[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage + 1 publication (mercredi 2 septembre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Mer 2 Sep 07:53:27 CEST 2020


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
–> Un accès 'rapide' direct à la source de l'article (hors abonnement) par un lien hypertexte sur son intitulé dans le sommaire ; si un lien vers un article ne fonctionne pas, vous pouvez retrouver son contenu dans le corps du mail à l'item correspondant.
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1- En Amazonie, déforestation et impunité attisent les feux <https://www.geo.fr/environnement/en-amazonie-deforestation-et-impunite-attisent-les-feux-201728>, AFP, 18/08/20, 13:00
2- A Dubaï, une "révolution agricole" au milieu du désert <https://www.geo.fr/environnement/a-dubai-une-revolution-agricole-au-milieu-du-desert-201730>, AFP, 18/08/20, 21:00
3- La réforme de la PAC et la filière biologique seront au cœur du programme agroalimentaire européen <https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/agrifood-agenda-cap-reform-and-organics-uptake/>, EurActiv, 19/08/10
4- Dans un élevage de canards reproducteurs des Pyrénées-Atlantiques, des cages rouillées et un sol couvert d’excréments <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/20/dans-un-elevage-de-canards-reproducteurs-des-pyrenees-atlantiques-des-cages-rouillees-et-un-sol-couvert-d-excrements_6049387_3244.html>, Le Monde, 20/08/20, 00h00
5- Récit « Un jour, un festin » (4/6). En 2015, huit chefs pour la planète <https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/08/20/un-jour-un-festin-en-2015-huit-chefs-pour-la-planete_6049402_3451060.html>, Le Monde, 20/08/20, 21h13
6- Tribune. Pourquoi « réautoriser les néonicotinoïdes pour un système de culture betteravier désuet et dommageable » ? <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/21/pourquoi-reautoriser-les-neonicotinoides-pour-un-systeme-de-culture-betteravier-desuet-et-dommageable_6049491_3232.html>, Le Monde, 21/08/20, 01h28 
7- Jardins secrets (5/5). Olivier Puech, le youtubeur star des potagers <https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2020/08/22/olivier-puech-le-youtubeur-star-des-potagers_6049593_4497916.html>, Le Monde, 22/08/20, 05h55
8- Pourquoi le contenu de votre assiette peut favoriser la propagation des épidémies <https://www.wedemain.fr/Pourquoi-le-contenu-de-votre-assiette-peut-favoriser-la-propagation-des-epidemies_a4834.html>, We Demain, 24/08/20
9- Un herbicide naturel prometteur à base de sucre pour remplacer le glyphosate <https://www.enviro2b.com/2020/08/25/un-herbicide-naturel-prometteur-a-base-de-sucre-pour-remplacer-le-glyphosate-4/>, Eviro2B, 25/08/2020
10- Aubergines et tomates prennent de la hauteur sur les toits de Montréal <https://www.geo.fr/environnement/aubergines-et-tomates-prennent-de-la-hauteur-sur-les-toits-de-montreal-201840>, AFP, 26/08/20, 12:00
11- Reportage. « Cette réserve a perdu sa raison d’être » : en Amazonie, le rêve brisé d’une forêt durable <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/26/en-amazonie-le-reve-brise-d-une-foret-durable_6049925_3244.html>, Le Monde, 26/08/20, 16h12
12- Un café sans grain à base de déchets végétaux recyclés <http://www.slate.fr/story/194202/cafe-sans-grain-dechets-vegetaux-recycles-deforestation-ethique>, Slate, 27/08/20, 14h30
13- Reportage. En Champagne, les vendanges face à la menace du Covid-19 <https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/08/28/en-champagne-les-vendanges-face-a-la-menace-du-covid-19_6050145_3224.html>, Le Monde, 28/08/20, 02h18
14- Décryptage. Les mauvaises herbes, nécessaires à la bonne santé des cultures <https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/28/les-mauvaises-herbes-necessaires-a-la-bonne-sante-des-cultures_6050246_3244.html>, Le Monde, 28/08/20, 06h03
15- Ce que contient la loi "néonicotinoïdes" <https://www.lejdd.fr/Politique/ce-que-contient-la-loi-neonicotinoides-3988271>, Le JDD, 28/08/20, 21h30
16- Agroécologie, la clé vers une agriculture plus verte ? <https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/agroecologie-la-cle-vers-une-agriculture-plus-verte%E2%80%89/>, EurActiv, 28/08/20
17- Tribune. « Face aux sécheresses, changer de modèle agricole » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/29/face-aux-secheresses-changer-de-modele-agricole_6050263_3232.html>, Le Monde, 29/08/20, 00h11
18- Tribune. « Stocker les eaux de pluie dans des retenues est un non-sens » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/29/stocker-les-eaux-de-pluie-dans-des-retenues-est-un-non-sens_6050280_3232.html>, Le Monde, 29/08/20, 07h00
19- Tribune. Hervé Jactel : « Les forêts de plantations possèdent la plupart des attributs des forêts dites naturelles » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/29/herve-jactel-les-forets-de-plantations-possedent-la-plupart-des-attributs-des-forets-dites-naturelles_6050283_3232.html>, Le Monde, 29/08/20, 07h15
20- Rampant destruction of forests ‘will unleash more pandemics’ <https://www.theguardian.com/environment/2020/aug/30/rampant-destruction-of-forests-will-unleash-more-pandemics>, The Guardian, 30/08/20, 07.03 
En audio
21- Barbara Pompili, les néonicotinoïdes, et l'écologie <https://www.franceinter.fr/emissions/camille-passe-au-vert/camille-passe-au-vert-01-septembre-2020>, France Inter, Camille passe au vert, 01/09/20, 14h33
En images
22- Plan B. Pourquoi la France se remet massivement au chanvre <https://www.lemonde.fr/videos/article/2020/08/24/pourquoi-la-france-se-remet-massivement-au-chanvre_6049805_1669088.html>, Le Monde, 24/08/20, 17h53
Une publication
23- Non à la dérogation à l’interdiction des néonicotinoïdes, d’autres solutions existent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/note_fnh_neonic-2.pdf>, Fondation Nicolas Hulot, Note du 31/08/20

Bien à vous,
Florence

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BOÎTE DE PANDORE DU JOUR : Le gouvernement va présenter un projet de loi permettant des dérogations à l'interdiction des néonicotinoïdes, accusés de tuer les abeilles, mais souhaités par les betteraviers après une récolte catastrophique. Or le texte du projet de loi est loin de se limiter aux betteraves. Ils autorisent des dérogations pour toutes les cultures. (cf. item 6, 15, 21 & 23)
CHIFFRES DU JOUR : — Selon le budget européen des 7 prochaines années, les dépenses totales de la PAC seront de 336,4 milliards d’euros, soit environ 46 milliards € de moins par rapport au programme de 2014-2020, mais 20 milliards € de plus que le budget agricole prévu dans la proposition de l’exécutif européen en 2018. (cf. item 3)
— Quelque 100 000 travailleurs saisonniers sont arrivés en Champagne pour faire les vendanges et des précautions sanitaires s’imposent pour prévenir les foyers épidémiques. (cf. item 13)
CRAINTE DU JOUR : Un nouveau virus apparaît dans les élevages porcins en Chine : le G4, un dérivé de la grippe H1N1. Ce virus, qui se transmet de l'animal à l'Homme, entre dans la catégorie des zoonoses. Nos modes de production alimentaires basés sur l'élevage intensif ont une véritable responsabilité dans leur propagation. (cf. item 8)
ESPOIR DU JOUR : Une molécule naturelle récemment découverte pourrait être aussi efficace que le Roundup tout en étant sûre et non toxique. (cf. item 9)
REPORTAGE DU JOUR : Symbole de la destruction d’un écosystème majeur, la réserve Chico Mendes en Amazonie, qui devait être un exemple d’exploitation respectueuse de l’environnement, est désormais saccagée par les incendies et la déforestation. (cf. item 11)
ÉCHO DU JOUR : La société Atomo Molecular Coffee, basée à Seattle aux Etats-Unis, a décidé de produire du café sans grain. Elle a mis au point un procédé original, dont Science Times se fait l'écho. (cf. item 12)
DÉFINITION DU JOUR : "Les mauvaises herbes, ce sont les plantes dont on n’a pas encore découvert la vertu", Fabrice Le Bellec, directeur de recherche au Centre de recherche agronomique pour le développement (Cirad) (cf. item 14)
ALTERNATIVES DU JOUR : — Un récent rapport de France Stratégie démontre la rentabilité d’exploitations agricoles plus respectueuses de l’environnement. Pour instaurer une transition agroécologique, il propose de revoir les modes d’attribution des aides de la PAC. (cf. item 16 & suite)
— Le chanvre est très prisée dans la papeterie, l’alimentation ou la construction, et possède de solides atouts sur le plan environnemental. (cf. item 22)
CITATION DU JOUR : "Il y a probablement dix fois plus d’espèces différentes de virus que de mammifères. Les chiffres sont contre nous et l’émergence de nouveaux agents pathogènes est inévitable", Andy Dobson, professeur d’écologie et de biologie évolutionniste à l’université de Princeton (cf. item 20)
EXPÉRIENCE DU JOUR : Al-Badia, ferme ultramoderne érigée au milieu du désert, témoigne de la volonté de Dubaï de mener sa propre "révolution agricole" pour se défaire, un tant soit peu, de sa trop forte dépendance alimentaire. (cf. item 2)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://letempsestvenu.org/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- En Amazonie, déforestation et impunité attisent les feux, AFP, 18/08/20, 13:00
Jordi Miro

"Comment vous voulez qu'on plante si on ne brûle pas ?" : près de Novo Progresso (centre-ouest), une des zones d'Amazonie parmi les plus touchées par les incendies, la déforestation et les brûlis pour nettoyer les champs ne faiblissent pas.
A 70 km de Novo Progresso, ville amazonienne du sud de l'Etat de Para, les flammes dévorent depuis plus d'une demi-heure une parcelle de la propriété de Pedro Gomes, 48 ans, fermier sur des terres que lui a cédées le gouvernement brésilien il y a quelques années. 
L'homme, qui n'a pas souhaité donner son vrai nom, chapeau de cow-boy vissé sur la tête et visage buriné par le soleil, fait partie des milliers d'agriculteurs et d'éleveurs de la région amazonienne qui ont recours aux incendies volontaires pendant la saison sèche pour préparer la terre, éliminer les parasites, cultiver du maïs, du soja ou encore planter de l'herbe pour le bétail.
"Pour les satellites de l'Institut national de recherche spatiale (INPE), ceci est un foyer d'incendie. Vous pouvez le croire ?", lance avec un sourire l'agriculteur, appuyé sur le portail d'entrée de son exploitation de 48 hectares, une surface modeste à l'aune brésilienne. 
L'INPE, qui compile des données sur les feux en cours, fournit chaque mois les statistiques de la déforestation dans le pays. 
"Ca c'est un brûlis, ce n'est pas un incendie. Et s'il déborde, la forêt l'éteint", insiste Pedro Gomes, avant de demander comment il est possible de planter "si on ne brûle pas". Derrière le nuage de fumée et les rares troncs d'arbre toujours debout, sa modeste maison de bois se laisse à peine entrevoir.
Le gouvernement du président d'extrême droite Jair Bolsonaro a officiellement interdit en juillet les brûlis pour 120 jours, conséquence de la crise internationale déclenchée en 2019 par la multiplication des incendies dans la plus grande forêt tropicale du monde, cruciale pour l'équilibre climatique de la planète. 
Les mois d'août et de septembre seront déterminants pour savoir si la législation a été respectée et a permis un retournement de tendance, comme le promet le gouvernement. 
- "Planter des bœufs" -
En juillet, le déboisement a connu une baisse de 36% par rapport au niveau record de juillet 2019. Mais au cours des 12 derniers mois - août 2019-juillet 2020 - la déforestation a atteint 9.205 km2, soit 34,5% de plus que l'année antérieure. 
Sur les milliers de kilomètres parcourus depuis le début août dans l'Etat du Mato Grosso et celui, limitrophe, du Para, une équipe de l'AFP a pu voir des restes d'arbres encore fumants sur de vastes propriétés d'élevage. Elle a également pu observer les immenses surfaces de terres fraîchement déboisées, prêtes à être brûlées. 
L'an dernier, alors que les incendies ravageaient l'Amazonie, Novo Progresso avait été l'épicentre d'une "Journée du feu", organisée supposément par des agriculteurs du Para pour montrer que les promesses électorales de Jair Bolsonaro, favorable à une exploitation de la forêt, étaient prises au sérieux. 
Le nuage de fumée avait atteint la mégapole de Sao Paulo à 2.500 km de là. 
Agamenon Menezes, président du syndicat des producteurs ruraux de Novo Progresso, assure que la "Journée du feu" a été une "invention des médias et des ONG". Il demande surtout que le gouvernement légalise les exploitations existantes pour que leurs propriétaires "soient obligés de respecter la législation environnementale". 
Les défenseurs de l'environnement rappellent qu'il n'y a quasiment jamais d'incendie naturel dans la forêt amazonienne et que les feux qui la ravagent sont indissociablement liés à la progression du déboisement. Des 9.000 km2 déboisés au cours des 12 derniers mois, 11% ont touché des zones de préservation environnementale ou des réserves indigènes. 
"Ceux qui envahissent les terres marquent leur territoire en déboisant et en +plantant des boeufs+ (...) et quand ils déboisent, la seule manière de les transformer en terres agricoles c'est de les brûler", explique Beto Verissimo, fondateur de l'Institut de l'homme et de l'environnement de l'Amazonie (Imazon). 
"Très souvent, ils espèrent ensuite vendre la ferme à d'autres opérateurs économiques", souligne-t-il.
<https://www.geo.fr/environnement/en-amazonie-deforestation-et-impunite-attisent-les-feux-201728>
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2- A Dubaï, une "révolution agricole" au milieu du désert, AFP, 18/08/20, 21:00
Shatha Yaish

Al-Badia, ferme ultramoderne érigée au milieu du désert, témoigne de la volonté de Dubaï de mener sa propre "révolution agricole" pour se défaire, un tant soit peu, de sa trop forte dépendance alimentaire.
Ferme maraîchère, Al-Badia, produit différents légumes à la verticale avec des techniques alliant des contrôles précis de la lumière et l'irrigation, en se targuant de recycler 90% de l'eau utilisée.
"C'est une révolution agricole au milieu du désert", déclare à l'AFP le directeur de la ferme Bassel Jamal.
"On apporte à chaque plante la quantité de lumière, d'humidité, de chaleur et d'eau dont elle a besoin. Comme si elle était un client d'un hôtel cinq étoiles", assure-t-il.
La pandémie de Covid-19, en soulignant le risque d'une perturbation de l'approvisionnement à l'échelle mondiale en produits périssables, est venue rappeler l'importance du concept de sécurité alimentaire.
Dubaï et les Emirats arabes unis en général ont peu de ressources en eau, peu de terres arables et un environnement désertique hostile à l'agriculture. 
La question de la sécurité alimentaire ne se posait pas il y a quelques décennies lorsque Dubaï et ses voisins n'étaient habités que par des bédouins qui se satisfaisaient, pour se nourrir, d'une poignée de dattes et d'une gorgée de lait de dromadaire. 
Mais avec la richesse engendrée par le pétrole à partir des années 1970 et la ruée de millions d'expatriés, Dubaï comptant aujourd'hui plus de 3,3 millions d'habitants de 200 nationalités, les besoins alimentaires ont augmenté et se sont diversifiés.
- "Choix pour l'avenir" -
Dubaï, comme les six autres membres de la fédération des Emirats arabes unis, importe 90% de ses besoins alimentaires, selon les statistiques officielles. 
Les produits, notamment frais arrivent du monde entier par voie aérienne, et les marchés de Dubaï n'ont rien à envier à ceux des grandes capitales occidentales.
Mais dans une région instable, face à l'Iran, l'autosuffisance alimentaire devient un objectif clé à long terme.
Il y a plus de dix ans, les Emirats ont commencé à acheter ou à louer des terres agricoles à l'étranger, principalement en Afrique de l'Est, afin de garantir l'approvisionnement même en temps de crise.
Mais l'instabilité politique sur le terrain, l'ont conduit à se tourner vers l'Australie et l'Europe de l'Est et à adopter d'autres stratégies, notamment la constitution de stocks et une agriculture de haute technologie. 
Pour Bassel Jamal, le modèle de la ferme qu'il dirige, où tout est contrôlé par des ordinateurs, est un "choix pour l'avenir".
"Nous ne voulons plus dépendre des importations. Nous voulons produire localement, tout au long de l'année sans se préoccuper du changement climatique, de la pluviométrie ou de la sécheresse", dit-il.
A l'instar d'Al-Badia, de nombreuses fermes poussent à Dubaï et dans les émirats voisins.
Abdellatif al-Banna cultive des ananas dans quatre serres où tout est soigneusement contrôlé et écoule sa production via une plateforme internet.
La pisciculture se développe également avec une ferme de saumon à Dubaï dont la qualité de la production est saluée à travers l'émirat.
Quant à l'élevage, Dubaï compte plusieurs fermes qui alimentent des laiteries répondant en partie aux besoins du marché en produits laitiers.
- "Stock stratégique" -
Ces unités agricoles, souvent le fruit d'investissements privés, sont encouragées par le gouvernement de l'émirat, selon Omar Bouchehab, qui préside le Comité de la sécurité alimentaire de Dubaï.
Un plan destiné à accroître de 15% la production agricole locale en 2021 est en cours, a-t-il assuré à l'AFP.
"Le renforcement des technologies agricoles et de leur utilisation doit être augmenté de 30%" pour la même période, a-t-il ajouté.
Au début de la crise sanitaire, Dubaï n'a pas connu de difficultés d'approvisionnement en produit frais, en dépit de sa grande dépendance des importations.
Grâce au maintien du transport aérien de marchandises, Dubaï a même été capable d'assurer la réexportation de différents produits alimentaires chez ses voisins.
Au Fresh Market, un grand marché de produits frais, une foule d'ouvriers s'affaire à transporter et à stocker des tonnes de produits alimentaires frais importés.
"Dubaï a une infrastructure adéquate et un stock capable de subvenir aux besoins des Emirats et même aux besoins des pays voisins", assure à l'AFP le directeur exécutif de cette plateforme, Redha al-Mansouri.
<https://www.geo.fr/environnement/a-dubai-une-revolution-agricole-au-milieu-du-desert-201730>
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3- La réforme de la PAC et la filière biologique seront au cœur du programme agroalimentaire européen, EurActiv, 19/08/10
Gerardo Fortuna et Natasha Foote | translated by Nathanaël Herman

