[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (jeudi 9 janvier)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Jeu 9 Jan 08:12:59 CET 2020
Bonjour à tous,
Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants :
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1- Face au changement climatique, des jardiniers et maraîchers cultivent les semences paysannes <https://reporterre.net/Face-au-changement-climatique-des-jardiniers-et-maraichers-cultivent-les-semences>, Reporterre, 13/12/19
2- Malnutrition : un tiers des pays pauvres touchés à la fois par la sous-alimentation et le surpoids <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/16/malnutrition-un-tiers-des-pays-pauvres-touches-a-la-fois-par-la-sous-alimentation-et-le-surpoids_6022987_3244.html>, Le Monde, 16/12/19, 01h07
3- Face au gaspillage, des Saoudiens rusent pour changer leur culture alimentaire <https://www.lepoint.fr/monde/face-au-gaspillage-des-saoudiens-rusent-pour-changer-leur-culture-alimentaire-16-12-2019-2353338_24.php>, AFP, 16/12/19, 11:00
4- Non-respect des règles d'épandage des pesticides : un riverain obtient gain de cause <https://www.actu-environnement.com/ae/news/epandage-pesticides-riverain-jugement-34650.php4>, Actu-environnement, 16/12/19
5- Les Etats européens ne parviennent pas à supprimer la surpêche <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/18/les-etats-europeens-ne-parviennent-pas-a-supprimer-la-surpeche_6023295_3244.html>, Le Monde, 18/12/19, 11h01
6- Au Sénégal, les baobabs ploient sous la pression des cimentiers <https://www.youtube.com/watch?v=6qD5uVaB-2s>, AFP, 18/12/19, 21:00
7- Dégradation et érosion des sols : cinq chiffres chocs sur un danger mondial <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/degradation-et-erosion-des-sols-cinq-chiffres-chocs-sur-un-danger-mondial-147976.html>, Novethic, 19/12/19
8- Des scientifiques pensent avoir découvert la plus vieille forêt du monde <https://www.geo.fr/environnement/des-scientifiques-pensent-avoir-decouvert-la-plus-vieille-foret-du-monde-199137>, AFP, 20/12/19, 03:00
9- Pesticides : le gouvernement confirme les distances d'épandage controversées <https://www.geo.fr/environnement/pesticides-le-gouvernement-confirme-les-distances-depandage-controversees-199162>, AFP, 20/12/19, 21:00
10- Huile de palme et biocarburants : des ONG dénoncent l'emploi éventuel d'un sous-produit <https://lentreprise.lexpress.fr/actualites/1/actualites/huile-de-palme-et-biocarburants-des-ong-denoncent-l-emploi-eventuel-d-un-sous-produit_2112164.html>, AFP, 21/12/19, 00:00
11- Mexique : la révolte "écologique" des Indigènes de Cheran <https://www.geo.fr/environnement/mexique-la-revolte-ecologique-des-indigenes-de-cheran-199166>, AFP, 21/12/19, 09:00
12- Des enfants dans la chaîne de production de Ferrero Rocher <http://www.slate.fr/story/185660/ferrero-rocher-travail-des-enfants-turquie>, Slate, 21/12/19, 11h31
13- Charcuterie : révélations sur un scandale sanitaire <https://www.lejdd.fr/Societe/Sante/nitrites-le-jambon-tue-3938955>, Le JDD, 21/12/19, 23h15
14- Vingt ans après la tempête de 1999, la forêt face à une nouvelle catastrophe <https://www.liberation.fr/depeches/2019/12/22/vingt-ans-apres-la-tempete-de-1999-la-foret-face-a-une-nouvelle-catastrophe_1770626>, AFP, 22/12/19, 09:00
15- Le Kenya approuve pour la première fois une culture OGM <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/22/le-kenya-approuve-pour-la-premiere-fois-une-culture-ogm_6023792_3244.html>, Le Monde, 22/12/19, 15h32
16- Dans les vignobles grecs, retour aux cépages locaux pour résister au réchauffement climatique <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/dans-les-vignobles-grecs-retour-aux-cepages-locaux-pour-resister-au-rechauffement-climatique_140096>, AFP, 23/12/19, 11:00
17- YouTube : Des vidéastes récoltent 20 millions de dollars pour planter des arbres <https://www.20minutes.fr/planete/2681391-20191223-youtube-videastes-recoltent-20-millions-dollars-planter-arbres>, 20 Minutes avec agence, 23/12/19 à 17h10
18- Face à la déforestation, un botaniste sauve la "mémoire verte" de la Colombie <https://www.youtube.com/watch?v=N8odBdNTPCE>, AFP, 26/12/19, 18:00
19- Fin de la pêche au chalut pélagique au large de Ré pour protéger bars et dauphins <https://www.geo.fr/environnement/fin-de-la-peche-au-chalut-pelagique-au-large-de-re-pour-proteger-bars-et-dauphins-199237>, AFP, 26/12/19, 18:00
20- Pesticides : la solitude des agriculteurs malades de Parkinson <https://www.lepoint.fr/societe/pesticides-la-solitude-des-agriculteurs-malades-de-parkinson-28-12-2019-2355008_23.php>, AFP, 28/12/19, 08h00
En images
21- Brésil : le géant des pesticides <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/bresil-le-geant-des-pesticides_3753377.html>, France 2, journal de 20h, 20/12/19
22- Plan B : et si on laissait nos forêts tranquilles ? <https://www.lemonde.fr/videos/article/2019/12/23/plan-b-et-si-on-laissait-nos-forets-tranquilles_6023858_1669088.html>, Le Monde avec AFP, 23/12/19, 10h33
23- Plan B : Comment moins gaspiller ce qu’on mange <https://www.lemonde.fr/videos/video/2019/12/23/plan-b-comment-moins-gaspiller-ce-qu-on-mange_6023889_1669088.html>, Le Monde, 23/12/19, 16h15
24- Agriculture : quand les sols renaissent <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/agriculture-quand-les-sols-renaissent_3761529.html>, France 2, journal de 13h, 27/12/19
25- Cet apiculteur explique en deux minutes comment les abeilles peuvent sauver l’humanité <https://www.nouvelobs.com/planete/20191229.OBS22861/cet-apiculteur-explique-en-deux-minutes-comment-les-abeilles-peuvent-sauver-l-humanite.html>, L’Obs, 29/12/19, 08h00
Bien à vous,
Florence
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NOS VŒUX : "Choisir aujourd'hui pour ne pas subir demain. Pour éviter d'être coupable de non-assistance à planète et humanité en danger, nous n’avons que deux choix : ou laisser le temps nous dicter la mutation et l’avenir n’est désespérant que dans cette hypothèse ; ou conduire ensemble radicalement et progressivement cette société qui conjugue les enjeux écologiques, sociaux et économiques. Subir ou choisir. Ouvrir ou non le Chapitre 2 de notre Histoire collective et individuelle, tel est le défi que nous avons à relever tous ensemble." Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme
PLAIDOIRIE DU JOUR : Sous-alimentation et surpoids doivent être traités comme la manifestation d’une même cause : des systèmes alimentaires défaillants, c’est la plaidoirie du nouveau 'manifeste pour la nutrition' de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). (cf. item 2)
CHIFFRES DU JOUR : — En un siècle, les trois quarts des variétés de fruits et légumes ont disparu du fait de l’industrialisation agricole. (cf. item 1)
— 90 % des sols pourraient se dégrader d’ici 2050. Or il faut entre 200 et plusieurs milliers d’années pour que se constitue 1 centimètre de sol. (cf. item 7)
— Au Brésil, 250 nouveaux pesticides ont été homologués depuis l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro. (cf. item 21)
DÉCISIONS DU JOUR : — Au terme d’une nuit de négociations à l’échelle européenne, des mesures protectrices ont été prises pour certaines espèces menacées par la surpêche, mais elles ne suffiront pas à assurer le renouvellement de tous les stocks de poissons. (cf. item 5)
— A partir du 1er janvier 2020, les agriculteurs ne pourront plus utiliser de pesticides à moins de trois, cinq ou dix mètres des habitations en fonction du type de culture et de la dangerosité des produits utilisés. Pour les ONG, ces distances sont insuffisamment protectrices pour la santé. (cf. item 9 & suite)
— Le Kenya pays qui interdisait jusqu’ici les OGM, a décidé d’autoriser le coton transgénique. Il rejoint ainsi la poignée d’Etats africains commercialisant ces cultures. (cf. item 15)
— La pêche au chalut pélagique, accusée d'être responsable de la mort de nombreux dauphins, n'est plus autorisée sur le plateau de Rochebonne, zone naturelle sensible d'environ 100 km2 située à l'ouest de l'île de Ré (Charente-Maritime). (cf. item 19)
TROUBLES DU JOUR : — Une note discrètement rédigée par la direction des douanes redonne un avantage fiscal à des résidus gras d'huile de palme (les acides gras de palme) qui permettent de fabriquer des biocarburants. Or, selon la loi, les produits à base d'huile de palme ne doivent plus bénéficier d'exonération fiscale. (cf. item 10 & suite)
— L'entreprise Ferrero Rocher achète 30% de ses noisettes en Turquie, où le travail des enfants est monnaie courante. (cf. item 12)
DANGER DU JOUR : La Ligue contre le cancer part en guerre contre les nitrites dans la charcuterie alors qu'une mission d'enquête va être lancée à l'Assemblée. Ces additifs chimiques sont soupçonnés d'être responsables de milliers de cancers liés à la consommation de charcuterie. (cf. item 13 & suite)
RECONNAISSANCE DU JOUR : Voilà plus de 20 ans que Jacques et Albert souffrent de la maladie de Parkinson. Mais ce n'est qu'en 2019 que les deux agriculteurs ont été reconnus en maladie professionnelle, en raison de leur exposition aux pesticides. (cf. item 20)
ALTERNATIVES DU JOUR : — Alors que chaque année 10 millions de tonnes d’aliments sont jetées en France, il existe des solutions simples pour lutter contre le gaspillage alimentaire. (cf. item 23)
— Dans un petit village du centre de la France, dans le Cher, les propriétaires du domaine de Châteaufer ont fait le choix de se métamorphoser en ferme agroécologique. (cf. item 24)
CITATION DU JOUR : "Le niveau d’altruisme des abeilles est presque inconcevable, pour nous, êtres humains. Je pense que beaucoup de ceux qui sont proches des abeilles, qui sont en contact des ruches, sont touchés au cœur." Michael Joshin Thiele, apiculteur aux Etats-Unis (cf. item 25)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
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> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
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> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
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> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Face au changement climatique, des jardiniers et maraîchers cultivent les semences paysannes, Reporterre, 13/12/19
Lorène Lavocat
En un siècle, les trois quarts des variétés de fruits et légumes ont disparu du fait de l’industrialisation agricole. Heureusement, un nombre croissant de personnes en France participent à la préservation et à la diffusion de cette « biodiversité cultivée », un bien commun de premier ordre à l’heure du changement climatique.
Yves Giraud se rappelle encore avec émotion sa découverte de l’oignon de Tarassac. « Je cultivais depuis quelques années un fabuleux oignon, qu’un voisin qui le tenait de son père m’avait donné, sans savoir d’où il venait ni comment il se nommait », raconte cet ancien maraîcher, habitant dans le Lodévois héraultais. À force d’enquête, il parvint à retrouver la trace de ce bulbe ancestral dans le petit village de Mons-la-Trivalle, dans le Haut-Languedoc, auprès d’une vieille jardinière du nom de Henriette. Et là, bingo ! « C’étaient bien les mêmes oignons que les miens, les “derniers” oignons de Tarassac,se remémore-t-il. Avant, tout le monde en faisait, ils étaient appréciés pour leur goût doux et leur bonne conservation. Puis, ils ont quasiment disparu, en même temps que les villages ont perdu leurs habitants. »
Nos campagnes sont truffées de ces histoires de graines oubliées. En un siècle, les trois quarts des variétés de fruits et légumes ont disparu, sacrifiées sur l’autel de l’industrialisation agricole. Mais en France, depuis une dizaine d’années, un nombre croissant de citoyens comme Yves Giraud s’activent à la préservation et à la diffusion de cette « biodiversité cultivée ». Collectifs de jardiniers et autres maisons de la semence se diffusent partout sur le territoire. « Il y a une vraie dynamique, constate Valérie Abatzian, ancienne technicienne dans une entreprise semencière, qui accompagnedésormais ces groupes de semeurs. Les gens viennent avec une conscience politique forte, contre le monopole des firmes semencières, mais aussi parce qu’ils veulent manger des bonnes choses. Les légumes en supermarché sont sans goût, on ne sait pas d’où ils viennent. C’est une démarche de réappropriation collective. » Pas question cependant pour ces jardiniers de jouer les collectionneurs, précise Yves Giraud : « Nous n’avons pas un but conservatoire dans un sens muséographique, ce qui nous intéresse, c’est que ces variétés soient cultivées. »
>> Suite à lire à :
<https://reporterre.net/Face-au-changement-climatique-des-jardiniers-et-maraichers-cultivent-les-semences>
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2- Malnutrition : un tiers des pays pauvres touchés à la fois par la sous-alimentation et le surpoids, Le Monde, 16/12/19, 01h07
Mathilde Gérard
Dans une série d’articles publiés dans « The Lancet », l’Organisation mondiale de la santé plaide pour une approche globale des différentes formes de malnutrition, qui frappent les populations les plus fragiles.
Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), c’est un « nouveau manifeste pour la nutrition ». Sous-alimentation et surpoids ne doivent pas être traités comme des problèmes séparés, mais comme la manifestation d’une même cause : des systèmes alimentaires défaillants. L’agence onusienne publie, lundi 16 décembre, une série de quatre articles dans la revue médicale The Lancetconsacrés au « double fardeau de la malnutrition ».
Alors que la communauté internationale s’est fixé pour objectif d’éradiquer la faim et la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2030, l’OMS appelle les Etats à agir de façon plus volontariste sur l’environnement alimentaire.
Pour Francesco Branca, directeur du département de nutrition à l’OMS et coordinateur de ces études, « nous ne pouvons plus caractériser des pays comme pauvres et sous-alimentés, ou riches et seulement affectés par l’obésité. Toutes les formes de malnutrition ont un dénominateur commun : des systèmes alimentaires qui échouent à fournir à tous une alimentation saine, sûre, abordable et durable. »
« Double fardeau »
Au sein d’une même catégorie de population, d’un même foyer, voire d’un même individu à différents âges, l’obésité et la sous-alimentation peuvent coexister.
Selon l’OMS, un tiers des pays pauvres et à revenus modérés sont concernés par des formes simultanées de malnutrition, en particulier en Asie du Sud-Est, en Afrique subsaharienne et dans le Pacifique. Dans certains pays, comme en Azerbaïdjan, au Guatemala ou dans les Comores, un quart des familles sont touchées par ce « double fardeau ». En Albanie, ce sont 15 % des enfants qui connaissent à la fois un retard de croissance (un indicateur de sous-alimentation) et un surpoids.
Si les enfants sont d’ailleurs les premières victimes de ces phénomènes, qui affectent leur croissance, leur développement et leur santé, ce sont in fine des nations entières qui y perdent. L’OMS estime qu’au moins 8 % de produit intérieur brut est perdu à cause de la sous-alimentation et 3 % à cause du surpoids, notamment du fait des dépenses de santé.
> Lire aussi Pour la troisième année d’affilée, la faim progresse dans le monde
Certains pays, touchés par les deux conséquences d’une mauvaise alimentation au début des années 1990, ont vu la malnutrition infantile y reculer, mais pas le surpoids. C’est le cas notamment de l’Afrique du Sud, de l’Egypte, du Maroc, du Mexique, ou du Pérou.
D’autres, au contraire, parmi les plus pauvres, voient leur situation se détériorer aux deux extrémités de la malnutrition, notamment en Afrique subsaharienne (Botswana, Zimbabwe…), et dans plusieurs pays du Sud-Est asiatique (Indonésie, Malaisie…), à la faveur de changements accélérés des modes de vie : urbanisation, sédentarisation des populations et accès facilité à une nourriture très transformée.
Contre-effets des politiques de lutte contre la faim
Les chercheurs dénoncent également les effets secondaires de programmes destinés à lutter contre la faim. Pour Corinna Hawkes, directrice du Centre for Food Policy de la City University de Londres et co-auteure des publications du Lancet, « dans plusieurs pays, l’obésité a progressé sous le regard de politiques destinées à lutter contre la faim. Bien sûr, il ne faut pas détourner notre attention de la sous-alimentation, mais nous devons veiller à ne pas favoriser une autre forme de malnutrition. »
Comme exemple de biais introduits par plusieurs décennies de lutte contre la faim, les articles du Lancet citent le cas du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), un groupement de plusieurs instituts de recherche agronomique et l’un des acteurs de la « révolution verte », qui a consisté, à partir des années 1950 en la mise à disposition, pour des pays en développement, de technologies destinées à augmenter les rendements des cultures céréalières. « La révolution verte peut se prévaloir d’avoir fait grimper la consommation énergétique de céréales de base (riz, blé) ; cependant, elle a peu fait pour améliorer la diversité alimentaire et les apports en micronutriments des populations », écrivent les auteurs de l’OMS. Encore aujourd’hui, constatent-ils, la moitié des ressources du CGIAR est consacrée aux recherches sur le riz et le maïs.
Olivier De Schutter, coprésident du Panel international d’experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-Food), qui n’a pas participé aux travaux de l’OMS, précise : « Dans les années 1960, on était pris de panique en constatant la croissance démographique et la sous-alimentation persistante. Tout le monde était focalisé sur la peur de ne pas avoir assez de production agricole pour nourrir la planète. On a misé sur l’augmentation de la production globale de calories, sans prêter attention à la diversité des produits. »
Pour l’ancien rapporteur des Nations unies pour le droit à l’alimentation, si « cette course-là contre la faim a été gagnée, on n’a pas du tout pris en compte la qualité de l’alimentation ». Or, 2 milliards de personnes souffrent aujourd’hui de déficits en micronutriments (vitamine D, zinc, fer…).
Les 1 000 premiers jours
Les auteurs de ce « manifeste pour la nutrition » formulent une liste de dix actions permettant d’agir à la fois contre la sous-alimentation et l’obésité. Aucune d’elle ne pourra, à elle seule, mettre fin au double fardeau de la malnutrition, mais l’OMS préconise une approche globale.
Parmi ces recommandations, plusieurs visent à agir sur la nutrition des enfants pendant les « 1 000 premiers jours » – qui couvrent le développement in utero et les deux premières années après la naissance. « Cette période est une fenêtre d’opportunité critique, explique Francesco Branca. C’est là que se joue le développement des organes et des systèmes métaboliques. » C’est aussi pendant ces premières années de vie que se forme le goût. Pour ces raisons, les auteurs de l’OMS préconisent un meilleur suivi prénatal, un allaitement maternel favorisé, une alimentation diversifiée avec des produits frais, en proscrivant les aliments transformés sucrés et gras avant 2 ans.
L’autre grand axe des actions à mener porte sur l’offre alimentaire. Pour Francesco Branca, « les gouvernements peuvent agir sur l’offre et la demande de nombreuses manières : en taxant certains produits – comme les boissons sucrées –, qui ne devraient pas être consommés en excès ; en informant davantage sur le contenu des produits manufacturés, ce qui a pour effet de pousser les producteurs à reformuler leurs produits. »
Le responsable de l’OMS cite d’autres exemples de politiques qui peuvent contribuer à redessiner le paysage agroalimentaire, par la commande publique, l’offre de cantines scolaires ou la régulation de la publicité.
« Prioriser les populations, pas les profits »
L’enjeu, selon le docteur Alessandro Demaio, co-auteur de ces études, « est de s’assurer que nous ne laissons personne derrière quand il s’agit de malnutrition, et que l’environnement alimentaire ait pour priorité les populations, et non les profits. »
> Lire aussi La santé des futures générations risque d’être affectée par le changement climatique
L’OMS insiste sur le fait que le statu quo ne permettra pas de répondre à cette nouvelle réalité nutritionnelle. « Cette série d’articles montre que tous les efforts faits par les gouvernements pour que les populations mangent mieux – moins de viande rouge et transformée, moins de boissons sucrées, de graisses saturées – peuvent être réduits à néant par la promotion d’une agriculture intensive, par des accords commerciaux encourageant l’agriculture d’exportation, et par le développement de grandes chaînes de supermarchés », retient Olivier de Schutter.
En 2016, l’ONU avait lancé une « décennie d’action en faveur de la nutrition », appelant à mettre en œuvre des plans ambitieux contre la malnutrition d’ici à 2025. Pourtant, rappelle Alessandro Demaio, « nous sommes en train d’échouer sur nos objectifs mondiaux ». Il reste cinq ans aux Etats pour corriger le tir.
> Lire aussi La France se dote d’une nouvelle feuille de route pour lutter contre la malnutrition
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/16/malnutrition-un-tiers-des-pays-pauvres-touches-a-la-fois-par-la-sous-alimentation-et-le-surpoids_6022987_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/16/malnutrition-un-tiers-des-pays-pauvres-touches-a-la-fois-par-la-sous-alimentation-et-le-surpoids_6022987_3244.html>>
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3- Face au gaspillage, des Saoudiens rusent pour changer leur culture alimentaire, AFP, 16/12/19, 11:00
Anuj Chopra
Donner l'impression qu'il y a plus de nourriture pour en gâcher moins : avec ses assiettes au centre bombé, le jeune entrepreneur Mechaal Al-Kharashi espère faire baisser un peu le taux de gaspillage de l'Arabie saoudite, le plus élevé au monde.
Dans le royaume, comme dans d'autres pays du Golfe, les étalages somptueux de nourriture sont culturellement considérés comme un signe impérieux de générosité et d'hospitalité. Mais une grande partie des plats, en particulier du riz servi en abondance, finit souvent à la poubelle.
"Le design innovant réduit les déchets de 30%", assure Mechaal Al-Kharashi à l'AFP, ajoutant que l'assiette, utilisée dans de nombreux restaurants saoudiens, a permis d'économiser plus de 3.000 tonnes de riz ces dernières années.
"Nous préservons le côté généreux tout en réduisant les déchets", se félicite-t-il.
Un Saoudien moyen gaspille jusqu'à 250 kilogrammes de nourriture par an, soit plus de deux fois la moyenne mondiale (115 kg), selon le ministère de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture.
Le centre de recherche Economist Intelligence Unit estime que le Saoudien moyen en gaspille jusqu'à 427 kg par an.
Le royaume largement désertique, pauvre en terres arables et en eau, dépend des importations pour satisfaire la demande alimentaire croissante de ses habitants.
Le ministère estime que le gaspillage coûte environ 13 milliards de dollars (11,6 milliards d'euros) par an à l'Arabie saoudite, qui s'efforce de combler son déficit creusé par la chute des prix du pétrole.
- "Changement culturel" -
Dans un pays où "les denrées alimentaires (...) sont disponibles en abondance" et "fortement subventionnées", la nourriture est tenue pour "acquise", constatent des universitaires de l'Université du Roi Saoud de Ryad dans un rapport publié l'an dernier.
"Le gaspillage de nourriture dans les restaurants, les fêtes, les événements sociaux est colossal (car) la coutume est de fournir plus de nourriture que nécessaire. Il faut changer la culture alimentaire de la société", écrivent-ils.
L'ONG Etaam qui collecte les excédents alimentaires dans les hôtels, les salles de mariage et les restaurants et les distribue aux plus pauvres, a appelé l'année dernière le gouvernement à punir le gaspillage.
Un appel qui semble être resté sans réponse. Si des initiatives d'entrepreneurs voient le jour, les contours de la politique du gouvernement sur le sujet restent difficiles à cerner.
Dans ce royaume ultraconservateur, où les vastes réserves de pétrole ont généré d'énormes richesses en quelques décennies, les interactions sociales tournent souvent autour de la nourriture dont la profusion est une manifestation de luxe.
"En une seule génération, l'Arabie saoudite est passée d'une situation de pénurie à une situation d'abondance et, pour certains, d'immense richesse", explique à l'AFP Kristin Diwan, chercheuse à l'Arab Gulf States Institute basé à Washington.
"Le changement culturel est difficile mais les préoccupations liées à l'environnement, la durabilité et un mode de vie plus sain chez une certaine classe de Saoudiens auront un certain impact", estime-t-elle.
- "Seule liberté" -
Mais dans un pays où 40% de la population est obèse selon les médias locaux, les stéréotypes restent ancrés.
Cette année, une caricature d'un journal local montrait un homme penché sur plusieurs plateaux de nourriture fumante et demandant à la femme qui le servait en tablier de cuisine : "C'est tout ?".
"La seule vraie liberté que nous avons dans une monarchie absolue, c'est la liberté de manger", confie un universitaire saoudien à l'AFP de manière anonyme.
"Pendant longtemps, le seul divertissement pour les Saoudiens était les restaurants et la nourriture", ajoute l'universitaire.
Beaucoup repensent désormais leur mode de vie face aux pressions économiques croissantes dans un royaume qui réduit les subventions et a introduit les impôts pour se préparer à une ère post-pétrolière.
