[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur aléas climatiques, émissions de GES, dérèglement climatique, Accord de Paris & COP26 (vendredi 11 décembre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Ven 11 Déc 08:14:46 CET 2020


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Nouvelle Zélande : Jacinda Ardern déclare "l'urgence climatique" <https://www.geo.fr/environnement/nouvelle-zelande-jacinda-ardern-declare-lurgence-climatique-203005>, AFP, 02/12/20, 07:00
2- 2020, sur le podium des années les plus chaudes, alerte l'ONU <https://www.geo.fr/environnement/2020-sur-le-podium-des-annees-les-plus-chaudes-alerte-lonu-203015>, AFP, 02/12/20, 18:00
3- Analyse. 5 ans après l’Accord de Paris : les pays ne tiennent pas leurs promesses <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/5-ans-apres-laccord-de-paris-les-pays-ne-tiennent-pas-leurs-promesses/>, Fondation Nicolas Hulot, 02/12/20
4- Aucun pays n’est à l’abri des effets néfastes du changement climatique sur la santé <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/12/03/aucun-pays-n-est-a-l-abri-des-effets-nefastes-du-changement-climatique-sur-la-sante_6061976_3244.html>, Le Monde, 03/12/20, 00h30
5- Comme pour le Covid-19, aucun pays n'est à l'abri du changement climatique <https://www.lepoint.fr/monde/comme-pour-le-covid-19-aucun-pays-n-est-a-l-abri-du-changement-climatique-03-12-2020-2403974_24.php>, AFP, 03/12/20, 09:00
6- Le Royaume-Uni revoit à la hausse ses objectifs de neutralité carbone <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/12/04/le-royaume-uni-revoit-a-la-hausse-ses-objectifs-nationaux-de-neutralite-carbone_6062118_3244.html>, Le Monde, 04/12/20, 09h35
7- Tribune. « Un rationnement des émissions de CO2 permettrait d’accélérer la transition bas carbone » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/04/un-rationnement-des-emissions-de-co2-permettrait-d-accelerer-la-transition-bas-carbone_6062191_3232.html>, Le Monde, 04/12/20, 14h46 
8- Chronique. « La gestion du Covid ressemble à celle du climat : même procrastination du pouvoir devant la certitude du désastre » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/05/la-gestion-du-covid-ressemble-a-celle-du-climat-meme-procrastination-du-pouvoir-devant-la-certitude-du-desastre_6062280_3232.html>, Le Monde, 05/12/20, 06h52 
9- Chronique. Jézabel Couppey-Soubeyran : « Le climat fait-il ou non partie du mandat de la BCE ? » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/05/jezabel-couppey-soubeyran-le-climat-fait-il-ou-non-partie-du-mandat-de-la-bce_6062265_3232.html>, Le Monde, 05/12/20, 07h03
10- Tribune. Cyril Dion à Emmanuel Macron : « Tenir parole, pour un président de la République, c’est le socle de nos démocraties » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/05/cyril-dion-a-emmanuel-macron-tenir-parole-pour-un-president-de-la-republique-c-est-le-socle-de-nos-democraties_6062321_3232.html>, Le Monde, 05/12/20, 15h09 
11- Avant la fin de la convention citoyenne pour le climat, de l’énervement, des accusations et des déceptions <https://www.lemonde.fr/climat/article/2020/12/05/la-tension-monte-autour-du-projet-de-loi-convention-citoyenne-pour-le-climat_6062271_1652612.html>, Le Monde, 05/12/20, 17h08
12- Climat : les 33 Etats interpellés par de jeunes Portugais sommés de répondre à la justice européenne <https://www.lemonde.fr/climat/article/2020/12/05/climat-les-33-etats-interpelles-par-de-jeunes-portugais-sommes-de-repondre-a-la-justice-europeenne_6062311_1652612.html>, Le Monde, 05/12/20, 21h31
13- Le syndrome Hulot <https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/le-syndrome-hulot-1271786>, Les Echos, 07/12/20, 17:56
14- Depuis l'accord de Paris, catastrophes climatiques en série <https://information.tv5monde.com/info/depuis-l-accord-de-paris-catastrophes-climatiques-en-serie-386906>, AFP, 08/12/20, 09:00
15- Chronique. « 150 citoyens peuvent-ils imposer leur loi au président de la République ? » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/08/150-citoyens-peuvent-ils-imposer-leur-loi-au-president-de-la-republique_6062558_3232.html>, Le Monde, 08/12/20, 09h43 
16- L'Arctique a connu l'une de ses années les plus chaudes <https://information.tv5monde.com/info/l-arctique-connu-l-une-de-ses-annees-les-plus-chaudes-386993>, AFP, 08/12/20, 18:00
17- Pour relever le défi du changement climatique, il faut investir de façon ambitieuse dans les solutions fondées sur la nature (SfN) <https://4lw1t.r.a.d.sendibm1.com/mk/mr/JIc7sXVDt6tfe0zCSPce9egVbDCKTFWGCAo35N5u20AGjfQRlWiQdPQyHHt7TlO9146G__1wrX_764ylkBNuazz340qoz7dlNLCAh2tAdVrfIXY>, Comité français de l’UICN, communiqué du 08/12/20
En audio
18- Cyril Dion : "Il ne sera plus temps de réagir une fois qu’on sera face à la catastrophe" <https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-01-decembre-2020>, France Inter, Le grand entretien, 01/12/20, 08h20
En images
19- « Arctique, la guerre du pôle » <https://www.france.tv/france-5/le-monde-en-face/2095283-arctique-la-guerre-du-pole.html>, France 5, 01/12/20, 20h50
20- Factuel. En France, 2020 a été plus chaud, plus beau et plus sec (en particulier lors des deux confinements) <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/12/02/en-france-il-a-fait-plus-chaud-plus-beau-et-plus-sec-en-2020-en-particulier-lors-des-deux-confinements_6061941_4355770.html>, Le Monde, 02/12/20, 20h28

Bien à vous,
Florence

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CITATION DU JOUR : "Le temps est venu pour nous tous de prendre plus au sérieux les facteurs environnementaux en terme de santé. Nous devons répondre à l'urgence climatique, protéger la biodiversité et renforcer les systèmes naturels dont notre civilisation dépend", Richard Horton, rédacteur en chef du Lancet (cf. item 4, suite & 5)
INTERPELLATION DU JOUR : La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a demandé à une trentaine de pays de prouver que leurs réglementations sont suffisantes pour protéger leurs citoyens du réchauffement climatique. (cf. item 12)
RAPPEL DU JOUR : A l’occasion de la Journée mondiale du Climat, le Comité français de l’UICN rappelle que la nature est une alliée puissante face au changement climatique et soutient la mise en place de Solutions fondées sur la Nature. Le lien climat et biodiversité n’a jamais été aussi fort. (cf. item 17)
RECORD DU JOUR : Novembre 2020 a été le mois de novembre le plus chaud jamais enregistré dans le monde, selon le service européen Copernicus sur le changement climatique et 2020 s'annonce comme l'une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées comme en témoigne l'Arctique. (cf. item 2, suite, 16 & 20)
TENSION DU JOUR : A propos de la rédaction du projet de loi devant reprendre les propositions de la convention citoyenne pour le climat. (cf. item 10, 11, 15 & 18)
DOCUMENTAIRE DU JOUR : Quand un désastre écologique est vu avant tout comme une aubaine économique. (cf. item 9)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://letempsestvenu.org/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Nouvelle Zélande : Jacinda Ardern déclare "l'urgence climatique", AFP, 02/12/20, 07:00
Neil Sands

La Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a proclamé mercredi un état d'"urgence climatique" devant le Parlement, soulignant la nécessité d'une action rapide en ce domaine dans l'intérêt des générations futures.
"Lorsque nous faisons des déclarations, c'est souvent qu'il y a une menace pour la vie, une menace pour les biens, et des urgences concernant la sécurité civile", a déclaré la dirigeante de centre-gauche. "Si nous ne réagissons pas au changement climatique, nous continuerons à subir ces urgences sur nos côtes".
"Votez en faveur de cette déclaration, tenez-vous du bon côté de l'histoire, faites partie de la solution que nous devons apporter collectivement à la prochaine génération", a-t-elle exhorté.
Les parlementaires ont adopté la déclaration d'urgence climatique, largement symbolique, par 76 votes contre 43.
Le Parlement britannique était devenu, le 1er mai 2019, le premier dans le monde à déclarer l'"urgence écologique et climatique", suivi par l'Irlande.
Selon The Climate Mobilisation, un lobby américain faisant la promotion de ces déclarations, une dizaine de parlements ont fait de même, tout comme 1.800 collectivités locales dans le monde.
Pour le Parti national néo-zélandais (opposition de centre-droit), cette déclaration peut nuire, "en faisant croire aux gens que quelque chose s'est produit, alors que ce n'est pas le cas", a déclaré sa dirigeante, Judith Collins, à Radio New Zealand. "C'est assez faux et trompeur."
La Nouvelle-Zélande fait partie des pays qui se sont engagés à atteindre l'objectif de neutralité carbone pour les gaz à effet de serre d'ici 2050. Le pays, qui compte moins de cinq millions d'habitants, s'est également engagé à produire 100% d'énergie renouvelable d'ici 2035.
Le gouvernement de Jacinda Ardern, qui avait fait campagne sur les thèmes environnementaux avant son arrivée au pouvoir en 2017, est cependant accusé par certains de ne pas faire assez pour renforcer la réputation "propre, verte" du pays. 
Le groupe Climate Action Tracker - qui évalue les engagements des principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre - estime que les politiques climatiques de la Nouvelle-Zélande sont "insuffisantes" pour atteindre ses objectifs dans le cadre de l'accord de Paris sur le climat de 2015.
Greenpeace de son côté relève que l'objectif de neutralité carbone pour 2050 ne concerne pas le méthane, l'une des principales sources d'émissions de gaz à effet de serre du pays, afin de préserver un secteur agricole vital pour Wellington.
"Quand la maison brûle, il ne sert à rien de déclencher l'alarme si on ne combat pas l'incendie," a critiqué l'une de ses représentantes, Kate Simcock. "Lutter contre l'incendie en Nouvelle-Zélande signifie lutter contre les émissions agricoles."
<https://www.geo.fr/environnement/nouvelle-zelande-jacinda-ardern-declare-lurgence-climatique-203005>
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2- 2020, sur le podium des années les plus chaudes, alerte l'ONU, AFP, 02/12/20, 18:00
Agnès Pedrero avec Philippe Rater à New York

