[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur biodiversité, sciences et protection du vivant et de l'univers, patrimoine (jeudi 26 août)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Jeu 26 Aou 08:13:22 CEST 2021


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
–> Un accès 'rapide' direct à la source de l'article (hors abonnement) par un lien hypertexte sur son intitulé dans le sommaire ; si un lien vers un article ne fonctionne pas, vous pouvez retrouver son contenu dans le corps du mail à l'item correspondant.
–> Un accès 'lent' et plus complet dans le corps du mail sous le sommaire et les extraits, incluant les articles réservés aux abonnés, des liens vers d'autres articles sur le même sujet et des pour en savoir plus (sources, etc.).
1- Enquête. Naturalistes, écrivains, historiens, philosophes… Ces penseurs qui inventent de nouvelles façons d’habiter la Terre <https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/07/26/naturalistes-ecrivains-historiens-philosophes-ces-penseurs-qui-inventent-de-nouvelles-facons-d-habiter-la-terre_6089532_3451060.html>, Le Monde, 26/07/21, 07h35
2- Plébiscités pendant les confinements, les animaux de compagnie envahissent les refuges <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/07/28/plebiscites-pendant-les-confinements-les-animaux-de-compagnie-envahissent-les-refuges_6089730_3244.html>, Le Monde, 28/07/21, 15h51
3- Entretien. « Une approche novatrice permet au monde sauvage de regagner une partie de ses bastions historiques » <https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/07/29/une-approche-novatrice-permet-au-monde-sauvage-de-regagner-une-partie-de-ses-bastions-historiques_6089847_3451060.html>, Le Monde, 29/07/21, 09h33
4- Douze embryons créés pour sauver le rhinocéros blanc du Nord <https://www.sciencesetavenir.fr/sciences/douze-embryons-crees-pour-sauver-le-rhinoceros-blanc-du-nord_156201>, AFP, 30/07/21, 14:00
5- Comment un papillon a fait alliance avec un virus pour combattre une guêpe <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/08/01/comment-un-papillon-a-fait-alliance-avec-un-virus-pour-combattre-une-guepe_6090235_1650684.html>, Le Monde, 01/08/21, 05h30 
6- L’accès à la nature favorise le développement des adolescents, selon une étude <https://www.linfodurable.fr/sante/lacces-la-nature-favorise-le-developpement-des-adolescents-28077>, L’info durable, 02/08/21
7- Entretien. Raphaël Mathevet : « Le flamant rose permet d’inventer une écologie du sauvage » <https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/08/04/raphael-mathevet-le-flamant-rose-permet-d-inventer-une-ecologie-du-sauvage_6090483_3451060.html>, 04/08/21, 07h00
8- Chine : drones et bananes contre éléphants vadrouilleurs <https://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/chine-drones-et-bananes-contre-elephants-vadrouilleurs_2156035.html>, AFP, 04/08/21, 10:00
9- La Roumanie lance une vaste campagne de prélèvement d’ADN de ses ours <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/05/la-roumanie-lance-une-vaste-campagne-de-prelevement-d-adn-sur-ses-ours_6090574_3244.html>, Le Monde, 05/08/21, 08h12
10- Le Kenya lance le premier recensement de sa faune sauvage <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/08/05/le-kenya-lance-le-premier-recensement-de-sa-faune-sauvage_6090598_3212.html>, Le Monde Afrique avec AFP, 05/08/21, 09h19 
11- Le Conseil d’Etat annule plusieurs autorisations de chasses traditionnelles d’oiseaux <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/06/le-conseil-d-etat-juge-illegales-certaines-chasses-traditionnelles-d-oiseaux_6090775_3244.html>, Le Monde, 06/08/21, 19h10
12- La hêtraie de la Massane (Pyrénées-Orientales), une forêt inexploitée par l'homme classée à l'Unesco <https://www.ladepeche.fr/2021/08/08/la-hetraie-de-la-massane-une-foret-inexploitee-par-lhomme-classee-a-lunesco-9720791.php>, La Dépêche, 08/08/21, 06:56
13- Factuel. Entre les abeilles et les hommes, une fascination à éclipses <https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/08/09/entre-les-abeilles-et-les-hommes-une-fascination-a-eclipses_6090941_3451060.html>, Le Monde, 09/08/21, 05h09
14- En Libye, l’île de Farwa menacée par la pêche, la pollution et la montée de la mer <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/08/09/en-libye-l-ile-de-farwa-menacee-par-la-peche-la-pollution-et-la-montee-de-la-mer_6090963_3212.html>, Le Monde Afrique avec AFP, 09/08/21, 10h30
15- Emblèmes de l’Islande, les macareux moines sont menacés d’extinction à cause du réchauffement climatique <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/09/emblemes-de-l-islande-les-macareux-moines-sont-menaces-d-extinction-a-cause-du-rechauffement-climatique_6090968_3244.html>, Le Monde, 09/08/21, 10h48 
16- Tribune. « Nous ne pouvons accepter la destruction du bien commun que constituent les herbiers de posidonies » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/08/09/nous-ne-pouvons-accepter-la-destruction-du-bien-commun-que-constituent-les-herbiers-de-posidonies_6091008_3232.html>, Le Monde, 09/08/21, 18h30
17- Ariège : des associations pro-ours dénoncent une "hystérie collective" <https://www.geo.fr/environnement/ariege-des-associations-pro-ours-denoncent-une-hysterie-collective-205827>, AFP, 09/08/21, 22:00
18- Bangladesh : capture d'un crocodile des marais, une espèce éteinte dans le pays <https://www.geo.fr/environnement/decouverte-dun-crocodile-des-marais-au-bangladesh-une-espece-eteinte-dans-le-pays-205837>, AFP, 10/08/21, 14:00
19- Des chercheurs reconstituent les pérégrinations d’un mammouth mort il y a plus de 17 000 ans <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/12/des-chercheurs-reconstituent-les-peregrinations-d-un-mammouth-mort-il-y-a-plus-de-17-000-ans_6091294_3244.html>, Le Monde, maj le 13/08/21 à 02h03 
20- Sur la Côte d’Opale, la lutte contre l’érosion influe sur la biodiversité <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/13/sur-la-cote-d-opale-la-lutte-contre-l-erosion-influe-sur-la-biodiversite_6091339_3244.html>, Le Monde, 13/08/21, 12h03 
21- Tribune. « Notre société française souffre d’un déficit d’acculturation scientifique majeur » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/08/14/notre-societe-francaise-souffre-d-un-deficit-d-acculturation-scientifique-majeur_6091396_3232.html>, Le Monde, 14/08/21, 06h33 
22- Au Guerno, des jeunes entre 8 et 17 ans sensibilisés à l’environnement durant un séjour à Branféré <https://www.letelegramme.fr/morbihan/le-guerno/au-guerno-des-jeunes-entre-8-et-17-ans-sensibilises-a-l-environnement-durant-un-sejour-a-branfere-14-08-2021-12807474.php>, Le Télégramme, 14/08/21, 14h55
En images
23- Chine : l'incroyable épopée des éléphants fugueurs <https://www.lci.fr/international/video-chine-l-incroyable-epopee-des-elephants-fugueurs-2193202.html>, TF1, journal de 20h, 05/08/21
24- France - Île de la Réunion : dans l'océan avec les baleines à bosse <https://information.tv5monde.com/video/france-ile-de-la-reunion-dans-l-ocean-avec-les-baleines-bosse>, TV5Monde, 08/08/21

Bien à vous,
Florence

NB : En pied de page de chaque message, vous disposez d’une adresse url qui vous permet de vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner directement à votre gré.

SÉRIES DU JOUR : — "Les penseurs du vivant" : les intellectuels et les activistes rencontrés nous aident à percevoir nos interdépendances avec les autres espèces vivantes. (cf. item 1, 3, 7 & suite)
— "Des abeilles et des hommes" : du néolithique à nos jours, cet insecte au mode de vie et aux dons si particuliers a accompagné, et parfois inspiré, l’histoire de l’humanité. (cf. item 13 & suite)
ÉTUDES DU JOUR : — Des papillons, jadis infectés par un virus, lui ont subtilisé des gènes qui neutralisent certains prédateurs parasitant leurs chenilles, révèle une étude parue dans la revue « Science ». (cf. item 5)
— L’accès aux espaces verts joue un rôle important dans le développement cognitif et émotionnel des adolescents selon étude britannique. (cf. item 6 & suite)
CAMPAGNES DU JOUR : — Annoncée par les autorités roumaines, la chasse à l’ours n’est pas destinée à supprimer les 6 700 plantigrades qui vivent dans les Carpates, mais à prélever leur ADN. (cf. item 9)
— Le Kenya, ce pays d’Afrique de l’Est connu pour ses parcs et ses safaris, mène actuellement par avion le premier recensement national de sa faune sauvage. (cf. item 10)
LABORATOIRE DU JOUR : La forêt de la Massane (Pyrénées-Orientales), qui surplombe la Méditerranée, et jouit d'une nouvelle notoriété grâce à son classement au patrimoine mondial de l'Unesco. (cf. item 12)
DÉCISION DU JOUR : Après l’interdiction de la chasse à la glu, en juin, le Conseil d’Etat a estimé que certaines chasses à l’aide de filets ou de cages n’étaient pas « conformes aux exigences du droit européen ». (cf. item 11)
IMPACTS DU JOUR : — Faute de nourriture suffisante près de leurs nids, du fait du réchauffement de l’océan, les macareux moines doivent voyager plus loin, de sorte que leurs petits meurent parfois de faim. (cf. item 15)
— Combattues par le secteur du yachting, les mesures de protection des herbiers de posidonie, plante sous-marine méditerranéenne qui remplit des fonctions écologiques cruciales doivent absolument être maintenues, affirment près d’une dizaine de scientifiques spécialistes de la question. (cf. item 16)
PARCOURS DU JOUR : Une distance équivalente à deux fois le tour de la Terre en 28 ans de vie : des chercheurs ont retracé le chemin parcouru par un mammouth laineux ayant vécu il y a environ 17.000 ans en Alaska. (cf. item 19)
FEUILLETON DU JOUR : En Chine, un troupeau d'éléphants a quitté sa réserve depuis plus d'un an. Ils ont causé pas mal de dégâts sur leur passage. Alors, de gros moyens sont déployés pour les surveiller et essayer de connaître leur direction. (cf. item 8 & 23)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
______________________________________________________________________________________________________________________
1- Enquête. Naturalistes, écrivains, historiens, philosophes… Ces penseurs qui inventent de nouvelles façons d’habiter la Terre, Le Monde, 26/07/21, 07h35
Nicolas Truong

« Les penseurs du vivant » (1/12). Les intellectuels et les activistes que « Le Monde » a rencontrés nous aident à percevoir nos interdépendances avec les autres espèces vivantes.
De l’air ! Tel est le cri poussé par tous ceux qui ont déjà tant suffoqué lors de la crise sanitaire. Car face à cette convulsion planétaire, qui a pris la forme d’une crise respiratoire, les contemporains cherchent des échappatoires. Du vert ! Telle est l’envie formulée par tant d’urbains prêts à quitter les villes surchauffées pour une maison de campagne à retaper, un village isolé ou un hameau partagé. La pandémie de Covid-19 a en effet mis en relief les limites de l’économisme et du productivisme, mais aussi du dualisme. Celui qui sépare l’âme du corps mais aussi la nature de la culture.
Le dôme de chaleur de 49,6 °C qui a asphyxié la ville canadienne de Lytton (Colombie-Britannique), les torrents de boue qui ont emporté Liège et submergé la Rhénanie-Palatinat, sans oublier le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat(GIEC) pointant que l’humanité était au bord d’une situation cataclysmique, ont radicalisé les plus avertis et dessillé les moins aguerris. Aujourd’hui, l’érosion de la vie sauvage peut atteindre chacun dans son quotidien. Et cette impression de vivre la fin d’un monde touche notre intimité la plus profonde.
> Lire aussi Bruno Latour : « Le Covid-19 offre un cas vraiment admirable et douloureux de dépendance »
Ce n’est donc pas un hasard si ce sont les naturalistes qui radicalisent les alertes et tentent d’apporter des solutions à partir de leur science de l’observation. Botanistes et zoologues, océanographes et mycologues sont aux avant-postes de l’urgence écologique. Car tous voient la vie sur Terre se dépeupler de certaines espèces, tous constatent que l’expansion humaine réduit les grands espaces. A tel point que l’ethnobotaniste Pierre Lieutaghi, qui étudie les interactions entre la flore sauvage européenne et certaines activités humaines, n’hésite pas à affirmer que Greta Thunberg, cette jeune militante suédoise devenue l’égérie de la lutte contre le changement climatique, est « une plus digne héritière des naturalistes du XVIIIe et du XIXe siècle que les chercheurs de l’Inrae parce qu’elle regarde le monde à travers les relations qui se nouent entre les vivants ».
Accroître l’intensité de l’existence
La déflagration écologique que nous traversons apparaît en effet comme une crise de notre relation au vivant, cette « communauté du monde à laquelle on appartient », rappelle le philosophe Baptiste Morizot (Raviver les braises du vivant, Actes Sud, 2020). C’est pourquoi il convient d’opérer un renversement de l’attention. Et, face à un paysage qui nous apparaît comme un amas de verdure, de « passer du décor au monde peuplé », écrit l’historienne de l’art Estelle Zhong Mengual (Apprendre à voir, Actes Sud, 256 pages, 29 euros). Pour cela, il faut observer, s’attarder, se préparer à la rencontre.
Observer le vol rare des vautours percnoptères et goûter aux pétales d’aphyllante de Montpellier dans les gorges de l’Ardèche avec les naturalistes Béatrice et Gilbert Cochet, arpenter les sols anthropisés du delta rhodanien avec l’artiste et théoricien Matthieu Duperrex, comprendre les « politiques du flamant rose » en Camargue en compagnie du géographe Raphaël Mathevet ou marcher, guidé par l’éditeur Baptiste Lanaspèze, sur le GR 2013, ce sentier métropolitain qui traverse les quartiers nord de Marseille, sont des expériences qui peuvent accroître l’intensité de l’existence et faire toucher du doigt nos nouvelles interdépendances.
> Lire aussi Le tournant écopolitique de la pensée française
Mais la plupart des contemporains ignorent la nature de ces liens cachés ou manifestes, profonds et souterrains. Or « il nous faut raconter notre histoire, intercalant entre l’écriture (graphie) et soi (bios) le rôle tiers du milieu naturel (oikos). Toute biographie, en ce sens, est une écobiographie », estime le philosophe Jean-Philippe Pierron (Je est un nous, Actes Sud, 176 pages, 19 euros). Soutenus par des naturalistes ou portés par eux, des intellectuels de terrain pensent ainsi nos nouvelles interdépendances avec le vivant. Et inventent des façons de le défendre, comme de nouvelles manières d’habiter la Terre (« Vivants », revue Reliefs, n°1-12, 224 pages, 19 euros). Le vocable de « vivant » s’est ainsi imposé dans le champ intellectuel et médiatique, mais aussi auprès des écologistes et des activistes. Parce qu’il est plus inclusif et englobant que celui de « nature » et d’« environnement », dont l’usage suppose une extériorité alors qu’il s’agit de désigner une appartenance commune.
Biographes de la nature
De même, le substantif « terrestre » s’est largement répandu. Car l’urgence s’est fait sentir d’« atterrir » afin de rompre avec un monde hors-sol, explique Bruno Latour. Forgé par le sociologue dans Face à Gaïa, Huit conférences sur le nouveau régime climatique (La Découverte, 2015), le concept de « terrestre » possède « l’avantage de ne spécifier ni le genre ni l’espèce, mais seulement la situation locale et l’enchevêtrement de ce qui compose les êtres », explique-t-il (Où suis-je ? Leçon du confinement à l’usage des terrestres, La Découverte, 186 pages, 15 euros). Un tournant philosophique et écopolitique dont témoigne Terrestres, la revue des livres, des idées et des écologies confondée par l’historien Christophe Bonneuil.
> Lire aussi « Où suis-je ? », de Bruno Latour : une invitation à explorer toutes les formes de survie
Ainsi, ce qu’on appelait autrefois « l’histoire naturelle », cette « fenêtre sur l’évolution du vivant », cherche aujourd’hui à élaborer un « code civil naturel », voire un « pacte de non-agression »de l’homme avec son écosystème, déclare le premier Manifeste du Muséum d’histoire naturellede Paris (Quel futur sans nature ? 2017). Car « l’histoire naturelle » a bien changé. Si la collection, l’inventaire et la conservation restent ses fondamentaux, elle ne cherche plus à ordonner le monde, encore moins à exhiber des trophées, comme le firent de nombreux naturalistes des deux siècles derniers (Le Détail du monde, l’art perdu de la description de la nature, Romain Bertrand, Seuil, 2019).
> Lire aussi (2019) :« Le Détail du monde », de Romain Bertrand, ou comment parler la langue de la nature
« Après l’avoir détrônée, la biologie redevient une histoire naturelle », résume l’ornithologue Stéphane Durand, directeur de la collection « Mondes sauvages » aux éditions Actes Sud. Car elle permet de faire la biographie d’« individus », de suivre la vie singulière d’un lynx ou l’idiosyncrasie d’un poulpe. Au point quel’océanographe et plongeur François Sarano nomme chaque cachalot observé : « Donner un nom, c’est reconnaître la personnalité de chacun. C’est lutter contre la réification du vivant, reconnaître que chaque être vivant est une personne non humaine. » Ainsi, les naturalistes sont redevenus des biographes de la nature.
« Nous vivons un bouleversement capital de la façon d’approcher le vivant », atteste Bruno David, président du Muséum national d’histoire naturelle et auteur de A l’aube de la 6e extinction (Grasset, 256 pages, 19,50 euros).
Agriculture, architecture, journalisme…
Grâce à des observations de terrain, ce renversement de l’attention opéré par la prise de conscience effective de l’appartenance des êtres humains au monde vivant est en train de modifier de nombreux domaines de la vie publique.
L’agriculture, bien sûr, avec l’essor de la permaculture. Comme en témoigne le succès de Vivre avec la Terre (Actes Sud, 2019), trois volumes qui synthétisent les recherches en écoculture menées par Charles et Perrine Hervé-Gruyer et leur équipe au sein de la ferme biologique du Bec-Hellouin, en Normandie. Ou encore la démarche de Sébastien Blache, ce spécialiste de la chouette chevêche qui, dans la Drôme, a repris le Grand Laval, une exploitation familiale à présent convertie en « polyculture élevage », considérée comme une véritable « ferme sauvage » (Renouer avec le vivant, hors-série de la revue « Socialter », décembre 2020).
> Lire aussi Posséder la terre en « commun » pour mieux la protéger
Le droit, avec la juriste Sarah Vanuxem, qui définit la propriété comme une « faculté d’habiter » et étudie, dans le sillage de l’anthropologue Philippe Descola, la réparation du préjudice écologique (Des choses de la nature et de leurs droits, Quae, 2020). La traduction, avec Camille de Toledo qui, grâce à une « biosémiotique », cherche à faire parler les non humains et, notamment, l’un des derniers fleuves sauvages d’Europe au sein du « Parlement de Loire ».
> Lire aussi La journaliste Inès Léraud récompensée pour ses enquêtes sur l’agro-industrie bretonne
Le journalisme, également, avec de nombreuses et courageuses enquêtes menées sur les maladies environnementales, dont témoignent les investigations d’Inès Léraud (Algues vertes. L’histoire interdite, avec Pierre Van Hove, La revue dessinée/Delcourt, 2019) ou la création de sites d’information tels que Disclose ou Splaan !.L’activisme, avec une jeunesse notamment incarnée par le bachelier Vipulan Puvaneswaran, militant de Youth For Climate et à l’affiche d’Animal, le nouveau documentaire du réalisateur Cyril Dion.
Révolution anthropologique
Mais il y a comme une ombre au tableau : cette nouvelle attention au vivant serait une préoccupation de « bobos » et non un souci de « prolos ». « L’écologie touche principalement des classes sociales aisées », souligne l’historienne des sciences et de l’environnement Valérie Chansigaud, affirmant que « le corps des pauvres joue le rôle d’un filtre qui permet au corps des riches d’être en bonne santé ». Mais, depuis le mouvement des « gilets jaunes », reconnaît-elle, « les clivages s’estompent quelque peu » entre ceux qui militent pour échapper à la fin du monde et ceux qui luttent pour survivre à la fin du mois. C’est pourquoi, dans Nous ne sommes pas seuls (Seuil, 432 pages, 21,50 euros), Antoine Chopot et Léna Balaud ont cherché à dénouer le débat qui oppose l’écologie marxiste à l’écologie relationniste afin de sortir du face-à-face caricatural entre un militantisme anthropocentré et un souci du vivant dépolitisé.
Autre caillou dans la chaussure, qu’on ne saurait réduire à une simple question de vocabulaire : cette politique de la Terre n’échapperait pas à son usage réactionnaire. Pour l’écrivain Sylvain Tesson, notamment, l’enracinement n’est pas progressiste, mais antimoderne et « l’écologie est conservatrice par nature ». Le philosophe Marcel Gauchet affirmait, de son côté, dans un article paru dans la revue Le Débat en 1990, qu’il y a « sous l’amour de la nature, la haine des hommes ». C’est pourquoi « il ne faut pas confondre le retour de la Terre avec “le retour à la terre” de triste mémoire », prévient Bruno Latour, même si l’« on va devoir chercher des alliés chez des gens qui, selon l’ancienne gradation, étaient clairement des réactionnaires », ainsi que « forger des alliances avec des “progressistes” et même, peut-être, des libéraux et des néolibéraux ! » (Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, La Découverte, 2017).
Au moins deux orientations écologistes influencées par des naturalistes coexistent aujourd’hui. D’une part, la voie « conservationniste », ouverte par l’écologue et forestier Aldo Leopold (1887-1948), penseur de « l’éthique de la Terre », qui voulait « penser comme une montagne » ; de l’autre, celle, égalitaire et libertaire, empruntée par le géographe Elisée Reclus (1830-1905), qui affirmait que « l’homme est la nature prenant conscience d’elle-même ». Mais une figure emblématique réconcilie presque tous les courants de cette révolution anthropologique : la biologiste marine et écologiste américaine Rachel Carson (1907-1964) dont le célèbre ouvrage, Printemps silencieux (1962), dénonça les ravages du DDT, ce pesticide de synthèse utilisé par l’armée américaine, qui fut interdit grâce à ses interventions dans l’espace public.
En solo, en duo ou en couple, souvent reliés à des collectifs, les nouveaux penseurs du vivant donnent des outils pour inventer un monde plus résilient. D’où l’envie de rencontrer et de donner la parole à ces naturalistes et activistes, écrivains et historiens, philosophes et juristes qui, en pratique comme en théorie, appellent à de nouvelles alliances terrestres.
<https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/07/26/naturalistes-ecrivains-historiens-philosophes-ces-penseurs-qui-inventent-de-nouvelles-facons-d-habiter-la-terre_6089532_3451060.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
2- Plébiscités pendant les confinements, les animaux de compagnie envahissent les refuges, Le Monde, 28/07/21, 15h51
Pauline Gensel 

