[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international + 1 publication & 1 annonce (mercredi 6 novembre)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Mer 6 Nov 07:50:59 CET 2019
Bonjour à tous,
Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants :
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1- Edito. Esther Duflo, Nobel de l’humilité <https://www.lepoint.fr/editos-du-point/pierre-antoine-delhommais-esther-duflo-nobel-de-l-humilite-17-10-2019-2341864_32.php>, Le Point, 17/10/19
2- Comment la BCE peut soutenir la transition écologique <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/23/comment-la-bce-peut-soutenir-la-transition-ecologique_6016557_3234.html>, Le Monde, 23/10/19, 11h50
3- Climat, espèces, pollutions : l'environnement en France dans tous ses états <https://www.lepoint.fr/societe/climat-especes-pollutions-l-environnement-en-france-dans-tous-ses-etats-24-10-2019-2343343_23.php>, AFP, 24/10/19, 15:00
4- En direct du One Planet Summit 2019 : la nature représente 30 % des solutions et reçoit 2 % des investissements <https://www.novethic.fr/actualite/finance-durable/isr-rse/en-direct-du-one-plant-summint-2019-pousser-la-blended-finance-pour-sauver-le-climat-147841.html>, Novethic, 24/10/19
5- Léonard de Vinci (en plus d’être un génie) était un vrai écolo <https://www.nouvelobs.com/planete/20191025.OBS20286/leonard-de-vinci-en-plus-d-etre-un-genie-etait-un-vrai-ecolo.html>, L’Obs, 25/10/19, 10h44
6- Reportage. Les catholiques brésiliens face au défi Bolsonaro <https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/26/les-catholiques-bresiliens-face-au-defi-bolsonaro_6016969_4500055.html>, M Le Mag, 26/10/19, 05h50
7- Le pape veut stopper les "prédateurs" qui "défigurent" l'Amazonie <https://pressfrom.info/fr/actualite/monde/-267161-le-pape-veut-stopper-les-predateurs-qui-defigurent-lamazonie.html>, AFP, 27/10/19, 13:00
8- Le mythe du bioplastique : dernier piège du capitalisme vert ? <https://mrmondialisation.org/le-mythe-des-bioplastiqale-mythe-du-bioplastique-dernier-piege-du-capitalisme-vert-ues-et-autres-fausses-solutions/>, Mr Mondialisation, 27/10/19
9- [Bonne nouvelle] Ethi'kdo, une carte cadeau avec des enseignes 100 % écologiques et solidaires <https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/bonne-nouvelle-ethi-kdo-une-carte-cadeau-avec-des-enseignes-100-ecologiques-et-solidaires-147852.html>, Novethic, 27/10/19
10- A quoi servent les riches ? <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/27/a-quoi-servent-les-riches_6017100_3234.html>, Le Monde, maj le 28/10/19 à 06h03
11- Le streaming en expansion, son empreinte écologique aussi <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/le-streaming-en-expansion-son-empreinte-ecologique-aussi_138617>, AFP, 28/10/19, 13:00
12- Nicolas Hulot : "Après ce que j’ai vécu, il faudra envoyer du lourd pour me faire vaciller", <https://www.gqmagazine.fr/pop-culture/article/nicolas-hulot-apres-ce-que-jai-vecu-il-faudra-envoyer-du-lourd-pour-me-faire-vaciller> GQmagazine, Le grand entretien, 28/10/19
13- Le biomimétisme peut-il rendre l'économie écologique ? <https://usbeketrica.com/article/biomimetisme-peut-il-rendre-economie-ecologique-biomimexpo>, Usbek & Rica, 30/10/19, 06:00
14- Amazon continue de vendre des vêtements fabriqués dans des conditions inhumaines <https://dailygeekshow.com/amazon-usine-vetement-bangladesh/>, Daily Geek Show, 30/10/19
15- Nicolas Hulot et Marie Tabarly, retour sur le "Pen Duick VI" <https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Nicolas-Hulot-et-Marie-Tabarly-retour-sur-le-Pen-Duick-VI-1656182>, Paris Match, 01/11/19, 07h32
16- Sondage. Nicolas Hulot, élu symbole du renouveau de l'engagement environnemental en 2019 <https://www.20minutes.fr/planete/2640995-20191104-sondage-nicolas-hulot-elu-symbole-renouveau-engagement-environnemental-2019>, 20 Minutes, 04/11/19, 06h05
En audio
17- Qu'est-ce que l'éco-anxiété, qui touche de plus en plus de Français ? <https://www.rtl.fr/actu/bien-etre/qu-est-ce-que-l-eco-anxiete-qui-touche-de-plus-en-plus-de-francais-7799324433>, RTL, La minute verte, 25/10/19, 06h50
18- L'écologie, longtemps mal-aimée des médias <https://www.franceinter.fr/emissions/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-28-octobre-2019>, France Inter, La Terre au carré, 28/10/19, de 13h40 à 14h30
19- Le gouvernement en fait-il assez pour l'écologie ? <https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/le-gouvernement-en-fait-il-assez-pour-l-ecologie-7799390036>, RTL, C'est notre Planète, 05/11/19, 06:28
20- Portrait d’une amérindienne en lutte <https://www.franceinter.fr/environnement/portrait-d-une-amerindienne-en-lutte>, France Inter, 05/11/19, 14h29
En images
21- Écologie : "Il faut mettre un petit peu de conscience dans son quotidien" : le message de Nicolas Hulot <https://www.france.tv/actualites-et-societe/1093473-video-ecologie-il-faut-mettre-un-petit-peu-de-conscience-dans-son-quotidien-le-message-de-nicolas-hulot.html>, France TV, 16/10/19, 16h16
22- Comment sortir de la surconsommation ? Le scandale des produits neufs jetés à la poubelle <https://www.france.tv/france-2/tout-compte-fait/1095001-comment-sortir-de-la-surconsommation-le-scandale-des-produits-neufs-jetes-a-la-poubelle.html>, France 2, Tout compte fait, 02/11/19, 14h01
Une publication
23- « Ça va changer avec vous ! » : petit manuel d’écologie signé Julien Vidal <https://mrmondialisation.org/ca-va-changer-avec-vous-petit-manuel-decologie-signe-julien-vidal/>, Mr Mondialisation, 30/10/19
Une annonce
24- Conférences-débats 2019-2020. L'urgence d'un pacte social et écologique <https://web.imt-atlantique.fr/x-dre/lsd/index.php?sid=99189&lang=fr>, Collège des Transitions Sociétales, IMT Atlantique de Nantes, le 14/11/19, de 19h50 à 22h15
Bien à vous,
Florence
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RAPPORT DU JOUR : Emissions de CO2 trop élevées, érosion des écosystèmes, pollution de l'air ou des sols…, la France dépasse dans plusieurs secteurs les « limites planétaires » nécessaires à des conditions de vie sûres pour l’humanité, selon une évaluation publiée tous les 4 ans par le ministère de la transition écologique. (cf. item 3 & suite)
CITATIONS DU JOUR : — "Les pauvres ne figurent jamais comme des personnes qu’il importerait de consulter." Esther Duflo, prix Nobel d’économie (cf. item 1)
— "Va prendre tes leçons dans la nature, c’est là qu’est notre futur.", Léonard de Vinci (cf. item 5 & 13)
— "La vie dans l’Univers est l’exception, non la norme. Cela devrait nous mettre dans un état de vénération, ou en tout cas d’émerveillement et de respect." Nicolas Hulot (cf. item 12, 15, 16 & 21)
QUESTIONNEMENTS DU JOUR : — La Banque centrale européenne (BCE) doit-elle contribuer à la transition écologique et si oui, comment ? (cf. item 2)
— Quelle est la légitimité économique des plus fortunés ? (cf. item 10)
— Pour quelles raisons les médias ont tardé à rendre visibles les sujets environnementaux ? (cf. item 18)
EXHORTATION DU JOUR : Le pape François a demandé de cesser "d'infliger des blessures à nos frères et à notre sœur terre", en déplorant "le visage défiguré de l'Amazonie", victime d'exploitation à outrance. (cf. item 7 & suite)
LEURRE DU JOUR : Si la diffusion numérique semble dématérialisée, elle n'est pas immatérielle : terminaux, réseaux de stockage et de diffusion, tous consomment de l’énergie. (cf. item 11)
DUPERIE DU JOUR : Malgré des milliers de morts, les gens achètent encore à leur insu des vêtements produits dans des usines dangereuses et vendus sur Amazon. (cf. item 14)
GAP DU JOUR : — "La nature représente 30 % de la solution de réduction de nos émissions carbone, mais ne reçoit que 2 % des investissements. Les solutions liées à la nature devraient recevoir 30 % des investissements." Jennifer Morris, présidente de Conservation International (cf. item 4)
— Les députés ont examiné les mesures écologiques du budget 2020 et les moyens ne correspondent pas aux discours. Il manque 15 milliards d'euros par an pour que la France agisse concrètement contre le réchauffement du climat. (cf. item 19)
CHIFFRE DU JOUR : En France, 650 millions d'euros de produits neufs seraient détruits chaque année. (cf. item 22)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 120 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Edito. Esther Duflo, Nobel de l’humilité, Le Point, 17/10/19
Pierre-Antoine Delhommais
Les Français vont enfin faire la connaissance de leur brillantissime Prix Nobel d’économie, spécialisée dans la lutte contre la pauvreté.
Pour un peuple réputé nul en économie, les Français ne se débrouillent pas si mal. Après Jean Tirole en 2014, c’est donc Esther Duflo qui s’est vu attribuer cette année, en compagnie des Américains Abhijit Banerjee – avec qui elle est mariée – et Michael Kremer, « le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel ». Lorsqu’on sait que depuis sa création, il y a cinquante et un ans, ce prix n’avait récompensé qu’une femme, seulement trois Français et qu’Esther Duflo en est la plus jeune lauréate, l’exploit gagne encore en taille.
Les patriotes intégristes diront qu’elle est plus américaine que française, installée depuis l’âge de 26 ans – elle en a aujourd’hui 46 – aux Etats-Unis, où elle enseigne au MIT (Massachusetts Institute of Technology). Si, dans un tweet de félicitations, Emmanuel Macron s’est réjoui que «le magnifique prix Nobel d’Esther Duflo rappelle que les économistes français sont actuellement au meilleur niveau mondial », cette récompense témoigne aussi de l’exil massif de nos plus brillants cerveaux vers les universités américaines, bien sûr parce qu’ils y sont bien mieux payés qu’en France, mais surtout parce que l’environnement pour la recherche et l’enseignement y est infiniment plus favorable.
Le prix Nobel d’économie d’Esther Duflo est tout sauf une surprise, ne serait-ce que parce que, malgré son jeune âge, elle avait déjà raflé les plus hautes récompenses internationales, du prix Princesse-des-Asturies à la médaille John-Bates-Clark, en passant par les prix Elaine Bennett et MacArthur. Cet éblouissant palmarès n’empêche pas qu’elle soit totalement inconnue en France alors qu’elle est en revanche célèbre aux Etats-Unis, au point d’avoir été classée en 2011 par le magazine américain Time comme l’une des 100 personnalités les plus influentes du monde, au point aussi que Barack Obama l’avait fait venir à la Maison-Blanche pour travailler dans son équipe d’économistes.
Esther Duflo est ce qu’on peut appeler, même si le terme est galvaudé, une authentique surdouée, quand bien même elle parle, avec une modestie non feinte, de « son parcours scolaire standard ». Standard, mais dans le très haut de gamme : hypokhâgne et khâgne au lycée Henri-IV, Normale sup, agrégation de sciences économiques et sociales, doctorat au MIT à 27 ans, professeure associée au même MIT à 29 ans, professeure au Collège de France à 36 ans !
Elle a avec humour raconté sur France Inter en début d’année comment, outre l’influence de sa mère, pédiatre engagée dans l’action humanitaire, la lecture, à l’âge de 8 ans, d’une BD Astrapi consacrée à Mère Teresa – qui lui avait appris que chaque habitant de Calcutta disposait seulement de 1 mètre carré pour vivre –, l’avait profondément émue et choquée et était peut-être à l’origine de sa vocation d’économiste spécialisée dans la lutte contre la pauvreté.
Si le sujet avait été déjà largement exploré auparavant, Esther Duflo en a totalement renouvelé l’approche, par son aspect à la fois très modeste et très pratique. « J’aime bien les programmes qui donnent un coup de pouce aux gens dans une direction dont ils rêvaient et qu’ils ne pouvaient prendre compte tenu des vicissitudes de la vie. » Sans appliquer mécaniquement des théories établies à l’aide d’équations savantes, sans a priori idéologique non plus, mais en cherchant à identifier, par des tests scientifiques sur le terrain, les remèdes qui marchent et ceux qui n’aboutissent pas. Sans prétendre apporter de solution globale et miraculeuse, mais en trouvant des microsolutions à des problèmes concrets, en mettant au point, comme en médecine, des traitements efficaces pour soigner la misère sociale. Par exemple, celui d’offrir 1 kilo de lentilles aux mères habitant dans le district d’Udaipur, au Rajasthan (Inde), quand elles viennent faire vacciner leur enfant contre la rougeole : résultat, un taux de vaccination multiplié par six.
