[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (lundi 25 novembre)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Lun 25 Nov 07:46:11 CET 2019
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1- Des animaux exportés par l’Union européenne victimes de mauvais traitements <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/15/des-animaux-exportes-par-l-union-europeenne-victimes-de-mauvais-traitements_6019226_3244.html>, Le Monde, 15/11/19, 09h01
2- Niger : des éleveurs touaregs se reconvertissent dans l'agriculture <https://www.lepoint.fr/monde/niger-des-eleveurs-touaregs-se-reconvertissent-dans-l-agriculture-15-11-2019-2347561_24.php>, AFP, 15/11/19, 10:00
3- L’Afrique risque de devenir un déversoir pour des pesticides bannis d’Europe <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/15/l-afrique-risque-de-devenir-un-deversoir-pour-des-pesticides-bannis-d-europe_6019278_3212.html>, Le Monde Afrique, 15/11/19, 11h55
4- Côte d'Ivoire : opération "Un million d'arbres" pour lutter contre la déforestation <https://www.geo.fr/environnement/cote-divoire-operation-un-million-darbres-pour-lutter-contre-la-deforestation-198668>, AFP, 15/11/19, 18:00
5- Les pêcheurs normands vent debout face aux bateaux-usines <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/16/les-pecheurs-normands-vent-debout-face-aux-bateaux-usines_6019422_3234.html>, Le Monde, maj le 17/11/19 à 06h02
6- L'utilisation d'antibiotiques sur les animaux d'élevage ne baisse plus <https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/animaux-d-elevage/l-utilisation-d-antibiotiques-sur-les-animaux-d-elevage-ne-baisse-plus_139087>, AFP, 18/11/19, 09:00
7- Menace sur les forêts roumaines et leurs gardiens <https://information.tv5monde.com/info/menace-sur-les-forets-roumaines-et-leurs-gardiens-332651>, AFP, 18/11/19, 10:00
8- Reprise des négociations sur l'avenir du thon obèse en Atlantique <https://information.tv5monde.com/info/reprise-des-negociations-sur-l-avenir-du-thon-obese-en-atlantique-332659>, AFP, 18/11/19, 13:00
9- Brésil : la déforestation en Amazonie au plus haut depuis 2008 <https://www.geo.fr/environnement/bresil-la-deforestation-en-amazonie-au-plus-haut-depuis-2008-198677>, AFP, 18/11/19, 18:00
10- Payer un pays pour ne pas déforester, ça marche <https://www.geo.fr/environnement/payer-un-pays-pour-ne-pas-deforester-ca-marche-198679>, AFP, 18/11/19, 22:00
11- Un objet dans l’actu : le Whopper alternatif de Burger King <https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/11/19/un-objet-dans-l-actu-le-whopper-alternatif-de-burger-king_6019683_4500055.html>, Le Monde, 19/11/19, 08h15
12- Pesticides SDHI : l’avertissement des chercheurs validé <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/19/pesticides-sdhi-l-avertissement-des-chercheurs-valide_6019714_3244.html>, Le Monde, 19/11/19, 11h07
13- Un rapport parlementaire décrit le casse-tête de la suppression progressive du glyphosate <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/10/un-rapport-parlementaire-decrit-le-casse-tete-de-la-suppression-progressive-du-glyphosate_6018696_3244.html>, Le Monde, maj le 19/11/19 à 16h48
14- Les additifs alimentaires sont présents dans trois-quarts des produits transformés <https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/20/les-additifs-alimentaires-sont-presents-dans-trois-quarts-des-produits-transformes_6019788_3224.html>, Le Monde, 20/11/19, 02h50
15- Enquête. Obésité, diabète, hypertension : les régions ultramarines minées par les inégalités nutritionnelles <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/20/obesite-diabete-hypertension-les-regions-ultramarines-minees-par-les-inegalites-nutritionnelles_6019790_3244.html>, Le Monde, 20/11/19, 05h55
16- Factuel. Le champagne bio en pleine effervescence <https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2019/11/20/le-champagne-bio-en-pleine-effervescence_6019926_4497540.html>, Le Monde, 20/11/19, 19h15
17- Servir ou non de la nourriture de Fukushima pour les JO de Tokyo ? <https://information.tv5monde.com/info/servir-ou-non-de-la-nourriture-de-fukushima-pour-les-jo-de-tokyo-333192>, AFP, 21/11/19, 08:00
18- Cameroun : « J’ai été sauvée par l’igname » <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/21/cameroun-j-ai-ete-sauvee-par-l-igname_6020051_3212.html>, Le Monde Afrique, 21/11/19, 19h00
19- Foodtech : la France s’organise pour combler son retard <https://theconversation.com/foodtech-la-france-sorganise-pour-combler-son-retard-127530>, The Conversation, 21/11/19, 21:51
20- USA : Monsanto plaide coupable d'avoir répandu un pesticide interdit <https://information.tv5monde.com/info/usa-monsanto-plaide-coupable-d-avoir-repandu-un-pesticide-interdit-333374>, AFP, 22/11/19, 04:00
21- Les géants de la viande veulent aussi leur part du marché vegan <https://information.tv5monde.com/info/les-geants-de-la-viande-veulent-aussi-leur-part-du-marche-vegan-333390>, AFP, 22/11/19, 08:00
22- La restauration collective selon le militant Nicolas Hulot <https://www.lanouvellerepublique.fr/deux-sevres/la-restauration-collective-selon-le-militant-nicolas-hulot>, La Nouvelle République, maj le 22/11/19 à 08:36
23- Les agriculteurs se mobiliseront le 27 novembre, mille tracteurs vont converger vers Paris <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/22/les-agriculteurs-se-mobiliseront-le-27-novembre-mille-tracteurs-vont-converger-vers-paris_6020166_3234.html>, Le Monde avec AFP, 22/11/19, 15h15
En audio
24- Hugo Clément sur le front des océans <https://www.franceinter.fr/emissions/l-instant-m/l-instant-m-22-novembre-2019>, France Inter, L’instant M, 22/11/19, 09h40
En images
25- Plan B : Comment moins gaspiller ce que l’on mange <https://www.lemonde.fr/videos/article/2019/11/18/plan-b-comment-moins-gaspiller-ce-que-l-on-mange_6019547_1669088.html>, Le Monde, 18/11/19, 07h57
26- Retour à la terre avec Guillaume Canet - Épisode 3 <https://www.facebook.com/1757782394471400/videos/688364741688138/?__so__=watchlist&__rv__=video_home_www_playlist_video_list>, Brut, 19/11/19, 11:01
27- Nitrites : mon jambon est-il bon ? <https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/nitrites-mon-jambon-est-il-bon-97388938.html>, TF1, journal de 20h, 20/11/19
Bien à vous,
Florence
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INDIGNITÉ DU JOUR : Que deviennent les animaux que nous exportons ? Des images tournées par l’association Animals International révèlent les mauvais traitements subis par des animaux envoyés vivants vers des pays tiers. (cf.item 1)
AVERTISSEMENTS DU JOUR : — Des scientifiques mettent en garde contre la diffusion des insecticides néonicotinoïdes sur le continent africain, où les exploitations agricoles intensives gagnent du terrain. (cf. item 3)
— Entre 2017 et 2018, l'exposition globale des animaux aux antibiotiques ne baisse plus, a averti l'Agence française de sécurité alimentaire et sanitaire (Anses). (cf. item 6)
— La commission nationale des alertes en santé publique estime qu’un "doute sérieux" existe sur les pesticides SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase). (cf. item 12)
RAPPORTS DU JOUR : — L'agriculture française pourra-t-elle, un jour, se passer du glyphosate ? Un rapport parlementaire a alerté sur les coûts liés à cette suppression laissant supposer qu'une sortie était impossible en l'état. (cf. item 13 & suite)
— L’Anses publie un état des lieux des additifs alimentaires présents dans 3/4 des produits transformés. Desserts surgelés, produits traiteurs frais et glaces en concentrent le plus. (cf. item 14)
— Une vingtaine d’experts alertent, dans un rapport sur la nutrition en outre-mer, sur les inégalités sociales qui sous-tendent la forte prévalence de maladies dans ces territoires. (cf. item 15)
CHIFFRES DU JOUR : — Pour lutter contre la déforestation qui a fait perdre à la Côte d'Ivoire la quasi-totalité de ses forêts en une cinquantaine d'années, le pays a lancé une grande opération de plantation baptisée "Un jour, un million d'arbres". (cf. item 4)
— Deux bateaux-usines faisant partie des plus gros chalutiers au monde, sillonnent la Manche et siphonnent les poissons en pêchant en une journée l’équivalent annuel de cinq bateaux normands. (cf. item 5)
— La déforestation en Amazonie brésilienne a touché 9.762 km2 d'août 2018 à juillet 2019, du jamais vu depuis 2008 et une augmentation de 29,5% sur un an, selon les dernières données officielles. (cf. item 9)
M’ENFIN DU JOUR : Le géant agrochimique Monsanto a plaidé jeudi "coupable" d'avoir illégalement utilisé un pesticide interdit et hautement toxique dans l'un de ses sites de recherche à Hawaï, acceptant de payer 10 millions de dollars de pénalités. (cf. item 20)
ALTERNATIVES DU JOUR : — Au cœur du désert hostile du nord du Niger, Moussa Ama, un pasteur touareg, drague les sillons charriant l'eau vers de verdoyantes touffes d'oignons, de pommes de terre et de luzerne. (cf. item 2)
— Quand la Norvège a décidé il y a dix ans de payer le petit pays sud-américain du Guyana, recouvert de forêts, pour qu'il réduise la déforestation, l'efficacité du concept restait à prouver. Elle l'est désormais, selon une étude parue aux Etats-Unis. (cf. item 10)
Si seulement 1 % des viticulteurs de Champagne sont certifiés bio, cette proportion ne cesse de croître. Des professionnels qui ne sont plus regardés comme des oiseaux rares, car même les grandes maisons se convertissent. (cf. item 16)
— A Mbé, dans le nord du Cameroun, des femmes misent sur l’igname, ce tubercule traditionnellement cultivé par les hommes, pour acquérir leur indépendance financière. (cf. item 18)
— Alors que chaque année 10 millions de tonnes d’aliments sont jetées en France, il existe des solutions simples pour lutter contre le gaspillage alimentaire. (cf. item 25)
DISCUSSION DU JOUR : Paul François et Alexandre Richard sont agriculteurs. L'un est passé au bio, l'autre dépend toujours des pesticides. Guillaume Canet et le réalisateur Edouard Bergeon sont allés à leur rencontre. (cf. item 26)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Des animaux exportés par l’Union européenne victimes de mauvais traitements, Le Monde, 15/11/19, 09h01
Mathilde Gérard
Vaches piétinant au milieu de cadavres, égorgées par plusieurs coups de couteau : des images tournées par l’association Animals International révèlent le sort subi par des animaux envoyés vivants vers des pays tiers.
Que deviennent les animaux que nous exportons ? Vendredi 15 novembre, l’association Welfarm diffuse des images jusqu’alors inédites, tournées par l’organisation Animals International au Maroc, en Tunisie et au Liban, montrant des bovins français soumis à des mauvais traitements, en violation des réglementations française et européenne. Les exportations d’animaux vivants font l’objet de campagnes récurrentes des ONG qui dénoncent les longs trajets dans des camions ou navires « poubelles ».
Ce qui attend les animaux qui traversent les frontières de l’Union européenne « échappe totalement aux regards », s’alarme Welfarm, qui adresse une lettre, vendredi, au premier ministre français, Edouard Philippe, cosignée avec cinq associations [Compassion In World Farming (CIWF), L214, Eurogroup for Animals, la Fondation droit animal (FDA), et la Fondation Brigitte Bardot]. Celles-ci demandent au gouvernement de légiférer pour interdire l’export d’animaux vers les pays qui ne peuvent pas garantir le respect des normes européennes.
Des images filmées en caméra cachée par Animals International dans un abattoir marocain en 2017 montrent une vache de réforme (ancienne vache allaitante) française, identifiée grâce à sa boucle comme venant d’un élevage de l’Ain, piétiner au milieu de cadavres gisant au sol.
« Horrifique »
Parce que cette vache âgée est plus grosse que les autres bêtes traitées dans cet abattoir, elle est sortie de la salle d’abattage et laissée en plein soleil toute une journée, sans eau. A la fin de la journée, elle n’a plus la force de résister. « J’ai visité de très nombreux abattoirs dans le monde, mais ce que j’ai vu ce jour-là est l’abattoir le plus chaotique et horrifique que j’ai vu », commente Gabriel Paun, directeur de la branche Europe d’Animals International et auteur de cette enquête.
+ En vidéo : Que deviennent les animaux que nous exportons ? <https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=A014LDgAiZw&feature=emb_logo>, Welfarm TV, 10/10/19
Dans une autre séquence filmée en 2018 au Liban, on voit un taureau ardennais suspendu par une patte, contrairement à ce que prévoient les règles de l’Organisation mondiale pour la santé animale (OIE), et un abatteur lui enfoncer les doigts dans les yeux, avant de l’égorger sans qu’il soit immobilisé. L’animal balance sa tête et reçoit plusieurs coups de couteau, alors que les normes de l’OIE stipulent que la perte de connaissance doit intervenir en une seule saignée.
« Une fois le sabot posé sur un cargo, ces animaux disparaissent des radars, s’indigne Adeline Colonat, responsable de la campagne contre l’export d’animaux vivants de Welfarm. On n’est pas dans la critique de ce qui se fait dans ces pays mais de l’hypocrisie de la France, qui exporte des animaux en toute connaissance de cause car il n’y a pas de contrôles dans les pays d’arrivée. » Pour Gabriel Paun, les exportations d’animaux vivants « montrent l’industrie de la viande sous son pire visage. C’est de la souffrance inutile et sur une très large échelle ».
En 2018, la France a exporté 2,5 millions d’animaux vivants, principalement au sein de l’Union européenne (Espagne et Italie notamment), selon les statistiques du ministère de l’agriculture. Les exportations vers des pays tiers, essentiellement sur le pourtour méditerranéen, sont minoritaires (près de 100 000 animaux en 2018), mais le marché est en hausse, les importations de ces pays ayant doublé en six ans. L’Algérie, par exemple, a importé plus de 50 000 bovins français en 2018, le Maroc est passé de 4 000 têtes en 2012 à 11 000 en 2017, tandis qu’Israël est un tout nouveau marché pour l’élevage français, qui y a envoyé 17 000 agneaux entre février et juin 2019. L’ensemble des vingt-huit Etats membres de l’UE ont exporté l’an dernier 3 millions de bovins et ovins vers des pays tiers.
« Les dérives de l’industrialisation »
« On a de fortes variations de volumes d’une année sur l’autre, avec parfois des fermetures brutales de marchés, détaille Germain Milet, chef de projet conjoncture viande bovine à l’Institut de l’élevage. Chaque pays est un cas particulier. Le Maroc et la Tunisie, par exemple, ont la volonté de développer leurs filières bovines locales, de la naissance à l’abattage. Mais ponctuellement, ils peuvent ouvrir leur marché soit directement à de la viande, quand il y a un besoin urgent, soit à des animaux vivants, quand la demande est moins urgente. »
Pour les importateurs, l’intérêt de faire venir des animaux plutôt que des carcasses est multiple : « Leur objectif est de conserver des emplois et de la valeur ajoutée locale, en faisant travailler les engraisseurs, les abatteurs, explique M. Milet. Si on fait venir de la viande prête à consommer, elle va directement du port au supermarché. » L’importation d’animaux vivants permet également de valoriser le « cinquième quartier » (les peaux pour le cuir, les viscères…) et de maîtriser le système d’abattage, en marketant la viande comme « locale ».
Les exportateurs, eux, y trouvent des débouchés pour des animaux pour lesquels ils n’ont pas de filière structurée. La France exporte ainsi massivement (plus d’un million par an) les broutards, les veaux mâles sevrés issus des élevages laitiers. Mais, en vendant leurs animaux à un intermédiaire, les éleveurs n’ont pas toujours connaissance du sort qui attend les bêtes.