À la suite du lancement de la nouvelle politique alimentaire européenne au printemps, les décideurs politiques se concentreront à nouveau sur la réforme tant attendue de la politique agricole commune (PAC), le pilier du secteur agricole européen.
Les discussions relatives à la politique agricole commune (PAC), le programme principal de subventions agricoles au sein de l’UE, ont été interrompues ces derniers mois en raison du lancement de stratégie de la ferme à la fourchette (F2F) par la Commission européenne.
Le 21 juillet, les leaders européens se sont enfin mis d’accord sur le prochain cadre financier pluriannuel 2021-2027 (CFP). Selon le budget européen des sept prochaines années, les dépenses totales de la PAC seront de 336,4 milliards d’euros, soit environ 46 milliards d’euros de moins par rapport au programme de 2014-2020, mais 20 milliards d’euros de plus que le budget agricole prévu dans la proposition de l’exécutif européen en 2018.
La décision permettra au Parlement européen et au Conseil de l’UE d’amorcer les négociations dans le but de parvenir à un accord final sur les lois constituant le cadre législatif de la PAC.
Les députés européens doivent encore s’entendre à ce sujet et un vote final en séance plénière devrait avoir lieu au cours de la deuxième moitié du mois d’octobre.
Néanmoins, au sein du Parlement, les dispositions générales concernant les objectifs climatiques du secteur agricole sont déjà source de tensions entre les législateurs de la commission de l’agriculture et du développement rural (AGRI) et leurs homologues de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI).
ENVI souhaite que les amendements compromis au sujet de la PAC soient approuvés par les groupes politiques présents à Strasbourg, peu importe la commission dans laquelle ils sont membres. Une telle action entraverait l’influence d’AGRI, qui détient une compétence prioritaire sur le dossier.
Une fois que le débat sur la PAC sera clôturé au Parlement, une autre bataille devrait éclater.
En effet, nombreuses sont les questions en suspens qui devront être adressées au cours d’une réunion de trilogue, qui rassemble le Parlement européen, la Commission européenne et le Conseil de l’UE. Les trois institutions intervenant dans le processus législatif européen devront, notamment, assurer la complémentarité entre la nouvelle structure verte de la PAC et les mesures environnementales inscrites dans la stratégie F2F.
La nature obligatoire ou facultative des programmes d’étiquetage écologique, un système innovant et important pour atteindre les objectifs climatiques, fera aussi objet de discussions.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/agrifood-agenda-cap-reform-and-organics-uptake/>
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4- Dans un élevage de canards reproducteurs des Pyrénées-Atlantiques, des cages rouillées et un sol couvert d’excréments, Le Monde, 20/08/20, 00h00
Perrine Mouterde

L’association L214 dénonce les souffrances subies par les animaux ainsi que des risques sanitaires et des atteintes à l’environnement dans une exploitation de la filière foie gras du Sud-Ouest 
Un canard, échappé d’une cage délabrée, avance lentement, les pattes recouvertes par un flot d’excréments. Autour de lui, des cadavres d’animaux en décomposition qui gisent dans leur cage ou sur le sol, dans un bâtiment totalement insalubre. L’association L214 a publié, jeudi 20 août, des images témoignant de la situation dans un élevage de canards reproducteurs situé dans la commune de Lichos, dans les Pyrénées-Atlantiques.
« Au départ, on a eu l’impression que le site était à l’abandon, explique Brigitte Gothière, la directrice et porte-parole de l’association. Les cages sont rouillées, complètement défoncées. Et puis on a vu apparaître des canards encore en vie, dans un état pitoyable. Il y a des rats, des asticots qui grouillent et puis cette couche de merde partout sur le sol… Normalement, il y a une fosse septique pour récupérer les déjections, là tout se déverse librement à l’extérieur. C’est ahurissant ! »
Les images ont été tournées début août dans un bâtiment abritant des canards de Barbarie. Le sperme de ces animaux est prélevé régulièrement puis utilisé pour inséminer des canes de Pékin. Les canards mulards mâles issus de ces inséminations, qui naissent dans un couvoir attenant, sont utilisés pour la production de foie gras. Selon un document de 2011, ce couvoir de canetons mulards fait partie de ceux qui fournissent la filière Indication géographique protégée (IGP) « canard à foie gras du Sud-Ouest ».
Une « bombe sanitaire »
Des canards blessés par le grillage de leur petite cage, qui n’ont pas la place d’étendre leurs ailes… L’organisation de défense des animaux dénonce des conditions de vie « effroyables » pour les palmipèdes, mais aussi des conditions de travail « épouvantables » pour les salariés. « On devait marcher sur des vers blancs pour nourrir les animaux, j’ai failli être malade plusieurs fois, raconte l’ancien employé qui a alerté l’association. Quand je trouvais des canards morts, je les mettais dans un sac pour les déposer dans un conteneur, mais il n’y avait pas de congélateur. Il y avait une odeur… C’était l’horreur. »
« Avec cette accumulation de déjections, de crasse et de cadavres en décomposition, cet élevage est une véritable bombe sanitaire, met aussi en garde L214, qui appelle à la fermeture immédiate et définitive de l’exploitation. La situation semble totalement hors de contrôle. » Selon le lanceur d’alerte, des vétérinaires se sont pourtant rendus sur les lieux à au moins deux reprises à l’époque où il travaillait dans l’élevage. Lors de leurs visites, les salariés n’étaient pas présents.
L’association a porté plainte mercredi 19 août auprès du procureur de la République de Pau pour cruauté envers les animaux, abandon, mais aussi atteinte à l’environnement. Les déjections, qui s’écoulent à l’extérieur du bâtiment, font craindre un risque de pollution du Saison, un cours d’eau classé Natura 2000 et jouxtant l’élevage. Ni le service départemental de l’Office français de la biodiversité ni le syndicat mixte des gaves d’Oloron, de Mauléon et de leurs affluents, chargé de l’animation de la zone Natura 2000, ne disent avoir été alertés précédemment d’un risque potentiel pour l’environnement près de l’élevage de Lichos.
Un audit de la filière foie gras
Le service santé, protection animale et environnement de la direction départementale de la protection des populations et la préfecture des Pyrénées-Atlantiques n’ont pas souhaité s’exprimer. Le responsable de l’exploitation n’a, jusqu’à présent, pas voulu réagir.
En décembre 2019, L214 avait déjà dénoncé les pratiques d’un producteur de foie gras qui jetait des canetons vivants par centaines dans un bac d’équarrissage, où ils mouraient de faim et étaient étouffés sous le poids de leurs congénères. Le foie gras de cet établissement de Dordogne, rattaché au lycée agricole de Périgueux, avait été médaillé d’or en 2019 au concours général agricole.
> Lire aussi  Un producteur de foie gras médaillé d’or au concours agricole épinglé par L214
Après ces nouvelles révélations, l’association appelle le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, à diligenter un audit de l’ensemble des élevages de canards reproducteurs et des couvoirs de la filière de foie gras, et d’en rendre publiques toutes les conclusions, à l’image de ce qui avait été fait pour la filière des abattoirs d’animaux de boucherie, en 2016.
L214 appelle à l’interdiction du gavage des oies et des canards, une pratique obligatoire pour produire du foie gras de canard en France et qui ne subsiste que dans une poignée de pays de l’Union européenne. « La filière foie gras met en avant la tradition, le terroir… Mais quand on voit ce qui se fait dans un élevage comme celui des Pyrénées-Atlantiques ou quand l’on sait que les canards mulards n’existent pas dans la nature, ça nous fait sourire », ajoute Brigitte Gothière.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/20/dans-un-elevage-de-canards-reproducteurs-des-pyrenees-atlantiques-des-cages-rouillees-et-un-sol-couvert-d-excrements_6049387_3244.html>
Sur le même sujet : 
> Pyrénées-Atlantiques : la préfecture ordonne la fermeture du bâtiment d’élevage insalubre de canards mis en cause par L214 <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/le-ministere-de-lagriculture-annonce-ordonner-la-fermeture-du-batiment-delevage-insalubre-de-canards-dans-les-pyrenees-atlantiques-mis-en-cause-par-l214_4080243.html>, France info avec AFP, 20/08/20, 20:13
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5- Récit « Un jour, un festin » (4/6). En 2015, huit chefs pour la planète, Le Monde, 20/08/20, 21h13
Stéphane Davet

« Un jour, un festin » (4/6). Le 30 novembre 2015, au Bourget, 157 chefs d’Etat et de gouvernement participent au déjeuner d’ouverture de la COP21, la conférence de Paris sur les changements climatiques. Un banquet diplomatique record.
S’il existait un « Guinness Book » du multilatéralisme, ce déjeuner y figurerait en bonne place. Le 30 novembre 2015, pas moins de 157 chefs d’Etat et de gouvernement –76 présidents, sept souverains régnants et cinq princes héritiers, 60 premiers ministres et 9 vice-présidents – ont été accueillis, au Bourget (Seine-Saint-Denis), lors du déjeuner d’ouverture de la conférence de Paris sur les changements climatiques.
Un banquet diplomatique record. Et un souvenir inoubliable pour les huit chefs à la baguette de ce repas de la COP21, devant à la fois porter haut les couleurs de la France et celles de l’environnement. Qu’ils aient imaginé le menu (Yannick Alléno, Alexandre Gauthier, Nicolas Masse, Marc Veyrat et Christelle Brua), ou coordonné ce rassemblement hors du commun (Thierry Charrier, chef du Quai d’Orsay, Guillaume Gomez, chef de l’Elysée, Guy Krenzer, chef de la maison Lenôtre).
« Gastrono-diplomatie »
« Ce genre de conférence ne peut fonctionner sans volonté au plus haut niveau politique, assure aujourd’hui Laurent Fabius, alors ministre des affaires étrangères, sous la présidence duquel se déroulait la COP21. J’avais estimé que la présence de ces chefs d’Etat était indispensable à l’ouverture de la conférence, pour qu’ils envoient un message à leurs négociateurs : “Faites ce que vous voulez, mais dans deux semaines, il faut que ce soit un succès” ».
Pendant des mois, l’équipe diplomatique s’affaire pour convaincre la planète de se rassembler. « Evidemment, les choses se décoincent un peu quand vous avez l’accord des présidents américain et chinois, remarque l’ancien premier ministre de François Mitterrand, désormais président du Conseil constitutionnel. Il fallait un déjeuner qui fasse écho à l’excellence environnementale et à l’excellence gastronomique française, sans ostentation. » 
> Lire aussi A l’heure de trinquer, vous êtes plutôt rosé clair ou rosé foncé ?
Une « gastrono-diplomatie » que cet admirateur de Talleyrand avait choisi d’étendre aux deux semaines du sommet. « J’avais assisté à une COP, dans un pays que je ne nommerai pas, où nous avions été malades la moitié du temps. Et il est compliqué de négocier quand vous avez la turista. J’avais donc dit à ceux qui s’occupaient des repas des négociateurs : “Faites simple mais très bon !” »
S’il consulte le chef du ministère et celui de l’Elysée, M. Fabius s’occupe personnellement du casting du déjeuner d’ouverture. Peu avant le sommet, il avait assisté au dîner de lancement du guide Gault & Millau. « Chef de l’année » de cette édition 2015, Alexandre Gauthier, jeune patron de La Grenouillère, à la Madelaine-sous-Montreuil (Pas-de-Calais), tape dans l’œil de celui du Quai d’Orsay. « Je le trouve à la fois très créatif et très sensible à une cuisine végétale, inspirée par son potager et son jardin », s’enthousiasme le ministre, qui propose au cuisinier de s’occuper du plat principal.
Yannick Alléno, chef trois macarons du restaurant Ledoyen, à Paris, est chargé de l’entrée ; Nicolas Masse, double étoilé aux Sources de Caudalie, à Martillac (Gironde), s’occupe de la garniture ; Christelle Brua, alors chef pâtissière du Pré-Catelan (Paris), devenue depuis celle de l’Elysée, cisèle le dessert. Une distribution complétée, pour le fromage, par le Haut-Savoyard Marc Veyrat. Même si, quelques jours avant le sommet, l’homme au chapeau noir met l’équipe dans l’embarras en étant poursuivi pour infraction au code de l’environnement pour avoir défriché un bois et asséché une zone humide sans autorisation. Un temps pressenti pour être l’ordonnateur du repas, l’« imperator » de la gastronomie française, Alain Ducasse, se vexera d’avoir été finalement écarté.
> Lire aussi Amélie Darvas : « Avant, si je n’avais pas mes radis quand je le voulais, j’étais agacée »
Pour l’élaboration des plats, « il fallait des ingrédients tolérés par toutes les religions, rappelle Alexandre Gauthier, mais aussi le plus possible en phase avec les préoccupations écologiques ». Chacun privilégiera des produits issus de son territoire et des apprêts aux vertus diététiques autant que gustatives. Enfant de Puteaux (Hauts-de-Seine), militant du locavorisme francilien, Yannick Alléno choisit, avec sa « soupe Freneuse moderne », de sublimer la simplicité de navets de la banlieue parisienne, dont une extraction à froid est montée avec une purée de ce légume et servi avec un navet vapeur, « mariné dans de l’iode ». A ses côtés, une saint-jacques de la baie de Seine, cuite en coquille, surmontée d’une gelée chaude de fleurs cultivées à Courances (Essonne).
En ambassadeur du nord, Gauthier décide de célébrer la volaille de Licques, « à la chair tendre, au goût de noisette ». Piqué à l’ail doux fumé d’Arleux, le suprême cuit à basse température est servi avec une crème de brocolis grillé et du blé, préparé comme un risotto, coloré au vert d’épinard. Une chromatique prolongée avec la garniture conçue par Nicolas Masse : « confit de céleri farci, crème d’épinards persillée ».
« Rigueur du timing »
Chacune de ces propositions est validée par Thierry Charrier, Guillaume Gomez et Guy Krenzer, après une série de tests effectués à Plaisir (Yvelines), dans les laboratoires du traiteur Lenôtre. Car si c’est un métier d’imaginer des recettes, c’en est un autre de reproduire et servir celles-ci au même moment, depuis une cuisine éphémère, à 157 grands de ce monde. Double meilleur ouvrier de France, expert des réceptions, Guy Krenzer doit orchestrer la logistique. Maîtres des cérémonies officielles, Charrier et Gomez veillent à la précision du protocole. « La rigueur du timing est essentielle, insiste Guillaume Gomez. Pas question d’envoyer un maître d’hôtel raconter une “blagounette” ou offrir le champagne pour faire patienter une table. »
Quand arrive le grand jour, la tension est palpable. Après les attentats du 13 novembre, des mesures de sécurité encore plus drastiques s’imposent. Accompagnés chacun d’un membre de leur brigade (au lieu des cinq prévus à l’origine), les chefs se retrouvent à 4 h 30 du matin, au Quai d’Orsay, pour filer en bus en empruntant le périphérique, fermé à la circulation. « Aucun oubli d’ingrédient ou de matériel n’était permis, se souvient Guy Krenzer, car impossible, une fois sur place, de repartir en récupérer. »
Dans le bâtiment de l’aéroport, le faste républicain se met en œuvre. « C’est fabuleux de voir ce que la France est capable d’offrir à ses hôtes », s’émeut Yannick Alléno en se souvenant des porcelaines de Sèvres, des verres en cristal Baccarat et de l’argenterie convoyés spécialement depuis l’Elysée. « En cuisine, on a failli faire tomber une échelle sur laquelle reposaient des dizaines d’assiettes valant chacune plusieurs milliers d’euros », frissonne encore Guy Krenzer.
L’« organic du Mont-Blanc »
L’immense délégation a évidemment du retard et donne des sueurs froides au chef du protocole, Laurent Stefanini. « Quelques chefs d’Etats en avaient profité pour privilégier une rencontre bilatérale, raconte celui qui est désormais ambassadeur de France à Monaco. Le président Erdogan, par exemple, avait raté le déjeuner. » Certains se regardent en chiens de faïence, d’autres échangent plus cordialement, tels Barack Obama et François Hollande devisant à propos de Lindbergh, dont le Spirit of St. Louis avait atterri au Bourget, en 1927. Une fois tout ce beau monde placé, le repas est prévu pour durer à peine plus d’une heure.
> Lire aussi Jean-Michel Carrette : « C’est toujours le légume qui donne le tempo, le reste suit »
« Nous étions pressés par le temps, rappelle Guy Krenzer, et Veyrat avait prévu un montage compliqué sur de gros rondins de bois. On s’est un moment demandé si on n’allait pas sauter le fromage. » Plutôt que d’affronter une des colères légendaires du Haut-Savoyard, tout le monde met finalement la main à la pâte pour présenter son « organic du Mont-Blanc », constitué d’œufs de truite, d’une gelée de légumes et son souffle de tussilage (une plante au goût d’artichaut), d’un petit reblochon à la myrrhe odorante et d’une salade de cueillette. « Heureusement que nous l’avons maintenu, se félicite Thierry Charrier, le chef du Quai d’Orsay, car cet ensemble, servi sur ce morceau de bois, très décalé après la porcelaine de Sèvres, était l’un des plus beaux du repas. »
Une fois dégusté le paris-brest aux clémentines corses de Christelle Brua, les chefs peuvent enfin se faire applaudir par l’auguste assemblée. Plus tard, à la nuit tombée, alors qu’ils attendent leur bus du retour, Alexandre Gauthier croit voir « un buisson bouger »… « C’était un membre des commandos, dans sa tenue de camouflage. » Lui aussi pliait bagage.
<https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/08/20/un-jour-un-festin-en-2015-huit-chefs-pour-la-planete_6049402_3451060.html>
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6- Tribune. Pourquoi « réautoriser les néonicotinoïdes pour un système de culture betteravier désuet et dommageable » ?, Le Monde, 21/08/20, 01h28 
Par Marc Dufumier, Agronome

