[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage + 1 annonce (lundi 9 septembre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Lun 9 Sep 08:02:24 CEST 2019


Bonjour à tous,

Un grand tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Tribune. « L’Amazonie doit briller de ses lucioles, pas des incendies » <https://www.nouvelobs.com/planete/20190901.OBS17809/tribune-l-amazonie-doit-briller-de-ses-lucioles-pas-des-incendies.html>, L’Obs, 01/09/19, 08h00
2- Le fil vert. Une application pour limiter le gaspillage dans les cantines <https://www.liberation.fr/planete/2019/09/02/une-application-pour-limiter-le-gaspillage-dans-les-cantines_1748106>, Libération, 02/09/19, 07:03
3- Réduire le gaspillage alimentaire et limiter la consommation de viande pour un monde tout bio <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/reduire-le-gaspillage-alimentaire-et-limiter-la-consommation-de-viande-pour-un-monde-tout-bio_5505324_3244.html>, Le Monde, 02/09/19, 07h00
4- En Amazonie, la déforestation cède la place à l'élevage, puis aux friches <https://information.tv5monde.com/info/en-amazonie-la-deforestation-cede-la-place-l-elevage-puis-aux-friches-319172>, AFP, 02/09/19, 19:00
5- Le dérèglement climatique fait chuter qualité et quantité du riz, du maïs et du blé <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/riz-mais-ble-des-cultures-moins-productives-et-moins-nutritives_5505503_3244.html>, Le Monde, maj le 03/09/19 à 03h38
6- Reportage. Manger demain (3/6). Au Sénégal, le mil, céréale millénaire et dernier rempart contre la sécheresse <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/au-senegal-le-mil-cereale-millenaire-et-dernier-rempart-contre-la-secheresse_5505520_3244.html>, Le Monde, maj le 03/09/19 à 04h02
7- Le "plus grand" arbre d'Amazonie pas menacé par les feux (scientifiques) <https://information.tv5monde.com/info/le-plus-grand-arbre-d-amazonie-pas-menace-par-les-feux-scientifiques-319412>, AFP, 04/02/19, 02:00
8- Dans la Manche, un visage plus vertueux de l’aquaculture <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/04/dans-la-manche-un-visage-plus-vertueux-de-l-aquaculture_5506118_3244.html>, Le Monde, 04/09/19, 06h00
9- Reportage. Manger demain (4/6). Le saumon, industrie à grande échelle et filon pour la Norvège <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/04/le-saumon-industrie-a-grande-echelle-et-filon-pour-la-norvege_5506094_3244.html>, Le Monde, 04/09/19, 09h07
10- Le khat, or vert de l’Ethiopie <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/04/le-khat-or-vert-de-l-ethiopie_5506059_3212.html>, Le Monde Afrique, 04/09/19, 10h48
11- L’Allemagne va bannir le glyphosate en 2023, même si l’UE prolonge son autorisation <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/04/l-allemagne-va-bannir-le-glyphosate-en-2023-meme-si-l-ue-prolonge-son-autorisation_5506401_3244.html>, Le Monde avec AFP, 04/09/19, 16h02
12- Tribune. « En finir avec l’élevage intensif, cet ennemi de l’intérêt général » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/05/en-finir-avec-l-elevage-intensif-cet-ennemi-de-l-interet-general_5506540_3232.html>, Le Monde, 05/09/19, 01h38 
13- Le sommet sur l'Amazonie lancera un "appel mondial" pour sa protection <https://information.tv5monde.com/info/le-sommet-sur-l-amazonie-lancera-un-appel-mondial-pour-sa-protection-319579>, AFP, 05/09/19, 03:00
14- Arrêté anti-pesticides : Le maire de Nanterre interdit l’utilisation de glyphosates dans sa commune <https://www.20minutes.fr/planete/2597811-20190905-arrete-anti-pesticides-maire-nanterre-interdit-utilisation-glyphosates-commune>, 20 Minutes, 05/09/19, 17h44
15-  <https://information.tv5monde.com/info/une-foret-plantee-sur-le-terrain-d-un-stade-autrichien-319795>Une forêt plantée sur le terrain d'un stade autrichie <https://information.tv5monde.com/info/une-foret-plantee-sur-le-terrain-d-un-stade-autrichien-319795>n, AFP, 05/09/19, 19:0
16- En Amazonie, le bilan incertain de la lutte contre les incendies <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/07/en-amazonie-le-bilan-incertain-de-la-lutte-contre-les-incendies_5507512_3244.html>, Le Monde, 07/09/19, 10h12
17- Pesticides : le gouvernement propose une distance minimale de 5 à 10 mètres, « très insuffisante » pour les ONG <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/07/contre-les-pesticides-le-gouvernement-propose-une-distance-minimale-de-5-a-10-metres_5507642_3244.html>, Le Monde avec AFP, 07/09/19, 12h45
En audio
18- Agriculture : des fermes "bas carbone" pour réduire l'impact écologique des vaches <https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/agriculture-des-fermes-bas-carbone-pour-reduire-l-impact-ecologique-des-vaches-7798268072>, RTL, C’est notre Planète, 03/09/19, 06:00
Une annonce
19- Les actualités de la Chaire Unesco Alimentations du monde <https://mailchi.mp/fbe7c3fa5468/les-actualits-de-la-chaire-unesco-alimentations-du-monde-803464?e=a158773d59>, Supagro, septembre 2019

Bien à vous,
Florence

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CHIFFRES DU JOUR : — Les surfaces cultivées en bio ont triplé depuis le début du siècle. En 2016, elles représentaient 58 millions d’hectares. (cf. item 3)
— Maïs, blé et riz, ces trois céréales se révèlent les piliers de la sécurité alimentaire. Elles fournissent 43 % des apports énergétiques mondiaux, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). (cf. item 5)
— Sans mesure d’adaptation, les rendements de mil chuteront de 30 % d’ici à 2050. Un scénario dramatique pour la sécurité alimentaire. (cf. item 6)
— Selon le budget prévisionnel du Brésil pour 2020, le ministère de l’environnement devrait perdre 10 % de ses ressources. L’enveloppe consacrée à la lutte contre les incendies devrait quant à elle plonger de 45,5 millions à 29,6 millions de reais (de 10 millions à 6,6 millions d’euros), soit une chute catastrophique de 34 %. (cf. item 16)
ÉCLAIRAGES DU JOUR : Différentes facettes de la révolution alimentaire en marche. (cf. item 6, 8 & 9)
INITIATIVES DU JOUR : — Après les maires de Langouët et de Revest des Bousses (Alpes Hautes Provence), c’est au tour de ceux de Sceaux, Gennevilliers, Antony, Nanterre d’entrer dans la danse pour interdire le recours au  glyphosate sur leur commune. (cf. item 14, suite, 17 & suite)
— Pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, les éleveurs laitiers ont décidé d’agir avec le programme des fermes "bas carbone" mis en place par la filière. Ils sont 9.000 à le suivre pour l'instant. (cf. item 19)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Tribune. « L’Amazonie doit briller de ses lucioles, pas des incendies », L’Obs, 01/09/19, 08h00
Par Maxime Zucca (Ornithologue et co-responsable du Pôle Ecologie du mouvement Place Publique)

C’est probablement la nuit que la forêt amazonienne est la plus féerique. Lorsque les cigales et les oiseaux concèdent le fond sonore aux lancinantes clochettes émises par d’énigmatiques petites rainettes beaucoup trop haut perchées pour se laisser observer, et que l’éclair de la lampe torche le long des troncs étranglés par les figuiers dévoile, mètre par mètre, ici un phasme gigantesque, là un scorpion ou un scarabée, parfois un Douroucouli, singe nocturne aux gros yeux, ou un oiseau endormi. Si l’envie d’obscurité nous prend tout d’un coup, le faisceau laisse place aux constellations de lucioles et aux champignons bioluminescents si bien que, si l’aurore n’était pas le théâtre d’un nouvel émerveillement symphonique, on souhaiterait qu’elle n’arrive jamais.
À l’autre bout du Pacifique, la jungle de Bornéo se réveille aux chants mystiques des Gibbons, qui succèdent au silence des écureuils volants et des Loris paresseux, avant que n’arrive l’heure des papillons de toutes formes, mimant qui la feuille, qui la mousse, ou exhibant courageusement leurs couleurs, espérant que le prédateur trouvera la chose louche.
Et la forêt vierge de Cebu ? Je ne sais pas. Et ne le saurai jamais. Elle a déjà disparu. Je n’y ai vu que de lamentables reliques de quelques hectares inaccessibles aux bulldozers, abritant encore les derniers couples des oiseaux endémiques de cette grande île des Philippines.
Lorsque l’on prend conscience de toutes les formes de vie abritées par chacun des innombrables géants qui forment l’horizon de la canopée, que l’on soit plus sensible à la beauté, à l’originalité, à la variété ou que sais-je, chaque arbre coupé, chaque arbre brûlé, devient la scène d’une injustice insoutenable. Alors, devant le spectacle répété de ces milliers d’hectares de vies éradiqués, année après année, la douleur se mue en colère, une colère qui devient lame de fond, et qu’il est indispensable de rendre féconde, au risque de sombrer dans une noirceur que même des armées de lucioles n’arriveront pas à forcer.
>> Suite à lire à :
<https://www.nouvelobs.com/planete/20190901.OBS17809/tribune-l-amazonie-doit-briller-de-ses-lucioles-pas-des-incendies.html>
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2- Le fil vert. Une application pour limiter le gaspillage dans les cantines, Libération, 02/09/19, 07:03
Aude Massiot 

Meal Canteen, développée par une start-up stéphanoise, permet de réserver à l'avance ses plats dans la restauration collective, et donc d'éviter de produire des surplus qui seront ensuite jetés.
La fierté d’avoir confectionné ce bon plat avec les restes de la veille gonfle facilement la poitrine. Se dire, qu’une fois de plus, on évite que des aliments encore comestibles viennent alourdir notre poubelle, et pourrissent dans une décharge ou brûlent dans un incinérateur.
De plus en plus répandu, ce réflexe semble moins automatique avec ses collègues, au-dessus du formica de la table de la cantine d’entreprise, quand un bout de pain, de fromage ou un reste de riz est balancé négligemment dans la boîte à ordures collective.
>> Suite à lire à :
<https://www.liberation.fr/planete/2019/09/02/une-application-pour-limiter-le-gaspillage-dans-les-cantines_1748106>
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3- Réduire le gaspillage alimentaire et limiter la consommation de viande pour un monde tout bio, Le Monde, 02/09/19, 07h00
Stéphane Mandard  

Les surfaces cultivées en bio ont triplé depuis le début du siècle. En 2016, elles représentaient 58 millions d’hectares. 
« Pas de tomate bio en hiver. » Lancée fin mai par la Fédération nationale d’agriculture biologique pour s’opposer au développement des serres chauffées en France, la pétition avait reçu le soutien de Greenpeace et de la Fondation Nicolas Hulot, de 70 chefs cuisiniers, d’une centaine de parlementaires et de plus de 80 000 signataires dénonçant tous un « non-sens éthique et une impasse agronomique ». Las. Au début de l’été, le Comité national de l’agriculture biologique a donné son feu vert à la production de tomates, aubergines ou concombres bio sous serres chauffées. Certes avec une limite : ces légumes « d’été » devront être vendus entre le 30 avril et le 21 décembre.
> Lire aussi  En Andalousie, plongée dans l’enfer des serres de la tomate bio
Les serres chauffées, réclamées par la FNSEA notamment pour contrer les tomates d’Almeria, en Espagne, illustre l’industrialisation – et les dérives (surexploitation des ressources naturelles et humaines) qui l’accompagnent – d’un secteur soumis à un changement d’échelle brutale sous la pression de la grande distribution et d’une demande en forte croissance. Le bio représente aujourd’hui 5 % des achats alimentaires des Français. Un marché en plein boum (9,7 milliards d’euros en 2018 contre 5,9 milliards en 2015) qui aiguise les appétits de la grande distribution. Carrefour s’est fixé un objectif de chiffre d’affaires « bio » de 5 milliards d’euros en 2022 contre 1,8 milliard en 2018.
En matière de surfaces cultivées, la barre des 2 millions d’hectares (7,5 % de la surface agricole utile) vient d’être franchie, ce qui place la France en troisième position derrière l’Espagne et l’Italie en Europe. A l’échelle du continent, la croissance du bio est tout aussi impressionnante. Entre 2007 et 2017, année la plus récente pour laquelle les données sont disponibles, les surfaces cultivées en bio ont presque doublé, pour atteindre 13 millions d’hectares (7 % des terres agricoles).
Dans le monde, elles représentent environ 58 millions d’hectares (statistiques de fin 2016), soit un triplement depuis le début du siècle. Le nombre de ferme bio a lui été multiplié par 10. Mais ce mouvement masque une autre réalité : le bio, à l’échelle de la planète, représente à peine plus de 1 % des terres cultivées (et seulement 0,1 % en Afrique). Un produit de luxe consommé principalement par les Américains (47 %) et les Européens (37 %).
> Lire aussi  Les serres chauffées autorisées sous conditions dans l’agriculture bio
Dès lors, est-il envisageable de nourrir un jour la planète en bio ? Oui, répond l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FIBL), basé en Suisse. Dans une étude publiée dans la revue Nature Communications, les chercheurs du FIBL affirment qu’il sera possible de nourrir 10 milliards d’humains en 2050 avec 100 % d’agriculture biologique.
« Marge de progression » 
A deux conditions : réduire le gaspillage alimentaire et limiter la consommation de produits d’origine animale. Convertir la totalité de l’agriculture au bio nécessiterait toutefois la mise en culture de 16 % à 33 % de terres en plus dans le monde. Soit bien plus que les 6 % du scénario, essentiellement basé sur le modèle conventionnel, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, qui estime que la production agricole devra augmenter de 50 % d’ici à 2050 pour couvrir les besoins de 10 milliards d’humains.
Car les rendements du bio sont plus faibles, de l’ordre de 20 % par rapport à l’agriculture conventionnelle. « L’une des principales questions que pose le changement d’échelle de l’agriculture biologique est celle de l’usage des terres », résume Patrice Dumas, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). 
Le Cirad a participé au rapport du World Ressources Institute « Créer un avenir alimentaire durable ». Un document de 550 pages qui propose des solutions pour « nourrir la planète en 2050 sans la détruire ». La nouvelle doctrine est de réduire les gaz à effet de serre en augmentant les rendements afin de limiter la déforestation, voire de reforester en certains points du globe. Le bio part avec un handicap. Mais il n’est pas insurmontable.
Première piste : augmenter sa productivité. « Jusqu’ici, il y a eu peu de recherches. Si on s’y met un peu partout dans le monde, il y a une marge de progression », estime Patrice Dumas. Deuxième axe : changer de régime alimentaire, comme le préconise également le FIBL. « En réduisant la part des ruminants partout où il y a compétition avec des terres cultivables, on pourrait augmenter la production bio. » Une orientation, souligne le spécialiste du Cirad, qui relève de la décision politique.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/reduire-le-gaspillage-alimentaire-et-limiter-la-consommation-de-viande-pour-un-monde-tout-bio_5505324_3244.html>
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4- En Amazonie, la déforestation cède la place à l'élevage, puis aux friches, AFP, 02/09/19, 19:00
Morgann Jezequel

