[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (lundi 25 mai)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Lun 25 Mai 07:33:12 CEST 2020


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Le recul s'accélère en Afrique pour la forêt, mère nourricière des plus fragiles <https://www.geo.fr/environnement/le-recul-saccelere-en-afrique-pour-la-foret-mere-nourriciere-des-plus-fragiles-200624>, AFP, 07/05/20, 18:00
2- Analyse de 65 ans de travaux sur le lien entre forêt, déforestation et émergence de maladies infectieuses <https://www.inrae.fr/actualites/CP-analyse-lien-foret-deforestation-maladie>, INRAE, communiqué du 07/05/20
3- La Commission appelée à retarder les nouvelles règles du bio <https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/commission-urged-to-hold-off-new-rules-on-organic-products/>, EurActiv, 07/05/20
4- Amazonie : pendant l'épidémie, la déforestation s'accélère <https://www.geo.fr/environnement/amazonie-pendant-lepidemie-la-deforestation-saccelere-200631>, AFP, 09/05/20, 12:00
5- L'histoire d'amour des Britanniques avec le jardinage contrariée par le confinement <https://www.geo.fr/environnement/lhistoire-damour-des-britanniques-avec-le-jardinage-contrariee-par-le-confinement-200632>, AFP, 09/05/20, 15:00
6- [Bonne nouvelle] La région Île-de-France crée un programme alimentaire régional avec les agriculteurs franciliens <https://www.novethic.fr/actualite/social/droits-humains/isr-rse/la-region-ile-de-france-cree-un-programme-alimentaire-regional-avec-les-agriculteurs-franciliens-148528.html>, Novethic, 10/05/20
7- L’élevage intensif provoquera des pandémies bien plus importantes que celle d’aujourd’hui <https://dailygeekshow.com/elevage-intensif-epidemies/>, Daily Geek Show, 11/05/20
8- Entretien. Crise alimentaire : « C’est l’occasion ou jamais de réorienter notre système vers un développement plus durable » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/12/crise-alimentaire-c-est-l-occasion-ou-jamais-de-reorienter-notre-systeme-vers-un-developpement-plus-durable_6039371_3244.html>, Le Monde, 12/05/20, 03h25
9- 3,9 millions d’hectares perdus par an : le recul de la forêt africaine s’accélère <https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/environnement-africain/3-9-millions-dhectares-perdus-par-an-le-recul-de-la-foret-africaine-saccelere_3956243.html>, France info Afrique avec agences, 12/05/20, 09:26
10- Lait, vin, pommes de terre : que faire des excédents de la crise du coronavirus ? <https://www.geo.fr/environnement/lait-vin-pommes-de-terre-que-faire-des-excedents-de-la-crise-du-coronavirus-200649>, AFP, 12/05/20, 13:00
11- Tribune. Lettre d’une néorurale aux candidats à l’exode urbain <https://www.liberation.fr/debats/2020/05/12/lettre-d-une-neorurale-aux-candidats-a-l-exode-urbain_1787941>, Libération, 12/05/20, 16:36
12- Coronavirus : en Inde, « l’ombre de la faim plane sur le pays » <https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/12/coronavirus-en-inde-l-ombre-de-la-faim-plane-sur-le-pays_6039399_3210.html>, Le Monde, 12/05/20, 17h19
13- Épandage des pesticides : le Conseil d’État fait reculer le ministère de l’Agriculture <https://reporterre.net/Epandage-des-pesticides-le-Conseil-d-Etat-fait-reculer-le-ministere-de-l-Agriculture>, Reporterre, 12/05/20
14- A Grasse, le comble du cueilleur de la rose à parfum : "bosser avec un masque !" <https://www.geo.fr/environnement/a-grasse-le-comble-du-cueilleur-de-la-rose-a-parfum-bosser-avec-un-masque-200686>, AFP, 15/05/20, 14:00
15- Pesticides : pour le Conseil d’Etat, les épandages peuvent se poursuivre près des habitations malgré le Covid-19 <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/15/pesticides-pour-le-conseil-d-etat-les-epandages-peuvent-se-poursuivre-pres-des-habitations-malgre-le-covid-19_6039834_3244.html>, Le Monde, 15/05/20, 21h52
16- Chronique. « Des potagers bio et solidaires pour ceux que la crise ne manquera pas de toucher » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/16/des-potagers-bio-et-solidaires-pour-ceux-que-la-crise-ne-manquera-pas-de-toucher_6039850_3232.html>, Le Monde, 16/05/20, 06h30
17- Chronique. A cause du coronavirus, « le cours du saumon s’écaille » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/16/coronavirus-le-cours-du-saumon-s-ecaille_6039856_3234.html>, Le Monde, 16/05/20, 08h08 
18- En France, les achats de glyphosate ne faiblissent pas <https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/en-france-les-achats-de-glyphosate-ne-faiblissent-pas-1203527>, Les Echos, 16/05/20, 12h00
19- Selon une étude d’Alsace Nature, les fabricants de pesticides omettent des données de toxicité sur leur étiquetage européen <https://www.rue89strasbourg.com/selon-une-etude-dalsace-nature-les-fabricants-de-pesticides-omettent-des-donnees-de-toxicite-sur-leur-etiquetage-europeen-176063>, Rue89 Strasbourg, 20/05/20, 15h14
20- La Commission européenne dévoile des feuilles de route ambitieuses pour la biodiversité et l’alimentation <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/20/la-commission-europeenne-devoile-des-feuilles-de-route-ambitieuses-pour-la-biodiversite-et-l-alimentation_6040270_3244.html>, Le Monde, 20/05/20, 18h22
21- Reportage. « Ici, au moins, je vois du monde et je gagne un salaire » : portraits de nouveaux saisonniers <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/20/je-me-suis-vite-habituee-a-ce-travail-portraits-de-nouveaux-saisonniers_6040277_3244.html>, Le Monde, maj le 21/05/20, 12h42
22- Chronique. « Avec le pépin du Covid, l’orange est tendance » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/23/avec-le-pepin-du-covid-l-orange-est-tendance_6040517_3234.html>, Le Monde, 23/05/20, 08h27
23- Interview. "On peut nourrir la France en se passant des pesticides" <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/agriculture/interview-gilles-billen-directeur-de-recherche-au-cnrs-universite-pierre-et-marie-curie-a-paris-on-peut-nourrir-la-france-en-se-passant-des-pesticides_143954>, Sciences & Avenir, 23/05/20, 16h00

Bien à vous,
Florence

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DÉFORESTATION DU JOUR : — Depuis 1990, le monde a perdu 178 millions d'hectares de forêts, soit l’équivalent de 3 fois la superficie de la France. L'Afrique est le seul continent au monde où le recul de la forêt s'est accéléré cette dernière décennie  selon un rapport dévoilé par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). (cf. item 1, suite & 9)
— Des chercheurs d’INRAE, du Cirad, de l’IRD et de l’Institut Pasteur de la Guyane viennent d’effectuer, dans la revue Environmental Research Letters, une analyse de synthèse bibliométrique sur un corpus de 565 publications, sur les liens entre forêts, déforestation et maladies infectieuses émergentes. Ils pointent une fragilité des connaissances sur cet enjeu majeur. (cf. item 2)
— D’après les images satellites de l’Institut brésilien de Recherches Spatiales (INPE), 1.202 km2 de forêt ont disparu lors des 4 premiers mois de 2020. Cette déforestation est de 55 % supérieure à celle de la même période de 2019 et la plus élevée sur la période de janvier à avril depuis le début des statistiques mensuelles en 2015. (cf. item 4 & suite)
CRAINTE DU JOUR : Promiscuité, faible diversité génétique... les animaux d'élevage sont devenus des "nids à virus". (cf. item 7 & suite)
DÉCISION DU JOUR : Dans une ordonnance rendue le 15 mai, le Conseil d’État valide les dérogations accordées pendant la crise sanitaire pour réduire les distances de sécurité lors des épandages de pesticides. (cf. item 13 & 15)
CONTRESENS DU JOUR : Entre 2016 et 2018, 20 départements ont totalisé plus de la moitié de la quantité de pesticides achetée. Les achats de glyphosate, dont la France veut se passer d'ici à 2022, ont augmenté de 25 % sur dix ans. (cf. item 18)
ALTERNATIVES DU JOUR : — La région Ile-de-France lance un "programme alimentaire régional" avec la chambre régionale d'agriculture, en finançant l'achat auprès des agriculteurs franciliens de produits agricoles qui seront distribués aux plus démunis. (cf. item 6)
— Dans les Deux-Sèvres, des militants écolos vont planter des légumes destinés, cet automne, à l’aide alimentaire des plus précaires. (cf. item 16)
AMBITION DU JOUR : Protéger 30 % des terres et mers au sein de l’Union européenne, réduire de moitié l’usage des pesticides… Bruxelles présente les 2 premiers volets de son "pacte vert". (cf. item 20)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
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> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Le recul s'accélère en Afrique pour la forêt, mère nourricière des plus fragiles, AFP, 07/05/20, 18:00
Nicolas Gubert

Forêts africaines en péril : le recul des surfaces est reparti de plus belle ces dix dernières années sur le continent, désormais seule région du monde où la déforestation s'accélère, fragilisant des populations déjà précaires, selon les premiers enseignements d'un rapport dévoilé jeudi par l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Alors que certains pays sud-américains sont souvent pointés du doigt pour une exploitation irraisonnée de leurs forêts, l'Amérique latine a divisé par deux le rythme de disparition de ses surfaces arborées : alors qu'elle perdait en moyenne 5,2 millions d'hectares de forêts par an entre 2000 et 2010, la décennie suivante a vu le solde entre déforestation et régénération, naturelle ou de la main de l'homme, ramené à -2,6 millions d'hectares annuels.
Cette tendance ne prend cependant pas en compte les données les plus récentes de pays comme le Brésil où en 2019, première année de mandat du président Jair Bolsonaro, la déforestation a augmenté de 85% par rapport à 2018.
En Afrique, la perte de forêts s'est accélérée entre ces deux périodes, passant de 3,4 à 3,9 millions d'hectares en moins chaque année et accentuant le triste rang de leader de la déforestation désormais octroyé au continent africain.
"C'est effectivement une très mauvaise nouvelle" pour le continent africain, a commenté Anne Branthomme, experte à la FAO, qui travaille au programme d'évaluation des ressources forestières mondiales.
"Une explication, c'est certainement la croissance démographique dans la région. Beaucoup de la déforestation dans la région est due à l'agriculture de subsistance à petite échelle", a indiqué Mme Branthomme lors d'un entretien à l'AFP.
Un recul insuffisant de la pauvreté, combiné à cette croissance démographique, "fait que la pression sur les forêts est augmentée, ce qui est très dommage, puisque les forêts en Afrique représentent aussi une source très importante de nourriture, de bois de chauffage, de bois énergie", a-t-elle ajouté.
Autre facteur, selon Mme Branthomme, l'Afrique fait partie des continents où la proportion de forêts bénéficiant de plans de gestion (24%) est l'une des moins importantes.
- Amélioration au niveau mondial -
Elle a rappelé que la FAO menait "beaucoup d'actions sur l'aménagement durable des forêts", citant notamment l'initiative de la "Grande Muraille verte", programme phare du continent africain pour combattre les changements climatiques et la désertification et lutter contre l'insécurité alimentaire et la pauvreté, à travers l'Afrique du Nord, le Sahel et la Corne de l'Afrique.
Des actions d'autant plus importantes en ces temps de crise sanitaire: le programme alimentaire mondial, autre organe de l'Onu, a annoncé récemment un possible doublement du nombre de personnes au bord de la famine en raison de "l'impact économique" de la pandémie de coronavirus.
Car en plus d'offrir de l'oxygène, "il y a une interdépendance entre les forêts et l'agriculture. Là où la forêt part, il y a plus de risques d'érosion, des impacts aussi sur l'agriculture, également pour l'eau", a souligné Mme Branthomme.
Au niveau mondial cependant, le recul de la forêt a poursuivi son ralentissement. Mais cette tendance positive s'est nettement fragilisée ces dix dernières années : alors que la moyenne de perte de forêts au niveau mondial avait baissé de 2,6 millions d'hectares par an entre 1990-2000 et la décennie 2000-2010, elle n'a été réduite que de 0,5 million entre cette dernière et 2010-2020, pour atteindre en moyenne -4,7 millions d'hectares annuels.
L'un des objectifs de développement durable fixé par les Nations unies, à savoir mettre un terme à la déforestation d'ici à 2020, n'est donc pas atteint.
Pour autant, "il faut rester optimiste" : selon Mme Branthomme, si on observe un ralentissement malgré la croissance démographique mondiale, "ça veut dire qu'on peut arrêter ça".
Depuis 1990, le monde a perdu 178 millions d'hectares de forêts, soit une superficie équivalente à la Libye, ou supérieure aux surfaces additionnées de l'Allemagne, la France, l'Espagne et le Portugal.
Le total des forêts dans le monde représente un peu plus de 4 milliards d'hectares, soit environ 31% des terres émergées de la planète.
<https://www.geo.fr/environnement/le-recul-saccelere-en-afrique-pour-la-foret-mere-nourriciere-des-plus-fragiles-200624>
En savoir plus :
> Baisse des pertes forestières, la gestion durable des forêts en plein essor <http://www.fao.org/news/story/fr/item/1274118/icode/>, FAO, 07/05/20
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2- Analyse de 65 ans de travaux sur le lien entre forêt, déforestation et émergence de maladies infectieuses, INRAE, communiqué du 07/05/20

