[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur eau, santé, consommation, tourisme, loisirs, pollutions et déchets (mercredi 28 avril)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Mer 28 Avr 08:05:29 CEST 2021
Bonjour à tous,
Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants :
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1- Une microalgue toxique pour l'homme, aussi nuisible aux huîtres et poissons <https://www.geo.fr/environnement/une-microalgue-toxique-pour-lhomme-aussi-nuisible-aux-huitres-et-poissons-204405>, AFP, 12/04/21, 20:00
2- Nike va revendre des chaussures légèrement usagées pour réduire les déchets <https://www.20minutes.fr/planete/3019643-20210412-nike-va-revendre-chaussures-legerement-usagees-reduire-dechets>, 20 Minutes avec AFP, 12/04/21, 22h12
3- Des alpinistes profitent de l’absence de touristes pour nettoyer le mont Everest <https://positivr.fr/video-des-alpinistes-nepalais-recoltent-plus-de-2-tonnes-de-dechets-sur-le-mont-everest/>, Positivr, 12/04/21
4- Covid-19 : des ONG demandent à l’Europe d’interdire les masques contenant du graphène <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/13/covid-19-des-ong-demandent-a-l-europe-d-interdire-les-masques-contenant-du-graphene_6076596_3244.html>, Le Monde, 13/04/21, 13h52
5- Anthropocène : le défi de vêtements en fibres recyclées vraiment éthiques <https://mrmondialisation.org/anthropocene-a-quel-point-les-vetements-en-fibres-recyclees-sont-ils-ecologiques>, Mr Mondialisation, 13/04/21
6- Pollution de l’air : environ 2 300 décès évités en France en 2020 avec le premier confinement <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/14/pollution-de-l-air-environ-2-300-deces-evites-en-france-en-2020-avec-le-premier-confinement_6076672_3244.html>, Le Monde, 14/04/21, 00h00
7- Enquête. « Un avenir sans fumée » : la guerre secrète de Philip Morris contre l’OMS <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/14/un-avenir-sans-fumee-la-guerre-secrete-de-philip-morris-contre-l-oms_6076704_3244.html>, Le Monde, 14/04/21, 06h01
8- Pollution de l'air : encore 40.000 morts par an malgré un léger mieux <https://www.geo.fr/environnement/pollution-de-lair-encore-40000-morts-par-an-malgre-un-leger-mieux-204427>, AFP, 14/04/21, 08:00
9- Nuisances nocturnes : pourquoi les Parisiens sont victimes d’insomnies <https://www.leparisien.fr/paris-75/nuisances-nocturnes-pourquoi-les-parisiens-sont-victimes-d-insomnies-14-04-2021-8431134.php>, Le Parisien, 14/04/21, 12h19
10- Plomb de Notre-Dame : bilan rassurant ou "bombe à retardement" ? <https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20210414-plomb-de-notre-dame-bilan-rassurant-ou-bombe-%C3%A0-retardement>, AFP, 14/04/21, 17:00
11- 100 000 morts du Covid-19 en France, un traumatisme à l’empreinte incertaine à long terme <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/15/100-000-morts-du-covid-19-en-france-un-traumatisme-a-l-empreinte-incertaine-sur-le-long-terme_6076826_3244.html>, Le Monde, 15/04/21, 08h43
12- LVMH n'utilisera plus que du plastique recyclé d'ici 2026 <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/lvmh-n-utilisera-plus-que-du-plastique-recycle-d-ici-2026_153499>, AFP, 15/04/21, 19:00
13- Guadeloupe : adoption de la loi sur la gestion de l'eau au Parlement <https://www.geo.fr/environnement/guadeloupe-adoption-de-la-loi-sur-la-gestion-de-leau-au-parlement-204460>, AFP, 15/04/21, 20:00
14- Tribune. « La crise sanitaire nous amène à tenir compte de la relation entre la consommation et la santé » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/04/16/la-crise-sanitaire-nous-amene-a-tenir-compte-de-la-relation-entre-la-consommation-et-la-sante_6077020_3232.html>, Le Monde, 16/04/21, 12h31
15- Covid 19 : sa circulation influencée par la pollution et les conditions météorologiques ? <https://www.actu-environnement.com/ae/news/covid-19-pollution-conditions-meteorologiques-sars-cov-2-transport-circulation-37382.php4>, Actu-environnement, 16/04/21
16- Sadhguru, l’homme qui a parcouru 9 000 km pour nettoyer les eaux les plus polluées de l’Inde <https://dailygeekshow.com/pollution-inde-fleuve-gange-rally-for-rivers/>, Daily Geek Show, 17/04/21
En audio
17- Les sols et sous-sols, notre assurance-vie ! <https://www.franceculture.fr/emissions/de-cause-a-effets-le-magazine-de-lenvironnement/les-sols-et-sous-sols-notre-assurance-vie>, France culture, De cause à effets, 13/04/21, de 21 à 22h
En images
18- Société : recycler ses vêtements, une tendance qui se développe en France <https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/societe-recycler-ses-vetements-une-tendance-qui-se-developpe-en-france_4369401.html>, France2, journal de 13h, 12/04/21
19- Derrière nos étiquettes : zoom sur le gouffre financier des cartouches d'encre <https://www.francetvinfo.fr/economie/derriere-nos-etiquettes-zoom-sur-le-gouffre-financier-des-cartouches-d-encre_4373345.html>, France 2, journal de 13h, 15/04/21
20- Shampoing, savon, dentifrice... On a testé les cosmétiques en vrac <https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/shampoing-savon-dentifrice-on-a-teste-les-cosmetiques-en-vrac-31239194.html>, TF1, journal de 20h, 15/04/21
Bien à vous,
Florence
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TRAUMATISME DU JOUR : En France, l’épidémie du Covid-19 a emporté 100 000 personnes en un peu plus d’une année. Ce bilan considérable s’inscrit dans la lignée des grandes épidémies de grippe du XXe siècle : celle de Hongkong (1968-1970) et la grippe asiatique (1956-1958) avec chacune un bilan de 25 000 à 30 000 morts, et la grippe espagnole responsable d’au moins 200 000 morts en France en 1918. (cf. item 11)
ÉTUDES DU JOUR : — La microalgue Dinophysis, toxique pour les humains, est aussi nuisible pour les huîtres et les poissons, selon des recherches menées par l'Ifremer et l'université de Nantes, qui ont tenté de comprendre si le réchauffement climatique favorisera sa prolifération. (cf. item 1 & suite)
— Dans une étude, Santé publique France évalue le nombre de décès liés à l’exposition aux particules fines à environ 40 000 par an en France, soit 7 % de la mortalité totale et à 2300 décès évités en 2020 avec le premier confinement. (cf. item 6, 8 & suite)
ENQUÊTE DU JOUR : Philip Morris, le plus grand cigarettier de la planète a créé une fondation pour lever les entraves au lobbying de l’industrie et promouvoir ses alternatives à la cigarette. (cf. item 7)
APPEL DU JOUR : L’économiste Carine Milcent plaide pour la cohérence entre politiques sanitaire, économique et environnementale, seule susceptible de prévenir les inégalités de santé. (cf. item 14)
ARNAQUE DU JOUR : Chaque jour, 200 000 cartouches d’encre sont vendues en France mais elles reviennent très cher aux acheteurs. Quand l’imprimante affiche "fin d’encre", il ressort que les cartouches contiennent encore 20 % du produit si bien que l’encre revient au moins à 2 000 euros le litre. (cf. item 19)
RECHERCHE DU JOUR : Face aux contaminations diffuses des sols, le programme de recherche "Pollusols" s'attaque à la racine du mal. (cf. item 17)
INITIATIVES DU JOUR : — Nike ne va plus vendre uniquement des chaussures flambant neuves : pour réduire les déchets, l’équipementier sportif prévoit désormais d’écouler aussi des paires de baskets et tennis déjà portées ou avec de petits défauts de fabrication. (cf. item 2)
— En 2020, des alpinistes népalais ont décidé de partir à la chasse aux déchets sur l’Everest haut de 8 848 mètres d’altitude. Résultat ? En seulement 47 jours, ils ont collecté 2,2 tonnes de déchets aux alentours des camps de base. (cf. item 3)
— A la rencontre de Sendo, fondateur de la marque Anthropocène, afin de retracer l’ensemble du processus de fabrication éthique qu’il a mis en place. (cf. item 5)
— Pour LVMH, numéro un mondial du luxe, un objectif de "zéro plastique vierge" dans le packaging a été fixé pour 2026, ce qui signifie que le groupe n'utilisera plus que du plastique recyclé ou biosourcé. (cf. item 12)
— L'adoption définitive à l'Assemblée nationale de la proposition de loi validant la création d'un syndicat mixte unique de gestion de l'eau en Guadeloupe doit permettre aux usagers guadeloupéens de retrouver un accès régulier à l'eau potable après des décennies de coupures. (cf. item 13)
— Durant un mois, Jaggi Vasudev, alias Sadhguru, a effectué un périple de plus de 9 000 km à travers l’Inde afin de sensibiliser ses habitants à l’extrême nécessité d’assainir le Gange, ce fleuve sacré considéré comme le plus pollué au monde, et ses affluents. (cf. item 16)
— Concernant les vêtements, abîmés, trop vieux, trop courts, trop grands, les tissus se recyclent aussi. C’est du surcyclage, en anglais 'upcycling'. (cf. item 18)
— Pour se débarrasser des emballages plastiques, la solution est d’acheter en vrac y les produits cosmétiques. (cf. item 20)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
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> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.lesgesteseclaires.com/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Pétition. Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/petition_ecolocreche>
> Pour répondre PRÉSENT à l’APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <https://www.appel-des-solidarites.fr/>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <http://www.mypositiveimpact.org/les-solutions>
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1- Une microalgue toxique pour l'homme, aussi nuisible aux huîtres et poissons, AFP, 12/04/21, 20:00
La microalgue Dinophysis, toxique pour les humains, est aussi nuisible pour les huîtres et les poissons, selon des recherches menées par l'Ifremer et l'université de Nantes, qui ont tenté de comprendre si le réchauffement climatique favorisera sa prolifération.
Les microalgues, des organismes microscopiques et unicellulaires, produisent la moitié de l'oxygène sur Terre par photosynthèse et sont à la base de la chaîne alimentaire dans les océans. Mais certaines, comme celles du genre dinophysis, produisent des toxines diarrhéiques, induisant des risques sanitaires pour les consommateurs de coquillages.
Les chercheurs se sont penchés sur cet organisme dans le cadre du projet européen Coclime, visant à analyser l'impact du réchauffement climatique en Méditerranée et en Atlantique sur les activités commerciales et récréatives.
"Une des trouvailles, c'est que la microalgue dinophysis ne pose pas problème seulement pour la santé humaine, mais potentiellement aussi pour les animaux marins", a expliqué à l'AFP Philipp Hess, spécialiste des phycotoxines à l’Ifremer de Nantes.
Une des toxines de cette algue altère les gamètes d'une huître, Crassostrea gigas, ainsi que les branchies des poissons, comme les vairons d'estuaire et leurs larves, selon des tests réalisés en laboratoire.
Les chercheurs ont aussi cherché à comprendre l'impact du réchauffement de l'océan sur la prolifération de cette microalgue, en fonction des différents scénarios des experts climatiques de l'ONU, le Giec (émissions de gaz à effet de serre maîtrisées, modérées ou non-réduites).
"Dans tous les scénarios, Dinophysis connaitra des efflorescences (épisodes de prolifération) au moins jusqu’en 2100", selon un communiqué de l'Ifremer, sans pouvoir dire si elles seront plus importantes qu'aujourd'hui.
<https://www.geo.fr/environnement/une-microalgue-toxique-pour-lhomme-aussi-nuisible-aux-huitres-et-poissons-204405>
En savoir plus :
> Microalgues toxiques et changement climatique : un enjeu écologique majeur pour la santé du littoral <https://wwz.ifremer.fr/Espace-Presse/Communiques-de-presse/Microalgues-toxiques-et-changement-climatique-un-enjeu-ecologique-majeur-pour-la-sante-du-littoral>, Ifremer & Université de Nantes, 08/04/21
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2- Nike va revendre des chaussures légèrement usagées pour réduire les déchets, 20 Minutes avec AFP, 12/04/21, 22h12
Economie circulaire - Le nouveau service, baptisé Nike Refurbished (Nike remis à neuf), est déjà disponible dans quelques magasins aux Etats-Unis
On recycle au rayon baskets. Nike ne va plus vendre uniquement des chaussures flambant neuves : pour réduire les déchets, l’équipementier sportif prévoit désormais d’écouler aussi des paires de baskets et tennis déjà portées ou avec de petits défauts de fabrication.
