[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international + 1 publication (vendredi 22 octobre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Ven 22 Nov 07:48:23 CET 2019


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- 1083 : les secrets d’une réussite made in France <https://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/1083-les-secrets-dune-reussite-made-in-france/>, Entrepreneurs d’avenir, 13/11/19
2- Les solutions de Sensation ! pour des événements plus écolos <https://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/les-solutions-de-sensation-pour-des-evenements-plus-ecolos/>, Entrepreneurs d’avenir, 13/11/19
3- Entretien. Jonathan Safran Foer : « Il nous faut devenir des gens qui ne volent rien à la planète » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/15/jonathan-safran-foer-il-nous-faut-devenir-des-gens-qui-ne-volent-rien-a-la-planete_6019219_3232.html>, Le Monde,15/11/19, 06h04
4- Enquête. J’ai une Greta Thunberg à la maison <https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/11/16/j-ai-une-greta-thunberg-a-la-maison_6019380_4497916.html>, Le Monde, 16/11/19, 02h29
5- Nicolas Hulot appelle la Convention citoyenne pour le climat à "faire les choses en grand" <https://www.latribune.fr/entreprises-finance/transitions-ecologiques/nicolas-hulot-appelle-la-convention-citoyenne-pour-le-climat-a-faire-les-choses-en-grand-833221.html>, La Tribune, 16/11/19, 08:40
6- Des ONG proposent une taxe carbone juste <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat/a-la-recherche-d-une-taxe-carbone-juste_139031>, Sciences & Avenir, 16/11/19, 09h00
7- Où en est le mouvement mondial des Droits de la Nature ? Entre espoirs et déceptions <https://mrmondialisation.org/ou-en-est-le-mouvement-mondial-des-droits-de-la-nature-entre-espoirs-et-deceptions/>, Mr Mondialisation, 16/11/19
8- Portrait. Défense de l’environnement : Wanjira Mathai, au nom de la mère <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/16/defense-de-l-environnement-wanjira-mathai-au-nom-de-la-mere_6019445_3212.html>, Le Monde Afrique, maj le 17/11/19 à 05h40
9- « Grand-mère sait faire » ou la revanche des mémés <https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/11/17/grand-mere-sait-faire-ou-la-revanche-des-memes_6019458_4497916.html>, Le Monde, 17/11/19, 05h46
10- « Cause toujours, baby-boomeur » <https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/11/18/cause-toujours-baby-boomeur_6019520_4500055.html>, M Le Mag, 18/11/19, 07h13
11- Eduquer, réguler, recycler... les premières pistes de la Convention citoyenne pour le climat <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/18/climat-la-convention-citoyenne-presente-ses-premieres-pistes-de-mesures-des-transports-a-l-alimentation_6019542_3244.html>, Le Monde, 18/11/19, 07h40
12- « La posture de la jeune génération est morale et va au-delà de la question de l’environnement » <https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/11/18/la-posture-de-la-jeune-generation-est-morale-et-va-au-dela-de-la-question-de-l-environnement_6019551_4497916.html>, Le Monde, 18/11/19, 09h11
13- En France et à l’étranger, le sort varié des consultations de citoyens <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/18/en-france-et-a-l-etranger-le-sort-varie-des-consultations-de-citoyens_6019570_3244.html>, Le Monde, 18/11/19, 10h34
14- Black Friday : pour défendre une consommation responsable, des marques organisent un boycott du 29 novembre <https://www.francetvinfo.fr/culture/mode/black-friday-pour-defendre-une-consommation-responsable-des-marques-organisent-un-boycott-du-29-novembre_3704227.html>, France Télévisions, 18/11/19, 12:12
15- A Gardanne, une mine de projets technologiques et circulaires <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/18/a-gardanne-une-mine-de-projets-technologiques-et-circulaires_6019622_3234.html>, Le Monde, 18/11/19, 20h42
16- Après la honte de prendre l’avion, la honte de consommer prend de l’ampleur chez les Suédois <https://dailygeekshow.com/honte-consommer-suede/>, Daily Geek Show, 18/11/19
17- Chronique. « La convention pour le climat a déjà réussi ce petit miracle : refabriquer de la citoyenneté » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/19/la-convention-pour-le-climat-a-deja-reussi-ce-petit-miracle-refabriquer-de-la-citoyennete_6019660_3232.html>, Le Monde, 19/11/19, 06h59 
18- Hulot, agroécologie et SUV… On débriefe la convention climat avec quatre participants <https://www.nouvelobs.com/planete/20191120.OBS21360/hulot-agroecologie-et-suv-on-debriefe-la-convention-climat-avec-quatre-participants.html>, L’Obs, 20/11/19, 17h19
19- NewB : une banque éthique et citoyenne sur le point de naître <https://mrmondialisation.org/newb-une-banque-ethique-et-citoyenne-sur-le-point-de-naitre/>, Mr Mondialisation, 21/11/19
20- Municipales : 32 actions pour des villes "plus écologiques, solidaires et démocratiques" <https://www.wedemain.fr/Municipales-32-actions-pour-des-villes-plus-ecologiques-solidaires-et-democratiques_a4405.html>, We Demain, 21/11/19
21- Analyse. Avec la convention citoyenne pour le climat, Emmanuel Macron joue sa crédibilité écologique <https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/22/avec-la-convention-citoyenne-pour-le-climat-emmanuel-macron-joue-sa-credibilite-ecologique_6020072_823448.html>, Le Monde, 22/11/19, 04h07
En audio
22- Les maires et l'écologie <https://www.franceinter.fr/emissions/camille-passe-au-vert/camille-passe-au-vert-21-novembre-2019>, France Inter, Camille passe au vert, 21/11/19, 13h40
En images
23- Session 3 de la Convention Citoyenne pour le climat : audition de Nicolas Hulot <https://www.lecese.fr/content/3eme-week-end-de-travail-de-la-convention-citoyenne-pour-le-climat-au-cese>, CESE, 15/11/19, 14h30-16h20
Une publication
24- Imagine demain le monde n°136 <http://www.imagine-magazine.com/lire/>, novembre-décembre 2019

Bien à vous,
Florence

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CITOYENNETÉ DU JOUR : — A l’occasion de la 3ème session de la Convention citoyenne pour le climat, les 150 Français tirés au sort ont reçu Nicolas Hulot et ont dévoilé leurs travaux à mi-parcours, avec l’objectif de réduire, dans un esprit de justice sociale, les émissions de CO2 d’au moins 40 % d’ici à 2030. (cf. item 5, 11, 13, 17, 18, 21 & 23)
— Avec le soutien de 51 000 citoyens-membres et plus de 150 organisations de la société civile, la coopérative belge NewB s’apprête 8 ans après sa création à devenir enfin une banque légalement. (cf. item 19)
— 60 ONG et associations lancent un "Pacte pour la transition" : 32 mesures concrètes, dont les élus et citoyens peuvent se saisir afin d'accélérer la transition écologique et sociale avant les élections municipales de 2020. (cf. item 20, suite & 22)
INITIATIVES DU JOUR : — Grâce à sa marque de jeans 1083, Thomas Huriez est devenu l’un des hérauts de la renaissance de l’industrie textile made in France. (cf. item 1)
— Avec créativité et bon sens, Dan-Antoine Blanc-Shapira, fondateur de l’agence Sensation ! est devenu l’apôtre de l’événementiel éco-responsable. (cf. item 2)
— Réseau action climat, Oxfam et le Secours Catholique publient une proposition de taxe carbone dont le produit serait redistribué aux ménages les plus pauvres. Un comparateur permet de tester sa propre situation fiscale. (cf. item 6)
— Face au Black Friday, symbole de surconsommation, de nombreuses marques organisent la contre-offensive avec 'Make friday green again' pour une consommation raisonnée. (cf. item 14)
— Gardanne, l’ancienne cité minière des Bouches-du-Rhône veut faire de l’économie circulaire un projet de territoire. (cf. item 15)
— La honte d’acheter et de consommer, un mouvement qui voit le jour en Suède et qui touche surtout l’industrie de la mode, à l’origine de dérives sociétales et environnementales. (cf. item 16)
ENQUÊTES DU JOUR : — Fini le plastique, la viande et l’avion. Récits de parents dont les ados, écolos débutants mais archi-motivés, ont fait du cercle familial un terrain de militantisme. (cf. item 4)
— Et si nos mamies avaient eu raison avant tout le monde ? Incarnation du bon sens et de l’anti-gaspi, la mémé, cette écolo qui s’ignorait, prend sa revanche. (cf. item 9)
PORTRAIT DU JOUR : La fille de la prix Nobel de la paix Wangari Maathai continue son combat pour sensibiliser les Kényans à la protection de la planète. (cf. item 8)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 120 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- 1083 : les secrets d’une réussite made in France, Entrepreneurs d’avenir, 13/11/19
Pascal de Rauglaudre

Grâce à sa marque de jeans 1083, il est devenu l’un des hérauts de la renaissance de l’industrie textile made in France. Avec un optimisme rafraîchissant, Thomas Huriez analyse les raisons de son succès dans un nouveau livre manifeste pour la relocalisation de la production. 
On le croyait moribond, il bouge encore, et il est même en plein essor. Le marché du textile made in France connaît une renaissance inédite, grâce à une poignée de jeunes entrepreneurs audacieux qui affichent une volonté sans faille de relocalisation de la production de vêtements.
Parmi les hérauts de ce renouveau, Thomas Huriez, fondateur de la marque 1083, milite pour une production locale et raisonnée. En 2007, il ouvrait sa première boutique éco-responsable à Romans-sur-Isère, sa ville d’origine en Dauphiné. Et en 2013 il se lançait dans la fabrication de jeans à base de coton bio.
Cette année, il devrait en avoir vendu 40 000, tous fabriqués en France, pour un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros, et 70 personnes employées. Un beau succès qu’il raconte dans un nouveau livre, Re-made in France, publié cet automne.
>> Suite à lire à :
<https://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/1083-les-secrets-dune-reussite-made-in-france/>
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2- Les solutions de Sensation ! pour des événements plus écolos, Entrepreneurs d’avenir, 13/11/19
Pascal de Rauglaudre

Moquettes à usage unique, visiteurs du bout du monde et buffets industriels ? Les grands événements qui ponctuent la vie des affaires ont tôt fait d’afficher des bilans écologiques désastreux.
Mais ce n’est pas une fatalité : depuis quelques années, les organisateurs ont pris le problème à bras le corps, et ils débordent d’idées pour diminuer l’impact environnemental de leurs activités.
Dan-Antoine Blanc-Shapira, par exemple, a fait de l’événementiel responsable son cheval de bataille, avec l’équipe de Sensation !, l’agence qu’il a fondée. Mais comme il le remarque : « Rien ne sert de poursuivre une démarche éco-responsable tout seul dans son coin. Pour avoir un impact réel, il faut agir au niveau de toute la profession. »
Sensation ! a donc contribué activement au lancement du collectif Éco-événement, qui implique toute la filière de l’événementiel : palais des congrès, traiteurs, fabricants et loueurs de stands, agences, prestataires audiovisuels, loueurs de matériel… Avec le soutien des associations professionnelles et quelques grandes ONG environnementales (Fondation Nicolas Hulot, Moutain Riders, etc.).
>> Suite à lire à :
<https://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/les-solutions-de-sensation-pour-des-evenements-plus-ecolos/>
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3- Entretien. Jonathan Safran Foer : « Il nous faut devenir des gens qui ne volent rien à la planète », Le Monde,15/11/19, 06h04
Propos recueillis par Catherine Vincent (Traduction de l’anglais [Etats-Unis] par Marc Amfreville)