L’agronome Marc Dufumier critique, dans une tribune au « Monde », la décision gouvernementale d’autoriser « provisoirement » l’usage de pesticides pour la culture de la betterave à sucre, alors que des alternatives techniques à l’emploi des néonicotinoïdes existent déjà.
Tribune. Sous la pression des lobbys sucriers, le gouvernement envisage de réautoriser provisoirement le recours aux néonicotinoïdes pour la culture de la betterave à sucre, alors même que la loi sur la biodiversité de 2018 en interdit aujourd’hui formellement l’emploi. Cette culture vient, il est vrai, d’être lourdement affectée par une maladie virale, la jaunisse de la betterave, transmise par un puceron qui a récemment pullulé dans les champs du fait des conditions climatiques particulières de cette année.
Mais les apiculteurs ont néanmoins des raisons de s’inquiéter d’une telle décision car on sait désormais comment l’exposition à ces insecticides déboussole les butineuses. Outre les abeilles mellifères, ce sont la plupart des pollinisateurs qui souffrent de surmortalité en la présence de ces insecticides, et c’est donc aussi la fécondation d’un très grand nombre de plantes cultivées (colza, tournesol, arbres fruitiers, etc.) qui risque de se retrouver lourdement handicapée.
> Lire aussi  Le gouvernement défend la réautorisation des néonicotinoïdes pour « garder une filière sucrière en France »
La Confédération générale des producteurs de betteraves (CGB) n’a pas manqué de signaler que les racines de cette plante sucrière sont arrachées bien avant sa date de floraison et donc avant toute possibilité de voir leurs fleurs butinées. Mais les résidus insecticides peuvent être néanmoins absorbés par toutes les plantes à fleurs cultivées les années suivantes, et c’est en cherchant le pollen sur ces dernières que les insectes pollinisateurs se retrouvent de fait empoisonnés.
Une agroécologie scientifique
La CGB rétorque que s’il est pertinent de mettre fin à l’emploi des néonicotinoïdes, encore faudrait-il que l’on ait préalablement trouvé un ou des produits de substitution. En insistant sur le fait que les rendements à l’hectare vont très sensiblement diminuer cette année du fait de la jaunisse, et que cela va peser très lourdement sur l’équilibre de notre balance commerciale agricole.
Mais cela revient implicitement à dire qu’il n’existerait pas d’autres alternatives techniques que l’emploi de pesticides, et qu’améliorer le rendement à l’hectare consisterait toujours à l’accroître, indépendamment des coûts monétaires, sanitaires et environnementaux qui en résultent pour ce faire. C’est oublier aussi le fait que des alternatives techniques à l’emploi des néonicotinoïdes existent d’ores et déjà.
> Lire aussi  Coronavirus : « L’origine de l’épidémie de Covid-19 est liée aux bouleversements que nous imposons à la biodiversité »
Ces pratiques, qui relèvent d’une agroécologie scientifique, n’ont pas pour objectif d’éradiquer les pucerons et autres insectes ravageurs, au risque d’ailleurs d’engendrer de graves déséquilibres écologiques, mais visent plutôt à pouvoir les côtoyer tout en minorant leur prolifération et leurs ravages.
Ces pratiques sont, entre autres, le choix de variétés tolérantes ou résistantes, l’allongement des rotations de cultures, la diversification des espèces cultivées au sein des mêmes terroirs, la plantation de haies vives, de bandes enherbées et d’autres infrastructures écologiques destinées à héberger des insectes auxiliaires tels que les coccinelles, syrphes et chrysopes, aptes à neutraliser les pucerons.
Faible compétitivité
Ces techniques agricoles sont, il est vrai, bien plus savantes et compliquées que celles encore trop souvent mises en œuvre dans le cadre des modes d’agricultures industrielles exagérément spécialisées. Elles sont plus exigeantes en travail et donc plus intensives en emplois, ce qui n’est pas en soi néfaste. Elles exigent aussi bien moins d’importations de pesticides et d’engrais azotés de synthèse, coûteux en énergie fossile, tout en présentant de moindres risques sanitaires et environnementaux.
La fermeture annoncée des sucreries en France n’a d’ailleurs pas attendu l’apparition de la jaunisse de la betterave ; elle résulte en fait de la faible compétitivité de nos systèmes betteraviers actuels face à la concurrence de la canne à sucre brésilienne. Pourquoi nous faudrait-il alors continuer de produire toujours davantage de betteraves pour des usines d’éthanol dont on sait qu’elles ne peuvent guère devenir rentables du fait de cette concurrence sur les marchés mondiaux ?
> Lire aussi  Avec ou sans floraison, les néonicotinoïdes représentent des risques pour les pollinisateurs
Ne conviendrait-il donc pas plutôt de diversifier les cultures au sein de nos assolements et d’y rétablir une bien plus grande biodiversité domestique et spontanée, en y intégrant surtout des plantes légumineuses (luzerne, trèfle, lupin, féverole, etc.), pour produire notamment les protéines végétales dont la France et l’Europe sont déficitaires pour près des deux tiers ?
Le président Macron nous a d’ailleurs promis, au lendemain du dernier G7, un plan visant à rétablir notre souveraineté protéinique, afin de ne plus dépendre des importations considérables de graines et de tourteaux de soja transgéniques en provenance des Amériques. Plutôt que de réautoriser les néonicotinoïdes pour un système de culture betteravier désuet et dommageable, le gouvernement ne devrait-il pas le mettre en œuvre au plus tôt ? Une façon de concilier les impératifs économiques, sociaux et environnementaux !
§ Marc Dufumier est l’auteur de « L’Agroécologie peut nous sauver » (entretiens avec le journaliste Olivier Le Naire, Actes Sud, 2019).
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/21/pourquoi-reautoriser-les-neonicotinoides-pour-un-systeme-de-culture-betteravier-desuet-et-dommageable_6049491_3232.html>
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7- Jardins secrets (5/5). Olivier Puech, le youtubeur star des potagers, Le Monde, 22/08/20, 05h55
Pascale Krémer

Jardins secrets (5/5). Le vidéaste et jardinier amateur distille ses conseils maraîchers sur la Toile. Sa chaîne YouTube, « Le potager d’Olivier », connaît un franc succès et permet à cet autodidacte de vivre de sa passion.
Pour aller au boulot, le matin, Olivier Puech n’a qu’à traverser le jardin. En tongs et en bermuda, il ouvre la baie vitrée de sa maison crépie de rose et s’en va retrouver courges et tomates qui colonisent son lieu de travail comestible. En deux ans à peine, et tout particulièrement depuis le confinement, son modeste potager bio de Lignan-sur-Orb, près de Béziers (Hérault), s’est mué en décor végétal d’un étonnant succès d’audience sur YouTube. Sa chaîne « Le potager d’Olivier » tient en haleine plus de 193 000 abonnés, compte une centaine de vidéos postées, visionnées près de 15 millions de fois.
L’influenceur maraîcher en tire moins gloriole que de ses courgettes, patates violettes et ail rosé servis au déjeuner. « Et ce jaune d’œuf, vous avez vu comme il est bien jaune ? » Une fois engloutie la production locale, il est temps de remonter à la source, foulant nous aussi la pelouse pavillonnaire jusqu’au petit portail grillagé. De l’autre côté, s’offre, tout en longueur, une foisonnante promenade potagère sous un ombrage de canisses haut perchées.
Olivier Puech joue les guides, tantôt attendri par ses « bébés légumes » en pleine pousse, tantôt impatient de les saisir au faitout. A gauche, les courges longues de Nice « de bientôt 7 ou 8 kg, qui se conservent des mois ». Puis, « les Slim Jim », des variétés anciennes d’aubergines introuvables dans le commerce, « je les adore, je les vois découpées dans la poêle… » 
Un peu plus loin, la tomate poire jaune, « goûteuse, pas stabilisée en laboratoire ». Passé les haricots verts formant tipi, guidés par des cannes de bois, les blettes « magnifiques une fois revenues, dont même les cardes se cuisinent ». Les betteraves, artichauts, choux, pommes de terre et patates douces complètent l’entrelacs végétal coloré et gourmand que clôt un poulailler, puis une serre.
De la géologie à la boulangerie
Durant la période de germination, de fin février à mai, M. Puech s’amuse des commentaires laissés sous ses vidéos. « Tout le monde est aux petits soins pour ses semis. Chez certains, c’est une première occasion de semer la vie… » Des courgettes au Net, la vedette du potager a emprunté un chemin tortueux : étudiant en géologie reconverti en boulanger avant de se découvrir allergique à la farine ; puis diplômé d’école de commerce jouant au chef de rayon d’hypermarché, auquel sa direction reproche de préférer le terrain au bureau.
Lui, de toute façon, ne pense qu’à une chose : son potager. Le jour, il attend le soir, les retrouvailles avec son « bout de terrain » gagné sur un fossé, dans une première maison. Le week-end, il dévore tout ce que la médiathèque de Béziers renferme d’ouvrages horticoles. Le coup de fil qui lui annonce l’attribution d’une parcelle de jardin ouvrier le met en transe.
« Mais cela a été un apprentissage, sourit-il. Je voyais les énormes courgettes des pépés, à côté. Moi, j’avais des résultats assez pitoyables. » Ses lectures sur la permaculture le poussent à refuser tout engrais (« Dans mon esprit, ils ne renvoyaient qu’à la chimie »), et même tout arrosage au profit du seul paillage des sols. « Or, la terre était compacte, pas assez vivante… »
Après négociations conjugales
Autodidacte, le jeune quadragénaire au regard bleu et au ras cheveu blond n’a pour tout bagage maraîcher que le souvenir de ses grands-pères campés dans leurs lopins méridionaux. « Et ce moment familial, lorsque nous étions tous à équeuter autour de la bassine de haricots. » A la naissance de ses deux enfants, il troque les journées à rallonge de manageur contre un mi-temps de formateur professionnel.
Et, en 2015, il touche enfin au but, après négociations conjugales : 300 mètres carrés d’un nouveau jardin familial consacrés à ses cultures. Mais c’est grâce à ses élèves que germe l’idée de poster des vidéos sur ce YouTube dont ils sont si friands. En 2018, Olivier Puech n’a guère que 300 abonnés lorsqu’il fait ce pari : gagner sa vie en se mettant en scène au cœur de sa parcelle.
Comme pour les courgettes, il tâtonne, au début, avec un seul plan-séquence tourné au smartphone et une technique de montage digne des vidéos de voyages familiaux. Désormais, son « hebdo potager », ses « thématiques » sur les amendements du sol, les fruits et légumes ou le poulailler, ses visites d’autres jardins naturels, sont soigneusement scénarisées, avoisinent le quart d’heure et comptent une centaine de plans. « Un travail de dingue ! » qui lui prend trois bonnes journées. « Celui du potager est anecdotique à côté. » Pas le choix.
Du rythme des séquences dépend sa capacité à retenir l’attention, qui elle-même conditionne l’exposition de sa chaîne lorsqu’un quidam tape « Comment planter tomates » sur le moteur de recherche de la plate-forme. « C’est terrible tout ça, dit-il, mais je suis obligé de m’y intéresser. » De même qu’il lui faut entretenir un lien étroit, sur les réseaux sociaux, avec sa communauté de fans de carottes.
Pas de placements de produits
Son million de « vues » mensuel (avec des pics en avril et en mai) lui offre un revenu, lui aussi mensuel, d’environ 3 000 euros, qu’il complète avec force conférences et publications – Le Potager d’Olivier (Terre vivante, 239 p., 25 euros), sorti en janvier, s’est déjà vendu à 15 000 exemplaires. Les tableaux de chiffres honnis ont rattrapé le jardinier biterrois…
Conscient de se muer en « filon commercial », il tente de tenir bon sur quelques principes : de la pub uniquement avant la vidéo, et plus aucun placement de produits. Echaudé. « Au départ, j’étais tout fier de recevoir un framboisier ou deux. Puis j’ai accepté des toilettes sèches dont j’ai découvert ensuite qu’elles coûtaient le prix faramineux de 2 000 euros ! Je les ai rendues et j’ai négocié le retrait de la vidéo… »
Dans le flot grossissant des contenus liés au jardinage sur YouTube, Olivier Puech surnage, partageant, mains dans la terre ou pied sur la grelinette, son expérience de cultivateur bio amateur auquel chacun peut s’identifier. Du « potager-réalité », comme il le nomme lui-même. « Aujourd’hui, on a du travail ensemble », commence-t-il souvent ses capsules, d’une voix chantante, accroupi dans les plantations.
Trop de vidéastes s’érigent en donneurs de leçons, en jusqu’au-boutistes de la permaculture, sans jamais montrer le fruit de leurs semis de légumes. Voilà qui agace le plus serein des jardiniers – au point d’« oublier tout, au potager, même la caméra » et de se retrouver avec deux heures de rushs dont il doit extraire 30 secondes.
« Cette dose de verdure qui fait du bien », Tess Haury, jeune ingénieure de banlieue parisienne, l’attend chaque dimanche matin, alors même qu’elle se contente pour l’instant d’un balcon et de plants de tomates cerises. « Je rêve pour plus tard, confie-t-elle. Olivier est très documenté, notamment sur les engrais organiques. Il est zen, sa voix est apaisante. Il fait très vrai, et il est touchant. »
Il faut l’entendre s’ébahir, tel Adam découvrant l’Eden, devant « le plant de courges qui fait sa vie », s’emberlificotant autour du tournesol et de la treille, ou devant les bourdons (« Ça vole de partout, c’est fabuleux ! ») vrombissant au-dessus des amarantes, centranthe et mauve sauvage, puisque les fleurs ont droit de résidence dans son « écosystème ». « Je veux me sentir bien dans mon potager, cela joue sur le bien-être du végétal », croit le jardinier sentimental qui, chaque hiver, savoure le moment où il « redessine un nouveau tableau vivant » à coups de graines.
Alimenter ses proches
Sans le moindre engrais chimique ni pesticide, uniquement par enrichissement naturel de son « sol vivant » arrosé au goutte-à-goutte, dès que nécessaire, ombragé, paillé, et surtout nourri (compost, fumier des poules et du voisin agriculteur, troqué contre un panier de légumes, broyats de haies récupérés en déchetterie…), M. Puech récolte la quasi-totalité des légumes dont une famille de quatre se régale.
> Lire aussi Truffaut attire les néophytes du carré potager et de la jardinière
Une fierté, pour lui, que d’alimenter sainement ses proches. « Durant le confinement, se souvient-il, ému, j’ai perçu chez ceux qui me suivaient la peur de manquer de nourriture. Mais aussi le plaisir de planter, puisqu’ils en avaient le temps. » Le million de potagers en France, selon ses évaluations, n’a rien d’un effet de mode. « Le contact avec la terre, c’est existentiel, c’est se salir les mains tout en se nettoyant l’esprit. Une connexion avec soi-même. » Et, pour lui, le bonheur retrouvé d’équeuter les haricots à quatre.
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Retrouvez tous les épisodes de la série d’été « Jardins secrets »
Qu’il soit partagé, vivrier ou décoratif, ce petit lopin de terre que représente un jardin n’a jamais été aussi précieux qu’en temps de pandémie. Dans « le monde d’après », ce refuge végétalisé a parfois pris un sens nouveau ; révélé un désir de reconnexion à la nature, des envies de partage, des initiatives militantes… Portraits de Français qui s’épanouissent au ras des courges et des pâquerettes.
• « Citoyens, citoyennes, résistons, semons des graines » : une révolution potagère à Tours <https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/07/24/citoyens-citoyennes-resistons-semons-des-graines-une-revolution-potagere-a-tours_6047190_3451060.html>
• Trois hommes et un jasmin sur un balcon parisien <https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/08/01/trois-hommes-et-un-jasmin-sur-un-balcon-parisien_6047862_3451060.html>
• Olivier Ricomini, un poète de la binette <https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/08/08/olivier-ricomini-un-poete-de-la-binette_6048449_3451060.html>
• Le petit éden breton d’un couple franco-britannique <https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/08/15/le-petit-eden-breton-d-un-couple-franco-britannique_6049003_3451060.html>
• Olivier Puech, le Youtubeur star des potagers <https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2020/08/22/olivier-puech-le-youtubeur-star-des-potagers_6049593_4497916.html>
<https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2020/08/22/olivier-puech-le-youtubeur-star-des-potagers_6049593_4497916.html>
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8- Pourquoi le contenu de votre assiette peut favoriser la propagation des épidémies, We Demain, 24/08/20
Aziliz Le Corre