2020 s'annonce comme l'une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées, et il y a un risque que la hausse du mercure dépasse les 1,5°C, seuil gravé dans le marbre de l'Accord de Paris, d'ici à 2024, alerte mercredi l'ONU.
"L'équilibre écologique de la planète est rompu" et "l'humanité fait la guerre à la nature, c'est suicidaire", a dénoncé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, réclamant que le sommet du 12 décembre pour marquer le 5e anniversaire de l'Accord de Paris sur le climat permette de déclencher un véritable mouvement.
La Nouvelle-Zélande n'a pas attendu, proclamant mercredi l'état d'"urgence climatique". Le pays, dont les côtes sont menacées par le réchauffement, suit un mouvement lancé le 1er mai 2019 par le Parlement britannique, suivi par l'Irlande.
"Faire la paix avec la nature" doit "être la priorité absolue pour tout le monde, partout", a lancé le chef de l'ONU, en se félicitant des premiers engagements vers la neutralité carbone émis par la Chine, l'Union européenne, le Japon ou la Corée du Sud.
Selon le rapport annuel provisoire de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) sur l'état du climat mondial, la décennie qui s'achève sera la plus chaude jamais observée, de même que les six années écoulées depuis 2015.
Selon les données provisoires, 2020 atteint le deuxième rang des années les plus chaudes, après 2016 et avant 2019, avec une température moyenne mondiale entre janvier et octobre supérieure d'environ 1,2°C à celle de la période de référence 1850-1900.
La différence entre ces trois années est cependant faible et le classement exact pourrait changer une fois les données disponibles pour l'année entière, précise l'OMM.
"Les années de chaleur record ont généralement coïncidé avec un fort épisode El Niño, comme ce fut le cas en 2016. La Niña a tendance à refroidir les températures mondiales, mais l'anomalie apparue cette année n'a pas suffi à freiner le réchauffement", a déclaré le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas.
Le phénomène météorologique naturel La Niña est l'inverse du phénomène El Niño et correspond au refroidissement des eaux de surface dans le centre et l'est du Pacifique équatorial.
Et selon l'OMM, il y a au moins une chance sur cinq que la température moyenne mondiale dépasse temporairement 1,5°C d'ici 2024.
Dans l'Accord de Paris, signé en décembre 2015, 195 pays se sont engagés à limiter la hausse de la température "bien en deçà de 2°C" par rapport à l'ère pré-industrielle et de "poursuivre les efforts pour limiter la hausse de la température à 1,5°C", afin d'éviter des conséquences dramatiques et irréversibles.
"Il a fallu environ un siècle pour que nos gaz à effet de serre réchauffent la planète de 1°C, nous sommes en voie d'ajouter 1°C supplémentaire dans les 30 prochaines années seulement", a observé Neville Nicholls, professeur à l'Université Monash en Australie.
Selon un rapport du Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE) publié mercredi, le monde doit réduire la production d'énergies fossiles de 6% par an d'ici 2030 pour espérer limiter le réchauffement à +1,5°C. Mais les prévisions tablent sur une hausse.
- Mauvaises nouvelles -
Chaleur extrême, incendies, inondations, acidité croissante des océans, saison record des ouragans dans l'Atlantique... autant de signes que le changement climatique a continué sa progression inexorable cette année.
La chaleur la plus remarquable a été observée cette année en Asie du Nord, en particulier dans l'Arctique sibérien, où les températures ont été supérieures de plus de 5°C à la moyenne. 
Fin juin, 38°C ont été relevés à Verkhoyansk en Sibérie, ce qui est provisoirement la température la plus élevée constatée au nord du cercle arctique. 
La saison des incendies, qui ont ravagé de vastes zones en Australie, en Sibérie, sur la côte ouest des Etats‑Unis et en Amérique du Sud, a été la plus active de ces 18 dernières années.
Et "les inondations dans certaines régions d'Afrique et d'Asie du Sud-Est ont entraîné des déplacements massifs de population et ont compromis la sécurité alimentaire de millions de personnes", a observé M. Taalas.
Au rayon des mauvaises nouvelles, la banquise arctique a atteint en septembre son minimum annuel, classé au deuxième rang des moins étendus en 42 ans d'observations satellitaires.
L'étendue de la banquise antarctique en 2020, a elle en revanche été similaire, ou légèrement supérieure, à la moyenne de ces 42 dernières années, tandis que le Groenland a continué de perdre de sa masse, bien qu'à un rythme plus lent qu'en 2019.
<https://www.geo.fr/environnement/2020-sur-le-podium-des-annees-les-plus-chaudes-alerte-lonu-203015>
Sur le même sujet : 
> Novembre 2020, le plus chaud jamais enregistré dans le monde <https://information.tv5monde.com/info/novembre-2020-le-plus-chaud-jamais-enregistre-dans-le-monde-386752>, AFP, 07/12/20, 09:00
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3- Analyse. 5 ans après l’Accord de Paris : les pays ne tiennent pas leurs promesses, Fondation Nicolas Hulot, 02/12/20

Le 12 décembre 2015, le coup de marteau final retentissait au Bourget. Que reste-t-il aujourd’hui des effusions et des applaudissements de la COP21 ? Un paquet de promesses à tenir. L’Accord de Paris, qui fixe l’objectif de limiter le réchauffement planétaire à +2°C, et autant que possible à 1,5°C, n’est toujours pas respecté, y compris par la France et l’Europe. 
Des objectifs posés mais des actes qui ne suivent pas
L'Accord de Paris prévoit que chaque pays fixe ses propres objectifs et plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il établit aussi l’obligation pour les Etats de revoir à la hausse leurs objectifs et plans, actuellement insuffisants pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C ou même 2°C, tous les 5 ans. La COP26, qui devait enregistrer ces plans à la hausse, est malheureusement reportée d’un an à décembre 2021 à cause de la crise sanitaire. 
>> Suite à lire à :
<https://www.fondation-nicolas-hulot.org/5-ans-apres-laccord-de-paris-les-pays-ne-tiennent-pas-leurs-promesses/>
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4- Aucun pays n’est à l’abri des effets néfastes du changement climatique sur la santé, Le Monde, 03/12/20, 00h30
Audrey Garric

Les décès liés à la chaleur chez les plus de 65 ans ont augmenté de 54 % lors des deux dernières décennies, pour atteindre près de 300 000 morts en 2018, selon le « Lancet ». 
Vagues de chaleur, transmissions de maladies infectieuses, carences alimentaires : plus aucun pays, riche ou pauvre, n’est à l’abri des conséquences sanitaires d’un changement climatique qui ne cesse de s’aggraver. Si des mesures urgentes ne sont pas prises, la crise climatique pourrait saper les progrès des cinquante dernières années en matière de santé publique, perturbant les vies et les moyens de subsistance de millions de personnes et submergeant les systèmes de santé.
Voilà le constat alarmant du « compte à rebours sur la santé et le changement climatique » du Lancet, revue médicale britannique de référence, publié jeudi 3 décembre. Cette 5e édition dresse le pire panorama depuis le lancement, en 2015, de cette collaboration de 35 institutions, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, les 120 auteurs appellent à profiter du « moment clé » des plans de relance afin d’améliorer la santé publique, de créer une économie durable et de protéger l’environnement.
> Lire aussi  2020 se classe parmi les trois années les plus chaudes jamais enregistrées
« La pandémie nous a montré que, lorsque la santé est menacée à l’échelle mondiale, nos économies et nos modes de vie peuvent s’arrêter, rappelle Ian Hamilton, directeur exécutif du Lancet Countdown. Or les menaces pour la santé humaine se multiplient et s’intensifient en raison du changement climatique et, si nous ne changeons pas de cap, nos systèmes de santé risquent d’être débordés à l’avenir. Le monde n’a pas le luxe de faire face à plus d’une crise à la fois. »
+ Cartographie : Mortalité liée à la chaleur dans la population âgée de plus de 65 ans entre 2014 et 2018 <https://img.lemde.fr/2020/12/02/0/0/583/238/688/0/60/0/c193416_317430168-capture3.JPG>. The Lancet
La France parmi les plus à risque
Alors que le réchauffement ne cesse de s’accélérer, les personnes de plus de 65 ans ont expérimenté un nombre record de jours d’exposition à des vagues de chaleur dans le monde en 2019. Les décès liés à la chaleur parmi cette population ont augmenté de 54 % lors des deux dernières décennies, pour atteindre près de 300 000 morts en 2018, principalement en Chine, en Inde, en Allemagne et aux Etats-Unis. « Les canicules provoquent des coups de chaud, des insolations et une grosse déshydratation qui peuvent mener à une insuffisance rénale. La chaleur aggrave aussi les maladies cardiovasculaires et respiratoires », explique Hélène Rossinot, médecin spécialiste de santé publique et l’une des autrices du rapport pour la France.
> Lire aussi  Les conséquences du réchauffement climatique altèrent aussi la santé mentale
Avec plus de 104 000 morts au total, l’Europe est la plus touchée des régions – telle qu’elle est délimitée par l’OMS, en incluant l’intégralité de la Russie et nombre de pays d’Asie centrale. Cette vulnérabilité aux chaleurs extrêmes est depuis longtemps exacerbée sur le Vieux Continent et en Méditerranée orientale, en raison d’une population plus âgée, d’une prévalence plus forte des maladies cardiovasculaires et d’une importante urbanisation qui génère des îlots de chaleur urbains.
Ces trois facteurs sont encore plus marqués en France, qui fait partie des pays les plus à risque dans le monde en termes d’exposition des populations vulnérables aux vagues de chaleur, prévient le Lancet. Néanmoins, en raison d’un « bon plan canicule », indique Hélène Rossinot, la France a limité la mortalité par rapport à d’autres pays, enregistrant 8 000 décès de personnes âgées en raison de la chaleur en 2018.
Diminution des récoltes
Au-delà de l’élévation du thermomètre, la multiplication des événements climatiques extrêmes met en péril, là encore, les populations. Les incendies, les inondations ou les sécheresses entraînent des problèmes respiratoires, des lésions cardiaques ou pulmonaires, des noyades ou encore la recrudescence d’épidémies, telles que le paludisme, la dengue, le choléra ou des diarrhées. Selon le rapport, 128 pays ont connu une augmentation de l’exposition de leur population aux incendies depuis le début des années 2000.
> Lire aussi  Les relations complexes entre climat et maladies infectieuses
Le dérèglement climatique affecte également indirectement la santé, par exemple en réduisant les récoltes, ce qui altère la sécurité alimentaire. Les vagues de chaleur ont en outre entraîné la perte de 302 milliards d’heures de travail en 2019 dans le monde, essentiellement dans le secteur agricole. L’Inde et l’Indonésie sont les pays les plus touchés, ce qui s’est traduit par une diminution annuelle de leur PIB de 4 à 6 %. Une baisse de revenus qui se répercute encore davantage sur la santé des plus fragiles.
La capacité des infrastructures sanitaires de faire face à ces chocs est encore insuffisante, malgré de fortes améliorations, note le rapport. Seule la moitié des pays étudiés ont élaboré des plans nationaux en matière d’adaptation des systèmes de santé, et moins de la moitié ont procédé à des évaluations de leur vulnérabilité.
> Lire aussi  Edouard Bard : « La pandémie de Covid-19 préfigure en accéléré la propagation du réchauffement climatique »
Les auteurs appellent à limiter de toute urgence et de manière durable les émissions de gaz à effet de serre. Ils recommandent de réduire l’usage des énergies fossiles, en particulier dans les transports, et d’effectuer une transition vers des régimes alimentaires à base de protéines végétales, alors que l’élevage est une importante source de gaz à effet de serre.
« Ces mesures de lutte contre le changement climatique permettraient en outre d’énormes gains pour la santé en termes d’air plus pur, d’alimentation plus saine ou encore d’activité physique accrue », assure Ian Hamilton. La pollution de l’air a entraîné près de 7 millions de décès prématurés dans le monde en 2018, tandis que, selon le Lancet, la consommation excessive de viande rouge a contribué à 990 000 décès prématurés en 2017, soit une augmentation de 72 % depuis 1990.
> Lire aussi  Toute la chaîne alimentaire mondiale pèse pour un tiers des émissions de CO2
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/12/03/aucun-pays-n-est-a-l-abri-des-effets-nefastes-du-changement-climatique-sur-la-sante_6061976_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/12/03/aucun-pays-n-est-a-l-abri-des-effets-nefastes-du-changement-climatique-sur-la-sante_6061976_3244.html>>
En savoir plus : 
> The 2020 report of The Lancet Countdown on health and climate change : responding to converging crises <https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)32290-X/fulltext>, The Lancet, 02/12/20
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5- Comme pour le Covid-19, aucun pays n'est à l'abri du changement climatique, AFP, 03/12/20, 09:00
Laure Fillon