Certains jeunes appellent à tourner le dos à la culture de l'excès et du gaspillage. La cheffe Almaha Aldossari, connue sous le nom de "bédouine végan", promeut par exemple une culture du minimalisme et des régimes sans viande.
Mais le gaspillage ne se limite pas aux aliments : de nombreux automobilistes laissent tourner le moteur de leur voiture au ralenti pendant des heures, habitude qui remonte à une époque où le pétrole était moins cher que l'eau.
L'eau, elle aussi, est gaspillée alors même que le royaume aride est confronté à une diminution de ses ressources. Le gouvernement saoudien s'est fixé l'objectif de faire passer la consommation quotidienne d'eau par habitant de 263 litres (le double de la moyenne mondiale) à 150 litres d'ici 2030.
<https://www.lepoint.fr/monde/face-au-gaspillage-des-saoudiens-rusent-pour-changer-leur-culture-alimentaire-16-12-2019-2353338_24.php>
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4- Non-respect des règles d'épandage des pesticides : un riverain obtient gain de cause, Actu-environnement, 16/12/19
Dorothée Laperche
Après une plainte déposée pour non-respect des règles d'épandage de pesticides, le riverain d'une exploitation arboricole a finalement obtenu gain de cause. La Cour de cassation a confirmé un jugement en sa faveur.
Le riverain avait en effet dénoncé la dérive, du fait des conditions climatiques, d'un produit épandu en 2012 par l'exploitant. « Le produit pulvérisé était du Merpan 80, pesticide, classé R 40 (suspecté cancérogène), R 43 (sensible pour la peau) et R 36 (irritant pour les yeux) », précise l'association Générations futures qui a suivi l'affaire. « Il dérivait sur un rayon d'une dizaine ou vingtaine de mètres, au gré du vent, dont la force était supérieure à 19 km/h et, selon le site de météo France, comprise entre 30 et 65 km/h, les gendarmes ayant pris des photos attestant de sa dérive ».
L'arboriculteur a été condamné par le Tribunal correctionnel du Mans en avril 2017, puis par la Cour d'appel d'Angers, le 2 octobre 2018. L'arboriculteur avait alors formé un pourvoi en cassation de la décision.
« Depuis que nous travaillons sur ce dossier des riverains victimes des pesticides, et malgré les centaines de témoignages reçus chaque année, nous avons de très grandes difficultés à faire valoir devant la justice que les bonnes pratiques d'épandages ne sont pas systématiquement respectées, souvent au bénéfice du doute (les relevés météos par exemple n'étant pas fait sur la parcelle traitée), a souligné Nadine Lauverjat en charge de la campagne victimes des pesticides à Générations Futures. C'est donc une grande victoire que la confirmation par la Cour de cassation de cette règle ».
Un projet de décret et un projet d'arrêté, relatifs aux mesures de protection des personnes lors de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques à proximité des zones d'habitation, devraient par ailleurs être bientôt publiés.
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/epandage-pesticides-riverain-jugement-34650.php4>
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5- Les Etats européens ne parviennent pas à supprimer la surpêche, Le Monde, 18/12/19, 11h01
Virginie Malingre (Bruxelles, bureau européen)
Au terme d’une nuit de négociations, des mesures protectrices ont été prises pour certaines espèces menacées, mais elles ne suffiront pas à assurer le renouvellement de tous les stocks de poissons.
Démarrage mitigé pour Virginijus Sinkevicius, le commissaire à l’environnement, aux océans et à la pêche. Alors qu’Ursula von der Leyen, la présidente de l’exécutif européen, veut faire du « green deal » sa priorité, le jeune Lituanien n’a pas imprimé la marque de cette ambition sur la politique commune de la pêche, à l’heure où il s’agissait de définir les quotas en Atlantique et en mer du Nord.
Mercredi 18 décembre au petit matin, la réunion des ministres de la pêche des vingt-huit Etats membres a en effet consacré, après une nuit de négociations, l’incapacité de l’Europe à atteindre les objectifs qu’elle s’était fixés pour 2020. A savoir, qu’il ne soit plus possible, à cette échéance, de pêcher des poissons au-delà d’une certaine quantité, et ce, afin de préserver les ressources maritimes.
> Lire aussi Climat, agriculture, transports… Le « green deal » tous azimuts de la Commission européenne
En Atlantique et en mer du Nord, pour environ 35 % des espèces spécifiques dans une zone donnée, il y aura encore surpêche l’an prochain, et les stocks de poissons concernés baisseront. En 2019, ce pourcentage était d’environ 40 %. « La surpêche en 2020 est illégale. Malheureusement, les ministres de la pêche ont choisi de ne pas respecter le droit de l’UE », a déclaré Pascale Moehrle, directrice exécutive de l’ONG Oceana en Europe.
La Commission, elle, préfère parler en volume, c’est-à-dire sans différencier les espèces et les zones. Dans ce cas, en 2020, plus de 95 % des stocks de poissons seront assurés d’être régénérés. Mais cette moyenne est tirée à la hausse par des stocks de harengs ou de maquereaux par exemple, qui ne sont pas menacés et représentent des dizaines de milliers de tonnes, quand d’autres espèces menacées ne représentent plus que quelques tonnes.
« Tous sur le même poisson »
Pour la Baltique non plus, à laquelle avait été consacré un conseil des ministres en octobre, l’Europe n’est pas parvenue à prendre les décisions nécessaires pour garantir la biodiversité. Et même si le Conseil a pris certaines mesures fortes, notamment sur le cabillaud, seuls 70 % des stocks sont assurés de pouvoir se reconstituer.
Pour comprendre d’où viennent ces décisions, il faut s’arrêter sur la manière dont elles sont prises. Chaque année, le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM), qui regroupe des scientifiques d’une vingtaine de pays, dont la France, évalue les quantités de poissons, espèce par espèce et zone par zone. Les experts font ensuite des recommandations : à chacun de ces lots – par exemple la langoustine dans le golfe de Gascogne – correspond un niveau de pêche au-delà duquel l’espèce en question ne peut pas se renouveler : le « rendement maximal durable ».
> Lire aussi « Ils siphonnent les poissons » : les pêcheurs normands vent debout face aux bateaux-usines
Sur cette base, la Commission fait ensuite ses propositions et les Etats membres négocient, en ayant également à cœur de protéger leur secteur de la pêche. Ils définissent donc, pour chacun des lots concernés, des « limites de capture annuelles », qui sont ensuite réparties entre eux. « Ces négociations sont très compliquées, explique un diplomate, on est tous sur le même poisson. »
En 2013, les Etats membres étaient convenus que tous les stocks seraient au « rendement maximal durable » en 2020. Ils ont incontestablement pu améliorer la situation dans certains cas. Ainsi, comme le rappelle Virginijus Sinkevicius, « pour le bar en mer du Nord, les mesures que nous avons prises depuis 2015 ont permis d’en ramener les stocks au niveau du rendement maximum durable ».
Mais, comme l’explique un haut fonctionnaire européen, « deux grands principes régissent la politique commune de la pêche : la reconstitution des stocks et aussi le bon fonctionnement du secteur économique de la pêche ». Or, lorsqu’une espèce est menacée, ces deux objectifs peuvent être inconciliables. D’autant que, dans certains cas, les pêcheurs d’une espèce en prennent d’autres dans leurs filets.
Les quotas, un outil « pas suffisant »
Par exemple, les pêcheurs d’églefins en mer Celtique, l’une des espèces qui ne sont pas menacées, remontent aussi des cabillauds ou des merlans, qui, dans cette zone, sont en danger. Conséquence, si on interdit la pêche de cabillaud ou de merlan, on interdit de fait celle d’églefin. C’est aussi inacceptable pour les Irlandais qui ramassent du merlan que pour les Français qui sont plus adeptes de l’églefin.
Mercredi, il a donc été décidé que les pêcheurs d’églefins en mer Celtique ou d’Irlande devraient changer leurs techniques de pêche (type de filets notamment) afin de limiter les dommages collatéraux. Mais qu’ils ne seraient pas pénalisés s’ils remontaient sur leurs bateaux une certaine quantité de cabillauds ou de merlans, alors que le CIEM préconisait l’arrêt de leur pêche.
> Lire aussi Des aires marines classées, mais pas assez protégées
La mise en place de quotas ne peut donc apporter une réponse totalement satisfaisante. « C’est un outil indispensable, mais pas suffisant. Même si tous les quotas de pêche respectaient le rendement maximal durable, les stocks baisseraient mécaniquement de 40 % », commente Frédéric Le Manach, de l’ONG Bloom, qui prône « des méthodes de pêche sélectives ».
Cela dit, en mer Méditerranée, qui n’est pas soumise à des quotas, la situation est pire. Mercredi, les Etats membres ont décidé de réduire de 10 % le nombre de jours de pêche qui y sont autorisés. Insuffisant, commentent les ONG, qui, comme Oceania, rappellent que « la puissance motrice réelle de la flotte chalutière est estimée deux ou trois fois supérieure à la puissance déclarée ».
> Lire aussi Les pêcheurs boulonnais dans les filets du Brexit
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/18/les-etats-europeens-ne-parviennent-pas-a-supprimer-la-surpeche_6023295_3244.html>
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6- Au Sénégal, les baobabs ploient sous la pression des cimentiers, AFP, 18/12/19, 21:00
Anne-Sophie Faivre Le Cadre
De Bandia, qui fut l'une des plus belles forêts de baobabs du Sénégal, il ne reste qu'un paysage mortifère de cratères abandonnés. Et les projets d'extension d'une cimenterie qui exploite le sous-sol depuis 20 ans font craindre aux populations locales une désolation plus grande encore.
La commune de Bandia et ses 10.000 habitants, répartis en plusieurs villages, bordent la forêt classée du même nom, à une heure de voiture de Dakar.
En 2002, une société sénégalaise, Les Ciments du Sahel, y a implanté sa cimenterie, qu'elle alimente en calcaire en exploitant une vingtaine de mines à ciel ouvert dans les environs.
Dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, où le secteur de la construction est en pleine croissance, l'annonce dans la presse locale que cette entreprise avait obtenu une licence d'exploitation de 236 hectares supplémentaires a suscité colère et inquiétude des habitants et des associations de protection de l'environnement.
Cette autorisation n'est pas définitive et les projets d'extension sont "en suspens", dit un responsable gouvernemental.
Mais pour les riverains de la forêt, le mal est déjà fait.
- Symbole de vie et de mort -
"Il y avait des manguiers, des eucalyptus, des acacias, des baobabs. Regardez, il n'y a plus une fleur, plus un animal. Ici, la nature ne pourra plus jamais reprendre ses droits", se désole Mame Cheikh Ngom, professeur de géographie à l'université de Dakar, en observant autour de lui l'un des rares baobabs encore debout.
Selon lui, il ne reste plus de la forêt que 2.000 hectares, un cinquième de sa superficie originelle. Originaire du village, il pointe du doigt la béance désolée d'une ancienne carrière, des engins de construction rouillés et des abris de béton abandonnés aux lézards et aux serpents après le départ des industriels.
"Maintenant, les mamans disent aux petits de ne plus jouer dans la forêt, elles ont trop peur qu'ils se fassent écraser", soupire le professeur, avec en arrière-plan l'ombre fantomatique de la cimenterie, flottant dans un nuage de poussière d'où émerge un va-et-vient incessant de poids lourds.
Arbre emblématique du Sénégal, le baobab associe des symboles forts, évoquant la vie et la mort: si ses feuilles servent à la confection de tisanes médicinales et ses fruits de remèdes pour les nouveau-nés, les anfractuosités de son large tronc ont longtemps fait office de linceul pour les griots.
- 'Lynchage médiatique' -
L'attribution d'hectares supplémentaires aux Ciments du Sahel serait un "désastre écologique", estime l'ONG Nebeday. En septembre, les habitants ont manifesté pour demander au président Macky Sall d'intervenir, rencontrant un large écho dans la presse.
Les dirigeants de la cimenterie dénoncent quant eux un "lynchage médiatique".
"L'activité industrielle est loin d'impacter négativement la vie des populations, le village étant situé à près de cinq kilomètres" de l'usine, ont-ils assuré dans un communiqué. Sollicitée par l'AFP, la direction n'a pas souhaité accorder d'interview.
Les déflagrations des explosifs dans les carrière font bel et bien trembler les murs des maisons, assurent les habitants.
"A chaque mine qu'ils font exploser, nos murs se fissurent", explique Khady, une octogénaire drapée dans un voile blanc, en posant un regard éteint sur le mur éventré de sa chambre. Il lui arrive de se réveiller la nuit avec l'impression d'avoir échappé à une bombe, souffle-t-elle.
