[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage + 1 publication (vendredi 7 février)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Ven 7 Fév 08:05:20 CET 2020


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Le Pérou va relancer ses concessions forestières en Amazonie <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/29/le-perou-va-relancer-ses-concessions-forestieres-en-amazonie_6027566_3244.html>, Le Monde avec AFP, 29/01/20, 03h16
2- Renouveler les générations d'agriculteurs, un défi pour nourrir l'Europe <https://www.geo.fr/environnement/renouveler-les-generations-dagriculteurs-un-defi-pour-nourrir-leurope-199676>, AFP, 29/01/20, 11:00
3- De l’urine recyclée pour les futurs engrais <https://theconversation.com/de-lurine-recyclee-pour-les-futurs-engrais-129945>, The Conversation, 29/01/20, 18:52
4- « Le vrai coût de la viande pas chère » : un reportage édifiant sur le porc allemand <https://mrmondialisation.org/le-vrai-cout-de-la-viande-pas-chere/>, Mr Mondialisation, 29/01/20
5- Coq, cloche, moissonneuse : la loi protège désormais les bruits de la campagne <https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/coq-cloche-moissonneuse-loi-protege-desormais-bruits-campagne-1781149.html>, France 3, 30/01/20, 10:54
6- Un dauphin dépecé découvert sur une plage du Finistère <https://www.geo.fr/environnement/un-dauphin-depece-decouvert-sur-une-plage-du-finistere-199713>, AFP, 30/01/20, 18:00
7- Entretien. Bien-être animal : « La survie de l’élevage est en jeu » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/30/annonces-sur-le-bien-etre-animal-c-est-du-saupoudrage_6027837_3244.html>, Le Monde, 30/ 01/20, 18h41
8- Le Conseil constitutionnel valide l'interdiction d'exporter des pesticides prohibés dans l'UE <https://www.france24.com/fr/20200131-le-conseil-constitutionnel-valide-l-interdiction-d-exporter-des-pesticides-prohib%C3%A9s-dans-l-ue>, AFP, 31/01/20, 14:00
9- Tribune. « Ce Nutri-score européen dont les lobbies ne veulent pas » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/31/ce-nutri-score-europeen-dont-les-lobbies-ne-veulent-pas_6027985_3232.html>, Le Monde, 31/01/20, 16h04
10- Bien choisir son poisson, un geste efficace contre la surpêche <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/bien-choisir-son-poisson-un-geste-efficace-contre-la-surpeche_141066>, AFP, 31/01/20, 16:05
11- Le Kenya s’inquiète des effets de l’invasion de criquets sur son économie <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/01/31/le-kenya-s-inquiete-des-effets-de-l-invasion-de-criquets-sur-son-economie_6028001_3212.html>, Le Monde Afrique, 31/01/20, 19h00
12- La taille des anchois et des sardines diminue sous l’effet du réchauffement <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/31/la-taille-des-anchois-et-des-sardines-diminue-sous-l-effet-du-rechauffement_6028015_3244.html>, Le Monde, 31/01/20, 21h02
13- Les artisans-boulangers veulent gagner la bataille du pain contre les industriels <https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/les-artisans-boulangers-veulent-gagner-la-bataille-du-pain-contre-les-industriels-148174.html>, Novethic, 31/01/20
14- «La France pourrait interdire le glyphosate par étapes» <http://www.leparisien.fr/environnement/la-france-pourrait-interdire-le-glyphosate-par-etapes-01-02-2020-8249949.php>, Le Parisien, 01/02/20, 07h16
15- « Je ne me suis jamais senti aussi bien que là-haut » : le métier de berger attire de nouveaux profils <https://www.lemonde.fr/campus/article/2020/02/02/je-ne-me-suis-jamais-senti-aussi-bien-que-la-haut-le-metier-de-berger-attire-de-nouveaux-profils_6028113_4401467.html>, Le Monde 02/02/20, 05h30
16- Chronique. « Jusqu’ici, les agrochimistes ont défini eux-mêmes les modalités de l’évaluation environnementale de leurs produits » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/01/jusqu-ici-les-agrochimistes-ont-defini-eux-memes-les-modalites-de-l-evaluation-environnementale-de-leurs-produits_6028078_3232.html>, Le Monde, maj le 02/02/20 à 05h31
17- Les tomates menacées par un nouveau virus <https://www.lepoint.fr/societe/les-tomates-menacees-par-un-nouveau-virus-04-02-2020-2361081_23.php>, Le Point, 04/02/20, 08:26 
18- La Cour des Comptes épingle le gouvernement sur la réduction des pesticides <https://information.tv5monde.com/info/la-cour-des-comptes-epingle-le-gouvernement-sur-la-reduction-des-pesticides-345068>, AFP, 04/02/20, 16:00
19- RDC : un chef rebelle pygmée condamné à 15 ans de prison pour déforestation <https://information.tv5monde.com/info/rdc-un-chef-rebelle-pygmee-condamne-15-ans-de-prison-pour-deforestation-345119>, AFP, 04/02/20, 20:00
20- Reportage. Pour les pêcheurs français, « du jour au lendemain, le Brexit est devenu concret » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/05/pour-les-pecheurs-francais-du-jour-au-lendemain-le-brexit-est-devenu-concret_6028467_3234.html>, Le Monde, 05/02/20, 10h03
21- L’objectif de convertir 15 % de la surface agricole utile au bio d’ici à 2022 « est hors d’atteinte » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/05/l-objectif-de-convertir-15-de-la-surface-agricole-utile-au-bio-d-ici-a-2022-est-hors-d-atteinte_6028506_3234.html>, Le Monde, 05/02/20, 12h30
En images
22- "Ce qu'on veut, c'est remplacer l'agriculture de masse par une masse d'agriculteurs", explique Jean-Martin Fortier <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/video-ce-qu-on-veut-c-est-remplacer-l-agriculture-de-masse-par-une-masse-d-agriculteurs-explique-jean-martin-fortier_3805669.html>, France Télévisions, Brut, 30/01/20, 12:14
23- Des forêts et des hommes : en Inde, les ponts vivants de Meghalaya <https://www.francetvinfo.fr/monde/inde/des-forets-et-des-hommes-en-inde-les-ponts-vivants-de-meghalaya_3810803.html>, France 2, journal de 13h, 03/02/20
24- Plan B : Et si on laissait nos forêts tranquilles ? <https://www.lemonde.fr/videos/video/2020/02/03/plan-b-et-si-on-laissait-nos-forets-tranquilles_6028267_1669088.html>, Le Monde, 03/02/20, 16h15
25- Brésil : le poumon vert de Rio <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/bresil-le-poumon-vert-de-rio_3812137.html>, France 2, journal de 13h, 04/02/20
26- Biodiversité : la forêt de São Tomé, un joyau brut classé par l'Unesco <https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/sao-tome-et-principe/biodiversite-la-foret-de-sao-tome-un-joyau-brut-classe-par-l-unesco_3813511.html>, France 2, journal de 13h, 05/02/20
27- Mythes et légendes : la mystérieuse forêt de Sherwood <https://www.francetvinfo.fr/monde/royaume-uni/mythes-et-legendes-la-mysterieuse-foret-de-sherwood_3815125.html>, France 2, journal de 13h, 06/02/20
28- À la découverte de l’île japonaise de Yakushima qui abrite le plus vieil arbre du monde <https://www.lci.fr/voyages/video-a-la-decouverte-de-l-ile-japonaise-de-yakushima-qui-abrite-le-plus-vieil-arbre-du-monde-2144751.html>, TF1, journal de 20h, 06/02/20
Une publication
29- Livre. Comment cultiver notre jardin ? <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/06/comment-cultiver-notre-jardin_6028578_3232.html>, Le Monde, 06/02/20, 06h00

Bien à vous,
Florence

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ALERTE DU JOUR : L'Agence de sécurité sanitaire (Anses) met en garde contre un nouveau virus s'attaquant aux cultures des tomates, piments et poivrons, et demande à toute personne le détectant sur des cultures en France de signaler rapidement sa présence pour éviter sa dissémination. (cf. item 17 & suite)
DÉCISIONS DU JOUR : — L'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité la PPL ou Proposition de Projet de Loi sur le patrimoine sensoriel afin de protéger le patrimoine immatériel du milieu rural face à des recours en justice excessifs. Le coq de l'île d'Oléron pourra continuer de chanter ! (cf. item 5)
— Le Conseil constitutionnel français a "pour la première fois" privilégié la protection de l'environnement, en validant l'interdiction de production en France et d'exportation de produits phytopharmaceutiques contenant des substances bannies par l’UE. (cf. item 8)
— Le Luxembourg va devenir en 2020 le premier pays de l'Union européenne à bannir le glyphosate. Première étape avec le retrait de l'autorisation de mise sur le marché du produit. (cf. item 14)
RÉACTIONS DU JOUR : — Fin novembre 2019, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) rendait un avis sur le bien-être animal. Les deux corapporteures réagissent aux mesures présentées par le ministre de l’agriculture. (cf. item 7)
— La Cour des Comptes épingle la politique de réduction des pesticides agricoles, qui est selon elle "très en deçà des objectifs" : en 2018, malgré un budget considérable consacré à ce dossier par l’Etat. (cf. item 18)
CONTRE NATURE DU JOUR : Les firmes agrochimiques ont pu jusqu’à présent définir, elles-mêmes, les modalités techniques de l’évaluation du risque de leurs produits. Elles suggèrent que certaines espèces seraient peu ou pas utiles au fonctionnement des écosystèmes parce qu’estimées en redondance fonctionnelle. (cf. item 16)
CHIFFRES DU JOUR : — En moyenne en Europe 5% des agriculteurs seulement ont moins de 35 ans et cela constitue un défi pour la transition agricole et la sécurité alimentaire. (cf. item 2) 
— La pêche est le principal facteur d'impact sur les écosystèmes marins. A l'échelle mondiale, 33% des ressources en poissons sont surexploitées. Pour lutter contre la surpêche, le consommateur a son rôle à jouer. Nous avons droit à 8 kilos de poisson de pêche par personne et par an, en prenant en compte la population à nourrir et le respect d'une pêche durable. (cf. item 10)
— 45 % du marché du pain est détenu par les industriels et 80 % des pâtisseries en boulangerie sont des produits industriels. (cf. item 13)
MÉGA NUÉE DU JOUR : Des centaines de milliards de criquets pèlerins regroupés en gigantesques essaims, traversent la Corne de l’Afrique, menaçant la production agricole et la sécurité alimentaire. (cf. item 11)
BULLETIN DE SANTÉ DU JOUR : Si l’évolution de leurs stocks s’améliore, la taille et le poids des sardines comme des anchois diminuent nettement, une conséquence probable du réchauffement climatique. (cf. item 12)
CAMPUS DU JOUR : Dans les Bouches-du-Rhône, un centre forme des étudiants en grande majorité en reconversion au métier de berger. (cf. item 15)
QUESTIONNEMENT DU JOUR : En République démocratique du Congo, le chef pygmée Jean-Marie Kasula et ses coaccusés sont-ils coupables de déforestation ou ont-ils été chassés de leur habitat naturel depuis 1970 par spoliation de leurs terres ancestrales ? (cf. item 19)
BREXIT DU JOUR : Depuis le 1er février, l’accès à la zone autour des îles anglo-normandes de Guernesey, Sercq et Aurigny est interdit aux bateaux bretons et normands. (cf. item 20)
JOYAUX DU JOUR : Inde, Brésil, São-Tomé-et-Principe, Royaume-Uni, Japon, à la découverte de joyaux forestiers uniques, vestiges d’espaces boisés qui couvraient autrefois la moitié de la surface du globe et moins de 10% aujourd'hui. (cf. item 23, 25, 26, 27 & 28)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Le Pérou va relancer ses concessions forestières en Amazonie, Le Monde avec AFP, 29/01/20, 03h16

Le gouvernement veut renforcer de nouveaux secteurs économiques afin de stimuler la croissance du pays. 
Le Pérou va relancer en 2020 son programme de concessions forestières en Amazonie pour développer le commerce du bois, l’écotourisme, la production de fruits et la préservation d’espèces, a annoncé mardi 28 janvier le Service national forestier et de la faune (Serfor).
Le gouvernement veut renforcer de nouveaux secteurs économiques afin de stimuler la croissance du pays, dont les exportations reposent essentiellement sur les secteurs minier, agricole et textile, a expliqué le directeur du Serfor, Alberto Gonzales-Zúñiga. Le programme prévoit de faire passer 15 millions d’hectares de forêt dans des concessions, ce qui devrait augmenter la part du secteur forestier dans l’économie, actuellement à 0,17 % du PIB.
> Lire aussi  Dix-sept mesures pour lutter contre la déforestation dans le monde
« C’est un chiffre très bas compte tenu des ressources », a commenté le directeur du Serfor devant la presse. Selon lui, le secteur forestier pourrait, d’ici à quinze ans, représenter entre 4,5 % et 5 % du PIB du pays.
« 40 % » du bois produit dans le pays « d’origine illégale »
Les concessions compteront des forêts destinées à l’exploitation du bois et d’autres consacrées à l’écotourisme, à la préservation d’espèces menacées, à la production de fruits comme les châtaignes, principal moyen de subsistance pour certaines communautés autochtones du Pérou. Des concessions de « forêt naturelle » sont également prévues, ainsi que des terres réservées à la plantation d’arbres. « Les propriétés seront de toutes les tailles, ce ne seront pas seulement des concessions géantes », a précisé M. Gonzales-Zúñiga.
Quelque 95 % des forêts péruviennes se trouvent en Amazonie. La jungle couvre la moitié du pays mais sa faible population favorise l’exploitation illégale d’arbres comme l’acajou et le cèdre.
Le Pérou avait déjà lancé en 2002 un programme de concessions forestières, qui couvrait 10 millions d’hectares. Il n’a pas donné les résultats escomptés, seulement « deux millions [d’hectares] fonctionnant bien » tandis que les huit autres « fonctionnent mal ou ont été abandonnés », a déploré M. Gonzales-Zúñiga. L’abandon des parcelles encourage les abattages clandestins et « actuellement, on estime que 40 % du total du bois produit dans le pays est d’origine illégale », selon le Serfor.
Le Pérou compte 18 millions d’hectares de forêts mais les exportations forestières atteignent à peine 200 millions de dollars (181 millions d’euros).
> Lire aussi  La déforestation en Amazonie brésilienne a plus que doublé en un an
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/29/le-perou-va-relancer-ses-concessions-forestieres-en-amazonie_6027566_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/29/le-perou-va-relancer-ses-concessions-forestieres-en-amazonie_6027566_3244.html>>
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2- Renouveler les générations d'agriculteurs, un défi pour nourrir l'Europe, AFP, 29/01/20, 11:00
Isabel Malsang