Dans l'Amazonie brésilienne, les régions déboisées et incendiées laissent souvent place à des zones de pâturage, jusqu'à ce que les sols s'appauvrissent et que les troupeaux soient déplacés vers d'autres territoires, laissant des terres où le sol et la forêt mettront des décennies à se reformer.
L'élevage extensif de bovins, dont les pâturages ont quadruplé de surface en une génération dans le bassin amazonien, couvrant 53 millions d'hectares en 2017 contre 14 millions en 1985, est le principal moteur de la déforestation, selon Mapbiomas, une plate-forme collaborative réunissant données scientifiques ou venant d'ONG, financée essentiellement par la Norvège et des fondations privées.
L'ONG Greenpeace estime que cette activité est responsable de 65% du déboisement de l'Amazonie brésilienne, la plus grande forêt tropicale du monde, qui a perdu près de 20% de sa végétation d'origine, l'équivalent de la taille de la France.
Dans un rapport daté de 2015, Moacyr Dias-Filho, chercheur de l'organisme public brésilien de recherche agronomique (Embrapa), estime que près de la moitié des pâturages en Amazonie sont dégradés ou en cours de dégradation, devenant improductifs pour l'élevage.
Le soja peut pousser sur d'anciens pâturages dégradés mais les tentatives pour le faire en Amazonie sont limitées par le manque d'investissement dans la recherche variétale de semences, explique à l'AFP Jerônimo Sansevero, chercheur en sciences environnementales à l'Université fédérale rurale de Rio de Janeiro.
Grâce à un moratoire de 2006, moins de 2% de l'oléagineux planté en Amazonie provient aujourd'hui directement de zones déboisées après 2008.
- Fertilité temporaire -
La dégradation des pâturages, en quelques années seulement, s'explique notamment par la pauvreté des sols en matière organique et en phosphore, un élément particulièrement important pour le pâturage et l'agriculture.
La disparition des arbres, qui contiennent, eux, beaucoup de phosphore et alimentent les sols en nutriments grâce à la décomposition de leurs feuilles et débris, met en péril l'équilibre naturel de l'écosystème. L'usage du feu pour retirer les arbres abattus ou défricher un champ, comme cela est souvent le cas dans les zones de pâturage, participe à l'érosion progressive des sols en les exposant aux eaux de pluie qui emportent les nutriments. 
La hausse de la fertilité obtenue grâce au brûlis n'est donc que temporaire. "Dans le processus de coupe et de brûlage, (le phosphore) est incorporé aux cendres, agissant comme le principal responsable pour de meilleures indices de productivité lors des premières années après l'abattage" des arbres, indique l'Embrapa.
"Cependant, la rapide diminution des quantités de phosphore assimilable par le sol conduit invariablement à la perte de la capacité productive des surfaces cultivables", ajoute l'organisme de recherche public.
- Solutions coûteuses -
Le feu élimine aussi les graines d'arbres qui ne sont pas adaptées pour lui résister, ce qui limite les possibilités de la forêt de se reformer naturellement, un processus long de plus d'un siècle. 
"Les semences doivent être apportées par la faune depuis des zones proches où la végétation est encore intacte. Mais lorsqu'une zone brûlée est entourée d'une région déboisée, la récupération de la forêt est impossible", souligne M. Sansevero. 
La déforestation et les incendies de l'Amazonie provoquent aussi la libération de grandes quantités de carbone, participant au changement climatique et à l'accentuation des périodes de sécheresse, ce qui rend encore plus difficile la récupération des zones dégradées et porte préjudice à l'activité agricole elle-même.
Des méthodes adaptées de plantation ou d'amélioration de la qualité des sols (par l'utilisation cyclique des pâturages, ou l'utilisation de différentes variétés d'herbes) existent et commencent à être appliqués, mais elles sont souvent coûteuses pour les petits propriétaires terriens, alors que les incitations gouvernementales restent limitées. 
"Ces outils permettraient d'intensifier l'élevage, dont la productivité moyenne au Brésil est de 0,8 tête par hectare, sans avoir besoin d'avancer davantage dans la forêt. Mais un éleveur dépense souvent moins en déboisant de nouvelles zones", ajoute M. Sansevero. 
La déforestation se fait aussi au détriment de la biodiversité amazonienne. "On est encore loin de connaître toutes les espèces de la forêt. Sa disparition représente une énorme perte de patrimoine, on fait une croix sur de possibles nouveaux aliments, matériaux et médicaments", alerte Marcos Buckeridge, professeur à l'Institut de biosciences de l'Université de São Paulo.
<https://information.tv5monde.com/info/en-amazonie-la-deforestation-cede-la-place-l-elevage-puis-aux-friches-319172>
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5- Le dérèglement climatique fait chuter qualité et quantité du riz, du maïs et du blé, Le Monde, maj le 03/09/19 à 03h38
Audrey Garric  

En 2050, la demande devrait atteindre 3,3 milliards de tonnes par an, soit 800 millions de plus qu’en 2014, estime la FAO. 
Riz sauté ou gluant, pains, pâtes, pizzas, tortillas, naans… Chaque jour, l’humanité consomme des millions de tonnes de maïs, de blé et de riz, qui parviennent aussi de manière indirecte dans nos assiettes après avoir nourri les animaux. Ces trois céréales, principales cultures produites dans le monde, se révèlent à ce titre les piliers de la sécurité alimentaire. Occupant une place cruciale dans la nutrition depuis la naissance de l’agriculture il y a près de 10 000 ans, elles fournissent 43 % des apports énergétiques mondiaux, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
> Lire le reportage : Le mil, dernier rempart contre la sécheresse au Sénégal
Dans un monde qui comptera près de 10 milliards d’êtres humains en 2050, leur demande devrait atteindre près de 3,3 milliards de tonnes par an, soit 800 millions de plus qu’en 2014, estime la FAO.
L’équation pourrait paraître insoluble alors que, dans le même temps, le dérèglement climatique fait chuter la productivité des grandes cultures – tout en aggravant d’autres fléaux comme la dégradation des terres ou la raréfaction de l’eau. Sans adaptation ni amélioration génétique, chaque élévation de la température d’un degré Celsius va entraîner une baisse des rendements mondiaux de maïs de 7,4 %, de blé de 6 % et de riz de 3,2 %, frappant le plus durement les petits exploitants et aggravant l’envolée des prix alimentaires, selon une analyse internationale publiée dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences américaine en 2017.
« En 2050, en cas de poursuite des émissions de gaz à effet de serre, les pertes de rendement pourraient dépasser 10 % pour certaines céréales, comme pour le blé autour du bassin méditerranéen, avance Lorenzo Giovanni Bellu, économiste à la FAO et spécialiste des projections des systèmes alimentaires et agricoles. Mais c’est surtout entre 2050 et 2100 que les pertes seront les plus fortes dans un monde plus chaud de + 3 °C à + 5 °C si rien n’est fait. » D’ici à la fin du siècle, aux Etats-Unis, les récoltes de maïs pourraient chuter de 49 %, et celles de blé de 22 %, en cas d’exposition prolongée à des températures comprises entre 30 °C et 36 °C, calculent des travaux publiés dans Nature Communications en 2017.
Des projections probablement sous-estimées dans la mesure où ces modèles ne prennent en compte que la seule variation de la température et de l’humidité. Or, le changement climatique affecte également l’occurence des événements extrêmes, comme les sécheresses et les inondations. Il devrait également favoriser la prolifération d’insectes ravageurs, qui dévorent déjà entre 5 % et 20 % des principales céréales. Selon une étude publiée dans Science en 2018, un réchauffement de 2 °C augmenterait les pertes imputables aux nuisibles de 46 % pour le blé, de 31 % pour le maïs et de 19 % pour le riz, soit un déficit cumulé de 213 millions de tonnes par an. La France, les Etats-Unis et la Chine subiraient les plus forts déclins.
Ce n’est pas tout. Ces cultures moins productives et plus ravagées seront aussi moins nutritives, en raison de la hausse de la concentration de CO2 dans l’atmosphère. D’après des expérimentations menées en laboratoire, une concentration de 550 parties par million (ppm) – que l’humanité pourrait atteindre en 2050 au rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre, alors que nous sommes aujourd’hui à 414 ppm – entraînerait une baisse de 3 % à 17 % des teneurs en protéines, en zinc et en fer des cultures par rapport aux niveaux actuels, en particulier pour le blé, le riz et l’orge.
Que faire face à ces menaces déjà en train de devenir une réalité ? Pour la FAO, il est désormais urgent de « produire plus avec moins », en développant l’agriculture de conservation (rotation des cultures, association avec des arbres ou des animaux, etc.), en protégeant les sols et l’eau et en améliorant les variétés.
« Des recherches sont en cours pour sélectionner du blé résistant à la sécheresse ou du riz résistant aux inondations. Mais leur efficacité n’a pas encore été prouvée, indique Lorenzo Giovanni Bellu. La réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre est la seule solution au problème. » Limiter le réchauffement à 1,5 °C plutôt que 2 °C épargnerait davantage les céréales essentielles aux humains.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/riz-mais-ble-des-cultures-moins-productives-et-moins-nutritives_5505503_3244.html>
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6- Reportage. Manger demain (3/6). Au Sénégal, le mil, céréale millénaire et dernier rempart contre la sécheresse, Le Monde, maj le 03/09/19 à 04h02
Audrey Garric