L’écrivain new-yorkais estime que notre espèce vit sous la menace d’un suicide de masse. Pour lutter contre le réchauffement climatique, il suggère, à l’image de son itinéraire personnel, de réduire drastiquement la consommation de viande. 
De Jonathan Safran Foer, on pourrait croire qu’il écrit au fil de la pensée – une apparence qui est sa marque de fabrique. Dans son essai-choc paru en 2009, Eating Animals (Faut-il manger les animaux ?, L’Olivier, 2010), vigoureux plaidoyer contre le traitement réservé aux bêtes dans les élevages industriels, l’écrivain new-yorkais se mettait déjà en scène, usant de ses propres contradictions pour mieux nous convaincre d’examiner les nôtres.
Dans son dernier ouvrage, L’avenir de la planète commence dans notre assiette(L’Olivier, 304 pages, 22 euros), la même démarche, personnelle et décalée, est mise au service d’un thème autrement brûlant : le rôle de l’élevage intensif dans la crise climatique. Le combat qu’il a mené contre lui-même pour accorder son alimentation à ses convictions écologiques sonne d’autant plus juste qu’il nous concerne tous. Comme un appel à la mobilisation générale.
Le propos essentiel de votre dernier ouvrage est que nous pouvons tous agir contre le dérèglement climatique en réduisant sérieusement notre consommation de produits d’origine animale. Pourtant, il faut attendre la page 76 pour lire : « Ceci est un livre sur l’impact de l’élevage sur l’environnement. » Avant cela, vous nous parlez de tout autre chose, alternant réflexions personnelles et anecdotes de votre vie quotidienne. Pourquoi avoir choisi de procéder ainsi ?
Pour deux raisons. Quand je me suis lancé dans ce projet, j’étais dans un état de doute avancé sur ce que j’étais capable de faire, personnellement, pour lutter contre le réchauffement de la planète. Je voulais partager ces doutes. Laisser une trace écrite du chemin pris par mon combat intérieur, de ma réflexion et de ses digressions. Le changement climatique est un sujet tellement difficile ! Par ailleurs, les conversations sur la viande, les produits laitiers et les œufs mettent les gens sur la défensive, elles agacent.
Je craignais que le lecteur réagisse de façon agressive, du genre : « Qui êtes-vous pour me donner des leçons ? » Il y a une façon de conduire une discussion qui souligne les petits désaccords plutôt que les grandes convergences. J’ai été très attentif à mener à bien ce dialogue, à chercher un procédé qui fonctionne et à instaurer un certain ton de conversation avec le lecteur – qu’il sente qu’il s’agit d’un livre personnel, qu’il n’ait pas l’impression d’être traité de haut.
En 2009, dans « Eating Animals », vous décriviez l’abomination de l’élevage industriel. « L’avenir de la planète commence dans notre assiette » est-il la suite logique de ce premier essai ?
En fait, ces deux ouvrages abordent des questions très différentes. Il y a dix ans,je m’étais concentré sur l’éthique de la consommation de la viande. Dans ce livre-ci, mon objectif était d’examiner ce que cela représente de vivre au moment où notre planète traverse cette crise climatique. Nous sommes en quelque sorte une génération charnière : ceux qui vivent aujourd’hui sont ceux qui réussiront, ou non, à sauver la planète. Cela nous met dans une situation extrêmement troublante, d’un point de vue affectif, psychologique et pratique.
Nous sommes nombreux à nous demander : « Sur le plan individuel, que pouvons-nous faire ? » Or, si de nombreux ouvrages sont consacrés à l’impact des énergies fossiles sur le réchauffement de la planète, très peu parlent de celui de l’élevage, alors qu’il a été démontré depuis longtemps que cette activité joue un rôle essentiel dans cette crise. Je voulais donc contribuer à remplir les blancs du récit dominant. Et montrer qu’il y a plusieurs bonnes raisons, lorsqu’on veut participer au combat, de choisir comme point de départ nos habitudes alimentaires.
Quelles sont ces raisons ?
A l’échelle individuelle, nous pouvons principalement mener quatre types d’actions pour réduire notre empreinte carbone : moins utiliser l’avion, vivre sans voiture, avoir moins d’enfants et réduire notre consommation de produits d’origine animale.
La voiture ? La plupart des grandes villes américaines ont été conçues pour la rendre indispensable et 85 % des Américains l’utilisent pour aller au travail. Pour ce qui est de l’avion, une bonne part des déplacements ont un motif professionnel ou sont effectués dans un but personnel indépendant des loisirs, par exemple, rendre visite à un membre de sa famille malade. Quant à la décision d’avoir des enfants, ce n’est pas au centre des préoccupations urgentes de la majorité des gens – je suis sûr que la plupart de vos lecteurs ne sont pas, en ce moment précis, en train de se demander s’ils veulent mettre un enfant en route dans le mois qui suit. La réflexion sur ces trois registres est certes nécessaire, mais ce sont des questions complexes, qui doivent être pensées sur le long terme. Or, nous n’avons plus de temps pour agir !
L’alimentation, en revanche, est un choix que nous faisons trois fois par jour et, pour presque tout le monde, ce n’est pas un choix contraint : personne ne nous force à manger d’une façon ou d’une autre. Et surtout, c’est le seul des quatre points que j’ai mentionnés qui soit susceptible de réduire immédiatement la présence de méthane et de protoxyde d’azote, les deux gaz à effet de serre les plus puissants.
Prendre la décision individuelle de manger moins de produits d’origine animale, n’est-ce pas dérisoire au regard de l’urgence ?
Un changement de nos habitudes alimentaires ne suffira pas à lui seul pour sauver la planète, mais nous ne pourrons pas la sauver sans en passer par ce changement. Dans son dernier rapport, publié début août, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) relève que la viande, notamment celle de ruminant (bœuf et agneau), est l’aliment ayant le plus d’effet sur l’environnement.
Or, dans ce domaine, l’importance de l’action individuelle est bien plus grande qu’on ne le croit. D’abord, parce que nous ne mangeons pas seuls : nous prenons nos repas en famille, avec des amis ou des relations. Ensuite, parce que nous vivons dans un monde où tout est surveillé. Si vous achetez quelque chose sur Amazon ou au supermarché, la trace de ce que vous avez commandé est conservée, ce qui intéresse au plus haut point les industriels de l’agroalimentaire.
Un exemple : il y a peu, aux Etats-Unis, on ne servait pas de hamburgers végétariens dans les fast-foods alors qu’aujourd’hui toutes les chaînes en proposent. Non parce que le gouvernement l’a exigé, mais parce que les consommateurs l’ont réclamé. La décision de manger moins de produits d’origine animale pourrait ainsi transformer la culture et le marché avec plus de force qu’aucune manifestation. En menant cet effort de manière collective, il est possible de modifier le système de telle façon que ce même effort devienne plus facile à consentir, ce qui permettra aux gouvernements et au monde de l’entreprise d’encourager l’action collective. C’est un cercle vertueux.
Le mot « croyance » est un mot essentiel dans votre livre. Vous rappelez qu’en 1943 un jeune résistant polonais, Jan Karski, parvient à Washington, au prix d’un long voyage, et rencontre le juge de la Cour suprême Felix Frankfurter afin de l’avertir du crime de masse que les nazis sont en train de perpétrer. Pouvez-vous nous raconter ce moment ?
Avant d’entreprendre son voyage, ce jeune Polonais catholique, âgé de 20 ans, avait infiltré le ghetto de Varsovie et un camp d’extermination pour rassembler les témoignages et les preuves de ce que les Allemands étaient en train de faire. Lorsqu’il parvient à rencontrer Felix Frankfurter – l’un des esprits américains les plus brillants de l’époque, lui-même juif –, il lui montre un certain nombre de documents et répond à des questions très précises, comme la hauteur du mur qui sépare le ghetto du reste de la ville. Frankfurter l’écoute attentivement, arpente son bureau en silence, puis lui dit : « Monsieur Karski, je me dois d’être totalement franc avec vous : je ne crois pas ce que vous me racontez. »
Un collègue du juge proteste, et plaide la cause du résistant qu’on ne peut accuser de mensonge… Et Frankfurter répond : « Je n’ai pas dit qu’il mentait. J’ai dit que, moi, je ne parvenais pas à le croire. Mon esprit et mon cœur sont faits de telle façon que je ne peux pas l’accepter. » Savoir ne suffit pas, encore faut-il être capable de croire la vérité. De faire naître et d’entretenir les émotions nécessaires à cette croyance.
C’est ce qu’il se passe pour nous aujourd’hui ? Au cœur de la crise du climat, il y aurait une crise de croyance ?
Oui. Aujourd’hui, notre espèce vit sous la menace d’un suicide de masse. Non pas parce qu’elle y est forcée, ni parce qu’elle ne peut pas faire autrement, ni parce qu’elle n’a pas le choix, mais parce qu’elle ne veut simplement pas y croire. Personne ne pense que les scientifiques mentent – sauf Trump, peut-être –, et je me sens comme beaucoup d’autres concerné par ce qu’ils disent. Mais je constate que je ne suis pas capable de saisir pleinement leurs propos, d’atteindre délibérément ce point où on comprend véritablement ce qu’il se passe.
Je me demande d’ailleurs si c’est indispensable. Quand vous allez dans un magasin et que vous voyez quelque chose qui vous fait envie, vous ne le volez pas. Cette décision – ne pas voler – ne passe pas par la conscience du contrat social, elle n’exige pas de vous que vous ressentiez une grande empathie pour le commerçant. En fait, il ne s’agit même pas vraiment d’une décision : vous ne le volerez pas parce que vous savez qu’on ne doit pas voler, c’est inscrit en vous. Il nous faut devenir des gens qui ne volent rien à la planète, qui ne volent rien à l’avenir. Il nous faut devenir responsables, plutôt que de rester à attendre que quelque chose se passe, que la Chine fasse le premier pas, ou que se produise une catastrophe météorologique qui, enfin, réveillera le monde.
Pour être responsable, vous avez vous-même opté pour un arrangement alimentaire un peu surprenant : vous ne mangez aucun produit d’origine animale au petit-déjeuner ni au déjeuner (régime végan), et vous suivez pour le dîner un régime végétarien (produits laitiers et œufs, mais pas de viande). Pourquoi ne pas être devenu carrément végan ?
Parce que, s’il m’est facile de décrire la personne que je voudrais être, il m’est beaucoup plus difficile de le devenir ! Pour être honnête, le compromis auquel je suis arrivé a nécessité un long processus de maturation et d’apprentissage. Un vrai combat. Certaines personnes peuvent trouver facile de manger moins de produits d’origine animale, voire de devenir végan. Ce n’est pas mon cas. Manger implique les différentes facettes de mon identité – fils, père, américain, new-yorkais, homme de gauche, juif, écrivain, écologiste, voyageur, hédoniste – ainsi que toute mon histoire. Et comme la plupart des Américains, j’ai grandi en consommant de la viande, des produits laitiers et des œufs, je n’ai donc pas eu la chance de pouvoir me sevrer avant d’en être dépendant. Mon esprit et mon cœur n’ont pas été préparés à cela.
Que faire, alors ? L’évaluation la plus exhaustive de l’impact de l’élevage industriel sur l’environnement a été publiée dans la revue Nature en octobre 2018. Après avoir analysé différents systèmes de production alimentaire dans plusieurs pays, ses auteurs ont conclu que les gens qui souffrent de malnutrition dans certaines parties du monde pourraient manger un peu plus de produits d’origine animale. Mais que les Européens et les Américains, pour éviter des dommages environnementaux catastrophiques et irréversibles, devraient en moyenne réduire leur consommation de viande de 90 %, et celle de produits laitiers de 60 %.
J’ai tenté de prendre ces chiffres en compte, tout en étant lucide sur ce qu’il m’était possible de faire. Aucun produit d’origine animale avant le dîner : cela ne permet pas d’atteindre tout à fait les réductions préconisées, mais presque ; c’est facile à mémoriser et relativement facile à vivre. Pour la plupart des gens, le dîner est en effet le repas qui apporte le plus de plaisir gustatif et social, celui qui a la plus grande importance culturelle ou religieuse.
Votre identité juive est très présente dans votre œuvre. « L’avenir de la planète commence dans notre assiette » mentionne souvent votre grand-mère maternelle, qui est en train de mourir au moment où vous écrivez. De toute sa famille, elle avait été la seule, en 1941, à s’enfuir de son village de Pologne, à l’âge de 20 ans, pour échapper à la Shoah – la seule, donc, à avoir permis la continuité de votre lignée. Comment ce récit fondateur vous a-t-il fait réfléchir à l’héroïsme ? A la survie de notre espèce ?
La décision de ma grand-mère reste pour moi une énigme. Pourquoi est-elle partie ? Pourquoi les autres sont-ils restés ? Ses grands-parents sont restés, ses parents, sa sœur, sa nièce, ses cousins, ses amis, tous sont restés. Et tous sont morts. Or, elle ne savait rien qu’ils ne savaient pas : tout le monde savait ce qui se préparait – non pas le génocide, mais l’arrivée des nazis. Et elle n’était pas plus courageuse que les autres. Elle n’avait pas davantage peur de mourir. Quand je lui demandais ce qui avait motivé sa décision de partir, elle répondait toujours : « Je sentais qu’il fallait que je fasse quelque chose. »
En rentrant dans son village polonais après sa journée de travail, mon grand-père apprit par un ami que les nazis venaient d’y massacrer tout le monde, y compris sa jeune femme et leur bébé. Il voulut se rendre – il n’avait tout simplement pas la force de continuer à vivre –, mais il fut retenu par un voisin qui le contraignit à s’échapper. Après plusieurs années passées à fuir et se cacher, il rencontra ma grand-mère. Quelques années plus tard, alors que tous deux commençaient à avoir une vie plus paisible en Amérique, il se suicida, à l’âge de 44 ans : sa capacité à survivre aux épreuves avait atteint ses limites.
Ma grand-mère, elle, est morte presque centenaire. Avec leurs histoires si différentes, tous deux ont été des étoiles qui m’ont guidé dans de nombreuses traversées. Je ne suis pas sûr que ce soit le courage ou l’héroïsme qui ont permis à ma grand-mère de survivre, et ce n’est absolument pas par faiblesse que mon grand-père s’est suicidé. Il s’agit de ressorts complexes qui parlent des individus que nous sommes. Et ce sont les mêmes ressorts qui sont à l’œuvre, aujourd’hui, face à la crise environnementale. Nous sommes contraints de choisir non pas entre la survie et le suicide, mais entre plus de pertes et moins de pertes. Nous pouvons laisser notre peur, face à l’ampleur du problème, nous rendre incapable d’agir pour les générations futures, ou faire en sorte que cette peur nous rende plus forts.
Revenons sur la question de la croyance. En vous lisant, j’ai eu parfois le sentiment que vous ne croyiez pas, au fond, que nous allions être victorieux dans notre lutte contre le changement climatique. Comme si vous disiez : « Luttons, mais le combat est perdu d’avance. » Est-ce ce que vous pensez ? Ou avez-vous tout de même de l’espoir ?
Je pense des choses différentes selon les moments. Des idées parfois politiques, parfois personnelles. En écrivant ce livre, j’ai surtout ressenti de la rage ou de l’accablement, mais je me suis parfois senti extrêmement motivé et optimiste. Ce qui est certain, c’est que la conscience que nous avons de la situation augmente à un rythme très rapide : si nous continuons de changer à cette cadence, alors je crois que nous avons de vraies chances de gagner la partie. Mais, au bout du compte, que je sois optimiste ou non n’a pas beaucoup d’importance ; ce qui compte, c’est ce que nous faisons.
A la fin des présentations publiques de mon livre, il est étonnant de voir le nombre de fois où quelqu’un me demande : « Avez-vous l’espoir que les gens finiront par changer ? » En général, je rétorque : « Avez-vous l’espoir, vous, que vous finirez par changer ? » Souvent, on me répond : « Oui, je crois que je pourrais changer un peu. » Et j’insiste : « Que voulez-vous dire par un peu ? Parlons de l’avion. Que croyez-vous que vous pourriez faire pour le prendre moins souvent ? Je ne vais pas vous juger, j’espère que vous ne me jugerez pas non plus, mais parlons-en. » Et ces conversations, c’est vrai, me donnent de l’espoir.
> Lire aussi  La société face au « paradoxe de la viande »
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/15/jonathan-safran-foer-il-nous-faut-devenir-des-gens-qui-ne-volent-rien-a-la-planete_6019219_3232.html>
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4- Enquête. J’ai une Greta Thunberg à la maison, Le Monde, 16/11/19, 02h29
Jean-Michel Normand  