« Lorsqu’on leur accorde une place, a-t-elle écrit, les pauvres figurent généralement comme les acteurs d’anecdotes tragiques ou édifiantes, des êtres dignes d’admiration ou de pitié, mais jamais comme une source de connaissances, comme des personnes qu’il importerait de consulter pour savoir ce qu’elles pensent, ce qu’elles veulent, ce qu’elles font.» C’est justement contre cette attitude à la fois compassionnelle et distante, qui résume si bien l’aide financière occidentale aux pays en développement, que s’inscrit toute l’action d’Esther Duflo, qui, contre l’air du temps, pense que le monde de demain peut être meilleur qu’aujourd’hui et que le développement économique n’a rien d’une abomination. Grâce à son prix Nobel, les Français vont enfin faire la connaissance de cette dévouée et brillantissime docteur de tous les miséreux de la planète, découvrir que ces économistes, qu’ils détestent presque autant que les journalistes, peuvent aussi être des humanistes.
<https://www.lepoint.fr/editos-du-point/pierre-antoine-delhommais-esther-duflo-nobel-de-l-humilite-17-10-2019-2341864_32.php>
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2- Comment la BCE peut soutenir la transition écologique, Le Monde, 23/10/19, 11h50
Marie Charrel
L’institut de Francfort doit-il contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique ? De plus en plus d’économistes et de banquiers centraux en sont convaincus. Sa nouvelle présidente, Christine Lagarde, devra définir comment verdir son action.
La Banque centrale européenne (BCE) doit-elle contribuer à la transition écologique ? Pour certains, cette mission relève d’abord des gouvernements, et il serait dangereux que l’institut de Francfort fasse, là encore, le travail à leur place. Pour d’autres, ce dernier a pris un tel poids financier et politique au sein de la zone euro qu’il serait insensé qu’il n’apporte pas, lui aussi, sa pierre à l’édifice.
Il a d’ailleurs commencé à le faire, timidement : depuis quelques mois, la BCE réfléchit aux implications du réchauffement climatique sur son action, comme la plupart des grandes banques centrales. Une trentaine d’entre elles se sont ainsi réunies, avec des régulateurs, au sein d’un réseau, le Network for Greening the Financial System (NGFS), pour travailler au verdissement de leur politique.
A première vue, l’écologie n’a pourtant pas beaucoup de rapport avec la mission de la BCE et de ses homologues, à savoir, assurer la stabilité de l’inflation en jouant sur le niveau des taux directeurs. Seulement, voilà : les bouleversements climatiques ont déjà une influence sur les prix, ne serait-ce que sur les tarifs des énergies fossiles. Surtout, depuis la crise, l’institut de Francfort, dont la présidence sera assurée par Christine Lagarde dès le 1er novembre, a considérablement élargi ses outils pour soutenir l’économie. En 2015, il a ainsi lancé un programme de rachat de dettes publiques, élargi aux dettes d’entreprises en 2016. L’objectif est de permettre à ces dernières – et par ricochet, à tout le secteur privé – d’emprunter à moindre coût pour financer leurs investissements.
> Lire aussi Les délicats chantiers qui attendent Christine Lagarde à la Banque centrale européenne
« Criminel à l’égard des générations futures »
Problème : parmi les obligations privées rachetées par la BCE figurent celles d’industries polluantes, comme les groupes pétroliers Total, Shell ou Repsol. Choquées, une série d’organisations non gouvernementales (ONG) se sont insurgées, dénonçant les « subventions climaticides » de l’institut monétaire. Celui-ci se défend en soulignant qu’il rachète également des titres de la Banque européenne d’investissement (BEI), dont la mission est de soutenir des PME innovantes, notamment dans l’écologie. Et surtout, qu’il achète déjà une grande partie des obligations vertes disponibles sur le marché… Mais que ces dernières restent encore très peu nombreuses.
En outre, la BCE redoute de favoriser trop franchement un secteur économique au détriment d’un autre. Cela reviendrait en effet à se mêler de politique industrielle, qui ne relève pas de sa mission, mais de celle des gouvernements. « Or ces derniers sont incapables de profiter des taux bas dont ils bénéficient grâce à la BCE pour investir dans la transition écologique : c’est bien dommage, pour ne pas dire criminel à l’égard des générations futures », souligne Adam Tooze, économiste à l’université Columbia, à New York.
> Lire aussi Mario Draghi, « sauveur de l’euro » au bilan contrasté à la BCE
« Conditionner plus strictement les méga prêts aux banques »
« Peut-être, mais la Banque centrale pourrait contribuer de bien d’autres façons à la lutte contre le changement climatique, souligne Jézabel Couppey-Soubeyran, économiste à l’université Paris-I, déplorant le manque de créativité de celle-ci. Elle pourrait, par exemple, conditionner plus strictement les méga prêts qu’elle accorde aux banques, pour s’assurer que ces sommes sont bien utilisées pour le financement des PME et de la transition écologique. »
> Lire aussi La Banque centrale européenne soutient trop les entreprises polluantes, selon une étude
Christine Lagarde a ajouté les questions environnementales à l’agenda du Fonds monétaire international (FMI), lorsqu’elle était directrice générale. Elle semble déterminée à en faire de même à Francfort. « Le changement climatique doit être intégré au sein des objectifs de la BCE », après celui de la stabilité des prix, a-t-elle déclaré lors de son audition au Parlement européen, le 4 septembre. Avant de préciser qu’il s’agissait néanmoins d’une position personnelle. Les ONG ne manqueront pas de la lui rappeler ces prochains mois…
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/23/comment-la-bce-peut-soutenir-la-transition-ecologique_6016557_3234.html>
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3- Climat, espèces, pollutions : l'environnement en France dans tous ses états, AFP, 24/10/19, 15:00
Amélie Bottollier-Depois
Émissions de CO2 trop élevées, érosion des écosystèmes, pollution de l'air ou des sols... Les menaces qui pèsent en France sur la nature et l'Homme sont légion, relève un rapport sur l'état de l'environnement publié jeudi.
Cette évaluation du ministère de la Transition écologique souligne notamment que le pays dépasse plusieurs des neuf "limites planétaires", nécessaires à un développement "sûr et juste" de l'Humanité, notamment en matière de changement climatique et d'érosion des espèces.
. Changement climatique
Les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 18% entre 1990 et 2017, selon le ministère, mais la France est encore loin de la "cible" d'émissions de 1,6 à 2,8 tonnes par an et par habitant d'ici 2100, nécessaire pour limiter le réchauffement à +2°C.
Ainsi, en 2017, le CO2 émis sur le territoire représentait 4,9 t/hab, et son "empreinte carbone" atteignait même 7,9 t/hab avec les émissions liées aux importations.
Les impacts du réchauffement se font déjà sentir. L'année 2018 a été la plus chaude jamais enregistrée et les événements extrêmes se multiplient (canicules, sécheresses, inondations, feux de forêts).
Entre 1997 et 2017, en moyenne, 3,6 événements naturels très graves (plus de 10 morts ou plus de 30 millions d'euros de dommages) se sont produits chaque année, contre seulement 1 entre 1950 et 1996, selon le rapport, qui précise que plus de quatre cinquièmes des communes ont été classées en état de catastrophe naturelle au moins une fois entre 1982 et 2015 (principalement pour inondations ou sécheresse).
. Espèces et habitats en danger
La situation des écosystèmes terrestres, aquatiques et marins français est "préoccupante".
Seuls 20% des habitats identifiés par l'UE comme nécessitant une protection sont dans un état de conservation "satisfaisant". Et les littoraux sont victimes de leur succès, avec une densité de construction de logements trois fois plus importante que la moyenne nationale.
Sur quelque 10.000 espèces évaluées sur le territoire, particulièrement riche en biodiversité grâce à ses outre-mers, 18% sont éteintes ou menacées d'extinction.
Même quand elles ne sont pas en danger, certaines espèces subissent une chute drastique de leur nombre, comme les oiseaux des champs victimes notamment de l'effondrement des populations d'insectes.
Les causes sont multiples, des effets du changement climatique aux pratiques agricoles (fragmentation des milieux naturels, pesticides...), en passant par l'intensification de l'artificialisation des sols (65.800 hectares perdus par an en métropole entre 2006 et 2015).
Quelques espèces s'en tirent mieux grâce à des programmes de conservation, comme le loup et le lynx.
. Pollutions
Les rejets de la plupart des polluants de l'air extérieur ont diminué depuis le début des années 2000, selon le rapport. La situation est malgré tout loin d'être idéale, avec des points noirs géographiques et 48.000 décès prématurés par an imputés aux particules fines.
Les polluants de l'air intérieur sont eux accusés d'avoir causé 20.000 décès prématurés en 2014.
Le rapport note une "amélioration" de la qualité des eaux de surface (rivières, plans d'eau), grâce à une réduction des polluants historiques liés à l'utilisation des détergents et des engrais, qui s'accompagne toutefois de la détection de nouvelles substances comme des résidus médicaments ou des perturbateurs endocriniens.
"Aucun progrès significatif" en revanche pour les eaux souterraines. Depuis 2000, environ 2.400 forages destinés à la production d’eau potable (sur 22.000) ont ainsi été abandonnés en raison de pollution aux nitrates ou aux pesticides.
Pour les sols, la situation est plus difficile à évaluer, mais le ministère répertorie début 2018 6.800 sites et sols "pollués ou potentiellement pollués", principalement par des hydrocarbures.
On relève aussi de nouvelles sources de préoccupations, comme les nanomatériaux ou le développement des champs électromagnétiques.
. Risques technologiques
Fin 2018, 18.000 communes étaient exposées à un risque technologique (industries, installations nucléaires, transports de matières dangereuses, sites miniers, barrages...)
Entre 1992 et 2017, près de 40.000 accidents technologiques ont eu lieu, causant morts ou blessés dans 18% des cas, et des conséquences environnementales dans 34% des cas.
. Réactions en chaîne
Tout comme son "empreinte carbone" dépasse les émissions de CO2 générées sur le seul territoire national, l'"empreinte écologique" de la France dépasse également ses frontières, notamment par l'importation de matières premières agricoles ou forestières encourageant la déforestation à l'étranger.
La déforestation importée représentait ainsi 14,8 millions d'hectares en 2016, "soit plus d’un quart de la superficie de la métropole et la moitié de la surface agricole française", selon le rapport.
Le ministère pointe d'autres réalités méconnues : par exemple, "tout au long de son cycle de vie (extraction de matières premières, fabrication, utilisation, élimination), un téléphone portable pesant 120 grammes va nécessiter 70 kg de matières mobilisant plus de 70 matériaux différents".
<https://www.lepoint.fr/societe/climat-especes-pollutions-l-environnement-en-france-dans-tous-ses-etats-24-10-2019-2343343_23.php>
Sur le même sujet :
> Déforestation, biodiversité, CO2... la France dépasse les « limites planétaires », d’après un rapport officiel <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/24/la-france-depasse-les-limites-de-la-planete-d-apres-un-rapport-officiel_6016790_3244.html>, Le Monde avec AFP, 24/10/19, 17h52
> Climat, biodiversité, pollution... Dans quel état environnemental est la France ? <https://www.20minutes.fr/planete/2636059-20191025-climat-biodiversite-pollution-etat-environnemental-france>, 20 Minutes, 25/10/19, 07h35
> La France dépasse largement les limites écologiques de la biosphère <https://reporterre.net/La-France-depasse-largement-les-limites-ecologiques-de-la-biosphere>, Reporterre, 26/10/19
En savoir plus :
> Nouveau rapport sur l’état de l’environnement <https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/nouveau-rapport-sur-letat-lenvironnement>, ministère de la Transition écologique, 22/10/19
> Rapport sur l’état de l’environnement en France - Édition 2019 <https://ree.developpement-durable.gouv.fr/donnees-et-ressources/ressources/publications/rapports/edition-2019/article/rapport-sur-l-etat-de-l-environnement-en-france-edition-2019>, ministère de la Transition écologique, maj le 24/10/19
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4- En direct du One Planet Summit 2019 : la nature représente 30 % des solutions et reçoit 2 % des investissements, Novethic, 24/10/19
Ce 24 octobre, Bercy accueille le troisième One Planet Summit, un événement imaginé par Emmanuel Macron en 2017 pour mobiliser la finance au service du climat. Cette troisième édition a pour thème l'accélération de la "Blended Finance". C'est-à-dire la capacité de la finance publique à investir dans des projets nouveaux et originaux afin d'attirer des capitaux privés.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.novethic.fr/actualite/finance-durable/isr-rse/en-direct-du-one-plant-summint-2019-pousser-la-blended-finance-pour-sauver-le-climat-147841.html>
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5- Léonard de Vinci (en plus d’être un génie) était un vrai écolo, L’Obs, 25/10/19, 10h44
Arnaud Gonzague
Parmi la cohorte d’ouvrages qui célèbrent les 500 ans de la mort du génie toscan, on en a remarqué un, coécrit par Allain Bougrain-Dubourg, qui célèbre un Léonard végétarien et fanatique de biodiversité.
