[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (lundi 29 juin)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Lun 29 Juin 07:55:11 CEST 2020


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Exportations de bétail : l’opacité des conditions de transport en mer mobilise des ONG <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/14/exportations-de-betail-l-opacite-des-conditions-de-transport-en-mer-mobilise-des-ong_6042783_3244.html>, Le Monde, 14/06/20, 06h22
2- Science décalée : les vaches aussi portent des masques... mais pas contre le coronavirus <https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/vache-science-decalee-vaches-aussi-portent-masques-mais-pas-coronavirus-81468/>, Futura-sciences, 14/06/20
3- Les législateurs européens ne s’entendent pas sur la réforme de la PAC <https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/eu-lawmakers-bicker-over-cap-reform/>, EurActiv, 15/06/20, 12:03
4- « Ça va taper très fort », ou le spectre d’une nouvelle guerre des prix dans les supermarchés <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/15/ca-va-taper-tres-fort-ou-le-spectre-d-une-nouvelle-guerre-des-prix-dans-la-distribution-alimentaire_6042836_3234.html>, Le Monde, 15/06/20, 15h53
5- Le comité d’éthique de l’Anses en déshérence depuis six mois <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/16/le-comite-d-ethique-de-l-anses-en-desherence-depuis-six-mois_6043028_3244.html>, Le Monde, 16/06/20, 11h46
6- Glyphosate : la déontologie de l’Anses mise en cause <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/16/glyphosate-la-deontologie-de-l-anses-mise-en-cause_6042962_3244.html>, Le Monde, 16/06/20, 11h47
7- Reverdir le Sahel (1). Au Sahel, des arbres et des bêches pour lutter contre l’avancée du désert <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/17/au-sahel-des-arbres-et-des-beches-pour-lutter-contre-l-avancee-du-desert_6043108_3212.html>, Le Monde Afrique, 17/06/20, 08h05
8- Protection des abeilles : une ONG dépose un recours contre la Commission européenne <https://www.geo.fr/environnement/protection-des-abeilles-une-ong-depose-un-recours-contre-la-commission-europeenne-200966>, AFP, 17/06/20, 17:00
9- Des bulles de savon pour polliniser des arbres fruitiers <https://www.geo.fr/environnement/des-bulles-de-savon-pour-polliniser-des-arbres-fruitiers-200970>, AFP, 17/06/20, 21:00
10- Reverdir le Sahel (2). Face à la désertification, faire revivre les terres perdues du Burkina Faso <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/18/face-a-la-desertification-faire-revivre-les-terres-perdues-du-burkina-faso_6043221_3212.html>, Le Monde Afrique, 18/06/20, 06h14
11- Malgré leurs atouts, les légumineuses en crise de croissance <https://www.geo.fr/environnement/malgre-leurs-atouts-les-legumineuses-en-crise-de-croissance-200972>, AFP, 18/06/20, 09:00
12- Lancement d'une campagne de prévention contre les feux de forêt <https://www.geo.fr/environnement/lancement-dune-campagne-de-prevention-contre-les-feux-de-foret-200982>, AFP, 18/06/20, 19:00
13- Reverdir le Sahel (3). De Dakar à Saint-Louis, une forêt comme rempart contre les assauts de la mer <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/19/de-dakar-a-saint-louis-une-foret-comme-rempart-contre-les-assauts-de-la-mer_6043380_3212.html>, Le Monde Afrique, 19/06/20, 07h00
14- En direct de la serre à l'assiette : le pari de la ferme de l'Envol <https://www.geo.fr/environnement/en-direct-de-la-serre-a-lassiette-le-pari-de-la-ferme-de-lenvol-200985>, AFP, 19/06/20, 10:00
15- Analyse. Saint-Emilion, une appellation de plus en plus vertueuse <https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2020/06/19/saint-emilion-une-appellation-de-plus-en-plus-vertueuse_6043446_4497540.html>, Le Monde, 19/06/20, 13h41
16- Chronique. Déconfinement : « La tomate défend ses couleurs » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/20/deconfinement-la-tomate-defend-ses-couleurs_6043554_3234.html>, Le Monde, 20/06/20, 09h18 
17- Les grands groupes laitiers épinglés pour leur impact sur le climat <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/20/les-grands-groupes-laitiers-epingles-pour-leur-impact-sur-le-climat_6043577_3244.html>, Le Monde, 20/06/20, 13h49
18- Pour mieux partager et protéger la terre, 10 organisations demandent une loi foncière en 2021 ! <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/cp-loi_fonciere-fnh_1.pdf>, Fondation pour la Nature et l’Homme, communiqué du 22/06/20
19- Reverdir le Sahel (4). Le Tchad apporte sa pierre à la Grande Muraille verte avec ses acacias <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/23/le-tchad-apporte-sa-pierre-a-la-grande-muraille-verte-avec-ses-acacias_6043932_3212.html>, Le Monde Afrique, 23/06/20, 19h00
20- « OGM, mensonges et vérités » : les fausses promesses d’une révolution agricole <https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/06/23/ogm-mensonges-et-verites-les-fausses-promesses-d-une-revolution-agricole_6043931_3246.html>, Le Monde, 23/06/20, 19h00
En audio
21- L'Abeille du 18 juin <https://www.youtube.com/watch?v=jqyb6SvO8IM>, Syndicat des Apiculteurs d'Occitanie, 16/06/20
En images
22- Alimentation : toujours trop de produits transformés dans les assiettes des Français <https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/alimentation-toujours-trop-de-produits-transformes-dans-les-assiettes-des-francais_4012829.html>, France 2, journal de 13h, 18/06/20
23- Ils vous promettent de consommer sainement <https://www.replay.fr/tout-compte-fait-integrale-ils-vous-promettent-de-consommer-sainement-4396756>, France 2, Tout compte fait, 20/06/20, 14h03
24- OGM : Mensonges et vérités <https://www.arte.tv/fr/videos/057483-000-A/ogm-mensonges-et-verites/>, Arte France, rediffusion le 23/06/20, 20h50

Bien à vous,
Florence

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RAPPORT & ÉTUDES DU JOUR : — Inspections lacunaires, manque d’informations et de suivi… La Commission européenne a publié en mai un rapport très critique sur les conditions de transport maritime des animaux. (cf. item 1 & suite)
— Des drones lançant des bulles de savon peuvent servir à polliniser des arbres fruitiers, en danger face au déclin sans précédent des abeilles, selon une étude japonaise publiée dans la revue américaine iScience. (cf. item 9 & suite)
— Selon l’analyse de l’Institute for Agriculture and Trade Policy, la course à la production laitière a un important impact social et environnemental. (cf. item 17 & suite)
SMILEY DU JOUR : Une start-up britannique a inventé un masque qui absorbe le méthane issu des rots des vaches, cause majeure de réchauffement climatique. Un accessoire qui ne semble pas déranger le moins du monde les animaux. (cf. item 2)
BLOCAGE DU JOUR : Pascal Canfin, président de la commission de l’environnement, annonce à son homologue en charge de l’agriculture, l’eurodéputé allemand Norbert Lins, qu’il met un terme au travail conjoint des deux commissions sur la régulation du plan stratégique, l’un des trois piliers de la réforme de la PAC. (cf. item 3)
SPECTRE DU JOUR : Conséquence de la crise sanitaire, les enseignes s’attendent à faire le grand écart entre les consommateurs ayant perdu du pouvoir d’achat et ceux qui voudront plus de bio. (cf. item 4)
DÉONTOLOGIE DU JOUR : Un collectif de lanceurs d’alerte critique les conditions d’attribution d’une étude clé sur le potentiel cancérogène du glyphosate, dans le cadre de sa réévaluation européenne. (cf. item 6 & 5)
RECOURS DU JOUR : L'ONG Pollinis a déposé un recours contre la Commission européenne pour avoir accès à des documents concernant des tests de pesticides et les risques qu'ils représentent pour les abeilles. (cf. item 8, suite & 21)
DÉFICIT DU JOUR : La production des pois, fèves et lentilles, qui semble avoir tous les atours de la solution miracle pour la transition agroécologique, reste encore très largement déficitaire en France. (cf. item 11)
ALTERNATIVES DU JOUR : — Implantée sur une ancienne base militaire à Brétigny-sur-Orge, la ferme agroécologique de l'Envol ambitionne de produire "en autonomie", sans intrants extérieurs, pour livrer les franciliens en produits locaux et bio et supprimer quelques milliers de kilomètres de transport. (cf. item 14 & suite)
— Sur la rive droite du bordelais, le « bio » ne fait plus peur. De plus en plus de vignerons se convertissent, et, bientôt, une certification environnementale dans le cahier des charges de l’appellation devrait voir le jour. (cf. item 15)
REQUÊTE DU JOUR : Alors que le Ministre de l’agriculture annonçait annuler purement et simplement le projet d’une loi foncière pourtant promis par Emmanuel Macron, les mesures en ce sens votées par la Convention Citoyenne pour le Climat doivent amener à rouvrir ce dossier à la demande de 10 organisations. (cf. item 18)
CITATION DU JOUR : "Avant vous ne pouviez pas consommer une plante qui avait reçu du Roundup puisqu’elle était forcément morte. Maintenant, avec le gène qui lui permet d’y survivre, nous pouvons manger de l’herbicide… ", Pierre-Henri Gouyon, biologiste et généticien (cf. item 20)
ÉPISODES DU JOUR : — A cause du réchauffement climatique, la désertification grignote chaque année un peu plus les terres arables du Sahel. Des projets tentent de reverdir et de refertiliser la zone. (cf. item 7)
— Alors que 360 000 hectares de terres sont dégradés par la sécheresse chaque année, au Burkina Faso, des paysans luttent pied à pied pour refertiliser leurs champs. (cf. item 10)
— Au Sénégal, les maraîchers de la côte des Niayes, menacée par l’érosion, bataillent pour préserver la bande de filaos qui fixe les dunes de sable. (cf. item 13)
— Le Tchad apporte sa pierre à la Grande Muraille verte en replantant plus de 2 millions d'acacias en vue de collecter la gomme arabique. (cf. item 19)
CHIFFRE DU JOUR :  90% des ingrédients du petit-déjeuner sont ultra-transformés, comme les biscottes, les céréales ou le granola. (cf. item 22, suite, 23 & suite)
DOCUMENTAIRE DU JOUR : Frédéric Castaignède signe une remarquable enquête sur les OGM, ces plantes qui occupent 11 % des surfaces cultivées dans le monde. (cf. item 20 & 24)
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> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
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> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Exportations de bétail : l’opacité des conditions de transport en mer mobilise des ONG, Le Monde, 14/06/20, 06h22
Mathilde Gérard 

