[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur agriculture (hors SIA), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (lundi 24 février)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Lun 24 Fév 08:04:11 CET 2020
Bonjour à tous,
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1- Pas de résultats et pas de transparence sur les pesticides : la politique publique de réduction vue par la Cour des comptes <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/04/la-cour-des-comptes-dresse-un-constat-d-echec-des-politiques-publiques-de-reduction-des-pesticides_6028340_3244.html>, Le Monde, maj le 05/02/20 à 11h28
2- Thomas Brail, le militant perché qui fait avancer la cause des arbres <https://www.nouvelobs.com/societe/20200207.AFP2929/thomas-brail-le-militant-perche-qui-fait-avancer-la-cause-des-arbres.html>, AFP, 07/02/20, 12:00
3- Entretien. « Nous avons quelques semaines pour contrôler l’invasion de criquets pèlerins » dans la Corne de l’Afrique <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/02/07/corne-de-l-afrique-nous-avons-quelques-semaines-pour-controler-l-invasion-de-criquets-pelerins_6028838_3212.html>, Le Monde Afrique, 07/02/20, 18h49
4- Brésil : déforestation record en Amazonie en janvier <https://www.geo.fr/environnement/bresil-deforestation-record-en-amazonie-en-janvier-199820>, AFP, 07/02/20, 23:00
5- Pour le Conseil d’État, les organismes obtenus par mutagenèse doivent respecter la réglementation OGM <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/pour-le-conseil-d-etat-les-organismes-obtenus-par-mutagenese-doivent-respecter-la-reglementation-ogm_141310?xtor=RSS-15>, Sciences & Avenir, 08/02/20, 09h00
6- « On va avoir un paysage lunaire ! » L’Espagne affronte la désertification <https://reporterre.net/On-va-avoir-un-paysage-lunaire-L-Espagne-affronte-la-desertification>, Reporterre, 08/02/20
7- A quatre pattes dans la vigne pour soulager les sols <https://www.lepoint.fr/societe/a-quatre-pattes-dans-la-vigne-pour-soulager-les-sols-09-02-2020-2361859_23.php>, AFP, 09/02/20, 10:00
8- Des applications anti-gaspi pour aider la planète et dépenser moins <https://www.geo.fr/environnement/des-applications-anti-gaspi-pour-aider-la-planete-et-depenser-moins-199827>, AFP, 09/02/20, 13:00
9- Partenariat Carrefour-Loué pour éviter l'abattage des poussins mâles <https://www.lexpress.fr/actualite/societe/un-partenariat-carrefour-loue-pour-eviter-l-abattage-des-poussins-males_2117776.html>, AFP, 10/02/20, 08:00
10- La biodynamie, une conviction chevillée au cep <https://www.geo.fr/environnement/la-biodynamie-une-conviction-chevillee-au-cep-199832>, AFP, 10/02/20, 09:00
11- Des banques françaises accusées de financer des projets liés à la déforestation <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/plantes-et-vegetaux/des-banques-francaises-accusees-de-financer-des-projets-lies-a-la-deforestation_141378>, AFP, 10/02/20, 17:00
12- Agricool, la start-up qui fait pousser des fraises et des salades dans des containers <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/11/agricool-la-start-up-qui-fait-pousser-des-fraises-et-des-salades-dans-des-containers_6029137_3234.html>, Le Monde, 11/02/20, 08h06
13- Des filets de pêche biodégradables pour lutter contre la pollution plastique <https://www.lefigaro.fr/flash-eco/des-filets-de-peche-biodegradables-pour-lutter-contre-la-pollution-plastique-20200212>, AFP, 12/02/20, 21:00
14- Moët Hennessy arrêtera l'utilisation des herbicides en Champagne fin 2020 <https://www.geo.fr/environnement/moet-hennessy-arretera-lutilisation-des-herbicides-en-champagne-fin-2020-199887>, AFP, 12/02/20, 22:00
15- « Agribashing » : un levier d’influence pour une partie du monde agricole <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/13/agribashing-un-levier-d-influence-pour-une-partie-du-monde-agricole_6029444_3244.html>, Le Monde, 13/02/20, 11h53
16- Rejet du recours d’urgence des maires antipesticides sur les distances d’épandages <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/14/le-recours-en-justice-des-maires-antipesticides-sur-les-distances-d-epandages-rejete_6029622_3244.html>, Le Monde avec AFP, 14/02/20, 17h52
17- Une légumerie bio et locale pour les cantines d’Ile-de-France <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/14/une-legumerie-bio-et-locale-pour-les-cantines-d-ile-de-france_6029623_3244.html>, Le Monde, 14/02/20, 17h55
18- Les consommateurs gaspillent deux fois plus de nourriture qu’on le pensait <https://www.nouvelobs.com/sciences/20200215.OBS24883/les-consommateurs-gaspillent-deux-fois-plus-de-nourriture-qu-on-le-pensait.html>, L’Obs, 15/02/20, 11h19
19- « Nous voulons des coquelicots » veut recréer du lien avec le monde agricole <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/15/nous-voulons-des-coquelicots-veut-recreer-du-lien-avec-le-monde-agricole_6029723_3244.html>, Le Monde, 15/02/20, 20h36
20- Danger pour les producteurs de tomates : virus confirmé dans le Finistère <https://information.tv5monde.com/info/danger-pour-les-producteurs-de-tomates-virus-confirme-dans-le-finistere-347281>, AFP, 17/02/20, 22:00
21- Au Brésil, « la production de nourriture est une destruction de la vie » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/20/au-bresil-la-production-de-nourriture-est-une-destruction-de-la-vie_6030213_3244.html>, Le Monde, 20/02/20, 11h38
22- Les chiffres noirs des ventes de pesticides « extrêmement dangereux » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/20/les-chiffres-noirs-des-ventes-de-pesticides-extremement-dangereux_6030165_3244.html>, Le Monde, 20/02/20, 15h37
En images
23- Bornéo : à la rencontre des défenseurs de la forêt <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/borneo-a-la-rencontre-des-defenseurs-de-la-foret_3816773.html>, France 2, journal de 13h, 07/02/20
24- Les roses de la Saint-Valentin, cadeau empoisonné pour la planète <https://www.lemonde.fr/videos/video/2020/01/01/plan-b-dans-le-finistere-a-la-recherche-de-fleurs-plus-ethiques-et-ecologiques_6024527_1669088.html>, Le Monde, maj le 14/02/20, 15h15
25- Restaurants : le gaspillage fait ravage en cuisine <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/restauration-hotellerie-sports-loisirs/restaurants-le-gaspillage-fait-ravage-en-cuisine_3826515.html>, France 2, journal de 20h, 14/02/20
26- Plan B : au Sénégal, une Grande Muraille verte pour arrêter le désert <https://www.lemonde.fr/videos/article/2020/02/17/plan-b-au-senegal-une-grande-muraille-verte-pour-arreter-le-desert_6029818_1669088.html>, Le Monde, 17/02/20, 10h04
Bien à vous,
Florence
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BILAN DU JOUR : Gros retards, imbroglio administratif, absence de résultats et manque de transparence : tel est le bilan dressé par la Cour des comptes de dix années d’action gouvernementale impuissante à sortir l’agriculture française de sa dépendance aux pesticides. (cf. item 1)
EXPANSION DU JOUR : Les gigantesques essaims de criquets qui s'abattent sur l'Afrique de l'Est et dévastent les cultures ont déjà atteint le Kenya, l'Ethiopie, l'Erythrée, Djibouti, la Somalie, l'Ouganda, le Soudan et la Tanzanie. (cf. item 3 & suite)
DÉCISION DU JOUR : Les organismes obtenus par mutagenèse devront, comme les OGM, être soumis à une évaluation des risques, étiquetés et suivis. Ainsi en a décidé le Conseil d'Etat au terme d'une bataille judiciaire de plusieurs années. (cf. item 5)
CHIFFRES DU JOUR : — La déforestation en Amazonie brésilienne a plus que doublé en janvier par rapport au même mois de l'an dernier (+108%), avec plus de 280 km2 déboisés, un record. (cf. item 4)
— 74 % du territoire espagnol est soumis à un risque de désertification selon les critères de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification. (cf. item 6)
— On jette un tiers de la nourriture produite chaque année, environ 10% des émissions de gaz à effet de serre viennent de déchets alimentaires à eux seuls. (cf. item 8)
— Les résultats d’une étude néerlandaise montrent qu'en moyenne, un être humain gaspille 527 kilocalories de nourriture par jour, soit plus du double de l'estimation précédente de la FAO, Qui les évalue à 214 kilocalories. (cf. item 18)
— Rassemblé à Paris pour une journée d’échanges, le mouvement antipesticides "Nous voulons des coquelicots" revendique près de 700 collectifs locaux et 12 000 rassemblements à travers la France. (cf. item 19)
— Avec 4,8 milliards de dollars en 2018, les 5 géants de l’agrochimie -Bayer (Allemagne), Syngenta (Suisse), BASF (Allemagne), Corteva (EU) & FMC (EU)- ont réalisé plus du tiers de leur chiffre d’affaires mondial avec les substances les plus toxiques engendrant 25 millions d’intoxications graves par an dont 220 000 morts. (cf. item 22)
— En moyenne, chaque jour, un restaurant jette à la poubelle 10% des matières premières qu'il achète. Sur l'année, cela représente 400 000 tonnes de déchets alimentaires. (cf. item 25)
CONTRESENS DU JOUR : En dépit d'une loi qui leur interdit de financer les dégâts environnementaux, des banques françaises ont fourni environ deux milliards d'euros à des entreprises agroalimentaires favorisant la déforestation, selon une enquête de l'ONG Global Witness. (cf. item 11 & suite)
DANGER DU JOUR : Le ministère de l'Agriculture a confirmé la contamination de tomates en serre dans le Finistère par le virus ToBRFV, sans danger pour les humains mais extrêmement virulent et faisant peser un risque économique pour la filière. (cf. item 20)
INTERCONNEXION DU JOUR : La chercheuse Larissa Mies Bombardi, géographe de Sao Paulo, établit grâce à des cartes, le lien entre l’utilisation de la chimie en agriculture, la déforestation en Amazonie et l’empoisonnement des populations. (cf. item 21)
ALTERNATIVES DU JOUR : — Le projet Indigo, qui vise à créer des engins de pêche biodégradables (filets, casiers, etc.), en vue de réduire les déchets marins et leurs conséquences «dévastatrices» pour l'environnement, a été lancé à l'Université de Bretagne Sud. (cf. item 13)
— La filière bio francilienne a inauguré récemment une unité de transformation de légumes. Un tournant nécessaire pour répondre à la demande de la restauration collective. (cf. item 17)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Pas de résultats et pas de transparence sur les pesticides : la politique publique de réduction vue par la Cour des comptes, Le Monde, maj le 05/02/20 à 11h28
Martine Valo
En dépit de trois versions successives, les plans Ecophyto se sont soldés par une augmentation des quantités de produits chimiques.
Gros retards, imbroglio administratif, absence de résultats et manque de transparence : voilà en substance le bilan dressé par la Cour des comptes de dix années d’action gouvernementale, impuissante à sortir l’agriculture française de sa dépendance aux pesticides. Le premier ministre, à qui ce référé en forme de constat d’échec a été adressé le 27 novembre 2019, disposait d’un délai de deux mois pour y répondre avant que ce texte ne soit rendu public mardi 4 février. Matignon a rédigé une défense in extremis lundi. Son argumentaire recense des mesures censées encourager les agriculteurs à avoir la main moins lourde sur les produits chimiques, mais ne dit pas pourquoi les programmes de mobilisation et les millions d’euros dépensés depuis 2009 se sont jusqu’à présent soldés par une augmentation continue des quantités de produits vendues aux agriculteurs.
> Lire aussi « Jusqu’ici, les agrochimistes ont défini eux-mêmes les modalités de l’évaluation environnementale de leurs produits »
La Cour rappelle qu’en 2008, poussée par l’élan d’optimisme du Grenelle de l’environnement, la France ambitionnait de réduire de 50 % l’usage des pesticides en dix ans, d’atteindre 50 % d’exploitations engagées en certification environnementale vers 2012 et 20 % de surfaces agricoles en bio en 2020. Las, même reportés à 2025 et revus à la baisse, « les effets des plans Ecophyto demeurent très en deçà des objectifs fixés », observent les magistrats. En dépit des trois versions successives de ces plans (dont la dernière date d’avril 2019) et des 400 millions d’euros engagés par an, l’utilisation des pesticides « a au contraire progressé de 12 % entre 2009 et 2016 », notent-ils. Encore ne disposaient-ils pas des derniers chiffres pour leur rapport.
Car en réalité, selon la note du suivi Ecophyto du 7 janvier établie par le ministère de l’agriculture, le recours aux pesticides s’est fortement intensifié entre 2009 et 2018 : il a augmenté de 25 % en nombre de doses unités (NODU), un indicateur qui exclut les produits de bio contrôle à risque faible et les traitements de semences. L’augmentation par rapport à 2017 est même spectaculaire (+ 24 % en un an). Quant aux lignes budgétaires, le gouvernement avance les chiffres de 41 millions d’euros par an pour les actions nationales et de 30 millions pour les régions, sans commune mesure avec ceux estimés par la Cour des comptes. Une diversité de financement « si complexe, estime la Cour des comptes, qu’elle peut neutraliser les effets de l’impulsion nationale et (…) des initiatives régionales ». Le tout sous le contrôle de sept administrations différentes.
Quasi-retour au niveau de 2009
Matignon concède qu’il faut « en rendre mieux compte » et annonce la nomination d’un coordinateur interministériel chargé d’établir une cartographie des financements. Il promet aussi de livrer des statistiques plus à jour. Et il vante la mise en ligne en janvier d’un site, Dataviz, permettant de visualiser les évolutions des ventes des dix dernières années (où l’on voit qu’elles montent en flèche dans le Tarn-et-Garonne en particulier). Un effort de transparence inédit il est vrai.
