieux naturels cultivés dans leur globalité et leur complexité. Son livre L’agroécologie peut nous sauver vient de paraître aux éditions Actes Sud.
Vous êtes souvent présenté comme l’un des pionniers de l’agroécologie scientifique. De quoi s’agit-il ?
L’agroécologie scientifique est une branche de l’écologie consacrée aux écosystèmes aménagés par les agriculteurs. Elle vise une compréhension la plus précise possible des milieux naturels domestiqués, et ce dans toute leur complexité : les interactions entre les végétaux, les hommes et les animaux mais aussi les éléments biologiques, physiques, climatiques, etc.
C’est une approche systémique qui tente de comprendre comment les pratiques agricoles modifient, simplifient et fragilisent éventuellement les écosystèmes, et de proposer des solutions pour les faire fonctionner sans trop simplifier, ni trop fragiliser. Pour être efficace, il faut d’abord bien connaître le fonctionnement de l’écosystème dans sa globalité.
Comment en êtes-vous venu à cette discipline ?
En 1968, je suis parti en mission à Madagascar. J’étais un jeune agronome sortant de l’école, formaté et pétri de certitudes concernant le bien-fondé des engrais de synthèse, des variétés végétales à haut potentiel de rendement et de toutes les techniques agrochimiques. Les rizières inondées fourmillent de vie : poissons, escargots, grenouilles, canards qui s’occupaient de manger les ravageurs et les mauvaises herbes… Tout ce système fonctionnait très bien, et me voilà qui arrivais avec mon riz high-tech, mes produits chimiques, et qui tuais tous ces poissons, ces canards, ces escargots, bref, toutes les sources de protéines.
Ces femmes malgaches m’ont dit : « Votre riziculture améliorée merci, mais on trouve que c’est plutôt une riziculture empirée. » Elles avaient entièrement raison ! J’ai eu la chance de me rendre compte très tôt que leur objet de travail était un agroécosystème d’une profonde complexité et que raisonner uniquement en termes de génétique, de rendement, d’engrais, etc., ne menait nulle part. Pour être efficace, il faut d’abord bien connaître le fonctionnement de l’écosystème dans sa globalité.
Nous serons bientôt 10 milliards sur Terre. Une agriculture inspirée de l’agroécologie peut-elle suffire à remplir tous ces estomacs ?
Sur un plan technique, oui, c’est parfaitement possible. Il n’y a pas de recette unique : chaque écosystème est différent. Mais il existe des points communs, comme faire usage du plus intensif à l’hectare de ce qui est le moins coûteux économiquement : l’énergie solaire, le gaz carbonique et l’azote atmosphérique pour que les plantes fabriquent glucides, lipides et protéines. Il faut également limiter au maximum l’emploi d’énergies fossiles et de produits de synthèse. Pas d’inquiétude, on peut largement nourrir 10 milliards de personnes avec une agriculture intelligente et durable.
Par opposition à l’agriculture industrielle ?
Cette forme de production n’est pas durable, c’est certain. Elle est extensive et grignote toujours plus de forêts et d’espaces naturels, au lieu d’intensifier à l’hectare l’emploi de ce qui ne coûte rien. Elle repose trop sur les énergies fossiles pour le fonctionnement des engins et la fabrication d’engrais azotés et de produits pesticides, dont on s’aperçoit aujourd’hui qu’ils sont nocifs pour l’environnement voire pour la santé.
En outre, elle a remplacé par des machines une force de travail agricole qui est pourtant surabondante à l’échelle mondiale, autrement dit, au prix de la pauvreté de millions de gens qui ont dû quitter l’agriculture et vivent dans des bidonvilles plutôt que de tirer un revenu et de la nourriture du travail de la terre.
Compte tenu de la démographie, n’est-il pas difficile de tourner le dos à ces techniques ?
Nourrir correctement et durablement l’humanité tout entière est parfaitement possible. Si aujourd’hui 820 millions de personnes ont faim, et si un milliard souffrent de carences alimentaires, cela n’a rien à voir avec un manque de nourriture, mais avec les écarts de revenus. Ce sont des pauvres qui ne parviennent pas à acheter des aliments qui pourtant existent. Pour nourrir convenablement une personne, il faut environ 200 kilos de céréales (ou équivalents) par an. La production mondiale est d’environ 330 kilos aujourd’hui. Cherchez l’erreur…
Si des pauvres des favelas brésiliennes ont faim, c’est parce que le pays exporte son maïs et son soja vers les pays occidentaux pour nourrir nos cochons ou pour fabriquer des agrocarburants et donner à boire à nos voitures et à nos avions.
Erik Fyrwald, directeur général de Syngenta, disait, en 2017, que « l’agriculture bio ne produira jamais assez pour nourrir le monde ». Que répondez-vous ?
Les tenants de l’agrochimie brandissent toujours le rendement à l’hectare comme argument massue. Ce qui est important, c’est, selon moi, d’accroître la valeur ajoutée à l’hectare, c’est-à-dire de prendre en compte ce qu’on produit, mais aussi ce qu’on détruit. L’agriculture productive dont parle ce monsieur produit certes beaucoup, mais elle est aussi destructive puisqu’elle emploie des produits chimiques toxiques et des carburants fossiles. Son bilan net est très faible, de l’ordre d’un cinquième du produit brut. Dans les pays industrialisés, nous ne devons pas produire plus, nous devons produire mieux.
Comment produire mieux en refusant les innovations agronomiques ?