Inspections lacunaires, manque d’informations et de suivi… La Commission européenne a publié en mai un rapport très critique sur les conditions de transport maritime des animaux. 
Ce sont trois faits d’actualité récents qui racontent un raté européen. Il y eut d’abord le Queen Hind, en novembre 2019. Le cargo, battant pavillon des Palaos, avait chaviré dans la mer Noire peu après son départ du port roumain de Midia. Il transportait plus de 14 000 moutons à destination de l’Arabie saoudite. Les 21 membres de l’équipage et seulement 180 moutons avaient réchappé.
Puis, en avril et mai, ce sont plusieurs animaux morts, cinq moutons et une vache, retrouvés échoués sur des plages israéliennes, près de Tel-Aviv et au nord d’Haïfa. Certains avaient les oreilles coupées, empêchant toute identification. Trois moutons qui avaient gardé leur boucle venaient du Portugal. Echoués après plusieurs jours en mer, ils avaient manifestement été jetés par-dessus bord, en toute illégalité.
Enfin, les 21 et 27 mai, les douanes espagnoles interceptaient deux navires venant d’Amérique du Sud, le Neameh et le F. M. Spiridon. Soupçonnant un trafic de stupéfiants, les douaniers découvrent à bord des milliers de bovins faméliques, piétinant dans leurs excréments, entassés dans de minuscules enclos, entourés de dizaines d’animaux morts. L’odeur est telle que les enquêteurs doivent porter des masques à oxygène et que les chiens détecteurs ne peuvent faire leur travail.
Tableau sombre pour le transport maritime d’animaux
« C’était un enfer », a raconté un agent monté sur le Neameh à la presse espagnole. Ce cargo a quitté le port d’Algesiras sans avoir pu être fouillé. A son arrivée à Damiette, en Egypte, le registre du bateau indique que 34 bovins sont morts, mais les autorités n’en trouvent nulle trace à bord.
Ces exemples dessinent un tableau sombre pour le transport maritime d’animaux, un secteur peu et mal réglementé. Dans un rapport publié en mai sur le « bien-être des animaux exportés en mer », la Commission européenne dresse un bilan accablant.
Après deux ans d’enquête et un audit de quatre ports européens – en France, celui de Sète (Hérault) devait avoir lieu en mars, mais a été reporté en raison du confinement –, Bruxelles avoue d’importantes lacunes. « Actuellement, ni les Etats membres ni la Commission ne disposent d’informations ou de statistiques sur l’état de santé et le bien-être des animaux pendant les voyages en mer », écrit la Commission. Alors que plusieurs associations ont fait du dimanche 14 juin une journée de mobilisation sur le sujet, ces dernières interrogent : les transports maritimes s’affranchiraient-ils des réglementations sur la protection animale ?
Chaque année, l’Union européenne exporte 3 millions de bovins et ovins par la mer. En France, 146 000 animaux ont transité en 2019 par le port de Sète à destination de pays tiers du pourtour méditerranéen, où ils ont rejoint des centres d’engraissement ou des abattoirs. Les bateaux qui les transportent sont parmi les plus vétustes. A Sète, la moyenne d’âge des cargos bétaillers est de 42 ans, 10 de plus que pour les navires de marchandise, selon un décompte de l’ONG française Welfarm.
Absence de supervision sanitaire
Durant les trajets en mer, entre cinq et douze jours en moyenne, les animaux sont exposés à de nombreux risques thermiques avec la montée des températures, à des blessures dans des enclos inadaptés, et au manque de soins, car la législation n’impose pas de présence de vétérinaire à bord.
Malgré l’absence de supervision sanitaire sur les bateaux, la réglementation européenne sur la protection animale est censée s’appliquer pendant toute la durée du transport, jusqu’au point d’arrivée. Ce principe a été réaffirmé par la Cour de justice européenne en 2015. Or, une fois à bord, les animaux disparaissent des radars et les contrôles sont quasi inexistants.
> Lire aussi  Des animaux exportés par l’Union européenne victimes de mauvais traitements
« Il n’est pas transmis d’informations pendant le voyage en mer, confirme le ministère français de l’agriculture. La réglementation ne permet pas de l’exiger, mais la France a commencé à obtenir la communication de rapports de mortalité et de blessures a posteriori. A ce jour, tous les rapports obtenus indiquaient une mortalité nulle. »
Une conclusion qui ne satisfait pas les ONG, qui recensent chaque année des dizaines d’animaux échoués sur des plages de Méditerranée, et soupçonnent que de nombreux autres gisent en mer. L’association Israel Against Live Shipments documente l’état des animaux importés par le pays. « Quand ils sont déchargés des bateaux, les animaux sont fatigués, décrit Yael Gabay, membre du collectif. Ils ont du pus dans le nez, parfois ils sont aveugles, ont les cornes cassées… » Quant aux cadavres sur les plages, « les corps arrivent après quatre à cinq jours en mer ; il n’est pas possible de faire d’autopsie ». 
Jeter un animal mort par-dessus bord (tout comme le lisier) est pourtant contraire à la convention Marpol de 1973 qui classe la Méditerranée en zone protégée. « Les cargos sont des boîtes noires, dénonce Adeline Colonat, chargée de campagne pour l’ONG Welfarm. On ne peut pas savoir ce qui se passe à bord des navires. » 
Des non-conformités malgré l’agrément
Il existe plusieurs niveaux de contrôle des bateaux. D’abord, l’agrément, délivré pour cinq ans maximum par un des Etats membres de l’UE (Union européenne), qui déclare le navire apte au transport d’animaux. A l’exception du Portugal et de l’Irlande, la Commission européenne juge les procédures d’inspection des Etats membres « insuffisantes », citant le manque de qualification du personnel, des moyens et des ressources humaines trop faibles, des documentations incomplètes…
Le F. M. Spiridon, le bateau intercepté par les douanes espagnoles au port de Las Palmas (Canaries) sur son trajet vers l’Egypte, dispose ainsi d’un agrément de la France datant du 11 septembre 2015. Battant pavillon du Togo et classé sur la liste noire du mémorandum de Paris sur le contrôle des navires, le transporteur, construit en 1973, avait été inspecté par l’ONG allemande Animal Welfare Foundation en mars 2016. Celle-ci avait alors constaté plusieurs non-conformités : des rampes d’accès pouvant entraîner des blessures, une absence de signal de détection de fumée, des plafonds trop bas et des enclos saturés…
Outre l’agrément délivré pour plusieurs années, les autorités portuaires doivent examiner les bateaux avant chaque chargement. Mais ces contrôles conduisent rarement à un refus de transport. En deux ans d’enquête, « les services de la Commission n’ont trouvé aucune preuve que les autorités aient jamais refusé un seul chargement ».
« Constat d’impuissance »
Pire, le rapport de Bruxelles indique que même lorsque des carences étaient relevées, « le navire était autorisé à transporter des animaux ». La Commission décrit des « fortes pressions de la part des exportateurs » auprès des vétérinaires pour autoriser les expéditions. Interrogé, le ministère de l’agriculture français assure pour sa part que les services vétérinaires à Sète ont déjà prononcé « plusieurs refus de chargement pour des risques de blessures, des systèmes d’abreuvement défectueux et des surfaces non conformes à celles indiquées sur le certificat d’agrément ».
L’absence d’information claire à ce sujet questionne. « Le rapport de la Commission européenne est un constat d’impuissance, relève Adeline Colonat. Qu’elle n’ait pas pu obtenir toutes les informations donne une idée de l’omerta qui règne. » Fin 2019, plusieurs associations – Welfarm, Compassion In World Farming, L214, la Fondation droit animal éthique et sciences et la Fondation Brigitte Bardot – avaient demandé, dans une lettre au premier ministre, Edouard Philippe, l’arrêt des exportations d’animaux vers des pays en dehors de l’Union européenne.
A l’approche de la période estivale, plus risquée pour les animaux en raison des canicules, ces ONG renouvellent cet appel. Au Parlement européen, la conférence des présidents de groupe a validé, le 11 juin, la mise en place d’une commission d’enquête sur les transports d’animaux d’élevage. Un principe, appelé de longue date par les associations, qui devra être voté en séance plénière.
> Lire aussi  Le calvaire des animaux d’élevage transportés en mer
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/14/exportations-de-betail-l-opacite-des-conditions-de-transport-en-mer-mobilise-des-ong_6042783_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/14/exportations-de-betail-l-opacite-des-conditions-de-transport-en-mer-mobilise-des-ong_6042783_3244.html>>
En savoir plus : 
> Welfare of animals exported by sea <https://ec.europa.eu/food/audits-analysis/overview_reports/details.cfm?rep_id=137>, European Commission, may 2020
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2- Science décalée : les vaches aussi portent des masques... mais pas contre le coronavirus, Futura-sciences, 14/06/20
Céline Deluzarche, Journaliste

Une start-up britannique a inventé un masque qui absorbe le méthane issu des rots des vaches, cause majeure de réchauffement climatique. Un accessoire connecté à une application et facile à utiliser, qui ne semble pas déranger le moins du monde les animaux.
Si d'aventure vous voyez des vaches portant un masque dans les prés, ne soyez pas effrayé. Aux dernières nouvelles, les bovins ne sont pas porteurs de coronavirus. En revanche, ils sont responsables d'une grande partie des émissions de gaz à effet de serre : l'élevage représente ainsi 14,5 % des émissions d'origine anthropique. Principale coupable : la fermentation entérique des ruminants, qui produit du méthane (CH4), un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2).
95 % des émissions de méthane des vaches proviennent du nez et de la bouche
Un problème auquel s'est attaquée Zelp, une start-up basée à Londres. Cette dernière a imaginé un masque pour vaches qui neutralise les renvois de méthane à la source. « Contrairement à ce qu'on croît, 95 % des émissions proviennent non pas des flatulences, mais des renvois par le museau par le nez et la bouche », fait valoir la jeune pousse. Le dispositif, peu encombrant, s'accroche autour de la tête et recouvre le museau pour absorber les renvois de méthane, qui sont oxydés à l'aide d'un catalyseur. « Un capteur détecte la concentration de méthane produite par la vache, et lorsqu'elle atteint un certain seuil, le dispositif est actionné », détaille Francisco Norris, qui a fondé la start-up avec son frère Patricio en 2017. Le masque réduit de 32 % des émissions de méthane et Zelp vise une réduction de 60 % d'ici l'an prochain.
Relié à une application mobile, le masque fournit également des statistiques détaillées sur les émissions et permet de détecter des maladies en amont en mesurant la température de l'animal. Il dispose aussi d'un traceur GPS et se pose facilement. « La vache s'habitue en cinq minutes, garantit Francisco Norris dans un email à Futura. Si toutes les vaches étaient équipées de ce dispositif à l'échelle mondiale, cela produirait un impact 1,5 fois plus important contre les gaz à effet de serre que si l'on retirait de la circulation toutes les voitures de la planète », se vante la start-up, qui a collaboré avec des chercheurs de l'Imperial College et du Royal Veterinary College. Zelp est déjà en discussion avec ABP Food Group, le plus gros fournisseur de viande bovine en Europe et qui travaille avec plus de 35.000 agriculteurs, ainsi qu'avec des éleveurs américains.
>> Suite à lire à :
<https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/vache-science-decalee-vaches-aussi-portent-masques-mais-pas-coronavirus-81468/ <https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/vache-science-decalee-vaches-aussi-portent-masques-mais-pas-coronavirus-81468/>>
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3- Les législateurs européens ne s’entendent pas sur la réforme de la PAC, EurActiv, 15/06/20, 12:03
Gerardo Fortuna et Natasha Foote | translated by  Morgane Detry

Certains membres de la commission agriculture ont mal pris la décision de leurs collègues de l’environnement de suspendre leur coopération dans le dossier de la politique agricole commune (PAC) post-2020.
Dans une lettre qu’Euractiv a pu consulter, le président de la commission de l’environnement, Pascal Canfin, annonce à son homologue en charge de l’agriculture, l’eurodéputé allemand Norbert Lins, qu’il met un terme au travail conjoint des deux commissions sur la régulation du plan stratégique, l’un des trois piliers de la réforme de la PAC.
Ce dossier revêt une importance capitale, car il contient les dispositions relatives au nouveau modèle de mise en œuvre de la PAC, notamment celles qui visent à revoir à la hausse les objectifs environnementaux et climatiques de l’UE dans le secteur agricole.
Les coordinateurs des groupes politiques au sein de la commission ENVI considèrent que les divergences avec la COMAGRI sont insurmontables — en particulier sur le point de l’« architecture écologique », un ensemble d’instruments de la PAC. À ce titre, ils ont décidé, mercredi 10 juin, de retirer leurs rapporteurs fictifs des négociations.
« La structure de travail actuelle est mise à l’arrêt, tant sur le plan technique que politique, [et cette décision prend] effet immédiatement », stipule la lettre.
D’après les coordinateurs ENVI, les groupes politiques du Parlement européen devraient approuver les amendements de compromis sur la PAC, indépendamment de leur commission, avant que le vote final n’ait lieu en plénière.
L’épreuve de force sur la réforme de la PAC post-2020 aura certainement lieu en session plénière après la pause estivale, mais cette nouvelle décision risque de ralentir davantage le processus.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/eu-lawmakers-bicker-over-cap-reform/ <https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/eu-lawmakers-bicker-over-cap-reform/>>
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4- « Ça va taper très fort », ou le spectre d’une nouvelle guerre des prix dans les supermarchés, Le Monde, 15/06/20, 15h53
Laurence Girard et Cécile Prudhomme 