Ce nouveau service, baptisé Nike Refurbished (Nike remis à neuf), est déjà disponible dans quelques magasins aux Etats-Unis et le sera « bientôt » dans 15 établissements au total. Le groupe, qui présente cette initiative comme un exemple d’économie circulaire, prévoit de l’étendre par la suite.
« Comme neuf », « légèrement usagé » ou avec un petit défaut
L’idée est de récupérer les chaussures renvoyées par les clients dans les soixante jours après leur achat, de les inspecter et, pour celles qui sont encore vendables, de les brosser et désinfecter à la main.
Trois catégories sont prévues : « comme neuf » pour les chaussures ayant été portées un jour ou deux, « légèrement usagé » pour celles utilisées un peu plus longtemps et « avec un petit défaut esthétique » pour celles ayant pâti d’un accroc lors de la fabrication comme une tâche ou une marque. Un message sur la boîte permettra d’identifier facilement la catégorie, dont dépendra le prix proposé dans les magasins.
Les chaussures rendues mais étant considérées comme trop usagées sont soit données à des organisations caritatives soit broyées pour être recyclées, précise Nike.
<https://www.20minutes.fr/planete/3019643-20210412-nike-va-revendre-chaussures-legerement-usagees-reduire-dechets>
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3- Des alpinistes profitent de l’absence de touristes pour nettoyer le mont Everest, Positivr, 12/04/21
Des alpinistes népalais ont profité de la crise sanitaire pour avoir un impact immense sur le mont Everest.
Une vaste opération écologique s’est déroulée sur un lieu mythique : l’Everest. En 2020, des alpinistes népalais ont décidé de partir à la chasse aux déchets sur le « toit du monde », haut de 8 848 mètres d’altitude. Résultat ? En seulement deux mois, ils sont parvenus à lui redonner un coup d’éclat. Découverte.
Le mont Everest est le rêve de tout alpiniste. Mais ce rêve a un coût écologique, car chaque année, des milliers de déchets sont abandonnés par les grimpeurs autour des camps de base de l’Himalaya. Un véritable fléau environnemental qu’il convient de stopper en urgence.
>> Site à lire et vidéo à voir à :
<https://positivr.fr/video-des-alpinistes-nepalais-recoltent-plus-de-2-tonnes-de-dechets-sur-le-mont-everest/>
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4- Covid-19 : des ONG demandent à l’Europe d’interdire les masques contenant du graphène, Le Monde, 13/04/21, 13h52
Dorothée Moisan
Le gouvernement canadien a rappelé, fin mars, des millions de produits contenant le nanomatériau aux propriétés réputées virucides. Quatre ONG réclament une mesure similaire en Europe.
C’est une banale photo d’Ursula von der Leyen, parue en février dans Bild, le premier quotidien allemand, qui a permis de lever le lièvre. Car à l’intérieur du masque FFP2 en plastique jetable que porte la présidente de la Commission européenne se cache une fine couche de graphène, un nanomatériau révolutionnaire, synthétisé il y a une petite vingtaine d’années. Ultralégers, ultrarésistants, imperméables et excellents conducteurs, ces flocons de carbone sont de plus en plus prisés par l’industrie, notamment dans les équipements électroniques. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, on leur a découvert des propriétés antivirales qui ont poussé de nombreuses entreprises à concevoir des masques contenant du graphène plus efficaces, selon eux, pour lutter contre le coronavirus.
Le problème, alertent dans une lettre envoyée début avril à la Commission européenne quatre organisations spécialisées dans les questions de santé environnementale – ETC Group, Center for International Environmental Law (CIEL), Health Care Without Harm et Women Engage for a Common Future – est que ces masques en polypropylène disponibles en France et en Europe seraient « potentiellement toxiques ». Et les laisser sur le marché pourrait « dangereusement ébranler la confiance du public dans le port de masques »,préviennent les ONG.
Si les particules de graphène sont capables de taillader le SARS-CoV2, « que se passe-t-il si ce matériau tueur de virus entre dans votre corps ? Agira-t-il de la même manière contre vos cellules ? », s’interroge le physico-chimiste américain Andrew Maynard. Directeur du Risk Innovation Lab de l’université d’Arizona, il travaille depuis plus de vingt ans sur les risques liés aux nanomatériaux. L’expert se dit « préoccupé », citant plusieurs études, publiées par exemple en 2012 et 2018, montrant qu’il ne s’agit « pas d’un matériau inoffensif », « les bords irréguliers de certaines particules de graphène pouvant nuire aux cellules ».
Difficultés à respirer
C’est au Québec, où trente millions de ces masques ont été distribués notamment dans les écoles, qu’ont surgi les premières inquiétudes. Troublé par les symptômes décrits par plusieurs enfants – difficultés à respirer, irritations de la peau, impression de « respirer des poils de chat » –, le ministère de la santé canadien a rappelé le 26 mars tous les masques au graphène. Dans un second avispublié le 2 avril, il explique que « l’inhalation de particules de graphène pourrait causer une toxicité pulmonaire précoce chez les animaux. Cependant, reconnaît-il,on ne connaît pas encore le potentiel d’inhalation de ces particules par les masques chez les humains, ni les risques pour la santé qui en découlent ».
> Lire aussi Les idées claires sur le Covid-19 : les masques
Shengquan, la société chinoise qui fabrique les masques incriminés au Canada, assure que le graphène utilisé dans ses produits n’est pas nanoscopique, et donc moins problématique. Selon David Azoulay, de CIEL, les définitions en vigueur à Bruxelles précisent pourtant « explicitement que les flocons de graphène doivent être considérés comme des nanomatériaux quelles que soient leurs dimensions ».Le groupe chinois, qui revendique 3 700 salariés, se retranche derrière les autorités sanitaires, qui ont « testé et approuvé » ses produits.
> Lire aussi Les oxymètres grand public prouvent-ils la dangerosité des masques pour les enfants ?
Le problème est que les agences sanitaires nationales se réfèrent à des normes souvent dépassées et qu’elles manquent de données et de ressources pour contrôler les dernières nouveautés antivirus et les 130 milliards de masquesjetables consommés chaque mois dans le monde. Elles en sont souvent réduites à intervenir une fois le produit déjà sur le marché, comme cela a été le cas en octobre 2020 en France avec la marque Dim ou plus récemment en Belgique avec Avrox, des sociétés qui commercialisaient des masques dopés aux particules d’argent, de cuivre ou encore de dioxyde de titane.
Si le graphène est bien enregistré auprès de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), il ne fait l’objet d’aucune restriction. Le dossier mentionne bien un danger pour les poumons mais, comme pour la plupart des nanomatériaux, les données scientifiques fournies par les fabricants sont extrêmement lacunaires. D’autant que jusqu’à présent, les usages du graphène se cantonnaient aux équipements électroniques, où les risques d’inhalation sont inexistants. Mais leur apparition dans des masques faciaux crée une exposition nouvelle. Et comme le rappelle Andrew Maynard, « un matériau qui est sûr dans un contexte donné peut devenir potentiellement dangereux dans un autre ».
Shengquan dit avoir exporté « près de 600 millions de masques » en Europe en un an. Depuis la fin février, le groupe s’enorgueillit même d’équiper la présidente de la Commission dont il a republié sur son site la photo dans Bild. En mai 2020, le Land allemand de Hesse a commandé 30 millions de ces mêmes masques pour un montant de 16 millions d’euros ; la métropole du Grand Nancy en avait alors commandé 230 000.
Actuellement, plusieurs distributeurs continuent à commercialiser ces masques en France tant à destination des pharmacies que du grand public par le biais des sites Internet ; leur composition n’est pas systématiquement renseignée. Interrogée, la Commission européenne dit ne pas avoir « connaissance de préoccupations concernant ces masques spécifiques ». Elle renvoie la balle aux Etats membres, à qui il revient de contrôler la qualité de leurs importations. Question subsidiaire : au vu de retrait des masques au Canada, Mme Von der Leyen continuera-t-elle à porter les masques de la société Shengquan ? « Pas de commentaire. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/13/covid-19-des-ong-demandent-a-l-europe-d-interdire-les-masques-contenant-du-graphene_6076596_3244.html>
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5- Anthropocène : le défi de vêtements en fibres recyclées vraiment éthiques, Mr Mondialisation, 13/04/21
Depuis quelques années déjà, de nombreuses marques de vêtements fabriqués à partir de fibres recyclées pullulent sur le marché de l’industrie de la mode. Mais, est-ce vraiment écologique ? Qu’en est-il des conditions des travailleurs ? De la provenance ? Mr Mondialisation est parti à la rencontre de Sendo, fondateur de la marque ANTHROPOCENE, afin de retracer l’ensemble du processus de fabrication éthique qu’il a fallut mettre en place. Présentations.
Face à une prise de conscience généralisée quant aux impacts sociaux et environnementaux de l’industrie de la mode, et plus particulièrement de la fast fashion, de nombreuses marques dites « écologiques », « éthiques » ou encore « respectueuses de l’environnement » font leur apparition. Or entre discours et réalité, il y a souvent un monde : manque de transparence, pratiques peu éthiques, fibres recyclées venant de l’autre bout du globe, manque d’inclusivité … le greenwashing et le fairwashing ne sont jamais bien loin.
Et notamment dans les marques de vêtements qui, sous couvert d’utiliser des fibres recyclées, prétendent être éthiques. Heureusement, parmi elles, il existe des marques qui s’engagent réellement, en toute transparence et humilité : c’est le cas, par exemple, d’ANTHROPOCENE. Nous sommes partis à la rencontre de Sendo, son fondateur, afin de comprendre comment est fabriqué un vêtement à partir de fibres recyclées, qui se voudrait à la fois écologique et respectueux des travailleurs, tout en remettant en question le système économique actuel.
>> Suite à lire à :
<https://mrmondialisation.org/anthropocene-a-quel-point-les-vetements-en-fibres-recyclees-sont-ils-ecologiques/>
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6- Pollution de l’air : environ 2 300 décès évités en France en 2020 avec le premier confinement, Le Monde, 14/04/21, 00h00
Stéphane Mandard
Dans une étude publiée mercredi, Santé publique France évalue le nombre de décès liés à l’exposition aux particules fines à environ 40 000 par an en France, soit 7 % de la mortalité totale.
La baisse inédite des niveaux de pollution de l’air observée il y a un an, lors du premier confinement, a eu des « bénéfices non négligeables et immédiats pour la santé » des Français, relève Santé publique France (SPF) dans une étude publiée mercredi 14 avril. Selon ses estimations, environ 2 300 décès ont été évités grâce à une diminution de l’exposition aux particules (PM10, inférieures à 10 micromètres, et PM2,5, inférieures à 2,5 micromètres), qui représentent la pollution de fond, aux sources multiples (trafic, industrie, chauffage, épandages agricoles). Et environ 1 200 décès ont été évités en lien avec une baisse de l’exposition au dioxyde d’azote (NO2), liée principalement au trafic routier. Ces deux chiffres ne peuvent être additionnés, car ces polluants interagissent ensemble.
> Lire aussi : Les pics de pollution de l’air aux particules fines soupçonnés de faire augmenter les contaminations
Le confinement strict mis en œuvre le 16 mars 2020 pour lutter contre la première vague de Covid-19 avait conduit à un ralentissement brutal de l’activité et de la circulation de la population. Ce coup d’arrêt s’est traduit par une chute sans précédent des niveaux de concentration en NO2, jusqu’à 50 % dans les grandes agglomérations, et une baisse plus modérée (de l’ordre de 10 à 15 %) pour les particules, le confinement n’ayant pas eu d’impact sur les émissions liées au chauffage ou aux épandages agricoles. Néanmoins, le nombre de décès évités est supérieur pour les particules : la « relation concentration-risque est beaucoup plus importante pour les particules que pour le NO2 », précise Sylvia Medina, principale autrice de l’étude et coordinatrice du programme de surveillance Air et santé à SPF. Les particules fines (PM2,5) sont particulièrement dangereuses, car elles pénètrent plus profondément dans l’organisme.
