[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (jeudi 10 octobre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Jeu 10 Oct 07:27:24 CEST 2019


Bonjour à tous,

Un grand tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Un nouveau chocolat "entier" et écolo, 100% fruit du cacaoyer <https://www.ouest-france.fr/economie/un-nouveau-chocolat-entier-et-ecolo-100-fruit-du-cacaoyer-6541086>, AFP, 28/09/19, 08:00
2- Enquête. Ces nouvelles initiatives et astuces pour réduire le gaspillage alimentaire <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/29/alimentation-l-antigaspi-s-invite-a-table_6013519_3234.html>, Le Monde, maj le 30/09/19 à 15h37
3- La loi alimentation n’a pas provoqué de forte inflation des prix <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/01/la-loi-alimentation-n-a-pas-provoque-de-forte-inflation-des-prix_6013778_3234.html>, Le Monde, 01/10/19, 13h00
4- Des Cambodgiens poursuivent le groupe Bolloré pour avoir détruit leur forêt sacrée <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/01/des-cambodgiens-poursuivent-le-groupe-bollore-en-justice-pour-avoir-detruit-leur-foret-sacree_6013826_3244.html>, Le Monde, 01/10/19, 21h01
5- Plus de 32.000 saumons s'échappent d'une ferme d'élevage au Chili <https://www.geo.fr/environnement/plus-de-32-000-saumons-sechappent-dune-ferme-delevage-au-chili-197855>, AFP, 02/10/19, 05:00
6- Pesticides : conflits de voisinage et dialogue de sourds <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/pesticides-conflits-de-voisinage-et-dialogue-de-sourds_137813>, AFP, 02/10/19, 11:00
7- Elevage : le bio pour sortir de la crise ? <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/elevage-le-bio-pour-sortir-de-la-crise_137818>, AFP, 02/10/19, 11:00
8- Chlordécone : enquête préliminaire en Guadeloupe sur de présumés stocks enfouis sous un lycée <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/03/chlordecone-enquete-preliminaire-en-guadeloupe-sur-de-presumes-stocks-enfouis-sous-un-lycee_6013995_3244.html>, Le Monde avec AFP, 03/10/19, 00h32
9- Tribune. « Nous, scientifiques, appelons les maires à réduire la consommation de viande dans les cantines publiques » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/04/nous-scientifiques-appelons-les-maires-a-reduire-la-consommation-de-viande-dans-les-cantines-publiques_6014172_3232.html>, Le Monde, 04/10/19, 10h44 
10- Les pêcheurs de la côte d’Opale en colère contre la prolifération des phoques <https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/04/les-pecheurs-de-la-cote-d-opale-disent-phoques-off_6014236_4500055.html>, M le Mag, 04/10/19, 14h52
11- Incendies en Indonésie : l'huile de palme sur le gril <https://information.tv5monde.com/info/incendies-en-indonesie-l-huile-de-palme-sur-le-gril-325063>, AFP, 04/10/19, 15:00
12- Pesticides : les viticulteurs bourguignons "très inquiets" du projet d'arrêté <https://information.tv5monde.com/info/pesticides-les-viticulteurs-bourguignons-tres-inquiets-du-projet-d-arrete-325062>, AFP, 04/10/19, 15:00
13- "Veut-on encore des paysans ?" Les éleveurs dubitatifs devant Macron <https://information.tv5monde.com/info/veut-encore-des-paysans-les-eleveurs-dubitatifs-devant-macron-324956>, AFP, 04/10/19, 18:00
14- Désolation et inquiétude chez les apiculteurs italiens <https://information.tv5monde.com/info/desolation-et-inquietude-chez-les-apiculteurs-italiens-324984>, AFP, 04/10/19, 23:00
15- Chronique. « A Lacapelle-Viescamp, dans le Cantal, deux visions irréconciliables de la ruralité se télescopent » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/05/a-lacapelle-viescamp-dans-le-cantal-deux-visions-irreconciliables-de-la-ruralite-se-telescopent_6014355_3232.html>, Le Monde, 05/10/19, 13h03
16- Insectes, poils de rongeurs, excréments dans la nourriture… les normes sanitaires peu ragoutantes des États-Unis <http://www.slate.fr/story/182514/insectes-poils-excrements-nourriture-normes-sanitaires-etats-unis>, Slate, 05/10/19, 14h15
17- Amazonie : le pape déplore les feux provoqués "par des intérêts qui détruisent" <https://information.tv5monde.com/info/amazonie-le-pape-deplore-les-feux-provoques-par-des-interets-qui-detruisent-325360>, AFP, 06/10/19, 13:00
18- Tribune. « La forêt européenne, notre “poumon”, se consume elle aussi » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/07/la-foret-europeenne-notre-poumon-se-consume-elle-aussi_6014469_3232.html>, Le Monde, 07/10/19, 05h00 
19- Les agriculteurs de la FNSEA font pression sur le gouvernement <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/07/les-agriculteurs-de-la-fnsea-font-pression-sur-le-gouvernement_6014513_3234.html>, Le Monde, 07/10/19, 10h19
20- Abidjan veut « sauver la forêt ivoirienne » dévorée par la culture du cacao <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/08/abidjan-veut-sauver-la-foret-ivoirienne-devoree-par-la-culture-du-cacao_6014644_3212.html>, Le Monde Afrique avec AFP, 08/10/19, 10h33
21- 2019, année noire pour les apiculteurs européens <https://information.tv5monde.com/info/2019-annee-noire-pour-les-apiculteurs-europeens-325734>, AFP, 08/10/19, 16:00
22- En Alsace, les agriculteurs ne veulent pas être esclaves des consommateurs <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/08/en-alsace-les-agriculteurs-ne-veulent-pas-etre-esclaves-des-consommateurs_6014706_3234.html>, Le Monde, 08/10/19, 17h18
23- Le pacte de Milan, 200 villes engagées pour une alimentation durable <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/08/le-pacte-de-milan-200-villes-engagees-pour-une-alimentation-durable_6014693_3244.html>, Le Monde, 08/10/19, 17h59
24- Lubrizol : après les producteurs de lait, les agriculteurs indemnisés la semaine prochaine <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/08/lubrizol-apres-les-producteurs-de-lait-les-agriculteurs-indemnises-la-semaine-prochaine_6014727_3244.html>, Le Monde avec AFP, 08/10/19, 22h07
25- Reportage. « Les paysans sont une cible trop facile » : la FNSEA bloque les routes pour répondre à l’« agribashing » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/08/les-paysans-sont-une-cible-trop-facile-la-fnsea-bloque-les-routes-pour-repondre-a-l-agribashing_6014724_3234.html>, Le Monde, 08/10/19, 22h22
26- Sur la route à travers l'Amazonie, l'asphalte mange la forêt <https://information.tv5monde.com/info/sur-la-route-travers-l-amazonie-l-asphalte-mange-la-foret-325641>, AFP, 08/10/19, 23:00
En audio
27- Éleveurs de vaches, et fiers de l'être <https://www.franceinter.fr/emissions/camille-passe-au-vert/camille-passe-au-vert-01-octobre-2019>, France Inter, Camille passe au vert, 01/10/19, 13h40
En images
28- En Mayenne, une mère de famille atteinte de deux tumeurs dénonce l'utilisation de pesticides à huit mètres de son domicile <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/atteinte-de-plusieurs-tumeurs-une-mere-de-famille-de-mayenne-denonce-l-utilisation-de-pesticides-a-huit-metres-de-son-domicile_3641673.html>, France 3, le 19/20, 02/10/19
29- Brésil : le poumon vert traversé par l’axe BR-163 <https://www.arte.tv/fr/videos/087822-000-A/bresil-un-corridor-nomme-br-163/>, Arte Reportage, 05/10/19, 13:13
Une annonce
30- Foire ô Miel <https://www.apiculteurs-midi-pyrenees.fr/le-syndicat/foire-o-miel/>, Syndicat Apiculteurs Midi-Pyrénées, Toulouse (place du Capitole), le 09/11/19

Bien à vous,
Florence

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CHIFFRES DU JOUR : — Chaque année, 10 millions de tonnes d’aliments finissent à la poubelle en France. Portées par un mouvement citoyen et une législation plus contraignante, les lignes commencent à bouger. (cf. item 2)
— En Amazonie, la déforestation galopante a quasiment doublé depuis l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro en janvier, au rythme de 110 terrains de football à l'heure. (cf. item 17, 26 & 29)
— En un demi-siècle, le développement de l’industrie cacaoyère, vitale pour l’économie de la Côte d'Ivoire, a détruit 80 % de son couvert forestier. (cf. item 20)
— L’Italie fait état d'une "année noire", avec une récole de miel quasiment divisée par deux et en France, la récolte "devrait être la plus mauvaise des annales", estime l’Unaf : "moins de 9.000 tonnes", soit quasiment 4 fois moins que dans les années 1990 tandis . (cf. item 14 & 21)
— En Mayenne, pas moins de 15 substances toxiques ont été retrouvées dans une mèche de cheveux d’une mère de famille. (cf. item 28)
IMPACTS DU JOUR : Au Cambodge, elle est remplacée par des plantations d’hévéas, en Indonésie, elle est victime de l’extension des plantations des palmiers à huile, en Amazonie, elle brûle sous le feu des intérêts qui la détruisent, en France elle subit les impacts du changement climatique, en Côte d’Ivoire, elle est dévorée par la culture du cacao : partout la forêt souffre de l’empreinte humaine. (cf. item 4, 11, 17, 18 & 20)
MANIFESTATION DU JOUR : Face à des contraintes toujours plus importantes et à une certaine détresse, des agriculteurs français demandent davantage de reconnaissance. (cf. item 13, 19, suite, 22 & 25)
ALTERNATIVES DU JOUR : — Le leader mondial du cacao Barry Callebaut a présenté une nouvelle façon de fabriquer du chocolat sans ajouter toutes sortes d'arômes ou d'ingrédients. (cf. item 1)
— Face à la crise traversée par les éleveurs, Leo Girard, 26 ans, a choisi le bio pour mieux valoriser leurs produits. (cf. item 7)
— Avec le pacte de Milan, des métropoles ont lancé en 2015 un forum d’échanges de bonnes pratiques sur les questions alimentaires. Les ONG y voient un exercice salutaire (cf. item 23)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Un nouveau chocolat "entier" et écolo, 100% fruit du cacaoyer, AFP, 28/09/19, 08:00

Comment innover dans le chocolat sans ajouter toutes sortes d'arômes ou d'ingrédients ? En utilisant le fruit du cacaoyer, et rien d'autre. Le leader mondial du cacao Barry Callebaut a présenté vendredi une nouvelle façon de fabriquer du chocolat pour répondre aux défis d'une industrie qui cherche à se renouveler.
"Le chocolat est fait à partir des fèves de cacao, qui sont les pépins d'un fruit. Mais pourquoi n'utiliser que les pépins et jeter le reste du fruit ? Ca ne fait aucun sens d'un point de vue écologique ou économique", explique Antoine de Saint-Affrique, patron du groupe suisse.
Actuellement, la plupart des fabricants de chocolat, industriels ou artisanaux, n'achètent aux plantations que les fèves de cacao, et tout le reste - 70% du fruit - est jeté. Comme si on ne consommait que les pépins d'une orange.
Pour son nouveau chocolat, et d'autres produits alimentaires (y compris des boissons), Barry Callebaut va se servir de quasiment toute la cabosse, y compris la pulpe, selon un processus de transformation qui intervient dans les deux heures après la récolte. Pas de sucre ajouté, la douceur vient du jus naturellement sucré.
Le résultat : un chocolat au fruit entier ("WholeFruit chocolate") qui a bien le goût de chocolat, avec 90% de fibres et 25% de protéines en plus que les produits standard, et 40% de sucre en moins.
- Palais français -
Barry Callebaut fournit du cacao et des préparations à base de chocolat aux grands groupes alimentaires tels que Nestlé, Hershey's, Mondelez ou Unilever mais aussi aux professionnels de la pâtisserie.
Avec cette innovation, l'entreprise plus que centenaire espère s'adresser aux jeunes adultes, qui, selon elle, recherchent des "plaisirs sains et honnêtes", bons en termes de goût mais aussi respectueux de l'environnement.
"Le marché français aime les chocolats de caractère, riches en cacao, avec des notes de fruits, donc c'est un chocolat qui correspond très bien au palais français", analyse Martin Diez, chef chez Barry Callebaut, tout déposant délicatemment de la poudre de pitaya (fruit du dragon) sur des étoiles croquantes en chocolat au fruit entier.
Il estime que cette nouvelle variété a tout autant de chances de plaire aux Américains, au palais pourtant réputé plus sucré, notamment car "ils aiment les produits enrichis en protéines et en nutriments".
Les Californiens seront d'ailleurs les premiers à goûter au chocolat "entier", sous forme de snacks commercialisés par le groupe américain Mondelez.
"Il nous semblait naturel de lancer une innovation fondamentale, à San Francisco, la ville de l'innovation", commente Antoine de Saint-Affrique.
Le groupe helvétique, qui réalise près de 7 milliards de francs suisses de chiffre d'affaires annuel, a pris le parti de se renforcer sur les produits à plus forte valeur ajoutée, alors que la consommation de chocolat stagne dans les marchés développés (Europe et Amérique du Nord).
- Jus de cabosse -
La nouvelle gamme présentée vendredi comportera deux catégories, un chocolat noir baptisé "Bold" ("audacieux"), fabriqué 100% à partir du fruit du cacaoyer, très riche, et le "Velvety" ("velouté"), un chocolat au lait, plus léger en bouche.
Ils seront vendus aux artisans dans le monde à partir de mai 2020, mais d'ici là 30 chefs vont pouvoir les découvrir et créer de nouvelles confections.
L'année dernière, Barry Callebaut avait déjà innové avec un chocolat rose, fabriqué à partir de la fève dite "rubis", censé devenir la quatrième catégorie de chocolat (noir, lait, blanc et rose).
Son client Nestlé en avait recouvert des KitKat, sa marque phare de gaufrettes chocolatées, d'abord pour les consommateurs japonais et sud-coréens.
"Avec +Ruby+, ils posaient la question: +Pourquoi le chocolat devrait-il toujours être brun?+ Cette fois-ci ils demandent: +pourquoi n'utiliser que la fève de cacao? Pourquoi ignorer la pulpe?+", commente Clay Gordon, consultant et expert de l'industrie du chocolat, entre deux gorgées de cocktails à base de jus de cabosse.
Une question fondamentale quand l'industrie doit se préoccuper aussi bien de protection de l'environnement que d'épidémie d'obésité.
Signe qu'il n'y a pas de temps à perdre, le géant agroalimentaire Nestlé a lui-même sorti en juillet un chocolat noir 70% entièrement fabriqué à partir du fruit du cacaoyer.
Mais le chocolat "entier" n'est pas prêt de remplacer le chocolat issu uniquement des fèves, dont Barry Callebaut vend 2 millions de tonnes par an.
"Ce nouveau produit est plus onéreux, parce que vous devez capturer les divers éléments du fruit quand il est frais, à la récolte", raconte Antoine de Saint-Affrique. "Cela demande une logistique très diférente et une transformation beaucoup plus compliquée. C'est pour cela qu'on le lance d'abord avec les artisans".
<https://www.ouest-france.fr/economie/un-nouveau-chocolat-entier-et-ecolo-100-fruit-du-cacaoyer-6541086>
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2- Enquête. Ces nouvelles initiatives et astuces pour réduire le gaspillage alimentaire, Le Monde, maj le 30/09/19 à 15h37
Elodie Chermann

