[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur biodiversité, sciences et protection du vivant et de l'univers, patrimoine (jeudi 16 avril)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Jeu 16 Avr 07:45:58 CEST 2020


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- L’économie au défi de la biodiversité <http://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/leconomie-au-defi-de-la-biodiversite/>, Entrepreneurs d’avenir, 01/04/20
2- Un raton laveur mignon, des perruches colorées… Le « charisme » des espèces invasives favorise leur implantation <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/06/un-raton-laveur-mignon-des-perruches-colorees-le-charisme-des-especes-invasives-favorise-leur-implantation_6035665_3244.html>, Le Monde, 06/04/20, 01h00
3- Coronavirus : un tigre d’un zoo de New York teste positif <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/06/coronavirus-un-tigre-d-un-zoo-de-new-york-teste-positif_6035674_3244.html>, Le Monde, 06/04/20, 04h40
4- Australie. La Grande Barrière vient de vivre son pire épisode de blanchissement des coraux <https://www.ouest-france.fr/environnement/climat/australie-la-grande-barriere-vient-de-vivre-son-pire-episode-de-blanchissement-des-coraux-6802013>, Ouest-France avec AFP, 07/04/20, 08h08
5- Entretien. Coronavirus : « L’origine de l’épidémie de Covid-19 est liée aux bouleversements que nous imposons à la biodiversité » <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/04/04/pandemies-nous-offrons-a-des-agents-infectieux-de-nouvelles-chaines-de-transmission_6035590_1650684.html>, Le Monde, maj le 08/04/20 à 15h11
6- Tribune. Coronavirus : « La Chine a une responsabilité dans cette épidémie transmise par un animal sauvage interdit de commerce » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/08/coronavirus-la-chine-a-une-responsabilite-dans-cette-epidemie-transmise-par-un-animal-sauvage-interdit-de-commerce_6035968_3232.html>, Le Monde, 08/04/20, 17h56
7- Nouveaux virus : une nouvelle étude pointe la responsabilité humaine <https://www.geo.fr/environnement/nouveaux-virus-une-nouvelle-etude-pointe-la-responsabilite-humaine-200417>, AFP, 08/04/20, 19:00
8- L’impact de l’homme sur la nature serait bien à l’origine des épidémies <https://www.euractiv.fr/section/sante-modes-de-vie/news/human-impact-on-wildlife-to-blame-for-spread-of-viruses-says-study/>, EurActiv, 09/04/20, 10:58
9- L'ourse polaire Nanuq quitte le zoo de Mulhouse <https://information.tv5monde.com/info/l-ourse-polaire-nanuq-quitte-le-zoo-de-mulhouse-354765>, AFP, 09/04/20, 11:00
10- Pyrénées : L’ours Cachou retrouvé mort de cause inconnue côté espagnol <https://www.20minutes.fr/planete/2758439-20200410-pyrenees-ours-cachou-retrouve-mort-cause-inconnue-cote-espagnol>, 20 Minutes, 10/04/20, 16h32
11- Entretien. « L’humanité n’est pas assez stupide pour se tuer » <http://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/lhumanite-nest-pas-assez-stupide-pour-se-tuer/>, Entrepreneurs d’avenir, 10/04/20
12- Entretien*. Coronavirus : les humains doivent cesser de "mépriser" la nature, avertit Jane Goodall <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/coronavirus-les-humains-doivent-cesser-de-mepriser-la-nature-avertit-jane-goodall_143419>, AFP, 11/04/20, 10h00
13- Entretien. Virginie Maris, philosophe de l’environnement : "Sans prise de conscience, les épidémies vont se répéter" <https://www.lejdd.fr/Societe/virginie-maris-philosophe-de-lenvironnement-sans-prise-de-conscience-les-epidemies-vont-se-repeter-3961445>, Le JDD, 12/04/20, 12h30
14- Chauves-souris, pangolins : ces animaux que l’on soupçonne un peu vite <https://www.lejdd.fr/Societe/chauves-souris-pangolins-ces-animaux-que-lon-soupconne-un-peu-vite-3961484>, Le JDD, 13/04/20, 07h00
15- Virus : quand les activités humaines sèment la pandémie <https://theconversation.com/virus-quand-les-activites-humaines-sement-la-pandemie-135907>, The Conversation, 13/04/20, 21:40 
16- Repenser notre rapport à une nature à bout de souffle <https://theconversation.com/repenser-notre-rapport-a-une-nature-a-bout-de-souffle-134699>, The Conversation, 13/04/20, 21:41
17- Les secrets de la chauve-souris, « souche à virus » au système immunitaire d’exception <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/04/13/la-chauve-souris-alliee-ou-ennemie_6036465_1650684.html>, Le Monde, maj le 14/04/20 à 05h50
En images
18- Dans l'ombre du tiroir - Éco-épidémiologie de la maladie de Chagas <https://www.canal-u.tv/video/cerimes/dans_l_ombre_du_tiroir_eco_epidemiologie_de_la_maladie_de_chagas.8003>, Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme & Service du Film de Recherche Scientifique (SFRS), 01/01/98
19- Magazine. Abeilles : to bee or not to be <https://www.france.tv/france-2/13h15-le-dimanche/1409539-abeilles-to-bee-or-not-to-be.html>, France 2, 13h15 le Dimanche, 12/04/20

Bien à vous,
Florence

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CONSENSUS DU JOUR : Les pertes de biodiversité dues à la dégradation des habitats naturels (en particulier les zones forestières) augmentent la proximité de la faune sauvage avec les humains et leurs animaux domestiques, entraînant des risques sanitaires en raison d’une transmission accrue des maladies dites "zoonotiques". 75% des maladies émergentes apparues depuis le début du XXe siècle sont des zoonoses. (cf. item 5, 6, 7, 8, 12, 13, 14, 15 & 16)
ÉTUDES DU JOUR : — Plus une espèce exotique menaçant la biodiversité est perçue comme charismatique, plus il est difficile de lutter contre sa propagation, estime une étude publiée Frontiers in Ecology and the Environment. (cf. item 2) 
— Une nouvelle étude pointe la responsabilité de l'activité humaine et de la destruction de la biodiversité dans l'apparition de nouveaux virus venus du monde animal, tel le coronavirus à l'origine de l'épidémie de Covid-19. (cf. item 7 & suite)
— "Nos données illustrent la manière dont l’exploitation de la faune sauvage et la destruction de l'habitat naturel sous-tendent les transferts de maladies, nous confrontant au risque de maladies infectieuses émergentes", Christine Kreuder Johnson, project director of USAID PREDICT and director of the EpiCenter for Disease Dynamics at the One Health Instituteur at UCDavis (cf. item 8 & suite)
VERTIGE DU JOUR : Les chercheurs du programme nord-américain PREDICT estiment les nouvelles espèces de virus à découvrir entre 360 000 et 460 000. (cf. item 15)
EXCEPTION VIVANTE DU JOUR : Outre leur système de lutte antivirale unique, les chauves-souris sont les seuls mammifères doués d’un vol actif. Ces reines de la nuit partagent également avec quelques espèces de cétacés (baleines, dauphins…) et une espèce de musaraigne le don de pouvoir se repérer, communiquer et même chasser grâce à l’écholocalisation. (cf. item 17)
CITATION DU JOUR : "Cachou avait une importance particulière, il était l’unique descendant de l’ours Balou, lâché en 2006. Il portait un patrimoine génétique différent du reste de la population et constituait un espoir pour l’avenir de l’espèce dans les Pyrénées. Sa disparition sans descendance (connue) renvoie à la grande fragilité de la population pyrénéenne d’ours, notamment du fait d’une diversité génétique insuffisante." Associations Pays de l'ours-Adet et Ferus (cf. item 10)
PRÉCURSEURS DU JOUR : Il y a 22 ans déjà, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme et le Service du Film de Recherche Scientifique (SFRS) produisaient un documentaire sur une zoonose, la maladie de Chagas, illustrant en quoi, en réduisant la biodiversité, les activités humaines sèment des pandémies. (cf. item 19)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- L’économie au défi de la biodiversité, Entrepreneurs d’avenir, 01/04/20
Jérôme Cohen, Fondateur ENGAGE

‘Lorsque l’on agresse le vivant, on s’agresse nous-même’, disait récemment Gilles Bœuf. Cette évidence, toute simple, nous l’avons oubliée, en nous coupant du vivant, en oubliant que nous en faisons partie.
Est-il trop tard pour réagir ? Devons-nous céder à la tristesse ou au catastrophisme ?
Non, car les systèmes terrestres ou marins ont une forte capacité de régénérescence. Non, car face à l’effondrement de la biodiversité – à titre d’exemple, 80% des insectes ont disparu en 30 ans en France et en Europe ; le WWF faisait par ailleurs état en 2018 dans son rapport Planète Vivante de la disparition de 60% des populations d’espèces de vertébrés sauvages – il est finalement trop tard pour perdre espoir. L’ampleur du phénomène nous condamne à l’action.
Alors, comment agir justement ? En tant que citoyen, en s’investissant dans les nombreuses initiatives de recherche participatives, dans les associations qui s’emploient à travailler sur la biodiversité à l’échelle de leurs territoires. En arbitrant dans ses actes de consommation. En votant bien sûr aussi. Nous savons tous cela.
Un autre territoire d’action paraît tout aussi fondamental aujourd’hui, celui de l’entreprise. Car si les entreprises constituent l’une des causes de cet appauvrissement édifiant de la biodiversité, elles peuvent aussi participer à sa redynamisation. Comment produire, distribuer sans piller les ressources ? Comment développer une activité respectueuse de l’Homme et de la nature ?
>> Suite à lire à :
<http://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/leconomie-au-defi-de-la-biodiversite/>
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2- Un raton laveur mignon, des perruches colorées… Le « charisme » des espèces invasives favorise leur implantation, Le Monde, 06/04/20, 01h00
Perrine Mouterde 