La poussière de calcaire omniprésente a aussi des conséquences pour la santé, affirme Mariama Diéne, infirmière au dispensaire du village. "On a constaté une augmentation terrifiante des cas de bronchite, pneumonie et tuberculose. Des bébés aux vieillards, personne n'est épargné", dit-elle.
"Les carrières devaient protéger les populations en arrosant les routes pour empêcher la poussière de se lever, mais ils ne le font pas", constate l'infirmière.
- Economie et environnement -
"Il y a eu une étude d'impact environnemental et social réalisée par la direction de l'environnement qui a permis à l'entreprise de démarrer ses activités", se défend le ministre de l'Environnement, Abdou Karim Sall.
Il souligne aussi que le gouvernement doit faire la part des choses entre la nécessité de protéger ses forêts et celle de poursuivre l'industrialisation du Sénégal, qui figure parmi les 25 pays les plus pauvres au monde.
Abdou Karim Sall relève que la cartographie des forêts classées remonte à l'époque coloniale et que "rien ne peut s'opposer" à une déclassification jugée nécessaire. Si c'est le cas, "on s'engage à reboiser dans d'autres parties du territoire", affirme le ministre de l'Environnement, en citant plusieurs projets récents de reboisement.
Les autorités auraient toutefois été prises de court par le rythme effréné de la production de ciment, les trois cimenteries qui dominent ce secteur clé tournant à plein régime, selon une source gouvernementale. "Les cimenteries écoulent même leur production à l'étranger", relève ce responsable.
<https://www.youtube.com/watch?v=6qD5uVaB-2s>
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7- Dégradation et érosion des sols : cinq chiffres chocs sur un danger mondial, Novethic, 19/12/19
Marina Fabre
Ce sont des chiffres qui donnent l’envergure de la dramatique dégradation des sols. Entre la surexploitation des terres, l’agriculture intensive, l’artificialisation des sols et l’extension des villes… 75 % de la surface de la Terre est dégradée. À ce rythme, d’ici 30 ans, ce sont 90 % des sols qui sont menacés d’érosion.
90 % des sols pourraient se dégrader d’ici 2050
"Aujourd’hui, l’équivalent d’un terrain de football est érodé toutes les cinq secondes", rappelle l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans un rapport sur l’érosion des sols. Selon Marie Helena Semedo, directrice générale adjointe de l’organisme, "si nous n’agissons pas maintenant, plus de 90 % des sols de la surface de la terre pourraient se dégrader d’ici 2050". À l’heure actuelle, ce sont déjà 75 % des sols qui sont dégradés à différents degrés.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/degradation-et-erosion-des-sols-cinq-chiffres-chocs-sur-un-danger-mondial-147976.html>
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8- Des scientifiques pensent avoir découvert la plus vieille forêt du monde, AFP, 20/12/19, 03:00
Des scientifiques ont indiqué avoir découvert dans l'Etat de New York ce qui pourrait être la plus vieille forêt du monde, potentiellement riche en enseignements sur les liens entre la forêt et le climat, selon une étude parue jeudi dans le journal Current Biology.
Le titre de plus vieille forêt fossile revenait jusqu'ici à un site de Gilboa, dans la région des Catskills dans le nord de l'Etat de New York, remontant à environ 385 millions d'années.
Le nouveau site est une vieille carrière située dans la même région, à une quarantaine de kilomètres plus à l'est, près de la petite ville de Cairo.
Après 10 ans de prélèvements et d'études, une équipe internationale de 11 scientifiques est arrivée à la conclusion qu'il a abrité une forêt "de 2 à 3 millions d'années plus ancienne" et plus riche en variétés d'arbres.
Car s'ils ont retrouvé, comme à Gilboa, des traces d'arbres primitifs de type "Eospermatopteris", un peu comme des palmiers, avec un gros pied et une couronne de branches mais sans feuilles, ils ont aussi trouvé des plantes de type "Archaeopteris".
Ces dernières présentent des caractéristiques "beaucoup plus modernes", avec des feuilles et des systèmes de racines comparables à des épicéas ou des pins, a expliqué à l'AFP William Stein, l'un des auteurs de l'étude et professeur de biologie à l'université de Binghamton (New York).
Ces arbres "plus avancés" pourraient aider à comprendre comment les forêts se sont modernisées, à une époque où "le niveau de CO2 dans l'atmosphère diminuait et où les températures étaient en baisse", dit-il.
En étudiant ce processus de refroidissement, on comprendra peut-être mieux les liens entre le réchauffement actuel et la déforestation, dit-il.
<https://www.geo.fr/environnement/des-scientifiques-pensent-avoir-decouvert-la-plus-vieille-foret-du-monde-199137>
En savoir plus :
> Mid-Devonian Archaeopteris Roots Signal Revolutionary Change in Earliest Fossil Forests <https://www.cell.com/current-biology/fulltext/S0960-9822(19)31569-6>, Current Biology, 19/12/19
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9- Pesticides : le gouvernement confirme les distances d'épandage controversées, AFP, 20/12/19, 21:00
Stéphane Orjollet
Le gouvernement a tranché : les distances minimales d'épandage des pesticides seront fixées à 5 et 10 mètres des habitations, selon les types de cultures, un dossier explosif sur fond de grogne agricole et d'inquiétude écologique.
L'arrêté, très attendu, s'appliquera à partir du 1er janvier 2020 et confirmera selon un communiqué des ministères de la Transition écologique, de la Santé et de l'Agriculture, les distances mises en consultation publique à l'automne, et recommandées par l'Agence française de sécurité sanitaire (Anses) : cinq mètres pour les cultures dites basses comme les légumes et céréales et dix mètres pour les cultures hautes, fruitiers ou vignes.
Distance portée à 20 mètres pour les produits "les plus dangereux", qui ne représentent toutefois qu'environ 0,3% des substances actives utilisées. Le fameux glyphosate, autour duquel s'est notamment cristallisée la polémique sur les produits phytosanitaires avec des "arrêtés anti-pesticides" pris par des dizaines de maires et systématiquement contestés par l'Etat, n'en fait notamment pas partie.
Les 5 et 10 mètres pourront être réduits, jusqu'à 5 mètres pour l'arboriculture et 3 pour la "viticulture et les autres cultures", sauf à proximité des établissements accueillant des "personnes vulnérables (écoles, hôpitaux, maisons de retraite...).
Ces dérogations nécessiteront l'emploi de matériels de pulvérisation munis de dispositifs spéciaux "anti-dérive" et l'adoption de "chartes d'engagement départementales". Proposées par les utilisateurs de produits phytosanitaires (organisations agricoles ou gestionnaires d'infrastructures comme la SNCF, grande utilisatrice de glyphosate pour désherber les voies), elles devront être soumises à concertation publique et validées par les préfets.
Une enveloppe de 25 millions sera par ailleurs prévue pour "accompagner les agriculteurs dans la réduction de l'utilisation de produits phytosanitaires" et les parcelles déjà semées ne seront concernées qu'au 1er juillet 2020.
Enfin, au fur et à mesure que l'Anses va intégrer comme prévu des distances de sécurité dans ses futures autorisations de mise sur le marché, ce seront celles-ci qui s'appliqueront.
"Nous sommes déterminés à renforcer la protection de la santé des populations riveraines de zones de traitement (...), ainsi que celle des exploitants agricoles. Le gouvernement entend aussi faciliter le dialogue entre agriculteurs, riverains et élus locaux", a insisté la ministre de l'Environnement Elisabeth Borne dans un communiqué.
Cette décision très attendue a fait l'objet d'un bras fer entre grands syndicats agricoles et environnementalistes. Les premiers dénonçaient une forme "d'agri-bashing", les seconds dénonçant le poids des "lobbies agricoles et de l'industrie phytosanitaire".
- "Pas consensuel" -
Le gouvernement assure comme le ministre de l'agriculture Didier Guillaume, cité dans le communiqué, s'appuyer sur "l'état des connaissances scientifiques actuellement disponibles".
Et met en avant les "avancées" que représente le simple fait d'avoir des limitations, présentes dans "très peu de pays en Europe" (Slovénie, Italie ou quelques Lander allemands).
Il avait lancé en octobre une consultation publique sur internet, qui a duré un mois et recueilli plus de 53.000 avis. Avis qui, selon des sources gouvernementales, n'ont fait que confirmer que le "sujet n'est pas consensuel". La publication de leur synthèse - réclamée par les organisations écologistes - devrait se faire en même temps que le texte sur les distances.
Mais d'ores et déjà les critiques fusent. L'ONG Générations futures, très impliquée sur ce dossier, a annoncé "étudier toutes les possibilités de recours", et dénoncé "des mesurettes qui n’apaiseront en rien les situations locales".
La Fondation Nicolas Hulot a critiqué des décisions qui "ne répondent pas aux enjeux de santé publique et de protection de l’environnement", alors que France Nature Environnement dénonçait un "cadeau de Noël empoisonné".
L'association Agir pour l'environnement fustige de son côté "la surdité du gouvernement sur l'urgence sanitaire et environnementale", alors que la Confédération paysanne dénonce des décisions pour "dédouaner le gouvernement de sa responsabilité à protéger la population" et réclame "une vraie politique publique de sortie des pesticides".
Pour Eric Thirouin, secrétaire général adjoint FNSEA, "ce n'est pas une victoire". Et de pointer une "incompréhension totale de la mesure de distances incompressibles de 20 mètres, ce qui est le double de ce qui était prévu". Les membres du syndicat "vont se réunir à la rentrée pour définir une stratégie", a-t-il ajouté.
Le syndicat des industries phytosanitaires UIPP n'a de son côté pas souhaité réagir.
<https://www.geo.fr/environnement/pesticides-le-gouvernement-confirme-les-distances-depandage-controversees-199162>
Sur le même sujet :
> Pesticides : le gouvernement opte pour des distances très réduites entre zones d’épandage et habitations, Le Monde, maj le 21/12/19 à 02h18
Stéphane Mandard
A partir du 1er janvier 2020, les agriculteurs ne pourront plus utiliser de pesticides à moins de trois, cinq ou dix mètres des habitations. Des distances insuffisamment protectrices pour les ONG.
Ce sera donc trois mètres, cinq mètres, dix mètres, voire très exceptionnellement vingt mètres. Le gouvernement a fini par trancher. Et sans surprise, il a campé sur ses positions. A partir du 1er janvier 2020, les agriculteurs devront respecter une distance minimale dite de sécurité entre les zones d’épandage de pesticides et les habitations, a annoncé l’exécutif, vendredi 20 décembre. Elle variera en fonction du type de culture et de la dangerosité des produits utilisés.
> Lire aussi Pesticides : où sont passées les 53 000 contributions de la consultation sur les zones d’épandage ?
Le gouvernement d’Edouard Philippe était sous pression. Le Conseil d’Etat lui avait donné jusqu’au 31 décembre pour publier un nouvel arrêté. Le 26 juin, la plus haute autorité administrative avait annulé le texte précédent, estimant qu’il n’était pas suffisamment protecteur.
Le nouvel arrêté sera publié dans les prochains jours. Le gouvernement met en avant une « distance incompressible » de vingt mètres pour « les produits les plus dangereux ». Par « produits les plus dangereux », il entend ceux dont « la toxicité est quasi avérée pour l’homme », comme les substances classées dans la catégorie cancérogène, mutagène et reprotoxique (CMR) avérée pour l’homme. Cette limite de vingt mètres ne concernera qu’une infime partie des pesticides utilisés en France puisque, selon les estimations du ministère de l’agriculture, seul 0,3 % des produits phytosanitaires consommés chaque année entrent dans cette catégorie. Exit le célèbre glyphosate ou les SDHI (fongicides) aux effets néfastes pourtant scientifiquement documentés.
Des distances « très insuffisantes » pour protéger la santé
Pour les 99,7 % autres pesticides non jugés comme « les plus dangereux », la distance retenue varie en fonction du type de culture : dix mètres pour les cultures hautes (vignes ou arbres fruitiers), cinq mètres pour les cultures dites « basses » comme les céréales et les salades. Le décret, qui sera publié en même temps que l’arrêté, prévoit même la possibilité de réduire cette « zone tampon » dans le cadre de « chartes d’engagement » validées au niveau départemental entre agriculteurs, riverains et élus : cinq mètres pour l’arboriculture et trois mètres pour les vignes et les autres cultures, à la condition d’avoir recours aux « matériels de pulvérisation les plus performants sur le plan environnemental ».
« Avec ce dispositif, la France devient l’un des premiers pays européens à se doter d’un cadre national pour la protection des riverains des cultures agricoles », se félicite la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne. La Slovénie et certains Länder allemands font figurent de pionniers.