La céréale est au cœur de l’alimentation et de la culture du pays. Capable de survivre dans les conditions de température et de sécheresse les plus extrêmes, elle va tout de même subir de plein fouet le dérèglement climatique.
De la mélopée des oiseaux jaillissent d’autres notes, plus rythmées et chaleureuses. Modou et Mamadou Diouf fredonnent un chant sérère, du nom de leur ethnie, pour se donner du courage. En cette matinée de début juillet, les deux frères sèment du mil, l’un guidant le cheval, l’autre tenant le semoir, sans se soucier du soleil écrasant. Il y a urgence : la première pluie est tombée quelques jours auparavant, le signal qu’ils attendaient pour déposer les précieuses semences dans la terre brûlante. En 2018, ils ont récolté 3,7 tonnes de la céréale, base de l’alimentation sahélienne, dans leurs 2 hectares de Niakhar, une localité rurale située à l’ouest du Sénégal.
« Nous avons multiplié par trois notre rendement en six ans grâce à la mise en place de pratiques agroécologiques, explique fièrement Abdou Diouf, frère de Modou et Mamadou, et gérant de l’exploitation familiale. Mais nous aurions pu récolter davantage s’il n’y avait pas eu une pause pluviométrique. » Cette région au cœur de la production de mil du pays, surnommée le bassin arachidier car elle produit également des cacahuètes en quantité, a enduré quarante jours sans eau après la première pluie, celle qui fait lever les plantes. « Le changement climatique nous inquiète. Dans vingt ans, quel sera notre avenir, nous les cultivateurs ? »
La relation des Diouf avec leur « plante porte-bonheur », c’est celle qu’entretient la majorité des habitants du Sénégal. Une histoire d’amour vieille de près de 5 000 ans, quand le Sahara était drapé de vert. La transformation de cette région en vaste étendue désertique s’est accompagnée de la domestication du mil, plus ancienne céréale d’Afrique avec le sorgho. La graminée s’est ensuite propagée, depuis le nord du Mali, dans l’ensemble du Sahel jusqu’à l’Inde et à l’Afrique du Sud. Pendant tous ces siècles, ses hautes tiges, culminant jusqu’à 4 mètres, et dont l’épi peut mesurer 70 centimètres, ont protégé les éleveurs et les agriculteurs de la faim.
Le mil à chandelle, que l’on appelle aussi petit mil, nourrit aujourd’hui 100 millions de personnes à très faibles revenus dans les régions les plus arides de la planète. Car cette plante rustique, dernier rempart contre la sécheresse, parvient à pousser avec 250 mm d’eau par an, quand il en faut 350 mm pour le sorgho et 750 mm pour le maïs et le riz. Elle s’épanouit de surcroît sur des sols pauvres et sableux, aux faibles réserves en eau. Dernière prouesse, elle est capable de fleurir jusqu’à une température de 42 °C.
Des gènes de champion
Au Sénégal, où 70 % de la population vit de l’agriculture, le mil est autant au centre de l’assiette que de la culture. On le mange bouilli ou cuit à la vapeur. Salé, il s’accompagne de légumes, de viande ou de poisson sous forme de couscous (thiéré). Sucré, il est servi avec du lait caillé ou du yaourt, décliné en thiakry, lakh ou fondé. Les Sénégalais le dégustent matin et soir, parfois le midi.
Chaque paysan possède ses parcelles pour sa propre subsistance, de sorte que le mil représente la deuxième culture du Sénégal, avec 810 000 hectares en 2017, derrière l’arachide (940 000 hectares). Et la troisième en termes de production (570 000 tonnes), après l’arachide (915 000 tonnes) et le riz (710 000 tonnes), selon les chiffres de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Le mil est donc l’un des piliers de la sécurité et de la souveraineté alimentaires du pays.
Et pourtant. Malgré son histoire millénaire, malgré ses gènes de champion, le mil ne survivra pas en l’état au dérèglement climatique qui bouleversera la planète et le Sénégal dans les prochaines décennies – à moins d’un ralentissement des émissions de gaz à effet de serre. Son aire de culture s’est déjà réduite au centre et au sud du territoire sénégalais car le climat est devenu trop sec au nord. Le pays enregistre une baisse de la pluviométrie de 30 % depuis les années 1950. Surtout, la saison des pluies s’est raccourcie : au lieu de s’étendre de juin à octobre, ce que l’on nomme l’hivernage débute désormais en juillet et s’achève fin septembre. Or, c’est le seul moment de l’année où la pluie tombe et où les plantes peuvent donc pousser.
> Lire aussi Riz, maïs, blé : des cultures moins productives et moins nutritives
La situation va encore s’aggraver. Les modèles, qui présentent beaucoup d’incertitudes, anticipent à la fin du siècle « une baisse des précipitations de 10 % à 60 % du sud au nord avec des épisodes de sécheresse de plus en plus longs en début de saison des pluies », avance Arona Diedhiou, climatologue franco-sénégalais à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Ce n’est pas tout. « On attend + 4 °C en moyenne sur le pays, et + 6 °C à l’est, dans un scénario de poursuite des émissions à leur rythme actuel », poursuit le chercheur. Or une température trop élevée lors de la floraison entraînera un fort taux d’avortement des plantes.
Assaillie de toutes parts, la céréale souffre également d’une fertilité des sols en chute libre, sous l’effet de l’érosion, de la pression foncière et de la surproduction d’arachide introduite par les Français du temps de la colonisation. Au Sénégal, comme dans le reste du continent, la démographie progresse à un rythme soutenu : la population, qui s’établit à 16 millions d’habitants, devrait plus que doubler pour atteindre 39 millions en 2050. « Il n’y a plus assez de terres pour tous et presque plus de champs en jachère pour laisser respirer le sol », observe Valérie Delaunay, démographe de l’IRD, basée à Dakar.
Le tableau est des plus sombres : sans mesure d’adaptation, les rendements de mil chuteront de 30 % d’ici à 2050. Un scénario dramatique pour la sécurité alimentaire, alors que les récoltes sont déjà maigres : entre 600 kg et 800 kg par hectare en moyenne, pour un potentiel de 3 tonnes.
Paysan, « un métier trop difficile, trop fatigant »
« Avec mes deux frères, nous gérons les 9 hectares de notre père, et ils ne nous suffisent plus pour vivre, témoigne Mbaye Diouf, un paysan de Lissar, un village au nord de Thiès, la deuxième métropole du pays. Nous avons dû diversifier les cultures (sorgho, arachide, manioc et niébé [une variété de haricot très courante en Afrique]) pour en avoir au moins une chaque année avec de bons rendements. » 
Malgré tout, la famille souffre de la « soudure », cette période de juillet, août ou septembre précédant les premières récoltes d’octobre, où les paysans ont consommé toutes les réserves de l’année d’avant. « On a diminué les rations », glisse Mbaye Diouf. « C’est un métier trop difficile, trop fatigant. Il faut de l’argent pour acheter une charrette et des chevaux, et en fin de saison sèche, il n’y a plus de fourrage pour leur donner à manger », explique Mahécor Sene, 22 ans, qui a délaissé les champs familiaux pour conduire des camions.
Parfois, certains paysans parviennent à écrire un autre futur. L’association sportive, culturelle et de développement Jamm Bugum (« Je veux la paix » en sérère), regroupant 300 producteurs autour de Niakhar, a ainsi bénéficié d’une aide du projet d’appui aux filières agricoles – mené par le Fonds international de développement agricole et le gouvernement sénégalais – entre 2012 et 2015. « Cela nous a permis d’acheter des intrants, du matériel agricole et d’organiser des formations », détaille Abdou Senghor, le président du centre de développement de la filière mil, l’une des branches de l’association.
Les anciens de la région sont d’abord sceptiques. « Au début du projet, les vieux nous ont donné les terres les moins fertiles et les plus reculées. Quand ils ont vu que cela marchait, ils ont lâché les meilleurs champs »,dit d’un air amusé Pierre Diouf, 29 ans, le secrétaire général de l’association de jeunesse. Car en quatre ans, les rendements ont bondi de 600 kg/ha à 1,5 tonne en moyenne, mettant fin à la « soudure » et par là même à la famine. « Nous avons même réussi à avoir des excédents. Avec la vente du mil, j’ai acheté des vaches pour faire de l’embouche bovine [engraissage rapide] ainsi que des moutons », se félicite l’exploitant Abdou Diouf.
« Technique d’amélioration variétale »
En assurant des revenus décents aux paysans et en leur permettant d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, Jamm Bugum a également contribué à réduire l’exode des jeunes vers les villes, voire à l’étranger. Dans le bassin arachidier, la migration saisonnière de travail s’est généralisée depuis trente ans, les étudiants partant travailler à la ville pendant la saison sèche afin de trouver une activité plus rémunératricepour aider leur famille. « Les jeunes n’acceptent plus de faire la bonne à Dakar. Maintenant, nous pouvons partir là-bas pour les études et revenir exploiter les champs ici », estime Pierre Diouf, qui compte s’installer définitivement à Niakhar après la fin de son master de biologie dans la capitale.
Dans les zones rurales, la présence de cases aux semences ainsi que de magasins qui vendent les graines à des prix solidaires renforce également l’autosuffisance alimentaire. Dans un petit bâtiment sombre, à Lissar, les bocaux s’alignent sur les étagères, sorgho, niébé, arachide, sésame. Ainsi qu’un drôle de nom : la « souna 3 », que l’on retrouve également dans les champs d’Abdou Diouf et de ses frères. Cette semence certifiée est en réalité une variété de mil développée par la recherche. Depuis de nombreuses années, les scientifiques cherchent, en collaboration avec une partie des paysans, à améliorer la productivité de la plante et son adaptation au changement climatique.
A Bambey, à deux heures de Dakar, un remue-ménage vient perturber le calme qui règne dans la campagne. Sur un champ de 1 hectare, des ouvriers agricoles, chapeau ou bonnet sur la tête et bêche à la main, récoltent le mil arrivé à maturité. D’autres crient et lancent des pierres pour faire fuir les oiseaux tentés de picorer les seules graines présentes des kilomètres à la ronde. Cette culture de mil, réalisée à contre-saison, est celle du Centre national de recherches agronomiques, une station de l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA). Après le battage des épis, les semences seront récoltées, séchées, analysées, conditionnées, puis multipliées par des paysans disposant d’un agrément d’Etat. Une fois certifiées, elles seront mises sur le marché.
« Chaque année, on sélectionne des milliers de plantes en milieu paysan, on en prend les meilleures et on les croise pour obtenir un mil qui présente toutes les caractéristiques dont nous avons besoin », expliquent Ousmane Sy et Ghislain Kanfany, chercheurs en amélioration des plantes au Centre national de recherches agronomiques. « Cette technique d’amélioration variétale permet d’augmenter les rendements, la qualité nutritionnelle et la résistance aux stress, tels que les pathogènes, la salinité et les sécheresses », liste Nathalie Diagne, la directrice du centre.
Des années de recherche
Ce travail réalisé dans des champs expérimentaux ne serait pas si performant sans l’aide des laboratoires. A Thiès, au Centre d’étude régional pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse (Ceraas), une autre branche de l’ISRA, les chercheurs manipulent des molécules de mil et leur font subir un stress hydrique à l’aide de pipettes. « La recherche génétique nous permet d’identifier les marqueurs moléculaires intéressants, ceux qui permettent une floraison précoce, une adaptation à la sécheresse ou à des pauses pluviométriques », décrit Ndjido Kane, le directeur du Ceraas.
Après des années de recherche et des générations de plantes, les scientifiques sont parvenus à parfaire ce que les agriculteurs avaient réalisé de manière expérimentale : mettre au point des variétés au cycle court (90 jours, voire 60), que l’on appelle « souna » en wolof, plus adaptées à une saison des pluies raccourcie comparées à celles à cycle long, les « sanio » (120 jours). A la différence des variétés paysannes, qui se gardent d’une année sur l’autre et se transmettent au sein des villages, celles améliorées (comme la souna 3) sont homologuées dans un catalogue national et doivent être rachetées chaque année.
En réalité, sur le terrain, le taux d’adoption de ces variétés certifiées est très faible. « Beaucoup de paysans ne voient pas l’intérêt de payer alors qu’ils n’obtiennent pas forcément de meilleurs rendements avec les semences améliorées par rapport aux semences paysannes, indique Cécile Berthouly-Salazar, généticienne à l’IRD et spécialiste de la céréale. Sans compter que l’on n’est pas au même niveau d’amélioration variétale comme pour le maïs, le blé ou le riz. » Le mil est en effet considéré comme une céréale « orpheline », peu étudiée et peu connue au-delà de l’Afrique subsaharienne et de l’Inde.
De fait, les agriculteurs qui parviennent véritablement à augmenter la productivité le font grâce à un ensemble de pratiques agroécologiques. C’est ce qu’expérimente depuis 2014 le village de Daga-Birame, non loin de la frontière avec la Gambie, grâce à l’aide de chercheurs. Dans ce hameau fait de cases traditionnelles, où les enfants jouent sur le sol sableux, les 1 500 habitants effectuent une rotation des cultures, utilisent du fumier et des engrais, et surtout reçoivent les prévisions météorologiques par SMS et sèment après la première pluie. Loin des pratiques habituelles qui voient les paysans se fier aux pronostics des saltigués (des marabouts qui prédisent si la saison va être bonne) et semer à sec afin d’être libres pour se consacrer à l’arachide, culture de rente, lors de la saison des pluies.
Le « Faidherbia albida », un précieux allié
Une autre solution réside dans ce que l’on appelle « l’agrobiodiversité ». « Nous pensons que planter des variétés et des espèces différentes permettrait d’amortir les chocs climatiques et donc d’assurer une stabilité de la production dans le temps », avance Delphine Renard, écologue au CNRS, qui mène un projet de recherche sur le sujet en France, au Sénégal et au Maroc. « Variétés précoces et tardives ont chacune des avantages. L’idéal serait de réussir à les combiner, car il est utopique de penser que l’on développera la plante parfaite, capable de répondre à toutes les incertitudes climatiques », estime Cécile Berthouly-Salazar.
Dans sa bataille contre la sécheresse, le mil dispose d’un précieux allié : le Faidherbia albida. Cet arbre majestueux, appelé kad au Sénégal, porte sous ses branches une partie du salut des paysans africains. Le rendement du mil sous ses couronnes y est trois fois supérieur qu’ailleurs. « Il est feuillu en saison sèche : ses feuilles et ses fruits nourrissent les animaux, qui défèquent sous les arbres, ce qui enrichit le sol. A l’inverse, il perd ses feuilles lors de la saison des pluies, et donc ne fait pas de compétition aux autres cultures pour l’accès à la lumière et à l’eau », s’enthousiasme Olivier Roupsard, bioclimatologue et agroforestier au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, basé à Dakar.
Ce jour-là, à Niakhar, le chercheur effectue des mesures avec des collègues. Les arbres aux vastes ombrelles s’étendent à perte de vue, semblables à des oasis vertes dans un océan de terre jaune. Ici, on mesure la croissance des troncs, là, l’étendue des racines ou encore l’humidité du sol. Car le Faidherbia albida, tout « magique » qu’il soit, a quand même un défaut : il pompe l’eau de la nappe phréatique. « On cherche à savoir jusqu’à quelle densité de Faidherbia on pourrait aller pour augmenter les rendements des paysans tout en conservant la nappe à un niveau raisonnable », livre Olivier Roupsard.
Pourtant, au Sénégal, l’avenir du mil ne s’écrit pas seulement avec des chiffres, ceux des rendements, mais des envies, liées aux goûts des habitants. Car la céréale doit à la fois s’adapter au changement du climat, mais aussi des habitudes alimentaires et des modes de vie. Depuis quelques années, le pays a mis les bouchées doubles sur le riz, par le biais d’un programme national d’autosuffisance (2012-2017) qui a notamment développé les grands barrages sur le fleuve Sénégal, au nord, pour aménager des rizières irriguées. Et même si les Sénégalais n’apprécient guère ce riz – ils l’exportent presque intégralement et importent des grains brisés depuis l’Asie pour leur consommation –, ils en cuisinent désormais tous les midis, sous forme de l’incontournable thiéboudiène, un ragoût à base de riz, légumes et poisson. Et parfois le soir, en particulier dans les villes.
« Nous devons consommer local »
Il faut dire que la transformation du mil est une tâche longue et fastidieuse. Par une après-midi étouffante, à Mbane, près de Niakhar, les femmes pilent en cadence et en chantant le mil dans un mortier, entourées d’une ribambelle d’enfants. « Les Sérères préfèrent le couscous de mil plutôt que le riz le matin, car c’est plus léger », souffle Dibour Diouf, sa fille de 2 ans portée sur le dos.
Les graines sont alors tamisées pour les séparer du son, lavées dans l’eau, pilées de nouveau afin d’être réduites en poudre, tamisées et pilées pour la troisième fois, avant d’obtenir, au terme de deux heures de travail, de la farine, des grains de couscous (thiéré) et des boulettes (arraw). Pas de repos en vue. Il faut faire cuire le mil trente minutes à la vapeur, le piler de nouveau, une fois, deux fois, avant de le cuisiner. Ces tâches « dures et pénibles », Dibour Diouf les enchaîne tous les quatre jours faute d’accès à des machines, batteuses, décortiqueuses et moulins, rares dans les villages.
« A Dakar, les gens n’ont pas le temps de préparer le mil, alors, on le leur vend prêt à cuire, en sachets », s’amuse Farimata Souare, 66 ans, à la tête d’un groupement d’artisanes. Ce jour-là, elle assiste avec d’autres consœurs, blouses et charlottes blanches recouvrant leurs robes de wax colorées, à une formation délivrée à Kaffrine, dans le centre-ouest du pays. « On leur apprend à transformer les farines de manière à maintenir tous les facteurs nutritionnels pour que le mil soit assimilé plus rapidement par l’organisme de l’enfant et ainsi lutter contre la malnutrition », explique Aminata Fadoum Ly, spécialiste de la postrécolte au sein du projet des services des entreprises du mil. Ce programme, créé en 2015 et financé par le ministère de l’agriculture des Etats-Unis, soutient toute la chaîne de valeur de la céréale, de la production à la transformation et la commercialisation.
« Nous devons consommer local car nous avons des produits plus riches et plus nutritifs que le blé, revendique Aminata Fadoum Ly. Il faut montrer aux femmes comment diversifier les plats locaux. » Elle l’assure, le mil peut se décliner en pâtisseries, cakes, beignets, voire pizzas. Depuis mi-juin, l’association Jamm Bugum confectionne même du pain à base de mil. Chaque nuit, le four tourne à plein régime car ces produits se vendent – justement – comme des petits pains.
Mil des champs, oui, mil des villes, non. A Dakar, dans le plus grand supermarché de la capitale, il faut chercher un moment avant de découvrir quelques sachets de thiéré ou de thiakry cachés dans les rayons les plus bas. Très loin des pâtes et du riz, qui trônent en majesté sur d’immenses linéaires. La grande distribution ne s’y est pas trompée, le consommateur dakarois n’a plus la dent pour le mil. « On ne le mange plus que le samedi. Mais j’ai du mal à convaincre les enfants : pour eux, c’est un dessert, non un plat complet », raconte Khoudia Sy, commerciale dans la capitale.
> Lire le reportage :Au Sénégal, la ruée des Russes et des Asiatiques sur la pêche artisanale
S’il est parfois snobé à Dakar, le mil sénégalais cherche à s’exporter. « Il intéresse la recherche pour la production de bière en Angleterre, de pâtes sans gluten en Italie, il est utilisé pour la production de fourrage dans les grandes plaines des Etats-Unis », énumère Ndjido Kane, le directeur du centre de recherche de Thiès. Après avoir été supplanté par l’arachide puis le riz au rythme de l’histoire du pays, le mil pourrait connaître un retour en grâce. Et jouer pleinement son rôle d’assurance contre le dérèglement climatique.
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Six enquêtes sur l’alimentation de demain
Que mangerons-nous demain ? Cette question, qui relève de nos comportements individuels et de nos pratiques culturelles, en appelle une autre, plus vertigineuse encore. Comment parviendrons-nous à nourrir près de 10 milliards d’individus, au mitan du siècle, alors que s’épuisent les ressources naturelles et que s’intensifie le réchauffement climatique ?
Dans un rapport sur les enjeux d’une gestion durable des sols, publié en août, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rappelle que, depuis 1961, la date à partir de laquelle les Nations unies disposent de statistiques consolidées, « la croissance de la population mondiale et la consommation par habitant de denrées, d’aliments pour animaux, de fibres, de bois et d’énergie ont entraîné des taux sans précédent d’usage des terres et d’eau douce ».
L’activité agroalimentaire est responsable d’environ 30 % des émissions de gaz à effet de serre et absorbe 70 % de la consommation d’eau douce de la planète. Par ailleurs, près d’un tiers des stocks de poissons sont surexploités.
Face à ce défi immense, un changement radical de nos modes de production et de consommation s’impose. Pour réduire la pression sur les écosystèmes et résoudre le double problème de la sous-nutrition et de la malbouffe, l’assiette de demain devrait faire une large place aux fruits, aux légumes et aux céréales complètes (elles fourniraient plus du tiers de l’apport calorique), alors qu’une portion congrue reviendrait à la viande et au poisson.
Le Monde a voulu éclairer les différentes facettes de cette révolution alimentaire en marche. En compagnie du photographe Julien Goldstein, six journalistes sont partis tour à tour explorer les coulisses et interroger les acteurs de cette arrière-cuisine planétaire.
Retrouvez nos reportages :
1. Aux Pays-Bas, le poulet élevé sur étagères à la conquête du monde <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/31/aux-pays-bas-le-poulet-eleve-sur-etageres-a-la-conquete-du-monde_5504812_3244.html>
2. En Andalousie, plongée dans l’enfer des serres de tomates bio <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/en-andalousie-plongee-dans-l-enfer-des-serres-de-la-tomate-bio_5505296_3244.html>
3. Au Sénégal, le mil, céréale millénaire et dernier rempart contre la sécheresse <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/au-senegal-le-mil-cereale-millenaire-et-dernier-rempart-contre-la-secheresse_5505520_3244.html>
4. Le saumon, l’or rose de la Norvège
5. Au Canada, les lentilles miraculeuses
6. En Corée, les algues sont dans toutes les assiettes
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/au-senegal-le-mil-cereale-millenaire-et-dernier-rempart-contre-la-secheresse_5505520_3244.html>
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7- Le "plus grand" arbre d'Amazonie pas menacé par les feux (scientifiques), AFP, 04/02/19, 02:00