On a dit, et redit combien Léonard de Vinci, dont on fête les 500 ans de la disparition cette année, était un génie précurseur de la modernité. Modernité à la fois technologique – les machines sorties de son imagination préfigurent avec quatre siècles d’avance les avions et hélicoptères – et modernité de mœurs – les personnages de ses toiles sont tous d’une grâce très genderfluid. Ce qu’on ne note sans doute pas assez, c’est à quel point Vinci, en bon intellectuel de la Renaissance, était en adoration devant la nature.
Ecolo, Leonardo ? C’est en tout cas sur ce point qu’insiste l’un des innombrables ouvrages consacré au génie toscan et qui vient de paraître, « Léonard de Vinci et la Nature » (Editions Ouest-France), coécrit par l’ornithologue Allain Bougrain-Dubourg (avec Patrick Scheyder et Francis Hallé).
Pour le peintre, qui a passé sa jeunesse dans la campagne toscane (son père adoptif était paysan), qui se déclarait promeneur forcené, fanatique de chevaux et d’oiseaux et qui s’abstenait de manger de la chair animale (ce que l’on qualifiait alors de régime « pythagoréen »), la nature était une source inépuisable d’ébahissement. Il suffit de regarder ses fameux carnets à dessins (où il écrivait ses remarques à l’envers, de droite à gauche) : ils débordent de croquis de branches, de racines, de rochers, de tourbillons aqueux, de feuilles, d’astres…
>> Suite à lire à :
<https://www.nouvelobs.com/planete/20191025.OBS20286/leonard-de-vinci-en-plus-d-etre-un-genie-etait-un-vrai-ecolo.html>
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6- Reportage. Les catholiques brésiliens face au défi Bolsonaro, M Le Mag, 26/10/19, 05h50
Bruno Meyerfeld (Rio de Janeiro)
Depuis l’élection de Jair Bolsonaro, l’Église catholique est en crise au Brésil. Alors que les prêtres progressistes dénoncent la politique gouvernementale, les intégristes se rapprochent des plus hautes sphères du pouvoir.
Et soudain, au beau milieu de la messe, le père Gegê s’interrompt. « Maintenant, la conversation va commencer ! », déclare ce colosse noir de 52 ans, officiant à l’église du prophète São Daniel de Rio de Janeiro. « À votre avis, pourquoi des groupes religieux et non religieux sont-ils opposés au synode [consacré à l’Amazonie et organisé au Vatican du 6 au 27 octobre] ? » Rires, murmures, brouhaha.
> Lire aussi L’Amazonie met l’Eglise catholique au défi du changement
Une paroissienne, marcel bleu et queue-de-cheval, se lève et prend le micro : « La déforestation, ça existe depuis longtemps ! Tout ça, c’est de la faute du capitalisme, de tous ces gens qui ne pensent qu’à l’argent ! », souligne-t-elle. Une autre dame l’interrompt, pas tout à fait d’accord. Assis sur un banc de bois parmi ses ouailles, le curé écoute, surveille les échanges, avant de conclure, de sa belle voix grave : « Les marginalisés sont l’espoir de l’Église ! »
À peu de chose près, on se croirait dans une assemblée générale gauchiste. Et pourtant, ce 13 octobre, c’est bien à un office dominical qu’on assiste. Ici, dans la favela de Manguinhos, la foi est un acte politique, dont témoigne l’histoire des lieux. Inaugurée en 1960, la São Daniel est un projet d’Oscar Niemeyer, l’architecte bâtisseur de Brasilia, qui n’a jamais renié ses convictions communistes. Tout un symbole et tout un syncrétisme : le bâtiment a la forme ronde d’une hostie et les murs rouges, couleur de la révolution.
À l’intérieur, sur un tableau, on a punaisé des citations « cathos de gauche », dont une célèbre de Dom Hélder Câmara, l’« évêque des bidonvilles », mondialement connu : « Quand je donnais à manger aux pauvres, on m’appelait un saint. Quand j’ai demandé pourquoi ils sont pauvres, on m’a traité de communiste. »
Mais en ce début d’été carioca, dans cette favela pauvre et violente du nord de Rio, les temps glorieux semblent bien loin. Le toit de la chapelle est rafistolé avec un peu de tôle. Victimes du temps et des termites, les murs s’effritent à vue d’œil. Et les beaux vitraux posés à l’inauguration ont disparu depuis des lustres.
En face de l’Église s’est même installée une « boca de fumo », point de vente local de drogue, de crack et de marijuana bon marché. En plein jour, des jeunes hommes font le guet, armés de fusils. Sur le parvis, le panneau de signalisation annonçant la São Daniel est criblé d’impacts de balles. Plus inquiétant pour l’Église catholique, en ce jour de messe, la petite paroisse est à moitié vide, accueillant pour l’essentiel des enfants et des personnes âgées.
Alors que le Brésil vit depuis un an à l’heure de l’extrême droite, avec le président Jair Bolsonaro (PSL) au pouvoir, « il est devenu infiniment plus difficile de tenir un discours progressiste, regrette le père Gegê, Geraldo José Natalino de son vrai nom. Beaucoup de gens à Manguinhos ont voté Bolsonaro. Et pas mal ne viennent plus à ma messe à cause de mes orientations politiques. »
Première nation catholique
Désertée, fissurée, São Daniel s’écroule, à l’image du catholicisme brésilien. Avec 123 millions de fidèles, le pays demeure certes la première nation catholique du monde, selon l’expression consacrée. Mais pour combien de temps ? Entre 1970 et 2010, leur part dans la population s’est effondrée de manière spectaculaire, passant de 95 % à 61 %, au profit des protestants évangéliques, qui rassemblent désormais près d’un Brésilien sur quatre. Selon les démographes, l’Église romaine aurait perdu en moyenne 1 % de fidèles par an depuis le début des années 1990. À ce rythme, les catholiques pourraient devenir minoritaires d’ici à une dizaine d’années.
Que s’est-il donc passé ? Il n’y a pas si longtemps, l’Église brésilienne était hégémonique, auréolée même, et son nom associé à la « théologie de la libération », ce courant de pensée qui irrigua l’Amérique latine des années 1960 aux années 1980, promouvant un clergé populaire, social, se battant contre les juntes militaires et pour l’amélioration des conditions de vie des plus modestes.
Durant son interminable dictature (1964-1985), le Brésil fournit au mouvement parmi ses plus brillants leaders. Il y eut, bien sûr, Dom Hélder Câmara, archevêque de Recife et d’Olinda, petit homme au dos voûté et aux cernes marqués, doté d’un charisme empathique exceptionnel, qui incarna cette « Église des pauvres ». Mais il y eut aussi, Leonardo Boff, tête pensante de la théologie nouvelle, ou encore José Maria Pires, premier évêque noir du Brésil, et, surtout, le courageux Paulo Evaristo Arns, « cardinal des droits de l’homme », archevêque de São Paulo, qui ne cessa de s’opposer à la dictature et documenta minutieusement ses crimes.
Défendre les droits humains
Durant ces années de plomb, l’Église devient « la plus grande force d’opposition »au régime, « unique institution qui pouvait critiquer le modèle économique et la répression, défendre les droits humains et organiser les classes populaires », selon les mots de l’historien américain Scott Mainwaring dans son ouvrage The Catholic Church and Politics in Brazil, 1916-1985 (Stanford University Press, non traduit).
Le clergé est alors sur tous les fronts. À São Paulo, les « pastorales populaires » appuient les grèves des sidérurgistes. En Amazonie, les prêtres protègent les Indiens des exactions de l’armée. Dans le Nordeste, la Commission pastorale de la terre (CPT) prend parti pour les petits paysans contre les fazendeiros, les grands « propriétaires fonciers ».
Surtout, sous la protection de l’Église, se multiplient les communautés ecclésiales de base (CEB) : des groupes de discussion, espaces de liberté exceptionnels, réunissant laïcs et religieux, afin de débattre et de travailler à l’amélioration de la vie des plus miséreux. À leur apogée, on comptera jusqu’à 80 000 CEB, disséminées à travers tout le Brésil, réunissant 3 à 5 millions de membres.
L’Église paiera le prix de son engagement. Plusieurs religieux seront torturés, emprisonnés, ou assassinés par les commandos de la mort du régime. Surtout, elle subira les foudres du Saint-Siège. Intronisé en 1978, Jean-Paul II ne supporte pas ce clergé brésilien, trop à gauche et trop indépendant à son goût. Brutalement, les évêques « rouges » sont convoqués au Vatican, forcés à l’autocritique, relevés de leurs fonctions et souvent remplacés par des clercs dociles.
Vague pentecôtiste
En 1985, Câmara lui-même est débarqué, remplacé par un ultraconservateur. Désarçonnée, l’Église ne peut résister à la vague pentecôtiste qui submerge le pays au sortir de la dictature, sur fond d’urbanisation, d’un clergé vieillissant et de pasteurs charismatiques promettant richesse et rédemption. Malgré tout, « l’Église était parvenue à rester au premier échelon du pouvoir, représentée par des ministres, sous la droite comme sous la gauche », explique Flávio Sofiati, sociologue des religions à l’université fédérale de Goiás.
C’était avant Bolsonaro. Né catholique mais « baptisé » en 2016 dans les eaux du Jourdain par un pasteur évangélique, le nouveau chef de l’État s’est entouré pour gouverner de pasteurs pentecôtistes. « Aujourd’hui, pour la première fois, le clergé est exclu du gouvernement. C’est totalement nouveau pour lui ! », insiste le chercheur.
Pour une petite partie de l’Église, l’arrivée au pouvoir de Bolsonaro a pourtant tout d’une aubaine. Séduits par son slogan « Le Brésil au-dessus de tout, Dieu au-dessus de tous », « beaucoup de religieux traditionalistes ou conservateurs, longtemps marginalisés, le soutiennent et ont fait campagne pour lui en 2018 »,rappelle Flávio Sofiati.
> Lire aussi « Le Brésil, possible laboratoire mondial du néo-libéralisme autoritaire »
Le plus célèbre de ces « prêtres bolsonaristes » est sans nul doute le père Paulo Ricardo de Azevedo Júnior. À 51 ans, cet homme au crâne dégarni, officiant dans le Mato Grosso, est un partisan de la première heure du chef de l’État et disciple d’Olavo de Carvalho, astrologue et gourou de l’extrême droite, résidant en Virginie, aux États-Unis.
Suivi en ligne par des centaines de milliers de followers, ce dernier mène de posts en vidéos une véritable croisade contre l’avortement, le féminisme, le « marxisme culturel »… et pour la libéralisation du port d’arme. « L’Église n’est pas pacifiste (…) la légitime défense est chrétienne, morale, parfaite », a déjà déclaré le père Ricardo, n’hésitant pas à l’occasion à poser, en soutane, un fusil à la main.
Prêtres traditionalistes et Opus Dei
Jair Bolsonaro a également reçu la bénédiction du sulfureux Centre Dom Bosco. Fondé à Rio en 2016, le « CDB », qui se présente comme un simple « think tank », est considéré par ses adversaires comme le point de ralliement des catholiques intégristes du pays. Outre des cours de théologie et de latin, dispensés par des prêtres traditionalistes et des membres de l’Opus Dei, le « Dom Bosco » édite un journal, O Universitário, et dispose également d’une librairie en ligne et de militants fidèles, prêts à battre le pavé pour organiser manifestations et prières de rues.
Objectif officiel : rien de moins que la « rechristianisation du Brésil » et le retour au Moyen-Âge, « une ère véritablement éclairée où la foi jouait un rôle central »,selon les mots de l’avocat Pedro Affonseca, président du CDB, cité par la revue Epoca [contacté, ce dernier n’a pas souhaité répondre aux questions de M]. Marginal, le CDB a pourtant ses entrées à Brasilia. Aux élections de 2018, le centre catholique a réussi l’exploit de faire élire comme députée à l’Assemblée l’une de ses fondatrices, Chris Tonietto, 28 ans, et ce, grâce au soutien de choix de Flávio Bolsonaro, sénateur et fils du président.
« Catholiques jujube »
Parmi les personnalités influentes liées au Dom Bosco et proche du pouvoir, on trouve aussi Bernardo Küster, communicant et youtubeur à succès, à l’épaisse barbe noire, pourfendeur des « prêtres écosocialistes » et des « catholiques jujube » (du nom de ce fruit supposé fade et sans goût). Ce dernier assure disposer de l’appui tacite de nombreux évêques haut placés, il s’est déjà affiché en compagnie du ministre des affaires étrangères Ernesto Araújo, catholique fervent et, lui aussi, disciple d’Olavo de Carvalho.
