[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international + 2 publications & 2 offres d'emploi (mercredi 13 mai)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mer 13 Mai 07:53:58 CEST 2020


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Enquête. Le souci de l’autre, un retour de l’éthique du « care » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/01/le-souci-de-l-autre-un-retour-de-l-ethique-du-care_6038332_3232.html>, Le Monde, 01/05/20, 06h00
2- Entretien. Adam Tooze : « L’ampleur de la crise s’aggrave de jour en jour, sous nos yeux » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/01/adam-tooze-l-ampleur-de-la-crise-s-aggrave-de-jour-en-jour-sous-nos-yeux_6038335_3234.html>, Le Monde, 01/05/20, 12h49
3- Exclusif. Von der Leyen, Michel, Macron, Merkel, Conte, Solberg détaillent le Téléthon mondial contre le Covid <https://www.lejdd.fr/Politique/exclusif-von-der-leyen-michel-macron-merkel-conte-solberg-detaillent-le-telethon-mondial-contre-le-covid-3965772>, Le JDD, 01/05/20, 22h18
4- Les dirigeants européens mettent sur pied une conférence en ligne des donateurs contre le Covid-19 <https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/02/les-dirigeants-europeens-mettent-sur-pied-une-conference-en-ligne-des-donateurs-contre-le-covid-19_6038448_3210.html>, Le Monde, 02/05/20, 11h08
5- Tribune. « Le XXIe siècle a commencé en 2020, avec l’entrée en scène du Covid-19 » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/02/jerome-baschet-le-xxie-siecle-a-commence-en-2020-avec-l-entree-en-scene-du-covid-19_6035303_3232.html>, Le Monde, 02/05/20, 13h25
6- Tribune. Confinement : « Pour quelques mois, la nation expérimente à grande échelle le quotidien des banlieues » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/03/confinement-pour-quelques-mois-la-nation-experimente-a-grande-echelle-le-quotidien-des-banlieues_6038487_3232.html>, Le Monde, 03/05/20, 05h15 
7- L'écologie, aussi, attend son déconfinement <https://www.lejdd.fr/Politique/lecologie-aussi-attend-son-deconfinement-3966005>, Le JDD, 03/05/20, 11h00
8- L'École polytechnique se lance dans le podcast avec « SIGMA » <https://grandes-ecoles.studyrama.com/ecoles-d-ingenieurs/actualites/l-ecole-polytechnique-se-lance-dans-le-podcast-avec-sigma-8598.html>, Studyrama, 04/05/20
9- Consultation. Coronavirus : Environnement, alimentation, santé… 19.000 propositions pour imaginer le monde d’après <https://www.20minutes.fr/planete/2772679-20200505-coronavirus-environnement-alimentation-sante-19000-propositions-imaginer-monde-apres-reste-plus-voter>, 20 Minutes, 05/05/20, 08h18
10- Tribune. Muhammad Yunus : « La crise du coronavirus nous ouvre des horizons illimités pour tout reprendre à zéro » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/05/muhammad-yunus-la-crise-du-coronavirus-nous-ouvre-des-horizons-illimites-pour-tout-reprendre-a-zero_6038665_3232.html>, Le Monde, 05/05/20, 14h08 
11- Covid-19 et affaiblissement des normes environnementales aux Etats-Unis <https://france-science.com/covid-19-et-affaiblissement-des-normes-environnementales-aux-etats-unis/>, France-science, 06/05/20, 10:16
12- Coronavirus : pour Nicolas Hulot, "cette crise sanitaire peut être transformée en crise salutaire" <https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-pour-nicolas-hulot-cette-crise-sanitaire-peut-etre-transformee-en-crise-salutaire_3950975.html>, France info avec France Inter, 06/05/20, 10:53
13- Une cinquantaine d’acteurs financiers décident de rejoindre l’alliance pour une relance verte <https://www.novethic.fr/actualite/finance-durable/isr-rse/une-cinquantaine-d-acteurs-financiers-decident-de-rejoindre-l-alliance-pour-une-relance-verte-148522.html>, Novethic, 06/05/20
14- Post Covid-19 : 73 organisations appellent les élus à une reconstruction écologique, sociale et sanitaire <https://www.actu-environnement.com/ae/news/appel-ONG-relance-covid19-reconstruction-ecologique-sociale-sanitaire-35440.php4>, Actu-environnement, 07/05/20, 13h50
15- Interview. «Chaque euro public investi dans la sortie de crise devra faire d’une pierre trois coups» <https://www.liberation.fr/terre/2020/05/07/chaque-euro-public-investi-dans-la-sortie-de-crise-devra-faire-d-une-pierre-trois-coups_1787692>, Libération, 07/05/20, 19:52
16- Covid-19 : pourquoi nous devons refuser leur « Monde d’Après » <https://mrmondialisation.org/covid-19-pourquoi-il-est-urgent-de-construire-le-monde-dapres/>, Mr Mondialisation, 07/05/20
17- Tribune. « Il faut combattre le lobbying aberrant pour un report des mesures en faveur de la transition écologique » <https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/05/08/il-faut-combattre-le-lobbying-aberrant-pour-un-report-des-mesures-en-faveur-de-la-transition-ecologique_6039039_4811534.html>, Le Monde, 08/05/20, 06h30
En audio
18- Monde d'après et écologie : l'indispensable rupture ? <https://www.franceinter.fr/emissions/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-du-mercredi-06-mai-2020>, France Inter, Le téléphone sonne, 06/05/20, 19h15 à 20h
En images
19- [Infographie] Les plans de relance peuvent être alignés avec l'Accord de Paris, sans coûter trop cher <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/infographie-une-relance-verte-ambitieuse-nous-permettrait-de-nous-aligner-avec-les-objectifs-de-l-accord-de-paris-et-ne-couterait-pas-si-cher-148508.html>, Novethic, 06/05/20
Deux publications
20- En ligne. De quelle couleur sera la relance ? <https://www.actu-environnement.com/mailings/aem402@home/>, Actu-environnement, Le mensuel des Pros de l’Environnement n°402, mai 2020
21- En ligne. Série « Libérer les imaginaires », Imagine demain le monde <http://www.imagine-magazine.com/lire/>, épisodes 22, 23 & 24, 08/05/20
Deux offres d’emploi
22- Les postes de responsable plaidoyer et de directeur/directrice sont ouverts <https://www.zerowastefrance.org/deux-nouveaux-recrutements/>, Zero Waste France, 05/05/20

Bien à vous,
Florence

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MISE EN LUMIÈRE DU JOUR : L’épidémie de Covid-19 a mis en lumière l’ensemble des métiers qui répondent à des besoins essentiels. Depuis 30 ans, les recherches féministes sur la capacité à prendre soin d’autrui n’ont eu de cesse de faire reconnaître ce travail invisible et les valeurs qui l’accompagnent. (cf. item 1)
CITATIONS DU JOUR : — "Jamais le monde n’a traversé un choc si violent, à une telle échelle, et dont l’ampleur s’aggrave de jour en jour, sous nos yeux". Adam Tooze, historien de l’économie réputé pour ses travaux sur la crise de 2008 et professeur à l’université Columbia (cf. item 2)
— "Notre compulsion productiviste mortifère est à l’origine même de la surexploitation des ressources naturelles, de la désorganisation accélérée du vivant et du dérèglement climatique". Jérôme Baschet, historien (cf. item 5)
IMPULSION DU JOUR : La pandémie a ouvert la voie aux appels et propositions pour un « monde d’après » différent. Les initiatives issues d’horizons multiples collectifs comme individuels et les propositions se multiplient tout en craignant que la reconstruction sociale et écologique soit sacrifiée. (cf. item 2, 7, 9, 10, 12, suite, 13, 14, 16, 17, 18, 19 & 20)
INITIATIVE DU JOUR : Les dirigeants européens détaillent le lancement le 4 mai "d'une grande conférence en ligne d’appel aux dons, [pour] un montant initial de 7,5 milliards d'euros (8 milliards de dollars) pour combler le déficit estimé de financement mondial". (cf. item 3 & 4) 
PLAIDOIRIE DU JOUR : Dans une note, les think tank I4CE et Terra Nova plaident pour que la politique de sortie de crise privilégie des mesures produisant le maximum d’effets positifs pour la santé, l’environnement et la relance de certaines filières économiques. (cf. item 15)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 120 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Enquête. Le souci de l’autre, un retour de l’éthique du « care », Le Monde, 01/05/20, 06h00
Claire Legros