Le "plus grand" arbre d'Amazonie mesure 88 mètres et n'est pas menacé par les feux qui ravagent de vastes régions de la forêt tropicale, selon des chercheurs brésiliens et britanniques.
Situé dans le nord du Brésil, dans un "sanctuaire" d'arbres géants, à la frontière entre les Etats du Para et d'Amapa, l'arbre de l'espèce Dinizia excelsa, a une circonférence de 5,5 mètres, révèlent des travaux scientifiques publiés récemment par le Secrétariat d'Etat à la Science et technologie de l'Etat d'Amapa (Setec).
Ces arbres sont communs dans cette région, mais ils "atteignent en général 60 mètres", explique Eric Bastos, chargé de la coordination des travaux d'investigation menés en août par des chercheurs de l'Université fédérale de Los Vales de Jequitinhonha (UFVJM) et des universités britanniques de Cambridge et Swansea.
Les arbres ont été identifiés par des capteurs aériens.
"C'est une grande découverte et nous avons le devoir de préserver" ces arbres, a ajouté le chercheur. 
En raison de sa localisation à l'intérieur de la forêt, le géant n'est pas menacé par les feux liés à la déforestation qui ravagent de vastes régions de l'Amazonie, a précisé mardi à l'AFP un responsable de la Setec. 
Selon l'Institut national de recherche spatiale (INPE), entre début janvier et le 2 septembre, 93.175 départs de feu ont été recensés au Brésil - un record depuis 2010 - dont près de 52% en Amazonie.
<https://information.tv5monde.com/info/le-plus-grand-arbre-d-amazonie-pas-menace-par-les-feux-scientifiques-319412>
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8- Dans la Manche, un visage plus vertueux de l’aquaculture, Le Monde, 04/09/19, 06h00
Martine Valo  (Cherbourg-en-Cotentin, Manche, envoyée spéciale)

La marque normande Saumon de France ambitionne de produire 1 500 tonnes par an, contre quelques centaines aujourd’hui. 
A côté de la monoactivité piscicole à la mode norvégienne se développent d’autres formes d’aquaculture, moins intensives et plus variées. Ainsi, l’atelier artisanal Le Saumonier, qui emploie cinq personnes, ne reçoit pas n’importe quels poissons. Ses saumons arrivent de l’atelier d’éviscération d’à côté, lui-même alimenté par les cages installées dans la rade de Cherbourg-en-Cotentin (Manche). Il s’agit de l’unique élevage de ce genre sur les côtes françaises.
Un saumon est déposé sur l’établi. Dans son atelier, Laurent Prudhomme jette un œil approbateur à ce « dernier bébé de la journée », de 4 kg à 5 kg, choisit un des couteaux devant lui et commence à officier. Il montre comment trancher, fileter et parer le poisson. Celui-ci va être débarrassé de ses épines dorsales avec une sorte de pince à épiler. « Désarêter à la machine, ça laisse des trous », affirme l’homme aux couteaux. Les filets seront ensuite salés, fumés au bois de hêtre, avant d’être affinés pendant quatre à sept jours. « Tout notre travail consiste à leur faire perdre leur eau : c’est l’inverse des procédés industriels »,résume Laurent Prudhomme.
> Lire notre reportage : Le saumon, industrie à grande échelle et manne pour la Norvège
En ce jour de printemps, 5,5 tonnes de saumons vont être prélevées en mer. Les saumoneaux, bio, sont d’abord achetés en Irlande, puis grandissent ici, dans la Manche, où le courant ne manque pas. Deux cages sur les quatre sont occupées. Chez Saumon de France, affilié au Saumonier de Cherbourg-en-Cotentin, on est loin de la concentration des grands élevages industriels. La ferme n’aurait connu aucune invasion de poux jusqu’à présent, assurent ses responsables. Ainsi, pas besoin de traitement pesticide.
« La pisciculture y est devenue impossible »
Trois hommes en ciré jaune s’affairent. Les poissons sont aspirés hors de l’eau, assommés par une machine achetée en Norvège pour obtenir une mort cérébrale instantanée, puis saignés sur place. « Le bien-être animal compte beaucoup pour nous, l’alimentation aussi, assure Alexis Lemarchand, directeur de production. On leur donne de 35 % à 45 % d’huiles et de farines de poissons provenant du Pacifique, parce que les petits poissons de la mer du Nord accumulent trop de métaux lourds. On s’interdit de leur donner des protéines animales, sous-produits de porcs, de plumes de volaille, même si c’est autorisé. On compte faire des essais avec des insectes. »
Saumon de France ambitionne de produire 1 500 tonnes par an, contre quelques centaines aujourd’hui. La marque normande plaît. Pascal Goumain, son président, n’a pas l’intention de la développer outre mesure pour autant : il veut promouvoir d’autres modèles, plus innovants. « Il faut éviter les erreurs de l’agriculture intensive. Concentrer les animaux, c’est concentrer les problèmes ! Et puis, si l’on épuise les ressources de l’océan, on n’arrivera à rien, prévient-il. Par exemple, à cause de la surpêche, les cormorans n’ont plus assez à manger, alors ils se rabattent sur les étangs de Sologne. La pisciculture y est devenue impossible. »
En 2018, il a tenté d’adjoindre à son élevage de saumons une filière d’algues laminaires cultivées sur des cordes. Selon les principes de l’« aquaculture multitrophique intégrée » – un ensemble de pratiques qui s’inspirent du fonctionnement des écosystèmes naturels –, les déjections de poisson auraient servi de fertilisant pour les algues, et des moules ou autres bivalves auraient filtré l’eau de mer. Las, il a fallu tout arrêter faute d’autorisation.
Mais l’homme a fondé une autre société, Aquaponic Management Project, grâce à laquelle il ambitionne de couvrir la France de petites installations d’aquaponie, mariant poissons herbivores et potagers en hydroponie : ce mode de culture fait pousser des végétaux sans terre, dans des billes d’argile notamment, irriguées par une eau chargée en nutriments. Dans cette forme d’aquaculture qui se pratique à terre, l’eau circule en boucle fermée et fournit les nitrates issus des déjections de poisson aux racines des plantes : persil, poivrons, batavia, tomates…
Un bassin de truites arc-en-ciel au fond, des fraises à l’entrée : l’une de ces installations est ouverte à la visite, sous une serre, sur le site de Saumon de France, à Cherbourg-en-Cotentin. « Les gens doivent voir ce qu’ils vont manger », affirme M. Goumain. Une autre est visible dans un marché d’Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Le public est conquis : un millier de bassins aquaponiques ont été vendus, dans une version adaptée à la taille des balcons parisiens.
> Lire aussi  Le saumon chilien veut s’alléger en antibiotiques
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/04/dans-la-manche-un-visage-plus-vertueux-de-l-aquaculture_5506118_3244.html>
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9- Reportage. Manger demain (4/6). Le saumon, industrie à grande échelle et filon pour la Norvège, Le Monde, 04/09/19, 09h07
Martine Valo