« Dans le Limousin, il y a une filière “veaux d’Italie” connue, via laquelle les animaux sont envoyés dans la plaine du Pô pour être engraissés, raconte Guillaume Betton, éleveur dans la Creuse. Mais les éleveurs peuvent aussi vendre à des coopératives, des grossistes, des centres d’engraissement… qui eux-mêmes revendent à des tiers. » Pour l’agriculteur, qui a pu visionner les images filmées par Animals International, « ces images choquantes illustrent les dérives de l’industrialisation, qui chosifie les animaux, et en font une matière première sur laquelle on spécule. »
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Des contrôles insuffisants
Le règlement européen de 2005 relatif aux transports d’animaux stipule que « nul ne transporte des animaux dans des conditions telles qu’ils risquent d’être blessés ou de subir des souffrances inutiles ». Les autorités effectuent des contrôles avant les départs de camions et de façon inopinée pendant le trajet. Lors du dernier point de transit aux frontières européennes, une inspection est à nouveau réalisée. Mais les moyens manquent pour effectuer correctement ces contrôles, dénonce Francesca Porta, de la plateforme associative Eurogroup for animals, et sont quasi inexistants une fois passées les frontières européennes. Pourtant, « la Cour de justice européenne a statué en 2015 que les normes de l’UE relatives au transport d’animaux doivent s’appliquer pendant toute la durée du trajet, y compris à l’extérieur de l’Union européenne », insiste Francesca Porta.
Quant aux abattoirs de destination, l’UE n’a pas de mandat pour les contrôler. « Les autorités européennes peuvent effectuer des inspections dans les abattoirs des pays tiers, seulement si la viande est destinée au marché européen », précise Francesca Porta.
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Transport de viande plutôt que d’animaux vivants
Alexander Rabitsch, vétérinaire autrichien en Carinthie, a effectué pendant quatorze ans des inspections sur les transports d’animaux vers l’étranger, et insiste sur la responsabilité des vétérinaires dans les envois d’animaux vers des pays ne respectant pas les réglementations européennes : « Outre l’état de l’animal et la feuille de route de transport, le vétérinaire doit s’assurer que l’animal ne sera pas soumis à des souffrances inutiles dans son pays de destination. S’il est avéré qu’un pays enfreint les règles élémentaires de protection animale, le vétérinaire se doit de refuser de signer l’autorisation de sortie. Autrement, il se rend complice de mauvais traitements. »
C’est selon ce principe que des vétérinaires allemands ont bloqué des départs de camions de bovins vers l’Ouzbékistan en février 2019. Le Land de Bavière a quant à lui interdit, en mars, les exportations d’animaux vers dix-sept pays tiers, tant qu’ils ne peuvent prouver qu’ils répondent aux standards allemands de bien-être animal.
> Lire aussi Le calvaire des animaux d’élevage transportés en mer
En février, le Parlement européen, constatant que l’abattage dans certains pays tiers engendre « des souffrances aiguës et prolongées », a appelé la Commission européenne « à favoriser, lorsque cela est possible, une transition vers le transport de viande ou de carcasses, plutôt que d’animaux vivants ». A l’échelon français, le ministère de l’agriculture répond qu’une telle transition nécessite « une réflexion approfondie entre acteurs publics et privés » et soulève la question « des équilibres économiques, en premier lieu pour les éleveurs ». Le ministère rappelle que « la France s’est impliquée pour qu’un observatoire des normes internationales, y compris sur le bien-être animal, placé au sein de l’OIE, puisse être créé. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/15/des-animaux-exportes-par-l-union-europeenne-victimes-de-mauvais-traitements_6019226_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/15/des-animaux-exportes-par-l-union-europeenne-victimes-de-mauvais-traitements_6019226_3244.html>>
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2- Niger : des éleveurs touaregs se reconvertissent dans l'agriculture, AFP, 15/11/19, 10:00
Boureima Hama
Au cœur du désert hostile du nord du Niger, Moussa Ama, un pasteur touareg, drague les sillons charriant l'eau vers de verdoyantes touffes d'oignons, de pommes de terre et de luzerne.
Dans un nuage de poussière, à quelques centaines de mètres, des hommes et des femmes armés de pelles et de houes labourent le sol pour y semer du blé.
Cinq mille familles d'éleveurs, dont le bétail a été décimé par la sécheresse ou les inondations ces dernières années, se sont reconvertis en agriculteurs, dans le cadre du projet Irhazer, à une soixantaine de km à l'ouest d'Agadez, la grande ville du nord du Niger.
Lancé en 2015, ce projet est financé par le groupe français Orano (ex-Areva), qui exploite l'uranium depuis 50 ans dans cette région, dans le cadre d'un accord de développement économique avec le gouvernement nigérien.
Depuis une dizaine d'années, les sécheresses sont de plus en plus fréquentes, mais aussi, dans cette zone désertique, les inondations, en raison des changements climatiques.
"C'est un grand défi lancé au désert. Le sol est argileux et rocailleux, ce n'était pas évident d'y faire germer quelque chose", explique à l'AFP Goumour Warzagane, un responsable du projet Irhazer.
Ce projet vise à rendre arables 750 hectares de terres stériles, pour y produire céréales, tubercules et fourrage, afin d'assurer la subsistance de 35.000 habitants. Orano a déjà injecté la moitié des 11 milliards de francs CFA (16,7 millions d'euros) prévus pour ce projet de 2015 à 2020.
"L'objectif est d'assurer l'autosuffisance alimentaire pour la population et le bétail", a affirmé le ministre nigérien de l'Agriculture Albadé Abouba, lors d'une visite du site début novembre.
- Blé, luzerne et moringa -
Irhazer est aussi "dédié à la réduction de l'émigration". Il "doit occuper les jeunes, sinon ils vont s'occuper d'eux-mêmes en migrant, en devenant des bandits-coupeurs de routes ou des jihadistes en herbe", prévient M. Abouba, ex-ministre de la Sécurité.
En quatre ans, plus de 530 tonnes de luzerne et 107 tonnes de blé ont été récoltées. Ces deux produits, dont la tonne se négocie entre 250 et 300.000 FCFA (entre 380 et 450 euros) sur les marchés, étaient auparavant hors de portée de ces éleveurs très pauvres. Le blé est consommé par les producteurs sous forme de couscous, de pain ou de pâtes, et ce qui reste est vendu.
"La luzerne est surtout cultivée ici parce qu'on est en zone d'élevage et elle est très riche en protéines. Quand les animaux la consomment, on a de la bonne viande et beaucoup de lait", essentiel au repas des nomades, explique Bila Sabit, un autre responsable du projet.
Pourtant "on disait qu'il était impossible de faire travailler la terre par des éleveurs", souligne-t-il.
"Les rendements sont bons, comparables à ceux des pays maghrébins disposant de techniques plus avancées", selon une étude d'Orano.
Ahmed Ouba, un sexagénaire, doit se hisser sur la pointe des pieds pour arracher des feuilles de moringa, un arbre résistant à la sécheresse et réputé dans toute l'Afrique de l'Ouest pour ses vertus nutritionnelles et médicinales, également cultivé dans le cadre du projet Irhazer. "Si quelqu'un n'a pas assez de sang dans son corps, s'il n'a pas d'appétit, il suffit qu'il mange ces feuilles bouillies ou avale leur décoction pour se remettre", assure-t-il. Le moringa se vend autour de 500 FCFA (0,75 euros) le kilo.
- Impitoyable désert -
"C'est une vraie révolution : si l'élevage tombe en panne, nous avons désormais l'agriculture comme deuxième chance pour survivre", estime Agali Mahaman, un producteur, la bouche pleine de tabac à chiquer. "C'est une question de vie ou de mort : le désert est impitoyable !".
Grâce au projet Irhazer, la situation des éleveurs-agriculteurs s'est améliorée : ils se nourrissent mieux, ils ont plus d'argent pour payer la scolarité des enfants, ou ne sont plus obligés de vendre leurs quelques bêtes.
"Avec le peu d'argent tiré de la vente des récoltes, nous achetons aux enfants des fournitures scolaires. Et les plus grands ne migrent plus en Algérie et en Libye", se réjouit Fatima Rhissa, une exploitante d'une quarantaine d'années.
"Mais notre grand souci c'est le manque crucial d'eau pour irriguer les pépinières", se lamente Mme Rhissa.
"Dans quelques mois, la température atteindra 50 degrés à l'ombre. Il faut trouver un système d'irrigation approprié pour réduire au maximum l'évaporation et l'infiltration de l'eau", abonde le ministre de l'Agriculture Albadé Abouba.
Les quatre forages qui fournissent actuellement l'eau ne suffisent plus. Il faut en construire de nouveaux, et il faut importer de nouvelles techniques d'irrigation comme le goutte-à-goutte pour réguler l'eau qui s'évapore rapidement à cause de la chaleur.
Pour renouer avec leur ancienne activité, les exploitants demandent la création d'un volet pastoral, afin d'obtenir des aides pour acheter des chèvres et des moutons. En 2009, 40.000 têtes de bétail avaient été décimées par les inondations dans la région d'Agadez.
Ultime défi, après 2020, Orano cessera son financement. Le projet Irhazer devra voler de ses propres ailes, grâce aux "redevances" versés par les exploitants après la vente de leurs récoltes, qui sont déposées sur un compte bancaire.
<https://www.lepoint.fr/monde/niger-des-eleveurs-touaregs-se-reconvertissent-dans-l-agriculture-15-11-2019-2347561_24.php>
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3- L’Afrique risque de devenir un déversoir pour des pesticides bannis d’Europe, Le Monde Afrique, 15/11/19, 11h55
Laurence Caramel
Des scientifiques mettent en garde contre la diffusion des insecticides néonicotinoïdes sur le continent, où les exploitations agricoles intensives gagnent du terrain.
La crainte de voir se répandre en Afrique les insecticides néonicotinoïdes, avec leurs conséquences délétères sur l’agriculture et la biodiversité gagne la communauté scientifique. Jusqu’à présent, les agricultures africaines dominées par un modèle familial de subsistance, peu consommateur d’intrants et de pesticides, étaient restées relativement préservées. La situation est en train de changer. La multiplication de grandes exploitations intensives tournées vers les marchés domestiques ou d’exportation a ouvert la porte à la diffusion de ces substances de manière peu contrôlée.
La récente interdiction par l’Union européenne de trois des molécules les plus toxiques pour les pollinisateurs pourrait accélérer ce mouvement en faisant du continent le déversoir des produits bannis pour des industriels en quête de nouveaux marchés. Cette menace est clairement identifiée dans le rapport sur L’utilisation et les effets des insecticides néonicotinoïdes sur l’agriculture africaine, publié mardi 12 novembre par le réseau des Académies des sciences africaines (Nasac). Lancé fin 2018, quelques mois après la décision européenne, ce travail, qui a rassemblé des scientifiques de dix-sept pays africains et passé en revue la littérature scientifique disponible, fournit l’état des lieux le plus complet à ce jour. Il a été mené en coopération avec le Partenariat mondial des académies des sciences.
> Lire aussi Les néonicotinoïdes sont là pour durer
Deux des trois molécules interdites – imidaclopride et thiaméthoxame – sont parmi les plus utilisées en Afrique. Au Cameroun, 35 formulations différentes contenant de l’imidaclopride sont enregistrées. En Afrique du Sud, 130. Les principales cultures sont concernées et le rapport relève aussi que la pulvérisation de ces insecticides s’étend de plus en plus aux semences en appliquant « des doses inappropriées ». Les réglementations lorsqu’elles existent ne sont bien souvent pas appliquées. En Tanzanie, un audit conduit par le ministère de l’agriculture a aussi montré que de nombreux produits utilisés n’étaient pas homologués et importés frauduleusement.
Mortalité massive d’abeilles
Les conséquences de ces pratiques ne sont encore appréhendées que de façon parcellaire. La moitié des pays ne disposent d’aucune donnée. Mais lorsqu’elles existent, leurs conclusions convergent : les échantillons de miel collectés contiennent ainsi des résidus de néonicotinoïdes aux concentrations bien supérieures à celles relevées en Europe. Un constat identique est dressé s’agissant de la contamination des sols et des cours d’eau.
> Lire aussi Disparition des abeilles : comment l’Europe a renoncé à enrayer leur déclin
Le manque de moyens financiers et humains des centres de recherches laisse aussi encore largement dans l’ombre les retombées réelles sur les abeilles et les autres pollinisateurs. « En raison du faible nombre d’entomologistes et de taxonomistes et de l’absence encore plus criante de spécialistes de la pollinisation, il est difficile de se prononcer sur une tendance », écrivent les auteurs, « les caractéristiques très différentes des écosystèmes entre l’Europe et l’Afrique imposent par ailleurs une certaine prudence dans les comparaisons qui pourraient être faites ».
Plusieurs situations ont toutefois de quoi alerter : au Bénin, des phénomènes de mortalité massive ont été enregistrés dans les populations d’abeilles sauvages aussi bien que domestiques. En Afrique du Sud, une enquête menée en 2014 a montré un effondrement des populations domestiques pouvant atteindre localement près de 50 % en quelques années. Selon le rapport, des exemples semblables sont relevés au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda.
> Lire aussi Agriculture : « L’Afrique aussi doit consommer local »
L’Afrique ne représente que 2 % à 6 % du marché mondial des néonicotinoïdes : une part modeste qui fait dire aux scientifiques qu’il n’est pas trop tard pour la mettre à l’abri d’un recours massif et désordonné à ces insecticides qui mettrait en péril ses chances de construire une agriculture durable capable de nourrir une population appelée à doubler au cours des prochaines décennies. Pour cela, ils appellent à une réglementation stricte à l’échelle du continent et à la promotion de politiques agricoles qui protègent « l’environnement, la santé humaine et la biodiversité ». Ils demandent aussi aux bailleurs internationaux de soutenir les efforts de recherche pour que la science puisse éclairer ce qui aujourd’hui se joue à bas bruit.
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/15/l-afrique-risque-de-devenir-un-deversoir-pour-des-pesticides-bannis-d-europe_6019278_3212.html <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/15/l-afrique-risque-de-devenir-un-deversoir-pour-des-pesticides-bannis-d-europe_6019278_3212.html>>
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4- Côte d'Ivoire : opération "Un million d'arbres" pour lutter contre la déforestation, AFP, 15/11/19, 18:00
La Côte d'Ivoire, avec le footballeur vedette Didier Drogba, a lancé vendredi à Abidjan une grande opération de plantation d'arbres pour lutter contre la déforestation, baptisée "Un jour, un million d'arbres".
L'opération veut alerter contre la déforestation qui a fait perdre au pays la quasi-totalité de ses forêts en une cinquantaine d'années.
Elle "est une première étape, le début de la reconquête", a déclaré le ministre ivoirien des Eaux et forêts, Alain Richard Donwahi. Elle "vise à recouvrer au moins 30% du territoire national d'ici 2030".
Dans le cadre de la cérémonie de lancement de l'opération, des arbres ont été plantés dans le quartier de Koumassi à Abidjan. D'autres ont été plantés simultanément dans le reste du pays.
"Les chiffres (de la destruction) sont effarants. Je suis fier de contribuer à la reforestation de la Côte d'Ivoire par la sensibilisation", s'est réjoui Didier Drogba, saluant une "initiative noble".
"Mondialement on lutte contre la déforestation : c'est reboiser, garder la forêt intacte, sauver la planète" et le consommateur européen est plus désireux qu'auparavant d'acheter "des produits qui ne contribuent pas à la déforestation, contrairement à la culture du cacao", a rappelé l'ambassadeur de l'UE en Côte d'Ivoire, Jobst von Kirchmann.
La Côte d'Ivoire va organiser en janvier 2020 une table ronde avec pour objectif de freiner une déforestation qui menace la stabilité climatique de la région.
L'objectif de cette table ronde est de mobiliser 616 milliards de FCFA (près d'un milliard d'euros) pour financer sur la période 2020-2030 la nouvelle stratégie forestière en Côte d'Ivoire, adoptée en février.
La nouvelle politique forestière ivoirienne destinée à recouvrer "six millions d’hectares en 2030 et huit en 2045" englobe la réhabilitation, le reboisement et l'agroforesterie pour utiliser moins de terre.
Outre les bailleurs de fonds internationaux, les industries chocolatières seront parties prenantes de ce programme.