> Lire aussi : Les pics de pollution de l’air aux particules fines soupçonnés de faire augmenter les contaminations
La pollution de l’air reste « un risque conséquent »
Les bénéfices sanitaires sont majoritairement dus à des effets évités à long terme, comme le développement de pathologies respiratoires ou cardiovasculaires conduisant au décès, indique l’étude. Au-delà du confinement, l’organisme a aussi cherché à réévaluer l’impact du poids total (ou fardeau) de la pollution de l’air sur la santé des Français. A partir de l’analyse des données collectées sur la période 2016-2019, elle conclut que la mortalité liée à la pollution de l’air reste « un risque conséquent en France, avec 40 000 décès attribuables chaque année aux particules fines », soit 7 % de la mortalité totale. La première estimation, de 2016, qui concernait seulement les années 2007-2008, était d’environ 48 000 décès par an, soit 9 % de la mortalité totale.
Cette tendance à la baisse peut s’expliquer par la réduction des émissions de polluants depuis 2007‐2008, mais aussi par l’utilisation de modèles d’exposition différents (plus cohérents et robustes pour les zones urbaines que pour les zones rurales), précise SPF. Cette estimation de 40 000 décès diverge surtout avec les résultats des dernières publications scientifiques (European Heart Journal, en mars 2019, Harvard en février 2021) qui évaluaient la mortalité liée à l’exposition aux particules entre 67 000 et près de 100 000 morts par an en France.
« Ces résultats ne sont pas contradictoires, précise Sylvia Medina. Ils relèvent de choix méthodologiques et d’hypothèses de calcul différents. » Ainsi, les études internationales incorporent des données épidémiologiques provenant de pays d’Asie, particulièrement pollués, pour construire leur modèle de relation concentration-risque quand SPF se fonde uniquement sur des données françaises et européennes.
Autre différence : l’organisme français prend pour seuil de pollution de référence la concentration de cinq microgrammes de particules fines par mètre cube (5 µg/m3) dans l’air en moyenne annuelle quand d’autres études se fondent sur trois voire deux µg/m3. En outre, l’estimation de SPF concerne les personnes âgées de plus de 30 ans quand les publications internationales sont élargies aux plus de 18 ans, voire aux plus de 12 ans.
Poursuivre les efforts de réduction sur toutes les sources
« Même si ces estimations ne sont pas totalement convergentes, elles montrent que le fardeau lié à la pollution de l’air reste très important et nécessite de poursuivre durablement les efforts de réduction sur toutes les sources de pollution », commente Sébastien Denys, responsable de la direction santé environnement à SPF.
Pour l’organisme, certains enseignements, en termes d’action publique, peuvent déjà être tirés de l’analyse du confinement du printemps 2020, comme le déploiement du télétravail ou les modifications de modes de déplacement. L’étude pointe également d’autres pistes d’actions, aujourd’hui des angles morts des politiques de lutte contre la pollution de l’air : l’amélioration des pratiques d’utilisation du chauffage au bois, la rénovation thermique des logements ou encore le développement de bonnes pratiques agricoles pour réduire les émissions d’ammoniac. Des points qui doivent figurer dans le projet de loi Climat et résilience, en débat à l’Assemblée nationale.
> Enquête : Les particules les plus toxiques seraient celles issues du chauffage au bois et de l’usure des freins et des pneus
L’évaluation menée par Santé publique France dans le contexte de crise sanitaire n’évoque pas, en revanche, les liens – mis en évidence dans plusieurs publications scientifiques – entre la pollution de l’air, la transmission et la gravité de l’épidémie de Covid-19. La relation entre pollution de l’air et mortalité et hospitalisation pour Covid-19 sera l’objet d’une prochaine étude, indique SPF. Selon une étude publiée en octobre 2020 dans la revue Cardiovascular Research, 18 % des décès dus au Covid-19 en France pourraient être attribués à l’exposition à long terme aux particules fines. Bien davantage que les 2 300 décès évités avec le confinement.
> Lire aussi Un décès sur cinq dans le monde serait lié à la pollution de l’air
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/14/pollution-de-l-air-environ-2-300-deces-evites-en-france-en-2020-avec-le-premier-confinement_6076672_3244.html>
En savoir plus :
> Impact de pollution de l'air ambiant sur la mortalité en France métropolitaine. Réduction en lien avec le confinement du printemps 2020 et nouvelles données sur le poids total pour la période 2016-2019 <https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/documents/enquetes-etudes/impact-de-pollution-de-l-air-ambiant-sur-la-mortalite-en-france-metropolitaine.-reduction-en-lien-avec-le-confinement-du-printemps-2020-et-nouvelle>, Santé publique France, 14/04/21
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7- Enquête. « Un avenir sans fumée » : la guerre secrète de Philip Morris contre l’OMS, Le Monde, 14/04/21, 06h01
Stéphane Horel
Le leader mondial du tabac a créé une fondation pour lever les entraves au lobbying de l’industrie et promouvoir ses alternatives à la cigarette. Deuxième volet d’une enquête du « Monde » et de « The Investigative Desk ».
« Traître », « vendu », « prise de guerre »… Les mots s’entrechoquent dans la tête de Derek Yach tandis qu’il débarque à l’aéroport de Genève en provenance de New York. En ce jour de septembre 2015, le Sud-Africain, expert en santé publique mondialement reconnu, a voyagé en classe affaires, mais il se sent comme un criminel en cavale.
Il s’en veut, il aurait pu mettre un chapeau à large bord pour dissimuler son visage, raconte-t-il dans ses Mémoires, où il assume le tournant que prend alors sa carrière (Project Unthinkable, Barlow Publishing, 2018, non traduit). « Et si… oh, mon Dieu… » Et si le chauffeur dépêché pour le conduire jusqu’à Lausanne tenait une pancarte « PMI-Derek Yach » ? Un coup d’œil furtif dans le hall des arrivées. Ouf ! Personne de sa connaissance.
Dans cette ville, pendant presque dix ans, Derek Yach a dirigé l’Initiative pour un monde sans tabac de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Lui qui se voit en « rockstar de la lutte antitabac » a été l’un des principaux architectes d’un traité international historique qui bloque l’accès du lobby du tabac aux décideurs publics. C’est ce même homme qui, ce jour-là, a rendez-vous au siège du plus grand cigarettier de la planète : Philip Morris International (PMI).
> Lire l’archive : La Bourse salue les victoires devant les tribunaux des cigarettiers américains
Les deux heures dans le bureau du PDG, André Calantzopoulos, filent à la vitesse de l’éclair. Dans son costume « parfaitement ajusté », M. Calantzopoulos, « l’ennemi public n° 1 » des champions de la santé publique, parle de transformation de son secteur, de « réduction des risques liés au tabagisme »,d’avenir sans fumée. Derek Yach le croit.
Deux ans plus tard, en septembre 2017, l’industrie du tabac organise une conférence dans les salons cinq étoiles de l’hôtel InterContinental New York Barclay, aux Etats-Unis. Derek Yach y annonce la création de la Fondation pour un monde sans fumée (Foundation for a Smoke-Free World) dont il a accepté de prendre la présidence. Intégralement financée par Philip Morris à hauteur de 80 millions de dollars (67,22 millions d’euros) pendant douze ans, soit près de 1 milliard de dollars (840 millions d’euros), l’organisation philanthropique a pour objet de « mettre fin au tabagisme en une génération ». Le pactole est en grande partie destiné à financer de la recherche « indépendante ».
Forcer les portes
Derek Yach l’assure en effet : les statuts de la fondation, son but non lucratif et les règles d’attribution de ses subventions interdisent à Philip Morris de participer à sa gouvernance, à ses décisions, ses stratégies ou ses activités.
Mais l’enquête menée par Le Monde et The Investigative Desk à partir de documents internes, de formulaires fiscaux, d’une procédure judiciaire et d’analyses de chercheurs des universités de Bath (Royaume-Uni) et de Californie (Etats-Unis) démontre pour la première fois que cette coûteuse entreprise de relations publiques sert avant tout les intérêts de la firme. Drapée dans ses atours d’indépendance, la Fondation pour un monde sans fumée vise en réalité à forcer les portes que Derek Yach a lui-même fermées avant, écrit-il dans son livre, de « basculer du côté obscur de la force ».
En 2001, le Sud-Africain pilote encore l’Initiative pour un monde sans tabac de l’OMS en tant que directeur exécutif chargé des maladies non transmissibles et de la santé mentale. Les négociations menées sous l’égide de l’organisation internationale progressent bien. Sous peu, une Convention-cadre pour la lutte antitabac condamnera les industriels du secteur au rôle de parias dans le monde entier. Dans un discours prononcé dans son pays natal, Derek Yach vilipende les « fabricants de tabac et leurs organisations-écrans », leurs tentatives de « sabotage » des discussions, leurs ruses et leur chantage « à l’emploi et à la pauvreté » pour dissuader les dirigeants des pays en développement d’y adhérer.
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Selon les termes du traité, adopté en 2003, il existe « un conflit fondamental et inconciliable » entre la santé publique et « les intérêts de l’industrie du tabac », dont les produits ont causé la mort de 100 millions de personnes au cours du XXe siècle.
A partir de 2006, les gouvernements doivent impérativement préserver leurs politiques de santé publique de l’ingérence de l’industrie, stipule l’article 5.3. Difficile désormais, pour les cigarettiers, de déployer leur lobbying s’ils sont bannis de la table des discussions. D’autant plus que la Convention-cadre compte aujourd’hui 182 pays signataires. Soit la quasi-totalité de la planète.
Le business de la nicotine high-tech
Or, en une dizaine d’années, les ventes globales de cigarettes ont baissé de 20 % dans les pays à hauts revenus, leur principal marché. Alors, sans toutefois renoncer à leur fonds de commerce, les principales firmes ont investi sur la nicotine high-tech.
Le business de la cigarette électronique, apparue en 2009, est dominé par les cigarettiers qui ont progressivement racheté les petits fabricants. La maison mère de Philip Morris USA, Altria, a ainsi acquis 35 % de Juul Labs, leader aux Etats-Unis, auquel les autorités américaines reprochent d’avoir créé une « épidémie » de vapotage chez les jeunes à force de marketing agressif.
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Depuis 2014, le fabricant des Marlboro mise surtout sur son IQOS, un dispositif qui exploite la technologie du heat not burn : chauffées sans aller jusqu’à la combustion, les Heets, des minicigarettes de tabac, émettent entre 90 % et 95 % moins de composants nocifs que la fumée de cigarette, assurent ses propres études. Avec son design futuriste et ses sticks-recharges rappelant la cigarette, l’IQOS, présenté dans des boutiques aux faux airs d’Apple Store, se vend dans soixante-quatre pays et génère près de 6 milliards d’euros par an, soit près d’un quart du chiffre d’affaires de la multinationale.
Un « avenir sans fumée », garantit Philip Morris, qui articule sa propagande commerciale autour de ce slogan. Monté en première ligne pour défendre cette position acrobatique, son PDG, André Calantzopoulos, va jusqu’à promettre de rendre la cigarette « obsolète » d’ici « dix à quinze ans ». C’est en parlant de « réduction des risques liés au tabagisme » (« tobacco harm reduction », ou THR), leur point de convergence, qu’il a convaincu Derek Yach de sa démarche.
Importée de la lutte contre la toxicomanie, cette approche pragmatique incite les fumeurs invétérés à employer des substituts – e-cigarette ou tabac chauffé – pour obtenir leur « dose » de nicotine. Un moindre mal, arguent les partisans de la réduction des risques, qui affectionnent cette vieille formule : « Les gens fument pour la nicotine, mais c’est du goudron qu’ils meurent. » Pour mieux vendre ses nouveaux produits, Philip Morris a fait de la réduction des risques son credo et son argument de marketing.
« Revenir à la table des négociations »
L’OMS n’est pas dupe de cet usage des concepts de santé publique. Sa Convention-cadre pour la lutte antitabac fait aussi barrage aux produits électroniques du cigarettier. Les autorités américaines ont beau lui avoir accordé le statut de « produit de tabac à risque modifié » en 2020, l’IQOS doit faire l’objet d’une surveillance. Quant à l’OMS, qui donne le la pour le reste du monde, elle désapprouve l’usage des produits alternatifs.
