[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage + 2 publications (lundi 6 décembre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Lun 6 Déc 08:01:49 CET 2021


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Chronique. Nouveaux OGM : « L’agriculture occidentale a déjà connu une révolution génétique dont les promesses n’ont pas été tenues » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/11/28/l-agriculture-occidentale-a-deja-connu-une-revolution-genetique-dont-les-promesses-n-ont-pas-ete-tenues_6103903_3232.html>, Le Monde, 28/11/21, 17h51
2- Cantines scolaires : l'Anses ouvre la voie aux menus végétariens quotidiens <https://www.actu-environnement.com/ae/news/cantines-scolaires-anses-menus-vegetariens-quotidiens-38632.php4>, Actu-environnement, 29/11/21
3- Pesticides : trois ONG évaluent leur coût en Europe <https://www.actu-environnement.com/ae/news/pesticides-ong-cout-europe-38633.php4>, Actu-environnement, 30/11/21, 00h01
4- Décryptage. Pesticides : la nouvelle hégémonie chinoise <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/11/30/pesticides-la-nouvelle-hegemonie-chinoise_6104090_3234.html>, Le Monde, 30/11/21, 00h16 
5- Reportage. A l’Office national des forêts, le grand malaise des personnels <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/01/a-l-office-national-des-forets-le-grand-malaise-des-personnels_6104224_3244.html>, Le Monde, 01/12/21, 00h53
6- Le gouvernement présente sa réforme de l’assurance des récoltes <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/12/01/le-gouvernement-presente-sa-reforme-de-l-assurance-des-recoltes_6104309_3234.html>, Le Monde, 01/12/21, 13h45 
7- 100 fermes urbaines lauréates du projet Quartiers fertiles <https://www.actu-environnement.com/ae/news/100-fermes-urbaines-projet-quartiers-fertiles-38649.php4>, Actu-environnement, 01/12/21
8- Sur la côte Atlantique, une mystérieuse prolifération de poulpes <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/02/sur-la-cote-atlantique-une-mysterieuse-proliferation-de-poulpes_6104381_3244.html>, Le Monde, 02/12/21, 02h38
9- Un nouveau gène de résistance du soja à la moisissure Phytophthora identifié par une équipe de recherche de Purdue et Corteva <https://france-science.com/un-nouveau-gene-de-resistance-du-soja-a-la-moisissure-phytophthora/>, MST, 02/12/21
10- Transport d’animaux : les eurodéputés divisés sur les mesures à prendre <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/03/transport-d-animaux-les-eurodeputes-divises-sur-les-mesures-a-prendre_6104579_3244.html>, Le Monde, 03/12/21, 11h16
11- Reportage. En Bourgogne, un abattoir mobile pour limiter les souffrances des animaux <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/03/en-bourgogne-un-abattoir-mobile-pour-limiter-les-souffrances-des-animaux_6104526_3244.html>, Le Monde, 03/12/21, 11h40
12- Nouvelle PAC : les États membres donnent leur feu vert final <https://www.actu-environnement.com/ae/news/PAC-etats-membres-feu-vert-38667.php4>, Actu-environnement, 03/12/21
13- Tribune. Moumouni Kinda : « Ne laissons pas la faim tuer plus que le virus ! » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/04/moumouni-kinda-ne-laissons-pas-la-faim-tuer-plus-que-le-virus_6104708_3232.html>, Le Monde, 04/12/21, 11h00
14- Décès à 83 ans de Pierre Rabhi, écrivain et figure de l'agroécologie <https://information.tv5monde.com/info/deces-83-ans-de-pierre-rabhi-ecrivain-et-figure-de-l-agroecologie-435218>, AFP, 04/12/21, 21:00
15- Le rapport de l'Anses sur les nitrites dans le jambon s'est enlisé <https://www.lejdd.fr/Societe/info-jdd-le-rapport-de-lanses-sur-les-nitrites-dans-le-jambon-sest-enlise-4080676>, Le JDD, 04/12/21, 22h30
En audio
16- Hommage à Pierre Rabhi <https://www.franceinter.fr/emissions/remede-a-la-melancolie/hommage-a-pierre-rabhi-emission-du-30-11-2014>, France Inter, Remède à la mélancolie, 05/12/21, 10:00
En images
17- Eure : des charpentiers aux méthodes ancestrales plus responsables <https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/eure-des-charpentiers-aux-methodes-ancestrales-plus-responsables_4862365.html>, France 3, Le 12/13 national, 28/11/21
18- Vidéo. Afrique du Sud : au Cap, des vers de terre au service de l’économie circulaire <https://www.lemonde.fr/afrique/video/2021/12/03/afrique-du-sud-au-cap-des-vers-de-terre-au-service-de-l-economie-circulaire_6104640_3212.html>, Le Monde, 03/12/21, 18h30
Deux publications
19- Livre. « Cultivons-nous » : fourche et fourchette, même combat <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/11/30/cultivons-nous-fourche-et-fourchette-meme-combat_6104105_3232.html>, Le Monde, 30/11/21, 05h00 
20- Une écologie de l'alimentation <https://mailchi.mp/737304885262/les-actualits-de-la-chaire-unesco-alimentations-du-monde-8046553?e=a158773d59>, sous la direction de Nicolas Bricas, Damien Conaré, Marie Walser avec la contribution de plus de 24 auteur·e·s, Editions Quæ, décembre 2021

Bien à vous,
Florence

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CITATIONS DU JOUR : — "En perdant Pierre Rabhi, la vie perd un de ses plus merveilleux avocats.", Jacques Attali (cf. item 14, suite & 16)
— "On ne peut pas accepter un système qui assure une nourriture saine aux riches – eux peuvent s'offrir de la charcuterie sans nitrites – et qui laisse les pauvres continuer à manger des coquillettes au jambon nitrité dont on sait qu'il est mortifère." Richard Ramos, député du ­Loiret lanceur d'alerte (cf. item 15)
DEVISE DU JOUR : Un jour, dit la légende amérindienne, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : "Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! "Et le colibri lui répondit : "Je le sais, mais je fais ma part.", Légende du colibri
BATAILLE DU JOUR : Les « nouveaux OGM » sont, pour encore quelques mois, au cœur d’une discrète mais intense bataille dont l’issue pourrait avoir un impact majeur sur l’agro-industrie, l’environnement et la santé des Européens. (cf. item 1)
RAPPORTS DU JOUR : — L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) s'est penchée sur les fréquences recommandées des plats ou des repas végétariens servis dans la restauration scolaire dans un rapport publié le 25 novembre. (cf. item 2 & suite)
— Pollinis, CCFD-Terre solidaire et le Basic ont publié un rapport portant sur les coûts des pesticides en Europe. En 2017, ils s’élèveraient à 2,3 milliards d'euros. (cf. item 3 & suite)
BOULIMIE HÉGÉMONIQUE DU JOUR : Ce sont des mastodontes, comme le secteur de l’agrochimie mondiale n’en avait jamais vu : en 20 ans seulement, les fabricants chinois de pesticides sont parvenus à dominer ce marché, estimé à 61 milliards de dollars en 2020 (54 milliards d’€), réalisant plus de 40 % de sa valeur. (cf. item 4)
REPORTAGE DU JOUR : Depuis quelques années, le nombre de missions que les agents de l’ONF doivent assurer explose tandis que, dans le même temps, les effectifs ne cessent de se réduire d’où le malaise des personnels. (cf. item 5)
ASSURANCE DU JOUR : Le gel de printemps, qui a fortement touché les vignes et les arbres fruitiers, pousse l’exécutif à réformer le régime d’assurance des agriculteurs, le taux de couverture d’une exploitation étant encore inférieur à 18 %. (cf. item 6)
PROLIFÉRATION DU JOUR : Invasion ou retour, les poulpes prospèrent sur les côtes à un point que les pêcheurs n’avaient jamais vu. Une aubaine pour ces derniers, mais une menace pour les crustacés et coquillages dont ils se nourrissent. (cf. item 8)
IDENTIFICATION DU JOUR : Dans le parcours parfois complexe qui consiste à suivre les caractéristiques génétiques pour sélectionner des plantes résistantes, un gène nouvellement identifié ouvre la voie à la résistance naturelle du soja à une maladie dévastatrice, le Phytophthora. (cf. item 9)
QUESTIONNEMENT DU JOUR : Allons-nous vers un renforcement des règles européennes pour le transport d’animaux vivants ? (cf. item 10 & suite)
ADOPTION DU JOUR : Après le Parlement européen, en novembre, les États membres de l'UE ont définitivement adopté, le 2 décembre, la nouvelle Politique agricole commune (PAC) pour la période 2023 à 2027. (cf. item 12)
ALTERNATIVES DU JOUR : — 25 nouveaux lauréats de la 3ème et dernière tranche de l'appel à projets « Les Quartiers fertiles », lancé en décembre 2020. (cf. item 7)
— Depuis la rentrée, trois camions d’une société bourguignonne se déplacent de ferme en ferme, pour abattre des bovins directement sur leur lieu de vie, sans leur infliger de transport. Une première en France. (cf. item 11)
— En Afrique du Sud, dans le quartier de Philippi du Cap, un programme encourage la collecte des déchets domestiques végétaux pour en faire du compost utilisé par des agriculteurs formés au bio. (cf. item 18)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Chronique. Nouveaux OGM : « L’agriculture occidentale a déjà connu une révolution génétique dont les promesses n’ont pas été tenues », Le Monde, 28/11/21, 17h51
Stéphane Foucart