Premier producteur mondial de cacao avec 40% du marché, la Côte d'Ivoire, qui comptait 16 millions d'hectares de forêts dans les années 1960, a vu leur superficie fondre à deux millions d'hectares, selon les chiffres officiels, à cause principalement du développement des plantations de cacao.
La déforestation liée à la culture du cacao pour l'industrie du chocolat se poursuit "sans relâche" en Côte d'Ivoire et au Ghana, les deux premiers producteurs mondiaux, avait dénoncé l'ONG Mighty Earth dans un rapport publié en 2018.
<https://www.geo.fr/environnement/cote-divoire-operation-un-million-darbres-pour-lutter-contre-la-deforestation-198668>
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5- Les pêcheurs normands vent debout face aux bateaux-usines, Le Monde, maj le 17/11/19 à 06h02
Laurence Girard
Deux chalutiers industriels sillonnent actuellement la Manche. Hervé Morin, président du conseil régional de Normandie, s’en est plaint au ministre de l’agriculture et entend saisir Bruxelles de la question.
« C’est révoltant », tonne Hervé Morin. Le président du conseil régional de Normandie est vent debout contre les bateaux-usines qui croisent dans la Manche. Et il tient à le faire savoir. Il n’a pas hésité à rendre publique une lettre adressée au ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, le 29 octobre. Dans ce courrier, il relaye l’inquiétude des pêcheurs normands face à la « présence au large des côtes de deux bateaux faisant partie des plus gros chalutiers au monde ».
> Lire aussi La pêche industrielle exploite plus de la moitié de la superficie des océans
En l’occurrence « le Margiris et le Annie Hilina, qui mesurent plus de 140 mètres de long et peuvent collecter en une journée 250 tonnes de poissons, soit l’équivalent annuel de cinq bateaux normands », écrit M. Morin. Même s’il reconnaît que ces deux navires sont dans leur droit, il demande une révision de la politique commune des pêches « afin de mettre en place des règles strictes permettant une cohabitation raisonnable avec la pêche artisanale ». Le président du conseil régional souligne qu’il y a, aujourd’hui, 700 bateaux de pêche en Normandie.
« Les chalutiers énormes ne datent pas d’aujourd’hui, il y en a une vingtaine d’une taille de 80 à 100 mètres de long, et cela fait une trentaine d’années qu’ils passent. Mais cela devient insupportable en particulier dans la Manche, qui est une mer presque fermée, de les voir siphonner les poissons. D’autant que 80 % de nos bateaux font moins de 12 mètres », explique Dimitri Rogoff, président du Comité régional des pêches maritimes de Normandie. Il note que sur ce sujet, marins français et britanniques sont d’accord – un fait suffisamment rare pour être souligné – pour bouter les bateaux-usines hors de leur zone de chalandise.
> Lire le reportage : France et Angleterre, désunies pour la vie
L’UE discute du dossier pêche
Dans sa réponse, le ministère de l’agriculture estime que « l’activité de ces navires n’a pas d’impact sur les possibilités de pêche des navires français ». Il pointe le fait que les navires Margiris et Annie Hilina, battant respectivement pavillon lituanien et allemand, ont égalité d’accès aux eaux et aux ressources de l’Union européenne (UE). Avec leur quota, ils ont le droit de pêcher dans les zones économiques exclusives des différents Etats membres. Et donc dans la Manche. Toutefois, le ministère affirme que vu leur « impact potentiel sur la ressource halieutique », ces navires font l’objet de contrôles dans le cadre des analyses de risque.
> Lire aussi Un quart des stocks de poissons sont trop pêchés en France
« C’est le néant. Pas de réponse du gouvernement », réagit M. Morin qui affirme vouloir défendre le dossier au niveau bruxellois. « On ne peut pas avoir des discours sur l’orientation environnementale de l’Europe et laisser des bateaux-usines ratisser la ressource au ras des côtes », estime-t-il. Or, l’UE discute justement du dossier pêche. Bruxelles a décidé d’allouer un budget de 6 milliards d’euros, sur la période 2021-2027, au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) qui subventionne la pêche, l’aquaculture et la protection du milieu marin. Reste à définir les modalités de versement de ces aides.
L’ONG Bloom surveille de près ces discussions. Elle a donné un quasi-satisfecit à la proposition de la Commission européenne qui favorise une « transition vers une pêche à faible impact environnemental et à haute valeur sociale ». Au moment même où les Etats membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) cherchent à négocier un accord multilatéral pour interdire les subventions néfastes qui encouragent la surcapacité de la flotte et la surpêche.
La promesse de débats houleux
Mais Bloom s’inquiète des positions prises par le Parlement européen et le conseil des ministres. En avril, le Parlement s’est dit prêt à réintroduire des subventions à la construction de navires ou à la modernisation de la flotte. Des subventions qui avaient été interdites en 2004 pour lutter contre la surpêche. En juin 2019, les ministres réunis en conseil sont allés plus loin, en ne limitant pas les aides aux bateaux de moins de 12 mètres mais aux moins de 24 mètres. Réunie mardi 12 novembre, la commission de la pêche du nouveau Parlement européen a voté pour entériner la position de la précédente législature.
> Lire aussi Le Parlement européen vote le retour des aides pour de nouveaux navires de pêche
Les débats s’annoncent donc houleux entre tenants de la pêche artisanale, ONG environnementales et armateurs. Dans ces discussions, les gros armateurs, en particulier néerlandais, veulent peser. Parmi eux, Parlevliet & van der Plas, propriétaire du Margiris, ou Cornelis Vrolijk, actionnaire de l’armement France pélagique, qui possède le Sandettié. Un bateau-usine immatriculé à Fécamp (Seine-Maritime).
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/16/les-pecheurs-normands-vent-debout-face-aux-bateaux-usines_6019422_3234.html>
Sur le même sujet :
> Dans la Manche, un chalutier géant inquiète les pêcheurs français et les défenseurs de l'environnement <https://www.francetvinfo.fr/economie/bateau-usine-l-inquietude-des-pecheurs-de-boulogne-sur-mer_3684715.html>, France 2, journal de 20h, 01/11/19
> Pêche : une majorité d'eurodéputés vote des aides aux navires néfastes à la biodiversité <https://www.actu-environnement.com/ae/news/peche-vote-fonds-subventions-flotte-navires-feamp-ue-34392.php4>, Actu-environnement, 12/11/19
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6- L'utilisation d'antibiotiques sur les animaux d'élevage ne baisse plus, AFP, 18/11/19, 09:00
Emmanuelle Trecolle
L'utilisation d'antibiotiques sur les animaux d'élevage et de compagnie a atteint un plancher en 2018 en France, après avoir fortement diminué pendant huit ans de lutte contre le phénomène des bactéries résistantes aux traitements.
Depuis 2011, la tendance était à une nette baisse. Mais selon les derniers chiffres, entre 2017 et 2018 l'exposition globale des animaux aux antibiotiques a augmenté de 0,7%, avec des différences selon les espèces, a averti l'Agence française de sécurité alimentaire et sanitaire (Anses) lundi, premier jour de la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques de l'Organisation mondiale pour la santé animale (OIE).
Ainsi, l'exposition s'est accrue pour les bovins (+8,4%) et les lapins (+2,0%), alors qu'elle recule encore pour les volailles (-11,3%), les porcs (-2,7%) et les animaux domestiques, chiens et chats (-2,0%), selon l'Anses.
Les hausses de la consommation pour les bovins et les lapins "sont mineures, mais c'est un premier signal d'alerte", a commenté Jean-Pierre Orand, directeur de l'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) lors d'un point presse.
"On savait qu'un jour on atteindrait un plancher. Il faut s'assurer qu'on ne reparte pas à la hausse", a-t-il ajouté.
Le but n'est toutefois pas l'arrêt total de l'utilisation des antibiotiques, a rappelé Gilles Salvat, directeur général délégué au pôle recherche et référence de l’Anses : "En terme de bien-être animal, on a besoin de traiter un animal malade".
Pour mener sa campagne, l'Anses a d'abord joué sur la baisse de l'utilisation préventive d'antibiotiques, avant même que la maladie n'apparaisse.
L'agence note ainsi que l'exposition via des injections d'antibiotiques a augmenté de 7,1% entre 2017 et 2018 et a diminué de 12% pour les pré-mélanges médicamenteux et de 1,9% pour les poudres et solutions orales, qui étaient souvent utilisés en prévention.
"Quand on traite en injectable, c'est qu'on administre les antibiotiques individuellement aux animaux", par rapport à leur état de santé réel, assure le directeur général.
- Leviers sociologiques -
Cependant, selon les chiffres 2018, le nombre de traitements intra-mammaires pour les vaches laitières a augmenté de 6,1% par rapport à 2017.
Il reste donc encore à travailler sur la conduite des élevages: on a pu évoluer grâce à "un certain nombre de connaissances qui ont permis de ne plus utiliser l'antibiotique comme une béquille", souligne M. Salvat, mais "on n'a pas encore complétement révolutionné les systèmes d'élevage. Encore faudrait-il savoir comment les révolutionner".
Il évoque une autre piste : "les leviers sociologiques". Il faut "comprendre pourquoi un éleveur est plus utilisateur ou pourquoi un vétérinaire est plus prescripteur qu'un autre".
La France avait lancé en 2012 un premier plan gouvernemental de cinq ans pour faire baisser le recours aux antibiotiques en matière de santé animale, que ce soit pour les élevages ou les animaux de compagnie. Ce plan EcoAntibio a été relancé pour cinq années supplémentaires, jusqu'en 2021.
Depuis 2011, le tonnage d'antibiotiques vétérinaires vendus a baissé de 48,2%, et il baisse encore de 5,5% en 2018 sur un an, atteignant son plus bas niveau depuis le début des relevés il y a 20 ans.
Cependant, le tonnage seul "n'est pas probant car les nouveaux antibiotiques ont une posologie inférieure" aux générations précédentes de médicaments, a précisé M. Orand, qui préfère utiliser un indicateur de niveau d'exposition basé sur le nombre de milligrammes de principe actif par kilo. Entre 2011 et 2018, l'exposition globale a ainsi baissé de 38,4%, et de 33,9% depuis 1999.
Le rapport de l'agence européenne de surveillance de la consommation des antimicrobiens (ESVAC), publié en octobre, montre que les ventes d'antibiotiques à destination des animaux ont baissé de 32% en Europe entre 2011 et 2017.
<https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/animaux-d-elevage/l-utilisation-d-antibiotiques-sur-les-animaux-d-elevage-ne-baisse-plus_139087>
En savoir plus :
> La surveillance de l’antibiorésistance en santé animale à l’Anses <https://www.anses.fr/fr/content/la-surveillance-de-l%E2%80%99antibior%C3%A9sistance-en-sant%C3%A9-animale-%C3%A0-l%E2%80%99anses>, 18/11/19
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7- Menace sur les forêts roumaines et leurs gardiens, AFP, 18/11/19, 10:00
Mihaela Rodina
Saupoudrés des premières neiges de l'hiver, les épicéas des Carpates roumaines semblent contempler l'éternité. Mais des pans de montagne complètement dégarnis témoignent d'un déboisement agressif que les autorités peinent à contrôler et qui met en péril jusqu'aux gardes forestiers.
Deux employés de l'office roumain des forêts Romsilva ont été tués cet automne dans des secteurs distincts du pays où ils étaient en patrouille.
L'un des gardiens, Liviu Pop, forestier dans le Maramures (nord), a reçu une balle dans le dos peu après avoir prévenu par téléphone qu'il avait surpris trois personnes en train de couper illégalement du bois. Un mois plus tôt, c'est l'un de ses collègues de Iasi (nord) qui avait reçu un coup de hache dans la tête.
Ces homicides ont remis en lumière le fléau du défrichage clandestin des forêts roumaines, dont sont rendus responsables les pouvoirs publics jugés incapables d'agir efficacement.
Les gardes forestiers ont manifesté à deux reprises, en octobre et novembre, pour faire entendre leur ras-le-bol. Selon Romsilva, 185 agents ont été agressés dans le cadre de leur travail depuis 2014.
- Multinationales -
Une dizaine de gardes forestiers interrogés par l'AFP ont assuré avoir déjà été menacés voire attaqués. Leur salaire moyen ne dépasse par 2.000 lei (420 euros).
Pour cette rémunération, "je dois surveiller tout seul un millier d'hectares", explique à l'AFP Valentin Dirig, 43 ans, qui arpente les bois de Neamt (nord-est) depuis une quinzaine d'années. "Il est très dangereux de faire ce métier", assure cet agent de 43 ans.
En Roumanie, où les forêts couvrent un tiers du territoire (7 millions d'hectares), la filière bois représente quelque 126.000 emplois déclarés et 3,5% du PIB.
Une partie des arbres abattus servent de bois de chauffage, notamment en zone rurale où habite encore un Roumain sur deux. Le marché international de l'ameublement et du bricolage consomme l'autre partie de la ressource via l'implantation en Roumanie de plusieurs groupes étrangers, dont le poids lourd autrichien Schweighofer, qui travaillent avec de nombreux intermédiaires locaux.
En 2015, la Cour des comptes roumaine avait tiré la sonnette d'alarme en estimant que 80 millions de m3 de bois, d'une valeur de 5 milliards d'euros, avaient été coupés illégalement entre 1990 et 2012.
La même année, puis de nouveau en 2017, le gouvernement a durci le contrôle des exploitations forestières et les sanctions applicables, assurant que le déboisement criminel est désormais sous contrôle.
Selon Romsilva, le volume de bois coupé illégalement s'est élevé à 206.000 m3 en 2018, dont 31.000 m3 provenant des forêts publiques.
Environ la moitié des forêts roumaines appartiennent à des entités privées. Pour le garde forestier Valentin Dirig, "le problème vient des propriétaires privés qui ont récupéré leurs terrains après la chute du communisme et qui pensent pouvoir faire n'importe quoi".
- Bataille de chiffres -
Les associations de défense de l'environnement, très actives pour dénoncer une "mafia du bois", estiment que les volumes de bois coupés illégalement restent largement sous-estimés par l'Etat.
En 2015, l'expert Gheorghe Marin a été chargé par le gouvernement de rédiger un inventaire des forêts. Il a estimé à 20 millions de m3 les coupes d'arbres "non déclarées" chaque année, quasiment équivalentes aux volumes officiellement enregistrés. Ce chiffre, révélé le mois dernier par la presse, a cependant été expurgé du rapport de l'expert, les autorités mettant en doute son calcul.
"Il suffit de regarder le nombre de camions transportant du bois pour comprendre que le déboisement échappe à tout contrôle", affirme Cristian Neagoe, responsable de l'ONG Greenpeace.
Les astuces sont nombreuses pour couvrir une activité clandestine. "Certaines compagnies font deux transports sur la base d'une seule autorisation", décrit Radu Melu, spécialiste de la question au Fonds mondial pour la nature (WWF).
A côté de la cupidité de certains exploitants, le trafic de bois est aussi une ressource pour des populations sans autre moyen de subsistance. Pour le meurtre du forestier de Iasi, la police a arrêté un adolescent de 17 ans qui volait du bois.
Greenpeace accuse le ministère de l'Environnement de tarder à mettre en place un système efficace de contrôle du transport du bois et d'avoir arrêté en 2017 l'utilisation d'images satellitaires pour surveiller les forêts.
En 2018, une étude très détaillée de l'ONG sur les pratiques du groupe Schweighofer, soupçonné d'être peu regardant sur l'origine des bois, avait entraîné une spectaculaire opération policière sur des sites du groupe en Roumanie et l'ouverture d'une enquête judiciaire.
Dans la région de Valea Rea, dans le massif des Carpates, la forêt affiche de larges plaies. Midorel Badescu, ingénieur forestier de 59 ans, connaît chaque sentier de cette zone et assure que trois propriétaires sont depuis plusieurs années sous le coup d'une enquête.
"Peu importe qu'ils soient condamnés ou non", dit-il, "ce que je veux c'est qu'on les oblige à reboiser".
<https://information.tv5monde.com/info/menace-sur-les-forets-roumaines-et-leurs-gardiens-332651>
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8- Reprise des négociations sur l'avenir du thon obèse en Atlantique, AFP, 18/11/19, 13:00
Laure Fillon
Le secteur de la pêche saura-t-il protéger l'espèce du patudo, ou thon obèse, en Atlantique ? Cette question est au cœur de discussions lundi en Espagne, après un échec en 2018, au moment où la santé des océans inquiète de plus en plus.