Une « agriculture moins dépendante aux pesticides » constituant une de ses priorités, le gouvernement évoque dans son argumentaire de défense de six pages ses efforts auprès de l’Union européenne en faveur d’une politique agricole commune plus soucieuse d’environnement et de l’interdiction de certaines substances, comme les insecticides néonicotinoïdes entre autres. Il met en avant l’augmentation de la redevance pour pollutions diffuses, l’encadrement de la publicité et la fin des ristournes sur les pesticides. Cela n’a pas suffi : en quantité de substances actives, le volume des achats en France s’élevait encore à 85 900 tonnes en 2018. Or, la Cour note que l’obligation pour les vendeurs de proposer aux acheteurs des méthodes de substitution aux produits phytos « demeure de portée incertaine », en raison notamment « de la suppression du régime de sanction pécuniaire » pour les professionnels qui manquent à ce devoir.
> Lire aussi Le Conseil constitutionnel reconnaît que « la protection de l’environnement » peut justifier des « atteintes à la liberté d’entreprendre »
Matignon rapporte des baisses de 15 % et de 9 % en moyennes triennales des molécules « les plus préoccupantes » : avec un caractère cancérigène, mutagène ou toxique soit avéré, soit suspecté. Pourtant, les courbes de la note Ecophyto dessinent un quasi-retour au niveau de 2009. En revanche, dans les zones non agricoles, la loi a fait chuter l’utilisation des pesticides de 70 %. Les ventes de produits de biocontrôle, destinés aux cultures bio, augmentent fortement car ce type de modèle gagne du terrain : 41 600 exploitations y sont converties, soit 9,5 % du total.
Selon la Cour, l’Etat devrait « améliorer les règles scientifiques et déontologiques d’évaluation des substances » et mettre en place un « dispositif de phyto-pharmacovigilance ». Elle rappelle que tout citoyen devrait pouvoir consulter l’importance des substances émises dans l’environnement, près de chez lui notamment. Fin novembre 2019, elle demandait au gouvernement de s’appuyer sur les résultats de la consultation publique menée au sujet des distances de sécurité à l’égard des riverains. Depuis, celui-ci a tranché pour des zones sans épandage de 3 à 20 mètres selon les cultures, bien inférieures aux 150 mètres demandés par nombre des 53 000 contributions reçues.
> Lire aussi Pesticides interdits : révélations sur l’intense lobbying des industriels jusqu’au sommet de l’Etat
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/04/la-cour-des-comptes-dresse-un-constat-d-echec-des-politiques-publiques-de-reduction-des-pesticides_6028340_3244.html>
Sur le même sujet :
> Malgré toutes les mesures et 400 millions d’euros, l’usage des produits chimiques augmente en France <https://dailygeekshow.com/politique-reduire-pesticides-echec/>, Daily Geek Show, 07/02/20
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2- Thomas Brail, le militant perché qui fait avancer la cause des arbres, AFP, 07/02/20, 12:00
Près d'un mois sur un platane perché : par son coup d'éclat en août devant le ministère de la Transition écologique, le tarnais Thomas Brail est devenu le déclencheur d'une mobilisation générale au secours des arbres menacés d'abattage.
"J'ai failli +mourir+... 28 jours encordé dans un arbre en plein Paris", lance ce quadragénaire énergique au visage fin mangé d'une barbe noire, qui "déteste" la vie urbaine.
Dans son sanctuaire, une bergerie retapée au pied de la Montagne noire, il se remémore ces derniers mois qui l'ont arraché à une vie tranquille "à la campagne".
Après une première rencontre mi-janvier avec la ministre Élisabeth Borne, il se prépare à un nouveau rendez-vous le 11 février au ministère, avec plusieurs associations, pour faire "avancer la cause des arbres".
"Vous menez un combat sincère et juste", l'avait salué la ministre dans un tweet mi-janvier.
"Moi à la base, mon boulot c'est de sauver des arbres", explique ce "grimpeur arboriste" longiligne qui travaille dans une coopérative. "Attention, je ne suis pas un extrémiste, je me chauffe au bois", s'amuse-t-il devant sa cheminée.
- Coup de sang -
Il entre en résistance en mai dernier, sans vraiment réfléchir, quand il découvre que la ville de Mazamet, où il a "travaillé comme jardinier pendant 10 ans" entend couper un alignement de platanes "de 200 ans" pour aménager un parking.
Il passe trois jours au sommet de l'un de ces arbres, rejoint par un "éducateur en grimpe d'arbre" qui lui propose de relayer leur action sur Facebook.
Après Mazamet, ce sera Condom, dans le Gers, au secours de 16 autres platanes.
"Les élus n'ont aucune conscience des enjeux climatiques lorsqu'ils engagent des travaux. Notre rôle c'est de les éduquer", affirme le grimpeur. Les maires de Mazamet et Condom n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
Thomas Brail cite encore comme "mauvais élève" La-Grande-Motte, où il s'est rendu récemment. La commune héraultaise vient de décider de couper plus de 8.000 arbres.
Début août, voyant que le maire de Condom refuse toute discussion, Thomas décide de porter son combat à Paris.
- "On n'en ressort pas indemne" -
L'expérience l'a profondément marqué : "la descente a été super compliquée, physiquement d’abord, car je n'avais pas posé le pied par terre pendant quatre semaines".
"On n'en ressort pas indemne sur le plan personnel, professionnel et familial. J'ai loupé les deux ans de mon petit garçon", ajoute-t-il.
Au début pourtant, cela a été presque un jeu : il se souvient de "l'affolement" du gendarme en faction devant le ministère, le découvrant perché.
A une relative indifférence succède l'engouement médiatique, "les journalistes de retour de vacances ont débarqué !".
Plusieurs personnalités - Juliette Binoche, Bruno Solo, des naturalistes, des écologistes... - se rallient à son combat.
Alain Baraton, le jardinier en chef de Versailles, salue "un geste qui ne manque pas de panache" : "il est important qu'il y ait des sentinelles, des lanceurs d'alerte".
"Les élus aiment les arbres autant que nous, mais devant certains projets on évoque une maladie, le dépérissement ou la dangerosité des arbres souvent de façon excessive", estime cet expert du végétal.
Pour Georges Feterman, le président de l'association Arbres remarquables, "Thomas Brail a réussi à faire que nous soyons reçus par la ministre alors que depuis plusieurs dizaines d'années nous y avions échoué".
En quelques semaines, une quarantaine d'antennes locales de la petite association de Thomas Brail - le Groupe national de surveillance des arbres - voient aussi le jour.
"Je n'ai pas eu d'ennui car je m’appuie sur la loi", martèle Thomas en brandissant l'article L350-3 du code de l'environnement. Ce texte dispose que l'on ne peut abattre d'arbres d’alignement que lorsqu’ils présentent "un danger pour la sécurité ou sanitaire".
Fin août, les 16 platanes de Condom sont finalement abattus. "On a perdu des arbres mais si c'est pour en gagner d'autres !", s'exclame Thomas Brail qui veut porter dorénavant son combat au niveau européen, "pour créer un véritable statut de l’arbre".
<https://www.nouvelobs.com/societe/20200207.AFP2929/thomas-brail-le-militant-perche-qui-fait-avancer-la-cause-des-arbres.html>
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3- Entretien. « Nous avons quelques semaines pour contrôler l’invasion de criquets pèlerins » dans la Corne de l’Afrique, Le Monde Afrique, 07/02/20, 18h49
Propos recueillis par Laurence Caramel
Un expert de la FAO presse la communauté internationale de réagir à la plus grande crise qu’ait connue la région depuis des décennies.
« Nous ne devrions pas sous-estimer leur appétit » : jeudi 30 janvier, face aux donateurs rassemblés au siège de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à Rome, Keith Cressman, spécialiste des invasions acridiennes au sein de l’institution, n’a pas dissimulé la gravité de la situation dans la Corne de l’Afrique, confrontée à la plus importante invasion de criquets pèlerins depuis des décennies.
Quelques jours plus tard, sur le terrain en Somalie et en Ethiopie, il a pu observer l’abondance des bandes larvaires et des essaims d’immatures, prêts à se transformer d’ici quelques semaines en nouvelles garnisons d’insectes prédateurs pour les cultures et les pâturages. C’est lors d’une de ses étapes au Puntland, en Somalie, où l’« urgence nationale » a été déclarée, que nous l’avons interrogé par téléphone sur les causes de cette crise et sur les craintes qu’il faut avoir si elle n’est pas rapidement contrôlée.
> Lire aussi En Somalie, l’invasion des criquets pèlerins déclarée « urgence nationale »
La FAO a lancé un appel de fonds de 76 millions de dollars, soit 69 millions d’euros. Une somme qui représente probablement la moitié à peine de ce qu’il faudra mobiliser pour gagner cette course contre la montre, selon le scientifique.
Pourquoi cette crise a-t-elle pris une telle ampleur ?
Tout a commencé au printemps 2018 avec l’arrivée de pluies abondantes sur le « quart vide » de la péninsule arabique, suite à la formation d’un cyclone au-dessus de l’océan Indien. Les conditions parfaites de chaleur et d’humidité pour la reproduction des criquets pèlerins étaient réunies. Et c’est ce qui s’est passé, sans que cela soit détecté et que des mesures de contrôle puissent être déployées. Cette zone est inaccessible. Il n’y a ni routes, ni infrastructures. Il n’y a que des dunes de sable, dont la hauteur peut atteindre celle de la tour Eiffel.
Un deuxième cyclone s’est produit en octobre, qui a entretenu cette intense reproduction. Ainsi, trois générations d’insectes phytophages se sont formées, multipliant leur nombre par 8 000. Une partie a commencé à migrer début 2019 en direction de l’Iran, au nord, et du Yémen, à l’ouest. La guerre au Yémen a, à son tour, entravé les opérations de contrôle, alors que de nouveaux cycles de reproduction s’enchaînaient. Il faut en moyenne trois mois pour qu’après la ponte, une larve se transforme en criquet adulte apte à se reproduire.
En juin, les premières invasions dans la Corne de l’Afrique ont commencé. Le nord de la Somalie a été la première région touchée, puis l’Ethiopie. Ces deux pays sont parvenus à contenir la formation des bandes larvaires et des essaims jusqu’au mois de décembre. Puis tout a basculé avec l’arrivée du cyclone Pawan, le 7 décembre, sur le nord-est de la Somalie. Des pluies abondantes et des inondations ont gagné l’intérieur des terres, jusqu’en Ethiopie, favorisant la reproduction. La situation est devenue hors de contrôle.
Les pluies anormalement abondantes semblent jouer un rôle majeur. Faut-il voir dans cette infestation acridienne hors normes la marque du changement climatique ?
Il est certain que cette succession de cyclones est à l’origine de la crise. Nous constatons depuis dix ans une augmentation de leur nombre. Neuf ont été comptabilisés dans l’océan Indien pour la seule année 2019. Si cette tendance se confirme, alors les infestations de criquets pèlerins dans la Corne de l’Afrique seront également plus fréquentes.
Des essaims géants ont gagné le Kenya en décembre. Quels sont les autres pays menacés et quels sont d’ores et déjà les dégâts observés ?
Il faut imaginer qu’un essaim de la taille de Rome [1 285 km2], ce qui n’est pas exceptionnel dans la situation actuelle, peut manger en une seule journée la quantité de nourriture consommée par toute la population du Kenya [50 millions d’habitants].
Le criquet pèlerin est la peste migratoire la plus dangereuse au monde. Le Soudan du Sud et l’Ouganda peuvent être infectés d’un jour à l’autre, car les insectes se trouvent à 200 km des frontières. Ce qui n’est rien pour cet animal qui peut aisément parcourir 150 km en une journée. D’ici quelques semaines, le Soudan pourrait lui aussi être envahi, et la Somalie et l’Ethiopie de nouveau infestées. Les criquets se déplacent avec les vents, actuellement orientés du nord au sud. Ces vents vont bientôt s’inverser et rabattre les essaims vers les régions déjà traversées. L’épidémie ne devrait pas progresser vers l’Afrique de l’Ouest.
Les dégâts ont pour l’instant été limités, car la plupart des récoltes avaient déjà été ramassées. Les éleveurs ont davantage souffert. Mais le pire est à venir si nous ne parvenons pas à contrôler l’invasion : la prochaine saison des pluies débutera fin mars et elle coïncidera avec une nouvelle génération de milliards de criquets. Les semences et les jeunes plants risquent de leur fournir un excellent repas si leur présence ne dissuade pas les paysans de planter. Dans une région où 12 millions de personnes se trouvent déjà en situation d’insécurité alimentaire, ce scénario aurait de lourdes conséquences. Il ne nous reste donc que quelques semaines pour agir.
> Lire aussi Le Kenya s’inquiète des effets de l’invasion de criquets sur son économie
La FAO a une longue pratique de lutte contre les invasions acridiennes. Quels problèmes rencontrez-vous, cette fois-ci, qui justifient tant d’inquiétude ?
Nous devons faire face à l’étendue considérable des zones infestées, ce qui complexifie les opérations de surveillance et d’intervention par voie aérienne. L’insécurité sur le terrain, en particulier en Somalie, empêche par endroits les équipes de se rendre sur place. Nous profitons cependant de la présence d’importants dispositifs humanitaires dont nous pouvons mobiliser les moyens logistiques, comme ceux du Programme alimentaire mondial (PAM). Nous ne devons pas attendre que la situation alimentaire s’aggrave pour venir en aide à ceux qui souffrent déjà. Mais pour avoir une chance de réussir, nous devons parvenir à mobiliser les donateurs. Jusqu’à présent, nous n’avons pu engager que 15 millions de dollars.
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/02/07/corne-de-l-afrique-nous-avons-quelques-semaines-pour-controler-l-invasion-de-criquets-pelerins_6028838_3212.html>
Sur le même sujet :
> Les essaims de criquets en Afrique de l'Est atteignent le Soudan du Sud, AFP, 18/02/20, 21:00
Les essaims de criquets qui s'abattent sur l'Afrique de l'Est sont arrivés au Soudan du Sud, ont annoncé mardi les autorités sud-soudanaises.