Chaque année, 10 millions de tonnes d’aliments finissent à la poubelle en France. Portées par un mouvement citoyen et une législation plus contraignante, les lignes commencent à bouger.
La Journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire, le 16 octobre ? « Un cautère sur une jambe de bois », tranche Adèle, 44 ans, auteure culinaire à Paris : « On se mobilise un jour et on retourne à ses habitudes dès le lendemain. » Pour elle, c’est en achetant mieux et en arrêtant de gâcher au quotidien qu’on incitera vraiment les grandes enseignes à changer.
Depuis deux ans, elle privilégie les circuits courts, prend ses céréales en vrac, fait la chasse au plastique, fabrique son liquide vaisselle, achète uniquement les vêtements dont elle a besoin et utilise des applis pour récupérer des invendus alimentaires.
« Cela m’oblige à me rendre disponible au moment de la collecte et surtout à regarder régulièrement en ligne les paniers proposés. En plus, comme je fuis la restauration rapide, les viennoiseries et les plats préparés, le choix est souvent limité. Mais si je veux être logique, je dois être dans une démarche globale. Travaillant dans le secteur de l’alimentation, je n’en peux plus de voir tout ce gâchis. »
Un nouveau marché
Les chiffres font froid dans le dos : 1,3 milliard de tonnes de nourriture sont jetées ou perdues chaque année sur l’ensemble du globe. Rien qu’en France, ce sont 10 millions de tonnes d’aliments destinés à la consommation humaine qui finissent tous les ans ailleurs que dans nos estomacs, soit l’équivalent d’un cinquième de la production nationale. Ces pertes représentent un coût de 16 milliards d’euros pour l’Hexagone et un impact climat de 15,3 millions de tonnes de CO2.
Le secteur textile ne fait pas mieux avec une benne de vêtements jetée chaque seconde dans le monde, soit 460 milliards de dollars (420 milliards d’euros) de pertes, estime la fondation Ellen MacArthur.
> Lire aussi Eric Birlouez : « On gaspille ce à quoi on n’attache pas ou que peu de valeur »
A tous les niveaux, les lignes commencent cependant à bouger. Après une opération test en avril qui a permis de récupérer 85 000 paires de souliers usagés, l’enseigne de chaussures Besson va lancer une nouvelle collecte solidaire, du 16 au 30 octobre, dans ses 142 magasins.
Depuis le début de l’année, Petit Bateau a redistribué 240 000 pièces de ses anciennes collections aux associations. Sans attendre le vote de la loi de Brune Poirson pour une économie circulaire, actuellement en discussion au Sénat, Cdiscount a, de son côté, réparé et revendu en magasin solidaire 62,5 tonnes d’équipements électriques ou électroniques en 2018, grâce à son partenariat avec le réseau Envie qui accompagne des personnes en insertion vers l’autonomie professionnelle.
C’est toutefois dans la filière alimentaire que la vague antigaspillage est la plus massive. Au point de créer un vrai marché…
« Faut pas pousser Mamie Nova dans la poubelle »
Dans une zone industrielle à la sortie de Laval, un supermarché pas comme les autres a ouvert ses portes en mai. Près de 290 mètres carrés de surface de vente, du mobilier en matériau de récupération et, en guise de déco, une immense frise en noir et blanc couverte de slogans humoristiques : « Quoi ma gueule cassée ? » , « Requiem pour un concombre » , « Faut pas pousser Mamie Nova dans la poubelle ».
Sur les étagères trônent des fruits et légumes biscornus, des œufs de plein air de 48 grammes au lieu des 53 réglementaires, des cookies avec une coquille sur l’étiquette ou encore du chocolat périmé depuis trois mois.
« La grande distribution impose des cahiers des charges tellement contraignants qu’une foultitude de denrées, pourtant parfaitement consommables, se retrouvent tous les jours hors circuit. C’est ce qui nous a poussés à créer le réseau d’épiceries “Nous antigaspi” qui vend tous ces produits destinés à la benne avec une décote de 30 % », explique Vincent Justin, l’un des deux cofondateurs. La première boutique a ouvert à Melesse (Ille-et-Vilaine), au nord de Rennes, en mai 2018. Trois autres ont été inaugurées depuis dans le Grand Ouest, qui se proclame première région agroalimentaire française, et deux autres verront bientôt le jour à Cherbourg (Manche), le 6 octobre, et à Paris, le 6 novembre.
« Le mouvement antigaspi a émergé en France dès la fin des années 2000 grâce, notamment, à la mobilisation de militants écologistes et anticapitalistes, explique la sociologue Marie Mourad. En pleine crise économique, les Français supportaient de moins en moins de voir des produits encore consommables partir à la poubelle alors qu’ils auraient pu renflouer les stocks des banques alimentaires. »
Pression réglementaire
Il faudra cependant attendre la signature du Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire en juin 2013 et le vote de la loi Garot en février 2016 pour que la révolution se mette vraiment en marche.
« Aujourd’hui, toutes les moyennes et grandes surfaces de plus de 400 m2ont l’obligation d’établir des conventions de dons [des produits encore consommables] avec des associations caritatives au lieu de les jeter ou de les détruire », rappelle ainsi Pierre Galio, chef du service consommation et prévention à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). La loi Egalim, promulguée le 1er novembre 2018, prévoit d’étendre cette obligation à la restauration collective, mais les ordonnances fixant le détail des dispositifs sont pour l’heure toujours sur le bureau du Conseil d’Etat.
Profitant de cette pression réglementaire, de nombreuses start-up, portées par le développement du numérique, surfent sur la vague.
A l’image de Too Good To Go, une application mobile lancée en 2016 qui propose aux consommateurs de racheter à moindre coût les invendus des commerces de bouche de leur quartier. L’utilisateur télécharge l’appli sur son smartphone, géolocalise les enseignes autour de lui parmi les 8 000 partenaires en France, commande son panier surprise en ligne et vient le récupérer sur place en fin de journée.
Avec ce système, tout le monde est gagnant
18h30. Pauline Levêque, boléro rose sur robe noire, fait le planton au comptoir des livraisons du Monoprix Belles Feuilles, dans le 16earrondissement de Paris. Le temps de présenter son bon de commande et elle repart avec deux énormes sacs de courses. A l’intérieur, de quoi nourrir tout un régiment : une flammekueche, deux escalopes de dinde, des crevettes bio, du tartare de saumon, du pain aux céréales, des quenelles, du pâté, un plateau de légumes apéro, des ravioles, du jambon… Le tout pour 8 euros.
« J’aime bien l’effet de surprise, témoigne cette jeune maman solo de 29 ans, qui prépare l’agrégation d’histoire. Cela permet de varier les menus et de profiter de produits qui, sinon, seraient inaccessibles. Certes, tout est à la date du jour ou du lendemain. Mais ce que je ne consomme pas dans l’immédiat, je le congèle. »
+ Infographie : La lutte contre le gaspillage alimentaire : une nécessité devenue marché <https://img.lemde.fr/2019/09/27/0/0/1068/2496/630/0/60/0/55e90fb_jkj-H0ZeFeB6wJ-3Y8w4v-2X.png>
Avec ce système, tout le monde est gagnant : les consommateurs qui ménagent leur porte-monnaie, les commerçants qui soignent leur image tout en réduisant leurs déchets et la jeune entreprise qui empoche une commission de 1,09 euro à chaque panier vendu.
Un concept malin qui a inspiré Phenix, la locomotive du marché, à l’origine positionnée exclusivement sur le don. « Depuis mars, on propose une gamme de services complète », se félicite le cofondateur Jean Moreau. « A J – 4 ou J – 3, les produits sont mis en vente à prix cassé sur notre appli mobile sous la forme de paniers thématiques. Ceux qui ne sont pas achetés par les consommateurs sont donnés aux associations ou s’ils ne peuvent plus être consommés par l’homme, proposés à des fermes, des centres équestres ou des porcheries comme aliments pour les animaux. »Une stratégie gagnante. L’entreprise, qui a créé 150 emplois en cinq ans, prévoit de dépasser la barre des 15 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année.
De quoi susciter bien des convoitises. « Tous les jours, de nouvelles sociétés apparaissent sur ce créneau », constate Pierre-Yves Pasquier, patron et fondateur de Comerso, une plate-forme numérique et logistique apparue dans le paysage en 2013. « Mais je trouve la concurrence plus positive que gênante. D’abord, parce qu’elle prouve que l’idée est bonne, ensuite, parce qu’elle accélère notre business et enfin, parce qu’il y a de la place. Je ne connais pas un marché dynamique qui ne compte qu’un acteur. »
« Les invendus sont un poison pour les magasins »
Réticents au départ, les poids lourds de la grande distribution se sont laissé embarquer, en se drapant copieusement de vert au passage. Un moyen à la fois de redorer leur image et de rattraper par le col les jeunes générations en quête d’une véritable transition alimentaire.
Mais leur premier moteur a été évidemment financier. « Les invendus sont un poison pour les magasins qui, non seulement, ne gagnent pas d’argent sur des produits qu’ils ont achetés, mais, en plus, doivent payer pour leur destruction », insiste M. Moreau.
Curieusement, il a quand même fallu un peu de temps pour les convaincre. Lorsque les premiers acteurs ont débarqué sur le marché en 2012-2013, l’idée de valoriser ses invendus et de payer pour ça était encore loin d’être acquise. « Pendant soixante ans, les enseignes de la grande distribution ne se sont employées qu’à acheter mieux, à améliorer leur communication et à agrandir leurs magasins pour faire plus de chiffre d’affaires, rappelle Paul-Adrien Menez, PDG et cofondateur de Zéro-Gâchis. Mais le contexte a changé. Avec la guerre des prix, les marges se sont tendues. Pour augmenter leurs résultats, elles n’ont plus d’autre choix, aujourd’hui, que de réduire leurs pertes… »
+ Infographie : Pour lutter contre le gaspillage, des initiatives publiques structurantes… <https://img.lemde.fr/2019/09/29/0/0/960/1557/630/0/60/0/f60221b_dmDjjr9QRs4-jF2eyl7UMtZO.png>
C’est sur ce bouton de la performance économique qu’a appuyé l’Ademe, en 2018, pour réussir à convaincre dix-neuf entreprises de l’agroalimentaire de s’emparer du problème. « Des experts sont venus réaliser un diagnostic des pertes alimentaires sur notre site de Clamecy (Nièvre) », raconte Marie-Laure D’Hoop, directrice RSE (responsabilité sociale des entreprises) chez Jacquet Brossard. Au bout de neuf mois, le couperet est tombé : 730 tonnes de pertes annuelles, soit 5 % de la production, pour un coût de 350 000 euros.
Grâce au plan d’action qui lui a été proposé, l’entreprise dit avoir réduit ses pertes de 60 tonnes, ce qui correspond à un gain de 30 000 euros par an et de 40 tonnes de CO2, soit 9 % de réduction de l’empreinte carbone du site. « Preuve qu’en faisant peu de choses, on peut vraiment gratter et recréer de l’activité économique » , se félicite Pierre Galio, de l’Ademe.
Le grand chantier des dates de péremption
Un argument qui ne saurait laisser insensible la grande distribution.« Notre métier est de vendre les produits que l’on achète. Sinon, c’est du chiffre d’affaires en moins, rappelle Matthieu Riché, directeur RSE du groupe Casino. Les nouvelles solutions numériques nous permettent précisément de répondre à des problématiques que l’on n’arrivait pas à gérer jusque-là. » Comme écouler des produits à date courte avec une promotion ou mettre en place des collectes régulières dans des petits magasins avec de petits volumes.
Malgré les efforts accomplis, beaucoup de chemin reste à faire, à tous les niveaux de la chaîne. « Les industriels ne sont pas suffisamment mobilisés sur l’innovation », regrette par exemple Xavier Terlet, codirigeant de la société Protéines XTC, un cabinet de conseil en innovation et communication spécialisé dans l’alimentaire. « A l’image de Charal [le spécialiste français de la viande de bœuf], qui a sorti un steak “Petit Appétit” en petite portion (80 g) pour les enfants, ils devraient travailler à mieux doser leurs produits. »
Côté distributeurs, un grand chantier reste aussi à mener autour des dates de péremption. « Avec les applis qui se développent, on pourrait notamment imaginer que les dates qui figurent sur les produits soient incluses dans les codes-barres et que les consommateurs puissent recevoir une alerte quand l’échéance approche », se prend à rêver M. Riché.
Un projet sur lequel planche aussi Carrefour. Reprenant à son compte les recommandations du député de la Mayenne et ancien ministre de l’agroalimentaire Guillaume Garot, le numéro un européen du secteur milite aussi ardemment pour l’allongement des dates limites de consommation (DLC) pour le frais et la suppression des dates de durabilité minimum (DDM), qui ont remplacé, en décembre 2014, les dates limites d’utilisation optimale sur les autres types de produits. Le groupe a ouvert la voie dès 2014. Après avoir mené toute une batterie de tests microbiologiques et organoleptiques, il a décidé d’allonger la durée de vie d’environ 300 références de sa marque et de supprimer les DDM sur une cinquantaine d’autres.
> Lire aussi GEEV, Leboncoin du don, à l’assaut de l’alimentaire
Mais c’est surtout dans la restauration que les pratiques doivent évoluer. Et grâce à la loi Egalim, c’est sans doute la restauration collective qui sera le moteur du changement.
Certains, comme Sodexo, ont déjà pris le virage. « Nous nous sommes engagés à réduire de 50 % notre gaspillage alimentaire d’ici à 2025 », indique Erika Galland, responsable de projet au sein de l’équipe développement durable. Pour ce faire, le groupe a développé un outil, en partenariat avec l’entreprise américaine Leanpath, pour permettre à chaque site de peser toutes les denrées jetées. Une évaluation nécessaire avant de lancer un plan d’action.
« Lutter contre le gaspillage alimentaire est un enjeu social qu’on ne peut plus ignorer », rappelle Erika Galland. Mais c’est aussi désormais un vrai outil managérial pour le groupe. « Comment donner à nos salariés l’envie de se lever le matin si les légumes qu’ils ont mis des heures à éplucher et couper finissent à la poubelle ? », interroge-t-elle.
+ Infographie : …et des start-up en forte croissance <https://img.lemde.fr/2019/09/27/0/0/1068/1732/630/0/60/0/44c15f0_bdZALOihTZUwMAkCncgHhzzY.png>
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/29/alimentation-l-antigaspi-s-invite-a-table_6013519_3234.html>
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3- La loi alimentation n’a pas provoqué de forte inflation des prix, Le Monde, 01/10/19, 13h00
Laurence Girard et  Cécile Prudhomme

L’entrée en vigueur du texte encadrant les promotions a entraîné une valse des étiquettes dans les rayons des grandes surfaces. 
Un an après l’adoption de la loi agriculture et alimentation (EGalim), en octobre 2018, l’heure est au premier bilan. L’enjeu était de freiner la guerre des prix, en atténuant, par de nouvelles règles, les pressions tarifaires imposées aux fournisseurs, et permettre, par ricochet, de mieux rémunérer les agriculteurs. Le bilan reste somme toute très partiel, puisque les principales ordonnances ne sont entrées en vigueur que début 2019, notamment celle encadrant les promotions et celle majorant de 10 % le seuil de revente à perte (SRP), c’est-à-dire la limite de prix en dessous de laquelle un distributeur ne peut revendre un produit.
> Lire aussi  Prix, glyphosate… la loi alimentation déçoit agriculteurs et ONG
Les ordonnances, dont l’application a été limitée à une phase de test de deux ans, avaient à l’époque suscité une levée de boucliers de l’enseigne Leclerc, dénonçant les risques inflationnistes de telles mesures. Selon l’institut Nielsen, qui a scruté les rayons des distributeurs, entre juillet 2018 et juillet 2019, il n’en est rien. Dans une étude publiée mardi 1er octobre, il considère que l’inflation des produits de grande consommation, des rayons alimentaire, hygiène-beauté et entretien, a été globalement contenue à 0,3 %. Les produits frais, eux, ont augmenté de 1,2 %. Ce qui donne, selon Nielsen, un taux d’inflation général en magasin de 0,5 % sur cette période.
Négociations décisives
Cette apparente stabilité d’ensemble ne donne pas toutefois la mesure des mouvements qui ont agité les rayons. Sans surprise, les plus fortes hausses de prix, liées au relèvement du SRP, ont bousculé les marques phares des géants de l’agroalimentaire, comme Ricard, Nutella ou Coca-Cola. « La loi EGalim a eu un impact sensible sur nos ventes en France de Ricard, explique Alexandre Ricard, PDG du groupe. Le relèvement du SRP s’applique aussi sur les taxes, ce qui a conduit à des hausses de prix de quasiment 9,5 %. Pour le consommateur, le seuil des 20 euros la bouteille a été franchi et les volumes de vente ont baissé ». Emily Mayer, de la société d’études IRI, constate, pour sa part, que « lorsque l’augmentation du prix d’un produit a été supérieure à 4 % ou 5 %, il y a eu une dégradation des volumes ». 
La baisse des ventes est aussi notable sur des produits alimentaires qui bénéficiaient autrefois de fortes promotions dans les grandes surfaces. Aujourd’hui, elles ne peuvent pas excéder 34 % de leur valeur et 25 % du volume d’affaires annuel. Mme Mayer cite les eaux gazeuses et naturelles, les paquets de café torréfié et le champagne, dont les ventes ont reflué en raison des moindres rabais.
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A l’inverse, les promotions, qui se sont déplacées sur le bio, devenu un produit d’appel de la grande distribution, restent toujours aussi fortes sur les marques de distributeurs, qui regagnent des parts de marché. Une première depuis 2012 selon Nielsen. De même que sur les grandes marques d’hygiène-beauté et entretien, qui, elles, ne sont pas concernées par la loi EGalim et souffrent d’un report de la guerre des prix.
Négociations décisives
Dans leur rapport sur les relations entre les distributeurs et leurs fournisseurs, paru le 25 septembre, des députés préconisent d’élargir le champ d’application de la loi EGalim aux produits non alimentaires (hygiène, droguerie, beauté).
La période de négociation commerciale, qui s’ouvre jusqu’à fin février, sera décisive. Il y a un an, les enseignes avaient beaucoup communiqué sur les accords négociés avec les groupes laitiers. « Nous avons signé notre contrat avec Intermarché dès novembre et dans nos bureaux, pas dans un de leurs box de négociation », raconte Antoine Fievet, PDG du groupe fromager Bel, pour évoquer un certain changement d’ambiance.
Néanmoins, « les signatures de quelques accords emblématiques dans le secteur laitier ne pourront faire, à elles seules, des négociations un succès, a souligné le syndicat agricole FNSEA. Le bilan ne pourra être réalisé qu’après le 1er mars 2020 ». Soit après avoir intégré toutes les dispositions de la loi EGalim, dont l’inversion dans la construction des prix, certains textes ayant été publiés en avril. « Ce n’est donc pas le moment de rechanger toutes les règles, alors qu’elles ne sont pas encore toutes mises en œuvre », selon Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD).
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/01/la-loi-alimentation-n-a-pas-provoque-de-forte-inflation-des-prix_6013778_3234.html>
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4- Des Cambodgiens poursuivent le groupe Bolloré pour avoir détruit leur forêt sacrée, Le Monde, 01/10/19, 21h01
Patricia Jolly  