Qui va produire l'alimentation de demain en Europe ? Le nombre très bas de jeunes agriculteurs, âgés de moins de 35 ans, constitue un défi pour la transition agricole et la sécurité alimentaire, s'inquiètent des sources agricoles françaises et européennes.
"Il existe de grandes disparités entre les pays, mais en moyenne 5% des agriculteurs seulement ont moins de 35 ans en Europe" a indiqué mardi à Paris l'Espagnole Maria Fuentes Merino, coordinatrice à la Commission européenne des politiques de développement rural dans le cadre de la politique agricole commune (PAC).
"Pour la France, qui est l'un des pays les plus volontaristes sur l'installation des jeunes, ce chiffre s'élève à 8,5%", a-t-elle précisé.
En Europe, les trois pays qui "remplacent" le mieux les départs d'agriculteurs à la retraite sont l'Autriche, la Pologne et la Slovaquie. La France, avec deux départs sur trois remplacés, se situe en quatrième position, selon le ministère français de l'agriculture.
Mais les installations de jeunes sont freinées par une multitude de facteurs, allant du revenu insuffisant de la vente des produits agricoles à l'accès au foncier, en passant par les possibilités de financement, a admis Mme Fuentes Merino.
Illustration d'un certain décalage avec le reste de l'Union, alors que la Commission propose de consacrer dans la prochaine Politique agricole commune européenne (2022-2027) 2% de la valeur des paiements directs aux installations de jeunes, le syndicat français des Jeunes agriculteurs (JA) voudrait, lui, obtenir 4%.
Le vice-président des JA, Aurélien Clavel, a dénoncé cette semaine le système actuel d'attribution des aides européennes à l'hectare, qualifié de "poison", qui "favorise l'agrandissement des exploitations et défavorise les jeunes et ceux qui ont moins de moyens".
Il a demandé que les subventions ne soient "plus versées à l'hectare, mais à l'actif", comme le recommandait en octobre un rapport d'économistes publié par France Stratégie, proche du cabinet du Premier ministre français.
Même son de cloche du côté du syndicat agricole Confédération paysanne, classé plus à gauche. "Ce sera la seule solution si on veut arriver à faire une transition agricole (avec moins de pesticides chimiques, NDLR), elle ne se fera pas avec moins, mais elle se fera avec plus de paysans", a déclaré son président Nicolas Girod lundi à la presse.
- Aider plus l'installation en maraîchage bio -
"On ne pourra pas changer tout le système du jour au lendemain", répond prudemment le député européen Jérémy Decerle (groupe Renew Europe), lui-même ex-président des JA, qui participait à une table ronde européenne sur le sujet mardi à Paris.
Il souhaite néanmoins une "vraie politique progressive" d'aide à l'installation "à l'échelle européenne" afin d'"enrayer la catastrophe démographique", dans un entretien avec l'AFP.
La nécessité de repenser l'accompagnement à l'installation vient notamment d'une demande accrue chez des néo-agriculteurs, souvent non issus du milieu, pour des projets comme le maraîchage bio par exemple, a souligné Nadou Masson, secrétaire nationale chargée de l'installation-transmission à la Fédération nationale d'agriculture biologique (FNAB).
"Certains préfèrent se passer des aides" tellement les processus européens sont compliqués et exigeants, déplore-t-elle.
La France planche actuellement sur une proposition "d'ouvrir le dispositif d'aide au delà de 40 ans" pour les nouveaux arrivants, souvent en conversion professionnelle, donc plus âgés, a souligné une représentante du ministère.
Une amélioration du système de transmission des exploitations est aussi nécessaire, a jugé le président des JA, Samuel Vandaele : "il en va de la sécurité alimentaire en Europe et de la vie des territoires ruraux" a-t-il estimé, en souhaitant une "loi foncière pour favoriser l'accès des jeunes au foncier". 
Dans ce domaine, les prix ont été multipliés par deux en dix ans en France, même s'ils restent plus bas en moyenne que dans le reste de l'UE.
Pour parvenir à faire "libérer" les terres par les agriculteurs ayant dépassé l'âge de la retraite, le gouvernement français compte notamment sur sa réforme devant garantir une pension d'au moins 1.000 euros à un chef d'exploitation ayant une carrière complète.
Actuellement nombre d'exploitants âgés continuent de toucher les aides PAC et repoussent sans cesse leur départ en retraite, les pensions étant notoirement trop basses, de l'aveu même du gouvernement.
<https://www.geo.fr/environnement/renouveler-les-generations-dagriculteurs-un-defi-pour-nourrir-leurope-199676>
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3- De l’urine recyclée pour les futurs engrais, The Conversation, 29/01/20, 18:52
Par Florent Levavasseur, Ingénieur de recherche, Inrae & Tristan Martin, Doctorant en agronomie

Le plateau de Saclay est un petit territoire périurbain situé à une dizaine de kilomètres au sud de Paris. Malgré son urbanisation croissante, l’agriculture y occupe encore une place importante, avec environ 3 500 hectares. Majoritairement conventionnelle, elle repose sur une utilisation importante d’engrais d’origine synthétique ou minérale. Les cultures principales sont le blé, le colza, le maïs et l’orge, et nécessitent des apports importants d’engrais azotés (N) et phosphatés (P2O5).
Les engrais azotés sont produits via un procédé très gourmand en énergie, de l’ordre de 1 à 2 % de la consommation mondiale. Le phosphore est quant à lui extrait de mines dont les réserves sont limitées. Un pic de production pourrait survenir d’ici quelques décennies.
Une fois consommés par les humains, les nutriments contenus dans les aliments sont majoritairement excrétés via l’urine et se retrouvent dans les eaux usées.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/de-lurine-recyclee-pour-les-futurs-engrais-129945>
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4- « Le vrai coût de la viande pas chère » : un reportage édifiant sur le porc allemand, Mr Mondialisation, 29/01/20

Alors que la viande de porc allemande afflue dans tous les supermarchés d’Europe – sans que le consommateur soit toujours informé – les conditions inhumaines dans lesquelles elle est produite restent passées sous silence. Affichant un prix défiant toute concurrence, la réalité derrière cette production phénoménale n’est pas vraiment rose. Dans un documentaire édifiant publié initialement en 2017, Arte fait le gros plan sur un business où droits animaux comme humains sont dans la grande majorité des cas mis de côté au profit de la reine rentabilité. Une vérité insoutenable qui ne génère pourtant aucune réaction des autorités depuis toutes ces années.
Maltraitance animale ordinaire
Les élevages intensifs ont mauvaise presse ces derniers temps. Alors que les vidéos montrant les conditions d’élevage et d’abattage d’animaux divers (bovins, poules, cochons…) causent de façon régulière l’indignation citoyenne et médiatique (notamment grâce au travail d’associations comme L214), la violence derrière ces images se perpétue chaque jour, chaque minute, chaque seconde. Dans un reportage inédit intitulé Pauvre cochon, riche affaire, Arte nous dévoilait il y a peu le business peu reluisant du porc pas cher. 
Au programme du reportage, rien de bien nouveau concernant le traitement réservé aux animaux d’élevage. Prenant l’exemple d’un des plus grands élevages d’Allemagne – où 90% du porc transformé est produit par des élevages industriels, le reportage nous montre des porcs et des porcelets entassés dans d’immenses hangars, sans jamais pouvoir voir la lumière du jour. L’animal est réduit à l’état de « chose » pourvoyeuse de ressources. Les truies, quant à elles, sont littéralement encagées au sein de ces hangars géants, et mises à disposition de leurs porcelets afin que ceux-ci puissent téter en continu. Au bout de trois années de ce régime, à raison de trois portées par an issues d’inséminations automatisées, les truies sont épuisées, et envoyées à l’abattoir, sans la moindre pitié.
Le sort réservé aux porcs en devenir n’est guère plus gai : engraissés dès leur naissance au-delà du raisonnable, les porcelets sont destinés à l’abattoir dès qu’ils deviennent trop coûteux à nourrir. Leur queue est souvent coupée en prévention, la plupart du temps sans anesthésie. Les problèmes articulaires, les violences entre porcelets due à la promiscuité et les blessures engendrées par leur extrême proximité participent également de conditions de vie désastreuses. Sans compter que pour éviter tout risque de maladies ou d’infections, les éleveurs allemands n’hésitent pas à leur administrer de fortes doses d’antibiotiques, causant par là même une résistance accrue aux bactéries, tant chez le porc que chez l’homme.
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/le-vrai-cout-de-la-viande-pas-chere/>
En savoir plus : 
> Le vrai coût de la viande pas chère : pauvre cochon, riche affaire <https://www.youtube.com/watch?time_continue=3&v=L6MrcGNTJak&feature=emb_logo>, Arte, 06/09/17
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5- Coq, cloche, moissonneuse : la loi protège désormais les bruits de la campagne, France 3, 30/01/20, 10:54
Yacha Hajzler

Bonne nouvelle pour les ruraux, dans la bataille qui les oppose aux "néo-ruraux". Les députés veulent définir les bruits et les odeurs de la campagne, face à la multiplication des conflits judiciaires. 
"Sujet léger en apparence, voire amusant pour certains" reconnaît le rapporteur, mais très sérieux et surtout, très médiatique. L'Assemblée Nationale a adopté ce 30 janvier au matin la proposition de loi du député Pierre Morel-À-L'Huissier visant à "définir et protéger le patrimoine sensoriel des campagnes françaises". 
>> Suite à lire à :
<https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/coq-cloche-moissonneuse-loi-protege-desormais-bruits-campagne-1781149.html>
Sur le même sujet : 
> Coq, fumier, cigales... : l'Assemblée consacre le "patrimoine sensoriel" des campagnes <https://information.tv5monde.com/info/coq-fumier-cigales-l-assemblee-consacre-le-patrimoine-sensoriel-des-campagnes-344248>, AFP, 30/01/20, 20:00
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6- Un dauphin dépecé découvert sur une plage du Finistère, AFP, 30/01/20, 18:00

Un dauphin dépecé, un acte interdit, gisait jeudi sur la plage de galets de Plovan (Finistère), quelques jours seulement après une découverte similaire à quelques kilomètres de là, a constaté l'AFP.
"Ça fait très longtemps qu'on n'avait pas eu ça : deux dauphins dépecés et retrouvés coup sur coup à 10 jours d'intervalle", a souligné à l'AFP Bernard Martin, correspondant pour la baie d'Audierne du Réseau national d'échouages (RNE), principal outil de suivi des échouages de mammifères marins.
L'échouage du dauphin, sur une plage de galets de la commune de Plovan, dans le sud-Finistère et dont s'est fait l'écho mercredi Ouest France, a été signalé par un promeneur au parc marin Océanopolis de Brest, coordinateur régional du RNE.
"Le dépeçage est une pratique marginale mais qui existe encore et qui est condamnable parce qu'interdite", a expliqué à l'AFP Sami Hassani, chef du service mammifères marins à Océanopolis. 
Les cétacés sont des espèces protégées en Europe.
Le 12 janvier, un autre dauphin, lui aussi dépecé, avait été trouvé sur une plage de La Torche, à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau de Plovan.
Quelques jours plus tard, le 21 janvier, l'ONG Sea Shepherd avait publié une vidéo, datant d'il y a "trois ou quatre ans", montrant des pêcheurs français en train de dépecer un dauphin à bord d'un bateau pour en prélever la viande, un acte qu'avaient dénoncé la fédération professionnelle des pêcheurs et les autorités.
"Cette pratique est scandaleuse et ne saurait être tolérée", a à nouveau réagi jeudi le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM), réclamant "une enquête approfondie" afin d'identifier les responsables. 
"Le dauphin a clairement été dépecé, tous ses muscles du dos on été prélevés", a assuré Bernard Martin, après avoir inspecté l'animal d'1,90 m et lui avoir prélevé des dents pour analyse.
"C'est un jeune adulte qui n'est pas resté très longtemps dans l'eau et qui a été dépecé à bord d'un bateau, et non ici", a -t-il poursuivi.
<https://www.geo.fr/environnement/un-dauphin-depece-decouvert-sur-une-plage-du-finistere-199713>
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7- Entretien. Bien-être animal : « La survie de l’élevage est en jeu », Le Monde, 30/ 01/20, 18h41
Propos recueillis par Mathilde Gérard  