Depuis le début de la crise sanitaire, de nombreux Français ont fait le choix d’accueillir un animal de compagnie. Mais bon nombre de ces bêtes peuplent aujourd’hui les refuges des associations, qui sont à saturation depuis début juin. 
L’été, le soleil, les départs en vacances, les abandons. Chaque année, l’histoire se répète : les associations de protection animale enregistrent un pic dans le nombre d’animaux qu’elles recueillent. Et cet été, les chiffres d’admission battent tous les records. Depuis le 1er mai, 10 600 animaux abandonnés ont été recueillis par la Société protectrice des animaux (SPA), soit 7 % de plus qu’en 2019 sur la même période.
Avec près de 7 500 pensionnaires, les refuges de l’association sont au maximum de leurs capacités depuis le 1er juin, alors qu’ils sont habituellement saturés à partir du dernier week-end de juillet. L’une des causes de cette augmentation : l’attrait pour les animaux de compagnie durant les confinements qui se sont succédé.
> Lire aussi  Animaux de compagnie : après le confinement, une augmentation de la demande en trompe-l’œil
Remède à l’isolement forcé, moyen de combler un manque d’affection et de compagnie… Les confinements ont fait naître, chez certains, l’envie d’adopter un compagnon à poils ou à plumes. Une décision parfois prise sous le coup de l’émotion, sans véritable compréhension de l’investissement qu’implique l’arrivée d’un animal dans un foyer. « Certains se sont laissé aller à l’achat compulsif, notamment dans les animaleries », déplore Daniel Meyssonnier, président du refuge des Baux-de-Provence (Bouches-du-Rhône) et administrateur du Syndicat national des professions du chien et du chat :
« On passe devant un chiot, on se dit qu’il est mignon, notre enfant nous supplie de le prendre. On craque, et au bout de six mois, on s’aperçoit que c’est compliqué, que ce n’est pas l’enfant qui va s’occuper du chien mais bien les parents. Et on finit par abandonner l’animal. »
Changements comportementaux
Accueillir un animal de compagnie n’est déjà pas de tout repos en temps normal. Le confinement est venu ajouter son lot de difficultés : maîtres et animaux ont dû apprendre à vivre en étroite proximité, et ce tout au long de la journée. Elisabeth, qui souhaite rester anonyme, éducatrice comportementaliste canine diplômée d’Etat à Lyon, a suivi plusieurs chiens au cours de ces confinements successifs. « Ils étaient plus stressés, plus anxieux, détaille-t-elle. Ceux qui étaient habitués à être seuls ont dû s’adapter à la présence de leurs maîtres, aux bruits, aux enfants qui n’étaient plus à l’école… » Le déconfinement et la fin du télétravail ont, là encore, demandé un effort d’adaptation. « Pour certains, c’était vraiment très compliqué, il a parfois fallu passer par des médicaments, des thérapies comportementales… »
Jacques-Charles Fombonne, président de la SPA, confirme ces changements comportementaux. « Lorsque le confinement a pris fin et que les maîtres sont retournés au travail, les animaux, qui avaient vécu avec eux 24 heures sur 24, ont parfois développé des angoisses, une peur d’être abandonnés, résume le bénévole. Le chien va mettre l’appartement sens dessus dessous, aboyer ; le chat va uriner partout… Et ces problèmes comportementaux peuvent parfois mener à des abandons. »
Dans les refuges de la SPA, les deux tiers des animaux sont des chats. L’association en a recueilli 7 000 en moins de trois mois, soit 25 % de plus qu’en 2019. Une augmentation en partie imputable à la crise sanitaire, selon Jacques-Charles Fombonne : « Les campagnes de stérilisation des chats errants ont pris beaucoup de retard à cause des confinements. Les chats ont continué à se reproduire, et ils constituent aujourd’hui une part très importante de nos pensionnaires. » En plus des chats et des chiens, les refuges comptent désormais de nouveaux animaux de compagnie, tels que lapins, furets ou encore tortues, en augmentation de 24 % par rapport à 2019.
Aucune donnée fiable
Lueur d’espoir pour les associations de protection animale, l’Assemblée nationale a voté, fin janvier, l’interdiction de la vente de chats et de chiens dans les animaleries à partir de 2024, dans le cadre d’une proposition de loi contre la maltraitance animale. Une décision saluée par le président de la SPA : « Là-bas, on vend des animaux comme on vendrait des peluches ou une console de jeu. Interdire la vente en animalerie et sur Internet, c’est orienter les acheteurs vers des éleveurs ou des refuges, des professionnels qui pourront leur donner des conseils et des informations concernant leur futur animal. Et qui pourront, aussi, vérifier si la personne est en mesure d’élever un animal de compagnie. » 
Parmi les autres mesures proposées par les députés figure l’instauration d’un certificat de connaissances obligatoire avant toute nouvelle acquisition d’espèce. Cette disposition, soutenue par le gouvernement, vise à responsabiliser les propriétaires d’animaux. Elle sera mise au débat des sénateurs les 30 septembre et 1er octobre.
> Lire aussi  Prévenir les achats impulsifs, fin des « fermes à chiots » : des pistes contre l’abandon d’animaux de compagnie
Aujourd’hui, aucune donnée fiable ne permet d’estimer le nombre d’animaux abandonnés chaque année. Depuis vingt ans, les associations parlent de 100 000 abandons par an. Mais pour Nicolas Biscaye, responsable du collectif Espoar, qui vise à réunir les acteurs de la protection animale pour lutter contre l’abandon et la maltraitance, le chiffre est à nuancer. « C’est une estimation pour faciliter la communication. Evaluer le nombre d’animaux abandonnés est extrêmement difficile. Mais il est bien supérieur à 100 000 abandons par an, cela ne fait aucun doute. » 
Ce flou quant au nombre d’abandons et d’acquisitions d’animaux rend difficile la mise en place de politiques adaptées et efficaces. Pour tenter d’y remédier, un décret du ministère de l’agriculture a rendu obligatoire, depuis décembre 2020, l’identification des chiens et des chats, qui doivent être enregistrés dans un fichier national. Tout propriétaire qui ne se soumettrait pas à cette obligation s’expose à une amende de 750 euros.
-----------------------------------------------------------------------------------------------
Le devenir des associations de protection animale « sans refuge » en débat
La proposition de loi contre la maltraitance animale, qui sera discutée au Sénat fin septembre, fait débat parmi les associations. Le collectif Espoar, qui vise à réunir les acteurs de la protection animale pour lutter contre l’abandon et la maltraitance, s’oppose à l’article 3 bis, qui dénie aux associations sans refuge – qui ne disposent pas de structures d’accueil des animaux – l’accès à des familles prenant en pension ces derniers. « Les refuges ne sont pas en capacité d’accueillir tous les animaux abandonnés, alerte Nicolas Biscaye, responsable du collectif. Ils sont déjà saturés, malgré le travail des associations sans refuge, qui jouent un rôle essentiel dans la protection animale. »
Ces associations sans refuge, au nombre de 3 200 en France, ont principalement recours aux familles d’accueil, pour sociabiliser de nouveau les animaux et estomper au maximum le traumatisme de l’abandon avant une adoption future. L’adoption de la proposition de loi aboutirait à leur fermeture. « Il faudra s’attendre alors à une vague massive d’euthanasies, les associations avec refuge ne pourront pas prendre en charge l’afflux massif d’animaux provenant des associations sans refuge », alerte M. Biscaye.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/07/28/plebiscites-pendant-les-confinements-les-animaux-de-compagnie-envahissent-les-refuges_6089730_3244.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
3- Entretien. « Une approche novatrice permet au monde sauvage de regagner une partie de ses bastions historiques », Le Monde, 29/07/21, 09h33
Nicolas Truong 

« Les penseurs du vivant » (4/12). Le réensauvagement, qui consiste à protéger un environnement afin qu’il retrouve son fonctionnement naturel, porte ses fruits, explique les naturalistes Béatrice Krémer-Cochet et Gilbert Cochet. Cette nouvelle alliance entre les hommes et la nature permet à la biodiversité de revenir.
Auteurs de L’Europe réensauvagée. Vers un nouveau monde (Actes Sud, 2020), les naturalistes et photographes Béatrice Kremer-Cochet et Gilbert Cochet arpentent, depuis plus de vingt ans, les réserves de vie sauvage du monde entier et achètent collectivement des espaces autrefois exploités et désormais laissés en libre évolution.
De quelle manière la nature sauvage regagne-t-elle du terrain en France et en Europe ?
Nous assistons à une situation contrastée. En effet, dans nos campagnes, l’utilisation de pesticides, d’engrais chimiques et la destruction des habitats (haies, prairies naturelles, marais…) ont fortement affecté la biodiversité. De fait, nos rivières sont eutrophisées, c’est-à-dire trop bien nourries, et les algues se développent. Leur décomposition naturelle consomme du dioxygène et entraîne l’asphyxie d’une partie de la faune aquatique. De même, la surpêche en mer est tout bonnement une folie, notamment par l’utilisation du chalut.
Mais, dans le même temps, certaines espèces iconiques, qui avaient disparu à la suite d’une intense persécution, reviennent. Soit spontanément, comme le loup, le phoque-veau marin, le phoque gris, la cigogne noire, la spatule blanche, la grue cendrée, la grande aigrette, l’ibis falcinelle, le pygargue à queue blanche, la tortue caouanne… soit grâce au coup de pouce de l’homme, qui a, par exemple, réintroduit les deux espèces de bouquetins (celui des Alpes et l’ibérique), le lynx, le gypaète et le vautour moine.
> Lire aussi Biodiversité : la faune française décline massivement
Une approche novatrice du rapport entre l’homme et le vivant non humain, une nouvelle alliance en quelque sorte, permet au monde sauvage de regagner une partie de ses bastions historiques. Par ailleurs, l’abandon des terres agricoles les plus difficiles à exploiter, notamment en montagne, a entraîné le retour spontané de la forêt, redevenue propice pour les ongulés (cerf, chevreuil, sanglier…) et leurs prédateurs (ours, loup, lynx, aigle royal…). Ces listes, incomplètes, montrent l’incroyable résilience des espèces dès lors qu’on leur laisse une place.
> Lire aussi « Un autre monde semble disparaître, cette part que nous n’avons pas créée : celui de la nature sauvage »
Pourtant, avec les associations Forêts sauvages et Aspas (Association pour la protection des animaux sauvages), vous avez voulu acquérir collectivement des terres afin de les laisser en « libre évolution ». Qu’est-ce que le réensauvagement ?
Le réensauvagement consiste à protéger un environnement et à lui permettre de retrouver son fonctionnement naturel. Les acquisitions réalisées par l’Aspas et Forêts sauvages permettent d’augmenter à la fois le nombre de sites protégés dans notre pays, et de leur offrir une protection stricte, sans compromis. Certaines de nos acquisitions, comme « Vercors Vie Sauvage », peuvent rivaliser en surface avec des réserves naturelles nationales comme l’île de la Platière, sur le Rhône, ou les Ramières de la Drôme : chacun de ces espaces protégés couvre environ 500 hectares.
Il a fallu quatorze ans de procédures administratives pour créer la réserve de la Platière. Un an et demi seulement pour motiver quelques dizaines de milliers de citoyens et rassembler les fonds qui ont permis l’achat du site privé « Vercors Vie Sauvage ». De plus, comme le foncier des réserves naturelles n’est pas totalement maîtrisé par l’Etat, on apprend, de temps à autre, que la pelouse à orchidées de la Platière a été labourée… Ou, plus récemment, qu’une coupe à blanc de forêt alluviale a été réalisée dans la réserve naturelle des Ramières. Rien de tout cela dans la réserve de « Vercors Vie Sauvage » de l’Aspas.
> Lire aussi : Dans le Vercors, tensions autour d’une réserve de vie sauvage
Nous avons confiance dans les dynamiques du vivant et nous les respectons. C’est la nature qui commande, avec ses surprises : la libre évolution est le mode de gestion choisi. En forêt, cette évolution est très lente : certains genévriers des gorges de l’Ardèche existent depuis 1 500 ans, un épicéa âgé de 9 550 ans a été découvert en Suède ! Mais bien que privées, nos réserves ne sont pas fermées au public : l’homme qui passe et ne laisse pas de trace y a toute sa place. Dans chacun de ces espaces, un sentier de découverte a été créé de manière à pouvoir proposer le plaisir de l’immersion en milieu naturel, de la contemplation et de l’observation tout en limitant le dérangement de la vie sauvage. C’est une chance extraordinaire, ce laisser-faire. Pour la nature, mais aussi pour l’homme : nous avons encore beaucoup à apprendre des dynamiques spontanées du vivant sur notre planète.
Pourquoi, selon vous, est-il si important d’œuvrer au démontage des barrages afin de faire revenir la vie sauvage ?
Onésime Reclus [géographe français, 1837-1916] a écrit : « La fluidité, véritable noblesse des rivières. » Et, en effet, un cours d’eau est fait pour s’écouler. Il est en mouvement permanent. Grâce à ce mouvement des masses d’eau de l’amont vers l’aval, blocs, galets, graviers et sables sont transportés, traversent parfois des continents entiers avant de former des plages dorées qui permettent aux terres de s’avancer sur les mers, tandis que les limons fertilisent les berges.
> Lire aussi Plus de 1 million d’obstacles sur les rivières d’Europe
Le mouvement de retour est bien illustré par le voyage des poissons migrateurs qui, après une croissance éclair dans le riche milieu marin, remontent les cours d’eau pour retrouver leur frayère de reproduction. C’est le retour du phosphore sur les continents qui est permis grâce à ce périple. Ainsi, dès qu’un barrage est construit sur un cours d’eau, les désagréments apparaissent, comme le recul des plages, l’avancée de la mer et la perte des poissons migrateurs. Les barrages devenus inutiles et/ou très impactants peuvent être effacés sans regrets. Les expériences françaises de Maisons-Rouges, sur la Vienne, Saint-Etienne-du-Vigan, sur l’Allier, et Kernansquillec, sur le Léguer (Côtes-d’Armor), sont de parfaites réussites. Au niveau européen, d’ici à 2030, il est prévu une suppression d’un barrage par jour !
Quels sont les nouveaux défis à relever pour une cohabitation harmonieuse entre l’homme et la nature ?
L’homme doit admettre qu’il a pris une place très largement prépondérante sur notre planète. Avec 96 % de la biomasse des mammifères continentaux (tous les humains et tous les animaux domestiqués), il ne laisse que 4 % aux animaux sauvages terrestres ! Et pour les habitats « naturels », certaines études montrent que seuls 3 % des surfaces émergées sont encore intactes. Espèces et espaces, finalement, se rejoignent pour exposer une situation complètement déséquilibrée, où l’homme exploite tout ce qu’il peut.
> Lire aussi Protéger la nature, mais comment ?
De nouveaux défis sont à relever pour que nous puissions continuer à nous nourrir sans toutefois épuiser les milieux naturels. De nouvelles méthodes efficaces, comme la permaculture, devraient permettre de diminuer l’impact sur les milieux agricoles et libérer des terres pour la nature. La restauration de paysages agricoles diversifiés et la diminution des intrants chimiques permettraient de retrouver la riche biodiversité des campagnes d’avant la funeste conversion vers l’intensif. Enfin, dans les mers et les océans, seule une réduction drastique de la pression de la pêche, associée à la création d’immenses sanctuaires, nous aidera à retrouver les richesses originelles. Au final, il s’agit d’établir une cohabitation harmonieuse entre l’homme et la nature. Une nouvelle alliance en quelque sorte.
> Retrouvez tous les épisodes de la série « Les penseurs du vivant » ici <https://www.lemonde.fr/les-penseurs-du-vivant/>
--------------------------------------------------------------------------------------------
Béatrice Krémer-Cochet et Gilbert Cochet, pionniers du réensauvagement
Béatrice et Gilbert Cochet sont des magiciens du terrain, des conteurs du vivant, des enchanteurs du réensauvagement. Lorsque l’on chemine avec ce couple de naturalistes, un concours de ricochets au bord de l’Ardèche devient un jeu de pistes, un sentier pédestre se transforme en poème sylvestre et chaque cavité d’une paroi escarpée où niche un Grand-Duc devient aussi envoûtante que la grotte Chauvet. Leur maison de Saint-Romain-de-Lerps, qui date des années 1920, est également un écrin où les caméras-pièges sont camouflées dans le jardin. « Une révolution technologique qui permet d’entrer dans l’intimité du monde animal, qui vit principalement la nuit », se réjouit Béatrice Krémer-Cochet.
> Lire aussi  Naturalistes, écrivains, historiens, philosophes… Ces penseurs qui inventent de nouvelles façons d’habiter la Terre
La nuit, tous les chats ne sont pas gris et l’on capte ce qui bouge avec ces discrètes caméras à infrarouge : sangliers, chevreuils ou mustélidés viennent se désaltérer. Pourtant, Béatrice Krémer-Cochet possède une capacité hors du commun à ne pas effrayer les animaux sauvages et même à gagner leur confiance. « Un jour, un bouquetin s’est approché d’elle, s’est couché et s’est mis à ruminer. C’était inouï », se souvient son mari, Gilbert Cochet.
Leur capacité à appréhender le vivant s’est sans doute cristallisée pendant l’enfance. « Je suis né naturaliste, toujours à quatre pattes à regarder les lézards. Je suis resté addict, je suis toujours obligé de sortir », dit Gilbert. Et Béatrice ouvrait la cage aux lapins chez son grand-père juste pour « le simple plaisir de les observer ».
Tous deux se sont rencontrés en cours de sciences naturelles, à la faculté de Lyon. Et ne se sont plus quittés. Premier voyage initiatique après l’agrégation, le grand « choc culturel » de l’Australie où « le rapport au sauvage est aux antipodes du nôtre ». S’ensuit une vie d’observations infinies. « Les rivières, ce sont les milieux que je préfère », avoue Gilbert, spécialiste de la moule perlière, alors qu’il marche à pas lents dans la réserve naturelle des gorges de l’Ardèche, dont il est le président du conseil scientifique depuis vingt-cinq ans (Fleuves et rivières sauvages au fil des réserves naturelles de France, Delachaux et Niestle, 2010).
Les loutres sont revenues
Béatrice invite à goûter des pétales d’aphyllante de Montpellier le long du sentier qui descend vers le rivage. Afin de saisir les grands mouvements géomorphologiques des fleuves sauvages de France, elle a même passé son brevet de pilote d’avion, puis d’hélicoptère pour en photographier les méandres. A pas de loup, de tortue ou de colombe, ils descendent tous deux vers la forêt alluviale, toujours aux aguets. Gilbert Cochet, qui a été le conseiller scientifique du réalisateur Jacques Perrin pour le film Les Saisons (2015) et a corédigé avec Stéphane Durand, Réensauvageons la France (Actes Sud, 2018), a « besoin de dominer son sujet par la connaissance et la nomination », indique Béatrice. Mais tous deux forment une même tourelle d’observation : « Je suis les yeux et il est les oreilles », s’amuse-t-elle.
> Lire aussi  « Une approche novatrice permet au monde sauvage de regagner une partie de ses bastions historiques »
Des rudistes, mollusques marins du Crétacé supérieur à présent fossilisés et tout simplement observés près du parking de la corniche, permettent de comprendre que nous marchons sur un ancien récif corallien, une enclave de péridotite incrustée dans une pierre basaltique, à savoir un éclat sur un galet noir qui peut sembler anodin, apparaît à nos yeux dessillés comme une trace physique – « un message », disent-ils –, qui provient du centre de la Terre. Et là, c’est non seulement Jules Verne, mais aussi Darwin et Buffon, dont les œuvres complètes tapissent une pièce de leur maison, qui pointent à l’horizon.
Dans les gorges de l’Ardèche, les loutres sont revenues et savent attendre le passage des canoës pour traverser, sans parler des aprons (poissons d’eau douce), des aigles de Bonelli et de somptueux vautours percnoptères, les mêmes que l’on retrouve sur les hiéroglyphes égyptiens. Mais, regrette Gilbert Cochet, « lorsqu’on visite la grotte Chauvet, on est frappé par la beauté et la variété des espèces représentées. Or, quand on en sort aujourd’hui, il n’y a désormais presque plus rien ».
C’est dans les réserves de vie sauvage, qu’ils ont collectivement achetées, que Béatrice Krémer-Cochet et Gilbert Cochet se sentent le plus accordés. « Ici, on est chez nous », lancent-ils de concert. Et ce n’est pas le cri identitaire de propriétaires, mais le soupir de soulagement d’un couple soucieux d’apaiser la Terre. Décidément, le réensauvagement est un réenchantement.
<https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/07/29/une-approche-novatrice-permet-au-monde-sauvage-de-regagner-une-partie-de-ses-bastions-historiques_6089847_3451060.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
4- Douze embryons créés pour sauver le rhinocéros blanc du Nord, AFP, 30/07/21, 14:00

