[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international (mardi 17 mars)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mar 17 Mar 08:06:06 CET 2020


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Tribune. « La recherche publique ne doit plus servir à détruire la planète » <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/03/11/la-recherche-publique-ne-doit-plus-servir-a-detruire-la-planete_6032632_1650684.html>, Le Monde, 11/03/20, 16h03
2- Interview. « Les enfants sont de formidables courroies de transmission de l’écologie », estime l’autrice Elsa Grangier <https://www.20minutes.fr/planete/2738471-20200312-enfants-formidables-courroies-transmission-ecologie-estime-autrice-elsa-grangier>, 20 Minutes, 12/03/20, 19h18
3- Un petit manuel de transition responsable pour les petites entreprises <http://www.influencia.net/fr/actualites/media-com,reputation,petit-manuel-transition-responsable-pour-petites-entreprises,9980.html>, INfluencia, 12/03/20
4- Trump se prend une fessée de Science <https://www.lemonde.fr/blog/huet/2020/03/12/trump-se-prend-une-fessee-de-science/>, Blog Sciences, 12/03/20
5- Le coronavirus, un répit pour la planète <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/13/le-coronavirus-un-repit-pour-la-planete_6032848_3244.html>, Le Monde, 13/02/20, 00h07
6- Enquête. De Gandhi à Extinction Rebellion, la longue marche de la désobéissance civile <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/13/de-gandhi-a-extinction-rebellion-la-longue-marche-de-la-desobeissance-civile_6032850_3232.html>, Le Monde, 13/03/20, 05h24
7- Dix astuces pour télétravailler (à peu près) dans la joie et l’harmonie <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/13/dix-astuces-pour-teletravailler-a-peu-pres-dans-la-joie-et-l-harmonie_6032945_3234.html>, Le Monde, 13/03/20, 13h50
8- Si sauver les autres vous indiffère, sauvez au moins votre dignité <http://www.slate.fr/story/188490/coronavirus-covid-19-epidemie-achats-supermarches-penurie-panique-solidarite>, Slate, 13/03/20, 17h14 
9- Entretien. « La science fondamentale est notre meilleure assurance contre les épidémies » <https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-science-fondamentale-est-notre-meilleure-assurance-contre-les-epidemies>, CNRS Le Journal, 13/03/20
10- Coronavirus : pourquoi ce n'est pas une bonne idée de se ruer sur les denrées alimentaires <https://www.lejdd.fr/Societe/coronovirus-pourquoi-ce-nest-pas-une-bonne-idee-de-se-ruer-sur-les-denrees-alimentaires-3955274>, Le JDD, 14/03/20, 11h48
11- Chronique. « Soyons lucides : ce n’est pas demain que le climat et la biodiversité seront préservés “quoi qu’il en coûte” » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/14/soyons-lucides-ce-n-est-pas-demain-que-le-climat-et-la-biodiversite-seront-preserves-quoi-qu-il-en-coute_6033092_3232.html>, Le Monde, 14/03/20, 12h21
12- Ce que les crises épidémiques révèlent des dérives de l’OMS <https://theconversation.com/ce-que-les-crises-epidemiques-revelent-des-derives-de-loms-133639>, The Conversation, 14/03/20, 17:45
13- Ecocide planétaire : comment en est-on arrivé là et que faire pour s’en sortir ? <https://mrmondialisation.org/ecocide-planetaire-comment-en-est-on-arrive-la-et-que-faire-pour-sen-sortir/>, Mr Mondialisation, 14/03/20
14- La décarbonation de l’économie ne se fera pas avec les accords internationaux actuels <https://theconversation.com/la-decarbonation-de-leconomie-ne-se-fera-pas-avec-les-accords-internationaux-actuels-133453>, The Conversation, 15/03/20, 19:31
15- Municipales : la saisissante carte de l’abstention <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/03/16/municipales-la-saisissante-carte-de-l-abstention_6033186_4355770.html>, Blog Les Décodeurs, 16/03/20, 02h50
16- Décryptages. La Fed réduit ses taux à zéro, inonde le marché de liquidités et de dollars <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/16/la-fed-reduit-ses-taux-a-zero-inonde-le-marche-de-liquidites-et-de-dollars_6033184_3234.html>, Le Monde, 16/03/20, 06h16
17- Le coronavirus nous tue, et on résiste en bronzant <http://www.slate.fr/story/188568/coronavirus-epidemie-france-rire-raler-resistance-mesures-confinement-victimes-vieux-malades>, Slate, 16/03/20, 11h50
18- Un homme heureux... ou réaction d'un ami suite au discours du Président de la République du 12 mars 2020, Collège des transitions sociétales, 16/03/19, 15:57
19- Coronavirus : le point sur les interdictions (et les autorisations) liées au confinement en France <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/17/coronavirus-le-point-sur-les-interdictions-et-les-autorisations-liees-au-confinement-en-france_6033337_3244.html>, Le Monde, 17/03/20, 05h00
En images
20- Emoi, E-moi et moi. Rééduquez notre cerveau pour sortir de la crise écologique <https://www.youtube.com/watch?time_continue=116&v=jrdLIRh3na0&feature=emb_logo>, Sébastien Bohler, TEDxParisSalon, 26/04/19

Bien à vous,
Florence

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QUESTIONNEMENTS DU JOUR : — Qu’implique concrètement la décision de confinement ? (cf. item 19)
— La désobéissance civile ou refus de se soumettre à certaines lois est-elle une atteinte au pacte social ou un signe de vitalité démocratique ? En démocratie, un citoyen peut-il, au nom de l’éthique, violer des lois qui ont été votées par les représentants élus au suffrage universel ? (cf. item 6)
RÉPIT DU JOUR : Depuis le début de l’épidémie du coronavirus, les émissions de CO2 et la pollution ont chuté. Mais l’accalmie pourrait n’être que temporaire si les gouvernements relancent massivement leur économie. (cf. item 5)
ASSURANCE DU JOUR : La recherche fondamentale est sur le long terme, le meilleur moyen de lutter efficacement contre les virus. (cf. item 9 & 1)
DEVISE DU JOUR : "Si sauver les autres vous indiffère, sauvez au moins votre dignité." Le monde va mal, la maladie progresse, les gens meurent, les écoles ferment, les bourses dégringolent. Et nous, on résiste en achetant du PQ et en bronzant. (cf. item 8, 10 & 17)
RÊVE DU JOUR : Ou la réaction d'un ami suite au discours du Président de la République du 12 mars 2020, par le Directeur du Collège des transitions sociétales (cf. item 18)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 120 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Tribune. « La recherche publique ne doit plus servir à détruire la planète », Le Monde, 11/03/20, 16h03
Par Collectif