Ces essaims qui dévastent les cultures ont déjà atteint le Kenya, l'Ethiopie, l'Erythrée, Djibouti, la Somalie, l'Ouganda, le Soudan et la Tanzanie.
Ils sont arrivés au Soudan du Sud lundi par la frontière ougandaise, dans le sud du pays, a indiqué le ministre de l'Agriculture Onyoti Adigo.
"Les criquets sont comme les humains, ils envoient une avant-garde pour vérifier s'il y a de la nourriture et si le terrain est favorable à la reproduction", a précisé le ministre.
Selon le représentant au Soudan du Sud de l'Agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), Meshack Malo, quelque 2.000 criquets ont déjà été repérés dans le pays.
D'après leur couleur jaune foncé, il s'agirait essentiellement d'individus à la recherche de zones de ponte, a-t-il souligné.
L'arrivée de ces criquets pourrait s'avérer catastrophique pour le Soudan du Sud, où 60 % de la population est déjà menacée par la faim, en raison des effets combinés de la guerre, de la sécheresse et d'inondations.
"Nous formons des gens pour l'épandage et nous aurons aussi besoin d'insecticides et d'épandeurs. Il nous faudra aussi des véhicules, voire des avions si cela empire", a énuméré le ministre.
La FAO estime qu'il s'agit de la "pire situation" qu'a connue la Corne de l'Afrique en un quart de siècle concernant les criquets pèlerins.
Si le phénomène d'invasion s'aggrave, dans un an ou plus, cela serait considéré comme un fléau.
Il y a eu six grandes invasions de criquets au XXe siècle, dont la dernière s'est produite en 1987-89.
<https://information.tv5monde.com/afrique/les-essaims-de-criquets-en-afrique-de-l-est-atteignent-le-soudan-du-sud-347413>
Sur le même sujet :
> L'armée ougandaise à l'assaut des criquets ravageurs <https://information.tv5monde.com/info/l-armee-ougandaise-l-assaut-des-criquets-ravageurs-347521>, AFP, 19/02/20, 13:00
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4- Brésil : déforestation record en Amazonie en janvier, AFP, 07/02/20, 23:00
La déforestation en Amazonie brésilienne a plus que doublé en janvier par rapport au même mois de l'an dernier (+108%), avec plus de 280 km2 déboisés, un record, d'après les données officielles préliminaires rendues publiques vendredi.
Il s'agit de la plus grande surface déboisée pour un mois de janvier depuis la mise en service en 2015 du système DETER, basé sur des alertes de déforestation identifiées par satellite, de l'Institut national de recherches spatiales (INPE).
À titre de comparaison, elle s'élevait à 136 km2 en janvier 2019, 183 km2 en 2018 et 58 km2 en 2017.
À la mi-janvier, les données de l'INPE faisaient état d'une augmentation de 85% de la déforestation en 2019 (9.166 km2), première année de mandat du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, par rapport à l'année précédente (4.946 km2).
Le président Bolsonaro avait défrayé la chronique en août en tentant de minimiser la recrudescence d'incendies de forêt qui avaient choqué le monde entier.
Le 2 août, l'ex-président de l'INPE, Ricardo Galvao, avait été limogé par le gouvernement Bolsonaro après avoir été accusé d'exagérer l'ampleur de la déforestation.
En décembre, M. Galvao a été choisi parmi les 10 scientifiques les plus importants de l'année par la revue de référence britannique Nature.
Mercredi, Jair Bolsonaro a donné son aval à un projet de loi controversé qui prévoit notamment d'autoriser l'exploration minière sur des terres indigènes, ce qui aurait pour effet de stimuler la déforestation, selon de nombreuses ONG.
Ce projet de loi, qui doit encore être approuvé au Parlement, a été qualifié de "rêve" par le chef de l'Etat, mais de "cauchemar" par des leaders indigènes et des militants écologistes.
<https://www.geo.fr/environnement/bresil-deforestation-record-en-amazonie-en-janvier-199820>
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5- Pour le Conseil d’État, les organismes obtenus par mutagenèse doivent respecter la réglementation OGM, Sciences & Avenir, 08/02/20, 09h00
Rachel Mulot
Les organismes obtenus par mutagenèse devront, comme les OGM, être soumis à une évaluation des risques, étiquetés et suivis. Ainsi en a décidé le Conseil d'Etat au terme d'une bataille judiciaire de plusieurs années.
Saisi par des associations et syndicats, le Conseil d'État juge que les organismes obtenus par certaines techniques de mutagenèse doivent être soumis à la réglementation relative aux organismes génétiquement modifiés (OGM). Il enjoint notamment au gouvernement de modifier le code de l'environnement en ce sens, d'identifier au sein du catalogue des variétés de plantes agricoles celles qui ont été obtenues par mutagenèse et qui auraient dû être soumises aux évaluations applicables aux OGM. Le Conseil d'Etat demande enfin de mieux évaluer les risques liés aux variétés de plantes rendues tolérantes aux herbicides (VRTH).
Pas d'insertion mais des mutations
Cet avis suit celui de la cour de justice européenne qui avait tranché dans ce sens en juillet 2018 après avoir elle-même été saisie par le Conseil d'Etat français. La Confédération paysanne, un syndicat agricole français, avait en effet formé, avec huit autres associations, un recours devant l'institution. Cette démarche contestait la réglementation française qui exemptait jusqu'à présent les organismes obtenus par mutagenèse des obligations imposées par la directive sur les OGM.
En vertu d'une directive européenne du 12 mars 2001, les OGM sont en effet soumis à des procédures d'évaluation des risques et d'autorisation préalables à toute mise sur le marché ou dissémination dans l'environnement, ainsi qu'à des obligations d'information du public, d'étiquetage et de suivi. Cette directive a été transposée en droit français mais se contentait de cibler les organismes obtenus par transgenèse, en excluant du champ de la réglementation OGM ceux obtenus par mutagenèse.
Le recours aux ciseaux moléculaires
Contrairement à la transgenèse, qui insère dans le génome d'un organisme un gène d'une autre espèce, la mutagenèse consiste à provoquer des mutations internes à l'organisme. On distingue la mutagenèse aléatoire, qui vise à accroître la fréquence des mutations génétiques spontanées des organismes vivants et la mutagenèse dirigée (ou technique d'édition du génome), qui correspond à l'introduction dans les cellules de la plante d'un matériel génétique étranger pour y provoquer la mutation recherchée sans que ce matériel ne demeure, in fine, dans l'organisme.
Par ailleurs la mutagenèse peut être réalisée in vivo (les agents mutagènes sont employés sur la plante entière ou des parties de plantes) ou in vitro (les agents mutagènes sont employés sur des cellules de la plante, la plante entière étant ensuite reconstituée artificiellement). La tolérance aux herbicides est l'une des caractéristiques les plus recherchées via cette méthode. Les techniques de mutagenèse peuvent notamment recourir aux ciseaux moléculaires CRISPR/Cas9, mis au point par la Française Emmanuelle Charpentier et l'Américaine Jennifer Doubna. Les techniques de mutagenèse ont permis de développer des variétés de semences résistantes à des herbicides sélectifs. Récemment, elles ont aussi servi à la sélection d'un blé résistant à la dévastatrice rouille noire, en exposant des semences à des rayonnements ionisants.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/pour-le-conseil-d-etat-les-organismes-obtenus-par-mutagenese-doivent-respecter-la-reglementation-ogm_141310?xtor=RSS-15>
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6- « On va avoir un paysage lunaire ! » L’Espagne affronte la désertification, Reporterre, 08/02/20
Rémy Bourdillon, Almería (Espagne), reportage
D’immenses serres qui ravitaillent l’Europe en tomates, des cultures intensives d’amandiers ou d’oliviers... En Espagne, ces pratiques agricoles provoquent de l’érosion, dégradent les sols et mènent, en bref, à la désertification accélérée du pays. En face, petits paysans et associations luttent pour une « agriculture régénératrice ».
Une promenade au-dessus d’Almería, en Andalousie, permet de lire dans le paysage la transformation qu’a connue l’agriculture espagnole dans les dernières décennies : à flanc de montagne, les terrasses qui supportaient autrefois une agriculture à petite échelle s’effondrent lentement. En contrebas, le long de la Méditerranée, la célèbre « mer de plastique » — 30.000 hectares de cultures sous serre — épuise les aquifères, touchés par des intrusions d’eau saline. En haut comme en bas, les sols sont fortement dégradés. Et cela devient un problème encombrant en Espagne, pays dont 74 % du territoire est soumis à un risque de désertification — selon les critères de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification — car composé de zones arides, semi-arides ou subtropicales sèches.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://reporterre.net/On-va-avoir-un-paysage-lunaire-L-Espagne-affronte-la-desertification>
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7- A quatre pattes dans la vigne pour soulager les sols, AFP, 09/02/20, 10:00
Maxime Mamet
Chevaux et moutons font leur retour dans les vignes où ils aident les sols à mieux respirer et les préservent des tassements, même s'il est toujours inenvisageable de se passer du tracteur.
Urbanie tire avec aisance une lame de désherbage entre les rangs centenaires du Domaine de l'Affût, en Sologne. Malgré sa tonne, la petite Ardennaise file sans rien abîmer des très vieux pieds, ni maltraiter le sol boueux.
Isabelle Pangault, installée à Sassay (Loir-et-Cher), observe de loin son prestataire, spécialisé dans la traction animale.
"On est sur une parcelle d'un gamay plus que centenaire, plantée en 1894. C'est pour ça que je fais appel au cheval", explique la vigneronne. "Ce sont des vieux ceps tout tortueux qui ont tendance à courir un peu au sol. Si je passais le tracteur pour travailler je risquerais de tout arracher".
Autre avantage, "on va moins tasser les sols, puisque même si Urbanie est d'un bon gabarit, elle n'est pas si lourde. Et surtout, son poids est bien mieux réparti sur le sol que celui d'un tracteur. Je sais que mes sols vont plus respirer. (...) Les racines vont trouver plus d'oxygène, d'eau et d'éléments minéraux", continue-t-elle.
"Un vigneron qui veut respecter son sol va éviter tout phénomène de tassement", abonde Olivier Humbrecht, président du syndicat Biodyvin, qui regroupe des domaines en biodynamie.
Avec le tassement, les viticulteurs constatent "des phénomènes d'asphyxie". "Le vigneron doit avoir des sols aérés et légers", explique l'Alsacien, qui regrette que le poids des tracteurs fruitiers modernes approche les trois tonnes.
Alors, idéal le cheval de trait ? Pas vraiment. Certes, avec un coût de 6.000 euros maximum pour une bête formée, il est bien moins cher qu'un tracteur (environ 100.000 euros). Mais la machine reste bien plus efficace... et exige moins de soin.
"Le cheval demande un entretien 365 jours par an pour cinq ou six heures de travail par jour. (...) Comme un sportif, il faut qu'il ait une hygiène de vie" et il a aussi ses humeurs, détaille Olivier Humbrecht.
L'animal est "intéressant dans des parcelles difficiles d'accès, (pentues, NDLR), ou biscornues, ou dans de très vieilles parcelles. Le cheval est alors une solution viable" même s'il "augmente de beaucoup le coût d'entretien d'une parcelle", conclut-il.
- Cher cheval -
Dans le Saumurois, Thierry Germain a lui aussi fait le choix de l'équidé, mais il en mesure les limites. "On ne peut pas tout faire au cheval. Le cheval c'est énormément de travail (...) C'est joli mais il faut voir tout ce qu'il y a derrière. C'est aussi pour ça que les gens ne l'utilisent plus. Mais on le voit revenir, on a envie de reprendre du temps, plutôt que courir."
A Sassay, pour un peu moins de 250 euros, Urbanie va travailler une demi-journée pour venir à bout des 38 ares de gamay. "Au tracteur, j'aurais mis deux fois moins de temps. Financièrement, je ne peux pas me permettre de le faire partout", confie Isabelle Pangault. Le cher cheval ne peut donc intervenir que sur des productions de qualité, dont le prix intègre aussi le coût de l'animal.
Si le cheval n'est pas près de supplanter le tracteur, le mouton, lui, est une solution peu coûteuse de désherbage. Et sans grand inconvénient... à condition de ne pas y avoir recours au moment de l'apparition des très tendres feuilles de vigne.
"Dès que les vendanges sont finies, il y a six mois dans l'année où on peut les mettre", explique Olivier Humbrecht. "Si l'enherbement est relativement maîtrisé, le mouton fait un très beau travail. Cela entretient très bien et ses crottes amènent de la matière organique dans la vigne."
A Cour-Cheverny (Loir-et-Cher), le Domaine des Huards laisse paître un petit troupeau, qui rend de fiers services.
"Dans une parcelle nouvellement plantée, l'herbe avait tellement poussé qu'on ne voyait plus les pieds", raconte Alexandre Gendrier. "On a mis les moutons dedans et en une semaine le problème était réglé. Alors que physiquement, à la débroussailleuse, c'est insupportable."
Autant laisser faire les professionnels.
<https://www.lepoint.fr/societe/a-quatre-pattes-dans-la-vigne-pour-soulager-les-sols-09-02-2020-2361859_23.php>
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8- Des applications anti-gaspi pour aider la planète et dépenser moins, AFP, 09/02/20, 13:00
Véronique Dupont
Jack Convery se rend d'un bon pas chez Coco di Mama, une chaîne de restaurants italiens à Londres. Cet employé d'une entreprise du secteur high-tech de 27 ans a commandé son repas en quelques clics sur l'application Karma, qui brade les invendus de centaines de restaurants.
Karma fait partie comme Olio, Too Good to Go or Food Cowboy d'une vague d'applications très en vogue à travers le monde et notamment en Angleterre pour lutter contre le gaspillage alimentaire, l'une des principales causes d'émissions de CO2.
"Ce que je peux faire pour l'environnement et en même temps mon budget, c'est gagnant-gagnant", remarque Jack avant de récupérer son repas au comptoir, qui l'attend emballé dans du papier kraft.