Pour les associations de défense de l’environnement, ces distances sont au contraire « très insuffisantes pour protéger la santé des populations ». A l’instar des maires qui ont multiplié les arrêtés antipesticides depuis l’été, les ONG prônaient des « zones tampons » d’au moins 150 mètres. « Les distances soi-disant de sécurité retenues sont inconséquentes, réagit François Veillerette, le directeur de Générations futures, l’association qui avait saisi le Conseil d’Etat pour contester le précédent arrêté régissant l’usage des pesticides. Dix mètres ou rien, cela s’avère identique. Il y a là un mépris flagrant des familles exposées et qui ne peuvent se protéger des dangers des pesticides. » De son côté, la FNSEA, le principal syndicat agricole, se garde de tout triomphalisme : « ce n’est pas une victoire », déclare son secrétaire général adjoint, Eric Thirouin.
Pour justifier les distances retenues, le gouvernement dit s’en être tenu à « la ligne de la science ». Il s’en remet à un avis rendu par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) du 14 juin. Or, dans cet avis, l’Anses elle-même reconnaît des limites. Celui-ci s’appuie sur un document guide de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de 2014, qui repose sur des données issues d’études effectuées dans les années 1980 et concernant seulement l’exposition de personnes résidant à des distances de trois mètres, cinq mètres et dix mètres, mais pas au-delà.
« Des positions très antagonistes »
Les associations reprochent également au gouvernement de ne pas avoir tenu compte de la consultation publique qu’il avait ouverte en septembre. Organisée sur le site du ministère de la transition écologique et solidaire, celle-ci avait enregistré une participation record avec plus de 53 000 contributions en moins d’un mois. La Fondation Nicolas Hulot, France nature environnement, Générations futures, Association santé environnement France et Alerte des médecins sur les pesticides avaient écrit au premier ministre, le 11 décembre, pour lui demander de publier « de toute urgence » les résultats de cette consultation. En vain.
Une « synthèse » devait initialement être communiquée fin octobre. Elle sera finalement publiée en même temps que l’arrêté, indique-t-on de source gouvernementale. « Cette consultation a montré que nous étions face à un sujet peu consensuel avec des positions très antagonistes, avec d’un côté des inquiétudes chez les riverains quant à leur santé et de l’autre des craintes quant aux impacts sur le monde agricole, résume-t-on au ministère de la transition écologique et solidaire. Nous avons fixé un cadre pour une bonne cohabitation entre les agriculteurs et les riverains qui passe par un dialogue au niveau local. »
> Lire aussi Les pesticides polluent aussi l’air que respirent les Français
Au ministère de l’agriculture, on assure avoir tenu compte des avis émis lors de la consultation publique : « Nous avons décidé de doubler la distance pour les produits les plus dangereux, par principe de précaution maximale. » Une assertion qui fait tousser François Veillerette. « Les pressions de la FNSEA allant bon train, il y avait fort à craindre que les textes réglementaires qui seraient proposés ne seraient pas la hauteur et nous n’avons pas été déçus, commente M. Veillerette. Mais nous n’allons pas en rester là. » Générations futures, qui avait obtenu l’annulation de l’arrêté précédent, envisage désormais un nouveau recours devant le Conseil d’Etat.
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Un fonds pour une meilleure pulvérisation
Le gouvernement indique que les distances minimales entre zones d’épandage et habitations pourront être réduites à cinq mètres voire trois mètres si les agriculteurs utilisent les matériels de pulvérisation les plus performants sur le plan environnemental. Pour les inciter, il annonce la mise en place, au printemps 2020, d’un appel de fonds doté de 25 millions d’euros. Il sera consacré en priorité aux filières viticoles, arboricoles et maraîchères. Au ministère de l’agriculture, on rappelle qu’une buse antidérive peut coûter jusque 40 000 euros. « Plutôt qu’aider aux investissements sur les pulvérisateurs, le gouvernement devrait donner les moyens aux paysans d’assurer une transition agroécologique des systèmes de production, réagit la Confédération paysanne. La meilleure manière de protéger la santé des paysans et de la population en général est de permettre au monde agricole de s’affranchir des pesticides. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/20/pesticides-le-gouvernement-opte-pour-des-distances-tres-reduites-entre-zones-d-epandage-et-habitations_6023642_3244.html>
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10- Huile de palme et biocarburants : des ONG dénoncent l'emploi éventuel d'un sous-produit, AFP, 21/12/19, 00:00
Un sous-produit d'huile de palme au statut controversé pourrait bénéficier du maintien de la niche fiscale sur les biocarburants supprimée par l'Assemblée, ont dénoncé vendredi deux ONG de défense de l'environnement, ce que le gouvernement a démenti.
La Canopée, spécialisée dans la défense de la forêt, et Greenpeace France dénoncent une note des douanes aux fédérations professionnelles, rendue publique par Mediapart et dont l'AFP a obtenu une copie, qui indique que cette niche fiscale serait maintenue pour les biocarburants produits à partir d'un produit résiduel du raffinage d'huile de palme, des acides gras connus sous l'acronyme PFAD.
Dans cette note datée du 19 décembre, le sous-directeur de la fiscalité douanière écrit que "les biocarburants produits à partir de PFAD ne seront pas exclus du mécanisme (de niche fiscale) à compter du 1er janvier 2020 : ces biocarburants ne peuvent en effet pas être considérés comme des produits à base d'huile de palme".
Interrogé auparavant sur une première alerte d'ONG assurant qu'il souhaitait modifier un arrêté sur le classement des PFAD, permettant leur réintégration à la niche fiscale, le ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES) avait démenti jeudi, tout en indiquant que le gouvernement considérait bien que "ces produits ne sont pas de l'huile de palme, mais des résidus produits lors du raffinage".
Il avait précisé qu'une "concertation large et transparente se tiendra début janvier avec les acteurs économiques comme avec les associations environnementales".
Après la publication de la note des douanes, Greenpeace a dénoncé "un canular de mauvais aloi". "Il s’agit bien d'huile de palme, avec les mêmes conséquences désastreuses en termes de déforestation", a martelé l'ONG dans un communiqué.
De son côté Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes à la Canopée, a dénoncé "un dossier politique visant à la défense des intérêts économiques de Total" et "contraire aux engagements de la France dans sa stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée".
Mais le MTES a assuré à l'AFP que si cette note "rappelle que les PFAD ne sont pas assimilables à l'huile de palme" elle "n'a pas de conséquences et ne suffit pas pour que Total s'approvisionne en PFAD en 2020".
Les PFAD "ne sont cependant pas éligibles à l'avantage fiscal renforcé des biocarburants avancés" et leur utilisation nécessiterait bien un arrêté sur leur classement de durabilité "qui ne sera pas pris sans débat", assure le ministère.
L’Assemblée nationale avait exclu en novembre, contre l'avis du gouvernement, l'huile de palme des biocarburants qui bénéficient d'un avantage fiscal. Le recours à l'huile de palme importée est dénoncé par les ONG environnementales car sa culture extensive alimente la déforestation en Asie du sud-est.
Mais le groupe Total en particulier s'oppose à cette exclusion, qui remet selon lui en cause la viabilité de sa bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), ouverte en juillet.
<https://lentreprise.lexpress.fr/actualites/1/actualites/huile-de-palme-et-biocarburants-des-ong-denoncent-l-emploi-eventuel-d-un-sous-produit_2112164.html>
Sur le même sujet :
> Quand l'huile de palme revient par la petite porte, France Inter, 20/12/19, 15h13
Célia Quilleret
Une note de la direction des douanes réintroduit en catimini une exonération fiscale pour un sous-produit de l'huile de palme. Les ONG dénoncent un nouveau passage en force, avec de lourdes conséquences en termes de déforestation.
C'est une note discrètement rédigée par la direction des douanes et datée du 19 décembre qui sème le trouble. Révélé par Mediapart, le document redonne un avantage fiscal à des résidus gras d'huile de palme (les acides gras de palme) qui permettent de fabriquer des biocarburants.
Or, selon la loi, les produits à base d'huile de palme ne doivent plus bénéficier d'exonération fiscale, car cette matière première est responsable d'une partie de la déforestation dans les pays tropicaux. Un amendement a été voté en ce sens à l'Assemblée nationale le mois dernier.
>> Suite à lire à :
<https://www.franceinter.fr/environnement/quand-l-huile-de-palme-revient-par-la-petite-porte>
Sur le même sujet :
> Des ONG dénoncent le maintien de l’exonération fiscale pour un ersatz de l’huile de palme <https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/21/des-ong-denoncent-le-maintien-de-l-exoneration-fiscale-pour-un-ersatz-de-l-huile-de-palme_6023734_3244.html>, Le Monde avec AFP, 21/12/19, 14h32
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11- Mexique : la révolte "écologique" des Indigènes de Cheran, AFP, 21/12/19, 09:00
Jennifer Gonzalez Covarrubias
Il y a encore dix ans, les forêts de Cheran, dans le sud-ouest du Mexique, flambaient. Depuis la révolte de ses indigènes contre les bûcherons de mèche avec les narcotrafiquants, elles renaissent.
Une lutte à mort qui a permis aux troncs sectionnés puis délibérément carbonisés par ces criminels de renaître de leurs cendres.
Mais depuis, les indigènes qui y vivent, se sont barricadés.
"Tout repousse, tout est reboisé. Cela nous a causé beaucoup de travail pour restaurer l'environnement", explique à l'AFP Luz Torres, une Indienne de 43 ans aux joues écarlates.
Depuis qu'elle a déposé les armes, elle se plie avec fierté aux tâches ménagères qu'elle alterne avec le jardinage bio sa collection de plantes médicinales.
Mais le large sourire s'efface lorsqu'elle évoque avec effroi les rondes des bandits armés de kalachnikovs, dans les rues de Cheran.
Jusqu'à ce matin du 15 avril 2011. Ce jour-là, elle s'en souvient, les cloches de l'église se mirent à sonner. C'était le signal de la révolte.
Tous les habitants furent sommés de barrer les accès de la ville aux narcos et à leurs acolytes.
"L'abattage des arbres a été dévastateur. Personne ne disait rien", raconte Luz.
- L'épée Purépecha -
Mais le pire, se souvient cette mère de trois enfants, "c'est lorsqu'ils nous ont dit qu'ils prendraient les femmes et s'installeraient dans nos maisons".
"C'était inconcevable", s'insurge sous couvert d'anonymat une autre membre de la communauté, porteur d'un calibre 9 mm.
C'est en 2008 que commence la destruction méthodique des forêts de Cheran.
A cette époque, les narcos ont intégré le vol de bois dans leur modèle économique.
Au début de la révolte, deux indigènes ont trouvé la mort dans des échanges de tirs avec les tueurs, puis six autres les années suivantes.
Depuis, les choses ont changé. Cheran s'est doté de son propre contingent de gardes forestiers. La plupart sont armés de fusils de calibre 7.62.
"Maintenant, nous sommes tous tranquilles", se félicite la femme au pistolet.
Huit ans après le début du soulèvement, les premiers résultats sont là : les indigènes ont réussi à reboiser plus de la moitié des 12.000 hectares de pins détruits par les gangs.
A Michoacan, des années auparavant, des groupes de narcos avaient provoqué une spirale de violence.
Les Indigènes ont vite compris qu'ils ne pouvaient rester les bras croisés.
Fort du mythe de l'épée Purépecha qui servit à défendre leur territoire, ils se sont organisés.
Car à Cheran, la police, l'armée et les politiciens sont invisibles.
- "Déchets balancés n'importe où" -
Parmi les principes "écologiques" appliqués par la communauté indigène, figure en bonne place l'interdiction de cultiver des avocats, avides d'eau.
Pourtant très rentable, cette activité peut générer des millions de dollars de chiffre d'affaires annuel du fait de la demande forte des Etats-Unis et du Japon, notamment.
Mais ici, qui dit avocat dit trafic de drogue.
"Lorsque les bandits sont arrivés, ils coupaient les arbres puis brûlaient ce qui restait", se souvient Miguel Macias, 62 ans, pépiniériste.
"L'avocat, c'est tout le contraire du pin qui nous donne de l'eau, de l'oxygène", ajoute-t-il. "Nous sommes désormais sur une pinède en forme d'îlot. C'est notre combat", martèle Macias.
La tâche est d'autant plus difficile que Michoacan est l'un des plus gros Etats producteurs d'avocats au Mexique.
"Le plus grave, c'est la modification de la nature des sols", met en garde Jaime Navia, directeur de l'organisation Gira chargée du développement rural.
Samuel Martinez passe sa main sur son front dégoulinant. Il vient de finir une harassante journée à l'usine locale de tri des déchets. Mais dans ce cas précis, "usine" est sans doute un grand mot.
L'équipement est rudimentaire : des protections limitées, un seul grand tamis rouillé et à moitié cassé pour filtrer les ordures et fabriquer du compost, sans oublier des salaires de misère.