La pandémie mondiale de Covid-19 met en lumière l’importance de certains domaines scientifiques jusque-là peu étudiés, comme le lien entre les écosystèmes, leur biodiversité et l’émergence de nouvelles maladies infectieuses. En effet, les humains exploitent de plus en plus leur environnement et sont par conséquent plus exposés à certains microbes tapis dans l’ombre, ce qui peut accroître les risques de nouvelles contaminations. Des chercheurs d’INRAE, du Cirad, de l’IRD et de l’Institut Pasteur de la Guyane viennent d’effectuer, dans la revue Environmental Research Letters, une analyse de synthèse bibliométrique sur un corpus de 565 publications, publiés entre 1953 et 2018, sur les liens entre forêts, déforestation et maladies infectieuses émergentes. Ils pointent une fragilité des connaissances sur cet enjeu majeur.
>> Suite à lire à :
<https://www.inrae.fr/actualites/CP-analyse-lien-foret-deforestation-maladie <https://www.inrae.fr/actualites/CP-analyse-lien-foret-deforestation-maladie>>
Sur le même sujet :
> Analyse de 65 ans de travaux sur le lien entre forêt, déforestation et émergence de maladies infectieuses <https://www.cirad.fr/actualites/toutes-les-actualites/communiques-de-presse/2020/liens-entre-deforestation-biodiversite-maladies-infectieuses>, Cirad, communiqué du 07/05/20
> Pas assez de recherches sur les liens entre déforestation et épidémies, pointent des scientifiques <https://reporterre.net/Pas-assez-de-recherches-sur-les-liens-entre-deforestation-et-epidemies-pointent-des>, Reporterre, 07/05/20
En savoir plus : 
> Forests and emerging infectious diseases : unleashing the beast within <https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ab8dd7>, Environmental Research Letters, 28/04/20
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3- La Commission appelée à retarder les nouvelles règles du bio, EurActiv, 07/05/20
Gerardo Fortuna et Natasha Foote | translated by  Sandra Moro

Soutenus par le secteur du bio, les députés européens poussent la Commission européenne à retarder d’un an l’entrée en vigueur de la nouvelle mouture du règlement sur l’agriculture biologique.
La nouvelle réglementation pour l’agriculture biologique, approuvée en 2018 après de nombreuses années de négociations interinstitutionnelles entre les députés européens et les ministres de l’Agriculture, devrait simplifier le système actuel d’étiquetage et de commercialisation des produits biologiques et créer des conditions de concurrence équitable pour les produits européens et les importations.
Le nouveau règlement permettra notamment une harmonisation des normes, en appliquant un système unique à tous les agriculteurs de l’UE et des pays tiers, et en offrant à tous les consommateurs de l’UE la même garantie de qualité, quelle que soit la provenance des denrées alimentaires.
Les députés de la commission de l’agriculture du Parlement européen (AGRI) estiment cependant qu’il faut davantage de temps. D’une part pour s’assurer que l’architecture complexe de règlements délégués et de lois d’application est bien en place, et d’autre part pour que les États membres et les opérateurs du secteur soient en mesure de réussir la transition vers ce système amélioré de production biologique.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/commission-urged-to-hold-off-new-rules-on-organic-products/>
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4- Amazonie : pendant l'épidémie, la déforestation s'accélère, AFP, 09/05/20, 12:00
Joshua Howat Berger

Le monde entier est concentré sur la pandémie de coronavirus. Pendant ce temps-là, la déforestation de la jungle amazonienne s'est accélérée cette année, suscitant des craintes que ne se répète la dévastation record de l'année dernière.
De fait, la déforestation en Amazonie brésilienne a atteint un nouveau sommet au cours des quatre premiers mois de l'année, selon des données publiées vendredi par l'Institut national de recherche spatiale du Brésil (INPE), qui utilise des images satellites pour suivre la destruction : ce sont 1.202 kilomètres carrés de forêt qui ont disparu de début janvier à fin avril 2020.
Cela représente une augmentation de 55% par rapport à la même période de l'année dernière, la plus élevée depuis que ces observations mensuelles ont commencé, en août 2015.
Ces chiffres soulèvent de nouvelles questions sur la façon dont le Brésil protège sa part de la plus grande forêt tropicale du monde sous le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, un climato-sceptique notoire qui préconise l'ouverture des terres protégées à l'exploitation minière et à l'agriculture.
"Malheureusement, il semble que ce à quoi nous pouvons nous attendre cette année, ce sont des incendies et une déforestation record", a déclaré Romulo Batista, militant de Greenpeace, dans un communiqué.
- "Paracétamol pour mal de dents" -
En 2019, pour la première année de Jair Bolsonaro dans ses fonctions, la déforestation a grimpé de 85% en Amazonie brésilienne, avec la destruction de 10.123 kilomètres carrés de verdure. Cette dévastation, à peu près de la taille du Liban, avait créé un émoi mondial quant à l'avenir de la jungle, considérée comme vitale dans la lutte contre le changement climatique.
La destruction a été provoquée par des incendies de forêt record qui ont ravagé l'Amazonie de mai à octobre, en plus de l'exploitation illégale forestière et minière, et de pratiques agricoles sur des terres protégées.
"Le début de l'année n'est pas le moment où la déforestation se produit normalement, car il pleut beaucoup", observe Erika Berenguer, environnementaliste aux universités d'Oxford et de Lancaster. "Par le passé, lorsqu'on voyait la déforestation augmenter dès le début de l'année, cela indiquait que lorsque la saison de déforestation commencera (fin mai), il y aura également une augmentation".
Jair Bolsonaro a autorisé cette semaine l'armée à se déployer en Amazonie pour lutter contre les incendies et la déforestation à partir du 11 mai.
Il l'avait déjà fait l'année dernière après avoir essuyé de cinglantes critiques de la part de la communauté internationales pour avoir minimisé ces incendies.
Les écologistes, de leur côté, estime qu'il serait préférable de soutenir davantage les programmes de protection de l'environnement. Sous la présidence Bolsonaro, l'agence environnementale IBAMA a dû faire face à des réductions de personnel et de budget. Et le mois dernier, le gouvernement a limogé le plus haut responsable chargé de l'application des lois environnementales de l'agence, qui avait peu avant autorisé une descente de police sur des mines illégales, devant les caméras de télévision.
La stratégie militaire du gouvernement ne porte que sur les incendies, sans tenir compte du fait qu'ils sont souvent causés par des fermiers illégaux et des éleveurs qui abattent des arbres puis les brûlent, déplore Erika Berenguer. "C'est comme prendre du paracétamol quand on a mal aux dents: ça va réduire la douleur, mais si c'est une cavité, ça ne va pas la guérir", dit-elle à l'AFP.
- Tragédies jumelles -
L'épidémie de coronavirus dans le pays, qui a fait officiellement près de 10.000 morts parmi quelque 150.000 personnes contaminées, complique encore les choses.
L'Etat de l'Amazonas, largement couvert par la nature, est l'un des plus touchés. Avec une seule unité de soins intensifs, il a été débordé par l'épidémie. Les craintes portent aussi sur les communautés indigènes, historiquement très vulnérables aux maladies venues d'ailleurs.
Et les écologistes craignent aussi que la protection de la forêt soit délaissée en raison de la lutte contre le Covid-19.
Le maire de la capitale de l'Amazonas, Manaus, a fait le lien entre les deux tragédies cette semaine, dans un appel à l'aide. "Nous avons besoin de personnel médical, de respirateurs, d'équipement de protection, tout ce qui peut sauver les vies de ceux qui protègent la forêt", a lancé Arthur Virgilio.
<https://www.geo.fr/environnement/amazonie-pendant-lepidemie-la-deforestation-saccelere-200631>
Sur le même sujet : 
> Brésil : Déforestation record en Amazonie depuis janvier, 20 Minutes avec AFP, 09/05/20, 04h05
Selon des données officielles : 1.202 km2 de forêt ont disparu lors des quatre premiers mois de cette année, soit 55 % de plus que lors de la même période de 2019
Le pessimisme est de mise concernant l’Amazonie. Des chiffres laissent en effet entrevoir une nouvelle année noire pour la plus grande forêt tropicale du monde. Selon des données officielles publiées vendredi, la déforestation a ainsi atteint un record entre janvier et avril en Amazonie brésilienne.
Des doutes sur l’action du président Bolsonaro
D’après les images satellites de l’Institut brésilien de Recherches Spatiales (INPE), un organe gouvernemental, 1.202 km2 de forêt ont ainsi disparu lors des quatre premiers mois de cette année. Cette déforestation est de 55 % supérieure à celle de la même période de 2019 et la plus élevée sur la période de janvier à avril depuis le début des statistiques mensuelles en 2015.
Surtout, ces chiffres soulèvent des questions sur l’engagement du président Jair Bolsonaro à protéger l’Amazonie, dont plus de 60 % se trouvent en territoire brésilien. 2019, la première année au pouvoir du chef de l’Etat d’extrême droite, avait été marquée par un nombre jamais vu d’incendies qui avaient dévasté d’immenses zones d’Amazonie et attiré un flot de critiques de la communauté internationale sur le Brésil. Au total, la déforestation en Amazonie brésilienne a progressé de 85 % l’an dernier, sur 10.123 km carrés, dépassant le seuil symbolique des 10.000 km carrés pour la première fois depuis le début de ces statistiques en 2008.
>> Suite à lire à :
<https://www.20minutes.fr/planete/2775643-20200509-bresil-deforestation-record-amazonie-depuis-janvier
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5- L'histoire d'amour des Britanniques avec le jardinage contrariée par le confinement, AFP, 09/05/20, 15:00
John Weaver