L’épidémie de Covid-19 a mis en lumière l’ensemble des métiers qui répondent à des besoins essentiels. Depuis trente ans, les recherches féministes sur la capacité à prendre soin d’autrui n’ont eu de cesse de faire reconnaître ce travail invisible et les valeurs qui l’accompagnent.
C’est devenu un rituel fédérateur. Chaque soir à 20 heures, les soignants sont applaudis aux fenêtres. Sur les poubelles, des messages remercient les éboueurs de travailler malgré le danger. Les personnels des Ehpad sont fêtés en héros, de même que les caissières des supermarchés et les agents de sécurité. Hier invisibles, tous ces métiers font l’objet dans l’opinion d’une reconnaissance inédite, comme s’il fallait une catastrophe sanitaire pour révéler combien ils sont indispensables à la vie quotidienne.
La crise sanitaire « décape notre regard, rend visible une réalité habituellement tissée dans l’ordinaire de nos vies », constate Pascale Molinier, chercheuse en psychologie sociale, auteure de Le Care monde. Trois essais de psychologie morale (Lyon, ENS Editions, 2018). Pour la philosophe Sandra Laugier, codirectrice de l’ouvrage Le Souci des autres, éthique et politique du care (Editions de l’EHESS, 2005), « le fait que des individus s’occupent d’autres, s’en soucient et ainsi veillent au fonctionnement ordinaire du monde, tout cela va de soi en temps normal, on ne le voit pas. Il y a quelque chose d’extrêmement nouveau dans le fait de prêter attention aux personnes dont on tenait pour acquis qu’elles étaient là pour servir, et dont la fonction apparaît aujourd’hui comme centrale dans le fonctionnement de nos sociétés ». 
Trente ans de réflexion
Ces deux chercheuses ont contribué, avec la sociologue Patricia Paperman, à introduire en France l’éthique du « care », qui explore les valeurs morales communes à l’ensemble des gestes du service et du soin. Une réflexion qui, depuis une trentaine d’années, nourrit un courant philosophique vivant, animé de débats parfois houleux, et qui s’attache à faire reconnaître ce travail de la vie ordinaire, souvent assigné aux femmes et aux groupes les plus défavorisés de la population.
> Lire aussi : Ils sont soignants, livreurs, caissiers… Voyage dans le Paris des travailleurs non confinés
Largement documentée en sciences humaines et sociales, cette réflexion peine en revanche à émerger dans le discours politique, comme l’ont montré, en 2010, les réactions suscitées par le projet de Martine Aubry d’en faire le socle de la reconstruction du Parti socialiste. Son appel à une « société du “care” », à la fois « révolution des services publics » et « évolution des rapports des individus entre eux », provoque alors hostilité et sarcasme. A droite, Nathalie Kosciusko-Morizet y voit « le retour à un discours de l’assistanat social et des bons sentiments », tandis qu’au sein du PS Manuel Valls évoque « un recul pour la gauche et pour le pays, car l’individu n’est ni malade ni en demande de soins ».
> Lire aussi : La société du "care" de Martine Aubry fait débat
L’épidémie de Covid-19 et la brusque prise de conscience d’une vulnérabilité partagée semblent en passe de changer la donne. Peuvent-elle conduire à repenser l’organisation de la société et la hiérarchie sociale des métiers qui place ces fonctions essentielles en queue de peloton de la reconnaissance et de la rémunération ?
Un acte et des valeurs
Si la notion de « care » garde encore souvent son nom d’origine anglo-saxonne, c’est que la langue française n’a pas de mot pour en traduire la richesse sémantique. En anglais, le terme exprime l’acte de soin mais aussi le sentiment, et les valeurs qui l’accompagnent : il ne s’agit pas tant de « soigner » au sens médical que de « prendre soin », c’est-à-dire de donner de l’attention, de faire preuve de sollicitude, de faciliter la vie d’autrui en accomplissant des gestes quotidiens dans le souci de son bien-être et de son respect.
Dans l’histoire des idées, l’éthique du « care » émerge dans le sillage des études américaines féministes avec l’ouvrage de la psychologue Carol Gilligan, In a Different Voice, publié en 1982 (Une voix différente, Flammarion, 2008). La chercheuse y met en évidence que les critères de décision morale peuvent être différents selon le genre. Confrontés à un même dilemme éthique, les hommes ont plus souvent recours à des valeurs fondées sur l’impartialité et des principes abstraits de justice pour motiver leur décision, tandis que les femmes ont tendance à valoriser l’impact concret de leur choix, la valeur et le souci de l’autre en recherchant la meilleure solution pour préserver et entretenir les relations humaines qui sont en jeu.
Pourquoi cette différence ? Accusée d’essentialisme, Carol Gilligan se défend de vouloir naturaliser ces compétences. Loin d’être innée, l’aptitude à la sollicitude développée par les femmes est, selon elle, au contraire construite par un système qui les assigne dès la naissance au bien-être des autres. Ne pas le reconnaître, c’est « refuser de voir la réalité sociale et historique de ces pratiques »,estime-t-elle.
Si elle s’enracine dans l’histoire du féminisme, l’éthique du « care » n’est pas pour autant le monopole des femmes. Dix ans après Gilligan, une autre intellectuelle féministe américaine, Joan Tronto, prolonge sa réflexion dans Un monde vulnérable. Pour une éthique du care (publié en 1993 aux Etats-Unis et publié en français en 2009, aux éditions La Découverte), ouvrage dans lequel elle montre que cette aptitude au souci des autres, le plus souvent portée par les femmes, concerne aussi les hommes dans de nombreux métiers. Mais ces compétences sont occultées au profit de valeurs de performance.
Refusant d’opposer une morale de la femme à une autre, celle de l’homme, Joan Tronto propose une définition plus large du « care » qui « comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre “monde”, de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible ». Cette charge, souligne Tronto, est inégalement répartie entre les individus, les « pourvoyeurs de “care” » – dont une majorité de femmes – étant trop souvent dévalorisés. Elle mérite d’être reconnue et mieux partagée car c’est elle qui maintient la cohésion, voire la survie, de la société tout entière. Sans elle, la vie devient impossible.
> Lire aussi Carol Gilligan et Susan Moller Okin : le propre des femmes
Selon Joan Tronto, si ces fonctions sont dévalorisées, voire ignorées, c’est parce que toute la société s’est construite sur la négation et l’invisibilité de la dépendance au soin. La philosophe met ainsi en évidence les limites de ce que l’on perçoit souvent comme une vie libre et autonome. En réalité, cette autonomie revendiquée dépend étroitement d’une myriade d’individus qui prennent en charge une part importante de notre quotidien. Ce n’est souvent que lorsqu’on est confronté à un changement de vie radical – la maladie, le handicap, la mort d’un proche, une catastrophe – qu’une prise de conscience de l’extrême dépendance qui nous relie aux autres pour nos besoins vitaux peut s’opérer.
Selon Fabienne Brugère, professeure de philosophie à l’université Paris-VIII, qui a contribué elle aussi à faire connaître le sujet à travers ses ouvrages (L’Ethique du care, « Que sais-je », PUF, 2017 ; Le Sexe de la sollicitude, Seuil, 2008), l’éthique du « care » remet en cause « une société dans laquelle la réussite individuelle passe par la capacité à devenir un entrepreneur de soi peu soucieux des autres ou du collectif ».
Alors que les ouvrages de Gilligan et de Tronto suscitent d’emblée le débat aux Etats-Unis, la notion n’émerge pleinement en France qu’au début du XXIe siècle. Elle irrigue depuis un vaste éventail de sujets en philosophie morale, en sociologie et en psychologie sociale : la répartition et la délégation des tâches domestiques au sein du foyer, la prise en charge de la vieillesse et le rôle des aidants, la place des patients et des familles dans le processus de soin, l’organisation du travail hospitalier… Autant de travaux qui font entendre, selon la formule de la sociologue Caroline Ibos, les « voix étouffées ou minorées par le genre, la classe ou la race, celles des domestiques, des aides-soignantes, des “femmes de réconfort”, des personnes en situation de handicap… ».
Domination et inégalités
Car en affirmant l’importance morale de ces tâches, les recherches sur le travail du « care » mettent aussi l’accent sur les rapports de domination et les inégalités qui le traversent. Historiquement dévolus aux femmes, les gestes de la vie ordinaire ont été longtemps circonscrits à la sphère domestique et privée. Lorsque ces fonctions ont investi l’espace public et se sont professionnalisées, les femmes y sont restées majoritaires, notamment dans le domaine du soin médical. Pour l’historienne Mathilde Rossigneux-Méheust, qui a coordonné en septembre 2019 un numéro spécial sur « le travail de “care” » dans la revue historique Clio. Femmes, genre, histoire, « les métiers soignants d’aujourd’hui sont les héritiers directs de l’économie charitable du soin et de l’assistance au XIXe siècle, avec l’emploi gratuit ou mal rémunéré d’une majorité de femmes ». Un engagement « valorisé » à l’époque pour les jeunes filles, notamment à travers « la notion de vocation » qui permettait de « justifier des conditions de travail dégradées », voire une absence de rémunération au sein des congrégations religieuses.
> Lire aussi « La notion de “vocation” des soignants a souvent justifié des conditions de travail dégradées »
Cette histoire pèse encore aujourd’hui sur les conditions de travail et les inégalités de salaires, y compris depuis que ces professions sont mixtes. « Le passage de la gratuité à la vie professionnelle s’est opéré dans un certain flou, sans que les compétences déployées dans ces métiers – l’attention à autrui, l’altruisme ou la patience – soient reconnues à leur juste valeur, rappelle l’économiste Rachel Silvera, codirectrice du réseau de recherche international et pluridisciplinaire MAGE (« Marché du travail et genre ») et auteure de Un quart en moins,des femmes se battent pour en finir avec les inégalités de salaires (La Découverte, 2014). A la différence des professions à prédominance masculine, il n’y a pas eu, au départ, de valorisation professionnelle de ces compétences par la négociation, le rapport de force ou la reconnaissance des formations et des diplômes », précise-t-elle.
Dans les hôpitaux et les Ehpad, ce sont en majorité des femmes qui prennent en charge aujourd’hui les malades du Covid-19. Elles représentent au total 87 % des infirmiers et 91 % des aides-soignants en France, avec des rémunérations souvent faibles, selon l’économiste Rachel Silvera qui travaille à partir de données de l’Insee et de la Dares (études statistiques du ministère du travail). La proportion de femmes atteint 73 % chez les caissiers et vendeurs dans les supermarchés, et 76 % des agents d’entretien. Elle est plus forte encore dans les métiers de service à la personne, avec 97 % de femmes chez les aides à domicile et les aides ménagères, des emplois qui cumulent bas salaires, temps partiel et trajets en voiture. Et lorsque ces métiers de soin et de services sont exercés par des hommes, ils restent dévalorisés, peu payés, et souvent assurés par les groupes les plus défavorisés de la population.
> Lire aussi Rachel Silvera : « Ce que cachent les inégalités salariales entre les femmes et les hommes en Europe »
Plus récemment, les analyses du « care » ont mis en évidence une nouvelle forme de domination dans les métiers de services à la personne. Sous la pression conjuguée de l’augmentation du travail des femmes et de l’émergence des questions de dépendance dans les sociétés occidentales, un marché mondialisé du soin d’autrui a vu le jour. C’est d’ailleurs l’un des paradoxes du féminisme aujourd’hui, mis en lumière par les travaux de la sociologue américaine Arlie Hochschild sur les « chaînes mondialisées du “care” » : si l’engagement professionnel des femmes a pu se développer dans les pays du Nord, ce n’est pas tant parce que les tâches ont été mieux réparties au sein des foyers mais parce qu’elles ont été déléguées, du moins dans les milieux citadins et aisés, à d’autres femmes socialement moins favorisées, souvent immigrées des pays du Sud. Dans les grandes métropoles, « les femmes qui réussissent socialement ne peuvent le faire que si d’autres femmes, pauvres, prennent en charge les tâches domestiques et la garde des enfants », constate la sociologue Caroline Ibos, qui a observé cette délégation du soin à travers les relations entre gardes d’enfants africaines et employeurs parisiens(Qui gardera nos enfants ?, Flammarion, 2012). Etre femme, d’origine étrangère et avec un revenu socio-économique faible renforce ainsi l’assignation au travail du « care ».
Critique de l’éthique libérale
On comprend mieux dans ce contexte pourquoi la réflexion a du mal à émerger dans l’espace public. Généralement associé à un domaine d’activité réservé aux femmes, en lien avec les sentiments, le cadre familial et l’intime, le souci quotidien des autres reste souvent considéré comme un sujet mineur et sans valeur morale, ni politique. « Il peut même susciter un rejet fondamental parce qu’il touche à ce qu’on ne veut pas voir du corps et de sa vulnérabilité, et révèle que nous dépendons d’autrui, note Sandra Laugier. Sans parler des réactions sexistes qui le renvoient au rang de “nunucherie”, comme on l’a entendu en 2010. »
La notion s’inscrit aussi dans une critique de l’éthique libérale et des politiques dominantes depuis une quinzaine d’années. « Les valeurs morales discrètes du souci quotidien d’autrui se laissent difficilement appréhender par le modèle libéral individualiste, qui valorise l’autonomie personnelle », souligne la philosophe Sandra Laugier. A l’héroïsme guerrier convoqué par le président de la République dans les premières semaines de l’épidémie, l’éthique du « care » préfère la notion de responsabilité, individuelle et collective. « Associer le soin à la guerre était une façon de masquer l’insuffisance de l’Etat qui, lui, n’a pas pris ses responsabilités en laissant les soignants sans protection au début de l’épidémie, estime Pascale Molinier. Mais c’est aussi un contresens. Quand on est soignant, on ne peut pas ne pas soigner. C’est une question d’ethos [manière d’être sociale], de rapport avec sa compétence, avec ce que l’on est capable de faire et que personne ne peut faire à notre place. Et l’on veut à raison être protégé pour cela. »
La prise de conscience qui émerge aujourd’hui suffira-t-elle à renverser la hiérarchie sociale des métiers et à transformer durablement l’organisation de la société ? Lors de son allocution télévisée du 13 avril, le chef de l’Etat a promis un « plan massif pour notre santé,notre recherche, nos aînés, entre autres »,avant d’ajouter, sans citer de professions en particulier : « Il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. » Abandonnant le vocabulaire militaire, le président de la République a conclu son discours en adoptant les mots du « care » – « Prenez soin de vous, prenons soin les uns des autres, et nous tiendrons ». On est loin des moqueries essuyées à l’époque par Martine Aubry.
> Lire aussi Le grand âge, un enjeu prioritaire
Pour autant, la reconnaissance de la charge du souci d’autrui ne peut se satisfaire d’applaudissements ni de paroles. Les primes attribuées à certains secteurs et annoncées le 15 avril ne suffiront pas. Pour Sandra Laugier, « l’affirmation éthique de l’importance et de la dignité du “care” ne peut se faire sans une transformation sociale et une réflexion politique portant sur l’allocation des ressources et la répartition des tâches qu’il définit ». Car prendre en charge le soin de la vie ordinaire réclame du temps et des moyens. « Ecouter des clients stressés et continuer à leur sourire quand on tient une caisse de supermarché, cela relève d’une compétence, de même que prendre le temps de parler avec une personne vulnérable avant de lui faire sa toilette, estime Rachel Silvera. Or, aujourd’hui, on évalue le travail d’une hôtesse de caisse au nombre de ses clients, et celui d’une auxiliaire de vie au poids des chemises repassées. » Pour l’économiste, revaloriser ces métiers est « la condition essentielle pour que les hommes y viennent et se revendiquent des valeurs morales qui y sont associées ». Une façon, pour l’Etat, de mieux répartir la tâche, et de « prendre soin » des siens à son tour.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/01/le-souci-de-l-autre-un-retour-de-l-ethique-du-care_6038332_3232.html <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/01/le-souci-de-l-autre-un-retour-de-l-ethique-du-care_6038332_3232.html>>
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2- Entretien. Adam Tooze : « L’ampleur de la crise s’aggrave de jour en jour, sous nos yeux », Le Monde, 01/05/20, 12h49
Propos recueillis par Marie Charrel 