Pourtant Martinez se sent honoré du rôle qu'il tient dans sa communauté qui a voté en faveur d'une politique de "zéro déchets" dans les rues.
"Je suis fier parce qu'il y a d'autres communautés où des déchets sont balancés n'importe où", dit-il.
<https://www.geo.fr/environnement/mexique-la-revolte-ecologique-des-indigenes-de-cheran-199166>
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12- Des enfants dans la chaîne de production de Ferrero Rocher, Slate, 21/12/19, 11h31
Repéré sur The Guardian par Léa Polverini
L'entreprise achète 30% de ses noisettes en Turquie, où le travail des enfants est monnaie courante.
Avec sa terre riche en limons, du soleil et suffisamment de pluie, la Turquie est devenue le spot mondial de la culture de noisettes. Ce généreux marché rapporte jusqu'à 1,6 milliard d'euros par an, et Ferrero Rocher est son plus gros client, qui achète un tiers de la production turque.
Le long de la côte de la mer Noire, on compte 600.000 petites fermes, et parmi les petites mains qui s'occupent de la récolte et du transport, on trouve de nombreux·ses enfants. D'après le dernier rapport du gouvernement turc, publié en 2012, environ 900.000 enfants travaillaient dans différentes industries, notamment dans l'agriculture. Cela s'explique en partie par le fait que les entreprises agricoles de moins de 50 employé·es ne sont pas soumises au Code du travail turc.
> À lire aussi Les noisettes de votre Nutella ont été récoltées par des enfants
«En six ans de suivi, nous n'avons jamais trouvé une seule ferme de noisettes en Turquie dans laquelle toutes les normes de base d'un travail décent étaient respectées», avait déclaré au New York Times Richa Mittal, la directrice de l'innovation et de la recherche pour la Fair Labor Association.
Au cours de l'année dernière, le Centre pour les droits de l'enfant en Turquie a recensé la mort de 67 enfants et adolescent·es sur leur lieu de travail.
>> Suite à lire à :
<http://www.slate.fr/story/185660/ferrero-rocher-travail-des-enfants-turquie>
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13- Charcuterie : révélations sur un scandale sanitaire, Le JDD, 21/12/19, 23h15
Anne-Laure Barret
La Ligue contre le cancer part en guerre contre les nitrites dans la charcuterie alors qu'une mission d'enquête va être lancée à l'Assemblée. Ces additifs chimiques sont soupçonnés d'être responsables de milliers de cancers liés à la consommation de charcuterie.
La bataille contre les nitrites dans le jambon et le saucisson continue. Aiguillonné par le député Richard Ramos, qui vient d'arracher la création d'une mission d'enquête parlementaire sur leur dangerosité après avoir proposé une taxe en octobre, le professeur Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer, se donne "trois à quatre ans" pour obtenir leur éradication. En 2015, l'OMS avait levé le voile sur un scandale sanitaire en classant la viande transformée parmi les cancérogènes avérés. Les scientifiques savaient que la consommation de charcuterie augmentait – certes modérément – le risque de souffrir d'un cancer colorectal, voilà que la population le découvrait.…
>> Suite à lire à :
<https://www.lejdd.fr/Societe/Sante/nitrites-le-jambon-tue-3938955>
Sur le même sujet :
> Danger de la charcuterie pour la santé : "Le risque est certain", Le JDD, 22/12/19, 16h00
Anne-Laure Barret
Ancien directeur de recherche à l'Inra, Denis Corpet, grand spécialiste français du lien entre viande et cancer, a été expert pour l'OMS. Favorable à une réduction progressive des nitrites dans la charcuterie, il nous invite à diminuer notre consommation de jambon et de saucisson.
Que montrent vos travaux consacrés au lien entre charcuterie et cancer ?
Quand j'ai commencé à explorer ce domaine, quelques études épidémiologiques suggéraient déjà que le risque d'être atteint par un cancer colorectal était plus important chez les gros mangeurs de charcuterie. Depuis, ça a été démontré de façon certaine. Dans d'autres études de population et aussi par des expériences de laboratoire. Avec mon équipe de l'époque, on a mis en évidence le fait qu'en donnant du jambon avec nitrites à un groupe de rats, et le même jambon sans nitrite à un autre groupe, les premiers développaient un cancer et pas les seconds !…
>> Suite à lire à :
<https://www.lejdd.fr/Societe/Sante/danger-de-la-charcuterie-pour-la-sante-le-risque-est-certain-3939053>
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14- Vingt ans après la tempête de 1999, la forêt face à une nouvelle catastrophe, AFP, 22/12/19, 09:00
Marie Julien
"Ce n'est pas la même qu'avant, mais c'est de nouveau une forêt". Une forêt de petits arbres. Vingt ans après les dévastatrices tempêtes de 1999, ils ont reconquis les zones détruites, mais doivent désormais affronter la catastrophe silencieuse du réchauffement climatique.
Dans la forêt communale de Weitbruch (Bas-Rhin), la souche d'un pin sylvestre fauché par les vents, le 26 décembre 1999, jouxte encore l'un de ses rares acolytes à être restés pointés vers le ciel déchiré par la tempête Lothar.
Les deux tiers des 600 hectares de cette forêt de plaine ont été ravagés par la "tempête du siècle".
"En deux heures de temps... C'était dramatique", se souvient Pierre Geldreich, aujourd'hui directeur de l'agence travaux Rhin Vosges de l'Office national des forêts (ONF) qui évoque même la "tempête du millénaire", un "traumatisme terrible" pour les forestiers de l'époque.
La Lorraine toute proche fut la plus touchée. Les deux jours suivants, l'Aquitaine, surtout, prenait de plein fouet la tempête Martin. En tout, 140 millions de m3 de bois ont été détruits en France, selon l'ONF, l'équivalent de plus de trois années de récolte. Au moins 25 années de récolte pour la forêt de Weitbruch.
- Horreur du vide -
Plutôt que de débroussailler au plus vite et de replanter immédiatement, l'office gestionnaire des forêts publiques avait fait le choix inédit de privilégier la "régénération naturelle".
Avec un mot d'ordre : "attendre et observer cinq à dix ans", explique Pierre Geldreich, puis "accompagner" le développement d'une forêt moins dense et plus variée en espèces. "Il y a une dynamique naturelle, la nature a horreur du vide."
Dans la forêt de Weitbruch, un hêtre centenaire fracturé en son milieu en 1999 est toujours là, devenu un refuge pour de petits animaux de toutes sortes.
Les trouées désolantes des lendemains de la tempête sont difficilement décelables : les bouleaux -- une espèce qualifiée de "pionnière" - ont pris possession des lieux. Sous leur protection, grandissent de premiers hêtres tout jeunes. "Dans un siècle, vous aurez une hêtraie comme avant et elle s'est installée toute seule", constate avec satisfaction Pierre Geldreich.
"Cela a beaucoup changé notre forêt", remarque Jean-Claude Krebs, adjoint au maire de Weitbruch. "Les stigmates sont encore là, car à l'échelle de la forêt, vingt ans ce n'est rien".
Délégué général de la Fédération nationale du bois, Nicolas Douzain-Didier compare l'impact d'une tempête majeure à celui d'une guerre provoquant "une rupture dans la pyramide des âges".
En Alsace, la faune, en revanche, a résisté. Pressentant l'arrivée de la tempête, les animaux s'étaient mis à l'abri et, une fois les vents retombés, le fouillis d'arbres enchevêtrés et le gain de lumière a plutôt constitué un terrain de jeu propice aux chevreuils et autres gibiers.
"C'était une catastrophe psychologique, économique mais pas écologique", résume Pierre Geldreich.
- Sécheresse et scolytes-
Pour les finances de Weitbruch, la catastrophe est cependant toujours bien présente. Avant 1999, la commune de presque 3.000 habitants exploitait 2.500 m3 en moyenne par an. La tempête a fait 92.000 m3 de dégâts, dont la moitié de bois potentiellement commercialisable, mais sur un marché saturé où les prix se sont effondrés. Vingt ans plus tard, la commune n'exploite plus qu'environ 400 m3 par an.
"Nous équilibrons difficilement les comptes depuis la tempête", d'autant qu'"on se retrouve avec d'autres soucis : le réchauffement climatique, les scolytes...", explique Jean-Claude Krebs.
Les deux dernières années de sécheresse ont fragilisé la forêt. Les scolytes, un insecte tueur d'arbres, pullulent.
"C'est moins visible car cela ne vient pas du jour au lendemain comme une tempête, mais c'est exactement le même phénomène et peut-être avec les mêmes quantités" de bois détruits, estime Pierre Grandadam maire de Plaine (Bas-Rhin) et vice-président de la Fédération nationale des communes forestières (FNCOFOR).
"Il y a vingt ans, on ne pensait pas au réchauffement climatique" mais aujourd'hui, "on a encore plus d'incertitudes sur le devenir de la forêt."
<https://www.liberation.fr/depeches/2019/12/22/vingt-ans-apres-la-tempete-de-1999-la-foret-face-a-une-nouvelle-catastrophe_1770626>
Sur le même sujet :
> Entretien. La tempête de 1999, "une rupture dans la pyramide des âges" de la forêt, AFP, 22/12/19, 09:00
Propos recueillis par Nicolas Gubert
Vingt ans après la tempête de 1999, qui avait mis à terre tout un pan de la forêt française et notamment un million d'hectares dans l'Est, les industriels du bois craignent des manques importants de matière première dans les années à venir.
Des essences vedettes comme l'épicéa et le pin maritime seraient particulièrement concernées et pour éviter que ne se reproduise ce type de problème, Nicolas Douzain-Didier, délégué général de la Fédération nationale du bois (FNB), appelle le gouvernement à faire davantage d'efforts dans le renouvellement des forêts.
Question : La tempête de 1999 a-t-elle encore aujourd'hui des conséquences sur la bonne santé des forêts françaises ?
Réponse : "Il y a une classe d'âge qui a disparu de la pyramide des âges des arbres. La régénération des surfaces atteintes n'est pas complète. Pour deux raisons : la première, c'est les dégâts de gibier et la deuxième, il n'y a pas eu assez de plantations et il y a des régénérations naturelles qui ont mal fonctionné et qui ne donnent pas grand-chose à la sortie".
Q : Quelles sont les principales essences touchées ?
R : "Dans le Grand Est, on parle plutôt du résineux, mais pas que, il y a aussi le chêne. Tout ça fait qu'on a perdu du potentiel de production, de l'ordre de 20%. Pour l'épicéa, on va avoir un trou dans le disponible pour les scieries à l'horizon 2030/2035 (...) Nombre d'arbres qui devaient arriver à maturité, entre 60 et 80 ans, en 2030/2035 ne seront pas là pour être exploités, c'est principalement là qu'il y a un trou qui est à attendre. Le pin maritime, dans les Landes, connaîtra le même type de problème dans les cinq ans qui viennent".
Q : Faut-il s'attendre à des faillites dans l'industrie du bois ?
R : "Je n'en sais rien, mais quand vous êtes industriel, vous raisonnez à moyen et long terme, donc, forcément, ça a des incidences sur l'investissement dans la filière. C'est pour ça qu'on est aussi soucieux que le gouvernement prenne acte de la crise actuelle des scolytes (des coléoptères qui profitent de la sécheresse pour creuser des galeries sous l'écorce des arbres, empêchant la sève de circuler, NDLR) dans l'Est. Non pas pour faire du misérabilisme, mais pour être responsable et reconstituer à l'identique la ressource, au minimum. On ne va pas laisser des paysages de désolation, sans reconstitution, parce qu'on n'aura pas été capable, collectivement, de trouver l'argent pour planter ces surfaces !"
<https://information.tv5monde.com/info/la-tempete-de-1999-une-rupture-dans-la-pyramide-des-ages-de-la-foret-338283>
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15- Le Kenya approuve pour la première fois une culture OGM, Le Monde, 22/12/19, 15h32
Marion Douet
Le pays, qui interdisait jusqu’ici les OGM, a décidé d’autoriser le coton transgénique. Il rejoint ainsi la poignée d’Etats africains commercialisant ces cultures.
L’annonce a été faite jeudi 19 décembre au milieu d’un communiqué laconique qui traitait, entre autres affaires urgentes, de l’attribution de nouveaux noms à certains jours fériés : le Kenya a décidé d’autoriser la commercialisation du coton génétiquement modifié. « La culture commerciale du coton BT [une variété OGM créée par la firme américaine Monsanto] doit permettre aux fermiers d’obtenir de meilleurs revenus grâce à une augmentation de la production », explique sobrement la présidence. A la veille de vacances de Noël qui voient traditionnellement Nairobi, la capitale, se vider de sa population, la décision est presque passée inaperçue.