Alors que la Covid-19 continue de faire des victimes dans le monde, un nouveau virus apparaît dans les élevages porcins en Chine : le G4, un dérivé de la grippe H1N1. Ces virus, qui se transmettent de l'animal à l'Homme, entrent dans la catégorie des zoonoses. Nos modes de production alimentaires basés sur l'élevage intensif ont une véritable responsabilité dans leur propagation.
Six mois après le début de l’épidémie de Covid-19, en Chine, le virus de la grippe porcine G4 EA H1N1 a été retrouvé chez 10 % des ouvriers travaillant au contact de porcs et chez 4 % de la population générale, ont révélé des chercheurs dans une récente étude. Apparu dans les élevages chinois de porcs dès 2006, ce dérivé de la grippe H1N1 représente un problème croissant et, à terme, un risque potentiel pour la santé humaine.
L’évolution des épidémies
G4 EA H1N1, Ebola, ou encore le SARS-CoV-2 (responsable de la Covid-19) entrent dans la catégorie des zoonoses. C’est-à-dire, selon la définition de l’OMS, des "maladies infectieuses qui se transmettent naturellement de l'animal à l'homme."  
La plupart des zoonoses se transmettent de l'animal sauvage à l'animal d'élevage, puis à l'homme. Et l'incursion humaine dans les écosystèmes sauvages intensifie le phénomène : les interactions entre animaux sauvages, animaux domestiques, animaux d’élevage et êtres humains sont favorisées par cette proximité forcée.  
"Nos modes de production alimentaires sont des conditions favorables à l'émergence de zoonose"
Serge Morand, biologiste et écologue, chercheur au CNRS et au Cirad, constate depuis les années 1950 une augmentation des épidémies zoonotiques à l’échelle mondiale, à cause de l’augmentation de l’urbanisation et de la mobilité humaine : "Avec l’extension des centres urbains, les zoonoses se diffusent immédiatement. Il y a aussi une augmentation de 1 300 % du trafic aérien depuis les années 1950, ce qui permet aux virus de se diffuser au niveau mondial."
>> Suite à lire à :
<https://www.wedemain.fr/Pourquoi-le-contenu-de-votre-assiette-peut-favoriser-la-propagation-des-epidemies_a4834.html>
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9- Un herbicide naturel prometteur à base de sucre pour remplacer le glyphosate, Eviro2B, 25/08/2020
Par Rédaction

Une molécule naturelle récemment découverte pourrait être aussi efficace que le Roundup tout en étant sûre et non toxique.
Une équipe de scientifiques de l’université allemande de Tübingen a découvert une nouvelle et inhabituelle molécule de sucre, à priori sans danger pour les animaux et pour l’homme, capable de perturber la croissance de divers végétaux et micro-organismes. Les chercheurs imaginent la nouvelle molécule comme herbicide naturel ayant la même efficacité que le glyphosate.
Une molécule qui perturbe les processus métaboliques des plantes
Cette nouvelle recherche a démarré par l’identification d’une nouvelle molécule de sucre isolée d’une cyanobactérie d’eau douce appelée Synechococcus elongatus. Les chercheurs savaient que cet organisme en particulier pourrait inhiber de manière significative la croissance d’autres souches bactériennes similaires.
Cependant, la réaction de l’organisme a été étonnante.
L’équipe de recherche s’est intéressée à une molécule de sucre inhabituelle, inconnue jusqu’alors, qu’elle a qualifiée d’antimétabolite, en raison de sa nouvelle capacité à perturber les processus métaboliques. Nommée 7-désoxy-sédoheptulose (7dSh), le mécanisme d’action de cette molécule a fait l’objet de nombreuses études.
7dSh exerce ses actions inhibitrices en bloquant une enzyme qui joue un rôle dans la « voie du shikimate ». Cette voie est une voie métabolique fondamentale pour la croissance de nombreuses plantes, bactéries et champignons. Cela signifie qu’une perturbation ciblée de la « voie shikimate » est idéale pour les herbicides utilisés en agriculture pour lutter contre les mauvaises herbes.
Un pesticide disposant d’une faible écotoxicité
Le glyphosate, l’un des herbicides commerciaux les plus utilisés au monde, exerce ses activités réputées de désherbage en ciblant cette même voie du shikimate. Ces dernières années, toutefois, la sécurité du glyphosate chez l’être humain a suscité de plus en plus d’inquiétudes et de nombreux pays commencent à réglementer l’utilisation de ce produit chimique.
« Contrairement au glyphosate, le sucre désoxy récemment découvert est un produit entièrement naturel », déclare Klaus Brilisauer, l’un des chercheurs du projet. « Nous pensons qu’il dispose d’une bonne dégradabilité et d’une faible écotoxicité. Nous voyons ici une excellente occasion de l’utiliser comme herbicide naturel. »
Inutile de dire qu’il reste encore beaucoup à faire avant que 7dSh puisse être commercialement utilisé comme herbicide naturel.
Même si les premières indications identifient un herbicide efficace et non toxique pour les cellules humaines, des études plus larges sont nécessaires afin de s’en assurer.
<https://www.enviro2b.com/2020/08/25/un-herbicide-naturel-prometteur-a-base-de-sucre-pour-remplacer-le-glyphosate-4/>
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10- Aubergines et tomates prennent de la hauteur sur les toits de Montréal, AFP, 26/08/20, 12:00
Jacques Lemieux

Une ferme au-dessus de la ville, sur le toit d'un bâtiment situé dans une zone commerciale et industrielle : aubergines et tomates bio prennent de la hauteur à Montréal dans la "plus grande serre sur toit au monde".
Un cadre peu propice a priori à la culture de légumes, mais où une entreprise locale, les Fermes Lufa, vient d'implanter une serre de culture biologique, selon elle sans égale dans le monde.
Grande comme trois terrains de football, cette serre, officiellement inaugurée mercredi, couvre plus de 15.000 mètres carrés. 
"La mission de l'entreprise, c'est vraiment de cultiver de la nourriture là où les gens vivent, et de façon durable", explique à l'AFP Thibault Sorret, un porte-parole, devant des plants d'aubergines géants.
La nouvelle serre est la quatrième du groupe sur les toits de Montréal. Celle construite en 2011, qui avait coûté plus de 2 millions de dollars canadiens (1,3 million d'euros), était alors la toute première du genre au monde.
Depuis, des concurrents essaiment dans le monde, comme l'américain Gotham Greens, avec huit serres sur toit à New York, Chicago ou Denver, ou le français Nature urbaine, qui en prévoit une à Paris en 2022.
A Montréal, un supermarché offre également depuis 2017 des légumes bio poussant directement sur son toit, totalement verdi pour lutter contre les gaz à effet de serre.
- "Réinventer le système alimentaire" -
Un Libanais d'origine, Mohamed Hage, et son épouse Lauren Rathmell, une Américaine originaire du Vermont voisin, ont fondé en 2009 les Fermes Lufa, avec l'ambition de "réinventer le système alimentaire".
Chez Lufa, une centaine de légumes sont cultivés toute l'année en hydroponie, en bac sur un substrat de fibre de noix de coco, irrigué par un liquide nutritif : salades, concombres, courgettes, choux chinois, céleris, germes, mais aussi fines herbes.
Dans toute la serre, des bourdons pollinisent les plantes, pendant que des guêpes parasitoïdes ou des coccinelles - des insectes utiles - s'attaquent aux pucerons, évitant le recours aux pesticides.
Les récoltes permettent de remplir 20.000 paniers familiaux par semaine, tous personnalisables et vendus en ligne à un prix de base de 30 dollars (19 euros).
Ce "marché en ligne" regroupe aussi les produits d'à peu près 200 fermes partenaires que Lufa ne produit pas : pain, pâtes, riz...
Au rez-de-chaussée de la nouvelle serre, un immense centre de distribution rassemble près de 2.000 produits offerts aux "Lufavores", les clients, dont des restaurateurs.
L'offre reste toutefois insuffisante pour certains légumes, déplore une cliente, Catherine Bonin. "Des poivrons, je n'en ai jamais", dit cette quinquagénaire, qui "adore" cependant la qualité et la fraîcheur des produits en général.
- Pandémie bénéfique -
"On est rendu à nourrir presque 2% de Montréal avec nos serres et nos fermes partenaires", affirme le porte-parole de l'entreprise. 
"L'avantage d'être sur un toit, c'est qu'on récupère énormément d'énergie du bas du bâtiment", permettant des économies de chauffage considérables, un atout pendant le rude hiver québécois, souligne Thibault Sorret.
"On arrive aussi à récupérer des espaces qui étaient jusqu'ici complètement inutilisés", ajoute ce Français d'origine.
Entièrement automatisée, la nouvelle serre dispose aussi d'un "système d'eau en circuit fermé", assurant des économies allant "jusqu'à 90%" par rapport à une ferme traditionnelle, d'autant que l'eau de pluie est aussi recueillie.
L'entreprise "a plus que doublé" ses ventes pendant la pandémie de coronavirus, un bond attribuable "à la livraison sans contact à partir d'un site en ligne", dit M. Sorret.
"Rentable depuis 2016", Lufa emploie aujourd'hui 500 salariés, environ 200 de plus qu'avant la pandémie, selon lui.
L'entreprise travaille actuellement à l'électrification de sa flotte de camions de livraison et caresse le projet d'exporter son modèle "dans différentes villes dans le monde", à commencer par le Canada et les Etats-Unis, explique le porte-parole.
"Ce qui est un peu fou", rappelle-t-il, c'est qu'aucun des fondateurs "n'avait fait pousser une tomate de sa vie" avant de se lancer en affaires.
<https://www.geo.fr/environnement/aubergines-et-tomates-prennent-de-la-hauteur-sur-les-toits-de-montreal-201840>
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11- Reportage. « Cette réserve a perdu sa raison d’être » : en Amazonie, le rêve brisé d’une forêt durable, Le Monde, 26/08/20, 16h12
Bruno Meyerfeld, Réserve Chico Mendes (Brésil), envoyé spécial

