[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (mercredi 19 août)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mer 19 Aou 08:01:18 CEST 2020


Bonjour à tous,

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1- Cohabitation. Dans les Pyrénées, «la présence de l'ours et celle des troupeaux sont compatibles» <https://www.liberation.fr/terre/2020/06/26/dans-les-pyrenees-la-presence-de-l-ours-et-celle-des-troupeaux-sont-compatibles_1792485>, Libération, maj le 12/08/20 à 09:20
2- Le gouvernement défend la réautorisation des néonicotinoïdes pour « garder une filière sucrière en France » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/12/le-gouvernement-defend-la-reautorisation-temporaire-des-neonicotinoides-sans-quoi-il-n-y-aura-plus-de-filiere-sucriere-en-france_6048799_3244.html>, Le Monde avec AFP, 12/08/20, 17h20
3- Brésil : malgré le coronavirus, l'insolente santé de l'agronégoce <https://www.geo.fr/environnement/bresil-malgre-le-coronavirus-linsolente-sante-de-lagronegoce-201660>, AFP, 12/08/20, 18:00
4- Analyse. Avec ou sans floraison, les néonicotinoïdes représentent des risques pour les pollinisateurs <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/12/avec-ou-sans-floraison-les-neonicotinoides-representent-des-risques-pour-les-pollinisateurs_6048820_3244.html>, Le Monde, 12/08/20, 20h12
5- [La mondialisation dans l’assiette] Le succès du lait d’amande, un massacre pour les abeilles <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/la-mondialisation-dans-l-assiette-le-succes-du-lait-d-amande-un-massacre-pour-les-abeilles-148831.html>, Novethic, 12/08/20
6- En Espagne, le Covid-19 révèle les conditions de vie inhumaines des travailleurs migrants <https://www.lemonde.fr/international/article/2020/08/13/en-espagne-le-covid-19-met-en-lumiere-les-conditions-de-vie-inhumaines-des-travailleurs-agricoles-migrants_6048835_3210.html>, Le Monde, 13/08/20, 08h27
7- [La mondialisation dans l'assiette] Le soja décime massivement les forêts brésiliennes <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/la-mondialisation-dans-l-assiette-le-soja-present-partout-dans-nos-assiettes-decime-massivement-les-forets-148829.html>, Novethic, 13/08/20
8- Sécheresse : Denormandie annonce des aides supplémentaires pour les agriculteurs et éleveurs <https://information.tv5monde.com/info/secheresse-denormandie-annonce-des-aides-supplementaires-pour-les-agriculteurs-et-eleveurs>, AFP, 14/08/20, 10:00
9- Les pêcheurs varois testent de nouvelles balises pour faire la chasse aux déchets en mer <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/14/les-pecheurs-varois-testent-de-nouvelles-balises-pour-faire-la-chasse-aux-dechets-en-mer_6048977_3244.html>, Le Monde, 14/08/20, 15h36
10- Un agriculteur intoxiqué, des cultures détruites : une exploitation bio détruite au glyphosate dans les Bouches-du-Rhône <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/14/un-agriculteur-intoxique-des-cultures-detruites-une-exploitation-bio-detruite-au-glyphosate-dans-les-bouches-du-rhone_6048990_3244.html>, Le Monde, maj le 15/08/20 à 02h35
11- Série Jardins secrets (4/5). Le petit éden breton d’un couple franco-britannique <https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/08/15/le-petit-eden-breton-d-un-couple-franco-britannique_6049003_3451060.html>, Le Monde, 15/08/20, 05h24
12- Tribune. « La déforestation n’est pas une fatalité, mais un choix politique » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/15/la-deforestation-n-est-pas-une-fatalite-mais-un-choix-politique_6049013_3232.html>, Le Monde, 15/08/20, 08h00
13- Tribune. « Ne prenons plus les plantations d’arbres pour des forêts » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/15/ne-prenons-plus-les-plantations-d-arbres-pour-des-forets_6049004_3232.html>, Le Monde, 15/08/20, 17h07
14- Denrées alimentaires susceptibles d’être préjudiciables à la santé : retrait et rappel des produits Djen Foods <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/15/denrees-alimentaires-susceptibles-d-etre-prejudiciables-a-la-sante-retrait-et-rappel-des-produits-djen-foods_6049032_3244.html>, Le Monde, 15/08/20, 18h28
15- La France sommée d’agir face à l’échouage massif de dauphins sur ses côtes <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/16/la-france-sommee-d-agir-face-a-l-echouage-massif-de-dauphins-sur-ses-cotes_6049065_3244.html>, Le Monde, maj le 17/08/20 à 07h08
En images
16- Mexique : les ravages environnementaux de la culture de l'avocat <https://www.youtube.com/watch?v=nTEVfeE_9kM>, France 2, le journal de 20h, 27/09/16
17- Plan B. Comment l’urine humaine pourrait aider les agriculteurs du futur <https://www.lemonde.fr/videos/video/2020/08/12/comment-l-urine-humaine-pourrait-aider-les-agriculteurs-du-futur_6048804_1669088.html>, Le Monde, 12/08/20, 17h57
18- Etats-Unis : un gigantesque incendie fait rage au nord de Los Angeles <https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/incendies-en-californie/californie-un-gigantesque-incendie-au-nord-de-los-angeles_4074565.html>, France 3, Le 19/20, 13/08/20

Bien à vous,
Florence

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DOUBLE CRISE DU JOUR : D’année en année, les ONG dénoncent leur situation. Mais il aura fallu que ces saisonniers agricoles précaires d'Espagne se retrouvent à l’origine de dizaines de clusters pour que l’administration prenne au sérieux cette crise humanitaire. (cf. item 6)
ENQUÊTE DU JOUR : Après la folie de l’avocat et de la tomate industrielle, le lait d’amande avec son hécatombe chez les abeilles, le soja principal vecteur de déforestation, une enquête sur les effets néfastes de nos modes alimentaires et des dérives de la mondialisation. (cf. item 5, 7, suite & 16)
ANALYSE DU JOUR : Contrairement aux arguments avancés par les syndicats agricoles, l’usage des insecticides systémiques ou néonicotinoïdes a un impact sur la biodiversité, comme l’attestent de nombreux travaux scientifiques. (cf. item 4, suite & 2)
INSOLENCE DU JOUR : Au Brésil, l'agronégoce affiche une santé insolente, stimulée par la forte demande chinoise et n'échappe pas aux soupçons sur sa responsabilité dans la déforestation de l'Amazonie. (cf. item 3 & 7)
COEXISTENCE DU JOUR : Les éleveurs peuvent-ils coexister avec un plantigrade ? Depuis la mort par balles d’un animal début juin en Ariège, la question a pris une tournure dramatique. Mais certains agriculteurs affirment qu’il est tout à fait possible d’éviter les attaques de troupeaux. (cf. item 1)
TEST DU JOUR : Fixés sur les filets ou les casiers de pêcheurs varois, de nouvelles balises devraient faciliter la récupération de tonnes de lignes, gilets de sauvetage ou filets, qui représentent 10 % de la pollution plastique des océans. (cf. item 9)
REQUÊTE DU JOUR : La Commission européenne a demandé au gouvernement français de prendre des mesures adaptées devant l’importance du nombre de dauphins retrouvés morts sur la côte atlantique durant l’été portant la trace d’engins de pêche. (cf. item 15)
EDEN DU JOUR : Dans leur Morbihan d’adoption, Denis et Paula Coombes ont fait d’une prairie en friche un véritable paradis écologique où arbres, fleurs et légumes entretiennent la biodiversité locale. (cf. item 11)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
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> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
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> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Cohabitation. Dans les Pyrénées, «la présence de l'ours et celle des troupeaux sont compatibles», Libération, maj le 12/08/20 à 09:20
Lisa Noyal 

Les éleveurs peuvent-ils coexister avec un plantigrade ? Depuis la mort par balles d’un animal début juin en Ariège, la question a pris une tournure dramatique. Mais certains agriculteurs affirment qu’il est tout à fait possible d’éviter les attaques de troupeaux.
«Parfois, on a l’impression que c’est écolos contre éleveurs. Mais c’est plus compliqué que ça.» Les éleveurs favorables à l’ours s’expriment peu dans les médias. Parce qu’ils sont peu nombreux ? Parce qu’ils préfèrent rester discrets ? Catherine Brunet, ancienne bergère, a longtemps travaillé avec ses troupeaux, proches du plantigrade. «On a réussi à cohabiter avec l’ours sans jamais avoir eu de problème, se remémore-t-elle. En 2007, j’ai repris seule la gestion des brebis, je les gardais en présence d’ours mais avec des moyens de protection.» Désormais retraitée, elle exerçait avec son mari dans la vallée du Vicdessos, en Ariège, le département où un ours de 4 ans a été retrouvé mort par armes à feu, le 9 juin, près de la station de ski de Guzet-Neige, à 1 800 mètres d’altitude.
Cet acte de braconnage rare, qui fait l’objet d’une enquête de gendarmerie, d’une plainte de l’Etat et de vingt associations écologistes qui se sont déclarées ce mercredi, témoigne de la complexité de vivre au côté de l’animal. Et, cependant, tous les éleveurs et bergers ne sont pas contre sa présence dans les montagnes. Certains affirment même qu’ils peuvent travailler dans les estives, ces pâturages en altitude, sans être l’objet de prédations.
> A lire aussi Pyrénées : «Si on n’arrête pas l’engrenage, d’autres ours peuvent être tués !»
Des moyens de protection indispensables
Depuis dix ans, l’éleveur Olivier Maigre et sa femme Elise Thébault, bergère, travaillent en Béarn. Une zone jamais désertée par l’ours. Lorsqu’ils montent en estive dans la vallée d’Aspe, le troupeau de brebis qu’ils surveillent (environ 400 bêtes) est accompagné par au moins trois personnes et quatre patous, les chiens de dissuasion. Olivier Maigre sait que l’ours reste une menace pour ses bêtes. Après les avoir observées toute la journée, il les installe dans un parc fermé par des clôtures électrifiées durant la nuit. «Les subventions apportées par l’Etat facilitent la mise en place de ces dispositifs», souligne l’éleveur. En effet, depuis 2018, si l’on travaille dans un territoire où la présence de l’ours est avérée, les patous, leur nourriture, les clôtures et le gardiennage sont pris en charge à 80%.
> A lire aussi Ours Cachou : un cadavre et trois suspects
Le couple de bergers Mireille Bonhomme et Marc Peyrusqué, voisins d’Olivier et Elise, travaillent dans les Pyrénées-Atlantiques depuis 1985. La moitié de l’année, ils partent avec leurs chèvres et leurs brebis près de Bedous et d’Etsaut. Ils gardent près de 1 000 bêtes.«Mon mari est sur l’estive avec deux patous et un employé. La nuit, il regroupe les animaux près de sa cabane avec les chiens, mais il ne les parque pas», précise Mireille Bonhomme. S’ils choisissent de ne pas enfermer les bêtes, c’est parce que le terrain pentu et caillouteux ne permet pas d’installer de barrières. Et puis, ils gardent toujours un œil sur elles. «Etre berger, c’est être avec les animaux en permanence dans la montagne.» Il est arrivé que l’ours s’approche des troupeaux mais les patous l’ont repoussé. «On n’a jamais été embêté», affirme la bergère.
>> Suite à lire à :
<https://www.liberation.fr/terre/2020/06/26/dans-les-pyrenees-la-presence-de-l-ours-et-celle-des-troupeaux-sont-compatibles_1792485>
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2- Le gouvernement défend la réautorisation des néonicotinoïdes pour « garder une filière sucrière en France », Le Monde avec AFP, 12/08/20, 17h20

