[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (jeudi 12 septembre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Jeu 12 Sep 08:10:47 CEST 2019


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1- Reportage. Manger demain (5/6). Au Canada, le miracle des lentilles, alternative aux protéines animales <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/05/au-canada-le-miracle-des-lentilles-alternative-aux-proteines-animales_5506615_3244.html>, Le Monde, 05/09/19, 09h46
2- Les racines des céréales et légumineuses, cruciales pour la sécurité alimentaire <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/05/les-racines-des-cereales-et-legumineuses-cruciales-pour-la-securite-alimentaire_5506764_3244.html>, Le Monde, 05/09/19, 11h22
3- Reportage. Manger demain (6/6). La Corée du Sud veut convertir la planète aux algues <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/06/la-coree-du-sud-veut-convertir-la-planete-aux-algues_5506994_3244.html>, Le Monde, 06/09/19, 04h31
4- Castration à vif des porcelets : une pratique contestée, toujours majoritaire <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/06/castration-a-vif-des-porcelets-une-pratique-contestee-toujours-majoritaire_5507016_3244.html>, Le Monde, 06/09/19, 08h31
5- La France se convertit très lentement aux algues alimentaires <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/06/la-france-se-convertit-tres-lentement-aux-algues-alimentaires_5507144_3244.html>, Le Monde, 06/09/19, 11h20
6- Les SDHI, ces pesticides qui inquiètent les scientifiques <http://www.leparisien.fr/environnement/les-sdhi-ces-pesticides-qui-inquietent-les-scientifiques-06-09-2019-8147286.php>, Le Parisien, 06/09/19, 19h54
7- La bactérie "tueuse" Xylella fastidiosa détectée pour la première sur des oliviers en France <https://information.tv5monde.com/info/la-bacterie-tueuse-xylella-fastidiosa-detectee-pour-la-premiere-sur-des-oliviers-en-france>, AFP, 06/09/19, 20:00
8- G7 parlementaire : il y a "urgence" à protéger les océans <https://information.tv5monde.com/info/g7-parlementaire-il-y-urgence-proteger-les-oceans-320005>, AFP, 06/09/19, 21:00
9- Sept pays d'Amérique du Sud en sommet pour défendre l'Amazonie <https://information.tv5monde.com/info/sept-pays-d-amerique-du-sud-en-sommet-pour-defendre-l-amazonie-320014>, AFP, 06/09/19, 22:00
10- Près de 1 500 personnes ont été fichées par Monsanto en Europe <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/07/pres-de-1-500-personnes-ont-ete-fichees-par-monsanto-en-europe_5507493_3244.html>, Le Monde, 07/09/19, 10h28
11- Des cépages anciens étudiés en Bourgogne pour anticiper le réchauffement <https://information.tv5monde.com/info/des-cepages-anciens-etudies-en-bourgogne-pour-anticiper-le-rechauffement-320058>, AFP, 07/09/19, 12:00
12- Pesticides : le gouvernement propose une distance minimale de 5 à 10 mètres, « très insuffisante » pour les ONG <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/07/contre-les-pesticides-le-gouvernement-propose-une-distance-minimale-de-5-a-10-metres_5507642_3244.html>, Le Monde avec AFP, 07/09/19, 12h45
13- Madagascar : cri d'alarme du pape sur la déforestation <https://information.tv5monde.com/info/madagascar-cri-d-alarme-du-pape-sur-la-deforestation-320062>, AFP, 07/09/19, 20:00
14- Brésil : la déforestation de l'Amazonie a presque doublé en un an <https://information.tv5monde.com/info/bresil-la-deforestation-de-l-amazonie-presque-double-en-un-320301>, AFP, 08/09/19, 20:00
15- Pesticides : pourquoi les écolos sont dégoûtés de la proposition du gouvernement <https://www.huffingtonpost.fr/entry/pesticides-distance-champ-decret_fr_5d74bc55e4b06451356f970d>, Le HuffPost, 08/09/19, 21:45
16- Pesticides : bataille autour des zones de protection entre cultures traitées et habitations <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/09/pesticides-bataille-autour-des-zones-tampons-entre-cultures-traitees-et-habitations_5508149_3244.html>, Le Monde, 09/09/19, 14h10
17- Le défi des repas végétariens obligatoires dans les cantines scolaires <https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/09/le-defi-des-repas-vegetariens-obligatoires-dans-les-cantines-scolaires_5508259_3224.html>, Le Monde, 09/09/19, 16h39
18- Pesticides : appels à multiplier les arrêtés locaux et "submerger" la consultation <https://information.tv5monde.com/info/pesticides-appels-multiplier-les-arretes-locaux-et-submerger-la-consultation-320670>, AFP, 10/09/19, 17:00
19- Le moral des éleveurs "au plus bas" après un été de sécheresse <https://information.tv5monde.com/info/le-moral-des-eleveurs-au-plus-bas-apres-un-ete-de-secheresse-320533>, AFP, 10/09/19, 17:00
20- Agé de 200 à 250 ans, un olivier touché par la bactérie "tueuse" Xylella fastidiosa abattu à Menton <https://information.tv5monde.com/info/age-de-200-250-ans-un-olivier-touche-par-la-bacterie-tueuse-xylella-fastidiosa-abattu-menton>, AFP, 10/09/19, 20:00
En images
21- Pesticides : quel périmètre de sécurité pour les habitations ? <https://www.lci.fr/population/pesticides-quel-perimetre-de-securite-pour-les-habitations-2131570.html>, TF1, Le journal de 20h, 07/09/19
22- La bactérie tueuse Xyllela fastidiosa détectée sur des oliviers des Alpes-Maritimes <https://www.tf1.fr/tf1/jt-we/videos/la-bacterie-tueuse-xyllela-fastidiosa-detectee-sur-des-oliviers-des-alpes-maritimes-01084306.html>, TF1, journal de 20h, 07/09/19
Une publication
23- Le crime est presque parfait - L'enquête choc sur les pesticides et les SDHI <http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Le_crime_est_presque_parfait-9791020907424-1-1-0-1.html>, de Fabrice Nicolino, Editions Les Liens qui Libèrent, 11/09/19
Une annonce
24- Le biochar pour une agriculture très productive et écologique luttant contre le réchauffement climatique <https://gallery.mailchimp.com/ef20ae4c3fdc09fc772db39fa/files/e894a8cf-7358-4683-9ba2-bccc0d6912b7/Lettre_d_Information_Biochar_2019.pdf>, Pro-Natura international, Lettre d’information de septembre 2019

Bien à vous,
Florence

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ÉCLAIRAGES DU JOUR : Episodes 5 & 6 des différentes facettes de la révolution alimentaire en marche. (cf. item 1, 3 & 5)
BATAILLE DU JOUR : La distance minimale de 5 à 10 mètres entre les habitations et les zones d’épandage de produits phytosanitaires est nettement inférieure à celle réclamée par certains maires qui ont pris des arrêtés antipesticides et aux préconisations des ONG. Aussi, le gouvernement lance une consultation sur la distance à respecter entre aires d’épandage et habitations. (cf. item 12, suite, 15, 16, suite, 18, suite & 21)
ENQUÊTE DU JOUR : Personne ne les connaît et pourtant on en retrouve partout, jusque dans nos assiettes. Selon un groupe de spécialistes, qui réclament leur suspension, les fongicides SDHI présentent un risque important pour la santé. (cf. item 6, suite & 23)
INQUIÉTUDE DU JOUR : C'est une première dans le pays. La bactérie Xylella fastidiosa, responsable de la mort de milliers d'arbres en Italie, s'attaque aux oliviers des Alpes-Maritimes. (cf. item 7, 20 & 22)
CHIFFRES DU JOUR : — 1 500 personnes fichées par Monsanto en Europe : un rapport dévoile l’ampleur de la campagne menée pour obtenir le renouvellement de l’autorisation du glyphosate dans l’Union européenne. (cf. item 10)
— La déforestation de l'Amazonie au Brésil a pratiquement doublé entre janvier-août et la même période de 2018. Cela représente une augmentation de 91,9%. (cf. item 14)
INITIATIVES DU JOUR : Recherche et expérimentation à propos des résidus agricoles inutilisés : racines, pailles de blé, de riz, tiges de coton, de mil, cannes de maïs, balle de riz, parches de café, bambous, grignons d’olives, palmes séchées… (cf. item 2 & 24)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Reportage. Manger demain (5/6). Au Canada, le miracle des lentilles, alternative aux protéines animales, Le Monde, 05/09/19, 09h46
Patricia Jolly