Symbole de la destruction de cet écosystème majeur, la réserve Chico Mendes, qui devait être un exemple d’exploitation respectueuse de l’environnement, est désormais saccagée par les incendies et la déforestation.
Aujourd’hui, comme presque tous les jours de sa vie, « Bito » est allé « saigner » sa forêt. Levé dès 3 heures du matin, il a lavé à l’eau froide son visage boucané. Avalé une crêpe de tapioca et quelques bananes grillées. Pris son sac, son seau, son couteau. Enfilé ses bottes. Ajusté soigneusement sa lampe frontale. Et s’est enfoncé entre les arbres. Seul, si seul, dans la grande nuit amazonienne.
Sous la canopée tropicale, Arleudo Morais Farias, de son nom complet, est une ombre parmi les ombres. Rapide et discret, à la manière du jaguar. D’ailleurs, cette jungle lui appartient tout autant qu’au félin. Il la connaît par cœur et la marque de sa trace : une griffure brune tachée de blanc, ondulant avec grâce jusqu’au sol humide le long du tronc de l’hévéa. La signature du seringueiro, l’ouvrier collecteur de latex d’Amazonie.
La seringueira est le nom portugais de l’hévéa. Bito, 43 ans, en taille depuis qu’il est enfant. « J’ai tout appris avec mon père », glisse, entre deux saignées, ce résident de la réserve Chico Mendes, dans l’Etat brésilien de l’Acre. Chaque jour, ce sont une centaine d’arbres qu’il doit visiter, 15 kilomètres à parcourir sur des terrains accidentés, souvent dans l’obscurité, avec 20 kg à 40 kg de latex sur les épaules. Les rencontres avec les singes, les tapirs et les panthères sont fréquentes. « Et avec les serpents, c’est tous les jours ! », rigole Bito.
Le latex, cette sève grasse et blanche qu’on appelle ici « lait », s’écoule goutte à goutte dans de petits gobelets que l’ouvrier récolte. Ça paraît si simple. Mais l’hévéa, malgré ses 30 mètres de haut, est un géant fragile. Il faut l’écorcher avec soin : quelques millimètres à peine. « Davantage, on peut le blesser, et il peut même en mourir », explique Bito. C’est un geste délicat que celui du seringueiro. Un geste d’amour, dit-il. « Ces arbres font partie de ma famille, ils sont comme mes enfants », sourit l’homme de la forêt, du « lait » plein la barbe et les mains.
Le monde d’avant
« J’aime ça, j’aime cette vie solitaire, au milieu de la nature », poursuit-il à son retour, vers 15 heures, dans sa bicoque de bois sur pilotis du village d’Icuria. Pourtant, malgré les apparences, Bito est inquiet. Depuis quelques années déjà, les affaires vont mal. Son maigre revenu a chuté de près de moitié. Surtout, Bito a les traits marqués. Il fait plus que son âge. « Je suis fatigué, j’ai déjà le corps tout dur. » Son fils a 18 ans. Il sera médecin. « Je ne veux pas de cette vie pour lui », confesse Bito d’une voix blanche.
Bito le sait : il est l’un des derniers seringueiros d’Amazonie, cette race des « saigneurs » qui a tant marqué l’histoire de l’immense forêt. Officiellement, ils ne seraient plus aujourd’hui que 20 000 à 25 000, contre plus d’un demi-million au début du XXe siècle, à l’époque de la grande fièvre du caoutchouc. Aucun ou presque ne parvient à vivre de son métier. La plupart se reconvertissent, se font éleveurs, rejoignent la ville… entraînant dans leur chute la disparition des fragiles réserves qu’ils avaient pour charge de protéger.
La réserve Chico Mendes avait, pourtant, tout pour réussir. Vaste de près de 1 million d’hectares de forêts denses et primaires, elle était, il y a quelques années encore, l’une des mieux préservées d’Amazonie, dans cet extrême Ouest brésilien à la frontière avec le Pérou et la Bolivie, défendue bec et ongles par des générations de seringueiros endurcis.
Mais ça, c’était dans le monde d’avant. Dans le Brésil de Jair Bolsonaro, Chico Mendes est désormais considérée par les défenseurs de l’environnement comme l’une des aires protégées les plus saccagées d’Amazonie. Incendies, déforestation, vol de bois, mises en pâture frénétiques… 7 500 hectares y ont été rasés pour la seule année 2019, soit une hausse de 203 % par rapport à l’année précédente. Du jamais-vu, de mémoire de seringueiro.
Le combat d’une vie
Chico Mendes n’est pourtant pas une réserve comme les autres : fondée en 1990, c’est une réserve extractiviste, une « resex », comme on dit au Brésil, pionnière et première en son genre. Les hommes peuvent habiter et exploiter la forêt, à condition de le faire de manière respectueuse de l’environnement, sans déforester, à l’image des « saigneurs » d’hévéas.
Elle porte le nom et les idéaux d’un homme pas comme les autres : Chico Mendes, moustache, sourire radieux et cheveux en bataille, meneur mythique des seringueiros d’Amazonie, plus grand militant écologiste de l’histoire du Brésil. Cette réserve fut le combat de toute sa vie. Celui d’une forêt dynamique et préservée, d’une relation enfin harmonieuse entre l’homme et la nature, d’un futur possible pour l’Amazonie, voire pour la planète.
« Je lutte pour l’humanité », disait Chico Mendes, qui voyait grand et l’a payé de sa vie, fauché net d’un coup de fusil à plomb, le 22 décembre 1988. A 44 ans, le prince des « saigneurs », né dans la municipalité de Xapuri, gênait les puissants. Dans les années 1970, en pleine dictature, il était sur tous les fronts, organisant les seringueiros en syndicats, prônant l’union des « peuples de la forêt », menant la lutte contre les fermiers latifundiaires qui traitaient les ouvriers en quasi-esclaves et menaçaient de raser les vastes jungles de l’Acre.
> Lire aussi Brésil : l'assassinat de " Chico " Mendes Les tueurs de la forêt
Son arme pacifique se nomme empate (« match nul », en portugais) : pour protéger la jungle, des familles de seringueiros s’assoient par dizaines, voire centaines, devant les arbres et face aux tronçonneuses, opposant leurs corps fragiles aux machines des fazendeiros. C’est un succès : les jungles de l’Acre sont épargnées et le meneur acquiert une reconnaissance internationale. Une revanche pour un homme né dans la misère, qui n’a appris à lire et à écrire qu’à l’âge de 19 ans.
De l’or vert à Disneyland
Son assassinat par des fermiers locaux agit comme un électrochoc. Dans la foulée, la « resex » est créée en 1990. Vite, elle devient un modèle et fait des émules : le Brésil compte aujourd’hui, sous des statuts divers, 90 réserves de type extractiviste, accueillant seringueiros, mais aussi castanheiros (« collecteurs de noix ») et ribeirinhos (« pêcheurs en rivière »), protégeant 23 millions d’hectares de nature sauvage, soit l’équivalent de la superficie du Royaume-Uni.
> Lire aussi Brésil : la lutte pour la forêt en Amazonie Le procès des assassins de Chico Mendes, qui s'ouvre le 12 décembre, remet en lumière le combat des " seringueiros " contre les " fazendeiros "
Dans la réserve Chico Mendes, où vivent environ 15 000 Amazoniens, les règles sont précises : chaque famille a le droit à une colocaçao (un « terrain ») de 200 hectares. L’élevage est limité à une trentaine de têtes de bétail et la déforestation strictement encadrée : 30 hectares maximum par foyer, le tout soumis à l’approbation préalable de l’Institut Chico Mendes (ICMBio), chargé, depuis 2007, de la conservation de la biodiversité au Brésil, ainsi que de la surveillance des réserves extractivistes.
La « resex » prend réellement son envol dans les années 2000, lorsque le Parti des travailleurs (PT, gauche) prend le pouvoir au Brésil, avec Luiz Inacio Lula da Silva, ainsi que dans l’Acre. Le modèle extractiviste est porté au plus haut par les nouvelles autorités. Le caoutchouc bénéficie de subventions publiques massives, qui représentent alors près de la moitié du revenu des seringueiros. Pour donner un débouché au latex, une usine de préservatifs, baptisée Natex et vantée comme « la plus grande d’Amérique latine », est inaugurée en grande pompe à Xapuri.
Le projet va au-delà du caoutchouc : la forêt est désormais un or vert qu’il convient de valoriser afin d’attirer les financements internationaux. Des scieries écologiques sont ouvertes, approvisionnées en bois durable. La collecte de la noix d’Amazonie et du palmier acai est encouragée. Pour développer le tourisme, l’Etat finance la construction d’un grand hôtel, sur les lieux des anciens empates, à proximité du tout nouveau « trek Chico Mendes » : 90 kilomètres de piste serpentant à travers la réserve, à la rencontre des seringueiros.
En quelques années, la ville de Xapuri grossit et devient une sorte de Disneyland de Chico Mendes. Le portrait du défenseur de la forêt s’y affiche sur tous les bâtiments. La chaumière de bois peinte en bleu et rose, où il fut assassiné, est transformée en musée. L’argent coule à flots et la déforestation diminue fortement. Mais tout cela ne durera pas.
Le bétail marque son territoire
Juillet 2020. C’est la saison sèche en Amazonie. Celle des incendies. Sur la route de la réserve Chico Mendes, les pâturages s’étirent jusqu’à l’horizon, parcourus par des troupeaux de vaches blanches et leurs cow-boys. La déforestation ne s’arrête pas aux frontières de la réserve : jusqu’en son cœur, entre les zones de forêt native, se succèdent à intervalles réguliers des clairières calcinées, voire des prairies entières entièrement défrichées. Toutes livrées au bétail.
> Lire aussi Brésil : 2 248 foyers d’incendie recensés en Amazonie, le pire total depuis treize ans
Mario Moreira Torres a le regard abattu et les souvenirs confus. « Je ne me rappelle plus la dernière fois que j’ai coupé de l’hévéa », avoue cet ancien seringueiro, 56 ans, barbe grisonnante et habits troués, depuis sa colocaçao de Nova Esperança. Timide de nature, Mario manque parfois de mots pour s’expliquer. « Je n’ai pas eu d’éducation », s’excuse-t-il, traçant des lignes et des petits carrés dans le sable rouge. Comme beaucoup dans la région, il est analphabète.
Oubliée la « coupe » : aujourd’hui, Mario vend des poules et des haricots. « Plus personne n’arrive à vivre du caoutchouc, ici. D’aucune manière ! Tous les seringueiros du coin abandonnent l’extractivisme », explique-t-il. Le travail est trop dur, la paie trop ingrate : 8 reais (1,2 euro) seulement par kilo de latex, auxquels s’ajoutent les subventions publiques. De quoi tirer, au mieux, 600 à 800 reais par mois : pas assez pour nourrir une famille. « On devrait avoir plus de liberté. Toutes ces règles sont trop contraignantes », constate Mario, qui songe sérieusement à « ouvrir » – c’est-à-dire déforester – ses terres et à acheter quelques bœufs.
D’autres ont déjà franchi le pas. Ainsi « Delmar » Ferreira da Silva, quarante-six ans de « resex » et lui aussi « saigneur » déchu. Il reçoit dans sa colocaçao presque entièrement défrichée, où paissent une centaine de vaches en toute illégalité. « Le bétail, c’est rentable, c’est stable, se justifie-t-il. On n’a pas d’argent. On doit survivre, il faut qu’on mange. On n’a pas le choix ! » L’ICMBio l’a récemment puni d’une amende salée : 440 000 reais, sept fois la valeur de son terrain. « Comment voulez-vous que je paie une telle somme ? D’ailleurs, tout le monde a des amendes, ici… et personne ne les règle ! »
En vérité, une large majorité des seringueiros se serait déjà tournée vers l’élevage, enfreignant délibérément les règles de la « resex ». Car, malgré les aides publiques, le caoutchouc amazonien n’est jamais redevenu cet or blanc d’autrefois, de cet âge d’or où il faisait la richesse de toute l’Amazonie. En vérité, voilà longtemps – un siècle ! – que le latex naturel a été supplanté par le synthétique, fabriqué en Asie pour moitié moins cher. Aujourd’hui, deux grandes entreprises achètent encore du latex Chico Mendes : la marque française de baskets écologiques Veja, ainsi que l’usine de préservatifs Natex, où travaillent toujours 113 employés.
« Pas le choix »
Celle-ci fonctionne au ralenti (Covid-19 oblige). Elle n’a de toute façon jamais été rentable, tenue à bout de bras par le ministère de la santé, qui achète l’intégralité de sa production (5 millions de préservatifs par mois). « Ici, on ne fait pas de profit, tranche le patron des lieux, Emerson Feitoza da Silva, 41 ans, dont deux à la tête de Natex. La production d’hévéa n’est pas stable. Le latex de la réserve est pur, on doit le traiter longuement pour pouvoir l’exploiter. L’Acre est enclavé, loin de tout : nos additifs viennent de Sao Paulo, à plus de 3 000 km, et il faut des semaines pour les acheminer ! Tout ça demande du temps, de l’argent… »
« Le caoutchouc d’Amazonie, c’est un projet environnemental. Pas économique », conclut Emerson Feitoza da Silva. Avec la chute du prix des matières premières, les alternatives extractivistes durables ne sont pas plus rentables : le cours de la noix d’Amazonie s’est effondré depuis deux ans et la culture de l’acai reste balbutiante. Quant au tourisme, il n’a jamais décollé, et le « trek Chico Mendes » est à l’abandon, tout comme les hôtels construits le long de la piste, telle la Pousada Seringal Cachoeira, étrange maison hantée pourrissant dans la forêt vierge…
A l’inverse, les abattoirs et les scieries de la région fonctionnent à plein régime, remplis de carcasses de veaux et de troncs d’arbres sortis illégalement de la réserve. « Tout notre bois ou presque est clandestin, avoue sans se cacher Marcos Clemente Rodrigues, solide patron aux yeux pétillants de la menuiserie Carosserie 5 étoiles, en marge de la réserve, au milieu de meubles et de tas de sciure. On aimerait faire différemment, mais on n’a pas le choix : le gouvernement ne nous a jamais fourni le bois durable promis. Je ne peux pas me permettre de refuser les arbres que les seringueiros m’amènent. »
« Pas le choix » : le refrain est entonné d’un bout à l’autre de la réserve. « Il faut dire les choses comme elles sont : le modèle extractiviste est périmé, tranche Luiza Carlota da Silva Caldas, syndicaliste de 49 ans et vice-présidente de l’Amoprebe, l’une des associations des habitants de la réserve, recouvrant les municipalités de Brasileia et Epitaciolandia. Ces produits issus de la forêt n’ont pas de marché. On maintient le système artificiellement en vie, avec des subventions publiques. Mais tout ça ne mène nulle part. La vérité, c’est que cette réserve a perdu sa raison d’être. »
Bolsonaro supplante Mendes
Retour à Xapuri. Depuis deux ans, le portrait d’un homme fait de la concurrence à celui du « roi Chico ». Son visage s’étale sur d’immenses affiches, placardées à l’entrée de la cité, et jusqu’en face du petit cimetière où le leader des seringueiros est enterré. Jair Bolsonaro, radieux, entouré de labours et d’un drapeau du Brésil, y toise la tombe en carrelage blanc du représentant des peuples de la forêt. Comme pour un défi. Ou un duel à mort.
Xapuri est « acquise à Bolsonaro », proclame l’affiche. C’est loin d’être exagéré : dans les villes de la réserve, le président d’extrême droite a obtenu, au scrutin de 2018, un score allant de 60 % à 75 %. « Tous les seringueiros ont voté pour lui », regrette Luiza Carlota. A l’inverse, l’image de Chico Mendes est désormais altérée, victime de rumeurs en série, répandues année après année par les barons de l’agronégoce. Dans sa ville natale, le seringueiro traîne désormais une réputation de menteur, d’alcoolique, de corrompu… « Il n’est plus vraiment considéré comme un héros, ici », regrette la syndicaliste.
> Lire la tribune : Incendies en Amazonie : « Le bolsonarisme apparaît dans toute sa puissance destructrice »
S’il n’en restait plus qu’un, ce serait bien lui : « Saba ». A 77 ans, Sebastiao Marinho, de son vrai nom, fait partie du dernier carré des grognards de Chico. Dans les années 1970 et 1980, ce vieux « saigneur » au regard impérieux et à la peau cuivrée fut de tous les combats, de tous les empates. Aujourd’hui, il tient à parler et à raconter, recevant le visiteur au milieu de son joli jardin de Xapuri, trônant sur une simple chaise en plastique. Avec, sur les épaules, un tee-shirt au slogan sans équivoque : « Chico Mendes, héros du Brésil ».
« J’étais là, à sa veillée funèbre », se souvient Saba. C’était il y a trente ans, la saison des pluies. Des milliers de seringueiros tombaient en larmes autour du modeste cercueil – « Je ne veux pas de fleurs à mon enterrement car je sais qu’elles seront arrachées à la forêt », disait Chico Mendes. Lula, l’ouvrier syndicaliste, né pauvre dans le Nordeste et compagnon de lutte du leader assassiné, était présent lui aussi. Il avait su trouver les mots pour rendre un dernier hommage à son ami, martyr de l’Amazonie, qu’il compara au Messie lui-même : « En deux mille ans, le peuple n’a jamais oublié les idéaux de Jésus-Christ ! Chico, ta mort n’est pas une fin ! », lança alors le futur président du Brésil.
« Le début de la fin »
« Ce jour-là, Lula s’est trompé. On s’est tous trompés, relève Saba. La mort de Chico, c’était bel et bien le début de la fin. C’est très triste. Tout ça pour ça. » Lui-même reprendrait bien la lutte avec ce qu’il lui reste de forces. « J’aimerais lever le drapeau, pour refaire de grands empates ! Mais à quoi ça sert ? Les seringueiros sont divisés, et surtout les jeunes ne sont pas là pour prendre la relève », regrette le vieux « saigneur ».
Pour Saba, plus que la fin d’un cycle, c’est désormais un monde qui s’éteint. « Avant, être seringueiro, c’était un signe de noblesse. Aujourd’hui, c’est une honte. Les nouvelles générations rêvent de confort, d’argent, de ville, d’Internet… Ils veulent être éleveurs, détruisent ce qu’ils devraient protéger. Ils se fichent pas mal de la relation avec la forêt. Leur idéal, c’est le bœuf. Pas l’hévéa », s’attriste le vieux seringueiro.
« Tout ce qui nous reste pour éviter la déforestation, c’est la pression internationale », conclut-il. Mais à l’heure du Covid-19, un an après les vastes incendies qui avaient suscité une indignation planétaire, fin août 2019, le monde regarde ailleurs. Et pourtant, cette année encore, la « maison » amazonienne brûle. Quatre mille sept cents kilomètres carrés de forêt ont été rasés au Brésil durant les sept premiers mois de l’année, davantage que pour la même période en 2019. En juillet, le nombre d’incendies a bondi de 28 % par rapport à l’an passé, et ce malgré la mobilisation de l’armée, décrétée par Bolsonaro – une mesure purement « cosmétique », destinée à maquiller le saccage en cours, selon les ONG.
> Lire aussi Incendies en Amazonie : le monde inquiet, passe d’armes entre Macron et Bolsonaro
Mais il n’y a pas que Bolsonaro qui menace la réserve Chico Mendes : en 2018, la gauche a perdu le pouvoir dans l’Acre au profit d’un nouveau gouverneur, Gladson Cameli, homme de droite, proche de l’agronégoce, qui a immédiatement cessé de verser les subventions de l’Etat destinées au latex local. Plus symbolique encore : il a brutalement arrêté de financer la maison-musée Chico Mendes de Xapuri. Celle-ci est fermée depuis des mois. Les factures d’électricité et de gaz impayées s’accumulent sur son petit portail de bois.
« Bolsonaro et Cameli ont décidé de tuer le modèle extractiviste », témoigne un haut fonctionnaire de l’Institut Chico Mendes, qui requiert l’anonymat. Pour preuve : au mois de novembre 2019, le ministre de l’environnement, Ricardo Salles, a lui-même reçu avec tous les honneurs à Brasilia plusieurs personnalités condamnées ou poursuivies en justice pour avoir illégalement déforesté la « resex ».
Tel père, telle fille
A la suite de la réunion, les patrouilles de surveillance dans la réserve ont été suspendues pendant près de six mois, selon cette source. « C’est déprimant, c’est honteux… Mais de toute façon, avec les moyens qu’on a, on ne peut pas contrôler grand-chose : l’institut ne dispose que de trois agents opérationnels pour surveiller toute la réserve Chico Mendes et ses 970 000 hectares : c’est plus de 300 000 chacun ! », rit jaune notre source.
Le futur est des plus sombres : un projet de loi, porté par des députés de droite de l’Acre, prévoit d’amputer la réserve Chico Mendes de plusieurs milliers d’hectares. Une hécatombe qui pourrait, selon les ONG, ouvrir la voie au démantèlement en règle de toutes les autres réserves extractivistes du pays puis, dans la foulée, des vastes terres des indigènes du Brésil. Une véritable saignée, que craint le cadre de l’ICMBio : « La “resex” Chico Mendes est un symbole. Si elle saute, tout est possible… »
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Cet héritage, une personne en particulier le porte. Pour la rencontrer, on emprunte, au soleil couchant, le chemin de la maison au vaste jardin d’Angela Mendes, à l’écart de la capitale de l’Etat, Rio Branco. A 50 ans, la fille ressemble beaucoup à son père : les mêmes cheveux bouclés, le même visage rond et chaleureux. A la tête du Comité Chico Mendes, elle tente de maintenir la flamme et de sensibiliser à l’écologie les habitants de l’Acre et de la réserve. « Un travail de plus en plus difficile à mener », admet-elle.
« Mais la forêt est viable, l’idéal de Chico n’est pas mort, on peut le réinventer ! Les essences naturelles, les cosmétiques, les médicaments… Tout ça a du potentiel et le marché est immense. Il faudrait juste de la volonté politique », s’enthousiasme Angela, avant de s’assombrir. Car la volonté politique, c’est justement ce qui fait le plus défaut dans le Brésil de 2020. « Pas sûr que la réserve, ni la forêt ni même le pays survivent à Bolsonaro », prédit la fille de Chico Mendes. Comme si on lui annonçait que son père était mort une seconde fois.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/26/en-amazonie-le-reve-brise-d-une-foret-durable_6049925_3244.html>
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12- Un café sans grain à base de déchets végétaux recyclés, Slate, 27/08/20, 14h30
Repéré par Bessma Sikouk sur The Science Times

