[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur aléas climatiques, émissions de GES, dérèglement climatique, Accord de Paris & COP26 (mardi 20 avril)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Mar 20 Avr 08:15:09 CEST 2021
Bonjour à tous,
Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants :
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1- Les malheurs du Gulf Stream <https://www.techno-science.net/actualite/malheurs-gulf-stream-N20750.html>, Techno-science, 08/04/21, 13:00
2- Découvrez le visage d’un CAC40 qui payerait sa facture carbone <https://www.novethic.fr/actualite/economie/isr-rse/decouvrez-le-visage-d-un-cac40-qui-payerait-sa-facture-carbone-149707.html>, Novethic, 08/04/21
3- Les espèces endémiques sauvages menacées par le réchauffement climatique <https://www.geo.fr/environnement/les-especes-endemiques-sauvages-menacees-par-le-rechauffement-climatique-204360>, AFP, 09/04/21, 14:00
4- Climat : Greta Thunberg ne se rendra pas à la COP26 à cause des accès inégaux aux vaccins <https://www.lefigaro.fr/sciences/climat-greta-thunberg-ne-se-rendra-pas-a-la-cop26-en-reaction-a-l-acces-inegal-aux-vaccins-dans-le-monde-20210409>, AFP, 09/04/21, 18:00
5- Ce gigantesque commerce illégal qui menace la réduction des gaz à effet de serre en Europe <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat/mobilisation-contre-le-commerce-illegal-de-refrigerants_153291>, Science & Avenir, 09/04/21, 13h33
6- Tribune. Brice Lalonde : "Centrer l’action climatique sur l’économie d’énergie au lieu de la réduction des émissions de CO2, c’est taper sur le mauvais clou" <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/04/09/brice-lalonde-centrer-l-action-climatique-sur-l-economie-d-energie-au-lieu-de-la-reduction-des-emissions-de-co2-c-est-taper-sur-le-mauvais-clou_6076230_3232.html>, Le Monde, 09/04/21, 18h00
7- Quels enseignements tirer de la crise du coronavirus pour le changement climatique ? Entretien avec le climatologue Jean Jouzel <https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/rechauffement-climatique-enseignements-tirer-crise-coronavirus-changement-climatique-entretien-climatologue-jean-jouzel-86678/>, Futura-sciences, 09/04/21
8- Climat : les fausses promesses des technologies de captage du carbone <https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/04/10/climat-les-fausses-promesses-des-technologies-de-captage-du-carbone_6076305_1652612.html>, Le Monde, 10/04/21, 14h00
9- Climat : est-il déjà trop tard pour limiter le réchauffement à 1,5° C ? <https://usbeketrica.com/fr/article/climat-est-il-deja-trop-tard-pour-limiter-le-rechauffement-a-1-5-c>, Usbek & Rica, 10/04/21
10- Lutte contre le changement climatique : comment la gestion de crise peut nous aider <https://theconversation.com/lutte-contre-le-changement-climatique-comment-la-gestion-de-crise-peut-nous-aider-158043>, The Conversation, 11/04/21, 18:48
11- Emissions de CO2 : comment les champs peuvent permettre de lutter contre le changement climatique <https://www.lejdd.fr/Societe/emissions-de-co2-comment-les-champs-peuvent-permettre-de-lutter-contre-le-changement-climatique-4037784>, Le JDD, 12/04/21, 08h00
12- Les posidonies, ces plantes à fleurs aquatiques qui digèrent le carbone <https://www.lejdd.fr/Societe/plantes-a-fleurs-aquatiques-4037786>, Le JDD, 12/04/21, 08h00
13- Le réchauffement climatique va accentuer les effets du gel dans l’agriculture <https://reporterre.net/Le-rechauffement-climatique-va-accentuer-les-effets-du-gel-dans-l-agriculture>, Reporterre, 12/04/21, 10h32
14- Retour sur l’Affaire du siècle : quand la justice climatique bouscule la division droit public-droit privé <https://theconversation.com/retour-sur-laffaire-du-siecle-quand-la-justice-climatique-bouscule-la-division-droit-public-droit-prive-157723>, The Conversation, 12/04/21, 22:34
15- Ils plongent sous le « glacier de la fin du monde » et reviennent avec des nouvelles inquiétantes <https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/antarctique-ils-plongent-sous-glacier-fin-monde-reviennent-nouvelles-inquietantes-86759>, Futura-sciences, 12/04/21
16- Après le gel, viticulteurs et arboriculteurs demandent le soutien du gouvernement <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/04/13/apres-le-gel-viticulteurs-et-arboriculteurs-demandent-le-soutien-du-gouvernement_6076536_3234.html>, Le Monde, 13/04/21, 08h28
17- Bitcoin : les émissions de CO2 liées au minage en Chine atteindront 130 millions de tonnes en 2024 <https://dailygeekshow.com/bitcoin-co2-chine/>, Daily Geek Show, 13/04/21
18- Le réchauffement climatique pourrait provoquer l’effondrement de plusieurs barrières de glace en Antarctique <https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/antarctique-rechauffement-climatique-pourrait-provoquer-effondrement-plusieurs-barrieres-glace-antarctique-83190/>, Futura-sciences, 13/04/21
En audio
19- Big data : la nouvelle révolution verte ? <https://www.franceculture.fr/emissions/la-transition/big-data-la-nouvelle-revolution-verte>, France culture, La Transition, 13/04/21, 08h45
20- Podcast. Dans les Alpes, des glaciers mythiques en péril <https://www.lemonde.fr/podcasts/article/2021/04/14/dans-les-alpes-des-glaciers-mythiques-en-peril_6076689_5463015.html>, Le Monde, 14/04/21, 05h00
Bien à vous,
Florence
NB : En pied de page de chaque message, vous disposez d’une adresse url qui vous permet de vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner directement à votre gré.
QUESTIONNEMENTS DU JOUR : — Le Gulf Stream serait à son niveau le plus faible en 16 siècles. Sommes-nous au bord d'un changement fondamental des systèmes climatiques mondiaux ou s'agit-il d'une anomalie statistique ? (cf. item 1)
— Et si le CAC40, fleuron boursier, était valorisé sur le prix de sa contribution au changement climatique ? (cf. item 2)
— Alors que ce qui pouvait être perçu il y a encore quelques années comme un simple « réchauffement » s’apparente de plus en plus à une réelle « crise climatique », quels sont les principes fondamentaux en matière de gestion de crise. (cf. item 10)
— En quoi le réchauffement climatique va-t'il accentuer les effets des gels printaniers ? (cf. item 13, 16 & suite)
TRAFIC DU JOUR : La politique européenne de réduction de l’utilisation des HFC pour éliminer leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 attire le crime organisé. Les industriels du secteur dénoncent les importations illégales de systèmes de réfrigération. Sur ces deux années, le trafic a provoqué l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre annuelles de 55 millions de voitures, soit 20% du parc roulant en Europe. (cf. item 5)
LEURRE DU JOUR : Le stockage du CO2 affiche pour l’instant un bilan bien maigre. Certes, 18 projets de captage et stockage de CO2 (« CCS » en anglais) ont vu le jour à travers le monde, élaborés principalement par des compagnies pétrolières américaines. Mais en Europe, toutes les tentatives pour séparer et séquestrer le gaz indésirable ont jusqu’ici échoué. Pourtant, depuis 2009, Bruxelles a investi près de 1 milliard d’euros dans des projets de CCS. (cf. item 8 & suite)
ÉTUDES & RAPPORT DU JOUR : — Le danger d'extinction des espèces endémiques sauvages est grand dans presque 300 lieux où la biodiversité est importante, sur terre et dans les océans, si les températures augmentent de plus de 3°C comparé à la période pré-industrielle, selon une étude parue dans Biological Conservation. (cf. item 3 & suite)
— L’Académie des sciences australienne a publié un rapport sur le dérèglement climatique, estimant que l’objectif de limitation du réchauffement global à 1,5° C était d’ores et déjà « pratiquement impossible » à atteindre. Mais le constat fait débat au sein de la communauté scientifique. (cf. item 9 & suite)
— Selon une étude de l'Inrae, les terres agricoles, les prairies et les forêts françaises peuvent davantage lutter contre le changement climatique. (cf. item 11 & suite)
— Avec l’avènement du bitcoin, les émissions de carbone liées à son extraction se sont rapidement accélérées en Chine. Selon les chercheurs, celles-ci atteindront 130 millions de tonnes de CO2 en 2024 dépassant ainsi les émissions annuelles totales de pays européens comme l’Italie. (cf. item 17 & suite)
CHIFFRES DU JOUR : — Les herbiers sous-marins de posidonie sont capables de stocker jusqu'à 7 fois plus de CO2 qu'une forêt. (cf. item 12)
— Entre 1995 et 2017, quelque 28 trillions de tonnes — soit 28x1015 tonnes — de glace ont été perdues sur l’ensemble de la planète. (cf. item 15 & 18)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
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> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Les malheurs du Gulf Stream, Techno-science, 08/04/21, 13:00
Isabelle – Source : ASP
Le Gulf Stream serait à son niveau le plus faible en 16 siècles. Depuis la parution de cette estimation, en février, on n'en a guère appris davantage : sommes-nous au bord d'un changement fondamental des systèmes climatiques mondiaux, ou s'agit-il d'une anomalie statistique ?
La question ne concerne pas que les résidents des deux côtés de l'Atlantique: bien que le Gulf Stream qui transporte en surface les eaux chaudes des Antilles jusqu'en Europe puis ramène vers le Sud, en profondeur, l'eau froide de l'Arctique. Il fait partie d'un ensemble plus vaste de courants océaniques, courants qui jouent un rôle vital dans la redistribution de chaleur tout autour de la planète.
Les auteurs de l'étude parue le 26 février dans Nature Geoscience ont fait une "reconstruction" de l'évolution du Gulf Stream depuis l'an 400 jusqu'à aujourd'hui sur la base d'indicateurs des climats passés emprisonnés dans les sédiments ou dans les données météorologiques récentes. Leur conclusion: le Gulf Stream, ou Atlantic Meridional Overturning Circulation, aurait été relativement stable jusqu'au milieu ou la fin du 19e siècle. Il aurait depuis commencé à ralentir. Et comme bien d'autres scientifiques avant eux, les auteurs pointent le réchauffement climatique.