La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA, ICCAT en anglais) se réunit à Palma de Majorque, en Espagne, jusqu'au 25 novembre. Elle regroupe une cinquantaine d'Etats pêchant en Atlantique et en Méditerranée.
Se basant sur des expertises scientifiques, en présence d'ONG, la CICTA fixe des niveaux de pêche pour plusieurs espèces de thonidés (thons, bonites, makaires, espadons) et de requins.
Fin 2018, les mêmes acteurs s'étaient déjà penchés sur l'avenir du thon obèse, apprécié en conserve comme en sashimi, dont la population décline dangereusement. La sonnette d'alarme a été tirée dès 2015 : les stocks du Thunnus obesus, ou patudo, souffrent de surpêche et de mortalité importante de thons juvéniles.
"Le stock patudo va très mal", confirme Daniel Gaertner, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), qui fait partie des scientifiques chargés d'évaluer l'état des stocks.
Il y a un an, les membres de la CICTA n'avaient pas réussi à s'entendre pour une réduction des quotas de pêche et sur l'idée d'inclure de nouveaux pays dans ces quotas.
Le quota actuel de 65.000 tonnes ne concerne que les sept principaux pêcheurs en Atlantique, dont le Japon et l'Union européenne. Les autres échappent aux limites de prises. Résultat, en 2017, le total des prises a frôlé 80.000 tonnes, un niveau qui conduit à une surexploitation de ces poissons.
Plusieurs propositions étaient sur la table lundi à Palma de Majorque. L'Union européenne propose un quota de 62.500 tonnes jusqu'en 2022, qui inclurait 17 parties prenantes pêchant plus de 1.250 tonnes par an.
La Cote d'Ivoire, le Gabon, le Ghana, la Guinée Bissau, le Nigeria et le Sénégal défendent un quota entre 57.500 et 60.000 tonnes, tandis que le Costa Rica, le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua, le Panama et le Mexique ne veulent pas toucher au niveau actuel.
Pour le Brésil, qui n'est pas soumis aujourd'hui aux quotas, toute nouvelle répartition devra prendre en compte les intérêts des pays côtiers et des pêcheries artisanales.
- Réchauffement climatique -
Pour l'ONG Pew Charitable Trusts, "un quota de 60.000 tonnes serait trop élevé", indique à l'AFP Grantly Galland. Ce niveau de pêche entraînerait "une période de rétablissement trop long" pour les populations de thons obèses, poursuit l'expert de l'ONG qui plaide pour une limite de 50.000 tonnes.
D'autres espèces seront au menu de la CICTA: le thon albacore, qui a fait pour la première fois l'objet d'une évaluation scientifique, ou encore des requins. Dans le cas de l'albacore, le quota "annuel pour 2020 et les années ultérieures du programme pluriannuel s’élève à 110.000 tonnes (...) et devra rester en place", recommande la commission.
WWF recommande d'interdire certaines zones à la pêche pendant certaines périodes pour réduire les captures de juvéniles des thons obèse et albacore.
Concernant les requins, la Gambie, le Sénégal et le Canada recommandent d'interdire la vente de "carcasse des requins‐taupes bleus de l’Atlantique Nord". Ce requin, le plus rapide, en danger au niveau mondial car victime de surpêche, a bénéficié cet été de la protection de la CITES, qui fixe les règles du commerce international de plus de 35.000 espèces sauvages.
S'ajoutant à la surpêche actuelle, le réchauffement des océans contribuera à faire chuter davantage encore le potentiel maximal de prises de poissons, ont rappelé il y a quelques semaines les spécialistes climat de l'ONU (Giec) dans un rapport spécial sur les océans.
A la fin des années 2000, la CICTA avait baissé drastiquement les quotas de pêche du thon rouge après des années de tergiversations. L'espèce était tellement mal en point que la CITES avait examiné une interdiction de son commerce international.
Après avoir réussi à rétablir les stocks de thons rouges, scientifiques et ONG espèrent aujourd'hui le même sursaut pour sauver le thon obèse.
<https://information.tv5monde.com/info/reprise-des-negociations-sur-l-avenir-du-thon-obese-en-atlantique-332659>
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9- Brésil : la déforestation en Amazonie au plus haut depuis 2008, AFP, 18/11/19, 18:00
La déforestation en Amazonie brésilienne a touché 9.762 km2 d'août 2018 à juillet 2019, du jamais vu depuis 2008 et une augmentation de 29,5% sur un an, selon les dernières données officielles rendues publiques lundi.
Cette période de référence prise en compte par l'Institut national de recherches spatiales (INPE) englobe les sept premiers mois de mandat du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, un climatosceptique favorable à l'ouverture de la forêt vierge aux activités minières ou agricoles.
D'août 2007 à juillet 2008, la déforestation avait atteint 12.911 km2, avant de diminuer les années suivantes.
La semaine dernière, l'INPE avait déjà fait état d'une augmentation de 93% de la déforestation de janvier à septembre par rapport à la même période de l'an dernier.
Ces chiffres se situaient début 2019 dans la moyenne des dernières années, jusqu'à une hausse significative à partir de juin.
Greenpeace a dénoncé lundi la réduction de moyens destinés à la lutte contre la déforestation depuis l'arrivée au pouvoir du président Bolsonaro.
"Son gouvernement est en train de jeter à la poubelle tout ce qui a été fait ces dernières années en matière de protection de l'environnement", a déploré Cristiane Mazzetti, l'une des responsables de Greenpeace au Brésil.
"Près de 20% de l'Amazonie a déjà été dévastée et nous nous rapprochons du point de non-retour, quand elle se transformera en savane", a averti Mauricio Voivodic, directeur de l'antenne brésilienne Fonds mondial pour la nature (WWF).
La déforestation entraîne également une recrudescence des foyers d'incendie en Amazonie, un grand nombre d'agriculteurs pratiquant le brûlis sur les zones déboisées pour pouvoir les cultiver.
La multiplication de ces feux de forêt au mois d'août a suscité une vague de critiques de la communauté internationale contre le président Bolsonaro et la politique du gouvernement brésilien en matière environnementale.
Selon les données satellite de l'INPE, il y a eu pratiquement autant d'incendies en Amazonie entre janvier et septembre (66.750) que sur l'ensemble de l'année 2018 (68.345).
<https://www.geo.fr/environnement/bresil-la-deforestation-en-amazonie-au-plus-haut-depuis-2008-198677>
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10- Payer un pays pour ne pas déforester, ça marche, AFP, 18/11/19, 22:00
Quand la Norvège a décidé il y a dix ans de payer le petit pays sud-américain du Guyana, recouvert de forêts, pour qu'il réduise la déforestation, l'efficacité du concept restait à prouver. Elle l'est désormais, selon une étude parue lundi aux Etats-Unis.
Ce type de programmes internationaux -- argent contre forêts -- s'est décliné sous des centaines de formes depuis la décennie 2000, et est connu sous l'acronyme de REDD+, qui signifie réduire les émissions (de gaz à effet de serre) dues à la déforestation et à la dégradation. Les forêts sont des puits de carbone, grâce à la photosynthèse: couper un arbre est donc l'équivalent d'émissions de dioxyde de carbone.
On parvient aujourd'hui assez finement, grâce aux satellites d'observation, à compter le nombre d'hectares déforestés dans une région donnée. En 2009, la Norvège a engagé 250 millions de dollars pour que, de 2010 à 2015, le Guyana limite à 0,056% le taux de déforestation annuel ; un objectif que le petit pays a réussi à tenir.
Ce taux cible était en fait supérieur à la déforestation observée dans la décennie précédente (0,036%), mais les chercheurs calculent que le contrat norvégien a en réalité permis de réduire de 35% la perte d'arbres, par rapport à ce qui se serait produit sans contrat. Soit l'équivalent de 12,8 millions de tonnes de CO2 émises en moins.
Les chercheurs estiment que sans le contrat, la déforestation aurait fortement augmenté en raison de l'explosion du cours de l'or, qui est au Guyana la raison principale pour laquelle les forêts sont défrichées.
Ils ont créé un scénario "contre factuel", avec la déforestation prévue en s'inspirant de ce qui se passait pendant ce temps dans d'autres pays comparables en termes de couverture forestière, dont le Suriname qui jouxte le Guyana.
Le gouvernement du Guyana avait plus d'intérêt financier à contrôler les orpailleurs et limiter la déforestation, car le montant en jeu, 250 millions de dollars, dépassait celui potentiellement gagné par le commerce de l'or, concluent les auteurs.
Une preuve supplémentaire est qu'après la fin du contrat en 2015, la déforestation est fortement repartie à la hausse. En outre, pendant la période concernée, les défrichements ont augmenté dans la région frontalière du Suriname, correspondant à une "fuite" des orpailleurs.
En septembre, la Norvège a signé un accord d'un nouveau type avec le Gabon par lequel le pays africain sera rémunéré selon un critère plus exigeant encore : le nombre de tonnes de carbone non émises par le Gabon, par rapport à la moyenne récente. Chaque tonne sera payée 10 dollars par la Norvège, qui ne paiera qu'en fonction des résultats.
<https://www.geo.fr/environnement/payer-un-pays-pour-ne-pas-deforester-ca-marche-198679>
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11- Un objet dans l’actu : le Whopper alternatif de Burger King, Le Monde, 19/11/19, 08h15
Camille Labro
Depuis le 12 novembre, plusieurs restaurants européens de l’enseigne ont désormais un « rebel Whopper », à base de viande végétale, à leur menu. Pas en France, où la marque préfère miser sur ses recettes carnivores.
• McDonald’s grillé au poteau
Burger King l’a annoncé tambour battant en début de semaine : une version végétarienne de son « Whopper » va venir enrichir le menu de l’enseigne de restauration rapide dans 25 pays et 2 500 restaurants en Europe – mais pas encore en France, où la marque préfère mettre l’accent sur ses burgers gourmets.
Testé depuis le printemps aux États-Unis et en Suède, l’« Impossible Whopper », conçu par la jeune société californienne Impossible Foods, contenait un « steak », à base de plantes, qui a le goût et la texture de la viande hachée. Pour l’Europe, la chaîne de restauration américaine s’est tournée vers le néerlandais The Vegetarian Butcher, récemment racheté par la multinationale Unilever, pour garnir ses petits pains et créer le « Rebel Whopper ». La chaîne prend ainsi une longueur d’avance sur son concurrent McDonald’s, encore en phase de test sur ce marché.
• Une bien juteuse fausse viande
Dans un contexte d’urgence climatique toujours plus pressant, les géants de l’agroalimentaire ont bien senti le vent tourner : depuis quelques années, c’est la ruée vers les « protéines alternatives » d’origine végétale, au bilan carbone moins lourd que celles issues de l’élevage industriel. En France, les grandes surfaces foisonnent déjà de nouvelles gammes végétariennes et véganes, et Nestlé a lancé son « Incredible Burger » depuis le printemps.
Selon une projection de JPMorgan, le marché de la fausse viande pourrait peser jusqu’à 100 milliards de dollars d’ici à quinze ans. Et les investisseurs ne s’y trompent pas : Bill Gates ou Richard Branson financent généreusement les start-up comme Impossible Foods ou Beyond Meat, qui rivalisent d’ingéniosité pour créer des substituts à la viande et aux produits laitiers.
• Des simili-steaks ultra-transformés
En 1982, un premier « VegeBurger » était imaginé par Greg Sams, fondateur du restaurant macrobiotique SEED, à Londres, que fréquentait John Lennon : une galette à base de seitan (protéines de blé), de haricots azuki, de flocons d’avoine et de tamari. Si les galettes végétales existent dans les rayons des magasins bio depuis plus de trente ans, la nouveauté du « burger végétal » est qu’il ressemble à s’y méprendre à de la viande.
> Lire aussi Le burger vegan de Beyond Meat séduit la Bourse
Impossible Foods ajoute d’ailleurs un additif extrait du soja, controversé car issu de la bio-ingénierie : la léghémoglobine, qui confère au faux burger sa texture, son aspect et sa saveur de viande de bœuf. Ces simili-steaks sont généralement fabriqués à base de légumineuses (soja, pois, haricots), mais aussi de toutes sortes de graisses végétales (dont l’huile de palme), de sucres, de sirop de glucose, d’additifs et de colorants. Autant dire que végétal n’est pas forcément synonyme de naturel.
• La douteuse piste du synthétique
En parallèle à ce marché en plein essor, certains laboratoires, aux Pays-Bas et aux États-Unis, planchent depuis plusieurs années déjà sur la fabrication à base de cellules souches d’une « viande in vitro », aussi appelée viande cultivée, viande artificielle, « clean meat » (« viande propre ») ou même « pure meat »(« viande pure »).
Là aussi, certains milliardaires comme Bill Gates et des multinationales du type Cargill ont mis la main à la poche, injectant plusieurs millions de dollars dans la recherche. En 2013, le premier « Franken-steak » était présenté à Londres, avec un coût de développement de 250 000 euros pour 142 grammes de viande fade. Pour l’heure, une piste aussi coûteuse que douteuse, tant sur le plan éthique qu’organoleptique.
> Lire aussi Un objet dans l’actu : la grille de Loto
<https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/11/19/un-objet-dans-l-actu-le-whopper-alternatif-de-burger-king_6019683_4500055.html>
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12- Pesticides SDHI : l’avertissement des chercheurs validé, Le Monde, 19/11/19, 11h07
Stéphane Foucart
La commission nationale des alertes en santé publique estime qu’un « doute sérieux » existe sur ces fongicides.
La mise en garde des chercheurs relative aux pesticides SDHI (« inhibiteurs de la succinate déshydrogénase ») doit être prise au sérieux. La Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé publique et d’environnement (cnDAspe), une instance officielle indépendante constituée de 22 experts bénévoles, a publié, mardi 19 novembre, un avis estimant que l’alerte, lancée par une dizaine de scientifiques fin 2017, sur les dangers de cette famille de fongicides, est fondée, étayée par « des données scientifiques de qualité ».
Les informations fournies par les auteurs de l’avertissement, précise l’avis, « posent un doute sérieux sur des dangers qui ne sont actuellement pas pris en compte dans les procédures de toxicologie appliquées selon la réglementation européenne ». Et ce, en dépit des « incertitudes substantielles » qui demeurent sur les risques induits par ces produits dans leurs conditions d’utilisation.
> Lire aussi Pesticides SDHi : la controverse révèle le hiatus entre science réglementaire et académique
Les données transmises par le biologiste Pierre Rustin (CNRS) et ses collègues viennent par ailleurs d’être publiées dans la revue PLoS One. Elles montrent, sur des cultures cellulaires, que les substances appartenant à la famille des SDHI ne ciblent pas seulement les champignons et les moisissures, mais une diversité d’organismes comme l’abeille domestique, le lombric ou l’être humain. Les scientifiques redoutent que le mécanisme ciblé par ces produits phytosanitaires n’élève les risques de certains cancers et de maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. Selon les chercheurs, le recul n’est pas suffisant sur les usages actuels de plusieurs de ces produits pour pouvoir se fonder sur des données épidémiologiques relatives aux personnes exposées. Sur les onze substances en question, huit ont été autorisées pour la première fois il y a moins de dix ans.
L’Anses a réagi de manière « réactive et approfondie »
Créée par la loi d’avril 2013 sur la protection des lanceurs d’alerte, la cnDAspe est constituée de 22 membres, nommés pour quatre ans par arrêté ministériel. Y siègent des représentants d’organismes publics de recherche et d’agences sanitaires, des médecins, des juristes, des conseillers d’Etat, etc. Ses avis n’ont pas valeur d’expertise scientifique, mais la commission précise en l’espèce avoir demandé l’appui de deux experts toxicologues membres de son comité spécialisé, le Comité de la prévention et de la précaution (CPP), qui ont estimé fondées les inquiétudes des lanceurs d’alerte.