Conséquence de la crise sanitaire, les enseignes s’attendent à faire le grand écart entre les consommateurs ayant perdu du pouvoir d’achat et ceux qui voudront plus de bio. 
« Le monde d’après ? Cela risque d’être le monde d’avant mais en pire. » Chez Système U, au siège, on s’inquiète déjà de la deuxième vague. Pas de l’épidémie de Covid-19, mais celle de la guerre des prix entre les enseignes de distribution alimentaire. Elle couve déjà pour la rentrée, alimentée par une volonté d’attirer des consommateurs confrontés à une baisse de revenus due à la hausse du chômage. « Si l’entreprise dans laquelle je travaille n’avait pas eu son prêt garanti par l’Etat, elle avait prévu de déposer le bilan courant juillet-août pour que ce soit discret », raconte un cadre officiant dans une société de prestation de service.
Selon un baromètre Cofidis publié le 4 juin, quatre Français sur dix déclarent que leur situation financière personnelle est déjà touchée par les conséquences économiques de la crise sanitaire. Et pas uniquement ceux qui étaient déjà fragiles financièrement, mais aussi ceux dont l’activité s’est drastiquement réduite ou arrêtée comme les commerçants, les artisans et chefs d’entreprise, ou les ouvriers. Six Français sur dix estiment qu’elle le sera encore plus dans les prochains mois, tandis que près d’un sur deux se dit inquiet pour son avenir professionnel.
« Ils vont se ruer sur les prix bas »
Les enseignes de distribution alimentaire s’attendent donc à une recrudescence de clients en manque de pouvoir d’achat, dès la rentrée prochaine, une fois qu’ils auront dépensé leurs dernières économies durant les vacances. « Ils vont se ruer sur des prix bas, ce qui va relancer la guerre des prix en amont, craint-on chez Système U. Les enseignes qui ont perdu des parts de marché pendant la crise vont vouloir les retrouver. Ça va taper très fort, ce qui va mettre à mal une évolution positive qui pointait son nez depuis les Etats généraux de l’alimentation. » Carrefour et E. Leclerc ont d’ores et déjà dégainé une campagne publicitaire dans les médias sur la défense du budget des Français.
> Lire aussi  Les entreprises de l’agroalimentaire fortement secouées par la crise du coronavirus
Les industriels s’inquiètent. « L’alimentaire a été plutôt épargné pendant la période de confinement par rapport à d’autres secteurs. On va rentrer maintenant dans la crise économique avec les problèmes de pouvoir d’achat et la problématique des prix en grande distribution », affirme Emmanuel Besnier, président du conseil de surveillance du groupe Lactalis, dont les produits laitiers à la marque Président ou Lactel (lait, beurre, emmental) se sont arrachés en rayon pendant le confinement. Il s’interroge sur la position des distributeurs, avec le risque de « renouveau du discours sur la lutte pour le pouvoir d’achat ». Le premier test devrait être la reprise des négociations sur les « augmentations de prix des produits à marques de distributeurs [MDD] que certains distributeurs ont interrompu au moment du Covid », ajoute M. Besnier.
A l’opposé du spectre, une autre catégorie de consommateurs devrait prendre de l’ampleur dans les prochains mois, prévoient les distributeurs. « Ceux qui ont moins de contraintes financières, et qui, avec la crise, auront changé de comportement de consommation. Ils vont demander plus de produits bio, plus de produits locaux. Pour nous, généralistes de la distribution, ce sera un grand écart permanent entre ceux qui voudront des prix bas et qui se ficheront d’où ça vient, et les autres qui ne voudront plus de tomates marocaines », croit-on chez Système U. Selon le dernier sondage de l’Observatoire Cetelem (mai 2020), les Français sont 84 % à vouloir se tourner vers une consommation plus responsable.
> Lire l’enquête : Coronavirus : consommer dans le monde d’après
Les enseignes bio, qui ont enregistré une affluence inespérée pendant le confinement, constatent que leur activité reste soutenue. « En 2019 et jusqu’au confinement, on était sur une croissance du chiffre d’affaires de 15 %. On est monté à 30 % pendant le confinement, constate Pierrick De Ronne, président de Biocoop. Maintenant, on doit être autour de 25 %. Des nouveaux clients étaient venus par simplicité d’utilisation car nous étions leur magasin de proximité ou pour éviter les files d’attentes, et pas forcément pour le bio. » Naturalia aussi « reste sur une croissance significativement plus élevée qu’avant, mais pas autant que les 40 % de croissance que nous avons connue pendant le confinement, appuie Allon Zeitoun, directeur général de l’enseigne. La crise a exacerbé ce besoin d’aller vers des produits plus sains. » Le réseau La Vie Claire a, lui, conservé en mai une forte croissance de son chiffre d’affaires, de 20,7 % par rapport à 2019, contre 35 % en mars et avril.
« L’agriculture trinquera »
Le pic a été encore plus spectaculaire dans les rayons bio de la grande distribution. Mi-mars, les ventes de cette catégorie de produits alimentaires ont bondi de 60 %, selon Nielsen. Même si la pression est un peu retombée en mai, la progression est encore comprise entre 15 % et 19 %. Pourtant, après le déconfinement, les rayons alcools et surgelés sucrés, où le bio est moins présent, ont été plébiscités.
> Lire aussi  Malgré le déconfinement, l’alimentation en circuit court reste plébiscitée
Les acteurs du bio s’interrogent, eux aussi, sur les préoccupations financières de la société. « En temps de crise sanitaire, le bio est une valeur refuge. Mais notre système économique va entrer en souffrance en septembre-octobre. Si la guerre des prix reprend dans la grande distribution, l’agriculture trinquera. Ce serait lamentable. Pour avoir des touristes en France, il faut des agriculteurs et une alimentation de qualité », s’inquiète Didier Perreol, président du Synabio, syndicat des entreprises bio. Naturalia va identifier 150 produits existants pour les regrouper sous une gamme de produits appelée « Les essentiels, à plus petit prix ». « Mais on ne sera jamais discounter. Il y a un certain prix à mettre pour avoir une alimentation de qualité, et produite en France », assure M. Zeitoun.
> Lire aussi  « On ne peut pas attendre la rentrée pour relancer la consommation », estime Jacques Creyssel
Les enseignes bio font aussi face à d’autres évolutions de comportement, notamment concernant les produits en vrac, « qui demandent des manipulations. Ces rayons étaient moins attractifs avec la pandémie » ou encore le rayon boulangerie, « où les clients nous demandent de l’emballage, là où pendant des années ils nous avaient demandé de les réduire », constate encore le dirigeant de Naturalia. Selon un sondage IFOP pour All4Pack, diffusé lundi 15 juin, huit Français sur dix privilégiaient des produits avec moins d’emballages avant le confinement. Ils sont aujourd’hui 40 % à déclarer acheter davantage de produits emballés.
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Stabilité des prix des produits alimentaires dans la grande distribution en mai
Les prix des produits alimentaires vendus en grande distribution sont restés stables en mai, selon une note publiée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), vendredi 12 juin. Cet équilibre sur le mois résulte d’une hausse des prix des viandes compensée par une baisse de ceux des autres produits alimentaires, alors que ceux des boissons sont stables. Sur les douze derniers mois, la hausse des prix n’est plus que de 1,4 %, alors qu’elle était de 1,7 % en avril. Ces données ne prennent pas en compte les produits frais, en particulier les fruits et les légumes. Pendant le confinement, les enseignes ont privilégié un approvisionnement français, ce qui a conduit à une augmentation des tarifs des fruits et légumes. En prenant en compte l’ensemble des achats, l’Insee estime que les prix alimentaires ont ralenti en mai : la hausse sur les douze derniers mois atteint 3,5 %, contre 3,7 % en avril.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/15/ca-va-taper-tres-fort-ou-le-spectre-d-une-nouvelle-guerre-des-prix-dans-la-distribution-alimentaire_6042836_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/15/ca-va-taper-tres-fort-ou-le-spectre-d-une-nouvelle-guerre-des-prix-dans-la-distribution-alimentaire_6042836_3234.html>>
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5- Le comité d’éthique de l’Anses en déshérence depuis six mois, Le Monde, 16/06/20, 11h46
Stéphane Foucart et Stéphane Horel

L’ancien président du comité de déontologie de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail explique avoir démissionné en raison de tensions internes. 
L’information est demeurée secrète pendant près de six mois et n’est toujours pas officielle : depuis janvier, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) n’a plus de vigie déontologique. Le président du Comité de déontologie et de prévention des conflits d’intérêts (CDPCI), le philosophe Pierre Le Coz, ainsi que deux autres membres, n’ont pas été remplacés après leur démission en janvier. Faute de quorum, le CDPCI ne peut plus se réunir et a interrompu ses activités. Interrogée, l’Anses assure que « des nominations sont attendues » et que la remise en selle du comité se fera rapidement.
Sa désintégration est liée aux turbulences que l’agence a traversées ces derniers mois. Pionnière sur certains sujets − elle a été la première grande agence sanitaire à se positionner sur la question des perturbateurs endocriniens −, l’Anses n’en a pas moins été prise dans de vives controverses sur des questions de pesticides. Polémique autour du chlordécone aux Antilles ; bataille sur le sulfoxaflor, dangereux pour les abeilles ; invalidation de l’autorisation du Roundup 360 par un tribunal administratif ou encore alerte de biologistes sur les fongicides « SDHI » (pour « inhibiteurs de la succinate déshydrogénase »)… A plusieurs reprises, l’agence a été publiquement mise en cause par des associations ou des chercheurs, voire désavouée par la justice.
Vive dispute
La controverse sur les fongicides SDHI, en particulier, a pris un tour très inflammatoire. Saisie au printemps 2018 par un groupe de chercheurs académiques, l’Anses a été accusée d’avoir négligé l’alerte au profit des intérêts industriels − notamment dans le livre-enquête du journaliste Fabrice Nicolino, président de l’association Nous voulons des coquelicots (Le Crime est presque parfait, Les Liens qui libèrent, 2019).
A l’automne 2019, l’agence est entrée dans une très vive dispute avec ce mouvement. « Des tensions sont apparues au sein du comité de déontologie, raconte Pierre Le Coz. Certains d’entre nous pensaient que nous devions recevoir M. Nicolino, d’autres pensaient que ce n’était pas notre rôle et qu’il fallait s’en tenir à nos statuts. »
Statutairement, le CDPCI de l’Anses ne peut en effet être saisi que par la direction ou des membres de l’agence. « L’Anses a la possibilité de se réapproprier les saisines extérieures, de les reprendre pour les rendre conformes, ajoute M. Le Coz. Il est ainsi arrivé à l’ancienne direction de nous saisir des questions soulevées par des associations critiques envers le travail des experts. La critique a du bon. Il est parfois utile de donner un petit coup de pied dans la fourmilière. »
« La nouvelle direction de l’agence a eu plus de pression en héritant des autorisations de mise sur le marché des produits phytosanitaires, ajoute le philosophe. Au comité de déontologie, cette perte de sérénité s’est ressentie. Les tensions devenaient ingérables : je ne voyais pas comment faire autrement que de démissionner avant la fin de mon mandat. » 
> Lire aussi  Glyphosate : la déontologie de l’Anses mise en cause
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/16/le-comite-d-ethique-de-l-anses-en-desherence-depuis-six-mois_6043028_3244.html>
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6- Glyphosate : la déontologie de l’Anses mise en cause, Le Monde, 16/06/20, 11h47
Stéphane Foucart et Stéphane Horel 

Un collectif de lanceurs d’alerte critique les conditions d’attribution d’une étude clé sur le potentiel cancérogène du glyphosate, dans le cadre de sa réévaluation européenne. 
En plein confinement, le communiqué était passé inaperçu : fin avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dévoilait la composition du consortium de sept laboratoires ayant remporté son appel d’offres pour mener une ambitieuse étude sur le potentiel cancérogène du glyphosate. Et, peut-être, trancher enfin la polémique.
Six semaines plus tard, de vives protestations se font jour. La députée Delphine Batho a interpellé le gouvernement, mardi 9 juin, sur les conditions de sélection du consortium, mettant en cause la déontologie et l’indépendance de la procédure. Or le destin de l’herbicide controversé s’y joue peut-être : une fois achevée, l’étude en question devrait peser dans sa réévaluation européenne, qui doit aboutir en 2022.
> Lire aussi  L’évaluation officielle du glyphosate de nouveau mise en cause
La députée des Deux-Sèvres n’est pas seule à protester. Un collectif de lanceurs d’alerte a adressé au Monde un document technique accablant d’une dizaine de pages. Ces scientifiques, que Le Monde a pu identifier mais qui ont requis l’anonymat, mettent sévèrement en cause le projet retenu : conflits d’intérêts et favoritisme « minent la réponse scientifique attendue par les autorités », affirment-ils. Les intéressés précisent être contraints à une démarche d’alerte publique anonyme, afin, disent-ils, de ne pas être exposés à « des pressions, des effets négatifs sur leurs carrières, des représailles ». Par ailleurs, le comité de déontologie et de prévention des conflits d’intérêts (CDPCI) de l’Anses n’étant plus opérationnel depuis janvier, après la démission de plusieurs de ses membres, il ne peut être saisi.
« Contraire au code de déontologie »
« Le consortium retenu pour mener ces études, coordonné par l’IPL [Institut Pasteur de Lille], explique Mme Batho dans sa question au gouvernement, est dirigé notamment par le président du groupe d’expertise collective d’urgence [GECU] de l’Anses qui [en] a établi le cahier des charges ». En d’autres termes, les modalités techniques de l’appel d’offres ont été déterminées par un panel d’experts dont le patron, Fabrice Nesslany (IPL), a finalement remporté l’appel d’offres. Au total, environ 1,2 million d’euros de financement ont été accordés par l’Anses au consortium copiloté par M. Nesslany — une petite part de cette enveloppe devant être attribuée, hors consortium, à un laboratoire du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Selon la députée des Deux-Sèvres, ce mode opératoire contrevient au code de déontologie de l’agence.
> Lire aussi  Les chiffres noirs des ventes de pesticides « extrêmement dangereux »
« Cela paraît contraire au code de déontologie de l’Anses mais on peut également se référer à des avis rendus, notamment en 2014, par le Comité de déontologie et de prévention des conflits d’intérêts [CDPCI] de l’agence, confirme la juriste Marie-Angèle Hermitte, directrice de recherche au CNRS et membre du CDPCI, interrogée par Le Monde. Nous avions précisé qu’un chercheur ne devrait évidemment pas participer à la rédaction d’un appel d’offres et y candidater. Cela peut faire naître le soupçon que le cahier des charges a été constitué de manière à favoriser sa propre candidature. » Mme Hermitte précise s’exprimer à titre personnel, le CDPCI de l’Anses étant inactif.
M. Nesslany dit comprendre ces questionnements. « On peut s’interroger, c’est normal, répond-il. Mais il y a eu un appel d’offres international, et je sais que notre consortium est le seul qui ait proposé de répondre à chacun des points du cahier des charges. » De son côté, l’Anses fait valoir que le cahier des charges a été rédigé en anglais et « poussé à l’international » pour susciter un grand nombre de candidatures de différents laboratoires, bien que peu de candidatures se soient manifestées, selon l’agence.
Scientifiquement contestable
Le conflit d’intérêts va en réalité au-delà du seul cas soulevé par Mme Batho. Outre M. Nesslany, deux autres des cinq experts ayant rédigé le fameux cahier des charges ont vu leur laboratoire remporter la compétition pour mener les travaux. « La restriction des expériences requises par le cahier des charges, écrivent les lanceurs d’alerte dans le document confidentiel transmis au Monde, a clairement avantagé le consortium lauréat, dont trois équipes étaient rédactrices [du cahier des charges]. »
Pour les lanceurs d’alerte, le cahier des charges est aussi scientifiquement contestable. Le test de génotoxicité (toxicité pour l’ADN) in vivo doit par exemple répondre à une certification dite « Bonnes pratiques de laboratoire » (BPL). Courante dans le monde industriel, elle est trop coûteuse pour la plupart des laboratoires de recherche publics. Or celui de M. Nesslany est le « seul laboratoire public homologué en France à cet effet », écrivent les lanceurs d’alerte. Quant aux autres tests exigés, ils ne sont pas soumis à la même certification.
> Lire aussi  Glyphosate : 36 produits ne seront pas réautorisés en France
La génotoxicité étant un aspect critique de la controverse autour du glyphosate, répond Fabrice Nesslany, « la certification BPL était nécessaire pour avoir une valeur réglementaire ». « Pour les autres tests, on se situe dans une démarche de science fondamentale, pour tenter de documenter les mécanismes d’action du glyphosate », ajoute le chercheur de l’IPL.
Les exigences de protocoles, de lignées cellulaires (le type de cellules utilisées dans les expériences), des tests à conduire et jusqu’aux méthodes d’analyse des cassures de l’ADN : certaines demandes du cahier des charges favorisent, selon les lanceurs d’alerte, des laboratoires précis. Des choix, selon eux, non justifiés et scientifiquement contestables. Par exemple, le test dit de « transformation cellulaire » exigé par le cahier des charges a été développé par le laboratoire de l’une des rédactrices de l’appel d’offres, et favoriserait ainsi son institution dans la compétition pour remporter l’appel d’offres. Or ce test, assurent les lanceurs d’alerte, « n’a été validé qu’à forte dose, avec un hydrocarbure cancérogène puissant, et n’est probablement pas sensible pour un pesticide à faible dose ».
« La délibération était collective »
D’autres lacunes sont dénoncées. « Aucune lignée cellulaire proposée dans le cahier des charges ne permet d’étudier les lymphomes et cancers du sang mis en évidence dans les études épidémiologiques [sur les agriculteurs] » en lien avec le glyphosate, ajoute le collectif dans son document. Par ailleurs, ajoutent les lanceurs d’alerte, « le cahier des charges ne stipule pas de tester des formulations de glyphosate ». Seul le principe actif pur sera en effet étudié, et non les produits vendus dans le commerce contenant également d’autres substances (appelées « co-formulants » ou « adjuvants ») qui en renforcent l’action.
M. Nesslany défend pour sa part un projet « très complet, scientifiquement très intéressant et qui pourrait donner un cadre d’étude pour d’autres produits »controversés. « Il ne faut pas tout mélanger, explique-t-il. Dans le cas présent, on ne cherche à connaître que les propriétés du glyphosate : il faut découper le travail et étudier les co-formulants séparément. »
> Lire aussi  Un rapport parlementaire décrit le casse-tête de la suppression progressive du glyphosate
Le cahier des charges a été examiné et validé le 19 février 2019, au cours d’une réunion du comité d’experts ad hoc de l’Anses. Mais, souligne Mme Batho, M. Nesslany est aussi membre de cette autre instance. M. Nesslany dit y avoir siégé ce jour-là, « pour présenter le cahier des charges à mes pairs, pour discussions scientifiques ». Le procès-verbal de la réunion — transmis au Monde par l’Anses, mais non encore publié sur son site —, indique que le chercheur ne s’est pas déporté : il a participé à valider le cahier des charges qu’il avait co-rédigé. Selon l’agence, cette situation ne pose pas problème puisque « la délibération était collective et que le travail évalué l’était également ».
Procédure critiquée
D’autres détails de la procédure mise en œuvre sont critiqués par les lanceurs d’alerte : l’Anses n’a réuni qu’un groupe d’expertise collective d’urgence (GECU) de cinq experts, plutôt qu’un groupe de travail, pour établir le cahier des charges de l’étude à mener.
La différence est notable. « Les groupes de travail de l’Anses sont constitués en général, après appel à candidatures, d’une dizaine à une vingtaine d’experts, écrivent-ils. Ce format aurait été le plus adapté pour garantir la compétence, l’indépendance et le caractère contradictoire du groupe chargé de rédiger le cahier des charges de l’appel d’offres glyphosate. » Au contraire, les experts siégeant dans des GECU sont nommés par le directeur général de l’Anses, lorsqu’un avis est demandé en urgence. Or, notent les lanceurs d’alerte, le fameux cahier des charges a été rendu dans une urgence toute relative… seize mois après la saisine du gouvernement, en mars 2018.
> Lire aussi  Bayer empoisonné par une cascade de procès contre Monsanto aux Etats-Unis
Ce n’est pas tout. Le 9 février 2016, en pleine controverse autour de la réautorisation de l’herbicide au niveau européen, l’Anses avait rendu un avis plutôt favorable au glyphosate, en ligne avec les autres agences sanitaires mais en désaccord avec le CIRC, pour qui cette substance est un « cancérogène probable » — une qualification qui suffit, en Europe, à exclure du marché un pesticide. Or M. Nesslany « est l’un des auteurs du rapport d’expertise collective ayant fondé l’avis de l’Anses sur le glyphosate », note Delphine Batho dans sa question au gouvernement.
Pour Mme Batho, c’est une autre entorse au code de déontologie de l’Anses. Celui-ci, écrit-elle, indique que « des prises de positions antérieures » d’un expert peuvent suffire à établir « le risque d’un manquement à l’impartialité ». Depuis cinq ans, tous les travaux des agences réglementaires sur le célèbre herbicide ont été l’objet de critiques. Ceux de l’Anses ne devraient pas déroger pas à la règle.
> Lire aussi  Le comité d’éthique de l’Anses en déshérence depuis six mois
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/16/glyphosate-la-deontologie-de-l-anses-mise-en-cause_6042962_3244.html>
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7- Au Sahel, des arbres et des bêches pour lutter contre l’avancée du désert, Le Monde Afrique, 17/06/20, 08h05
Matteo Maillard (Bamako, correspondance)