Plus une espèce exotique menaçant la biodiversité est perçue comme positive, plus il est difficile de lutter contre sa propagation, estime une étude publiée lundi. 
Dans les années 1950, une famille de chats a été introduite dans les îles Kerguelen (Terres australes et antarctiques françaises). Trente ans plus tard, la population de 3 500 chats tuait 1,2 million d’oiseaux par an. Sur les îles Herekopare (Nouvelle-Zélande), seuls quelques milliers des 400 000 oiseaux qui y vivaient ont survécu à l’arrivée de chats, qui ont totalement décimé six espèces d’oiseaux terrestres et de grandes colonies d’oiseaux de mer. Le chat est considéré par l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) comme l’une des cent « espèces exotiques envahissantes » les plus nuisibles, tout comme le rat noir. Mais sommes-nous prêts à lutter contre le chat, considéré comme mignon et amusant, autant que contre le rat, au capital sympathie bien moins élevé ?
Une équipe internationale de recherche, impliquant deux laboratoires français, s’est intéressée au rôle du « charisme » des espèces dans les invasions biologiques. Dans une étude publiée lundi 6 avril dans la revue Frontiers in Ecology and the Environment, elle analyse en quoi la popularité d’une espèce et la perception de la société à son égard conditionnent son introduction dans un nouvel environnement et les bouleversements qu’elle suscite.
Après la destruction des habitats naturels, les espèces invasives sont considérées comme l’une des principales causes de l’effondrement de la biodiversité. « Les espèces exotiques sont répertoriées comme ayant contribué à l’extinction de plus de la moitié de toutes les espèces analysées et à près des deux tiers des extinctions des vertébrés », détaillait en 2016 une étude publiée par la revue Biology Letters, sur la prévalence d’espèces exotiques comme facteur d’extinctions récentes chez les plantes, les amphibiens, les reptiles, les oiseaux et les mammifères.
« Si une espèce est jolie, on réagit moins vite »
Des animaux avec des gros yeux et des attitudes qui rappellent celles des humains, des plantes grandes, colorées et qui fleurissent longtemps, des espèces « attirantes », « belles » ou « sympathiques »… « La notion de charisme est appliquée aux espèces dont les caractéristiques et le comportement tendent à inspirer des réponses positives chez l’homme », résument les auteurs de l’étude, qui se sont appuyés sur l’analyse d’une cinquantaine de cas. Ils en concluent que le charisme a une influence dans toutes les phases de l’invasion biologique, de l’introduction de l’espèce à sa propagation ou lors des efforts de gestion, de contrôle ou de recherche.
Lorsqu’elles sont introduites de façon volontaire, les espèces exotiques le sont d’abord pour des raisons esthétiques. C’est le cas notamment pour les plantes ornementales, les poissons destinés aux aquariums – responsables de l’introduction d’un tiers des espèces invasives aquatiques les plus nuisibles écologiquement et économiquement – et les animaux de compagnie. « Plus une espèce envahissante est charismatique, plus elle va être introduite en masse, à plusieurs reprises et dans des conditions favorables, explique Franck Courchamp, écologue et chercheur au CNRS et l’un des auteurs de l’étude. Plus on introduit une espèce, plus elle a des chances de s’établir. Et si on la trouve jolie ou sympathique, on va réagir moins vite lorsqu’elle se propage. »
Ça a été le cas, par exemple, pour les petites tortues de Floride, importées massivement d’Amérique par des animaleries d’Europe parce qu’elles étaient jugées mignonnes, ou pour les ratons laveurs, introduits en nombre au Japon à une époque où un dessin animé avait pour héros un sympathique représentant de cette espèce. Ou encore pour la perruche à collier, introduite par des oiselleries il y a une vingtaine d’années. Aujourd’hui présente du sud de l’Espagne à l’Angleterre, elle chasse les oiseaux indigènes des cavités où ils nichent, est capable d’attaquer des mouettes ou des chauves-souris et ravage les vignes et les vergers. « Personne n’a réagi au début, lorsque ces perruches étaient présentes mais pas encore établies, indique Franck Courchamp. On a sans doute été influencé par le fait qu’elles étaient jolies. »
Selon les auteurs de l’étude, plus une espèce exotique est perçue comme attractive ou sympathique, plus la population a des chances d’approuver son installation. Et plus les mesures de contrôle ou de gestion de cette espèce risquent d’être difficiles à mettre en œuvre. « Cette étude met l’accent sur l’une des difficultés majeures d’interventions contre certaines espèces invasives », confirme Serge Muller, professeur au Muséum d’histoire naturelle et spécialiste des invasions biologiques, qui n’a pas participé à l’étude.
« Les espèces considérées comme invasives ont en effet souvent des caractéristiques qui vont faire qu’elles vont être appréciées par les populations, confirme aussi Anne Atlan, socio-écologue et directrice de recherche au CNRS. C’est ce que j’appelle des espèces ambivalentes : elles ont une valeur positive pour certains groupes sociaux – la population – et négative pour d’autres groupes – les écologues, les gestionnaires et les conservationnistes. C’est ce qui va créer un conflit dans leur gestion. »
Ecureuil gris contre écureuil roux
L’un des exemples les plus emblématiques est celui de l’écureuil gris, originaire des Etats-Unis et introduit en Angleterre il y a quelques décennies. Au fur et à mesure que l’écureuil gris progressait vers le Sud, les populations locales d’écureuil roux disparaissaient : l’écureuil gris est plus habile à trouver les caches de noisettes, plus agressif et porteur sain d’un virus qui décime son homologue roux. Il est aussi moins timide et accepte d’être nourri dans les parcs, ce qui le rend bien plus sympathique.
Lorsque l’écureuil gris a été introduit en Italie, des spécialistes des espèces invasives ont tenté de freiner son établissement mais des associations de défense des animaux ont fait campagne contre leur programme et intenté un procès à leur université. Lorsque celle-ci a remporté ce procès cinq ans plus tard, l’écureuil gris était largement implanté.
« Il est toujours compliqué de lutter contre les espèces envahissantes et d’expliquer que si on n’élimine pas une population, plusieurs espèces vont en pâtir, reconnaît Franck Courchamp. Pour protéger la biodiversité, il faut parfois lutter contre des espèces vivantes, ce qui est contre-intuitif car évidemment il n’y a pas de “mauvaises” espèces. Mais plus l’espèce est charismatique, plus cela sera compliqué. »
Pour Anne Atlan, s’il est nécessaire de prendre en compte la perception de la société, la seule méthode de gestion des espèces invasives ne doit pas être l’élimination de populations. Elle estime qu’il peut y avoir, au moins dans certains cas, d’autres modes de contrôle. « On peut laisser faire, considérer que l’espèce exotique va s’intégrer et que cela va constituer un néoécosystème, ou lui trouver une valorisation économique, précise-t-elle. Et dans certaines situations, pourquoi lutter contre l’espèce qu’aiment les gens et vouloir à tout prix garder l’espèce locale ? »
Les auteurs de l’étude espèrent qu’en sensibilisant davantage aux mécanismes liés au charisme de certaines espèces invasives, il sera possible de mieux anticiper les potentiels conflits, et de les éviter. « Ce phénomène est connu des acteurs mais le grand public n’a pas encore vraiment conscience que ce qui est beau et attirant peut être dangereux », confirme Serge Muller.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/06/un-raton-laveur-mignon-des-perruches-colorees-le-charisme-des-especes-invasives-favorise-leur-implantation_6035665_3244.html>
En savoir plus :
> The role of species charisma in biological invasions <https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/fee.2195>, Frontiers in Ecology and the Environment, 06/04/20
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3- Coronavirus : un tigre d’un zoo de New York teste positif, Le Monde, 06/04/20, 04h40

Le zoo du Bronx a déclaré que des mesures préventives étaient en place pour les gardiens ainsi que pour tous les félins des zoos de la ville. 
Un tigre d’un zoo du Bronx à New York a été testé positif au Covid-19, a indiqué dimanche 5 avril l’institution, une maladie que le félin aurait contractée auprès d’un gardien ne présentant alors aucun symptôme.
Ce tigre malais de quatre ans appelé Nadia, sa sœur Azul, deux tigres de l’Amour et trois lions d’Afrique souffrent tous de toux sèche, mais devraient se rétablir complètement, indique le zoo dans un communiqué.
> Lire aussi  Coronavirus : plus de 1 200 morts en une journée aux Etats-Unis, l’espoir renaît en Europe
« Nous avons testé le félin en prenant toutes les précautions et nous nous assurerons que toute connaissance acquise sur le Covid-19 contribuera à la compréhension de ce nouveau coronavirus dans le monde », ajoute le communiqué envoyé à l’AFP. « Bien que leur appétit ait diminué, les félins du zoo du Bronx se portent grâce aux soins vétérinaires et se montrent vifs, alertes et interactifs avec leurs gardiens », selon la même source.
« On ne sait pas comment cette maladie va se développer chez les grands félins car les différentes espèces peuvent réagir différemment aux nouvelles infections, mais nous allons continuer à les surveiller de près et à anticiper un rétablissement complet », indique encore l’institution new yorkaise.
Chat infecté en Belgique
Les quatre zoos et l’aquarium de New York – métropole dont le nombre de décès dus au virus a dépassé 4 000 – sont fermés depuis le 16 mars.
Fin mars, un chat a été infecté par le nouveau coronavirus en Belgique, contaminé par son maître qui était malade, selon les autorités sanitaires belges qui avaient alors exclu tout risque de contamination de l’animal à l’homme.
Des cas similaires ont été signalés à Hong Kong où deux chiens ont été testés positifs au Covid-19. Ces animaux auraient contracté le virus auprès des personnes avec lesquelles ils vivent. Le zoo du Bronx a déclaré que des mesures préventives étaient en place pour les gardiens ainsi que pour tous les félins des zoos de la ville.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/06/coronavirus-un-tigre-d-un-zoo-de-new-york-teste-positif_6035674_3244.html>
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4- Australie. La Grande Barrière vient de vivre son pire épisode de blanchissement des coraux, Ouest-France avec AFP, 07/04/20, 08h08