Pour les restaurateurs, c'est aussi une bonne opération. "Quand on donne les invendus à des organisations caritatives, c'est super, mais avec Karma on récupère un peu d'argent. Ca ne couvre pas totalement le coût des repas mais c'est déjà ça", remarque Sarah McCraight, l'une des dirigeantes de Coco di Mama.
Face à la prise de conscience de l'urgence climatique, les applications comme Karma, start-up suédoise créée en 2016, sont de plus en plus populaires. Karma revendique 1 million d’utilisateurs en Suède, au Royaume-Uni et en France. Olio, société britannique née en 2015, en affiche 1,7 million dans 49 pays.
"On jette un tiers de la nourriture produite chaque année, environ 10% des émissions de gaz à effet de serre viennent de déchets alimentaires à eux seuls", trois fois plus que les émissions de CO2 provenant de l'aviation, insiste Tessa Clarke, co-fondatrice d'Olio.
Le gâchis a lieu à travers toute la chaîne de production: dans les fermes, pendant le transport, dans les supermarchés. Mais dans les pays développés, c'est essentiellement dans les restaurants et surtout chez les particuliers que la nourriture est gaspillée.
- Lien social -
Olio vise surtout les particuliers qui y mettent des aliments qu'ils pensent ne pas consommer : des épices lors d'un déménagement, des légumes quand on part en voyage, un gâteau qu'on ne va pas finir.
Selon Tessa, la moindre tête de brocoli, le plus petit paquet de nouilles - parfois déjà ouvert - trouve preneur.
L'application est particulièrement prisée des 18-44 ans, et des femmes, comme Amanda Connolly, 43 ans.
Cette adepte d'Olio, très engagée dans la réduction des déchets, souligne qu'elle ne travaille pas actuellement alors l'application "est vraiment utile pour récupérer du pain, des boîtes de conserves ou des trucs comme ça".
"Et puis ça vous fait rencontrer des gens près de chez vous", ajoute-t-elle.
Olio, gratuite pour les particuliers, intervient aussi auprès de supermarchés ou restaurants, à qui la société facture des frais d'enlèvement.
Des bénévoles se chargent ensuite de redistribuer les invendus sur la plate-forme.
Pour une ONG environnementale comme WWF, ces applications de partage alimentaires jouent un rôle certain dans la lutte contre le changement climatique.
"La plupart des gens ont des appareils mobiles alors les applications sont un moyens évident et simple pour sensibiliser les gens et faciliter leur action", remarque Joao Campari, de WWF.
Elles peuvent toutefois être compliquées à utiliser pour ceux qui n'ont pas de flexibilité - les offres sur Karma apparaissent surtout hors des horaires de repas traditionnels. Pour Olio, il faut aussi avoir le temps de se déplacer pour récupérer parfois de petites quantités, ou alors être fréquemment sur son téléphone pour voir les "bonnes affaires" en ligne avant qu'un autre adepte ne se les attribue.
Leur utilité dans la réduction des gaz à effet de serre connaît aussi des limites: "ces applications sont bonnes pour aider à la prise de conscience mais elles ne sont pas des solutions en soi", affirme Martin Caraher, professeur au centre pour les politiques alimentaires à City University à Londres.
La racine du problème, c'est qu'"on produit trop de nourriture", et il faut comprendre pourquoi".
La solution passe par un éventail d'initiatives, estime M. Caraher. Il encourage notamment les restaurants à réduire l'ampleur de leurs menus "car beaucoup de gâchis vient de ce qui n'a pas été commandé", et leurs portions.
<https://www.geo.fr/environnement/des-applications-anti-gaspi-pour-aider-la-planete-et-depenser-moins-199827>
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9- Partenariat Carrefour-Loué pour éviter l'abattage des poussins mâles, AFP, 10/02/20, 08:00
Le distributeur Carrefour et la marque Loué, propriété du groupe volailler LDC, ont annoncé lundi leur partenariat pour produire et vendre des œufs de poules issus d'une nouvelle technique de détermination du sexe dans l'oeuf, et ainsi éviter l'abattage de poussins mâles.
Cette technique utilise la spectrophotométrie, c'est à dire qu'une caméra différencie le sexe dans l'œuf, grâce à la détection de la couleur des premières plumes des embryons. Cela permet de sélectionner les poules pondeuses avant leur éclosion et ainsi éviter d'avoir recours à l'élimination des poussins mâles.
"Ce projet a été réalisé en partenariat avec les Fermiers de Loué, partenaires historiques de la Filière Qualité Carrefour, et le groupe allemand AAT, spécialiste mondial de l'accouvage", indique le distributeur dans un communiqué.
Au 1er mai, 30.000 poules auront bénéficié de cette technologie, pour à terme une production annuelle de 7 millions d'œufs, indique Carrefour, sans préciser dans quels délais.
Alors qu'une boîte de six œufs "Filière Qualité Carrefour" est actuellement vendue 1,78 euro, le prix de la boîte ayant bénéficié de cette technologie sera de 1,94 euro à partir du 1er mai, soit moins de trois centimes supplémentaires par œuf, selon les chiffres fournis par le distributeur.
La technologie venant d'Allemagne a été utilisée pour la première fois en France début décembre 2019 dans un couvoir filiale du groupe AAT, selon Carrefour.
Début janvier, les ministres de l'Agriculture français, Didier Guillaume, et allemande, Julia Klöckner, avaient affirmé leur volonté de mettre fin "d'ici fin 2021" au broyage des poussins mâles en promettant de "partager les connaissances scientifiques" et la "mise en œuvre de méthodes alternatives".
Dans de nombreux élevages de poules pondeuses, les poussins éclosent dans des couvoirs, dont les propriétaires vendent ensuite les futures poules pondeuses aux éleveurs. Mais les poussins mâles sont immédiatement tués, la filière jugeant qu'il n'est pas rentable de les nourrir.
Chaque année, près de 50 millions de poussins sont broyés à la naissance en France.
<https://www.lexpress.fr/actualite/societe/un-partenariat-carrefour-loue-pour-eviter-l-abattage-des-poussins-males_2117776.html>
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10- La biodynamie, une conviction chevillée au cep, AFP, 10/02/20, 09:00
Maxime Mamet
La pratique va plus loin que le bio : malgré les critiques, la biodynamie séduit de plus en plus de vignerons français désireux de s'éloigner du chimique. Leur nombre a plus que doublé sur les cinq dernières années.
De 280 vignerons certifiés en 2014 par les deux labels de la biodynamie (Biodyvin et Demeter), ils étaient 567 domaines en 2019, occupant 10.249 hectares de vignes. Un chiffre qui reste toutefois une goutte de vin, par rapport aux 750.000 hectares de la viticulture française.
La philosophie a converti de grands noms comme le Château de Pommard et la Romanée-Conti. Elle a aussi ses stars, comme Nicolas Joly, en Anjou, ou Thierry Michon, en Vendée, qui se faufile jusque dans la cave du Noma, le restaurant danois classé à quatre reprises meilleure table mondiale par la revue britannique Restaurant.
Pourtant, la certification Biodyvin ou Demeter demande un gros effort. Il faut être en bio pendant trois ans avant de se lancer dans la conversion, qui dure elle-même quatre ans pour le label Biodyvin.
Fondée sur la protection des sols et des ceps, en plus d'une certaine forme de communication avec la plante, la technique biodynamique nécessite une observation fine de la vigne, tant les traitements disponibles sont minimes, bien moins nombreux qu'en bio.
Née dans les années 1920, la biodynamie se base sur les écrits du Suisse Rüdolf Steiner, fondateur par ailleurs de l'anthroposophisme, un courant ésotérique.
La biodynamie suppose des pratiques créant "un environnement favorable, en informant la vigne avec certaines énergies. (...) On rentre plutôt dans une forme de pensée et de philosophie, explique Olivier Humbrecht, président de Biodyvin.
"C'est une forme d'agriculture qui va chercher à guérir la plante et le sol, à base de plantes ou à base d'organes d'animaux, comme la fameuse préparation 500, où l'on met de la bouse de vache dans une corne qu'on enterre dans le sol pendant l'hiver", détaille le vigneron alsacien.
Mais il y a aussi la "501", même principe mais avec du quartz broyé à la place de la bouse et d'autres préparations à base de camomille dans des intestins de bovidés. Les mélanges sont ensuite dilués dans l'eau avant d'être pulvérisés sur la vigne.
L'idée est de trouver "une forme de communication avec la plante", précise le vigneron de Turckheim (Haut-Rhin), pour lui donner des indications : fleurir, faire ses racines, ses fruits, se défendre, etc.
- "Homéopathie de la vigne" -
De fait, la biodynamie, qui tient compte d'un calendrier calqué sur les astres et le zodiaque, s'éloigne des principes scientifiques démontrés. Partisans comme détracteurs n'hésitent pas à parler d'"homéopathie" de la vigne.
"Il faut comprendre les influences du cosmos. Cela peut paraître ésotérique, mais c'est flagrant", explique Alexandre Genvrier, vigneron à Cour-Cheverny (Loir-et-Cher). "Si l'ésotérisme, c'est ne pas tout comprendre, alors la biodynamie est ésotérique."
La pratique se heurte donc à de nombreuses critiques, notamment dans les milieux scientifiques, mais aussi au sein de la profession.
Le type de savoirs enseignés par Steiner "relève clairement de l’ésotérisme, au sens où il renvoie à des formes de réalités cachées", observait en 2018 le sociologue Jean Foyer, dans la Revue d'anthropologie des connaissances.
"Le vin est le support de nombreuses croyances humaines. La biodynamie en est une comme les autres", juge ainsi un professionnel.
"La pharmacopée disponible est beaucoup plus faible et ne fonctionne pas", assure ainsi cet exploitant "conventionnel", qui préfère garder l'anonymat. "Il faut donc plus d'attention : on raisonne au cep et plus à la parcelle. Les bons résultats de la biodynamie (en termes de qualité, NDLR) ne viennent pas de la pratique, mais de l'attention du vigneron et du temps passé dans sa vigne."
"Il faut aller au quotidien dans sa vigne, regarder son environnement, voir évoluer les choses", approuve Alexandre Genvrier. "Il faut essayer de comprendre le tout."
"Identifier les petits déséquilibres, ce n'est jamais évident, mais c'est beaucoup plus sain. Je passe beaucoup de temps dans la vigne. Il n'y a que ça : c'est une philosophie", insiste le vigneron du Loir-et-Cher.
<https://www.geo.fr/environnement/la-biodynamie-une-conviction-chevillee-au-cep-199832>
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11- Des banques françaises accusées de financer des projets liés à la déforestation, AFP, 10/02/20, 17:00
Patrick Galey
Des banques françaises ont fourni environ deux milliards d'euros à des entreprises agroalimentaires favorisant la déforestation en dépit d'une loi qui leur interdit de financer les dégâts environnementaux, selon l'analyse d'une ONG spécialisée consultée par l'AFP.
Trois ans après l'adoption par la France d'une législation historique, obligeant les sociétés à identifier et à prévenir toute violation des droits de l'Homme ou dégradation de l'environnement dans leur chaîne d'approvisionnement, de grands bailleurs de fonds continuent de financer des projets favorisant la déforestation dans la partie brésilienne de l'Amazonie, le Bassin du Congo et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, selon l'enquête de l'ONG Global Witness.
Cette ONG spécialisée dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles estime que BNP Paribas, Natixis et le Crédit Agricole "ont toutes des politiques et des engagements dans les matières premières agricoles qui risquent de favoriser la déforestation".
- Usine d'huile de palme -
L'AFP a contacté ces trois banques, mais Natixis n'a pas souhaité commenter ce rapport et le Crédit Agricole a assuré qu'il n'était pas en mesure de le faire.
Les forêts absorbent d'énormes quantités de CO2, responsable du réchauffement de la planète et sont des sanctuaires vitaux pour la biodiversité. Mais chaque année, une région boisée aussi grande que l'Angleterre et le pays de Galles disparaît.
L'année dernière, Natixis a contribué à hauteur de 45 millions d'euros à une ligne de crédit renouvelable attribuée au groupe agroalimentaire Olam International. Or, un rapport de 2016 du groupe de pression environnemental Mighty Earth accusait ce groupe d'avoir causé la déforestation de 20.000 hectares au Gabon pour y créer une grande usine d'huile de palme.
"Nous réfutons fermement les allégations concernant une déforestation irresponsable ou conversion de terres", a affirmé à l'AFP un porte-parole d'Olam.
Il a précisé que son groupe travaillait étroitement avec le Gabon pour trouver "un équilibre entre les besoins de développement et l'impératif de préserver les forêts".
- Caoutchouc au Cameroun -
Selon Global Witness, le Crédit Agricole apparaît comme le principal bailleur de fonds dans le rapport annuel 2018 de Halcyon Agri. Greenpeace a affirmé en 2018 que cette firme avait pris le contrôle deux ans plus tôt d'une usine de caoutchouc au Cameroun, responsable depuis longtemps de la déforestation et rasé 2.300 hectares supplémentaires de forêt entre 2016 et 2018.
En 2017, le Crédit Agricole était la banque pilote d'une émission de dette de 300 millions de dollars (274 millions d'euros) réalisée pour le compte du groupe chinois Sinochem, actionnaire majoritaire d'Halcyon Agri selon la base de données Thomson Eikon. En juillet de la même année, la banque a encore fourni 10 millions de dollars de garanties pour des opérations de Sinochem, selon Global Witness.
Sollicités par l'AFP, Halcyom et Sinochem se sont refusé à tout commentaire.
- "Processus de certification" -
Enfin, bien qu'elle se soit engagée en 2015 à des investissements respectant le principe "zéro déforestation", BNP Paribas a participé en 2019 à une émission de 500 millions de dollars d'obligations de transition pour le compte de Marfrig, géant brésilien de la viande de boeuf, souligne Global Witness.
