[revue-presse-FNH] Grande revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international + 2 publications (mardi 5 mai)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mar 5 Mai 07:51:29 CEST 2020


Bonjour à tous,

Un grand tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
–> Un accès 'rapide' direct à la source de l'article (hors abonnement) par un lien hypertexte sur son intitulé dans le sommaire ; si un lien vers un article ne fonctionne pas, vous pouvez retrouver son contenu dans le corps du mail à l'item correspondant.
–> Un accès 'lent' et plus complet dans le corps du mail sous le sommaire et les extraits, incluant les articles réservés aux abonnés, des liens vers d'autres articles sur le même sujet et des pour en savoir plus (sources, etc.)
1- Aucun accord entre Bruxelles et Londres sur les négociations post-Brexit <https://www.lemonde.fr/international/article/2020/04/24/aucun-accord-entre-bruxelles-et-londres-sur-les-negociations-post-brexit_6037696_3210.html>, Le Monde, maj le 25/05/20 à 06h15
2- Avoir un enfant ou démissionner, des projets annulés par la crise du Covid-19 <http://www.slate.fr/story/189300/apres-confinement-reprendre-vie-normale-tout-changer-projets>, Slate, 27/04/20, 07h00
3- Amazonie : le chef Raoni lance un appel à l'aide pour faire face à la pandémie <https://www.geo.fr/environnement/amazonie-le-chef-raoni-lance-un-appel-a-laide-pour-faire-face-a-la-pandemie-200550>, AFP, 27/04/20, 10:00
4- Enquête. Huit pistes pour une relance verte des économies après le coronavirus <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/26/apres-le-coronavirus-huit-pistes-pour-une-relance-verte_6037813_3234.html>, Le Monde, maj le 27/04/20 à 11h13
5- Tribune. #NousLesPremiers : élus, personnalités publiques ou citoyens, ils s'adressent à Emmanuel Macron pour dessiner le "monde d’après" <https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/tribune-nouslespremiers-elus-personnalites-publiques-ou-citoyens-ils-s-adressent-a-emmanuel-macron-pour-dessiner-le-monde-dapres_3937031.html>, France info,  27/04/20, 14:10
6- Dettes publiques : la lourde facture de la crise due au coronavirus <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/28/dettes-publiques-la-lourde-facture-de-la-crise-due-au-coronavirus_6037942_3234.html>, Le Monde, 28/04/20, 05h19
7- Tribune. "Quels secteurs souhaitons-nous soutenir ?" : des entrepreneurs demandent un fonds d'urgence pour une "économie durable et humaine" <https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/tribune-quels-secteurs-souhaitons-nous-soutenir-des-entrepreneurs-demandent-un-fonds-d-urgence-pour-une-economie-durable-et-humaine_3937493.html>, France info, 28/04/20, 12:50
8- Coronavirus : les collapsologues ont-ils gagné ? <https://www.huffingtonpost.fr/entry/effondrement-collapsologie-conference-debat_fr_5ea86519c5b6e45d27261c29>, Le HuffPost, 29/04/20, 04:19
9- Tribune. « L’ Organisation mondiale de la santé que nous voulons pour demain » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/29/l-organisation-mondiale-de-la-sante-que-nous-voulons-pour-demain_6038077_3232.html>, Le Monde, 29/04/20, 07h05
10- Chronique. Aides d'État aux entreprises stratégiques : un chèque en blanc ou en vert ? <https://www.actu-environnement.com/ae/news/aides-etat-entreprises-gossement-35395.php4>, Actu-environnement, 29/04/20, 12h20
11- Contribution. Le monde d’après : quelle monnaie ? <https://jmmasson.wordpress.com/2020/04/29/le-monde-dapres-quelle-monnaie/>, Le Triptyque Economique, 29/04/20
12- Enquête. Covid-19 : la déflagration géopolitique 3/3. Coronavirus : Le difficile baptême du feu de la nouvelle présidente de la Commission européenne <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/30/coronavirus-le-difficile-bapteme-du-feu-de-la-nouvelle-presidente-de-la-commission-europeenne_6038212_3232.html>, Le Monde, 30/04/20, 06h00
13- La Commission envisage un « crowdfunding » pour financer la relance européenne <https://www.euractiv.fr/section/economie/news/commission-explores-eu-wide-crowdfunding-project-to-finance-recovery/>, EurActiv, 30/04/20, 09:02
14- Enquête. Covid-19 : la déflagration géopolitique 3/3. Les « somnambules » de l’Europe face à la crise due au coronavirus <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/30/les-somnambules-de-l-europe-face-a-la-crise-du-coronavirus_6038197_3232.html>, Le Monde, 30/04/20, 14h48
15- Tribune. Coronavirus : « Les solutions propres et rentables sont un formidable levier pour une croissance économique qualitative plutôt que quantitative » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/30/coronavirus-les-solutions-propres-et-rentables-sont-un-formidable-levier-pour-une-croissance-economique-qualitative-plutot-que-quantitative_6038300_3232.html>, Le Monde, 30/04/20, 16h30
16- Sting, Brad Pitt, Juliette Binoche... les stars répondent à l'appel du photographe brésilien Sebastiao Salgado pour défendre les indigènes du Brésil contre le coronavirus <https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/sting-brad-pitt-juliette-binoche-les-stars-repondent-a-l-appel-du-photographe-bresilien-sebastiao-salgado-pour-defendre-les-indigenes-du-bresil-contre-le-coronavirus_3947829.html>, France info Culture avec agences, 04/05/20, 10:39 
En audio
17- Ecologie, travail, détente : neuf podcasts à écouter pendant le confinement <https://www.novethic.fr/actualite/energie/transition-energetique/isr-rse/ecologie-travail-detente-9-podcasts-a-ecouter-pendant-le-confinement-148496.html>, Novethic, 29/04/20
18- Déconfinement : 15 propositions sociales et écologiques pour le monde d'après <https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/deconfinement-15-propositions-sociales-et-ecologiques-pour-le-monde-d-apres-7800469690>, La rédaction de RTL, 02/05/20, 16:56
Deux publications
19- En ligne. Série « Libérer les imaginaires » <http://www.imagine-magazine.com/lire/>, Imagine demain le monde, épisodes 19, 20 & 21, 30/04/20
20- Déconfinement : 15 mesures urgentes pour le Pacte du Pouvoir de Vivre <https://wetransfer.com/downloads/7460185e3bcfa9fa3c3390af20d930e320200430165617/a31bdd>, dossier de presse et enregistrement de la conférence, 30/04/20

Bien à vous,
Florence

NB : En pied de page de chaque message, vous disposez d’une adresse url qui vous permet de vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner directement à votre gré.

CITATION DU JOUR : "Les peuples indigènes du Brésil risquent d'être décimés par le Covid-19 si des mesures urgentes ne sont pas prises pour les protéger. Cela fait cinq siècles que ces ethnies sont décimées par les maladies amenées par les colonisateurs européens" Sebastiao Salgado, photographe brésilien (cf. item 3, suite, 16 & suite)
QUESTIONNEMENTS DU JOUR : Quelles interrogations, quelles problématiques, quels enjeux, quelles propositions en vue du « monde d’après ». (cf. item 4, 5, 7, 9, 11, 13 & 15)
APPEL DU JOUR : Les 55 associations et syndicats membres du Pacte du Pouvoir Vivre, proposent de revaloriser le RSA et d'augmenter les aides sociales pour limiter les conséquences du confinement. Ils appellent à ne pas oublier l’écologie. (cf. item 18 & 20)
BLOCAGE DU JOUR :  Concernant la phase post-Brexit, Michel Barnier, le négociateur en chef pour les Européens, s’est agacé du manque d’« engagements du Royaume-Uni sur des points fondamentaux » (cf. item 1)
RÉCRÉATION DU JOUR : Une sélection de podcasts inspirants à écouter en cette période de confinement. (cf. item 17)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 120 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
______________________________________________________________________________________________________________________
1- Aucun accord entre Bruxelles et Londres sur les négociations post-Brexit, Le Monde, maj le 25/05/20 à 06h15
Cécile Ducourtieux et Jean-Pierre Stroobants 

Le négociateur en chef pour les Européens, Michel Barnier, s’est agacé du manque d’« engagements du Royaume-Uni sur des points fondamentaux ».
L’urgence sanitaire n’a pas rapproché les points de vue de Londres et de Bruxelles : à l’issue d’une semaine de négociations de la relation post-Brexit entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE), les parties se sont « virtuellement » quittées vendredi 24 avril sur des positions tout aussi éloignées qu’avant le début de la crise pandémique.
Cela augure mal de la suite des discussions, à moins d’une volte-face, peu probable, du gouvernement Johnson ou, encore plus hypothétique, des Européens. Comment, dès lors, échapper à un « no deal » à la fin de cette année, si Londres continue à refuser de réclamer une prolongation de la période de transition ?
Michel Barnier, le négociateur en chef pour les Européens, n’a caché ni son agacement ni sa préoccupation, depuis Bruxelles, à l’issue d’un round de négociation commencé au début de la semaine et consistant en 40 visioconférences. « Le Royaume-Uni veut des progrès tangibles. Nous sommes sur la même ligne. Cela veut dire que nous avons besoin d’accomplir de vrais progrès avant la fin juin, pour trouver un bon accord à la fin décembre. Dès lors, il faudra plus de dynamisme politique et avancer en parallèle sur tous les volets de la négociation », a indiqué le négociateur européen.
> Lire aussi  Brexit : reprise surréaliste des négociations entre Londres et Bruxelles
Or, a précisé le Français (guéri du Covid-19, après être tombé malade en mars), s’il y a eu quelques « rapprochements techniques », il n’y a « pas d’engagements du Royaume-Uni sur des points fondamentaux, que nous n’avons pourtant pas inventés, puisqu’ils sont contenus dans l’accord de retrait [le traité du divorce]».
M. Barnier a énuméré « quatre thèmes de déception ». Le premier, le « level playing field [harmonisation réglementaire]», base de la « meilleure relation » entre deux parties souveraines, certes, mais qui ne peut être déséquilibrée au profit de la plus petite (le Royaume-Uni), laquelle devrait se rendre compte, a-t-il sous-entendu, qu’il y va de son accès à un marché de 450 millions de consommateurs.
Pas de partenariat sans accord sur la pêche
Londres refuse toujours absolument de s’engager à s’aligner sur certaines normes européennes (droit du travail, fiscalité, environnement), bien que Bruxelles en fasse une condition nécessaire d’accès à son marché intérieur. Deuxième sujet : la gouvernance globale de la relation future : les négociateurs britanniques refusent l’adhésion à la Convention européenne des droits de l’homme et, plus encore, la reconnaissance du rôle de la Cour européenne de justice.
> Lire aussi  Brexit : le Royaume-Uni surjoue l’optimisme dans les négociations avec Bruxelles
Troisième « déception » : pas de garanties fermes non plus de Londres quant à la coopération judiciaire et pénale ou la libre circulation des personnes. Enfin, déplore M. Barnier, les parties n’ont fait aucun progrès sur la pêche, sujet extrêmement sensible, pour lequel Londres n’a déposé aucune proposition, contrairement aux Européens. Or, « il n’y aura en aucun cas un partenariat économique durable sans accord sur ce point, c’est clair comme de l’eau de roche », a précisé le Français.
« Des difficultés sérieuses sont devant nous. Elles sont encore surmontables si l’on fait preuve de volonté politique, de réalisme, de respect mutuel », a-t-il conclu, très grave, le contexte du moment, c’est-à-dire la pandémie, imposant quand même « une responsabilité particulière ».
Premier ministre convalescent
Dans un communiqué publié vendredi après-midi, Downing Street campait sur les positions sans concession adoptées par Boris Johnson début 2020 : « Nous ne parviendrons à aucun progrès concernant l’harmonisation réglementaire et la gouvernance de l’accord tant que l’UE persistera dans son insistance à imposer des conditions au Royaume-Uni qu’elle n’impose pas dans le cadre d’autres accords commerciaux et qui ne tiennent pas compte du fait que [notre pays] a quitté l’UE et est indépendant. » Et, concernant la pêche, « nous ne pourrons avancer que si la réalité selon laquelle le Royaume-Uni doit pouvoir retrouver le contrôle de ses eaux territoriales à la fin de l’année est reconnue ». 
A ce stade, il n’est toujours pas question, pour Londres, de formuler une demande de prolongation de la période de transition au-delà du 31 décembre (période aménagée pour donner du temps aux parties pour négocier la relation post-Brexit, et durant laquelle le Royaume-Uni reste traité quasiment comme un membre de l’UE). « Nous ne réclamerons pas d’extension de la période de transition, et, si l’Union européenne en fait la demande de son côté [ce qui est une possibilité], nous la refuserons », a même affirmé le porte-parole de Downing Street le 16 avril.
> Lire aussi  Coronavirus : la dégradation de l’état de santé de Boris Johnson survient à un moment crucial pour le Royaume-Uni
Le gouvernement britannique changera-t-il d’avis quand Boris Johnson reprendra pleinement le travail ? Le premier ministre poursuit depuis près de quinze jours sa convalescence, après avoir été gravement malade du coronavirus, mais il pourrait revenir à Downing Street dès lundi 27 avril, selon le Daily Telegraph. C’est en tout cas ce qu’on espère à Bruxelles, les Européens n’ayant absolument pas envie d’expédier une négociation complexe et cruciale, alors qu’ils sont par ailleurs happés par une crise sanitaire historique.
M. Johnson a théoriquement jusqu’au 30 juin pour réclamer une extension. M. Barnier a tenté l’argument économique, vendredi, soulignant qu’un Brexit sans accord au 31 décembre causera « un choc ». Un « hard Brexit » en plus d’une pandémie aux effets économiques et sociaux dévastateurs : comment le Royaume-Uni, pourrait-il se permettre pareil scénario, alors que son produit intérieur brut pourrait chuter de 25 % au deuxième trimestre ? A moins que Londres parie une fois de plus sur la faiblesse des Européens et leur peur d’un « no deal »…
<https://www.lemonde.fr/international/article/2020/04/24/aucun-accord-entre-bruxelles-et-londres-sur-les-negociations-post-brexit_6037696_3210.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
2- Avoir un enfant ou démissionner, des projets annulés par la crise du Covid-19, Slate, 27/04/20, 07h00
Thomas Messias 