Un total de 12 embryons de rhinocéros blancs du Nord ont été créés au terme de deux années de travaux visant à sauver cette sous-espèce déjà techniquement éteinte, ont annoncé les scientifiques en charge de ce projet.
Depuis le décès en 2018 du dernier mâle, il ne reste plus sur Terre que deux femelles, Najin et sa fille Fatu, qui vivent sous bonne garde dans la réserve kényane d'Ol Pejeta. Mais les gamètes de plusieurs mâles ont été conservés.
BioRescue, un consortium de scientifiques et de conservationnistes, a, depuis août 2019, collecté 80 ovocytes sur les deux mastodontes, parvenant à fabriquer un total de 12 embryons, ont-ils annoncé jeudi soir dans un communiqué.
Interrogé vendredi par l'AFP, le directeur d'Ol Pejeta, Richard Vigne, a souligné que malgré ces résultats prometteurs de nombreux défis persistent. 
"Personne ne va prétendre que c'est facile mais je pense qu'il y a de fortes chances que ce soit quand même un succès", a-t-il dit, évoquant d'importants "défis". 
"Nous faisons des choses d'avant-garde d'un point de vue scientifique et nous travaillons avec de la génétique, avec les deux derniers rhinocéros blancs du Nord sur la planète : il y a beaucoup, de choses qui pourraient mal se passer", a-t-il ajouté.
Aucune des deux femelles n'est en mesure de mener une grossesse à son terme : Fatu souffre de lésions dégénératives au niveau de l'utérus et Najin d'une fragilité de son train arrière incompatible avec une portée.
Pour obtenir des bébés rhinocéros blanc du Nord, qui vivaient notamment au Soudan du Sud et en Ouganda, les scientifiques auront recours à des mères porteuses sélectionnées parmi des femelles de rhinocéros blancs du Sud, originaires d'Afrique australe. 
Outre Ol Pejeta et l'agence kényane de protection de la faune (KWS), BioRescue réunit entre autres l'Institut Leibniz de recherche zoologique et animale, en Allemagne, et le laboratoire Avantea, en Italie, spécialiste de la reproduction de chevaux et de bovins.
"Il est très encourageant de voir que le projet a continué à faire de bons progrès dans cette ambitieuse tentative de sauver de l'extinction une espèce emblématique", a déclaré le ministre kényan du Tourisme, Najib Balala, cité dans le communiqué. 
Dans leur milieu naturel, les rhinocéros n'ont que peu de prédateurs, grâce à leur taille et l'épaisseur de leur peau. Mais de prétendues vertus médicinales attribuées en Asie à leur corne ont alimenté dans les années 1970 et 80 un braconnage implacable, facilité par les conflits.
Les rhinocéros modernes sillonnent notre planète depuis 26 millions d'années. Au milieu du 19e siècle, on estimait leur population à plus d'un million d'individus en Afrique.
<https://www.sciencesetavenir.fr/sciences/douze-embryons-crees-pour-sauver-le-rhinoceros-blanc-du-nord_156201>
Sur le même sujet :
> Hausse du nombre de rhinocéros tués en Afrique du Sud en 2021 <https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/grands-mammiferes/hausse-du-nombre-de-rhinoceros-tues-en-afrique-du-sud-en-2021_156223>, Sciences et Avenir avec AFP, 31/07/21, 18:00
______________________________________________________________________________________________________________________
5- Comment un papillon a fait alliance avec un virus pour combattre une guêpe, Le Monde, 01/08/21, 05h30 
Florence Rosier

Des lépidoptères, jadis infectés par un virus, lui ont subtilisé des gènes qui neutralisent certains prédateurs parasitant leurs chenilles, révèle une étude parue dans la revue « Science ». 
C’est une lutte féroce mais furtive, au sein du menu peuple de l’herbe. Trois forces armées s’affrontent : un papillon, un virus et une guêpe. Dans la revue Science du 30 juillet, une équipe internationale a décodé le pacte occulte scellé entre les deux premiers, au détriment de la troisième. En clair, par un étrange tour dont l’évolution a le secret, des papillons ont fait alliance, en des temps immémoriaux, avec certains virus qui pourtant les infectent. A la faveur d’infections passées, ils leur ont subtilisé des gènes qui neutralisent leur ennemi commun : certaines guêpes qui parasitent leurs chenilles. L’étude révèle ainsi la « course évolutive incessante aux armements » dans laquelle est engagé ce trio, version Microcosmos. Course qui permet aux virus de l’emporter sur les hyménoptères, dans leur compétition pour l’accès au même hôte – le papillon.
L’étude a porté sur deux papillons de nuit migrateurs, le légionnaire du nord (Mythimna separata) et la noctuelle exiguë (Spodoptera exigua). Leurs chenilles sont donc la cible de guêpes parasitoïdes qui y pondent de 15 à 50 œufs. Résultat, lorsque les larves des guêpes éclosent, elles percent la cuticule des chenilles qui meurent généralement d’hémorragie. « En 1970, un jeune entomologiste américain, Harry Kaya, a découvert que les larves de ces guêpes meurent quand elles parasitent des chenilles infectées par certains virus », raconte Madoka Nakai, de l’université de Tokyo, qui a coordonné le travail dans Science.
> Lire aussi  Les secrets des plantes contre les agressions
Le mécanisme de cette mort vient d’être élucidé. Les chercheurs ont mis en évidence une nouvelle famille de gènes viraux, les « facteurs tueurs de parasitoïdes », ou PKF (Parasitoid killing factor). Ces gènes gouvernent la fabrication de protéines toxiques pour les cellules de certaines guêpes pilleuses de chenilles : elles les tuent en induisant une « mort cellulaire programmée » (un suicide cellulaire, ou « apoptose »). « La toxicité de ces gènes est très spécifique d’une sous-famille de guêpes, les Microgastrinae », précise æ, de l’université de Valence (Espagne), qui a lui aussi coordonné ce travail.
Un mécanisme de défense moléculaire
« C’est un phénomène assez général, puisque ces gènes PKF ont été trouvés dans trois familles de virus d’insectes : les entomopoxvirus, les ascovirus et les baculovirus », commente Jean-Michel Drezen, chercheur CNRS à l’université de Tours, qui n’a pas participé à l’étude. Quand l’un de ces virus infecte un papillon, il protège donc ses chenilles des guêpes : ses gènes PKF inhibent le développement des larves d’hyménoptères. « Mais c’est, bien sûr, pour mieux exploiter ces chenilles à son profit afin de produire des particules virales – ce qui finit par tuer les chenilles », relève Jean-Michel Drezen.
A leur grande surprise, les chercheurs ont retrouvé ces mêmes gènes PKF intégrés dans le génome des deux papillons de nuit. Les virus, on le sait, transmettent de manière récurrente certains de leurs gènes aux hôtes qu’ils infectent par un processus dit de « transfert horizontal ». Les gènes viraux sont alors incorporés dans le génome des individus infectés. S’ils s’intègrent dans une cellule sexuelle, ils peuvent être transmis à la descendance. C’est ce qui s’est passé pour ces papillons. Ils ont ainsi acquis un mécanisme de défense moléculaire qui cible certaines guêpes parasites – indépendamment de toute infection virale, désormais.
> Lire aussi  La coccinelle, un allié potentiellement rentable dans la lutte contre les ravageurs
Soyons clairs : pour ces virus, « offrir » ainsi un de leurs gènes au papillon ne relève pas d’un acte altruiste – l’évolution est un processus sans finalité, qui sélectionne à l’aveugle les individus les mieux adaptés. De fait, ces trois familles de virus trouvent un intérêt manifeste à éliminer certaines guêpes seulement. Si leurs gènes PKF ciblent les Microgastrinae, ce n’est pas un hasard : ces guêpes se sont elles-mêmes alliées à d’autres virus (des bracovirus). Elles ont, en effet, incorporé le génome complet de ces virus il y a cent millions d’années ! Or, un des gènes de ces bracovirus, précisément, inhibe le développement d’au moins une des trois familles de virus alliés aux papillons. C’est ce qu’ont montré Jean-Michel Drezen et Salvador Herrero en 2015 dans la revue PloS Genetics. Vous avez dit « course aux armements génétiques » ?
Supprimer le recours aux pesticides
Ce travail pourrait avoir des retombées agronomiques. Un des papillons étudiés, Mythimna separata, est en effet l’un des pires ravageurs des cultures céréalières (en particulier des rizières) dans le sud et l’est de l’Asie et en Australie. Or, la lutte biologique consiste à exploiter des prédateurs naturels (par exemple, des guêpes parasitoïdes) des ennemis des cultures afin d’éliminer ces derniers, supprimant ainsi le recours aux pesticides. « Connaître finement les interactions entre les différents acteurs de cette lutte peut contribuer à choisir la meilleure souche de parasitoïde contre un ravageur donné », indique Jean-Michel Drezen.
Au Brésil, la lutte biologique est utilisée sur des millions d’hectares de canne à sucre, depuis les années 1980, à l’aide de parasitoïdes produits massivement. En France, « ce n’est pas pour tout de suite, explique le chercheur, mais les progrès de l’automatisation des élevages d’insectes pourraient permettre, à terme, de produire des guêpes parasitoïdes à un coût acceptable ». Une approche actuelle consiste déjà à introduire une nouvelle espèce capable de s’établir sur le territoire. Dans l’Hexagone, le parasitoïde Torymus sinensis a ainsi récemment été introduit pour lutter contre les galles du châtaignier, causées par une espèce invasive venant d’Asie.
> Lire aussi  Les insectes et les bactéries comme alternative aux pesticides
La découverte publiée dans Science, enfin, ouvre de nouvelles perspectives en virologie. Jusqu’ici, on connaissait deux types de gènes viraux : ceux qui ordonnent la production de protéines qui participent à la structure du virus, et ceux qui ordonnent la production de protéines qui contrôlent des cellules de l’hôte. « Mais les gènes PKF que nous avons trouvés agissent directement sur des organismes qui ne sont pas les hôtes infectés [des guêpes, ici]. Nous devons donc davantage considérer les virus comme des membres d’un écosystème qui héberge des espèces variées », conclut Madoka Nakai. L’humanité n’aurait-elle pas gagné à suivre cette recommandation… pour mieux appréhender une certaine pandémie ?
<https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/08/01/comment-un-papillon-a-fait-alliance-avec-un-virus-pour-combattre-une-guepe_6090235_1650684.html>
En savoir plus :
> Deadly viruses help moths and butterflies fight off parasitic wasps <https://www.sciencemag.org/news/2021/07/deadly-viruses-help-moths-and-butterflies-fight-parasitic-wasps>, Science Mag, Jul. 29, 2021 , 14:00
______________________________________________________________________________________________________________________
6- L’accès à la nature favorise le développement des adolescents, selon une étude, L’info durable, 02/08/21
Hugo Letemple-Dabas

Une étude britannique souligne que l’accès aux espaces verts joue un rôle important dans le développement cognitif et émotionnel des adolescents.
La nature, bénéfique pour le cerveau des adolescents ? C'est ce qu'avance une étude, publiée dans la revue Nature Sustainability, et menée par des chercheurs britanniques de l'University College London (UCL) et de la New South Wales Law School. Les scientifiques ont effectué des tests de développement cognitif sur 3 568 adolescents, âgés entre 9 et 15 ans, dans 31 écoles londoniennes entre 2014 et 2018. 
Les élèves ont été suivis par analyse satellite et divisés en deux groupes. Certains avaient accès aux espaces verts, comme les forêts, les prairies et les parcs. Les autres, aux espaces bleus : les rivières, lacs.... Les tests de développement se sont déroulés au début et à la fin des travaux des scientifiques.
Conclusion : ceux qui ont eu accès aux espaces verts, ont obtenu des résultats plus élevés aux tests cognitifs. Pour le doctorant Mikaël Maes, "être immergé dans les images, les sons et les odeurs d'une forêt" offre de nombreux avantages psychologiques et physiologiques. Comme il le note dans un communiqué, cela permet notamment de "soutenir la fonction immunitaire humaine, réduire la variabilité de la fréquence cardiaque et le cortisol salivaire."
>> Suite à lire à :
<https://www.linfodurable.fr/sante/lacces-la-nature-favorise-le-developpement-des-adolescents-28077>
En savoir plus :
> Benefit of woodland and other natural environments for adolescents’ cognition and mental health <https://www.nature.com/articles/s41893-021-00751-1?proof=thttps://www.nature.com/articles/sj.bdj.2014.353?proof=t>, Nature Sustainability, 19 July 2021
______________________________________________________________________________________________________________________
7- Entretien. Raphaël Mathevet : « Le flamant rose permet d’inventer une écologie du sauvage », 04/08/21, 07h00
Propos recueillis par Nicolas Truong 