Pour l’historien de l’économie, professeur à l’université Columbia, « le monde n’a jamais traversé un choc si violent ». 
Réputé pour ses travaux sur la crise de 2008, l’historien de l’économie Adam Tooze, professeur à l’université Columbia, estime que la récession liée à la pandémie due au coronavirus entraînera une vague de faillites difficilement évitable. S’il trouve « hypocrite d’affirmer que la mondialisation est une mauvaise chose », il plaide pour une croissance plus sensée tout en redoutant que l’urgence écologique soit, une nouvelle fois, reléguée au second plan.
L’humanité a-t-elle déjà traversé une crise comparable au cours des siècles passés ?
Non. Arrêt simultané de la production, des échanges et des voyages dans pratiquement tous les grands pays… Jamais le monde n’a traversé un choc si violent, à une telle échelle, et dont l’ampleur s’aggrave de jour en jour, sous nos yeux. En cinq semaines, 26 millions d’Américains se sont inscrits au chômage. Au moment où je vous parle, j’observe une file de près de 300 mètres de long devant une pharmacie, avec des personnes espacées de deux mètres, sous mes fenêtres. Jamais pareille scène n’a été vue aux Etats-Unis.
> Lire aussi  Aux Etats-Unis, plus de 26 millions de personnes sont désormais au chômage
Comment éviter des faillites à la chaîne et un désastre social ?
Les gouvernements des pays industrialisés en font beaucoup pour soutenir les entreprises et les ménages – rappelons que la consommation des Américains est le principal moteur de l’économie mondiale, il est essentiel de la maintenir. Malgré tout, les dégâts seront inévitables. La plupart des PME et des petites entreprises, aux Etats-Unis comme ailleurs, dégagent très peu de marges financières. Elles n’ont pas de quoi tenir pendant des semaines, voire des mois. Les faillites seront nombreuses.
Combien de temps sera nécessaire pour nous en remettre ?
Il y a de grands débats sur la forme que prendra la reprise : en « U », en « V », en « L », en « W » ? Il est impossible d’apporter une réponse, car personne ne sait comment évoluera la pandémie et, en conséquence, comment l’économie redémarrera. L’intensité du problème en Europe prête cependant peu à l’optimisme. Il n’est pas certain que l’Allemagne, très dépendante des exportations, sera l’un des moteurs de la reprise.
> Lire le reportage : A Berlin, « si les touristes ne reviennent pas, on ne tiendra pas six mois »
La dette a régulièrement été le ferment des révolutions dans l’histoire. Comment traiter ce problème, à l’issue de la crise ?
C’est une question très politique. Les pays à bas revenus sont dans une position difficile, car ils sont très dépendants des pays riches pour leur financement. Le cas de la dette publique des nations industrialisées est différent. Si l’on schématise, ces dernières se doivent de l’argent à elles-mêmes : les contribuables doivent rembourser d’autres ménages détenteurs de la richesse au sein de ces mêmes pays.
> Lire notre décryptage : Dettes publiques : la lourde facture de la crise due au coronavirus
La question des dettes est donc celle, au fond, de la redistribution : qui paye maintenant ou plus tard, sur qui prélèvera-t-on plus d’impôts pour rembourser ? En conservant très longtemps ces dettes sur leurs bilans, la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale (Fed) pourront alléger une partie du problème.
La dégradation des finances publiques pourrait-elle faciliter l’instauration d’un impôt minimum mondial sur les sociétés, comme en discutaient l’Europe et les Etats-Unis avant la crise ?
C’est une idée formidable, tout comme celle d’instaurer une fiscalité plusprogressive sur la richesse. Mais elle est loin de faire consensus au sein des pays du G20. Il est difficile d’imaginer que l’Union européenne (UE), dont plusieurs Etats membres favorisent l’optimisation fiscale de façon peu coopérative, et où les conservateurs ont obtenu l’application de politiques d’austérité sévères après la crise de 2008, aille dans une telle direction.
Tensions avec la Chine, crise des émergents, pénuries alimentaires… Quels risques vous préoccupent le plus ?
Les relations entre Pékin et Washington, tout comme celles entre les Etats-Unis et l’Europe, sont très peu lisibles pour le moment. Tout est suspendu, et le sera probablement jusqu’à l’élection présidentielle américaine de novembre.
Je suis bien plus inquiet de la situation des pays émergents, en particulier celle des producteurs d’hydrocarbures. Prenez l’Algérie : 85 % des entrées de devises proviennent du gaz et du pétrole, dont les prix se sont effondrés. Comment continuer à payer les fonctionnaires, à assurer les dépenses publiques dans ces conditions ? Les conséquences économiques et sociales seront dramatiques. Le confinement limite la protestation populaire pour l’instant, mais étant donné que le fragile gouvernement algérien prépare des coupes budgétaires de l’ordre de 30 %, le calme risque de ne pas durer.
> Lire aussi  Coronavirus : dans les pays émergents, le risque d’explosion de l’extrême pauvreté
Comment, après le confinement, concilier l’urgence sociale et l’urgence écologique ?
Ce sera encore plus difficile. J’ai assez peu de sympathie pour ceux qui affirment que la pandémie offre une belle occasion pour revoir nos modes de consommation et adopter la décroissance. Cette crise n’est pas une opportunité, c’est un désastre ! Elle illustre de façon très nette ce qui se passe, justement, lorsqu’on adopte la décroissance de façon brutale : des millions de personnes perdent leurs emplois et souffrent de la faim. La leçon à en tirer est qu’il faut préparer de façon extrêmement précise la transition si l’on veut changer de modèle, en regardant de près qui souffre de l’arrêt de l’activité.
La pandémie soulève également une question douloureuse : si nous n’hésitons pas à mettre l’économie en pause pour stopper la propagation d’un virus et sauver des vies, pourquoi ne sommes-nous pas prêts à faire la même chose pour enrayer le réchauffement climatique ? Probablement parce que, dans le cas de l’environnement, le résultat ne serait pas visible avant des années…
> Lire l’entretien : Coronavirus : « L’origine de l’épidémie de Covid-19 est liée aux bouleversements que nous imposons à la biodiversité »
Peut-on malgré tout espérer que le monde de demain soit différent ?
Il me semble hypocrite d’affirmer que la mondialisation est une mauvaise chose. Ce confinement nous rappelle à quel point nous avons besoin de voyages, d’échanges, de communication. En revanche, il est certain que nous devrons mieux gérer les risques et re-régionaliser une partie de la production, comme celle de masques et ventilateurs. Œuvrer à une mondialisation plus sensée, en somme, ce qui ne signifie pas l’arrêt celle-ci.
> Lire la chronique : Après le coronavirus : « Un autre monde est peut-être possible, mais il n’adviendra pas »
Quelles autres leçons tirer de cette crise ?
Emmanuel Macron n’a pas tort lorsqu’il parle de « changement anthropologique ». A New York, Paris, New Delhi ou Pékin, les citoyens ont tous vu, en même temps ou presque, leur quotidien bouleversé. Dans vingt ans, tous les enfants d’aujourd’hui, quel que soit leur pays, pourront se demander : « Et toi, que faisais-tu pendant la pandémie ? »
C’est une première dans l’histoire de notre espèce. C’est aussi la première fois que tous les gouvernements, ou presque, se sont entendus sur la nécessité d’agir pour sauver des vies. Ce ne fut pas le cas lorsque la grippe espagnole de 1918.
Revenons aux Etats-Unis. La gestion hasardeuse de la crise par Donald Trump est-elle susceptible de favoriser les démocrates lors de l’élection présidentielle ?
Il est vrai que Donald Trump n’a pas profité d’un regain de popularité ces dernières semaines, contrairement à Angela Merkel [CDU] en Allemagne, ou Andrew Cuomo [Parti démocrate], le gouverneur de New York. Mais il est difficile d’en tirer des conclusions pour le scrutin de novembre. Cela dépendra, en partie, de la façon dont se déroulera la reprise économique dans les Etats républicains.
Est-ce un nouveau test pour la survie de l’Union européenne (UE) ?
Certainement. L’UE a pris des mesures pour éviter le pire et limiter l’ampleur du choc, mais il serait périlleux de s’en contenter. Face à la pire récession que le monde a connue depuis 1945, avec le risque d’un scénario déflationniste, l’heure ne devrait pas être à la tergiversation. Or, les hésitations de l’Europe du Nord à propos des modalités du plan de relance et de la nécessité, ou non, de renforcer la solidarité, nourrissent l’exaspération et le ressentiment en Italie et en Espagne, y compris chez les plus europhiles.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/01/adam-tooze-l-ampleur-de-la-crise-s-aggrave-de-jour-en-jour-sous-nos-yeux_6038335_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/01/adam-tooze-l-ampleur-de-la-crise-s-aggrave-de-jour-en-jour-sous-nos-yeux_6038335_3234.html>>
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3- Exclusif. Von der Leyen, Michel, Macron, Merkel, Conte, Solberg détaillent le Téléthon mondial contre le Covid, Le JDD, 01/05/20, 22h18
Par Ursula von der Leyen, Charles Michel, Giuseppe Conte, Emmanuel Macron, Angela Merkel, Erna Solberg

Dans un texte publié par le JDD, les dirigeants européens détaillent le lancement le 4 mai "d'une grande conférence en ligne d’appel aux dons, [pour] un montant initial de 7,5 milliards d'euros (8 milliards de dollars) pour combler le déficit estimé de financement mondial".   
Face au Covid-19, les plus grands dirigeants européens détaillent au JDD le lancement de leur grande plateforme pour recueillir des fonds pour lutter contre le Covid-19. "Notre objectif est simple, écrivent les six dirigeants européens : le 4 mai, nous souhaitons lever, via une grande conférence en ligne d’appel aux dons, un montant initial de 7,5 milliards d'euros (8 milliards de dollars) pour combler le déficit estimé de financement mondial." Ils ajoutent : "Nous sommes déterminés à travailler ensemble, avec tous ceux qui partagent notre attachement à la coopération internationale. Nous sommes prêts à mener et à soutenir la réponse mondiale."
Le JDD publie en exclusivité le texte rédigé par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Charles Michel, président du Conseil européen, et cosigné par Giuseppe Conte, Président du Conseil de la République italienne, Emmanuel Macron, Président de la République française, Angela Merkel, Chancelière d’Allemagne et Erna Solberg, Premier Ministre de la Norvège.  
Voici le texte des responsables européens : ….
>> Suite à lire à :
<https://www.lejdd.fr/Politique/exclusif-von-der-leyen-michel-macron-merkel-conte-solberg-detaillent-le-telethon-mondial-contre-le-covid-3965772>
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4- Les dirigeants européens mettent sur pied une conférence en ligne des donateurs contre le Covid-19, Le Monde, 02/05/20, 11h08
Service international 

La chancelière Angela Merkel et Emmanuel Macron soutiennent l’initiative de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et du président du Conseil européen, Charles Michel pour obtenir 7,5 milliards d’euros pour la lutte mondiale contre le virus. 
Tandis qu’ils ont le plus grand mal à faire émerger un plan de relance d’envergure pour le continent, des dirigeants européens lancent un appel à la générosité internationale afin de soutenir les pays les plus pauvres de la planète, en particulier en Afrique. Pour lutter contre le coronavirus, Angela Merkel, la chancelière allemande, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen entendent lundi 4 mai, recueillir des dons, par le biais d’une grande conférence en ligne. L’objectif est de dégager au moins 7,5 milliards d’euros dans un premier temps.
« Alors que certains sortent prudemment du confinement, d’autres restent encore isolés et voient leur vie sociale et économique sévèrement impactée. Les conséquences pourraient être particulièrement dramatiques en Afrique et dans les pays du Sud », indiquent-ils dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche et co-signée avec le président du Conseil européen, Charles Michel, Giuseppe Conte, le président du conseil italien, et Erna Solberg, la première ministre norvégienne.
> Lire aussi  Les « somnambules » de l’Europe face à la crise due au coronavirus
L’organisation d’une telle conférence des donateurs survient à intervalles réguliers lorsqu’il s’agit de voler au secours de pays affectés par un conflit, une catastrophe ou la famine. Mais elle prend une dimension symbolique particulière à l’heure du Covid-19. Les dirigeants européens, qui dévoileront lundi leurs contributions financières à la plate-forme, proclament au passage leur foi dans le multilatéralisme, au moment où la pandémie, même au sein de l’Union, a incité les Etats à se replier sur eux-mêmes.
Plate-forme de coopération
« Nous sommes déterminés à travailler ensemble, avec tous ceux qui partagent notre attachement à la coopération internationale, indiquent les signataires. Nous sommes prêts à mener et à soutenir la réponse mondiale. » Les responsables européens renouvellent au passage leur soutien à l’Organisation mondiale de la santé, brocardée par le président américain Donald Trump pour sa trop grande complaisance envers la Chine, d’où est partie la pandémie en janvier. Ils misent aussi sur « l’engagement des dirigeants du G20 pour développer une réponse massive et coordonnée au virus ».
« Aucun de nous n’est à l’abri de la pandémie et aucun de nous ne peut vaincre le virus seul. Nous avons donc un intérêt commun dans la lutte contre le virus. Nous ne serons vraiment en sécurité que lorsque nous le serons tous – à travers tous les villages, villes, régions et pays du monde », plaident les Européens.
Concrètement, il s’agit de mettre sur pied une plate-forme de coopération, ouverte aux Etats comme aux organisations privées, pour accélérer et intensifier la recherche, le développement, l’accès et la distribution équitable du vaccin et d’autres traitements thérapeutiques et diagnostiques vitaux. Ce dispositif, baptisé Access to Covid-19 Tools (ACT), a vocation à devenir une « véritable alliance internationale » contre la pandémie, selon les dirigeants signataires. Et ceux-ci de formuler une ultime promesse : « Si nous arrivons à développer un vaccin produit par le monde entier, pour le monde entier, il s’agira alors d’un bien public mondial unique du XXIe siècle. Avec nos partenaires, nous nous engageons à le rendre disponible, accessible et abordable pour tous. »
<https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/02/les-dirigeants-europeens-mettent-sur-pied-une-conference-en-ligne-des-donateurs-contre-le-covid-19_6038448_3210.html <https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/02/les-dirigeants-europeens-mettent-sur-pied-une-conference-en-ligne-des-donateurs-contre-le-covid-19_6038448_3210.html>>
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5- Tribune. « Le XXIe siècle a commencé en 2020, avec l’entrée en scène du Covid-19 », Le Monde, 02/05/20, 13h25
Par Jérôme Baschet, Historien