Rendements, intrants, qualités nutritionnelles… Les arguments des partisans des « nouveaux OGM », que la Commission européenne pourrait déréguler dès 2023, rappellent la défense des cultures transgéniques dans les années 1990, relève dans sa chronique Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
Chronique. Les « nouveaux OGM » sont, pour encore quelques mois, au cœur d’une discrète mais intense bataille dont l’issue pourrait avoir un impact majeur sur l’agro-industrie, l’environnement et la santé des Européens. Elle se joue d’abord dans les discours et les mots.
En octobre, dans sa présentation du plan France 2030, le président Emmanuel Macron l’a glissé en une phrase sur l’avenir de l’agriculture : « Nous devons investir dans trois révolutions qui vont en quelque sorte être la suite de la révolution mécanique et de la révolution chimique qu’on a connues : le numérique, la robotique, la génétique. »
On le voit, le chef de l’Etat évoque « la génétique » de manière évasive, plutôt que l’arrivée dans les champs de « nouveaux OGM » – une précaution qui s’explique sans doute d’abord par le sceau d’infamie dont ces trois lettres sont frappées dans une grande part de l’opinion. Aujourd’hui, c’est la directive 2001/18 qui encadre la mise sur le marché, la traçabilité et l’étiquetage des cultures génétiquement modifiées. Et elle le fait si étroitement que les OGM sont à peu près absents, en Europe, et de l’alimentation humaine et des champs.
> Lire aussi Une ONG alerte sur les retards pris en Europe dans la détection des OGM de dernière génération
Mais depuis quelques années, de nouvelles techniques d’édition du génome – les NBT (new breeding techniques) ou NGT (new genomic techniques) – permettent d’apporter des modifications présumées plus subtiles que la bonne vieille transgenèse (transfert d’un gène d’intérêt d’une espèce à une autre). Des altérations génétiques si fines qu’elles pourraient, dit-on, se produire naturellement. Elles ne devraient donc pas avoir à subir l’examen tatillon du régulateur pour être autorisées.
Uniformisation des pratiques
La Commission européenne partage cette vision, et envisage un assouplissement de la loi, en plaçant certaines manipulations génétiques hors du cadre qui réglemente aujourd’hui les OGM. Il s’agit, en somme, de ne plus considérer ces « nouveaux OGM » comme des OGM. Une proposition législative est prévue par Bruxelles pour 2023.
Le projet rencontre l’enthousiasme des uns (dont la France) et déclenche les protestations des autres (syndicats de défense de l’agriculture paysanne et ONG). Les tenants des NGT mettent en avant le fait qu’une dérégulation du secteur favoriserait l’innovation et la mise au point de variétés adaptées aux changements climatiques, à la sécheresse, à certains ravageurs ou pourvues de meilleures qualités nutritionnelles.
> Lire aussi Pour la Commission européenne, la loi sur les OGM « n’est pas adaptée » aux nouvelles biotechnologies
A quoi leurs adversaires rétorquent que la résilience de l’agriculture passe plutôt par l’agroécologie, des exploitations diversifiées et plus petites, des variétés adaptées à leur terroir, etc. Ils assurent en outre que les NGT, ultra-précises en théorie, peuvent provoquer des modifications génétiques imprévues et que des résultats comparables à ceux de ces technologies pourraient bien souvent être obtenus par des croisements de variétés traditionnelles.
Face à ces deux visions antagonistes de l’agriculture, les Etats tendent souvent à favoriser les scénarios qui simplifient et uniformisent les pratiques, qui favorisent les démarches industrielles plutôt que paysannes, qui permettent de tenir un discours de progrès et objectivent la création de valeur par l’innovation et la publication scientifique, le dépôt de brevets, etc.
Cette préférence des Etats est si forte qu’elle déclenche certaines formes d’amnésie. Car, contrairement au diagnostic posé par M. Macron dans sa présentation du plan France 2030, l’agriculture occidentale n’a pas connu que deux révolutions, celles de la mécanisation et de la chimie : elle a bel et bien déjà connu une révolution génétique, lancée au milieu des années 1990, avec le développement des cultures OGM, outre-Atlantique.
Aveu d’échec
Or, la transgenèse nourrissait alors les mêmes promesses. Le maïs, le soja et le coton Roundup ready (RR) – tolérants au glyphosate – devaient augmenter les rendements, rationaliser et réduire l’usage d’herbicides. Ces promesses n’ont pas été tenues. Dans un rapport de mai 2016, l’Académie des sciences américaine reconnaissait que « les données nationales sur le maïs, le coton ou le soja aux Etats-Unis ne montrent pas une signature spécifique de la technologie OGM sur les taux d’augmentation des rendements ».
> Lire aussi « Les arguments favorables aux “OGM” sont soumis à très peu d’esprit critique »
L’usage systématique et généralisé du Roundup sur ces monocultures transgéniques a surtout favorisé la prolifération d’adventices résistantes au glyphosate qui a rapidement conduit à la remise en selle d’anciens herbicides réputés problématiques.
Selon les données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la quantité totale d’herbicides utilisée aux Etats-Unis a légèrement baissé entre 1996 (début de l’usage des OGM RR) et 2006, puis est repartie à la hausse. Entre 2006 et 2012, elle est passée, selon la FAO, de 184 000 tonnes à 255 000 tonnes, un niveau jamais atteint depuis 1990. Après 2012, les données ne sont plus tenues à jour par l’organisation onusienne.
Aucun des pays ayant fortement misé sur cette première révolution génétique (Argentine, Brésil, Canada) n’a connu une réduction durable de l’usage des herbicides, bien au contraire. Et le problème de mauvaises herbes résistantes devient tel que les nouvelles semences transgéniques qui entrent sur le marché sont, en elles-mêmes, un terrible aveu d’échec.
> Lire aussi L’Argentine se cherche un modèle agricole
Le dernier maïs de Bayer, en cours d’examen aux Etats-Unis, n’est plus modifié pour tolérer une seule mais cinq molécules herbicides. Une escalade désormais nécessaire pour faire face aux résistances des mauvaises herbes à l’un ou l’autre de ces produits. Outre le glyphosate, le MON 87429 supporte ainsi le glufosinate, le dicamba, le 2,4-D et le quizalofop. La transgenèse a des capacités de transformation insoupçonnées : elle a changé le progrès en fuite en avant.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/11/28/l-agriculture-occidentale-a-deja-connu-une-revolution-genetique-dont-les-promesses-n-ont-pas-ete-tenues_6103903_3232.html>
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2- Cantines scolaires : l'Anses ouvre la voie aux menus végétariens quotidiens, Actu-environnement, 29/11/21
Rachida Boughriet

Dans un rapport publié le 25 novembre, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) s'est penchée sur les fréquences recommandées des plats ou des repas végétariens servis dans la restauration scolaire.
Pour rappel, la loi Agriculture et alimentation (Egalim) d'octobre 2018 a instauré une expérimentation, durant deux ans, d'un repas végétarien par semaine dans les restaurants scolaires. Depuis le 1er novembre 2019, les cantines, de la maternelle au lycée, ont appliqué cette mesure. Pour remplacer les plats de viande ou de poisson, le menu végétarien peut être composé d'autres aliments d'origine animale (laitages, œufs) ou végétale (céréales, légumineuses).
L'Anses confirme qu'un menu végétarien hebdomadaire en restauration scolaire peut contribuer « à la couverture de l'ensemble des besoins nutritionnels des enfants, à la condition qu'il soit équilibré ». Et à la condition que « l'offre végétarienne prenne mieux en compte l'intérêt des apports en légumineuses et en céréales complètes », selon son précédent avis daté de janvier 2020.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/cantines-scolaires-anses-menus-vegetariens-quotidiens-38632.php4>
En savoir plus : 
> Rapport. Appui scientifique et technique relatif aux fréquences alimentaires recommandées en restauration scolaire dans le cadre de l’expérimentation du menu végétarien <https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2020SA0101Ra.pdf>, ANSES, septembre 2021
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3- Pesticides : trois ONG évaluent leur coût en Europe, Actu-environnement, 30/11/21, 00h01
Félix Gouty

Ce mardi 30 novembre, trois associations ont publié un rapport portant sur le coût de l'industrie des pesticides en Europe. L'ONG Pollinis, l'association de lutte contre la faim dans le monde CCFD-Terre solidaire et le Bureau d'analyse sociétale d'intérêt collectif (Basic) ont analysé, d'une part, les dépenses publiques liées aux impacts négatifs des pesticides (coûts de régulation, de dépollution de l'eau, de la pollution de l'air ou encore des maladies professionnelles) et, d'autre part, les profits comptables générés par les quatre principaux acteurs de cette industrie : Bayer, BASF, Corteva et Syngenta-Chem China. Ces derniers détiennent « près de trois quarts du marché des pesticides et près de 60 % du marché des semences agricoles », rappellent les trois associations.
D'après leurs informations, le coût attribuable aux pesticides, dans l'Union européenne, en 2017, s'élèvent à 2,3 milliards d'euros. À titre de comparaison, les bénéfices nets perçus la même année par les quatre principaux acteurs de l'industrie s'élèvent à 0,9 milliards d'euros. « Les dépenses associées au lobbying avoisinent les 10 millions d'euros par an pour le seul marché européen – soit plus que le budget de l'Autorité européenne de sûreté des aliments (Efsa) consacré à la réglementation des pesticides », indique le rapport.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/pesticides-ong-cout-europe-38633.php4>
En savoir plus :
> Résumé. Pesticides, un modèle qui nous est cher <https://ccfd-terresolidaire.org/IMG/pdf/pesticides_un_modele_qui_nous_est_cher_fr_policy_brief.pdf>, Pollinis, CCFD-Terre solidaire et le Basic, 30/11/21
> Rapport. Pesticides, un modèle qui nous est cher <https://ccfd-terresolidaire.org/IMG/pdf/pesticides_un_modele_qui_nous_est_cher_fr_concept_note.pdf>, Pollinis, CCFD-Terre solidaire et le Basic, 30/11/21
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4- Décryptage. Pesticides : la nouvelle hégémonie chinoise, Le Monde, 30/11/21, 00h16 
Nathalie Guibert et Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)