En une quarantaine d’années, les agriculteurs de la province de la Saskatchewan ont fait du Canada le principal producteur et exportateur mondial de ce légume sec.
Le ciel de juillet charrie des caravanes de nuages. La Saskatchewan honore son surnom de « Pays des cieux vivants » (« The Land of Living Skies »), mais les sols de cette province de l’Ouest canadien ne sont pas en reste. Quadrillés par des chemins rectilignes tel un gigantesque patchwork aux nuances or et vert, ils exultent. Blé, orge, avoine, canola – une variété de colza spécifique au Canada –, graines de moutardes… Notre pick-up vorace en gazole et aux amortisseurs robustes semble tracer une route sans fin dans cette profusion de cultures à perte de vue et à 360 degrés.
Avec l’Alberta et le Manitoba, la Saskatchewan compose la région des Prairies canadiennes. Située dans le prolongement des Grandes Plaines des Etats-Unis, cette province de 1,1 million d’habitants compte près de 19 millions d’hectares de terres cultivées qui font d’elle le grenier alimentaire du pays. Une fois libérées de la gangue de gel et de neige qui les contraint au repos jusqu’à 250 jours par an, ces terres savent se montrer généreuses. Et les bouquets de silos rutilants qui les hérissent recèlent bien d’autres richesses que les traditionnels oléagineux et céréales.
Ces dernières décennies, le blond dominant du blé et du canola a en effet cédé du terrain à des alignements de pousses vert tendre inattendues sous ces cieux. D’aspect fragile, celles-ci ne dépassent guère quelques dizaines de centimètres une fois à maturité. « Des lentilles…, révèle notre guide, Murray Purcell, 70 ans. La Saskatchewan assure 40 % de leur production mondiale, ce qui fait aujourd’hui du Canada le premier producteur et exportateur de la planète. » Le pays en exporte même… en Inde, où cette plante fait partie de l’alimentation de base.
Sur son exploitation de Rosetown, à une heure quarante de route au sud-ouest de Saskatoon, ville la plus peuplée de la province avec 273 000 habitants, David Purcell participe à cet effort national. En cette mi-juillet, le fils de Murray affiche cependant une mine soucieuse. Ses plans de lentilles pointent tout juste alors qu’ils devraient être en fleurs. « J’ai semé le 28 avril et on commence en principe à récolter mi-août », explique ce quadragénaire en casquette et salopette.
Les yeux rivés sur l’écran de son smartphone, il consulte des applications qui actualisent les prévisions météorologiques toutes les quinze minutes et qui simulent le rendement de la récolte à venir. Même si les lentilles, peu gourmandes en eau, sont parfaitement adaptées au climat semi-aride de cette région septentrionale, la sécheresse – enrayée de justesse par quelques précipitations récentes – a bien failli les faire mourir.« Heureusement, la neige de fin d’hiver a laissé de l’humidité dans le sol et il doit pleuvoir encore », se réjouit David Purcell.
Il plonge les mains dans un bac et laisse filer entre ses doigts, comme autant de pièces d’or, un flot de lentilles rouges. Une partie du stock de 2018 qu’il s’est refusé à brader… « Les faire pousser, c’est assez simple, mais il faut aussi être bon en marketing, dit-il. Bien ventilées, elles gardent leur couleur et je peux les conserver jusqu’à trois ans. » Et attendre que les cours remontent.
Une denrée précieuse
Verte, blonde, noire ou rouge corail, la lentille est ici est une denrée précieuse. Selon l’agence du gouvernement fédéral Statistique Canada, cette culture arrivait dans la province, en 2016, en troisième position derrière le canola et le blé de printemps en superficie déclarée avec plus de 2 320 000 ha contre seulement plus d’1 125 000 ha en 2011. Soit une augmentation de 106,2 % sur cette période tandis que la culture du blé reculait de 16,3 %.
A entendre ses cultivateurs, c’est une plante miraculeuse. « Les lentilles sont riches en fibres, en protéines, en glucides et en micronutriments essentiels comme le fer, le zinc, la vitamine B9, et elles sont aussi pauvres en gras et en calories : un vrai remède à l’insécurité alimentaire mondiale », affirme Murray Purcell, qui a enseigné l’éducation physique et sportive et les sciences durant vingt ans avant de prêter main-forte à son père agriculteur. Mais il avoue toujours préférer un steak de bœuf Angus élevé en liberté à un plat de lentilles. Les agriculteurs de la Saskatchewan n’ont en effet pas adopté ces petites graines par goût, ou par altruisme, mais par nécessité.
Quelques kilomètres plus au sud, à Elrose, Bill Copeland, 82 ans, un colosse tout de jean vêtu, à la main rêche et au visage buriné, est un pionnier de cette conquête hardie. Il est l’un des premiers à avoir parié sur la lentille, dès le début des années 1970. Il retrace la genèse de leur introduction dans la rotation des cultures dans le sud aride de la Saskatchewan. Comme Murray Purcell et tous leurs collègues, il a d’abord cultivé du blé.
« La commission canadienne du blé avait le monopole de sa vente et de son exportation, raconte-t-il. Elle établissait des quotas et nous versait des paiements initiaux, mais le solde n’arrivait qu’à la fin de la campagne, huit mois plus tard. Avec les excédents mondiaux dans les années 1970, les prix étaient très bas et nous nous retrouvions avec des silos pleins de blé produit à des coûts supérieurs aux prix fixés par la commission. » 
C’est un désastre financier. Les agriculteurs de la Saskatchewan cherchent donc désespérément à cultiver tout ce qu’ils peuvent vendre. En février 1972, la nomination d’un Américain, le docteur Alfred Slinkard, comme directeur de recherche au tout nouveau Centre de développement des cultures de l’université de la Saskatchewan facilite cette réorientation de manière providentielle. Transfuge de l’université de l’Idaho, cet agronome ingénieux travaille à l’époque sur le développement d’une variété de pois adaptés aux conditions canadiennes.
Adaptation de l’équipement agricole
« Les caractéristiques des deux cultures étant très proches, je me suis procuré les lentilles de la collection du ministère de l’agriculture des Etats-Unis, j’en ai testé dix variétés sur des terres que Bill Copeland et d’autres mettaient à ma disposition, raconte ce professeur émérite du département des sciences végétales de l’université de la Saskatchewan de 88 ans. Sept variétés ont pris, j’en ai lancé deux qui sont devenues très populaires : la Laird, en 1978, et l’Eston, en 1980. »
Signe de sa passion pour le sujet, le docteur Slinkard a ressorti des piles de publications concernant ces travaux et a enfilé une veste pour nous recevoir dans sa résidence pour seniors de Saskatoon. Il raconte que les agriculteurs ayant foi dans la lentille ont su prendre leur destin en main quand, en 1976, onze d’entre eux, dont Bill Copeland, ont fondé l’ancêtre de la puissante Saskatchewan Pulse Growers, association des producteurs de légumineuses de la province qui représentent aujourd’hui plus de 15 000 exploitants.
Initiative décisive, en 1983, l’organisation vote une retenue obligatoire annuelle à la source sur toutes les ventes de légumineuses commerciales de la province. Des sommes réinvesties dans les programmes du Centre de développement des cultures pour l’accroissement de la productivité. Plus de 150 variétés de légumineuses ont ainsi vu le jour par l’entremise de l’organisme de recherche.
> Lire aussi La revanche de la lentille
« Pour chaque dollar investi, on en a eu 20 en retour, estime Murray Purcell, probablement en deçà de la réalité. Et les sols ont bénéficié de l’introduction des lentilles dans la rotation des cultures. » Aujourd’hui, la plupart des agriculteurs de la Saskatchewan plantent jusqu’à un quart de leurs terres en légumineuses chaque année. Celles-ci présentent en effet l’avantage de fixer l’azote dans les sols, ce qui permet de diminuer le recours aux engrais et aux herbicides, lorsqu’on réintroduit les céréales et les oléagineux les années suivantes. Et leur présence, une année sur cinq dans la rotation, diminue les émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble d’un cycle.
« Je n’avais aucune idée de l’ampleur que prendraient mes recherches, s’étonne encore Alfred Slinkard. Je ne suis ni économiste ni commercial, simplement un chercheur qui s’est trouvé au bon endroit au bon moment. » Et qui n’a pas ménagé ses efforts pour accompagner cette transition exigeant une adaptation de l’équipement agricole, des pratiques agronomiques et des habitudes des agriculteurs. « J’ai fait des dizaines de présentations orales à de petits groupes de fermiers aux quatre coins de la province », se souvient-il.
Il a fallu une vingtaine d’années à la lentille pour s’imposer dans la région. Selon Statistique Canada, sa superficie ensemencée dans la Saskatchewan est passée de 109 000 hectares en 1990 à 1,37 million d’hectares en 2019. « Au début, cultiver des lentilles ressemblait à du travail supplémentaire sans grand résultat », se souvient Bob Copeland, 56 ans, fils et associé de Bill. « Ça donnait de toutes petites plantes, renchérit Murray Purcell, et jusqu’à la mise au point des têtes de récolte flexibles [technologie qui permet d’atteindre ces plantes plus basses que les céréales ou les oléagineux], on s’arrachait les cheveux avec nos engins agricoles trop hauts. » « On était un peu perdus avant que les fabricants de produits chimiques ne nous aident à lutter contre les mauvaises herbes auxquelles les lentilles résistent très mal », complète Bill Copeland.
Bob Copeland recharge le réservoir de son pulvérisateur aux bras géants en métribuzine, un herbicide « homologué et approuvé », précise-t-il. La sécheresse a occasionné une invasion d’herbes indésirables plus tardive qu’à l’accoutumée au milieu de ses plants de lentilles. Il opère sans autre protection que des gants en caoutchouc. « Aucun risque, j’ai fait comme ça toute ma vie, assure-t-il. Et ces lentilles, je les mange mêmes crues. »
Fièvre judiciaire
Bob Copeland attrape un livre volumineux qui ne quitte jamais le cockpit climatisé truffé d’ordinateurs de bord. C’est une bible à l’usage des agriculteurs de la province pour la « gestion des produits chimiques pour la protection des cultures ». « Le bon sens doit prévaloir dans leur utilisation, dit-il. Bien sûr, les accidents arrivent, mais si on est éclaboussé, il suffit de se laver avec du savon. »
Ici, comme presque partout dans la province, la culture des légumineuses, hypermécanisée, se fait à grand renfort de pesticides, comme dans toutes les cultures industrielles conventionnelles. « On ne peut pas nourrir le monde en travaillant en bio sur des exploitations de la taille des nôtres », justifie Bill Copeland. L’exploitant agricole n’ignore pas que des milliers de requêtes judiciaires (plus de 18 000) liées à l’utilisation du Roundup, l’herbicide au glyphosate fabriqué par la multinationale américaine Monsanto, rachetée en juin 2018 par l’Allemand Bayer, sont en cours aux Etats-Unis.
En un peu plus d’un an, des tribunaux californiens estimant que « l’usage ancien et répété du glyphosate » a pu provoquer lymphomes non hodgkiniens et cancers (ce que conteste Bayer) ont condamné le groupe à indemniser un ancien jardinier, un retraité et un couple. Une addition de plusieurs dizaines de millions de dollars. Un « non-sens », selon Bill Copeland et Murray Purcell, convaincus que les requérants sont « probablement malades d’autre chose ». « Nous avons besoin du Roundup, insiste Bill Copeland. L’interdire provoquerait un retour à l’utilisation de produits beaucoup plus nocifs. »
La fièvre judiciaire autour de cet herbicide gagne pourtant la Saskatchewan. Mi-mai, à Moose Jaw, dans le sud, une procédure collective a été lancée par un avocat réputé opiniâtre autour d’un producteur de légumineuses atteint d’un lymphome non hodgkinien. De quoi écorner « l’image de notre agriculture », regrettent Bill Copeland et Murray Purcell. Et nuire à son économie… Car Bill et Bob sont aussi négociants à l’international. La société Copeland Seeds cultive des lentilles et autres légumineuses qu’elle nettoie, vend et exporte dans le monde entier, au gré des ordres de courtiers basés de Vancouver à Dubaï, en passant par la Caroline du Nord. Le 8 juillet, 24 tonnes de lentillessont parties « pour le Brésil ou le Mexique », dit Bill.
Chef de file du commerce mondial des légumineuses, le Canada traite avec plus de 130 pays, selon l’association nationale des producteurs, négociants et transformateurs de légumineuses canadiennes Pulse Canada. En 2018-2019, selon le ministère de l’agriculture canadien, les exportations de lentilles – dont plus de 90 % proviennent de la Saskatchewan – ont atteint 2 millions de tonnes, soit une hausse de près de 30 % par rapport à la période 2017-2018. Principaux marchés : l’Inde, les Emirats arabes unis, le Bangladesh, la Turquie et l’Union européenne. « Les cargaisons changent souvent d’acheteur au milieu de l’océan », précise un des quinze employés de Copeland Seeds.
L’Inde, à la fois producteur de légumineuses (25 % de la production mondiale avec 22 millions de tonnes en 2018, contre 8 millions pour le Canada) et consommateur (30 % de la consommation mondiale), joue un rôle prépondérant dans l’évolution de ce commerce, et cherche à se protéger de concurrents avec lesquels elle doit tout de même composer puisqu’elle ne produit pas suffisamment par rapport à ses besoins. Fin 2017, pour préserver ses agriculteurs, elle a imposé des tarifs douaniers sur les importations de légumineuses de toute origine : 33 % pour les lentilles, 50 % pour les pois et 66 % pour les pois chiches. Une mesure rude pour le Canada et les autres gros pays producteurs (Australie, Etats-Unis…).
« Nous avons les terres disponibles et la technologie pour produire les lentilles en masse, mais les coûts de production augmentent et notre part du gâteau s’amenuise », observe Bill Copeland. Selon le ministère de l’agriculture canadien, le prix moyen des lentilles était de 575 dollars la tonne pour l’année 2016-2017, contre une prévision située entre 455 à 485 dollars la tonne pour 2018-2019. Une tendance qui n’est pas pour déplaire à Vandana Shiva, 66 ans, figure indienne de l’altermondialisme. Jointe par téléphone à Dehradun, dans le nord de son pays, cette militante qui prône l’agroécologie et désigne l’agriculture intensive comme responsables de la crise alimentaire a fondé, en 1991, l’ONGNavdanya (« Neuf semences »), laquelle a donné naissance à une soixantaine de banques de semences destinées à préserver les variétés locales.
> Lire aussi Sarrasin, chia, quinoa… Sa majesté la graine
Auteure de Who Really Feeds The World (« Qui nourrit vraiment le monde ? ») (North Atlantic Books, 2016, non traduit), Vandana Shiva est en pleine promotion de son nouvel essai 1 %. Reprendre le pouvoir face à la toute-puissance des riches (Rue de l’Echiquier, 184 p., 19 euros). Celle qui a obtenu son doctorat en philosophie des sciences au Canada en 1978 ne décolère pas. « L’Inde n’a pas besoin des lentilles du Canada, qui sont aspergées de glyphosate et n’ont pas la qualité nutritionnelle des nôtres, peste Vandana Shiva. Au lieu d’acheter à nos agriculteurs qui cultivent la plus grande diversité au monde de légumineuses nutritives, notre gouvernement en importe qui sont toxiques. » Elle accable en particulier les lentilles Clearfield, résistantes aux herbicides, lancées au Canada en 2006.
« Les lentilles Clearfield ont éliminé le principal obstacle à une production compétitive, réplique le docteur Albert Vandenberg, 65 ans, qui dirige la chaire de recherche industrielle en amélioration génétique des lentilles du département des Sciences végétales de l’université de la Saskatchewan, financée par la Saskatchewan Pulse Growers et le gouvernement canadien. Elles s’insèrent dans la rotation de cultures sans laquelle nos sols deviennent infertiles, ce qui permet à la production bio de redémarrer peu à peu, pour retrouver son niveau de l’époque précédant le système de jachères de blé qui s’était généralisé, conduisant à une destruction complète des sols. »
Avec Alfred Slinkard – son professeur auquel il a succédé – et Rick Holm, un spécialiste des mauvaises herbes, le docteur Vandenberg a mis au point, après une dizaine d’années de recherches, ces plants de lentilles qui résistent à la pulvérisation de l’herbicide imidazolinone, au Centre de développement des cultures. L’université en détient le brevet, concédé sous licence au groupe chimique allemand BASF.
Dans son laboratoire de l’université de la Saskatchewan, en périphérie de Saskatoon, où il œuvre sans relâche avec ses équipes à percer tous les mystères de la lentille, le docteur Vandenberg défend son travail. « Nous travaillons au développement de la production de légumineuses afin qu’elles fournissent des protéines végétales améliorant la nutrition tout en réduisant l’empreinte environnementale des systèmes agricoles », martèle le scientifique en rappelant que « l’empreinte carbone d’un gramme de protéine de bœuf est 350 fois supérieure à celle d’un gramme de protéine de lentille ». 
La mission des chercheurs est de fournir aux agriculteurs un accès rapide à des variétés à haut rendement et de haute qualité, adaptées aux conditions climatiques canadiennes pour accroître durablement la production. Mais le défi des chercheurs est aussi de les aider à demeurer les fournisseurs de légumineuses favoris des pays importateurs en devançant les désirs des consommateurs. Or, les habitudes alimentaires évoluent, et les lentilles – mais aussi d’autres espèces comme les pois, les pois chiches, les haricots secs ou les fèves – font désormais figure d’alternative aux protéines animales.
« Au-delà de la diversification de la production des grains entiers, il faut penser, des années en amont, à celle destinée à être intégrée dans des produits alimentaires en améliorant le profil nutritionnel des lentilles », explique la docteure Kirstin Bett, directrice du programme de génomique des lentilles au Collège d’agriculture et de bioressources de l’université de la Saskatchewan, qui y travaille depuis 2010.
Les associations de défense de l’environnement, et le Groupe intergouvernemental d’études sur l’évolution du climat (GIEC) – qui dénoncent l’impact de la production de viande sur les sols, les ressources en eau et les émissions de gaz à effet de serre – renforcent l’intérêt pour les protéines végétales, et ouvrent de nouvelles perspectives au commerce mondial des légumineuses. Celui-ci aimante les investisseurs les plus inattendus.
James Cameron, réalisateur oscarisé dont l’ensemble des films a dégagé des bénéfices de plusieurs milliards de dollars, a ainsi inauguré, en novembre 2017, Verdient Foods, la plus grosse usine actuelle de transformation de protéines de pois d’Amérique du Nord, à Vanscoy, un bourg de 460 habitants de la Saskatchewan.
Avec son épouse, Suzy Amis, militante écologiste, le cinéaste originaire de l’Ontario a investi dans cette entreprise qui doit traiter, à terme, 160 000 tonnes de protéines de pois biologiques destinés à servir d’ingrédients pour des produits alimentaires. Pour l’heure, elle se contente de pois conventionnels. Végan depuis 2012, le couple – qui partage sa vie entre la Nouvelle-Zélande où il possède une ferme bio et la Californie – s’est contenté de préciser que son investissement vaut « plus que la peine ».
Burger à base de protéines de pois
La huitième version du « Guide alimentaire canadien », institué en 1942 en pleine seconde guerre mondiale, confirme cette tendance. Publiée en janvier, elle a provoqué une petite révolution en regroupant produits laitiers et viandes – qui constituaient jusqu’ici des groupes alimentaires à part entière – au sein de la famille des aliments protéinés, au même titre que les légumineuses.
« En supprimant le terme “alternatives” qui définissait jusqu’ici les protéines végétales comme “alternatives à la viande”, le guide incite à manger davantage d’aliments à base de plantes tout en dissipant la croyance selon laquelle seule la viande contient des protéines », observe la docteure Susan Whithing, professeure au Collège de nutrition et de pharmacie de l’université de la Saskatchewan.
Une aubaine pour les fabricants de substituts de viande comme la start-up californienne Beyond Meat, dont le burger végétarien colonise les rayons des supermarchés du Canada depuis juillet 2018. L’engouement pour sa galette à base de plantes et d’ingrédients imitant la coloration, la jutosité et la consistance du bœuf a même généré des ruptures de stocks.
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Les ventes d’A&W, première chaîne de restauration rapide à servir le burger Beyond Meat au Canada, ont augmenté de 10 % entre mi-mai et mi-juin. Au point qu’elle a récemment ajouté un sandwich à l’œuf et à la saucisse (fabriquée, comme le burger, à partir de protéines de pois et d’huile de canola) et est désormais imitée par des enseignes concurrentes. Introduite en Bourse, le 2 mai, au cours de 25 dollars l’unité, l’action Beyond Meat avait presque triplé au cours de sa première journée de cotation.
Un succès sur lequel espère capitaliser Murad Al-Katib. Anticipant le potentiel de développement de ces plantes, ce Canadien aux racines turques a créé, en 2001, à Regina, capitale administrative de la Saskatchewan, AGT Food And Ingredients. L’entreprise est devenue l’un des plus grands fournisseurs de légumineuses à valeur ajoutée, d’aliments de base et d’ingrédients alimentaires au monde. Elle emploie 2 000 personnes et achète au Canada, aux Etats-Unis, en Turquie, en Australie, en Chine et en Afrique du Sud des légumineuses qu’elle transforme et distribue dans plus de 120 pays d’Amérique, d’Europe, d’Afrique et d’Asie.
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Mais déguster un burger à base de lentilles, la Rolls des légumineuses par sa valeur nutritive et ses qualités agronomiques, semble encore une perspective lointaine. « Les lentilles ont, pour l’heure, trop de valeur [marchande] en vrac dans les pays dont le régime alimentaire de base en dépend », explique la docteure Kirstin Bett. A Saskatoon, Güd, le premier et unique fast-food végan de la Saskatchewan, propose des burgers Beyond Meat… et la lentil cream ale : une bière artisanale brassée à partir de lentilles rouges et d’orge cultivés localement. Lancée fin 2015 par Rebellion, une entreprise fondée dans le sud de la province, le breuvage fait fureur, selon la vendeuse. « Il permet aux gens qui ne mangent pas de lentilles mais savent qu’elles sont bonnes pour leur santé d’en consommer… », assure-t-elle le plus sérieusement du monde.
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Six enquêtes sur l’alimentation de demain
1. Aux Pays-Bas, le poulet élevé sur étagères à la conquête du monde <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/31/aux-pays-bas-le-poulet-eleve-sur-etageres-a-la-conquete-du-monde_5504812_3244.html>
2. En Andalousie, plongée dans l’enfer des serres de tomates bio <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/en-andalousie-plongee-dans-l-enfer-des-serres-de-la-tomate-bio_5505296_3244.html>
3. Au Sénégal, le mil, céréale millénaire et dernier rempart contre la sécheresse <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/au-senegal-le-mil-cereale-millenaire-et-dernier-rempart-contre-la-secheresse_5505520_3244.html>
4. Le saumon, industrie à grande échelle et filon pour la Norvège <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/04/le-saumon-industrie-a-grande-echelle-et-filon-pour-la-norvege_5506094_3244.html>
5. Au Canada, les lentilles miraculeuses <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/05/au-canada-le-miracle-des-lentilles-alternative-aux-proteines-animales_5506615_3244.html>
6. En Corée, les algues sont dans toutes les assiettes
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/05/au-canada-le-miracle-des-lentilles-alternative-aux-proteines-animales_5506615_3244.html>
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2- Les racines des céréales et légumineuses, cruciales pour la sécurité alimentaire, Le Monde, 05/09/19, 11h22
Patricia Jolly

La culture et la consommation de protéines végétales – moins émettrices de gaz à effet de serre que le bétail – contribuent efficacement à la lutte contre le changement climatique. 
Pour les scientifiques de l’Institut mondial pour la sécurité alimentaire (Global Institute for Food Security, GIFS), laboratoire de recherche canadien, installé sur le campus de l’université de la Saskatchewan, à Saskatoon, l’avenir de la planète se joue désormais… quelques pieds sous terre. Depuis 2016, date de mise en opération de leur entité, ils cherchent une parade à la crise alimentaire mondiale, à l’inflation démographique galopante et à la compétition féroce pour les terres arables afin d’aider les 195 Etats signataires de l’accord sur le climat, de 2015, à tenir leur engagement de « contenir la hausse des températures à 1,5 degré par rapport à l’ère préindustrielle ». Et le meilleur moyen d’y parvenir est, selon eux, de prendre l’étude des céréales et légumineuses par leur système racinaire.
> Lire aussi  Au Canada, le miracle des lentilles, alternative aux protéines animales
« Pour nourrir les 9,6 milliards d’habitants que devrait compter la planète d’ici à 2050, la productivité agricole doit augmenter d’environ 70 %, la culture de végétaux aux racines saines et vigoureuses, capables d’absorber efficacement l’eau et les éléments nutritifs, est donc une partie de la solution », synthétise le professeur américain Leon Kochian, directeur associé du GIFS.
Pour s’acquitter de sa mission qui consiste à « nourrir le monde en améliorant les cultures à travers la génomique » et à « accroître la production alimentaire pour les pays en développement, le Canada et la Saskatchewan », le GIFS s’appuie également sur l’équipe du professeur Tim Sharbel, centrée sur l’amélioration de la qualité des semences et leur biologie reproductive, et celle du professeur Dave Schneider, spécialiste de l’agriculture numérique.
Systèmes d’imagerie
La recherche fondamentale à laquelle se consacrent ces scientifiques fait écho au rapport spécial, rendu public le 8 août, par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui porte notamment sur la dégradation des sols, la gestion durable des terres et la sécurité alimentaire. Cet état des lieux rappelle que la culture et la consommation de protéines végétales – moins émettrices de gaz à effet de serre que le bétail – contribue efficacement à la lutte contre le changement climatique.
« Rendre les racines résilientes permet un transport plus efficace de l’eau et des nutriments vers la partie aérienne des plantes et favorise l’émergence de variétés adaptables même à des sols pauvres, notamment dans les régions où le manque de nutriments et la présence de métaux toxiques limitent le rendement », explique Pierre-Luc Pradier, physiologiste végétal français chargé de la gestion du laboratoire de Leon Kochian.
« Sécheresses, inondations et autres épisodes climatiques extrêmes vont encore réduire la superficie de sols sains pouvant servir à la production alimentaire,prévient son patron. Les sols acides représentent déjà 40 % des terres potentiellement arables de la planète et se trouvent majoritairement dans des pays tropicaux ou subtropicaux en voie de développement. La compréhension de l’architecture des systèmes racinaires est donc cruciale pour que les agriculteurs – et plus particulièrement ceux des pays émergents – puissent adapter durablement leurs cultures aux conditions agricoles qui s’imposent à eux. »
Pour étudier les dessous des plantes jusque dans leurs moindres ramifications, le GIFS a développé des systèmes d’imagerie en 2D et en 3D permettant d’observer des végétaux produits en culture hydroponique : une méthode qui consiste à les placer dans une solution nutritive composée d’eau, d’azote, de phosphate et de potassium. « On dispose ainsi d’un système racinaire vierge de terre, on contrôle 100 % des nutriments auxquels la plante a accès, et on peut la soumettre à des stress de nutriments, de température, et/ou de métaux toxiques », note M. Pradier.
L’équipe de Leon Kochian peut donc cartographier les gènes associés aux caractéristiques du système racinaire qui favorisent l’absorption des éléments nutritifs comme de l’eau et qui leur permettent de réagir efficacement dans des conditions de sécheresse et d’acidité induites et amplifiées par le dérèglement climatique. Le GIFS publiera ses premiers résultats dans quelques mois, notamment une étude attendue sur la résistance des plantes à la sécheresse.
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Six enquêtes sur l’alimentation de demain
1. Aux Pays-Bas, le poulet élevé sur étagères à la conquête du monde <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/31/aux-pays-bas-le-poulet-eleve-sur-etageres-a-la-conquete-du-monde_5504812_3244.html>
2. En Andalousie, plongée dans l’enfer des serres de tomates bio <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/en-andalousie-plongee-dans-l-enfer-des-serres-de-la-tomate-bio_5505296_3244.html>
3. Au Sénégal, le mil, céréale millénaire et dernier rempart contre la sécheresse <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/au-senegal-le-mil-cereale-millenaire-et-dernier-rempart-contre-la-secheresse_5505520_3244.html>
4. Le saumon, industrie à grande échelle et filon pour la Norvège <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/04/le-saumon-industrie-a-grande-echelle-et-filon-pour-la-norvege_5506094_3244.html>
5. Au Canada, les lentilles miraculeuses <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/05/au-canada-le-miracle-des-lentilles-alternative-aux-proteines-animales_5506615_3244.html>
6. En Corée, les algues sont dans toutes les assiettes
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/05/les-racines-des-cereales-et-legumineuses-cruciales-pour-la-securite-alimentaire_5506764_3244.html>
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3- Reportage. Manger demain (6/6). La Corée du Sud veut convertir la planète aux algues, Le Monde, 06/09/19, 04h31
Rémi Barroux

