[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international + 2 publications & 1 offre d'emploi (vendredi 3 avril)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Ven 3 Avr 07:54:21 CEST 2020


Bonjour à tous,

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1- Cynthia Fleury : « L’un des enjeux de l’épidémie est de construire un comportement collectif respectueux de l’Etat de droit » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/27/cynthia-fleury-l-un-des-enjeux-de-l-epidemie-est-de-construire-un-comportement-collectif-respectueux-de-l-etat-de-droit_6034577_3232.html>, Le Monde, 27/03/20, 08h12
2- Chronique. « C’est peut-être un virus qui fera la révolution monétaire que nous n’avons pas faite » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/28/c-est-peut-etre-un-virus-qui-fera-la-revolution-monetaire-que-nous-n-avons-pas-faite_6034750_3232.html>, Le Monde, 28/03/20, 09h30 
3- Entretien. "L'humanité a 1 risque sur 6 de disparaître durant ce siècle" <https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/l-humanite-a-1-risque-sur-6-de-disparaitre-durant-ce-siecle_2122116.html>, L’Express, 29/03/20, 11:00
4- Interview. "Il n'y a pas d'homme en bonne santé sur une planète malade" : le cri d’alarme du WWF sur le coronavirus <https://www.franceinter.fr/environnement/il-n-y-a-pas-d-homme-en-bonne-sante-sur-une-planete-malade-le-cri-d-alarme-du-wwf-sur-le-coronavirus>, France Inter, 30/03/20, 19h30
5- Lettre à la crise (sanitaire) : Covid 19, l’ultime leçon ? <https://mrmondialisation.org/lettre-a-la-crise-sanitaire-covid-19-lultime-lecon/>, Mr Mondialisation, 30/03/20
6- Tribune. « Face aux pandémies, les sciences de l’écologie sont plus que jamais nécessaires » <https://lejournal.cnrs.fr/billets/face-aux-pandemies-les-sciences-de-lecologie-sont-plus-que-jamais-necessaires>, CNRS Le journal, 30/03/20
7- Après l’épidémie, les Français rêvent d’un autre monde <https://www.liberation.fr/france/2020/03/31/apres-l-epidemie-les-francais-revent-d-un-autre-monde_1783743>, Libération, 31/03/20, 19:46
8- Tribune. Un « Grenelle du Covid-19 » pour préfigurer la société d’après l’épidémie <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/31/un-grenelle-du-covid-19-pour-prefigurer-la-societe-d-apres-l-epidemie_6034985_3232.html>, Le Monde, 31/03/20, 06h00 
9- Une crise sanitaire à 60 milliards d’euros par mois en France <https://www.euractiv.fr/section/developpement-durable/news/une-crise-sanitaire-a-60-milliards-deuros-par-mois-en-france/>, EuraActiv, 31/03/20, 12:10
10- Coronavirus : Faut-il faire de l’action climat la clef de voûte des plans de relance ? <https://www.20minutes.fr/planete/2751795-20200401-coronavirus-faut-faire-action-climat-clef-voute-plans-relance>, 20 Minutes, 01/04/20, 00h05
11- La Comédie-Française ouvre en ligne sa malle aux trésors <https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/04/01/la-comedie-francaise-ouvre-en-ligne-sa-malle-aux-tresors_6035201_3246.html>, Le Monde, 01/04/20, 16h32
12- Billet. Le coronavirus peut-il altérer la confiance en la science ? <https://lejournal.cnrs.fr/billets/le-coronavirus-peut-il-alterer-la-confiance-en-la-science>, CNRS le journal, 01/04/20
13- Après le coronavirus, le rêve d'un autre monde du travail <https://information.tv5monde.com/info/apres-le-coronavirus-le-reve-d-un-autre-monde-du-travail-353865>, AFP, 02/04/20, 10:00
14- Entretien. « La crise du coronavirus signale l’accélération d’un nouveau capitalisme, le capitalisme numérique » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/02/daniel-cohen-la-crise-du-coronavirus-signale-l-acceleration-d-un-nouveau-capitalisme-le-capitalisme-numerique_6035238_3232.html>, Le Monde, 02/04/20, 10h29
15- Le coronavirus chamboule l'agenda pour le climat et la biodiversité <https://information.tv5monde.com/info/le-coronavirus-chamboule-l-agenda-pour-le-climat-et-la-biodiversite-353897>, AFP, 02/04/20, 14:00
16- Face au coronavirus, la recherche en accéléré <https://www.france24.com/fr/20200402-face-au-coronavirus-la-recherche-en-acc%C3%A9l%C3%A9r%C3%A9>, AFP, 02/04/20, 16:00
17- Après le coronavirus, le monde ne sera plus jamais le même <https://theconversation.com/apres-le-coronavirus-le-monde-ne-sera-plus-jamais-le-meme-135121>, The Conversation, 02/04/20, 20:41
18- La transition socio-écologique sera-t-elle la grande oubliée de la relance post-Covid ? <https://theconversation.com/la-transition-socio-ecologique-sera-t-elle-la-grande-oubliee-de-la-relance-post-covid-135231>, The Conversation, 02/04/20, 20:42
19- Coronavirus : quand l’illusion de notre maîtrise de la nature se dissipe <https://theconversation.com/coronavirus-quand-lillusion-de-notre-maitrise-de-la-nature-se-dissipe-135332>, The Conversation, 02/04/20, 20:45
20- Coronavirus : 5 façons de se rendre utile pendant le confinement <https://www.wedemain.fr/Coronavirus-5-facons-de-se-rendre-utile-pendant-le-confinement_a4639.html>, We Demain, 02/04/20
Deux publications
21- Une monnaie écologique pour sauver la planète <https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences/sciences-de-la-terre/une-monnaie-ecologique_9782738152220.php>, d’Alain Grandjean & Nicolas Dufrêne, Editions Odile Jacob, 26/02/20
22- The Precipice – Existential Risk and the Future of Humanity <https://www.bloomsbury.com/uk/the-precipice-9781526600219/>, by Toby Ord, Bloomsbury Publishing, 05/03/20
Une offre d’emploi
23- Collège des transitions sociétales de Nantes recrute poste en CDI à vocation de direction en binôme : Mission d’aide à la gestion, à la communication, à l’organisation de formations et d’interventions <https://web.imt-atlantique.fr/x-de/cts-pdl/uploads/images/College%20TS/Conseil%20administration/Fiche%20de%20poste%20CDI%20College%20TS.pdf>, avant le 20/05/20

Bien à vous,
Florence

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DEVISE DU JOUR : "Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends." Nelson Mandela
ANALYSES DU JOUR : Avant & après le Covid-19 : rétrospectives, enseignements, enjeux, projections avec ses risques et ses espoirs. (cf. item 1, 4, 5, 6, 7, 8, 12, 13, 17, 18 & 19)
VOLET DU DU JOUR : Coût, révolution monétaire, relance, accélération d’un nouveau capitalisme : les mutations financières et économiques en cours. (cf. item 2, 9, 10, 13 & 21)
FULGURANCE DU JOUR : Réactive, foisonnante, transparente : la recherche s'est mise en ordre de bataille depuis le début de la crise du coronavirus, avec le défi de trouver rapidement des réponses face à une pandémie galopante, tout en préservant la rigueur scientifique. (cf. item 16)
PUBLICATION DU JOUR : Pandémies, réchauffement climatique, intelligence artificielle..., philosophe à Oxford, Toby Ord passe en revue les grandes menaces qui pourraient entraîner l'extinction de notre espèce, un livre passionnant et moins pessimiste qu'il n'y paraît. (cf. item 3 & 22)
ALTERNATIVES DU JOUR : Pour se distraire et se rendre utile en cette période de confinement. (cf. item 11 & 20)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 120 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Cynthia Fleury : « L’un des enjeux de l’épidémie est de construire un comportement collectif respectueux de l’Etat de droit », Le Monde, 27/03/20, 08h12
Propos recueillis par Claire Legros 