Selon une enquête menée par un groupe d’experts pour le compte d’ONG, le pays produit chaque année près de la moitié des 4 millions de tonnes de pesticides fabriqués dans le monde. 
Ce sont des mastodontes, comme le secteur de l’agrochimie mondiale n’en avait jamais vu : en vingt ans seulement, les fabricants chinois de pesticides sont parvenus à dominer ce marché, estimé à 61 milliards de dollars en 2020 (54 milliards d’euros), réalisant plus de 40 % de sa valeur.
Un groupe français d’experts alerte sur cette évolution, dont dépend l’avenir de l’alimentation humaine : le Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne (Basic, un bureau d’études) a réalisé, pour le compte de Pollinis, qui lutte contre l’extinction des abeilles, et du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre solidaire), une enquête publiée, mardi 30 novembre, qui apporte un éclairage inédit sur le secteur. Des milliers de données économiques et financières ont été compulsées afin de dresser le tableau global de la création de valeur du secteur des pesticides.
> Lire aussi Le recours aux pesticides a connu une hausse spectaculaire en 2018
« En vingt ans, la Chine a pris un essor exponentiel sur le marché international, jusqu’à produire près de la moitié des 4 millions de tonnes de pesticides fabriqués chaque année dans le monde », résume Christophe Alliot, cofondateur du Basic, sachant que les volumes seuls ne peuvent décrire le marché, car celui-ci développe des substances efficaces à des doses de plus en plus faibles. « En multipliant par onze la valeur de ses ventes, la Chine a acquis la place de premier exportateur en 2018, avec 5,2 milliards de dollars, passant devant l’Allemagne. »Dessinant une nouvelle géopolitique, les exportations chinoises sont destinées, dans l’ordre, au Brésil, à la Thaïlande et aux Etats-Unis. Viennent ensuite l’Australie, le Nigeria, l’Indonésie et le Vietnam.
L’Inde a, elle aussi, émergé, en multipliant par quatorze ses exportations de produits phytosanitaires à bas coût entre 2000 et 2020. Ce basculement de la production vers l’Asie inquiète la Commission européenne depuis plusieurs années. « La majorité des substances actives contenues dans les produits de protection des plantes commercialisés dans l’UE [Union européenne] sont fabriquées à l’étranger. De façon croissante, la formulation des produits est aussi en train de partir vers des pays non européens », rapportait-elle en 2017.
Absence de transparence
L’agrochimie mondiale a connu concomitamment un mouvement de concentration sans précédent. Preuve en est, en 2020, quatre poids lourds dominaient : Bayer-Monsanto, Syngenta, Corteva et BASF. Parmi ces acteurs dits « intégrés », car maîtrisant l’ensemble de la chaîne de valeur, de la recherche et développement à la distribution des produits, l’allemand Bayer a fait main basse sur le français CropScience en 2008, puis Monsanto en 2018. De leur côté, les américains Dow Chemical et DuPont ont fusionné pour créer Corteva en 2019.
> Lire aussi Semences toxiques : les manœuvres de Syngenta pour échapper à la justice
Surtout, le suisse Syngenta a été racheté en 2017 par l’entreprise d’Etat ChemChina, leader de l’industrie chimique chinoise, pour 43 milliards de dollars – la plus grosse acquisition jamais effectuée par l’empire du Milieu à l’étranger. La commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, avait alors jugé que le rachat ne conduisait pas à une position dominante, moyennant des cessions de produits par ChemChina (des fongicides, des herbicides et des insecticides pour céréales, ou des pesticides génériques en cours de développement).
Depuis lors, Syngenta a continué à grossir, de même que l’entreprise qui la contrôle. En 2020, la fusion longtemps pressentie entre ChemChina et l’autre géant chinois, Sinochema, a été confirmée. « Avec elle naît un géant équivalent à la fusion de toutes les entreprises américaines et européennes. La Chine veut constituer le plus grand pôle chimique mondial », analyse Christophe Alliot. Et ce, sans transparence. En juillet 2021, le quotidien économique américain The Wall Street Journalévoquait le projet de cotation de Syngenta censé lui permettre de lever 10 milliards de dollars sur le marché des valeurs technologiques STAR de Shanghaï. Cette introduction record a été suspendue en octobre 2021, car les informations financières du groupe n’étaient pas à jour.
Les groupes historiques, essentiellement américains et allemands, qui pesaient 78 % du chiffre d’affaires mondial des pesticides en 2014, n’en représentaient plus que 67 % en 2017, d’après les données publiées mardi 30 novembre. Ils sont désormais pris en étau. De fait, les fonds d’investissement américains (BlackRock, Vanguard, State Street, Capital Group et Fidelity) présents au capital des leaders occidentaux exigent une rentabilité constante, alors que les coûts de développement des nouvelles substances actives ont doublé en vingt ans.
La part des pesticides protégés par des brevets, quant à elle, a été divisée par deux. Les génériques, qui constituaient 30 % du marché en 2000, pèsent désormais 70 %. Leur prix au kilo (23 dollars) est trois fois et demie plus faible que les produits sous brevet (81 dollars). Le secteur « n’est viable que parce qu’il ne paie pas les coûts associés à leur impact négatif [dépollution, investissements dans l’agroécologie, santé] et qu’il reçoit des aides d’Etat », dénoncent les ONG.
Alliances inédites
La nouveauté est, en effet, que la Chine domine aussi le marché des génériques. « Les produits utilisés en Europe ne sont souvent tout simplement pas concurrentiels dans les régions de la planète qui acceptent des molécules interdites chez nous », souligne Christian Janze, expert du cabinet EY en Allemagne, « et, dans les pays émergents, on utilise plus volontiers des génériques à faible intensité de recherche et de développement. »
Derrière les trois premiers fabricants de génériques (l’américain Albaugh, l’australien Nufarm et le néerlandais Nutrichem), les Chinois tiennent désormais les sept positions suivantes du top 10, avec des entités pour l’heure encore indépendantes de ChemChina comme Shandong Weifang Rainbow Chemical ou Nanjing Red Sun. Les capitaux chinois ont acquis le plus gros acteur du secteur, l’israélien Adama, dès 2011, qui, fusionné à Syngenta, lui a permis d’atteindre 15 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2020. « Nous pensons que les Chinois ont investi des capacités faramineuses pour faire des génériques avec de grandes économies d’échelle », relève Christophe Alliot.
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Cette boulimie déborde déjà sur les produits high-tech, alliés de l’agriculture durable et de précision du futur. Des alliances inédites se nouent à présent entre des groupes agrochimiques, des semenciers, des constructeurs de machine et des spécialistes des technologies numériques, souligne Christian Janze.
La prise de pouvoir de la Chine dans l’agrochimie tient au fait que la situation alimentaire de ses 1,4 milliard d’habitants est fragile. « Elle voit ses ressources internes en terres arables stagner et la population exige de la qualité », constate Sébastien Abis, spécialiste de géopolitique agricole, membre du club Demeter. Pour atteindre l’autonomie alimentaire, « le pays doit donc miser sur la science et la technologie pour verticaliser les rendements et mettre le turbo sur l’agriculture de précision, après avoir cherché sa sécurité alimentaire à l’étranger ».
Une « démarche durable »
Grâce à l’opération Syngenta, il a pu « mettre la main sur le cœur du réacteur » en Europe, selon M. Alliot, à savoir les brevets visant à développer l’agriculture de précision, mais aussi les semences et les technologies du génie génétique. « Elle fait partie d’une stratégie politique plus large portée par l’Etat chinois, qui investit chaque année deux fois plus de fonds publics pour la recherche agronomique que son homologue américain », explique le rapport du Basic.
La Commission européenne, de son côté, a fixé un objectif de réduction de 50 % de l’utilisation des pesticides d’ici à 2030, alors que l’Europe reste leader dans leur exportation (5,8 milliards de dollars en 2019). Interrogés, les géants allemands disent miser sur une « démarche durable ». Bayer souligne « ne plus commercialiser, depuis 2016, que des produits phytosanitaires dont les substances actives sont enregistrées dans au moins un pays de l’OCDE ».
BASF, pour sa part, indique délaisser la production de masse, devenue moins rentable. « Nos investissements se concentrent sur des offres qui combinent semences, protection des cultures et technologie numérique », explique le groupe. Il cible « quatre segments » dans des cultures qui représentent 70 % du marché mondial : soja, maïs et coton en Amérique du Nord et du Sud ; blé, colza et tournesol en Amérique du Nord et en Europe ; fruits et légumes dans le monde entier ; riz en Asie.
Avant de reprendre Syngenta, la Chine était en retard dans la transition vers une agriculture moins chimique, rappelle Jean-Joseph Boillot, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et auteur d’Utopies made in monde. Le sage et l’économiste (Odile Jacob, avril 2021). Durant cette transition, alerte-t-il, « son modèle va pouvoir continuer à exporter des surcapacités énormes de pesticides ». Dans les dix prochaines années, « il existe un risque évident de voir l’Afrique devenir la poubelle du monde de ce point de vue ». Le continent subit déjà la dissémination de produits désormais interdits en Europe. Avec les exportations chinoises, le risque s’accroît du fait qu’un tiers des volumes de pesticides sortis d’usine « est considéré comme illégal car ne respectant pas les règles de sécurité instituées par le gouvernement », souligne le Basic. Les disparités de pratiques déjà constatées vis-à-vis des OGM vont s’accentuer, ajoute Sébastien Abis, du club Demeter. « La Chine va-t-elle faire propre chez elle et moins propre ailleurs ? Elle devra gérer cette forte contradiction interne. »
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En Europe également, la question d’une nouvelle dépendance se pose. Elle reste le premier continent consommateur des substances de synthèse (pour 12 milliards de dollars en 2019) et la France, en son sein, le premier marché des pesticides à usage agricole. « Le sujet de la sécurité des approvisionnements en molécules indispensables est encore absent du débat parce que l’on a l’habitude de pouvoir compter sur la sécurité des livraisons et que l’on a grandi avec des réfrigérateurs pleins. Mais, dans l’hypothèse où la Chine deviendrait moins coopérative, il n’est pas exclu que des problèmes d’approvisionnement en matières premières agricoles se manifestent », estime Christian Janze. Selon lui, l’empire du Milieu poursuit un objectif clair de maîtrise des technologies agricoles, car il a compris que la puissance dominante du secteur aurait une influence considérable dans le monde.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/11/30/pesticides-la-nouvelle-hegemonie-chinoise_6104090_3234.html>
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5- Reportage. A l’Office national des forêts, le grand malaise des personnels, Le Monde, 01/12/21, 00h53
Rémi Barroux, Tremblois-lès-Rocroi (Ardennes), envoyé spécial