Leurs ados ont pris en main le bilan carbone de la maison : fini le plastique, la viande et l’avion. Récits de parents en classe de transition. 
La planète peut dire merci à la famille Lorrain. Dans la salle de bains de cette famille du 18e arrondissement parisien, point de dentifrice en tube mais sous forme solide, dans une boîte rechargeable, avec brosses à dents en bambou. Aucun emballage plastique ne saurait franchir le seuil du foyer ; pour les courses, c’est Tupperware et sac en toile. A table, la viande est devenue rare et les flocons d’avoine remplacent avantageusement la levure chimique pour préparer les cookies. Toute la maisonnée s’est engagée dans un défi zéro déchet avec d’autres familles, un engagement pris sur cinq mois, évidemment renouvelables. Dernier acte de foi : depuis une semaine, la cour de l’immeuble accueille un lombricomposteur tout neuf. Bref, c’est un sans-faute.
« Prise de tête »
Issia Lorrain, 15 ans, l’aînée des deux filles, est la grande instigatrice de ce que Sandrine, sa mère, qualifie de « révolution familiale ». Membre de Youth for Climate, l’organisation dont la jeune militante suédoise Greta Thunberg est la figure de proue, cette élève en seconde au lycée international Honoré-de-Balzac, à Paris, choisit ses mots avec soin et s’exprime avec une belle facilité – elle s’est notamment fait remarquer en participant à « L’émission pour la Terre », mi-octobre sur France 2. A la maison, elle mène tambour battant la transition écologique de la tribu, portant un regard sourcilleux sur le contenu des courses afin d’en surveiller le conditionnement et s’assurer que l’ensemble est dûment estampillé bio.
> Lire aussi  Greta et Anuna, deux figures de Youth for Climate
Elle exerce aussi un droit de regard très strict sur le programme des vacances afin d’en limiter au maximum le bilan carbone. Elle s’est vigoureusement opposée à un voyage prévu au Vietnam ; les quatre membres de la famille n’allaient tout de même pas ruiner leurs efforts quotidiens en s’en allant brûler du kérosène dans un avion long-courrier. Après de délicats pourparlers – une « prise de tête » dans le vocabulaire d’Issia –, les Lorrain ont décidé de se replier sur les plages de la Côte Vermeille, du côté de Cerbère (Pyrénées-Orientales). « J’ai dû être tolérante », convient la jeune fille.
Issia est devenue militante de l’environnement en 2018, lorsqu’elle était en classe de troisième. Une prise de conscience aiguë qui a rapidement provoqué quelques tensions. « Cela a commencé quand j’ai décidé d’être végétarienne. Mes parents n’étaient pas pour », se souvient la lycéenne. Depuis, elle a poussé son avantage et entend continuer de « dire [ses] quatre vérités » autour d’elle, bien décidée à « ne rien lâcher pour faire changer [ses] parents ». « “On ne peut plus te dire non”, disent mon père et ma mère. A force de chercher les limites, on devient très doué pour les énerver », lance-t-elle dans un grand éclat de rire.
Bien que Youth for Climate publie sur son site français des lettres ouvertes dans lesquelles des adolescents reprochent à leurs parents de les « condamner à vivre l’enfer, aujourd’hui et demain et ce pour des générations », Issia ne veut pas accabler les siens. « Ils trouvent que j’en fais trop mais ils sont vachement compréhensifs. D’ailleurs, ce sont eux en premier lieu qui m’ont sensibilisée aux questions d’environnement », reconnaît-elle. Le fossé générationnel, estime-t-elle pourtant, est manifeste. « Pour ma mère, c’est certainement compliqué de me comprendre ; lorsqu’elle était adolescente, on prenait les écolos pour des fous. »
« C’est pas Versailles ici »
Face au tourbillon d’injonctions que soulève sa fille au nom de la préservation de l’environnement, Sandrine Lorrain éprouve des sentiments partagés. Visiblement fière de la voir s’engager et porter haut les couleurs de l’écologie – « Nous avons élevé nos filles en leur expliquant dès leur plus jeune âge qu’il fallait penser à la planète », confirme cette mère de famille qui organise des ateliers éducatifs et culturels pour enfants –, elle ne cache pas que son contrôle pointilleux sur le mode de consommation, voire l’ensemble du mode de vie familial, peut devenir pesant. Régulièrement, lorsqu’elle revient des courses, il lui faut essuyer des « mais pourquoi t’as pris ça ? » accusateurs, inquisiteurs même.
« Parfois, ça me casse les pieds de me faire toper parce que je n’ai pas fait le bon choix ou eu le bon réflexe au moment de choisir tel ou tel produit. Sur le moment, je m’agace, même si, quelquefois, cela me fait prendre conscience de certaines choses. Pour autant, je n’ai pas l’intention d’arrêter de vivre et renoncer à acheter la plaquette de chocolat qui me fait envie », prévient Sandrine Lorrain.
Valérie n’est pas une bobo de l’Est parisien. Elle est cadre dans la communication et habite dans une commune cossue de la banlieue ouest. Mère de trois filles de 20, 17 et 13 ans, il lui arrive d’avoir le sentiment diffus d’héberger trois Greta Thunberg sous son toit. Dorénavant, lors des fêtes qu’elles organisent, la vaisselle jetable est taboue. Papa et maman ont dû foncer chez Ikea acheter de vraies assiettes et couverts. « Je ne me plains pas ; ce sont elles qui font la vaisselle », précise Valérie.
Dès qu’il s’agit de préserver les ressources de la planète, chacun risque néanmoins d’en prendre pour son grade. Régulièrement, ses filles sermonnent leur grand-mère sur le mode « c’est pas Versailles, ici » lorsqu’elle a eu le malheur d’oublier d’éteindre la lumière du couloir. « Là, elles viennent de décider de fabriquer leurs propres cosmétiques. J’attends avec curiosité de voir le résultat », soupire Valérie.
Ce face-à-face entre parents et ados modifie les schémas classiques du rapport d’autorité au sein de la famille. L’adulte perd une partie de son ascendant devant sa progéniture qui lui oppose des valeurs et des principes aussi difficiles à contester que la préservation des ressources naturelles, l’achat éthique et plus largement la responsabilité individuelle face à la dégradation de l’environnement.
L’écolo-activiste débutant mais archi-motivé qui fait de son cercle familial un terrain de militantisme négocie d’égal à égal avec ses géniteurs, conscient que ceux-ci sont plus ou moins taraudés par une sorte de mauvaise conscience. Déconcerté, le baby-boomeur se souvient que lorsqu’il était un ado vaguement gauchiste il manifestait dans la rue, pas chez lui, et n’interpellait pas ses parents au nom de valeurs aussi largement consensuelles. Surtout, il suffisait à son bonheur que le réfrigérateur soit plein ; la contestation n’allait pas se nicher jusque dans le contenu du chariot de courses.
Contradictions entre le discours et la pratique
Pour tenter de contenir le foisonnant cahier de revendications qui leur est opposé, les parents mettent en œuvre, selon les situations, plusieurs stratégies complémentaires. D’abord, fixer des limites. « Je comprends qu’Issia ait besoin ne nous tenir tête – c’est de son âge –, mais je ne cède pas lorsque la demande s’apparente à une forme d’extrémisme. On ne va quand même pas cesser de partir en vacances », prévient Sandrine Lorrain. Ensuite, changer de paradigme et renvoyer à son interlocuteur l’argument de la culpabilité. « Etre écolo jusqu’au bout, sans concession, c’est un luxe qui exige beaucoup de moyens et énormément de temps. Imaginez ce qu’il en serait pour une famille qui aurait du mal à joindre les deux bouts », fait encore valoir la mère d’Issia dont le plaidoyer s’achève sur un cri du cœur : « Les convictions de ma fille me coûtent cher ! » 
Autre approche, la mise en exergue des inévitables contradictions entre un discours d’une absolue rigueur et la pratique, qui peut s’en éloigner. Ainsi, il n’a pas échappé à Valérie que ses trois filles « continuent de prendre des douches qui durent une demi-heure et préfèrent se faire déposer au collège ou au lycée en voiture plutôt que d’y aller en bus ». Un argument dont elle saura faire bon usage au moment opportun.
Si l’ardente défense de la cause environnementale fait de l’exercice de la parentalité tout sauf une sinécure, il ne faudrait pas croire que ces jeunes pasionarias – c’est une évidence, les garçons sont largement moins impliqués que les filles – jouent forcément sur du velours. « C’est compliqué de chercher à vivre avec son temps et, donc, d’être dans la demande permanente. Et puis, à notre âge, on a des envies de smartphone, de produits cosmétiques, de fringues… C’est impossible d’être drastiquement écolo », analyse Nina, 15 ans.
La meilleure amie d’Issia raconte qu’elle culpabilise de vivre « un plaisir égoïste » lorsqu’elle part en vacances en Grèce et se désole de voir nombre de ses amis aller aux manifestations pour le climat mais continuer de fréquenter les fast-foods. Voire de sortir le pot de Nutella au petit-déjeuner. « Lorsqu’on s’engage vraiment, comme nous, on se doit de montrer l’exemple, mais on sait qu’au moindre écart tout le monde vous tombe dessus », explique Issia qui dit « beaucoup admirer et s’inspirer » de Greta Thunberg, mais reconnaît avoir été un peu déçue de l’avoir vue, sur une photo, manger dans un train avec un emballage plastique à côté d’elle.
Souvent précoce, l’activisme écolo-familial peut aussi attendre le nombre des années. Depuis plus d’un an, Jean-Paul, tout juste sexagénaire, assiste un peu interloqué à la conversion de sa fille, une enseignante universitaire de 25 ans, au véganisme et à une écologie politique pure et dure. « En pratique, cela signifie que je ne peux plus l’accompagner au supermarché. Jamais rien ne va ; ni l’emballage ni le produit ni son utilité. Elle se propose de m’envoyer des tutoriels pour apprendre à faire nos propres produits ménagers et, l’autre jour, m’a fait une scène parce que nous avons racheté une machine à café à capsules », témoigne-t-il.
Son activité professionnelle, dans l’univers de la compétition automobile, inspire aussi sa fille : « Elle me demande si mon métier est vraiment sérieux, si des voitures qui tournent sur un circuit, cela a du sens. » « Au fond, je préfère qu’elle soit comme ça, considère Jean-Paul. Lorsqu’ils faisaient leurs études, je disais à mes trois enfants que je comptais sur eux pour prendre les choses en main car ma génération n’allait vraiment pas leur laisser un monde idéal. A l’époque, ma fille s’en fichait un peu. Qu’elle ait fini par s’en souvenir n’est pas pour me déplaire. »
<https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/11/16/j-ai-une-greta-thunberg-a-la-maison_6019380_4497916.html>
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5- Nicolas Hulot appelle la Convention citoyenne pour le climat à "faire les choses en grand", La Tribune, 16/11/19, 08:40
Giulietta Gamberini 

Auditionné par quelque 150 citoyens, Nicolas Hulot a insisté sur la nécessité que les enjeux écologiques deviennent le "prisme à travers lequel passer toutes les politiques climatiques".
« Nous devons opérer un changement de modèle, qui ne pourra pas avoir lieu par de simples ajustements à la marge ». Auditionné vendredi 15 novembre par la Convention citoyenne pour le climat, qui avait demandé à l'écouter, Nicolas Hulot a insisté tout au long de son intervention sur la nécessité, face à la crise écologique et climatique, de « faire les choses en grand ».
« On dit parfois, Hulot s'est radicalisé. Non, c'est la situation qui s'est radicalisée », a souligné l'ancien ministre de la Transition écologique et solidaire, en rappelant que « tout se joue dans un temps court car nous avons perdu énormément de temps ».
« Ce n'est pas que je ne m'accommode pas de petits pas, mais il faut éviter que la situation nous échappe », a-t-il noté, en souhaitant que les enjeux écologiques deviennent le « prisme à travers lequel passer toutes les politiques climatiques ».
Anticiper
Devant quelque 150 citoyens qui l'ont acclamé à plusieurs reprises, Nicolas Hulot a égrené les ingrédients de sa recette. Tout d'abord, une « vision partagée », nécessité mais aussi « opportunité » découlant de « l'injonction climatique ».
« Le plus éprouvant quand j'étais ministre, c'étaient les séances à l'Assemblée nationale, car j'avais le sentiment que tous le monde se détestait alors que face à la crise écologique on va tous gagner ou perdre », a avoué Nicolas Hulot, en invitant la Convention citoyenne à « donner un exemple de maturité ».
« Par rapport aux enjeux du XXIe siècle, on ne manque pas d'intelligence, mais d'intelligence collective », a-t-il ajouté, en se disant convaincu que « si on veut échouer, il faut continuer à entretenir la division ».
Selon l'ancien ministre d'Etat, un tel état d'esprit doit toutefois être soutenu d'une méthode, qu'il a résumée en trois principes : « prévisibilité, irréversibilité, progressivité ». Une fois déterminé un objectif clair, il faut le tenir, tout en donnant aux acteurs concernés le temps de s'adapter, a-t-il expliqué, en citant l'exemple de la sortie du glyphosate et de l'abandon des voitures thermiques.
« On connaît les gagnants et les perdants » à court terme de la transition: « il faut anticiper » pour que « personne ne soit mis dans l'impasse ».
>> Suite à lire à :
<https://www.latribune.fr/entreprises-finance/transitions-ecologiques/nicolas-hulot-appelle-la-convention-citoyenne-pour-le-climat-a-faire-les-choses-en-grand-833221.html>
Sur le même sujet :
> Nicolas Hulot se lâche à la Convention citoyenne sur le climat <http://www.leparisien.fr/environnement/nicolas-hulot-se-lache-a-la-convention-citoyenne-sur-le-climat-15-11-2019-8194425.php>, Le Parisien, 15/11/19, 19h19
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6- Des ONG proposent une taxe carbone juste, Sciences & Avenir, 16/11/19, 09h00
Loïc Chauveau

Réseau action climat, Oxfam et le Secours Catholique publient une proposition de taxe carbone dont le produit serait redistribué aux ménages les plus pauvres. Un comparateur permet de tester sa propre situation fiscale.
Les ONG mettent leur grain de sel dans le débat intense sur l’instauration d’une taxe carbone sur la consommation des énergies fossiles. Réseau action climat, OXFAM et le Secours catholique Caritas France viennent de mettre au point un instrument de comparaison simple qui fait se croiser le nombre de membres du ménage, son revenu, la surface du logement et son mode de chauffage, la possession de voitures et le nombre de kilomètres parcourus. "Nous mettons à disposition cet instrument simple pour que chacun puisse se rendre compte de l’effet sur sa propre situation d’une taxe dont la moitié du produit - 4 milliards d’euros - serait redistribuée aux cinq premiers déciles de répartition des revenus en France", résume Daphné Chamard-Teirlinck, chargée de projet mobilité inclusive et durable au Secours Catholique.
Il y a un an, les gilets jaunes sortaient dans la rue, exaspérés par la hausse de la taxe carbone. Les manifestants ont obtenu le report de son augmentation et la taxe est actuellement gelée à 44,6 euros la tonne de CO2, soit l’équivalent de 7,5 centimes par litre d’essence pour un "produit" de 8 milliards d’euros par an. Si depuis, le champ des revendications s’est élargi à d’autres sujets, l’outil fiscal reste au centre des discussions. Il est notamment débattu au sein de la Convention citoyenne pour le climat qui rendra ses conclusions en janvier.
>> Suite à lire à :
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat/a-la-recherche-d-une-taxe-carbone-juste_139031>
En savoir plus :
> Calculateur taxe carbone juste <https://reseauactionclimat.org/calculer-sa-taxe-carbone-juste/>, Réseau Action Climat
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7- Où en est le mouvement mondial des Droits de la Nature ? Entre espoirs et déceptions, Mr Mondialisation, 16/11/19

L’Équateur a inscrit les droits de la Nature dans sa Constitution en 2008, or qu’en est-il du reste du monde ? En Équateur comme ailleurs, le mouvement des droits de la Nature est très complexe : les avancées juridiques sont concrètes or, en réalité, elles ne garantissent pas le respect de ces dits droits de la nature dans les faits. Une paradoxe intenable propre à l’ère moderne et son économie triomphante, entre espoirs… et déceptions.
Nous vivons actuellement dans une construction anthropocentrique. L’humain est placé en haut de la pyramide du vivant, alors même que cette conception du rapport au vivant est incompatible avec les conditions de vie sur Terre aujourd’hui. Selon les Maoris, c’est d’ailleurs la relation symbiotique de l’être humain avec l’environnement qui le rend responsable de sa protection, par son rôle de kaitiaki (c’est-à-dire tuteur, gardien). À la pyramide du vivant devrait ainsi se substituer un cercle, sans aucune hiérarchie entre tous les êtres vivants. Or, cette pensée anthropo-centrée, remontant à l’époque des Lumières, est tellement ancrée dans la société qu’elle nous a amené à vivre dans un système où la Nature est considérée comme inférieure aux humains. Qui plus est, les entreprises, tout comme les humains, ont des droits, alors pourquoi pas la Nature ? Ne faudrait-il pas reconsidérer sa manière de penser et envisager une nouvelle pyramide, où les droits de la Nature surplomberaient ceux des humains et des entreprises, dès lors que sa « survie » garantit aussi la nôtre ? Le droit a toute sa place dans ce processus, or il doit être utilisé de manière efficiente pour être mis en place et respecté. 
>> Suite à lire et à voir à :
<https://mrmondialisation.org/ou-en-est-le-mouvement-mondial-des-droits-de-la-nature-entre-espoirs-et-deceptions/>
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8- Portrait. Défense de l’environnement : Wanjira Mathai, au nom de la mère, Le Monde Afrique, maj le 17/11/19 à 05h40
Marion Douet  (Nairobi, correspondance)

