[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur eau, santé, consommation, tourisme, loisirs, pollutions et déchets (mercredi 3 juin)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Mer 3 Juin 07:57:47 CEST 2020
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1- À Cherbourg, la poignée de porte se réinvente pour lutter contre le Covid-19 <https://www.paris-normandie.fr/actualites/economie/innovation/a-cherbourg-la-poignee-de-porte-se-reinvente-pour-lutter-contre-le-covid-19-JF16750867>, Paris-Normandie, 06/05/20, 19:38
2- Covid-19 : une entreprise de l’Isère invente une toile tueuse de virus <https://www.leparisien.fr/economie/business/covid-19-une-entreprise-de-l-isere-invente-une-toile-tueuse-de-virus-14-05-2020-8316684.php>, Le Parisien, 14/05/20, 08h15
3- Plastique : Carrefour et Grand Frais plient face aux réseaux sociaux <https://mrmondialisation.org/plastique-carrefour-et-grand-frais-plient-face-au-bad-buzz-sur-les-reseaux-sociaux/>, Mr Mondialisation, communiqué du 15/05/20
4- Entretien avec Xavier Coumoul. Téflon : les molécules toxiques « s’incrustent partout, jusqu’aux tréfonds de l’Arctique » <https://reporterre.net/Teflon-les-molecules-toxiques-s-incrustent-partout-jusqu-aux-trefonds-de-l-Arctique>, Reporterre, 19/05/20
5- Charte Air-Énergie-Santé – Engagements <https://drive.google.com/file/d/1V_CDelCPVIzlk07059pARcktXWsw36TW/view>, Communes de Sucy-en-Brie, Ormesson-sur-Marne et Noiseau, 19/05/20
6- Chronique. La lingette désinfectante, un objet polluant qui accompagne le déconfinement <https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/05/20/la-lingette-nouvel-accessoire-de-travail-deja-polluant_6040187_1698637.html>, Le Monde, 20/05/20, 08h18
7- Chine : La pollution enregistrée est plus élevée qu’avant le confinemen <https://www.20minutes.fr/monde/2783171-20200520-chine-pollution-enregistree-plus-elevee-avant-confinement>t, 20 Minutes avec agence, 20/05/20, 17h25
8- L'emballage flexible à effet barrière devient compostable <https://www.actu-environnement.com/ae/news/emballage-flexible-effet-barriere-compostable-35510.php4>, Actu-Environnement, 20/05/20
9- Enquête. Coronavirus : ce que les grandes épidémies disent de notre manière d’habiter le monde <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/21/ce-que-les-grandes-epidemies-disent-de-notre-maniere-d-habiter-le-monde_6040359_3232.html>, Le Monde, maj le 22/08/20 à 05h36
10- Le bisphénol A produit des conséquences délétères même à très faibles doses <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/22/le-bisphenol-a-produit-des-consequences-deleteres-meme-a-tres-faibles-doses_6040388_3244.html>, Le Monde, 22/05/20, 05h41
11- Chronique. Dominique Méda : « Les plus forts taux de surmortalité concernent les “travailleurs essentiels” » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/23/dominique-meda-les-plus-forts-taux-de-surmortalite-concernent-les-travailleurs-essentiels_6040511_3232.html>, Le Monde, 23/05/20, 06h30
12- Covid-19 : une étude internationale suggère un risque accru de mortalité sous hydroxychloroquine <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/22/covid-19-une-etude-internationale-suggere-un-risque-accru-de-mortalite-sous-hydroxychloroquine_6040493_3244.html>, Le Monde, maj le 23/05/20 à 08h28
13- Factuel. Deux milliards de masques chinois livrés par un pont aérien inédit <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/25/deux-milliards-de-masques-chinois-livres-par-un-pont-aerien-inedit_6040636_3244.html>, Le Monde, 25/05/20, 05h59
14- Filières de recyclage : le gouvernement accusé de règlement de comptes <https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/filieres-de-recyclage-le-gouvernement-accuse-de-reglement-de-comptes-1205339>, Les Echos, 25/05/20, 07h30
15- Emballage plastique : pas de hausse de production en 2020, selon les industriels <https://www.geo.fr/environnement/emballage-plastique-pas-de-hausse-de-production-en-2020-selon-les-industriels-200755>, AFP, 25/05/20, 17:00
16- Les égouts, des sentinelles sanitaires contre le coronavirus <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/26/les-egouts-des-sentinelles-sanitaires-contre-le-coronavirus_6040725_3244.html>, Le Monde, 26/05/20, 05h56
17- Entretien. Ce que l'on sait (ou non) de la circulation du virus dans l'air <https://lejournal.cnrs.fr/articles/ce-que-lon-sait-ou-non-de-la-circulation-du-virus-dans-lair>, CNRS le journal, 26/05/20
18- 450 ans pour disparaître, non-recyclable… avec les incivilités, l'utilisation des masques vire au désastre écologique <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/dechets/isr-rse/450-ans-pour-disparaitre-et-pas-de-recyclage-le-desastre-ecologique-des-masques-a-l-ere-du-coronavirus-148612.html>, Novethic, 27/05/20
En audio
19- Pollution plastique ? Une solution de la fondation Race for Water <https://www.franceinter.fr/emissions/chroniques-littorales/chroniques-littorales-22-mai-2020>, France Inter, Chroniques Littorales, 22/05/20, 05h12
20- Effet déconfinement : sur la Côte d'Azur, masques et gants jetables polluent déjà les fonds marins <https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/antibes/effet-deconfinement-cote-azur-masques-gants-jetables-polluent-deja-fonds-marins-1832828.html>, France 3 PACA, 24/05/20, 18:55
En images
21- Où jeter les masques, mouchoirs, lingettes et gants ? <https://twitter.com/Ecologie_Gouv/status/1261249669256163329>, Ministère de l’écologie, 15/05/20
22- Coronavirus : "Les lobbies font de l'opportunisme épidémique", dénonce Poirson sur RTL <https://www.rtl.fr/actu/politique/coronavirus-plastique-les-lobbies-font-de-l-opportunisme-epidemique-denonce-poirson-sur-rtl-7800553798>, 26/05/20, 19:35
23- Masques jetables, la nouvelle pollution <https://www.lci.fr/planete/video-masques-jetables-la-nouvelle-pollution-2154867.html>, TF1, journal de 20h, 26/05/20
24- Les derniers secrets du Covid <https://www.france.tv/france-2/complement-d-enquete/1499745-les-derniers-secrets-du-covid.html>, France 2, Complément d'enquête, 28/05/20, 22h47
Bien à vous,
Florence
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INNOVATIONS DU JOUR : — Sous l’effet du coronavirus, l’entreprise Probent, installée à Cherbourg, dans la Manche, s’est lancée dans la création d’un nouveau système d’ouverture de porte. Un succès immédiat qui lui vaut aujourd’hui plus de 600 commandes. (cf. item 1)
— Spécialisé dans les surfaces composites utilisées en architecture, le groupe Serge Ferrari, installé à Saint-Jean-de-Soudain (Isère), a mis au point une membrane virucide destinée à l’espace public. (cf. item 2)
ENQUÊTE DU JOUR : Comme la peste ou la grippe espagnole, la Covid-19 a envahi le monde en épousant les déplacements des hommes. Si elle l’a fait, cette fois, à la vitesse de l’éclair, c’est parce que la planète est devenue une nébuleuse urbaine hyperconnectée. « Ce n’est pas le virus, c’est l’homme qui fait l’épidémie ». (cf. item 9)
CHIFFRES DU JOUR : — Selon le Centre d’information sur l’eau (CIEau), 70 % des interventions d’urgence concernent le débouchage de canalisations d’eaux usées à cause des lingettes jetées dans les toilettes. (cf. item 6)
— Depuis la mi-avril et jusqu’à la fin juin, huit à six rotations par semaine sont organisées entre la Chine et la France pour acheminer 2 milliards de masques chirurgicaux et FFP2 sous haute surveillance. (cf. item 13)
RECHERCHE DU JOUR : L’analyse des eaux usées des villes permettrait, selon des chercheurs, de détecter de façon précoce la présence d’une contamination de la population, avant même sa manifestation clinique. (cf. item 16)
LOBBYING DU JOUR : Brune Poirson, la secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire dénonce les manœuvres des lobbies pour entraîner un retour en force du plastique pendant cette pandémie. (cf. item 22, suite, 3 & 15)
FLÉAUX DU JOUR : — Selon un rapport, les émissions polluantes en Chine sont plus élevées que l’an dernier à la même période. (cf. item 7)
— Deux semaines après le début du déconfinement, masques et gants jetables usagés jonchent les trottoirs et flottent déjà en Méditerranée. (cf. item 18, 20, 21, 23 & suite)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://letempsestvenu.org/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- À Cherbourg, la poignée de porte se réinvente pour lutter contre le Covid-19, Paris-Normandie, 06/05/20, 19:38
Mélina Le Corre
En pleine crise du coronavirus, l’entreprise Probent, installée à Cherbourg, dans la Manche, s’est lancée dans la création d’un nouveau système d’ouverture de porte. Un succès immédiat qui lui vaut aujourd’hui plus de 600 commandes.
Pendant la crise sanitaire, les innovations s’accélèrent pour faire respecter les gestes barrière dans les entreprises. Les employés de Probent, à Cherbourg, ont ainsi eu l’idée de créer un nouveau dispositif d’ouverture de porte... sans avoir à toucher la poignée.
« Nous avons mis deux, trois jours à en faire une esquisse », explique Sébastien Cuquenelle, le président. Fort de son succès, le dispositif, baptisé Keyck !, compte à ce jour entre 600 et 700 commandes.
Simple, accessible et à moindre coût
Ce système en forme de U s’adapte aux bas de porte et nécessite quelques vis mais pas de perçage. Au prix de 58 euros HT, il évite aux entreprises d’investir dans de nouvelles portes. L’automatisme est construit en inox avec quelques endroits en caoutchouc permettant de protéger la poignée. Le système de pédale rappelle les poubelles à pied qui évitent à l’utilisateur de se salir les mains.
Des secteurs en demande de sécurité sanitaire
Ce principe de pédale a rapidement fait le buzz. Même s’il a été affiné depuis sa sortie, de nombreux secteurs s’en sont emparés. « 90 % de nos clients sont des médecins, des ostéopathes, des restaurateurs », affirme le président.
Quelques entreprises industrielles l’ont mis en place dans leurs bureaux ou sanitaires, comme Sarens, dont le responsable, Ludovic Marvie, prône la sécurité : « Cela permet de préserver la santé de nos salariés et d’éviter les contacts. »
Dans son cabinet dentaire, Nathalie Carel souhaite installer ce système : « C’est un outil très ingénieux dans lequel je n’aurais pas investi avant cette crise sanitaire. »
Des entreprises internationales se sont aussi intéressées à Keyck !, notamment aux États-Unis, en Espagne et en Suisse.
Une solution pérenne ?
La question de l’hygiène dans l’espace public trottait déjà dans la tête de Sébastien Cuquenelle, avant la crise du coronavirus : « Par exemple, dans les sanitaires de restaurants, l’idée de ne plus utiliser la poignée était déjà présente. »
Dans le secteur médical, ce nouveau système pourrait permettre aux personnes souffrant d’arthrose de devenir plus autonomes. Ainsi, ces innovations anti-Covid pourraient changer durablement notre mode de vie.
<https://www.paris-normandie.fr/actualites/economie/innovation/a-cherbourg-la-poignee-de-porte-se-reinvente-pour-lutter-contre-le-covid-19-JF16750867>
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2- Covid-19 : une entreprise de l’Isère invente une toile tueuse de virus, Le Parisien, 14/05/20, 08h15
Serge Pueyo
Spécialisé dans les surfaces composites utilisées en architecture, le groupe Serge Ferrari, installé à Saint-Jean-de-Soudain (Isère), a mis au point une membrane virucide destinée à l’espace public.