Pour une partie d'entre nous, la période est propice aux réflexions existentielles. Quel virage donner à nos existences ?
Qu'elle prenne fin le 11 mai ou non, qu'elle soit suivie par d'autres ou pas, cette période de confinement restera évidemment dans les mémoires à plus d'un titre. À l'issue de cette expérience aussi intime que collective, nous serons nombreuses et nombreux à avoir tiré des enseignements sur notre façon de gérer l'imprévu, l'incertain, la proximité ou la solitude. De façon plus ou moins consciente et plus ou moins explicite, chacun·e d'entre nous a actuellement l'occasion d'interroger son mode de vie actuel et ses choix futurs.
Ne pas faire d'enfant
«Je crois qu'on allait bientôt faire un enfant», me raconte Alban, 34 ans. Avec Aline, sa compagne depuis huit ans, la vie semblait s'être suffisamment stabilisée pour les convaincre que c'était le bon moment. «Comme on en a toujours eu envie tous les deux, il n'y avait même pas de débat, et même les prénoms étaient choisis», confie cet ingénieur lyonnais. Mais le Covid-19 et la période de confinement ont fait naître des discussions qu'Aline et Alban ne pensaient pas avoir un jour.
On s'en était déjà dit quelques mots quand les médias ont commencé à mettre en avant le réchauffement climatique et ses conséquences sur la planète, mais là, le coronavirus a créé une sorte de déclic. Presque simultanément, on a fini par se dire que donner la vie n'avait peut-être plus rien d'un cadeau», résume Alban, dont le regard sur l'avenir a soudain eu des effets contraceptifs: «À la vitesse où tout ça avance, les générations futures vont peut-être vivre dans un univers surchauffé, surpeuplé, irrespirable, avec un masque sur le visage 365 jours par an. Ce confinement, ça a été pour nous l'occasion de nous asseoir et de prendre le temps de nous dire les choses. La conclusion, c'est qu'on ne veut pas propulser notre fils ou notre fille dans un monde à la Mad Max.»
>> Suite à lire à :
<http://www.slate.fr/story/189300/apres-confinement-reprendre-vie-normale-tout-changer-projets <http://www.slate.fr/story/189300/apres-confinement-reprendre-vie-normale-tout-changer-projets>>
______________________________________________________________________________________________________________________
3- Amazonie : le chef Raoni lance un appel à l'aide pour faire face à la pandémie, AFP, 27/04/20, 10:00

Le chef Raoni, figure emblématique de la lutte contre la déforestation en Amazonie, a lancé un appel aux dons dimanche afin d'aider les populations indigènes à faire face au nouveau coronavirus.
"Nous avons besoin d'être ravitaillés en denrées alimentaires basiques, en produits d'hygiène, en médicaments et aussi en combustible pour pouvoir les acheminer" jusqu'aux communautés indigènes, a déclaré le cacique dans une vidéo diffusée par l'ONG française Planète Amazone, qui orchestre la campagne de dons.
"Nous avons besoin de soutien financier et je me tourne donc vers vous pour soutenir ma communauté", a-t-il encore plaidé.
"Sans votre aide, les peuples indigènes du Brésil ne pourront faire face à cette terrible maladie", a affirmé le chef emblématique Raoni Metuktire, 90 ans, disant qu'il allait lui-même se confiner.
Pour sa part, Planète Amazone fait valoir que "face à l'abandon des peuples indigènes d'Amazonie par les pouvoirs publics brésiliens lors de la crise sanitaire du SARS-COV2, ou COVID-19", elle "lance aujourd'hui une campagne de soutien financier à destination de ses partenaires indigènes", selon un communiqué.
Quelque 800.000 indigènes vivent au Brésil. Pour l'heure, une trentaine au moins ont été contaminés par la maladie Covid-19 et trois en sont morts.
Un juge brésilien a récemment interdit aux missionnaires évangélistes d'entrer en contact avec les peuples indigènes d'Amazonie, particulièrement vulnérables aux virus importés comme le Covid-19.
<https://www.geo.fr/environnement/amazonie-le-chef-raoni-lance-un-appel-a-laide-pour-faire-face-a-la-pandemie-200550>
En savoir plus : 
> Covid-19 : l'appel à l'aide du cacique Raoni Metuktire, <https://www.facebook.com/planeteamazone/videos/919331381833254/> Planète Amazone, 26/04/20, 17h
Et aussi : 
> Brésil : le maire de Manaus appelle Greta Thunberg à l'aide contre le coronavirus <https://information.tv5monde.com/info/bresil-le-maire-de-manaus-appelle-greta-thunberg-l-aide-contre-le-coronavirus-357754>, AFP, 03/05/20, 04:00
> Interview. L’Amazonie et ses peuples dépourvus face au Coronavirus <https://mrmondialisation.org/lamazonie-et-ses-peuples-depourvus-face-au-coronavirus-interview/>, Mr Mondialisation, 03/05/20
______________________________________________________________________________________________________________________
4- Enquête. Huit pistes pour une relance verte des économies après le coronavirus, Le Monde, maj le 27/04/20 à 11h13
Audrey Garric, Nabil Wakim, Perrine Mouterde et Louisa Benchabane

Les plans de relance en préparation doivent créer de l’emploi et de l’activité économique tout en contribuant à diminuer les émissions de CO2 et à améliorer la qualité de vie, plaident de nombreuses voix, qui soulignent une opportunité historique.
« Le Green Deal est aussi nécessaire qu’avant la crise. Le réchauffement climatique n’a pas disparu. » Ces mots ne sont pas ceux de militants écologistes, mais de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. En pleine bourrasque pandémique, le 15 avril, elle a rappelé avec insistance que les importants plans de relance qui seront nécessaires en Europe pour sortir de la récession économique devront prendre en compte la dimension climatique.
Certes, les mesures de confinement ont fait temporairement baisser les émissions de gaz à effet de serre. Mais cela donne aussi la mesure du chemin à parcourir : les rejets carbonés devraient diminuer entre 5 % et 15 % sur l’année 2020 en France, selon le Haut Conseil pour le climat. Une baisse massive, mais inférieure à ce qui est nécessaire pour espérer atteindre un jour les objectifs de l’accord de Paris.
Surtout, cette diminution risque de n’être que temporaire. « Les plans de relance qui sont en préparation sont d’une ampleur qui n’arrive qu’une fois par siècle, au regard des montants mobilisés. Cela va structurer l’économie et donner forme au monde dans lequel nous allons vivre », prévient Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui rappelle qu’après la crise de 2008 les émissions de CO2 étaient reparties à la hausse de manière spectaculaire. Le risque est d’autant plus grand aujourd’hui que cette crise sanitaire et économique s’accompagne d’une baisse spectaculaire des prix du pétrole, qui rendra mécaniquement les alternatives moins compétitives.
+ Infographie : Comme en 2009, le recul de l’activité accélère provisoirement la baisse des émissions <https://img.lemde.fr/2020/04/24/0/0/1068/2450/630/0/60/0/4a5684e_Cgm_8RorJZYmgT5duSB7OB3m.png>
La France a déjà mobilisé plus de 300 milliards d’euros pour répondre à l’urgence de la situation, mais risque de devoir débourser beaucoup plus encore pour faire face à la chute vertigineuse de la croissance. Comment utiliser à bon escient les milliards qui vont être mobilisés par les Etats ? Certains industriels et dirigeants politiques européens pensent risqué, voire impossible, de vouloir relancer l’économie dans l’urgence, éviter le chômage de masse et atteindre dans le même temps les objectifs climatiques. A l’inverse, les partisans d’une relance verte y voient la possibilité de créer de l’emploi et de l’activité économique tout en baissant les émissions de CO2 et en améliorant la qualité de vie. Revue de quelques propositions concrètes directement applicables.
1 – Un plan pour la rénovation globale des bâtiments
Le secteur du bâtiment, qui représente près de 45 % de la consommation d’énergie nationale, contribue pour 18 % aux émissions de gaz à effet de serre de la France. C’est donc l’un des domaines sur lesquels il faut agir en priorité : un véritable plan de rénovation thermique permettrait de gagner en sobriété énergétique et de faire baisser les émissions, tout en créant des emplois et en apportant des bénéfices pour la santé.
Afin de parvenir à la décarbonation complète du secteur en 2050, la stratégie nationale bas carbone de la France prévoit d’ailleurs la rénovation de 500 000 logements par an. Mais cet objectif, déjà minimaliste, est loin d’être atteint. Surtout, dans leur grande majorité, les rénovations effectuées sont peu performantes : elles sont réalisées par « gestes » – on remplace une chaudière, une fenêtre, on isole un toit… – et étalées dans le temps.
L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) ou la convention citoyenne pour le climat insistent, dans leurs propositions pour une relance verte, sur la nécessité de mettre en œuvre de façon beaucoup plus massive des rénovations globales, effectuées en une fois et bien plus efficaces en économies d’énergie. « Ce sont des rénovations lourdes, mais si le coût est étalé dans le temps, cela devient intéressant pour les propriétaires », explique Hadrien Hainaut, expert à l’I4CE.
> Lire aussi Climat : les 50 propositions de la convention citoyenne pour « porter l’espoir d’un nouveau modèle de société »
Pour cela, l’institut recommande de mettre en place des prêts à taux zéro sur de très longues périodes (trente ou quarante ans), mais aussi de remplacer les aides forfaitaires par postes de dépenses par des aides proportionnelles aux résultats en matière d’économies d’énergie. Il estime qu’une augmentation des investissements publics de 200 millions d’euros par an, les faisant passer de 1,9 à 2,1 milliards d’euros, est nécessaire pour atteindre les objectifs concernant les logements privés. « L’Etat doit mettre davantage d’argent sur la table, mais il peut y avoir un retour sur investissement direct et rapide en termes de créations d’emplois, de valeur ajoutée locale, etc. »,assure Andreas Rüdinger, spécialiste des politiques énergétiques et climatiques à l’Institut du développement durable et des relations internationales.
2 – Développer le fret ferroviaire
C’est un sujet dont d’autres pays européens se sont emparés bien plus rapidement que la France : développer le transport de marchandises par le train plutôt que par la route, afin de faire baisser les émissions de CO2. Le fret ferroviaire représente 9 % du transport de marchandises, contre 91 % pour les camions. Les acteurs de la filière se sont regroupés pour formuler des demandes à l’occasion du prochain plan de relance. Leur objectif : doubler le fret à l’échéance de 2030, et passer ainsi à 18 % du transport de marchandises.
« Cela nous ferait rattraper nos voisins européens », souligne Franck Tuffereau, délégué général de l’Association française du rail, qui regroupe les concurrents de la SNCF. Il veut croire aux bienfaits du fret ferroviaire dans un plan de relance : « On crée des emplois, y compris des emplois industriels. Cela contribue à la décongestion des routes et, surtout, c’est le mode le moins polluant pour transporter des marchandises ! » 
Une position soutenue par le nouveau patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou : « On va dire au gouvernement français : vous voulez verdir votre politique, vous voulez être plus écologique, vous voulez accélérer la transition écologique, eh bien, nous, on a une idée : aidez-nous à convaincre les chargeurs de mettre leurs marchandises plus dans des trains et moins dans des camions », expliquait-il fin février.
Mais changer la donne sur le rail implique des investissements importants, notamment pour remettre en état un réseau vieillot et réorganiser les flux. Il faudra aussi regagner la confiance de clients échaudés par les mouvements sociaux du secteur ces dernières années. Selon la convention citoyenne pour le climat, un tel plan pourrait coûter 4 milliards d’euros sur dix ans. La filière assure préparer un chiffrage plus précis des ressources nécessaires à destination des pouvoirs publics, mais assure que les externalités positives pourraient rapporter autour de 9 milliards d’euros.
3 – Une filière batteries made in Europe
Avec le basculement progressif d’une partie de la mobilité vers l’électrique, le besoin de batteries en Europe devient un enjeu crucial. La production mondiale est cependant centrée en Asie, et particulièrement en Chine. Selon une étude du Boston Consulting Group, les besoins en cellules de batteries pourraient atteindre 400 gigawatt heures par an à l’horizon 2025, soit l’équivalent de ce que pourraient produire dix usines géantes sur le continent européen.
> Lire aussi Un pôle européen des batteries électriques s’implante dans les Hauts-de-France
Or, dans une voiture électrique, la batterie représente environ 35 % du prix final. L’enjeu est colossal, sur les plans de l’emploi et de la souveraineté technologique, et il est bien compris au niveau européen. Depuis deux ans, deux projets, l’un européen, l’autre franco-allemand, tentent de bâtir une filière industrielle compétitive. Selon la Commission européenne, cela pourrait représenter, d’ici à 2025, un marché de 250 milliards d’euros et un potentiel de 2 à 3 millions d’emplois directs et indirects sur le continent.
« Les batteries européennes et françaises peuvent être bas carbone, s’enthousiasme Alain Grandjean, économiste et président de la Fondation Nicolas Hulot. On peut créer une politique industrielle, et la commande publique sera centrale de ce point de vue. C’est doublement bien en ce qui concerne le climat : on évite les importations, et l’électricité produite en France est décarbonée. » C’est aussi ce que défend le patron de l’AIE, M. Birol : « L’investissement dans la production de batteries en Europe aura des effets économiques massifs, c’est un choix central pour le continent. »
Mais, pour être compétitive, la filière demande davantage d’investissements publics et, surtout, des engagements concrets pour bénéficier d’une « préférence européenne ». Elle souligne ainsi les différences en matière d’obligations environnementales et sociales vis-à-vis de ses concurrents asiatiques. Et déplore le décalage entre les discours conquérants et la difficile réalité du terrain. Les investissements à prévoir sont néanmoins considérables : l’usine française qui doit voir le jour en Charente, en 2022, coûtera à elle seule 5 milliards d’euros.
4 – Soutenir l’électrification des véhicules
La voiture individuelle est aujourd’hui responsable de plus de la moitié des émissions dues aux transports ; et la loi française prévoit la fin de la vente de véhicules légers thermiques, en 2040. De nombreux experts appellent donc à relancer le secteur automobile en soutenant massivement son électrification. Avec des ventes de véhicules électriques qui ont atteint 8 % de part de marché en mars, « un virage est en train de s’opérer, et il est important que la crise ne l’entrave pas », prévient Cécile Goubet, secrétaire générale de l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere).
« Il faut créer des incitations pour que les constructeurs poursuivent leurs investissements, mais aussi pour que les particuliers puissent acquérir des véhicules électriques, qui risquent d’être défavorisés avec les prix du pétrole très bas », ajoute-t-elle. L’Avere demande notamment au gouvernement d’indexer la TVA sur le niveau de CO2 des véhicules, de la rendre récupérable pour les entreprises qui achètent des véhicules électrifiés jusqu’à un an après la sortie du confinement ou encore de rétablir le bonus écologique à 6 000 euros pour tous. Autrement dit : de soutenir la demande, à un moment où beaucoup de Français risquent d’hésiter à changer de véhicule.
« La transition vers la voiture électrique va entraîner une création nette d’emplois grâce à la production des véhicules, la fabrication de batteries et leur recyclage – à condition de relocaliser ces activités –, ainsi que l’installation de bornes et le développement de technologies intelligentes de recharge », indique Marie Chéron, responsable mobilité à la Fondation Nicolas Hulot. Aujourd’hui, 250 000 véhicules électriques sont en circulation en France – pour un objectif de 3 millions en 2028. Le pays compte près de 30 000 bornes de recharge et doit atteindre les 100 000 en 2022.
Mais, pour que la voiture électrique reste bénéfique au climat – sur son cycle de vie, elle émet environ deux fois moins de gaz à effet de serre que les voitures thermiques en France, où l’électricité est très faiblement carbonée –, il faut « privilégier des véhicules adaptés aux besoins : plus petits et légers, partagés », rappelle Mme Chéron. En somme, pas des SUV électriques.
5 – Accélérer le développement du vélo
De Berlin à Bogota, certaines villes ont ouvert de nouvelles pistes cyclables pour faciliter la distanciation sociale lors du déconfinement. Au-delà de ces aménagements temporaires, le développement du vélo pourrait être l’un des éléments importants d’une relance verte afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports routiers (29 % des émissions françaises en 2018).
> Lire aussi Le vélo, une révolution urbaine
Alors que la part modale du vélo en nombre de déplacements courte distance était de 3 % en 2018, la stratégie nationale bas carbone prévoit qu’elle augmente à 12 % en 2030, puis à 15 % en 2050. « Pour atteindre ces objectifs, miser sur un changement de comportement spontané des populations est insuffisant, souligne Maxime Ledez, chargé de recherche à l’I4CE. Il faut se donner les moyens en termes d’aménagement du territoire. »
+ Infographie : Emissions de gaz à effet de serre par secteur e, 2018, en % <https://img.lemde.fr/2020/04/24/0/0/1068/2783/630/0/60/0/3217c8f_ToYAlawrbCj0OdP5wzBU3inr.png>
Cet institut propose de doter les collectivités de moyens leur permettant de mettre en place des aménagements cohérents. Dans son plan vélo de 2018, le gouvernement reconnaît que l’un des principaux freins à l’usage de la bicyclette est la discontinuité des infrastructures cyclables, qui créent un sentiment d’insécurité et entravent les déplacements. L’I4CE évalue les investissements publics nécessaires à hauteur de 1,6 milliard d’euros par an jusqu’en 2050.
La convention citoyenne pour le climat propose de son côté d’augmenter les montants du fonds vélo de 50 à 200 millions d’euros par an, afin de financer des pistes cyclables. Elle recommande en outre de rendre obligatoire et d’augmenter la prime de mobilité durable – aujourd’hui plafonnée à 400 euros et réservée au secteur privé – pour que celle-ci bénéficie à l’ensemble des Français qui effectuent leur trajet domicile-travail à vélo ou par le biais du covoiturage.
6 – Relocaliser la production d’énergies renouvelables
« C’est un fait entendu : l’Europe a perdu de longue date la bataille des panneaux solaires, avec la délocalisation massive en Asie de la production. Il est peut-être temps de reprendre la main », veut croire un patron du secteur. La tâche paraît immense : 70 % de la production de panneaux solaires est localisée en Chine, contre 15 % il y a quinze ans. Sur les dix premiers fabricants mondiaux de panneaux photovoltaïques, huit sont chinois.
> Lire aussi La Chine championne du solaire
Le mouvement de délocalisation de la production a permis de diviser les prix par dix en dix ans, et a paradoxalement aidé à couvrir l’Europe de panneaux solaires bon marché. Le foisonnement d’installateurs et de développeurs a certes créé des emplois, mais pas sur le plan industriel. C’est même tout l’inverse : les groupes français ou allemands qui avaient investi le secteur ont dû fermer leurs portes – sans que la Commission européenne se mobilise fortement sur le sujet.
+ Infographie : Le marché de l’énergie est lui aussi chamboulé par la crise <https://img.lemde.fr/2020/04/24/0/0/1068/2713/630/0/60/0/cdd0d83_uZ03maiPnnbjRG1lpwk3zjuI.png>
La France a prévu de quintupler sa capacité installée de panneaux solaires en dix ans. Cette trajectoire pourrait permettre de soutenir l’implantation d’usines de fabrication de lingots de silicium en France – un élément essentiel pour la conception d’un panneau solaire –, affirme Enerplan, le syndicat de la filière. « Cela demande de lourds investissements, qui nécessitent l’appui de groupes industriels, un plan de relance national, mais aussi la participation des institutions européennes, affirme Daniel Bour, président d’Enerplan. C’est indispensable si la France veut continuer à améliorer le bilan carbone des panneaux solaires et à renforcer son indépendance. »
> Lire aussi Le solaire sort de l’ombre
Dans le domaine de l’éolien de mer, la France dispose également d’une industrie créatrice d’emplois à même de se développer, même si elle a pris beaucoup de retard. Deux usines General Electric sont déjà en activité et une usine Siemens Gamesa doit être construite au Havre cette année. Les industriels demandent au gouvernement plus de visibilité dans les appels d’offres pour pouvoir prévoir la montée en puissance de la production.
7 – Améliorer l’autonomie du pays en protéines
La question de la souveraineté alimentaire de la France, et notamment de l’autonomie de ses approvisionnements en alimentation animale, est une préoccupation ancienne. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) en fait toutefois l’un des trois piliers de son « filet de sécurité » visant à assurer la résilience et l’autonomie de la société face aux prochaines crises. « L’origine de la pandémie de Covid-19 est en partie liée à la déforestation, qui rapproche les populations animales et humaines,explique Isabelle Autissier, présidente du WWF France. Développer notre autonomie en protéines nous paraît une solution assez efficace pour importer moins de soja, qui est l’un des moteurs de la déforestation. »
Si la France exporte des protéines végétales, elle manque en effet de matières premières riches en protéines destinées à l’alimentation animale et importe chaque année environ 3,5 millions de tonnes de tourteaux de soja, essentiellement depuis le Brésil et les Etats-Unis. « Aujourd’hui, nous sommes autosuffisants à hauteur d’environ 50 % grâce à la culture du colza et du tournesol, explique Laurent Rosso, directeur de Terres Univia, l’interprofession des huiles et protéines végétales. On ne peut pas atteindre une autonomie complète, mais nous pensons qu’il est possible de passer à 65 % d’autosuffisance dans dix ans. »
Développer la culture de légumineuses dans différentes régions, augmenter les surfaces de culture de soja, tester de nouvelles variétés végétales, structurer la filière… Celle-ci estime avoir besoin d’investissements publics à hauteur de 50 millions d’euros par an sur trois ans pour enclencher le mouvement vers davantage d’autonomie. Des investissements qui aideraient à maintenir des emplois dans un secteur agricole fragilisé et à en créer dans certaines filières industrielles. « Renforcer notre autonomie en protéines nous permettrait de relocaliser, d’éviter des importations, de diversifier les rotations de nos cultures et de développer l’agroécologie, insiste M. Rosso. C’est à l’intersection de nombreuses problématiques. »
8 – Encourager le développement de la filière hydrogène
Le moment de l’hydrogène vert est-il venu ? Alors que la France semble hésiter depuis plusieurs années à s’emparer de cette technologie, les industriels de la filière espèrent qu’un plan de relance permettra de passer à une vitesse supérieure. Actuellement, l’hydrogène est utilisé surtout dans l’industrie, et il est produit à partir d’énergies fossiles. En le produisant à partir d’électricité renouvelable, ce vecteur permettrait de décarboner des pans entiers de l’activité industrielle.
« La filière a besoin de s’industrialiser, explique Laurent Carme, le PDG de McPhy, une entreprise française qui produit des électrolyseurs. La technologie et les concepts sont là, ils sont fiables. L’enjeu, c’est de pouvoir produire en série et de faire baisser les coûts. » Un avis partagé par M. Birol : « L’hydrogène vert est aujourd’hui coûteux, mais la production de masse peut permettre de créer beaucoup d’emplois et de mettre l’Europe en première ligne. » Pour passer ce cap, la filière demande à l’Etat et aux collectivités d’augmenter la commande publique dans ce domaine.
> Lire aussi Les véhicules hydrogène prêts à prendre la route
Parfois vu comme un projet de très long terme, l’hydrogène fait son chemin en ce qui concerne le difficile sujet des émissions de gaz à effet de serre, issues de l’industrie. « Environ 95 % de l’hydrogène est aujourd’hui produit de manière fossile, rappelle M. Carme. Si vous voulez lutter contre le changement climatique, vous devez décarboner ces industries. Il n’y a qu’une seule manière de le faire, c’est avec de l’hydrogène zéro carbone. »
+ Infographie : Emissions de gaz à effet de serre : le Covid-19 rebat les cartes <https://img.lemde.fr/2020/04/24/0/0/1068/2083/630/0/60/0/54f8b18_TGUctDzYaXmTBBrpwAKOvvgw.png>
Un vecteur qui pourrait aussi être utilisé dans la mobilité, même si le véhicule électrique à batterie sera davantage adapté aux usages des particuliers. « Plutôt que de considérer que cela va tout révolutionner, il faut détourer au cas par cas ce qui peut faire du sens : un usage dans les transports en commun, pour les poids lourds, pour la gestion du “dernier kilomètre”, etc. », souligne l’économiste du climat et de l’énergie Patrice Geoffron.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/26/apres-le-coronavirus-huit-pistes-pour-une-relance-verte_6037813_3234.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
5- Tribune. #NousLesPremiers : élus, personnalités publiques ou citoyens, ils s'adressent à Emmanuel Macron pour dessiner le "monde d’après", France info,  27/04/20, 14:10