Le confinement décrété fin mars au Royaume-Uni a renforcé la passion des Britanniques pour le jardinage mais menace l'avenir des entreprises traditionnelles du secteur qui sont restées portes closes.
Après sept semaines de confinement, le Premier ministre Boris Johnson doit annoncer dimanche la réouverture des magasins de jardinage, selon des médias britanniques.
Une nouvelle bienvenue pour ces commerces qui ont souffert ces dernières semaines, alors que les détaillants en ligne étaient de leur côté submergés par la demande.
Environ 83% des foyers en Angleterre disposent d'un espace extérieur privé, selon des chiffres de 2016, ce qui a fourni un loisir aux Britanniques contraints de rester chez eux.
Selon l'Association des entreprises horticoles (HTA), environ 650 entreprises britanniques produisent des plantes d'ornement, contribuant à 1,4 milliard de livres (1,6 milliard d'euros) au PIB et employant directement 15.000 personnes. 
Une entreprise sur trois craignait d'être insolvable cette année, indiquait fin avril un rapport du HTA qui a demandé l'aide du gouvernement. 
Adrian Marskell, directeur général de la Bransford Webbs Plant Company, basée à Worcester (centre de l'Angleterre) estime qu'il va perdre 2 millions de livres de chiffre d'affaires en 2020 et prévoit un avenir difficile ces prochaines années pour l'industrie. 
Il a été contraint de placer la majeure partie de sa centaine d'employés en chômage technique, et a dû jeter une partie de sa production, en pleine saison, raconte-t-il à l'AFP, juste avant la Journée nationale du jardinage, dimanche. Il a été confronté au défi logistique de dégager de la place pour faire pousser les plantes pour la prochaine saison.
"C'est un peu comme fermer un magasin de jouets en décembre", a-t-il comparé, estimant qu'en temps normal "la plupart des entreprises de cette industrie réalisent environ 70% de leur chiffre d'affaires en ce moment." 
Il reste cependant optimiste : "Il faudra du temps pour s'en remettre, mais c'est une industrie assez résistante". 
- Stocks jetés -
Les mesures prises pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus ont aussi "pratiquement anéanti" l'activité de la pépinière Sandiacre près de Guildford, dans le sud-est de l'Angleterre, explique son propriétaire, Royden Kemp. 
La pépinière a continué d'approvisionner des jardineries livrant à domicile et a lancé son propre service de livraison en ligne, mais ses ventes ont néanmoins chuté de 75% en avril. 
Lui aussi a été contraint de jeter une énorme partie de ses stocks. 
Pour Royden Kemp, ces dernières semaines ont été un "choc sismique pour l'industrie", qui fera de nombreuses victimes. 
Mais "un producteur de plantes est quelqu'un de très résilient, qui a connu de nombreux printemps difficiles, généralement en raison du mauvais temps", souligne-t-il. 
Pour les paysagistes Nina Baxter et Jo Thompson, le confinement a été vécu d'une toute autre façon. Elles ont toutes deux observé un ralentissement ou une "pause" des activités de leurs entreprises respectives au début du verrouillage, mais la demande s'est nettement redressée depuis. 
Elles ont uni leurs forces pour lancer une nouvelle entreprise de conception et d'approvisionnement de bulbes cette semaine, confiantes que c'est le bon moment. 
"Les gens sont tout le temps dans leurs jardins", a justifié Jo Thompson, qui a des bureaux à Londres et dans l'East Sussex. "Nous avons eu plus de demandes que je n'en ai jamais eues en si peu de temps.".
Avec sa comparse, elles s'appuient sur des photos et des vidéos pour travailler à distance - ce qu'elle appelle la "méthode Covid". 
Le jardinage est "dans le sang" des Britanniques, estime Jo Thompson, qui a remporté plusieurs prix au prestigieux Chelsea Flower Show, une des plus grandes manifestations horticoles au monde, annulé cette année en raison de la pandémie. 
Dans cette période angoissante, "les gens commencent à réaliser les avantages pour le bien-être mental" de ce loisir, ajoute-elle.
Les perspectives de départs en vacances cet été semblant compromises en raison des restrictions en place, "les gens commencent à se dire : +ça pourrait durer avant qu'on parte à l'étranger, en vacances+", explique Nina Baxter. "Ils ont un long été devant eux et réalisent : +nous devons faire quelque chose pour le jardin+".
<https://www.geo.fr/environnement/lhistoire-damour-des-britanniques-avec-le-jardinage-contrariee-par-le-confinement-200632>
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6- [Bonne nouvelle] La région Île-de-France crée un programme alimentaire régional avec les agriculteurs franciliens, Novethic, 10/05/20
La rédaction avec AFP

Le conseil régional d'Ile-de-France lance un "programme alimentaire régional" avec la chambre régionale d'agriculture, en finançant l'achat auprès des agriculteurs franciliens de produits agricoles qui seront distribués aux plus démunis, a annoncé sa présidente Valérie Pécresse (ex-LR).
Pour Valérie Pécresse, avec la crise sanitaire, "nous voyons monter la pauvreté et la précarité dans nos territoires", ce qui "exige une réponse alimentaire urgente et solidaire", a-t-elle expliqué lors d'une visio-conférence.  Pour renforcer les distributions alimentaires, "nous avons décidé (...) de créer un programme alimentaire régional pour venir en aide aux plus démunis. Sur la base des besoins exprimés par les associations et la banque alimentaire, la région financera l'achat de produits agricoles auprès des agriculteurs franciliens", a-t-elle expliqué.
Cela passera notamment par l'achat "au prix du marché" de "tous les surplus et invendus de la production agricole francilienne", mais pas seulement. "On achètera aussi les denrées qui nous manqueraient." Le montant de ce plan et les volumes de production agricole concernés n'ont pas été précisés. Selon Valérie Pécresse, "on se prépare à faire durer le plan jusqu'en décembre".
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/social/droits-humains/isr-rse/la-region-ile-de-france-cree-un-programme-alimentaire-regional-avec-les-agriculteurs-franciliens-148528.html>
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7- L’élevage intensif provoquera des pandémies bien plus importantes que celle d’aujourd’hui, Daily Geek Show, 11/05/20
Marine Guichard - Source : The Guardian

Promiscuité, faible diversité génétique... les animaux d'élevage sont devenus des "nids à virus"
Alors que le monde traverse actuellement l’une des pires crises sanitaires depuis un siècle, les questions se posent quant à l’origine de la pandémie. Issue probablement d’un marché d’animaux sauvages de Wuhan plus ou moins réglementaire, cette épidémie nous invite à remettre en cause nos modèles de société, notamment l’élevage intensif, qui serait un véritable terreau épidémique.
L’élevage intensif, ou industriel, désigne une forme d’élevage à grande échelle, visant à en maximiser les profits. Cela a des conséquences importantes sur le bien-être animal mais également en matière d’environnement. Pour les animaux, ce type d’élevage se caractérise par une promiscuité accrue. Des directives européennes sont venues réguler la densité de peuplement, c’est-à-dire le nombre d’animaux maximal par m2​. La directive de 2007 dispose que pour l’élevage de poulets, la densité de peuplement ne doit pas excéder 33 kg/m2, sachant qu’un poulet « standard » peut peser jusqu’à plus de 2 kg. La directive affirme même que des dérogations peuvent être accordées afin que la densité d’élevage puisse aller jusqu’à 39 kg/m2.
>> Suite à lire à :
<https://dailygeekshow.com/elevage-intensif-epidemies/>
En savoir plus :
> We have to wake up : factory farms are breeding grounds for pandemics <https://www.theguardian.com/commentisfree/2020/apr/20/factory-farms-pandemic-risk-covid-animal-human-health>, The Guardian, 20/04/20, 10:59
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8- Entretien. Crise alimentaire : « C’est l’occasion ou jamais de réorienter notre système vers un développement plus durable », Le Monde, 12/05/20, 03h25
Propos recueillis par Mathilde Gérard 

Nommé rapporteur spécial des Nations unies pour l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, le professeur belge Olivier De Schutter analyse les ressorts de la crise alimentaire qui sévit en marge de la pandémie de Covid-19. 
Olivier De Schutter, coprésident du Panel international d’experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-Food), a été nommé, le 1er mai, rapporteur spécial des Nations unies pour l’extrême pauvreté et les droits de l’homme. Il analyse l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’accès à l’alimentation.
On a vu, ces dernières semaines, des catégories de population perdre leurs revenus et basculer dans la faim. Peut-on parler d’une nouvelle crise alimentaire mondiale ?
Oui. Le paradoxe est que nous sommes dans une situation extrêmement périlleuse alors même que la production mondiale de céréales et les stocks alimentaires sont à un niveau excellent. Les récoltes 2019-2020 ont atteint des records. Mais à moyen terme, on court le risque que l’approvisionnement soit mis en danger, et ce pour plusieurs raisons.
> Lire aussi  Coronavirus : des greniers pleins, mais des inquiétudes sur la chaîne d’approvisionnement
Il y a d’abord les restrictions à la liberté de circuler de la main-d’œuvre agricole. Beaucoup de pays de l’ouest de l’Europe dépendent d’une main-d’œuvre saisonnière migrante, venant notamment de Roumanie, de Bulgarie ou de Pologne. Avec la fermeture des frontières, le pire est peut-être encore à venir du point de vue de la qualité et de la suffisance de l’approvisionnement et de la production.
La deuxième difficulté, c’est que dès lors que les écoles sont fermées, et tout le secteur de la restauration est en coma artificiel, beaucoup de producteurs voient s’interrompre les possibilités d’écouler leurs produits et les stocks s’accumulent. Les petits producteurs sont les premières victimes. En trente ans, on a vu disparaître les deux tiers des exploitations agricoles dans des pays comme la France ou la Belgique. Ce sont les plus petites qui disparaissent d’abord car elles sont les moins compétitives et moins aptes à réaliser des économies d’échelle. Aujourd’hui, c’est un secteur qui éprouve les plus grandes difficultés.
La troisième source d’inquiétude, ce sont les restrictions aux exportations annoncées par quelques pays, comme la Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan pour le blé, ou le Vietnam pour le riz. Ce sont une dizaine de pays tout au plus, et les restrictions sont relativement modestes. Mais c’est inquiétant si ça se prolonge. Le risque est qu’on retombe dans ce qu’on a vécu en 2008 [lors des émeutes de la faim dans une trentaine de pays] avec des réactions de panique sur les marchés, une multiplication des restrictions aux exportations et une spéculation à la hausse sur les prix. On n’en est pas là, d’autant que le pétrole étant à un niveau historiquement bas, on n’a pas encore assisté à une augmentation massive des prix des denrées agricoles, mais ce n’est pas un scénario à exclure.
> Lire aussi  Coronavirus : la pénurie de saisonniers paralyse l’agriculture européenne
Comment expliquer la multiplication des files d’attente pour les banques alimentaires dans les grandes villes européennes ou américaines ?
Il est dramatique que dans certains pays, les banques alimentaires soient devenues une partie intégrante du paysage de la protection sociale. C’est inacceptable et scandaleux que des gouvernements s’en remettent au secteur bénévole, à la charité publique, parce que des familles en grande pauvreté ne parviennent pas à se nourrir décemment. L’alimentation est la partie du budget des ménages sur laquelle on rabote le plus vite, parce qu’on a la possibilité de se nourrir pour moins cher ou de faire la queue pour recevoir un panier alimentaire. Mais le développement d’un secteur de la charité alimentaire n’est pas un substitut à des systèmes de protection sociale qui protègent vraiment.
> Lire aussi  L’aide alimentaire au temps du confinement : « Des étudiants viennent nous donner un coup de main, mais aussi s’approvisionner »
Pensez-vous que les systèmes de production agroalimentaire sont à même de résister à la crise ?
Beaucoup de pays prennent conscience qu’ils doivent produire des denrées plus diverses pour satisfaire leurs besoins de consommation interne et que la dépendance aux importations à flux tendu créent un risque. On entend des appels de plus en plus nombreux à une reconquête non pas d’une autarcie, mais d’une diversification et reterritorialisation de l’agriculture pour que chaque pays puisse satisfaire davantage ses propres besoins.
On se rend compte qu’il faut cesser de vouloir à tout prix l’efficience et aller vers plus de résilience. L’efficience, c’est l’uniformisation, la spécialisation, les grandes monocultures où les machines remplacent les hommes et les femmes et où on produit en masse. La résilience, c’est une production beaucoup plus diversifiée, et des circuits courts de commercialisation. On est en train de prendre conscience de la fragilité des systèmes de production mondialisés sur lesquels on reposait et qui ont été encouragés depuis soixante ans.
Y voyez-vous un signal d’alarme pour mieux intégrer la santé, et donc l’alimentation, dans les politiques publiques ?
On est à un moment charnière, avec un vrai combat politique qui se profile. D’un côté, de nombreuses voix se font entendre pour dire : les préoccupations environnementales n’ont pas leur place dans un contexte où on doit répondre à une crise économique majeure et inédite depuis 1929, donc repoussons à plus tard nos ambitions environnementales, et n’imposons pas de nouvelles contraintes aux entreprises. Et on a une autre approche disant : c’est l’occasion ou jamais de réorienter notre système économique vers un développement plus durable.
> Lire aussi  Coronavirus : l’alimentation en circuit court est plébiscitée par les Français
Si on prend l’ensemble des aides que les Etats membres de l’UE vont donner aux entreprises, les prêts de la banque européenne d’investissement, et le plan de relance européen, on a là 4 200 milliards d’euros qui, dans les mois qui viennent, vont être injectés dans l’économie réelle. C’est un quart du PIB européen, c’est énorme. Il faut utiliser ces montants astronomiques pour aller vers un verdissement de l’économie et soutenir les secteurs qui peuvent préparer la transition écologique.
Il est difficile pour les politiques de réagir à la fois au court terme – éviter que l’économie ne s’écroule, parce que les faillites d’entreprises vont se multiplier – et le long terme – préparer pour dans dix ou quinze ans la trajectoire vers une société bas carbone et des émissions nettes zéro carbone à l’horizon 2050. Mais c’est le moment ou jamais de faire preuve d’une capacité de vision.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/12/crise-alimentaire-c-est-l-occasion-ou-jamais-de-reorienter-notre-systeme-vers-un-developpement-plus-durable_6039371_3244.html>
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9- 3,9 millions d’hectares perdus par an : le recul de la forêt africaine s’accélère, France info Afrique avec agences, 12/05/20, 09:26