Fin novembre 2019, le Conseil économique, social et environnemental rendait un avis sur le bien-être animal. Les deux corapporteures réagissent aux mesures présentées mardi par le ministre de l’agriculture. 
Le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, a présenté mardi 28 janvier quinze mesures en faveur du bien-être animal. Attendues depuis plusieurs mois, celles-ci ont déçu les associations de protection animale qui espéraient des avancées plus ambitieuses. Les deux principales propositions – l’arrêt de la castration à vif des porcelets, et la fin du broyage des poussins mâles – étaient déjà connues, ainsi que la mission de six mois sur l’abandon des animaux de compagnie confiée au député LREM Loïc Dombreval. Le ministre a également annoncé l’expérimentation d’un étiquetage renseignant le mode d’élevage, des financements fléchés « vers des bâtiments favorisant l’expression naturelle des comportements des animaux d’élevage », ainsi que des mesures pour responsabiliser les propriétaires d’animaux de compagnie pour lutter contre les abandons.
Quelques semaines avant de présenter ce plan, Didier Guillaume avait reçu Anne Garreta (représentante de la CGT au Conseil économique, social et environnemental, CESE) et Marie-Noëlle Orain (éleveuse en Loire-Atlantique), toutes deux corapporteures d’un avis sur le bien-être animal publié à l’automne. Fruit d’un an de travail et d’auditions, ce rapport a été adopté fin novembre par l’assemblée du CESE à une quasi-unanimité des représentants (156 voix sur 160). Leur travail plaide pour une approche nouvelle du bien-être animal, englobant le respect des conditions de travail des hommes et des femmes s’occupant des animaux et le respect de l’environnement.
Comment jugez-vous les mesures présentées par le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume ?
Anne Garreta : Il y a des avancées, certes, mais on n’est pas dans une approche systémique comme celle que nous préconisons. On a complètement sorti les éleveurs et les salariés [des abattoirs] du concept de bien-être animal. Sur les transports, le plan du ministre ne parle pas de maillage territorial, qui pourrait réduire les temps de transport, et n’évoque pas non plus l’intervention des vétérinaires. Le bien-être animal nécessite une véritable transition dans l’agriculture vers un élevage plus extensif. Sinon, il n’y aura pas de bien-être des éleveurs, des salariés et des animaux.
Marie-Noëlle Orain : Certaines mesures rejoignent certaines de nos propositions, mais c’est du saupoudrage. Il y a des annonces très ciblées – sur la castration à vif des porcelets ou le broyage des poussins – dont la société ne veut plus entendre parler, mais le plan du ministre ne montre pas assez comment s’appuyer sur la politique agricole commune [PAC] pour amorcer la transition vers d’autres types d’élevage.
Aucune des quinze mesures ne concerne l’abattage, étape cruciale du traitement des animaux d’élevage…
M.-N. O. : C’est d’autant plus surprenant que quand nous avons présenté le rapport au ministre, il s’est montré très favorable à la question du maillage territorial des abattoirs. Le maintien des abattoirs sur les territoires est un enjeu important, qui joue sur les transports des animaux et les conditions de travail des salariés.
A. G. : Il y a un problème de concentration. On est passés de 1 200 abattoirs il y a quarante ans à 263 aujourd’hui pour les gros animaux. Avant, il y avait 85 % d’abattoirs publics, aujourd’hui il n’y en a plus que 8 %. Ce n’est pas acceptable d’avoir un taux si bas d’abattoirs publics, si demain on veut avoir une agriculture répartie sur l’ensemble du territoire.
Notre autre préconisation, c’est de baisser les cadences. On tue une bête à la minute, c’est absolument infernal. C’est le secteur où on a les maladies professionnelles les plus importantes. Les amplitudes horaires vont de 3 heures à 16 heures. Il y a une intensification du travail qui n’est plus acceptable aujourd’hui. Il faut une rotation sur les postes et diminuer les temps de travail. Les salariés d’abattoir sont sensibles au respect de l’animal et ont des solutions à proposer. Le problème, c’est que les cadences sont telles qu’ils ne peuvent pas le faire, ils ne sont que des pions.
Pourquoi vous opposez-vous à la présence de caméras dans les abattoirs ?
A. G. : Il ne faut pas que les caméras se substituent à l’inspection du vivant. On émet de fortes réserves sur l’expérimentation en cours de caméras dans les abattoirs, car cette mesure ne peut à la fois répondre au respect des droits du salarié et au respect du bien-être animal. Les salariés sont très touchés par le fait qu’ils puissent être filmés en permanence dans leur travail. On a eu beaucoup de discussions sur ce sujet, c’est la dernière préconisation qui a été rédigée au mot près. C’est un point très important.
Le respect des droits des hommes et femmes qui interviennent auprès des animaux est le fil conducteur de votre avis…
A. G. : Jusqu’à présent, quand on abordait les questions du bien-être animal, le concept de « travail » était complètement évacué. On avait envie de replacer l’humain au centre de cette thématique. Le travail structure l’ensemble de notre avis, c’est ce qui le rend innovant. Il ne peut pas y avoir de bien-être animal sans de bonnes conditions de vie et de travail pour les personnes qui interviennent auprès des animaux.
Considérez-vous que le modèle d’élevage actuel est arrivé à bout de souffle ?
M.-N. O. : L’élevage intensif est le produit d’une histoire depuis soixante ans, qui avait ses raisons à l’époque – être autosuffisants sur le plan alimentaire après la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, on se rend compte qu’on est arrivés au bout de ce système. Ce n’est pas que les animaux soient mal traités dans les élevages industriels, c’est que leur bien-être n’a pas été pris en compte. Quand on a des élevages de volailles en batterie, abattues au bout de 30 jours, alors qu’auparavant, il fallait 150 jours pour obtenir un poulet de la même taille, ce n’est pas que l’éleveur maltraite ses volailles, mais que sur toute la chaîne, la filière n’a pas pris en compte l’animal.
Il faut revenir à la relation homme-animal, y compris dans la formation des agriculteurs. Les jeunes qui sortent de l’école sont de très bons techniciens, mais élever et travailler avec des animaux, c’est autre chose.
Améliorer le bien-être des animaux a aussi un impact sur l’environnement, l’alimentation et la santé, plaidez-vous…
M.-N. O. : On considère souvent que l’élevage n’est pas vertueux, mais l’élevage à l’herbe fait partie des solutions par rapport aux émissions de gaz à effet de serre, puisqu’on stocke le carbone dans les sols, et dans certaines régions de France, comme en montagne, les sols ne peuvent pas être cultivés et on ne peut y faire que de l’élevage. Il faut aussi revoir l’ultraspécialisation des territoires (l’élevage dans l’Ouest, les céréales dans le Centre…), qui a de fortes conséquences sur l’environnement. Ce sont des enjeux globaux à revoir. On ne peut plus se dire qu’on ne savait pas, par rapport au défi climatique et environnemental. C’est aujourd’hui qu’il faut s’y mettre. Pour moi, en tant qu’éleveuse, le bien-être animal est une question extrêmement importante et centrale. Si on ne s’en préoccupe pas, c’est la survie de l’élevage qui est en jeu.
Cet avis a été très largement adopté par l’assemblée du CESE, qui inclut notamment des membres du Mouvement des entreprises de France (Medef) et de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Comment êtes-vous parvenu à un consensus ?
M.-N. O. : C’est un travail de coconstruction, sur un an, avec les membres des différentes sections du CESE. Tout le monde a travaillé dans le respect. Il n’y a pas eu de débat, par exemple, sur le fait d’écrire « texto » que le système actuel est arrivé à ses limites.
A. G. : C’est un sujet difficile, mais il y a plusieurs éléments sur lesquels on a obtenu un consensus. Au final, il n’y a eu que trois voix contre notre avis, en raison de points précis : parce que nous préconisons certaines mesures d’interdiction, concernant par exemple les nouveaux bâtiments d’élevage sur caillebotis intégral.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/30/annonces-sur-le-bien-etre-animal-c-est-du-saupoudrage_6027837_3244.html>
En savoir plus : 
> Avis. Les enjeux relatifs aux conditions d’élevage, de transport et d’abattage en matière de bien-être animal (BEA) <https://www.lecese.fr/travaux-publies/les-enjeux-relatifs-aux-conditions-d-elevage-de-transport-et-d-abattage-en-matiere-de-bien-etre-animal-bea>, CESE, avis adopté le 27/11/19
> Bien-être animal : le CESE rappelle la nécessité d’une approche systémique sur l'élevage - Réaction du Conseil suite aux annonces du ministre de l'Agriculture <https://www.lecese.fr/content/bien-etre-animal-le-cese-rappelle-la-necessite-d-une-approche-systemique-sur-les-questions-d-elevage>, CESE, 28/01/2020
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8- Le Conseil constitutionnel valide l'interdiction d'exporter des pesticides prohibés dans l'UE, AFP, 31/01/20, 14:00
Emmanuelle Trecolle & Amélie Bottollier-Depois

Le Conseil constitutionnel français a "pour la première fois" privilégié la protection de l'environnement, en validant vendredi l'interdiction de production en France et d'exportation de produits phytopharmaceutiques contenant des substances bannies par l'UE.
L'interdiction en 2022 de "la production, du stockage et de la vente de produits phytopharmaceutiques" contenant des substances prohibées par l'UE, et destinés à des pays tiers, figurait dans la loi agriculture et alimentation (Egalim), promulguée le 30 octobre 2018.
L'Union des industries de la protection des plantes (UIPP, entreprises productrices de pesticides), rejointe par l'Union française des semenciers, avait déposé en novembre 2019 une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), soutenant que "l'interdiction d'exportation (...) était, par la gravité de ses conséquences pour les entreprises productrices ou exportatrices, contraire à la liberté d'entreprendre".
Par cette décision, le Conseil constitutionnel affirme, "pour la première fois", qu'il appartient au législateur de concilier "les objectifs de valeur constitutionnelle, de protection de l'environnement et de protection de la santé avec l'exercice de la liberté d'entreprendre".
Il juge donc que "le législateur est fondé à tenir compte des effets que les activités exercées en France peuvent porter à l'environnement à l'étranger".
- Décision unilatérale -
"C'est une très bonne nouvelle, qui donne une force juridique inédite à l'objectif de protection de l'environnement et nous permet d'agir pour l'écologie à l'échelle de la planète", s'est félicitée la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, dans une déclaration transmise à l'AFP. 
"On regrette cette décision unilatérale, car on constate qu'on est le seul pays au monde à avoir une réglementation qui interdise désormais la fabrication et l'exportation de produits non-homologués à destination de pays hors de l'Union européenne", a réagi auprès de l'AFP Jean-Pierre Chevallier, avocat de l'UIPP.
"Les autres Etats membres continueront à fabriquer et exporter ces produits non homologués, ce qui veut dire que ça aura un impact désastreux sur les 2.700 emplois concernés directement et indirectement", a-t-il ajouté. 
L'UIPP précise dans un communiqué qu'elle "étudie les voies juridiques possibles".
Les associations de protection de l'environnement ont pour leur part salué une victoire.
"On est très contents parce que, pour nous, c'est important de ne pas faire aux autres ce qu'on se refuse à faire sur notre territoire", a déclaré à l'AFP Sophie Bardet, juriste à France Nature Environnement (FNH), qui avait déposé des observations dans cette affaire devant le Conseil constitutionnel.
- "Pas en avant historique" -
Pour l'association, cette décision permet d'apporter une "petite pierre à l'édifice pour la protection de la santé et de l'environnement en dehors de France", car ça veut dire que ces produits "ne pourront plus être produits en France et exportés vers des pays étrangers, comme l'atrazine par exemple, qu'on retrouve toujours dans l'eau même si c'est interdit".
"Nous assistons peut-être à un tournant décisif dans la hiérarchisation des droits. Pour une fois, l'écologie et le vivant l'emportent sur la recherche de profits et l'intérêt des industriels", a commenté Jean-François Julliard, patron de Greenpeace France, dans un tweet vendredi matin.
Le syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, a pour sa part demandé de la "cohérence" au Conseil Constitutionnel.
"Quand on voit qu'effectivement, on peut saisir le conseil constitutionnel et interdire d'exporter des produits qui ne peuvent pas être consommés en France, ma demande, elle est simple, c'est que l'inverse puisse s'appliquer, a déclaré à l'AFP le secrétaire général adjoint du syndicat, Eric Thirouin, en demandant "l'application" de "l'article 44 voté dans la loi Egalim, qui dit que désormais, il ne faut pas pouvoir importer en France des produits destinés à la consommation humaine et animale qui sont interdits d'être produits sur le territoire". 
"Aujourd'hui, on peut consommer en France des produits OGM, alors que la production OGM y est interdite", a-t-il donné comme exemple.
<https://www.france24.com/fr/20200131-le-conseil-constitutionnel-valide-l-interdiction-d-exporter-des-pesticides-prohibés-dans-l-ue>
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9- Tribune. « Ce Nutri-score européen dont les lobbies ne veulent pas », Le Monde, 31/01/20, 16h04
Par Eric Andrieu, Sylvie Guillaume & Marc Tarabella, trois eurodéputés de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates

Si la France a adopté le Nutri-score, ce n’est pas le cas de la majorité des pays européens. La Commission européenne doit faire une proposition en ce sens, estiment trois eurodéputés de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, Eric Andrieu, Sylvie Guillaume et Marc Tarabella.
Tribune. Le constat à la base est assez édifiant. La santé des Européens se dégrade : un adulte sur deux et près d’un enfant sur trois est en situation de surpoids en Europe, près d’un citoyen sur cinq est atteint d’obésité et ces chiffres ne font qu’augmenter, l’organisation mondiale de la santé qualifiant même ce phénomène de grave épidémie. Parallèlement les personnes victimes de diabète, d’hypertension ou de maladies cardiovasculaires sont de plus en plus nombreuses également. Un des principaux responsables ? La malbouffe.
Partant de cet état des lieux, en 2010, l’Europe a entrepris de rénover l’étiquetage des produits alimentaires via une nouvelle législation, le but étant de permettre davantage de transparence sur le contenu de ces produits, leur provenance, une signalisation plus claire des composants mais aussi des allergènes potentiels.
C’est alors que la question d’un Nutri-score s’est invitée à la table des discussions. L’idée était simple : proposer un logo qui indique la qualité nutritionnelle des aliments avec des notes allant de A à E avec un objectif louable et à encourager, celui de comparer plus rapidement et facilement des produits. Le calcul se fait sur base d’un algorithme conçu quelques années plus tôt par un groupe de scientifiques d’Oxford et prend en compte des paramètres à favoriser comme les fruits, les légumes, les fibres ou les protéines ainsi que les paramètres à limiter comme les acides gras saturés, les sucres, le sel…
> Lire aussi  « Il faut donner une vraie place à la santé dans la prochaine Commission européenne »
Mais le texte législatif résultant de ces travaux a été très vite la proie des lobbies de l’industrie agroalimentaire qui ne voulait pas qu’on lui dicte ce qu’elle devait mettre sur les étiquettes ni qu’on l’oblige à mentionner les composants de ses produits ou leur origine. Alors rajoutez à cela un logo Nutri-score, les grandes marques ont crié au scandale, elles qui avaient déboursé près d’un milliard d’euros les années précédentes en lobbying et marketing espérant que jamais une obligation européenne ne verrait le jour.
Politique de désinformation
Le bras de fer tournera finalement à l’avantage de l’Europe qui imposera malgré tout sa législation dès 2011. Mais dans ce combat, le Nutri-score est passé à la trappe… pour un temps seulement.
L’idée du logo, soutenue par de nombreuses associations de protection de consommateurs et des scientifiques toujours plus nombreux, a continué malgré tout à faire son chemin. Les multinationales ont alors rivalisé de génie pour tenter de continuer leur politique de désinformation. Certaines mettront même sur leurs emballages des logos alternatifs ayant pour seul but de tromper le consommateur, en jouant, voire en intervertissant les codes couleurs par exemple.
> Lire aussi  Nutri-Score : la transparence nutritionnelle reste incomplète
Aujourd’hui, huit des dix plus grandes multinationales sont toujours opposées au Nutri-score. Leur raison est bien évidemment financière. Elles représentent à elles seules près d’un demi-millier de marques et surtout des dizaines de milliers de produits, qui, si un Nutri-score unique était obligatoire, se verraient affublé d’un feu rouge à cause de leur excès en sucre, en sel ou en graisse. Pour ces industriels, le danger d’une perte colossale de profits est indéniablement la principale raison de leur rejet d’un Nutri-score unique.
Pourtant, l’idée de cet outil n’est pas d’asséner des mauvaises notes mais bien de rendre leur pouvoir aux consommateurs, leur rendre la possibilité de faire des choix éclairés pour leur santé. L’intention n’est pas de proscrire les produits notés « E » mais de rappeler que ceux-ci ne peuvent pas constituer la base de l’alimentation.
Dépasser le stade des promesses
Dans ce contexte, les pouvoirs publics doivent reprendre la main. Le moment est venu ! D’abord parce que la santé des 500 millions de citoyens européens est primordiale et parce que les consommateurs ont fait savoir qu’ils étaient majoritairement en faveur du Nutri-score. Ensuite parce qu’au niveau politique, la Commission européenne dans son projet de « pacte vert » envisage une harmonisation du système d’étiquetage des produits alimentaires.
D’ailleurs, quelques Etats membres (France, Pays-Bas, Belgique, Espagne et bientôt l’Allemagne) ont déjà fait le choix d’adopter le Nutri-score. L’occasion est donc belle d’imposer enfin un label Nutri-score en Europe. Le Parlement européen est toujours dans l’attente d’une proposition législative de la part de la Commission à ce propos.
> Lire aussi  Le Nutri-Score et Yuka bousculent l’agroalimentaire
Nous appelons tous les acteurs du secteur agroalimentaire, fabricants et distributeurs, à apposer sans délais le Nutri-score sur les emballages de tous leurs aliments ; nous appelons les politiques et la Commission européenne à soutenir ce projet et nous les invitons tous à enfin dépasser le stade des promesses pour passer aux actes.
Il faut un Nutri-score sur les emballages des produits et il faut qu’il soit efficace et plus encore qu’il soit commun à toute l’Europe. On ne peut laisser indéfiniment les grandes entreprises piloter le monde sans que l’intérêt général ne soit pris en compte. Les bénéfices de multinationales ne devraient jamais prévaloir sur la santé des citoyens européens, ni sur l’éthique.
§ Les signataires de cette tribune sont : Eric Andrieu, eurodéputé (Alliance progressiste des socialistes et démocrates) ; Sylvie Guillaume, eurodéputée (Alliance progressiste des socialistes et démocrates), Marc Tarabella, eurodéputé belge (Alliance progressiste des socialistes et démocrates).
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/31/ce-nutri-score-europeen-dont-les-lobbies-ne-veulent-pas_6027985_3232.html>
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10- Bien choisir son poisson, un geste efficace contre la surpêche, AFP, 31/01/20, 16:05
Laure Fillon

Saumon sauvage ou d'élevage ? Bar de ligne ou de chalut ? Avec ou sans label ? Pour le consommateur, acheter du poisson peut tourner au casse-tête, mais faire les bons choix permet de lutter contre la surpêche, insistent scientifiques et ONG.
"La pêche est le principal facteur d'impact sur les écosystèmes marins", explique Didier Gascuel, professeur en écologie marine. A l'échelle mondiale, 33% des ressources en poissons sont surexploitées. La pression est notamment très forte en Méditerranée, selon l'Agence des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO).
Pour lutter contre la surpêche, le consommateur a son rôle à jouer. "Nous avons droit à 8 kilos de poisson de pêche par personne et par an", en prenant en compte la population à nourrir et le respect d'une pêche durable, calcule Didier Gascuel.
En moyenne, les Français en consomment 24 kg. Il faudrait donc "consommer moins de poissons, considérer que c'est une fête".
Moins, mais mieux ? Il existe différentes qualités de poissons, estime Benjamin Hennequin, acheteur dans l'entreprise familiale Mareyage Hennequin qui sélectionne les poissons sur des criées de la côte atlantique pour approvisionner restaurants et poissonneries. Avec dans l'ordre, à ses yeux, le poisson pêché à la ligne, "exceptionnel", celui pêché au filet à la journée puis ceux pêchés par des navires pouvant passer plusieurs jours en mer.
Ce mareyeur recommande d'acheter des poissons de saison, "comme pour les fruits et légumes", et de se tourner vers des espèces méconnues, comme le maigre, non sur-pêchées et moins chères.
- "En petite quantité" -
L'entreprise Poiscaille, elle, propose une vente directe de 80 pêcheurs français à 4.000 clients partout en France.
Pour son cofondateur Charles Guirriec, la vente en circuit court promeut une pêche durable et permet de mieux rémunérer les pêcheurs sur la base de prix fixes. Ils peuvent ainsi "prendre plus de jours de repos et donc moins pêcher", fait valoir l'ingénieur. 
Sandrine Thomas et Florence Bernard, pêcheuses artisanales basées à Royan, vendent leurs produits à la criée ou à Poiscaille. La première est spécialisée dans le bar de ligne. "On met nos hameçons à l'eau pendant quatre ou cinq heures et on remonte les poissons un à un, vivants", ce qui évite les rejets de poissons morts, explique-t-elle.
Avec son bateau de moins de 12 mètres, elle ne peut sortir que 200 jours par an en mer en moyenne, peu en hiver "à cause des intempéries". "On respecte le repos biologique des poissons, il est imposé par la nature". 
Florence Bernard, qui travaille au casier et au petit filet, "pêche de tout en petite quantité": daurade, bar, merlu, sole... Ses filets restent deux heures dans l'eau. Si des poissons trop petits ou des espèces protégées s'y prennent, elle les remet à l'eau, vivants.
- Manger local et de saison -
Le consommateur, lui, est invité à vérifier les méthodes de pêche sur les étiquettes chez son poissonnier.
Les casiers et les lignes sont plus sélectifs que les chaluts. ONG et scientifiques conseillent aussi de manger local. Les zones de pêche doivent aussi être indiquées sur les étals des poissonneries.
En France, 43% des poissons débarqués dans des ports proviennent de populations de poissons en bon état, selon l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer). "On peut consommer les yeux fermés des merlus, des baudroies", conseille Alain Biseau, coordinateur halieutique de l'Ifremer, ou encore des anchois et des coquilles Saint-Jacques.
Mieux vaut en revanche éviter l'aquaculture, qui contribue à la surpêche. Des poissons d'élevage comme le saumon consomme des farines de poissons. L'élevage des crevettes peut détruire des mangroves.
Les labels peuvent aussi aiguiller l'acheteur. Le plus connu est MSC. "C'est le label le plus robuste mais nous ne le soutenons pas sur l'ensemble des pêcheries", indique Ludovic Frère Escoffier du WWF.
WWF propose un guide actualisé <https://www.wwf.fr/projets/consoguide-poisson-ou-comment-consommer-du-poisson-differemment> pour éclairer le consommateur qui peut aussi tenir compte des campagnes lancées par des ONG contre des méthodes de pêche, comme Bloom avec la pêche électrique.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/bien-choisir-son-poisson-un-geste-efficace-contre-la-surpeche_141066>
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11- Le Kenya s’inquiète des effets de l’invasion de criquets sur son économie, Le Monde Afrique, 31/01/20, 19h00
Marion Douet (Nairobi, correspondance)

De gigantesques essaims traversent la Corne de l’Afrique, menaçant la production agricole et la sécurité alimentaire. 
A lui seul, le criquet pèlerin, grosse sauterelle d’environ 2 grammes, est un animal bien inoffensif. Mais ce sont des centaines de milliards d’insectes qui envahissent actuellement la Corne de l’Afrique, regroupés en gigantesques essaims qui dévorent toute la végétation sur leur passage. Ainsi, au Kenya, des nuées allant jusqu’à 60 kilomètres de long sur 40 kilomètres de large ont été observées : elles peuvent « manger l’équivalent de la nourriture consommée par 80 millions de personnes en un seul jour », a alerté l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans une note publiée le 29 janvier.
Dans la région, les pluies exceptionnelles des derniers mois, offrant de la nourriture en abondance, ont créé des conditions idéales pour la reproduction des insectes. Résultat : une telle invasion de criquets pèlerins, « nuisible migrateur le plus dangereux au monde » selon la FAO, n’avait pas été observée dans la Corne de l’Afrique depuis vingt-cinq ans. Au Kenya, où leur venue est moins fréquente qu’en Ethiopie ou en Somalie, on n’avait pas vu ça depuis plus de soixante-dix ans.
> Lire aussi  Afrique de l’Est : les infestations de criquets menacent la sécurité alimentaire
Après avoir tardé à réagir, la première économie d’Afrique de l’Est commence à se faire sérieusement du souci. D’autant que le nombre des envahisseurs pourrait encore être multiplié par 500 d’ici au mois de juin, selon la FAO. Dans un document de prévision budgétaire publié mi-janvier, le ministère des finances souligne que « l’invasion de criquets observée dans le pays fin 2019 et début 2020 pose un risque pour la production agricole et la sécurité alimentaire ». L’agriculture est le pilier de l’économie kényane. Elle représente à elle seule 34 % du produit intérieur brut (PIB), avec à la fois des cultures alimentaires, comme le maïs, et des cultures d’export telles le thé noir – dont le Kenya est le premier exportateur au monde – ou le café.
Incertitude quant à l’impact final
Un véritable contre-la-montre est désormais lancé, à coups d’épandages aériens de pesticides. D’abord parce que les criquets, qui se concentraient jusqu’à présent dans les comtés arides et semi-arides du nord du pays (Marsabit, Wajir, Samburu), où ils ont rudement impacté les pâturages, atteignent désormais le centre (Meru, Embu, Muranga), à fort potentiel agricole. « Les criquets se dirigent des régions d’élevage vers certains des greniers à blé du pays, détaille Tobias Takavarasha, représentant de la FAO au Kenya. Il faut contrôler leur progression avant mars, car c’est la période où les semis vont commencer. C’est pourquoi il est très important pour la sécurité alimentaire d’intensifier les épandages maintenant. » L’institution onusienne mène actuellement des études de terrain qui permettront d’« ici à environ deux semaines » d’avoir une idée plus précise des dégâts déjà occasionnés.
> Lire aussi  Au Kenya, les petits producteurs de thé traversent une mauvaise passe
L’incertitude domine pour l’instant quant à l’impact final de l’invasion des criquets, qui se déplacent au gré des vents et peuvent parcourir 150 kilomètres par jour. Mais au-delà de la production agricole, un effet domino sur l’économie est déjà anticipé. « Il y a un risque systémique car tous les secteurs peuvent être affectés », juge l’économiste Michael Chege, professeur à l’université de Nairobi.
Possible perte de valeur de la monnaie
De moindres récoltes vont jouer sur les prix. « L’inflation avait déjà commencé à monter en décembre en raison des très fortes pluies. Et on verra très probablement un impact des criquets sur les prix en février », ce qui impactera le pouvoir d’achat des ménages, estime Churchill Ogutu, analyste senior à la banque d’investissement Genghis Capital. Mi-2018, rappelle-t-il, une invasion de chenilles légionnaires, un autre ravageur, avait ponctuellement fait grimper l’inflation à 20 %. Selon lui, cette dernière devrait se limiter à environ 11 % dans les deux prochains mois, soit tout de même le double du niveau actuel, à condition que les régions agricoles de l’ouest et la vallée du Rift restent épargnées.
> Lire aussi  L’Afrique de l’Est touchée par des pluies torrentielles
Si les exportations agricoles chutent, poursuit Michael Chege, « cela signifie qu’il y aura moins de dollars disponibles dans les réserves de change, entraînant une dépréciation du shilling, et donc une augmentation du coût des produits importés, comme le pétrole ». Autre conséquence de cette possible perte de valeur de la monnaie kényane face au billet vert, « il sera plus cher de rembourser la dette ». Or, ces dernières années, l’endettement a explosé, notamment vis-à-vis de la Chine. Ce fardeau pèse lourdement sur le budget de l’Etat, déjà très serré. Mais le gouvernement va devoir trouver des fonds pour lutter contre l’invasion (achat des pesticides, subventions, etc.) au moins jusqu’en juin. A cette date, les conditions météorologiques deviendront moins favorables. En 2018, « la lutte contre les chenilles légionnaires lui avait coûté quelque 10 milliards de shillings », soit 90 millions d’euros, rappelle Churchill Ogutu.
> Voir aussi Les criquets pèlerins s’abattent sur la Corne de l’Afrique 
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/01/31/le-kenya-s-inquiete-des-effets-de-l-invasion-de-criquets-sur-son-economie_6028001_3212.html>
Sur le même sujet : 
> Somalie : l'invasion des criquets déclarée "urgence nationale" <https://information.tv5monde.com/afrique/somalie-l-invasion-des-criquets-declaree-urgence-nationale-344740>, AFP, 02/01/20, 15:00
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12- La taille des anchois et des sardines diminue sous l’effet du réchauffement, Le Monde, 31/01/20, 21h02
Martine Valo

