[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur économie, écologie, gouvernance, démographie, sociologie, éducation, recherche, droit, UE & international + 1 annonce & 1 offre d'emploi (vendredi 17 décembre)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Ven 17 Déc 07:24:00 CET 2021


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
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1- Pollution : les populations les plus riches sont les plus émettrices <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/12/07/pollution-les-populations-les-plus-riches-sont-les-plus-emettrices_6104988_3234.html>, Le Monde, 07/12/21, 11h23 
2- Seules 14 entreprises sont en pointe sur l'environnement dans le monde, selon le CDP <https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/seules-14-entreprises-sont-en-pointe-sur-lenvironnement-dans-le-monde-selon-le-cdp-1370466>, Les Echos, 07/12/21, 15:40
3- Entretien. Lucas Chancel : « Un impôt progressif sur la fortune des multimillionnaires pourrait rapporter jusqu’à 2% du PIB mondial » <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/12/07/lucas-chancel-la-theorie-du-ruissellement-n-a-pas-genere-la-prosperite-pour-tous_6104989_3234.html>, Le Monde, 07/12/21, 15h52
4- Quelle est l’empreinte environnementale numérique d’un Européen ? <https://www.01net.com/actualites/quelle-est-l-empreinte-environnementale-numerique-d-un-europeen-2052299.html>, 01.net, 07/12/21, 18h15
5- Le Fonds pour la Terre de Jeff Bezos a dépensé 3 milliards pour le climat en 2021 <https://www.journaldugeek.com/2021/12/07/le-fonds-pour-la-terre-de-jeff-bezos-a-depense-3-milliards-pour-le-climat-en-2021/>, Le Journal du Geek (JdG), 07/12/21, 18h30
6- L’ONU désigne quatre Championnes de la Terre pour 2021 <https://news.un.org/fr/story/2021/12/1110192>, ONU Info, 07/12/21
7- Analyse. Environnement : comment la gauche s’est fait ravir l’idée de « raison » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/09/environnement-comment-la-gauche-s-est-fait-ravir-l-idee-de-raison_6105266_3232.html>, Le Monde, 09/12/21, 05h15
8- Présidence française de l'UE : Emmanuel Macron veut une taxe carbone européenne <https://www.bfmtv.com/economie/economie-social/union-europeenne/presidence-francaise-de-l-ue-emmanuel-macron-veut-une-taxe-carbone-europeenne_AD-202112090412.html>, BFM Business avec AFP, 09/12/21, 17:24
9- Présidence française de l'UE : les priorités d'Emmanuel Macron en matière d'environnement <https://www.actu-environnement.com/ae/news/PFUE-environnemet-priorites-emmanuel-macron-38711.php4>, Actu-environnement, 09/12/21
10- Critique. « Mémo sur la nouvelle classe écologique » ou le vadem-mecum du parti terrestre <https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/12/10/memo-sur-la-nouvelle-classe-ecologique-ou-le-vadem-mecum-du-parti-terrestre_6105438_1652612.html>, Le Monde, 10/12/21, 06h00
11- Emmanuel Macron appelle à « concilier » développement économique et ambition climatique <https://www.lemonde.fr/international/article/2021/12/10/emmanuel-macron-appelle-a-concilier-developpement-economique-et-ambition-climatique_6105465_3210.html>, Le Monde, 10/12/21, 10h04 
12- L'Etat va investir 420 millions d'euros pour le développement des produits biosourcés <https://www.lefigaro.fr/flash-eco/l-etat-va-investir-420-millions-d-euros-pour-le-developpement-des-produits-biosources-20211210>, Le Figaro avec AFP, 10/12/21, 19:58
13- Nobel de la paix : la Philippine Maria Ressa fustige la "boue toxique" des géants du Net <https://information.tv5monde.com/info/nobel-de-la-paix-la-philippine-maria-ressa-fustige-la-boue-toxique-des-geants-du-net-435932>, AFP, 10/12/21, 21:00
14- Les décisions de la Commission nationale du débat public n'ont pas de caractère réglementaire <https://www.actu-environnement.com/ae/news/decision-CNDP-caractere-reglementaire-38719.php4>, Actu-environnement, 10/12/21
15- Entretien. Bruno Latour : « L’écologie, c’est la nouvelle lutte des classes » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/10/bruno-latour-l-ecologie-c-est-la-nouvelle-lutte-des-classes_6105547_3232.html>, Le Monde, maj le 11/12/21 à 06h55
16- Entretien. « L’Anthropocène est le pire récit qu’on puisse faire de la crise environnementale contemporaine » <https://usbeketrica.com/fr/article/l-anthropocene-est-le-pire-recit-qu-on-puisse-faire-de-la-crise-environnementale-contemporaine>, Usbek & Rica, 12/12/21
17- 10 conseils pour passer des fêtes de Noël tout en respectant l’environnement <https://dailygeekshow.com/noel-ecologie/>, Daily Geek Show, 14/12/21
18- UFC-Que choisir demande la réforme de l’indice de réparabilité <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/12/14/ufc-que-choisir-demande-la-reforme-de-l-indice-de-reparabilite_6105954_3234.html>, Le Monde avec AFP, 14/12/21, 07h08
En images
19- La finance verte, pas si verte ? <https://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/video-la-finance-verte-pas-si-verte_4871669.html>, France 2 , L’œil du 20h, 06/12/21
20- Vidéo. Cyril Dion : « La priorité pour la planète est que les plus riches consomment moins » <https://www.lemonde.fr/planete/video/2021/12/07/cyril-dion-la-priorite-pour-la-planete-est-que-les-plus-riches-consomment-moins_6105045_3244.html>, Le Monde, 07/12/21, 15h06
21- Portrait. Camille Etienne : « Quand le réel devient intolérable, il faut prendre en main l’histoire pour la dévier » <https://www.lemonde.fr/planete/video/2021/12/10/camille-etienne-quand-le-reel-devient-intolerable-il-faut-prendre-en-main-l-histoire-pour-la-devier_6105469_3244.html>, Le Monde, 10/12/21, 10h13
Une annonce
22- « L'Emploi : moteur de la transition bas carbone » : le Shift publie son rapport final sur l'Emploi dans le Plan de transformation <https://mailchi.mp/theshiftproject.org/publication-rapport-emploi-9-decembre?e=ba6bcb377e>, The Shift Project, 11/12/21, 17:26
Une offre d’emploi
23- Poste en CDI. Mission de pilotage du dispositif de formation, d’évènements et de communication associée du Collège des transitions sociétales <https://web.imt-atlantique.fr/x-de/cts-pdl/uploads/images/College%20TS/Architecture%20apres%20septembre%202021/Recrutement/Mission%20de%20pilotage%20du%20dispositif%20de%20formation,%20d%E2%80%99%C3%A9v%C3%A8nements%20et%20de%20communication%20du%20CTS-1.pdf>, candidature à faire avant le 24/12/21

Bien à vous,
Florence

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CHIFFRES DU JOUR : — Les 10 % les plus riches de la planète ont pesé à eux seuls pour près de la moitié de toutes les émissions de dioxyde de carbone enregistrées en 2019 (47,6 %). A l’inverse, la moitié la moins riche de la population en a généré seulement 12 %.  (cf. item 1, suite, 3, suite & 20)
— Sur 12.000 entreprises étudiées, seules 272, soit 2%, ont reçu la meilleure note pour leurs actions sur un ou plusieurs enjeux écologiques ou climatiques par le Carbon Disclosure Project (CDP). (cf. item 2)
— Le secteur  du numérique contribue déjà à hauteur de 16% du changement climatique sur notre continent et chaque Européen génère en moyenne 225 kilos de déchets numériques par an. (cf. item 4)
— Jeff Bezos, fondateur d'Amazon, a annoncé que son Fonds pour la Terre aura déboursé sur l’année 2021 trois milliards de dollars pour contribuer aux efforts de “préservation et de l’environnement, de restauration de la nature et de défense de la justice environnementale”. (cf. item 5)
— La France va investir 420 millions d'euros pour le développement des «biotechnologies industrielles» et la «fabrication des produits biosourcés» en France afin de «répondre au défi climatique». (cf. item 12)
LAURÉATES DU JOUR : Choisies pour leur impact et leur leadership dans la promotion d'actions audacieuses en faveur des personnes et de la planète, une Premier ministre des Caraïbes, une scientifique, un groupe de femmes autochtones et une entrepreneure ont été déclarées lauréates de l’édition 2021 du prix des Champions de la Terre des Nations Unies. (cf. item 6)
ANALYSE DU JOUR : La montée en puissance de la question climatique a conduit deux versions du rationalisme, remise en cause du capitalisme ou bien simple minimisation de ses effets, à s’opposer. L’occasion pour la droite d’investir un terrain dont le camp progressiste était auparavant dépositaire. (cf. item 7)
ASPIRATIONS DU JOUR : S'exprimant lors d'une conférence de presse dédiée à la présidence française de l’UE qui démarrera le 1er janvier prochain pour 6 mois, Emmanuel Macron a présenté ses priorités : mise en place d'une taxe carbone aux frontières européennes, instauration de clauses miroirs et lutte contre la déforestation. Grand absent : les pesticides. (cf. item 8, 9 & 11)
CITATION DU JOUR : "Avec leur pouvoir quasi divin, les entreprises américaines de l'internet ont permis au virus du mensonge d'infecter chacun de nous, nous dressant les uns contre les autres, faisant ressortir nos peurs, notre colère et notre haine, et préparant le terrain pour la montée des dirigeants autoritaires et des dictateurs". Maria Ressa, Nobel de la paix (cf. item 13)
PERSPECTIVE DU JOUR : Dans leur ouvrage à paraître le 6 janvier 2022 aux éditions de La Découverte, les sociologues Bruno Latour et Nikolaj Schultz expliquent « comment faire émerger une classe écologique, consciente et fière d’elle-même ». (cf. item 10 & 15)
ENTRETIEN DU JOUR : Le concept d’Anthropocène est-il aussi « révolutionnaire » que certains le prétendent  ? Entretien croisé avec l’historien des sciences, des techniques et de l’environnement Jean-Baptiste Fressoz et l’anthropologue Barbara Glowczewski. (cf. item 16)
PROMESSE NON TENUE DU JOUR : Défauts d’affichage sur les sites de vente en ligne, mode de calcul inefficace… UFC-Que choisir pointe les manquements de l’indice de réparabilité destiné à lutter contre le gaspillage. (cf. item 18 & suite)
PORTRAIT DU JOUR : Porte-voix hyperactive de la jeunesse française engagée, Camille Etienne se mobilise aux côtés de la pionnière Greta Thunberg, suédoise de 18 ans, de la Belge flamande Anuna de Wever, 19 ans, ou encore de l’activiste allemande Luisa Neubaeur, 24 ans. (cf. item 21)
ALTERNATIVE DU JOUR : Décoration, cadeaux, vêtements, repas de Noël…, des pistes pour en faire un moment de joie et d’attitude responsable. (cf. item 17)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Démission de Nicolas Hulot <http://r.mail.fnh.org/mk/mr/AJw2TWE2FxIJSP_nUbGV9DBWuagtPvCD0f3UMdC7v_hbYNhvwTlMLGbkqJkb1odYvvFIVlg_nWk4LeTvVY7fmxpZY3vLRghbi-OJ57rhjJWzLJeJkBoYiolK7a2M> (24/11/21)
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
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1- Pollution : les populations les plus riches sont les plus émettrices, Le Monde, 07/12/21, 11h23 
Adrien Pécout