La philosophe explique, dans un entretien au « Monde », que notre autonomie se construit sur notre dépendance aux autres. Selon elle, l’épidémie rappelle que la santé est un bien commun, non réductible à la marchandisation. 
Philosophe et psychanalyste, Cynthia Fleury est professeure titulaire de la chaire humanités et santé au Conservatoire national des arts et métiers et dirige la chaire de philosophie à l’hôpital Sainte-Anne (GHU Paris psychiatrie et neurosciences). Membre du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), elle a notamment écrit Le soin est un humanisme (Gallimard, 2019), dans lequel elle montre que l’acte de soigner nous relie aux autres et fait notre civilisation.
Face au danger, comment expliquer que nous ayons eu du mal, collectivement, à prendre la mesure de l’épidémie ?
Il y a plusieurs explications : d’abord, une forme de déni protecteur, assez classique, chacun dédramatisant la situation, les pouvoirs publics manquant de lisibilité dans leur communication et n’aidant pas à une prise en considération. Ensuite, le réveil et l’acceptation des restrictions, pour une grande partie de la population.
Reste ceux qui contournent, faisant preuve d’immaturité et d’inconséquence civique, et ceux qui ne sont pas « égaux » dans la capacité à respecter une norme, notamment parce qu’ils sont plus vulnérables. L’un des grands enjeux de cette épidémie est d’apprendre à construire un comportement collectif face au danger, et de le faire tout en respectant l’Etat de droit.
> Lire aussi  Claire Marin : « Face à la catastrophe, on se rassure en la considérant comme une parenthèse plutôt qu’un avertissement »
Quels sont les leviers pour y parvenir ?
En philosophie, on oppose la liberté négative, qui est l’absence d’entraves, à la liberté positive, qui articule intérêt particulier et intérêt collectif. Nos sociétés défendent, à juste titre, une conception négative de la liberté. Mais nous redécouvrons aussi la conception positive de la liberté, plus répandue dans les pays où la valeur de la communauté pèse culturellement davantage, ou qui sont habitués à une forme d’autoritarisme, voire de patriarcat, ou qui sont simplement plus disciplinés, bref plus familiers avec la compétence d’inhibition et le respect d’autrui. Mais la liberté positive connaît aussi ses dérives. L’articulation des deux conceptions est nécessaire.
Comment faire pour construire une adhésion aux contraintes dans une société marquée par une crise de confiance à l’égard du politique ?
Pour construire la confiance et donc produire du consentement, il est nécessaire de veiller à plusieurs éléments. La transparence de l’information publique, qui est un droit mais aussi une valeur en démocratie ; il existe une grande différence entre un gouvernement qui se trompe de bonne foi et un gouvernement qui occulte une vérité de façon volontaire.
> Lire aussi  A l’Hôtel-Dieu, je panse donc je suis
Il faut aussi s’appuyer sur l’expertise scientifique, collégiale, interdisciplinaire, corréler la décision politique aux connaissances disponibles, car il existe un pacte intrinsèque entre l’Etat de droit et le partage des savoirs. Enfin, la confiance se restaure en s’appuyant sur les infrastructures de l’Etat social, les services publics où chacun connaît les protocoles à suivre, et qui tiennent bon quand tout s’effondre. A cet égard, il n’est pas étonnant qu’on ait vu resurgir dans les discours la valorisation de ceux qui sont porteurs de cet Etat social, au premier rang desquels les soignants.
Vous évoquez dans vos ouvrages la notion de « vérité capacitaire », c’est-à-dire la nécessité pour le soignant d’adapter son discours, sans basculer dans le mensonge, pour conduire le patient à consentir au soin. Un gouvernement peut-il s’en inspirer pour obtenir l’adhésion de la population ?
La vérité capacitaire est un élément essentiel dans le soin, qui consiste à se soucier de la façon dont on dit la vérité pour qu’elle soit comprise et qu’elle produise, chez la personne, la décision de participer activement au soin. Pour y parvenir, plusieurs écueils sont à éviter : les incohérences qui brouillent le message, le manque de clarté, mais aussi des vérités définitives qui empêchent toute projection positive et renforcent le déni. On peut en effet établir un parallèle avec le discours du soignant et celui du politique. Ces dernières semaines, ne pas prononcer le terme de confinement, par exemple, dans le discours du chef de l’Etat, a été contre-productif.
Le fait que les victimes les plus touchées par le virus sont les personnes âgées a-t-il joué un rôle dans nos comportements ?
C’est une évidence. La réaction d’une partie de la population aurait été différente si la létalité avait été plus forte ou si la cible avait été les jeunes enfants. Le système et toute la société auraient littéralement implosé si les enfants avaient été en première ligne. Aussi terrible qu’elle soit, cette épidémie n’est qu’une répétition générale, à moindre coût, de futures – si nous ne changeons pas – catastrophes systémiques, pandémiques ou autres. Or nous voyons que ce « moindre coût » produit déjà un désastre sanitaire et économique.
Les soignants sont applaudis chaque soir, et le président de la République a dit vouloir placer la santé « en dehors des lois du marché ». Sommes-nous en train de découvrir que le soin fait notre humanité ?
Cette épidémie nous amène à redécouvrir notre vulnérabilité alors que nous vivons dans l’illusion de la pseudo-performance et de l’individualisme mal compris. Elle nous rappelle la vérité de notre autonomie, qui est une construction issue de notre interdépendance sociale. Cette prise de conscience s’exprime chaque soir lorsque les soignants sont applaudis à 20 heures sur les balcons. Un médecin m’a dit hier qu’il était sorti de son service pour « prendre sa dose », avant de retourner à sa garde.
> Lire aussi  « Les internes des hôpitaux ne doivent plus “en baver” »
On ne peut que se réjouir de cette valorisation des soignants, même s’il est dommage de constater une différence de traitement entre d’un côté l’aigu, l’urgence, l’exception, et de l’autre l’ordinaire banal du soin, qui est pourtant la base de tout. Des personnes qui soignent sans être médecins – aides à domicile, infirmiers dans les Ehpad, voire actifs dans le lien solidaire de façon journalière – se sentent oubliées.
On constate aussi que la défiance envers la démocratie et les institutions s’estompe dès que l’État social reprend la main. Nous redécouvrons que la santé, l’éducation, l’alimentation, la recherche, etc., sont des biens communs, vitaux, matriciels pour la démocratie, non réductibles à des biens marchands. Et c’est une bonne nouvelle. Mais une fois l’épidémie passée, il va falloir veiller à ce que la prise de conscience produise une véritable mue, et que les actes succèdent aux mots.
L’épidémie survient après une année noire pour l’hôpital, avec des grèves à répétition et des démissions administratives. Comment expliquer que les soignants répondent massivement présent malgré les risques ?
Notre lien à la démocratie sociale ne se réduit pas à notre rapport avec l’exécutif, c’est un lien plus « méta », indéfectible. Heureusement que les personnels soignants répondent présent, la résilience de la société est à ce prix, sinon tout partirait en chaos absolu. Leur engagement nous sauve alors même que, faute de protections suffisantes, ils sont contraints de se mettre en danger.
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Au sein du personnel médical et soignant, chacun fait la différence entre, d’un côté, une situation d’exception obligeant à des comportements inédits et, de l’autre, le mouvement social et la dénonciation des insuffisances de l’Etat. Cette double dynamique se manifeste dans quantité de services : d’un côté, un désaveu puissant des politiques publiques sociales du gouvernement, voire une colère contre l’exécutif ; de l’autre, une décision morale définitive quant au fait qu’il faille traverser cette crise, et qu’on ne retournera à la bataille sociale qu’après avoir mené celle contre l’épidémie.
Vous travaillez dans le cadre de vos consultations de psychanalyste avec des personnels hospitaliers. Comment affrontent-ils les risques pour eux-mêmes ?
La peur première de ces personnels soignants n’est pas de tomber malade, mais bien plutôt de ne pas pouvoir soigner. Ce qu’ils me disent lors des consultations, c’est qu’ils craignent qu’un manque de coordination ou qu’une mauvaise utilisation des ressources n’entraîne trop rapidement la saturation des services. Ils ont moins peur pour eux-mêmes que des conséquences des débordements organisationnels, et notamment du manque d’appareils de réanimation. Ils craignent d’être contraints à des choix éthiques drastiques comme la priorisation des patients. Leur colère face à la pénurie de masques n’a pas d’autre cause, car ils savent que, s’ils sont contaminés, cela provoquera, encore et encore, de graves dysfonctionnements, et empêchera d’infléchir la courbe des morts.
> Lire aussi  Journal de crise des blouses blanches : « Les pétages de plomb du personnel vont venir plus tard »
On a vu se multiplier en Italie les témoignages de soignants confrontés au dilemme de choisir entre leurs patients celui qui pourra bénéficier d’un respirateur artificiel. Comment cette priorisation est-elle abordée en France ?
En temps habituel, il existe une liste de critères qui conduisent les équipes à prendre ou non la décision de réanimer un patient : la gravité et l’urgence de la situation, l’évaluation de son état de santé préalable (à l’aide d’un score de fragilité clinique, par exemple), la prise en considération de la volonté des patients ou de leurs personnes de confiance, l’efficacité prospective (c’est-à-dire de la plus grande chance de survie)… La réflexion éthique sur ce sujet n’est pas nouvelle. En revanche, l’arrivée massive des patients Covid-19 en réanimation, conjuguée à la raréfaction des moyens, peut conduire à un phénomène de priorisation d’un patient par rapport à un autre, plus arbitraire, en réduisant de façon drastique les critères et les obligations de collégialité pour la prise de décision.
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Les médecines de guerre et de catastrophe connaissent bien ce dilemme, qui ne se focalise plus sur la singularité du patient mais sur une logique collective. Ce qu’il faut comprendre, c’est que nous pouvons tous retarder, voire empêcher, cette priorisation, en jouant notre part de responsabilité, notamment en respectant le confinement, pour éviter la saturation des services et les dilemmes éthiques qui en découlent pour les soignants.
Eviter de telles pratiques peut-il justifier une restriction encore plus drastique des libertés ?
La restriction des libertés individuelles et publiques n’est légitime qu’à la condition de respecter scrupuleusement les principes dérogatoires, posés notamment dans la déclaration de Syracuse de l’OMS, qui encadre internationalement les conditions de dérogation acceptables à l’exercice des libertés démocratiques.
La décision est prise parce que la situation l’impose, au nom de l’intérêt général. Elle est articulée à des données scientifiques, elle est évidemment temporaire et doit être assortie d’un suivi démocratique intransigeant pour ne pas restreindre les libertés plus que nécessaire. Mais la difficulté actuelle est la convergence des crises sanitaire, économique et sociale. Certes, l’enjeu est le maintien de la vie biologique, mais aussi celui de la vie économique et démocratique.
La situation des Ehpad est tragique, entre des contaminations qui s’enchaînent et un confinement qui peut conduire à la régression psychique des personnes très âgées.
Le CCNE s’est souvent penché sur cette question essentielle : comment ne pas renforcer la vulnérabilité de nos aînés par des mesures de quasi-surconfinement, alors qu’on sait que la socialisation préserve littéralement leur santé. En fait, l’éthique ne peut se réduire à appliquer une règle hors de toute considération de contexte. Dès lors, il faut s’obliger à produire des alternatives. On ne peut pas interdire les visites sans les remplacer, par exemple, par le recours systématique au téléphone, aux outils digitaux, à des personnels qui se font les porte-parole des familles… On sait depuis Aristote qu’une règle est toujours générale, et donc discriminante. Il est donc indispensable de produire une jurisprudence pour corriger ces discriminations.
Les alternatives que vous évoquez nécessitent du temps et des moyens. Or, c’est ce qui manque cruellement dans les Ehpad, même en temps ordinaire.
L’épidémie ne fait que révéler davantage une situation dysfonctionnante dans les Ehpad. Déjà en temps normal, leur situation est loin d’être idéale, mais, pendant une crise comme celle que nous traversons, elle devient dangereuse, inhumaine. Nous produisons collectivement des mouroirs.
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Protéger les résidents des Ehpad, ce n’est pas seulement les isoler du virus en les confinant, c’est aussi penser la spécificité de l’aide que nous pouvons collectivement leur apporter, et veiller à leur donner, au même titre que les autres lieux de soins, accès aux ressources : personnels, masques, tests. On revient à la nécessité de la mue évoquée au début de l’entretien.
Quels peuvent être pour vous les enseignements de cette crise ?
La mondialisation telle qu’elle existe aujourd’hui nous rend littéralement malades, elle est devenue invivable, totalement délétère pour nos santés physique et psychique, économique et démocratique. La préservation de la souveraineté des biens non marchands, des commons, est un enjeu déterminant. Mais les résistances idéologiques sont immenses. Au cœur de la catastrophe, chacun a un accès direct à l’essentiel, mais ensuite, l’inertie, le déni, l’usure, la manipulation reprennent vite la main. Camus nous l’enseigne dans La Peste : celle-ci peut venir et repartir « sans que le cœur des hommes en soit changé ».
> Lire aussi  Giorgio Agamben : « L’épidémie montre clairement que l’état d’exception est devenu la condition normale »
Quelles seraient les conditions d’un changement ?
Les philosophes grecs parlent du « kaïros », cet instant opportun, qui transforme un événement en commencement historique, qui produit un avant et un après. Le Covid-19 doit être l’occasion de ce kaïros national et international. Rendez-vous compte, il s’agit d’une pandémie faisant vriller l’économie mondiale. Si nous ne nous saisissons pas de cette obligation d’initium, dont parlait Arendt, d’inventer un autre modèle, nous ratifions le fait que nous sommes déments.
> Lire aussi  Cynthia Fleury : « Le courage est le moteur d’une entrée dans le monde »
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/27/cynthia-fleury-l-un-des-enjeux-de-l-epidemie-est-de-construire-un-comportement-collectif-respectueux-de-l-etat-de-droit_6034577_3232.html>
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2- Chronique. « C’est peut-être un virus qui fera la révolution monétaire que nous n’avons pas faite », Le Monde, 28/03/20, 09h30 
Stéphane Foucart