Selon l’Ifremer, près de la moitié des produits de la pêche française proviennent de stocks en bon état. 
Des améliorations et des inquiétudes : pour la deuxième année consécutive, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) livre son bulletin de santé des principaux poissons commercialisés. L’institut, qui travaille à l’évaluation de 160 populations de poissons (deux fois plus qu’en 2000), annonce que près de la moitié des volumes pêchés en France proviendraient de populations exploitées de façon durable (avec suffisamment d’adultes en âge de se reproduire pour faire perdurer les stocks), soit 49 % contre 15 % il y a vingt ans.
Depuis cette époque, les alertes des experts en ressources halieutiques ont permis de redresser nombre de situations en imposant des plans de gestion plus ou moins sévères dans certaines zones de pêche. C’est ainsi qu’ils peuvent aujourd’hui présenter l’évolution des stocks d’anchois dans le golfe de Gascogne comme un relatif succès : celui-ci a retrouvé son abondance perdue, après cinq années de fermeture drastique entre 2005 et 2010.
> Lire aussi  Un quart des stocks de poissons sont trop pêchés en France
Mais il a d’autres inquiétudes. Comme pour la sardine, qui appartient à la même famille, celle des poissons pélagiques, qui vivent généralement en bancs fournis, son poids et sa taille diminuent nettement. Les pêcheurs avaient sonné l’alerte il y a quelques années en constatant que leurs prises devenaient trop maigres pour être commercialisées auprès des conserveries. Les scientifiques ont donc enquêté et établi qu’une sardine âgée d’un an, qui mesurait 18 centimètres en moyenne en 2008 dans le golfe de Gascogne, a perdu 3 à 4 cm de long depuis et vu son poids divisé par deux.
Les sardines trois fois plus légères
C’est encore plus net dans le golfe du Lion, où la sardine moyenne a rétréci, passant de 13 cm à 10 cm, tandis que sa corpulence fondait : elle est devenue trois fois plus légère. Résultat : en Méditerranée, la biomasse des sardines a été divisée par trois en dix ans et les débarquements ont décliné de 20 000 tonnes en 2018 à 2 000 tonnes. En outre, ces petits poissons vivent moins longtemps.
Surpêche ? Maladies ? Pression accentuée de quelque prédateur glouton ? Les halieutes ont analysé diverses hypothèses, avant d’envisager que ce phénomène de régression – observé aussi devant les côtes poissonneuses du Pérou –, serait une conséquence probable du réchauffement climatique. « Dans la Baltique, les cabillauds sont devenus tout maigres, on dirait des sardines… », glisse Clara Ulrich, biologiste à la direction scientifique de l’Ifremer, qui participe aux travaux du comité scientifique et technique chargé de fournir des avis à la Commission européenne.
> Lire aussi  Le cabillaud au bord de l’effondrement en mer Baltique
Pour ce qui est de la situation détaillée des pêches en France, l’Ifremer annonce que 43 % des volumes pêchés sont prélevés sur des populations en bon état ; tandis que 6 % connaissent une pression qui n’est pas considérée comme excessive (c’est-à-dire conforme au rendement maximum durable ou RMD), mais dont la biomasse doit encore se reconstituer. La baudroie, la coquille Saint-Jacques, le thon rouge, le merlu du golfe de Gascogne font partie de ces « bien portants ».
En plus des 17 % de populations qui ne sont pas évaluées, les experts estiment que 26 % sont encore surpêchées, parmi lesquelles 3 % apparaissent vraiment dégradées. Le chinchard de l’Atlantique ou le merlan de mer du Nord et de Manche Est par exemple se rangent dans cette catégorie : la quantité insuffisante de reproducteurs ne permet pas d’atteindre le fameux RMD. La situation est pire pour 2 % des stocks qui se sont effondrés. C’est le cas du merlan et du cabillaud en mer Celtique, le second également en mer du Nord. Il a manifestement pâti d’un certain flou politique à l’échelle européenne : le plan de gestion de l’effort le concernant a pris fin en 2018 et un futur programme pluriannuel global pour le cabillaud en mer du Nord n’est toujours pas lancé, rapporte en substance Clara Ulrich.
Quant à la Méditerranée, comme souvent, les experts de l’Ifremer dressent un tableau sombre à son sujet. Et assurent que dans cet écosystème mal en point, « aucune population évaluée n’est aujourd’hui estimée en bon état ».
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/31/la-taille-des-anchois-et-des-sardines-diminue-sous-l-effet-du-rechauffement_6028015_3244.html>
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13- Les artisans-boulangers veulent gagner la bataille du pain contre les industriels, Novethic, 31/01/20
Marina Fabre

C'est un symbole français. Des millions de baguettes sont vendues chaque année dans l'Hexagone grâce au savoir-faire des artisans... et des industriels. Depuis plusieurs années, ces derniers ont envahi le marché du pain, jusqu'à en détenir 45 % avec la grande distribution. 80 % des pâtisseries en boulangerie sont même des produits industriels. Pour faire perdurer leur métier, les artisans boulangers viennent de créer leur label et ambitionnent d'être reconnus au patrimoine mondial de l'UNESCO. 
La baguette, cette fierté française. 32 millions de baguettes sont vendues chaque année dans l’Hexagone. La boulangerie, un des commerces préférés des Français, traverse pourtant une crise. De 50 000 boulangeries dans les années 1960, il en reste aujourd’hui 33 000. Une évolution expliquée par la désertification des campagnes, une baisse de la consommation de pain des Français et surtout la concurrence accrue des industriels et des supérettes. Au fur et à mesure, la grande distribution et les chaînes industrielles ont avalé 45 % du marché.
Dans ce contexte, la Confédération nationale de la Boulangerie-Pâtisserie française (CNBPF) a voulu marquer un grand coup. "Aujourd’hui, les artisans boulangers sont noyés dans la masse. Pour nous différencier et mettre en avant notre savoir-faire, on a lancé un nouveau label "Boulanger de France" avec une charte spécifique à notre métier", explique le président de la Confédération, Dominique Anracq. 
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/les-artisans-boulangers-veulent-gagner-la-bataille-du-pain-contre-les-industriels-148174.html>
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14- «La France pourrait interdire le glyphosate par étapes», Le Parisien, 01/02/20, 07h16
Propos recueillis par Frédéric Mouchon, envoyé spécial au Luxembourg

Romain Schneider, ministre luxembourgeois de l’Agriculture, explique comment son pays a décidé de se passer progressivement du glyphosate et s’engage à réduire l’utilisation des pesticides.
Le Luxembourg va devenir en 2020 le premier pays de l'Union européenne à bannir le glyphosate. Première étape ce samedi avec le retrait de l'autorisation de mise sur le marché du produit. Pour le ministre de l'Agriculture du Grand-Duché, Romain Schneider, c'est en procédant progressivement que l'Europe réussira à réduire l'utilisation des produits phytosanitaires.
> Lire aussi >  Comment le Luxembourg a décidé d’interdire le glyphosate
A partir de ce samedi, le Luxembourg sera le premier pays européen à retirer l'autorisation de mise sur le marché du glyphosate. Comment a été prise cette décision ?
Romain Schneider. Dès 2018, l'abandon du glyphosate figurait dans le programme gouvernemental suite à un accord de coalition. Nous avons informé en amont les agriculteurs et les viticulteurs qu'ils ne pourraient plus du tout utiliser ce produit sur les sols du pays à partir du 1er janvier 2021. L'opération se fait progressivement et débute effectivement ce samedi par le retrait de l'autorisation de mise sur le marché. C'est aussi une suite logique des votes effectués au niveau européen car neuf pays de l'UE, dont la Belgique, la France et le Luxembourg, ont voté contre le glyphosate.
Mais pourquoi n'interdire que le glyphosate ?
Nous avons lancé un plan national de réduction de l'usage des produits phytosanitaires qui prévoit une baisse de 30 % de l'usage des pesticides les plus dangereux d'ici 2025. Le problème n'est pas d'interdire mais de trouver des alternatives à ces produits. Il existe des moyens mécaniques de traiter les vignobles ou les terres en utilisant moins de produits chimiques mais il faut aussi s'appuyer sur la recherche et l'innovation dans ce domaine. Et regarder aussi s'il existe des espèces de plantes plus résistantes.
Ce que vous faites au Luxembourg avec seulement 2000 agriculteurs (pour 600 000 habitants), peut-on le faire en France ?
Les surfaces agricoles en France ont évidemment une tout autre dimension qu'au Luxembourg où les exploitations ne font en moyenne que 80 hectares. Mais si la France procédait comme nous par étapes, elle pourrait le faire. D'ailleurs, au sein du conseil agricole de Bruxelles, on parle aujourd'hui de new green deal. C'est en résumé la volonté de l'Europe de réduire au maximum l'utilisation des produits phytosanitaires et de renforcer l'agriculture biologique. Au Luxembourg par exemple, où seules 5 % des exploitations sont bios, notre but est de passer à 20 % d'ici cinq ans en cultivant la terre autrement.
<http://www.leparisien.fr/environnement/la-france-pourrait-interdire-le-glyphosate-par-etapes-01-02-2020-8249949.php>
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15- « Je ne me suis jamais senti aussi bien que là-haut » : le métier de berger attire de nouveaux profils, Le Monde 02/02/20, 05h30
Feriel Alouti  

Le centre de formation du Merle, dans les Bouches-du-Rhône, enseigne le métier de berger. Sensibles au bien-être animal, les étudiants sont en grande majorité en reconversion. 
Pendant des années, Adèle, 21 ans, a « repoussé le moment » où elle devrait prendre une décision. Après un bac S mention très bien et une prépa littéraire au lycée parisien Henri-IV, l’étudiante qui « saturait » des études supérieures classiques a fait un choix qui lui parut longtemps « farfelu » et « en total décalage » avec sa vie jusque-là : elle se forme au métier de berger. C’est après un stage dans la vallée d’Asp, dans les Pyrénées-Atlantiques, que la jeune femme a eu le « déclic », et qu’elle a décidé d’intégrer à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) le centre du Merle, qui propose l’une des trois formations diplômantes en France.
Créé en 1930 et rattaché à l’Institut Agro (ex-Montpellier SupAgro), le Merle – qui est aussi un domaine agricole de 400 hectares – délivre un brevet professionnel agricole « berger transhumant ». Pendant un an, les étudiants se forment en suivant le cycle naturel de la brebis, de la naissance à l’estive, soit la période de quatre mois durant laquelle les troupeaux rejoignent les alpages situés en altitude. Ils apprennent les bases du métier : les soins, l’alimentation, la conduite de chiens de troupeaux, la tonte, la cartographie, etc.
> Lire aussi  En France, le loup conquiert de nouveaux territoires
Trente-cinq candidats par an
Parmi les quinze étudiants formés chaque année, la grande majorité sont en reconversion professionnelle. « Il y a quarante ans, c’était un peu le métier d’idiot du village, relève en souriant Frédéric Laurent, responsable pédagogique du centre de formation. Mais aujourd’hui, il touche un public essentiellement urbain. »
Sensibles à la protection de l’environnement et au bien-être animal, ces hommes et ces femmes décident de faire un pas de côté. De vivre à contre-courant d’une société qu’ils jugent trop superficielle.
« Cette année, sur les quinze stagiaires, il y a un seul fils d’exploitant agricole », indique Frédéric Laurent, qui reçoit en moyenne trente-cinq dossiers par an. Pour déterminer leur motivation, les candidats passent devant un jury. « On les questionne sur leur projet professionnel. Beaucoup disent qu’ils aiment la nature mais ça ne suffit pas », prévient-il. Quant au coût, il est en grande partie assuré par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), qui finance quatorze places réservées à des demandeurs d’emploi.
Depuis la réapparition du loup dans le Mercantour au début des années 1990, les bergers sont très demandés. Les « débouchés professionnels sont nombreux », assure M. Laurent. Les éleveurs, trop occupés, recherchent de plus en plus des salariés pour accompagner les brebis en estive. Le berger, alors accompagné de chiens, surveille et prend soin de centaines de bêtes. Chaque année, 500 000 brebis transhument en PACA, selon M. Laurent. « Nos étudiants n’ont absolument aucune difficulté à trouver du boulot », dit-il. Sur les vingt dernières années, 70 % des diplômés du Merle se sont insérés dans ce secteur, dont 20 % comme éleveurs.
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Ce matin-là, les étudiants réunis dans une salle de cours suivent les enseignements de Laure Eon, une vétérinaire qui intervient chaque année au Merle. La professionnelle énumère les infections susceptibles de toucher les brebis comme la cryptosporidiose, « une maladie parasitaire grave chez les agneaux de 3 à 4 jours », ou la méningo-myélite, une infection qui se forme après l’amputation de la queue – réalisée par les éleveurs pour des raisons d’hygiène –, « à ne pas confondre avec le tétanos », note la formatrice.
Dans la salle, chacun y va de son commentaire. Ambiance colonie de vacances. « Est-ce que les médicaments sont remboursés par la Sécurité sociale ? », demande un garçon, déclenchant un rire général. « Je crois bien qu’ils peuvent bénéficier de la CMU [couverture maladie universelle] », se moque un étudiant, restaurateur dans une autre vie.
L’estive, un moment attendu et redouté
Adel Alexandre s’est, lui, longtemps imaginé professeur des écoles, mais, à 31 ans, après deux échecs au concours, il a décidé de changer de voie. Ce petit-fils d’agriculteurs tunisiens, élevé dans une cité des quartiers nord de Marseille, souhaite monter une ferme pédagogique en milieu urbain. A la « recherche de crédibilité », il veut apprendre les bases de la profession de berger. « Un métier qui vous permet d’avoir un meilleur regard sur la société. Travailler avec des animaux vous enseigne l’empathie et la patience. » Depuis son arrivée au Merle, Adel Alexandre se frotte aux difficultés des apprentissages, et comprend pour la première fois que, s’il « échoue, le monde ne s’écroulera pas ».
L’estive est le moment le plus attendu et le plus redouté de la formation, une étape durant laquelle les étudiants vont pouvoir mettre en pratique les savoirs accumulés tout au long de l’année. Ils peuvent partir seuls ou accompagnés. Certaines cabanes sont si isolées que les bergers doivent être ravitaillés par hélicoptère.
Adel Alexandre avoue que l’approche de ce moment crucial le rend anxieux. « Le grand écart est très dur, même si je m’entends très bien avec les brebis. » Bien qu’elle ne « fantasme pas du tout la solitude », Adèle préfère, elle, être éloignée de tout. « On apprend énormément quand on est seul », dit-elle. Pour aider les étudiants à appréhender cette solitude, les intervenants distillent quelques conseils, comme la nécessité de conserver un rythme en matière d’hygiène et d’alimentation, et l’importance de ne pas se laisser piéger par l’alcool.
A l’issue de la formation, les étudiants souhaitent souvent multiplier les expériences courtes, « au grand dam des éleveurs, qui veulent les recruter à l’année », précise le responsable pédagogique. C’est le cas de Vincent, 19 ans. Après un road trip à vélo et un service civique auprès des sans-abri, l’étudiant berger veut devenir saisonnier ; il a notamment pour projet d’accompagner jusqu’au Sénégal des bergers mauritaniens qui partent cinq mois en transhumance. Lui qui aime vivre au rythme des brebis affirme qu’il ne s’est « jamais senti aussi bien que là-haut ». « Le silence, ça construit. »
Diplômé en 2018, Aymeric, 48 ans, ancien ingénieur chez Alstom, a aussi décidé d’être saisonnier après huit ans à New York et au Mexique. Il y a trois ans, il rentre en France pour se « reconnecter » à ses racines et décide, intrigué par les débats autour du loup, de devenir berger. Il découvre la garde en montagne et intègre la formation du Merle, « trop axée sur le métier de berger en ferme », estime-t-il. Il vient d’acheter un chien qu’il forme, et cherche à acquérir des terres pour former une communauté.
Armand, 31 ans, veut à terme s’installer en tant qu’éleveur et travailler la laine. Fort d’une expérience professionnelle déjà riche – quinze ans chez Airbus, et deux estives –, cet ancien technicien de maintenance enchaîne désormais les contrats de berger durant quelques semaines. En garde, il gagne 1 500 euros par mois. S’il opte pour un contrat à durée indéterminée à l’année, il percevra en moyenne 110 % du smic ; en revanche, en tant que saisonnier, il peut espérer gagner 2 500 euros par mois en estive. Une grille de salaire « tout à fait convenable »selon cet homme qui aime voir grandir les bêtes, au plus près de la nature. « Avant, j’étais un mouton, aujourd’hui, je suis un berger. »
<https://www.lemonde.fr/campus/article/2020/02/02/je-ne-me-suis-jamais-senti-aussi-bien-que-la-haut-le-metier-de-berger-attire-de-nouveaux-profils_6028113_4401467.html>
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16- Chronique. « Jusqu’ici, les agrochimistes ont défini eux-mêmes les modalités de l’évaluation environnementale de leurs produits », Le Monde, maj le 02/02/20 à 05h31
Stéphane Foucart

Dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde », analyse comment la logique des réglementations sur les produits phytosanitaires conduit directement à mettre en péril de nombreuses espèces.
Peu importe le temps qu’ils peuvent passer dans les campagnes, la grande majorité des jeunes enfants d’Europe occidentale n’ont jamais vu, et ne verront sans doute jamais, la moindre luciole. Pas plus que nombre de passereaux, d’amphibiens, d’abeilles ou de papillons, fussent-ils parmi les espèces les plus communes au souvenir de leurs parents.
Au sentiment diffus et très partagé d’une raréfaction des formes de vie les plus banales dans nos paysages, ont succédé tout récemment des travaux scientifiques qui objectivent cette perception collective.
En 2017, une équipe de biologistes a évalué la perte de biomasse d’insectes volants dans plusieurs dizaines de zones protégées d’Allemagne, représentatives des paysages européens de basse altitude : la perte mesurée est gigantesque, environ 75 % entre 1989 et 2016. Deux années plus tard, une autre équipe a publié dans Nature de nouvelles estimations, évaluant sur plus d’une centaine de prairies allemandes la chute de la masse d’arthropodes (insectes, araignées, etc.), entre 2008 et 2017, à 67 %. C’est un effondrement vertigineux, qu’aucun prophète de malheur ne se serait risqué à prophétiser il y a un quart de siècle.
> Lire aussi  Le recours aux pesticides a connu une hausse spectaculaire en 2018
Une large part de ce désastre peut être attribuée à la faillite de l’évaluation des risques des pesticides pour l’environnement. Nul ne l’ignore plus dans la communauté scientifique compétente et une dizaine d’Etats européens commencent à s’en inquiéter fortement. Bruxelles, qui ne l’ignore pas non plus, en a pris acte. L’exécutif européen a engagé depuis quelques années une réflexion pour réformer l’évaluation des risques environnementaux des produits phytosanitaires.
« Redondance fonctionnelle »
Mais, pour les associations de défense de l’environnement, les erreurs commises par le passé ont toutes les chances d’être reproduites – en particulier le fait que les firmes agrochimiques ont pu jusqu’à présent définir, elles-mêmes, les modalités techniques de l’évaluation du risque de leurs produits. En témoigne une réunion d’experts qui doit se tenir, lundi 3 et mardi 4 février à Bruxelles, pour discuter la mise en place d’un nouveau cadre réglementaire de protection de l’environnement.
De quoi s’agit-il ? D’une approche définissant des « objectifs spécifiques de protection », et fondée sur la préservation des services rendus par la nature, non sur la protection de la nature elle-même. De tels principes pourraient permettre la destruction de certaines espèces si d’autres, remplissant peu ou prou le même rôle dans l’écosystème (la pollinisation des cultures, par exemple), sont susceptibles de leur survivre. Un premier exemple vient à l’esprit : sachant que les abeilles domestiques résistent bien mieux aux pesticides que les abeilles sauvages, l’homologation d’un produit épargnant plus ou moins les premières, mais décimant les secondes pourrait apparaître acceptable d’un point de vue réglementaire.
Le projet de « document-guide » pour la définition de ces « objectifs spécifiques de protection », rédigé en 2016 sous l’égide de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), définit les espèces comme des « unités de fourniture de services écosystémiques » dont certaines peuvent se trouver en situation de « redondance fonctionnelle » avec d’autres.
C’est l’écologue australien Brian Walker qui a introduit cette idée en 1992, suggérant que certaines espèces seraient peu ou pas utiles au fonctionnement des écosystèmes. Son utilisation pour définir des politiques de conservation est cependant débattue dans la communauté des spécialistes ; on peut craindre le genre d’usage qui pourrait en être fait si elle était gravée dans le marbre réglementaire. Cette crainte n’est d’ailleurs pas le seul fait des associations, mais aussi de certains Etats membres, comme les Pays-Bas.
Valeur intrinsèque
Les firmes agrochimiques, elles, militent sans surprise pour une telle approche. Elles ont sponsorisé des études en ce sens, et financent plusieurs chercheurs académiques qui portent ces idées. Des scientifiques qui, malgré ces liens d’intérêt affichés, se retrouvent, relève l’association Pesticide Action Network (PAN Europe), fortement impliqués dans le processus piloté par la Commission et visant à promulguer le nouveau cadre réglementaire.
> Lire aussi  « Le conflit d’intérêts est souvent médiatisé comme un problème de personnes, rarement de procédures »
Le problème n’est en réalité ni dans le débat scientifique et technique (réel), ni dans les conflits d’intérêt de certains de ses acteurs (réels eux aussi). Il est dans le principe même d’un tel projet réglementaire, qui répond implicitement à des questions relevant de la philosophie morale et de la politique. Sans l’avouer, dissimulée derrière une exigence d’efficacité, elle-même ensevelie sous un jargon technique impénétrable, la réglementation fait bien souvent de la politique. Elle dérobe discrètement à la société son droit à délibérer sur les objectifs de la cité, et sur les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir.
L’environnement est-il réductible à la somme des services qu’il rend aux hommes ? La nature a-t-elle une valeur intrinsèque ? La fragilité propre à toute connaissance permet-elle de déclarer surnuméraire une espèce vivante ? Sa destruction, non comme conséquence accidentelle d’une activité, mais comme résultat prévisible et opérationnel d’un règlement, est-elle acceptable ? Dans un monde où croiser une coccinelle est devenu notable, est-ce à des experts de répondre à ces questions, derrière les portes closes d’une salle de réunion bruxelloise ?
Si oui, peut-être faudra-t-il un jour expliquer aux enfants que s’ils n’ont jamais vu de luciole, de syrphe ceinturé ou d’osmie bicolore, c’est parce que ces « unités de fourniture de services écosystémiques » ont été considérées, à un moment donné de l’histoire de la réglementation des pesticides, comme « redondantes » avec d’autres.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/01/jusqu-ici-les-agrochimistes-ont-defini-eux-memes-les-modalites-de-l-evaluation-environnementale-de-leurs-produits_6028078_3232.html>
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17- Les tomates menacées par un nouveau virus, Le Point, 04/02/20, 08:26 
Géraldine Woessner

Un virus émergent, ravageur pour les tomates, poivrons et piments, inquiète l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Il n'existe aucun traitement.
Alors que les autorités sanitaires dans le monde entier se mobilisent pour enrayer la propagation du coronavirus, une maladie tout aussi virulente menace, elle, une autre partie du vivant : le Tomato Brown Rugose Fruit Virus, ou ToBRFV, particulièrement dangereux pour la culture des tomates, poivrons et piments. Ce virus est apparu pour la première fois dans le village d'Ohad au sud d'Israël en 2014, et s'est rapidement étendu à la Jordanie, où il est repéré en 2015 sur des tomates produites sous serre... Suivront le Mexique, les États-Unis, puis l'Allemagne en 2018, l'Italie, le Royaume-Uni, la Grèce, les Pays-Bas... Des signalements ont été confirmés en Turquie et jusqu'en Chine. « C'est un virus très inquiétant, car si l'on connaît bien le genre auquel il appartient, il n'existe à ce jour aucun traitement ni aucune variété résistante au ToBRFV », explique Philippe Reignault, directeur de la santé médicale à l'Anses. « Et la gamme des dégâts observés va de 10 % à 100 % des plantations. Pour un producteur professionnel, même un faible seuil est catastrophique ! »
>> Suite à lire et animation vidéo à voir à :
<https://www.lepoint.fr/societe/les-tomates-menacees-par-un-nouveau-virus-04-02-2020-2361081_23.php>
Sur le même sujet :
> Alerte à une nouvelle maladie végétale qui s'attaque aux tomates <https://information.tv5monde.com/info/alerte-une-nouvelle-maladie-vegetale-qui-s-attaque-aux-tomates-344989>, AFP, 04/02/20, 10:00
> Virus de la tomate : plans de surveillance des autorités et de la filière, AFP, 06/02/20, 15:00
Emmanuelle Trecolle
Les autorités sanitaires françaises comme les professionnels ont mis en place des plans de surveillance afin de protéger le territoire français d'un nouveau virus s'attaquant aux plantes potagères, notamment la tomate, qui représente un risque économique pour la filière.
"A ce stade, aucune plante contaminée n'a été décelée en France", mais la direction générale de l'alimentation (DGAL) "prend cette menace très au sérieux" et le ministère a mis en place une "surveillance renforcée", selon un communiqué de ses services jeudi.
L'Association d'organisation de producteurs nationale Tomates et Concombres de France (AOPn) a également annoncé cette semaine avoir déclenché un plan de "surveillance active renforcé des cultures", avec l'appui de l'ensemble de ses adhérents. 
L'Agence de sécurité sanitaire (Anses) avait mis en garde mardi contre "Le tomato brown rugose fruit virus" (ToBRFV), un nouveau virus "particulièrement dangereux pour les plantes qui y sont sensibles" - poivrons, tomates et piments -, qui peut se transmettre par les semences, les plants et les fruits infectés, et qui survit longtemps à l'air libre. 
"Une cellule de veille entre les services de l'Etat (DRAAF) en région PACA, principale région productrice de tomates, la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (FREDON) et les professionnels de la production de tomates a été activée dès 2019. Une surveillance officielle de l'ensemble du territoire français, notamment dans les serres de production maraîchère, est réalisée", assure le ministère. 
En 2020, un "plan de surveillance officiel renforcé sera conduit" avec plus de 350 inspections visuelles réalisées en cultures sur poivrons, tomates et aubergines et plus de 500 prélèvements systématiques, même en l'absence de symptômes, ajoute-t-il. "Un contrôle systématique des lots de semences et de plants de poivrons et de tomates originaires de pays dans lequel la présence du virus est connue" sera mis en place, souligne le ministère.
Le ToBRFV est un virus émergent dont les premiers signalements datent de 2014 en Israël et de 2015 en Jordanie, dans les deux cas sur des tomates produites sous serre. Il a ensuite gagné l'Europe, le Mexique et les Etats-Unis. Il a été signalé dans les pays limitrophes de la France dont l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne. Cependant l'Allemagne a réussi à éradiquer le foyer de virus détecté en arrachant les plants, en les détruisant et en désinfectant le sol.
- Aucun traitement -
Selon l'Anses, le virus peut infecter jusqu'à 100% des plantes sur un site de production, ce qui le rend redoutable pour les cultures à haute densité de plantation comme les cultures sous serre. De plus, à ce jour, aucun traitement ou aucune variété résistante n'existe contre ce virus.
"En cas de contamination, le légume ou le fruit perdra toutes ses qualités gustatives, en raison d'une rupture de sa maturation, venant altérer la qualité de sa chair et le rendant impropre à la commercialisation", selon l'AOPn Tomates de France, pour qui la lutte contre l'introduction de ce virus est vitale.
Du fait des possibilités de propagation rapide du virus, l'association professionnelle a donc pris la décision de restreindre l'accès aux zones de culture uniquement aux professionnels de la filière et des sites de production. "Un renforcement des mesures sanitaires est également mis en place pour pallier toute exposition éventuelle au virus", ajoute l'AOPn.
Sur un plant malade, on peut observer des symptômes sur les feuilles (mosaïques et marbrures), les fleurs (taches et nécroses) et les fruits (décoloration des fruits résultant d'une maturation irrégulière, avec des tâches jaunes ou brunes, des déformations et parfois des rugosités).
Cependant, en cas de consommation éventuelle d'un produit contaminé, l'AOPn comme le ministère affirment qu'aucun risque n'est à craindre pour l'Homme.
Au-delà des producteurs, le ministère appelle à la vigilance l'ensemble des jardiniers amateurs, lors de l'achat de semences ou de plants de tomates (qui doivent être dûment certifiés), et en cas d'apparition de symptômes évocateurs, à les déclarer immédiatement à la DRAAF.
<https://information.tv5monde.com/info/virus-de-la-tomate-plans-de-surveillance-des-autorites-et-de-la-filiere-345429
En savoir plus : 
> L’Anses met en garde contre un virus émergent qui affecte les plantes potagères <https://www.anses.fr/fr/content/l%E2%80%99anses-met-en-garde-contre-un-virus-%C3%A9mergent-qui-affecte-les-plantes-potag%C3%A8res>, communiqué du 03/02/20
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18- La Cour des Comptes épingle le gouvernement sur la réduction des pesticides, AFP, 04/02/20, 16:00
Emmanuelle Trecolle