Le gouvernement prépare une modification législative afin d’autoriser les agriculteurs à utiliser dès 2021 et jusqu’en 2023, maximum, des semences de betteraves enrobées de cet insecticide interdit depuis 2018. 
Réautoriser temporairement un insecticide interdit pour préserver la betterave à sucre, menacée par le virus de la jaunisse, a été « une décision difficile à prendre », mais à défaut de solution d’ici six mois, « il n’y aura plus de filière sucrière en France », a affirmé, mercredi 12 août, la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili.
« La loi n’est pas encore passée, je suis très attentive à toute proposition pour qu’on puisse éviter cela », a assuré la ministre devant la presse à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), lors d’une visite dédiée au lancement d’une charte nationale pour les plages sans déchets plastiques.
« Malheureusement, aujourd’hui on ne peut pas, si on veut garder une filière sucrière en France, agir de manière durable en si peu de temps. Des semis vont être faits dans six mois, si on n’a pas trouvé de solution, ils ne se feront pas et donc il n’y aura pas de betteraves et il n’y aura plus de filière sucrière en France. »
Le gouvernement a annoncé jeudi qu’il préparait une modification législative à l’automne pour autoriser les agriculteurs à utiliser dès 2021 et jusqu’en 2023, maximum, sous « conditions strictes », des semences de betteraves enrobées d’un insecticide interdit depuis 2018, afin de « pérenniser » la filière sucrière française, malgré l’opposition des apiculteurs et défenseurs de l’environnement.
> Lire aussi  L’exécutif de nouveau critiqué sur l’écologie
« Pas assez de recherches, d’alternatives »
« Les solutions pour qu’on n’ait plus à utiliser de néonicotinoïdes commencent à apparaître, mais ce sont des solutions qui prennent du temps », selon Mme Pompili. Elle a dit « regretter amèrement » qu’« il n’y ait pas eu assez de mesures claires »pour appliquer la loi biodiversité de 2016 interdisant les néonicotinoïdes, qui s’attaquent au système nerveux des insectes, dont les abeilles. « Comme il n’y a pas eu assez de recherches, assez d’alternatives, aujourd’hui on est dans le mur », a-t-elle expliqué. « Moi je veux bien qu’on dise, “on ferme les sucreries de France”. Pourquoi pas ? Le choix qui a été fait, c’est de les garder ces sucreries. Pour qu’on ait des betteraves, il faut qu’on en plante. »
> Lire aussi  Qu’est-ce que les néonicotinoïdes ?
Elle a assuré que la décision de déroger à l’usage de certains insecticides est « très restrictive, on ne parle que des betteraves, si on a un hiver doux, on parle de limitation dans le temps, c’est-à-dire qu’on parle d’une fois, renouvelable deux fois, mais je peux vous dire que ce sera le plus difficilement possible ». « Je ne veux pas que quiconque puisse croire que ce n’est pas dangereux », a-t-elle assuré.
Selon le ministère de l’agriculture, il y avait urgence à agir sur la jaunisse de la betterave pour sauver le secteur qui en France, premier producteur de sucre européen, concerne 46 000 emplois.
L’interdiction des néonicotinoïdes dans les cultures avait été prise par le gouvernement de François Hollande, dans le cadre de la loi sur la biodiversité votée en 2016. L’assouplissement prévu de la loi a été vivement critiqué par les écologistes mais aussi par certaines personnalités de la majorité, dont l’ancienne secrétaire d’Etat à la transition écologique, Brune Poirson
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/12/le-gouvernement-defend-la-reautorisation-temporaire-des-neonicotinoides-sans-quoi-il-n-y-aura-plus-de-filiere-sucriere-en-france_6048799_3244.html>
Sur le même sujet : 
> Editorial. Les abeilles, le gouvernement et l’avenir <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/13/les-abeilles-le-gouvernement-et-l-avenir_6048858_3232.html>, Le Monde, 13/08/20, 10h43
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3- Brésil : malgré le coronavirus, l'insolente santé de l'agronégoce, AFP, 12/08/20, 18:00
Jordi Miro

"Une fois la pandémie passée, je pars en vacances en Europe!", lance Rodrigo Pozzobon, ingénieur agronome dans l'Etat brésilien du Mato Grosso (centre-ouest) où l'agronégoce affiche une santé insolente, stimulée par la forte demande chinoise. 
Une longue piste de terre rouge conduit à "Jaçana", la ferme de 2.350 hectares de Rodrigo Pozzobon, dans la commune de Vera, à une soixantaine de km de Sorriso, considérée comme la capitale brésilienne de l'agronégoce. La zone compte 1,5 million d'hectares de cultures, l'équivalent de la moitié de la Belgique. 
Les champs de soja et de maïs, en majorité transgéniques, sont secs désormais. Les récoltes ont eu lieu il y a quelques semaines et ont été vendues aux grandes sociétés de commercialisation installées dans la région, telles que Cargill, Dreyfus, Bunge ou encore Cofco. Leur premier acheteur est la Chine, qui a représenté 72,6% des ventes au cours des sept premiers mois de l'année. 
Outre la demande de la Chine, qui assure ainsi l'alimentation de ses porcs et de ses volailles, la guerre commerciale entre Pékin et Washington et la chute du réal de 25% cette année face au dollar ont favorisé l'agronégoce brésilien, qui représente plus d'un cinquième du Produit intérieur brut (PIB) du pays.
Les exportations de soja, principal produit d'exportation brésilien, ont ainsi augmenté de 36,3% en volume et de 33,3% en valeur entre janvier et juillet par rapport à la même période en 2019. Près de 70 millions de tonnes ont été exportées pour 23,8 milliards de dollars. 
Une envolée qui pourrait même faire chuter les stocks de soja du Brésil, le plus gros exportateur mondial, à un plus bas historique, malgré les récoltes record de cette année. 
Une bonne santé qui contraste avec les autres secteurs productifs de la première économie d'Amérique latine. Cette année, le PIB devrait connaître une baisse historique de 6% en raison de la pandémie de coronavirus, malgré une progression de 2% du secteur agricole, selon l'Institut de recherche en économie appliquée (Ipea). 
- Recul de la forêt amazonienne -
Mais l'agronégoce brésilien, qui a vu fortement progresser ses exportations de viande bovine (+32,3%) et de viande de porc (+51,7%), n'échappe pas aux soupçons sur sa responsabilité dans la déforestation de l'Amazonie, où la surface déboisée depuis le début 2020 a déjà dépassé les niveaux record de l'an dernier. 
Un survol de Sorriso, Vera ou Sinop, autre région de l'agronégoce du Mato Grosso, suffit pour constater le recul de la forêt tropicale. Depuis l'arrivée au pouvoir en 2019 du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, partisan d'une ouverture de l'Amazonie aux activités minières, agricoles et d'élevage, les tensions autour de la gestion de l'Amazonie n'ont jamais été aussi fortes. 
La famille de Rodrigo Pozzobon, d'origine italienne, a participé au mouvement migratoire des années 70 entre le sud du Brésil et cette vaste région agricole située entre le plateau central du Cerrado et l'Amazonie. 
Pour l'agriculteur, il est possible d'augmenter la production agricole sans détruire la forêt, en transformant par exemple en cultures les millions d'hectares déjà déboisés et qui servent de pâturage au bétail. 
Il rappelle que depuis quelques années, les fermiers sont obligés de laisser 80% de leurs vastes terres à l'état naturel et d'en exploiter seulement 20%. 
"Dans le passé, nous avons mal agi car nous avons déboisé, et certaines fermes ont déboisé plus que ce qui était autorisé. Mais cela a été corrigé et nous avons été obligés de verser des compensations environnementales", assure-t-il, en référence aux amendes qui servent ensuite à financer la protection de la forêt. 
Interdits par la loi, les incendies volontaires pratiqués par les agriculteurs sur les zones déboisées pour cultiver ou faire paître le bétail se poursuivent toutefois dans la région amazonienne pendant la saison sèche qui commence en juillet. 
Non loin de Sinop, l'AFP a ainsi repéré plusieurs champs brûlés. Sans contrôle, les feux ont pénétré la forêt où ils ont fini par s'éteindre naturellement, non sans provoquer des dégâts.
<https://www.geo.fr/environnement/bresil-malgre-le-coronavirus-linsolente-sante-de-lagronegoce-201660>
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4- Analyse. Avec ou sans floraison, les néonicotinoïdes représentent des risques pour les pollinisateurs, Le Monde, 12/08/20, 20h12
Stéphane Foucart