>> Suite à lire à :
<https://www.techno-science.net/actualite/malheurs-gulf-stream-N20750.html <https://www.techno-science.net/actualite/malheurs-gulf-stream-N20750.html>>
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2- Découvrez le visage d’un CAC40 qui payerait sa facture carbone, Novethic, 08/04/21
Marina Fabre
Et si le CAC40, fleuron boursier, était valorisé sur le prix de sa contribution au changement climatique ? C’est l’idée du cabinet Axylia qui vient de dévoiler son Indice Vérité40. Son CAC40 classe les entreprises en fonction de leur capacité à payer ce qu’il appelle la facture carbone, soit la traduction, en euros, de l’impact environnemental des entreprises. Or aujourd'hui, moins de la moitié des grandes entreprises françaises du CAC40 est en capacité de la payer.
Le CAC40 représente le fleuron de l’économie française. Une baisse de cet indice boursier est perçue comme une dégradation de la santé économique de l’Hexagone, stipule même Bercy sur son site. Mais à l’heure du réchauffement climatique, cet indice, créé en 1987, ne reflète que la partie financière de l’économie. "Les indices actuels s’appuient sur la capitalisation boursière mais ne reflètent pas les impacts environnementaux des entreprises", explique Axylia, spécialiste de la finance responsable.
Le cabinet vient ainsi de dévoiler son Indice Vérité 40. Exit Alstom, Total, Kering, BNP Paribas, Engie… Le CAC40 version climat change de visage. Concrètement, le cabinet détermine le niveau d’émissions de CO2 de l’entreprise et calcule combien ces émissions lui coûteraient pour un prix de la tonne de carbone fixé à 108 euros (préconisation du GIEC). Les émissions directes, indirectes mais aussi celles émises par l’usage des produits vendus par l’entreprise sont prises en compte. Elle déduit ensuite ce coût des résultats d’exploitation de l’entreprise et estime sa valeur boursière pour constituer son indice. Selon les calculs du cabinet, moins de la moitié des grands groupes côtés français ont ainsi les moyens de s’acquitter de leur facture carbone.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/economie/isr-rse/decouvrez-le-visage-d-un-cac40-qui-payerait-sa-facture-carbone-149707.html <https://www.novethic.fr/actualite/economie/isr-rse/decouvrez-le-visage-d-un-cac40-qui-payerait-sa-facture-carbone-149707.html>>
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3- Les espèces endémiques sauvages menacées par le réchauffement climatique, AFP, 09/04/21, 14:00
Marlowe Hood
Les régions les plus riches du globe en faune et en flore sauvages seront irrémédiablement endommagées par le réchauffement climatique si rien n'est fait pour le limiter, avertissent des scientifiques vendredi.
Une analyse de 8.000 évaluations de risque portant sur différentes espèces montrent que le danger d'extinction est grand dans presque 300 lieux où la biodiversité est importante, sur terre et dans les océans, si les températures augmentent de plus de 3°C comparé à la période pré-industrielle, selon cette étude parue dans Biological Conservation.
La surface de la Terre s'est déjà réchauffée de 1°C. Les engagements pris selon l'Accord de Paris prévoient de limiter ce réchauffement bien en-dessous de 2°C, voire à 1,5°C, mais les engagements actuels des Etats mettent le monde sur la voie d'un réchauffement bien supérieur à 3°C d'ici à la fin du siècle. Voire avant.
Les espèces endémiques, qui vivent uniquement dans un territoire donné, seront les plus touchées. Les léopards des neiges dans l'Himalaya, les marsouins du golfe de Californie, les lémuriens de Madagascar ou les éléphants de forêt d'Afrique risquent de disparaître si l'humanité ne réduit pas ses émissions de gaz à effet de serre, avertit cette étude.
Les espèces endémiques dans ces hauts lieux de biodiversité ont près de trois fois plus de risque de souffrir du changement climatique que la faune et la flore plus commune et dix fois plus que les espèces invasives.
"Le changement climatique menace des zones remplies d'espèces qui ne peuvent être trouvées nulle part ailleurs au monde", résume l'auteure principale de l'étude, Stella Manes, chercheuse à l'université fédérale de Rio de Janeiro.
- Montagnes et îles en première ligne -
"Le risque de voir ces espèces disparaître à tout jamais est plus que décuplé si nous ratons les objectifs de l'Accord de Paris", ajoute la chercheuse.
De plus en plus de scientifiques estiment que l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C est probablement hors d'atteinte. Mais chaque dixième de degré compte pour en limiter les impacts, insistent-ils.
Et certaines régions concentrant la vie sauvage sont plus vulnérables que d'autres.
En montagne, 84% des espèces endémiques risquent de disparaître dans un monde à 3°C, quand dans les îles, où la faune et la flore sont déjà mises à mal par les espèces invasives, ce chiffre grimpe à 100%.
"Ces espèces ne peuvent pas facilement se déplacer dans des environnements plus favorables", explique Mark Costello, co-auteur du rapport et biologiste marin à l'université d'Auckland.
Les espèces marines de Méditerranée sont particulièrement menacées car elles vivent dans une mer fermée, souligne-t-il.
Au total, plus de 90% des espèces endémiques terrestres et 95% des espèces marines seront affectées par le réchauffement climatique, indiquent les chercheurs. Sous les tropiques, les deux-tiers des espèces pourraient disparaître.
Ces conclusions posent aussi la question des mesures les plus adaptées pour protéger la faune et la flore sauvage. Jusqu'à présent, les principales menaces ont été la perte d'habitat liée à l'expansion urbaine, à l'exploitation minière et à l'agriculture et la chasse.
La création d'aires protégées, mises en place jusqu'à présent pour lutter contre ces menaces, pourrait se révéler peu utile face au réchauffement de la planète.
"Malheureusement, notre étude montre que ces endroits riches en biodiversité ne pourront pas servir de refuge face au changement climatique", dit Mariana Vale, co-auteure de l'étude, de l'université fédérale de Rio.
La Terre est déjà confrontée à une "extinction massive", la première depuis la disparition des dinosaures il y a environ 65 millions d'années, la sixième en 500 millions d'années, sous le poids des activités humaines.
<https://www.geo.fr/environnement/les-especes-endemiques-sauvages-menacees-par-le-rechauffement-climatique-204360>
En savoir plus :
> Endemism increases species' climate change risk in areas of global biodiversity importance <https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0006320721001221>, Biological Conservation, 9 April 2021
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4- Climat : Greta Thunberg ne se rendra pas à la COP26 à cause des accès inégaux aux vaccins, AFP, 09/04/21, 18:00
La figure de la lutte contre le changement climatique, Greta Thunberg, ne compte pas se rendre à la grande conférence climat COP26 de Glasgow en novembre pour protester contre les inégalités d'accès aux vaccins entre pays riches et pauvres, a-t-elle déclaré vendredi à l'AFP.
"Du fait de la distribution extrêmement inéquitable des vaccins, je ne me rendrai pas à la conférence de la COP26 si la situation continue comme aujourd'hui", a dit la militante suédoise.
La jeune femme, qui a fêté ses 18 ans début janvier, a appelé le gouvernement britannique à repousser de nouveau la COP26, déjà reportée une première fois à cause de la situation sanitaire, si les inégalités vaccinales entre pays ne permettaient pas un accès égal des participants et des militants.
La figure du mouvement "Fridays for Future" et des grèves de l'école pour le climat a appelé les pays riches à partager leurs doses avec les populations à risques dans les pays pauvres "plutôt que de vacciner des jeunes en bonne santé".
"Si ce n'est pas possible, je suggère de repousser (la COP26) pour que tout le monde puisse y participer dans les mêmes conditions", a-t-elle dit à l'AFP, confirmant une information de la BBC.
"Les inégalités (entre les pays riches et pauvres) face à la crise climatique sont un sujet si criant, que cela ne ferait qu'approfondir cet aspect" si la COP26 était maintenue à cette date, a-t-elle plaidé.
- "A pied d'égalité" -
Reportée d'un an à cause du coronavirus, la 26e Conférence des Parties des Nations unies sur le changement climatique doit se dérouler du 1er au 12 novembre à Glasgow, en Ecosse, pour tenter de répondre à l'urgence climatique.
Alors que le sujet a été largement éclipsé par la pandémie, la COP26 est vue comme une des occasions de remettre le sujet climatique sur le devant de la scène.
L'absence de Greta Thunberg, qui milite pour des objectifs immédiats et rapides de réduction des émissions de gaz à effet de serre plutôt que des horizons à dix ou trente ans, ferait figure de revers.
La jeune Suédoise n'exclut toutefois pas d'inverser sa décision si l'inégalité vaccinale s'améliore, a-t-elle souligné. "Bien sûr j'adorerais participer à la COP26, mais seulement si tout le monde est à pied d'égalité", a-t-elle dit.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) ne cesse d'alerter sur les risques sanitaires posés par les rythmes différents de vaccination entre pays riches et pauvres, appelant à réduire le "nationalisme vaccinal".
Au moins 708,4 millions de doses de vaccins anti-Covid ont été administrées dans le monde, selon un comptage réalisé jeudi par l'AFP à partir de sources officielles.
Mais de fortes inégalités subsistent entre pays à "revenu élevé", qui concentrent près de la moitié des doses administrées, et pays à "faible revenu", où n'ont été administrées que 0,1% des doses.
L'Afrique demeure "en marge", avec seulement "2% des vaccins administrés dans le monde", a déploré jeudi la directrice pour l'Afrique de l'OMS Matshidiso Moeti. Amnesty International a dénoncé le "quasi-monopole" des pays riches sur les vaccins.