Les 10 % les plus fortunés de la planète ont pesé à eux seuls près de la moitié de toutes les émissions de dioxyde de carbone en 2019, selon le rapport du Laboratoire sur les inégalités mondiales publié mardi. 
Les populations les plus riches sont aussi celles qui portent une « immense responsabilité » dans le réchauffement climatique. Et donc celles qui devraient être le plus mises à contribution pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, à commencer par le dioxyde de carbone (CO₂), souligne le Laboratoire sur les inégalités mondiales, rattaché à Paris School of Economics. Or, le personnel politique s’est trop peu attaqué à « l’importante empreinte carbone des très riches », selon le nouveau rapport de ce collectif de chercheurs, publié mardi 7 décembre.
> Lire aussi Revenus, éducation, santé, genre, climat : une radiographie des inégalités dans le monde après le Covid-19
Mesurer l’« inégalité mondiale du carbone », pour reprendre l’intitulé d’un chapitre du rapport, s’avère « encore plus difficile » que l’évaluation des disparités de revenus et de richesse. Le chapitre sur cette question, sous la coordination de l’économiste Lucas Chancel, s’appuie sur l’empreinte carbone au sens large : à la fois celle des divers secteurs de l’économie, celle liée aux niveaux d’investissements gouvernementaux et celle, notamment, résultant d’inégalités dans la consommation privée. « Lorsque les Nord-Américains importent des smartphones (téléphones) d’Asie de l’Est, les émissions de carbone créées lors de la production, du transport et de la vente de ces smartphones sont attribuées aux Nord-Américains et non aux Asiatiques de l’Est », précise le rapport.
Des mesures ciblées
Premier enseignement : les 10 % les plus riches de la planète ont pesé à eux seuls pour près de la moitié de toutes les émissions de dioxyde de carbone enregistrées en 2019 (47,6 %). A l’inverse, la moitié la moins riche de la population en a généré seulement 12 %. Rapporté aux 7,7 milliards d’habitants sur Terre, chacun a émis cette année-là en moyenne 6,6 tonnes équivalent CO₂. La part peut cependant varier sensiblement : 1,6 tonne par personne pour la moitié la moins riche de la population, contre 31 tonnes pour chacun des 10 % les plus riches… et 110 tonnes par personne pour la fraction la plus fortunée (1 % de la population).
> Lire aussi l’entretien : Lucas Chancel : « La théorie du ruissellement n’a pas généré la prospérité pour tous »
Dit autrement, l’urgence appelle à des mesures ciblées, d’abord en direction des plus gros émetteurs. L’objectif de contenir le réchauffement climatique à 2 °C de plus d’ici à la fin du siècle, par rapport à l’ère préindustrielle, supposerait une émission moyenne de 3,4 tonnes de dioxyde de carbone par habitant chaque année d’ici à 2050. Voire de 1,1 tonne, pour contenir le réchauffement à 1,5 °C. Sur la base de diverses projections, y compris démographiques, ces calculs doivent être « à interpréter avec précaution », est-il néanmoins écrit.
> Lire aussi Pourquoi le thème des inégalités n’émerge pas dans la campagne présidentielle
De façon générale, la zone géographique à l’empreinte carbone la plus lourde est celle de l’Amérique du Nord : 20,8 tonnes par habitant en 2019. Avec d’importantes nuances, toutefois. En Asie orientale, en raison de la présence de la Chine, ou au Moyen-Orient, les 10 % les plus riches au niveau local émettent par exemple davantage que ceux en Europe : respectivement 39 et 34 tonnes, contre 29 tonnes.
A l’intérieur d’un même pays, les disparités peuvent aussi prendre des proportions aiguës. Prenons le cas de la France : 24,7 tonnes émises par habitant pour les 10 % les plus riches du pays, contre presque 5 tonnes par habitant pour la moitié la moins riche, là où la moyenne nationale s’établit à 8,7 tonnes.
Commentaire du Laboratoire sur les inégalités :« Lorsque les politiques carbone sont mal conçues et ne tiennent pas compte du contexte socio-économique dans lequel elles sont mises en œuvre, elles peuvent facilement échouer et générer de la méfiance, rendant les politiques environnementales injustes. » Un rappel important à quatre mois de la présidentielle française. Fin 2018, le mouvement des « gilets jaunes » avait pour point de départ une protestation d’automobilistes contre la perspective d’une hausse générale de la taxe carbone.
Plutôt qu’un taux uniforme, le Laboratoire sur les inégalités plaide, entre autres possibilités, pour l’instauration d’une taxation progressive sur le carbone, suivant notamment le niveau des émissions mais aussi de richesse des individus. Il s’agit, selon le rapport, d’un « instrument utile » à mettre en place pour « accélérer la réduction des émissions de carbone chez les plus riches ».
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/12/07/pollution-les-populations-les-plus-riches-sont-les-plus-emettrices_6104988_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/12/07/pollution-les-populations-les-plus-riches-sont-les-plus-emettrices_6104988_3234.html>>
En savoir plus :
> Presentation World Inequality Report 2022 <https://world-inequality-conference-2021.org/sessions/presentation-world-inequality-report-2022>, December 7th & 8th 2021
> World Inequality Report 2022 (Summary of the Report and The Full Report) <https://wir2022.wid.world/>
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2- Seules 14 entreprises sont en pointe sur l'environnement dans le monde, selon le CDP, Les Echos, 07/12/21, 15:40
La rédaction

D'après le Carbon Disclosure Project, qui publie chaque année un classement très scruté par les investisseurs, seules 14 entreprises dans le monde ont reçu la meilleure note pour leurs actions en matière de protection du climat, des forêts et de l'eau. Danone et L'Oréal en font partie.
Elles ne sont que 2 % à se démarquer du lot. Sur 12.000 entreprises, seules 272 ont reçu la meilleure note pour leurs actions sur un ou plusieurs enjeux écologiques ou climatiques par le Carbon Disclosure Project (CDP), organisation de référence qui publie chaque année des scores environnementaux très scrutés par les gestionnaires d'actifs et d'autres investisseurs qui l'utilisent pour « verdir » leurs portefeuilles.
Prise en compte du changement climatique, préservation des forêts et sécurité de l'eau : ces 272 entreprises pesant près de 12.000 milliards de dollars de capitalisation boursière ont donc obtenu la note « A » pour au moins l'un de ces critères. 40 % des entreprises ayant obtenu au moins un « A » sont basées en Europe, la France étant la mieux représentée. Suivent le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Espagne.
>> Suite à lire à :
<https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/seules-14-entreprises-sont-en-pointe-sur-lenvironnement-dans-le-monde-selon-le-cdp-1370466>
En savoir plus : 
> Companies : A List 2021 & Cities : A List 2021 <https://www.cdp.net/en/scores>, Carbon Disclosure Project (CDP)
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3- Entretien. Lucas Chancel : « Un impôt progressif sur la fortune des multimillionnaires pourrait rapporter jusqu’à 2% du PIB mondial », Le Monde, 07/12/21, 15h52
Propos recueillis par Marie Charrel