Une entreprise de Seattle a mis au point ce procédé unique.
Le café est l'une des boissons les plus consommées au monde. Sa production et sa distribution ont cependant de forts impacts éthiques, sur l'environnement (déforestation, utilisations de pesticides) mais aussi sur le plan social, les agriculteurs locaux étant souvent payés une misère.
Face à ces problématiques, la société Atomo Molecular Coffee, basée a Seattle, a décidé de produire du café sans grain. Elle a mis au point un procédé original, dont Science Times se fait l'écho.
Un café durable
L'entreprise utilise les déchets végétaux provenant des fermes. Au total, 95% des ingrédients du café sans grain proviennent de matières végétales recyclées. Atomo Molecular Coffee a travaillé aux côtés du chimiste Chahan Yeretzian du Coffee Excellence Center, de l'université des sciences appliquées de Zurich. Ce dernier a affirmé que le café sans grain recréait l'expérience complète de la boisson traditionnelle, tout en évitant les écueils éthiques. Le produit devrait être commercialisé d'ici à 2021.
>> Suite à lire à :
<http://www.slate.fr/story/194202/cafe-sans-grain-dechets-vegetaux-recycles-deforestation-ethique>
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13- Reportage. En Champagne, les vendanges face à la menace du Covid-19, Le Monde, 28/08/20, 02h18
Faustine Vincent

Quelque 100 000 travailleurs saisonniers sont arrivés dans la région pour la récolte. Les autorités sanitaires tentent de prévenir les clusters. 
Un cri de douleur s’élève derrière les rideaux. Dans la file d’attente, les visages se crispent. « Mais ça fait très mal ! On m’a dit “ça chatouille”, ça chatouille pas du tout ! », proteste une sexagénaire en sortant, très remontée. Cette employée viticole fait partie des dizaines de volontaires venus, en ce jour de la fin août, dans la salle des fêtes du village de Blancs-Coteaux, dans la Marne, pour subir un test de dépistage gratuit du Covid-19 à destination des vendangeurs.
Cette campagne mobile, organisée dans plusieurs villes par le CHU de Reims et l’Agence régionale de santé (ARS) du Grand-Est, vise à prévenir les clusters lors des vendanges, dont la saison vient de commencer.
Quelque 100 000 travailleurs saisonniers, venus de toute la France et pour moitié de l’étranger, essentiellement d’Europe de l’Est, sont arrivés en Champagne. Un afflux à haut risque face à l’épidémie due au coronavirus. « Comme il va y avoir de la proximité malgré les mesures barrières, le but c’est d’éviter que ça flambe dans les hébergements », explique Sandrine Dehec, cadre de santé au pôle biologie du CHU de Reims.
« S’ils sont testés positifs, ils perdent leur job »
Depuis fin mai, plusieurs foyers de contamination se sont déclarés dans des exploitations agricoles employant des saisonniers pour les récoltes maraîchères, notamment dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse.
Pour éviter que cela se reproduise avec les vendanges, la campagne de dépistage gratuit cible en priorité ces travailleurs. Mais ce sont précisément ceux qui viennent le moins. « Les vignerons viennent se faire tester, mais les cueilleurs, en particulier étrangers, on ne les a pas vus, constate Mme Dehec. Le problème, c’est qu’on ne peut pas les obliger à venir. Et, s’ils sont testés positifs, ils perdent leur job. »
Une perspective inenvisageable pour une partie de ces travailleurs, venus gagner en deux semaines ce qu’ils touchent parfois en plusieurs mois dans leur pays. Les vingt-cinq saisonniers polonais et bulgares qu’a fait venir Alain (le prénom a été modifié) cette année pour vendanger ses vignes toucheront ainsi 1 500 euros chacun, soit trois à cinq fois ce qu’il gagneraient chez eux.
Cet exploitant agricole sait que les recommandations sanitaires sont difficiles à respecter. « C’est irréalisable. Le plus gros problème, c’est dans les vignes. Quand ils descendent du véhicule, ils ne sont pas à un mètre de distance, et on ne peut pas envoyer vingt-cinq personnes avec vingt-cinq véhicules. Dans le réfectoire non plus, ils ne sont pas à un mètre quand ils se croisent. »
A la différence d’autres vignerons, il n’a pas demandé à ce que ses travailleurs saisonniers fassent un test de dépistage avant de passer la frontière, et il ne compte pas le faire ici non plus. « Ce serait compliqué. Qui accepterait ? On croise les doigts pour qu’ils n’aient pas le Covid, c’est tout. Ce qui est important, c’est que les vendanges se fassent », explique Alain.
Ne pas décourager la main-d’œuvre
Pour les vignerons, cette période est aussi brève que cruciale. Pas question de rater la récolte, qui représente l’aboutissement d’un an de travail. Trouver de la main-d’œuvre est déjà compliqué en temps normal, et ils préfèrent ne pas décourager les bonnes volontés avec des recommandations sanitaires jugées trop contraignantes. « On ne va pas les fliquer ni les sanctionner. On leur dira de mettre le masque, mais ils feront comme ils voudront, insiste Alain. Avec la chaleur, ils ne le supporteront pas longtemps, et je ne peux pas me permettre de perdre une partie de l’équipe. »
L’enjeu économique est d’autant plus fort cette année qu’avec l’épidémie, peu propice aux festivités, les ventes de champagne ont chuté de 29 % depuis janvier. David Faivre, à la tête d’une exploitation familiale de cinq hectares, à Belval-sous-Châtillon, a perdu plus encore : « 50 % », se désole-t-il.
Angoissé à l’idée de mettre la récolte en péril, ce jeune vigneron a tenté d’organiser au mieux l’arrivée de ses vingt-sept saisonniers, des habitués issus de son cercle amical : masques et gel hydroalcoolique dans le réfectoire, véhicules supplémentaires, espacement des lits dans les dortoirs… Le premier matin, il a briefé tout le monde avec le protocole sanitaire de quarante pages élaboré par le syndicat général des vignerons, et organisé la visite d’une infirmière pour dépister tout le monde.
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En attendant les résultats, « il ne dort plus », confie Jessica Charlois, sa compagne.« C’est un gros stress en plus, mais on compte sur le bon sens de tout le monde », tente-t-il de se rassurer. Lui non plus ne compte pas « fliquer » l’équipe, de crainte de la faire fuir. Pour la convaincre de rester fidèle, il a même offert des tee-shirts. « Certains viennent aux vendanges pour se faire plaisir et se retrouver, explique-t-il.C’est un moment de convivialité. Bien sûr qu’il faut se protéger et respecter les règles, mais il ne faut pas s’empêcher de vivre ! » 
Distanciation physique difficile
La pause déjeuner se termine. Réunis autour d’une longue table, les saisonniers de tous âges finissent leur café en échangeant quelques plaisanteries, puis remettent leur masque avant de s’engouffrer dans les véhicules. Une fois dans les vignes, la distanciation physique se révèle difficile à respecter. Les corps, transpirant sous un soleil de plomb, se frôlent en déversant le raisin dans les caisses. Tout le monde a enlevé son masque et croit être en tort, ignorant que son port n’est pas obligatoire pendant la cueillette.
« Ça me gonfle un peu, ces histoires de Covid, soupire Jimi, 20 ans, torse nu, sécateur en main et cigarette roulée aux lèvres. Mais dès qu’on bouge des vignes, on se lave les mains, par respect pour les autres. » « Ça rassure le patron », précise Pierre, son coéquipier, fines lunettes sur le nez. Aucun des deux ne redoute le virus.
Quelques rangs plus loin, Jocelyn, un retraité venu faire les vendanges pour la première fois, vit au contraire dans la terreur d’être contaminé. Sa femme a essayé de le dissuader de venir, mais il a tenu à tenter l’expérience. « Je voulais faire les vendanges au moins une fois dans ma vie », sourit-il, en sueur sous son bob. Rassuré par les précautions sanitaires prises par son employeur, il ne sera toutefois soulagé que quand les résultats des tests de dépistage seront tombés. « On pourra alors se regarder dans le blanc de l’œil, parce que là, on ne peut pas dire qu’on n’a pas d’appréhension », s’excuse-t-il.
« Travailler avec le masque, c’est la mort ! »
A quelques kilomètres de là, dans une commune voisine, quelques enfants jouent entre les caravanes sur le parking d’un restaurant Courtepaille, près de la route, au milieu des collines tapissées de vignes. Deux machines à laver finissent de tourner sur un carré d’herbe. Ce groupe d’une trentaine de gens du voyage vient depuis trois ans de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) pour faire les vendanges.
Cette année, ces nomades sont aussi angoissés à l’idée d’être contaminés que les habitants sont méfiants à leur égard, craignant qu’ils aient amené le virus. « On a des gosses. Si on attrape ça, tout le monde va être malade », s’inquiète l’un des hommes du groupe, bouc blond et tatouage en forme de cœur sur le bras.
Ce ferrailleur, qui souhaite garder l’anonymat, a rendez-vous le lendemain avec un vigneron, dont il préfère aussi taire le nom pour éviter les ennuis. Avec le Covid-19, les autorités locales cherchent, plus que d’habitude, à identifier les exploitants agricoles et prestataires qui emploient les gens du voyage pour les obliger à les héberger et éviter les installations sauvages, craignant que cela favorise les clusters.
> Lire aussi  A l’heure de trinquer, vous êtes plutôt vin ou gel hydroalcoolique ?
S’ils font affaire ensemble, le vigneron leur a promis de leur prêter un terrain. De leur côté, ces saisonniers se disent prêts à subir un test, mais redoutent qu’on les oblige à porter le masque dans les vignes. « Travailler avec le masque, c’est la mort ! », s’exclame l’un d’eux. Au pire, ils repartiront, assurent-ils.
A défaut d’être aussi conviviale que les années précédentes, la récolte 2020 s’annonce « d’une qualité exceptionnelle », selon les professionnels. Reste à pouvoir écouler la production, une perspective encore incertaine aussi longtemps que durera l’épidémie.
<https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/08/28/en-champagne-les-vendanges-face-a-la-menace-du-covid-19_6050145_3224.html>
Sur le même sujet : 
> Le Covid-19, potion amère pour le champagne, Le Monde, 28/08/20, 20h53
Laurence Girard
Rendement amputé de 20 %, prix du raisin en baisse, 2020 s’annonce comme l’année la plus sombre de l’histoire du précieux vin à bulles. 
Alors que les sécateurs s’activent dans les vignes, le verdict est tombé. Le prix du raisin récolté cette année dans la prestigieuse appellation champenoise est en baisse. Le groupe de luxe LVMH, acteur dominant avec ses marques Moët & Chandon, Veuve Clicquot, Ruinart ou encore Mercier, a donné le ton. Son prix d’achat des grappes de pinot noir, meunier et chardonnay, les trois cépages emblématiques du champagne, est en retrait de 15 à 25 centimes le kilo. Une véritable rupture dans une stratégie qui poussait jusqu’alors le curseur chaque année un peu plus haut.
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Ce reflux du prix du raisin est un signe de la crise sans précédent que traverse le champagne, dont le marché s’est brusquement contracté avec la crise du Covid-19. Un autre indicateur, plus douloureux encore pour les vignerons, l’illustre. Le rendement autorisé en 2020 a été amputé de 20 % par rapport à l’année précédente. Chaque vigne champenoise ne pourra donc pas donner plus de 8 000 kg de fruits à l’hectare, à comparer aux 10 200 tonnes récoltées en 2019.
Accord inédit
La fixation de ce chiffre a donné lieu à des discussions houleuses, témoignant des tensions suscitées par cette tempête soudaine qui frappe le vignoble le plus septentrional de l’Hexagone. Habitués au consensus, vignerons et maisons de négoce n’ont pas réussi à trouver de terrain d’entente le 22 juillet. Il a fallu attendre le 18 août, alors que les vendanges, historiquement précoces, débutaient, pour qu’un accord soit adopté. Et l’accord lui-même est inédit.
« Considérant les incertitudes qui pèsent sur la filière, les Champenois ont adapté les modalités de tirage et de paiement de cette vendange en fonction des performances qui seront constatées sur les marchés en 2020 », a précisé le comité Champagne, qui réunit vignerons et négociants, à l’issue de la rencontre décisive.
Plus précisément, le paiement n’est garanti que pour 7 000 kg à l’hectare, soit un volume de vente de bouteilles estimé par les négociants à 200 millions en 2020. Rendez-vous est pris en janvier 2021 pour évaluer les résultats commerciaux et statuer sur le reste de la vendange, qui pourrait n’être payée aux vignerons qu’un an plus tard.
Un tiers des ventes en moins
« Il était très difficile cette année de fixer un rendement, établi habituellement sur le nombre de bouteilles vendues jusqu’en juillet, sur les prévisions de vente pour l’année et sur le niveau des stocks », explique Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons (SGV) de la Champagne. La pandémie mondiale dûe au coronavirus a plongé le vignoble dans la crise. « Nous avons perdu 45 millions de bouteilles à date, ce qui représente un tiers des ventes en moins », souligne M. Toubart. Et difficile dans les conditions actuelles de faire des prévisions.
« Alors que la Champagne vendait 300 millions de bouteilles en 2019, le consensus évoque 200 millions de bouteilles cette année, soit un tiers de volume en moins. C’est du jamais-vu », souligne Frédéric Zeimett, directeur de la maison Leclerc Briant, à Epernay (Marne). Le Covid-19 a tari de nombreux marchés. « Nous avons beaucoup de clients dans la restauration, des palaces comme des restaurants étoilés, qui n’ont pas rouvert. De même pour les salles de spectacle, les compétitions sportives, les compagnies aériennes, dont les vols restent réduits », explique Julien Duval-Leroy.
> Lire aussi  « On ne parle plus ici de casse économique, mais de casse humaine » : le champagne confronté à une crise historique
Sa maison de champagne familiale, qui écoule habituellement entre 2 millions et 3 millions de bouteilles, a signé des accords avec le Lido de Paris ou Air France. Duval-Leroy, qui exporte 60 % de ses volumes, est également touché par l’arrêt de la consommation dans les grands pays adeptes des bulles françaises. « Il n’y a pas un continent pour rattraper l’autre. La crise est très forte aux Etats-Unis comme au Japon », souligne M. Duval-Leroy.
Œnotourisme
Paradoxalement, alors que les ventes de champagne avaient tendance à s’éroder en France depuis quelques années, l’œnotourisme est plébiscité. « Nous avons rouvert la boutique en juin mezzo voce et elle tourne maintenant sept jours sur sept. De même, nos cinq chambres ont été louées. Nous avons fait une bonne performance en œnotourisme en juillet et en août grâce aux touristes français, mais aussi belges, hollandais et allemands », affirme M. Zeimett. Leclerc Briant, maison située à l’avant-garde de la biodynamie, appartient depuis 2012 à un couple franco-américain, propriétaire également de l’hôtel Royal Champagne.
Un autre élément réconforte un peu les acteurs de ce vignoble sous le choc. « La vendange est belle, en quantité, comme en qualité. Il n’y a pas eu de maladie », estime M. Toubart. Tous rêvent que la page du Covid-19 se tourne, en regardant avec inquiétude les indicateurs de cette pandémie mondiale.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/08/28/le-covid-19-potion-amere-pour-le-champagne_6050187_3234.html>
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14- Décryptage. Les mauvaises herbes, nécessaires à la bonne santé des cultures, Le Monde, 28/08/20, 06h03
Aline Nippert