Bonnes pour l’environnement et pour la santé, la plante marine se consomme fraîche, grillée, en soupe ou en chips. Mais la production doit s’adapter au changement climatique.
Dans le vaste hall lumineux et rutilant de la société Shinan 1004 Seaweed – 1004, pour le nombre d’îles de cette région du sud-est de la Corée du Sud –, tous les labels possibles ornent les murs : « sans OGM », « organic » (biologique), « HACCP » pour la sécurité sanitaire, « SGS » pour le respect des normes nationales et internationales… et même « Star K Kosher » pour la certification casher. Ici, tout est fait pour conquérir le monde avec la production de chips et de snacks à base d’algue.
A l’unisson de tout un pays pour lequel l’algue représente un élément essentiel de sa production maritime et de ses exportations et, surtout, de son alimentation quotidienne. Pour les bienfaits aussi de la planète, disent chercheurs et professionnels de la filière. Les algues, brunes, rouges ou vertes, présentent de nombreux avantages pour la santé et la diététique, permettent de lutter contre le réchauffement climatique en captant et en stockant le CO2 et, enfin, ne risquent pas de souffrir de sécheresse, étant cultivée dans la mer. L’algue, un atout gagnant sur lequel les Sud-Coréens misent à fond.
A Shinan, le PDG, Kwon Dong-hyuk, fait donc visiter fièrement son usine de transformation de « gim » – une algue rouge, Porphyra de son nom latin –, un incontournable de la cuisine coréenne. Depuis plusieurs siècles – on en trouve mention dans un document consacré à la période des Trois Royaumes, soit de l’an 57 avant J.-C. à l’an 668 de l’histoire de la Corée –, on la consomme notamment en feuille enroulée autour de riz farci avec du poisson ou d’autres ingrédients, les fameux gimbap. Au Japon, on l’appelle la nori, et elle sert à réaliser les makis.
Dans cette usine, les feuilles de gim sont surtout grillées. Sur une table sont exposés tous les produits dont une grande part est destinée à l’exportation : salades d’algues fraîches en sachet, snacks d’algues aux amandes, chips d’algues avec riz gluant, feuilles de gim grillées nature ou aux parfums variés, wasabi, gingembre, sel marin ou encore teriyaki (une sauce à base de soja et de mirin, sorte de saké doux). On trouve même des algues croustillantes à l’huile d’olive. En bouche, les saveurs iodées, un vrai bain de mer, laissent place à de discrets arômes de champignon, voire de noisette.
Palettes de cartons de snacks
« Cela fait des années que l’on essaie nos produits auprès des consommateurs, et cela marche fort. Les Coréens ont par exemple du mal à les préparer en salade, alors on a mis au point nos sachets d’algues fraîches déjà prêtes. La société américaine Costco Wholesale [importante société de commerce de détail] a eu vent de nos préparations, et le panel étranger qui les a testées a adoré », se félicite Kwon Dong-hyuk. De fait, dans l’entrepôt d’expédition, des palettes de cartons de snacks attendent de partir pour les Etats-Unis. Les autres destinations principales sont le Canada, le Japon, la Chine ou encore le Royaume-Uni.
Et les affaires de M. Kwon se portent bien. « Le taux de croissance est de l’ordre de 10 % à 20 % chaque année, et si notre chiffre d’affaires 2018 était de 4,8 milliards de wons [3,6 millions d’euros], nous comptons atteindre 24 milliards en 2020 », confie le PDG. Avec la hausse de la demande, la société vient d’ouvrir une nouvelle usine de production, la quatrième, à Gangjin, dans la province de Jeolla du Sud.
Pour assurer cette réussite, 250 salariés – blouse, charlotte, masque et gants blancs, tablier bleu – s’affairent, dans un bruit assourdissant, sur seize lignes de production. Le 17 juillet, des snacks aux amandes sortent des chaînes. Les feuilles de gim sont grillées deux fois, avec un mélange d’huile de sésame et de tournesol, puis sont découpées en petits carrés. Tout est automatisé, et les amandes tombent régulièrement sur les feuilles qui défilent sur un tapis roulant. Sont ajoutées ensuite de petites graines de sarrasin grillées et une deuxième feuille de gim vient se coller sur la première. Le tout est séché et refroidi pendant une journée avant d’être mis en paquet.
Dans une salle mitoyenne, ce sont des snacks de gim grillé qui sont produits. Son Eun-hae, jeune ouvrière de 35 ans, explique, derrière son masque, tout en surveillant sur un moniteur que le poids des packs n’est pas inférieur à 34,5 g, qu’elle en mange tous les jours en faisant des rouleaux avec le riz ou nature en buvant une bière. « On ne fait pas de différence entre le goût du marché coréen et l’export. Nous voulons garder les arômes naturels de l’algue, et notre but est de produire un aliment sain pour l’humanité. Nos snacks d’algue, sans colorant ni conservateur, sont quand même meilleurs que les chips traditionnelles », vante Kwon Dong-hyuk.
C’est l’un des arguments majeurs qui doit assurer le succès mondial des algues. Comparé aux chips de pomme de terre, et à leurs 487 kcal pour 100 grammes, les 123 kcal revendiqués par les snacks de gim font presque office de régime diététique. Selon des études scientifiques relayées consciencieusement par l’organisation professionnelle Korea Agro Fisheries & Food Trade Corporation, la Porphyra contiendrait « dix fois plus de fibres alimentaires que le chou, trois fois plus de bêtacarotène que les carottes, neuf fois plus de fer que la viande de porc et trois fois plus de calcium que le lait ». Si l’on ajoute qu’elle contient 40 % de protéines et l’ensemble des huit acides aminés essentiels, les bénéfices de cette algue sont évidents.
Aide à la lutte contre le cancer du sein
Si les propriétés diffèrent selon le type d’algues comestibles, leur consommation régulière diminue les risques cardio-vasculaires, permet de lutter contre l’obésité, renforçant aussi le système immunitaire ou encore aidant à lutter contre le cancer du sein. Pourtant, dans un avis d’août 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail française alerte sur la consommation excessive d’algues. « Au regard du risque non négligeable de dépassement des limites supérieures de sécurité d’apport en iode, l’Agence déconseille la consommation d’algues et de compléments alimentaires à base d’algues à certaines populations à risque et recommande aux consommateurs réguliers de rester vigilants. »
Une incongruité pour Philippe Potin, directeur de recherche au CNRS, à Plogoff (Finistère), spécialiste de l’algue. « C’est paradoxal au vu de tous les avantages des algues dans l’alimentation, bienfaits que retiennent l’Organisation mondiale de la santé et la FAO [Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture]. Si l’on mange trop d’huîtres ou de poissons, le problème est identique », dit le chercheur.
En Corée du Sud, la question ne se pose pas. L’algue est omniprésente et occupe des rayons entiers dans les grandes surfaces. Fraîche, grillée, en chips… Elle fait partie, avec le chou (kimchi) et le riz, des trois produits les plus consommés. « Les algues frites que préparait ma mère restent mon plat préféré. J’ai 64 ans, mais si j’ai l’air très jeune, c’est grâce à elles », se félicite avec aplomb Kim Young-rok, le préfet du district de Mokpo, ville de 250 000 habitants de la région de Jeolla du Sud.
Surtout, la plante marine représente le poumon économique de la Corée du Sud. Les trois quarts de la production nationale proviennent de cette région, et quelque 2 400 foyers en vivent. Les revenus provenant de ce secteur sont de 400 milliards de wons pour la production brute et de 1 000 milliards de wons pour les produits transformés, annonce le préfet, confortablement installé derrière son bureau. « La majorité des algoculteurs travaillent dans ce secteur de décembre à avril, pour la récolte, puis font de la préparation et de la pêche le reste du temps », explique Kim Young-rok, qui se souvient d’avoir récolté et coupé au couteau, enfant, le gim avec sa famille.
Autre atout régional, avance encore le préfet, la production d’ormeaux, au deuxième rang mondial après la Chine, qui se nourrissent d’algues. Un tiers de la production coréenne d’algues servirait à nourrir ce mollusque marin à coquille.
Car les revenus offerts par les ormeaux sont considérables. Oh Ji-su en témoigne. Ce patron de l’entreprise Luxury Abalone (« ormeaux de luxe »), dans le district de Wando, surveille la manœuvre d’un bateau équipé d’une grue qui déverse des tonnes de dashima (en japonais, kombu), de grandes algues brunes à l’aspect caoutchouteux, dans des réservoirs où sont élevés des milliers d’ormeaux, à quelques centaines de mètres de la côte.
A cause du passage de la tempête tropicale Danas, en juillet, l’accès à cette gigantesque plate-forme flottante était impossible pendant deux jours. Celle-ci a d’ailleurs été prudemment réduite de cent vingt réservoirs à quarante-huit, le souvenir restant vif du passage de plusieurs typhons dévastateurs, à l’été 2012, en Corée du Sud méridionale. Mais, avec 25 000 coquilles dans chaque petit bassin, Oh Ji-su ne se plaint pas : « La culture de dashima est intéressante parce que les investissements sont faibles, mais l’élevage d’ormeaux, qui se fait toute l’année, représente un chiffre d’affaires cinq fois supérieur à celui des algues. »
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C’est sur le littoral de cette région de Wando que l’on retrouve le plus de producteurs d’algues et d’ormeaux. « Plus de la moitié de la production nationale se fait ici, et même 70 % pour le dashima. Et 80 % des ormeaux produits le sont à Wando », affirme Shin Woo-cheol, le maire de cette ville de 52 000 habitants.
En effet, partout au large de ces côtes méridionales, la vue des centaines de bâtons plantés ou des bouées alignées flottant en pleine mer, à perte de vue, est saisissante. Chaque baie ou presque, innombrables dans ce pays aux milliers d’îles, est envahie par ces « champs » d’algues ou par les plates-formes d’élevage des ormeaux. Entre les piquets ou les bouées, des cordes ou des filets sont tendus. C’est là que les cultivateurs accrochent les semences d’algue, en mars, afin qu’elles prospèrent. La récolte, elle, se fait jusqu’en avril-mai, les eaux devenant trop chaudes ensuite.
Peu de conflits d’usage
En ce mois de juillet, il reste encore à récolter quelques algues dashima. Sur son petit bateau, Shin Yeon-ju tire à lui une lourde corde encombrée d’algues. Celle-ci pèse quelque 300 kg. Prestement, alors qu’un treuil hisse l’important chargement de la plante marine, aux larges et épaisses lames pouvant atteindre 5 mètres de long, il coupe la laminaire à la racine. « Chaque corde fait 200 mètres et j’en possède deux cents à trois cents, pour un revenu annuel de 300 millions de wons », annonce l’homme de 33 ans, revenu de Séoul, où il était décorateur, pour reprendre la petite entreprise familiale.
Contrairement aux algues sauvages récoltées en France, l’algue consommée en Corée du Sud, comme en Chine et au Japon, est systématiquement cultivée. « On a découvert, dans les années 1950, comment l’algue se reproduisait, et on a compris comment maîtriser la semence. A l’époque de Mao, les scientifiques chinois ont travaillé sur les problèmes de carence en iode et comment l’algue pouvait être une solution. Ils ont inventé la culture sur corde et ont creusé des grands bassins à terre pour pouvoir maîtriser la température de l’eau », raconte le spécialiste français des algues Philippe Potin.
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Les algues représentent une solution pour la planète. Si 15 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire 1 kg de viande de bœuf, 5 000 pour 1 kg de riz ou 600 litres pour 1 kg de pommes de terre, les algues poussent dans la mer, usant principalement d’eau de mer filtrée pour les étapes de rinçage. Elle n’ont, de plus, pas besoin d’engrais, et captent et stockent le CO2, rappelle Régine Quéva, dans son ouvrage Les Super-pouvoirs des algues (Larousse, 144 p., 12,90 euros). De plus, contrairement aux productions agricoles terriennes, il existe peu de conflits d’usage, les autres productions aquacoles, poissons, crustacés, se faisant plus près des côtes.
L’aquaculture intégrée multitrophique, soit une forme de permaculture en mer, est même conseillée : on combine sur un même site un élevage de poisson, de coquillage et la culture de l’algue. De tels projets sont à l’étude en France, affirme Jérôme Lafon, délégué pêche et filières de l’aquaculture, à FranceAgriMer.
Les algues représentent donc une solution face au réchauffement climatique, mais elles pourraient aussi en souffrir. Il faut s’adapter. Au Seaweed Research Center, sur le bord de mer, dans le district d’Haenam, on prépare l’avenir. Ici, dans des petites pièces verrouillées, sur des dizaines d’étagères, sont entreposés d’innombrables flacons abritant des souches d’algue, de gim essentiellement, à tous les niveaux de développement, et de toutes les couleurs. Une dizaine de chercheurs travaillent à « inventer des espèces résistantes au changement climatique, explique la directrice de cet institut de recherche créé en 2004, Hwang Mi-sook. Si la tendance au réchauffement se confirme, les périodes de récolte seront plus brèves, commençant plus tard et finissant plus tôt. »
Premier problème, la température des eaux marines. Pour un bon développement, celle-ci devrait, idéalement, se situer entre 5 °C et 13 °C, que ce soit pour les algues gim, les dashima ou encore les miyeok (en japonais, wakamé), ces dernières servant entre autres à nourrir les ormeaux. Avec le réchauffement à la surface de l’eau, qui a été mesurée avec + 1,23 °C en cinquante ans dans les eaux du sud de la Corée, les données changent : une partie de la production a migré plus au nord, sur le littoral oriental.
Mais le réchauffement n’est pas le seul problème. « Le taux de salinité, qui est primordial pour la culture des algues, peut aussi varier s’il pleut beaucoup ou avec la survenue de typhons, ces derniers entraînant aussi des tempêtes et de fortes vagues susceptibles de détruire les lieux de culture. Cette masse d’eau douce tombée du ciel fait baisser la salinité et les algues ont du mal à survivre », avance Park Eun-jeong, chercheuse au centre.
Enfin, la luminosité et la quantité de nutriments disponibles pour les algues jouent aussi un rôle. « L’augmentation de la turbidité des eaux réduirait la luminosité et diminuerait la photosynthèse nécessaire à la croissance des algues. La carence éventuelle en azote et en nutriments protéinés, qui empêcherait la synthèse de la chlorophylle, peut entraîner la chlorose et la décoloration des algues », détaille encore Park Eun-jeong.
Mise au point de nouvelles semences
Pour anticiper ces menaces, le Centre de recherche sur les algues a mis au point de nouvelles semences comme l’haepung, plus résistantes aux maladies, pouvant croître plus rapidement, dans des eaux à des températures supérieures, et d’un meilleur rendement. Dix brevets ont été déposés, pour assurer l’avenir de cette production essentielle pour la Corée du Sud.
Dans son rapport 2018 sur la plante marine, la FAO mentionne que le pays a exporté, en 2016, 34 500 tonnes d’algues de culture, pour une valeur de 222 millions de dollars (201 millions d’euros). Les exportations sous forme de snacks sont en pleine explosion puisque, avec 300 millions de dollars, en 2015, leur valeur a triplé en cinq ans. Les pays les plus gourmands de ces produits grillés sont les Etats-Unis, le Japon, la Thaïlande et la Chine.
A l’échelle mondiale, la FAO estime que si 221 espèces d’algues présentent une valeur commerciale, seules dix sont intensivement cultivées, brunes, rouges ou vertes. L’organisme international estime à plus de 6 milliards de dollars le marché annuel de l’algue. Selon l’organisation internationale, la production mondiale de plantes cultivées a doublé en vingt ans, pour atteindre un peu plus de 30 millions de tonnes en 2016. Les pays producteurs les plus importants sont la Chine (48 %), l’Indonésie (39 %) – essentiellement pour des additifs, des gélifiants, pas pour l’alimentation –, puis les Philippines, la Corée du Sud et le Japon.
En Asie de l’Est et du Sud-Est, les algues cultivées sont presque exclusivement destinées à la consommation humaine directe. Celles qui sont mangées directement comme « légumes de mer » représentent les trois quarts de la production mondiale, celles pour la production d’engrais, pour la santé ou pour la cosmétique 12,5 %, et celles pour l’agroalimentaire (notamment pour la fabrication de gélifiant ou d’épaississant, et de nourriture pour l’aquaculture), pour la chimie et pour la microbiologie, les 12,5 % restants.
Dans tous les restaurants coréens, de la plus petite échoppe aux tables gastronomiques de renommée internationale, l’algue trône à la carte. Incontournable de la vie familiale, la soupe servie pour les anniversaires, le miyeok guk, se prépare avec le miyeok séché que l’on réhydrate en le trempant dans l’eau, qu’on essore ensuite, auquel on ajoute de la viande de bœuf, coupée en fines tranches, revenue dans un peu d’huile de sésame. Le dashima sert aussi quotidiennement à la préparation des soupes.
> Lire aussi La France se convertit très lentement aux algues alimentaires
Dans son restaurant étoilé de Séoul, Stay, au 81eétage de la monumentale Lotte World Tower, cinquième plus haute tour du monde avec ses 555 mètres de hauteur, sous la bannière du célèbre cuisinier français Yannick Alléno, la chef Choi Hae-young travaille avec soin le dashima et le miyeok en poudre pour réaliser son foie gras. « Je fais attention à ce que les deux goûts forts, les algues et le canard, ne se neutralisent pas. Pour nous, l’algue n’est pas un produit de luxe, j’ai grandi en en mangeant quotidiennement, mais il faut faire attention avec une clientèle qui vient ici pour goûter la gastronomie française », affirme Choi Hae-young, tout en veillant sur sa brigade de quinze cuisiniers.
La France, et plus généralement l’Europe, est dans le viseur de la Corée du Sud. Preuve de cette attention, la visite de journalistes du Monde a attiré deux équipes de la télévision, venus de Séoul pour réaliser un sujet passé au journal télévisé national. « Les Américains s’intéressent de plus en plus aux algues, parce qu’ils recherchent des produits sains. Mais nous voulons être plus présents sur le marché européen. Nous envisageons d’installer un centre de promotion des algues coréennes en France. Peut-être en face du Louvre ? », confie Kim Seong-hi, le chef de la division « promotion de la transformation et des exportations » au ministère des océans et des pêches.
A défaut de pouvoir trouver aisément ses algues alimentaires dans les supermarchés français, le voyageur sud-coréen, avant de quitter son pays, fait ses provisions en achetant d’impressionnants packs de gim et de dashima, à l’aéroport international de Séoul. Pour emporter avec lui les saveurs iodées de la cuisine nationale.
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Six enquêtes sur l’alimentation de demain
1. Aux Pays-Bas, le poulet élevé sur étagères à la conquête du monde <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/31/aux-pays-bas-le-poulet-eleve-sur-etageres-a-la-conquete-du-monde_5504812_3244.html>
2. En Andalousie, plongée dans l’enfer des serres de tomates bio <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/en-andalousie-plongee-dans-l-enfer-des-serres-de-la-tomate-bio_5505296_3244.html>
3. Au Sénégal, le mil, céréale millénaire et dernier rempart contre la sécheresse <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/au-senegal-le-mil-cereale-millenaire-et-dernier-rempart-contre-la-secheresse_5505520_3244.html>
4. Le saumon, industrie à grande échelle et filon pour la Norvège <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/04/le-saumon-industrie-a-grande-echelle-et-filon-pour-la-norvege_5506094_3244.html>
5. Au Canada, les lentilles miraculeuses <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/05/au-canada-le-miracle-des-lentilles-alternative-aux-proteines-animales_5506615_3244.html>
6. En Corée, les algues sont dans toutes les assiettes <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/06/la-coree-du-sud-veut-convertir-la-planete-aux-algues_5506994_3244.html>
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/06/la-coree-du-sud-veut-convertir-la-planete-aux-algues_5506994_3244.html>
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4- Castration à vif des porcelets : une pratique contestée, toujours majoritaire, Le Monde, 06/09/19, 08h31
Mathilde Gérard