Face au désastre provoqué par la pandémie de Covid-19, les banques centrales pourraient redevenir des institutions politiques à même d’interagir directement avec la société, estime, dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
Chronique. C’est une scène célèbre et la pandémie de Covid-19 lui donne, aujourd’hui, une saveur toute particulière. C’était le 5 avril 2018. Emmanuel Macron était en visite au Centre hospitalo-universitaire de Rouen (Seine-Maritime) et débattait fortement avec une aide-soignante. Se faisant la porte-voix de tous les personnels hospitaliers, celle-ci réclamait plus de moyens pour l’hôpital, et le président de la République lui répondit : « Il n’y a pas d’argent magique. » Deux années plus tard, face à la progression du Covid-19, M.Macron annonçait, mercredi 25 mars, « un plan massif d’investissements et de revalorisation des carrières » à venir dans les hôpitaux, une fois surmontée la crise en cours.
Avec le Covid-19 viendra donc peut-être le temps de la magie, où les liquidités pourraient apparaître là où l’on jurait qu’elles ne pouvaient plus se trouver. A l’occasion de la pandémie, la sorcellerie monétaire pourrait sortir du giron des banques commerciales et des banquiers centraux pour redevenir un instrument politique, un outil remis à sa juste place dans le fonctionnement de la société. La mise à l’arrêt de l’économie induite par la progression fulgurante d’une infection virale pourrait de fait engendrer les conditions d’un changement profond de politique monétaire – changement que nombre d’environnementalistes réclament, jusqu’ici en vain, pour financer la transition écologique. C’est peut-être un virus qui fera la révolution que nous n’avons pas faite.
> Lire aussi  Coronavirus : les trois semaines qui ont chamboulé l’orthodoxie économique européenne
Dans un ouvrage paru fin février (Une monnaie écologique, Odile Jacob, 288 pages, 22,90 euros) mais rédigé bien avant la catastrophe qui se déploie aujourd’hui, deux économistes, Alain Grandjean et Nicolas Dufrêne, plaident pour le desserrement du carcan monétaire. Seule manière, disent-ils, de mobiliser les moyens nécessaires à la transition urgente vers une économie qui ne détruise pas le cadre de vie de l’espèce humaine. Mais il faut pour cela, au préalable, se réapproprier la dimension magique de l’argent.
Une doxa déjà égratignée
Rappelons-le : l’argent se crée ex nihilo, par la volonté du banquier, par une décision comptable. L’argent apparaît dans les livres de comptes des banques commerciales et la valeur qui lui est attribuée ne tient qu’à ce que Pierre Bourdieu appelait un « acte de magie sociale » : une foi collective capable de changer en quelque chose d’autre des morceaux de papier ou des chiffres affichés sur un écran.
Ainsi, lorsqu’une banque accorde un crédit à un particulier ou une entreprise, par exemple, elle ne puise pas dans le stock de liquidités dont elle dispose : c’est la contraction de la dette qui génère les liquidités correspondantes. Le crédit fabrique la monnaie. Quant aux banques centrales, elles arbitrent et supervisent le système par l’injection de monnaie centrale sur le marché interbancaire et par la fixation des taux directeurs.
On le voit : avec la mise à l’arrêt de pans entiers de l’économie mondiale, les Etats ont déjà assoupli leurs règles budgétaires et les banques centrales vont injecter des quantités colossales de liquidités dans le système. La doxa monétaire en vigueur commence à être égratignée : déjà, Christine Lagarde évoque la possibilité que la Banque centrale européenne rachète les dettes des Etats-membres.
> Lire aussi  Coronavirus : la BCE à la hauteur des enjeux
Et ce, alors qu’en théorie les Etats ne peuvent se financer auprès de la banques centrale, celle-ci n’opèrant que par le truchement des banques commerciales. Un système dans lequel, expliquent Nicolas Dufrêne et Alain Grandjean, une grande part de la masse monétaire est aspirée par les marchés financiers et participe à la flambée de l’immobilier.
Face à l’étendue du désastre provoqué par seulement quelques semaines de circulation du SARS-CoV-2, il devient possible que le carcan monétaire finisse par exploser tout à fait. Que les banques centrales puissent redevenir des institutions politiques à même d’interagir directement avec la société pour répondre à une urgence à laquelle les mécanismes de marché sont incapables de répondre. Et, pourquoi pas, que de la monnaie « libre » puisse être créée sans la contrepartie de la dette.
Une monnaie « libre » de dette
C’est ce que prônent Nicolas Dufrêne et Alain Grandjean, pour financer la transition écologique. Au terme d’une démonstration étayée par le constat des dysfonctionnements actuels du système monétaire et de nombreux exemples historiques, ils proposent de redéfinir et de « verdir » le rôle des banques publiques d’investissement et de refonder leurs liens avec la banque centrale. Ils plaident aussi pour qu’une monnaie « libre » de dette puisse être produite et injectée de manière ciblée dans l’économie, afin de répondre aux grands enjeux de développement et de préservation de l’environnement.
> Lire aussi la tribune : « Il faut que les banques centrales alimentent les entreprises en cash, sans limites »
Le risque, le grand risque, est celui de l’inflation, diront leurs contradicteurs. C’est peut-être vrai. Mais cette crainte montre surtout que l’économie est devenue en quelques années bien plus qu’un savoir socialement dominant : elle semble, à certains égards, être devenue sa propre métrique, aveugle aux réalités du monde physique et aux tourments des hommes. Car si l’inflation peut en effet être dangereuse, peut-elle vraiment l’être plus que la destruction du climat terrestre ou l’effondrement de la vie ?
Il y a, à la vérité, bien des façons d’envisager les concepts habituels de la science économique. Alain Grandjean et Nicolas Dufrêne ont déniché dans l’œuvre du grand poète et écrivain argentin Jorge Luis Borges ce qui est peut-être la plus belle définition possible de la monnaie : « Ne pouvant dormir, possédé, presque heureux, je me disais qu’il n’y a rien de moins matériel que l’argent, puisque toute monnaie est, rigoureusement, un répertoire de futures possibilités. L’argent est abstrait, répétais-je, l’argent est du temps à venir. »
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/28/c-est-peut-etre-un-virus-qui-fera-la-revolution-monetaire-que-nous-n-avons-pas-faite_6034750_3232.html>
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3- Entretien. "L'humanité a 1 risque sur 6 de disparaître durant ce siècle", L’Express, 29/03/20, 11:00
Propos recueillis par Thomas Mahler

Pandémies, réchauffement climatique, IA... Philosophe à Oxford, Toby Ord passe en revue les grandes menaces qui pourraient entraîner l'extinction de notre espèce.
Un essai sur les grands périls menaçant l'humanité, et qui comprend un chapitre sur les épidémies. Nulle surprise si The Precipice (Bloomsbury), qui vient d'être publié dans les pays anglo-saxons, a reçu un bel accueil médiatique. Son auteur, le philosophe utilitariste australien Toby Ord, est chercheur à l'Institut du futur de l'humanité, à Oxford. Soit quelqu'un payé pour réfléchir très sérieusement aux différentes catastrophes qui pourraient nous tomber dessus, des astéroïdes géants au réchauffement climatique en passant par l'intelligence artificielle. Si l'on peut émettre des doutes sur les probabilités d'annihilation avancées par l'auteur, son livre n'en reste pas moins un passionnant - et bien moins pessimiste qu'il n'y paraît - tour d'horizon des Cavaliers de l'Apocalypse que nous devons craindre. 
L'Express : La bonne nouvelle de votre livre, c'est que les pandémies "naturelles" ne sont pas une menace pour l'existence de l'humanité. Pourquoi ? 
>> Suite à lire sur abonnement à :
<https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/l-humanite-a-1-risque-sur-6-de-disparaitre-durant-ce-siecle_2122116.html>
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4- Interview. "Il n'y a pas d'homme en bonne santé sur une planète malade" : le cri d’alarme du WWF sur le coronavirus, France Inter, 30/03/20, 19h30
Propos recueillis par Célia Quilleret 

Et si l’on prenait le temps en cette période de confinement de comprendre en quoi l’homme est responsable de la pandémie ? Pour Isabelle Autissier, présidente du WWF, le fonds mondial pour la nature, les atteintes à la biodiversité sont à l’origine de cette crise. Elle espère que les États sauront en tirer les leçons.
France Inter : En quoi le rapport de l’homme à la nature est-il responsable de cette pandémie ?
Isabelle Autissier : "Pour nous, au WWF, le message qui s’impose, c’est que le rapport des hommes à la nature est fondamental. Or il n’y a pas d’homme en bonne santé sur une planète malade, que ce soit à cause du réchauffement, de la pollution ou de l’écroulement de la biodiversité. Les scientifiques le disent. Quand on regarde les pandémies des dizaines d’années qui viennent de s’écouler, Ebola, le SRAS, le VIH et vraisemblablement ce coronavirus, on voit bien que des milieux naturels ont été détruits par nos modes de consommation et de production. Et surtout on a laissé faire le braconnage d’espèces sauvages. De ce fait, on a rapproché les hommes d’une nature et d’animaux qui en étaient très éloignés. Avec ce rapprochement, on a favorisé le passage de micro-organismes des animaux vers les hommes et inversement. C’est le cas avec les pangolins ou les chauves-souris. On le sait déjà, la destruction de la nature favorise l’apparition de pandémies nouvelles."
>> Suite à lire à :
<https://www.franceinter.fr/environnement/il-n-y-a-pas-d-homme-en-bonne-sante-sur-une-planete-malade-le-cri-d-alarme-du-wwf-sur-le-coronavirus>
Sur le même sujet : 
> Isabelle Autissier s'interroge sur la responsabilité de l'homme dans l'émergence du coronavirus <https://positivr.fr/isabelle-autissier-coronavirus-wwf-terre-malade/>, Positivr, 31/03/20
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5- Lettre à la crise (sanitaire) : Covid 19, l’ultime leçon ?, Mr Mondialisation, 30/03/20
Sarah Roubato

Chaque mois, Sarah Roubato écrit une lettre ouverte sur un sujet d’actualité. Et pour ce mois d’avril, quelle autre question pouvait s’imposer hormis la crise liée au coronavirus ? Une crise qui révèle tout ce que notre société peut avoir de pire, de meilleur et les leçons que nous serions avisés d’en tirer…
Un ouragan microscopique
Bien vu ! Il fallait frapper un grand coup. Les feux d’Amazonie et d’Australie ? trop lointains. Les inondations et les tempêtes ? pas encore assez spectaculaires. Les crises financières ? Rattrapées in extremis. Les mouvements sociaux massifs ? pas assez organisés pour renverser les gouvernements. La mort du vivant ? trop lente à l’échelle des vies humaines. Il fallait quelque chose qui aille plus loin qu’un émoi médiatique éphémère ou le blocage temporaire d’un pays. Qui nous tétanise. Quelle trouvaille ! Un ouragan microscopique qui déferle sur nous. Qui paralyse d’un coup tout ce qu’on croyait voué à poursuivre sa cadence inexorable. Un fautif sans visage, qui révèle toutes les failles de ce monde que nous avons créé.  
On a vu les scènes de panique pour se ruer sur les pâtes et le PQ. On a vu les concerts de balcon en Australie et les mots de soutien dans les ascenseurs. L’extraordinaire créativité des artistes aux lendemains menacés et l’héroïsme des soignants. Les pique-niques en bord de Seine et les applaudissements à 20h. Car c’est là votre terrible beauté : vous révélez les fragilités mais aussi les forces, les égoïsmes et les héroïsmes. Il n’y a que face à vous que l’être humain s’interroge et envisage enfin de changer. En frappant le monde entier, en rendant chacun vulnérable, vous nous obligez à tout remettre en question. L’interdépendance des pays sur des biens essentiels comme les équipements médicaux, celle de nos activités envers ce qui vient de loin, la fragilité des équilibres financiers et planétaires dès lors que la machine est ralentie. La pertinence de pouvoir contrôler nos frontières, le rapport entre dirigeants et citoyens quand il s’agit de nous protéger. On découvre sans grande surprise que les milliards se trouvent quand on le veut bien, que les cotisations peuvent être suspendues, que la sacro-sainte rigueur budgétaire qui étranglait les services publics, en particulier les hôpitaux, pouvait être desserrée. On découvre aussi, avec plus de surprise peut-être, comment habiter autrement notre temps et nos espaces de vie.
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/lettre-a-la-crise-sanitaire-covid-19-lultime-lecon/>
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6- Tribune. « Face aux pandémies, les sciences de l’écologie sont plus que jamais nécessaires », CNRS Le journal, 30/03/20
Par un collectif de scientifiques du Centre de recherches en écologie et évolution de la santé