A cause du réchauffement climatique, la désertification grignote chaque année un peu plus les terres arables, déstabilisant la région où prospèrent le djihadisme et les conflits ethniques. Des projets tentent de reverdir et de refertiliser la zone. 
Ils auraient dû vivre des centaines, voire des milliers d’années. Un à un, pourtant, à une cadence inégalée par le passé, les plus vieux baobabs d’Afrique disparaissent. Le tueur a un nom : « réchauffement climatique », selon une équipe internationale de chercheurs qui s’est penchée sur la question, dans un article publié dans la revue Nature Plants, en juin 2018. Intuitivement, le Burkinabé Alfred Sawadogo connaissait cet effet des dérèglements climatiques, lui qui avait été témoin « des baobabs mythiques mourant par milliers lors de la grande sécheresse qui, entre 1970 et 1990, a ravagé le Sahel ». Une période sombre, certes, mais aujourd’hui, il estime « la situation plus catastrophique encore qu’alors, et les dérèglements plus profonds ». Aussi le président de l’ONG SOS SAHEL à Ouagadougou s’est-il engagé à reverdir le Sahel, cette bande semi-aride qui traverse l’Afrique d’est en ouest sur 3 millions de km2 et partage l’Afrique en deux.
> Lire aussi  Au Sahel, le climat durablement perturbé depuis la « grande sécheresse »
En 2007 déjà, un ambitieux projet avait été lancé par onze pays de la zone : la création d’une Grande Muraille verte, pour restaurer les écosystèmes. Ce programme d’ampleur voulait refaire du Sahel une terre arborée, fertile et nourricière. Treize ans plus tard, si l’Ethiopie, le Soudan ou le Niger avancent à grands pas vers une régénération naturelle de leurs forêts, d’autres, comme le Burkina Faso, le Mali ou la Mauritanie, sont plus entravés dans leur progression.
« Réintégrer l’arbre dans les cultures »
Face à l’urgence d’un déséquilibre général de cette zone fragile, SOS SAHEL parie sur un redémarrage du projet dans six pays (Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) en réorientant la lutte. Grâce à l’Initiative verte, lancée en janvier 2019, l’ONG ambitionne de restaurer 360 000 hectares de terres agricoles et forêts et 10 000 hectares de terres irriguées en dix ans, et de créer 100 000 emplois dans 1 700 villages de ces six pays. « Pour cela, nous allons concevoir un écosystème agroforestier en réintégrant l’arbre dans les cultures, comme on l’a fait en France avec les pommiers de Normandie ou les noyers du Sud, explique Rémi Hémeryck, délégué général de l’organisation. SOS SAHEL, qui à l’occasion du 17 juin lance en partenariat avec l’Union Africaine et l’Union internationale pour la conservation de la nature, une plateforme dédiée aux acteurs non étatiques pour mutualiser et valoriser leurs contributions à la réalisation de la Grande Muraille Verte http://www.panegmv.org, n’est pas la seule à parier sur les vertus de l’agroforesterie, promue par de nombreux chercheurs.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/17/au-sahel-des-arbres-et-des-beches-pour-lutter-contre-l-avancee-du-desert_6043108_3212.html>
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Reverdir le Sahel
Le Sahel n’a pas toujours été aussi aride qu’aujourd’hui. Pour reverdir cette bande de terre qui traverse l’Afrique d’est en ouest, les initiatives se multiplient depuis 2007. L’idée, née sur le continent, de construire une Grande Muraille verte, un mur d’arbre de 3 000 kilomètres, avance à son pas. Au fil des ans, des initiatives connexes se sont développées pour enrayer et prévenir la stérilité de ces terres brûlées par les effets du réchauffement climatique, empêcher le djihadisme de devenir une réponse à la misère paysanne et redonner de l’oxygène à cette zone où la population aura doublé d’ici à 2050. Le Monde Afrique, vous propose une série de quatre articles qui illustrent ces initiatives vertes.
• Episode 1 Au Sahel, des arbres et des bêches pour lutter contre l’avancée du désert <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/17/au-sahel-des-arbres-et-des-beches-pour-lutter-contre-l-avancee-du-desert_6043108_3212.html>
• Episode 2 Face à la désertification, faire revivre les terres perdues du Burkina Faso <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/18/face-a-la-desertification-faire-revivre-les-terres-perdues-du-burkina-faso_6043221_3212.html>
• Episode 3 De Dakar à Saint-Louis, une forêt comme rempart contre les assauts de la mer <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/19/de-dakar-a-saint-louis-une-foret-comme-rempart-contre-les-assauts-de-la-mer_6043380_3212.html>
• Episode 4 Le Tchad mise sur l’acacia pour apporter sa pierre à la Grande Muraille verte <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/23/le-tchad-apporte-sa-pierre-a-la-grande-muraille-verte-avec-ses-acacias_6043932_3212.html>
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8- Protection des abeilles : une ONG dépose un recours contre la Commission européenne, AFP, 17/06/20, 17:00

L'ONG Pollinis a annoncé mercredi avoir déposé un recours contre la Commission européenne pour avoir accès à des documents concernant des tests de pesticides et les risques qu'ils représentent pour les abeilles.
Ce recours a été déposé lundi devant le Tribunal de l'Union européenne, selon un communiqué de l'association basée en France.
Pollinis a demandé en janvier "l'accès à des archives qui permettraient de savoir quels pays européens s'opposent depuis sept ans à l'adoption des nouvelles procédures d'évaluation du risque des pesticides, des tests susceptibles d'écarter du marché les substances dangereuses pour les abeilles et les pollinisateurs sauvages", accès qui lui a été refusé, selon le communiqué.
"Lorsque les autorités européennes et les gouvernements refusent de rendre compte de leurs actions aux citoyens qu'ils sont censés représenter, alors le processus démocratique est en danger", fait valoir Nicolas Laarman, délégué général de Pollinis, cité dans le communiqué.
En mai 2019, l'ONG environnementale avait obtenu l'appui de la médiatrice européenne Emily O'Reilly, qui avait ouvert une enquête sur le sujet et qui recommandait à la Commission "de divulguer les documents".
La Commission européenne avait refusé, ce que la médiatrice qualifiait de "cas de mauvaise administration".
"Les citoyens européens ont le droit de connaître la position prise par leur propre gouvernement, tout comme celle prise en tant qu'Etat membre. La biodiversité est un sujet particulièrement important", avait argumenté Emily O'Reilly.
<https://www.geo.fr/environnement/protection-des-abeilles-une-ong-depose-un-recours-contre-la-commission-europeenne-200966>
En savoir plus :
> Extinction des pollinisateurs : Pollinis attaque la commission européenne <https://www.pollinis.org/publications/extinction-des-pollinisateurs-pollinis-attaque-la-commission-europeenne/>, communiqué du 17/06/20
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9- Des bulles de savon pour polliniser des arbres fruitiers, AFP, 17/06/20, 21:00
Issam Ahmed

Des drones lançant des bulles de savon peuvent servir à polliniser des arbres fruitiers, en danger face au déclin sans précédent des abeilles, selon une étude japonaise publiée mercredi dans la revue américaine iScience. 
Professeur au Japan Advanced Institute of Science au Japon et auteur de l'étude, Eijiro Miyako travaille depuis plusieurs années sur des robots pollinisateurs, mais ces derniers avaient tendance à écraser les fleurs. 
"C'était très triste", raconte-t-il à l'AFP. 
Le scientifique a alors l'idée d'utiliser des bulles de savon en jouant dans un parc avec son fils de trois ans. 
M. Miyako et Xi Yang, co-auteur de l'étude, ont analysé des bulles de savon au microscope confirmant qu'elles pouvaient transporter des grains de pollen. 
Les experts ont ensuite testé les effets de cinq agents de surface disponibles dans le commerce pour faire des bulles, notamment le lauramidopropyl bétaïne utilisé dans l'industrie cosmétique pour ses propriétés moussantes. Il s'est révélé la meilleure option pour la croissance du tube qui se développe à partir de chaque grain de pollen après son dépôt sur une fleur.
Ils ont mis la solution moussante dans une machine à bulles et projeté ces bulles chargées de pollen dans un verger de poiriers. Cette méthode, à raison de 2.000 grains de pollen par bulle, a permis de polliniser 95% des fleurs ciblées qui ont ensuite donné des fruits. 
"Cela a l'air un peu fantaisiste, mais la bulle de savon permet une pollinisation efficace et garantit des fruits d'une qualité équivalente à celle de la pollinisation manuelle conventionnelle", souligne Eijiro Miyako. 
Les chercheurs ont par la suite tourné leurs expérimentations vers le ciel, équipant un petit drone au parcours programmé avec un lanceur de bulles de savon. 
Cette fois les cibles étaient de faux lys, la saison de la floraison étant passée. 
Volant à deux mètres au-dessus du sol à une vitesse de deux mètres par seconde, l'engin a réussi à atteindre les plantes en plastique visées avec un taux de réussite de 90%. 
M. Miyako est actuellement en discussion avec une entreprise pour une future commercialisation de cette technique. 
Il ajoute cependant que la précision du robot peut encore être améliorée et qu'un ciblage automatisé des fleurs pourrait être ajouté. 
Cette étude est la première à explorer les propriétés des bulles de savon pour le transport du pollen et à envisager l'utilisation de drones autonomes. 
Les auteurs de l'article espèrent susciter un regain d'intérêt pour les méthodes de pollinisation artificielle.
<https://www.geo.fr/environnement/des-bulles-de-savon-pour-polliniser-des-arbres-fruitiers-200970>
En savoir plus :
> Soap Bubble Pollination <https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2589004220303734>, iScience, 17/06/20
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10- Reverdir le Sahel (2). Face à la désertification, faire revivre les terres perdues du Burkina Faso, Le Monde Afrique, 18/06/20, 06h14
Sophie Douce 