La Cour des Comptes épingle la politique de réduction des pesticides agricoles, qui est selon elle "très en deçà des objectifs": en 2018, malgré un budget considérable consacré à ce dossier par l'Etat.
"En dépit de ces actions et de la mobilisation de fonds publics pouvant être estimés, pour 2018, à environ 400 millions d'euros (dont 71 millions prélevés sur la redevance pour pollutions diffuses), plusieurs travaux d'évaluation ont dressé un bilan réservé de l'action menée. La Cour constate, pour sa part, que les effets des plans Écophyto demeurent très en deçà des objectifs fixés", indique-t-elle dans un référé datant de novembre 2019 et rendu public mardi.
La consommation de produits phytosanitaires en agriculture a augmenté de 21% en France en 2018, selon un bilan en janvier du Plan Ecophyto 2, chapeauté par quatre ministères: Agriculture, Santé, Recherche et Transition écologique.
Depuis le Grenelle de l'environnement fin 2007, qui avait fixé un objectif de réduction de 50% de l'usage des pesticides de synthèse en 10 ans, les deux plans successifs mis en œuvre, Ecophyto 1 et 2, ont abouti à des échecs. En avril, le gouvernement a donc tenté pour la troisième fois de désintoxiquer l'agriculture des excès de la chimie en lançant un plan Ecophyto 2+.
"Dix ans après, les objectifs fixés ne sont pas atteints", souligne la Cour des Comptes, qui estime que "plusieurs leviers peuvent favoriser l'évolution des pratiques agricoles". Elle demande également plus de transparence au niveau de la dépense des fonds publics, et de la consommation de ces produits en France. 
La Cour recommande ainsi de "publier et rendre accessibles au public, chaque année, les données et les analyses rendant compte de la politique menée, des substances actives émises et de leurs effets sur la santé humaine et sur l'environnement, notamment sous forme de cartographies".
- Nouvelles données courant avril -
Dans sa réponse aux critiques de la Cour, datée du 3 février, le Premier ministre Edouard Philippe, reconnaît que les objectifs ne sont pas atteints mais liste toutes les mesures déjà engagées par le gouvernement pour y remédier, notamment dans la loi Egalim (issue des états-généraux de l'alimentation) d'octobre 2018.
"Dès 2020, le calendrier de mise à disposition des données de vente sera accéléré. Les services statistiques des ministères concernés seront mobilisés pour améliorer les systèmes d'information et bases de données public existantes", assure-t-il en promettant de nouvelles données chiffrées provisoires "courant avril" 2020 sur les ventes de produits phytosanitaires en 2019, issues des déclarations des distributeurs de ces produits.
"L'objectif du gouvernement est d'améliorer la lisibilité, de permettre une vision pluri-annuelle sur les financements mobilisés dans le cadre d'Ecophyto et de simplifier les circuits de financements", indique M. Philippe qui s'engage à le faire dès 2020.
Dans la négociation de la future Politique agricole commune (PAC) avec les autres pays membres, "la France porte un objectif de moindre dépendance vis-à-vis des intrants (notamment les produits phytosanitaires), sur la base d'objectifs de réduction quantifiés au niveau européen, intégrés dans la règlementation sur les produits phytosanitaires et dans la future PAC", répond également le Premier ministre.
Par ailleurs, M. Philippe rappelle que "les quantités de produits phytopharmaceutiques les plus préoccupants pour la santé et l'environnement ont diminué, entre 2009-2011 et 2016-2018, de 15% pour les produits dits +CMR 1+ et de 9% pour les produits dits +CMR 2+ (en moyenne triennale)". Les CMR sont considérés comme cancérogènes, mutagènes, et toxiques pour la reproduction.
<https://information.tv5monde.com/info/la-cour-des-comptes-epingle-le-gouvernement-sur-la-reduction-des-pesticides-345068>
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19- RDC : un chef rebelle pygmée condamné à 15 ans de prison pour déforestation, AFP, 04/02/20, 20:00

Un chef rebelle pygmée a été condamné mardi à 15 ans de prison pour "destruction méchante" du parc de Kahuzi-Biega à l'issue d'un procès express dans l'est de la République démocratique du Congo, ont rapporté des correspondants de l'AFP.
Huit personnes, dont deux femmes, ont été jugées par le tribunal militaire de Bukavu, qui a siégé à Miti, à 7 km du parc de Kahuzi-Biega, dans la province du Sud-Kivu (est).
"Le chef pygmée Jean-Marie Kasula et cinq de ses coaccusés hommes sont condamnés à 15 ans de servitude pénale principale (chacun) pour détention illégale d'armes de guerre et munitions, association de malfaiteurs et destruction méchante du parc" de Kahuzi-Biega, a déclaré le juge Toussaint Lenda.
"Ils sont aussi sommés de payer chacun 5.000 dollars (4.530 euros) a l'ICCN (Institut congolais pour la conservation de la nature) pour dommage (...) en détruisant sa faune et sa flore", a-t-il poursuivi à l'issue de six heures d'audience.
"Les prévenues dames par contre sont condamnées chacune a une année de servitude pénale principale avec paiement chacune de 200.000 francs congolais (107 euros) d'amende pour participation à la destruction méchante du parc".
"Nous ne sommes pas satisfaits du jugement, nous allons interjeter appel", a déclaré à l'AFP Me Serge Bufole, avocat des prévenus.
Le parc national de Kahuzi-Biega (PNKB), un établissement de l'ICCN, s'était constitué partie civile dans cette affaire. Inscrite au patrimoine mondial des biens en péril par l'Unesco depuis 1997, la réserve abrite les derniers gorilles de Grauer, une espèce menacée, réduite à 250 individus. 
Devant la barre, les prévenus âgés de 20 à 40 ans ont reconnu l'occupation d'une partie du parc où ils s'occupaient notamment d'agriculture. Ils ont dénoncé le fait d'avoir été "chassés illégalement" de leur habitat naturel depuis 1970. 
Après "des années d’errance, nous sommes retournés au parc pour une question de survie", a soutenu M. Kasula. "Le parc devait être scindé en deux, une partie pour l’État congolais et une autre pour nous", a plaidé le chef rebelle.
Depuis 2018, un conflit ouvert oppose les rangers (gardes du parc) aux leaders pygmées qui affirment avoir été spoliés de leurs terres ancestrales dans les années 70 lors de l'extension du parc. Des accrochages ont fait des morts de part et d'autre dans des circonstances confuses.
<https://information.tv5monde.com/info/rdc-un-chef-rebelle-pygmee-condamne-15-ans-de-prison-pour-deforestation-345119>
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20- Reportage. Pour les pêcheurs français, « du jour au lendemain, le Brexit est devenu concret », Le Monde, 05/02/20, 10h03
Jean-Jacques Lerosier (Caen, correspondant)  

Depuis le 1er février, l’accès à la zone autour des îles anglo-normandes de Guernesey, Sercq et Aurigny est interdit aux bateaux bretons et normands. 
+ Carte des zones interdites aux pêcheurs français <https://img.lemde.fr/2020/02/05/0/0/1080/840/688/0/60/0/4a66dbb_dPoycLow3kEumk6A38qCBJOM.png>
Les pêcheurs français devraient pouvoir retourner rapidement dans les eaux de l’île anglo-normande de Guernesey. « Je pense que, d’ici à la fin de la semaine [du 3 au 9 février], si on travaille comme on se l’est dit, les choses vont rentrer dans l’ordre », a déclaré à l’AFP Amélie de Montchalin, la secrétaire d’Etat chargée des affaires étrangères, en marge d’une visite d’une entreprise de mareyage près de Caen, mardi 4 février. Quelques heures plus tard, lors de la séance des questions au gouvernement, le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, s’est, lui aussi, voulu rassurant : « La solution est trouvée. »
Depuis samedi 1er février, jour de l’entrée en vigueur du Brexit, les pêcheurs français n’ont plus de droit de pêche dans la zone dite des « 6-12 milles », autour des îles anglo-normandes de Guernesey, Sercq et Aurigny. Ces eaux poissonneuses se trouvent au large des côtes de la presqu’île du Cotentin (Manche).
> Lire aussi  Brexit : les pêcheurs français vont pouvoir retourner au large de Guernesey « dans les tout prochains jours »
L’interdiction concerne une centaine de bateaux bretons et une cinquantaine de normands, principalement des chalutiers hauturiers et des caseyeurs. Selon les estimations du Comité régional des pêches de Normandie, 500 tonnes de poissons et crustacés sont pêchées par an par les Normands dans ces eaux du bailliage de Guernesey.
« On s’est pris un gros coup au moral »
« Ce mercredi [5 février], la météo est bonne, je devais aller là-bas pêcher du congre, de la roussette, du requin-hâ, de l’émissole… Patatras !, témoigne Cédric Delacour, patron du Manola, situé au petit port d’Omonville-la-Rogue, dans la Hague. Je réalise plus d’un tiers de mon activité dans cette zone. D’autres, c’est plus. On ne va pas faire de bazar, mais si un bateau de pêche guernesiais pointe son nez à Diélette, on le bloque. »
> Lire aussi  Dans le Finistère, Roscoff face au « tremblement de mer » du Brexit
« Du jour au lendemain, le Brexit est devenu concret », témoigne un autre patron pêcheur, farouche partisan, lui aussi, « d’interdire tout poisson provenant de Guernesey, à Cherbourg ou dans d’autres ports normands ». En criée de Cherbourg-en-Cotentin, « les pêcheurs guernesiais débarquent une moyenne annuelle de 133 tonnes, principalement des crustacés et de la raie. D’autres ventes se font en direct avec les mareyeurs », précise Séverine Jean, directrice du centre des marées de Cherbourg-en-Cotentin.
« On s’est pris un gros coup au moral, déclare Dimitri Rogoff, président du Comité régional des pêches de Normandie. Cette affaire, c’est aussi la faute de l’Etat, qui n’a pas su être assez fort et négocier face au petit bailliage de Guernesey. C’est symbolique. Je ne voudrais pas que cela soit un mauvais présage. »
« Scénario catastrophe »
Signe de l’accalmie intervenue mardi, Guernesey a demandé une liste, afin d’établir des autorisations individuelles de pêche. « Notre recensement d’une cinquantaine de bateaux normands est prêt », assure M. Rogoff, avant de prévenir : « Nous avons d’autres moyens de blocage. »
> Lire aussi  Dans le port breton du Guilvinec, la filière pêche s’inquiète de l’impact du Brexit
Le bailliage de Guernesey, comme Jersey, n’a jamais appartenu à l’Union européenne, et ses électeurs n’ont pas participé au vote du Brexit. Les accords de pêche étaient jusqu’alors régis par la convention de Londres datant de 1964. En 2017, les Britanniques ont dénoncé ces accords, en prévoyant de ne plus les appliquer à partir du Brexit, sans période transitoire. Guernesey a réclamé et obtenu l’extension de ses eaux au-delà des 6 milles nautiques, afin de récupérer la fameuse bande des 6-12 milles, jusqu’alors britannique.
> Lire aussi  Brexit : en Belgique, l’angoisse des pêcheurs d’Ostende
« Le stop de Guernesey doit nous servir de leçon », déclare un patron pêcheur de Granville, inquiet, comme tous ses collègues, des négociations à venir sur les eaux territoriales britanniques, où s’effectue 40 % de la pêche des bateaux de Normandie et des Hauts-de-France. « Si l’Etat et l’Europe n’arrivent pas à consolider nos accès aux eaux britanniques avant le 31 décembre 2020, renchérit M. Rogoff, si aucun bateau français ne peut plus aller pêcher au-delà de la ligne médiane dans la Manche, alors ce sera l’explosion. Aujourd’hui, on ne peut exclure ce scénario catastrophe, malgré la totale détermination de Michel Barnier. » Lundi 3 février, à Bruxelles, le chef de la négociation de la Commission européenne avec le Royaume-Uni a affirmé « qu’il n’y aura pas d’accord commercial avec l’Angleterre, sans accès aux eaux britanniques pour [les] pêcheurs [français] ».
> Lire aussi  Les pêcheurs boulonnais dans les filets du Brexit
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/05/pour-les-pecheurs-francais-du-jour-au-lendemain-le-brexit-est-devenu-concret_6028467_3234.html>
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21- L’objectif de convertir 15 % de la surface agricole utile au bio d’ici à 2022 « est hors d’atteinte », Le Monde, 05/02/20, 12h30
Laurence Girard