Or, selon Daniel Brindis chez Greenpeace, Marfrig, dont les sources d'approvisionnement sont variées, "ne peut assurer systématiquement que les fermes qui vendent à ses fournisseurs directs ne sont pas liées à la déforestation".
Marfrig a refusé de répondre aux questions de l'AFP.
BNP Paribas a de son côté assuré à Global Witness, dans un courrier consulté par l'AFP, que cette émission de dette visait précisément à réduire les problèmes de déforestation et de droits fonciers au sein de la chaîne d'approvisionnement en bétail de Marfrig, notamment grâce à une surveillance par satellite de la densité de la végétation dans les zones où opère le géant brésilien.
BNP Paribas a été le garant principal d'une émission d'obligations d'un milliard de dollars réalisée en mai 2019 pour le compte d'une filiale de Marfrig, NBM US Holdings, selon Thomson Eikon. La banque a également géré des obligations estimées à un million de dollars pour Sinochem International.
La banque a affirmé à Global Witness que tous ses clients en Amazonie "étaient certifiés ou engagés dans un processus de certification" pour s'assurer que leurs pratiques étaient responsables.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/plantes-et-vegetaux/des-banques-francaises-accusees-de-financer-des-projets-lies-a-la-deforestation_141378>
En savoir plus :
> Le rôle des banques françaises dans la destruction des forêts mondiales <https://www.globalwitness.org/en/campaigns/forests/le-r%C3%B4le-des-banques-fran%C3%A7aises-dans-la-destruction-des-for%C3%AAts-mondiales/>, Global Witness, 10/02/20
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12- Agricool, la start-up qui fait pousser des fraises et des salades dans des containers, Le Monde, 11/02/20, 08h06
Laurence Girard
La start-up installée à La Courneuve inaugure sa ferme urbaine mardi 11 février. Si l’entreprise gagne de l’argent, le modèle économique reste incertain pour beaucoup d’autres.
Officiellement, la start-up Agricool inaugure, mardi 11 février, sa ferme urbaine à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. La notion de « ferme » est toutefois toute relative. L’installation consiste, en fait, en dix containers collés les uns aux autres dont huit assurent la production de fraises, salades et herbes aromatiques. Le reste de l’espace étant dévolu au pilotage automatisé de cette agriculture industrielle.
« Nous prévoyons de produire 1 000 barquettes de fraises et 6 000 de salades et herbes aromatiques par semaine. Elles seront vendues sous la marque Agricool dans un rayon de 15 km, en commençant par 4 magasins Monoprix à Beaugrenelle, les Halles, Champs-Elysées et Asnières, ainsi qu’à la Grande Epicerie et chez certains primeurs », explique Guillaume Fourdinier, cofondateur de l’entreprise. La barquette de 125 g de fraises sera vendue 2,99 euros et celle de 100 g de salade (jeunes pousses) sera commercialisée à 3,20 euros, mettant en avant l’argument fraîcheur d’une production locale.
> Lire l’enquête : L’agriculture urbaine peut-elle nourrir les villes ?
Culture verticale
« Nous gagnons de l’argent. Or, aujourd’hui personne n’a réussi à prouver la viabilité économique du modèle. Même les start-up américaines comme Plenty ou AeroFarms. Le challenge de l’agriculture urbaine reste à relever. Nous voulons montrer que notre modèle est profitable », affirme M. Fourdinier.
Agricool a commencé à faire parler d’elle en 2015 lors de la première installation d’un container dans les jardins de Bercy, à Paris. Tout l’enjeu depuis a été de faire bondir les rendements en maîtrisant au mieux les variétés, les substrats, les conditions de température et de lumière. Les équipes ont tout particulièrement travaillé sur l’efficacité de l’éclairage par LED. Car cette culture dite verticale est en atmosphère contrôlée. Pas de sol ni de lumière naturelle. Pas de pesticide et des besoins en eau très faibles.
> Lire aussi Une ferme urbaine de 14 000 m², la plus grande d’Europe, ouvrira à Paris en 2020
Agricool a levé en tout 30 millions d’euros pour financer son projet, dont 20 millions d’euros fin 2018. La Bpifrance et Danone, par le biais de son fonds Danone Manifesto Ventures, font partie du tour de table. Pour l’heure, la start-up ne donne pas le montant de son investissement à La Courneuve, sachant que la commune de Seine-Saint-Denis met à disposition gracieusement le terrain où est implantée la ferme urbaine. Reste à savoir si le modèle d’Agricool essaimera bientôt dans d’autres villes françaises ou étrangères.
> Lire la chronique Pertes & profits : « L’agriculture urbaine ambitionne de réconcilier l’industrie, la contrainte écologique et la demande »
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/11/agricool-la-start-up-qui-fait-pousser-des-fraises-et-des-salades-dans-des-containers_6029137_3234.html>
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13- Des filets de pêche biodégradables pour lutter contre la pollution plastique, AFP, 12/02/20, 21:00
Le projet Indigo, qui vise à créer des engins de pêches biodégradables (filets, casiers, etc.), en vue de réduire les déchets marins et leurs conséquences "dévastatrices" pour l'environnement, a été lancé mercredi à l'Université de Bretagne Sud.
"Les engins de pêche, avec une durée de vie estimée à plusieurs centaines d'années, représentent 27% des déchets marins générant plus de 26.000 km d'engins perdus chaque année dans la zone FMA (France Manche Angleterre, ndlr) et les conséquences pour l’environnement marin sont dévastatrices", décrivent les porteurs du projet dans un communiqué.
"Dans une démarche globale de réduction des déchets, il est primordial d’adapter la durée de vie du matériau à son utilisation", soulignent-ils.
De nombreux filets dérivants continuent de capturer des poissons pendant plusieurs années. Ce phénomène, appelé "pêche fantôme" ("ghost fishing" en anglais), affecte la biodiversité marine. Il ampute également le chiffre d'affaires des pêcheurs de plusieurs dizaines de millions d’euros chaque année.
Le projet Indigo a obtenu, fin 2019, un financement du programme européen de coopération Interreg France (Manche) Angleterre à hauteur de 2,9 millions d'euros, pour un budget total de 4,2 millions d’euros sur trois ans.
L’Université Bretagne Sud est cheffe de file du projet, avec son plateau technique ComposiTIC, spécialisé dans la conception de matériau innovant. Son laboratoire Lab-STICC intervient pour impliquer les professionnels de la pêche et de l’aquaculture et étudier l’appropriation des nouveaux filets.
Six institutions de recherche (Universités de Bretagne Sud, de Plymouth et de Portsmouth, Ifremer, CEFAS et SMEL) et quatre partenaires privés (NaturePlast, Filt, IRMA et Marine South East) de France et du Royaume-Uni collaborent au projet Indigo (Innovative fishing gear for ocean).
<https://www.lefigaro.fr/flash-eco/des-filets-de-peche-biodegradables-pour-lutter-contre-la-pollution-plastique-20200212>
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14- Moët Hennessy arrêtera l'utilisation des herbicides en Champagne fin 2020, AFP, 12/02/20, 22:00
Moët Hennessy arrêtera "fin 2020" l'utilisation des herbicides dans tous ses vignobles de Champagne, et en 2021 dans ceux de la région de Cognac, a annoncé son PDG Philippe Schaus lors du salon Wine Paris-Vinexpo.
"Fin 2020 en Champagne, nous allons complètement arrêter les herbicides, et nous allons construire un nouveau centre de recherche et développement en Champagne d'une valeur de 20 millions d'euros", a déclaré M. Schaus lors d'un entretien avec l'AFP.
"Pour le cognac, nous arrêterons un an plus tard", a précisé le dirigeant, qui a succédé en 2017 à Christophe Navarre à la tête de la filiale vins et spiritueux du groupe de luxe LVMH.
"Nous remplaçons les herbicides par le désherbage mécanique grâce notamment à des tracteurs électriques et des robots" a-t-il dit.
Le groupe a investi dans une douzaine de tracteurs enjambeurs électriques élaborés par le constructeur champenois Kremer, d'un coût de 200.000 euros l'unité.
D'octobre à mars, pour ne pas tasser les sols détrempés, une partie des vignobles sera désherbée en écopâturage par des moutons, a précisé Stanislas Milcent, directeur de la recherche et développement dans le secteur environnement.
"C'est une étape, pour la vingtaine de maisons du groupe, pour la plupart nées aux 18e et 19e siècles, et qui portent le développement durable dans leurs gènes", a souligné le PDG. Parmi ces maisons figurent en Champagne les marques Dom Perignon, Moët et Chandon, Mercier, Ruinart, Veuve Cliquot et Krug.
Outre en Champagne (nord-est de la France) et dans la région de Cognac (sud-ouest), Moët Hennessy exploite des vignes en Provence (sud-est), en Espagne, en Argentine, dans la Napa Valley aux Etats-Unis, en Chine, en Inde, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
A la différence de son concurrent Roederer dont une bonne partie des vignobles champenois sont menés en bio, Moët Hennessy ne se convertit par pour autant au bio, qui interdirait le recours à tous les produits phytosanitaires de synthèse, herbicides, mais aussi insecticides et fongicides.
"Nous n'allons pas chercher les labels, nous cherchons à protéger les sols", commente M. Schaus. "Notre objectif est de faire en sorte que dans 150 ans on fasse encore les meilleurs vins en France."
Le château du Galoupet à La Londe-les-Maures entre Hyères et Bormes-les-Mimosas, l'un des 18 crus classés de Provence, racheté en 2019 par LVMH, va néanmoins "devenir bio", a-t-il dit. "Le terroir le permet de manière pérenne."
Interrogé sur l'utilisation des pesticides, M. Schaus a répondu que l'objectif du groupe était d'en mettre "le moins possible", et "là où on peut, de ne pas en mettre du tout", ainsi que de "limiter le plus possible" l'utilisation du cuivre.
Selon la latitude, le climat, "les solutions ne sont pas les mêmes", et "personne n'a encore trouvé la solution parfaite" permettant de se passer complètement d'intrants chimiques, a ajouté M. Schaus.
Le groupe espère que son annonce va faire évoluer l'ensemble de la Champagne et propose d'accompagner les viticulteurs qui s'engagent dans des démarches similaires.
Pour l'instant, à peine plus de 2% des viticulteurs champenois sont en bio.
<https://www.geo.fr/environnement/moet-hennessy-arretera-lutilisation-des-herbicides-en-champagne-fin-2020-199887>
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15- « Agribashing » : un levier d’influence pour une partie du monde agricole, Le Monde, 13/02/20, 11h53
Stéphane Foucart et Stéphane Horel
La notion, qui disqualifie la critique du modèle agro-industriel, s’est imposée dans le débat public au point d’être institutionnalisée.
« Agribashing. » Rarement un terme aura occupé l’espace public avec une rapidité aussi foudroyante. Soudain omniprésent à partir de la fin de l’été 2019, il a connu une forme de légitimation avec la création de Déméter, la « cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole », en octobre 2019. Présenté par le ministère de l’intérieur comme une réponse à l’agribashing, ce dispositif de renseignement piloté par la gendarmerie comprend l’installation d’« observatoires de l’agribashing » dans les départements.
> Lire aussi « Le gouvernement entend museler les lanceurs d’alerte sur la question animale »
Selon la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), le secteur agricole serait la cible de ce dénigrement systématique qu’est l’agribashing. Plus de huit Français sur dix, pourtant, assurent avoir une bonne ou une très bonne opinion des agriculteurs, d’après un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Franceinfo et Le Figaro effectuée en février 2019. Il s’agit donc d’autre chose. Non pas d’une critique de l’agriculture dans son ensemble, mais d’une certaine façon de la pratiquer.
« A-t-on envie de broyer des poussins ? »
Ce sont « le mode de production agricole conventionnel et ses différentes caractéristiques » qui sont aujourd’hui remis en question, écrit Eddy Fougier, politologue et consultant, dans un rapport sur le sujet, réalisé pour le compte de la FNSEA Grand Bassin parisien en septembre 2018. Soit : « Le recours aux produits phytosanitaires et aux biotechnologies, l’élevage intensif, les grandes exploitations, une agriculture tournée vers l’exportation, etc. », précise M. Fougier.
De fait, la convention signée par le ministère de l’intérieur avec la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) dans le cadre de la cellule Déméter, et publiée par Le Monde, exclut la Confédération paysanne, opposée au modèle agro-industrielqu’incarne selon elle la FNSEA. Invitée aux réunions de mise en place des « observatoires de l’agribashing » (vingt-deux à ce jour) organisées par les préfectures, la Confédération paysanne a parfois abandonné les lieux avec fracas. Comme le 30 janvier, par exemple.
> Lire aussi Enquête sur Déméter, la cellule de surveillance contestée des campagnes
Porte-parole de l’organisation dans le Morbihan, Morgan Ody a quitté la réunion de la préfecture de Vannes, pour protester, dit-elle, contre cette « volonté de criminalisation des actions et du débat autour d’une certaine forme d’agriculture ». « A-t-on envie de broyer des poussins ? On a le droit de poser la question ; il n’y a pas de délit d’opinion à avoir un débat de société sur le sujet », explique-t-elle.
L’agribashing s’est imposé comme un « point Godwin » de la critique du système agricole intensif – ce moment d’une discussion où un mot jeté au visage de son interlocuteur disqualifie toute son argumentation d’un coup d’un seul. Cette efficacité redoutable fait soupçonner la main invisible de professionnels de la propagande. Ce n’est pourtant pas le cas… ou alors peut-être seulement au début.
« Accélération de la réponse politique »
La première mention de l’agribashing sur Twitter date du 10 mars 2016, sur le fil de Gil Rivière-Wekstein. L’homme, qui se présente comme « rédacteur d’Agriculture et environnement », anime un site Internet destiné au secteur et possède une microsociété de conseil, Amos Prospective, qui a affiché des chiffres d’affaires supérieurs à 250 000 euros ces dernières années. « Je ne pense pas qu’il y a de l’“agriculture bashing”, en fait », expose-t-il dans une vidéo enregistrée au Salon de l’agriculture, théorisant l’usage du concept tel qu’il sera employé par la suite. « En revanche, ce qu’il y a, c’est un “bashing”, une mise en cause systématique et constante de certains outils dont dispose l’agriculture. » Une mise en cause « mensongère avec une volonté de nuire au système le plus vertueux de la planète », tient à préciser M. Rivière-Wekstein, assurant qu’il ne s’agissait pas là du « fruit de l’élaboration d’une commande ».