La pandémie est un fait total révélant que le système-monde se trouve désormais dans une situation de crise structurelle permanente, analyse l’historien Jérôme Baschet, dans une tribune au « Monde ».
Tribune. Les historiens considèrent volontiers que le XXe siècle débute en 1914. Sans doute expliquera-t-on demain que le XXIe siècle a commencé en 2020, avec l’entrée en scène du Covid-19. L’éventail des scénarios à venir est, certes, encore très ouvert ; mais l’enchaînement des événements déclenchés par la propagation du virus offre, comme en accéléré, un avant-goût des catastrophes qui ne manqueront pas de s’intensifier dans un monde convulsionné par les effets d’un réchauffement climatique en route vers 3 °C ou 4 °C de hausse moyenne. Se profile sous nos yeux un entrelacement de plus en plus étroit des facteurs de crise qu’un élément aléatoire, à la fois imprévu et largement annoncé, suffit à activer.
Effondrement et désorganisation du vivant, dérèglement climatique, décomposition sociale accélérée, discrédit des gouvernants et des systèmes politiques, expansion démesurée du crédit et fragilités financières, incapacité à maintenir un niveau de croissance suffisant : ces dynamiques se renforcent les unes les autres, créant une extrême vulnérabilité découlant du fait que le système-monde se trouve désormais dans une situation de crise structurelle permanente. Dès lors, toute stabilité apparente n’est que le masque d’une instabilité croissante.
L’envoyé du vivant
Le Covid-19 est une « maladie de l’anthropocène », ainsi que l’a relevé Philippe Sansonetti, microbiologiste et professeur au Collège de France. L’actuelle pandémie est un fait total, où la réalité biologique du virus est devenue indissociable des conditions sociétales et systémiques de son existence et de sa diffusion.
Invoquer l’anthropocène – période géologique où l’espèce humaine modifie la biosphère à l’échelle globale – invite à prendre en compte une temporalité à triple détente : d’abord, les années récentes où, sous la pression des évidences sensibles, nous prenons conscience de cette époque nouvelle ; ensuite, les décennies de l’après-1945, avec l’essor de la société de consommation et la grande accélération de tous les marqueurs de l’activité productive (et destructive) de l’humanité ; enfin, le tournant des XVIIIe et XIXe siècles, lorsque la courbe des émissions de gaz à effet de serre décolle, en même temps que le cycle des énergies fossiles et de l’industrialisation.
> Lire aussi  Noël Mamère : le coronavirus nous fait « vivre une sorte de répétition générale avant l’effondrement majeur d’un modèle qui a trouvé ses limites »
Le virus est l’envoyé du vivant, venu nous présenter la facture de la tourmente que nous avons nous-mêmes déclenchée. Anthropocène oblige, la responsabilité humaine est engagée. Mais de qui exactement ? Les trois temporalités mentionnées permettent d’être plus précis. A l’horizon le plus immédiat, s’impose la sidérante affaire de l’évaporation des stocks de masques depuis 2009 et l’indolence qui ne les reconstitue pas à l’approche de l’épidémie. Encore n’est-ce là qu’un aspect de l’accablante impréparation européenne.
Cette incapacité à anticiper témoigne d’une autre maladie du temps : le présentisme, par quoi tout ce qui déborde l’immédiat s’évanouit. Le mode de gestion néolibéral de l’hôpital, froidement comptable, a fait le reste. Manquant de moyens, en sous-effectif et déjà épuisés en temps normal, les personnels soignants ont crié leur désespoir sans être entendus. Mais le caractèreirresponsable des politiques menées est désormais avéré aux yeux de tous.
« Capitalocène »
Pour Philippe Juvin, chef des urgences de l’Hôpital Pompidou, à Paris, « des insouciants et des incapables » nous ont conduits à nous retrouver « tout nus » devant l’épidémie. Et si Emmanuel Macron a voulu s’ériger en chef de guerre, il ne devrait pas négliger le fait que cette rhétorique pourrait, un jour, se retourner métaphoriquement en accusation pour trahison.
Remonter à la seconde moitié du XXe siècle permet de repérer plusieurs causalités de la multiplication des zoonoses, ces maladies liées au passage d’un agent infectieux de l’animal à l’humain. L’essor de l’élevage industriel, avec son ignominie concentrationnaire, a aussi de déplorables conséquences sanitaires (grippe porcine, grippe H5N1, etc.). Quant à l’urbanisation démesurée, elle réduit les habitats des animaux et les pousse davantage au contact des humains (VIH, Ebola).
Ces deux facteurs n’ont peut-être pas joué dans le cas du SARS-CoV-2. En revanche, la vente d’animaux sauvages sur le marché de Wuhan n’aurait pas eu de telles conséquences si cette ville n’était devenue l’une des capitales mondiales de l’industrie automobile. La globalisation des flux économiques est bel et bien à l’œuvre, d’autant que l’expansion insensée du trafic aérien a été le vecteur d’une fulgurante diffusion planétaire du virus.
> Lire aussi  Coronavirus : « L’épidémie doit nous conduire à habiter autrement le monde »
Enfin, il faut aussi se reporter deux siècles en arrière, pour donner à l’anthropocène son véritable nom : « capitalocène ». Car il n’est pas le fait de l’espèce humaine en général, mais d’un système historique bien spécifique. Celui-ci, le capitalisme, a pour caractéristique majeure que l’essentiel de la production y répond, avant tout autre chose, à l’exigence de valorisation de l’argent investi. Même si les configurations en sont variables, le monde s’organise alors en fonction des impérieuses nécessités de l’économie.
Compulsion productiviste mortifère
Il en résulte une rupture civilisationnelle, dès lors que l’intérêt privé et l’individualisme concurrentiel deviennent les valeurs suprêmes, tandis que l’obsession de la pure quantité et la tyrannie de l’urgence conduisent au vide dans l’être. Il en résulte surtout une compulsion productiviste mortifère qui est l’origine même de la surexploitation des ressources naturelles, de la désorganisation accélérée du vivant et du dérèglement climatique.
Au sortir de l’urgence sanitaire, rien ne sera plus comme avant, a-t-il été dit. Mais que changer ? L’examen de conscience s’en tiendra-t-il à une temporalité de courte vue ou considérera-t-on le cycle complet du « capitalocène » ? La véritable guerre qui va se jouer n’a pas le coronavirus pour ennemi, mais verra s’affronter deux options opposées : d’un côté, la perpétuation du fanatisme de la marchandise et d’un productivisme compulsif menant à l’approfondissement de la dévastation en cours ; de l’autre, l’invention, qui déjà tâtonne en mille lieux, de nouvelles manières d’exister rompant avec l’impératif catégorique de l’économie et privilégiant une vie bonne pour toutes et tous.
> Lire aussi  « Le coronavirus est en train de faire vaciller le mythe déjà chancelant de la mondialisation heureuse »
Préférant l’intensité joyeuse du qualitatif aux fausses promesses d’une impossible illimitation, celle-ci conjoindrait le souci attentif des milieux habités et des interactions du vivant, la construction du commun, l’entraide et la solidarité, la capacité collective d’auto-organisation.
Le coronavirus est venu tirer le signal d’alarme et mettre à l’arrêt le train fou d’une civilisation fonçant vers la destruction massive de la vie. Le laisserons-nous repartir ? Ce serait l’assurance de nouveaux cataclysmes aux côtés desquels ce que nous vivons actuellement paraîtra a posteriori bien pâle.
§ Jérôme Baschet a été enseignant-chercheur à l’EHESS (Paris). Il est l’auteur, entre autres, de « Défaire la tyrannie du présent. Temporalités émergentes et futurs inédits » (La Découverte, 2018) et « Une juste colère. Interrompre la destruction du monde » (Divergences, 2019).
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/02/jerome-baschet-le-xxie-siecle-a-commence-en-2020-avec-l-entree-en-scene-du-covid-19_6035303_3232.html>
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6- Tribune. Confinement : « Pour quelques mois, la nation expérimente à grande échelle le quotidien des banlieues », Le Monde, 03/05/20, 05h15 
Par Christophe Rioux, Ecrivain, journaliste, universitaire, spécialisé dans les industries culturelles et créatives

En temps normal, qu’est-ce qu’être assigné à résidence en zone urbaine sensible ? C’est la quasi-impossibilité d’en sortir, et, plus largement, de s’en sortir, explique l’écrivain Christophe Rioux dans une tribune au « Monde », qui constate que les quartiers défavorisés se sont pourtant mis au diapason du pays, malgré l’exiguïté des logements et la promiscuité des familles.
Tribune. Assignés à résidence. Ce n’est pas moi qui l’ai dit, c’est notre président. C’était le 20 février 2018, aux Mureaux (Yvelines), la ville en zone urbaine sensible où j’ai grandi. A l’époque, le président de la République avait eu des mots forts : il avait parlé d’« émancipation culturelle » et avait surtout dénoncé « l’insupportable assignation à résidence » dont souffraient nos banlieues. Avec le recul, les termes étaient prophétiques, quand bien même cette « assignation à résidence » valait pour tout un territoire et non pour un seul et même toit, comme aujourd’hui.
Deux ans plus tard, nous sommes tous assignés à résidence. Ou, pour prendre un synonyme en vogue, confinés. Pour quelques mois, la nation expérimente à grande échelle le quotidien des banlieues et elle n’en peut déjà plus de ce rétrécissement de l’existence. En temps normal, qu’est-ce qu’être assigné à résidence en zone urbaine sensible ? C’est, tout simplement, la quasi-impossibilité d’en sortir, et, plus largement, de s’en sortir.
Au diapason
Au début du confinement, on a placé les banlieues sous surveillance et, quelque part, mis ces territoires jadis qualifiés de « perdus de la République » au défi de s’y conformer. Certains ont même exigé l’intervention de l’armée pour y faire respecter la décision politique. Il y a bien eu, ici ou là, quelques débordements.
Mais, dans leur ensemble, les quartiers défavorisés se sont pourtant mis au diapason du pays, malgré l’exiguïté des logements et la promiscuité des familles. Leurs habitants font partie de ceux qui, en ce moment même, prennent tous les risques et paient parfois un lourd tribut, continuant dès l’aube à monter dans des trains de banlieue vers le cœur de Paris pour y travailler. Ils font tourner la grande roue de l’économie, sans avoir jamais vraiment vu la couleur des plans Marshall pour les banlieues et leurs promesses d’avenir meilleur.
Les assignés à résidence à l’année n’ont pas de résidence secondaire pour fuir Paris et l’épidémie, dans un exode bucolique. Ils ne connaissent pas cette grande tradition des temps troublés, pendant lesquels les classes aisées se retranchaient dans les campagnes et finissaient par revenir, après avoir envoyé en éclaireur les « essayeuses », payées pour être sûr que la peste avait définitivement abandonné les villes.
> Lire aussi  Olivier Klein : « Tous les jours, dans les quartiers, on frôle le point de rupture »
A l’aune de ces épisodes historiques peu glorieux, les banlieues ont fait preuve d’une solidarité à toute épreuve : aux Mureaux, des jeunes des cités viennent livrer du ravitaillement alimentaire aux personnes âgées ou malades, déposé jusque sur le pas de leurs portes.
Se garder de tout angélisme
Ailleurs, bien que l’on puisse douter du bien-fondé de la mesure d’un point de vue strictement scientifique, ils désinfectent énergiquement les halls d’immeuble et les deux cages d’escalier des HLM, pour le bien et la santé de tous. Il faut néanmoins se garder de tout angélisme en ces lieux : les trafics s’adaptent, les intégrismes guettent, l’exaspération couve.
Aux Mureaux, où le président de la République avait parlé d’« assignation à résidence », l’avenue qui coupe la ville en deux n’offre plus le spectacle de ses rodéos motorisés et de ses car-jackings au feu rouge, le Meccano de tours et de barres vides ressemble chaque jour un peu plus à une maquette d’architecte dément, les cités n’ont pas encore craqué.
> Lire aussi  Coronavirus : « Les inégalités tuent aujourd’hui en Seine-Saint-Denis »
Quant aux théâtres, aux cinémas, aux librairies, ils n’ont pas fermé pour cause de coronavirus : il n’y en avait déjà quasiment plus avant l’épidémie. Il y a deux ans, lorsque le président était venu sur place pour la remise officielle d’un rapport sur les bibliothèques, il avait déjà fait ce constat dans l’un des rares endroits où la culture paraissait encore pouvoir survivre en terrain hostile.
Il y a deux ans, je n’ai pas eu le temps, ou peut-être l’aplomb, ou encore le courage, de dire au président que j’étais inquiet, que je doutais de la capacité de la culture à éclore dans le béton. Il y avait, dans mon esprit, la « jurisprudence Médicis » : projet initial de Villa sur le modèle de la prestigieuse matrice romaine déclinée en banlieue, puis de « Tour » finalement abandonné et enfin d’« Ateliers » en « déploiement progressif », dont les fruits ont certes commencé à mûrir. C’était, à l’origine, une belle et noble idée.
Un rêve improbable
En 2005, en réaction à la mort des deux adolescents Zyed Benna et Bouna Traoré, des émeutes avaient éclaté à Clichy-Montfermeil (Seine-Saint-Denis), avant d’embraser les banlieues françaises, comme Les Mureaux. A l’issue de ces émeutes dans les banlieues françaises et à l’initiative d’un journaliste et des maires de Clichy-sous-Bois et Montfermeil, le rêve improbable d’une Villa Médicis avait émergé et l’idée que la culture était essentielle pour guérir ces territoires en crise avait fait son chemin.
Qu’était donc devenu ce rêve ? Depuis des années, le corps national, dont les défenses immunitaires ont été significativement affaiblies au fil du temps, présente les symptômes multiples et déroutants d’une maladie finalement mal connue, mal diagnostiquée et mal traitée. Après le confinement, les banlieues devront leur salut à leurs soignants, surtout si la vague d’une crise économique d’ampleur déferle après le tsunami sanitaire.
> Lire aussi  Covid-19 : « Refuser de prendre en compte les inégalités sociales face à la maladie est suicidaire »
Il y a deux ans, après la venue du président de la République à la médiathèque des Mureaux, certains de ces soignants, spécialistes en pathologies urbaines, n’avaient sans doute pas été assez pris au sérieux. Un ancien ministre de la ville avait rendu un rapport dans la foulée, très rapidement enterré. Le maire de Sevran (Seine-Saint-Denis) avait, quant à lui, rendu les armes, démissionnant en raison de son désaccord profond avec les politiques publiques mises en place en banlieue.
En fin de confinement, sur ce théâtre d’opération d’un type très particulier, la bataille ne devra pas s’arrêter faute de combattants. Il y a vingt-cinq ans, La Haine, le film de Mathieu Kassovitz (1995) avait été un avertissement. Récemment, Les Misérables, de Ladj Ly auront été un appel à l’aide, lancé depuis une cage d’escalier en flammes. Plus que jamais, nos banlieues auront besoin de leurs soignants.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/03/confinement-pour-quelques-mois-la-nation-experimente-a-grande-echelle-le-quotidien-des-banlieues_6038487_3232.html>
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7- L'écologie, aussi, attend son déconfinement, Le JDD, 03/05/20, 11h00
Arthur Nazaret