La température de l’eau relevée dans la zone de ce joyau naturel est la plus élevée jamais enregistrée.
La Grande Barrière de corail a vécu au cours de l’été austral qui vient de s’achever son plus grave épisode de blanchissement de coraux, un phénomène dû au réchauffement climatique qui menace la survie même de ce joyau australien classé au Patrimoine mondial, ont annoncé mardi 7 avril des chercheurs.
Le professeur Terry Hughes, de l’Université James Cook, basée à Townsville, dans l’État du Queensland (nord-est) a annoncé au terme d’une vaste étude conduite le mois dernier que l’ensemble qui s’étend sur 2 300 km avait en raison de températures de l’eau records connues un nouvel épisode de blanchissement, le troisième en cinq ans.
Le blanchissement est un phénomène de dépérissement qui se traduit par une décoloration. Il est dû à la hausse de la température de l’eau, celle-ci entraînant l’expulsion des algues symbiotiques qui donnent au corail sa couleur et ses nutriments.
Des phénomènes graves
Les récifs peuvent s’en remettre si l’eau refroidit, mais ils peuvent aussi mourir si le phénomène persiste.
« Nous avons passé en revue 1 036 récifs depuis les airs au cours de la deuxième quinzaine de mars pour mesurer l’importance et la gravité du blanchissement des coraux sur toute la Grande Barrière de corail, a déclaré Terry Hughes.
Pour la première fois, des phénomènes graves de blanchissement ont été observés dans les trois grandes régions de la Grande Barrière, le nord, le centre et d’importantes portions du secteur sud. »
La température la plus élevée jamais enregistrée
La température de l’eau dans la région de la Grande Barrière a été en février la plus élevée depuis le début des relevés en 1900.
La Grande Barrière, inscrite au patrimoine de l’Humanité depuis 1981, est une importante source de revenus pour le secteur touristique australien. L’ensemble de 345 000 kilomètres carrés avait évité de justesse en 2015 d’être placé par l’Unesco sur sa liste des sites en péril.
La Barrière est aussi menacée par les ruissellements agricoles, par le développement économique et par l’acanthaster pourpre, une étoile de mer dévoreuse de coraux.
Le nord de cet écosystème avait déjà subi en 2016 et 2017 deux épisodes sans précédent de blanchissement de ses coraux et l’Australie avait revu l’an dernier les perspectives de cet ensemble, les considérant désormais comme très mauvaises.
Vers une aggravation
Le gouvernement conservateur de Scott Morrison est accusé de traîner les pieds dans la lutte contre le réchauffement climatique pour ne pas sacrifier la lucrative industrie du charbon qui emploie des milliers d’Australiens.
Le premier épisode de blanchissement des coraux avait été observé sur la Grande Barrière en 1998. Mais la hausse continue des températures provoquées par le réchauffement climatique a augmenté la fréquence de la survenue de ce phénomène dévastateur.
Morgan Pratchett, professeur à l’Université James Cook, a précisé qu’après ces reconnaissances aériennes, des études sous-marines seraient conduites pour évaluer la santé des récifs.
<https://www.ouest-france.fr/environnement/climat/australie-la-grande-barriere-vient-de-vivre-son-pire-episode-de-blanchissement-des-coraux-6802013>
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5- Entretien. Coronavirus : « L’origine de l’épidémie de Covid-19 est liée aux bouleversements que nous imposons à la biodiversité », Le Monde, maj le 08/04/20 à 15h11
Propos recueillis par Martine Valo

Pour l’écologue Philippe Grandcolas, l’émergence des maladies infectieuses est directement liée à notre rapport à la nature. 
Philippe Grandcolas, spécialiste de l’évolution des faunes et du comportement des insectes dictyoptères, est directeur de recherche au CNRS et directeur de laboratoire au Muséum national d’histoire naturelle. Selon lui, la crise sanitaire due au nouveau coronavirus est le moment ou jamais d’aborder la question de notre mauvais rapport à notre environnement naturel.
Quelle est, selon vous, la corrélation entre le déclin de la biodiversité et l’émergence de maladies comme le Covid-19 ?
Les gens pensent que les virus ont toujours existé, que les épidémies n’ont rien à voir avec l’état de la biodiversité ou le changement climatique. Pourtant, depuis quelques décennies, elles augmentent. Elles n’ont pas l’impact énorme du Covid-19, mais leur fréquence s’accélère. La majorité sont des zoonoses : des maladies produites par la transmission d’un agent pathogène entre animaux et humains. Les pionniers des travaux sur les parasites les étudient depuis le début du XXe siècle. Mais la prise de conscience de leur lien avec l’écologie au sens scientifique du terme date d’il y a quarante à cinquante ans.
Aujourd’hui, nous savons qu’il ne s’agit pas que d’un problème médical. L’émergence de ces maladies infectieuses correspond à notre emprise grandissante sur les milieux naturels. On déforeste, on met en contact des animaux sauvages chassés de leur habitat naturel avec des élevages domestiques dans des écosystèmes déséquilibrés, proches de zones périurbaines. On offre ainsi à des agents infectieux des nouvelles chaînes de transmission et de recompositions possibles.
> Lire aussi  Coronavirus : la dégradation de la biodiversité en question
On peut citer le SRAS, ou syndrome respiratoire aigu sévère, dû à un coronavirus issu de la combinaison de virus d’une chauve-souris et d’un autre petit mammifère carnivore, relativement vite jugulé au début des années 2000. L’épidémie du sida, souvent caricaturée de manière malsaine, présente une trajectoire analogue : une contamination de primates, puis une transmission à des centaines de millions de personnes. Ebola fait un peu moins peur parce qu’on pense que son rayon d’action est limité à quelques zones endémiques. En réalité, sa virulence est si terrible que cette affection se propage moins facilement car la population meurt sur place. Là aussi, le point de départ est une chauve-souris.
Ces jours-ci, certains seraient sans doute tentés d’éradiquer chauves-souris et pangolins, soupçonnés d’avoir servi de réservoir au coronavirus…
Malheureusement, la période dramatique que nous traversons pourrait exacerber le manichéisme humain, pousser certains à vouloir se débarrasser de toute la biodiversité. En réalité, c’est pire : on ignore simplement que l’origine de l’épidémie de Covid-19 est liée aux bouleversements que nous imposons à la biodiversité. Le silence sur ce point est assourdissant.
Je n’ai pas de complexe à aborder aujourd’hui la question de notre mauvais rapport avec la nature, même si les gens sont confinés, submergés par des controverses sur la gestion des masques, des tests, des médicaments… Demain, ils le seront par les tourmentes économiques. Quand est-ce le moment ? Quand nous serons passés à autre chose et aurons oublié ? On peut craindre alors que nous n’apprenions rien avant la survenue de nouvelles crises. Et nous ne pouvons pas nettoyer au Kärcher tous les micro-organismes qui nous entourent, on en a absolument besoin !
Pourquoi est-ce si difficile de communiquer sur la perte du vivant ?
La biodiversité est plus compliquée à comprendre que l’évolution du climat qui se mesure en concentration de gaz à effet de serre et produit des événements météorologiques extrêmes. Ainsi l’émergence de nouvelles maladies ne se résume pas à des statistiques de rencontres entre des populations humaines en santé précaire et des milieux tropicaux riches en agents infectieux. Il s’agit surtout d’un problème de simplification des écosystèmes, de morcellement des habitats naturels où la diversité baisse. La capacité des agents infectieux à se transmettre de proche en proche en est renforcée, leur prévalence augmente, leurs ennemis peuvent disparaître.
Même lorsqu’on parvient à s’intéresser à d’autres qu’à l’homme, aux grands vertébrés, lions, girafes, pandas, pangolins, on est loin de percevoir la complexité des équilibres instables de la nature. Notre anthropocentrisme et nos simplismes nous dictent une vision naïve des animaux et des plantes que nous considérons comme utiles ou nuisibles, toujours en fonction de nos intérêts extrêmement immédiats. A cela s’ajoutent nos résistances culturelles considérables.
Nous pensons toujours avec une certaine vision Nord-Sud, voire avec xénophobie. Cela nous permet de critiquer la mauvaise gestion des marchés en Chine par exemple, alors que nous avons les mêmes problèmes. Ainsi, en France, nous tuons des centaines de milliers de renards par an. Or ce sont des prédateurs de rongeurs porteurs d’acariens qui peuvent transmettre la maladie de Lyme par leurs piqûres.
Il n’y a pas d’ange ni de démon dans la nature, les espèces peuvent être les deux à la fois. La chauve-souris n’est pas qu’un réservoir de virus, elle est aussi un prédateur d’insectes en même temps qu’une pollinisatrice de certaines plantes. Il en existe d’ailleurs des centaines d’espèces que nous connaissons mal, nous en découvrons encore. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons du mal à identifier les combinaisons qui ont fait émerger le coronavirus. Faute de recherches préalables, les scientifiques partent de loin !
Comment toucher le public avec les savoirs en écologie ?
D’abord, je ne voudrais pas avoir l’air de prêcher pour ma paroisse, mais l’étude des écosystèmes est le parent pauvre de la science et de la biologie. Même entre confrères, cela semble toujours saugrenu d’aller étudier des petites bêtes ou des plantes exotiques… Alors que l’acquisition de connaissances serait cruciale, en particulier pour la santé.
Au-delà d’une fraction d’interlocuteurs avertis, je me suis aperçu que les gens qui n’ont pas d’empathie à l’égard de la biodiversité peuvent être fascinés par ce qui les effraie, les dégoûte. En leur parlant du ver plat, des blattes, des punaises de lit, on peut les amener à échanger sur la biodiversité. L’émotion fonctionne aussi : les koalas ont fait beaucoup pour l’intérêt du public vis-à-vis des incendies en Australie, un problème monstrueux qui dépasse de très loin le sort des paresseux australiens.
Nous avons du mal à faire comprendre que l’écologie appliquée peut apporter des solutions. Arrêter la déforestation, substituer d’autres consommations à la viande de brousse, favoriser les circuits alimentaires courts… L’Amazonie qui brûle, c’est un drame pour les Amérindiens, pour les Brésiliens, pour le monde… Mais comment donner des leçons à ce pays alors que son soja qui nourrit notre bétail est largement lié à la déforestation ?
Il y a des résistances politiques et économiques à l’idée qu’il faudrait complètement réorganiser l’agriculture. Les élevages aussi : mal conduits, ils permettent aux agents infectieux de proliférer, comme on l’a vu avec la grippe aviaire venue de Chine. Dans les installations à l’européenne, la promiscuité entre un grand nombre d’animaux les rend vulnérables à des maladies qui sont traitées de façon presque permanente avec des antibiotiques. On a montré que même les rejets diffus de leurs déjections dans les milieux naturels par épandage contribuent à des phénomènes d’antibiorésistance.
Que répondre aux tenants du droit à l’innovation afin de nourrir une population grandissante, quitte à générer des crises comme celle de la vache folle ?
Prétendre que nous sommes coincés parce que nous sommes de plus en plus nombreux est un piège. Gagner en productivité ne veut pas dire développer de mauvaises pratiques. Les insecticides néonicotinoïdes, par exemple, constituent une innovation industrielle et commerciale, mais ils ne sont pas performants : moins de 20 % du produit est utile, le reste part dans l’environnement et tue tout ce qui vit alentour.
<https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/04/04/pandemies-nous-offrons-a-des-agents-infectieux-de-nouvelles-chaines-de-transmission_6035590_1650684.html>
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6- Tribune. Coronavirus : « La Chine a une responsabilité dans cette épidémie transmise par un animal sauvage interdit de commerce », Le Monde, 08/04/20, 17h56
Par Sylvie Lemmet, Ex-directrice du Programme des Nations unies pour l’environnement, Olivier Blond, Président de l’association Respire & Yann Arthus Bertrand, Président de la fondation GoodPlanet