Les systèmes de santé sont mal préparés pour faire face aux dangers grandissants liés au changement climatique et aucun pays n'est à l'abri, comme l'a prouvé la crise du Covid-19, avertissent des experts dans un rapport publié jeudi.
"Les menaces pour la santé humaine se multiplient et s'intensifient à cause du changement climatique. Si nous ne changeons pas de cap, nos systèmes de santé risquent d'être dépassés à l'avenir", avertit le Dr Ian Hamilton, directeur exécutif du rapport sur la santé et le changement climatique, publié tous les ans par la revue médicale.
Ce rappport mesure 43 indicateurs-clés sur ces deux sujets et est réalisé en collaboration par 35 institutions, dont l'OMS (Organisation mondiale de la santé), l'OMM (Organisation météorologique mondiale) et des universités. 
"Nous sommes confrontés aux perspectives les plus sombres pour la santé publique que notre génération ait vu", avertit Dr Wenjia Cai, de l'université Tsinghua à Pékin, alors que la publication intervient à quelques jours du cinquième anniversaire de l'Accord de Paris, qui engage les Etats à agir pour limiter le réchauffement climatique bien en-dessous de 2°C, voire à 1,5°C. 
"Le changement climatique crée un fossé cruel qui renforce les inégalités existantes en terme de santé, entre et dans les pays. (...) Tout comme pour le Covid-19, les personnes âgées sont particulièrement vulnérables, celles ayant des pathologies comme l'asthme ou le diabète le sont encore plus", relève Hugh Montgomery, médecin en soins intensifs, cité dans un communiqué.
Au cours des 20 dernières années, la mortalité liée à des épisodes de canicule a grimpé de 54% chez les plus de 65 ans et 296.000 personnes en sont mortes en 2018, selon le rapport. Les pays les plus touchés ont été la Chine, l'Inde, l'Allemagne, les Etats-Unis, la Russie et le Japon.
En France, les épisodes de canicule ont causé 8.000 morts rien qu'en 2018 parmi les plus de 65 ans.
- Adaptation des systèmes de soin -
"Aucun pays, riche ou pauvre, n'est à l'abri des conséquences sanitaires du changement climatique qui s'aggrave", avertit le rapport.
Les très fortes chaleurs ont également un impact économique, empêchant le travail en extérieur dans des pays en développement, avec des milliards d'heures de travail perdues en 2019, surtout en Inde, en Chine et au Bangladesh.
La hausse des températures et les événements climatiques extrêmes, toujours plus nombreux, menace également la sécurité alimentaire.
Dans le même temps, "des régimes alimentaires mauvais pour la santé deviennent plus répandus dans le monde, la consommation excessive de viande rouge ayant contribué à 990.000 décès en 2017", dont 13.000 en France, une consommation aussi mauvaise pour le climat que pour l'environnement.
Le rapport s'est aussi intéressé aux décès provoqués par l'usage d'énergies fossiles, notamment le charbon, responsables du réchauffement climatique mais aussi de sept millions de décès annuels à cause de la pollution de l'air. 
Des scientifiques ont déjà fait le lien entre la destruction de la nature par les humains et l'émergence de nouvelles maladies, des zoonoses comme le Covid-19. Le changement climatique contribue aussi à une plus grande propagation de maladies infectieuses dans le monde, avertit le rapport, qui cite la dengue, la malaria ou les maladies liées aux bactéries du genre Vibrio.
Parmi les raisons d'espérer, les systèmes de santé s'adaptent au changement climatique. Dans 86 pays, ils sont connectés aux services météorologiques afin de mieux se préparer. Et de plus en plus d'Etats font le lien entre santé et climat.
Limiter le réchauffement climatique permettra d'atténuer les effets négatifs en terme de santé, insistent les experts.
"Le temps est venu pour nous tous de prendre plus au sérieux les facteurs environnementaux en terme de santé", exhorte Richard Horton, rédacteur en chef du Lancet. "Nous devons répondre à l'urgence climatique, protéger la biodiversité et renforcer les systèmes naturels dont notre civilisation dépend", poursuit-il.
Les milliards dépensés pour relancer l'économie à travers le monde présentent "une véritable opportunité pour harmoniser les réponses à la pandémie et au changement climatique", constate Maria Neira, de l'OMS. "Mais le temps est compté", avertit-elle.
<https://www.lepoint.fr/monde/comme-pour-le-covid-19-aucun-pays-n-est-a-l-abri-du-changement-climatique-03-12-2020-2403974_24.php>
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6- Le Royaume-Uni revoit à la hausse ses objectifs de neutralité carbone, Le Monde, 04/12/20, 09h35
Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante)

Le gouvernement britannique s’est fixé l’objectif d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 68 % d’ici à la fin de 2030 par rapport au niveau des émissions nationales en 1990. 
Lancement d’une campagne vaccinale historique, négociations de la dernière heure pour décrocher un accord commercial post-Brexit avec l’Union européenne (UE)… Le gouvernement britannique est sur tous les fronts, y compris climatique. Jeudi 3 décembre, il a annoncé avoir revu à la hausse son ambition, et s’être fixé l’objectif d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’« au moins 68 % » d’ici à la fin de 2030 par rapport au niveau des émissions nationales en 1990 (contre 61 % jusqu’à présent).
> Lire aussi  « Les engagements actuels des Etats pour atteindre la neutralité carbone ne sont pas assez crédibles »
Avec ce nouvel objectif, le Royaume-Uni prend la tête des pays avancés aux contributions nationales (Nationally Determined Contributions) les plus exigeantes dans le cadre de l’accord de Paris de 2015.
Ce nouvel engagement survient une semaine avant une conférence sur le climat – virtuelle – coorganisée le 12 décembre par Londres, Paris et les Nations unies (ONU) pour marquer les cinq ans de la COP21. Il succède aussi, logiquement, à la présentation par Downing Street, à la fin de novembre, d’un plan « vert » en dix points, censé créer 250 000 emplois en dix ans grâce à la transition énergétique et avec comme mesure-phare l’interdiction de la vente de véhicules neufs à essence ou diesel dès 2030.
> Lire aussi  Les émissions de CO2 des pays du G20 ont légèrement baissé en 2019, une première en l’absence de choc externe
« Aujourd’hui, nous prenons la tête [des pays occidentaux] avec un nouvel objectif pour 2030, et notre plan [vert] en 10 points va nous y aider, s’est félicité le premier ministre, Boris Johnson. Nous avons prouvé que nous pouvons réduire nos émissions tout en créant des centaines de milliers d’emplois en faisant travailler de concert les entreprises, les universitaires, les ONG et les communautés locales dans un but commun : lutter davantage contre le réchauffement climatique. » A la mi-2019, le Royaume-Uni avait été la première économie du G7 à inscrire dans sa loi l’objectif d’une économie neutre en carbone d’ici à 2050.
Inférieur aux demandes, mais salué
C’est l’ancienne première ministre conservatrice Theresa May qui avait fait adopter cette décision à la Chambre des communes. Son successeur, Boris Johnson, semble aussi parier sur l’environnement pour maintenir le rang du Royaume-Uni après le Brexit. 2021 sera une année importante à cet égard : le pays organise la COP26, qui aura lieu à Glasgow, en Ecosse, en novembre.
L’annonce de jeudi va en tout cas renforcer la pression sur l’UE, alors que les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept se réunissent les 10 et 11 décembre en Conseil européen, avec au menu, entre autres, l’adoption d’une réduction commune de 55 % des émissions de gaz à effet de serre sur le continent d’ici à 2030.
> Lire le décryptage : La Chine surprend en s’engageant à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060
Cet automne, des ONG britanniques ont fait campagne sur une réduction des émissions de 75 % en 2030 pour le pays. Une étude menée par l’Imperial College de Londres a montré qu’un objectif de 72 % était économiquement soutenable. Le gouvernement Johnson n’est pas allé aussi loin, mais son engagement a quand même été salué jeudi. Ce dernier « va aider le premier ministre à convaincre ses homologues d’avancer dans la même direction, dans la perspective du sommet de Glasgow », a souligné Laurence Tubiana, directrice de la Fondation européenne pour le climat, ex-ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique lors de la COP21.
« Cet engagement envoie une impulsion forte aux autres grandes économies. Mais maintenant, la tâche commence : le Royaume-Uni doit concrétiser ses promesses climatiques, avec des politiques et des moyens. Le leadership exige de la cohérence », a prévenu de son côté Sonam P. Wangdi, président du groupe des pays les moins développés au sein de la convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/12/04/le-royaume-uni-revoit-a-la-hausse-ses-objectifs-nationaux-de-neutralite-carbone_6062118_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/12/04/le-royaume-uni-revoit-a-la-hausse-ses-objectifs-nationaux-de-neutralite-carbone_6062118_3244.html>>
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7- Tribune. « Un rationnement des émissions de CO2 permettrait d’accélérer la transition bas carbone », Le Monde, 04/12/20, 14h46 
Par Christian de Perthuis, professeur à l’université Paris-Dauphine et a fondé la chaire Economie du climat & Géraud Guibert, économiste qui préside La Fabrique Ecologique, fondation qui a pour objectif de promouvoir l’écologie et le développement durable ; 

Les économistes Géraud Guibert et Christian de Perthuis, dans une tribune au « Monde », recommandent le renforcement du système européen de quotas d’émission de CO2 et leur taxation aux frontières.
Tribune. En mettant à l’arrêt l’économie mondiale au premier semestre, le Covid-19 a fait reculer les émissions de CO2 comme aucune politique climatique auparavant. Ce recul a été obtenu par un mécanisme de rationnement résultant du confinement de plusieurs milliards d’habitants de la planète. Pour atteindre les objectifs climatiques avec la même méthode, il faudrait prolonger le confinement pendant plusieurs décennies, une perspective tout à fait absurde. On peut en revanche tirer des leçons plus positives : un rationnement des émissions de CO2, couplé à des flexibilités assurant le bon fonctionnement de l’économie, permettrait d’accélérer la transition bas carbone.
Certains imaginent la mise en place d’un quota carbone individuel en limitant les usages polluants. La généralisation de cette méthode, similaire à la gestion des pénuries en période de guerre, est semée d’embûches : indisponibilité des informations pour fixer les quotas, acceptation sociale problématique, risques de fraudes et de développement d’un marché noir du carbone.
> Lire aussi  Le principe de compensation carbone est-il efficace ?
Cependant, un mécanisme de rationnement s’applique déjà en Europe par le biais du système de plafonnement et d’échange des quotas de CO2. Pour les grandes installations industrielles et énergétiques, soit la moitié des émissions de l’Union européenne (UE), des quotas limitent les rejets de CO2. Ils peuvent s’échanger, faisant émerger un prix du carbone que doivent payer les émetteurs de CO2, et garantissent en principe d’aboutir au résultat quantitatif recherché. Ce mécanisme a été à juste titre critiqué ces dernières années, avec l’attribution trop généreuse de quotas gratuits et des prix insuffisants du carbone. Mais il a permis, depuis 2005, de faire baisser de plus d’un quart les émissions concernées. Un tel résultat n’a été atteint, ni même approché, dans aucune autre zone du monde.
Triple réforme
Pour que l’UE atteigne son nouvel objectif climatique, celui de diminuer l’ensemble des gaz à effet de serre de 55 % par rapport à 1990, des initiatives nouvelles s’imposent. Nous préconisons une triple réforme.
Le rationnement doit être élargi pour inclure dans le système de quotas le transport et le bâtiment. Un tel élargissement ne pose aucune difficulté technique, mais implique d’anticiper ses impacts distributifs pour les acteurs qui subiront un renchérissement des combustibles d’origine fossile.
> Lire aussi  Le Haut Conseil pour le climat appelle la France à réduire ses émissions de CO2 liées aux importations, en forte hausse
Le système d’échange doit envoyer un signal sans ambiguïté sur la trajectoire future du prix du CO2 sur ce marché. Il faut resserrer le plafond des émissions et fixer à l’avance un corridor balisant sa trajectoire future. Une cible de l’ordre de 100 euros la tonne de CO2 (soit un triplement du prix actuel) semble adaptée.
Enfin, il est indispensable de corriger le système de distribution gratuite des quotas, qui reste aujourd’hui la méthode d’allocation majoritaire pour les installations industrielles. Cette gratuité, qui équivaut à une subvention à l’usage des énergies fossiles, contrarie l’efficacité environnementale du système. Elle a été mise en place au nom des risques, réels ou supposés, de délocalisation des productions polluantes vers des zones non soumises aux mêmes contraintes. Il est vrai que, depuis 1990, si les émissions ont reculé de 21 % sur le territoire de l’UE, le recul de l’empreinte carbone n’a été que de 15 %.
Mécanisme d’ajustement
C’est ici que prend tout son sens le fameux « mécanisme d’ajustement aux frontières ». Proposé par la Commission européenne et par le président élu américain Joe Biden, il pourrait faire l’objet d’un dispositif coordonné des deux côtés de l’Atlantique. Ce système de prélèvements et de subventions aux frontières égaliserait les conditions de concurrence et bloquerait les délocalisations potentielles. Il s’appliquerait aux pays qui ne jouent pas le jeu de l’accord de Paris sur le climat, en particulier ceux qui n’auraient pas de dispositif réglementaire ou fiscal décourageant les émissions de carbone. Il est souhaitable d’expérimenter ce dispositif, techniquement difficile à mettre en place, dans les industries les plus émettrices de CO2.
> Lire aussi  Les « inégalités extrêmes » des émissions de CO2 nous mènent vers une catastrophe climatique
Mais il pourrait être interprété par des pays tiers, en particulier par les pays moins avancés, comme une velléité d’ériger des formes déguisées de protectionnisme au nom du climat. C’est pourquoi nous proposons de coupler la tarification carbone aux frontières à une initiative européenne d’allégement de la dette de ces pays, par ailleurs fragilisés financièrement par la pandémie.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/04/un-rationnement-des-emissions-de-co2-permettrait-d-accelerer-la-transition-bas-carbone_6062191_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/04/un-rationnement-des-emissions-de-co2-permettrait-d-accelerer-la-transition-bas-carbone_6062191_3232.html>>
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8- Chronique. « La gestion du Covid ressemble à celle du climat : même procrastination du pouvoir devant la certitude du désastre », Le Monde, 05/12/20, 06h52 
Par Stéphane Foucart