Emissions toxiques, présence de nicotine au fort potentiel addictif, absence de recul suffisant pour mesurer de possibles effets nocifs : « Il reste beaucoup de questions sans réponse, estime-t-elle, mais les travaux de recherche nécessaires pour y répondre ne doivent pas être financés par les cigarettiers. »
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« Des positions véritablement anachroniques », déplore le PDG de Philip Morris.« S’ils changeaient un tout petit peu leur point de vue, estimait André Calantzopoulos en février 2021, nous pourrions connaître une accélération majeure. » Or plusieurs documents internes de la firme indiquent que la Fondation pour un monde sans fumée a justement été conçue pour modifier ce « point de vue » et ouvrir une brèche dans la Convention-cadre.
Deux documents stratégiques confidentiels de 2014, révélés par une enquête de l’agence Reuters en 2017, dépeignent une firme en quête d’outils pour lutter contre sa « dénormalisation » et sa « diabolisation ». Parmi eux figurent les produits à « risques réduits », comme l’IQOS. Philip Morris, dont le commerce tue plus de la moitié de ses clients selon les statistiques de santé publique, souhaite se positionner « comme un indispensable partenaire de confiance, à la tête de son secteur, qui apporte des solutions ». Mais pour y parvenir, il lui faudrait « être“pour” quelque chose » et « établir une plate-forme positive et proactive ».
Dans la liste des tactiques envisagées : « Amplifier la voix des partisans de la “réduction des risques” » contre celle des “prohibitionnistes”. » Il est clairement décidé de : « a. Installer le concept de réduction des risques comme politique publique légitime dans la réglementation du tabac. b. Asseoir la légitimité des fabricants de tabac à faire partie du débat réglementaire sur les “produits à risques réduits” (“partie de la solution”). » Et pour tout cela, Philip Morris a besoin de « trouver des alliés qui ne peuvent être ignorés » : des « messagers crédibles ». Comme Derek Yach ?
En septembre 2017, ses anciens compagnons de lutte du mouvement antitabac ressentent l’annonce surprise de la défection de ce dernier et la création de la fondation comme un « coup de poing au ventre », comme l’écrit un groupe de chercheurs reconnus sur le site de Tobacco Control, la principale revue scientifique couvrant le domaine. Parmi eux, Ruth Malone, sa rédactrice en chef. « Accéder à la Convention-cadre et se débarrasser de l’article 5.3 qui entrave leur capacité à influencer les décideurs politiques » : voilà le véritable objectif de Philip Morris, estime-t-elle, interrogée par Le Monde.
Pour la professeure au département des sciences sociales et comportementales de l’université de Californie à San Francisco, qui aime manier l’ironie, les cigarettiers « veulent pouvoir revenir à la table des négociations et dire : nous faisons partie de la solution car, bien plus que les acteurs de santé publique, nous nous inquiétons du sort des gens que nous avons rendus accros à nos produits mortellement addictifs ».
Avalanche de protestations
Une avalanche de protestations accueille la naissance de la fondation. « Pot-de-vin de 1 milliard de dollars », déplore l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires, une organisation scientifique historique. « Nouveau rebondissement dans le manuel stratégique mortel de l’industrie du tabac », avertit l’American Cancer Society qui met en garde contre la tentation, « contraire à l’éthique », de prendre l’argent facile de la fondation, « gagné sur la première cause de décès évitables dans le monde ».
Plus de 400 organisations de santé publique, universités, instituts de recherche et revues scientifiques ont depuis lors annoncé refuser toute subvention de la fondation, considérée par les doyens des principales écoles de santé publique d’Amérique du Nord comme un « financement de l’industrie du tabac ».
Les mots les plus durs viennent de l’OMS. Toute collaboration avec la fondation, déclare le secrétariat de la Convention-cadre, « constituerait une violation manifeste de l’article 5.3 ». Un paragraphe peu amène est réservé à Derek Yach. Par courriel, l’OMS enjoint à son ancien directeur exécutif de supprimer du site de la fondation toute mention de son rôle dans la genèse du traité, fruit d’un « travail d’équipe », dont il n’est pas l’« unique architecte ».
Dans un texte publié en mai 2020, en écho aux documents stratégiques internes et aux propos du PDG de Philip Morris, Derek Yach, lui, décrit désormais la Convention-cadre comme « figée dans le temps », et nécessitant une « modernisation ». « Devenu un obstacle au changement », l’article 5.3 « perpétue le statu quo », et les gouvernements, insiste-t-il, « doivent s’engager dans un dialogue soutenu avec les industriels du tabac pour accélérer leur transformation ». Les cigarettiers, plaide dorénavant la « rockstar » déchue de la lutte antitabac, font partie de la solution, et non du problème – 7 millions de morts chaque année.
Une fondation opaque
Passé de l’OMS à Philip Morris via divers postes, dont celui de vice-président de PepsiCo, l’homme qui valait 1 milliard prône transparence et indépendance. L’opacité marque cependant les activités de sa fondation.
Les comptes rendus des réunions du conseil d’administration ont cessé d’être mis en ligne en mai 2019. L’identité des membres de son conseil scientifique, dissous à une date inconnue, n’a jamais été divulguée. Quant aux 40 millions d’euros de subventions attribuées par la fondation en plus de trois ans d’existence et aux 96 millions promis, non seulement les montants et les noms des bénéficiaires ne sont pas publics, mais les critères d’attribution sont inconnus. Au total, une centaine d’entités à travers le monde ont perçu des financements.
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Le groupe de recherche sur la lutte contre le tabagisme de l’université de Bath a extrait les données figurant dans les déclarations de la fondation au fisc américain. Son analyse sur le site Tobacco Tactics, qui fait référence, montre que les bénéficiaires les mieux dotés sont trois chercheurs chargés de créer des « centres d’excellence » autour de la question de la réduction des risques. Aux Etats-Unis, celui dirigé par Jed Rose, inventeur du patch à la nicotine, a bénéficié de 4 millions d’euros. Le centre néo-zélandais de Marewa Glover sur « la souveraineté indigène et le tabagisme » a reçu un peu plus de 6 millions pour promouvoir la réduction des risques chez les peuples autochtones.
A quelques encablures de l’Etna, l’université sicilienne de Catane, en Italie, abrite le mieux pourvu. Le Centre d’excellence pour l’accélération de la réduction des risques a reçu pour sa part 6,8 millions d’euros de la fondation, qui a promis de lui verser 18 millions supplémentaires, selon les documents fiscaux de 2019. Ardent défenseur de la réduction des risques, celui qui dirigeait le centre récemment encore a simultanément bénéficié des largesses de… Philip Morris. En 2017, la firme a en effet confié à Riccardo Polosa près de 1 million d’euros pour évaluer l’e-cigarette et l’IQOS.
Cette confusion entre financeur et financé est criante à bien des niveaux. « Nous sommes indépendants de notre financeur. Ce n’est pas une affirmation, c’est un fait légal, éthique et non négociable », assurait pourtant Derek Yach dans la revue médicale The Lancet en 2019. Faute d’avoir trouvé d’autres donateurs que Philip Morris, il a cependant rapidement abandonné le projet initial de diversifier les sources de financement de la fondation. Mais sa dépendance va bien au-delà du virement annuel de 80 millions de dollars. Elle est originelle.
Au cours de l’été 2017, mentionne-t-il dans son livre, Derek Yach s’est rendu une nouvelle fois au siège de Philip Morris, à Lausanne. Un séjour de deux semaines« avec des cadres et des scientifiques de PMI, pour finaliser la composition du conseil d’administration et fixer les priorités de la nouvelle fondation ». Dans une déclaration d’intérêts publiée la même année, il a même relaté avoir reçu une compensation financière du cigarettier « pour son voyage initial et le temps spécifiquement lié au développement » du projet. Selon la déclaration fiscale de la fondation en 2019, sa rémunération annuelle de président avoisinait alors le million de dollars (environ 840 000 euros).
Mêmes cabinets de relations publiques (Ogilvy, APCO, Ruder Finn…), de consultants (McKinsey, Kantar…) et d’avocats (BakerHostetler) que Philip Morris. Même positionnement sur la réduction des risques et les nouveaux produits. Parallèles évidents entre les projets financés par la fondation et certaines initiatives de Philip Morris au Malawi ou en Inde… Ni Derek Yach, sollicité à plusieurs reprises, ni Philip Morris, qui a exprimé une franche hostilité à l’égard de notre enquête, n’ont répondu à nos questions, préférant nous adresser chacun une déclaration générale.
Parmi ses conditions préalables pour accéder à notre demande, Philip Morris a par exemple exigé qu’une « diversité d’opinions soit représentée », « afin de nous assurer que vous ne désinformez pas les hommes et les femmes qui fument concernant les meilleurs choix qui s’offrent à eux aujourd’hui plutôt que de continuer à fumer ».
Proximité embarrassante avec la firme
L’accusation de proximité la plus embarrassante entre la fondation et la firme vient de l’intérieur. En litige pour licenciement abusif, l’ancienne directrice des médias numériques et sociaux de la fondation accuse l’organisation d’« être aux ordres de Philip Morris et Altria », maison mère de Philip Morris USA.
La fondation, affirme Lourdes Liz dans sa plainte, en date de janvier 2021, « détourne son statut d’organisme à but non lucratif exonéré d’impôts pour agir comme une organisation-écran pour l’industrie du tabac et promouvoir un message en faveur du vapotage chez les jeunes et les adolescents, nocif pour la santé publique ». Durant l’été 2018, témoigne-t-elle notamment, Derek Yach a rencontré des représentants d’Altria et souhaitait inclure des éléments de langage de la firme dans la communication de la fondation.
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Lourdes Liz avait exprimé sa désapprobation : ce type d’interactions est rigoureusement interdit par la convention (pledge agreement) qui délimite le périmètre de l’engagement de Philip Morris pour garantir l’indépendance de la fondation. Selon ce texte, les décisions de l’organisation devaient être « libres de toute influence » de son donateur.
Coïncidence ? Quelques mois après le départ de l’employée, en septembre 2020, la convention a été mise à jour, et une phrase ajoutée : désormais, libre à la fondation « d’échanger des informations ou d’interagir avec un tiers »… Comme Altria ou Philip Morris.
Fin de non-recevoir de l’OMS
Si les allégations de Lourdes Liz, qui, dans l’attente du procès qui l’oppose à son ancien employeur, n’a pas souhaité s’exprimer, n’arriveront sans doute pas devant un tribunal avant plusieurs mois, l’une est aisément vérifiable. Elle concerne la synchronisation d’une offensive de lobbying visant l’OMS et la Convention-cadre début 2019.
Le 24 janvier 2019, à l’occasion du Forum économique mondial de Davos, Philip Morris a publié une longue déclaration qui vise l’OMS sans la nommer. « La guerre entre les lobbys antitabac et l’industrie fait rage depuis bien trop longtemps. Il est temps, maintenant, de signer une trêve », assure la firme. Aux sceptiques, elle demande de « mettre de côté leurs préjugés » et de la soutenir dans sa « mission historique ». Les opposants qui s’entêtent, assène-t-elle, « entravent des solutions de santé publique », « retardent le changement » et « privent les fumeurs de ces alternatives ».
C’est aussi le jour qu’a choisi Derek Yach pour écrire à l’OMS. La fondation a beau jurer soutenir « sans équivoque » la Convention-cadre, il lui demande « de revoir sa déclaration initiale » qui déconseille aux chercheurs et aux gouvernements de collaborer avec eux. Une requête qui revient à demander à l’OMS de violer ou de modifier l’article 5.3. La réponse de son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, arrive, quelques jours plus tard, limpide : « L’OMS ne fera PAS de la Fondation pour un monde sans fumée un partenaire », tweete-t-il.
En dépit des moyens déployés, le plan de Philip Morris semble ne pas se dérouler totalement comme prévu. La firme « a dû penser que la fondation leur livrerait l’OMS en raison de la position antérieure de Derek Yach et de ses connexions au niveau mondial, analyse Ruth Malone. Mais peut-être ont-ils surestimé sa capacité à gagner les cœurs et les esprits. Et peut-être a-t-il, lui, sous-estimé la force de la solidarité au sein du mouvement antitabac contre les fabricants ».