> Lire aussi Au Brésil, le drôle de jeu d’un conseiller de Bolsonaro, entre insultes et provocations
« Beaucoup de pères et principalement d’évêques pensaient et continuent de penser que l’Église est d’abord là pour résoudre d’abord les problèmes sociaux. Ce sont des bêtises. Ce que l’être humain veut et dont il a besoin, c’est de Jésus-Christ ! », déclare Bernardo Küster par écrit à M, accusant la théologie de la libération d’avoir « désacralisé les messes, découragé les vocations, perverti les ordres sacrés » et appelant Bolsonaro, né catholique, à « donner de la voix aux aspirations des fidèles de l’Église romaine, qui reste la fondatrice du Brésil, de la Terre de la Sainte-Croix [nom originel du pays donné par les colons portugais] ».
Face à l’offensive des traditionalistes, les combattants de la théologie de la libération, aguerris mais âgés, résistent de toutes leurs forces. Çà et là, depuis un an, à l’image du père Gegê, des religieux célèbrent des offices dénonçant la politique du gouvernement, appelant même parfois à la libération de l’ex-président Lula, incarcéré pour corruption.
L’événement le plus spectaculaire a eu lieu le 12 octobre, jour sacré comme aucun autre au Brésil, car célébrant Notre-Dame d’Aparecida, la sainte patronne du pays. L’archevêque Orlando Brandes, protecteur du sanctuaire où repose la statue de la Vierge noire, a alors sorti l’artillerie et tiré à boulets rouges sur ses adversaires : « Nous avons [au Brésil] le dragon du traditionalisme ! La droite est violente et injuste ! On fusille le pape, le synode, le concile de Vatican II. On dirait que nous ne voulons plus de la vie ! On dirait que nous ne voulons plus de la vie ! », a déploré le prélat, sous les objectifs de toutes les caméras du pays.
Faudrait-il donc reprendre les chemins de la lutte, comme au temps des jours sombres ? Le clergé est divisé. « L’Église ne pourra jamais soutenir un président qui défend des crimes odieux tels que la torture, l’homophobie, les milices, l’invasion de terres indigènes », pourfend Frei Betto, dominicain et écrivain, icône de la théologie de la libération, emprisonné quatre années par la junte, rappelant que, « nous tous, chrétiens, sommes les disciples d’un prisonnier politique, Jésus de Nazareth (…), arrêté, torturé, interrogé et condamné à mort par deux puissances politiques ».
Le pape, arbitre suprême
De son côté, Mário Antônio da Silva, évêque de l’État amazonien de Roraima et membre haut placé du clergé, se montre plus prudent : « Le président, disons-le de manière chrétienne, a nos prières. Mais nous l’interpellons pour qu’il s’occupe de la population et ne menace pas les droits acquis. Il faut que la campagne électorale cesse et que le gouvernement utilise son mandat pour le bien commun du pays. »
Arbitre suprême, le pape François se garde bien de prendre parti ou d’attaquer le président brésilien. Début mai, toutefois, un brin provocateur, il s’est permis d’envoyer une lettre personnelle à Lula, écrivant : « Le bien vaincra le mal, la vérité vaincra le mensonge. » Un appui implicite à l’ex-métalo, bête noire de Bolsonaro.
> Lire aussi Lula : « Bolsonaro est d’abord le résultat d’un rejet de la politique »
Pourtant convoqué dès 2017, le synode sur l’Amazonie, axé sur la préservation de l’environnement et le sort des peuples indigènes, est également perçu par bien des observateurs comme un acte d’opposition, à l’heure où la déforestation, les incendies et les invasions de terres autochtones ont explosé dans le « poumon de la planète ».
« Bergoglio [le nom civil du pape François] n’a jamais adhéré à la théologie de la libération, même quand il était archevêque de Buenos Aires. Mais depuis qu’il est pape, il favorise le dialogue et un rapprochement avec les pauvres et les périphéries, estime Celso Pinto Carias, théologien et coordinateur des 20 000 dernières communautés de base du pays, héritées de la lutte contre la dictature. Il ne dit rien d’ostensible. Mais sans son appui tacite, aujourd’hui, nous, les progressistes, on serait la minorité d’une minorité au Brésil. »
Clé de voûte du catholicisme national, la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB), fondée en 1952 par Dom Hélder Câmara, prône une voie médiane. Depuis un an, elle a adressé plusieurs « lettres au peuple » prenant parti contre les coupes budgétaires dans l’éducation, la réforme des retraites ou la libéralisation du port d’arme – ce qui lui vaut d’être taxée de « communiste » par l’extrême droite.
Au mois de mai, lors de la 57e assemblée générale, les 301 évêques du pays se sont choisi comme président le très tempéré Dom Walmor Oliveira, archevêque de Belo Horizonte (Minas Gerais). « Le scrutin a signé la victoire des modérés, encore très majoritaires au CNBB, décrypte Francisco Borba Ribeiro Neto, coordinateur du cercle Foi et Culture à l’université pontificale de Rio (PUC). Walmor est un conciliateur. Dans le Minas [où les catholiques résistent mieux qu’ailleurs à la pression des évangélistes], il y a en même temps des conservateurs et des pères de gauche, qui arrivent à se parler et à discuter. Il a su préserver cette unité, si importante pour l’Église. »
Un pays coupé en deux
Mais tous ne croient pas aux chances du sobre Dom Walmor. Selon les pointages des sondeurs, Jair Bolsonaro aurait obtenu 50,08 % des voix chez les catholiques brésiliens (contre 66 % chez les évangéliques, et 55 % au niveau national), à quasi-égalité avec le candidat de gauche Fernando Haddad. La communauté, à l’image d’un pays coupé en deux, est polarisée comme jamais. Et la bataille pour l’intégrité de l’Église pourrait être celle de l’unité du pays. « Au Brésil, l’Église catholique, de toutes les communautés, est celle qui reflète le mieux l’état de la société », avec ses contradictions et ses divisions, note M. Neto.
À Manguinhos, envers et contre tout, nul ne compte renoncer à ses idéaux. « La théologie de la libération n’est pas morte. Elle reste vivante, dynamique. Elle n’est pas congelée dans les années 1970, il faut la repenser pour l’adapter au XXIe siècle, par exemple sur la question de la préservation de l’environnement, de la place des femmes et des Noirs », assure le père Gegê. Autant de valeurs qui, croit-il, permettront de lutter contre « l’ignorance radicale de ce régime de l’absurde ».
Midi sonne. La messe est finie. Gegê ferme les portes de sa paroisse. Au loin, dans le ciel bleu, par-delà les toits de la favela, on aperçoit le Christ rédempteur, posé sur le Corcovado, le dos tourné à la zone nord de Rio et à la Saõ Daniel. Comme si, dans cette période troublée, lui aussi préférait détourner le regard.
> Lire aussi Incendies en Amazonie : « Le bolsonarisme apparaît dans toute sa puissance destructrice »
<https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/26/les-catholiques-bresiliens-face-au-defi-bolsonaro_6016969_4500055.html>
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7- Le pape veut stopper les "prédateurs" qui "défigurent" l'Amazonie, AFP, 27/10/19, 13:00
Françoise Kadri
Le pape François a appelé les chrétiens à stopper l'action des "prédateurs" qui "défigurent" l'Amazonie, estimant qu'il faut cesser d'"infliger des blessures à nos frères et à notre soeur terre", lors d'une messe marquant la fin d'un synode consacré à la région.
"Les erreurs du passé n'ont pas suffi pour qu'on arrête de détruire les autres", a déclaré dimanche le pontife, dans son homélie prononcée devant les 184 évêques et cardinaux d'Amazonie et des dizaines de missionnaires et représentants de peuples indigènes.
"Nous l'avons vu dans le visage défiguré de l'Amazonie", a-t-il condamné, au terme d'un synode (assemblée des évêques) de trois semaines qui a publié samedi un document dénonçant comme "un péché écologique" l'exploitation des bois précieux, l'extraction minière et l'agriculture intensive (soja, élevage bovin) qui détruisent la forêt amazonienne.
Se montrant soucieux, comme pendant le synode, de mettre en valeur les coutumes indigènes, François a dénoncé tout ceux qui considèrent les autres comme "des déchets", qui "méprisent leurs traditions, effacent leurs histoires, occupent leurs territoires, usurpent leurs biens".
Ces "prétendues supériorités se transforment en oppressions et exploitations", a-t-il estimé, critiquant ces "chrétiens (qui) vont à la messe le dimanche" mais ne pensent qu'à leurs intérêts, et appelant à "ne pas nous considérer supérieurs, ne pas devenir cyniques et moqueurs".
Rappelant l'humilité des indigènes d'Amazonie, il a souligné qu'aux yeux de Dieu, "les pauvres sont +les portiers du ciel+, ce sont eux qui nous ouvriront toutes grandes, ou non, les portes de la vie éternelle, eux qui se ne sont pas vus comme des patrons en cette vie".
Pour le pape, le synode a permis d'écouter "les voix des pauvres et de réfléchir sur la précarité de leurs vies, menacées par des modèles de développement prédateurs". "Beaucoup nous ont témoigné qu'il est possible de regarder la réalité différemment, en l'accueillant à mains ouvertes comme un don, en considérant la création, non pas comme un moyen à exploiter, mais comme une maison à protéger", a dit le pape.
- "Le cri des pauvres" -
Au moment de l'Angélus, le pape a souligné que l'Evangile évoque "le pauvre qui +traverse les nuages+ parce que +Dieu écoute la prière de l'opprimé+". "Le cri des pauvres et celui de leur terre nous est parvenu d'Amazonie. Après trois semaines, nous ne pouvons pas faire semblant de ne pas l'avoir entendu", a dit le cardinal argentin, Jorge Bergoglio, premier latino-américain à être pape.
Il a rappelé que "la voix des pauvres" s'est faite entendre pendant le synode et à l'extérieur, exprimée par les missionnaires, les jeunes, les scientifiques qui étudient l'Amazonie. "Ils nous poussent, nous ne pouvons pas être indifférents. La phrase +plus tard, il sera trop tard+ ne peut pas rester uniquement un slogan".
Dans le document final du synode, les évêques demandent au pape la création d'observatoires locaux pour stopper la destruction de l'Amazonie ainsi que l'établissement d'un fonds mondial pour protéger les autochtones et favoriser le développement durable.
Les "pères synodaux" y font aussi des propositions audacieuses pour renforcer la présence catholique dans une région en manque criant de prêtres et où elle est concurrencée par les Eglises évangéliques protestantes.
En particulier, ils demandent à titre exceptionnel pour l'Amazonie de pouvoir ordonner prêtres des hommes mariés et de donner l'accès du diaconat (possibilité de célébrer des sacrements, sauf l'eucharistie et la confession, réservées aux prêtres) aux femmes, dont le rôle est essentiel dans les tribus amazoniennes.
Le pape ne s'est pas prononcé immédiatement sur ces idées qui seraient un casus belli pour les milieux catholiques traditionnalistes.
Mais il a invité dès samedi à faire "preuve de créativité" et, pendant l'Angélus, il a appelé à "prendre le large, non pas dans les eaux marécageuses des idéologies, mais dans la mer ouverte (pour y) jeter nos filets. Prendre le large, c'est se remettre en jeu dans la nouveauté, sortir des schémas tout faits".
Le pape a promis de répondre aux demandes du synode, dans une exhortation apostolique, "d'ici la fin de l'année".
<https://pressfrom.info/fr/actualite/monde/-267161-le-pape-veut-stopper-les-predateurs-qui-defigurent-lamazonie.html>
Sur le même sujet :
> Amazonie : cesser "d'infliger des blessures à notre sœur terre", demande le pape <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/amazonie-cesser-d-infliger-des-blessures-a-notre-soeur-terre-demande-le-pape_138610>, AFP, 27/10/19, 12:00
> L'Amazonie, à cheval sur neuf pays <https://www.geo.fr/environnement/lamazonie-a-cheval-sur-neuf-pays-198316>, AFP, 27/10/19, 13:00
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8- Le mythe du bioplastique : dernier piège du capitalisme vert ?, Mr Mondialisation, 27/10/19
C’est souvent ce que nous avons au milieu du visage que nous voyons le moins. De plus en plus de gens se rendent compte de la sur-abondance du plastique dans notre quotidien. Il est apparu il y a moins d’un siècle pourtant. Sur le papier, les bioplastiques sont présentés par les industriels comme une alternative vitale à ce fléau. Mais en pratique, ces « technologies » multiples n’offrent pas vraiment les effets escomptés. Bioplastique, nouveau piège du capitalisme vert ?
Le plastique, un mal qui n’est plus à démontrer
On ne va pas y revenir. On sait que le plastique, quelle que soit la forme, ne se recycle qu’un nombre limité de fois, et qu’une partie est perdue à chaque cycle. Ainsi, sur une échelle de temps long, le plastique finit toujours sa course dans les incinérateurs, donc dans l’atmosphère sous forme de CO2, ou bien dans les océans. Il n’est pas durable par définition et participe à la destruction du vivant en particulier sous sa forme à usage unique.