<https://www.lefigaro.fr/sciences/climat-greta-thunberg-ne-se-rendra-pas-a-la-cop26-en-reaction-a-l-acces-inegal-aux-vaccins-dans-le-monde-20210409>
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5- Ce gigantesque commerce illégal qui menace la réduction des gaz à effet de serre en Europe, Science & Avenir, 09/04/21, 13h33
Loïc Chauveau
La politique européenne de réduction de l’utilisation des HFC pour éliminer leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 attire le crime organisé. Les industriels du secteur dénoncent les importations illégales de systèmes de réfrigération.
Le Comité technique européen sur le fluorocarbone tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : les entrées illégales d'hydrofluorocarbones (HFC) sur le territoire européen atteignent des niveaux élevés. En 2018, l’EFCTC, selon son acronyme anglais, avait estimé que 42 millions de tonnes de ces réfrigérants utilisés dans les réfrigérateurs domestiques, commerciaux et industriels ainsi que dans les climatiseurs de logements et de voitures étaient entrées en Europe sans déclaration douanière. Rebelote en 2019, avec 31 millions de tonnes supplémentaires. Selon le comité, le trafic sur ces deux années a provoqué l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre annuelles de 55 millions de voitures, soit 20% du parc roulant en Europe. La comparaison automobile est d’ailleurs justifiée : ce sont les systèmes de climatisation des voitures particulières qui semblent au cœur de ces échanges souterrains.
Pour arriver à cette évaluation, l’EFCTC – qui est une émanation de l’industrie chimique européenne – s’appuie sur les données de l’ONU, de la Turquie et de l’organisme de statistiques Eurostat sur le commerce de ces gaz, qu’il compare aux déclarations d’exportation de la Chine, principal fabricant des HFC. Le comité a ainsi constaté une différence sensible entre les bordereaux chinois et les quantités déclarées à l’entrée de l’Union européenne. De plus, les pays limitrophes de l’Europe ont augmenté leurs achats de 17% en 2019, ce qui renforce le soupçon d’entrées illégales. Le comité a mis en ligne en 2020 une plateforme de dénonciation de ces faits délictueux. 111 signalements anonymes ont été ainsi recueillis, dont un tiers proviennent d’Italie, et 17 de France.
>> Suite à lire à :
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat/mobilisation-contre-le-commerce-illegal-de-refrigerants_153291>
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6- Tribune. Brice Lalonde : "Centrer l’action climatique sur l’économie d’énergie au lieu de la réduction des émissions de CO2, c’est taper sur le mauvais clou", Le Monde, 09/04/21, 18h00
Par Brice Lalonde, ancien ministre de l’environnement (1988-1992), président de l’association Equilibre des énergies
L’ancien ministre de l’écologie revient, dans une tribune au « Monde », sur le vote par l’Assemblée nationale de l’interdiction de louer des « passoires énergétiques », et sur le mode d’évaluation discutable, selon lui, du diagnostic de performance énergétique (DPE), qui favorise le chauffage au gaz.
Tribune. Entre l’engagement solennel de réduire les émissions de gaz à effet de serre et sa mise en œuvre s’intercale un espace obscur où les règles anciennes et les influences occultes peuvent aboutir au résultat inverse. C’est le danger qui guette la loi Climat et résilience dans ses articles sur le bâtiment.
Le gros morceau, c’est la rénovation du parc existant que les parlementaires, à la suite de la convention citoyenne pour le climat, veulent renforcer. Pour montrer sa détermination, l’Assemblée a voté l’interdiction de louer des logements trop énergivores. Ainsi 4,8 millions de logements pourraient sortir du marché de la location si leurs propriétaires ne se hâtent pas d’améliorer leur performance énergétique.
Bien évaluer la performance des bâtiments
Des dispositions aussi sévères doivent être fondées sur une évaluation indiscutable de la performance des bâtiments. C’est le rôle du diagnostic de performance énergétique (DPE), dont l’administration vient de présenter une nouvelle mouture, désormais opposable. Le logement évalué sera rangé selon ses mérites dans une des sept classes étiquetées de A à G. Une rénovation réussie élève le logement dans l’échelle du DPE et accroît sa valeur sur le marché.
> Lire aussi Logement : le nouveau diagnostic de performance énergétique favorise l’énergie électrique
Chaque classe du DPE est déterminée par deux seuils : l’un pour l’émission de CO2, l’autre pour la consommation d’énergie. C’est l’indicateur CO2 qui mesure la performance climatique puisque le but est de réduire les émissions qui dérèglent le climat. Les classes F et G désignent les « passoires énergétiques » que l’on ne pourra plus louer. En apparence tout est parfait… En apparence seulement.
Car la contrainte CO2 n’existe pas. Le DPE nouveau la « desserre » de 30 % par rapport à l’échelle précédente, qui était déjà bien clémente. Calée sur les émissions des logements chauffés au gaz, elle fait du gaz la référence comme si l’Etat considérait cette énergie fossile comme le compagnon de route préféré du climat. L’indicateur CO2 ne joue pas son rôle, c’est de la poudre aux yeux.
C’est donc la performance énergétique qui continuera à déterminer le classement, et non la performance climatique. Or les deux ne se recouvrent pas. L’économie d’énergie est bien entendu un moyen au service de la réduction des émissions quand il s’agit des énergies fossiles responsables du dérèglement climatique. Mais lorsque l’énergie est décarbonée, elle n’affecte pas le climat. Centrer l’action climatique sur l’économie d’énergie au lieu de la réduction des émissions de CO2, c’est taper sur le mauvais clou.
La règle biaisée de l’énergie « primaire »
Pire, l’étiquette de performance énergétique du DPE est faussée en faveur des énergies fossiles parce qu’elle est mesurée selon la règle de l’énergie « primaire », une astuce bien connue pour pénaliser l’électricité. En effet, la performance énergétique d’un logement chauffé à l’électricité est mesurée en ajoutant à sa consommation réelle, mesurée et facturée, une estimation arbitraire de l’énergie nécessaire pour produire cette électricité.
Alors qu’il est légitime pour l’occupant d’un logement de réguler sa consommation en se fondant sur ce qu’il a réellement consommé et payé, qu’on appelle l’énergie « finale », une règle discrétionnaire lui imposera au contraire la source d’énergie préférée d’un clan politique. Mais si cette règle de l’énergie primaire était utilisée dans les transports, elle bannirait les véhicules électriques.
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Résultat de ces errements : le DPE classe les bâtiments chauffés aux énergies fossiles devant ceux qui sont chauffés à l’électricité. Pourtant, c’est bien l’électricité qui est décarbonée et qu’il faut favoriser. Dès lors, paradoxe ultime, nos propriétaires de logements mal classés dans le DPE parce que chauffés à l’électricité ont un moyen simple d’améliorer leur classement : c’est de passer au gaz ! Voilà comment les émissions de CO2 augmenteront, en dépit des engagements solennels, en dépit de la volonté du Parlement.
Le lobby du gaz
D’où viennent ces erreurs ? Des années 1970 quand le courant écologiste s’est forgé en luttant contre le programme nucléaire. A l’époque, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) n’existait pas, on ne parlait pas du changement climatique. Cinquante ans plus tard, l’aversion pour le nucléaire est demeurée le dogme fondateur du parti Vert, entraînant sa volonté absurde d’interdire le chauffage électrique.
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S’il est salutaire, aujourd’hui enfin, que les forces politiques rivalisent pour défendre le climat, leur inexpérience ne doit pas les conduire à s’aligner sur le programme d’un parti qui ne le défend pas, mais qui, sous prétexte de combattre le lobby nucléaire, se fait manœuvrer par celui du gaz. Curieuse situation française où le président affirme la nécessité du nucléaire tandis que ses ministres de l’énergie disent le contraire.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/04/09/brice-lalonde-centrer-l-action-climatique-sur-l-economie-d-energie-au-lieu-de-la-reduction-des-emissions-de-co2-c-est-taper-sur-le-mauvais-clou_6076230_3232.html>
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7- Quels enseignements tirer de la crise du coronavirus pour le changement climatique ? Entretien avec le climatologue Jean Jouzel, Futura-sciences, 09/04/21
GoodPlanet Mag
Un an après le début de la crise sanitaire du coronavirus, qui a progressivement éclipsé le reste, est-il possible de dresser un parallèle entre la pandémie et le changement climatique ? Que retenir de cette crise afin de lutter plus efficacement contre le plus grand défi auquel l'humanité est confrontée, celui du réchauffement climatique ? Le climatologue Jean Jouzel a pris le temps de nous livrer ses réflexions dans cet entretien.
Tout d’abord, est-il possible de tracer un parallèle entre la lutte contre la pandémie de coronavirus et la lutte contre le réchauffement climatique ?
Jean Jouzel : Avant de faire un parallèle entre les deux crises, il faut comprendre les similitudes dans leurs causes. Même s’il n’existe pas de relations directes bien étayées entre la variation du climat et l’expansion de la pandémie (en dehors des variations saisonnières de cette dernière), il y a deux facteurs communs aux deux crises : la déforestation et la mondialisation.
La déforestation participe au réchauffement en émettant des gaz à effet de serre et en réduisant le stockage naturel du carbone, elle met en contact les êtres humains avec des espèces sauvages favorisant ainsi la transmission des zoonoses. Quant à elle, la mondialisation des échanges accélère la transmission du virus, notamment avec le transport aérien de masse. La mondialisation joue un rôle dans le réchauffement climatique car elle s’appuie sur les règles de l’Organisation mondiale du Commerce qui visent à maximiser les échanges sans tenir compte du réchauffement climatique.
>> Suite à lire à :
<https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/rechauffement-climatique-enseignements-tirer-crise-coronavirus-changement-climatique-entretien-climatologue-jean-jouzel-86678/>
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8- Climat : les fausses promesses des technologies de captage du carbone, Le Monde, 10/04/21, 14h00
Annika Joeres et Suzanne Götze
Pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, l’Union européenne doit réduire drastiquement ses émissions de CO2. Les groupes pétroliers et gaziers mettent en avant le stockage du dioxyde de carbone sous terre. Une solution encore imparfaite qui leur permet pourtant de bénéficier de subsides.