Pour des raisons qui n’ont pas été rendues publiques, Philip Morris a décidé de revoir drastiquement à la baisse ses contributions à la fondation en septembre 2020. Ainsi, le quasi-milliard annoncé au départ a été réduit à 525 millions de dollars (441 millions d’euros).
La fondation aurait-elle échoué aux yeux de son unique financeur ? « Ils n’ont pas réussi à briser l’OMS, observe Ruth Malone. Mais ils ont réussi à fracturer le mouvement antitabac, les chercheurs en particulier. » Un « plan » bien exécuté, selon la chercheuse, qui étudie de longue date les stratégies des cigarettiers pour laminer l’efficacité des acteurs de santé publique, nommés « adversaires » par l’industrie.
Un dangereux précédent
En juin 2020, en effet, la vénérable revue scientifique American Journal of Public Health publie un numéro spécial sur la cigarette électronique. Le mouvement antitabac y découvre avec stupéfaction un article défendant les arômes des e-liquides signé par Derek Yach, Patricia Kovacevic, une ancienne employée de Philip Morris, et Brian Erkkila, vice-président de la fondation chargé de la santé, de la science et de la technologie (qui deviendra directeur des affaires réglementaires chez Swedish Match, un fabricant de tabac suédois, en mars 2021).
> Lire notre enquête : Vapoter est-il sans danger ? Questions sur une « mystérieuse épidémie »
Tandis que les rédacteurs en chef de la revue se justifient en arguant que « les firmes et leurs intérêts ont leur mot à dire dans le processus réglementaire », des dizaines de scientifiques protestent contre le « dangereux précédent » que représente cette « légitimation » de la voix de l’industrie du tabac dans une revue dédiée à la promotion de la santé publique. « Il est presque certain que la fondation se sert de votre nom et de votre crédibilité pour propager la pandémie de tabagisme », enragent d’autres.
Des documents internes analysés par Ruth Malone décrivent un plan que Philip Morris fomentait dès 1995 afin de « diviser pour mieux régner » : le « projet Sunrise ». Pour rompre l’unité au sein du mouvement antitabac « en exploitant les différences d’opinion » entre modérés et – déjà – « prohibitionnistes », la firme prévoyait alors de « créer un clivage entre les différents groupes antis » et de « favoriser un débat qui divise les antis ».
Vingt ans plus tard, dans ses documents stratégiques secrets de 2014, la firme se réjouit de la « bonne nouvelle » que représentent « les divisions au sein du mouvement antitabac » sur la question des nouveaux produits. Elle compte bien « amplifier la voix des supporteurs de la “réduction des risques” contre les“prohibitionnistes” ». De fait, la fondation est parvenue à toucher en plein cœur la communauté de santé publique en suscitant la controverse, notamment dans une revue scientifique aussi prestigieuse que respectée.
« Les gens doivent comprendre que tout cela s’inscrit dans un contexte plus large, devise Ruth Malone. La question ne se limite pas à tel produit ou tel problème de santé. Il s’agit d’un combat politique mondial pour savoir qui, de la santé publique ou de l’industrie du tabac, va gagner. »
§ Stéphane Horel avec Ties Keyzer, Tim Luimes et Eva Schram de « The Investigative Desk » (Pays-Bas) et nos partenaires « Follow the Money » (Pays-Bas) et « Knack » (Belgique).
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/14/un-avenir-sans-fumee-la-guerre-secrete-de-philip-morris-contre-l-oms_6076704_3244.html>
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8- Pollution de l'air : encore 40.000 morts par an malgré un léger mieux, AFP, 14/04/21, 08:00
Amélie Bottollier-Depois
Malgré l'amélioration de la qualité de l'air, 40.000 décès par an sont encore attribuables à l'exposition aux particules fines, selon Santé Publique France qui appelle à ne pas se satisfaire d'un léger mieux dans le bilan des victimes de cette pollution.
Il faut au contraire "poursuivre, voire renforcer les efforts visant à réduire ce fardeau", plaide Sébastien Denys, un responsable de l'agence, qui souligne l'impact significatif sur la santé d'une baisse de la pollution, même à court terme.
Preuve en est l'impact du premier confinement du printemps 2020 qui a permis d'éviter plus de 2.000 décès liés à la pollution de l'air, selon les chiffres publiés mercredi.
En 2016, Santé Publique France, se basant sur la période 2007-2008, avait estimé à 48.000 le nombre de décès prématurés par an liés aux concentrations de particules fines PM2,5 (inférieures à 2,5 microns), matières microscopiques en suspension dans l'air qui pénètrent dans les ramifications des voies respiratoires et dans le sang.
La nouvelle estimation suggère "une tendance à la baisse": près de 40.000 décès par an attribuables aux PM2,5 entre 2016 et 2019, soit 7% de la mortalité totale sur cette période, contre 9% en 2007-2008.
L'exposition à ces particules, qui peuvent provoquer cancer, asthme, allergies ou maladies cardio-vasculaires, réduit aussi de huit mois l'espérance de vie d'un adulte à partir de 30 ans.
"On peut se satisfaire de la légère diminution. Mais d'un point de vue de santé publique, ce qui nous inquiète, c'est une estimation de 40.000 décès évitables. Et j'insiste sur ce terme évitable : des actions sont possibles pour réduire cet impact", souligne Sébastien Denys.
Le nombre de décès annuels attribués au dioxyde d'azote (NO2), calculé pour la première fois, est de 7.000. Mais on ne peut pas additionner intégralement ces morts à celles liées aux PM2,5, insiste l'agence de santé publique, une partie non déterminée des décès étant liée à l'action conjointe des deux polluants.
La baisse de l'impact sanitaire depuis l'étude de 2016 s'explique par des modèles d'exposition différents mais aussi par l'amélioration de la qualité de l'air.
- "Enseignements" à tirer -
Ainsi, selon le bilan 2019, les émissions de PM2,5 ont baissé de 61% entre 2000 et 2019 et celles des oxydes d'azote de 56%, même si l'Etat a été condamné en justice pour n'avoir pas réduit suffisamment certains polluants dans certaines villes.
La pollution a aussi largement diminué lors du premier confinement de 2020 imposé pour lutter contre l'épidémie de Covid-19, surtout dans les zones urbaines.
Cette amélioration a été particulièrement sensible pour le NO2, essentiellement lié au trafic routier, à l'arrêt, mais moins pour les PM2,5 issues aussi d'autres sources (épandages agricoles, chauffage...) Cela a malgré tout permis d'éviter 2.300 décès en lien avec l'exposition aux particules fines, plus nocives, et 1.200 décès liés au dioxyde d'azote (les chiffres ne sont pas additionnables).
"Évidemment, nous ne recommandons pas la mise en œuvre de conditions aussi drastiques", note Sébatien Denys.
Mais cela permet de tirer certains "enseignements", en termes d'actions publiques, comme la réduction de la circulation routière dans les zones urbaines ou des émissions industrielles, insiste Santé Publique France.
Ainsi qu'en termes de changements comportementaux, comme le télétravail.
D'autres pistes doivent également être poursuivies, en particulier "l'amélioration des pratiques du chauffage au bois", sur lequel le gouvernement s'apprête à adopter un "plan d'action", et le développement de bonnes pratiques agricoles, note l'agence. Des secteurs qui avaient continué à émettre même pendant le confinement.
Les nouvelles estimations de Santé Publique France sont bien en deçà d'autres recherches internationales.
Par exemple, une étude publiée en février dans Environnemental Research estimait que la pollution aux particules fines provoquée par la combustion des énergies fossiles était responsable d'un décès sur cinq dans le monde, soit plus de 8 millions de morts en 2018, dont près de 100.000 en France.
Des écarts liés à des différences méthodologiques et des données plus précises sur la France, explique Santé Publique France. Et dans tous les cas, il s'agit de "plusieurs milliers de morts", ce qui prouve un "fardeau lié à la pollution atmosphérique "très important", répond Sébastien Denys.
<https://www.geo.fr/environnement/pollution-de-lair-encore-40000-morts-par-an-malgre-un-leger-mieux-204427>
En savoir plus :
> Impact de pollution de l'air ambiant sur la mortalité en France métropolitaine. Réduction en lien avec le confinement du printemps 2020 et nouvelles données sur le poids total pour la période 2016-2019 <https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/documents/enquetes-etudes/impact-de-pollution-de-l-air-ambiant-sur-la-mortalite-en-france-metropolitaine.-reduction-en-lien-avec-le-confinement-du-printemps-2020-et-nouvelle>, Santé publique France, 14/04/21
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9- Nuisances nocturnes : pourquoi les Parisiens sont victimes d’insomnies, Le Parisien, 14/04/21, 12h19
Cécile Beaulieu
Consommation d’alcool et de drogue sur la voie publique, terrasses des bars et restaurants... Ces facteurs sont considérés comme responsables de leurs insomnies par les Parisiens interrogés à l’occasion d’une étude réalisée par le collectif Droit au Sommeil.
Compliqué, le sommeil des Parisiens ! Les terrasses (avant confinement), mais aussi, moins festif, l'alcoolisme de rue, la toxicomanie, l'occupation parfois bruyante des parcs et squares…
Au fil de 140 pages, particulièrement informées et documentées, le collectif Droit au Sommeil a dressé un état des lieux, à partir d'un sondage réalisé au mois de septembre 2020, des nuits des Parisiens soumis aux nuisances nocturnes. Ce sont des actifs, âgés de 30 à 59 ans, qui se disent victimes d'insomnies dans leur quartier. Et égrènent le cortège des maux physiques et psychologiques, conséquences de leurs nuits sans sommeil.
Surreprésentés : les Parisiens qui vivent à Paris-Centre, dans les 10e, 11e et 18e arrondissements. Les causes sont différentes, les effets toujours aussi pervers.
Les nuisances liées à l'alcool et la drogue en tête
Largement en tête du triste palmarès, à 75 %, les victimes sondées placent le bruit engendré par les personnes alcoolisées ou droguées sur la voie publique, cauchemar de leurs nuits. Dans le 19e arrondissement, c'est même la première source de nuisances (79 %). Dans ce secteur, placé depuis deux ans au cœur du plan de lutte contre le crack doté de 9 millions d'euros, les riverains dénoncent sans relâche la toxicomanie de rue bruyante et agressive : place de la Bataille-de-Stalingrad, quai de la Seine, les nuits sont difficiles et sonores jusqu'au petit matin, entre cris et altercations. Et pas plus les opérations de police, de prévention sanitaire, que les confinements successifs ne parviennent à changer la donne.
>> Suite à lire à :
<https://www.leparisien.fr/paris-75/nuisances-nocturnes-pourquoi-les-parisiens-sont-victimes-d-insomnies-14-04-2021-8431134.php>
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10- Plomb de Notre-Dame : bilan rassurant ou "bombe à retardement" ?, AFP, 14/04/21, 17:00
Amélie Baubeau
Des parents inquiets, un chantier sous haute surveillance : pendant des mois, les habitants du quartier de Notre-Dame de Paris se sont inquiétés des effets sur leur santé du plomb issu de l'incendie. Deux ans après, quel est le bilan de cette pollution ?
Le 15 avril 2019, 460 tonnes de plomb issus du toit et de la flèche de la cathédrale partent en fumée. Une partie se retrouve sous forme de poussières dans l'atmosphère, puis se dépose sur le parvis et dans les rues attenantes.
Riverains et associations s'inquiètent de la présence de ce métal lourd toxique, qui peut provoquer des troubles digestifs, une perturbation des reins, des lésions du système nerveux ou des anomalies de la reproduction.
Les jeunes enfants sont les plus vulnérables à cette intoxication, aussi appelée "saturnisme", car leur système nerveux est en plein développement et ils portent souvent des objets à la bouche.
Des recommandations sont rapidement diffusées sur le nettoyage des logements mais ce n'est que le 13 mai, lors d'une réunion publique, que sont communiqués les résultats des prélèvements effectués dans l'espace public et les locaux de la Préfecture de police, voisine de la cathédrale.
L'information est compliquée par le fait qu'il n'existe pas de seuil sanitaire pour la concentration de plomb dans l'espace public. Il est par ailleurs difficile de déterminer si les particules retrouvées proviennent bien de l'incendie, ou d'une pollution antérieure (érosion des toitures d'autres bâtiments, héritage de l'essence au plomb...).