Face à la pandémie ou au réchauffement, les gouvernements semblent opérer une même stratégie, qui consiste à sous-estimer les signaux, pour finir par prendre des mesures drastiques sans concertation, relève Stéphane Foucart, journaliste au « Monde », dans sa chronique.
Chronique. L’information la plus inquiétante de ces derniers jours ne concerne nullement le Covid-19 mais le climat, et elle devrait tous nous terrifier. Mercredi 2 décembre, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a rendu son rapport préliminaire sur l’année qui s’achève et indique que celle-ci se classera dans les trois années les plus chaudes jamais relevées, la plus forte probabilité étant qu’elle se place sur la seconde marche du podium. Rien, jusqu’ici, que de très attendu. L’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère n’ayant pas cessé, il n’est pas anormal que chaque année soit probablement plus chaude que celle qui a précédé.
> Lire aussi  2020 se classe parmi les trois années les plus chaudes jamais enregistrées
Ce qui est ici notablement nouveau et inquiétant est que l’année 2020 a été marquée par un phénomène dit « La Niña » – pendant froid du célèbre Niño –, qui a un fort effet refroidissant sur la température moyenne mondiale. Pour ne prendre qu’un exemple, l’année 2000 (La Niña) avait été plus froide de près de 0,25 °C que l’année 1998 (El Niño). Deux décennies plus tard, ce même coup de froid n’a pas entravé, ne serait-ce que temporairement, la progression rapide du réchauffement. Prenons ici le pari qu’il ne sera tenu aucun compte de ce nouvel avertissement envoyé par la machine climatique : l’heure est à la relance, et toute autre considération est au mieux secondaire.
Ignorer les signaux faibles, laisser la catastrophe survenir, tenter de soigner plutôt que de prévenir : c’est un modus vivendi commun à la majorité des gouvernements, en France et ailleurs. Il suffit pour s’en convaincre d’observer la manière dont la crise liée au Covid est gérée : tant que les signaux d’alarme semblent ténus et qu’ils se cantonnent à des courbes et des graphiques, il n’en est fait aucun cas. Et lorsque ce qui est prévu survient, le pouvoir politique en est généralement réduit à feindre la stupéfaction et à prendre des mesures drastiques.
Ressentiment et colère
Ainsi, le 28 octobre, Emmanuel Macron annonçait-il le reconfinement en précisant qu’en Europe tout le monde était « surpris par l’évolution du virus ». Un regard rétrospectif sur les chiffres d’hospitalisations indique pourtant que la courbe avait entamé son inflexion dès la mi-juillet. Et qu’une dizaine de jour plus tard, dans son huitième avis, le conseil scientifique de l’Elysée jugeait « hautement probable qu’une deuxième vague épidémique apparaisse à l’automne/hiver prochain ». « La plupart des politiques ne comprennent pas que, dans ce genre de dynamique, c’est quand on passe de 2 cas à 4 cas qu’il faut réagir », commente un biostatisticien.
> Lire aussi  Au Conseil d’Etat, le gouvernement prié d’agir « maintenant » contre le changement climatique
A défaut, des mesures radicales de confinement et de privation de liberté finissent par devoir être prises, trop vite, sans le temps nécessaire de la discussion, de la délibération. Et puisque tout se décide alors plus ou moins dans l’urgence, des injustices, des excès ou des décisions vécues comme des abus de pouvoir sont inévitables. Elles nourrissent le ressentiment et la colère, le sentiment d’une érosion des principes d’équité et de démocratie.
A bien des égards, la gestion de la pandémie de Covid-19 reproduit, bien qu’en un laps de temps très bref, celle du réchauffement climatique. Même insouciance devant l’émergence du danger, d’abord lointain : les terres arables bangladaises submergées par la montée de l’océan ne nous ont pas plus convaincus de la réalité du danger climatique que les sacs mortuaires qui s’entassaient dans la province chinoise du Hubei, aux premières semaines de l’épidémie, ne nous ont inquiétés des périls de la nouvelle maladie. Même cortège de pseudo-experts venant truquer la conversation publique, y instillant avec succès le doute : les covido-rassuristes ont pris la relève des climato-sceptiques, et peuplent à leur tour les plateaux de télévision. Même procrastination du pouvoir, enfin, devant la certitude du désastre.
> Enquête : Du rejet des masques à la « prétendue » deuxième vague… comment le discours des médecins « rassuristes » a émergé
Déstabiliser toute la société
Ce n’est pas tout. Face au nouveau coronavirus comme au réchauffement, nos sociétés individualistes ne sont pas équipées d’une grille d’analyse adaptée à la perception de certains dangers. Nous souffrons d’une incapacité à saisir dans toute leur ampleur les phénomènes qui produisent des risques individuels faibles mais des risques systémiques élevés. La probabilité de mourir du Covid demeure faible pour une grande part de la population, de même que mourir du changement climatique apparaît à tous comme un événement très improbable.
Mais de même que la maladie met sous une tension insupportable le système de soins et est susceptible, par ce biais, de déstabiliser toute la société, le réchauffement a déjà commencé à déstabiliser la production alimentaire, à accentuer les migrations, à dégrader certains actifs immobiliers. Tout cela, dont les effets ne sont ni directement perceptibles ni facilement attribuables, passe – dans un premier temps au moins – pour sans importance.
L’analogie entre la gestion d’une maladie et celle du réchauffement a ses limites. D’abord, il n’y aura jamais de vaccin contre le réchauffement. Ensuite, il n’est pas certain que les gouvernements prennent jamais, sur le front du climat, des mesures d’urgence analogues à celles qu’ils ont prises ces jours-ci devant les vagues épidémiques. Mais on voit mal comment il pourrait en aller autrement, à l’horizon de quelques décennies. De telles mesures seraient alors autrement plus contraignantes que celles, temporaires, décidées un peu partout sur la planète pour endiguer le coronavirus.
> Lire aussi  La pandémie de Covid-19 a précipité des millions de personnes dans l’extrême pauvreté
Ainsi, ceux qui dénoncent aujourd’hui une « dictature verte » à la moindre mesurette d’inspiration écologiste n’ont peut être pas tort d’avoir peur. La gestion du Covid en offre l’illustration : en encourageant la paralysie et la procrastination, ils sont sans doute les meilleurs artisans de ce qu’ils prétendent redouter.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/05/la-gestion-du-covid-ressemble-a-celle-du-climat-meme-procrastination-du-pouvoir-devant-la-certitude-du-desastre_6062280_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/05/la-gestion-du-covid-ressemble-a-celle-du-climat-meme-procrastination-du-pouvoir-devant-la-certitude-du-desastre_6062280_3232.html>>
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9- Chronique. Jézabel Couppey-Soubeyran : « Le climat fait-il ou non partie du mandat de la BCE ? », Le Monde, 05/12/20, 07h03
Par Jézabel Couppey-Soubeyran, Economiste, maîtresse de conférences à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et conseillère scientifique à l’Institut Veblen

L’économiste s’interroge, dans sa chronique au « Monde », sur l’ampleur de la « conversion » des banquiers centraux à la transition écologique.
Chronique. A l’heure où le mandat de la Banque centrale européenne (BCE) est si souvent convoqué pour disqualifier d’emblée toute proposition qui s’en écarterait (par exemple l’annulation des dettes publiques qu’elle détient ou la monétisation des déficits publics), il est intéressant d’examiner ce qu’il en est de la transition écologique. Le climat fait-il ou non partie du mandat de la BCE ?
Le discours des grands banquiers centraux de la planète sur le sujet est en train de changer. Concernant les Européens, il reste encore un peu sibyllin, parfois timide, de temps à autre contradictoire. Les déclarations de sa présidente, Christine Lagarde, qui dit envisager d’utiliser le risque climatique pour orienter les achats d’obligations, ou d’Isabel Schnabel, membre de son directoire, pour qui, « en tant que grand investisseur, nous avons l’obligation de refléter de manière appropriée les risques climatiques dans notre bilan », contrastent avec celles de Jens Weidmann, membre du Conseil des gouverneurs : « Lorsqu’il s’agit de sauver la planète, les banques centrales n’ont pas de baguette magique », affirmait-il, le 19 novembre, dans une tribune au Financial Times.
Mais à quelques mois des résultats de sa révision stratégique, il semble bien que la BCE soit prête à mieux intégrer les enjeux climatiques dans son action. Certains économistes, comme David Thesmar et Augustin Landier, y voient, dans Les Echos du 19 novembre, une « inquiétante dérive doctrinale (…), formulée sans rigueur intellectuelle et [mettant] donc en danger la mission de l’institution ». Le mandat de la BCE leur donne tort.
Green Deal et loi climat
L’article 127 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (UE) stipule en effet que le système européen de banques centrales, « sans préjudice de l’objectif de stabilité des prix, apporte son soutien aux politiques économiques générales dans l’Union, en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de l’Union ». Or, quel est l’objectif de l’Union en matière écologique ?
Tous les Etats membres, à l’exception de la Pologne, ont entériné, lors du Conseil européen du 12 et 13 décembre 2019, l’objectif de parvenir d’ici à 2050 à la « neutralité climatique » (pas plus de gaz à effet de serre que ce que les sols et les forêts peuvent en absorber) conformément aux objectifs de l’accord de Paris de 2015. La Commission européenne a repris cet objectif dans le cadre du « pacte vert » et de la loi climat européenne en cours d’examen qui revoit aussi à la hausse les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 de 40 % à 55 %, voire à 60 %, si le Conseil finit par suivre la proposition du Parlement européen.
> Lire aussi  La prochaine PAC ne permettrait pas en l’état d’atteindre les objectifs du Green Deal
Cela signifie que l’objectif de soutenabilité environnementale existe déjà implicitement dans le cadre institutionnel actuel de la BCE. Mais, au-delà des discours d’ouverture, la BCE apporte-t-elle effectivement son « soutien » à l’objectif de neutralité climatique de l’Union en vertu de l’article 127 de son mandat ? A vrai dire, pas encore.
Verdir son action
Pire, en restant attachée à son principe de « neutralité monétaire », la BCE porte actuellement préjudice à cet objectif. Ce principe, qui voudrait qu’une action monétaire ne « déforme » pas les structures existantes de l’économie et des marchés supposément efficients, conduit fatalement la banque centrale à reproduire des structures carbonées, pas du tout en ligne avec l’objectif de neutralité climatique fixé par l’Union.
Ainsi, quand la BCE effectue ses achats d’actifs publics et privés sur les marchés obligataires en restant totalement aveugle à leur empreinte carbone, ses achats bénéficient fatalement plus à des entreprises fortement émettrices de gaz à effet de serre, ou du secteur des énergies fossiles, qu’à celles qui le sont moins.
> Lire aussi  La Banque centrale européenne appelée à « verdir » son action
La BCE n’aura donc pas d’autre choix que d’abandonner ce principe de neutralité. Elle se tirerait même une balle dans le pied en ne le faisant pas, car si une crise climatique survenait, l’instabilité monétaire, économique et financière qui en résulterait serait potentiellement irrémédiable. La BCE doit verdir son action, c’est ne pas le faire qui enfreindrait les termes de son mandat !
Agir par précaution
Force est toutefois de constater que l’objectif implicite de soutenabilité environnementale n’a pour le moment pas suffi à voir la BCE s’engager dans une démarche active de réduction du risque de crise climatique. Un objectif explicite permettrait une action plus résolue. A quand un « Whatever it takes » – pour reprendre le « quoi qu’il en coûte » de Mario Draghi en juillet 2012, face à la crise de la dette – face à la crise climatique ?
C’est ce que proposent deux études de l’Institut Veblen (Hugues Chenet, Jézabel Couppey-Soubeyran et Wojtek Kalinowski), publiées le 2 décembre. Plutôt que de repousser l’action à l’obtention de mesures de risque toujours plus fines – comme si la mesure du problème climatique restait à prendre –, ne vaut-il pas mieux agir par précaution, en acceptant l’approximation de stratégies adaptatives et une gestion plus qualitative du risque, en renonçant à l’exhaustivité ?
> Lire aussi  « Pour une banque centrale, ne pas incorporer les risques climatiques dans sa gestion des risques financiers serait très inquiétant »
Dans cette perspective, les options ne manquent pas pour « verdir » la politique monétaire. Le nuancier va du « vert clair » à cadre institutionnel inchangé pour avancer dès aujourd’hui, mais à petits pas (prise en compte de l’empreinte carbone dans les conditions de refinancement des banques et dans les titres acceptés ou achetés par la BCE), au « vert vif » qui ferait avancer à pas plus grands en faisant reposer la part publique du financement de la transition sur la banque centrale – mais pas avant longtemps, car cela exigerait de grands changements institutionnels –, en passant par le « vert intermédiaire » d’un programme d’achats publics verts. Quelle que soit la nuance, il est temps de passer des discours aux pinceaux.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/05/jezabel-couppey-soubeyran-le-climat-fait-il-ou-non-partie-du-mandat-de-la-bce_6062265_3232.html>
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10- Tribune. Cyril Dion à Emmanuel Macron : « Tenir parole, pour un président de la République, c’est le socle de nos démocraties », Le Monde, 05/12/20, 15h09 
Par Cyril Dion, Cinéaste et écrivain