Depuis 1990, le monde a perdu 178 millions d'hectares de forêts, soit l’équivalent de trois fois la superficie de la France. Mais la dynamique de ce recul n’est pas la même d’un continent à l’autre.
L'Afrique est le seul continent au monde où le recul de la forêt s'est accéléré cette dernière décennie, selon un rapport dévoilé le 7 mai 2020 par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Alors que l'Amérique latine a divisé par deux le rythme de perte de ses surfaces arborées, en Afrique le recul de la forêt s’accélère.
Amélioration au niveau mondial
Si l’Amérique du sud a perdu 5,2 millions d'hectares de forêts par an entre 2000 et 2010, le solde entre la déforestation et la régénération, naturelle ou de la main de l'homme, est tombé à moins 2,6 millions d'hectares annuels (en moyenne) pour la décennie 2010-2020. Cette tendance ne prend cependant pas en compte les données les plus récentes de pays comme le Brésil où, en 2019, première année de mandat du président Jair Bolsonaro, la déforestation a augmenté de 85% par rapport à 2018.
Mais en Afrique, la perte de surface forestière s'est accélérée entre ces deux périodes, passant de 3,4 à 3,9 millions d'hectares en moins chaque année. Le continent africain détient ajourd'hui le triste titre de "leader de la déforestation". "C'est effectivement une très mauvaise nouvelle" pour le continent africain, a commenté Anne Branthomme, experte à la FAO, qui travaille au programme d'évaluation des ressources forestières mondiales.
>> Suite à lire à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/environnement-africain/3-9-millions-dhectares-perdus-par-an-le-recul-de-la-foret-africaine-saccelere_3956243.html>
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10- Lait, vin, pommes de terre : que faire des excédents de la crise du coronavirus ?, AFP, 12/05/20, 13:00
Isabel Malsang

L'épidémie de coronavirus n'est pas terminée, mais déjà se pose la question des débouchés pour des milliers de tonnes d'excédents de pommes de terre ou de lait non vendus en Europe pendant les deux mois de confinement, sur fond de choc social et de menace de crise alimentaire dans certains pays du sud.
Avec tous les restaurants et cantines à l'arrêt, les matières premières destinées à ces filières sont loin d'avoir toutes été redirigées vers la grande distribution, malgré l'envolée des courses alimentaires des particuliers confinés à domicile.
L'un des cas le plus emblématiques est celui des pommes de terre: 450.000 tonnes de surplus en France, premier pays exportateur mondial de la tubercule et fournisseur des géants de la frite industrielle comme le groupe canadien McCain, dont les usines sont basées dans le nord de la France, aux Pays-Bas et en Belgique.
Avec la crise du Covid-19, il y a "entre 3 et 4 millions de tonnes de pommes de terres pas transformées en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en France" estime le Groupement interprofessionnel de la pomme de terre (GIPT).
La plupart des fast-food européens fermés, les usines à frites surgelées sont restées à l'arrêt deux mois. Du jamais vu. Et les entrepôts des producteurs -qui ont été rémunérés d'une partie des pommes de terre sous contrat- sont pleins à craquer. 
- "Plein de gens ont faim" -
Les montagnes de patates doivent être dégagées avant la prochaine récolte. Sinon, "le risque est de voir se développer des dépôts sauvages (...) dans la nature, vecteurs de foyers infectieux de maladies fongiques ou de pollution par fermentation", explique à l'AFP Bertrand Ouillon, délégué du GIPT.
Beaucoup d'utilisateurs de réseaux sociaux ont demandé que cet aliment de base soit redirigé vers l'aide alimentaire, à l'heure où une crise sociale se développe après l'arrêt de l'activité économique.
"Bon sang, mais plein de gens ont faim ! Faites un appel, des gens viendront en chercher, même à 0,5 euros", estime ainsi sur Twitter @mishkawolinski, tandis que @lvckdjr à Toulouse met en garde contre "certaines associations" qui refusent les dons de pommes de terre "qui ne sont pas en filet".
"De fait, on a fait partir quelques stocks dans des associations, mais notre problème ne peut pas se résoudre de cette manière, il est à échelle industrielle", souligne M. Ouillon. 
La filière souhaiterait pouvoir rediriger ses stocks vers la fabrication d'aliment pour bétail. "S'il pouvait y avoir une aide publique pour le transport, cela pourrait en fait être une aide indirecte aux éleveurs qui sont aujourd'hui en difficulté", suggère-t-il.
- "La crise laitière européenne menace l'Afrique de l'Ouest" -
Pas toujours facile de rediriger des flux vers des canaux alternatifs de distribution sans déstabiliser d'autres secteurs. C'est ce que montre un autre exemple, celui du lait. 
La semaine dernière, Oxfam et une douzaine d'associations paysannes ou de solidarité (GRET, Confédération paysanne, Ingénieurs sans frontières, CCFD Terre Solidaire..) ont alerté sur les risques de "crise grave" pesant sur le marché laitier en Afrique de l'Ouest. 
La raison, c'est le stockage de poudres de lait décidé par la Commission européenne pour soulager les éleveurs laitiers européens qui ne savent plus quoi faire de leur lait, beurre ou fromage.
"La sortie de crise ne doit pas se faire, comme par le passé, par l’exportation des excédents vers les marchés africains", avertissent les associations dans un communiqué commun intitulé "Covid-19 : la crise laitière européenne menace l'Afrique de l'Ouest".
Déjà entre 2018 et 2019, les exportations de poudre de lait de l'UE en Afrique de l'Ouest avaient augmenté de 19%, et elles représentent aujourd'hui 20% des exportations mondiales de l'Union Européenne, selon les associations. Alors que les producteurs laitiers ouest-africains tentent désespérément de développer leur production locale dans le but de soutenir l'agriculture, réduire l'émigration et lutter contre la violence.
Un début de solution semble en revanche se dégager pour les milliers d'hectolitres de vins en excédent dans les trois premiers pays producteurs mondiaux que sont l'Italie, la France et l'Espagne : les viticulteurs ont demandé et obtenu l'autorisation de Bruxelles d'en distiller une partie... pour faire du gel hydroalcoolique.
<https://www.geo.fr/environnement/lait-vin-pommes-de-terre-que-faire-des-excedents-de-la-crise-du-coronavirus-200649>
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11- Tribune. Lettre d’une néorurale aux candidats à l’exode urbain, Libération, 12/05/20, 16:36
Par Claire Desmares-Poirrier, Paysanne, activiste de la ruralité positive 

Canicule, pandémie, est-ce cela vivre en ville ? Devoir fuir à chaque menace ? Non, si nous imaginons un «monde d'après» rural, solidaire, connecté et ouvert.
Tribune. On parle d’un million de Franciliens qui ont quitté la ville à l’annonce du confinement. Et demain, combien feront le chemin inverse ? Si vous hésitez encore à prendre la route du retour, je vous en supplie, oubliez ça ! Il n’y a plus rien à construire en ville, ce qui vaut vraiment la peine est là, sous vos yeux. Car dans toutes les grandes agglomérations flotte un même sentiment : la vulnérabilité. Après la canicule de l’été dernier, la pandémie, finalement c’est ça vivre en ville, devoir fuir à chaque menace, tous les six mois.
Et vous qui avez passé deux mois enfermé, par responsabilité pour ne pas propager le virus, pour un emploi qui ne se télétravaille pas, ou faute de point de chute ailleurs, où en êtes-vous ?
L’heure de la «rural pride»
J’ai envie de vous rassurer, il y a une vie d’après possible pour chacun·e de vous loin du tumulte et du béton. Vous qui rêvez de la campagne, plus seulement pour un week-end, mais pour un véritable projet de vie. On vous attend ! Un grand nombre d’entre vous ont compris que demain ne serait pas comme hier, qu’il n’est pas de «retour à la normale» possible. Alors une page nouvelle peut s’écrire. Celle d’une échelle des valeurs renversée, où l’utilité sociale prime sur le pouvoir supposé. La hiérarchie s’inverse, grands patrons et banquiers d’affaires sur le banc des accusés, infirmières, caissières et éboueurs enfin justement considérés. Pour les territoires aussi il est question de changer de regard. La ville arrogante est à genoux, la campagne humiliée revit. Et de ces zones blanches renaît l’espoir. Celui d’un futur désirable pour nos territoires. Enfiler des gilets jaunes et faire trembler les beaux quartiers n’avait pas suffi. Mais aujourd’hui, c’est l’heure de la rural pride.
>> Suite à lire à :
<https://www.liberation.fr/debats/2020/05/12/lettre-d-une-neorurale-aux-candidats-a-l-exode-urbain_1787941>
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12- Coronavirus : en Inde, « l’ombre de la faim plane sur le pays », Le Monde, 12/05/20, 17h19
Sophie Landrin (New Delhi, correspondante)