- "Lavez-vous les mains" -
Quant au chantier de sécurisation de la cathédrale, il est suspendu fin juillet 2019 à cause de manquements aux règles de sécurité, avant de rouvrir avec des protocoles renforcés (sas, douches...).
L’association des familles victimes du saturnisme (AFVS) reproche, a minima, un manque de communication. "On s'est retrouvé à faire de l'information sur le trottoir pour dire aux gens qui travaillaient là : +Faites attention, nettoyez vos caisses, lavez-vous les mains+", se rappelle Mathé Toullier, sa présidente.
Selon les dépistages réalisés les mois suivants sur des centaines d'enfants dans cinq arrondissements parisiens (1er, 4e, 5e, 6e et 7e), le "scandale sanitaire" redouté semble évité.
Sur 1.216 dosages du taux de plomb dans le sang réalisés depuis l'incendie, 8,2% étaient compris entre le seuil de vigilance (25 microgrammes par litre) et le seuil de déclaration obligatoire (50 µg/L), et 1,1% était supérieur à ce seuil, selon le dernier bilan publié par l'ARS, un an après le sinistre.
Pour ces 1,1%, "une source d'exposition au plomb dans l'environnement habituel a été décelée dans presque tous les cas (balcons notamment)", ajoute l'agence. Elle souligne aussi que cette proportion est "un peu inférieure" à celle qu'on retrouve en moyenne dans la population des 0-6 ans.
- "Bombe à retardement" -
Mais pour Mathé Toullier, "les plombémies faites quelques mois après ne valent rien".
Le métal "reste maximum huit semaines dans le sang après une intoxication", avant d'être stocké dans le cerveau, le foie, les reins et les os, explique-t-elle à l'AFP. Or beaucoup d'enfants ont été testés seulement au moment de la rentrée de septembre 2019, après avoir souvent passé des vacances dans un autre environnement.
"Le plomb c'est une bombe à retardement" qui peut produire des effets à l'âge adulte s'il est "déstocké", prévient-elle.
Il aurait fallu "un protocole systématique" pour tester "les dizaines de milliers d'enfants" concernés, juge Jacky Bonnemains, président de l'association Robin des Bois.
L'organisation de défense de l'environnement s'inquiète aussi du devenir des gravats du chantier, dont certains ont été "conservés à des fins de recherche et d'étude patrimoniale" et n'ont pas été orientés vers des sites agréés pour le traitement des déchets pollués.
Un autre point suscite les critiques de l'AFVS, de Robin des Bois et du Conseil de la ville de Paris : la décision de reconstruire à l'identique et avec les mêmes matériaux la cathédrale gothique, restaurée au 19e siècle par Viollet-le-Duc.
"On reprend les matériaux dont l'association a été catastrophique dans l'incendie, la charpente en bois ayant propagé le feu aux feuilles de plomb" qui fondent à faible température, s'emporte Jacky Bonnemains. Même en temps normal, le plomb disperse facilement des poussières sous l'effet de l'érosion, fait-il valoir.
<https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20210414-plomb-de-notre-dame-bilan-rassurant-ou-bombe-à-retardement>
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11- 100 000 morts du Covid-19 en France, un traumatisme à l’empreinte incertaine à long terme, Le Monde, 15/04/21, 08h43
Chloé Hecketsweiler
Aucune épidémie n’aura été plus virulente en un siècle, depuis la grippe espagnole, en 1918. Au-delà du chiffre, c’est la tragédie vécue par des familles ayant perdu leur proche qui a marqué. C’était il y a un peu plus d’un an, dans une autre vie. Les deux retraités, insouciants, voyagent en car, de la petite ville de l’Aisne où ils habitent jusqu’à Lloret de Mar, en Espagne, sur la Costa Brava. La mer, le soleil, et bien sûr le carnaval avec son cortège de chars colorés les attendent au bout de la longue route.
Certains, parmi les participants toussotent déjà. « Ah, ils vont me refiler leurs microbes », pestait Patrice, en plaisantant à moitié. « C’est la saison », se disait sa femme, Paulette (qui n’a pas souhaité donner son nom), sans trop s’inquiéter. L’ambiance est insouciante, et la nouvelle d’un premier décès lié au Covid-19 en France, un enseignant de Crépy-en-Valois (Oise), paraît bien lointaine.
Ancien ouvrier d’une sucrerie de l’Aisne, Patrice, 72 ans, photographie les défilés. On rigole de la mort du roi Carnestoltes, personnage emblématique des carnavals catalans. « C’est formidable ! », lançait-il à son fils au téléphone, jovial. « Il était loin de se douter que le corbillard serait pour lui », plaisante avec tristesse Paulette.
Un an plus tard, elle n’a toujours pas eu le courage de regarder les photos. « Je ne suis pas fichue de les mettre sur ma télé », soupire-t-elle. Son mari a été emporté par le Covid-19 en dix jours à leur retour d’Espagne, très probablement contaminé pendant le voyage. « Quand nous avons repris le car, nous avons appris qu’une dame avait passé toute la semaine clouée au lit dans sa chambre. Un docteur a diagnostiqué une grippe, et elle est rentrée avec nous », se souvient la veuve, qui remarque plusieurs autres participants mal en point.
Seule à l’enterrement de son mari
Elle n’a jamais revu son mari, emmené dans une ambulance appelée en urgence. A l’hôpital comme à la morgue les visites sont interdites, le corps du défunt déposé dans une housse hermétique sitôt le décès prononcé. « A l’enterrement, je me suis retrouvée seule avec mon fils », témoigne Paulette. Seule trace de la cérémonie, une petite annonce publiée le lendemain dans le journal local, précisant que Patrice était mort du SARS-CoV-2.
> Lire aussi : Avec les pompes funèbres : « Le deuil est devenu fantôme, le lien autour du défunt est rompu »
Sur la tombe est posé son portrait. « C’est tout ce qu’il me reste », souligne sans colère Paulette, en se remémorant tous ces moments du quotidien qui lui manquent. Patrice râlant devant BFM-TV, en boucle dans le salon ; discutant avec les voisins en chaussons dans la rue ; bricolant dans la maison avec son pantalon de travail élimé ; dansant sur la piste du bal des anciens combattants. « On aimait le madison, le tango, la valse, le cha-cha-cha, toutes ces danses des 70 ans », raconte la septuagénaire, elle aussi contaminée pendant le voyage en Espagne, mais chez qui les symptômes sont passés avec quelques comprimés de Doliprane.
Depuis, cette grand-mère ne quitte pas son masque, et se fait tester à chaque réunion de famille – toujours en petit comité – de crainte de contaminer son entourage. Elle s’est aussi fait vacciner. Autour d’elle, le Covid-19 a continué à faucher. « J’étais à l’enterrement d’un ami la semaine dernière. Sa femme est toujours en réanimation, elle ne sait pas encore que son mari est décédé, soupire-t-elle. On entend souvent les cloches de l’église sonner. »
« Un oubli instantané »
Partout en France, l’épidémie a tué par surprise, emportant 100 000 personnes en un peu plus d’une année. Ce bilan considérable s’inscrit dans la lignée des grandes épidémies de grippe du XXe siècle : celle de Hongkong (1968-1970) et la grippe asiatique (1956-1958) avec chacune un bilan de 25 000 à 30 000 morts, et la grippe espagnole responsable d’au moins 200 000 morts en France en 1918.
Mais, au-delà du choc que cela représente pour les familles concernées, que signifie ce chiffre pour la société française ? Quelle empreinte laisseront ces disparus dont la vie a soudainement été interrompue par un virus dont on connaissait à peine le nom il y a un an ?
> Lire aussi 100 000 morts du Covid-19 en France : aurait-il pu en être autrement ?
« C’est un phénomène historique majeur car aucune épidémie n’a fait autant de morts depuis la grippe espagnole », estime Jocelyn Raude, enseignant-chercheur à l’Ecole des hautes études en santé publique (Ehesp) et associé à l’enquête CoviPrevqui documente le comportement des Français pendant l’épidémie. Mais, paradoxalement, le chercheur s’attend à ce que ces décès sombrent assez vite dans l’oubli. « Lorsqu’on regarde les documents historiques qui suivent les grandes épidémies, ces tragédies sont assez peu présentes », témoigne-t-il, « impressionné par cette capacité des populations à l’amnésie ». Les événements n’ont finalement été exhumés qu’a posteriori, lors de l’émergence de nouvelles épidémies.
« Ces 100 000 décès, c’est abstrait, il n’y a rien d’humain derrière ces chiffres », décrypte Patrick Zylberman, historien à l’Ehesp. « Nous avons l’art de mettre le malheur à distance, nous préférons mettre toute cette souffrance loin de notre regard. Je ne sais pas s’il faut s’en féliciter », poursuit le chercheur qui parie, lui aussi, sur « un oubli instantané » dès que la crise sera derrière nous. « On va repartir de l’avant en se disant qu’on est heureux », anticipe-t-il, attribuant en partie cette attitude à l’individualisme contemporain décrit dans L’Ere du vide (Gallimard, 1983) par le philosophe Gilles Lipovetsky.
« Banalisation de la maladie »
D’abord effrayants, les chiffres égrenés chaque soir par le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, lors du premier confinement ont peu à peu perdu de leur sens. « On est de plus en plus insensibles à cette litanie du nombre de décès qui fait partie du quotidien depuis un an », constate Jocelyn Raude. « On note aussi que, depuis six mois, la population française est de moins en moins réactive aux signaux de risque – l’augmentation du nombre de morts notamment. Il y a peu à peu une décorrélation entre la situation épidémique et les comportements », précise encore le chercheur. Ce phénomène n’est pas propre à la France. L’Organisation mondiale de la santé lui a même trouvé un nom : la « fatigue pandémique ».
> Lire aussi l’entretien : « Ces morts n’ont été ni identifiés, ni pleurés collectivement »
Avec cette « banalisation de la maladie », la peur s’est transformée, reléguant les morts au second plan. « Au début, on avait surtout peur d’être contaminé et de mourir. Maintenant, on a davantage peur de ne pas pouvoir être traité dans de bonnes conditions parce que le système de santé est embolisé, et surtout des effets de cette pandémie sur la société, l’économie, les emplois, les jeunes », décrypte Jocelyn Raude. Le profil des Français disparus pendant la crise accentue encore le phénomène. En France, plus de 90 % des cas de Covid-19 décédés étaient âgés de 65 ans ou plus. « Globalement, plus la mortalité intervient à un âge élevé, mieux elle est acceptée », relève M. Raude.
L’onde de choc de ces 100 000 morts est difficile à apprécier car elle est aussi indissociable des autres décès. En 2020, l’Insee en a enregistré 654 000 au total en France métropolitaine et estime à 42 000 la surmortalité liée à l’épidémie due au coronavirus, soit bien moins que les 65 000 décès liés au Covid-19 recensés au 31 décembre 2020 par l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France. « Les décès par Covid-19 ont frappé en partie des personnes fragiles souffrant d’autres maladies. Une fraction d’entre elles seraient de toute façon décédées en 2020, même en l’absence d’épidémie », expliquent Gilles Pison et France Meslé, chercheurs à l’Institut national d’études démographiques, dans la revue Population & Sociétés.
Ces derniers avancent aussi « le recul d’autres causes de décès comme la grippe et les accidents de la circulation » pour expliquer le différentiel moins élevé que le décompte des morts liés au Covid-19, mais le bilan définitif ne sera pas connu avant 2024, le temps d’analyser tous les certificats de décès.
« Tirer un enseignement »
« Lors d’une épidémie de grippe, l’excès de mortalité peut atteindre de 7 000 à 15 000 décès », souligne à titre de comparaison Franck Chauvin, président du Haut Conseil de santé publique et membre du conseil scientifique, en rappelant que la population bénéficie d’une immunité collective contre ce virus qui pourrait autrement « faire des ravages ».
Le SARS-CoV-2 – virus à l’origine du Covid-19 – s’est en revanche attaqué à une population naïve, et seule des mesures très strictes de limitation des contacts ont permis de limiter sa diffusion et le nombre de décès.