Dans un texte sous forme de lettre ouverte à Emmanuel Macron, des signataires aussi divers qu'Anne Hidalgo, Bernard Stiegler, Cyril Dion ou Priscillia Ludosky appellent à "une démarche démocratique en trois étapes". Ils sont prêts à prendre leur part pour "dessiner ensemble un chemin" pour sortir de la crise du coronavirus.
Plusieurs maires de grandes villes, des présidents d'exécutifs locaux et des personnalités publiques envoient une lettre ouverte à Emmanuel Macron, intitulée "Un scénario démocratique pour le 'monde d’après'", dans cette tribune pour franceinfo. Ils proposent trois étapes pour un plan de relance "juste et durable" après la crise due au coronavirus : une phase de consultation citoyenne, puis la création d'un Conseil national de la Transition et enfin la création d'une Assemblée citoyenne du futur.
--------------------------------------------
Monsieur le Président de la République,
Dans votre dernière allocution, vous déclariez : "Sachons, dans ce moment, sortir des sentiers battus, des idéologies. Et nous réinventer. Moi le premier."
Nous les premiers, citoyens, associations, maires, présidents de régions et de départements, élus locaux, syndicats, entreprises, gilets jaunes, acteurs de la transition écologique, sociale et démocratique… sommes prêts à dessiner ensemble un chemin qui tire "toutes les leçons de cette crise".
Nous souhaitons que ne soient pas refaites les erreurs du passé. Oui, l’urgence de la sauvegarde des emplois nous impose de réagir vite. Nous le comprenons. Mais, puisque les mesures pour sortir de la crise impacteront durablement les choix politiques à opérer, les investissements qu’elles nécessitent ne peuvent se décider sans concertation, discutés en trois jours dans un Parlement vidé de ses membres où trois représentants LREM possèdent à eux seuls la majorité absolue. Nous regrettons notamment votre décision de ne pas poser de conditions environnementales et sociales sérieuses à l’octroi de 20 milliards d’euros à la relance d’industries comme l’aviation et l’automobile, contrairement au Danemark, l’Autriche ou encore la Finlande.
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/tribune-nouslespremiers-elus-personnalites-publiques-ou-citoyens-ils-s-adressent-a-emmanuel-macron-pour-dessiner-le-monde-dapres_3937031.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
6- Dettes publiques : la lourde facture de la crise due au coronavirus, Le Monde, 28/04/20, 05h19
Eric Albert et Marie Charrel