Des paysans luttent pied à pied pour refertiliser leurs champs alors que 360 000 hectares de terres sont dégradés par la sécheresse chaque année. 
Au début, on l’a pris pour le « fou du village ». Quand Seydou Ouedraogo a promis à ses voisins qu’il transformerait sa parcelle désertique en une grande forêt, le paysan se souvient encore du « impossible ! » qu’il a reçu en retour. Mais grâce à sa persévérance et à l’utilisation de techniques ancestrales, les arbres ont repoussé là où tous pensaient la terre trop aride. « Avec du travail et de la patience, on peut tout faire ! », insiste en souriant celui qu’à Kumnoogo, son village, on appelle encore « le jeune », en dépit de ses 64 ans.
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Le Sahel en chiffres
5 500 km Le Sahel traverse l’Afrique d’ouest en est. C’est une zone de transition entre le domaine saharien au nord et les savanes soudaniennes au sud, plus arrosées.
3 millions de km2, 10 pays traversés, de l’embouchure du fleuve Sénégal au Cap-Vert. La notion de Sahel est souvent réduite aux cinq pays principaux du Sahel central (Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso, Mauritanie).
84 millions C’est le nombre d’habitants qui peuplaient en 2019 ce Sahel central – dont la moitié a moins de 15 ans. La population devrait augmenter jusqu’à 196 millions en 2050 si les taux de natalité actuels se maintiennent.
4 000 C’est le nombre Sahéliens morts en 2019, au Mali, au Niger et au Burkina Faso, selon l’ONU, à la suite des violences djihadistes, mêlées à des conflits intercommunautaires.
5 millions C’est le nombre d’habitants de la zone centrale menacés, cette année, de grave insécurité alimentaire pendant la période de soudure, celle juste avant les premières récoltes, selon une étude du Programme alimentaire mondial du mois d’avril.
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A une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale, sa forêt de 9 hectares est devenue un modèle. Celui du combat d’un paysan persuadé de la « force régénératrice » de la nature contre l’avancée du désert. Erosion, appauvrissement des sols, faible pluviométrie… Au Burkina Faso, où plus de 80 % de la population vivent de l’agriculture et de l’élevage, la sécheresse progresse à pas de géant. Alors, pour contrer ses effets, le pays s’est engagé à restaurer 5 millions d’hectares de terres dégradées d’ici à 2030.
Dompter la latérite
Aujourd’hui, sa forêt a 10 ans et Seydou Ouedraogo la protège comme un écrin, un trésor fragile dont il connaît tous les secrets, chaque recoin, chaque plante. « Ça, c’est du néré, on fait le riz soumbala avec ses graines. Et là, de l’acacia, ça soigne le ventre », glisse-t-il, en langue moré, se faufilant entre les arbres, caressant leur écorce de ses mains rêches.
Dans son combat, il n’a rien lâché ; jamais perdu patience. D’abord, il lui a fallu deux ans pour commencer à dompter la latérite, cette roche rouge qui tapisse ce pays enclavé du Sahel. « La terre était si aride qu’elle n’arrivait même plus à absorber l’eau. Mes grands-parents disaient que plus rien ne pousserait ici. Même mes frères ont abandonné », raconte le paysan, qui a commencé seul, à l’aide d’une longue tige, par extraire un à un les cailloux du sol sableux.
> Episode 1 Au Sahel, des arbres et des bêches pour lutter contre l’avancée du désert
En 2010, il entend parler de Tiipaalga (« nouvel arbre », en moré), une association qui lutte contre la désertification en formant et accompagnant les paysans. Seydou Ouedraogo découvre le zaï et les demi-lunes, ces techniques de récupération des terres qui passent par le creusement de trous et de cuvettes pour retenir l’eau de ruissellement. Autour de ses cultures, il construit des diguettes anti-érosion en pierre et des haies d’arbustes le long de son exploitation. « Les arbres ont un rôle régulateur, ils luttent contre l’érosion, protègent du vent et nourrissent le sol », explique Serge Zoubga, chargé de programme à Tiipaalga.
Peu à peu, au fil des saisons, la terre de Seydou Ouedraogo se régénère, revit. Des espèces d’arbres disparues du lieu recommencent à y pousser. Des manguiers, des karités et des tamariniers fleurissent au pied de ses plantations de céréales.« Avant je n’avais rien, maintenant je produis presque de tout, en me fatigant moins ! », résume, ravi, le cultivateur, devenu autosuffisant et qui engrange quelque 300 000 francs CFA de bénéfices par an (environ 460 euros) grâce à la vente de mil, de maïs, de haricots et aussi de miel.
>> Suite à lire à : 
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/18/face-a-la-desertification-faire-revivre-les-terres-perdues-du-burkina-faso_6043221_3212.html>
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Reverdir le Sahel
Le Sahel n’a pas toujours été aussi aride qu’aujourd’hui. Pour reverdir cette bande de terre qui traverse l’Afrique d’est en ouest, les initiatives se multiplient depuis 2007. L’idée, née sur le continent, de construire une Grande Muraille verte, un mur d’arbre de 3 000 kilomètres, avance à son pas. Au fil des ans, des initiatives connexes se sont développées pour enrayer et prévenir la stérilité de ces terres brûlées par les effets du réchauffement climatique, empêcher le djihadisme de devenir une réponse à la misère paysanne et redonner de l’oxygène à cette zone où la population aura doublé d’ici à 2050. Le Monde Afrique, vous propose une série de quatre articles qui illustrent ces initiatives vertes.
• Episode 1 Au Sahel, des arbres et des bêches pour lutter contre l’avancée du désert <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/17/au-sahel-des-arbres-et-des-beches-pour-lutter-contre-l-avancee-du-desert_6043108_3212.html>
• Episode 2 Face à la désertification, faire revivre les terres perdues du Burkina Faso <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/18/face-a-la-desertification-faire-revivre-les-terres-perdues-du-burkina-faso_6043221_3212.html>
• Episode 3 De Dakar à Saint-Louis, une forêt comme rempart contre les assauts de la mer <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/19/de-dakar-a-saint-louis-une-foret-comme-rempart-contre-les-assauts-de-la-mer_6043380_3212.html>
• Episode 4 Le Tchad mise sur l’acacia pour apporter sa pierre à la Grande Muraille verte <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/23/le-tchad-apporte-sa-pierre-a-la-grande-muraille-verte-avec-ses-acacias_6043932_3212.html>
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11- Malgré leurs atouts, les légumineuses en crise de croissance, AFP, 18/06/20, 09:00
Nicolas Gubert

Limiter les engrais, l'érosion des sols et la déforestation importée : la production des pois, fèves et lentilles, qui semble avoir tous les atours de la solution miracle pour la transition agroécologique, reste encore très largement déficitaire en France.
Lentilles vertes, lentilles noires, pois verts, féverolles, lupins, pois chiches : parmi ses 200 hectares de culture, Vincent Seyeux, agriculteur en Mayenne, fait pousser majoritairement des légumineuses depuis une vingtaine d'années.
Mais face aux cultures dominantes - blé, maïs, orge -, il s'est vite rendu compte qu'il était compliqué de se faire une place dans les silos.
"Beaucoup se sont détournés de ces cultures parce que ça complexifiait un peu trop les choses, et donc c'est plus simple de faire des cultures plus standard où on a des volumes plus importants, où il y a moins besoin de faire attention aux pollutions entre lots, entre cultures", explique-t-il à l'AFP.
Une difficulté qu'il a contournée en créant avec trois associés Agro-Logic, une unité de transformation qui trie, sèche et ensache ses récoltes et celles de dizaines d'autres agriculteurs.
Ces soucis logistiques font partie des freins qui devront être levés pour espérer reconquérir la souveraineté protéique prônée par Emmanuel Macron avant même la crise du Covid-19. Et ainsi sortir du vieil équilibre induit par un accord commercial négocié dans les années 1960, qui attribuait la production de protéines végétales (soja, colza) aux Amériques et celle de l'amidon (blé, céréales) à l'Europe.
D'autant que les bénéfices pour l'environnement sont bien connus, notamment la capacité de la légumineuse à capter l'azote, et à réduire ainsi les besoins en engrais de la culture suivante.
Les légumineuses stagnent pourtant aujourd'hui à environ 275.000 hectares, selon Antoine Henrion, président de Terres univia, interprofession des huiles et protéines végétales.
Dans le même temps, "il y a eu une forte augmentation des importations de légumes secs, +31% entre 2016 et 2017, et ça continue, alors qu'on en produit en France", explique Bernadette Loisel, chargée de mission alimentation aux chambres d'agriculture de Bretagne.
Pour M. Henrion, la compétitivité peine à être au rendez-vous en raison des interdictions de certains pesticides prononcées ces dernières années.
- Un plan protéines à la rentrée ? -
Un argument des phytosanitaires évoqué dans un tout autre sens par un paysan du Grand Ouest qui requiert l'anonymat: soulignant le "fonds de commerce" que représentent les "phytos" pour les coopératives, il souligne le moindre recours à ces produits pour les légumineuses.
La situation est toutefois en train de changer, à l'en croire, car à force de voir se réduire l'arsenal phytosanitaire, les agriculteurs "se retrouvent dans des impasses techniques et finalement s'intéressent aux légumineuses".
"La diversification des rotations" et donc leur allongement, "avec des légumineuses permet de rompre les cycles des bioagresseurs (maladies, insectes, mauvaises herbes) des cultures majoritaires (blé, colza) et donc de réduire l'usage des pesticides", explique l'ONG WWF, citée par un récent rapport du Sénat pour une alimentation durable.
Certaines légumineuses se font petit à petit une place dans le paysage : le soja, culture dans laquelle l'interprofession a beaucoup investi, est passé en dix ans de 20.000 hectares à 150.000 hectares" et même 180.000 hectares en 2020, relève Anne Wagner, présidente de Protéines France.
Un enjeu crucial pour les éleveurs, qui importent quantité de soja OGM des Etats-Unis ou du Brésil, où il est pointé du doigt pour sa contribution à la déforestation.
Aujourd'hui, l'agriculture française produit 55% des protéines végétales destinées à l'alimentation du bétail.
L'interprofession ambitionne de voir monter ce chiffre à 65%, indique M. Henrion, qui avec l'ensemble de la filière attend de pied ferme le plan protéines promis par le président Macron depuis le début de son quinquennat.
Il souhaiterait par ce biais doubler la proportion de légumineuses dans les surfaces de grandes cultures, de 4 à 8%.
Après un retard dû à la crise sanitaire, le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume a évoqué à l'Assemblée nationale une présentation de ce plan "à la rentrée de septembre-octobre".
<https://www.geo.fr/environnement/malgre-leurs-atouts-les-legumineuses-en-crise-de-croissance-200972>
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12- Lancement d'une campagne de prévention contre les feux de forêt, AFP, 18/06/20, 19:00

La France est particulièrement exposée à des feux de forêt cet été, avec des températures élevées au cours des derniers mois, avertit jeudi le ministère de la Transition écologique qui lance une campagne de prévention dans tout l'Hexagone.
De juin 2019 à mai 2020, les températures ont été plus élevées de 1,8°C aux moyennes saisonnières, ce qui, combiné à des épisodes venteux, a entraîné "un assèchement des sols superficiels sur une très grande partie du territoire", selon le ministère.
Météo-France prévoit des températures au-dessus des normales saisonnières pour une grande partie du pays, hors Bretagne et littoral des Hauts de France, ce qui renforce les risques. La Méditerranée est traditionnellement la zone la plus exposée aux feux de forêt, mais avec le réchauffement climatique, toute la France métropolitaine est concernée.
Face à ce risque accru, la campagne de prévention est étendue à tout l'Hexagone et concerne tout type de feux de végétations.
90% des départs de feu sont causés par les activités humaines, rappelle le ministère, et 80% des feux se déclenchent à moins de 50 mètres des habitations, mettant en danger leurs habitants.
Le ministère recommande donc d'éviter toute situation pouvant déclencher un feu (barbecue, mégots, travaux sources d'étincelles), de ne pas stocker de combustible (bois, fuel..) contre une habitation, de donner l'alerte en cas de feux et de se confiner chez soi sans chercher à fuir.
Ces conseils sont disponibles sur attention-feux-foret.gouv.fr <https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/campagne-feux-forets>
En 2019, des feux de végétation inhabituels ont touché différents départements, dont la Vendée, l'Eure-et-Loire ou l'Eure.
<https://www.geo.fr/environnement/lancement-dune-campagne-de-prevention-contre-les-feux-de-foret-200982>
En savoir plus : 
> Feux de forêt : préservons la végétation face aux incendie <https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/campagne-feux-forets>s, MTES
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13- Reverdir le Sahel (3). De Dakar à Saint-Louis, une forêt comme rempart contre les assauts de la mer, Le Monde, 19/06/20, 07h00
Théa Ollivier (Dakar, correspondance)