Interdite dans plusieurs pays européens, la technique concerne environ 85 % des porcs mâles français, soit plus de 27 000 animaux chaque jour. 
Castrer les porcelets pour éviter que ne se développe une odeur désagréable lors de la cuisson : l’opération, pratiquée sans anesthésie sur des bêtes âgées de moins de 7 jours, concerne environ 85 % des porcs mâles en France, soit 10 millions d’animaux chaque année, alors que des alternatives existent. L’association de protection animale Welfarm a interrogé en juin les principales marques de charcuterie sur leur approvisionnement et publie, vendredi 6 septembre, un classement selon leur degré d’engagement.
En tête du tableau : la coopérative Cooperl (Brocéliande, produits commercialisés sous la marque Carrefour…), premier groupement d’éleveurs de porcs français, qui représente un quart de la profession. Depuis 2012, le groupe encourage ses adhérents à ne plus castrer les animaux. 85 % de ses éleveurs ont désormais abandonné cette pratique. Herta, elle, s’approvisionne à 60 % en cochons non castrés et prend l’engagement d’arriver à 100 % d’ici 2020. Le groupe Hénaff se laisse jusqu’à 2030 pour atteindre cet objectif. D’autres marques, comme Madrange, ont amorcé leur transition en s’approvisionnant en partie auprès des éleveurs adhérents de Cooperl. Le groupe Aoste (détenteur des marques Justin Bridou et Cochonou) n’a pas donné suite aux questions de l’association.
Odeur de verrat
La castration, réalisée au scalpel directement par l’éleveur, a pour but de bloquer la maturation sexuelle des animaux. L’odeur dite de verrat est provoquée par certaines hormones sexuelles mâles, notamment l’androsténone. En France, la majorité des porcs sont abattus à 6 mois, ce qui correspond également à l’âge de leur puberté. Mais l’association Welfarm estime que seuls entre 3 et 5 % des mâles, présentent un risque de développer l’odeur de verrat, une variation due à de nombreux facteurs comme l’âge, la race, le poids, voire l’alimentation de l’animal. Surtout, des alternatives permettent de détecter les carcasses à risque après abattage et l’odeur incommodante ne se révèle qu’à la première cuisson : elle ne concerne donc ni les salaisons sèches, ni les plats transformés soumis à plusieurs cuissons.
« Pour nous, à l’heure actuelle, il n’y a pas de raisons scientifiques et rationnelles de continuer à effectuer cette mutilation », estime Pauline Di Nicolantonio, chargée de campagne pour Welfarm. Celle-ci est d’ailleurs interdite dans plusieurs pays européens : la Norvège depuis 2002, la Suisse depuis 2010 et la Suède depuis 2016. En Allemagne, l’interdiction sera effective en 2021. Au Royaume-Uni et en Irlande, la pratique est quasi-nulle.
En France, le précédent ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, s’était engagé, fin août 2018, à présenter un « plan de sortie » de la castration à vif, en concertation avec la filière. Un an plus tard, et après un changement de titulaire du poste, le plan n’est toujours pas formalisé. « Nous faisons un énorme travail sur ce sujet et des annonces seront faites début octobre », précise-t-on au ministère. Interpellé par deux députés sur cette question, le ministre Didier Guillaume soulignait, dans une réponse au Journal officiel le 9 juillet, que « la recherche d’alternatives à cette pratique est devenue une priorité », mais ne s’engageait pas sur un calendrier.
La principale alternative consiste à élever le porc mâle entier non castré, et lors de l’abattage, de détecter, « au nez humain », les carcasses susceptibles de développer l’odeur de verrat en les chauffant quelques secondes au niveau du cou, une partie généralement non consommée. La manipulation peut être effectuée par des salariés formés à cet effet, ou, plus rarement, par un nez électronique. « Il faut ensuite isoler et orienter les carcasses concernées vers un autre circuit de valorisation – les salaisons ou la transformation –, ce qui peut nécessiter un aménagement des locaux, détaille Pauline Di Nicolantonio. Des études économiques ont estimé le coût de revient du nez humain à moins de 1 euro par animal. » La non-castration fait faire par ailleurs des économies à l’éleveur estimées à cinq euros par porc, selon une étude réalisée en 2013 par le Food chain evaluation consortium (Consortium d’évaluation de la chaîne alimentaire) pour la Commission européenne. Les animaux non castrés assimilant mieux la nourriture, ils ont moins besoin d’aliments. Etant également plus robustes, ils consomment moins d’antibiotiques.
54 000 boules roses
L’autre technique est l’immunocastration – parfois appelée « vaccin anti odeur » –, qui retarde la survenue de la puberté. Le produit, Improvac, commercialisé par le laboratoire Zoetis, agit sur le cerveau de l’animal pour bloquer la production des hormones sexuelles. En France, une quarantaine d’éleveurs pratiquaient l’immunocastration en 2016. Mais pour ces deux alternatives, les éleveurs prêts à modifier leurs pratiques sont confrontés aux réticences du reste de la filière, qui ne souhaite pas traiter les carcasses de porcs mâles entiers car elle redoute que la viande ne s’exporte plus.
« Nous ne comprenons pas pourquoi aujourd’hui, alors que des alternatives fiables, viables et sans souffrance pour les animaux existent, 10 millions de porcelets continuent à être castrés à vif », déplore Pauline Di Nicolantonio, qui en appelle « à la volonté politique des élus pour faire passer une loi interdisant cette pratique ».
Pour alerter l’opinion publique, Welfarm a prévu, vendredi après-midi, une action pour déverser 54 000 boules roses, en référence aux 27 000 porcelets castrés à vif chaque jour en France.
> Lire aussi  Dans l’Allier, la menace d’une porcherie géante
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/06/castration-a-vif-des-porcelets-une-pratique-contestee-toujours-majoritaire_5507016_3244.html>
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5- La France se convertit très lentement aux algues alimentaires, Le Monde, 06/09/19, 11h20
Rémi Barroux  (Roscoff (Finistère), envoyé spécial)

La production annuelle hexagonale avoisine les 80 000 tonnes, dont les trois quarts sont destinés à l’industrie agroalimentaire, la chimie et la microbiologie. 
Vendredi 9 août, les algues font la couverture du supplément hebdomadaire de Corse-Matin : « Beauté, bien-être, tout sur leurs super-pouvoirs. » A l’intérieur, on lit les bienfaits de ces « végétaux d’exception » pour « la cosméto », apaisant, raffermissant, purifiant, lissant… On apprend aussi, comme pour les champignons, les charmes de la cueillette – on les prend quand elles sont encore fixées aux rochers, on ne les ramasse pas sur la plage, on les mange, on les boit.On peut les consommer, même si, prudemment, le journal ne mentionne pas l’alimentation dans son titre.
Pourtant, les algues sont comestibles. Elles sont « incroyables d’un point de vue nutritif, explique Régine Quéva, dans son ouvrage Les Super-pouvoirs des algues. Santé, cuisine, beauté… les algues vont vous surprendre ! (Larousse, 144 p., 12,90 euros). Il n’y a aucune algue toxique sur les milliers qui vivent dans les océans ». En France, pourtant, elles ne séduisent pas.
Changement de région. Le 5 août, les algues font aussi la « une » d’Ouest-France. « Les algues vertes, éternel fléau breton », titre le quotidien. Il n’est quasiment pas de jour sans que la presse locale n’évoque les méfaits des algues. Un mois plus tôt, la presse relatait de « nouvelles tensions autour des algues vertes » dans les Côtes-d’Armor. A Lantic, une usine chargée de récupérer les algues ramassées sur les plages a dû fermer à cause des « odeurs épouvantables » incommodant les riverains.
Pas facile donc d’expliquer qu’on peut manger des algues, qu’elles sont bonnes pour la santé, voire qu’elles sont « une solution pour la planète », ainsi que le vante Régine Quéva : « Elles captent et stockent à long terme le CO2 et aident ainsi à lutter contre le réchauffement climatique. »
> Lire aussi  La Corée du Sud veut convertir la planète aux algues
« Aujourd’hui, l’algue est perçue comme nocive. Avant que l’algue ne prolifère en marée verte toxique, avec les émanations mortelles d’hydrogène sulfuré, elle avaitbonne réputation », regrette Inès Léraud, journaliste, documentariste et auteure avec Pierre Van Hove d’une bande dessinée, très complète, Algues vertes, l’histoire interdite (Delcourt, 160 p., 18,95 euros). Les lois de modernisation agricole des années 1960 ont laissé le champ libre à l’agro-industrie surdimensionnée, aux élevages intensifs. Les engrais azotés qui finissent en mer favorisent le développement des algues avides de ces nutriments.
« Il faut ruser »
En se promenant sur les sentiers de bord de mer ou sur le port de Roscoff, charmant bourg finistérien et spot incontournable de la production française d’algues, il est difficile de les ignorer, roulées par les vagues ou entassées sur certaines plages. Et plus difficile encore de commander un plat d’algues au restaurant voisin.
« Il faut ruser pour faire manger des algues. Avant on avait inscrit un “foie gras aux algues” à la carte et personne n’en prenait. Aujourd’hui, il s’appelle “foie gras à la laitue de mer” et les gens adorent », confie Monique Poulet, copropriétaire du restaurant Chez Jany, sur le port de Roscoff. Le chef, Julien Gasté, témoigne de la difficulté, mais n’hésite pas à servir du wakamé (Undaria pinnatifida, une algue brune, presque noire, originaire d’Asie et introduite en Bretagne à la fin du XXe siècle) en garniture avec du riz, ou encore de la dulse (Palmaria palmata,une algue rouge que l’on appelle aussi goémon à vache) avec un pavé de lieu.
Egalement fondatrice de la société Algoplus, en 1993, Monique Poulet commercialise de nombreux produits confectionnés à base d’algues : haricots verts marins ou spaghettis de mer (Himanthalia elongata), à cause de son aspect filiforme et de sa taille qui peut atteindre 3 mètres, des tartares d’algues, des beurres ou fromages aux algues, etc. « On a créé la conserverie en 2008, mais ce qui nous a permis de vivre longtemps, ce sont les algues pour la décoration, dans la grande distribution notamment. Il y a quinze ans, on ne parlait quasiment pas d’algues pour l’alimentation. Mais, depuis quelques années, les gens sont intéressés. Il faut juste les convaincre de la simplicité des recettes et de l’accessibilité du produit », indique Monique Poulet.
Conservation dans le sel
A quelques centaines de mètres de la conserverie et de la boutique d’Algoplus se trouvent les locaux de Bretalg. Cette société récolte les algues et les vend « fraîches, salées » – elles sont lavées à l’eau de mer, triées et salées avant d’être conditionnées. Ce procédé de conservation dans le sel, qui permet d’éviter la déshydratation qui élimine une partie des apports nutritionnels, a été inventé par Michel Coz, fondateur de cette entreprise pionnière en 1991. Six variétés sont disponibles, brunes comme le spaghetti de mer, le kombu royal (Saccharina latissima) ou le wakamé, rouges comme la nori (Porphyra sp.) ou la dulse, et vertes telle la laitue de mer. Dans l’atelier où sont réceptionnées les récoltes quotidiennes, une salariée coupe la laitue de mer, la glisse dans des barquettes de 100 à 250 grammes, direction Rungis et la chaîne Biocoop.
« Vu la tendance vers une cuisine de plus en plus végétale, il faut trouver des apports protéinés remplaçant la viande, et l’algue est idéale », avance Elsa Pointud. Avec son compagnon, Alexandre Coleno, 32 ans chacun, ils ont repris Bretalg en 2015. Avec onze salariés, la société est en pleine expansion. « Il y a dix ans, nous produisions 20 tonnes. Aujourd’hui, nous en sommes à 200 tonnes d’algues alimentaires et de 100 à 150 tonnes d’algues de décoration, et nous sommes en bio », explique la jeune femme.
La production annuelle d’algues françaises avoisinerait les 80 000 tonnes – la Bretagne représentant plus de 90 % de la récolte et de la transformation –, dont les trois quarts sont destinés à l’industrie agroalimentaire (aliment pour bétail notamment), la chimie et la microbiologie. Un quart est voué à la santé, au bien-être – la cosmétique représenterait 10 % du volume mais 50 % de la valeur engendrée – et au traitement des eaux. Reste 1 % pour l’alimentation humaine.
C’est infinitésimal, et le chemin jusqu’à nos assiettes de l’algue est encore long. Dans le dernier baromètre semestriel (juillet 2019) consacré à l’image des produits aquatiques de FranceAgriMer (du 17 au 23 mai auprès de 1 000 personnes), les algues, si elles bénéficient d’une bonne notoriété (89 %, à la 37eplace sur 71 espèces proposées), gardent une image peu attirante, se situant alors à la 64e position.
« Il existe un certain conservatisme dans ce que mangent les Français. Il y a trente ans, les crevettes et le saumon n’étaient pas des produits courants de consommation, prévient Jérôme Lafon, délégué pêche et filière aquaculture de FranceAgriMer.L’introduction d’un nouvel aliment n’est pas évidente : il faut travailler sur l’offre et affiner les propositions. L’algue a un potentiel avec les tendances au naturel, au bien-être. Mais ce ne sera pas la révolution à court terme. »
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Six enquêtes sur l’alimentation de demain
1. Aux Pays-Bas, le poulet élevé sur étagères à la conquête du monde <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/31/aux-pays-bas-le-poulet-eleve-sur-etageres-a-la-conquete-du-monde_5504812_3244.html>
2. En Andalousie, plongée dans l’enfer des serres de tomates bio <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/en-andalousie-plongee-dans-l-enfer-des-serres-de-la-tomate-bio_5505296_3244.html>
3. Au Sénégal, le mil, céréale millénaire et dernier rempart contre la sécheresse <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/02/au-senegal-le-mil-cereale-millenaire-et-dernier-rempart-contre-la-secheresse_5505520_3244.html>
4. Le saumon, industrie à grande échelle et filon pour la Norvège <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/04/le-saumon-industrie-a-grande-echelle-et-filon-pour-la-norvege_5506094_3244.html>
5. Au Canada, les lentilles miraculeuses <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/05/au-canada-le-miracle-des-lentilles-alternative-aux-proteines-animales_5506615_3244.html>
6. En Corée, les algues sont dans toutes les assiettes <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/06/la-coree-du-sud-veut-convertir-la-planete-aux-algues_5506994_3244.html>
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/06/la-france-se-convertit-tres-lentement-aux-algues-alimentaires_5507144_3244.html>
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6- Les SDHI, ces pesticides qui inquiètent les scientifiques, Le Parisien, 06/09/19, 19h54
Émilie Torgemen

On en retrouve partout, jusque dans nos assiettes. Selon un groupe de spécialistes, qui réclament leur suspension, les fongicides SDHI présentent un risque important pour la santé.
Fraises, salades, pommes, blé, gazons des terrains de sport… « Personne ne les connaît, ils sont pourtant épandus partout ! » s'alarme Fabrice Nicolino, qui publiera jeudi 12 septembre une enquête très fouillée sur les SDHI : « Le Crime est presque parfait » (Ed. Les liens qui libèrent, 224p., 20 euros). Cette famille de fongicides est au cœur d'une guerre de tranchées entre scientifiques et experts des autorités sanitaires.
Pourquoi ? Côté pile, les SDHI s'attaquent à la succinate déshydrogénasse, enzyme qui participe à la chaîne respiratoire des champignons, et permettent ainsi de détruire ces nuisibles qui attaquent les récoltes. Mais côté face, selon plusieurs chercheurs, ils peuvent de la même manière bloquer le système respiratoire des animaux et des êtres humains.
«Conséquences potentiellement catastrophiques»
« C'est une folie que d'utiliser massivement ce produit. Nous avons testé ces inhibiteurs en laboratoire, ils tuent aussi bien l'enzyme du ver de terre, de l'abeille que de l'homme avec des conséquences potentiellement catastrophiques », affirme Pierre Rustin, chercheur à l'Inserm.
Ce spécialiste mondialement reconnu a découvert par hasard que les agriculteurs utilisaient massivement ces produits potentiellement très toxiques. « On en relargue des centaines de tonnes dans la nature », se désole le scientifique, qui a aussitôt contacté les autorités sanitaires. Une alerte restée sans réponse pendant des mois.
Alors, aux côtés de huit autres chercheurs -cancérologues, médecins, toxicologues-, Pierre Rustin a publié une tribune appelant à « suspendre l'utilisation tant qu'une estimation des dangers et des risques n'aura pas été réalisée par des organismes publics indépendants ». On soupçonne la SDHI d'entraîner de graves encéphalopathies et d'être à l'origine de cancers.
Des évaluations vont être lancées
En réponse, l'Anses, l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, a publié un rapport en janvier qui conclut que l'alerte n'est pas fondée et qu'il n'y a pas lieu d'interdire ces produits. « Le rapport était d'une indigence incroyable, regrette Pierre Rustin. Il évoque par exemple l'effet dose de ces produits chimiques. Or, dans les maladies mitochondriales ( NDLR : pathologie en rapport avec la chaîne respiratoire ), on ne connaît pas grand-chose mais l'on sait que ce n'est pas la quantité de produit qui crée le problème. »
Les neuf spécialistes travaillent aujourd'hui d'arrache-pied pour publier dans des revues scientifiques des preuves de la dangerosité scientifique des SDHI. Contactée, l'Anses renvoie de son côté vers le point publié cet été sur son site. Ce communiqué rappelait d'une part qu'« à ce jour, aucun nouvel élément n'est venu confirmer l'existence d'une alerte sanitaire », tout en précisant que l'agence qui ne clôt pas ce dossier et va lancer des projets de recherche pour vérifier la dangerosité de ces pesticides.
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Quels sont les noms de ces fongicides ? 
Il y a le Boscalid, commercialisé par BASF et « vaporisé » sur le blé, l’orge, les vergers. Il y a aussi l’Exteris stressgard spécialiste des gazons de foot, ou encore l’Isopyrazam de Syngenta, entre autres pour protéger les bananes d’un terrible champignon. Sous ces noms commerciaux, onze substances actives de la famille des inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDHI) sont autorisées en France.
Controversés, ces pesticides luttent contre certains champignons et moisissures qui attaquent les cultures. Ces fongicides ont été utilisés entre les années 1960 et les années 1990, mais c’est surtout depuis les années 2000 que les SDHI font leur grand retour. La plupart ont été autorisées en 2013 en France.
Ils sont depuis omniprésents dans le traitement des récoltes, parfois utilisés en enrobage directement sur les semences. Jusqu’à 80 % des champs de blé sont traités avec des SDHI. Le Boscalid est selon les ONG, le pesticide qui laisse le plus de traces dans nos assiettes.
<http://www.leparisien.fr/environnement/les-sdhi-ces-pesticides-qui-inquietent-les-scientifiques-06-09-2019-8147286.php>
Sur le même sujet :
> Secoué dans « C à vous », Fabrice Nicolino persiste : « Tous les pesticides doivent être interdits », L’Obs, 11/09/19, 18h36
Arnaud Gonzague
Un peu malmené dans l’émission de France 5 ce mardi, l’enquêteur de « Charlie Hebdo » enfonce le clou avec un livre où il expose, entre autres, les ravages de pesticides inconnus au bataillon : les SDHI.
C’est un accueil auquel le journaliste Fabrice Nicolino ne s’attendait peut-être pas. Invité sur le plateau de « C à vous », l’émission phare de France 5, celui qui publie ce jeudi 12 septembre une enquête à charge contre les pesticides chimiques (« Le crime est presque parfait », ed. Les Liens qui Libèrent) a dû batailler face à un parterre de contradicteurs : à sa gauche se tenait en effet Etienne Fourmont, jeune éleveur conventionnel (donc usager des pesticides) et Youtubeur. Face à lui, les deux journalistes Anne-Elisabeth Lemoine et Patrick Cohen.
Ce dernier en particulier semblait désireux de lui clouer le bec. Face à un Nicolino rappelant que des « centaines d’études internationales » prouvent la dangerosité des pesticides sur la santé humaine, Cohen a présenté cet argument imparable : si le glyphosate, les néonicotinoïdes et consorts sont si toxiques, comment expliquer que les agriculteurs aient une espérance de vie supérieure à celle de la moyenne des Français et soient même moins frappés par les cancers ?
>> Suite à lire à :
<https://www.nouvelobs.com/planete/20190911.OBS18306/secoue-dans-c-a-vous-fabrice-nicolino-persiste-tous-les-pesticides-doivent-etre-interdits.html>
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7- La bactérie "tueuse" Xylella fastidiosa détectée pour la première sur des oliviers en France, AFP, 06/09/19, 20:00
Julie Pacorel