La fille de la prix Nobel de la paix Wangari Maathai continue son combat pour sensibiliser les Kényans à la protection de la planète. Elle s’est engagée fin octobre avec succès contre un projet autoroutier du gouvernement. 
Une date a changé la vie de Wanjira Mathai. Sans trop savoir pourquoi, un jour de février 2000, elle laisse derrière elle Atlanta, aux Etats-Unis, direction le Kenya. La fille cadette de Wangari Maathai a grandi dans ce pays d’Afrique de l’Est, mais vit depuis douze ans de l’autre côté de l’Atlantique, où elle a étudié la santé publique et où elle travaille à la Fondation Carter. « Les Etats-Unis étaient mon horizon. Et puis, d’un coup, j’ai ressenti ce besoin de rentrer. Je ne savais pas vraiment exprimer pourquoi, mais c’était clair », raconte cette femme grande, élégante et charismatique dans un café populaire de Nairobi, la capitale kényane. Depuis, cet aller simple a pris tout son sens.
Lorsque Wanjira débarque au Kenya, sa mère y est une figure du militantisme. L’écologiste s’est fait connaître à la fin des années 1970 avec le Green Belt Movement (Mouvement de la ceinture verte), qui a incité des milliers de femmes à planter des arbres dans ce pays abîmé par la déforestation et qui a fini par influencer son gouvernement sur l’importance de ce sujet – un plan national de reforestation a été ainsi lancé en 2018. Puis, sous la dictature de Daniel Arap Moi, dans les années 1980 et 1990, elle a porté le combat pour la libération des prisonniers politiques. Au début de XXIe siècle, le Kenya entre dans une nouvelle ère avec l’élection de Mwai Kibaki en 2002 et Wangari Maathai, pour qui démocratie et environnement ont toujours fait partie du même combat, sera élue députée.
> Lire aussi  Wangari Maathai l'incontrôlable 
Wanjira Mathai, qui s’était depuis toujours attachée à tracer sa propre voie, devient petit à petit l’assistante de sa mère. « Je faisais ce qu’elle voulait, sourit-elle. Ecrire des lettres, chercher des financements, recevoir des invités de passage, créer un site Web… En somme la décharger de tout et de rien ! » Heureuse dans ce rôle, elle décide pourtant, après quatre ans, que l’heure est venue de rentrer aux Etats-Unis. C’était sans compter sur une autre date capitale : le 8 octobre 2004. Ce jour-là, quinze jours avant son vol retour, Wanjira s’assoit dans un restaurant à l’heure du déjeuner. La télé, branchée sur CNN, diffuse l’annonce du nouveau prix Nobel de la paix. Le nom tombe : « Wangari Maathai. » « Quel choc… Je suis assise là, tout le monde crie, personne ne sait qui je suis… » Repartir n’est plus possible.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/16/defense-de-l-environnement-wanjira-mathai-au-nom-de-la-mere_6019445_3212.html>
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9- « Grand-mère sait faire » ou la revanche des mémés, Le Monde, 17/11/19, 05h46
Pascale Krémer  

Et si nos mamies avaient eu raison avant tout le monde ? Incarnation du bon sens et de l’anti-gaspi, la mémé, cette écolo qui s’ignorait, est en retour de « hype ». 
On avait beau l’adorer, ses réflexions agaçaient. « Ferme la porte, tu chauffes le cul du bon Dieu… », « Attention tu fais des épluchures trop grosses ! », « Toutes ces feuilles de papier toilette pour des petites fesses d’enfant ? » Chez Léonie, à Villeneuve-l’Archevêque, dans l’Yonne, la vaisselle se faisait en bassine, dans l’évier, la douche devait être désencombrée avant exceptionnel usage, la télé se regardait, agglutinés autour de la cuisinière, la température des chambres poussait à s’enfouir jusqu’aux yeux sous l’édredon, les pulls étaient tricotés main, les rangs de haricots verts arrosés à l’eau de pluie, les croûtes de pain échangées contre les tomates du voisin, qui élevait poules et lapins, et le biclou du grand-père tenait lieu de SUV (véhicule utilitaire sportif).
Près d’un demi-siècle plus tard, hommage doit lui être rendu : Léonie dite « mémère Nini » avait raison. Cette grand-mère de la campagne et de peu de moyens, qui n’avait que trop connu la guerre, les tickets de rationnement et les rutabagas, était, par nécessité, écologiste avant même que le mot existe ; elle pratiquait, sans s’imaginer pionnière, la sobriété, le zéro déchet, l’économie circulaire, la permaculture, le locavorisme, l’échange de services et le do it yourself.
> Lire aussi  « Do-it-yourself » : la renaissance du faire-soi-même
Mouchoirs en tissu et poêles à bois
Qui veut réduire son empreinte carbone adopte peu ou prou, aujourd’hui, le mode de vie des mémés à blouse de la France rurale. Montreuil (Seine-Saint-Denis) et Villeneuve-l’Archevêque : mêmes mouchoirs en tissu, mêmes poêles à bois, mêmes ­vélos, même combat ! Le rapprochement ne réjouit pas forcément les militants écologistes, las d’être renvoyés aux temps éclairés à la bougie. Pour mobiliser la jeunesse, Greta Thunberg vaut mieux que mémère Nini. Quoique… « Mémé [L’Iconoclaste, 2014], c’est un label politique, estime Philippe Torreton. C’est mon livre le plus engagé même si telle n’était pas mon intention initiale. »
Début 2014, l’acteur publiait cette ode à son aïeule normande Denise et à « sa simplicité de vivre », qui n’a cessé, depuis, de se vendre (185 000 exemplaires) et de lui valoir du courrier. « Je me méfie, pondère-t-il, de notre regard nostalgique. Son existence était rude tout de même. Mais une partie de la survie de l’espèce ­humaine dépend de notre capacité à nous réapproprier sa sobriété, après avoir été tant poussés à consommer, à jeter. Ce n’est ni passéiste ni réactionnaire. C’est un retour au bon sens. »
Retour que l’ancien sociétaire de la Comédie-Française opère lui-même en famille. Ses deux enfants, jure-t-il, savent se transmettre les vêtements, éteindre les lumières et finir leur assiette. Dans le jardin de la maison, en Val-de-Marne, les poules, récupérateur d’eau et salades ont leur place. « Je me lave au lavabo, poursuit-il, je ne prends plus qu’une douche par semaine, comme mémé. Ne pas gaspiller, cuisiner les restes, recycler… je l’entends me parler ! »
> Lire aussi  L’ère est à la société de déconsommation
L’urgence environnementale offre une belle revanche à la culture « mémé », en ce début de troisième millénaire. Celle-là même qu’avaient ringardisée la modernité consumériste des « trente glorieuses », le tout-jetable, le tout-plastique. Sur les blogs écolos, et sur fond de tendres photos noir et blanc, le quotidien exhumé des grands-parents ou arrière-grands-parents, leur vie modeste, économe, leur proximité avec la nature et les saisons, redeviennent source d’inspiration. Les bocaux, les filets à provisions, le verre consigné, le compost, le potager, les poules, le bidon d’eau de pluie au milieu du jardin, les conserves maison, l’art d’accommoder restes et épluchures, le garde-manger à la cave, l’achat en vrac chez le commerçant du coin, les serviettes de table et mouchoirs en tissu, les bouillottes, les couches lavables, le savon noir et le vinaigre blanc : tout ressort comme par magie de l’armoire normande.
Retraité de la SNCF, Frédéric Wetzel poursuit l’énumération sur son site Internet ­Jeveuxsauverlaplanete. Le sexagénaire a transformé son pavillon de Baisieux (Nord) en laboratoire de basse consommation d’eau et d’électricité pour « reproduire l’exemple » de sa grand-mère Aurélie, qui l’a élevé dans les années 1950. « Son équipement électrique se limitait à quatre ou cinq ampoules et une radio qu’elle ne laissait jamais allumées inutilement. La lessive et le lavage des sols s’effectuaient à l’eau de pluie. Aurélie était écolo malgré elle. Elle faisait attention, c’est tout. Ça la ferait rigoler, toutes ces choses auxquelles on revient. A cette époque, les conditions de vie des femmes n’étaient pas très agréables… »
Une websérie avec mamie
Difficile en effet de qualifier d’« heureuse » la sobriété du monde rural après-guerre. « Les femmes aujourd’hui nonagénaires étaient aliénées, elles menaient une vie de labeur, sans aucun loisir », rappelle Christine Castelain-Meunier, sociologue de la famille et de l’environnement à l’EHESS et au CNRS. Et pourtant, crise écologique aidant, les mémés se muent, selon elle, en « modèle porteur » conforme aux aspirations des plus jeunes : « Leurs pratiques font sens aujourd’hui. A cette différence près que les tâches sont désormais partagées dans le couple. Et que ce mode de vie est un choix, effectué pour épargner la nature, qui procure une certaine fierté. On est passés de la frugalité imposée à la sobriété heureuse, grâce aux technologies et services qui viennent à notre secours. »
Tandis qu’Ehpad et villages crient misère, la « mémémania » s’impose, beau paradoxe, hissant l’aïeule qui n’en demandait pas tant au sommet de la pyramide de la hype. Une websérie collaborative en témoigne, qui lancera bientôt sa deuxième saison grâce au financement participatif : Grandmas Project. De ­jeunes réalisateurs se filment en cuisine avec leur grand-mère. Comme Irvin Anneix, artiste vidéaste de 29 ans, et sa mamie Yoda, confectionnant en duo et rires complices un lait de poule à la campagne. Les treize premiers films ont cumulé plus de 100 000 vues. Jonas Parienté, créateur du projet, évoque sa mémé polonaise qui n’utilisait ­jamais qu’un sachet de thé quel que fut le nombre de tasses. « Elle me semblait trop près de ses sous. Elle avait l’art de consommer le moins possible. Aujourd’hui, je la vois d’un autre œil, avec mes trois enfants que je sensibilise à l’épuisement des ressources… »
Un filon pour les marques
La publicité et le marketing font les mêmes yeux doux à cette rassurante, bienveillante, immuable incarnation de la simplicité. Cette « antithèse de la ­figure de modernité froide et ­superficielle », comme la caractérise Mme Castelain-Meunier. Mémé est mise à toutes les sauces. Quoi de plus tendance que de nommer son restaurant Odette ou Albertine et Louison ? Elaborer la carte d’après les recettes de l’aïeule, ou en sa compagnie ! Jean Imbert, chef trentenaire et médiatique, joue sur du velours nostalgique. Après avoir inauguré un restaurant à Miami avec le chanteur Pharrell Williams, il a ouvert Mamie par Jean Imbert, en mars, à Paris, avec sa grand-mère ­Nicole, 92 ans, au blanc chignon, dont le portrait devant un baba au rhum chantilly peut déclencher 18 000 mentions enamourées sur Instagram.
Au menu, poulet rôti, blanquette de veau, œufs à la neige… De l’enfance en cocotte que concoctent aussi les seniors recrutés par les deux restaurants Nos grands-mères ont du talent, le traiteur Mamie Foodie ou le service de chefs à domicile Lou Papé. Les produits d’épicerie bio Mémé Georgette font un tabac. Mamie Colette permet de se ­doter en ligne d’accessoires zéro déchet, Mamy Factory ou Gang de grands-mères de commander des vêtements de bébé tricotés main de mémés, Mamie & Co de faire le ménage à la mode de ­Marie-Thérèse, la mamie du ­fondateur. A moins d’opter, en grande surface, pour les produits ménagers Paulette.
N’en jetez plus, des mémés ! « La société n’avance pas dans le bon sens, alors on prend le contre-pied, défend David Couthon, 46 ans, fondateur et ­patron de Mamie & Co. Ce n’est pas une tendance, c’est un courant de fond. » Une angoisse, soudain : le courant nous portera-t-il jusqu’aux napperons en crochet, aux blouses de ménage à fleurs, aux capuchons en plastique des jours de pluie ? Parce que, là, avouons-le, mémé n’avait pas forcément raison.
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Du marketing à la sauce mamie
Mémé Georgette 
Sur le site Internet de cette marque de produits d’épicerie bio et sans conservateurs, dont s’est emparée la grande distribution depuis 2016, une mémé portant ­chapeau à large bord brandit un poing rageur. Et s’adresse directement au consommateur : ­« Retrouve-moi sur les ­réseaux, gamin. » Charles Hannon, le fondateur tout juste quinquagénaire, a passé son ­enfance dans la banlieue de Dunkerque chez mémé Georgette, qu’il accompagnait au jardin ouvrier et dont il a ­conservé les « principes de base » antigaspillage et anti-nourriture industrielle : « Arrêter la folie du « Je consomme donc je suis. » Nous sommes déjà dans l’effondrement. Il y a urgence à revenir au simple, au brut, au bon sens. » Les bocaux de légumes, compotes, biscuits, plats cuisinés, pâtes à tartiner et même tee-shirts à l’effigie de sa grand-mère maternelle lui ont permis de tripler le chiffre d’affaires en deux ans (pour atteindre 12 millions d’euros en 2018) et d’employer 80 salariés. La production est française, écologiquement et ­socialement vertueuse et certains packagings (bocaux, boîtes en fer) sont consignés en ­collaboration avec le groupe Casino.
Mamie & Co 
Cette boutique en ligne créée, en 2012, par ­David Couthon, 46 ans, propose des produits de ménage et des remèdes naturels qui « nous ­viennent de nos grands-mères et n’ont pas pris une ride ». Dans cette droguerie d’antan numérique, l’on se fournit en bicarbonate de soude, gelée royale ou blaireaux de rasage puisque Mamie, dessinée en ­chignon et tablier, « a plus d’un tour dans son tablier ». A l’instar de ­Marie-Thérèse, institutrice berrichonne, ­grand-mère maternelle et « valeur refuge » de M. Couthon. La marque, basée à La Rochelle, se développe en zone ­rurale, notamment, où 120 conseillères de vente organisent des ateliers à domicile pour partager les « trucs et astuces de la culture grand-mère ». Son chiffre d’affaires (800 000 euros) a bondi de 50 % cette année.
<https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/11/17/grand-mere-sait-faire-ou-la-revanche-des-memes_6019458_4497916.html>
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10- « Cause toujours, baby-boomeur », M Le Mag, 18/11/19, 07h13
Jean-Michel Normand et  Nicolas Santolaria  