Quatre-vingts paysans Bunongs estiment avoir été spoliés de leur forêt ancestrale, remplacée par des plantations d’hévéas. Une audience a eu lieu mardi à Nanterre. 
Neuf paysans cambodgiens issus de la minorité autochtone des Bunongs ont parcouru près de 10 000 kilomètres, depuis leur province de Mondol Kiri, à l’est du pays, pour réclamer justice contre le groupe Bolloré devant… la 6e chambre civile du TGI de Nanterre (Hauts-de-Seine).
Mardi 1er octobre, flanqués de trois interprètes et de leur avocat du barreau de Paris, Me Fiodor Rilov, ces femmes et ces hommes, qui s’estiment spoliés de leurs terres, ont assisté en rangs serrés et en silence, à une audience dite de mise en état dans l’affaire qui les oppose, depuis 2015, au groupe de l’industriel breton, dont le siège se trouve dans le ressort du TGI.
« On ne parlera pas du fond, c’est-à-dire de qui a fait quoi », a pédagogiquement lancé en préambule la présidente, Cécile Brouzes, rappelant qu’il s’agissait là seulement d’une phase de la procédure contradictoire qui permet à chacune des parties, par l’intermédiaire de leurs avocats, de produire des pièces et d’échanger des conclusions afin que le dossier soit fin prêt pour un examen sur le fond, ultérieurement.
> Lire aussi  Des paysans cambodgiens assignent en justice en France le groupe Bolloré
Quelque 7 000 hectares de forêt accaparée
A l’été 2015, cinquante et un Bunongs – ils sont aujourd’hui quatre-vingts – ont assigné en justice la Socfin-KDC, joint-venture entre la holding Socfinasia, une société luxembourgeoise dont le groupe Bolloré est actionnaire à près de 39 %, et la Khao Chuly, une entreprise de construction cambodgienne, proche du pouvoir central.
Ces paysans accusent la Socfin-KDC de s’être accaparé illégalement, en 2008, avec l’aval du gouvernement cambodgien, quelque 7 000 hectares de forêt composant leur terre ancestrale pour y établir des plantations d’hévéas, arbres à caoutchouc. Les Bunongs réclament la reconnaissance de responsabilité du groupe Bolloré dans ce qu’ils estiment être une spoliation, la restitution de leurs terres ainsi que des dommages et intérêts.
Ils pratiquent une « agriculture itinérante de subsistance » et « une croyance animiste fondée sur la sacralisation des forêts », a expliqué Me Rilov, la veille de l’audience, lors d’une conférence de presse à son cabinet. Ses clients reprochent donc au groupe Bolloré une déforestation massive ayant abouti à leur déplacement, à la destruction de leur habitat naturel, de leurs moyens de subsistance, de leurs lieux de culte et à celle d’arbres centenaires, considérés comme des divinités.
« La compagnie n’a pas respecté nos droits »
« J’ai perdu ma terre à cause de l’investissement de Socfin, a poursuivi Sorng Prou, une des quatre-vingts plaignants, dans sa langue natale par le truchement d’un traducteur anglophone. La compagnie n’a pas respecté nos droits ni obtenu le consensus des villageois. Je veux récupérer ma terre et qu’on répare ce qui a été détruit. Avant, je vivais heureuse, mais depuis, on a perdu nos occupations traditionnelles, et on a peur quand on va dans la forêt. »
« Paris, c’est grand, la vie ici a l’air d’être meilleure, pourquoi Socfin est venue détruire nos vies ? », a interrogé Klang Phoul, un autre plaignant en fondant en larmes, comme terrassé par le choc des cultures.
Initialement prévue en février, l’audience avait été renvoyée au 1er octobre après le refus des services consulaires français d’accorder un visa à neuf plaignants, un représentant d’ONG et un avocat cambodgiens, tous désireux d’effectuer le déplacement. Me Fiodor Rilov avait plaidé avec succès la « violation », par l’administration française, du « droit à un procès équitable » et la nécessité de leur présence.
A l’audience de mardi, l’avocat des Bunongs a demandé à la juge d’ordonner la communication par le groupe Bolloré des baux, du registre du personnel, de la liste des dirigeants et des principaux clients et des contrats de Terres Rouges Consultant (TRC), une société dissoute en 2012 dont le siège se trouvait dans la tour Bolloré, à Puteaux (Hauts-de-Seine).
« Etablir la responsabilité civile délictuelle »
Selon lui, ces pièces permettront d’« établir la responsabilité civile délictuelle » de l’industriel breton, qu’il soupçonne d’être le « gestionnaire directe » et le « véritable décideur de ce qui s’est passé dans les plantations » par l’intermédiaire de la « structure-véhicule » qu’était TRC. Une mise en cause que réfute l’industriel en arguant qu’il n’est qu’un actionnaire minoritaire, avec près de 39 % des parts, dans la Socfin-KCD qui gère les affaires sur place.
Les avocats des sociétés assignées ont riposté en soulignant qu’ils réclament « depuis deux ans et demi » des documents établissant formellement « l’identité et les titres de propriété » de chacun des plaignants. Me Rilov s’est engagé à faire parvenir au TGI les « trente pièces d’identité manquantes » – qui sont en cours d’établissement, car ses clients n’en ont, pour la plupart, jamais eu – et les documents juridiques leur permettant de demander la restitution des terres.
Dans son jugement mis en délibéré au 8 novembre, la 6e chambre civile dira si elle fait droit aux demandes de communication des pièces réclamées aux sociétés mises en cause par les Bunongs, et si elle diligente une expertise sur les plantations pour évaluer le préjudice supposé. S’il obtient gain de cause, Me Rilov assure qu’il disposera alors des éléments permettant l’examen du dossier au fond par le TGI d’ici une année. En revanche, si la juridiction rejette ces demandes, comme le veulent les sociétés mises en cause, la procédure s’arrêtera définitivement.
Selon l’avocat des Bunongs, près de deux cents paysans camerounais se disant victimes de la Socapalm, une société spécialisée dans l’huile de palme détenue par le groupe Bolloré, seraient dans une situation identique à celle de ses clients cambodgiens, et ils pourraient demander à se joindre à la procédure.
> Lire aussi  Avec l’huile de palme, l’Afrique est rattrapée par la déforestation
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/01/des-cambodgiens-poursuivent-le-groupe-bollore-en-justice-pour-avoir-detruit-leur-foret-sacree_6013826_3244.html>
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5- Plus de 32.000 saumons s'échappent d'une ferme d'élevage au Chili, AFP, 02/10/19, 05:00

Plus de 32.000 saumons se sont échappés d'une ferme d'élevage dans le sud du Chili, et aucun d'entre eux n'a encore été récupéré, a annoncé mercredi le Service national de la pêche et de l'aquaculture (Sernapesca) dans un communiqué.
Les 32.485 poissons, destinés à l'exportation, se sont échappés lundi d'une cage de confinement où une fissure de deux mètres a été constatée par des employés de la société, Salmones Aysén, dans la région de Los Lagos. 
La ferme élève au total quelque 696.000 saumons "coho", d'un poids moyen de 3,1 kilos. Ce centre a reçu une certification de Sernapesca, en vertu de laquelle il n'utilise pas de produits antimicrobiens et antiparasitaires pendant la période d'engraissement. 
Avec une production de 631.000 tonnes, le Chili est le deuxième producteur de saumons au monde, derrière la Norvège. De nombreuses fermes d'élevage se sont implantées dans le sud du pays, et un grand nombre de poissons y sont traités aux antibiotiques.
Certaines de ces entreprises ont été sanctionnées pour des irrégularités dans l'utilisation des antibiotiques ou pour la fuite de saumons appartenant à des espèces invasives et prédatrices, pouvant altérer l'équilibre de la biodiversité marine.
<https://www.geo.fr/environnement/plus-de-32-000-saumons-sechappent-dune-ferme-delevage-au-chili-197855>
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6- Pesticides : conflits de voisinage et dialogue de sourds, AFP, 02/10/19, 11:00
Sandra Laffont avec les bureaux régionaux de l'AFP

Quand ses voisins viticulteurs pulvérisent, elle ferme les fenêtres et n'étend plus le linge dehors. "Dans ces moments-là, il suffit que je les regarde pour qu'ils se sentent agressés". Et un jour, l'agriculteur est sorti de ses gonds sur les réseaux sociaux.
Depuis Valérie (prénom modifié à sa demande) a saisi son avocat pour injures publiques. "On n'a pas le droit de se plaindre et on doit supporter parce que, vous comprenez, c'est leur métier", s'agace cette habitante du Beaujolais. 
Valérie assume être une farouche opposante aux pesticides et s'étonne de la façon dont les habitants subissent aux beaux jours des épandages fréquents sans protester. 
"Les gens qui s'interrogent sur ces produits sont surtout des néo-ruraux ou de nouveaux habitants du Beaujolais", analyse une autre famille du vignoble, qui a, elle aussi, requis l'anonymat.
Sa maison est à une vingtaine de mètres de la première parcelle. Et pour elle, la consultation publique qui vient de se terminer sur les distances de traitement ne changera rien. Cette consultation a recueilli pas moins de 50.000 avis que le gouvernement a promis de prendre en compte.
"Le problème, c'est le mode d’épandage : ils utilisent des espèces de canon oscillant à l'arrière des tracteurs qui pulvérisent sur une distance de 50 à 80 mètres". Du coup, la famille a dû déplacer son jardin pour être moins exposée. Et a lancé avec quelques autres habitants une association pour tenter de faire de la médiation.
"On demandait des choses simples : est-ce que vous pouvez envoyer un SMS avant de traiter ? Est-ce que vous pouvez pulvériser à l'atomiseur et pas au canon ?".
Mais très vite les viticulteurs ont claqué la porte de "Bien vivre ensemble en Beaujolais", association qui s'est constituée sur les communes de Marchampt et Quincié-en-Beaujolais.
Cette structure a quand même permis à chacun de s'exprimer, ce qui est déjà beaucoup.
"C'est vrai qu'on ne sait pas très bien communiquer. Mais c'est compliqué car on est souvent jugé avant même de traiter", remarque Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.
- Agressé sur son tracteur -
Ses troupes ont été particulièrement marquées par l'agression en mars d'un céréalier dans l'Ain voisin. Ce dernier était en train d'épandre de l'herbicide quand un riverain l'a agressé dans la cabine de son tracteur, lui assénant une dizaine de coups de poing au visage et le blessant à l'oreille.
L'agresseur a été condamné à six mois de prison avec sursis fin août à Bourg-en-Bresse. 
Mais depuis, l'agriculteur n'est plus serein. "Maintenant, même s'il n’y a que de l’eau dans le pulvérisateur, on est pointé du doigt. Même si ce sont des oligo-éléments ou des engrais qui sont épandus, les gens vont tout de suite penser que ce sont des pesticides ou bien sûr du glyphosate", expliquait Jérôme Arrambourg au quotidien régional Le Progrès, en marge du procès.
Le cœur est lourd dans les exploitations où on souffre de "l'agro-bashing", la critique incessante des pratiques agricoles. Beaucoup pointent l'urbanisation galopante qui a rapproché les habitations des champs. 
Certains dénoncent aussi les contradictions du grand public, qui veut profiter de la nature sans ses désagréments, rappelant les conflits autour des bruits de la campagne.
Et que dire de ce qu'a vécu un agriculteur de Loire-Atlantique, contacté par des voisins qui lui ont réclamé un épandage d'insecticide pour lutter contre une prolifération de punaises !
"On est en semis direct ; on préserve la biodiversité ; on favorise justement tous ces insectes, tous ces micro-organismes. Là, les voisins ont appelé parce qu'il y en avait de trop", s'étonne encore Fabien Denis, par ailleurs président des Jeunes agriculteurs des Pays-de-la-Loire.
Dans le Bordelais, où la question se pose de longue date, certains conflits ont accouché d'une réelle volonté de cohabitation. Comme à Parempuyre où un château viticole s'est engagé à se convertir au bio, après des mois de contestation d'un collectif de parents d'élèves contre le projet de reconstruction du collège voisin.
Et en Gironde, il n'est pas rare désormais que des viticulteurs préviennent le voisinage avant épandage.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/pesticides-conflits-de-voisinage-et-dialogue-de-sourds_137813>
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7- Elevage : le bio pour sortir de la crise ?, AFP, 02/10/19, 11:00
Isabel Malsang

Les porcelets s'ébrouent au soleil en sortant de l'eau. "Mon principal problème est de les protéger des coups de soleil" raconte Leo Girard, 26 ans, leur éleveur, qui rencontre un franc succès avec ses charcuteries, rôtis de bœuf et fromages de brebis, tous bio, tous produits à la ferme.
Pour lui, l'élevage biologique allait de soi dès son installation près de Valence dans la Drôme en 2013, ainsi que la transformation sur place et la vente directe à la ferme, sur les marchés ou dans des magasins de producteurs, pour garder la "valeur ajoutée" pour lui.
Cette solution est de plus en plus recherchée face à la crise traversée par les éleveurs qui n'arrivent pas à vendre leurs produits au-dessus de leur prix de revient à leurs interlocuteurs habituels, les coopératives ou les supermarchés. Le bio permet de mieux valoriser leurs produits.
Mais, avec quelque 800.000 euros d'investissement pour l'installation, dont environ 100.000 euros de subventions, pour 150 têtes d'agneaux, 30 vaches Aubrac, une cinquantaine de cochons et plusieurs bâtiments d'exploitation en bois, la ferme bio de Leo "dessine-moi une brebis" est aussi une grosse affaire financière pour un jeune homme de tout juste 26 ans.
D'autant que cette arche de Noé menée en biologique avec des techniques modernes, sans pesticides sur les cultures, les animaux nourris au foin bio quasi exclusivement, et des panneaux solaires pour réduire la consommation d'energie, nécessite six personnes à temps plein sur l'exploitation : quatre salariés, le jeune éleveur et un apprenti.
Pour équilibrer les rentrées financières, le jeune homme s'est lancé dans la culture d'ail bio sur cinq hectares, qui lui assurent un revenu équivalent à celui des fromages. 
"Aujourd'hui, nous avons de plus en plus de clients qui téléphonent pour réserver leurs charcuteries, fromages de brebis, yaourts, tommes, faisselles ou caissettes de viande venant de la ferme, car ils ont peur de ne pas pouvoir être servis sur le marché, dit Pascale, salariée pour la viande.
"Sur la bio, nous mettons beaucoup l'accent pour travailler en amont le projet economique avec les futurs agriculteurs" explique à l'AFP Jean-Christophe Robin, directeur agriculture au Credit Agricole, "car 70% des agriculteurs ne connaissent pas vraiment leurs coûts de production".
Balayant les espoirs bucoliques de retour à la campagne de jeunes urbains rêveurs, il affirme que "ceux qui réussissent en bio comme en conventionnel, sont ceux qui sont dans une logique entrepreneuriale".
En bio, "la technologie nous aide, on a des modèles mathématiques qui prédisent les maladies des plantes avec les prévisions météo, et pour desherber, on utilise des machines équipées de GPS et de caméras pour repérer les herbes au plus près" complète Julien Carle responsable agronomique d'un grossiste en légumes bio près d'Arras.
- "Pas opposer les modèles" -
Mais le choix du bio peut faire peur aussi, surtout à des agriculteurs déjà installés dans un type de production. 
"La transformation, c'est un autre métier que celui d'éleveur, cela occasionne des frais supplémentaires, des frais de structures, et c'est difficile avec les normes sanitaires de plus en plus draconiennes" explique Christine Vazeille, éleveuse de 70 vaches laitières en conventionnel en Haute-Loire, qu'elle a chouchoutées tout l'été pour leur éviter les affres de la canicule.
Pour Myriam Lolum, coordinatrice de Unabio, la filière qui centralise la mise en marché de l'union des éleveurs bio, "l'élevage bio n'est pas forcément une solution pour tout le monde".
"Ceux qui sont déjà au point techniquement parlant s'en sortiront bien sûr, mais la bio est une fausse bonne idée pour les éleveurs qui ont déjà des problèmes financiers ou techniques, ce n'est pas forcément le passage au bio qui les sauvera" affirme-t-elle, surtout s'ils n'ont pas de solution de commercialisation.
Pour Claude Cochonneau, qui préside les chambres d'agriculture, "il ne faut pas opposer les modèles" de conventionnel et de bio : "L'agriculture en général est engagée dans une transition comme il n'y a jamais eu dans notre pays" dit-il
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/elevage-le-bio-pour-sortir-de-la-crise_137818>
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8- Chlordécone : enquête préliminaire en Guadeloupe sur de présumés stocks enfouis sous un lycée, Le Monde avec AFP, 03/10/19, 00h32

Cette décision a été prise à la suite du témoignage de Joël Beaugendre, ancien député de Guadeloupe, qui a affirmé que des stocks de ce pesticide avaient été enfouis au Jardin d’Essai, abritant aujourd’hui un lycée, aux Abymes. 
Une enquête préliminaire a été ouverte après des révélations sur de présumés stocks enfouis de chlordécone, un pesticide dangereux, a indiqué, mercredi 2 octobre, le procureur de la République de Pointe-à-Pitre, confirmant une information de Guadeloupe la Première.
Cette décision a été prise à la suite du témoignage sous serment fait le 19 septembre de Joël Beaugendre, ancien député de Guadeloupe, aujourd’hui président de la communauté d’agglomération Grand Sud Caraïbe, devant la commission d’enquête parlementaire sur le sujet.
Il a affirmé que des stocks de chlordécone, dont la quantité demeure inconnue, avaient été enfouis au Jardin d’Essai, abritant aujourd’hui un lycée, aux Abymes.
> Lire notre reportage : Chlordécone : les Antilles empoisonnées pour des générations
Interdit aux Etats-Unis, dès les années 1960
Ce pesticide, utilisé pour lutter contre un charançon de la banane a été interdit aux Etats-Unis, dès les années 1960, car classé comme « cancérigène possible ». Aux Antilles, il a été épandu jusqu’en 1993 en vertu d’une dérogation gouvernementale.
L’enquête a été confiée à la gendarmerie et une nouvelle audition de Joël Beaugendre devrait avoir lieu « dans quelques semaines », selon le procureur Xavier Bonhomme.
La chlordécone est suspectée d’être à l’origine de cancers de la prostate, très nombreux aux Antilles, alors que 95 % des Guadeloupéens et 92 % des Martiniquais sont contaminés à la chlordécone, selon une enquête de Santé Publique France, publiée en 2018.
> Lire aussi  Affaire du chlordécone : « une honte d’Etat »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/03/chlordecone-enquete-preliminaire-en-guadeloupe-sur-de-presumes-stocks-enfouis-sous-un-lycee_6013995_3244.html>
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9- Tribune ; « Nous, scientifiques, appelons les maires à réduire la consommation de viande dans les cantines publiques », Le Monde, 04/10/19, 10h44 
Par Collectif*