Mais l’agroécologie ne les refuse pas, tant qu’elles respectent le fonctionnement de l’écosystème ! La plus grande erreur de l’agriculture est d’avoir oublié que l’écosystème est un enchevêtrement d’interactions incroyablement complexes. Or, nous avons misé depuis plus d’un siècle sur un seul cheval : le rendement de variétés à haut potentiel, d’abord grâce à des croisements, puis grâce à la génétique, la chimie… Cela a imposé de modifier l’écosystème afin de le rendre conforme à ce potentiel et, ce faisant, nous l’avons fragilisé, voire menacé. Résultat, nous avons obtenu des cultures certes plus productives, mais également gourmandes en engrais et sensibles aux ravageurs. Sans oublier que des espèces résistantes aux traitements commencent à apparaître. Problèmes que le lobby agrochimique compte résoudre avec d’autres variétés, OGM ou non, d’autres molécules chimiques, etc. C’est une éternelle fuite en avant qui n’a aucun sens.
Faut-il se résoudre enfin à devenir végétarien ?
Plus il y a de gens qui accèdent à la viande, plus il faut envisager une production végétale importante pour l’élevage. De 3 à 10 calories végétales sont requises pour fabriquer une calorie animale. C’est un véritable défi auquel il faut réfléchir. Car, en réduisant la viande, ce sont autant de terres agricoles destinées à l’élevage qui deviennent disponibles pour nourrir des êtres humains. Si l’on veut combattre les problèmes de malnutrition, c’est sur ce genre de levier qui réduirait les inégalités de revenus qu’il faut agir. Sans compter qu’en manger un peu moins serait aussi bénéfique à notre santé…
§ L’agroécologie peut nous sauver, de Marc Dufumier (Actes Sud, 176 p., 18,50 €).
<https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/06/17/l-agroecologie-peut-parfaitement-nourrir-10-milliards-d-humains_5477403_1650684.html>
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28- Loi Alimentation : l'Etat doit débloquer 1 milliard d'euros pour la restauration collective, AFP, 18/06/19, 09:00

La Fondation Nicolas Hulot (FNH) souhaite que l'Etat débloque un milliard d'euros sur trois ans, afin de soutenir la réorganisation nécessaire au secteur de la restauration collective pour atteindre les objectifs fixés par la loi Egalim. 
La loi Alimentation (Egalim) impose à la restauration collective, qui sert 3,7 milliards de repas par an - dans les cantines scolaires, les crèches, les hôpitaux, les Ehpad, les entreprises...- de servir 20% de produits bio ou en conversion d'ici à 2022, contre seulement 3% aujourd'hui.
Les établissements du secteur devront aussi mettre fin aux contenants en plastique le 1er janvier 2025 au plus tard, proposer au moins un menu végétarien hebdomadaire, lutter contre le gaspillage alimentaire et informer les consommateurs sur la qualité nutritionnelle des repas servis. 
Partenaires depuis des années avec la démarche "Mon Restau Responsable", qui guide un millier de restaurants collectifs vers de nouvelles pratiques, la fondation Nicolas Hulot et le réseau interprofessionnel de la restauration collective Restau'Co, estiment mardi que le "besoin d'investissement de départ" doit aller "jusqu'à 99 centimes par repas, soit 16% du coût complet moyen d'un repas".
Pour accompagner les établissements publics ou privés gérant en direct la restauration sur les secteurs scolaire, de la santé et médico-social - soit 49.000 restaurants servant 1,8 milliard de repas par an - une aide doit leur être versée, sous forme de prime à l'investissement, à hauteur de 330 millions d'euros chaque année pendant trois ans, estiment-ils.
Cette aide financerait notamment la formation des personnels aux nouvelles pratiques liées à la cuisine végétarienne, à la valorisation des légumes bruts et de saison, à l'achat responsable dans les marchés publics, ainsi que l'achat de matériel (légumeries, tables de tri, composteurs, vaisselle adaptée, bacs inox, salades bars...), ou encore l'organisation de la valorisation des bio-déchets, détaillent la fondation Nicolas Hulot et Restau'Co.
Car les objectifs de la loi Egalim ne pourront pas être atteints "grâce à la seule volonté des acteurs : des investissements massifs seront nécessaires", dit à l'AFP Caroline Faraldo, responsable alimentation et agriculture à la FNH. "Nous l'avons bien vu par le passé", souligne-t-elle : "La loi Grenelle en 2009 fixait des objectifs pour la restauration collective et l'agriculture biologique dès 2012, qui ne sont toujours pas atteints en 2019". 
Cette analyse se base sur une enquête menée en avril/mai 2019 auprès de 28 gestionnaires en gestion directe représentant 617 restaurants collectifs en milieu scolaire, hospitalier et médico-social, qui ont chiffré le "coup de pouce" nécessaire aux cantines pour "lever le frein financier initial", résume Marie-Cécile Rollin, directrice de Restau'Co.
<https://www.geo.fr/environnement/loi-alimentation-letat-doit-debloquer-1-milliard-deuros-pour-la-restauration-collective-196123>
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29- Cash Investigation : comment les multinationales contrôlent et modifient les variétés de semences, Bioaddict, 18/06/19, 12h56

Fruits et légumes industriels sans goût ni nutriments mais qui ne pourrissent pas, pain difficile à digérer à cause d'un gluten surpuissant mais qui gonfle plus facilement et rapidement à la cuisson... Elise Lucet révèle comment les industriels contrôlent et modifient les semences à leur avantage quitte à nous faire manger n'importe quoi. Une nouvelle enquête de Cash Investigation diffusée le mardi 18 juin à 21h10 sur France 2.