> Lire aussi Pesticides : une faillite réglementaire
Ceux-ci n’ont saisi la cnDAspe qu’en avril 2019, après avoir échangé à l’automne 2017 avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Cette dernière n’a considéré l’avertissement formellement lancé qu’au mois d’avril 2018, avec la publication d’une tribune dans le quotidien Libération, dans laquelle les chercheurs appelaient à la suspension de l’autorisation des SDHI. L’agence a alors mandaté un groupe d’experts pour plancher sur le sujet. Ce panel a finalement publié son rapport en janvier, estimant que l’alerte n’était pas constituée, mais que des recherches ultérieures devaient être conduites. Mécontents du traitement de leur signalement par l’agence, plusieurs chercheurs du collectif se sont retournés vers la cnDAspe.
La commission estime toutefois, dans son avis, que l’Anses a réagi de manière « réactive et approfondie », notamment en informant ses homologues internationales du signalement des chercheurs français, ainsi qu’en « engageant des financements importants pour améliorer les connaissances sur les dangers identifiés ».
> Lire aussi « Les scientifiques lanceurs d’alerte ont plus que jamais besoin de protection »
Une alerte dès 2012, selon la députée Delphine Batho
« Nous avons, en outre, demandé au CPP de préparer une méthode de travail à laquelle seront conviés les organismes de recherche et les agences compétentes pour rédiger un avis susceptible d’encadrer la manière dont les autorités sanitaires doivent tenir compte des données scientifiques nouvelles, dès lors qu’elles sont publiées, explique Denis Zmirou-Navier, professeur honoraire de santé publique de l’université de Lorraine et président de la cnDAspe. Cela permettra de faire en sorte que des alertes puissent être traitées sans qu’il soit nécessaire d’attendre que les médias s’en fassent l’écho. »
Les responsables de l’Anses étaient auditionnés sur le sujet, le 6 novembre, par le Groupe d’étude sur la santé environnementale de l’Assemblée nationale. Pour sa coprésidente, Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres, l’alerte pourrait en réalité remonter à 2012, au moins pour l’un de ces SDHI, le bixafène. « Des travaux financés par l’Anses ont été publiés en 2012 et montrent que le bixafène est génotoxique [toxique pour l’ADN] in vitro, dit Mme Batho au Monde. Les experts toxicologues disent que ce type de résultat doit être confirmé in vivo : j’ai donc demandé à l’Anses si, depuis sept ans, de tels travaux avaient été entrepris. »L’Anses n’était pas en mesure de répondre, mardi matin.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/19/pesticides-sdhi-l-avertissement-des-chercheurs-valide_6019714_3244.html>
En savoir plus :
> Evolutionarily conserved susceptibility of the mitochondrial respiratory chain to SDHI pesticides and its consequence on the impact of SDHIs on human cultured cells <https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0224132>, PLoS One, 07/11/2019
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13- Un rapport parlementaire décrit le casse-tête de la suppression progressive du glyphosate, Le Monde, maj le 19/11/19 à 16h48
Laurence Girard
Le gouvernement d’Edouard Philippe a fixé pour objectif l’abandon des principaux usages de l’herbicide controversé au 1er janvier 2021, et de tous ses usages au 1er janvier 2023.
L’agriculture française est-elle prête à s’affranchir du glyphosate ? Toutes les conditions ne sont pas encore réunies, répond en substance la mission parlementaire qui s’est penchée sur cette question, dans un rapport devant être publié mercredi 13 novembre. Des députés rappellent en préambule le cap fixé par le gouvernement, à savoir l’interdiction des principaux usages du glyphosate dès le 1er janvier 2021 et de l’ensemble de ses usages au 1er janvier 2023. Sachant que l’Allemagne a, de son côté, annoncé en septembre sa décision de bannir cet herbicide controversé fin 2023.
> Lire aussi La France n’est pas le « premier gouvernement qui va supprimer le glyphosate », comme l’affirme Didier Guillaume
Dans leur mission de suivi de cette stratégie volontariste, les membres du Parlement se sont heurtés à un premier mur. Alors qu’ils souhaitaient estimer la consommation de l’herbicide par les agriculteurs en général, mais aussi ses volumes d’utilisation par grandes filières agricoles et par département, ils n’ont pu obtenir que « des données éparses et partielles » de l’Etat.
Ils ont été contraints de reprendre le relevé de la base nationale des ventes des distributeurs de produits phytosanitaires (BNV-D), daté de 2017. Soit une évaluation de 8 831 tonnes de glyphosate, ce qui représente près d’un tiers des ventes d’herbicides en France (un chiffre quasi stable depuis 2011).
> Lire aussi A Belle-Ile-en-Mer, la stupeur des « pisseurs » de glyphosate
Rien n’est donc encore disponible pour 2018. « Sans suivi chiffré de la consommation du glyphosate, la mission ne peut constater objectivement les effets de la stratégie mise en œuvre par le gouvernement », regrettent les députés. Ils s’étonnent également que « le volume total des usages déclarés par chaque filière de production (…) [n’atteigne] qu’à peine 50 % des volumes de glyphosate achetés nationalement et disponibles dans la BNV-D ».
« Impasses à titre provisoire »
Les membres de la mission parlementaire préconisent la création d’« une plate-forme nationale d’enregistrement des produits phytopharmaceutiques », base de données partagée qui favoriserait le pilotage de la sortie des produits phytosanitaires en général et du glyphosate en particulier.
Les rapporteurs ont ensuite examiné les conditions de la transition pour les agriculteurs et de la mobilisation collective. Ils ne manquent pas de « saluer la mise en place de la « task force » [groupe de travail] du comité opérationnel des plans d’action », comprenant les instituts de recherche tels que l’INRA et l’ACTA (instituts techniques agricoles), l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) et les directions ministérielles concernées, l’ensemble étant présidé par le préfet Pierre-Etienne Bisch.
> Lire aussi Les enfants plus exposés que les adultes au glyphosate, d’après les analyses d’urine
Toutefois, les députés évoquent un certain nombre d’obstacles – en premier lieu d’ordre agronomique – qui persistent sur le chemin de la transition. La référence reste le rapport publié par l’INRA en novembre 2017 sur les usages et les solutions alternatives au glyphosate dans l’agriculture française. Il relevait deux situations culturales qualifiées d’« impasses à titre provisoire ».
L’une concerne l’agriculture de conservation des sols, où l’on privilégie le sans-labour, mais qui ne toucherait, dans sa forme la plus aboutie, que 2 % des agriculteurs et 4 % de la surface des grandes cultures. L’autre situation complexe est liée aux agricultures sur des reliefs accidentés sans bénéficier d’une forte valeur ajoutée. Les exemples de la culture de semences, de luzerne, de lin ou des fruits à coque sont également mis en exergue.
« Coût substantiel » de la transition
Les rapporteurs mentionnent cependant le cas de la SNCF, qui emploie à elle seule 0,4 % du glyphosate vendu dans l’Hexagone pour l’entretien de ses voies. Même si l’abandon de l’herbicide a longtemps été considéré comme problématique par l’entreprise publique, son nouveau patron, Jean-Pierre Farandou, a annoncé qu’elle s’en passerait en 2021. Reste à connaître le prix de cette transition.
C’est l’un des points-clés, selon les députés. « Elle aura un coût substantiel »,affirment-ils dans leur rapport, que ce soit en investissement pour développer le désherbage mécanique ou électrique palliant l’herbicide, en baisse de rendement ou en temps de travail supplémentaire sur l’exploitation.
L’INRA a publié, en juillet 2019, une étude sur la viticulture qui évoque un surcoût variant de 210 à 408 euros l’hectare entre désherbage mécanique et désherbage chimique. Les députés se disent favorables à un soutien financier aux agriculteurs, mais souhaiteraient que des études similaires soient menées sur les autres filières agricoles. Certains d’entre eux contestent les évaluations faites par les interprofessions.
Dans ce contexte, les rapporteurs demandent au gouvernement « qu’il clarifie son message à l’égard des agriculteurs. Quels seront les usages qui bénéficieront d’une dérogation au 1er janvier 2021 et quelles seront les mesures réglementaires ou législatives à prendre ? » Une question capitale pour accélérer le tempo.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/10/un-rapport-parlementaire-decrit-le-casse-tete-de-la-suppression-progressive-du-glyphosate_6018696_3244.html>
Sur le même sujet :
> La difficile sortie du glyphosate, l'arbre qui cache la forêt de pesticides, Novethic, 21/11/19
Marina Fabre
L'agriculture française pourra-t-elle, un jour, se passer du glyphosate ? Un rapport parlementaire a alerté sur les coûts liés à cette suppression laissant supposer qu'une sortie était impossible en l'état. Une "instrumentalisation" pour certains qui dénoncent la lenteur du gouvernement pour engager cette dynamique. Cette difficile sortie du glyphosate reflète celle, plus globale, de l'échec d'une baisse d'utilisations des pesticides, malgré plus d'une décennie d'actions en ce sens et des millions mis sur la table.
La sortie du glyphosate est-elle impossible ? Le débat est relancé depuis la publication d’un rapport parlementaire qui a fuité dans la presse le 11 novembre. Les conclusions prédisent une issue catastrophique avec des coûts élevés que l’agriculture française ne pourrait pas encaisser. Les parlementaires ont ainsi estimé que la suppression du glyphosate, prévue pour 2021 dans la plupart des exploitations et 2023 pour celles qui n’ont pas d’alternative, alourdirait les charges d’exploitations de 50 à 150 euros l’hectare.
"On est écœurés, c’est un rapport complètement à charge et l’ensemble n’est pas sérieux", regrette Nadine Lauverjat, porte-parole de Générations futures. "Les chiffres avancés n’ont pas été calculés par la mission parlementaire mais par la FNSEA (principal syndicat agricole, NDR) qui veut maintenir l’utilisation du glyphosate", ajoute-t-elle. Selon elle, les externalités positives de la fin du glyphosate n’ont pas été prises en compte. Pour le député Matthieu Orphelin, ancien membre du groupe LREM, "les fuites partielles sur ce rapport" ont été "assez bien organisées pour qu’on ait l’impression que la sortie du glyphosate est tout simplement impossible pour tous les usages".
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/la-difficile-sortie-du-glyphosate-l-arbre-qui-cache-la-foret-147918.html>
En savoir plus :
> Mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate - N° 2406, Assemblée nationale, 13/11/19, 18h10
Rapport d'information de la mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate déposé en application de l'article 145 du règlement en conclusion des travaux de la mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate. (MM. Jean-Luc Fugit et Jean-Baptiste Moreau)
>> Suite à consulter à :
<http://www2.assemblee-nationale.fr/documents/notice/15/rap-info/i2406/(index)/rapports-information>
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14- Les additifs alimentaires sont présents dans trois-quarts des produits transformés, Le Monde, 20/11/19, 02h50
Pascale Santi et Laurence Girard
Si leur emploi est en baisse, desserts surgelés, produits traiteurs frais et glaces en concentrent le plus. L’Anses publie un état des lieux de ces substances dans les produits transformés.
Combien d’additifs alimentaires avons-nous dans notre assiette ? Le sujet intéresse au plus haut point le consommateur. Le succès de Yuka le prouve. Les Français sont près de 13 millions à avoir téléchargé l’application à la carotte pour faire leur choix dans les rayons des supermarchés. Or, la note affectée par Yuka à chaque produit alimentaire référencé dépend à 30% de la présence d’additifs. Même si l’essentiel de la notation est basé sur le NutriScore évaluant la teneur en gras, sucre et sel.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) et l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) se sont associés pour tenter d’éclairer le sujet. Ils ont étudié, dans le cadre de l’observatoire de l’alimentation, appelé Oqali, l’évolution de la présence des additifs dans 30 000 produits transformés commercialisés par l’industrie agroalimentaire. Une photographie dévoilée mercredi 20 novembre. « Les aliments transformés comprennent une trentaine de catégories alimentaires, des céréales du petit déjeuner aux boissons aux pizzas surgelées, en passant par la charcuterie... à l’exception des confiseries, en cours de traitement », précise Céline Ménard, responsable de l’unité Oqali.
Premier enseignement, sur la période considérée, de 2008 à 2016, 78% des produits analysés mentionnent au moins un additif dans leur liste d’ingrédients. Et plus de la moitié (52%) en contiennent entre un et trois. Une présence massive donc. Toutefois, seuls un petit nombre d’entre eux sont d’usage fréquent. Sur quelque 400 additifs (édulcorants artificiels, émulsifiants, colorants, etc.) autorisés au niveau européen, 285 ont été référencés dans les listes d’ingrédients, 42 se retrouvent dans au moins 2% des aliments et seulement 8 dans au moins 10% des aliments.
Desserts, viennoiseries et produits traiteurs
Les additifs les plus prisés de l’industrie sont l’acide ascorbique (E530), régulateur d’acidité très présent dans les conserves de fruits, les amidons modifiés très employés dans les sauces chaudes pour leur rôle d’épaississant et les lécithines (E322) considérés comme des agents émulsifiants omniprésents dans les chocolats et produits chocolatés. Quant aux fabricants de glaces et sorbets, ils glissent dans leur recette des mono et diglycérides d’acides gras (E471) pour émulsifier leur préparation.
Autre point saillant de l’étude, les additifs alimentaires se concentrent surtout sur trois catégories de produits. La présence de plus de 10 additifs est constatée dans 16% des viennoiseries et desserts surgelés, dans 15% des produits traiteurs frais et dans 12% des glaces. Au total, cela représente 4% des produits analysés.
Sous la pression des consommateurs, les industriels sont engagés dans un toilettage de leurs recettes et usent d’ailleurs d’arguments marketing pour vanter la baisse de ces additifs. L’étude constate une baisse tendancielle de l’utilisation des additifs sur la période, avec un nombre d’aliments sans additifs passant de 13,7 à 18,3%.
> Lire aussi Les aliments « ultratransformés » favoriseraient le cancer
L’Anses, qui n’évalue pas les risques de ces substances, met toutefois en exergue ce qu’elle appelle les additifs d’intérêt, au nombre de 45. Ce sont en réalité des substances potentiellement à risque ou qui font l’objet d’une limitation de consommation par le biais d’une dose journalière admissible, DJA, fixée par l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments).
Un risque mal évalué
En tout cas, la question de l’impact des additifs sur la santé est sans cesse questionnée. « La plupart d’entre eux ne présente probablement pas de risque pour la santé, mais pour certains, il y a une accumulation récente d’études, notamment in vitro ou chez l’animal, qui suggèrent des risques pour la santé », constate le docteur Mathilde Touvier, directrice de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle EREN (Inserm/Université Paris 13/Inra/Cnam). Parmi ceux qui ont des effets soupçonnés sur la santé figurent, entre autres, les nitrites et nitrates (dans les charcuteries), le carraghénanes (présents dans les produits laitiers), le glutamate ou l’édulcorant acésulfame K.
« On manque encore de données épidémiologiques sur l’homme », regrette la chercheuse, dont l’équipe vient d’obtenir des financements pour une recherche sur ce thème. Autre incertitude, les effets cocktails de ces substances, qui ne sont pas évalués.
« Même si ce rapport montre une baisse de certains additifs, il faut rester vigilants et maintenir le principe de précaution de Santé publique France, qui vise à réduire la consommation d’additifs en privilégiant la consommation d’aliments bruts ou peu transformés », souligne Mathilde Touvier. En attendant, le gouvernement a décidé d’interdire le dioxyde de titane, très présent dans la confiserie, à partir du 1er janvier 2020.
> Lire aussi Du dioxyde de titane présent dans deux tiers des dentifrices
<https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/20/les-additifs-alimentaires-sont-presents-dans-trois-quarts-des-produits-transformes_6019788_3224.html>
En savoir plus :
> Evolution de l’utilisation des additifs alimentaires dans les produits transformés <https://www.anses.fr/fr/content/evolution-de-l%E2%80%99utilisation-des-additifs-alimentaires-dans-les-produits-transform%C3%A9s>, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), 20/11/19
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15- Enquête. Obésité, diabète, hypertension : les régions ultramarines minées par les inégalités nutritionnelles, Le Monde, 20/11/19, 05h55
Mathilde Gérard
Une vingtaine d’experts alertent, dans un rapport sur la nutrition en outre-mer, sur les inégalités sociales qui sous-tendent la forte prévalence de maladies dans ces territoires.