Dans une tribune au « Monde », Yann Arthus-Bertrand, Olivier Blond et Sylvie Lemmet s’indignent du non-respect par la Chine de sa signature de la Convention internationale contre le trafic des espèces sauvages (Cites), qui protège le pangolin.
Tribune. L’épidémie de Covid-19 est partie de Chine, d’où le virus est passé à l’être humain par le biais d’animaux sauvages, dont, semble-t-il, les pangolins – qui sont pourtant officiellement protégés. La Chine a donc une importante responsabilité dans la naissance de cette épidémie transmise au monde entier par un animal sauvage interdit de commerce, mais en vente publique dans ses marchés. Il faut en tirer une conclusion essentielle : respecter les traités internationaux sur la biodiversité ne doit être une option pour personne.
La Chine est en effet membre de la Convention internationale contre le trafic des espèces sauvages (Cites). Cette convention a alerté depuis 1994 sur les risques d’extinction du pangolin. Son commerce a été soumis à de fortes restrictions et interdit pour les espèces asiatiques. Pourtant, le pangolin est resté l’un des animaux les plus braconnés au monde. Il est utilisé en Chine pour sa viande ou pour la pharmacopée.
> Lire aussi  « Le pangolin tient-il sa revanche avec le nouveau coronavirus ? »
Les espèces de pangolin vivant en Asie ayant diminué de façon rapide, la Chine s’est tournée vers l’Afrique pour ses approvisionnements. Les forêts du continent fournissent plusieurs centaines de milliers de pangolins chaque année pour la consommation locale et l’exportation. Le Nigeria serait la plaque tournante des exportations vers la Chine.
Le rôle des Etats d’appliquer les conventions internationales
En septembre 2016, à Johannesburg, lors de à la 17e conférence des parties de la Cites, les huit espèces de pangolins, africaines et asiatiques, ont été intégrées à l’annexe 1, statut qui interdit tout commerce international de ces espèces sauf dérogation spécifique – notamment à des fins de recherche. La Chine s’est donc engagée, comme tous les autres pays signataires, à mettre fin au trafic et à la vente des pangolins.
> Lire aussi  Coronavirus : « L’origine de l’épidémie de Covid-19 est liée aux bouleversements que nous imposons à la biodiversité »
Cela n’a pas empêché grand-chose. Comme pour la plupart des trafics, l’importance croissante des saisies policières montre tout juste l’importance grandissante du trafic, et les marchés continuent de vendre ces petits animaux timides ou leurs cadavres. Il est avéré que les trafics d’animaux sauvages sont aux mains de mafias puissantes. Mais c’est bien le rôle des Etats que d’appliquer les conventions internationales qu’ils signent, en informant leurs populations, en contrôlant les trafics. C’est leur responsabilité.
Certains pays africains peuvent avoir des difficultés à lutter contre le braconnage. Face à des braconniers plus nombreux, mieux équipés et sans vergogne, les gardes forestiers risquent leur vie dans un combat inégal. Des dizaines d’entre eux sont morts, par exemple, en tentant de lutter contre le trafic de corne de rhinocéros, principalement vers l’Asie. Mais l’Etat chinois contrôle ses citoyens, ses frontières et ses communications comme nul autre pays, et il est impossible de croire que ces trafics perdurent sans la complicité ou la tolérance de parties importantes de l’Etat.
Même position de la Chine qu’en 2002 après le SARS ?
La Chine vient d’annoncer l’interdiction de la consommation et du commerce d’animaux sauvages. Mais en 2002, après le SARS qui a émergé de chauves-souris et de civettes, le pays avait fait de même, avant de les réautoriser trois mois plus tard… Comment croire que cette fois-ci la situation ait vraiment changé ? D’autant plus que les interdictions actuelles ne concernent pas les animaux utilisés pour la pharmacopée traditionnelle.
> Lire aussi  « Par la grâce d’un cygne noir déguisé en coronavirus, nous voilà revenus en 2009 »
Or, les autorités chinoises recommandent désormais contre le coronavirus un traitement à base de bile d’ours. La production de cette bile suppose des souffrances terribles dans les fermes d’élevage. D’autres traitements sont constitués à partir de crottes ou de parties de chauves-souris, dont les chercheurs pensent qu’elles hébergent le coronavirus.
Que ce soit pour les ours, les chauves-souris, les pangolins ou d’autres animaux encore, les permis d’élevage d’animaux sauvages camouflent le plus souvent un trafic d’importations illégales. Et les enjeux sont majeurs : selon une étude chinoise officielle citée par le Los Angeles Times, l’élevage d’animaux sauvages est une industrie de près de 70 milliards d’euros, qui emploie 14 millions de personnes, en Chine – en particulier dans les zones les plus pauvres. Or, cette industrie est fortement encouragée par l’administration.
L’enjeu dépasse la crise mondiale du coronavirus
La Chine devait accueillir la COP15 de la Convention sur la diversité biologique des Nations unies (CDB) au mois d’octobre 2020, mais celle-ci vient d’être repoussée à cause de la pandémie. Cette conférence doit fixer les objectifs et les moyens nécessaires pour stopper le déclin de la biodiversité. C’est aussi l’occasion de réfléchir à une nouvelle gouvernance mondiale de la biodiversité, qui ne permette pas d’échapper à ses obligations. Il est temps de confronter les pays à leurs responsabilités en matière de biodiversité et d’espèces menacées.
> Lire aussi  Covid-19 : ce que l’on a appris et ce que l’on ignore encore
L’enjeu dépasse la crise mondiale du coronavirus : c’est aussi celui des maladies émergentes, dont entre 60 et 75 % proviennent d’espèces animales sauvages. La crise mondiale qui affecte des milliards d’habitants de la planète n’est pas due à la malchance ou à l’ignorance ; elle est liée à l’absence de mise en œuvre d’engagements internationaux par certains pays, qui jouent avec la santé de leur population comme avec celle de la planète entière. La Chine devra désormais adopter un comportement exemplaire si elle veut demeurer un hôte crédible de la future Conférence sur la diversité biologique.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/08/coronavirus-la-chine-a-une-responsabilite-dans-cette-epidemie-transmise-par-un-animal-sauvage-interdit-de-commerce_6035968_3232.html>
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7- Nouveaux virus : une nouvelle étude pointe la responsabilité humaine, AFP, 08/04/20, 19:00

Une nouvelle étude pointe mercredi la responsabilité de l'activité humaine et de la destruction de la biodiversité dans l'apparition de nouveaux virus venus du monde animal, tel le coronavirus à l'origine de l'épidémie de Covid-19.
Les chercheurs de l'école vétérinaire de l'Université de Californie ont étudié 142 cas de "zoonoses" virales (maladies transmises de l'animal à l'humain) répertoriées dans des études depuis 2013, qu'ils ont ensuite croisés avec les listes de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui classe notamment les espèces en danger.
Les rongeurs, primates et chauve-souris ont été identifiés comme hôtes de la majorité des virus transmis à l'Homme (75,8%) et les animaux domestiques comme porteurs de 50% des zoonoses identifiées.
Parmi les espèces sauvages menacées, "celles dont les populations sont en baisse en raison de l'exploitation et de la perte d'habitat partagent plus de virus avec les humains", notent les chercheurs dans le magazine Proceedings of the Royal society (sciences biologiques).
"Nos données illustrent la manière dont l’exploitation de la faune sauvage et la destruction de l'habitat naturel sous-tendent les transferts de maladies, nous confrontant au risque de maladies infectieuses émergentes", a déclaré à l'AFP Christine Johnson, qui a dirigé l'étude, réalisée avant l'apparition de l'épidémie actuelle, qui pourrait selon certains scientifiques venir d'une espèce de chauve-souris.
"Nous modifions les territoires par la déforestation, la conversion de terres pour l'agriculture, l'élevage ou la construction. Ceci augmente la fréquence et l'intensité des contacts entre l'humain et la faune sauvage, créant les conditions idéales pour des transferts viraux", a-t-elle souligné.
Selon les experts biodiversité de l'ONU (IPBES), un million d'espèces animales et végétales sont en danger de disparition en raison de l'activité humaine.
En 2016, l'agence des Nations Unies pour l'environnement avait souligné que quelque 60% des maladies infectieuses chez l'Homme étaient d'origine animale, et 75% des maladies émergentes. Elle avait estimé que ces dernières avaient eu un coût direct sur les deux dernières décennies de 100 milliards de dollars, qui pourrait être démultiplié si elles passaient au stade de pandémie humaine, comme l'a fait le nouveau coronavirus.
<https://www.geo.fr/environnement/nouveaux-virus-une-nouvelle-etude-pointe-la-responsabilite-humaine-200417 <https://information.tv5monde.com/info/nouveaux-virus-une-nouvelle-etude-pointe-la-responsabilite-humaine-354705>>
Sur le même sujet
> The Link Between Virus Spillover, Wildlife Extinction and the Environment - The Same Processes That Threaten Wildlife Increase Our Risk of Spillove <https://www.ucdavis.edu/coronavirus/news/link-between-virus-spillover-wildlife-extinction-and-environment/>r, UCDavis, 07/04/20 
En savoir plus :
> Global shifts in mammalian population trends reveal key predictors of virus spillover risk <https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2019.2736>, Proceedings of the Royal society, 08/04/20 
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8- L’impact de l’homme sur la nature serait bien à l’origine des épidémies, EurActiv, 09/04/20, 10:58
John Vidal |  The Guardian | translated by  Morgane Detry

D’après une étude, la chasse, la pêche et l’exode rural contribuent à l’érosion rapide de la biodiversité et augmentent le risque de transmission de virus dangereux des animaux aux humains, comme le COVID-19. Un article de notre partenaire, The Guardian.
Des scientifiques australiens et américains ont mené une vaste étude sur les animaux susceptibles de transmettre des maladies aux humains. Les conclusions du rapport suggèrent que le contact humain accru avec les animaux sauvages est sans doute à l’origine de la pandémie actuelle.
Les auteurs de l’étude fondent leur théorie sur 142 virus connus pour avoir été propagés aux humains par des animaux. Ces données ont ensuite été comparées avec la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Ce sont les animaux domestiques, comme le bétail, les moutons, les chiens et les chèvres, qui partagent le plus grand nombre de virus avec les humains — à savoir huit fois plus que les mammifères sauvages.
Les animaux sauvages qui se sont adaptés aux environnements dominés par l’homme contaminent aussi davantage les êtres humains. Les rongeurs, les chauves-souris et les primates — qui vivent souvent parmi les hommes et à proximité des habitations et des fermes — représentent pratiquement 75 % des virus transmis aux humains. À elles seules, les chauves-souris sont liées au développement de maladies telles que le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), mais aussi les virus Nipah, Marburg et Ebola.
L’étude, publiée dans la revue sur les sciences biologiques de la Royal Society, démontre que le risque de contagion est plus élevé chez les espèces sauvages menacées ou en voie d’extinction, et dont le nombre d’individus a fortement baissé (principalement en raison de la chasse, du trafic et de la destruction des habitats naturels).
« L’intrusion de l’homme dans des zones de biodiversité augmente le risque de contagion de nouvelles maladies infectieuses [par le contact] entre les humains et les animaux sauvages. […] Nous avons constaté que certains animaux de la famille des primates ou des chauves-souris étaient considérablement plus susceptibles d’être vecteurs de virus zoonotiques que d’autres espèces », indique le document.
« La propagation de virus par les animaux est l’un des résultats directs de nos actions sur les animaux et leur habitat », affirme Christine Kreuder Johnson, la principale auteure du rapport et la directrice du Centre d’études sur les maladies de l’Université de Californie, à Davis.
« En conséquence, ils partagent leurs virus avec nous. Ces actions menacent la survie des espèces et accentuent simultanément le risque de contagion. Cette convergence malheureuse de nombreux facteurs nous met dans des situations comme [la crise sanitaire actuelle] », explique-t-elle.
Et d’ajouter que « nous devons être très attentifs à notre façon d’interagir avec les animaux sauvages et aux activités qui nous mettent en contact [avec eux]. Nous ne voulons bien évidemment pas de pandémie de cette ampleur. Nous devons trouver des moyens de cohabiter avec la faune qui sont sans danger, comme [les animaux] ne sont pas à court de virus à nous transmettre ».
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/sante-modes-de-vie/news/human-impact-on-wildlife-to-blame-for-spread-of-viruses-says-study/>
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9- L'ourse polaire Nanuq quitte le zoo de Mulhouse, AFP, 09/04/20, 11:00