"Bio ou pas, presque tous les fruits et légumes achetés par les consommateurs sont calibrés comme des produits industriels. Pour cela, les multinationales ont mis au point des semences totalement standardisées. Et qui sont désormais la propriété d'une poignée de géants mondiaux comme l'allemand Bayer-Monsanto, Syngenta, ou le français Limagrain qui pèse plus de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Un business mondialisé où la graine se vend plus cher que de l'or. Le kilo de graines de tomate peut atteindre 400 000 euros !" révèle Cash Investigation qui a notamment enquêté sur les semences de blé et de tomates, "des semences qui ont été croisées, sélectionnées, pour créer des produits standardisés, calibrés comme des produits industriels"
>> Suite à lire à :
<https://www.bioaddict.fr/article/cash-investigation-comment-les-multinationales-controlent-et-modifient-les-varietes-de-semences-a6256p1.html>
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30- Bayonne : amendes requises contre des éleveurs pour refus d'abattage préventif de leurs canards, AFP, 18/06/19, 21:00

Des amendes de 2.000 à 4.300 euros ont été requises mardi à Bayonne contre des éleveurs de canards des Pyrénées-Atlantiques, jugés pour s'être opposés, lors de l'épisode de grippe aviaire de 2017, à l'abattage préventif de leurs canards, ordonné par arrêté préfectoral.
Quatre éleveurs, ainsi que le syndicat agricole ELB, pendant basque de la Confédération paysanne, étaient notamment poursuivis pour "entrave" aux fonctions des agents de la sécurité sanitaire de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP).
Accueillis au tribunal correctionnel de Bayonne par un comité de soutien d'une centaine de personnes, les éleveurs ont assumé n'avoir pas respecté l'ordre de tuer canes et œufs.
"On n'en était pas capable, c'est notre outil de production", a déclaré Alain Lataillade, éleveur produisant des canards de race locale "kriaxera". "La présence du virus n'a jamais été mise en évidence (sur nos canards). On n'a tué personne, on n'a empoisonné personne."
Les éleveurs ont fait valoir à l'audience les particularités de leurs élevages artisanaux, dit "autarciques", d'où les animaux ne sortent pas jusqu'à l'abattage. Au contraire d'une production industrielle, qui selon eux présente plus de risques dans la propagation du virus, notamment à cause des transports des canards à divers stades de leur vie.
Le procureur Orlane Yaouanq a souligné que la question du jour n'était "pas de savoir dans quelles conditions travaillent les exploitants, ou de remettre en cause les arrêtés préfectoraux et la politique de prise en charge de cette crise", mais bien de juger "des délits d'entrave". "Le reste est sans doute un débat de société", a-t-elle ajouté avant de requérir les amendes. Les avocats de la défense ont plaidé pour une relaxe pour l'ensemble des prévenus.
Le jugement a été mis en délibéré au 23 juillet.
Dans un procès similaire en décembre, une éleveuse des Pyrénées-Atlantiques, contre qui trois mois de prison avec sursis et une amende avaient été requis pour refus d'abattage préventif de ses canards en 2017, a été relaxée. Le syndicat ELB a par contre été condamné à 5.000 euros d'amende pour avoir fait obstacle aux opérations d'abattage.
Pour mettre un terme à l'épidémie de grippe aviaire dans le Sud-Ouest, le gouvernement avait imposé au printemps 2017 un vide sanitaire "obligatoire" dans les élevages de palmipèdes de 1.134 communes sur cinq départements. Des millions de volatiles avaient été abattus.
<https://www.lepoint.fr/societe/bayonne-amendes-requises-contre-des-eleveurs-pour-refus-d-abattage-preventif-de-leurs-canards-18-06-2019-2319697_23.php>
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31- Vous voulez du bio dans les cantines ? L'État devra investir, prévient la Fondation Nicolas Hulot, France Inter, 19/06/19, 06h07
Célia Quilleret 

Comment atteindre 50% de produits durables, dont 20% de produits bio, dans les cantines, en 2022 ? C'est l'objectif de la loi "Agriculture et alimentation" votée en octobre dernier, mais elle semble inapplicable sans une aide financière massive. La Fondation Nicolas Hulot a estimé ces besoins de financement.
Après avoir enquêté auprès des gestionnaires de restauration collective des établissements scolaires et de santé, la Fondation Nicolas Hulot a pu estimer ce besoin de financement à 1 milliard d'euros ! Voilà la somme que devrait investir l'État d'ici trois ans pour aider les cantines des écoles, des collèges ou des hôpitaux à se convertir au bio. Les entreprises privées ne sont pas concernées par cette étude.
Interdire le plastique, servir 20% de produits bio, mettre en place des menus végétariens, tout cela nécessite de transformer totalement les cantines. Caroline Faraldo, responsable Alimentation et agriculture à la Fondation Nicolas Hulot, prévient : 
"Dans certains cas, il faudra que l'État prenne à sa charge près d'un euro par repas, quasiment un sixième du coût complet moyen d'un repas".
Sinon, c'est "mission impossible", ajoute la Fondation qui a réalisé cette enquête avec le réseau Restau'Co. 
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.franceinter.fr/societe/vous-voulez-du-bio-dans-les-cantines-l-etat-devra-investir-previent-la-fondation-nicolas-hulot>
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32- Syrie : après les années de guerre, la longue reconstruction du verger de Damas, AFP, 19/06/19, 13:00
Maher Al Mounes

Sur son terrain de la Ghouta orientale, près de Damas, Radwan Hazaa s'apprête à semer des centaines de graines de grenadiers dans l'espoir de compenser la perte de plus de 3.000 arbres, victimes des tirs d'obus ou de la sécheresse des années de guerre.