Dans une tribune au « Monde », des chercheurs expriment leurs craintes vis-à-vis de la prochaine loi de programmation pluriannuelle de la recherche. Selon eux, celle-ci contribue à aggraver la crise écologique, et non à la réduire.
Tribune. La prochaine loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) inquiète la communauté scientifique, qui y voit une menace majeure pour les métiers de la recherche. Nous sommes également un certain nombre à voir dans les rapports préparatoires à cette loi une attaque supplémentaire contre la stabilité des existences et de la Terre. Ils ne donnent d’autre objectif à la recherche que de « rattraper le retard » et subordonnent sa « déontologie » aux opportunités de marché.
Il nous semble que, dans ce cadre, le seul appel à des moyens financiers supplémentaires risque fort de nourrir (encore et toujours ?) des applications problématiques des sciences. Nous appelons au contraire à clarifier le rôle de la recherche face à la destruction généralisée de la planète, pour la mettre au service des alternatives écologiques et démocratiques.
La LPPR promet de poursuivre la destruction des collectifs et des milieux naturels 
Nous voyons s’accélérer l’artificialisation des sols, l’épuisement des ressources, le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité et des écosystèmes. Nous en documentons, depuis nos diverses disciplines, les causes et l’étendue – croissante, quoi que laissent entendre les discours lénifiants.
Et nous voyons, désabusés, que ces causes (culturelles, économiques et politiques) sont encouragées dans les rapports préparatoires à la future loi : la compétitivité, la performance, la flexibilité, l’hypermobilité, la surenchère technologique et des sciences mises au service de la croissance du PIB. Aucun de ces rapports ne dit ce qui pourrait empêcher ces dispositifs, moteurs du désastre, de l’approfondir, encore moins comment ils pourraient le résoudre.
Pour ne prendre qu’un exemple, le troisième rapport (p. 6) donne comme modèles à suivre ces entreprises nourries de « découvertes scientifiques et technologiques issues de la recherche publique », devenues leaders de l’économie mondiale : « Airbnb, Amazon, Facebook, Google, SpaceX, Tesla, Uber (…), Huawei, Baidu, Alibaba, Tencent ». Voilà à quoi devrait contribuer la recherche française…
Est-il utile de préciser que ces entreprises, dont certaines se sont construites par l’emploi précaire tout en contribuant au dumping fiscal, sont également parmi les plus destructrices de la planète ? Peu après (p. 7), le rapport recommande d’« augmenter significativement l’impact économique, sociétal et environnemental(…) des découvertes scientifiques et technologiques » – d’augmenter « l’impact environnemental » de la recherche : la formule, maladroite, sonne comme un lapsus révélateur. Rien, dans les propositions, ne permet d’éviter un « impact » négatif.
Construire un horizon commun, écologique et citoyen
Ces rapports organisent une recherche inefficace à résoudre la question environnementale, sans indiquer d’horizon commun qui pourrait justifier leurs préceptes : la performance, la compétition, la croissance sont des moyens, faut-il le rappeler, mais quel est le but ?
Une tribune et diverses réactions dans nos campus nous disent les difficultés de certains étudiants à se projeter dans la mobilisation pour les retraites car elle engage un long terme compromis par une planète qui brûle dès à présent. La mobilisation contre la LPPR leur paraît, elle, trop éloignée de ces mêmes enjeux environnementaux – ou de questions sociales vives, comme l’essor incontrôlé des nouvelles technologies ou de l’intelligence artificielle.
Mais un mouvement social est justement l’occasion de créer du collectif et de construire un horizon commun pour résister à l’atomisation produite par la compétition. Ce ciment collectif, nous le voyons dans la préservation de l’habitabilité de la Terre et de la diversité biologique – de l’échelle planétaire à celle de nos territoires quotidiens.
Partant de là, quel devrait être le rôle des scientifiques ? Les sciences ne sont aucunement vertueuses par essence. Si elles ont joué un rôle majeur d’alerte et de compréhension des processus sociaux, physiques et biologiques qui ont conduit au désastre, elles ont, en même temps, activement contribué à ce même désastre.
Une loi qui les mettrait prioritairement au service de la « puissance industrielle et économique de la France » (premier rapport, p. 2) fait primer des tendances qui vont à l’encontre de l’immense défi écologique. Pour y répondre, les « conventions de citoyens » pourraient être une manière démocratique de penser, en commun, le rôle de la recherche publique et d’éviter que les sciences ne soient placées en surplomb pour gouverner « l’urgence » écologique. Elles les mettraient au cœur du nécessaire débat public sur les possibles transitions et contribueraient à restaurer aussi du sens dans nos métiers.
En dialogue avec les territoires, les scientifiques de toutes les disciplines pourraient contribuer aux diagnostics et à l’imagination des solutions. Il peut paraître, par exemple, très difficile de définir les types d’organisations sociales et de technologies qui seraient compatibles avec l’habitabilité de la planète sur le long terme, tant sont complexes les interactions multiples et réciproques entre densité de population, système technique, extraction des ressources, énergie, organisation politique et sociale, évolution du climat, des sols et des écosystèmes, etc.
Il est pourtant crucial d’apporter des éléments de réponse aux citoyens et citoyennes, qui, comme nous, s’interrogent sur l’avenir. La réforme des retraites n’a par exemple absolument pas tenu compte de ces perspectives globales, alors que, pour l’environnement, il faudrait repenser l’organisation et la répartition du travail. Les sciences pourraient, modestement, apporter des données sociales, culturelles, écologiques et physiques utiles pour imaginer, comparer et expérimenter des solutions.
> Lire aussi  Savants ou militants ? Le dilemme des chercheurs face à la crise écologique
Une telle orientation écologique et citoyenne de la recherche demanderait davantage de personnels stables que de capital technologique et que de précarité. Face à la lutte égoïste pour la survie (autrement appelée « compétition pour l’excellence » par le PDG du CNRS) et aux individualités « darwiniennes » qui raflent les ressources de tous pour un gain à court terme, elle mobiliserait, au contraire, des collectifs coopératifs. Ils font la fierté de la recherche française et seront essentiels pour construire les futures transitions écologiques.
Aux « stars » internationales attirées à renfort d’argent public, à la compétition par projet dévoreuse de temps et d’énergie, elle privilégierait des chercheurs et chercheuses dont « l’excellence » serait d’être ancrés dans les territoires, de disposer de temps pour en comprendre les spécificités et participer à leurs débats, propices au partage de savoirs et d’expériences – et pourquoi pas, à la réduction de l’empreinte écologique de la recherche.
Devant l’ampleur des enjeux écologiques et démocratiques, le gouvernement doit reconsidérer en profondeur le cadrage de la recherche à l’aune du plus grand enjeu contemporain : la destruction en cours d’une planète compatible avec la vie humaine. Cela suppose l’abandon des faux-semblants, de cette novlangue « verte » qui alimente la défiance envers la parole publique. Cela suppose une réelle « rupture » – non pas dans une perspective de « conquête » des marchés qui épuisera un peu plus la Terre, mais de ce qui serait une réelle transformation démocratique, écologique et sociale permettant, enfin, d’établir une relation apaisée avec le vivant.
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Ce texte a été rédigé dans le cadre des Ateliers d’écologie politique francilien, de Toulouse et de Dijon, par Steve Hagimont (enseignant-chercheur en histoire, UVSQ Paris-Saclay), Jeanne Gherardi (enseignante-chercheuse climat et environnement, CNRS et UVSQ Paris-Saclay), André Estevez-Torres (chercheur en physique et chimie, CNRS et Sorbonne Université), Soline Schweisguth (étudiante en histoire de la Chine, ENS Paris-Saclay, EHESS), Pacôme Delva (enseignant-chercheur en physique, Observatoire de Paris-PSL et Sorbonne Université), Pablo de Oliveira Castro (enseignant-chercheur en informatique, UVSQ Paris-Saclay), Jean-Baptiste Fressoz (chercheur en histoire, CNRS-EHESS), Maximilien Chaumon (ingénieur de recherche, Institut du cerveau et de la moelle épinière, Paris), Anne-Claude Ambroise-Rendu (enseignante-chercheuse en histoire, UVSQ Paris-Saclay), Vincent Gay (enseignant-chercheur en sociologie, université Paris-Diderot), Guillaume Carbou (enseignant-chercheur en sciences du langage, université de Bordeaux), Laure Teulières (enseignante-chercheuse en histoire, université Toulouse-II), Julian Carrey (maître de conférences en physique, CNRS et INSA-Toulouse), Hervé Philippe (chercheur en génomique évolutive et bio-informatique, CNRS et université de Toulouse-III), Sébastien Rozeaux (enseignant-chercheur en histoire, université de Toulouse-II), Jean-Michel Hupé (chercheur en écologie politique, CNRS et université Toulouse-III), Laurence Giavarini (enseignante-chercheuse en lettres, université de Bourgogne), François Jarrige (enseignant-chercheur en histoire, université de Bourgogne), Jean-Louis Tornatore (enseignant-chercheur en anthropologie, université de Bourgogne), Florence Maraninchi (chercheuse en informatique, INP université Grenoble-Alpes), Vanessa Lea (chercheuse en archéologie et écologie, CNRS Toulouse), Frédéric Boone (chercheur en astronomie, CNRS et Observatoire Midi-Pyrénées), Adeline Grand-Clément (enseignante-chercheuse en histoire, université Toulouse-II), Florian Simatos (enseignant-chercheur en mathématiques, ISAE Toulouse), Kévin Jean (enseignant-chercheur en épidémiologie, Conservatoire national des arts et métiers), Mickaël Coriat (chercheur en astrophysique, CNRS et Observatoire Midi-Pyrénées), Marc Deconchat (chercheur en écologie des paysages, Inrae Toulouse), Floriane Clément (chercheuse en géographie sociale, Inrae Toulouse), Julien Delord (enseignant-chercheur indépendant), Camille Dumat (enseignante-chercheuse en sciences du sol, INP-Ensat Toulouse), Gaël Plumecocq (chercheur en économie, Inrae Toulouse), Stéphane Faure (chercheur en physique, INSA Toulouse), Clélia Sirami (chercheuse en écologie, Inrae Toulouse), Philippe Burger (ingénieur en expérimentation agronomique, Inrae Toulouse), Nathalie Girard (chercheuse en sciences de gestion, Inrae Toulouse), Etienne-Pascal Journet (chercheur en agronomie, CNRS-Inrae Toulouse), Christine Hervé (chercheuse en biologie, CNRS-Inrae Toulouse), Gérald Salin (ingénieur en informatique, Inrae Toulouse), Aude Vialatte (chercheuse en agroécologie, Inrae Toulouse), Vincent Gerbaud (chercheur en thermodynamique, CNRS et INP Toulouse), Marielle Poussou-Plesse (enseignante-chercheuse en sociologie, université de Bourgogne), Stéphane Gacon (enseignant-chercheur en histoire, université de Bourgogne), Nathalie Joly (enseignante-chercheuse en sociologie, AgroSup Dijon, Inrae), Lucie Dupré (chercheuse en anthropologie, AgroSup Dijon, Inrae), Jean-Charles Sicard (ingénieur en biostatistique et informatique au Cirad, Montpellier), Claire Couly (docteure en ethnobiologie), Jean-Paul Malrieu (chercheur en chimie quantique, CNRS Toulouse).
> Lire aussi  Loi de programmation pluriannuelle de la recherche : « Une réforme néolibérale contre la science et les femmes »
<https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/03/11/la-recherche-publique-ne-doit-plus-servir-a-detruire-la-planete_6032632_1650684.html>
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2- Interview. « Les enfants sont de formidables courroies de transmission de l’écologie », estime l’autrice Elsa Grangier, 20 Minutes, 12/03/20, 19h18
Propos recueillis par Delphine Bancaud

Elsa Grangier, l’autrice de « Rêver grand », qui vient de sortir en librairie, a suivi l’engagement d’enfants dans leur lutte pour sauver la planète
• Dans Rêver grand, ces enfants qui s’engagent pour la planète*, qui vient de paraître en librairie, Elsa Grangier raconte l’action d’élèves d’un quartier défavorisé de Poissy (Yvelines) en faveur de l’écologie.
• Un ouvrage qui témoigne de l’implication croissante des jeunes dans le combat pour la sauvegarde de la planète.
C’est l’histoire d’une épopée verte. Dans Rêver grand,ces enfants qui s’engagent pour la planète*, Elsa Grangier raconte l’action d’élèves d’un quartier défavorisé de Poissy (Yvelines) en faveur de l’écologie : de l’écriture d’une BD sur la biodiversité à la participation à une déclaration européenne des droits de la Terre, qu’ils vont défendre devant la Commission européenne et l’Organisation des Nations Unis…
Ces jeunes, qui ont créé l’association « Le lobby de Poissy » en réaction à la démission de Nicolas Hulot, en août 2018, comptent bien faire encore parler d’eux. Un ouvrage qui témoigne de l’implication croissante des jeunes dans le combat pour la sauvegarde de la planète.
Votre livre montre bien que les préoccupations écologiques ne sont pas l’apanage d’une classe sociale…
Oui, car tous les enfants sont fascinés par la nature et les animaux, quel que soit leur milieu social. Et même s’ils ne sont pas tous immergés par leurs parents dans l’actualité environnementale, dans de nombreuses écoles, y compris en éducation prioritaire, des enseignants égrainent des thématiques écologiques dans leurs enseignements.
C’est le cas de l’enseignante de CM2 que j’ai rencontrée à Poissy : elle a emmené ses élèves en classe verte, les a sensibilisés à l’écologie, leur a fait écrire une BD sur la biodiversité… D’ailleurs, des enseignants ont créé un site - profsentransition.com -, qui leur permet d’échanger des outils pédagogiques.
>> Suite à lire à :
<https://www.20minutes.fr/planete/2738471-20200312-enfants-formidables-courroies-transmission-ecologie-estime-autrice-elsa-grangier>
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3- Un petit manuel de transition responsable pour les petites entreprises, INfluencia, 12/03/20
Camille Lingre

Guide, manuel, lexique, bible, manifeste : la course à la transition écologique des entreprises doit se faire via un accompagnement pratique et concret. Après celui de l’Ademe, c’est celui de Pascale Baussant qui nous charme. Et pour cause, il s’adresse aux petites entreprises dont les moyens ne sont pas toujours au rendez-vous et qui pourtant représentent 99% du business Français. Coup d’oeil sur le projet. 
En janvier l’ADEME publiait son « Guide de la Communication Responsable » rédigé par une quarantaine de spécialistes pour accompagner tous les acteurs aux enjeux de la transition écologique. En mars, c’est une autre pépite dédiée au sujet qui nous tombe entre les mains : « Petit manuel pour l’entreprise : comment agir pour le climat ? ». Un livre signé Pascale Baussant ayant pour mission de guider avec précision les petites entreprises dans leur transition. 
Penser c’est bien, agir c’est mieux 
On a beau porter aux nues cette fameuse transition écologique et brandir les mots éco-responsabilité à tout bout de signature et de raison d’être, la mise en pratique reste parfois un peu flou, surtout pour les petites structures. 
Car si les mastodontes peuvent largement permettre à leur agenda financier, l’embauche d’un responsable du développement durable, les conditions ne sont pas les mêmes pour les entreprises de moins de 250 personnes où les casquettes par têtes sont doubles voire triples. Temps, argent, savoir-faire : imaginer et mettre en place des mesures éco-responsables finit encore souvent par être relégué au second plan. Pourtant, les PME représentent 99% du tissu entreprenarial français et 50% des salariés.
Face à ce constat alarmant et en se rapprochant de ces acteurs majoritaires, Pascale Baussant, chef d’entreprise et administratrice de l’association 1% pour la planète, comprend que l’envie est pourtant au rendez-vous, le pépin principal étant l’angoisse de savoir par où commencer. « Les petites entreprises sont prêtes à agir pour le climat, mais ne savent souvent pas comment procéder ni par où commencer ». 
>> Suite à lire à :
<http://www.influencia.net/fr/actualites/media-com,reputation,petit-manuel-transition-responsable-pour-petites-entreprises,9980.html>
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4- Trump se prend une fessée de Science, Blog Sciences, 12/03/20
Sylvestre Huet

L’éditeur en chef de la revue Science – l’une des principales revues scientifiques mondiales où les chercheurs publient leurs travaux – est en colère. Contre Trump. Il vient de le tancer, sévèrement, dans un éditorial qui vaut le détour. <https://science.sciencemag.org/content/early/2020/03/11/science.abb6502> 
Récemment, Donald Trump aurait donc demandé « une faveur » aux biologistes. D’inventer très rapidement un vaccin contre le coronavirus responsable de la crise sanitaire actuelle. Manifestement, le Président qui naguère insultait l’intelligence et la science en prétendant que des vaccins causaient l’autisme des enfants voit désormais les vaccins d’un autre œil. Mais tout aussi stupide et faux puisqu’il croit que l’on peut s’affranchir des délais incompressibles – d’un an au moins – nécessaire à la mise au point d’un vaccin, si tant est qu’il est possible d’en avoir un. D’où la colère noire de H. Holden Thorp, l’éditeur en chef de la revue Science. Qui rappelle les déclarations climato-sceptiques de Trump, ses amis négateurs de la théorie de l’évolution ou de la mise en cause des dangers du tabac. Mais aussi les coupes claires dans les budgets des institutions de recherche publiques, notamment en santé humaine.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/blog/huet/2020/03/12/trump-se-prend-une-fessee-de-science/>
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5- Le coronavirus, un répit pour la planète, Le Monde, 13/02/20, 00h07
Stéphane Mandard et Audrey Garric 

