[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international (jeudi 27 février)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Jeu 27 Fév 08:01:35 CET 2020


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
–> Un accès 'rapide' direct à la source de l'article (hors abonnement) par un lien hypertexte sur son intitulé dans le sommaire ; si un lien vers un article ne fonctionne pas, vous pouvez retrouver son contenu dans le corps du mail à l'item correspondant.
–> Un accès 'lent' et plus complet dans le corps du mail sous le sommaire et les extraits, incluant les articles réservés aux abonnés, des liens vers d'autres articles sur le même sujet et des pour en savoir plus (sources, etc.)
1- Quand le monde de la musique « donne le la » de l’engagement écologique <https://www.lemonde.fr/blog/alternatives/2020/02/09/quand-le-monde-de-la-musique-donne-le-la-de-lengagement-ecologique/>, Blog Même pas mal !, 09/02/20
2- Analyse. Environnement, santé, géopolitique... Le monde fait face à de nouveaux risques <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/10/environnement-sante-geopolitique-le-monde-fait-face-a-de-nouveaux-risques_6029038_3234.html>, Le Monde, 10/02/20, 10h21
3- Les femmes plus soucieuses de l’environnement ? Oui, parce qu’elles ont appris à l’être <https://theconversation.com/les-femmes-plus-soucieuses-de-lenvironnement-oui-parce-quelles-ont-appris-a-letre-131314>, The Conversation, 10/02/20, 19:47
4- ArcelorMittal pourrait fermer la cokerie de Florange dès 2022-2023 <https://www.geo.fr/environnement/arcelormittal-pourrait-fermer-la-cokerie-de-florange-des-2022-2023-199847>, AFP, 10/02/20, 23:00
5- Corteva, Monsanto-Bayer : face à la pression, les géants de l’agrochimie commencent à plier <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/corteva-le-plus-grand-fabricant-de-chlorpyrifos-arrete-la-production-de-ce-pesticide-tres-controverse-148204.html>, Novethic, 10/02/20
6- La mission d'information sur la réhabilitation de l'étang de Berre lance une consultation citoyenne <https://www.actu-environnement.com/ae/news/etang-berre-rehabilitation-consultation-citoyenne-34955.php4>, Actu-environnement, 10/02/20
7- Le pape dénonce les crimes en Amazonie, sans retenir l'idée de prêtres mariés <https://www.nouvelobs.com/societe/20200212.AFP3091/le-pape-denonce-les-crimes-en-amazonie-sans-retenir-l-idee-de-pretres-maries.html>, AFP, 12/02/20, 14:00
8- Mobilisation d'autochtones au Canada : Trudeau appelle au dialogue et respect des lois <https://www.lefigaro.fr/flash-actu/mobilisation-d-autochtones-au-canada-trudeau-appelle-au-dialogue-et-respect-des-lois-20200212>, AFP, 13/02/20, 00:00
9- Le Pr Feuillage fait rire de l’effondrement <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/13/le-pr-feuillage-fait-rire-de-l-effondrement_6029411_3244.html>, Le Monde, 13/02/20, 08h00
10- Innovation et économie circulaire : la révolte des sapeurs-pompiers <https://theconversation.com/innovation-et-economie-circulaire-la-revolte-des-sapeurs-pompiers-127186>, The Conversation, 13/02/20, 10:09
11- « Mythes » et « fantasmes » sur le CETA : les Canadiens ne comprennent pas les peurs françaises <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/13/accord-de-libre-echange-ue-canada-la-colere-des-canadiens-contre-le-denigrement-des-francais_6029434_3234.html>, Le Monde, 13/02/20, 11h03
12- Faire payer l’entrée dans les parcs nationaux français ? Une idée émergente « délicate à assumer politiquement » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/13/faire-payer-l-entree-dans-les-parcs-nationaux-francais-une-idee-emergente-delicate-a-assumer-politiquement_6029386_3244.html>, Le Monde, 13/02/20, 11h11
13- Tribune. Valérie Cabanes : « La rhétorique écologique des dirigeants français relève surtout d’éléments de langage » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/14/valerie-cabanes-la-rhetorique-ecologique-des-dirigeants-francais-releve-surtout-d-elements-de-langage_6029518_3232.html>, Le Monde, 14/02/20, 06h00
14- Nora Stephenson, 50 ans de militantisme pour la Guyane <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/nora-stephenson-50-ans-de-militantisme-pour-l-environnement-et-l-independance-de-la-guyane_141533>, AFP, 14/02/20, 15:00
15- Le déclin de la nature est chiffré à 500 milliards de dollars par an par le WWF <https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/rechauffement-climatique-declin-nature-chiffre-500-milliards-dollars-an-wwf-79571/>, Futura-sciences, communiqué maj le 14/02/20
16- Entretien. « L'Europe peut devenir le leader mondial de la transition écologique » <https://usbeketrica.com/article/europe-peut-devenir-leader-mondial-transition-commissaire-sinkevicius>, Usbek & Rica, 15/02/20, 13:00
17- Reportage. Football et écologie : du régime végan à la pelouse bio, la révolution verte des Forest Green Rovers <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/16/football-et-ecologie-du-regime-vegan-a-la-pelouse-bio-la-revolution-verte-des-forest-green-rovers_6029759_3244.html>, Le Monde, 16/02/20, 12h17
18- Bruxelles sous pression pour autoriser, dans les produits importés, des pesticides interdits <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/17/bruxelles-sous-pression-pour-autoriser-dans-les-produits-importes-des-pesticides-interdits_6029791_3244.html%3E>, Le Monde, 17/02/20, 03h51
19- Pesticide : Bayer et BASF condamnés à verser 265 millions de dollars à un cultivateur <https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/chimie-pharmacie/bayer-et-basf-condamnes-a-verser-265-millions-de-dollars-a-un-agriculteur-americain-839888.html>, AFP, 17/02/20, 08h53
20- Entretien. Bertrand Piccard : « Dans un an, nous aurons sélectionné 1 000 solutions rentables pour la planète » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/17/bertrand-piccard-dans-un-an-nous-aurons-selectionne-1-000-solutions-rentables-pour-la-planete_6029819_3244.html>, Le Monde, 17/02/20, 10h56
21- Pourquoi un tribunal a-t-il ordonné à Tesla d'arrêter ses coupes d'arbres en Allemagne <https://www.usinenouvelle.com/article/pourquoi-un-tribunal-a-t-il-ordonne-a-tesla-d-arreter-ses-coupes-d-arbres-en-allemagne.N930524>, L’Usine Nouvelle, 17/02/20, 15h15
22- Exclusif : le kit de Reporterre pour aider les maires (et les citoyens) à devenir écolo <https://reporterre.net/Exclusif-le-kit-de-Reporterre-pour-aider-les-maires-et-les-citoyens-a-devenir-ecolo>, Reporterre, 17/02/20
23- Chronique. « La course verte de Macron et Jadot » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/18/la-course-verte-de-macron-et-jadot_6029905_3232.html>, Le Monde, 18/02/20, 06h57 
24- « Fin de chantiers » : Extinction Rebellion à l’assaut des cimenteries <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/18/fin-de-chantiers-extinction-rebellion-a-l-assaut-des-cimenteries_6029904_3244.html>, Le Monde, 18/02/20, 07h01
25- A Ungersheim, village "en transition", la vision du maire au défi d'un 6e mandat <https://www.geo.fr/environnement/a-ungersheim-village-en-transition-la-vision-du-maire-au-defi-dun-6e-mandat-199969>, AFP, 19/02/20, 13:00
26- Les rats des villes entrent dans la campagne des municipales <https://www.youtube.com/watch?v=RS2-uL7Lw2o>, AFP, 19/02/20, 23:00
27- Entretien. Marie Monique Robin filme l’économie que l’on aime <http://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/marie-monique-robin-filme-leconomie-que-lon-aime/>, Entrepreneurs d’Avenir, 19/02/20
28- On pourra payer ses impôts ou la cantine dans des bureaux de tabac à partir du 24 février <https://information.tv5monde.com/info/pourra-payer-ses-impots-ou-la-cantine-dans-des-bureaux-de-tabac-partir-du-24-fevrier-347981>, AFP, 21/02/20, 20:00
En audio
29- Effondrement, et après ? <https://www.franceinter.fr/emissions/interception/interception-09-fevrier-2020?fbclid=IwAR3erBelorzAIhdq5g5t67ZvYrMd5KhV90U93O943P88QxaRFUjVUdimYYc>, France Inter, Interception, 09/02/20, de 9h10 à 10h
30- Pour l’exemple <https://www.franceculture.fr/emissions/la-transition/pour-lexemple#Echobox=1581609195>, France Culture, La Transition, 13/02/20, 08h45
31- Nicolas Hulot : «Le modèle ultralibéral n’est pas compatible avec la crise écologique» <https://www.liberation.fr/terre/2020/02/13/nicolas-hulot-le-modele-ultraliberal-n-est-pas-compatible-avec-la-crise-ecologique_1778257>, Libération, 13/02/20, 12:50
En images
32- Le vibrant discours de Joaquin Phoenix aux Oscars sur la nature <https://www.huffingtonpost.fr/entry/le-vibrant-discours-de-joaquin-phoenix-aux-oscars-pour-la-cause-animale_fr_5e40e9b3c5b6b70887034597?utm_hp_ref=fr-culture>, Le HuffPost avec AFP, 10/02/20, 07:24 

Bien à vous,
Florence

NB : En pied de page de chaque message, vous disposez d’une adresse url qui vous permet de vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner directement à votre gré.

ENGAGEMENTS DU JOUR : — Avec la composition de morceaux engagés, la scène musicale s’implique de plus en plus en faveur de l’écologie et de l’intérêt général. (cf. item 1)
— Les femmes sont plus préoccupées par l’environnement du fait de la construction sociale genrée de nos sociétés occidentales. (cf. item 3)
— Mathieu Duméry, alias Professeur Feuillage, s’est fait connaître avec ses chroniques écologiques à l’humour cru. (cf. item 9)
— Paul Malassigné, commandant du service départemental d’incendie et de secours de l’Indre (SDIS) a réussi à mobiliser un collectif et une hiérarchie pour une économie plus durable. (cf. item 10)
— La petite formation anglaise des Forest Green Rovers est le premier club de football certifié neutre en carbone par l’ONU. (cf. item 17)
— Avec sa fondation l’Alliance Mondiale pour les Solutions Efficientes, Bertrand Piccard cherche à rassembler 1 000 solutions environnementales durables et rentables et à les promouvoir auprès des chefs d’Etats et des capitaines d’industrie de la planète. (cf. item 20)
— Reporterre propose un « kit » de ce que peuvent – ou pas – les communes en matière écolo. (cf. item 22)
— Dans son dernier film, Nouvelle Cordée, sorti à l’automne, la journaliste Marie-Monique Robin raconte l’aventure d’une entreprise pas comme les autres : l’Entreprise à but d’emploi, qui embauche des chômeurs longue durée. (cf. item 27)
RAPPORT DU JOUR : Selon le rapport "Global Futures", si rien n'est fait pour enrayer la disparition de la nature, cela coûtera au moins 479 milliards de dollars par an au niveau mondial, soit près de dix mille milliards de dollars d'ici 2050, l'équivalent des économies du Royaume-Uni, de la France, de l'Inde et du Brésil cumulées. (cf. item 15 & suite)
LOBBY DU JOUR : Un rapport de l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory détaille le lobbying d’industriels et de pays tiers depuis plusieurs années pour que l’Union européenne amende sa réglementation sur les substances interdites dans les produits alimentaires. (cf. item 18)
RISQUES DU JOUR : A l’heure où le multilatéralisme est en berne, où le réchauffement climatique s’accélère, où l’épidémie du coronavirus se propage, de nouveaux risques émergent, plus difficiles à décrypter que ceux auxquels les experts sont habitués. (cf. item 2)
RÉVISION DU JOUR : Face à la pression citoyenne et judiciaire qui pèsent sur leurs produits, les géants de l'agrochimie en viennent à réviser leur stratégie. (cf. item 5 & 19)
RÉFLEXION DU JOUR : Pour répondre au manque de financement des parcs nationaux, certains spécialistes, pour l’instant minoritaires, réfléchissent à l’instauration de droits d’accès à certaines zones naturelles protégées. (cf. item 12)
ENTRETIEN DU JOUR : Le « Green Deal » proposé par la Commission européenne, qui vise la neutralité carbone en 2050 via un financement de 1 000 milliards d’euros, suscite de l’espoir mais aussi du scepticisme. (cf. item 16)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 120 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
______________________________________________________________________________________________________________________
1- Quand le monde de la musique « donne le la » de l’engagement écologique, Blog Même pas mal !, 09/02/20
Anne-Sophie Novel

A l’image du reste de la société,  la scène musicale s’engage de plus en plus en faveur de l’écologie et de l’intérêt général. De la composition de morceaux engagés et mobilisateurs à un engagement plus profond, opérons un petit tour d’horizon de ce qui se joue en la matière.
La musique, puissant vecteur universel
Comme l’indique le journaliste britannique Dorian Lynskey dans 33 Revolutions per Minute, paru en 2011, une chanson à elle seule ne peut changer une loi ou renverser un régime, mais peut avoir une influence importante sur des changements concrets. Si les premiers chants protestataires naissent en France en 1789, c’est en mai 68 puis dans les années 1970 qu’apparaissent les chansons aux messages politiques qui dénoncent tout autant une réalité qu’elles ne témoignent du désir d’autres possibles, qui essayent de convaincre à une cause, de défendre des valeurs, transmettre un message d’espoir et faire agir le spectateur. Quand l’engagement se fait par la musique, certains morceaux se font alors hymnes ou plaidoyers : les artistes peuvent exprimer leur engagement dans leurs créations tout autant que s’exprimer par le biais d’associations créées autour d’une cause (aide internationale, solidarité, urgence humanitaire, respect de l’environnement).
Les années 1980, surtout, témoignent de ce type de mobilisation. En 1984 par exemple, un reportage effectué par le grand reporter Kenyan Mo Amin au sujet de la grande famine qui touche alors le peuple Ethiopien (vidéo ci-dessous) fait le tour du monde.
>> Suite à lire et à écouter à :
<https://www.lemonde.fr/blog/alternatives/2020/02/09/quand-le-monde-de-la-musique-donne-le-la-de-lengagement-ecologique/>
______________________________________________________________________________________________________________________
2- Analyse. Environnement, santé, géopolitique... Le monde fait face à de nouveaux risques, Le Monde, 10/02/20, 10h21
Julien Bouissou