Depuis quelques années, le nombre de missions que les agents de l’ONF doivent assurer explose. Dans le même temps, les effectifs ne cessent de se réduire.
Quand il contemple les chênes, les hêtres, les bouleaux ou encore les épicéas qui peuplent son horizon, Charles Papageorgiou parle de « sa forêt ». Comme la plupart des agents forestiers de l’Office national des forêts (ONF), l’homme, âgé de 36 ans, « technicien forestier territorial » depuis sept ans à l’ONF, exprime l’attachement à son « triage », soit l’ensemble des forêts domaniales et communales dont il a la charge.
Mais, depuis plusieurs années, la mauvaise santé de la forêt, les attentes de plus en plus fortes du public et des communes, ou encore les injonctions de la direction de l’ONF sur la production de bois, qui assure en partie son financement, font exploser le nombre de missions que les agents doivent assurer sur le terrain. Une charge que les personnels de l’Office supportent de moins en moins, avec des effectifs qui se réduisent d’année en année.
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Ici, à Tremblois-lès-Rocroi, dans les Ardennes, au cœur de la région Grand-Est, où se concentre un tiers des massifs français, Charles doit gérer 1 500 hectares de forêt. Ce mercredi 24 novembre, dès les premières lueurs de l’aube, à côté de l’étang de Bérulle, au cœur de la forêt des Pothées, l’homme au regard clair, vêtu de la tenue de travail verte de l’ONF et d’un bonnet rouge sur la tête, témoigne du malaise chez les personnels de l’Office. Il évoque, pêle-mêle, la « souffrance au travail », la « crise de la forêt », les « arbres malades » …
Pourtant, Charles aime son travail, une vocation, et il se montre intarissable quand il s’agit de raconter la nature qui campe son cadre de travail. Dans le crissement des pas sur un sol tapissé de feuilles mortes givrées par le froid glacial, le forestier désigne les épicéas, d’âge respectable, de 70 à 80 ans pour certains d’entre eux, qui se dressent fièrement, à quelque 30-35 mètres de haut. La grande majorité est malade. Les aiguilles sont tombées, le tronc et les branches sont nus, le bois est mort. La faute aux scolytes, de tout petits insectes de l’ordre des coléoptères qui pondent sous l’écorce des arbres et se nourrissent de leur sève. « Normalement, les arbres ont les moyens de se défendre, mais, à cause des trois dernières années de sécheresse, ils sont en situation de stress hydrique et plus vulnérables. Et la monoculture accélère le phénomène », déplore Charles Papageorgiou.
Pas à la hauteur de l’enjeu
Sur la route forestière du Curé, l’agent montre une parcelle de 80 hectares d’épicéas « scolytés », qu’il a dû abattre en totalité. Plus un arbre, hormis quelques jeunes pousses d’épicéa ou de bouleaux qui émergent du capharnaüm végétal recouvrant un sol défoncé par les engins mobilisés pour couper puis transporter les bois. « En temps normal, j’abats de 1 500 à 3 000 mètres cubes par an. Là, en 2019, j’ai fait couper 18 000 mètres cubes. J’étais sur ce chantier gigantesque de 4 heures du matin jusqu’à 21 heures », raconte le technicien.
Contraint de réaliser ces coupes comme d’assurer les expérimentations sur les nouvelles espèces, le forestier remet en cause les solutions apportées par l’ONF. Selon lui, ces coupes rases sont une « catastrophe écologique ». « On détruit la vie biologique du sol, car on enlève tout le couvert végétal qui le protège, l’exposant à la lumière, aux froids intenses comme aux fortes chaleurs, ce qui pose un grave problème pour la santé de la forêt à venir. »
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La politique de l’ONF pour préserver la forêt et assurer sa régénération en prenant en compte les nouveaux impératifs climatiques et les menaces sanitaires ne serait pas à la hauteur de l’enjeu, estiment ainsi les syndicats de personnels.
Casse-tête sur le terrain
La multifonctionnalité de la forêt, mise en avant par les autorités, devient un casse-tête sur le terrain. « Il faut assurer la protection des écosystèmes, conseiller les communes, permettre l’accessibilité des forêts et l’accueil du public, faire la police de l’environnement, surveiller les coupes… Mais, dans les faits, tout est mis sur la production de bois au détriment des autres missions », proteste le forestier.
Commencée vers 5 heures du matin, la journée de Charles l’amène à conjuguer des tâches administratives, « trop nombreuses », telles que les programmations des travaux sylvicoles, puis les visites sur le terrain, des séances avec les collègues d’autres triages pour faire le martelage, c’est-à-dire le marquage des bois à couper. « Nous devons aussi rencontrer les élus des communes et cela se fait toujours après 19 heures. Pas de cadre horaire fixe, on doit être disponible et il y a les urgences, en cas d’incendie, d’un accident de chasse, ou quand quelqu’un se perd en forêt, on assiste les gendarmes », avance Charles Papageorgiou.
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C’est, de plus, un métier où l’agent se retrouve isolé, relié aux autres par quelques activités collectives comme le martelage. En octobre 2019, un collègue et ami d’un triage voisin s’est donné la mort dans sa maison forestière. « Il faisait partie de ceux qui avaient donné l’alerte sur les ravages des scolytes sur les épicéas, mais il n’a pas été écouté. Ce suicide est un échec terrible, je ne veux pas revivre ça », insiste-t-il. Cette souffrance est à l’origine de l’engagement syndical de Charles Papageorgiou.
« On ne gère plus que les missions urgentes »
Pour pouvoir faire entendre cette cause, il est devenu représentant du Snupfen Solidaires (Syndicat national unifié des personnels des forêts et des espaces naturels), premier syndicat de l’Office. Avec plusieurs centaines de ses collègues, il s’est retrouvé, jeudi 25 novembre, devant le siège de l’ONF, pour dénoncer le modèle économique de l’Office, traduit par le nouveau contrat d’objectifs et de performance (COP), qui lie l’Etat à l’ONF pour la période 2021-2025.
Les syndicats dénoncent la perte d’emplois annoncée. Soit, la poursuite par l’ONF, de « la réduction de ses effectifs à la hauteur de 95 ETP [équivalent temps plein] par an », ainsi que le précise le document que Le Monde a consulté. Un total de 475 postes sur un effectif global de 8 400 personnes dont 57 % de fonctionnaires et 43 % de salariés de droits privés. « On est passé de 15 000 personnels, en 1985 à 8 400 aujourd’hui », proteste Philippe Canal, secrétaire adjoint du Snupfen, qui dénonce « une privatisation rampante ».
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« Avec les suppressions de postes, on est à l’os, on ne gère plus que les missions urgentes », raconte Florence Vinit-Dunand, 48 ans, aménagiste (chargé de la validation des plans de gestion de la forêt) à Chambéry, depuis onze ans à l’Office. « Avec la sécheresse, il faut aller encore plus en forêt pour dresser l’inventaire des bois qui ont encore de la valeur, agir préventivement. Et de plus en plus de communes sont très demandeuses de conseils et d’interventions. Elles attendent de nous ce que l’ONF leur a promis et que nous avons du mal à tenir », témoigne Agnès Villa, 31 ans, responsable de l’unité territoriale de Bourmont (Haute-Marne). Depuis un peu plus de quatre ans à l’ONF, sous contrat de droit privé, avec onze personnes dans son équipe, dont un poste vacant, elle se dit « choquée par le manque de personnel ». « Dans mon équipe, tout le monde bosse à fond et ils arrivent quand même à être en retard dans le planning. »
Les syndicats, mobilisés ce 25 novembre, espèrent encore une renégociation du COP. Voté le 2 juillet 2021, il n’a été adopté que par la voix prépondérante du président du conseil d’administration, toutes les parties, hors les ministères et l’administration, ayant voté contre, soit les syndicats, les communes forestières, les chasseurs, les ONG… Il n’a toujours pas été paraphé par le ministère de tutelle, l’agriculture. Pour Arnaud Métais, le secrétaire ONF du syndicat EFA-CGC (Environnement, forêt, agriculture), « il a commencé d’être réécrit dans les faits, puisque le ministre de l’agriculture a annoncé au congrès des maires de France [il s’est tenu les 16, 17 et 18 novembre, à Paris] que l’augmentation de trente millions d’euros de la contribution des communes forestières était annulée, bien qu’annoncée dans le contrat d’objectif ». Une annulation qui devrait être compensée par d’autres moyens, selon le ministère.
Trente millions pour le renouvellement forestier
De son côté, le directeur général de l’établissement public, Bertrand Munch, réfute les critiques et assure que l’office n’est pas dans une politique de production intensive. « Mais comment répondre à la commande de bois plus importante pour le secteur de la construction, pour soutenir la filière bois de la façon la plus continue possible ?, s’interroge-t-il. Contrairement à ceux qui ont la vision d’une forêt où il faudrait intervenir le moins possible, il faut récolter du bois, intervenir sur la nature, alimenter une filière et développer de nouvelles sources de valorisation de la forêt. »
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Un discours relayé au ministère de l’agriculture. « Avec le contrat d’objectif, nous préservons le statut d’EPIC [établissement public à caractère industriel et commercial] de l’ONF, il n’y a donc pas de crainte à avoir sur sa privatisation. Et nous investissons pour assurer la sécurité financière, en contrepartie d’un effort de l’établissement pour réduire sa masse salariale, et des communes dans leur contribution à l’office », explique-t-on au ministère. Trente millions d’euros ont été inscrits dans le cadre du plan de relance pour le renouvellement forestier, 60 millions comme subvention exceptionnelle d’équilibre – le déficit de l’ONF atteint 450 millions d’euros –, sommes auxquelles il faut ajouter des revalorisations des missions d’intérêt général, à hauteur de quelques dizaines de millions d’euros.
Quant au mal-être, exprimé y compris par des cadres du cercle retreint de direction, et signalé par des droits d’alerte syndicaux, « il peut y avoir des difficultés internes auxquelles il faut être attentif, et il a été décidé de confier une mission à des inspecteurs généraux pour objectiver cette situation », assure-t-on au ministère de l’agriculture.
Restent les doutes exprimés sur le modèle économique. « Avec le confinement, l’envie de forêt a augmenté, ainsi que les conflits d’usage. De nombreuses communes ont érigé la bannière écologiste et ont plus d’attente vis-à-vis de leurs forêts. On nous demande de les protéger plus. Si la forêt est le poumon de notre société, alors il faut des moyens », résume Maud Gironde-Ducher, 30 ans, responsable d’unité territoriale à Grenoble, à la tête d’une équipe de sept personnes, dont deux postes vacants, qui doivent gérer 12 000 hectares répartis sur quarante-six communes. Comme une illustration de la tâche immense des agents de l’ONF.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/01/a-l-office-national-des-forets-le-grand-malaise-des-personnels_6104224_3244.html>
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6- Le gouvernement présente sa réforme de l’assurance des récoltes, Le Monde, 01/12/21, 13h45 
Laurence Girard

Le gel de printemps, qui a fortement touché les vignes et les arbres fruitiers, pousse l’exécutif à réformer le régime d’assurance des agriculteurs, le taux de couverture d’une exploitation étant encore inférieur à 18 %. 
Le gouvernement souhaite rendre l’assurance des récoltes plus accessible aux agriculteurs. C’est l’enjeu du projet de loi présenté mercredi 1er décembre en conseil des ministres. Il devrait être soumis à l’examen du Parlement à la mi-janvier 2022 pour une entrée en application en 2023.
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L’objectif annoncé par les ministères de l’économie et de l’agriculture, qui ont travaillé conjointement sur le dossier, est de réformer en profondeur le modèle existant, car le taux actuel de couverture d’une exploitation agricole est inférieur à 18 %. Il est aussi très variable selon les filières : en tête de file, les grandes cultures et la viticulture, plus d’un tiers de chaque exploitation y étant assuré ; en queue de peloton, les prairies, dont 3 % sont assurés.
Le gel de printemps, qui a fortement touché les vignes et les arbres fruitiers, a contribué à donner un coup d’accélérateur à la réforme. L’Etat s’était alors engagé à verser un milliard d’euros pour soutenir les entreprises victimes de cet aléa climatique violent.
Inspiré du modèle espagnol
Pour son projet d’assurance des récoltes, le gouvernement dit s’être inspiré du modèle espagnol. Il s’appuie sur une architecture à trois étages, en fonction du degré de sévérité des dommages. Le premier, qui concerne les pertes limitées correspondant aux variations classiques de récolte, est à la charge de l’agriculteur. Le deuxième, qui concerne des dommages plus importants, sera couvert par les assurances privées. Mais l’Etat subventionnera le coût de l’assurance. Enfin, en cas de catastrophe climatique, l’Etat aidera directement les agriculteurs.
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Si les grandes lignes de la réforme de l’assurance des récoltes ont été décrites, il reste encore de nombreuses zones d’ombre. Les différents curseurs seront fixés par décret et n’ont pas été dévoilés. Le gouvernement affirme que les arbitrages ne sont pas terminés et souligne que le droit européen fixe des plafonds. Il faudra également établir, par ordonnance, l’organisation d’un « pool » de réassurance pour mutualiser les risques entre les différents assureurs. Sans attendre les éclaircissements, les ministères estiment que les subsides de l’Etat doubleront pour passer de 300 millions à 600 millions d’euros.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/12/01/le-gouvernement-presente-sa-reforme-de-l-assurance-des-recoltes_6104309_3234.html>
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7- 100 fermes urbaines lauréates du projet Quartiers fertiles, Actu-environnement, 01/12/21
Agnès Sinaï

Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Nadia Hai, ministre déléguée chargée de la Ville, et Olivier Klein, président de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), ont dévoilé, le 30 novembre, les 25 nouveaux lauréats de la troisième et dernière tranche de l'appel à projets « Les Quartiers fertiles », lancé en décembre 2020.
Parmi les fermes urbaines sélectionnées figurent un projet dans le quartier Parc-Sud de Nanterre (Hauts-de-Seine), pour installer un agriculteur urbain sur deux terrains et une champignonnière afin de fournir les restaurants locaux, la construction de serres et de bâtiments à Saint-Denis-Plaine commune (Seine-Saint-Denis), l'établissement de cinq jardins partagés en pieds d'immeuble et d'une station de lombricompostage au Havre (Seine-Maritime), dans le quartier de Vallée-Béreult, la plantation d'une forêt comestible sur un terrain de football inutilisé, à Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne), ainsi que la création d'une micro-ferme urbaine dans le quartier d'Étouve, à Amiens (Somme).
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/100-fermes-urbaines-projet-quartiers-fertiles-38649.php4>
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8- Sur la côte Atlantique, une mystérieuse prolifération de poulpes, Le Monde, 02/12/21, 02h38
Martine Valo