Le confinement général ordonné par les autorités a bouleversé les chaînes d’approvisionnement de la population et aggravé une crise structurelle de l’agriculture. 
Des récoltes qui pourrissent faute de transports, des mangues et des épices impossibles à exporter, des légumes donnés comme aliment aux animaux ou transformés en fumier, du lait déversé dans les rues et des millions de travailleurs migrants sous-alimentés. L’épidémie de Covid-19 et le confinement ordonné par Narendra Modi, le 24 mars, ont bouleversé la chaîne d’approvisionnement et l’accès à la nourriture de base pour des milliers d’Indiens.
Certains experts redoutent le retour de la famine dans ce pays d’1,3 milliard d’habitants. La situation des travailleurs migrants est particulièrement préoccupante, car ces millions de pauvres bloqués dans les villes, sans argent depuis l’arrêt de leur entreprise, n’y ont pas de domicile officiel et donc pas de carte de rationnement leur permettant d’accéder aux aides en nature ou en argent accordées par le gouvernement. « Nous ne sommes pas dans une crise de l’offre car la récolte de rabi [les cultures semées en hiver et récoltées au printemps] est plutôt bonne et elle s’ajoutera aux stocks publics de grains déjà pléthoriques. Mais nous sommes dans une crise d’accès à la nourriture », analyse Bruno Dorin, économiste du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), affecté au centre de sciences humaines à New Delhi.
> Lire aussi  Coronavirus : après la pandémie, une grave crise alimentaire menace au nord comme au sud
La crise sanitaire vient fragiliser une agriculture qui souffre structurellement. Le secteur emploie encore 50 % de la population, soit un peu plus de 650 millions d’Indiens, et ne représente que 14 % du PIB. La très grande majorité des travailleurs agricoles et des paysans est extrêmement pauvre.
Troisième consommateur d’engrais au monde
La révolution verte lancée dans les années 1970 pour lutter contre les famines et subvenir aux besoins d’une population grandissante a permis au sous-continent de parvenir à l’autosuffisance alimentaire et de mettre un terme à sa dépendance vis-à-vis des Américains, mais au prix d’un système extrêmement destructeur, dont l’Inde paye le prix fort. Cette réforme a consisté à développer un modèle de production subventionnée par l’Etat et à garantir aux paysans un débouché, par des achats publics redistribués à bas prix aux pauvres. Ainsi, 75 % de la population a accès à un quota de produits essentiels.
Pour augmenter la productivité, les experts de l’époque ont favorisé la monoculture, comme dans le Pendjab, grenier à riz et à blé de l’Inde, et des semences à haut rendement. En vingt ans, l’Inde a réussi à doubler sa production céréalière. Mais cette agriculture nécessite des quantités phénoménales d’eau, d’engrais et de pesticides. Peu soucieux des conséquences pour l’environnement, l’Etat a subventionné l’électricité pour les pompes à eau, l’achat de pesticides et d’intrants. Le Pendjab, petit Etat, reçoit a lui seul 1 milliard de dollars de subventions par an pour l’électricité nécessaire à l’irrigation et 1 milliard de dollars d’aides à l’achat d’engrais. L’Inde est devenue le troisième consommateur d’engrais au monde, derrière les Etats-Unis et la Chine.
> Lire aussi  Crise alimentaire : « C’est l’occasion ou jamais de réorienter notre système vers un développement plus durable »
Résultat, non seulement les nappes souterraines s’épuisent, mais elles sont polluées, et les sols s’érodent. Sur le plan écologique, la révolution verte est un désastre. Le Pendjab, par exemple, connaît une véritable épidémie de cancers. Sur le plan alimentaire, la réforme a favorisé une alimentation déséquilibrée et carencée, riche en glucides, pauvre en vitamines, en micronutriments, acides gras et protéines. La disponibilité des légumineuses (lentilles, pois chiches) par personne a été divisée de moitié, alors que ces produits apportent des protéines indispensables, notamment pour les végétariens, nombreux en Inde. La population se nourrit principalement avec des céréales peu chères, riz et blé. Les fruits et les légumes, qui ne sont pas subventionnés, sont trop onéreux pour la majorité des pauvres.
Les chiffres sont éloquents : 9,1 % des hommes, 8,3 % de femmes sont diabétiques ; 20,8 % des enfants de moins de 5 ans sont en situation d’émaciation, le taux le plus élevé au monde, tandis que la proportion d’Indiens en situation de surpoids ou d’obésité continue d’augmenter. Dans le dernier Indice de la faim dans le monde, publié en 2019, l’Inde se classe au 102e rang sur 117 pays analysés. « La révolution verte du blé et du riz a été miraculeuse, elle a écarté les risques de grande famine, mais elle conduit à un suicide écologique, nutritionnel et économique », estime Bruno Dorin.
Sécheresses et inondations
Le système de distribution de denrées de base à prix subventionnés souffre, comme souvent en Inde, de dysfonctionnements et de corruption. L’aide n’arrive que partiellement aux démunis. La sous-nutrition perdure, comme la pauvreté rurale, amplifiée désormais par les effets du réchauffement climatique comme les sécheresses ou les inondations. Quelque 190 millions d’Indiens souffrent chroniquement de la faim.
Depuis les années 2010, l’Inde traverse une nouvelle crise agraire. Régulièrement, les paysans manifestent, pour dire leur détresse, réclamer l’effacement de leur dette. « Dans tous les pays de l’OCDE, souligne encore Bruno Dorin, le revenu moyen des agriculteurs a convergé avec celui des non-agriculteurs, avant tout grâce à la forte réduction du nombre de paysans et leur remplacement par des machines qui ont permis d’augmenter les surfaces cultivées par individu. En Inde, au contraire, la divergence des revenus s’est accrue. Faute d’emplois suffisants dans les autres secteurs de l’économie, la population agricole a augmenté au lieu de régresser, la surface par agriculteur s’est rétrécie, et même avec des rendements très élevés grâce à des intrants subventionnés utilisés en grande quantité, les paysans sont de plus en plus endettés ou se suicident. » 
Pour surmonter la crise du coronavirus, qui creuse les inégalités et laisse sans moyens des millions d’Indiens, les experts et les associations caritatives demandent à l’Etat de libérer une partie des stocks gouvernementaux de céréales et d’assurer une aide universelle pour les six prochains mois. Jean Drèze, spécialiste du monde rural indien, a interpellé les autorités dans une tribune publiée par le quotidien Indian Express. « Comment vous sentiriez-vous si une famille laissait ses membres les plus faibles mourir de faim, alors même que le grenier de la maison est plein à craquer ? C’est ce qui se passe en Inde aujourd’hui. » « L’ombre de la faim plane sur le pays », alors que les stocks gouvernementaux n’ont jamais été aussi importants.
<https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/12/coronavirus-en-inde-l-ombre-de-la-faim-plane-sur-le-pays_6039399_3210.html>
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13- Épandage des pesticides : le Conseil d’État fait reculer le ministère de l’Agriculture, Reporterre, 12/05/20
Source : Générations futures

Ce mardi 12 mai, le ministère de l’Agriculture s’est engagé à retirer de son site internet les textes qui incitaient à réduire les distances d’épandage au minimum. Cette décision a été annoncée lors d’une audience devant le Conseil d’État, qui examinait un recours de neuf associations contre le ministère déposé le 23 avril dernier. Elles contestaient le choix du ministère, en pleine crise du Covid-19 et en plein confinement, de permettre une réduction des distances de sécurité entre les épandages de pesticides et les habitations au minimum.
Cette réduction ne devait être au départ autorisée, dans chaque département, qu’après une consultation du public permettant l’adoption d’une sorte de charte de bon voisinage. Mais les consultations pouvant être difficilement menées en temps de confinement, le ministère avait fait le choix d’en dispenser les agriculteurs jusqu’à fin juin. Ce contre quoi les associations ont protesté, en déposant deux recours devant le Conseil d’État, l’un dans l’urgence et l’autre sur le fond.
L’audience de ce mardi a donc permis aux associations d’obtenir le retrait des textes d’information du gouvernement sur le sujet, mais toute l’affaire n’est pas encore jugée : les associations demandaient également le retrait d’une instruction officielle permettant ces réductions de distance à peu de frais. « Nous saurons d’ici la fin de la semaine si le Conseil d’État accède ou non à nos attentes sur ce point », ont-elles indiqué.
<https://reporterre.net/Epandage-des-pesticides-le-Conseil-d-Etat-fait-reculer-le-ministere-de-l-Agriculture>
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14- A Grasse, le comble du cueilleur de la rose à parfum : "bosser avec un masque !", AFP, 15/05/20, 14:00
Claudine Renaud

A Grasse, berceau mondial de la parfumerie sur la Côte d'Azur, la rose de mai est en fleurs, mais dans les champs, "bosser avec un masque et ne pas la sentir, c'est un peu frustrant !".
Propriétaire du Domaine de Manon, partenaire de la maison de luxe Dior, Carole Biancalana a imposé le masque à la demi-douzaine de saisonniers qui récoltent, coronavirus oblige. Elle ne manque pourtant pas d'adjectifs pour décrire l'arôme "complexe, multiple et varié" de la rose centifolia, variété éphémère à la tige si frêle qu'elle n'a pas de tenue en vase. "On est entre le miel, l'épice, l'agrume, le litchi, c'est un parfum en soi", dit-elle. 
Après deux mois de confinement et un silence propice à l'écoute du bourdonnement des abeilles, la cueillette a commencé il y a huit jours, au gré de la météo, et se fait pour la première fois avec nombre de précautions sanitaires.
"D'habitude, chacun prend un tablier indifférencié, on s'entraide et on cueille par rangée, l'un en face de l'autre, ça papote et c'est sympa", relève Mme Biancalana.
Mais cette année, chaque cueilleur travaille seul sur sa rangée.
Moins physique que le jasmin dont les récolteurs démarrent à l'aube et travaillent courbés, la cueillette de la rose centifolia ou rose à cent-feuilles, embauche vers 09h00. Tout cesse impérativement avant 13h00 quand le soleil tape trop fort.
C'est une question de température et de chimie de la plante : "On est +timés+. La rose a des molécules odorantes qui fonctionnent à certaines heures", explique à l'AFP Vincent Rossi, 26 ans, l'un des plus jeunes ouvriers cueilleurs.
"Rapidité, dextérité et délicatesse : il faut cueillir sans casser les boutons des prochains jours", ajoute Mme Biancalana.
- "On lui tord le cou" -
Longue natte blonde et dix doigts experts qui coupent à toute vitesse, une cueilleuse qui préfère taire son nom souligne: "On ne tire jamais sur les tiges... On laisse s'envoler les abeilles..."
Le seul outil de cueillette est la main : "Le but est de ne pas toucher le cœur de la rose. On l'attrape comme ça, juste sous le pédoncule et hop, on lui tord le cou !", montre Vincent.
Cette année, chacun a son propre sac en toile de jute identifié par un ruban de couleur, afin de garder les distance: champagne pour Blanche, orange pour Michel... Au camion, une seule personne est préposée pour livrer à l'usine Robertet où les pétales atterrissent dans des cuves d'extraction.
Carole est l'héritière de trois hectares cultivés en famille. Elle loue aussi une parcelle sanctuarisée grâce à un plan révisé de la commune en faveur des plantes à parfum.
Grasse a été inscrite au patrimoine immatériel de l'Unesco en 2018 pour ses savoir-faire liés au parfum.
Mais pour les horticulteurs, il est difficile d'acheter du terrain dans ce secteur de la Côte d'Azur, recherché et en manque de logements.
- Hors de prix -
"C'est minimum 30 euros le m2. Avant de rentabiliser ça, avec tous les autres investissements, c'est compliqué", dit Carole Biancalana, membre fondatrice de l'association des "Fleurs d'exception du pays de Grasse". 
Son ennemi n°1, la grêle. Sa botte secrète, le partenariat avec la maison Dior (groupe LVMH) qui lui assure un revenu garanti en échange d'un cahier des charges.
"L'achat du foncier, c'est quasiment hors de portée", confirme Morgane Russo, cueilleuse stagiaire qui envisage l'installation après un début de carrière d'ingénieur agronome à travers le monde.
Elle a des égratignures aux avant-bras, souvenir non pas d'une rose, mais des bigaradiers, ces orangers dont la cueillette vient de s'achever autour de la ville de Vallauris. La fleur entre dans la composition du néroli, un fixateur naturel en parfumerie.
Avec le confinement, là aussi, "ça n'a pas été simple", confie Guillaume Gillet, directeur de la coopérative du Nerolium, partenaire de la famille industrielle Mul et de la maison Chanel. Les "apporteurs" de fleurs étaient inquiets pour se déplacer. 
Comme pour la rose, le prix payé aux horticulteurs pour le bigaradier reste secret et la préoccupation est de replanter pour récolter davantage. 
"Cette année, on dépasse les cinq tonnes, contre quatre l'an dernier", confie M. Gillet. Bien peu comparé au tonnage colossal d'il y a cent ans : Grasse récolte dix fois moins de rose et Vallauris 400 fois moins.
<https://www.geo.fr/environnement/a-grasse-le-comble-du-cueilleur-de-la-rose-a-parfum-bosser-avec-un-masque-200686>
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15- Pesticides : pour le Conseil d’Etat, les épandages peuvent se poursuivre près des habitations malgré le Covid-19, Le Monde, 15/05/20, 21h52
Stéphane Mandard 