« Les penseurs du vivant » (9/12). La perspective animale peut renouveler notre approche des politiques de conservation de la nature, d’aménagement du territoire et de la chasse, explique l’écologue, spécialiste de la géographie animale.
Ecologue et géographe, directeur de recherches au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive du CNRS, à Montpellier, Raphaël Mathevet est conseiller scientifique de plusieurs espaces protégés comme les parcs nationaux des Ecrins et des Calanques, et copréside le conseil scientifique du parc naturel régional de Camargue et de la réserve naturelle nationale des marais du Vigueirat. Il a notamment publié La Solidarité écologique (Actes Sud, 2012) et, avec Arnaud Béchet, Politiques du flamant rose (WildProject, 2020).
Pourquoi vous intéressez-vous au flamant rose, cette espèce emblématique de Camargue ?
Le flamant est une espèce dont l’histoire naturelle et politique singulière permet d’interroger l’engouement actuel pour le sauvage et le réensauvagement, ainsi que les conditions de coexistence des hommes avec le reste du vivant. En s’affranchissant des frontières humaines, la mobilité du flamant rose rebat les cartes des politiques d’aménagement du territoire : comment faire, ou que faire du sauvage dans un espace qui appartient aux hommes ? Les sangliers et les loups, par exemple, se déplacent, ils font fi des zonages établis par les humains et où l’on voudrait les cantonner. Les animaux sauvages transgressent ou résistent aux classifications et aux places que l’on tente de leur assigner et construisent leur propre territoire. L’histoire de la protection du flamant rose en Camargue révèle la capacité de l’oiseau à agir et faire agir. Ses déplacements pour se nourrir ou se reproduire ont des effets écologiques mais aussi sociaux. La mobilité animale perturbe les usages et l’entendement des catégories que nous utilisons pour mettre de l’ordre dans nos lectures du monde : naturel, artificiel, domestique, sauvage.
> Lire aussi Naturalistes, écrivains, historiens, philosophes… Ces penseurs qui inventent de nouvelles façons d’habiter la Terre
La cohabitation avec les activités humaines s’en trouve-t-elle problématique ?
Au début des années 1960, pour remédier à des échecs répétés de la reproduction du flamant rose en Camargue, l’un des bastions de l’espèce en Méditerranée, les ornithologues de la station biologique de la Tour du Valat, avec les Salins du Midi, ont créé un îlot de nidification dans l’étang du Fangassier, dans le village de Salin-de-Giraud. Après beaucoup d’efforts, l’espèce a retrouvé des effectifs importants. Si la cohabitation du flamant avec l’activité salinière s’est bien passée, depuis les années 1980, il s’invite dans les rizières inondées. Certaines années, il cause des dommages importants qui crispent et fatiguent les riziculteurs, d’autant que les dégâts ne sont pas indemnisés. L’accroissement de la population, la simplification du paysage, la création de nouveaux espaces protégés, des changements de régime d’inondation des marais contribuent aux conflits locaux où le flamant rose, associé aux écologistes et scientifiques qu’il attire, devient aussi le symbole de l’écologisation du territoire et des pratiques de ces dernières décennies. Une écologisation des politiques publiques rejetée par certains. Le flamant rose enfante ainsi controverses et arènes de concertation, produit règles de gestion et de surveillance, participe aux dynamiques paysagère et territoriale. Espèce emblématique, le flamant concerne tout le monde, son image est valorisée par toutes les activités, il permet aussi d’inventer une écologie du sauvage.
> Lire aussi Baptiste Morizot, un philosophe « sur la piste animale »
Qu’est-ce qu’une écologie du sauvage ?
L’écologie du sauvage, c’est faire avec la nature plutôt que sans la nature, contre la nature ou malgré la nature. Il s’agit d’une écologie qui cherche à conserver le potentiel évolutif des espèces et des milieux afin de garantir leur survie dans un monde changeant. Pour cela, elle essaie de conserver les conditions d’existence ayant participé à forger la biologie et l’écologie de ces espèces et écosystèmes mais aussi la diversité du vivant. L’écologie du sauvage propose une gestion adaptative qui cherche à apprendre des résultats des actions entreprises et à adapter les choix, chemin faisant.
En quoi la Camargue est-elle une région représentative de la possibilité de mener une écologie du sauvage ?
Le delta du Rhône a été l’objet d’aménagements importants et anciens pour tenter de contrôler les eaux du fleuve, celles de la mer, ainsi que la salinité des sols. Les routes, digues, pompes, canaux, vannes y sont nombreux et fabriquent ce que j’appelle la « nature composée avec l’homme comme auxiliaire ». Mais la nature spontanée et autonome est aussi présente. Ces différentes natures permettent de penser le sauvage mais aussi la diversité des manières d’appartenir à la nature. Or, la vente au Conservatoire du littoral, il y a une douzaine d’années, de plus de 6 000 hectares de salins, soumis à l’érosion côtière, et qui incluent le site historique de reproduction des flamants roses, a été l’occasion de revisiter les politiques de conservation de l’oiseau. Depuis soixante ans, en entretenant et en protégeant, chaque année, sa reproduction sur un îlot d’un étang de basse Camargue, le flamant rose a été sauvé. Mais alors que l’espèce est normalement nomade, pourquoi continuer d’assurer artificiellement, chaque année, les conditions de sa reproduction sur cet îlot ? Si l’espèce est sauvée, pourquoi poursuivre ces efforts coûteux ? Ces questionnements ont façonné un projet de renaturation inédit par son ampleur spatiale.
> Lire aussi « Ne laissons pas le réenchantement du monde aux mystiques »
La renaturation des milieux artificialisés et anthropisés est-elle une solution afin de remédier à l’érosion de la biodiversité ?
Pour remédier à l’érosion de la biodiversité, il s’agit d’abord et toujours de s’attaquer aux causes premières. On les connaît bien : surexploitation, dégradation et destruction des milieux naturels, économie décomplexée, incohérence des politiques publiques sectorielles, déficit de connexion au monde naturel et changement climatique. Renaturer un espace est une approche qui consiste à accepter de ne pas, ou de ne plus intervenir, de le laisser aller vers une libre évolution. Pour cela, soit on s’abstient de toute intervention, peu importe son état initial, soit on intervient dans un premier temps – quelquefois avec des pelleteuses – pour remettre les écosystèmes sur leur trajectoire écologique. Une telle gestion permet de régénérer des milieux et des processus écologiques plus autonomes dans leur dynamique évolutive, mais aussi plus résilients aux perturbations. En inscrivant des milieux côtiers, comme les anciens salins, sur une telle trajectoire de libre évolution, l’Etat fait le choix de cesser d’entretenir certaines infrastructures de lutte contre l’érosion côtière et la montée du niveau de la mer qui se révèlent vaines et coûteuses sur le long terme dans le contexte du changement climatique.
> Lire aussi « Un autre monde semble disparaître, cette part que nous n’avons pas créée : celui de la nature sauvage »
Cela peut-il se produire sans conflit ?
A court terme, faire le choix de la libre évolution remet en cause les attachements aux pratiques, les identités et la capacité d’action des acteurs locaux. Recréer les conditions de variabilité naturelle des milieux lagunaires pour les restaurer se traduit par des périodes plus longues d’assèchement des marais, des remontées de sel ou des submersions marines. Ces bouleversements, et leur imprévisibilité, peuvent modifier les activités humaines in situ et dans le voisinage. Pour ces raisons, de tels projets demandent de réinventer nos visions du monde et de redéfinir collectivement le bien commun. Cela demande de raisonner les politiques d’aménagement au-delà des sites mis en libre évolution afin de penser la nature avec et pour les humains, à l’échelle du territoire.
Le terme « renaturation » génère un sentiment d’exclusion qui nourrit des conflits sociopolitiques liés aux changements non maîtrisés et non désirés par certains. Il est nécessaire de les anticiper pour se donner les moyens de réduire leurs effets indésirables.
Au final, il convient de reconnaître la diversité des natures et des activités qui coexistent au sein d’un territoire ainsi que de bien mesurer les enjeux de sécurité des biens et des personnes à différentes échelles. Relâcher l’étreinte des digues et des enrochements ou modifier la gestion des eaux douces ou salées en raison, ou pas, des nouvelles contraintes climatiques, n’iront jamais de soi dans les lieux comme la Camargue, où les humains considèrent avoir âprement disputé leur place face à une nature hostile. Fort heureusement, le flamant rose et l’écologie du sauvage révèlent nos imaginaires, les confrontent mais aussi donnent à voir nos solidarités écologiques.
--------------------------------------------------------------------------------
Raphaël Mathevet, géographe des territoires de la biodiversité
Impossible d’arrêter Raphaël Mathevet lorsqu’il parle et roule le long des roselières et des sansouïres de la vaste Camargue. Seul le vol délicat des sternes hansel au-dessus d’un champ de blé ou le cou en forme de « s » d’un héron aperçu dans une rizière parviennent à interrompre sa passion de raconter. Raconter cette Camargue qui « regorge d’artifices », « pâturée par des taureaux domestiques » et gérée par des ouvrages hydrauliques qui irriguent les terres cultivées, mais dont la nature « sauvage et incertaine » perdure malgré tout, comme il l’écrit dans Politiques du flamant rose (WildProject, 2020). Raconter comment la mobilité animale chamboule les choix de gestion des acteurs locaux, comment la nature est toujours politique. Raconter les conflictualités autour de la conservation de la nature ou de la libre évolution. Raconter la formation d’une sensibilité naturaliste forgée auprès d’agriculteurs, de forestiers et de chasseurs dans le Haut-Forez et le pays d’Urfé (Loire), avec « la surprise des premiers aboiements de chevreuil ».
Habitué à la fraîcheur des massifs de hêtres et de sapins du Massif central, Raphaël Mathevet s’est parfaitement adapté à cette terre des confins rhodaniens balayés par le soleil et le vent, peuplés de moustiques et d’oiseaux : « Les lumières du ciel et des eaux y sont extraordinairement changeantes et captivantes, tout comme le vol fragile du flamant rose qui, en illuminant une morne matinée, fait paysage : un paysage rare, éphémère et bouleversant », confie-t-il.
« Devenir ensemble »
Ce biologiste, très tôt confronté à la dégradation des milieux et à la régression des espèces sauvages, cherche, en géographe de la politique du vivant, à concilier les activités humaines et la conservation de la biodiversité. Une gageure. En particulier en Camargue, où les flamants roses sont le rêve des uns et le cauchemar des autres. Preuve que l’oiseau aquatique, sauvé grâce aux efforts des hommes, fait partie intégrante de l’identité camarguaise, c’est au « Flamant rose », à Albaron, un restaurant situé entre Arles et les Saintes-Maries-de-la-Mer, que Raphaël Mathevet devise sur le sens et l’orientation de sa recherche-action : « J’aimerais que les espaces protégés prennent toute leur part dans une rapide transition écologique et sociale. Penser la communauté socioécologique à partir de nos jeux d’interdépendances avec le vivant, élargir une éthique du « care » [soin] aux non-humains, permet de forger des territoires capables d’agir pour une véritable transformation de nos sociétés face au changement climatique et à la crise de la biodiversité. »
Une façon de construire cette « solidarité écologique » qui est l’un des principes de la loi de 2006 sur les parcs nationaux et de celle de 2016 sur la biodiversité, solidarité dont « nous avons besoin pour vivre et devenir ensemble ». La solidarité, mais la fraternité aussi. Ancien organiste liturgique, à qui on confiait, dès la prime adolescence, l’orgue Cavaillé-Coll de la paroisse, Raphaël Mathevet s’est éloigné de la religion mais « le sentiment de transcendance, de lien à la nature »perdure. Car, conclut-il, « que celle-ci soit sublime ou plus banale, elle forge des émotions parmi les plus fortes que l’on puisse vivre ».
> Retrouvez tous les épisodes de la série « Les penseurs du vivant » ici <https://www.lemonde.fr/les-penseurs-du-vivant/>
<https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/08/04/raphael-mathevet-le-flamant-rose-permet-d-inventer-une-ecologie-du-sauvage_6090483_3451060.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
8- Chine : drones et bananes contre éléphants vadrouilleurs, AFP, 04/08/21, 10:00
Dan Martin et Lan Lianchao

A. Calfeutrer les habitants. B. Couper l'électricité. C. Disposer des bananes à l'extérieur du village pour attirer les éléphants et les ramener dans la nature.
Telle est la routine de la trentaine de zoologues qui traquent depuis des mois un troupeau d'éléphants en vadrouille dans le sud-ouest de la Chine.
Les désormais 14 pachydermes ont quitté voilà près d'un an et demi leur réserve tropicale proche de la frontière birmane, cap au nord à travers la province du Yunnan.
Leur pérégrination enchante les Chinois et leurs médias, mais les sympathiques quadrupèdes ont sur leur passage ravagé d'innombrables hectares de maïs et de canne à sucre et effrayé les habitants des villages qu'ils ont visités.
Pour le plus grand plaisir des spectateurs, les éléphants à la peau rosâtre, survolés en permanence par un drone, ont défilé trompe-à-queue dans des petites villes, se sont abreuvés d'alcool de céréales et ont piqué des roupillons réparateurs en pleine campagne.
Mais leur poursuite est plus stressante pour les experts chargés de veiller au grain: les animaux ont la désagréable habitude de se déplacer de nuit, parcourant facilement 30 km d'un coup dans une forêt dense.
- Défense de faire demi-tour -
De mémoire de zoologue, jamais des éléphants d'Asie en liberté ne s'étaient aventurés aussi au nord, souligne Yang Xiangyu, un des responsables de l'équipe de surveillance qui a dû s'improviser cornac du jour au lendemain.
"Avant ça, les seuls éléphants qu'on voyait, c'était au zoo ou alors à la télévision", raconte-t-il à l'AFP.
La cellule de crise éléphantesque a été formée en catastrophe en mai dernier alors que le troupeau s'approchait dangereusement de Kunming, la capitale provinciale, et de ses 4,5 millions d'habitants.
Sur leurs traces, les surveillants dorment dans la nature, à la belle étoile ou dans leur voiture. Un beau matin de juillet, l'AFP a retrouvé leur éphémère QG dans un village, l'équipe observant sur un grand écran les premières images de drone diffusées par les collègues en première ligne. 
La silhouette des mastodontes s'y dessine dans une clairière proche d'un autre village. Les animaux avalent une dernière collation avant de s'installer pour leur longue sieste diurne, alors que la chaleur monte.
Ils s'éveilleront en fin d'après-midi et se mettront en route, les gardiens sur leurs talons.
Quand le troupeau approche d'un village, son arrivée est signalée par haut-parleurs ou au besoin au porte-à-porte. Les habitants sont invités à rester chez eux, voire à monter dans les étages si possible, hors de portée des gourmands visiteurs.
Le courant est coupé pour éviter que les animaux protégés ne mettent la trompe dans la prise. Puis des véhicules sont garés derrière eux pour leur couper la retraite et faire en sorte qu'ils passent leur chemin, vers le sud de préférence.
Il n'y a plus qu'à prévoir l'étape suivante et à recommencer le même cirque au prochain village. 
- Trompe à tout faire -
Grâce à leur observation 24/24, diffusée sur internet par la télévision nationale, les gardiens improvisés peuvent s'extasier devant l'intelligence des animaux.
Une éléphante adulte mène le troupeau, mettant toujours les pattes sur le meilleur chemin pour trouver de la nourriture ou un point d'eau. Lorsqu'il faut traverser un cours d'eau, elle repère le point de passage le plus sûr.
Une branche dans la trompe, ils grattent le dos d'un camarade là où ça démange, chassent les insectes ou semblent dessiner sur le sol. 
La boue sert d'écran solaire, de grandes feuilles font office de chapeau de paille. A l'aide de leur trompe, ils arrivent à tourner un robinet, à ouvrir une porte ou à soulever un couvercle de puits.
Le troupeau compte trois éléphanteaux, dont deux sont nés pendant l'odyssée. Les adultes les protègent contre l'adversité, écrasant par exemple des rails de sécurité en bord de route pour que les "petits" puissent les franchir sans se blesser.
- Etrange migration -
Les médias de Pékin ont fait des pachydermes d'aimables symboles de la protection de l'environnement.
Mais les éléphants, qui peuvent peser 4 tonnes et courir aussi vite qu'Usain Bolt, sont aussi extrêmement dangereux, surtout s'ils sentent que leurs petits sont menacés.
En mars dernier, deux d'entre eux, qui ont depuis pris le chemin du retour, ont piétiné à mort un villageois, raconte Chen Mingyong, spécialiste du comportement des éléphants à l'Université du Yunnan.
Un drame qui ne semble pas avoir été signalé par la presse nationale.
"Il faut regarder la réalité en face. L'éléphant d'Asie est une bête sauvage et il faut garder ses distances", ajoute M. Chen. Les médias ne peuvent d'ailleurs approcher le troupeau pour raisons de sécurité.
Les spécialistes ne s'expliquent pas pourquoi la horde a entrepris une marche de 700 km à travers le tropique du Cancer.
Parmi les explications possibles: un manque de nourriture lié à l'augmentation de la population dans leur réserve de Xishuangbanna (300 têtes contre 200 il y a 40 ans); le changement climatique qui modifierait l'écosystème; une évolution du champ magnétique qui bouleverserait leur système de navigation sophistiqué... 
Les éléphants tournent habituellement en rond lorsqu'ils recherchent de la nourriture.
Pour ajouter au mystère, ils ont évolué pratiquement en ligne droite en direction de Kunming avant de brutalement entamer un demi-tour vers le sud. Il leur reste plusieurs centaines de kilomètres à parcourir avant de retourner à leur point de départ.
Un quinzième pachyderme, qui s'était séparé du groupe, a été endormi début juillet et rapatrié d'office.
Avec la chaleur, le reste du troupeau a ralenti sa marche, mais les gardiens supposent que l'automne le fera accélérer plein sud. Ces derniers risquent cependant de regretter leur traque quotidienne, admet M. Yang.
"Dès qu'ils voient apparaître les éléphants sur leur grand écran, c'est toujours le même plaisir, en dépit de tout le travail que ça représente".
<https://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/chine-drones-et-bananes-contre-elephants-vadrouilleurs_2156035.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
9- La Roumanie lance une vaste campagne de prélèvement d’ADN de ses ours, Le Monde, 05/08/21, 08h12
Mirel Bran (Bucarest, correspondant)