Des sénateurs épinglent la politique de soutien public à l’agriculture biologique dans un rapport présenté mercredi. 
C’était un engagement fort d’Emmanuel Macron et de son gouvernement. A l’issue des Etats généraux de l’alimentation, souhaités par le président de la République, un objectif ambitieux a été inscrit dans la loi qui en a découlé. En 2022, 15 % de la surface agricole utile devrait être convertie à l’agriculture biologique. Un plan, baptisé Ambition bio 2022, a été dévoilé à cette occasion, en juin 2018, pour accompagner le projet. De plus, un engagement de 20 % de produits bio dans les assiettes de la restauration collective au même horizon a enfoncé le clou de cette conviction dans le texte législatif.
Las. « Le projet » Ambition bio 2022 « est hors d’atteinte », estiment Alain Houpert, sénateur Les Républicains de la Côte-d’Or, et Yannick Botrel, sénateur du groupe socialiste et républicain des Côtes-d’Armor, co-signataires d’un rapport sur le financement public de l’agriculture biologique présenté mercredi 5 février. Ils fustigent « une ambition très com », l’Etat ayant, selon eux, « adopté des objectifs de développement de l’agriculture biologique alors même qu’il ne dispose plus des moyens autonomes de les atteindre et n’a exercé que faiblement ses missions de coordination ».
Fin 2018, alors que la dynamique de conversion des agriculteurs vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement était forte, l’Agence bio, chargée de délivrer un état des lieux régulier de la situation, estimait à 7,5 % la surface agricole utile convertie au bio en France. Un taux qui oscillerait entre 8 % et 9 % fin 2019. Les sénateurs souhaiteraient d’ailleurs avoir plus de clarté sur l’établissement de ces chiffres et s’interrogent sur les durées de conversion dont ils ont l’impression qu’elles se réduisent. Elles étaient initialement de trois ans et, pendant ce laps de temps, les hectares concernés n’étaient pas comptabilisés car non encore certifés bio. Mais, même s’ils partent de l’hypothèse d’un recrutement toujours très soutenu de nouveaux agriculteurs prêts à franchir le pas, l’objectif de 15 % ne pourrait être atteint, au mieux, selon eux, qu’en 2026.
> Lire aussi  Record de conversions des agriculteurs en bio en 2018
D’autant que le rapport souligne une politique sans « carte d’identité budgétaire ». Un flou lié à l’éparpillement des financeurs, entre collectivités territoriales, Etat, agences de l’eau et le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) alimenté par le budget de l’Europe. Mais même lorsque le financeur n’est qu’un, en l’occurrence l’Etat, l’information budgétaire n’est toujours pas claire. Les sénateurs appellent de leurs vœux un document de politique transversal assurant une lisibilité.
Des exercices d’équilibristes
Il est vrai que le bio a été victime de son succès et que le montant des enveloppes planifiées a régulièrement été dépassé par la demande d’aides. En 2018, l’Agence bio comptabilisait 5 000 exploitations agricoles venues grossir les rangs de l’agriculture biologique, portant leur nombre en net à 41 623. Une inéquation budgétaire qui a conduit le gouvernement à recourir à des exercices d’équilibriste. Il a, par exemple, décidé, d’arrêter, à partir de 2018, de financer les aides au soutien. Elles prenaient le relais des aides à la conversion, qui épaulent l’agriculteur subissant une baisse de ses rendements et ne pouvant encore bénéficier d’une valorisation de sa production.
Selon un rapport parlementaire en lien avec la loi de finances 2018, cité par les sénateurs, le montant des soutiens à l’agriculture biologique est estimé à 204 millions d’euros par an, complété par un crédit d’impôt de 40 millions d’euros pour les années 2015 à 2020. Dans ce contexte peu clair, les agriculteurs ont été, de plus, confrontés à des retards récurrents de versement des aides dues. Les soutiens correspondant aux années 2016, 2017 et 2018 ne sont souvent entrés dans les caisses qu’en 2019. Une véritable torture chinoise pour des exploitants agricoles qui se sont parfois trouvés au bord du dépôt de bilan. Alors même que, comme le soulignent les sénateurs, l’agriculture biologique est exigeante et soumise à de forts risques.
« Combler les trous »
Autre difficulté de l’exercice, les engagements financiers pour le programme Ambition bio 2022 dépendent du prochain cadre financier pluriannuel européen qui n’est toujours pas arrêté. Les discussions en cours sur la future politique agricole commune devraient donc donner l’occasion de mieux définir la place de l’agriculture biologique, censée apporter une alimentation plus saine mais aussi contribuer à la préservation des milieux naturels. Une contribution qu’il est difficile d’évaluer et de rétribuer. Les sénateurs préconisent également de veiller à une meilleure harmonisation du règlement européen sans oublier de « combler les trous » pour éviter les distorsions de concurrence au sein de l’Union. En parallèle, ils souhaiteraient un renforcement du contrôle des importations, qui représentent près de 30 % de la consommation française.
> Lire aussi  Le chemin de croix des agriculteurs bio pour obtenir leurs aides
Les rapporteurs demandent également une mise en cohérence de la programmation financière des concours publics avec les objectifs d’expansion de l’agriculture biologique. Et militent pour un renforcement des moyens et de la gouvernance des organismes chargés du bio, comme l’Institut national de l’origine et de la qualité, l’Agence bio et l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab). Soulignant qu’il « est profondément anormal que l’Itab ait été conduit à subir un redressement judiciaire ».
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/05/l-objectif-de-convertir-15-de-la-surface-agricole-utile-au-bio-d-ici-a-2022-est-hors-d-atteinte_6028506_3234.html>
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En images
22- "Ce qu'on veut, c'est remplacer l'agriculture de masse par une masse d'agriculteurs", explique Jean-Martin Fortier, France Télévisions, Brut, 30/01/20, 12:14

Une ferme à "échelle humaine" et rentable, c'est ce qu'a créé le québécois Jean-Martin Fortier. Et il souhaite montrer qu'une révolution agricole est possible. Rencontre.
Jean-Martin Fortier a fondé au Québec Les jardins de la Grelinette, une micro-ferme bio intensive devenue un modèle du genre. Son idée : multiplier le nombre de petites fermes. Il explique que les personnes venant dans sa ferme sont captivées par deux points : la beauté du lieu et la petite taille du lieu. En effet, sa ferme est particulièrement petite (1 hectare et 4 employés) mais malgré tout très productive. Dans son petit havre de paix, Jean-Martin Fortier vante la diversité de son activité. "On est toujours en train de varier les tâches", s'enthousiasme-t-il.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/video-ce-qu-on-veut-c-est-remplacer-l-agriculture-de-masse-par-une-masse-d-agriculteurs-explique-jean-martin-fortier_3805669.html>
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23- Des forêts et des hommes : en Inde, les ponts vivants de Meghalaya, France 2, journal de 13h, 03/02/20

Les forêts couvraient autrefois la moitié de la surface du globe, c'est moins de 10% aujourd'hui. En Inde, il existe une tribu qui construit des ponts vivants entre les arbres.
C'est une forêt subtropicale parmi les plus humides de la planète et donc parmi les plus luxuriantes. Elle s'étend sur des milliers de kilomètres carrés. Morningstar a 23 ans, son métier est unique au monde, il est en charge de l'entretien et de la construction de ponts naturels. Ce sont des immenses passerelles parfois suspendues à des dizaines de mètres de haut. Des chefs-d'œuvre architecturaux créés à partir de racines d'arbres vivantes simplement déplacées pour façonner ces ponts.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/inde/des-forets-et-des-hommes-en-inde-les-ponts-vivants-de-meghalaya_3810803.html>
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24- Plan B : Et si on laissait nos forêts tranquilles ?, Le Monde, 03/02/20, 16h15
Simon Lesage  

Réduire l’intervention de l’homme dans les forêts françaises, qui représentent un tiers du territoire, peut permettre d’en renforcer l’intérêt écologique. Exemple en Dordogne. 
Beaucoup de nos forêts ne sont pas vraiment naturelles. Car en réalité, une forêt dite « naturelle » est une forêt qui remplirait ses missions écologiques de base, où l’homme interviendrait peu, voire pas du tout.
Dans la forêt de Chizé, à Busserolles en Dordogne, se trouve la réserve biologique intégrale (RBI) de la sylve d’Argenson. Depuis plusieurs décennies, les forestiers de l’Office national des forêts (ONF) ont cessé d’y intervenir. Ils s’y rendent uniquement pour l’étudier. Sur place, les arbres morts naturellement (et non par coupe) enrichissent l’écosystème de cette forêt.
Mais laisser faire les forêts n’est pas suffisant. Près de Nantes, deux passionnés font pousser des microforêts, selon la méthode Miyawaki. Cette méthode japonaise de botanique permet de créer des forêts dans des zones urbaines au sol appauvri.
> Vidéo à voir à :
<https://www.lemonde.fr/videos/video/2020/02/03/plan-b-et-si-on-laissait-nos-forets-tranquilles_6028267_1669088.html>
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25- Brésil : le poumon vert de Rio, France 2, journal de 13h, 04/02/20

France 2 poursuit son voyage parmi les cinq forets les plus remarquables du monde. Au Brésil, le parc national de la Tijuca est le poumon vert de Rio de Janeiro.
Au cœur du tumulte de Rio de Janeiro (Brésil), c'est un havre de paix qui s'étend sur plus de 16 000 hectares. Les parcs de la Tijuca et de la Pierre blanche forment à eux deux la plus grande urbaine reboisée au monde. Une nature tropicale qu'Elsa fait découvrir aux touristes. Cette guide française a quitté Paris il y a dix ans par amour pour cette forêt. À quelques mètres des habitations, il existe une centaine de chemins de randonnée. Le parc abrite plus de 70 espèces animales, comme de petits singes.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/bresil-le-poumon-vert-de-rio_3812137.html>
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26- Biodiversité : la forêt de São Tomé, un joyau brut classé par l'Unesco, France 2, journal de 13h, 05/02/20

Les forêts couvraient autrefois la moitié de la surface du globe, c'est moins de 10% aujourd'hui. À São Tomé (São-Tomé-et-Principe), dans le golfe de Guinée, la forêt est classée par l'Unesco comme une réserve exceptionnelle. Un véritable paradis pour les oiseaux, mais pas seulement.
En approchant de São Tomé (São-Tomé-et-Principe), on comprend vite que l'on se trouve en face d'un jardin extraordinaire. Une nature à l'état brut. Un peu secoués, des touristes italiens longent en bateau ce paysage intact. "Être sur une petite barque, au milieu de la mer et des vagues, et de voir cette forêt se jeter littéralement dans la mer, c'est une sensation unique", explique l'un d'entre eux.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/sao-tome-et-principe/biodiversite-la-foret-de-sao-tome-un-joyau-brut-classe-par-l-unesco_3813511.html>
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27- Mythes et légendes : la mystérieuse forêt de Sherwood, France 2, journal de 13h, 06/02/20

Les forêts couvraient autrefois la moitié de la surface du globe, c'est moins de 10% aujourd'hui. Cinq forêts remarquables et fascinantes ont cependant été préservées. Jeudi 6 février, direction l'Angleterre, pour découvrir la célèbre forêt de Sherwood.
Depuis le Moyen Âge, la légende se cache quelque part au pied des chênes centenaires. Pénétrer dans la forêt de Sherwood (Royaume-Uni) est un voyage dans l'enfance et l'imaginaire. Comme un rayon de soleil qui perce discrètement le bois, des pas feutrés vous éviteront bien des épreuves. Ainsi a vécu Robin des Bois, justicier hors-la-loi légendaire, qui fit de ce territoire royal une cache imprenable, encore admirée aujourd'hui.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/royaume-uni/mythes-et-legendes-la-mysterieuse-foret-de-sherwood_3815125.html>
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28- À la découverte de l’île japonaise de Yakushima qui abrite le plus vieil arbre du monde, TF1, journal de 20h, 06/02/20

Les touristes viennent du monde entier pour admirer des arbres millénaires sur l'île de Yakushima au Japon. Elle abrite d'ailleurs le plus vieil arbre du monde. Une forêt luxuriante classée au patrimoine mondial de l'Unesco.
Les torrents de pluie sont incessants sur l'île. C'est l'un des endroits les plus pluvieux au monde. Un climat subtropical qui a donné naissance à cet écosystème si riche et singulier. Elle abrite 650 variétés de mousses et près de 2 000 espèces de plantes. Au Moyen-Âge, Yakushima était surnommé "l'île de la médecine". Elle était connue pour ses sources d'eaux chaudes naturelles et volcaniques dans la mer.
> Reportage à voir à :
<https://www.lci.fr/voyages/video-a-la-decouverte-de-l-ile-japonaise-de-yakushima-qui-abrite-le-plus-vieil-arbre-du-monde-2144751.html>
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Une publication
29- Livre. Comment cultiver notre jardin ?, Le Monde, 06/02/20, 06h00
Lucien Jedwab

Dans son « Eloge des jardins », la sociologue Anne Salmon aborde l’« espace heureux » qu’est le jardin sous l’angle philosophique. 
Livre. Anne Salmon est sociologue et philosophe. Elle a longtemps enseigné la sociologie à l’université de Lorraine, avant d’occuper un poste de professeur au Conservatoire national des arts et métiers, tout en menant des recherches dans le domaine des sciences en société. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages et publications, dont Moraliser le capitalisme ? (2009, CNRS Editions) et Les Nouveaux Empires. Fin de la démocratie ? (2011, CNRS Editions). C’est sous l’angle de la philosophie qu’elle aborde, dans cet Eloge dense, l’interaction de l’activité humaine et du « jardin ». Celui-ci étant à prendre au sens premier, tel le jardin clos, l’hortus conclusus médiéval, mais aussi au sens large, tel que s’entend le mot « nature ». Il n’est donc pas question ici de la fameuse conclusion du Candide de Voltaire : « Il faut cultiver notre jardin », et de ses implications métaphoriques.
> Lire aussi  A Paris, Lyon, Genève… ces beaux jardins d’hiver
Ce sont d’autres penseurs qui ont été convoqués, de Xénophon à Gilles Clément (pour paraphraser le sous-titre d’un petit livre du spécialiste des jardins Yves-Marie Allain) ou Gaston Bachelard. L’auteure livre la définition de ce « microcosme » qu’est le jardin : un petit monde protégé du chaos extérieur par une clôture, elle-même plus ou moins permanente ou continue. Ce jardin a revêtu au cours de l’histoire occidentale différentes formes, depuis les villae de l’Antiquité romaine jusqu’aux espaces verts de la « modernité », en passant par les jardins du pouvoir au XVIIe siècle ou ceux de la bourgeoisie triomphante au XIXe.
Où la nature sauvage et la nature cultivée s’interpénètrent
Analysant longuement les mythes des Grecs anciens, Anne Salmon fait un parallèle entre l’harmonie de l’Olympe après les combats sans merci que se sont livrés les dieux et le chaos apaisé du jardin, où la nature sauvage et la nature cultivée s’interpénètrent.
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Autre domaine longuement exploré : celui de la res publica christiana carolingienne, puis médiévale, où la symbolique religieuse vient interférer dans les relations entre les hommes et la terre. Là encore, la clôture, haie vivante ou barrière palissée, délimite un espace lui-même redécoupé au cœur des abbayes par le tracé de fleuves mythiques. Cyprès, oliviers, roses ou lys se chargent de significations, et ces fleurs elles-mêmes sont de plus en plus associées au culte chrétien. Quelques siècles plus tard, et toujours en Occident, c’est le roi lui-même qui devient le centre de l’univers, après avoir occupé le centre de ses jardins. Un Roi-Soleil qui ira jusqu’à écrire une Manière de montrer les jardins de Versailles… Le XIXe siècle sera marqué par la diffusion de l’emprise humaine sur la nature. Que cette dernière ait été ordonnée et « nettoyée » ou exploitée et lessivée par l’agriculture industrielle, cela appelle, selon les vœux de l’auteure, à de nouvelles pratiques. Incluant la réhabilitation du « sens commun », qu’une science instrumentalisée s’est longtemps évertuée, sans y arriver complètement, à décrédibiliser.
§ Eloge des jardins. Ethique de la nature et intervention de l’homme, d’Anne Salmon, Le Bord de l’eau, 216 p., 22 euros.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/06/comment-cultiver-notre-jardin_6028578_3232.html>
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– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
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– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
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– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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