> Lire aussi « Les paysans sont une cible trop facile » : la FNSEA bloque les routes pour répondre à l’« agribashing »
Intrigué par le phénomène, le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD)-Terre solidaire a commandité un rapport au cabinet Saper, spécialisé dans l’analyse des tendances sur les réseaux sociaux. Rapport dont il a partagé les résultats préliminaires avec Le Monde. Selon lui, l’agribashing s’est imposé en trois temps. Après les limbes de 2016, donc, il végète dans quelques hashtags en 2017, moment où « une communauté de comptes de l’écosystème Twitter agricole se structure et se développe autour de la notion ». Dans un deuxième temps, à partir de mai 2018, il sort des frontières agricoles pour trouver un écho auprès de personnalités médiatiques et politiques autour des discussions sur la loi agriculture et alimentation, dite « Egalim ». « C’est à ce moment qu’il se restreint aux questions des produits phytosanitaires et du bien-être animal », explique Maureen Jorand, responsable de plaidoyer pour le CCFD-Terre solidaire.
> Lire aussi « Greenbashing » et « agribashing » : pourquoi une telle asymétrie de traitement ?
Si la FNSEA emploie l’agribashing lors de la campagne des élections aux chambres d’agriculture en janvier 2019, l’explosion ne survient qu’à la fin de l’été. A l’appel du syndicat, de nombreuses manifestations d’agriculteurs contre les « zones de non-traitement » aux pesticides et l’« agribashing » ont lieu en France. Les médias reprennent, le hashtag « agribashing » se mue en une tendance, le débat devient sociétal et, en octobre, le dispositif Déméter est créé. Une inhabituelle« accélération de la réponse politique alors qu’il ne se passe rien sur d’autres sujets importants pour le monde agricole, comme les revenus des agriculteurs ou le soutien à la transition écologique », remarque Mme Jorand.
> Lire aussi Christiane Lambert, première femme élue à la tête du syndicat agricole FNSEA
Levier d’influence commode, l’agribashing a cependant l’inconvénient de ne faire parler d’agriculture que de manière négative. Ainsi, la FNSEA n’en use plus qu’avec modération, et son pendant positif, l’« agriloving », monte en force sur Twitter. Mais ce concept porte, lui, la patte de professionnels de la communication : il a été conçu par Bioline, une filiale d’InVivo, le premier groupe coopératif agricole français.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/13/agribashing-un-levier-d-influence-pour-une-partie-du-monde-agricole_6029444_3244.html>
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16- Rejet du recours d’urgence des maires antipesticides sur les distances d’épandages, Le Monde avec AFP, 14/02/20, 17h52
Le Conseil d’Etat, qui a estimé que « la condition d’urgence » n’était pas remplie, se prononcera sur le fond du dossier « dans les prochains mois ».
Le Conseil d’Etat a rejeté, vendredi 14 février, une demande de suspension en urgence des textes fixant les distances minimales d’épandage des pesticides, qui lui avait été présentée par le collectif des maires antipesticides et des associations qui les jugeaient insuffisants pour protéger les populations.
> Lire aussi Le recours aux pesticides a connu une hausse spectaculaire en 2018
La plus haute juridiction administrative a conclu que « la condition d’urgence (…)ne peut être remplie », mais ne s’est pas prononcée sur le fond de la demande, qui contestait la légalité d’un décret du 27 décembre. Dans cet arrêté, le gouvernement avait confirmé après plusieurs mois de polémique les distances de 5 mètres pour les cultures dites « basses », comme les légumes et les céréales, et de 10 mètres pour les cultures « hautes », fruitières ou vignes. Une distance portée à 20 mètres pour les produits « les plus dangereux », qui représentent environ 0,3 % des substances actives utilisées.
> Lire aussi Comprendre le débat autour de l’épandage des pesticides
« Limiter le droit à l’empoisonnement »
Le Conseil d’Etat a notamment appuyé son évaluation du degré d’urgence sur le fait que les distances retenues correspondent à celles préconisées par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) ou encore que « les autres Etats membres de l’Union européenne n’imposent pas, à ce jour, de distances de sécurité générales supérieures à celles prévues par l’arrêté contesté ». Il sera désormais appelé à « se prononcer sur le fond du dossier dans les prochains mois ».
« Je suis très déçue, mais perdre sur l’urgence c’est moins grave que perdre sur le fond », a réagi auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Me Corinne Lepage, avocate des requérants. « Mais c’est tout de même étrange, un pays qui ne trouve pas d’urgence à limiter le droit à l’empoisonnement », a poursuivi l’avocate.
Le collectif des maires antipesticides compte environ 120 édiles. Son chef de file est l’emblématique maire de Langouët (Ille-et-Vilaine), Daniel Cueff, qui avait pris dès mai 2019 un arrêté contre ces substances chimiques pour sa commune. Celui-ci a depuis été annulé depuis par le tribunal administratif.
> Lire aussi Quelles régions de France sont les plus exposées aux pesticides les plus toxiques ?
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/14/le-recours-en-justice-des-maires-antipesticides-sur-les-distances-d-epandages-rejete_6029622_3244.html>
Sur le même sujet :
> Distances d'épandage : rejet du recours d'urgence des maires anti-pesticides <https://information.tv5monde.com/info/distances-d-epandage-rejet-du-recours-d-urgence-des-maires-anti-pesticides-346824>, AFP, 14/02/20, 19:00
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17- Une légumerie bio et locale pour les cantines d’Ile-de-France, Le Monde, 14/02/20, 17h55
Matthieu Jublin
La filière bio francilienne a inauguré récemment une unité de transformation de légumes. Un tournant nécessaire pour répondre à la demande de la restauration collective.
« Des solutions pour la planète ». Derrière les grands murs de tôle grise sortis de terre il y a quelques semaines, les lignes de production nettoient, trient et emballent leurs premières carottes et pommes de terre. Puis viendront les choux, les céleris… tous issus de l’agriculture biologique locale, et tous destinés aux cantines des environs. Inaugurée vendredi 24 janvier à Combs-la-Ville, en Seine-et-Marne, cette légumerie doit transformer chaque année 2 000 à 3 000 tonnes de légumes bio et locaux pour la restauration collective de la région. Un grand pas pour la filière bio, qui compte sur ce nouveau site – le vingtième de ce type en France, mais le premier de cette taille dans la région parisienne – pour se développer.
Ecoles, hôpitaux, crèches ou restaurants d’entreprises servent chaque jour des centaines de milliers de repas aux Franciliens, et réclament toujours plus de produits bio et locaux. Pour répondre à cette demande, il fallait relocaliser l’activité de transformation, un « maillon indispensable de la filière », selon Nathalie Zanato, directrice de la Coopérative bio d’Ile-de-France. Cette structure, qui réunit une soixantaine d’exploitations, soit un sixième des agriculteurs bio de la région, mais aussi des collectivités territoriales, des transformateurs et des clients, a donc construit cette usine de 1 300 m2. Un investissement de 3,8 millions d’euros.
> Lire aussi S’adapter ou mourir : des vignerons testent la résilience de leurs vignes
« On a une responsabilité »
« Avant, les agriculteurs bio ne pouvaient pas alimenter la restauration collective », explique Carine Thierry, agricultrice en polyculture-élevage ovin près de Nemours (Seine-et-Marne) et ancienne présidente de la Coopérative bio. « On avait beaucoup de problèmes de logistique, mais aussi un problème de quantité. Individuellement, on ne produisait pas assez pour aller voir des gros clients, d’autant plus que les cultures bio sont particulièrement menacées par les aléas climatiques. » En se regroupant, ces producteurs sont parvenus à garantir une visibilité sur la production, condition indispensable pour approvisionner les poids lourds de la restauration collective.
Parmi les gros clients de la coopérative figure Sodexo. La multinationale française a remporté en 2012 un appel d’offres pour servir 16 000 repas par jour dans les crèches de la Ville de Paris, qui impose 50 % de bio dans les assiettes. « Sodexo nous a dit : “Produisez, produisez, et on achètera” », poursuit Carine Thierry, sourire aux lèvres à côté d’une trieuse de carottes. Aujourd’hui, la part de produits bio et locaux dans les assiettes des crèches parisiennes atteint 20 %, selon l’organisme de certification Ecocert. Au niveau national, la loi Egalim met en place un seuil de 50 % de produits « durables et de qualité » en restauration collective à compter de 2022, dont 20 % de produits bio.
> Lire aussi « Nous pouvons faire de Paris une capitale agricole »
Confrontées à une demande de nourriture locale et de qualité, la restauration collective et les collectivités territoriales se sont progressivement tournées vers les agriculteurs de la région. A l’image de Carine Petit, la maire (Génération.s) du 14e arrondissement de Paris, qui a fait le déplacement pour l’inauguration de la légumerie. Chargée des cantines scolaires du premier degré, la municipalité fait également appel à la coopérative. « Quand on sert 7 500 repas par jour à des écoliers, on a une responsabilité », déclare l’élue.
Région « en retard sur la transition »
Réunir à la même table les producteurs et tous leurs partenaires, c’est aussi le moyen pour la coopérative de garantir un revenu stable à tous ses agriculteurs. « En pérennisant nos relations commerciales, nous pouvons contractualiser les prix sur une longue période et rémunérer justement les producteurs », précise Marc Chauvin, actuel président de la Coopérative bio et exploitant d’une trentaine d’hectares en polyculture-élevage près de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne).
« Les nouveaux clients arrivent chaque jour. Et le marché francilien est tellement gros que nous sommes toujours en rupture », s’enthousiasme Mme Thierry. A la tête d’une exploitation d’une centaine d’hectares, l’agricultrice se réjouit d’avoir pu embaucher cinq salariés, « beaucoup plus qu’en agriculture conventionnelle ».
> Lire aussi Dans le Vercors, des villageois s’associent pour développer l’énergie solaire
Pour les responsables de la coopérative, ces garanties sur la production et les prix sont un levier pour convaincre les autres exploitants de se convertir à l’agriculture biologique. La région, qui compte moins de 5 % de surfaces cultivées en bio, est classée parmi les dernières de France en la matière. « Historiquement, l’Ile-de-France est le grenier du pays, mais sa production n’est pas destinée au marché local. Sauf qu’il est très dur de passer des céréales aux légumes bio, c’est pourquoi la région a toujours été en retard sur la transition », explique l’exploitante.
Si le potentiel de production bio de l’Ile-de-France est « énorme », selon Mme Thierry, l’investissement dans cette légumerie n’est pas sans risque. Nathalie Zanato prévient : « Il faut que les collectivités suivent sur la durée. » Marc Chauvin souhaite, quant à lui, faire tourner l’usine à 100 % « très vite » pour la rentabiliser. En cas de succès, il espère même « doubler, voire tripler, la production » avec de nouvelles installations.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/14/une-legumerie-bio-et-locale-pour-les-cantines-d-ile-de-france_6029623_3244.html>
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18- Les consommateurs gaspillent deux fois plus de nourriture qu’on le pensait, L’Obs, 15/02/20, 11h19
Jean-Paul Fritz
Une étude néerlandaise vient d’évaluer l’importance de cette nourriture gâchée chaque jour dans les foyers. Dans le collimateur, les consommateurs (relativement) aisés.
Un tiers de la nourriture que l’humanité produit est perdue ou gaspillée. Cette estimation de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) donne une petite idée des failles béantes dans nos systèmes politico-économiques à l’échelle de la planète. Les sources en semblent diluées, impossibles à cerner et l’on se contente souvent de hausser tristement les épaules en regrettant les effets secondaires d’un « système » vis-à-vis duquel nous ne sommes rien.
Qui est coupable de tout ce gâchis ? Le consommateur final, en bout de chaîne alimentaire, jetterait beaucoup plus d’aliments qu’on le pensait, prévient l’étude menée par quatre chercheurs de l’université de Wageningen (Pays-Bas) parue ce mercredi dans la revue Plos One.
Perdue ou gaspillée : une différence de responsabilités
Les définitions utilisées par les spécialistes marquent subtilement une différence importante qui pourrait nous échapper : la différence entre deux niveaux, deux fuites gigantesques par lesquelles s’échappent des produits qui auraient pu finir dans nos estomacs et nourrir une partie de la planète.
>> Suite à lire sur inscription à :
<https://www.nouvelobs.com/sciences/20200215.OBS24883/les-consommateurs-gaspillent-deux-fois-plus-de-nourriture-qu-on-le-pensait.html>
Sur le même sujet :
> Le gaspillage alimentaire mondial serait deux fois plus important qu'on ne le pense <http://www.slate.fr/story/187524/alimentation-recherche-scientifique-gaspillage-alimentaire-sous-estimation-fao>, Slate, 17/02/20, 12h36
En savoir plus :
> Consumers discard a lot more food than widely believed : Estimates of global food waste using an energy gap approach and affluence elasticity of food waste <https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0228369>, Plos One, 12/02/20
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19- « Nous voulons des coquelicots » veut recréer du lien avec le monde agricole, Le Monde, 15/02/20, 20h36
Wendy Noël
Rassemblé samedi à Paris pour une journée d’échanges, le mouvement anti-pesticides lancé en septembre 2018 revendique près de 700 collectifs et 12 000 rassemblements à travers la France.
La décision du Conseil d’Etat, vendredi 14 février, de ne pas remettre en cause les distances minimales d’épandage des pesticides n’a pas émaillé leur bonne humeur et leur mobilisation. Samedi 15 février, près de 400 personnes se sont retrouvées dans l’un des salons de réception de l’hôtel de ville de Paris lors d’une journée de discussions orchestrée par « Nous voulons des coquelicots ». Le mouvement, présidé par Fabrice Nicolino, journaliste à Charlie Hebdo, œuvre depuis septembre 2018 contre l’interdiction des pesticides de synthèse. Après dix-sept mois de mobilisation, près de 700 collectifs locaux et 12 000 rassemblements ont vu le jour à travers la France.