Depuis le début de l’épidémie, les émissions de CO2 et la pollution ont chuté. Mais l’accalmie pourrait n’être que temporaire si les gouvernements relancent massivement leur économie. 
Bourses qui dévissent, usines à l’arrêt, aéroports paralysés : le Covid-19, en provoquant une grave crise économique, entraîne un répit pour la planète. Depuis le début de la pandémie, les émissions de gaz à effet de serre et la pollution ont chuté. Une accalmie qui pourrait n’être que temporaire.
La Chine, premier pollueur mondial, a vu ses émissions s’effondrer d’au moins un quart entre le 3 février et le 1er mars comparé à 2019, selon une estimation du Centre de recherche sur l’énergie et la qualité de l’air publiée sur le site spécialisé Carbon Brief. La pandémie aurait ainsi entraîné une réduction de 200 millions de tonnes des rejets de CO2 du pays sur la période. En cause : une baisse de 15 % à 40 % de la production dans les principaux secteurs industriels, limitant l’utilisation du charbon, du pétrole ou de l’acier.
> Lire aussi  Coronavirus : le mois où l’économie chinoise s’est arrêtée
Les émissions de dioxyde d’azote (NO2), un gaz très toxique marqueur de la pollution d’origine automobile et industrielle, ont également chuté en Chine depuis le début de la pandémie. Selon l’observatoire de la Terre de la NASA, elles ont diminué de 10 % à 30 % par rapport à la même époque en 2019, d’abord autour de la ville de Wuhan, l’épicentre de Covid-19, puis dans le reste du pays.
Particules fines en baisse
« C’est la première fois que je constate une baisse aussi spectaculaire sur une zone aussi étendue et liée à un événement particulier », commente Fei Liu, chercheuse à la NASA. Une diminution est toujours constatée à cette époque de l’année avec les congés du Nouvel An mais jamais dans de telles proportions. Cette chute est « au moins en partie due au ralentissement économique provoqué par le coronavirus », analyse l’agence spatiale. Un phénomène similaire mais moins intense avait été constaté en 2008 lors de la crise financière et au moment des Jeux olympiques, sur Pékin.
Une chute tout aussi remarquable a été mise en évidence pour un autre polluant majeur : les particules fines, responsables chaque année de près de 9 millions de morts prématurées à l’échelle de la planète d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon les données analysées par le service de surveillance de l’atmosphère Copernicus (CAMS), les niveaux de particules fines ont baissé de 20 % à 30 % en Chine en février par rapport au même mois les trois années précédentes. Là aussi, le CAMS estime que cette diminution « peut probablement être attribuée en partie au ralentissement de l’activité dû aux mesures contre la propagation de Covid-19 ».
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Le trafic aérien mondial, responsable d’environ 5 % des émissions de gaz à effet de serre, a également diminué de 4,3 % en février, selon le site Flightradar24, en raison de l’annulation de dizaines de milliers de vols vers les zones touchées par la pandémie – même si des compagnies aériennes font tourner des avions à videpour conserver leurs créneaux de vol dans certains aéroports très encombrés.
Ces tendances préjugent-elles d’une baisse globale des émissions pour l’année 2020 ? « C’est trop tôt pour le dire. Cela dépend combien de temps la pandémie va durer et de quels secteurs sont affectés », répond la climatologue Corinne Le Quéré, de l’université britannique d’East Anglia. On est encore loin d’inverser la tendance. « Ces dix dernières années, les émissions ont augmenté en moyenne de 1 % par an, l’équivalent de 360 millions de tonnes de CO2 », dit-elle.
Détourner l’attention de la lutte contre le réchauffement
Surtout, cette embellie ne sera pas forcément durable. Les rejets pourraient repartir à la hausse si les gouvernements relançaient massivement leurs économies, surtout si elles restent basées sur les énergies fossiles. En 2008-2009, la crise financière avait ainsi été suivie d’un fort rebond des émissions de CO2 (+ 6 % en 2010, après une baisse de 3 % en 2009). « Nous ne combattrons pas le changement climatique avec le virus », a prévenu, mardi 10 mars, le secrétaire général des Nations unies (ONU) Antonio Guterres.
Pire, le Covid-19 risque de détourner l’attention de la lutte contre le réchauffement. Les observateurs craignent notamment que la pandémie affecte la préparation voire la tenue de la 26e conférence mondiale pour le climat (COP26), prévue en novembre à Glasgow, une étape cruciale pour accroître les efforts des pays.
« Sa réussite dépend en partie de réunions bilatérales ou plurilatérales, de sommets préparatoires, des pourparlers de Bonn [Allemagne] en juin qui rassemblent entre 2 000 et 4 000 personnes et d’une importante action diplomatique tout au long de l’année, qui risquent d’être affectés par la pandémie », explique un observateur de longue date des négociations. Toutes les réunions physiques prévues jusqu’à fin avril au titre de la Convention de l’ONU sur le climat ont été annulées ou reportées. « La crise sanitaire peut également peser sur la volonté des pays à relever leur ambition climatique cette année pour privilégier la relance de leur économie », craint l’expert.
« La réponse des gouvernements à la crise sanitaire est rapide, bien coordonnée et basée sur des évidences scientifiques. Pourquoi ne répondent-ils pas de la même manière à la crise climatique, alors qu’ils ont également déclaré une situation d’urgence ? », s’interroge Corinne Le Quéré.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/13/le-coronavirus-un-repit-pour-la-planete_6032848_3244.html>
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6- Enquête. De Gandhi à Extinction Rebellion, la longue marche de la désobéissance civile, Le Monde, 13/03/20, 05h24
Anne Chemin