Dans cette tribune, un collectif de scientifiques plaide l'importance de la recherche en écologie et évolution pour comprendre les phénomènes d'émergence de maladies infectieuses, et anticiper les menaces futures. 
Tribune. Durant les dernières semaines, le virus nommé SARS-CoV-2 (dont la maladie et la pandémie sont appelées Covid-19) a tué des milliers de personnes et paralysé l’économie mondiale. Les conséquences de cette pandémie sont difficiles à prédire, mais sont d’ores et déjà considérables.
Dans le monde entier, scientifiques, experts en santé publique et décideurs politiques sont mobilisés pour atténuer autant que possible l’impact sanitaire de cette pandémie. Cet effort inédit témoigne de la capacité de la communauté scientifique à se saisir collectivement d’une problématique et dans l’urgence, y réagir et apporter des réponses afin d’orienter les décisions des gouvernements. 
Cette pandémie est certes de nature exceptionnelle, mais malheureusement n’est pas une surprise. La crainte d’une expansion fulgurante d’une maladie infectieuse à l’échelle mondiale a déjà résonné plusieurs fois ces dernières années avec l’apparition et la propagation de nombreux virus comme le SRAS (SARS-CoV, 2002-2003), le MERS-CoV (2012), Zika (2014-2016) et Ebola (2013-2015 en Afrique de l’Ouest et aujourd’hui encore en République démocratique du Congo). Ces précédents épisodes ont pu être contrôlés mais ont alerté sur le fait que quelque chose de plus grande ampleur pouvait un jour arriver. Une pandémie dont l’amplitude pourrait s’approcher de celle de la grippe espagnole de 1918, responsable de la mort de 20 à 50 millions de personnes.
Aujourd’hui, nous y sommes. Nous faisons face à l’émergence que nous redoutions. Mais sait-on ce qu’il s’est passé ?
Les zoonoses, ces maladies que les animaux transmettent à l’homme
Le virus SARS-CoV-2 est l’exemple parfait de ce que l’on appelle une zoonose, c’est-à-dire le résultat du passage d’un pathogène de l’animal vers l’homme. Environ 60 % des nouvelles maladies infectieuses qui apparaissent chez les humains aujourd’hui (les maladies dites émergentes) sont le résultat d’un tel phénomène. Ce processus est déjà survenu de nombreuses fois dans l'histoire des populations humaines, au cours des derniers millénaires. Les sources de ces nouveaux pathogènes humains sont soit la faune sauvage, comme cela semble être le cas pour le SARS-CoV-2, soit les animaux d’élevage (vaches, poulets, cochons) ou de compagnie (chiens, chats, chevaux…). Les virus de la rougeole (issu des bovins), de la grippe (issus des oiseaux), de l’immunodéficience humaine (VIH, issu des singes), le virus Ebola (issu vraisemblablement des chauves-souris) ou encore certains agents du paludisme (issus des singes) en sont les exemples les plus emblématiques. Une telle émergence est donc loin d’être une première, et ce ne sera sans doute pas la dernière.
>> Suite à lire à :
<https://lejournal.cnrs.fr/billets/face-aux-pandemies-les-sciences-de-lecologie-sont-plus-que-jamais-necessaires>
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7- Après l’épidémie, les Français rêvent d’un autre monde, Libération, 31/03/20, 19:46
Jonathan Bouchet-Petersen 

Un sondage Viavoice pour «Libé» montre une aspiration des Français à une nouvelle société post-Covid-19, avec relocalisation de la production en Europe et protection des services publics.
Il y aura un après-coronavirus. S’il s’agira d’en tirer des leçons en matière de stratégie sanitaire face à une telle épidémie, l’aspiration des Français à l’émergence d’un «autre monde» est déjà majoritaire - même si aucune figure actuelle n’apparaît comme un premier choix pour le penser et surtout le mettre en œuvre. Tels sont les enseignements majeurs de l’enquête menée par Viavoice pour Libération (1). «La tragédie actuelle, qui interroge sur les modalités et les limites de notre mode de développement, ouvre des champs majeurs de réflexion et de réinvention», analyse François Miquet-Marty, président de Viavoice.
> A lire aussi Macron prêche un nouveau «nouveau monde»
Sur la scène politique, d’Emmanuel Macron, chef de guerre qui devra rendre des comptes, à Marine Le Pen, confinée volontiers complotiste, de LR au PS, et bien sûr du côté de Jean-Luc Mélenchon ou des écolos, les principaux acteurs politiques posent déjà leurs jalons. Affirmant que leur réponse, qu’elle soit nationaliste, 
>> Suite à lire à :
<https://www.liberation.fr/france/2020/03/31/apres-l-epidemie-les-francais-revent-d-un-autre-monde_1783743>
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8- Tribune. Un « Grenelle du Covid-19 » pour préfigurer la société d’après l’épidémie, Le Monde, 31/03/20, 06h00 
Collectif

Comment concilier lutte contre le virus et respect des valeurs démocratiques ? Neuf universitaires, dont les philosophes Dominique Bourg et Frédéric Worms, appellent dans une tribune au « Monde », à une concertation entre les acteurs de la vie politique, scientifique et de la société civile.
Tribune. Comme désormais une partie de la population mondiale, les Français sont confinés. Plus les jours, plus les semaines passent, et plus les implications dramatiques du confinement, tant sociales qu’économiques, apparaissent et font débat. Les mesures prises par le gouvernement français pour répondre à l’urgence et lisser le pic de l’épidémie ne pourront durer plus de quelques semaines, au risque de devenir intenables. Or les scientifiques sont unanimes : à défaut de remède miracle, il nous faudra affronter ce virus et réguler sa transmission pendant des mois, voire des années.
Comment vivre durablement avec ce virus ? Nous devons identifier et débattre des options pour concilier ces menaces avec les valeurs démocratiques.
Certains choix techniques sont évidents, par exemple le recours massif aux masques et aux tests, mais, par ailleurs, nous manquons de visibilité. Cependant que ferons-nous des résultats des tests ? Affecteront-ils nos libertés individuelles, sortir dans la rue par exemple ? Stopper la transmission d’un virus peut s’appuyer sur de nouvelles pratiques et habitudes. L’histoire récente, celle de l’épidémie de VIH, illustre bien l’efficacité des comportements individuels, tel que l’usage du préservatif, et leur difficile adoption par la population.
Quelles habitudes devrons-nous ou pourrons-nous changer pour vivre durablement avec le Covid-19 ? L’Etat déploie déjà des mesures destinées à protéger l’économie et la population. Les choix politiques effectués dans l’urgence devront évoluer pour refléter les attentes de la nation. Les effets collatéraux d’un confinement long sont nombreux : dégâts économiques, psychologiques, inégalités éducatives et sociales. S’adapter au virus et affronter l’ensemble de ces difficultés implique de réunir savoirs scientifiques, données de terrain et invention de pratiques nouvelles.
> Lire aussi  Coronavirus : un plan à 45 milliards d’euros pour soutenir les entreprises
Dessiner l’après-confinement requiert la rencontre (virtuelle !) de la médecine et de la recherche avec les associations et toutes les organisations qui représentent la société dans sa diversité. Il faut inventer des solutions pour demain, évaluer leur efficacité contre la maladie et leurs effets collatéraux. Nous devrons les comparer aux mesures actuelles et fournir les clés pour orienter les choix à venir. Ils seront autant économiques et techniques que politiques. Une large consultation de la société civile, qui dépasse les seuls conseils d’experts auprès du gouvernement, est indispensable. La transparence absolue de cette concertation s’impose pour garantir la confiance de la population.
Efficacité et transparence
Nous appelons donc à préparer une sortie de confinement impliquant tous les acteurs représentatifs de la société : organisations syndicales et professionnelles, associations et ONG de tous secteurs (environnemental, médical, caritatif, éducatif, culturel, etc.), responsables politiques nationaux et locaux, ainsi que les scientifiques et soignants.
Ce « Grenelle du Covid-19 » aura deux mots d’ordre : efficacité et transparence. Efficacité car nous avons quelques semaines avant que les conséquences du confinement ne deviennent insupportables pour le plus grand nombre. Transparence car la démocratie a besoin d’informations partagées, fiables et vérifiées. Nous n’aurons pas le temps de produire des estimations quantitatives fines. Mais nous pouvons identifier les grands enjeux sur lesquels notre nation doit se repositionner.
Le forum, ou Grenelle, que nous appelons ici, répond à une urgence, celle de la pandémie de Covid-19. Mais au-delà de cette crise sanitaire, ce forum virtuel doit répondre à la crise écologique et sociale. Les zoonoses se multiplient, les maladies infectieuses s’étendent, cette crise ne sera pas la dernière. Ce forum préfigurera la société d’après le Covid-19 : une démocratie où science et politique dialoguent, où les intérêts à court terme ne priment pas sur le long terme.
> Lire aussi  « La crise du coronavirus ébranle aussi l’idée de démocratie et de liberté »
Nul ne peut dire quand nous pourrons sortir du confinement. Pourtant, nous avons besoin d’espoir. L’espoir d’un avenir choisi pour tenir, tenir jusqu’à la semaine prochaine, jusqu’au mois prochain. Notre parole n’est pas confinée. Préparer collectivement l’avenir, s’affranchir de l’imminence de la fin du mois pour mieux surmonter la fin du monde, voilà ce qui nous donne espoir.
§ Signataires : Bernadette Bensaude-Vincent, philosophe des sciences et technosciences, professeure émérite à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Dominique Bourg, philosophe, université de Lausanne ; François Buton, politiste, CNRS ; Simon Fellous, écologue et évolutionniste, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) ; Alain Grimfeld, professeur honoraire de médecine, président du Comité de la prévention et de la précaution et président d’honneur du Comité consultatif national d’éthique ; Mourad Hannachi, chargé de recherche en sciences de gestion à l’Inrae ; Albane Loiseau, ingénieure en environnement, fondatrice d’Ekores, cabinet de conseil ; Serge Morand, écologue de la santé au CNRS et au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) ; Frédéric Worms, philosophe, professeur, directeur adjoint de l’École normale supérieure (ENS).
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/31/un-grenelle-du-covid-19-pour-prefigurer-la-societe-d-apres-l-epidemie_6034985_3232.html>
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9- Une crise sanitaire à 60 milliards d’euros par mois en France, EuraActiv, 31/03/20, 12:10
Stéphanie Senet | Le Journal de l'Environnement

La pandémie fait perdre 60 milliards d’euros de PIB en France par mois de confinement, selon les estimations de l’OFCE. Raison de plus d’accélérer la transition vers une société plus résiliente. Un article de notre partenaire, le Journal de l’environnement.
En prenant beaucoup de pincettes, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a publié, ce 30 mars, sa première estimation de l’impact économique d’un mois de confinement dans l’Hexagone. Soit une perte attendue de 2,6 points du PIB annuel ou 60 milliards d’euros en valeur absolue. Si son résultat est proche de l’évaluation réalisée par l’Insee — une chute de 3 points sur l’année —, « l’impact économique dépendra bien sûr de l’évolution des conséquences sanitaires dans les semaines à venir et des réponses politiques qui y seront apportées », a insisté Xavier Timbeau, directeur principal de l’Observatoire. Notons que les auteurs ont pris en compte les mesures annoncées de soutien économique, sans se risquer à une projection de plan de relance. Autre bémol : les conséquences économiques pourraient s’aggraver lors du deuxième mois de confinement, en raison d’un durcissement potentiel du dispositif et d’un épuisement du stock de produits essentiels. Dans tous les cas, la situation est inédite.
Baisse de la consommation des ménages
Selon l’Observatoire, 70 % de ces pertes sont imputables à la demande, principalement à cause de la baisse de 18 % de la consommation des ménages[1] et des investissements des entreprises empêchés par le confinement. 30 % relèvent en revanche de l’offre (arrêts de travail liés aux gardes d’enfant, difficultés d’accès au lieu de travail, droit de retrait, etc.).
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/developpement-durable/news/une-crise-sanitaire-a-60-milliards-deuros-par-mois-en-france/>
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10- Coronavirus : Faut-il faire de l’action climat la clef de voûte des plans de relance ?, 20 Minutes, 01/04/20, 00h05
9abrice Pouliquen

On ne voit toujours le bout du confinement que déjà, les plans de relance se multiplient pour préparer l’après-crise. Chez certains, la tentation est grande de mettre la transition écologique de côté, le temps de se relever… Pour d’autres, il faut faire le contraire
• Faut-il mettre de côté la transition écologique, le temps de permettre aux entreprises de se remettre de la crise actuelle ? Des Etats et des secteurs économiques lancent des appels ou prennent des mesures en ce sens.
• Ce mercredi, l’Institut de l’économie pour le climat prend le contre-pied en publiant une proposition de plan de relance pour la France axé sur des investissements publics massifs dans des secteurs clés de la transition écologique.
• L’idée ? Faire de la transition écologique la clef de voûte pour sortir de la crise du coronavirus. Parce que les filières qui y concourent sont aujourd’hui des secteurs essentiels de l’économie, mais aussi parce qu’ils préparent la résilience aux crises futures.
A-t-on fait le tiers ? Plus de la moitié ? Ou est-on loin de tout ça encore ? Difficile de savoir quand le confinement sera levé… En attendant, l’après-crise se prépare à coups de plans de relance, pour panser les blessures économiques provoquées par la crise sanitaire du coronavirus.
Le 12 mars déjà, Emmanuel Macron assurait avoir « demandé au gouvernement de préparer un plan de relance national et européen ». Lundi, les dix-huit présidents de régions ont annoncé à leur tour qu’ils allaient travailler à un plan de relance de l’économie en lien avec l’État.
Quelle place feront ces plans aux objectifs environnementaux fixés avant la crise ? Seront-ils mis de côté au nom de la survie des entreprises ? « Certains signes ne vont pas dans le bon sens », observe Patrice Geoffron, professeur d’économie à l’Université Paris-Dauphine. L’économiste cite l’Agence américaine de l’environnement, qui vient d’émettre un décret permettant à des entreprises polluantes de déroger à des contraintes environnementales pour faire face à la crise. « Ce décret est sans date butoir, et rien ne dit qu’il ne sera pas maintenu dans le plan de relance », indique l’économiste.
>> Suite à lire à :
<https://www.20minutes.fr/planete/2751795-20200401-coronavirus-faut-faire-action-climat-clef-voute-plans-relance>
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11- La Comédie-Française ouvre en ligne sa malle aux trésors, Le Monde, 01/04/20, 16h32
Fabienne Darge 