C'est une première sur le sol français : la bactérie "tueuse d'oliviers" Xylella fastidiosa a été détectée sur deux oliviers des Alpes-Maritimes, une nouvelle qui représente une "menace sanitaire pour les filières végétales" selon le ministère de l'Agriculture.
Dans un communiqué, le ministère assure prendre "très au sérieux" cette alerte sanitaire, la bactérie Xylella étant considérée comme l'une des plus dangereuses pour les végétaux à l'échelle mondiale.
La Xylella fastidiosa, transmise par les insectes, s'attaque à plus de 200 espèces de végétaux : oliviers, vignes, arbres fruitiers, frênes, chênes, luzernes, lauriers roses, etc.
Jusqu'à présent, elle n'avait jamais été décelée en France sur des oliviers, mais était présente sur d'autres végétaux en Corse, et dans 19 communes du Var et des Alpes-Maritimes, rappelle le ministère.
Depuis la première apparition de la bactérie en France en 2015, d'abord sur des feuilles de myrte en Corse, quelque "5.100 échantillons d'oliviers ont été analysés en Paca, mais aucun ne s’était révélé contaminé", a détaillé le ministère.
Ce sont deux oliviers d'ornement, l'un à Antibes et à Menton, qui ont été identifiés comme porteurs de la maladie par les services de l'Etat chargés du contrôle des végétaux, précise le ministère. "Conformément à la réglementation, les deux oliviers contaminés qui présentent des symptômes de dessèchement seront arrachés et détruits dans les tout prochains jours afin d'éviter la propagation de la maladie".
- Véhiculée par les insectes -
Un périmètre de lutte a été établi, comprenant l'arrachage des végétaux sensibles à la bactérie, ainsi qu'une surveillance renforcée de tous les végétaux dans un rayon de 5 kilomètres.
Le ministère demande la coopération "des propriétaires, particuliers ou professionnels" dans la lutte contre ce fléau, rappelant "la nécessité impérieuse, pour les professionnels mais également les particuliers, de ne pas transporter des plantes lors de voyages en France ou à l'étranger".
Le cas de Menton, précise le ministère, est "lié à la même bactérie que celle présente en Italie".
Une lutte internationale est organisée contre la maladie en Europe, le rôle de l'Italie dans sa propagation étant pointé du doigt.
Jeudi, la justice européenne a donné raison à la Commission européenne, qui estime que l'Italie a manqué à son obligation de mettre en place des mesures pour empêcher la progression de Xylella. Rome est désormais tenue de se conformer à l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) "dans les meilleurs délais", sans quoi Bruxelles pourra introduire un nouveau recours pour réclamer des sanctions pécuniaires.
Bruxelles estime que depuis octobre 2013, quand le premier foyer a été notifié, l'Italie n'a "pas complètement respecté" la réglementation de l'UE en matière de quarantaine ou de lutte contre la propagation.
Xylella, transmise et véhiculée par des insectes, n'a pas toujours le même impact selon la souche, le végétal et l’écosystème concerné, mais elle peut provoquer la mort des végétaux qu'elle touche. Il n’existe pas de traitement curatif.
La bactérie a été détectée à ce jour dans quatre pays européens (Italie, France, Espagne et Allemagne).
En avril 2018 en Corse, des tests non-officiels, conduits à la demande d'un syndicat d'oléiculteurs, avaient révélés la présence de la bactérie sur des oliviers. Des tests avaient ensuite été commandés par l'Etat sur les mêmes végétaux, dont les résultats étaient négatifs.
<https://information.tv5monde.com/info/la-bacterie-tueuse-xylella-fastidiosa-detectee-pour-la-premiere-sur-des-oliviers-en-france>
Sur le même sujet : 
> Bactérie "tueuse d'oliviers" : la crise sous-estimée, selon les oléiculteurs corses, AFP, 09/09/18, 15:00
Les oléiculteurs corses, inquiets après la détection de la bactérie "tueuse d'oliviers" Xylella fastidiosa sur deux oliviers à Antibes et Menton, ont dénoncé lundi le manque de précaution des autorités, jugeant "illusoire et délirant de vouloir faire croire que seuls deux arbres sont touchés ».
Critiquant la fiabilité des analyses effectuées jusqu'ici, la présidente du syndicat interprofessionnel des oléiculteurs de Corse (Sidoc) Sandrine Marfisi estime que l'étendue de la maladie est sous-estimée, confondue à tort avec les effets de la sécheresse, et réitère sa demande des stopper toute importation de végétaux en Corse. 
"La responsabilité de la propagation de la bactérie sur l'île ou celle de l'introduction de nouvelle souche vous incombe (...) Nous vous demandons de prendre la mesure des enjeux et d'agir", dit-elle dans une lettre ouverte aux autorités.
Depuis le début 2019, environ 10.000 oliviers ont été importés sur l'île dans le cadre d'une dérogation accordée par la préfecture, "alors même qu'une filière de production existe", selon le Sidoc, qui fédère 123 producteurs d’huile.
En avril 2018, des oliviers ornant des ronds-points de routes territoriales de Corse avaient été testés positifs à la Xylella fastidiosa par l'Inra sur des prélèvements réalisés par le Sidoc, mais ces tests avaient ensuite été contredits par d'autres analyses officielles menées par l'Anses. Ils sont "toujours en place, officiellement sains... toujours contaminants. Cela vous semble-t-il relever d'une juste appréciation du risque au regard de l'évolution de la situation ?", s'alarme Mme Marfisi.
"La seule prévention qui vaille contre une bactérie mortelle, sans remède connu, est de se prémunir de son introduction : par conséquent, nous vous renouvelons notre demande de mettre en œuvre tous les moyens existants à votre disposition et dans le champ de vos compétences respectives pour interdire l'introduction de végétaux en Corse", ajoute-t-elle.
En Corse, plus de 135.000 oliviers sont exploités, répartis sur environ 630 hectares. Sur le continent, la profession souffre d'avoir perdu de nombreux marchés après des années de faible production et de récoltes calamiteuses, selon France Olive.
Identifiée dans les Pouilles, sud de l'Italie, en 2013, la bactérie Xylella fastidiosa a été repérée sur des plantes ornementales en Corse en 2015, et la même année à Nice et Mandelieu-La Napoule (Alpes-Maritimes). Vendredi, pour la première fois, l'annonce a été faite qu'elle touchait deux oliviers en France. Considérée comme l'une des plus dangereuses pour les végétaux à l'échelle mondiale, la bactérie est transmise par des insectes très communs, et s'attaque à plus de 200 espèces.
<https://information.tv5monde.com/info/bacterie-tueuse-d-oliviers-la-crise-sous-estimee-selon-les-oleiculteurs-corses-320422> _______________________________________________________________________________________________________________________
8- G7 parlementaire : il y a "urgence" à protéger les océans, AFP, 06/09/19, 21:00

Les présidents d'assemblée des pays membres du G7, réunis à Brest, ont adopté vendredi, pour la première fois lors d'une telle rencontre, une déclaration commune soulignant "l'urgence" à protéger les océans en tant que "bien commun".
"Nous soulignons avec force notre préoccupation quant aux dégradations que subissent les océans et nous réaffirmons l'urgence d'adopter des stratégies à même de protéger les richesses que nous offrent les océans, le milieu marin et sa biodiversité", indique la déclaration.
"Nous, présidents des parlements des pays membres du G7, souhaitons insister sur l'importance d'une mobilisation générale en faveur des océans comme bien commun : la protection des océans et de leurs ressources est un enjeu mondial majeur", poursuit le texte.
La 17e réunion des présidents d'assemblée du G7 a débuté jeudi à Brest, pôle d'excellence en matière d'étude et de valorisation des mers, autour du thème des océans et de leur préservation avec la participation du parlement européen et des parlements allemand, américain, italien, japonais, canadien et anglais.
"A l'occasion et à l'issue de notre réunion de travail et pour la première fois, l'ensemble des présents a souhaité adopter une déclaration commune", s'est félicité Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale lors d'une conférence de presse, précisant que le texte avait été adopté à l'unanimité.
"Je ne critique jamais le président des États-Unis quand je voyage en dehors du pays, mais je suis en désaccord (avec lui, ndlr) sur la question du climat", a rappelé l'Américaine Nancy Pelosi, s'en remettant à l'arbitrage de l'opinion publique en la matière. "La très grande majorité des jeunes de notre pays comprennent que la crise climatique constitue un défi pour leur avenir", a-t-elle poursuivi en réponse à la question d'un journaliste soulignant le climato-scepticisme du président Donald Trump.
Dans la matinée, quelque 250 personnes s'étaient rassemblées au port de Brest, à l'occasion de ce G7 parlementaire, pour réclamer davantage de "justice sociale et environnementale". Une nouvelle manifestation est prévue samedi à l'appel notamment du collectif "Bloquons le G7 parlementaire de Brest" qui réunit des groupes et mouvements alternatifs et écologistes.
<https://information.tv5monde.com/info/g7-parlementaire-il-y-urgence-proteger-les-oceans-320005>
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9- Sept pays d'Amérique du Sud en sommet pour défendre l'Amazonie, AFP, 06/09/19, 22:00
Rodrigo Almonacid

Sept des neuf pays sur le territoire desquels s'étend l'Amazonie se sont réunis vendredi en Colombie pour définir d'urgence des mesures de protection de la plus grande forêt tropicale du monde, menacée par des incendies et la déforestation.
Chefs d'Etat et représentants de la Colombie, du Pérou, de l'Equateur, de la Bolivie, du Brésil, du Surinam et du Guyana ont initié ce Sommet présidentiel pour l'Amazonie dans une maloka - grande hutte indigène - à Leticia, chef-lieu du département d'Amazonas (sud). 
Seuls manquaient le Venezuela, qui n'a pas été invité, et la France dont le territoire d'outre-mer de Guyane compte aussi une vaste superficie amazonienne.
"Nous sommes là pour travailler ensemble afin d'assurer le maintien de notre Amazonie", a déclaré le président colombien Ivan Duque, en ouvrant cette réunion qu'il a convoquée avec son homologue péruvien Martin Vizcarra.
Son homologue brésilien Jair Bolsonaro, dont le gouvernement a été sévèrement mis en cause par la communauté internationale pour sa gestion des graves incendies de ces dernières semaines, a pour sa part appelé les pays à défendre leur souveraineté sur l'Amazonie, la jugeant "non négociable".
- Bolsonaro défend la souveraineté -
"Nous devons prendre une position ferme de défense de la souveraineté afin que chaque pays puisse sur son territoire développer la meilleure politique pour la région amazonienne, et ne pas la laisser aux mains d'autres pays", a-t-il lancé, via vidéo-conférence depuis le Brésil. 
M. Bolsonaro, qui se s'est pas déplacé officiellement pour raisons médicales, s'en est en outre à nouveau pris au président français Emmanuel Macron : "cette fureur internationale a seulement servi à ce que le chef d'une grande nation attaque le Brésil et mette en danger notre souveraineté".
D'extrême droite et climatosceptique, le chef de l'Etat brésilien soutient l'exploitation minière dans des réserves indigènes et des zones protégées de la forêt tropicale. 
Les participants au sommet doivent souscrire le Pacte de Leticia pour l'Amazonie, feuille de route que "devront mettre en œuvre non seulement les pays amazoniens, mais aussi ceux de la région et la communauté internationale", selon la présidence colombienne.
"Nous devons changer de stratégie, nous ne devons pas en rester à des déclarations de bonne volonté", a pour sa part souligné le chef de l'Etat péruvien.
Outre MM. Duque et Vizcarra sont présents à Leticia leurs homologues équatorien Lenin Moreno, bolivien Evo Morales, et le vice-président du Surinam, Ashwin Adhin. Le Guyana est pour sa part représenté par son ministre des Ressources naturelles, Raphael Trotman.
Pour le président colombien, il s'agit de "moderniser" les instruments de protection tels le Traité de coopération amazonienne de 1978 et l'Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA), qui "ne suffisent pas". 
Il a appelé à coordonner les efforts pour combattre la déforestation, partager les informations afin de prévenir les incendies, fixer de nouveaux objectifs de reboisement et diminuer les effets du changement climatique.
- Nécessité de "décisions drastiques" -
M. Duque a en outre dénoncé les coupes d'arbres illégales, le trafic d'espèces, l'élevage extensif et le trafic de drogue comme causes majeures des dégâts causés à l'Amazonie.
"Nous devons donner des réponses concrètes", a ajouté pour sa part M. Vizcarra. "La dimension du problème nous oblige à prendre des décisions drastiques."
Le président bolivien, Evo Morales, dont le pays est aussi affecté par des incendies, a assuré que "la terre mère est en danger de mort" à cause du changement climatique, les atteintes aux sources d'eau et la consommation "excessive".
Ce président socialiste a par ailleurs dénoncé le fait que le chef d'Etat vénézuélien, Nicolas Maduro, n'ait pas été invité à cause de "différences idéologiques".
Le sommet coïncide avec l'appel lancé vendredi depuis Paris par la directrice générale de l'Unesco Audrey Azoulay pour "renforcer les outils" visant à protéger des biens communs de l'humanité.
"Les outils existent, la Convention du patrimoine mondial ou bien le réseau des zones de biosphère de l'Unesco sont des exemples et permettent de concilier le respect de la souveraineté et la gestion coopérative de biens communs", a-t-elle déclaré à l'AFP, estimant que "la notion de biens communs (...) s'illustre dans des lieux comme l'Amazonie". 
La majeure partie de la forêt amazonienne (60%) se trouve au Brésil, le reste se répartissant entre la Colombie, la Bolivie, l'Equateur, le Guyana, le Pérou, le Surinam, le Venezuela et la Guyane française.
Au Brésil, entre début janvier et le 5 septembre, 96.596 foyers d'incendies, dont 51,4% en Amazonie, ont été répertoriés par l'institut d'observations spéciales (INPE). En Bolivie, le feu a dévasté depuis mai 1,7 millions d'hectares, selon les autorités du département de Santa Cruz (est).
<https://information.tv5monde.com/info/sept-pays-d-amerique-du-sud-en-sommet-pour-defendre-l-amazonie-320014>
Sur le même sujet :
> Sept pays amazoniens signent un « pacte » pour protéger la forêt, Le Monde, 07/09/19, 10h11
Marie Delcas  
Le texte, qui prévoit peu de mesures concrètes, a déçu les défenseurs de l’environnement et les représentants de la communauté indigène. 
Alors que l’Amazonie brûle encore, sept pays de la région se sont retrouvés, vendredi 6 septembre, dans la ville colombienne de Leticia pour parler coopération régionale. « La bonne volonté ne suffit plus pour sauver la forêt », a rappelé le président péruvien, Martin Vizcarra, en évoquant la nécessité de « mesures drastiques ». Signé à l’issue de la rencontre, le pacte de Leticia pour l’Amazonie prévoit de renforcer la coopération en matière de surveillance par satellite, de lutte contre la déforestation, de prévention des incendies et les échanges de données sur le climat. Mais le texte contient peu de mesures concrètes et les défenseurs de l’environnement avaient du mal, vendredi soir, à cacher leur déception.
> Lire aussi  En Amazonie, le bilan incertain de la lutte contre les incendies
Annoncé le 26 août, le sommet a été organisé en moins de quinze jours par le gouvernement colombien. Ses promoteurs entendaient profiter de l’émotion suscitée par la vague d’incendies au Brésil. « Les pays de la région ont beaucoup trop tardé à se réunir, s’indigne la chercheuse brésilienne Beatriz Miranda. Le problème, c’est que les Etats membres, incapables de mettre en œuvre des politiques publiques efficaces, sont en partie responsables de la crise actuelle. » Et de rappeler que le premier traité de coopération amazonienne date de 1978.
Outre le président colombien, Ivan Duque, et le Péruvien Martin Vizcarra, l’Equatorien Lenin Moreno et le Bolivien Evo Morales, étaient présents à Leticia. Le Surinam, le Guyana, le Brésil étaient représentés par des membres du gouvernement. Le Venezuela de Nicolas Maduro – qualifié de dictature par Bogota et Brasilia – n’avait pas été invité. La France non plus.
Craintes que rien ne change
« Le grand sommet pour l’Amazonie » a duré un peu moins de quatre heures. La rencontre s’est tenue sur le campus verdoyant et retiré de l’université nationale de Leticia. Pas de manifestants donc ni de badauds pour venir perturber les brefs débats. Les Indiens, venus accueillir les chefs d’Etat, étaient là pour le folklore et les photos, et n’ont pas été invités à s’exprimer. « C’est une bonne chose que les gouvernements s’inquiètent enfin de la protection de l’Amazonie, considère Nelly Kuiru, de la Commission nationale de communication indigène. Mais nous avons des raisons de craindre que rien ne va changer ».
Le président brésilien, Jair Bolsonaro, qui avait décliné l’invitation pour raisons de santé, a fait acte de présence par vidéoconférence. Il a réaffirmé ses thèses souverainistes : l’Amazonie appartient aux seuls pays qui la possèdent et qui ont le droit de la défendre comme ils l’entendent. Pas question de laisser la communauté internationale s’en mêler.
A l’autre extrémité de l’échiquier politique, Evo Morales a protesté contre l’exclusion du Venezuela. « La défense de la planète suppose de dépasser nos différends idéologiques », a déclaré le dernier allié de M. Maduro sur le continent. Pour le chef d’Etat bolivien, le système capitaliste et la consommation débridée sont responsables de la crise environnementale. Les gouvernements des pays amazoniens doivent se retrouver à l’occasion du prochain sommet des Nations unies.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/07/sept-pays-amazoniens-signent-un-pacte-pour-proteger-la-foret_5507603_3244.html>
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10- Près de 1 500 personnes ont été fichées par Monsanto en Europe, Le Monde, 07/09/19, 10h28
Stéphane Foucart et  Stéphane Horel  