Invasion ou retour, ces céphalopodes prospèrent sur les côtes à un point que les pêcheurs n’avaient jamais vu. Une aubaine pour ces derniers, mais une menace pour les crustacés et coquillages dont ils se nourrissent. 
Des poulpes, beaucoup de poulpes. Apparus brusquement au début de l’été, ils ont pris leurs aises dans les eaux côtières de l’Atlantique et de la mer d’Iroise, et ont grandi à une vitesse impressionnante. Les pêcheurs n’en reviennent pas. Dans le Finistère, 55 tonnes ont été débarquées à Brest en 2020 (sur un total de 70 tonnes sur toute la façade ouest de la France), et on approche des 1 300 tonnes cette saison-ci.
« On pourrait atteindre 1 500 tonnes fin décembre, rapporte Martial Laurans, chercheur en halieutique à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), à Plouzané, dans le Finistère. A la criée de Concarneau, il y en a eu 13 tonnes en une matinée jeudi dernier… C’est une année vraiment exceptionnelle, il y en a partout. » Avant 2019, on n’en pêchait pratiquement pas. Et les témoignages sont les mêmes dans le Morbihan, en Loire-Atlantique et jusque dans le golfe de Gascogne.
Certains pourront considérer comme une calamité cette invasion de pieuvres à ventouses, prédatrices de crabes, homards – qu’elles vont déguster jusque dans les casiers de pêche –, mollusques, coquillages. Faut-il y voir un changement de comportement ? Une nouvelle manifestation du changement climatique ? Un effet de la pollution de l’océan ? Ou bien une conséquence du déclin de leurs prédateurs, les thons notamment, eux-mêmes victimes de la surpêche ?
Des experts saluent au contraire la présence massive de ces étranges animaux, particulièrement agiles de leurs huit bras, comme le retour d’une population mal en point, qui était considérée comme disparue des côtes Atlantique dans les années 1970. Les pêcheurs, eux, prennent généralement cette affaire comme une aubaine inattendue, peut-être pas appelée à durer. Tous considèrent en tout cas cette génération de poulpes comme un phénomène passablement mystérieux.
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« Nous devons rester prudents, essayer de comprendre cette situation exceptionnelle. Quoi qu’il en soit, le catastrophisme n’est pas de mise », estime Martial Laurans. Le chercheur du laboratoire de biologie halieutique est allé interroger des anciens. Plusieurs lui ont raconté avoir attrapé des poulpes dans des trous d’eau lors des grandes marées basses il y a soixante ans, entre Brest et Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Cependant, ce céphalopode, guère prisé des consommateurs français, n’étant régi par aucun quota de capture, son cas est peu documenté. Aussi sa présence massive suscite-t-elle plus de curiosité que de réponses. Le manque de longues séries statistiques et de recul empêche aujourd’hui de prédire la situation en 2022.
Equilibre complexe
« Le poulpe a débarqué sans nous avoir prévenus, les rares données que nous avons à son sujet sont très anciennes, admet en souriant Pascal Lorance, biologiste marin pour Ifremer à Nantes. Cependant, quelques rapports scientifiques indiquent que [ces mollusques] ont été décimés en 1962-1963 par un hiver très froid. » En mer, il n’est pas rare de constater des variations considérables, avec dix fois plus ou cent fois moins d’individus d’une année sur l’autre, explique le chercheur. D’autant que le poulpe a une vie courte : dix-huit mois à trois ans tout au plus.
Y aura-t-il une génération après celle-ci ? Cela tient à la réussite de sa reproduction. « Ce ne sont pas des mammifères, les femelles pondent plusieurs dizaines ou centaines de milliers d’œufs, ensuite leur taux de survie dépend des conditions environnementales, souligne Pascal Lorance. Or nous ne savons pas quelles combinaisons de facteurs sont optimales pour ces futurs juvéniles. »
Les halieutes savent que les pêcheurs piochent actuellement dans une seule et même classe d’âge. Pour Martial Laurans, la situation diffère donc du fameux cas de la morue de Terre-Neuve (Canada), dont la population, adulte et juvénile, s’est effondrée à la fin des années 1980 en raison de sa surexploitation généralisée. Elle ne s’est jamais rétablie. L’équilibre au sein des écosystèmes marins est complexe. Le retour du poulpe montre qu’en mer une population affaiblie peut rester très longtemps absente. « Certaines espèces ne vont pas fort en Europe en ce moment, souligne Pascal Lorance. Détruire les ressources marines, c’est vraiment à éviter ! »
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Professeure au Muséum national d’histoire naturelle et biologiste spécialiste des céphalopodes, Laure Bonnaud-Ponticelli se réjouit de l’apparition des poulpes – « Enfin ! » – et complète le tableau de leur cycle de vie. Une fois éclos, précise-t-elle, les œufs se retrouvent au milieu du plancton pendant neuf mois à un an. Sous forme de « paralarve », ils connaissent alors une existence passive, poussés par les courants, avant de retomber sur le fond, de se développer puis de se reproduire une fois, généralement entre juillet et octobre. « Après cela, les femelles s’occupent des cordons d’œufs qui sont placés sous des rochers. Elles les nettoient, les séparent, les oxygènent en bougeant leurs bras, pendant deux à dix mois selon la température de l’eau. Que se passera-t-il si elles sont prises dans des traits de chalut à ce moment-là ? » s’inquiète-t-elle.
En concurrence avec d’autres prédateurs
D’autres questions restent entières. « Le poulpe n’est pas un migrateur, souligne Laure Bonnaud-Ponticelli. Or, d’après les observations des pêcheurs, deux espèces sont actuellement présentes sur les côtes Atlantique : Octopus vulgaris, le poulpe rouge, et Eledone cirrhosa, qui est blanc et vit plus profondément. C’est étrange, ce regroupement d’autant d’adultes en même temps, alors que leur présence est d’abord conditionnée par les courants. »
D’habitude, à bord de son fileyeur le Gwen Ha Du, Frédéric Le Roux cible plutôt les daurades, soles, rougets, lieux, lottes. Comme ses confrères, il s’est mis « à suivre l’espèce qui rapporte le plus en ce moment : le poulpe ». Il en attrape à la ligne ou au casier. « Ils viennent manger les appâts de poissons et se réfugient dedans. C’est la première fois qu’on voit ça ! »
Les pêcheurs ne se plaignent pas. Le prix de vente n’est pas descendu en dessous de 7 euros à 8 euros le kilo depuis juillet. « A l’instant T, c’est l’euphorie. Les poulpes pesaient 2 kilos en juillet, les plus gros en font 10 à présent. Il est arrivé 200 tonnes à la criée de Quiberon en une journée mi-novembre, témoigne le marin de l’île d’Houat (Morbihan). Mais pour demain, c’est le grand point d’interrogation. On ne sait pas où on va. J’ai entendu qu’il y en a moins au Portugal, et en Corse, ils n’en pêchent plus. Est-ce que ce sont les mêmes qui sont venus jusqu’en Bretagne ? »
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L’essentiel des captures débarquées part vers les marchés du sud de l’Europe – Espagne, Portugal, Italie – où les clients sont plus friands de céphalopodes que les Français. Un grossiste espagnol achète actuellement directement dans les criées de Bretagne. « Quand ses frigos seront pleins, les prix retomberont », pronostique Frédéric Le Roux.
Pour l’heure, les bonnes ventes font passer au second plan les dégâts causés par les nouveaux venus. Car le poulpe a bon appétit. S’il y a moins de coquilles Saint-Jacques cette année, c’est peut-être parce qu’il en a dégusté les naissains. Il mange aussi des crustacés, des coquillages, et se trouve donc en concurrence pour sa nourriture avec d’autres prédateurs comme le bar. Résultat : les prix risquent fort de flamber dans les poissonneries avant les fêtes de fin d’année. Et l’incertitude domine sur le renouvellement des espèces dévorées par les poulpes.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/02/sur-la-cote-atlantique-une-mysterieuse-proliferation-de-poulpes_6104381_3244.html>
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9- Un nouveau gène de résistance du soja à la moisissure Phytophthora identifié par une équipe de recherche de Purdue et Corteva, MST, 02/12/21

Dans le parcours parfois complexe qui consiste à suivre les caractéristiques génétiques pour sélectionner des plantes résistantes, un gène nouvellement identifié ouvre la voie à la résistance naturelle du soja à une maladie dévastatrice, le Phytophthora. 
Le Phytophthora est un oomycète, organisme aquatique non photosynthétique (moisissure) proche des champignons qui s’attaque aux végétaux. Le genre comprend plus de 170 espèces identifiées dont une majorité se révèle pathogène pour les plantes. Parmi-elles on retrouve l’espèce responsable du mildiou de la pomme de terre (P. infestans) qui causa la grande famine en Irlande ou encore l’espèce P. sojae qui s’attaque aux plants de soja. Cette dernière engendre la pourriture des racines et des tiges provoquant des dégâts importants sur les cultures de soja. Elle engendrerait chaque année des pertes économiques estimées à 200 M$ aux États-Unis et jusqu’à 2 Mds$ à l’échelle mondiale.
>> Suite à lire à :
<https://france-science.com/un-nouveau-gene-de-resistance-du-soja-a-la-moisissure-phytophthora/>
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10- Transport d’animaux : les eurodéputés divisés sur les mesures à prendre, Le Monde, 03/12/21, 11h16
Mathilde Gérard

La commission d’enquête du Parlement européen sur la protection du bétail durant son transport a adopté son rapport jeudi 2 décembre. Si le constat des carences actuelles fait l’unanimité, les recommandations sont jugées décevantes par les associations. 
Après dix-huit mois d’enquête, les eurodéputés ont fait le constat quasi unanime que les règles en matière de transport des animaux non seulement ne sont pas bien respectées, mais sont aussi insuffisantes pour garantir le bien-être des animaux. Jeudi 2 décembre, le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur le transport des animaux a été adopté par 30 voix pour, 0 contre et 1 abstention.
> Lire aussi Des cargos vétustes agréés pour le transport des animaux par l’Union européenne
Les parlementaires européens se sont, en revanche, montrés divisés quant aux mesures à prendre. S’ils sont convenus de la nécessité derenforcer les contrôles lors des transports, d’installer des caméras de vidéosurveillance dans les camions ou d’imposer la présence d’un vétérinaire à bord des bateaux transportant du bétail, ils ne sont pas parvenus à s’entendre sur une durée maximale de transports, qu’une partie des élus souhaitait limiter à huit heures (15 voix pour, 15 contre, 1 abstention), pas plus que sur l’interdiction de l’exportation d’animaux vivants vers des pays tiers, sur laquelle aucun consensus ne s’est dégagé.
Plusieurs drames
Chaque année, 1 milliard d’animaux circulent au sein de l’Union européenne (UE) ou vers d’autres pays. Carences des contrôles, durées de transport excessives, camions inadaptés, cargos-poubelles… Au fil des ans, les violations de la réglementation en matière de transports d’animaux, ainsi que ses limites, ont été abondamment documentées par des associations et lanceurs d’alerte, mais aussi constatées dans des rapports officiels, émanant, par exemple, de la Commission européenne, sur les animaux exportés en mer. L’actualité a également été jalonnée par plusieurs drames, comme le naufrage du Queen-Hind, fin 2019, au large de la Roumanie, avec 14 000 moutons à bord, ou l’errance en mer près de trois mois, début 2021, de deux cargos bétaillères partis de Carthagène, en Espagne, refusés dans tous les ports, et contraints de revenir à la case départ pour que l’ensemble des animaux y soient euthanasiés.
> Lire aussi Trois mois en Méditerranée dans un cargo bétailler : la triste odyssée des bovins de l’« Elbeik »
« Il est anormal qu’un veau naisse en France, soit engraissé à Carthagène et monte sur un bateau pour être envoyé en dehors de l’Union européenne et et y être abattu », estime l’eurodéputée Caroline Roose (Verts/ALE), membre de la commission d’enquête, qui regrette la tiédeur des recommandations adoptées et un vote « en demi-teinte ». La plate-forme Eurogroup for Animals, qui représente plus de 80 associations de protection animale, s’est également dite déçue par ce vote, qui acte « quelques améliorations mineures mais aucun changement de fond ». Face à ces critiques, le corapporteur Daniel Buda (PPE) a estimé que les mesures votées « prennent en compte les réalités qui nous entourent », en justifiant : « Le transport des animaux vivants représente une branche importante de l’économie de l’Union européenne. »
Le rapport et les recommandations de la Commission n’ont toutefois pas fini leur chemin législatif : ils doivent maintenant être débattus et votés en séance plénière du Parlement européen courant janvier et pourront encore faire l’objet d’amendements. « Le travail se poursuit pour redonner de l’ambition au texte, assure Mme Roose. On va aussi faire pression sur la Commission européenne, qui s’est engagée à revoir les législations sur le bien-être animal en 2023. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/03/transport-d-animaux-les-eurodeputes-divises-sur-les-mesures-a-prendre_6104579_3244.html>
Sur le même sujet : 
> Bien-être animal : vers un renforcement des règles européennes pour le transport d’animaux vivants, EurActiv, 03/12/21
Magdalena Pistorius
Après 18 mois de travaux, la commission d’enquête du Parlement européen sur la protection des animaux pendant le transport a adopté ses conclusions ce jeudi (2 décembre). Les députés appellent l’Union européenne à renforcer ses règles pour lutter contre la souffrance animale.
Créée en juin 2020 pour examiner les violations présumées des règles de l’UE relatives à la protection des animaux pendant le transport, la commission a conclu que les dispositions de l’UE dans ce domaine n’étaient « pas toujours respectées par les États membres et ne prenaient pas pleinement en compte les différents besoins des animaux en matière de transport », selon un communiqué publié ce jeudi (2 décembre).
Les violations notées par les eurodéputés incluent notamment l’insuffisance de la hauteur libre, le manque d’eau et de nourriture, le transport d’animaux inaptes au transport, la surpopulation, l’utilisation de véhicules inappropriés, le transport sous des températures extrêmes et des durées de voyage prolongées.
Somme toute, les règles de l’UE sur le transport des animaux seraient « dépassées, peu cohérentes et mal appliquées », selon la commission.
Pour répondre à ces lacunes, la commission a dressé une liste de recommandations, invitant l’Union européenne à « renforcer ses efforts pour respecter le bien-être animal durant le transport ».
Les membres de la commission plaident ainsi « pour une transition vers un système efficace et éthique » qui favoriserait le transport de carcasses et de viandes plutôt que d’animaux vivants destinés à l’abattage.
Autre demande, l’installation de caméras de surveillance dans les véhicules de transport afin de mieux contrôler les opérations de chargement et de déchargement, ainsi que des plans de transport qui autorisent les déplacements uniquement pour des températures comprises entre 5 et 30 degrés.
Enfin, les députés exigent la mise en place de limites de durée de transport et un « coup de frein » sur les exportations d’animaux vivants à destination de pays tiers.
Après leur adoption au sein de la commission, le rapport et les recommandations doivent désormais passer devant l’ensemble des eurodéputés, lors de la session plénière du Parlement européen à Strasbourg en janvier prochain.
Il sera ensuite à la Commission européenne de faire des propositions législatives, chose qu’elle s’est engagée à faire au plus tard en 2023.
>> Suite à lire à :
<https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/bien-etre-animal-vers-un-renforcement-des-regles-europeennes-pour-le-transport-danimaux-vivants/>
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11- Reportage. En Bourgogne, un abattoir mobile pour limiter les souffrances des animaux, Le Monde, 03/12/21, 11h40
Mathilde Gérard  (Saône-et-Loire, envoyée spéciale)