Face au choc de la pandémie, les Etats dépensent sans compter. Cet endettement colossal va peser longtemps sur les politiques publiques. 
C’est aujourd’hui une double urgence : soutenir ménages et entreprises face à l’arrêt partiel de l’activité, puis relancer l’économie lorsque la pandémie du Covid-19 refluera.
Seulement voilà : lorsque la crise sera derrière nous, les Etats se retrouveront alourdis d’une dette publique colossale. Avant 2008, celle des pays développés tournait autour de 75 % du produit intérieur brut (PIB). Avec la grande crise financière, elle a grimpé à un peu plus de 100 %, se stabilisant à ce niveau pendant une décennie. L’impact des mesures de confinement et les plans de relance vont la faire bondir à 120 % du PIB d’ici à la fin de l’année, selon le Fonds monétaire international (FMI).
Certes, des gouvernements ont connu des situations bien plus complexes par le passé − au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’endettement public dépassait les 200 % de PIB en Europe. Reste que, quelle que soit la façon dont les Etats s’attaqueront à cette montagne de 66 000 milliards de dollars (61 000 milliards d’euros) de dette − effacement partiel, intervention des banques centrales, cocktail de croissance et d’inflation −, celle-ci risque de peser longtemps sur les politiques publiques et le paysage politique.
• Quels Etats s’endettent le plus ?
Dans cette crise, le pays qui dépense le plus pour maintenir son économie à flot face à la pandémie est les Etats-Unis : le plan de soutien américain frôle 2 000 milliards de dollars, soit presque 10 % du PIB. « Sans précédent », estime le FMI.
En comparaison, la zone euro est plus parcimonieuse : ses plans de soutien dépassent à peine les 3 % du PIB en moyenne. L’Allemagne a mis les plus gros moyens, à 4,4 %. Le plan français atteint 4,1 % du PIB. En Italie ou en Espagne, dont les marges de manœuvre budgétaires sont plus limitées, ils sont de 1,4 % du PIB seulement.
> Lire aussi  Olivier Blanchard, ancien chef économiste du FMI : « Une crise des dettes publiques paraît peu probable à court terme »
Pour financer ces plans, les Etats vont devoir d’autant plus s’endetter que les recettes fiscales vont chuter en raison de la récession. Les déficits publics vont s’envoler, à 15 % du PIB pour les Etats-Unis, 9 % pour la France et 7,5 % pour la zone euro.
Selon Generali, rien que dans l’union monétaire, les gouvernements vont émettre pour 1 120 milliards d’euros d’obligations cette année, soit un tiers de plus que la moyenne des années précédentes. Si ce montant est encore très incertain, il représentera quoi qu’il en soit un niveau historique.
• Qui achète ces obligations souveraines ?
Traditionnellement, ces obligations sont achetées sur les marchés financiers par les investisseurs privés. Il peut s’agir, par exemple, de l’argent des assurances-vie des Français, de fonds de pension américains ou de fonds souverains du Moyen-Orient. Pour eux, il s’agit d’un placement très sûr, au rendement fixe et garanti.
A ces acheteurs se sont ajoutées, ces dernières années, les banques centrales. Pour soutenir l’économie au lendemain de la crise de 2008, beaucoup se sont mises à racheter en masse les obligations émises par leur propre gouvernement. Pour cela, elles créent de l’argent ex nihilo, ajoutant une ligne de crédit dans leur système informatique. C’est ce qu’on appelle le « quantitative easing » (QE), pratiqué par la Banque centrale européenne (BCE) depuis 2015.
En mars, cette dernière a annoncé un « plan pandémie » de 750 milliards d’euros supplémentaires d’achat de titres. De quoi absorber l’ensemble des nouvelles dettes émises dans la zone euro, souligne Vincent Chaigneau, directeur de la recherche chez Generali : « Les rachats de la BCE vont dépasser les émissions nettes d’obligations (émissions brutes moins remboursement). »
• Les banques centrales peuvent-elles racheter des obligations sans limite ?
Avant même la pandémie, la BCE possédait 20 % des dettes publiques de la zone euro (18 % pour la France). D’ici à la fin de l’année, cette part va s’envoler. Mais jusqu’où ? Y a-t-il une limite ? A l’extrême, une banque centrale finit par provoquer de l’hyperinflation si elle émet trop d’argent pour financer la dette publique.
Mais ce scénario à la Zimbabwe paraît aujourd’hui très lointain et peu probable. Quand la Réserve fédérale (Fed), la banque d’Angleterre et la BCE se sont lancées dans les achats d’obligations, il y a une décennie, beaucoup craignaient un retour de l’inflation, mais celui-ci ne s’est pas matérialisé. En Europe, c’est même la déflation qui menace.
• Est-ce un problème d’afficher un endettement public trop élevé ?
La réponse est délicate, et pour cause : « Il n’existe aucun seuil absolu à partir duquel une dette devient soudainement problématique ou insoutenable », résume François Ecalle, ancien conseiller maître de la Cour des comptes. Ainsi le Japon n’a aucun mal à se financer en dépit d’un endettement frôlant les 250 % du PIB. Mais l’Espagne, elle, fut attaquée par les spéculateurs en 2010 alors que le sien était de 67 % du PIB seulement.
En fait, tout dépend de la capacité de l’Etat à rembourser. « Et celle-ci dépend d’une grande variété de critères, tels que son niveau de croissance, sa capacité à lever l’impôt, la stabilité de son système politique ou encore son degré de dépendance aux financements extérieurs », détaille Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Lorsque, en fonction de ces éléments, les créanciers commencent à douter, ils exigent des taux d’intérêt plus élevés en échange des prêts, au risque d’alourdir encore le poids des remboursements… C’est l’effet boule de neige, susceptible de conduire le pays au défaut de paiement.
Pour éviter que l’Espagne, l’Italie et la Grèce sombrent dans un tel scénario lors de la crise des dettes de 2010, la BCE a baissé son taux directeur au maximum – il est aujourd’hui à 0 % – pour faciliter leurs emprunts. En 2012, elle a éteint la spéculation en se disant prête à racheter massivement des obligations en cas de besoin, ce qui a rassuré les investisseurs.
Avec une dette qui devrait bondir de 135 % à 150 % du PIB cette année, l’Italie est de nouveau au centre des inquiétudes. Pour le moment, les taux bas et les rachats de la BCE assurent sa soutenabilité. Mais l’équation reste délicate : dans les années à venir, le poids des remboursements limitera la capacité de Rome à investir dans les projets susceptibles de gonfler sa croissance future – et donc, de l’aider à se financer.
• Peut-on annuler la dette publique ?
Depuis le début de la pandémie, les tabous économiques, tels que la règle européenne limitant le déficit public à 3 % du PIB, sautent les uns après les autres. Pourquoi ne pas faire preuve du même pragmatisme avec la dette ?
Plus facile à dire qu’à faire… Prenons l’exemple de la France, dont les obligations sont détenues à hauteur de 54 % par des investisseurs non résidents, comme des fonds de pension. Effacer les titres qu’ils détiennent serait courir le risque qu’ils refusent, à l’avenir, de prêter de nouveau à notre Etat − ou alors, à des taux prohibitifs.
Que dire des 25 % de dettes détenues par les banques et assureurs tricolores ? Les annuler pourrait déstabiliser ces établissements, au risque qu’ils réduisent leurs prêts aux entreprises et aux ménages, qui détiennent d’ailleurs, eux aussi, une partie de ces dettes dans leurs assurances-vie.
> Lire aussi  « Le rachat massif de titres d’Etat par la BCE ne créera pas d’inflation »
Reste les 20 % environ du fardeau français détenus par la BCE, par l’intermédiaire de la Banque de France. En théorie, les effacer serait indolore, soulignent nombre d’économistes tels que Laurence Scialom, professeure à l’université Paris-Nanterre. Mais les obstacles politiques ne manquent pas : « Cela reste interdit par les traités européens et surtout, les pays du Nord ne l’accepteraient jamais, souffle un fin connaisseur des institutions européennes. Une telle mesure pourrait conduire à la rupture de la zone euro, alors qu’il existe d’autres façons, plus subtiles, d’alléger les dettes. »
• Comment alléger ce fardeau sans l’effacer ?
« Une dette n’est pas faite pour être remboursée, mais pour être gérée », avance Frederik Ducrozet, de la banque privée Pictet. Lorsque l’activité repart, l’Etat engrange de nouvelles recettes fiscales et le PIB regonfle, ce qui contribue à réduire mécaniquement le poids de la dette – surtout si la croissance s’accompagne d’une inflation modérée. Augmenter la fiscalité ou couper dans les dépenses peut également y contribuer… Mais si elles sont mal calibrées ou activées trop tôt, de telles mesures peuvent briser la reprise et déclencher une autre récession : c’est ce qui s’est passé dans la zone euro en 2012.
Autre option : la BCE. « Tant qu’elle conserve les obligations souveraines qu’elle détient et les rachète lorsqu’elles arrivent à échéance, l’effet est très proche d’une annulation », résume Patrick Artus, chez Natixis. Pour enfoncer le clou, d’autres suggèrent que les Etats émettent des dettes sur vingt ou trente ans pour faire face à la crise du Covid-19, voire des bonds « perpétuels », jamais remboursés, que la BCE conserverait dans ses coffres. En zone euro, l’émission d’obligations communes – coronabonds ou eurobonds – permettrait également de soulager un peu les Etats du Sud, aux finances publiques plus fragiles.
Que faire lorsqu’un Etat est incapable d’honorer une échéance ? Dans ce cas, la restructuration, comme celle mise en œuvre pour la Grèce en 2012, est difficilement évitable : allongement de la durée des prêts, réductions des montants dus aux investisseurs privés, aides d’urgence des autres Etats… Des mesures exigeant de longues et douloureuses négociations avec les créanciers, parfois assorties de conditions draconiennes.
• Comment soulager les pays pauvres surendettés ?
La composition de la dette des pays pauvres diffère de celle des pays industrialisés : elle est en effet détenue en bonne partie par des créanciers publics, à savoir d’autres Etats qui leur ont accordé des prêts, ou bien des institutions internationales telles que le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale.
> Lire aussi  L’Afrique sous la menace d’une violente crise économique
Face à l’ampleur de la crise, les ministres des finances du G20 ont accordé, le 15 avril, une suspension temporaire des remboursements de 77 Etats à bas revenus, à hauteur de 14 milliards de dollars. « On peut imaginer qu’ils parviendront à s’entendre pour effacer une partie de ces dettes, mais il n’est pas sûr que cela suffise », ajoute Olivier Blanchard, ancien chef économiste du FMI.
Car près de la moitié des obligations de ces pays est détenue par des créanciers privés, comme des fonds d’investissement, bien plus difficiles à convaincre. Après le défaut de l’Argentine en 2001, le fonds vautour Elliott a ainsi harcelé Buenos Aires pendant plus de quinze ans pour obtenir le remboursement de son dû…
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/28/dettes-publiques-la-lourde-facture-de-la-crise-due-au-coronavirus_6037942_3234.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
7- Tribune. "Quels secteurs souhaitons-nous soutenir ?" : des entrepreneurs demandent un fonds d'urgence pour une "économie durable et humaine", France info, 28/04/20, 12:50

Face à la crise du coronavirus, les entreprises de la transition demandent "la création d'un fonds de soutien d'urgence dédié d'un milliard d'euros, accompagné de mesures de sauvegarde pour le secteur de l'impact environnemental et social", qui revendique 400 000 structures et trois millions d'emplois en France.
----------------------------------
"Ceux dont nous aurons besoin pour construire un monde d'avenir ne surmonteront pas les mois à venir sans un soutien d'urgence." C'est l'alerte qu'adressent au président de la République et au gouvernement des entrepreneurs de la transition, acteurs de "l'économie d'impact", engagés pour un "avenir durable, résilient et écologique".
Alors que les secteurs comme l'aéronautique ou l'industrie automobile pourraient recevoir des aides massives de l'Etat, pour faire face à la crise provoquée par le coronavirus, ces entrepreneurs, qui veulent voir dans la France un "leader mondial de l'économie durable", demandent un fonds d'aide d'urgence d'un milliard d'euros pour leur secteur.
Ils s'expriment ici librement.
----------------------------------
Il faut sauver les entreprises de la transition. Appel à un fonds d’urgence.
Tribune. Le coronavirus a déjà tué plus de 20 000 personnes en France et 200 000 dans le monde. Il pourrait également faire disparaître ceux qui construisent l'avenir dont notre monde a besoin : un avenir durable, résilient et écologique. C'est l'alerte que nous sonnons aujourd'hui.
Si les efforts se concentrent actuellement sur la crise sanitaire, la question qui occupe de plus en plus les esprits est celle du monde d'après. Poussés par notre tendance naturelle à espérer, à envisager des jours meilleurs, nous trouvons du réconfort en imaginant un plan de relance, comme un antidouleur face à la situation qui nous accable. Un plan de relance sera nécessaire. Oui. Celui-ci devra favoriser l'essor d'une économie durable et humaine. Oui.
Car ceux dont nous aurons besoin pour construire un monde d'avenir ne surmonteront pas les mois à venir sans un soutien d'urgence.
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/tribune-quels-secteurs-souhaitons-nous-soutenir-des-entrepreneurs-demandent-un-fonds-d-urgence-pour-une-economie-durable-et-humaine_3937493.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
8- Coronavirus : les collapsologues ont-ils gagné ?, Le HuffPost, 29/04/20, 04:19
Lauren Provost

La crise que nous traversons apporte-t-elle nécessairement de l'eau au moulin de ceux qui théorisent l'effondrement de notre société ? Voici ce qu'en disent Agnès Sinaï, Nicolas Bouzou et François Gemenne.
Conférence -  Pour annoncer son plan pour le déconfinement ce mardi 28 avril, Édouard Philippe n’a pas hésité à mettre en garde contre “l’écroulement” de notre économie. Un synonyme à peine masqué de l’“effondrement”, la matière première de ceux qui théorisent la fin du monde, ou du moins, la fin de notre société.
Ces dernières années, la crise environnementale et l’incapacité de notre civilisation mondialisée à y répondre ont fait craindre à de plus en plus de personnes un effondrement plus ou moins imminent de la société. Le mouvement a pris une telle ampleur qu’il porte un nom : la collapsologie.
En décembre, Le HuffPost consacrait un dossier spécial à ce sujet. Dans un sondage exclusif, nous révélions que 6 Français sur 10 redoutaient alors un effondrement de notre société. Les causes possibles ? Les Français craignaient en premier lieu le réchauffement climatique, en tête (36%) devant la surpopulation (17%) et la montée des inégalités (14%).
Cinq mois plus tard, la crise du coronavirus et ses conséquences donnent-elles raison aux adeptes et théoriciens de l’effondrement ? C’est le débat de notre conférence en partenariat avec Boma France qui s’est tenue en direct ce mercredi 29 avril. 
Parmi les invités de cette conférence (dont le replay est visible en tête d’article) : Agnès Sinaï, journaliste environnement. Après avoir été membre de la rédaction de la revue décroissante Entropia, elle a dirigé les publications de l’Institut Momentum, laboratoire d’idées dont elle est la fondatrice. Elle est l’auteure de divers ouvrages dont Sauver la Terre, co-écrit avec Yves Cochet, Labo-Planète, avec Catherine Bourgain et Jacques Testart ou encore Petit Traité de Résilience Locale avec Raphaël Stevens, Hugo Corton et Pablo Servigne.
Elle a fait part de ses opinions aux côtés de Nicolas Bouzou, essayiste spécialisé dans l’économie. Ses travaux portent sur la croissance, la politique économique, l’organisation territoriale et la santé. Il est directeur d’études et enseignant en MBA au sein de l’École de Droit et de Management à l’Université Paris II Assas. En 2015, il a cofondé le Cercle de Belém, un groupe de réflexion libéral et progressiste. Il est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages dont dont le très remarqué Le travail est l’avenir de l’homme et La comédie (in)humaine, co-écrit avec Julia de Funès, qui détaille toutes les dérives du monde de l’entreprise contemporaine. Il vient de publier Inventons la mondialisation de demain.
Le troisième invité de la conférence était François Gemenne, spécialiste en géopolitique de l’environnement et chercheur en science politique. En tant qu’auteur principal pour le GIEC, ses recherches sont essentiellement consacrées à la gouvernance internationale des migrations et du changement climatique. Il a publié ses travaux dans plusieurs revues, dont Science et Global Environmental Change, et est l’auteur de plusieurs ouvrages dont l’Atlas de l’Anthropocène.
Vous pouvez retrouver les précédentes conférences virtuelles du HuffPost et Boma France ci-dessous. Pour ne pas rater la prochaine, vous pouvez vous inscrire ici.
<https://www.huffingtonpost.fr/entry/effondrement-collapsologie-conference-debat_fr_5ea86519c5b6e45d27261c29>
______________________________________________________________________________________________________________________
9- Tribune. « L’ Organisation mondiale de la santé que nous voulons pour demain », Le Monde, 29/04/20, 07h05
Par Michel Kazatchkine, ancien directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ; Marie-Paule Kieny, ancienne sous-directrice générale de l’OMS ; Lelio Marmora,ancien directeur exécutif d’Unitaid ; Olivier Nay, professeur de science politique à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne ; Stéphanie Tchiombiano, coordinatrice du think tank Santé mondiale 2030