Un rapport commandé par Bayer dévoile l’ampleur de la campagne menée pour obtenir le renouvellement de l’autorisation du glyphosate dans l’Union 
Défendre le glyphosate n’est pas une petite entreprise. Seize millions de dollars (14,4 millions d’euros) de contrat, un emboîtement d’une demi-douzaine de firmes de relations publiques, plus de soixante consultants à plein temps, près de 1 500 personnes fichées dans sept pays et 7 millions de dollars destinés au recrutement de « tierces parties » – des personnalités non affiliées à Monsanto qui portent la parole de la firme dans le débat public ou l’arène scientifique. Les éléments-clés du rapport publié, jeudi 5 septembre, par le cabinet d’avocats Sidley Austin sur l’affaire du « fichier Monsanto » donnent la mesure de l’ampleur des opérations d’influence conduites en Europe par l’agrochimiste américain, désormais propriété de Bayer.
L’entreprise allemande avait recruté Sidley Austin en mai, après la révélation, par Le Monde et France 2, de l’existence d’un fichier de 200 personnalités françaises élaboré par la société de lobbying FleishmanHillard pour le compte de Monsanto. Constitué dès l’automne 2016, ce fichier de responsables politiques, journalistes, scientifiques, militants ou syndicalistes, était utilisé dans le cadre de la « campagne de renouvellement du glyphosate ». Réautorisation européenne qui sera obtenue en 2017.
> Lire aussi  « Fichier Monsanto » : des dizaines de personnalités classées illégalement selon leur position sur le glyphosate
Bayer a offert à Sidley Austin l’accès à 2,4 millions de documents sauvegardés sur les serveurs de Monsanto, afin de conduire son enquête. En revanche, le cabinet d’avocats n’a « pas eu accès aux employés, aux documents ou au système d’information de Fleishman [Hillard] ». Il a dû se contenter d’adresser des demandes de documents à la société de lobbying et explique dans son rapport en avoir reçu « certains ». Le cabinet suggère en creux que FleishmanHillard n’aurait pas coopéré de bonne grâce avec les rapporteurs. Notamment, Sidley Austin explique avoir découvert, dans les correspondances entre Monsanto et FleishmanHillard, des fichiers de plus de 250 personnalités du monde médical et scientifique (dont 90 Français), que FleishmanHillard avait omis de transmettre en première instance.
> Lire aussi  L’arsenal déployé par Monsanto contre ses détracteurs, y compris des journalistes
« Nous avons répondu à toutes les demandes d’informations que nous avons reçues dans le cadre de cette enquête et avons pleinement coopéré avec le cabinet Sidley Austin, répond FleishmanHillard dans une déclaration transmise au Monde, notamment lors de nos échanges téléphoniques. »
Au total, Sidley Austin dit avoir passé en revue 25 000 documents liés à la « campagne de renouvellement » et avoir identifié 1 208 personnalités inscrites dans des fichiers de « parties prenantes », et 1 475 personnes fichées au total. Outre la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, l’Espagne et le Royaume-Uni sont concernés, ainsi que des institutions de l’Union européenne. Au cours de l’été, Sidley Austin a notifié aux personnes fichées leur présence dans les fichiers constitués par FleishmanHillard et détenus par Monsanto, et leur a proposé de leur adresser les informations les concernant inscrites dans les fichiers mis au jour.
Faire pencher les opinions
Comme l’avaient révélé Le Monde et France 2, ces informations ont principalement trait à l’opinion des personnes fichées sur la société Monsanto, sur les OGM, sur les pesticides en général ou encore sur le glyphosate en particulier. En fonction des intéressés, des méthodes d’approche, des typologies d’arguments ou des interlocuteurs (scientifiques, industriels, agriculteurs…) sont recommandées pour faire pencher les opinions de ces « parties prenantes ». La conclusion de Sidley Austin est qu’un tel fichage « n’a rien d’illégal ». Le cabinet d’avocats mandaté par Bayer estime que « les opinions sur un produit chimique, une technologie ou une entreprise » ne peuvent constituer des opinions philosophiques ou politiques et pourraient donc être colligées et stockées sans le consentement des intéressés.
En outre, selon Sidley Austin, aucune information confidentielle ou obtenue de manière frauduleuse n’a été mise en évidence dans les fichiers consultés. Toutefois, le cabinet d’avocats n’a, semble-t-il, pas eu accès à certains des documents obtenus par Le Monde et France 2. Parmi eux, une note indiquant la collaboration de FleishmanHillard avec une autre firme de relations publiques, Publicis, celle-ci étant chargée de « collecter du renseignement et des informations au niveau politique qui ne sont PAS dans le domaine public ». Au cours de l’été, Sidley Austin a demandé au Monde de lui transmettre les éléments en sa possession – requête à laquelle le quotidien n’a pas accédé afin de protéger ses sources.
C’est une autre des difficultés auxquelles Sidley Austin a été confronté : FleishmanHillard a sous-traité certaines opérations à d’autres entreprises. Selon Sidley Austin, ce fut le cas en France avec Publicis, mais aussi aux Pays-Bas, en Italie et en Espagne, sans que le nom des sociétés en question soit mentionné dans le rapport. Au total, 59 consultants de FleishmanHillard ou de sous-traitants ont travaillé à la défense du glyphosate, associés à 13 cadres de Monsanto. En France, plusieurs personnalités et notamment des parlementaires fichés, ainsi que des institutions scientifiques, des associations ou des médias – le CNRS, l’INRA, Sorbonne Université, Radio France, la Ligue contre le cancer, Générations futures, Le Monde, etc. –, ont porté plainte.
Annexé au rapport de Sidley Austin, le « cahier des charges » signé par les deux parties – Monsanto et FleishmanHillard – offre des détails inédits sur l’ampleur de la campagne d’influence engagée par l’agrochimiste américain en Europe. Le montant de la somme investie par la firme pour défendre son produit a été de plus de 16 millions de dollars, entre octobre 2016 et décembre 2017. Sur cette somme, 7 millions de dollars ont été consacrés aux rémunérations de « tierces parties ».
Dans le jargon des relations publiques, ces « tierces parties » sont des personnalités non affiliées à Monsanto, recrutées pour reprendre les éléments de langage et les arguments de la firme, en défense de ses produits. Des mobilisations de la société civile en apparence spontanées semblent avoir été orchestrées ou suscitées, le « cahier des charges » de la campagne prévoyant par exemple « l’élaboration et l’apport de réponses [aux critiques] par le biais de tierces parties, ou de mobilisations spontanées ». Révélée en octobre 2018 par le quotidien britannique The Independent, une opération comme la création de faux groupes d’agriculteurs soutenant le glyphosate dans les médias, sur les réseaux sociaux et au Salon de l’agriculture, semble donc avoir été prévue dans le plan de bataille.
La publication du rapport de Sidley-Austin suit de quelques jours la déclassification, par la justice américaine, de nouveaux documents internes de Monsanto. Ceux-ci offrent également une perspective inédite sur cette campagne d’influence. Une autre firme de lobbying mandatée par l’agrochimiste, FTI Group, a par exemple adressé, en 2016 et 2017, des lettres types à des parlementaires conservateurs américains, afin que ces derniers les endossent et les adressent, en leur nom propre, aux autorités sanitaires de leur pays, leur suggérant de revoir leur soutien financier au Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) — l’agence de l’Organisation mondiale de la santé qui a classé le glyphosate « cancérogène probable », en mars 2015.
> Lire aussi  Un mois après les révélations sur le « fichier Monsanto », Bayer veut changer d’image
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/07/pres-de-1-500-personnes-ont-ete-fichees-par-monsanto-en-europe_5507493_3244.html>
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11- Des cépages anciens étudiés en Bourgogne pour anticiper le réchauffement, AFP, 07/09/19, 12:00
Olivier Devos

A côté des traditionnels chardonnay et pinot noir poussent quelques pieds de gouais blanc ou de gamay fréaux : en Côte-d'Or, non loin de Beaune, des vignerons étudient d'anciens cépages qui pourraient aider un jour la Bourgogne à s'adapter au réchauffement.
"On a réuni l'ensemble des vieux cépages connus et encore accessibles qui ont été plantés en Bourgogne" par le passé, mais aussi "l'ensemble des cépages bourguignons actuels", explique Jean-Claude Rateau, viticulteur à Beaune et référent du projet.
Il y a aujourd'hui "un grand intérêt du public pour les vieux cépages" mais les vignerons ont surtout "cette grosse interrogation par rapport au réchauffement climatique", selon M. Rateau. "Les deux générations qui vont suivre seront sans doute amenées à faire des gros changements dans l'encépagement bourguignon."
Le conservatoire d'anciens cépages bourguignons a été inauguré jeudi sur le mont Battois, à Savigny-lès-Beaune, par le Groupement d'étude et de suivi des terroirs (GEST), une association fondée en 1995 qui compte aujourd'hui 120 vignerons, essentiellement de Bourgogne.
Sur cette parcelle située dans les Hautes-Côtes de Beaune, une cinquantaine de variétés - huit pieds par cépage - ont été plantées en 2016 pour être préservées et étudiées, en évaluant notamment leur adaptation au changement du climat.
Il n'y a pas urgence, pour les professionnels : en Bourgogne, les récents "millésimes chauds" ont donné des vins "plus gourmands, plus soyeux, plus colorés", décrit Jérôme Galeyrand, membre du GEST et viticulteur à Gevrey-Chambertin. "La vigne est une plante méditerranéenne, elle aime la chaleur, le soleil".
"A ce jour, les effets (du réchauffement) sont positifs" dans la région, abonde Jean-Philippe Gervais, directeur du pôle technique du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), qui soutient financièrement le GEST. L'évolution du climat "nous a servi sur la qualité de la maturation" du raisin.
Mais à plus long terme, des craintes s'élèvent sur des degrés trop élevés, une perte d'acidité du vin ou encore sur le fait que des hivers plus doux ou plus brefs puissent conduire le cycle végétatif à reprendre plus tôt ou plus vite, exposant davantage la vigne aux gelées.
- Essence de la Bourgogne -
La vigne bourguignonne "est un marqueur du réchauffement climatique", avait indiqué fin août une étude réalisée notamment par des chercheurs de l'université de Bourgogne qui relevaient que les vendanges ont lieu "treize jours plus tôt en moyenne depuis 1988 par rapport aux six siècles précédents".
Le GEST, créé à l'origine pour comprendre le sol, se penche aujourd'hui sur la vigne. "La suite logique" alors que ses vignerons voient dans le cépage un "outil d'expression" du terroir. "C'est l'essence même de la Bourgogne", souligne le président de l'association, Thibault Liger-Belair.
"Ce qu'on essaye simplement de faire ici, c'est de ne pas être pris de court", ajoute-t-il. "Demain, on aura peut-être besoin d'un cépage avec un peu plus d'acidité, un peu plus de tension, peut-être avec des maturités un peu plus tardives".
Marchant entre les pieds, ce vigneron de Nuits-Saint-Georges goûte un grain de chardonnay muscaté. Il y trouve "des arômes un peu plus exotiques. On a même un côté un peu litchi".
Un peu plus loin, Jean-Claude Rateau s'attarde sur le gouais blanc, parent génétique de nombreux cépages bourguignons. Un raisin "énormément planté au Moyen Age parce qu'il était très productif" mais abandonné car "au niveau qualitatif, il est acide, il est amer, il n'a aucun parfum".
Ces cépages pourraient servir à compléter, un jour, les variétés traditionnelles, pour tempérer certains défauts qui pourraient apparaître avec l'évolution du climat.
Mais il n'est pas question de changer du tout au tout, prévient M. Rateau. "Il faut que le Bourgogne reste du Bourgogne, avec sa fraîcheur, sa complexité, sa finesse, tout ce qui nous fait rêver dans un vin de Bourgogne et qui fait rêver nos acheteurs."
<https://information.tv5monde.com/info/des-cepages-anciens-etudies-en-bourgogne-pour-anticiper-le-rechauffement-320058>
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12- Pesticides : le gouvernement propose une distance minimale de 5 à 10 mètres, « très insuffisante » pour les ONG, Le Monde avec AFP, 07/09/19, 12h45

Cette distance minimale entre les habitations et les zones d’épandage de produits phytosanitaires est nettement inférieure à celle réclamée par certains maires qui ont pris des arrêtés antipesticides. 
Voilà qui decevra les maires qui, un peu partout en France, multiplient les arrêtés antipesticides, après la suspension très médiatisée de celui de Langouët, en Bretagne, Daniel Cueff. Le gouvernement va proposer de fixer à 5 ou 10 mètres, selon le type de cultures, la distance minimale entre les habitations et les zones d’épandage de produits phytosanitaires. Soit une distance nettement inférieure à celle réclamée par certains édiles.
> Lire aussi  « Nous appelons les maires de France à adopter des arrêtés contre les épandages de pesticides »
« Le gouvernement va soumettre à consultation lundi un projet de décret qui part des recommandations scientifiques de l’Agence nationale de sécurité sanitaire »(Anses), a fait savoir samedi 7 septembre un porte-parole du ministère de l’agriculture, confirmant une information de BFM-TV.
Les distances proposées dans ce projet seront de 5 mètres pour les cultures dites basses, comme les légumes, et de 10 mètres pour les cultures hautes, telles que les céréales. Les recommandations publiées à la fin de juin par l’Anses évoquent notamment des distances de sécurité de 3,50 mètres et 10 mètres, selon le type de cultures.
La consultation durera trois semaines. « Le gouvernement tranchera en octobre-novembre », a complété le porte-parole. « Dans la loi Egalim, il y a des dispositions spécifiques pour la protection des riverains via la mise en place de chartes concertées avec les riverains, les agriculteurs », a rappelé de son côté Matignon.
Ces règles concernant l’élaboration de chartes et de distances minimales à respecter pour l’épandage des pesticides « vont figurer dans des textes qui entreront en application au 1er janvier 2020 », a ajouté Matignon.
Appel à la « mobilisation citoyenne » pour aller plus loin
Les organisations écologistes, au premier rang desquelles France Nature Environnement (FNE), ont immédiatement protesté contre des mesures jugées « vraiment insuffisantes, au vu de ce que dit l’Anses, au vu des études scientifiques », selon Thibault Leroux, chargé de mission de l’association.
Des premières versions du décret ont circulé avant l’été, et FNE s’attendait à « un fort lobbying du secteur agricole ». « C’est assez décevant de voir qu’au sein du gouvernement, c’est le ministère de l’agriculture qu’on écoute, avant les enjeux sanitaires et environnementaux », a regretté M. Leroux.
France Nature Environnement va participer à cette consultation et mise sur une « mobilisation des citoyens » pour faire bouger les lignes. « Je n’y crois pas, je pense que c’est un poisson d’avril », a réagi sur BFM-TV Yann Arthus-Bertrand, président de la fondation Good Planet :
« Je ne peux pas croire qu’aujourd’hui les lobbyistes soient plus forts que la santé de la population. C’est insultant pour les gens qui se battent depuis si longtemps contre les pesticides. »
David Cormand, secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), reconnaît un caractère « historique » à cette décision du gouvernement : « C’est la première fois que l’Etat admet qu’il y a un danger grave pour les gens » après l’épandage, a-t-il souligné sur la même chaîne. Mais « le problème, c’est le côté anecdotique de la décision qu’ils en tirent » : « Une zone tampon de 5 à 10 mètres, ça n’a pas de sens ! »
Le gouvernement opposé à une interdiction générale
Le ministre de l’agriculture et de l’alimentaion, Didier Guillaume, s’était opposé mercredi à l’idée d’une interdiction générale de traitement par des produits phytosanitaires dans une zone uniforme de 150 mètres autour de bâtiments habités, proposée par des maires et des associations.
« S’il devait y avoir des zones de non-traitement de 150 mètres (…) nous serions obligés d’acheter de l’alimentation venue d’ailleurs », car une telle mesure réduirait les surfaces agricoles et le potentiel de production alimentaire en France, a-t-il affirmé au micro d’Europe 1.
Le maire écologiste de Langouët (Ille-et-Vilaine), Daniel Cueff, qui avait pris un arrêté interdisant les pesticides à moins de 150 m des habitations, suspendu par la justice, a qualifié de « pas croyable » la proposition du gouvernement de fixer une distance de 5 ou 10 mètres.
« Quand j’ai appris ça, je pensais que c’était une “fake news” et que ce n’était pas sérieux ! Cette proposition n’est pas croyable », a réagi le maire de cette commune rurale proche de Rennes. On est tombé de notre chaise, car ces 5 et 10 mètres, ce sont des protocoles déjà mis sur des bidons de pesticide de synthèse. » Et d’expliquer :
« On s’est aperçu que, pour moins respirer les glyphosates et les pesticides de synthèse, il fallait une bande de 150 mètres, car là il y a moins de chances de respirer ces pesticides qui sont volatils et qui sont dans l’air. »
> Lire aussi  Arrêté antipesticides de Langouët : « Les carences de l’Etat justifient l’action des maires »
Selon le maire, dont l’arrêté a entraîné la médiatisation du sujet au plan national, le président, Emmanuel Macron, et le gouvernement n’ont pas pris « la mesure de cette vague qui ne voudra pas et ne voudra plus être face à des pesticides de synthèse dans l’air ».
M. Cueff avait pris le 18 mai un arrêté interdisant l’utilisation de produits phytopharmaceutiques « à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d’habitation ou professionnel ». Ce texte a été suspendu mardi par le tribunal administratif de Rennes.
> Lire aussi  Daniel Cueff, le maire breton qui invente le village de l’après-pétrole
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/07/contre-les-pesticides-le-gouvernement-propose-une-distance-minimale-de-5-a-10-metres_5507642_3244.html>
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> Protection contre les pesticides : le maire de Langouët juge "pas croyable" la proposition du gouvernement <https://information.tv5monde.com/info/protection-contre-les-pesticides-le-maire-de-langouet-juge-pas-croyable-la-proposition-du>, AFP, 07/09/19, 13:00
> Pesticides : "On suit strictement des avis scientifiques", affirme Elisabeth Borne <https://information.tv5monde.com/info/pesticides-suit-strictement-des-avis-scientifiques-affirme-elisabeth-borne-320117>, AFP, 07/09/19, 16:00
> Pesticides : la distance de protection des habitations fait bondir les écologistes <https://information.tv5monde.com/info/pesticides-la-distance-de-protection-des-habitations-fait-bondir-les-ecologistes-320093>, AFP, 07/09/19, 17:00
> Pesticides : 5 à 10 mètres de distance d’éloignement, «un peu dérisoire» pour Hulo <http://www.leparisien.fr/environnement/pesticides-5-a-10-metres-de-distance-d-eloignement-un-peu-derisoire-pour-hulot-07-09-2019-8147583.php>t, Le Parisien, 07/09/19, 18h39
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13- Madagascar : cri d'alarme du pape sur la déforestation, AFP, 07/09/19, 20:00
Tsiresena Manjakahery & Catherine Marciano

Le pape François a poussé samedi un cri d'alarme face à "la déforestation excessive" de l'île de Madagascar qu'il visite, suggérant à ses autorités de créer des emplois respectueux de l'environnement pour sortir la population d'une précarité parfois "inhumaine".
Dès son premier discours sur le territoire malgache, un des pays les plus pauvres au monde, le souverain pontife est entré dans le vif du sujet en encourageant ses responsables politiques, civils et religieux à lutter contre "la corruption et la spéculation qui augmentent la disparité sociale".
Il faut "affronter les situations de grande précarité et d'exclusion qui produisent toujours des conditions de pauvreté inhumaine", a prôné celui que l'on appelle le "pape des pauvres".
Très sensible à la préservation de la planète qu'il qualifie de "maison commune", le pape s'est montré préoccupé par "la déforestation excessive au profit de quelques-uns" qui sévit sur la Grande île.
Feux de forêts, braconnage, coupe effrénée d'essences précieuses, exportations illégales de bois : les causes sont multiples, a énuméré le pape. Et pour lui, "cela compromet l'avenir du pays".
A Madagascar, cinquième plus grande île du monde (587.000 km2, 25 millions d'habitants), neuf personnes sur dix vivent avec moins de deux dollars par jour. 
Les activités du bois "assurent parfois leur survie", a reconnu le souverain pontife, qui voit une seule solution : créer des emplois qui respectent l’environnement.
- "Redresser le pays" -
"Environ 200.000 hectares par an de forêts sont perdus chaque année au Madagascar", estime Philip Boyle, l'ambassadeur britannique dans la grande île, qui a écouté le discours du pape. Certains prédisent "la disparition de la majorité de la forêt tropicale humide d'ici à 2040", ajoute-t-il.
Le pape a symboliquement planté un baobab, juste devant le pavillon où il a prononcé son discours.
L'instabilité politique récente du pays n'a pas favorisé son développement économique, essentiellement fondé sur l'agriculture, dont l'exportation de la vanille et du cacao.
Le président Andry Rajoelina, qui avait renversé Marc Ravalomanana en 2009 et a dirigé une période de transition jusqu'en 2014, est revenu au pouvoir l'an dernier lors d'une présidentielle apaisée, promettant emplois et logements.
Depuis son indépendance de la France en 1960, les Malgaches "ont sombré dans le désespoir, ont perdu leur repères", a reconnu le chef de l'Etat devant le pape, en promettant de "redresser le pays" et d'être "attentif aux plus démunis". 
Interrogé par l'AFP sur le cri d'alarme du pape, le ministre de l'Environnement, Alexandre Georget, a dit que son pays était "prêt à relever le défi" pour "faire de Madagascar une île verte".
"La dégradation des forêts est en régression par rapport à 2018", a-t-il assuré. Le ministre a aussi évoqué une prochaine campagne de reboisement par, entre autres, "un bombardement aérien de graines d'arbres dans les zones à reboiser" et précisé que "40.000 hectares" avaient été replantés en six mois.
- "Espoir de changement" -
Le gouvernement, confronté aux feux de forêt et de savane allumés par des paysans, entend les sensibiliser contre cette pratique illégale.
"La corruption et les inégalités nous indignent !", a déclaré pour sa part le cardinal Désiré Tsarahazana, président de la Conférence épiscopale de Madagascar, qui a aussi rencontré le pape samedi avec tous les évêques de l'île. "L’insécurité reste toujours très préoccupante", a-t-il déploré.
Samedi soir, le pape est allé à la rencontre des jeunes, tranche d'âge majoritaire du pays, pour une veillée de prière dans un champ aménagé de 60 hectares où se sont massées 100.000 personnes, selon les organisateurs.
Njara Raherimana, un étudiant de 17 ans, a confié à l'AFP avoir fait 100 kilomètres pour recevoir "une bénédiction du pape pour affronter la dure réalité de la vie, l'insécurité, la pauvreté, la corruption".
"Cela me donne de l'espoir pour un changement", a glissé Antony Christian Tovonalintsoa, un étudiant de 17 ans, de la périphérie d'Antananarivo. "Avec cette veillée, les jeunes peuvent prendre conscience de leur rôle et de la nécessité de ne pas se laisser manipuler par les vieux dirigeants politiques", a-t-il ajouté.
Gratifié de chorégraphies et de chants rythmés, le pape François a loué leur "joie et leur enthousiasme", les appelant à ne pas verser dans "l'amertume" et ne pas abandonner "l'espoir".
Même si "on ne dispose pas du minimum nécessaire pour se battre au jour le jour" ou "lorsque les opportunités effectives d'étudier ne sont pas suffisantes", a-t-il ajouté.
Plus de la moitié des jeunes Malgache ne trouvent aucun emploi, même bardés de diplômes.
<https://information.tv5monde.com/info/madagascar-cri-d-alarme-du-pape-sur-la-deforestation-320062>
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14- Brésil : la déforestation de l'Amazonie a presque doublé en un an, AFP, 08/09/19, 20:00