C'est une innovation qui pourrait connaître un succès planétaire en ces temps de pandémie. Le groupe Serge Ferrari, dont le siège est à Saint-Jean-de-Soudain (Isère), a annoncé avoir mis au point une membrane composite à base de particules d'argent qui détruit le Covid-19. Cette toile, applicable sur de multiples objets et surfaces, pourrait limiter considérablement la propagation du virus dans des lieux très fréquentés comme les transports et les centres commerciaux.
« Lorsque le confinement a commencé, nous avons mobilisé une dizaine de chercheurs de notre groupe, sur notre site isérois mais aussi en Suisse, à Eglisau, au nord de Zurich. Nous voulions apporter notre contribution à la lutte contre le virus en nous appuyant sur notre savoir-faire », précise Philippe Espiard, directeur du service recherche et développement de Serge Ferrari. Ce groupe qui développe et fabrique des toiles composites pour l'architecture, avec un chiffre d'affaires de 189 millions d'euros et 830 employés, a déjà une réputation mondiale. L'entreprise a fabriqué le toit du stade de Rostov-sur-le-Don (Russie), qui a accueilli des matchs de la Coupe du monde de football en 2018, mais aussi les toits du Stade olympique de Londres (JO 2012) et de plusieurs stades de la Coupe du monde de foot en 2014 au Brésil.
>> Suite à lire à :
<https://www.leparisien.fr/economie/business/covid-19-une-entreprise-de-l-isere-invente-une-toile-tueuse-de-virus-14-05-2020-8316684.php>
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3- Plastique : Carrefour et Grand Frais plient face aux réseaux sociaux, Mr Mondialisation, communiqué du 15/05/20
En l’espace d’un peu plus d’une semaine, en plein confinement, Carrefour et Grand Frais ont cédé face à l’indignation des 1,4 millions d’abonnés de la page Facebook de Mr Mondialisation à la suite de deux publications dénonçant le suremballage criant de produits alimentaires dans le cadre de l’opération #balancetonproduit. Les réponses ne se sont pas fait attendre : après avoir rejeté la faute sur leurs employés, ces enseignes ont toutefois promis de modifier leurs consignes afin de mettre fin à l’usage abusif du plastique dans les situations décriées par la communauté. Un pas de plus dans la lutte contre l’utilisation démesurée de plastique à usage unique grâce à la mobilisation citoyenne.
Communiqué de presse du jeudi 14 mai 2020
Visiblement, l’effet de masse sur les réseaux sociaux n’a pas fini de porter ses fruits. Le 10 mai, une publication de Mr Mondialisation, concernant des barquettes sous cellophane entièrement vides disposées auprès des produits du rayon crémerie d’un magasin Grand Frais, suscite de vives réactions auprès des internautes. Contacté par les membres, l’enseigne explique que l’objectif est esthétique et vise à créer une impression d’abondance dans les rayons. Constatée au départ par un des lecteurs de Mr Mondialisation, cette opération de marketing mettant en scène des emballages vides régulièrement jetés et remplacés, révolte profondément les fans de la page, de même que la justification de ce geste. La publication aura touché plus de 1,6 millions de personnes sur Facebook avec 13.000 likes et 6.500 partages. Dès le lendemain, Grand Frais réagit à cette publication et au mécontentement des clients, assurant « qu’il s’agit de malencontreuses initiatives personnelles » non cautionnées par l’enseigne qui s’engage à ne plus avoir recours à ces barquettes plastiques vides à l’avenir. Pourtant, comme l’indique Mr Mondialisation et plusieurs ex-employés : « la pratique était commune chez Grand Frais, laissant présager une consigne globale de longue date ».
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/plastique-carrefour-et-grand-frais-plient-face-au-bad-buzz-sur-les-reseaux-sociaux/>
Source sur le même sujet :
> Le plastique : l’effet collatéral le plus dévastateur de la pandémie <https://mrmondialisation.org/le-plastique-leffet-collateral-le-plus-devastateur-de-la-pandemie/>, Mr Mondialisation, 15/05/20
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4- Entretien avec Xavier Coumoul. Téflon : les molécules toxiques « s’incrustent partout, jusqu’aux tréfonds de l’Arctique », Reporterre, 19/05/20
Propos recueillis par Alexandre-Reza Kokabi
Le film « Dark Waters », désormais disponible en vidéo à la demande, raconte l’histoire — vraie — d’une lutte contre une industrie responsable de rejets d’acide perfluoro-octanoïque (PFOA), présent dans le Téflon de nos poêles. Grâce à un expert en biochimie et toxicologie, Reporterre fait le point sur ce « scandale qui concerne l’ensemble du vivant sur Terre ».
Xavier Coumoul est professeur en biochimie et toxicologie à l’université de Paris. Directeur d’une équipe de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), il s’intéresse aux mécanismes cellulaires et moléculaires d’action des polluants environnementaux.
Un avocat devenu le pire cauchemar du puissant groupe chimique DuPont : telle est l’histoire — vraie — racontée dans Dark Waters. Le film étasunien, diffusé dans les cinémas français à partir du 26 février dernier et disponible depuis ce 19 mai en vidéo à la demande (VOD) en raison de la pandémie de Covid-19, met en scène Robert Bilott, un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques. Interpellé par un fermier dont le troupeau de vaches est décimé, il découvre que la campagne de son enfance est empoisonnée par une usine du groupe DuPont, premier employeur de la région. L’avocat mène l’enquête et découvre que les eaux sont souillées par des rejets d’acide perfluoro-octanoïque (PFOA), une substance utilisée pour produire le Téflon de nos poêles [1]. Pendant des années, Robert Bilott s’est battu pour mettre au jour les agissements de l’entreprise et a levé le voile sur un scandale sanitaire d’ampleur mondiale. Aujourd’hui, 99 % des habitants de la planète présentent des traces de cette molécule dans leur sang.
>> Suite à lire à :
<https://reporterre.net/Teflon-les-molecules-toxiques-s-incrustent-partout-jusqu-aux-trefonds-de-l-Arctique <https://reporterre.net/Teflon-les-molecules-toxiques-s-incrustent-partout-jusqu-aux-trefonds-de-l-Arctique>>
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5- Charte Air-Énergie-Santé – Engagements, Communes de Sucy-en-Brie, Ormesson-sur-Marne et Noiseau, 19/05/20
Nos modes de déplacements individuels, de chauffage et de consommation modulent fortement les émissions de polluants de l'air et ont donc un impact direct sur notre santé et notre environnement. Si collectivement, nous prenons notre air en main en adoptant cette charte, nous améliorerons notre qualité de vie et préserverons notre santé.
> Pour Mieux se déplacer, Mieux se chauffer, Mieux consommer & Mieux jardiner, suite à lire à :
<https://drive.google.com/file/d/1V_CDelCPVIzlk07059pARcktXWsw36TW/view <https://drive.google.com/file/d/1V_CDelCPVIzlk07059pARcktXWsw36TW/view>>
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6- Chronique. La lingette désinfectante, un objet polluant qui accompagne le déconfinement, Le Monde, 20/05/20, 08h18
Anne Rodier
Le Centre d’information sur l’eau indique que 70 % des interventions d’urgence concernent le débouchage de canalisations d’eaux usées à cause des lingettes.
Carnet de bureau. Au début de la crise, la lingette a été la planche de salut des salariés envoyés au travail sans protection sanitaire ou presque. « Mon chef devait me donner des gants, mais quand il est venu me voir, il n’en avait pas : il m’a seulement fourni des lingettes », témoignait ainsi un technicien de maintenance fin mars. C’était aussi le talisman des employés de bureau, qui gardaient leur pochette de lingettes à portée de main pour se protéger d’un virus encore trop mal connu.
Dans une enquête publiée le 21 avril, l’UFC-Que choisir signalait les premières ruptures de stock : 55 % des références de lingettes désinfectantes avaient disparu des supermarchés. En quatrième semaine de confinement, elle était le deuxième produit que s’arrachaient les consommateurs après le gel hydroalcoolique.
> Lire aussi Coronavirus : la mobilisation des médecins du travail
Au fil des semaines, dans les entreprises, la sécurité sanitaire s’est progressivement organisée, et la lingette a gagné son droit de cité. Elle a été officialisée par le ministère du travail, comme équipement de protection individuelle pour assurer les gestes barrières, au même titre que le gel hydroalcoolique. « Pour le nettoyage des téléphones, des stylos et du matériel informatique (a minima en début et fin de poste pour chaque opérateur) », précise le ministère.
Intégrée aux kits sanitaires
Depuis le 11 mai, elle accompagne le déconfinement. Au bureau comme sur les chantiers, elle est intégrée aux kits sanitaires individuels fournis par de nombreuses entreprises. Mise à disposition des salariés, des formateurs, des stagiaires, des commerciaux se rendant chez les clients, bref de tous les utilisateurs potentiels. Elle sert évidemment d’élément de preuve pour l’employeur qui remplit sa responsabilité juridique d’assurer la sécurité physique de ses salariés. Même si la préoccupation première du salarié est d’avoir l’esprit à ce qu’il fait. Les syndicats rajouteront que l’entretien n’est pas de son ressort.
La lingette est bel et bien devenue le nouvel accessoire de travail. Les responsables achats peuvent même en commander des modèles personnalisés aux couleurs de l’entreprise, pour entretenir la marque employeur. Les génies du marketing n’ont pas perdu de temps pour proposer des kits complets avec logo.
> Lire aussi Désinfection, horaires décalés, télétravail... Les entreprises s’organisent pour protéger leurs salariés
Mais la popularité donnée à ce qui n’était hier qu’un vulgaire produit de nettoyage inquiète le Centre d’information sur l’eau (CIEau), qui tire la sonnette d’alarme dans son communiqué du 13 mai :
« Le recours aux lingettes désinfectantes et aux masques jetables s’est amplifié, avec des effets néfastes sur les réseaux d’assainissement et sur notre environnement. »
Depuis le début du confinement, 70 % des interventions d’urgence concernent le débouchage de canalisations d’eaux usées à cause des lingettes, précise cet organisme créé en 1995 par les entreprises privées du secteur. De Veolia au Groupe Id’ées, les spécialistes du nettoyage ramassent chaque jour de plus en plus de lingettes, de masques et de gants sur la voie publique. « Ni dans les toilettes, ni dans les poubelles jaunes, car les déchets sont recyclés et les lingettes susceptibles d’être infectées », insiste le CIEau.
<https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/05/20/la-lingette-nouvel-accessoire-de-travail-deja-polluant_6040187_1698637.html>
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7- Chine : La pollution enregistrée est plus élevée qu’avant le confinement, 20 Minutes avec agence, 20/05/20, 17h25
Gaz à effet de serre. Selon un rapport, les émissions polluantes dans le pays sont plus élevées que l’an dernier à la même période
Alors que le confinement avait fait baisser les émissions de gaz à effet de serre en Chine, la relance de l’économie engendre de nouveau une importante pollution. Selon un rapport du Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA), publié ce lundi, les émissions polluantes sont plus élevées actuellement qu’en 2019 à la même période, rapporte Numerama.
« Ces 30 derniers jours, les niveaux de polluants dangereux pour la santé en Chine ont excédé les concentrations enregistrées » par rapport à l’an dernier « pour la première fois depuis le début de la crise Covid-19 », constate le CREA dans son rapport. Les principaux polluants qui connaissent une augmentation de leur présence dans l’air sont les particules PM2,5, le dioxyde d’azote, le dioxyde de soufre, et l’ozone.
Les zones industrielles plus touchées
« Des signes avant-coureurs montrent que la reprise de la Chine après la crise du Covid-19 est en train d’annuler les progrès réalisés en matière de qualité de l’air », déplore l’organisme indépendant. Les auteurs du rapport précisent que ce sont les industries lourdes qui sont les principales responsables de cette forte augmentation des émissions polluantes.
Les zones urbaines sont moins touchées par cette pollution de l’air que les zones industrielles, pour le moment. Mais cela pourrait évoluer car les Chinois préféreront les déplacements en voiture et en deux roues plutôt qu’en transports en commun, dans les prochains mois, pour éviter la propagation du coronavirus.