Tout le monde a entendu parler du septième continent, une soupe de plastiques qui flotte au milieu de l’océan Pacifique. Mais le plastique visible n’est que la partie émergée de l’iceberg. 93% de l’eau en bouteille de PET (polytéréphtalate d’éthylène) présente des signes de contamination micro-plastique. On en trouve jusque dans le thé que nous buvons. Ces plastiques sont stockés par notre corps, gonflant peu à peu une bombe sanitaire des perturbations endocriniennes. Les animaux ne font pas exception.
Il est donc logique de vouloir inventer de nouveaux plastiques, qui seraient naturels, cette fois. Et c’est vrai, produire un plastique non pétrochimique résoudrait d’ores et déjà le problème des plastiques synthétiques qui polluent les milieux naturels, puisque ce seraient des matières naturelles qui se retrouveraient dans la nature. Dans les faits, ce n’est pas si simple…
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/le-mythe-des-bioplastiqale-mythe-du-bioplastique-dernier-piege-du-capitalisme-vert-ues-et-autres-fausses-solutions/>
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9- [Bonne nouvelle] Ethi'kdo, une carte cadeau avec des enseignes 100 % écologiques et solidaires, Novethic, 27/10/19
Marina Fabre
Vous manquez d'air à l'idée de choisir les cadeaux pour vos proches à Noël ? Ethi'Kdo pourrait bien vous soulager. Cette coopérative vient de lancer une carte cadeau avec des acteurs de la consommation responsable. Label Emmaüs, Rejoué, 1083, WeDressFair... cette carte ne propose que des enseignes responsables et solidaires. Et si vous n'avez besoin de rien, vous pouvez aussi transformer votre cadeau en don à une association !
C’est l’anniversaire d’un ami. Vous hésitez entre un vase vu sur le Label Emmaüs, un roman de chez Recyclivre ou une robe de chez We Dress Fair ? Avec la carte Ethi’Kdo vous n’avez plus à choisir. Cette nouvelle carte cadeau, développé par des acteurs français de la consommation responsable, a sélectionné des enseignes 100 % écologiques et solidaires. C’est "la première carte cadeau multi-enseignes à impact positif", assure Ethi’Kdo
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/bonne-nouvelle-ethi-kdo-une-carte-cadeau-avec-des-enseignes-100-ecologiques-et-solidaires-147852.html>
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10- A quoi servent les riches ?, Le Monde, maj le 28/10/19 à 06h03
Véronique Chocron
Partout dans les pays industrialisés, la colère monte contre les plus fortunés. Mais quelle est leur légitimité économique ? Si leur épargne constitue l’un des moteurs de la croissance, leur contribution à l’accroissement des inégalités met en danger la cohésion sociale.
Même le Forum économique de Davos (Suisse), temple des puissants de ce monde, n’est plus hermétique au grand débat du moment sur l’utilité des grandes fortunes et le bien-fondé d’une taxation massive des ultrariches.
Au cours d’une conférence organisée lors de la dernière édition, en janvier, le patron du géant informatique Dell fustigeait l’idée d’un impôt à 70 % sur les revenus de plus de 10 millions de dollars (9 millions d’euros), proposée par une parlementaire américaine, la démocrate Alexandria Ocasio-Cortez. Un tel niveau de prélèvement ne pourrait « pas aider la croissance américaine ». « Citez-moi un seul pays où cela a jamais marché ? », a-t-il lancé, narquois…
« Aux Etats-Unis », a rétorqué son voisin de gauche, l’économiste américain Erik Brynjolfsson, jetant ainsi un froid dans l’assistance. Ce professeur à la MIT Sloan School of Management (Cambridge, Massachusetts) a alors rappelé que « des années 1930 aux années 1960, le taux moyen des taxes approchait les 70 % (…) et c’était une bonne période pour la croissance économique ».
> Lire aussi « Chaque année, Davos nourrit tous les fantasmes de la mondialisation. En 2019, c’est celui de la fin d’un modèle »
Les échanges sur la concentration de la richesse, atout ou obstacle pour l’économie, agitent ces derniers mois la société française, depuis les « premiers de cordée » vantés par Emmanuel Macron, la controverse française sur la théorie du ruissellement (selon laquelle les revenus des plus riches, réinvestis dans l’économie, contribuent à la croissance et à l’emploi), jusqu’au large écho autour du nouveau livre de l’économiste Thomas Piketty, Capital et idéologie (Seuil, 1 232 pages, 25 euros), manifeste pour un nouvel horizon égalitaire. Comme un écho à la colère des « gilets jaunes », qui se retrouvaient tous autour de la nécessité de rétablir en totalité l’impôt sur la fortune en France.
+ Infographie : Part du revenu national capté par les 1% d’individus les plus riches, en % <https://img.lemde.fr/2019/10/25/0/0/1068/951/688/0/60/0/83927b1_xUaNKGF2EjPBEQrhCmVQghq2.png>
Qu’est-ce qu’être riche ?
Un écueil fondamental mine toutefois le débat : personne en France ne s’accorde sur la définition de la richesse. « Cette question-là n’intéresse personne, souligne Louis Maurin, le directeur de l’Observatoire des inégalités. Il existe des tonnes de littérature sur le seuil de pauvreté, mais l’Insee [Institut national de la statistique] ne calcule pas de seuil de richesse. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de demande sociale forte. Les riches n’ont pas intérêt à dire qu’ils le sont : pour ne pas avoir à faire preuve de solidarité, mieux vaut se dire de la classe moyenne supérieure. »
> Lire aussi : Louis Maurin : « Il y a de bonnes raisons de trouver la société française très inégalitaire »
Qu’est-ce qu’être riche ? Pour Louis Maurin, on franchit le seuil à partir de deux fois le revenu médian, soit 3 500 euros par mois, un niveau proche du seuil des 4 000 euros avancé par François Hollande en 2007.
Mais bien loin de la définition des institutions financières, qui, à l’image de BNP Paribas, ouvre les portes de son service de « banque privée » à partir de 250 000 euros d’avoir financiers. La maille est plus serrée encore pour le cabinet de conseil Capgemini, auteur chaque année d’un rapport sur la richesse mondiale (« World Wealth Report »). Il définit la richesse à compter de 1 million de dollars (900 000 euros) d’actifs à investir, hors résidence principale et œuvres d’art. Une fortune qui se construit « surtout par le travail », note Ferréol de Naurois, chez Capgemini.
L’Insee reconnaît qu’il « ne définit pas les riches ». « Il existe un seuil de pauvreté car la France a un objectif de lutte contre la pauvreté. Il n’existe pas d’objectif politique concernant la richesse », précise l’institution. Il a fallu attendre le début de cette décennie pour que l’Insee réalise sa première étude sur « les très hauts revenus », réactualisée en 2018.
Qu’y apprend-on ? Que les 1 % de Français les plus aisés (le top 1 %) a perçu en 2015 plus de 106 000 euros de revenu (par unité de consommation), avant impôt et prestation sociale. Les 1 % des ménages les mieux dotés en patrimoine brut possèdent, quant à eux, plus de 1,9 million d’euros, montant qui inclut la résidence principale, les éventuelles résidences secondaires, les revenus fonciers ou encore les actifs financiers et professionnels pour les indépendants.
+ Infographie : Qui sont les 1% des Français les plus riches ? <https://img.lemde.fr/2019/10/25/0/0/1068/928/688/0/60/0/70d0abc_wPE5awjMtOheC_oClTlIW5OR.png>
Le capitalisme familial contribue pour une bonne part à ces très hauts patrimoines. A l’image de la clientèle fortunée de la petite banque privée Meeschaert : des patrons de PME, baby-boomers, qui ont fait fructifier leur petite entreprise pendant les « trente glorieuses » et ont « matérialisé un patrimoine » de plusieurs millions d’euros au moment de passer la main.
« S’il n’existe pas de seuil de richesse, c’est en raison de l’énorme hétérogénéité du monde des grandes fortunes », estime, de son côté, la sociologue Monique Pinçon-Charlot, en soulignant, dans le classement Challenges des 500 premières fortunes de France, l’écart entre le premier du classement, Bernard Arnault (90 milliards d’euros) et le dernier, le célèbre pâtissier Pierre Hermé (155 millions d’euros), près de 600 fois moins riche.
+ Infographie : Taux d’imposition moyen sur le revenu <https://img.lemde.fr/2019/10/25/0/0/1068/1188/688/0/60/0/123c84e_AfagENhM4D6U3y3NgPqDHiat.png>
Un niveau d’épargne élevé
Contre toute attente, la richesse extrême n’a parfois rien d’ostentatoire. C’est depuis un immeuble sans cachet de l’artère principale de Neuilly-sur-Seine que Robert Peugeot dirige l’une des plus prospères « family offices » de France, ces sociétés consacrées au développement du patrimoine d’une grande famille.
Ce descendant de la huitième génération des Peugeot est chargé de placer l’argent de plus de soixante héritiers de l’entreprise familiale qui fit fortune dans l’automobile. Depuis la salle du conseil, austère avec ses longs rideaux gris et ses vitrines arborant des perceuses et des moulins à poivre fabriqués par la maison, sont arbitrés les investissements des héritiers Peugeot, un portefeuille de quelque 5 milliards d’euros d’actifs à dominante industrielle, à l’image des participations prises en direct dans l’équipementier Safran ou le spécialiste de l’électroménager SEB, sans oublier les 12,2 % dans le capital de Peugeot SA.
« Ce que nous faisons est à l’opposé d’une histoire de rente, affirme Robert Peugeot. Nous voulons que nos investissements permettent le développement économique des entreprises sur le long terme. Nous avons le sentiment d’être utiles. »
C’est le premier argument des économistes étiquetés libéraux en faveur de la concentration des richesses : les riches ont un niveau d’épargne élevé, qu’ils sont à même de mobiliser et de placer pour financer l’économie.
« La théorie du ruissellement est très fragile, car si les dépenses des riches créent des débouchés pour l’économie, c’est tout autant le cas de l’impôt, qui lui aussi sera dépensé. Mais ce qui milite en faveur des riches, c’est leur capacité d’épargne, et donc d’investissement », affirme Jean-Marc Daniel, économiste et professeur émérite à l’école de commerce l’ESCP Europe. Or, selon François Bourguignon, qui fut économiste en chef de la Banque mondiale, c’est l’épargne qui alimente la croissance et le progrès. Et dans une économie de marché, ni le crédit ni l’Etat ne peuvent remplacer cette mise de fonds initiale.
+ Infographie : Un exemple : les investissements des entrepreneurs fortunés dans le monde <https://img.lemde.fr/2019/10/25/0/0/1068/2233/688/0/60/0/82ea9b8_OfF3O5JPArpKujK5UJJJeuAo.png>
« Hollande a dit qu’il n’aimait pas les riches, Mitterrand a été plus subtil en fustigeant “ceux qui s’enrichissent en dormant” », poursuit Jean-Marc Daniel. Il y aurait en quelque sorte les bons et les mauvais riches, ceux dont le patrimoine hérité n’est pas mérité, et reste improductif. Un profil incarné par le jeune duc de Westminster, Hugh Grosvenor, dont la fortune estimée à plus de 12 milliards de dollars repose sur les milliers d’hectares de propriétés foncières qu’il détient au cœur de Londres ou à Hongkong.
> Lire aussi Favoriser les riches pour aider les pauvres ? La « théorie du ruissellement » décryptée
Une situation confortable que l’on retrouve dans nombre d’industries – luxe, pharmacie, banque, télécoms. Grâce à leur puissant lobbying, certaines parviennent à acquérir ce statut de rentier, avec « des positions dominantes qui leur permettent de fixer les prix comme ils l’entendent, et constituent ainsi des rentes », pointe également Patrick Artus, économiste français, directeur de la recherche et des études de Natixis.
De grandes fortunes, en revanche, « parce qu’elles ont eu une idée géniale », ou parce qu’elles soutiennent l’innovation, seraient du bon côté de la barrière. Sans elles, « il y aurait moins de recherche, moins de start-up, moins d’innovation,souligne Patrick Artus. Une croissance plus égalitaire, mais plus faible ».
Influence sur le système politique
« Etre rentier, mettre des barrières à l’entrée, empêcher les concurrents de rentrer sur un marché, c’est la manière Carlos Slim [magnat mexicain des télécoms] d’être riche, résume Philippe Aghion, économiste, professeur au Collège de France. Et puis il y a la manière Steve Jobs, par l’innovation. Si vous taxez de manière excessive, il n’y a pas d’innovation. »
> Lire aussi Thomas Philippon : « Le vrai danger, c’est quand les ultrariches ont un poids politique démesuré »
Jusqu’où la richesse peut-elle s’accumuler et se concentrer, sous l’effet d’une rémunération généreuse du capital, sans perturber la démocratie ? Pour le chercheur en sciences sociales Lucas Chancel, auteur, notamment avec Thomas Piketty, de la plus importante étude récente sur les inégalités dans le monde, le « Rapport sur les inégalités mondiales 2018 », « les écarts de revenus ou de patrimoine peuvent avoir du sens dans une économie de marché, mais ne devrait-on pas organiser un débat démocratique pour déterminer à partir de quel niveau ils deviennent si importants qu’ils pèsent sur le fonctionnement du système politique, par exemple sur le financement des journaux ? »
La suppression par la Cour suprême des Etats-Unis de tout plafond au financement des partis politique (en 2011 et 2014), a eu un effet massif sur la constitution de rentes et de monopoles, estime Philippe Aghion.