Nanuq, l'ourse polaire née fin 2016 au zoo de Mulhouse (Haut-Rhin), a quitté jeudi son lieu de naissance pour rejoindre le zoo de Lisieux (Calvados), première étape avant de prendre définitivement ses nouveaux quartiers dans la Sarthe.
Nanuq, qui était devenue l'un des animaux emblématiques du zoo où elle a vu le jour le 7 novembre 2016, va s'installer pour quelques mois en Normandie, avant de prendre la direction du zoo de La Flèche. Là-bas, les travaux de l'enclos où elle doit s'installer ont pris du retard en raison du confinement lié au coronavirus, a précisé l'établissement mulhousien.
Conformément aux préconisations internationales, le zoo de Mulhouse "a laissé Nanuq grandir auprès de sa mère Sesi le plus longtemps possible", a expliqué Brice Lefaux, le directeur de l'établissement.
Mais récemment, "des signes de rivalité entre les deux femelles sont apparus", avant d'évoluer "en début de semaine" vers de l'"agressivité", a-t-il poursuivi.
"Sa mère a rejeté Nanuq dimanche dernier donc elle ne pouvait plus rester avec sa mère. Elle va très bien, il n'y a aucun souci. Il nous fallait simplement la déplacer rapidement", a encore insisté M. Lefaux auprès de l'AFP. Selon lui, la séparation était donc devenue nécessaire "pour la sécurité et le bien-être des deux ourses".
Nanuq a ainsi été endormie à l'aide d'une flèche hypodermique, tôt jeudi matin. Le directeur adjoint et vétérinaire du zoo de Mulhouse, Benoît Quintard, l'a intubée le temps de procéder à plusieurs examens, prise de sang, prélèvement de poils, de morceaux de griffes et autres.
L'animal d'un peu plus de 200 kilos a ensuite été installé dans sa cage pour le transport et a été réveillé 45 minutes environ après avoir été sédaté.
Une fois ces opérations terminées, Nanuq a pris la route vers 08H00 en direction de la Normandie.
"Tout s'est bien passé, on a eu le temps de faire les différents examens, elle est en parfaite santé. Elle fait un peu plus de 200 kilos, et maintenant on peut juste lui souhaiter bonne route, qu'elle vive sa vie d'ourse, avec à la clé des oursons j'espère dans deux ou trois ans", a déclaré Benoît Quintard.
Le parc zoologique de Mulhouse avait annoncé début mars le départ de Nanuq pour La Flèche, où vit déjà un ours polaire, Taïko, un mâle de 9 ans, seul depuis la mort en 2018 de Katinka, une autre ourse polaire morte à l'âge de 28 ans.
Le zoo CERZA, près de Lisieux, s'est porté volontaire pour accueillir Nanuq le temps que celui de La Flèche termine les travaux de son futur enclos.
L'ours polaire est classé "vulnérable" par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Il en resterait environ 26.000 dans le monde.
<https://information.tv5monde.com/info/l-ourse-polaire-nanuq-quitte-le-zoo-de-mulhouse-354765>
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10- Pyrénées : L’ours Cachou retrouvé mort de cause inconnue côté espagnol, 20 Minutes, 10/04/20, 16h32
H.M.

Biodiversité. L’ours des Pyrénées Cachou est mort. La généralité du Val d’Aran, dans les Pyrénées espagnoles annonce avoir retrouvé son cadavre jeudi
Son collier GPS montrait une immobilité anormale depuis plusieurs jours. L’ours Cachou a été retrouvé mort jeudi, sur un versant escarpé de la commune de Les, dans le Val d’Aran, annoncent les autorités de l’enclave espagnole sur leur site Internet.
Le décès, inexpliqué pour l’heure, de cet ours mâle de 5 ans, fait déjà vivement réagir les défenseurs des plantigrades.
« Cachou avait une importance particulière, il était l’unique descendant de l’ours Balou, lâché à Arbas (Haute-Garonne) en 2006. Il portait un patrimoine génétique différent du reste de la population et constituait un espoir pour l’avenir de l’espèce dans les Pyrénées », rappellent ce vendredi les associations Pays de l'ours-Adet et Ferus. « Sa disparition sans descendance (connue) renvoie à la grande fragilité de la population pyrénéenne d’ours, notamment du fait d’une diversité génétique insuffisante », poursuivent-elles.
Autopsie à Barcelone
La dépouille de Cachou a été transférée à l’université autonome de Barcelone où le service d’écopathologie de la faune sauvage doit pratiquer une autopsie.
Les deux associations demandent au gouvernement français « d’intervenir auprès des autorités espagnoles et catalanes afin que la cause de la mort de Cachou soit établie et rendue publique ».
Réputé comme vorace pour ses attaques sur les animaux domestiques, l’ours Cachou était particulièrement surveillé par les Espagnols.
<https://www.20minutes.fr/planete/2758439-20200410-pyrenees-ours-cachou-retrouve-mort-cause-inconnue-cote-espagnol>
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11- Entretien. « L’humanité n’est pas assez stupide pour se tuer », Entrepreneurs d’avenir, 10/04/20
Propos recueillis par Pascal de Rauglaudre

Le coronavirus avant la biodiversité ! La « COP 15 de la biodiversité », qui devait se réunir à l’automne prochain en Chine, a été repoussée à 2021. Mais Robert Watson, président de l’IPBES, le « GIEC de la biodiversité », qui est intervenu au Parlement des Entrepreneurs d’avenir en janvier dernier, voit des raisons d’espérer dans la communauté des entrepreneurs.
Entrepreneurs d’avenir – Qu’attendez-vous de la prochaine COP sur la biodiversité ?
Robert Watson – J’ai commencé à étudier le premier document qui nous a été transmis, mais je reste inquiet. Il y a vingt ans, les gouvernements du monde se sont mis d’accord pour freiner et inverser la perte de biodiversité. En 2010, ils ont adopté vingt nouveaux objectifs dans ce sens. À chaque fois, ils ont échoué. C’était couru d’avance quand on connaît les raisons de la perte de biodiversité : changements d’usage des sols, surexploitation, pollution, climat, espèces invasives, etc. L’année dernière, au sommet du G7 à Metz, ils ont répété la même antienne : nous allons prendre au sérieux la biodiversité et le changement climatique, lutter contre les inégalités, etc. Au lieu de fixer les mêmes objectifs inaccessibles à tout le monde, ils feraient mieux d’annoncer les actions qu’ils sont prêts à prendre individuellement.
>> Suite à lire à :
<http://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/lhumanite-nest-pas-assez-stupide-pour-se-tuer/>
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12- Entretien*. Coronavirus : les humains doivent cesser de "mépriser" la nature, avertit Jane Goodall, AFP, 11/04/20, 10h00

C'est le "mépris" de notre environnement qui a causé la crise du Covid-19, estime Jane Goodall, 86 ans, primatologue britannique qui a voué sa vie à la défense des animaux, notamment les chimpanzés, et de l'environnement. Mais il est temps d'apprendre de nos erreurs et tenter d'éviter de futures catastrophes, plaide-t-elle.
Question : Comment percevez-vous cette pandémie ?
Réponse : C'est notre mépris pour la nature et notre manque de respect pour les animaux avec lesquels nous devrions partager la planète qui ont causé cette pandémie, qui avait été prédite de longue date. Car à mesure que nous détruisons, par exemple la forêt, les différentes espèces d'animaux qui l'habitent sont poussées en proximité forcée et des maladies passent d'un animal à un autre, et un de ces animaux, rapproché par force des humains, va probablement les infecter.
Ce sont aussi les animaux sauvages chassés, vendus sur des marchés en Afrique ou en Asie, notamment en Chine, et nos élevages intensifs où nous parquons cruellement des milliards d'animaux, ce sont ces conditions qui donnent l'occasion aux virus de faire le saut entre les espèces vers les humains.
Q : Concernant ces marchés animaliers, que faire ?
R : C'est une très bonne chose que la Chine ait fermé les marchés d'animaux vivants. C'est une interdiction temporaire dont nous espérons qu'elle deviendra permanente et que d'autres pays asiatiques vont suivre. Mais en Afrique il sera très difficile de stopper la vente de viande de brousse, car tant de gens en dépendent pour leur subsistance. Il faudra penser très attentivement à comment faire, car on ne peut empêcher quelqu'un de faire quelque chose quand il n'a absolument pas d'argent pour vivre ou faire vivre sa famille. Mais que cette pandémie nous apprenne au moins quoi faire pour en éviter une prochaine.
Q : Et il y a de quoi espérer ?
R : Nous devons comprendre que nous faisons partie du monde naturel, que nous en dépendons, et qu'en le détruisant, en fait, nous volons l'avenir de nos enfants. J'espère qu'en raison de cette riposte sans précédent, ces confinements partout dans le monde, plus de gens vont se réveiller, commencer à penser des façons dont ils pourraient vivre différemment leurs vies.
Tout le monde peut avoir un impact chaque jour, si vous pensez aux conséquences des petits choix que vous faites: ce que vous mangez ; d'où ça vient ; est-ce que ça a causé de la cruauté envers les animaux; est-ce que ça provient d'une agriculture intensive, ce qui est le cas en général ; est-ce que c'est bon marché grâce à du travail forcé d'enfants ; est-ce que sa production a nui à l'environnement ; combien de kilomètres a-t-il fallu le faire voyager ; avez-vous pensé à marcher au lieu de prendre la voiture ; comment pourriez-vous lutter contre la pauvreté, parce que les gens pauvres ne peuvent pas faire ce genre de choix éthiques, ils doivent faire ce qu'ils peuvent pour survivre, ils ne peuvent pas se poser ces questions sur ce qu'ils achètent, ça doit être le moins cher et ils abattront le dernier arbre parce qu'ils sont au désespoir de trouver de la terre pour faire pousser quelque chose à manger... Ce que nous pouvons faire chacun dans notre vie dépend de qui nous sommes, mais nous pouvons tous faire une différence, tous.
*Propos recueillis lors d'une conférence téléphonique à l'occasion de la sortie d'un nouveau documentaire produit par National Geographic, "Jane, un message d'espoir".
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/coronavirus-les-humains-doivent-cesser-de-mepriser-la-nature-avertit-jane-goodall_143419 <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/coronavirus-les-humains-doivent-cesser-de-mepriser-la-nature-avertit-jane-goodall_143419>>
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13- Entretien. Virginie Maris, philosophe de l’environnement : "Sans prise de conscience, les épidémies vont se répéter", Le JDD, 12/04/20, 12h30
Marianne Enault