Tribune. En réponse aux propos du chef de l’Etat sur « Brut », le cinéaste demande le respect de l’engagement à soumettre, « sans filtre », au Parlement ou par référendum, les propositions de la convention pour le climat.
Monsieur le Président,
Puisque vous m’avez apostrophé avec une certaine véhémence dans votre live pour le média Brut [vendredi 4 décembre], je me permets de vous adresser ici une réponse.
Vous semblez touché que je vous ai « aidé » et qu’aujourd’hui je vous critique. Vous me traitez « d’activiste » comme si c’était un gros mot. Vous dites que je ne suis pas « honnête », que je fais une « caricature ». Au-delà de la perplexité que m’évoque cette morgue à mon endroit dans la bouche du président de la République, il me semble que c’est vous qui ne respectez pas la parole que vous avez donnée. Et que c’est préoccupant pour plusieurs raisons.
> Lire aussi  Avant la fin de la convention citoyenne pour le climat, de l’énervement, des accusations et des déceptions
En février 2019, je suis effectivement venu, avec Marion Cotillard, vous proposer d’organiser une assemblée citoyenne pour le climat, reprenant la proposition que nous vous avions faite avec le collectif des « gilets citoyens » le 23 janvier dans Le Parisien. Pourquoi ? Parce que depuis quarante ans, tous les gouvernements savent pertinemment que le dérèglement climatique existe, en connaissent les causes, les conséquences et les remèdes.
Opérer des changements systémiques
Pourtant, depuis quarante ans, leur réponse à cette urgence vitale pour l’humanité est indigente. Elle l’est pour plusieurs raisons. D’abord parce que des groupes d’intérêt (l’exemple le plus célèbre est celui d’Exxon aux Etats-Unis) ont pesé de tout leur poids pendant des années pour semer le doute sur la réalité du phénomène. Ensuite parce que notre modèle économique fondé sur une croissance sans limite s’accorde mal avec la frugalité que la crise écologique demande. Enfin, parce que c’est très compliqué. Les changements à opérer sont systémiques, massifs. Opérer le virage écologique implique de bouleverser nos sociétés. Certains y voient l’occasion d’un monde meilleur. D’autres la perte d’une forme de confort, de certains acquis, de leurs emplois…
Chacune des parties prenantes de notre société cherche légitimement à défendre ses intérêts. C’est la cacophonie et le tiraillement. Bien souvent, les élus en quête de réélection cherchent à contenter tout le monde et ont rarement le cran d’aller aussi loin que la situation le demanderait. Ils se rabattent donc sur le plus petit dénominateur commun : des mesures tièdes, en demi-teinte, rarement à la hauteur de l’enjeu. Ce fut le cas du Grenelle de l’environnement, de la loi EGalim sur l’agriculture et l’alimentation, de la plupart des COP climat. Résultat, la catastrophe est maintenant à nos portes et il sera bientôt trop tard pour éviter le pire.
Nous avons parlé de tout cela. Et je vous ai partagé une conviction : pour surpasser ces difficultés, nous avons besoin de modèles démocratiques innovants, qui permettent une véritable délibération des Français, dans leur diversité, pour trouver des solutions justes et efficaces, acceptables par le plus grand nombre. On accepte plus facilement une décision difficile que l’on a participé à prendre qu’une décision imposée d’en haut, par un gouvernement.
Le mécanisme proposé était le suivant : une assemblée de Français tirés au sort, représentatifs de toutes les réalités du pays, auditionne des experts incontestables sur la science, puis des parties prenantes de toute la société (entreprises, ONG, syndicats, élus, etc.). Ils délibèrent à ciel ouvert (tout est accessible en ligne) et formulent des propositions qui sont ensuite soumises au reste des Français par référendum ou, au minimum, au Parlement.
Simulacres de démocratie participative
J’ai été très clair avec vous : pour que cette initiative démocratique fonctionne, il est indispensable que vous vous engagiez à reprendre les propositions issues de la délibération des citoyens « telles quelles » pour les soumettre aux Français ou aux députés. Pour une raison simple. Depuis des années, des responsables politiques organisent des simulacres de « démocratie participative ». Les citoyens sont consultés et ensuite les élus n’en font, très souvent, rien. Des experts sont mandatés, travaillent d’arrache-pied (comme lors du Grenelle de l’environnement, comme le Haut Conseil pour le climat), puis leurs recommandations sont ignorées, détricotées, affaiblies par le phénomène décrit plus haut. Là, il s’agit d’autre chose : faire participer les citoyens à la décision. Renouveler un pacte démocratique affaibli et parfois même piétiné par le nombre de promesses non respectées.
Le 25 avril 2019, après des mois de discussions entre l’Elysée, le ministère de la transition écologique et des membres des « gilets citoyens », vous avez annoncé la création d’une assemblée citoyenne composée de 150 citoyens tirés au sort. Vous avez déclaré : « Ce qui sortira de cette convention sera, je m’y engage, soumis sans filtre soit au vote du Parlement, soit au référendum, soit à application réglementaire directe. »
Le 10 janvier, vous avez rendu visite aux membres de la convention. Vous êtes revenu sur cette notion de « sans filtre » et avez déclaré : « Si à la fin de vos travaux vous donnez des textes de loi, des choses précises, là je m’engage à ce qu’ils soient donnés ou au Parlement ou au peuple français tels que vous les proposerez. »C’est le cas pour de très nombreuses propositions. Le 29 juin, vous nous avez reçus dans les jardins de l’Elysée. Vous avez une nouvelle fois été très clair sur le débouché des propositions de la convention : « Je vous confirme que j’irai au bout de ce contrat moral qui nous lie en transmettant la totalité de vos propositions à l’exception de trois d’entre elles.»
> Lire aussi  150 Français tirés au sort, six mois de débat, la taxe carbone sur la table : la Convention citoyenne sur le climat se précise
De mon côté, je me suis engagé, si vous ne respectiez pas votre parole, à me manifester et à être le garant du respect de votre engagement auprès des citoyens. Cet engagement, c’est vous qui l’avez pris. Personne nous vous y a obligé. C’était d’ailleurs extrêmement courageux de votre part.
« Les détricotages se multiplient »
Vous avez également donné aux citoyens de la convention un « droit d’alerte ». Depuis plusieurs mois maintenant, de nombreuses alertes vous sont adressées, sont adressées à vos conseillers à l’Elysée, à la ministre de la transition écologique.
Des mesures qui devaient être transmises sans filtre aux parlementaires sont modifiées et parfois amoindries par le gouvernement, d’autres que vous aviez dit retenir sont finalement écartées, dont l’une – un moratoire provisoire sur la 5G – que vous avez rejetée en déclarant ne pas croire dans « le modèle amish » et ne pas vouloir revenir « à la lampe à huile »…
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Malgré ces alertes, les détricotages se multiplient. Ils ont été analysés par le Réseau Action climat. Parallèlement, des députés s’alarment de ne pas pouvoir participer à la concertation avec les citoyens, qui avait été promise. J’ai donc relevé le niveau d’alerte et lancé une pétition pour vous appeler à respecter votre engagement. Elle a déjà été signée, au moment où je vous écris, par plus de 321 000 personnes.
Ce que nous – signataires de cette pétition – vous demandons n’est ni un « sketch », ni une trahison, ni une « solution de fainéant », mais simplement de tenir parole. Nous vous le demandons aujourd’hui car c’est en ce moment qu’ont lieu les arbitrages de la grande loi climat qui doit reprendre le plus grand nombre des propositions de la convention citoyenne. Et qu’elle pourrait être la plus ambitieuse que la France ait jamais connue.
> Lire aussi  La délicate élaboration de la loi « convention citoyenne pour le climat »
Nous vous le demandons parce que les climatologues misent sur un réchauffement de 3 à 7 °C d’ici à la fin du siècle et que notre planète pourrait devenir partiellement inhabitable.
Nous ne vous donnons pas de leçons
Parce que l’avis du Conseil d’Etat donne trois mois à votre gouvernement pour justifier que la trajectoire de réduction à l’horizon 2030 pourra être respectée.
Parce que le Haut Conseil pour le climat a rappelé maintes fois que la France ne tient pas ses objectifs pour respecter les accords de Paris.
Parce que « sans mesures urgentes, la crise climatique pourrait saper les progrès des cinquante dernières années en matière de santé publique, perturbant des millions de vies et submergeant les systèmes de santé », prévient une étude publiée le 3 décembre par la revue britannique The Lancet.
> Lire aussi  La convention citoyenne pour le climat dévoile 150 propositions pour « changer en profondeur la société »
Nous ne vous donnons pas de leçons. Nous savons que tout ceci est complexe. C’est justement pour cela que les citoyens ont travaillé depuis un an à proposer un plan robuste « dans un esprit de justice sociale ».
Par-dessus tout, nous vous le demandons, parce que nous croyons toujours, même si c’est un peu vieux jeu, que tenir sa parole, pour un président de la République, c’est le socle de nos démocraties.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/05/cyril-dion-a-emmanuel-macron-tenir-parole-pour-un-president-de-la-republique-c-est-le-socle-de-nos-democraties_6062321_3232.html>
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11- Avant la fin de la convention citoyenne pour le climat, de l’énervement, des accusations et des déceptions, Le Monde, 05/12/20, 17h08
Audrey Garric, Rémi Barroux et Mariama Darame