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Parisiens, Franc-Comtois, Bordelais ou Bretons ont convergé vers Paris pour échanger et se rencontrer. Parmi eux : Daniel Cueff, maire de Langoüet. En mai 2019, ce dernier avait pris un arrêté, annulé par la suite par le tribunal administratif de Rennes, interdisant l’usage des pesticides de synthèse à moins de 150 mètres des habitations. Egalement président du collectif des maires anti-pesticides, qui avait demandé de suspendre l’arrêté interministériel encadrant les épandages, l’édile a annoncé : « Aujourd’hui, des villes comme Paris ou Sceaux, où il n’y a pas d’agriculture, ont rejoint notre combat ». Et l’auteur du livre Paysans, on vous aime de poursuivre : « Cela montre que nous attaquons bien le produit, et non pas les agriculteurs. Ils sont des victimes des pesticides et c’est à nous de les aider à s’en sortir ».
Les critiques pleuvent à l’égard de la nouvelle cellule Démeter
Comme lui, ils étaient plusieurs, samedi, à témoigner de leur volonté de recréer du lien entre monde agricole et militantisme écologique. A l’instar de Camille, issue du collectif des Coquelicots de la Vallée du Tarn, qui évoquait les « nuages de pesticides » causés par l’arboriculture et la « confiance brisée » entre producteurs et consommateurs. Après plusieurs mois de dialogue, les membres de son collectif et les agriculteurs du territoire ont mis en place un programme d’actions concrètes (ouverture d’une enquête sanitaire, formations techniques, etc.) visant à engager des changements de pratiques agricoles. Ils ont, par ailleurs, cosigné une lettre pour solliciter le soutien des institutions. « Tout cela a pu fonctionner, car nous avons mis beaucoup de clarté dans les prises de décisions », a confié la jeune femme.
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Le rassemblement du 15 février a également été l’occasion de dénoncer la nouvelle cellule Démeter, pilotée par la gendarmerie nationale, qui vise à prévenir les atteintes au monde agricole. « Cette criminalisation de la critique vis-à-vis de l’agriculture est étonnante », a condamné Fabrice Nicolino, qui craint de voir le mouvement des Coquelicots touché par ce dispositif. Puis de soulever quelques questions : « Est-ce que les flics vont donner les renseignements recueillis, des adresses, des photos, à la FNSEA ? ». Riss, directeur de Charlie Hebdo et engagé de la première heure auprès des Coquelicots, a, lui, qualifié ce dispositif de « presque délit d’opinion. On touche là à la liberté d’expression ».
Alors que la mobilisation des Coquelicots devait durer deux ans, les militants se sont interrogés sur l’hypothétique fin de leur mouvement et sur l’utilisation du million de signatures recueillies lors des rassemblements hebdomadaires. « Nous n’en sommes pas là, il faut continuer à proposer des actions », estime Fabrice Nicolino. Les collectifs ne devraient pas chômer dans les semaines à venir. Des autocollants à l’effigie de la petite fleur rouge leur ont été distribués pour orner les affiches des candidats aux municipales. Un moyen, espèrent-ils, de faire évoluer le point de vue des politiques.
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<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/15/nous-voulons-des-coquelicots-veut-recreer-du-lien-avec-le-monde-agricole_6029723_3244.html>
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20- Danger pour les producteurs de tomates : virus confirmé dans le Finistère, AFP, 17/02/20, 22:00
Nicolas Gubert
L'heure est à l'inquiétude pour les producteurs français de tomates : le ministère de l'Agriculture a confirmé lundi soir la contamination de fruits en serre dans le Finistère par le virus ToBRFV, sans danger pour les humains mais extrêmement virulent et faisant peser un risque économique pour la filière.
"On a reçu les résultats de l'Anses (Agence de sécurité sanitaire) sur les échantillons prélevés dans les serres qui étaient en suspicion dans le Finistère et les résultats sont positifs, elles sont donc bien contaminées par le virus", a-t-on indiqué au ministère. "L'exploitation concernée a été confinée dans l'attente de la destruction des végétaux et de la désinfection du site dans les plus brefs délais".
Selon l'Agence de sécurité sanitaire (Anses), le virus de la tomate peut infecter jusqu'à 100% des plantes sur un site de production, ce qui le rend redoutable pour les cultures à haute densité de plantation comme les cultures sous serre. En revanche, il n'a pas d'impact sur l'homme.
Les plants incriminés "proviennent du Royaume-Uni mais sont issus de semences produites aux Pays-Bas", selon le ministère. Trois autres exploitations "ont été identifiées comme ayant reçu le même type de plants" et font l'objet d'inspections et de prélèvements, dans le cadre de l'enquête de traçabilité.
L'exploitation contaminée, dans laquelle deux serres ont été touchées, "est assez isolée". "Tout a été mis en œuvre pour circonscrire le site", a déclaré à l'AFP Laurent Bergé, président de l'AOP Tomates et concombres de France.
"Nous sommes en train de travailler sur toutes les mesures de biosécurité", a-t-il ajouté, évoquant la mise au point avec les services de l'Etat d'un plan de surveillance, pour permettre "une veille permanente d'une éventuelle évolution du virus".
Des documents vont être communiqués à tous les producteurs français, avec les mesures de prophylaxie à mettre en oeuvre. Un plan de communication à destination des professionnels et du public doit informer de l'absence de risque pour la consommation.
- 1.500 producteurs potentiellement concernés -
Début février, l'Anses avait mis en garde contre "le tomato brown rugose fruit virus" (ToBRFV), un nouveau virus "particulièrement dangereux pour les plantes qui y sont sensibles". Il peut se transmettre par les semences, les plants et les fruits infectés et survit longtemps à l'air libre.
Le fruit contaminé perd toutes ses qualités gustatives, en raison d'une rupture de sa maturation, venant altérer la qualité de sa chair et le rendant impropre à la commercialisation.
Sur un plant malade, on peut observer des mosaïques et marbrures sur les feuilles, des taches et nécroses sur les fleurs et une décoloration avec des taches jaunes ou brunes sur les fruits qui peuvent aussi être déformés.
Observé pour la première fois en Israël en 2014, ce virus a été trouvé en 2018 au Mexique, aux Etats-Unis, en Allemagne et en Italie, puis en 2019 aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Grèce.
Sa diffusion en France "aurait des conséquences économiques majeures pour la filière mais également les jardiniers amateurs", avait prévenu dimanche le ministère.
Selon M. Bergé, d'autres virus ont par le passé été contenus, grâce à des mesures de sécurité "assez élevées".
"Contrairement à d'autres pays comme les Pays-Bas, nos exploitations sont beaucoup plus dispersées sur le territoire donc le risque de contamination d'une exploitation à l'autre est plus limité", a-t-il ajouté.
Toutefois, "si on n'arrive pas à contenir la contamination, le risque, c'est que la filière tomates puisse décliner rapidement, il s'agit d'un virus particulièrement virulent", a-t-il ajouté, évoquant des vecteurs tels que les emballages ou les palettes.
Aucun traitement n'existe à l'heure actuelle : "une fois que le virus est sur la culture, on n'a pas d'autre choix que de détruire cette culture", a rappelé M. Bergé, selon qui plus de 1.500 producteurs font pousser le premier fruit consommé par les Français avec un peu plus de 13,9 kg par ménage et par an.
En tout, 712.000 tonnes de tomates ont été produites en 2018 en France, selon le ministère.
<https://information.tv5monde.com/info/danger-pour-les-producteurs-de-tomates-virus-confirme-dans-le-finistere-347281>
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21- Au Brésil, « la production de nourriture est une destruction de la vie », Le Monde, 20/02/20, 11h38
Martine Valo
Une géographe de Sao Paulo établit, grâce à des cartes, le lien entre l’utilisation de la chimie en agriculture, la déforestation en Amazonie et l’empoisonnement des populations.
Larissa Mies Bombardi est une géographe engagée. C’est donc sous forme de cartes que la professeure à l’Université de Sao Paulo dresse un réquisitoire contre les méfaits de l’agriculture industrielle à la conquête de son immense pays, le Brésil. En 2017, l’universitaire a publié « Géographie de l’utilisation de pesticides au Brésil et connexions avec l’Union européenne », un atlas traduit en anglais en 2019.
Depuis, elle ne cesse de mettre à jour et d’élargir ses recherches. En décembre 2019, elle est ainsi venue présenter de nouvelles cartes au Parlement européen, où des élus de la Gauche unitaire européenne l’avaient invitée. Ces documents montrent notamment la progression rapide et parallèle des produits chimiques, les « agrotoxicos », et de la déforestation en Amazonie. « Le déséquilibre qui consiste à importer massivement des herbicides, insecticides et fongicides en provenance d’Europe, notamment d’Allemagne, contre des exportations de denrées agricoles est directement inscrit dans les accords internationaux », rappelle Larissa Mies Bombardi.
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Le Brésil consomme, à lui seul, 20 % des pesticides commercialisés dans le monde. En quinze ans, les tonnages ont augmenté de presque 300 %, accompagnant le boum des cultures génétiquement modifiées. Son corollaire, le glyphosate, arrive du coup très largement en tête des ventes.
Epandage par avion sur d’immenses parcelles
« L’asymétrie des échanges et l’absence de réglementation sur les pesticides ont une dimension génocidaire au Brésil : une personne meurt tous les deux jours et demi d’empoisonnement », s’insurge l’universitaire de 47 ans, qui a passé son post-doctorat à l’université de Strathclyde en Ecosse. « Sur les dix substances les plus vendues au Brésil, trois sont interdites dans l’Union européenne : l’acéphate, l’atrazine et le paraquat », précise-t-elle dans son atlas. Le Brésil autorise par exemple l’utilisation sur les agrumes de 116 produits, dont 33 sont prohibés dans l’UE ; sur les 24 traitements tolérés outre-Atlantique pour les ananas et le riz, 10 sont bannis par Bruxelles, recense-t-elle encore. Elle souligne en outre le grand écart des taux de résidus : ceux du diuron, par exemple, peuvent être légalement 900 fois plus élevés dans son pays que dans l’UE.
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Cependant, la mutation des paysages brésiliens a débuté dès la période de dictature militaire des années 1960, rappelle la géographe. « Pour compenser le tarissement des investissements dans le secteur des produits manufacturés, les stratèges ont misé sur l’industrialisation de l’agriculture. L’obtention d’un crédit rural était alors liée à l’achat d’intrants pour les grandes exploitations comme pour les petites. » Résultat, quelques monocultures ont fait tache d’huile. Le soja – notamment sous forme de tourteau pour l’alimentation du bétail –, est passé au premier rang des exportations en 2016. En 2002, cette légumineuse occupait 18 millions d’hectares ; en 2015-2016 elle s’étendait sur 33,2 millions d’hectares (« l’équivalent de 3,6 fois le Portugal », note l’universitaire), soit une augmentation de 79 % en superficie et de 84 % en volume.
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Le Brésil est aussi le principal vendeur de sucre du monde, le deuxième producteur d’éthanol et de maïs ; tandis que le poulet, la cellulose, le café et le bœuf figurent aussi parmi ses dix principales sources d’exportation. « Dans le même temps, les cultures des aliments traditionnels – riz, haricots, blé, manioc –ont perdu du terrain. C’est préoccupant pour la souveraineté alimentaire, note l’universitaire. Depuis la levée du moratoire sur la canne à sucre en 2007, les plantations s’étendent en Amazonie pour répondre à la demande en agrocarburants. Cette culture n’a rien de “vert” : c’est le deuxième secteur le plus consommateur de pesticides. » L’épandage se fait généralement par avion sur d’immenses parcelles, au mépris des paysans et des riverains.
« Malformations congénitales »
« En tenant compte des données du ministère de l’agriculture, nous estimons que 700 000 personnes ont été intoxiquées en trois ans, car pour un cas d’intoxication déclaré, il s’en produit 50 en réalité, assure-t-elle. Dans le Brésil d’aujourd’hui, il est très difficile de porter un regard critique sur un secteur qui soutient l’économie nationale, aussi je ne travaille qu’à partir de données officielles, même si elles sont largement sous-estimées. Et même ainsi, le tableau est déjà terrible. » Larissa Mies Bombardi montre, à l’appui de ses dires, ses cartes qui recensent des milliers d’intoxications involontaires – parmi lesquelles les enfants comptent pour une large part – ou correspondant à des tentatives de suicide des paysans.
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« La logique de cette agriculture moderne se traduit par la perte des droits du travail, l’expulsion des paysans, la contamination de l’environnement, des empoisonnements et des malformations congénitales, et suscite un problème très grave d’extrême concentration des terres, parfois illégale », dénonce Larissa Mies Bombardi. Elle appelle à « un nouveau pacte social dans lequel la production de nourriture ne serait pas une forme potentielle de destruction de la vie ».
La géographe, qui est l’une des administratrices de l’ONG internationale Justice Pesticides, cherche des partenaires, universitaires et autres chercheurs, pour approfondir les connaissances des impacts de ces molécules sur la santé des populations, sur les aspects économiques d’un commerce inéquitable aussi, ainsi que sur la résistance au « modèle hégémonique actuel ». Enfin, elle réfléchit à la création d’un portail Internet de partage d’informations pour la suite de son projet sur la « Géopolitique des pesticides ».
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/20/au-bresil-la-production-de-nourriture-est-une-destruction-de-la-vie_6030213_3244.html>
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22- Les chiffres noirs des ventes de pesticides « extrêmement dangereux », Le Monde, 20/02/20, 15h37
Stéphane Mandard
Avec 4,8 milliards de dollars en 2018, les cinq géants de l’agrochimie ont réalisé plus du tiers de leur chiffre d’affaires mondial avec les substances les plus toxiques.