En pleine crise sanitaire, le gouvernement juge prématuré de dévoiler la place qu'occupera l'écologie dans le "monde d'après". Les associations craignent qu'elle soit sacrifiée. Dans un duo inédit, Elisabeth Borne et Bruno Le Maire assurent que non.
Il faut parfois deux marteaux pour taper sur le même clou. Jeudi, en visio-conférence devant les députés, la ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, a mis un premier petit coup sec. Alors qu'au début du mois, le Medef s'est fendu d'un courrier pour lui demander de mettre sur pause son action, la ministre a tenu à mettre les choses au clair : "Certains demandent un moratoire, ou souhaitent retarder la mise en œuvre des réformes, ce serait une erreur. Et même une faute". Quelques minutes plus tard, dans un duo aussi inédit qu'inattendu, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire tapait à son tour : "Nous n'avons pas besoin d'un moratoire mais d'une accélération". 
> Lire aussi - Ce courrier du Medef qui agace le ministère de l'Ecologie
Voilà aussi une réponse à ceux qui seraient tentés de jouer Bercy contre l'écologie. "Traditionnellement, nos services ne se côtoient pas particulièrement", reconnaît dans un doux euphémisme un conseiller du ministère de l'Écologie. "Le Maire a déjà un gros travail à faire, c'est d'écologiser son administration, poursuit un autre conseiller. Toute une partie de Bercy ne voit dans l'écologie qu'une série de coûts et pas d'investissements".
Pas encore de détails sur l'écologie dans le plan de relance prévu en septembre
Alors forcément, beaucoup craignent que l'écologie soit sacrifiée sur l'autel de la du sauvetage économique. Le dernier projet de loi de finances rectificatives, accordant une aide de 20 milliards aux entreprises, a été vivement critiqué par les ONG environnementales y voyant "un chèque pour les pollueurs". Même le plus œcuménique Haut Conseil pour le Climat a insisté sur le nécessité de "conditionner l'octroi" d'aides au respect de la "stratégie bas-carbone". Plus récemment, alors que l'Etat est venu soutenir Air France et Renault, le Réseau Action Climat a déploré "l'inexistence de réelles mesures de transition" pour ces secteurs.
> Lire aussi - Pour l'après-coronavirus, les écologistes craignent un retour au "libéralisme béat" du monde d'avant
Devant les députés, Borne s'est engagée à obtenir "des engagements écologiques" qui seront "discutés entreprise par entreprises". "Tant mieux si le gouvernement considère enfin sérieusement des contreparties, note le député Matthieu Orphelin. Mais il reste beaucoup de points à préciser". Certains députés attendaient des précisions sur la place de l'écologie dans le plan de relance prévu pour septembre. Ils sont restés sur leur faim.
En Marche veut être "plus punchy" que le gouvernement
A en croire plusieurs conseillers ministériels, l'heure ne serait pas encore à parler d'écologie. Trop tôt alors qu'il faut d'abord réussir le déconfinement. Mais cela n'empêche pas d'y penser. Lundi soir, lors du bureau politique de La République en Marche, Borne et ses deux secrétaires d'Etat Brune Poirson et Emmanuelle Wargon étaient présentes pour lancer les travaux du groupe de réflexion sur l'écologie. Un groupe piloté par les députés Jean-Charles Colas-Roy et Bérangère Abba. Courant juin, ils rendront une dizaine de propositions. "On veut être plus punchy que ce que fait le gouvernement", glisse un participant.
Certains poussent pour un "revenu climat", financé par la fiscalité écologique, d'autres comme Colas-Roy pour "un service civique environnemental". "Quand le bon timing sera là, il faudra repartir à l'offensive sur les sujets écolos", a expliqué Wargon lors de ce conclave.
Bornes pour voitures électriques et rénovation thermique dans les Ehpad et hôpitaux
Côté gouvernement, une expression revient sans cesse : celle d'une "économie décarbonnée". Parmi les secteurs concernés se trouve l'automobile. "Il est prématuré de dévoiler les dispositifs mais c'est bien en ce sens que nous travaillons", a expliqué Borne aux députés. "Est-ce qu'il faut booster le bonus écolo pour l'achat de voitures plus propres, est-ce qu'il faut booster l'installation de bornes pour les voitures électriques ? Cela fait partie des réflexions pour la suite", indique-t-on au ministère de l'Ecologie.
Autre chantier, la rénovation thermique de bâtiments publics comme les Ehpad, les hôpitaux et les écoles, jugée "vraiment nécessaire" par Borne. "C'est une piste", confirme-t-on au ministère de l'Ecologie. Enfin, dans un courrier daté du 21 avril, le premier ministre Edouard Philippe s'est engagé à étudier les futures propositions de la Convention citoyenne pour le climat, ajoutant que "l'urgence climatique nous impose d'agir". "Nous travaillons pour organiser une session de remise fin juin", promet un de ceux qui prépare cette échéance.
<https://www.lejdd.fr/Politique/lecologie-aussi-attend-son-deconfinement-3966005>
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8- L'École polytechnique se lance dans le podcast avec « SIGMA », Studyrama, 04/05/20
Nicolas Vannier

Afin de partager la passion qui anime les étudiants, les professeurs et les chercheurs, l'X lance une série de podcast, qu'elle produit et réalise intégralement. Au programme : courtes histoires sur des sujets majeurs de la science et de l'histoire des sciences, des interviews avec des chercheurs et des entrepreneurs et des conférences de personnalités variées.
Le podcast s'appelle « Sigma », comme la lettre grecque qu'on utilise en mathématiques pour signifier une somme. Avec ce podcast, l'École polytechnique se lance dans un nouveau média et met à disposition de tous les curieux une somme de connaissances et de savoirs sur les sciences et l'innovation. Cette série de courtes histoires scientifiques témoigne de l'importance que l'École attache à l'éducation et la sensibilisation de tous les publics à la connaissance scientifique.
Le podcast se décline sous plusieurs formats :
• Des capsules de vulgarisation scientifique sur des sujets variés.
• Des interviews avec des chercheurs.
• Des interviews avec des entrepreneurs.
• Des conférences données à l'École polytechnique.
Le podcast de l'École polytechnique est accessible gratuitement et à tout moment, sur toutes les applications de podcast du marché (Apple Podcast, Podcast Addict, Spotify, Deezer, Pocket Casts, Google Podcast, etc.).
>> Suite à lire à :
<https://grandes-ecoles.studyrama.com/ecoles-d-ingenieurs/actualites/l-ecole-polytechnique-se-lance-dans-le-podcast-avec-sigma-8598.html>
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9- Consultation. Coronavirus : Environnement, alimentation, santé… 19.000 propositions pour imaginer le monde d’après, 20 Minutes, 05/05/20, 08h18
Fabrice Pouliquen

Le 10 avril, plusieurs ONG et la plateforme de mobilisation citoyenne Make.org lançaient une consultation invitant à imaginer le monde au sortir de la crise du Covid-19. On en est aujourd’hui à 19.000 propositions et au début d’une nouvelle phase : celle du vote
• 80.000 participants, 19.000 propositions… La consultation lancée sur le site Make.org et appelant à imaginer le monde d’après le coronavirus rencontre un succès pas si inattendu tant la crise sanitaire s’accompagne d’un désir de faire émerger de nouvelles valeurs.
• La première thématique abordée est celle de la protection de l’environnement. Viennent ensuite l’alimentation et l’agriculture, puis les transports, et enfin l’économie et la santé. Il reste encore trois semaines pour voter.
• Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France, note déjà le lien fait par les participants entre la crise sanitaire actuelle et d’autres thématiques clés : le réchauffement climatique, la perte de biodiversité ou l’impasse de notre alimentation.
Marie : « Il faut soutenir le covoiturage, améliorer les réseaux nationaux de transports en commun, les pistes cyclables… » Guilhem : « Il faut préparer notre tissu industriel à de potentielles ruptures d’approvisionnement des importations (y compris en pétrole) ». Emmanuelle : « Il faut relocaliser en France la production de médicaments, tests, masques, respirateurs et de tout ce qui est stratégique ». Jean-Christophe : « Il faut aider les citadins à s’installer à la campagne »…
On arrête là. En tout, 19.000 propositions de la sorte sont recensées sur Make.org. Toutes répondent à une seule et même question, lancée le 10 avril par la plateforme de mobilisation citoyenne et plusieurs associations, dont La Croix-Rouge française et le WWF France : Comment inventer tous ensemble le monde d’après ?
>> Suite à lire à :
<https://www.20minutes.fr/planete/2772679-20200505-coronavirus-environnement-alimentation-sante-19000-propositions-imaginer-monde-apres-reste-plus-voter>
Sur le même sujet :
> Environnement et agriculture en tête des préoccupation pour l'après-crise, selon des ONG <https://information.tv5monde.com/info/environnement-et-agriculture-en-tete-des-preoccupation-pour-l-apres-crise-selon-des-ong-358019>, AFP, 05/05/20, 11:00
> Ecologie : une consultation citoyenne pour « inventer le monde d’après » <https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/developpement-durable-ecologie-consultation-citoyenne-inventer-monde-apres-80908/>, Futura-sciences avec AFP-Relaxnews, 07/05/20
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10- Tribune. Muhammad Yunus : « La crise du coronavirus nous ouvre des horizons illimités pour tout reprendre à zéro », Le Monde, 05/05/20, 14h08 
Par Muhammad Yunus, économiste, Prix Nobel de la Paix 2006 et fondateur en 1976, la première institution de microcrédit, la Grameen Bank