Pour ce collectif, les maires « ont un rôle crucial à jouer dans la recherche de solutions innovantes tout en contribuant à maintenir un climat et une planète sûrs pour les générations futures »
Tribune. Le consensus scientifique concernant les impacts actuels et futurs sur notre climat et notre biodiversité appelle clairement à une transformation rapide de notre société à toutes les échelles et dans tous les secteurs, afin de maintenir un climat et une planète plus sûrs pour l’avenir de l’humanité.
Les dirigeants municipaux ont un rôle crucial à jouer dans la recherche de solutions innovantes améliorant le bien-être des citoyennes et citoyens tout en contribuant à maintenir un climat et une planète sûrs pour les générations futures. Une des solutions innovantes concerne les politiques alimentaires urbaines, qui offrent des options gagnant-gagnant pour améliorer la santé publique des citadins tout en contribuant à réduire dans une large mesure les émissions de gaz à effet de serre.
> Lire aussi  Repas végétariens dans les cantines : une loi à adopter
L’empreinte carbone de l’élevage est environ 10 à 100 fois supérieure à celle des aliments végétaux. Réduire la surconsommation issue de l’élevage réduirait donc considérablement les impacts environnementaux de la production alimentaire. Il a été récemment démontré qu’un sixième de l’empreinte carbone d’un régime alimentaire moyen en Europe est dû aux émissions causées par la déforestation de zones tropicales. La consommation de viande et de produits laitiers nécessite de produire une alimentation animale importante, souvent elle-même produite à partir de terres cultivées s’étendant sur des superficies récemment déboisées.
Une alimentation saine
Alors que la faim et la sous-nutrition demeurent des enjeux mondiaux cruciaux, la malnutrition augmente : changer les régimes alimentaires actuels par des régimes alimentaires plus sains pourrait permettre d’éviter environ 10 millions de décès par an (10,8 millions à 11,6 millions de décès par an, soit une réduction de 19 à 23.6 %).
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La recherche démontre qu’il n’est pas nécessaire que l’ensemble de l’humanité devienne végétarien ou végétalien pour avoir un impact significatif sur le changement climatique et la sécurité alimentaire : une transition vers une alimentation saine à l’échelle mondiale réduirait considérablement les impacts environnementaux négatifs de la production alimentaire et serait également bénéfique pour la santé humaine.
Partout dans le monde des dirigeants municipaux vont de l’avant avec d’ambitieuses politiques alimentaires en milieu urbain.
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Le maire de la ville de New York, Bill de Blasio, et le président du Brooklyn Borough, Eric Adams, ont récemment annoncé que les 1 700 écoles publiques de New York serviront des repas sans viande tous les lundis : plus de 1,1 million d’étudiants auront ainsi un repas végétarien chaque semaine.
Deux repas sans viande ni poisson à l’école
A Lille, en France, le menu de l’école propose chaque semaine deux repas sans viande ni poisson dans les écoles publiques. Lille sert environ 14 000 repas par jour en milieu scolaire. La ville de Lille avait déjà mis en place un menu végétarien par semaine dans ses cantines depuis 2014.
Au Mexique, le programme « Come Consciente » de Veracruz lancé en avril 2018 exige que toutes les écoles de l’Etat de Veracruz (le deuxième plus grand Etat du Mexique) servent des repas majoritairement à base de fruits et légumes tous les lundis.
> Lire aussi  L’appel des 500 pour un « lundi vert » : « Nous nous engageons à remplacer la viande et le poisson chaque lundi »
Dans les prochains jours, des centaines de villes participeront à la conférence annuelle du Pacte de Milan sur la politique alimentaire et urbaine, à Montpellier, en France, ainsi qu’à la conférence annuelle du C40 à Copenhague, au Danemark.
Pour assurer un avenir sain à la fois pour les citoyens et pour la planète, nous, scientifiques travaillant pour le bien commun, demandons aux maires de réduire la consommation de viande dans les cantines publiques tout en augmentant les repas majoritairement à base de fruits et légumes.
(Traduction non officielle faite par Greeenpeace Canada. La version originale en anglais est ici : www.scientists4lessmeat.org)
*Les signataires de cette tribune sont : Bojana Bajželj, chercheuse en systèmes alimentaires et utilisation des sols, université suédoise des sciences agricoles (Suède) ; Andrew Balmford, professeur, science de la conservation, département de zoologie, université de Cambridge (Royaume-Uni) ; Sébastien Barot, directeur de recherche en écologie intégrative, Institut de recherche pour le développement ; Priska Baur, enseignante-chercheuse en agronomie, Institut de l’environnement et des ressources naturelles de la Haute Ecole zurichoise des sciences appliquées (Suisse) ; Laurent Bègue, professeur en psychologie sociale, université de Grenoble Alpes/CNRS ; Elena Bennet, professeure, département des sciences des ressources naturelles, université McGill (Canada) ; Tim Benton, professeur en écologie des populations, université de Leeds (Royaume-Uni) ; Mike Berners-Lee, professeur, spécialiste du changement climatique et de l’empreinte carbone, université de Lancaster (Royaume-Uni) ; Alberto Bernués, chercheur en analyse des systèmes agricoles, Centre de recherche et technologie Agrifood (Espagne) ; Gilles Billen, directeur de recherche en agriculture biologique, CNRS/université de la Sorbonne ; Peter Birch Sørensen, professeur en économie, université de Copenhague (Danemark) ; Alberte Bondeau, chercheuse, Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale, Aix-Marseille université, CNRS ; Gilles Brunschwig, professeur en relations internationales, VetAgroSup ; Sophie Caillon, chercheuse, ethnobiologiste et géographe, CNRS ; Roland Cash, chercheur en économie de la santé, Asclépiades ; Isabelle Champion, chercheuse en environnement et agronomie, UMR Interactions sol plante atmosphère, INRA ; Yves Chilliard, directeur de recherche en nutrition et agroalimentaire, INRA ; Wolfgang Cramer, professeur en écologie globale, Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale, Aix-Marseille université, CNRS, France ; Maria Cruz Diaz Barradas, professeure en écologie et changement climatique, université de Séville (Espagne) ; Emilie Dardenne, chercheuse en études animales, université Rennes-2 ; Miguel Delibes, professeur en sciences biologiques, Station biologique de Doñana (CSIC) (Espagne) ; Marion Desquilbet, chercheuse en économie, Ecole d’économie de Toulouse et INRA ; Sophie Devienne, professeure, UFR agriculture comparée et développement agricole, AgroParisTech ; Julio Díaz, chercheur en épidémiologie, Carlos-III Institut de santé (Espagne) ; Rodolfo Dirzo, professeur en biologie, université de Stanford (Etats-Unis) ; Marc Dufumier, professeur émérite AgroParisTech ; Michel Duru, directeur de recherche, UMR AGIR « Agroécologie, Innovations & Territoires », Inra ; Jan P. Ehlers, professeur en santé, université de Witten/Herdecke (Allemagne) ; Laure Emperaire, chercheuse en ethnobotanique, Institut de recherche pour le développement ; Eve Fouilleux, directrice de recherche en sciences politiques, CNRS – université Paris-Est ; Tara Garnett, chercheuse en agronomie, université d’Oxford (Royaume-Uni) ; Rosemary Green, professeure en nutrition, Ecole d’hygiène et de médecine tropicale de Londres (Royaume-Uni) ; Marta Guadalupe Rivera-Ferre, chercheuse en analyse des systèmes agroalimentaires, université Vic-Central de Catalogne (Espagne) ; Helen Harwatt, chercheuse en systèmes alimentaires et changement climatique, faculté de droit de Harvard (Royaume-Uni) ; Matthew Hayek, professeur en études environnementales, université de New York (Etats-Unis) ; Hans R. Herren, chercheur en agronomie, biovision (Suisse) ; Vincent Hilomen, professeur en biodiversité marine, université des Philippines Los Baños ; Elise Huchard, chercheuse en évolution des systèmes sociaux et accouplement des mammifères, Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, CNRS ; Hans-Peter Hutter, professeur et directeur adjoint du centre de médecine environnementale de l’université de médecine de Vienne (Autriche) ; Frédéric Joly, chercheur en agriculture, INRA ; Frédéric Le Manach, directeur scientifique de l’association Bloom ; Benoît Leroux, chercheur en sociologie des agricultures, université de Poitiers – Gresco ; Jens Lund, professeur en écologie politique, université de Copenhague (Danemark) ; Jennie Macdiarmid, professeure en nutrition, université d’Aberdeen (Royaume-Uni) ; Raphaël Manlay, enseignant-chercheur, groupe de formation et de recherche « gestion environnementale des écosystèmes et forêts tropicales » d’AgroParisTech ; Marie-Claude Marsolier-Kergoat, chercheuse en biotechnologie, CEA/Muséum national d’histoire naturelle ; Sandrine Mathy, directrice de recherche en économie de l’environnement et de l’énergie, CNRS ; Adrian Müller, chercheur en politique agricole et alimentaire/changement climatique, Institut de recherche sur l’agriculture biologique (Suisse) ; Lucie Nayak, chercheuse en épidémiologie et santé des populations, Inserm ; Mercedes Pardo-Buendía, professeur en sociologie de l’environnement, université Carlos-III de Madrid (Espagne) ; Jared Piazza, chercheur en psychologie, université de Lancaster (Royaume-Uni) ; Joseph Poore, chercheur en régénération des sols, université d’Oxford (Royaume-Uni) ; Prajal Pradhan, chercheur en impact climatique et vulnérabilités, Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) (Allemagne) ; William Ripple, professeur en écologie, université d’état de l’Oregon (Etats-Unis) ; Elin Röös, chercheur, département énergie et écologie de l’université suédoise des sciences agricoles (Suède) ; Antonio Ruiz de Elvira, professeur en urbanisme, université d’Alcalá (Espagne) ; Pete Smith, professeur spécialisé en pédologie, Institut de sciences biologiques et environnementales de l’université d’Aberdeen (Ecosse, Royaume-Uni) et directeur scientifique du Centre écossais d’expertise sur les changements climatiques ; Marco Springmann, chercheur en santé des populations, université d’Oxford (Royaume-Uni) ; David Suzuki, professeur émérite en génétique, université de Colombie-Britannique (Canada) ; Nicolas Treich, enseignant-chercheur en économie du bien-être animal, Ecole d’économie de Toulouse et INRA ; Fernando Valladares, professeur en sciences biologiques, Conseil supérieur de la recherche scientifique (Espagne) ; Isabelle Veissier, chercheuse en physiologie animale et système d’élevage, INRA ; Jérémy Vendé, chercheur, responsable de l’unité exécutive Management, nature et société, AgroParisTech, France ; Paul West, chercheur, Institut de l’environnement, université du Minnesota, (Etats-Unis) ; Stephen Whybrow, chercheur en alimentation durable, université d’Aberdeen (Royaume-Uni).
> Lire aussi  La société face au « paradoxe de la viande »
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/04/nous-scientifiques-appelons-les-maires-a-reduire-la-consommation-de-viande-dans-les-cantines-publiques_6014172_3232.html>
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10- Les pêcheurs de la côte d’Opale en colère contre la prolifération des phoques, M le Mag, 04/10/19, 14h52
Laurie Moniez  (Lille, correspondance)

Les professionnels tempêtent contre la prolifération du mammifère marin. Ils l’accusent de piller les réserves de poissons et vont jusqu’à le tuer. 
Ce dimanche 15 septembre au matin, des dizaines de badauds assistent au sauvetage d’un bébé phoque sur la plage de Malo-les-Bains, à Dunkerque. L’animal, affaibli, sans doute piégé par la marée haute de la nuit, n’a pas pu rejoindre l’eau à temps. Échoué sur cette grande étendue de sable fin, il saigne au niveau de la bouche. Quelques heures auparavant, des témoins ont tenté d’arrêter un pêcheur à pied en train de lui asséner des coups de bottes dans la tête. Recueilli par la Ligue de protection des animaux (LPA) du Calaisis, le veau marin âgé de trois mois meurt six jours plus tard.
Gabrielle Paillot, militante, soutien de la LPA, met alors en ligne une pétition pour réclamer « l’application stricte de l’article 521-1 du code pénal à l’encontre du pêcheur qui a assassiné ce pauvre bébé phoque ». En moins de quinze jours, elle a déjà recueilli plus de 95 000 signatures. La LPA du Calaisis et Sea Shepherd ont déposé une plainte commune pour atteinte à une espèce protégée. Le suspect, identifié par la police, risque trois ans de prison et 150 000 euros d’amende. « L’enquête est en cours au commissariat de Dunkerque, confie le procureur Sébastien Piève. Des témoins ont été entendus, nous en sommes au stade de l’identification. »
750 tonnes de poissons englouties
En Manche nord-est, le long de la côte de Dunkerque jusqu’à la baie de Somme, la population du phocidé n’a cessé de croître ces dix dernières années, au grand dam des pêcheurs qui l’accusent d’engloutir soles, plies et flets. Selon le rapport Éco-phoques, étude scientifique financée par la région Hauts-de-France et le parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale, le nombre maximal de ce mammifère recensé de la baie de Somme à Dunkerque a été de 709 phoques veaux marins (présents depuis plusieurs décennies) en juillet 2017, et 402 phoques gris (arrivés plus récemment et dont les effectifs ont augmenté exponentiellement depuis une décennie) en juillet 2016. Des chiffres en hausse régulière, même s’ils restent stables depuis 2015 dans certaines colonies précise le rapport.
> Lire aussi  Le phoque gris, touriste dans la « cantine » de la mer d’Iroise
L’animal a boosté le tourisme local. Mais les pêcheurs sont à bout de nerfs. « Deux pans de notre économie sont en train de tomber : la pêche professionnelle et la pêche de loisir, explique Fabrice Gosselin, président du comité anti-phoques et des pêcheurs à pied. Les phoques et les cormorans ont vidé les stocks de poissons. » Selon ce farouche opposant à la prolifération de la bête, l’activité des pêcheurs est en train de mourir à cause des quantités de poissons avalées par les veaux marins.
> Lire aussi  La Suède envisage de rétablir la chasse aux phoques
En 2017, ils auraient ainsi mangé 750 tonnes de poissons dans la baie de Somme et la baie d’Authie selon le rapport éco-phoques. « Il y avait un gisement de 400 tonnes de soles au large de la baie de Somme et tout a disparu », dénonce Fabrice Gosselin. À 63 ans, ce pêcheur à pied et à la canne de Boulogne-sur-Mer, devenu porte-parole d’une profession excédée, demande donc un plan de régulation pour faire face à ce qu’il qualifie de « catastrophe écologique ». Tout en condamnant l’individu accusé d’avoir frappé le bébé phoque, il demande aux politiques d’entendre leur colère. « Nicolas Hulot, quand il était ministre, n’a même pas daigné nous répondre, dit-il en pointant ce qu’il nomme « l’écologie dogmatique ». Il y avait une commission phoques qui a été enterrée. Le bien-être animal doit valoir aussi pour les poissons ! »
Bêtes décapitées
De son côté, la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali, répète inlassablement que si les phoques sont présents, c’est que l’écosystème est capable de les soutenir. « C’est un discours d’une ignorance accablante de la part des pêcheurs, estime-t-elle. Il n’y a pas de surpopulation, les prédateurs se reproduisent lentement en fonction des proies disponibles. » Au lieu de désigner l’animal comme bouc émissaire, elle invite à regarder les conséquences de la pêche industrielle sur les stocks de poissons. Le port de Boulogne-sur-Mer, premier de France en tonnage, débarque 32 000 tonnes de poissons par an. « Plutôt que de parler d’un plan de régulation des phoques, parlons de la régulation de la pêche », rétorque l’écologiste.
Comme avec le loup dans les Pyrénées, les phoques divisent sur la Côte d’Opale. Et les cas de massacres se multiplient. « Il y a une recrudescence de ce type d’atteintes à cette espèce pourtant protégée », constate l’avocat de Sea Shepherd, Lucas Vincent, listant les différents cas recensés ces derniers mois. En janvier prochain, il ira plaider au TGI de Quimper. En février, deux phoques avaient été découverts décapités à Concarneau.
> Lire aussi  Pas-de-Calais : Sea Sheperd propose 10 000 euros pour faire avancer l’enquête sur trois phoques tués
L’ONG avait proposé 10 000 euros à toute personne permettant d’identifier le ou les coupables. Un témoin a contacté les gendarmes, réclamé la somme, et révélé l’identité du pêcheur qui s’était vanté d’avoir tranché la tête d’un phoque attrapé dans les filets d’un bateau. Le propriétaire du navire sera lui aussi convoqué au TGI. « On espère des peines exemplaires », indique l’avocat de Sea Shepherd.
<https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/04/les-pecheurs-de-la-cote-d-opale-disent-phoques-off_6014236_4500055.html>
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11- Incendies en Indonésie : l'huile de palme sur le gril, AFP, 04/10/19, 15:00
Catherine Lai

Le nuage de fumée toxique provoqué par de vastes feux de forêts qui a étouffé ces dernières semaines une partie de l'Asie du Sud-Est se dissipe enfin, mais les ONG demandent des comptes aux plantations d'huile de palme, les accusant de ne pas tenir leurs promesses.
Les multiples incendies ont répandu un brouillard toxique jusqu'en Malaisie et à Singapour en septembre, provoquant la fermeture de milliers d'écoles, de plusieurs aéroports et de nombreux cas de maladies respiratoires.
Ces feux, le plus souvent déclenchés pour nettoyer des forêts défrichées ou préparer des parcelles pour l'agriculture, sont les pires depuis les incendies dévastateurs de 2015.
Les principales entreprises du secteur se sont engagées ces dernières années à ne plus couper de forêt primaire, à ne plus utiliser les feux pour nettoyer les parcelles défrichées et à rompre les liens avec les petits exploitants qui ne suivent pas les règles. Mais des associations mettent en cause leur crédibilité.
"Elle ne tiennent pas leurs promesses et ne réagissent pas au fait que nous vivons actuellement une crise climatique", note Annisa Rahmawati, en charge des campagnes sur la forêt chez Greenpeace pour l'AFP.
- Des efforts -
Les grands groupes assurent qu'ils ont fait des efforts.
Wilmar, le géant singapourien du négoce d'huile de palme s'est engagé en 2013 contre la déforestation et assure qu'il a coupé les liens avec 17 fournisseurs qui n'appliquaient pas leurs règles.
Le premier groupe indonésien du secteur, Sinar Mas, assure de son côté que ses plantations ne gagnent plus désormais en surface et qu'il travaille sur l'amélioration du rendement. 
L'huile de palme, cultivée dans de vastes plantations et qui est largement utilisée dans l'industrie, des cosmétiques aux biscuits, est accusée par les défenseurs de l'environnement de provoquer une déforestation massive.
Les fabricants de produits de grande consommation font désormais plus attention à la provenance de l'huile de palme et des autres matières premières.
De grandes marques comme Nestlé ou Unilever se sont engagées en 2010 à atteindre l'objectif de zéro déforestation en une décennie avec une approche "responsable" pour choisir leurs fournisseurs de viande, huile de palme et soja, entre autres.
- Coupables introuvables -
Mais cette année les feux ont repris de plus belle en Indonésie, où ils apparaissent comme un moyen bon marché pour préparer des surfaces agricoles pendant la saison sèche.
Les experts soulignent qu'il est difficile désigner les responsables des incendies qui ont dévasté l'île de Sumatra et la partie indonésienne de Bornéo, où cohabitent une myriade de compagnies de tailles différentes et beaucoup de petits exploitants.
Les grandes sociétés insistent qu'elles n'ont pas recours aux feux et accusent les petits paysans de démarrer des incendies qui ensuite touchent leurs plantations.
Si les autorités indonésiennes arrêtent des suspects, dans de nombreux cas, il est difficile de prouver qui a déclenché les feux, et qui a donné les ordres.
Et les grands groupes qui se sont engagés à ne pas se fournir auprès des petits acteurs qui violent les règles sont aussi accusés de ne pas surveiller leur chaîne d'approvisionnement suffisamment.
"Le plus grand défi est le manque de traçabilité dans l'industrie sur l'origine des fruits", souligne Nur Maliki Arifiandi, de l'organisation WWF Indonésie.
Les certifications existantes pour "l'huile de palme durable" ou ne font pas l'objet d'un contrôle indépendant.
"Cela a permis à la déforestation de continuer, souvent à cause de petits exploitants, des spéculateurs sur les terres et de riches entrepreneurs qui utilisent des zones de forêts pour planter des plantations d'huile de palme illégales". 
Certains observateurs soulignent toutefois que les efforts des grands groupes ont été bénéfiques et les statistiques montrent que le rythme de la déforestation a baissé ces dernières années en Indonésie. 
Pourtant dans un rapport récent, Greenpeace souligne que les producteurs d'huile de palme incriminés dans les incendies ont reçus très peu de sanctions entre 2015 et 2018.
Fin 2018 Wilmar, Unilever et Mondelez ont mis en place un système de surveillance du secteur de l'huile de palme. Mais Greenpeace s'est retiré du projet le mois dernier, estimant qu'il n'était pas appliqué sérieusement.
<https://information.tv5monde.com/info/incendies-en-indonesie-l-huile-de-palme-sur-le-gril-325063>
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12- Pesticides : les viticulteurs bourguignons "très inquiets" du projet d'arrêté, AFP, 04/10/19, 15:00