L’objectif de cette campagne est de mieux connaître la population ursine du pays, la plus importante d’Europe, et de comprendre le comportement des plantigrades, fréquemment accusés d’attaques contre des personnes. 
La chasse à l’ours a commencé. Annoncée le 29 juillet par les autorités roumaines, elle n’est pas destinée à supprimer les 6 700 plantigrades qui vivent dans les Carpates, mais à prélever leur ADN. La Roumanie possède le plus grand nombre d’ours en Europe. Selon les statistiques de l’association World Wildlife Fund (WWF), sur les 18 000 ours qui vivent en Europe, presque 40 % se trouvent en Roumanie. Mais si leur nombre peut être estimé avec une bonne précision, il est difficile d’obtenir une radiographie exacte de ce trésor de la faune européenne. Combien de mâles et de femelles ? Quel âge ont-ils ? Comment se reproduisent-ils ? Quel est leur état de santé ? Combien d’entre eux descendent dans les villages pour se procurer de la nourriture, et combien restent dans leur habitat naturel ?
Un code-barres par plantigrade
Autant de questions auxquelles les scientifiques chercheront à apporter une réponse en s’appuyant sur les nouvelles technologies­, à travers l’empreinte génétique que l’on obtient en analysant l’ADN présent dans les poils et les fèces. « L’empreinte génétique est la méthode la plus fiable pour estimer la population des ours », s’est enthousiasmé le 29 juillet Barna Tanczos, le ministre de l’environnement, des eaux et des forêts. C’est la première fois dans le monde qu’une campagne de prélèvement d’une telle ampleur sera menée sur les ours. « Chaque preuve génétique aura un code-barres qui permettra de numériser les informations obtenues sur une base de données ADN », a précisé le ministre.
> Lire aussi (2018) L’Europe et les ours bruns, une histoire tumultueuse
L’Union européenne financera ce projet à hauteur de 10 millions d’euros. Outre cette radiographie complète de la population ursine, le gouvernement prévoit l’ouverture d’un centre de soins pour les plantigrades malades, dont le coût est estimé à 2 millions d’euros. Plus de 60 hectares de forêts ont été réservés à ce projet à proximité de Brasov, ville située au pied des Carpates, dans le centre du pays.
Cadre juridique protecteur
Ces dernières années, de plus en plus d’ours ont pris l’habitude de descendre dans les villages et les villes à la recherche de nourriture. Le nombre des attaques a grimpé, faisant souvent des victimes. Dans le pays de Dracula, l’ours est le roi des forêts et il s’est multiplié à toute vitesse, profitant d’un cadre juridique qui le rend intouchable. En 2015, la Roumanie s’est dotée d’une nouvelle loi pour mettre en accord sa législation avec la directive européenne « Habitats », qui vise à protéger davantage la faune sauvage. La chasse à l’ours a été interdite et les braconniers risquent des peines de prison lourdes.
> Lire aussi Un budget de 4,3 millions d’euros contre les attaques d’ours dans les Pyrénées
Pour les ours qui pénétreraient dans les zones habitées, la loi prévoit qu’il faut appeler un numéro d’urgence, et seules les autorités de l’Etat sont autorisées à intervenir. Le but est de faire peur à l’animal sans mettre sa vie en danger. A Bodoc, village situé au centre du pays, très fréquenté par les plantigrades, « les ours sont partout, ils entrent dans les restaurants et dans les hôtels, et ils ont appris à ouvrir et à vider les frigidaires. Ils mangent tout ce qu’ils trouvent, y compris la viande congelée », raconte le maire, Fodor Istvan. Dans ce département, le nombre d’ours a grimpé de 50 % en cinq ans, de 1 200 à 1 800 spécimens. « On appelle les gendarmes qui essaient de leur faire peur avec des pétards, mais ça ne marche pas à tous les coups. La seule solution est d’autoriser leur chasse », plaide l’édile.
Identifier les spécimens qui posent problème
Mais chasser l’ours n’est pas une mince affaire. Seuls les ours qui attaquent l’homme peuvent être abattus, et les chasseurs doivent attendre qu’un ordre soit signé par le ministre de l’environnement, après feu vert de l’Académie roumaine. Une telle procédure fait de leur abattage une mission impossible. En 2020, seuls vingt ours ont été abattus. Le gouvernement s’apprête à approuver une nouvelle ordonnance pour faciliter la chasse à l’ours à partir de la rentrée. « Nous n’avons pas été élus par les ours mais par les hommes, a déclaré le vice-premier ministre Kelemen Hunor. Nous avons besoin de trouver un équilibre dans la gestion de ce problème. » Quant aux associations de défense des animaux, elles considèrent que c’est la responsabilité de l’homme d’éviter le contact avec l’ours. Elles accusent le gouvernement de céder face à la pression des paysans et lui demandent de continuer à respecter la directive européenne à ce sujet.
> Lire aussi Arthur, 17 ans, « roi » des ours bruns roumains, abattu, un prince du Liechtenstein suspecté
Avec la vaste campagne de prélèvement d’ADN, l’objectif est de calmer les esprits. Les autorités entendent localiser les ours qui ont pris l’habitude de se servir dans les maisons, ainsi que ceux qui attaquent l’homme, et d’isoler les spécimens qui posent problème. L’ours restera le roi des Carpates, mais ses contacts avec l’homme seront limités.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/05/la-roumanie-lance-une-vaste-campagne-de-prelevement-d-adn-sur-ses-ours_6090574_3244.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
10- Le Kenya lance le premier recensement de sa faune sauvage, Le Monde Afrique avec AFP, 05/08/21, 09h19 

Des décennies de braconnage, l’extension de l’habitat humain et le réchauffement climatique ont durement touché la population d’animaux. 
Ces frêles coucous, solidement amarrés au sol de l’aéroport d’Isiolo afin d’éviter qu’ils ne s’envolent, sont la meilleure arme du Kenya pour recenser sa faune sauvage et la protéger. Ce pays d’Afrique de l’Est, connu pour ses parcs et ses safaris, mène actuellement par avion le premier recensement national de ses précieux animaux.
Des décennies de braconnage, l’extension de l’habitat humain et le réchauffement climatique ont durement touché la population mondiale d’animaux sauvages – et le Kenya ne fait pas exception. Espèce emblématique, l’éléphant d’Afrique a par exemple vu sa population chuter d’au moins 60 % en cinquante ans, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
> Lire aussi  Le Kenya s’inquiète d’un projet britannique de « réensauvagement » d’éléphants
Ainsi, les pilotes du Kenya Wildlife Service (KWS, l’agence de protection de la faune) qui s’apprêtent à décoller d’Isiolo (centre) sont en première ligne d’une bataille aux enjeux immenses. « Les éléphants sont l’animal clé, mais lorsque vous parvenez à localiser toute autre espèce en danger, cela vous donne le sentiment que le recensement est sur la bonne voie », explique à l’AFP le pilote Chris Cheruiyot, enclenchant la ceinture de sécurité de son collègue Julius Kabete dans le minuscule habitacle.
Girafes, zèbres, oryx
Appareil photo et dictaphone autour du cou, ce dernier passera les prochaines heures à compter girafes somali, zèbres de Grévy et autres oryx. L’ambitieux exercice, qui a démarré en mai, concerne plus de 50 parcs ou réserves nationales, ainsi que de nombreuses « conservancies », ces zones sauvages gérées par des privés ou des communautés locales. Sans oublier la faune marine.
La plupart des données concernant la faune sauvage au Kenya proviennent d’ONG locales ou internationales et ne fournissent qu’une vision parcellaire. De plus, former les recenseurs est souvent très long et très cher. Par conséquent, de nombreux scientifiques préfèrent « publier les résultats de modèles »informatiques plutôt que de traquer les animaux sur le terrain, souligne Iain Douglas-Hamilton, de l’ONG Save the Elephants.
> Lire aussi  Contre le braconnage, les défenseurs de l’environnement se lancent dans l’espionnage
Ce premier recensement kényan est donc crucial. Les informations collectées permettront notamment de construire une stratégie de long terme pour préserver cet actif d’une immense valeur, notamment touristique. Le processus permet également de mieux comprendre les comportements des animaux : où ils se nourrissent, boivent, dorment…
Dans un hôtel d’Isiolo, une équipe écoute attentivement les enregistrements effectués sur les dictaphones, qui retracent ces informations. Fred Omengo, scientifique au KWS, souligne que la plupart des animaux sont ainsi vus près de points d’eau proches d’habitations humaines, signe que l’homme grignote les espaces sauvages. Des données « très inquiétantes », affirme-t-il.
Nuages de poussière
« Les animaux domestiques et sauvages sont en compétition pour le peu de nourriture qui est disponible, explique l’expert. Dans la plupart des cas, les animaux domestiques auront le dernier mot. » De plus, cette proximité favorise les conflits entre humains et animaux. Près de 500 personnes ont été attaquées ou tuées par des animaux sauvages entre 2014 et 2017, selon un rapport de décembre 2019 du KWS, le dernier en date. Une menace qui ne devrait que croître, affirment les experts.
« Tous les corridors de la faune sauvage ont été fermés par les humains. Et maintenant les éléphants vont vouloir de l’eau, savoir où elle se trouve, sans pouvoir y aller, affirme Robert Obrein, un responsable du KWS pour la région d’Isiolo. Nous avons empiété sur des zones où nous ne sommes jamais allés avant et les chiffres augmentent. Cela signifie que dans dix ans, nous n’aurons probablement plus de faune sauvage en dehors des zones protégées. »
Le recensement lui-même se fait dans un contexte marqué par de nombreux défis, à commencer par les conditions climatiques. A Isiolo, le vent a fait surgir des nuages de poussière, réduisant la visibilité et forçant les avions à rentrer au bercail. Kennedy Shamala, également pilote, explique que ces appareils très instables doivent rester à basse altitude, ce qui laisse peu de marge de manœuvre en cas de mauvais temps. « Tout votre corps travaille, les jambes, les mains, et vous observez », ajoute-t-il à propos de sa mission de haut vol.
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/08/05/le-kenya-lance-le-premier-recensement-de-sa-faune-sauvage_6090598_3212.html>
Sur le même sujet :
> Chaque animal compte : le Kenya recense sa faune sauvage <https://information.tv5monde.com/info/chaque-animal-compte-le-kenya-recense-sa-faune-sauvage-419484>, AFP, 05/08/21, 09:00
______________________________________________________________________________________________________________________
11- Le Conseil d’Etat annule plusieurs autorisations de chasses traditionnelles d’oiseaux, Le Monde, 06/08/21, 19h10

Après l’interdiction de la chasse à la glu, en juin, les juges ont estimé que certaines chasses à l’aide de filets ou de cages n’étaient pas « conformes aux exigences du droit européen ». 
Après la chasse à la glu, plusieurs méthodes de chasse traditionnelles d’oiseaux utilisées dans les Ardennes et le sud-ouest de la France ont été interdites, vendredi 6 août, par une décision du Conseil d’Etat.
Saisi par deux associations, la Ligue pour la protection des oiseaux et One Voice, « le Conseil d’Etat annule aujourd’hui plusieurs autorisations de chasser les vanneaux huppés, pluviers dorés, alouettes des champs, grives et merles noirs à l’aide de filets (pantes, tenderies) ou de cages (matoles) », car ces autorisations « ne sont pas conformes aux exigences du droit européen relatif à la protection des oiseaux », selon un communiqué.
> Lire aussi  La population des oiseaux des villes et des champs en France a décliné de près de 30 % en trente ans
La directive européenne « oiseaux » de 2009 interdit les techniques de capture massive d’oiseaux sans distinction des espèces. Une dérogation est possible « à condition d’être dûment motivée et dès lors “qu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante” pour capturer certains oiseaux », rappelle le Conseil d’Etat.
« Les autorisations ministérielles en cause (…) ne sont pas dûment motivées » et le ministère de la transition écologique n’a pas démontré que ces méthodes de chasse traditionnelles étaient « les seules permettant de procéder à la capture des vanneaux huppés, pluviers dorés, alouettes des champs, grives et merles noirs ». « Le seul motif de [la] préserv[ation de] ces méthodes de chasse dites “traditionnelles” ne suffit pas à les autoriser », poursuit le Conseil d’Etat.
« Victoire historique » contre « décision insupportable »
One Voice a immédiatement salué « une victoire historique dans la lignée de celle décrochée face aux chasseurs à la glu ». Cette technique de piégeage avec des tiges enduites de colle a été interdite en juin par la justice, qui après des années de rebondissements a jugé qu’elle mettait en danger des oiseaux autres que ceux visés (les grives et les merles).
> Lire aussi  Chasse à la glu : le Conseil d’Etat donne raison aux défenseurs des animaux
La LPO, de son côté, « demande désormais au gouvernement d’agir en conséquence et d’abolir ces pratiques d’un autre âge ». « Si la pratique des chasses traditionnelles en période de disette ou de guerre pouvait se concevoir, il ne s’agit plus aujourd’hui que d’un simple loisir », constate son président Allain Bougrain Dubourg, rappelant que les oiseaux des villes et des champs voient leurs populations s’effondrer à cause des activités humaines en France.
La Fédération nationale des chasseurs dénonce pour sa part « une décision insupportable », « sans le moindre fondement sérieux ». « Elle en appelle au premier ministre Jean Castex » et va « examiner tous les recours juridiques possibles ». « Pour nous, les chasses traditionnelles sont l’essence même de la passion de la chasse et seront toujours au cœur de la défense de nos pratiques cynégétiques », indique son président Willy Schraen, cité dans son communiqué.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/06/le-conseil-d-etat-juge-illegales-certaines-chasses-traditionnelles-d-oiseaux_6090775_3244.html>
Sur le même sujet :
> Des chasses traditionnelles d'oiseaux deviennent illégales <https://information.tv5monde.com/info/des-chasses-traditionnelles-d-oiseaux-deviennent-illegales-419694>, AFP, 06/08/21, 19:00
______________________________________________________________________________________________________________________
12- La hêtraie de la Massane (Pyrénées-Orientales), une forêt inexploitée par l'homme classée à l'Unesco, La Dépêche, 08/08/21, 06:56
Arthur Connan

Le hêtre préfère habituellement l'humidité et les températures fraîches. Il s'est pourtant fait une place au soleil dans la forêt de la Massane (Pyrénées-Orientales), qui surplombe la Méditerranée, et jouit depuis quelques jours d'une nouvelle notoriété grâce à son classement au patrimoine mondial de l'Unesco. 
Jusqu'à la fin du XIXe siècle, la zone était exploitée pour le charbon de bois pour les forges catalanes. Les coupes ont été suspendues vers 1885 pour laisser cette forêt en libre évolution. Les arbres échappent à toute intervention humaine depuis plus de 150 ans, voire 300 ans pour les plus anciens. 
"Le principe de ne plus exploiter la forêt va nous permettre de regarder toute la dynamique d'évolution de l'écosystème de la forêt, comment elle va se débrouiller toute seule face aux différents éléments", souligne Diane Sorel, chargée de mission à la réserve naturelle de la Massane depuis sept ans.
La hêtraie se situe dans la réserve naturelle de la forêt de la Massane, créée en 1973, perchée sur les hauteurs d'Argelès-sur-Mer. Elle domine les chênes méditerranéens et s'étend jusqu'à la crête du massif des Albères, à la frontière espagnole.
Cette forêt se trouve à la limite de ce que le hêtre tolère en termes de précipitations et de température. 
"On voit bien que le climat va évoluer dans des conditions encore plus drastiques pour la forêt. La hêtraie de la Massane est un avant-poste du changement climatique et de ce que les autres hêtraies d'Europe risquent de devoir subir également du fait du changement de climat imposé par l'homme", estime Elodie Magnanou, ingénieure de recherche au CNRS et gestionnaire de la réserve naturelle. 
- Laboratoire à ciel ouvert -
La réserve est d'ailleurs considérée comme un laboratoire à ciel ouvert par la communauté scientifique. 
"On remarque un fort impact des périodes de canicule et de sécheresse, mais on observe également des signes porteurs d'espoir, comme une bonne régénération dans le sous-bois forestier", détaille la chercheuse. 
Sur le chemin qui mène à la Tour de la Massane, à 800 mètres d'altitude face à la mer, Diane Sorel interpelle à plusieurs reprises des randonneurs pour qu'ils restent sur le sentier balisé. 
"La visite est encouragée mais pas promue. Il faudra être vigilant avec ce classement à l'Unesco", explique-t-elle, ajoutant que ce qui a sauvé le site préservé est son côté "un peu inaccessible". 
Après une demi-heure de marche jusqu'à la crête, sous le soleil de la Méditerranée, un climat de fraîcheur prend le dessus à l'orée de la hêtraie grâce aux arbres de 30 mètres de haut. 
Des centaines de souches, branches et troncs d'arbres morts parsèment le sol, de jeunes arbres verts commencent à pousser à partir du bois mort. 
"Ce bois mort va servir à la fois de ressource alimentaire pour plein d'espèces. Sur certains hêtres on va trouver des cavités qui vont servir aussi d'habitat pour toute une faune, que ce soit des oiseaux, des petits mammifères ou même d'autres insectes", précise-t-elle près d'un hêtre mort après la récente vague de chaleur.
- Ecosystème rare -
La réserve présente une grande biodiversité avec quelque 8.200 espèces, comme la Rosalie alpine, un petit coléoptère bleu aux longues antennes, qui vit sur l'écorce des hêtres. 
"On pourrait craindre du bois mort qu'il favorise les incendies, or ce n’est pas le cas, il va permettre de garder de l'humidité et une fraîcheur au niveau du sol. C'est quelque chose de très important aussi en contexte méditerranéen", note-t-elle. 
L'Unesco a ajouté la hêtraie de la Massane à la liste des "forêts primaires et anciennes de hêtres des Carpates et d'autres régions d'Europe" le 28 juillet, avec celles des réserves du Grand-Ventron (massif des Vosges) et du Chapitre (Hautes-Alpes). 
"C'est une très belle reconnaissance pour le travail accompli sur ce site et c'est une invitation à poursuivre cet effort à la fois de connaissance de la biodiversité et puis aussi du fonctionnement de cet écosystème forestier relativement rare aujourd'hui en Europe", soutient Diane Sorel. 
Les gestionnaires de la réserve regrettent que seulement 0,25% de la surface forestière française soit laissée volontairement en libre évolution par les pouvoirs publics. Il n'y a pas d'objectif national contrairement à l'Allemagne ou la Suisse qui visent les 5% de forêts en libre évolution.
<https://www.ladepeche.fr/2021/08/08/la-hetraie-de-la-massane-une-foret-inexploitee-par-lhomme-classee-a-lunesco-9720791.php>
______________________________________________________________________________________________________________________
13- Factuel. Entre les abeilles et les hommes, une fascination à éclipses, Le Monde, 09/08/21, 05h09
Jean-Michel Normand