L’économiste et Prix Nobel de la paix 2006 appelle, dans une tribune au « Monde », à repenser le monde de l’après. Pour lui, la reconstruction doit être sociale et écologique, pour éviter une catastrophe qui pourrait être bien pire que l’actuelle.
Tribune. L’épidémie de Covid-19 est en train d’infliger à notre monde des dégâts incommensurables. Mais aussi considérables que soient ces dommages, c’est également une occasion unique qui se présente à nous. Le monde entier doit répondre à une question décisive. Il ne s’agit pas de savoir comment relancer l’économie. Nous avons la chance d’avoir la réponse à cette question, forts d’expériences probantes en la matière. La vraie question est celle-là : faut-il revenir au monde tel qu’il était avant l’arrivée du coronavirus ? Ou bien le repenser ? La décision nous appartient.
Inutile de le rappeler, le monde d’avant le coronavirus nous était néfaste. Avant qu’il accapare toute l’attention médiatique, l’humanité se préparait à une avalanche de tragédies. La catastrophe climatique allait rendre la planète impropre à la vie humaine, le compte à rebours avait commencé ; l’intelligence artificielle nous conduisait tout droit vers le chômage de masse ; la concentration des richesses atteignait des niveaux explosifs. La décennie qui venait de commencer était celle de la dernière chance, nous ne cessions de nous le répéter. Après elle, tous nos efforts n’auraient eu que des effets dérisoires, insuffisants pour sauver la planète. Est-ce là le monde auquel nous voulons revenir ? C’est un choix qui ne dépend que de nous.
La pandémie a brutalement changé la donne. Elle ouvre des horizons formidables et jusque-là insoupçonnés. Nous pouvons prendre toutes les directions. Quelle incroyable liberté de choix ! Avant de la relancer, nous devons d’abord nous mettre d’accord sur l’économie à laquelle nous aspirons. Nous devons avant tout convenir que l’économie n’est qu’un moyen, celui d’atteindre des objectifs que nous nous fixons. Elle n’a pas à agir tel un piège mortel conçu par quelque puissance divine pour nous punir. A aucun moment, nous ne devons oublier qu’elle n’est qu’un outil de notre propre création. Un outil que nous devons penser et repenser sans cesse jusqu’à ce qu’il nous conduise au plus grand bien-être commun possible.
> Lire aussi  « Mettons l’environnement au cœur de la reprise économique »
Dès lors que cet outil, l’économie, ne nous conduit pas là où nous souhaitons aller, c’est qu’il y a quelque chose dans le matériel, ou dans le logiciel, qui fonctionne mal. Nous devons alors y remédier et réparer l’outil. Peut-on accepter d’entendre : « Ah pardon, nous n’atteignons pas nos objectifs, mais c’est que le matériel et le logiciel ne sont pas faits pour » ? Non, et c’est même une excuse pathétique. Nous voulons une planète à « zéro émission nette » ? A nous de concevoir le matériel et le logiciel pour cela. Nous aspirons à un monde sans chômage ? Idem. La fin de la concentration des richesses ? Pareil. Il s’agit de se doter du bon matériel, et du bon logiciel. Le pouvoir nous appartient. Quand l’être humain a la volonté d’accomplir quelque chose, il y parvient. A l’humain, rien d’impossible.
C’est la grande nouvelle de cette période : la crise du coronavirus nous ouvre des horizons pour ainsi dire illimités pour tout reprendre à zéro. La possibilité de faire table rase pour concevoir matériel et logiciel, à neuf.
Pas de « relance », mais une « reconstruction »
Une décision mondiale, unanime mais simple, serait d’une aide immense : il faut la consigne claire que nous ne voulons pas reprendre là où nous nous sommes arrêtés. Non, nous ne retournerons pas dans la même ornière au nom de la relance économique. D’ailleurs, nous ne devons pas même parler de plan de « relance ».
Pour que l’objectif soit clair, nous devons parler de plan de « reconstruction ». Les entreprises seront au cœur de ce programme. La reconstruction pour l’après-coronavirus doit partir de ce principe fondateur : la conscience sociale et environnementale comme pilier central de toutes les décisions. Les Etats doivent faire en sorte que pas un seul dollar n’aille à des entités ou projets qui n’œuvrent pas, avant toute chose, à l’intérêt social et écologique de la société.
> Lire aussi  Robert Boyer : « Cette crise inédite adresse un redoutable avertissement aux économistes »
Nos premiers projets de reconstruction doivent être à vocation sociale. Et c’est aujourd’hui, en pleine tourmente, que nous devons les penser. A peine la crise passée, les vieilles idées et les vieux plans de renflouement reviendront au galop. Certains s’évertueront à discréditer les nouvelles initiatives au motif qu’elles n’ont pas été éprouvées. C’est exactement ce qu’ont fait mes détracteurs quand j’ai proposé de faire des Jeux olympiques un événement à vocation sociale – et aujourd’hui Paris prépare ses JO 2024 en ce sens, avec un enthousiasme qui va croissant. Nous devons être prêts avant que les vieilles idées ne repartent à l’offensive. Le temps presse.
La clé : le « social business »
Dans ce grand plan de reconstruction, je propose de donner le rôle central à une nouvelle forme d’entrepreneuriat que j’ai appelée le « social business ». Une entreprise de ce type a pour seul objet de résoudre les problèmes des individus, sans but lucratif pour les investisseurs autre que celui de récupérer leur mise. Une fois l’investissement initial amorti, tous les bénéfices sont réinjectés dans l’entreprise.
Pour les Etats, les occasions d’encourager, de privilégier et d’aider l’économie sociale à s’engager activement dans la reconstruction seront légion. Pour autant, ils ne doivent pas attendre que ces initiatives surgissent d’elles-mêmes au moment où elles sont nécessaires, ni dans un nombre suffisant. Les Etats doivent être moteurs, notamment en prenant en charge les plus démunis et les chômeurs à travers les instruments traditionnels de l’Etat-providence, en assurant l’offre de santé, en remettant en marche les services essentiels, et en soutenant l’ensemble des entreprises là où les initiatives d’entrepreneuriat social mettront du temps à émerger.
> Lire aussi  Muhammad Yunus, l’influent « banquier des pauvres »
Pour accélérer leur émergence, les pouvoirs publics peuvent créer, à l’échelon national et local, des fonds de capital-risque spécialisés dans l’entrepreneuriat social. Ils peuvent encourager le secteur privé, les fondations, les établissements financiers, les fonds d’investissement à en faire autant et inciter les entreprises traditionnelles à se convertir à l’entrepreneuriat social ou à s’associer à des acteurs de l’économie sociale.
Dans ce plan de reconstruction, les Etats aideront financièrement des entreprises du social business à racheter d’autres entités ou se rapprocheront d’entreprises en difficulté pour les aider à se convertir. Les banques centrales doivent pouvoir permettre aux acteurs de l’entrepreneuriat social de recevoir le soutien d’institutions financières pour lever des fonds sur les marchés boursiers.
Pendant la reconstruction, forcément riche d’occasions à saisir, les Etats doivent s’attacher à impliquer un maximum d’acteurs. Qui pour investir dans l’entrepreneuriat social ? Qui sont les investisseurs de l’entrepreneuriat social ? Où aller les chercher ? Ils sont partout. Nous ne les voyons pas, simplement parce que les manuels d’économie actuels ne reconnaissent pas leur existence. Nos yeux ne sont pas formés à les repérer. Cela fait peu de temps que les cours d’économie abordent des sujets comme l’entrepreneuriat social, l’économie sociale et solidaire, l’impact investing (investissement à impact social) ou les organisations à but non lucratif. La reconnaissance dont bénéficient mondialement la Grameen Bank [banque spécialisée dans le micro-crédit] et le microcrédit n’y est pas pour rien.
Augmenter la part de l’entrepreneuriat social
Tant que l’économie restera une science vouée à la maximisation des profits, nous ne pourrons nous appuyer sur elle pour une reconstruction sociale et écologique. La bonne stratégie consiste à augmenter la part de l’entrepreneuriat social dans l’économie globale au fur et à mesure de la relance. La réussite du social business se verra non seulement à sa contribution grandissante à l’économie, mais aussi au nombre croissant d’entrepreneurs travaillant à la fois dans le modèle classique et le modèle social. C’est à cela que l’on saura qu’une économie à vocation sociale et écologique est en train de naître.
> Lire aussi  « L’angoisse du chômage risque de servir d’épouvantail pour reconduire le monde d’hier »
Dès lors que les pouvoirs publics sauront les reconnaître, les investisseurs et les acteurs de l’entrepreneuriat social surgiront d’eux-mêmes, pleins d’enthousiasme, pour jouer le rôle essentiel qu’exige d’eux cette occasion unique dans l’histoire. Ces entrepreneurs ne sont pas une petite communauté de bonnes âmes charitables. Il y a tout un écosystème mondial composé de multinationales géantes, de grands fonds d’investissement, de nombreux chefs d’entreprises pleins de talent, de fondations et de sociétés financières, tous forts d’une longue expérience dans le financement et la gestion d’entreprises sociales internationales ou locales.
Dès que le social business recevra des Etats l’attention qu’il mérite, des tenants indécrottables du profit personnel révéleront des talents inexploités pour s’engager dans l’entrepreneuriat social, avec des résultats précieux face aux crises que nous traversons, du climat au chômage en passant par la concentration des richesses.
Rapprocher citoyens et pouvoirs publics
Le plan de reconstruction doit abolir la division traditionnelle entre citoyens et pouvoirs publics. On part du principe que le rôle des citoyens est de prendre soin de leurs proches et de payer leurs impôts, et qu’il incombe à l’Etat (et dans une moindre mesure, au secteur associatif) de prendre en charge les problèmes collectifs que sont le climat, l’emploi, la santé, l’éducation, l’eau, etc. Le plan de reconstruction doit abattre ce mur et encourager tous les citoyens à s’engager en créant leurs entreprises sociales. Leur force ne dépend pas de l’envergure de leur projet, elle tient à leur nombre.
Le premier problème auquel ils pourront s’attaquer est celui du chômage que va créer l’effondrement de l’économie. Les investisseurs soutiendront la création d’entreprises sociales qui créeront des emplois. Grâce à eux, des chômeurs pourront aussi devenir eux-mêmes entrepreneurs. L’être humain est né entrepreneur, pas chercheur d’emploi. L’entrepreneuriat social peut aussi contribuer, aux côtés du secteur public, à la création d’un système de santé solide.
> Lire aussi  Coronavirus : « L’économie nous aide à mieux comprendre l’évolution d’une épidémie »
Du désespoir et de l’urgence de l’après-coronavirus, un Etat adoptant la bonne attitude pourra faire émerger un foisonnement d’activités comme on n’en a jamais vu. C’est à cette aune que l’on mesurera la qualité des dirigeants : montrer la voie d’une renaissance radicale du monde, par des moyens inédits, en fédérant tous les citoyens.
Si nous ratons le coche d’une reconstruction sociale et écologique, nous allons tout droit vers une catastrophe pire encore que celle du coronavirus. Nous pouvons aujourd’hui échapper au virus en nous confinant chez nous ; si nous ignorons les graves problèmes que connaît notre monde, nous n’aurons nulle part pour échapper à la colère de Dame Nature, et à celle des populations du monde entier.
Traduit de l’anglais par Julie Dumetz.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/05/muhammad-yunus-la-crise-du-coronavirus-nous-ouvre-des-horizons-illimites-pour-tout-reprendre-a-zero_6038665_3232.html>
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11- Covid-19 et affaiblissement des normes environnementales aux Etats-Unis, France-science, 06/05/20, 10:16

L’administration Trump maintient le rythme de ses démarches engagées depuis 2017 sur l’affaiblissement de la régulation environnementale, conformément à l’ambition politique en matière d’environnement du président et ce même pendant la période de crise de coronavirus. 
Le Sabin Center for Climate Change Law du Columbia University Earth Institute recense plus de 150 mesures affaisblissant la régulation environnementale jusqu’à fin avril 2020 dans les domaines divers et concrets de la pollution de l’air ou de l’eau, des émissions de gaz à effet de serre, de la protection de la biodiversité, de la réglementation de l’industrie pétrolière ou des infrastructures énergétiques.
En particulier, deux modifications apportées à la réglementation fédérale ont récemment fait l’objet d’une forte mobilisation médiatique dans la mesure où elles portent sur l’affaiblissement de normes liées à la pollution de l’air dans un contexte de pandémie liée à un virus s’attaquant au système respiratoire :
>> Suite à lire à :
<https://france-science.com/covid-19-et-affaiblissement-des-normes-environnementales-aux-etats-unis/>
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12- Coronavirus : pour Nicolas Hulot, "cette crise sanitaire peut être transformée en crise salutaire", France info avec France Inter, 06/05/20, 10:53

L'ancien ministre de la Transition écologique, invité de France Inter, mercredi 6 mai, appelle à un "nouveau monde", rendu urgent par une "crise de civilisation", mise en lumière par l'épidémie de Covis-19. 
"Cette crise sanitaire peut être transformée en crise salutaire", estime ce mercredi 6 mai sur France Inter Nicolas Hulot. L'ancien ministre de la Transition écologique publie un manifeste pour "un nouveau monde" sur France Inter, en partenariat avec le journal Le Monde et Brut. "Nous avons un devoir d'urgence humanitaire, sociale", et "une deuxième responsabilité" : "Nous sommes dans une profonde crise de civilisation", explique-t-il.
La crise que nous venons de traverser (...) est l'avatar d'une crise beaucoup plus profonde que nous efforçons de minimiser depuis trop longtemps. Nicolas Hulot à France Inter
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-pour-nicolas-hulot-cette-crise-sanitaire-peut-etre-transformee-en-crise-salutaire_3950975.html>
Sur le même sujet : 
> Virus : Hulot appelle à une conférence écologique et sociale, AFP, 06/06/20, 11:00
L'ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a appelé mercredi à créer une conférence écologique et sociale pour réfléchir à l'après-crise du coronavirus et avance 15 propositions à court terme.
"Cette crise sanitaire (...) n'est que l'avatar d'une crise beaucoup plus profonde, qui met en relief nos failles, nos excès, nos vulnérabilités", dit Nicolas Hulot, qui a repris la tête de sa fondation après avoir démissionné du poste de ministre en août 2018, dans une interview au Monde.
"Il y a d'abord une urgence sociale, humanitaire, à laquelle il faut répondre avec les outils disponibles", mais il faut "penser simultanément, ou en tout cas dans un temps très court, au monde d'après, et de le faire avec cohérence", poursuit-il. 
Face à la crise climatique, "on a un scénario catastrophe, d'une ampleur sans précédent, mais qui est évitable. Et, pour y faire face, on n'est pas au quart des solutions qu'on a prises contre le coronavirus", rappelle-t-il.
Pour répondre à la crise à court terme, Nicolas Hulot met en avant quinze propositions faites par le Pacte du pouvoir de vivre qui regroupe une cinquantaine d'associations: "verser une prime exceptionnelle de solidarité, de 250 euros par mois et par personne, aux ménages les plus en difficulté", "aider les locataires fragilisés à payer leur loyer", "revaloriser le montant du RSA"...
Pour Nicolas Hulot, il faut aussi débattre "du revenu universel, de la taxe sur les transactions financières, de la relocalisation d'un certain nombre d'activités, "la nécessité du juste échange plutôt que du libre-échange" et "la revalorisation de tous les métiers vitaux".
L'ancien ministre plaide aussi pour que les aides financières accordées actuellement à des secteurs en difficulté se fassent avec des contreparties.
Pour financer ces transformations, il faut "aller chercher l'argent là où il est, de taxer de manière plus importante les revenus qui ne sont pas issus du travail, de mettre fin à ce capitalisme sauvage", poursuit-il.
Nicolas Hulot propose de créer une conférence écologique et sociale, éventuellement "d'un format type Grenelle", à condition que "cela ne soit pas une énième consultation sans lendemain". "A terme, l'idée est de constituer une troisième Assemblée, qui prenne de la hauteur par rapport au jeu politicien, mais surtout qui planifie l'avenir en s'extrayant du rythme médiatique et politique" et de réfléchir à des "révisions constitutionnelles".
<https://information.tv5monde.com/info/virus-hulot-appelle-une-conference-ecologique-et-sociale-358158>
Sur le même sujet : 
> Chronique. Déconfinement : le temps est venu, affirme Nicolas Hulot, RCF, 07/05/20, 06h55
Reprenant un manifeste de Nicolas Hulot publié hier à propos du déconfinement, Véronique Fayet, présidente du Secours catholique - Caritas France, nous invite à prendre conscience de la situation de notre planète, et à oser rêver !
>> Suite à lire à :
<https://rcf.fr/la-matinale/deconfinement-le-temps-est-venu-affirme-nicolas-hulot>
Sur le même sujet : 
> À quelques jours du déconfinement, Nicolas Hulot livre ses propositions pour un "monde d'après" plus solidaire, Novethic, 07/05/20
Marina Fabre
Le temps du changement est venu. Dans une tribune, Nicolas Hulot, ancien ministre de la Transition écologique, appelle à se délester du "monde d'avant" mis à l'arrêt par le Covid-19 pour construire un après "radicalement différent". Il donne le cap à travers cinq propositions qui sont les "cinq premières marches vers un nouveau monde". Et l'ancien ministre n'est pas isolé, tant les appels se multiplient en ce sens.
La démission de l’ancien ministre de la Transition écologique avait provoqué, il y a deux ans, un véritable sursaut écologique chez bon nombre de citoyens, via notamment, l’Affaire du siècle, pétition la plus signée de l’histoire, et les marches pour le climat. À l'heure où la France doit engager sa sortie de crise du Covid-19, Nicolas Hulot tente de nouveau de proposer un cap. "Le monde d’après sera radicalement différent de celui d’aujourd’hui, et il le sera de gré ou de force. On ne pourra plus prendre l’avion comme avant, plus avoir un produit par Amazon du bout du monde en 24 heures", prévient-il dans un entretien au Monde.
L’ancien ministre a ainsi publié cinq mesures politiques concrètes, les "cinq premières marches vers un nouveau monde", écrit la Fondation qui porte son nom. Il appelle à une Europe des solidarités via la création d’un fonds européen de relance et de transformation écologique de "plusieurs milliers de milliards d’euros". Nicolas Hulot demande également de financer la transition dans les collectivités territoriales et juge que "le temps est venu de passer du libre-échange au juste échange en mettant fin aux accords de libre-échange par l’Union européenne".
Enfin, Nicolas Hulot appelle à la relocalisation en France et en Europe de certaines activités. Surtout, il demande un engagement écologique explicite des acteurs économiques qui bénéficieraient d’aides financières. L’ancien ministre aspire ainsi à guider la France vers "une troisième voie entre l’autarcie et le néolibéralisme" et espère que la crise sanitaire va "éveiller les esprits, y compris d’Emmanuel Macron".
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/le-monde-d-apres-nicolas-hulot-une-reconstruction-de-gre-ou-de-force-148526.html>
Sur le même sujet : 
> Nicolas Hulot au «Soir» : «N’attendons pas dix ans pour réagir, le monde d’avant n’est plus tenable !» <https://plus.lesoir.be/299918/article/2020-05-10/nicolas-hulot-au-soir-nattendons-pas-dix-ans-pour-reagir-le-monde-davant-nest>, Le Soir, 10/05/20, 17:07
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13- Une cinquantaine d’acteurs financiers décident de rejoindre l’alliance pour une relance verte, Novethic, 06/05/20
Arnaud Dumas