Au dernier jour de la consultation publique sur les distances minimales entre habitations et zones d'épandage de pesticides, les viticulteurs bourguignons se disent vendredi "très inquiets et très mobilisés" contre un projet d'arrêté "aux conséquences économiques lourdes".
Dans l'hypothèse d'une distance de 10 mètres, "pour la Bourgogne, ce sont 1.000 hectares qui sautent si ce n'est plus possible de traiter", sur 30.000 hectares au total, a indiqué à l'AFP Thiébault Huber, président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB).
Ces vignes situées à proximité des habitations sont "souvent des premiers crus et des grands crus", représentent "une valeur foncière d'un milliard d'euros" et génèrent "un chiffre d'affaires annuel de 40 millions d'euros", a ajouté le vigneron de Meursault.
"Loin de nous l'idée de traiter avec n'importe quel produit près des riverains" qui se trouvent être, le plus souvent, "nous-même, nos enfants, nos amis", a-t-il ajouté, craignant que l'arrêté ne prohibe jusqu'à l'utilisation du cuivre dans une région soumise à "une pression de maladie importante".
La filière viticole en Bourgogne a adopté en 2017 une charte -non contraignante- pour "interdire l'utilisation d'herbicides et des produits les plus toxiques et avoir un matériel respectueux des voisins", a encore rappelé M. Huber, selon lequel "il faut retrouver du bon sens paysan".
La CAVB organise lundi une rencontre avec les parlementaires bourguignons sur le sujet, selon son président, qui indique aussi se rendre mercredi à Paris au cabinet du Premier ministre.
La consultation publique sur les distances minimales entre habitations et zones d'épandage de pesticides, qui devait à l'origine prendre fin mardi, a été prolongée jusqu'à vendredi.
Le gouvernement avait lancé début septembre cette consultation sur un projet d'arrêté jugé minimaliste par les écologistes, qui prévoit de fixer à cinq ou dix mètres, selon les cultures, la distance minimale entre les habitations et les zones de pulvérisation des produits phytosanitaires chimiques.
La ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne a assuré mardi que le gouvernement tiendrait compte de cette consultation pour les textes qui doivent être publiés avant leur entrée en vigueur au 1er janvier, sauf dans les zones où une charte départementale aura été signée.
<https://information.tv5monde.com/info/pesticides-les-viticulteurs-bourguignons-tres-inquiets-du-projet-d-arrete-325062>
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13- "Veut-on encore des paysans ?" Les éleveurs dubitatifs devant Macron, AFP, 04/10/19, 18:00
Céline Castella et Isabel Malsang

Christelle Proust, éleveuse de Limousines dans la Creuse, a été "surprise" de voir débarquer Emmanuel Macron au milieu des vaches, vendredi matin au Sommet de l’Élevage, comme beaucoup des milliers d'éleveurs présents à Cournon d'Auvergne, près de Clermont-Ferrand.
Dans les allées de l'immense exposition agricole, l'une des plus importantes du genre en Europe, beaucoup se demandent : "Veut-on encore des paysans en France ?".
"Attention à ne pas détruite l'agriculture française !", lui a lancé dès son arrivée Nicolas Merle, président des Jeunes Agriculteurs en Rhöne-Alpes Auvergne, pour lequel "les agriculteurs veulent bien s'adapter mais pas du jour au lendemain".
Christophe Fontes, venu de Castres, "a le moral à zéro et n'attend pas grand chose" de la visite présidentielle.
Pêle-mêle, au passage du président, les éleveurs déballent leurs problèmes : sécheresse, prix trop bas des produits, charges sociales et environnementales trop élevées, retraites trop basses, concurrence faussée.
"Le moral est à zéro avec le Ceta (l'accord de libre-échange signé entre l'Union européenne et le Canada, NDLR). On doit se débrouiller nous-mêmes, on ne compte pas sur le président. Il faudrait augmenter le prix de la viande de 50 centimes à un euro le kilo pour qu'on s'en sorte", estime M. Fontes qui élève des Blondes d'Aquitaine, la race à l'honneur cette année au salon.
"Mon fils a 20 ans, il veut être agriculteur mais ça fait peur, notre niveau de vie baisse, les charges augmentent", souligne Christelle. "Les Parisiens nous disent que le prix de la viande augmente, mais pour nous il baisse, alors il y en a bien qui font des marges".
Certains invectivent le président au passage "On vit en dessous du seuil de pauvreté monsieur Macron, c'est honteux !" lui lance l'un d'eux tandis qu'il enchaîne les selfies avec d'autres et prend le temps de répondre à chacun.
A Cournon, même les plus libéraux des éleveurs, favorables au commerce international, se sentent piégés par la mondialisation, qu'ils nomment "distorsion de concurrence". La sécheresse de l'été s'ajoute aux attaques des ONG sur leurs pratiques (utilisation de produits phytosanitaires, d'eau, bien-être animal).
"J'ai l'impression d'être le premier délinquant de France alors que mon métier c'est de produire à manger", se désole Nicolas Maupu qui a prévu de s'installer comme agriculteur et est venu faire part au président de son hésitation entre le Bio ou le conventionnel.
- Vaches évacuées d'urgence -
Avec l'accord commercial Ceta, ils redoutent également de voir arriver en France des milliers de tonnes de viande canadienne, issue de bétail et de cultures bénéficiant de produits interdits dans l'UE, comme l'atrazine ou les insecticides néonicotinoïdes, ou nourries aux farines animales, indique Patrick Benezit du syndicat majoritaire FNSEA.
Delphine Freyssinier, éleveuse de vaches Salers dans les Monts du Cantal, ne sait même pas comment elle va payer le foin qu'elle devra acheter pour ses animaux cet hiver. "Soit un emprunt à court terme, soit je vends des vaches" dit-elle.
Isabelle et Anais Falvet, mère et fille associées dans une exploitation lait et viande dans le Cantal, ont pu parler au président qui a multiplié les signes d'affection et les clins d'œil à l'adresse des éleveurs : assister au concours national de la race Salers, porter le badge "j'aime les blondes" offert par le syndicat de la race Blonde d'Aquitaine.
"Il faut qu'on arrive à vendre nos produits et c'est de plus en plus compliqué", dit Anaïs, 23 ans, sans se laisser distraire.
Pour faire pression sur les pouvoirs publics, la FNSEA a présenté jeudi au salon un agenda "d'actions" culminant mi-novembre avec un grand rassemblement à Strasbourg, et comportant notamment des blocages et des opérations escargot le 8 octobre sur les routes de "toute la France".
Dans les bousculades qui ont entouré la visite présidentielle, des vaches ont dû être évacuées d'urgence, l'une d'elles s'étant blessée au passage de la foule.
Mélanie Capdevielle, 20 ans, n'est pas dupe : "Macron se sent obligé d'être là, il faut qu'il soit au Sommet. Mais on le voit, c'est néfaste, ça perturbe les animaux et sa venue ne va pas faire bouger les choses au final".
<https://information.tv5monde.com/info/veut-encore-des-paysans-les-eleveurs-dubitatifs-devant-macron-324956>
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14- Désolation et inquiétude chez les apiculteurs italiens, AFP, 04/10/19, 23:00
Céline Cornu avec Charlène Pelé

Cela a été la récolte la plus difficile de ma vie", avec un problème "dramatique" : "des quantités dérisoires de miel qui ne suffisaient même pas à la survie des abeilles", raconte, les larmes aux yeux, Riccardo Polide, un apiculteur italien de 52 ans.
Comme nombre de ses collègues, le quinquagénaire, dont l'entreprise familiale est basée à Mondovi dans le Piémont (nord), a dû les nourrir pour qu'elles ne meurent pas.
Pourtant, "au printemps, la saison avait plutôt bien commencé, raconte-t-il à l'AFP, mais il y a eu un soudain retour du froid qui a gravement affecté les floraisons, en particulier de l'acacia".
Conséquence : le peu de nectar que les abeilles réussissaient à recueillir n'était même pas suffisant pour elles.
En pleine floraison, l'apiculteur a donc été paradoxalement contraint d'administrer à ses colonies des sirops sucrés à base de fructose, spécifiquement étudiés pour les abeilles, afin de les maintenir en vie.
Même expérience douloureuse pour Lidia Agnello, qui voyait ses abeilles "mourir de faim".
Pour tenter d'améliorer la situation, elle et son mari, installés à Demonte, non loin du parc du Mercantour, ont "déplacé les ruches, en suivant la floraison", mais sans succès: comme pour M. Polide, leur récolte de miel d'acacia a été nulle.
- Coûts supérieurs aux recettes -
"C'est la désolation", confie à l'AFP son époux Maurizio Biancotto, dans leur atelier quasi vide, installé au sous-sol de leur maison à la vue imprenable sur les montagnes.
Les trois producteurs ont pu récolter du miel de châtaignier et de haute montagne, et aussi, pour Riccardo, du "mille fleurs". Mais rien de bien important : la floraison du châtaignier, affectée par les fortes chaleurs, n'a duré que quelques jours, au lieu de deux à trois semaines.
Tous miels confondus, la production de M. Polide a été inférieure à 10 kilos par ruche, contre quelque 60 habituellement.
"La valeur de notre production est inférieure à la valeur de la nourriture que nous avons dû administrer", souligne l'apiculteur, qui a dû également nourrir les colonies en septembre pour qu'elles puissent tenir l'hiver.
"On peut supporter cela une saison, mais si des saisons aussi difficiles se succèdent, cela met en péril l'entreprise", note-t-il.
Lui survit grâce à l'élevage et la vente de reines. Mais, souligne-t-il, "les reines servent seulement aux apiculteurs": donc "si le secteur est vraiment en crise, il est évident qu'elles ne serviront plus à personne..."
Pour Lidia et son mari, qui ont tous deux des emplois à mi-temps à côté, "couvrir les dépenses sera difficile" cette année, "la pire" de leur carrière d'apiculteurs.
L'association dont Lidia est présidente, Aspromiele, a demandé la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle afin que les apiculteurs bénéficient d'aides, comme un moratoire sur le remboursement des prêts.
"Cela permettrait pour ceux ayant des difficultés de respirer un peu en espérant que ça aille mieux l'année prochaine...", dit-elle. Mais elle n'est guère optimiste.
- Invasion de miel chinois -
Technicien expert pour Aspromiele, Samuele Colotta confirme la "préoccupation" des apiculteurs en raison de "la répétition des récoltes défavorables depuis sept ans".
L'une des principales raisons est le changement climatique, qui affecte tant les abeilles que les plantes.
Les hivers sont plus doux et plus courts qu'autrefois, et après un début de printemps aux températures élevées, il y a eu cette année comme en 2017 un retour du froid. Les précipitations subites ou prolongées font aussi des dégâts.
"Habituée depuis des millénaires à avoir un cycle de vie annuel, la plante, quand le climat change, avec des évolutions thermiques, des précipitations exceptionnelles, est en difficulté : elle ne peut donner le pollen et le nectar de façon optimale", explique-t-il.
M. Colotta évoque aussi l'impact de la hausse du dioxyde de carbone dans l'atmosphère sur la production du nectar, et celui des pesticides (insecticides, herbicides...) qui empoisonnent les abeilles quand elles butinent et peuvent décimer des colonies.
Outre ces aléas climatiques et environnementaux, Mme Agnello pointe du doigt "les prix bas offerts aux producteurs, qui ne couvrent pas les coûts", et ce malgré la faiblesse de la production et sa qualité. La cause : l'importation massive de miels étrangers, notamment chinois, et les mélanges faits sans que le consommateur en ait conscience.
Malgré les difficultés, pas question pourtant d'abandonner : "c'est une passion", un "travail magnifique", souligne Riccardo, qui demande à l'Europe une vraie protection du secteur, notamment via un étiquetage précis des pots.
<https://information.tv5monde.com/info/desolation-et-inquietude-chez-les-apiculteurs-italiens-324984>
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15- Chronique. « A Lacapelle-Viescamp, dans le Cantal, deux visions irréconciliables de la ruralité se télescopent », Le Monde, 05/10/19, 13h03
Frédéric Potet

Frédéric Potet, journaliste au « Monde », revient, dans sa chronique, sur le conflit opposant un agriculteur à un couple de retraités à propos des effluves dégagées par ses bottes de foin.
Chronique. « On devrait construire les villes à la campagne, car l’air y est plus pur. » Cette formule d’Alphonse Allais – également attribuée au dramaturge oublié Jean-Louis-Auguste Commerson – n’a jamais fait autant sens qu’aujourd’hui, en dépit de son absurdité.
Le monde rural serait-il devenu « trop rural » aux yeux et oreilles d’un certain nombre de nos concitoyens, souvent des nouveaux arrivants, qui se hâtent dans les tribunaux pour dénoncer des nuisances propres à la vie des villages ? C’est ici le chant d’un coq que l’on assigne. Là, les cloches d’une église qui font l’objet d’un recours. Ailleurs, les odeurs d’un élevage porcin qui viennent encombrer les armoires des magistrats.
> Lire aussi  Sur l’île d’Oléron, la justice autorise le coq Maurice à continuer de chanter
L’une des affaires emblématiques en la matière pourrait prendre fin prochainement, après plus de dix ans de procédures. Elle oppose, à Lacapelle-Viescamp (Cantal), un éleveur bovin Nicolas Bardy, 39 ans, à ses voisins retraités, Lucien et Annie L. (qui ne souhaitent pas voir leur nom apparaître). Leur différend a épuisé plusieurs médiateurs et mobilisé trois juridictions : le tribunal correctionnel d’Aurillac, la cour d’appel de Riom (Puy-de-Dôme) et la Cour de cassation à Paris. Les deux parties sont convoquées le 15 octobre devant la cour d’appel de Limoges pour le possible épilogue d’un interminable feuilleton, sur fond de bottes de foin enrubannées et de fumier à vaches.
« Une odeur de pourriture et d’ammoniaque »
L’histoire commence en 2001 quand Lucien L., tout juste retraité de la police nationale, décide de quitter Saint-Etienne pour vivre à l’année dans la maison de famille dont son épouse a hérité, à Jallès, un hameau de Lacapelle-Viescamp. Le couple avait l’habitude d’y passer les vacances et entretenait de bonnes relations avec les Bardy, la famille qui occupe la ferme voisine depuis six générations. Les choses vont commencer à s’envenimer en 2006 après l’initiative du fils Bardy, qui a repris l’exploitation parentale, de remplacer sa douzaine de vaches laitières par un troupeau environ deux fois plus important de vaches à viande, de race salers.
La place venant à manquer dans l’étable, les balles de foin destinées à nourrir les bêtes pendant l’hiver sont alors entreposées dehors, dans une cour donnant sur l’arrière de la maison des L.. Sous l’effet de la fermentation, des effluves insupportables aux narines de ces derniers vont émaner de ces fourrages enrobés de film plastique noir : « Une odeur de pourriture et d’ammoniaque, accompagnée d’une sensation de boursouflure. On ne pouvait plus manger dehors », raconte le retraité. Plusieurs années de conciliation passeront, sans résultat, jusqu’à ce que le couple de Stéphanois décide d’en appeler à la justice.
Débute alors un long marathon, qui verra les ballots de foin changer plusieurs fois de place, un huissier de justice multiplier les constats, les vaches être frappées d’interdiction de fréquenter un bâtiment non conforme à l’accueil de bestiaux, les mêmes vaches revenir dans le même bâtiment (leur propriétaire se refusant à les laisser vêler dehors), une fosse à lisier être recouverte, etc.
Les plaignants seront déboutés en première instance, avant d’obtenir gain de cause en appel, puis d’être renvoyés à nouveau en appel par la Cour de cassation, aux côtés de leur opposant. Celui-ci se considère comme le grand perdant de l’affaire, Nicolas Bardy ayant dû lancer la construction d’un nouveau bâtiment, à l’extérieur du village, pour héberger son troupeau et les ballots qui vont avec. D’un coût de 120 000 euros, la stabulation devrait être terminée d’ici deux mois.
Derrière les péripéties, ce sont bien deux visions irréconciliables de la ruralité qui se télescopent à Lacapelle-Viescamp. « Si on n’aime pas les vaches, on ne vient pas vivre dans le Cantal où elles sont trois fois plus nombreuses que les habitants et structurent toute l’économie du département », pointe Nicolas Bardy, en fustigeant « l’acharnement judiciaire » de ses voisins. « En nous installant à la campagne, nous savions bien sûr à quoi nous nous exposions, mais pas à ce niveau-là. On se croirait revenu cinquante ans en arrière », dénoncent de leur côté les époux L., en évoquant d’autres nuisances olfactives et visuelles : les crottins d’une jument mise en pâture sous leurs fenêtres, des feux de résidus herbeux, les passages d’un camion d’équarrissage…
Une profonde lassitude
La rupture de tout dialogue a fait progressivement glisser la querelle vers une forme de western cantalou. Le hameau, peuplé d’une cinquantaine d’habitants, a ainsi pris fait et cause pour l’éleveur. Des panneaux de « soutien à notre ami agriculteur » sont apparus au grillage des maisons. Une pétition en sa faveur a recueilli 120 000 signatures sur Internet et une cagnotte, destinée à financer les frais d’avocat, a rapporté 3 000 euros.
Des tracts ont également été distribués dans les boîtes aux lettres pour blâmer l’attitude de ces « voisins grincheux », lesquels ont dû subir, en parallèle, la vindicte des réseaux sociaux. A la boulangerie du village, seul endroit où les protagonistes se croisent encore, Lucien et Annie L. affirment avoir été malmenés verbalement par les proches de leur adversaire. « On est toujours resté courtois, cela n’a jamais débordé », dément Nicolas Bardy.
Un sentiment commun anime aujourd’hui les deux camps : une profonde lassitude. « C’est épuisant de se justifier d’être agriculteur. Cela fait plus de dix ans qu’on passe notre temps à nous défendre dans cette affaire », souffle l’éleveur, par ailleurs élu à la chambre d’agriculture et délégué syndical FDSEA. « Je voulais finir ma vie ici tranquillement, c’est raté », se désole Lucien L.. L’envie d’en terminer judiciairement avec ce conflit de voisinage hors-norme est partagée de chaque côté du chemin qui sépare les deux propriétés. « Quand on passe les bornes, il n’y a plus de limites », ironisait aussi Alphonse Allais.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/05/a-lacapelle-viescamp-dans-le-cantal-deux-visions-irreconciliables-de-la-ruralite-se-telescopent_6014355_3232.html>
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16- Insectes, poils de rongeurs, excréments dans la nourriture… les normes sanitaires peu ragoutantes des États-Unis, Slate, 05/10/19, 14h15
Repéré par Léa Polverini sur CNN