> Animation vidéo à voir à :
<https://www.20minutes.fr/monde/2783171-20200520-chine-pollution-enregistree-plus-elevee-avant-confinement>
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8- L'emballage flexible à effet barrière devient compostable, Actu-Environnement, 20/05/20
Cécile Clicquot de Mentque
Déjà obligatoire pour les flux importants, la collecte des biodéchets concernera tout le monde en 2025. Pouvoir y joindre certains emballages alimentaires pourrait donc faire sens. Pour des conditionnements simples de type papier-carton et sachets en plastiquebiodégradables, pas de problème. Le défi est donc de pouvoir proposer cette compostabilitépour des emballages complexes capables d'assurer, à l'usage, des fonctions de protection spécifique des aliments (barrière à l'oxygène, aux composés graisseux ou à la lumière par exemple). Et dans ce domaine les innovations progressent.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/emballage-flexible-effet-barriere-compostable-35510.php4>
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9- Enquête. Coronavirus : ce que les grandes épidémies disent de notre manière d’habiter le monde, Le Monde, maj le 22/08/20 à 05h36
Anne Chemin
Comme la peste ou la grippe espagnole, la Covid-19 a envahi le monde en épousant les déplacements des hommes. Si elle l’a fait, cette fois, à la vitesse de l’éclair, c’est parce que la planète est devenue une nébuleuse urbaine hyperconnectée.
C’est une carte animée de la Chine qui donne le vertige. On y voit d’immenses flux de petits points verts se déplacer en étoile autour des métropoles : fondés sur les données de géolocalisation des téléphones portables, ces mouvements enregistrés pendant le Nouvel An chinois retracent les centaines de millions de voyages qui ont permis au coronavirus de conquérir la Chine depuis la ville de Wuhan. Au milieu du nuage de points verts, figurent nombre de petits points rouges – ce sont, précise le New York Times, les personnes infectées par le SARS-CoV-2.
Le graphique suivant n’est guère plus rassurant : cette fois, les dizaines de milliers de points se dirigent vers Tokyo, Manille, Milan, Dubaï, Athènes, Buenos Aires, Islamabad, Los Angeles, Moscou, Singapour et Hongkong. En ce mois de janvier 2020, le New York Times recense 900 trajets par mois vers New York, 2 000 vers Sydney, 15 000 vers Banghok. Lorsque les vols au départ de Wuhan sont suspendus, fin janvier, il est déjà trop tard : les liaisons aériennes qui quadrillent le monde ont permis au virus de s’implanter sur tous les continents. « Dès la fin janvier, l’épidémie est présente dans plus de 30 villes et 26 pays », précise le quotidien.
« Ce n’est pas le virus, c’est l’homme qui fait l’épidémie »
Pour l’immunologue Norbert Gualde, professeur à l’université de Bordeaux, ces graphiques illustrent à merveille le mécanisme des épidémies. « Ce n’est pas le virus, c’est l’homme qui fait l’épidémie,rappelle-t-il. Le virus est sédentaire : il n’a aucun moyen de locomotion. Pour se déplacer, il lui faut passer de corps en corps. C’est ce qu’exprime l’étymologie du mot épidémie : le terme est emprunté au latin médical “epidemia”, lui-même issu de la racine grecque “epidemos” – “epi”, qui circule, “demos”, dans le peuple. »
La carte du New York Times aurait sans doute stupéfié les médecins qui, de la Renaissance au XIXe siècle, invoquaient au contraire la toute-puissance du « genius loci » (génie des lieux). « Ils croyaient fermement que l’apparition épidémique de certaines maladies était la conséquence des influences telluriques et cosmiques sur une région déterminée », souligne l’historien de la médecine Mirko Drazen Grmek (1924-2000), en 1963, dans Les Annales. A l’époque, nul ne redoutait les épidémies mondiales : l’heure était au contraire à la recherche des « conditions géographiques et astrales » qui engendraient, dans chaque lieu, des maladies singulières.
Cette tradition de la « topographie médicale » atteint son apogée au XVIIIe siècle avant de décliner à la fin du siècle suivant. Les découvertes de Louis Pasteur (1822-1895) et de Robert Koch (1843-1910) sur les micro-organismes pathogènes et leur contagion donnent le coup de grâce à une discipline qui souffre, selon Mirko Drazen Grmek, de son « caractère trop général » et de ses « synthèses précipitées ». Dès la fin du XIXe siècle, l’hygiéniste américain John Shaw Billings (1838-1913) n’hésite d’ailleurs pas à moquer ses confrères : il compare leur simplisme et leur naïveté à celle de chimistes qui voudraient analyser la composition d’un rat en le mettant tout entier dans un vase d’expérience.
« Un passager clandestin planétaire »
Le Covid-19 montre en effet que si les maladies contagieuses apparaissent plus aisément sous certains cieux, elles restent rarement prisonnières des « topographies médicales » imaginées aux XVIIe et XVIIIe siècles. Comme ses prédécesseurs, le SARS-CoV-2 s’est promené dans le vaste monde au gré des voyages des hommes : il est monté avec eux dans les trains, a emprunté des vols long-courriers, a séjourné dans des bateaux de croisière, a pris des autobus de banlieue. Le coronavirus est un « passager clandestin planétaire » qui suit pas à pas nos déplacements, résume le géographe Michel Lussault : comme toutes les épidémies, il raconte les allées et venues des hommes.
Née en Chine, la « peste noire » met ainsi plus d’une quinzaine d’années, au Moyen Age, pour atteindre l’Europe. Apparu au début des années 1330, le mal emprunte, au rythme des déplacements humains, les routes commerciales entre l’Asie et l’Europe jusqu’à Caffa, un comptoir génois de Crimée où se joue le « futur drame de l’Occident », notent Stéphane Barry et Nobert Gualde dans La Peste noire dans l’Occident chrétien et musulman (Ausonius, 2007). En 1345-1346, un chef militaire qui assiège la ville jette par-dessus l’enceinte des cadavres pestiférés. « Si certains historiens s’interrogent sur la véracité de cet événement, il est certain qu’une terrible épidémie éclate parmi la population. » En 1346, plusieurs navires partis de Caffa répandent alors la peste dans toute l’Europe.
Le mal se propage au fil des mois sur les côtes de la mer Noire, en Grèce, en Crète, à Chypre, avant de débarquer, le 1er novembre 1347, dans le port de Marseille. Il emprunte ensuite les voies commerciales terrestres et fluviales : la peste franchit les Alpes, frappe la Suisse et progresse vers l’Allemagne et les Pays-Bas. En Europe du Nord, elle traverse à nouveau la mer pour se répandre en Angleterre, puis, en 1349, en Irlande et en Ecosse. En 1350, elle atteint la Scandinavie, puis tout l’espace hanséatique, avant de toucher Moscou en 1352.
Routes commerciales et conflits militaires
Si les épidémies empruntent volontiers les routes commerciales tracées par les hommes, elles savent aussi tirer habilement parti des conflits militaires. Lors de la guerre de 1870-1871, les troupes françaises et prussiennes disséminent ainsi la variole sur l’ensemble du territoire. « Pendant l’année 1869 et le commencement de 1870, les épidémies demeurèrent locales ou ne se propagèrent, par voisinage, qu’à de très courtes distances, constate, en 1873, Paul-Emile Chauffard, rapporteur de l’Académie de médecine. Mais lorsque la guerre amena ce grand mouvement de population qui suivit nos premiers désastres, l’épidémie reprit de toutes parts une nouvelle intensité. »
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Pendant le conflit, les soldats du Second Empire contaminent en effet les populations civiles. « Ils promènent la variole partout avec eux et les populations fuyant le flot envahisseur l’entraînent avec elles dans des retraites où elle n’avait pas encore sévi », poursuit Paul-Emile Chauffard. Une fois faits prisonniers, les militaires français exportent le virus dans les pays frontaliers. « A mesure des batailles perdues, ils sont envoyés dans des camps en Prusse, raconte, en 2011, l’historien des sciences Gérard Jorland dans la revue Les Tribunes de la santé. La population civile allemande, par le biais de ses interactions avec les prisonniers, est contaminée. »
Les réfugiés de Sedan propagent l’épidémie en Belgique, où elle fait plus de 33 000 morts en 1870-1872. Les volontaires italiens qui ont combattu en Côte-d’Or l’implantent à Naples, Milan, Turin et Gênes en rentrant chez eux. Les Français qui fuient les combats emportent le virus en Angleterre, où il provoque plus de 40 000 morts en 1871-1872. De ces pays, l’épidémie se répand en Irlande, en Ecosse, aux Pays-Bas, au Danemark, en Suède, en Autriche et en Russie avant de conquérir les Etats-Unis, le Japon, le Chili, Hawaï, l’Australie, Bornéo, Ceylan et l’Inde. Dans la seule Europe, l’épidémie fait 500 000 morts.
Une cinquantaine d’années plus tard, au début du XXe siècle, c’est une nouvelle fois la guerre qui précipite la diffusion planétaire de la grippe espagnole. « L’épidémie, qui est repérée au Kansas au début du printemps 1918, franchit l’Atlantique grâce au premier conflit mondial, explique le géographe Freddy Vinet. La progression du virus suit les mouvements de troupes : au printemps 1918, les soldats américains envoyés sur le front diffusent le virus dans toute l’Europe, et à l’automne 1918, les militaires engagés sur le sol européen retournent chez eux en disséminant cette fois le virus dans les territoires coloniaux et les pays alliés. »
Une guerre éclair
Dans La Grande Grippe-1918, la pire épidémie du siècle (Vendémiaire, 2018), Freddy Vinet reconstitue en détail l’itinéraire de cette épidémie qui a fait plus de victimes que la première guerre mondiale. « Pour un virus se transmettant par voie respiratoire, les déplacements de troupes à l’échelle du globe sont une aubaine, explique-t-il. En 1918, plus de vingt pays sont en guerre, auxquels s’ajoutent les empires coloniaux – la quasi-totalité de l’Afrique, les Indes britanniques, les Indes Orientales néerlandaises (Indonésie), la Caraïbe… Les seuls recoins de la planète épargnés par le virus le doivent à leur isolement ou à des quarantaines strictes. »
Comme le bacille de la peste ou le virus de la grippe espagnole, le SARS-CoV-2 a envahi la planète en se glissant discrètement dans les bagages des hommes. Mais il l’a fait à une tout autre allure : la peste médiévale avait mis près de vingt ans pour passer des terres mongoles au port de Marseille, et le virus de la grippe espagnole, une année pour se répandre sur toute la Terre. Le coronavirus a, lui, mené une guerre éclair : apparu au mois de décembre en Chine, il a franchi les frontières et les océans à une vitesse foudroyante. Le 8 mars, plus de 100 pays avaient déjà signalé des cas de Covid-19.
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Que nous disent ces épidémies de la géographie du monde ? En quoi témoignent-elles de notre manière d’habiter la planète ? La « peste noire » médiévale racontait la vitalité des routes commerciales entre l’Asie et l’Europe, et la grippe espagnole, l’ampleur des transports de troupes pendant la première guerre mondiale. Pour le géographe Michel Lussault, le SARS-CoV-2 est le signe que notre monde est devenu un « buissonnement d’interdépendances géographiques » : le moindre événement local se diffuse désormais sans délai à l’ensemble de la planète à la manière du battement d’ailes du papillon évoqué en 1972 par le météorologue Edward Lorenz.