Pour réduire l’obésité, le surpoids ou le diabète qui frappent de façon disproportionnée les régions ultramarines, il faut s’attaquer aux inégalités sociales qui rongent ces territoires. C’est, en substance, le message envoyé par une vingtaine de chercheurs (épidémiologistes, nutritionnistes, médecins, économistes, sociologues), qui ont rendu public, mardi 19 novembre, un rapport collectif sur la nutrition dans les départements et régions d’outre-mer (DROM – Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Martinique et Mayotte).
Les travaux avaient été confiés il y a dix-huit mois à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), qui a réuni des experts de différentes institutions et acteurs locaux, dans le but de dresser un état des lieux le plus précis possible de l’alimentation en outre-mer et de formuler des recommandations d’actions. L’expertise a été présentée lundi au ministère de la santé, qui devra en proposer, courant 2020, une traduction politique.
Le constat en termes de santé publique est alarmant. La prévalence des maladies chroniques liées à l’alimentation est beaucoup plus forte dans les DROM que la moyenne nationale et touche des territoires où les structures de soins sont déficitaires.
L’hypertension artérielle concerne de 39 % à 45 % des habitants de Guadeloupe, Martinique, Mayotte et La Réunion, quand elle affecte 31 % de l’ensemble de la population française. La prévalence du diabète atteint 10 % en Martinique, 11 % en Guadeloupe et 14 % à la Réunion, contre une moyenne nationale de 5 %.
Les femmes surreprésentées
Dans les régions ultramarines, la prévalence de ces maladies est, encore plus qu’ailleurs, corrélée à la catégorie socio-économique d’appartenance.
« J’ai été frappée par des écarts sociaux de prévalence dingues sur ces territoires où les inégalités sont très fortes », note Caroline Méjean, épidémiologiste de l’Institut national de la récherche agronomique (INRA) qui a dirigé ces travaux. Pour la chercheuse, « c’est une question de justice sociale ». Les recherches montrent que les femmes, surreprésentées dans les catégories sociales les plus défavorisées, sont davantage concernées par les pathologies associées à l’obésité. A Mayotte, 79 % des femmes entre 30 ans et 69 ans sont en surcharge pondérale, parmi lesquelles 47 % sont obèses.
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Les experts sollicités par l’IRD ont cherché à identifier les causes de ces fortes prévalences en décortiquant les habitudes alimentaires locales – les consommations hors repas, dans des commerces de rue, le faible recours aux cantines scolaires, le désintérêt des jeunes pour des produits traditionnels comme le manioc sec ou le riz au cari réunionnais…
Sur les cinq zones étudiées, les chercheurs ont aussi constaté une moindre consommation de fruits et légumes et de produits laitiers que dans l’Hexagone. « Pourtant, les régimes traditionnels, qui reposent sur des légumineuses, des céréales et des produits frais, sont de très bonne qualité nutritionnelle, observe Caroline Méjean. Notre message est qu’il faut vraiment les favoriser pour contrer les effets des transitions alimentaires. »
Prix alimentaires élevés, revenus faibles
Les données manquent pour identifier les principaux déterminants – culturels, sensoriels ou économiques – des choix alimentaires. Mais l’étude de l’IRD montre comment l’environnement économique spécifique aux DROM contraint les comportements d’achats.
En s’appuyant sur des données de douane, les chercheurs ont pu calculer que le niveau des prix alimentaires est supérieur de 20 % à 30 % à ceux pratiqués dans l’Hexagone. « Il y a certes un effet distance [80 % à 90 % des produits alimentaires sont importés], mais les coûts de transport ne suffisent pas à expliquer de tels écarts », note Louis-Georges Soler, directeur scientifique adjoint à l’INRA.
Les économistes avancent d’autres éléments de compréhension : des marchés plus petits, entraînant un surcoût pour les produits locaux, des mécanismes de fiscalité locale, comme l’octroi de mer sur les produits importés, et une distribution peu concurrentielle, appliquant de façon plus fréquente des surmarges.
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Ces prix plus élevés se conjuguent avec des niveaux de revenus plus faibles. Conséquence : la part du budget des ménages consacrée à l’alimentation est beaucoup plus importante dans les DROM. Alors qu’elle est de 19,1 % pour l’Hexagone, elle grimpe à 23,5 % en Martinique et jusqu’à 31,5 % à Mayotte. Et pour les 25 % de ménages les plus pauvres, la pression est accrue : les populations les plus défavorisées de Mayotte consacrent 38,7 % de leurs dépenses à se nourrir (contre 20,1 % dans l’Hexagone).
Teneurs en sucres plus élevées
La composition nutritionnelle des produits n’est pas non plus équivalente. Au début des années 2010, des médecins avaient alerté sur des teneurs en sucres beaucoup plus élevées de plusieurs références vendues dans les DROM.
« Le Fanta orange, à son arrivée en Guadeloupe, avait 40 % de sucres ajoutés par rapport au produit vendu dans l’Hexagone. Pour certains yaourts, on retrouvait 35 % de sucres en plus », s’indigne encore André Atallah, chef du service de cardiologie du Centre hospitalier de Basse-Terre. Ce scandale avait conduit à l’adoption d’une loi en 2013 visant à garantir la qualité de l’offre alimentaire en outre-mer. « Aujourd’hui, le Fanta orange est revenu à 9 g de sucre pour 100 ml, au lieu de 14 g pour 100 ml. Mais un grand nombre de produits manufacturés comportent encore trop de sucres », dénonce le médecin.
« La loi de 2013 stipule que les produits disponibles sur le marché DROM ne doivent pas avoir des teneurs en sucre plus élevées que les produits les plus sucrés présents sur le marché hexagonal », précise Louis-Georges Soler. Autrement dit, elle permet de fixer des teneurs maximales en sucres par catégories, mais n’empêche pas la moyenne des produits de rester plus sucrés. Par ailleurs, la loi n’a fait l’objet d’aucun suivi statistique permettant d’en vérifier l’application. Des travaux sont en cours dans les Antilles, dont l’IRD relaie les données les plus consolidées, portant sur les boissons sucrées non-alcoolisées, qui montrent des teneurs en sucre en moyenne plus élevées.
Dans sa vingtaine de recommandations, le collège d’experts insiste sur l’urgence à rééquilibrer les prix pour faire baisser le coût des aliments sains et de relocaliser la production, notamment en fruits et légumes. Mais cet objectif se heurte, en Martinique et en Guadeloupe en particulier, à un obstacle de taille : la pollution des sols et des cours d’eau au chlordécone. Ce pesticide très persistant, reconnu comme neurotoxique, reprotoxique et classé cancérogène possible, a été massivement utilisé dans les bananeraies de 1972 à 1993, provoquant une contamination pour des siècles.
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« Le régime traditionnel antillais, à base de tubercules, a été abandonné à cause du chlordécone », considère Caroline Méjean, qui ajoute, avec dépit : « Aujourd’hui, 100 % du poisson dans la restauration scolaire en Martinique est importé. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/20/obesite-diabete-hypertension-les-regions-ultramarines-minees-par-les-inegalites-nutritionnelles_6019790_3244.html>
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16- Factuel. Le champagne bio en pleine effervescence, Le Monde, 20/11/19, 19h15
Ophélie Neiman
Seulement 1 % des viticulteurs de Champagne sont certifiés bio et cette proportion ne cesse de croître. Des professionnels qui ne sont plus regardés comme des oiseaux rares, car même les grandes maisons se convertissent.
La Champagne viticole démarre à seulement 80 kilomètres de Paris. Et là, déjà, il est possible d’acheter du champagne bio. Plus exactement, du champagne en biodynamie, aux contraintes de production encore plus élevées. Dans le village répondant au curieux nom de Crouttes-sur-Marne (« crouttes » signifiant « grottes » en picard), situé dans l’Aisne, le domaine de Françoise Bedel est l’un des pionniers, l’un des plus distingués aussi, dans le petit monde des champagnes sans chimie de synthèse.
En cette fin octobre, sur le coteau, les vignes du domaine se repèrent facilement. Leurs feuilles sont déjà jaunes, alors que celles des voisins sont encore bien vertes. « C’est parce que nous pulvérisons sur le feuillage de la silice, qui booste la photosynthèse. Nos vignes sont déjà rentrées dans le cycle automnal », précise Vincent Desaubeau, le fils de Françoise Bedel, qui dirige le domaine depuis que sa mère a pris sa retraite, en 2018.
En s’approchant davantage, une autre différence apparaît sous les semelles : l’herbe est partout au pied des vignes, quand elle est absente chez le voisin. Enfin presque, puisque ce dernier ne passe plus de désherbant dans les rangs qui jouxtent ceux de Vincent. « Le voisinage respecte désormais notre travail et évite tout risque de pollution pour ne pas nous importuner », constate ce dernier, satisfait de l’évolution des mentalités. La poignée de main est à peine échangée que le vigneron tient à faire une recommandation : « N’opposez pas les deux Champagne. Essayez d’écrire un article positif, pour une fois. » Entendre par là que le manichéisme serait malvenu.
Rendements moindres
Difficile, pourtant, de cacher la réalité, qui n’est pas en faveur de la région : 667 hectares de vignes certifiées bio (ou biodynamie, puisqu’il faut déjà être certifié bio pour demander son label Demeter) en 2018, selon l’Observatoire régional de l’agriculture biologique, soit seulement 2,1 % de la surface viticole champenoise (pour une moyenne nationale de 9 % au même moment). Sur 16 000 viticulteurs, seuls 158 sont certifiés. Pourtant, selon le vigneron de 39 ans, le temps où il fallait s’opposer frontalement aux autres domaines pour justifier son engagement est révolu. « Quand ma mère a stoppé les produits chimiques, à partir de 1998, elle était la première dans le coin. On a entendu des gens la traiter de folle, de sorcière. Aujourd’hui, les mêmes disent que c’est une pionnière et qu’ils aimeraient faire pareil. »
Détail amusant, si Françoise fut la première à stopper le désherbant, son père avait été le premier à l’utiliser dans le village. Avant que tout le monde ne l’imite. Aujourd’hui, pour Vincent, utiliser les produits chimiques du grand-père est inenvisageable : « Je n’ai pas l’impression de prendre des risques avec la biodynamie. Je ne travaille pas pour atteindre un haut rendement, mais pour faire de bons vins. Si on se sort de la tête l’objectif de rendements, il n’y a plus de raison de douter », confie celui dont les bouteilles s’arrachent à des prix élevés pour ce modeste terroir à l’extrême ouest de la Vallée de la Marne et dont le nom est devenu une référence. Sa réussite a fait des émules. Dans le même village, le domaine Bourgeois-Diaz est également converti à la biodynamie depuis 2009.
Les rendements évoqués par Vincent Desaubeau sont l’un des nœuds du problème. En Champagne, au climat semi-continental et humide, où les raisins sont menacés par les champignons, le passage en bio peut entraîner une chute parfois violente en cas de millésime difficile. Et le travail exige jusqu’à deux fois plus d’employés dans les vignes. « Nos rendements sont 20 % plus faibles qu’en agriculture conventionnelle. Nous sommes à une moyenne de 11 000 kilos de raisins à l’hectare [le rendement maximal moyen autorisé en Champagne est de 13 500], c’est suffisant », témoigne Jean-Baptiste Lécaillon, chef de cave chez Louis Roederer.
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Aucune maison importante n’avait encore osé se jeter dans le bio. Drappier et Leclerc Briant se sont certes converties, mais elles sont de taille plus modeste. Roederer s’engage donc prudemment. Dix hectares sont certifiés Demeter depuis 2004, les 122 autres hectares du domaine sont officiellement en conversion depuis 2018. « Elle a en réalité démarré depuis 2000 ! Avec notre taille, sur des grands crus qui plus est, il faut y aller petit à petit pour ne pas devoir faire marche arrière. »
Les premières cuvées labellisées ne devraient pas sortir avant au moins quatre ans. Le chef de cave ne sait pas s’il apposera le logo bio sur l’étiquette une fois la certification en poche. Pour lui, passer en bio est moins une fin qu’un moyen : « Nous voulions évaluer les conséquences sur le goût. Il a fallu attendre quatre ans pour sentir sur les pinots noirs plus de densité, de fraîcheur et de complexité aromatique. » Quant aux chardonnays, il a fallu « sept ou huit ans, et reprendre le processus de vinification en arrêtant de sulfiter à la vendange. Là, le bio est sorti loin devant. On ne peut faire de conclusion qu’au bout de plusieurs millésimes ».
Transition parfois difficile
Le goût est également ce qui a guidé Pierre Larmandier, des champagnes Larmandier-Bernier, un domaine de 18 hectares au sud de la côte des Blancs, à Vertus. Depuis 1999, il élabore en biodynamie de grandes bulles vinifiées sous bois et sans ajout de levures. « Quand j’ai commencé, on faisait des bons vins, comme tous les autres de la côte des Blancs. Mais avec ma femme, Sophie, on a voulu donner une identité aux nôtres. »
Sûr de sa démarche, aujourd’hui couronnée d’une solide renommée, celui qui estime que, « en champagne, on a les moyens de prendre des risques et de gagner encore sa vie » a pourtant essuyé les plâtres. Dans les années 1990, alors qu’il est revenu épauler sa mère, il stoppe les herbicides et se remet à travailler les sols. « Mon oncle s’est mis en travers des vignes. “Ton père n’aurait jamais permis ça”, m’a-t-il hurlé. “Peut-être, mais il est mort depuis dix ans”, ai-je rétorqué. C’était un malheur, mais au moins j’ai pu mener le domaine comme je voulais. Il n’empêche, certains ont arrêté de nous parler à ma mère et à moi. »
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Ça, c’est quand la transition se passe bien. Pour la plupart de ceux qui ont démarré tôt, les conflits ont pu être violents. Ainsi, dans le même village de Vertus, Pascal Doquet est aujourd’hui président de l’Association des champagnes biologiques. Mais, avant d’en arriver là, il a dû racheter l’entreprise familiale pour l’exploiter sous son nom et en toute indépendance à partir de 2004 : « Pour mes parents, qui avaient vécu l’“avant”, abandonner les outils chimiques équivalait à revenir en arrière. Au cours des années, j’ai pu arrêter les insecticides, puis le désherbage. Mais aucun membre de ma famille ne voulait aller dans cette direction. Mieux valait se séparer. » Le scénario se répète sous différents toits. Ainsi Francis Boulard a-t-il dû créer son domaine sur la petite montagne de Reims, après les refus répétés des membres de sa famille d’embrasser l’agriculture biologique.
Signe d’un changement d’ère, le passage de relais se fait désormais plus en douceur. La fille de Francis Boulard, Delphine, a repris le flambeau, totalement en accord avec les convictions de son père. Chez les Larmandier-Bernier, c’est Arthur, 27 ans, qui a rejoint ses parents sur le vignoble : « Quand j’étais petit, je pouvais facilement reconnaître la vigne de mon père sur le coteau : c’est la seule qui était verte. Maintenant, l’enherbement est de plus en plus fréquent, donc cela se voit moins. En tout cas, je suis très bien accepté dans le village, il n’y a plus aucun problème ! »Le fils de Françoise Bedel voit les choses sous le même angle : « Je crois énormément dans les jeunes générations qui arrivent sur les domaines et qui privilégient le qualitatif au quantitatif. »
De fait, le changement est plus rapide qu’il n’y paraît. Dans son mémoire à Agrosup Dijon, Mathilde Le Traou-Covarel montre une augmentation de 37 % du nombre de domaines certifiés dans le vignoble entre 2012 et 2017. Rien que pour l’évolution entre 2016 et 2017, le nombre d’exploitations a augmenté de 19,7 % en Champagne, contre 11 % pour la moyenne nationale. De même, les surfaces ont grimpé de 15 % quand elles n’augmentaient que de 4 % en France. La viticulture biologique champenoise tend donc à combler son retard.
Timide conversion
Un retard qui s’explique par des freins inhérents à la région. Outre un climat favorable aux maladies de la vigne, le prix du raisin au kilo, particulièrement élevé, entre 6 et 7 euros selon les crus, a une influence. Comme la plupart des viticulteurs vendent leurs raisins aux grandes maisons, et que l’opération est plutôt juteuse, peu voient d’intérêt économique à un passage en viticulture biologique. Par ailleurs, l’interprofession du champagne a récemment créé son propre label environnemental : la VDC (viticulture durable en Champagne). S’il peut être vu comme une première étape avant une conversion, il peut aussi concurrencer le bio en se substituant à lui.