Aujourd’hui, la menace pour l’économie planétaire n’est plus seulement financière, comme cela a été le cas en 2008. 
« Une économiste ne devrait pas dire ça, prévient, un brin provocatrice, Alicia Garcia-Herrero, mais la vérité est que l’on donne trop d’importance à l’économie, sans regarder ailleurs. » Pour l’économiste en chef de la banque Natixis en Asie-Pacifique, les menaces qui pèsent sur l’activité mondiale ne se détectent pas nécessairement en analysant le produit intérieur brut (PIB) ou les indices de production. A l’heure où le multilatéralisme est en berne, où le réchauffement climatique s’accélère, où l’épidémie du coronavirus se propage, de nouveaux risques émergent, plus difficiles à décrypter que ceux auxquels les experts sont habitués.
Alicia Garcia-Herrero s’est plongée dans les ouvrages d’histoire et de politique, comme La Révolte des masses, écrit en 1929 par le philosophe espagnol José Ortega y Gasset, ou Maoism : A Global History « le maoïsme, une histoire mondiale » (The Bodley Head, 2019), de la sinologue britannique Julia Lovell. L’épidémie du coronavirus, partie de Chine, conforte ses intuitions : « Elle montre la vulnérabilité d’un pouvoir autoritaire et personnalisé, qui n’est pas le mieux préparé pour affronter une crise, car il empêche la libre circulation de l’information. » Les risques ne sont plus seulement financiers, comme cela a été le cas en 2008. L’épidémie a révélé la dépendance du monde envers la Chine, où la moindre crise de régime pourrait avoir des conséquences planétaires.
> Lire aussi  Coronavirus : les usines chinoises à l’arrêt, l’industrie européenne s’inquiète
« La politique a repris la main sur l’économie », constate Tania Sollogoub, responsable des risques géopolitiques à la direction des études économiques au Crédit agricole, l’une des premières à s’être intéressée à ces questions. Dès 2012, au lendemain du « printemps arabe », l’économiste plaidait pour « donner une place plus importante à l’analyse du risque politique dans les notations souveraines, et revoir les indicateurs qui les mesurent ».
« Stress tests climatiques »
La suite lui a donné raison : Brexit, montée du populisme, révolte des « gilets jaunes » en France, manifestations géantes à Santiago du Chili, Beyrouth ou Bagdad. Tous les économistes s’accordent sur l’origine du mécontentement social : crise de la représentativité, chute de la part du travail dans la valeur ajoutée, accroissement des disparités de revenus, malaise de la classe moyenne.
Dans les années 2000, la hausse des inégalités a été masquée par le crédit facile et l’endettement des ménages, avant que tout ne vole en éclats au moment de la crise de 2009. Les Etats sont désormais au pied du mur. Les mouvements sociaux pèsent sur leurs orientations économiques et budgétaires, les poussant à augmenter leurs dépenses publiques au nom d’un meilleur partage des richesses. « Les politiques de redistribution qui augmentent la fiscalité des entreprises, avec un marché du travail rigide, obligent les sociétés à accroître les salaires et d’autres avantages, et éroderont les profits. Cela aura des conséquences sur les cours des titres et des obligations des entreprises », s’inquiétait BlackRock, premier gestionnaire d’actifs au monde, dans sa note de janvier sur les risques géopolitiques.
> Lire aussi  Forum de Davos : les écarts de salaires grandissants creusent les inégalités mondiales
A cela s’ajoutent les risques environnementaux, qui se traduisent par une fréquence plus élevée des catastrophes naturelles et par la transition vers une économie verte. La Banque de France a annoncé qu’elle soumettrait, pour la première fois en 2020, les établissements et assureurs français à des « stress tests climatiques ». Des secteurs entiers sont exposés aux risques de disruption technologique ou réglementaire en matière d’énergie renouvelable. « Lesévolutions de normes antipollution ont, par exemple, durement affecté l’industrie automobile, et ils se conjuguent au changement de comportement des consommateurs », souligne Julien Marcilly, économiste en chef chez l’assureur-crédit Coface.
Le risque du piratage informatique
L’instabilité, que l’on croyait limitée aux pays pauvres ou émergents, s’est étendue à la planète tout entière. Tandis que les chaînes d’approvisionnement se déploient sur plusieurs continents où les risques se mondialisent, l’heure est au repli sur soi et aux rivalités géopolitiques. « Nous nous inquiétons de la capacité des dirigeants politiques à gérer la prochaine récession, dans un environnement où les alliances mondiales et les institutions sont affaiblies ou de plus en plus absentes », relève BlackRock dans sa note de janvier.
Paradoxe : les risques n’ont jamais été aussi nombreux et difficiles à prédire, alors qu’on n’a jamais su aussi bien les mesurer, voire les détecter, grâce aux images satellites et à l’intelligence artificielle. Les algorithmes transforment les risques de sécheresse en probabilités. Mais comment mesurer les menaces politiques et géopolitiques ? Il y a dix-huit mois, BlackRock a commencé à analyser les « sentiments » et la perception des aléas par les investisseurs en mesurant l’utilisation de certains mots-clés dans la presse financière et dans les notes des analystes.
> Lire aussi  Croissance mondiale : le pire devrait être évité
Une méthode qui ne fait pas l’unanimité. « Le bruit géopolitique ne doit pas se confondre avec la compréhension des tendances de fond, c’est-à-dire des rapports de puissance entre Etats », juge Tania Sollogoub. D’autant que le risque, une fois connu, ne prend plus les investisseurs par surprise. il est déjà intégré dans la valeur des actifs et diminue l’ampleur du choc. Autrement dit, une menaceconnue est mieux appréhendée. D’où l’intérêt de mesurer celles qui passent sous le radar des investisseurs. C’est ce que fait BlackRock, qui en a identifié un : le risque du piratage informatique. Alors que la planète entière a les yeux rivés sur le coronavirus, il se pourrait que la prochaine secousse économique soit provoquée par un virus… informatique.
> Lire aussi  La facture économique de la pollution de l’air
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/10/environnement-sante-geopolitique-le-monde-fait-face-a-de-nouveaux-risques_6029038_3234.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
3- Les femmes plus soucieuses de l’environnement ? Oui, parce qu’elles ont appris à l’être, The Conversation, 10/02/20, 19:47
Par Magali Trelohan, Enseignante-chercheuse, South Champagne Business School (Y Schools) – UGEI

Les travaux de recherche menés jusqu’à présent montrent que les femmes sont plus préoccupées par l’environnement et qu’elles adoptent davantage des comportements pro-environnementaux que les hommes. Mais, quand on regarde les comportements dans le détail, on constate que cette différence est valable surtout pour les comportements liés au foyer (recyclage des déchets, achats de produits verts, économies d’énergie, etc.) alors que, s’agissant de l’activisme environnemental, les femmes et les hommes s’engagent tout autant.
Comment expliquer cette différence ? Une première piste serait de penser que les femmes sont naturellement plus connectées à la nature que les hommes. Comme si cela était inné pour elles. Pourtant, une étude menée en Italie en 2019 montre qu’il n’y a pas de différence significative entre hommes et femmes termes de rapport à la nature.
Question d’éducation
L’explication se trouverait dans la théorie de la socialisation qui fait plutôt consensus. Elle met ainsi en évidence que les femmes sont plus préoccupées par l’environnement du fait de la construction sociale genrée de nos sociétés occidentales.
D’un côté les filles sont éduquées avec une valorisation de l’empathie, du « prendre soin » (le care) et de la coopération, tandis que chez les garçons, la société tend à valoriser plutôt les comportements de compétition et centrés sur l’individu. Comme résultante la plus visible, nous pouvons observer la large proportion (76 %) de femmes qui s’oriente dans les métiers du soin par rapport aux hommes. Cette part a même augmenté entre les années 1980 et 2000.
Ce care s’exprime ainsi au sein du foyer. En effet, les femmes adoptent plus de comportements pro-environnementaux lorsqu’il s’agit de recycler les déchets, d’acheter des produits verts ou d’économiser l’énergie et l’eau.
Des chercheurs ont en revanche mis en évidence qu’il n’y a pas de différences entre hommes et femmes pour l’activisme social parce que, comme l’explique une autre étude, les femmes doivent arbitrer entre l’activisme et leurs autres loisirs dans un contexte où elles subissent déjà une asymétrie de la répartition des tâches domestiques. Elles s’impliquent donc moins qu’elles le voudraient dans l’activisme et ne se distinguent pas des hommes pour ces comportements.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/les-femmes-plus-soucieuses-de-lenvironnement-oui-parce-quelles-ont-appris-a-letre-131314>
______________________________________________________________________________________________________________________
4- ArcelorMittal pourrait fermer la cokerie de Florange dès 2022-2023, AFP, 10/02/20, 23:00

ArcelorMittal a annoncé lundi lors d'un CSE la possible fermeture dès 2022-2023 de la cokerie du site de Florange (Moselle), déjà marqué par la fermeture des hauts-fourneaux, a-t-on appris auprès de la direction.
Depuis plusieurs mois, des rumeurs circulaient sur la fermeture de la cokerie du site, qui emploie 230 à 250 personnes. 
"Compte tenu du plan d'investissements envisagés afin de réduire nos émissions de CO2 de plus de 30% d'ici à 2030, le besoin en coke devrait diminuer et le site de Dunkerque pourrait être auto-suffisant à court terme (2022-2023)", a expliqué dans un communiqué le groupe sidérurgique.
"L'utilisation de la cokerie de Florange, initialement prévue jusqu'en 2032, pourrait être remise en cause", a-t-il ajouté. 
L'installation industrielle est critiquée localement pour ses émissions polluantes.
"D'un côté, on est soulagé, parce qu'il n'y a pas d'annonce tout de suite, mais ce n'est pas impossible que la cokerie ferme en 2022 et il y aura de sérieuses réorganisations dans l'entreprise" a réagi auprès de l'AFP Frédéric Weber, délégué FO ArcelorMittal à Florange, où travaillent 2.300 personnes.
La direction assure que, "au vu des perspectives démographiques de notre société, nous savons d'ores et déjà que nous aurions les moyens de proposer un nouveau projet professionnel en interne à chaque salarié de la cokerie".
"ArcelorMittal a des projets innovants, mais on va rester vigilants, on veut que l'humain reste au cœur de l'entreprise et que ce soit fait de manière socialement acceptable et humaine", a ajouté Frédéric Weber.
Lors du comité social et économique central (CSEc), ArcelorMittal a présenté aux représentants du personnel ses orientations stratégiques s'articulant autour de quatre axes: innovation, digitalisation, réduction des émissions de CO2 et amélioration de la performance industrielle. 
Le géant de l'acier a accusé une perte nette de 2,5 milliards de dollars en 2019, dans un contexte de baisse du prix de l'acier. Son chiffre d'affaires s'élève à 70,6 milliards de dollars, soit en baisse de 7,1% et légèrement inférieur au consensus établi par l'agence financière Bloomberg (71 milliards de dollars).
ArcelorMittal avait annoncé en décembre 2018 la fermeture définitive des emblématiques hauts-fourneaux de l'usine de Florange, qui employaient 600 personnes lors de leur mise sous cocon, au printemps 2013. L'arrêt temporaire de la production d'acier brute avait empoisonné les débuts du quinquennat Hollande.
<https://www.geo.fr/environnement/arcelormittal-pourrait-fermer-la-cokerie-de-florange-des-2022-2023-199847>
______________________________________________________________________________________________________________________
5- Corteva, Monsanto-Bayer : face à la pression, les géants de l’agrochimie commencent à plier, Novethic, 10/02/20
Marina Fabre

La pression citoyenne et judiciaire pousse des géants de l'agrochimie à changer de stratégie. Corteva, le plus grand fabricant de chlorpyrifos au monde, vient d'annoncer qu'il ne produirait plus ce pesticide très controversé alors que l'Union européenne vient de l'interdire sur son territoire. Une annonce qui fait écho à une réflexion entamée chez Bayer-Monsanto de ne plus vendre de glyphosate aux particuliers pour éviter qu'ils viennent grossir les rangs des millions de plaignants du Roundup.

Pendant longtemps, les géants de l’agrochimie ont joué l’indifférence face à la pression citoyenne et judiciaire qui pesait sur leurs produits. Mais cette pression est désormais si forte qu’elle les pousse à revoir leur stratégie. L’exemple le plus criant est l’annonce diffusée par Corteva le 6 février. D'ici la fin de l'année, le géant issu de la fusion entre Dow et Dupont, plus grand fabricant de chlorpyrifos au monde, a annoncé mettre fin à la production de ce pesticide qu’il commercialisait depuis 1965 !
Cette décision est "difficile" selon la présidente de la protection des cultures de Corteva, Susanne Wasson, auprès de Reuters. Elle résulte d’une vraie pression, qui a mené les États membres de l’Union européenne à ne pas renouveler l’autorisation de mise sur le marché du chlorpyrifos à partir du 31 janvier 2020. Elle a été motivée par la nocivité du pesticide sur le cerveau des fœtus et des jeunes enfants. Selon une étude réalisée par un groupe de chercheurs internationaux publiée en 2015 dans la revue Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, la famille de pesticides à laquelle appartient le chlorpyrifos ferait perdre en moyenne 2,5 points de quotient intellectuel (QI) à chaque enfant européen.
Pour justifier sa décision, Corteva préfère évoquer une baisse des ventes. Il indique ainsi une chute de 20 % de la demande aux États-Unis, son plus gros marché, depuis les années 1990. Et la récente interdiction de son produit en Europe mais aussi en Californie devrait aggraver la situation.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/corteva-le-plus-grand-fabricant-de-chlorpyrifos-arrete-la-production-de-ce-pesticide-tres-controverse-148204.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
6- La mission d'information sur la réhabilitation de l'étang de Berre lance une consultation citoyenne, Actu-environnement, 10/02/20
Dorothée Laperche

Comment améliorer la qualité des eaux de l'étang de Berre ? Mais également, quel étang aurons-nous dans vingt ans compte tenu des lentes évolutions des conditions écologiques ? Voici les questions sur lesquelles est invitée à se positionner toute personne intéressée, en particulier les riverains de l'étang. Lancée par la mission parlementaire d'information sur la réhabilitation de l'étang de Berre, cette consultation citoyenne est ouverte jusqu'au 6 mars 2020.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/etang-berre-rehabilitation-consultation-citoyenne-34955.php4>
En savoir plus :
> Réhabilitation de l'Étang de Berre, consultation citoyenne ouverte jusqu'au 6 mars 2020 <https://consultation.democratie-numerique.assemblee-nationale.fr/etangdeberre/>
______________________________________________________________________________________________________________________
7- Le pape dénonce les crimes en Amazonie, sans retenir l'idée de prêtres mariés, AFP, 12/02/20, 14:00
Catherine Marciano

Le pape François a publié mercredi un plaidoyer très attendu sur l'Amazonie dans lequel il dénonce "l'injustice" et le "crime" semés par les entreprises qui dévastent ce territoire, sans retenir la demande controversée d'autoriser des autochtones mariés à devenir prêtres.
Dans une "exhortation apostolique" publiée mercredi, intitulée "Querida Amazonia" (Chère Amazonie), le pape livre un message qui se veut universel sous la forme de quatre "rêves" pour l'Amazonie. Au risque de décevoir, il ne mentionne aucune des propositions les plus concrètes et audacieuses formulées en octobre par une assemblée d'évêques venus des neuf pays d'Amazonie.
Après trois semaines de débats au Vatican, ils avaient demandé au pape d'envisager d'ouvrir la prêtrise aux hommes mariés, de relancer le débat pour des femmes diacres ou encore de définir la notion de "péché écologique".
Sur la question la plus controversée pour l'Eglise - permettre à des hommes pieux ayant une vie maritale stable de devenir prêtres -, le pape de 83 ans n'a pas modifié sa conviction profonde selon laquelle la prêtrise doit être un appel de Dieu, un "don".
Nommer des laïcs pour combler des problèmes d'effectifs ne rentrant pas dans sa logique, même s'il a encouragé un débat, le premier pape jésuite de l'histoire a préféré "exhorter tous les évêques, en particulier ceux de l'Amérique latine", à envoyer plus de missionnaires en Amazonie. 
L'Eglise y est confrontée à un manque criant de prêtres itinérants, les seuls en mesure de donner la communion, sacrement essentiel de la doctrine chrétienne.
François encourage néanmoins les laïcs, hommes et femmes, à travers des formations, à continuer à accomplir des services ecclésiaux cruciaux. Il a rendu hommage au rôle essentiel des femmes laïques pour transmettre la foi dans les communautés d'Amazonie. "Elles devraient pouvoir accéder à des fonctions, y compris des services ecclésiaux", écrit François, sans être plus spécifique.
La sortie controversée mi-janvier en France d'un livre fustigeant les conclusions du synode et défendant avec passion le célibat des prêtres, co-signé par le pape émérite Benoît XVI et le cardinal guinéen ultra-traditionaliste Robert Sarah, avait fait sensation, donnant l'impression d'une pression exercée sur le pape François. Mais le texte papal sur l'Amazonie a été finalisé fin décembre par le pape, avant donc la sortie du livre polémique, a pris soin de préciser le Vatican.
Dans son texte, le pape insiste sur la beauté des rites amazoniens avec leur "mystique d'admiration sacrée devant la nature", raillés durant le synode par certains traditionalistes catholiques. Un groupuscule avait même volé dans une église des statues amazoniennes sacrées pour les jeter dans le Tibre.
"Ne nous précipitons pas pour qualifier de superstition ou de paganisme certaines expressions religieuses qui surgissent de la vie des peuples", a-t-il prévenu. Cependant, la suggestion du synode d'un "rite" amazonien (officiellement reconnu par l'Eglise) est uniquement mentionnée dans une note de bas de page.
- "Injustice et crime" -
Dans son document, François a des accents bien plus passionnés pour dénoncer "les entreprises, nationales et internationales, qui détruisent l'Amazonie et ne respectent pas le droit des peuples autochtones". "Les noms qui leur correspondent : injustice et crime", a-t-il ajouté.
"Le recours à des moyens éloignés de toute éthique est fréquent, comme le fait de sanctionner des protestations, y compris en ôtant la vie aux autochtones qui s'opposent aux projets", a-t-il déploré.
Les relations économiques deviennent "un instrument qui tue" lorsque "les autorités donnent un accès libre aux industries du bois, aux projets miniers et pétroliers, et à d'autres activités qui dévastent les forêts et polluent l'environnement", selon lui.
Le pape a rappelé que "la protection des personnes et des écosystèmes sont inséparables", une notion qu'il résume par l'expression d'écologie "intégrale".
Dans son texte, truffé de références à des documents des églises locales amazoniennes mais aussi de nombreux poèmes, il s'approprie ce commentaire venant de Colombie : "Nous demandons que cessent les mauvais traitements et les destructions de la Mère terre (nom donné par les autochtones à la planète). La terre a du sang et elle saigne, les multinationales ont coupé les veines à notre Mère terre".
Face à l'injustice, le pape François appelle en outre à "s'indigner" et "demander pardon" pour un "passé honteux" d'exactions contre les indigènes. Citant par exemple leurs souffrances à l'époque de l'exploitation du caoutchouc en Amazonie vénézuélienne.
Il faut "construire des "réseaux de solidarité et de développement", plaide Jorge Bergoglio en appelant tout le monde à s'engager, y compris les dirigeants politiques.
<https://www.nouvelobs.com/societe/20200212.AFP3091/le-pape-denonce-les-crimes-en-amazonie-sans-retenir-l-idee-de-pretres-maries.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
8- Mobilisation d'autochtones au Canada : Trudeau appelle au dialogue et respect des lois, AFP, 13/02/20, 00:00