La déforestation de l'Amazonie au Brésil a pratiquement doublé entre janvier-août et la même période de 2018, touchant 6.404,4 km2 supplémentaires au total (contre 3.336,7 km2), selon des données officielles provisoires fournies dimanche.
Cela représente une augmentation de 91,9%.
Rien que pour le mois d'août, 1.700,8 km2 ont disparu, moins qu'en juillet (où les chiffres avaient quadruplé), mais plus de trois fois plus qu'en août 2018 (526,5 km2) selon le système DETER d'alertes satellitaires de l'Institut national pour les investigations spatiales (INPE).
La déforestation s'est emballée ces quatre derniers mois : 738,2 km2 en mai, 936,3 km2 en juin, 2.255,4 km2 en juillet et désormais 1.700,8 km2 en août.
Les experts estiment que le chiffre de 10.000 km2 pourrait être atteint cette année pour la première fois depuis 2008.
Spécialistes et défenseurs de l'environnement expliquent cet accroissement de la déforestation par la pression des forestiers et des éleveurs encouragés par le soutien du président brésilien, Jair Bolsonaro, à l'ouverture de réserves indigènes et de zones protégées pour développer ces activités ainsi que les prospections minières.
Selon les experts, il devrait y avoir en septembre davantage de foyers d'incendie dans la région amazonienne car "le pic de la déforestation a lieu en juillet et celui des incendies en septembre", a relevé Ane Alencar, la directrice scientifique de l'Institut pour les enquêtes environnementales en Amazonie (IPAM).
<https://information.tv5monde.com/info/bresil-la-deforestation-de-l-amazonie-presque-double-en-un-320301>
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15- Pesticides : pourquoi les écolos sont dégoûtés de la proposition du gouvernement, Le HuffPost, 08/09/19, 21:45
Anthony Berthelier

Emmanuel Macron comme ses ministres de l'Agriculture et de la Transition écologique plaident pour un décret imposant une distance minimale de 5 ou 10 mètres entre les champs traités aux pesticides et les habitations.
“J’ai d’abord cru à une fake news.” La toute première réaction de Daniel Cueff, le maire de Langouët ayant imposé un arrêté à ce sujet, à l’annonce de la volonté gouvernementale de promulguer un décret imposant une distance minimale entre les champs traités aux pesticides et les habitations en dit long sur la déception de certains élus et défenseurs de l’environnement. L’intention de légiférer n’est évidemment pas en cause, mais les distances de cinq et dix mètres choisies par les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique font bondir. 
“Dérisoire”, pour Nicolas Hulot, “poisson d’avril” pour Yann Arthus-Bertrand.... les écologistes politiques comme médiatiques n’ont pas caché leur grande déception. Emmanuel Macron “passe à côté de quelque chose pour devenir un grand président”, a même estimé le photographe engagé, président de la fondation GoodPlanet. 
Même abattement du côté des ONG qui jugent la distance retenue “insuffisante.” “Les mesures proposées sont vraiment insuffisantes, au vu de ce que dit l’Anses, au vu des études scientifiques”, estimait notamment Thibault Leroux, chargé de mission agriculture à France Nature Environnement, quelques secondes après la confirmation du gouvernement.
Alors pour déminer la situation, les cadres de La République en marche défendent cette décision en se retranchent derrière l’avis des scientifiques de l’Anses qui prônaient effectivement cette solution. Alors pourquoi, malgré une décision que beaucoup reconnaissent comme “historique” -à l’image du patron EELV David Cormand- le sentiment de grande déception domine-t-il largement chez les écologistes?
>> Suite à lire à :
<https://www.huffingtonpost.fr/entry/pesticides-distance-champ-decret_fr_5d74bc55e4b06451356f970d>
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16- Pesticides : bataille autour des zones de protection entre cultures traitées et habitations, Le Monde, 09/09/19, 14h10
Stéphane Mandard  

Le gouvernement lance lundi une consultation sur la distance à respecter entre aires d’épandage et habitations. 
Il a d’abord cru à « une blague », à une « fake news ». C’est peu dire que le maire de Langouët (Ille-et-Vilaine), Daniel Cueff, a accueilli avec perplexité la proposition du gouvernement de fixer à 5 mètres ou 10 mètres, selon les cultures, la distance minimale entre les habitations et les zones d’épandage de pesticides. En mai, l’élu de cette petite commune rurale avait pris un arrêté interdisant l’usage de ces produits de synthèse à moins de 150 mètres des habitations. Celui-ci a été attaqué par l’Etat (le préfet) puis suspendu par la justice. Depuis, une vingtaine de maires l’ont imité dans leur commune. A l’instar de Daniel Cueff, ils ne cachent pas leur déception après l’annonce du gouvernement.
> Lire aussi  L’arrêté antipesticides du maire de Langouët suspendu par la justice
« Cette décision me paraît insuffisante. On acte, mais il faut aller plus loin », a également réagi l’ancien ministre de la transition écologique et solidaire Nicolas Hulot. Le 3 septembre, il avait cosigné avec d’autres responsables associatifs une tribune dans Le Monde pour appeler les maires de France à prendre des arrêtés contre les épandages de pesticides et demander à l’Etat de renoncer à les poursuivre.
Le gouvernement dit s’appuyer sur des données scientifiques issues d’un avis rendu en juin par l’Agence française de sécurité sanitaire pour fixer ces limites de 10 mètres et 5 mètres. Concrètement, la distance proposée est de 10 mètres minimum pour l’épandage des substances « les plus dangereuses » – les fongicides, herbicides et autres pesticides potentiellement cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques comme le fameux glyphosate. Pour les autres produits phytosanitaires, la distance dépendra du type de culture : 10 mètres pour les cultures hautes (vignes ou arbres fruitiers) et seulement 5 mètres pour les cultures dites basses comme les céréales.
« Chartes » départementales
Le gouvernement envisage même la possibilité de réduire ces distances dans le cadre de « chartes » qui devront être validées au niveau départemental, après « échanges » entre agriculteurs, riverains et élus. Ainsi, elles pourront être ramenées à 3 mètres pour les cultures basses et la viticulture et à 5 mètres pour les autres cultures, à la condition d’avoir recours à « des matériels de pulvérisation les plus performants sur le plan environnemental ».
Ce « nouveau dispositif de protection des riverains vis-à-vis de l’utilisation des produits phytosanitaires » doit déboucher sur un arrêté (distance minimale) et un décret (règles d’élaboration des chartes) qui entreront en vigueur le 1er janvier 2020. Il est soumis à une consultation publique qui s’ouvre lundi 9 septembre pour une durée de trois semaines.
> Lire aussi  Pesticides : le gouvernement propose une distance minimale de 5 à 10 mètres, « très insuffisante » pour les ONG
Les maires qui ont pris des arrêtés antipesticides et les associations environnementales veulent faire entendre leur voix durant cette phase de consultation. « On sait que les dérives directes comme le vent et les réévaporations de pesticides après les épandages impactent les habitations environnantes largement au-delà des 100 premiers mètres du lieu de pulvérisation. Dans ces conditions, 5 mètres ou 10 mètres de distance ne représentent absolument pas une distance susceptible de réduire de manière significative l’exposition des riverains aux pesticides : c’est moins que la largeur d’un chemin rural et de ses bordures ! », estime François Veillerette, directeur de Générations futures.
En pointe dans la lutte contre les pesticides, cette ONG a indirectement contraint le gouvernement à prendre un nouvel arrêté encadrant leur usage. En juin, elle avait en effet obtenu devant le Conseil d’Etat l’annulation du texte du 4 mai 2017 qui réglementait les épandages. Et la haute juridiction administrative avait demandé à l’Etat de prendre des mesures supplémentaires de protection des riverains d’ici à la fin de l’année.
« Il s’agit d’une question de santé publique majeure et il est du devoir du gouvernement de protéger la santé des personnes face à ces produits dont beaucoup sont des perturbateurs endocriniens, pouvant agir à de faibles doses sur de jeunes enfants ou le fœtus. Il doit instaurer des distances bien supérieures sans pulvérisation de pesticides de synthèse, poursuit le directeur de Générations futures. Nous demandons au gouvernement de ne pas céder à la pression de la FNSEA. » 
Le syndicat agricole n’a pas applaudi à l’annonce du gouvernement. « Ce sont des retraits importants de terres agricoles, ce qui représente un manque à gagner très important, surtout dans les zones périurbaines », a commenté son administrateur, Christian Durlin. Pour l’association France Nature Environnement (FNE), dont la pétition pour l’interdiction des épandages de pesticides à proximité des habitations a reçu plus de 16 000 signatures cet été, c’est pourtant une victoire du « lobby agricole ». « C’est assez décevant de voir qu’au sein du gouvernement, c’est le ministère de l’agriculture qu’on écoute, avant les enjeux sanitaires et environnementaux », a regretté Thibault Leroux, spécialiste des questions d’agriculture à FNE.
« Folie pour les consommateurs »
Le 27 août, la ministre de la transition écologique et solidaire avait déclaré « partage[r] totalement la préoccupation du maire de Langouët », laissant penser que le gouvernement s’orienterait sur une distance d’interdiction de 150 mètres pour s’aligner sur les arrêtés municipaux.
Mais le 3 septembre, son homologue à l’agriculture, Didier Guillaume, a mis son veto. « S’il devait y avoir des zones de non-traitement de 150 mètres autour de toutes les habitations (…), ce ne serait pas de la folie pour les agriculteurs mais ce serait de la folie pour les consommateurs, avait tonné le ministre au micro d’Europe 1. Les agriculteurs ne seraient plus à même de fournir notre autonomie alimentaire et nous serions obligés d’acheter de l’alimentation venant d’ailleurs. » Le ministre estime que la surface agricole cultivée serait « amputée » de 20 % à 30 %.
Pour le gouvernement, avec ce dispositif de chartes et de zones tampon de 5 mètres à 10 mètres, « la France se dote d’un cadre national pour la protection des riverains et deviendra un des seuls pays européens à instaurer de telles mesures ». Une annonce qui intervient dix ans après la directive européenne de 2009 imposant aux Etats membres de définir de tels périmètres de sécurité à proximité de lieux accueillant le grand public.
> Lire aussi  Des perturbateurs endocriniens imprègnent tous les Français et surtout les enfants
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/09/pesticides-bataille-autour-des-zones-tampons-entre-cultures-traitees-et-habitations_5508149_3244.html>
Sur le même sujet : 
> Le Val-de-Marne bannit "symboliquement" le glyphosate de son territoire <https://information.tv5monde.com/info/le-val-de-marne-bannit-symboliquement-le-glyphosate-de-son-territoire-320622>, AFP, 10/09/19, 14:00
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17- Le défi des repas végétariens obligatoires dans les cantines scolaires, Le Monde, 09/09/19, 16h39
Séverin Graveleau  

A partir du 1er novembre, un repas sans viande devra être proposé aux élèves au moins une fois par semaine. Si certains maires vont déjà au-delà, d’autres s’interrogent. 
« Le temps de restauration à la cantine est aussi un temps d’éducation. » La Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), Greenpeace et l’Association végétarienne de France (AVF) ont répété ce message, le 4 septembre, lors d’une conférence de presse. A cette occasion, ils ont rappelé aux maires leur obligation nouvelle : au 1er novembre, toutes les cantines scolaires françaises devront proposer au moins un repas végétarien par semaine aux élèves.
La mesure, qui prend pour l’instant la forme d’une expérimentation de deux ans introduite par la loi EGalim promulguée en octobre 2018, est plébiscitée par près de 6 Français sur 10, et 74 % des 18-34 ans, selon un sondage BVA-Greenpeace de 2018. Elle constitue pour les trois organismes un levier important en termes de santé et de lutte contre le réchauffement climatique. Or « certains maires pensent encore que la loi n’est pas obligatoire parce que c’est une expérimentation », alerte Laure Ducos, chargée de campagne agriculture et alimentation chez Greenpeace.
L’ONG a ouvert un site Internet (Cantineverte.fr) permettant aux familles de lancer des pétitions locales pour plus de repas bio et végétariens dans les cantines. Elle réalisera par ailleurs de janvier à avril 2020 une enquête contributive afin de mettre à jour sa carte des bons et mauvais élèves en la matière. Comme il est pour l’heure difficile de mesurer l’investissement des maires, l’ONG distribue pour l’instant les bons points aux précurseurs qui vont parfois bien au-delà du « simple » repas végétarien hebdomadaire.
Pas d’économie
La mairie de Lille s’est ainsi vu décerner le 2 septembre une écharpe « cantine verte » pour les deux repas végétariens (sur quatre) proposés chaque semaine aux élèves d’école primaire. Un premier repas de ce type avait déjà été mis en place en 2014 dans le cadre d’un accord programmatique avec les Verts pour les municipales. Le second s’est imposé en juin 2018 « lorsqu’on a analysé les déchets de quatre cantines-tests dans le cadre de la lutte contre le gaspillage alimentaire, et qu’on s’est aperçu que les repas végétariens étaient certains jours les moins jetés par les enfants », explique Charlotte Brun, adjointe au maire chargée des politiques éducatives.
Au début, les parents se sont demandé si ces mesures ne visaient pas à faire des économies sur l’achat de viande ou de poisson. « Mais on leur a montré que l’on n’économisait rien, que cela nous coûtait ni plus cher ni moins cher. Et nous permettait de proposer des viandes et poissons de meilleure qualité le reste de la semaine », ajoute-t-elle. En précisant que les simples « pâtes au gorgonzola ou omelette des tout débuts » ont depuis fait place à des plats beaucoup plus qualitatifs et élaborés.
Spécificité lilloise, les jours ou un menu végétarien est programmé, aucun autre menu de remplacement n’est proposé. Ce n’est pas le choix qu’a fait la mairie de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne). Le 4 septembre, l’ancien maire (UDI) Yves Jégo – qui précise sur les réseaux sociaux être « quasi végétarien et “sans gluten” » – a saisi l’occasion pour rappeler que sa commune était passée en 2015 à « l’option végétarienne quotidienne pour ceux qui le souhaitent ».
Le nouveau maire (UDI) James Chéron estime que pour les collectivités « tout est question de volonté politique car l’alternative végétarienne pose zéro difficulté dans la mise en œuvre. Elle ne nous est pas facturée plus chère par notre opérateur, et a des résultats immédiats ». En 2017-2018, sur 1 996 élèves inscrits à la cantine, 478 choisissaient quotidiennement les assiettes à bord vert démarquant les menus végétariens des classiques, contre 247 enfants sur 1 522 en 2015-2016.
Difficile de dire si, à Montereau-Fault-Yonne, la hausse des inscriptions à la cantine est à mettre sur le compte de cette nouvelle politique ou au plafonnement à 1 euro du tarif des repas décidé de manière concomitante. Mais la quasi-multiplication par deux du nombre d’enfants « inscrits » aux menus végétariens est certaine, elle. « Aujourd’hui, en France, quand une option végétarienne est proposée à la cantine, elle est prise par 30 % des usagers, et jusqu’à 45 % dans le sud de la France », avance Sarah Bienaimé, représentante de l’AVF. Dans certaines communes, l’introduction de menus végétariens permettrait aussi de couper court aux polémiques sur les repas halal ou casher à la cantine.
> Lire la tribune : Le repas végétarien, le plus laïc de tous
Brouillard juridique
Mais tous les maires sont-ils logés à la même enseigne ? C’est l’une des questions que pose Isabelle Maincion, maire de La Ville-aux-Clercs (Loir-et-Cher) et présidente de la commission restauration scolaire de l’Association des maires de France. Les petites communes, « avec moins de personnel et de budget pour leur restauration collective ne peuvent souvent pas mettre en place de menus “au choix” pour les élèves » et devraient donc imposer l’option végétarienne à tous.
L’édile dénonce le « procès d’intention » envers les maires par les associations. Des maires « certainement pas » opposés par principe aux menus végétariens dans les cantines mais qui ont « besoin d’aide face au brouillard juridique et réglementaire total » autour de cette loi « expérimentale » pour laquelle aucun décret d’application n’a encore été publié. Une loi qui entre par ailleurs « en contradiction avec une réglementation de 2011 encore en vigueur » qui fait la part belle aux protéines animales dans les menus.
La loi de 2018 « prévaut sur cette réglementation », répond-on du côté de Greenpeace. Mais Isabelle Maincion évoque aussi, sans sourciller, l’existence d’« un flou » autour de la définition du menu végétarien : « Si le poisson[normalement exclu du régime végétarien] est accepté, cela posera moins de problèmes aux maires… »
Accompagnement et pédagogie
Reste donc à dépasser les freins culturels. Les maires doivent parfois faire avec des parents d’élèves pour lesquels « un menu sans viande est souvent considéré comme un menu au rabais », explicite Isabelle Maincion. D’où l’importance de l’accompagnement des collectivités dans la démarche, mais aussi, comme cela a par exemple été fait par la mairie de Lille, de la formation du personnel de restauration.
Dans un pays ou seulement 5 % de Français se déclarent végétariens, et 35 % « flexitariens » (en réduisant leur consommation de protéines animales), « l’appropriation culturelle du repas végétarien est un processus long. Vous pouvez faire intervenir le meilleur chef étoilé qui fait un superplat végétarien gratiné, ce n’est pas pour cela que les enfants le mangeront ! », commente Gilles Daveau. Depuis plus de vingt ans, cet ancien restaurateur accompagne les collectivités en formant leurs cuisiniers aux menus végétariens. Il note lui aussi une « accélération » des sollicitations des mairies depuis la loi EGalim.
Aux « cantiniers » il apprend donc, en plus de l’art de travailler ensemble légumes verts, légumineuses et céréales dans des plats « simples, bons et rassasiants», à « anticiper la défiance du mangeur ». Cela peut passer par la réduction progressive de la part de viande dans les plats, l’utilisation de plats végétariens qui ont fait leur preuve comme les lasagnes aux légumes, ou encore la réappropriation des produits locaux (les mogettes en Vendée, par exemple).
A l’issue de ses stages, les maires, directeurs de service, enseignants des écoles concernées ou encore parents d’élèves sont invités à venir déguster les préparations. Un travail progressif de sensibilisation et de pédagogie qui est nécessaire pour dissiper les crispations. Et éviter que l’arrivée de plats végétariens dans les cantines ne profite, faute de consensus et de temps d’appropriation laissés aux uns et aux autres, « à l’industrie agroalimentaire, aux steaks de soja ou boulettes de pois chiche industrielles plutôt qu’aux produits et aux producteurs locaux de qualité, donc aux usagers ».
<https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/09/le-defi-des-repas-vegetariens-obligatoires-dans-les-cantines-scolaires_5508259_3224.html>
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18- Pesticides : appels à multiplier les arrêtés locaux et "submerger" la consultation, AFP, 10/09/19, 17:00