La pandémie de Covid-19 a largement contribué à enrichir les plus aisés, tandis que la pauvreté des pays émergents s’est accrue. L’économiste et codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales plaide, dans un entretien au « Monde », pour une fiscalité plus redistributive et plus verte.
Le nouveau rapport du Laboratoire sur les inégalités mondiales (World Inequality Lab, WIL), publié mardi 7 décembre, éclaire d’un jour nouveau combien nos sociétés sont fragilisées par de multiples inégalités, monétaires, éducatives ou encore dans l’accès au soin, comme l’a rappelé la pandémie de Covid-19. Lucas Chancel, codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales, et qui a piloté ce rapport avec les économistes Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, souligne que restaurer la progressivité de l’impôt et bâtir une fiscalité verte redistributrice doivent aller de pair pour résorber les inégalités et accompagner la transition écologique.
> Lire aussi Revenus, éducation, santé, genre, climat : une radiographie des inégalités dans le monde après le Covid-19
La pandémie a souligné la nécessité d’un Etat fort pour surmonter la crise. Cela peut-il renouveler le débat sur la fiscalité ?
Absolument. La crise du Covid-19 a, d’une part, accéléré la concentration du patrimoine détenu par les milliardaires, et de l’autre, accru l’extrême pauvreté dans les pays émergents, après vingt-cinq ans de baisse. Entre ces deux extrêmes, l’intervention de la puissance publique dans les pays riches a permis d’y contenir la montée de la pauvreté. La machine redistributive de l’Etat social, financé par l’impôt, a été activée et a relativement bien fonctionné. Mais au prix d’une hausse de 15 points de la dette publique en moyenne dans ces pays. Qui paiera ? Demandera-t-on aux jeunes, qui ont subi cette crise de plein fouet, de payer ? Faudra-t-il annuler les dettes ou laisser courir l’inflation pour les rembourser ?
> Lire aussi Pourquoi le thème des inégalités n’émerge pas dans la campagne présidentielle
Chacun de ces choix a des effets plus ou moins inégalitaires dont il faut discuter. L’intérêt de la fiscalité est que c’est un outil transparent. Avec un impôt progressif sur les plus hauts patrimoines, on peut explicitement mettre à contribution ceux qui ont le plus prospéré pendant la crise. Accompagné d’un « supplément pollution » pour ceux qui possèdent des actions dans les secteurs carbonés, un tel impôt sur la fortune des multimillionnaires pourrait rapporter au moins 1,5 % à 2 % du PIB mondial. De quoi financer la quasi-totalité du surcroît d’investissements nécessaires, selon l’Agence internationale de l’énergie, pour réussir à atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur le climat.
Les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) se sont entendus pour instaurer un taux d’imposition minimum de 15 % aux multinationales. Est-ce l’aube d’une révolution fiscale ?
C’est une avancée, qui paraissait utopiste il y a encore quinze ans. Mais il reste beaucoup à faire. Le taux plancher de 15 %, qui vise à saper le business des paradis fiscaux, est loin de celui payé par le restaurant de quartier, presque deux fois plus élevé. En Europe, nous ne sommes donc pas à l’abri d’une poursuite de la course vers le moins-disant fiscal. Par ailleurs, les règles sur le rapatriement des profits dans les pays où l’activité économique est faite sont encore peu claires, avec des possibilités d’exemption. Il faudra être très vigilants sur les détails.
L’autre volet sur lequel il est indispensable d’avancer est celui des échanges automatiques de données fiscales. Des outils ont été mis en place pour les encourager depuis la crise de 2008 : le règlement Fatca [loi sur la conformité fiscale des comptes étrangers] aux Etats-Unis, le Common reporting standard [modèle de convention sur l’échange de renseignements en matière fiscale] dans l’OCDE. Mais on est encore loin du compte, car les Etats ne publient pas les données qui permettraient à des comités indépendants d’évaluer les progrès permis par ces accords : combien de riches ont rapatrié leurs impôts dans leur pays ? Paient-ils plus ou moins qu’avant ?
Les tentatives de fiscalité verte pèsent souvent trop sur les ménages pauvres et peu pollueurs, mais pas assez sur les plus riches. Quelle serait la bonne formule ?
Le changement climatique est largement une question d’inégalités. On est tous concernés, mais certains sont plus touchés que d’autres. Les pays plus pauvres sont aux premières loges de la montée des eaux. En Europe ou aux Etats-Unis, les moins aisés sont aussi les plus vulnérables face aux inondations ou aux incendies parce qu’ils ont moins de ressources pour faire face à ces aléas.
> Lire aussi Pollution : les populations les plus riches sont les plus émettrices
En outre, les plus riches polluent plus, par leur consommation comme par leurs actifs financiers – notamment les portefeuilles d’actions qui peuvent contenir des titres d’entreprises du secteur du gaz ou du pétrole. Aujourd’hui, il existe trop peu d’incitations pour favoriser les investissements en faveur de la décarbonation de l’économie. La fiscalité peut y contribuer, en pénalisant également les investissements dans les entreprises qui continuent de développer de nouveaux projets pétroliers.
Mais comment, alors que l’on ne dispose pas encore d’une solide taxonomie des activités vertes ?
Au début du XXe siècle, quand les impôts progressifs se sont mis en place aux Etats-Unis et en Europe, certaines voix s’élevaient pour dire que c’était impossible, car on ne disposait pas des informations sur les revenus des individus. Mais l’histoire a montré qu’en fait, les systèmes d’information nécessaires se bâtissent en même temps que l’impôt. Il en va de même aujourd’hui : la fiscalité verte peut avancer en même temps que les travaux européens sur la nomenclature verte. Il serait paradoxal de penser qu’à l’ère numérique, on ne serait pas capable de mesurer le contenu carbone des portefeuilles financiers.
Certaines régions ont-elles déjà réussi à bâtir une taxe carbone réellement redistributive ?
En 2008, la Colombie-Britannique, au Canada, a instauré une taxe carbone dont les recettes financent une redistribution vers les classes modestes et moyennes, en fonction des revenus. Grâce à cela, les habitants de cette région, pourtant très dépendante du pétrole et du gaz, ont accepté cette taxe. C’est un peu l’inverse de ce qui a été fait en France en 2018, au moment des « gilets jaunes », avec la taxe carbone, dont les recettes n’étaient quasiment pas utilisées pour accompagner les ménages les plus modestes.
> Lire aussi Ecologie : la question d’une fiscalité verte acceptable et juste refait surface
Vos travaux soulignent que l’Europe protège mieux des inégalités grâce à la qualité de ses services publics. Comment sauvegarder ce modèle alors que les dettes publiques frisent des sommets ?
Ce qui fait qu’une région est très inégalitaire, comme l’Afrique australe ou l’Amérique latine, ou plus égalitaire, comme l’Europe, est en effet largement déterminé avant l’opération du système fiscal et de redistribution : l’accès égalitaire et gratuit à l’école, aux soins, à la culture, ou, le revenu minimum…
Au XXe siècle, la construction de ces services publics s’est associée étroitement à la montée de la progressivité de l’impôt. Mais cet équilibre a été mis à mal ces dernières décennies par le déclin de la progressivité. La théorie du ruissellement, qui a motivé ce déclin, n’a pas généré la prospérité pour tous promise. Le seul résultat tangible est qu’en haut de l’échelle, le taux d’impôt effectif sur les revenus payé par les très riches a dégringolé. Aux Etats-Unis comme en France, ce taux est aujourd’hui plus bas que ce que payent les classes moyennes et populaires. Garantir un bon niveau de services publics dans le futur impose de mettre fin à cette injustice.
Comment ?
Les chantiers sont multiples. Prenez l’impôt sur les bénéfices, qui pèse largement sur ceux qui possèdent les entreprises, donc ceux qui ont le plus de patrimoine. Ces dernières décennies, son taux est passé de 50 % en moyenne en Europe, à environ 25 % aujourd’hui. En parallèle, les taux de la TVA ou des impôts sur la consommation pesant plus sur les moins aisés sont passés de 17 % à 21 %.
> Lire aussi Pourquoi le thème des inégalités n’émerge pas dans la campagne présidentielle
L’enjeu, au fond, est de moderniser la taxation du capital et de ses revenus, plutôt que de baisser les bras. Plusieurs pays l’ont compris, comme l’Argentine, qui a mis en place un nouvel impôt sur le patrimoine. Le SPD allemand [Parti social-démocrate] soutenait aussi un tel impôt pendant sa campagne.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/12/07/lucas-chancel-la-theorie-du-ruissellement-n-a-pas-genere-la-prosperite-pour-tous_6104989_3234.html <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/12/07/lucas-chancel-la-theorie-du-ruissellement-n-a-pas-genere-la-prosperite-pour-tous_6104989_3234.html>>
En savoir plus :
> Presentation World Inequality Report 2022 <https://world-inequality-conference-2021.org/sessions/presentation-world-inequality-report-2022>, December 7th & 8th 2021
> World Inequality Report 2022 (Summary of the Report and The Full Report) <https://wir2022.wid.world/>
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4- Quelle est l’empreinte environnementale numérique d’un Européen ?, 01.net, 07/12/21, 18h15
Amélie Charnay, journaliste

Chaque Européen produit en moyenne 225 kilos de déchets numériques par an. Mais surtout, ce secteur contribue déjà à hauteur de 16% du changement climatique sur notre continent.
Le groupe des Verts au Parlement européen a commandé la première étude poussée sur l’impact environnemental du numérique à l’échelle des pays de l’Union. Pas de grande surprise, mais des chiffres précis qui devraient peut-être nous inciter à acheter moins de matériel high-tech ou à mieux le réutiliser.
Le rapport a été réalisé à partir de données datant de 2019 par le collectif Green IT.fr. Il s’agit d’une analyse multicritère du cycle de vie de l’extraction des matières premières au recyclage ou à la mise en décharge des produits et services high-tech. Les résultats sont complexes à présenter et résumer.
+ Infographie : Impact des services numériques par habitant de l’UE-28 (indicateurs d’impacts environnementaux et de flux) <https://www.01net.com/actualites/quelle-est-l-empreinte-environnementale-numerique-d-un-europeen-2052299.html#&gid=1&pid=1>
L’impact environnemental d’un seul Européen est impressionnant. Citons quelques chiffres évocateurs. Nous produisons en moyenne chacun 225 kilos de déchets par an et utilisons 1 110 kg de matières premières par personne. Notre consommation d’énergie primaire (bois, charbon, gaz naturel, pétrole, etc..) est de 8 230 MJ (mégajoules). Notre consommation d’énergie finale, c’est-à-dire l’énergie directement utilisée par l’utilisateur sous forme d’électricité ou de carburant, est de 1980 MJ. C’est l’équivalent d’un radiateur alimenté sans interruption pendant 23 jours.
>> Suite à lire à :
<https://www.01net.com/actualites/quelle-est-l-empreinte-environnementale-numerique-d-un-europeen-2052299.html>
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5- Le Fonds pour la Terre de Jeff Bezos a dépensé 3 milliards pour le climat en 2021, Le Journal du Geek (JdG), 07/12/21, 18h30
Antoine Gautherie 