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, en visite au Sénégal, a appelé mercredi au dialogue et au respect des lois, alors qu'au Canada une mobilisation d'autochtones contre un projet de gazoduc dans l'Ouest du pays s'est propagée dans plusieurs provinces et perturbe le transport ferroviaire.
"Il faut respecter les lois au Canada, même si évidemment, on encourage le droit à manifester de façon paisible", a déclaré Justin Trudeau à des journalistes, appelant "les différentes parties à dialoguer pour résoudre cet enjeu très rapidement". 
La réconciliation avec les peuples autochtones est l'une des priorités du gouvernement.
"Dans tout le pays la situation s'aggrave", le Premier ministre "doit revenir au Canada et rencontrer les chefs" autochtones, a tweeté Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti Démocratique (NPD).
"Ces blocages illégaux doivent cesser", s'est indigné Andrew Scheer, chef par intérim du parti conservateur, principale formation d'opposition, blâmant également le Premier ministre. "Son refus de condamner ceux qui enfreignent la loi et les injonctions des tribunaux ne fait qu'aggraver le problème", a-t-il estimé dans un communiqué.
Depuis plusieurs jours, les manifestants, des Amérindiens et de jeunes écologistes, se sont rassemblés à travers le pays, en soutien à des autochtones hostiles à un projet de gazoduc dans la province de Colombie-Britannique. 
La police a averti les manifestants de la communauté mohawk installés près de Belleville (Ontario) qu'ils risquaient d'être arrêtés.
Les policiers "surveillent la situation" tout en "tentant de maintenir un dialogue ouvert dans l'espoir de mettre fin à la manifestation de façon pacifique", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police provinciale de l'Ontario Bill Dickson.
Les manifestants bloquent des voies ferrées, perturbant le trafic ferroviaire de passagers et de marchandises. 
Les liaisons de trains entre Montréal, Toronto et Ottawa sont suspendues dans toutes les directions depuis vendredi, affectant plus de 24.000 passagers, selon la société publique Via Rail.
Le groupe ferroviaire de transport de marchandises Canadien National a mis en garde contre la "fermeture imminente" de tronçons majeurs de son réseau si les barrages sur ses voies n'étaient pas levés. Le groupe transporte annuellement des marchandises estimées à 250 milliards de dollars canadiens (173 milliards d'euros). 
Le projet Coastal GasLink doit acheminer du gaz naturel du nord de la Colombie-Britannique vers le terminal côtier du consortium LNG Canada, près de Kitimat, pour son exportation vers l'Asie.
Des chefs héréditaires de la Première Nation de Wet'suwet'en s'opposent à ce projet au motif qu'il traverse leurs terres traditionnelles, tandis que les instances élues de cette même communauté le soutiennent.
<https://www.lefigaro.fr/flash-actu/mobilisation-d-autochtones-au-canada-trudeau-appelle-au-dialogue-et-respect-des-lois-20200212>
______________________________________________________________________________________________________________________
9- Le Pr Feuillage fait rire de l’effondrement, Le Monde, 13/02/20, 08h00
Julia Zimmerlich

Sur Youtube, Mathieu Duméry s’est fait connaître avec ses chroniques écologiques à l’humour cru. 
« Salut les petits chasseurs-cueilleurs ! » C’est ainsi que Mathieu Duméry, alias Professeur Feuillage, apostrophe les internautes dans ses chroniques écologiques, diffusées sur sa chaîne Youtube Feuillage depuis 2014. Un programme à l’humour cru et grivois qu’il a créé avec sa compagne Lénie Chérino, qui joue son assistante sexy Sophie dans les vidéos. Les éoliennes, la biodiversité, le plastique dans les océans, le déclin des abeilles, les gaz de schiste… tous les grands thèmes liés à l’écologie y passent.
« On pense que l’humour est une arme de sensibilisation massive, alors on vous parle souvent d’écologie le poing levé et un doigt dans le cul ! », annonce le duo sur leur page Youtube, qui ne rate aucune blague de mauvais goût et rassemble une communauté de 125 000 fans. En tout, 22 épisodes d’une dizaine de minutes chacun ont été coproduits par France TV. Mais ne vous méprenez pas, sous leurs airs déjantés et racoleurs, Mathieu et Lénie s’appuient sur un travail journalistique et des études scientifiques robustes.
Ici pas de langue de bois, mais des propos cash, quitte à choquer plus d’un internaute. Dans l’un des derniers épisodes sur l’agroécologie, on assiste ainsi au débat savoureux entre un lobby de l’agriculture intensive, « une belle petite bombe de merde » et Chantal Ternatif, une parcelle en permaculture.
Les premiers épisodes payés en fromages 
Quand le duo a commencé « l’écologie était encore très stigmatisée, raconte Mathieu. Dans l’esprit des gens, un écolo c’était soit un baba cool avec des cheveux filasses, soit un politique qui faisait de beaux discours et repartait avec sa grosse bagnole, soit des activistes de Sea Sheperd. On a voulu démystifier l’engagement. » A l’époque, ils sont parmi les premiers youtubeurs à se saisir de ces thématiques avec Bridget Kyoto, une autre youtubeuse connue des communautés engagées. Les premiers épisodes sont tournés avec zéro budget, dans un squat parisien. « Je les ai payés avec 25 kg de fromages que j’avais récupérés au Salon de l’Agriculture où j’animais un stand », confie Mathieu Duméry.
> Lire aussi  Inondations, biodiversité… l’adaptation au dérèglement climatique au cœur du 4e conseil de défense écologique
Car avant de devenir Pr Feuillage et de rejoindre la nouvelle équipe de l’émission C’est Toujours pas Sorcier, diffusée sur France TV depuis décembre 2019, Mathieu Duméry a connu plusieurs vies. Ancien journaliste, il démarre à Canal+, travaille déjà sur l’émission C’est pas Sorcier avec Fred et Jamy. « Je pensais que les journalistes étaient tous des Tintins. En fait pas du tout, je m’ennuyais. » Il se tourne alors vers le monde du théâtre, pensant que ça serait « plus fun. Echec, les comédiens sont à 80 % maniaco-dépressifs. »
Alors Mathieu trace sa route, tourne une soixantaine de vidéos pour voyages SNCF, anime un jeu télévisé à Budapest, multiplie les expériences d’animation dans des foires. « J’ai appris à faire du direct avec du rien », résume t-il. Ses racines écolos il les tient de sa mère « qui recueillait plein d’animaux blessés et passait son temps à s’engueuler avec les chasseurs. Aujourd’hui, elle milite contre la corrida mais me propose du foie gras quand je vais manger chez elle. Tout le monde a ses contradictions. »
> Lire aussi  Les 150 citoyens de la convention pour le climat esquissent leur vision de la France en 2030
« Avec eux, on va rigoler de choses graves »
Aujourd’hui Mathieu et Lénie ne tournent plus d’épisodes des chroniques écologiques mais multiplient les projets avec la publication d’un « Ecolobook. Comment devenir écolo sans devenir chiant », (éd. First) et une BD en projet.
L’année dernière, le Pr Eric Chaumillon, un vrai celui-ci, enseignant à l’Université de la Rochelle et spécialiste de la montée des eaux, l’a contacté pour monter un show scientifique décalé, « Hé… la mer monte ! ». « Dans les conférences grand public que je donnais, il y avait généralement peu de public et surtout des anciens, raconte Eric Chaumillon. Je mène pourtant des recherches sur un sujet qui concerne toute la société et surtout les jeunes générations qui seront confrontées de plein fouet à la montée des eaux. Quand on parle de nature et de réchauffement climatique, par définition, c’est assez anxiogène et à la fin de chaque conférence, on se retrouvait un peu les bras ballants. »
Le Pr Chaumillon a l’idée de faire appel au Pr Feuillage en discutant avec sa fille ado, qui lui fait découvrir les youtubeurs engagés écolos. « Je me suis dit : avec eux on va rigoler de choses graves », poursuit Eric Chaumillon. Pari réussi, pour la première représentation de leur show « Hé… la mer monte ! » aux Francofolies de la Rochelle, l’été dernier, plus de 800 personnes se bousculent pour écouter le duo, accompagné par les dessins humoristiques de Guillaume Bouzard. Plusieurs dates ont suivi avec des jauges à plusieurs centaines de spectateurs, et d’autres sont prévues encore en 2020.
Un livre grand public, tiré de la conférence, vient d’être publié aux éditions Plume de carotte et une deuxième conférence, « La Mer contre-attaque », centrée sur la thématique de l’érosion du littoral vient d’être finalisée avec la présence d’un autre youtubeur, Max Bird.
L’émotion, moteur du changement
Comme de nombreux citadins, touchés par l’éco-anxiété, Mathieu et Lénie ont récemment quitté la région parisienne pour s’installer à Bayonne avec leur fille. « On payait un loyer trop cher par rapport à la qualité de l’air, raconte Mathieu Duméry. L’effondrement je l’attends autant que je l’appréhende. On ne sort pas de notre système capitaliste avec des beaux discours, des Biocoop et des Amap. Beaucoup de scientistes pensent que nous allons nous adapter, que la science va nous sauver. Voilà une thématique sur laquelle on peut avoir des débats philosophiques. Ça me fait peur, et en même temps ça me passionne. Alors, après des années de Youtube, ça me fait du bien de parler à des vrais gens dans les conférences. L’émotion passe, et c’est ça le vrai moteur du changement. »
----------------------------------------------------
Le Pr Feuillage et Eric Chaumillon de l’Université de la Rochelle seront présents au Festival Novaq. Ils donneront un extrait de leur show scientifique « Hé… La mer monte ! »
Les 9 et 10 avril 2020, la région Nouvelle Aquitaine, en partenariat avec Le Monde, organise deux jours de débats, conférences, pitchs et ateliers à l’espace Encan, à La Rochelle. Scientifiques, experts, entrepreneurs échangeront autour de quatre grands thèmes : l’agroécologie, l’océan, l’énergie et la santé.
L’explorateur Bertrand Piccard et Vandana Shiva seront les invités d’honneur de cette édition, qui aura pour fil rouge l’innovation au service du vivant.
> Programme et inscription ici <https://www.novaq.fr/?utm_source=lemonde&utm_medium=article&utm_campaign=Feuillage>
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/13/le-pr-feuillage-fait-rire-de-l-effondrement_6029411_3244.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
10- Innovation et économie circulaire : la révolte des sapeurs-pompiers, The Conversation, 13/02/20, 10:09
Par Michel Berry, fondateur et animateur du Jardin des entreprenants & Christophe Deshayes, chercheur en résidence, L'École de Paris du Management

L’économie circulaire est un levier clé pour une économie plus durable. Circulariser la durée de vie des produits devrait être un réflexe, mais nous sommes trop souvent les témoins impuissants d’un système qui peine à revoir ses circuits. Parfois, un témoin plus révolté qu’un autre réussit l’impossible : mobiliser un collectif et une hiérarchie. Quand cela arrive dans la fonction publique, cela ébranle notre manière d’appréhender le lien entre économie et bien commun.
Paul Malassigné, commandant du service départemental d’incendie et de secours de l’Indre (SDIS) est choqué lorsqu’il apprend que le nouveau fournisseur des uniformes des sapeurs-pompiers ne prendra plus la peine de récupérer les tenues réformées. Elles seront jetées au tout-venant, c’est-à-dire enfouies. Pourtant, elles ont des qualités exceptionnelles. Il le sait mieux que personne, ayant eu une formation de chimiste de haut niveau : avant de s’engager à venir en aide aux autres, il a suivi une formation de chimiste au King’s College de Londres puis obtenu un DEA en synthèse des molécules. Il est pénétré de la formule des chimistes : « rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme ».
Il demande donc l’autorisation à sa hiérarchie de voir ce qui peut être fait pour trouver une meilleure destination à ces tenues, si possible à la hauteur de leur vraie valeur. Elle lui est accordée à condition d’approfondir la question pendant son temps libre et ses jours de congé.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/innovation-et-economie-circulaire-la-revolte-des-sapeurs-pompiers-127186>
______________________________________________________________________________________________________________________
11- « Mythes » et « fantasmes » sur le CETA : les Canadiens ne comprennent pas les peurs françaises, Le Monde, 13/02/20, 11h03
Hélène Jouan  

Deux ans et demi après l’entrée en vigueur du CETA, les échanges entre l’Hexagone et le Canada se révèlent largement favorables aux Français, qui ont augmenté leurs exportations de 16 % au total. 
Isabelle Hudon n’a pas mâché ses mots pour dénoncer « les fantasmes » des Français. L’ambassadrice du Canada dans l’Hexagone a été auditionnée, le 5 février, par les sénateurs, sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA), en vigueur depuis septembre 2017, mais toujours pas ratifié par le Parlement en France. L’invasion de bœuf canadien ferait peur aux éleveurs de tricolores ? « Un mythe », a dénoncé Isabelle Hudon, chiffres à l’appui. « La part du marché canadien dans la viande bovine consommée en France depuis deux ans, c’est 0,001 %, soit 0,2 gramme par Français, l’équivalent d’un cinquième de Doliprane, pas de quoi avoir mal à la tête », a-t-elle déclaré, dénonçant avec vigueur le Canada bashing.
Les éleveurs et agriculteurs canadiens sont irrités d’entendre des élus français relayer ce qu’ils considèrent comme des fadaises concernant la qualité de leur production et le volume des biens exportés. Car, après deux ans et demi, les échanges entre les deux pays se révèlent largement favorables aux Français, qui ont augmenté leurs exportations de 16 % au total. Les vins français, par exemple, ont repris leur première place sur les étals des magasins canadiens, devant les américains, avec une hausse de 11 %.
> Lire aussi  « Les éleveurs bovins français voient rouge »
« Quand on compare nos ventes faméliques de viande au fromage français arrivé sur notre territoire, qui a bondi de 46 %, relève Richard Ouellet, spécialiste du commerce international à l’université Laval de Québec, nous avons du mal à comprendre le péril que nous représentons. » L’expert balaie également les critiques sur les normes sanitaires canadiennes, qui seraient en deçà des européennes.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/13/accord-de-libre-echange-ue-canada-la-colere-des-canadiens-contre-le-denigrement-des-francais_6029434_3234.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
12- Faire payer l’entrée dans les parcs nationaux français ? Une idée émergente « délicate à assumer politiquement », Le Monde, 13/02/20, 11h11
Ulysse Bellier

Pour répondre au manque de financement des parcs nationaux, certains spécialistes, pour l’instant minoritaires, réfléchissent à l’instauration de droits d’accès à certaines zones naturelles protégées. 
Faire payer l’accès à la nature en France ? Le président de la République Emmanuel Macron doit annoncer, jeudi 13 février, depuis Chamonix (Haute-Savoie), de nouvelles mesures pour protéger le massif du Mont-Blanc et son écosystème. La veille, lors du quatrième conseil de défense écologique, il avait confirmé la création de quatre nouveaux parcs naturels régionaux − mais toujours sans nouvel engagement financier de l’Etat.
Pour pallier à ce manque de moyens et afin de limiter les effets d’une fréquentation parfois hors de contrôle, certaines voix du monde de l’environnement appellent à réfléchir à l’idée d’un accès payant à certains espaces naturels protégés. Etudiée dans un rapport d’experts en 2018, reprise par Nicolas Hulot avant qu’il ne parte du gouvernement, cette proposition doit encore faire sa place dans le débat public.
Payer un ticket pour randonner dans un parc national est pourtant monnaie courante dans d’autres pays, aux Etats-Unis, en Corée du Sud, au Costa Rica ou au Chili par exemple − où les droits d’entrée représentent près de la moitié du budget des parcs. Mais, en France, une telle mesure est « complètement taboue », regrette Gilles Martin, le président du conseil scientifique du parc national de Port-Cros (Var).
« Il n’est pourtant pas anormal de payer son entrée dans un “musée” naturel comme on paye son entrée dans un musée d’art comme le Louvre. » Simon Jolivet, qui a conduit une étude juridique sur le sujet, parle lui d’un « impensé ». « Pour le patrimoine culturel, explique-t-il, les droits d’entrée sont actés depuis cent ans. Cela avait fait du bruit à l’époque, mais on n’en parle plus vraiment aujourd’hui. » Selon ce maître de conférences en droit public à l’université de Poitiers, au sujet du patrimoine naturel, « la réflexion a été bridée, sans même que l’on s’en rende compte ».
> Lire aussi  « On casse l’expertise de l’Etat en matière d’environnement » : les messages d’alerte des agents des parcs nationaux
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/13/faire-payer-l-entree-dans-les-parcs-nationaux-francais-une-idee-emergente-delicate-a-assumer-politiquement_6029386_3244.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
13- Tribune. Valérie Cabanes : « La rhétorique écologique des dirigeants français relève surtout d’éléments de langage », Le Monde, 14/02/20, 06h00
Par Valérie Cabanes, juriste en droit international, auteure d’« Un nouveau droit pour la Terre » (Seuil, 2016) et d’« Homo Natura » (Buchet-Chastel, 2017).