Depuis la rentrée, trois camions d’une société bourguignonne se déplacent de ferme en ferme, pour abattre des bovins directement sur leur lieu de vie, sans leur infliger de transport. Une première en France.
Il a fallu du temps pour qu’Emilie Jeannin réalise que le projet qu’elle porte depuis plus de cinq ans s’était enfin concrétisé. Le 25 août, l’éleveuse bourguignonne de vaches charolaises accueillait, dans la cour de sa ferme en Côte-d’Or, trois drôles de camions venus de Scandinavie, pour abattre ses premières vaches.
Les opérateurs étaient prêts, l’équipe enthousiaste, mais ce jour-là, et dans les semaines qui ont suivi, le stress était trop important pour que la jeune femme profite de l’accomplissement. C’est seulement deux mois plus tard, un matin où les camions étaient installés dans une prairie baignée d’une lumière automnale, qu’Emilie Jeannin s’est dit : « Voilà, c’est exactement pour ça que j’ai monté ce projet. » « Ça », c’est pouvoir abattre des vaches dans leur champ, accompagnées par leur éleveur, dans un climat serein.
C’est parce qu’elle ne voulait plus infliger à ses bêtes le stress de transports longs vers des abattoirs où elles seraient mélangées à d’autres congénères, et où des opérateurs inconnus les manipuleraient à des cadences industrielles, qu’Emilie Jeannin a imaginé ce dispositif d’abattage mobile. C’est aussi pour mieux valoriser le travail des éleveurs qu’elle a souhaité se passer d’intermédiaires et maîtriser la chaîne de bout en bout, jusqu’au consommateur. Une visite en Suède en 2016, où ce type de camions existe depuis 2014, l’a convaincue d’adapter ce modèle à son territoire.
> Lire aussi En Suède, un abattoir mobile se déplace de ferme en ferme
En ce mardi matin 30 novembre, les trois camions d’abattage sont déjà posés dans une clairière au milieu de forêts de résineux, dans le Charolais, en Saône-et-Loire.
« La viande est beaucoup plus tendre »
A leur arrivée, la veille, la parcelle était recouverte de neige : un défi nouveau pour l’équipe, qui a nécessité de délicates manœuvres, car les trois camions doivent être stationnés précisément à 40 centimètres les uns des autres, pour pouvoir reproduire en condensé une chaîne d’abattage. « Il faut savoir être polyvalent et rester zen, insiste Emilie Jeannin. Trois salariés ont le permis super poids lourd et ils sont aussi capables de parer à toute panne de matériel. »
Tels des pop-up, les camions se déplient en hauteur et en longueur. Sur les routes françaises, les véhicules ne peuvent dépasser 4,2 mètres de hauteur et 2,6 mètres de largeur. Mais une fois déployé, le camion central atteint 6,5 mètres de hauteur pour permettre de suspendre les carcasses. Ces contraintes de hauteur conduisent aussi l’équipe à accrocher les carcasses dans le camion frigorifique, non par le jarret, comme c’est traditionnellement le cas, mais par le bassin. « Du fait de cet accrochage pelvien, les muscles ne s’étirent pas, et la viande est beaucoup plus tendre », ajoute Emilie Jeannin.
> Lire aussi Les projets d’abattage mobile à la ferme connaissent un coup d’accélérateur
Aujourd’hui, Michel, l’éleveur, et l’équipe ont convenu d’abattre deux vaches de 3 et 5 ans, dont une génisse. Mais pour que l’opération se déroule dans le calme, deux veaux sont présents dans l’enclos, pour éviter à celle qui passera en dernier le stress d’être seule. « Vas-y ma belle, avance » :Michel tapote le dos de sa vache, la caresse, l’encourage. Devant la rampe d’accès au camion, l’animal n’est pas pressé, mais personne ne le bouscule. Il prend même le temps d’uriner avant de grimper (« si la vache pisse, c’est qu’elle comprend », avance Emilie). Contenue de part et d’autre, la vache est alors étourdie par David avec un « matador », une tige perforante qui entraîne sa perte de connaissance. Une trappe s’ouvre ensuite pour permettre à la bête de basculer, d’être suspendue puis saignée.
Le reste de l’abattage se passe portes closes pour des raisons de sécurité et d’hygiène, mais sous contrôle d’une inspectrice vétérinaire. Une fois vidée de son sang, la bête passe sur un arrache-peau (les cuirs sont récupérés), puis est éviscérée. La carcasse est ensuite fendue, classifiée, pesée, avant d’être estampillée, et placée dans le camion frigorifique pour être refroidie quarante-huit heures.
Une heure plus tard, quand les cinq opérateurs annoncent à Michel que la balance a affiché 517 kilos de carcasse pour sa deuxième vache, il n’en revient pas : « Elles pèsent beaucoup plus que dans le circuit classique, parce qu’elles n’ont pas été stressées durant le transport. » De sa voix posée, l’éleveur de 53 ans ne cache pas son émotion d’avoir vu partir ses vaches. « Ça fait quelque chose, de s’en séparer, mais je suis heureux d’avoir été là pour elles. Après tout ce qu’elles nous ont donné, on leur doit de bien les traiter jusqu’au bout. »
Loin des cadences industrielles
L’abattage terminé, et le nettoyage effectué – aucun déchet n’est laissé sur place, et les matières organiques (sang, viscères…) seront amenées chez l’équarrisseur –, les opérateurs peuvent souffler. Originaire de la Loire, Louis, qui s’occupe de l’arrachage des cuirs, tenait à rejoindre l’équipe après sept ans de travail en abattoir communal. « Je faisais une bête toutes les trois minutes », décrit-il. Le jeune homme de 29 ans a entendu parler du camion d’abattage sur les réseaux sociaux. « Je voulais absolument postuler, mais j’ai galéré à trouver un numéro de téléphone ; c’était avant que les offres d’emploi soient publiées ! »
Loin des cadences industrielles, le travail dans cette unité mobile permet aussi aux opérateurs de se rapprocher des éleveurs, qui souvent les invitent à déjeuner après l’abattage, et des animaux. « Certains ne connaissaient des animaux que les carcasses. Ils n’en avaient jamais vu de vivants ! », raconte Emilie Jeannin.
Pour permettre cet abattage « à la ferme », l’éleveuse a dû surmonter de nombreux obstacles : réglementaires d’abord, car le cadre français impose que tous les animaux de ferme soient abattus dans un établissement agréé, et donc, jusqu’à peu, fixe – un décret de la loi agriculture et alimentation (EGalim) publié en 2019 permettra finalement « l’expérimentation » de l’abattage mobile. Conceptuels ensuite, car il a fallu penser les plans du camion dans tous ses détails. Financiers également, car les camions ont été fabriqués sur mesure en Europe du Nord, un investissement de 1,5 million d’euros financé par des investisseurs privés, des emprunts personnels, 250 000 euros de financement participatif, et une aide au titre du plan de relance français.
Enfin, l’éleveuse a dû concevoir un dispositif commercial en créant sa société, Le Bœuf éthique, qui achète la bête entière aux éleveurs, se charge de la découpe et commercialise la viande sous sa marque propre. Le prix payé à l’éleveur par carcasse est plus élevé d’environ 25 % que dans le circuit conventionnel, en contrepartie d’engagements sur les conditions d’élevage.
Les éleveurs, eux, répondent présent
Après trois mois de tournées, l’équipe est encore en rodage. Le carnet de commandes est plein jusqu’à Noël, mais la dégradation de la situation sanitaire rend les projections difficiles. « Pour l’instant, je n’ai pas de visibilité sur ma comptabilité. Il nous faudra un exercice complet pour avoir du recul », indique Emilie Jeannin.
Les éleveurs, eux, répondent présent. Une trentaine a signé un contrat avec la société. Laurence, éleveuse en bio entre Dijon et Beaune (Côte-d’Or), a accueilli les camions dans sa cour début septembre : « C’était un moment très riche en émotions, et j’ai toujours le cœur qui bat fort quand j’y repense. J’estime que c’est une chance d’avoir pu accompagner mes animaux, ça nous permet de comprendre ce pour quoi on les élève. » Gilles, éleveur dans l’Auxois, a reçu l’équipe d’abattage mi-septembre. « Emilie s’est tellement battue pour que ces camions voient le jour, qu’on ne peut qu’adhérer », explique-t-il.
Parce que son modèle d’abattage alternatif détonne, la jeune femme a néanmoins subi des pressions (qui justifient qu’elle souhaite protéger l’anonymat de son équipe et des éleveurs qui font appel à elle). Encore récemment, une rumeur a circulé prétendant que les carcasses abattues dans les camions auraient été saisies par les autorités. Des médisances qui n’ébranlent pas la motivation d’Emilie Jeannin, qui dénonce l’hyperconcentration des abattoirs en France, passés de 1 200 en 1970 à 263 aujourd’hui. L’éleveuse a bien conscience que son modèle, qui s’appuie sur de tout petits volumes, ne remplacera pas l’abattage classique. Mais elle est convaincue qu’un élevage vertueux est possible et qu’une initiative comme la sienne peut faire mouche.
> Lire aussi Aux portes du Queyras, des éleveurs ont redonné vie à l’abattoir de Guillestre
L’expérimentation est suivie également au ministère de l’agriculture, qui évaluera le dispositif, et d’autres initiatives sont en gestation. En Loire-Atlantique, un groupement d’éleveurs porte un autre projet, sur un modèle où seuls l’étourdissement et la saignée seraient réalisés à la ferme, la mise en carcasse se faisant dans une unité fixe. « Obtenir toutes les autorisations prend du temps, mais nous sommes patients, souligne Guylain Pageot, l’un des porteurs de ce projet, qu’il espère opérationnel début 2023. Ça nous met du baume au cœur de voir que le camion d’abattage en Bourgogne a vu le jour : ça amène de la confiance dans nos modèles alternatifs. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/03/en-bourgogne-un-abattoir-mobile-pour-limiter-les-souffrances-des-animaux_6104526_3244.html>
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12- Nouvelle PAC : les États membres donnent leur feu vert final, Actu-environnement, 03/12/21
Rachida Boughriet 