Pour l’économiste Laurent Davezies, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, le coronavirus remet frontalement en question nos modes de vie. « Tout ce que nous considérions il y a encore quelques mois comme vertueux est devenu vicieux. La mondialisation a fait reculer la pauvreté comme jamais dans l’histoire de l’humanité mais elle a précipité l’extension de l’épidémie. La densité urbaine des métropoles a boosté l’innovation technologique mais elle a favorisé les contaminations. Le SARS-CoV-2 nous montre que la concentration et la mobilité qui régissent désormais la planète peuvent engendrer de graves périls. »
Si les hommes se sont toujours déplacés, le monde contemporain est en effet caractérisé par une explosion mobilitaire sans précédent. « Tout bouge, sans cesse : objets, marchandises, matières, données, informations, humains, animaux, et tout emprunte des voies innombrables – terrestres, maritimes, aériennes, satellitaires, filaires, constatent Michel Lussault et Cynthia Ghorra-Gobin, en 2015, dans la revue Tous urbains (PUF). Tout est sans cesse en contact avec tout et cela témoigne de la vigoureuse montée en puissance des pratiques mais aussi des imaginaires et des cultures de la connectivité. »
Les déplacements à l’intérieur des frontières ont beaucoup augmenté : un Français parcourt en moyenne près de 15 000 kilomètres par an contre moins de 10 000 en 1980. Le nombre de voyages à l’étranger a, lui aussi, explosé : en 2018, près de 1,5 milliard d’individus ont, au cours de l’année, franchi une frontière pour effectuer, loin de leur domicile, un séjour de moins d’un an, ce qui représente une progression de 50 % en une décennie. La tendance à franchir toujours plus les frontières n’est ni une mode ni une anomalie, résume François Héran, professeur au Collège de France : c’est une « lame de fond ».
Les marchandises, elles aussi, ne cessent de se déplacer
Pour Laurent Davezies, cette mobilité représente une « transformation radicale ». « Pendant des siècles, les Français avaient été assignés à résidence dans un territoire. Mais aujourd’hui, tout a changé : selon le sociologue Jean Viard, le travail, entre la naissance et la mort, ne représente plus que 12 % à 13 % de notre vie. L’immense plage de temps libéré par ce recul des contraintes professionnelles est consacrée à des activités qui supposent des déplacements – faire des études à l’étranger, visiter une ville pendant les vacances, partir en week-end, effectuer des visites familiales pendant la retraite. »
Les marchandises, elles aussi, ne cessent de se déplacer. Dans un livre publié en 1996, Mondialisation, villes et territoires (PUF), l’économiste Pierre Veltz décrivait les rouages de l’« économie d’archipel » composée par le réseau planétaire des grandes régions urbaines. « Ces métropoles concentrent l’essentiel des flux de toute nature, et notamment ceux d’une production industrielle de plus en plus éclatée, explique-t-il. Pour fabriquer une brosse à dents électrique, les piles viennent de Tokyo, l’assemblage est fait à Shenzhen et les tests aux Philippines. L’acier vient de Suède et le plastique d’Autriche. Au total, les composants parcourent plus de 30 000 kilomètres par air, par mer ou par route, avant de servir le marché californien. »
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Dans cette nébuleuse hyperconnectée qu’est devenu le monde, les villes jouent un rôle capital. L’urbanisation de la planète est, selon Michel Lussault, une mutation comparable à celle du néolithique ou de la Révolution industrielle : aujourd’hui, plus de 4 milliards de personnes vivent en ville – et toutes ces zones urbaines sont reliées. « Loin de se réduire à un centre historique et à un quartier d’affaires, la métropole contemporaine doit plutôt s’appréhender comme un entrelacs de réseaux qui mettent quotidiennement en relation des lieux de formes, de tailles et de fonctions très diverses », analysent le géographe Eric Charmes et le politiste Max Rousseau dans un article publié sur le site de la Vie des idées.
Cette révolution ne s’est pas contentée d’engendrer des « world-cities » comme New York, Londres ou Tokyo : elle a également fait disparaître les frontières qui séparaient les villes des campagnes. « Aujourd’hui, en France, le monde rural est habité par des gens qui sont en relation permanente avec le monde urbain, souligne Laurent Davezies. La moitié des actifs qui vivent à la campagne travaillent en ville et tous fréquentent des circuits de consommation situés dans des territoires urbanisés. Les va-et-vient sont permanents – au point que certains géographes ont renoncé à utiliser les termes rural et urbain : ils parlent simplement d’une variation de la densité. Il n’y a pas de changement radical de mode de vie entre ces deux mondes. »
Le bouleversement des pratiques sociales
Selon le géographe et urbaniste Jacques Lévy, cette culture mondiale de la mobilité a provoqué un véritable changement d’échelle du monde. « A l’époque de la peste médiévale, les villageois se déplaçaient dans un réseau, comme nous, mais à l’échelle de la marche ou du cheval, explique le professeur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. La modernité a inventé un espace d’échelle mondiale à partir des espaces préexistants d’échelle inférieure. Certaines civilisations anciennes avaient imaginé sans y croire qu’un jour, elles pourraient se pencher au-dessus d’une corniche pour regarder l’ensemble du monde. Nous y sommes. »
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Le plus étrange, poursuit Jacques Lévy, c’est que cette stupéfiante mutation s’est accomplie en l’absence de révolution des transports. « Les voitures et surtout les avions ne vont pas tellement plus vite que dans les années 1950, constate-t-il. L’explosion des mobilités n’est donc pas liée au changement de la vitesse nominale des transports mais au bouleversement des pratiques sociales. A l’époque préfordiste, la mobilité était pendulaire – elle se résumait aux trajets domicile-travail. Avec le fordisme, s’y sont ajoutés des voyages liés aux vacances et aux loisirs. Aujourd’hui, le trajet domicile-travail ne représente plus que 20 % des déplacements. »
Pour illustrer ce changement d’échelle, Jacques Lévy, Ogier Maître et Thibault Romany ont imaginé en 2016, dans la revue Réseaux, une nouvelle manière de cartographier le monde. A la métrique euclidienne classique – la distance kilométrique entre deux points –, ils ont substitué, pour 35 villes de plus de dix millions d’habitants, une « métrique de réseau » fondée sur le temps de transport entre les mégapoles. Cette carte ne cherche pas à représenter la topographie physique : elle s’efforce de dessiner les nouvelles lignes de force de l’espace mondial, faites de « réseaux et plus particulièrement de rhizomes ».
Le concept de rhizome
Inventé en 1980, par Gilles Deleuze et Félix Guattari, le concept de rhizome désigne des réseaux aux frontières floues dont les éléments s’influencent en permanence les uns les autres. Depuis la fin du XXe siècle, les « rhizomes ouverts de l’individu, urbain et mondialisé, contemporain » ont remplacé les « petits pays enclavés du paysan », conclut l’article. « Notre carte fait apparaître des ensembles que les transports ont rapprochés, même s’ils restent éloignés en kilomètres, ajoute Jacques Lévy. Cette trame du monde qui met en exergue les lieux forts et les liens rapides correspond parfaitement à la géographie de l’épidémie : le coronavirus colle à la planète interconnectée. »
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C’est en effet en parcourant ces rhizomes que le coronavirus a conquis le monde à la vitesse de l’éclair. Il ne s’est pas contenté d’emprunter les avions, les bateaux ou les trains : il a prospéré dans les espaces publics interconnectés du monde contemporain que sont les gares, les stades de foot ou les galeries marchandes, ces lieux de sociabilité intense où les hommes se frôlent avant de se connecter à un autre pôle, un autre réseau, une autre ramification. « A l’échelle mondiale, l’infrastructure spatiale de cette épidémie, ce sont les hubs – les hubs stricto sensu que sont les aéroports, mais aussi les centralités plus spécialisées que sont, par exemple, les centres commerciaux », résume Jacques Lévy.
Avec la pandémie de Covid-19, la planète urbanisée et hyperconnectée de ce début de XXIe siècle s’est révélée extrêmement vulnérable : pour un virus aussi contagieux que le SARS-CoV-2, les flux, les rhizomes, les plates-formes, les liens et les réseaux constituent un véritable paradis. La lutte contre le coronavirus a donc imposé aux habitants de la planète un revirement radical : il a fallu immobiliser brutalement un monde qui vénérait depuis des décennies le principe de la mobilité. Reprendra-t-il, une fois que la pandémie sera vaincue, sa folle course – au risque de voir renaître de nouvelles épidémies ? Nul ne le sait encore.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/21/ce-que-les-grandes-epidemies-disent-de-notre-maniere-d-habiter-le-monde_6040359_3232.html>
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10- Le bisphénol A produit des conséquences délétères même à très faibles doses, Le Monde, 22/05/20, 05h41
Stéphane Foucart
Une étude sur des rats de laboratoire montre que le lien entre l’exposition à ce perturbateur endocrinien et les effets produits n’est pas linéaire.
« Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison. » Enoncée voilà quelque cinq siècles, la fameuse maxime de l’alchimiste suisse Paracelse (1493-1541) sert encore, aujourd’hui, de fondation à l’évaluation réglementaire du risque. Lorsqu’elles évaluent les dégâts potentiels d’une substance sur la population ou l’environnement, les autorités sanitaires partent en effet toujours du principe que les effets délétères sont proportionnels à la dose d’exposition. Cela semble de bon sens : à petites doses, petits effets et à doses élevées, effets importants. Mais au cours des deux dernières décennies, un grand nombre d’études ont conclu, à l’inverse, que certaines substances interférant avec le système hormonal (dits « perturbateurs endocriniens ») pouvaient produire des effets plus importants à de faibles doses d’exposition chronique, qu’à des doses élevées.
Cet effet paradoxal est au centre d’une étude publiée mercredi 20 mai par la revue Environmental Health Perspectives (EHP), qui est sans doute la plus pointue et la plus complète publiée à ce jour sur le sujet. Coordonnés par la biologiste américaine Ana Soto (Tufts University, à Boston), ces travaux sont fondés sur les données de l’expérience dite « Clarity-BPA », lancée en 2012 par les autorités sanitaires américaines et un groupe de chercheurs académiques, pour trancher la controverse sur les effets du bisphénol A (BPA). Cette expérience de dimension inédite a enrôlé un grand nombre de rats de laboratoire exposés à cinq doses différentes de BPA, dès les premiers jours de gestation jusqu’à leur sevrage pour certains et tout au long de leur vie (comme le sont les humains) pour les autres.
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Au terme de leur analyse, Ana Soto et ses coauteurs sont parvenus à établir la relation surprenante entre la dose de BPA reçue et certains effets délétères observés sur la glande mammaire des animaux effets connus pour favoriser la cancérogénèse. Ces effets surviennent à de très faibles doses, de l’ordre de quelques microgrammes de BPA par kilo de poids corporel et par jour (μg/kg/j) – comparables aux doses d’exposition des humains modernes. Puis, quelque part entre 25 μg/kg/j et 250 μg/kg/j survient un point de rupture : les effets s’amenuisent jusqu’à devenir plus faibles qu’à des doses d’exposition pourtant dix fois inférieures. Avant de repartir, au-delà de 250 μg/kg/j, à la hausse.
« Il s’agit d’une étude très sophistiquée, techniquement accomplie, des effets du bisphénol A sur le développement de la glande mammaire, estime le toxicologue Andreas Kortenkamp (université Brunel, à Londres), qui n’a pas participé à ces travaux. Elle corrobore les observations d’une relation dose-effet “non monotone”, avec une augmentation de l’effet à faibles doses, suivie d’une diminution à un point dit de rupture. Cela remet en question le dogme toxicologique selon lequel les effets augmentent continûment avec des doses croissantes. »
Test de permutation
L’observation d’une telle étrangeté n’est cependant ni une première, ni une surprise. Dans son rapport de 2013 sur le BPA, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), identifiait déjà dans la littérature scientifique, pour le seul BPA, une soixantaine de relations dose-effets irrégulières (les chercheurs parlent de « courbes dose-réponse non-monotones »).
Mais les chercheurs ont ici procédé avec une minutie inédite. Ils ont notamment développé un logiciel ad hoc capable d’analyser les images en trois dimensions des glandes mammaires prélevées sur les rats, et de quantifier les différences observées de structures internes et de densité des tissus. Au total, les variations de 91 paramètres différents ont été analysées.