Le fonds d'investissement chapeauté par le fondateur d'Amazon a atteint ce score avec une nouvelle enveloppe de 443 millions de dollars.
Jeff Bezos a annoncé hier que son Fonds pour la Terre allait consacrer 443 millions de dollars (~395 millions d’euros) aux efforts de “préservation et de l’environnement, de restauration de la nature et de défense de la justice environnementale”. Avec cette somme, la structure aura déboursé un total de trois milliards de dollars sur l’année 2021, d’après le communiqué repéré par The Verge.
Avec ce fonds inauguré en 2020, le fondateur d’Amazon a promis d’injecter un total de dix milliards de dollars (soit environ 5% de ses actifs) dans cette cause. D’après le communiqué de l’institution, cette nouvelle enveloppe servira à alimenter diverses initiatives qui œuvrent à différents niveaux pour lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences.
On peut par exemple citer le programme 30×30, qui recevra 261 millions de dollars pour protéger 30% de la surface du globe d’ici 2030. 130 millions supplémentaires iront à l’initiative gouvernementale Justice40, qui vise à “aborder la crise climatique, créer de l’emploi, et restaurer l’intégrité scientifique dans le gouvernement fédéral”.
>> Suite à lire à :
<https://www.journaldugeek.com/2021/12/07/le-fonds-pour-la-terre-de-jeff-bezos-a-depense-3-milliards-pour-le-climat-en-2021/>
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6- L’ONU désigne quatre Championnes de la Terre pour 2021, ONU Info, 07/12/21

Une Premier ministre des Caraïbes, une scientifique, un groupe de femmes autochtones et une entrepreneure ont été déclarées mardi les lauréates de l’édition 2021 du prix des Champions de la Terre des Nations Unies. 
Les championnes ont été choisies pour leur impact et leur leadership dans la promotion d'actions audacieuses en faveur des personnes et de la planète, explique le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) qui décerne le prix chaque année. 
« Ces championnes de la Terre inspirent, défendent, mobilisent et agissent pour relever les plus grands défis environnementaux de notre temps, notamment la protection et la restauration des écosystèmes », a déclaré l'agence onusienne dans un communiqué.  
Elles démontrent que chacun d'entre nous peut contribuer 
Le prix des Champions de la Terre est la plus haute distinction environnementale décernée par les Nations Unies. 
Cette année, le prix récompense les lauréats dans quatre catégories : inspiration et action, leadership politique, vision entrepreneuriale, ainsi que science et innovation.  
Le PNUE a reçu un nombre record de nominations du monde entier pour l'édition 2021. 
Selon la Directrice exécutive de l'agence, Inger Andersen, les profils des lauréates « démontrent que chacun d'entre nous peut contribuer ». 
« Chaque geste pour la nature compte. L’ensemble de l’humanité a à la fois une responsabilité mondiale et une profonde opportunité », a-t-elle déclaré.
« Les championnes de cette année sont des femmes qui non seulement nous inspirent, mais nous rappellent aussi que nous avons entre les mains les solutions, les connaissances et les technologies pour limiter le changement climatique et éviter l'effondrement écologique », a affirmé la cheffe du PNUE.
>> Suite à lire à :
<https://news.un.org/fr/story/2021/12/1110192>
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7- Analyse. Environnement : comment la gauche s’est fait ravir l’idée de « raison », Le Monde, 09/12/21, 05h15
Stéphane Foucart

La montée en puissance de la question climatique a conduit deux versions du rationalisme, remise en cause du capitalisme ou bien simple minimisation de ses effets, à s’opposer. L’occasion pour la droite d’investir un terrain dont le camp progressiste était auparavant dépositaire.
Analyse. « Comment retrouver la raison », affichait, début novembre, L’Express en couverture. L’hebdomadaire conservateur faisait l’exégèse enthousiaste du nouvel opus du psychologue américano-canadien Steven Pinker. Titre du livre : Rationalité (Les Arènes, 434 pages, 23,90 euros). « La Raison est un combat », proclame de son côté Franc-Tireur dans son manifeste. Le nouveau journal, lancé mi-novembre par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky – actionnaire indirect du Monde et spécialisé dans le rachat de centrales à charbon en fin de vie – se veut « passionnément raisonnable » face « aux offensives de l’obscurantisme ».
La raison, la rationalité, la science, les Lumières d’un côté ; l’obscurantisme, l’irrationalité, les extrémismes et la déraison de l’autre. Inutile d’être un exégète très attentif de la conversation publique pour comprendre qu’il se joue là l’un des enjeux de la campagne présidentielle en cours. Dans un entretien au Monde, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Clément Beaune, l’a d’ailleurs exprimé cet été sans ambiguïté, expliquant que la majorité devrait incarner, en 2022, le « camp de la raison ».
> Enquête : Mais qui veut éteindre les Lumières ?
La gauche se voit ainsi un peu plus dépouillée de son héritage. Comme la défense de la laïcité a quitté son giron pour être revendiquée par la droite – y compris extrême –, celle de la raison ne fait plus partie de ses prérogatives. C’est aujourd’hui la droite libérale, bien plus que la gauche, qui s’en prétend la gardienne et qui cherche à apparaître dans l’espace public comme dépositaire du rationalisme et de ses valeurs.
Culture de la délibération
C’est un paradoxe. En France, ces valeurs sont historiquement incarnées par l’Union rationaliste (UR), association cofondée en 1930 par le grand physicien Paul Langevin, qui fut aussi, au sortir de la guerre, membre du parti communiste. Depuis sa création, l’UR (dont l’auteur de ces lignes est membre) entend promouvoir, dans la sphère politique et dans la société, une culture de la délibération et du débat issue de la démarche scientifique.
L’histoire du mouvement rationaliste est aussi étroitement liée à celle de la gauche française. Comme le raconte le sociologue Sylvain Laurens, de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), dans Militer pour la science : les mouvements rationalistes en France (1930-2005) (Editions de l’EHESS, 2019), de premiers tiraillements apparaissent dans les milieux rationalistes dès les années 1990, entre les tenants de deux conceptions du champ d’application de la raison. La « raison » doit-elle prioritairement s’exercer sur le terrain de la technique et de l’économie, ou doit-elle avant tout s’appliquer au champ social et politique ?
> Lire aussi Sylvain Laurens : « Il est dommage qu’un certain rationalisme ne s’interroge plus sur ce qu’est la science »
« L’habitude de fonder les opinions sur la raison, quand elle a été acquise dans la sphère scientifique, est susceptible d’être étendue à la sphère de la politique pratique », disait le mathématicien britannique Bertrand Russell (1872-1970), l’une des figures du rationalisme moderne, cité par Jacques Bouveresse (1940-2021) dans un colloque tenu en mai 2010 au Collège de France.
Doit-on considérer la mondialisation et la financiarisation de l’économie comme une donnée intangible et ne recourir à la raison que pour en rationaliser le fonctionnement et en minimiser, par le marché et l’innovation technique, les dégâts sanitaires et environnementaux ? La raison doit-elle, plutôt, être prioritairement l’instrument d’une remise en cause du capitalisme et/ou de ses excès ?
> Lire aussi  « S’il y a un ennemi à la nature, c’est le capitalisme extractiviste et productiviste »
Si ces deux usages de la raison ne sont en théorie pas exclusifs l’un de l’autre, la montée en puissance de la question environnementale a conduit, ces dernières années, à les opposer. Après avoir conduit à des tiraillements dans le camp historique de la raison, cette polysémie a lentement fracturé la gauche, offrant à la droite libérale d’opérer une sorte de hold-up, et de récupérer à son profit le prestige et l’autorité du rationalisme.
Rêves de fusion nucléaire
Telle qu’elle est utilisée dans l’espace médiatique, la « raison » est ainsi devenue, de manière univoque, une raison gestionnaire et technique qui promeut les rêves de fusion nucléaire, de transformation du vivant à des fins d’intensification agricole, de colonisation de l’espace et de transhumanisme – seules solutions possibles au changement climatique et à l’effondrement de la biodiversité.
Schématiquement, pour faire baisser les émissions, il suffirait donc de lancer un vaste programme mondial de centrales nucléaires de quatrième génération, sans s’attarder sur le fait que la moitié des émissions mondiales de dioxyde de carbone sont le fait des 10 % les plus riches. Et que, de manière générale, la surconsommation des plus fortunés pèse démesurément dans la balance environnementale et ce à quelque échelle que l’on se place.
A l’aune du débat sur la préservation de l’environnement, la capture de la raison a des conséquences importantes dans le champ politique. C’est sans doute parce qu’elle a cessé d’investir cette idée – dans tous ses usages – que la gauche de gouvernement peine à rassembler et mettre en cohérence ses exigences historiques de lutte contre les inégalités et celles de préservation de l’environnement.
> Lire aussi « Franc-tireur », « manifeste » hebdomadaire contre l’obscurantisme
Celles-ci sont un enjeu central. Ramener la crise environnementale à un simple problème technique permet de n’avoir à gérer que ses conséquences, sans se préoccuper de ses causes profondes et contourner ainsi la question politique sous-jacente. Et lorsque celle-ci est crûment posée, elle est invariablement réduite à une manifestation de radicalité irresponsable ou d’inconséquence. Il n’est ainsi pas surprenant que la première chronique de Christophe Barbier dans Franc-Tireur, dont il est directeur de la rédaction, ait été consacrée à la jeune militante Greta Thunberg, qualifiée d’« égérie de l’écologie culpabilisante ». Est-il si irrationnel ou déraisonnable, pour les adolescents d’aujourd’hui, de souhaiter voir les adultes prendre au sérieux la science climatique ? Est-ce une forme d’obscurantisme de vouloir grandir dans un monde vivant, et vivable ?
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/09/environnement-comment-la-gauche-s-est-fait-ravir-l-idee-de-raison_6105266_3232.html>
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8- Présidence française de l'UE : Emmanuel Macron veut une taxe carbone européenne, BFM Business avec AFP, 09/12/21, 17:24
J. Br. avec AFP