L’usine sidérurgique ArcelorMittal de Dunkerque produit chaque jour assez d’acier pour construire trois tours Eiffel. Ses cathédrales d’acier s’alignent sur plusieurs kilomètres le long de la mer du Nord. Le haut-fourneau, noyau ardent de l’aciérie, brûle vingt-quatre heures sur vingt-quatre depuis près de soixante ans. Aujourd’hui comme hier, c’est avec du charbon que l’on nourrit cette gueule incandescente chauffée à 2 000 degrés. Des pelleteuses géantes entassent soigneusement des briquettes de charbon importées au pied du haut-fourneau. Une usine comme celle de Dunkerque utilise d’énormes quantités de combustible et émet chaque année autant de gaz à effet de serre qu’une grande métropole : quelque 12 millions de tonnes.
La neutralité carbone d’ici à 2050, que l’Union européenne appelle de ses vœux, suppose que les 26 Etats membres (la Pologne refuse pour le moment d’endosser cet objectif) ne rejettent plus de dioxyde de carbone dans l’atmosphère que les puits naturels – forêts, sols… – ou les technologies de stockage ne peuvent en absorber. Dans les trente prochaines années, ce gaz inodore sera catalogué comme déchet dangereux. On n’aura plus le droit d’en émettre, sauf à le mettre au rebut à ses frais. Un problème majeur pour les industries fortement émettrices comme ArcelorMittal.
Henri-Pierre Orsini est un géant d’un 1,90 mètre qui dépasse d’une tête la plupart des ouvriers de l’usine. La tâche qui l’attend n’est pas moins gigantesque : « décarboner » ArcelorMittal, le plus important producteur d’acier brut en Europe et en Amérique. Henri-Pierre Orsini, chargé de la feuille de route décarbonisation d’ArcelorMittal, ne laisse pas de s’étonner que l’on s’intéresse autant au dioxyde de carbone. C’est contre un autre gaz, le monoxyde de carbone, que lui et ses collègues se battent depuis des décennies. Libéré lors de la production d’acier si l’apport d’oxygène est insuffisant, inodore, il asphyxie imperceptiblement ceux qui le respirent. Tous les ouvriers métallurgistes de Dunkerque portent au revers de leur blouse un détecteur de monoxyde de carbone. « Les temps changent », ironise Henri-Pierre Orsini, qui doit aujourd’hui se soucier du dioxyde de carbone ignoré jadis puisque jugé sans danger.
« Hauts-fourneaux verts »
« Pour l’instant, notre industrie ne peut pas se passer de charbon », admet-il. Si l’on veut qu’un jour la production d’acier soit neutre en carbone, il faut capter le gaz à effet de serre à la source, dans le haut-fourneau où l’on fait fondre le minerai de fer. Cette technologie s’appelle le captage et stockage de CO2 (« CCS » en anglais). Au lieu de rejeter dans l’atmosphère d’énormes quantités de gaz néfastes pour l’environnement, on les capte à la source pour les stocker ensuite sous terre, et donc les extraire du cycle naturel. ArcelorMittal se doterait ainsi, selon l’expression de son directeur, de « hauts-fourneaux verts ».
> Lire aussi ArcelorMittal équipe son aciérie de Dunkerque d’un système de captage-stockage de CO2
Ce processus, a priori crédible, s’avère techniquement complexe, risqué et très gourmand en énergie. Il faut tout d’abord séparer le CO2 à la source, lors de la combustion dans les hauts-fourneaux, raffineries et cimenteries. Le procédé le plus couramment employé consiste à séparer le gaz à effet de serre des autres gaz à l’aide d’un solvant. Il est ensuite comprimé jusqu’à devenir quasiment liquide, donc moins volumineux, puis transporté dans des canalisations jusqu’au lieu de stockage définitif. On peut le séquestrer dans des gisements sous-marins d’hydrocarbures épuisés ou encore sous terre, dans des veines de charbon. Mais l’opération est très énergivore. Une centrale électrique au charbon qui utiliserait la technique du CCS consommerait 40 % d’énergie en plus pour le seul captage de ses gaz à effet de serre.
Pour mettre en œuvre le CCS, ArcelorMittal Dunkerque va construire deux tours de 24 mètres de haut dans lesquelles le dioxyde de carbone sera séparé des autres gaz à l’aide d’un solvant, puis liquéfié. L’Union européenne (UE) prend en charge les trois quarts du coût de ce projet pilote, auquel Total participe aussi financièrement. Vers quelle destination le CO2 une fois isolé et comprimé sera-t-il transporté ? Henri-Pierre Orsini l’ignore encore. « Nous l’acheminerons peut-être par bateau ou nous construirons des gazoducs », avance-t-il d’un haussement d’épaules. Une chose est sûre : il faudra stocker quelque part ces millions de tonnes de dioxyde de carbone. Or, pour l’instant, il n’existe en Europe aucun site de stockage permanent.
L’échec du galop d’essai
Le stockage du CO2 affiche pour l’instant un bilan bien maigre. Certes, 18 projets de CCS ont vu le jour à travers le monde, élaborés principalement par des compagnies pétrolières américaines. Mais en Europe, toutes les tentatives pour séparer et séquestrer le gaz indésirable ont jusqu’ici échoué. Pourtant, depuis 2009, Bruxelles a investi près de 1 milliard d’euros dans des projets de CCS. Cet argent est allé à des entreprises du secteur énergétique telles qu’Alstom (France), ENEL (Italie) et Vattenfall (Suède), mais toutes ont jeté l’éponge, en raison du coût des projets ou d’oppositions locales.
> Lire aussi : Stockage de CO2 : un projet phare abandonné en Norvège"
« Nous ne soutiendrons plus financièrement le CCS pour les centrales à charbon », nous assure Artur Runge-Metzger, de la direction générale de l’action pour le climat à la Commission de Bruxelles. Aujourd’hui, l’UE subventionne les technologies CCS principalement pour l’industrie du ciment ou de l’acier. « Pour ces industries, le captage et stockage du CO2 est l’ultime espoir d’atteindre la neutralité carbone en 2050, comme le préconise l’accord de Paris sur le climat », précise Artur Runge-Metzger.
La Commission européenne préfère garder le silence sur l’échec de ce galop d’essai du CCS. Elle refuse de publier la candidature et le rapport final de chaque entreprise concernée – bien que le contribuable européen ait investi dans ces projets des centaines de millions d’euros. Officiellement, ces documents contenaient des stratégies entrepreneuriales et des détails techniques ne pouvant être divulgués. Les entreprises ne sont pas davantage disposées à s’exprimer sur ce gaspillage de l’argent public.
Le lobbying du captage de CO2
La Cour européenne de justice pointe elle aussi ce coût exorbitant et conclut : « L’objectif de tester de nouvelles technologies n’a pas été atteint. Aucun des programmes CCS n’a abouti. » Mais en dépit de l’argent déjà englouti dans ces programmes, la Commission prévoit de puiser de nouveau dans son fonds, riche de plusieurs milliards d’euros, pour attribuer des subventions pour le développement de la technologie CCS. ArcelorMittal fait partie des bénéficiaires.
> Lire aussi Pourquoi les projets de captage de CO2 ont été abandonnés en Europe
Des documents internes de la Commission européenne que Le Monde a pu consulter révèlent que le lobby pétrolier et gazier est celui qui s’active le plus en faveur du CCS. Des représentants de sociétés pétrolières telles qu’Exxon et Shell, ainsi que leur groupe de pression, l’Association internationale des producteurs de pétrole et de gaz (IOGP), travaillent depuis des années à promouvoir cette technologie à travers l’Europe. Des hauts représentants de la Commission se sont réunis sept fois, durant les six premiers mois de 2020, pour préconiser des subventions. Et le CCS est mis en avant dans maintes conversations informelles – ce qui a porté ses fruits. Après une réunion en face à face avec des dirigeants d’Exxon, le 21 novembre 2019, Clara De La Torre, directrice générale adjointe de la direction générale de l’action pour le climat, exprime de « forts encouragements » à reconnaître l’importance du CCS, dans un compte rendu que Le Monde a pu consulter. Dans cette entrevue avec la multinationale, Mme De La Torre fait référence au « fonds d’innovation », un ambitieux programme de subventions de l’UE. « Vous [Exxon] connaissez très bien le fonds d’innovation », écrit-elle.
Le lobbying sur le CCS existe aussi en France. Tous les gros émetteurs de dioxyde de carbone sont représentés au sein de l’association Club CO2, d’ArcelorMittal à Engie en passant par Lafarge. Des instituts de recherche français y sont également impliqués. Fondée en 2002, à l’initiative de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), l’association est devenue de plus en plus active ces dernières années. Son objectif : « Contribuer au développement des technologies de captage, stockage et valorisation du CO2 et proposer des recommandations à destination des pouvoirs publics français. »
Récolter des fonds publics
Depuis le Grenelle de l’environnement de 2007-2008 et une loi de 2011, le CCS est officiellement autorisé en France – ce qui n’est pas le cas en Allemagne, par exemple. Le Club CO2 s’emploie à promouvoir cette technologie comme solution à la crise climatique. Il organise des conférences, où les grands producteurs industriels font l’éloge de ces technologies.
Pour nombre d’acteurs luttant contre le lobbying, comme l’ONG Corporate Europe Observatory (CEO), le CCS figure désormais en première place dans les priorités des grands groupes industriels. C’est le domaine où il y a le plus de fonds publics à récolter. En outre, avec le CCS, l’exploitation du gaz et du pétrole a une chance de perdurer. Selon le CEO, l’un des plus gros lobbyistes est la compagnie pétrolière néerlandaise Shell. Une étude américaine publiée dans Climatic Change démontre qu’elle figure historiquement parmi les 10 premiers émetteurs de CO2au monde. Dans sa stratégie climatique actuelle, la multinationale promet d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Tout en prévoyant parallèlement un grand nombre de nouveaux forages pétroliers.
L’Etat norvégien a décidé, le 12 décembre, d’accorder un financement de plus de 2,5 milliards d’euros à un consortium regroupant les compagnies pétrolières Equinor, Shell et Total pour développer un vaste projet commercial de CCS, le premier en Europe. Les travaux de construction devraient démarrer au premier semestre 2021.