Les maraîchers de la côte des Niayes, menacée par l’érosion, bataillent pour préserver la bande de filaos qui fixe les dunes de sable. 
D’un côté, le rugissement des vagues de l’Atlantique. De l’autre, la sérénité des cultures maraîchères à perte de vue sur cette bande littorale étroite des Niayes qui, au Sénégal, relie Dakar à Saint-Louis. Ibrahima Ka observe la frontière entre ces deux mondes. Une étroite bande forestière de grands arbres qu’on prend de prime abord pour des conifères, mais est composée de filaos. L’homme lève les yeux vers leur cime, à 25 mètres. « Sans les filaos pour nous protéger de la mer et de la dune de sable, on ne pourrait plus ni habiter ici ni cultiver nos champs », témoigne celui qui a grandi sur ces terres assez fertiles pour fournir 80 % des fruits et légumes du pays.
Si cette terre de bord de mer est riche, elle est aussi menacée par l’érosion côtière au point que, dans les années 1980, le Sénégalais a dû déménager à plusieurs reprises, chassé par le sable qui ensevelissait les maisons de son village. Pour survivre, Ibrahima Ka s’est mobilisé au sein de l’Union forestière de la commune de Mboro, association créée en 1992 pour préserver la bande protectrice des filaos qui, sur 400 mètres de large, serpente en suivant la zone côtière des Niayes. Résistant, cet arbre tropical est capable de stopper la désertification parce qu’il tolère les sols salés qu’il a même la capacité de régénérer. Mais maintenir la forêt ici, sur les quelque 9 000 hectares classés par l’Etat sénégalais, nécessite un vrai suivi.
> Episode 1 Au Sahel, des arbres et des bêches pour lutter contre l’avancée du désert
Au total, sept unions locales similaires se sont regroupées au sein de l’Association des unions maraîchères des Niayes (AUMN), dans le but de préserver et d’entretenir cette forêt, plantée au départ de Dakar à compter de 1948 et arrivée à Saint-Louis en 1996. Si une partie de la bataille a été gagnée au plantage, financé grâce au soutien de plusieurs partenaires dont l’Agence canadienne de développement international, le combat reste quotidien. D’ailleurs, « la partie nord a disparu sous les eaux à cause de l’avancée de la mer. Et au sud, c’est l’extension croissante de Dakar qui a grignoté la forêt, se désole Mamadou Ndiaye, coordinateur de l’AUMN. Mais nous ne baissons pas la garde. Et la loi interdit les constructions sur cette zone protégée. »
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/19/de-dakar-a-saint-louis-une-foret-comme-rempart-contre-les-assauts-de-la-mer_6043380_3212.html>
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Reverdir le Sahel
Le Sahel n’a pas toujours été aussi aride qu’aujourd’hui. Pour reverdir cette bande de terre qui traverse l’Afrique d’est en ouest, les initiatives se multiplient depuis 2007. L’idée, née sur le continent, de construire une Grande Muraille verte, un mur d’arbre de 3 000 kilomètres, avance à son pas. Au fil des ans, des initiatives connexes se sont développées pour enrayer et prévenir la stérilité de ces terres brûlées par les effets du réchauffement climatique, empêcher le djihadisme de devenir une réponse à la misère paysanne et redonner de l’oxygène à cette zone où la population aura doublé d’ici à 2050. Le Monde Afrique, vous propose une série de quatre articles qui illustrent ces initiatives vertes.
• Episode 1 Au Sahel, des arbres et des bêches pour lutter contre l’avancée du désert <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/17/au-sahel-des-arbres-et-des-beches-pour-lutter-contre-l-avancee-du-desert_6043108_3212.html>
• Episode 2 Face à la désertification, faire revivre les terres perdues du Burkina Faso <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/18/face-a-la-desertification-faire-revivre-les-terres-perdues-du-burkina-faso_6043221_3212.html>
• Episode 3 De Dakar à Saint-Louis, une forêt comme rempart contre les assauts de la mer <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/19/de-dakar-a-saint-louis-une-foret-comme-rempart-contre-les-assauts-de-la-mer_6043380_3212.html>
• Episode 4 Le Tchad mise sur l’acacia pour apporter sa pierre à la Grande Muraille verte <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/23/le-tchad-apporte-sa-pierre-a-la-grande-muraille-verte-avec-ses-acacias_6043932_3212.html>
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14- En direct de la serre à l'assiette : le pari de la ferme de l'Envol, AFP, 19/06/20, 10:00
Isabel Malsang

Cueillies mardi matin sous une serre de l'Essonne, les courgettes, bio, sont livrées l'après-midi chez un particulier ou un restaurateur. Circuit plus court que ça, en Ile-de-France, il n'y a pas, sauf à cultiver ses propres légumes sur son balcon.
Implantée sur une ancienne base militaire à Brétigny-sur-Orge, la ferme agroécologique de l'Envol ambitionne de produire "en autonomie", sans intrants extérieurs, pour livrer les franciliens en produits locaux et bio et supprimer quelques milliers de kilomètres de transport. 
Un pari écologique, mais aussi économique et social, qui voudrait préfigurer une part de l'agriculture de demain autour des villes.
Après avoir rempli sa cagette de courgettes, le maraîcher Eric Chatelet se met à l'épamprage des tomates, une taille minutieuse de chacun des plants.
Juste derrière les serres, un entrepôt du géant américain de la distribution Amazon trace une ligne d'horizon rectiligne dans le ciel de la plaine de l'Essonne.
"C'est ironique que nous soyons si proches, ce que nous cherchons à faire c'est l'inverse d'Amazon" : distribuer localement des produits locaux, s'amuse Paul Charlent, co-fondateur de la plateforme de distribution Alancienne, associée à la ferme de l'Envol.
Soutenue par le réseau Ferme d'avenir, qui promeut l'agroécologie, la ferme affiche l'ambition d'inventer un modèle "durable" et "réplicable partout en France", surtout après la crise sanitaire qui a montré l'envie de local des consommateurs.
Ses principes sont issus de la permaculture : récupération d'eau de pluie, chasse au gaspillage, aucun engrais ni traitement...
Organisée autour d'une double structure coopérative, la ferme a reçu des financements publics locaux pour les travaux de récupération d'eau, mais pas de subvention européenne. Et elle paie un loyer.
Pour l'instant, elle n'héberge que quatre maraîchers. Un paysan-boulanger doit s'installer pour les céréales et le pain, des éleveurs pour le lait, la viande et les fromages. 
A terme, une douzaine de producteurs sont prévus sur les 80 hectares. Le contraire de l'agriculture intensive. L'idée est de réinventer une ferme en polyculture-élevage, sur le modèle de l'exploitation familiale des Trente Glorieuses, aujourd'hui en déshérence avec la spécialisation et l'intensification accrues de la production agricole.
Chaque producteur (entrepreneur-salarié) reçoit 2.500 euros net garanti par mois. De quoi faire rêver beaucoup d'agriculteurs qui peinent à vivre de leur travail sur une surface comparable.
- "Les gens ont du mal à y croire" -
La ferme est pilotée par un "conseil stratégique" coopératif où siègent producteurs, clients et partenaires comme Alancienne, les collectivités locales et des restaurants comme l'étoilé parisien Septime, mais pas la grande distribution qui s'était pourtant intéressée au projet.
"Plein" de gens "ont du mal à y croire", reconnaît M. Charlent : "+c'est bien ton projet, mais ça ne marchera pas+, me disent-ils. Bizarrement, ce sont parfois des acteurs historiques de la mouvance bio."
Il admet que ses courgettes sont plus chères que dans la grande distribution, donc pas pour toutes les bourses, mais se dit "sûr" de la viabilité du projet, grâce à "la suppression des intermédiaires", qui permet aux producteurs de garder la valeur pour eux, et à la "solidarité entre ateliers", le maraîchage plus rentable soutenant l'élevage. 
"Nos prix sont basés sur nos coûts, et en début d'année nous avons déjà pré-vendu notre production aux partenaires qui s'engagent à nos côtés, c'est un grand confort", précise Eric Chatelet.
Paul Charlent dit s'être inspiré d'un modèle californien. Ce jeune Normand a rencontré ses associés sur le campus de Berkeley aux Etats-Unis, où ils suivaient un Master d'entreprenariat.
"On a découvert qu'en Californie, au pays de la malbouffe, on mange très bien, qu'il y a beaucoup de bio local, et on s'est dit : +si eux, ils le font, pourquoi pas nous ?+. En rentrant, en 2015, on s'est lancé", d'abord dans la plateforme.
L'après-midi, son centre d'empaquetage basé à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) vibre comme une fourmilière. 
De jeunes intérimaires préparent les commandes, livrées en scooter électrique : fruits, légumes, viande, fromage, bière, fleurs ou compost venus d'une cinquantaine de fermes autour de Paris. 1.200 références au total. Et au milieu de la salle, entre une caisse de coriandre de la "ferme Chatelain" et de l'oseille de celle des "jardins suspendus", les courgettes récoltées le matin à l'Envol.
<https://www.geo.fr/environnement/en-direct-de-la-serre-a-lassiette-le-pari-de-la-ferme-de-lenvol-200985>
Sur le même sujet :
> À Brétigny-sur-Orge, une ferme urbaine agroécologique veut nourrir les Franciliens <https://www.maddyness.com/2020/06/18/agritech-ferme-urbaine-ile-de-france/>, Maddyness, 18/06/20, 10h05
> Une ferme locale et bio pour alimenter l'Île-de-France <https://www.lemoniteur77.com/une-ferme-locale-et-bio-pour-alimenter-l-ile-de-france-5249.html>, Le Moniteur de Seine-et-Marne, 19/06/20
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15- Analyse. Saint-Emilion, une appellation de plus en plus vertueuse, Le Monde, 19/06/20, 13h41
Laure Gasparotto 

Sur la rive droite du bordelais, le « bio » ne fait plus peur. De plus en plus de vignerons se convertissent, et, bientôt, une certification environnementale dans le cahier des charges de l’appellation devrait voir le jour. 
Sur la rive gauche de Bordeaux, dans le Médoc, le vin bio est rare au point que l’on cite toujours quelques exemples, comme les Châteaux Pontet-Canet et Palmer. En revanche, de l’autre côté du fleuve, Saint-Emilion a amorcé le virage : 75 % de la surface du vignoble est engagée dans une démarche de haute valeur environnementale (HVE), une trentaine de propriétés sont en bio et 20 % en conversion, à l’instar du Château Angélus, premier des quatre grands crus classés A à sauter le pas. Les chiffres sont loin derrière ceux du Languedoc ou de la Provence – où la météo est plus favorable –, mais ils sont sérieux.
Certains n’ont pas attendu cette vague, comme Pierre Carle, au Château Croque-Michotte, dont le vignoble est bio depuis 1999. François Despagne, non plus : les vignes du Château Grand Corbin-Despagne, dans sa famille depuis deux cents ans, n’ont jamais reçu de produits chimiques. Ce dernier n’a pourtant fait certifier son vignoble en bio qu’en 2013, pour ne pas être regardé de travers. « Aujourd’hui, on n’est plus considérés comme des hurluberlus », dit-il. François Despagne, qui se balade tous les jours dans ses vignes, fait également des essais en biodynamie sur des parcelles : « Par ma formation de biologiste, je suis très sensible à la vie de mes sols que je ne veux pas perturber. »
> Lire aussi  Saint-Emilion, la fine fleur du Bordelais
Depuis vingt ans à la tête du Château Jean Faure, un grand cru classé de Saint-Emilion, Olivier Decelle, un peu comme François Despagne, « pensait bio » dès le début, mais ne l’a revendiqué que récemment : « Nous ne sommes certifiés que depuis 2017, car avant je ne voulais pas en afficher l’étiquette », justifie-t-il.
Et puis il a pensé qu’il fallait dire les choses : « Ma passion, c’est le monde du vivant, les animaux, les vers de terre. Moi, je travaille beaucoup avec la phytothérapie. Je fais de la biodynamie parce que ça marche, pas parce que c’est ésotérique. » Il est curieux de savoir, désormais, si ses grands voisins vont le suivre.
Gérer la peur
Pour Olivier Decelle et François Despagne, l’un des freins au développement du bio dans le Bordelais est la croyance selon laquelle le bio serait bon pour la terre, mais moins pour le vin dans le verre. Or ils jurent du contraire. « Le plus beau compliment, c’est quand on me dit “c’est bio, et en plus c’est bon”. Ce qui importe, c’est le résultat. Tout le monde me dit que mes vins sont plus frais et dynamiques », affirme François Despagne.
> Lire aussi  Etre ou ne pas être bio ?
Un autre frein, le plus souvent avancé, est la météo chaude et humide du Bordelais, propice aux maladies de la vigne, le mildiou par exemple, que seule la chimie pourrait combattre. Le bio serait donc trop risqué pour la récolte annuelle. « Beaucoup ont la pétoche de passer au bio », reconnaît François Despagne. Un indice pourrait rassurer : la pression du mildiou est forte en cette année 2020 et pourtant les domaines en bio semblent bien résister.
Près de Saint-Emilion, l’appellation castillon-côtes-de-bordeaux, aux bouteilles moins chères, affiche 25 % de ses propriétés en bio – un record pour le Bordelais. Avec son Domaine de L’A, à Castillon, le vigneron et consultant Stéphane Derenoncourt se fait l’apôtre de cette transition écologique. En voisin, il intervient beaucoup à Saint-Emilion, où il accompagne une trentaine de propriétés vers un vin sans chimie. Avec une ingénieure agronome, il leur propose d’abord un audit global : « On commence par la gestion de la peur, car la plus grande crainte reste celle de ne pas pouvoir vendre le vin », explique Stéphane Derenoncourt qui, ensuite, identifie la faune, la flore, les haies, la compaction des sols, la population des vers de terre… « L’objectif est d’améliorer les écosystèmes, car il ne faut pas oublier que la viticulture est une monoculture, elle n’est donc pas naturelle », précise-t-il.
Aller plus loin
Plusieurs châteaux ont préféré opter pour le label HVE, moins contraignant que le bio mais qui met en avant la biodiversité tout en utilisant le moins possible de produits chimiques. Sur les 13 hectares du Château Corbin, Anabelle Cruse Bardinet accomplit une démarche globale, avec la replantation d’arbres et de haies de biodiversité. Elle a supprimé depuis longtemps les désherbants et utilise l’eau de ses puits. En 2017, sa propriété a obtenu la HVE de niveau 3.
Son voisin Château Grand Corbin (36 hectares) a obtenu la HVE 3 l’année suivante. A sa tête, Philippe Dambrine explique : « Il ne faut pas opposer notre label à une certification bio. Notre prise de conscience concerne l’environnement dans sa globalité. Cela démarre avec le respect du personnel. Nous favorisons ensuite la biodiversité, en laissant les sols vivants, sans métaux lourds. » Autant d’efforts qui se voient dans un vignoble à la fois beau et vivant.
> Lire aussi  Notre sélection de vins bio
Saint-Emilion entend aller plus loin, conscient que l’ensemble du vignoble bordelais, de par sa renommée, est souvent plus stigmatisé que d’autres comme pollueur. En mai 2018, le Conseil des vins de Saint-Emilion a voté l’obligation d’une certification environnementale pour tous, au plus tard le 1er janvier 2023. « Nous l’avons votée à une forte majorité », explique François Despagne, qui est aussi président des Grands crus classés de Saint-Emilion.
> Lire aussi  Vins Saint-Emilion : la sélection du « Monde »
<https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2020/06/19/saint-emilion-une-appellation-de-plus-en-plus-vertueuse_6043446_4497540.html>
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16- Chronique. Déconfinement : « La tomate défend ses couleurs », Le Monde, 20/06/20, 09h18 
Laurence Girard