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« En observant ces variations, nous avons déterminé qu’il semblait y avoir un point de rupture entre 25 et 250 μg/kg/j, pour bon nombre de ces 91 paramètres, explique le mathématicien et théoricien de la biologie Maël Montévil (Tufts University, Institut de recherche et d’innovation, Centre Pompidou-Université Paris-I), coauteur de ces travaux. Cependant, il fallait s’assurer que ces effets ne sont pas dus au hasard : nous avons donc soumis l’hypothèse à un test statistique adapté à ces effets paradoxaux du BPA. »
C’est l’un des nœuds du problème. Car les tests statistiques habituellement pratiqués par les agences réglementaires sont prévus pour valider la solidité de résultats d’expériences dans lesquels l’effet de la substance étudiée croît proportionnellement avec la dose. Lorsque ce n’est plus le cas, comme avec le BPA ou certains perturbateurs endocriniens, ces tests sont inefficients. « Nous avons utilisé un test dit de permutation. C’est un test imaginé dans les années 1930, mais qui est demeuré longtemps peu utilisé car il est difficile de l’utiliser sans les capacités de calcul des ordinateurs, explique Maël Montévil. Le principe est simple : il suffit de permuter un très grand nombre de fois les données obtenues sur les animaux exposés ou non, pour voir si l’on peut retrouver, par le fait du hasard, l’effet qu’on a cru déceler en raison de l’exposition au BPA. C’est une manière élégante et rigoureuse de tester la validité de la relation dose-effet que nous mettons en évidence. »
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Une voie méthodologique importante est ainsi ouverte aux agences sanitaires. « Ces travaux sont très pertinents pour la réglementation des produits chimiques, dit M. Kortenkamp. Ils fournissent la preuve que la dose journalière tolérable temporaire pour le bisphénol A établie par l’Autorité européenne de sécurité des aliments [EFSA] doit être révisée à la baisse pour parvenir à une protection adéquate des populations humaines. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/22/le-bisphenol-a-produit-des-consequences-deleteres-meme-a-tres-faibles-doses_6040388_3244.html>
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11- Chronique. Dominique Méda : « Les plus forts taux de surmortalité concernent les “travailleurs essentiels” », Le Monde, 23/05/20, 06h30
Dominique Méda, Professeure de sociologie
Une étude britannique montre que la surmortalité liée au Covid-19 touche d’abord les travailleurs des soins à la personne, du transport et de la vente, relate la sociologue dans sa chronique au « Monde ».
Chronique. On sait que l’âge joue un rôle aggravant dans l’exposition à l’épidémie de Covid-19. Mais dans quelle mesure les conditions de vie et d’emploi en jouent-elles un ? Les données de l’Insee sur la Seine-Saint-Denis ont montré que ce département, dont la population est plus jeune que la moyenne, présente néanmoins un record de surmortalité : on y a recensé 130 % de décès en plus entre le 1er mars et le 27 avril par rapport à la même période en 2019.
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Cette population connaît également un taux de pauvreté élevé et une forte proportion de travailleurs qui, prenant tous les jours les transports en commun, exercent des métiers dits, depuis le début de la crise sanitaire, « de première ligne ». On sait aussi qu’il existe des liens étroits entre pauvreté, conditions de vie médiocres et mauvaises conditions d’emploi. Mais peut-on aller plus loin : certains métiers présentent-ils plus de risques d’être touchés par le Covid-19 que d’autres, et pourquoi ?
Aux Etats-Unis, le profil démographique des travailleurs « de première ligne » (vente, transports publics, chauffeurs, entrepôts, services postaux, entretien, métiers du soin, travailleurs sociaux) a permis de mettre en évidence la prédominance des femmes, notamment dans les métiers du soin, du social et de la vente, ou encore la surreprésentation des personnes de couleur et touchant des salaires bas (« A Basic Demographic Profile of Workers in Frontline Industries », Hye Jin Rho, Hayley Brown, Shawn Fremstad, Center for Economic and Policy Research, 7 avril 2020). Mais cette étude ne présente pas de données sur la contamination ou la mortalité par Covid-19.
Conditions socio-économiques et comorbidités
En revanche, l’équivalent britannique de l’Insee, l’Office for National Statistics (ONS), a exploité les données de mortalité par le Covid-19 (« Coronavirus (Covid-19) Roundup ») sous l’angle socioprofessionnel. L’une de ses études analyse les 2 494 décès impliquant le coronavirus intervenus entre le 9 mars et le 20 avril dans la population en âge de travailler (20-64 ans) en Angleterre et au Pays de Galles. La profession étant indiquée sur le certificat de décès, on peut comparer la composition socioprofessionnelle des personnes décédées du Covid-19 à celle de l’ensemble des personnes décédées du même âge et du même sexe.
Les plus forts taux de surmortalité concernent en premier lieu les travailleurs des métiers du soin à la personne (hors travailleurs de la santé, car les médecins et infirmières n’ont pas enregistré de surmortalité), suivis des chauffeurs de taxi et d’autobus, des chefs cuisiniers et des assistants de vente et de détail ; autrement dit, ceux que l’ONS décrits comme les « key workers », les « travailleurs essentiels ». L’ONS a aussi montré la plus forte probabilité pour les non-Blancs de décéder du coronavirus, en partie explicable par des facteurs socio-économiques.
Ces études – qui ne peuvent pas pour l’instant être réalisées en France, car nos instituts statistiques n’ont pas légalement l’autorisation de relier origine ethnique, cause médicale de décès et profession – permettent de démontrer la plus grande vulnérabilité de certaines professions et pourraient inciter à mieux les protéger (notamment les personnes atteintes par ailleurs de maladies chroniques), en matière d’équipements – qui ont cruellement manqué en début de crise –, mais aussi de statut d’emploi et de conditions de travail.
En effet, les emplois des key workers sont aussi, constate l’ONS, ceux qui sont les moins bien payés, qui présentent les conditions de travail les plus difficiles et les statuts les plus précaires. Ces conditions socio-économiques sont aussi en cause dans la prévalence élevée de comorbidités (diabète, hypertension…), dont la présence accroît le risque de décès en cas de Covid-19.
Investir dans la qualité de l’emploi
Deux groupes méritent plus que jamais l’attention des pouvoirs publics. D’abord, ceux (ou plutôt celles) qui pratiquent les métiers du « care », notamment auprès des personnes âgées en perte d’autonomie, au domicile ou en établissement, et dont les études ont montré qu’elles avaient été particulièrement frappées par le virus. En France, le rapport du député Dominique Libault (« Concertation grand âge et autonomie », mars 2019), a rappelé combien les salaires de ces plus de 830 000 travailleuses (en équivalent temps plein) du « care » étaient bas et leurs conditions de travail difficiles.
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Leur taux d’accidents du travail et de maladies professionnelles est trois plus élevé que dans les autres professions, et le secteur connaît de grosses difficultés de recrutement, alors même que les besoins de main-d’œuvre sont d’autant plus élevés que la population française continue de vieillir. Une augmentation des salaires, une amélioration des conditions de travail et, plus généralement, une réorganisation profonde du secteur, de préférence dans le cadre de la mise en place d’un cinquième risque au sein de la Sécurité sociale, s’imposent.
Ensuite, la population des travailleurs des plates-formes, livreurs et chauffeurs, a également été mise à rude épreuve. Une proposition de loi relative au statut des travailleurs des plates-formes numériques va être prochainement discutée au Sénat, qui vise à faire rentrer ces travailleurs sous la protection du code du travail, en les assimilant à des salariés. Il serait ainsi mis fin au statut d’autoentrepreneur que les plates-formes obligent ces travailleurs à adopter, les privant ainsi de toute protection, mais que la Cour de cassation a encore récemment désigné comme « fictif ». Investir massivement dans la qualité de l’emploi apparaît bien comme une véritable urgence.
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§ Dominique Méda est professeure de sociologie, directrice de l’Institut de recherches interdisciplinaires (université Paris-Dauphine-PSL).
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/23/dominique-meda-les-plus-forts-taux-de-surmortalite-concernent-les-travailleurs-essentiels_6040511_3232.html>
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12- Covid-19 : une étude internationale suggère un risque accru de mortalité sous hydroxychloroquine, Le Monde, maj le 23/05/20 à 08h28
Hervé Morin
Publiée dans « The Lancet », une analyse rétrospective s’appuyant sur 96 000 dossiers médicaux montre que le traitement se traduit chez les patients hospitalisés par un risque accru d’arythmie cardiaque et de décès.
L’hydroxychloroquine et la chloroquine ont-elles un intérêt dans le traitement du Covid-19 ? Les études s’accumulent, sans apporter pour l’instant de preuves décisives en faveur de ces molécules dont le président américain, Donald Trump, s’est fait le champion mondial, inspiré par l’infectiologue français Didier Raoult. Récemment le JAMA, le NEJM, ou encore le BMJ, trois des plus grandes revues médicales mondiales, ont publié des résultats décevants, voire négatifs. Vendredi 22 mai, c’est au tour du Lancet, complétant ce « carré magique » de l’édition scientifique. Son étude suggère que, loin d’apporter un bénéfice aux patients hospitalisés, elles entraîneraient un risque accru d’arythmie cardiaque et de décès à l’hôpital.
Menée par une équipe internationale conduite par Mandeep Mehra (Harvard Medical School), cette étude est la plus vaste publiée à ce jour sur le sujet. Mais elle n’entre pas dans la catégorie supérieure des essais cliniques dits randomisés, où les traitements évalués sont administrés à des groupes de patients aux caractéristiques comparables, constitués de façon aléatoire, pour éviter certains biais – le plus haut standard étant les études en double aveugle, où ni l’équipe médicale ni le patient ne savent quel traitement reçoit ce dernier.
L’étude du Lancet est dite rétrospective : elle s’est appuyée sur un vaste registre international de dossiers médicaux électroniques provenant de 671 hôpitaux sur six continents. Plus de 96 000 dossiers de patients hospitalisés pour Covid-19 entre le 20 décembre 2019 et le 14 avril 2020 ont été sélectionnés, parmi lesquels certains recevaient de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine seules, ou associées avec des macrolides (des antibiotiques) dont l’azithromycine – cette dernière combinaison étant celle promue en France par Didier Raoult (IHU Méditerranée infections, Marseille). Les traitements devaient avoir débuté moins de quarante-huit heures après le diagnostic par PCR (test virologique). Ces quatre « bras » étaient comparés à un groupe contrôle de 81 000 patients ayant reçu un traitement standard.
« Risque accru d’apparition d’arythmie »
Résultat ? « Après avoir contrôlé l’âge, le sexe, l’origine ethnique, les comorbidités sous-jacentes et la gravité de la maladie au départ, l’utilisation des quatre schémas thérapeutiques a été associée à un risque accru d’apparition d’arythmie ventriculaire et de décès à l’hôpital », concluent les auteurs.
A la fin de la période étudiée, environ un patient sur 11 du groupe contrôle était décédé à l’hôpital. Parmi les patients traités par la chloroquine ou l’hydroxychloroquine seule, environ un sur six était mort. Lorsque ces médicaments étaient utilisés en combinaison avec un macrolide, le taux de mortalité s’élevait à plus d’un sur cinq pour la chloroquine et à près d’un sur quatre pour l’hydroxychloroquine.
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Cependant, ces proportions ne doivent pas être prises comptant : certaines différences avec le groupe contrôle peuvent expliquer ces issues moins favorables. Mais une fois ces facteurs corrigés, les auteurs estiment que si le taux de mortalité est de 9,3 % dans le groupe de contrôle, le taux associé à l’utilisation des régimes médicamenteux se situerait lui à environ 13 %. Sans pouvoir exclure que des facteurs passés inaperçus expliquent cette différence, et non les traitements eux-mêmes – une aporie que les essais randomisés ont vocation à surmonter.
Ces considérations s’appliquent aussi aux observations concernant les arythmies cardiaques, dont le risque pouvait être accru de 400 % chez les patients recevant la combinaison hydroxychloroquine plus un antibiotique.