« Des abeilles et des hommes » (1/6). Du néolithique à nos jours, cet insecte au mode de vie et aux dons si particuliers a accompagné, et parfois inspiré, l’histoire de l’humanité.
Est-ce parce qu’elle donne le miel et la cire ? Ou parce que son organisation sophistiquée fait étrangement écho aux sociétés humaines ? A moins que ce ne soit à cause d’un caractère à la fois farouche et discipliné qui rend sa domestication incertaine, ou de sa manière de se poser au confluent du végétal et de l’animal. Protéiforme et teintée de mystère, la fascination qu’exerce l’abeille perdure depuis des millénaires, mais elle a connu des intermittences.
La trace la plus ancienne du long compagnonnage entre l’abeille et les hommes est une peinture rupestre remontant à cinq mille ans, découverte il y a tout juste un siècle près de Valence, en Espagne. En équilibre précaire au sommet d’un cordage, une frêle silhouette – peut-être celle d’une femme – encerclée par un nuage d’abeilles tient un panier. Son autre main est plongée à l’intérieur d’une petite cavité, au beau milieu de la colonie. Les cueilleurs de miel du début du néolithique avaient le cœur bien accroché.
Née des larmes du dieu solaire Rê
L’Egypte des pharaons invente des ruches en poteries d’argile ou en terre cuite, empilées horizontalement. Dans la basse vallée du Nil, l’abeille née des larmes du dieu solaire Rê tombées sur terre est le symbole royal. Son miel compose un breuvage que les jeunes mariés devront boire pendant trente jours (d’où la fameuse « lune de miel ») et participe de la pharmacopée ainsi que des rituels d’embaumement.
> Lire aussi L'abeille, alliée des fleurs, des champs et des gastronomes
Les Grecs veulent percer les secrets de la très policée société des abeilles, dont l’habitat est toujours d’une propreté parfaite et que jamais l’on ne voit copuler. Aristote les consacre comme « divines » et confirme qu’elles se répartissent en trois castes : les ouvrières, les faux-bourdons (les mâles) et un roi. Pas question pour lui d’envisager que la ruche soit gouvernée par une reine ! A la tête de la colonie ne peut régner qu’un roi, puisque cette abeille plus grande que les autres et qu’entoure en permanence un cortège d’ouvrières est pourvue d’un dard. Or, fait valoir le philosophe grec, « la nature ne donne d’armes pour le combat à aucune femelle ». Mais alors, comment expliquer que ce roi ponde des milliers d’œufs ? Réduit aux conjectures, Aristote en vient à se demander si le souverain n’est pas hermaphrodite. A défaut de faire avancer l’entomologie, ses travaux consacrent la mystique de l’abeille, animal associé à une vision du monde.
Trois siècles plus tard, Pline l’Ancien s’émerveille devant ces insectes, « les seuls à avoir été faits pour l’homme ». « Les abeilles, écrit-il dans son Histoire naturelle, extraient le miel, suc très doux, très léger et très salutaire ; fabriquent la cire qui a mille usages dans la vie, exécutent des ouvrages, ont une société politique (…) des chefs communs et ce qui est plus merveilleux, elles ont une morale. »
Elément de patrimoine
Au Moyen Age, une ruche figure d’abord un élément de patrimoine. La loi salique (le code pénal des Francs) prévoit que son vol soit puni bien plus sévèrement que celui d’un cochon. L’abeillage, impôt en nature prélevé par le seigneur ou les autorités religieuses, fait l’objet d’un strict recensement des colonies et sur les blasons de la noblesse, l’héraldique fait grand cas de la mouche à miel, comme on appelle alors le plus couramment les abeilles, symbole d’obéissance et de labeur. Toutefois, l’époque reste pétrie de déférence vis-à-vis de l’abeille. Dans les enluminures, « les scènes d’apiculture font la part belle aux épisodes de capture d’un essaim, un moment qui, aujourd’hui encore, reste magique pour tout apiculteur », souligne Catherine Mousinho, spécialiste de l’histoire de l’apiculture et doctorante à l’université Rennes-II.
> Lire aussi Bien choisir son miel, planter des fleurs… comment voler au secours des abeilles
Jusqu’au XVIe siècle, c’est surtout le miel qui compte. Puis, le produit le plus valorisé devient la cire, dont on fait bougies, tablettes d’écriture et sceaux. La ruche en paille ou en osier apparaît plus adaptée que les autres techniques qui consistent, par exemple, à aménager un abri pour les abeilles dans une section de tronc d’arbre creusée. Elle se prête plus facilement au cruel exercice de la noyade de la colonie, voire de son asphyxie, en utilisant une mèche de soufre. « Dans son bestiaire, rappelle Catherine Mousinho, Léonard de Vinci condamne cette pratique, qu’il juge barbare, mais plus de quatre siècles s’écouleront avant que l’on interdise l’étouffage des ruches. »
Supplément d’âme
Grâce aux Lumières (et à l’invention du microscope), Apis melliferacommence à livrer ses secrets. En 1669, le médecin hollandais Jan Swammerdam établit qu’une ruche s’organise autour d’une femelle. La reine – fécondée lors de son vol nuptial – et ses filles les ouvrières règnent sans partage. L’été venu, les faux-bourdons (abeilles mâles incapables de se défendre car dénuées de dard) sont expulsés manu militari. Si la colonie est un microcosme de la société des hommes, ce n’est donc pas de celle que l’on croit. N’en déplaise à Voltaire, apiculteur assidu sur ses terres de Ferney (Ain), enclin à se gausser de ces « fables » d’une « prétendue reine qui se fait faire soixante à quatre-vingt mille enfants par ses sujets ».
> Lire aussi Les néonicotinoïdes officiellement autorisés pour 120 jours dans les champs de betteraves sucrières
Décryptée mais pas tout à fait désacralisée, l’abeille conserve son supplément d’âme. D’innombrables croyances continuent d’irriguer le folklore populaire. En Bretagne et en Lorraine, on assure que les abeilles quittent la ruche si une dispute éclate au sein du foyer. En Allemagne, en Ecosse ou dans les Deux-Sèvres, elles iront piquer de préférence maris infidèles et jeunes filles ayant perdu leur virginité. Dans la Vienne, elles sortent leur dard pour rappeler aux vivants de prier pour le salut des trépassés.
Malgré l’activisme de quelques érudits (instituteurs, ecclésiastiques ou intellectuels), les techniques d’élevage modernes, en particulier la ruche à cadres mobiles qui permet de prélever le miel sans compromettre la survie de la colonie, ne parviendront à s’imposer que tardivement, à la fin du XIXe siècle. Au siècle suivant, l’apiculture reste une activité mineure et souvent archaïque. A l’aube des « trente glorieuses », le choc de la confrontation avec l’agriculture hyperproductive est rude. Les empoisonnements d’abeilles par les épandages de DDT sur les champs de colza sont passés par pertes et profits, mais, à la fin des années 1990, Maya l’abeille redevient Apis mellifera.
> Lire aussi « On ne pourra très probablement pas l’éradiquer » : l’inexorable invasion du frelon asiatique en France
Les préoccupations environnementales commencent à être prises au sérieux et les insecticides systémiques (contenus dans l’enrobage des graines) provoquent des surmortalités massives qui ne peuvent plus passer sous les radars. « Cet insecte qui suscitait peu d’attention au cours des dernières décennies est devenu une espèce à ce point emblématique que sa préservation semble désormais concerner tout un chacun », soulignent Agnès Fortier, Lucie Dupré et Pierre Alphandéry dans l’ouvrage collectif Apicultures (Etudes rurales n° 206). L’ex-émissaire des dieux est devenue la messagère des atteintes à la biodiversité. La faute à l’agrochimie et aux néonicotinoïdes – aujourd’hui encore en partie autorisés en France –, mais aussi à l’appauvrissement des paysages, aux perturbations climatiques et à l’invasion de prédateurs exotiques tels le frelon asiatique ou l’acarien Varroa destructor.
Rien n’oblige pourtant à s’en tenir à la seule vision d’une abeille réduite à faire son miel de notre mauvaise conscience environnementale, voire, cerise sur le gâteau de cire, accusée de tirer à elle toute la couverture du pathos en éclipsant les misères des autres pollinisateurs. « Tout ne va pas pour le mieux, mais on constate moins de phénomènes d’effondrement brutal des populations alors qu’au niveau mondial le nombre de ruches est plutôt stable », plaide Paul Fert, auteur du livre Abeilles, gardiennes de notre avenir (Rustica, 2017) et apiculteur dans le Sud-Ouest. « Tant que l’on saura veiller sur elles, les abeilles ne disparaîtront pas », veut croire Thierry Duroselle, président de la Société centrale d’apiculture (SCA), heureux de voir perdurer la fascination qu’exerce Apis mellifera. Les cours d’apiculture que dispense au jardin du Luxembourg, à Paris, la SCA, vénérable institution créée en 1856, continuent de voir affluer chaque année deux fois plus de candidats que les 200 places disponibles.
> Retrouvez tous les épisodes de la série « Des abeilles et des hommes » ici <https://www.lemonde.fr/piques-d-abeilles/>
<https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/08/09/entre-les-abeilles-et-les-hommes-une-fascination-a-eclipses_6090941_3451060.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
14- En Libye, l’île de Farwa menacée par la pêche, la pollution et la montée de la mer, Le Monde Afrique avec AFP, 09/08/21, 10h30

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, l’île est potentiellement « le site côtier et marin le plus important de l’ouest du pays en termes de biodiversité ». 
Dans l’extrême ouest de la Libye, à une quinzaine de kilomètres de la frontière tunisienne, un décor de carte postale accueille le visiteur : péninsule à marée basse, île à marée haute, eaux immaculées, sable fin… Farwa est un bout de terre de 470 hectares où prospèrent palmiers dattiers battus par la brise marine et différentes espèces, comme les tortues et les flamants roses. Connue pour sa faune exceptionnelle, l’île est menacée par la pollution et la pêche illégale, au grand dam d’une poignée de militants écologistes qui tentent de la sauver.
Sauvage et inhabitée, elle fut des décennies durant une destination privilégiée des excursions scolaires : au printemps, Farwa constitue l’un des rares relais libyens pour les oiseaux migrateurs qui s’apprêtent à traverser la Méditerranée. « C’est l’une des zones les plus importantes de Libye pour de nombreux oiseaux migrateurs », affirme Tarek Jdeidi, de l’Université de Tripoli. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’île est potentiellement « le site côtier et marin le plus important de l’ouest de la Libye en termes de biodiversité ».
> Lire aussi  Le Kenya lance le premier recensement de sa faune sauvage
L’ancien dirigeant Mouammar Kadhafi voulait y construire une station balnéaire avec hôtels de luxe, villas « flottantes » et terrain de golf. C’était en 2005, quand le pays, longtemps mis au ban de la communauté internationale, amorçait une timide ouverture après être redevenu fréquentable. Finalement préservée de l’urbanisme – l’unique construction qu’on y trouve est un vieux phare délabré érigé par les Italiens dans les années 1920 –, elle voit déferler chaque week-end des dizaines de visiteurs libyens qui « laissent derrière eux leurs ordures », soupire Faouzi Dhane, de l’association écologiste Bado.
Métaux lourds et pêche à l’explosif
En outre, le complexe pétrochimique d’Abou Kammache, situé à quelques encablures de l’île, a pendant des années « déversé des métaux lourds comme le plomb ». Et s’il a baissé le rideau il y a quelques années, l’impact de cette pollution « est toujours palpable », regrette M. Dhane.
Mais c’est surtout la pêche intensive et non réglementée qui inquiète les défenseurs de l’île : les pêcheurs, qui viennent de la ville berbérophone de Zwara, à 40 km de là, « ne respectent rien : ils pêchent à tout moment, de façon non réglementée, et pratiquent la pêche à l’explosif », pourtant interdite, souligne le militant écologiste. Dans ce pays en proie au chaos depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, divisions et luttes de pouvoir ont empêché tout contrôle, malgré l’existence d’un cadre juridique censé réglementer les activités de pêche.
> Lire aussi  En Côte d’Ivoire, une « armée verte » lutte contre la déforestation
Symbole de l’île, la tortue caouanne (Caretta caretta), une espèce menacée, figure parmi les premières victimes. « Les tortues sont parfois prises dans des filets de pêche, quand elles ne sont pas tuées par les pêcheurs qui redoutent leurs morsures », s’inquiète M. Dhane. L’association Bado s’efforce également de sauver autant de couvées que possible, notamment en protégeant les nids des prédateurs et des pilleurs qui revendent les œufs à prix fort.
« Une vraie catastrophe environnementale »
Chaouki Mouammar, chercheur en archéologie, est un habitué du site. S’il s’intéresse au passé lointain de l’île – des outils de l’époque romaine, des tombes et même un four y ont été découverts –, il s’inquiète tout autant pour son avenir, menacé les déversements de l’ancienne usine pétrochimique – « une vraie catastrophe environnementale » –, mais aussi par la « montée du niveau de la mer ». Car Farwa, mince bande de sable entre l’eau brune du marais, où prolifèrent algues et coraux, et l’eau cristalline côté mer, « risque de se retrouver engloutie si des mesures ne sont pas prises pour tenter de contenir la mer », alerte M. Mouammar.
> Lire aussi  Le Gabon rétribué pour la protection de ses forêts
La fin des combats, à l’été 2020, et l’installation en début d’année d’un nouveau gouvernement chargé de mener la transition d’ici aux élections législatives et présidentielle, en décembre, n’ont rien changé pour l’île. En attendant un retour à l’application des lois, les associations écologistes refusent de rester les bras croisés. « Nous essayons de sensibiliser les pêcheurs, en partenariat avec des ONG internationales comme le WWF [Fonds mondial pour la nature] », annonce M. Dhane, dont l’association « organise également des conférences et des campagnes de sensibilisation dans les écoles ».
<https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/08/09/en-libye-l-ile-de-farwa-menacee-par-la-peche-la-pollution-et-la-montee-de-la-mer_6090963_3212.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
15- Emblèmes de l’Islande, les macareux moines sont menacés d’extinction à cause du réchauffement climatique, Le Monde, 09/08/21, 10h48 
Audrey Garric (Borgarfjördur Eystri (Islande), envoyée spéciale)

Faute de nourriture suffisante près de leurs nids, du fait du réchauffement de l’océan, ces oiseaux doivent voyager plus loin, de sorte que leurs petits meurent parfois de faim. 
La falaise qui surplombe l’océan Atlantique est animée par le ballet de centaines de macareux moines. Sans relâche, ces oiseaux au bec orangé plongent dans la mer, pêchent quelques poissons et reviennent nourrir leurs petits, qui s’apprêtent à quitter leurs nids. Affairés à leur tâche, les volatiles ne font guère cas de leurs invités : des scientifiques venus faire des comptages de la colonie de Hafnarholmi, à Borgarfjördur Eystri, un fjord du nord-est de l’Islande bordé de montagnes aux sommets enneigés.
Equipé de drôles de lunettes à écran, le biologiste Erpur Snær Hansen enfonce un long câble dans l’un des nombreux terriers qui trouent le sol. Au bout du tunnel, la caméra infrarouge finit par découvrir un bébé macareux moine, qui ouvre ses grands yeux curieux face à l’appareil indiscret. « Ici, le taux de reproduction est très bon. Environ 80 % des nids abritent des œufs et 97 % des œufs ont donné naissance à un poussin qui a survécu », s’enthousiasme le directeur du centre de recherche pour la nature du sud de l’Islande. Il entrevoit « une année normale »pour la première fois en quinze ans. Mais il n’en demeure pas moins inquiet pour le devenir de cette espèce emblématique d’Islande, menacée d’extinction, en premier lieu par le dérèglement climatique.
> Lire aussi En Islande, avant-poste du dérèglement climatique : « On vit une explosion au ralenti »
Survie liée à la température de l’eau en surface
Le scientifique et son équipe réalisent deux fois par an un périple de 6 000 kilomètres autour de l’Islande – qui accueille la moitié de la population mondiale de macareux – afin d’inspecter le millier de nids qu’ils ont marqués dans vingt colonies. Normalement, les couples de macareux s’installent dans leurs colonies à la mi-avril pour se reproduire. Ils pondent leur œuf – un seul par couple – au mois de mai, qu’ils couvent pendant cinq semaines. Les petits, boules de duvet noire et blanc, finissent par s’envoler début août vers l’Atlantique.
Mais depuis 2005, le changement climatique a rebattu les cartes, certaines colonies frôlant l’hécatombe dans le sud de l’Islande, et en particulier aux îles Vestmann, où niche 40 % de la population de macareux moines du pays. Au total, ces oiseaux ont vu leurs effectifs chuter de 45 % entre 2003 et 2017 dans le pays, pour atteindre un peu plus de 2 millions de couples. En 2015, l’espèce a été classée en danger d’extinction pour l’Europe sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature.
> Lire aussi  L’Arctique se réchauffe trois fois plus vite que la planète
« Les chances de survie des macareux moines sont essentiellement liées à la température de surface de l’eau, et cette corrélation est plus forte avec le changement climatique », indique Erpur Snær Hansen, principal auteur d’une étude sur le sujet, publiée en mai dans la revue Global Change Biology. Elle montre qu’un degré de hausse ou de baisse de la température de surface de l’eau par rapport à un optimum situé à 7 °C réduit de 55 % le nombre de petits.
La température affecte en effet directement les proies de prédilection des macareux : les lançons, dont les stocks se sont effondrés du fait de l’augmentation de la chaleur, et les capelans, partis plus au nord à la recherche d’eaux plus froides. Au final, faute de nourriture suffisante près de leurs nids, les macareux moines ont dû voyager plus loin. « Le vol est très coûteux en énergie pour ces oiseaux. Plus ils vont loin, et plus le succès de reproduction diminue car ils doivent consommer l’essentiel de leur nourriture pour leur vol et n’en ramènent presque plus pour leurs petits », explique Erpur Snær Hansen.
« L’espoir n’est pas mort »
Les macareux des îles Vestmann parcouraient ainsi 60 km en moyenne lors de leurs longs vols, contre 22 km sur l’île de Grimsey, au nord de l’Islande, une colonie qui se porte bien, selon une étude publiée en mars dans la revue Journal of Animal Ecology. « Ils ramenaient en outre des poissons plus petits, de sorte que les poussins, moins souvent et pas assez nourris, sont davantage morts de faim », complète Annette Fayet, chercheuse à l’université d’Oxford, et première autrice de l’étude, qui se dit « plutôt pessimiste pour l’avenir des macareux en Europe ».« L’espoir n’est pas mort », juge de son côté Erpur Snær Hansen, car les macareux mangent depuis quelques années davantage de krill atlantique, désormais plus abondant autour des îles Vestmann.
> Lire aussi l’archive (2010) Une vie marine foisonnante, encore mal connue et en péril
Autre note d’optimisme : la chasse des macareux moines, qui fait partie de la tradition dans un pays où il a été longtemps difficile de se nourrir, est en déclin. Entre 20 000 et 30 000 oiseaux sont aujourd’hui abattus, notamment pour être consommés dans les restaurants, contre 250 000 en 1995. « Il y a un changement de mentalité dans la population et la plupart des chasseurs ont plus de 60 ans. Cette pratique va finir par disparaître », juge Margret Magnusdottir, biologiste dans les îles Vestmann.
Elle est membre de la « puffling patrol », une patrouille créée en 2003 par la population de l’archipel pour aider les poussins désorientés par les lumières du port à retrouver l’océan lorsqu’ils quittent leur nid pour la première fois, se guidant à la lumière de la Lune. Depuis, chaque nuit, entre août et mi-septembre, adultes et enfants se relaient sur les routes de l’île. Ils ont aidé 7 650 petits macareux en 2020, dont certains, blessés, ont été soignés. « C’est désormais le moment le plus sympa de l’année, se réjouit Margret Magnusdottir. C’est si beau et si gratifiant de voir ces oiseaux rejoindre l’océan. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/09/emblemes-de-l-islande-les-macareux-moines-sont-menaces-d-extinction-a-cause-du-rechauffement-climatique_6090968_3244.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
16- Tribune. « Nous ne pouvons accepter la destruction du bien commun que constituent les herbiers de posidonies », Le Monde, 09/08/21, 18h30 
Collectif