A l’échelle mondiale, l’aquaculture se développe plus vite que n’importe quel autre secteur alimentaire. Un essor qui pose des problèmes environnementaux.
Elle est à lui pour dix-huit heures, pas une minute de plus, alors il n’a pas l’intention d’en perdre une miette. En ce tout début d’été, le soleil ne se couchera pas cette nuit sur le Finnmark, dans l’extrême nord de la Norvège. Paul Inge Thomassen non plus. Lui qui est camionneur le reste de l’année a gagné à la loterie annuelle, gratuite pour les gens d’ici, le droit de régner trois jours durant sur la rivière Alta, ou du moins sur ce tronçon de près de 1 kilomètre de long qu’il ne quitte pas des yeux. La lumière du jour a beau être permanente, le froid est mordant, l’homme a allumé un brasero et dressé deux modestes tentes avec quelques amis. Entre 18 heures et midi, le cours d’eau puissant est à portée de sa canne à pêche, la sienne uniquement. Il n’y a pas un bateau en vue, pas même un de ses fins canoës de bois à moteur typiques de la région.
Un sourire radieux aux lèvres, Paul Inge Thomassen contemple le fleuve qui bouillonne entre des forêts s’étirant à perte de vue, surlignées d’un reste de neige au loin. Il laisse filer à ses pieds le courant qui embrasse des îlots où se côtoient oiseaux de mer et canards, et dévale jusqu’à la mer de Barents. C’est précisément là que les saumons se lancent pour remonter la rivière, des saumons atlantiques (Salmo salar) exceptionnels, qui dépassent aisément les 20 kg. La veille, Espen, son fils de 15 ans, en a attrapé un de 8 kg. Avec une passion égale à la sienne.
Dans le Finnmark, le saumon sauvage, capable de nager des kilomètres à contre-courant, de remonter des cascades en sautant, est érigé en animal totem, souvent relâché, plus rarement mangé. Il est interdit d’en attraper dix mois sur douze, et pas plus de deux spécimens par jour. Les gens d’Alta – une ville au charme exclusivement lié à son environnement naturel – se sont collectivement imposé des règles drastiques au sein d’une organisation locale de pêche qui date de… 1725.
L’intérêt ne se limite pas au plaisir de méditer dans des paysages d’exception en guettant la touche qui fera d’eux une légende d’Alta. Comme en témoignent les jets privés sur le tarmac de l’aéroport local, le saumon sauvage génère des revenus non négligeables. Des étrangers fortunés sont prêts à dépenser beaucoup pour y goûter, faisant travailler une bonne centaine de guides, employés de gîtes de luxe, pilotes de canot. Même les lords anglais se plient aux impératifs de la légendaire rivière Alta – eux doivent se contenter de l’horaire 20 heures-4 heures –, avec néanmoins le sentiment ambigu d’un privilège révolu. Comme les autres espèces de saumons sauvages dans le monde, celui de l’Atlantique se fait de plus en plus rare.
La Norvège, premier pays producteur au monde
C’est un autre business cependant qui a conquis cette région nordique depuis une quinzaine d’années : l’industrie piscicole. Pour les pêcheurs du Finnmark, c’est elle, avec son lot de maladies infectieuses, avec surtout ses redoutables poux, qui est la responsable toute désignée du déclin de leur espèce reine. Une espèce qui n’a, à leurs yeux, rien à voir avec les poissons emprisonnés par dizaines de milliers, dans des élevages flottant dans les fjords.
Lorsque les smolts (des saumoneaux âgés de quelques mois) descendent la rivière où ils sont nés pour rejoindre la mer, ils passent près de ces vastes filets perméables aux pathogènes. Ils sont alors encore vulnérables. Mais plus que tout, leurs défenseurs craignent leur hybridation, autant dire leur abâtardissement. Il reste 450 rivières à remontée de salmonidés sauvages en Norvège, avec une génétique légèrement différente selon les endroits. Les deux tiers de ces cours d’eau seraient déjà contaminés par les poissons qui s’échappent des élevages par milliers chaque année.
Car des écloseries à terre, en passant par le grossissement en mer, jusqu’aux abattoirs, la Norvège est le premier pays producteur de saumon au monde. Le secteur économique s’y est structuré à vitesse redoublée à partir des années 1980, au point de figurer en tête des exportations derrière le pétrole. En 2018, son chiffre d’affaires – en hausse de 4,4 % par rapport à 2017 – s’élevait à 6,46 milliards d’euros pour une production de près de 1,3 million de tonnes de salmonidés ; il était de 1,5 milliard d’euros et de 737 000 tonnes dix ans plus tôt.
Plus de 420 millions de saumons attendent actuellement d’atteindre la taille critique qui signifiera leur expédition à l’abattoir. Les cages disséminées tout le long des milliers de kilomètres de côtes norvégiennes n’y suffisent plus. En 2018, le gouvernement a mis des concessions aux enchères. Les prix se sont envolés, signe de l’optimisme des grandes compagnies nationales. Elles cherchent donc à se développer au Chili, au Canada, en Irlande, en Ecosse et lorgnent l’Islande. Née en Norvège, l’industrie se mondialise.
Cette expansion suscite des résistances. Notamment chez son voisin islandais. Les capacités de cette activité piscicole y sont pour l’heure limitées à 70 000 tonnes. La fronde est menée par le North Atlantic Salmon Fund (NASF), qui affirme que le nombre de saumons sauvages est passé de 10 millions il y a quarante ans, à 3 millions aujourd’hui. « Nous pâtissons déjà des poissons échappés de Norvège, dénonce Fridleifur Gudmundsson, avocat, pêcheur et membre du NASF. Nous ne sommes pas contre l’élevage, nous avons besoin d’emplois. Mais notre île est une terre vierge, il est encore temps d’imposer des règles. Les rejets de trois cages immergées sont équivalents à ceux d’une ville de 120 000 personnes ! »
Au printemps, son association et quelques autres ont remis une pétition intitulée « A contre-courant » au Parlement à Reykjavik. L’initiative a permis de rendre la loi plus contraignante : l’autorisation de placer des filets dans les fjords islandais sera assortie d’évaluations environnementales et l’installation de réservoirs hermétiques en mer sera moins taxée.
Croissance très rapide
Mais à l’échelle mondiale, l’aquaculture se développe plus vite que n’importe quel autre secteur alimentaire. Ses volumes ont dépassé ceux de la pêche depuis 2013 et représentent désormais au moins 53 % des coquillages, crustacés, poissons et algues consommés par les humains, et même 56 % s’agissant des poissons. D’une part, parce que les ressources halieutiques sont en berne : conséquence de la surpêche entre autres, les tonnages ne progressent plus depuis la fin des années 1980. D’autre part, parce que la demande s’envole. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), depuis plus d’un demi-siècle, l’aquaculture se développe deux fois plus rapidement que la population. Le secteur est aussi tiré par l’augmentation de la consommation moyenne par habitant (+ 1,5 % par an depuis lors).
La domestication des espèces aquatiques se fait à un rythme accéléré par rapport à ce qui s’est passé sur Terre ces derniers millénaires. Les experts de la FAO prévoient que l’on pourrait atteindre une production totale de 201 millions de tonnes en 2030 (en excluant les plantes aquatiques), essentiellement grâce aux progrès technologiques censés permettre à l’aquaculture de fournir 37 % de plus qu’en 2016. C’est en Chine qu’a lieu l’essentiel de cette mutation : le pays produit à lui seul plus de poissons d’élevage que le reste du monde. Le saumon de l’Atlantique est loin de faire le poids face aux carpes, tilapias, crevettes d’Asie… mais la niche qu’il occupe est la première en valeur.
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Dans les pays développés, l’appétit du public pour sa chair rose striée de lignes blanches et grasses, familière des consommateurs de sushis, ne faiblit pas. Le constat inspire l’industrie. Au Canada, l’entreprise AquaBounty se targue d’avoir un temps d’avance. Cette société américaine affirme pouvoir mettre sur le marché fin 2020 des saumons atlantiques génétiquement modifiés, qu’elle fait grandir dans des bassins à terre sur l’Ile-du-Prince-Edouard. Ayant reçu des gènes de deux autres espèces, le poisson doit pouvoir croître en toutes saisons et atteindre sa taille adulte en dix-huit mois au lieu des trois ans habituels.
« Nous sommes les premiers au monde à ouvrir notre marché à un animal génétiquement modifié, déplore Mark Butler du Centre d’action écologique à Halifax. Nous pensons qu’il ne va pas nourrir le monde ni même créer des emplois, juste ouvrir la porte à d’autres OGM ». Son organisation s’est battue devant la justice et réclame que ce « Frankenfish », comme l’ont baptisé ses détracteurs, puisse au moins être détecté par les consommateurs, alors qu’aucun étiquetage n’est prévu. Sollicitée, AquaBounty a refusé notre demande de visite, se disant échaudée par la presse française et les « politiques rétrogrades de l’Union européenne en matière de bio-ingénierie ».
« O.K. ! Rendez-vous sur l’île Finnoy, dans le sud de la Norvège », dans le comté du Rogaland, a au contraire répondu Kristina Furnes. La jeune femme dirige la communication de Grieg Seafood, une ancienne entreprise familiale devenue une société de 800 personnes, qui compte, outre au Finnmark et dans le Rogaland, des élevages sur la côte ouest du Canada et aux Shetland écossaises. Elle veut montrer comment son groupe, qui s’est fixé comme objectif de produire 100 000 tonnes de saumon en 2020, cherche à répondre aux inquiétudes du public et à remédier aux conséquences environnementales de son activité.
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Un des élevages les moins émetteurs de CO2
Rendez-vous est pris à Judaberg, devant l’épicerie-café. Comme souvent dans ce pays, le tout petit port a des allures de carte postale. Le bateau rejoint le site de Nordheimsoyna, à vingt minutes de la terre ferme. Là, des tuyaux de nourrissage partent d’une barge en direction de 18 cages flottantes, cylindriques dans leur partie supérieure, coniques au fond. Les saumons sautent de temps à autre au-dessus de l’eau, sans atteindre le filet de protection horizontal qui décourage les oiseaux marins. L’installation n’a rien de spectaculaire : tout se passe sous la surface. Kristina Furnes vante le bien-être des poissons dans cette eau fraîche, dans laquelle ils peuvent atteindre 5 kg. Les pertes chez Grieg Seafood seraient de 8 %, selon l’entreprise, moins que le taux de 13,3 % annoncé par les statistiques officielles nationales.
Depuis la barge, Oddbjorn Ring Olsen, responsable de la petite équipe d’employés de la ferme piscicole, surveille plusieurs écrans. Deux d’entre eux correspondent au contrôle des séquences de distribution de granulés alimentaires, deux autres retransmettent les images des caméras filmant les animaux. Ceux-ci y apparaissent moins tassés que dans bien des hangars à poules pondeuses, moins nombreux que ne l’exige la réglementation – le seuil maximal est fixé à 200 000 individus par filet selon leur taille –, mais assez pour se frôler en permanence. « Voilà vingt et un ans que je travaille dans ce secteur, résume ce responsable. C’est devenu plus sérieux, nous respectons les règles fixées par le gouvernement à présent. Ça freine notre développement, mais c’est mieux. » L’un des reproches faits aux industriels est de ne pas consentir les mêmes efforts lorsqu’ils prennent pied dans d’autres pays aux réglementations moins exigeantes.
Ils sont cependant prompts à souligner que l’empreinte écologique de leurs fermes piscicoles n’est a priori pas pire que celle des principales viandes consommées. Ses émissions de dioxyde de carbone classent le saumon parmi les élevages les moins émetteurs, après le poulet. Et il arrive en tête pour son taux de conversion alimentaire, autrement dit le rapport entre ce qu’il mange et ce qu’il fournira à manger aux humains. La question de leur alimentation reste cependant un point très sensible : pour grossir, ce carnivore a besoin de croquer des petits poissons, eux-mêmes en sévère déclin. Sans une ration minimum de farines et d’huiles de poisson, il perd sa capacité à produire les oméga-3 vantés par les nutritionnistes.
Des citernes d’allure futuriste
Les stocks d’anchois du Pérou et de sardines d’Afrique de l’Ouest ont pâti de l’engouement des pays développés pour la chair rose et blanc. Les populations locales aussi. Le commerce du « poisson fourrage » est de surcroît accusé d’entretenir la pêche illégale qui mène la vie dure à ses marins. Après un pic de 30 millions de tonnes en 1994, les débarquements de ces espèces ont dégringolé de moitié certaines années. Les prix, à l’inverse, se sont envolés.
Il a fallu trouver d’autres ressources : la part de l’huile de colza, du blé, du soja – produits avec ou sans pesticides, mais moyennant une déforestation galopante –, des haricots, des algues, des insectes constitue parfois plus des trois quarts des rations. Pour le reste, entre 25 % et 35 % de la farine est aujourd’hui fabriquée à partir de sous-produits de poisson (peau, viscères). Certains soupçonnent par ailleurs la Norvège de vouloir se reporter sur le krill, un minuscule crustacé, jusque-là épargné parce que difficile à collecter.
Le bateau de Grieg Seafood repart et glisse dans des passes étroites surmontées de falaises abruptes. Les paysages sont grandioses. Direction Tytlandsvik Aqua. Là, le groupe expérimente de nouvelles façons de s’y prendre avec les juvéniles. « L’idée est de les garder en eau douce jusqu’à ce qu’ils pèsent environ 500 grammes au lieu de 100 grammes habituellement, explique Kristina Furnes. Plus ils seront gros et robustes au moment de rejoindre la mer, plus leur taux de mortalité sera faible et plus nous réduirons leur impact. » Les élever entièrement à terre ne résoudrait-il pas une grande partie des problèmes ? « Oui, mais cela coûterait cher et puis nous avons des fjords profonds et propres », répond la jeune femme. Il existe d’autres pistes de recherche en Norvège, notamment des installations offshore géantes –des citernes à l’allure futuriste immergées au large, inspirées de l’exploitation pétrolière.
En prise directe avec l’environnement, la pisciculture intensive présente les deux facettes d’une industrie à risque, à la fois polluante et à la merci d’un milieu naturel imprévisible, lui-même parfois source de contamination. D’un côté, elle apporte au fond des fjords d’éventuels excédents de nourriture et force fèces de poissons – les éleveurs doivent régulièrement respecter des jachères de plusieurs mois en Norvège –, ainsi que des produits chimiques, des résidus de métaux – certains utilisent des mailles en alliage de cuivre. D’un autre, elle est exposée aux tempêtes, changements de température, de courants, de qualité de l’eau avec la généralisation de particules de micro ou nanoplastiques, la pullulation de méduses.
Des campagnes de vaccination des poissons ont permis de grandement réduire le recours aux antibiotiques, redouté par les consommateurs. Mais cela ne résout pas tout. En mai-juin, la prolifération d’une microalgue toxique, Chrysochromulina polylepis, a entraîné en quelques jours d’ensoleillement la mort de dizaines de milliers de saumons dans les comtés de Nordland et de Troms, au nord du pays.
Une tenue de protection est impérative pour visiter Tytlandsvik Aqua. L’installation, inaugurée en mai, évoque une unité de production d’eau potable, tant on y est focalisé sur le contrôle de sa qualité. « Notre eau est recyclée à 99,99 % », indique fièrement le directeur, Nils Viga. Des poissons âgés d’environ un an sautent à la surface des bassins, comme en mer. L’équipement a coûté 275 millions couronnes norvégiennes (environ 30 millions d’euros).
Grieg Seafood est en train d’investir aussi dans un centre opérationnel à Judaberg. Pour l’heure, trois personnes scrutent un mur d’écrans. L’objectif ici dépasse la surveillance des 45 cages de cinq fermes piscicoles en mer. Il s’agit de collecter un maximum de données (taux d’oxygène, salinité, direction des courants, températures, profondeurs, etc.), pour parvenir, à terme, à prévoir grâce à l’intelligence artificielle les prochains arrivages de pathogènes, et surtout des poux.
Traitements insecticides, lasers, bains d’eau chaude, mais aussi moules bleues et pétoncles géants pour filtrer les larves : la lutte contre ce fléau donne lieu à toutes sortes d’initiatives. Ce copépode (Lepeophtheirus salmonis) de quelques millimètres se repaît de peau et de chair des animaux dans les cages, les blessant et tuant aussi au passage des saumons sauvages. Dans la nature, on en recense en moyenne 1 pour 5 poissons. Mais dans les élevages intensifs, ce parasite prospère. Les autorités, qui tiennent à jour la carte des infestations, imposent de ne pas dépasser 0,5 pou par poisson.
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La base de données de Judaberg doit donc faire des envieux et être gardée top secret ? « Pas du tout,rétorque en souriant Kristina Furtes. Nous échangeons toutes les semaines nos résultats avec nos concurrents, avec les scientifiques… L’océan est si complexe. » A Alta, dans le Finnmark, Roger Pedersen, le directeur régional, renchérit : « La compétitivité, elle se joue sur les marchés ; les nouvelles connaissances en revanche, nous les partageons en permanence dans l’aquaculture. C’est ainsi que nous progressons rapidement et que nous exportons nos savoir-faire. »
Conditions sanitaires très strictes
En guise d’illustration, il nous guide jusqu’au village de Talvik. Une discrète maison de bois y abrite un drôle d’élevage depuis 2016. Les conditions sanitaires y sont très strictes : la salle consacrée à l’éclosion des œufs ne communique pas avec celle où grandissent de jolis petits poissons verts. On dirait des jouets en caoutchouc : ils sont 774 000 à évoluer en rangs serrés dans trois bassins vitrés. Erland, un des techniciens du lieu, le reconnaît : le lompe (Cyclopterus lumpus) est un « friendly fish », une créature d’allure amicale, moins ombrageuse que le saumon.
Six personnes prennent soin de ces animaux. Leur nourriture, une fine farine de copépodes, vient du Japon. Les lompes seront vaccinés un par un contre quatre virus. Deux mois après l’opération, une fois qu’ils mesureront au moins 32 millimètres de haut – ce qui les empêchera de se faufiler à travers les mailles des filets –, ils iront passer le reste de leur vie dans les fermes piscicoles à picorer les poux des saumons en guise de snack et mourront en même temps qu’eux. La société Ryfylke Rensefisk n’en est pas à sa première écloserie. Grieg Seafood, qui est leur principal client et actionnaire, a besoin de beaucoup de lompes, ces « poissons nettoyeurs » qui iront garnir de nouvelles cages.
Roger Pedersen se présente comme un passionné de la pêche sur les rives de l’Alta. On le croit. Qui ne l’est pas dans la région ? « Je me dis qu’à ma place je peux protéger les saumons sauvages le mieux possible », confie-t-il. Alors il recense les efforts entrepris pour limiter l’impact de son secteur d’activité : les audits pour traquer les possibilités d’évasion des poissons d’élevage, les recherches sur l’éventuelle interaction avec les morues menées pour répondre à l’inquiétude des pêcheurs professionnels, les essais de transport sans glace pour alléger les camions qui traversent tout le pays.
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Rien de tout ça ne suffira à rassurer les plus méfiants. Le 21 juillet 2017, Mikael Frödin, célèbre pêcheur à la mouche et journaliste suédois, a commis une infraction. En combinaison de plongée, il s’est glissé dans l’eau froide pour capter des images sous-marines d’un des élevages de Grieg Seafood, près d’Alta. « J’ai vu des animaux malades, déformés, avec des champignons. On est restés trente minutes sans toucher à rien, on a juste filmé, raconte-t-il. Mais, officiellement, on n’a pas le droit de s’approcher des cages à moins de vingt mètres. J’ai été repéré sur les réseaux sociaux. Trois mois après, j’ai reçu une convocation chez moi, en Suède. »
L’industriel s’est plaint que ses images visaient délibérément les poissons mal en point. Mikael Frödin a été condamné par la justice à une amende de 12 000 couronnes norvégiennes ou vingt-quatre jours de prison. Il ne fait pas bon remettre en question le « modèle » piscicole norvégien. Mikael Frödin a fait appel.
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Six enquêtes sur l’alimentation de demain
1. Aux Pays-Bas, le poulet élevé sur étagères à la conquête du monde <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/31/aux-pays-bas-le-poulet-eleve-sur-etageres-a-la-conquete-du-monde_5504812_3244.html>
2. En Andalousie, plongée dans l’enfer des serres de tomates bio <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/en-andalousie-plongee-dans-l-enfer-des-serres-de-la-tomate-bio_5505296_3244.html>
3. Au Sénégal, le mil, céréale millénaire et dernier rempart contre la sécheresse <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/au-senegal-le-mil-cereale-millenaire-et-dernier-rempart-contre-la-secheresse_5505520_3244.html>
4. Le saumon, industrie à grande échelle et filon pour la Norvège <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/04/le-saumon-industrie-a-grande-echelle-et-filon-pour-la-norvege_5506094_3244.html>
5. Au Canada, les lentilles miraculeuses <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/05/au-canada-le-miracle-des-lentilles-alternative-aux-proteines-animales_5506615_3244.html>
6. En Corée, les algues sont dans toutes les assiettes
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/04/le-saumon-industrie-a-grande-echelle-et-filon-pour-la-norvege_5506094_3244.html>
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10- Le khat, or vert de l’Ethiopie, Le Monde Afrique, 04/09/19, 10h48
Emeline Wuilbercq  (Addis-Abeba, correspondance)