« C’est la première étude à grande échelle à trouver des preuves statistiquement solides que le traitement par la chloroquine ou l’hydroxychloroquine ne bénéficie pas aux patients atteints de Covid-19, estime cependant Mandeep Mehra, dans un communiqué de presse publié par The Lancet. Nos conclusions suggèrent plutôt qu’il pourrait être associé à un risque accru de problèmes cardiaques graves et à un risque accru de décès. En attendant [des essais cliniques randomisés], nous suggérons que ces médicaments ne devraient pas être utilisés comme traitements pour le Covid-19 en dehors des essais cliniques. »
Observation « intrigante »
Dans un article de commentaire publié dans The Lancet, le pharmacologue Christian Funck-Brentano (Sorbonne Université), qui n’a pas participé à cette étude, parvient à la même conclusion : « Cette étude observationnelle bien conduite vient s’ajouter à des travaux préliminaires suggérant que la chloroquine, l’hydroxychloroquine, seule ou avec l’azithromycine, n’est pas utile et peut être nocive chez les patients hospitalisés sous Covid-19. »
Il note cependant que les arythmies ventriculaires enregistrées n’expliquent pas à elles seules la surmortalité observée chez les patients traités, et que l’étude ne met pas en évidence une mortalité accrue chez ceux recevant en plus de l’azithromycine, comme on aurait pu l’attendre étant donné sa capacité connue à potentialiser des arythmies. Une observation qualifiée d’« intrigante ».
En France, des remontées de pharmacovigilance ont aussi fait état d’effets indésirables cardiaques parfois mortels liés à l’administration d’hydroxychloroquine pour combattre le Covid-19, posant la question de la balance bénéfice/risque de ce traitement face à une maladie qui disparaît spontanément chez une très grande majorité des patients – mais qui peut aussi elle-même entraîner des atteintes cardiaques susceptibles d’être aggravées par ce type de molécules.
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Certains voient dans la publication du Lancet, après celles des trois autres grandes revues, « le dernier clou sur le cercueil de l’hydroxychloroquine ». Il y a cependant peu de chances que le débat, très enflammé notamment sur les réseaux sociaux, prenne fin. Didier Raoult en préconise l’administration en association avec l’azithromycine dès les premiers symptômes confirmés par PCR, même hors contexte d’hospitalisation – une différence notable avec le protocole retenu dans l’étude du Lancet.
Celui-ci semble cependant nettement plus solide que celui d’une équipe de l’hôpital de Garches, publié en preprint et que ses auteurs ont retiré et ne souhaitent plus voir cité. L’étude montrait un bénéfice dans l’association hydroxychloroquine-azithromycine. Didier Raoult l’avait qualifiée de « très bon travail ».
Considérations éthiques
Pour l’heure, aucun essai clinique randomisé de grande ampleur n’est disponible pour trancher définitivement la question de l’intérêt de l’hydroxychloroquine combinée à l’azithromycine. L’essai Discovery lancé par l’Inserm peine à recruter des patients en Europe pour atteindre une masse critique suffisante – une difficulté rencontrée par d’autres essais cliniques du même type, en partie liée à la baisse du nombre de patients éligibles en raison du reflux de la maladie.
L’existence d’effets secondaires graves risque encore de compliquer les choses, certains observateurs considérant désormais peu éthique de proposer ce traitement. En Belgique, des réticences à exposer les patients à des doses potentiellement délétères expliqueraient pour partie le refus des autorités d’être associées à des essais cliniques sur le sujet, explique ainsi le journal Le Soir.
Ces considérations éthiques entraveront-elles la mise en place d’un vaste essai randomisé en double aveugle annoncé, jeudi 21 mai, par l’université d’Oxford et la fondation Wellcome ? Il est destiné à tester auprès de 10 000 personnels de santé l’intérêt préventif de l’hydroxychloroquine contre le SARS-CoV-2 : exactement l’usage prophylactique que prétend en faire le président Trump !
> Lire aussi Coronavirus : l’essai clinique Discovery englué faute de coopération européenne
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/22/covid-19-une-etude-internationale-suggere-un-risque-accru-de-mortalite-sous-hydroxychloroquine_6040493_3244.html>
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13- Factuel. Deux milliards de masques chinois livrés par un pont aérien inédit, Le Monde, 25/05/20, 05h59
Rémi Barroux, envoyé spécial, Vatry, Marne
Depuis la mi-avril et jusqu’à la fin juin, huit à six rotations par semaine sont organisées entre la Chine et la France pour acheminer masques chirurgicaux et FFP2 sous haute surveillance.
Depuis le ventre de l’avion-cargo russe Antonov, d’où sont extraits des millions de masques chirurgicaux et FFP2 en provenance de Chine, sur le tarmac de l’aéroport de Paris-Vatry (Marne), il faudra une bonne semaine pour que le docteur Jacques Picard, généraliste à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), puisse venir chercher, en pharmacie, cet équipement indispensable à sa sécurité et celle de ses patients.
Entre ces deux moments, les masques ont été transportés sous haute garde, stockés dans des endroits tenus secrets, sous protection militaire, contrôlés, voire testés pour certains, puis, de camions en camionnettes, passés par des plates-formes de répartition. La cible ? 136 groupements hospitaliers territoriaux, soit 14 000 établissements de santé d’une part, et de l’autre, 21 000 pharmacies d’officine.
D’ici à la fin du mois de juin, date possible de la fin de ce pont aérien inédit, deux milliards de masques à usage unique auront atterri en France, en provenance de Chine quasi exclusivement, d’infimes quantités arrivant du Vietnam et de la Tunisie.
Changement de doctrine
Le changement de doctrine est bien réel depuis les déclarations passées, à la tête de l’Etat, sur l’inutilité de porter un masque. « A observer ce qui se passait dans les pays, on a vite compris que le stock de masques disponibles ne serait pas suffisant pour couvrir les besoins sanitaires », explique-t-on aujourd’hui au cabinet du ministre de la santé. Sur BFM-TV, le 19 mai, Emmanuel Macron reconnaissait en effet « des manques, des tensions » sur les masques. « Au début du mois de mars, personne ne parlait des masques parce que nous n’aurions jamais pensé être obligés de restreindre en quelque sorte la distribution de ceux-ci pour les soignants », ajoutait le chef de l’Etat. A l’époque pourtant, les organisations syndicales et professionnelles pestaient contre le manque de matériel de protection.
Le gouvernement s’est alors tourné vers le principal fournisseur mondial de masques, la Chine. Le temps d’identifier les différents producteurs, d’attendre qu’une partie de cette production, préemptée par le marché chinois en priorité, soit disponible en grandes quantités et le pont aérien s’est mis en place. « Les premières expéditions ont eu lieu à la mi-avril. Il nous fallait accélérer les flux et le moyen le plus rapide était l’avion », avance encore le ministère. Le temps aussi, précise-t-on, de « trier »entre les nombreux fabricants dont certains s’étaient reconvertis récemment.
Contrat est signé avec un transporteur, la compagnie russe Volga Dnepr. Le 28 mars, c’est avec Geodis que l’Etat contracte pour six à huit rotations par semaine, via les aéroports de Vatry et de Roissy, par les compagnies Volga Dnepr et Air France. « Notre travail consiste à récupérer les marchandises auprès des fournisseurs, à les amener sur les aéroports de départ, à Shenzhen et à Shanghaï, à les palettiser, puis à les acheminer en France. De l’usine jusqu’aux sites de Santé publique France, il ne doit pas s’écouler plus de quatre à cinq jours », avance Eric Martin-Neuville, le directeur de l’activité fret international de Geodis. Mi-mai, le ministère de la santé annonçait 500 millions de masques déjà arrivés.
Ce 13 mai, il est 14h10 quand la silhouette de l’imposant avion-cargo russe Antonov 124 se présente dans l’axe de la longue piste de 3,8 kilomètres. Descente en douceur, atterrissage puis roulage jusqu’au point de stationnement de l’avion qui transporte ce jour, pour le compte de l’Etat français, sept millions de masques chirurgicaux et 1,6 million de masques FFP2.
> Lire aussi Coronavirus : toute la planète cherche à acheter des masques de protection en Chine
« Risque de vol »
Autour de l’avion, dont la tête s’ouvre lentement sur des dizaines de palettes, une « bulle tactique » est constituée pour empêcher toute intrusion, explique Catherine Anguille-Blanc, chef d’escadron à la gendarmerie des transports aériens, une unité chargée de la sécurité aéroportuaire. « Nous sommes présents sur les arrivées de fret sensible, et sur ce pont aérien, il y a risque de vol », explique-t-elle.
Avant la mise en place des gendarmes sur la piste, c’est Woggle, un berger belge malinois de 5 ans, détecteur d’explosif, qui a sécurisé le vaste hangar où seront entreposées les palettes.
C’est aussi là qu’opère Pierre Carteret, chef divisionnaire des douanes. A charge pour lui et ses services de contrôler la conformité de la marchandise. Bordereau à la main, il vérifie les documents. Sur un grand nombre de cartons, la mention « non medical use » intrigue, d’autant que ces masques sont destinés aux personnels soignants. Aussitôt le douanier vérifie la conformité de la commande. « On assiste parfois à des fraudes sur les déclarations qui sont faites par les fabricants, puis vérifiées par des organismes certificateurs. Mais il existe des correspondances entre les différentes normes internationales », déclare le douanier, expliquant que la rapidité des opérations est essentielle : « une heure maximum pour le passage en douanes ». Un propos confirmé par la directrice générale des douanes, Isabelle Braun-Lemaire. « Pour sortir de Chine, les masques sont déclarés “à usage non médical”, mais leur norme KN95 correspond bien aux normes européennes des masques FFP2. » Selon la direction des douanes, les importations de matériels sanitaires ont fortement augmenté, de plus de 3 000 %, depuis le 1er mars par rapport à l’an dernier.
Santé publique France (SPF) vérifie aussi, avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, que les produits proposés répondent bien aux normes françaises et européennes. « Dans chaque lot, un échantillon est prélevé. On vérifie la couleur, l’ajustement au visage, la qualité des élastiques et si nous avons un doute, on envoie le produit au LNE [Laboratoire national de métrologie et d’essais] où des tests plus poussés sont effectués sur les performances et les capacités de filtration, mais cela allonge les délais », explique la direction de SPF. Pour raccourcir ceux-ci, depuis la mi-mai, des tests sont effectués sur le territoire chinois.
A 17h20, moins de quatre heures après le débarquement des masques sur le tarmac, trois semi-remorques, plombés pour éviter toute « fuite » de matériel, quittent l’aéroport sous haute protection, avec motards et véhicules de la gendarmerie. « Je les stocke à deux endroits, soit chez Geodis à proximité de l’aéroport, un entrepôt gardé par les militaires dans le cadre de l’opération Résilience, soit sur le site militaire de l’ERSA [Etablissement ravitaillement sanitaire des armées], à Marolles. De là, les masques repartiront le plus vite possible, sous escorte, vers les sites de Santé publique France », détaille le préfet de la Marne, Pierre N’Gahane. Direction les stocks des différents groupements hospitaliers territoriaux et les centres logistiques des répartiteurs pour les pharmacies.
« Nous recevons les masques avec la liste d’établissements qui viendront se fournir ici, selon la dotation fixée par l’ARS [agence régionale de santé] Ile-de-France », explique Adeline Girardot, responsable de cette logistique pour le Groupement hospitalier universitaire (GHU) Paris psychiatrie et neurosciences, soit 134 structures à Paris. Ici, dans un des nombreux bâtiments de l’hôpital Sainte-Anne, les cartons de masques sont stockés, en sous-sol dans un local sécurisé.
« Douze semi-remorques chaque semaine »
« Douze semi-remorques nous livrent chaque semaine, soit trente-six palettes et un million de masques environ car outre le GHU, nous distributions pour l’ARS à quasiment tous les établissements hors AP-HP[Assistance publique-Hôpitaux de Paris], soit 567 structures », détaille Adeline Girardot. A l’entrée du bâtiment, Kenza Baadj fait la distribution. Dans la file qui ne cesse de s’allonger, ce 18 mai, sous un soleil estival, Sébastien Deschler patiente. Chef de service à l’ESAT [Etablissement et service d’aide par le travail, destiné aux personnes en situation de handicap] Jules et Marcelle Levy, dans le 12e arrondissement parisien, il témoigne de la reprise progressive des activités… et de l’absolue nécessité des masques.