Il s’agit pourtant d’un tournant politique et écologique majeur. Les organismes génétiquement modifiés (OGM) étaient interdits au Kenya depuis 2012. Le pays, qui semblait plutôt ouvert aux cultures transgéniques (il s’était notamment doté d’une loi de biosécurité en 2009), avait pris peur à la suite de l’étude du biologiste français Gilles-Eric Séralini établissant des risques accrus de mortalité chez des rats nourris au maïs OGM. Nairobi avait interdit toute importation de produit transgénique, qu’il s’agisse de denrées ou de semences destinées à la production. Seule la recherche, très encadrée, avait pu continuer.
> Lire notre enquête : L’affaire Séralini ou l’histoire secrète d’un torpillage
Depuis, une bataille tenace opposait partisans et détracteurs des OGM, au sein du gouvernement comme de la société civile. En mars, la Fondation africaine pour l’agriculture technologique (AATF), une organisation pro-OGM installée à Nairobi, pressait dans une tribune l’exécutif de lever son interdiction. En mai, l’Agence nationale de biosécurité, l’autorité publique compétente, allait dans le même sens, arguant que l’étude Séralini avait a posteriori été « largement discréditée » par l’Union européenne (en l’occurrence par l’Autorité européenne de sécurité des aliments).
En octobre, conscient de « tractations en coulisse », Greenpeace appelait au contraire le gouvernement à maintenir l’interdiction afin d’empêcher « une prise de contrôle du système alimentaire par les entreprises ». Selon nos informations, le ministère de la santé s’opposait à celui de l’agriculture.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/22/le-kenya-approuve-pour-la-premiere-fois-une-culture-ogm_6023792_3244.html>
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16- Dans les vignobles grecs, retour aux cépages locaux pour résister au réchauffement climatique, AFP, 23/12/19, 11:00
Vassilis Kyriakoulis & Alexandros Kottis
Malagousia, Xinomavro ou encore Limnio : avec la montée des températures, les viticulteurs du nord de la Grèce remettent au goût du jour des cépages ancestraux qu'ils considèrent comme le meilleur "remède au réchauffement climatique".
À vingt-cinq kilomètres au sud de Thessalonique, sur les rives de la mer Égée, les parcelles de vignes forment un patchwork de couleurs automnales. Le domaine de Vangelis Gerovassiliou s'étend sur plus de 7 hectares. Depuis 45 ans, cet oenologue et producteur de vins travaille le Malagousia, un cépage grec longtemps oublié.
Certes, "sa maturité s’est accélérée de deux à trois semaines", observe le viticulteur. "On avait l'habitude de vendanger début septembre, désormais la récolte se déroule aux alentours du 10 ou 15 août".
Mais les cépages grecs, comme le Xinomavro ou le Limnio, qui existe depuis 3.000 ans, "résistent très bien", se félicite M. Gerovassiliou. "Ils ne subissent pas le réchauffement climatique, ils s’adaptent", explique-t-il.
Le raisin mûrit plus lentement qu'avec les cépages "étrangers" comme le Merlot, dont la maturité anticipée provoque une "augmentation du taux d’alcool" non souhaitable, selon M. Gerovassiliou.
- "Terres propices" -
Pour lui, le changement climatique est "l'occasion pour les vignerons grecs de revenir aux cépages originels et de choisir soigneusement l’emplacement des vignes sur des terres propices".
C’est aussi la voie privilégiée par Angelos Iatridis. Lorsque cet oenologue a décidé d'investir dans un vignoble au milieu des années 90, il a d'abord jeté son dévolu sur un terroir à quelques km de la frontière avec la Macédoine du Nord pour "protéger l'exploitation des phénomènes météorologiques extrêmes".
A une altitude comprise entre 620 et 710 mètres, ses vignes sont entourées par trois montagnes et deux rivières. "Un écosystème fermé" d’environ 20 hectares, qui abrite quatre stations météo permettant un suivi quotidien du climat.
Or le viticulteur a remarqué "une diminution des averses, ces dernières années, mais une augmentation de leur intensité". "L'ensoleillement s’est également accentué, mais c’est quelque chose de positif pour nous", note M. Iatridis, qui a fait du Xinomavro le cépage principal de son exploitation.
Les conséquences du réchauffement climatique sont différentes selon les régions de Grèce et les cépages, confirme Stefanos Koundouras, chercheur au Laboratoire de viticulture à la Faculté d’Agriculture de l’Université Aristote de Thessalonique.
Dans les zones côtières par exemple ou sur les îles, comme à Santorin, les hausses des températures ont des "effets négatifs" qui rendent "difficile la maîtrise du taux d'alcool", explique cet expert.
"Selon leurs caractéristiques, leurs cycles et le temps de maturité des raisins, les cépages ne réagissent pas de la même manière aux hausses des températures", insiste M. Koundouras, estimant que "les vignerons ont une connaissance encore assez limitée de la question".
- "Pas de plan d'action" -
Les producteurs du nord de la Grèce sont les premiers à avoir adapté leur travail à la nouvelle donne climatique. Mais cette prise de conscience et la mise en place de mesures concrètes restent isolées à l’échelle du pays.
"Nous n'avons pas encore de plan d'action", admet Yannis Voyatzis, président de l'Organisation nationale interprofessionnelle du vin en Grèce.
"On commence à s'interroger, mais la variété des régions et des cépages représente une réelle difficulté dans la mise en place d’une politique nationale", dit-il à l'AFP, évoquant également la prolifération des domaines qui transforme le paysage viti-vinicole grec.
Pour l’heure, "il va falloir trouver des solutions", prévient encore Stefanos Kounderas, qui a publié en 2017 une étude sur les conséquences du réchauffement climatique sur la production du vin en Grèce.
Mieux irriguer, maîtriser la végétation au sol et l'effeuillage, choisir des porte-greffes adaptés ou réfrigérer les raisins vendangés figurent parmi d'autres pistes suggérées.
Mais "rien ne peut être complètement concluant", avertit M. Koundouras, estimant que le changement des cépages semble encore être la meilleure solution.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/dans-les-vignobles-grecs-retour-aux-cepages-locaux-pour-resister-au-rechauffement-climatique_140096>
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17- YouTube : Des vidéastes récoltent 20 millions de dollars pour planter des arbres, 20 Minutes avec agence, 23/12/19 à 17h10
Pari réussi : 20 millions d'arbres vont pouvoir être plantés
Deux mois après le début d’une grande campagne d’appel aux dons sur YouTube, l’objectif a été atteint puisque 20 millions de dollars ont été recueillis pour planter 20 millions d’arbres, ce vendredi. Baptisé #Teamtrees, le projet a été entrepris par Jimmy Donaldson, plus connu sur YouTube sous le nom de MrBeast, rapporte The Verge. Les fonds récoltés vont permettre à l’ONG Arbor Day Foundation de mettre en terre un arbre pour chaque dollar donné.
Le succès a été annoncé sur le compte Instagram du programme. Il est dû à la participation de plus de 500.000 donateurs. Elon Musk, le patron de SpaceX et Tobi Lütke, le PDG de Shopify, ont chacun donné 1 million de dollars. Les PDG de Twitter et de YouTube ont de leur côté soutenu la cause en offrant plusieurs centaines de milliers de dollars.
>> Suite à lire à :
<https://www.20minutes.fr/planete/2681391-20191223-youtube-videastes-recoltent-20-millions-dollars-planter-arbres>
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18- Face à la déforestation, un botaniste sauve la "mémoire verte" de la Colombie, AFP, 26/12/19, 18:00
David Salazar
Dans le deuxième pays le plus riche au monde en biodiversité, la Colombie, un homme arpente des forêts aussi grandioses que dangereuses, armé seulement d'un carnet de notes et d'un sécateur pour préserver plantes et arbres menacés par les tronçonneuses.
"Oui, la lutte est inégale", admet Julio Betancur, qui a voué sa vie à dresser l'inventaire d'espèces depuis disparues ou menacées de l'être.
A 59 ans, ce biologiste, professeur d'université et collectionneur de bromelias, aux fleurs en plumet rouge, jaune ou en forme de petit ananas, aime à se présenter comme un "bibliothécaire des plantes".
A lui seul, il a collecté près de 4% des 600.000 échantillons du principal herbier de Colombie et quatrième d'Amérique du Sud, selon l'Index Herbariorum du Jardin botanique de New York.
Il l'a fait à pied, se frayant un chemin à travers jungles et forêts, où au-delà des piqûres et morsures d'animaux, il s'est parfois retrouvé face aux groupes armés d'un conflit interne de plus d'un demi-siècle.
Dans son inlassable quête pour conserver la "mémoire verte" de son pays, Julio Betancur s'est aussi heurté aux narco-trafiquants.
- Or, coca et destruction -
Lors de ses entretiens avec l'AFP, il se souvient d'une rencontre fortuite et "un peu violente" avec des hommes transportant de la drogue par la route qu'il avait empruntée avec des collègues, dans le sud de la Colombie.
"Sans nous en rendre compte, nous nous sommes retrouvés dans l'oeil du cyclone", précise ce botaniste qui a eu la vie sauve grâce à ses explications sur son métier.
Une autre fois, ce sont des paysans qui l'ont aidé à se sortir d'un mauvais pas, dans un champ de mines anti-personnel. "S'ils n'avaient été là, nous ne serions pas ici à raconter cette histoire."
Julio Betancur est conscient de prendre des risques, mais il tient à ce que son pays "connaisse" son patrimoine végétal, parfois disparu.
La déforestation due à l'expansion des terres agricoles, les exploitations minières clandestines et les plantations de coca, matière première de la cocaïne, mettent en danger les richesses naturelles du pays le plus riche en biodiversité au monde après le Brésil, selon l'ONU.
Près de 5% des 169.000 hectares de narco-cultures sont dans des zones protégées. L'extraction illégale de l'or, par des techniques agressives pour l'environnement, affecte 98.000 hectares, une superficie plus grande que Berlin.
Plus d'un million d'hectares ont été déboisés depuis 2010, selon des chiffres officiels.
- Répertoire de verdure -
Le chapeau d'explorateur du botaniste s'estompe dans la brume du paramo de Chinganza, lande humide des Andes à 40 km de Bogota.
Soudain, il y repère de minuscules fleurs jaunes : du millepertuis, l'une des 12 espèces d'hypéricacées du paramo. Lâchant sa canne, il coupe un pied au sécateur, l'emballe dans du papier journal imbibé d'alcool et la dépose dans son sac à dos.
A l'Herbier national de Colombie, il en notera la couleur, la taille, l'odeur, les coordonnées géographiques du lieu de prélèvement et un numéro de référence qui donne une idée de sa colossale mission.
Les initiales JB sont inscrites sur 22.999 spécimens. "Quand je dépose un échantillon botanique, c'est comme si j'écrivais une page du livre de nos forêts", dit-il ému.
Ainsi lorsque toute verdure aura quitté un lieu, il sera possible de savoir "quelles espèces y poussaient à une époque déterminée et grâce à cela, reconstituer l'histoire naturelle de ce territoire", explique Julio Betancur, revenu de ses premières expéditions en Amazonie avec des plantes aujourd'hui disparues.
- L'Alexandrie des forêts -
L'Institut de recherche sur les ressources biologiques Alexander von Humboldt estime qu'au moins 2.100 espèces de plantes sont en voie d'extinction à cause de la déforestation en Colombie, alors que 26% des 30.000 qui y sont répertoriées sont endémiques.
Dans des locaux délabrés de l'Université nationale de Colombie, les échantillons de Julio Betancur voisinent avec ceux d'autres explorateurs locaux et étrangers. Cet herbier est l'"Alexandrie" des plantes, estime-t-il en référence à la célèbre bibliothèque de l'Egypte antique.
Rentré chez lui, dans un appartement du centre de Bogota où il vit seul, il s'occupe de ses bromelias, plantes qui en période de sécheresse servent de réservoirs d'eau aux animaux.
L'une d'elles pourrait lui valoir une reconnaissance supplémentaire : lors d'une expédition, il en a repéré une "bizarre" qui fleurissait en haut d'un arbre. C'était une "espèce nouvelle" jamais répertoriée.
"Je ne sais pas encore quel nom lui donner", lâche le plus grand "étiqueteur" de plantes de Colombie.
<https://www.youtube.com/watch?v=N8odBdNTPCE>
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19- Fin de la pêche au chalut pélagique au large de Ré pour protéger bars et dauphins, AFP, 26/12/19, 18:00
La pêche au chalut pélagique, accusée d'être responsable de la mort de nombreux dauphins, n'est plus autorisée sur le plateau de Rochebonne, zone naturelle sensible d'environ 100 km2 située à l'ouest de l'île de Ré (Charente-Maritime), a annoncé jeudi la préfecture de la région Nouvelle-Aquitaine.