Entre 2000 et 2015, la superficie des fermes a augmenté de 160 % et la production de 246 %. Certains ont préféré abandonner d’autres cultures vivrières, et même le café. 
Ermias Bogale est pressé. Il part ce matin en direction de Djidjiga, dans l’est de l’Ethiopie. En temps normal, ce trajet d’une centaine de kilomètres dure une heure et demie depuis la ville d’Aweday. Mais le trentenaire, petite barbiche et sourire taquin, n’hésite pas à appuyer sur l’accélérateur pour s’y rendre « en cinquante-cinq minutes ». La marchandise qu’il transporte doit être fraîche, car, brûlée par le soleil, elle ne pourrait pas être consommée. Le coffre de son pick-up est chargé de sacs de chantier pleins à craquer. A l’intérieur, une plante sacrée en Ethiopie, mais aussi au Yémen, à Djibouti, en Somalie, au Kenya ou en Israël : le khat.
Drogue illégale aux Etats-Unis, au Canada et dans la plupart des pays européens, cet arbrisseau dont les feuilles au goût amer sont mâchées pour leur effet stimulant, comme celles de coca dans les Andes, est consommé en grandes quantités dans ce pays de 110 millions d’habitants. L’Ethiopie est d’ailleurs le premier producteur mondial. La pratique consistant à « brouter » du khat pendant des heures jusqu’à ce qu’il devienne une grosse boule déformant la joue remonte au moins au XIVe siècle. Autrefois, la plante était plutôt utilisée lors de rites traditionnels et religieux. Sa consommation est désormais plus récréative : le khat se consomme indépendamment de l’âge, du genre, de l’appartenance ethnique, sociale et religieuse.
> Lire aussi  Sur les chemins globalisés du khat, cette « amphétamine » de la Corne de l’Afrique
Dans les campagnes, les fermiers en consomment pour se donner du courage avant d’aller cultiver leurs champs. Dans les villes, les étudiants pensent que le khat accroît leur productivité, tandis que les chômeurs, souvent des jeunes, en consomment à défaut d’avoir un autre passe-temps. Ces vingt dernières années, la production et la consommation ont augmenté de manière significative en Ethiopie. Selon l’administration, plus de la moitié des personnes âgées de 15 à 49 ans en consommerait.
La demande est aussi forte à l’extérieur du pays : au cours des dix dernières années, le volume de khat expédié hors des frontières a plus que doublé, passant de 22,4 millions à 48,8 millions de kilos. D’octobre à novembre 2018, la plante a même dépassé le café en tant que principal produit d’exportation en valeur. Elle a rapporté 107 millions de dollars (97,5 millions d’euros) en un mois, selon le ministère du commerce et de l’industrie, soit le double de celles du café.
Troubles psychotiques
Véritable or vert de l’Ethiopie, cette manne financière génère des devises étrangères dont le pays manque cruellement. A tel point que les considérations sanitaires sont peu prises en compte. Pourtant, les personnes consommant du khat de manière excessive sont exposées à des problèmes gastro-intestinaux, cardiovasculaires, urinaires et même troubles psychotiques.
Le jeune Hamza Adem, frêle trentenaire qui présente des troubles mentaux, est arrivé enchaîné à l’hôpital public de Dire Dawa, à 450 kilomètres à l’est de la capitale Addis-Abeba. « Je suis fatigué de m’occuper de lui, de le contrôler pour qu’il ne lève pas la main sur les autres », justifie son frère aîné, Mohammed. Pour lui, c’est la marijuana qui est responsable de la folie d’Hamza. Mais pour le psychiatre de l’hôpital, Henok Nega, « dans l’est de l’Ethiopie, les problèmes de santé mentale sont davantage causés par une consommation excessive de khat que par autre chose », même s’il admet que le lien de cause à effet doit encore être prouvé scientifiquement.
En Ethiopie, la production, la commercialisation et la consommation du khat ne sont pas réglementées par le gouvernement central, contrairement à l’alcool et au tabac. Si des efforts ont été faits pour contrôler les lieux privés de mastication du khat, et si certains Etats fédérés comme la région septentrionale du Tigray souhaiteraient plus de contrôle, la position officielle éthiopienne est ambiguë.
Fin 2015, le ministère de la santé prévoyait, dans son « Plan de transformation du secteur de la santé », de réduire de 35 % la prévalence de la consommation actuelle de khat chez les personnes de 15 ans et plus dans les cinq ans. Mais le ministère du commerce et de l’industrie pratique plutôt la politique du « nous n’encourageons pas, mais nous ne décourageons pas non plus le marché », explique Zerihun Mohammed, chercheur au think tank éthiopien Forum for Social Studies.
« Les gens d’ici sont très riches »
A Aweday, le chauffeur Ermias Bogale gagne 2 000 birrs (environ 62 euros) par jour pour deux allers-retours vers Djidjiga. C’est deux fois plus que le salaire mensuel d’un ouvrier débutant dans une usine textile. « Les gens d’ici sont très riches, regardez ! », dit-il en rigolant, en montrant les commerçantes aux robes amples et voiles colorés installées à l’arrière de son pick-up qui ont dans les mains un sac en plastique rempli de liasses, avant de démarrer en trombe. Il faut faire vite : les effets stimulants de la plante disparaissent en moins de quarante-huit heures après la récolte.
Aweday est l’une des plaques tournantes du khat en Ethiopie. Des millions de birrs sont échangés quotidiennement. De jour comme de nuit, pick-up et camions filent à toute vitesse vers Djibouti, la Somalie et l’une de ses provinces, le Somaliland, où 60 000 kg de khat sont exportés chaque jour, ce qui en fait la première destination d’export, d’après Céline Lesourd, anthropologue au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et auteure de Puissance khat, vie politique d’une plante stimulante (Presses universitaire de France, 400 pages, 23 euros).
Ici, plus que par la prière, la vie est rythmée par cet or vert. Il se transporte sur la tête, dans des brouettes ou dans des tuk-tuks, tricycles motorisés. Des immeubles parfois encore en construction sont dévolus à la préparation des fagots et au broutage, lorsque le travail est terminé – et même pendant. Dans les petites ruelles pavées exhalant des odeurs de beignets et de foul, un plat épicé à base de fèves, le va-et-vient des hommes et des femmes est incessant : ça se bouscule, ça négocie, ça bavarde bruyamment en attendant les acheteurs.
Les chèvres broutent la montagne de branchages et de feuilles abîmées de khat, que des dizaines de personnes nettoient inlassablement. Ces dernières sont seulement l’un des maillons d’une chaîne de valeur dans laquelle 18 types de « métiers » seraient impliqués, selon Dessie Gessesse, auteur du livre Favouring a Demonised Plant : Khat and Ethiopian Smallholder-Enterprises (Current African Issues, 2013, non traduit) : des chauffeurs, des grossistes, des détaillants, des emballeurs ou des producteurs, de plus en plus nombreux, etc.
Ils seraient environ trois millions à cultiver du khat. Entre 2000 et 2015, la superficie des fermes a augmenté de 160 % et la production de 246 %, allant bien au-delà de l’Est éthiopien. Certains ont préféré abandonner d’autres cultures vivrières, et même le café, menacé par le réchauffement climatique et la déforestation, au profit de cette plante qui se récolte jusqu’à trois à quatre fois par an et rapporte six fois plus d’argent, selon le chercheur éthiopien Ezekiel Gebissa.
« Le prix du khat est en augmentation permanente. Il est fixé localement, tandis que le cours du café est fluctuant, indexé sur des cotations mondiales. Quand on voit la difficulté des paysans éthiopiens à vivre et à survivre, on peut comprendre qu’ils préfèrent cultiver du khat, pas seulement pour une question de rentabilité financière, mais aussi parce que c’est la survie assurée », observe la chercheuse Céline Lesourd.
Contrebande
Que deviendraient-ils si le khat était régulé ? La contrebande, qui existe déjà, exploserait-elle ? « Il faudrait mettre en place une politique visant à prendre en compte les producteurs et les commerçants et à leur proposer une alternative, sinon cela ne fonctionnera pas », estime Zerihun Mohammed, pour qui la meilleure solution serait de contrôler la demande. « Le gouvernement doit également trouver des solutions pour occuper les jeunes, afin de les protéger des effets du khat. » Lequel entraîne la léthargie des consommateurs et représente, de ce fait, un frein au développement. Circonstance aggravante, c’est aussi une drogue de passage vers d’autres substances, comme la marijuana, le tabac et l’alcool.
> Lire aussi  Ethiopie : l’addiction au khat, porte ouverte vers des substances plus dures
« La consommation abusive de khat pose problème, mais l’Etat n’y voit pas d’inconvénient, car il s’agit d’une arme de contrôle social qui permet d’éviter tout risque potentiel de contestation », estime, de son côté, Céline Lesourd. Ainsi, pendant que les gens « khatent » à Dire Dawa ou ailleurs, et tant que ce marché crée des emplois et des revenus, il ne se passe rien. « L’Etat est pris dans une ambiguïté permanente entre les aspects économique et politique. Comment faire pour réguler cette manne financière qui ne doit pas lui échapper ? Et en même temps, comment peut-il, ou non, à travers la consommation de khat, contrôler la population ? » Une interdiction serait de nature à déclencher une crise sociale difficile à maîtriser, compte tenu de l’instabilité politique actuelle.
« Quand on broute, on n’a pas envie de faire la guerre », dit en plaisantant Idriss Aden, qui exporte jusqu’à 1 500 kg de khat par jour depuis Dire Dawa vers Djibouti, par le biais d’une société relais djiboutienne, la Sodjik. Dans son salon spacieux, où quelques amis sont venus parler affaires et « brouter » sur des tapis, il rêve d’un marché plus moderne, de camions frigorifiques, de cultures sans pesticides, d’études sur les habitudes des consommateurs pour faire fructifier son business. L’interdiction du khat ? Il n’y pense même pas. En revanche, il a l’espoir que les marchés européen et américain soient de nouveau ouverts. « Le khat n’est pas dangereux !, déclare-t-il, désinvolte. Les gens, là-bas, fument bien des cigarettes ! »
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/04/le-khat-or-vert-de-l-ethiopie_5506059_3212.html>
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11- L’Allemagne va bannir le glyphosate en 2023, même si l’UE prolonge son autorisation, Le Monde avec AFP, 04/09/19, 16h02