Emmanuel Macron, le gouvernement et les parlementaires de la majorité affichent, en paroles, leur appui à la reconnaissance du crime d’écocide, mais les actes ne suivent pas, déplore la juriste dans une tribune au « Monde ».
Tribune. Parmi les réponses qu’exige de toute urgence l’accélération de la crise climatique et des atteintes à la biodiversité, figure la nécessité de repenser un droit et une gouvernance respectueux de l’écosystème Terre. La première étape serait d’oser imposer un cadre contraignant aux activités industrielles pour qu’elles respectent les limites de ce que la planète nous offre et préservent ainsi nos conditions d’existence. Cela implique de reconnaître le crime d’écocide. La seconde étape serait d’inventer des moyens de concilier nos droits à ceux des autres éléments de la nature, en commençant par leur reconnaître le droit à jouer leur rôle respectif dans le maintien de la vie.
Depuis plusieurs mois, ces deux propositions sont reprises dans des éléments de langage de nos dirigeants dans les arènes internationale, européenne et nationale. Les alertes scientifiques de plus en plus pressantes et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes à travers le monde, les incitent à adopter une rhétorique écologique révolutionnaire.
En outre, le président de la République souhaite légitimer son titre de « Champion de la Terre », décerné par les Nations unies en 2018 mais en décalage avec son image en France. Il disposera, cette année, de deux tribunes à haute valeur symbolique : le Congrès mondial de la nature à Marseille, en juin, et la conférence des parties à la Convention sur la biodiversité (COP15) en Chine, en décembre.
> Lire aussi  « Sur le terrain du verbe, le titre de “Champion de la Terre” sied particulièrement bien à M. Macron »
En août 2019, Emmanuel Macron avait qualifié d’écocide les feux en Amazonie. Le 10 janvier, devant la Convention citoyenne pour le climat, il a reconnu la nécessité de légiférer « à l’international » sur le crime d’écocide en adoptant un amendement au statut de la Cour pénale Internationale (CPI) et a affirmé travailler avec ses partenaires européens en ce sens.
Pas d’appui
Mais la réalité est tout autre. Début décembre 2019, la France n’a pas envoyé son ambassadeur pour l’environnement à l’Assemblée des Etats parties à la CPI, où il était pourtant invité par les républiques du Vanuatu et des Maldives. Ces Etats insulaires, menacés par la montée les eaux du fait du réchauffement, ont attendu en vain un appui de la France à leur demande de reconnaissance du crime d’écocide.
Qu’en est-il au niveau européen ? Le 16 janvier, le groupe parlementaire Renew Europe, auquel appartiennent les eurodéputés de La République en marche (LRM), s’est fait remarquer en soutenant au Parlement européen un amendement demandant que l’Europe défende lors de la prochaine COP15 l’octroi d’un statut juridique aux communs naturels et aux écosystèmes marins et terrestres, et que leur soient reconnus des droits.
Cet amendement, porté par la députée du groupe Les Verts, Marie Toussaint, a bien failli être adopté, à 23 voix près (291 pour, 314 contre). C’est indéniablement une surprise, car il s’agit là de soutenir un renversement des normes où la nature deviendrait sujet de droit et non objet d’appropriation, et donc, en filigrane, où le droit commercial serait contraint de respecter le droit des écosystèmes à exister, se régénérer et évoluer.
Mais là encore, ne soyons pas dupes. Il est facile pour des députés européens de se positionner ainsi dans le cadre de recommandations faites au reste du monde en vue de la COP15, sachant qu’elles ne les engagent en rien. Il y a d’ailleurs fort à parier que ce vote n’aurait pas obtenu ce suffrage s’il avait fallu voter une directive européenne, vouée à s’appliquer, par transposition, à la France.
Des recommandations au reste du monde
Enfin au niveau national, Emmanuel Macron n’a jamais souhaité que le crime d’écocide soit reconnu. Deux propositions de loi sur ce thème ont été présentées en 2019, l’une en mai au Sénat, l’autre en décembre à l’Assemblée, toutes deux par les groupes socialistes. Elles ont été rejetées en bloc par les deux majorités.
> Lire aussi  L’Assemblée nationale rejette une proposition de loi sur la reconnaissance de « l’écocide »
Il est clair qu’Emmanuel Macron est réticent à l’idée que les intérêts économiques français puissent pâtir d’une législation qui contraigne l’activité industrielle au respect des limites planétaires. En effet, cela imposerait de restreindre la liberté d’entreprendre et le droit de propriété, et au-delà, de bousculer la foi aveugle de beaucoup de nos dirigeants politiques et économiques dans le dogme de la croissance.
Cette position s’est nettement affichée lors des débats sur la réforme constitutionnelle souhaitée par Emmanuel Macron début 2018 (et toujours dans les limbes). De nombreuses associations avaient alors proposé une réécriture de l’article 1 de la Constitution afin d’inclure dans les principes fondamentaux de la République la lutte contre les changements climatiques, la préservation de la biodiversité et le respect des limites planétaires.
Le gouvernement s’était dit prêt à soutenir les deux premiers points mais en ne s’engageant qu’à les « favoriser », et ce, sur recommandations du Conseil d’Etat. En effet, engager la République à les « garantir » aurait pu permettre aux citoyens de poursuivre l’Etat en cas de manquements à ses obligations.
Enfin, il s’est opposé catégoriquement à l’idée de respecter les limites planétaires : [le changement climatique, les pertes de biodiversité, les perturbations globales du cycle de l’azote et du phosphore, l’usage des sols, l’acidification des océans, la déplétion de la couche d’ozone, les aérosols atmosphériques, l’usage de l’eau douce, la pollution chimique]. Six d’entre elles sur neuf ont déjà été franchies par la France, selon l’aveu même du ministère de la transition écologique et solidaire dans son « Rapport sur l’état de l’environnement » publié en octobre 2019. 
Nos dirigeants soutiennent plutôt les industriels
Ces limites, définies par le Stockholm Resilience Center et déjà utilisées par l’ONU et l’Union européenne afin de se fixer des objectifs de développement soutenables, correspondent à neuf processus et systèmes régulant la stabilité et la résilience du système terrestre dont dépendent nos conditions d’existence.
Pour chacun d’entre eux, des valeurs seuils ont été définies qui ne doivent pas être dépassées si l’humanité veut pouvoir se développer dans un écosystème sûr. Le franchissement de ces limites, en particulier concernant le changement climatique et l’érosion de la biodiversité, nous conduit vers un « point de basculement » caractérisé par un processus d’extinction de masse irréversible et des conséquences catastrophiques pour l’humanité.
> Lire aussi  Valérie Cabanes : « Reconnaître la nature comme sujet de droit »
Ainsi refuser d’engager la France vers le respect des limites planétaires est une preuve supplémentaire, s’il en fallait, du soutien de nos dirigeants aux systèmes financier et industriel actuels qui, au nom du profit, n’ont aucun scrupule à menacer le climat, la biodiversité, la qualité des sols, de l’air et de l’eau, et au final à mettre nos vies et celles des générations futures en danger.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/14/valerie-cabanes-la-rhetorique-ecologique-des-dirigeants-francais-releve-surtout-d-elements-de-langage_6029518_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
14- Nora Stephenson, 50 ans de militantisme pour la Guyane, AFP, 14/02/20, 15:00
Marion Briswalter

A 68 ans, Nora Stephenson revendique "50 ans de militantisme" en Guyane : après de nombreux combats pour l'émancipation, l'équité et l'environnement, elle est l'une des figures du collectif "Or de question", opposé à l'exploitation massive des ressources de Guyane, qui a notamment obtenu l'abandon du grand projet minier Montagne d'Or. 
Cette femme "bien enracinée", au regard fier, a participé à de nombreuses luttes : contre les fractures territoriales, pour l'égalité des chances à l'école, pour l'émancipation des femmes à travers la mise en place d'une garderie ou encore pour l'indépendance de la Guyane.
"J'ai toujours pensé que quand on fait ce qui est juste, et ensemble, c'est bien", explique la dame décidée à la voix douce. "Je vais, je me permets d'aller, dans tous les grands événements du pays, sans jamais m'encarter", explique celle qui était par exemple sur les piquets de grève en 2013 lors de la crise qui a secoué l'université des Antilles et de la Guyane, aboutissant à la création d'une université autonome en Guyane.
Aujourd'hui, c'est au sein du collectif "Or de question", créé contre le projet "Montagne d'Or", que cette enseignante à la retraite fait entendre ses positions écologistes. Et malgré la "petite victoire" de l'abandon du méga-projet minier qui prévoyait 8 km2 d'exploitation au cœur de la forêt, elle reste vigilante et poursuit sa lutte contre tous projets industriels d'exploitation minière.
"L'extractivisme me dérange. Qu'il s'agisse du légal ou du clandestin, il faut tourner maintenant cette page de l'histoire guyanaise", presse Nora Stephenson, cheveux courts et boucles en graines de la forêt aux oreilles, depuis qu'elle a "arrêté de porter de l'or".
Elle et son mari, l'écrivain Elie Stephenson, s'opposent aux élus locaux et opérateurs miniers qui affirment bonifier la Guyane par l'exploitation de l'or. Cette position a valu au couple de multiples "accrochages" car "la question de la Montagne d'or divise les familles, les amis".
"C'est une inconditionnelle, très engagée car elle est passionnée pour notre pays. Elle dit toujours que le militantisme c'est sa vie", salue Eléonore Johannes, militante pour la réappropriation de la langue amérindienne kali'na, également opposée à l'implantation d'industries minières à Saint-Laurent du Maroni.
- "Vitrine mondiale" -
"Ce qui arrive au Brésil (déforestation et pollution par l'agro-industrie, les forestiers et les miniers, ndlr) se passe déjà ici, dans les rivières qui sont polluées par l'orpaillage illégal", déplore Nora Stephenson. "Des élus veulent aussi mettre d'autres grands barrages hydroélectriques. On ne peut pas faire ça et dire qu'on préserve la nature. Avec cette superbe biodiversité (...) nous pourrions être une vitrine mondiale mais ce n'est pas vers cela que nous allons."
Son positionnement énerve certains. "Ça fait 20 ans que j'entends qu'on va faire de la Guyane une vitrine pour l'environnement, mais il n'y a toujours rien de concret", objecte Gaston Yapana, un citoyen qui avait apporté un soutien appuyé à Montagne d'Or. "L'environnement est déjà détruit par les orpailleurs clandestins alors pourquoi ne pas en faire profiter les Guyanais pour créer de l'emploi par l'activité minière ?", rétoque-t-il.
La rupture avec l'histoire coloniale française est le moteur de Nora Stephenson qui, en 2016, s'était déjà engagée aux côtés de l'association France Libertés pour dénoncer un brevet accordé à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) qui avait utilisé pour cela, sans leur consentement, des savoirs traditionnels des populations autochtones de Guyane sur les vertus antimalariques d'une plante locale, le couachi.
Cette altermondialiste comptait aussi parmi les forces du mouvement social historique de mars 2017, qui paralysa la Guyane pour réclamer une amélioration des services publics et moins d'insécurité. Mais celle qui affirme que "le problème de la Guyane, c'est le gouvernement français", a pris ses distances du mouvement qu'elle ne trouvait pas assez revendicatif. 
"Pour la première fois (...) le peuple guyanais était en masse dans la rue ; même si ce n'était pas pour les mêmes raisons. Il fallait exiger de l’État a minima d'entrer dans un processus d'autonomie. Chaque pays, chaque peuple, doit se diriger lui-même. Là, on a manqué le coche".
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/nora-stephenson-50-ans-de-militantisme-pour-l-environnement-et-l-independance-de-la-guyane_141533>
______________________________________________________________________________________________________________________
15- Le déclin de la nature est chiffré à 500 milliards de dollars par an par le WWF, Futura-sciences, communiqué maj le 14/02/20
Par WWF

La France se classerait au dixième rang des pays les plus impactés par les conséquences économiques du déclin de la nature. C'est ce qu'indique un rapport publié aujourd'hui et effectué dans 140 pays par le WWF, en partenariat avec le Global Trade Analysis Project de l'université de Purdue et le Natural Capital Project de l'université du Minnesota.
Selon le rapport « Global Futures », si rien n'est fait pour enrayer la disparition de la nature, cela coûtera au moins 479 milliards de dollars par an au niveau mondial, soit près de dix mille milliards de dollars d'ici 2050, l'équivalent des économies du Royaume-Uni, de la France, de l'Inde et du Brésil cumulées.
Parmi les pays les plus impactés en valeur absolue du PIB, les États-Unis figurent à la première place, avec une perte de 83 milliards de dollars par an d'ici 2050, un montant équivalent à la totalité du PIB annuel du Guatemala. Suivent le Japon et le Royaume-Uni avec respectivement des pertes de 80 et 21 milliards de dollars par an. Les causes principales de cette perte de PIB dans les trois pays sont l'augmentation des inondations, l'érosion côtière et la perte de défenses naturelles telles que les coraux et mangroves, avec des dommages conséquents aux infrastructures côtièreset aux terres agricoles. 
>> Suite à lire à :
<https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/rechauffement-climatique-declin-nature-chiffre-500-milliards-dollars-an-wwf-79571/>
En savoir plus :
> Report. Global Futures - Assessing the global economic impacts of environmental change to support policy-making <https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2020-02/202002_Rapport_Global_Futures%5BEN%5D.pdf>, WWF, The Global Trade Analysis Project (GTAP) & The Natural Capital Project (NatCap), february 2020
______________________________________________________________________________________________________________________
16- Entretien. « L'Europe peut devenir le leader mondial de la transition écologique », Usbek & Rica, 15/02/20, 13:00
Vincent Lucchese

Le « Green Deal » proposé par la Commission européenne, qui vise la neutralité carbone en 2050 via un financement de 1 000 milliards d’euros, suscite autant d’espoirs que de scepticisme. Nous en avons discuté avec le Commissaire européen à l’Environnement, aux océans et à la pêche, Virginijus Sinkevicius.
Le « Green Deal », ou Pacte vert pour l’Europe, est l’axe fort de la feuille de route européenne présentée par Ursula von der Leyen, la présidente de la nouvelle Commission européenne entrée en fonction en décembre dernier. Ce Green Deal doit permettre à l’Union européenne (UE) d’atteindre la neutralité carbone en 2050, faisant du continent le leader mondial de la lutte contre le changement climatique, tout en étant vecteur d’une nouvelle croissance et prospérité économique.
Obtenir l’adhésion au projet des 27 États membres n’a cependant rien d’évident, la Pologne refusant pour l’instant de s’aligner sur l’objectif de neutralité carbone en 2050, et le financement de ce Green Deal étant encore tributaire des négociations à venir sur le budget commun.
Alors que le réchauffement climatique continue de battre des records et menace de nous faire basculer dans un emballement catastrophique et incontrôlable, ce Green Deal européen suscite autant d’attentes que de scepticisme. Nous avons profité du passage à Paris du Commissaire européen à l’Environnement, aux océans et à la pêche, le jeune (29 ans) Lituanien Virginijus Sinkevicius, pour nous entretenir avec lui sur ces sujets brûlants.
>> Suite à lire à :
<https://usbeketrica.com/article/europe-peut-devenir-leader-mondial-transition-commissaire-sinkevicius>
______________________________________________________________________________________________________________________
17- Reportage. Football et écologie : du régime végan à la pelouse bio, la révolution verte des Forest Green Rovers, Le Monde, 16/02/20, 12h17
Aude Lasjaunias