Kenza Baadj, lui, part livrer deux boîtes de cinquante masques dans le service Pierre Janet, au sein de l’hôpital Sainte-Anne. Très attendu par la cadre responsable du pôle « psychiatrie précarité », Christine Barboux. « Ces masques sont pour nos soignants, mais aussi pour les patients qui, en situation de précarité, en sont souvent démunis », témoigne-t-elle. Depuis le début de la pandémie, les commandes doivent toutes être validées par la direction. « Les circuits sont beaucoup plus contrôlés. Quand on pense qu’au début, les consignes gouvernementales, relayées par la direction, étaient de ne pas porter de masque, que “cela ne servait à rien” », ironise Christine Barboux.
Dans la plate-forme logistique du groupe Phoenix Pharma, à Créteil (Val-de-Marne), des dizaines de camionnettes sont à quai. Elles livrent, deux fois par jour, un réseau de 300 à 350 pharmacies en région parisienne. Elles permettent à ces officines de se réapprovisionner quotidiennement en médicaments et, depuis la survenue du Covid-19, en masques et autres matériels de protection. « On a évidemment accompagné la montée en puissance du gouvernement quand celui-ci a mis la main sur les masques. Il en faut 40 à 45 millions par semaine pour les seuls professionnels de santé hors hôpital », estime Jean Fabre, le président du groupe Phoenix Pharma.
L’immense entrepôt de Créteil abrite 45 000 références de médicaments et les tapis roulants emportent, parfois, des boîtes comptées à l’unité. Les palettes de masques, arrivant par dizaines, sont posées en bout de quai. C’est là que Mahfoud Belchavir, chauffeur livreur, vient chercher son chargement. « Début mars, alors que l’Etat annonçait que les masques arrivaient, les pharmaciens ne les voyaient pas et s’impatientaient », raconte-t-il.
Mardi 19 mai, Mahfoud Belchavir se rend à la pharmacie du Centre, à Maisons-Alfort (Val-de-Marne). « Pendant un mois, c’était la galère, mais cela s’est arrangé », témoigne Jean-Michel Duval, co-titulaire de l’officine. Cinquante professionnels de santé viennent se fournir ici. « Au début, les clients ne comprenaient pas que l’on refuse de leur en vendre », se rappelle-t-il. C’est dans cette vaste pharmacie que le docteur Jacques Picard vient chercher dix-huit masques chirurgicaux et six FFP2. Atteint par le Covid-19, ce généraliste de 72 ans a repris le travail le 30 avril. Ces masques sont une nécessité absolue pour lui. « Et pour la protection de mes patients », insiste-t-il. Une priorité qui l’anime depuis bientôt trois mois.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/25/deux-milliards-de-masques-chinois-livres-par-un-pont-aerien-inedit_6040636_3244.html>
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14- Filières de recyclage : le gouvernement accusé de règlement de comptes, Les Echos, 25/05/20, 07h30
Myriam Chauvot
Deux projets de décret prévoient de remanier les instances de gouvernance des filières de recyclage. Les associations d'élus spécialisées dans les déchets sont écartées et dénoncent une ostracisation des opposants à la consigne des bouteilles plastique.
C'est la crise ouverte entre le gouvernement et les associations de collectivités locales spécialisées dans les déchets. En cause : deux projets de décrets, mis en consultation mi-mai pour une semaine et destinés à remanier les instances des filières de recyclage. Les éco-organismes étant dirigés par les entreprises versant la contribution pollueurs-payeurs, la loi économie circulaire crée un « comité des parties prenantes » afin de donner une voix consultative aux recycleurs et aux associations. Mais les deux associations d'élus locaux spécialistes des déchets, Amorce et le Cercle national du recyclage (CNR), en sont écartées.
Le premier texte réserve en effet le collège des élus aux organisations « dont l'instance de gouvernance est assurée exclusivement par des élus locaux ». Le CNR, où recycleurs et associations de consommateurs ont 4 sièges sur les 22 du conseil d'administration, et Amorce, qui compte 13 professionnels et associations sur 43 administrateurs, en sont donc de facto exclus. Au grand dam de Gilles Vincent, vice-président du Grand Toulon et président d'Amorce, dont les adhérents comptent 608 collectivités gérant les déchets de 60 millions d'habitants et 344 entreprises publiques ou privées et associations.
>> Suite à lire en édition abonnée à :
<https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/filieres-de-recyclage-le-gouvernement-accuse-de-reglement-de-comptes-1205339>
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15- Emballage plastique : pas de hausse de production en 2020, selon les industriels, AFP, 25/05/20, 17:00
Les industriels de l'emballage plastique ne prévoient pas de hausse globale de la production en 2020, malgré la demande accrue dans certains secteurs clients comme l'alimentaire et l'hygiène en lien avec le confinement.
Selon l'enquête réalisée entre fin avril et début mai par la fédération de l'emballage plastique Elipso auprès de ses adhérents, 47% des entreprises ont enregistré une baisse des commandes clients en avril par rapport au même mois de 2019.
A l'opposé, 41% des industriels ont observé une "production en légère hausse", mais ils signalent "un important tassement de la demande".
"Pour l'ensemble des emballages plastiques, tous secteurs confondus, la production 2020 ne dépassera pas la production 2019", selon la présidente d'Elipso, Françoise Andres, citée dans un communiqué.
Celle-ci estime que "la hausse en trompe l’oeil de certaines familles d’emballages (alimentaire à destination de la grande distribution et hygiène) en début de confinement, ne compensera pas la baisse de l’ensemble des emballages plastiques".
Pour 40% des industriels de l'emballage, cette situation est liée à un "manque de demande client" face à un climat d'"incertitude".
La moitié d'entre eux n'envisage pas de retour à la normale "avant six mois à un an".
La fédération Elipso souligne par ailleurs que la quasi totalité du secteur de l'emballage plastique veut "poursuivre sa transition vers une économie circulaire".
Huit sur dix des entreprises qui ont répondu à l'enquête placent en tête des critères d'investissement dans ce but "l'incorporation de matière recyclée (...) en lien avec l'objectif gouvernemental d'atteindre 100% de plastique recyclé en 2025".
<https://www.geo.fr/environnement/emballage-plastique-pas-de-hausse-de-production-en-2020-selon-les-industriels-200755>
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16- Les égouts, des sentinelles sanitaires contre le coronavirus, Le Monde, 26/05/20, 05h56
Martine Valo
L’analyse des eaux usées des villes permettrait, selon des chercheurs, de détecter de façon précoce la présence d’une contamination de la population, avant même sa manifestation clinique.
Crise sanitaire oblige, de nombreux chercheurs se sont lancés sur les traces du SARS-CoV-2 tous azimuts : dans l’air, sur le verre ou le plastique, dans les coquillages et jusque dans les eaux usées des villes. Or, cette dernière piste s’avère un bon révélateur de la contamination. Comme l’actuel coronavirus est excrété dans les selles, les échantillons prélevés dans des stations d’épuration rendent possible d’y détecter son génome, même si on ne connaît pas sa charge virale à ce stade. Ces analyses peuvent permettre de suivre la dynamique de l’épidémie de près dans les villes, où cette recherche est menée, et alerter les autorités sanitaires de façon précoce.
En effet, la concentration de l’ARN (acide ribonucléique) du virus se détecte alors qu’il circule encore silencieusement parmi les humains. Cet indicateur devance des signes, comme l’augmentation du nombre d’admissions à l’hôpital, et les bilans des tests menés sur des malades présentant des symptômes. D’autant que ces derniers peuvent prendre plusieurs jours pour se manifester, alors que l’individu peut excréter le virus plus tôt.
> Lire aussi Coronavirus : des « traces infinitésimales » dans les eaux non potables de Paris
Résultat : l’évolution de la contamination de la population puis la décrue de l’épidémie repérées dans les eaux usées correspondent précisément, avec un décalage, à la courbe épidémiologique que produisent les réseaux de santé.
Des résultats rapides et convaincants
Une équipe de chercheurs de l’université et de l’école de médecine de Yale (Connecticut), a ainsi établi que la détection de traces de SARS-CoV-2 peut devancer de trois jours la vague montante des entrées dans les hôpitaux locaux. Sa concentration maximale est même apparue sept jours plus tôt que le pic du nombre de malades, selon les résultats compilés des tests de Covid-19.
Pour cette publication mise en ligne en preprint le 22 mai sur la plate-forme de recherche médicale MedRxiv, l’équipe a travaillé à partir de boues d’épuration prélevées quotidiennement du 19 mars au 1er mai dans quatre villes de l’agglomération de New Haven, une ère d’environ 200 000 habitants. Les auteurs précisent que, au cours de l’épidémie, leurs échantillons étaient tous positifs.
Avec la pandémie, ils ne sont pas les seuls chercheurs à s’intéresser aux stations d’épuration. En fait, c’est un véritable engouement qui s’est emparé des virologues. A la suite d’une équipe néerlandaise, Laurent Moulin, du laboratoire Eau de Paris, a été l’un des pionniers sur ce créneau. Son étude, postée le 6 mai sur MedRxiv, a elle aussi été réalisée avec des scientifiques de Sorbonne université, du CNRS, de l’Inserm et de l’Institut de recherche biomédicale des Armées. Elle observe la contamination dans l’agglomération parisienne du 5 mars au 23 avril et les effets du confinement.
« Eau de Paris s’occupe de l’eau potable pas des eaux usées – précisez bien que ce ne sont pas les mêmes réseaux, qu’il n’y a pas de risque à boire l’eau du robinet. Néanmoins, nous assurons une veille des virus responsables des gastro-entérites depuis cinq ans. Nous avons donc eu l’idée de repérer les traces de SARS-CoV-2, en même temps que d’autres sûrement, mais nous avons obtenu des résultats de façon plus précoce. »
Rapides et convaincants : l’équipe de Laurent Moulin a vite obtenu le soutien de l’Académie des sciences et de celle des technologies, ainsi que 500 000 euros de la part du gouvernement pour mener ses recherches. Son enthousiasme a contribué à lancer l’observatoire épidémiologique dans les eaux usées (Obépine), que plusieurs laboratoires ont rejoint. « Surveiller une centaine de stations d’épuration bien choisies sur le territoire deux fois par semaine reviendrait bien moins cher que de tester 40 % de la population ! », affirme le chercheur.
Prélèvements maritimes négatifs
A l’approche de l’été, la question des eaux littorales se pose. L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) s’en est saisi. Les analyses des prélèvements effectués sur les façades maritimes se sont avérées négatives, tout comme celles menées sur des huîtres creuses. « C’est une bonne nouvelle, car les coquillages filtrent une grande quantité d’eau et concentrent les pathogènes, explique Soizick Le Guyader, virologue à l’Ifremer. L’intérêt d’étudier les eaux usées est de plus en plus évident : la flore intestinale, c’est plus pratique à analyser que de constituer un échantillonnage représentatif de la population. »
Les égouts en guise de sentinelles : l’idée a aussi éveillé l’intérêt de collectivités locales et d’opérateurs de l’eau et de l’assainissement publics et privés en France. En Suisse, l’Institut fédéral des sciences et technologies de l’eau se penche également sur cette piste avec l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne.