L’alliance pour une relance verte, initiée par l’eurodéputé Pascal Canfin, voit arriver du renfort. Une cinquantaine d’établissements financiers ont décidé de signer l’appel à la mobilisation du président de la commission Environnement du Parlement européen. En tout, 270 personnes issus des mondes de la politique, des affaires, des syndicats ou des ONG ont signé l’appel visant à mettre la transition écologique au cœur de la relance post-crise du Coronavirus.
Les acteurs du monde financier se prononcent aussi en faveur d’une relance verte de l’économie. Des dirigeants d’entreprises comme Frédéric Janbon de BNP Paribas AM, Thomas Buberl d’Axa, ou Ana Botin de la Banque Santander ont signé l’appel à la mobilisation lancé mi-avril par Pascal Canfin, le député européen et président de la commission Environnement du Parlement européen. L’alliance qu’il a initiée vise à favoriser l’émergence d’un "plan de relance verte pour un monde durable".
Pascal Canfin s’est réjoui sur Twitter de l’arrivée de ces nouveaux signataires. Ils sont désormais plus de 270 à avoir rejoint cet appel, tous issus des mondes de l’entreprise, de la politique, des syndicats ou des ONG. "Nous allons travailler ensemble au financement des investissements verts, bons pour le climat et l’économie", a-t-il déclaré. L’objectif de cet appel consiste à faire en sorte que la lutte contre le réchauffement climatique ne soit pas oubliée au moment de la relance économique. Au contraire, les signataires veulent profiter de ce moment pour reconstruire un monde d’après plus durable.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/finance-durable/isr-rse/une-cinquantaine-d-acteurs-financiers-decident-de-rejoindre-l-alliance-pour-une-relance-verte-148522.html>
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14- Post Covid-19 : 73 organisations appellent les élus à une reconstruction écologique, sociale et sanitaire, Actu-environnement, 07/05/20, 13h50
Rachida Boughriet

Soixante-treize organisations de la société civile lancent un appel aux décideurs publics à « garantir une reconstruction écologique, sociale et sanitaire » dans leurs plans de relance économique, post-crise sanitaire du Covid 19. Cet appel est lancé à l'initiative du collectif étudiant Pour un réveil écologique. Il rassemble des ONG environnementales (France Nature Environnement, Fondation Nicolas Hulot, Réseau Action Climat, Extinction Rébellion, etc.), des associations citoyennes consacrées aux enjeux sociaux et démocratiques (Emmaüs, Notre affaire à tous, etc.), des collectifs de soignants (Convergence Infirmière, etc.), des syndicats étudiants (Youth For Climate France, etc.) et des think tanks (Terra Nova, The Shift Project, etc.).
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/appel-ONG-relance-covid19-reconstruction-ecologique-sociale-sanitaire-35440.php4>
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15- Interview. «Chaque euro public investi dans la sortie de crise devra faire d’une pierre trois coups», Libération, 07/05/20, 19:52
Propos recueillis par Coralie Schaub

Dans une note publiée jeudi, les think tank I4CE et Terra Nova plaident pour que la politique de sortie de crise privilégie des mesures produisant le maximum d’effets positifs pour la santé, l’environnement et la relance de certaines filières économiques. Interview de Benoît Leguet, le directeur général d’I4CE.
Si chaque euro est investi intelligemment dans le plan de relance qui vient, cela produira des «cobénéfices» positifs pour la société, par exemple en créant des emplois non délocalisables, en réduisant la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre (GES), en améliorant la santé de la population… C’est d’ailleurs un impératif. C’est ce que détaillent les think tanks Terra Nova et I4CE (Institut de l’économie pour le climat) dans une note publiée jeudi. Entretien avec Benoît Leguet, directeur général de I4CE, membre du Haut Conseil pour le climat et coauteur de la note. 
Pourquoi estimez-vous «impératif» de privilégier les actions de sortie de crise offrant des «cobénéfices» économiques, environnementaux et sanitaires ?
La France s’est fixé un objectif ambitieux de neutralité carbone à horizon 2050, donc il faut réduire rapidement les émissions de GES. Et personne ne sait dans quel état seront l’économie française et les finances publiques à la sortie de cette crise. Mais on peut supposer qu’il y aura moins d’argent public qu’avant. Donc la nécessité d’utiliser le plus intelligemment possible chaque euro public dépensé, qui était déjà une contrainte assez forte, va devenir un impératif. Chaque euro public devra être investi en faisant d’une pierre trois coups : réduire les émissions de GES et la pollution de l’air, contribuer à relancer l’activité économique et avoir des cobénéfices sanitaires. 
>> Suite à lire à :
<https://www.liberation.fr/terre/2020/05/07/chaque-euro-public-investi-dans-la-sortie-de-crise-devra-faire-d-une-pierre-trois-coups_1787692>
En savoir plus :
> Co-Bénéfices environnementaux et sanitaires de l’action publique : It’s (also) the economy, stupid ! <https://www.i4ce.org/download/co-benefices-environnementaux-et-sanitaires-de-laction-publique/>, Insitute for Climate Economics (I4CE), note du 07/05/20
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16- Covid-19 : pourquoi nous devons refuser leur « Monde d’Après », Mr Mondialisation, 07/05/20

La crise sanitaire que nous traversons aura un impact considérable sur le monde. Certains parlent volontiers de l’« après » coronavirus, tout en évitant soigneusement d’en dire plus, se soustrayant ainsi à tout engagement de changement trop radical pour l’économie triomphante. Le risque est là : malgré le choc, il pourrait y avoir un retour à la normale rapidement, à la mondialisation ultra-libérale telle que nous la connaissons, couplée à un nouveau désastre social et écologique. La pandémie marquerait ainsi le début de l’effondrement, de la convergence des crises sociales, démocratiques et écologiques. Mais pourrait-elle aussi révéler la nécessité cruciale de changement ? La décroissance fictive et temporaire que nous vivons pourrait-elle nous mettre sur la voie d’un nouveau modèle, basé sur la résilience et une décroissance pérenne ? Édito.
« La pandémie est un fait total révélant que le système-monde se trouve désormais dans une situation de crise structurelle permanente », analyse l’historien Jérôme Baschet. Dans une tribune au « Monde », il décrit la propagation du virus comme un avant-goût en accéléré des catastrophes qui ne manqueront pas de s’intensifier dans un monde troublé par les effets du dérèglement climatique. De son côté, Philippe Sansonetti, microbiologiste et professeur au Collège de France, estime que la Covid-19 est une « maladie de l’anthropocène ». La pandémie illustre en effet les nombreuses crises que nous traversons, des dynamiques qui puisent souvent leur origine dans un capitalisme prédateur des ressources humaines et environnementales. Ces crises systémiques tendent à se renforcer l’une l’autre, créant une vulnérabilité extrême du système globalisé. En termes simple, les institutions mondialisées ont découvert leur grande vulnérabilité à travers la goutte d’eau de trop : le coronavirus.
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/covid-19-pourquoi-il-est-urgent-de-construire-le-monde-dapres/>
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17- Tribune. « Il faut combattre le lobbying aberrant pour un report des mesures en faveur de la transition écologique », Le Monde, 08/05/20, 06h30
Par Philippe Chiambaretta, ingénieur, architecte et urbaniste, fondateur et dirigeant de PCA-Stream