Les Norvégiens veulent stocker le CO2 européen dans des réservoirs sous-marins. Le site de stockage idéal serait celui d’Oygarden, un archipel de 450 îles sur la côte ouest du royaume. La Norvège y a découvert, il y a cinquante ans, d’énormes réserves de pétrole et de gaz qui ont assuré sa fortune du jour au lendemain. Elle compte encore parmi les pays les plus riches du monde.
« Comme une entreprise de collecte des ordures »
Depuis la côte, on entend dans le ciel le ballet des hélicoptères en provenance de l’aéroport de Bergen, la ville la plus proche, transportant les ouvriers sur les plates-formes pétrolières et gazières offshore. Sverre Overa désigne d’un geste des docks abandonnés. Quand il parle, ces austères quais de béton se transforment en un complexe industriel de pointe, puis les sapins qui se dressent sur le littoral font place à des réservoirs de stockage de CO2. Pour un peu, on entendrait au loin la sirène des navires acheminant jusqu’à la côte ouest de la Norvège le dioxyde de carbone en provenance de toute l’Europe.
L’idée de l’employeur de Sverre Overa, la compagnie pétrolière Equinor, est audacieuse : faire partir de ces docks un pipeline de 80 kilomètres de long vers le large – jusqu’à la formation rocheuse sous-marine dite de Johansen, d’un volume de 590 km3, plus de six fois le lac Léman. A 3 kilomètres de profondeur, Equinor espère stocker chaque année 100 mégatonnes de CO₂ d’ici à 2050, soit environ un quart des émissions de gaz à effet de serre de la France. « Nous travaillons comme une entreprise de collecte des ordures, explique Sverre Overa, qui dirige le projet de stockage de CO2 baptisé “Northern Lights” (“aurores boréales”). Nous proposons à l’Europe un service de collecte pour résoudre son problème de CO2. Après tout, les gens ne jettent pas non plus leurs ordures ménagères dans leur jardin. »
Sverre Overa a les cheveux gris et la soixantaine sereine. Ce Norvégien se considère volontiers comme un visionnaire défendant des idées que d’autres jugent aberrantes. C’est ainsi que l’on qualifiait le stockage de carbone il y a encore quelques années. Entre-temps, ses idées novatrices ont progressé. Dans quatre ans, ces docks sans prétention pourraient devenir le plus grand centre de transbordement de CO₂ d’Europe. Afin de collecter les émissions des cimenteries, des usines d’incinération de déchets, des raffineries, des aciéries, Equinor construira deux navires pouvant transporter du gaz liquéfié. « Ils iront charger du CO₂ dans les ports d’Europe du Nord – Oslo, Helsinki, Hambourg, par exemple – exactement comme on fait avec les déchets industriels. Une fois pleins, les navires retourneront à Oygarden », explique le directeur de Northern Lights.
Retarder le démantèlement des plates-formes de forage
« Nous sommes constamment sollicités par des entreprises industrielles, assure Sverre Overa. Elles veulent savoir ce que coûtera ce “service de collecte” et quand il sera opérationnel. Une phase de test de plusieurs années démarra en 2024, après quoi nous pourrons séquestrer des quantités de plus en plus importantes de carbone. Oygarden deviendra la capitale européenne du CCS. » C’est du moins son espoir.
ArcelorMittal n’est pas encore sur la liste de ce projet norvégien. Y figurent en revanche HeidelbergCement, l’un des mastodontes allemands de la production de béton, et une société norvégienne d’incinération de déchets. Ils seront les premiers clients à tester le procédé. Outre la Norvège, les Pays-Bas font partie des pays d’Europe les plus intéressés par l’exploitation commerciale de cette technologie.
Shell est partie prenante de Northern Lights, mais aussi du projet CCS dit « Porthos », qui doit voir le jour dans le port de Rotterdam. Pour l’heure, c’est le seul projet européen de cette filière en dehors de celui de la Norvège : le CO₂ émanant des raffineries des géants pétroliers et gaziers ExxonMobil, Shell, Air liquide et Air Products doit être pompé vers la presqu’île située au bout du port, puis comprimé et injecté dans un gisement de gaz épuisé situé à 3 kilomètres de profondeur. Selon le think tank néerlandais CATO, le CCS a un double avantage pour les entreprises. Il leur permet non seulement de se débarrasser de leurs déchets carbone, mais aussi d’utiliser leurs plates-formes de forage et l’ensemble de leur infrastructure pendant quelques décennies encore, remettant ainsi à plus tard l’obligation de démantèlement et de restauration des sites.
Le pipeline et le compresseur destinés au projet Porthos devraient coûter 500 millions d’euros. Fin 2023, le CO₂ émis par les compagnies pétrolières et gazières est censé disparaître en un clin d’œil ! Le port de Rotterdam appartenant à l’Etat néerlandais, l’argent des contribuables financera partiellement ce test CCS.
Des quotas d’émissions inadaptés
« Nous sommes submergés par les demandes, claironne le directeur du port, Wim van Lieshout. Toutes les entreprises veulent stocker leur CO₂ chez nous. » Et d’ajouter en riant : « Nous n’avons jamais été aussi courtisés. » Une quinzaine de sociétés des quatre coins de l’Europe seraient sur les rangs. Mais pour l’instant, l’entreprise publique qu’est le port de Rotterdam – dans laquelle la ville et l’Etat néerlandais sont financièrement engagés – manque d’espace de stockage pour d’autres clients. Seul un dixième des quantités de CO2 émises par les sociétés installées dans le port peut être injecté dans le gisement de gaz, soit 2,5 mégatonnes par an. A ce rythme, le gisement sera plein en 2037.
Porthos est lui aussi en phase de test. Et jusqu’à présent, tous les projets de CCS en Europe ont échoué, essentiellement à cause de la méfiance des citoyens et de leur coût. Car si la construction des installations est onéreuse, leur fonctionnement ne l’est pas moins.
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La rentabilité du stockage du CO2 dépend en partie du dispositif européen d’échange de quotas d’émissions. Depuis une quinzaine d’années, les raffineries de pétrole, les aciéries et les installations de production de fer, d’aluminium, de métaux et de ciment doivent acheter des quotas d’émissions de CO2. Lors de la mise en place du dispositif des quotas en 2005, la plupart des entreprises ont obtenu un trop grand nombre de quotas – qui plus est gratuitement. En conséquence de quoi, les échanges d’émissions coûtaient très peu cher. Depuis, le tarif est monté à 30 euros la tonne, mais demeure trop bas. Dans les projets comme ceux de Northern Lights en Norvège ou du port de Rotterdam, le coût du captage et stockage du CO₂ est estimé à 100 euros la tonne. Pour rentabiliser le recours à cette technologie, il faudrait que, dans l’échange de quotas d’émissions, la tonne de CO₂ n’affiche pas un tel différentiel de prix (70 euros aujourd’hui).
« Des milliers de kilomètres de gazoducs »
Ajoutons à cela le coût des aides aux entreprises souhaitant passer au CCS, et celui de la construction des infrastructures ad hoc, notamment des gazoducs courant dans toute l’Europe pour acheminer le CO2… Il faudrait en effet installer un réseau à travers l’UE, au cas où les Polonais et les Italiens, par exemple, décideraient d’envoyer leur CO2 en Norvège. Interrogée par Le Monde, la Cour des comptes européenne avoue craindre des difficultés quasi « insurmontables » : les canalisations de transport de CO₂ devraient notamment traverser des milliers de propriétés, avec le risque d’occasionner d’interminables litiges.
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« Pour acheminer le dioxyde de carbone des usines vers les sites de stockage en mer du Nord, il faut installer des milliers de kilomètres de nouveaux gazoducs. C’est une folie », abonde Michael Bloss, eurodéputé Vert, à Bruxelles. Cet homme de 34 ans, élu en 2019, est entré en politique pour empêcher « l’effondrement climatique ». Selon lui, il est plus judicieux de réduire les émissions à la source et de développer des énergies renouvelables et des matériaux de construction alternatifs au ciment et à l’acier. « L’UE surestime toujours les besoins de CCS, de gaz et d’hydrogène. Si on émettait moins de gaz à effet de serre, on aurait moins de CO₂ à capter et à stocker. Nombre de députés utilisent l’alibi du CCS pour faire perdurer les activités liées aux combustibles fossiles de leur pays. »
Pour Michael Bloss, cette technologie a été imaginée par des acteurs industriels qui ont lutté pendant des années contre les mesures de protection du climat et qui y adhèrent aujourd’hui. « La Commission européenne se laisse dicter sa politique climatique par les entreprises », estime-t-il, ajoutant que les discussions visant à désigner les bénéficiaires des subventions reposent souvent sur des études menées par l’industrie.
Les risques du stockage
Dans certains pays comme l’Allemagne, la résistance des citoyens et de certaines ONG, qui mettent en avant les risques du CCS, fait obstacle à son essor. Si le CO2stocké en mer s’échappait à la suite d’un accident, cela risquerait d’engendrer des zones mortes et une forte acidification de l’eau. Dans le cas d’un stockage à terre, des fuites importantes pourraient, à cause d’un important manque d’oxygène, mettre en danger les animaux et les riverains qui inhaleraient du CO2 piégé et concentré.
Autre risque : la pollution des eaux souterraines. Si le CO2 se répand de manière incontrôlable dans le sous-sol, il peut faire migrer la saumure des aquifères salins, la pousser vers la surface et, dans le pire des cas, contaminer l’eau douce.
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Christina Voigt, professeure de droit de l’université d’Oslo, confirme qu’en dépit des affirmations des géologues, le risque zéro n’existe pas : « On imagine aisément ce qui peut se passer si l’installation des gazoducs est bâclée, ou si les formations souterraines sont inadaptées ou en butte au risque sismique. » Dans son bureau, la juriste est assise devant une impressionnante bibliothèque remplie d’ouvrages juridiques et de ses propres publications sur les Cours de justice internationales et les questions environnementales. Elle s’intéresse aux poursuites engagées au niveau mondial contre les violations de la protection de l’environnement.