S'exprimant lors d'une conférence de presse dédiée à la présidence française de l'UE, Emmanuel Macron a défendu l'instauration d'une taxe carbone aux frontières européennes.
Emmanuel Macron souhaite qu'une taxe carbone soit mise en place aux frontières européennes lors de la présidence française de l'UE, qui démarrera le 1er janvier prochain pour six mois. "L'un de nos objectifs [lors de la présidence française] sera la mise en place du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières", a déclaré le chef de l'Etat, pour qui cette "taxe carbone" permet "de conduire [la] transition [écologique] pour l'ensemble de nos industries en préservant notre compétitivité".
"Ce mécanisme doit "corriger le fait que nous allons demander des efforts, des investissements […], décarboner notre industrie, mais que nous continuerons à importer des biens, parfois de régions qui ne font toujours pas le même effort", a assuré Emmanuel Macron.
>> Suite à lire à :
<https://www.bfmtv.com/economie/economie-social/union-europeenne/presidence-francaise-de-l-ue-emmanuel-macron-veut-une-taxe-carbone-europeenne_AD-202112090412.html>
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9- Présidence française de l'UE : les priorités d'Emmanuel Macron en matière d'environnement, Actu-environnement, 09/12/21
Laurent Radisson 

Emmanuel Macron a présenté le 9 décembre ses priorités pour la présidence française de l'UE qui débute le 1er janvier : ajustement carbone aux frontières, instauration de clauses miroirs et lutte contre la déforestation. Grand absent : les pesticides.
« Un moment historique et rare. » C'est ainsi qu'Emmanuel Macron a qualifié la présidence française de l'Union européenne (PFUE) qui s'ouvre le 1er janvier prochain pour six mois. D'autant plus rare que cette présidence se superpose avec la campagne électorale française et que le locataire de l'Élysée pourrait changer avant la fin du semestre.
Les attentes dans le domaine de l'environnement sont très importantes alors que la Commission européenne a présenté de nombreuses propositions législatives ces derniers mois. La présidence française va en effet être déterminante pour initier la mise en œuvre de ces propositions. Emmanuel Macron a annoncé des échanges fournis avec le président du Conseil européen, Charles Michel, la présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, et le Parlement auquel il s'adressera le 19 janvier. Un sommet des 27 chefs d'États et de gouvernements aura également lieu les 10 et 11 mars afin de « définir un nouveau modèle de croissance », qui pourrait permettre de sortir « certaines catégories d'investissements » des règles du pacte de stabilité.  Une perspective rendue moins difficile avec l'arrivée de la nouvelle équipe dirigeante menée par Olaf Scholz en Allemagne.
>> Suite à lire à :
<https://www.actu-environnement.com/ae/news/PFUE-environnemet-priorites-emmanuel-macron-38711.php4>
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10- Critique. « Mémo sur la nouvelle classe écologique » ou le vadem-mecum du parti terrestre, Le Monde, 10/12/21, 06h00
Nicolas Truong

Dans leur ouvrage à paraître le 6 janvier 2022 aux éditions de La Découverte, les sociologues Bruno Latour et Nikolaj Schultz expliquent « comment faire émerger une classe écologique, consciente et fière d’elle-même ». 
« Un spectre hante l’Europe et le reste du monde : l’écologisme ! », écrivent les sociologues Bruno Latour et Nikolaj Schultz. Pourtant, leur ouvrage ne s’ouvre pas de manière aussi théâtrale que le Manifeste du parti communiste (1847) de Marx et Engels. Il n’en a pas la vocation, ni même l’ambition, mais il en reprend la dramatisation. Les conflits ne sont plus seulement sociaux, mais géosociaux, affirment-ils. A la lutte entre les bourgeois et les prolétaires se superpose celle des « extracteurs » et des « ravaudeurs », écrivait déjà Bruno Latour dans Où suis-je ?(La Découverte, « Les Empêcheurs de penser en rond », 186 pages, 15 euros), c’est-à-dire entre les extractivistes et toute une cohorte d’activistes.
La lutte des classes n’est plus aujourd’hui la même que celle des siècles passés. Nous avons changé de monde, nous n’habitons plus sur la même Terre. Nous ne vivons plus dans le monde dépeint par les Modernes, qui, du XVIIe au XXe siècle, se projetaient dans un univers infini où le progrès illimité apporterait bonheur et prospérité. Avec la crise climatique, nous redécouvrons la Terre, c’est-à-dire cette fine peau de quelques kilomètres d’épaisseur qui recouvre le globe terrestre et que certains scientifiques appellent la « zone critique » ou d’autres, « Gaïa », comme le physiologiste britannique James Lovelock ainsi que le philosophe Bruno Latour.
Une enveloppe, notamment composée d’atmosphère et d’océans, façonnée par l’ensemble des vivants et sur laquelle nous devons désormais « atterrir », au lieu de vivre hors-sol. « Nous ne sommes plus des humains dans la nature, mais des vivants au milieu d’autres vivants », résument Bruno Latour et Nikolaj Schultz. Un changement de cosmologie illustré par l’épidémie de Covid-19 et qui donne, selon le philosophe Patrice Maniglier, une grande acuité à la pensée de Bruno Latour : « Ce n’est pas nous qui sommes devenus latouriens ; c’est notre temps » (Le Philosophe, la Terre et le virus. Bruno Latour expliqué par l’actualité, Les liens qui libèrent, 268 pages, 19 euros).
Autrefois, donc, les conflits se nouaient autour des rapports de production, entre ceux qui détenaient le capital et ceux qui vendaient leur force de travail. Or aujourd’hui « le système de production est devenu un système de destruction ». Tous les rapports scientifiques en attestent : afin de continuer à vivre sur cette planète surchauffée, rongée par les zoonoses, ravagée par les torrents de boue et les incendies de forêt, nous devons changer de direction. Du logement à l’alimentation, de l’énergie à la mobilité, les conflits portent désormais sur les « conditions d’habitabilité ». C’est pourquoi « la production n’est plus notre seul horizon », expliquent Bruno Latour et Nikolaj Schultz.
Le rôle historique des écologistes
Une force politique peut porter ce combat, même si les auteurs reconnaissent qu’elle n’est, pour l’heure, qu’une fiction théorique : la « nouvelle classe écologique ». Comme les libéraux et les socialistes ont su le faire en leur temps, tout au long des XIXe et XXe siècles, les écologistes pourraient assumer leur rôle historique, qui consiste ainsi à « maintenir les conditions d’habitabilité de la planète ».
Pour les capitalistes libéraux comme pour leurs principaux opposants, il fallait accroître la production, le clivage se faisait sur la répartition et la distribution des richesses. Et les rares changements de propriétaires – entre bourgeois et prolétaires – n’empêchaient pas les « forces productives » d’épuiser la terre. Il fallait « aller de l’avant ». Mais comment mobiliser « quand le mot d’ordre apparaît comme : “En arrière toute !” », se demandent les auteurs. Sans doute pas en étant « décroissant », car il faut maintenir le besoin et l’envie de prospérer. Encore moins en étant réactionnaires (« Le sol des réactionnaires est encore plus abstrait et stérile que celui des globalisateurs »).
> Lire aussi Deux expositions de Bruno Latour, « Critical Zones » et « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète », font entrer « Gaïa » dans l’art contemporain
Ecologiser, cela consiste tout d’abord à « superposer le monde où l’on vit avec le monde dont on vit », disent les auteurs. Car les classes géosociales dessinent une tout autre cartographie : un paysan du Limousin est relié à l’Amazonie par le soja que son semencier importe du Brésil, un cadre urbain est dépendant des mines de lithium qui alimentent son vélo électrique. La notion de territoire a elle-même changé. C’est pourquoi l’écologisation s’affranchira des frontières et des Etats-nations.
La classe écologique doit donc prendre en charge les conditions d’habitabilité, et nouer de nouvelles alliances avec des univers sociaux qui lui semblaient éloignés. Chacun en a fait l’expérience. Que ce soit au sujet de la chasse, du véganisme ou des éoliennes, l’écologie divise les familles, les amis ou les collègues de travail. Mais elle relie aussi à d’autres mondes sociaux. C’est pourquoi il faut passer de la lutte des classes à la « lutte des classements ».
Poursuivre le « processus de civilisation »
Puisque le communisme s’est échoué et que les élites libérales ont trahi, assurent Bruno Latour et Nicolas Schultz, les écologistes peuvent prendre le relais. Mais avec « fierté », précisent-ils. Or l’écologisme est souvent honteux. Et parfois même ennuyant et culpabilisant, estiment les auteurs : « L’écologie politique réussit l’exploit de paniquer les esprits et de les faire bâiller d’ennui ». Alors que la classe écologique peut être sûre d’elle-même, d’autant qu’elle est « plus rationnelle », n’hésitent pas à affirmer les auteurs. Il faut ainsi poursuivre le « processus de civilisation » analysé par le sociologue Norbert Elias, qui a étudié la façon dont la bourgeoisie avait supplanté l’aristocratie en Europe, en imposant non seulement un rapport de force, mais une culture.
On a parfois reproché à la nouvelle pensée écopolitique, et à Bruno Latour en particulier, de n’être pas assez « radicale ». Or Bruno Latour est sur ce point assez clair. La classe écologique est « de gauche, et de gauche au carré ». Elle reprendrait même, « en l’amplifiant, l’histoire de la gauche émancipatrice ». Car non seulement elle s’oppose à l’« économisation », mais également au règne de la production. Le signe, macabre, de ce passage de témoin, en attesterait : « Les militants écologistes sont maintenant plus nombreux à se faire assassiner que les syndicalistes. »
A l’aide d’un nouveau matérialisme, non plus dialectique, mais que l’on pourrait qualifier de matérialisme écologique, cette nouvelle classe géosociale pourrait régénérer et réorienter cet idéal. Voici, en tout cas, même si « la vie politique est à son plus bas », un ouvrage destiné à reprendre fièrement ce combat.
§ « Mémo sur la nouvelle classe écologique », de Bruno Latour et Nikolaj Schultz (La Découverte, « Les Empêcheurs de penser en rond », à paraître le 6 janvier 2022, 96 pages, 14 euros).
<https://www.lemonde.fr/climat/article/2021/12/10/memo-sur-la-nouvelle-classe-ecologique-ou-le-vadem-mecum-du-parti-terrestre_6105438_1652612.html>
Sur le même sujet : 
> Deux expositions de Bruno Latour, « Critical Zones » et « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète », font entrer « Gaïa » dans l’art contemporain <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/10/deux-expositions-de-bruno-latour-critical-zones-et-toi-et-moi-on-ne-vit-pas-sur-la-meme-planete-font-entrer-gaia-dans-l-art-contemporain_6105436_3232.html>, Le Monde, 10/12/21, 06h00
§ « Critical Zones », au ZKM, à Karlshue (Allemagne), jusqu’au 9 janvier 2022. 
& « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète », au Centre Pompidou-Metz, jusqu’au 4 avril 2022.
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11- Emmanuel Macron appelle à « concilier » développement économique et ambition climatique, Le Monde, 10/12/21, 10h04 
Audrey Garric et Perrine Mouterde