Après le Parlement européen, le 23 novembre, les États membres de l'UE ont définitivement adopté, le 2 décembre, la nouvelle Politique agricole commune (PAC) pour la période 2023 à 2027. Après leur accord trouvé en juin dernier avec les eurodéputés et la Commission européenne, les ministres européens de l'Agriculture ont entériné, à leur tour, les trois projets de règlements qui composent le paquet de réforme de la PAC. Il s'agit du règlement relatif aux plans stratégiques nationaux, du règlement horizontal sur la gestion et le financement, et du règlement portant sur l'organisation commune des marchés des produits agricoles.
Pour rappel, la PAC réformée prévoit notamment de conditionner le versement de 25 % en moyenne des subventions directes touchées par les agriculteurs (premier pilier de la PAC) au respect de bonnes pratiques environnementales (écorégimes). Au moins 35 % des fonds de développement rural (second pilier de la PAC) seront aussi alloués à des engagements agroenvironnementaux.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/PAC-etats-membres-feu-vert-38667.php4>
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13- Tribune. Moumouni Kinda : « Ne laissons pas la faim tuer plus que le virus ! », Le Monde, 04/12/21, 11h00
Par Moumouni Kinda, Directeur général de l'ONG médicale The Alliance for International Medical Action/ALIMA

Le directeur général d’Alima, une ONG qui apporte des soins médicaux d’urgence dans des zones de conflit, souligne l’urgence d’agir contre la faim dans le Sahel, alors que la malnutrition atteint cet hiver des niveaux bien plus élevés du fait, notamment, de la pandémie.
Tribune. L’état d’urgence n’est pas le même pour tout le monde : en Afrique, notamment, il s’agit d’insécurité alimentaire. On parle de « malnutrition aiguë sévère » (MAS), lorsque la vie d’une personne, bien souvent des enfants de moins de 5 ans, est en péril imminent parce que ceux-ci ne sont pas en mesure de s’alimenter de manière adéquate et, ou, parce qu’ils font face à certaines maladies.
Ils sont de plus en plus nombreux dans ce cas à se présenter dans les hôpitaux et dans les centres de récupération nutritionnelle dans le sud du Niger. Les six cents lits disponibles sur la zone ne suffisent plus ; nous sommes débordés par un afflux d’enfants dont la majorité vient de l’autre côté de la frontière, au Nigeria.
Ce pic d’hospitalisations est alarmant pour les humanitaires présents sur le terrain depuis des dizaines d’années. Certes, cette période « de soudure » entre juillet et octobre entraîne toujours un pic de malnutrition : les stocks alimentaires des récoltes précédentes sont presque épuisés et la saison des pluies favorise une plus forte transmission du paludisme qui affaiblit en particulier les très jeunes enfants. Mais, cette année, quelque chose de plus grave s’annonce, qui menace notre long combat contre la faim et la malnutrition dans cette région du Sahel.
> Lire aussi Près d’un tiers de la population mondiale en insécurité alimentaire, en forte hausse en 2020
En effet, les chiffres des organisations internationales – Organi­sation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Organisation mondiale de la santé (OMS), Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef)… – confirment cette aggravation dramatique de la situation depuis 2020 et la survenue de la pandémie de Covid-19. Le rapport 2021 sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans le monde estime à 118 millions l’augmentation des populations victimes de la faim – dont près de la moitié pour l’Afrique – par rapport à 2019.
Cette tendance s’explique par la conjonction de quatre crises : le Covid-19 et ses impacts économiques sur les revenus des foyers et le coût des denrées alimentaires ; les conflits engendrant des millions de déplacés dans la zone des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso) et dans le nord-ouest du Nigeria ; le changement climatique et ses conséquences sur les rendements agricoles ; et enfin les coupes budgétaires pour les actions humanitaires nutritionnelles et pédiatriques.
> Lire aussi En distinguant le Programme alimentaire mondial, le comité Nobel alerte sur l’urgence de la faim dans le monde
Ce cocktail des « quatre c » est le poison contre lequel nous devons nous battre avec nos partenaires locaux et internationaux pour empêcher que la faim ne tue davantage que le virus en 2021 et 2022. C’est pourquoi notre priorité doit être double : vacciner contre le Covid-19 et, en même temps, traiter et prévenir la malnutrition.
Dépister la malnutrition infantile
S’il n’y a pas de vaccin contre la faim, il y a des savoir-faire développés au cours des dix dernières années qui permettent de lutter efficacement contre ce fléau. Il s’agit d’abord de bien savoir dépister la malnutrition infantile, c’est-à-dire le plus tôt possible, pour une prise en charge précoce.
Nous avons mis au point une méthode simple : grâce à un bracelet tricolore, les familles peuvent mesurer le périmètre brachial de leurs enfants et les amener au centre de santé en fonction de la couleur du résultat. Désormais, cet outil est utilisé dans vingt-six pays à travers le monde et par douze organisations, dont l’Unicef et le Programme alimentaire mondial. La clé de ce succès réside dans la facilité et l’autonomie d’utilisation.
Concernant le traitement curatif, nous militons pour une prise en charge simplifiée des enfants, en supprimant la coexistence de plusieurs protocoles, source de confusion et d’erreurs, et en utilisant un seul aliment thérapeutique, prêt à l’emploi. Cette nouvelle approche, validée par une évaluation scientifique (programme de recherche OptiMA au Burkina Faso et en République démocratique du Congo), facilite le suivi des enfants malades et l’accompagnement des soignants tout en permettant de prendre en charge potentiellement le double du nombre d’enfants avec la même quantité d’intrants nutritionnels, en comparaison de l’ancien protocole.
> Lire aussi « Cette guerre est en train de faire disparaître toute une génération » : pour l’ONU, l’aide humanitaire au Yémen est très insuffisante
Mais il nous faut aussi repenser l’organisation globale de l’aide humanitaire en accélérant la pleine implication des acteurs locaux, comme nous l’a enseigné la crise du Covid-19 qui a rendu difficile l’action des grandes ONG internationales.
Politique de désengagement
Autonomie, simplification, innovation et relocalisation – tels sont les principes d’efficacité qui doivent orienter la lutte contre la malnutrition et convaincre l’ensemble des acteurs qu’une victoire est toujours possible sur ce front.
> Lire aussi Sahel : « La réponse humanitaire est loin d’être suffisante pour briser le cercle vicieux des crises alimentaires »
Fin 2020, nous lancions un appel à mettre la malnutrition infantile au cœur de la lutte contre le Covid-19 en Afrique. Nous dénoncions les coupes ou les retards de financement des bailleurs internationaux. Sur des pays comme le Niger, l’aide de l’Union européenne à la prise en charge de la malnutrition est passée de plus de 24 millions d’euros en 2015, à 6 millions environ en 2021…
Cette politique de désengagement est dangereuse pour les populations, surtout quand l’insécurité alimentaire explose avec une hausse de 67 % dans cette région depuis l’année dernière. Il faut certes s’attaquer aux racines du mal en adaptant les systèmes alimentaires au changement climatique, en luttant contre la pauvreté et les inégalités ainsi qu’en pacifiant le Sahel. Mais n’oublions pas l’urgence médico-nutritionnelle et le renforcement des systèmes de santé qui doivent aussi donner lieu à des investissements et politiques publiques qui nous épargneront bien des victimes.
> Lire aussi La famine à Madagascar n’est pas due au changement climatique, selon une nouvelle étude
C’est donc en tant que médecins urgentistes africains que nous porterons ce message dans toutes les enceintes (ONU, OMS), dans tous les sommets (sur les systèmes alimentaires, sur le climat, sur la nutrition), pour que les dirigeants ne regardent pas ailleurs et remettent la recherche et l’innovation médicale au cœur de l’agenda international visant à l’éradication de la malnutrition d’ici à 2030. Car la faim dans le monde est un fléau qu’il faut combattre universellement, pas une fatalité réservée à certains continents !
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/04/moumouni-kinda-ne-laissons-pas-la-faim-tuer-plus-que-le-virus_6104708_3232.html>
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14- Décès à 83 ans de Pierre Rabhi, écrivain et figure de l'agroécologie, AFP, 04/12/21, 21:00

L'écrivain et philosophe Pierre Rabhi, figure de l'agroécologie en France, cofondateur du mouvement Colibris, est décédé à l'âge de 83 ans, a appris l'AFP samedi auprès de sa famille.
Auteur notamment de "Vers la sobriété heureuse", vendu à plus de 460.000 exemplaires, ce militant de la cause écologiste, admiré par des personnalités comme Cyril Dion et Marion Cotillard, est mort samedi des suites d'une hémorragie cérébrale, a indiqué à l'AFP son fils, Vianney.
Ce pionnier du néo-ruralisme s'était installé en 1961 dans une ferme du sud de la France. Né en 1938 aux portes du Sahara algérien, Pierre Rabhi restera comme l'un des pionniers de l'agroécologie - pratique agricole visant à régénérer le milieu naturel en excluant pesticides et engrais chimiques. Une méthode appliquée dès les années 1980 en Afrique sub-saharienne, où il effectuera de nombreux séjours. 
En lui, le moine bouddhiste Matthieu Ricard voyait un "frère de conscience". Et il était admiré par des personnalités aussi diverses que l'actrice Marion Cotillard et l'ancien ministre Nicolas Hulot. 
Ses ouvrages, innombrables, ont rencontré à chaque fois un succès indéniable. Avec Cyril Dion --l'auteur du documentaire militant à succès "Demain"--, il a cofondé le mouvement citoyen des Colibris, qui appelle aux actions locales, comme les jardins partagés, les fermes pédagogiques ou encore les circuits d'approvisionnements courts.
"Parfois présenté comme un technicien, il s'intéressait à l'intériorité des gens", a souligné son fils Vianney auprès de l'AFP. "Il a touché de nombreuses personnes".
Référence dans le sérail écologiste et altermondialiste, celui qui fut l'ami de Thomas Sankara ou du légendaire violoniste Yehudi Menuhin, a connu une certaine exposition médiatique en 2002, lors d'une éphémère candidature à la présidentielle, pour déjà "introduire dans le débat l'urgence écologique et humaine".
Père de cinq enfants, il a ensuite partagé son temps entre interviews, animation de ses fondations, conférences et rédaction d'ouvrages...
Grand admirateur de Socrate, il disait que "chaque être humain doit tenter de se connaître de façon à se changer positivement".
<https://information.tv5monde.com/info/deces-83-ans-de-pierre-rabhi-ecrivain-et-figure-de-l-agroecologie-435218>
Sur le même sujet :
> Le penseur et écrivain Pierre Rabhi, figure de l'agroécologie, est mort <https://information.tv5monde.com/info/le-penseur-et-ecrivain-pierre-rabhi-figure-de-l-agroecologie-est-mort-435224>, TV5Monde avec AFP, 04/12/21, 22:56
> Pierre Rabhi, pionnier de l'agroécologie, est mort <https://www.lejdd.fr/Societe/pierre-rabhi-pionnier-de-lagroecologie-est-mort-4080691>, Le JDD, 04/12/21
> Pierre Rabhi, écrivain et figure de l’agroécologie, est mort <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/04/pierre-rabhi-ecrivain-et-figure-de-l-agroecologie-est-mort_6104752_3244.html>, Le Monde avec AFP, maj le 05/12/21 à 14h12
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15- Le rapport de l'Anses sur les nitrites dans le jambon s'est enlisé, Le JDD, 04/12/21, 22h30
Anne-Laure Barret