> Lire aussi Pour l’ONU, les eaux usées sont un « nouvel or noir »
« Des équipes s’y sont mises en Espagne, en Australie, en Angleterre… Il y a une grande émulation internationale, note Christophe Dagot, chercheur à l’Inserm et professeur à l’université de Limoges. D’ailleurs, nous aussi, nous nous sommes lancés dans l’épidémiologie sanitaire dans la cité, nous avons rejoint le réseau Obépine afin de valider les procédés de notre laboratoire. La région nous a alloué une subvention de recherche et la métropole de Limoges a décidé, à une vitesse record, de nous aider en assurant les collectes des échantillons, notamment à la sortie des hôpitaux et d’Ehpad. Nous voulons essayer de dresser une cartographie fine de l’agglomération. Dans les eaux usées, on trouve des agents blanchissants, des stupéfiants, des médicaments…, assure-t-il. On peut aisément repérer le quartier le plus dépressif de la ville. »
Christophe Dagot dirige aussi une équipe de recherche fondamentale qui travaille sur les mutations du virus. « Nous allons séquencer son génome et comparer avec celui recueilli chez des malades. Est-ce qu’il bouge ? Est-il mort ? Il a besoin de matériel organique pour survivre donc plus l’eau est sale, plus on peut en trouver. A la sortie des stations d’épuration, il y en a par conséquent très peu. » Le scientifique est rassurant : jusqu’à présent, aucune étude n’a établi de risque épidémique dans les eaux de surface.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/26/les-egouts-des-sentinelles-sanitaires-contre-le-coronavirus_6040725_3244.html>
En savoir plus :
> Evaluation of lockdown impact on SARS-CoV-2 dynamics through viral genome quantification in Paris wastewaters <https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.04.12.20062679v2>, Medrxiv, 12/04/2020
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17- Entretien. Ce que l'on sait (ou non) de la circulation du virus dans l'air, CNRS le journal, 26/05/20
Propos recueillis par Philippe Testard-Vaillant
Mi-mars, une étude italienne affirmant que les particules de pollution pourraient propager le SARS-CoV-2 a semé le trouble. Le physicien et chimiste Jean-François Doussin nous explique pourquoi cette thèse ne tient pas et nous livre un état des lieux des connaissances sur la propagation du virus dans l’air.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19 en Europe, l’idée que les particules de pollution pourraient servir de vecteur au virus fait florès dans les médias de toutes sortes. Comment est née cette rumeur ?
Jean-François Doussin : Tout est parti d’un rapport rédigé par douze universitaires italiens et mis en ligne à la mi-mars. Les auteurs de ce document, qui ne sont pas des spécialistes de la pollution atmosphérique, y affirment que les concentrations élevées de particules fines dans le nord de la Péninsule, une vallée très industrielle donc très polluée, ont pu favoriser la propagation du coronavirus dans le Piémont, en Lombardie, en Vénétie et en Émilie-Romagne.
Bien que cette étude ne réponde pas aux critères qui garantissent la validité des résultats scientifiques (elle n’a pas été évaluée par des pairs), et malgré l’appel à la prudence lancé par la Societa Italiana di Aerosol (une organisation réunissant les experts italiens des aérosols) et relayé dans l’Hexagone par Actris-France (l’infrastructure de recherche européenne pour l'observation et l'exploration des aérosols, des nuages et des gaz réactifs et de leurs interactions), la thèse défendue par les chercheurs italiens a jeté le trouble et reçu un écho retentissant. De grands journaux nationaux et internationaux l’ont reprise, présentée comme acquise, et ont même parlé des particules fines comme d’une « autoroute pour le coronavirus ». Cette thèse s’est propagée sur les réseaux sociaux sachant que les mauvaises nouvelles circulent plus vite que les bonnes…
>> Suite à lire à :
<https://lejournal.cnrs.fr/articles/ce-que-lon-sait-ou-non-de-la-circulation-du-virus-dans-lair>
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18- 450 ans pour disparaître, non-recyclable… avec les incivilités, l'utilisation des masques vire au désastre écologique, Novethic, 27/05/20
Marina Fabre
Ce sont les nouveaux mégots. Partout en France, les éboueurs retrouvent des masques chirurgicaux qui jonchent les trottoirs. Une association vient même d'en retrouver au fond de la Méditerranée. Cette situation est un vrai désastre écologique : les masques mettent 400 à 450 ans à se dégrader et ne se recyclent pas. Pour limiter les dégâts un député LR veut que l'amende encourue pour ce type de délit passe de 68 à 300 euros.
C’est un autre fléau de la crise du Covid-19. Alors que les livraisons de masques jetables arrivent enfin à bon port, depuis des semaines, les villes et éboueurs constatent que de plus en plus de masques et gants jonchent les rues de l’Hexagone. "Quand certains sortent des transports en commun où le masque est obligatoire, ils s’en débarrassent aussitôt", explique Dominique Lemesle, directeur général délégué chargé des services urbains à Lyon. Et du trottoir à la mer, il n’y a qu’un pas.
L’association Opération mer propre vient en effet d’en retrouver au fond de la Méditerranée. "On les attendait, ils sont arrivés, mais pas au bon endroit", ironise l’association sur son compte Facebook. "Si rien ne change, ça va devenir un vrai désastre écologique et peut être même sanitaire", explique le plongeur Laurent Lombard. Il faut dire que ces "nouveaux mégots" sont des déchets très polluants qui prennent de 400 à 450 ans à se dégrader selon plusieurs associations.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/dechets/isr-rse/450-ans-pour-disparaitre-et-pas-de-recyclage-le-desastre-ecologique-des-masques-a-l-ere-du-coronavirus-148612.html>
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En audio
19- Pollution plastique ? Une solution de la fondation Race for Water, France Inter, Chroniques Littorales, 22/05/20, 05h12
Jose Manuel Lamarque
Comment vaincre la pollution plastique en limitant son usage et le recyclant. "L'Odyssée du plastique", livre d'Eric Loizeau, raconte le périple d'un équipage motivé, positif, et d'une entreprise qui refuse la fatalité et privilégie des solutions concrètes et durables.
Depuis 2012 et les débuts de la Fondation Race For Water, le suisse Marco Simeoni consacre une partie de sa fortune personnelle à la protection de la planète et finance l'ensemble du projet. Il a acheté le bateau Planet Solar, un bateau électrique qui fonctionne soit grâce à l'énergie des panneaux photovoltaïques qui constituent son pont, soit grâce à l'hydrogène. Planet Solar parcourt les océans pour sensibiliser les populations locales au tri et au respect de l'environnement.
>> Suite à lire ou à (ré)écouter (4 min) à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/chroniques-littorales/chroniques-littorales-22-mai-2020>
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20- Effet déconfinement : sur la Côte d'Azur, masques et gants jetables polluent déjà les fonds marins, France 3 PACA, 24/05/20, 18:55
Pierre-Olivier Casabianca
Deux semaines après le début du déconfinement, des masques chirurgicaux et des gants en latex flottent déjà en Méditerranée. L'association Opération Mer Propre s'inquiète de leur prolifération.
L'inquiétude grandit au sein des associations environnementales. Depuis quelques jours, des masques chirurgicaux et des gants en latex sont retrouvés au large des côtes azuréennes.
Samedi 23 mai, lors d'une plongée à Cannes, le lanceur d'alerte Laurent Lombard, fondateur de l'association Opération Mer Propre, en a retrouvé plusieurs.
"Ça vous dit cet été de vous baigner avec le Covid-19. Sachant que plus de 2 milliards de masques jetables ont été commandés, il y a bientôt le risque de voir plus de masques que de méduses dans les eaux de la Méditerranée !", s'insurge le plongeur
Sa vidéo, mise en ligne le jour même, a été vue plus de 46.000 fois en à peine 24 heures.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/antibes/effet-deconfinement-cote-azur-masques-gants-jetables-polluent-deja-fonds-marins-1832828.html>
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En images
21- Où jeter les masques, mouchoirs, lingettes et gants ?, Ministère de l’écologie, 15/05/20
> Vidéo à voir à :
<https://twitter.com/Ecologie_Gouv/status/1261249669256163329>
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22- Coronavirus : "Les lobbies font de l'opportunisme épidémique", dénonce Poirson sur RTL, 26/05/20, 19:35
Interview réalisé par Thomas Sotto
Invitée RTL - La secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire dénonce les manœuvres des lobbies pour entraîner un retour en force du plastique pendant cette pandémie.
La crise du coronavirus a entraîné une hausse de l'usage du plastique depuis plusieurs semaines, et ce alors que depuis le 1er janvier dernier la France avait engagé de gros efforts pour diminuer la consommation d'emballages et de plastique à usage unique.
Cette explosion "n'est pas arrivée comme ça", assure Brune Poirson. "Elle est arrivée dans notre quotidien parce qu'elle a été poussée par des lobbies. On les a fait sortir par la grande porte à l'occasion de la loi anti-gaspillage, qui a été votée en février dernier, et ils sont en train de revenir par la fenêtre", déplore la secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire.
Et de dénoncer les "vieilles recettes" utilisées par ces lobbies, notamment lorsqu'ils font un amalgame entre les différents usages du plastique, mais aussi quand ils "font des mélanges entre toutes les études scientifiques pour les torde et les mettre dans le sens qui les arrange".
« Je ne me sens pas impuissante, mais j'ai besoin de continuer à être soutenue » Brune Poirson sur RTL le 26 mai 2020
Brune Poirson explique également que pendant le confinement, les lobbies sont revenus "en catimini", en demandant notamment "un moratoire sur la loi anti-gaspillage sur l'économie circulaire". Une demande notamment portée par le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, mais qui a été rejetée par le gouvernement.
"Ils ont fait de l'opportunisme épidémique", lance Brune Poirson, qui souligne que les lobbies effectuent toutes leurs manœuvres en ce moment "parce qu’ils savent que des mesures majeures vont être mises en place dans les prochains mois".
Pour autant, dans son combat face à ces puissances, Brune Poirson l'assure : "Je ne me sens pas impuissante, mais j'ai besoin de continuer à être soutenue. Je suis soutenue, mais on ne l'est jamais suffisamment", souligne-t-elle.
Interview à voir à :
<https://www.rtl.fr/actu/politique/coronavirus-plastique-les-lobbies-font-de-l-opportunisme-epidemique-denonce-poirson-sur-rtl-7800553798 <https://www.rtl.fr/actu/politique/coronavirus-plastique-les-lobbies-font-de-l-opportunisme-epidemique-denonce-poirson-sur-rtl-7800553798>>
Sur le même sujet :
> Coronavirus : pour Brune Poirson, la hausse de l'utilisation du plastique est "poussée par des lobbies" <https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-pour-brune-poirson-la-hausse-de-l-utilisation-du-plastique-est-poussee-par-des-lobbies_3982223.html>, France info, 26/05/20, 21:51
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23- Masques jetables, la nouvelle pollution, TF1, journal de 20h, 26/05/20
Depuis le début du déconfinement, des masques jetables usagés polluent nos villes. Certains ont fini dans la mer Méditerranée.
Le week-end dernier, un plongeur a repêché des masques et des gants usagés au large d'Antibes. Avant de finir au fond de l'eau, ces objets sont jetés par terre. Un geste qui se multiplie depuis le début du déconfinement dans plusieurs villes. Outre le danger écologique, cet incivisme fait courir un gros risque de contamination aux éboueurs.
> Vidéo à voir à :
<https://www.lci.fr/planete/video-masques-jetables-la-nouvelle-pollution-2154867.html>
Sur le même sujet :
> Masques déversés dans la Méditerranée : « Si on jette par terre, ça finit dans la mer » <http://www.leparisien.fr/video/video-masques-deverses-dans-la-mediterranee-si-on-jette-par-terre-ca-finit-dans-la-mer-26-05-2020-8323674.php>, Le Parisien, 26/05/20, 17h11
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24- Les derniers secrets du Covid, France 2, Complément d'enquête, 28/05/20, 22h47
Apparu à Wuhan (Chine) à la fin de l'année 2019, le Coronavirus SARS-CoV-2 s'est vite propagé dans le monde. Pour stopper la pandémie et éviter la saturation des hôpitaux, plusieurs pays ont confiné leur population pendant des semaines. Le point sur la contagiosité du Covid-19 et sur le travail des chercheurs pour trouver un traitement ou un vaccin.
- Les inguérissables du virus, une enquête de Laure Pollez
- Chasseurs de zoonoses, un reportage de Louis Milano-Dupont et Thomas Lelong
- P4 : un labo très opaque, une enquête de Camille Le Pomellec /Premières Lignes
> Magazine (1h13) à retrouver à :
<https://www.france.tv/france-2/complement-d-enquete/1499745-les-derniers-secrets-du-covid.html>
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– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
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– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
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– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
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