Alors que les négociations sur le paquet législatif qui doit permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre du continent seront l’un des enjeux majeurs de la présidence française de l’Union européenne, le sujet n’était au centre des priorités annoncées par le président de la République, jeudi 9 décembre. 
Si Emmanuel Macron a émaillé son discours de références à l’urgence climatique, l’écologie ne s’est pas taillé une place centrale lors de sa conférence de presse sur les priorités de la présidence française de l’Union européenne jeudi 9 décembre. Le climat sera pourtant l’un des enjeux majeurs du prochain semestre au niveau européen, avec les travaux sur le paquet législatif « Fit for 55 ». Un mastodonte de quatorze propositions de loi qui s’attaquent à tous les secteurs économiques afin d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne (UE), avec une baisse d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport à 1990.
Après avoir assuré que la présidence française de l’UE ferait avancer ces textes sans « perdre une minute, car il s’agit d’une urgence absolue », le chef de l’Etat a mentionné trois priorités sur le climat et la biodiversité, déjà évoquées ces derniers mois : d’abord, la mise en place d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, afin de taxer, dans les secteurs les plus polluants (acier, électricité, ciment, engrais, aluminium), les importations de pays tiers aux normes environnementales moins strictes – une mesure qui fait partie de « Fit for 55 ».
> Lire aussi Transports, chauffage, importations… Bruxelles présente douze propositions de loi pour le climat
Ensuite, l’instauration d’un instrument européen de lutte contre la déforestation importée, qui vise à exclure du marché européen le bœuf, le bois, l’huile de palme, le soja, le café et le cacao dont la production est liée à la déforestation ou à la dégradation de forêts. La mise en œuvre de ce mécanisme est cruciale alors que l’UE est le deuxième plus grand importateur au monde (derrière la Chine) de matières premières liées à la déforestation. Enfin, la mise en cohérence des politiques commerciales et climatiques et de biodiversité en poussant pour des « clauses miroirs », afin d’interdire l’importation de produits fabriqués avec des substances interdites dans l’espace européen.
« Diminuer nos consommations »
« Emmanuel Macron a seulement mentionné des législations qui visent à faire baisser les émissions en dehors de l’Europe, note Neil Makaroff, responsable des politiques européennes au Réseau Action Climat (RAC). Ces trois mesures sont nécessaires mais pas suffisantes : il faut aussi réduire les émissions européennes et mener à bien les réformes en cours dans les grands secteurs émetteurs, comme la fin de vente des véhicules thermiques en 2035, la réforme du marché carbone européen ou la rénovation performante des bâtiments pour éradiquer la précarité énergétique. »
> Lire aussi La Commission européenne propose d’interdire l’importation de produits contribuant à la déforestation
Le chargé de mission rappelle que la présidence française de l’UE sera cruciale pour trouver des compromis entre les Etats membres sur la majorité des quatorze textes, avant un trilogue avec le Parlement et la Commission fin 2022 ou début 2023.
Dans son discours, le président a surtout plaidé pour « concilier » le développement économique et l’ambition climatique au sein d’un « nouveau modèle européen de croissance », en réitérant qu’atteindre la neutralité carbone dans l’Union en 2050 passera par l’innovation et non la sobriété. La priorité reste de créer des emplois, de construire des filières industrielles « fortes » (hydrogène, batteries, cloud, etc.) et de lancer un plan d’investissement européen, qui permettront la transition climatique et numérique. « Emmanuel Macron veut faire croire que pour relever le défi climatique, il ne s’agit pas de produire moins et de consommer moins. En disant cela, il ment à tout le monde, juge Arnaud Schwartz, le président de France Nature Environnement (FNE). Il faudra diminuer nos consommations matérielles et réfléchir à nos besoins. »
« Statu quo sur la PAC »
Les ONG du Réseau Action Climat jugent que, depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron a affiché un « volontarisme » en matière climatique, lors de l’adoption du nouvel objectif de réduction des émissions ou pour l’orientation de 37 % du plan de relance européen vers la transition écologique. Néanmoins, elles regrettent qu’il ait freiné plusieurs mesures du Green Deal européen. « Il a soutenu le statu quo sur la politique agricole commune, rejeté la fin de vente des véhicules essences, diesels et hybrides neufs en 2035, ou défendu l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie [la liste des investissements considérés comme durables en train d’être élaborée par l’UE], quitte à soutenir le gaz dans le même temps », énumère Neil Makaroff.
> Lire aussi : « Le Green Deal implique des changements majeurs dans la politique étrangère de l’Europe »
Les associations espèrent désormais que la France profitera de sa position à la présidence de l’UE pour relever l’ambition du Green Deal, en lançant notamment le débat sur la réforme du pacte de stabilité et de croissance (afin que les investissements dans la transition écologique ne soient pas intégrés au calcul du déficit) ou encore pour défendre le renforcement des normes et l’obligation de rénovation globale des bâtiments.
Le RAC demande aussi de « combler les lacunes de la législation sur la déforestation importée », présentée courant novembre par la Commission, afin qu’elle protège non seulement les forêts mais aussi les écosystèmes non forestiers tels que les savanes, les prairies ou les tourbières, et qu’elle concerne l’ensemble des produits susceptibles d’être liés à la destruction d’écosystèmes naturels comme le caoutchouc, le maïs ou le poulet.
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<https://www.lemonde.fr/international/article/2021/12/10/emmanuel-macron-appelle-a-concilier-developpement-economique-et-ambition-climatique_6105465_3210.html>
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12- L'Etat va investir 420 millions d'euros pour le développement des produits biosourcés, Le Figaro avec AFP, 10/12/21, 19:58

L'Etat va investir 420 millions d'euros pour le développement des «biotechnologies industrielles» et la «fabrication des produits biosourcés» en France afin de «répondre au défi climatique», a annoncé vendredi la ministre de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher. Les biotechnologies industrielles et les «matières premières biosourcées» vont permettre la «décarbonation de l'industrie et des transports», la «production de produits moins toxiques» et la «réduction de la dépendance au pétrole», a-t-elle précisé.
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Lors d'une visite vendredi sur le site de la dernière centrale à charbon encore en activité en France, à Carling-Saint-Avold (Moselle), la ministre de l'Industrie a ainsi indiqué soutenir le financement d'une chaudière biomasse, qui remplacera celle à charbon, à hauteur de 12,7 millions d'euros. Ce projet de reconversion de la centrale Emile Huchet, dont l'arrêt est prévu pour mars 2022, permettra de produire de la chaleur «sans émettre de gaz à effet de serre», a précisé Agnès Pannier-Runacher. Près de cinquante personnes devraient être embauchées «lors d'une première phase de recrutement», et la chaudière biomasse emploiera «une vingtaine de personnes», soit 70 personnes au total.
Les chaudières biomasse produisent de l'énergie à partir de déchets naturels, comme des déchets de bois venant de l'industrie forestière ou de l'industrie sucrière. Le site industriel mosellan doit aussi accueillir des «start-up industrielles», pour développer de la «chimie verte» produisant des composants chimiques à base de produits naturels et non plus d'énergies fossiles, a indiqué la ministre. L'objectif est, selon elle, de «transformer une plateforme industrielle fondée sur le charbon et le pétrole en une plateforme fondée sur les produits de la nature et qui offrira des alternatives respectueuses de l'environnement».
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Deux start-up, Afyren et Metex, se sont déjà implantées sur cet ancien site de Totalenergies, et Afyren va y ouvrir sa première usine en 2022. Ces deux jeunes pousses originaires de Clermont-Ferrand utilisent la fermentation de déchets agricoles pour produire des acides biosourcés et bas carbone en remplacement d'acides ou de compléments pétrosourcés. Fondée en 2012, Afyren est entrée en Bourse le 1er octobre sur Euronext Growth, et a levé 66,5 millions d'euros. D'après le gouvernement, la chimie verte pourrait représenter «près de 5% de la valeur ajoutée» de l'industrie chimique en France, «soit environ un milliard d'euros».
<https://www.lefigaro.fr/flash-eco/l-etat-va-investir-420-millions-d-euros-pour-le-developpement-des-produits-biosources-20211210>
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13- Nobel de la paix : la Philippine Maria Ressa fustige la "boue toxique" des géants du Net, AFP, 10/12/21, 21:00
Pierre-Henry Deshayes