La surexploitation des ressources naturelles est à l’origine de cette crise sanitaire, estime Virginie Maris, philosophe de l’environnement au CNRS.
Qu’est-ce que cette épidémie nous dit de notre relation à la nature ?
Ni la chauve-souris ni le pangolin ne font une pandémie. Ils sont réservoirs ou transmetteurs d’un virus. Ce qui fait la pandémie, c’est la déforestation, la perte d’habitat naturel, la réduction de la biodiversité. Puis la globalisation, l’intensification des voyages humains et la dépendance économique alimentaire à une économie mondialisée. Les processus de surexploitation des ressources permettent cette mise en contact entre des espèces sauvages et des populations humaines très denses. Cela vient souligner le problème de l’instrumentalisation du vivant et sa réduction à un outil de production, très visible dans les élevages intensifs, qui sont des réservoirs à zoonoses. Cette épidémie rend évident le caractère insoutenable de l’organisation actuelle de nos sociétés.
Quelles sont les leçons à en tirer ?
L’extension du territoire humain à l’échelle planétaire, cette idée que l’on pourrait être chez nous partout, est une folie. Il y a tout un cortège d’espèces sauvages avec lesquelles nous n’avons pas été en contact pendant notre histoire évolutive et avec lesquelles nous ne pouvons pas cohabiter sans qu’il y ait des coûts en vies humaines. Il faut accepter de préserver des espaces de nature sauvage où nous ne sommes pas les bienvenus. Il faudrait parler de distanciation sociale entre ces sociétés humaines très denses et la nature sauvage.
Certains parlent d’une revanche de la nature…
Cette fable se lit de deux façons. Une lecture sympathique consiste à expliquer, sous la forme d’une parabole, un effet écologique documenté : nous avons tellement forcé la capacité de charge des écosystèmes que nous avons aujourd’hui des effets boomerang. Si la revanche consiste à réinventer un monde sans avion, c’est une jolie petite fable. L’autre lecture revient à penser que nous sommes trop nombreux sur Terre et que la planète se révolte en réduisant drastiquement la population humaine au moyen d’un virus. On passe de la gentille fable au cynisme le plus sordide, car nous savons que les plus vulnérables – et les moins responsables de la situation écologique – vont le plus souffrir de la pandémie.
Peut-on craindre la résurgence de ce type d’épidémie ?
Oui. Nous nous pensons absolument différents du reste du vivant. Nous avons enfermé la médecine humaine sur elle-même. La conception générale de la population humaine comme une population animale dans un contexte écologique est complètement absente. Sans prise de conscience, ces épidémies vont se répéter. Il faut repenser fondamentalement notre santé comme un effet écologique et évolutif de notre cohabitation et de notre similitude avec le reste du vivant.
<https://www.lejdd.fr/Societe/virginie-maris-philosophe-de-lenvironnement-sans-prise-de-conscience-les-epidemies-vont-se-repeter-3961445>
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14- Chauves-souris, pangolins : ces animaux que l’on soupçonne un peu vite, Le JDD, 13/04/20, 07h00
Marianne Enault

Sur les traces du pangolin et des chauves-souris, les chercheurs tentent d'identifier l'origine du Sars-CoV-2.
La scène est presque familière tant elle a été évoquée. Marché humide de Huanan, dans la ville de Wuhan, province du Hubei, Chine. L'un de ces endroits à ciel ouvert où dans les allées vendeurs et acheteurs côtoient poissons, oiseaux, chauves-souris, pangolins, tortues, civettes. Certains sont morts ; la plupart vivants, bientôt dépecés sur place. Si ce n'est pas ici qu'est née l'épidémie, les chercheurs y situent le point de départ de la propagation du virus. "La structure a rapidement été démantelée, rapporte Jean-François Guégan, directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD). Cela complique la recherche de la source du coronavirus."
Dans leur quête pour déterminer l'origine du Sars-CoV-2, étape essentielle pour éviter sa résurgence, les scientifiques ont acquis une certitude : tout est parti d'un animal. Ce n'est pas une surprise, 75% des maladies émergentes apparues depuis le début du XXe siècle sont des zoonoses, des maladies transmises par les bêtes. "Pour déterminer lesquelles, il faut mener une véritable enquête de police, raconte Serge Morand, chercheur au CNRS-Cirad. Mais remonter la piste prendra du temps."
Depuis le début de l'épidémie, plusieurs scénarios ont été élaborés. Tous débutent avec les chauves-souris. "Les chiroptères abritent une trentaine de coronavirus, explique l'écologue de la santé. Leurs diverses espèces existent depuis des millions d'années, soit le temps de cohabiter avec une multitude de maladies !" Excellents réservoirs de virus, elles les hébergent sans développer les symptômes.
Des scénarios dans les laboratoires du monde entier
Les recherches ont permis d'établir que le génome d'un coronavirus isolé à partir d'une chauve-souris originaire de la province du Yunnan présentait 96% d'identité avec celui du virus humain. Les séquences du gène étant différentes, la piste d'une transmission directe du petit mammifère à l'homme est explorée mais pas privilégiée. Les scientifiques travaillent également sur l'hypothèse d'un hôte intermédiaire. C'est ici qu'a surgi le pangolin, un animal qui possède le statut peu enviable de mammifère le plus braconné de la planète, chassé pour sa chair et ses écailles.
Plusieurs études ont établi que l'insectivore était le seul autre mammifère, avec la chauve-souris, signalé comme infecté par un coronavirus apparenté au Sars-Cov-2. Là aussi, des scénarios s'écrivent dans les laboratoires du monde entier. Parfois, les rôles sont même distribués. Les chauves-souris porteuses du virus se nourrissent du nectar des fleurs et fruits des bégoniacées ; ce faisant elles déglutissent et, réflexe primaire chez cet animal, urinent. Le fruit souillé tombe à terre, attirant les fourmis dont les pangolins raffolent.
Voilà une hypothèse séduisante. Mais, dans une dernière étude parue dans la revue Nature le 26 mars, les chercheurs estiment que le génome du coronavirus isolé chez le pangolin est similaire seulement entre 85,5 et 92,4% à celui du Sars-Cov-2. Si l'animal a joué un rôle dans l'écologie du virus, on ignore s'il l'a transmis à l'homme. "Ce que l'on sait est que le virus circulant en population humaine est une recombinaison à partir de deux coronavirus, explique Jean-François Guégan, celui d'une chauve-souris et celui d'un pangolin." Et de poursuivre : "Est-ce que l'un et l'autre ont été des réservoirs et l'ont transmis à d'autres animaux ? Est-ce que l'un est réservoir et l'autre, hôte intermédiaire ? Il est trop tôt pour le dire."
D'autres chercheurs suivent d'ailleurs la piste de la civette, un mammifère à mi-chemin entre la panthère et le blaireau, déjà soupçonné d'avoir joué les hôtes intermédiaires entre la chauve-souris et l'homme dans l'épidémie de Sras en 2003. "Il faudrait aussi regarder du côté des cochons, estime Serge Morand. Il y a eu une alerte en 2017 quand un coronavirus de chauve-souris avait émergé sur des porcs dans des élevages en Chine."
Exploitations intensives, destructions des forêts
Les scientifiques s'accordent à dire que l'hôte intermédiaire est à rechercher chez un animal sauvage prélevé en masse dans son milieu d'origine ou dans un élevage. "C'est en effet la proximité entre les activités humaines et la faune sauvage qui créent les conditions de naissance d'une épidémie", explique Aleksandar Rankovic, chercheur à l'Iddri. Privés de leurs habitats naturels et de source de nourriture – 13 millions d'hectares de forêts disparaissent chaque année –, les animaux sauvages s'aventurent aux abords des villes, et notamment des exploitations animales. Quand ils ne sont pas directement chassés et transportés sur des milliers de kilomètres. "C'est l'homme lui-même qui organise ces rencontres", juge Jean-François Guégan, relatant ces longs trajets en camion lors desquels pangolins, chauves-souris et autres se retrouvent dans des cages souillées d'urine et d'excréments. "Le parfait carrefour pour constituer le lit de maladies infectieuses."
Les exploitations intensives, elles, hébergent des animaux dont le peu de diversité génétique en fait de parfaits candidats à l'épidémie. Les pandémies grippales de 2005 et 2009 sont d'ailleurs nées dans des élevages de porcs et de volailles en haute concentration. "Dans le monde, la demande pour la viande, le lait et les œufs explose, explique Aleksandar Rankovic. Cela forme un véritable rouleau compresseur sur les écosystèmes."
"Aujourd'hui, 75% de nos terres sont transformées pour l'agriculture et les activités humaines, abonde Hélène Soubelet, directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité. Notre modèle de développement met en danger la santé humaine, animale et environnementale." C'est pourquoi, juge Serge Morand, il est "nécessaire de comprendre les mécanismes écologiques de l'émergence du virus". Faute de quoi, "ce ne sera pas la dernière des catastrophes, alerte Jean-François Guégan, car nous avons réveillé des cycles qui dormaient."
<https://www.lejdd.fr/Societe/chauves-souris-pangolins-ces-animaux-que-lon-soupconne-un-peu-vite-3961484>
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15- Virus : quand les activités humaines sèment la pandémie, The Conversation, 13/04/20, 21:40 
Par Jean-François Guégan, Parasitologue, écologue numéricien, PhD, HDR - DRCE IRD en accueil à INRAE, Inrae

Combien y a-t-il de micro-organismes pathogènes sur Terre ? Un certain nombre… un nombre gigantesque !
Un programme nord-américain, financé par US-AID (l’équivalent de notre Agence française de développement), intitulé PREDICT et financé à hauteur de 65 millions de dollars, a choisi de déterminer les espèces de virus présentes chez les chauves-souris. Pourquoi ces mammifères ? Tout simplement parce qu’ils constituent le groupe taxonomique comprenant le plus d’espèces, relativement bien connues, et que ce groupe a déjà été identifié comme porteur de nombreux virus très pathogènes pour l’humain.
Ce programme a ainsi permis d’identifier près de 380 nouveaux virus portés par ces animaux. À partir de là, les chercheurs ont effectué des calculs statistiques pour extrapoler le nombre de virus qu’il reste à découvrir chez les espèces de mammifères terrestres.
Ce nombre est estimé entre 360 000 et 460 000 nouvelles espèces de virus à découvrir. Vertigineux…
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/virus-quand-les-activites-humaines-sement-la-pandemie-135907>
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16- Repenser notre rapport à une nature à bout de souffle, The Conversation, 13/04/20, 21:41
Par Dr. Sougueh Cheik, Docteur en sciences de l’environnement (écologie des sols), iEES-Sorbonne Université UPMC PARIS VI, Institut de recherche pour le développement (IRD)