« Nous nous soucions de notre planète et gérons intelligemment ses ressources limitées », ou encore « nous nous engageons pour une agriculture durable et l’utilisation responsable des technologies phytosanitaires dans le monde entier », clame CropLife International sur la page d’accueil de son site Internet. CropLife (que l’on pourrait traduire en français par « la vie des cultures ») n’est pas une association écologiste. Il s’agit de la puissante et méconnue fédération internationale qui œuvre dans l’ombre sur tous les continents pour défendre les intérêts des géants de l’agrochimie.
Son conseil d’administration est trusté par les multinationales qui ont fait fortune dans la vente de pesticides : les allemandes Bayer et BASF, les américaines Corteva Agriscience et FMC, la suisse Syngenta. Ces cinq sociétés contrôlent 65 % du marché mondial, estimé en 2018 à la somme vertigineuse de 57,6 milliards de dollars (53,3 milliards d’euros).
> Lire aussi Des pesticides suspectés d’être des perturbateurs endocriniens ou cancérogènes dans l’air
Conscients que l’usage des pesticides est de plus en plus critiqué dans la société civile, en particulier en Europe, les producteurs martèlent qu’ils investissent sans compter pour développer des alternatives. Le lobby CropLife assure ainsi que ses membres « innovent pour remplacer les pesticides extrêmement dangereux par de nouveaux produits moins dangereux ».
Une enquête menée par l’association suisse Public Eye et la branche britannique de Greenpeace révèle pourtant qu’elles continuent à gagner des milliards de dollars avec ce business controversé. Publiée jeudi 20 février, elle montre que Bayer, BASF, Syngenta, Corteva et FMC ont réalisé un chiffre d’affaires de 4,8 milliards de dollars soit plus du tiers (36 %) de leurs ventes mondiales (13,4 milliards) en 2018 avec les pesticides considérés comme les plus à risques pour la santé ou l’environnement, dit « extrêmement dangereux » ou HHP (pour highly hazardous pesticides) selon la classification de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Et ce chiffre noir est sans doute sous-évalué. Les données confidentielles de la société d’analyse de marché Phillips McDougall, auxquelles ont eu accès les ONG pour effectuer leur analyse, ne concernent qu’environ 40 % du marché mondial de 2018, correspondant aux substances les plus utilisées.
25 millions d’intoxications graves par an dont 220 000 morts
Dans le détail, ce « Big 5 » des pesticides a réalisé près d’un quart (22 %) de ses ventes (3 milliards) avec des pesticides associés à des effets à long terme sur la santé. Parmi ses produits phares, on retrouve pas moins de 54 substances classées cancérogènes, toxiques pour la reproduction ou perturbateurs endocriniens par l’OMS, les agences d’évaluation des risques européennes ou américaines.
+ Infographie : Le Big Five des vendeurs de pesticides <https://img.lemde.fr/2020/02/20/0/0/960/3741/688/0/60/0/f02fad3_Yhs7TKSIE78MA1cdIPl-cCUG.png>
Une molécule représente à elle seule un tiers de ces ventes, le fameux et controversé glyphosate. Avec 1 milliard de dollars, il assure à Bayer, depuis qu’il a racheté Monsanto, la place de leader mondial. Autre « best-seller » des géants de l’agrochimie, l’atrazine, dont les ventes placent son principal producteur, le suisse Syngenta, en deuxième position. Utilisée massivement comme désherbant du maïs, l’atrazine est interdite dans l’Union européenne depuis 2003 en raison de son potentiel cancérogène et perturbateur endocrinien et de ses effets délétères sur le développement intra-utérin.
Quatre pour cent des ventes, soit 600 millions de dollars (555 millions d’euros), concernent des substances dont la toxicité est encore plus aiguë. Pour deux tiers, elles proviennent de produits commercialisés par la firme suisse. Vingt et une molécules sont en cause. La plus vendue est un insecticide de Syngenta : la lambda-cyhalothrine. Classée « mortelle en cas d’inhalation » par l’Autorité européenne des produits chimiques, elle est pourtant toujours autorisée dans l’UE.
Responsable de nombreux cas d’empoisonnements d’agriculteurs de la Géorgie à la Tanzanie, en passant par le Chili, l’insecticide devait être inscrit en 2017 à l’annexe de la Convention de Rotterdam interdisant ou restreignant le commerce des pesticides jugés les plus dangereux. Mais la proposition a été rejetée sous la pression de l’Inde, grande productrice et consommatrice.
Selon l’OMS, ces pesticides extrêmement toxiques causeraient, chaque année, environ 25 millions d’intoxications graves dont 220 000 morts, parmi lesquelles une part non quantifiée mais non négligeable de suicides. Là encore, les chiffres sont sans doute sous-estimés, les données de l’OMS n’ayant pas été réactualisés depuis 1999. Les premières victimes sont les hommes, les femmes et les enfants des pays en développement qui manipulent ces substances ultradangereuses sans protection adaptée.
60 % des ventes dans les pays en développement ou émergents
Les multinationales des pesticides écoulent principalement leurs produits très toxiques dans les pays en développement ou émergents. Les cinq de CropLife y réalisent près de 60 % de leurs ventes. Au Brésil, le premier consommateur mondial de ces substances, près de la moitié des ventes des Bayer et consorts concernent des HHP. Cette proportion atteint même 59 % en Inde. A titre de comparaison, en France et en Allemagne, les deux principaux marchés européens des fabricants de produits dits phytosanitaires, elle n’est respectivement que de 11 % et 12 %.
+ Infographie : Les pays émergents sont les premiers touchés <https://img.lemde.fr/2020/02/20/0/0/960/2091/688/0/60/0/f7bf699_IRj5_GRPtjKU0OVxV_Qpc5Qr.png>
Au sein de l’UE, au prix de rudes batailles, les molécules les plus dangereuses sont en voie d’interdiction. Mais les géants de l’agrochimie continuent à inonder les régions du monde où les législations sont beaucoup moins contraignantes. En France, ils produisent toujours des pesticides dont l’usage est interdit dans l’Union européenne afin de les exporter en Afrique, en Amérique latine ou dans les pays de l’Est hors UE.
Et ils ont déployé les grandes manœuvres jusqu’au sommet de l’Etat pour faire obstacle à un article de la loi sur l’alimentation (Egalim) qui vise à mettre un terme à cette activité controversée à partir de 2022. Dénonçant une « atteinte excessive à la liberté d’entreprendre » et invoquant des milliers d’emplois menacés, le syndicat des fabricants avait déposé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Elle a été rejetée le 31 janvier par le Conseil constitutionnel.
> Lire aussi Pesticides interdits : révélations sur l’intense lobbying des industriels jusqu’au sommet de l’Etat
Dernier chiffre noir issu des données de la société d’analyse de marché Phillips McDougall, les 10 % restant de ventes de HHP par le « Big 5 » correspondent à des pesticides « hautement toxiques pour les abeilles », selon la classification de l’Agence américaine de protection de l’environnement. Ils représentent près de 1,3 milliard de dollars et concernent quelque 37 substances dont les très décriés néonicotinoïdes, responsables de la disparition massive de nombreux insectes pollinisateurs.
Contacté par Le Monde, CropLife indique ne « pas faire de commentaire sur des questions liées à des produits spécifiques ou aux intérêts commerciaux de ses membres ». Le syndicat assure cependant que les HHP représentent 15 % des ventes globales de pesticides et non 36 %, et dit « aider les pays à identifier, et si nécessaire, retirer les HHP de leurs marchés », ou encore délivrer des « formations sur un usage responsable » et des « équipements de protection » aux agriculteurs dans les pays à faibles revenus.
Des « efforts » qui ne convainquent pas le rapporteur spécial de l’ONU sur les substances toxiques et les droits humains, Baskut Tuncak. « Qu’ils empoisonnent les travailleurs, détruisent la biodiversité ou contaminent l’environnement, les pesticides extrêmement dangereux devraient être retirés du marché depuis longtemps, juge M. Tuncak. Cette pratique des géants de l’agrochimie est irresponsable et contredit les engagements qu’ils ont pris publiquement en faveur d’une agriculture plus durable. »
+ Infographie : Le coton, la culture la plus consommatrice <https://img.lemde.fr/2020/02/20/0/0/960/1866/688/0/60/0/89f7640_pnAb6TBywF-9RGc8780X9kr1.png>
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/20/les-chiffres-noirs-des-ventes-de-pesticides-extremement-dangereux_6030165_3244.html>
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En images
23- Bornéo : à la rencontre des défenseurs de la forêt, France 2, journal de 13h, 07/02/20
Les forêts couvraient autrefois la moitié de la surface du globe, c'est moins de 10% aujourd'hui. Cinq forêts remarquables et fascinantes ont cependant été préservées. Les équipes de France 2 vous emmènent visiter les forêts indonésiennes.
L'une des plus anciennes forêts tropicales de la planète est implantée sur l'île de Bornéo, partagée entre.le Brunei, la Malaisie au nord, et l'Indonésie au sud. Un musée vivant d'histoire naturelle avec 15 000 sortes d'arbres et de plantes, 400 espèces d'oiseaux et 250 mammifères. Une forêt unique, un poumon. Des hommes qui naviguent en pirogue sont en charge de la protection de la forêt. Ils sont à la fois gardes forestiers, gardes-chasses et pompiers.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/borneo-a-la-rencontre-des-defenseurs-de-la-foret_3816773.html>
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24- Les roses de la Saint-Valentin, cadeau empoisonné pour la planète, Le Monde, maj le 14/02/20, 15h15
Joséfa Lopez
Offrir des roses le 14 février, c’est une tradition mais ce n’est pas une bonne idée. Elles sont souvent importées et contiennent des pesticides. A la ferme de Lescinquit, dans le Finistère, une horticultrice prône une production locale et de saison.
Plus de 80 % des fleurs achetées en France sont importées de l’étranger. Elles viennent principalement des Pays-Bas, plaque tournante du business de fleurs. Et pour la plupart, elles contiennent des pesticides. Résultat : cette production intensive est néfaste pour l’environnement. Face à cette horticulture intensive et polluante, un mouvement alternatif, le Slow Flower, né chez les Anglo-Saxons, prône une production de saison, locale et sans pesticide. Nous sommes allés dans le Finistère rencontrer une productrice qui s’inspire de ce mouvement.
Vidéo à voir à :
<https://www.lemonde.fr/videos/video/2020/01/01/plan-b-dans-le-finistere-a-la-recherche-de-fleurs-plus-ethiques-et-ecologiques_6024527_1669088.html>
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25- Restaurants : le gaspillage fait ravage en cuisine, France 2, journal de 20h, 14/02/20
En moyenne, chaque jour, un restaurant jette à la poubelle 10% des matières premières qu'il achète. Sur l'année, cela représente 400 000 tonnes de déchets alimentaires. Comment mettre fin à ce gaspillage ? Tout le monde est concerné, des grandes chaînes de restauration aux bistrots de quartier.
Il est le cœur de ce restaurant et son plus grand ennemi en même temps : le gargantuesque buffet à volonté. Charcuterie, foie gras, fruits de mer, pâtisseries... Pour 36,90 € par personne, les clients peuvent remplir leurs assiettes autant qu'ils le veulent. Mais quand les estomacs saturent, le résultat est déplorable. Des dizaines de kilos de nourriture intacte sont systématiquement jetées à la poubelle. C'est la même chose en cuisine. À la fin du service, les plats non consommés prennent le même chemin.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/restauration-hotellerie-sports-loisirs/restaurants-le-gaspillage-fait-ravage-en-cuisine_3826515.html>
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26- Plan B : au Sénégal, une Grande Muraille verte pour arrêter le désert, Le Monde, 17/02/20, 10h04
Laureline Savoye
Cet ambitieux projet de Grande Muraille verte a été lancé en 2008 sous l’égide de l’Union africaine afin de ralentir la désertification et pour restaurer les écosystèmes sahéliens.
En Afrique, le Sahara avance inexorablement. A cause des sécheresses qui se succèdent depuis les années 1960 dans la zone sahélienne mais aussi à cause de la déforestation et du surpâturage. En 2008, l’Union africaine a décidé de stopper cette avancée grâce à un projet : la Grande Muraille verte. L’objectif : restaurer les écosystèmes sahéliens menacés par la désertification. Cette Grande Muraille, large de 15 km et longue de 7 800 km, traverse le continent d’est en ouest, passant par 11 pays.
Le Sénégal fait partie des pays concernés. Mais, dans le pays, ce projet de reboisement est loin des ambitions annoncées. Depuis 2008, dans le nord du Sénégal, seulement 12 000 hectares ont été reboisés sur les 850 000 que le Sénégal s’était fixé de restaurer. Notre journaliste est partie à la rencontre de celui sur qui tous les espoirs sont dirigés : Haïdar El Ali, l’un des écologistes les plus respectés d’Afrique de l’Ouest, auquel le président sénégalais a fait appel pour sauver la Grande Muraille verte.
> Vidéo à voir à :
<https://www.lemonde.fr/videos/article/2020/02/17/plan-b-au-senegal-une-grande-muraille-verte-pour-arreter-le-desert_6029818_1669088.html>
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À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)...
NOS APPELS
– Let’s Bio ! Ensemble pour des cantines bios et locales <https://www.letsbio.org/> pour bien nourrir nos enfants.
– Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
NOS CAMPAGNES
– 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/> pour participer à l'émergence d'un modèle énergétique plus propre et durable
– Mon Restau’Responsable® <https://www.youtube.com/watch?list=PLh--7obE3XQ5hw0hyacAsOc7PLMneP7-N&v=Eo7AZvPE_MA> pour guider les professionnels de la restauration collective et valoriser leurs bonnes pratiques.
– J’agis pour la nature <http://www.jagispourlanature.org/> pour participer à des activités utiles et ludiques en pleine nature, près de chez vous.
NOS VIDÉOS PÉDAGOGIQUES
– Sur notre chaîne You Tube <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>, retrouvez toutes nos vidéos.
NOS PUBLICATIONS (les plus récentes)
– Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>, janvier 2020
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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