Pendant la crise due au coronavirus, les producteurs français ont écoulé leur production avec des prix supérieurs de 15 % à 35 % à la moyenne. Mais avec le retour des fruits et légumes cultivés à l’étranger et une météo peu ensoleillée, le marché reste très fluctuant, observe Laurence Girard, journaliste au « Monde ».
Chronique. Souvenez-vous, nous étions fin février, et la foule se pressait dans les allées du Salon de l’agriculture, porte de Versailles à Paris. Si un virus préoccupait au plus haut point les visiteurs, c’était celui de la tomate. Découvert dans deux exploitations bretonnes, allait-il se diffuser plus largement ? Très contagieux disait-on, et sans antidote. Mais soudain, le 29 février, les portes du salon se fermaient précipitamment. La vague du coronavirus déferlait sur la France.
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Les plants contaminés détruits, les serres désinfectées, le virus de la tomate s’en est allé de la scène médiatique. Hélas, rien de tel pour la pandémie. Et les Français se sont retrouvés confinés. Les producteurs d’asperges, de fraises et de tomates ont sonné l’alarme. Bousculés par la fermeture des marchés et des restaurants, allaient-ils jeter leur production aux orties ? La grande distribution a décidé de privilégier les fruits et légumes made in France, même si le prix s’en est parfois ressenti pour le consommateur.
Crise des fruits cocktail
« Pendant la première partie du confinement, on n’avait pas encore de grands volumes, le marché a été euphorique avec des prix supérieurs de 15 % à 35 % à la moyenne », affirme Laurent Bergé, président de l’AOPn Tomates et concombres de France. Le ministère de l’agriculture estime, lui, l’augmentation à 50 % en avril. La tomate défend ses couleurs…
Mais ce marché est très fluctuant. Les fruits importés d’Espagne, du Maroc ou de Belgique ont repris leur place en rayon, les volumes ont progressé grâce aux saisonniers étrangers venus prêter main-forte dans les serres, et les prix ont glissé. Au point même de décrocher comme pour les petits fruits cocktail en crise dans le courant du mois de mai. En juin, c’est la météo qui joue les trouble-fêtes. Avec la baisse du mercure, les Français boudent les denrées estivales.
Dans cette loterie, les exploitants tentent de miser sur le fruit le plus juteux. Cette année, les producteurs de variétés anciennes ont tiré le gros lot. Mais ne les appelez pas cœur de bœuf. Non pas parce que la loi interdit désormais d’employer les termes désignant les protéines animales pour décrire leurs alternatives végétales. Une règle qui oblige steak ou saucisse végane à aller se rhabiller de mots. La raison est plus terre à terre. Dans les serres où elles poussent hors sol, les tomates sont des hybrides élaborés par les semenciers et ne peuvent donc accaparer le nom de variétés dont elles n’ont que l’apparence.
> Lire aussi  Comment le confinement a modifié les comportements alimentaires en France
Pourtant, la cœur de bœuf est bien enracinée en France. Elle pousse en pleine terre dans les jardins des particuliers. Et les Français, de plus en plus accros à leur potager, adorent y planter des tomates. L’interprofession, Interfel, a tenté de mesurer l’ampleur du phénomène, il y a un an. « La production des potagers est estimée à 400 000 tonnes, soit quasi comparable à celle des agriculteurs français »,souligne M. Bergé. En 2019, les maraîchers en ont cueilli 520 000 tonnes. Or, depuis le confinement, le « cultivé maison » a fait des émules. Avec peut-être une future variété à succès, la « tomate-autarcie »…
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/20/deconfinement-la-tomate-defend-ses-couleurs_6043554_3234.html>
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17- Les grands groupes laitiers épinglés pour leur impact sur le climat, Le Monde, 20/06/20, 13h49
Mathilde Gérard 

Selon une analyse de l’Institute for Agriculture and Trade Policy, la course à la production laitière a un important impact social et environnemental. 
Les treize plus grandes entreprises laitières dans le monde ont émis ensemble, en 2017, presque autant de gaz à effet de serre (GES) que le Royaume-Uni (338 millions de tonnes équivalent CO2 pour les géants du lait, contre 350 millions pour la sixième puissance économique mondiale). C’est l’une des conclusions d’une étude publiée le 15 juin par l’Institute for Agriculture and Trade Policy (IATP), un groupe de réflexion basé à Minneapolis (Etats-Unis). Dans cette enquête, l’IATP calcule que les émissions de ces treize compagnies laitières ont augmenté de 11 % entre 2015 et 2017. La hausse serait même de 40 % pour Amul, coopérative laitière indienne, et de 30 % pour Lactalis, la multinationale de Laval, en Mayenne, qui enregistre la deuxième plus forte augmentation de ces treize entreprises.
Alors que la production agricole compte pour environ un tiers des émissions totales de CO2, l’impact climatique de l’alimentation fait l’objet d’un nombre croissant d’études. Dans un rapport d’août 2019 sur l’utilisation des terres, le Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a montré que la production de protéines animales (viande, produits laitiers…) était parmi les plus émettrices de GES.
> Lire aussi  La demande de viande pèse sur les ressources de la planète
Des périmètres élargis
Les entreprises du secteur ne sont pas tenues de publier leurs émissions annuelles. Seuls cinq des treize groupes étudiés diffusent ces bilans. En l’absence de méthodologie commune, les comparaisons entre les chiffres et objectifs affichés sont laborieuses. Lactalis indique ainsi suivre un plan d’action de réduction de 20 % de l’intensité des émissions par litre de lait d’ici à 2025. Danone s’est doté d’objectifs globaux et assure avoir amorcé une décrue de ses émissions en volume. « Nous avons atteint notre pic d’émissions en 2019, défend Eric Soubeiran, vice-président « nature » de Danone. Et en France, sur le périmètre de nos activités laitières, nous nous engageons à les réduire de 15 % d’ici à 2025. »
Pour calculer l’empreinte climatique des treize géants du lait, l’IATP a utilisé un modèle d’évaluation des émissions de GES de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), décliné ensuite par entreprise selon les données issues du réseau de statistiques sur le secteur laitier IFCN. L’IATP, tout comme les entreprises laitières, le reconnaît : les hausses d’émissions des grands groupes laitiers sont surtout dues à des recompositions sectorielles et à des acquisitions de nouvelles entités. Entre 2015 et 2017, Lactalis s’est ainsi étendue en Inde, en Turquie, à l’Uruguay, au Brésil et au Mexique… Le groupe mayennais précise au Monde qu’il a « opéré 18 acquisitions sur cette période, ce qui contribue mécaniquement à augmenter la valeur consolidée des émissions de GES désormais affichées à son bilan ». De même, Danone, qui a vu ses émissions augmenter de 15 % sur la période, selon l’IATP, a racheté en 2017 l’entreprise de produits laitiers WhiteWave. Le groupe dirigé par Emmanuel Faber calcule pour sa part qu’« à périmètre comparable, ses émissions ont diminué de 6,4 % sur la période 2016-2017 ».
« Ce ne sont pas de nouvelles émissions », assurent donc dans un communiqué commun les représentants de la Fédération internationale du lait et de la Global Dairy Platform (GDP), qui dénoncent un rapport « simpliste ». Les entreprises laitières préfèrent mettre en avant la notion d’intensité carbone de leurs produits, c’est-à-dire les émissions de gaz à effet de serre par litre de lait. En 2018, la GDP publiait une étude conjointe avec la FAO qui concluait qu’entre 2005 et 2015, les émissions du secteur laitier avaient augmenté de 18 %, une hausse moins importante que celle de la production, de 30 % sur la même période. En d’autres termes, concluaient les deux organisations, l’intensité des émissions du lait avait baissé de 11 % en dix ans.
« De plus en plus d’endettement pour les fermes »
Mais pour les chercheurs de l’IATP, une telle approche ne permet pas d’apprécier le volume global du secteur et les mécanismes de fusion qui poussent à augmenter la production. « Ce que l’on voit, c’est que l’on produit de plus en plus de lait, ce qui entraîne de plus en plus d’émissions et de plus en plus d’endettement pour les fermes », insiste Shefali Sharma, directrice du bureau européen de l’IATP et auteure de l’étude.
C’est l’autre enseignement de cette analyse : les géants laitiers ont étendu leur périmètre au détriment des petites exploitations. Entre 1981 et 2013, selon une étude du Parlement européen parue en 2019, quatre fermes laitières sur cinq en Europe ont disparu. Quand l’Union européenne a définitivement mis fin aux quotas laitiers, en 2015, estimant que la demande mondiale était assez forte pour absorber des volumes supplémentaires, la production s’est envolée, et le prix payé aux éleveurs a chuté à des niveaux historiquement bas en 2015-2016. Selon l’IATP, « le prix du lait, sur la décennie écoulée, a été en deçà du coût de production ».
> Lire aussi  Lactalis va baisser le prix du lait payé aux éleveurs
L’IATP appelle à revoir les modalités de subventions publiques afin de réguler la production laitière, tout en finançant la transition vers des modes d’élevage plus extensifs, permettant la régénération des sols. « L’objectif de ce rapport est de montrer que les modes de production industriels entraînent un double effet : un nivellement par le bas pour les communautés rurales et pour le climat, souligne Shefali Sharma. Avec un modèle plus durable, non seulement nous réduirons les rejets, mais nous aurons des bénéfices socio-économiques. » 
> Lire aussi  La demande de viande pèse sur les ressources de la planète
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/20/les-grands-groupes-laitiers-epingles-pour-leur-impact-sur-le-climat_6043577_3244.html>
En savoir plus : 
> Milking the Planet - How big dairy is heating up the planet and hollowing rural communities <https://www.iatp.org/sites/default/files/2020-06/IATP_MilkingThePlanet_f_0.pdf>, Institute for Agriculture and Trade Policy, June 2020
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18- Pour mieux partager et protéger la terre, 10 organisations demandent une loi foncière en 2021 !, Fondation pour la Nature et l’Homme, communiqué du 22/06/20

Le week-end dernier, la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) a voté des mesures pour répondre à l’urgence de la lutte contre l’artificialisation des sols et celle de l’installation des agriculteurs en agroécologie, qui vont dans le sens des promesses de loi foncière faites à de nombreuses reprises par Emmanuel Macron depuis son élection à la présidence de la République. Pourtant, il y a quelques jours à peine, le Ministre de l’agriculture enterrait ce projet, annulant purement et simplement l’idée. Pour nos organisations, le gouvernement se doit aujourd’hui d’écouter les citoyens et de respecter ses engagements en mettant cette loi à l’agenda 2021. Une refonte de notre politique foncière est en effet indispensable et urgente pour revaloriser et dynamiser nos campagnes, installer des paysans nombreux et faciliter la transmission des fermes en agroécologie, préserver le climat et la biodiversité, stopper les accaparements fonciers en France et ailleurs, et tendre vers la souveraineté alimentaire.
> Pour lire le communiqué
<http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/cp-loi_fonciere-fnh_1.pdf>
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19- Reverdir le Sahel (4). Le Tchad apporte sa pierre à la Grande Muraille verte avec ses acacias, Le Monde, 23/06/20, 19h00
Aurélie Bazzara-Kibangula 