La maison de Molière propose, pendant le confinement, La Comédie continue !, accessible sur son site Internet et sur sa page Facebook. 
Imaginez que la Comédie-Française ouvre ses malles remplies de trésors… En ces temps de confinement où les théâtres rivalisent d’initiatives pour garder le contact avec le public, c’est un peu ce que fait la Maison de Molière, qui a lancé, lundi 16 mars, La Comédie continue !, une chaîne en ligne accessible sur son site Internet (comedie-francaise.fr) et sur sa page Facebook (comedie.francaise.officiel).
Le premier trésor de la maison, c’est d’abord sa troupe de comédiens, qui s’est mobilisée pour offrir des rendez-vous variés, poétiques et pédagogiques, tout au long de l’après-midi à partir de 16 heures chaque jour, avant que ne soit diffusée, dans la soirée, l’une des innombrables créations du « Français », lesquelles ont toutes fait l’objet d’une captation depuis quarante ans.
> Lire aussi  Faute de planches, le théâtre se fait une place sur le numérique
Lundi 30 mars à 16 heures et des poussières, c’est donc le 521e sociétaire de la troupe, l’impérial Serge Bagdassarian, qui est apparu en gros plan sur l’écran pour annoncer le menu du jour, tandis que le lendemain officiait la jeune et charmante pensionnaire Claire de la Rüe du Can. Le premier rendez-vous du jour, intitulé « Le 4 h de Ragueneau », soit cinq minutes de poésie, a donné lieu à un moment de grâce : la comédienne Anne Kessler, qui est aussi metteuse en scène et peintre, a offert deux petits dessins animés artisanaux et délicats, sur les poèmes Sensation, d’Arthur Rimbaud, et L’Age héroïque, d’Henri Michaux.
70 métiers différents
Le deuxième rendez-vous est, paraît-il, « celui qui fait trembler tous les membres de la troupe ». Intitulé « Les comédiens repassent le bac français », il a vu Coraly Zahonero et Véronique Vella s’en tirer brillamment, la première, qui n’a jamais eu son bac, avec Les Liaisons dangereuses de Laclos, la seconde, dûment diplômée, avec Une charogne, de Baudelaire.
> Lire aussi  Au théâtre chez soi, en temps de confinement
L’administrateur général de la Comédie-Française, Eric Ruf, est ensuite venu parler de son métier, remplacé le lendemain par Agathe Sanjuan, conservatrice-archiviste de la maison, qui règne sur un fonds exceptionnel, la Comédie-Française étant le seul théâtre au monde à avoir aussi bien conservé ses archives depuis sa création, en 1680. La maison comptabilisant 70 métiers différents, il y aura de quoi faire en cas de prolongement du confinement.
Aux environs de 17 heures, place aux enfants, avec des lectures de contes, qui peuvent être réécoutées à l’heure du coucher. Florence Viala, un des piliers de la troupe, a ainsi offert un moment magique, avec Fleur de lupin, de Binette Schroeder, et Le Petit Soldat de plomb, d’Andersen.
De nombreuses surprises
Vient ensuite le moment du « Foyer des comédiens », qui se décline en plusieurs pastilles : « Mon alexandrin préféré », « L’enfance de l’art » et « Ma cuisine d’acteur ». Pour inaugurer le premier, Denis Podalydès a été brillant, forcément brillant, en évoquant « Le printemps adorable a perdu son odeur », un vers tiré du Goût du néant de Baudelaire, et fort troublant à entendre, dans les temps que nous vivons. Tandis que le lendemain c’était la jeune comédienne Jennifer Decker qui livrait avec flamme sa passion pour Hugo en général et pour ce vers en particulier, tiré d’Hernani : « Il vaudrait mieux pour vous aller aux tigres même/Arracher leurs petits qu’à moi celui que j’aime ! »
Dans « Ma cuisine d’acteur », le sociétaire Christian Gonon racontait sa rencontre avec un maître du kathakali indien, et le secret qu’il lui avait livré sous forme d’acrostiche : « ACTOR = A comme action, C comme concentration, T comme timing, O comme originalité et R comme rythme ».
> Lire aussi  Huit heures de digression ludique avec « La Conférence de choses », à suivre en ligne
Au vu de ces deux premières journées, les surprises devraient donc être nombreuses au fil des jours et des rendez-vous, avant que ne démarre la soirée proprement dite, à 18 h 30, avec un portrait d’acteur, un spectacle jeune public ou un seul en scène, suivis par la captation d’un spectacle. Après La Double Inconstance de Marivaux mise en scène par Anne Kessler et Les Trois Sœurs de Tchekhov par Alain Françon, on pourra voir, d’ici au dimanche 5 avril, Le Misanthrope de Molière par Clément Hervieu-Léger, Trois hommes dans un salon, le spectacle Brel-Brassens-Ferré créé par Anne Kessler, L’Hôtel du libre-échange de Feydeau par Isabelle Nanty, Peer Gynt d’Ibsen par Eric Ruf ou encore La Forêt, le film réalisé par Arnaud Desplechin d’après la pièce d’Alexandre Ostrovski.
On nous promet aussi la diffusion de spectacles historiques de la maison, comme la Bérénice de Racine signée par Klaus Michael Grüber, ou La Vie de Galilée de Brecht par Antoine Vitez. La Comédie continue, oui, même dans les temps difficiles.
§ La Comédie continue !, tous les jours à partir de 16 heures sur le site de la Comédie-Française (comedie-francaise.fr) et sur sa page Facebook (comedie.francaise.officiel).
<https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/04/01/la-comedie-francaise-ouvre-en-ligne-sa-malle-aux-tresors_6035201_3246.html>
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12- Billet. Le coronavirus peut-il altérer la confiance en la science ?, CNRS le journal, 01/04/20
Par Michel Dubois, sociologue, directeur de recherche au CNRS

La pandémie de Covid-19 entraîne une explosion des sollicitations envers les scientifiques, qui se doivent de répondre aux inquiétudes des Français tout en conseillant les politiques. Si l'indicateur de confiance semble être au beau fixe, les relations entre science et société sont bien plus complexes qu'il n'y paraît. Décryptage avec le sociologue Michel Dubois. 
« Un principe nous guide pour définir nos actions (…) : c’est la confiance dans la science ». Cette phrase, prononcée par Emmanuel Macron dans une adresse récente aux Français, soulève une question intéressante : quel impact la pandémie de coronavirus SARS-CoV-2 peut-elle avoir sur la façon dont les Français perçoivent les sciences et les techniques ? L’occasion de battre en brèche quelques idées reçues et de souligner l’importance d’enquêter sur les transformations récentes des sciences et de l’expertise scientifique.
Une confiance de principe
Face aux risques et incertitudes associés à la pandémie, tous les regards se tournent vers les chercheurs : virologues, épidémiologistes, infectiologues, immunologues, sociologues, etc., interviennent en boucle sur les plateaux de télévision, à la radio, dans la presse ou sur Internet1. Il leur faut répondre à des questions parfois attendues : qu’est-ce qu’une maladie émergente ? Une zoonose ? En quoi la famille des coronaviridae est-elle distincte des autres virus ? Mais aussi à des questions parfois plus inattendues : le coronavirus a-t-il été inventé par l’Institut Pasteur ? Existe-il un rapport entre la propagation du coronavirus et le déploiement de la 5G ? etc. Les rumeurs et fausses informations ont toujours accompagné les épidémies. Le coronavirus SARS-CoV-2 n’échappe pas à la règle des fake news. Les chercheurs se livrent donc en temps réel à un double travail d’information et de correction2. Ce que l’on appelle parfois en anglais le debunking.
>> Suite à lire à :
<https://lejournal.cnrs.fr/billets/le-coronavirus-peut-il-alterer-la-confiance-en-la-science>
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13- Après le coronavirus, le rêve d'un autre monde du travail, AFP, 02/04/20, 10:00
Sandra Biffot-Lacut

Certains métiers pourraient sortir revalorisés de la crise du coronavirus, d'autres disparaître, tant cet événement planétaire remet en cause l'organisation du travail, sa valeur et son sens, estiment des spécialistes interrogés par l'AFP.
"Je crains que l'on revienne au +business as usual+ dès que la crise sera passée mais elle va néanmoins donner des armes à tous ceux qui réclament depuis des années un changement", dit Dominique Méda, directrice de l'Institut de recherche en sciences sociales (Paris Dauphine).
"Aujourd'hui la distinction est claire entre les métiers dont nous avons un besoin vital et les autres. Cela nous fait réfléchir à notre fonction, notre vocation dans la société. L'idée de secteurs ou métiers essentiels va sans doute faire son chemin", ajoute-t-elle.
Un certain nombre de professions "devraient en sortir revalorisées socialement" et même financièrement, notamment les "soignants" et les "professions qui ont été au front", estime-t-elle.
A contrario, elle espère "une très forte remise en cause des secteurs et métiers exclusivement tournés vers le profit" et la fin du "productivisme et consumérisme".
Selon un sondage Viavoice, "Coronavirus : quel monde d'après ?", publié mercredi par Libération, 69% des Français jugent nécessaire de "ralentir le productivisme et la recherche perpétuelle de rentabilité" et 70% de "réduire l'influence de la finance et des actionnaires sur la vie des entreprises".
"Il est évident que l'industrie pharmaceutique devrait avoir comme priorité de soigner, pas de capitaliser en Bourse", mais "je ne crois pas au grand soir, tout système ayant pour principe d'établir des règles qui lui évitent de changer", avertit cependant Xavier Alas Luquetas, psychothérapeute et cofondateur du cabinet Eléas, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux.
- Prévention, soutien -
En revanche, comme toute crise, elle est "traumatique" et amène chacun "à s'interroger sur le sens de toute chose et celui du travail en particulier, dans un pays où il participe tellement à l'identité de l'individu, au détriment de l'intime et de la vie sociale, que quand ça ne va pas au travail, tout s'effondre", souligne-t-il.
Cette crise, dit-il, va "accélérer des changements déjà à l'oeuvre" comme la transformation numérique. Pour autant, "le tout numérique ne pourra survivre sans une réflexion profonde sur l'humain, la santé et la transparence des gouvernances".
Pour Jean-Claude Delgènes, économiste et directeur général du cabinet de prévention des risques professionnels Technologia, cette situation inédite, où "il est question de mort", va conduire à "revaloriser tous les métiers de la prévention, de l'anticipation", comme "ceux de la santé et de la sécurité" qui "seront portés par ceux du numérique".
"C'est une leçon de choses pour tous les Français. Il faut modifier notre perception du risque et de l'avenir. On ne pourra plus accepter de croire sur parole des responsables qui n'y ont pas réfléchi. Tout le monde aura en tête qu'on n'était pas prêt", tranche-t-il, évoquant le manque de masques, tests et respirateurs, et la "grande difficulté des entreprises à maintenir des plans de continuité d'activité (PCA)".
Pour ce spécialiste des crises sanitaires et sociales au travail, certains métiers "retrouveront une grande aura". Ceux "à vocation auront un plus grand avenir que ceux alimentaires, subis".
- Crise écologique -
"On risque d'avoir des faillites en chaîne avec une lame de fond qui emportera les plus fragiles mais, indépendamment de toute notion d'activité, un des critères déterminants pour la survie des entreprises sera la manière dont elles auront été soutenues et auront soutenu leurs salariés", estime M. Alas Luquetas.
Une fois la crise passée, les organisations de travail et les institutions "devront offrir d'autres valeurs, éthiques", prédit-il.
Pour Dominique Méda, comme pour ses homologues, l'expérience du confinement et du ralentissement considérable de l'activité humaine est un "coup de semonce (qui) nous incite de toute urgence à prendre la mesure de la crise écologique" et à "rompre, au moins partiellement, avec la globalisation telle qu'elle existe".
Il faut "changer radicalement de paradigme", dit-elle. "Que nos gouvernants décident d'autres modalités de production, respectueuses de l'environnement", abonde M. Delgènes.
Cette crise est un "électrochoc qui montre que nous sommes tous liés dans la vulnérabilité", dit M. Alas Luquetas. "Il peut provoquer une prise de conscience planétaire, comme aucune COP (conférence internationale au sommet sur le climat, NDLR) n'a réussi à le faire".
<https://information.tv5monde.com/info/apres-le-coronavirus-le-reve-d-un-autre-monde-du-travail-353865>
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14- Entretien. « La crise du coronavirus signale l’accélération d’un nouveau capitalisme, le capitalisme numérique », Le Monde, 02/04/20, 10h29
Propos recueillis par Antoine Reverchon