La pandémie de Covid-19 a montré l’urgence d’une réforme de fond de l’organisation onusienne, relève, dans une tribune « au Monde », un collectif de spécialistes des questions de santé publique internationale.
Tribune. Théâtre des tensions entre les Etats-Unis et la Chine, cible des attaques de Donald Trump et objet de griefs divers (lenteur, opacité, complaisance à l’égard de la Chine), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) traverse une période difficile. Les critiques affluent sur ce qu’elle aurait dû faire ou n’a pas su gérer et le mode très politique de sa gestion par le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, son directeur général.
> Lire aussi  L’OMS, une organisation affaiblie face à la stratégie sanitaire chinoise
L’OMS est loin d’être parfaite. On ne peut nier ses limites, ses dysfonctionnements, ni la lourdeur de ses procédures. Toutefois, loin de rejoindre ceux qui « tirent sur l’ambulance », nous pensons qu’il est essentiel de soutenir l’OMS dans son mandat, de réaffirmer son rôle de coordination des crises sanitaires mondiales et de clarifier ce que nous attendons d’elle. Jamais la nécessité d’une approche multilatérale n’a été aussi nécessaire. Jamais les questions de santé n’ont été aussi mondiales. La crise appelle à une solidarité internationale sans précédent et ne saurait être résolue nation par nation, comme certains le pensent avec illusion.
Tirant les leçons de l’épidémie de SRAS, tous les Etats du monde avaient ratifié et donné valeur de traité au Règlement sanitaire international (2005). Ils se sont engagés à détecter, à rapporter à l’OMS et à répondre à toute menace sanitaire de portée internationale. Mais la pandémie actuelle illustre, chaque jour, l’insuffisance d’anticipation et de préparation qui prévaut, y compris dans les pays dont les systèmes de santé sont parmi les plus performants. Clairement, les règles du RSI devront être revues et renforcées.
> Lire aussi  Les liaisons dangereuses entre l’OMS et la Chine ont marqué la crise du coronavirus
Le programme de gestion des situations d’urgence de l’OMS, chargé d’identifier les signes d’alerte et d’aider les pays, ne dispose pas de moyens suffisants. Le budget global de l’OMS, quant à lui, ne représente qu’un tiers du budget des Hôpitaux de Paris. Nombre d’Etats, en limitant leurs financements à l’OMS, privilégient leur souveraineté nationale en santé, dans un monde pourtant plus que jamais interdépendant et interconnecté.
Restaurer un dialogue multilatéral
Nous appelons la France à amplifier son message sur la restauration d’un dialogue multilatéral. C’est ainsi que le monde a su répondre aux grandes pandémies du sida, de la tuberculose et du paludisme, et aux besoins de vaccination dans les pays pauvres.
Nous appelons les Etats membres à prendre leur responsabilité dans la gouvernance de l’OMS et à lui demander de concentrer ses efforts sur six enjeux-clés. Emettre des recommandations claires sur les questions du Covid-19 qui restent en débat, qu’il s’agisse du port du masque, ou des traitements, dès lors que les essais cliniques en cours auront éclairé ces questions. Rappelons que l’OMS est constituée de médecins, scientifiques et spécialistes de santé publique dont la mission est de suivre l’état de la science et d’établir des normes de prévention et de traitement.
> Lire aussi  Le multilatéralisme à l’épreuve du coronavirus
Il est aussi nécessaire de proposer un mode unique et universel de recueil et d’expression des données épidémiologiques en cette période de questionnement sur la validité de certains chiffres (mortalité) ; au minimum, d’obtenir que les pays, lorsqu’ils transmettent leurs données, partagent leurs méthodes de calcul.
Coordonner l’information sur la recherche thérapeutique
Il faut accélérer l’évaluation, la présélection et la préqualification des tests diagnostiques de l’infection par le coronavirus et de l’immunité antivirale. Des centaines de tests sont élaborés dans le monde. Ils doivent répondre à des critères de qualité sur lesquels l’OMS fondera ses recommandations.
> Lire aussi  Multilatéralisme : « L’OMS est encadrée par les Etats bien plus qu’elle ne les encadre »
Il est tout aussi important d’assurer la coordination de l’information sur la recherche thérapeutique et vaccinale à l’échelle mondiale et de travailler, avec d’autres partenaires, à ce que ces produits de santé soient accessibles à un prix abordable partout dans le monde.
Faciliter la coordination logistique avec les bureaux régionaux, les agences de l’ONU et les fonds multilatéraux en santé est nécessaire pour faire parvenir réactifs, matériels de protection et traitements aux pays confrontés à l’urgence.
Soutenir les pays les plus fragiles
Enfin, il est indispensable de soutenir les pays les plus fragiles, dont les systèmes de santé sont précaires, pour maintenir un niveau de service maximal, en particulier pour les maladies chroniques et les soins de santé primaires.
Nous souhaitons pour demain une OMS légitime, dotée des moyens de s’assurer de la mise en œuvre de ses recommandations et capable de sanctionner les Etats membres qui ne se conforment pas aux impératifs collectifs.
Une OMS dont l’autorité technique est reconnue comme telle par les Etats membres, exempte de toute considération politique, et dont le financement ne dépend plus autant de contributions volontaires aléatoires.
Une OMS dont la gouvernance est reformée dans le sens d’un nouveau multilatéralisme, pour donner une place sincère à la société civile et au secteur privé ; une agence qui redevient « l’agence technique en santé » qu’ont souhaitée ses fondateurs en 1948. Une agence qui revoit la complexité de sa structure dans laquelle les directeurs régionaux sont élus par les ministres de la région, réduisant leur capacité à défier des décisions nationales parfois inadaptées.
La santé est un sujet fondamentalement politique. Elle exige de faire des choix contre d’autres priorités économiques. L’OMS se doit ainsi de proposer des solutions guidées par la science au service de la santé ; le choix de la réduction du tabac, de l’alcool, des boissons sucrées, des risques environnementaux contre les intérêts économiques de certaines entreprises ou Etats. Le choix de la maîtrise de la coordination des urgences sanitaires. Le choix de la transparence des données, quitte à ce que des observateurs indépendants s’en assurent, comme cela se fait pour assurer la transparence de certaines élections.
L’OMS ne changera pas si les Etats ne reviennent pas à la table du multilatéralisme en parvenant à dépasser les équilibres anciens et en donnant plus de place aux pays émergents et aux pays à ressources limitées sur tous les continents ; l’OMS ne changera pas si les Etats ne renoncent pas à quelques prérogatives de leur souveraineté au profit de l’accès à la santé, le premier des biens publics mondiaux. Si l’OMS n’existait pas, il faudrait l’inventer, alors réinventons ensemble celle que nous avons !
§ Au nom du think tank Santé mondiale 2030 http://santemondiale2030.fr
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/29/l-organisation-mondiale-de-la-sante-que-nous-voulons-pour-demain_6038077_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
10- Chronique. Aides d'État aux entreprises stratégiques : un chèque en blanc ou en vert ?, Actu-environnement, 29/04/20, 12h20

Le Parlement a adopté la deuxième loi de finances rectificative. Un débat intense s'est engagé pour savoir si ces mesures sont ou non assorties de contreparties environnementales. Le point de vue d'Arnaud Gossement, avocat associé, docteur en droit.
Dans le contexte actuel de crise sanitaire, le Parlement vient d'adopter une deuxième loi de finances rectificatives, datée du 25 avril 2020, qui prévoit des mesures de soutien aux entreprises stratégiques vulnérables. Aux termes de l'article 10 de ce texte, le Parlement a ouvert à plusieurs ministères, pour 2020 et au titre des comptes d'affectation spéciale, des autorisations d'engagement et des crédits de paiement supplémentaires de 20 milliards chacun. L'article 22 de ce même texte précise que ces mesures doivent permettre de renforcer les ressources « des entreprises présentant un caractère stratégique jugées vulnérables ». Il convient donc de souligner que nous ne parlons ici que des soutiens décidés dans le cadre de cette deuxième loi de finances rectificative. Nous ne parlons pas des aides d'État en général, ni même de tous les soutiens mis en place depuis le début de la crise sanitaire.
L'article 22 crée un mécanisme destiné à établir un lien entre ces soutiens et la protection de l'environnement. En premier lieu, il définit une obligation de « veille » à la charge de l'Agence des participations de l'État : « L'Agence des participations de l'État veille à ce que ces entreprises intègrent pleinement et de manière exemplaire, les objectifs de responsabilité sociale, sociétale et environnementale dans leur stratégie, notamment en matière de lutte contre le changement climatique. » L'obligation pèse donc sur cette Agence, et donc sur l'État et non, directement, sur les entreprises aidées. Indirectement, celles-ci devront toutefois démontrer à ladite agence que les exigences fixées par cette dernière sont respectées. En deuxième lieu, il s'agit d'une obligation très légère : l'Agence, qui dispose déjà d'une doctrine RSE doit « veiller » : du strict point de vue juridique, l'obligation sera aisée à satisfaire et aucune sanction n'est donc prévue. De même, le contenu de l'obligation est assez imprécis puisqu'il s'agit, pour l'Agence, de veiller au respect des « objectifs de responsabilité sociale, sociétale et environnementale dans leur stratégie, notamment en matière de lutte contre le changement climatique. »
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/aides-etat-entreprises-gossement-35395.php4>
______________________________________________________________________________________________________________________
11- Contribution. Le monde d’après : quelle monnaie ?, Le Triptyque Economique, 29/04/20

Contribution de Rémi Fauchet. Qu’il soit remercié pour cette confiance au Triptyque Économique comme lieu de réflexion et de proposition :
<https://jmmasson.files.wordpress.com/2020/04/monded_apres.2pages.2020-04-27.pdf>
La dimension monétaire étant généralement absente de ce qui a été publié jusqu’ici sur ce site, j’accueille bien volontiers cette réflexion déjà bien aboutie.
<https://jmmasson.wordpress.com/2020/04/29/le-monde-dapres-quelle-monnaie/>
Du même auteur :
> "Le nerf de la guerre" : quel financement & quel nouveau partage des richesses ? <https://lejourdapres.parlement-ouvert.fr/processes/lejourdapres/f/11/>, Le Jour d’après
______________________________________________________________________________________________________________________
12- Enquête. Covid-19 : la déflagration géopolitique 3/3. Coronavirus : Le difficile baptême du feu de la nouvelle présidente de la Commission européenne, Le Monde, 30/04/20, 06h00
Virginie Malingre 

Ursula von der Leyen, présidente depuis quatre mois de la Commission européenne, est critiquée pour avoir tardé, comme d’autres dirigeants, à prendre la mesure de la crise. 
Depuis le mardi 10 mars, le visage d’Ursula von der Leyen n’est plus tout à fait le même. Ce soir-là, lorsque la présidente de la Commission rend compte aux journalistes du conseil des chefs d’Etat et de gouvernement auquel elle vient de participer, elle a abandonné ce sourire immuable qu’elle donnait jusque-là à voir à chacune de ses apparitions. La veille encore, elle l’arborait en présentant à la presse le bilan de ses cent premiers jours à la tête de l’exécutif communautaire. Elle a beau avoir été médecin, Mme von der Leyen, 61 ans, est alors à des lieues d’imaginer à quel point la pandémie va bouleverser son agenda. Et personne ne l’a informée que les Vingt-Sept doivent se retrouver le lendemain pour évoquer le Covid-19… « Demain, pour le 101e jour, se réjouit-elle, nous présenterons la stratégie industrielle. Et pour le 102e, notre plan pour une économie circulaire. »
> Lire aussi  Le long chemin européen d’Ursula von der Leyen
Mme von der Leyen n’est pas la seule responsable politique à avoir eu, comme le formule un diplomate, « un retard à l’allumage ». Mais depuis, elle peine à reprendre l’initiative et semble souvent dépassée. Il ne lui a pas suffi de twitter « Nous sommes tous des Italiens », le 11 mars, pour convaincre qu’elle avait soudain pris la mesure du drame qui a touché ce pays avant de paralyser toute l’Europe.
A sa décharge, elle n’est pas en poste depuis quatre mois qu’elle doit affronter une crise sans précédent. Et, même si elle a été ministre d’Angela Merkel pendant quinze ans, elle « connaît mal l’écosystème communautaire et ses nuances », juge une source européenne. Tout comme sa garde rapprochée – son chef de cabinet, Bjoern Seibert, et son conseiller en communication, Jens Flosdorff – qu’elle a fait venir de Berlin. La manière dont « VDL » travaille génère aussi ces « retards à l’allumage ». « Elle cherche toujours un consensus avec les Etats membres, relève un commissaire. Elle ne va jamais les brutaliser, à l’inverse d’un Jean-Claude Juncker [son prédécesseur], qui passait son temps à engueuler les premiers ministres. »
Un registre trop « poli »
Au-delà de son goût très allemand pour le compromis, la présidente de la Commission se souvient des conditions de sa nomination – qu’elle doit aux Etats membres – et de sa difficulté à être, ensuite, investie par un Parlement européen qui s’est senti floué. « Elle ne veut perdre personne, ni le Nord, ni l’Allemagne, ni l’Est. Elle se veut au barycentre d’une Europe divisée », abonde l’élue européenne macroniste Nathalie Loiseau. Et, à trop vouloir ne fâcher personne, il lui arrive de perdre la main. Comme ce 6 avril, quand plusieurs gouvernements, dont celui de Berlin, lui demandent de renoncer à son projet de présenter ses recommandations pour un déconfinement coordonné. Cela aurait donné « l’impression d’annoncer la fin du confinement, alors que personne n’avait encore franchi ce pas », pointe un diplomate.
> Lire aussi  Les « somnambules » de l’Europe face à la crise du coronavirus
Conséquence, quand elle rend sa copie huit jours plus tard, elle apparaît de nouveau à la traîne, alors que les capitales ont commencé à exposer leurs plans de déconfinement, sans être toujours à l’unisson. « Sa présentation était très scolaire », regrette l’eurodéputé macroniste Stéphane Séjourné, qui juge néanmoins que la Commission a fait beaucoup depuis le début de la crise. « Elle aurait pu alpaguer les chefs d’Etat, prendre les choses en main. » Ce n’est clairement pas son style, tout en contrôle.
Avec ses équipes, aussi, « VDL » est sur un registre poli. Tous les jours, elle rassemble, en visioconférence, les commissaires qui travaillent sur la crise. « Elle a un côté maîtresse d’école ! Il y a peu d’échanges, chacun fait son exposé, on n’est pas dans le brainstorming », reconnaît un commissaire. La commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager, en profite pour tricoter quand elle n’a plus la parole. Et certains, comme son homologue au marché intérieur Thierry Breton, qui n’est jamais à court d’idées, rongent leur frein…
Lisse mais gaffeuse
Mme von der Leyen ne se laisse pas déstabiliser par ces critiques. Dans son bureau bruxellois, elle travaille sans relâche, déterminée, concentrée. D’autant qu’elle s’est fait aménager sur place une chambre de 20 mètres carrés, sans fenêtre, et rentre rarement en Allemagne – deux fois depuis le 10 mars –, où son mari et leurs sept enfants ont choisi de se confiner. En guise de repas, « elle grignote quelques biscuits », raconte une source. Parfois, elle s’accorde un jogging. « Pour le style de vie, elle est d’une rigueur toute germanique », constate un proche.
Dans ce contexte, il est difficile d’incarner l’Europe. Même quand on communique beaucoup. Sur Twitter, Mme von der Leyen explique, plusieurs fois par semaine, dans de courtes vidéos, le travail – méconnu – de la Commission. Allant jusqu’à donner une démonstration, en fredonnant l’Ode à la joie, d’un lavage de mains réussi. Elle y poste aussi des photos et des messages, en anglais, en français, en allemand. Et même en italien, quand il faut se rabibocher avec Rome. Car la présidente de la Commission, si lisse soit-elle, est gaffeuse. Ainsi, le 28 mars, elle qualifie de « slogan » les « coronabonds » auxquels Rome tient tant et au sujet desquels l’Europe se déchire. Avant, le 12 avril, de recommander à ses concitoyens « d’attendre avant de faire des plans » pour les vacances d’été… A chaque fois, elle a dû rectifier le tir.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/30/coronavirus-le-difficile-bapteme-du-feu-de-la-nouvelle-presidente-de-la-commission-europeenne_6038212_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
13- La Commission envisage un « crowdfunding » pour financer la relance européenne, EurActiv, 30/04/20, 09:02
Jorge Valero | translated by  Morgane Detry