L’économiste, qui avait conseillé Emmanuel Macron lors de la présidentielle, et s’est rangé au côté du député (La République en marche) de l’Essonne Cédric Villani en vue de la campagne des municipales à Paris, plaide pour une régulation plus fine du capitalisme. « Il faut s’assurer que ceux qui gagnent grâce à l’innovation n’utilisent pas cet argent pour empêcher d’autres d’innover, et ne bloquent pas l’ascenseur social », avance-t-il.
> Lire aussi Aux Etats-Unis, l’anticapitalisme fait carton plein chez les jeunes démocrates
Même si le rêve américain a fini par se dissiper, le « top » des 500 premières fortunes s’est beaucoup plus renouvelé en vingt ans aux Etats-Unis qu’en France, entretenant l’idée que la mobilité sociale reste possible. « Chez nous, c’est très bourdieusien : les enfants de riches vont dans les grandes écoles, se fréquentent entre eux, les ouvriers n’y ont pratiquement pas accès, poursuit l’économiste. Nous maintenons cet énorme cloisonnement, et nous compensons par la fiscalité. Hollande c’est beaucoup d’impôts, mais tous ses collaborateurs venaient de la promotion Voltaire. »
Impôts pour éviter la concentration des richesses
Thomas Piketty estime, lui, que la progressivité de la fiscalité, qui consiste à relever le taux d’imposition à mesure que le revenu ou le patrimoine augmente, reste pourtant le meilleur moyen d’éviter que les richesses se concentrent au sein des mêmes ménages au fil du temps. Les vertus de l’impôt sont d’ailleurs devenues un sujet-clé des primaires pour la présidentielle de 2020 aux Etats-Unis, où plusieurs démocrates, la favorite Elizabeth Warren en tête, préconisent une plus forte taxation des ultrariches.
> Lire aussi Gabriel Zucman : « Ce que proposent Bernie Sanders et Elizabeth Warren, c’est de taxer les ultrariches »
Face à l’affaiblissement des services publics outre-Atlantique, quelques milliardaires américains ont même donné de la voix pour payer plus d’impôts.
A rebours d’une tendance extrême, sorte de ligne rouge qui voit « les plus fortunés, aux Etats-Unis, ne plus utiliser les infrastructures publiques, et du coup ne même plus vouloir les financer, note Thomas Philippon, professeur de finance à la New York University. Les très riches ne prennent plus l’avion de ligne, ne mettent pas leurs enfants dans les écoles publiques, s’en moquent si les routes et les ponts sont en mauvais état parce qu’ils partent en week-end en hélicoptère ». Une manière, illusoire, d’échapper à l’orage social qui gronde quand les nantis perdent le sens commun.
+ Infographie : Des concentrations de revenus importantes, mais moins qu’à l’étranger <https://img.lemde.fr/2019/10/25/0/0/1068/2099/688/0/60/0/8bb8b87_wbklIuyEeW0e-8wUBMmXXrs6.png>
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/27/a-quoi-servent-les-riches_6017100_3234.html>
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11- Le streaming en expansion, son empreinte écologique aussi, AFP, 28/10/19, 13:00
Stéphane Orjollet
Regarder sa série préférée chez soi sur son ordinateur ou dans les transports sur son portable c'est moins polluant qu'un DVD fabriqué à l'autre bout du monde et livré par coursier comme le faisait Netflix à ses débuts ? Pas si simple, répondent des experts face à l'explosion du streaming.
La situation
Le streaming vidéo occupe aujourd'hui 60,6% du trafic global sur internet, selon le dernier rapport (septembre 2019) de la société canadienne Sandvine, spécialiste des équipements de réseaux. Sur ce total Google (avec YouTube) représente 12%, Netflix 11,44%.
Mais si la diffusion numérique semble dématérialisée, elle n'est pas immatérielle : terminaux, réseaux de stockage et de diffusion, tous consomment de l'énergie.
Soit, selon les calculs du Shift Project, groupe de recherche français qui a publié en juillet un rapport sur "l'insoutenable usage de la vidéo en ligne", l'équivalent annuel pour le seul streaming des émissions de CO2 d'un pays comme l'Espagne, ou 1% des émissions mondiales.
C'est la vidéo à la demande - avec ses géants Netflix ou Amazon et bientôt Apple ou Disney - qui domine, représentant 34% du total (Shift Project). Traduction en équivalent tonnes de CO2: 102 millions, à peu près les émissions annuelles du Chili, pays qui accueille en décembre la grande conférence COP 25 sur le climat!
Viennent ensuite les vidéos pornographiques, 27% du total, les "tubes" internet (21%) et les "autres" usages (18%), notamment le secteur en plein boom des vidéos sur réseaux sociaux.
Le problème
"La vidéo digitale ce sont des fichiers très lourds et qui grandissent avec chaque génération de plus haute définition", relève Gary Cook, qui suit le secteur pour Greenpeace aux Etats-Unis. Ultra HD, 4K, 8K annoncée... les constructeurs rivalisent. Mais "plus de data égale plus d'énergie pour maintenir un système prêt à streamer cette vidéo vers votre appareil dans la seconde".
Car le streaming c'est "un ensemble de ressources numériques mobilisées pour un client regardant une vidéo", contrairement à la télé classique où un émetteur arrose tous les spectateurs, souligne Laurent Lefevre de l'Institut national (français) de recherche en sciences du numérique (Inria). Ce qui "met une grosse pression sur trois axes : l'équipement terminal, les réseaux et les centres de données (data centers)".
D'autant que le consommateur veut un service rapide et sans hoquet. Résultat, "tout le monde est en train de surdimensionner les équipements avec pour conséquence un gaspillage de ressources à tous les niveaux," poursuit le chercheur, également directeur adjoint du groupe EcoInfo du CNRS.
Solutions techniques ou "effet rebond" ?
Les hébergeurs et/ou diffuseurs travaillent beaucoup sur la recherche d'améliorations techniques, par exemple pour le refroidissement des centres de données ou l'encodage pour rendre les vidéos moins "lourdes".
Mais les spécialistes mettent en garde contre le fameux "effet rebond", qui veut que les améliorations des techniques d'utilisation d'une ressource fassent en fait augmenter sa consommation globale.
"L'amélioration technologique crée de nouveaux usages et ces usages influencent" eux-mêmes les produits, comme la vidéo sur les réseaux sociaux qui s'est diffusée dans le marketing, relève ainsi Maxime Efoui-Hess, auteur de l'étude du Shift Project.
Sans compter que la culture technophile de l'illimité (tuyaux ou contenus) comme les algorithmes de recommandation ou les modes "autoplay" encouragent le "binge watching".
L'empreinte écologique du streaming devrait donc croître exponentiellement, d'autant que l'usage d'internet se diffuse toujours plus à travers le monde.
Des pistes pour l'avenir
Un retour en arrière technologique étant exclu, les chercheurs recommandent notamment la sensibilisation.
Pour Gary Cook de Greenpeace "l'exercice de la responsabilité collective, en exigeant des géants de l'internet qu'ils passent rapidement leurs centres de données aux énergies renouvelables a été le principal vecteur de changement jusqu'à présent".
On peut aussi veiller à la consommation au moins d'impact possible, suggère Laurent Lefevre : "Le pire est de regarder sur un téléphone mobile en 3G. Il vaut mieux regarder chez soi avec une connexion en fibre optique".
Le ShiftProject, qui plaide pour un débat sur la "sobriété numérique", a de son côté mis en ligne le "carbonalyser", une extension de navigateur internet qui traduit en équivalent CO2 vos activités sur la toile. "Il faut se mettre dans la position de questionner des usages qui pour l'instant n'ont pas été discutés à titre collectif", estime Maxime Efoui-Hess.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/le-streaming-en-expansion-son-empreinte-ecologique-aussi_138617>
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12- Nicolas Hulot : "Après ce que j’ai vécu, il faudra envoyer du lourd pour me faire vaciller", GQmagazine, Le grand entretien, 28/10/19
Daphné Roulier
Depuis sa démission du gouvernement, il est en quasi-diète médiatique. Mais pour GQ, l’ancien ministre de l’Écologie d’Emmanuel Macron a accepté de revenir sur les raisons de son départ. Touché mais pas coulé, et alors que l’urgence climatique ne cesse de s’affirmer, Nicolas Hulot rêve toujours d’un élan qui dépasserait les frontières partisanes et idéologiques. Mais sans envisager un retour en politique. Pour l’instant.
Etes-vous plus optimiste aujourd’hui que lors de votre démission en août 2018 ?
Ni plus ni moins, je me suis programmé pour ne pas perdre espoir, même si parfois, ça relève de l’acte de bravoure ! Nous sommes dans un moment très particulier de l’histoire de nos sociétés, on avance sur un seuil de crête étroit et le temps nous est compté. Par définition, on peut basculer du bon ou du mauvais côté. Récemment, je suis tombé sur Combien de catastrophes avant d’agir, un livre co-écrit il y a près de 20 ans avec le conseil scientifique de ma fondation : rien n’a changé, du moins dans le bon sens. La seule chose qui m’effraie, c’est le déni de réalité car la réalité n’a pas plusieurs versions, elle nous est livrée par la science et globalement tout le monde s’accorde aujourd’hui sur le diagnostic. Alors, il y a bien sûr ceux dont le quotidien empêche d’entendre ce que la science nous dit.
La société civile n’a toujours pas pris la mesure des enjeux d’après vous ?
C’est difficile de demander à ceux qui sont en proie à des difficultés très concrètes d’être parfaitement lucides face à des enjeux de moyen terme. Je ne leur jette pas la pierre. Mais la lucidité doit être le devoir absolu de celles et ceux qui ont de l’influence, du pouvoir ou des responsabilités. Entre Rio et la COP21, il aura fallu plus de 20 ans pour sceller un diagnostic.
Diagnostic par ailleurs non-contraignant …
Oui, c’est pour cela que j’étais le seul à l’époque à ne pas exulter quand Laurent Fabius a donné son fameux coup de marteau. Ça faisait certes très longtemps depuis Yalta qu’autant d'États n’avaient pas signé un tel document. Mais je savais que cet accord allait nous permettre de nous donner bonne conscience avant de passer à autre chose.
C’est un peu ce qui s’est produit quand vous avez rejoint le gouvernement Macron ? Vous étiez l’alibi rêvé …
Non, car ça supposerait que tout ait été pensé comme ça or ce n’est aussi simple. La conscience écologique, c’est un long chemin que moi-même je n’ai pas fini d’accomplir. Certains en sont au début, d’autres à la fin. Mais c’est vrai qu’il y a chez beaucoup d’élites, le sentiment que le progrès, la technologie ou l’économie nous sauveront de tout. Par ailleurs, le politique est confronté à ce que certains économistes appellent “la tragédie des horizons”, c’est-à-dire la confrontation du court et du long terme. Il est également sous le feu permanent d’injonctions contradictoires. Et la pression du court terme est énorme. Si elle n’est pas satisfaite rapidement, chacun peut - avec les réseaux sociaux- paralyser un pays, il faut le savoir. Il ne s’agit pas d’exonérer les politiques mais on ne peut pas les rendre responsables de tous les maux. Nous sommes dans une crise systémique, c’est donc bien l’ensemble du modèle économique qui est à revoir. De plus, on vit dans un monde où le temps s’est accéléré, où l’on ne peut rien planifier : nos sociétés ont été happées comme dans un fleuve en cru. Résultat : si on n’est pas mauvais dans le réactif, on est absolument indigents dans le rétrospectif. Pour l’instant, le principe de prévisibilité, de progressivité et d’irréversibilité n’est pas mis en œuvre.
N’est-ce pas vous qui disiez que nous sommes en guerre ? Dans cette situation, on est en droit d’attendre de nos politiques qu’ils montent au front …
En période de guerre, la classe politique devrait parler d’une même voix et faire fi de ses sempiternelles joutes politiciennes dont se gavent les chaînes d’infos et qui font le lit des populistes. Tant que le rôle des appareils politiques sera d’entraver l’action de l’exécutif ou de la dénaturer, on n’y arrivera pas. Dit autrement, il faudrait presque un gouvernement d’union nationale. J’y ai cru quand Macron a fédéré autour de lui des gens de gauche, du centre, de droite et des membres de la société civile. Je me suis dit, c’est génial …
Pourtant, jusqu’aux sorties climaticides du Président argentin, Emmanuel Macron était un ardent défenseur des traités de libre-échange …
Vous touchez évidemment du doigt la limite de l’exercice. De fait, la croissance économique est incompatible avec l’enjeu écologique et le libre-échange est un médicament qui tue. Mais pour la plupart de ces hommes et de ces femmes, formés sur le même modèle, la mondialisation allait nous permettre d’échanger nos pratiques, de partager et de mutualiser nos moyens. En réalité, la mondialisation, au lieu d’effacer les inégalités, les a confrontées. Elle a ajouté l’humiliation à l’exclusion. Les rares qui prônent sa remise à plat passent pour des marginaux. A gauche, au centre, à droite, qui ose la remettre en cause ? Qui ose dire que le modèle est périmé et qu’il faut en sortir ? Personne ! Pas plus Macron qu’un autre. C’est bien là le nœud du problème. Aujourd’hui, on essaie simplement d'accommoder le modèle, de le corriger à la marge, mais le coeur du problème n’est ni pointé du doigt ni même identifié. Maintenant, si la France bougeait sans ses voisins européens, elle montrerait l’exemple, et c’est essentiel. Mais l’enjeu est mondial.