La ministre social-démocrate de l’environnement a annoncé l’interdiction progressive de l’herbicide produit par l’allemand Bayer, ex-Monsanto. L’autorisation européenne s’achève, elle, à la fin de 2022. 
« Ce dont nous avons besoin, c’est entendre des bourdonnements, toujours plus de bourdonnements. » Svenja Schulze, la ministre allemande de l’environnement, a annoncé ce mercredi que l’Allemagne bannira le glyphosate à la fin de 2023, même si l’Europe prolonge son autorisation, qui s’achève le 15 décembre 2022.
Avant l’interdiction totale de l’utilisation de l’herbicide au 31 décembre 2023, le gouvernement fédéral prévoit dès l’année prochaine de premières limitations, avec une interdiction dans les parcs et jardins particuliers, ainsi que de premières restrictions pour les agriculteurs. « Ce qui nuit aux insectes nuit aussi aux humains », a précisé la ministre lors de la présentation de plusieurs mesures visant à renforcer la protection des insectes et autres animaux.
Liam Condon, membre du conseil d’administration de Bayer, qui a récemment racheté Monsanto, a critiqué mercredi une décision qui « ne tient pas compte du jugement scientifique, vieux de plusieurs dizaines d’années, d’organismes de réglementation indépendants dans le monde entier, selon lequel le glyphosate est sans danger lorsqu’il est utilisé correctement ».
> Lire notre enquête : Comment Monsanto mène sa guerre médiatique
La substance chimique a pourtant été classée comme « cancérogène probable »en mai 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer, un organe de l’OMS. Le Roundup, l’herbicide qui contient du glyphosate commercialisé par Monsanto, a fait l’objet de milliers de procédures aux Etats-Unis.
> Lire aussi : Aux Etats-Unis, Monsanto condamné à payer 81 millions de dollars à un malade du cancer exposé au Glyphosate
En Allemagne, des biologistes alertent au sujet de la chute vertigineuse, en partie due aux herbicides, des populations d’insectes, perturbant les écosystèmes, notamment la pollinisation des plantes. En février, une pétition a rassemblé 1,75 million d’électeurs bavarois pour « sauver les abeilles » et imposer 20 % de surface agricole en agriculture biologique.
Le glyphosate s’est installé dans le débat public allemand à la fin de 2017, lorsque l’UE débattait du renouvellement pour cinq ans de ce produit phytosanitaire. Le ministre de l’agriculture chrétien-démocrate avait alors soutenu le renouvellement à Bruxelles, face à ses partenaires de coalition sociaux-démocrates qui y étaient opposés. Svenja Schulze, l’actuelle ministre de l’environnement, a donc remporté un arbitrage face à la ministre de l’agriculture chrétienne-démocrate, Julia Kloeckner.
Le plan annoncé mercredi inclut également des mesures pour un meilleur étiquetage des viandes et une nouvelle répartition des subventions agricoles.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/04/l-allemagne-va-bannir-le-glyphosate-en-2023-meme-si-l-ue-prolonge-son-autorisation_5506401_3244.html>
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12- Tribune. « En finir avec l’élevage intensif, cet ennemi de l’intérêt général », Le Monde, 05/09/19, 01h38 
Par Collectif

L’association de défense des animaux L214 lance, dans une tribune au « Monde », un appel contre l’élevage intensif, soutenu par près de 200 signataires, dont Isabelle Adjani, Stéphane Bern, Florence Burgat, Frédéric Lenoir, Michel Onfray, Amélie Nothomb, Pablo Servigne et Véronique Sanson.
[Dans son ouvrage-manifeste Quand la faim ne justifie plus les moyens, paru aux éditions Les Liens qui libèrent, l’organisation L214 Ethique & Animaux décrit comment l’être humain a façonné les animaux pour son usage (sélection génétique accélérant leur croissance, entassement du bétail dans des bâtiments surpeuplés, souffrances induites par les cadences d’abattage…) et appelle à dépasser les « oppositions stériles » entre végans et partisans d’une consommation modérée de viande. L214 considère qu’un consensus se dessine pour demander à sortir d’un « modèle agricole moribond et mortifère ».]
Nous, citoyennes, citoyens, organisations, conscients des enjeux éthiques, environnementaux, sanitaires et sociaux, ne voulons plus des élevages intensifs et industriels qui confinent les animaux dans des bâtiments fermés, dans des cages, dans des bassins en béton, les forçant à vivre dans des conditions de promiscuité extrêmes.
Nous ne voulons plus d’élevages intensifs non respectueux de l’environnement, fortement émetteurs de gaz à effet de serre, producteurs d’algues vertes et de pluies acides.
Nous ne voulons plus d’élevages intensifs destructeurs de la biodiversité, acteurs de la déforestation.
Nous ne voulons plus de ce système, soutenu par l’argent public, ennemi de l’intérêt général. Un système qui impose des conditions de travail éprouvantes, aliénantes et risquées, où les agriculteurs se suicident davantage que dans toute autre catégorie socioprofessionnelle.
Nous ne voulons plus des élevages intensifs qui favorisent l’antibiorésistance et l’émergence de nouveaux agents pathogènes extrêmement dangereux.
Nous ne voulons plus d’un système spéculatif créant des déséquilibres sociaux et économiques dans de nombreuses régions du monde.
Nous ne voulons plus d’un modèle alimentaire fortement carné et lacté qui sous-tend ces modes de production et qui met en danger notre santé.
Élus, responsables politiques, nous n’en pouvons plus, au mieux de votre immobilisme, au pire – et plus souvent – de votre soutien actif au lobby de l’élevage intensif.
L’urgence éthique, climatique, environnementale, sanitaire et sociale impose d’engager notre pays dans une transition agricole et alimentaire : nous devons nous diriger rapidement vers une consommation essentiellement végétale, durable, saine, respectueuse de l’environnement, des animaux et des humains.
Aujourd’hui, nous voulons des actes, des mesures fortes et concrètes pour sortir de l’impasse. Nous exigeons : un moratoire immédiat sur l’élevage intensif et l’interdiction de nouvelles constructions destinées à élever des animaux sans accès au plein air ; un plan concret de sortie de l’élevage intensif, avec accompagnement des personnes qui en dépendent aujourd’hui vers des productions alternatives ; une végétalisation d’ampleur de l’alimentation en restauration collective publique ou privée.
Elus, responsables politiques, serez-vous au rendez-vous ?
> Liste Des Signataires de l'Appel Contre l’Élevage Intensif by Le Monde on Scribd <https://www.scribd.com/document/424439339/Liste-Des-Signataires-de-l-Appel-Contre-l-Elevage-Intensif#from_embed>
> Plus d’informations sur Stop-elevage-intensif.com
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/05/en-finir-avec-l-elevage-intensif-cet-ennemi-de-l-interet-general_5506540_3232.html>
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13- Le sommet sur l'Amazonie lancera un "appel mondial" pour sa protection, AFP, 05/09/19, 03:00

Le sommet d'urgence sur l'Amazonie, qui doit réunir vendredi six pays sud-américains en Colombie, lancera un appel à la communauté internationale pour conserver et protéger cet écosystème primordial, dévasté par des incendies et la déforestation, a annoncé mercredi Bogota.
"Il y aura un grand appel mondial pour progresser au niveau régional dans la conservation, le développement technologique et la coordination des actions pour la préservation de l'Amazonie", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Carlos Holmes Trujillo, lors d'une conférence de presse, à l'avant-veille du sommet prévu à Leticia, chef-lieu du département d'Amazonas (sud).
Le chef de la diplomatie colombienne a affirmé que de cette réunion sera issu "le Pacte de Leticia pour l'Amazonie", qui inclura des "actions concrètes" et une liste d'actions pour les pays amazoniens, d'Amérique latine et de la communauté internationale pour protéger la plus importante forêt tropicale du monde, essentielle à l'équilibre climatique.
"En conséquence de ce sommet, on va dynamiser l'action non seulement nationale, mais aussi régionale et globale pour défendre l'Amazonie", a déclaré M. Trujillo.
Outre les présidents colombien Ivan Duque et péruvien Martin Vizcarra, qui ont convoqué ce sommet, sont attendus à Leticia leurs homologues équatorien Lenin Moreno, bolivien Evo Morales, le vice-président du Surinam, Ashwin Adhin, ainsi que le ministre des Affaires étrangères brésilien, Ernesto Araujo, représentant le chef de l'Etat Jair Bolsonaro.
Le Brésil a indiqué que son président ne peut voyager pour raisons médicales et qu'il participerait à la réunion par vidéo-conférence.
M. Trujillo a ajouté que l'un des objectifs du sommet est d'"unifier les visions" des pays amazoniens quant à la manière de protéger cette région.
M. Bolsonaro a été sévèrement critiqué au niveau international pour la gestion des incendies par son gouvernement, qui a suscité une crise environnementale et diplomatique.
Climatosceptique, ce président d'extrême droite soutient l'exploitation minière dans des réserves indigènes et des zones protégées.
La majeure partie (60%) de la forêt amazonienne se trouve au Brésil, le reste se répartissant entre la Colombie, la Bolivie, l'Equateur, le Guyana, le Pérou, le Surinam, le Venezuela et la Guyane française.
<https://information.tv5monde.com/info/le-sommet-sur-l-amazonie-lancera-un-appel-mondial-pour-sa-protection-319579>
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14- Arrêté anti-pesticides : Le maire de Nanterre interdit l’utilisation de glyphosates dans sa commune, 20 Minutes, 05/09/19, 17h44
F.H.

Patrick Jarry, le maire de Nanterre, rejoint la liste des maires ayant pris un arrêté anti-pesticides dans sa commune
Si le maire de Langouët (Morbihan) a été désavoué en justice, il a fait des émules avec son arrêté anti- pesticides. Ce jeudi, le maire de Nanterre (Hauts-de-Seine), Patrick Jarry, a pris un arrêté municipal interdisant l’utilisation de produits à base de glyphosates sur le territoire de la commune. Un acte pour « protéger la population » et « obtenir du gouvernement une interdiction totale de ces produits », est-il expliqué dans un communiqué de la ville.
Si depuis 2017, les collectivités – et les particuliers – « ne sont plus autorisées à utiliser de produits phytosanitaires chimiques pour l’entretien de leurs espaces verts », cette interdiction n’a pas été étendue aux « agriculteurs, professionnels des espaces verts, entreprises, bailleurs privés et publics ».
Avec cet arrêté, Nanterre s’engage à être dès maintenant une ville « zéro glyphosate » pour « l’entretien des jardins et espaces verts des entreprises, des copropriétés, des bailleurs publics, pour l’entretien des voies ferrées et de leurs abords, comme pour les abords des autoroutes et voies départementales traversant Nanterre ».
<https://www.20minutes.fr/planete/2597811-20190905-arrete-anti-pesticides-maire-nanterre-interdit-utilisation-glyphosates-commune>
Sur le même sujet :
> Épandages de pesticides : la révolte des maires, Novethic, 04/09/19
Marina Fabre
C'est la fronde des maires. La suspension de l'arrêté pris par Daniel Cueff, maire de Langouët, sur l'épandage de pesticides à moins de 150 mètres d'une habitation a créé une vague de soutien inédite dans les communes. Au-delà des manifestations citoyennes, une quarantaine de maires ont désormais pris des arrêtés en ce sens. Face à la révolte des élus, Emmanuel Macron a dit vouloir changer la loi. 
Il a mis le feu aux poudres. Le 18 mai dernier, Daniel Cueff, maire de Langouët, village breton de 600 habitants, décide d’interdire les produits phytosanitaires à 150 mètres "de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d’habitation ou professionnel". Le maire écologiste, qui défend un arrêté allant "dans le sens de l’histoire", est alors convoqué devant la justice. Le 27 août, son arrêté est suspendu par le juge des référés du tribunal administratif.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/pesticide-la-revolte-des-maires-147656.html>
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15- Une forêt plantée sur le terrain d'un stade autrichien, AFP, 05/09/19, 19:00

Le bruit du vent dans les feuilles a remplacé le sifflet de l'arbitre dans le stade de football de Klagenfurt, en Autriche, qui a dévoilé jeudi un terrain planté d'une mini-forêt dans le cadre d'une œuvre d'art végétale et temporaire.
Le Wörthersee Stadion, un stade de 32.000 places qui avait accueilli l'Euro 2008, va devenir pour quelques semaines un lieu de déambulation bucolique : 300 arbres y ont été transplantés et recouvrent quasi-intégralement la pelouse au pied des gradins.
La vision surprenante, dévoilée jeudi à la presse et accessible à partir de dimanche au public, est le fruit du projet extravagant de l'artiste suisse Klaus Littmann qui vit et travaille à Bâle. La genèse de l'oeuvre baptisée "For Forest" a duré six ans d'un "chemin long et escarpé" en raison du défi logistique, a-t-il expliqué à la presse à Klagenfurt, capitale du Land de Carinthie (sud).
L'artiste souhaitait faire naître "une image radicale" de cette forêt présentée dans un cadre inhabituel et du contraste entre la végétation et les matériaux du stade - verre, métal, béton.
Une question accompagne cette vision : la forêt ne sera-t-elle plus dans l'avenir qu'un objet d'exhibition, bordée de protections, comme les gradins du stade ?
"Les circonstances de création de cette œuvre sont pour moi un peu surprenantes", a reconnu l'artiste en référence à la mobilisation internationale sur l'urgence climatique et la protection des forêts, notamment celle d'Amazonie.
Les 300 arbres de grande taille nécessaires au projet - trembles, chênes, bouleaux, mélèzes entre autres - ont poussé en pépinières et seront à l'issue de l'exposition, le 27 octobre, transplantés dans un autre lieu.
Le projet, soutenu par la municipalité de Klagenfurt, a suscité des réserves localement en lien notamment avec son coût, supporté par des mécènes privés, mais aussi des moyens mis en œuvre.
Quant à l'équipe de football de Klagenfurt, un club de deuxième division nationale, elle sera temporairement accueillie dans un stade voisin, à la jauge plus modeste et finalement plus adaptée à la taille de son public.
<https://information.tv5monde.com/info/une-foret-plantee-sur-le-terrain-d-un-stade-autrichien-319795>
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16- En Amazonie, le bilan incertain de la lutte contre les incendies, Le Monde, 07/09/19, 10h12
Bruno Meyerfeld