La Commission a entamé des discussions avec plusieurs plateformes de crowdfunding sur une potentielle campagne de financement participatif à l’échelle de l’UE pour aider les acteurs économiques les plus touchés par la pandémie, selon un document interne consulté par Euractiv.
La note de la Commission, datée du 7 avril, invite les plateformes de crowdfunding à mener « une action conjointe » pour soutenir les citoyens, les petites entreprises et les travailleurs indépendants les plus affectés par les mesures de confinement.
L’exécutif européen propose de diriger et de coordonner la campagne à travers l’Union, y compris dans les États membres qui ne disposent pas de plateformes de financement participatif.
« Cela enverrait un signal fort de solidarité — non seulement aux niveaux national et local, mais aussi [à l’échelle] européenne — aux populations touchées dans tous les États membres », indique la note.
Le document explique que l’idée fait « l’objet de discussions informelles avec le secteur », et que la Commission a notamment déjà eu un premier contact « très positif » avec l’European Crowdfunding Network. Ce réseau de plateformes européennes de financement participatif assurera le suivi avec ses membres.
La campagne de crowdfunding permettrait de recueillir des fonds auprès des citoyens, des entreprises, des organisations et des philanthropes afin de contribuer, aux côtés du secteur public, à la lutte contre la crise.
Ce n’est pas la première initiative novatrice d’appel aux dons que prend la Commission depuis le début de la pandémie.
Le 4 mai, l’exécutif européen lancera une conférence internationale d’appel aux dons, en coopération avec d’autres acteurs mondiaux, pour financer le développement d’un vaccin contre le COVID-19.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/economie/news/commission-explores-eu-wide-crowdfunding-project-to-finance-recovery/>
______________________________________________________________________________________________________________________
14- Enquête Covid-19 : la déflagration géopolitique 3/3. Les « somnambules » de l’Europe face à la crise due au coronavirus, Le Monde, 30/04/20, 14h48
Jean-Pierre Stroobants, Sylvie Kauffmann et Virginie Malingre

Dans une série d’enquêtes, « Le Monde » expose les failles provoquées au sein des structures multilatérales par la crise sanitaire. Aujourd’hui, l’Union européenne, ébranlée par une épidémie qu’elle n’a pas vue venir.
Le 10 mars, la ministre des affaires étrangères suédoise, Ann Linde, est à Paris, pour une visite bilatérale. Dans la matinée, elle nous reçoit à l’ambassade de Suède ; la ministre, nous a-t-on expliqué, a des choses à dire sur l’Ukraine, d’où elle revient, la Russie, l’élargissement de l’Union européenne (UE) aux Balkans, toutes sortes de sujets diplomatiques chauds. L’actualité, cependant, nous incite à l’interroger d’abord sur une question brûlante : que pense-t-elle de la réponse européenne à l’épidémie provoquée par le coronavirus ?
A ce stade-là, l’Europe, comme l’orchestre du Titanic, ignore superbement qu’elle est en train de chavirer. Nous nous abstenons de serrer la main de la ministre, mais les « gestes barrières », nouveau code du sanitairement correct, ont encore quelque chose d’irréel.
Ann Linde botte en touche : la question sanitaire, répond-elle, relève des autorités nationales. Mais, quand même, insistons-nous, c’est un virus qui traverse les frontières, ne devrait-on pas s’organiser à l’échelle européenne ? La ministre suédoise évoque quelques démarches, puis, de nouveau, repousse la question : la santé est de la compétence des Etats, pas de l’UE. On ferme le ban. Et on passe à l’Ukraine.
Formellement, Ann Linde a raison. Elle n’est pas non plus la seule, à ce stade, à ne voir dans l’épidémie qu’une crise sanitaire, sans en mesurer la dimension politique ni imaginer le tsunami à venir. La présidente de la Commission européenne elle-même, Ursula von der Leyen, a tenu, la veille, à Bruxelles, une étonnante conférence de presse pour marquer ses cent premiers jours à la tête de la Commission. Il y a été beaucoup question du Green Deal, d’écologie, d’économie. Le coronavirus ? « On suit la situation en Italie. »
La situation, en fait, est dramatique. Ce jour-là, l’Italie compte déjà les morts par centaines, l’Espagne par dizaines, et les services des urgences hospitalières du Grand Est français commencent à voir affluer les patients. Cela fait une semaine que, à Paris, le président Macron a annoncé bouleverser son agenda « pour se concentrer sur la gestion de la crise ».
La veille de la conférence de presse de Mme von der Leyen, le nord de l’Italie a été placé sous strict confinement et un conseil de défense s’est tenu à l’Elysée. Emmanuel Macron demande alors à Charles Michel, le président du Conseil européen, où sont représentés les vingt-sept Etats membres de l’UE, de convoquer une réunion extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement. Cette réunion, la première en visioconférence, a lieu le 10 mars. Le lendemain, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qualifie l’épidémie de Covid-19 de pandémie : la crise sanitaire est désormais mondiale. Et l’Europe, après la Chine, en est l’épicentre.
L’Italie fulmine devant l’inertie de l’UE
Ce même 10 mars, l’ambassadeur italien auprès de l’UE, Maurizio Massari, a tiré le signal d’alarme dans une tribune publiée par Politico,dont le site européen est très suivi à Bruxelles. « Rome ne doit pas être laissé seul à gérer cette crise, écrit-il. Le moment est venu pour l’UE d’aller au-delà de l’engagement et des consultations, avec des mesures d’urgence concrètes, rapides et efficaces. (…) Dans cette bataille, nous faisons face à deux terribles ennemis : la panique et l’égoïsme. Si nous ne nous réveillons pas immédiatement, nous courons le risque de passer à la postérité, comme les leaders de 1914 qui ont marché vers la guerre les yeux fermés, comme des somnambules. »
> Lire aussi Le coronavirus  révèle les insuffisances de l’Union européenne
Le diplomate italien a choisi sa cible. Si l’absence de solidarité des Etats membres est flagrante, c’est l’appareil bruxellois qu’il veut, là, secouer. A Rome, on fulmine depuis des semaines devant l’inertie européenne : fin janvier, alors que l’Italie a déclaré l’état d’urgence et suspendu toutes les liaisons aériennes avec la Chine, le gouvernement demande une réunion extraordinaire des ministres de la santé européens. En vain. « A Bruxelles, on nous a répondu que ce n’était pas le moment, que ça pouvait se gérer au niveau technique, qu’il ne fallait pas semer la panique », dit au Monde une source italienne.
De fait, au « niveau technique », la question de l’arrivée du virus en Europe est bien examinée à intervalles réguliers, fin janvier, puis courant février, mais ne semble pas inquiéter outre mesure. Le comité de sécurité sanitaire, qui se penche sur le sujet, au sein de la direction générale de la santé de la Commission européenne, se repose sur les informations fournies par les représentants des Etats membres. Et, visiblement, personne ne s’affole encore à propos du niveau de l’équipement médical disponible pour faire face à une éventuelle pandémie.
La réunion des vingt-sept ministres de la santé que réclamait l’Italie a finalement lieu le 13 février. Ils se bornent à appeler à une meilleure coordination des mesures nationales. Le lendemain, la « DG santé » de la Commission se félicite que « la réponse efficace de l’UE à la menace de l’éruption possible de la pandémie » ait été reconnue lors de cette réunion.
Le surlendemain, 15 février, le Centre européen de contrôle et de prévention des maladies, dont le siège est à Stockholm, délivre un satisfecit au réseau de laboratoires de l’UE pour l’état de leur préparation au dépistage du SARS-CoV-2 ; il salue « une exécution rapide des diagnostics moléculaires par les réseaux de laboratoires spécialisés européens » et « une bonne couverture géographique pour les tests ».
Le réflexe du chacun pour soi
Avec deux mois de recul, un tel optimisme laisse perplexe. Mais les faits sont là, flagrants : sur le plan sanitaire, ni l’UE, qui n’est pas structurellement équipée pour agir dans ce domaine, ni les Etats membres qui, hormis les premiers touchés, semblent inconscients du danger, n’ont été à la hauteur du défi.
Cette « Europe qui protège », qu’Emmanuel Macron appelait de ses vœux au début de son mandat, a cruellement failli. Au moment où le danger a surgi, la plupart des gouvernements n’ont vu leur salut que dans le recours à l’Etat national : c’est lui qui protège, pas l’UE. Et tous ont découvert, effarés, en se battant pour importer des masques, la vulnérabilité de l’Europe, dépendante de la Chine.
« L’Italie a demandé l’activation du Mécanisme de protection civile de l’UE pour la fourniture d’équipements médicaux de protection, note encore M. Massari, le 10 mars. Malheureusement, pas un seul Etat membre n’a répondu à l’appel de la Commission. Seule la Chine a répondu. » C’est l’autre réalité impitoyable : la Chine et la Russie, constatant la désorganisation des Etats européens, profitent de ce désarroi pour monter d’énormes opérations de propagande, sous le couvert de livraison de masques – tout en menant, plus discrètement, une campagne de désinformation méthodique sur les réseaux sociaux européens.
Non seulement l’Europe n’est pas préparée, mais lorsque, enfin, elle ouvre les yeux, elle réagit de la pire manière possible : par le réflexe du chacun pour soi. A la crise sanitaire s’ajoute la crise politique. « Pas d’anticipation, pas de prévention, pas de coordination – la leçon est rude pour tous », constate en privé un commissaire issu de l’un des pays fondateurs de l’UE.
A la mi-mars, la multiplication des mesures unilatérales attaque directement deux piliers de l’UE : le marché unique et l’espace Schengen. Plusieurs pays, dont la France et l’Allemagne, ont interdit l’exportation de masques et de matériel médical au sein de l’UE et en privent l’Italie. Le 15 mars, l’Allemagne ferme ses frontières avec cinq de ses voisins : la France, l’Autriche, la Suisse, le Luxembourg, le Danemark. Du jamais-vu depuis la création de l’espace Schengen. A ce moment-là, dix pays ont notifié dans l’urgence leur intention de fermer leur frontière, comme les y autorise l’article 28 du code frontières Schengen, en cas de « menace grave ». L’Espagne, la Finlande, le Portugal vont suivre.
Des files de camions se forment partout – elles atteignent 100 km à la frontière entre la Hongrie et la Bulgarie. Il faut vingt-quatre heures aux routiers pour franchir la frontière polonaise. La Roumanie doit plaider pour un « corridor humanitaire » : des centaines de ses citoyens sont bloquées à la frontière entre l’Autriche et la Hongrie, qui a fait totalement cavalier seul. Le premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel s’alarme : si les frontaliers allemands et français qui travaillent dans les hôpitaux de son pays ne peuvent plus passer, le système sanitaire luxembourgeois risque la paralysie.
Crise économique et abîme politique
Ces huit jours autour de la mi-mars, marqués par une accélération brutale à la fois de la propagation du virus et de la prise de conscience générale de l’ampleur de la crise, voient tout basculer. Après l’Italie, l’Espagne décrète le confinement général de sa population le 14 mars, la France le 17.
Ursula von der Leyen confiera plus tard à l’agence de presse allemande DPA avoir « vu l’abîme ». Du bout des lèvres, la présidente de la Commission finit par reconnaître, dans une interview au quotidien allemand Bild, le 18 mars : « Je pense que nous tous, qui ne sommes pas experts, nous avons, au début, sous-estimé le coronavirus. » Elle est plus directe dans les excuses « les plus sincères » qu’elle présente à l’Italie, d’abord le 2 avril dans la Repubblica, puis devant le Parlement européen, au nom de « l’Europe dans son ensemble ».
C’est aussi le moment où l’UE, au bord du gouffre, recule d’un pas et commence à se ressaisir. A l’issue du sommet du 10 mars, Ursula von der Leyen et Charles Michel s’engagent à « faire tout ce qui sera nécessaire »pour affronter la crise. Ils vont désormais y consacrer 100 % de leur temps. Sur le volet sanitaire, il est malheureusement trop tard. « L’Europe bouge très lentement, c’est structurel, il faut avoir tout le monde à bord, s’attriste un acteur en première ligne à Bruxelles. Plusieurs fois je me suis demandé ce que ça donnerait s’il s’était agi d’une vraie guerre ! »
Mais derrière la pandémie se profile déjà une autre catastrophe, celle de l’effondrement des économies européennes, puis mondiales. Là, l’Europe est un peu mieux armée. Le 12 mars, alors que l’Italie passe le cap des 1 000 morts, la Banque centrale européenne (BCE) passe à l’action, non sans avoir dénoncé « la lenteur et la complaisance » des gouvernements des Etats européens.
Le moment se veut décisif, mais sa nouvelle présidente, Christine Lagarde, va devoir s’y reprendre à deux fois, après l’emploi, devant la presse, d’une formule malheureuse laissant entendre que la BCE est limitée dans sa capacité d’intervention. Les places boursières européennes, déjà en pleine déroute, s’effondrent. Christine Lagarde présentera ses excuses pour ce faux pas au conseil des gouverneurs de la BCE – l’histoire reconnaîtra peut-être que si beaucoup d’erreurs ont été commises dans cette crise, seules deux femmes s’en seront excusées.
A l’évidence, les mesures annoncées ne suffisent pas et sept jours plus tard, la BCE frappe un grand coup, annonçant cette fois un plan de sauvetage de 750 milliards d’euros. « Ces temps extraordinaires nécessitent une action extraordinaire, tweete Mme Lagarde. Il n’y a pas de limites à notre soutien à l’euro. »
> Lire aussi Coronavirus : les trois semaines qui ont chamboulé l’orthodoxie économique européenne
Mme von der Leyen s’est elle aussi mise au travail avec ses équipes, fiévreusement. Le 13 mars, flanquée de deux de ses vice-présidents, Margrethe Vestager et Valdis Dombrovskis (un troisième, Frans Timmermans, est en quarantaine, infecté par le virus), elle annonce deux mesures capitales, face à la récession qui se profile : la Commission autorisera les Etats à voler au secours des entreprises sans craindre de violer le sacro-saint droit communautaire de la concurrence ; et elle suspend le pacte de stabilité, qui limite les déficits budgétaires des pays européens. Deux dogmes économiques de l’Europe tombent d’un coup. Le Letton Dombrovskis, très attaché à l’orthodoxie budgétaire, a bien tenté de convaincre Ursula von der Leyen de ne pas en arriver là, mais cette fois, elle est déterminée.
Assurer la reconstruction solidaire des économies
Il faut protéger l’approvisionnement du marché intérieur européen en matériel médical. Il faut aussi, d’urgence, assurer la circulation des biens et des personnes – routiers, frontaliers, personnels de santé – à travers les frontières rétablies. « S’il n’y avait pas eu l’UE, aujourd’hui on serait en train de se mettre sur la gueule », assure un conseiller de la présidente. Les choses commencent à se fluidifier. « Chaque jour, une nouvelle dimension de la crise apparaissait », se souvient un proche de Mme Von der Leyen. Depuis le 10 mars, près de 60 textes ou règlements ont été adoptés et la Commission a pris plus de 160 décisions. « Certains week-ends, à la direction générale de la concurrence, ils valident entre quinze et vingt plans d’aide », assure un porte-parole de la Commission.
Début avril, les ministres des finances se mettent d’accord sur une aide de 540 milliards d’euros pour secourir les entreprises et sauvegarder le modèle social, ADN des Européens. Sur le plan sanitaire, c’est toujours la débâcle dans l’approvisionnement en masques et en tests, mais l’Allemagne redore son blason en accueillant dans ses hôpitaux plus de 200 patients français, italiens et néerlandais.
Après les mesures d’urgence, le plus dur reste à faire pour assurer la reconstruction solidaire d’économies dévastées par des mois de confinement, si l’Europe ne veut pas être engloutie dans ce désastre. Chaque pays, au niveau national, a mis sur pied des plans de relance, plus ou moins gigantesques selon ses moyens. C’est là qu’apparaît un paradoxe : ce choc externe que l’on croyait « symétrique » se révèle en réalité asymétrique car l’Italie et l’Espagne, les plus atteintes, avaient déjà été fragilisées par la crise de l’euro, il y a dix ans. Et c’est finalement un pays comme l’Allemagne qui – parce qu’elle en a les moyens – bénéficie le plus de l’assouplissement des règles décidé par la Commission. Les vieux démons de la divergence et de la division refont surface.
> Lire aussi « Nous appelons la Commission européenne à créer un fonds corona pour aider les Etats membres »
Giuseppe Conte, le premier ministre italien, part alors à l’offensive à l’approche du Conseil européen du 26 mars. Il propose aux pays les plus touchés d’écrire au président du Conseil, Charles Michel, pour réclamer « un instrument commun de dette » permettant un financement solidaire des dépenses de reconstruction. Sollicitée, la France est d’accord mais, soucieuse de ne pas rejouer l’affrontement Nord-Sud de la crise de l’euro (2009-2012), elle élargit le cercle : l’Irlande, le Luxembourg, la Belgique et la Slovénie viennent compléter l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce. Cela devient « La lettre des Neuf ».
Il n’échappe à personne que l’Allemagne ne fait pas partie du groupe des neuf. Et pour cause : c’est elle la cible principale. Pour la forme, Paris a prévenu Berlin de la démarche mais, reconnaît-on à l’Elysée, cette opération « a un coût politique pour la France », qui assume de ne pas s’inscrire dans le schéma classique du compromis franco-allemand. C’est la deuxième fois depuis le début du quinquennat qu’Emmanuel Macron prend une initiative européenne sans l’Allemagne (la première fois était, en mai 2019, l’engagement en faveur de la neutralité carbone en 2050).
> Lire aussi « La solidarité, c’est maintenant. Et c’est maintenant que l’image de l’Allemagne se dessine »
Angela Merkel est furieuse, mais cela ne se voit pas d’emblée : lorsque, le 26 mars, à 16 heures, s’ouvre un nouveau sommet des Vingt-Sept en visioconférence, la chancelière, chez elle en quarantaine, ne parvient pas à faire marcher sa caméra ; les autres dirigeants doivent se contenter d’une photo d’elle, plus jeune, et de la voix de l’interprète.
Confinement oblige, les aléas de la technique, qui interrompent régulièrement les discussions avec un « pardon, j’ai dû me reconnecter », privent surtout les leaders européens de ces précieux apartés où, dans les moments de blocage, on file discuter à l’écart. Charles Michel, lui aussi en début de mandat, comme Ursula von der Leyen, tente de compenser son manque d’expérience par l’humour, dans une atmosphère tendue.
De multiples fractures entre Etats-membres
Car les divisions éclatent au bout de deux heures, lorsque les premiers ministres espagnol et italien, Pedro Sanchez et Giuseppe Conte, rejettent le projet de déclaration commune et ce qu’ils considèrent comme un effort de solidarité insuffisant pour financer la relance des économies. Ensemble, ils font front contre Angela Merkel et Mark Rutte, le premier ministre néerlandais, qui refusent les « coronabonds » et tout ce qui peut ressembler à une mutualisation de dettes.
Seuls vétérans de la crise de l’euro, Merkel et Rutte sont très aguerris – trop, peut-être. Depuis l’Elysée, M. Macron intervient peu : il ne veut pas envenimer le conflit avec Berlin. Rome apprécie toutefois la fermeté de son soutien face à l’Allemagne, qui tente, selon une source italienne, « de dédramatiser la situation afin de limiter la réponse commune européenne ».
> Lire aussi « Les divisions européennes renvoient l’image d’une Europe impuissante depuis dix ans »
La discussion s’achève tard, au bout de six heures. Un journaliste allemand nous confie avoir été frappé, dans le briefing post-sommet réservé à la presse de son pays, par l’incapacité de la chancelière à comprendre l’émotion de MM. Conte et Sanchez à un moment dramatique pour leurs pays. Dès le lendemain, les récriminations éclatent au grand jour. Le premier ministre portugais, Antonio Costa, juge « répugnante » l’attitude des Pays-Bas. « On a heurté un iceberg, tweete la ministre espagnole des affaires étrangères, Arancha Gonzalez, au sujet des Néerlandais. Ce n’est plus le moment de discuter de qui est en première et en deuxième classe. L’histoire nous jugera. »
De sommets en réunions d’Eurogroupe, le débat se poursuit, depuis. Les Pays-Bas et leur très rigide ministre des finances, Wopke Hoekstra, servent de punching-ball, mais c’est bien l’Allemagne qu’il faut convaincre. Cette Allemagne qui, pour l’instant, sort renforcée de l’épreuve, ayant très bien géré la crise sanitaire et beaucoup moins souffert que l’Italie, l’Espagne, la France et le Royaume-Uni. « Si l’Allemagne est contre, rien ne bouge. C’est comme ça en Europe », souligne un ambassadeur à Bruxelles. A Paris, où l’on voit dans l’enjeu de ce débat « le moment de vérité » de l’Europe, on joue la patience et l’on croit voir les lignes bouger, lentement, du côté de Berlin.
Très cabossée, l’Europe se relèvera-t-elle de ses multiples fractures, Nord-Sud, mais aussi Est-Ouest ? Epargnés par la pandémie, les pays d’Europe centrale et les pays Baltes se sont barricadés derrière leurs frontières et auront leurs propres impératifs économiques à défendre ; la Hongrie et la Pologne, en ont aussi profité pour tordre un peu plus les règles de l’Etat de droit. Dans cette crise, note-t-on à l’Elysée, « ressurgit l’héritage mal digéré des crises précédentes », celles de l’euro puis des réfugiés. Et le retour en force de l’Etat-nation impulse une dynamique explosive, alors que Donald Trump a lâché ses alliés européens et que la Chine mène sur le continent une offensive sans précédent.
Pourtant, l’Europe du coronavirus n’est plus la même que celle de la crise de l’euro, il y a dix ans. « Le Nord s’est rétréci », note Caroline De Gruyter, auteure néerlandaise et chroniqueuse de l’Europe ; l’affaiblissement d’Angela Merkel, avant la crise, a laissé plus d’espace au volontarisme européen d’Emmanuel Macron. Le départ des Britanniques a aussi modifié les rapports de force. Et ce n’est plus la monnaie qui est en jeu dans ce nouveau défi de la solidarité, mais, cette fois, la vie et la mort.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/30/les-somnambules-de-l-europe-face-a-la-crise-du-coronavirus_6038197_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
15- Tribune. Coronavirus : « Les solutions propres et rentables sont un formidable levier pour une croissance économique qualitative plutôt que quantitative », Le Monde, 30/04/20, 16h30   
Collectif*