Dans le village de Deir al-Asafir, cet agriculteur de 50 ans profite à la fois du retour au calme et d'un hiver très pluvieux ayant généreusement renfloué fleuves et nappes phréatiques.
Avant le déclenchement du conflit syrien en 2011, la Ghouta orientale était le grenier alimentaire de la capitale Damas.
Mais cet ancien verger réputé pour ses champs, ses arbres fruitiers et ses fermes a subi les retombées d'années de combats et de siège du régime.
Les pieds trempés, Radwan s'attèle à construire un nouveau canal d'irrigation près d'un puits creusé il y a quelques semaines et d'où l'eau jaillit à présent. 
"Lorsque j'ai vu ma terre brûlée, je me suis agenouillé en pleurant, j'ai compris qu'il faudrait tout reprendre de zéro", se rappelle ce fermier de 54 ans qui a fui la Ghouta en 2012 avant d'y revenir l'an dernier.
Ancienne place forte de la rébellion contre le président Bachar al-Assad, la région a été reconquise en avril 2018 par le régime, avec l'aide de Moscou, au terme d'une offensive de grande ampleur. Elle a été suivie d'accords de reddition négociés par les Russes, qui ont vu des dizaines de milliers de combattants et de civils évacués vers d'autres régions.
Après la fin des combats, "j'ai emprunté une petite somme d'argent et je me suis remis à planter (et à élever) deux vaches et quelques poules", poursuit l'homme au crâne dégarni, keffieh rouge et blanc posé sur une épaule.
A l'instar de nombreux agriculteurs de sa région, ce fermier a perdu la plupart de ses grenadiers, abricotiers et noyers.
Aujourd'hui, il mise sur l'excédent hydraulique pour contribuer à redonner vit à ses terres. "Je n'ai jamais vu des précipitations aussi importantes que celles" de l'hiver dernier, se réjouit-il.
Par le passé, "nous devions creuser jusqu'à 150 m de profondeur pour extraire l'eau. Cette année il a fallu 40 m pour que celle-ci jaillisse en abondance".
- Pertes irrémédiables -
Les pluies, qui se sont poursuivies jusqu'en mai, ont nourri le fleuve de Barada, qui arrose la Ghouta orientale.
Une aubaine là aussi pour les éleveurs, dont Bassam al-Laz, qui s'est saisi de l'occasion pour revigorer son élevage.
"C'est la première année que les vaches se nourrissent directement des herbes du terrain au lieu du foin que je leur achetais", dit l'éleveur âgé de 50 ans.
La Ghouta orientale était connue "pour sa production agricole et animale abondante", raconte-t-il, tout en trainant derrière lui deux vaches vers un grand récipient métallique rempli d'eau. 
Qu'il s'agisse d'oeufs, de légumes ou de "labneh" (préparation traditionnelle à base de yahourt, NDLR), cela suffisait pour nourrir toute la capitale, clame fièrement le quinquagénaire.
Marqué par les années de guerre, son visage se déride à chaque jet d'eau jaillissant du puits ou encore à la vue des tiges vertes qui poussent et des bourgeons qui parsèment son terrain.
S'il avoue ressentir une "joie débordante", il note toutefois regretter les "pertes irrémédiables" dues au conflit. "Nous avons perdu des oliviers vieux de plus de 500 ans", dit-il.
- "Poumon de Damas" -
Et, malgré les promesses du printemps, le chemin pour renouer avec les années fastes semble encore long.
Au siège de la municipalité de Deir al-Asafir, le maire Ahmad al-Hassan reçoit les doléances d'agriculteurs.
Il leur promet que "leurs terres redeviendront comme avant", avant de noter dans un cahier leurs besoins en matière d'équipements.
"Les gens étaient déprimés et tristes malgré la fin de la guerre", mais les pluies diluviennes les ont incités à reprendre leurs affaires, commente ce responsable, qui décrit la Ghouta comme le "poumon de Damas".
S'étendant sur 10.400 hectares, dont la moitié de terres cultivées, la région a perdu 80% de ses arbres durant la guerre, selon le directeur du département agricole, Mohamad Medieddine.
Brûlés, desséchés, ils ont aussi servi de combustible aux habitants assiégés et frigorifiés durant les années de blocus.
"Dans certaines localités, à l'instar de Mliha, plus un seul arbre ne tient debout", déplore M. Medieddine.
Sous un soleil de plomb, dans une rue reliant Deir al-Asafir à la banlieue de Jermana, le responsable dit regretter l'époque où le feuillage abondant des arbres tamisait les rayons du soleil.
Sur des kilomètres, "cette route était ombragée (...) Désormais, elle s'apparente à un désert". 
Selon lui, la région a besoin de "dix ans" pour se parer de nouveau de verdure. Et "cinq ans au moins pour que les arbres portent à nouveau des fruits".
<https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/syrie-apres-les-annees-de-guerre-la-longue-reconstruction-du-verger-de-damas_2084973.html>
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33- Alimentation 100 % végane : la fausse bonne idée pour sauver la planète, Les Echos, 25/06/19, 09h25
Frank Niedercorn

Si une réduction drastique de notre consommation de viande s'impose pour des raisons sanitaires et pour lutter contre le réchauffement climatique, les animaux d'élevage vont rester indispensables pour leur apport à l'environnement. A condition de revoir nos modes de production.
Faire baisser la consommation de viande, oui, mais jusqu'à quel point ? Les rapports se suivent et se ressemblent pour nous enjoindre de changer notre alimentation : 500 grammes de viande rouge par semaine au maximum pour la dernière étude académique française Nutrinet, et même moins de 200 grammes dans l'étude Eat publiée par le journal « The Lancet » en début d'année. La viande est dans la ligne de mire des spécialistes de la nutrition, comme de ceux de l'environnement.