La petite formation anglaise, premier club de football certifié neutre en carbone par l’ONU, a reçu fin décembre le feu vert local pour la construction de son nouveau stade, présenté comme l’enceinte sportive la plus écologique au monde.
« Vous venez pour le football, hein ? » Dans l’esprit de Ian Leach, chauffeur de taxi à Stroud, petite ville du comté de Gloucestershire (ouest de l’Angleterre), la réponse à cette question ne fait aucun doute : les Forest Green Rovers (FGR), installés à quelques kilomètres de là, au milieu de la forêt dans le village de Nailsworth, sont une attraction majeure de la région. Et ce qui fait la renommée de la formation locale, pensionnaire de quatrième division anglaise (League Two), ce n’est pas tant ses prouesses sur le terrain que sa révolution verte, opérée depuis dix ans.
FGR est ainsi devenu le premier club de football certifié neutre en carbone par l’Organisation des Nations unies (ONU), en 2018 – c’est-à-dire qu’il compense son empreinte carbone en investissant dans des programmes de réduction des émissions comme la plantation d’arbres. En avril 2019, son président Dale Vince a été nommé ambassadeur des Nations unies afin d’associer le monde du sport à la lutte contre le changement climatique (Sports for Climate Action). Et à la fin décembre de la même année, le conseil du district de Stroud a approuvé les plans de son nouveau stade, Eco Park, présenté comme l’enceinte sportive la plus écologique au monde. La structure entièrement composée de bois devrait accueillir cinq mille spectateurs et pourrait voir le jour d’ici trois à cinq ans. Cependant, le chantier est encore suspendu à une validation finale de l’exécutif britannique : « Il reste à voir dans quelle mesure le gouvernement [du conservateur Boris] Johnson sera un obstacle ou un allié de la lutte contre le changement climatique », résumait alors Dale Vince sur Facebook.
Pour l’heure, il faut donc encore gravir les deux kilomètres pentus qui séparent le centre de la ville de The New Lawn, l’actuel stade des Forest Green Rovers, qui se trouve niché en haut d’une colline, au bout de la bien nommée « another way » (l’« autre voie »).
> Lire aussi L’ONU propose de protéger 30 % de la planète d’ici à 2030
Bière végane et vert fluo
La voie du développement durable, le club l’a prise en 2010, après l’« heureux accident » qui a mis Dale Vince sur son chemin. La formation est en proie à des difficultés financières et ses dirigeants sont contraints de solliciter des entrepreneurs locaux pour renflouer les caisses. M. Vince, fondateur d’Ecotricity, une firme spécialisée dans les énergies vertes, accepte d’apporter une aide ponctuelle, mais les instances des FGR lui demandent de rester et de prendre le poste de président.
« Je n’étais pas très emballé par cette perspective au départ, mais c’est un club historique [il a été fondé en 1889], c’était dommage qu’il disparaisse », explique l’homme de 58 ans à l’allure punk, foulard à têtes de mort roses autour du cou et oreilles ornées de discrets éclairs en strass. S’il se laisse convaincre, il exige toutefois de diriger le club comme son entreprise.
Dès lors, la nourriture et la bière servies aux supporteurs, comme aux joueurs, sont véganes. La couleur de la formation est le vert fluo, ses sponsors sont sélectionnés sur des critères environnementaux et le club a choisi de promouvoir gracieusement, sur l’un de ses maillots, l’ONG Sea Shepherd, vouée à la protection des écosystèmes marins et de la biodiversité. Le club est par ailleurs alimenté par des sources d’énergies renouvelables – panneaux solaires et éoliennes – et joue sur un terrain « biologique » – sans utilisation de produits chimiques.
« Ce n’est pas vraiment plus cher d’être vertueux, insiste Adam Witchell, jardinier en chef des Forest Green Rovers. Certes, le coût initial est peut-être un peu plus élevé, mais c’est un investissement : si la pelouse est plus saine, alors les frais d’entretien se réduisent aussi. » Cet Anglais charpenté à l’accent prononcé explique échanger beaucoup avec d’autres formations de diverses divisions nationales, comme Stoke City ou Ipswich Town, pour améliorer le système à plus grande échelle. « Mais chaque terrain est différent. Le niveau d’ombre ou le type de sol varie… Il est un peu compliqué de dire aux autres de faire mieux, mais je pense que c’est indispensable d’avoir une démarche volontaire. » Le nouvel objectif de son service, c’est la traçabilité des produits. « On s’efforce de les faire venir du Royaume-Uni pour limiter les émissions carbone. » Car, « ainsi va la marche du monde », juge-t-il.
Les Forest Green Rovers misent aussi beaucoup sur la pédagogie : des panneaux détaillant chacun de ses engagements écologiques sont disséminés dans le stade. « On a l’opportunité de passer un message à des populations pas forcément sensibilisées aux thématiques environnementales », raconte Dale Vince.
> Lire aussi « Même “l’entreprise la pire du monde” se convertit à l’écologie »
Bannir le plastique
Mais même les meilleures volontés se heurtent aux contraintes inhérentes à la discipline et certaines émissions carbones sont difficiles à contrebalancer. C’est notamment le cas des déplacements alors que la saison régulière de League Two compte au minimum 46 rencontres (hors playoffs), dont la moitié à l’extérieur. « Dans ce cas, on compense par des investissements dans les programmes onusiens », nous précise-t-on au sein des instances dirigeantes du club. Autre point noir : le plastique, que les Forest Green Rovers aimeraient pouvoir bannir, mais qui répond à des règles de sécurité dans les stades anglais, encore marqués par des années de hooliganisme.
Au-delà de tous les engagements de la formation, la mesure emblématique de l’ère Vince Dale reste étrangement la bascule vers un régime alimentaire végan. « Un jour, je suis arrivé au club et les joueurs étaient en train de dîner des lasagnes au bœuf. Indépendamment des considérations liées au bien-être animal, je me suis dit que c’était de la viande dégoûtante et que pour la planète, comme pour les gens qui se retrouvent au stade, on se devait de proposer des repas meilleurs », se rappelle l’entrepreneur.
« La réaction des supporteurs a été… intéressante », glisse-t-on avec sarcasme au FGR. « Il y a encore aujourd’hui des gens qui s’en plaignent. » Et qui n’hésitent pas à décrire Vince Dale comme un despote. « C’est un végétalien prosélyte. Il aime que les choses se passent selon son plan. La malbouffe, ça fait aussi partie de l’expérience du stade », s’insurge Ian Leach, le chauffeur de taxi. « Il paraît que les joueurs profitent de leur jour de repos pour aller s’envoyer un burger au pub », chuchote dans les travées du New Lawn, Neil Dodd, routier joufflu de 47 ans. « On ne force pas les joueurs à adopter ce régime végan, balaie-t-on dans l’équipe dirigeante. Il s’agit seulement la nourriture que nous leur servons. »
En août 2019, l’attaquant du Forest Green Aaron Collins revenait dans les colonnes de Metro News sur ses années passées à travailler pour la chaîne de fast-food McDonald’s en parallèle de ses débuts de footballeur. Aux antipodes de l’esprit Macdo, la philosophie de son club constitue pour le joueur un défi à relever : « Dernièrement, on a mangé de la nourriture végane pendant cinq jours. Ce n’est pas vraiment mon truc, mais j’ai apprécié quelques bouchées… Disons que c’est une bonne expérience. »
« Lutter contre le gaspillage alimentaire »
« C’est incroyable, cette crispation autour de la viande. Les fans de football anglais sont sans doute parmi les plus grandes espèces carnivores au monde », déplore de sa voix éraillée la chef cuisinière du club Jade Crawford. La fine jeune femme de 28 ans, aux bras couverts de tatouages et au caractère bien trempé, se souvient de certains supporteurs venus assister aux rencontres dans les sections visiteurs du stade grimés en boucher. Depuis deux saisons, tous les soirs de match à domicile, elle prépare quelque 400 snacks qui seront vendus dans les stands installés dans couloirs du New Lawn. Même queue devant le bar, même relents de ketchup et de friture et même menu typique d’un stade : burger, tourte et frites… L’unique différence c’est que tout est fait maison et 100 % à base de plantes, insiste Jade Crawford.
« Certaines personnes nous prédisaient un avenir tragique à l’époque où l’on a décidé de bannir la viande, mais nous somme toujours là », insiste Dale Vince. Et l’exemple des Forest Green Rovers inspire : outre les clubs où se déplace la formation qui prévoient dorénavant des options véganes, la tendance gagne la Premier League. Fin janvier, Chelsea, l’une des plus illustres formations de la division d’élite anglaise, ouvrait à Stamford Bridge son premier stand entièrement végétalien. « Adopter une approche réductionniste là où c’est possible nous permettra de fournir des aliments à base de plantes au goût délicieux, ainsi que de lutter contre le gaspillage alimentaire et de réduire notre impact sur l’environnement », souligne le club londonien.
> Lire aussi « Manger végan n’est pas une punition, on peut inventer de nouvelles émotions »
Bien sûr, il est irréaliste d’attendre des supporteurs qu’ils fassent preuve du même enthousiasme pour les performances de leur club en matière d’écologie que sur le terrain. Pourtant, à en croire plusieurs enquêtes d’opinion outre-Manche, l’environnement devient une préoccupation grandissante chez les adeptes du ballon rond. Le 13 novembre 2019, la BBC mettait à l’honneur le classement des clubs de Premier League en matière d’accomplissements environnementaux et interrogeait les supporteurs sur l’importance qu’ils accordent à cette thématique. Plus de la moitié (58 %) se déclarait en phase avec cette affirmation : « Je me soucie de l’impact de mon club sur l’environnement. » 
« Les fans de football, particulièrement en Angleterre, sont des gens passionnés, résume Vince Dale. Vous réalisez ce qu’ils représentent ? Ils peuvent être une incroyable caisse de résonance. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/16/football-et-ecologie-du-regime-vegan-a-la-pelouse-bio-la-revolution-verte-des-forest-green-rovers_6029759_3244.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
18- Bruxelles sous pression pour autoriser, dans les produits importés, des pesticides interdits, Le Monde, 17/02/20, 03h51
Stéphane Horel

Un rapport d’une ONG bruxelloise détaille le lobbying d’industriels et de pays tiers depuis plusieurs années pour que l’Union européenne amende sa réglementation sur les substances interdites dans les produits alimentaires. 
Des pesticides jugés trop dangereux pour être autorisés dans l’Union européenne (UE) pourraient être à nouveau tolérés pour épargner le commerce international.
C’est le résultat de plusieurs années de lobbying des fabricants, renforcé par les manœuvres diplomatiques d’un groupe d’une quinzaine de pays, dont les Etats-Unis et le Canada, pour que Bruxelles ouvre une brèche dans sa propre réglementation. Une marge de tolérance pourrait ainsi être accordée aux substances interdites dans les produits alimentaires importés. Fruits, noix, épices ou encore café pourraient contenir des résidus de pesticides que la loi proscrit pourtant.
Fondé sur des documents obtenus auprès de la Commission européenne grâce aux lois sur la transparence, un rapport de l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory (CEO), publié lundi 17 février, montre comment ces pressions continuelles ont fait reculer les responsables européens, du fonctionnaire au commissaire, au fil des trois dernières années.
Rarement législation européenne aura fait l’objet d’autant de lobbying après son adoption. Voté fin 2009, le règlement 1107 concernant « la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques » a d’emblée crispé les fabricants en introduisant, avec ses critères d’exclusion dits « guillotine », une interdiction automatique des pesticides qui seront jugés intrinsèquement dangereux au moment de leur évaluation ou réévaluation. Soit : les produits cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction et perturbateurs endocriniens, jusqu’alors autorisés par défaut dans la mesure où une évaluation des risques ne mettait en évidence aucun effet nocif sur la santé ou l’environnement.
> Lire aussi  Perturbateurs endocriniens : l’histoire secrète d’un scandale
Du développement de critères d’identification des perturbateurs endocriniens à la mise en place de « lignes directrices » pour les appliquer, le lobbying s’est progressivement déplacé vers la question des « limites maximales de résidus » (LMR) sur les produits alimentaires importés. En particulier dans le cadre des accords de libre-échange avec le Canada (CETA) et les pays du Mercosur. En janvier à Davos, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a par ailleurs annoncé un « mini-accord » avec les Etats-Unis dans les prochaines semaines.
Application stricte des critères « guillotine »
Une farandole de rendez-vous et de courriers pour obtenir une souplesse sur le sujet des LMR commence à l’été 2017. En juin, la direction générale (DG) de la santé, le service de la Commission chargé du dossier, informe les représentant des Etats membres de son intention d’appliquer strictement les critères « guillotine » et d’abaisser les limites maximales de résidus autorisés à zéro, sauf en cas d’« exposition négligeable » ou de menace grave sur la santé des plantes.
Quelques jours auparavant, l’organisation européenne de lobbying du secteur, European Crop Protection Association (ECPA), a distribué aux Etats membres son « document de position » sur les « tolérances à l’importation » dans l’UE, qui n’a eu aucun effet. Pas plus que la visite et les récriminations de deux lobbyistes de Bayer auprès du cabinet du commissaire à la santé, Vytenis Andriukaitis. « Bayer s’inquiète du fait que cela n’affecterait pas seulement ses activités dans l’UE mais aussi dans les pays tiers exportant vers l’UE », consigne le compte-rendu, ajoutant que la firme allemande est convaincue d’une future contestation à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
ECPA réagit immédiatement. Elle écrit au chef de l’unité Pesticides de la Commission et à la DG GROW (marché intérieur). « Cette interprétation restrictive aurait un impact substantiel sur le commerce international, sans apporter de sécurité supplémentaire aux consommateurs européens, estime-t-elle. Les producteurs de pays tiers ne pourraient plus exporter vers l’UE une partie de leurs denrées alimentaires. » Leur menace se précise. La décision européenne pourrait se trouver en non-conformité avec l’« accord sanitaire et phytosanitaire de l’OMC ». L’argument sera ensuite transmis à des relais politiques dans lesdits pays tiers.
« Contrer les messages émotionnels »
La protestation du secteur est renforcée par une lettre vindicative signée Bayer-Syngenta. Les critères « guillotine » introduisent des « barrières commerciales » et sont là pour « satisfaire des objectifs politiques », écrivent-ils au commissaire Andriukaitis. « Il est important de tous travailler à contrer les messages émotionnels employés par certains groupes et d’expliquer que le danger n’est pas synonyme de risque. » 
Toute bataille de lobbying a son chiffre épouvantail. A l’automne, un rapport de Croplife International et ECPA avance que les importations agricoles seraient touchées à hauteur de 70 milliards d’euros. Rien de moins. Un chiffre repris à l’identique par… le gouvernement américain. En novembre 2017, l’Australie à ses côtés, il s’en sert pour se plaindre de l’UE à l’OMC.
> Lire aussi  Perturbateurs endocriniens : l’ingérence des Etats-Unis
Mais le chantage économique est une « arme à double tranchant », souligne CEO avec ironie. Pour nourrir l’argument, ECPA fournit, avec force précaution, une liste de 58 substances « potentiellement affectées par une “mauvaise” politique de tolérance à l’importation ». Acrobatique de fournir soi-même une liste de pesticides que l’on estime devoir tomber sous le coup de la loi…
Selon des sources industrielles, un quart des pesticides employés aux Etats-Unis sont interdits en Europe. Parmi eux : trois néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles », l’atrazine, bannie depuis 2003, ou le neurotoxique chlorpyrifos – qui l’est depuis début 2020. Au Brésil, premier exportateur de produits alimentaires en Europe, 149 des 504 pesticides qui y sont autorisées sont prohibées dans l’UE, selon des travaux universitaires. Plus de 470 substances actives sont présentes sur le marché européen.
Premiers reculs
Il ne faut pas longtemps à la Commission pour commencer à reculer. Au printemps 2018, la DG Santé promet aux exportateurs de soja américains de trouver une « solution OMC-compatible ». En parallèle, les pressions diplomatiques s’intensifient. Le CETA a été ratifié en septembre 2017. Vingt comités mixtes thématiques sont mis en place. Les 27 et 28 mars 2018, le comité chargé des « mesures sanitaires et phytosanitaires » se réunit à Ottawa.
> Lire aussi  CETA : comment le Canada tente de saper les normes européennes sur les pesticides et les OGM
D’après plus de trois cents pages de documents issus de cette réunion – jusqu’alors secrets – obtenus par le Conseil des Canadiens et l’ONG Foodwatch et publiées le 12 février, le Canada profite de ce forum pour remettre en question l’ensemble de l’approche réglementaire européenne. Sans s’embarrasser de périphrases, l’Etat demande à l’UE de changer cette réglementation qui met en péril, selon lui, près de 1,9 milliard d’euros d’exports par an. « L’objectif à long terme est que l’UE s’éloigne des critères d’exclusion comme fondement de ses décisions réglementaires », est-il ainsi consigné sous l’intitulé « Objectifs et résultats ».
A l’OMC, où le Canada a défié la réglementation européenne sur les produits chimiques plus de vingt fois, selon les comptes des ONG, le conflit a finalement éclaté en juillet 2019. Une quinzaine de pays, dont le Canada et les Etats-Unis, attaquent alors l’UE, accusée « d’essayer d’imposer unilatéralement sa propre approche réglementaire intérieure à ses partenaires commerciaux ».
Il s’agit d’une « question complexe à laquelle la Commission réfléchit actuellement », a répondu un porte-parole de l’exécutif européen, interrogé par Le Monde. Présenté en décembre 2019, le « green deal » de la Commission appelle à être « plus ambitieux en vue d’une diminution significative de l’utilisation des pesticides chimiques et des risques qui y sont associés ».
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/17/bruxelles-sous-pression-pour-autoriser-dans-les-produits-importes-des-pesticides-interdits_6029791_3244.html>
En savoir plus :
> Toxic residues through the back door <https://corporateeurope.org/en/2020/02/toxic-residues-through-back-door>, Corporate Europe Observatory (CEO), 16/02/20
______________________________________________________________________________________________________________________
19- Pesticide : Bayer et BASF condamnés à verser 265 millions de dollars à un cultivateur, AFP, 17/02/20, 08h53