« Cacher la poussière sous le tapis »
« Quand du dioxyde de carbone est illicitement rejeté dans l’atmosphère, il faut bien que quelqu’un en assume la responsabilité », argumente la juriste. La problématique se posera de la même façon pour le captage et le stockage du CO2. Les négociations climatiques dans le cadre du suivi de l’accord de Paris sur le climat pourraient prochainement donner à la technologie CCS un élan décisif. « Il est possible que les droits d’émissions liés au CCS soient bientôt vendus et échangés, comme c’est le cas pour les quotas d’émissions de l’UE. » La Commission européenne travaille sur une réglementation des allocations de quotas pour le CCS, confirme une porte-parole.
> Lire aussi Le Canada joue les pionniers dans la capture et le stockage du CO2
La perspective d’échanges de quotas de CCS à l’échelle planétaire inquiète Christina Voigt : « Un quota d’une tonne de CO₂ capturée se vendra facilement en Bourse, mais personne ne peut garantir que ce dioxyde de carbone restera vraiment dans le sol. » Des pays comme la Chine, le Brésil ou le Pakistan pourraient lancer des opérations de CCS sans se soucier de normes de sécurité internationales.
Avec le CCS, la responsabilité du contribuable est engagée du début à la fin du processus : « D’abord, il subventionne les entreprises qui mettent en œuvre cette technologie et en tirent profit et, in fine, c’est aussi l’Etat qui sera tenu pour responsable des accidents ou des fuites, jusqu’à la fin des temps », pointe Christina Voigt.
Mais en dépit de toutes ses réticences, Christina Voigt ne rejette pas complètement le stockage du CO2 et elle espère – même si elle le dit avec quelque hésitation – que le projet Northern Lights verra le jour. « Nous n’avons tout simplement plus de temps à perdre. Il faut tout essayer pour éviter que la teneur en CO2 dans l’atmosphère ne continue de grimper, confie-t-elle. Le CCS n’est sans doute qu’un alibi et une façon de cacher la poussière sous le tapis. Mais dans le contexte de la crise climatique, c’est un moindre mal. » – (Traduit de l’allemand par Dominique Kugler.)
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/04/10/climat-les-fausses-promesses-des-technologies-de-captage-du-carbone_6076305_1652612.html>
Sur le même sujet :
> Billet de blog. « Paroles de lecteurs » - Stockage du CO2 : ne pas opposer deux stratégies complémentaires, Le Monde, 19/04/21, 12h09
Antoine Levesque, Berlin (Allemagne)
« Il ne s’agit en aucun cas d’opposer une stratégie basée sur la baisse des émissions à une autre basée sur la capture et le stockage du CO2. Les deux stratégies sont complémentaires et nécessaires », affirme Antoine Levesque, en réaction à une tribune sur les technologies de capture et de stockage du gaz carbonique parue dans « Le Monde ».
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2021/04/19/paroles-de-lecteurs-stockage-du-co2-ne-pas-opposer-deux-strategies-complementaires_6077292_5334984.html
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9- Climat : est-il déjà trop tard pour limiter le réchauffement à 1,5° C ?, Usbek & Rica, 10/04/21
Pablo Maillé
L’Académie des sciences australienne a publié en mars un rapport sur le dérèglement climatique, estimant que l’objectif de limitation du réchauffement global à 1,5° C était d’ores et déjà « pratiquement impossible » à atteindre. Mais le constat fait débat au sein de la communauté scientifique.
De moins en moins d’espèces d’oiseaux, de plus en plus de feux de forêt, des rivières asséchées, et des centaines de milliers de foyers exposés à des inondations côtières. Voilà les grandes lignes du scénario dessiné pour les prochaines décennies par l’Académie des sciences australienne dans son dernier rapport, publié à la toute fin du mois de mars 2021 sur son site officiel. À la fois très alarmiste et peu surprenant, celui-ci prend le temps de détailler, sur une centaine de pages, les risques systémiques associés à un niveau de réchauffement climatique global qui serait de l’ordre de 3° C par rapport à l’ère pré-industrielle.
Dans l’introduction de son rapport, l’Académie des sciences australienne rappelle en effet que ce scénario à 3° C correspond à certaines des projections les plus pessimistes du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) mais aussi « à la moyenne de l’augmentation de température prévue d’ici 2100 (2,7 à 3,1°C) si les politiques climatiques planétaires actuelles se poursuivent ». D’où la nécessité d’alerter, selon ces chercheurs, sur de tels risques.
>> Suite à lire à :
<https://usbeketrica.com/fr/article/climat-est-il-deja-trop-tard-pour-limiter-le-rechauffement-a-1-5-c>
En savoir plus :
> The risks to Australia of a 3°C warmer world <https://www.science.org.au/supporting-science/science-policy-and-analysis/reports-and-publications/risks-australia-three-degrees-c-warmer-world>, Australian Academy of Science, March 2021
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10- Lutte contre le changement climatique : comment la gestion de crise peut nous aider, The Conversation, 11/04/21, 18:48
Par Thierry Libaert, Professeur en science de l’information et de la communication, Université catholique de Louvain & Christophe Roux-Dufort, Associate professor, Université Laval
En 2020, l’anniversaire des cinq ans de l’accord de Paris aura été l’occasion de constater l’insuffisance des actions initiées pour lutter contre le réchauffement climatique. Toutes les voix se font entendre dans une surenchère de désolation ; on se réjouirait presque que la Covid-19 ait réussi, là où nous avons échoué, à réduire de 7 % en 2020 les émissions mondiales de gaz à effet de serre !
Quant à la « bonne nouvelle » du retour des États-Unis dans l’accord de Paris, elle se fracasse elle aussi au mur du réel : non seulement la prise de conscience du dérèglement climatique n’a que peu évolué, non seulement nos pratiques environnementales ne progressent pas suffisamment, et sur un certain nombre de comportements – comme la considération des produits d’emballage, la mise en veille des appareils électriques ou les transports en commun –, elles auraient même tendance à décroître.
Au moment où les enjeux environnementaux deviennent de plus en plus pressants, il peut être intéressant d’interroger ces blocages.
Alors que ce qui pouvait être perçu il y a encore quelques années comme un simple « réchauffement » s’apparente de plus en plus à une réelle « crise climatique », un rappel de quelques principes fondamentaux en matière de gestion de crise peut se révéler bien utile.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/lutte-contre-le-changement-climatique-comment-la-gestion-de-crise-peut-nous-aider-158043>
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11- Emissions de CO2 : comment les champs peuvent permettre de lutter contre le changement climatique, Le JDD, 12/04/21, 08h00
Marianne Enault
Selon une étude, les terres agricoles, les prairies et les forêts françaises peuvent davantage lutter contre le changement climatique.
Des haies, des prairies et des terres agricoles jamais nues. Voilà à quoi devraient ressembler les bocages français pour mieux lutter contre le changement climatique. C'est la conclusion d'une étude menée par l'Institut national de recherche agronomique (Inrae) à la demande du ministère de l'Agriculture et de l'Ademe, à paraître en juin et dont le JDD dévoile les grandes lignes. "Si on met en œuvre des pratiques agricoles et forestières vertueuses, explique l'un de ses auteurs Sylvain Pellerin, on peut stocker quelque 8,5 millions de tonnes de CO2 par an à l'échelle du territoire français. On compenserait ainsi 6,6% de nos émissions grâce à ces solutions fondées sur la nature."
Concrètement, il s'agit d'augmenter le stockage du carbone dans la terre grâce à la photosynthèse des plantes. "Si un sol est couvert en permanence, ses capacités de stockage augmentent, détaille le chercheur. Planter par exemple des cultures intermédiaires entre deux récoltes permet de capter 2,019 millions de tonnes supplémentaires de carbone par an." Toutes les pratiques issues de l'agroforesterie sont également utiles : dresser des rangées d'arbres dans les parcelles de grande culture, installer des haies, enherber les vignes et les vergers pour ne pas laisser le sol nu entre les rangs.
Si l'étude analyse le stockage de carbone dans les champs, les forêts et les prairies, c'est dans l'agriculture que se situe la plus grande marge de progression. "Le potentiel se trouve surtout en grande culture, confirme Sylvain Pellerin. C'est lié au fait que les stocks de carbone y sont initialement plus bas qu'en prairie ou en forêt. L'enjeu pour celles-ci est de préserver les capacités de stockage existantes."
L'initiative "4 pour 1.000"
Toutes ces méthodes ont évidemment un prix, évalué dans l'étude de l'Inrae. "La plupart vont coûter de l'argent à l'agriculteur, reconnaît le chercheur. Pour une culture intermédiaire, il va devoir acheter les semences, les planter puis détruire la culture sans aucun revenu. Mais in fine le prix n'est pas si élevé quand on le compare au coût d'atténuation dans les autres secteurs de l'économie. Le coût par tonne de CO2 est moins élevé en agriculture que pour l'isolation des bâtiments par exemple."
A l'échelle de la planète, 9,4 milliards de tonnes de carbone sont émises chaque année dans l'atmosphère du fait de l'usage des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), auxquelles s'ajoutent 1,5 milliard de tonnes dues à la déforestation. Sur ce total, 3,2 milliards de tonnes sont recaptées par les écosystèmes terrestres et 2,4 milliards par les écosystèmes marins. La différence - 4,7 milliards de tonnes - reste dans l'atmosphère et s'y accumule d'année en année. Selon l'initiative "4 pour 1.000", lancée par la France à l'époque de l'accord de Paris, si l'on augmentait la matière organique des sols agricoles chaque année de 4 grammes pour 1.000 grammes de CO2, l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre produits par la planète en un an seraient compensées.
"En France, ça ne permettrait de compenser que 10% de nos émissions, relativise Sylvain Pellerin, car nous sommes un grand pays industriel. Stocker du carbone dans nos sols ne peut être qu'un complément à un effort de réduction plus vaste de nos émissions pour atteindre la neutralité carbone en 2050. C'est un levier qu'il ne faut pas négliger mais ce n'est pas une solution miracle."