« Sans aller jusqu’à la certification bio, de plus en plus de vignerons commencent à changer leurs pratiques. Celle qui se voit le plus est la réduction de l’utilisation des herbicides, avec en point de mire leur disparition prochaine. Le syndicat des vignerons de Champagne a annoncé leur interdiction dans l’AOC en 2025. Mais la grande majorité des vignerons reste encore attachée au confort et à la garantie de rendements que propose la culture chimique, sans se préoccuper des atteintes environnementales inhérentes à ces pratiques », analyse le vigneron Pascal Doquet.
Le président des champagnes biologiques tient surtout à mettre en garde sur les discours de communication : « Une mise en pratique partielle de nos techniques se développe, mais elle ne suffit pas pour pouvoir communiquer sur une “culture naturelle”, une “culture biologique non certifiée”, une “culture inspirée de la biodynamie” ou d’autres déclarations sujettes à semer un trouble dans l’esprit des consommateurs. Notre association fait de la veille sur ces usurpations. »
Face aux déclarations d’intention non suivies d’effet, le logo sur la bouteille reste selon lui une garantie pour le consommateur. Mais aussi une « marque de solidarité envers les autres producteurs bio, en réduisant la portée des discours approximatifs des non-certifiés qui veulent se faire passer pour plus vertueux ». Pierre Larmandier est encore plus lapidaire sur ce point : « À ceux qui se disent bio mais pas complètement, je réponds : est-ce qu’on peut être à moitié enceinte ? »
Sans se revendiquer bio, quelques grandes maisons accompagnent le mouvement. Ainsi, même la marque Canard-Duchêne, très présente dans les rayons champagne des supermarchés, a sorti une cuvée semi-confidentielle, la P181 extra brut bio. Une manière de surfer sur la vague ? « On nous l’a dit, reconnaît son chef de cave, Laurent Fédou. Je voulais montrer que Canard-Duchêne pouvait aussi être un champagne contemporain. Pourtant, quand on a lancé cette cuvée, en 2009, c’était presque trop tôt. Et puis on fait une partie de la fermentation en fûts, c’est un champagne particulièrement soigné. » Avec 150 000 bouteilles, elle place la maison désormais comme l’un des plus gros opérateurs. Pour cela, Laurent Fédou se fournit en raisins chez sept vignerons, « tous bio depuis longtemps et qui commercialisent leurs cuvées par ailleurs ». Dans ce secteur aussi, les vignerons ont beau être précurseurs, ce sont les grandes maisons qui continuent de donner le tempo.
<https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2019/11/20/le-champagne-bio-en-pleine-effervescence_6019926_4497540.html>
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17- Servir ou non de la nourriture de Fukushima pour les JO de Tokyo ?, AFP, 21/11/19, 08:00
Karyn Nishimura
Prouver au monde que la nourriture de la région de Fukushima est saine malgré la catastrophe nucléaire de 2011, c'est le but du gouvernement japonais depuis des années. Mais va-t-on servir des mets de la région durant les JO l'an prochain ?
Cette question n'est pas tranchée pour le Japon, qui voit dans les Jeux Olympiques de Tokyo l'occasion d'afficher la renaissance du Nord-Est du pays affecté par le tsunami et la catastrophe nucléaire de mars 2011.
Les aliments qui seront fournis au village olympique et servis aux athlètes doivent respecter, quelle que soit leur région d'origine, des normes précises.
"La région de Fukushima a proposé des aliments émanant de 187 fournisseurs et se place en deuxième position des provinces en nombre de produits remplissant les critères, après la région septentrionale de Hokkaido", explique Shigeyuki Honma, directeur adjoint de la division de l'agriculture et des forêts pour la préfecture de Fukushima.
Concrètement, "Fukushima souhaite servir aux athlètes son riz, ses fruits (pêches, poires, pommes, fraises), du bœuf et des légumes. Mais le Comité (international olympique) doit encore décider", indique M. Honma.
Le gouvernement japonais impose une sévère limite de 100 becquerels par kilogramme (Bq/kg), bien en-deçà des normes habituelles dans l'Union européenne, de 1.250 Bq/kg, et aux Etats-Unis, de 1.200 Bq/kg.
- Menace sud-coréenne -
Selon les chiffres officiels, sur la seule année d'avril 2018 à mars dernier, 9,21 millions de sacs de riz ont été contrôlés, pas un seul dépassant les strictes normes de présence de césium radioactif. Idem pour 2.455 échantillons de fruits et légumes, 4.336 morceaux de viande et 6.187 poissons de mer.
Finalement, "seuls des poissons de rivière et champignons sauvages ont à 6 reprises en tout dépassé la norme", assure Kenji Kusano, directeur du Centre technologique agricole de la préfecture de Fukushima, situé à Koriyama.
Ce lieu a été désigné par le gouvernement comme le site principal de contrôle des produits alimentaires de la région.
Derrière les chiffres, la défiance de nombre de pays demeure.
La Chine, la Corée du Sud, Singapour, les Etats-Unis continuent d'interdire l'importation de tout ou partie des aliments originaires de la province de Fukushima.
La Corée du Sud, dont les relations avec le Japon sont au plus mal en raison de conflits historiques, a par anticipation protesté contre la possibilité de menus conçus à partir de produits de Fukushima pour les athlètes lors des JO.
Séoul étudie la possibilité d'effectuer des contrôles et même d'apporter ses propres aliments pour nourrir ses équipes sportives.
L'une des raisons de la défiance est que les contrôles sont faits sur ordre du gouvernement, qui a choisi l'organisme pour les conduire, souligne M. Kusano.
Même si les appareils de mesure sont contrôlés par l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA), aucune structure indépendante ne vient certifier les tests eux-mêmes.
"Généralement, les citoyens japonais font confiance au gouvernement et nous n'avons pas vu la nécessité de contrôles par des tiers indépendants. Mais je me rends compte avec votre question que c'est peut-être important du point de vue des étrangers", a répondu à l'AFP M. Kusano.
- Bout du tunnel -
Le Comité international Olympique (CIO) indique que la réflexion continue.
"Les menus et fournisseurs pour le village olympique sont en cours de discussions et rien n'est décidé. Comme pour les précédents jeux, le CIO travaille avec le Comité d'organisation et des nutritionnistes internationaux pour proposer des nourritures variées répondant aux différents besoins diététiques et culturels", se contente de répondre un porte-parole du CIO.
"L'une de nos stratégies est de soutenir la reconstruction de la région en achetant ses produits alimentaires. Nous envisageons donc sérieusement de le faire", a de son côté indiqué le comité Tokyo 2020, arguant que "le Japon a adopté un système de contrôle plus prudent encore que les normes internationales".
En attendant que quelqu'un décide officiellement quelque chose, les agriculteurs et pêcheurs de la région patientent tant bien que mal.
Certains, comme le cultivateur de poires japonaises "nashi" Tomio Kusano à Iwaki, après 8 ans et demi, voient le bout du tunnel : sa production se vend bien au Japon, et le Vietnam lui en achète.
Mais les pêcheurs de la même région, eux, souffrent encore, faute d'avoir reconstitué leurs forces d'autrefois (main-d'oeuvre, matériel): "ils ne sont pas assez nombreux et les quantités de poissons prises ne représentent encore que 15% du total d'avant l'accident", indique Kyoichi Kamiyama, directeur du département radioactivité du Centre de recherche de la pêche et des milieux marins de la préfecture de Fukushima.
<https://information.tv5monde.com/info/servir-ou-non-de-la-nourriture-de-fukushima-pour-les-jo-de-tokyo-333192>
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18- Cameroun : « J’ai été sauvée par l’igname », Le Monde Afrique, 21/11/19, 19h00
Josiane Kouagheu (Mbé, Cameroun, envoyée spéciale)
A Mbé, dans le nord du pays, des femmes misent sur ce tubercule traditionnellement cultivé par les hommes pour acquérir leur indépendance financière.
La vie d’Aminatou a changé. Depuis cinq ans, cette femme de 47 ans au sourire contagieux a réalisé son rêve : elle est devenue « vraiment indépendante ».Aminatou rend visite à sa famille quand elle veut, lui vient en aide quand elle peut, s’achète régulièrement des pagnes, renouvelle plusieurs fois par an sa vaisselle et s’occupe de ses enfants sans réclamer l’aide de quiconque. « Avant, je demandais tout à mon mari et je n’obtenais pas grand-chose. Il a ensuite pris une deuxième épouse, avec laquelle il a eu huit enfants. L’argent est devenu très rare et la vie difficile. J’y pensais tout le temps. Depuis 2014, grâce à l’igname, je subviens à mes besoins », se réjouit cette mère de sept enfants. Dans la cour de sa maison, un tas d’ignames sorties de leur champ attendent la clientèle.
Nous sommes à Mbé, l’un des principaux bassins de production de l’igname au Cameroun. Dans cette localité de l’Adamaoua, l’une des trois régions du nord du pays, les habitants sont communément appelés « peuple de l’igname », car ici cette culture se transmet de génération en génération. « L’igname est notre or blanc. Elle rapporte beaucoup plus d’argent que les autres cultures », s’enorgueillit Adda Kano Bell, la deuxième adjointe au maire de Mbé. Cultivé dans tous les coins de cet arrondissement de plus de 30 000 âmes, ce tubercule très prisé est vendu à travers le Cameroun et exporté dans toute l’Afrique centrale, mais aussi au Soudan et au Nigeria, à en croire les habitants. L’activité est dominée par les hommes.
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Pourtant, selon l’une des multiples versions de la légende autour de l’igname de Mbé, tout serait partie d’une femme. Il y a longtemps, alors qu’une famine terrassait la localité, une habitante serait partie en forêt à la recherche de quoi nourrir sa famille. Elle aurait alors vu des singes déterrer et déguster des ignames. Torturée par la faim, elle se serait mise à ramasser les restes, puis à les cultiver elle-même. L’histoire est belle, mais assez éloignée de la condition des femmes dans une région où les taux d’analphabétisme et de mariage précoce sont parmi les plus élevés du pays. D’après une enquête réalisée en 2014 par l’Institut national de la statistique et le ministère de la santé publique, 20,3 % des jeunes filles de l’Adamaoua sont mariées avant l’âge de 15 ans, contre 11,4 % sur le plan national.
« Elles sont plus épanouies »
« Dans le grand nord en général, la place de la femme est dans le foyer, en train de faire la cuisine. Elles ont longtemps été cantonnées au fait d’aider leur mari à cultiver et récolter ces tubercules, regrette Adda Kano Bell. Mais depuis dix ans environ, petit à petit, beaucoup ont leur propre champ d’ignames. Ça les rend autonomes. »
Aminatou s’est mariée à l’âge de 13 ans. Durant plus de deux décennies, elle a aidé son mari dans ses champs d’ignames. En contrepartie, il lui offrait des pagnes et assurait sa ration alimentaire. « Je ne pouvais pas rendre visite à ma famille dans d’autres villes. Je n’avais pas d’argent », chuchote la cultivatrice. Son époux a par la suite pris une seconde femme et Aminatou a perdu son statut de privilégiée. Ses sept enfants ont été relégués au second plan. La cultivatrice a alors été « obligée d’agir ». Elle a convaincu son mari de lui prêter une petite portion de terre, sur laquelle elle cultive manioc, arachides, maïs…
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Pas suffisant pour faire vivre sa famille. « Alors j’ai décidé de me lancer dans l’igname, qui rapporte 10 voire 30 fois plus que les autres cultures, poursuit Aminatou. Sur un quart d’hectare d’ignames, tu gagnes minimum 150 000 francs CFA [près de 230 euros] lorsque le climat est clément. Avec les arachides, c’est même pas 70 000 francs. » En 2014, elle achète des semences et se lance sur une partie de sa portion de terrain. Elle gagne 60 000 francs CFA lors de la première récolte, 150 000 francs CFA la troisième année, pour atteindre 300 000 francs CFA en 2019. Aujourd’hui, Aminatou est une femme épanouie. L’un de ses fils a intégré l’armée camerounaise. « Je me sens autonome, je suis fière de moi », avoue-t-elle.
Comme Aminatou, la culture de l’igname a autonomisé de nombreuses femmes de Mbé. Si leur nombre exact n’est pas connu, celles rencontrées par Le Monde Afrique ont construit des maisons, assuré les frais de scolarité de leurs enfants, pris soin de leur santé, investi dans des tontines, le petit commerce, diversifié leurs activités… Tout ça grâce à « l’or blanc ». « Les femmes qui cultivent l’igname à Mbé sont différentes des autres. Elles sont plus épanouies et autonomes », reconnaît Frédéric Mbiandoubé, chef de poste agricole. « Ici, les femmes ont toujours joué un rôle central. Elles gèrent mieux l’argent que les hommes. Elles savent faire des économies et anticiper les besoins futurs. Et celles qui misent sur l’igname sont plus riches », renchérit Samaki, délégué de la coopérative Kookae, qui regroupe 200 producteurs d’ignames dont 50 femmes.
Problème d’accès au foncier
Marceline Landi déambule au milieu de son demi-hectare de champ d’ignames. En cette fin d’octobre, elle a achevé la dernière récolte. Son sourire est à la hauteur de sa satisfaction : la vente a été bonne. « Je compte augmenter progressivement les portions et atteindre deux hectares », confie-t-elle. Marceline veut construire des maisons qu’elle mettra en location et laissera comme héritage à son unique fille et à son petit-fils.
« L’igname m’a sauvée de l’humiliation », assure, à quelques kilomètres de là, Aïssatou. Mariée très jeune, cette femme de 50 ans et mère de cinq enfants a quitté le foyer conjugal en novembre 2018, lasse de son mari volage. Elle a intégré la petite maison en dur qu’elle a construite grâce à l’igname. Un temps malade, elle a dû se soigner toute seule, soit plus de 800 000 francs CFA investis dans sa santé. « J’ai été sauvée par l’igname », conclut-elle.
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Durant les vacances, jours fériés et week-end, Salimatou, une autre cultivatrice, se rend dans ses plantations avec ses enfants pour leur « montrer la valeur de la culture d’ignames » et « habituer les filles à être indépendantes et voir la pénibilité du travail ». Il faut labourer les champs, semer, poser des tuteurs, désherber, arroser… « On manque d’engrais, de pesticides, de tracteurs et même d’eau », soupire-t-elle.
Au-delà de ces difficultés, le principal problème reste l’accès au foncier. D’après le Mouvement mondial pour les forêts tropicales, les femmes africaines produisent 60 % des denrées alimentaires mais détiennent seulement 1 % des terres agricoles du continent. « C’est le même chiffre au Cameroun, alors qu’elles représentent 70 % de la main-d’œuvre agricole », note l’organisation. A Mbé, aucune de celles que nous avons interviewées ne possède de terres. « La terre appartient à mon mari », confient-elles, un peu honteuses. Beaucoup rêvent pourtant d’être propriétaires. Elles en ont fait la demande auprès du chef du village, garant du droit coutumier.
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/21/cameroun-j-ai-ete-sauvee-par-l-igname_6020051_3212.html>
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19- Foodtech : la France s’organise pour combler son retard, The Conversation, 21/11/19, 21:51
Par Jean-Guillaume Ditter, Professeur permanent, Burgundy School of Business & Sonia Lequin, ingénieur de recherche, Burgundy School of Business
La France, pays de la gastronomie, s’affiche comme aussi une « start-up » nation, mais accuse paradoxalement un retard sur les autres pays en matière de foodtech. Ce terme est apparu au début des années 2010 aux États-Unis, pour se diffuser en France au milieu de la décennie. Il désigne « l’alliance entre les nouvelles technologies d’une part et les secteurs de l’alimentation et de la restauration d’autre part ».
Avec 2,6 % des investissements mondiaux, la France se situe aujourd’hui loin des États-Unis, qui représentaient 80 % des investissements dans la foodtech avant 2016. Elle est encore derrière les leaders européens que sont le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui représentent 63 % des montants investis en Europe.