Trois mois environ se sont écoulés depuis la découverte du nouveau coronavirus 2019 (Covid-19) ; aujourd’hui, le nombre de cas et de décès ne cesse d’augmenter dans le monde pour s’établir, à l’heure où nous publions cet article, à plus de 100 000 victimes. Ces dernières décennies, la fréquence des épidémies n’a cessé d’augmenter. Entre 1980 et 2013, 12 012 foyers ont été enregistrés, comprenant 44 millions de cas individuels et touchant tous les pays du monde.
Si les flux de populations, les densités démographiques et la mondialisation ont contribué en partie à la propagation rapide du Covid-19, ses liens intrinsèques avec le changement climatique et la perte de la biodiversité sont les plus frappants.
Des activités humaines perturbatrices
Les écosystèmes non perturbés maintiennent une diversité d’espèces en équilibre et peuvent souvent avoir un effet régulateur sur les maladies émergentes.
Cependant, les pertes de biodiversité dues à la dégradation des habitats naturels (en particulier les zones forestières) augmentent la proximité de la faune sauvage avec les humains et leurs animaux domestiques, entraînant des risques sanitaires en raison d’une transmission accrue des maladies dites « zoonotiques ».
La maladie de Chagas, également appelée trypanosomiase américaine, apparue en Amérique latine en est la parfaite illustration. En raison d’une mauvaise gestion des terres déboisées, les populations de triatomes (l’insecte vecteur de cette maladie) ont été poussés à quitter leurs hôtes naturels sauvages pour impliquer les êtres humains et les animaux domestiques dans leur cycle de transmission.
L’autre exemple saisissant concerne le virus Nipah, un paramyxovirus émergent zoonotique, dont les chauves-souris frugivores sont les hôtes naturels. En 1988, il a provoqué une épidémie à grande échelle chez les éleveurs de porcs malaisiens.
L’empiètement croissant des exploitations agricoles sur les habitats de la faune sauvage a accru le contact entre le bétail et les animaux sauvages avec, pour conséquence, une grande majorité des maladies émergentes du bétail contractées par des animaux sauvages.
L’urbanisation croissante et l’intensification de l’agriculture modifient l’utilisation des terres : le modèle d’établissement humain est ainsi modifié et la fragmentation de l’habitat peut offrir des possibilités d’échange et de transmission de parasites aux humains qui étaient jusqu’alors non infectés. Des travaux avancent que l’épidémie du virus Ebola (2013-2015) en Afrique de l’Ouest a commencé en raison de la déforestation.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://theconversation.com/repenser-notre-rapport-a-une-nature-a-bout-de-souffle-134699>
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17- Les secrets de la chauve-souris, « souche à virus » au système immunitaire d’exception, Le Monde, maj le 14/04/20 à 05h50
Nathaniel Herzberg 