Sous la houlette de Bertrand Piccard, président de la Fondation Solar Impulse, douze patrons d’entreprise s’engagent, dans une tribune au « Monde », à mettre en œuvre des actions très concrètes pour assurer une relance propre de l’économie mondiale.
Tribune. La crise due au Covid-19 n’est pas terminée. Beaucoup de gens en souffrent encore et déjà des voix s’élèvent pour revenir « à la normale ». Mais qu’est-ce que cela signifie, après tout ? Avant la crise, la situation était-elle « normale » ? Notre société était fragilisée, pas suffisamment durable et socialement inéquitable. Déjà affectée par des changements climatiques, elle a été terrassée par la pandémie en cours. Est-ce vraiment cette société-là que nous voulons retrouver ?
Si la crise est censée déboucher sur un monde nouveau, à quoi ce monde ressemblera-t-il ? Partout fleurissent des tribunes, des analyses, et des opinions sur ces questions essentielles ; un peu comme s’il suffisait de souhaiter le changement pour qu’il se réalise.
Un monde meilleur
Nous, la Fondation Solar Impulse et les entreprises qui la soutiennent, n’appelons pas simplement de nos vœux un monde meilleur, nous nous engageons auprès de vous à le mettre en œuvre par des actions très concrètes.
Les partenaires de la Fondation Solar Impulse représentent plus d’un million d’emplois dans le monde et une part significative de l’économie mondiale. Nos activités permettent aux gens de se nourrir, se vêtir, se chauffer, se déplacer, de vivre des expériences, de s’épanouir et d’entreprendre ; nous fabriquons du matériel de santé, des produits du quotidien et des biens de luxe, des matières premières et des pneus ; nous gérons des produits financiers, construisons des infrastructures ; nous fournissons de l’énergie et en assurons une utilisation efficiente.
> Lire aussi  Coronavirus : « Il est temps de rebâtir un contrat social et fiscal plus juste »
En tant que grands acteurs économiques et industriels mondiaux, nous avons pleinement conscience de notre rôle dans la société. C’est pourquoi nous allons tout mettre en œuvre pour bâtir un monde meilleur après cette crise. Un monde à la fois plus propre, plus durable, plus juste, plus efficient, plus respectueux de la biodiversité et du climat…
Malgré la crise qui nous frappe comme des milliers d’entreprises, nous nous engageons à respecter nos objectifs environnementaux et à promouvoir une alimentation accessible et durable, des énergies renouvelables et des produits issus de circuits responsables, à réduire nos émissions de gaz à effet de serre, à soutenir les processus d’économie circulaire et l’utilisation efficiente des ressources.
Technologies devenues rentables
Comment ? Grâce aux technologies durables qui se développent partout dans le monde et que la Fondation Solar Impulse sélectionne, soutient et promeut depuis plusieurs années à travers son défi des 1 000 solutions. Il en existe en effet des milliers, dans les domaines de l’eau, de l’énergie, des infrastructures, de la mobilité, des processus industriels et de la production agricole.
Cet engagement, nous le prenons autant pour l’économie que pour la planète. En effet, ces technologies propres ne sont pas seulement bénéfiques pour l’environnement, elles sont devenues financièrement rentables.
En nous permettant de consommer une énergie renouvelable moins coûteuse, en rendant nos procédés industriels plus efficients, en réduisant le gaspillage et les déchets, en améliorant le recyclage, ces solutions propres et rentables sont un formidable levier pour une croissance économique qualitative plutôt que quantitative. Elles mettent en place un nouveau système économique fondé sur le remplacement de produits et procédés polluants par des produits et procédés durables. Consommer mieux, plutôt que consommer plus.
> Lire aussi  Bertrand Piccard : « Dans un an, nous aurons sélectionné 1 000 solutions rentables pour la planète »
Notre vision commune est celle d’un monde qui n’oppose plus les intérêts des activistes environnementaux et ceux des grands acteurs économiques et industriels, car nous partageons les mêmes buts : créer des emplois, participer au bien-être social, et améliorer la qualité de vie sur cette planète.
Un nouveau modèle
Bien que certains se réjouissent que l’arrêt des activités humaines diminue la pollution, la situation actuelle nous montre parfaitement combien le ralentissement économique est désastreux pour des millions de gens. Notre objectif commun est de construire un monde dans lequel la prospérité de nos sociétés va de pair avec celle de notre planète.
Les technologies pour ce faire existent, nous commençons déjà à en utiliser certaines, mais nous avons besoin qu’elles se généralisent. C’est pourquoi nous appelons unanimement les gouvernements à mettre en œuvre des politiques environnementales ambitieuses, avec des stratégies claires et des trajectoires adaptées par secteurs, qui nous donnent la sécurité nécessaire pour investir dans le futur.
> Lire aussi  « Où est le “grand patronat” qui pourrait prendre ses responsabilités et annoncer un autre monde ? »
Le cadre juridique et législatif doit permettre d’éviter la distorsion de concurrence entre ceux qui font preuve d’un esprit pionnier et ceux qui continuent d’agir comme si la crise environnementale n’existait pas.
La situation que nous vivons en ce moment, malgré ses aspects les plus terribles, est une opportunité pour reconstruire un nouveau modèle économique et industriel durable. Nous, la Fondation Solar Impulse ainsi que ses partenaires, nous nous engageons à le mettre en œuvre et vous appelons à en faire de même.
* Un engagement cosigné par Bertrand Piccard, président, Fondation Solar Impulse, et par les partenaires de la Fondation Solar Impulse : Bernard Arnault, président-directeur général, LVMH ; Pierre-Etienne Bindschedler, président-directeur général, Soprema ; Jean-Laurent Bonnafé, administrateur directeur général, BNP Paribas ; Jean-Pierre Clamadieu, président du conseil d’administration, Engie ; Ilham Kadri, présidente du comité exécutif et directrice générale, Solvay ; Georges Kern, directeur général, Breitling ; Florent Menegaux, président, Groupe Michelin et Movin’On ; Benoît Potier, président-directeur général, Air Liquide ; Anne Rigail, directrice générale, Air France ; Mark Schneider, administrateur délégué, Nestlé ; Markus Steilemann, directeur général, Covestro ; Jean-Pascal Tricoire, président-directeur général, Schneider Electric.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/30/coronavirus-les-solutions-propres-et-rentables-sont-un-formidable-levier-pour-une-croissance-economique-qualitative-plutot-que-quantitative_6038300_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
16- Sting, Brad Pitt, Juliette Binoche... les stars répondent à l'appel du photographe brésilien Sebastiao Salgado pour défendre les indigènes du Brésil contre le coronavirus, France info Culture avec agences, 04/05/20, 10:39