Pour que l’empreinte des disparus ne s’efface pas, un collectif de chercheurs dont il fait partie a lancé il y a un peu plus d’un an un projet baptisé « Covid-19 Ad Memoriam ». L’objectif est de « collecter, d’archiver et analyser » les traces laissées par la pandémie sous la forme d’écrit, de photos, de vidéos et d’enregistrements, afin « que les générations futures n’oublient pas », explique l’anthropologue Laëtitia Atlani-Duault, présidente d’Ad Memoriam et membre du conseil scientifique. « Il ne s’agit pas tant de se souvenir que de tirer un enseignement de ce qui nous est arrivé pour être plus fort », souligne-t-elle.
> Lire aussi L’Institut Covid-19 Ad Memoriam commence ses travaux
Un premier colloque doit être organisé à la fin du mois de mai en partenariat avec le Comité consultatif national d’éthique pour aborder la question de la mort, de la fin de vie et du deuil pendant la pandémie, en particulier dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).
« Avec cette épidémie, le traumatisme pour les familles et la société n’est pas tant lié aux chiffres qu’à la façon dont ces décès se sont passés », analyse Franck Chauvin, rappelant les mesures de protection très strictes adoptées pendant l’épidémie : interdiction des visites, mise en bière immédiate, impossibilité de voir les défunts. « Les Ehpad complètement fermés, ça a été un traumatisme extrêmement important pour les familles et pour les résidents qui se sont retrouvés isolés, insiste-t-il. C’est cela qui va rester. »
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100 000 morts du Covid-19 en France : notre sélection d’articles sur le sujet
Retrouvez tous nos articles sur les 100 000 morts du Covid en France dans notre rubrique <https://www.lemonde.fr/les-100-000-morts-du-covid-19/>
• Le décryptage : La barre des 100 000 morts en France est déjà franchie depuis des semaines selon l’Inserm <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/14/covid-19-en-france-la-barre-des-100-000-deces-est-deja-franchie-depuis-des-semaines_6076697_3244.html>
• La synthèse : La mortalité de la pandémie est encore sous-estimée dans le monde <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/14/covid-19-dans-le-monde-une-mortalite-encore-sous-estimee_6076691_3244.html>
• L’entretien de Marie-Frédérique Bacqué : « Les morts du Covid-19 n’ont été ni identifiés ni pleurés collectivement » <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/14/marie-frederique-bacque-les-morts-du-covid-19-n-ont-ete-ni-identifies-ni-pleures-collectivement_6076696_3244.html>
• Le reportage : La troisième vague de Covid-19 vue de l’hôpital Bichat <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/14/la-troisieme-vague-de-covid-19-vue-de-l-hopital-bichat-on-se-demande-quand-ca-va-s-arreter_6076698_3244.html>
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/15/100-000-morts-du-covid-19-en-france-un-traumatisme-a-l-empreinte-incertaine-sur-le-long-terme_6076826_3244.html>
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12- LVMH n'utilisera plus que du plastique recyclé d'ici 2026, AFP, 15/04/21, 19:00
Le numéro un mondial du luxe LVMH s'est engagé jeudi à ne plus utiliser de plastique vierge dans les emballages d'ici 2026, lors de la présentation d'une nouvelle feuille de route environnementale à son assemblée générale.
Un objectif de "zéro plastique vierge" dans le packaging a été fixé pour 2026, ce qui signifie que le groupe n'utilisera plus que du plastique recyclé ou biosourcé.
"La nouvelle boussole environnementale du groupe balise l'avenir en définissant des programmes d'action à mettre en œuvre d'ici 2023, 2026 et 2030", a expliqué Antoine Arnault, directeur de l'Image et de l'Environnement de LVMH, lors de l'assemblée générale.
D'ici 2023, 100% des nouveaux produits seront inscrits dans "une démarche de circularité créative pour réduire encore leur empreinte environnementale : utiliser des matières recyclées, des fibres bio sourcées, innover sur les matières", a ajouté Antoine Arnault.
"Un kilo de laine précieuse recyclée, c'est 455% de carbone réduit par rapport à la laine vierge", a donné comme exemple Helène Valade, directrice développement Environnement, lors d'une présentation à la presse.
Concernant la biodiversité, LVMH s'engage à ce que d'ici 2026, 100% des matières premières stratégiques soient certifiées par des moyens préservant les écosystèmes et les ressources en eau.
Sur le climat, le groupe aux 75 marques s'engage à réduire de 50% d'ici 2026 ses émissions de carbone liées aux consommations énergétiques, par rapport à 2019, et à fournir ses boutiques et sites à 100% en énergie renouvelable.
LVMH prévoit de réduire de 55% d'ici 2030, par rapport à 2019, ses émissions de gaz à effet de serre totales par unité de valeur ajoutée, directes et indirectes (dont les matières premières, les transports...), des émissions catégorisées selon les standards internationaux comme "scope 3".
Les comparaisons directes sont difficiles, mais son grand rival Kering s'est engagé à réduire de 70% ses émissions "scope 3" d'ici 2030, par rapport à 2015, selon la Science Based Targets Initiative, qui inclut notamment l'ONU et WWF.
LVMH sera accompagné dans sa démarche par le cabinet d'étude Quantis et s'est engagé à faire un point annuel de l'état d'avancement des objectifs de la feuille de route, baptisée "Life 360".
<https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/lvmh-n-utilisera-plus-que-du-plastique-recycle-d-ici-2026_153499>
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13- Guadeloupe : adoption de la loi sur la gestion de l'eau au Parlement, AFP, 15/04/21, 20:00
L'adoption définitive jeudi à l'Assemblée nationale de la proposition de loi validant la création d'un syndicat mixte unique de gestion de l'eau en Guadeloupe doit permettre aux usagers guadeloupéens de retrouver un accès régulier à l'eau potable après des décennies de coupures.
La création d'un syndicat unique était considérée par le gouvernement comme une solution pour sortir l'île du statu quo. Les tentatives de régler localement le problème avaient échoué, pour des raisons tant politiques que financières.
Pourtant, cela fait bientôt quarante ans que la Guadeloupe connaît sur de larges secteurs du territoire des coupures d'eau, parfois durant plusieurs jours. La situation est si critique que des rotations ont été instituées pour alimenter un quartier en coupant l'eau dans d'autres.
Lors de l'étape finale de l'adoption de ce texte présenté par Justine Benin (Guadeloupe), la députée apparentée MoDem a salué ses collègues parlementaires qui ont permis de relever le "défi de l'eau en qualité, en quantité, et en continuité". Elle a également remercié les élus locaux qui ont su comprendre que cette loi "n'est pas une loi de dépossession, mais une loi de justice et d'efficacité".
Les députés comme les sénateurs s'étaient en effet émus, lors des débats, de cette intervention de l'Etat dans la gestion d'une ressource qui est partout ailleurs entièrement locale.
"Est-ce que cette problématique territoriale aurait vraiment dû se régler ici à Paris ? Les Guadeloupéens doivent demeurer pleinement souverains quant à leur organisation politique interne", a ainsi déclaré le député corse Michel Castellani.
- "De l'eau au robinet" -
Mais si ce sont les communautés d'agglomérations qui sont compétentes en matière d'eau, celles de Guadeloupe n'ont pas les moyens de subvenir au financement de tous les travaux, tout comme la régie principale, le Syndicat intercommunal d'alimentation en eau et assainissement de la Guadeloupe (Siaeag), l'ensemble des finances locales étant grevées par des masses salariales trop importantes et d'importants problèmes d'impayés.
"Avec ce texte, le Parlement a fait un premier pas important et nécessaire pour atteindre l'objectif qui nous anime tous : assurer le retour de l'eau au robinet de toutes les Guadeloupéennes et de tous les Guadeloupéens", a indiqué le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, dans un discours lu jeudi dans l'hémicycle par Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur.
"65% de l'eau qui entre dans les réseaux est perdue à cause de la vétusté des installations. Cela n'est pas acceptable en France et résume le bien-fondé de ce texte, qui n'est plus à démontrer", a-t-il rappelé.
Le syndicat mixte unique créé par cette loi réunira les cinq établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) existants ainsi que la Région et le Département dans le but de mutualiser la ressource en eau et la capacité d'investissement.
Pour mettre fin aux dysfonctionnements, ce nouvel organisme aura une "gouvernance équitable qui associe chaque collectivité et EPCI de façon paritaire : 4 sièges pour chacune", selon le ministre, et associera également la société civile et les usagers à sa gestion.
Des interrogations demeurent concernant l'importante dette fournisseurs qui va rester sur les bras des EPCI qui géraient auparavant le réseau, ainsi qu'un certain nombre de salariés qui ne seront pas repris par le nouveau syndicat.
"Ces charges ne sauraient revenir aux seuls Guadeloupéens, (...) cela nous paraît très injuste. L'Etat doit être prêt à assumer sa part de responsabilité et être à la hauteur. Vous ne pouvez pas d'un côté vous immiscer dans une affaire locale et de l'autre vous défausser complétement lorsqu'il s'agit d'assumer financièrement la déroute", a ainsi déclaré le député PCF Alain Bruneel.
"Je me réjouis de l'adoption de cette loi", a pour sa part indiqué à l'AFP le sénateur de Guadeloupe Dominique Théophile qui estime que le Parlement "est arrivé à un texte solide". "Cela demande très rapidement, dans les prochains jours, un engagement fort des élus guadeloupéens et de tous ceux qui concourent à la question", a-t-il insisté.
<https://www.geo.fr/environnement/guadeloupe-adoption-de-la-loi-sur-la-gestion-de-leau-au-parlement-204460>
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14- Tribune. « La crise sanitaire nous amène à tenir compte de la relation entre la consommation et la santé », Le Monde, 16/04/21, 12h31
Carine Milcent, chercheuse au CNRS & professeure d’économie associée à l’Ecole d’économie de Paris
L’économiste Carine Milcent plaide, dans une tribune au « Monde », pour la cohérence entre politiques sanitaire, économique et environnementale, seule susceptible de prévenir les inégalités de santé.
Tribune. Le Ségur de la santé a abouti à des investissements rendus indispensables par la crise sanitaire, comme la revalorisation des métiers des établissements de santé et médico-sociaux, mais il a manqué l’opportunité d’un remodelage du système. De même, la relance de production locale de principes actifs pour les médicaments est envisagée sans s’inscrire dans une refonte plus large de la politique de santé. L’épidémie de Covid-19, qui a pourtant mis la santé au cœur des préoccupations depuis plus d’un an, n’a pas donné lieu à une vraie prise de conscience de l’importance d’une transformation du système de soins en système de santé, c’est-à-dire d’un système alliant le curatif au préventif.
> Lire aussi Les conclusions du Ségur de la santé : 33 mesures pour réformer un système durement éprouvé
Les soins s’imposent lorsque survient un problème de santé. L’individu devient alors un « patient », en attente d’une prise en charge : c’est le curatif. En revanche, la prévention concerne les personnes qui ne sont pas malades : il s’agit de couvrir un risque, une potentialité de demande de soins futurs. C’est notre peur, notre aversion à tomber malade ou à nous blesser qui nous conduit à agir.
Modèle imbriqué
Or, notre éducation, notre travail, notre logement, notre environnement de vie ou encore notre histoire médicale affectent notre comportement de prévention. De ce fait, un système sanitaire qui n’intègre pas suffisamment la prévention ne peut pas lutter contre les inégalités de santé. De plus, la demande de soins dépend de notre perception de besoin de soins. Cette perception est le fruit de l’état de santé mais également de facteurs socio-économiques. Définir un modèle sanitaire reposant principalement sur l’offre de soins est, en quelque sorte, laisser les individus attendre d’être malades pour y avoir recours. C’est donc un modèle qui tient insuffisamment compte de l’imbrication du socio-économique et du médical.
La crise sanitaire a rendu visible le besoin de prévention. La première vague de contamination par le virus du Covid-19 a conduit au confinement de la population. Cette mesure a été nécessaire pour éviter l’explosion du système hospitalier. Le nombre de patients à soigner en urgence devenait trop important au regard des capacités de prise en charge. Ainsi, pour gérer la pénurie de l’offre, des mesures de préventions strictes ont été adoptées. Cette chaîne d’action-réaction met en évidence le lien étroit entre le curatif et le préventif : pour éviter de soigner, il faut agir en amont, par la prévention.