L’économiste Daniel Cohen analyse la crise sanitaire comme un moment de basculement de l’économie dans un nouveau régime de croissance et du rôle de l’Etat dans un nouveau mode d’intervention sociale. 
Entretien. Daniel Cohen est professeur à l’Ecole d’économie de Paris – dont il est un des membres fondateurs – et directeur du département d’économie de l’Ecole normale supérieure. Membre du conseil de surveillance du Monde, il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages, dans lesquels il mêle diverses sciences sociales et histoire pour décrire de façon accessible aux non-économistes les grandes mutations socio-économiques anciennes et contemporaines, dont Les Origines du populisme, avec Yann Algan, Elizabeth Beasley et Martial Foucault (Seuil, 2019), et, chez Albin Michel : Il faut dire que les temps ont changé… (2018) ; Le monde est clos et le désir infini (2015) ; Homo Economicus (2013) ; La Prospérité du vice (2009).
Il est courant, dans le débat public, de comparer la crise actuelle à celles de 2003 (consécutive à l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère, SRAS), de 2008 et même de 1929. Ces comparaisons ont-elles un sens ?
La première comparaison qui est venue à l’esprit, lorsque la crise du coronavirus a commencé, a été en effet la crise sanitaire de 2003, elle aussi venue de Chine. Elle avait occasionné 774 morts et provoqué un ralentissement de la croissance économique mondiale de 0,2 % à 0,3 % à l’époque.
On en est désormais très très loin ! Avant même que la crise ne se propage aux autres pays, l’impact direct de la crise chinoise sur le reste de la planète avait changé d’échelle. Le produit intérieur brut (PIB) de la Chine a été multiplié entre-temps par huit et son rôle dans le commerce international a également bondi, pour représenter à lui seul 20 % des échanges !
Ce « virus chinois », comme l’appelle le président américain Donald Trump, a permis de mesurer l’extraordinaire dépendance où se trouvent un très grand nombre de secteurs industriels à l’égard de la Chine.
> Lire aussi  Coronavirus : le mois où l’économie chinoise s’est arrêtée
La pandémie pourrait bien clore à cet égard un cycle économique qui a commencé avec les réformes de Deng Xiaoping en Chine au début des années 1980 et la chute du mur de Berlin, en 1989. L’onde de choc de cette mondialisation s’épuise. La guerre commerciale lancée par Donald Trump a d’ailleurs convaincu les Chinois eux-mêmes qu’ils devaient réduire leur dépendance à l’égard des Etats-Unis.
La crise de 2008 n’était-elle pas déjà une manifestation de cet épuisement ?
La crise de 2008 était née du projet délirant des grandes banques commerciales américaines de sous-traiter à des intermédiaires la tâche d’accorder des crédits à des ménages eux-mêmes en grande vulnérabilité, les fameux subprimes. Des produits extrêmement toxiques avaient été injectés dans le système financier international provoquant un effondrement général des marchés.
La réponse des gouvernements de l’époque avait été à la hauteur de la crise. On se souvient des réunions du G7 et du G20, qui avaient permis une riposte forte, coordonnée et mondiale. Rien de tel aujourd’hui avec des personnages comme Donald Trump, Jair Bolsonaro, Boris Johnson qui tournent tous le dos au multilatéralisme.
A l’époque, il s’agissait d’affronter une crise dont l’épicentre était, comme en 1929, financier, et d’éviter les conséquences que l’on a connues dans les années 1930, à savoir la contagion de l’économie réelle par le krach financier, et son effondrement. Et on y est à peu près parvenu : malgré une onde de choc initiale aussi violente qu’en 1929, la récession mondiale n’a finalement duré que neuf mois…
La crise économique actuelle est en réalité profondément différente de celles de 2008 ou de 1929. Elle est d’emblée une crise de l’économie réelle. L’enjeu n’est pas, comme hier, de chercher à la soutenir par des mesures d’offre ou de demande. Ce qu’on attend de l’Etat est, paradoxalement, qu’il veille à ce que bon nombre d’entreprises ferment leurs portes. Du fait des mesures de confinement, il faut que le produit intérieur brut (PIB) baisse ! Le rôle majeur des politiques publiques, à ce stade, n’est pas de relancer l’économie, mais de s’assurer qu’elle reste dans un état d’hibernation satisfaisant, qui lui permette de repartir rapidement ensuite. Ce ne sont pas des mesures d’ordre macroéconomique qu’on lui demande, mais des mesures microéconomiques.
> Lire aussi  Coronavirus : les Etats-Unis paniquent face à leur économie en chute libre
Il ne s’agit pas non plus de mesures de soutien à la demande – elles ne seront nécessaires que quand la pandémie sera terminée, car que peuvent acheter des consommateurs confinés à des entreprises à l’arrêt ? Des mesures d’offre sont nécessaires, mais dans les secteurs-clés dans la résolution de la crise sanitaire, qu’il s’agisse du fonctionnement des hôpitaux et de la médecine de ville, des entreprises produisant masques, tests, appareils respiratoires…
Pour le reste de l’économie, on attend surtout de l’Etat des mesures de soutien à chaque entreprise, à chaque individu en perte d’activité. Ce n’est pas du crédit qu’il faut distribuer, mais du soutien budgétaire direct qui soulage la trésorerie des entreprises, le revenu des ménages. A cet égard, le principe est simple, le déficit doit être tout simplement égal à la perte d’activité due à la pandémie. Si l’on suit les statistiques produites par l’Insee, chaque mois de confinement pourrait coûter 3 points de croissance sur l’année. C’est aussi idéalement le chiffre du déficit public pour accompagner la crise. Si la crise dure deux mois, ce serait le double…
Parce qu’il ne s’agit pas d’une crise de crédit, rien ne serait pire que de répondre à cette crise avec les seuls outils de 2008 actionnés par les banques centrales – baisse de taux, facilités monétaires, mécanisme de stabilité –, même s’il est évidemment indispensable d’éviter que la crise de l’économie réelle ne se transforme aussi en une crise financière.
Le bon outil est l’outil budgétaire, mais tous les Etats ne disposent pas en ce domaine des mêmes marges de manœuvre. Je pense notamment à l’Italie. Aider l’Italie à se financer, par exemple par le recours au Mécanisme européen de stabilité, serait une bonne chose, ça lui permettrait de réduire ses coûts de financement. Mais à ce niveau aussi, ce n’est pas de crédit mais de soutien budgétaire dont l’Italie a besoin.
> Lire aussi  Coronavirus : les trois semaines qui ont chamboulé l’orthodoxie économique européenne
Le budget européen, qui représente tout de même 1 % du PIB de l’Union européenne, doit pouvoir financer directement, par exemple, le fonctionnement des hôpitaux les plus atteints. Le débat sur les « coronabonds », un emprunt européen d’urgence, est à cet égard décisif. Il permettrait à l’Europe de réaliser immédiatement des transferts budgétaires importants, à charge de réduire ensuite certaines dépenses pour payer les intérêts de la dette émise…
Les Etats-Unis viennent de lancer un plan de 2 000 milliards de dollars (1 825 milliards d’euros), dont une grande partie vont aller directement sur les comptes des entreprises et des ménages, quitte à creuser un gigantesque trou budgétaire. C’est à ce type d’action que vous pensez ?
Ce plan représente 10 % du PIB américain et est en effet important. Mais c’est, en partie, pour ce qui concerne le soutien aux ménages, un essaimage à l’aveuglette : on donne 1 000 dollars par adulte et 500 dollars par enfant à tous les ménages dont le revenu est inférieur à 75 000 dollars par an, mais sans aucune considération pour leur situation réelle. On ne peut exclure que Donald Trump vise surtout à préserver ses chances d’être réélu.
> Lire aussi  Coronavirus : le Congrès américain valide le plan de relance à 2 000 milliards de dollars
Un Etat moderne, un Etat du XXIe siècle, devrait avoir la capacité de faire du sur-mesure, de la microéconomie « chirurgicale », en ciblant les aides entreprise par entreprise, individu par individu. Nous avons maintenant les outils pour cela, comme le prélèvement à la source, les déclarations de TVA et de charges sociales des entreprises, qui permettent de flécher les aides vers ceux qui subissent la crise le plus violemment.
La contrepartie de cette possibilité est, bien sûr, le risque d’une surveillance généralisée, car nous allons nous apercevoir que l’Etat a acquis les mêmes capacités de communiquer – et de surveiller – tout le corps social, à l’égal des GAFA [Google, Apple, Facebook, Amazon].
Cette crise signale-t-elle la fin du capitalisme néolibéral mondialisé ?
C’est certainement la fin, ou le début du recul du capitalisme mondialisé tel qu’on l’a connu depuis quarante ans, c’est-à-dire à la recherche incessante de bas coûts en produisant toujours plus loin. Mais elle signale aussi l’accélération d’un nouveau capitalisme, le capitalisme numérique…
> Lire aussi  Douglas Kennedy : « Le capitalisme américain s’effondrera-t-il comme un château de cartes quand le Covid-19 sera dompté ? »
Pour en saisir la portée et les menaces nouvelles que recèle ce capitalisme numérique, il faut revenir en arrière, au temps où l’on pensait que la désindustrialisation allait conduire, dans les pays développés, à une société de services. L’idée, théorisée notamment par l’économiste français Jean Fourastié [1907-1990], était que les humains travailleraient non plus la terre ou la matière, mais l’humain lui-même : prendre soin, éduquer, former, distraire autrui, serait le cœur d’une économie enfin humanisée. Ce rêve postindustriel était libérateur, épanouissant… Mais comme le souligne Fourastié, il n’était plus synonyme de croissance…
Si la valeur du bien est le temps que je passe à m’occuper d’autrui, cela veut dire aussi que l’économie ne peut plus croître, sauf à accroître indéfiniment le temps de travail.
Le capitalisme a trouvé une parade à ce « problème », celle de la numérisation à outrance. Si l’être que je suis peut être transformé en un ensemble d’informations, de données qui peuvent être gérées à distance plutôt qu’en face-à-face, alors je peux être soigné, éduqué, diverti sans avoir besoin de sortir de chez moi… Je vois des films sur Netflix plutôt que d’aller en salle, je suis soigné sans aller à l’hôpital… La numérisation de tout ce qui peut l’être est le moyen pour le capitalisme du XXIe siècle d’obtenir de nouvelles baisses de coût…
Le confinement général dont nous faisons l’objet à présent utilise massivement ces techniques : le télétravail, l’enseignement à distance, la télémédecine… Cette crise sanitaire apparaîtra peut-être, rétrospectivement, comme un moment d’accélération de cette virtualisation du monde. Comme le point d’inflexion du passage du capitalisme industriel au capitalisme numérique, et de son corollaire, l’effondrement des promesses humanistes de la société postindustrielle.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/02/daniel-cohen-la-crise-du-coronavirus-signale-l-acceleration-d-un-nouveau-capitalisme-le-capitalisme-numerique_6035238_3232.html>
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15- Le coronavirus chamboule l'agenda pour le climat et la biodiversité, AFP, 02/04/20, 14:00
Laure Fillon