Contrairement aux arguments avancés par les syndicats agricoles, l’usage des insecticides systémiques a un impact sur la biodiversité, comme l’attestent de nombreux travaux scientifiques. 
Analyse. Après les betteraviers, les maïsiculteurs veulent à leur tour pouvoir déroger à l’interdiction des néonicotinoïdes. Vendredi 7 août, au lendemain du communiqué du ministère de l’agriculture annonçant la réintroduction jusqu’en 2023, sur la betterave, de cette classe de pesticides bannie depuis 2018, le syndicat du maïs a réclamé du gouvernement des mesures semblables.
Le succès obtenu par les betteraviers repose largement sur un argument de bon sens apparent : la betterave à sucre étant récoltée avant floraison, elle ne constitue pas une culture attractive pour les abeilles et les pollinisateurs. Le traitement de la betterave par enrobage de semences serait donc sans risque pour ces insectes. Mis en circulation par les milieux de l’agro-industrie et repris par le ministère de l’agriculture dans sa communication, cet argument a été largement repris sur les réseaux sociaux par des élus et des responsables politiques.
> Lire aussi  Le gouvernement défend la réautorisation des néonicotinoïdes pour « garder une filière sucrière en France »
Selon un schéma désormais récurrent, il a également été adoubé par des personnalités scientifiques s’exprimant généralement hors de leur champ de compétence. « Si l’insecticide a été interdit pour de mauvaises raisons, ce serait une faute politique que de ne pas le réautoriser, a par exemple déclaré, le 8 août, sur Twitter, le médecin et universitaire Jean-Loup Salzmann, ancien président de la Conférence des présidents d’université (CPU). En enrobage de semence de plante ne fleurissant pas, il n’y a aucun danger pour les butineurs. La politique doit s’appuyer sur la science. »
Un risque élevé pour les abeilles
De nombreux travaux scientifiques ont pourtant montré que même en l’absence de floraison des cultures traitées, les néonicotinoïdes représentent un risque élevé pour les abeilles, les pollinisateurs et les insectes auxiliaires des cultures. Les gouttelettes d’eau (ou « eau de guttation ») exsudées par les plantes, et auxquelles des pollinisateurs peuvent venir s’abreuver, sont par exemple une voie d’exposition. Celle-ci a été mise en évidence en 2009 par des chercheurs italiens, et publiée par le Journal of Economic Entomology.
Autre danger : les semoirs pneumatiques, qui injectent les semences enrobées dans les sols, peuvent, par effet d’abrasion sur les graines, générer des nuages de poussières. Aux alentours des parcelles traitées – sur la végétation, les sols ou encore les eaux de surface –, ces poussières déposent de l’insecticide à des concentrations présentant un risque pour certains insectes non ciblés. Cet effet a été montré en 2003 dans une étude publiée par le Bulletin of Insectology.
> Lire aussi  Les pesticides néonicotinoïdes continuent à menacer les abeilles, même lorsqu’ils ne sont plus utilisés
Ces phénomènes ne relèvent pas de science marginale : ils ont été pris en compte par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) dans son expertise de 2018 sur les « néonics ». Les conclusions de l’EFSA – agence peu suspecte de menées écologistes – avaient conduit à l’interdiction des principaux néonicotinoïdes en Europe, dans tous leurs usages. S’agissant de la betterave à sucre traitée aux néonics, l’EFSA a jugé « faibles » les risques liés à l’eau de guttation, mais des travaux académiques indépendants de l’industrie manquent sur le sujet. Quant à la contamination de l’environnement autour des parcelles de betteraves traitées, l’agence européenne n’a pu conclure à l’absence de risque pour les bourdons et les abeilles solitaires, faute de données.
Contamination des cultures ultérieures
En revanche, l’EFSA a estimé que le traitement de la betterave à sucre par les néonics a été jugé à risque « élevé » pour tous les pollinisateurs considérés dans son évaluation, du fait de la contamination des cultures ultérieures sur les parcelles traitées. Une part très importante de l’insecticide appliqué sur les semences, de 80 % à plus de 98 % (selon des données publiées en 2003 dans le Bulletin of Insectology), demeure en effet dans les sols. Des cultures mellifères ou attractives pour les abeilles, non traitées mais semées l’année suivante, peuvent ainsi être contaminées et présenter un risque élevé pour les pollinisateurs.
Le ministère de l’agriculture a assuré, dans son communiqué, que des restrictions seraient imposées pour limiter cet effet. Mais, depuis 2018 et l’expertise de l’EFSA, de nouveaux travaux ont mieux documenté la grande rémanence des néonicotinoïdes dans l’environnement et leur capacité à s’y diffuser, sans que les mécanismes de leurs migrations soient d’ailleurs pleinement élucidés.
> Lire aussi  Les néonicotinoïdes sont là pour durer
En février, des chercheurs du CNRS et de l’INRAE ont ainsi publié dans la revue Science of the Total Environment une étude indiquant que des colzas non traités, poussant sur des parcelles exemptes de néonics depuis cinq ans, pouvaient être imprégnés par ces produits. Et ce, à des niveaux présentant des risques pour les pollinisateurs.
Toxiques à des doses d’exposition infimes
D’autres travaux, conduits en Suisse et publiés en mars 2019 dans le Journal of Applied Ecology sont allés plus loin. Des chercheurs de l’université de Neuchâtel (Suisse) ont analysé plus de 700 échantillons de plantes et de sols, prélevés sur l’ensemble des régions agricoles helvétiques. Au total, les prélèvements ont été menés sur 169 parcelles issues de 62 exploitations agricoles conduites en agriculture conventionnelle ou biologique. Résultat : tous les échantillons prélevés sur des parcelles conventionnelles contenaient des résidus de néonics, tandis que 93 % des parcelles menées en « bio » – bien que toutes converties depuis plus de dix ans – étaient contaminées, à des concentrations cependant beaucoup plus faibles. Mais même à ces niveaux très bas, les chercheurs suisses identifiaient des risques pour une variété d’insectes non ciblés.
L’une des caractéristiques des néonicotinoïdes est en effet d’être toxiques à des doses d’exposition infimes. Par exemple, l’application de 60 grammes d’imidaclopride (le principal néonic) par hectare, sur les 423 000 hectares de betterave à sucre exploités en France, équivaut à environ 25 tonnes de produit, soit suffisamment pour tuer 3 millions de milliards d’abeilles (4 nanogrammes d’imidaclopride par abeille suffisent à tuer 50 % d’une population exposée, selon la synthèse de référence publiée en 2014 dans Environmental Science and Pollution Research). En comptant un centimètre par hyménoptère, cela représenterait une chaîne d’abeilles mortes d’environ 30 milliards de kilomètres, soit quelque 40 000 allers-retours de la Terre à la Lune.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/12/avec-ou-sans-floraison-les-neonicotinoides-representent-des-risques-pour-les-pollinisateurs_6048820_3244.html>
Sur le même sujet : 
> Néonicotinoïdes autorisés pour la filière betterave : les défenseurs des abeilles sont vent debout <https://www.actu-environnement.com/ae/news/neonicotinoides-betterave-sucre-derogation-jaunisse-abeilles-pompili-denormandie-35952.php4>, Actu-Environnement, 17/08/20
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5- [La mondialisation dans l’assiette] Le succès du lait d’amande, un massacre pour les abeilles, Novethic, 12/08/20
Marina Fabre

C'est un véritable plébiscite. Entre les laits de soja, de noisette, de riz, les laits végétaux rencontrent un succès fulgurant. Le lait d'amande est particulièrement apprécié, mais son impact sur la biodiversité est lourd. Alors que plus des trois quarts des amandes sont produites en Californie, les producteurs, voulant répondre à cette forte demande, utilisent beaucoup de pesticides, provoquant une hécatombe chez les abeilles. Toute la semaine, Novethic se penche sur les effets néfastes de nos modes alimentaires. 
C’est une de nos nouvelles obsessions alimentaires. Après le lait de soja, autrefois réservé aux végans et aux intolérants du lait animal, l’offre de lait végétal s’est considérablement élargie en France. Aujourd’hui, dans les enseignes historiques de la bio, et désormais en grandes surfaces, les consommateurs ont le choix entre le lait d’amande, de noisette, de coco, de riz, d’avoine, de sarrasin, la liste est grande. Mais cette mode a des effets néfastes sur la biodiversité. Le lait d’amande est particulièrement montré du doigt. 
Selon l’institut Nielsen, en seulement cinq ans, les ventes de lait d’amande ont explosé de 250 % aux États-Unis. En janvier dernier, une enquête du journal britannique The Guardian a révélé que la surconsommation de lait d’amande provoquait une hécatombe des abeilles, déjà très fragilisées. Pour bien comprendre, il faut savoir que plus de 75 % des amandes consommées dans le monde sont cultivées en Californie. Or pour répondre à la demande, de plus en plus forte, la plupart des producteurs californiens se sont tournés vers les pesticides pour accroître leur rendement. 
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/la-mondialisation-dans-l-assiette-le-succes-du-lait-d-amande-un-massacre-pour-les-abeilles-148831.html>
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6- En Espagne, le Covid-19 révèle les conditions de vie inhumaines des travailleurs migrants, Le Monde, 13/08/20, 08h27
Sandrine Morel (Madrid, correspondante)

D’année en année, les ONG dénoncent la situation de ces travailleurs agricoles. Mais il aura fallu que ces saisonniers précaires se retrouvent à l’origine de dizaines de clusters pour que l’administration prenne au sérieux cette crise humanitaire. 
Ils commencent l’année dans les champs de fraises d’Andalousie, puis partent en Aragon ou en Catalogne pour récolter les pêches et autres fruits à noyau. En août, ces journaliers enchaînent sur les fruits à pépins, poires et pommes. Puis vient la saison des vendanges, un peu partout en Espagne. Enfin, le cycle se termine de nouveau en Andalousie, dans les oliveraies.
Toute l’année, au gré des besoins, ces travailleurs − des migrants majoritairement subsahariens dont un certain nombre sont sans papiers − se déplacent ainsi aux quatre coins de l’Espagne pour prêter main-forte dans les champs. Avec l’espoir d’être embauchés un jour, une semaine, un mois ou davantage, avec de la chance.
Le soir, ils dorment entassés par dizaines dans des chambres minuscules, chez des compatriotes qui leur louent un lit, dans la promiscuité de baraques de chantier mises à disposition par les agriculteurs ou dans des bidonvilles surpeuplés. Certains occupent des usines abandonnées ou des entrepôts désaffectés, sans accès à des conditions d’hygiène minimales. D’autres finissent sur des cartons, dans la rue…
Gymnases et auberges
Ce n’est pas nouveau. D’année en année, les organisations non gouvernementales (ONG) dénoncent la situation. Mais il aura fallu que la pandémie de Covid-19 frappe le royaume et que ces saisonniers précaires se retrouvent à l’origine de dizaines de clusters pour que l’administration prenne au sérieux cette crise humanitaire.
L’Espagne connaît les pires chiffres de contagion d’Europe occidentale. Le bilan quotidien des cas de contamination est passé de moins de 150 en moyenne en juin à plus de 1 500 pour les douze premiers jours d’août. Avec presque 330 000 cas, le pays est le premier d’Europe, le onzième dans le monde, et devance largement ses voisins avec 95 cas pour 100 000 habitants contre 28 en France, 16 au Royaume-uni, 13 en Allemagne et 7 en Italie. Au 10 août, 32 clusters actifs, représentant près de 600 cas, étaient liés au secteur des fruits et légumes.
La crise sanitaire « a mis en évidence avec toute sa brutalité des problèmes qui demeuraient plus ou moins ignorés depuis longtemps et a fait sauter les coutures du système », a reconnu le Défenseur du peuple, Francisco Fernandez Marugan, exigeant de la part des administrations et des entreprises agricoles qu’elles préservent « le droit du travail et des conditions de logement dignes », alors que l’Espagne est le principal exportateur de fruits et légumes de l’Union européenne.
> Lire aussi  En Grèce, les saisonniers pourraient être les premières victimes de la crise
Depuis le mois de juin, et au fur et à mesure que des foyers de contamination au coronavirus se sont déclarés chez les saisonniers, les administrations municipales et régionales ont cherché à freiner la contagion en mettant des gymnases et des auberges à disposition des migrants, souvent trop tardivement. De son côté, la ministre du travail, Yolanda Diaz, issue du Parti communiste, a renforcé les inspections, provoquant la grogne des agriculteurs. Et le ministre espagnol de l’agriculture, le socialiste Luis Planas, a présenté le 4 août un guide de prévention pour éviter de nouveaux clusters liés aux vendanges, après avoir demandé aux acteurs, professionnels et administrations locales, de donner des « logements décents » aux saisonniers.
« Le pire, c’est la faim »
Le risque sanitaire est élevé. Les premiers foyers chez les saisonniers ont surgi dès le début du mois de juin, en Aragon, à partir d’importants clusters dans la province de Huesca. De là, le virus a essaimé à Lérida, province rurale de Catalogne toute proche, où des dizaines, voire des centaines de migrants venus travailler dans les champs dormaient dans la rue depuis des semaines, dénonçant, une fois encore, leurs difficultés pour trouver un logement et se disant victimes de « racisme ». Lorsque les premiers foyers de contagion se sont déclarés le 25 juin, l’administration catalane s’est montrée incapable de contrôler la reprise de l’épidémie. La transmission est rapidement devenue « communautaire », c’est-à-dire dont on ne peut trouver l’origine. Après avoir ordonné l’isolement d’une quinzaine de communes de la région agricole du Segria, autour de Lérida − à 150 kilomètres à l’ouest de Barcelone −, le 8 juillet, le gouvernement catalan a reconfiné près de 200 000 habitants le 12 juillet, mesure levée le 29 juillet.
« Les saisonniers ont été stigmatisés, alors qu’ils avaient besoin de logements et de protection », s’émeut Gemma Casal, porte-parole de la plate-forme Fruits et justice sociale qui a déposé deux plaintes contre une entreprise d’exportation de fruits et une organisation de producteurs. « Au début, ils n’avaient pas de masques, puis un tous les quinze jours. A présent, ils en reçoivent deux par jours et passent des contrôles de température », ajoute-t-elle.
Grâce aux centres ouverts par l’administration, ils ont aussi presque tous un lieu, à l’abri, pour dormir. « Mais il leur faut aussi des papiers : le Portugal l’a fait, l’Italie aussi… Non seulement maintenir ces gens dans une situation irrégulière favorise les abus et l’exploitation, mais s’ils ne sont pas régularisés, leur “traçage” lorsqu’ils sont contaminés est impossible : ils ne veulent pas donner leur nom, ni dire avec qui ils ont été en contact. Et comme ils n’auront pas d’indemnités d’arrêt de travail, ils cherchent parfois à éviter les contrôles de température ou les tests, parce que ce qui les préoccupe ce n’est pas le Covid, c’est d’avoir de quoi manger. Le pire, pour eux, c’est la faim », poursuit Mme Casal.
> Lire aussi  Coronavirus : la pénurie de saisonniers paralyse l’agriculture européenne
Dès la fin du mois de mars, le Portugal a effectivement pris la décision de régulariser provisoirement les migrants qui en avaient fait la demande, pour leur donner accès à la santé publique. L’Italie, pour résoudre la pénurie de main-d’œuvre agricole, a pris une mesure allant dans le même sens envers ceux dont le permis de séjour était périmé depuis moins de huit mois. Début avril, le gouvernement espagnol, pour sa part, n’a donné un permis de travail qu’aux jeunes de 18 à 21 ans qui allaient travailler dans les champs, afin de favoriser l’insertion professionnelle des anciens mineurs étrangers non accompagnés (MENA).
Appel à « l’empathie »
Maires, syndicats ou ONG…, de plus en plus de voix demandent la régularisation des travailleurs agricoles en Espagne alors que les clusters liés aux saisonniers se sont multipliés. Outre la Catalogne, la région de l’Aragon a dû elle aussi imposer de nouvelles restrictions après plusieurs dizaines de cas chez des travailleurs qui vivaient dans un entrepôt. A El Ejido, près d’Almeria, en Andalousie, ville connue pour sa « mer de plastique » où poussent des tomates toute l’année sous d’immenses serres, un autre foyer de contagion avoisinait les 100 cas positifs fin juillet.
Et à Albacete, en Castille-la Manche, les premiers cas ont été détectés dans un campement insalubre installé dans une usine de céréales désaffectée. Là vivaient entre 300 et 500 personnes avec un seul point d’eau potable. La région n’a d’abord pas eu d’autre idée que de les confiner… à l’intérieur. Après la protestation des migrants, dont plusieurs se sont échappés pour éviter la quarantaine, elle les a finalement relogés, deux jours plus tard, dans le palais des expositions. Mais en y regroupant 200 personnes, le nombre de cas positifs est monté à 126, et de nouvelles protestations et fuites ont eu lieu début août.
> Lire aussi  Coronavirus : l’Espagne en situation critique avec les pires chiffres de contagion d’Europe
Entre-temps, les manifestations publiques de racisme se sont multipliées dans la ville, poussant le diocèse à appeler la population à « l’empathie ». Et le directeur général de santé publique de la région, Juan José Camacho, a résumé le problème le 7 août en une phrase : « Officiellement, ces gens n’existent pas. »
Benito Almirante, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Vall d’Hebron de Barcelone, estime que si la première vague de Covid-19 a touché l’Espagne sans trop de discrimination sociale, « la deuxième frappera majoritairement les précaires, les mal-logés, les plus vulnérables… ».
<https://www.lemonde.fr/international/article/2020/08/13/en-espagne-le-covid-19-met-en-lumiere-les-conditions-de-vie-inhumaines-des-travailleurs-agricoles-migrants_6048835_3210.html>
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7- [La mondialisation dans l'assiette] Le soja décime massivement les forêts brésiliennes, Novethic, 13/08/20
Concepcion Alvarez