Ces dernières semaines, l’urgence de l’administration des vaccins aux plus fragiles met encore davantage en évidence ce lien. Le vaccin est la solution pour prévenir la contamination et donc prévenir la nécessité de soigner. Le gouvernement est aujourd’hui pressé par la population de lui fournir un moyen de prévention, un vaccin. Ne peut-on penser qu’il y a là l’occasion d’engager une politique plus vaste intégrant véritablement la prévention pour une santé plus équitable pour tous ? Retarder les dépenses de soins par une politique active de prévention permet mécaniquement de ralentir les dépenses de santé.
Mais la prévention va bien au-delà de la transformation de notre politique ou de notre système de santé ; elle implique aussi notre modèle économique. Or elle est aussi absente du plan de relance proposé par le gouvernement.
Cercle vicieux
La crise sanitaire nous a pourtant amenés à remettre en cause le fait que nous puissions totalement contrôler notre environnement. Elle nous conduit à tenir compte de la relation entre la consommation et la santé : il y a ce que nous mangeons, mais aussi nos choix d’achats qui affectent notre écosystème. Le plan de relance met certes en avant l’importance de la transition écologique. Mais il omet de dessiner un pont entre l’environnement et la prévention sanitaire. De la pollution générée par les conditions de production, des circuits de distribution aux risques épidémiologiques liés à l’élevage intensif, la relation est pourtant évidente. Malgré les bonnes intentions affichées, la réalité, lue par le déficit commercial qui continue de se creuser, est tout autre : nous consommons toujours plus de produits dont nous ne contrôlons pas le mode de production.
De plus, la période qui se prépare peut nous faire basculer dans un cercle vicieux, avec une crise économique susceptible d’accroître les inégalités. Malgré le volet sur la cohésion sociale du plan de relance, les ménages, face à des contraintes budgétaires de plus en plus fortes, risquent de consommer plus encore au plus bas prix, loin des préoccupations de prévention de la santé. La construction d’un système de santé exige de tisser des liens entre une politique environnementale et une politique économique.
> Lire aussi Covid-19 dans le monde : Pfizer-BioNTech accélère le rythme de ses livraisons de vaccins à l’Union européenne
Et cela dépasse nos frontières. La France est insérée dans un système globalisé dont les chaînes logistiques de production et de distribution dépendent. Comme l’a montré la gestion coopérative, certes chaotique, du vaccin, la crise sanitaire offre une chance unique pour une Europe de la santé de définir un panier de biens publics de santé, préventifs comme curatifs, échappant au marché soumis aux lois de la concurrence.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/04/16/la-crise-sanitaire-nous-amene-a-tenir-compte-de-la-relation-entre-la-consommation-et-la-sante_6077020_3232.html>
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15- Covid 19 : sa circulation influencée par la pollution et les conditions météorologiques ?, Actu-environnement, 16/04/21
Dorothée Laperche
« Il apparaît sans équivoque qu'un taux de pollution élevé favorise la propagation du virus, assure Jocelyn Chanussot, chercheur GIPSA-Lab et professeur à Grenoble INP – Ense3 co-auteur d'une étude sur le sujet. Cela peut vraisemblablement s'expliquer par le fait que le virus se propage en se fixant aux particules de polluants aéroportées. »
Des scientifiques de l'Institut italien pour l'étude des matériaux nanostructurés ont essayé de comprendre pourquoi certains territoires en Italie présentaient un taux de contagion supérieur à la moyenne du pays. Ainsi en Lombardie, plus de 63 % des personnes infectées enregistrées étaient concentrées dans les provinces de Milan, Bergame et Brescia. Et dans cette région le taux moyen d'infection de la population était le double du niveau national. L'équipe a recueilli des données sur la pollution atmosphérique en Lombardie mais également météorologiques sur la température, l'humidité relative et la vitesse du vent. « L'analyse a mis en évidence une corrélation positive entre la distribution spatiale des cas d'infection au Covid-19 avec des concentrations élevées de particules en suspension, notent les auteurs. Les pics de concentration de particules en suspension en février étaient en corrélation positive avec les pics d'infection en prenant en compte la période d'incubation du virus ».
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/covid-19-pollution-conditions-meteorologiques-sars-cov-2-transport-circulation-37382.php4>
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16- Sadhguru, l’homme qui a parcouru 9 000 km pour nettoyer les eaux les plus polluées de l’Inde, Daily Geek Show, 17/04/21
Yann Contegat – Source : National Geographic
Le Gange figure parmi les fleuves les plus menacés de la planète
Durant un mois, Jaggi Vasudev, alias Sadhguru, a effectué un périple de plus de 9 000 km à travers l’Inde afin de sensibiliser ses habitants à l’extrême nécessité d’assainir le Gange, ce fleuve sacré considéré comme le plus pollué au monde, et ses affluents. Une initiative qui s’est avérée payante.
Ces dernières années, l’eau est devenue un enjeu majeur en Inde. Fortement impactés par la pollution, la déforestation, la surexploitation et le changement climatique, ses cours d’eau majeurs tendent à s’assécher et les conséquences pourraient être dramatiques pour les millions d’habitants qui en dépendent.
> Lire aussi Le Japon va rejeter l’eau contaminée de la centrale de Fukushima dans l’océan Pacifique
Le volume des fleuves et cours d’eau indiens était d’environ 5 100 mètres cubes en 1951. Soixante ans plus tard, il n’était plus que de 1 500 mètres cubes et devrait, selon les estimations, frôler les 800 mètres cubes d’ici 2025. Un recul terrible qui impacte non seulement les humains, mais également la faune et la flore du pays.
Secteur vital pour l’économie indienne, l’agriculture en fait évidemment les frais. Affichant un niveau de pollution effarant, le Gange et l’Indus, largement utilisés par les Indiens pour l’irrigation des cultures, font partie des fleuves les plus menacés de la planète, et leur situation dramatique pourrait condamner dans un futur proche de nombreux agriculteurs si rien n’est fait.
>> Suite à lire à :
<https://dailygeekshow.com/pollution-inde-fleuve-gange-rally-for-rivers/>
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En audio
17- Les sols et sous-sols, notre assurance-vie !, France culture, De cause à effets, 13/04/21, de 21 à 22h
Aurélie Luneau
Face aux contaminations diffuses des sols, le programme de recherche "Pollusols" s'attaque à la racine du mal
Les activités humaines (transports, industries, agricultures...) sont responsables de la pollution des sols, via un continuum terre-mer. Soucieux de ces effets, des chercheurs basés en Loire-Atlantique travaillent sur ces pollutions diffuses (plomb, mercure, cuivre, zinc, platinoïdes, radionucléides...) et tentent de proposer des solutions de dépollution et de sauvegarde de ces espaces.
Comment mieux gérer les sols et leur redonner vie ? Pourquoi la vie sous terre est-elle notre assurance vie ?
Avec Thierry Lebeau, Professeur à l’Université de Nantes, spécialisé en microbiologie de l’environnement et dépollution des sols, et coordinateur scientifique de POLLUSOLS, projet de l'Observatoire des Sciences de l'Univers Nantes-Atlantique (Université de Nantes/CNRS), Cécile Le Guern, Ingénieure-chercheure au BRGM, spécialisée en géosciences de l’environnement, co-animatrice de l’axe de R&D sur les sols urbains à l’Institut de Recherche en Sciences et Techniques de la Ville, basée à Nantes, contributrice du programme de R&D Pollusols. Tous les deux font partie des contributeurs du livre « Les sols urbains sont-ils cultivables ? », édité chez Quae.
> Magazine (58 min) à retrouver à :
<https://www.franceculture.fr/emissions/de-cause-a-effets-le-magazine-de-lenvironnement/les-sols-et-sous-sols-notre-assurance-vie>
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En images
18- Société : recycler ses vêtements, une tendance qui se développe en France, France2, journal de 13h, 12/04/21
Ce lundi 12 avril, la rédaction de France 2 consacre sa rubrique "Une idée pour la France" à ces Français qui recyclent absolument tout, jusqu'à leurs vêtements.
Terminé le gâchis, de plus en plus de Français se mettent au recyclage et donnent une deuxième vie à leurs objets. C'est aussi le cas pour les vêtements, abîmés, trop vieux, trop courts, trop grands, les tissus se recyclent aussi. "Je trouve que c'est un exercice de comportement responsable", explique Kristina Hakala, créatrice en économie circulaire et spécialiste du sujet. Pour développer sa pratique, l'adepte de la machine à coudre anime également des ateliers.
Faire du neuf avec du vieux
"C'est encore mieux que du recyclage, c'est du surcyclage. En anglais 'upcycling', car il n'y a pas de transformation de la matière, donc pas de consommation d'eau, ni d'énergie. La matière première, nous l'utilisons tel quel afin de fabriquer un objet neuf", détaille la journaliste Valérie Heurtel sur le plateau de France 2. "Tous ces objets que l'on a chez nous peuvent avoir une deuxième vie, et la bonne nouvelle, c'est qu'aujourd'hui il y a des ateliers pour apprendre", conclut-elle.
>> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/societe-recycler-ses-vetements-une-tendance-qui-se-developpe-en-france_4369401.html>
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19- Derrière nos étiquettes : zoom sur le gouffre financier des cartouches d'encre, France 2, journal de 13h, 15/04/21
Dans la rubrique Derrière nos étiquettes du jeudi 15 avril, les équipes de France 2 se sont penchées sur le problématique des cartouches d’encre, de leur prix et de leur durée de vie. Chaque jour, 200 000 sont vendues en France mais elles reviennent très cher aux acheteurs.
Jeudi 15 avril, France 2 met le nez dans l’encrier pour étudier les cartouches. Fait incontestable : ces dernières sont chères, et il faut les changer souvent. Un téléspectateur, Pascal Lévêque, a investi dans une imprimante haut-de-gamme. La machine coûte 429 euros, et le jeu de cartouches 396 euros. En outre, il a l’impression que les cartouches vides ne le sont pas totalement. Frédéric Bordage, spécialiste des imprimantes à Grenoble (Isère), note que toutes les cartouches reviennent au moins à 2 000 euros le litre. Une somme "astronomique", selon l’expert.
Les utilisateurs dupés sur le contenu
Pourquoi une telle marge ? Le fabricant invoque le coût de la recherche et du développement. Pour Frédéric Bordage, les clients sont captifs de cette situation, grâce à des prix d’imprimantes attractifs. On en trouve à une soixantaine d’euros. Quant au contenu des recharges, les utilisateurs sont aussi dupés. Quand l’imprimante affiche "fin d’encre", il ressort que les cartouches contiennent encore 20 % du produit.
Présent sur le plateau du 13 Heures, le journaliste Paul-Luc Monnier donne quelques astuces pour payer moins cher. Les cartouches génériques sont par exemple moins onéreuses. Attention cependant : "Certaines ne sont pas toujours reconnues par les imprimantes", précise le journaliste. Enfin, il est possible de souscrire des abonnements. 100 pages coûteront ainsi 4,99 euros. "Toutefois, si vous imprimez plus que prévu, vous payez plus que prévu", prévient Paul-Luc Monnier.
>> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/derriere-nos-etiquettes-zoom-sur-le-gouffre-financier-des-cartouches-d-encre_4373345.html>
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20- Shampoing, savon, dentifrice... On a testé les cosmétiques en vrac, TF1, journal de 20h, 15/04/21
Vous achetez peut-être déjà vos pâtes, votre riz, ou vos céréales en vrac, ce qui est devenu presque banal. Plus original en revanche l'achat en vrac des produits cosmétiques pour éviter les emballages plastiques. Mais est-ce si facile de s'en passer ?
Dans votre salle de bain, seriez-vous prêt à vous débarrasser de tous les emballages plastiques de vos cosmétiques ? Seule solution : tout acheter en vrac. Ce couple va relever notre défi. Le vrac cosmétique se mérite. Trente minutes de marche en pleine ville pour en découvrir dans cette boutique spécialisée. Il en existe seulement une centaine en France. Le gel douche en vrac est 5 € moins cher que sa version emballée. Le contenant, lui, est rentabilisé au bout de deux utilisations. Plus avantageux, pourquoi ce vrac est-il peu répandu ? Il a fallu trois ans à cette entreprise pour mettre au point une machine adaptée capable de distribuer du dentifrice, de la crème ou encore du démaquillant, mais elle n'est présente que dans quelques magasins.
>> Reportage à voir à :
<https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/shampoing-savon-dentifrice-on-a-teste-les-cosmetiques-en-vrac-31239194.html>
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– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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