Pour les premiers, nos régimes trop riches en produits d'origine animale, notamment la viande rouge, favorisent l'obésité, le diabète et l'apparition de maladies cardiovasculaires. « En France, on recense 21 % de personnes en surpoids parmi les consommateurs de viande, contre seulement 12 % pour les gens suivant un régime végétarien. La tendance est la même à l'étranger. On associe également à une alimentation plus végétale la baisse du risque de certains cancers », analyse Benjamin Allès, chercheur au sein de l'Equipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren).
>> Suite à lire sur inscription à :
<https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/alimentation-100-vegane-la-fausse-bonne-idee-pour-sauver-la-planete-1032008>
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34- Editorial. La FAO, un test pour la Chine, Le Monde, 26/06/19, 11h33 

Elu à à la tête de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, le Chinois Qu Dongyu va devoir montrer que Pékin ne cherche pas à promouvoir un multilatéralisme aux couleurs chinoises.
Editorial du « Monde ». Le 1er août, un Chinois prendra pour la première fois la tête de la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Dimanche 23 juin, Qu Dongyu, un biologiste de 55 ans, a largement remporté le vote des pays membres qui l’opposait à Catherine Geslain-Lanéelle, la candidate française soutenue par l’Europe, ainsi qu’à Davit Kirvalidze, un Géorgien soutenu par Washington. Qu Dongyu succédera à un Brésilien, José Graziano da Silva.
Acquise au terme d’une campagne entachée par des rumeurs selon lesquelles certains pays membres de la FAO auraient vu leurs arriérés de paiement au budget ou des dettes disparaître juste avant le scrutin, la victoire du candidat chinois s’inscrit néanmoins dans une certaine logique.
> Lire aussi  Le Chinois Qu Dongyu élu à la tête de la FAO
La FAO est dirigée depuis un quart de siècle par le représentant d’un pays émergent et il n’y avait aucune raison de revenir sur cette tradition encore trop rare au sein des organisations internationales. Surtout, non seulement Pékin s’investit depuis des années dans la FAO, y compris sur le plan financier, mais la Chine peut aussi se prévaloir de réels succès dans la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire.
A titre personnel, Qu Dongyu, dernièrement vice-ministre de l’agriculture, met en avant l’engagement qui a été le sien, notamment dans deux domaines essentiels, la recherche scientifique et le microcrédit. Il a indiqué qu’il maintiendrait « les principes d’équité, d’ouverture, de justice, de transparence », qui caractérisent les missions de la FAO. Qu Dongyu sera pris au mot, car il porte une grande responsabilité sur ses épaules.
Alors que les dossiers de la FAO sont d’une importance majeure pour une bonne partie de l’humanité, la Chine peut faire valoir son expérience, mais ne peut pas prétendre imposer son modèle. D’abord, elle est le pays où les scandales dus au non-respect des normes sanitaires sont les plus nombreux. Par ailleurs, son succès dans la lutte contre l’insécurité alimentaire repose aussi sur le développement d’une agriculture non durable. La Chine est ainsi l’une des régions les plus affectées par la désertification, l’épuisement des ressources et la pollution des sols. Pékin doit profiter de son accession à la tête de la FAO pour faire évoluer ses propres pratiques agricoles.
Mais l’enjeu de l’élection de Qu Dongyu dépasse la seule FAO. Depuis plusieurs années, la Chine tente, non sans succès, d’accroître son rôle au sein des institutions internationales. Rien que de plus normal au regard de son poids dans l’économie mondiale. Le problème est qu’elle ne respecte pas toujours les règles du jeu définies par la communauté internationale et que l’on ne sait trop si ses représentants, une fois nommés à la tête de ces institutions, se considèrent comme au service de celles-ci ou aux ordres du Parti communiste chinois.
> Lire aussi  La Chine à l’assaut des Nations unies
On l’a vu en 2018, lorsque la Chine a ordonné au président chinois d’Interpol de rentrer à Pékin afin d’y être arrêté et détenu au secret. Ce faisant, la Chine a nui gravement à la fois à sa réputation, mais aussi à celle d’un organisme dont la mission consiste à faciliter la coopération internationale entre les polices.
Alors que les Etats-Unis de Donald Trump font de plus en plus cavalier seul, la Chine rêve de se présenter comme le nouveau champion du multilatéralisme. Mais, pour le moment, tout porte à croire qu’il s’agit surtout de promouvoir un multilatéralisme aux couleurs chinoises. Il revient à Pékin de laisser Qu Dongyu prouver le contraire.
> Lire aussi  Jean-Pierre Cabestan : « La Chine veut modifier l’ordre mondial à son avantage »
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/26/la-fao-un-test-pour-la-chine_5481723_3232.html>
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35- L'agriculture bio, c'est bon pour les abeilles, selon une étude, AFP, 26/06/19, 13:00

"Il faut remettre de la diversité dans le paysage !" : l'agriculture biologique apporte aux abeilles une alimentation diversifiée et surtout régulière, permettant d'atténuer le déclin de ces pollinisateurs, selon une étude publiée mercredi.
"Nous devons changer de système de production agricole. On peut très bien vivre autrement", explique à l'AFP Jean-François Odoux, chercheur à l'Inra, coauteur de l'étude publiée dans le Journal of Applied Ecology.