Environ un cinquième du soja importé du Brésil en Europe provient de la déforestation illégale. De par sa teneur en protéines élevée et sa valeur énergétique, le soja est extrêmement plébiscité pour nourrir les volailles et le porc, si bien qu'il se retrouve dans de nombreux produits que nous consommons au quotidien. C'est ainsi le soja qui pèse le plus lourd dans l'empreinte forêt des Français. Toute la semaine, Novethic se penche sur les effets néfastes de nos modes alimentaires. 
Depuis une vingtaine d’années, la culture du soja est celle qui a subi la plus forte croissance au niveau mondial. La superficie qui lui est dédiée dépasse un million de kilomètres carrés, soit l’équivalent des superficies de la France, de l’Allemagne, de la Belgique et des Pays-Bas réunis. Mais sa production menace les forêts et les écosystèmes notamment en Amérique du Sud. Selon les chiffres officiels, la déforestation de l'Amazonie brésilienne a atteint un record au cours du premier semestre 2020 avec une accélération de 25 % par rapport à la même période de 2019. 
Des données à mettre en relation avec celles publiées le 16 juillet dans la revue Science. Selon l'étude, "entre 18 % et 22 % - possiblement davantage - des exportations annuelles du Brésil vers l’UE sont le fruit de la déforestation illégale." Ce soja est principalement destiné à l’alimentation animale d’élevages industriels, tant pour les volailles que pour le porc, dont les Européens restent le premier exportateur.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/la-mondialisation-dans-l-assiette-le-soja-present-partout-dans-nos-assiettes-decime-massivement-les-forets-148829.html>
Dans la même série : 
> [La mondialisation dans l'assiette] La folie de l'avocat, entre sécheresse, déforestation et crime organisé <https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/overdose-alimentaire-l-avocat-entre-secheresse-deforestation-et-crime-organise-148815.html>, Novethic, 10/08/20
> [La mondialisation dans l’assiette] La tomate industrielle, un concentré de dérives <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/la-mondialisation-dans-l-assiette-la-tomate-industrielle-un-concentre-de-derives-148857.html>, Novethic, 11/08/20
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8- Sécheresse : Denormandie annonce des aides supplémentaires pour les agriculteurs et éleveurs, AFP, 14/08/20, 10:00

Le gouvernement va permettre l'ouverture du régime des indemnisations pour "calamités" aux agriculteurs et éleveurs victimes de la sécheresse qui devraient aussi bénéficier d'autres aides à la trésorerie d'urgence comme certains dégrèvements fiscaux, a annoncé vendredi le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie.
"On prend des mesures exceptionnelles pour accompagner les agriculteurs face à des épisodes de sécheresse qui ne cessent de se répéter", a déclaré sur Franceinfo le ministre qui a aussi confirmé qu'une "part significative" du volet agricole du plan de relance de l'économie devant être annoncé le 25 août sera consacrée à "l'adaptation de nos cultures au changement climatique".
"Pour tous les départements qui pourront relever de la calamité agricole", le ministre a indiqué qu'il serait "très vigilant" afin que les agriculteurs concernés puissent en bénéficier.
"Quand est-ce que cela se passe ? A la fin de l'épisode de sécheresse, on constate les conséquences des diminutions de rendement et on fait ces déclarations (...) qui donnent lieu ensuite à des accompagnements financiers", a dit le ministre sans donner le montant du budget.
Dans les mesures d'urgence, outre le feu vert à l'utilisation des jachères pour nourrir le bétail et au décalage des dates de semis imposés par la politique agricole commune (PAC), déjà annoncés, le ministre a évoqué le versement anticipé d'acomptes "plus élevés" de la PAC, et des "dégrèvements sur la taxe foncière que paient les agriculteurs" pour les régions les plus sinistrées.
En début de semaine, le président du syndicat agricole Modef Pierre Thomas avait demandé l'activation du fonds national de gestion des risques agricoles (FNGRA) pour indemniser les agriculteurs exposés aux dégâts de la sécheresse. La présidente de la FNSEA Christiane Lambert avait demandé aussi des allègements de charge voire des échelonnements de remboursements bancaires pour les entreprises agricoles.
"Au-delà de ces mesures de très court terme, agronomiques et financières, il faut surtout préparer l'avenir, c'est l'objectif du plan de relance ou une part conséquente du volet agricole du plan de relance sera consacrée à l'adaptation de notre agriculture aux effets du changement climatique", a ajouté le ministre.
Sur ce volet il a cité trois exemples : le financement de l'achat de matériaux de protection contre la grêle, le financement de la recherche pour trouver des semences plus adaptées aux bouleversements climatiques, et l'amélioration de la gestion des ressources, en particulier en eau.
"Après la sécheresse, il y a des orages très violents, de la grêle : aujourd'hui, on a des matériaux pour se protéger contre ces phénomènes, qui coûtent cher, il faut pouvoir les financer pour accompagner nos agriculteurs", a ajouté le ministre qui se rend dans deux exploitations de Haute-Garonne vendredi.
Pour la gestion de l'eau, M. Denormandie a jugé "absolument pas normal" qu'un projet de construction de bassin de rétention d'eau puisse "prendre 8 à 10 ans" et évoqué des "mesures de simplification" à engager "dans la concertation" afin d'éviter "les conflits d'usage".
<https://information.tv5monde.com/info/secheresse-denormandie-annonce-des-aides-supplementaires-pour-les-agriculteurs-et-eleveurs>
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9- Les pêcheurs varois testent de nouvelles balises pour faire la chasse aux déchets en mer, Le Monde, 14/08/20, 15h36
Philippe Gagnebet (Toulouse, correspondance)

Fixés sur les filets ou les casiers, ces dispositifs devraient faciliter la récupération de tonnes de lignes, gilets de sauvetage ou filets, qui représentent 10 % de la pollution plastique des océans. 
La sauvegarde des océans passera-t-elle par l’espace ? Selon un rapport de l’Organisation maritime internationale (OMI) datant de 2009, 640 000 tonnes de filets, lignes, gilets de sauvetage ou cordages seraient perdues ou abandonnées en mer chaque année par l’industrie de la pêche. Ajoutés aux déchets rejetés, ces « équipements fantômes » représentent 10 % de la pollution plastique des océans. Face à ce phénomène grandissant, qui détériore les fonds marins et coûte très cher aux différents pêcheurs, une société basée à Toulouse, Collecte localisation satellites (CLS), vient de lancer une expérimentation avec le comité des pêches du département du Var.
Grâce à son savoir-faire dans le domaine des satellites – elle gère depuis ses débuts les collectes de données du système de localisation Argos –, cette filiale du Centre national d’études spatiales (CNES), 750 salariés, 50 centres de surveillance des pêches et 15 000 balises satellites actives, intervient déjà sur la gestion durable des pêches, la surveillance environnementale ou le suivi des flottes.
> Lire aussi  La pollution par le plastique pourrait être réduite de 80 % en adoptant des mesures ambitieuses
« Nous faisons de la recherche et développement sur ce nouveau système depuis deux ans, indique Gaëtan Fabritius, directeur du département « innovation et prospective » de l’entreprise. Connaissant la position de leurs équipements, les pêcheurs gagneront du temps de recherche et réaliseront ainsi des économies de carburant. Ils diminueront également leur empreinte carbone, le temps passé en mer et les risques associés à la pratique de leurs activités en milieu isolé et parfois hostile. »
« Nous voulons donner l’exemple »
C’est donc sur des barques de 12 mètres maximum, avec un à deux pêcheurs à bord, que les petites balises, reliées au nouveau réseau de nanosatellites Kinéis, sont amarrées. Plus précisément sur « le signal », une perche en bambou et son drapeau qui marque la présence des lignes ou palangres.
« Nous avons décidé de tester ces balises car nous voulons donner l’exemple. Nous sommes les pêcheurs les plus respectueux de la faune et flore marines, les moins pollueurs par rapport aux grands chalutiers. La mer devient une poubelle, il faut que cela cesse », clame Pierre Morera, Marseillais d’origine de 55 ans, président du comité des pêches du Var, qui sillonne depuis quinze ans les eaux face à l’île de Porquerolles, depuis le petit port de La Londe-les-Maures.
> Lire aussi  Des filets biodégradables pour les pêcheurs de la Manche
Polyvalents et ramenant au maximum 20 kg de daurades, sars, seiches, espadons, langoustes ou thons rouges au bout de leurs lignes ou casiers, certains pêcheurs du Var seront munis d’une tablette, elle-même reliée au système Kinéis. « Au large, le réseau téléphonique GSM ne fonctionne plus et on n’a pas Internet. On teste actuellement l’efficacité, et ensuite on passera à la phase du prototype avec les équipes de CLS », précise M. Morera. Outre les balises fixées sur les palangres, un autre prototype, de la forme et de la taille d’un ballon de rugby, sera testé sur les filets de petits chalutiers. En cas de perte, de décrochage dû à un autre bateau, le filet sera localisé. Il ne restera plus qu’à le récupérer.
Economie circulaire
La récupération en mer est le troisième volet de cette expérimentation, menée en partenariat avec l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, les associations Planète mer et ReSeaclons, et des plongeurs professionnels de l’association Les ressources sous-marines. Un robot sous-marin inédit, compact, autonome et capable de repérer et positionner en haute profondeur les engins de pêche perdus, a été développé.
A long terme, c’est la mise en œuvre de toute une économie circulaire, de la récupération à la valorisation des déchets qui pourrait voir le jour. De l’avis de Gaëtan Fabritius, ces « balises incarnent une petite révolution. Surtout parce qu’elles consomment très peu d’énergie et sont très endurantes. Le coût pour les pêcheurs sera très faible et nous espérons une commercialisation à grande échelle pour fin 2021. » 
Pour cela, il faudra attendre le lancement de 25 nanosatellites, construits à Toulouse, qui permettront de réaliser un nouveau maillage des océans. D’autres tests sont menés en Guyane et doivent l’être en Bretagne par CLS, qui espère aussi récupérer dans ses filets l’écoute et l’attention des grandes flottilles de pêche.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/14/les-pecheurs-varois-testent-de-nouvelles-balises-pour-faire-la-chasse-aux-dechets-en-mer_6048977_3244.html>
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10- Un agriculteur intoxiqué, des cultures détruites : une exploitation bio détruite au glyphosate dans les Bouches-du-Rhône, Le Monde, maj le 15/08/20 à 02h35
Mailis Rey-Bethbeder