Dans une ordonnance rendue le 15 mai, la haute juridiction valide les dérogations accordées pendant la crise sanitaire pour réduire les distances de sécurité. 
Les agriculteurs peuvent continuer à épandre des pesticides à proximité des habitations, en dépit du confinement au cours duquel certains riverains ont été davantage exposés. Telle est en substance le message adressé par le Conseil d’Etat dans les ordonnances rendues vendredi 15 mai. La plus haute juridiction administrative a rejeté deux requêtes qui lui avaient été adressées en urgence. Les décisions sur le fond ne sont pas attendues avant plusieurs mois.
Le premier recours, du Collectif des maires antipesticides, visait à obtenir l’annulation du décret du 27 décembre 2019 instaurant des distances minimales d’épandage à proximité des habitations. La centaine de maires a multiplié les arrêtés ces derniers mois. Ils prônent au moins 150 mètres quand le gouvernement a retenu dix mètres pour les cultures hautes (vignes ou arbres fruitiers) et cinq mètres pour les cultures dites « basses » comme les céréales et les salades.
Riverains davantage exposés
Le deuxième recours, émanant d’un regroupement d’associations (Générations futures, UFC-Que choisir, France Nature Environnement, Union syndicale Solidaires, la Ligue pour la protection des oiseaux, Alerte médecins pesticides, le collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest ou encore Eau et rivières de Bretagne) demandait l’annulation de textes offrant des dérogations aux agriculteurs afin de pouvoir pulvériser des pesticides encore plus près des habitations sans passer au préalable par une phase de concertation publique prévue pourtant dans ledit décret. Une situation dont se sont plaints nombre de riverains, encore davantage exposés pendant la période de confinement.
> Lire aussi  Epandage de pesticides : le confinement ravive les tensions entre agriculteurs et riverains
Trois textes étaient attaqués : une note d’instruction technique des ministères de l’agriculture, de l’écologie, de la santé et de l’économie publiée le 3 février, un communiqué de presse et une note de « mise en œuvre », publiés le 30 mars sur le site du ministère de l’agriculture.
> Lire aussi  La fronde s’étend contre les distances d’épandage de pesticides décrétées par le gouvernement
Les ONG ont obtenu gain de cause sur les deux derniers textes, mais pas sur le premier, le plus important. « Seule demeure en vigueur la dérogation résultant de l’instruction du 3 février, qui ne permet de procéder à des épandages de pesticides à une distance de sécurité réduite qu’à condition de la faire conformément à un projet de charte pour lequel la concertation publique a été effectivement lancée », détaille le juge des référés dans son ordonnance. Le communiqué et la note permettaient de réduire la zone dite de non-traitement (ZNT) sans même avoir amorcé de concertation, ce qui est le cas dans la moitié des départements français.
Situation « intolérable »
Le décret du 27 décembre 2019 prévoit en effet la possibilité de réduire les ZNT à cinq mètres pour l’arboriculture et à trois mètres pour les vignes et les autres cultures. Mais à deux conditions : utiliser du matériel de pulvérisation limitant la dérive et après concertation entre agriculteurs, riverains, élus et associations dans le cadre de chartes départementales validées par les préfets.
Or, le texte du 3 février permet, jusqu’au 30 juin, de réduire ces distances sans attendre la fin des dites concertations, pourvu qu’elles soient déjà engagées. Le gouvernement a estimé que le contexte de la crise du Covid-19 et en particulier les mesures de confinement rendaient les concertations publiques difficiles à mener.
« Nous sommes satisfaits du retrait de ces deux textes litigieux, mais nous regrettons que le Conseil d’Etat ne soit pas allé au bout de sa logique en suspendant la note d’instruction introduisant une dérogation », commente François Lafforgue, l’avocat des associations. « Afin de protéger la santé et les conditions de vie des Français en milieu rural, la période actuelle commande que les questions de santé publique deviennent de réelles priorités et que des mesures fortes soient prises en matière d’utilisation de pesticides », estiment les associations. Une situation d’autant plus « intolérable » pour les ONG et les élus locaux que plusieurs publications scientifiques ont montré que l’exposition chronique à la pollution de l’air – à laquelle sont exposés les riverains des zones d’épandage – est un facteur aggravant les conséquences d’une infection par le Covid-19. « Ce qui se passe avec les questions de pollution de l’air, c’est lamentable », s’étrangle l’ancienne ministre de l’environnement Corinne Lepage, l’avocate du Collectif des maires antipesticides.
> Lire aussi  Coronavirus : la pollution de l’air est un « facteur aggravant », alertent médecins et chercheurs
En juin 2019, déjà après un recours de l’association Générations futures, le Conseil d’Etat avait obligé le gouvernement à revoir sa copie, estimant que le texte régissant l’usage des pesticides ne protégeait pas suffisamment la santé des riverains.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/15/pesticides-pour-le-conseil-d-etat-les-epandages-peuvent-se-poursuivre-pres-des-habitations-malgre-le-covid-19_6039834_3244.html>
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16- Chronique. « Des potagers bio et solidaires pour ceux que la crise ne manquera pas de toucher », Le Monde, 16/05/20, 06h30
Frédéric Potet

Dans les Deux-Sèvres, des militants écolos vont planter des légumes destinés, cet automne, à l’aide alimentaire des plus précaires, raconte dans sa chronique Frédéric Potet, journaliste au « Monde ».
Chronique. De nouvelles solidarités vont-elles éclore, comme beaucoup le souhaitent, dans le « monde d’après » ? Le confinement à peine terminé, certains œuvrent en tout cas déjà. Ainsi dans le nord des Deux-Sèvres. Non loin de Bressuire, des potagers participatifs sont en cours de création dans le but d’approvisionner en légumes bio ceux que la crise économique et sociale liée au Covid-19 ne manquera pas de toucher.
Six parcelles de 150 à 1 400 m², situées sur autant de communes – Cerizay, Combrand, Le Pin, Terves, Saint-Sauveur-de-Givre-en-Mai, La Chapelle-Saint-Laurent – ont été retournées. Prêtes à être semées et plantées, elles fourniront en septembre entre trois et quatre tonnes de pommes de terre, et des sillons entiers de courges, poireaux, choux et mogettes (haricots blancs originaires de la Vendée voisine). Les récoltes seront alors offertes aux associations locales d’aide alimentaire, qui les distribueront ensuite à leurs bénéficiaires.
Baptisé « Le bocage a la patate », le projet est né il y a un mois dans la tête de militants écolos, inquiets des répercussions sur les populations les plus vulnérables de l’arrêt brutal des activités. Marqué par les déboires de l’équipementier automobile Heuliez (liquidé en 2013), le territoire repose sur un tissu économique de PME et de TPE dominé par les secteurs de l’artisanat et de l’agroalimentaire. « Les gens touchent de petits salaires, par ici. Le chômage partiel a réduit leur niveau de vie, en même temps que la fermeture des cantines scolaires a augmenté leur budget alimentation. Les temps sont durs pour eux, et le seront encore demain », explique Claire Chevalier, l’une des chevilles ouvrières du projet.
> Lire aussi  Coronavirus : après la pandémie, une grave crise alimentaire menace au nord comme au sud
Certains acteurs associatifs se sont souvenus qu’un potager du même type était sorti de terre à Combrand, en soutien aux zadistes de Notre-Dame-des-Landes, au moment de leur expulsion par la police, en 2018. Distanciation physique oblige, c’est par téléphone et visioconférence que Le bocage a la patate s’est formé – dans une certaine urgence, la plantation de pommes de terre ne devant pas se faire après mai.
Terrain mis gracieusement à disposition
Un appel à main-d’œuvre et au don de plants a été lancé dans la presse locale et sur les réseaux sociaux. Une cinquantaine de personnes ont aujourd’hui rejoint le collectif, dont le noyau dur est composé majoritairement de professionnels de l’agriculture – éleveurs, producteurs de fruits, profs de lycée agricole, paysans retraités…
A Combrand (1 200 habitants), comme au Pin et à Cerizay, le terrain a été mis à disposition gracieusement par la municipalité. Les fortes pluies tombées ces derniers jours ont retardé le début du chantier. C’est finalement ce samedi 16 mai que doivent entrer en action le tracteur et la planteuse de l’entreprise maraîchère du village, Légumes & Co. Spécialisé dans le bio, ce GAEC (groupement agricole d’exploitation en commun) a vu ses commandes doubler avec le confinement et le boum des circuits courts.
Simple prairie jusque-là, la parcelle est classée constructible ; il ne fait aucun doute qu’elle verra se dresser une ou deux maisons d’ici quelques années. Occuper provisoirement, à des fins de solidarité, un terrain promis au béton n’est pas pour déplaire au collectif. Entre autres luttes, ses membres militent en effet contre la disparition des terres agricoles au profit du bâti.
Une « sécurité sociale de l’alimentation »
Mais d’autres causes les animent. Comme de voir s’implanter des maraîchers dans chaque commune de leur canton, afin d’approvisionner les écoles et les maisons de retraite, qui n’auraient plus, ainsi, à faire appel à des centrales de restauration. Ils plaident également en faveur d’une agriculture vivrière et d’une « sécurité sociale de l’alimentation », concept soutenu par de nombreuses associations écologiques nationales, visant la création d’une allocation mensuelle vouée à l’achat de produits frais et éthiques (bio, circuits courts, bien-être animal…).
Autant de sujets que le « temps d’après » rend plus facile à faire avancer. « La crise actuelle est propice. Si nous avions demandé, il y a un an, la mise à disposition d’un bout de terrain sur la base de nos seuls arguments de militants, l’écoute n’aurait pas été le même au sein des municipalités que nous avons sollicitées », insiste Marie Gazeau, à la tête d’une pépinière d’arbres fruitiers bio située au Pin. Tous en conviennent : la « souveraineté alimentaire » – inscrite dans la consultation citoyenne « Le jour d’après », défendue par 66 parlementaires de tous bords – ne se fera pas sans l’émergence de nouveaux modèles.
> Lire aussi  Autonomie sanitaire, revenu universel, télétravail : les propositions citoyennes pour « le jour d’après »
Pour l’heure, il est urgent de creuser des sillons et d’y déposer les tubercules, germes vers le haut – dans le respect des consignes gouvernementales limitant à dix le nombre de personnes pouvant se réunir en extérieur. Dans six semaines, viendra le temps de butter les premières pousses. Le temps, aussi, de sensibiliser les futurs bénéficiaires au projet. « La grande question est de savoir si nos patates bio vont correspondre aux habitudes culinaires de personnes à qui l’aide alimentaire fournit généralement des plats préparés et des produits transformés. Ce n’est pas gagné », s’interroge Marie Gazeau.
La réflexion est également portée par l’Epicerie solidaire de Cerizay, une structure associative à laquelle adhèrent plus de 200 familles en difficulté (chômeurs, travailleurs pauvres, familles monoparentales, seniors isolés…). Depuis sept ans, des légumes et des œufs bio y sont proposés en complément des denrées habituelles (conserves, pâtes, plats préparés…). Des ateliers cuisine y sont également organisés afin de promouvoir le « fait maison ».
Emanation d’un centre socioculturel, l’épicerie contribuera, à l’automne, à la distribution d’une partie de la récolte du Bocage a la patate – récolte à laquelle participeront le plus grand nombre de bénéficiaires, espèrent les deux associations. Un pique-nique collectif sera sans doute organisé à cette occasion. Si le Covid le permet.
> Lire aussi  Crise alimentaire : « C’est l’occasion ou jamais de réorienter notre système vers un développement plus durable »
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/16/des-potagers-bio-et-solidaires-pour-ceux-que-la-crise-ne-manquera-pas-de-toucher_6039850_3232.html>
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17- Chronique. A cause du coronavirus, « le cours du saumon s’écaille », Le Monde, 16/05/20, 08h08 
Laurence Girard