Alors que l'étude sur le risque potentiel de cancer prend du retard, un des experts vient de démissionner.
Les nitrites utilisés pour conserver les charcuteries tout en leur donnant une jolie couleur rose sont-ils dangereux? Et si le risque cancérogène était avéré, par quoi remplacer ces produits chimiques ? Telle était la question posée par le ministre de l'Agriculture, en novembre 2020, à l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Las, Julien Denormandie devra encore patienter. Attendu en juillet, l'avis n'a toujours pas été rendu. "Je n'ai pas de nouvelles, explique un porte-parole de l'autorité indépendante. Ça ne va pas être pour tout de suite." De fait, les travaux de la commission mêlant agents de l'Anses et experts extérieurs ont pris du retard. Et l'un de ces chercheurs externes, le biochimiste Jérôme ­Santolini, a même présenté sa démission début octobre.
Dans un courrier envoyé notamment à des personnels de l'Anses, ce dernier pointe des "dysfonctionnements" au niveau de la commission : problèmes de calendrier, difficulté à produire une analyse aussi "vaste et complexe" en peu de temps, absence de revue de la littérature scientifique, "découpage politique" en sous-groupes de travail au risque de perdre "une vision globale de l'enjeu sanitaire", évaluation incomplète du risque microbiologique de la charcuterie sans nitrites, indigence de l'expertise menée en parallèle par l'Institut national du cancer, ­méthodologie défaillante et attitude d'obstruction de la direction de la commission.
Un climat détestable
Avec force détails, Jérôme ­Santolini accuse l'agence d'orienter le travail des experts extérieurs. "Le choix des personnes à auditionner a été fait en amont sans consultations avec [eux]", tacle-t-il. C'était "­essentiellement des représentants des industriels ou d'organismes proches des industriels", ajoute ­Santolini, pour qui "l'absence d'audition" de fabricants commercialisant des charcuteries sans nitrites a été "un obstacle majeur". Il dépeint un climat détestable : "Les experts ont subi des pressions pendant et après les auditions de la part de la coordination", certains "ont été coupés lors de leurs interventions par les agents de l'Anses, et ont reçu des ­e-mails au cours même des auditions leur demandant de modérer ou modifier leurs questions".
Cette "forme ­d'ingérence" se serait également ­manifestée "lors des débriefings de ces auditions où des agents de l'Anses sont intervenus pour essayer d'influencer les discussions et les décisions". En conclusion, le démissionnaire dit refuser de "servir" de "caution à une procédure d'expertise décrédibilisée et contestable dans laquelle les experts scientifiques font essentiellement de la figuration".
L'élu lanceur d'alerte s'agace
Coauteur d'un rapport d'information qui avait recommandé, en janvier 2021, le bannissement progressif des nitrites, le député du ­Loiret Richard Ramos, déjà "agacé" par le retard de la commission, a vu rouge à la lecture de ce courrier. "Le travail de l'Anses va être biaisé, estime celui qui se pose en lanceur d'alerte. Comment cette agence peut-elle refuser de répondre aux questions du ministre de l'Agriculture ?" L'élu du MoDem rêve que Macron mette l'alimentation au cœur de son programme présidentiel. "On ne peut pas accepter un système qui assure une nourriture saine aux riches – eux peuvent s'offrir de la charcuterie sans nitrites – et qui laisse les pauvres continuer à manger des coquillettes au jambon nitrité dont on sait qu'il est mortifère."
Pour l'instant, seule la cancérogénicité de la charcuterie est avérée : depuis 2015, la "viande transformée" est classée dans le groupe 1 des produits les plus nocifs par l'OMS, qui la juge responsable de quelque 4 000 nouveaux cas de cancer colorectal chaque année en France. Rangés parmi les "cancérogènes probables" par l'OMS, les nitrites, une fois ingérés, font, eux, office de suspects numéro 1 pour une partie des chercheurs, comme pour la Ligue contre le cancer.
<https://www.lejdd.fr/Societe/info-jdd-le-rapport-de-lanses-sur-les-nitrites-dans-le-jambon-sest-enlise-4080676>
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En audio
16- Hommage à Pierre Rabhi, France Inter, Remède à la mélancolie, 05/12/21, 10:00
Eva Bester

France Inter bouscule ses programmes pour rendre hommage à Pierre Rabhi, figure de l'agroécologie, décédé ce samedi 4 décembre à 83 ans.
Le 30 novembre 2014, Pierre Rabhi était l'invité d'Eva Bester dans "Remède à la mélancolie".
Trouver la cadence juste, les quatuors de Beethoven ; travailler dans son jardin, le film "Apocalypse Now", un bon couscous ou le silence, Pierre Rabhi avait livré certains de ses remèdes à la mélancolie.
> Rediffusion (45 minutes) à écouter à :
<https://www.franceinter.fr/emissions/remede-a-la-melancolie/hommage-a-pierre-rabhi-emission-du-30-11-2014>
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En images
17- Eure : des charpentiers aux méthodes ancestrales plus responsables, France 3, Le 12/13 national, 28/11/21

Des charpentiers normands ont choisi de travailler le bois comme au Moyen Âge. Une méthode plus responsable.
L'entreprise de Francis Plagnol, située à Martainville (Eure), utilise des méthodes ancestrales. Seules deux sociétés travaillent de cette façon en Normandie. "On travaille avec des cognées et des doloires pour refaire des pièces comme on faisait au Moyen Âge", affirme le patron de l'entreprise Charpentes à l'ancienne. Frédéric Epaud, chercheur au CNRS, essaie de prouver que la plupart des entreprises de menuiserie pourraient travailler de cette façon. "On abat le strict nécessaire et on adapte les abattages au besoin des charpentiers. On retire le minimum de matières, ce qui fait que le bois ne se déformera pas au séchage", explique ce spécialiste des charpentes médiévales.
Un porche disparu en reconstruction
L'atelier de Francis Plagnol travaille actuellement sur un porche de l'église de Pierre-Ronde de Mesnil-en-Ouche (Eure), qui a disparu dans les années 60. Son équipe perpétue un savoir-faire qui les inscrit dans la lignée des bâtisseurs de cathédrales, d'églises romanes et de colombiers.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/eure-des-charpentiers-aux-methodes-ancestrales-plus-responsables_4862365.html>
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18- Vidéo. Afrique du Sud : au Cap, des vers de terre au service de l’économie circulaire, Le Monde, 03/12/21, 18h30

Dans le quartier de Philippi, un programme encourage la collecte des déchets domestiques végétaux pour en faire du compost utilisé par des agriculteurs formés au bio. 
Depuis 1998, le programme de développement durable Pedi (pour Philippi Economic Development Initiative) propose des activités génératrices de revenus aux habitants du quartier Philippi, l’un des plus sinistrés de la ville du Cap. Depuis 2020, il encourage une chaîne de valeur allant de la fabrication de lombricompost, à son utilisation par des agriculteurs formés au bio et jusqu’à la vente de leur production en fruits et légumes.
Les déchets domestiques végétaux au service d’une économie circulaire. Le potentiel est grand et pourtant l’activité encore peu organisée. Une ONG, GreenCape, en a estimé la valeur marchande entre 76 et 315 millions de rands, soit 4 et 18 millions d’euros.
> Vidéo à voir à :
<https://www.lemonde.fr/afrique/video/2021/12/03/afrique-du-sud-au-cap-des-vers-de-terre-au-service-de-l-economie-circulaire_6104640_3212.html>
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Deux publications
19- Livre. « Cultivons-nous » : fourche et fourchette, même combat, Le Monde, 30/11/21, 05h00 
Abel Mestre

Réalisateur, journaliste et agriculteur, Edouard Bergeon boucle son tour de la terre avec un livre hybride mettant en valeur le savoir et le savoir-faire paysans. 
Livre. Edouard Bergeon continue de creuser son sillon. Après un documentaire (Les Fils de la terre, 2012), un film qui a réalisé plus de deux millions d’entrées (Au nom de la terre, 2019), l’ouverture de plusieurs restaurants et la création d’une webtélé, Cultivonsnous.tv, le presque quadragénaire publie cette fois un livre, dans lequel il entend toujours entretenir le lien entre « les mondes agricoles et urbains », entre les producteurs et les consommateurs. L’ouvrage est donc la dernière étape d’un projet global voulant mettre en valeur le savoir-faire paysan.
> Lire aussi Edouard Bergeon : « Enfant, je cultivais mon jardin potager, je vendais mes légumes à ma famille »
C’est un objet hybride, à mi-chemin entre le mook et le beau livre. Il offre ainsi une diversité de formats qui vont du classique entretien à une série de portraits, en passant par le récit graphique, le portfolio, le reportage, les pages d’infographies, l’enquête et même les recettes de cuisine, selon les produits des différentes saisons.
« Ce livre est une nouvelle façon de relier la ville et les champs, la fourchette et la fourche, parce que j’ai envie que ces mondes se comprennent, discutent et avancent », explique ainsi le journaliste dans son introduction. Evidemment, M. Bergeon n’est pas le seul auteur de ces 336 pages grand format, il a fait appel à plusieurs journalistes pour accomplir son projet.
> Lire aussi Le farci poitevin : la recette d’Edouard Bergon
Cultivons-nous se décline donc en trois parties : d’abord un focus sur le monde paysan qui raconte la réalité du secteur agricole. Une deuxième partie s’intéresse à ce que l’on mange, au sens propre du terme, avec une attention particulière apportée à ce que l’on retrouve dans nos assiettes. Enfin, un cahier pratique conclut l’ensemble, où les conseils de jardinage accompagnent des fiches de cuisine rédigées par Daniel Morgan, chef du restaurant parisien Robert (dont Edouard Bergeon est l’un des associés), spécialiste de cuisine à base de légumes, qui a reçu plusieurs récompenses.
Monde en mutation
On ne lit pas cet ouvrage d’une traite. On y pioche comme dans une revue ou un magazine. Les multiples formes rédactionnelles offrent plusieurs points d’entrée. Cependant, si l’on devait retenir un format, l’on prendrait le combat de Paul François. L’histoire de cet agriculteur des Charentes, qui a réussi à faire condamner la multinationale américaine Monsanto après une lutte de treize ans, est édifiante. Racontée dans une bande dessinée d’une trentaine de pages, elle montre toute la difficulté, pour des exploitants isolés, de faire entendre leur cause par la justice. De même, le reportage photo qui retrace quinze ans de la vie de Mathieu, éleveur de charolaises dans le Puy-de-Dôme, est particulièrement touchant en ce qu’il illustre la dureté de ces vies, aussi bien sur un plan personnel que socio-économique.
> Lire aussi Allô, allô, Monsieur l’agriculteur : quand les paysans communiquent en ligne
A travers ces différentes histoires se dessine, par petites touches, le portrait d’un monde agricole en mutation, dont une partie de ses acteurs entend rendre les pratiques plus éthiques et responsables. Et veut le faire savoir au plus grand nombre.
§ « Cultivons-nous », sous la direction d’Edouard Bergeon, Les Arènes, 336 pages, 29,90 euros.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/11/30/cultivons-nous-fourche-et-fourchette-meme-combat_6104105_3232.html>
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20- Une écologie de l'alimentation, sous la direction de Nicolas Bricas, Damien Conaré, Marie Walser avec la contribution de plus de 24 auteur·e·s, Editions Quæ, décembre 2021

Repenser nos alimentations, c’est repenser nos sociétés. Car partager un repas et même faire ses courses sont des moyens de se relier aux autres. La façon de nous nourrir construit notre santé. Nos modes de production agricole façonnent nos paysages et définissent notre place dans la nature. Gérer des ressources pour produire, pour transformer et pour distribuer les aliments fonde nos économies. Nos registres du comestible, nos cuisines et nos manières de table racontent nos cultures. Enfin, et surtout, manger est un plaisir…
C’est en reconnaissant toutes ces dimensions avec une égale importance que cet ouvrage aborde les enjeux contemporains de l’alimentation. La proposition d’une écologie de l’alimentation s’ancre dans le double registre d’une science des relations et d’un engagement politique. Une telle approche permet de revisiter, parfois de façon inattendue, les mots d’ordre de l’alimentation durable. Elle vise aussi à nourrir les démarches citoyennes, publiques et privées engagées dans la transformation des systèmes alimentaires.
Entre essai d’experts et récit illustré d’exemples tirés des quatre coins du monde, cet ouvrage s’adresse aussi bien aux professionnels qu’à un grand public curieux des questions d’alimentation durable.
> En librairie le 02 décembre 2021 <https://www.quae.com/produit/1698/9782759233526/une-ecologie-de-l-alimentation>
> En version enrichie <https://www.chaireunesco-adm.com/Parcours-thematique>
<https://mailchi.mp/737304885262/les-actualits-de-la-chaire-unesco-alimentations-du-monde-8046553?e=a158773d59>
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