Intoxiqué, l’exploitant, qui avait consommé sa production, a dû être hospitalisé. Son épouse et lui ont porté plainte. Les agriculteurs voisins sont montrés du doigt. 
Saccagée. C’est ainsi que Tristan Arlaud, agriculteur bio établi dans le sud-est de la France, retrouve sa production, le 8 juillet dernier. Les serres des Jardins de paradis, au Puy-Sainte-Réparade, dans les Bouches-du-Rhône, ont été lacérées, cisaillées… Les poivrons, tomates ou courgettes sont complètement dévastés.
Avec sa femme, l’agriculteur décide de porter plainte. Quasiment la routine pour ce couple, victime d’actes malveillants sur leur propriété agricole depuis 2016. « Depuis quatre ans, leurs plaintes pour atteintes à des biens sont classées sans suite », affirme Me Quentin Motemps, leur avocat. Après cette énième plainte, Tristan Arlaud continue à travailler et à consommer sa propre production.
Mais quelques jours plus tard, l’agriculteur doit être hospitalisé en urgence. Fiévreux, il est aussi victime de vomissements et atteint de diarrhées. Il perd sept kilos en quatre jours. Son état le résout à faire des tests : il a été victime d’une intoxication au glyphosate. L’herbicide a été pulvérisé sur ses cultures bio. Les voilà inexploitables, et surtout toxiques, impropres à la consommation en label bio. Six serres sur neuf ont été aspergées, le manque à gagner s’élève à 35 000 euros. « Ces serres-là, je ne peux plus les mettre en culture pendant deux ans », se lamente Oriane Arlaud, l’épouse de Tristan.
Ce passage à l’hôpital pousse le couple à prendre un avocat, qui dépose plainte auprès du procureur, à Aix-en-Provence, le 4 août.
> Lire aussi  Roundup : la condamnation de Monsanto confirmée en appel en Californie
« La piste locale est évidente »
Tristan et Oriane Arlaud ont peu de doutes quant à la responsabilité des agriculteurs voisins dans cet acte de malveillance, d’autant que certains d’entre eux sont connus des services des gendarmes à la suite de leurs premières plaintes, en 2016. « Les auteurs sont non seulement identifiés, mais pour certains, ils ont été entendus par les services de la gendarmerie de Venelles, ont reconnu une partie des faits. Pour autant, ils n’ont pas été renvoyés devant un tribunal correctionnel », s’étonne Me Motemps. L’avocat souhaite que « les auteurs soient entendus et qu’ils procèdent à des explications » concernant cette dernière attaque au glyphosate.
Oriane Arlaud abonde : « La piste locale, elle est évidente. De plus, nous ne sommes pas du tout exposés, nous sommes au bout d’un chemin rural. Ce n’est pas facile à trouver, et encore moins de nuit. C’était organisé, c’est l’œuvre de plusieurs personnes. Pour faire ce qui a été fait, il faut être équipé, avoir des pulvérisateurs à dos. Cela constitue un faisceau de présomptions assez clair, je pense. C’est à la justice de faire son travail maintenant et d’identifier les auteurs. »
Pourquoi de tels agissements ? Me Motemps avance l’hypothèse de la jalousie et de la crainte face au nouveau concurrent que pouvait représenter le couple pour des « agriculteurs qui sont là depuis plus longtemps, voire depuis des générations ». Dans le village où ils se sont installés, les premières années, l’activité de ces nouveaux exploitants bio a fait l’objet de « moqueries » et de « ragots ».
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Un élan de solidarité
Ce projet d’agriculture biologique, cela fait des années que le couple le mûrissait. Tristan Arlaud s’était d’abord installé seul, en 2007, quittant son métier dans le secteur de la restauration, avant d’être rejoint par sa femme, auparavant psychologue du travail. « J’ai accompagné beaucoup de gens en reconversion professionnelle, et un jour, ça a été mon tour », se souvient Oriane Arlaud. Après un passage dans un lycée agricole, le couple s’installe au Puy-Sainte-Réparade et fonde une famille. Le succès est au rendez-vous.
Encore aujourd’hui, les deux agriculteurs peuvent compter sur une clientèle fidèle, et disposent d’environ 30 000 euros pour amortir leurs pertes, grâce à une cagnotte en ligne. « C’est un soulagement énorme, un message fort, s’émeut l’agricultrice. Je n’aurais jamais pensé que des gens qui ne nous connaissent pas puissent à ce point être touchés par ce qui nous arrive. On pleure comme des madeleines depuis un moment maintenant. » Après « un choc psychologique violent », le couple est motivé pour reconstruire « le projet d’une vie ».
Interrogé par France 3 PACA, le maire du Puy-Sainte-Réparade, Jean-David Ciot, explique que « ce sont des jeunes que nous avons beaucoup aidés à s’installer en bio. Ils sont arrivés en même temps que moi et ils sont dans l’esprit de maraîchage qu’on souhaite développer dans la commune. Nous allons continuer à les soutenir, c’est scandaleux ce qui leur arrive ».
Tristan Arlaud a été très exposé au glyphosate. Si son état de santé n’est plus alarmant, il reste à surveiller. Il souffre encore d’une grande fatigue respiratoire et a du mal à déglutir. « Tout ce qu’on souhaite, c’est que les gens soient identifiés et que ça s’arrête. Nous voulons continuer à porter ce projet, et pouvoir travailler tranquillement », conclut Oriane Arlaud.
> Lire aussi  Face à la sécheresse, des aides supplémentaires pour les agriculteurs et les éleveurs
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/14/un-agriculteur-intoxique-des-cultures-detruites-une-exploitation-bio-detruite-au-glyphosate-dans-les-bouches-du-rhone_6048990_3244.html>
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11- Série Jardins secrets (4/5). Le petit éden breton d’un couple franco-britannique, Le Monde, 15/08/20, 05h24
Catherine Rollot