Né aux Etats-Unis, le slogan « OK boomer » est devenu le cri de ralliement pour toute une génération, excédée des moqueries suscitées par son engagement pour l’environnement. 
Le 5 novembre, alors que la députée néo-zélandaise Chlöe Swarbrick, 25 ans, défendait l’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique devant le Parlement de son pays, un de ses collègues plus âgés a trouvé bon de huer son intervention. Pour le faire taire, la jeune députée a alors prononcé une formule aussi cinglante que lapidaire : « OK, boomer ».
Dans les pays anglo-saxons, et surtout aux Etats-Unis, ce slogan, que l’on pourrait traduire par « Cause toujours, baby-boomeur », est devenu un cri de ralliement depuis janvier. Il traduit en deux mots la fracture générationnelle qui se cristallise autour de la question climatique entre, d’une part, les baby-boomeurs nés entre 1945 et 1975, et, d’autre part, les générations Y et Z. Pour le New York Times, « OK boomer marque la fin des relations amicales entre générations ».
> Lire aussi  Top 10 des idées reçues sur les « millennials »
Véritable cri de colère devenu un mème sur les réseaux sociaux, le slogan fait également l’objet d’un intense merchandising. Preuve du génie marketing de la génération montante, « OK boomer » s’affiche sur des milliers de produits dérivés ; tee-shirts, hoodies, leggings, mugs, autocollants, coques de smartphone, bouteilles ou dessus de lit. Le message sous-jacent est clair : dénoncer les stéréotypes à l’encontre des jeunes et les moqueries suscitées par leurs mobilisations pro-environnement.
Le « patient zéro », celui qui a été pour la première renvoyé dans les cordes au moyen de l’expression « OK boomer », est un type à cheveux blancs et à casquette de base-ball qui, sur le réseau social Tik Tok, stigmatisait la jeunesse en ces termes : « Les millennials et la génération Z sont atteints du syndrome de Peter Pan, ils ne veulent pas grandir. » Son intervention, relevant de la plus sommaire psychologie de comptoir, a alors suscité des milliers de réactions reprenant toutes la formule « OK boomer », laquelle s’est répliquée en autant de mises en scène épidémiques (peinte sur une pierre, inscrite sur un maillot, gravée sur une citrouille…).
Immobilisme hargneux
Considéré comme un « donneur de leçons » ayant largement profité du système, le baby-boomeur aurait donc à peu près tout du vieux con qu’il s’est lui-même appliqué à déboulonner en Mai 68. S’il est difficile de souscrire à pareille généralité, le slogan « OK boomer » dénonce plus largement une forme de condescendance qui n’est pas forcément liée à la différence d’âge, une sorte d’immobilisme hargneux qui s’est largement exprimé autour de la figure de Greta Thunberg. A propos de la jeune Suédoise, le philosophe Michel Onfray écrivait dans un post de blog daté du 24 juillet : « Cette jeune fille arbore un visage de cyborg qui ignore l’émotion – ni sourire ni rire, ni étonnement ni stupéfaction, ni peine ni joie. (…) Elle fait songer à ces poupées en silicone qui annoncent la fin de l’humain et l’avènement du posthumain. » 
> Lire aussi  Attaques contre Greta Thunberg : « On accuse les autistes de ne pas avoir d’émotions depuis longtemps »
Cette violence, suscitée par la revendication pourtant légitime de vivre sur une planète habitable, a fini par faire penser aux jeunes que leurs aînés, dont les comportements ont largement hypothéqué le futur de la planète, étaient également animés par la volonté de les blesser. Qualifiés entre autres de « génération Chochotte » par l’écrivain américain Brett Easton Ellis, ou encore de génération « Snowflake » (le flocon de neige étant assimilé à la faiblesse, à l’inconsistance), les millennials ont donc décidé de ne plus se laisser faire. « C’est marrant que tu penses que je respecte ton opinion, alors que ta coupe de cheveux a l’air si irrespectueuse », chante le jeune Jonathan Williams, 20 ans, dans l’hymne du mouvement sobrement intitulé… « OK boomer ». Ce que l’on appelle, en d’autres termes, une inversion de stigmate.
+ En vidéo : OK boomer tiktok compilation <https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=NarX9usjj0Q&feature=emb_logo>, OK boomer centum, 02/11/19
<https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/11/18/cause-toujours-baby-boomeur_6019520_4500055.html>
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11- Eduquer, réguler, recycler... les premières pistes de la Convention citoyenne pour le climat, Le Monde, 18/11/19, 07h40
Audrey Garric et  Rémi Barroux  

Les 150 Français tirés au sort ont dévoilé leurs travaux à mi-parcours, avec l’objectif de réduire, dans un esprit de justice sociale, les émissions de CO2 d’au moins 40 % d’ici à 2030. 
Faire évoluer la Constitution en faveur de l’environnement, développer l’éducation et la formation, rendre obligatoire le recyclage de tous les plastiques d’ici à 2025, réformer la politique agricole commune, réguler la publicité, modifier l’utilisation de la voiture individuelle, lutter contre l’artificialisation des sols en limitant l’étalement urbain ou encore obliger les entreprises à faire un bilan carbone… Voilà certaines des nombreuses pistes de mesures dévoilées par la Convention citoyenne pour le climat, dimanche 17 novembre, à mi-parcours de cet exercice de démocratie directe d’une ampleur inédite.
Sous des applaudissements nourris, dimanche après-midi, les délégués des cinq ateliers – se loger, se déplacer, produire-travailler, se nourrir, consommer – ont tenté de résumer trois jours de travail intense. « Ils sont assez bluffants. Une bonne partie d’entre eux ne connaissaient rien au sujet et, en trois week-ends, ils ont acquis une bonne compréhension des mécanismes et de ce qu’il faudrait mettre en œuvre pour la transition écologique », jugeait alors Cyril Dion, le réalisateur du film documentaire Demain (2005) et l’un des trois « garants » de l’indépendance des travaux de cette Convention, annoncée par Emmanuel Macron, le 25 avril, lors de sa conférence de presse de conclusion du grand débat national.
> Lire aussi  En France, 150 citoyens tirés au sort chargés de trouver des solutions à la crise climatique
Réduire les émissions dans un esprit de justice sociale
Les 150 Français qui la composent, tirés au sort de manière à représenter l’ensemble de la société – ils sont ouvriers, cadres, étudiants, agriculteurs ou retraités, âgés de 16 à 80 ans et issus des quatre coins de France – planchent depuis début octobre sur la manière de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici à 2030 dans un esprit de justice sociale.
Durant ce long week-end de travail, le troisième des six prévus, ils étaient réunis dans les locaux du Conseil économique, social et environnemental, au Palais d’Iéna à Paris. Au menu : définir leurs priorités et commencer à esquisser des mesures au sein des cinq groupes thématiques. Une « escouade volante » a été créée pour répondre aux questions transversales, qui ont trait au financement et à la fiscalité, ainsi qu’à l’information et la sensibilisation de la population.
Mais si la fiscalité a été très présente dans les différents groupes – proposition a ainsi été faite d’une TVA indexée « selon le lieu de production et le lieu de vente d’un produit » –, le retour éventuel d’une hausse de la taxe carbone, mesure annulée par le gouvernement, car à l’origine de la colère des « gilets jaunes », a soigneusement été écartée des pistes de travail. « On a voulu nous pousser à l’évoquer mais il n’en est pas question », pestait ainsi Patrice (certains intervenants n’ont pas souhaité donner leur nom), de Montrouge (Hauts-de-Seine), retraité du nucléaire.
« Bienvenue dans la complexité ! »
Pour les aiguiller dans leur réflexion, les citoyens ont auditionné pas moins de soixante experts sur les trois jours, contactés à leur demande : des banquiers, des ONG, des scientifiques ou encore la « gilet jaune » Priscillia Ludosky et le président du conseil de surveillance de PSA Peugeot Citroën Louis Gallois. « Il faut prendre le temps de digérer et faire la synthèse de tout ce qu’on entend, pour ne pas être sous l’influence de quiconque », explique Matthieu, 40 ans, qui travaille dans l’événementiel en Seine-et-Marne. Les citoyens ont aussi à leur disposition une équipe de « fact-checkeurs » – des chercheurs qui répondent aux questions qu’ils se posent –, ainsi que des experts qui peuvent évaluer l’impact environnemental et social des mesures, leur coût et leur faisabilité technique.
« Bienvenue dans la complexité ! », avait lancé Nicolas Hulot aux citoyens qui l’auditionnaient en ouverture du week-end. Durant deux heures, l’ancien ministre de la transition écologique et solidaire, rappelant que l’« on assiste en spectateur surinformé à la gestation de la plus grande catastrophe de l’humanité », a répondu sans langue de bois aux nombreuses questions de son audience.
Les mesures incontournables à prendre ? « Ne pas ratifier le CETA [le traité de libre-échange avec le Canada]. » La taxe carbone ? « La fiscalité écologique, j’y suis favorable, mais si vous ne redistribuez pas derrière les recettes de la taxe carbone à ceux qui en ont le plus besoin, c’est irrecevable. » Le ministère de l’écologie est-il encore utile ? « Il aurait fallu avoir un vice-premier ministre à l’écologie pour avoir de l’autorité sur les autres ministres », a-t-il lancé, taclant ses anciens collègues à l’agriculture et à Bercy.
« Cartes sur table »
Plus tard, les citoyens réunis dans le groupe de travail « se déplacer » débriefaient l’intervention de Nicolas Hulot. « J’ai été rassurée », disait l’une d’entre eux. « Il a mis cartes sur table », abondait un autre. « S’il s’est cogné à un mur, je me demande où on peut aller nous », s’interrogeait un troisième. Certains y voyaient la confirmation que « la voiture électrique ne peut être qu’une solution transitoire », d’autres que le ferroutage « est trop peu développé ».
Le travail des « 150 » est loin de se résumer aux sessions organisées par la Convention. Ils sont nombreux à poursuivre les discussions sur des groupes Facebook ou WhatsApp ou à se retrouver dans leur région. « Ma vie tourne beaucoup autour de l’écologie en ce moment, reconnaît Grégoire Fraty, 31 ans, secrétaire général chargé de la formation professionnelle dans une association près de Caen (Calvados). J’ai rencontré mon maire, mon député, des acteurs de terrain. Je multiplie les lectures que l’on me conseille. »
Même engagement du côté de Myriam Lassire, 48 ans, conductrice de navettes à la raffinerie de Feyzin (Rhône), qui ne rate pas une occasion de parler de la Convention autour d’elle. « Je ne pensais pas que la planète était aussi atteinte. Il faut trouver des solutions pour alerter les gens, dans les écoles, les facs, les usines. » Comme beaucoup d’autres, elle regrette toutefois de « n’avoir pas suffisamment de temps pour débattre alors que tout est chronométré ». Les citoyens ont ainsi demandé à pouvoir travailler un week-end de plus, après la date prévue de fin des travaux, le 26 janvier. Une question qui sera « examinée avant Noël », selon Thierry Pech, coprésident avec Laurence Tubiana du comité de gouvernance de la Convention.
« Sans filtre »
Pressés par le temps, les participants ont ainsi renâclé à l’idée de devoir, dès cette troisième session, définir des pistes prioritaires. Dans les ateliers, nombreux étaient ceux qui voulaient présenter l’ensemble des propositions en chantier, soit près d’une centaine au total. « Vous avez le sentiment d’être contraints, vous devez travailler vite », a concédé Laurence Tubiana, lors de sa conclusion dimanche. « C’est dur de choisir, mais rien ne sera perdu », a-t-elle insisté, en félicitant les participants d’avoir « pris les commandes ». Cette liste de propositions devrait émerger plus concrètement lors du prochain week-end de travail, les 6, 7 et 8 décembre.
Elles devraient être soumises « sans filtre », c’est-à-dire sans intervention du gouvernement, au vote du Parlement, à référendum ou traduites en mesures réglementaires, selon les promesses d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe. « Le doute que j’ai, ce n’est pas votre volonté, c’est ce qui peut sortir de structurant en quatre, cinq, six sessions », a interrogé Nicolas Hulot, appelant à « pérenniser » cette expérience. Le gouvernement a « tout à perdre si cela se termine par une déception de votre part ».
Sans aucun doute, cette question du sort qui sera réservé à leurs préconisations sera évoquée lors de l’audition du chef de l’Etat. Emmanuel Macron a en effet répondu favorablement, sur son compte Twitter, à l’invitation qui lui a été faite de venir devant les 150 citoyens de la Convention. « Vous avez été tirés au sort et avez accepté de construire notre avenir en relevant son plus grand défi : lutter contre le changement climatique. Bravo pour votre engagement ! », a-t-il écrit en annonçant sa venue pour janvier 2020. Un message plutôt bien reçu. A condition, précisaient de nombreux citoyens soucieux de garder la main sur la Convention, que sa venue se fasse à leurs conditions.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/18/climat-la-convention-citoyenne-presente-ses-premieres-pistes-de-mesures-des-transports-a-l-alimentation_6019542_3244.html>
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12- « La posture de la jeune génération est morale et va au-delà de la question de l’environnement », Le Monde, 18/11/19, 09h11
Jean-Michel Normand  

Selon les sociologues Anne Muxel et Monique Dagnau, les adolescents d’aujourd’hui aspirent à société plus frugale et moins individualiste. 
Ces adolescents qui se mobilisent pour la défense du climat en pointant la responsabilité des politiques et en faisant le procès au quotidien du mode de consommation de leurs aînés constituent une génération plus tourmentée que révoltée. « Leur posture est morale et va au-delà de la question de l’environnement », considère Monique Dagnaud, sociologue à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Selon elle, « ces jeunes, plutôt bien intégrés et qui se destinent à des études supérieures – ce qui représente environ 40 % d’une classe d’âge –, rejettent le mode de consommation dominant ; ils aspirent à une société plus frugale, plus fraternelle, moins compétitive et moins individualiste ».
« Ces jeunes ne sont pas dans l’exubérance »
Pour Monique Dagnaud, auteure de La Teuf (Seuil, 2008), essai sur le désordre des générations, « ces jeunes ne sont pas dans l’exubérance. Ils aspirent à une bonne vie, au sens presque traditionnel du terme, perspective que risquent de compromettre les conséquences du ­dérèglement climatique ». « Leur vision des inégalités, centrée sur une dimension générationnelle, poursuit la sociologue, apparaît beaucoup plus morale que ­sociale. » Plus largement, les adolescents de la fin des années 2010 se caractérisent par une moindre appétence pour les comportements transgressifs. Les statistiques, en France comme au Royaume-Uni ou en Allemagne, suggèrent un recul sensible de la consommation d’alcool ou de drogues. De même, les statistiques de l’OMS indiquent que l’âge du premier rapport sexuel tend à légèrement augmenter.
La volonté adolescente de ­remettre en question, au nom de la défense de l’environnement, la façon de consommer des adultes offre, selon Anne Muxel, sociologue et politologue au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), « une bonne illustration d’une évolution perceptible dans des domaines tels que la culture, la musique ou la mode et qui voit les jeunes devenir prescripteurs alors que, traditionnellement, la transmission était descendante ». Quant à l’apparente surreprésentation des filles parmi ces activistes, elle ne surprend pas tout à fait l’auteure de Politiquement jeune (Editions de l’Aube, 2018). « Généralement, les filles se situent en retrait de la manière traditionnelle de faire de la politique. En revanche, elles investissent davantage que les garçons des enjeux à dimension plus morale ou universelle dont fait partie la défense de l’environnement », avance Anne Muxel.
> Lire aussi  J’ai trois Greta Thunberg à la maison... Ces ados écolos qui prennent en main le bilan carbone de la famille
<https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/11/18/la-posture-de-la-jeune-generation-est-morale-et-va-au-dela-de-la-question-de-l-environnement_6019551_4497916.html>
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/18/a-gardanne-une-mine-de-projets-technologiques-et-circulaires_6019622_3234.html>
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13- En France et à l’étranger, le sort varié des consultations de citoyens, Le Monde, 18/11/19, 10h34
Claire Legros