Lors de deux ultimes journées de réunions, lundi et mardi au ministère de la transition écologique, le texte du projet de loi devrait être présenté aux conventionnels et aux députés. 
L’énervement monte alors que la rédaction du projet de loi devant reprendre les propositions de la convention citoyenne pour le climat est quasi achevée. Tant du côté de l’Elysée et du gouvernement que chez les parlementaires et les conventionnels.
Vendredi 4 décembre, Emmanuel Macron, sur le média en ligne Brut, s’est emporté contre les critiques de certains des citoyens sur la non reprise ou l’édulcoration de plusieurs de leurs 150 propositions – la convention citoyenne pour le climat, mise en place par le chef de l’Etat, avait pour mandat de définir des mesures permettant d’atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 (par rapport à 1990), dans un esprit de justice sociale. « Je ne veux pas dire que parce que les 150 citoyens ont écrit un truc, c’est la Bible ou le Coran », a-t-il déclaré, affirmant qu’« il n’y a jamais eu dans aucun pays au monde un gouvernement, des parlementaires qui se sont autant engagés avec des citoyens ».
> Lire aussi  « La France n’est pas un Etat autoritaire » : Macron s’explique longuement et défend son bilan
Emmanuel Macron s’en est aussi pris à l’un des garants de la convention, Cyril Dion, avec lequel il avait pourtant beaucoup échangé avant la mise en place de celle-ci. « Moi, je suis vraiment très en colère contre des activistes qui m’ont aidé au début et qui disent maintenant, il faudrait tout prendre », a-t-il dit, alors que le réalisateur et militant écologiste Cyril Dion a lancé, le 16 novembre, une pétition « pour sauver la convention citoyenne pour le climat », pétition qui avait reçu, vendredi, 321 000 signatures.
« Je veux simplement lui rappeler ce qu’il a dit en recevant les citoyens à l’Elysée [le 29 juin, le président de la République avait rappelé son engagement de reprendre « sans filtre » les propositions « abouties et précises »]. Personne ne l’a obligé à dire qu’il reprendrait 146 des 150 propositions et qu’il les transmettrait “sans filtre”. C’est étrange : soit il est frappé d’amnésie, soit il est de très mauvaise foi et je penche pour la deuxième hypothèse », a déclaré vendredi soir au Monde Cyril Dion.
« On nous met devant le fait accompli »
Cette pétition devrait être remise au chef de l’Etat lors d’une rencontre avec les conventionnels, qui pourrait avoir lieu en fin de semaine, juste avant le sommet sur le climat convoqué par les Nations unies et le Royaume-Uni, le 12 décembre, jour du cinquième anniversaire de l’accord international de Paris sur le climat.
Avant cette échéance, deux journées de réunions, lundi et mardi, sont prévues au ministère de la transition écologique, auxquelles sont conviés les citoyens et les parlementaires. Lors de ces rendez-vous, reprenant les thèmes des cinq groupes de travail – se loger, se déplacer, consommer, se nourrir, produire et travailler – mis en place par les 150 citoyens, une version quasi définitive du projet de loi, censé permettre l’application de 40 % des mesures des citoyens, devrait leur être présentée.
> Lire aussi  Les principales propositions de la convention pour le climat passées au crible
Mais, là encore, le mécontentement est grand sur le processus d’élaboration de ce texte. « On s’attendait à avoir des réunions de travail avec les députés, et on va nous présenter un projet de loi déjà ficelé. On nous met devant le fait accompli », regrette Mélanie Cosnier, maire de Souvigné-sur-Sarthe (Sarthe), qui participera à ces réunions. La coprésidente de l’association Les 150 dénonce une « absence de concertation » depuis le début du processus. Lors des premières réunions de travail thématiques avec le ministère, auxquelles participaient les acteurs économiques et des ONG, mais sans les parlementaires, « on était trois ou quatre citoyens face à près de 70 lobbyistes à chaque fois. Ce n’était pas de la concertation, c’était un tribunal. On nous a accusés d’avoir proposé des mesures pas viables, liberticides », dit-elle.
Une déception partagée par Agnès Catoire, qui a décidé, elle, de boycotter les réunions de lundi et mardi. « Je ne veux pas être un faire-valoir et valider la démarche du gouvernement qui n’est pas à la hauteur de nos attentes, explique cette gestionnaire de paye, qui habite dans le Val-de-Marne. On a été prévenus quatre jours à l’avance alors que l’on a expliqué à de nombreuses reprises avoir besoin de temps pour nous organiser par rapport à notre vie professionnelle et familiale. Et nous n’avons pas reçu le projet de loi en amont pour pouvoir l’étudier. »
« Où est la co-construction annoncée ? »
D’autres, comme Grégoire Fraty, 31 ans, cadre supérieur, l’une des figures de l’association, se rendront à l’invitation du gouvernement. « On ne connaît pas le contenu des derniers arbitrages, on nous prend à témoin et pas comme des acteurs, mais il faut aller voir ce qu’il y a dans le texte », explique-t-il. Sylvain Burquier, 46 ans, conseiller en marketing, qui avait ironisé sur Twitter sur le groupe de travail manquant : « se faire balader », hésite encore à se rendre au ministère. « On est juste invité à découvrir le texte, mais il est vrai que ce n’est pas à nous de faire les lois. On peut encore rattraper certaines choses, mais je me pose la question d’y aller, si c’est pour se faire passer la main dans le dos », estime-t-il.
Les députés, à qui le gouvernement avait annoncé, dès la fin juillet, sa volonté de « co-construire » la loi, se montrent aussi, pour certains, déçus. Voire en colère comme Matthieu Orphelin (Deux-Sèvres, non inscrit) : « On nous dit que le projet compte plus de 80 articles, qu’il est écrit à 95 %, où est la co-construction annoncée ? Alors que le projet sera transmis au Conseil d’Etat dès jeudi prochain. »
> Lire aussi  Les citoyens de la convention climat amers après la sortie d’Emmanuel Macron sur la 5G et les Amish
« On ne voudrait pas associer les parlementaires et les citoyens, on ne s’y prendrait pas autrement », lance aussi le député (Les Républicains) du Jura Jean-Marie Sermier, qui regrette l’organisation à la dernière minute de cette série de réunions. Son collègue socialiste de Meurthe-et-Moselle, Dominique Potier, parle, lui, « de réunions en accéléré » mises en place « soit pour empêcher que s’installe un débat politique, soit parce que le gouvernement est débordé ».
Face à ces critiques, d’autres parlementaires mobilisés sur ce texte s’étonnent de telles invectives et veulent rappeler le rôle du Parlement dans le suivi du projet de loi. « Les citoyens de la convention citoyenne pour le climat ont leur rôle de vigie mais l’essentiel de leur travail a déjà été fait, en nous donnant un cap et des buts à atteindre. Maintenant, nous, parlementaires, nous nous trouvons comme le gouvernement devant la complexité et la nécessité de trouver un chemin entre notre objectif commun et l’élaboration d’un texte pas si simple », explique Erwan Balanant, député (Modem) du Finistère.
Le texte doit être présenté en conseil des ministres fin janvier avant d’arriver à l’Assemblée nationale au mois de mars. « Le travail de concertation commence maintenant et pour les trois mois à venir, assure Valérie Petit, députée (Agir) du Nord. On n’a jamais eu autant de temps pour amender un texte du gouvernement. »
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2020/12/05/la-tension-monte-autour-du-projet-de-loi-convention-citoyenne-pour-le-climat_6062271_1652612.html <https://www.lemonde.fr/climat/article/2020/12/05/la-tension-monte-autour-du-projet-de-loi-convention-citoyenne-pour-le-climat_6062271_1652612.html>>
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12- Climat : les 33 Etats interpellés par de jeunes Portugais sommés de répondre à la justice européenne, Le Monde, 05/12/20, 21h31 
Enola Richet

En septembre, six jeunes de 8 à 21 ans, avaient déposé une plainte auprès de la CEDH contre ces pays pour avoir « échoué à faire leur part afin d’éviter une catastrophe climatique ». 
C’est un signal fort et inédit qu’envoie la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Lundi 30 novembre, elle a demandé à une trentaine de pays de prouver que leurs réglementations sont suffisantes pour protéger leurs citoyens du réchauffement climatique. En septembre, six jeunes Portugais avaient déposé une plainte contre 33 pays pour avoir « échoué à faire leur part afin d’éviter une catastrophe climatique ». Tous les membres de l’Union européenne sont visés, ainsi que d’autres membres du Conseil de l’Europe comme le Royaume-Uni, la Norvège, la Turquie et la Russie.
Les jeunes Portugais, âgés de 8 à 21 ans, demandaient à la CEDH d’obliger ces pays signataires de l’accord de Paris à respecter leur engagement : limiter l’élévation de la température de la planète à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Le recours a été déposé avec le soutien de l’organisation non gouvernementaleGlobal Legal Action Network (GLAN). Les requérants se sont appuyés sur le site Climate Action Tracker, qui qualifie les mesures climatiques adoptées par les 33 pays d’insuffisantes. Les jeunes accusent ces Etats de violer leurs droits fondamentaux à la vie, à la vie privée et familiale et à ne pas être discriminés, tels qu’ils sont inscrits dans la Convention européenne des droits de l’homme.
> Lire aussi  Six jeunes Portugais attaquent 33 Etats afin de les contraindre à agir contre la crise climatique
« Ce qui est inédit, c’est que la Cour a accepté d’examiner directement cette plainte », souligne Marta Torre-Schaub, directrice de recherche au CNRS et spécialiste du droit du climat et de l’environnement. En temps normal, l’article 35 de la Convention impose aux plaignants de saisir d’abord les juridictions nationales, avant de pouvoir déposer une requête auprès de l’institution européenne. Mais dans ce cas précis, la CEDH précise qu’obliger les jeunes Portugais « issus de familles modestes » à déposer plainte dans chaque pays « équivaudrait à leur imposer une charge excessive et disproportionnée ». « C’est un signal fort, appuie la chercheuse. Cela ouvre une voie pour que de futurs plaignants passent par la CEDH sans passer par leur juridiction nationale, ou lorsqu’ils ont épuisé toutes les voies judiciaires au niveau de leur Etat. »
Chaque pays devra produire une réponse aux questions de la CEDH avant le 23 février 2021. « C’est une Cour des droits de l’homme, rappelle Marta Torre-Schaub. Elle décidera si les mesures mises en place par les Etat pour lutter contre le réchauffement climatique sont suffisantes pour protéger les droits de l’homme des plaignants. »
« Une question éthique, presque philosophique »
C’est la première fois qu’une juridiction internationale établit un lien direct entre les droits de l’homme et le climat. « C’est une petite révolution, s’enthousiasme Arnaud Gossement, avocat au barreau de Paris en droit de l’environnement. Jusqu’à présent, le droit climatique était très technique, bourré de seuils et de coefficients. Là on sort du droit, et on pose une question éthique, presque philosophique.  <https://twitter.com/ArnaudGossement/status/1333377309680742400/photo/1>»
En 2019, la Fondation Urgenda, soutenue par 900 citoyens, avait fait jurisprudence en invoquant dans un contentieux climatique des articles de la Convention européenne des droits de l’homme. Après plus de cinq ans de combat dans les différentes instances juridiques du pays, l’Etat néerlandais avait été condamné par son propre Conseil d’Etat à réduire ses émissions de CO2 de 25 % par rapport à 1990, avant la fin 2020. A moins d’un mois de l’échéance, rien ne garantit que le pays atteindra cet objectif. L’agence environnementale néerlandaise indique que, sur sa trajectoire actuelle, l’Etat ratera de près de 15 points son objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 49 % d’ici à 2030.
> Lire aussi  Le gouvernement a trois mois pour prouver qu’il respecte ses engagements climatiques, une première en France
Mais cette fois, « c’est la responsabilité collective de l’Europe face au changement climatique qu’interrogent les requérants portugais », souligne Arnaud Gossement. Dans leur requête, les jeunes Portugais désignent les nombreux feux de forêts et sécheresses vécus par le Portugal, en particulier depuis 2017, comme un danger pour leurs « conditions de vie et leur santé ». Et comme une conséquence directe du réchauffement climatique, causé par les gaz à effet de serre émis par ces 33 pays. « Cela laisse entendre que la législation française sur le climat, par exemple, a un effet sur son propre territoire, mais aussi à l’international », avance le spécialiste en droit de l’environnement.
En janvier 2019, le Conseil d’Etat français avait été saisi par la ville littorale de Grande-Synthe (Nord) et son ancien maire écologiste de l’époque, Damien Carême, pour inaction climatique. Après presque deux ans d’étude du dossier, le 19 novembre, la plus haute juridiction française a donné à l’Etat trois mois pour « justifier que la trajectoire de réduction des émissions à horizon 2030 » fixée dans le cadre de l’accord de Paris pourra être respectée.
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2020/12/05/climat-les-33-etats-interpelles-par-de-jeunes-portugais-sommes-de-repondre-a-la-justice-europeenne_6062311_1652612.html>
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13- Le syndrome Hulot, Les Echos, 07/12/20, 17:56
Jean-Francis Pécresse