La décision a été rendue samedi par le jury du tribunal fédéral de Cape Girardeau, dans le Missouri (centre), à la suite d'une requête de Bill Bader affirmant que les deux sociétés encourageaient les cultivateurs à utiliser le dicamba de manière irresponsable.
Le dicamba est un pesticide populaire mais controversé pour sa tendance à tuer les cultures dans les champs des voisins. Il se répand facilement et tue les plantes qui ne sont pas adaptées.
Selon l'agence Bloomberg, il s'agit du premier procès aux Etats-Unis concernant le pesticide dicamba. Comme le RoundUp, un autre pesticide controversé commercialisé par Monsanto, le dicamba est sur le marché depuis de nombreuses années.
Un peu partout aux Etats-Unis, des agriculteurs ont porté plainte contre Bayer pour les pertes subies à cause du dicamba.
Cette décision de justice intervient après une autre affaire dans laquelle Bayer a été condamné par un jury californien à verser 290 millions de dollars (267 millions) à un jardinier atteint d'un cancer incurable, pour ne pas avoir suffisamment informé de la dangerosité du RoundUp.
Bayer, qui a fait valoir que le dicamba était sans danger pour les cultures tant que les utilisateurs suivaient les instructions, envisage de de faire appel de la décision, tandis que BASF n'était pas joignable dans l'immédiat pour réagir.
Bayer a racheté en 2018 le mastodonte américain des OGM et des semences, Monsanto, et a dû céder à BASF une partie de ses activités agrochimiques pour satisfaire les autorités de la concurrence.
<https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/chimie-pharmacie/bayer-et-basf-condamnes-a-verser-265-millions-de-dollars-a-un-agriculteur-americain-839888.html>
Sur le même sujet : 
> Pesticide : Bayer et BASF condamnés à verser 265 millions de dollars à un cultivateur <https://information.tv5monde.com/info/pesticide-bayer-et-basf-condamnes-verser-265-millions-de-dollars-un-cultivateur-347170>, AFP, 17/02/20, 09:00
______________________________________________________________________________________________________________________
20- Entretien. Bertrand Piccard : « Dans un an, nous aurons sélectionné 1 000 solutions rentables pour la planète », Le Monde, 17/02/20, 10h56

Convaincre les dirigeants de la planète de l’urgence d’agir contre le changement climatique est le défi que veut relever Bertrand Piccard. 
Après un tour du monde dans l’avion solaire Solar Impulse, réalisé avec André Borschberg, l’explorateur Bertrand Piccard a lancé avec sa fondation l’Alliance Mondiale pour les Solutions Efficientes lors de la Cop22. Son but est de rassembler 1 000 solutions environnementales durables et rentables et à les promouvoir auprès des chefs d’Etats et des capitaines d’industrie de la planète. Point d’étape.
Vous avez démarré la collecte d’innovations durables et rentables il y a environ trois ans et demi, où en êtes-vous aujourd’hui ? 
Nous approchons les 400 solutions. Dès que nous en aurons mille, l’année prochaine, je l’espère, je ferai un tour du monde des dirigeants de la planète et des grandes entreprises. Ceux que l’on veut convaincre raisonnent en termes de profit, d’emplois et de réélection. Donc il faut leur promettre du profit, de l’emploi et assurer leur réélection. Autrement dit, il faut parler leur langage. Ça ne sert à rien de dire ’je veux protéger les océans’ à des dirigeants qui ont 50 000 salaires à payer à la fin du mois et qui ont de gros amortissements à rembourser.
J’opte donc dans mes échanges avec eux pour un discours très terre à terre, qui contraste, c’est vrai, avec le côté symbolique de Solar impulse. Je dis à mes interlocuteurs que toutes les technologies existent déjà pour protéger l’environnement, qu’elles sont rentables et qu’elles créent des emplois. Outre la promotion de ces solutions, mon but est d’arriver à démontrer que les réglementations actuelles, basées sur des technologies vieilles de plusieurs dizaines d’années, sont archaïques, et qu’il faut les faire évoluer d’urgence.
> Lire aussi  Bertrand Piccard et Anne Rigail : « L’aviation a besoin de pionniers climatiques »
Quel type de solutions avez-vous déjà sélectionné ? 
Nous travaillons dans les domaines de l’eau, de l’énergie, des villes, de la mobilité, de l’industrie et de l’agriculture. Nous avons, par exemple, labélisé un module pour les moteurs à combustion de voitures, qui réduit de 80 % les émissions de particules et de 20 % la consommation de carburant. Il coûte 500 euros. Un taxi qui l’installe l’amortit en six mois et engrange ensuite des bénéfices. Pour les bateaux de pêche et les cargos, il existe un dispositif de voiles rigides qui permet de diminuer de 30 % le carburant nécessaire.
Il y a aussi des processus qui permettent de recycler les déchets de plastique en solvants et en cires de haute qualité, et même de produire du plastique biodégradable et comestible à partir de déchets de l’industrie laitière. On peut ainsi cuire des spaghettis avec leur emballage et déguster le tout ! Toujours dans l’agroalimentaire, Solvay a développé un produit qui enveloppe les semences, et améliore les qualités nutritionnelles de la terre autour des racines Cela permet de cultiver dans des zones plus arides, de diminuer le recours aux engrais et aux pesticides et bien sûr d’économiser l’eau. Une start-up a aussi développé un adjuvant alimentaire pour le bétail qui diminue de 30 % les émanations de méthane et, dans le même temps, augmente la production de lait.
> Lire aussi  Bertrand Piccard : « Grâce aux technologies, la lutte contre le réchauffement n’est plus une contrainte »
Quels sont vos critères de labellisation ? 
Nous avons créé le premier label au monde qui garanti la rentabilité de projets ou de produits environnementaux, par un processus qui est d’ailleurs certifié par EY. Auditées par notre groupe de 400 experts indépendants, les solutions retenues doivent être commercialisables, voire déjà commercialisées, elles doivent protéger l’environnement à travers tout leur cycle de vie et être rentables, tant pour le concepteur que pour l’utilisateur. Une fois leur solution labellisée, les concepteurs intègrent la communauté dont nous assurons la promotion dans les médias, lors de rencontres politiques ou encore aux Nations-Unis où j’interviens fréquemment. Nous les mettons aussi en contact avec des investisseurs, des partenaires commerciaux ou des clients. C’est bon pour leurs affaires et pour la planète !
Et vous contribuez à dynamiser la croissance… 
Une croissance qualitative, oui, mais pas une croissance quantitative ! Aujourd’hui, on est tout content quand l’Insee annonce 1.3 % de croissance du produit intérieur brut au lieu de 1.2 %, mais c’est misérable comme hausse ! En Occident, ceux qui en ont les moyens se sont équipés, et ils n’ont plus besoin de rien. Donc, pour développer vraiment la croissance économique, il faut proposer aux gens des choses qu’ils n’ont pas encore et qui parallèlement protègent l’environnement. Et c’est ce que nous faisons. Il faut encourager, par exemple, le remplacement des chauffages au fioul par des pompes à chaleur, l’acquisition de voitures électriques et l’isolation du parc immobilier. Quant aux entreprises, elles doivent renouveler leurs équipements obsolètes et inefficients. C’est tout cela qui fera grandir l’économie, c’est le marché du siècle, mais peu de gens le comprennent.
Que pensez-vous de ceux qui prônent la décroissance pour limiter le changement climatique ? 
> Lire aussi  Bertrand Piccard : « J’ai gravé en moi chaque instant du vol sur Solar Impulse »
Une décroissance économique nous mènera au chaos social ; ce n’est pas le bon paradigme. Par ailleurs, la poursuite d’une croissance de la production et de la consommation nous conduit au désastre environnemental. Ce dont nous avons besoin, c’est de créer des emplois et générer du profit en remplaçant ce qui est inefficient et polluant par ce qui est capable de protéger l’environnement. Ce marché est immense, car les infrastructures sont archaïques. Une grande ville perd la moitié de son eau dans les fuites des tuyauteries et les trois-quarts de l’énergie produite à cause de l’inefficience des systèmes. Il n’existe pas, à ce jour, de coordination entre production d’énergies renouvelables, consommation et stockage. Voilà pourquoi le « smart grid » est indispensable.
Comment financer toutes ces dépenses ? 
Ce n’est un secret pour personne, les taux d’intérêt sont actuellement très bas. Depuis quelque temps, la France emprunte même à taux négatifs. C’est donc maintenant qu’il faut profiter de cette opportunité unique dans l’histoire. Il faut emprunter massivement pour renouveler les infrastructures. On sait que dans dix ans, ces équipements auront été autofinancés par les économies d’énergies qu’elles permettent de réaliser. Pour avoir les coudées franches, il faut sortir les emprunts environnementaux des 3 % des accords de Maastricht, selon lesquels un Etat ne peut pas emprunter plus que 3 % de son PIB (produit intérieur brut).
Les dirigeants que vous rencontrez mesurent-ils l’urgence de la situation ? 
J’ai l’impression que ce sont surtout les institutions environnementales et scientifiques qui mesurent l’urgence. Le monde politique nous dit qu’il fait déjà ce qu’il peut. Quant aux chefs d’entreprise, à l’exception de quelques pionniers, ils assurent qu’ils ne peuvent pas aller plus vite. Ma démarche est de leur apporter des solutions, mais lors de mes rendez-vous avec eux, j’insiste aussi sur l’urgence de l’action à mener. La situation est catastrophique et des points de non-retour amplifient le problème. Quand la banquise fond, la mer absorbe la chaleur au lieu de la réfléchir et la glace ne se reforme plus. Le permafrost qui fond libère du méthane qui augmente le réchauffement. Plus la température augmente, plus on installe d’air conditionné, ce qui contribue à réchauffer l’atmosphère et à accélérer la crise climatique. Ce sont des cercles vicieux irréversibles.
> Lire aussi  Le retour des savants baroudeurs
Comment expliquez-vous que l’on sait qu’il faut agir, mais que l’on ne fait rien ? 
Votre question me fait penser à l’attaque de Constantinople par les Ottomans en 1453. Alors que les envahisseurs étaient en train de passer par-dessus les murailles et d’incendier certaines parties de la ville, le Conseil de la ville était réuni pour débattre… du sexe des anges. Cela m’évoque la situation actuelle. En fait, les gens ne sortent de leur zone de confort que s’ils trouvent un avantage personnel à le faire ou s’ils y sont forcés par une crise ou une obligation légale.
Dans quelle mesure votre profession de psychiatre influence-t-elle votre plaidoyer auprès des dirigeants ? 
Ma profession influence mon action dans la mesure où je sais qu’il ne faut pas contrer les gens de façon frontale si l’on veut qu’ils changent. Leurs comportements ne relèvent pas du hasard mais de choix qu’ils ont fait pour des raisons qui leur appartiennent. Il faut essayer de comprendre leurs raisons, et leur montrer qu’ils peuvent faire mieux. Mais attention, certains dirigeants sont impossibles à convaincre, certains sont de vrais psychopathes qui n’ont que faire de la nature et de l’intérêt général !
Vous avez écrit un ouvrage de développement personnel « Changez d’altitude. Quelques solutions pour mieux vivre sa vie » (Stock). Que conseillez-vous aux personnes qui ne trouvent pas de sens à leur travail et s’y ennuient ?
Je les encourage à prendre honnêtement conscience de leur façon de penser et de se comporter, et de systématiquement se demander comment ils pourraient faire différemment, à chaque instant de leur vie ? Cela permet d’évoluer. La vie est une aventure dans laquelle on doit apprendre à sortir de sa routine, de ses croyances, de ses dogmes. Cela nous donne une liberté exceptionnelle dont on n’a pas souvent conscience.
Mais pour certains, se lancer dans le vide peut être angoissant ? 
C’est vrai, mais l’angoisse dure moins longtemps qu’en passant toute sa vie au bord du précipice ! Aussi, quand on veut commencer à changer, il faut un parachute, comme dans un avion. Il faut pouvoir se replier sur une autre position, plus stable si jamais la tentative d’émancipation ne marche pas. C’est ce que j’ai expérimenté quand j’ai fait mon tour du monde en ballon, sur le Breitling Orbiter et avec Solar Impulse, je savais que si ça ne marchait pas, je pouvais reprendre mon métier de médecin, donc ça me laissait plus libre de rater ou de réussir. Il faut garder une base solide, et à partir de là, on essaie, on tente. Il faut parfois battre en retraite. A 24 ans, par exemple, j’avais lancé une petite entreprise d’ULM pour des touristes dans des endroits paradisiaques. Cela a été un échec, et j’ai repris mes études de médecine que j’avais arrêtées.
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
L’innovation sera l’une des grandes thématiques abordées lors du Festival de l’innovation Novaq.
L’explorateur Bertrand Piccard sera invité d’honneur, avec Vandana Shiva. 
Les 9 et 10 avril 2020, la région Nouvelle Aquitaine, en partenariat avec Le Monde, organise deux jours de débats, conférences, pitchs et ateliers à l’espace Encan, à La Rochelle. Scientifiques, experts, entrepreneurs échangeront autour de quatre grands thèmes : l’agroécologie, l’océan, l’énergie et la santé. 
Le fil rouge de cette édition sera l’innovation au service du vivant.
> Programme et inscription ici <https://www.novaq.fr/?utm_source=Lemonde&utm_medium=Article&utm_campaign=Piccard>
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/17/bertrand-piccard-dans-un-an-nous-aurons-selectionne-1-000-solutions-rentables-pour-la-planete_6029819_3244.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
21- Pourquoi un tribunal a-t-il ordonné à Tesla d'arrêter ses coupes d'arbres en Allemagne, L’Usine Nouvelle, 17/02/20, 15h15
Simon Chodorge 

La future Gifactory de Tesla nuit-elle à l'environnement ? En Allemagne, plusieurs associations s'inquiètent. Un tribunal a ordonné le 16 février au constructeur automobile de suspendre ses déboisements.
Le chantier de la nouvelle usine Tesla rencontre des difficultés en Allemagne. Dimanche 16 février, un tribunal allemand a ordonné à l’entreprise américaine d’arrêter ses coupes d’arbres. Plusieurs associations dénoncent l’impact du projet sur l’environnement et la biodiversité.
Ouverture prévue en 2021 
Le patron de Tesla, Elon Musk, avait annoncé en novembre 2019 l’installation d’une “Gigafactory” dans le Brandebourg, près de Berlin, pour alimenter le marché européen en voitures électriques. Avec un investissement de 4 milliards d’euros, le site doit employer à terme 8 000 personnes.
A la présentation de ses résultats financiers, en janvier, le constructeur automobile américain a confirmé son intention : commencer à livrer des véhicules de cette usine dès 2021. Reste à savoir si les contraintes environnementales ne vont pas bousculer ce calendrier.
>> Suite à lire à :
<https://www.usinenouvelle.com/article/pourquoi-un-tribunal-a-t-il-ordonne-a-tesla-d-arreter-ses-coupes-d-arbres-en-allemagne.N930524>
______________________________________________________________________________________________________________________
22- Exclusif : le kit de Reporterre pour aider les maires (et les citoyens) à devenir écolo, Reporterre, 17/02/20
Lorène Lavocat (Reporterre) 

Les 15 et 22 mars prochains, les quelques 36.000 communes françaises renouvelleront leur conseil municipal. Si les communes et les intercommunalités n’ont pas tous les leviers pour agir en faveur de la transition écologique, elles sont cependant bien outillées. Dans ce dossier fouillé, Reporterre propose un « kit » de ce que peuvent – ou pas – les communes en matière écolo. Maires, candidats, citoyens, c’est à vous d’agir, maintenant !
• Pour accéder aux fiches (transport, agriculture et alimentation, étalement urbain, énergie, déchets, autres actions) de notre kit
À la question « que peut un maire pour l’écologie ? », Mohamed Gnabaly, maire sans étiquette de l’Île-Saint-Denis répond sans ambages : « Énormément ! » Également vice-président à la transition écologique au sein de l’Association des maires de France, il est intarissable quant aux réalisations vertes des communes. Consommation énergétique, mobilité, restauration scolaire, espaces verts, mobilité… À l’écouter, les édiles seraient des superhéros de la transition écologique. D’autres communes — de Grande-Synthe, dans le Nord, à Muttersholtz, dans le Bas-Rhin — qui ont fait de l’écologie leur cheval de bataille depuis plusieurs années, semblent lui donner raison.
Il suffit d’ailleurs de parcourir les programmes des candidats pour s’en convaincre : l’écologie est au cœur des élections municipales et intercommunales de mars prochain [1]. Tous bords politiques confondus, chacun rivalise d’inventivité afin de se poser en champion vert. Mais que peuvent-ils vraiment faire face à la crise écologique ? Reporterre s’est plongé dans les rouages de la politique locale, et vous propose quelques clés de compréhension.
>> Suite à lire à :
<https://reporterre.net/Exclusif-le-kit-de-Reporterre-pour-aider-les-maires-et-les-citoyens-a-devenir-ecolo>
______________________________________________________________________________________________________________________
23- Chronique. « La course verte de Macron et Jadot », Le Monde, 18/02/20, 06h57 
Françoise Fressoz (éditorialiste)

Dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde », analyse le match à distance auquel se livrent Emmanuel Macron et Yannick Jadot sur les questions écologiques avec, en ligne de mire, la présidentielle de 2022.
Chronique. Lorsque Emmanuel Macron a visité la mer de Glace, jeudi 13 février, après avoir tenu le quatrième conseil de défense écologique axé sur la préservation du patrimoine naturel, Yannick Jadot a souri, mais un peu jaune. Quelques semaines avant la tenue des élections municipales de mars, la ficelle lui a paru un peu grosse. Mais voilà, en politique, les grandes manœuvres ne font jamais dans la dentelle et se jouent toujours en amont.
Sans attendre les résultats du scrutin qui n’annoncent rien de bon pour le parti présidentiel, Emmanuel Macron a entamé la grande mue de son quinquennat. « Nous devons remettre l’écologie au centre du modèle », a proclamé le président de la République dans une interview aux journaux du groupe Ebra, mercredi 12 février. « La fin du quinquennat, après les retraites, c’est le régalien et l’écologie », avait-il annoncé la veille aux élus de la majorité en tentant de les remobiliser.
> Lire aussi  L’assurance de Yannick Jadot après les élections européennes irrite la gauche
Alors que les sondages se succèdent pour dire que les Français refusent de se voir imposer en 2022 un nouveau duel Macron-Le Pen, l’Elysée se prépare à un autre combat : contenir l’ambition de Yannick Jadot, l’homme qui se sent pousser des ailes après que son parti, Europe Ecologie-Les Verts (EELV), a engrangé 12,7 % des suffrages exprimés aux élections européennes de mai 2019 et que les sondages, depuis, ont tous viré au vert. « Il ne suffit pas d’avoir plus de conseillers municipaux, il nous faut des conquêtes », ne cesse de répéter l’eurodéputé, alors que les écologistes sont particulièrement bien placés à Besançon et à Rouen et connaissent une forte poussée à Bordeaux et à Lyon.
Le même côté disruptif
Depuis mai dernier, l’ancien animateur de Greenpeace construit sa dynamique autour des succès électoraux d’EELV, seul parti de l’ancienne gauche plurielle à avoir résisté à la débâcle de 2017. Il veut construire ce qu’il appelle « la grande alternance » à Macron, un projet « écologique, social et démocratique »,susceptible de rassembler large, de la gauche gouvernementale jusqu’au centre. Car il y a du Macron dans Jadot, un côté disruptif, la volonté de dépasser le clivage gauche-droite que d’autres aimeraient tant restaurer pour construire quelque chose d’entièrement nouveau dans un ancrage européen parfaitement assumé.
« L’écologie est une forme de radicalité », proclame-t-il, persuadé que le populisme ambiant accélère le jeu des recompositions politiques. Les macronistes ont perçu l’évolution. « L’écologie va restructurer le champ politique et peut supplanter, à terme, l’autre clivage entre progressistes et nationalistes », théorise Ismaël Emelien, coauteur, avec David Amiel, du livre Le progrès ne tombe pas du ciel(Fayard, 2019). Lui qui fut l’un des stratèges de la campagne de 2017 a noté la forte mobilisation des jeunes autour de la défense de la planète et la rapidité avec laquelle le réchauffement climatique accélère la prise de conscience dans le reste de la population.
> Lire aussi  Ismaël Emelien, l’homme qui murmure encore à l’oreille du président Macron
Jadot a pour lui d’être légitime sur la cause, mais léger sur le reste. Les Français le connaissent encore peu et son parti peine à convaincre sur les sujets régaliens. Ces derniers mois, il multiplie les rencontres avec les experts en gardant l’œil sur Anne Hidalgo, la maire de Paris qui, si elle sort victorieuse des municipales à Paris, pourrait se révéler une redoutable concurrente.
L’atout d’être aux manettes
Macron a contre lui la spectaculaire démission de Nicolas Hulot, qui avait claqué la porte du ministère de la transition écologique et solidaire, le 28 août 2018, en dénonçant l’inefficience de la politique « des petits pas » face à « la tragédie climatique ». Mais le président de la République a l’atout d’être aux manettes. Il peut ainsi multiplier les initiatives et les « coups », comme ce référendum consultatif qu’il envisage de lancer une fois que la convention citoyenne sur le climat aura rendu ses conclusions, en avril prochain. Il l’avait installée après le mouvement des « gilets jaunes » et la qualifie aujourd’hui de « levier formidable ». 
> Lire aussi  Les 150 citoyens de la convention pour le climat esquissent leur vision de la France en 2030
Ces derniers jours, l’affrontement Macron-Jadot a pris un ton plus âpre. Lorsque le gouvernement, soudain offensif, a fait valoir que son bilan dépassait largement celui de ses prédécesseurs (arrêt de Notre-Dame-des-Landes, des centrales à charbon, du projet EuropaCity, à Gonesse, neutralisation à terme de 1 million de chaudières à fioul et de 1 million de voitures polluantes…). Yannick Jadot a failli s’étrangler, fustigeant « un président de la République qui, au bout de trois ans, a reculé sur le climat, sur la transition énergétique, sur les pesticides ».
> Lire aussi  EuropaCity : le projet de mégacomplexe définitivement abandonné
Pour l’écologiste, rien de tangible ne se fera sans revisiter l’ensemble de l’action publique : production, consommation, pacte social. L’utopie défendue est celle d’un monde plus humain, mais pas forcément fâché avec le capitalisme. D’où la tenue à distance des militants qui ont récemment dégradé le siège du gestionnaire d’actifs BlackRock. « Des anars plus que des écologistes », a fait valoir l’ancien de Greenpeace. Pour le président de la République, longtemps rétif à la cause, la transition écologique doit s’accélérer, mais dans la limite de ce que la société est prête à accepter.
Interrogé le 12 février à propos de la taxe carbone, Emmanuel Macron a souligné « l’erreur d’avoir voulu aller très vite, sans accompagner les gens ». Un propos de bon sens, qui vise aussi à rassurer sa base. Dans l’électorat macroniste, la préservation de l’environnement n’est pas encore devenue la grande priorité. « Cette préoccupation arrive en cinquième position, derrière la sécurité, les impôts, la propreté, et l’aménagement urbain, des thèmes plutôt de droite », constatait récemment dans Libération Jean-Daniel Lévy, l’un des directeurs d’Harris Interactive. L’éternel problème du « en même temps ».
> Dimanche 16 février, Yannick Jadot était l’invité du Monde et de France Inter pour l’émission « Questions politiques ».
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/18/la-course-verte-de-macron-et-jadot_6029905_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
24- « Fin de chantiers » : Extinction Rebellion à l’assaut des cimenteries, Le Monde, 18/02/20, 07h01
Wendy Noel

Quelques centaines de militants du mouvement écologiste ont investi et bloqué, lundi, deux sites parisiens des cimentiers Lafarge et Cemex pour dénoncer l’impact de l’industrie du bâtiment sur l’environnement. 
Les moteurs des camions sont à l’arrêt. Tout comme les bétonnières. A la place, le fracas des tambours et les éclats de voix des militants. Ils étaient quelques centaines issus du mouvement Extinction Rebellion à s’être donné rendez-vous, lundi 17 février au petit matin, à Paris, sur les bords de Seine pour investir et bloquer les sites des cimentiers Cemex et Lafarge. Une opération nommée « Fin de chantiers » et destinée à dénoncer l’impact du secteur du BTP sur l’environnement.
> Lire aussi  « Chez les militants pour le climat, un verbe tend à s’imposer, “désobéir” »
« C’est l’un des principaux points de ravitaillement d’Ile-de-France en béton, explique Tothoreau, un des coordinateurs, quant au choix du lieu de l’action. C’est une manière de bloquer à la source plusieurs chantiers en cours. »
Regroupés aux différents points d’entrée et de sortie, les militants, vêtus de combinaisons jetables, ont en effet rendu impossibles les allers et retours des camions. Lesquels ont, par ailleurs, été aspergés de couleurs et recouverts d’inscriptions en lettres noires, telles que « Laisse Béton » ou « Le béton est armé ».
Des alternatives au béton
Le mouvement écologiste a décidé, pour la première fois, de prendre pour cible une entreprise du BTP. Ce secteur représenterait, selon le rapport 2018 de la Global Alliance for Buildings and Construction, 39 % des émissions de CO2 au niveau mondial avec la production et la vie des matériaux.
Il a également tenu à mettre en avant les alternatives à cette industrie polluante par la voix de plusieurs intervenants. A l’instar de Joséphine, du cabinet d’architectes Archipel Zéro, qui privilégie la rénovation et la construction raisonnée. « Les alternatives existent avec des matériaux à faible énergie grise. Ce n’est pas le cas du béton, mais c’est celui de la terre, de la paille et du bois. Il est concevable de construire comme ça aujourd’hui », a confié l’architecte, en désignant un modèle miniature en bois et paille, installé sur le site.
> Lire aussi  Climat : Extinction Rebellion se prépare à « entrer en résistance » en France
Dans une ambiance bon enfant, où aux chants ont succédé les distributions de fruits, les manifestants ont également échangé avec les employés présents sur le site.
« On leur explique que cette création du conflit est nécessaire pour faire entendre nos revendications. On leur montre qu’on est solidaires avec eux », déclare Eric, gilet orange fluo sur le dos, chargé de faire la médiation entre le mouvement, les employés et éventuellement les forces de l’ordre. Lesquelles sont arrivées en fin de matinée, sans finalement intervenir. Les manifestants ont enchaîné les happenings (en lâchant notamment du faux sang du haut des montagnes de sable) et les conférences dans le calme.
Extinction Rebellion entend, par cette action, faire réagir les multinationales du bâtiment et les pouvoirs publics. Et les inciter à construire autrement.
> Lire aussi  Extinction Rebellion, portrait du mouvement écologiste qui bloque des places et des ponts à travers le monde
« On ne peut pas continuer comme ça, ce n’est pas un modèle viable. J’ai des doutes que Lafarge va changer des choses, mais, aujourd’hui, on est là pour alerter les citoyens et pour mettre un frein à l’activité économique », a insisté un jeune militant nantais, Théo, les doigts noircis par la peinture. Pour faire entendre ses revendications, le mouvement entend poursuivre ses actions à un niveau local et international.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/02/18/fin-de-chantiers-extinction-rebellion-a-l-assaut-des-cimenteries_6029904_3244.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
25- A Ungersheim, village "en transition", la vision du maire au défi d'un 6e mandat, AFP, 19/02/20, 13:00
Béatrice Roman-Amat

Pionnière de l'écologie, la petite commune alsacienne d'Ungersheim est engagée de longue date sur la voie de l'autonomie énergétique et alimentaire mais son maire atypique, en quête d'un 6e mandat, peine
La "transition" ne saute pas forcément aux yeux quand on déambule dans ce bourg de 2.400 habitants installé au pied des Vosges, en grande banlieue de Mulhouse... jusqu'au moment où une carriole emplie d'enfants et tirée par un solide cheval comtois apparaît au détour d'une rue.
Facette la plus pittoresque de la transformation engagée, Diabolo, Cosak ou Richelieu ont la charge du ramassage scolaire, épargnant 4.000 kilomètres par an aux parents, selon le maire Jean-Claude Mensch.
A 74 ans, cet ancien électrotechnicien et syndicaliste de la mine de potasse désormais fermée, yeux bleus sous des cheveux gris, chemise à petites fleurs, se montre aussi pessimiste pour l'avenir de la planète que foisonnant d'idées pour sa commune.
"On ne peut plus rien faire, on est déjà dans l'effondrement, on peut juste trouver des solutions pour s'adapter", constate-t-il depuis son bureau un peu en désordre car, dit-il, il se prépare comme avant chaque élection municipale à déménager.
Inspiré par le Britannique Rob Hopkins, chantre de la transition des villes vers l'après-pétrole, ce maire sans étiquette mais compagnon de route d'EELV vise l'autonomie énergétique -elle devrait être atteinte en 2022 ou 2023, assure-t-il-, alimentaire mais aussi "intellectuelle" pour sa commune.
- "Meilleur qu'à la maison" -
Alors que la potasse extraite pendant de longues années de la mine servait d'engrais pour l'agriculture conventionnelle, les engrais chimiques n'ont plus droit de cité depuis 2006 dans les espaces verts communaux.
De la cantine bio où sont concoctés quelque 500 repas chaque jour pour les écoles d'Ungersheim et des environs à la chaufferie à bois qui alimente sept bâtiments communaux, du vaste parc photovoltaïque à la régie agricole communale, de l'éco-hameau "passif" à la "conserverie", beaucoup de projets ont en commun une "méthode Mensch": la mairie lance l'idée, fournit parfois le terrain, puis une association ou une entreprise assure la gestion, à l'image de l'entreprise d'insertion qui veille sur la cuisine bio.
Pour la plupart des parents rencontrés devant l'école primaire, pas de doute, il fait bon vivre à Ungersheim.
"A la cantine, c'est bon, mon fils adore y manger, c'est meilleur qu'à la maison, où on mange beaucoup de surgelés !" s'amuse Pascale Moll, enseignante qui réside à Ungersheim depuis 2012.
Pourtant, cette commune qui réélit son maire très vert depuis 1989 plébiscite l'extrême droite aux autres élections. Au second tour de la présidentielle, Marine Le Pen y a obtenu 56,5% des voix. "Un revers" pour Jean-Claude Mensch, qui prône "le partage, la fraternité".
Au-delà de ce paradoxe, tous les habitants ne pensent pas les énergies fossiles au passé et certains expriment des préoccupations plus immédiates que leur maire.
- "Mélange des genres" -
Derrière l'image idyllique de la carriole se profile l'ombre des poids-lourds : 400 à 500 traversent la commune quotidiennement. "Y a quand même beaucoup de camions, alors à quoi ça sert la transition ?" s'interroge Martine, assistante maternelle.
Et si les repas servis à la cantine sont bien bio, tous les ingrédients ne sortent pas de terre dans la commune, certains sont même congelés.
"Quel est le profit pour les habitants de tous ces investissements ? Cela ne nous apporte rien, à part le rayonnement international du maire. On ne paie pas moins cher l'électricité !", s'agace Dominique Wurch, conseiller municipal d'opposition, numéro 3 sur la liste "Un nouvel air pour Ungersheim" (sans étiquette).
"Le rôle d'une mairie n'est pas de vendre des légumes bio mais d'aider les agriculteurs à se mettre au bio et vendre leurs produits, là il y a un mélange des genres", complète sa colistière, Ghislaine Rouge Dit Gaillard, engagée dans le parti régionaliste Unser Land.
Exaspérée par ce maire acclamé de toutes parts, l'opposition dénonce une "dérive dogmatique", une gestion "opaque" et, là où M. Mensch vante la démocratie participative, pointe l'emprise d'un "clan", rappelant sa condamnation à une amende avec sursis pour un permis de construire concernant la maison de son épouse.
Elle raille des initiatives qui n'ont "strictement aucun sens", comme la monnaie locale, le Radis, dont l'utilisation reste très marginale.
M. Mensch reconnaît aisément qu'il n'y a "ni adhésion massive ni participation assidue" à la dynamique de la transition, évoquant "quelques centaines de personnes vraiment engagées".
Une relative apathie qui ne l'empêche pas de lancer de nouveaux projets, microbrasserie, panneaux photovoltaïques qui doivent transformer l'école primaire en bâtiment à énergie positive ou encore épicerie faisant la part belle au local.
<https://www.geo.fr/environnement/a-ungersheim-village-en-transition-la-vision-du-maire-au-defi-dun-6e-mandat-199969>
______________________________________________________________________________________________________________________
26- Les rats des villes entrent dans la campagne des municipales, AFP, 19/02/20, 23:00
Isabel Malsang et Fabien Novial

En face de la Tour Eiffel, à cinquante mètres d'une poubelle dont le fond a été déchiqueté pendant la nuit, un bout de museau pointe hors d'un terrier creusé au pied d'un
Depuis toujours, ils font partie du paysage urbain souterrain. Mais aujourd'hui les rats des villes, en particulier ceux de Paris, arrivent à l'air libre, chassés notamment par les crues à répétition ou les travaux sur ou sous la voirie, et alimentent les débats de la campagne des élections municipales. 
Via les réseaux sociaux, leur présence au bord de la Seine, dans les parcs et jardins, a été médiatisée à plusieurs reprises depuis 2017.
Le maire du XVIIe arrondissement Geoffroy Boulard (LR) a mis les pieds dans le plat en créant une "brigade citoyenne" et un site pour signaler les rongeurs, après avoir dû fermer "des crèches, des cours d'école" parce qu'il "était impossible aux enfants d'y circuler", a-t-il affirmé à l'AFP.
La municipalité d'Anne Hidalgo a aussi engagé de nombreuses actions correctives, notamment pour ne pas dégrader le potentiel touristique de la ville lumière avant les jeux Olympiques de 2024.
"Ils font des passages partout, dans les canalisations, le long des clôtures de parcs, on peut les suivre à la trace", indique Stéphane Bras, porte-parole de la chambre syndicale des entreprises spécialisées dans la dératisation, la désinsectisation et la désinfection (cs3d), en montrant à l'AFP les terriers dans un petit jardin du Trocadéro, en face de la Tour Eiffel.
A cette heure matinale, où deux ou trois rats circulent encore furtivement le long d'une petite haie, les premiers joggers passent en courant.
"Quand les rats ont conquis un territoire, ils n'ont guère de raison de reculer", dit M. Bras.
Et pourtant des boites pièges sont posées sous les bancs. Une poubelle flambant neuve métallique, enterrée, inaccessible aux rongeurs, est installée à proximité. Mais elle déborde. Et d'autres sacs de déchets sont posés à côté. 
"Il faudrait une dizaine de poubelles renforcées car on est (au Trocadéro) dans l'un des quartiers les plus fréquentés de Paris", avance M. Bras.
L'an dernier, les 1.200 entreprises de dératisation en France ont constaté une augmentation de 23% des interventions concernant les rats, selon la cs3d.
Les causes sont multiples : depuis la généralisation des pique-niques urbains, les déchets comestibles s'accumulent sur la voie publique, obligeant les équipes municipales à décaler les heures de collecte et de nettoyage. Et surtout à passer tard pour ne pas laisser place libre aux festins nocturnes de rongeurs.
- Paris et New York s'échangent des recettes -
De plus, à Paris, les poubelles dites "vigipirates" en plastique transparent (pour empêcher le dépôt d'objets explosifs, NDLR) sont accessibles aux rats. Redressés sur leurs pattes arrières, ils grignotent les contenus comestibles, reconnait la mairie.
Pour Pierre Falgayrac, ingénieur et expert en hygiène et sécurité, auteur du "Grand guide de lutte raisonnée contre les nuisibles et bioagresseurs urbains" (Editions Lexitis, 2014), beaucoup repose sur l'anticipation et la prévention.
"A Toulouse, aucun média n'a rapporté d'invasion de rats alors que la ville construit un métro souterrain", dit-il à l'AFP, grâce à des opérations de dératisation préventive avant le début des travaux.
"En sous-sol, les rats jouent un rôle écologique fondamental", dit à l'AFP Paul Simondon, adjoint à la propreté de la mairie de Paris. Ils nettoient les canalisations ou égouts. "La difficulté, c'est leur présence en surface due à la présence de nourriture disponible" laissée par les passants ou des commerces indélicats.
Depuis 2017, la brigade municipale chargée du sujet à Paris a été renforcée à 75 agents, 4.500 poubelles ont été changées dans les parcs et jardins, et plus de 500 pièges à alcool installés, fait-il valoir.
Les grandes villes s'échangent leurs "trucs" : New York vient d'importer les pièges à alcool parisiens et Paris a copié la "carbo-glace" new-yorkaise, du CO2 sous forme solide pour asphyxier les rongeurs dans leurs terriers en cas de surpopulation, explique M. Simondon.
Un activisme sanitaire parfois critiqué par des associations animalistes comme Zoopolis, dont une poignée de militants a manifesté contre "l'empoisonnement des rats" début février à Paris.
<https://www.youtube.com/watch?v=RS2-uL7Lw2o>
______________________________________________________________________________________________________________________
27- Entretien. Marie Monique Robin filme l’économie que l’on aime, Entrepreneurs d’Avenir, 19/02/20
Propos recueillis par Pascal de Rauglaudre