Théorisé par Thoreau, puis par Gandhi et Martin Luther King, ce mode d’action non violent a été adopté par les écologistes d’Extinction Rebellion. Leur refus de se soumettre à certaines lois est-il une atteinte au pacte social ou un signe de vitalité démocratique ?
Assis en tailleur sur le sol bétonné d’un grand hangar, une centaine de jeunes écoutent attentivement un militant d’Extinction Rebellion détailler le « consensus d’action » du mouvement de désobéissance civile.
Le logo imprimé sur son tee-shirt illustre leurs inquiétudes – un sablier symbolisant l’urgence climatique inséré dans un cercle noir représentant la planète en deuil. C’est l’été, beaucoup de jeunes portent des sandales et des chapeaux de paille, mais l’heure n’est ni à la détente ni à l’oisiveté : les activistes préparent le blocage d’un pont de Paris.
Sous les néons du hangar, le responsable énumère une à une les règles de la désobéissance civile. Cette action destinée à « porter un message politique », explique-t-il, est à la fois illégale et non violente. « Pas d’atteinte à l’intégrité physique et morale des personnes, pas d’injures, pas de provocation envers les flics. On ne les touche pas, on ne les bouscule pas, on ne leur adresse pas de regard goguenard. On adopte une attitude courtoise et polie. Si la pression monte, on s’assoit. » Un militant d’Extinction Rebellion s’avance à ses côtés. « Evidemment, on ne porte pas de masque : toutes nos actions se font à visage découvert. »
Née au XIXe siècle
Extraite d’un webdocumentaire de Clément Montfort, Au Cœur d’Extinction Rebellion, cette scène résume l’esprit de la désobéissance civile, un principe revendiqué jadis par le philosophe Henry David Thoreau (1817-1862), le Mahatma Gandhi (1869-1948) ou le pasteur Martin Luther King (1929-1968).
Après une longue éclipse, cette forme d’action renaît peu à peu de ses cendres. « Le recours à la désobéissance civile s’étend sans que personne ne sache si ce phénomène est un effet de mode ou s’il va transformer durablement les pratiques de la démocratie représentative », soulignent la philosophe Sandra Laugier et le sociologue Albert Ogien dans Pourquoi désobéir en démocratie ? (La Découverte, 2011).
Dégradation de panneaux publicitaires par le collectif des Déboulonneurs, arrachage d’OGM en plein champ par Les Faucheurs volontaires, décrochage des portraits officiels d’Emmanuel Macron par Action non violente-COP21 (ANV-COP21), rétablissement de l’électricité chez les victimes de la « précarité énergétique » par le mouvement Les Robins des bois, occupation illégale d’immeubles vides par le collectif Jeudi noir : depuis le début des années 2000, la désobéissance civile est devenue, en France, une forme d’action comme une autre. Le déclin des formes d’engagement qui ont fait la gloire du mouvement social, comme la grève, lui a permis de faire son entrée dans le répertoire légitime de la contestation.
Loin de se cantonner à des cercles d’activistes radicaux, la désobéissance civile convainc désormais des milieux comme la recherche et l’université. Dans un texte publié en février par Le Monde,1 000 scientifiques de renom – climatologues, sociologues, épidémiologistes, astrophysiciens ou neuroscientifiques – appellent ainsi leurs concitoyens à rejoindre les « actions de désobéissance civile menées par les mouvements écologistes, qu’ils soient historiques (Amis de la Terre, Attac, Confédération paysanne, Greenpeace…) ou formés plus récemment (Action non-violente-COP21, Extinction Rebellion, Youth for Climate…). » 
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Cet engouement pour la désobéissance civile permet à bien des citoyens de renouer avec l’engagement. Mais, dans une démocratie, cette forme d’action pose de redoutables dilemmes de philosophie politique.
Un citoyen peut-il, au nom de l’éthique, violer des lois qui ont été votées par les représentants élus au suffrage universel ? Pourquoi défendre ses idées en commettant une infraction alors que la démocratie propose nombre d’outils de contestation légaux tels que la grève, la pétition, la manifestation ou le vote ? Accorder à chacun la liberté d’apprécier l’injustice, ou non, des lois ne risque-t-il pas de mener au désordre ?
David Henry Thoreau : vivre dans le monde
Ces questions sont aussi anciennes que la désobéissance civile elle-même. Née au milieu du XIXe siècle, elle émerge dans un monde« démocratique, et même particulièrement démocratique », selon le mot de Sandra Laugier et Albert Ogien, les Etats-Unis.
Le terme apparaît en 1866, dans le titre d’un opuscule de David Henry Thoreau publié quelques années après sa mort. Arrêté en 1846 pour avoir refusé pendant six ans de payer ses impôts, le philosophe justifie son geste en invoquant son opposition à la politique esclavagiste et belliciste du Massachusetts. Il tire de cette expérience une théorie de la désobéissance civile qui inspirera, des années plus tard, Gandhi et Martin Luther King.
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Pour David Henry Thoreau comme pour son ami le philosophe Ralph Waldo Emerson (1803-1882), le citoyen est un homme avant d’être un sujet. Sa conscience doit être son seul guide : il a le devoir de désobéir aux lois que sa conscience réprouve car, en servant aveuglément un Etat injuste, il se transformerait en « automate ».
Contrairement à ses héritiers, Thoreau n’a pas l’ambition d’infléchir la politique du gouvernement : en enfreignant une loi injuste, le citoyen cherche uniquement à préserver son intégrité morale. Pour Thoreau, la vocation de l’homme n’est pas de « transformer le monde mais d’y vivre »,résume la philosophe Ophélie Desmons.
Pendant de longues décennies, le plaidoyer de Thoreau sur la désobéissance civile reste confidentiel mais, dans les années 1900, il séduit un militant indien incarcéré en Afrique du Sud. « Selon la légende, Gandhi aurait découvert l’opuscule de Thoreau dans la bibliothèque de la prison où il fut enfermé en 1908, en raison de sa première campagne de désobéissance civile, raconte Christian Mellon dans La Désobéissance civile (Septentrion, 2008). D’autres pensent qu’il aurait entendu parler de Thoreau quand il était étudiant en Angleterre, dans les milieux végétariens qu’il fréquentait. Quoi qu’il en soit, Gandhi avait l’habitude, en prison, de lire et relire Thoreau. » 
Gandhi : transformer le monde
Gandhi souscrit, comme Thoreau, à l’idée que le citoyen a le devoir de se rebeller contre les lois injustes, mais il y ajoute le principe de la non-violence (ahimsa) et surtout, la force du nombre. Avec le Mahatma, la désobéissance civile n’est plus un acte individuel mais une mobilisation collective : elle ne sert plus à apaiser la conscience du citoyen mais à transformer le monde.
Au registre moral de Thoreau succède donc, au début du XXe siècle, le registre politique de Gandhi. « Imaginez un peuple tout entier refusant de se conformer aux lois en vigueur et prêt à supporter les conséquences de cette insubordination, écrit-il. Toute la machinerie législative et exécutive se trouverait du même coup complètement paralysée. »
Cette promesse d’efficacité politique convainc, dans les années 1960, Martin Luther King de lancer le mouvement des droits civiques. Le pays où Thoreau a inventé la désobéissance civile a aboli l’esclavage mais, dans le sud des Etats-Unis, la ségrégation continue à faire des Noirs des citoyens de seconde zone.
Le pasteur, qui découvre les écrits de Thoreau et de Gandhi pendant ses études de théologie, croit à la puissance politique de la désobéissance civile : la philosophie de Gandhi est « la seule méthode moralement et concrètement valable pour les peuples opprimés qui se battent pour leur liberté », affirme-t-il en 1959.
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Dans les années 1960, des dizaines de milliers de Noirs transgressent pacifiquement les lois ségrégationnistes en s’installant dans des espaces réservés aux Blancs. A ceux qui lui reprochent de troubler l’ordre public, le pasteur répond qu’il se contente d’étaler « au grand jour » la ségrégation,« qui doit être ouverte et exposée, dans toute sa laideur purulente, aux remèdes naturels que sont l’air et la lumière ». Ce faisant, il fait de la désobéissance civile « un moyen de lutte dans des régimes de démocratie libérale et un élément central du répertoire d’action des mouvements sociaux contemporains », soulignent Sylvie Ollitrault et Graeme Hayes dans La Désobéissance civile (Presses de Sciences Po, 2012).
Désobéissants écologistes
Cinquante ans plus tard, des dizaines de milliers de militants écologistes, en France comme ailleurs, se réclament de Gandhi et de Martin Luther King. Aux héroïques combats du passé contre le colonialisme et la ségrégation raciale, a succédé une terrible inquiétude sur la survie de l’humanité.
« Gandhi et King se battaient contre des systèmes d’oppression fondés sur le statut ou sur la race, constate la sociologue Sylvie Ollitrault. Les désobéissants écologistes d’aujourd’hui contestent, eux, un modèle de société qui met en péril l’avenir de la planète : ils interpellent donc les gouvernements mais aussi les institutions internationales, les grandes entreprises et les banques. »
Comment, au regard de cette longue et tumultueuse histoire, élaborer une définition de la désobéissance civile ? De John Rawls à Hannah Harendt en passant par Jürgen Habermas, beaucoup s’y sont essayés – en commençant par la distinguer de ce qu’elle n’est pas.
La désobéissance civile ne relève pas de la résistance à l’oppression car elle se déploie aujourd’hui, non dans des dictatures, mais dans des démocraties « presque justes », analyse le philosophe américain John Rawls. Elle ne peut pas non plus être assimilée à l’objection de conscience car elle repose, non sur une prise de conscience individuelle, mais sur une mobilisation collective, ajoute la philosophe Hannah Arendt.
Quatre caractéristiques
Les définitions de John Rawls, d’Hannah Harendt, d’Hugo Bedau et d’autres ne sont pas identiques mais toutes, ou presque, identifient quatre caractéristiques.
La désobéissance civile désigne tout d’abord un acte illégal ; cet acte doit être accompli dans la non-violence ; il est public et collectif ; il est réalisé au nom de l’intérêt général, dans le but d’éveiller la conscience politique des citoyens. La désobéissance civile, résume John Rawls, est un « acte public, non violent, décidé en conscience mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent afin d’amener un changement dans la loi ou dans la politique du gouvernement ».
Si les désobéissants s’autorisent à violer certaines lois, ils ne contestent pas pour autant le fait que le contrat social repose sur le respect de règles communes. « Ils admettent, bien sûr, le principe du légalisme – Gandhi soulignait même que la plupart des lois devaient être “scrupuleusement” respectées : ce qu’ils contestent, en revanche, c’est la sacralisation de la loi, c’est-à-dire l’idée qu’un texte, une fois voté, ne peut plus être remis en cause, explique Manuel Cervera-Marzal, auteur de Désobéir en démocratie(Aux forges de Vulcain, 2013). La République française a connu cinq constitutions : ce que la collectivité démocratique a fait, elle peut le défaire. »
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C’est le plus souvent au nom du droit, et non de leur bon plaisir, que les désobéissants remettent en cause certaines de nos prescriptions communes.« Lorsque Martin Luther King dénonçait les lois ségrégationnistes, il se fondait sur les principes fondamentaux proclamés par la Constitution américaine, souligne la sociologue Sylvie Ollitrault.Lorsque les désobéissants écologistes critiquent l’inertie des gouvernements, ils invoquent les accords internationaux sur le climat signés par les Etats européens. Ils s’inscrivent donc clairement dans le processus démocratique : ils ne désobéissent pas au nom de la morale, qui varie d’un individu à un autre, mais au nom des traités, qui s’imposent à tous. »
La désobéissance civile des militants écologistes d’aujourd’hui ne consiste donc pas à se soustraire, sous l’effet de l’indignation ou de l’emportement, à l’ensemble de l’architecture normative qui régit la vie de la cité. Les activistes d’ANV-COP21 ou d’Extinction Rebellion proposent, plus modestement, de désobéir momentanément, exceptionnellement et pacifiquement à une obligation prévue par les textes au nom d’une norme qu’ils jugent supérieure à la loi et à condition, bien sûr, que cette infraction ne présente aucun caractère de gravité et qu’elle relève du registre de la non-violence.
Quels textes s’autorisent-ils à enfreindre ? La plupart du temps, les désobéissants écologistes transgressent pendant quelques heures le principe de la propriété privée : l’ANV-COP21 a ainsi organisé des« conférences pirates » sur le climat dans la « banque numéro 1 des énergies sales », la Société générale, tandis qu’Extinction Rebellion occupait, pour dénoncer la « logique du tout-routier », un chantier de parking de Chambéry, en Savoie. Ils se sont aussi, très exceptionnellement, autorisés à commettre des vols : l’ANV-COP21 a ainsi « décroché » des portraits officiels d’Emmanuel Macron en mairie – un geste qui leur a valu une relaxe, le 16 septembre 2019, prononcé par le juge correctionnel de Lyon, qui a estimé que le trouble à l’ordre public était « très modéré ».
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Plus que l’infraction à la loi, c’est la mise en scène symbolique de leur combat que recherchent les désobéissants.
Les Déboulonneurs antipub barbouillent des panneaux publicitaires, les Faucheurs anti-OGM déterrent des plantes transgéniques, les « Galériens du logement » de Jeudi noir occupent des locaux abandonnés : les écologistes d’Extinction Rebellion, eux, ceinturent la place de Morlaix (Finistère) d’un ruban pour dénoncer la montée des eaux et déversent des bidons de peinture rouge sur les marches du Trocadéro pour évoquer les « millions de morts humaines et animales » de la « catastrophe écologique » à venir.
La désobéissance « indirecte »
Cette volonté d’établir un lien métaphorique entre le geste du désobéissant et la cause qu’il défend est un lointain héritage de Martin Luther King. « Dans les années 1960, le mouvement des droits civiques pratiquait une désobéissance civile “directe”, selon le mot d’Hannah Arendt : quand les militants noirs s’installaient dans un espace réservé aux Blancs, ils violaient, non pas une loi en général, mais la loi sur la ségrégation qu’ils combattaient, explique le philosophe Manuel Cervera-Marzal. Le message politique du désobéissant était contenu dans son acte : il était préfiguratif car il mettait en scène la société à laquelle il aspire. »
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Les défenseurs du climat ont évidemment plus de mal à mettre en scène de tels échos symboliques.« Le dérèglement climatique est la conséquence, non d’une loi emblématique qu’il faudrait impérativement abroger, mais d’un système économique de production et de consommation qui régit la planète entière, poursuit Manuel Cervera-Marzal. Il est difficile d’identifier un geste qui symboliserait à lui seul la lutte contre le réchauffement. Beaucoup d’écologistes pratiquent donc une désobéissance civile indirecte : ils cherchent, lors de leurs actions, à créer un imaginaire visuel de l’effondrement écologique. »
Souvent spectaculaires, toujours symboliques, les actions des désobéissants sont-elles pour autant légitimes ? Depuis un siècle, la querelle ne cesse de diviser philosophes, sociologues et politistes. En s’arrogeant le droit de violer une loi adoptée par des représentants élus au suffrage universel, en négligeant les voies légales de contestation que sont les grèves, les élections, les pétitions ou les manifestations, la désobéissance civile peut, selon certains intellectuels, mettre en péril les institutions démocratiques et conduire au désordre.
Pour le philosophe Pierre-Henri Tavoillot, auteur de Comment gouverner un peuple roi ? (Odile Jacob, 2019), la désobéissance civile contient en effet un risque de « fragmentation ». « Elle ne peut, en aucun cas, être érigée en principe politique : comment justifier, en démocratie, que l’on enfreigne les lois alors qu’elles sont l’expression de la volonté générale ? La désobéissance civile donne aux militants le sentiment d’être des acteurs politiques mais elle ouvre la voie à la tyrannie des minorités. Désobéir, c’est tomber dans l’individualisme le plus extrême et fragiliser le contrat social. Le risque, c’est l’émiettement social, voire la sortie du monde commun, avec, pour chacun, son petit droit de veto sur tout. » 
Bien des penseurs ont pourtant, depuis la seconde guerre mondiale, accepté le principe de la désobéissance civile en démocratie. Hannah Arendt invitait ainsi les gouvernants à lui « faire une place dans le fonctionnement de nos institutions publiques » et Jürgen Habermas estimait qu’elle permettait de tester la « maturité » de l’Etat de droit. John Rawls, lui aussi, admettait sa pertinence, à condition qu’elle réponde à des « injustices majeures et évidentes » – « des infractions graves au principe de la liberté égale pour tous et des violations flagrantes du principe de la juste égalité des chances ».
« Un signe de vitalité démocratique »
Certains intellectuels vont plus loin en faisant de la désobéissance civile, non un geste exceptionnel lié à un grave dysfonctionnement des institutions, mais une contribution utile et légitime à la vie publique. « La désobéissance civile est un signe de vitalité démocratique, estime la sociologue Sylvie Ollitrault. Elle montre une volonté de participer au débat public : les désobéissants revendiquent une citoyenneté active et tentent de s’approprier un espace de résistance et d’engagement. Ce ne sont pas des jeunes militants inconscients et inconséquents : ils sont au contraire très exigeants envers eux-mêmes et envers la société. »
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Pour Sandra Laugier et Albert Ogien, les désobéissants qui agissent en dehors des arènes représentatives ont en effet le mérite de prendre au sérieux la promesse démocratique : en inventant de nouvelles formes de mobilisation, ils élargissent « l’espace des possibles ». A leurs yeux, cette nouvelle donne n’a rien d’inquiétant : dans un régime « dont la nature est d’être irrémédiablement ouvert », il serait absurde de dresser une fois pour toutes la liste des expressions légitimes de la participation. « Nul ne saurait dire où il convient de fixer les limites des libertés individuelles et à quel niveau d’autonomie il faut cesser d’attribuer de nouveaux droits sociaux ou politiques aux citoyens. »
Cette conception de la démocratie n’est pas celle de Pierre-Henri Tavoillot, qui défend avec conviction la logique représentative. « Si les désobéissants veulent participer à la vie démocratique, ils doivent élaborer un programme et se présenter aux élections », explique le philosophe. La controverse sur la désobéissance civile dessine finalement, en creux, deux regards sur la citoyenneté. Pour Pierre-Henri Tavoillot, la vertu cardinale du citoyen est « plus que jamais » l’obéissance, qu’il distingue de la soumission. Pour Manuel Cervera-Marzal, elle est au contraire la responsabilité. « Nous devons cesser d’être de bons petits soldats pour devenir des individus autonomes. »
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/13/de-gandhi-a-extinction-rebellion-la-longue-marche-de-la-desobeissance-civile_6032850_3232.html>
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7- Dix astuces pour télétravailler (à peu près) dans la joie et l’harmonie, Le Monde, 13/03/20, 13h50
Anne Rodier et William Audureau