Depuis début mai, le prix du saumon est passé sous le niveau des 50 couronnes le kilo, sur le marché à terme Fish Pool de Bergen, en Norvège. Or, début janvier, il se négociait à 80 couronnes, rappelle Laurence Girard, journaliste au « Monde ».
Matières premières. Alerte rouge sur le saumon. Le leader mondial de l’élevage de ce poisson des fjords, le norvégien Mowi, a tiré la sonnette d’alarme, mercredi 13 mai. Ses résultats du premier trimestre 2020 ont plongé et il doit éponger une perte de 77 millions d’euros. A comparer au juteux bénéfice de 196 millions d’euros collecté un an plus tôt à la même période. Le chiffre d’affaires a subi, lui, une décrue de 10 %, à 884 millions d’euros.
Le poisson gras n’est pas passé entre les mailles du filet de la pandémie due au nouveau coronavirus. Le cours du saumon s’écaille. Il suffit pour s’en convaincre de consulter le marché à terme Fish Pool de Bergen (Norvège), véritable boussole aquacole. Depuis début mai, le prix du saumon est passé sous le niveau des 50 couronnes le kilo (4,50 euros). Or, aux premiers jours de janvier, il se négociait à 80 couronnes, à un coup de nageoire de son plus haut historique. Soit une plongée de près de 40 % depuis janvier, sans palier de décompression.
> Lire aussi  Le saumon, industrie à grande échelle et filon pour la Norvège
Les observateurs le savent. Le cours du saumon n’est pas un long fleuve tranquille. Le poisson gras a l’habitude de frayer dans des eaux tumultueuses. Que la densité des animaux dans les parcs aquacoles soit en excès et le rythme des abattages s’accélère, faisant d’emblée glisser les cours. A l’inverse, si la pression du pou de mer, bête noire des industriels, augmente, le cheptel se réduit et les prix remontent.
Portion congrue
Cette fois, avec le SARS-CoV-2, le film des événements était inédit pour Mowi. Comment imaginer la fermeture des restaurants dans une bonne partie de la planète pour tenter de juguler la pandémie ? Les appétits mondiaux pour le saumon se sont soudain réduits à la portion congrue. Mais le groupe norvégien n’imagine ce reflux de consommation que temporaire. Dès que les portes de la restauration seront rouvertes, le saumon retrouvera sa place dans l’assiette, affirme-t-il.
Le groupe n’a d’ailleurs pas modifié ses prévisions de production pour l’ensemble de l’année, à 450 000 tonnes. Autre motif de satisfaction pour le milliardaire d’origine norvégienne John Fredriksen, principal actionnaire de Mowi : Oslo a jeté à l’eau le projet de taxe sur les cages d’élevage installées dans les fjords. Rien n’arrête l’élevage industriel des saumons en Norvège.
> Lire aussi  Derrière le label MSC, qui garantit des pratiques durables, peu de pêche artisanale
Ce saumon norvégien pèse lourd dans la balance commerciale française. En 2018, la France en a importé pour 1,35 milliard d’euros, selon FranceAgriMer, dont plus de 60 % de Norvège. Sachant que les importations totales de produits aquatiques ont dépassé les 6 milliards d’euros, quand les exportations atteignaient 1,66 milliard d’euros. Dans ce contexte, difficile de parler de souveraineté alimentaire pour les produits de la mer, un concept qui a fait florès lors de la crise due au Covid-19.
D’autant que les pêcheurs français ont aussi été au régime sec pendant le confinement. Contraints de laisser leurs bateaux à quai, leurs prises ne trouvant pas preneurs, ils ont repris une activité limitée à 60 % de leurs capacités. Le gouvernement a annoncé, mardi 12 mai, des mesures destinées à venir en aide à la filière. En particulier en indemnisant mieux les marins pêcheurs en chômage partiel. En attendant que les Français mordent à nouveau à l’hameçon du poisson…
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/16/coronavirus-le-cours-du-saumon-s-ecaille_6039856_3234.html>
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18- En France, les achats de glyphosate ne faiblissent pas, Les Echos, 16/05/20, 12h00
Muryel Jacque

Entre 2016 et 2018, vingt départements ont totalisé plus de la moitié de la quantité de pesticides achetée, selon un état des lieux des ventes publié cette semaine par le gouvernement. Les achats de glyphosate, dont la France veut se passer d'ici à 2022, ont augmenté de 25 % sur dix ans.
Fongicides, herbicides, insecticides… Les ventes des nombreux produits phytopharmaceutiques utilisés en France ne faiblissent pas. Au grand dam des porteurs du plan Ecophyto lancé il y a plus de dix ans maintenant. L'étude publiée cette semaine par le Commissariat général au développement durable, une antenne du ministère de la Transition écologique et solidaire, compare des moyennes glissantes sur trois ans, histoire de lisser les effets climatiques et de stockage dans les exploitations agricoles .
Résultat, les quantités de substances actives vendues ont grimpé en moyenne de 22 % entre 2009-2011 et 2016-2018. « En tendance, les données montrent une augmentation globale de chaque type d'usage », constatent les analystes. Le sujet est sensible. Début janvier, l'annonce d'un pic des ventes de plus de 20 % en 2018 par le gouvernement avait suscité la confusion , alors que l'Union des industries de la Protection des plantes (UIPP), qui représente la quasi-totalité du marché des phytosanitaires, annonçait une hausse de 8 %, citant une « utilisation de base différente ».
La France ne réduit pas assez vite l'usage des pesticides
Achat ne veut pas forcément dire utilisation, puisque les produits peuvent être stockés ou transportés dans un autre département. Mais l'analyse révèle que les ventes de ces substances sont très diversement réparties dans l'Hexagone. Entre 2016 et 2018, vingt départements ont totalisé plus de la moitié de la quantité achetée. La Gironde dont les surfaces de cultures permanentes sont importantes, la Marne qui abrite la plus grande surface agricole utile (SAU), et le Pas-de-Calais arrivent en tête.
>> Suite à lire et carte à voir à :
<https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/en-france-les-achats-de-glyphosate-ne-faiblissent-pas-1203527>
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19- Selon une étude d’Alsace Nature, les fabricants de pesticides omettent des données de toxicité sur leur étiquetage européen, Rue89 Strasbourg, 20/05/20, 15h14
Thibault Vetter

Les produits phytosanitaires ont un étiquetage officiel qui rend compte de leur toxicité. En comparant les étiquettes avec les informations d’autres bases de données scientifiques, Alsace Nature a découvert de nombreux risques non-répertoriés sur l’étiquetage européen des pesticides. 
« L’information officielle sur la toxicité des pesticides à long terme est tronquée » C’est le nom d’une étude publiée le 20 mai par Anne Vonesch, vice-présidente d’Alsace Nature, avec l’aide d’autres membres de l’association environnementaliste. La médecin de formation donne un exemple de ses découvertes : « Selon une base de données universitaire anglaise, le cyflufenamid est toxique pour le foie et les reins. Ceci n’est pas signalé par l’étiquetage officiel européen. » Un long listing de conclusions similaires apparaît sur 41 des 109 pages du rapport. Anne Vonesch travaille dessus depuis plusieurs mois :
« Il est nécessaire de confronter le discours des autorités qui disent maîtriser les risques liés à l’usage des pesticides à la réalité des dangers potentiels qu’encourt la population. »
>> Suite à lire à :
<https://www.rue89strasbourg.com/selon-une-etude-dalsace-nature-les-fabricants-de-pesticides-omettent-des-donnees-de-toxicite-sur-leur-etiquetage-europeen-176063>
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20- La Commission européenne dévoile des feuilles de route ambitieuses pour la biodiversité et l’alimentation, Le Monde, 20/05/20, 18h22
Mathilde Gérard et Perrine Mouterde 

Protéger 30 % des terres et mers au sein de l’UE, réduire de moitié l’usage des pesticides… Bruxelles présente mercredi les deux premiers volets de son « pacte vert ». 
Faire en sorte que la biodiversité sur le territoire européen soit, en 2030, sur la voie de la « guérison ». Garantir l’accès à une alimentation saine et encourager la transition vers une agriculture plus durable. Tels sont les objectifs fixés par les stratégies Biodiversité 2030 et De la ferme à la fourchette (F2F), adoptées mercredi 20 mai par la Commission européenne. Pour le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, « la crise du coronavirus a montré à quel point nous sommes vulnérables, et combien il est important de restaurer un équilibre entre les activités humaines et la nature ».
> Lire aussi  Coronavirus : « En réduisant la diversité, on augmente la probabilité qu’un virus passe d’une espèce à l’autre et atteigne les hommes »
Pour enrayer l’érosion de la biodiversité, la Commission propose d’abord qu’en 2030 au moins 30 % des terres et des mers soient protégées au sein de l’Union européenne (UE), contre 26 % et 11 % aujourd’hui. Une ambition qui rejoint celle de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique, qui doit parvenir à des accords mondiaux lors de la 15e conférence des parties (COP15), désormais prévue en 2021 en Chine : une première ébauche de texte, publiée en janvier, appelle également à protéger 30 % de la planète.
En outre, 10 % de ces aires terrestres et marines – et notamment les forêts primaires et anciennes, les tourbières, les marécages ou les prairies – devront l’être de manière stricte. « Pour les aires marines, cela représenterait un véritable bond en avant », souligne Barbara Herrero, responsable des politiques sur la nature pour l’UE au sein de l’organisation BirdLife. Moins de 1 % du territoire européen est aujourd’hui protégé de manière forte.
Des objectifs contraignants
Au-delà des mesures de protection, les Etats européens doivent également œuvrer à « restaurer » la nature. Dans la précédente stratégie, adoptée en 2011, ils s’étaient engagés à restaurer 15 % des écosystèmes dégradés d’ici à 2020 : depuis près de dix ans, pourtant, les pressions pesant sur ces écosystèmes n’ont cessé de s’accroître. Pour inverser la tendance, la Commission appelle les pays membres à s’engager à ce qu’aucune espèce ni habitat protégé n’ait vu son état se détériorer d’ici à 2030 – seuls 23 % des espèces et 16 % des habitats protégés sont actuellement dans un bon état de conservation – et à ce qu’au moins 30 % des espèces et habitats atteignent un « statut favorable ».
Surtout, la Commission souhaite présenter, en 2021, des objectifs contraignants de restauration de la nature. Une mesure saluée par les organisations de défense de l’environnement. « Cela va permettre une meilleure mise en œuvre de ces ambitions, note Sabien Leemans, chargée des questions de biodiversité au bureau politique européen du Fonds mondial pour la nature (WWF). Il faudrait aussi que chaque Etat sache très précisément combien d’hectares doivent être restaurés. La Commission pourra alors lancer des procédures d’infraction si les engagements ne sont pas respectés. »
En ce qui concerne les forêts, la Commission encourage une gestion respectueuse de la nature et propose de planter trois milliards d’arbres d’ici à 2030. Elle recommande de « rendre à la nature » 10 % des surfaces agricoles pour favoriser des paysages de « haute diversité » ; de restituer l’écoulement naturel des rivières sur 25 000 km ; ou encore que chaque ville européenne de plus de 20 000 habitants mette en place, d’ici à fin 2021, « d’ambitieux plans de verdissement urbains ». Vingt milliards d’euros par an devraient être dévolus à la protection de la nature.
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Si les ONG saluent une feuille de route allant dans la bonne direction, l’essentiel sera de voir si elle est réellement mise en œuvre, à la différence des précédentes. « Cette stratégie peut être vraiment bénéfique à la nature à condition qu’elle soit soutenue par le Parlement européen et les Etats membres », souligne Sabien Leemans.
Le commissaire européen à l’environnement, Virginijus Sinkevicius, assure que seuls des objectifs mesurables, pouvant être évalués régulièrement et pour certains contraignants, ont été proposés. « C’est un nouveau plan d’action ambitieux qui doit enclencher des changements systémiques, dit-il. Nous sommes aussi dans un nouvel environnement politique avec le Green Deal : il y a une fenêtre d’opportunité pour mettre en œuvre cette stratégie. » 
Rapprocher consommateurs et agriculteurs
Son succès dépendra surtout de la mise en cohérence de cette stratégie avec les autres politiques européennes et notamment avec la politique agricole commune (PAC), l’agriculture intensive étant l’une des causes principales de l’érosion de la biodiversité. La stratégie De la ferme à la fourchette, présentée conjointement, appelle à un changement de paradigme, en mettant l’accent sur l’alimentation, plutôt que sur la seule production agricole. En prônant une approche globale, l’objectif est de mettre en cohérence l’ensemble de la chaîne alimentaire, de la production à la consommation, afin d’allier santé des consommateurs, santé de la planète et juste rémunération des producteurs.
« L’alimentation recoupe tous les autres sujets – environnementaux, sociaux, sanitaires… L’approche de la stratégie est intéressante en insistant sur le rapprochement des consommateurs et des agriculteurs », relève Mathieu Courgeau, président de la plate-forme Pour une autre PAC, qui regroupe des dizaines d’associations et syndicats, et éleveur laitier en Vendée. Alors que la PAC, puissant outil de subventions européen, est accusée de n’avoir qu’un prisme productif, une approche générale des problématiques d’alimentation était réclamée de longue date par des ONG, syndicats et scientifiques.
La question de l’articulation de la stratégie F2F avec la future PAC, qui doit être réformée d’ici à 2023, suscite toutefois des inquiétudes. Selon la Commission européenne, les objectifs de la stratégie s’imposeront et devront se traduire dans la réforme de la PAC et notamment dans les vingt-sept « plans stratégiques » déclinés par les Etats membres. Mais « on a des doutes quant aux outils qui sont mis sur la table et aux mesures qui accompagneront la transition », insiste Mathieu Courgeau.
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Rappelant la responsabilité de l’Union européenne, premier importateur et exportateur de denrées alimentaires dans le monde, la stratégie F2F fixe des grands principes : l’usage des pesticides devra être réduit de moitié d’ici à 2030, l’usage des antibiotiques dans l’élevage diminué de moitié, et la part des surfaces cultivées en bio être portée à 25 % à la fin de la décennie. Le texte rappelle que la production alimentaire génère environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre, dont une partie due à l’élevage, qui devront être réduites. La Commission ne pose pas d’objectif chiffré, mais encourage le développement de l’agroécologie, l’agroforesterie, ou encore « l’agriculture de précision », qui repose sur l’usage de technologies et qui fait craindre à l’ONG les Amis de la Terre « une agriculture 4.0 dont l’objectif est de réduire à la marge les intrants chimiques, sans jamais chercher à s’en affranchir », selon Anne-Laure Sablé, chargée de campagne agriculture.
Etiquetage nutritionnel obligatoire
Avec un adulte européen sur deux en surpoids, la stratégie F2F insiste sur le fait que l’alimentation des citoyens de l’UE n’est pas satisfaisante, trop riche en graisses, sucres, sel et protéines animales. Les choix alimentaires les plus sains doivent être encouragés et plusieurs mesures visent à encadrer le marketing alimentaire. La Commission indique notamment qu’elle rendra obligatoire un étiquetage nutritionnel sur les emballages.
Sur les pratiques d’élevage, la Commission souligne qu’elle révisera « la législation sur le bien-être animal, en incluant les conditions de transport et d’abattage » et envisage un étiquetage sur les modes de production. « Malgré certaines intentions positives, le texte publié aujourd’hui par la Commission ne remet pas en cause la proposition de réforme de la PAC, qui est aujourd’hui pratiquement muette sur le sujet du bien-être animal, s’inquiète Agathe Gignoux, de l’association Compassion in World Farming France. Cela n’augure rien de bon sur la façon dont la Commission va traduire concrètement certains des principes annoncés. »
Alors que la pandémie de Covid-19 faisait craindre que ces deux feuilles de route soient repoussées à un horizon lointain, la Commission n’a finalement décalé que de quelques semaines leur présentation, envoyant le message que le « pacte vert » promis par sa présidente, Ursula von der Leyen, reste d’actualité. « Ces deux stratégies sont des éléments centraux du plan de relance européen [qui sera présenté le 27 mai] », a insisté Frans Timmermans.
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<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/20/la-commission-europeenne-devoile-des-feuilles-de-route-ambitieuses-pour-la-biodiversite-et-l-alimentation_6040270_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/20/la-commission-europeenne-devoile-des-feuilles-de-route-ambitieuses-pour-la-biodiversite-et-l-alimentation_6040270_3244.html>>
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21- Reportage. « Ici, au moins, je vois du monde et je gagne un salaire » : portraits de nouveaux saisonniers, Le Monde, maj le 21/05/20, 12h42
Sandra Mehl (photos)