Ces bonus protéinés sont inéluctables dans les productions de masse.
Ce sont les aléas de la production, ce qu'on appelle pudiquement des «défauts alimentaires» : un peu de matière fécale par-ci, un peu d'asticots par-là, de la moisissure ici aussi, ou des poils de rongeurs ici encore. «Ici», c'est dans votre café, votre yaourt, votre barre de chocolat, votre sauce à pizza, ou tout autre aliment transformé qui vous semblait si désirable de prime abord.
Selon la Food and Drug Administration américaine (FDA), «il est économiquement irréaliste de cultiver, de récolter ou de transformer des produits bruts totalement exempts de défauts, lesquels sont cependant sans danger, naturels et inévitables».
Insectes broyés et déjections diverses sont le lot de toute récolte de masse. Si leur élimination totale est illusoire, la FDA a néanmoins établi des normes sanitaires pour tâcher de les réduire au maximum. Elles restent loin de flatter le bon goût. CNN s'est penché sur la composition d'aliments courants pour constater l'ampleur de ces petits bonus gastronomiques.
>> Suite à lire à :
<http://www.slate.fr/story/182514/insectes-poils-excrements-nourriture-normes-sanitaires-etats-unis>
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17- Amazonie : le pape déplore les feux provoqués "par des intérêts qui détruisent", AFP, 06/10/19, 13:00

Le pape a déploré dimanche les incendies allumés "par des intérêts qui détruisent" et qui visent à "brûler les diversités", dans une homélie marquant l'ouverture d'un synode consacré à l'Amazonie.
"Le feu allumé par des intérêts qui détruisent, comme celui qui a récemment dévasté l’Amazonie, n’est pas celui de l’Evangile", a martelé le pape François devant des évêques des neuf pays de la région panamazonienne et des représentants des populations autochtones.
Ce type de feu "dévastateur" "embrase quand on ne veut défendre que des idées personnelles, constituer son propre groupe, brûler les diversités pour uniformiser tous et tout", a critiqué le souverain pontife.
François l'oppose au "feu de Dieu" qui est "une chaleur qui attire et rassemble dans l’unité", "se nourrit de partage, non de profits".
Déplorant toutefois que l'Eglise ait souvent participé dans son histoire à des formes de "colonisation" violente au nom de l'évangélisation, il a mis en garde contre "l'avidité des nouveaux colonialismes".
Le pape a aussi appelé les évêques à ne "pas être des fonctionnaires" plus occupés par leur fonction que par une action "missionnaire" concrète sur le terrain.
Il a espéré que le synode, qui discutera de propositions innovantes mais controversées, "renouvelle les chemins de l'Eglise en Amazonie".
Le document de travail de 80 pages de l'assemblée d'évêques latino-américains dresse un état des lieux alarmant des maux écologiques et humains d'un territoire crucial pour la santé de la planète, qui seront auscultés durant trois semaines, du 6 au 27 octobre.
Entre janvier et le 19 septembre, le Brésil a enregistré une hausse de 56% par rapport à la même période de l'année dernière du nombre de feux de forêt, dont près de la moitié (47%) touchent l' Amazonie.
Ces incendies, très majoritairement volontaires, sont destinés à faire de la place à l'élevage bovin et aux cultures et accompagnent une déforestation galopante : en Amazonie, celle-ci a quasiment doublé depuis l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro en janvier, au rythme de 110 terrains de football à l'heure.
<https://information.tv5monde.com/info/amazonie-le-pape-deplore-les-feux-provoques-par-des-interets-qui-detruisent-325360>
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18- Tribune. « La forêt européenne, notre “poumon”, se consume elle aussi », Le Monde, 07/10/19, 05h00 
Par Philippe Gourmain, président des Experts forestiers de France et administrateur de l’Interprofession nationale France Bois Forêt

L’Etat s’émeut des incendies en Sibérie et en Amazonie, mais devrait surtout agir pour aider les forêts françaises à faire face aux conséquences du changement climatique, estime l’expert forestier Philippe Gourmain dans une tribune au « Monde ».
Tribune. Les forestiers sont habitués aux grandes crises qui frappent les forêts du pays tous les dix ans environ. Les tempêtes de 1987 en Bretagne, de 1999 sur les deux tiers du pays et de 2009 en Aquitaine sont encore dans les esprits. A chaque fois, les quantités impressionnantes d’arbres à terre avaient entraîné l’effondrement des cours du bois. Seules des aides massives avaient permis de reconstituer les surfaces détruites. L’Etat avait investi 900 millions d’euros après la tempête de 1999, 500 millions après celle de 2009.
Depuis deux saisons, c’est un autre phénomène qui touche les forêts : sous l’effet de sécheresses successives, de plusieurs épisodes de canicule et des attaques d’insectes, épicéas, sapins, hêtres, pins sylvestres d’un grand quart nord-est dépérissent. D’ores et déjà, l’Office national des forêts, qui gère les forêts publiques, estime que 60 000 ha sont sinistrés. Si on y ajoute les surfaces de la forêt privée – plus difficiles à estimer en raison d’un grand morcellement –, on dépasse les 100 000 ha, l’équivalent de 20 % d’un département français. Avec une valeur qui est passée de 60 à 15 €/m³ en moyenne pour l’épicéa, cela représente une perte financière considérable pour les communes forestières, l’Etat propriétaire des forêts domaniales et les propriétaires privés qui n’auront pas les moyens de reconstituer les parcelles détruites.
> Lire aussi  Des Cambodgiens poursuivent le groupe Bolloré pour avoir détruit leur forêt sacrée
Ce qui frappe dans cette crise, c’est sa durée interminable, son caractère global, qui touche autant les feuillus que les résineux, et sa dimension européenne, des Balkans à la Scandinavie. Les pertes cumulées en Europe dépassent largement les 100 millions de m³, correspondant approximativement à une année de croissance de l’ensemble de la forêt française.
Victime et solution
Il faut se rendre à l’évidence : la plupart de nos essences forestières ne sont plus adaptées au changement climatique. Comme l’annonçaient il y a plus de quinze ans les chercheurs de l’INRA, les aires de répartition d’essences comme le hêtre ou le chêne pédonculé vont se réduire, confinant les survivants en altitude dans des versants Nord ou dans des fonds de vallée très frais. Les espèces végétales sont cependant capables d’adaptation, voire de migration.
Après la dernière glaciation, les chênes ont profité du recul des glaces pour coloniser la France en 2 000 ans, soit un déplacement d’environ 500 m par an. On peut espérer qu’au sein des communautés végétales, la sélection naturelle fasse émerger des individus plus résistants. Mais le phénomène est d’une telle violence que les mécanismes naturels d’adaptation ne suffiront pas. Nous devons donc nous préparer à plusieurs décennies de « grand remplacement végétal », avec un changement profond de nos paysages forestiers.
Et pourtant, si la forêt est la première victime du changement climatique, elle est aussi une partie de la solution ! Les politiques de lutte contre le changement climatique comprennent deux volets : la réduction de l’usage des énergies fossiles et l’augmentation du stockage du carbone par les forêts. La mise en place du premier volet se heurte à nos propres contradictions. Réduire les émissions de CO2 implique non seulement de verdir notre économie mais aussi de modifier notre alimentation, notre façon de nous déplacer et de voyager. C’est un changement de notre mode de vie que nous ne sommes pas spontanément disposés à abandonner.
> Lire aussi  Plus de 40 % des espèces d’arbres en Europe menacées d’extinction
Dans ce contexte difficile pour les Etats, améliorer les capacités de stockage du carbone par la forêt apparaît comme une voie porteuse d’espoir. Planter des arbres peut donc non seulement améliorer la pompe à CO2 que constituent les forêts, mais c’est aussi la condition nécessaire pour assurer la continuité de la production de biens et de services par les forêts. Rappelons qu’une forêt produit du bois qui est la seule matière première renouvelable. A l’inverse de matériaux comme le béton ou l’acier très gourmands en énergie, le bois est un matériau « bas carbone ». Le développement du bois énergie, c’est-à-dire l’utilisation de sous-produits de la forêt pour produire chaleur et l’électricité, apparaît également comme une substitution aux énergies fossiles.
Accompagner la mutation végétale
Mais la forêt n’est pas qu’une « usine à bois ». A l’inverse des paysages agricoles, dans lesquels la biodiversité s’est effondrée en quelques décennies, la forêt a conservé une biodiversité correcte. Elle joue également un rôle fondamental dans le cycle de l’eau. Enfin, la couverture forestière assure une protection efficace contre l’érosion et les glissements de terrain en montagne.
C’est parce que la forêt doit continuer à remplir toutes ces fonctions, au premier rang desquelles le stockage du carbone, qu’il faut accompagner cette vaste mutation végétale. Les forestiers européens devront rapidement inventer de nouveaux modes de gestion associant essences locales et plantations de variétés provenant de régions plus méridionales. Pour reconstituer les zones sinistrées, il faudra consacrer des moyens très importants. On peut estimer que la reconstitution des 100 000 ha de forêt d’ores et déjà condamnés nécessitera un investissement de 3 500 €/ha, montant pouvant même dépasser 5 000 €/ha s’il faut protéger les plants contre les cervidés devenus surabondants. L’ensemble de ces travaux correspond à un budget de 350 à 500 millions d’euros au minimum…
Cet été, l’opinion s’est émue, à juste titre, des incendies en Sibérie et en Amazonie. Moins spectaculaire, sans doute, mais beaucoup plus proche de nous et tout aussi inquiétant, la forêt européenne, notre « poumon », se consume elle aussi. Il est grand temps de concevoir un plan pour financer la recherche opérationnelle sur les nouvelles pratiques forestières et leur mise en œuvre à une vaste échelle. Quand l’ampleur de la crise écologique a tendance à conduire à un abattement collectif, voire à une forme de « climato-dépression », s’engager au niveau européen dans ce projet fédérateur apporterait à nos concitoyens des perspectives enfin positives.
> Lire aussi  250 000 hectares de brousse incendiés en Australie
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/07/la-foret-europeenne-notre-poumon-se-consume-elle-aussi_6014469_3232.html>
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19- Les agriculteurs de la FNSEA font pression sur le gouvernement, Le Monde, 07/10/19, 10h19
Laurence Girard

Le syndicat proteste au sujet de l’utilisation des pesticides et des accords de libre-échange. 
Blocages de routes au niveau national. C’est le mot d’ordre lancé par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), associée aux Jeunes agriculteurs (JA), pour une journée d’action, mardi 8 octobre. L’enjeu est de faire pression sur le gouvernement sur quelques dossiers-clés, comme l’utilisation des pesticides, les accords de libre-échange tel celui entre l’Union européenne et le Canada, le CETA. Mais aussi de dénoncer plus généralement ce qu’ils dénomment l’« agribashing », en posant la question, en forme de thème de ralliement : « Veut-on encore des paysans ? »
> Lire aussi  5, 10... 150 mètres : bataille et mobilisation massive autour des zones sans pesticides
Les blocages routiers sont programmés entre 11 heures et 14 heures. « Sur l’ensemble de l’Ile-de-France, nous devrions être 400 agriculteurs. Nous voulons montrer que nous sommes capables de nous mobiliser. C’est un avertissement envoyé au gouvernement. Mais nous ne voulons pas empêcher les gens d’aller travailler », explique Quentin Le Guillous, secrétaire général des JA en Ile-de-France.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/07/les-agriculteurs-de-la-fnsea-font-pression-sur-le-gouvernement_6014513_3234.html>
Sur le même sujet :
> Les agriculteurs manifestent leur détresse sur les routes de France, AFP, 08/10/19, 23:00
Emmanuelle Trecolle et Nicolas Gubert, avec les bureaux régionaux de l'AFP
Sentiment de rejet, opposition aux zones de non-traitement aux pesticides ou aux accords commerciaux : les agriculteurs ont manifesté mardi dans toute la France en bloquant les axes routiers à l'appel du syndicat majoritaire, la FNSEA, et des Jeunes Agriculteurs, qui en ont appelé au soutien du chef de l’État.
Sous le slogan, "France, veux-tu encore de tes paysans ?", la mobilisation a commencé tôt dans l'Aisne, le Var et la Drôme et atteint son point fort en début d'après-midi avec le blocage prévu d'axes routiers majeurs, dont de nombreuses autoroutes.
L'objectif de ces manifestations : "se montrer sur les routes, +tracter+ au niveau des ronds-points, s'adresser aux représentants de l’État", a indiqué à l'AFP Xavier Benoist céréalier, lors d'un blocage à Château-Thierry (Aisne).
Les organisateurs ont souligné la "réussite de ce premier avertissement": "l'ensemble des départements se sont mobilisés. A 13H00, nous avons relevé 100 blocages ou opérations escargots sur l'ensemble du territoire", a déclaré lors d'un point-presse à Paris, Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, selon qui "6.000 tracteurs et plus de 10.000 agriculteurs" ont été mobilisés.
"Le problème est politique, d'un côté on a un discours qui parle d'agriculture forte, vivante et de l'autre on nous assomme avec des normes à n'en plus finir, sans parler des traités de libre-échange et de l'+agribashing+, alors qu'on est une agriculture reconnue comme vertueuse", a dénoncé Fabrice Couturier, président de la FDSEA de Moselle où les agriculteurs organisaient des barrages filtrants à Metz, Thionville et Sarrebourg.
- "Délit d'entrave" -
Dénonçant le "dénigrement permanent dont font l'objet les agriculteurs aujourd'hui", notamment sur l'usage des pesticides, la présidente de la FNSEA Christiane Lambert a réclamé que, "dans les décisions qui vont être prises, à la fois pour l'homologation de produits phytosanitaires, pour la protection des riverains, ce soit les scientifiques qui soient écoutés et non pas l'émotion, le sondage qui [fassent] la décision".
Elle a également souhaité que soit créé un "délit d'entrave" à l'activité des agriculteurs, permettant des sanctions "plus lourdes" à l'égard des personnes s'introduisant dans les élevages, notamment les militants antispécistes.
"Le ministre de l'Agriculture sillonne la France en disant +je vous aime+, c'est bien, mais ça ne suffit pas. Il faut des décisions. Il faut que la ministre de la Justice durcisse le ton et que les juges puissent prononcer des sanctions, des peines qui dissuadent", a-t-elle insisté. 
La cheffe de la FNSEA a interpellé jusqu'au plus haut niveau de l’État : "Nous attendons que le président de la République s'exprime. C'est lui qui a semé le doute sur un certain nombre d'expressions à propos de l'agriculture", a-t-elle déclaré, l'appelant à "dire clairement qu'il soutient l'agriculture à un moment où elle est attaquée et déconsidérée".
En Ile-de-France, 500 agriculteurs et 400 tracteurs ont permis 14 points de blocage de la fin de matinée au milieu de l'après-midi.
- Zones de non-traitement -
Si la plupart des actions avaient pris fin en milieu d'après-midi, certains axes ont été bloqués jusqu'en début de soirée, comme l'A6, à hauteur de Pouilly-en-Auxois (Côte d'Or), où les agriculteurs ont établi un barrage bloquant à l'entrée et à la sortie du péage jusqu'à 18h00, selon Bison futé.
Parmi les dernières normes envisagées, les zones de non-traitement aux pesticides (ZNT) ont mis le feu aux poudres. "L'interdiction à dix mètres des maisons, ça représente dans l'Aisne 10.000 hectares non cultivés, ça veut dire l'équivalent de 80.000 tonnes de blés non produites, soit 1,5 million d'euros de manque pour les agriculteurs", a expliqué à l'AFP Benoit Davin, référent FDSEA pour l'arrondissement de Soissons.
La FNSEA et les JA, reçus par le ministre mardi soir pour porter leurs doléances, ont d'ores et déjà prévenu que le mouvement allait se poursuivre.
"Aujourd'hui, c'était le premier coup de semonce et ça va continuer", a déclaré Samuel Vandaele, président des Jeunes Agriculteurs, qui a annoncé pour la semaine prochaine des actions plus axées sur les consommateurs, afin de les sensibiliser sur la provenance des produits vendus en grandes surfaces, quitte, dans certains cas, à intervenir sur l'étiquetage.
<https://information.tv5monde.com/info/les-agriculteurs-manifestent-leur-detresse-sur-les-routes-de-france-325710>
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20- Abidjan veut « sauver la forêt ivoirienne » dévorée par la culture du cacao, Le Monde Afrique avec AFP, 08/10/19, 10h33

En un demi-siècle, le développement de l’industrie cacaoyère, vitale pour l’économie du pays, a détruit 80 % de son couvert forestier. 
La Côte d’Ivoire qui a perdu, en un demi-siècle, la quasi-totalité de ses forêts, va organiser en janvier 2020 une table ronde avec pour objectif de freiner une déforestation qui menace la stabilité climatique de la région, ont annoncé, lundi 7 octobre, à Abidjan les organisateurs.
L’objectif de la table ronde qui se teindra le 16 janvier 2020 est de mobiliser 616 milliards de francs CFA (près de 1 milliard d’euros) en vue de financer sur la période 2020-2030 la nouvelle stratégie forestière en Côte d’Ivoire, adoptée en février.
La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao avec 40 % du marché, qui comptait 16 millions d’hectares de forêts dans les années 1960 a vu sa superficie fondre en plus de cinquante ans à 2 millions d’hectares, selon les chiffres officiels, ce qui équivaut à moins du dixième de la superficie du pays.
> Lire aussi  Télévision : « La Face cachée du cacao », un business « cannibale » et criminel
« 80 % de notre couvert forestier a été détruit. Nous devons prendre conscience que la forêt est une richesse, un patrimoine à léguer aux générations futures », a déclaré le ministre ivoirien des eaux et forêts, Alain Richard Donwahi. « Nous voulons sauver la forêt ivoirienne, nous voulons regagner le terrain perdu, replanter, reboiser, mobiliser nos concitoyens et nos partenaires ». « Notre lutte pour la sauvegarde de nos forêts s’inscrit dans la lutte globale contre le réchauffement climatique. L’Afrique sera l’un des enjeux majeurs de la transition écologique », a-t-il souligné.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/08/abidjan-veut-sauver-la-foret-ivoirienne-devoree-par-la-culture-du-cacao_6014644_3212.html>
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21- 2019, année noire pour les apiculteurs européens, AFP, 08/10/19, 16:00
Céline Cornu avec Isabel Malsang à PARIS, Laurence Boutreux à Madrid, Mihaela Rodina à Bucarest et les bureaux de l'AFP dans les pays nordiques