Dans son dernier film, Nouvelle Cordée, sorti à l’automne, la journaliste Marie-Monique Robin raconte l’aventure d’une entreprise pas comme les autres : l’Entreprise à but d’emploi, qui embauche des chômeurs longue durée. Bien accueilli par le public, ce film « donne la pêche », parce qu’il montre des solutions. Mais la réalisatrice met en garde : pour que ces solutions se pérennisent, il faut encore une loi. 
Entrepreneurs d’avenir – Depuis sa sortie, votre film a été projeté dans de nombreuses salles à travers la France. Comment est-il reçu ?
Marie-Monique Robin – J’ai participé à une soixantaine de projections-débats, j’ai donc des infos de première main. D’abord il donne la pêche parce qu’il fait du bien ! Nous sommes noyés dans les mauvaises nouvelles, et le film montre des solutions. Il provoque aussi beaucoup d’émotion, les spectateurs sortent souvent avec les larmes aux yeux. Les protagonistes du film avaient tous plusieurs années de chômage derrière eux. Je les ai filmés tous les trois mois depuis 2015. Au début, ils étaient déprimés, malheureux, certains étaient même alcooliques. Quatre ans plus tard, ils se redressent, ils se remettent à parler, ils partagent leur expérience. Sous l’œil de la caméra, ils semblent littéralement renaître. C’est la magie de la technique audiovisuelle d’avoir pu l’enregistrer.
Est-ce que vous avez conservé des liens avec eux ?
Quand on passe quatre ans à filmer des gens, on ne peut pas disparaître comme ça du jour au lendemain. On se parle régulièrement, on s’envoie des SMS, on communique via la page Facebook du film, et celle de l’ESIAM, l’entreprise qui les embauche.
L’ESIAM est donc une EBE, Entreprise à but d’emploi. Quels types d’emploi crée-t-elle ?
La loi sur les Territoires zéro chômeur longue durée (TZCLD) est claire : les activités des EBE ne doivent pas entrer en concurrence avec l’économie classique. Malgré cette contrainte légitime, les EBE ont développé plein de « petits travaux utiles », comme ils disent à Mauléon, pour répondre à des besoins non satisfaits : services à la personne, recyclage, entretien des espaces verts, aide aux associations… Aujourd’hui, il n’y a plus de chômeurs longue durée, et c’est la seule ville des Deux-Sèvres où les gilets jaunes n’ont pas occupé de rond-point. Même le Figaro s’est fendu d’un article élogieux sur cette expérimentation.
>> Suite à lire à :
<http://www.entrepreneursdavenir.com/actualites/marie-monique-robin-filme-leconomie-que-lon-aime/>
______________________________________________________________________________________________________________________
28- On pourra payer ses impôts ou la cantine dans des bureaux de tabac à partir du 24 février, AFP, 21/02/20, 20:00

Les particuliers pourront désormais acquitter leurs impôts, amendes, factures de cantines scolaire, d'hôpital, de crèche ou de piscine chez leur buraliste dans dix départements à compter du 24 février, selon la direction des Finances publiques et la Confédération nationale des buralistes.
Ce "paiement de proximité" sera possible dés lors que la facture comporte un code QR, dans des bureaux de tabac équipés de machines de la Française des Jeux dont la liste est détaillée auprès du centre des finances publiques local ou sur le site impots.gouv.fr.
Le déploiement se fera progressivement, de 22 buralistes dés lundi à plus de 600 fin mars, précise la Française des jeux.
Dans les départements de cette "première vague" (Haute-Saône, Vaucluse, Gard, Côtes d'Armor, Yvelines, Oise, Marne, Corrèze, Corse du Sud, Loire), on pourra régler en liquide (jusqu'à 300 euros) ou par carte bancaire (sans plafond sauf pour les impôts, plafonnés à 300 euros).
L'usager devra scanner le code de sa facture, et le buraliste n'aura accès qu'à la somme, et non au type de facture acquittée, pour des raisons de confidentialité.
Les buralistes candidats doivent réussir un test au terme d'une formation de 20 minutes (confidentialité, lutte contre le blanchiment et la contrefaçon ...) effectuée à distance, a expliqué à l'AFP la Confédération.
Le service sera proposé dans une deuxième vague de neuf départements (dont la Guadeloupe et la Martinique) le 15 avril, avant la généralisation le 1er juillet.
Selon la Confédération, 6.200 buralistes se sont déjà portés candidats (sur un total de 22.000 buralistes équipés de terminaux de la FDJ en France).
Les buralistes sont rémunérés 1,50 euro par transaction. La direction des finances publiques (DGFiP) estime à 2 millions le nombre de transactions qui pourraient être effectuées ainsi en année pleine, pour l'essentiel des factures (hôpital, crèche, cantines etc.).
Officiellement, ce déploiement doit permettre aux trésoreries de se concentrer sur l'accompagnement des usagers et le conseil. "Gérer du cash n'est pas notre coeur de métier", indique la DGFiP.
Les syndicats dénoncent "un désengagement de l'Etat" qui "s'inscrit bien dans la braderie des services publics orchestrée par le gouvernement", selon un communiqué de Solidaires Finances Publiques.
La CGT craint la suppression de nombreuses trésoreries et in fine une baisse du service au public.
Bercy assure que la mesure n'est pas liée à la réorganisation des trésoreries : "ce sont deux temporalités différentes" et les agents du fisc pourront se "consacrer à des missions d'accompagnement des usagers grâce au temps libéré", indique la DGFiP.
<https://information.tv5monde.com/info/pourra-payer-ses-impots-ou-la-cantine-dans-des-bureaux-de-tabac-partir-du-24-fevrier-347981>
______________________________________________________________________________________________________________________
En audio
29- Effondrement, et après ?, France Inter, Interception, 09/02/20, de 9h10 à 10h
Philippe Bardonnaud, Vanessa Descouraux, Géraldine Hallot

Scénario catastrophe ? Ou réalité trop angoissante pour être acceptée ? La théorie sur la fin de notre monde industriel porte un nom : la collapsologie.
Pour les partisans de l’effondrement, la question n'est pas de savoir si notre monde va s'écrouler, mais quand cela va se produire. Pour eux, le point de non-retour est déjà atteint : 6ème extinction animale de masse, records de températures, un tiers des terres dégradées.
Mais au-delà de ces prévisions alarmistes, les collapsologues veulent préparer un autre monde, une société plus raisonnée.
En France, la collapsologie a pris une ampleur importante avec le succès de l’ouvrage de Pablo Servigne, agronome de formation, devenu le porte-voix de partisans de cette théorie. Aujourd'hui, elle dépasse le seul cercle des initiés, au point d’être au cœur d’une série diffusée sur Canal Plus. 
> Emission (46 min) à (ré)écouter à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/interception/interception-09-fevrier-2020?fbclid=IwAR3erBelorzAIhdq5g5t67ZvYrMd5KhV90U93O943P88QxaRFUjVUdimYYc>
______________________________________________________________________________________________________________________
30- Pour l’exemple, France Culture, La Transition, 13/02/20, 08h45
Hervé Gardette

L'Etat se veut plus exemplaire en matière d'écologie. Mais le changement des pratiques ne fait pas forcément une politique.
Je ne vous apprendrai rien en vous rappelant que François Hollande avait fait de la normalité l’ossature fantasmée de son mandat. Un Président normal, c’est-à-dire comme vous et moi, qui se déplace en train pour aller à Bruxelles, lors de son premier sommet européen en mai 2012 (à ceci près que ni vous, ni moi, ne sommes invités à ce genre de sommet).
‘’Moi président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit en chaque instant exemplaire’’ : le choix du ferroviaire plutôt que de l’aérien entrait dans cette promesse d’exemplarité. Mais chassez l’Airbus A330, il revint au galop. Si l’habit ne fait pas le moine, le véhicule fait le Président, le protocole monarcho-républicain eut raison des voyages en train.
Tout ça pour dire que la promesse d’exemplarité n’est pas simple à tenir. Voire périlleuse à formuler si elle n’est pas suivie d’effets. Notamment sur le terrain de l’écologie : ainsi Jacques Chirac et notre Maison qui brûle, ainsi Nicolas Sarkozy et son Grenelle de l’environnement.
> Chronique (3 min) à (ré)écouter à :
<https://www.franceculture.fr/emissions/la-transition/pour-lexemple#Echobox=1581609195>
______________________________________________________________________________________________________________________
31- Nicolas Hulot : «Le modèle ultralibéral n’est pas compatible avec la crise écologique», Libération, 13/02/20, 12:50
Propos recueillis par Laurent Joffrin

L’ex-ministre de l’Environnement est le premier invité du «Grand Entretien», le podcast de Laurent Joffrin pour parler des enjeux démocratiques en France et de la nécessité d’adapter le modèle économique mondial à la crise climatique.
L’ancien ministre de la Transition écologique revient sur sa spectaculaire démission en août 2018 et livre quelques sentiments sur son passage au gouvernement pendant un peu plus d’un an.
Nicolas Hulot est le premier invité du Grand Entretien de Laurent Joffrin, le nouveau rendez-vous politique que Libération propose à ses abonnés en podcast. Une heure de discussion sur les grands enjeux auxquels notre pays mais également l’ensemble de la planète devra répondre à l’aube des années 2020.
Plébiscité dans les enquêtes d’opinion, Nicolas Hulot dit ne pas souhaiter revenir en politique – en tout cas pas dans ce cadre – mais il dresse un constat inquiet de la situation démocratique en France.
Le militant écologiste évoque aussi des pistes pour tenter d’apaiser un climat social dégradé et appelle le gouvernement à entendre l’anxiété des Français…
> Extrait à écouter à :
<https://www.liberation.fr/terre/2020/02/13/nicolas-hulot-le-modele-ultraliberal-n-est-pas-compatible-avec-la-crise-ecologique_1778257>
______________________________________________________________________________________________________________________
En images
32- Le vibrant discours de Joaquin Phoenix aux Oscars sur la nature, Le HuffPost avec AFP, 10/02/20, 07:24 

L'interprète du Joker, connu pour ses convictions écologiques, a remporté l'Oscar du meilleur acteur ce dimanche 9 février.
La consécration. Alors que Renée Zellweger a remporté le prix de la meilleure actrice à l’occasion de la 92e cérémonie des Oscars à Los Angeles ce dimanche 9 février, Joaquin Phoenix a, lui, reçu celui du meilleur acteur pour son interprétation du célèbre ennemi de Batman dans “Joker”.
L’acteur américain de 45 ans a profité de ce moment pour livrer un discours fort et poignant. “Je déborde de reconnaissance”, a-t-il dit, visiblement ému, en recevant la précieuse statuette. “Je ne sais pas ce que je serais” sans l’amour du cinéma, a-t-il affirmé.
Il poursuit : “Le plus beau cadeau que le cinéma m’a fait, c’est l’opportunité d’utiliser ma voix pour celles et ceux qui n’en ont pas. [...] J’ai l’impression que parfois on essaye de nous faire croire qu’on se bat pour des causes différentes. Pour moi, je vois une cause commune et partagée.”
“On détruit la nature”
Outre la question de l’égalité entre les femmes et les hommes, le racisme et les droits des minorités, Joaquin Phoenix a tenu à rappeler ses convictions en matière d’environnement, lui qui porte toujours le même smoking pour éviter le gaspillage.
“Je pense qu’on est de plus en plus désunis de la nature. On a maintenant une vision très égocentrique. On a l’impression d’être le cœur de l’univers. On détruit la nature pour exploiter les ressources”, a lancé l’acteur, vegan depuis longtemps. 
>> Suite à voir à :
<https://www.huffingtonpost.fr/entry/le-vibrant-discours-de-joaquin-phoenix-aux-oscars-pour-la-cause-animale_fr_5e40e9b3c5b6b70887034597?utm_hp_ref=fr-culture>
______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA PRÉSENTE REVUE DE PRESSE...
Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
Elle n’a pas de caractère exhaustif. Il s’agit d’une sélection pluraliste d’articles ou de dépêches, parfois antagonistes, ne faisant pas systématiquement la Une des journaux et regroupés en 6 thèmes, adressée par mail du lundi au vendredi, à raison d’un thème différent chaque jour.
Diffuser ces articles ne signifie pas automatiquement les approuver mais vise à vous surprendre, vous enrichir, vous donner envie d’en savoir plus, vous aider à relayer l’info, à passer à l’action, et même, à vous indigner ou à vous faire sourire ! Nous espérons qu’au moins un de ces articles répondra chaque jour à l’un de ces objectifs.
Si l’archivage récemment mis en place ne cous convient pas, pensez à conserver les articles qui vous concernent ou vous intéressent particulièrement.
Sur le fond et en complément de notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> & Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>, il s’agit là d’une modeste contribution à une meilleure compréhension du monde par l’éducation à la complexité.
Quant à la forme, elle se veut sans prétention et n'y associe aucune pièce jointe pour éviter de saturer votre boîte mail.
Pour agrandir la taille des caractères
A l’aide du clavier : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et appuyez sur la touche + autant de fois que vous le souhaitez jusqu’à ce que vous soyez en mesure de lire correctement.
A l’aide de la souris : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et tournez la molette de votre souris vers le bas pour agrandir. Cela fonctionne avec la plupart des navigateurs.
Merci pour votre indulgence.
NB : – Si vous êtes équipé(e) d’un antispam, n’oubliez pas de le formater pour vous permettre de recevoir la présente revue de presse.
- En pied de page de chaque message vous trouverez une adresse url qui vous permet :
• De vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner à votre gré ;
• D’accéder à un archivage.
- Pour entrer en liaison avec le gestionnaire de cette liste, adresser votre mail à : <f.demonclin(at)fnh.org <http://fnh.org/>>
- Economisez de l'énergie, du papier et de l'encre, n'imprimez ce message que si nécessaire.
_______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)...
NOS APPELS 
– Let’s Bio ! Ensemble pour des cantines bios et locales <https://www.letsbio.org/> pour bien nourrir nos enfants.
– Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
NOS CAMPAGNES 
– 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/> pour participer à l'émergence d'un modèle énergétique plus propre et durable
– Mon Restau’Responsable® <https://www.youtube.com/watch?list=PLh--7obE3XQ5hw0hyacAsOc7PLMneP7-N&v=Eo7AZvPE_MA> pour guider les professionnels de la restauration collective et valoriser leurs bonnes pratiques.
– J’agis pour la nature <http://www.jagispourlanature.org/> pour participer à des activités utiles et ludiques en pleine nature, près de chez vous.
NOS VIDÉOS PÉDAGOGIQUES 
– Sur notre chaîne You Tube <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>, retrouvez toutes nos vidéos.  
NOS PUBLICATIONS (les plus récentes) 
– Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>, janvier 2020
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
______________________________________________________________________________________________________________________
-------------- section suivante --------------
Une pièce jointe HTML a été nettoyée...
URL: <http://mailing.fondation-nature-homme.org/pipermail/revue-presse/attachments/20200227/769270d0/attachment.html>


Plus d'informations sur la liste de diffusion revue-presse