La diversité des mauvaises herbes représente un espoir pour préserver la biodiversité en milieu agricole, sans impacter les rendements. 
Les mauvaises herbes portent mal leur nom. « Les adventices sont vues comme les ravageuses principales des champs agricoles », constate Sabrina Gaba, directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Ces plantes sauvages entrent en compétition avec les cultures dans l’accès aux ressources (lumière, nutriments présents dans le sol) et sont donc quasi systématiquement éliminées. « En général, par épandage d’herbicides », précise la chercheuse.
Pourtant, les recherches en agroécologie – un champ de recherche qui rapproche l’écologie scientifique de l’agronomie – démontrent, graine par graine, les rôles essentiels que jouent les coquelicots, bleuets, géraniums et autres indésirables dans certaines zones cultivées : ils abritent des insectes auxiliaires et pollinisateurs ainsi que des micro-organismes essentiels à la fertilité du sol. « L’objectif final de l’agroécologie est entre autres de se passer de l’utilisation des pesticides », avance Fabrice Le Bellec, directeur de recherche au Centre de recherche agronomique pour le développement (Cirad).
> Lire aussi  « L’agroécologie peut parfaitement nourrir 10 milliards d’humains »
En France, l’agroécologie connaît un essor depuis la mise en place du plan Ecophyto I. Instauré en 2008, à l’issue du Grenelle de l’environnement, il aurait dû permettre de réduire de moitié l’usage des pesticides en dix ans. Un objectif loin d’être atteint : le recours aux pesticides a grimpé de 25 % entre 2010 et 2020 dans l’Hexagone. « Ce plan a quand même contribué au financement de recherches pour accompagner les producteurs vers une transition agroécologique », tient à souligner M. Le Bellec. Deux nouveaux plans (Ecophyto II en 2015, puis Ecophyto II + en 2019) ont depuis été lancés, reportant l’échéance de réduction de 50 % de l’emploi de pesticides à l’horizon 2025.
Preuves scientifiques
« Un changement de paradigme est à l’œuvre ! », s’enthousiasme Paolo Barberi, professeur d’agronomie à l’Ecole supérieure Sainte-Anne de Pise, en référence à la reconnaissance du rôle joué par les adventices en agriculture.
Le projet Disco-Weed (Cesab-FRB), mené par Sabrina Gaba et achevé en 2019, contribue à ce renversement axiologique. « Nous avons montré que cette flore sauvage peut être maintenue sans y perdre en termes de rendement », résume la pilote du programme. « La force de ces publications, c’est qu’elles appuient leurs analyses sur des dizaines de fermes. Les données sont solides », garantit l’expert italien.
Parmi les récentes études de Disco-Weed <https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsufs.2020.00071/full#h12>, celle parue dans Frontiers in Sustainable Food Systems confirme les bienfaits des mal nommées « mauvaises herbes ». Plus les espèces d’adventices sont diversifiées et abondantes sur une parcelle agricole, plus le nombre de fonctions écologiques – pollinisation, régulation des ravageurs, fertilité du sol – est important. « Elles rendent donc des services indispensables au bon fonctionnement de tous les écosystèmes, y compris agricoles », souligne l’autrice principale.
Laisser pousser les herbes folles, voilà le secret pour se passer des pesticides ? « Ce n’est pas si simple. Les adventices remplissent un rôle dual : elles sont nécessaires à la survie des cultures, mais elles entrent en compétition avec les plantes cultivées dans l’accès aux ressources, éclaire Sabrina Gaba. Il s’agit de trouver le juste équilibre. »
Vers une hausse des revenus
C’est sur ce point que l’étude est la plus novatrice : la hausse du nombre de fonctions écologiques (qui dépendent de l’abondance et de la diversité des adventices) n’engendre pas de baisse de productivité. En revanche, le rendement décroît à mesure que la quantité d’adventices augmente.
La marge de manœuvre se situe donc dans la diversification des espèces. Des résultats « encourageants », selon Fabrice Le Bellec : « Le revenu des agriculteurs –qui dépend de leur production, mais aussi de leur budget en intrants chimiques –est un enjeu majeur dans la transition agroécologique. »
> Lire aussi  « Les modèles agro-écologiques ont fait leurs preuves »
Pour aboutir à ces conclusions, les scientifiques ont analysé les données de 78 champs de blé et de 45 champs de colza, tous en culture intensive, et de 61 prairies collectées sur l’année 2016 dans le département des Deux-Sèvres, au sein d’un espace consacré à l’observation et à l’expérimentation scientifiques et chapeauté par le CNRS (zone atelier Plaine et Val de Sèvre). « Pour quantifier la capacité de régulation des ravageurs, nous avons dispersé des pucerons sur les zones étudiées,explique la chercheuse. Après un certain temps, nous avons compté le nombre de ravageurs restant, ce qui nous a permis d’estimer le potentiel de régulation biologique. »
Zone refuge
Reste à savoir comment favoriser la diversité des adventices dans les champs cultivés en conventionnel. La dernière étude de Disco-Weed <https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2020.1118>, publiée le 8 juillet dans Proceedings of the Royal Society B : Biological Sciences, avance des éléments de réponse.
« Nous cherchions à savoir comment les adventices parviennent à se développer dans les champs de culture », résume Bérenger Bourgeois, auteur principal du papier. Les mauvaises herbes étudiées sont des survivantes : « Les habitats sont remis à zéro chaque année, le sol est labouré, des herbicides y sont pulvérisés et la compétition avec les plantes de culture est intense », renchérit Sabrina Gaba.
L’article met en exergue, à l’échelle du paysage, une corrélation positive entre la diversité d’espèces adventices sur le champ étudié (en conventionnel) et le nombre de parcelles en agriculture biologique présentes aux alentours. « Les parcelles labellisées bio représentent un réservoir pour les plantes adventices, commente le principal signataire de l’étude. Leurs graines se diffusent ensuite à l’échelle du paysage et permettent de conserver une bonne diversité d’adventices, pas seulement sur le champ bio, mais sur une zone entière. » « Les résultats ne me surprennent pas, commente Paolo Barberi. Questionner les pratiques agricoles est essentiel pour protéger le vivant dans les champs de culture. »
L’équipe de chercheurs confirme également l’importance des bordures des parcelles, souvent enherbées, dans la dispersion des adventices vers le plein champ et insiste sur leur rôle en faveur du maintien de la biodiversité. « C’est une zone refuge pour les pollinisateurs », soutient Bérenger Bourgeois. « On observe une dispersion en deux temps, synthétise Sabrina Gaba. D’abord, les graines arrivent en bord de parcelle. Puis elles se dispersent vers l’intérieur du champ, à une distance modérée. »
« Protéger la biodiversité »
« Ces résultats donnent raison aux partisans du “partage des terres”, qui montrent qu’à l’échelle du paysage, seules les mosaïques hétérogènes – mêlant différents types de culture et des parcelles en agriculture bio avec des éléments semi-naturels comme les prairies ou les haies – permettent de protéger la biodiversité », contextualise Paolo Barberi.
A contrario, les défenseurs de « l’économie des terres » plaident en faveur d’une stricte séparation entre les zones allouées à la protection de la faune et de la flore (non cultivées) et les terres dévolues à la production agricole. « C’est un débat crucial sur la question de la conservation de la biodiversité en milieu agricole »,insiste M. Barberi.
> Lire aussi  « Face aux sécheresses, changer de modèle agricole »
A côté des pratiques agricoles, les politiques d’aménagement du territoire ont donc, elles aussi, un rôle à jouer dans la réhabilitation des mal-aimées adventices. « Savez-vous ce qu’on dit dans le milieu à propos des “mauvaises herbes” ? s’amuse Fabrice Le Bellec. Ce sont les plantes dont on n’a pas encore découvert la vertu. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/08/28/les-mauvaises-herbes-necessaires-a-la-bonne-sante-des-cultures_6050246_3244.html>
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15- Ce que contient la loi "néonicotinoïdes", Le JDD, 28/08/20, 21h30
Arthur Nazaret

Le gouvernement va présenter mardi un projet de loi permettant des dérogations à l'interdiction des néonicotinoïdes, accusés de tuer les abeilles, mais souhaités par les betteraviers après une récolte catastrophique.
Après avoir pourri son été, les néonicotinoïdes pourriront-ils la rentrée de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili ? Mardi, le projet de loi "relatif aux conditions de mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques" sera présentée devant le conseil national de la transition énergétique (CNTE). Au grand regret des associations environnementales. Selon nos informations, Les Amis de la Terre, France Nature Environnement et La Ligue protectrice des oiseaux ont décidé de boycotter le CNTE.
En plein cœur de l'été, le gouvernement avait annoncé une dérogation pour les betteraviers afin qu'ils puissent utiliser les néonicotinoïdes. "La réautorisation des insecticides tueurs d'abeilles est regrettable" avait alors tweeté l'ancienne secrétaire d'État à la Transition écologique Brune Poirson.
Des "dérogations" à l'interdiction totale
Que dit cette loi? "Dans l'attente de la validation d'alternatives possibles à l'usage des néonicotinoïdes qui permettront de lutter de façon suffisamment efficace contre certains dangers sanitaires tels que, par exemple, la jaunisse de la betterave, il est nécessaire de pouvoir permettre des dérogations à l'interdiction totale d'utilisation des produits concernés", explique ce projet de loi que nous avons pu consulter. Ce texte promet aussi "un plan de protection des pollinisateurs (…) défini d'ici fin 2020".
Ce projet de loi est une honte
L'ancienne ministre de l'écologie Delphine Batho qui avait bataillé pour les interdire ne décolère pas. "Alors que la responsabilité des néonicotinoïdes est établie dans la disparition de 80% des population d'insectes, ce projet de loi est une honte, lance-t-elle. Depuis le vote de la loi d'interdiction en 2016, les lobbys de la betterave n'ont jamais cessé de vouloir la remettre en cause. Hulot avait refusé, Borne avait refusé. C'est le recul le plus grave depuis le début du quinquennat, parce qu'on remet en cause une des rares avancées de ces dernières années pour la biodiversité".
Un secteur qui emploie 5.000 salariés permanents
Même désolation du côté de la Fondation Nicolas Hulot. "C'est catastrophique, on nous avait annoncé une loi se limitant aux betteraviers et en fait ça ouvre la voie à tous les secteurs, explique Samuel Leré de la Fondation Nicoals Hulot. C'est vraiment la boite de pandore qui permet toutes les dérives possibles". Dephine Batho renchérit : "Le texte du projet de loi est loin de se limiter aux betteraves. Ils autorisent des dérogations pour toutes les cultures, dans toute la France, y compris en Outre-Mer. Concernant les betteraves et la filière sucre, ceux qui sont en bio n'ont pas du tout le même type de problème. La preuve que c'est possible !"
L'étude d'impact, qui accompagne cette loi, met en avant la nécessité économique de cette loi : "Le secteur emploie environ 5.000 salariés permanents et 2.000 salariés saisonniers en cours de campagne et génère localement de 10 à 14 emplois indirects par emploi. Il concerne 25.000 agriculteurs français. (…) Un contexte difficile de chute des prix mondiaux et européens en 2018 et 2019 en raison d'un excèdent de sucre a conduit des groupes à se restructurer et à fermer des sucreries". Côté environnement, cette étude souligne aussi "des risques élevés pour les insectes non cibles, en particulier les pollinisateurs domestiques ou sauvages, mais aussi les oiseaux lorsqu'ils consomment des graines traitées par les NNI, les mammifères, les organismes aquatiques et les organismes vivant dans le sol".
<https://www.lejdd.fr/Politique/ce-que-contient-la-loi-neonicotinoides-3988271>
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16- Agroécologie, la clé vers une agriculture plus verte ?, EurActiv, 28/08/20
Lucie Duboua-Lorsch

Un récent rapport de France Stratégie démontre la rentabilité d’exploitations agricoles plus respectueuses de l’environnement. Pour instaurer une transition agroécologique, il propose de revoir les modes d’attribution des aides de la PAC.
Ce 22 août 2020, l’humanité avait déjà consommé l’ensemble des ressources produites par la planète en un an. Une transition écologique est urgente et elle est peut-être même à portée de main. Selon un récent rapport de l’organisme gouvernemental de réflexion, France Stratégie, des exploitations agricoles plus vertes peuvent aussi être économiquement viables. Les auteurs de ce rapport ont analysé la rentabilité de l’agroécologie et leur constat est pour le moins encourageant. Non seulement le modèle agroécologique se révèle « rentable à moyen terme », mais les exploitations bio le sont même davantage que leurs homologues en agriculture conventionnelle.
De quoi donner du grain à moudre aux instances politiques nationales et européennes. Pour encourager les agriculteurs à se tourner vers une agriculture plus verte, le rapport de France Stratégie recommande justement « de proportionner les aides publiques allouées aux exploitations agricoles – notamment les aides de la politique agricole commune – aux efforts des agriculteurs pour réduire leur impact sur l’environnement ».  Il est également suggéré d’instaurer « un bonus-malus », en rémunérant les actions positives, qui permettent de préserver la biodiversité, tout en taxant les démarches négatives, comme l’utilisation d’engrais et de pesticides. Cette taxation pourrait alors être réaffectée « au financement de la transition des exploitations ».
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/agroecologie-la-cle-vers-une-agriculture-plus-verte%E2%80%89/>
En savoir plus : 
> Les performances économiques et environnementales de l’agroécologie (pdf) <https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2020-na-94-agroecologie-aout.pdf>, France Stratégie, Note d’analyse n°94, août 2020
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17- Tribune. « Face aux sécheresses, changer de modèle agricole », Le Monde, 29/08/20, 00h11
Par Olivier Hébrard, Docteur ès sciences

Le développement de l’agroécologie paysanne et de la permaculture pourrait permettre d’amortir les conséquences du changement climatique et de déployer en France une agriculture durable et résiliente, affirme, dans une tribune au « Monde », Olivier Hébrard, de l’association Terre & Humanisme.
Tribune. Année après année, la fréquence et la sévérité des sécheresses progressent sur nos territoires, conséquences des changements climatiques en cours. En première ligne, le monde agricole souffre tout particulièrement de la récurrence des températures extrêmes, de leur persistance et des longues périodes sans pluie.
Le modèle agricole français actuel reste largement dominé par l’agriculture dite conventionnelle, reposant en partie sur la chimie et bien trop souvent sur une mauvaise gestion des sols, de la biodiversité et de l’eau. Là où ce modèle parvenait à franchir tant bien que mal les sécheresses estivales il y a encore quelques dizaines d’années, avec leur récurrence et leur persistance, il montre à présent clairement ses limites.
Les sols travaillés en profondeur, les engrais minéraux et les pesticides chimiques sont autant de facteurs qui, année après année, fragilisent les sols et leur enlèvent leur aptitude à retenir et stocker les eaux en période de pluies, puis en période sèche, à les redistribuer progressivement aux plantes, aux aquifères profonds, aux sources et aux cours d’eau.
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Mauvaise gestion globale des sols
Ainsi, lors des principaux événements pluvieux, ces sols dégradés génèrent plus facilement des crues. A l’inverse, n’ayant pas pu correctement retenir et stocker les eaux lors des périodes de pluies, ils nécessitent alors rapidement une irrigation conséquente. De surcroît, les prélèvements d’eau agricole s’effectuent souvent dans des nappes et des cours d’eau eux-mêmes mal rechargés pendant les périodes hivernales en raison de cette mauvaise gestion globale des sols, ce qui ne fait qu’accentuer leurs faibles niveaux d’étiage.
C’est notamment dans ce contexte global que les demandes de création de retenues d’eau se multiplient. Si parfois elles s’avèrent fondées et légitimes, bien souvent elles visent à répondre aux besoins en eau d’un système agricole devenu aujourd’hui obsolète. L’arrosage massif de grandes surfaces de maïs, destinées à alimenter du bétail qui, normalement, devrait se nourrir à l’herbe, en est un exemple criant. Le projet de barrage de Sivens, dans le Tarn, est un des cas les plus médiatisés de débats portant sur les liens entre ressource en eau et choix du modèle agricole global.
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Le consommateur, un vrai levier
A la lumière des erreurs passées et actuelles, nous savons aujourd’hui que d’autres modèles agricoles et alimentaires sont possibles, mais aussi que le consommateur, qui se trouve en bout de chaîne, représente un vrai levier. Si celui-ci choisit par exemple de consommer moins de viande mais de meilleure qualité, telle que celle issue de vaches nourries à l’herbe et certifiées en agriculture biologique, et dans la mesure du possible selon un approvisionnement en circuits courts, les effets positifs sur les milieux seront notables.
Que ce soit par la recherche agronomique ou sur le terrain à travers les démonstrations de plus en plus nombreuses d’agriculteurs et de gestionnaires d’espaces naturels, les exemples se multiplient quant à la capacité de l’agroécologie paysanne et de la permaculture à nourrir sainement les territoires tout en améliorant les milieux et les rendant plus résistants face aux aléas climatiques. L’agroécologie paysanne et la permaculture, deux disciplines très proches l’une de l’autre, ont comme principal fondement le respect du vivant dans son intégralité et une véritable vision globale.
A titre d’exemple, dans le Gard, au monastère orthodoxe de Solan, des sœurs tâchent de suivre, depuis bientôt trente ans, les préceptes de l’agroécologie paysanne pour gérer leur domaine agricole de 60 hectares. Sur ce site classé Natura 2000, elles vont aujourd’hui bien au-delà du cahier des charges de l’agriculture biologique : il n’y a presque plus de sols nus et ces derniers ont été très significativement améliorés par différentes techniques (limitation du travail du sol, composts, paillages,…), les parcelles restent de petites dimensions et sont intégrées dans une mosaïque forestière de manière à favoriser les interactions entre les milieux naturels et les parcelles agricoles.
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Panel des bonnes pratiques
Alors que la majorité des petits cours d’eau des secteurs agricoles de leur région s’assèchent l’été, le petit ruisseau qui est situé quasi intégralement sur leur domaine a montré, lors de précédentes sécheresses, un débit de plus de 0,2 litre par seconde après plus de sept mois sans pluie, ce qui est considérable pour la surface drainée (36 ha).
La permanence de ces écoulements ainsi que la qualité des eaux de ce ruisseau sont le fruit de la bienveillance permanente des sœurs et du panel des bonnes pratiques qu’elles mettent en place depuis des années. Ce mode de gestion de leur domaine est validé par la présence d’un des meilleurs indicateurs de la qualité des cours d’eau et de l’environnement, l’écrevisse à pattes blanches.
Si force est de constater que les effets des changements climatiques se font aujourd’hui bel et bien sentir, des exemples de plus en plus nombreux montrent toutefois que le choix du modèle agricole peut permettre de significativement en amortir les conséquences.
L’agroécologie paysanne et la permaculture sont à même de permettre une meilleure gestion des aléas climatiques, tout en améliorant les milieux et en parvenant à satisfaire leur premier objectif qui est celui de nourrir quantitativement et sainement les humains. Il appartient dès lors aux consommateurs, mais aussi aux décideurs et aux agriculteurs, de choisir collectivement le modèle agricole et alimentaire le plus durable et résilient.
§ Olivier Hébrard est membre du pôle expertise de l’association Terre & Humanisme qui soutient une « agriculture écologique, humaine et solidaire inspirée de Pierre Rabhi ».
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/29/face-aux-secheresses-changer-de-modele-agricole_6050263_3232.html>
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18- Tribune. « Stocker les eaux de pluie dans des retenues est un non-sens », Le Monde, 29/08/20, 07h00
Par Christian Amblard, directeur de recherche honoraire au CNRS, vice-président de Greffe (Groupe scientifique de réflexion et d’information pour un développement durable) et de l’association Preva (Protection de l’entrée des volcans d’Auvergne)