Avec la crise sanitaire liée au Covid-19, de nombreux Français sont amenés à travailler de chez eux, parfois pour la première fois. Nos conseils pour éviter la crise de nerfs. 
• 1. Coucou le matin, ça ne coûte rien
Il est important de baliser son temps de travail de manière explicite. C’est vrai si vous travaillez en free-lance, et ça l’est encore plus si vous êtes en équipe : accordez-vous sur des horaires à respecter, idéalement ceux de la vie de bureau. Surtout, faites savoir à vos collègues et à vos supérieurs quand votre journée commence et quand elle se termine. Un simple « bonjour » (ou « télétravailleur en position ») le matin, comme un « à demain » ou « je déconnecte pour aujourd’hui » peuvent suffire. Ils vous permettent, ainsi qu’aux autres, de savoir quand vous pouvez être sollicité et quand vous ne l’êtes plus.
• 2. Un coin pour bosser
Pour sa propre santé mentale, mieux vaut s’aménager un espace de travail spécifique, à la fois pour s’isoler et marquer une différenciation avec le reste de la maison, et pouvoir « couper ». Plus facile à dire qu’à faire si vous habitez dans un quinze mètres carrés à Paris plutôt que dans une maison au cœur des Vosges. A tout le moins, organisez-vous une séparation symbolique entre vos activités professionnelles et personnelles, par exemple en fermant complètement votre ordinateur à 18 heures et en désactivant les applications de travail de votre téléphone.
> Lire aussi  Télétravail : une formule gagnante ?
• 3. Utilisez des logiciels appropriés
Ô joie de la technologie, vous pouvez désormais rester en contact avec votre boss, même à 600 kilomètres de lui ! Elle est pas belle, la vie ? De nombreux logiciels et applications sont particulièrement pratiques en télétravail. Du côté des messageries instantanées, citons Hangouts sous Gmail (très légère), WhatsApp (qui permet de créer des groupes), et surtout Slack (avec ses fonctionnalités très pratiques de partage de fichiers et d’organisation par thématiques). Pour la visioconférence, Skype et FaceTime sont des valeurs sûres, mais on peut leur préférer Whereby (gratuit jusqu’à 4 écrans), OVH (gratuit jusqu’à 50 participants), ou l’excellent mais peu sécurisé Zoom.us. La suite Google est, elle, très pratique pour travailler en simultané dans les mêmes documents.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/13/dix-astuces-pour-teletravailler-a-peu-pres-dans-la-joie-et-l-harmonie_6032945_3234.html>
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8- Si sauver les autres vous indiffère, sauvez au moins votre dignité, Slate, 13/03/20, 17h14 
Repéré par Bérengère Viennot sur JOE

Le monde va mal, la maladie progresse, les gens meurent, les écoles ferment, les bourses dégringolent. Et nous, on achète du PQ.
Avouez-le : la dernière fois que vous êtes allé·e faire vos courses, au supermarché, à l'hypermarché, à l'épicerie du coin, vous en avez pris un petit peu plus –ou vous y avez pensé.
Oh, vous n'êtes pas du genre à bousculer une mamie pour lui piquer son paquet de rouleaux de papier toilette, mais puisqu'il faut reprendre des pâtes, pourquoi ne pas en profiter pour acheter trois paquets au lieu d'un ?
Depuis une semaine, à chaque fois que je vais faire mes courses dans un petit supermarché parisien, je suis victime d'une dissonance cognitive qui n'est pas loin de me rendre dingue.
Je suis à la fois pleine de mépris pour les individus désespérés qui pillent les rayons de PQ lorsqu'on leur annonce un virus aux symptômes respiratoires, et à la fois tentée, mais vraiment tentée, de saisir un deuxième paquet de riz alors qu'on ne va être que quatre à table ce soir. Et de la farine, si je reprenais de la farine, juste au cas où?
>> Suite à lire à :
<http://www.slate.fr/story/188490/coronavirus-covid-19-epidemie-achats-supermarches-penurie-panique-solidarite>
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9- Entretien. « La science fondamentale est notre meilleure assurance contre les épidémies », CNRS Le Journal, 13/03/20
Propos recueillis par Anaïs Culot

Spécialiste de la réplication virale des virus à ARN comme les coronavirus, Bruno Canard nous livre son regard sur l’épidémie de CoVID-19 et l’importance de la recherche fondamentale, sur le long terme, pour lutter plus efficacement contre ces virus. 
Depuis son émergence en Chine fin 2019, le coronavirus SARS-CoV-2 se propage dans le monde entier, au point d’entraîner cette semaine l’OMS à qualifier la situation de pandémie. Avant tout, quel regard portez-vous sur l’émergence de ce virus ?
Bruno Canard(1) : Notre rapport à la nature joue un rôle majeur dans le développement de ce type de virus. On l’a considérée comme un pot de miel dans lequel on pouvait piocher sans retenue… sauf qu’arrive un moment où il n’y a plus d’abeilles pour refaire du miel. L’anthropisation globale du monde favorise l’émergence de virus qui étaient jusqu’à présent cachés chez les animaux et étaient maintenus dans leurs habitats naturels par une biodiversité importante. Plusieurs études ont d’ailleurs démontré que la biodiversité est le meilleur rempart contre les émergences virales. Les coronavirus responsables des épidémies de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), du MERS (Middle East Respiratory Syndrom) et du SARS-CoV-2 proviennent de virus issus du monde animal qui ont franchi la barrière inter-espèces.
>> Suite à lire à :
<https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-science-fondamentale-est-notre-meilleure-assurance-contre-les-epidemies>
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10- Coronavirus : pourquoi ce n'est pas une bonne idée de se ruer sur les denrées alimentaires, Le JDD, 14/03/20, 11h48
Anne-Charlotte Dusseaulx

Des photos et vidéos de magasins pris d'assaut et de rayons vides circulent sur Internet. Il n'y "aura pas de pénurie", répètent ces derniers jours le gouvernement et les distributeurs, qui appellent les Français à ne pas surstocker. 
Des voitures en nombre sur les parkings des supermarchés, de longues files d'attente aux caisses, des rayons vidés… Depuis plusieurs jours, les Français se ruent dans les magasins pour s'approvisionner en produits de première nécessité (pâtes, beurre, conserves…) et faire face à l'épidémie de coronavirus. L'allocution d'Emmanuel Macron, suivie par près de 25 millions de téléspectateurs, et l'annonce de la fermeture des établissements scolaires au moins jusqu'à fin mars, a renforcé le phénomène. Sur les réseaux sociaux, photos et vidéos montrant des supermarchés pris d'assaut se multiplient.
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.lejdd.fr/Societe/coronovirus-pourquoi-ce-nest-pas-une-bonne-idee-de-se-ruer-sur-les-denrees-alimentaires-3955274>
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11- Chronique. « Soyons lucides : ce n’est pas demain que le climat et la biodiversité seront préservés “quoi qu’il en coûte” », Le Monde, 14/03/20, 12h21
Stéphane Foucart

Le type de mesures, annoncées par le président Macron pour faire face au coronavirus SARS-CoV-2, pourraient être prises, demain, pour contrecarrer le changement climatique et l’érosion de la biodiversité, estime dans sa chronique Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
Chronique. La crise ouverte par la pandémie de Covid-19 est inédite à plusieurs titres. La rapidité de propagation de la maladie, la pression qu’elle met sur les systèmes de santé et la férocité de son impact sur les grandes places boursières sont autant de phénomènes jamais observés auparavant, s’agissant d’une maladie virale. Elle est aussi, et surtout, l’occasion pour les grandes puissances de devoir appliquer des contraintes fortes sur leurs économies. Depuis fin janvier, des pans entiers de l’industrie chinoise ont été, littéralement, mis à l’arrêt par décision politique.
Avec, comme conséquence, des importations de minerais au plus bas, des exportations de produits manufacturés au point mort, un effondrement du tourisme, du fret, etc. En Chine, mais aussi en Italie, au Danemark et ailleurs, les Etats se sont arrogé le droit d’entraver les conduites individuelles et certaines activités commerciales. Le corollaire étant une croissance fortement amputée (la croissance chinoise devrait être plus que divisée par deux sur le premier trimestre de l’année) et un risque de fragilisation du tissu industriel.
Dans son allocution du 12 mars, Emmanuel Macron l’a martelé : les conséquences sanitaires de la pandémie de Covid-19 doivent être jugulées, « quoi qu’il en coûte ». Répété à plusieurs reprises, le mot n’a rien d’anodin. Il marque la volonté présidentielle de faire passer le message que la santé des populations prime sur celle des entreprises. Et que, si les Etats œuvrent traditionnellement à favoriser, quoi qu’il en coûte, l’activité de leurs industries, ils peuvent aussi renverser ce paradigme. Quitte à tourner le dos à l’orthodoxie budgétaire, pour atténuer les effets désastreux qu’un tel renversement pourrait avoir sur les entreprises les plus fragiles et certains secteurs d’activité.
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Ce qui se produit depuis quelques semaines avec la propagation du coronavirus SARS-CoV-2 est ainsi réellement extraordinaire. Pour la première fois de l’histoire récente, la croissance économique a momentanément cessé d’être la seule et unique métrique du succès des politiques publiques. Il y a, en face, le nombre de morts qui pourra y être opposé.
Aimable fiction
Pourquoi cela importe-t-il ? Parce que ce sont précisément ce type de mesures, adoptées aujourd’hui pour faire pièce au coronavirus SARS-CoV-2, qui pourraient être prises, demain, pour contrecarrer les deux grands phénomènes qui menacent à plus long terme la stabilité et la prospérité du monde : le changement climatique et l’érosion de la biodiversité. De fait, alors que les années et les décennies passent, il devient de plus en plus évident que le grand récit d’une transition « verte » de l’économie mondiale, fondée sur les bonnes volontés individuelles, quelques taxes et l’innovation technique, n’est autre qu’une aimable fiction.
Si les Etats veulent éviter la part la plus catastrophique du réchauffement en cours et ralentir l’effondrement de la vie, ils devront sans doute – une fois consommé l’échec des politiques actuelles – user de la potion amère qu’ils s’administrent face au Covid-19. Non en entravant momentanément, comme c’est le cas aujourd’hui, les activités qui impliquent des rassemblements de populations et qui favorisent la circulation du coronavirus, mais en contraignant durablement celles qui impliquent la combustion de ressources fossiles, l’industrialisation du secteur primaire, la surexploitation des ressources et la destruction du vivant.
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Dans son allocution, M. Macron a d’ailleurs prudemment entrouvert la porte à un profond changement de vision, laissant entendre que la crise actuelle invitait à interroger le fonctionnement de l’économie. Il est toujours difficile de démêler, dans ce genre de déclarations, la conviction politique de l’opportunisme préélectoral. Soyons lucides : ce n’est sans doute pas demain que le climat et la biodiversité seront préservés « quoi qu’il en coûte ». Le cerveau occidental est ainsi fait qu’il porte bien peu d’attention aux catastrophes lentes.
En ordre dispersé
Ainsi, deux chemins se profilent. Le premier verrait la prise de mesures contraignantes pour l’économie mondiale afin de répondre au réchauffement et à l’érosion du vivant. Cela est très peu probable : il faudrait en effet se colleter avec des industries autrement plus puissantes que le monde du spectacle et de la culture, de la restauration et du tourisme. Il faudrait contrevenir à la volonté des industries extractrices, des énergéticiens, de la pétrochimie, etc. Le second consisterait en un traitement indirect de la crise environnementale, par le biais des mesures d’urgences destinées à gérer la succession de crises aiguës dans lesquelles elle finira par s’incarner – crises aiguës dont la pandémie de Covid-19 offre une sorte de modèle.
Peu désirable, cette manière de lutter contre la crise environnementale en passerait, non par des mesures réfléchies, prises dans le cadre des procédures démocratiques habituelles, mais par des mesures d’urgence comparables à celles adoptées aujourd’hui en ordre dispersé pour ralentir la marche de la nouvelle maladie. Car en tentant de soigner les effets de la surchauffe de l’économie mondiale, on finit par influer sur leur cause. On le voit : en Chine, l’un des premiers effets du ralentissement économique induit par la lutte contre la pandémie de Covid-19 est une chute spectaculaire des engorgements routiers et une quasi-disparition du dôme de pollution qui, en temps normal, recouvre continuellement le nord-est du pays. Un autre effet de ces mesures sera aussi la baisse des émissions mondiales de dioxyde de carbone de l’année 2020, par rapport à 2019.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/14/soyons-lucides-ce-n-est-pas-demain-que-le-climat-et-la-biodiversite-seront-preserves-quoi-qu-il-en-coute_6033092_3232.html>
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12- Ce que les crises épidémiques révèlent des dérives de l’OMS, The Conversation, 14/03/20, 17:45
Par Chloé Maurel, Chercheuse associée à l'Ecole Normale Supérieure (Institut d'histoire moderne et contemporaine), École normale supérieure (ENS)