Pour avancer, l'écologie a autant besoin d'ambition citoyenne que de réalisme politique
Un peu plus de deux ans après la démission fracassante de l'ancien ministre de la Transition écologique, revoilà le syndrome Hulot. Partir parce que l'on n'obtient pas entière satisfaction ou rester à son poste pour faire avancer malgré tout la grande cause du siècle. C'est le dilemme auquel sont confrontés, à leur tour, plusieurs des 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat, ulcérés de voir Emmanuel Macron tempérer leurs saines ardeurs. S'ils entendent agir pour le bien de la planète, ceux-ci auraient bien tort de claquer la porte des concertations, qui reprennent ce lundi soir, autour du projet de loi sur le climat, prévu cinq ans après la Conférence de Paris. A l'heure de mettre des propositions en bonne et due forme législative, les injonctions lancées par le garant de la Convention sur le climat, Cyril Dion, montrent la distance qui sépare encore l'écologie citoyenne de l'écologie politique. Les deux, pourtant, se sont bien rapprochées.
>> Suite à lire sur abonnement à :
<https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/le-syndrome-hulot-1271786>
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14- Depuis l'accord de Paris, catastrophes climatiques en série, AFP, 08/12/20, 09:00
Stéphane Orjollet

Températures record en Antarctique, banquise en berne, sécheresses à répétition, ouragans en série... Depuis la signature en 2015 de l'accord de Paris, les effets du réchauffement climatique sont de plus en plus visibles.
"Le monde a changé depuis Paris. Et il n'a pas changé pour le meilleur. (...) Nous voyons les effets attribuables aux changements climatiques causés par l'Homme (...). Nous sommes confrontés aux dégâts," résumait récemment Saleemul Huq, directeur du Centre international du changement climatique et du développement basé au Bangladesh, un des pays les plus menacés par les conséquences du réchauffement.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, est plus brutal : "L'humanité fait la guerre à la nature. C'est suicidaire, car la nature répond toujours coup pour coup, et elle le fait déjà avec une force et une fureur de plus en plus grandes". 
Des propos choc, pour la présentation la semaine dernière du rapport annuel provisoire de l'Organisation météorologique mondiale (OMM). 
Toujours plus chaud
Les années depuis 2015 ont été les plus chaudes jamais enregistrées.
C'est 2016 qui se classe en haut du podium, avec une température moyenne de 1,2°C de plus qu’à l’époque préindustrielle (l'accord de Paris vise à limiter ce réchauffement au-dessous de 2°C et 1,5°C si possible). Et 2020 s'annonce comme une des trois plus chaudes, alors même que c'est une année "La niña", phénomène météorologique qui a tendance à refroidir les températures mondiales.
L'Europe a connu en 2019 une canicule estivale intense. Et le réchauffement se ressent jusqu'en Sibérie, où une température historique de 38 degrés a été enregistrée dans la ville de Verkhoïansk le 20 juin 2020. Même tendance dans l'Antarctique. Début février, des scientifiques brésiliens ont relevé 20,75°C au bout de la péninsule ouest-antarctique (record pas encore homologué).
La glace fond, l'eau monte
Les conséquences sont directes sur les régions polaires. En octobre, la superficie de la banquise arctique a atteint son niveau le plus faible jamais enregistré à cette saison. Son taux de croissance était aussi plus bas que la normale. Et de multiples études scientifiques ont montré que la calotte glaciaire du Groenland fond à un rythme sans précédent, alors que les glaces du "continent blanc" autour du pôle Sud sont elles aussi fragilisées.
Cette fonte déclenche un cercle vicieux : la glace perd de son pouvoir réfléchissant, les rayons du soleil sont donc plus absorbés, l'eau des glaces fondues vient réchauffer la banquise, qui fond d'autant plus...
Le phénomène contribue aussi à la montée des océans, dont le niveau a gagné 15 centimètres au XXe siècle selon les experts climat de l'ONU. Ils préviennent que d'ici 2050 plus d'un milliard de personnes vivant dans des zones côtières peu élevées pourraient être menacées.
Les tempêtes se déchainent
Les effets du réchauffement sur les océans se traduisent aussi par des phénomènes météo extrêmes.
"En réduisant la quantité de glace vous augmentez le réchauffement et si vous réchauffez l'Arctique vous pouvez modifier la circulation du jet stream (courant d'altitude) qui crée nos conditions météo," explique Nathan Kurtz, chercheur au Goddard space centre de la Nasa dans une vidéo.
Les ouragans et autres cyclones sont notamment alimentés par la chaleur des eaux. Si la température des eaux augmente, les tempêtes qui se forment y trouvent du "combustible". Et s'il est compliqué d'attribuer un épisode météorologique unique au réchauffement, l'augmentation de leur intensité en sont un signe, selon les chercheurs.
Les cinq dernières saisons de tempêtes en Atlantique ont ainsi enregistré une activité supérieure à la moyenne. La saison 2020, qui vient de s'achever, a battu tous les records avec 30 tempêtes suffisamment fortes pour recevoir un nom (précédent record, 28 tempêtes en 2005). La liste des noms latins prévus a été épuisée et le Centre national des ouragans (NHC) américain a dû utiliser l'alphabet grec.
Les autres régions ne sont pas épargnées. En mars 2019, deux cyclones très rapprochés ont ravagé la côte de l'océan Indien d'Afrique australe, rayant quasiment de la carte la deuxième ville du Mozambique, Beira, avec plus de 600 morts et des centaines de milliers de sans-abri. En 2017, l'Asie du Sud, notamment le Bangladesh, a été ravagée par de gigantesques inondations causées par une saison de mousson hors-norme.
Sécheresse et méga-feux
A l'autre extrémité du spectre, les épisodes de sécheresse se multiplient.
Pendant l'été austral 2017/18, les 3,7 millions d'habitants de Cape Town en Afrique du Sud ont vécu sous la menace d'un "jour zéro", sans eau courante. Sous l'effet d'une sécheresse qui durait depuis 2015, les retenues étaient à sec. Une situation rendue trois fois plus probable par le réchauffement, selon les chercheurs du World weather attribution.
Mais les conséquences les plus spectaculaires sont les "méga-feux" qui ont ravagé de nombreuses régions du globe, de l'Australie aux Etats-Unis en passant par la Sibérie. Leur déclenchement n'est pas directement lié au réchauffement, mais celui-ci favorise les conditions de leur propagation.
En Australie, la probabilité d'une saison d'incendies aussi intense que la dernière a été augmentée de 30% depuis 1900 en raison du réchauffement, selon les modèles climatiques du World weather attribution.
En Sibérie, d'une année sur l'autre, des "feux zombie" ont ressurgi après avoir couvé sous un sol qui n'est plus suffisamment gelé en profondeur. La fonte de ce "permafrost" pourrait en outre relâcher d'immenses quantités de gaz à effet de serre.
Des incendies ont aussi ravagé l'Amazonie, causés eux principalement par la déforestation agricole. Mais la réduction de ce "poumon vert", immense puits à carbone, risque d'aggraver encore le changement climatique, alertent les experts.
Nourriture en danger
L'agriculture, notamment intensive, est une grosse source de gaz à effet de serre, mais l'intensification des événements climatiques extrêmes menace aussi l'alimentation humaine. "La production agricole est extrêmement sensible aux conditions climatiques" rappelle le dernier rapport annuel de la FAO, agence spécialisée de l'ONU. Et "le changement climatique affecte également les poissons et autres populations aquatiques".
<https://information.tv5monde.com/info/depuis-l-accord-de-paris-catastrophes-climatiques-en-serie-386906>
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15- Chronique. « 150 citoyens peuvent-ils imposer leur loi au président de la République ? », Le Monde, 08/12/20, 09h43 
Françoise Fressoz

Parce qu’il refuse de reprendre « sans filtre » l’intégralité des propositions de la convention citoyenne sur le climat, Emmanuel Macron est accusé de la trahir.
Chronique. La partie n’est pas tout à fait terminée mais pour Emmanuel Macron elle est déjà perdue. Le président de la République ne tirera pas de la convention citoyenne sur le climat la double onction écologique et démocratique qu’il espérait de cet exercice inédit. Avant même de connaître le contenu du projet de loi climat qui doit être finalisé cette semaine, un procès en traîtrise s’est instauré que Julien Bayou, le secrétaire général d’Europe Ecologie-Les Verts résume d’un mot : « L’arnaque. »
> Lire aussi  Climat de discorde entre la convention citoyenne et Emmanuel Macron
Parce qu’il refuse de reprendre « sans filtre » l’intégralité des propositions que cette assemblée a émises, le président de la République est accusé de tromper les 150 citoyens tirés au sort en octobre 2019 pour réfléchir aux moyens de « réduire d’au moins 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 dans un esprit de justice sociale ». L’intensité du procès est à la hauteur de l’intérêt mais aussi des ambiguïtés qu’a générés cette expérience démocratique inédite, organisée au lendemain du mouvement des « gilets jaunes » et de l’enterrement de la taxe carbone. Pour le chef de l’Etat, il s’agissait ni plus ni moins de réinventer une politique écologique acceptable par le plus grand nombre, en sortant de son opposition frontale avec EELV.
Entre le 29 juin, date à laquelle Emmanuel Macron a réceptionné les propositions de la convention citoyenne, et cette semaine, au cours de laquelle le gouvernement retranscrit dans un projet de loi la partie législative de ses 149 propositions, un indéniable changement de climat s’est opéré. De part et d’autre, une sourde méfiance a remplacé l’enthousiasme des débuts.
Economie plombée
Il y a six mois, le chef de l’Etat saluait « cette aventure démocratique et humaine, qui constitue une première mondiale ». Il envisageait l’organisation de deux référendums en 2021 pour vaincre d’éventuelles résistances après avoir validé l’idée qu’il faudrait réécrire l’article 1 de la Constitution pour y introduire « les notions de biodiversité, d’environnement, de lutte contre le réchauffement climatique ». Aujourd’hui, alors que l’économie reste plombée par la crise sanitaire, il s’agace des prétentions de la convention à vouloir tout imposer sans filtre : « J’ai 150 citoyens, je les respecte, mais je ne vais pas dire, ce qu’ils proposent, c’est la Bible ou le Coran », s’est-il exclamé, vendredi, lors de son interview au média en ligne Brut.
Du côté des 150, la majorité reste silencieuse mais une avant-garde fortement mobilisée s’est constituée, qui comptabilise un à un les reculs survenus depuis juin : refus de Bercy d’instaurer une écotaxe sur le transport aérien moribond ou encore passage en force du gouvernement sur la 5G. Depuis, une pétition « pour sauver la convention citoyenne » circule à l’initiative du réalisateur Cyril Dion, qui avait cru bon souffler l’idée de l’exercice au président de la République dans le cadre du grand débat post- « gilets jaunes ». En retour, Emmanuel Macron ne décolère pas contre « ces activistes qui [l’ont] aidé au début » et qui émettent aujourd’hui des critiques. « C’est la solution des fainéants, le “à prendre ou à laisser et si vous ne prenez pas, c’est nul” », s’est-il emporté, vendredi dernier.
150 citoyens peuvent-ils imposer leur loi au président de la République ? C’est au fond la question que pose l’organisation d’une convention citoyenne à cette échelle et sur un thème aussi large. La querelle se cristallise autour de l’interprétation des termes « sans filtre ». Les défenseurs de la démocratie directe ont cru comprendre que cela voulait dire « tels quels ». Au début, Emmanuel Macron n’a rien fait pour dissiper l’illusion car il voulait que l’assemblée citoyenne entre dans le jeu, fasse des propositions.
Soupçon de politisation
Comme le rappelle, sur le site du Journal du dimanche, Thierry Pech, directeur général de Terra Nova et coprésident du comité de gouvernance, « 70 % des Français considèrent que le système démocratique fonctionne mal et qu’ils sont mal représentés, 57 % des Français pensent qu’il faut généraliser ce type d’exercice ». Pour ces deux bonnes raisons, il fallait que la convention soit un succès mais pas au point, cependant, de se croire souveraine, c’est-à-dire d’imposer l’ensemble de ses propositions à la barbe du pouvoir réglementaire et législatif car elle n’en a en réalité pas les moyens constitutionnels ni la légitimité.
Depuis sa mise en œuvre, de nombreux intellectuels, comme le politologue Philippe Raynaud, doutent de son caractère réellement démocratique. « Les participants étaient volontaires », souligne-t-il dans la revue Commentaire. En outre, ajoute-t-il, « les travaux ont été guidés par un groupe d’experts dont beaucoup sont en fait des militants de l’écologie ».
Ces soupçons font bondir les organisateurs de la convention qui viennent de rendre public un rapport explicitant leur méthode : des outils d’expertise étaient à la disposition des conventionnels qui pouvaient, à chaque étape de la procédure, vérifier le bien-fondé de ce qu’on leur disait et de ce qu’ils proposaient. « Tout citoyen à qui on explique la réalité du réchauffement climatique sait qu’il y a urgence à agir vite et fort », renchérit Barbara Pompili, ministre de la transition écologique. Il n’empêche : c’est bien sur ce soupçon d’une politisation de la convention que surfe aujourd’hui Emmanuel Macron pour riposter à ceux qui l’accusent de trahir.
> Lire aussi la tribune de Barbara Pompili : « La loi issue des travaux de la convention citoyenne pour le climat ancrera l’écologie dans la société française »
Il faudra un peu de recul pour savoir si la convention citoyenne sur le climat a effectivement permis d’accélérer le combat contre les émissions de gaz à effet de serre. En attendant, une illusion s’est envolée : il ne suffit pas de convoquer des citoyens ancrés dans le réel pour rapprocher les points de vue. L’écologie reste plus que jamais une matière éruptive.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/08/150-citoyens-peuvent-ils-imposer-leur-loi-au-president-de-la-republique_6062558_3232.html>
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16- L'Arctique a connu l'une de ses années les plus chaudes, AFP, 08/12/20, 18:00
Ivan Couronne