Pendant le confinement, des hommes et des femmes ont basculé dans le travail agricole. La photographe Sandra Mehl les a rencontrés.
Six heures du matin, à Ribaute-les-Tavernes (Gard). Sur un terrain de quatre hectares, des ouvriers agricoles sélectionnent les sarments qui serviront à la multiplication des plants de vigne dans la pépinière d’Anthony Bafoil. D’habitude, ce sont des Bulgares qui y travaillent. Mais cette année, la fermeture des frontières pour enrayer la propagation du Covid-19 prive la France de ses travailleurs étrangers. Alors le pépiniériste a dû s’adapter.
Alors que la période de récolte des fruits et légumes bat son plein, le déconfinement progressif depuis le 11 mai en France n’autorise pas encore la réouverture des frontières. Pour semer, planter, cueillir, emballer, et livrer, des exploitants agricoles ont recours à une main-d’œuvre atypique, avec l’aide d’une plate-forme Internet et de réseaux d’entraide locaux.
Juliette, 27 ans, est surveillante au lycée Jacques-Prévert de Saint-Christol-lez-Alès (Gard). Elle s’est retrouvée sans activité dès le début du confinement. Depuis un mois, elle travaille dans une pépinière. Elle raconte : « Le début du confinement a été très dur. Ici, au moins, je vois du monde, je fais des activités variées et je gagne un salaire. Je me suis vite habituée à ce travail. A l’internat du lycée, je me levais déjà très tôt le matin. On apprend les gestes facilement. Et comme ma salle de sport a fermé, je fais mon sport ici, avec le bronzage agricole en prime ! »
>> Suite à lire et à voir à :
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/20/je-me-suis-vite-habituee-a-ce-travail-portraits-de-nouveaux-saisonniers_6040277_3244.html>
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22- Chronique. « Avec le pépin du Covid, l’orange est tendance », Le Monde, 23/05/20, 08h27
Laurence Girard

Les vertus vitaminées de l’agrume en ont fait un fruit prisé, alors que sa consommation baissait ces dernières années des deux côtés de l’Atlantique, en cette période de crise sanitaire liée au coronavirus, entraînant une juteuse augmentation de ses prix, analyse notre journaliste Laurence Girard.
Matières premières. Le confinement a mis l’orange sous pression. Oubliées les inquiétudes sur le taux de sucre du jus d’agrume, tout le monde s’est souvenu de sa teneur en vitamine C. A défaut de chloroquine ou de remède avéré pour combattre le Covid-19, ses vertus vitaminées ont été plébiscitées. Que se soit aux Etats-Unis ou en Europe, chacun s’est empressé de se presser une orange ou d’avaler un verre de jus pour booster ses défenses immunitaires. Même si certains, moins nombreux, ont opté pour la gousse d’ail afin de conjurer le mal. Avec le pépin du Covid, l’orange est tendance.
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Cette soif d’agrumes en Europe a provoqué un appel d’air sur les fruits en provenance de Méditerranée. Les approvisionnements en fin de campagne se sont asséchés plus vite que prévu d’autant que la récolte était moins plantureuse que l’année précédente. Ainsi, la maltaise de Tunisie et la salustiana espagnole ont disparu des étals fin mars-début avril. Quant aux prix des fruits, ils ont bénéficié d’une juteuse augmentation de près de 20 % par rapport à 2019, selon le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).
Un cours réchauffé
Cette évolution n’a pas échappé aux spéculateurs. A New York, le cours du jus d’orange congelé s’est réchauffé. Il se négocie, actuellement, à près de 1,27 dollar la livre, soit une progression de 27 % depuis le début d’année. L’orange retrouve des couleurs et signe ainsi une des meilleures performances du panier des matières premières. Il est vrai que la plupart ont été secouées comme des pruniers par la pandémie. A l’image du sucre, du soja, voire du coton, entraînés dans une spirale baissière.
Le retour de flamme dont bénéficie l’orange doit beaucoup à cette inversion soudaine de la consommation de jus de fruits. Elle avait, en effet, tendance ces dernières années à se diluer des deux côtés de l’Atlantique. « En France, les ventes de jus de fruits baissent depuis trois ans de 3 % à 4 %. Elles ont atteint 1,24 milliard de litres en 2019 dans la distribution, le jus d’orange représentant à lui seul 43 % des volumes », explique Emmanuel Vasseneix, président-directeur général de la Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel (LSDH) et président d’Unijus (Union nationale interprofessionnelle des jus de fruits).
Autre phénomène marquant aux yeux des investisseurs : la météo n’a guère été clémente au Brésil, plus gros verger d’orange à jus du monde. « La récolte qui vient de débuter était attendue en baisse de 25 % cette année. Mais, avec les difficultés à trouver de la main-d’œuvre en raison de la crise du Covid au Brésil, les rendements pourraient être plus faibles et elle pourrait être réduite de 40 % », estime M. Vasseneix, qui écarte toutefois tout risque de pénurie. Difficile de mesurer l’impact de cette situation sur le prix de la bouteille de jus d’agrume dans les prochaines semaines. Nul ne sait, non plus, si la consommation ne va pas retrouver sa pente naturelle entamée avant la crise sanitaire et poursuivre sa lente décrue. Après le déconfinement, l’orange déconfite ?
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/23/avec-le-pepin-du-covid-l-orange-est-tendance_6040517_3234.html>
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23- Interview. "On peut nourrir la France en se passant des pesticides", Sciences & Avenir, 23/05/20, 16h00
Propos recueillis par Loïc Chauveau

Gilles Billen est directeur de recherche au CNRS/ Université Pierre et Marie Curie à Paris. Il explique que l'agriculture française est trop intensive et trop spécialisée. Cet article est issu du magazine Sciences et Avenir n°879 daté mai 2020.
Sciences et Avenir : Un retour à la polyculture-élevage est-il envisageable en France ?
Gilles Billen : Oui. Nous avons montré au sein du laboratoire milieux environnementaux, transferts et interactions dans les hydro-systèmes et les sols (Metis) qu'il est possible de nourrir la France en se passant des pesticides et des engrais de synthèse et en continuant d'exporter des céréales vers les pays comme l'Égypte qui en ont vraiment besoin. Et on préserve les ressources en eau et la biodiversité, tout en émettant deux fois moins de gaz à effet de serre.
Quel constat faites-vous du fonctionnement de l’agriculture française ?
L’agriculture est trop intensive et trop spécialisée avec, par exemple, l’élevage concentré en Bretagne et les grandes cultures dans le bassin parisien. Les éleveurs doivent importer du soja et les céréaliers sont obligés d’épandre des engrais chimiques car ils ne disposent plus de la matière organique des animaux. La question n’est pas tant d’édicter des règles pour raisonner l’usage des intrants et l’épandage des déjections animales que de s’attaquer aux racines de cette situation.
Comment en est-on arrivé là ?
Un système de polyculture-élevage dominait en France jusqu’en 1950. Il permettait le recyclage sur l’exploitation des déjections animales, largement issues de la fixation symbiotique de l’azote de l’air qu’assurent les légumineuses fourragères, comme le trèfle ou la luzerne, intégrées dans les rotations culturales à l’époque. C’est le recours massif aux engrais de synthèse, produits selon le procédé Haber-Bosch mis au point à la veille de la Première Guerre mondiale pour fabriquer des explosifs, qui a rendu possible l’intensification, la spécialisation et l’ouverture de l’agriculture actuelle.
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/agriculture/interview-gilles-billen-directeur-de-recherche-au-cnrs-universite-pierre-et-marie-curie-a-paris-on-peut-nourrir-la-france-en-se-passant-des-pesticides_143954>
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– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
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– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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