En analysant six années de données sur les abeilles domestiques, une équipe de recherche du CNRS, de l’Inra et de La Rochelle Université démontre, pour la première fois, qu'"à l'échelle du territoire, les abeilles sont sensibles à la présence de l'agriculture biologique".
Notamment à la fin du printemps. Le colza fleurit en avril ou en mai, le tournesol bien plus tard, en juillet/août : entre les deux, les régions d'agricultures intensives manquent cruellement de fleurs et donc de pollens et de nectar indispensables aux abeilles. 
Et c'est prouvé, "plus la disette est forte plus on aura de mortalité à la sortie de l'hiver suivant", explique Jean-François Odoux. Une mortalité élevée qui, selon l'étude, peut être atténuée par l'agriculture biologique.
"Dans un territoire qui est cultivé en bio, la rotation est plus importante : les cultures sont plus diversifiées et d'avantage étalées dans le temps", explique Jean-François Odoux. Et chez les abeilles, comme chez l'homme, régime alimentaire équilibré rime avec résistance immunitaire.
Autre point positif, "l'agriculture biologique, du fait de l’absence d’herbicides, a plus de flore spontanée dans ses parcelles en cultures", ajoute Vincent Bretagnolle, chercheur au CNRS, également coauteur de l'étude. 
Grâce à cette flore spontanée (trop souvent appelée à tort "mauvaises herbes"), "il y a toujours un petit peu quelque chose pour les abeilles", note Jean-François Odoux.
Les chiffres de l'étude parlent d'eux-même : dans les colonies entourées de parcelles agricoles biologiques les chercheurs ont constaté 37% d'œufs, de larves et de nymphes en plus et 20% d'abeilles adultes supplémentaires. La production de miel est double.
"La réduction de la pression pesticide semble également améliorer la survie des abeilles, alors que l’augmentation des réserves en miel résulterait d’une disponibilité accrue des fleurs mellifères à proximité de la ruche", précise l'étude.
Face au déclin des abeilles, l'usage des pesticides, notamment des néonicotinoïdes, est depuis longtemps montré du doigt. Mais pour Jean-François Odoux ce n'est qu'"un maillon d'un processus général, le dessus de l'iceberg" et c'est tout "le système de production agricole qu'il faut adapter à une consommation raisonnée".
<https://www.liberation.fr/depeches/2019/06/26/l-agriculture-bio-c-est-bon-pour-les-abeilles-selon-une-etude_1736281>
En savoir plus :
> Effects of organic farming on seasonal dynamics of honeybee colony performance <http://www.cnrs.fr/fr/lagriculture-biologique-ameliore-les-performances-des-colonies-dabeilles-melliferes>, Wintermantel Dimitry, Odoux Jean-François, Chadœuf Jöel, Bretagnolle Vincent, Journal of Applied Ecology, 26/06/19
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36- La dangereuse course aux pesticides du Brésil, Le Monde, maj le 27/06/19 à 06h26
Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)

Le gouvernement Bolsonaro a homologué 239 pesticides depuis son entrée en fonctions en janvier. En Suède, une chaîne de magasins qui a décidé de boycotter les produits agricoles brésiliens a suscité une vague de soutien sur les réseaux sociaux. 
Johannes Cullberg a d’abord pensé à ses enfants, puis à ceux des Brésiliens et, enfin, au monde entier avant d’agir. Il a fallu moins d’une semaine pour que le patron des supermarchés suédois Paradiset lance, début juin, sa campagne appelant au boycott des produits agricoles brésiliens, choqué d’apprendre que le gouvernement de Jair Bolsonaro avait homologué, depuis la prise de fonctions du président en janvier, près de 250 nouveaux pesticides, dont 42 produits homologués dans la seule journée du lundi 24 juin.
« J’étais frustré et en colère. Des gens meurent, deviennent infertiles, les enfants viennent au monde avec des malformations du fait des pesticides, il faut des mesures radicales ! », explique-t-il.
L’initiative de Johannes Cullberg, directeur de quatre magasins haut de gamme à Stockholm, pourrait sembler dérisoire si sa démarche n’avait suscité une vague de soutien sur les réseaux sociaux par le biais du mot-clé #boycottbrazilianfood.
Stupeur à Brasilia
Invité sur les plateaux de télévision dans son pays, M. Cullberg entend maintenant convaincre ses homologues et entamer des démarches pour alerter l’Union européenne (UE). « Nous n’avons plus de temps », dit-il.
> Lire aussi  En Europe, l’élevage industriel « accro » au soja d’Amérique latine
A Brasilia, c’est la stupeur. Outrée, Tereza Cristina, la ministre de l’agriculture, parle d’une « campagne de diffamation ». « Si nos produits alimentaires étaient imprégnés de pesticides préjudiciables à la santé, ils n’auraient pas été autorisés par le gouvernement suédois et le Brésil n’exporterait pas avec autant de succès ses produits dans 160 pays », explique-t-elle, omettant de mentionner qu’une cargaison de soja a été bloquée aux frontières russes en février pour avoir dépassé les limites autorisées de résidus de glyphosate, l’herbicide le plus utilisé au Brésil.
Malgré ses efforts, la ministre peine à convaincre. Dans son propre pays, la femme est surnommée la« musa do veneno », la muse des pesticides, pour avoir porté un projet de loi, le « pacote do veneno »(« paquet pesticides » ou « paquet empoisonné ») visant à autoriser plus rapidement et plus largement les pesticides.
Le texte est toujours au Congrès, bloqué par les défenseurs de l’environnement. Mais, à en croire les experts, l’arrivée au pouvoir d’une extrême droite brésilienne tentée de croire que le réchauffement climatique est un « complot marxiste » a permis d’outrepasser la loi. En témoigne l’autorisation de 239 pesticides depuis janvier. Du jamais-vu.