La gomme arabique est récoltée depuis des millénaires sur le continent, mais le pays a professionnalisé la filière ces dernières années en replantant plus de 2 millions d’arbres. 
Il est un peu tôt pour en être sûr, mais Hassan Adano s’en réjouit déjà. « Grâce à la pluie, la récolte de sève sera bonne cette année », observe le paysan, qui connaît bien ses arbres. Installé non loin de Mongo, dans la province du Guéra, dans le sud du pays, l’homme attend de voir couler la précieuse sève de ses acacias. La gomme arabique, qu’il récolte chaque année, c’est un peu son miel, à lui qui cultive d’abord sorgho et mil. C’est dans les années 2000 que ce fermier, la quarantaine alors, se laisse séduire par l’idée de planter quelques acacias sur sa parcelle, en complément de ses cultures habituelles. Une petite révolution.
Au Tchad, jusqu’alors, on ne cultive pas l’acacia. On se contente de récolter la sève des arbres sauvages. Les acacias Sénégal et seyal, communément appelé kitir et talha, sont les deux premières variétés productrices de gomme arabique et apprécient le climat saharien. De temps à autre, on envoie les femmes recueillir quelques kilos de gomme pour la vendre sur le marché et se faire un peu d’argent. Cette manne n’est qu’un appoint dans la culture paysanne. Car, depuis la fin XXe siècle, l’heure est plutôt à la production de coton. C’est même presque devenu l’emblème du pays et à ce titre la culture « a séduit beaucoup de jeunes paysans », se souvient Hassan Adano.
> Episode 1 Au Sahel, des arbres et des bêches pour lutter contre l’avancée du désert
Mais, faute de réussir à se faire payer par la société Coton Tchad au bord de la faillite, les agriculteurs cherchent à se détourner des cultures cotonnières et quelques élus locaux, impliqués dans l’export, commencent même à miser sur la gomme. Sans penser encore que ces récoltes peuvent être largement optimisées et sortir du simple complément de revenus. En moyenne, un producteur récolte 360 kg de gomme pour un bénéfice ne dépassant pas les 180 000 francs CFA (soit 274 euros) par an, soit quatre fois moins que le salaire annuel moyen fixé à 720 000 francs CFA (soit 1 099 euros).
Troisième source de revenus
La gomme arabique est récoltée depuis l’Egypte des pharaons. Ces derniers l’avaient même baptisée « kami » et elle aurait servi au collage des bandelettes des momies. Puis les Européens l’ont rapportée des côtes sénégalaises et mauritaniennes au XVe siècle, avant que la cosmétologie ou l’industrie alimentaire ne la mette à toutes les sauces.
Aujourd’hui, la demande est bien là et la production aussi. Au Tchad, elle fait désormais vivre directement ou indirectement plus de 800 000 paysans. En 2019, selon les autorités, 20 000 tonnes ont été exportées, ce qui fait du pays le deuxième producteur mondial derrière le Soudan voisin. Après l’élevage et le coton, la gomme représente la troisième source de revenus hors pétrole, et assure 7 % du produit intérieur brut (PIB). La précieuse sève est même érigée en « mamelle prioritaire » de l’économie dans le plan national de développement lancé en 2016 par le gouvernement pour faire face aux difficultés de trésorerie après la brusque chute des cours du brut.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/23/le-tchad-apporte-sa-pierre-a-la-grande-muraille-verte-avec-ses-acacias_6043932_3212.html>
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20- « OGM, mensonges et vérités » : les fausses promesses d’une révolution agricole, Le Monde, 23/06/20, 19h00
Martine Valo 

Frédéric Castaignède signe une remarquable enquête sur ces plantes qui occupent 11 % des surfaces cultivées dans le monde. 
Dans la façon dont les humains se nourrissent depuis leur apparition sur cette terre, il y a un avant et un après la décennie 1990 : il y a l’ère pré-OGM, puis la révolution de l’agriculture actuellement en cours. Apparues il y a deux décennies à peine, les plantes génétiquement modifiées occupent déjà 11 % des surfaces cultivées autour du globe.
De cette conquête des continents à marche forcée, rythmée par les découvertes et les controverses, Frédéric Castaignède a su tirer une saga pleine de rebondissements, de brevets juteux et de paysans démunis, de réelles aspirations au progrès et de colères de « faucheurs volontaires ». Son remarquable documentaire – pondéré, pertinent et pédagogue – prend le temps de revenir aux débuts des OGM.
> Lire aussi  Bayer empoisonné par une cascade de procès contre Monsanto aux Etats-Unis
Modifier une plante en introduisant dans son patrimoine un gène supplémentaire issu d’une bactérie, afin de la rendre résistante aux attaques d’insectes ravageurs comme la pyrale et la chrysomèle, les agriculteurs américains en avait sans doute rêvé jusqu’à ce que les chercheurs de l’agrochimie réalisent leur souhait. Mieux encore : ces derniers ont aussi mis au point des cultures capables de tolérer d’être aspergées d’un herbicide, tandis que toute autre « mauvaise herbe » autour était exterminée. Plus simples, plus sûrs, les OGM séduisent immédiatement : aujourd’hui, sur le sol américain, 90 % des récoltes de soja, de coton et de maïs sont transgéniques.
Ruée sur le colza transgénique
Seulement, les exploitants se sont trouvés fort dépourvus quand les contrariétés sont venues, les rêves de lendemains prospères se sont dissipés. « Pour amortir le coût plus élevé des semis, je me suis agrandi et les autres aussi », témoigne un agriculteur en casquette, un peu perdu au milieu de son immense terrain. A des kilomètres à la ronde, pas un arbre n’a subsisté ; ni un voisin d’ailleurs. Puis le prix des graines a augmenté, tandis que le fournisseur, Monsanto, interdisait formellement de replanter les graines issues des récoltes de la saison précédente. Et comme le montre ce documentaire, la firme n’hésite jamais à attaquer, allant même jusqu’à faire condamner un exploitant canadien qui rejetait le colza transgénique accidentellement apporté par le vent sur ses terres.
Monsanto poursuit, nie, dénigre à tout va. Qu’il s’agisse des scientifiques du Centre international de recherche sur le cancer, des opposants à son modèle monopolistique au Ghana, des consommateurs américains qui réclament un étiquetage sur les aliments OGM, ou des riverains tombés malades en Argentine.
> Lire aussi  « Sans résidu de pesticides », AOP, HVE : la bataille de l’étiquetage des produits alimentaires
Là-bas, il y a vingt ans, des améliorations de rendements de 7 % à 10 % ont déclenché une ruée sur le colza transgénique. Les surfaces ont augmenté de 50 %, tandis que dans le même temps les volumes de pesticides bondissaient de 850 %.
Car contrairement aux promesses, les OGM n’ont pas supprimé les traitements. Au contraire : les insectes mais aussi les plantes intruses se sont adaptés aux monocultures et sont devenus résistants. Les exploitants ont alors eu de plus en plus recours aux produits phytosanitaires. Cancers, fausses couches : les quatorze millions d’Argentins vivant non loin des zones d’épandage par avion en paient le prix fort.
Le mot de la fin revient au biologiste et généticien Pierre-Henri Gouyon. « Avant vous ne pouviez pas consommer une plante qui avait reçu du Roundup puisqu’elle était forcément morte, expose-t-il posément. Maintenant, avec le gène qui lui permet d’y survivre, nous pouvons manger de l’herbicide… » 
OGM, mensonges et vérités, de Frédéric Castaignède (Fr., 2016, 100 min). A la demande sur Arte.tv jusqu’au 17 juin 2021.
<https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/06/23/ogm-mensonges-et-verites-les-fausses-promesses-d-une-revolution-agricole_6043931_3246.html>
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En audio
21- L'Abeille du 18 juin, Syndicat des Apiculteurs d'Occitanie, 16/06/20

L'appel des apiculteurs Français qui ont décidé d'entrer en résistance. Comme chaque année le Syndicat des Apiculteurs d’Occitanie fait revivre le texte du général de Gaulle pour mobiliser les français sur la question environnementale. En cet anniversaire des 80 ans de l’Appel du 18 juin 1940 lancé par le Général de Gaulle, l’Historienne Aurélie Luneau a retracé dans un ouvrage riche de détails les temps forts de cette épopée. Le livre se termine sur la force symbolique de cet Appel symbolisant « la force du Non, la force de s’opposer, de s’élever contre une situation jugée inacceptable et insupportable » celle aujourd’hui de la destruction de notre Environnement.
> Appel à retrouver à : 
<https://www.youtube.com/watch?v=jqyb6SvO8IM>
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En images
22- Alimentation : toujours trop de produits transformés dans les assiettes des Français, France 2, journal de 13h, 18/06/20

Le magazine 60 Millions de consommateurs a à nouveau lancé une alerte concernant ce que l’on mange. Margaux Subra-Gomez était en plateau pour évoquer le sujet.
Dans nos assiettes, on retrouve toujours trop de produits transformés. "Avec le confinement, on a même peut-être eu tendance à en manger plus que d’habitude. Par exemple, 90% des ingrédients du petit-déjeuner sont ultra-transformés, comme les biscottes, les céréales, le granola. Pour débusquer ces substances, quelques astuces, plus la liste des ingrédients est longue, plus il y a de risques que vous soyez face à un produit ultra-transformé. Intéressez-vous aussi à la présence d’additifs", explique la journaliste Margaux Subra-Gomez.
Plateau à revoir à :
<https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/alimentation-toujours-trop-de-produits-transformes-dans-les-assiettes-des-francais_4012829.html>
En savoir plus : 
> Étiquetage des aliments : des règles trop permissives <https://www.60millions-mag.com/2020/06/18/etiquetage-des-aliments-des-regles-trop-permissives-17493>, 60 millions de consommateurs, 18/06/20
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23- Ils vous promettent de consommer sainement, France 2, Tout compte fait, 20/06/20, 14h03
Magazine présenté par Julian Bugier

• Biocoop : faut-il faire confiance au numéro 1 du bio ?
Au départ c'était une enseigne de militants. Aujourd'hui, elle s'est inscrite dans le quotidien des Français.
Avec ses 560 magasins et son 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires, Biocoop est devenu la sixième enseigne préférée des Français.
Et dire qu'au départ, en 1986, il s'agissait d'un petit groupe de consommateurs avant-gardistes qui voulaient s'approvisionner bio auprès de producteurs rémunérés au juste prix !
Des valeurs que défend aujourd'hui le grand public ! 
Mais à force de grandir, cette enseigne est-elle toujours fidèle à ses engagements ?
Alors que les hypermarchés gagnent à marche forcée des parts de marché sur le bio, la qualité des produits Biocoop est-elle au rendez-vous ?
Le local et la juste rémunération des agriculteurs sont-ils de mise ? Et comment fait l'enseigne pour modérer ses prix, principal frein à la consommation des produits bio ? 
• Le pouvoir de séduction du parfum naturel
On connaissait les lieux publics interdits à la cigarette en France. Y-aura-t-il bientôt des endroits où il sera impossible d'être parfumés ? 
C'est en tous cas ce qui se passe déjà aux États-Unis où des salles de concert peuvent être « fragrance free ».
Qu'est-ce qui peut justifier de telles mesures ?
En fait, à peu près toutes les grandes marques de parfum, même les plus prestigieuses, utilisent des substances chimiques souvent dérivées de la pétrochimie. Résultat, ces ingrédients provoquent chez une partie des consommateurs de fortes réactions allergiques. 
Aux États-Unis ce serait 13% de la population.
Face à ce constat, de nouvelles marques comme l'Artisan Parfumeur, Honoré des Près ou Weleda proposent des parfums 100% naturels à base d'huiles essentielles.
Leur défi : réussir à élaborer des parfums aussi subtils que leurs concurrents classiques avec 500 senteurs de base contre 5000 quand on a recours à la chimie.
Comment l'industrie du parfum a-t-elle basculé dans la chimie ? Que valent ces parfums naturels ? Et l'une des solutions n'est-elle pas de faire son parfum soi-même ?
> Magazine (48 min) à revoir à :
<https://www.replay.fr/tout-compte-fait-integrale-ils-vous-promettent-de-consommer-sainement-4396756>
<https://www.france.tv/france-2/tout-compte-fait/1758361-ils-vous-promettent-de-consommer-sainement.html>
Sur le même sujet : 
> Le magazine « Tout compte fait » enquête sur Biocoop, l’hyper-coopérative <https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/06/19/le-magazine-tout-compte-fait-enquete-sur-biocoop-l-hyper-cooperative_6043436_3246.html>, Le Monde, 19/06/20, 13h00
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24- OGM : Mensonges et vérités, Arte France, rediffusion le 23/06/20, 20h50

La controverse entre pro-OGM (organismes génétiquement modifiés) et anti-OGM rend le débat passionnel et parfois incompréhensible. Ce tour d'horizon mondial démêle le vrai du faux, preuves scientifiques à l'appui.
> Documentaire réalisé en 2015 (1h41) à revoir à :
<https://www.arte.tv/fr/videos/057483-000-A/ogm-mensonges-et-verites/ <https://www.arte.tv/fr/videos/057483-000-A/ogm-mensonges-et-verites/>>
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À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)...
NOS APPELS 
– Le temps est venu <https://letempsestvenu.org/> de poser les premières pierres d’un nouveau monde
– Let’s Bio ! Ensemble pour des cantines bios et locales <https://www.letsbio.org/> pour bien nourrir nos enfants.
– Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
NOS CAMPAGNES 
– 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/> pour participer à l'émergence d'un modèle énergétique plus propre et durable
– Mon Restau’Responsable® <https://www.youtube.com/watch?list=PLh--7obE3XQ5hw0hyacAsOc7PLMneP7-N&v=Eo7AZvPE_MA> pour guider les professionnels de la restauration collective et valoriser leurs bonnes pratiques.
– J’agis pour la nature <http://www.jagispourlanature.org/> pour participer à des activités utiles et ludiques en pleine nature, près de chez vous.
NOS VIDÉOS PÉDAGOGIQUES 
– Sur notre chaîne You Tube <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>, retrouvez toutes nos vidéos.  
NOS PUBLICATIONS (les plus récentes) 
– Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>, janvier 2020
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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