Locaux, nationaux ou thématiques, les conseils participatifs et tirages au sort opèrent un retour discret, pas toujours suivis d’effet. 
Qui se souvient de la première convention citoyenne pour le climat, organisée en France en 2002 ? A l’époque, ils étaient seize citoyens tirés au sort et formés durant trois week-ends. Le but était déjà d’« inviter un échantillon significatif de Français, les informer le plus scientifiquement et objectivement possible, et leur demander de réinterroger des experts avec leur nouveau bagage intellectuel, afin de donner enfin leur avis sur la question », expliquait alors au Monde le biologiste Jacques Testart, président à l’époque de la Commission française du développement durable (CFDD), dépendant du ministère de l’environnement, qui avait organisé le dispositif.
Dix-sept ans plus tard, les recommandations de ces citoyens impressionnent par leur radicalité et leur caractère visionnaire : taxation du kérosène, généralisation du ferroutage, fonds mondial d’indemnisation en cas de catastrophe liée au réchauffement planétaire… « Mais, à l’époque, personne au gouvernement n’en a regardé les résultats », note Marie-Angèle Hermitte, directrice de recherche honoraire au CNRS, qui avait coorganisé les débats.
> Lire aussi  Eduquer, réguler, recycler… les pistes des Français tirés au sort pour le climat
Une histoire déjà longue
Si la convention citoyenne pour le climat de 2019 reste inédite en France par son ampleur (150 citoyens, six grands week-ends de débats), elle s’inscrit dans une histoire déjà longue. Le tirage au sort, socle de la démocratie athénienne, a fait un retour discret dans les sociétés occidentales à la fin du XXe siècle. Aux Etats-Unis, c’est à la suite d’un « sondage délibératif » auprès de citoyens tirés au sort que le Texas a décidé en 1998 d’accroître la part des énergies renouvelables au détriment du pétrole. Un « résultat quasi impossible à obtenir avec des politiques élus », estimait en avril dans une interview au Monde Cyril Dion, désormais l’un des garants de la convention sur le climat.
> Lire aussi  Cyril Dion : « Le grand débat, ce n’était pas vraiment de l’intelligence collective »
En Europe, l’une des expériences les plus abouties a conduit l’Irlande, en 2015 et en 2016, à modifier sa Constitution pour autoriser le mariage pour tous et l’avortement. La société civile a initié le processus, le gouvernement a pris le relais. « Cette initiative a permis de lever le blocage à un moment où les pouvoirs publics étaient prêts à franchir le pas, mais ne parvenaient pas à faire passer ces changements par voie parlementaire », estime le professeur de sciences politiques Yves Sintomer, auteur d’une Petite histoire de l’expérimentation démocratique (Ed. La Découverte, 2011).
En France, l’exercice est surtout répandu au niveau local, où « l’on s’aperçoit qu’il y a des dizaines d’initiatives, souvent peu médiatisées et dont on n’a pas l’analyse », constate le politiste. Comme en 2007 où un jury citoyen a conduit les élus à revoir la politique des transports de la région Poitou-Charentes. Et dans la commune de Kingersheim, en Alsace, un « conseil participatif » d’habitants tirés au sort statue sur les nouveaux projets aux côtés des élus.
> Lire aussi  Démocratie participative : « Les villes sont devenues les lieux de l’innovation politique »
A l’échelle nationale, des conférences de citoyens (de quinze à vingt personnes tirées au sort) ont été organisées depuis vingt ans sur des choix de société : OGM en 1998, climat en 2002, bioéthique en 2009 puis en 2018, fin de vie en 2013, déchets nucléaires en 2014… Des exercices « intéressants du point de vue de la délibération et de la production de solutions », constate le chercheur Pierre-Benoît Joly, directeur de recherches à l’INRA.
Sortir de l’impasse
Mais, comme dans le cas de la première conférence citoyenne sur le climat, la plupart des consultations sont restées lettre morte. « Elles étaient le plus souvent pilotées du haut et restaient purement consultatives. Quand elles n’étaient pas mises en œuvre pour détourner l’attention du public », note Yves Sintomer, qui admet un certain « scepticisme » sur le sujet.
> Lire aussi  La démocratie participative, un marché convoité
La convention pour le climat de 2019 connaîtra-t-elle un sort différent ? Certains en doutent et y voient une grand-messe inutile face à l’urgence des décisions à prendre. Pour d’autres, elle apparaît au contraire comme une solution aux blocages, là où experts et politiques ont échoué jusqu’à présent. L’inventivité dont font preuve, depuis le début du processus, les citoyens tirés au sort en 2019 pourrait leur donner raison.
En outre, pour la première fois, le gouvernement s’est engagé à ce que les solutions proposées fassent l’objet d’une mise à l’ordre du jour du Parlement, d’un décret ou d’un référendum. Il est aussi en quête de solutions concrètes pour sortir de l’impasse et concilier mesures pour le climat et justice sociale, un an après le lancement du mouvement des « gilets jaunes ».
> Lire aussi  Convention citoyenne pour le climat : Emmanuel Macron prône une « écologie du quotidien »
Pour Pierre-Benoît Joly, « pour que cela fonctionne, il y a une obligation de prise de décision publique, point par point, sur toutes les solutions préconisées. » Et pas seulement celles qui correspondraient à la politique gouvernementale. Dans l’histoire de la délicate articulation entre dispositif citoyen et représentation nationale, il s’agirait d’une première.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/18/en-france-et-a-l-etranger-le-sort-varie-des-consultations-de-citoyens_6019570_3244.html>
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14- Black Friday : pour défendre une consommation responsable, des marques organisent un boycott du 29 novembre, France Télévisions, 18/11/19, 12:12
Corinne Jeammet

Le vendredi 29 novembre est le jour du Black Friday, symbole de consommation, voire de surconsommation qui lance la course effrénée aux achats de Noël. Cette année, de nombreuses marques organisent la contre-offensive. 
Le Black Friday - rendez-vous commercial annuel venu des États-Unis puis importé en France en 2013 - propose une consommation massive. Ce 29 novembre est l'incarnation d'un modèle où surproduction et surconsommation s'unissent sous la bénédiction de promotions déraisonnées. Mais c'est sans aucun questionnement sur l’impact sur les hommes et l’environnement. 
Fête des Célibataires version Alibaba, Prime Day de l'Américain Amazon et Black Friday, le vendredi qui suit la fête de Thanksgiving aux États-Unis... les occassions de frénésies d'achats se multiplient à travers le monde. Mais cette année de nombreuses marques, souvent réunies en collectif, engagent une contre-campagne. Pour elles, la seule réduction qui compte, c'est celle de notre empreinte écologique.
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/culture/mode/black-friday-pour-defendre-une-consommation-responsable-des-marques-organisent-un-boycott-du-29-novembre_3704227.html>
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15- A Gardanne, une mine de projets technologiques et circulaires, Le Monde, 18/11/19, 20h42
Laetitia Van Eeckhout  

L’ancienne cité minière des Bouches-du-Rhône veut faire de l’économie circulaire un projet de territoire. 
Théâtre de spectaculaires déversements de boues rouges, Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, veut désormais optimiser l’utilisation de ses ressources et limiter l’impact environnemental de ses activités. C’est à l’aune de cette exigence que l’ancienne cité minière a engagé la reconversion du puits Yvon-Morandat, le plus grand et moderne puits minier d’Europe, mis en service en 1989 et le dernier en activité, fermé le 31 janvier 2003.
Cet ancien carreau de mine, racheté par la municipalité en 2004, est en train de devenir un pôle économique et culturel, avec un parc d’activités pour technologies innovantes et la future Cité des sciences de la métropole d’Aix-Marseille. Un pôle dont l’ensemble des quatorze hectares est alimenté par un réseau d’énergie intelligent reposant sur la valorisation d’une ressource locale, en l’occurrence l’eau des galeries de l’ancienne mine. Un réseau d’énergie très peu consommateur et émetteur de CO2.
« Penser un projet d’aménagement sous le prisme de l’économie circulaire suppose de commencer par faire un vrai diagnostic de territoire. Compte tenu de la rareté des matériaux, et du changement climatique, il faut commencer par regarder ce qu’il y a autour de nous, relève Nicolas Fortuit, président-directeur général de la Semag, la société d’aménagement de Gardanne. Or les galeries de la mine, inexploitées depuis seize ans, contiennent une réserve de 35 millions de mètres cubes d’eau. Ce qui représente un formidable potentiel pour alimenter un système de géothermie utilisant les eaux d’ennoyage de la mine ; et ainsi chauffer et climatiser les bâtiments du pôle. » 
L’objectif étant de tendre vers l’autosuffisance énergétique, la Semag incite les entreprises s’installant sur le site à poser sur leur toit des panneaux photovoltaïques, et ainsi à devenir productrices et consommatrices de leur propre énergie ou à la mettre à disposition, par le réseau, des autres besoins du pôle.
Bâtiment durable méditerranéen
Ce n’est pas tout : les entreprises du pôle sont invitées à pleinement inscrire la construction ou la réhabilitation de leur futur bâtiment dans une démarche « bâtiment durable méditerranéen » (BDM). Développé depuis 2009 par l’association EnvirobatBDM, ce dispositif d’aide à la conception repose sur une grille d’objectifs définis dans la droite ligne des démarches nationales (bâtiment bas carbone, Effinergie, négaWatt…), mais enrichis des spécificités liées au climat et à l’environnement méditerranéen (telles que la gestion de l’eau, le confort d’été ou les îlots de chaleur), et ce dans une optique d’économie circulaire.
Ainsi, dans le cahier des charges soumis à tout prospect, il est préconisé de « réutiliser les déblais produits localement », de concevoir son bâtiment afin qu’il puisse « être déconstruit et non démoli », de « minimiser le recours aux matériaux neufs » et de leur préférer ceux qui sont « issus d’une filière locale de recyclage » ou « d’une récupération (sans transformation) d’un bâtiment en fin de vie ». Il est aussi recommandé d’« utiliser des écomatériaux en quantité notable », tels les granulats recyclés produits localement à partir des matériaux issus du terrassement ou de la déconstruction par Durance Granulat, ou encore le béton bas carbone fabriqué par l’entreprise Cemex, également présente sur le territoire.
Ce béton bas carbone est lui-même fait de ressources locales, puisque au ciment sont substitués la cendre de la centrale thermique locale ou le laitier [résidus provenant de la fusion du métal] des hauts-fourneaux de Fos-sur-Mer. A ces écoproduits peuvent même être intégrés des granulats recyclés. « Nous réalisons ainsi des économies de ressources et diminuons le poids carbone du matériau fabriqué, jusqu’à 30 % – nous pourrions aller au-delà si la norme béton nous le permettait. Sans compter que nous travaillons en circuits courts et optimisons le transport », souligne Bruno Badoux, de Cemex.
Projet de territoire
A partir des flux et des besoins locaux sont ainsi imaginés des échanges féconds. « La démarche BDM encourage l’économie circulaire, elle est même en soi une boucle d’économie circulaire, puisque les déchets des uns sont les ressources des autres », relève Florence Risa, directrice de EnvirobatBDM. Cette dynamique s’applique jusqu’au mobilier urbain du pôle, qui est fabriqué à partir de plastique recyclé par l’entreprise locale MP Industrie. « L’économie circulaire est un projet de territoire, dont nous cherchons à impulser les ambitions à l’échelle du pôle et au-delà », insiste Nicolas Fortuit.
Alteo aussi cherche à se mettre à l’heure de l’économie circulaire. Granulats d’argile expansée pour la construction et matériau de dépollution des sols sont deux pistes d’utilisation de ses résidus de bauxite auxquelles Alteo réfléchit, alors que les boues rouges ne sont certes plus déversées dans la fosse méditerranéenne de Cassidaigne, au cœur des calanques, mais continuent toutefois de polluer, à ciel ouvert, une colline à Bouc-Bel-Air. « Il y a un potentiel de valorisation de 500 000 tonnes, pourvu que nous arrivions à faire évoluer la réglementation et à faire sortir les résidus de bauxite de leur statut de déchets »,assure Eric Duchenne, directeur industriel et développement durable d’Alteo.
Pierre Aplincourt, président de France nature environnement (FNE) PACA, déplore néanmoins que la mise en œuvre de ces nouveaux débouchés, qui reste au stade expérimental, se fasse tant attendre. Tout comme il regrette le manque d’ambition pour la reconversion de la centrale thermique à charbon de Gardanne-Meyreuil, vouée à la fermeture d’ici à 2022. Développement d’une scierie ; production d’un « charbon propre » ; installation d’un incinérateur de déchets ; fabrication d’un combustible solide : « Les projets sur la table ne sont pas tournés vers l’innovation, le développement durable, et ils disqualifient le territoire, hypothèquent l’avenir, note-t-il. Il faut changer de logiciel. » Et le député Europe Ecologie-Les Verts (EELV) de la circonscription, François-Michel Lambert, d’insister : « Alors que les quatorze hectares du pôle Morandat ont été primés “Ville de demain, ville intelligente”, on est incapable de reproduire la même approche à trois kilomètres de là pour ces 420 hectares qui pourraient accueillir 3 000 à 4 000 emplois et plusieurs centaines de logements, dans un avenir durable. »
§ « Economie circulaire et climat : nouveaux usages, nouvelle économie » : c’est le thème de la conférence conçue et organisée par Le Monde le 27 novembre 2019, à Orléans, avec le soutien de La Poste.
> Lire aussi  « Economie circulaire et climat : nouveaux usages, nouvelle économie » : une conférence Le Monde Cities à Orléans
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/18/a-gardanne-une-mine-de-projets-technologiques-et-circulaires_6019622_3234.html>
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16- Après la honte de prendre l’avion, la honte de consommer prend de l’ampleur chez les Suédois, Daily Geek Show, 18/11/19
Cécile Breton - Source : Novethic

Ils dénoncent en particulier la fast-fashion, la deuxième industrie la plus polluante au monde
Dans un monde où la société de consommation et la consommation excessive sont omniprésentes, une nouvelle tendance vient de naître : la honte d’acheter et de consommer. Un mouvement qui voit le jour en Suède et qui touche surtout l’industrie de la mode, à l’origine de dérives sociétales et environnementales. Mais, quelle est réellement cette nouvelle tendance qui porte le nom de « köpskam » ?
Un mouvement né en Suède
Après le flygskam, qui désigne la honte de prendre l’avion pour des raisons d’écologie et qui a profondément perturbé le trafic aérien suédois en 2019, l’année 2020 pourrait bien être marquée par la nouvelle tendance du köpskam également venue tout droit de Suède. Inspiré des mêmes problématiques écologiques que la honte de prendre l’avion, ce nouveau néologisme scandinave désigne la honte de faire du shopping, köp signifiant « acheter » et skam « la honte ».
Dans ce pays où l’environnement est un des thèmes les plus importants, notamment avec Greta Thunberg, la jeune activiste qui lutte contre le réchauffement climatique, les tendances en sa faveur semblent donc prendre davantage d’ampleur, y compris à l’échelle internationale. Selon l’Agence suédoise des transports, le flygskam avait notamment provoqué une baisse de plus de 8 % des passagers en un an. 
Il avait également influencé les Français. En effet, le nombre de voyageurs à emprunter le train avait considérablement augmenté cet été. « Je crois que les gens font de plus en plus attention à leur décision par rapport à la planète. (…) Les gens sont cohérents, ils réclament plus d’écologie de la part des hommes et des femmes politiques », avait alors expliqué Guillaume Pepy, ancien président de la SNCF.
>> Suite à lire à :
<https://dailygeekshow.com/honte-consommer-suede/>
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17- Chronique. « La convention pour le climat a déjà réussi ce petit miracle : refabriquer de la citoyenneté », Le Monde, 19/11/19, 06h59 
Françoise Fressoz