« Le gouvernement a été élu avec l’appui inconditionnel de l’agrobusiness. Le “pacote do veneno” visait à autoriser les pesticides sans passer par l’examen du ministère de la santé et de l’environnement. Aujourd’hui ces deux portefeuilles sont entre les mains alliées de l’agronégoce, qui pense aussi qu’il faut assouplir les règles de mise sur le marché des pesticides », observe Larissa Mies Bombardi, chercheuse au laboratoire de géographie agraire de l’université de Sao Paulo.
« Une kyrielle de substances qui n’ont pas été analysées »
La plupart des fongicides, herbicides et autres insecticides récemment autorisés par le gouvernement ne sont pas présentés comme des nouveaux produits mais comme l’équivalent de « génériques », déjà autorisés par l’Anvisa, l’agence de régulation sanitaire brésilienne. « Ils sont simplement moins onéreux pour les producteurs », assure le ministère de l’agriculture.
« La molécule active est la même. Mais, au-delà de l’ingrédient de base, il existe une kyrielle de substances qui n’ont pas été analysées et n’en sont pas moins toxiques », répond Aline Gurgel, docteure en santé publique et vice-coordonnatrice du groupe de travail sur les pesticides à la fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz). « Beaucoup sont interdits dans d’autres pays », alerte la chercheuse, évoquant notamment le fipronil, connu pour décimer les abeilles. « D’autres, assure-t-elle, comportent du 2,4-D, l’un des composants de l’agent orange. »
Sur les 197 pesticides mis sur le marché à fin mai [avant la vague de 42 produits approuvés le 24 juin], seuls onze sont considérés comme peu dangereux pour l’environnement, et près de la moitié appartiennent à la classification 1 ou 2, c’est-à-dire “extrêmement’’ ou “hautement” toxiques. Cela signifie qu’ils ont une toxicité aiguë, observée une heure après l’exposition. Et que dire des effets à long terme potentiellement irréversibles ! », alerte MmeGurgel, jugeant le gouvernement « négationniste » au regard du danger de ces produits.
> Lire aussi  Le quart des pesticides utilisés aux Etats-Unis sont interdits en Europe
Cette course aux pesticides, à rebours de la tendance mondiale, affole d’autant plus que le Brésil est considéré depuis 2008 comme le plus gros consommateur mondial de produits phytosanitaires. En 2017, le volume de ventes atteignait 8,9 milliards de dollars (7,9 milliards d’euros) après un pic à 12,2 milliards de dollars en 2014, selon le Sindiveg, le syndicat national de l’industrie des produits phytosanitaires.
Cette même année, l’Institut national du cancer calculait que chaque Brésilien « consommait » en moyenne 5,2 kilos de pesticides par an.
> Lire aussi  Une majorité des fruits et légumes conventionnels présentent des résidus de pesticides
L’usage massif des herbicides et des fongicides, souvent pulvérisés par avion sur les immenses propriétés (fazendas), s’est accéléré après l’autorisation de l’agriculture transgénique dans le pays entre la fin des années 1990 et le début des années 2000. Depuis l’élection de Jair Bolsonaro, leur recours semble hors de contrôle.
Cancers et malformations congénitales
Les conséquences à long terme pourraient être dramatiques. Diverses études font déjà état de l’augmentation significative de cancers dans les zones agricoles du Brésil.
Le rapport « Géographie de l’usage des pesticides au Brésil et leur relation à l’UE », publié en 2019 et rédigé par Larissa Mies Bombardi, pointe aussi « une concentration considérable des cas d’intoxication signalés, en particulier dans le centre-sud du Brésil », région d’agriculture intensive, évoquant le chiffre de huit intoxications par jour en moyenne entre 2007 et 2014. Un chiffre largement sous-estimé, selon elle, sachant que les cas déclarés ne représenteraient que 2 % du total.
Dans la région du Ceara, dans le Nordeste brésilien, une autre étude réalisée par la faculté de médecine régionale fait le lien entre d’étranges malformations congénitales observées dans la communauté de Tomé, proche de la zone agricole de Chapada do Apodi, se manifestant par des membres manquants et/ou une puberté précoce (poils pubiens et seins naissant chez des fillettes de six mois), et l’« intense exposition » de ces enfants aux pesticides.
L’utilisation des pesticides au Brésil a également pour effet de polluer les sols et les nappes phréatiques : entre 2014 et 2017, les eaux potables d’un quart des villes du pays, dont Sao Paulo et Rio de Janeiro, étaient contaminées par quelque vingt-sept pesticides, dont onze hautement toxiques, souligne une enquête réalisée conjointement par le site Reporter Brasil, Agencia Publica et l’ONG suisse Public Eye.
« Comment expliquer l’attitude de ce gouvernement ? Il n’a aucune vision. Sa propre agriculture va souffrir de ce modèle en épuisant les sols et en mettant en péril la pollinisation », alerte Marina Lacorte, coordinatrice de la campagne pour l’agriculture et l’alimentation au sein de Greenpeace Brasil.
> Lire aussi  Au Brésil, la mise en place d’une politique de destruction de l’environnement
« Le Brésil prétend gagner de l’argent avec cette stratégie mais il est victime des grandes sociétés occidentales. Les pesticides sont de plus en plus interdits dans les économies développées, alors les industries délocalisent les risques dans les économies périphériques ! », dénonce la chercheuse Aline Gurgel.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/26/la-dangereuse-course-aux-pesticides-du-bresil_5481866_3244.html>
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37- Le glyphosate, « vrai poison » ou « faux sujet » ? Petit manuel pour comprendre le débat sur l’herbicide controversé, Blog Les Décodeurs, maj le 29/06/19 à 09h54
Adrien Sénécat

Difficile de s’y retrouver dans les discussions sur l’herbicide controversé. Les Décodeurs font le point sur ce que l’on sait des risques qu’il pose pour la santé humaine et l’environnement. 