Jardins secrets (4/5). Dans son Morbihan d’adoption, Denis et Paula Coombes ont fait d’une prairie en friche un véritable paradis écologique où arbres, fleurs et légumes entretiennent la biodiversité locale.
Sa main plonge dans les eaux grouillantes de vie du petit bassin installé dans un coin de la pelouse. Toujours le même émerveillement devant le cycle de la nature. Dans quelques jours, la minuscule larve deviendra triton, hôte supplémentaire et bienvenu dans le jardin de Denis Coombes, un paradis vert breton à la profusion toute anglaise.
Admirer les plants de fenouil perlés de pluie, s’émerveiller de la valse des chauves-souris au clair de lune, contempler la luminescence des vers luisants cachés dans les graminées sauvages… Plaisirs renouvelés pour le maître et guide des lieux, 71 ans et fière allure en pull shetland bleu marine sur col de chemise azur, en cette fraîche matinée d’été armoricain.
Depuis son installation à Neulliac, petite commune rurale en plein cœur du Morbihan, il y a plus de vingt ans, le jardinier amateur, moitié gallois moitié anglais, a façonné jour après jour un écrin écologique, réserve de faune et de flore locales. « Tout est bio et naturel, ce n’est pas uniquement un jardin ornemental mais productif, avec des variétés de la région ou adaptées au climat. Vous ne trouverez pas de bananiers ici », avertit, avec une pointe d’humour et d’accent, cet ancien de la British Telecom à la main verte.
Oasis végétale
Chaque jour ou presque – seuls le froid, le vent et l’arthrose qui raidit parfois ses articulations lui font remiser arrosoir et binette –, il passe de longues heures à cultiver son éden qui s’étend à l’avant et à l’arrière de sa jolie longère de granit. Une passion qu’il partage depuis quelques mois sur son blog « La Rabine jardin » et sur sa page Facebook. Aidé par sa femme Paula, 64 ans, anglo-galloise elle aussi, il y distille, en anglais et en français, conseils de jardinage, photos et vidéos des fleurs, légumes et fruits cultivés sur ses 2 000 m2 de terrain, mais aussi de tout le petit monde des insectes et autres animaux qui le peuple.
Une histoire ancienne s’est tissée entre les Coombes, la Bretagne et les jardins. Les deux Britanniques ont passé une grande partie de leur enfance respective dans le sud de l’Angleterre, dans ce Mid-Sussex verdoyant et ses petites villes aux rangées de maisons ouvrières prolongées d’une courette. Il est d’usage d’y cultiver quelques légumes, d’y installer une miniserre ou quelques potées fleuries.
Dans la famille de Denis, le jardinage n’est pas la préoccupation du père militaire, mais un début de vocation chez le fils. « Ado, j’ai acheté un plant au supermarché, c’était un Tree of Heaven, un arbre du paradis, à la croissance rapide. » Au bout de trois ans, le père coupe l’arbre, jugé trop grand. Une blessure sur laquelle Denis ne veut pas s’attarder, à l’image de son enfance difficile. « La nature a toujours été pour moi un refuge, une évasion du quotidien », confie-t-il pudiquement. Depuis ce temps, le jeune homme n’aura de cesse de rêver son oasis végétale, apprenant la botanique sur le tas, dans les livres et les magazines spécialisés.
La rencontre avec Paula, directrice d’école puis conseillère pédagogique, signe le début d’une histoire d’amour et d’une vie au-delà du Channel. La Bretagne devient la destination de vacances préférée du couple. En 1996, ils y achètent une ancienne longère à rénover entièrement, avec un jardin, « dans un coin sans Anglais », désireux de vivre « à la française au milieu de Français ». Les Coombes ne roulent pas sur l’or, car Denis fait partie des milliers de salariés licenciés suite à la privatisation de l’opérateur historique britannique de télécommunications.
Pendant quatre ans, Denis, excellent bricoleur, retape la maison tandis que Paula commence à aménager le jardin, qui n’est alors qu’une prairie en friche. « Nous avons tout de suite planté un potager, par plaisir mais aussi pour des raisons économiques. » En 2000, ils s’installent à l’année en Bretagne, ouvrent une chambre d’hôtes puis un gîte pour arrondir leurs fins de mois. Leur havre fleuri, situé à l’entrée de la petite commune de 2 000 âmes, est vite connu des habitants du coin, qui y trouvent un cadre accueillant mais aussi des cours de prononciation anglaise dispensés par Paula à leurs enfants.
Les voisins deviennent des amis, et c’est grâce à eux et avec l’aide de la mairie que le couple acquiert au « prix agricole » une bande de terre située à l’arrière de leur maison. « C’était rempli de ronces, d’herbes folles, une page blanche ». Paula dessine le jardin idéal écologique, avec un potager, des arbres, un petit bassin, des espaces pour s’isoler, d’autres laissés sauvages, et en filigrane « le souci de favoriser la flore locale, de préserver et restaurer les sols, de maîtriser l’usage de l’eau… »
Savon noir et purin d’ortie
Difficile d’imaginer aujourd’hui la jachère d’alors. Ici, une pergola recouverte de roses anciennes. Là, des massifs débordant de fuchsia, d’iris et d’agapanthes se découvrent au fil des allées sinueuses, bordées d’herbes. Un peu plus loin, occupant une large surface, un magnifique carré de plantations donne à profusion pommes de terre, salades, tomates, haricots verts, petit pois et autres légumes de saison, tandis que les framboisiers, fraisiers et arbres fruitiers plantés un peu plus loin fournissent dessert et confitures faites maison.
Pour favoriser la pousse et combattre les maladies, aucun engrais chimique mais du savon noir et du purin d’ortie ou de prèle concoctés par Denis. Paillage et compost, issus des huit bacs installés au fond du jardin, sont utilisés pour nourrir le sol et le protéger. Dans le potager, légumes et fleurs sont mélangés savamment pour éloigner les nuisibles et favoriser la pollinisation. Tout est récupéré : les anciennes baleines de parapluie ou de parasol deviennent des tuteurs, les pots en terre retournés servent de lampions. L’eau de pluie stockée dans plusieurs citernes assure l’arrosage.
« C’est un jardin qui ne coûte que du temps », résume Denis Coombes. Tous les arbres, à l’exception des fruitiers ont poussé à partir de graines ou de glands. Les multiples variétés de fleurs proviennent de boutures et semis, comme les produits du potager. Pendant le confinement, la petite production familiale de légumes et fruits a assuré son rôle. « En tout et pour tout, nous avons acheté douze plants de laitues et quelques graines », confie le passionné, qui n’a manqué de rien si ce n’est de « ses sorties au Gamm Vert », une enseigne de jardinerie. 
Le goût du partage et de l’engagement
Membre du réseau associatif Les Jardins de Noé, dont les adhérents s’engagent à suivre une charte pour conserver la biodiversité, le septuagénaire, heureux gagnant ou finaliste de plusieurs concours de maison fleurie, songe désormais à transmettre sa passion, en ouvrant son jardin au public, groupes d’amateurs ou scolaires. « Dès cet été ou plus probablement au printemps prochain, explique-t-il. J’aimerais faire découvrir cet endroit et expliquer comment on peut avoir un jardin complètement écologique. »
Francophiles, « désormais plus bretons qu’anglais », les Coombes, qui depuis quatre ans ont acquis la double nationalité, et ne gardent que peu d’attaches avec leur patrie d’origine, cultivent le goût du partage et de l’engagement. Longtemps investis dans la politique locale, ils ont tous deux été élus (non payés) du parti centriste britannique, le LibDem, un parti très pro-européen ; ils préfèrent aujourd’hui, tout en pestant contre le Brexit, consacrer leur temps à œuvrer pour la préservation de l’environnement.
Car dans les effluves des pois de senteur et les touffes colorées des « Welsh poppies », ces coquelicots jaunes du Pays de Galles, le jardinier anglais assiste chaque jour aux dérèglements climatiques, à ces hivers ou étés trop chauds et trop secs, et à leurs conséquences sur la faune et la végétation. Entouré de sa chatte Pépée, des coqs et moutons en céramique, des bancs de bois et autres accessoires de jardin qui ponctuent son landscape, l’aimable planteur défend le respect des saisons et de la terre.
Un bon sens paysan en quelque sorte, que Jeanne Marie Le Calvé, dite Mère Denis, la célébrité locale, ne renierait pas. Il y a cent vingt-sept ans naissait à Neulliac cette lavandière devenue figure emblématique des publicités pour les machines à laver Vedette, dans les années 1970 et 1980, avec ses phrases « C’est ben vrai ça ! » et « Ça c’est vrai ça ! ». Une Denis peut en cacher un autre.
<https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/08/15/le-petit-eden-breton-d-un-couple-franco-britannique_6049003_3451060.html>
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Retrouvez tous les épisodes de la série d’été « Jardins secrets »
Qu’il soit partagé, vivrier ou décoratif, ce petit lopin de terre que représente un jardin n’a jamais été aussi précieux qu’en temps de pandémie. Dans « le monde d’après », ce refuge végétalisé a parfois pris un sens nouveau ; révélé un désir de reconnexion à la nature, des envies de partage, des initiatives militantes... Portraits de Français qui s’épanouissent au ras des courges et des pâquerettes.
• « Citoyens, citoyennes, résistons, semons des graines » : une révolution potagère à Tours <https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/07/24/citoyens-citoyennes-resistons-semons-des-graines-une-revolution-potagere-a-tours_6047190_3451060.html>
• Trois hommes et un jasmin sur un balcon parisien <https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/08/01/trois-hommes-et-un-jasmin-sur-un-balcon-parisien_6047862_3451060.html>
• Olivier Ricomini, un poète de la binette <https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/08/08/olivier-ricomini-un-poete-de-la-binette_6048449_3451060.html>
• Le petit éden breton d’un couple franco-britannique <https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/08/15/le-petit-eden-breton-d-un-couple-franco-britannique_6049003_3451060.html>
• Olivier Puech, le YouTubeur star des potagers
Sur le même sujet : 
> "Ma nouvelle vie" : Olivier Puech, la star du potager qui incite les citadins à changer vie <https://www.lci.fr/population/ma-nouvelle-vie-olivier-puech-la-star-du-potager-qui-incite-les-citadins-a-changer-vie-2155467.html>, TF1, journal de 20h, 02/06/20
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12- Tribune. « La déforestation n’est pas une fatalité, mais un choix politique », Le Monde, 15/08/20, 08h00
Par Claude Garcia, Ecologue forestier au Cirad & Plinio Sist, Spécialiste des forêts tropicales

La lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts tropicales, dont l’agriculture et l’élevage sont responsables, doit être menée tant au niveau local qu’international, au travers d’une coopération solidaire entre pays producteurs et pays importateurs, estiment les écologues Plinio Sist et Claude Garcia dans une tribune au « Monde ».
Tribune. Au cours des trente dernières années, la planète a perdu 403 millions d’hectares de forêts tropicales, soit en moyenne plus de 13 millions d’hectares par an. En plus de la déforestation, la dégradation forestière causée par l’exploitation illégale des bois rend les écosystèmes forestiers plus vulnérables face aux risques d’incendies et au changement climatique. Lutter contre la déforestation et la dégradation forestière est primordial, si nous voulons atteindre à la fois les objectifs du développement durable, ceux de l’accord de Paris sur le climat [2015] et de la convention sur la diversité biologique.
L’agriculture et l’élevage représentent la principale cause directe de disparition des forêts tropicales. En vingt ans, et notamment en Amérique latine, l’agriculture commerciale a dépassé l’agriculture de subsistance comme principal moteur de déforestation : la responsabilité des consommateurs est plus que jamais engagée.
Les nombreux accords, conventions et instruments de politique internationale pour la préservation des forêts tropicales mis en place depuis le sommet de Rio, en 1992, n’ont jusqu’à présent pas montré leur efficacité. Cela tient sans doute au fait que ces instruments reposent presque exclusivement sur la base de déclarations d’objectifs de chaque pays, et donc sur la volonté et la capacité de ces pays à lutter contre la déforestation à l’échelle nationale.
> Lire aussi  Amazonie : « Serait-on en train d’assister à un nouvel ethnocide sanitaire accompagné d’un écocide ? »
En Amazonie brésilienne, les chiffres de la déforestation repartent ainsi à la hausse. Pourtant, le Brésil avait adopté une politique volontariste qui avait abouti à une baisse très significative de la déforestation de 80 % entre 2004 et 2012.
Inverser la tendance
Malgré une politique nationale actuelle peu favorable, certains territoires comme Paragominas, en arrière des fronts de déforestation, continuent à maintenir le contrôle de leur déforestation, en liens étroits avec tous les acteurs du territoire. La réhabilitation des terres dégradées pour l’agriculture et l’élevage est la prochaine étape à mettre en place afin que ces territoires soient durablement aménagés.
Il ne s’agit pas seulement de ralentir la perte des forêts mais bien d’inverser la tendance, entre autres, à travers des programmes de restauration forestière ambitieux.
La déforestation n’est donc pas une fatalité, mais un choix politique. En attendant le prochain choix des électeurs brésiliens, nous pouvons développer des alternatives au bras de fer. L’expérience brésilienne nous montre que lutter contre la déforestation et la dégradation exige d’agir à toutes les échelles, à la fois locale, nationale, régionale et internationale.
Au niveau local, les territoires sont en première ligne pour la mise en place d’actions concrètes de préservation, de gestion durable et de restauration des écosystèmes forestiers. Cependant, l’aménagement durable des territoires ne peut se développer sans l’appui de politiques incitatives nationales. Ces politiques nationales méritent aussi d’être concertées entre pays amazoniens.
> Lire aussi  « L’Europe peut nous aider à sauver l’Amazonie »
Enfin, à l’échelle internationale, l’Europe et la France se sont engagées à mettre en place avant 2030 un système juridique exigeant que les entreprises importatrices de viande, de soja, d’huile de palme, de cacao, etc. démontrent que ces produits ne sont pas issus de la déforestation.
Des instruments de traçabilité
Le but n’est pas seulement de se doter d’instruments de traçabilité des produits importés, il s’agit aussi et surtout de promouvoir une collaboration entre pays. Un soutien significatif aux petits producteurs, en vue de l’adoption de pratiques agricoles durables, respectueuses de l’environnement et garantissant la sécurité alimentaire, à l’échelle des territoires, est également envisagé.
Stopper la déforestation est l’affaire de tous, pays producteurs comme pays importateurs. Pour réussir, ce combat doit se faire sur des bases de coopération mutuelle et solidaire où chaque partie trouvera ses intérêts à respecter des règles définies mutuellement. Quand chacune des parties comprend les contraintes et les possibilités de l’autre, alors des actions de coopération sur le long terme peuvent voir le jour et avoir enfin un réel impact sur le terrain.
> Lire aussi  Ursula von der Leyen : « Un “green deal” européen pour ralentir le réchauffement de la planète »
La stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI), à laquelle le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) contribue, le « pacte vert » (« green deal ») porté par l’Union Européenne et la toute nouvelle Alliance pour la préservation des forêts tropicales, initiative diplomatique portée par la France, la Colombie et le Chili auprès des Nations unies, vont dans ce sens.
Enfin, la création récente d’un panel d’experts pour l’Amazonie, inspiré du GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] et réunissant plus de 170 chercheurs de tous les pays amazoniens, permettra, dès 2021, de fournir des informations rigoureuses sur l’état des divers écosystèmes amazoniens, et d’élaborer des recommandations pratiques de gestion durable des ressources naturelles à l’échelle de la région.
§ Claude Garcia, écologue forestier au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), dirige l’équipe Gestion forestière et développement à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ). Il développe des jeux pour faire avancer des négociations locale, nationale ou internationale. C’est ainsi qu’un accord a été trouvé pour préserver les forêts intactes d’Afrique centrale.
§ Plinio Sist, spécialiste des forêts tropicales humides, est directeur de l’unité de recherche Forêts et sociétés depuis 2015 au Cirad. Il siège à l’Union internationale des instituts de recherche forestière (IUFRO) et est membre du panel d’experts pour l’Amazonie.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/15/la-deforestation-n-est-pas-une-fatalite-mais-un-choix-politique_6049013_3232.html>
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13- Tribune. « Ne prenons plus les plantations d’arbres pour des forêts », Le Monde, 15/08/20, 17h07
Par Francis Hallé, biologiste et botaniste, spécialiste des arbres