<https://www.lejdd.fr/Societe/emissions-de-co2-comment-les-champs-peuvent-permettre-de-lutter-contre-le-changement-climatique-4037784>
En savoir plus :
> Bienvenue sur le site de l’initiative internationale "4 pour 1000" lancée par la France lors de la COP 21 <https://www.4p1000.org/fr>, 01/12/15
> Stocker 4 pour 1000 de carbone dans les sols : le potentiel en France <https://www.inrae.fr/actualites/stocker-4-1000-carbone-sols-potentiel-france>, INRAE, 13/06/19
> Lancement de la première étude « 4 pour 1000 » pour l’outre-mer <https://www.inrae.fr/actualites/lancement-premiere-etude-4-1000-loutre-mer-0>, INRAE, 16/11/20
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12- Les posidonies, ces plantes à fleurs aquatiques qui digèrent le carbone, Le JDD, 12/04/21, 08h00
Marianne Enault
Dans les Calanques, les herbiers sous-marins sont capables de stocker jusqu'à sept fois plus de CO2 qu'une forêt.
Sous l'eau, ils apparaissent tels des buissons sous-marins. Certains les prennent, à tort, pour des algues. Les herbiers de posidonies, une espèce de plantes à fleurs aquatiques, constituent l'écosystème majeur de la Méditerranée. Au cœur de ces tiges viennent se nicher animaux et végétaux. "Mais ces herbiers possèdent aussi une formidable capacité de stockage de carbone, décrit François Bland, directeur du parc national des Calanques. Un hectare de posidonies séquestre 1.500 tonnes de carbone, c'est cinq fois plus qu'un hectare de forêt tropicale et sept fois plus qu'un hectare de forêt tempérée !"
> Lire aussi - Emissions de CO2 : comment les champs peuvent permettre de lutter contre le changement climatique
Des ancrages écologiques
Dans les Calanques, la plante endémique couvre 1.800 hectares. Le potentiel est vaste. Problème : l'herbier régresse d'environ 1,5% par an. Principale menace ? Les ancres de mouillage des bateaux, kilos de métal lâchés sur les buissons. Pour y remédier, le parc a lancé le projet Prométhée-Med. "Il s'agit d'instaurer une réglementation pour que les bateaux s'arrêtent dans des zones sableuses uniquement, détaille son directeur. Quand ce n'est pas possible, il faut installer des bouées de mouillage avec des ancrages écologiques."
Pour financer ces installations, le parc cherche à obtenir le label bas-carbone du ministère de la Transition écologique : des entreprises désireuses de réduire leurs émissions de CO2 financent des projets locaux. A Marseille, Schneider Electric et Interxion France sont impliqués dans ce projet qui pourrait être labellisé début 2022. Et servir d'exemple ensuite pour tout le pourtour méditerranéen.
<https://www.lejdd.fr/Societe/plantes-a-fleurs-aquatiques-4037786>
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13- Le réchauffement climatique va accentuer les effets du gel dans l’agriculture, Reporterre, 12/04/21, 10h32
Laury-Anne Cholez
Après une semaine de fortes gelées printanières, le régime de calamité agricole a été activé. La viticulture et l’arboriculture sont particulièrement touchées par cet épisode météorologique extrême, dont les effets sont accentués par le réchauffement climatique.
Ils ont brûlé des bottes de paille, fait flamber des bougies, installé des éoliennes ou même survolé leur vignoble avec des hélicoptères... Depuis une semaine, les agriculteurs tentent de sauver leurs récoltes des fortes gelées printanières qui sévissent dans toute la France. Le thermomètre est encore descendu sous la barre de zéro degré dans la nuit du dimanche 11 avril.
L’ensemble du territoire est touché, des vignobles du Chablis aux arboriculteurs de la Drôme en passant par les champs de colza et les semis de betteraves. Le comité national des interprofessions des vins à appellation d’origine et à indication géographique (CNIV), estime que 80 % du vignoble français a été touché et évoque une semaine « noire ».
Les Confédérations paysannes de la Drôme et de l’Ardèche expriment « leur solidarité avec les paysannes et les paysans qui ont perdu en une nuit des mois de travail et d’investissement, principalement en vignes et en arboriculture où les productions d’abricots, de kiwis, de cerises sont notamment très fortement impactées ». Le syndicat FNSEA parle de gelées « destructrices » et réclame le soutien des pouvoirs publics.
>> Suite à lire à :
<https://reporterre.net/Le-rechauffement-climatique-va-accentuer-les-effets-du-gel-dans-l-agriculture>
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14- Retour sur l’Affaire du siècle : quand la justice climatique bouscule la division droit public-droit privé, The Conversation, 12/04/21, 22:34
Jean-Michel Do Carmo Silva, Professeur de droit, Grenoble École de Management (GEM)
Le 3 février dernier, la décision du tribunal administratif de Paris, qui a reconnu l’existence d’un préjudice écologique lié au changement climatique dans le cadre de l’Affaire du siècle, a fait grand bruit en France.
À la suite du rejet par l’État français de demandes d’indemnisation, l’association Oxfam France, l’association Notre affaire à tous, la Fondation pour la nature et l’Homme et l’ONG Greenpeace France ont agi en justice afin de voir engagée la responsabilité de l’État pour les « carences fautives » de sa politique en matière de réduction de gaz à effet de serre (GES).
Le tribunal a fait droit à une partie de cette demande en jugeant l’État responsable, mais sans accorder une réparation pécuniaire, préférant exiger un supplément d’information pour déterminer les mesures propres à dédommager en nature le préjudice écologique.
>> Suite à lire à :
<https://theconversation.com/retour-sur-laffaire-du-siecle-quand-la-justice-climatique-bouscule-la-division-droit-public-droit-prive-157723>
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15- Ils plongent sous le « glacier de la fin du monde » et reviennent avec des nouvelles inquiétantes, Futura-sciences, 12/04/21
Nathalie Mayer, journaliste
Depuis quelques années maintenant, les chercheurs reconnaissent le glacier Thwaites, situé dans l'ouest de l'Antarctique, comme l'un des plus sensibles au réchauffement climatique anthropique. Et de nouveaux travaux pourraient justifier encore un peu plus son surnom de « glacier de la fin du monde ». En plongeant -- virtuellement -- pour la première fois sous le glacier Thwaites, des chercheurs ont en effet découvert des courants d'eau chaude qui semblent menacer les piliers sur lesquels il repose.
Catastrophique. Apocalyptique. Ou encore « jour du jugement dernier ». « Jour de la fin du monde ». Ce sont quelques-unes des traductions possibles pour le terme « doomsday » employé par les anglophones pour qualifier le glacier Thwaites. C'est un glacier de l'inlandsis de l'ouest de l'Antarctique. Et ce surnom, il le doit à sa taille impressionnante. Près de 200.000 km2 -- c'est le tiers de la superficie de la France. Mais surtout au fait que depuis quelques années, il compte pour une part importante -- un tiers en 2012 -- de la masse de glace perdue du côté de la baie de l'île du Pin qui s'ouvre sur la mer d'Amundsen.
>> Suite à lire à :
<https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/antarctique-ils-plongent-sous-glacier-fin-monde-reviennent-nouvelles-inquietantes-86759>
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16- Après le gel, viticulteurs et arboriculteurs demandent le soutien du gouvernement, Le Monde, 13/04/21, 08h28
Laurence Girard
Hormis quelques exceptions, toutes les régions viticoles, du Val de Loire à la Provence, du Beaujolais à la Corse, de la vallée du Rhône au Languedoc, en passant par le Bordelais et la Bourgogne, examinent les plaies laissées par le froid.
Il y a toujours des chanceux. Jean-Marie Fabre estime en faire partie. Ce vigneron, dont les parcelles s’étagent sur la commune de Fitou (Aude), a, comme des dizaines de milliers de collègues, senti le vent glacial du boulet, mais, pour l’heure, les dégâts dus au gel sont limités. « J’évalue mes pertes potentielles à 15 %,affirme M. Fabre, président des Vignerons indépendants. Une partie de mes vignes touche la Méditerranée et là, les températures sont restées positives. D’autres sont à 200 mètres d’altitude et ont bénéficié d’un courant d’air chaud. Seules deux parcelles situées dans un bas-fond ont gelé. »
Pour d’autres, la morsure du froid polaire qui a envahi une bonne partie du territoire national, pendant trois nuits sombres, entre le lundi 5 avril au soir et le jeudi 8 au matin, a été plus vive. « Nous avons subi des températures de − 6 °C, voire − 7 °C, ce qui est très rare. Nous avons dix hectares de vigne, dont la moitié en blancs. Nous escomptons une demi-récolte sur les cépages blancs, qui étaient beaucoup plus en avance », raconte Thiébault Huber, vigneron à Meursault, en côte de Beaune et président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB).
> Lire aussi Episode de gel : « Quand le vin s’enrhume en Gironde, ce n’est pas bon »
Même s’il est difficile d’établir un bilan de cette vague de gel, tous s’accordent à dire que le prix à payer sera lourd pour les viticulteurs, en première ligne. C’est ce que leurs représentants, et ceux des arboriculteurs, aussi touchés, sont allés rappeler, lundi 12 avril, à Julien Denormandie, le ministre de l’agriculture, lors d’une réunion de travail. C’est « probablement la plus grande catastrophe agronomique de ce début de XXIe siècle », a déclaré lundi sour ce dernier sur le plateau d’« Audition Publique » (LCP-Public Sénat-Le Figaro).
Peu de vignobles ont échappé à cet aléa météorologique. Parmi les rescapés, on peut citer l’Alsace, une bonne partie de la Champagne et la région de Cognac. « En Charente, le cépage ugni blanc utilisé pour le cognac est plus tardif. Il reste des bourgeons qui n’ont pas poussé », souligne Daniel Sauvaitre, arboriculteur mais aussi viticulteur en Charente.