2019 est une année noire pour de nombreux apiculteurs européens, notamment les Français et les Italiens, qui évoquent la pire récolte de leur histoire, à cause des aléas climatiques. 
Une production en nette baisse
En Italie, le principal syndicat agricole, la Coldiretti, fait état d'une "année noire", avec "une récole quasiment divisée par deux" par rapport aux 23.300 tonnes collectées en 2018.
En France, la récolte "devrait être la plus mauvaise des annales", estime également l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf): "moins de 9.000 tonnes", soit quasiment quatre fois moins que dans les années 1990.
Après 30.000 tonnes de miel récoltées en 2018, un record ayant fait de la Roumanie la "championne" européenne, la production devrait être "inférieure à la moyenne (de 25.000 tonnes) de ces dernières années", a déclaré à l'AFP Constantin Dobrescu, vice-président de l'association Romapis.
Et en Espagne, premier pays devant la Roumanie en nombre de ruches, la récolte est en berne depuis 2015, avec une baisse de 5,2% en 2017 et une campagne 2018 "pas à la hauteur des espérances", selon le ministère de l'Agriculture.
Le climat responsable
La Coldiretti explique cette chute par "l'évolution anormale du climat" : de janvier à début septembre, elle a recensé plus d'un millier d'événements météorologiques extrêmes en Italie (+56% par rapport à 2018), entre grêles, tempêtes, trombes d'eau, vent et vagues de chaleur.
L'Unaf évoque elle aussi une "catastrophe climatique". Alors que les colonies étaient très peuplées au printemps, le froid soudain les a affaiblies, puis est arrivée la canicule fin juin. Dans certaines zones du sud de l'Hexagone, la chaleur a fait fondre la cire dans les ruches, piégeant les abeilles.
En Roumanie, "l'absence de précipitations l'automne et l'hiver derniers a durement touché les cultures de colza", entraînant une "production de miel très faible", selon l'apiculteur Marian Patrascu. 
Et maintenant ? 
La chute de la production en Italie devrait entraîner une baisse des revenus de 73 millions d'euros cette année, auxquels s'ajoutent les dépenses liées à la nutrition des abeilles, que de nombreux apiculteurs ont été contraints de mener, les colonies mourant de faim.
Les apiculteurs les plus mal lotis ne couvriront pas leurs coûts ou tout juste, et la situation sera particulièrement compliquée pour les jeunes exploitants endettés.
Tous espèrent une amélioration des conditions climatiques l'an prochain.
Mais le président de l'Unaf, Gilles Lanio, craint "un contre-coup". Pour sauvegarder les ruches, "les abeilles ont déclenché des mouvements réflexes et tué tous les mâles pour éliminer des bouches à nourrir inutiles": à cause du manque de mâles pour s'accoupler, il risque d'y avoir "un déficit de reines fécondées" au printemps prochain.
De surcroît, on assiste ces dernières années à une surmortalité des abeilles liée une "épidémie" de l'acarien parasite varroa, un développement "hors contrôle" du frelon asiatique en Europe et "l'utilisation intense de pesticides dans l'agriculture", selon le rapport Cyclope, qui fait chaque année un état des lieux des matières premières.
Le miel chinois pointé du doigt
Alors que leur production chute, les apiculteurs tirent aussi la sonnette d'alarme vis-à-vis des importations massives de miel chinois -- accusé d'être "adultéré", coupé par exemple avec du sirop.
Aucune législation européenne n'oblige les producteurs à préciser la provenance du miel. S'affiche ainsi sur les étiquettes "mélange de miels originaires et non originaires de la Communauté européenne", alors même que le produit peut contenir 99% de miel chinois et seulement 1% de miel français.
En Espagne, les apiculteurs ont manifesté à plusieurs reprises pour réclamer des "mesures antidumping" face à un miel chinois à bas coût. Les autorités projettent d'imposer de nouvelles obligations pour l'étiquetage, avec par exemple le pourcentage de miel par pays d'origine.
En France, un décret devrait entrer en application le 1er janvier 2020: "tous les pays ayant fourni plus de 20% d'un pot devront être mentionnés par ordre d'importance", explique M. Lanio.
Quid du nord de l'Europe ?
A la faveur d'un été 2018 particulièrement chaud, l'apiculture a connu un regain d'intérêt en Norvège et en Suède, même si elle reste une activité marginale.
Selon l'Association norvégienne des apiculteurs, qui compte désormais 4.000 membres contre 2.500 il y a quelques années, la production tourne autour de 1.300 tonnes, loin de satisfaire le marché local.
Au Danemark, où 2018 a été marqué par une hausse de la production, la gageure est là aussi le concurrence des miels étrangers qui coûtent moins cher. Conséquence : l'association des apiculteurs professionnels estime que ses membres ont plus de 800 tonnes de stocks sur les bras.
<https://information.tv5monde.com/info/2019-annee-noire-pour-les-apiculteurs-europeens-325734>
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22- En Alsace, les agriculteurs ne veulent pas être esclaves des consommateurs, Le Monde, 08/10/19, 17h18
Nathalie Stey (Strasbourg, correspondance)

740 tracteurs ont bloqué, mardi 8 octobre, le réseau routier et autoroutier du Bas-Rhin, à l’appel des principaux syndicats agricoles du département. Face à des contraintes toujours plus importantes, les exploitants demandent davantage de reconnaissance. 
« On est des pros, pas des bricoleurs empoisonneurs », « engrais verts, contrôles, bandes tampon… nos efforts, nos contraintes, qui en parle ? ». Sur le contournement autoroutier de Strasbourg, les panneaux accrochés aux dizaines de tracteurs bloquant la circulation résument l’ambiance du moment. Alors qu’ils estiment avoir fait d’importants progrès, tant en termes de bien-être animal que d’utilisation raisonnée des produits phytosanitaires, les agriculteurs se sentent aujourd’hui déconsidérés. Montrés du doigt comme des pollueurs, ils ne comprennent pas la signature, par la France, d’accords de libre-échange permettant l’importation de viande animale aux normes parfois bien moins drastiques que celles qui leur sont imposées.
> Lire aussi  Les éleveurs se mobilisent contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur
De fait, ils sont venus en nombre manifester leur désarroi, reportant récoltes et moissons à un autre jour. Parmi eux, il y a Pierre Barth, qui exploite, avec un salarié, une centaine d’hectares de vignes, de pommiers et de pommes de terre. « On oriente les agriculteurs vers le bio et la fin des pesticides, mais le comportement du consommateur n’est pas en phase avec ces exigences. Le prix reste le principal critère d’achat, or le bio a un coût. A mon échelle, cela nécessiterait l’embauche de trois personnes supplémentaires. Le risque économique est trop important », estime l’arboriculteur. « Notre métier est de produire des aliments pour tout le monde, pas que les plus riches », conclu-t-il.
« La balance commerciale agricole de la France est négative ! »
Pour réduire les coûts et travailler au prix du marché, certains se sont associés afin, notamment, de mutualiser les équipements agricoles. C’est le cas de Dominique Daul qui, en association avec son beau-frère, élève 700 vaches à viande. Pour les nourrir, il pratique un assolement commun avec cinq autres agriculteurs ; sur 200 hectares sont ainsi cultivés betterave, maïs, colza ou encore luzerne. L’ensemble du matériel agricole est géré dans une coopérative de 10 exploitants. Un schéma qui a jusqu’ici permis à ce titulaire d’un master en gestion de se verser un salaire. Mais il n’est pas sûr d’y arriver à l’avenir : 
« Depuis vingt-cinq ans que je suis installé, je n’avais jamais connu un tel marasme. C’est la deuxième année de suite qu’on fait des pertes, et la sécheresse ne va pas arranger les choses »
Habituellement autonome, M. Daul a dû cette année acheter pour 40 000 euros de fourrage. L’éleveur souffre surtout de l’embargo russe, qui a réorienté la production polonaise sur le marché européen, et de la fermeture de l’abattoir régional. « Résultat, en cinq ans, on est passé d’une production à 100 % destinée au marché local à de la viande exclusivement destinée à l’exportation. Pendant ce temps, le secteur de la restauration hors domicile se fournit à 70 % avec des viandes d’importation. On peut vraiment se demander si la France veut encore d’une agriculture. »
> Lire aussi  Manifestation d’agriculteurs : la FNSEA fait pression sur le gouvernement
« L’agriculture française, faite d’exploitations familiales de petite taille (63 hectares en moyenne), est reconnue comme l’un des modèles alimentaires les plus durables au monde. Pourtant la production nationale stagne et les importations augmentent massivement. Pour la première fois depuis l’après-guerre, la balance commerciale agricole de la France est négative ! », indique Yohann Lecoustey, directeur général de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) du Bas-Rhin. « Nous demandons davantage de cohérence entre les normes environnementales qu’on nous impose et l’importation de productions qui ne respectent pas les mêmes règles. » D’autres manifestations, dont la forme n’a pas encore été fixée, sont prévues le 22 octobre et le 15 novembre. Les agriculteurs n’ont manifestement pas fini de se faire entendre.
> Lire aussi  Furieux de l’accord de libre-échange avec le Mercosur, les agriculteurs promettent des « actions de protestation tous azimuts »
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/08/en-alsace-les-agriculteurs-ne-veulent-pas-etre-esclaves-des-consommateurs_6014706_3234.html>
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23- Le pacte de Milan, 200 villes engagées pour une alimentation durable, Le Monde, 08/10/19, 17h59
Mathilde Gérard

Avec le pacte de Milan, des métropoles ont lancé en 2015 un forum d’échanges de bonnes pratiques sur les questions alimentaires. Les ONG y voient un exercice salutaire. 
« Arusha, Barcelone, Dakar, Kazan, Lima, Maputo, Rio de Janeiro, Séoul, Tel Aviv, Washington DC (...) » Philippe Saurel, maire (divers gauche) de Montpellier, liste consciencieusement l’ensemble des 90 délégations du monde entier qui se réunissent dans sa ville, du 7 au 9 octobre, à l’occasion du Sommet des maires du « pacte de Milan ». « C’est le plus grand événement international jamais organisé dans la ville », s’enthousiasme-t-il. Lancé lors de l’Exposition universelle de 2015 de Milan, ce pacte, initialement signé par 45 villes, dont Montpellier, a depuis rallié 200 édiles autour de trois engagements principaux : préserver les terres agricoles, favoriser les circuits de proximité et ne pas gaspiller l’alimentation.
> Lire aussi  Terres agricoles, marchés, cantines… Montpellier veut se rapprocher de l’autonomie alimentaire
Le document n’est pas contraignant, mais fait office de charte d’engagement, alors que 70 % de la population mondiale vivra en zone urbaine à l’horizon 2050. « Le pacte de Milan, c’est une philosophie, loue M. Saurel. Il doit y avoir une régulation mondiale et un échange entre les villes. » A l’image du C40, un autre forum qui regroupe des métropoles engagées pour le climat, et se réunit à Copenhague du 9 au 12 octobre, le pacte de Milan permet aux métropoles de faire de la diplomatie directe. « Les villes se parlent quand les Etats ne se parlent pas toujours », note le maire de Montpellier.
« Aiguillon politique »
Les ONG y voient un exercice salutaire. « C’est formidable que des maires motivés se réunissent pour échanger des bonnes pratiques et s’inspirer autour du sujet de l’alimentation durable », salue Laure Ducos, chargée de campagne pour Greenpeace. Depuis 2015, les signataires du pacte de Milan se retrouvent chaque année et c’est en présentant en 2018 à Tel Aviv son modèle de cantines scolaires que Montpellier a obtenu d’organiser la rencontre de 2019.
Pendant trois jours, les représentants de ces villes, élus, ministres ou responsables locaux échangent sur plusieurs thématiques, déclinées selon les dix-sept objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies pour 2030 : assurer la sécurité alimentaire, lutter contre les inégalités sociales ou de genre, sécuriser les ressources en eau, soutenir l’emploi, favoriser l’innovation... Des chercheurs, représentants des agences de l’ONU et de la société civile sont également présents, mais le gouvernement français ne devait en revanche pas y participer.
« Le pacte de Milan est ambitieux et peut être un aiguillon politique, analyse Nicolas Bricas, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), installé à Montpellier. Les villes n’ont pas beaucoup de leviers pour agir sur l’agriculture, mais elles représentent la voix des consommateurs et peuvent créer un contrepoids à certaines politiques élaborées dans les ministères. » A condition, poursuit M. Bricas, de penser des passerelles vers le monde rural : « Se centrer uniquement sur les villes, ce serait oublier ce qui se passe en milieu rural et les difficultés des agriculteurs. » 
Pour le chercheur, l’enjeu de la réunion de Montpellier est notamment que les signataires passent du partage d’expériences à un réseau politique porteur d’alternatives. En cela, la « déclaration de Montpellier », qui sera adoptée à la fin du Sommet et formalise l’inscription du pacte de Milan dans les ODD des Nations unies, risque de décevoir par sa faible portée politique.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/08/le-pacte-de-milan-200-villes-engagees-pour-une-alimentation-durable_6014693_3244.html>
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24- Lubrizol : après les producteurs de lait, les agriculteurs indemnisés la semaine prochaine, Le Monde avec AFP, 08/10/19, 22h07

Le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, a assuré mardi devant les députés que « la solidarité jouerait pleinement » avec les agriculteurs affectés par l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen. 
Le ministre de l’agriculture et de l’alimentation, Didier Guillaume, a déclaré, mardi 8 octobre à l’Assemblée nationale, que les productions agricoles autres que le lait affectées par l’incendie de Lubrizol commenceraient à être indemnisées au plus tard « la semaine prochaine ».
« Pour le lait, les choses sont réglées, les avances sont faites, et aucun agriculteur, aucun éleveur ne sera sur le bord du chemin », a déclaré M. Guillaume lors de la séance des questions au gouvernement. « Vous m’interrogez sur le maraîchage et sur l’arboriculture, les choses sont en train d’avancer », a répondu le ministre à Sébastien Jumel, député communiste de Seine-Maritime.
« Je reçois les organisations professionnelles agricoles jeudi après-midi et, dès la fin de semaine ou la semaine prochaine, les premières indemnités arriveront », a affirmé M. Guillaume. Le ministre a soutenu que la « la solidarité ser[ait] totale » :
« Il est hors de question, parce que les agriculteurs sont des victimes, qu’un seul agriculteur mette la clé sous la porte à cause de cette catastrophe industrielle. »
> Lire aussi  Après Lubrizol, 20 % des terres agricoles de Seine-Maritime visées par des restrictions
« Les pollueurs seront les payeurs »
Si l’interprofession laitière a annoncé dès le 3 octobre avoir mis en place un « dispositif exceptionnel d’avance » pour les éleveurs, pour les autres productions plusieurs scénarios sont sur la table, a-t-on fait savoir au ministère.
Pour les productions mises sous séquestres autres que le lait – fruits et légumes, produits transformés, viande, notamment –, les autorités attendent les résultats définitifs des analyses pour connaître réellement le niveau de perte, avant d’expertiser les demandes d’indemnisations et les avances qui en découleraient, a-t-on fait savoir de même source.
« Peu importent les canaux par où arrive l’argent, (…) les avances seront faites. A l’arrivée, les pollueurs seront les payeurs, mais en attendant, la solidarité jouera pleinement », a conclu M. Guillaume.
> Lire aussi  Incendie à Rouen : Normandie Logistique n’a « jamais indiqué clairement » les quantités de produits qu’elle stockait
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/08/lubrizol-apres-les-producteurs-de-lait-les-agriculteurs-indemnises-la-semaine-prochaine_6014727_3244.html>
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25- Reportage. « Les paysans sont une cible trop facile » : la FNSEA bloque les routes pour répondre à l’« agribashing », Le Monde, 08/10/19, 22h22
Simon Auffret