Le botaniste Francis Hallé dénonce, dans une tribune au « Monde », ces opérations à but purement lucratif, qui contribuent à la déforestation et au changement climatique.
Tribune. Suffirait-il qu’un terrain soit couvert d’arbres pour que l’on puisse parler de forêt ? Je ne le pense pas, et le public prend trop souvent les plantations d’arbres pour de véritables forêts : en France, par exemple, on parle de la « forêt des Landes de Gascogne », alors que c’est une plantation de pins. Dans les deux cas, il s’agit d’arbres côte à côte, mais cela ne justifie pas de les confondre. Il est temps que cesse cette confusion entre deux ensembles d’arbres que tout sépare et qui s’opposent l’un à l’autre, car, en réalité, les champs d’arbres sont l’inverse des forêts, comme on va le voir. Après avoir comparé « forêts » et « plantations », nous verrons aussi à qui profite la confusion qu’il convient aujourd’hui de dénoncer.
Mais dès maintenant je tiens à rappeler que la Food and Agriculture Organisation (FAO) des Nations unies est responsable de cette confusion. Pour cette autorité suprême en matière de forêts au niveau mondial, « le terme de “forêt” inclut les forêts naturelles et les forêts de plantation », ce qui lui permet de prétendre que la déforestation mondiale, c’est du passé, et que la planète portait 400 millions d’hectares de forêts de plus en 2000 qu’en 1995.
> Lire aussi  Francis Hallé, un botaniste à la cime
La forêt est un écosystème naturel dont la mise en place n’a rien coûté à la société. Elle se compose d’arbres autochtones d’âges divers qui se sont implantés spontanément et de la faune qui leur est associée. Quelle que soit la latitude, elle abrite une diversité de plantes et d’animaux plus élevée que les autres végétations de la région considérée, la haute diversité animale étant liée à la diversité végétale, et spécialement à l’abondance des vieux arbres et du bois mort. Souvent importante, sa surface se compte en centaines, voire en milliers d’hectares, ce qui permet alors à la grande faune d’y trouver sa place.
En forêt, l’être humain n’a qu’un rôle de second plan : il n’en est pas l’auteur, mais se contente de l’exploiter – pour le bois, le gibier, les plantes médicinales et autres ressources. Les forêts tropicales abritent des ethnies forestières qui en sont les meilleures gardiennes et à qui elles fournissent tout ce qu’il leur faut pour y vivre sur le long terme. Les forêts des latitudes tempérées – en Europe, par exemple – sont entretenues par des corps de métier spécialisés : forestiers, bûcherons et gardes-chasses, dont les activités sont à ce point éloignées de l’agriculture qu’aucun ne songe à irriguer ni à utiliser en forêt des intrants provenant de la chimie de synthèse : ce serait inutile, puisque la forêt enrichit spontanément les sols qui la portent.
Système artificiel
Sur le plan économique, notamment pour la production et le commerce des bois, la forêt est très loin de représenter l’optimum, puisque la diversité biologique est antagoniste de la rentabilité économique. En contrepartie, cette diversité permet à la forêt de résister aux attaques parasitaires, aux violentes tempêtes et même aux feux, comme l’ont montré divers auteurs dont, tout récemment Joëlle Zask (Quand la forêt brûle. Penser la nouvelle catastrophe écologique, Premier Parallèle, 2019). La durée de vie d’une forêt naturelle ne doit rien à l’être humain ; elle est indéfinie et se compte souvent en millénaires, le facteur limitant étant un changement climatique.
> Lire aussi  « Les “mégafeux” sont l’effet et la cause du réchauffement climatique »
La plantation d’arbres est un système artificiel dont la mise en place nécessite des investissements lourds ; elle comprend en principe une seule espèce, celle qui a été plantée. En France, c’est souvent un résineux exotique ; du fait de la plantation, tous les arbres ont le même âge. L’origine, la surface et la durée de vie de la plantation sont déterminées par les acteurs économiques en fonction des besoins du marché, sans référence à la biologie : la plantation d’arbres n’est donc pas un écosystème. La diversité végétale y est faible par définition, la diversité animale y est faible par manque de ressources alimentaires pour la faune. Quant à l’être humain, il n’habite pas durablement dans un « champ d’arbres », et il arrive qu’il se voie refuser le droit d’y pénétrer.
Sur le plan économique, la plantation d’arbres est très supérieure à la forêt, et elle se développe surtout dans les pays financièrement puissants. Ces plantations reçoivent de nombreux intrants – engrais, fongicides et pesticides –, ce qui altère les sols, avant d’être exploitées au stade de jeunes arbres adultes par des engins titanesques, des abatteuses et des broyeuses qui en quelques secondes les font tomber, les ébranchent et les tronçonnent avant qu’ils ne soient débardés par d’énormes poids lourds défonçant les chemins. Une courte période de rotation permet, après une coupe à blanc, la replantation de la même espèce au même endroit, ce qui a pour effet d’épuiser les sols, sauf à utiliser de nouveaux fertilisants. Je ne suis pas opposé aux plantations d’arbres : nous continuons à avoir besoin de bois, et elles continuent donc à avoir leur place dans notre économie, car il est préférable que le bois provienne des plantations plutôt que des forêts.
Tristes tropiques
Le fait que les plantations soient presque toujours monospécifiques les rend vulnérables aux pathogènes et aux parasites. En cas de violentes tempêtes, elles sont plus fragiles que les forêts, ce qui se comprend aisément dans le cas des résineux, à cause de la prise au vent de leur feuillage : lors de la tempête de 1999, la région de France où les arbres abattus par le vent ont été les plus nombreux fut celle des plantations de pins des Landes de Gascogne. « Rien n’est plus risqué qu’une culture monospécifique », relève le paysagiste Gilles Clément.
Les « champs d’arbres » sont aussi plus vulnérables aux feux que les forêts, comme l’ont démontré plusieurs enquêtes, dont celle de Joëlle Zask : les feux sont liés aux plantations, qu’il s’agisse de la Suède avec des résineux ou du Chili avec les eucalyptus. L’industrie forestière et les grands feux, dit l’auteure, forment « un couple inséparable ». Avec le temps, les plantations peuvent s’enrichir de quelques espèces arborescentes qui germent et croissent naturellement, traduisant une tendance au retour vers la forêt. En Suède, l’industrie du bois progresse aux dépens des forêts naturelles, et « jamais la Suède n’avait compté autant d’arbres et si peu de forêts », relève Maciej Zaremba dans son article « Massacre à la tronçonneuse en Suède » (Books, n° 99, juillet-août 2019). Particulièrement édifiant est le cas de la Malaisie, où la forêt est détruite pour planter des palmiers à huile à perte de vue.
> Lire aussi  « Il y a urgence à reconstruire de grandes forêts primaires »
Les régions tropicales, où 300 millions d’êtres humains vivent à proximité immédiate des forêts, sont particulièrement affectées par les aspects négatifs des plantations d’arbres – eucalyptus, pins, palmiers à huile, acacias, arbres à caoutchouc, tecks, gmelina, etc. – imposées par de puissantes compagnies internationales, souvent des compagnies pétrolières engagées dans le business des industries forestières (bois, pâte à papier, huile de palme). Ces compagnies prétendent, appuyées par des publicités massives, que leurs monocultures d’arbres constituent un véritable projet de développement, créent des emplois, augmentent les revenus des travailleurs locaux et stimulent l’économie nationale, permettent de lutter contre le réchauffement global du climat en fonctionnant comme des puits de carbone et réduisent la déforestation. Enfin, les industriels voient une justification de leurs plantations d’arbres dans le fait qu’elles sont certifiées FSC par le Forest Stewardship Council.
Confusion intolérable
Le World Rainforest Movement (WRM) a publié au Royaume-Uni, en 2003, Plantations are NOT forests (World Rainforest Movement), démontrant que ces allégations sont fausses : en réalité, les plantations d’arbres sont installées au détriment des forêts naturelles et sont l’une des principales causes de la déforestation ; elles ne freinent pas le réchauffement global, puisque le carbone des forêts détruites retourne dans l’atmosphère, tandis que les plantations, exploitées selon des rotations rapides, deviennent des sources de CO2 et non plus des puits ; elles ne créent aucun emploi durable, privent les populations locales des multiples ressources forestières, et bien souvent les expulsent au mépris des droits de l’homme, souvent par la violence. A la fin, dit le WRM en s’appuyant sur l’exemple de très nombreux pays tropicaux, les arbres ont disparu et les habitants n’ont plus d’emplois. Des mouvements de protestation se forment, comme le Réseau latino-américain contre les monocultures d’arbres, en Amérique tropicale. Quant à la certification FSC, elle a la valeur du FSC lui-même, laquelle s’est notoirement effondrée.
Cette confusion entre forêts et plantations d’arbres avantage les industriels du bois ou de la pâte à papier, qui accaparent les terres libres, y installent leurs dispositifs coûteux mais très rentables, puis tentent de nous faire croire que rien n’a changé et que les forêts sont toujours là. Leur publicité n’a pas cessé : un consortium d’industriels du bois a publié un Manifeste en faveur des forêts de plantation en France (Alliance forêts bois, 2012).
> Lire aussi  Francis Hallé : « Rien n’est plus beau qu’une forêt primaire »
Mais la défense de la biodiversité est devenue un objectif si important au niveau mondial que nous ne pouvons plus nous permettre de tolérer la confusion que je dénonce aujourd’hui, si dangereuse pour la diversité animale et végétale. Un vœu, pour finir : que les forêts cessent de dépendre de la FAO, car elles font mauvais ménage avec l’agriculture. Ce dont nous avons besoin, c’est qu’une structure sous l’égide des Nations unies soit exclusivement chargée des forêts de la planète.
§ Francis Hallé est biologiste et botaniste, spécialiste des arbres. Il a participé à la création des expéditions du Radeau des cimes, qui ont exploré la canopée des forêts tropicales. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont « Plaidoyer pour l’arbre » (Actes Sud, 2005).
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/15/ne-prenons-plus-les-plantations-d-arbres-pour-des-forets_6049004_3232.html>
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14- Denrées alimentaires susceptibles d’être préjudiciables à la santé : retrait et rappel des produits Djen Foods, Le Monde, 15/08/20, 18h28