« Vrai poison » ou « faux débat » ? Des années de discussions n’y ont rien fait : chercher à s’informer sur le glyphosate, c’est se confronter rapidement à des analyses radicalement contradictoires. Sans prétention de trancher le débat, Les Décodeurs tentent de faire le point sur les principales questions qui se posent concernant l’herbicide controversé.
Les questions
Cliquez sur une question pour lire le détail
• Qu'est-ce que le glyphosate ?
• Va-t-il être interdit, et si oui, quand ?
• Le glyphosate est-il dangereux pour la santé humaine ?
• Présente-t-il des risques pour les consommateurs ?
• Que penser du glyphosate dans les urines ?
• Le glyphosate est-il dangereux pour les agriculteurs ?
• Qu'en est-il des procédures en justice contre Monsanto ?
• Le glyphosate est-il nocif pour l'environnement ?
• Pourquoi est-il si difficile de s'informer sur ce sujet ?
• Comment le débat a-t-il été influencé par Monsanto ?
• Pourquoi les régulateurs sont également critiqués ?
• Le glyphosate est-il un problème isolé ?
• Que reproche-t-on au modèle agricole conventionnel ?
>> Réponses à retrouver à :
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/28/petit-manuel-a-lire-pour-comprendre-le-debat-sur-le-glyphosate_5482759_4355770.html>
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En images
38- Un monde sans abeilles, France 2, Envoyé spécial, 06/06/19, 21h00

La mortalité des abeilles est en hausse constante et certains anticipent déjà un monde où elles seraient en voie de disparition. Elevages d'abeilles reines, drones pollinisateurs… quelles solutions pour les remplacer ? Un reportage d'"Envoyé spécial".
Chaque année, les mêmes images : des apiculteurs désemparés découvrent leurs abeilles mortes au sortir de l’hiver et brûlent leurs ruches désormais inutiles dans d’immenses bûchers. La mortalité des abeilles est en hausse constante et certains anticipent déjà un monde où elles seraient en voie de disparition.
> Un reportage de Marion Leclercq à revoir à :
<https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/video-un-monde-sans-abeilles_3472707.html>
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39- "Multinationales : hold-up sur nos fruits et légumes", France 2, Cash Investigation, 18/06/19, 21h00
Présenté par Elise Lucet

Qu'ils soient bio ou pas, presque tous les fruits et légumes sont calibrés comme des produits industriels. Pour cela, les multinationales ont mis au point des semences totalement standardisées. En un demi-siècle, les tomates ont perdu par exemple plus de 50 % de leurs vitamines, et beaucoup de leur goût. Une poignée de géants mondiaux détiennent les semences, comme l'Allemand Bayer ou le Français Limagrain. En Inde, des femmes et des enfants triment pour produire les graines. La santé pâtit également de cette course à la semence.
> Une enquête (131 min) de Linda Bendali à (re)voir à :
<https://www.france.tv/france-2/cash-investigation/1005819-multinationales-hold-up-sur-nos-fruits-et-legumes.html>
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Une publication
40- L'Agroécologie peut nous sauver, Marc Dufumier en entretiens avec Olivier Le Naire, Editions Actes Sud, mai 2019

Ingénieur agronome, Marc Dufumier a découvert l'agroécologie à 22 ans, non sur les bancs d'AgroParisTech où il était étudiant, mais à Madagascar, lorsque des femmes analphabètes l'ont initié à une agriculture paysanne respectueuse de l'Homme et de son environnement. Devenu professeur à AgroParisTech et expert sur des missions de terrain aux quatre coins du monde, il est aujourd'hui l'un des spécialistes les plus reconnus dans le domaine de l'agroécologie. 
Alliant rigueur scientifique et engagement, Marc Dufumier explique dans ces entretiens avec le journaliste Olivier Le Naire en quoi la révolution agroécologique est une réponse concrète, réalisable et globale à beaucoup des maux de notre monde moderne dont la famine, la malbouffe, l'obésité, la pollution, le réchauffement climatique, la perte de biodiversité, les inégalités mondiales ou les migrations contraintes. 
Selon lui, tous ces problèmes étant liés, leurs solutions ne peuvent plus être étudiées séparément. Pour nourrir les 10 milliards d'habitants que nous serons bientõt, il faut donc à la fois renoncer à la privatisation des semences, à l'emploi des produits pesticides et aux dérives du commerce mondial, mais surtout amener les citoyens à prendre conscience que leur sort, comme celui de la planète, est entre leurs mains et non entre celles des lobbys industriels. 
Concrète, vivante, optimiste et à la portée de tous, cette conversation redonnera espoir à toutes celles et tous ceux qui seraient tentés de baisser les bras.
L'Agroécologie peut nous sauver, Marc Dufumier en entretiens avec Olivier Le Naire, Editions Actes Sud, Collection : Domaine du possible, mai 2019, ISBN 978-2-330-11986-7, 176 pages, 18,50 €.
<https://www.actes-sud.fr/catalogue/agriculture/lagroecologie-peut-nous-sauver>
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– Sur notre chaîne You Tube <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>, retrouvez toutes nos vidéos.  
NOS PUBLICATIONS (les plus récentes) 
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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