Que retenez-vous de ces quinze mois au gouvernement ? A vous entendre, on se dit que le monde sauvage est beaucoup moins violent que l’arène politique …
Dans la classe politique comme dans la société civile, vous avez des hommes et des femmes d’un cynisme absolu mais aussi des gens vraiment animés par le sens de l’intérêt général.
Vous en avez croisé beaucoup, des gens animés par l’intérêt général ?
Oui plein, même si ceux ne sont pas les plus voyants, ils préemptent peu l’espace. Ce qui nous tue, c’est l’esprit partisan. "Quand la conscience abdique au profit de la consigne" comme le disait Victor Hugo. Combien de fois ai-je vu des députés trinquer à la buvette de l’Assemblée avant d’aller s’étriper à la tribune du Parlement ?! C’était une épreuve d’assister à ces séances, de voir ces simagrées, ces jeux de rôle, alors que derrière, on pouvait se retrouver sur l’essentiel. Cette pratique de la politique, qui consiste à suivre les consignes partisanes, discrédite la démocratie. En période de crise, c’est inadmissible.
L’union nationale risque de rester un vœu pieu …
Sans doute, mais quand Notre-Dame brûle, le monde entier réagit. N’attendons pas que les flammes soient visibles et palpables.
Une Assemblée citoyenne pour le climat a été mise en place. C’est un début ?…
C’est une petite partie d’une bonne chose que nous avions initiée avec Dominique Bourg et un groupe d’experts de ma fondation. Pour m’être frotté à l’exercice du pouvoir, je peux vous dire qu’on est toujours dans le réactif. J’ai moi-même passé mon temps à me plaindre de ne pas avoir le temps de me poser avant d’arbitrer. Les décisions se prennent en rafale, on n’est que dans l’action/réaction. Alors oui, il faut impérativement aménager nos institutions. J’avais proposé de transformer le Conseil Économique Social et Environnemental en une chambre du futur, constituée de scientifiques, d’experts, de citoyens tirés au sort, d’ONG et des corps intermédiaires. Elle aurait au minimum été dotée d’un droit de veto suspensif avec obligation pour l’exécutif et le législatif de l’auditionner et le cas échéant, de motiver leur décision. Tout cela, comme d’habitude, est parti avec l’eau du bain. Ne reste que cette assemblée citoyenne, très sympathique au demeurant. Mais 150 citoyens tirés au sort et plongés du jour au lendemain dans la complexité des dossiers, même s’ils ont avec eux des gens pour les éclairer… c’est comme tout, ça part de bonnes idées et ça finit en petites choses. C’est trop peu. Il faut que l’agroécologie, les énergies renouvelables, l’économie sociale et solidaire deviennent la norme. C’est ça l’objectif ! Mais pour y arriver, j’insiste, il faut une forme d’union.
Donc un homme seul, fut-il président, ne peut rien faire ?
Si on veut amorcer une transition, réduire les inégalités, répondre à la misère sociale, il faut de l’argent. Or nos Etats n’ont plus un sou. N’importe quel citoyen ou entreprise qui aurait le même endettement que l’État ferait faillite. Sans compter qu’il y a tout un pan de l’économie qui s’est organisé en toute légalité mais en toute immoralité pour échapper à la solidarité. Les politiques déshabillent Pierre pour habiller Paul. Ce jeu à somme nulle ne fait que déplacer les mécontents. À un moment ou à un autre, il va falloir prendre le taureau par les cornes et chercher l’argent là où il est.
Dans les subventions aux énergies fossiles par exemple ?
Il faut évidemment aller chercher dans toutes les subventions préjudiciables à l’environnement, dans tout ce qui échappe à l’impôt, dans l’économie spéculative qui s'est organisée pour ne pas être ponctionnée, mais également dans l’économie en plein jour qui s’est arrangée, grâce au système d’optimisation fiscale, pour échapper en tout ou partie à l’impôt. Le jour où on ira chercher là, on changera la donne.
En réalité, on a quantité d’outils sur la table pour changer la donne …
Quand je suis arrivé au gouvernement, un groupe dit « de coopération renforcée en Europe » travaillait à l’établissement d’une première taxe sur les transactions financières. Elle était sur le point aboutir, mais dès que ça a fuité, il n’en a plus été question. Ou si, à 28. Autant dire jamais. Ça a été l’une de mes grandes déconvenues.
Le poids des lobbies ! D’ailleurs, à ce propos, aviez-vous mésestimé leur pouvoir avant d’entrer au gouvernement ?
Je pense plutôt que le Président et le Premier ministre ont sous-estimé la radicalité des transformations que je voulais initier. Ils se sont dit “on va en faire un peu plus que le gouvernement précédent”, sans s’imaginer que j’allais vouloir remettre à plat le modèle économique et les traités de libre-échange. Ils ne pensaient probablement pas que mon intervention irait jusque-là. Pourtant, ce n’est pas faute de leur avoir répété que l’écologie n’est pas une variable d’ajustement.
>> Suite à lire à :
<https://www.gqmagazine.fr/pop-culture/article/nicolas-hulot-apres-ce-que-jai-vecu-il-faudra-envoyer-du-lourd-pour-me-faire-vaciller>
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13- Le biomimétisme peut-il rendre l'économie écologique ?, Usbek & Rica, 30/10/19, 06:00
Vincent Lucchese
S’inspirer de la nature ne sert pas qu’à rendre la technologie plus performante : les écosystèmes peuvent aussi inspirer nos modes d’organisation et changer nos objectifs de développement. Au salon du biomimétisme Biomim’expo 2019, à Paris, on s’est demandé si ce concept dans l’air du temps pouvait radicalement changer l’économie et l’éducation pour répondre aux crises écologiques.
Produire du béton « auto-cicatrisant » grâce à des champignons, créer un terreau plus nourrissant en s’inspirant des fils d’araignée, doter un robot du sens de l’orientation ultra performant des fourmis… La nature est une source d’innovation inépuisable pour l’industrie et la recherche. « 3,8 milliards d’années de R&D, d’adaptation et d’optimisation continues, avec un génie inouï et une efficacité époustouflante », pour reprendre l’une des punchlines de Biomim’expo.
Ce salon tenait, le 22 octobre, à la Cité des sciences et de l’industrie de la Villette, à Paris, sa 4e édition annuelle, destinée à promouvoir les vertus et les acteurs du biomimétisme. Avec sa centaine d’exposants, ses 200 intervenants et quelque 2000 visiteurs, Biomim’expo reste d’ampleur modeste mais a tout de même battu son record de fréquentation. Le biomimétisme est lui-même sorti de l’ombre ces dernières années. Les publications scientifiques liées au biomimétisme ont connu « une extraordinaire accélération depuis 15 ans », observe le Biomim’expo, et les innovations appliquées font de même depuis 5 ans. En France, on comptait 45 équipes de recherches autour du biomimétisme en 2012, 90 en 2015, 175 en 2017, selon les chiffres du Centre européen d’excellence en biomimétisme de Senlis (Ceebios).
>> Suite à lire à :
<https://usbeketrica.com/article/biomimetisme-peut-il-rendre-economie-ecologique-biomimexpo>
En savoir plus :
> Biomim’expo 2019 : Quand la nature inspire l’innovation <https://biomimexpo.com/>
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14- Amazon continue de vendre des vêtements fabriqués dans des conditions inhumaines, Daily Geek Show, 30/10/19
Yann Contegat - Source : Courrier International
Malgré des milliers de morts, les gens achètent encore à leur insu des articles produits dans des usines dangereuses
À la suite de la catastrophe du Rana Plaza, les principales entreprises américaines spécialisées dans le textile avaient choisi de sélectionner scrupuleusement les entreprises bangladaises avec lesquelles elles travaillaient, ce qui ne semble cependant pas être le cas d’Amazon.
Des conditions déplorables et dangereuses
Le 24 avril 2013, le Rana Plaza, immeuble spécialisé dans la confection textile situé dans l’agglomération de Dacca, capitale du Bangladesh, s’effondrait et faisait plus de 1 100 morts. Un terrible incident qui avait poussé la plupart des grandes marques américaines de textile à s’associer à des organismes de contrôle chargés de les empêcher de vendre des articles provenant d’usines ne respectant pas certaines normes de sécurité. Ce qui ne serait cependant pas le cas d’Amazon, si l’on en croit la vaste enquête du Wall Street Journal au sujet des pratiques du géant américain du e-commerce.
De nombreux articles provenant de dizaines d’usines installées au Bangladesh et considérées « trop dangereuses » pour faire partie des chaînes d’approvisionnement de la plupart des grands distributeurs américains, seraient ainsi régulièrement proposés sur Amazon. Dans son enquête, le quotidien new-yorkais évoque notamment un haut pour enfant vendu 4,99 dollars par un revendeur tiers sur la plateforme, provenant d’un atelier de Chittagong « ne possédant pas d’alarme incendie » et dont les managers peuvent condamner les accès afin « d’enfermer les travailleurs à l’intérieur ».
De nombreux articles fabriqués dans ces usines continuent à être vendus sur Amazon
Le Wall Street Journal précise également avoir trouvé sur Amazon d’autres articles textiles fabriqués dans des usines installées au Bangladesh dont les propriétaires se refusaient à suivre les normes de sécurité, évoquant notamment des bâtiments prêts à s’effondrer, des alarmes hors service, ou des dispositifs de sécurité manquants. Aujourd’hui considéré comme le premier vendeur de vêtements aux États-Unis, Amazon ignore « les nombreuses contraintes appliquées par les grandes entreprises américaines à leurs produits et magasins, parfois d’une manière pouvant mettre en danger clients et travailleurs ».
Le géant du e-commerce accueillant sur sa plateforme des millions de vendeurs tiers, non tenus de respecter les normes qu’Amazon impose à ses filiales et dont une bonne partie sont anonymes, ce phénomène s’en trouve largement amplifié. Suite à la publication de l’enquête du Wall Street Journal, la firme américaine a retiré certains des articles fabriqués dans les usines bangladaises épinglées, et a déclaré inspecter scrupuleusement « les usines fournissant ses propres marques pour s’assurer qu’elles soient conformes aux normes de sécurité internationales ».
Bien qu’aucun article vendu par les marques appartenant à Amazon ne semblait avoir été fabriqué dans les usines bangladaises blacklistées, l’enquête a toutefois conclu que la plupart des produits provenant de ces ateliers étaient proposés « par des vendeurs tiers » et d’autres « directement par Amazon ».
<https://dailygeekshow.com/amazon-usine-vetement-bangladesh/>
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15- Nicolas Hulot et Marie Tabarly, retour sur le "Pen Duick VI", Paris Match, 01/11/19, 07h32
Pauline Delassus
Il y a 43 ans, Nicolas Hulot photographiait Eric Tabarly. Aujourd’hui, Marie, la fille du navigateur, l’embarque en croisière pour soutenir sa croisade.
Un bateau et un nom de légende, engagés contre le changement climatique. Enfant, Marie Tabarly regardait « Ushuaïa », l’émission de Nicolas Hulot, à la télévision. Lui raconte avec fierté sa rencontre avec Eric Tabarly, son père, dans les années 1970. Les voilà réunis autour d’une même cause, soucieux de réveiller les consciences, duo de lanceurs d’alerte, aventureux et militants. Au programme : plongée, spéléologie et discussions animées avec le spationaute Jean-François Clervoy. L’ancien ministre nous raconte son séjour au grand large : « Une piqûre de rappel de ce qu’a été mon existence pendant des années et qui commençait à me manquer. » Mais, même au milieu de l’Atlantique, rien ne lui échappait de la vie politique française.
Paris Match. Vous avez passé une semaine sur “Pen Duick VI”. Qu’en avez-vous tiré ?
Nicolas Hulot. Le drame de notre époque est que l’on s’est déconnecté de la nature, il faut se reconnecter. Discuter avec Jean-François Clervoy m’a rappelé que la vie dans l’Univers est l’exception, non la norme. Cela devrait nous mettre dans un état de vénération, ou en tout cas d’émerveillement et de respect. C’est peut-être ce qui fait défaut, cette conscience de bénéficier d’un extraordinaire et fragile privilège. Aucune des sondes du Système solaire n’a trouvé la moindre trace de vie, voilà la preuve que l’on est sur un seuil étroit de tolérance. Ça devrait nous amener à plus de sobriété et non à l’ébriété. Ma présence auprès de Marie vaut respect et encouragement pour ce qu’elle entreprend avec son équipe. Toute une génération est en train d’embrasser ce combat. La mienne est un peu usée… Il faut passer le relais.