Après une inspection de la Direction départementale de la protection des populations de Seine-et-Marne, le ministère de l’agriculture a décidé de procéder au retrait et au rappel des produits de la marque Djen Foods. 
« Des manquements graves » et « susceptibles de rendre les denrées préjudiciables à la santé des consommateurs » : fabriqué sans l’agrément sanitaire exigé, l’ensemble des produits de la marque Djen Foods commercialisés principalement en Ile-de-France, est retiré du commerce, annonce le ministère de l’agriculture et de l’alimentation.
Sont rappelés et retirés de la vente « tous les produits commercialisés par l’établissement Djen Foods ou portant une étiquette Djen Foods : viandes et poissons, frais ou fumés, ou autres plats cuisinés, en vrac ou mis sous-vide, conservés à température ambiante, réfrigérés ou congelés. Et cela quelle que soit la date limite de consommation ou la date de durabilité minimale indiquée sur ces denrées », a indiqué le ministère dans un communiqué :
« Les autorités sanitaires recommandent aux personnes qui détiennent les produits concernés de ne pas les consommer et de les rapporter au point de vente où ils ont été achetés en vue de leur destruction. »
Interrogé par Le Parisien, le gérant de la société Djen Foods, Jérôme Djenadi, a protesté contre ces « accusations gratuites » : 
« Mon activité n’est pas propre, propre, mais j’ai fait appel aux services sanitaires pour pouvoir me mettre aux normes depuis mon installation l’an dernier. Je n’ai jamais eu de réponse mais je travaillais malgré tout. J’ai prévenu les autorités de ma présence et de ce que je faisais mais personne n’est jamais passé. »
Le préfet de Seine-et-Marne a pour sa part « ordonné le 13 août l’arrêt de toute production de cet établissement jusqu’à nouvel ordre », tandis que « les services de la Direction générale de l’alimentation poursuivent leurs enquêtes notamment sur la traçabilité des produits », peut-on également lire dans le communiqué.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/15/denrees-alimentaires-susceptibles-d-etre-prejudiciables-a-la-sante-retrait-et-rappel-des-produits-djen-foods_6049032_3244.html>
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15- La France sommée d’agir face à l’échouage massif de dauphins sur ses côtes, Le Monde, maj le 17/08/20 à 07h08
Martine Valo

Les corps de nombreux dauphins retrouvés sur la côte atlantique durant l’été portent la trace d’engins de pêche. La Commission européenne a demandé au gouvernement de prendre des mesures adaptées. 
Après les hécatombes hivernales de dauphins, voilà que l’été se révèle, lui aussi, meurtrier. Alerté, Sea Shepherd est parti patrouiller au sud de la Bretagne depuis le 1er août à bord de son navire, le Clémentine. « On n’avait jamais connu une saison comme celle-ci, assure Lamya Essemlali, présidente de l’ONG pour la France. Il ne se passe pas un jour sans qu’on nous signale une capture de cétacé par des pêcheurs. Il y a énormément de fileyeurs et de chalutiers actifs dans la zone en ce moment, peut-être parce que le poisson s’est un peu rétabli pendant le confinement. En tout cas, on constate beaucoup d’échouages de dauphins. »
Cette campagne de Sea Shepherd est exceptionnelle : ces dernières années, ses militants surveillaient le golfe de Gascogne l’hiver, lorsque les chalutiers affluent pour la saison du merlu et du cabillaud, entre décembre et avril, générant des dégâts sur les populations de cétacés, qui s’échouent en masse sur les côtes atlantiques.
> Lire aussi  Echouage massif de dauphins sur les côtes françaises
Exceptionnelle, l’hécatombe en cours met d’autant plus le gouvernement français sous pression que la Commission européenne lui a demandé officiellement de prendre des mesures adaptées, afin de réduire les dégâts prévisibles de l’hiver prochain. Le 2 juillet, Bruxelles a fait savoir que Paris avait trois mois pour fournir une réponse à la hauteur du dossier. Le même jour, à la suite d’une plainte de Sea Shepherd, le tribunal administratif de Paris condamnait l’Etat français pour « carence » dans la gestion de ce dossier.
1 200 dauphins échoués durant l’hiver 2018-2019
Comme l’ont rappelé six associations de défense de la nature, dans un courrier envoyé samedi 15 août au gouvernement, plus de 1 200 dauphins se sont échoués sur les côtes atlantiques françaises durant l’hiver 2018-2019, la majorité portant des traces d’engins de pêche, selon le bilan établi par l’Observatoire Pelagis (université de La Rochelle) avec d’autres partenaires. Or, les experts estiment qu’environ 90 % des animaux tués sombrent au fond de l’océan sans atteindre le littoral : ce sont au total plus de 11 000 dauphins qui ont été tués cette année-là. Le massacre s’est reproduit lors de la saison 2019-2020, malgré la baisse des activités de pêche due au confinement en mars.
« Les captures accessoires de baleines, dauphins et marsouins dans les filets de pêche représentent à l’échelle européenne la menace la plus importante pour leur conservation, écrivent les six associations — France Nature Environnement (FNE), Whale and Dolphin Conservation, Seas at Risk, Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), WWF et ClientEarth —, dans la lettre qu’elles adressent aux ministres de la mer, Annick Girardin, de la transition écologique, Barbara Pompili, et de l’agriculture et de l’alimentation, Julien Denormandie. Il apparaît clairement aujourd’hui que la notion de captures accidentelles qualifiant la mortalité des dauphins par la pêche est inappropriée. » Ce point est important : en France, baleines, rorquals, delphinidés, marsouins, cachalots et autres mammifères marins sont protégés par un arrêté de 2011 (ils le sont aussi par des traités internationaux), qui interdit toute forme de destruction sauf… en cas de « captures accidentelles dans des engins de pêche ».
« Nous écrivons à ces trois ministres pour les alerter, précise Elodie Martinie-Cousty, qui pilote le réseau Océans, mers et littoraux pour FNE. Ils viennent d’être nommés et nous voulons leur éviter de se mettre en danger en ne prenant pas la mesure de la situation : s’ils laissent l’administration de la Direction des pêches marines et de l’aquaculture (DPMA) répondre de façon insuffisante à la Commission européenne, la France risque une grosse amende. »
Prises « accessoires »
En 2019, la fédération FNE s’était jointe à vingt-cinq autres ONG pour se plaindre auprès de la Commission européenne du peu d’empressement de la part de quinze Etats pêcheurs à réduire ces prises dites « accessoires ». Les pêcheurs français ne sont, en effet, pas les seuls à opérer au large des côtes atlantiques. Le message a été entendu. Bruxelles a commandé un rapport au Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM), l’organisme chargé de la conseiller qui regroupe de nombreux scientifiques internationaux.
Les experts ont rendu leur avis, le 26 mai. Comme les ONG, ils préconisent une solution simple pour mettre fin aux hécatombes des dauphins communs dans le golfe de Gascogne et des marsouins en mer Baltique : une fermeture hivernale de la pêche dans les zones concernées. Jusqu’à présent, en effet, la question de l’été ne s’est pas posée, puisque cette saison semblait échapper aux échouages massifs.
Dans cette affaire, Paris n’est pas seulement en première ligne à cause de ses eaux territoriales, mais aussi pour avoir pris la tête du « groupe des Etats membres des eaux occidentales sud visant à réduire les prises accessoires de dauphins dans le Golfe de Gascogne ». C’est à ce titre que Charlina Vitcheva, directrice générale des affaires maritimes et de la pêche à la Commission européenne, la DG Mare, a écrit au début de l’été au directeur de la DPMA, Frédéric Gueudar-Delahaye.
« Les fermetures saisonnières sont inévitables »
Soulignant à son tour que « trop de dauphins ont été retrouvés morts sur les plages portant les marques provenant des filets de pêche », la directrice de la DG Mare insiste sur la nécessité de « prendre des mesures décisives pour réduire de manière draconienne les captures accidentelles de cétacés dans les pêcheries des eaux occidentales sud. » Elle note elle aussi que « dans la période sensible de janvier et de février les fermetures saisonnières sont inévitables ». Les propositions formulées par l’administration française dans un courrier précédent, notamment d’accroître la collecte et le contrôle des données et d’utiliser des pingers, ne lui apparaissent donc « pas encore suffisantes ».
Les pingers sont des répulsifs acoustiques que les pêcheurs français, bretons notamment, ont commencé à installer sur leurs filets. Les ONG estiment que, depuis le temps qu’ils sont testés, ces équipements n’ont pas réduit significativement le nombre de captures. Sea Shepherd a d’ailleurs saisi le Conseil d’Etat, le 21 juin, pour faire annuler le recours à ce dispositif. La DG Mare les recommande, cependant, tout en évoquant quelques autres suggestions susceptibles d’améliorer les propositions de M. Gueudar-Delahaye, en une « nouvelle version [plus] convaincante ».
Entre autres initiatives forcément « immédiates » si l’on veut éviter un nouvel hiver catastrophique, Mme Vitcheva suggère que d’ici là soit instaurée une surveillance obligatoire des campagnes de pêche par des observateurs embarqués – ce que refusent la majorité des pêcheurs français aujourd’hui – ou par le biais d’une installation de vidéosurveillance. Et conclut sur une légère pression : « Si la Commission peut introduire des mesures d’urgence – et nous examinerons cette possibilité si nécessaire –, il est préférable d’élaborer des solutions à long terme au niveau local et régional entre les défenseurs de la conservation du milieu marin, les pêcheurs et les administrations. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/16/la-france-sommee-d-agir-face-a-l-echouage-massif-de-dauphins-sur-ses-cotes_6049065_3244.html>
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En images
16- Mexique : les ravages environnementaux de la culture de l'avocat, France 2, le journal de 20h, 27/09/16

France 2 s'intéresse à la face cachée de ce fruit en vogue dont la France est devenue la première consommatrice en Europe. En quelques années, le Mexique est devenu le royaume de l'avocat, mais il en paie le prix fort.
> Reportage à voir à :
<https://www.youtube.com/watch?v=nTEVfeE_9kM>
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17- Plan B. Comment l’urine humaine pourrait aider les agriculteurs du futur, Le Monde, 12/08/20, 17h57
Karim El Hadj

L’urine contient des nutriments utiles aux plantes et pourrait réduire l’usage d’engrais chimiques. Reportage auprès d’agriculteurs et de chercheurs qui testent cet « engrais du futur ». Et si l’urine des Européens remplaçait les engrais industriels d’origine minérale ? Connue depuis des siècles, mais abandonnée en Europe pendant la révolution industrielle, l’urine humaine est à nouveau considérée comme une alternative crédible aux engrais chimiques dans l’agriculture.
Outre la création d’engrais, recycler les urines permettrait aussi de limiter la pollution des eaux. Reste à construire les outils pour les récolter massivement, ce à quoi s’emploient déjà des entrepreneurs et inventeurs français. « Le Monde » est parti à leur rencontre.
> Vidéo à voir à :
<https://www.lemonde.fr/videos/video/2020/08/12/comment-l-urine-humaine-pourrait-aider-les-agriculteurs-du-futur_6048804_1669088.html>
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18- Etats-Unis : un gigantesque incendie fait rage au nord de Los Angeles, France 3, Le 19/20, 13/08/20

C’est un brasier qui s’étend peu à peu au nord de Los Angeles (Californie) depuis mercredi 12 août. 10 000 hectares de terrain sont déjà partis en fumée et des habitations sont menacées. 
Des flammes vigoureuses et une fumée visible à plus de 120 kilomètres à la ronde depuis mercredi 12 août au soir : telles sont les images du nord de Los Angeles (Californie). Un incendie gigantesque a détruit 10 000 hectares de terrain. "C’est l’équivalent de la moitié de Paris qui a été ravagé. Le feu est assez explosif, c’est typique de ce qu’on peut voir mais plus tard dans la saison", juge Robert Garcia, chef des pompiers.
Des habitations menacées
Des hélicoptères tentent d’empêcher le feu de passer les crêtes en déchargeant des produits retardants de couleur rouge. Dans cette zone peu habitée, une centaine de maisons ont été évacuées. Dans la nuit, des journalistes ont capté en vidéo et en photo des tornades de feu qui se sont formées à cause du vent et la chaleur extrême. 500 pompiers ont été déployés toute la nuit mais jeudi 13 août au matin, le feu n’était toujours pas maîtrisé. 
> Vidéo à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/incendies-en-californie/californie-un-gigantesque-incendie-au-nord-de-los-angeles_4074565.html>
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– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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