Le syndicat majoritaire du secteur a organisé une journée de blocage pour appeler à une meilleure considération des agriculteurs et inciter le grand public à « acheter français ». 
Face à la cinquantaine de tracteurs garés sous une pluie battante, devant le péage autoroutier de Coutevroult (Seine-et-Marne), les automobilistes sont d’abord sceptiques. Avant d’accepter, avec le sourire, les baguettes et les pommes tendues à leur fenêtre par les agriculteurs de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA).
Les deux syndicats majoritaires de la profession étaient à l’initiative d’opérations « péage gratuit » et de blocages routiers dans toute la France, mardi 8 octobre, pour répondre à la « surenchère » de reproches dont ils se disent la cible. « Pourquoi un tel niveau de violence ? », s’interroge Cyrille Milard, secrétaire de la FDSEA en Seine-et-Marne. « Le grand public ignore tout de la manière dont on travaille. Nous voulons rappeler que l’agriculture française n’utilise que des produits autorisés et est l’une des plus contrôlées du monde, assène l’agriculteur céréalier, propriétaire d’une exploitation de 360 hectares. Quand tout le monde dit qu’on fait n’importe quoi, ce n’est pas la réalité ! »
Pendant trois heures, plus de cinquante agriculteurs vont profiter des quelques secondes de discussion à la fenêtre des véhicules pour tenter de combattre l’« agribashing » qu’ils ressentent sur de nombreux sujets : les critiques sur l’usage des produits phytosanitaires ne sont « pas basées sur la science », la signature d’accords de libre-échange « mauvais pour le modèle agricole français », le débat public sur l’agriculture biaisé par de « fausses informations »…« N’écoutez pas les médias, écoutez les agriculteurs », lance à plusieurs conducteurs Pierre Courtier, céréalier dans la commune de Lizy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne).
> Lire aussi  En Alsace, les agriculteurs ne veulent pas être esclaves des consommateurs
« L’Etat cultive l’ambiguïté et hystérise le débat »
Le lancement, par le gouvernement, d’une consultation sur la distance à respecter entre les aires d’épandage de produits phytosanitaires et les habitations – appelée zones non traitées (ZNT) – a participé à mobiliser avant la journée d’action nationale. « La ZNT est une pure hérésie, commente Aymeric Proffit, cultivateur de céréales et de pommes de terre à Réau (Seine-et-Marne). Dans l’épandage, rien n’est laissé au hasard. On utilise peu de produits et on est outillé pour le diffuser de manière précise et efficace. Avec les précautions qui s’imposent : jamais je n’en utilise près d’une école entre 14 heures et 17 heures, lorsque les enfants risquent d’être à l’extérieur des classes », prend pour exemple le trentenaire, qui a repris l’exploitation de ses parents en 2014.
> Lire aussi  Pesticides : bataille autour des zones de protection entre cultures traitées et habitations
« C’est un nouveau petit couteau dans le dos, comme toutes les nouvelles normes que nous ne comprenons pas », renchérit Olivier Flé, céréalier et distillateur de whisky à Fresne-sur-Marne, dans le nord du département. « L’Etat cultive l’ambiguïté et hystérise le débat en autorisant des produits tout en concédant des mesures à ceux qui les critiquent, estime l’exploitant de 240 hectares de cultures. Si les produits phytosanitaires étaient dangereux, ils seraient interdits. Ce n’est pas le cas, nous sommes dans notre droit de les utiliser. » 
« Les paysans sont une cible trop facile »
Tout en s’affichant « solidaires de tous les modèles agricoles », les manifestants de la FNSEA et des JA font la liste des reproches spécifiquement adressés à l’agriculture conventionnelle, principale utilisatrice de pesticides, aux rendements les plus importants et fournissant une grande part des exportations françaises. « C’est un faux procès, considère Pierre Beaudoin, céréalier membres des JA. Mon père utilisait moins de produits que mon grand-père, et j’ai encore divisé par deux [leur utilisation] depuis que j’ai repris l’exploitation. » « Les appels à plus de bio sont nombreux, mais est-ce que tous les consommateurs vont pouvoir faire face à l’augmentation des prix ? », se demande de son côté Mathieu Beaudoin, notamment producteur de betteraves à Evry-Grégy-sur-Yerre.
Alors qu’une buvette s’installe sous une tonnelle au bord du péage de Coutevroult, les agriculteurs sont nombreux à témoigner d’un sentiment d’injustice vis-à-vis du « manque de considération » du grand public et des politiques. « Les paysans sont une cible trop facile », considère Olivier Flé. Après avoir ouvert un compte Twitter pour faire la promotion de son exploitation, il a décidé de le fermer et de s’éloigner des réseaux sociaux. « Je me prenais trop de trucs dans la gueule », témoigne-t-il.
Comme dans d’autres départements, la FNSEA a participé à la mise en place d’une « charte de bon voisinage » en Seine-et-Marne pour mieux faire connaître la réalité des pratiques agricoles aux nouveaux habitants en zone rurale. « Nous sommes des agriculteurs et pas des communicants, et cela nous a été préjudiciable, concède Cyrille Milard. Mais on fait tout pour se rattraper. »
> Lire aussi  A droite, la tentation écolo face au « réflexe FNSEA »
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/08/les-paysans-sont-une-cible-trop-facile-la-fnsea-bloque-les-routes-pour-repondre-a-l-agribashing_6014724_3234.html>
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26- Sur la route à travers l'Amazonie, l'asphalte mange la forêt, AFP, 08/10/19, 23:00
Allison Jackson

Erik Fransuer passe des mois d'affilée au volant de son poids lourd à faire des allers-retours à travers la gigantesque forêt amazonienne pour livrer ses cargaisons dans les ports fluviaux du nord du Brésil. Voyage après voyage, il voit l'asphalte avancer.
Le chauffeur est l'un des milliers de routiers qui sillonnent les BR230 et BR163, deux autoroutes qui ont ouvert des saignées dans la plus grande forêt tropicale de la planète, dont des régions entières sont aujourd'hui dévorées par les flammes d'incendies volontaires.
"Je me sens libre sur la route", dit Erik Fransuer, 26 ans, alors qu'il se détend avec d'autres routiers dans des hamacs installés entre des poids lourds garés les uns à côté des autres dans une station-essence de la ville poussiéreuse de Ruropolis.
Quand il fait de la route, il conduit au moins 12 heures par jour, installé dans sa cabine avec comme fond sonore de la musique rythmée, cahotant le long de routes construites il y a près de 50 ans et parfois toujours pas terminées.
Nids-de-poule d'un mètre de large, tressautements parfois violents dans la cabine, ponts en bois branlants et tourbillons de poussière rouge qui bouchent la vue rendent hasardeuse la conduite sur ces routes qui ont le plus souvent seulement deux voies et dont certaines portions sont toujours en terre battue.
"De ce côté, il n'y a pas de route", dit Erik Fransuer, qui porte un T-shirt, un short et des tongs, en montrant de la main la direction de la BR163 qui relie Ruropolis à Santarem. La semaine suivante, ce qui n'était qu'une piste de terre a été asphalté.
Car les choses changent.
Pressé de développer l'Amazonie dans cette période où l'économie est faiblarde, le gouvernement du président Jair Bolsonaro a prévu de terminer d'asphalter cette année les 1.770 kilomètres de la BR163, qui va de Cuiaba, la capitale de l'Etat du Mato Grosso (centre ouest), à Santarem, dans celui du Para, au nord.
Des ouvriers goudronnent aussi des sections de la BR230, qu'on appelle également la Transamazonienne, une immense entaille de 4.000 km de long dans la forêt tropicale entre la ville Joao Pessoa, sur la côte atlantique, et celle de Labrea, à l'ouest.
Peu à peu, des ponts en bois qui ne laissent le passage qu'à un véhicule et peuvent à peine supporter des poids lourds chargés de 30 tonnes de céréales sont remplacés par des structures en béton.
"Il y a beaucoup d'accidents, beaucoup de morts, ici," dit Darlei da Silva, qui construit sous une forte chaleur, avec une équipe d'ouvriers, un nouveau pont sur la BR230, l'un des 18 actuellement en chantier, selon lui, le long de la Transamazonienne.
"Ça va vraiment améliorer les choses".
- Déforestation -
Les routes ont été construites sous les militaires pendant la dictature au début des années 70, pour peupler cette région très excentrée et seulement habitée par des tribus indigènes, vulnérables à l'arrivée de nouveaux venus.
La déforestation s'est ensuivie, alors que des "colons", des ruraux pauvres attirés dans la région par la promesse de l'attribution de centaines d'hectares de terres et d'un meilleur avenir, ont commencé à abattre les arbres des essences précieuses de la forêt : le jatoba, le cèdre, l'itauba ou le marupa, afin de faire de la place pour les cultures.
Le mouvement s'est accéléré lors des décennies suivantes et éleveurs de bovins, cultivateurs de soja et bûcherons clandestins se sont enfoncés davantage dans la forêt du bassin amazonien, où vivent aujourd'hui quelque 20 millions de personnes.
En circulant dans l'Etat du Para, où se trouve la ville de Ruropolis, des journalistes de l'AFP ont vu des bandes entières de terre sans plus aucun arbre, parsemées de ranchs aux noms évocateurs de "Meu sonho" (Mon rêve) ou "Boa vista" (Belle vue).
Là où s'élevaient les arbres majestueux de la forêt vierge, on voit paître des troupeaux de vaches de race brahmane ou d'énormes moissonneuses-batteuses en action dans des champs de céréales.
Des zones récemment défrichées apparaissent calcinées. Des surfaces étaient encore en feu dans la région récemment, chargeant l'air d'une forte odeur de brûlé, en dépit de l'interdiction des brûlis décrétée fin août, pour 60 jours, par le gouvernement de Jair Bolsonaro, sous la pression de l'étranger. Mais les pluies ont éteint les foyers.
Les autoroutes et les routes qui les rejoignent ont fait prospérer toutes sortes d'activités illégales dans la région, comme l'extraction minière sans autorisation ou les invasions de terres.
"Avec nos recherches (...) dans les zones de la Transamazonienne et de la BR163, nous avons trouvé qu'à partir du moment où vous construisez une route, vous autorisez la déforestation sur environ 100 kilomètres le long de cet axe routier, c'est-à-dire 50 kilomètres de part et d'autre", explique Socorro Pena, ancien chercheur à l'Institut de recherche sur l'environnement de l'Amazonie.
"Les grandes routes et les grands projets d'infrastructure provoquent un taux élevé de déforestation et de problèmes environnementaux. Ils portent vraiment atteinte aux populations locales", ajoute-t-il.
- Ports saturés - 
Normalement, le trajet de plus de 2.000 km aller et retour entre Sinop, dans l'Etat du Mato Grosso, le grenier à céréales du Brésil, vers les ports de Miritituba ou Santarem, dans l'Etat voisin du Para, devrait prendre trois jours.
Mais les routiers se retrouvent souvent bloqués pendant plusieurs jours d'affilée dans les terminaux le long de la rivière Tapajos, un des grands affluents du fleuve Amazone, avant de pouvoir décharger leur cargaison dans des ports saturés par la demande insatiable de la Chine pour le soja.
Les temps de transport sont encore plus longs pendant la saison humide, de novembre à juin, lorsque les pluies transforment des tronçons de route de terre en boue épaisse.
Ou quand des centaines de mineurs clandestins dressent un barrage sur une autoroute pendant des jours pour exiger un statut légal, comme ils l'ont fait récemment à Moraes Almeida, sur la BR163.
Erik Fransuer, routier depuis six ans, dit qu'il voit chaque jour en moyenne dix accidents en raison des mauvaises conditions de transport.
Le nombre de poids lourds empruntant les autoroutes devrait exploser dans les prochaines années alors que les groupes céréaliers construiront davantage de terminaux portuaires.
Quelque 6.000 camions devraient arriver chaque jour dans les terminaux du port fluvial de Miritituba au cours des cinq prochaines années, une fois que le nombre de terminaux aura triplé, passant de cinq à 15, explique le maire de la municipalité d'Itaituba, Valmir Climaco de Aguiar.
Pour l'instant, ce ne sont "que" 1.500 camions par jour.
- Terre et boue -
La modernisation des axes routiers et des ports va réduire les coûts de transport pour les cultivateurs de céréales du Mato Grosso, qui pourront exporter davantage via les terminaux du Nord plutôt que ceux du Sud, plus éloignés de leurs terres.
Mais tout le monde dans le Para ne se réjouit pas de ces nouveautés.
Les populations locales craignent que davantage de trafic routier ne rende les routes encore plus dangereuses et génère encore plus de cette affreuse poussière qui laisse des traces rouges sur tout.
"Je fais mes lessives le soir lorsqu'il y a moins de voitures sur la route", explique Dayana Rodrigues Melo, mère de quatre enfants rencontrée à Ruropolis, où les rues ne sont pas asphaltées.
De même les températures ont augmenté dans la région à cause de la déforestation, disent les habitants.
L'expansion agricole a également poussé à la hausse les prix des terres comme des maisons, et sonné le glas des cultures de fruits et légumes qui alimentaient autrefois les marchés locaux, déplore Sandro Leao, un économiste qui enseigne à l'Université fédérale du Para occidental.
Les salaires et les créations d'emplois n'ont hélas pas suivi. Et il n'y a pas de signal pour les téléphones en dehors des grandes villes.
"Le modèle de développement économique (...) qui se base sur la logistique des transports dans le Nord bénéficie surtout à ceux qui sont impliqués dans l'export", ajoute le professeur, "ce qui veut dire les grands fermiers, les firmes exportatrices et les groupes céréaliers".
De meilleures infrastructures sont une bonne nouvelle pour Erik Fransuer, qui est payé, comme les autres chauffeurs routiers, environ 1.000 réais (220 euros) à chaque arrivée au port.
Cela lui permettrait de faire plus de voyages chaque mois afin de mieux subvenir aux besoins de sa petite famille qui habite ailleurs dans une localité de l'Etat de Paraiba, dans le Nord-est. Car "c'est dur", lâche-t-il.
<https://information.tv5monde.com/info/sur-la-route-travers-l-amazonie-l-asphalte-mange-la-foret-325641>
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En audio
27- Éleveurs de vaches, et fiers de l'être, France Inter, Camille passe au vert, 01/10/19, 13h40
Camille Crosnier

Alors que la viande est montrée du doigt au sujet du réchauffement climatique, le sommet de l'élevage s'ouvre demain à Cournon d'Auvergne. L'occasion d'aller prendre l'air et de rencontrer des éleveurs du Cantal.
Jusqu’à la fin de la semaine, plus de 1500 exposants venus de 38 pays avec 2000 bêtes seront réunis à Cournon d'Auvergne pour le sommet de l'élevage. Des éleveurs de viande bovine qui a bien mauvaise réputation aujourd’hui : elle serait responsable à elle seule de presque 10 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, et je ne parle bien que des bovins. 
Aujourd’hui, il faut s’y faire, quand on pense "bifteck" on ne pense plus frites et sauce béarnaise mais pollution, déforestation, et maltraitance. 
Quelle différence entre l’élevage intensif et des exploitations bien moins gigantesques ?
Direction le Cantal, au milieu des troupeaux de vaches. 
Paul Totti est éleveur de charolaises. 180 vaches, sur 280 hectares
« Nous on est à des années lumières de ce genre de système. Vu du Cantal, dire que les vaches sont la solution à l'urgence climatique, ça nous paraît un peu utopique"
Paul Totti est un éleveur de vaches bio, et pour lui manger de la viande est un acte militant et écologique : "on remet de la vie dans le sol", dit-il. 
Il fait pousser lui-même son lupin, bio, pour remplacer le soja en complément de l'herbe, sans engrais chimique elle aussi. 
Mais d’autres éleveurs la dopent !
>> Suite à lire ou à (ré)écouter à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/camille-passe-au-vert/camille-passe-au-vert-01-octobre-2019>
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En images
28- En Mayenne, une mère de famille atteinte de deux tumeurs dénonce l'utilisation de pesticides à huit mètres de son domicile, France 3, le 19/20, 02/10/19

Pas moins de 15 substances toxiques ont été retrouvées dans une mèche de ses cheveux, selon l'enquête de France 3 diffusée mercredi.
Lorsqu'un champ de maïs s'installe sur la colline à côté de son domicile, à Larchamp (Mayenne), cette famille ne s'attendait pas à ce que sa vie vire au cauchemar. "Du jour où ce champ a été cultivé, témoigne Catherine Fargeas, ce sont des glissements de terrain au printemps et donc des glissements de produits d'épandage qui arrivent dans ma cour." Il faut dire que des pesticides sont utilisés à huit mètres seulement de son habitation, où Catherine et sa fille vivent depuis vingt ans. En 2013, la famille perd chèvres, lapins et même un chien de façon inexpliquée. Quelque temps plus tard, c'est la jeune fille de la famille qui tombe malade, frappée par une polyarthrite infantile. 
>> Suite à lire et reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/atteinte-de-plusieurs-tumeurs-une-mere-de-famille-de-mayenne-denonce-l-utilisation-de-pesticides-a-huit-metres-de-son-domicile_3641673.html>
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29- Brésil : le poumon vert traversé par l’axe BR-163, Arte Reportage, 05/10/19, 13:13

Construite en 1972, sous la dictature militaire, la route BR-163 qui traverse le Brésil du Nord au Sud est à la fois une artère indispensable au développement économique du pays et une voie qui menace de détruire la forêt tropicale.
En effet, ce poumon vert traversé par l’axe BR-163, long de 4476 km, recycle un cinquième des précipitations au niveau mondial, fixe 150 milliards de tonnes de carbone et abrite 15% de la faune et de la flore mondiale.
Elu président en janvier 2019, Jair Bolsonaro, chantre de la dictature, prône une économie ultra-libérale. Une politique destinée à favoriser l’expansion économique qui redonne à cet axe routier nord-sud toute sa valeur symbolique. Se désengager de sa dette en devenant une force économie de premier plan et, en même temps, sauvegarder ce qui reste d’un gigantesque écosystème. Un reflet des ambitions paradoxales du Brésil.
> Reportage (25 minutes) à voir à :
<https://www.arte.tv/fr/videos/087822-000-A/bresil-un-corridor-nomme-br-163/>
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Une annonce
30- Foire ô Miel, Syndicat Apiculteurs Midi-Pyrénées, Toulouse (place du Capitole), le 09/11/19

Rendez-vous samedi 9 novembre pour la plus grande Foire ô Miel de France
Samedi 9 novembre 2019, Place du Capitole à Toulouse, aura lieu la prochaine édition de notre Foire ô Miel – la plus grande de France avec 80 stands, dont 50 apiculteurs-récoltants, et plus de 15 000 visiteurs.
Compte-tenu du climat de violence, et afin d’assurer la sécurité de tous, le Syndicat Apiculteurs Midi-Pyrénées, d’un commun accord avec la Ville de Toulouse, avait été contraint d’annuler la Foire ô Miel prévue le 26 janvier.
> Renseignements et inscriptions à :
<https://www.apiculteurs-midi-pyrenees.fr/le-syndicat/foire-o-miel/>
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À PROPOS DE LA PRÉSENTE REVUE DE PRESSE...
Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
Elle n’a pas de caractère exhaustif. Il s’agit d’une sélection pluraliste d’articles ou de dépêches, parfois antagonistes, ne faisant pas systématiquement la Une des journaux et regroupés en 6 thèmes, adressée par mail du lundi au vendredi, à raison d’un thème différent chaque jour.
Diffuser ces articles ne signifie pas automatiquement les approuver mais vise à vous surprendre, vous enrichir, vous donner envie d’en savoir plus, vous aider à relayer l’info, à passer à l’action, et même, à vous indigner ou à vous faire sourire ! Nous espérons qu’au moins un de ces articles répondra chaque jour à l’un de ces objectifs.
Si l’archivage récemment mis en place ne cous convient pas, pensez à conserver les articles qui vous concernent ou vous intéressent particulièrement.
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NOS APPELS 
– Let’s Bio ! Ensemble pour des cantines bios et locales <https://www.letsbio.org/> pour bien nourrir nos enfants.
– Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
NOS CAMPAGNES 
– 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/> pour participer à l'émergence d'un modèle énergétique plus propre et durable
– Mon Restau’Responsable® <https://www.youtube.com/watch?list=PLh--7obE3XQ5hw0hyacAsOc7PLMneP7-N&v=Eo7AZvPE_MA> pour guider les professionnels de la restauration collective et valoriser leurs bonnes pratiques.
– J’agis pour la nature <http://www.jagispourlanature.org/> pour participer à des activités utiles et ludiques en pleine nature, près de chez vous.
NOS VIDÉOS PÉDAGOGIQUES 
– Sur notre chaîne You Tube <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>, retrouvez toutes nos vidéos.  
NOS PUBLICATIONS (les plus récentes) 
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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