En recevant le Nobel de la paix vendredi, la journaliste philippine Maria Ressa a lancé une virulente attaque contre les géants technologiques américains, coupables selon elle de laisser par cupidité se déverser "une boue toxique" sur les réseaux sociaux. 
Cofondatrice du site d'information Rappler, Mme Ressa a reçu la prestigieuse récompense à l'Hôtel de ville d'Oslo conjointement avec le Russe Dmitri Mouratov, rédacteur en chef de Novaïa Gazeta, rare journal encore indépendant dans un paysage médiatique largement mis au pas en Russie.
Devant une audience réduite, Covid oblige, la journaliste philippine de 58 ans s'en est prise aux "entreprises américaines de l'internet" comme Facebook, Twitter et YouTube, sans les nommer explicitement.
"Avec son pouvoir quasi divin", a-t-elle dit, leur technologie "a permis au virus du mensonge d'infecter chacun de nous, nous dressant les uns contre les autres, faisant ressortir nos peurs, notre colère et notre haine, et préparant le terrain pour la montée des dirigeants autoritaires et des dictateurs".
"Notre plus grand besoin aujourd'hui est de transformer cette haine et cette violence, la boue toxique qui parcourt notre écosystème d'information, privilégiée par les entreprises américaines de l'internet qui gagnent plus d'argent à mesure qu'elles répandent cette haine et déclenchent ce qu'on a de pire en nous", a-t-elle affirmé.
Sous le regard des membres de la famille royale norvégienne protégés par des masques sanitaires, Mme Ressa a souligné l'importance d'une information fiable en période de pandémie ou d'élections comme celles qui s'annoncent l'an prochain aux Philippines mais aussi en France, aux Etats-Unis ou encore en Hongrie.
"Ces entreprises américaines (...) sont fâchées avec les faits, fâchées avec les journalistes. Par nature, elles nous divisent et nous radicalisent", a-t-elle souligné. 
Aux manettes de Rappler, un site très critique du président philippin Rodrigo Duterte, Mme Ressa est l'objet de sept poursuites judiciaires dans son pays qui pourrait, selon elle, lui valoir au total une centaine d'années de prison.
Condamnée pour diffamation l'an dernier mais en liberté conditionnelle, elle a été contrainte de demander à quatre tribunaux la permission d'aller chercher son Nobel.
- 'Que les journalistes meurent vieux' -
Son colauréat de 60 ans, M. Mouratov, a fait observer un moment de silence pour les reporters tués dans l'exercice de leur profession.
"Je veux que les journalistes meurent vieux", a-t-il proclamé.
Connu pour ses enquêtes sur la corruption et les atteintes aux droits de l'homme en Tchétchénie, Novaïa Gazeta a vu six de ses collaborateurs tués depuis les années 1990, dont la célèbre journaliste Anna Politkovskaïa, assassinée en 2006.
"Le journalisme en Russie traverse une période sombre", a souligné le rédacteur en chef, en évoquant la centaine de journalistes, médias, défenseurs des droits humains et ONG classés comme "agents de l'étranger" par le ministère russe de la Justice.
Censé viser ceux qui reçoivent un "financement étranger" et mènent une "activité politique", le statut d'"agent de l'étranger" est souvent attribué à des critiques du Kremlin, une désignation qui complique grandement leur activité.
Même s'il accepte la moitié du chèque de 10 millions de couronnes (975.000 euros) du Nobel et si le président russe Vladimir Poutine a prévenu que le prix n'était pas un "bouclier", M. Mouratov s'est dit confiant d'échapper à ce statut infamant.
"Je pense qu'au cours des 30 années d'existence de notre journal, nous avons fait tant de choses positives pour le pays que nous déclarer +agents de l'étranger+ serait néfaste pour la puissance de notre pays" et "serait quelque chose de stupide", a-t-il dit dans un entretien à l'AFP.
- Record de journalistes emprisonnés -
Au 1er décembre, au moins 1.636 journalistes avaient été tués sur la planète en 20 ans, selon un bilan de Reporters sans frontières (RSF), dont 46 depuis le début de l'année. 
Par ailleurs, avec 293 reporters derrière les barreaux, jamais le nombre de journalistes emprisonnés dans le monde n'a été aussi élevé, d'après le Comité de protection des journalistes (CPJ).
"Rapporter l'information au public peut en soi prévenir la guerre", a souligné la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen. "Le rôle de la presse est de lever le voile sur les agressions et les abus de pouvoir, et de contribuer ainsi à la paix".
La cérémonie d'Oslo a aussi vu le chef du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley, prononcer le discours de remerciement pour le Nobel attribué l'an dernier à l'agence humanitaire de l'ONU. En 2020, les festivités avaient été annulées à cause de la pandémie.
Pour les mêmes raisons, les lauréats des autres Nobel 2021 (médecine, physique, chimie, littérature et économie), habituellement remis à Stockholm, les ont tous déjà reçus cette semaine dans leurs pays de résidence.
Une cérémonie en leur honneur s'est toutefois déroulée à l'Hôtel de ville de la capitale suédoise, en présence de 300 invités dont la famille royale.
<https://information.tv5monde.com/info/nobel-de-la-paix-la-philippine-maria-ressa-fustige-la-boue-toxique-des-geants-du-net-435932>
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14- Les décisions de la Commission nationale du débat public n'ont pas de caractère réglementaire, Actu-environnement, 10/12/21
Laurent Radisson 

Les décisions que la Commission nationale du débat public (CNDP) prend sur le fondement de l'article L. 211-9 du Code de l'environnement revêtent-elles un caractère réglementaire ? Non, répond le Conseil d'État dans un arrêt du 8 décembre 2021. Il en résulte que les recours contre les décisions de la CNDP ne peuvent être formés devant le Conseil d'État, mais doivent l'être devant le tribunal administratif de Paris. Ces décisions ne sont, en effet, pas des actes réglementaires pris par un...
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<https://www.actu-environnement.com/ae/news/decision-CNDP-caractere-reglementaire-38719.php4>
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15- Entretien. Bruno Latour : « L’écologie, c’est la nouvelle lutte des classes », Le Monde, maj le 11/12/21 à 06h55
Propos recueillis par Nicolas Truong 