La crise du coronavirus que nous traversons replace sur le devant de la scène l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Revenons un siècle en arrière, lorsqu’en 1918-1919, l’épidémie de « grippe espagnole » tuait entre 30 et 50 millions de personnes dans le monde en deux ans, soit environ quatre à cinq fois plus que la Première Guerre mondiale. Cette « grippe espagnole », avec un taux de mortalité élevé de 5 %, a submergé les systèmes de santé occidentaux et décimé les populations européennes et américaines, déjà fragilisées par le premier conflit mondial. Beaucoup de villes occidentales ont été paralysées et les infrastructures sanitaires débordées.
En 1919, c’est d’ailleurs cette épidémie qui pousse la Société des Nations (SDN) nouvellement créée à instaurer en son sein un Comité d’hygiène, ancêtre de l’OMS.
Mise en place en 1948 en tant qu’institution spécialisée des Nations unies, cette organisation émanant de l’Organisation des Nations unies a pour objectif initial de mener tous les peuples du monde au niveau de santé le plus élevé possible, la santé étant définie comme un « état de complet bien-être physique, mental et social ». L’organisation compte actuellement 193 États membres.
D’un montant d’environ 2 milliards de dollars par an, le budget de l’OMS est constitué de contributions des États membres mais depuis les années 1990 aussi d’autres donateurs. Cette évolution de son financement est lourdement critiquée : selon ses détracteurs, elle n’est pas sans impact sur son action et sa gestion de crises comme celle que nous connaissons aujourd’hui.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/ce-que-les-crises-epidemiques-revelent-des-derives-de-loms-133639>
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13- Ecocide planétaire : comment en est-on arrivé là et que faire pour s’en sortir ?, Mr Mondialisation, 14/03/20

Dans un précédent édito intitulé « Nous vivons la première extermination de masse sous le joug du capitalisme productiviste », nous avons exposé que le chaos du système économique dominant est aujourd’hui le principal acteur de l’éradication exponentielle de la vie sur Terre. Cependant, des informations supplémentaires devraient être prises en compte pour mieux comprendre et espérer pouvoir résoudre la crise écologique et sociale planétaire que nous traversons et qui nous mène inéluctablement vers un effondrement systémique (à minima énergétique et matériel). Un brin d’histoire, de neurosciences, de psychologie et de mathématiques pour tenter d’éclairer une situation encore difficilement appréhendable. Une situation qui, synonyme d’avenir dystopique probable à échelle planétaire, nécessite aujourd’hui la mise en place de mesures concrètes marquées d’une participation citoyenne et collective en vue d’une décroissance globale. (Edito)
Le capitalisme ne doit certainement pas être considéré comme la source unique du problème. Si l’on jette un œil à l’histoire de l’humanité, on peut voir que de nombreuses civilisations se sont construites puis, se sont effondrées, marquant au passage l’environnement de leur main avide et destructrice. La différence avec la situation actuelle réside dans l’ampleur du massacre. Pour mieux comprendre comment l’humanité en est arrivée là, il peut être intéressant de remonter dans le temps, jusque dans la Préhistoire. Les premières sociétés étaient alors formées de clans nomades dont les modes de vie reposaient sur la cueillette, la chasse et la pêche, les poussant à migrer vers les régions les plus adaptés à leur survie selon les saisons. La période du Néolithique a été marquée par la sédentarisation de l’homme et les débuts de l’agriculture, donnant naissance aux premières inégalités sociales – reposant sur des systèmes d’oppression – et à l’exploitation graduelle et grandissante des ressources de la planète. L’homme néolithique s’est ainsi installé de manière durable dans un milieu naturel qu’il s’est mis en tête de dominer et de modifier en y apposant son empreinte. Aurait-il ainsi rompu une symbiose essentielle, autant à son propre bien-être qu’à celui de l’équilibre son environnement ? Selon une étude publiée en 2015, les inégalités entre les femmes et les hommes seraient également apparues durant cette transition vers l’agriculture et le pastoralisme. D’après l’auteur de ces travaux, le fait que des ressources telles que les terres ou le bétail soient devenues des éléments clés du succès reproducteur a conduit a de profondes disparités de richesses.
Cependant, en dépit de la cupidité humaine, la nature a longtemps su conserver un certain équilibre. Mais aux alentours du milieu du XIXe siècle, la révolution industrielle a permis à l’humanité de faire peser une menace bien plus conséquente sur les équilibres écosystémiques et les divers cycles naturels, avec une nette aggravation dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale, lors du boom économique planétaire et de la popularisation du capitalisme. Réchauffement climatique, perte de la biodiversité, déforestation, pollution… Des conséquences d’une industrialisation débridée – portée par la technoscience, soutenue par la mondialisation. Les découvertes scientifiques monumentales durant la révolution industrielle ont ainsi permis – car non maîtrisées et utilisées à mauvais escient – une accélération exponentielle de l’exploitation des ressources naturelles et de la destruction de l’environnement. Il semblerait malheureusement que « l’intelligence » de l’être humain n’ait que trop devancé sa conscience dont l’évolution n’a pas été suffisamment rapide empêcher le massacre. C’est ainsi que des moyens accrus ont été mis dans les mains de l’humanité avant que celle-ci ne soit devenue suffisamment sage pour ne pas les utiliser à des fins destructrices.
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/ecocide-planetaire-comment-en-est-on-arrive-la-et-que-faire-pour-sen-sortir/>
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14- La décarbonation de l’économie ne se fera pas avec les accords internationaux actuels, The Conversation, 15/03/20, 19:31
Par Mehdi Abbas, Maître de conférence, Université Grenoble Alpes

Lors de son discours aux eurodéputés à Strasbourg, la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen a affirmé une très forte ambition européenne en matière de protection de l’environnement et de lutte contre les changements climatique. Le « green deal » qu’elle propose vise à faire de l’Europe le « premier contient neutre en carbone » d’ici à 2050 conformément aux objectifs de l’accord de Paris sur le climat.
Ce volontarisme climatique risque de buter sur les écueils de la concurrence globalisée et du « compétitivisme » érigés en finalité, moteur et doctrine des politiques économiques, européennes en particulier, depuis plus de quatre décennies.
Consciente de cela, la présidente de la Commission a indiqué penser introduire un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières pour s’assurer que les entreprises puissent se faire concurrence à armes égales, « sans qu’elles aient à déménager dans d’autres pays européens pour échapper aux prix du carbone ».
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/la-decarbonation-de-leconomie-ne-se-fera-pas-avec-les-accords-internationaux-actuels-133453>
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15- Municipales : la saisissante carte de l’abstention, Blog Les Décodeurs, 16/03/20, 02h50
Maxime Vaudano 

A quelques rares exceptions, la participation électorale a chuté partout sur le territoire à l’occasion du premier tour des municipales. Avec des pics dans l’Est et l’Ouest. 
Bien que prévisible, le constat sonne comme un choc : partout en France, où presque, l’abstention a battu des records lors du premier tour des élections municipales, organisé dimanche 15 mars en pleine épidémie de coronavirus.
La participation, estimée entre 44 et 46,5 %, est en chute de 20 points par rapport au dernier scrutin, organisé en 2014. Pour la première fois depuis le début de la Ve République, moins de la moitié des Français inscrits sur les listes électorales se sont déplacés aux urnes pour une élection municipale.
>> Suite à lire et infographies à voir à :
<https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/03/16/municipales-la-saisissante-carte-de-l-abstention_6033186_4355770.html>
Sur le même sujet : 
> Elections municipales : une participation « faiblissime » au premier tour, Le Monde, maj le 16/03/20 à 06h18
Manon Rescan
A 20 heures, le taux d’abstention était estimé entre 53,5 % et 56 %, soit 20 points de plus qu’en 2014. 
Au fil de la journée, les chiffres ont confirmé les craintes. Malgré les mesures sanitaires dans les bureaux de vote, l’épidémie due au coronavirus a détourné les Français des urnes pour le premier tour des élections municipales, dimanche 15 mars. A 20 heures, le taux d’abstention était estimé entre 53,5 % et 56 %, soit 20 points de plus qu’en 2014.
« D’ores et déjà, on s’achemine vers un record absolu d’abstention et une élection polluée par l’impact direct du coronavirus », analyse Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’IFOP, qui évoque une participation « faiblissime pour un scrutin municipal ». Malgré le passage du pays au stade 3 de l’épidémie, malgré la fermeture des écoles, collèges, lycées puis celle des restaurants et des commerces non essentiels, le gouvernement avait décidé de maintenir le scrutin de dimanche, prenant le risque d’une abstention record.
> Lire aussi  Municipales : la saisissante carte de l’abstention <https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/03/16/municipales-la-saisissante-carte-de-l-abstention_6033186_4355770.html>
Les villes qui ont été les premiers foyers de contamination l’illustrent. Les chiffres de participation et d’abstention se sont inversés par rapport à ceux du premier tour de 2014. A La Balme-de-Siguilly en Haute-Savoie, seuls 39,63 % des électeurs se sont déplacés. C’est presque le taux d’abstention de 2014 (37,59 %) dans cette commune dont le maire sortant a été contaminé par le virus. Il a été battu dimanche soir. A Crépy-en-Valois (Oise), 62,27 % des électeurs ont boudé les urnes, l’équivalent du taux de participation en mars 2014 (62,25 %). A Mulhouse (Haut-Rhin) seuls 26,04 % des électeurs se sont déplacés, 20 points de moins en dessous des précédentes municipales.
« Il y a une double abstention : celle d’une catégorie qui traditionnellement ne vote pas mais aussi de personnes âgées, de cadres supérieurs », note M. Dabi. « Beaucoup de personnes âgées se seront abstenues pour la première fois de leur vie, note Céline Braconnier, professeure en sciences politiques, spécialiste de l’abstention. Cela s’explique facilement par le double discours de ces derniers jours : jeudi soir, dans son allocution, le président de la République a précisément nommé les personnes de plus de 70 ans en les incitant à ne pas sortir de chez elles. » « Ça n’est pas très cohérent avec l’autre message qui était de maintenir le scrutin,observe la chercheuse. Au fil de la journée, cette contradiction a été renforcée par les incitations d’un certain nombre d’acteurs, notamment médicaux, à rester chez soi. »
Selon Mme Braconnier, l’abstention « a été encore plus importante chez ceux qui votent d’ordinaire le moins, et en particulier les jeunes ». La perturbation de la fin de campagne par l’épidémie y est pour beaucoup. « Il n’y a pas eu de campagne, de porte-à-porte, qui a un effet très fort, dans les dix jours qui précèdent le scrutin, pour mobiliser les électeurs, en particulier dans les quartiers populaires », ajoute-t-elle. Et ce alors même que, pour les élections municipales, « les gens se décident très tardivement » sur leur vote.
> Lire aussi  Premier tour des municipales : revivez la soirée électorale marquée par le coronavirus
« Des élections de la peur »
Ce constat s’inscrit dans une hausse tendancielle de l’abstention aux municipales.« En 1983, elle était de 21,5 %, en 2014 de 36,5 % », compare M. Dabi. Malgré tout, ces élections restaient « les plus mobilisatrices avec la présidentielle », rappelle Mme Braconnier. Or, elles risquent pour ce premier tour d’atteindre des taux de participation équivalents à ceux des dernières législatives.
En juin 2017, 57,36 % des inscrits avaient boudé le second tour. « Normalement, l’abstention augmente de manière linéaire, si on atteint 20 points de plus [par rapport à 2014], c’est extrêmement fort, explique M. Dabi. Dans les grandes villes, le premier parti de France sera abstentionniste, ce qui est complètement inédit pour des municipales. »
Rien, jusqu’à il y a quelques jours, n’indiquait que la chute serait aussi brutale.« Le nombre de listes est similaire à celui de 2014, s’il y avait eu une démobilisation, on l’aurait vu sur le nombre de candidatures, ce n’est pas le cas », rappelle Martial Foucault, directeur du Cevipof. Il ajoute que la « dépolitisation plus forte que les années passées » des listes était, elle aussi, source de possible mobilisation. Pour expliquer la chute de participation, « je ne vois que la sagesse des électeurs face aux consignes données depuis samedi soir », conclut-il. « On est sur des élections de la peur », ajoute Frédéric Dabi.
« Dès ce soir, les gens vont me poser la question de la validité du scrutin, ajoute Martial Foucault. Dans un pays viscéralement attaché au fait majoritaire, une participation en deçà de 50 %, c’est extrêmement symbolique. Cela introduit un doute dans l’esprit des électeurs sur la légitimité des décisions prises. Cela fragilise la démocratie locale et va mettre en difficulté les équipes municipales élues »,ajoute-t-il. « Cela va donner des arguments à tous ceux qui avaient mis en garde sur l’organisation des élections et à ceux qui vont dire que le second tour n’a aucun sens », devine Frédéric Dabi.
> Lire aussi  Elections municipales : que se passerait-il en cas de report du second tour ? <https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/15/municipales-que-se-passerait-il-en-cas-de-report-du-second-tour_6033152_823448.html>
« Avoir considéré que le vote était au-dessus des conditions de sécurité des habitants va renforcer le sentiment des électeurs que les politiques sont déconnectés, analyse encore Céline Braconnier. Le premier tour a été maintenu au nom de l’impératif démocratique, mais les conditions de campagne et de participation ne sont pas à mettre au crédit de la bonne santé démocratique, ajoute la chercheuse. En quoi reporter l’élection dans six mois ou un an aurait abîmé la démocratie ? En revanche, organiser une élection dans ces conditions, cela abîme la démocratie et cela questionne pas mal les gens. »
<https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/15/municipales-une-participation-faiblissime-au-premier-tour-de-l-election_6033168_823448.html>
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16- Décryptages. La Fed réduit ses taux à zéro, inonde le marché de liquidités et de dollars, Le Monde, 16/03/20, 06h16
Eric Albert (Londres, correspondance) et Arnaud Leparmentier (New York, correspondant)