Combattues par le secteur du yachting, les mesures de protection de cette plante sous-marine méditerranéenne qui remplit des fonctions écologiques cruciales doivent absolument être maintenues, affirment, dans une tribune au « Monde », près d’une dizaine de scientifiques spécialistes de la question.
Tribune. Ces derniers mois, la préservation des herbiers de posidonies [plante sous-marine méditerranéenne] bénéficie d’une dynamique sans précédent, avec la mise en place de mesures réglementant le mouillage (première cause de dégradation) sur les côtes françaises de Méditerranée. Ce sursaut, longtemps attendu par la communauté scientifique, est indispensable pour sauver une espèce et un habitat protégés, mais dont la disparition se poursuit inexorablement.
Pour nous, acteurs scientifiques observateurs des évolutions écologiques du milieu marin, les mesures de protection récemment adoptées (interdiction du mouillage des bateaux de plus de 24 mètres sur un herbier, mise en place d’équipements pour éviter l’ancrage, protection stricte de sites emblématiques, etc.), qui gagneraient à se diffuser sur tout le pourtour méditerranéen, sont l’occasion d’affirmer à nouveau l’importance majeure des herbiers de posidonies, tant pour les fonctions qu’ils remplissent que pour les services qu’ils rendent à la collectivité des humains.
Les fonctions écologiques qu’ils remplissent ont été maintes fois démontrées. Les herbiers de posidonies servent d’abri, de frayère et de nurserie pour les espèces de poissons qui fréquentent nos côtes, des plus « ordinaires » aux plus rares. Ils jouent le même rôle au bénéfice de nombreuses espèces, des échinodermes aux crustacés.
La posidonie elle-même et les espèces (algues et animaux) fixés sur ses feuilles servent d’aliment aux poissons et aux oursins. La riche faune de petits invertébrés qui vit dans les herbiers est à la base de chaînes alimentaires qui aboutissent entre autres aux espèces ciblées par la pêche artisanale. Les feuilles mortes de posidonies sont exportées vers tous les écosystèmes littoraux (fonds de sable, de roche, canyons sous-marins, etc.) et y constituent une source de nourriture essentielle.
« Puits de carbone »
Bien évidemment toutes les espèces qui naissent et se développent dans les herbiers ne sont pas statiques et vont « ensemencer » d’autres zones, proches ou plus lointaines. La diversité biologique de nos eaux est donc largement redevable aux herbiers de posidonies, à leur bon état de conservation, à la surface qu’ils couvrent et à la continuité qui les unit. Cette participation à la qualité de la biodiversité est aussi un premier service rendu aux populations humaines, puisque nombre d’espèces inféodées aux herbiers garantissent le maintien de la pêche artisanale et des métiers qui l’accompagnent sur l’ensemble de nos côtes.
Mais la pêche est loin d’être le seul service rendu par les herbiers de posidonies. Ils sont en effet la principale « usine à sable » où se fabrique, à partir des restes d’organismes calcifiés morts, le sable dont une partie va nourrir les plages. L’herbier amortit la houle et les vagues au-dessus de lui, ce qui contribue à protéger les plages de l’érosion. Les feuilles mortes exportées vers les plages y constituent des « banquettes » qui contribuent également, de manière absolument déterminante, à la lutte contre l’érosion des plages.
> Lire aussi  A la rescousse des prairies sous-marines, de la Côte est des Etats-Unis à la Méditerranée
Les feuilles mortes entraînées par le vent sont la première source d’azote de la végétation qui édifie et fixe la dune d’arrière-plage. Cette dune est, elle aussi, essentielle au maintien de la plage. Enfin, ces dernières années, les capacités de l’herbier à stocker du carbone ont été révélées. Les scientifiques parlent de véritables « puits de carbone » capables de stocker, à surface égale, trois à cinq fois plus qu’une forêt tropicale.
A l’heure où des voix convergentes s’élèvent pour alerter contre la sixième extinction de masse des espèces et où le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) annonce que l’humanité est à l’aube de retombées cataclysmiques, les herbiers de posidonies doivent être regardés comme des sanctuaires indispensables.
Reconstitution lente, voire impossible
L’urgence est d’autant plus grande que, si les dégâts aux herbiers de posidonies sont causés rapidement, en quelques « coups » d’ancres ou en raison de quelques opérations d’aménagement ou de réensablement, leur reconstitution est très lente, voire impossible. En outre, la destruction d’un herbier est une « bombe à retardement » : le carbone stocké sous les posidonies est alors remis en circulation, accélérant l’effet de serre et le réchauffement climatique.
Au cours des dernières semaines, les pressions à l’encontre des nouvelles mesures ont été fortes dans le secteur du yachting qui entend faire reculer les autorités sur des décisions pourtant longuement préparées en concertation avec l’ensemble des acteurs du monde de la mer.
Si nous ne sous-estimons pas les enjeux économiques liés à la présence des grands navires sur nos côtes – dont l’accueil, mieux organisé, reste d’ailleurs possible (et l’est déjà par de trop rares compagnies) –, nous ne pouvons accepter la destruction du bien commun que constituent les herbiers de posidonies au profit d’une offre de loisirs et de tourisme qui refuserait d’adapter ses pratiques. Nous croyons aux atouts et à la résilience de notre économie littorale pour conserver son attractivité et s’adapter en créant des modèles plus durables.
L’ensemble de la communauté scientifique, consciente et informée des enjeux, salue l’adoption de ces mesures, soutient sans réserve leur mise en œuvre, seule à même de contribuer en urgence à la sauvegarde de cet habitat, à ses fonctions écologiques et aux services qu’il rend à chacun d’entre nous. En gardant le cap sur les mesures de protection, notre littoral adresse un message d’espérance à l’heure où il s’apprête à accueillir le Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à Marseille, en septembre.
Liste des signataires : Charles-François Boudouresque, professeur émérite à Aix-Marseille-Université, président du conseil scientifique de la réserve naturelle de Scandula ; Gilles J. Martin, professeur émérite de l’université Côte-d’Azur, groupe de recherche en droit, économie, gestion (Gredeg) CNRS, président du conseil scientifique du parc national de Port-Cros ; Thierry Tatoni, professeur à Aix-Marseille-Université, président du conseil scientifique du parc national des Calanques.
Cette tribune est soutenue par : Enrique Ballesteros, directeur de recherche au conseil supérieur d’études scientifiques (CSIC) de Blanes, Catalogne ; Denise Bellan-Santini, directrice de recherche émérite du CNRS, vice-présidente du conseil scientifique régional du patrimoine naturel, expert délégué mer ; Carlo Nike Bianchi, professeur en biologie marine à l’université de Gênes (Italie) ; Jacques Blondel, directeur de recherche émérite du CNRS, ancien président de l’Institut français de la biodiversité ; Fernandino Boero, professeur de zoologie à l’université de Naples (Italie) ; Gilles Bœuf, professeur de biologie à Sorbonne-Université, ancien président du Muséum national d’histoire naturelle ; Michel Prieur, professeur émérite de l’université de Limoges, fondateur de la Société française pour le droit de l’environnement (SFDE), président du centre international de droit comparé de l’environnement, membre de la commission méditerranéenne de développement durable (CMDD).
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/08/09/nous-ne-pouvons-accepter-la-destruction-du-bien-commun-que-constituent-les-herbiers-de-posidonies_6091008_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
17- Ariège : des associations pro-ours dénoncent une "hystérie collective", AFP, 09/08/21, 22:00

Des associations de protection de la nature ont dénoncé lundi une "hystérie collective", après une charge d'intimidation d'un ours contre un berger dans l'Ariège qui n'a pas fait de blessé, demandant à ce que les troupeaux soient mieux protégés.
"Une charge d’intimidation d’un ours vient de se produire sur un berger, à juste titre choqué par cet événement", rappelle dans un communiqué le collectif CAP-Ours. Vendredi, le maire du village de Saint-Lary a affirmé qu'un ours avait poursuivi un berger qui a trouvé refuge dans sa cabane de montagne.
"Cela s’est terminé sans contact ni blessure. Notons que si l'ours avait voulu blesser le berger, il en avait la capacité physique et il n'en a rien été", poursuit le collectif, qui regroupe des associations comme WWF, France Nature Environnement (FNE), Ferus ou encore Pays de l'ours-Adet.
Elles dénoncent "l’hystérie collective orchestrée systématiquement par certains élus et organisations anti-ours" et rappellent que "les charges d’intimidation des ours peuvent se produire en cas de rencontre à courte distance quand l’ours est surpris et se sent menacé", sans constituer une attaque. 
Le collectif s'étonne aussi que les charges d'ours - il en dénombre neuf de 1996 à 2021, avec un blessé - fassent plus de bruit qu'"au moins 23 randonneurs ou chasseurs blessés, pour la plupart grièvement, et un tué, par des bovins en estive" entre 2010 et 2020. 
L'ours brun étant menacé d'extinction sur son territoire, la France a engagé dans les années 1990 un programme de réintroduction d'ours venant de Slovénie. Ils sont actuellement une soixantaine dans le massif pyrénéen, ce qui n'assure pas la pérennité de l'espèce.
En 2020, trois ours ont été tués illégalement dans les Pyrénées, deux en Espagne et un en France. Le gouvernement français s'est engagé à remplacer tout ours tué de la main de l'homme par des réintroductions, tandis que des éleveurs s'y opposent.
Le gouvernement finance aussi des mesures de protection des troupeaux. "La quasi-totalité des estives en Ariège ne pratique pas le triptyque de protection complet requis (berger + chiens + parc de regroupement nocturne électrifié)", reproche le collectif CAP - Ours, affirmant que "la montagne vit et n'est pas réservée au lobby agricole."
<https://www.geo.fr/environnement/ariege-des-associations-pro-ours-denoncent-une-hysterie-collective-205827>
______________________________________________________________________________________________________________________
18- Bangladesh : capture d'un crocodile des marais, une espèce éteinte dans le pays, AFP, 10/08/21, 14:00

Un crocodile des marais à l'état sauvage, une espèce éteinte au Bangladesh, a été capturé sur une rive du Gange du pays, ont annoncé mardi les autorités. 
Le crocodile mâle long de 2,3 mètres, âgé de 10 à 12 ans, a été repéré dans un village du district de Faridpur, au centre du Bangladesh, à la fin du mois de juillet. 
Les autorités ont tenté de le sortir de l'eau en vain, jusqu'à ce qu'il soit capturé par des villageois, a déclaré le responsable régional des forêts, Nirmal Kumar Paul. 
"Nous avons découvert qu'il était en fait entré dans le canal de la rivière Padma (affluent du Gange) en quête de poissons qui semblent s'y trouver en abondance", a raconté le responsable à l'AFP. "Nous avons essayé de le capturer avec des filets mais il s'est échappé. Puis, lundi, les villageois l'ont attrapé pendant qu'il se déplaçait sur la rive".
La présence du crocodile dans le canal, où on pouvait facilement l'apercevoir, a attiré quelque 15.000 personnes dans le village depuis la fin de juillet, malgré les avertissements des autorités rappelant aux badauds par haut-parleur le confinement en vigueur contre le coronavirus, a-t-il ajouté. 
Le crocodile a depuis été transféré dans un centre de sauvetage d'animaux sauvages près des Sundarbans, la plus grande forêt de mangroves du monde (140.000 hectares). Il sera ensuite transféré dans un parc zoologique, ont précisé les responsables. 
La créature d'eau douce pourrait être parvenue au Bangladesh en provenance d'Inde par le Gange, fleuve long de 2.500 kilomètres.
Le crocodylus palustris, inscrit sur la liste des espèces "régionales éteintes" au Bangladesh par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a été recensé pour la dernière fois à l'état sauvage dans le pays il y a un demi-siècle, bien que l'on en aurait observé plusieurs depuis, probablement venus d'Inde par le Gange. 
Le Bangladesh conserve quelques spécimens en captivité dont l'origine est inconnue, selon l'UICN. 
L'espèce est présente en Inde, en Iran, au Népal, au Pakistan et au Sri Lanka. Sa population mondiale est estimée entre 5.400 et 7.100 individus, selon les chercheurs.
<https://www.geo.fr/environnement/decouverte-dun-crocodile-des-marais-au-bangladesh-une-espece-eteinte-dans-le-pays-205837>
______________________________________________________________________________________________________________________
19- Des chercheurs reconstituent les pérégrinations d’un mammouth mort il y a plus de 17 000 ans, Le Monde, maj le 13/08/21 à 02h03 
Pierre Barthélémy

Une équipe internationale de scientifiques a retracé l’itinéraire du pachyderme en autopsiant l’une de ses défenses, raconte une étude qui fait la « une « du dernier numéro de « Science ». 
Les chercheurs aiment bien donner des petits noms aux ancêtres dont ils examinent les restes. Il y avait Lucy, l’australopithèque, Ötzi, l’homme des glaces, voici désormais Kik le mammouth laineux. Kik parce que ses défenses et un morceau de son crâne ont été découverts près de la rivière Kikiakrorak, dans l’extrême nord-ouest de l’Alaska, il y a une dizaine d’années. Le pachyderme n’avait pas pour autant emporté ses secrets dans la mort car, à dix-sept millénaires de distance, une équipe internationale de scientifiques a accompli la prouesse de retracer ses pérégrinations lointaines, dans une étude qui fait la couverture du numéro de Science daté du 13 août. Un travail qui lève le voile sur le mode de vie finalement peu connu de cet animal emblématique de la préhistoire, dont l’espèce est aujourd’hui éteinte.
> Lire aussi  La disparition mystérieuse du mammouth laineux
Kik ne tenait évidemment pas de journal de bord mais il possédait une sorte de balise Argos interne, et tout le mérite de cette étude a consisté à la faire parler. Il faut faire un petit détour par la technique pour mieux saisir la saveur de cet article et l’ampleur de la tâche effectuée. Les chercheurs ont souhaité s’appuyer sur ce que l’on appelle des analyses isotopiques. Les isotopes désignent des formes différentes d’un même élément chimique, qui ne comportent pas le même nombre de neutrons dans leur noyau.
Ainsi, parmi les divers isotopes du strontium, deux sont fort intéressants – le 86 et le 87 – car le ratio entre les deux varie sensiblement selon les régions. « Il dépend du type de géologie qu’on a sous ses pieds, explique le Français Clément Bataille, professeur adjoint à l’université d’Ottawa et coauteur de l’étude de Science. Chaque région a une géologie différente, des roches différentes et des âges de roches différents. Le strontium contenu dans les roches est transmis au sol, puis aux plantes qui y poussent, puis aux animaux qui les mangent. »
Cartographie isotopique
Cet élément se fixe dans les parties minéralisées du corps (os, dents) et, comme les défenses des éléphantidés ont la bonne idée de pousser de manière continue tout au long de leur vie (5 à 6 centimètres par an dans le cas du mammouth laineux), il est possible de retracer les allées et venues de leur propriétaire tout au long de son existence. A deux conditions toutefois : primo, de disposer de bonnes cartes des ratios isotopiques et, secundo, de pouvoir extraire très finement les ratios du strontium des défenses. Géologue et spécialiste des sciences de l’environnement, Clément Bataille a levé la première exigence en établissant une cartographie isotopique à partir du strontium mesuré dans des os et des dents de rongeurs – qui se déplacent très peu – partout en Alaska.
Pour satisfaire à la seconde condition, il a fallu autopsier une des défenses de Kik. Celle-ci a été sciée en deux dans le sens de la longueur, exactement comme on ouvre un concombre. Une opération rendue complexe par la forme courbe de la dent. Une fois cette étape passée, les chercheurs ont effectué, par ablation laser, une myriade de mini-prélèvements à l’intérieur de cette défense. Réduits en poudre, ils étaient aussitôt analysés dans un appareil appelé spectromètre de masse, qui séparait le strontium 86 de son frère 87. Quelque 340 000 mesures ont ainsi été réalisées, dont l’analyse a pris un an, qui permettent de suivre Kik en Alaska, semaine après semaine, de son enfance à sa mort, il y a 17 100 ans.
« On ne savait rien sur les déplacements des mammouths, reconnaît Clément Bataille. On partait d’une feuille blanche. La chose qui nous a le plus surpris, c’est la taille de l’aire : il se déplace sur un territoire gigantesque puisqu’on le suit sur quasiment toute la longueur de l’Alaska. » Les voyages de Kik n’ont pas la même amplitude ni les mêmes destinations pendant les différentes phases de sa vie. Pendant sa jeunesse, il se cantonne avant tout dans le bassin du fleuve Yukon, vers ce qui est actuellement le détroit de Béring (qui n’existait pas lors de cette époque glaciaire où l’on passait à pied sec de Sibérie en Alaska). En se basant sur les mœurs des éléphants actuels, qui vivent dans des sociétés matriarcales où les femelles d’une même famille se déplacent ensemble avec leur progéniture, il est probable qu’il vivait en troupeau.
Du cœur de l’Alaska jusqu’à l’océan Arctique
Tout change lorsque Kik a 16 ans. Ses déplacements prennent de l’ampleur et il n’hésite pas à s’enfoncer dans le cœur de l’Alaska, voire à remonter jusqu’à l’océan Arctique. « Il peut parcourir 700 kilomètres d’un coup, note Clément Bataille, ce qui est surprenant pour un animal aussi énorme. Il faut un stimulus puissant pour cela, peut-être un stimulus de reproduction mais cela peut aussi être dû à des questions de ressources alimentaires. » Lorsque les éléphants mâles atteignent l’âge adulte, ils sont rejetés du troupeau, vivent souvent en solitaires et sont en général bien plus mobiles que les femelles. Les données recueillies avec Kik pourraient indiquer un comportement analogue chez les mammouths.
> Lire aussi  L’épopée des mammouths retracée grâce à l’ADN
Ceux-ci devaient avoir une longévité d’une soixante d’années, voire davantage. Mais Kik est mort à seulement 28 ans, en pleine fleur de l’âge. Un été, il s’est aventuré à l’extrême nord-ouest de l’Alaska, au-delà de la chaîne montagneuse des Brooks, comme il l’avait déjà fait auparavant. Mais, contrairement aux autres fois, il y est resté pendant tout l’hiver, sans doute dans des conditions météorologiques terribles. « Dans la défense, on voit un déséquilibre de l’azote qui monte très vite, ce qui indique qu’il est sous-nourri, explique Clément Bataille. Après avoir épuisé ses graisses, il se met à consommer ses propres protéines » pour tirer de l’énergie.
Que s’est-il passé ? Kik a-t-il été blessé, malade, coincé au septentrion, au-delà du cercle arctique ? Il survit encore un an, en se déplaçant peu, et succombe à la fin de l’hiver suivant. « A force de travailler sur ses données, conclut le chercheur français, j’avais fini par vivre un peu avec lui et j’étais triste de le voir rester dans le nord. J’avais envie de lui dire “Reviens !”. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/12/des-chercheurs-reconstituent-les-peregrinations-d-un-mammouth-mort-il-y-a-plus-de-17-000-ans_6091294_3244.html>
Sur le même sujet : 
> Dans les pas d'un mammouth laineux, il y a 17.000 ans <https://www.geo.fr/environnement/dans-les-pas-dun-mammouth-laineux-il-y-a-17-000-ans-205871>, AFP, 13/08/21, 03:00
______________________________________________________________________________________________________________________
20- Sur la Côte d’Opale, la lutte contre l’érosion influe sur la biodiversité, Le Monde, 13/08/21, 12h03 
Sylvie Burnouf