Comme à chaque nouvelle poussée virale, le chiroptère revient sur le devant de la scène. Merveille de résilience vis-à-vis des maladies infectieuses, l’animal est l’objet de nombreuses études qui cherchent à percer le secret de son système immunitaire inné. 
Il est un petit jeu auquel certains scientifiques aiment à s’adonner : celui des anagrammes. Manière sans doute de réconcilier leur goût des énigmes et leur amour des lettres. Depuis quelques semaines, une question court les labos : quelle est l’anagramme de « chauve-souris » ? La réponse n’est pas évidente, mais tout à fait d’actualité : « souche à virus ».
Tout le monde le sait désormais : le terrible SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la pandémie de Covid-19, est le descendant d’un virus de chauve-souris. En est-il directement issu ? Est-il son pur rejeton, passé tel quel d’une espèce à l’autre, un petit-petit-petit… enfant né de transformations successives chez le mammifère volant puis chez l’humain, ou un cousin éloigné, issu de recombinaisons virales chez un hôte intermédiaire ?
Les virologues du monde entier en débattent, analyses génétiques à l’appui. La découverte, chez le pangolin, d’un coronavirus présentant une similarité particulière avec SARS-CoV-2 sur une partie essentielle de son génome – celle correspondant au site de liaison sur les récepteurs des cellules pulmonaires humaines – a mis le désormais célèbre fourmilier écailleux sur le devant de la scène.
Beaucoup d’inconnues
Mais d’autres écartent vigoureusement cette hypothèse. « Le virus connu le plus proche du SARS-CoV-2 reste, et de très loin, le coronavirus RaT-G13 retrouvé chez des chauves-souris rhinolophes du Yunnan [sud-ouest de la Chine], c’est à ce jour son plus proche cousin, indique ainsi Maciej Boni, biologiste à l’université d’Etat de Pennsylvanie, coauteur d’une récente recherche sur l’origine du virus humain. Plus de 96 % de bases communes. D’après nos analyses, ces deux virus ont divergé il y a quarante à soixante-dix ans. On sait aussi qu’un premier humain a été infecté a priori en novembre 2019. Ce qui s’est passé entre-temps, nous l’ignorons. »
Beaucoup d’inconnues, donc. Mais la quasi-certitude qu’au départ figurent les chauves-souris. Comme pour l’épidémie de SRAS, en 2003, ou celle du coronavirus MERS, en 2012. Mais aussi la fièvre hémorragique Ebola, et ses 11 000 morts, en 2014-2015, ou le virus de Marburg, qui a tué plusieurs centaines de personnes, entre 1998 et 2000, en République démocratique du Congo, et en 2004-2005, en Angola. Ou encore les poussées mortelles du virus Nipah, en Malaisie, à Singapour et au Bangladesh, dans les années 1990 et 2000, ou de virus Hendra, à la même époque, en Australie.
Chaque fois, les chercheurs ont retrouvé un hôte intermédiaire : la civette pour le SRAS, le dromadaire pour le MERS, les singes pour Ebola, les porcs pour le Nipah, les chevaux pour Hendra. Avec deux exceptions : les épidémies de fièvre de Marburg sont initialement apparues chez des touristes ou des mineurs ayant séjourné dans des grottes peuplées de roussettes, une chauve-souris que l’on trouve aux Philippines. Et certaines flambées de Nipah, notamment au Bangladesh, auraient pour cause une contamination alimentaire directe : les chauves-souris avaient souillé avec leurs urines les récipients que les villageois placent dans les palmiers pour recueillir le jus de datte.
> Lire aussi  Coronavirus : « L’origine de l’épidémie de Covid-19 est liée aux bouleversements que nous imposons à la biodiversité »
Sans rivales
A chaque poussée, les chiroptères sont donc montrés du doigt. « Souche à virus » n’est plus une plaisanterie, mais un motif d’expédition punitive. Au point que les spécialistes tremblent de voir disparaître certaines espèces. Le consortium Bat1K, qui a lancé un immense programme de séquençage des génomes de toutes les espèces connues, vient ainsi de rendre publique une déclaration solennelle.
« Alors que des virus liés – mais non identiques – à ceux qui causent les maladies infectieuses émergentes circulent parmi les chauves-souris, les risques pour l’homme diminuent considérablement en protégeant la faune sauvage contre le trafic et en limitant l’empiétement sur les habitats sauvages. Comme les chauves-souris ne tombent pas gravement malades à cause de ces virus, la recherche sur la manière dont les chauves-souris y parviennent pourrait nous aider à lutter contre de futures épidémies. »
Voilà donc le mystère : comment ces animaux résistent-ils à tant de pathogènes mortels pour les autres espèces ? Les virus stars, mentionnés précédemment, et une flopée d’autres, qui s’épanouissent dans l’organisme des chauves-souris. Une équipe américaine conduite par Tracey Goldstein (université de Californie, Davis) et Simon Anthony (université Columbia) a publié, en 2017, dans Virus Evolution, les résultats d’une vaste étude comparative sur la présence de coronavirus à travers le règne animal. Sur les 12 333 chauves-souris testées, 1 065 se sont révélées positives, contre 4 des 3 470 primates, 11 des 3 387 rongeurs et 2 des 1 124 humains. Autrement dit, 98 % des coronavirus retrouvés provenaient de ces chers mammifères volants. Une présence massive et diverse puisque, sur cent différents types de coronavirus identifiés, 91 provenaient de chiroptères.
La même année, Peter Daszak et ses collègues de Columbia sont arrivés à la même conclusion, dans la revue Nature, cette fois au sujet des zoonoses virales, ces infections humaines d’origine animale. Là encore, le travail prédictif de comparaison des virus relevés sur un vaste échantillon animal assure que les chauves-souris sont sans rivales.
Des « biais d’échantillonnage »
Des conclusions que les amoureux des murins, rhinolophes et autres pipistrelles jugent souvent discutables. « Le comptage et les extrapolations prêtent à discussion, tempère Meriadeg Le Gouil, virologue à l’université de Caen, vingt ans et beaucoup de nuits passés au contact des chauves-souris. Il y a des biais d’échantillonnage. On parle de chauves-souris en oubliant qu’il s’agit de plus de 1 300 espèces, un quart de l’ensemble des mammifères connus. Si l’on observe chaque espèce, le résultat est moins flagrant. Ce qui semble sûr, en revanche, c’est que l’écologie des chauves-souris, leur système immunitaire, et surtout la façon dont les humains sont venus perturber leurs écosystèmes ont apporté tous les éléments favorables pour une série d’émergences. »
Côté écologie, c’est cette promiscuité extrême, ces déplacements continuels, ces colonies qui se font, se défont, se regroupent en immenses essaims sur les sites de reproduction, puis retournent passer l’hiver dans leur grotte ou leur clocher. « Cette mosaïque permet aux virus de se diffuser mais pas trop vite. Cela favorise à la fois la diversification des virus et l’acquisition d’une immunité de groupe chez les hôtes », détaille Meriadeg Le Gouil. Des mécanismes que le virologue essaie de comprendre en suivant depuis six ans des colonies de rhinolophes en Bretagne.
Avec trois conclusions : que les coronavirus mutent beaucoup plus qu’on ne le dit, « en particulier la protéine de surface qui leur permet de s’accrocher aux cellules de l’hôte » ; que les virus circulent dans les colonies « par vagues, au rythme de saisons » ; enfin, que l’immunité acquise des chauves-souris « nous reste largement inconnue ».
Un double dispositif de défense
Sa compréhension nous offrira-t-elle une deuxième couche d’émerveillement, après celle apportée par le système immunitaire inné des chiroptères. Depuis dix ans, une série d’études a en effet commencé à lever le voile de mystère qui entourait le mécanisme de défense cellulaire des chauves-souris et à mettre en lumière leur stupéfiante résistance. C’est qu’en dehors de quelques rares cas de rage on ne connaissait pas de virus qui sache les tuer, ni même lourdement affecter leurs capacités. Quel pouvait être leur secret ?
Une équipe internationale conduite par l’Irlandaise Emma Teeling (University college, Dublin) a d’abord comparé en laboratoire la réaction de macrophages de chauves-souris et de souris, attaqués par des virus. Dans un article publié en 2017, dans Acta chiropterologica, elle a décrit comment, chez la souris, ces cellules immunitaires mettent en action les mécanismes inflammatoires de défense jusqu’à la destruction du pathogène, « au risque d’altérer l’organisme », précise l’un des coauteurs, Sébastien Puechmaille (université de Montpellier). « Cet orage immunitaire incontrôlé, c’est ce qui a tué des humains par millions pendant l’épidémie de grippe espagnole, poursuit Emma Teeling. C’est ce qui tue aujourd’hui les victimes du Covid-19 dans les services de réanimation. Et c’est ce que la chauve-souris évite. »
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Une exception vivante
Dans le règne animal, les chauves-souris tiennent une place tout à fait particulière. Une sorte d’exception vivante. Outre leur système de lutte antivirale unique, elles sont les seuls mammifères doués d’un vol actif. Ces reines de la nuit partagent également avec quelques espèces de cétacés (baleines, dauphins…) et une espèce de musaraigne le don de pouvoir se repérer, communiquer et même chasser grâce à l’écholocalisation.
Elles présentent en outre une longévité hors du commun, la plus importante rapportée à leur poids parmi les mammifères. Le murin de Brandt, qui atteint 40 ans pour 7 grammes, est le recordman absolu en la matière. Mais nombre d’autres espèces opèrent des prodiges, grâce à une succession de particularités. Ainsi les chiroptères ne développent jamais de cancer, leurs télomères (extrémités des chromosomes dans certaines cellules) ne raccourcissent pas, permettant la reproduction fidèle de l’information chromosomique, ils disposent d’un dispositif particulier de réparation de l’ADN et de nettoyage des cellules. Enfin, leur fameux système immunitaire les protège contre nombre de maladies.
Ces merveilles volantes disposent en vérité d’un double dispositif de défense. Une première réponse, inflammatoire, permet d’envoyer une sorte de flux permanent de cytokines qui ciblent dès leur arrivée les intrus. Mais les chercheurs ont constaté qu’au bout d’un moment des interleukines entrent en action « pour tempérer cette inflammation et éviter les effets délétères », précise la biologiste de Dublin. Précisément ce que les réanimateurs tentent de réaliser actuellement sur les patients. « Mais les chauves-souris font ça naturellement depuis des millions d’années », s’émerveille la chercheuse.
Vol actif
Deux autres articles de la même équipe, l’un publié en 2019 dans la revue Nature Ecology & Evolution, l’autre en cours d’examen mais déjà déposé sur le site de préprints BioRxiv, ont étudié les sources génétiques de cette particularité. Dans le premier, les chercheurs ont montré que, contrairement au nôtre, le système immunitaire des chauves-souris ne subissait aucun vieillissement. Dans le second, après avoir séquencé avec une extrême précision le génome de six espèces de chiroptères, ils y ont trouvé la preuve d’un développement très particulier de certains gènes de l’immunité, mais surtout la concentration de la réponse inflammatoire sur un nombre restreint de gènes. « Nous avons comparé avec les génomes de 42 autres espèces animales. La sélection génétique que l’on observe au cours du temps est sans équivalent », indique-t-elle.
D’où peut bien provenir cette exception ? D’une autre exception, à savoir le vol. Les chauves-souris sont en effet les seuls mammifères à disposer d’un vol actif (quelques rares autres peuvent planer sur de courtes distances).
« Sur le plan métabolique, le vol est plus coûteux que toute forme de locomotion terrestre, souligne Cara Brook, de l’université de Berkeley. Une chauve-souris en vol élèvera son métabolisme de base jusqu’à 15 fois par rapport au repos, contre 7 fois chez un rongeur en pleine course ou 2 à 3 fois chez un humain. » Elle poursuit : « Les chauves-souris ont développé des voies de réparation de l’ADN hyperefficaces et d’atténuation du stress oxydatif pour permettre d’abord le vol. Mais ces voies ont ensuite eu des conséquences en cascade sur la longévité des chauves-souris et sur l’immunité antivirale. Les chauves-souris ont une durée de vie extraordinairement longue – la plus longue, rapportée à la taille de tous les mammifères – qui, selon nous, est un sous-produit de ces voies de résilience cellulaire développées pour le vol. »
> Lire aussi  Les secrets de la longévité des chauves-souris
Dans ses propres travaux, Cara Brook a montré que l’extraordinaire réponse immunitaire des chauves-souris conduisait les virus à augmenter leur virulence. Le principe apparaît simple : lorsqu’il infecte un hôte, un virus doit se répliquer suffisamment vite pour atteindre la masse critique nécessaire à sa transmission vers une nouvelle victime avant d’avoir été vaincu par le système immunitaire. Mais, s’il va trop vite, il tue son hôte et interrompt le processus. Un équilibre qui dépend de chaque pathogène et de son milieu. Et, ce que l’on pouvait supposer, Cara Brook l’a montré dans des cultures cellulaires puis sur un modèle mathématique : face à la défense renforcée des chauves-souris, les virus attaquent plus violemment. On imagine la suite : « En raison de ces taux élevés de propagation, ces virus sont susceptibles d’être mortels chez les hôtes autres que les chauves-souris. »
Chaînes de transmission
Encore faut-il que ceux-ci puissent être contaminés. « Pour cela, il faut des contacts directs, souligne Liliana Davalos, professeure de biologie de l’évolution et d’écologie à l’université Stony Brook, à New York. A priori, les chauves-souris n’en ont pas beaucoup avec les humains, ni avec nos animaux les plus proches, sauf quand le trafic de faune sauvage fait sauter toutes les frontières naturelles. De plus, quand elles sont capturées, conservées dans des cages sur un marché, ou simplement lorsque l’on vient perturber leur écosystème, les études ont montré qu’elles rejettent beaucoup plus de virus qu’en temps normal. »
Lutter contre le trafic d’animaux sauvages, interdire leur vente sur les marchés, certaines mesures semblent de bon sens. Mais les chercheurs doivent également tenter de mieux cerner les pratiques susceptibles de créer des chaînes de transmission. C’est du reste l’objectif d’un projet multidisciplinaire tout juste déposé par Meriadeg Le Gouil et plusieurs collaborateurs français, laotiens, thaïlandais et chinois, auprès de l’Agence nationale de la recherche : suivre, au cours du temps, depuis les grottes habitées par des rhinolophes jusqu’à une zone urbanisée chère aux humains, tout à la fois les coronavirus présents chez différents hôtes et les pratiques quotidiennes en vigueur.
> Lire aussi  Pourquoi l’étude de la chauve-souris, toujours aussi mystérieuse, passionne les scientifiques
Car tout le monde s’accorde à le dire : au-delà du formidable effort de recherche médicale actuellement à l’œuvre, c’est par un investissement régulier, continu, durable, dans des sujets apparemment aussi exotiques que le système immunitaire de la chauve-souris, que la science pourra aider à réduire l’impact de la prochaine pandémie virale.
Membre du consortium Bat1K d’étude du génome des chiroptères, la Néerlandaise Sonja Vernes, de l’Institut Max-Planck, est convaincue de l’impact profond du projet : « Si nous parvenions à comprendre l’ensemble des mécanismes à l’œuvre dans le système immunitaire des chauves-souris, nous pourrions certainement mieux nous préparer à affronter les virus à venir, nous en inspirer pour développer des traitements. Et sauver des vies. » Les pouvoirs de la chauve-souris mis au service de la sécurité des humains : jusqu’ici, seul DC Comics avait osé en rêver.
<https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/04/13/la-chauve-souris-alliee-ou-ennemie_6036465_1650684.html>
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En images
18- Dans l'ombre du tiroir - Éco-épidémiologie de la maladie de Chagas, Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme & Service du Film de Recherche Scientifique (SFRS), 01/01/98

La maladie de Chagas, un cas typique de maladie vectorielle, ravage tout le continent sud-américain. Refusant de s'en tenir à une approche uniquement biomédicale, une équipe de recherche pluridisciplinaire a mis en place une méthode globale d'étude de cette maladie. Il s'agit pour elle de répertorier et d'évaluer l'importance de tous les paramètres intervenant dans le processus de l'infection pour définir la physionomie des espaces à risques et comprendre les conditions dans lesquelles le triatome, vecteur de la maladie, quitte son biotope sauvage naturel pour s'établir dans les maisons et transmettre la maladie à l'homme.
Le film propose une série d'actions préventives et une réflexion sur la responsabilité de l'homme dans ses actes tendant à modifier l'équilibre dynamique des écosystèmes.
> Documentaire (27 min) à (re)voir à :
<https://www.canal-u.tv/video/cerimes/dans_l_ombre_du_tiroir_eco_epidemiologie_de_la_maladie_de_chagas.8003>
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19- Magazine. Abeilles : to bee or not to be, France 2, 13h15 le Dimanche, 12/04/20
Présenté par Laurent Delahousse

La vie serait-elle possible dans un monde sans abeilles ? Leur déclin, qui a commencé dans les années 90, est mondial et a de multiples causes : parasites, pesticides, moindre diversité des fleurs, etc. En France, en 15 ans, la mortalité des colonies d’abeilles a atteint 30%. 
Les équipes de 13h15 ont suivi deux passionnés qui tentent de les préserver : Franck, un apiculteur vendéen qui se bat depuis 20 ans pour faire interdire les insecticides tueurs d’abeilles, et Roch, un apithérapeute, qui parcourt le monde à la recherche de produits de la ruche pouvant être utiles pour la santé. Avec lui, nous sommes allés jusqu’au Mexique et à Cuba : un des seuls endroits du monde où les abeilles sont préservées.
Ces infatigables travailleuses fabriquent non seulement le miel, mais aussi d’autres substances très utiles à l’homme…
> Magazine (45 min) à revoir à :
<https://www.france.tv/france-2/13h15-le-dimanche/1409539-abeilles-to-bee-or-not-to-be.html>
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À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)...
NOS APPELS 
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– Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
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– 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/> pour participer à l'émergence d'un modèle énergétique plus propre et durable
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NOS VIDÉOS PÉDAGOGIQUES 
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NOS PUBLICATIONS (les plus récentes) 
– Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>, janvier 2020
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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