La Réserve fédérale, via une opération coordonnée avec cinq autres banques centrales, va mettre à disposition des dollars, alors que les investisseurs de la planète sont pris de panique. Les marchés sont néanmoins annoncés en forte baisse lundi. 
La Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale) a décidé d’user de toutes les armes à sa disposition pour éviter la syncope de l’économie américaine et mondiale, alors que les populations sont confinées en Europe du fait de l’épidémie de Covid-19 et vont suivre le même sort aux Etats-Unis.
L’institution monétaire a annoncé qu’elle allait baisser d’un point ses taux directeurs, qui seront désormais compris entre 0 % et 0,25 %. Ensuite, elle va racheter massivement de la dette bancaire, d’entreprise et immobilière, pour un montant d’au moins 700 milliards de dollars (626 milliards d’euros).
Mesures tous azimuts
Enfin, via une opération coordonnée avec cinq autres banques centrales – union monétaire européenne, Canada, Japon, Royaume-Uni, Suisse –, elle va mettre à disposition des dollars, alors que les entreprises à court d’argent frais ont besoin de liquidités, les plus sûres possibles, et donc en billets verts.
Des mesures tous azimuts, qui rappellent les heures terribles qui suivirent la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers en septembre 2008.
> Lire aussi  « L’emboîtement de quatre crises met en lumière les limites des marchés »
Il n’est pas certains qu’elles calment les marchés financiers, alors que les économies occidentales vont être complètement paralysées à compter de ce lundi.
Avec une semaine de retard sur les Européens, les New-Yorkais vivent confinés, avec écoles et restaurants fermés, rassemblements et spectacles interdits, télétravail quand c’est possible et fuite à la campagne des plus riches dans les résidences des Hamptons et de l’Hudson Valley en banlieue de New York. Cette bascule a son importance : les opérateurs sont eux aussi en première ligne dans leur vie personnelle.
Et pour l’instant, ils ne sont pas rassurés. Les transactions hors marché sur le Dow Jones et le Standard & Poors 500 indiquaient dimanche soir une baisse d’environ 4,5 %, dans la foulée il est vrai d’un rebond historique de 10 % enregistré vendredi. La Bourse de Paris, qui n’avait pas profité de ce rebond vendredi, devait ouvrir en hausse lundi matin.
Les taux d’intérêts américains à dix ans ont commencé par s’envoler, passant de 0,72 % à plus de 1 %, avant de retomber sous leur niveau initial. C’est donc l’échec pour l’instant, même s’ils sont remontés depuis le plus bas historique de 0,38 % atteint le 9 mars.
La Fed offre désormais de l’argent gratuit
Dans cette crise, les ordres de grandeurs sont considérables : la Fed offre désormais de l’argent gratuit, comme elle l’avait fait dans la foulée de 2008.
La baisse d’un point s’ajoute à celle d’un demi point, décidée mardi 3 mars, sans la moindre coordination internationale et qui n’avait pas eu d’effet sur les marchés financiers. La chute est considérable, comparée aux 2,5 %-2,25 % atteints en décembre 2018. La banque centrale américaine n’est toutefois pas entrée dans l’aventure des taux d’intérêts négatifs. Le président de la Fed, Jerome Powell, a répété en conférence de presse que cet outil n’était pas souhaitable pour les Etats-Unis. Le loyer de l’argent négatif aggrave les difficultés financières des banquiers et des assureurs européens. Cette situation explique notamment que la Banque centrale européenne (BCE), qui a des taux négatifs, ne soit pas capable d’avoir une réponse purement monétaire à la crise.
Ensuite, la Fed reprend ses opérations d’achats de titres, connues sous le nom barbare de « quantitative easing » (QE), qu’elle avait lancées en 2008 et cherché à réduire à partir de 2013. Ces opérations, destinées à assurer la liquidité du marché et à contrôler les taux d’intérêts à moyen et long terme, avaient conduit à augmenter le bilan de la banque. Celui-ci était passé de 900 milliards de dollars à plus de 4 500 milliards. Après l’avoir fait maigrir à 3 750 milliards de dollars, la Fed avait dû, depuis septembre 2019, pallier des difficultés de refinancement sur les marchés financiers, le faisant remonter à 4 300 milliards.
Le président de la Fed, Jerome Powell a précisé dans une conférence de presse dimanche soir que sa priorité allait à la liquidité des marchés. « C’est le plus important », a-t-il expliqué, tandis que la baisse des taux serait surtout utile pour aider l’économie à rebondir. Il a rappelé que l’économie des Etats-Unis était saine avant le coronavirus, avec un chômage au plus bas depuis cinquante ans et il a insisté sur le fait que, contrairement à ce qui s’était passé lors de la crise de 2008, le système financier est beaucoup plus résistant, les banques ayant subi avec succès des « stress test » et étant bien capitalisées.
La politique monétaire peut éviter la syncope de l’économie mondiale, mais pas guérir l’économie. M. Powell estime que le salut viendra du corps médical, le système de santé. Et du législateur, invité à agir. Il estime qu’il faut user de l’arme budgétaire, pas seulement pour compenser la baisse de la croissance, mais pour avoir des actions ciblées.
Action concertée
« Nous sommes déjà en récession », a expliqué l’ancien conseiller économique de Donald Trump, Gary Cohn. Sans surprise, le secrétaire au Trésor, Steve Mnuchin, a assuré le contraire tandis que Donald Trump s’est réjoui, dimanche de la décision de la Fed. « Je pense que ce qui s’est passé est extraordinaire. Je ne pensais pas avoir une surprise dimanche. Je pense qu’il y a des gens très heureux à Wall Street, et je suis très heureux. Je ne m’y attendais pas, et j’aime être surpris », s’est réjoui le locataire de la Maison Blanche qui a fait du niveau de la Bourse de New York le marqueur de sa réussite économique.
Jerome Powell a peu mentionné les conséquences internationales, soucieux de coller à son mandat purement national (le contrôle de l’inflation et le plein-emploi) et ne pas prêter le flan aux critiques de Donald Trump. Et lorsqu’il évoquait les événements internationaux, c’était pour traiter leurs conséquences sur l’économie des Etats-Unis, qu’il s’agisse des pétroliers américains frappés par la chute du brut, les multinationales affectées dans leurs filiales, ou la faiblesse des liquidités en dollars sur la planète.
> Lire aussi  Aux Etats-Unis, la crise de l’or noir menace les rêves pétroliers de Donald Trump
C’est le troisième volet de l’action de la Fed qui a donné lieu à une action concertée avec les grandes banques centrales occidentales et japonaise. Cette mesure est censée faire oublier l’absence totale de coordination internationale, mardi, lorsque la Fed baissa ses taux après une réunion manifestement peu utile du G7 et, deux jours plus tard, la faute de communication majeure de la présidente de la BCE, Christine Lagarde.
L’institution de Francfort avait présenté une série de mesures d’apport de liquidité, mais Christine Lagarde avait fait paniquer les marchés financiers – qui avaient décroché de 4 % supplémentaires pendant sa conférence de presse – et l’Italie, laissant entendre que la banque centrale ne défendrait pas nécessairement un pays en détresse financière. La présidente de la BCE a présenté ses excuses au conseil des gouverneurs et une opération rattrapage a été organisée le lendemain. Des membres de l’institution monétaire, dont Philip Lane, le chef économiste, ont « clarifié » son propos, expliquant que la BCE ferait absolument tout pour défendre chacun des pays membres.
Le cavalier seul de Donald Trump
Comme M. Powell, Christine Lagarde estime que c’est avant tout aux gouvernements d’agir. Eux seuls peuvent garantir les prêts des entreprises, autoriser des retards dans le paiement des impôts ou des cotisations sociales ou aider les employés qui perdent des revenus parce qu’ils sont en quarantaine. Elle a eu gain de cause avec le plan massif de soutien allemand, annoncé vendredi par la chancelière Angela Merkel mais aussi d’autres pays, tandis que la Commission européenne a présenté des mesures à hauteur de 37 milliards d’euros.
> Lire aussi  Coronavirus : la Commission européenne pousse les Etats à intervenir sans limite
Lundi, les chefs d’Etat et de gouvernement du G7 doivent se parler par vidéoconférence, sous la direction de Donald Trump, à midi, heure de Washington (17 heures à Paris). Ce week-end, de nombreux appels téléphoniques bilatéraux – notamment entre Angela Merkel et Emmanuel Macron –, ont préparé la réunion mais chacun arrive en ordre dispersé. Par ses cavaliers seuls, le président américain sert un peu d’« unificateur » : les Européens lui reprochent d’avoir décidé unilatéralement et sans prévenir la suspension des liaisons aériennes venant d’Europe continentale, même s’ils ont tendance à oublier qu’ils font de même en se fermant les frontières qui les séparent.
M. Trump a aussi fait cavalier seul en tentant de faire acheter à l’administration américaine les droits exclusifs du vaccin contre le coronavirus que l’entreprise allemande CureVac tente de développer, selon les informations de Die Welt. Il voulait apparemment développer le remède « seulement pour les Etats-Unis ».
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/16/la-fed-reduit-ses-taux-a-zero-inonde-le-marche-de-liquidites-et-de-dollars_6033184_3234.html>
Sur le même sujet :
> Coronavirus : action coordonnée des banques centrales pour soutenir l’économie <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/15/coronavirus-action-coordonnee-des-banques-centrales-pour-soutenir-l-economie_6033178_3234.html>, Le Monde avec AFP, 15/03/20, 22h52
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17- Le coronavirus nous tue, et on résiste en bronzant, Slate, 16/03/20, 11h50
Jean-Marc Proust 