>> Suite à lire à :
<https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Nicolas-Hulot-et-Marie-Tabarly-retour-sur-le-Pen-Duick-VI-1656182>
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16- Sondage. Nicolas Hulot, élu symbole du renouveau de l'engagement environnemental en 2019, 20 Minutes, 04/11/19, 06h05
Claire Planchard et Fabrice Pouliquen
L’ancien ministre de l’Environnement arrive en tête d’un sondage exclusif réalisé par YouGov à un mois du festival VIS!ONS
Sa démission surprise, le 28 août 2018, avait provoqué une marche massive pour le climat dès le début du mois septembre. La première d’une longue série de mobilisations. Et les Français ne l’ont pas oublié. Selon un sondage YouGov exclusif* que 20 Minutes dévoile ce lundi à un mois de la première édition de son festival Vis!ons, 21 % des Français ont désigné Nicolas Hulot comme la personnalité française qui symbolise le mieux le renouveau en matière d’engagement environnemental.
L’ex-ministre de l’Environnement, qui a depuis repris la présidence de sa fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, se démarque ainsi très nettement dans la liste de huit hommes et huit femmes (artistes, politiques, activistes, journalistes….) élaborée par la rédaction de 20 Minutes pour ce sondage. Suivent derrière lui l’astronaute Thomas Pesquet (12 %) et le leader du parti écologistes EELV Yannick Jadot (5 %),
>> Suite à lire à :
<https://www.20minutes.fr/planete/2640995-20191104-sondage-nicolas-hulot-elu-symbole-renouveau-engagement-environnemental-2019>
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En audio
17- Qu'est-ce que l'éco-anxiété, qui touche de plus en plus de Français ?, RTL, La minute verte, 25/10/19, 09h15
Jean-Mathieu Pernin
L'éco-anxiété, une angoisse liée aux changements environnementaux, frappe de plus en plus de Français. Une nouvelle enquête l'a confirmé, mais le phénomène divise les spécialistes.
Pour 51% des Français, le réchauffement climatique est une source d'angoisse, un chiffre qui grimpe à 72% chez les 18-24 ans. Tels sont les résultats de l'enquête de l'institut Yougov pour le journal en ligne Le HuffPost. Le résultat est là : nous ne sommes pas rassurés face à l'avenir, et certains le vivent assez mal.
Pour décrire cette détresse psychologique, c'est un embouteillage de définitions : on parle d'éco-anxiété, de burn out vert, d'éco-paralysie ou de solastalgie. C'est un sentiment de détresse face au dérèglement d'un écosystème. De par le monde, ce doute face à l'avenir prend des formes diverses : aller chez le psy, juger les autres sur les actes soi-disant anti-écolo, voire chez certains ne plus faire d'enfant, et subir une stérilisation.
Et tout cela, provoqué par quoi ? Il s'agit de la crainte d'un avenir déjà écrit qui ne ressemble pas à celui que nous avons déjà imaginé.
Comment ces éco-anxieux gèrent-ils leurs angoisses ?
Ça parle beaucoup sur le sujet, il y a des chaînes YouTube, des forums, un groupe Facebook, qui marche fort, intitulé "La collapso heureuse". Ou comment vaincre sa peur de l'effondrement. 20.000 Français y sont inscrits. Et surtout, il y a un message rassurant à voir : "Bien sûr les glaces fondent, les animaux disparaissent, les sécheresses perdurent, l'eau se raréfie, la nourriture est toxique, nos poumons ressemblent à des pots d'échappement... Mais si le fait de le savoir nous encourageait à agir ? On a cette chance de connaître l'ennemi, profitons-en pour le vaincre. Tout s'effondre ? Non, puisque nous sommes la solution"
>> Suite à lire ou à (ré)écouter à :
<https://www.rtl.fr/actu/bien-etre/qu-est-ce-que-l-eco-anxiete-qui-touche-de-plus-en-plus-de-francais-7799324433>
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18- L'écologie, longtemps mal-aimée des médias, France Inter, La Terre au carré, 28/10/19, de 13h40 à 14h30
Mathieu Vidard
Les sujets autour de l'écologie et du réchauffement climatique ont pour réputation d'avoir peu de succès dans les médias. Pour quelles raisons les médias ont tardé à rendre visibles les sujets environnementaux ?
• L'invitée du jour : Anne-Sophie Novel, journaliste
Anne-Sophie Novel est journaliste en environnement, elle est l’auteure du documentaire Les Médias, le monde et moi (co-réalisé avec Flo Laval) et auteure de Les médias, le monde et nous (Actes Sud, 2019). La journaliste questionne la relation qu'ont longtemps entretenu les médias avec les sujets autour de l'écologie. Les sujets sur l'environnement ont mis un certain temps à percer dans la sphère médiatique. Comment peut-on expliquer cette latence et quels ont été les éléments déclencheurs qui ont permis un traitement plus visible de ces sujets ? La journaliste revient ainsi sur le pacte entre journaliste et lecteur qui est à repenser.
> Emission (55 min) à (ré)écouter à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-28-octobre-2019>
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19- Le gouvernement en fait-il assez pour l'écologie ?, RTL, C'est notre Planète, 05/11/19, 06:28
Virginie Garin
Les députés ont examiné cette nuit les mesures écologiques du budget 2020. Et les moyens ne correspondent pas aux discours. Il manque 15 milliards d'euros par an pour que la France agisse concrètement contre le réchauffement du climat.
Il y a eu ces derniers mois des discours forts du Président de la république et du Premier Ministre qui ont dit vouloir "accélérer" la transition écologique ? Le moment de vérité, c'est le budget. Les députés ont examiné cette nuit les mesures écologiques du budget 2020. Et les moyens ne correspondent pas aux discours.
Il manque 15 milliards d'euros par an pour que la France agisse concrètement contre le réchauffement du climat et pour respecter l'accord de Paris. 15 milliards, ce ne sont pas les écologistes qui les réclament, c'est le gouvernement lui-même qui a fixé cette somme. Dans une annexe du budget, un document qui s'appelle "stratégie bas carbone". Il est écrit que si l'on veut réussir la transition, donc isoler les bâtiments et développer des transports propres, il faut que la France investisse 15 milliards d'euros par an dans les secteur public et privé et même 30 milliards à partir de 2024.
>> Suite à lire ou à (ré)écouter (2 min) à :
<https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/le-gouvernement-en-fait-il-assez-pour-l-ecologie-7799390036>
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20- Portrait d’une amérindienne en lutte, France Inter, 05/11/19, 14h29
Giv Anquetil
Cette semaine c'est Giv Anquetil qui passe au vert. Il dresse le portrait d’un amérindienne en lutte, Celia Xakriabà, figure militante autochtone, elle est la première indigène doctorante.
Celia Xakriaba fait partie de la délégation de la Coordination des peuples indigènes du Brésil qui parcourt l’Europe ces derniers temps pour dénoncer «l’explosion des invasions de territoires indigènes» avec l’arrivée de Bolsonaro. Combattante de la lutte environnementale et féministe de tout juste 30 ans, elle est aussi accessoirement la première amérindienne au Brésil avec un titulaire d’un doctorat.
> Chronique (4 min) à (ré)écouter à :
<https://www.franceinter.fr/environnement/portrait-d-une-amerindienne-en-lutte>
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En images
21- Écologie : "Il faut mettre un petit peu de conscience dans son quotidien" : le message de Nicolas Hulot, France TV, 16/10/19, 16h16
> Message (7 min) extrait de "l'Émission pour la Terre" diffusée le mardi 15 octobre sur France 2 à voir à :
<https://www.france.tv/actualites-et-societe/1093473-video-ecologie-il-faut-mettre-un-petit-peu-de-conscience-dans-son-quotidien-le-message-de-nicolas-hulot.html>
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22- Comment sortir de la surconsommation ? Le scandale des produits neufs jetés à la poubelle, France 2, Tout compte fait, 02/11/19, 14h01
Présenté par Julian Bugier
• Le scandale des produits neufs jetés à la poubelle
L'image a fait scandale sur les réseaux sociaux à la rentrée. Des dizaines de chaussures de sport neuves sont jetées à la poubelle et lacérées au cutter pour les rendre inutilisables.
Ces produits ont été photographiés dans une poubelle devant un magasin Go Sport en région parisienne.
Un gaspillage choquant qui s'ajoute aux révélations sur les méthodes d'Amazon qui détruirait toutes sortes d'invendus ou les vêtements qui seraient brûlés par l'enseigne H&M.
En France, 650 millions d'euros de produits neufs seraient ainsi détruits chaque année.
Alors que de telles pratiques seront bientôt interdites par la loi, comment des enseignes de distribution ou des plateformes de vente sur internet peuvent-elles en arriver à de telles extrémités ?
Quelles sont les solutions pour éviter ce gaspillage ?
Une enquête de Lola Palmier.
• Quitter la surconsommation pour une vie en van ?
C'est un choix de vie qui séduit de plus en plus. Quitter une vie dominée par la consommation et fuir le stress de la ville pour vivre en van !
Une fois sur les routes dans son véhicule aménagé, on reprend le contrôle de son temps, on se rapproche de la nature et notamment en raison du manque de place, on passe à un mode de consommation plus minimaliste. Le phénomène venu des Etats-Unis est très populaire sur les réseaux sociaux avec le hashtag #vanlife.
En France, des couples mais aussi des célibataires sont de plus en plus nombreux à choisir ce mode vie qui tourne le dos à la société de consommation.
Comment financer une telle aventure ?
Qui sont ces artisans qui se font une spécialité de les aménager ?
Et quels sont les délices mais aussi les difficultés de ce choix de vie ?
Une enquête de Léonie Bert.
> Magazine (43 min) à (re)voir à :
<https://www.france.tv/france-2/tout-compte-fait/1095001-comment-sortir-de-la-surconsommation-le-scandale-des-produits-neufs-jetes-a-la-poubelle.html>
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Une publication
23- « Ça va changer avec vous ! » : petit manuel d’écologie signé Julien Vidal, Mr Mondialisation, 30/10/19
Julien Vidal, on parie que ce nom ne sonnera pas étranger chez nombre d’entre vous. Des lecteurs ont déjà pu faire la connaissance de cet écologiste via sa chaîne youtube, sa page facebook ou son site internet. Après un premier succès en librairie l’année dernière (« Ça commence par moi« ), le jeune trentenaire revient avec un second ouvrage « couteau-suisse » pour nous guider vers un mode de vie en phase avec nos convictions écologiques.
Passer de l’individuel au collectif. Ainsi peut se résumer le chemin crée par Julien Vidal il y a deçà à peine 3 ans. Le 13 juillet 2016, il lance sa chaîne youtube « Ça commence par moi » puis un site internet du même nom le 1er septembre. Un projet personnel à travers lequel il « cherche aujourd’hui à redonner aux gens le pouvoir de changer le monde à leur échelle ». Son site web a cumulé plus d’1 million de visites en 2018, preuve de la prise de conscience des Français quant aux enjeux éco-citoyens. Un succès qui a débouché sur l’organisation de conférences et d’ateliers réunissant au total des milliers de citoyens engagés.
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/ca-va-changer-avec-vous-petit-manuel-decologie-signe-julien-vidal/>
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Une annonce
24- Conférences-débats 2019-2020. L'urgence d'un pacte social et écologique, Collège des Transitions Sociétales, IMT Atlantique de Nantes, le 14/11/19, de 19h50 à 22h15
L'urgence d'un pacte social et écologique : quel projet, quelles propositions ? Avec Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT
Début mars 2019, 19 organisations dont la CFDT, la fondation Abbé-Pierre et la fondation Nicolas-Hulot, ont lancé un appel pour "exhorter les membres du gouvernement, les parlementaires, les élu.e.s de chaque territoire, les employeurs et les décideurs à s'engager en faveur d'un pacte écologique et social devenu une urgence".
Pour « donner à chacun le pouvoir de vivre », le pacte présente 66 propositions. « Un modèle de société qui génère autant d'inégalités et d'injustices et met en péril la vie sur terre de nos enfants et petits-enfants et de millions d'êtres humains à travers le monde n'est plus un modèle. C'est un non-sens. »
L'ambition du pacte est affichée : « un pacte du court, du moyen et du long terme, de la bienveillance et du commun, pour l'humain et pour l'humanité ».
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, partagera ces ambitions et échangera avec les participants sur les propositions du pacte.
> Lieu et horaires : IMT Atlantique, Campus de Nantes - 19h50-22h15
> Pour s’inscrire (participation gratuite, nombre de places limité)
<https://web.imt-atlantique.fr/x-dre/lsd/index.php?sid=99189&lang=fr>
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Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
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– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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