L’architecte et urbaniste Philippe Chiambaretta défend une « politique de santé des villes », fondée sur une approche systémique, et des projets expérimentaux de longue haleine.
Tribune. Le lien entre nos modes d’existence et la propagation fulgurante du Covid-19 ne peut être mis en doute. La crise sanitaire actuelle n’est pas la revanche d’une nature qui reprendrait ses droits, mais une réassignation à notre condition d’êtres vivants mortels : la maladie (nature), qui met à terre l’économie (culture), rappelle l’illusion du dualisme nature-culture qui a fondé nos sociétés occidentales depuis le XVIIe siècle.
L’homme n’est pas face à la nature, il est « nature », composé de milliards de cellules, habité par autant de bactéries et à la merci d’un virus invisible. L’accélération exponentielle du phénomène d’urbanisation, depuis les années 1950, a conduit à un épuisement tel des ressources naturelles que la Terre est aujourd’hui en état d’urgence respiratoire. Alors que nous faisions le constat désespérant de notre impuissance à ralentir notre folle course en avant, l’arrêt brutal de la machine mondiale, et la découverte du bouton rouge « d’arrêt d’urgence » évoqué par le sociologue Bruno Latour, nous plonge aujourd’hui dans la sidération.
> Lire aussi  Bruno Latour : « La crise sanitaire incite à se préparer à la mutation climatique »
J’en appelle à un engagement individuel et collectif fort, sans lequel cette parenthèse inédite nous précipitera, un peu plus vite encore, vers l’irréversible. La déflagration économique mondiale risque de pousser les peuples vers un repli nationaliste et de décupler l’antagonisme opposant fin du mois et fin du monde. Or, il n’y a pas de hiérarchie des urgences, mais des urgences différentes qui font système et appellent des réponses systémiques. Il faut donc combattre le lobbying aberrant pour un report des mesures en faveur de la transition écologique.
Mieux intégrer la recherche à la production urbaine
La chute spectaculaire des niveaux de pollution et de production de déchets fait prendre conscience à l’opinion publique de l’impact des villes sur leur environnement. Cette pandémie, qui met provisoirement en sommeil l’expansion et les effets néfastes des métropoles, révèle la pertinence du concept de « ville-métabolisme », qui assimile la complexité systémique des phénomènes urbains au fonctionnement des organismes vivants.
Les pathologies de la ville offrent depuis longtemps un objet d’études à la recherche, mais un changement d’échelle s’impose. À l’image des efforts conduits pour combattre le virus, il faut accélérer la coordination planétaire des instances politiques, intégrer la recherche scientifique à la production urbaine, réunir chercheurs et créateurs afin de surmonter les clivages et de résoudre ensemble un phénomène qui dépasse nos intelligences individuelles.
Les gouvernements urbains doivent amplifier comme jamais le partage de leurs expériences et la mise en commun de leurs efforts. Les politiques urbaines nationales et internationales se renforceront par un investissement massif dans la recherche et dans l’expérimentation.
> Lire aussi  A Copenhague, les maires de 94 villes déclarent l’urgence climatique
Des initiatives existent déjà, qui mériteraient d’être étendues et généralisées : le C40 rassemble les grandes métropoles autour de projets expérimentaux urbains, Climate-KIC, financé par l’Union européenne catalyse les recherches et les formations pour la transition écologique. Elles favorisent la rencontre d’énergies différentes, issues de la recherche, de la production urbaine, d’opérateurs autant privés que publics.
Le partage des données : un enjeu crucial
Le cadre conceptuel de « ville-métabolisme », qui s’attache à comprendre les interactions entre les différentes strates de la ville – mobilités, nature, infrastructures, usages, bâti – ne passera pas au stade de recherche appliquée sans le recours à la « data », qui permet de quantifier ces phénomènes. Les modalités de traitement et le partage de ces données sont un enjeu crucial si on veut avoir une chance d’étudier la physiologie et les pathologies des métabolismes urbains avec des outils semblables à ceux de la médecine.
Cette approche pluridisciplinaire permet de dépasser le solutionnisme technologique de la « smart city » et fait le lien entre une pensée et une action systémiques. Les actions articulées au sein de chacune des strates de la ville, tout comme leurs interactions, doivent être testées et évaluées à l’image des protocoles de recherche d’un traitement face à un virus.
Vers une politique de santé des villes
La logique de planification des projets laisse place à des approches plus itératives. L’expérimentation de voiries temporaires peut ainsi permettre de mesurer une évolution du trafic, entraînant elle-même la libération d’espaces qui peuvent donner lieu à des systèmes de végétalisations susceptibles d’accueillir à leur tour de nouveaux usages, et jouer un rôle sur les niveaux de pollution, le bien-être, renforcer la biodiversité ou supplanter des infrastructures.
Afin de réduire, voire neutraliser, les impacts négatifs de l’expansion urbaine globale sur l’écosystème, nous proposons comme objectif une politique de santé des villes afin de les rendre désirables, inclusives et durables. Désirables, car stressantes et polluées, elles ne sont plus sources de bien-être. Inclusives, car elles produisent de plus en plus d’exclusion. Durables enfin, car elles consomment 80 % des ressources de la planète sur seulement 2 % de sa superficie.
> Lire aussi  Urbanisme : les Champs-Elysées, avenue en quête de Parisiens
Pour une transformation profonde des usages
Un tel objectif nécessite un faisceau de transitions simultanées dans toutes ses strates. Strate des mobilités (limitation et transition de la voiture thermique et de l’avion vers des mobilités douces et décarbonées), strate de la nature qui peut fournir de nombreux services écosystémiques (purification de l’air, infiltration des eaux de pluie, production de fraîcheur, reconstitution d’habitats au profit de la biodiversité et remplacement des infrastructures coûteuses et polluantes).
Nos usages doivent aussi profondément évoluer. Développement du télétravail, horaires décalés, habitudes alimentaires ou gestion spatiale et temporaire de l’espace public : la crise actuelle ouvre de nouvelles perspectives. L’architecture doit accompagner ces mutations en intégrant dans les projets des critères de résilience, de neutralité carbone ou de mutabilité.
> Lire aussi  « Cette crise sanitaire est l’occasion de penser la ville du quart d’heure »
Des projets pilotes qui dérogent aux normes habituelles
Comprendre les systèmes complexes dynamiques qui régissent les métabolismes urbains exige la conduite de projets pilotes à l’échelle d’une décennie. C’est l’unité de temps pour penser, concevoir et agir à l’échelle urbaine. Engagés dès 2020 à horizon 2030, ils devront pouvoir déroger aux normes habituelles qui brident l’innovation par principe de précaution et court-termisme politique.
Grâce à une coopération étroite des grandes villes du monde, ces projets constitueront les multiples neurones d’une intelligence collective globale de ces enjeux. Nous avons tous vu ces derniers jours les images des rues désertes des capitales et mégalopoles. De quelles villes voulons-nous, pour quel monde ? C’est le moment ou jamais de se poser la question.
> Lire aussi  Philippe Chiambaretta chambarde les bureaux
<https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2020/05/08/il-faut-combattre-le-lobbying-aberrant-pour-un-report-des-mesures-en-faveur-de-la-transition-ecologique_6039039_4811534.html>
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En audio
18- Monde d'après et écologie : l'indispensable rupture ?, France Inter, Le téléphone sonne, 06/05/20, 19h15 à 20h
Pierre Weill

Pour l'ancien Ministre de l’Écologie, il est temps. Nicolas Hulot a publié ce mercredi 6 mai une tribune détaillant 100 principes et 5 propositions pour commencer à bâtir le monde de demain. Et pour vous, « le temps est venu » ?
Les tribunes se multiplient. Les riches aspirations pour le monde d'après sont parfois noyées par le martèlement de l'impératif du « retour à la normal ». Plus de 200 artistes et scientifiques, dont Aurélien Barrau, Robert De Niro et Madonna, publient une tribune pour rappeler l'impératif d'une rupture radicale : arrêtons de « nier la vie elle-même ».
L'urgence est là depuis longtemps. Si aucune action n'est menée, d'ici à 2030 la planète pourrait se réchauffer de 4 à 5°C. La crise que nous vivons, très probablement causée par une zoonose, fruit de rapports anormaux entre les animaux sauvages et les humains, doit être l'occasion de passer le pas. Le temps est venu de se lancer avec « audace et courage ».
Comment penser le monde de demain ? Quelles sont les principales mesures à prendre ? Que sommes-nous prêt à changer dans nos habitudes ?
Les invités
• Jean Jouzel Climatologue, ancien vice-président du GIEC
• Alain Grandjean Président de la fondation Nicolas Hulot
> Emission (36 min) à (ré)écouter à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-du-mercredi-06-mai-2020>
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En images
19- [Infographie] Les plans de relance peuvent être alignés avec l'Accord de Paris, sans coûter trop cher, Novethic, 06/05/20

L'ONG Climate Action Tracker a analysé cinq scénarios de sortie de crise plus ou moins favorable au climat. Si le monde optait pour une relance verte, les objectifs de l'accord de Paris pourraient être atteints d'ici 2030. Une telle politique nécessiterait des investissements de l'ordre de 1 % du PIB. En France, le think tank I4CE estime ces investissements à sept milliards d'euros. 
C’est du jamais vu. Les émissions mondiales de CO2 du secteur de l’énergie devraient chuter d'environ 8 % cette année, estime l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Ce serait la plus forte baisse jamais enregistrée, six fois plus importante que le précédent recul enregistré en 2009 à la suite de la crise financière mondiale. Mais "ce déclin historique des émissions mondiales n'est absolument pas une cause de célébration", estime toutefois Fatih Birol, son directeur. "Si l'on se fie à ce qui s'est passé après la crise financière de 2008, nous devrions assister bientôt à un fort rebond des émissions avec l'amélioration des conditions économiques", met-il en garde.   
Selon Climate Action Tracker (1), les émissions mondiales de CO2 devraient chuter de 4 à 11% cette année et pourraient bien rester sous le niveau de 2019 en 2021. Mais l’ONG précise que "seule la mise en place de politiques de relance favorables au climat permettra une baisse durable des émissions". L’ONG a étudié cinq scénarios de sortie de crise plus ou moins verts selon une reprise économique pessimiste ou optimiste. 
Dans le scénario "poursuite des politiques actuelles", la baisse des émissions liées à la crise du Covid n'est que temporaire. Pire, dans le scénario "rebond des énergies fossiles", les émissions sont supérieures à ce qui était prévu avant la crise du Covid-19 et ce, même avec une croissance faible. Les trois scénarios de "relance verte" font apparaître des réductions des émissions qui pourraient nous permettre de nous aligner avec un scénario 2°C voire même 1,5°C, inclus dans l'Accord de Paris.
>> Suite à lire et infographie à voir à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/infographie-une-relance-verte-ambitieuse-nous-permettrait-de-nous-aligner-avec-les-objectifs-de-l-accord-de-paris-et-ne-couterait-pas-si-cher-148508.html>
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Deux publications
20- En ligne. De quelle couleur sera la relance ?, Actu-environnement, Le mensuel des Pros de l’Environnement n°402, mai 2020

La crise sanitaire marque enfin le pas. Tandis que les conditions du déconfinement se précisent, il est plus que jamais temps de préparer une reprise dynamique et écoresponsable : une relance verte "post-covid".
Si nombre d'entre vous, professionnels de l'environnement, êtes contraints de vous rendre quotidiennement sur le terrain, vous êtes également nombreux à travailler et à nous lire à domicile.
C'est pourquoi, nous souhaitons permettre à tous de consulter gracieusement la version digitale de ce 402ème numéro d'Actu-Environnement, Le Mensuel, qui sera bientôt acheminé à nos abonnés.
> Pour consulter gracieusement ce mensuel :
<https://www.actu-environnement.com/mailings/aem402@home/>
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21- En ligne. Série « Libérer les imaginaires », Imagine demain le monde, épisodes 22, 23 & 24, 08/05/20

• Episode 22 - Quelle forêt pour demain ? [Imagine 122 / juillet-août 2017]
Quelle forêt pour demain ? Quelles sont les urgences économiques, sociales, écologiques qui les touchent ? A travers une enquête de 14 pages, Imagine vous emmène à travers les espaces naturels wallons, à un moment où le retour du loup n’était encore qu’hypothétique et où le Parlement régional se penchait sur une éventuelle privatisation des forêts publiques. 
> A lire ici <https://www.imagine-magazine.com/lire/spip.php?article2331>
• Episode 23 - Philosopher pour mieux vivre [Imagine 111 / septembre-octobre 2015]
A l’origine, la philosophie grecque et romaine était une cure, une thérapie. Au quotidien, elle peut être très précieuse pour prendre du recul, contrôler nos émotions et travailler notre jugement. Dans cette chronique, Philocité s’inspire de la philosophie stoïcienne, selon laquelle « notre émotion repose toujours sur un jugement et si devenons davantage conscients de ce jugement, nous aurons davantage d’emprise sur nos émotions ». Et propose des exercices d’apaisement, simples et accessibles à tous. 
> A lire ici <http://www.imagine-magazine.com/lire/spip.php?article1985>
• Episode 24 - La tomate, ce légume gâté du capitalisme [Imagine 123 / septembre-octobre 2017]
Légume le plus consommé au monde, la tomate est devenue une matière première comme une autre, un produit standardisé et mondialisé. Normes d’étiquetage laxistes, cueillette par des ouvriers agricoles exploités dans les Pouilles italiennes ou les champs du Xinjiang en Chine, blanchiment d’argent des mafias… Dans L’empire de l’or rouge, le journaliste Jean-Baptiste Malet montre l’envers du décor de la production de tomates d’industrie. 
> A lire ici <http://www.imagine-magazine.com/lire/spip.php?article2363>
<http://www.imagine-magazine.com/lire/>
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Deux offres d’emploi
22- Les postes de responsable plaidoyer et de directeur/directrice sont ouverts, Zero Waste France, 05/05/20
Marine Foulon

Ça bouge dans l'équipe de Zero Waste France ! Dans le cadre de remplacements, un poste de responsable plaidoyer et un poste de directeur/directrice sont ouverts.
• Responsable plaidoyer
Le/la Responsable du plaidoyer est en charge de la coordination stratégique et opérationnelle de l’action de plaidoyer de l’association. Son rôle est central dans la définition de la stratégie de plaidoyer de l’association : en étroite collaboration avec la direction, il/elle prépare et anime le processus de réflexion qui associe le conseil d’administration de l’association et l’ensemble de l’équipe salariée. Le/la Responsable du plaidoyer est également directement impliqué.e dans la mise en oeuvre de cette stratégie aux côtés des autres membres du pôle plaidoyer dont il/elle coordonne le travail commun au quotidien.
> Consulter l’offre de poste <https://cloud.zerowastefrance.org/index.php/s/i6k6F23YAwfqc6P#pdfviewer>
• Directeur/directrice
En 2020, Zero Waste France recrute son nouveau directeur ou sa nouvelle directrice. Il/Elle aura en charge de conduire l’association vers la réalisation de ses objectifs, en collaboration avec les membres de l’équipe salariée (une quinzaine de personnes dont dix permanents) et du conseil d’administration.
Garant·e du positionnement de l’association et du traitement de ses thématiques de fond, le directeur ou la directrice devra poursuivre et approfondir les projets engagés par l’association mais aussi être force de proposition :
• Sur la vision, les valeurs et la stratégie de l’association
• Sur ses projets et campagnes, dans une approche prospective et attentive à la fois aux risques et aux opportunités
• Sur l’organisation interne (dans le cadre d’un projet d’évolution de la gouvernance interne, mais aussi sur le management collaboratif et la stratégie d’animation de l’équipe, les relations avec le conseil d’administration, etc).  
> Consulter l’offre de poste <https://cloud.zerowastefrance.org/index.php/s/CCBeHWgQaPbBj7w#pdfviewer>
<https://www.zerowastefrance.org/deux-nouveaux-recrutements/>
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À PROPOS DE LA PRÉSENTE REVUE DE PRESSE...
Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
Elle n’a pas de caractère exhaustif. Il s’agit d’une sélection pluraliste d’articles ou de dépêches, parfois antagonistes, ne faisant pas systématiquement la Une des journaux et regroupés en 6 thèmes, adressée par mail du lundi au vendredi, à raison d’un thème différent chaque jour.
Diffuser ces articles ne signifie pas automatiquement les approuver mais vise à vous surprendre, vous enrichir, vous donner envie d’en savoir plus, vous aider à relayer l’info, à passer à l’action, et même, à vous indigner ou à vous faire sourire ! Nous espérons qu’au moins un de ces articles répondra chaque jour à l’un de ces objectifs.
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NOS PUBLICATIONS (les plus récentes) 
– Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>, janvier 2020
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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