Le XXIe siècle sera contagieux ou ne sera pas. Et chez nous, rien de plus contagieux que les ricanements. Mais face au coronavirus, il est sans doute temps d'arrêter le déni.
Coronapsologie
Hôpitaux submergés, frontières fermées, bourses qui dégringolent : avec le coronavirus, les prophètes du grand effondrement, les collapsologues, s'en donnent déjà à cœur joie.
Figurez-vous que le salon du survivalisme a été repoussé à cause de l'épidémie. C'est ballot, ils auraient fait carton plein, et tout le monde serait reparti avec des kits de survie ou des capsules d'iode, on ne sait jamais.
Voire des gousses d'ail.
Oui, parmi les rumeurs qui circulent, il y a celle-ci: l'ail protégerait du Covid-19, comme naguère il éloignait les vampires. J'adore l'idée, et il n'est pas exclu qu'elle soit efficace: si votre haleine fait fuir le monstre des Carpates, il est probable que personne ne vous fera la bise ni ne vous serrera la main.
Un autre bruit, blague ou non, invérifiable et merveilleusement complotiste, a couru : le virus pourrait aussi se propager par les compteurs Linky. Si c'est le cas, qu'on se rassure : le vaccin nous serait injecté via ces mêmes compteurs.
Les usines qui ferment en Chine se traduisent par une baisse des émissions de carbone. Il n'en fallait guère plus pour réjouir les fans de la décroissance, qui ont aussitôt tweeté la bonne nouvelle sur leurs smartphones, que fabriquent ces mêmes usines.
On rit et on râle
Il est plaisant d'observer que nous abordons cette épidémie avec nos qualités intrinsèques: en bons Français, on rigole et on râle. En Chine, on a célébré Li Wenliang, médecin lanceur d'alerte, mort au combat contre le Covid-19, et des hôpitaux de campagne ont été construits en un temps record. En France, on s'est dit que c'était une bonne occasion de dénoncer le manque de moyens du système de santé: on veut des sous!
De toute façon, rien ne marche, c'est connu. Un «gilet jaune» s'est enregistré en train de tester le centre d'appel du ministère de la Santé. Il prétend avoir fréquenté une personne contaminée. N'ayant pas de fièvre, on lui refuse le dépistage. Il râle, forcément. Des petits rigolos comme lui qui saturent les centres d'appel, ça ne doit pas manquer. Bravo ! C'est le moment idéal.
<http://www.slate.fr/story/188568/coronavirus-epidemie-france-rire-raler-resistance-mesures-confinement-victimes-vieux-malades>
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18- Un homme heureux... ou réaction d'un ami suite au discours du Président de la République du 12 mars 2020, Collège des transitions sociétales, 16/03/19, 15:57

J’ai croisé un ami ce weekend. Il m’a raconté ce qui lui était arrivé jeudi 12 mars, lorsqu’il a écouté le discours du Président de la République.
« Je ne sais pas pourquoi, dit-il, mais le son n’était vraiment pas bon. Ceci dit, je pensais tout de même avoir saisi l’essentiel de ses propos : … affecte tous les continents … principe de confiance dans la science, écouter celles et ceux qui savent … nous ne sommes qu’au début … mobiliser tous les moyens financiers nécessaires … mobilisation économique et sociale … protéger les plus démunis, les plus fragiles … faire bloc, grande discipline individuelle et collective … dire « nous » plutôt que « je » … inventer de nouvelles solidarités … interroger notre modèle de développement, les faiblesses de nos démocraties … des biens et des services en dehors des lois du marché .... Et à plusieurs reprises,il a prononcé mobilisation générale et quoi qu’il en coûte.
Quelle n’a pas été ma stupeur en entendant ces mots ! Au fil du discours, la sidération a fait place à la joie et à l’espoir. Incroyable, formidable, je n’arrivais pas à qualifier ce moment tant attendu, espéré, rêvé. J’étais un homme heureux et je ne devais pas être le     seul !
Depuis le temps que la communauté scientifique internationale nous alertait, avec de plus en plus d’images apocalyptiques à l’appui, le Président avait enfin osé dire les choses, assumer la réalité de la situation, prendre les décisions ! Il avait eu ce courage politique qui fait, parfois, d’un Président de la République un grand chef d’Etat, devant l’Histoire, devant son peuple, devant la nation, devant le monde.
Cette nuit-là, j’ai mal dormi. J’ai rêvé que j’allais voir mon Maire, des associations pour proposer mes services. J’imaginais des centaines de milliers de personnes faire comme moi. Avec cette mobilisation générale et quoi qu’il en coûte comme l’a souligné le Président, nous allions pouvoir envisager un avenir plus serein et inventer de nouvelles solidarités. Il est probable qu’il y aurait des réticents, des opposants, notamment parmi le milieu économique et financier, mais le Président l’a dit, l’Etat prendra sa part et ne laissera personne sur le carreau.
Bien sûr, j’aurais préféré que ça se passe dans un cadre démocratique, avec l’assemblée nationale faisant bloc, dans une unité parlementaire. Mais sans doute la situation l’exigeait, il fallait faire vite comme les scientifiques le disaient. Il fallait prendre des mesures exceptionnelles dans un climat d’empathie.
Quel discours !
Quand je me suis réveillé le matin, encore dans un état second d’euphorie, j’ai allumé la radio comme à l’habitude. Bien au chaud dans mon lit, j’écoutais alors les informations de 6h30. Tout à coup, mon cœur s’est arrêté de battre. Ils repassaient des extraits du discours du Président. J’ai compris alors qu’il parlait du coronavirus et non de l’urgence écologique.
J’ai éteins le poste et, envahi d’une grande tristesse, je suis resté couché. »
Sentant mon ami encore bouleversé, je lui disais que la situation sanitaire et sociale, liée au coronavirus, était de plus en plus grave et qu’il était normal que le Président intervienne. Mais j’ajoutais être convaincu que, dans un avenir proche, le Président tiendrait à nouveau ce type de discours, prononcerait ces mêmes mots qu’avaient tant touché mon ami. Voyant son étonnement, je précisais que les conclusions et propositions de la Convention citoyenne pour le climat[1] seraient bientôt à son agenda. « Le Président va très probablement déclarer une nouvelle fois la mobilisation générale », lui dis-je. »
[1] La Convention citoyenne pour le climat a pour mandat de définir une série de mesures permettant d’atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) dans un esprit de justice sociale. Décidée par le Président de la République, elle réunit cent cinquante personnes, toutes tirées au sort ; elle illustre la diversité de la société française. Elle remettra ses conclusions au mois d'avril 2020.
Le 16 mars 2020
Bernard Lemoult
Directeur du Collège des transitions sociétales
<https://web.imt-atlantique.fr/x-de/cts-pdl/>
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19- Coronavirus : le point sur les interdictions (et les autorisations) liées au confinement en France, Le Monde, 17/03/20, 05h00

Le président de la république a évité lundi de prononcer le mot de confinement et a limité la mesure à deux semaines, semblant édulcorer des mesures qui ne sont guère différentes de celles adoptées en Italie ou en Espagne depuis quelques jours. 
Le ministre français de l’intérieur, Christophe Castaner, a intimé lundi 16 mars aux Français de rester chez eux, sauf exceptions, pour lutter contre la propagation du coronavirus et a promis la mobilisation de 100 000 policiers et gendarmes pour des contrôles.
> Lire aussi  « Nous sommes en guerre » : face au coronavirus, Emmanuel Macron sonne la « mobilisation générale »
« Le mot d’ordre est clair : restez chez vous ! », a dit M. Castaner lors d’un point presse au ton parfois martial. Toutes les personnes qui circuleront devront être « en mesure de justifier leur déplacement », a-t-il ajouté, précisant qu’une amende pour les contrevenants serait prochainement portée à 135 euros. Elle est aujourd’hui de 38 euros.
Les restrictions
Comme l’avait annoncé un peu plus tôt le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, M. Castaner a rappelé que les restrictions de circulation commenceraient mardi à midi, pour quinze jours, éventuellement renouvelables.
Pour chaque déplacement, outre certaines cartes professionnelles et des attestations d’employeurs, les Français devront présenter un « document attestant sur l’honneur le motif » du déplacement, notamment téléchargeable sur le site du ministère de l’intérieur. Il pourra également être réalisé sur papier libre.
Les déplacements sont interdits sauf dans les cas suivants et uniquement à condition d’être munis d’une attestation pour :
• déplacements entre le domicile et le lieu d’exercice de l’activité professionnelle, lorsqu’ils sont indispensables à l’exercice d’activités ne pouvant être organisées sous forme de télétravail (sur justificatif permanent) ou déplacements professionnels ne pouvant être différés ;
• déplacements pour effectuer des achats de première nécessité dans des établissements autorisés (liste sur gouvernement.fr et arrêté sur legifrance); déplacements pour motif de santé ;
• déplacements pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérables ou la garde d’enfants ;
• déplacements brefs, à proximité du domicile, liés à l’activité physique individuelle des personnes, à l’exclusion de toute pratique sportive collective, et aux besoins des animaux de compagnie.
« Il appartiendra à chacun de le remplir pour préciser la nature de son déplacement, sa destination et ses raisons », a expliqué M. Castaner.
Les exceptions aux restrictions de circulation « pourront être tolérées pour les déplacements entre le domicile et le travail. Lorsque ces déplacements sont indispensables pour des activités ne pouvant être interrompues, ni organisées sous forme de télétravail », a détaillé le ministre.
> Lire aussi  Coronavirus : les forces de l’ordre en première ligne pour faire respecter le confinement
D’autres déplacements échappent aux restrictions mais pas aux justificatifs : ceux « nécessaires pour faire des courses ou pour les besoins de première nécessité, pour motifs de santé, pour les déplacements au motif familial impérieux, pour les personnes vulnérables, pour venir en aide à un proche dépendant ou pour des parents séparés pour aller chercher ou déposer les enfants », a-t-il encore ajouté.
Le ministre a également précisé que des « déplacements brefs à proximité du domicile » seront également tolérés. « On pourra toujours pratiquer une activité physique ou sortir son chien mais chacun devra le faire avec parcimonie », a encore complété le ministre. Dans tous les cas toute activité de loisir devra se faire à proximité du domicile et ne pas impliquer de rencontrer d’autres personnes. Les sports de groupe (football, rugby, basketball...) sont ainsi interdits.
Les contrôles aux frontières renforcés
Deux niveaux de contrôle ont été détaillés par le ministre.
En ce qui concerne les frontières extérieures de l’Union européenne, ne seront désormais admis dans l’espace commun que les ressortissants d’un pays de l’Union européenne ou de l’espace Schengen, ainsi que les Britanniques. Seront aussi acceptées les personnes de pays tiers disposant d’un permis de séjour européen et des exceptions sont prévues pour d’autres catégories, comme les personnels de santé d’un pays non-européen.
> Lire aussi  Coronavirus : 100 000 policers et gendarmes déployés en France pour faire respecter le confinement
Pour ce qui concerne les frontières intérieures de l’UE, des contrôles ont déjà été mis en place, avec l’Allemagne par exemple. Les travailleurs transfrontaliers pourront continuer d’aller et venir, s’ils disposent de justificatifs de domicile et d’emploi.
« Il ne s’agit pas pour nous de procéder à une fermeture totale des frontières. Il s’agit de limiter les échanges au strict nécessaire. C’est cohérent avec les mesures de confinement que nous prenons », a insisté Christophe Castaner.
La circulation des marchandises restera pour sa part possible, qu’elle soit entrante ou sortante, avec des pays frontaliers ou extérieurs à l’UE.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/17/coronavirus-le-point-sur-les-interdictions-et-les-autorisations-liees-au-confinement-en-france_6033337_3244.html>
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En images
20- Emoi, E-moi et moi. Rééduquez notre cerveau pour sortir de la crise écologique, Sébastien Bohler, TEDxParisSalon, 26/04/19

Sébastien Bohler est ingénieur, ancien élève de l’Ecole Polytechnique, et docteur en neurosciences, titulaire d’une thèse de l’université Pierre-et-Marie-Curie, préparée dans le laboratoire de Jean-Pierre Changeaux à l’Institut Pasteur, sur le fonctionnement des récepteurs neuronaux impliqués dans la dépendance à la nicotine.
>> Suite à lire et vidéo à voir :
<https://www.youtube.com/watch?time_continue=116&v=jrdLIRh3na0&feature=emb_logo>
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– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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