S’il est trop tôt pour juger de ses résultats, cette tentative de démocratie participative peut être un levier pour réorienter la fin du quinquennat, estime dans sa chronique Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».
Chronique. Un moment important pour le quinquennat et la démocratie est en train de se jouer sur la colline de Chaillot, à Paris. A intervalles réguliers, 150 citoyens tirés au sort se réunissent dans l’enceinte du Conseil économique, social et environnemental (CESE) pour tenter de résoudre ce que les élus de la nation ne sont pas parvenus à faire : réconcilier la transition écologique avec la justice sociale. Une session se tenait le week-end des 16 et 17 novembre, alors que les « gilets jaunes » fêtaient dans les rues de la capitale le premier anniversaire de leur mouvement. Aucun participant n’a songé à quitter le palais d’Iéna, ce chef-d’œuvre bétonné d’Auguste Perret, pour les rejoindre, même si des sympathies pour le mouvement s’exprimaient dans la salle. Et tous s’arrangeront les 6, 7, 8 décembre prochains pour être de nouveau là, alors que la galère s’annonce dans les transports, du fait de la mobilisation annoncée contre la réforme des retraites.
> Lire aussi  150 citoyens vont-ils sauver le climat ?
S’il est beaucoup trop tôt pour juger du succès de la convention citoyenne pour le climat qui ne rendra ses conclusions qu’au début de l’année prochaine, du moins a-t-elle déjà réussi ce petit miracle : refabriquer de la citoyenneté. « Ici on a un prénom et on se parle », dit en souriant Robert, ancien ouvrier de la RATP, ragaillardi de voir se produire ce qui n’existe plus dans sa vie quotidienne :« Echanger avec des gens qu’on ne connaissait pas. » Souvent, les discussions se prolongent hors session, dans les bars d’hôtel où les provinciaux sont hébergés. Chacun se prend au jeu, conscient de vivre un moment important, celui où une juxtaposition de réflexions individuelles se transforme en « un chemin collectif » qui « peut-être » comptera dans le pays. Et ce « peut-être » dit tout de l’état d’esprit des 150 : ils veulent vraiment croire que leur voix pèsera mais ils ne sont pas complètement affranchis de cette formidable défiance qui entoure aujourd’hui le fonctionnement de la vie politique. Et si, à la fin des fins, il y avait une entourloupe ?
La démocratie participative comme rempart au populisme. L’idée, certes, n’est pas nouvelle. Nombre d’élus locaux l’expérimentent depuis des années au prix parfois d’un sérieux désenchantement : bien souvent ce sont les mêmes qui participent, les cheveux blancs qui en ont le temps et l’envie alors que les autres sèchent ou ne sont pas au courant. Il aura fallu le sérieux coup de semonce du mouvement des « gilets jaunes » pour que l’expérience change d’échelle et se rapproche de ce que l’historien et philosophe, Pierre Rosanvallon, préconise depuis des années : entrer dans une « ingénierie de la reconstruction démocratique, répondre à la demande de singularité des citoyens, retrouver l’esprit fondamental du débat : une société qui délibère et discute en permanence ». 
Court-circuiter l’exécutif
Lorsque, le 25 avril, lors de sa conférence de presse, Emmanuel Macron annonce, sur les décombres de la taxe carbone, la création de la convention citoyenne pour le climat, il sait qu’il s’aventure en terra incognita. Personne, à ce jour, n’a organisé une consultation citoyenne de cette ampleur, sur un objectif aussi fondamental : définir une série de mesures permettant de réduire d’« au moins 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, dans un esprit de justice sociale ». Le président s’engage en outre à ce que les propositions qui en découlent soient soumises sans filtre soit au vote du parlement, soit à référendum, soit à application réglementaire directe, en laissant l’assemblée citoyenne libre de décider. Court-circuiter ainsi l’exécutif et les parlementaires implique de ne pas se tromper.
Le premier challenge est de parvenir à composer l’assemblée. Des critères de sexe, d’âge, de situation socioprofessionnelle, de type de territoires et de zones géographiques sont fixés pour s’approcher au plus près du réel. Le tirage au sort, pratiqué sous contrôle d’huissier, s’opère sur 255 000 numéros de téléphone. L’accueil est plutôt positif : 30 % donnent immédiatement leur accord ; 35 % demandent du temps pour réfléchir, 35 % refusent, principalement faute de temps. L’assemblée, au final, est fidèle à ce qu’est le pays : elle compte un peu plus de femmes que d’hommes, nettement plus de 50-64 ans que de 18-24 ans, davantage de non-diplômés que de diplômés du supérieur, 26 % d’employés et d’ouvriers contre 9 % de cadre supérieurs et de professions libérales…
Réforme de la Constitution
Puis se pose le problème de l’encadrement et de l’animation : il s’agit de fournir l’information nécessaire sans être soupçonné de vouloir influencer, d’encadrer la discussion sans donner le sentiment de l’orienter. Un comité de gouvernance est créé, coprésidé par Thierry Pech, directeur général de la fondation Terra Nova, et Laurence Tubiana, présidente et directrice exécutive de la Fondation européenne pour le climat. Pendant toute la durée des travaux, les citoyens sont en outre accompagnés par des professionnels de la participation qui ont l’habitude d’encadrer les discussions. Le contrat est réussi. Personne, parmi les 150, ne se plaint à ce stade d’avoir été manipulé ou orienté.
> Lire aussi  Eduquer, réguler, recycler… les pistes des Français tirés au sort pour le climat
A cette échelle, la démocratie participative a un coût : 4,5 millions d’euros, débloqués par l’Etat auquel s’ajoute 1 million apporté par le CESE. On saura début 2020 si le jeu en valait la chandelle mais les premières orientations qui se dégagent de la convention tendent à montrer que cela va secouer : réforme de la Constitution pour y inscrire l’urgence climatique, affranchissement de la règle des 3 % pour financer la rénovation thermique, appel au référendum pour faire vivre les mesures les plus symboliques. S’il cherche un levier pour réorienter la fin du quinquennat, le président de la République sait de quel côté tourner son regard.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/19/la-convention-pour-le-climat-a-deja-reussi-ce-petit-miracle-refabriquer-de-la-citoyennete_6019660_3232.html>
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18- Hulot, agroécologie et SUV… On débriefe la convention climat avec quatre participants, L’Obs, 20/11/19, 17h19
Audrey Cerdan, Rémi Noyon, Sébastien Billard et Agathe Ranc

Troisième session. Ils sont médecin, tapissier, auxiliaire de vie… Ils vivent en Bretagne, dans le Var ou dans la Sarthe… « L’Obs » vous propose de suivre quatre des 150 Français tirés au sort pour participer à la convention citoyenne pour le climat.
La convention citoyenne pour le climat s’est autorisé un petit plaisir, pour son troisième week-end de travail. Après avoir vu défiler depuis octobre une ribambelle d’experts en tout genre, et digéré quantité de graphiques et de chiffres, les 150 citoyens tirés au sort ont réclamé et obtenu la venue de Nicolas Hulot, parti avec fracas du gouvernement il y a un an et demi. La convention citoyenne réussira-t-elle là où l’ancien animateur a échoué ? L’audition de l’ex-ministre ressemblait par moments à un passage de témoins, Nicolas Hulot évoquant les blocages qu’il a rencontrés et la difficulté de la tâche, tout en encourageant les 150 citoyens à « faire les choses en grand » et à « envoyer du lourd ».
Qu’ont pensé les participants de la venue de l’ancien ministre de la Transition écologique ? Quelles sont les premières pistes de propositions qu’ils sont en train d’ébaucher ? Ont-ils l’impression que cette convention avance ? « L’Obs » vous propose de suivre cette convention citoyenne à travers les yeux de quatre participants : Yolande, Fabien, Mélanie et Samyr. Au fil des semaines, ils vous racontent leurs questionnements, leurs évolutions, leurs déceptions ou leurs succès.
>> Suite à lire à :
<https://www.nouvelobs.com/planete/20191120.OBS21360/hulot-agroecologie-et-suv-on-debriefe-la-convention-climat-avec-quatre-participants.html>
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19- NewB : une banque éthique et citoyenne sur le point de naître, Mr Mondialisation, 21/11/19

Belgique – La coopérative NewB se monte le 6 mai 2011 en réponse citoyenne à la crise frappe la finance belge depuis 2009. De petites banques et banques publiques disparaissent, c’est l’opportunité de créer autre chose, d’entrer dans l’inconnu. Huit ans plus tard, avec le soutien de 51 000 citoyens-membres et plus de 150 organisations de la société civile, NewB s’apprête à devenir enfin une banque légalement. Une banque citoyenne qui veut répondre à des critères sociaux et environnementaux, soit une ambition inédite dans le paysage bancaire belge. Mais pour voir aboutir ce projet, il reste une dernière ligne droite à franchir : NewB doit lever 30 millions d’euros d’ici le 27 novembre. Et pour cela, la mobilisation des belges sera décisive.
La coopérative NewB a fait du chemin depuis sa création en 2011. Dès l’origine, elle compte 24 organisations sociétales, un nombre qui ne fera que croître. En 2013, suite à une campagne publique de souscription, 43 000 citoyen(ne)s rejoignent NewB. Ces derniers seront consultés l’année suivante pour décider de l’avenir de la coopérative. L’idée de créer une banque est déjà là mais les conditions n’étant pas propices, l’Assemblée Générale décide de développer des produits soutenant le (futur) projet bancaire, objectif final sur le point de se confirmer.
Le premier produit qui verra le jour sera Goodpay, une carte de paiement prépayé qui voit le jour en 2016. C’est aussi la première carte de paiement durable sur le marché belge. Une nouvelle version de la carte sera introduite en 2017 ainsi que des produits d’assurance. Depuis 2018 jusqu’à l’heure actuelle, forte son expérience, NewB se concentre désormais sur l’obtention d’une licence bancaire.
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/newb-une-banque-ethique-et-citoyenne-sur-le-point-de-naitre/>
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20- Municipales : 32 actions pour des villes "plus écologiques, solidaires et démocratiques", We Demain, 21/11/19
Alice Pouyat

60 ONG et associations lancent un "Pacte pour la transition" : 32 mesures concrètes, dont les élus et citoyens peuvent se saisir afin d'accélérer la transition écologique et sociale avant les élections municipales de 2020. 
L'Archipel citoyen à Toulouse, Le printemps marseillais, les Grenopolitains, La belle démocratie… À l'approche des municipales de mars 2020, des Français lancent un peu partout des listes citoyennes et s'impliquent dans la transformation de leur commune.  
Problème, "si beaucoup d'habitants et d'élus ont envie de construire des alternatives, ils ne savent pas toujours comment", explique Aliette Lacroix. D'où le lancement du Pacte pour la Transition qu'elle coordonne : un programme de 32 propositions mis à disposition de tous ceux et celles qui souhaitent construire des cités "plus écologiques, plus solidaires et plus démocratiques". 
Pour élaborer ce pacte, se sont assis à la même table 60 organisations : le Mouvement Colibris, Enercoop, la Nef, le Secours catholique, la Fondation Nicolas Hulot, Notre Affaire à Tous, Démocratie ouverte... Elles ont aussi consulté 1135 citoyens tirés au sort et un comité d’experts alliant chercheurs et élus locaux. 
Résultat : les 32 mesures couvrent toutes les facettes de la vie d’une commune. La majorité, une vingtaine, ont une portée écologique, touchant à l’éclairage, aux cantines scolaires, aux transports…
Les Municipales, "le bon échelon" pour agir
"Les Municipales sont le bon échelon : 50 à 70 % des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique reviennent à l'échelle infranationale selon le Giec, qui appelle à agir avant 2030 pour éviter la catastrophe écologique, et donc pendant la prochaine mandature !", pointe Zoé Lavocat, du Réseau Action Climat France. 
De nombreuses propositions portent aussi sur une gouvernance plus partagée : "La crise politique est profonde. Nous avons besoin d'une démocratie de construction, habitée, vivante, continue. Les élus doivent sortir de la condescendance jupitérienne et devenir des animateurs du territoire, pour aller vers un modèle plus fraternel", ajoute Jo Spiegel, le maire de Kingersheim (Haut-Rhin) qui a une longueur d'avance en la matière. 
La solidarité est également très présente dans ce programme : "Les communes peuvent avoir un rôle clé pour faire entendre la voix des plus précaires qui ne votent pas ou peu, car elles ont des compétences essentielles en matière de logement, d'accueil, d'emploi", souligne Jean-François Maruszyczak, directeur général d’Emmaüs France. 
> À lire aussi : Les Molières, ville laboratoire de la démocratie citoyenne
Des Pactes pour la transition qui s'adaptent aux communes
Déjà, des citoyens se sont signalés dans plus de 1400 communes pour porter ces revendications, et de nouveaux collectifs locaux naissent chaque jour. Concrètement, ils peuvent créer des collectifs et organiser des débats pour établir un diagnostic des priorités locales. Tous les points du Pacte ne doivent pas forcément être repris : l'objectif est d'en retenir au moins 10 sur 32. Puis s'ouvre le dialogue avec les candidats locaux pour obtenir des engagements et leur faire signer leur propre Pacte pour la Transition, un engagement mutuel entre une liste candidate et le collectif. 
"L'idée est qu'il y a ait une souplesse, que les pactes s'adaptent aux besoins des communes", explique Cédric Szabo, directeur de l’Association des Maires Ruraux de France. En Haute-Savoie, par exemple, des citoyens ont lancé des agoras sur la pollution de l'air, qui les touche de près. À La Réunion, d'autres s'intéressent davantage à l'exclusion et à la transition alimentaire. 
"L'idée est aussi de mettre les initiatives existantes en réseau, pour qu'elles sortent de la solitude", poursuit Aliette Lacroix. 
Le principe vous intéresse ? Une carte interactive recense les comités locaux déjà existants, et donne accès à du matériel pédagogique, affiches ou webinaires, pour fonder son propre comité.
<https://www.wedemain.fr/Municipales-32-actions-pour-des-villes-plus-ecologiques-solidaires-et-democratiques_a4405.html>
Sur le même sujet :
> Soixante ONG environnementales et sociales s’engagent dans la campagne des municipales, Le Monde, 21/11/19, 20h30
Rémi Barroux
Le prochain mandat municipal sera crucial au regard de l’urgence climatique et sociale, et les associations souhaitent un engagement des futurs maires. 
Les dix années qui viennent seront capitales au regard de l’urgence climatique et, dans ce contexte, le prochain mandat municipal, 2020-2026, représente un enjeu particulier et inédit. Soixante ONG et associations mobilisées sur l’urgence climatique et sociale veulent faire de la campagne électorale, qui se conclura par l’élection, les 15 et 22 mars 2020 de nouveaux maires et conseils municipaux, un temps fort de cette urgence.
« Cette décennie est cruciale pour l’humanité et l’avenir de la planète, et on ne peut pas ne pas la lier au prochain mandat municipal », a insisté Aliette Lacroix, coordinatrice du collectif Transition citoyenne, lors de la présentation du Pacte pour la transition, mercredi 20 novembre à Paris. En rappelant que, selon les experts du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), il est nécessaire, pour rester à 1,5 °C de réchauffement, de réduire de 45 % les émissions de CO2 d’ici à 2030 (par rapport au niveau de 2010), seul moyen d’espérer une neutralité carbone en 2050.
> Lire aussi  L’écologie, une préoccupation désormais majeure pour les Français
Avancer des mesures concrètes pour les communes
Ces associations ont rédigé ce pacte – avec la participation de 1 135 citoyens réunis lors d’une consultation nationale – qu’elles veulent soumettre aux candidats du futur scrutin, une façon aussi pour elles d’avancer des mesures concrètes pour les communes. Cette transition écologique, si elle a besoin d’engagements internationaux et nationaux, d’intervention de la puissance publique, se réalisera d’abord à l’échelle locale, estiment ces organisations parmi lesquelles on compte Greenpeace, le Réseau Action Climat, Alternatiba, Colibris, Enercoop, Attac, Les Amis de la Terre, le Secours catholique, France Nature Environnement, Emmaüs ou encore le réseau des AMAP…
> Lire le reportage : Daniel Cueff, le maire breton qui invente le village de l’après-pétrole
Et les propositions qui doivent, selon elles, devenir des décisions prises au niveau municipal ou à celui de l’intercommunalité, concernent aussi bien l’alimentation dans les cantines – avec le bio et les circuits courts –, la protection de la biodiversité, le recours à une énergie verte, les lieux de décision à l’échelle locale ou encore « un accueil digne pour les migrants ».
« La métamorphose climatique doit être le point d’entrée de toutes les politiques publiques. Il nous faut des transformations concrètes, accélérer les transitions », a insisté Jo Spiegel, le maire de Kingersheim (Haut-Rhin). Très engagé dans la mise en place de nouvelles formes démocratiques, comme la création d’une maison de la citoyenneté, le maire de cette petite ville de 13 000 habitants défend la conception de la commune comme d’un « espace en coresponsabilité » et « une alterterritorialité comme il y a un altermondialisme ».
Concrètement, les associations du Pacte ont rédigé 32 propositions répondant à différents aspects de la vie municipale et des compétences maîtrisables à cet échelon. Il en va, bien sûr, de la « politique de sobriété, d’efficacité énergétique et d’alimentation à 100 %, en énergie renouvelable et locale des bâtiments, véhicules communaux et éclairage public ». Idem pour la structuration de filières agricoles, bio, locales et « rémunératrices pour les agriculteurs et agricultrices ».
Le tri et les déchets ne sont pas oubliés, de même que le réemploi, la limitation de la publicité dans l’espace public, ou encore la fin du développement des grandes surfaces commerciales. La lutte contre l’artificialisation des sols est évoquée à travers la préservation du foncier agricole, ou la contribution « à la fin des projets et infrastructures qui augmentent les émissions de gaz à effet de serre et font reculer la biodiversité ».
> Lire le reportage : A Châteauneuf-sur-Loire, la solidarité comme alternative à la fin du monde
« Construire des alternatives » locales
Mais cette liste, dont les associations espèrent une reprise en totalité ou en partie par les futurs candidats, n’est pas qu’un best of des politiques environnementales souhaitables. L’aspect social de la transition est aussi très présent avec des propositions qui touchent au logement, avec des « habitats participatifs », « l’aménagement de l’espace public non discriminant », etc. Enfin, l’association des citoyens aux prises de décision, à l’élaboration des politiques publiques, représente un volet important de cette charte.
Faire émerger ces propositions durant la campagne ne passera pas seulement par la sollicitation des candidats mais aussi par la mobilisation citoyenne. « Nous avons notamment rédigé le Pacte pour soutenir les habitants qui ont envie de construire des alternatives dans leur commune, mais qui n’en ont pas toujours les moyens techniques », explique Julien Noé, le directeur général adjoint d’Enercoop.
Affiché à l’échelle nationale, ce pacte s’appuie déjà sur des dizaines d’initiatives citoyennes présentes dans toute la France. Pour autant, les équipes locales de ces nombreuses ONG, Secours catholique ou Emmaüs par exemple, ne sont pas toutes formées aux thématiques de l’urgence climatique. « Nous avons déjà un travail d’éveil et de conscience politique à faire en interne dans nos réseaux, auprès de nos équipes », reconnaît ainsi Jean-François Maruszyczak, le délégué général d’Emmaüs France. Il reste quelques mois à ce réseau et aux initiatives locales pour animer la campagne électorale sur la transition écologique et sociale.
> Lire aussi  A Copenhague, 14 villes promettent de réduire leur consommation de viande
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/11/21/soixante-ong-environnementales-et-sociales-s-engagent-dans-la-campagne-des-municipales_6020055_1652612.html>
En savoir plus :
> Pacte pour la transition : un programme de 32 propositions <https://www.pacte-transition.org/?preview=poi.5d946af940bb4e751d25e208#mesures>
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21- Analyse. Avec la convention citoyenne pour le climat, Emmanuel Macron joue sa crédibilité écologique, Le Monde, 22/11/19, 04h07
Alexandre Lemarié 