Des élus et militants associatifs ont appelé mardi les maires de France à multiplier les arrêtés anti-pesticides et à "submerger" la consultation en ligne lancée par le gouvernement sur les distances d'épandage.
"Il faut submerger les tribunaux administratifs", en prenant de tels arrêtés, contre lesquels les préfets ont déposé des recours, a lancé Christian Métairie, maire EELV d'Arcueil, qui a récemment pris un tel arrêté dans sa commune du Val-de-Marne, lors d'une conférence de presse en présence de Daniel Cueff, premier maire à avoir pris un arrêté interdisant l'utilisation de produits phyto-pharmaceutiques à moins de 150 mètres d'habitations. L'arrêté a été suspendu par la justice administrative.
Brigitte Raynaud, maire de Revest des Brousses, petite commune des Alpes-de-Haute-Provence, qui a également pris un tel arrêté, a appelé à "prendre un virage et le prendre tous ensemble" en multipliant de telles mesures. "Nous menons une cause juste, notre arrêté n'est pas illégal, nous appliquons le principe de précaution".
Clothilde Ollier, maire de Murles, commune de 320 habitants proche de Montpellier, qui a pris une décision similaire, a souhaité voir se développer "un vrai mouvement de fond", appelant les habitants à interpeller leurs élus locaux pour qu'ils prennent eux aussi des arrêtés anti-pesticides.
L'eurodéputée écologiste Michèle Rivasi a souhaité voir se former "un véritable phénomène politique pour protéger la population, estimant que le décret mis en consultation par le gouvernement sur les distances minimales (5 à 10 mètres) à respecter entre habitations et zones d'épandage de pesticides "ne répond absolument pas aux enjeux". Elle a dénoncé "les lobbies très forts de l'industrie et de la FNSEA" qui ont selon elle pesé.
Delphine Batho, ancienne ministre de l'Environnement et députée Génération Ecologie, a elle aussi souhaité "que les arrêtés se multiplient".
Selon les organisateurs, un total de 52 communes en France ont pris des arrêtés anti-pesticides et le Conseil départemental du Val-de-Marne a annoncé mardi avoir pris un arrêté pour bannir l'usage de produits phytopharmaceutiques contenant du glyphosate dans le département.
Alors que le projet de décret gouvernemental fait l'objet d'une consultation en ligne de trois semaines ouverte à tous, Julien Bayou, porte-parole de EELV a appelé à "submerger la consultation en ligne" de commentaires réclamant un durcissement des mesures prévues. Il a annoncé la mise en ligne d'un "outil d'aide pour faciliter et multiplier les argumentaires" (consultationpesticides.fr).
"Il faut saturer le site en demandant des mesures plus fortes", a abondé Nadine Lauverjat de l'ONG Générations Futures, qui a également mis sur son site des propositions de modifications pour durcir le texte.
<https://information.tv5monde.com/info/pesticides-appels-multiplier-les-arretes-locaux-et-submerger-la-consultation-320670>
En savoir plus :
> Consultation publique sur un projet de décret et un projet d’arrêté relatifs aux mesures de protection des personnes lors de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques à proximité des zones d’habitation <http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/consultation-publique-sur-un-projet-de-decret-et-a2032.html>, Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, du 09/09/2019 au 01/10/2019
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19- Le moral des éleveurs "au plus bas" après un été de sécheresse, AFP, 10/09/19, 17:00
Emmanuelle Trecolle

L'élevage a payé un lourd tribut à la sécheresse et aux canicules de l'été, et une filière en plein doute s'interroge sur les mesures à prendre pour survivre face à cette nouvelle donne.
"Le moral des éleveurs est au plus bas", assure Pierre Thomas, président du syndicat agricole Modef et éleveur de vaches Salers dans l'Allier, interrogé par l'AFP avant l'ouverture mardi du Salon international de l'élevage (Space) à Rennes.
"Beaucoup d'entre eux veulent arrêter, les revenus sont trop bas, les conditions de vie sont trop compliquées, et s'y ajoutent les aléas climatiques à répétition et les contraintes normatives de plus en plus lourdes", ajoute-t-il.
"Les effets de la sécheresse de cet été se sont cumulées avec plusieurs périodes caniculaires qui ont stoppé la pousse de l'herbe" dont se nourrit le bétail, constate également Christine Valentin, vice-présidente des Chambres d'agriculture. En plus, "les autres années on sauvait au moins le maïs" récolté en septembre. Ce ne sera pas le cas cette année.
Le fait d'épuiser le stock fourrager pour l'hiver de manière précoce pousse les éleveurs à envoyer à l'abattoir les vaches qu'ils ne peuvent plus nourrir, c'est-à-dire "décapitaliser".
"Quand vous avez 100 vaches et que vous ne pouvez en nourrir que 80, la meilleure des solutions est de tuer 20 vaches, car acheter de l'alimentation n'est pas rentable. Mais décapitaliser, ça appauvrit nos troupeaux et on est pénalisé l'année d'après", explique Bernard Lannes, président de la Coordination rurale.
- Impacts économiques -
Le bilan des pertes pour l'agriculture en général et l'élevage en particulier n'est pas encore connu, mais la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, avance le chiffre provisoire de 80 millions d'euros. 
Avec 86 départements en restriction d'eau, dont 30 en situation de crise, "évidemment qu'il y a des impacts économiques", dit-elle.
"Un assuré sur deux nous a fait une déclaration de sécheresse ou de canicule", confirme Delphine Létendart, directrice du marché agricole chez Groupama, qui assure 56% des surfaces agricoles en France.
Au cours de l'été, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures pour soulager les éleveurs: exonération de la taxe foncière sur les propriétés non bâties et report de cotisations de la mutuelle agricole (MSA). 
Il a aussi obtenu auprès de l'Union européenne des avances de paiement sur les aides de la Politique agricole commune et la possibilité de faucher les jachères subventionnées, normalement destinées à aider la biodiversité.
Mais ces mesures restent insuffisantes selon les syndicats agricoles.
"Le ministre a obtenu le fauchage des jachères en août, mais pour les vaches ça ne peut même pas servir de paillage. C'est trop tard!", déplore M. Lannes.
"La demande d'une augmentation de l'avance sur les aides PAC de 50% à 70% est certes une bonne chose, mais il ne s'agit que d'une avance de trésorerie (...) pas une enveloppe supplémentaire. Or, les agriculteurs attendent des mesures fortes", ajoute Mme Lambert.
- Mesures durables -
Pour le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, "ces événements se reproduiront vraisemblablement", aussi il faut "des réponses conjoncturelles de court terme", mais aussi "prendre des mesures durables".
Le dispositif français des calamités agricoles sera activé dès le bilan de la sécheresse 2019 connu. Une première réunion est prévue le 15 octobre, selon la FNSEA.
"Aujourd'hui on peut dire que le régime des calamités agricoles a vécu. Plus de 200 millions euros ce n'est pas rien, mais avec le dérèglement climatique, ça ne suffira pas car ça n'est pas extensible", a indiqué M. Guillaume lors d'un discours au Space. Pour lui une des solutions est donc "l'assurance généralisée" sur laquelle travaille actuellement le ministère.
Le gouvernement a aussi fait en sorte d'accélérer la mise en place d'une "soixantaine" de retenues d'eau collinaires sur le territoire entre 2019 et 2022 pour mieux gérer l'irrigation des terres agricoles.
"Tout ça peut vouloir dire qu'il va falloir des changements complets de production, mais alors il faut que le système bancaire agricole s'adapte pour qu'on puisse investir si on veut continuer à produire des produits alimentaires et à manger demain", souligne M. Thomas.
<https://information.tv5monde.com/info/le-moral-des-eleveurs-au-plus-bas-apres-un-ete-de-secheresse-320533>
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20- Agé de 200 à 250 ans, un olivier touché par la bactérie "tueuse" Xylella fastidiosa abattu à Menton, AFP, 10/09/19, 20:00
Claudine Renaud

Dans le fracas d'un bruit de tronçonneuse, un olivier plus que centenaire, un des deux premiers en France touché par la bactérie "tueuse" Xylella fastidiosa, a été abattu mardi sur la Côte d'Azur à Menton, dans le jardin remarquable du Palais de Carnolès.
Deux congénères immédiatement à côté et âgés comme lui de 200 à 250 ans, ont aussi été débités en morceaux par une équipe d'élagueurs et bûcherons, puis envoyés à la benne pour être incinérés d'ici jeudi et être dessouchés dès mercredi, ont constaté des journalistes de l'AFP. Le feuillage et le branchage des trois arbres ont été immédiatement brûlés.
"On appelle ça le démontage de l'arbre, c'est le protocole", explique à l'AFP Franck Roturier, directeur des parcs et jardins de la ville de Menton. "Un crève-cœur, mais il faut faire attention à ne pas laisser la maladie se propager, on ne pouvait pas attendre un hypothétique traitement et que les insectes aillent contaminer d'autres végétaux".
Le jardin du Palais de Carnolès, issu d'une propriété agrumicole plantée au XVIIe siècle avec une résidence redessinée au siècle suivant pour rappeler les fastes du château de Versailles, sert aujourd'hui d'écrin au musée des Beaux-Arts de la ville. Propriété de la ville depuis 25 ans, le jardin abrite 137 variétés d'agrumes, classés "collection nationale", orangers doux, bigaradiers, citronniers, et un Podocarpus d'une taille gigantesque.
Ces spécimens sont pour l'instant à l'abri de la bactérie, selon M. Roturier : "La souche Pauca de Xylella fastidiosa s'attaque essentiellement à l'olivier, même si elle a d'autres plantes hôtes, mais pas les agrumes".
Plus que d'inquiétude, le directeur des jardins préfère parler de "vigilance" : "Si on voit les mêmes symptômes sur d'autres plantes, immédiatement on demandera des prélèvements. Et les particuliers doivent comprendre que rentrer des végétaux sans contrôle, c'est jouer à la roulette russe".
- Un autre olivier touché à Antibes -
L'arbre malade donnait des symptômes de dessèchement, colorant les feuilles de marron car la bactérie, véhiculée par la sève, l'empêchait de s'alimenter. La bactérie est transmise par des petits insectes, souvent des cycadelles.
Un autre olivier testé positif par les services de l'Etat doit subir le même sort mercredi matin dans une résidence du quartier de la Badine à Antibes, selon la mairie.
C'est la première fois en France que des oliviers ont été officiellement testés positifs à la souche Pauca de la bactérie Xylella fastidiosa, apparue pour la première fois en Italie en 2013, détectée ensuite en France en 2015 et qui touche aussi deux autres pays européens, l'Allemagne et l'Espagne.
La bactérie peut s'attaquer à plus de 200 espèces de végétaux. En avril 2018, des oliviers avaient été testés positifs à la Xylella fastidiosa en Corse par l'Inra sur des prélèvements réalisés par un syndicat interprofessionnel des oléiculteurs, mais ces tests avaient ensuite été contredits par d'autres analyses officielles menées par l'Anses.
Alors que les producteurs d'olive de Corse, très inquiets, ont interpellé les autorités, le président de la chambre départementale d'agriculture des Alpes-Maritimes Michel Dessus a, lui, déploré la hâte avec laquelle les arbres ont été abattus.
"Je ne suis pas sûr que ce soit la solution : le problème ce ne sont pas les oliviers mais les insectes piqueurs suceurs autour. On nous garantit que c'est la souche Pauca mais je n'en suis pas sûr", affirme-t-il. Cet horticulteur de La Gaude, responsable pour Xylella fastidiosa à la Chambre nationale d'agriculture, aurait préféré "plus de réflexion et des analyses complémentaires".
<https://information.tv5monde.com/info/age-de-200-250-ans-un-olivier-touche-par-la-bacterie-tueuse-xylella-fastidiosa-abattu-menton>
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En images
21- Pesticides : quel périmètre de sécurité pour les habitations ?, TF1, Le journal de 20h, 07/09/19

Le mécontentement règne autour de la distance de sécurité proposée par le gouvernement entre les champs traités au pesticide et les habitations. Les acteurs concernés seront conviés lundi au ministère pour une grande consultation.
L'Hexagone sera bientôt l'un des premiers pays à instaurer une distance de sécurité entre des parcelles traitées au pesticide et les habitations. Le gouvernement va lancer lundi 9 septembre une grande consultation, et il propose déjà entre 5 et 10 mètres selon les cultures. Une distance jugée ridicule par certains, qui exigent dix fois plus.
> Reportage à voir à :
<https://www.lci.fr/population/pesticides-quel-perimetre-de-securite-pour-les-habitations-2131570.html>
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22- La bactérie tueuse Xyllela fastidiosa détectée sur des oliviers des Alpes-Maritimes, TF1, journal de 20h, 07/09/19

C'est une première dans le pays. La bactérie Xylella fastidiosa, responsable de la mort de milliers d'arbres en Italie, s'attaque aux oliviers des Alpes-Maritimes. Pour éviter sa propagation, qui se fait par une simple piqûre, des mesures sont prises rapidement. Néanmoins, le département ne veut pas éliminer des arbres centenaires avant d'avoir la certitude qu'il s'agit bien de la bactérie tueuse de végétaux.
> Reportage à voir à :
<https://www.tf1.fr/tf1/jt-we/videos/la-bacterie-tueuse-xyllela-fastidiosa-detectee-sur-des-oliviers-des-alpes-maritimes-01084306.html>
Sur le même sujet :
> Bactérie tueuse d'oliviers : comment éviter la contagion ?, TF1, journal de 20h, 07/09/19
Deux oliviers touchés par la bactérie Xylella fastidiosa ont été découverts dans un jardin public à Menton, dans les Alpes-Maritimes. Pour éviter la propagation de la maladie, plusieurs mesures vont être appliquées immédiatement. Il n'existe pour l'instant aucun traitement curatif pour cette bactérie transmise par les insectes. En Italie, elle a détruit un million d'arbres ces dernières années.
> Explications à retrouver à :
<https://www.tf1.fr/tf1/jt-we/videos/bacterie-tueuse-doliviers-comment-eviter-la-contagion-44597297.html>
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Une publication
23- Le crime est presque parfait - L'enquête choc sur les pesticides et les SDHI, de Fabrice Nicolino, Editions Les Liens qui Libèrent, 11/09/19

Après le succès et la mobilisation massive qui ont suivi la parution de "Nous voulons des coquelicots", Fabrice Nicolino commet ici un véritable livre-enquête dans les arcanes des lobbyes de l'industrie des pesticides. Un ouvrage aussi révoltant que fascinant qui se lit comme un polar !
Imaginez. Vous vivez dans un pays démocratique, bardé d'institutions et d'organismes de protection, et voilà que vous apprenez l'existence des SDHI. Des pesticides qui entendent trucider champignons et moisissures dans les récoltes. Sans que vous l'ayez su, ils sont partout : sur 80 % des surfaces de blé, sur l'orge, les arbres fruitiers, les tomates, les semences, les pommes de terre, les terrains de foot et de sport, les golfs. 
Vous vous renseignez un peu, et vous découvrez que des scientifiques de réputation mondiale ont prévenu dès octobre 2017 les autorités. Pour eux, le danger est immense, car les SDHI s'attaquent à la fonction respiratoire de tous les êtres vivants - la SDH. Et donc aux humains, comme le démontrent des études en laboratoire. Or les atteintes à la SDH, chez nous, mènent à des maladies neurologiques épouvantables, et à des cancers. 
Vous êtes naïf, vous croyez dans les valeurs sacrées de la République, et vous êtes sûr que les agences de protection vont régler l'affaire en trois semaines. Tout au contraire, un silence de six mois s'installe, suivi d'une bien étrange expertise. Car les jeux sont faits d'avance : il faut en réalité sauver les SDHI et jurer qu'ils ne posent aucun problème de santé publique. Vous êtes naïf, mais pas à ce point-là, et vous décidez de lire ce livre pour comprendre. 
Vous y apprendrez tout ce qu'on peut savoir d'un dossier incroyable, qui montre comme jamais que le lobby des pesticides est installé en profondeur dans l'appareil d'Etat français. Et comme vous êtes ouvert aux révélations, vous convenez avec l'auteur que quelque chose est décidément pourri au royaume de l'agriculture industrielle. Et vous concluez tout seul avec cet unique mot encore disponible, celui de révolte. Oui, un seul mot : révolte.
A propos de l’auteur
Fabrice Nicolino est journaliste. Cofondateur du mouvement ‘Nous voulons des coquelicots’, il est notamment l'auteur de l'ouvrage éponyme, de ‘Bidoche : l'industrie de la viande menace le monde’ et de ‘Un empoisonnement universel : Comment les produits chimiques ont envahi la planète’ aux éditions Les Liens qui libèrent.
Le crime est presque parfait - L'enquête choc sur les pesticides et les SDHI, de Fabrice Nicolino, Editions Les Liens qui Libèrent, 11/09/2019, ISBN : 9791020907424, 224 pages, 20.00 € ou 14.00 €  en version numérique.
<http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Le_crime_est_presque_parfait-9791020907424-1-1-0-1.html>
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Une annonce
24- Le biochar pour une agriculture très productive et écologique luttant contre le réchauffement climatique, Pro-Natura international, Lettre d’information de septembre 2019
Guy F. Reinaud

Le Biochar (une sorte de carbone écologique) a été appelé « La troisième révolution verte ». Un charbon végétal sous forme de particules fines (moins de 2 mm) et combiné avec des engrais organiques, le biochar peut être introduit dans une grande variété de sols et de climats.
Notre expérience sous les différents climats a montré que l’introduction d’environ 10 tonnes de biochar par hectare peut augmenter la productivité des cultures entre 50% et 200%. Cette seule application crée et maintient une fertilité de longue durée (plus de 100 ans), augmente la séquestration de carbone et lutte contre le changement climatique. Le biochar est relativement plus efficace sur les sols pauvres.
Aujourd’hui, la recherche démontre les effets mesurables du biochar sur la productivité du sol :
• Stimulation de l’activité biologique des sols (+40% de champignons de mycorhize)
• Amélioration de la rétention des nutriments (+50% d’échanges cationiques)
• Augmentation de la capacité de rétention d’eau dans les sols (jusqu’à +18%)
• Accroissement du pH des sols acides (1 point de plus)
• Augmentation de la matière organique dans le sol
Pro-Natura a gagné le 1er Prix d’innovation technologique de la Fondation Altran
Cette innovation consiste à récupérer des résidus agricoles inutilisés ou d’autres types de biomasse renouvelable non valorisable d’une autre façon, pour les carboniser par pyrolyse en continu. Par exemple les pailles de blé, de riz, tiges de coton, de mil, cannes de maïs, balle de riz, parches de café, bambous, grignons d’olives, palmes séchées, peuvent être utilisés pour fabriquer le biochar. Le bois peut également être carbonisé sous toutes ses formes, y compris la sciure avec un rendement environ 3 fois supérieur aux procédés de carbonisation classiques.
Chaque machine CarboChar-3 permet de produire environ 5 tonnes de biochar par jour.
>> Suite à lire après téléchargement à :
<https://gallery.mailchimp.com/ef20ae4c3fdc09fc772db39fa/files/e894a8cf-7358-4683-9ba2-bccc0d6912b7/Lettre_d_Information_Biochar_2019.pdf>
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– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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