Dans la baie de Wissant, une digue, construite pour enrayer le recul du trait de côte, pourrait affecter l’environnement et les espèces locales. 
Plus de 300 mètres : voilà ce que la mer a, en l’espace de soixante-dix ans, grignoté par endroits dans la baie de Wissant, sur la Côte d’Opale (Pas-de-Calais). Cet espace naturel, bordé de dunes et classé Grand Site de France, qui s’étend sur une douzaine de kilomètres au sud de Calais, subit de plein fouet l’érosion. Le recul du trait de côte, qui s’explique en partie par le réchauffement climatique, de 4 à 5 mètres en moyenne chaque année, y est l’un des plus rapides du littoral français.
Selon les données disponibles sur le portail gouvernemental GéoLittoral, près de 20 % du trait de côte naturel est en recul à l’échelle nationale, et environ 30 kilomètres carrés de terres ont disparu en l’espace de cinquante ans au niveau des secteurs en recul.
Au centre de cette baie, derrière un cordon dunaire désormais très réduit, se trouvent le marais de Tardinghen – un réservoir de biodiversité inscrit à l’inventaire national du patrimoine naturel pour son intérêt écologique, faunistique et floristique – et quelques habitations. L’érosion menace l’ensemble. Dans un dossier envoyé en novembre 2020 à ses administrés, le maire de la commune, Thibaut Segard, assurait que, « sans aménagement », le marais « deviendra[it] la plage entre maintenant et cinq ans au maximum ». Il évoquait aussi les habitations « en sursis » et présentait sa « solution provisoire » pour « retarder au maximum l’entrée de l’eau de mer » dans la zone : la pose, devant la dune, d’un linéaire de défense en bois.
> Lire aussi  Le dérèglement climatique aggrave la fragilité du littoral français
Fin juin, mission accomplie : les 500 mètres de modules de bois sont là, remplis de sable et de galets, alignés le long de la dune sur des hauts de plage préalablement décaissés de quelques dizaines de centimètres.
Inquiétude pour le grand gravelot
Pourtant, si le dossier d’aménagement, financé par la communauté de communes de La Terre des 2 Caps, a reçu un avis favorable des services de l’Etat, le dispositif ne fait pas l’unanimité. « On est sur un site Natura 2000, c’est-à-dire une zone de protection spéciale pour les oiseaux », pointe Nathan Legroux, chargé d’études faune au sein du Groupe ornithologique et naturaliste (GON) du Nord - Pas-de-Calais. La doctrine « éviter, réduire et compenser l’impact sur l’environnement » doit donc – ici encore plus qu’ailleurs – y être appliquée, ce qui implique en premier lieu d’« éviter d’intervenir en période de nidification sur des sites d’importance », fait-il valoir.
L’association s’inquiète notamment pour le grand gravelot, espèce protégée qui compte seulement de « 100 à 150 nids » au niveau national. Ce petit limicole tout en rondeurs, qu’on voit parfois sur la plage trottinant à vive allure à la recherche de nourriture, a en effet élu domicile dans la baie. Au moins deux nids cette année, rapporte Nathan Legroux, soulagé de constater que les travaux n’ont pas conduit à leur destruction.
Mais la proximité de la nouvelle digue, à « une centaine de mètres » tout au plus du site de nidification, l’inquiète : comment la zone va-t-elle évoluer ? Les grandes marées vont-elles creuser les pourtours de la digue et endommager le site de nidification, déjà exposé au dérangement et au piétinement ? Sans compter que les modules vont empêcher la formation de nouveaux bancs de galets, déplore le spécialiste, expliquant que ces zones propices à la nidification de l’oiseau sont « très rares » dans le Nord et le Pas-de-Calais.
« Pas d’infraction »
Nathan Legroux regrette par ailleurs qu’aucune étude d’impact sur l’environnement n’ait été menée avant le déploiement d’un « projet d’une telle ampleur sur une zone Natura 2000 », estimant que, outre le gravelot, d’autres espèces ont potentiellement pu être affectées. Sollicité à plusieurs reprises par Le Monde au cours du mois de juillet, le maire de Tardinghen n’a pas souhaité s’exprimer sur ce sujet.
A l’Office français de la biodiversité (OFB), Paul-Emilien Toucry, adjoint au chef de service départemental du Pas-de-Calais, confirme qu’il n’y a pas eu dans ce projet de « dépôt de demande pour évaluer officiellement » l’impact potentiel sur la biodiversité. Mais « il y a eu des précautions de prises », note-t-il, ajoutant que le maire lui avait assuré avoir « pris des mesures pour rester à distance des espèces qui avaient été identifiées ».
> Lire le reportage : Dans le Finistère Sud, la mer monte et les riverains regardent ailleurs
La police de l’environnement, qui s’est rendue sur place à deux reprises en juin, n’a en effet « pas constaté d’infraction en ce qui concerne l’aspect espèces protégées ». Car, même s’il est « évident que la zone où ont été implantés les modules aurait pu devenir une zone potentielle de nidification pour le grand gravelot », la réglementation actuelle ne permet de protéger que les « zones qui sont effectivement de l’habitat d’espèces protégées » ou bien peut empêcher « des atteintes directes à une espèce protégée, c’est-à-dire la destruction de nidifications ou la perturbation dans l’accomplissement de son cycle de vie », rappelle le responsable de l’OFB.
Toutefois, dans le cadre de démarches complémentaires liées à l’occupation du site, l’OFB « va quand même évaluer s’il n’aurait pas été nécessaire de déposer un dossier au préalable, dans lequel il y aurait eu une évaluation de l’impact des travaux sur l’habitat ou la proximité des espèces protégées ». 
« Solutions fondées sur la nature »
Le Conservatoire du littoral, qui possède et assure la protection de quelques centaines d’hectares dans la baie – dont une partie du marais de Tardinghen –, a pour sa part rendu un avis favorable à la réalisation de l’ouvrage, rapporte Mélanie Calcoen, chargée de mission travaux à la délégation Manche-Mer du Nord. Ce feu vert a été accordé « à la condition que ces modules bois soient installés de manière temporaire », précise-t-elle, évoquant des réserves émises en matière d’« intégration paysagère ». « D’une manière générale, le Conservatoire du littoral promeut la naturalité des systèmes défensifs en évitant les modes de protection “durs” et incite à rechercher des solutions fondées sur la nature et la renaturation, plus durables », rappelle la responsable.
> Lire aussi  Pour maintenir la biodiversité, la France compte protéger 30 % de son territoire terrestre ou marin
Xavier Douard, chargé de mission pour le site des Caps chez Eden 62, le syndicat mixte qui gère les terrains du Conservatoire du littoral, estime quant à lui improbable que le linéaire de défense « contribue à préserver la biodiversité du marais », puisqu’il ne « garantit pas, sur le moyen terme, la pérennité du cordon dunaire ». Il est en effet vraisemblable, selon lui, que la mer passe sur les côtés, voire au-dessus en cas de tempête, ce qui risque d’éroder la zone juste derrière.
Mais pour le responsable, l’arrivée d’eau de mer dans le marais ne serait « pas inintéressante » d’un point de vue écologique. « Aujourd’hui, on a une biodiversité qui est liée à un marais d’eau douce ; demain, s’il y a des intrusions marines, on aura un système lagunaire qui va se mettre en place avec une transformation des habitats, mais aussi l’arrivée d’autres espèces », avance-t-il. Un avis partagé par Nathan Legroux du GON, qui considère que le site deviendrait alors « absolument exceptionnel pour les limicoles ».
> Lire aussi  A Lacanau, « l’érosion conduit à intégrer l’océan en tant que véritable partenaire social, dans une relation d’échange inédite »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/13/sur-la-cote-d-opale-la-lutte-contre-l-erosion-influe-sur-la-biodiversite_6091339_3244.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
21- Tribune. « Notre société française souffre d’un déficit d’acculturation scientifique majeur », Le Monde, 14/08/21, 06h33 
Par Katia Andreetti, anthropologue & Philippe Berta, député MoDem du Gard, professeur des universités, président fondateur de l’Ecole de l’ADN

L’anthropologue Katia Andreetti et le député (MoDem) Philippe Berta préconisent, dans une tribune au « Monde », le lancement d’« états généraux de la culture scientifique et technique », pour mieux lutter contre le complotisme et mettre la science à portée de tous.
Tribune. Collective, intersectorielle et intergénérationnelle, la crise sanitaire a marqué de son sceau l’histoire mondiale. Science, santé et technologie se sont imposées comme pierres angulaires de la protection des populations et des équilibres démocratiques. Matière à penser, à conceptualiser et à rationaliser le futur, l’ébullition scientifique générée par le Covid est une avancée majeure que les pouvoirs publics doivent accompagner afin d’en faire l’une des matrices de nos politiques publiques de demain.
Le lancement d’un plan d’investissement de près de 7 milliards d’euros par le président de la République en marque les prémices. La capacité de notre recherche biomédicale, la souveraineté industrielle et sanitaire, l’investissement renforcé, l’équité d’accès aux soins, l’impulsion stratégique de l’innovation en santé confirment que d’innovantes trajectoires se dessinent. Il est temps que nos politiques en prennent conscience !
Anticiper les situations futures
Les sciences sont plurielles et mobilisent des méthodologies spécifiques et interdépendantes, des technologies de pointe, des professionnels qualifiés, des écosystèmes de recherche et exigent des investissements stratégiques audacieux. Face à la célérité de la recherche et des mutations sociales, un grand nombre de nos lois sont, de facto, juridiquement caduques, en témoigne la révision de la loi de bioéthique qui, pour ses aspects scientifiques, est loin du tempo imposé par le rythme des découvertes scientifiques. A contrario, si les avancées entrevues par la loi de programmation pluriannuelle de la recherche sont une première esquisse, elles impliquent d’aller plus loin. Politique et science doivent coordonner leurs temporalités dans des réalités sociétales : un défi pour les décideurs politiques, une nécessité pour renforcer la connaissance scientifique de tous.
> Lire aussi  Innovation dans la santé : un plan à 7 milliards d’euros pour rattraper vingt ans de retards
Instructifs sont les maux imposés par la crise aux mondes scientifique, médical et socio-politique. Leurs analyses tant qualitatives que quantitatives sont, plus que jamais, déterminantes afin d’anticiper les situations futures et la vie post-Covid. Quant aux mécanismes opérationnels, ils représentent de fertiles laboratoires d’idées, des pôles d’excellence pour l’élaboration de projets ambitieux. L’acculturation scientifique en est un. La pandémie le démontre : notre société française souffre d’un déficit d’acculturation scientifique majeur. Mus par des raisons qui leur appartiennent, on a vu des politiques et des médecins parler science, la multiplication d’infox, le défilé « d’experts » sur les chaînes d’information en continu, le tout faisant perdre à la science ce qui fait son essence : son indépendance. Une belle affaire pour les complotistes, les extrémistes et les populistes.
> Lire aussi  « Le devoir de la science est d’apporter son éclairage même lorsqu’il ne conforte pas les idées reçues des politiques… ou des scientifiques »
Domaines privilégiés d’une élite, adressés à un public averti il y a encore peu de temps, les sciences doivent être repensées dans une perspective prospective, pédagogique et démocratique. Au moment d’une crise de confiance politique et d’une défiance scientifique, un besoin de compréhension scientifique se fait ressentir chez nos concitoyens. Au pays de Pasteur, l’acharnement que subissent nos chercheurs ne peut pas être passé sous silence. Notre culture scientifique et son enseignement se doivent d’être défendus à tous niveaux de la société et de ses représentants.
Face à ces enjeux, le temps est compté : convoquons des Etats généraux de la culture scientifique et technique !
> Lire aussi : « L’inculture scientifique des élites françaises a des effets profonds sur la conduite des affaires de l’Etat »
De plus, le changement de représentation et de perception des sciences s’opère dès l’enfance. Repenser l’enseignement des sciences dès le plus jeune âge est primordial. La formation des esprits critiques à la rigueur des raisonnements est une réalité que nous devons faire advenir. Les sciences humaines et socialesdevront y avoir toute leur place pour résorber les causes, prévenir les discriminations afin d’endiguer les phénomènes de type antivax et plus largement anti-science. Renouer la confiance avec le grand public est une urgence essentielle pour accompagner les progrès fulgurants de la recherche biomédicale et de ses retombées. Le front scientifique français est prêt, et nos dirigeants doivent en prendre toute la solennité, la mesure et la grandeur.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/08/14/notre-societe-francaise-souffre-d-un-deficit-d-acculturation-scientifique-majeur_6091396_3232.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
22- Au Guerno, des jeunes entre 8 et 17 ans sensibilisés à l’environnement durant un séjour à Branféré, Le Télégramme, 14/08/21, 14h55

61 jeunes ont passé la semaine à l’école Nicolas Hulot du parc zoologique de Branféré, avec comme projet la préservation des animaux d’ici et d’ailleurs et l’engagement pour la nature.
Le groupe des plus âgés (15-17 ans) s’est lancé dans le reportage radio tout au long de la semaine. Ils ont été à la rencontre d’acteurs de la préservation de la biodiversité : directeur animalier, naturaliste de la réserve ornithologique de Séné, historiens du parc de Branféré, animateurs, fauconniers, etc. Ce groupe a enregistré des interviews, réalisé des reportages, créé sa propre musique, afin de diffuser leur travail final ce vendredi 13 août 2021. La directrice, Sophie Maleyran, s’est prêtée au jeu en se faisant interroger sur son travail.
Une collecte de dons
Le groupe des 8-10 ans a, quant à lui, réalisé des affiches sur la sensibilisation du grand public à la préservation des espèces menacées. Ils ont aussi confectionné des maquettes en polystyrène de réserves pour les animaux, à leur idée, avec des animaux en pâte à sel.
Le groupe des 10-12 ans s’est tourné vers les visiteurs du parc animalier afin de les informer sur les animaux présents, tels que les pandas roux, les wallabies, les loutres, les tortues… Ils leur ont également appris comment les protéger.
Les 13-15 ans ont mis au défi les visiteurs avec des quiz, tests et jeux pour les initier à la biodiversité dans le monde.
L’association de défense de l’environnement Kalaweit était présentée à un stand tenu par les ados qui ont collecté des dons. Cet argent permet d’acheter des terres en Indonésie depuis 1998. 1 355 hectares sont préservés à ce jour en forêts privées qui constituent deux réserves accueillant les gibbons de Sumatra et Bornéo issus du trafic de la faune sauvage.
<https://www.letelegramme.fr/morbihan/le-guerno/au-guerno-des-jeunes-entre-8-et-17-ans-sensibilises-a-l-environnement-durant-un-sejour-a-branfere-14-08-2021-12807474.php>
______________________________________________________________________________________________________________________
En images
23- Chine : l'incroyable épopée des éléphants fugueurs, TF1, journal de 20h, 05/08/21

En Chine, un troupeau d'éléphants a quitté leur réserve depuis plus d'un an. Ils ont causé pas mal de dégâts sur leur passage. Alors, de gros moyens sont déployés pour les surveiller et essayer de connaître leur direction.
Un éléphant, ça marche énormément. Mais ce troupeau de neuf adultes, trois ados et trois petits bat tous les records. Ils ne se quittent plus depuis 2020. Ensemble, ils se sont éloignés de plus de 500 km de leur réserve. Une odyssée jamais vue en Chine.
Une équipe de soigneurs les suit jour après jour au sol et dans les airs avec des drones. Une occasion unique de mieux comprendre ces animaux.
Ils ont aussi causé quelques frayeurs aux habitants du secteur. Imaginez-vous voir un éléphant débarquer pile devant chez vous. Le troupeau n'hésite pas à traverser les villes et a fait plus d'un million d'euros de dégâts, notamment en mangeant les cultures.
La dernière fois que nous vous avions parlé d'eux, ils étaient 15. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 14. Cela parce que le 15e est de retour dans la réserve. En juin, il a quitté le troupeau. Et après plusieurs semaines tout seul, les autorités l'ont capturé et l'ont ramené à la maison. Le reste du troupeau lui continue son voyage. Avec la chaleur de l'été, ils marchent surtout de nuit.
<https://www.lci.fr/international/video-chine-l-incroyable-epopee-des-elephants-fugueurs-2193202.html>
______________________________________________________________________________________________________________________
24- France - Île de la Réunion : dans l'océan avec les baleines à bosse, TV5Monde, 08/08/21
A. Bellisens / M. Alonso / J. Caratini

Dans l'océan Indien, la saison des baleines à bosse vient de démarrer. Suite à l'interdiction de les chasser dans les années 80, elles reviennent entre juillet et octobre près des côtes réunionnaises, l'un des rares endroits au monde où se mettre à l'eau avec ces cétacés est autorisé.
> Reportage (3 min 55) à voir à :
<https://information.tv5monde.com/video/france-ile-de-la-reunion-dans-l-ocean-avec-les-baleines-bosse>
______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA PRÉSENTE REVUE DE PRESSE...
Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
Elle n’a pas de caractère exhaustif. Il s’agit d’une sélection pluraliste d’articles ou de dépêches, parfois antagonistes, ne faisant pas systématiquement la Une des journaux et regroupés en 6 thèmes, adressée par mail du lundi au vendredi, à raison d’un thème différent chaque jour.
Diffuser ces articles ne signifie pas automatiquement les approuver mais vise à vous surprendre, vous enrichir, vous donner envie d’en savoir plus, vous aider à relayer l’info, à passer à l’action, et même, à vous indigner ou à vous faire sourire ! Nous espérons qu’au moins un de ces articles répondra chaque jour à l’un de ces objectifs.
Si l’archivage récemment mis en place ne cous convient pas, pensez à conserver les articles qui vous concernent ou vous intéressent particulièrement.
Sur le fond et en complément de notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> & Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>, il s’agit là d’une modeste contribution à une meilleure compréhension du monde par l’éducation à la complexité.
Quant à la forme, elle se veut sans prétention et n'y associe aucune pièce jointe pour éviter de saturer votre boîte mail.
Pour agrandir la taille des caractères
A l’aide du clavier : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et appuyez sur la touche + autant de fois que vous le souhaitez jusqu’à ce que vous soyez en mesure de lire correctement.
A l’aide de la souris : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et tournez la molette de votre souris vers le bas pour agrandir. Cela fonctionne avec la plupart des navigateurs.
Merci pour votre indulgence.
NB : – Si vous êtes équipé(e) d’un antispam, n’oubliez pas de le formater pour vous permettre de recevoir la présente revue de presse.
- En pied de page de chaque message vous trouverez une adresse url qui vous permettra :
• De vous abonner, de changer de mail ou de vous désabonner à votre gré ;
• D’accéder à un archivage.
- Pour entrer en liaison avec le gestionnaire de cette liste, adresser votre mail à : <f.demonclin(at)fnh.org <http://fnh.org/>>
- Economisez de l'énergie, du papier et de l'encre, n'imprimez ce message que si nécessaire.
_______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)…
NOS PROGRAMMES
— Génération climat <http://www.generation-climat.org/>, un programme de soutien aux jeunes porteurs de projets en France et à l’étranger.
— J’agis pour la nature <https://jagispourlanature.org/>, des activités de bénévolat nature partout en France.
— Mon Restau Responsable <https://www.monrestauresponsable.org/>®, un outil gratuit destiné à accompagner les restaurants collectifs qui souhaitent proposer à leurs convives une cuisine saine, de qualité et respectueuse de l’environnement.
— L’affaire du siècle <https://laffairedusiecle.net/>, une campagne de mobilisation pour soutenir l'action en justice contre l'Etat pour le climat. 
— The Freaks <https://www.the-freaks.fr/>, un collectif d'artistes et de personnalités qui s'engagent à adopter de nouveaux comportements pour lutter contre la sur-consommation, la pollution, le réchauffement climatique et protéger la biodiversité.
— Le temps est venu <https://letempsestvenu.org/>,  100 propositions de Nicolas Hulot pour prendre la mesure des changements à entreprendre pour opérer une transition écologique socialement juste.
— Baromètre des mobilités <http://barometremobilites-quotidien.org/>, une analyse annuelle des pratiques de mobilité des Français.
LES PUBLICATIONS DU THINK TANK
— Les rapports et contributions  <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?category=think-tank&think-tank=rapport-contributions>
— Les Points de vue & Editos <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?think-tank=les-points-de-vue-editos&category=think-tank> 
— Les Talks <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?think-tank=les-talks&category=think-tank> 
______________________________________________________________________________________________________________________
-------------- section suivante --------------
Une pièce jointe HTML a été nettoyée...
URL: <http://mailing.fondation-nature-homme.org/pipermail/revue-presse/attachments/20210826/5d65e9f3/attachment.html>


Plus d'informations sur la liste de diffusion revue-presse