Le gouvernement brésilien se targue de contrôler les feux, mais ne communique aucun chiffre. Les observations par satellite ne montrent pas de régression claire. 
L’épreuve du feu est arrivée pour Jair Bolsonaro – au propre, comme au figuré. Le président brésilien, qui avait décrété, le 23 août, la mobilisation de l’armée pour lutter contre les incendies ravageant l’Amazonie, doit aujourd’hui répondre de son action. Et le bilan, après deux semaines de lutte contre les flammes, est plus que contrasté.
> Lire aussi  Quel est l’impact des feux en Amazonie sur le climat ?
Officiellement, pourtant, la situation serait « sous contrôle ». L’opération « Vert Brésil » mobilise à plein les moyens des armées de l’air, de terre et de mer. Le gouvernement a par ailleurs ordonné la semaine dernière l’interdiction pour soixante jours des « queimadas » (brûlis des fermiers). Il met en scène son action, diffusant massivement sur les réseaux sociaux une foison de clichés flatteurs : camions de l’armée patrouillant sur les pistes, soldats en treillis impeccables remplissant des réservoirs et ballet des avions militaires larguant des trombes d’eau sur la forêt en flammes.
Le ministère de la défense assure que « Vert Brésil » aurait déjà permis d’« éteindre » ou de « contrôler » plusieurs incendies, notamment vers Bom Futuro et dans le nord du parc national Campos Amazônicos : deux zones situées dans l’Etat de Rondônia, où se concentre l’action des militaires. Si l’on en croit les autorités, la victoire serait en vue. « Le Brésil a une fois de plus démontré que, lorsqu’il est uni, il n’y a aucun obstacle qu’il ne puisse surmonter ! », s’est félicité Onyx Lorenzoni, chef de la Casa Civil (équivalent de premier ministre), lors d’une réunion mardi 3 septembre, réunissant des membres du gouvernement ainsi que les gouverneurs de l’Amazonie occidentale.
« Grande part d’improvisation »
De son côté, Jair Bolsonaro s’est déclaré déterminé à évoquer le sort de la grande forêt « avec patriotisme » dans son discours lors de la prochaine assemblée générale des Nations unies, prévu dans trois semaines. Un brin fanfaron, le président, qui continue de rejeter l’aide de 20 millions de dollars débloquée par le G7 – une vulgaire « aumône », selon lui – a appelé les Brésiliens à s’habiller de vert et de jaune pour la fête nationale du 7 septembre afin de « montrer au monde » que « l’Amazonie nous appartient ».
Mais, au-delà des discours triomphalo-nationalistes, qu’en est-il de la réalité du terrain ? « En vérité, il y a une grande part d’improvisation et on ne sait pas vraiment ce qu’il se passe en détail », explique Ricardo Abad, expert à l’institut Socioambiental, ONG de défense de l’environnement. Sur place, en Amazonie, la communication de l’armée est verrouillée et les journalistes souvent empêchés d’embarquer avec l’armée en opération.
De son côté, le gouvernement ne dévoile aucun chiffre précis sur l’état des incendies et l’avancement des combats contre le feu, se contentant de livrer à la presse de vagues « cartes thermiques », pointant des « foyers de chaleur » – en diminution, selon les autorités. Autant de données fournies par un organisme public subordonné au ministère de la défense, appelé Service de protection de l’Amazonie (Sipam). Celui-ci possède certes 13 satellites, mais, « en vérité, il est essentiellement utilisé par les militaires pour la surveillance des frontières », explique un bon connaisseur du dossier, ajoutant que le Sipam « n’est pas fonctionnel pour détecter des incendies ».
> Lire aussi  Sept pays amazoniens signent un « pacte » pour protéger la forêt
Tout l’inverse de l’Institut national de recherche spatiale (INPE), reconnu et compétent, officiellement chargé de la surveillance de la déforestation et des incendies. Mais celui-ci est vilipendé par Jair Bolsonaro, qui a récemment poussé vers la sortie son directeur. On comprend pourquoi : les chiffres publiés par l’institut sont en effet bien moins flatteurs (et bien plus précis) que ceux du Sipam. Rien que pour le 6 septembre, l’INPE a ainsi détecté 1 376 nouveaux départs de feu au Brésil (une hausse de 27 % par rapport au jour précédent), portant à plus de 95 000 le nombre d’incendies cumulés en 2019. Dans le détail, les chiffres montrent une énorme disparité entre Etats, selon les jours et les régions : impossible de conclure à une quelconque « victoire » sur les flammes.
Pour ne rien arranger, la quantité comme la qualité des moyens déployés font débat. Selon le ministère de la défense, « à peu près » 6 000 soldats seraient aujourd’hui déployés pour combattre les incendies en Amazonie, appuyés par 150 véhicules, 20 bateaux et 16 aéronefs, ainsi que 2 monomoteurs bombardiers d’eau chiliens et une délégation d’experts israéliens en catastrophes naturelles. Mais d’autres sources, citées par les médias brésiliens, évoquent quant à elles tout juste 2 500 à 3 900 soldats en action. Cela fait en tout cas bien peu pour une forêt grande comme cinq fois la France…
Budget en baisse
A la pointe de l’opération « Vert Brésil », les forces aériennes ont certes réquisitionné deux avions Hercule C-130, reconvertis en bombardiers d’eau, chargés chacun de 12 000 litres d’eau. Mais ces transporteurs de troupe, modèle américain des années 1950, « ne sont tout simplement pas assez nombreux et, surtout, pas du tout adaptés à la lutte contre les incendies, déplore M. Abad. De toute façon, les militaires n’ont pas vocation à combattre le feu. Leur rôle, c’est de défendre le territoire. Ce qu’il nous faut, ce sont des pompiers, des agents qualifiés ! »
Peu de chances qu’ils arrivent de sitôt : les principaux instituts publics de protection de l’environnement, tel l’Ibama, ont été purgés et amputés d’une bonne partie de leur budget cette année par le gouvernement d’extrême droite de Jair Bolsonaro. « Larguer de l’eau par avion, c’est bien, et ce corps-à-corps avec les flammes est nécessaire. Mais plus qu’éteindre les feux, il faut lutter en priorité pour éteindre les causes des incendies. A savoir, la déforestation », estime Paulo Moutinho, chercheur à l’Institut de recherche environnementale pour l’Amazonie.
Mais, en pleine crise environnementale, une autre mauvaise nouvelle est tombée cette semaine : selon le budget prévisionnel pour 2020, le ministère de l’environnement devrait perdre 10 % de ses ressources. L’enveloppe consacrée à la lutte contre les incendies devrait quant à elle plonger de 45,5 millions à 29,6 millions de reais (de 10 millions à 6,6 millions d’euros), soit une chute catastrophique de 34 %. Un coup de massue pour les défenseurs de l’Amazonie. « Si on relâche notre surveillance, prévient M. Moutinho, si on ne met pas en place un combat effectif pour la préservation de cette forêt, peu importe le nombre de militaires déployés en urgence, les feux reviendront. Et, à la prochaine saison sèche, ce pourrait être pire encore. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/07/en-amazonie-le-bilan-incertain-de-la-lutte-contre-les-incendies_5507512_3244.html>
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17- Pesticides : le gouvernement propose une distance minimale de 5 à 10 mètres, « très insuffisante » pour les ONG, Le Monde avec AFP, 07/09/19, 12h45

Cette distance minimale entre les habitations et les zones d’épandage de produits phytosanitaires est nettement inférieure à celle réclamée par certains maires qui ont pris des arrêtés antipesticides. 
Voilà qui decevra les maires qui, un peu partout en France, multiplient les arrêtés antipesticides, après la suspension très médiatisée de celui de Langouët, en Bretagne, Daniel Cueff. Le gouvernement va proposer de fixer à 5 ou 10 mètres, selon le type de cultures, la distance minimale entre les habitations et les zones d’épandage de produits phytosanitaires. Soit une distance nettement inférieure à celle réclamée par certains édiles.
> Lire aussi  « Nous appelons les maires de France à adopter des arrêtés contre les épandages de pesticides »
« Le gouvernement va soumettre à consultation lundi un projet de décret qui part des recommandations scientifiques de l’Agence nationale de sécurité sanitaire »(Anses), a fait savoir samedi 7 septembre un porte-parole du ministère de l’agriculture, confirmant une information de BFM-TV.
Les distances proposées dans ce projet seront de 5 mètres pour les cultures dites basses, comme les légumes, et de 10 mètres pour les cultures hautes, telles que les céréales. Les recommandations publiées à la fin de juin par l’Anses évoquent notamment des distances de sécurité de 3,50 mètres et 10 mètres, selon le type de cultures.
La consultation durera trois semaines. « Le gouvernement tranchera en octobre-novembre », a complété le porte-parole. « Dans la loi Egalim, il y a des dispositions spécifiques pour la protection des riverains via la mise en place de chartes concertées avec les riverains, les agriculteurs », a rappelé de son côté Matignon.
Ces règles concernant l’élaboration de chartes et de distances minimales à respecter pour l’épandage des pesticides « vont figurer dans des textes qui entreront en application au 1er janvier 2020 », a ajouté Matignon.
Appel à la « mobilisation citoyenne » pour aller plus loin
Les organisations écologistes, au premier rang desquelles France Nature Environnement (FNE), ont immédiatement protesté contre des mesures jugées « vraiment insuffisantes, au vu de ce que dit l’Anses, au vu des études scientifiques », selon Thibault Leroux, chargé de mission de l’association.
Des premières versions du décret ont circulé avant l’été, et FNE s’attendait à « un fort lobbying du secteur agricole ». « C’est assez décevant de voir qu’au sein du gouvernement, c’est le ministère de l’agriculture qu’on écoute, avant les enjeux sanitaires et environnementaux », a regretté M. Leroux.
France Nature Environnement va participer à cette consultation et mise sur une « mobilisation des citoyens » pour faire bouger les lignes. « Je n’y crois pas, je pense que c’est un poisson d’avril », a réagi sur BFM-TV Yann Arthus-Bertrand, président de la fondation Good Planet :
« Je ne peux pas croire qu’aujourd’hui les lobbyistes soient plus forts que la santé de la population. C’est insultant pour les gens qui se battent depuis si longtemps contre les pesticides. »
David Cormand, secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), reconnaît un caractère « historique » à cette décision du gouvernement : « C’est la première fois que l’Etat admet qu’il y a un danger grave pour les gens » après l’épandage, a-t-il souligné sur la même chaîne. Mais « le problème, c’est le côté anecdotique de la décision qu’ils en tirent » : « Une zone tampon de 5 à 10 mètres, ça n’a pas de sens ! »
Le gouvernement opposé à une interdiction générale
Le ministre de l’agriculture et de l’alimentaion, Didier Guillaume, s’était opposé mercredi à l’idée d’une interdiction générale de traitement par des produits phytosanitaires dans une zone uniforme de 150 mètres autour de bâtiments habités, proposée par des maires et des associations.
« S’il devait y avoir des zones de non-traitement de 150 mètres (…) nous serions obligés d’acheter de l’alimentation venue d’ailleurs », car une telle mesure réduirait les surfaces agricoles et le potentiel de production alimentaire en France, a-t-il affirmé au micro d’Europe 1.
Le maire écologiste de Langouët (Ille-et-Vilaine), Daniel Cueff, qui avait pris un arrêté interdisant les pesticides à moins de 150 m des habitations, suspendu par la justice, a qualifié de « pas croyable » la proposition du gouvernement de fixer une distance de 5 ou 10 mètres.
« Quand j’ai appris ça, je pensais que c’était une “fake news” et que ce n’était pas sérieux ! Cette proposition n’est pas croyable », a réagi le maire de cette commune rurale proche de Rennes. On est tombé de notre chaise, car ces 5 et 10 mètres, ce sont des protocoles déjà mis sur des bidons de pesticide de synthèse. » Et d’expliquer :
« On s’est aperçu que, pour moins respirer les glyphosates et les pesticides de synthèse, il fallait une bande de 150 mètres, car là il y a moins de chances de respirer ces pesticides qui sont volatils et qui sont dans l’air. »
> Lire aussi  Arrêté antipesticides de Langouët : « Les carences de l’Etat justifient l’action des maires »
Selon le maire, dont l’arrêté a entraîné la médiatisation du sujet au plan national, le président, Emmanuel Macron, et le gouvernement n’ont pas pris « la mesure de cette vague qui ne voudra pas et ne voudra plus être face à des pesticides de synthèse dans l’air ».
M. Cueff avait pris le 18 mai un arrêté interdisant l’utilisation de produits phytopharmaceutiques « à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d’habitation ou professionnel ». Ce texte a été suspendu mardi par le tribunal administratif de Rennes.
> Lire aussi  Daniel Cueff, le maire breton qui invente le village de l’après-pétrole
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/07/contre-les-pesticides-le-gouvernement-propose-une-distance-minimale-de-5-a-10-metres_5507642_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/07/contre-les-pesticides-le-gouvernement-propose-une-distance-minimale-de-5-a-10-metres_5507642_3244.html>>
Sur le même sujet : 
> Protection contre les pesticides : le maire de Langouët juge "pas croyable" la proposition du gouvernement <https://information.tv5monde.com/info/protection-contre-les-pesticides-le-maire-de-langouet-juge-pas-croyable-la-proposition-du>, AFP, 07/09/19, 13:00
> Pesticides : "On suit strictement des avis scientifiques", affirme Elisabeth Borne <https://information.tv5monde.com/info/pesticides-suit-strictement-des-avis-scientifiques-affirme-elisabeth-borne-320117>, AFP, 07/09/19, 16:00
> Pesticides : la distance de protection des habitations fait bondir les écologistes <https://information.tv5monde.com/info/pesticides-la-distance-de-protection-des-habitations-fait-bondir-les-ecologistes-320093>, AFP, 07/09/19, 17:00
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18- Agriculture : des fermes "bas carbone" pour réduire l'impact écologique des vaches, RTL, C’est notre Planète, 03/09/19, 06:00
Virginie Garin

Un programme incite les éleveurs à mettre en place des mesures visant à baisser les émissions de gaz à effet de serre des vaches.
Les vaches françaises à elles seules polluent autant que 15 millions de voitures par an ! Avec leurs rots, elles dégagent du méthane, un puissant gaz à effet de serre. Et bien des éleveurs laitiers ont décidé d'agir. Dans leur ferme, pour réduire leurs émissions, et ça marche. C'est un vrai défi pour les éleveurs, souvent pointés du doigt. Donc il y a un programme de fermes "bas carbone" mis en place par la filière. Ils sont 9.000 à le suivre pour l'instant. 
Ça commence par nourrir les vaches autrement : en plus de l'herbe l'éleveur fait pousser du lin, de la graine de lin. Les vaches digèrent mieux. Ils sèment aussi plus de luzerne, de trèfle, de colza, ça évite d'acheter des protéines ailleurs, et notamment du soja d'Amazonie. Et puis ces plantes nourrissent le sol, ce sont des engrais naturels.
Convaincre les 60.000 éleveurs de s'y mettre
Ces fermes misent beaucoup sur l'innovation, il existe une machine par exemple, qui sert à refroidir le lait. Mais qui est capable de récupérer les calories et de les utiliser ensuite pour chauffer l'étable. Ils plantent des haies, le long des champs, car les arbres ça stocke du carbone. Tout cela devrait leur permettre de réduire leurs émissions de 20%. 
La filière compte convaincre les 60.000 éleveurs français de s'y mettre, car c'est bon pour la planète, et puis ça leur fait gagner aussi de l'argent. Comme engrais, ils utilisent la bouse de vache, au lieu d'acheter des engrais chimiques faits avec du pétrole et de plus en plus chers, ils font des économies. Même chose en produisant eux-mêmes sur la ferme les protéines. Un éleveur a calculé que ses charges avait baissé de 1.800 euros par an.   
> Emission à (ré)écouter à :
<https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/agriculture-des-fermes-bas-carbone-pour-reduire-l-impact-ecologique-des-vaches-7798268072>
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19- Les actualités de la Chaire Unesco Alimentations du monde, Supagro, septembre 2019

> Un concentré des dernières actualités de la Chaire Unesco Alimentations du monde à retrouver dans sa dernière newsletter :
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