L'année 2020 devait être une année clé pour le climat et la biodiversité, mais le coronavirus a chamboulé l'agenda : la COP26 pour le climat de Glasgow est repoussée à 2021 et d'autres rendez-vous majeurs sont sur la sellette.
"Compte tenu de l'impact mondial et continu du Covid-19, la tenue d'une COP26 ambitieuse et inclusive en novembre 2020 n'est plus possible", a annoncé mercredi soir le gouvernement britannique. Cette grande réunion annuelle sur le climat en 2021, toujours dans la ville écossaise, aura lieu à une date communiquée ultérieurement. 
Cette 26e conférence de l'ONU est considérée comme la plus importante depuis celle de 2015 (COP21), qui avait débouché sur l'Accord de Paris, après une session à Madrid fin 2019 sans réelles avancées.
Les Etats devaient réviser en 2020 leurs engagements pour le climat. Les engagements actuels pris par les nations conduiraient à un réchauffement du climat global de 3°C, bien loin de l'objectif de l'Accord de Paris de le contenir en-dessous de 2°C.
"L'important, dans l'immédiat, c'est que le monde se mobilise pour lutter contre la pandémie", a commenté à l'AFP Laurence Tubiana, architecte de l'Accord de Paris. "Mais la crise sanitaire ne doit pas nous faire oublier le changement climatique", poursuit-elle.
"La relance économique mondiale doit être l’occasion de soutenir l’émergence d’une économie totalement compatible avec les questions de biodiversité, de climat et de relocalisation des productions alimentaires", abonde Yann Wehrling, ambassadeur français pour l'Environnement.
D'autres rendez-vous majeurs pour la protection de la nature vont connaître le même sort que le rendez-vous climat.
Le congrès de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), attendu à Marseille du 11 au 15 juin, devrait finalement se tenir en janvier 2021, selon une source proche du dossier. L'annonce doit encore être officialisée.
Ces "JO de la biodiversité" sont l'occasion pour des milliers d'acteurs de la conservation de la nature - gouvernements, ONG, experts - d'établir des priorités et de lancer de nouvelles actions de protection des écosystèmes que l'homme met à mal et qui sont pourtant indispensables à sa survie.
- De nouvelles priorités ? - 
Ce congrès était aussi l'occasion de mettre à jour la Liste rouge des espèces menacées de l'UICN et pour la première fois, de sensibiliser le grand public à la nécessité de protéger la nature, avec des expositions, des stands... Des dizaines de milliers de personnes étaient attendues.
Le président français Emmanuel Macron avait également prévu, en marge de ce congrès, un sommet de chefs d'Etat, en amont de la COP15 sur la biodiversité, elle-même prévue à l'automne.
Autre événement majeur de l'année attendu sur la biodiversité, cette 15e réunion de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique (COP15) doit servir à établir un plan mondial pour protéger et restaurer les écosystèmes, indispensables à l'humanité d'ici 2050, après l'échec des objectifs qui avaient été adoptés en 2010 pour la décennie écoulée.
Initialement prévue en octobre à Kunming, en Chine, elle aura très certainement lieu elle aussi "en 2021, toujours en Chine", au cours du "premier trimestre", a fait savoir Basile van Havre, co-président des négociations, à l'AFP. Voire début avril, selon une autre source proche du dossier.
Cette décision doit encore être officialisée par la Convention sur la diversité biologique (CBD).
"Une fois le calendrier clarifié, il faut espérer que la mobilisation (pour l'environnement) pourra reprendre", indique Aleksandar Rankovic, expert à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
Repousser la COP15 "donne plus de temps pour développer des points techniques importants", estime-t-il. De plus, dit-il, l'épidémie étant "très étroitement liée aux questions de biodiversité (le coronavirus étant issu du monde animal), on pourrait y trouver un argument supplémentaire pour pousser à plus d’ambition".
Le risque est toutefois qu'avec cette crise sanitaire majeure, le ralentissement brutal des économies et le risque de chômage massif, on assiste à un "changement dans l'ordre de priorité", reconnait cet expert.
Autre sommet important, celui de l'ONU sur les océans prévu au Portugal début juin, se tiendra également à une date ultérieure.
<https://information.tv5monde.com/info/le-coronavirus-chamboule-l-agenda-pour-le-climat-et-la-biodiversite-353897>
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16- Face au coronavirus, la recherche en accéléré, AFP, 02/04/20, 16:00

Réactive, foisonnante, transparente : la recherche s'est mise en ordre de bataille depuis le début de la crise du coronavirus, avec le défi de trouver rapidement des réponses face à une pandémie galopante, tout en préservant la rigueur scientifique.
"En temps d'épidémie, la recherche fait partie de la réponse", observait Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Bichat à Paris, lors de la présentation d'un essai clinique en mars.
Le séquençage du génome du virus s'est fait en quelques semaines. "Pour le sida, c'était plusieurs années... on vit à une tout autre période. En temps gagné, c'est remarquable", a relevé sur France Culture Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur.
Quelques jours après les premiers cas de pneumonies début janvier à Wuhan, épicentre de la pandémie, des scientifiques chinois ont réalisé un séquençage complet du nouveau virus, qu'ils ont ensuite partagé avec leurs collègues étrangers via une base de données internationale. 
Sur la base de ces travaux "3.0", l'Institut Pasteur en France, ainsi qu'un laboratoire allemand, ont pu élaborer un test moléculaire fiable permettant de diagnostiquer les premiers cas de coronavirus en Europe. Les chercheurs de Pasteur travaillent maintenant sur la mise au point de tests permettant de mesurer le degré d'immunité dans la population générale, une des clés pour sortir du confinement.
En France, la recherche s'est aussi mobilisée rapidement notamment via une structure ad hoc, "REACTing" (REsearch and ACTion targeting emerging infectious diseases) qui regroupe des acteurs de tous les secteurs de la recherche, sciences humaines comprises.
Le besoin d'un tel dispositif avait émergé lors de l'épidémie de grippe A H1N1 en 2009, après "un constat d'échec : il n'y avait pas de coordination entre les différents chercheurs des instituts pour faire de la bonne recherche en temps de crise", explique à l'AFP Eric D'Ortenzio, médecin épidémiologiste et coordinateur scientifique de REACTing.
- Essai clinique inédit -
Le consortium a fait ses gammes en 2013 avec le virus chikungunya aux Antilles puis gagne en puissance avec Ebola en Afrique. "On a alors démontré qu'on pouvait mettre en place un essai clinique, qu'il s'agisse d'un traitement ou d'un vaccin, en urgence", détaille Eric D'Ortenzio.
Depuis janvier, plusieurs centaines de chercheurs planchent sur le nouveau coronavirus. "Tous les jours, des chercheurs se rajoutent. Des offres spontanées d'aide sont mises au pot, certains ont dû réorienter, voire abandonner leurs travaux... L'urgence est telle qu'on comprend qu'il faut faire avancer la science", souligne le chercheur.
Dès les premiers patients infectés en France, les médecins ont mis en place une cohorte d'observation, étape indispensable à toute recherche. 
Et REACTing a pris contact avec des partenaires européens pour mettre en place un vaste essai clinique, Discovery, qui vient de démarrer sur 3.200 patients dans sept pays. 
"C'est un exploit absolu d'avoir réussi à monter un protocole d'une telle ampleur en un temps record", selon le Pr Florence Ader, infectiologue au CHU de Lyon, qui pilote le projet. En général, le processus des essais cliniques prend des mois, voire des années. 
"Discovery a été déposé avec une pression de réponse scientifique extrêmement forte, car la vague arrive. Et ce tout en gardant les standards de la recherche clinique", abonde auprès de l'AFP un médecin hospitalier en région parisienne, sous couvert d'anonymat.
Mais plusieurs chercheurs à travers le monde ont dénoncé "le temps perdu" depuis le SRAS en 2003, avec une recherche sous-financée sur les nouveaux coronavirus, générant un manque d'assiduité qui nous prive, peut-être, d'un médicament efficace.
"Trop souvent, l'attention accrue envers la recherche et l'investissement générée par une nouvelle épidémie décline rapidement une fois que celle-ci se calme", souligne aussi Jason Schwartz, de l'Ecole de santé publique de l'université de Yale. 
Ces chercheurs espèrent que la crise actuelle servira de leçon.
- "Effet pervers" -
Autre bouleversement : l'explosion des publications scientifiques. La revue Nature a recensé pas moins 900 articles et pré-publications à l'échelle mondiale sur le SARS-Cov-2, entre février et mars. Et les-prépublications médicales sont mise en ligne plus tôt, avec de plus en plus d'articles en accès gratuit.
L'Unesco a réuni (virtuellement) la semaine dernière 73 ministres de la science à travers le monde, les appelant à intégrer la "science ouverte" dans leurs dispositifs de recherche, pour un "meilleur partage des connaissances".
Mais cette démocratisation, "globalement bénéfique à la société civile, peut aussi avoir un effet pervers lorsque certaines études préliminaires sont trop vite médiatisées", comme l'illustre par exemple le débat sur la chloroquine, relève Josselin Thuilliez, chercheur au CNRS en économie de la santé. "Cela peut générer des comportements irrationnels liés à une nouvelle étude sous l'égide de la science, mais qui n'est pas encore totalement validée par tout le processus scientifique.", met en garde l'économiste.
<https://www.france24.com/fr/20200402-face-au-coronavirus-la-recherche-en-accéléré>
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17- Après le coronavirus, le monde ne sera plus jamais le même, The Conversation, 02/04/20, 20:41
Par Ian Goldin, Professor of Globalisation and Development; Director of the Oxford Martin Programme on Technological and Economic Change, University of Oxford & Robert Muggah, Associate Lecturer, Pontifical Catholic University of Rio de Janeiro (PUC-Rio)

176 pays de la planète sont désormais touchés par le Covid-19. Il apparaît clairement que la pandémie représente la plus grande menace que l’humanité ait eu à affronter depuis la Seconde Guerre mondiale. À l’époque, la confiance dans la coopération internationale et les institutions multilatérales avait atteint un point historiquement bas ; c’est à nouveau le cas aujourd’hui.
Si l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale avait pris de nombreuses personnes par surprise, ce ne fut pas le cas pour l’apparition du coronavirus en décembre 2019 : la crise sanitaire était annoncée. Depuis des décennies, les spécialistes des maladies infectieuses alertent l’opinion publique et les dirigeants sur l’accélération du rythme des épidémies. La dengue, Ebola, le SRAS, H1N1 et Zika ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Depuis 1980, plus de 12 000 foyers ont été documentés. Des dizaines de millions de personnes dans le monde – tout particulièrement parmi les populations les plus démunies – ont été infectées et bon nombre d’entre elles sont décédées. En 2018, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a détecté pour la toute première fois des foyers de six de ses huit « maladies prioritaires ».
Nous ne pourrons pas dire que nous n’avions pas été prévenus.
Même si notre attention est aujourd’hui prioritairement consacrée aux innombrables situations d’urgence générées par le Covid-19, nous devons réfléchir sérieusement aux raisons pour lesquelles la communauté internationale n’était pas préparée à une épidémie si inévitable. Ce n’est pourtant pas la première fois, loin de là, que nous sommes confrontés à une catastrophe mondiale.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/apres-le-coronavirus-le-monde-ne-sera-plus-jamais-le-meme-135121>
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18- La transition socio-écologique sera-t-elle la grande oubliée de la relance post-Covid ?, The Conversation, 02/04/20, 20:42
Par Jean-Christophe Graz, Professeur de relations internationales, Université de Lausanne