Créer des barrages pour lutter contre la sécheresse est une proposition inefficace, irresponsable et contraire à l’intérêt général comme à celui des agriculteurs, dénonce, dans une tribune au « Monde », Christian Amblard, directeur de recherche honoraire au CNRS.
Tribune. Le ministère de l’agriculture a annoncé la création de nombreuses retenues d’eau, prétextant que les précipitations qui tombent en automne et en hiver seraient inutiles et perdues, et qu’il faudrait donc les stocker. Ce n’est, en fait, pas du tout le cas. Bien au contraire, l’eau qui s’infiltre et réalimente les nappes dans le sous-sol est beaucoup plus utile pour l’ensemble des utilisateurs et, notamment, pour les agroécosystèmes [écosystèmes modifiés par l’homme], que l’eau stockée dans des retenues. Celle-ci ne servira qu’à irriguer les cultures de quelques grandes exploitations et donc une part infime des terres agricoles.
> Lire aussi  Face à la sécheresse, les retenues d’eau artificielles, une solution de très court terme
Les barrages sur un cours d’eau assèchent les secteurs situés à leur aval et détruisent ainsi tous les écosystèmes, notamment les agroécosystèmes. Ils brisent la continuité écologique et constituent un obstacle pour beaucoup d’espèces comme les poissons migrateurs. Ils détruisent aussi, en les noyant, les zones humides situées en amont qui jouent un rôle très utile d’éponge, en stockant l’eau en période humide et en la restituant en période sèche.
Hérésie totale
Alors que les réserves souterraines ne sont pas sujettes à l’évaporation, les retenues d’eau superficielles subissent une très forte évaporation en période de grosses chaleurs et conduisent ainsi à une perte importante de la ressource en eau. Des études récentes (publiées notamment, en 2018, par Katja Friedrich, de l’université du Colorado Boulder, et par Florence Habets et Jérôme Molenat, de Sorbonne Université) montrent que les pertes par évaporation sur les lacs de l’Ouest américain varient de 20 à 60 % des flux entrants. C’est donc une hérésie totale de faire passer en surface les ressources en eaux souterraines, qui assurent une humidification généralisée des sols, pour en perdre une part considérable par évaporation.
La problématique est identique avec la création de « bassines », consistant à creuser dans le sol des trous, de quelques hectares à plusieurs dizaines, et à les remplir avec l’eau des nappes souterraines ou des rivières. Là encore, la ressource utile à tous les écosystèmes se retrouve en surface, soumise à l’évaporation et à la pollution, pour le seul bénéfice de quelques producteurs de cultures non adaptées au terroir local.
> Lire aussi  Sécheresse : le gouvernement va autoriser une soixantaine de retenues d’eau entre 2019 et 2022
Seulement 6 % des terres agricoles sont équipées pour leur irrigation. Ces retenues n’irrigueront que les cultures de quelques exploitations de taille très importante, notamment les maïsiculteurs, et n’apporteront rien à la très grande majorité des éleveurs de France. Enfin, la construction de barrages aggravera la vulnérabilité de l’agriculture vis-à-vis de la ressource en eau en empêchant la transition vers une agriculture résiliente et responsable, économe en eau.
Limiter le ruissellement et l’évaporation de l’eau
Il faut, au contraire, retenir le plus possible l’eau sur nos territoires en favorisant son infiltration dans les sols et en limitant son ruissellement et son évaporation. C’est la seule gestion responsable des ressources en eau, au bénéfice des agriculteurs et des autres utilisateurs. Elle implique une série de modifications, aussi bien dans la gestion de l’espace – en limitant l’imperméabilisation des sols par les bétonnages et les bitumages inutiles – que dans les pratiques agricoles. Certaines de ces pratiques doivent être stoppées : le drainage des zones humides, qui évacue les eaux vers l’aval sans aucun bénéfice pour les sols, l’utilisation d’engins agricoles monstrueux qui tassent et imperméabilisent les sols, le travail des terres dans le sens de la pente, qui favorise le ruissellement et leur lessivage.
> Lire aussi  « La sécurité alimentaire est sous la menace de la dégradation des sols »
En revanche, des mesures s’imposent d’urgence. Replanter des arbres, éléments essentiels dans la régulation du climat local, notamment pour limiter les pertes d’eau par évaporation. Développer l’agroforesterie [mode d’exploitation des terres agricoles associant des arbres et des cultures ou de l’élevage] en privilégiant les variétés et les races adaptées à nos conditions environnementales. En cela, la sauvegarde de la biodiversité agricole est essentielle. L’installation de cultures intermédiaires doit permettre de ne plus avoir de sols nus en hiver. Il faut enfin substituer à la fertilisation chimique une fertilisation organique afin d’augmenter le complexe argilo-humique des sols, et ainsi, leur capacité en rétention des eaux.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/29/stocker-les-eaux-de-pluie-dans-des-retenues-est-un-non-sens_6050280_3232.html>
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19- Tribune. Hervé Jactel : « Les forêts de plantations possèdent la plupart des attributs des forêts dites naturelles », Le Monde, 29/08/20, 07h15
Par Hervé Jactel, Directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement et  membre du conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité

Les forêts créées et gérées par l’homme ne sont pas aussi riches en biodiversité que les forêts primaires, mais elles resteront toujours plus propices au maintien des espèces sauvages qu’un champ de maïs ou de betteraves, explique Hervé Jactel, docteur en écologie forestière, répondant dans une tribune pour « Le Monde » au botaniste Francis Hallé.
Tribune. Autant je suis très admiratif des travaux du botaniste Francis Hallé sur l’architecture des arbres, autant je ne comprends ni ne partage sa diatribe contre les forêts de plantations, publiée dans le journal Le Monde du 16 août (« Ne prenons plus les plantations d’arbres pour des forêts »), car la plupart de ses affirmations vont à l’encontre des derniers travaux scientifiques.
Certes, les forêts de plantations sont créées et gérées par l’homme, mais elles possèdent la plupart des attributs des forêts dites naturelles, avec une forte diversité génétique entre les arbres qui les composent (en France, seules les peupleraies peuvent être des plantations monoclonales), une disparité de leur forme et de leur hauteur qui permet un étagement de mousses, plantes herbacées et arbustes en sous-bois, ainsi que des interactions riches et complexes avec la faune et la flore.
10 % de la faune française
Certes, les forêts de plantations ne sont pas aussi riches en biodiversité que les forêts primaires, mais elles sont loin d’être des déserts biologiques et resteront toujours plus propices au maintien des espèces sauvages qu’un champ de maïs ou de betteraves.
Pour ne reprendre que l’exemple des forêts de plantations de pin maritime dans les Landes, cité par Francis Hallé, plus de trois cents espèces de coléoptères se développant dans le bois y ont été recensées (soit environ 10 % de la faune française et 50 % de plus que dans les forêts boréales).
> Lire aussi  Biodiversité : une espèce sur huit, animale et végétale, risque de disparaître à brève échéance
Certes les forêts de plantations bénéficient d’intrants pour améliorer leur productivité, mais ce sont essentiellement des engrais (la quasi-totalité des herbicides et pesticides de synthèse sont interdits d’usage dans les forêts françaises, y compris dans les plantations).
Ces engrais ne sont épandus qu’une seule fois, au moment de l’installation des plants, soit tous les quarante à quatre-vingts ans selon les essences de production, donc bien moins souvent que les applications annuelles après labour dans les plaines agricoles (ou les dizaines de traitements insecticides et fongicides appliqués chaque année dans les vergers de pommiers).
Caricature manichéenne
Certes, les forêts de plantations sont exploitées assez jeunes (mais là encore rarement avant quarante ou cinquante ans) et leurs arbres coupés, mais c’est pour produire le bois de construction des maisons (et au passage permettre la reconstruction de la charpente de Notre-Dame de Paris), ou le papier dont on a besoin pour imprimer les livres et les journaux (dont, en tant que lecteur quotidien du Monde, j’aurais bien du mal à me passer).
Certes, les forêts de plantations n’atteignent jamais les âges séculaires des forêts naturelles, mais leur jeunesse les rend plus à même de pousser vite, de capter plus de carbone de l’atmosphère et ainsi de contribuer davantage à l’atténuation du changement climatique que les forêts très âgées qui sont neutres en termes de bilan carbone (le bois en décomposition dégageant du gaz carbonique).
> Lire aussi  L’exploitation des forêts européennes a bondi depuis 2016
Certes, les forêts de plantations abritent rarement les villages des peuples premiers, mais elles fournissent revenus et emplois à des millions de personnes, y compris dans les pays en voie de développement, comme le montre l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Comme on le voit, la réalité des forêts de plantations est plus équilibrée et complexe que la caricature manichéenne qu’en donnent Francis Hallé et ses thuriféraires. Il me semble cependant assez vain, et finalement contre-productif, de prolonger la polémique et de vouloir sans cesse opposer forêts gérées et non gérées, de plantations ou en libre évolution.
Le concept de « Triade »
Car ce dont la planète a besoin, c’est de plusieurs types de forêts, afin de maintenir l’ensemble de leurs fonctions écologiques, économiques et sociales. Ainsi que le propose le concept de « triade » cher aux forestiers canadiens, il conviendrait avant tout de promouvoir, à l’échelle du paysage, un assemblage harmonieux de trois sortes de forêts :
> Lire aussi  Incendies en Amazonie : il faut que « la forêt debout rapporte plus que le déboisement »
1. les forêts en réserve naturelle, libre de toute gestion, à vocation principale de conservation de la biodiversité ;
2. les forêts de plantations pour séquestrer le maximum de carbone et produire du bois et des matériaux pour la chimie verte ;
3. et, entre ces deux pôles, les forêts dites secondaires, comme par exemple les taillis sous futaies, héritières de siècles de gestion extensive qui se voulait « imiter la nature et hâter son œuvre », en maintenant des usages locaux « traditionnels » de production de bois (notamment de chauffage), de chasse et de cueillette (de champignons), et d’accès au public (randonnées).
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/08/29/herve-jactel-les-forets-de-plantations-possedent-la-plupart-des-attributs-des-forets-dites-naturelles_6050283_3232.html>
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20- Rampant destruction of forests ‘will unleash more pandemics’, The Guardian, 30/08/20, 07.03 
Robin McKie

Researchers to tell UN that loss of biodiversity enables rapid spread of new diseases from animals to humans
Scientists are to warn world leaders that increasing numbers of deadly new pandemics will afflict the planet if levels of deforestation and biodiversity loss continue at their current catastrophic rates.
A UN summit on biodiversity, scheduled to be held in New York next month, will be told by conservationists and biologists there is now clear evidence of a strong link between environmental destruction and the increased emergence of deadly new diseases such as Covid-19.
Rampant deforestation, uncontrolled expansion of farming and the building of mines in remote regions – as well as the exploitation of wild animals as sources of food, traditional medicines and exotic pets – are creating a “perfect storm” for the spillover of diseases from wildlife to people, delegates will be told.
Almost a third of all emerging diseases have originated through the process of land use change, it is claimed. As a result, five or six new epidemics a year could soon affect Earth’s population.
“There are now a whole raft of activities – illegal logging, clearing and mining – with associated international trades in bushmeat and exotic pets that have created this crisis,” said Stuart Pimm, professor of conservation at Duke University. “In the case of Covid-19, it has cost the world trillions of dollars and already killed almost a million people, so clearly urgent action is needed.”
It is estimated that tens of millions of hectares of rainforest and other wild environments are being bulldozed every year to cultivate palm trees, farm cattle, extract oil and provide access to mines and mineral deposits. This leads to the widespread destruction of vegetation and wildlife that are hosts to countless species of viruses and bacteria, most unknown to science. Those microbes can then accidentally infect new hosts, such as humans and domestic livestock.
Such events are known as spillovers. Crucially, if viruses thrive in their new human hosts they can infect other individuals. This is known as transmission and the result can be a new, emerging disease.
> Read more at :
<https://www.theguardian.com/environment/2020/aug/30/rampant-destruction-of-forests-will-unleash-more-pandemics>
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En audio
21- Barbara Pompili, les néonicotinoïdes, et l'écologie, France Inter, Camille passe au vert, 01/09/20, 14h33
Camille Crosnier

Entretien avec la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, dont les deux premiers mois d'exercice ont été marqués par la polémique sur la réautorisation des néonicotinoïdes, insecticides tueurs d'abeilles, dont elle avait elle-même porté l'interdiction en 2016 !
> Emission (5 min) à réécouter à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/camille-passe-au-vert/camille-passe-au-vert-01-septembre-2020>
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En images
22- Plan B. Pourquoi la France se remet massivement au chanvre, Le Monde, 24/08/20, 17h53
Pierre Trouvé

Souvent confondu avec le cannabis, le chanvre est prisé dans la papeterie, l’alimentation ou la construction. 
Quand on regarde une feuille de chanvre, on a souvent l’impression d’être devant une feuille... de cannabis. C’est normal, elle appartient à la même famille, même si elle ne provoque pas d’effets psychotropes. Le chanvre est très prisée dans la papeterie, l’alimentation ou la construction, et possède de solides atouts sur le plan environnemental.
Sa culture n’a besoin ni de produits phytosanitaires, ni d’arrosage. « Je sème et ensuite je récolte », résume Franck Barbier, agriculteur en Seine-et-Marne et président d’InterChanvre, qui rassemble les professionnels de la filière dans l’hexagone.
Et derrière cette culture, « il y a toute une industrie », explique Benoît Savourat, président de la coopérative agricole La Chanvrière, dans l’Aube. Graine, fibre, bois, tout est utilisable dans le chanvre et la demande est en hausse. Avec près de 20 000 hectares cultivés, la France se place d’ailleurs comme le quatrième pays producteur au monde, derrière la Chine (25 000 ha), le Canada (32 000 ha) et les Etats-Unis (32 000 ha).
> Vidéo à voir à :
<https://www.lemonde.fr/videos/article/2020/08/24/pourquoi-la-france-se-remet-massivement-au-chanvre_6049805_1669088.html>
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Une publication
23- Non à la dérogation à l’interdiction des néonicotinoïdes, d’autres solutions existent, Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme, Note du 31/08/20

Le 5 août 2020, le gouvernement exprime sa volonté d’accorder des dérogations aux cultures de betteraves pour permettre l’utilisation des insecticides néonicotinoïdes en enrobage de semences. Le projet de loi loi sera présenté en conseil des ministres le mercredi 2 septembre et devrait passer en première lecture à l'Assemblée Nationale fin septembre. Le texte octroie la possibilité au gouvernement d’autoriser jusqu’au 1er juillet 2023 des néonicotinoïdes sans spécifiquement restreindre cette autorisation à la betterave. Cette autorisation ouvre une boîte de pandore aux dérogations pour les autres filières agricoles comme le maïs par exemple. Concernant la filière betterave au coeur du débat actuel, Barbara Pompili, ministre de la Transition Écologique à l’origine de l’interdiction des néonicotinoïdes en 2016, évoque cette dérogation comme étant la « seule solution possible à court terme pour éviter l’effondrement de la filière sucrière». La Fondation Nicolas Hulot s’oppose à cette dérogation et rappelle que d’autres solutions politiques de court et de long terme existent pour à la fois protéger la biodiversité et sortir le secteur agricole de la crise qu’il connaît.
Les seules pour qui il n’y a pas d’alternatives, ce sont les abeilles
Réautoriser des néonicotinoïdes c’est revenir sur une avancée fondamentale dans la protection de l’environnement et de la biodiversité. Pour rappel, 80 % de la biomasse des insectes volants a disparu en Europe en moins de trente ans. Et cette disparition est due aux pratiques agricoles conventionnelles1. Suite à l’introduction des néonicotinoïdes en 1995, la mortalité des ruches est passée de 5% à 30%2. Entre 1994 et 2014, les rendements de miel par ruche ont significativement réduits divisant la production française de miel par trois.
L’effondrement de la biodiversité est problématique puisque les insectes pollinisateurs assurent notre survie. Ils sont responsables de la reproduction de 75% des espèces cultivées3. Environ 4.000 variétés de fruits et légumes n'existeraient pas sans pollinisation. Notre sécurité alimentaire dépend des insectes pollinisateurs et pourtant, au nom de cette dernière on réautorise les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles.
>> Suite à lire à :
<http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/note_fnh_neonic-2.pdf>
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– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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