« Le spectacle du gel est violent »
Hormis donc ces exceptions, toutes les régions viticoles, du Val de Loire à la Provence, du Beaujolais à la Corse, de la vallée du Rhône au Languedoc en passant par le Bordelais et la Bourgogne, examinent les plaies laissées par le froid. « En Languedoc, nous estimons la perte de récolte à 50 % pour les vins de pays IGP[indication géographique protégée], qui représentent à eux seuls 10 millions d’hectolitres sur les 12 millions produits dans la région. Pour les vins d’appellation AOC [appellation d’origine contrôlée], la perte pourrait avoisiner les 30 % à 40 % », affirme Miren de Lorgeril, présidente du Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL), qui ajoute : « Les gels de printemps ont toujours existé, d’ailleurs les saints de glace font peur en mai, mais ce qui est différent cette année, c’est l’épisode de chaleur qui a précédé et a fait exploser la végétation. »
> Lire aussi Comment explique-t-on les variations brutales de température en ce début de printemps ?
Bernard Farges, président du Comité interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), se refuse, pour sa part, à chiffrer aujourd’hui d’éventuelles pertes de potentiel de production, jugeant l’exercice trop aléatoire. Mais il reconnaît que « le spectacle du gel est violent pour les viticulteurs, c’est rude, d’autant que cet épisode se rajoute à une conjoncture difficile ».
La viticulture française navigue, en effet, depuis près de deux ans, en mer agitée. Les taxes imposées aux vins français par Donald Trump ont réduit le flux des exportations vers les Etats-Unis. Puis la pandémie de Covid-19, avec son cortège de fermeture des bars, des restaurants, d’annulation d’événements, de coup d’arrêt du tourisme, a fait plonger les ventes. Au point qu’en 2020, la question était d’alléger les stocks. Finalement, 155 millions d’euros ont été octroyés pour distiller 2 millions d’hectolitres de vin en alcool blanc.
Cahier de doléances
Lundi 12 avril, les représentants des vignerons ont rappelé à Julien Denormandie que l’enjeu se situe pour eux en 2022, après les vendange, quand ils espèrent bénéficier d’un rebond d’activité à la sortie de la pandémie. Ils demandent une année blanche de cotisations sociales sur les charges patronales et d’exploitants, un report d’un an des échéances d’emprunt bancaire sans frais, une compensation des pertes de revenu, sans oublier un allongement de la durée de remboursement des prêts garantis par l’Etat (PGE). « Le PGE a permis d’éteindre l’incendie du Covid-19 en 2020, c’était très bien, mais si nous devons le rembourser sur cinq ans, ce sera la mort des entreprises », lance M. Farges. « Il faut aussi travailler sur le problème du fermage. Avec la spéculation foncière, les vignerons ne sont plus propriétaires des terres et les loyers sont indexés sur les cours du vin. Quand il y a moins de raisins, les cours montent et les loyers augmentent »,explique M. Huber.
> Lire aussi Patates pourries et opérations escargots : les agriculteurs manifestent contre la réforme de la PAC
Les arboriculteurs ont eux aussi présenté leur cahier de doléances au ministre, même s’ils n’étaient pas en mesure d’évaluer les dommages. Sachant que les abricotiers sont les plus touchés. Ils souhaitent un report des annuités bancaires sur cinq ans sans frais, un accès au PGE au-delà de la date limite fixée à juin 2021, une prise en charge des cotisations sociales jusqu’à la récolte 2022 et une aide directe à la trésorerie. Ils militent en outre pour un relèvement des taux d’indemnisation de 20 %, et un versement d’une avance des indemnités avant l’achèvement des récoltes, dans le cadre des calamités agricoles.
Dès le 8 avril, M. Denormandie a déclenché le dispositif des calamités agricoles. Le surlendemain, le premier ministre, Jean Castex, promettait « des enveloppes exceptionnelles » et annonçait le déplafonnement du régime d’indemnisation des calamités agricoles. Mais seuls les arboriculteurs pourront en bénéficier. Non les viticulteurs, dont un tiers d’entre eux est assuré. De quoi rouvrir le débat sur la couverture des risques. « Nous sommes assurés pour les parcelles de vignes que nous avons dans l’Aude et pas pour celles situées dans l’Hérault. Or, cette année, il a gelé dans nos vignes de l’Hérault », témoigne Mme de Lorgeril. La pièce tombe parfois du mauvais côté…
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/04/13/apres-le-gel-viticulteurs-et-arboriculteurs-demandent-le-soutien-du-gouvernement_6076536_3234.html>
Sur le même sujet :
> Nuit de gel catastrophique pour les arboriculteurs de la vallée du Rhône <https://information.tv5monde.com/info/nuit-de-gel-catastrophique-pour-les-arboriculteurs-de-la-vallee-du-rhone-403950>, AFP, 08/04/21, 19:00
> Gel : réunion de crise au ministère sur les aides <https://information.tv5monde.com/info/gel-reunion-de-crise-au-ministere-sur-les-aides-404374>, AFP, 12/04/21, 17:00
> Gel : "la plus grande catastrophe agronomique" du siècle <https://information.tv5monde.com/info/gel-la-plus-grande-catastrophe-agronomique-du-siecle-404475>, AFP, 12/04/21, 21:00
> Vignes et vergers ravagés par le gel : Castex annonce un milliard d'euros d'aides aux producteurs <https://information.tv5monde.com/info/vignes-et-vergers-ravages-par-le-gel-castex-annonce-un-milliard-d-euros-d-aides-aux-producteurs>, AFP, 17/04/21, 16:00
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17- Bitcoin : les émissions de CO2 liées au minage en Chine atteindront 130 millions de tonnes en 2024, Daily Geek Show, 13/04/21
Yann Contegat - Source : New Scientist
L'extraction de cryptomonnaie nécessite une quantité d’électricité énorme
Avec l’avènement du bitcoin, les émissions de carbone liées à son extraction se sont rapidement accélérées en Chine. Selon les chercheurs, celles-ci dépasseront bientôt les émissions annuelles totales des pays européens de taille moyenne.
Une consommation énergétique phénoménale
Publiée dans la revue Nature Communications, l’analyse menée par Guan Daboet ses collègues de l’université Tsinghua de Pékin suggère que l’empreinte carbone totale de l’extraction de bitcoins en Chine nécessitera 297 térawattheures d’énergie d’ici 2024, année ou elle atteindra un pic, libérant environ 130 millions de tonnes de carbone, soit environ 5,4 % des émissions de carbone liées à la production d’électricité dans le pays. À titre de comparaison, ce chiffre se révélera supérieur aux émissions annuelles de CO2 de pays comme l’Italie ou la République tchèque.
>> Suite à lire à :
<https://dailygeekshow.com/bitcoin-co2-chine/>
En savoir plus :
> Policy assessments for the carbon emission flows and sustainability of Bitcoin blockchain operation in China <https://www.nature.com/articles/s41467-021-22256-3>, Nature, 06 April 2021
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18- Le réchauffement climatique pourrait provoquer l’effondrement de plusieurs barrières de glace en Antarctique, Futura-sciences, 13/04/21
Nathalie Mayer, journaliste
Avec le réchauffement climatique, la glace fond. Le niveau de la mer monte. Et en Antarctique, un phénomène étonnant pourrait contribuer à ce processus : l'hydrofracturation des barrières de glace. Elle pourrait être à l'origine de la libération d'une quantité colossale d'eau.
Ce que les chercheurs appellent une barrière de glace, c'est une étendue de glace de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de mètres d'épaisseur. Un peu comme une immense langue glacée qui vient à la rencontre de l'océan. Retenant les glaciers qui, sans elle, s'écouleraient librement dans l'eau. Entraînant une élévation importante du niveau mondial de la mer.
L'ennui, c'est que dans le contexte de réchauffement climatique anthropique, les barrières de glace fondent par le haut et par le bas. Prises en sandwich qu'elles sont entre l'atmosphère et l'océan dont les températures augmentent. Pour mieux comprendre ce qui se joue du côté de l'Antarctique, des chercheurs de l’université de Reading (Royaume-Uni) nous présentent aujourd'hui les résultats de nouvelles simulations sous différents scénarios de réchauffement.
>> Suite à lire à :
<https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/antarctique-rechauffement-climatique-pourrait-provoquer-effondrement-plusieurs-barrieres-glace-antarctique-83190/>
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En audio
19- Big data : la nouvelle révolution verte ?, France culture, La Transition, 13/04/21, 08h45
Hervé Gardette
Le changement climatique bouleverse le monde agricole. Canicules, sécheresses, gels, inondations : des épisodes de plus en plus fréquents. Le Big data est-il la solution ?
> 4 minutes à réécouter à :
<https://www.franceculture.fr/emissions/la-transition/big-data-la-nouvelle-revolution-verte>
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20- Podcast. Dans les Alpes, des glaciers mythiques en péril, Le Monde, 14/04/21, 05h00
Adèle Ponticelli
Alors que la loi Climat et résilience est débattue à l’Assemblée nationale, les conséquences de la crise climatique sont déjà visibles au cœur des Alpes, où les glaciers reculent d’année en année. Récit en podcast avec Audrey Garric, journaliste au « Monde » spécialiste des questions climatiques.
Les Alpes ont gagné plus de 2 °C depuis le milieu du XIXe siècle. Ses glaciers fondent plus rapidement que partout ailleurs dans le monde : ce sont les premières victimes et les premiers témoins du changement climatique. La plupart d’entre eux pourraient même disparaître avant la fin du siècle.
La célèbre mer de Glace, le plus grand glacier des Alpes françaises, a reculé de 2,7 kilomètres en cent cinquante ans. A mesure que la glace et la neige fondent, la montagne perd son manteau blanc pour devenir grise. Un changement de paysage qui affecte les habitantes et habitants, mais rend aussi plus dangereuse la pratique de l’alpinisme et bouleverse le tourisme.
Audrey Garric, journaliste au service Planète du Monde et spécialiste des questions climatiques, raconte, dans cet épisode du podcast « L’Heure du Monde », sa découverte du glacier des Bossons, dans la vallée de Chamonix et décrypte cette métamorphose. Un avant-goût amer du changement climatique.
> Podcast Spotify (14 min) à retrouver à :
<https://www.lemonde.fr/podcasts/article/2021/04/14/dans-les-alpes-des-glaciers-mythiques-en-peril_6076689_5463015.html>
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– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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