Comme chaque année depuis 15 ans, un groupe de scientifiques experts de l'Arctique publie sous l'égide d'une agence américaine un rapport sur la dégradation de l'Arctique, et l'édition 2020 publiée mardi confirme la tendance : l'Arctique se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la Terre.
L'année 2020 n'a pas battu le record de 2012 mais s'en approche tant qu'il ne faut y voir aucun motif d'encouragement.
La banquise, c'est-à-dire la glace qui flotte sur l'eau, fond l'été et se reconstitue l'hiver, mais chaque année elle a tendance à fondre un peu plus pendant l'été et se reconstituer un peu moins pendant l'hiver.
Les données sont excellentes depuis que des satellites photographient et mesurent l'Arctique en permanence, depuis 1979. Leurs observations ne laissent aucun doute sur la réalité de la fonte. La fin de l'été 2020 fut la deuxième pire année jamais enregistrée, après 2012 : la moitié de la banquise a déjà été perdue par rapport à son niveau historique.
Une nouvelle génération de satellites est, depuis 2010, capable de mesurer l'épaisseur de la glace, et là aussi les nouvelles sont mauvaises : la glace est plus fine, plus jeune, moins robuste.
Le rapport, baptisé Arctic Report Card 2020 et publié par l'Agence atmosphérique et océanique américaine (NOAA), est une mine de chiffres qui illustrent la complexité du système climatique : ce qui se passe en Arctique ne reste pas dans l'Arctique, et le climat du reste de la planète, les vents, les courants influent sur ce qui se passe au pôle Nord. Le pôle Sud est comparativement plus isolé.
- Fonte par-dessus et par-dessous -
Cette complexité s'illustre par une statistique nichée en page 13 : le nord de l'Alaska a connu son mois de février le plus froid depuis trois décennies, et il a fait aussi plus froid que d'habitude en mars au Svalbard, en Norvège. Mais la Sibérie a battu des records de température (+3 à 5°C par rapport à la normale) et connu des incendies extrêmes au printemps.
Au total, la température de l'air, à la surface de l'Arctique, a été au cours de l'année 2019-2020 1,9°C plus élevée que la moyenne de 1981-2010, soit la deuxième année la plus chaude enregistrée depuis 1900.
Le phénomène d'"amplification arctique", qui veut que cette région se réchauffe plus vite que les latitudes moyennes, joue à plein.
L'océan aussi se réchauffe : en août, l'eau était entre 1 et 3°C plus chaude en surface que la moyenne de 1982-2010.
Là encore, les phénomènes sont reliés entre eux et s'alimentent. Quand la glace fond et découvre l'océan, l'eau absorbe plus de chaleur des rayonnements solaires, ce qui en retour aggrave encore la fonte de la banquise, mais par "en-dessous".
"Il faut bien comprendre que l'Arctique est un système de composants interconnectés", explique à l'AFP Donald Perovich, professeur à l'université Dartmouth et coauteur du chapitre sur la banquise. "Vous changez une chose, et cela crée des effets en cascade dans tout le système."
La banquise est symbolique de ces changements, à la fois indicatrice et amplificatrice du réchauffement climatique. Sa fonte ne contribue pas directement à la hausse des océans, puisqu'elle se trouve déjà dans l'eau, mais elle le fait indirectement en réchauffant les eaux.
Le vrai choc, pour les chercheurs, remonte à septembre 2007. Cette année-là, la fonte estivale de la banquise fut extrême (2012 a depuis battu le record).
"Nous ne sommes jamais retournés aux niveaux de 2006 ou d'avant", indique le professeur Perovich. "Nous sommes dans un nouveau régime."
Les modèles prévoient qu'il n'y aura plus de banquise en été entre 2040 et 2060.
Lors de leur première édition en 2006, les chercheurs n'étaient pas encore convaincus de la tendance. Ils doutaient ainsi que le permafrost, ces terres congelées toute l'année, puisse fondre dans le nord de l'Alaska. 
Le même groupe écrit aujourd'hui : "On anticipe que la décongélation profonde et progressive du permafrost dans cette région commencera dans 30 à 40 ans."
<https://information.tv5monde.com/info/l-arctique-connu-l-une-de-ses-annees-les-plus-chaudes-386993>
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17- Pour relever le défi du changement climatique, il faut investir de façon ambitieuse dans les solutions fondées sur la nature (SfN), Comité français de l’UICN, communiqué du 08/12/20

A l’occasion de la Journée mondiale du Climat, le Comité français de l’UICN rappelle que la nature est une alliée puissante face au changement climatique et soutient la mise en place de Solutions fondées sur la Nature. Le lien climat et biodiversité n’a jamais été aussi fort.
Les solutions fondées sur la nature : des réponses essentielles face au défi du changement climatique
Les actions de protection, de gestion durable et de restauration des écosystèmes sont des solutions concrètes pour lutter contre le changement climatique. Ce sont les Solutions fondées sur la Nature. C’est en effet en préservant et en restaurant nos milieux naturels que nous continuerons à capter et stocker le carbone de la planète et contribuerons à réduire l’impact des risques naturels tels que les inondations, les submersions marines, les avalanches ou l’érosion côtière. Protégeons davantage nos zones humides, nos mers et littoraux, nos forêts, nos mangroves et nos récifs coralliens ! C’est aussi en créant des espaces verts en ville que nous atténuerons l’effet des canicules qui permettent de refroidir l’air tout en captant les polluants et offrant des zones d’ombrage.
« Les Solutions fondées sur la Nature représentent une alternative économique viable et durable souvent moins coûteuse à long terme que des investissements technologiques ou la construction et l’entretien d’infrastructures. » souligne Sébastien Moncorps, Directeur du Comité français de l’UICN.
>> Suite à lire à :
<https://4lw1t.r.a.d.sendibm1.com/mk/mr/JIc7sXVDt6tfe0zCSPce9egVbDCKTFWGCAo35N5u20AGjfQRlWiQdPQyHHt7TlO9146G__1wrX_764ylkBNuazz340qoz7dlNLCAh2tAdVrfIXY>
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En audio
18- Cyril Dion : "Il ne sera plus temps de réagir une fois qu’on sera face à la catastrophe", France Inter, Le grand entretien, 01/12/20, 08h20
Nicolas Demorand & Léa Salamé

Agny Kpata, membre de la Convention Citoyenne pour le Climat, et Cyril Dion, réalisateur et écrivain, garant de la Convention Citoyenne pour le Climat, sont les invités du Grand entretien de France Inter.
Comme les membres de la Convention citoyenne sur le climat, Cyril Dion a lancé une pétition qui a recueilli 300.000 signatures, pour demande à ce que les engagements sur le climat soient tenus : "Je suis l’un des trois garants, ça consistait à faire en sorte que les débats entre citoyens se fassent dans la plus grande neutralité possible, que ce qui allait sortir des conversations ne soit pas influencé par des partis ou autres, mais aussi à garantir que l’exécutif allait respecter sa parole. Or aujourd’hui, cette parole donnée par Emmanuel Macron, “je reprendrai les propositions sans filtre”, n’est pas respectée sur tout un tas de propositions."
"Notre pétition demande qu’Emmanuel Macron tienne parole."
Agny Kpata veut elle que "cette énergie, ce dynamisme, cet investissement à 150" n'aille pas "à la poubelle". "On n’est pas traumatisés, on a envie de dire qu’on continue à porter cette parole, cette volonté citoyenne. On est encore présents, on n’a pas toutes les billes en main, mais on continue à dire qu’il y a eu un engagement de l’État, qui doit être assumé."
>> Suite à lire, à voir ou à écouter (23 minutes) à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-01-decembre-2020>
En savoir plus 
> Pétition. Sauvons la Convention Citoyenne pour le Climat <https://secure.avaaz.org/campaign/fr/france_convention_climat_rb3/?copy>
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En images
19- « Arctique, la guerre du pôle », France 5, 01/12/20, 20h50

En août 2020, il faisait 38 degrés au-delà du cercle polaire. D’ici 2050, tous les climatologues prédisent que le pôle Nord, tel que nous le connaissons, va disparaître. 
Avec le réchauffement climatique, l’océan Arctique pourrait être totalement libre de glace d’ici deux ou trois décennies. Sans sa coquille glacée, l’Arctique deviendra alors accessible, et avec lui les trésors contenus dans son sous-sol : pétrole, gaz, terres rares…
Les grandes puissances l’ont bien compris et l’Arctique est devenu l’enjeu du siècle, entre stratégie militaire, économie et climat. Le pôle Nord est le champ de bataille d’une nouvelle guerre froide entre la Russie, les États-Unis et la Chine.
“Bruits de bottes” russes dans la neige polaire, hommes d’affaires chinois en repérage en Islande, proposition du président américain d’acheter le Groenland… Nous sommes entrés dans une nouvelle ère en Arctique : celle de la compétition sans merci pour sa conquête.
La Russie, la Chine et les États-Unis avancent leurs pions sur ces étendues glacées, comme sur un jeu de stratégie grandeur nature.
Qui parviendra à mettre la main sur les gigantesques réserves d’hydrocarbures ? Qui deviendra le maître de l’océan Arctique ? 
De la Laponie à la Chine, de Moscou à Washington, “Arctique, la guerre du Pôle” nous raconte ce grand jeu tactique à l’échelle planétaire. Un bras de fer au sommet du globe qui risque d’avoir des conséquences désastreuses pour le reste du monde.
> Documentaire (87 min) disponible jusqu'au 31/12/20
<https://www.france.tv/france-5/le-monde-en-face/2095283-arctique-la-guerre-du-pole.html <https://www.france.tv/france-5/le-monde-en-face/2095283-arctique-la-guerre-du-pole.html>>
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20- Factuel. En France, 2020 a été plus chaud, plus beau et plus sec (en particulier lors des deux confinements), Le Monde, 02/12/20, 20h28
Pierre Breteau

Les données de Météo-France montrent que les confinements du printemps et de l’automne – mais aussi les onze premiers mois de l’année 2020 – ont été plus chauds et ensoleillés que d’ordinaire.
> En un graphique à voir à :
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/12/02/en-france-il-a-fait-plus-chaud-plus-beau-et-plus-sec-en-2020-en-particulier-lors-des-deux-confinements_6061941_4355770.html <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/12/02/en-france-il-a-fait-plus-chaud-plus-beau-et-plus-sec-en-2020-en-particulier-lors-des-deux-confinements_6061941_4355770.html>>
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– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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