La préfecture explique dans un communiqué que "deux évolutions significatives" ont motivé sa décision de ne plus accorder d'autorisations de pêche : "les fortes mortalités de cétacés constatées l'hiver dernier" et "la protection de certaines espèces aujourd'hui considérées comme menacées (...), en particulier le bar, dans une zone de reproduction de l'espèce".
Depuis 1978, une autorisation de pêche au chalut pélagique (grand filet qui ne touche pas le fond marin) était délivrée tous les deux ans pour 60 jours, en début d'année. La prochaine campagne devait débuter le 1er janvier dans cet espace naturel sensible classé "Natura 2000", situé au-delà des eaux territoriales dans le Golfe de Gascogne.
Selon le communiqué préfectoral, cette décision "a reçu le soutien des organisations régionales de pêche de Nouvelle-Aquitaine, des Pays-de-la-Loire et de Bretagne".
Mi-février, l'observatoire Pelagis avait indiqué que plus de 400 dauphins s'étaient échoués depuis le début de 2019 sur la côte atlantique. La plupart présentaient des traces de capture accidentelle par la pêche.
Le gouvernement avait alors promis de renforcer les mesures pour limiter les captures accidentelles par des pêcheurs.
Dans son communiqué, la préfète de région Fabienne Buccio assure qu'elle a décidé d'appliquer le principe de précaution même "s’il n'a pas été possible d'établir un lien direct (entre l'échouage des dauphins morts et) la pratique du chalut pélagique".
Sa décision intervient après une consultation publique lancée cet automne par la direction interrégionale de la mer, parallèlement à une concertation des organismes scientifiques et organisations professionnelles. Elle "a suscité plus de 4.300 contributions, essentiellement favorables à l’interdiction de la pêche" sur le plateau de Rochebonne, selon le communiqué.
Mme Buccio propose par ailleurs de lancer une réflexion sur la constitution d’une zone de protection forte sur ce plateau, "sous la forme par exemple d'une réserve naturelle".
Dans un communiqué, le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume "salue cette décision proposée par les structures de la pêche professionnelle et qui témoigne de l’engagement résolu de la pêche professionnelle dans la gestion durable".
<https://www.geo.fr/environnement/fin-de-la-peche-au-chalut-pelagique-au-large-de-re-pour-proteger-bars-et-dauphins-199237>
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20- Pesticides : la solitude des agriculteurs malades de Parkinson, AFP, 28/12/19, 08h00
Voilà plus de 20 ans que Jacques et Albert souffrent de la maladie de Parkinson. Mais ce n'est qu'en 2019 que les deux agriculteurs ont été reconnus en maladie professionnelle, en raison de leur exposition aux pesticides. Une reconnaissance bienvenue, qui double leur retraite.
"Je vais pouvoir faire un cadeau à mes petits-enfants. Avant, il n'en était pas question", sourit Albert Chotard, 73 ans, barbe et cheveux blancs, quand on lui demande ce qu'il compte faire de sa nouvelle rente de 750 euros par mois.
L'agriculteur breton, qui vit seul dans une petite maison de Guer (Morbihan), se souvient d'avoir ressenti le premier symptôme de la maladie en 1997, à 51 ans, "en faisant du cheval". "J'arrivais pas à mettre le pied à l'étrier", dit-il.
A l'époque, la maladie de Parkinson n'est pas encore reconnue comme maladie professionnelle chez les agriculteurs. Cela n'interviendra qu'avec le décret du 4 mai 2012 pour les agriculteurs ayant réalisé au moins pendant 10 ans des travaux "exposant habituellement aux pesticides".
Des pesticides, Albert en a épandu beaucoup, notamment du lindane, un insecticide interdit en France en 1998, se rappelle-t-il. Après certains épandages, "j'avais les mains toutes jaunes, c'était impossible d'enlever ça. Je ne savais pas quel produit c'était", raconte-t-il.
Mais, quand la maladie le frappe, ce passionné de tracteurs anciens, ancien membre de la FNSEA, qui touche 800 euros de retraite par mois, ne fait pas les démarches nécessaires pour être reconnu en maladie professionnelle. "J'y croyais pas", dit l'agriculteur, qui parle et marche avec beaucoup de difficultés.
"Avec Parkinson, tu es figé, tu ne peux pas bouger, tu ne peux rien faire. Ça atteint tous les domaines, tout le corps, pas seulement la parole", explique son ami Jacques Larcher, 66 ans, lui aussi diagnostiqué en 1998, à 45 ans. "Dès que tu fais quelque chose, c'est une corvée. Le moindre truc, il faut se battre pour le faire", ajoute cet agriculteur retraité, qui vit chez sa mère à La Chapelle-Bouëxic (Ille-et-Vilaine) et a traduit "Le Petit Prince" en langue gallo.
- "Coupables de la maladie" -
La maladie, "je savais bien que ça venait des produits chimiques", assure Jacques Larcher. L'ancien éleveur se souvient notamment d'une "crise d'asthme carabinée après avoir utilisé des fongicides dans une serre".
A la télé, il a bien entendu parler d'agriculteurs ayant obtenu la reconnaissance en maladie professionnelle. Mais "tout seul, on n'est rien face à la MSA (mutualité sociale agricole, ndlr). Je ne voyais pas par quel bout prendre ça tout seul. Je ne m'en sentais pas capable", explique-t-il.
C'est finalement Michel Besnard, du collectif de soutien aux victimes des pesticides de l'Ouest, rencontré fin 2018 par l'intermédiaire d'un ami, qui s'est occupé de toutes les formalités pour Jacques et Albert. "Beaucoup de paysans se sentent un peu coupables de la maladie", explique ce fils de paysan, qui juge "infime" le nombre d'agriculteurs faisant la démarche.
Entre 2012 et 2017, la MSA n'a indemnisé que 196 agriculteurs frappés par la maladie de Parkinson, alors que les cas de Parkinson chez les agriculteurs se comptent par milliers, au vu des chiffres officiels. L'incidence de la maladie est en effet 13% plus élevée chez les exploitants agricoles que dans le reste de la population française, selon Santé Publique France.
"La MSA sait tout mais ils ne font rien. Ils n'informent pas les gens alors qu'ils connaissent tout de leur vie. Et pour les paysans qui font la démarche, la MSA ne fait rien pour les accompagner, soit par inertie, soit par mauvaise volonté", critique Michel Besnard.
Ce que conteste la Mutualité agricole. "Les accompagnements existent dans les faits pour les assurés qui le souhaitent", assure Catherine Hinry, sous-directrice de la MSA Portes de Bretagne (Ille-et-Vilaine et Morbihan), qui dit regretter que les deux agriculteurs "aient eu le sentiment d’être insuffisamment accompagnés".
A l'avenir, la dirigeante promet d'améliorer l'accompagnement "en mettant en place un parcours de reconnaissance (...) qui facilitera les échanges d'information".
<https://www.lepoint.fr/societe/pesticides-la-solitude-des-agriculteurs-malades-de-parkinson-28-12-2019-2355008_23.php>
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En images
21- Brésil : le géant des pesticides, France 2, journal de 20h, 20/12/19
Au Brésil, les pesticides font l'objet d'une utilisation inflationniste depuis des années et 250 nouveaux produits ont été homologués depuis l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro.
Au Brésil, de nombreuses associations se battent pour limiter l'utilisation des pesticides. En Amazonie, des champs de soja s'étendent à perte de vue. En pleine période de plantation, des tracteurs et des avions répandent des pesticides sur plusieurs milliers d'hectares. "Ça nettoie bien les champs, sans ça, ça ne rend rien", explique un employé agricole, persuadé que le produit disparaît après avoir tué les maladies en une semaine. Une proche du président Jair Bolsonaro se félicite de la récente autorisation de plus de 380 pesticides sur le marché.
Des herbicides interdits en Europe
Les trois quarts des herbicides utilisés sont interdits en Europe, pourtant, l'essentiel du soja produit ici est destiné au Vieux Continent. Plus de deux millions de tonnes sont importées vers la France. Elles serviront essentiellement à l'alimentation animale. Pour l'instant au point mort, si l'accord Mercosur destiné à faciliter les échanges commerciaux avec l'Europe venait à être signé, les exportations de soja en provenance du Brésil pourraient doubler dans les dix prochaines années.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/bresil-le-geant-des-pesticides_3753377.html>
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22- Plan B : et si on laissait nos forêts tranquilles ?, Le Monde avec AFP, 23/12/19, 10h33
Simon Lesage
Les forêts françaises ne sont pas si naturelles que cela. Pour renforcer leur intérêt écologique, il faut parfois les laisser se débrouiller toutes seules, pour s’éloigner d’une logique d’exploitation pure.
Beaucoup de nos forêts ne sont pas vraiment naturelles. Car en réalité, une forêt dite « naturelle » est une forêt qui remplirait ses missions écologiques de base, où l’homme interviendrait peu, voire pas du tout.
Dans la forêt de Chizé, à Busserolles en Dordogne, se trouve la réserve biologique intégrale (RBI) de la sylve d’Argenson. Depuis plusieurs décennies, les forestiers de l’Office national des forêts (ONF) ont cessé d’y intervenir. Ils s’y rendent uniquement pour l’étudier. Sur place, les arbres morts naturellement (et non par coupe) enrichissent l’écosystème de cette forêt.
Mais laisser faire les forêts n’est pas suffisant. Près de Nantes, deux passionnés font pousser des microforêts, selon la méthode Miyawaki. Cette méthode japonaise de botanique permet de créer des forêts dans des zones urbaines au sol appauvri.
> Vidéo à voir à :
<https://www.lemonde.fr/videos/article/2019/12/23/plan-b-et-si-on-laissait-nos-forets-tranquilles_6023858_1669088.html>
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23- Plan B : Comment moins gaspiller ce qu’on mange, Le Monde, 23/12/19, 16h15
Syrielle Mejias
Alors que chaque année 10 millions de tonnes d’aliments sont jetées en France, il existe des solutions simples pour lutter contre le gaspillage alimentaire.
Dix millions de tonnes. C’est la quantité d’aliments comestibles qui terminent chaque année à la poubelle en France. Du gâchis mais aussi beaucoup d’énergie dépensée inutilement pour produire ces denrées. Les consommateurs sont responsables d’un tiers de ce gaspillage. Mais des aliments consommables sont aussi susceptibles d’être jetés dès leur production. Pourtant, des solutions simples existent pour réduire ce gaspillage.
> Vidéo à voir à :
<https://www.lemonde.fr/videos/video/2019/12/23/plan-b-comment-moins-gaspiller-ce-qu-on-mange_6023889_1669088.html>
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24- Agriculture : quand les sols renaissent, France 2, journal de 13h, 27/12/19
Dans un petit village du centre de la France, dans le Cher, les propriétaires du domaine de Châteaufer ont fait le choix de se métamorphoser en ferme agroécologique. À l'origine de ce projet, un couple qui a décidé de racheter les terres et le château du XVIIe siècle qu'elles englobent.
Tout est bio. Les légumes viennent presque sans effort dans la main du maraîcher. Florent Lelu n'utilise aucun produit phytosanitaire. Il plante ses poireaux en rangs serrés pour limiter les mauvaises herbes. Avant d'être maraîcher, il a fait des études scientifiques. Il est spécialiste des sols et compte sur ses alliés naturels, les vers de terre. "Ils vont aérer le sol, ils vont intégrer la matière organique dans le sol et ils vont donc améliorer la fertilité des sols. C'est sur ces trois actions-là qu'on va essayer de travailler pour que les vers de terre soient au mieux sur nos sols, et les fertilisent", explique Florent Lelu.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/agriculture-quand-les-sols-renaissent_3761529.html>
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25- Cet apiculteur explique en deux minutes comment les abeilles peuvent sauver l’humanité, L’Obs, 29/12/19, 08h00
« Leur niveau d’altruisme est presque inconcevable, pour nous, êtres humains »
Depuis les Etats-Unis, où le taux de mortalité des abeilles a atteint 42% l’an dernier, Michael Joshin Thiele, apiculteur hors norme et fin connaisseur des abeilles sauvages, livre un bouleversant témoignage sur ce que le fascinant fonctionnement des ruches naturelles peut, selon lui, apporter à l’humanité.
« Les abeilles ne se préoccupent pas de leur petite personne. Tout ce pour quoi nous nous préoccupons, à titre personnel, elles s’en préoccupent pour le monde entier ».
> Un témoignage à retrouver dans notre reportage vidéo ci-dessous :
<https://www.nouvelobs.com/planete/20191229.OBS22861/cet-apiculteur-explique-en-deux-minutes-comment-les-abeilles-peuvent-sauver-l-humanite.html>
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– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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