Le photographe brésilien Sebastiao Salgado a lancé le 3 mai une pétition en ligne réclamant des "mesures urgentes" des pouvoirs publics pour protéger les indigènes du coronavirus.
Le photographe brésilien Sebastiao Salgado a lancé le 3 mai une pétition en ligne signée par des stars comme Brad Pitt, Madonna ou Paul McCartney, réclamant des "mesures urgentes" des pouvoirs publics pour protéger les indigènes du coronavirus.
"Les peuples indigènes du Brésil risquent d'être décimés par le Covid-19 si des mesures urgentes ne sont pas prises pour les protéger", peut-on lire dans la pétition, déjà signée par 50.000 personnes dimanche à la mi-journée.
"Cela fait cinq siècles que ces ethnies sont décimées par les maladies amenées par les colonisateurs européens"
Parmi les signataires, de nombreuses vedettes du cinéma, comme les acteurs Sylvester Stallone, Meryl Streep, Richard Gere ou Juliette Binoche mais aussi des réalisateurs comme Pedro Almodovar ou Guillermo Del Toro. Le Prince Albert de Monaco, Nicolas Hulot et Sting ont également signé la pétition, ainsi que les top-models Naomi Campbell et Gisele Bundchen ou les chanteurs brésiliens Gilberto Gil et Caetano Veloso.
Les visages de ces stars apparaissent au début d'une vidéo conçue par le Brésilien Fernando Meirelles, réalisateur de la Cité de Dieu (2002) et des Deux Papes (2019). Sur cette vidéo circulant sur les réseaux sociaux, ont peut voir aussi des photos en noir et blanc d'indigènes, prises par Sebastiao Salgado en Amazonie.
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/sting-brad-pitt-juliette-binoche-les-stars-repondent-a-l-appel-du-photographe-bresilien-sebastiao-salgado-pour-defendre-les-indigenes-du-bresil-contre-le-coronavirus_3947829.html>
En savoir plus :
> Exclusif. Covid-19 : Salgado, McCartney, Madonna… L'appel urgent pour sauver les peuples indigènes du Brésil <https://www.lejdd.fr/International/exclusif-covid-19-salgado-mccartney-madonna-lappel-urgent-pour-sauver-les-peuples-indigenes-du-bresil-3965849>, Le JDD, 03/05/20
> Pétition. Lélia et Sebastião Salgado : Aidez-nous à protéger les indigènes d’Amazonie du Covid-19 <https://secure.avaaz.org/po/community_petitions/president_du_bresil_et_aux_leaders_de_sa_legistatu_lelia_et_sebastiao_salgado_aideznous_a_proteger_les_indigenes_damazonie_du_covid19/?cZZUvqb&utm_source=sharetools&utm_medium=copy&utm_campaign=petition-995243-lelia_et_sebastiao_salgado_aideznous_a_proteger_les_indigenes_damazonie_du_covid19&utm_term=ZZUvqb+po>
> Une vidéo de Sebastião Salgado appelle à protéger du Covid les peuples premiers du Brésil <https://www.nouvelobs.com/coronavirus-de-wuhan/20200504.OBS28328/une-video-de-sebastiao-salgado-appelle-a-proteger-les-peuples-premiers-du-bresil-du-covid.html>, L’Obs, 04/05/20, 10h06
______________________________________________________________________________________________________________________
En audio
17- Ecologie, travail, détente : neuf podcasts à écouter pendant le confinement, Novethic, 29/04/20
La rédaction

Après les Moocs, les livres et les films, Novethic vous propose cette semaine une sélection de podcasts inspirants à écouter en cette période de confinement. Des parcours de vie, une réflexion sur notre rapport au travail et à la nature, des solutions pour mener à bien les transitions climatiques et sociales ou l’inventaire des bonnes initiatives nées pendant la crise, à vous de choisir !
> Comprendre les transitions écologiques et sociales 
• "Pour que nature vive", va-t-on droit dans le mur ? Face à l’effondrement environnemental croissant, cette série de 12 épisodes donne longuement la parole aux chercheurs du Muséum national d’histoire naturelle pour mieux comprendre le monde qui nous entoure. Au menu : biodiversité et sixième extinction, santé et environnement, alimentation et nature, …  Le prochain épisode, sorti le 5 mai, se demandera si nous sommes trop nombreux sur terre. A écouter ici.          
• "D’utilité publique" décrypte l’économie durable : Pourquoi les entreprises et les investisseurs doivent sérieusement s’intéresser aux Objectifs de Développement durable (ODD) ? Les obligations vertes sont-elles la solution pour financer la lutte contre le changement climatique ? Et la technologie de la blockchain peut-elle révolutionner la vie des aidants ? Le podcast de la Caisse des Dépôts décrypte les enjeux de la transition écologique et sociale de façon pédagogique, avec des exemples très concrets. A écouter ici.      
• "Présages - Sur le vif", pour sortir de la sidération : Ce podcast, déjà bien installé dans le paysage auditif, a lancé au début du confinement une édition spéciale pour "tenter de sortir de la sidération, s’armer intellectuellement face au flot de nouvelles en continu, et se préparer à l’après". Parmi les invités récents, on trouve Philippe Bihouix, spécialiste des low-tech, Isabelle Attard, ancienne députée écologiste devenue anarchiste ou encore Matthieu Auzanneau, du Shift Project, spécialiste des questions pétrolières. A écouter ici.  
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/energie/transition-energetique/isr-rse/ecologie-travail-detente-9-podcasts-a-ecouter-pendant-le-confinement-148496.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
18- Déconfinement : 15 propositions sociales et écologiques pour le monde d'après, La rédaction de RTL, 02/05/20, 16:56

55 associations et syndicats proposent de revaloriser le RSA et d'augmenter les aides sociales pour limiter les conséquences du confinement. Ils appellent à ne pas oublier l'écologie.
Les citoyens doivent aussi prendre leur part pour préparer l'après-coronavirus. C'est l'objectif du "Pacte pouvoir de vivre" établi par 55 associations et syndicats. Pour elles, il est temps de changer de modèle avec un accent mis sur le social et l'écologie et des propositions concrètes.
>> Suite à (ré)écouter à :
<https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/deconfinement-15-propositions-sociales-et-ecologiques-pour-le-monde-d-apres-7800469690>
______________________________________________________________________________________________________________________
Deux publications
19- En ligne. Série « Libérer les imaginaires », Imagine demain le monde, épisodes 19, 20 & 21, 30/04/20

Comme chaque semaine depuis le début de la crise, notre magazine vous propose de suivre sa série « Libérer les imaginaires » en accès libre. Aujourd’hui, retrouvez Alain Damasio, l’écrivain de tous les possibles, une réflexion bien d’actualité autour de l’écologie de l’attention, et l’action de citoyens en alerte qui ont décidé de mettre leur nez dans la dette publique.
• Episode 19 - Alain Damasio : « Nous avons le devoir éthique de mobiliser des affects positifs, le désir, l’envie » [Imagine 133 / mai-juin 2019]
L’année dernière, Alain Damasio, un des écrivains de science-fiction français les plus reconnus, publiait « Les Furtifs ». Appels à la résistance et à l’éveil, ses livres ne reposent pas sur des scénarios exclusivement catastrophistes, comme souvent en science-fiction. Extrait : « J’essaie au contraire de mettre en récit des utopies concrètes, réalisables, désirables, de donner des pistes, parce que ça me semble plus efficace que l’alerte. J’en ai marre que l’on sollicite l’affect de la peur, de l’apocalypse... Donnez-nous envie de renouer les liens avec les plantes, les animaux, de retrouver ces liens que l’on a perdus parce que l’Occident moderne a décrété qu’il y avait une espèce d’ensemble qui s’appelle la nature et que cet ensemble est séparé de nous. » 
> A lire ici <https://www.imagine-magazine.com/lire/spip.php?article2653>
• Episode 20 - Faire le plein d’attention [Imagine 119 / janvier-février 2017]
Notre attention. Toujours plus sollicitée, souvent confondue avec la concentration, elle est aujourd’hui traitée comme une marchandise. À tel point que certains experts plaident pour une écologie de l’attention. Extrait : Comme le relève le philosophe américain Matthew B. Crawford en comparant le salon classe affaires d’un aéroport, sans bruit, sans publicité sur les murs, sans télévision, avec le reste de l’aérogare, « parce que nous avons permis à notre attention d’être transformée en marchandise, il nous faut désormais payer pour la retrouver ». 
> A lire ici <http://www.imagine-magazine.com/lire/spip.php?article2258>
• Episode 21 - Un audit de la dette par les citoyens [Imagine 118 / novembre-décembre 2016]
Comment a été contractée la dette publique ? Pourquoi a-t-elle explosé ? Afin de démontrer que les coupes dans les dépenses publiques ne relancent pas la machine économique, des groupes de citoyens décortiquent les budgets, interpellent leurs élus communaux, scrutent la dette de leur entité. En 2016, Imagine s’était penché sur ces initiatives locales qui permettent aux citoyens de se réapproprier le contrôle budgétaire et la démocratie. 
> A lire ici <http://www.imagine-magazine.com/lire/spip.php?article2216>
<http://www.imagine-magazine.com/lire/ <http://www.imagine-magazine.com/lire/>>
______________________________________________________________________________________________________________________
20- Déconfinement : 15 mesures urgentes pour le Pacte du Pouvoir de Vivre, dossier de presse et enregistrement de la conférence, 30/04/20

Les organisations du Pacte du Pouvoir de Vivre proposent 15 mesures écologiques et sociales urgentes à mettre en œuvre dès la fin du confinement
​Pour les 55 organisations du Pacte du Pouvoir de Vivre, le discours du Premier ministre hier devant l'Assemblée nationale concernant les conditions de mise en œuvre du déconfinement ne répondait pas pleinement aux besoins essentiels de millions de personnes en France.
Aujourdhui 30 avril, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, Amandine Lebreton, directrice du pôle plaidoyer à la Fondation Nicolas Hulot, Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre et Orlane François, présidente de la FAGE, ont dévoilé dans une conférence de presse virtuelle les 15 mesures écologiques et sociales à mettre en œuvre de manière urgente dans les semaines à venir pour répondre à la multiplication des menaces pour nos concitoyens.
> Veuillez trouver le dossier de presse comprenant la lettre au Premier ministre, le détail des 15 propositions, ainsi que l'enregistrement de la conférence de presse sur le lien suivant : 
<https://wetransfer.com/downloads/7460185e3bcfa9fa3c3390af20d930e320200430165617/a31bdd>
______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA PRÉSENTE REVUE DE PRESSE...
Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
Elle n’a pas de caractère exhaustif. Il s’agit d’une sélection pluraliste d’articles ou de dépêches, parfois antagonistes, ne faisant pas systématiquement la Une des journaux et regroupés en 6 thèmes, adressée par mail du lundi au vendredi, à raison d’un thème différent chaque jour.
Diffuser ces articles ne signifie pas automatiquement les approuver mais vise à vous surprendre, vous enrichir, vous donner envie d’en savoir plus, vous aider à relayer l’info, à passer à l’action, et même, à vous indigner ou à vous faire sourire ! Nous espérons qu’au moins un de ces articles répondra chaque jour à l’un de ces objectifs.
Si l’archivage récemment mis en place ne cous convient pas, pensez à conserver les articles qui vous concernent ou vous intéressent particulièrement.
Sur le fond et en complément de notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> & Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>, il s’agit là d’une modeste contribution à une meilleure compréhension du monde par l’éducation à la complexité.
Quant à la forme, elle se veut sans prétention et n'y associe aucune pièce jointe pour éviter de saturer votre boîte mail.
Pour agrandir la taille des caractères
A l’aide du clavier : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et appuyez sur la touche + autant de fois que vous le souhaitez jusqu’à ce que vous soyez en mesure de lire correctement.
A l’aide de la souris : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et tournez la molette de votre souris vers le bas pour agrandir. Cela fonctionne avec la plupart des navigateurs.
Merci pour votre indulgence.
NB : – Si vous êtes équipé(e) d’un antispam, n’oubliez pas de le formater pour vous permettre de recevoir la présente revue de presse.
- En pied de page de chaque message vous trouverez une adresse url qui vous permet :
• De vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner à votre gré ;
• D’accéder à un archivage.
- Pour entrer en liaison avec le gestionnaire de cette liste, adresser votre mail à : <f.demonclin(at)fnh.org <http://fnh.org/>>
- Economisez de l'énergie, du papier et de l'encre, n'imprimez ce message que si nécessaire.
_______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)...
NOS APPELS 
– Let’s Bio ! Ensemble pour des cantines bios et locales <https://www.letsbio.org/> pour bien nourrir nos enfants.
– Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
NOS CAMPAGNES 
– 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/> pour participer à l'émergence d'un modèle énergétique plus propre et durable
– Mon Restau’Responsable® <https://www.youtube.com/watch?list=PLh--7obE3XQ5hw0hyacAsOc7PLMneP7-N&v=Eo7AZvPE_MA> pour guider les professionnels de la restauration collective et valoriser leurs bonnes pratiques.
– J’agis pour la nature <http://www.jagispourlanature.org/> pour participer à des activités utiles et ludiques en pleine nature, près de chez vous.
NOS VIDÉOS PÉDAGOGIQUES 
– Sur notre chaîne You Tube <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>, retrouvez toutes nos vidéos.  
NOS PUBLICATIONS (les plus récentes) 
– Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>, janvier 2020
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
______________________________________________________________________________________________________________________
-------------- section suivante --------------
Une pièce jointe HTML a été nettoyée...
URL: <http://mailing.fondation-nature-homme.org/pipermail/revue-presse/attachments/20200505/510930db/attachment.html>


Plus d'informations sur la liste de diffusion revue-presse