Les investissements récents (227 millions d’euros en 2018) sont toutefois un signe que la France est en train de combler ce retard et pourrait même devenir un leader européen à terme. Le pays compte déjà un certain nombre de sociétés innovantes combinant technologie, numérique et alimentation. Parmi elles se trouvent des start-up en plein essor telles qu’Ynsect, ChefClub et Frichti.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/foodtech-la-france-sorganise-pour-combler-son-retard-127530>
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20- USA : Monsanto plaide coupable d'avoir répandu un pesticide interdit, AFP, 22/11/19, 04:00
Le géant agrochimique Monsanto a plaidé jeudi "coupable" d'avoir illégalement utilisé un pesticide interdit et hautement toxique dans l'un de ses sites de recherche à Hawaï, acceptant de payer 10 millions de dollars de pénalités.
Cet insecticide, appelé parathion méthyl et substance active dans le Penncap-M, a été pulvérisé en 2014 sur des semences de maïs et d'autres cultures sur le site de Valley Farm, reconnaît la filiale de Bayer dans des documents reçus par un tribunal fédéral d'Honolulu.
Le parathion méthyl est interdit aux Etats-Unis par l'Agence de protection de l'environnement depuis 2013 et depuis 2003 dans l'Union européenne.
"Le comportement illégal dans cette affaire a constitué une menace pour l'environnement, pour les populations environnantes et les employés de Monsanto", a déclaré Nick Hanna, procureur fédéral pour la Californie du centre, qui a supervisé le dossier.
Monsanto avait notamment dit à ses employés qu'ils pouvaient pénétrer dans les champs traités au parathion méthyl une semaine seulement après la pulvérisation, alors qu'il savait que le délai aurait dû être de 31 jours.
Les autorités fédérales avaient d'abord cherché à inculper Monsanto pour des faits de nature criminelle mais selon des médias américains, elles ont finalement accepté de négocier des accusations moins lourdes après une intervention des avocats de la multinationale auprès du ministère de la Justice.
Conformément à l'accord de "plaider coupable", Monsanto doit payer une amende criminelle de six millions de dollars et verser quatre millions de dollars aux autorités d'Hawaï.
<https://information.tv5monde.com/info/usa-monsanto-plaide-coupable-d-avoir-repandu-un-pesticide-interdit-333374>
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21- Les géants de la viande veulent aussi leur part du marché vegan, AFP, 22/11/19, 08:00
Juliette Michel
Les alternatives végétariennes aux burgers et saucisses, remises à la mode par des start-up comme Beyond Meat et Impossible Burger, jouissent d'un engouement certain dont les géants de la viande veulent aussi profiter.
Le numéro un mondial du secteur JBS commercialise depuis cet été au Brésil un burger de soja comprenant betterave, ail et oignons, à l'apparence proche d'un steak haché saignant.
Aux Etats-Unis, le plus gros producteur de viande Tyson Foods a lancé en juin une nouvelle ligne de produits à base de plantes ou mélangeant viandes et légumes. Ses concurrents Hormel Foods, Perdue Farms ou Smithfield, ont pris des initiatives similaires.
"Notre culture alimentaire évolue rapidement", constate auprès de l'AFP Bryan Kreske, responsable des marques chez Hormel Foods.
"Les gens manifestent de plus en plus de curiosité et de motivation pour essayer des sources de protéines alternatives appétissantes", explique-t-il.
Qu'il s'agisse d'une tendance de fond ou d'une mode éphémère, les géants de l'agroalimentaire ne voudraient pas passer à côté de cette opportunité. Ils ne visent pas les 5% de végétariens mais les 95% qui ne le sont pas.
Il reste difficile pour eux de jouer la carte du respect de l'environnement ou de la protection des animaux pour promouvoir leurs nouveaux produits, comme le font souvent les défenseurs des alternatives à la viande en pointant par exemple du doigt le bilan carbone de l'élevage bovin.
Alors l'argument de la santé est souvent brandi.
Nos clients "ne souhaitent pas tant réduire leur consommation de viande qu'augmenter celle de légumes dans leur alimentation", assure ainsi Eric Christianson, responsable du marketing chez Perdue.
Surtout connue pour son poulet, l'entreprise a lancé en septembre des nuggets mélangeant volaille, choux et pois. Parfait, argue Perdue, pour les parents souhaitant faire ingurgiter des légumes à leurs enfants.
Le groupe mise gros sur ce nouveau produit puisqu'il compte y consacrer en 2020 la moitié de son budget marketing. Il mettra les bouchées doubles en janvier, "quand les consommateurs ont envie de manger plus sainement", souligne M. Christianson.
- Hygiène de vie -
Les burgers à base de soja existent déjà depuis plusieurs décennies.
Mais Beyond Meat et Impossible Burger s'attellent depuis une dizaine d'années à créer des produits se rapprochant au plus près du goût, de la texture et de la saveur de la vraie viande, grâce à des ingrédients comme la betterave.
Ces start-up ont soudainement gagné en notoriété cette année avec leur arrivée dans les fast-food, comme Impossible Burger chez Burger King, et avec l'entrée explosive de Beyond Meat à Wall Street.
Les géants de la viande ont rapidement sauté sur la tendance.
Chez Hormel, la marque Happy Little Plants "est passée en un peu moins de 13 semaines d'une idée basée sur le concept d'un consommateur +curieux de plantes+ à une gamme de produits commercialement viables", remarque Bryan Kreske.
Pas question pour autant d'abandonner leur activité principale, la viande.
Le patron d'Impossible Burger clame régulièrement que son objectif est de remplacer entièrement la viande dans le système alimentaire d'ici 2035. Le défi est de taille.
Au rayon lait par exemple, les boissons à base de plantes comme le soja ou l'amande représentent pour l'instant 13% des ventes, selon les estimations les plus optimistes.
"Pour les produits laitiers, il existe de vraies problématiques de santé avec les intolérances ou les allergies au lactose", remarque Eric Christianson de Perdue. Pour la viande, "les gens n'y sont pas allergiques, il s'agit plutôt d'un choix d'hygiène de vie".
Si le segment des alternatives à la viande peut selon lui devenir "significatif", il ne pourra sans doute pas, à moyen terme, atteindre cette même proportion.
Reste que les géants de la viande "ne veulent pas perdre des parts de marché", avance Robert Martin, spécialisé dans les politiques alimentaires au Centre pour un avenir durable de l'université Johns Hopkins.
Si le marché des protéines se retrouve concentré aux mains de quelques géants, "cela pourrait limiter l'innovation et la concurrence", remarque-t-il également.
Et, toute initiative promouvant les alternatives à base de plantes représente une "avancée positive", opine-t-il. D'autant que ces grosses entreprises ont les moyens financiers et l'expertise "pour atteindre des économies d'échelle qui pourraient permettre de faire sérieusement baisser les prix".
<https://information.tv5monde.com/info/les-geants-de-la-viande-veulent-aussi-leur-part-du-marche-vegan-333390>
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22- La restauration collective selon le militant Nicolas Hulot, La Nouvelle République, maj le 22/11/19 à 08:36
Le plus célèbre des écologistes était hier à Niort lors d’une rencontre de restaurants collectifs engagés sous un label lancé par la Fondation Nicolas Hulot.
De nombreux restaurants collectifs (écoles, collèges, lycées, centre hospitalier de Niort, Ehpad, restaurants d’entreprises) des Deux-Sèvres engagés dans la démarche « Mon Restau responsable », étaient présents, hier, à la Maif à Niort. L’ancien ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, dont la fondation est à l’origine de ce label avec le réseau Restau’Co, présidait cette manifestation.
Pourquoi votre fondation cible-t-elle la restauration collective ?
Nicolas Hulot : « Nous avons lancé voilà deux ans l’idée de créer un cercle vertueux dans la restauration collective qui, avec quatre milliards de repas par an, peut être un fantastique levier pour accélérer la transition du modèle agricole. C’est un enjeu environnemental, sanitaire et social puisque, à terme, c’est donner à la possibilité à tout un chacun, quels que soient ses revenus, de pouvoir accéder à des produits de qualité et de proximité. C’est aussi un enjeu économique. Si à terme l’agriculture biologique devient, à défaut d’un modèle exclusif, un peu la norme, ça sera une agriculture moins intensive en intrants mais plus intensive en emplois et qui permettra de rémunérer les agriculteurs. »
Visiblement, pour vous, tout cela ne va pas assez vite…
« Ça ne va jamais assez vite parce qu’il y a une urgence climatique. Mais il faut accueillir les choses quand elles vont dans le bon sens. Je soutiens les objectifs pris dans la loi Egalim. Après, il y a les moyens, le fait qu’ils ne sont pas, de mon point de vue, assez contraignants. Réjouissons-nous de ces objectifs pour réduire le gâchis alimentaire, l’empreinte énergétique, faire en sorte qu’il n’y ait plus de produits jetables, pour l’éducation au goût des enfants, apprendre à se passer de viande… tout cela fait partie d’un basculement qui est en train de s’opérer. La grande chance, c’est qu’il y a une aspiration sociétale pour les produits de qualité et de proximité. L’équité sociale impose que tout le monde puisse y avoir droit et qu’il y ait un bénéfice pour l’agriculture. »
Comment avez-vous été amené à préfacer le livre de Pascal Demurger, directeur de la Maif, intitulé « L’entreprise du XXIe siècle sera politique ou ne sera pas » ?
« Pascal Demurger est venu vers moi pour préfacer son livre. Une fois que je l’ai lu, j’ai trouvé dans la vision ce à quoi les entreprises devraient tendre, c’est-à-dire une économie sociale et solidaire. La raison d’être d’une entreprise n’est pas d’accumuler des biens, mais de participer à l’épanouissement humain. Ce doit être le grand Graal du XXIe siècle. Nous nous sommes retrouvés dans ces valeurs. Mon job est que l’écologie, l’économie et le social ne fassent plus qu’un. »
>> Suite à lire à :
<https://www.lanouvellerepublique.fr/deux-sevres/la-restauration-collective-selon-le-militant-nicolas-hulot>
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23- Les agriculteurs se mobiliseront le 27 novembre, mille tracteurs vont converger vers Paris, Le Monde avec AFP, 22/11/19, 15h15
Dans la continuité des deux actions syndicales menées au mois d’octobre, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs se mobiliseront pour demander aux distributeurs et industriels « un revenu décent ».
La mobilisation nationale vise à exprimer le « ras-le-bol » d’une profession qui s’estime trop peu considérée. Les agriculteurs de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA) du Grand Bassin parisien ont annoncé vendredi 22 novembre que mille tracteurs convergeraient vers Paris mercredi 27 novembre.
« L’heure est au ras-le-bol ! », font savoir les agriculteurs en listant les raisons de leur mécontentement : « Traités de libre-échange, mesures réglementaires franco-françaises qui plombent la performance des exploitations, les importations distorsives, loi EGalim [issue des Etats généraux de l’alimentation] qui n’est pas appliquée dans son intégralité.
« Les agriculteurs attendent du président de la République des engagements fermes en adéquation avec ses prises de positions. En une phrase : la France a-t-elle encore besoin de ses paysans ? », interrogent-ils dans un communiqué de la FDSEA et des JA Ile-de-France, et de la FNSEA Grand Bassin parisien.
Dès 6 heures aux portes de la capitale
« Plus de 1 000 tracteurs venus des régions Hauts-de-France, Normandie, Ile-de-France, Grand-Est, Centre-Val de Loire et Bourgogne-Franche-Comté se donnent rendez-vous à Paris » le 27 novembre, préviennent-ils. « Ils seront dès 6 heures du matin aux portes de la capitale », sur les autoroutes « A1, A4, A5, A6, A10, A11, A13, A14, A15 », et sur les nationales « N1, N2, N12, N20 », précisent-ils.
Pour le reste de la France, « les formes d’actions varieront en fonction des territoires et des productions », selon la FNSEA.
> Lire aussi « Il existe des forces de transformation des pratiques agricoles dans le monde paysan »
Dans la continuité des deux actions syndicales des 8 et 22 octobre, la FNSEA et les JA se mobiliseront « pour demander aux distributeurs et industriels de permettre le retour à un revenu décent pour les agriculteurs, et à l’Etat de transformer ses promesses en actes concrets : pas de distorsions supplémentaires », rapportent les deux organisations syndicales.
Lors de la dernière journée d’action, le 22 octobre, les paysans s’étaient rassemblés devant les préfectures de la France entière, interpellant le chef de l’Etat par les mots « Macron, réponds-nous ! ». Emmanuel Macron l’avait fait de Mayotte où il était en déplacement, déclarant qu’il jugeait « inacceptables » les attaques contre les agriculteurs.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/22/les-agriculteurs-se-mobiliseront-le-27-novembre-mille-tracteurs-vont-converger-vers-paris_6020166_3234.html>
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En audio
24- Hugo Clément sur le front des océans, France Inter, L’instant M, 22/11/19, 09h40
Sonia Devillers
“Sur le front”, le nouveau format environnemental incarné par Hugo Clément, dont le premier volet s'intéresse aux océans, débarque mardi soir sur France 2.
Il y a eu le spectaculairement beau, Yann Arthus Bertrand et Nicolas Hulot. Il y a eu la connaissance et la proximité, avec Thalassa et le doc animalier. Il y a eu l’investigation, avec Vert de rage, Cash Investigtion et Envoyé spécial. Il y a eu la grande opération de mobilisation avec "L’Emission pour la planète". Quelle corde manquait-il à l’arc de la télévision pour sensibiliser à la protection de l’environnement ? Quel registre encore non exploré pour créer le sursaut ? Quelle grammaire cathodique pour éveiller les consciences ?
A Hugo Clément, reporter superstar chez les plus jeunes d’entre nous, France Télévisions a donné beaucoup de moyens pour embrasser – en prime time – le virage de la nouvelle génération. Résultat, Hugo Clément sillonne les mers et les océans. C’est magnifique à regarder et instructif. Ça ne réinvente pas, mais alors pas du tout la télévision. En revanche – ça c’est nouveau – ça met en scène un propos entièrement acquis aux militants et autres activistes de l’écologie. Déroulant ainsi une vision du monde à la fois très politisée et curieusement, apolitique.
> Emission (19 min) à (ré)écouter à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/l-instant-m/l-instant-m-22-novembre-2019>
Sur le même sujet :
> Les combats écologiques d'Hugo Clément débarquent sur France 2 <https://information.tv5monde.com/info/les-combats-ecologiques-d-hugo-clement-debarquent-sur-france-2-333574>, AFP, 23/11/19, 11:00
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En images
25- Plan B : Comment moins gaspiller ce que l’on mange, Le Monde, 18/11/19, 07h57
Syrielle Mejias
Alors que chaque année 10 millions de tonnes d’aliments sont jetées en France, il existe des solutions simples pour lutter contre le gaspillage alimentaire.
Dix millions de tonnes. C’est la quantité d’aliments comestibles qui terminent chaque année à la poubelle en France. Du gâchis mais aussi beaucoup d’énergie dépensée inutilement pour produire ces denrées. Les consommateurs sont responsables d’un tiers de ce gaspillage. Mais des aliments consommables sont aussi susceptibles d’être jetés dès leur production. Pourtant, des solutions simples existent pour réduire ce gaspillage.
> Vidéo à voir à :
<https://www.lemonde.fr/videos/article/2019/11/18/plan-b-comment-moins-gaspiller-ce-que-l-on-mange_6019547_1669088.html>
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26- Retour à la terre avec Guillaume Canet - Épisode 3, Brut, 19/11/19, 11:01
Paul François et Alexandre Richard sont agriculteurs. L'un est passé au bio, l'autre dépend toujours des pesticides.
Guillaume Canet et le réalisateur Edouard Bergeon sont allés à leur rencontre. Objectif : se comprendre.
> Reportage vidéo à voir à :
<https://www.facebook.com/1757782394471400/videos/688364741688138/?__so__=watchlist&__rv__=video_home_www_playlist_video_list>
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27- Nitrites : mon jambon est-il bon ?, TF1, journal de 20h, 20/11/19
La Ligue contre le cancer a lancé une pétition pour interdire l'ajout de nitrites dans les charcuteries. Ces additifs permettent de conserver le jambon deux fois plus longtemps et lui donnent sa couleur rose. Cependant, ils sont soupçonnés d'être cancérigènes. Mais est-il vraiment possible de s'en passer ?
> Reportage à voir à :
<https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/nitrites-mon-jambon-est-il-bon-97388938.html>
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– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
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– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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