Cet exercice démocratique inédit, qui regroupe 150 citoyens tirés au sort, a vocation à définir d’ici à la fin janvier des mesures permettant de lutter contre le réchauffement climatique. 
Comment rendre acceptables sur le plan social des mesures en faveur de l’environnement, après la crise des « gilets jaunes » déclenchée à cause de la taxe carbone ?
A l’issue du grand débat, Emmanuel Macron avait annoncé la naissance d’un outil censé résoudre ce dilemme : la convention citoyenne pour le climat. Cet exercice démocratique inédit, qui regroupe 150 citoyens tirés au sort, a vocation à définir d’ici à la fin janvier des mesures permettant de lutter contre le réchauffement climatique. Au terme du processus, ce sera l’heure de vérité pour l’exécutif, qui devra alors décider de la traduction concrète des idées présentées.
A mi-parcours, alors que les participants ont déjà pris part à trois week-ends de travaux, sur six prévus au total, les macronistes observent avec attention cet objet politique non-identifié, qui suscite autant d’espoir que d’inquiétude dans leurs rangs. Tous font la même analyse : la manière dont va se conclure cette convention revêt un enjeu politique majeur pour Emmanuel Macron, qui cherche à donner des gages de sa conversion à l’écologie, en étant encore loin de convaincre.
> Lire aussi  Convention citoyenne pour le climat : Emmanuel Macron prône une « écologie du quotidien »
« La sortie de la convention citoyenne pour le climat, c’est un quitte ou double pour l’exécutif, résume le député (ex-La République en marche, LRM) de Maine-et-Loire Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot. Ce sera un test majeur pour évaluer le regain d’ambition écologique du gouvernement, qui n’a pas encore assez concrétisé sa volonté de mettre l’environnement au cœur de l’acte 2 du quinquennat. »
Preuve de l’intérêt de l’Elysée pour cette agora : le 17 novembre, Emmanuel Macron a annoncé qu’il participerait, en janvier, à une session de travail de la convention.
« Le président joue gros »
« Que cela finisse bien ou mal, le président joue gros », admet un de ses proches. Un sentiment contradictoire exprimé par les dirigeants du parti présidentiel, le 6 novembre, lors d’un bureau exécutif, où étaient invités à titre exceptionnel trois garants de la bonne tenue des travaux, dont le directeur général du think tank Terra Nova Thierry Pech, coprésident avec Laurence Tubiana – l’ex-ambassadrice climat de la France lors de la COP21 –, du comité de gouvernance de la convention. Après avoir dressé un bilan d’étape, deux positions différentes ont émergé chez les responsables de LRM.
Les plus optimistes y voient un moyen de crédibiliser l’ambition du chef de l’Etat de se poser en défenseur de l’environnement. Le patron de LRM, Stanislas Guerini, en tête, qui vante « une opportunité » de montrer « la détermination de la majorité à réussir la transition écologique ». « Ce truc est révolutionnaire. Il faut y croire ! », abonde un ministre.
Certains macronistes appellent d’ores et déjà à « pérenniser » ce type d’outil. « C’est un complément dans notre démocratie, qui permet d’institutionnaliser la parole citoyenne », observe Martin Bohmert, membre du bureau exécutif de LRM. Avant de résumer l’enjeu : « Il faut que ça marche et que cela embarque les 66 millions de Français pour que l’on réussisse la transition écologique. » Pour des proches du chef de l’Etat, le rendez-vous de fin janvier pourrait même constituer une occasion de tourner la page des conflits sociaux de fin 2019, afin de donner « un nouveau cap » à la fin du quinquennat, résolument vert.
Loin de cet avis, d’autres redoutent le potentiel « effet boomerang » de cet exercice de démocratie participative si les propositions qui en ressortent ne sont pas toutes reprises par l’exécutif. « Le risque politique est énorme, à la hauteur des espoirs fondés dans cette convention », grimace un stratège de LRM.
Plusieurs macronistes anticipent ainsi « un risque de déception très fort ». Leurs craintes se fondent sur la manière dont les propositions seront formulées : le 25 avril, lorsqu’il avait annoncé cette convention, M. Macron s’était engagé à ce qu’elles soient soumises « sans filtre », soit au Parlement, soit à référendum, soit par application réglementaire.
Risque de « se retrouver avec des demandes inapplicables »
« Sans filtre » ? « Si la copie est radicale et ne passe pas sous les fourches caudines de la démocratie représentative avant d’être examinée, on va se retrouver avec des demandes inapplicables », s’inquiète un pilier de la majorité. Plusieurs élus se méfient d’un « contournement du Parlement », qui aboutirait à des idées difficiles à mettre en œuvre, dans le rythme voulu.
« Il va peut-être y avoir un petit écart entre les préconisations qui vont être formulées et la vitesse à laquelle elles seront appliquées, compte tenu des concertations à mettre en place avec tous les acteurs engagés », observe le député macroniste de l’Isère Jean-Charles Colas-Roy, responsable de la thématique écologie à LRM. Avant de souligner : « Nous, parlementaires, sommes soucieux de planifier une transition écologique sur le long terme pour intégrer toutes les contraintes, notamment économiques, sociales, territoriales. C’est par exemple le cas avec la sortie du glyphosate, que l’on ne peut pas imposer trop brutalement aux agriculteurs. Les citoyens intégreront peut-être à leur tour que la transition écologique nécessite du temps et que des propositions trop radicales peuvent parfois être contre-productives. »
Si la composition de la convention n’a pour l’instant suscité aucune critique, et que les organisateurs se sont efforcés de choisir 150 personnes représentant la population française – comme une « mini-France » –, certains macronistes s’inquiètent toutefois du profil des participants. « La sélection s’est faite correctement mais le fait que ce soit des volontaires induit un biais : des gens qui sont d’accord pour passer six week-ends à parler d’écologie sont forcément déjà sensibles à cette thématique et ne sont pas des climatosceptiques… On peut donc craindre qu’à l’arrivée, ils vont charger la barque », juge un pilier de la majorité. Un de ses collègues évoque même un risque « d’infiltration par des gauchistes », qui voudraient en faire « un outil pour mettre à bas le capitalisme ». Avant de lâcher : « Qui nous dit que ces 150 citoyens ne vont pas se transformer demain en 150 opposants et se structurer en mouvement politique ? »
Ces macronistes pessimistes notent par exemple que les participants ont mis en avant « l’obsession pour la croissance », « la logique d’intérêt financier » ou « la culture de la consommation » comme des freins à la transition écologique. Les optimistes, eux, se rassurent en notant que plusieurs des premières préconisations – comme le recyclage de tous les objets plastiques d’ici à 2025, ou la lutte contre le gaspillage alimentaire - rejoignent des mesures portées par le gouvernement.
> Lire aussi  Eduquer, réguler, recycler… les pistes des Français tirés au sort pour le climat
« Il n’y a pas d’argent magique »
Reste à voir si les « mesures fortes » que les 150 citoyens veulent proposer seront jugées recevables par l’exécutif. Le 4 octobre, le premier ministre Edouard Philippe a rappelé l’engagement d’agir sur leurs propositions, en soulignant toutefois qu’elles devront être finançables. « Il n’y a pas d’argent magique », a-t-il noté, se disant hostile à une écologie « punitive » ou « brutale ». Sans oublier de lâcher : « Je ne peux pas vous promettre que toutes vos propositions vont être appliquées, je vous mentirais si je vous disais ça. » De quoi laisser la porte ouverte à d’éventuels refus…
Et à s’exposer à une vive condamnation de l’opposition et des ONG, qui critiquent déjà « une opération d’enfumage » orchestrée par l’exécutif pour « gagner du temps », et masquer ses « renoncements
Le gouvernement a « tout à perdre si cela se termine par une déception de votre part », a prévenu Nicolas Hulot devant les participants, le 16 novembre, en les incitant à « faire les choses en grand ». Comprendre : à se montrer ambitieux dans les solutions qu’ils formuleront pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici à 2030.
M. Orphelin, lui, plaide pour « une grande loi pour concrétiser les principales propositions, à la hauteur de l’enjeu climatique, accompagnée si besoin de quelques référendums sur des points clés ». A ses yeux, cette convention constitue « le dernier espoir d’un réel changement de rythme » de la politique menée en matière climatique « durant ce quinquennat ».
> Lire aussi  « La convention pour le climat a déjà réussi ce petit miracle : refabriquer de la citoyenneté »
« Espérons de tout cœur que les citoyens combatifs et de bonne volonté montreront enfin la lumière écolo à un président de la République qui, depuis plus de deux ans, a réduit l’écologie à un slogan », assène pour sa part le chef de file d’Europe Ecologie-Les Verts, Yannick Jadot.
Le ton est donné. Et l’enjeu défini : le gouvernement sait qu’à travers cet exercice, il joue sa crédibilité en matière écologique.
<https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/22/avec-la-convention-citoyenne-pour-le-climat-emmanuel-macron-joue-sa-credibilite-ecologique_6020072_823448.html>
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En audio
22- Les maires et l'écologie, France Inter, Camille passe au vert, 21/11/19, 13h40
Camille Crosnier

Le 102e congrès des maires de France a lieu en ce moment à Paris. L'occasion de parler "environnement" avec eux, car c'est un enjeu des prochaines municipales les 15 et 22 mars 2020.
L’environnement va être un enjeu majeur des prochaines municipales en mars puisque 85% des français souhaitent que ce sujet ait une place importante, devant la sécurité par exemple, d’après un sondage pour le journal la Tribune la semaine dernière.
Durant leur campagne, certains maires sont vraiment décidés à intégrer l'écologie à leur programme :
"Celui qui ne parle pas d'écologie aujourd'hui, il n'a rien compris." 
"On dit, ça devient un enjeu, ça devrait en être un naturellement, c'est une base."
"Il est indispensable de verdir le programme dans l'intérêt des citoyens et dans l'intérêt de nous tous."
"Si le maire n'est pas sensible à cette cause-là, il part avec un handicap."
Mais heureusement, il ne s'agit pas seulement d'une stratégie politique ou d'une étiquette.
L’écologie est déjà dans le quotidien de certains, avec des actions concrètes comme, l'éco-pâturage, la reconstitution des haies et des talus, du bio dans les écoles, une charte zéro gaspi...
L’Ademe, l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie vient de sortir un guide pour aider les candidats à être plus écolo-compatibles.
Certains maires n'aiment pourtant pas l'aspect marketing de l'écologie.
On verra ce que ça donne les 15 et 22 mars prochain !  
> Emission (4 min) à (ré)écouter à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/camille-passe-au-vert/camille-passe-au-vert-21-novembre-2019>
En savoir plus :
> [Guide] Candidats aux élections #municipales 2020 : comment « verdir » votre programme ? <https://presse.ademe.fr/2019/11/guide-candidats-aux-elections-municipales-2020-comment-verdir-votre-programme.html>, Ademe, 13/11/19
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En images
23- Session 3 de la Convention Citoyenne pour le climat : audition de Nicolas Hulot, CESE, 15/11/19, 14h30-16h20

> Vidéo à voir à partir de 33:50 à :
<https://www.lecese.fr/content/3eme-week-end-de-travail-de-la-convention-citoyenne-pour-le-climat-au-cese>
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Une publication
24- Imagine demain le monde n°136, novembre-décembre 2019

Tout s’éclaire quand vient Imagine…
Dans son dernier numéro, notre magazine vous parle de réconciliation des peuples après un conflit, de la Mer du Nord qui monte inexorablement, d’étonnantes cellules dormantes de résilience, du Paris post-pétrole en 2050, d’écoanxiété, de la montée du national-populisme, des jouets low cost, de la cohabitation entre cyclistes et automobilistes, des activistes antipub, de territoires habités par les oiseaux…
On y croise aussi une sorcière féministe et anticapitaliste (Starhawk), un militant pacifiste indien (Satish Kumar), des explorateurs de la pensée complexe (Pablo Servigne et Raphaël Stevens) et bien d’autres personnalités qui vous aideront à appréhender le monde avec d’autres clés de compréhension.
On y retrouve enfin une lettre au Roi l’appelant à déclarer l’urgence climatique à lire ici <http://www.imagine-magazine.com/pdf/136_edito.pdf>.
>> En savoir plus :
<http://www.imagine-magazine.com/lire/>
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– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
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