Avec 2200 milliards de dollars, le programme adopté par le Congrès américain vendredi 27 mars 2020 est le plus important plan d’aide jamais adopté par les États-Unis depuis leur indépendance.
Face aux mesures sanitaires sans précédent prises pour combattre la pandémie du Covid-19, il n’est plus un jour sans qu’un gouvernement ou une organisation internationale n’annonce des plans d’urgence record pour venir en aide à l’économie.
Sortir de la crise
Dans ce contexte, nous redécouvrons l’importance de l’État. Si ces financements publics sont indiscutablement nécessaires au soutien et à la relance de l’économie – dont une part importante est figée pour des mois –, il est néanmoins frappant de constater que le financement de la transition socio-écologique soit à ce point ignoré dans ces programmes d’urgence. Alors même que la crise écologique constitue l’enjeu principal de politique mondiale de ce siècle.
À quelle sortie de crise va-t-on assister ? Quelle sera la place faite à la transition socio-écologique ?
Une première réponse tient de la philosophie politique : si une crise, comme le disait le penseur italien Antonio Gramsci, consiste dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître, l’enjeu d’une sortie de crise est qu’elle ne soit pas gâchée en reproduisant à l’identique la situation qui l’a précédée.
Comme toute crise, la crise sanitaire et économique actuelle pourrait même être utile si elle offrait les moyens de répondre à la crise socio-écologique à une échelle et une rapidité inégalée.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/la-transition-socio-ecologique-sera-t-elle-la-grande-oubliee-de-la-relance-post-covid-135231>
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19- Coronavirus : quand l’illusion de notre maîtrise de la nature se dissipe, The Conversation, 02/04/20, 20:45
Par Laurent Bibard, Professeur en management, titulaire de la chaire Edgar Morin de la complexité, ESSEC

La crise que nous vivons est une crise à laquelle nous pouvions nous attendre. Nous vivons comme si nous maîtrisions tout – en particulier par les nouvelles technologies que ce billet utilisera pour sa diffusion –, et obnubilés par le court terme, autrement dit, le nez sur nos guidons tant nos vies s’accélèrent. 
Que le « naturel » concerne la nature que nous ne maîtrisons pas ou nos désirs qui s’imposent à nous, il revient tôt ou tard au galop – parfois avec des siècles d’incubation. Il y a des raisons fondamentales à la présupposition de maîtrise de la nature, et au court-termisme de nos attentes. Ces deux aspects de nos modes de vie sont inséparables. La nature est si incertaine et menaçante que nous avons cherché, nous humains, à la maîtriser depuis notre avènement ou depuis l’avènement de la « conscience » en nous. Ce désir de maîtrise est directement superposable à notre désir d’ici et maintenant, à court terme, de « tenir » le monde où nous vivons pour en « bénéficier », pour en tirer les meilleurs fruits.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/coronavirus-quand-lillusion-de-notre-maitrise-de-la-nature-se-dissipe-135332>
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20- Coronavirus : 5 façons de se rendre utile pendant le confinement, We Demain, 02/04/20
Sofia Colla

Préparer un repas pour les infirmiers, écrire une lettre à une personne âgée, faire un don à la recherche contre le Covid-19... Voici 5 façons de se rendre utile en cette période de confinement et donner un coup main à ceux qui en ont le plus besoin.
En cette crise sanitaire inédite, certains peuvent avoir envie de donner un coup de main aux plus fragiles, aux secteurs qui manquent de main d'oeuvre ou à ceux qui prennent des risques pour continuer à faire "tourner" la société. Que l'on soit au chômage partiel, que l'on ait du temps devant soi ou pas, il est toujours possible de faire un geste.  
Nous évoquions déjà, au début du confinement, l'émergence de premiers réseaux de solidarité.  Et de nombreuses initiatives continuent à voir le jour pour venir en aide aux personnes âgées, au personnel de santé, aux livreurs, aux caissiers, aux policiers... Voici 5 pistes à suivre pour ceux qui souhaitent agir, à différents niveaux, et selon ses moyens. 
> À lire aussi : Courses, gardes d’enfant, cagnottes… La solidarité s’organise face au coronavirus
1. Faire un don, d'argent ou de sang
Les appels aux dons se multiplient : l’Institut Pasteur  a créé une cagnotte pour la recherche contre le coronavius, l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris a créé un fonds d’urgence, la Fondation de France  appelle à la solidarité pour aider les soignants, les chercheurs et les plus fragiles... 
Pour s’y retrouver, HelloAsso vient de lancer une plateforme  qui recense les appels aux dons d'associations. Elle réunit déjà 150 collectes solidaires sur tout le territoire et invite les internautes à participer, selon la localisation ou la thématique. 
>> Suite à lire à :
<https://www.wedemain.fr/Coronavirus-5-facons-de-se-rendre-utile-pendant-le-confinement_a4639.html>
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Deux publications
21- Une monnaie écologique pour sauver la planète, d’Alain Grandjean & Nicolas Dufrêne, Editions Odile Jacob, 26/02/20

L'urgence climatique se heurte à un redoutable problème de financement. Aucune stratégie financière classique n'est en mesure de mobiliser rapidement les sommes considérables qui sont en jeu. Bien que libérée des contraintes matérielles, la politique monétaire ne s'est malheureusement pas encore libérée des dogmes qui la restreignent. Pourtant, l'histoire a montré à maintes reprises (reconstruction économique de l'Allemagne dans les années 1930, New Deal américain, reconstruction de la France après 1945, politique monétaire expansionniste en Chine) que les mécanismes monétaires peuvent être utilisés de manière ciblée et efficace pour répondre aux grands défis du moment. 
Le climat en est un et appelle un Green New Deal qui, proposent les auteurs, pourrait résulter de la création monétaire mise au service de projets écologiquement vertueux. Bousculer l'économie traditionnelle pour sauver la planète ? On commence quand ?
À propos des auteurs
Alain Grandjean, membre du Haut Conseil pour le climat, est président de la Fondation Nicolas Hulot. Nicolas Dufrêne, spécialiste de politique monétaire, est haut fonctionnaire et directeur de l'Institut Rousseau.
Une monnaie écologique pour sauver la planète, d’Alain Grandjean & Nicolas Dufrêne, Editions Odile Jacob, 26/02/20, ISBN : 978-2-7381-5222-0, EAN : 9782738152220, 285 pages, 22,90 € ou 19,99 € en e-book.
<https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences/sciences-de-la-terre/une-monnaie-ecologique_9782738152220.php>
Sur le même sujet :
> Critique de livre. Verdir aussi l'argent <https://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/verdir-aussi-largent-1190211>, Les Echos, 30/03/20, 12h30
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22- The Precipice – Existential Risk and the Future of Humanity, by Toby Ord, Bloomsbury Publishing, 05/03/20

The Precipice is a landmark book that provides a new way of thinking about our time.
'Humanity has never been more vulnerable – there's now a one-in-six chance that civilisation won't make it to the end of the century, argues a highly influential philosopher . . . Ord's analysis of the science is exemplary . . . Thrillingly written' Sunday Times
About the author
Toby Ord is a moral philosopher focusing on the big picture questions facing humanity. Born in Australia, he is a Senior Research Fellow at the Future of Humanity Institute at Oxford University. He is the founder of Giving What We Can and co-founder of the Effective Altruism movement, which has raised more than a hundred million pounds for some of the world's most deserving causes. In 2020, alongside Shonda Rimes, Kanye West and JK Rowling, he was included on the Financial Times's 'the good list', which highlights the work of the world's ten most inspiring philanthropists. He has also advised DeepMind, the World Health Organisation, the World Bank, the World Economic Forum, the US National Intelligence Council and the UK Prime Minister's Office, among others.
> Read more at :
<https://www.bloomsbury.com/uk/the-precipice-9781526600219/>
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Une offre d’emploi
23- Le Collège des transitions sociétales de Nantes recrute poste en CDI à vocation de direction en binôme : Mission d’aide à la gestion, à la communication, à l’organisation de formations et d’interventions, avant le 20/05/20

Contexte
Le Collège des transitions sociétales (CTS) a été créé en 2013 pour faciliter l’émergence des transitions sociétales sur les territoires.
Il s'agit d'un espace partenarial, avec une trentaine de partenaires engagés dans le programme Transition Energétique et Sociétale (TES) dont l'objectif est de travailler sur :
- L’articulation entre des politiques publiques engagées sur des territoires (principalement au niveau intercommunal) et des projets locaux de transition écologique & sociétale, portés par des collectifs d’entreprises, d’agriculteurs ou encore d’habitants ;
- L’articulation des échelles géographiques, du local au régional, pour favoriser ces transitions.
Le CTS est dirigé Bernard Lemoult, directeur de recherche à IMT Atlantique. Le programme partenarial TES est piloté par Samuel Aubin, chargé de projet de recherche au Collège des transitions sociétales.
Dans un contexte d’évolution de la gouvernance du Collège des transitions sociétales, le Collège TS recrute une personne pour prendre en charge et renforcer une partie des activités actuelles du directeur et, à terme, pour une direction en binôme avec Samuel Aubin.
Objectif de la mission
L’objectif principal de la mission est, au sein d’une équipe de 4 personnes :
- dans un premier temps, de contribuer à la mise en place et au déploiement des nouveaux programmes de formation, et d’aider le directeur dans ses missions de gestion, de communication et d’organisation ;
- dans un second temps de travailler à la mise en place d'une direction en binôme avec Samuel Aubin.
Activités principales
Dans le cadre de cette mission, toutes les activités... (cliquez ici pour en savoir plus <http://q4lw.mjt.lu/lnk/AMIAAGvodjIAAcm3yPoAAAF2-2QAAAAF7rQAAGZNAAoG_gBehB9gCTm1-ylORnSPXv_j_QSLDwAJhz0/3/0UqgrVE3WRqwGWmz1BvViA/aHR0cHM6Ly93ZWIuaW10LWF0bGFudGlxdWUuZnIveC1kZS9jdHMtcGRsL3VwbG9hZHMvaW1hZ2VzL0NvbGxlZ2UlMjBUUy9Db25zZWlsJTIwYWRtaW5pc3RyYXRpb24vRmljaGUlMjBkZSUyMHBvc3RlJTIwQ0RJJTIwQ29sbGVnZSUyMFRTLnBkZg>)
Bernard Lemoult
Directeur du Collège des transitions sociétales
<https://web.imt-atlantique.fr/x-de/cts-pdl/uploads/images/College%20TS/Conseil%20administration/Fiche%20de%20poste%20CDI%20College%20TS.pdf>
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À PROPOS DE LA PRÉSENTE REVUE DE PRESSE...
Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
Elle n’a pas de caractère exhaustif. Il s’agit d’une sélection pluraliste d’articles ou de dépêches, parfois antagonistes, ne faisant pas systématiquement la Une des journaux et regroupés en 6 thèmes, adressée par mail du lundi au vendredi, à raison d’un thème différent chaque jour.
Diffuser ces articles ne signifie pas automatiquement les approuver mais vise à vous surprendre, vous enrichir, vous donner envie d’en savoir plus, vous aider à relayer l’info, à passer à l’action, et même, à vous indigner ou à vous faire sourire ! Nous espérons qu’au moins un de ces articles répondra chaque jour à l’un de ces objectifs.
Si l’archivage récemment mis en place ne cous convient pas, pensez à conserver les articles qui vous concernent ou vous intéressent particulièrement.
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À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)...
NOS APPELS 
– Let’s Bio ! Ensemble pour des cantines bios et locales <https://www.letsbio.org/> pour bien nourrir nos enfants.
– Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
NOS CAMPAGNES 
– 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/> pour participer à l'émergence d'un modèle énergétique plus propre et durable
– Mon Restau’Responsable® <https://www.youtube.com/watch?list=PLh--7obE3XQ5hw0hyacAsOc7PLMneP7-N&v=Eo7AZvPE_MA> pour guider les professionnels de la restauration collective et valoriser leurs bonnes pratiques.
– J’agis pour la nature <http://www.jagispourlanature.org/> pour participer à des activités utiles et ludiques en pleine nature, près de chez vous.
NOS VIDÉOS PÉDAGOGIQUES 
– Sur notre chaîne You Tube <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>, retrouvez toutes nos vidéos.  
NOS PUBLICATIONS (les plus récentes) 
– Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>, janvier 2020
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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