Afin de remédier à l’impuissance politique face au réchauffement climatique et de remobiliser une écologie qui oscille souvent entre la moralisation et l’ennui, le philosophe et sociologue repense la notion de conflit social. Il l’évoque dans un entretien au Monde, à quelques semaines de la sortie d’un « Mémo sur la nouvelle classe écologique », qu’il cosigne.
Entretien. Sociologue et anthropologue des sciences et des techniques, Bruno Latour est professeur émérite associé au médialab et à l’Ecole des arts politiques de Science Po. Il est également l’un des philosophes français les plus lus, écoutés et traduits dans le monde. Sa pensée du « nouveau régime climatique », notamment développée dans Face à Gaïa(2015), influence toute une nouvelle génération d’intellectuels, d’artistes et d’activistes soucieux de remédier au désastre écologique. Le 6 janvier 2022, avec le sociologue danois Nikolaj Schultz, il publiera, aux éditions de La Découverte, Mémo sur la nouvelle classe écologique. En avant-première, il aborde pour Le Monde les raisons et les ressorts des conflits géosociaux qui se déroulent aujourd’hui, et explique comment une « nouvelle classe écologique » pourrait gagner la bataille des idées.
Les rapports des scientifiques sur le réchauffement climatique sont de plus en plus alarmants, et les contemporains font désormais l’expérience intime de la destruction de la biosphère. Et pourtant, aucune décision significative n’est prise pour faire face à cette catastrophe parfaitement documentée. Comment expliquer l’énigme de cette inaction ? Et pourquoi faut-il, selon vous, déclarer « un état de guerre généralisé » ?
En même temps, tout le monde est sur le qui-vive sur ces questions. C’est juste que l’on ne sait pas contre qui se battre. Je reconnais que « guerre » est un mot dangereux, mais parler d’« état de guerre », c’est pour sortir de l’état de fausse paix, comme si l’on pouvait faire la « transition » vers une société décarbonée sans tracer de lignes de conflit. Mais le problème, évidemment, c’est que la définition des camps et des fronts de lutte n’est pas facile. Regardez les batailles sur la vaccination contre le Covid-19, qui est un cas finalement simple si vous le comparez aux batailles qu’il faudra mener pour aborder le moindre changement dans les modes de vie. A Paris, on ne peut même pas empêcher les cafés de chauffer l’air ambiant sans une révolte des bistrotiers et des fumeurs !
Quels sont les nouveaux conflits de classes qui se dessinent aujourd’hui ? Et en quoi sont-ils géosociaux ?
« Géosocial » est là pour dire qu’il va falloir rajouter à toutes les définitions disons classiques des oppositions de classes, l’ancrage dans le territoire et dans les conditions matérielles de vie ou même de survie. Territoire, attention, je ne le prends pas comme un lieu, mais comme la liste de tout ce qui vous permet de subsister. Ce n’est pas géograhique mais, si vous voulez, éthologique. C’est une façon d’obliger à rematérialiser l’analyse des classes et donc d’aviver la compréhension des inégalités. C’est la leçon que je tire des « gilets jaunes » : la voiture, les ronds-points, l’essence, la mobilité, l’habitation ancrent des conflits et obligent à étendre ce qu’on appelle les « inégalités matérielles ».
Pourquoi, selon vous, est-il difficile de réutiliser la notion marxiste de « lutte des classes », et faut-il lui préférer celle de « lutte des classements », alors que ce nouveau conflit doit reposer sur une approche aussi matérialiste que l’ancienne, écrivez-vous… ? Et qu’est ce nouveau matérialisme écologique ?
L’argument que nous faisons avec Nikolaj Schultz après bien d’autres, c’est qu’il y avait dans les anciennes traditions marxistes un accord de fond avec les traditions libérales sur le développement des forces productives qui allaient permettre de résoudre, ensuite, la question de la distribution juste ou non des fruits de ce progrès. Ce compromis historique a échoué parce que le système de production détruit ses propres conditions de développement. C’est l’un des nombreux avatars de la dialectique ! Elle devait accoucher du communisme, elle accouche d’un monde, au sens propre, invivable. Sur ce diagnostic, beaucoup sont d’accord. Ensuite, la question est de savoir quelle conséquence on en tire ?
Nous, nous disons que la question de la production est encastrée dorénavant dans une autre : celle des conditions d’habitabilité de la planète. Ce nouvel horizon oblige à distribuer tout autrement l’échelle des valeurs. C’est un renforcement, un accroissement du matérialisme historique, mais qui oblige à prendre en compte ce que les sciences du système Terre nous apprennent en plus des sciences sociales. Le climat est juste l’un des exemples de ces nouveaux objets. On pourrait dire en effet que c’est « un matérialisme écologique ». Ainsi l’écologie, c’est la nouvelle lutte des classes.
Pourquoi est-il si important de définir une « nouvelle classe écologique » et de lui donner de la fierté, doublée d’une culture équivalente à celle que les libéraux et les socialistes ont forgée aux XIXe et XXe siècles ?
« Fierté », oui, cela paraît bizarre. C’est un terme que j’ai pris au sociologue Norbert Elias (1897-1990) quand il parle de l’ascension de la bourgeoisie. Cela veut dire que l’écologie n’est pas un sujet en plus des autres – les problèmes dits « économiques » ou « sociaux ». Mais que, comme en leur temps la bourgeoisie ou la classe ouvrière, elle aspire à saisir toute l’histoire et à embrasser l’ensemble de ce qui fait le collectif humain. Les libéraux et ensuite les socialistes ne parlaient pas au nom d’un sujet particulier, mais de toute la civilisation, de l’avènement d’une autre société, de la culture, etc.
Or « écologie » est encore associé à des « trucs verts ». Avec Nikolaj Schultz, nous cherchons un aiguillon qui pousse les écologistes à ne pas être modestes ! De toute façon, les classes dirigeantes ont échoué à basculer de la production à l’habitabilité. Il faut donc prendre leur relais, mais avec le même niveau d’ambition. Bon, c’est une fiction mobilisatrice, évidemment, on est loin du compte ! Mais la fierté en politique, c’est important.
Quel est le sens de l’histoire dans lequel s’inscrit la nouvelle classe écologique ?
Ce qui est passionnant, c’est que le fameux « sens de l’histoire », qui était supposé emporter toute la planète vers la modernité globalisée, est d’une part à sens unique, et, d’autre part, étonnamment vague sur le but à atteindre. C’est quoi le pays de la modernisation ? Il est où ? Il y fait quelle température ? On y mange quoi ? On y vit de quoi ? La classe écologique ne prend pas la suite de ce projet bizarre. Un, parce qu’il n’y a pas un seul sens de l’histoire, on redécouvre la multiplicité des possibilités de « vivre bien », et, deux, parce qu’elle est enfin capable de définir concrètement le « pays » au sens littéral, le territoire, la planète, ce que nous appelons avec nos amis géochimistes la « zone critique » dans les limites desquelles il va falloir parvenir à habiter collectivement. C’est un sacré choc, d’accord, mais enfin on ne rêve plus vaguement à un monde utopique.
Pourquoi les élites libérales, que le président Emmanuel Macron incarne en France, ont-elles non seulement failli mais également, selon vous, « trahi » ?
Pour cette même raison qu’elles n’ont à aucun moment été capables de revenir sur l’utopie d’un monde modernisé. Elles croient toujours à l’idée d’une planète modernisée à l’ancienne. Elles attendent la « Reprise », qui est devenue une sorte d’invocation du dieu Progrès. Ne pas avoir mesuré, pendant tout le XXe siècle mais surtout depuis les années 1980, l’importance du charbon, du pétrole et du gaz dans la définition de l’économie, c’est bien quand même ce qu’on peut appeler une trahison, ou, si vous voulez, une désertion. Pas étonnant que les autres classes se sentent trahies. Personne ne leur a dit clairement : « Vous savez, on ne va pas se moderniser comme avant. » Et pourtant on leur avait promis le développement infini. C’est ce qui les faisait patienter !
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Vous n’êtes cependant pas favorable à la décroissance, mais à la prospérité. Quelle est la différence ?
C’est un cas typique où une idée juste est annulée par le manque de soin dans le choix des mots – et des affects qui leur sont associés. « Croître », mais c’est un mot magnifique, c’est le terme même de tout ce qui est engendré, c’est le sens de la vie même ! Rien ne me fera associer « décroissance » avec un quelconque progrès dans la qualité de vie. Je comprends ce que veulent dire tous ces gens formidables qui s’emparent du terme, mais je crois que viser la « prospérité » est quand même préférable. Or prospérer, c’est justement ce que l’obsession pour la production destructrice rend impossible pour la plupart des gens.
Comment la nouvelle classe écologique peut-elle gagner la bataille culturelle ?
Justement en s’intéressant un peu au choix des mots ! Regardez comme les libéraux ont été malins en inventant l’idée d’un individu libre et calculateur qui maximise son profit personnel. Est-ce que ce n’est pas enthousiasmant ? Ou comment les néofascistes prétendent définir une nation par ceux qu’ils excluent des frontières ? Ça capte des énergies puissantes. L’écologie ennuie, ou prêche. Elle est imbibée de moralisme. Elle n’enthousiasme pas assez. Elle ne mobilise pas. C’est pourquoi on la dit « punitive ». Mais ce n’est pas inéluctable. Il faut travailler les affects. C’est un énorme travail, mais c’est ce que les libéraux et les socialistes ont su faire en leur temps.
Votre mémorandum s’adresse aux « membres des partis écologiques » et à « leurs électeurs présents et à venir ». Les partis ne forment-ils plus leurs adhérents, sympathisants et militants ?
J’ai eu envie d’écrire ce mémo quand je me suis aperçu que Les Verts n’avaient pas dans chaque ville d’école du parti, comme c’était le cas, par exemple, même dans les micro-partis trotskistes. Si vous faites la liste des points à discuter que nous passons en revue dans le mémo, vous vous demandez bien comment on forme les militants et les cadres. Comment gagner la lutte idéologique sans ce genre d’efforts ?
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Cette condition écologique ne doit-elle pas également s’étudier et se structurer dans les écoles, les lieux de recherche et les universités ? Car il n’existe pas encore d’école des hautes études écologiques aujourd’hui…
Je ne suis pas sûr que ce serait une bonne idée ! Le système de recherche actuel est tout à fait inadapté pour ces questions. Il faut de la recherche fondamentale, mais qui permette à tous ceux qui sont le plus impactés par la mutation de s’orienter et de récupérer leur puissance d’agir. Cela demande une tout autre organisation et, surtout, une tout autre manière d’évaluer les travaux. Il y a en France une prolifération d’excellents jeunes chercheurs et chercheuses, mais sans poste. Il faut organiser l’université autrement, pour aborder ces questions qui exigent de collaborer avec les sciences naturelles, les arts, le droit, les humanités. Ce n’est pas facile, mais indispensable si on veut avancer.
Pourquoi l’écologie politique oscille-t-elle, selon vous, entre la panique, le moralisme et l’ennui ? Est-ce parce que les écologistes sont largement absents de la scène artistique et culturelle ?
Je pense que c’est lié, en effet. L’art écologique, sauf rare exception, est un mélange de moralisme et de bons sentiments. Alors que, au même moment, les écologistes sont pris entre des menaces en effet terrifiantes que déversent sur les populations les résultats des sciences naturelles. Du coup, nous ne sommes pas capables de métaboliser ces nouvelles terrifiantes. C’est cela, à mon avis, qui rend apathique, pour revenir à votre première question.
N’est-ce pas afin d’introduire au changement de cosmologie qui est le nôtre et aux conditions d’habitabilité de cette nouvelle Terre que vous avez conçu ces deux expositions que sont « Critical Zones » et « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » ? Que cherchez-vous à faire avec ces expériences de pensée ?
Disons que « changement de cosmologie », cela permet de situer l’ampleur de la mutation en cours. Je prends cosmologie au sens des anthropologues, c’est un peu plus qu’une vision du monde. Nous étions dans un monde, qui avait telle et telle définition des êtres matériels, des humains, des animaux, des dieux, etc., et nous passons dans une autre, avec d’autres puissances d’agir offertes aux animaux, aux humains, aux objets et aux dieux. C’est surprenant. On panique un peu. Mais peu à peu, on s’oriente. On reprend pied.
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Encore une fois, c’est une fiction mobilisatrice. L’avantage d’un tel récit, c’est qu’on peut en effet le mettre en scène, littéralement. Et c’est ce que j’ai effectivement pratiqué dans des expositions, des pièces de théâtre, des performances, etc., en faisant feu de tout bois. Cela permet de donner une prise pour les gens s’ils sont désorientés. Par exemple, à Taipei (Taïwan), avec Martin Guinard (une partie est au Centre Pompidou Metz), dire : « Vous et moi on ne vit pas sur la même planète », cela permet de scénariser les conflits qui sont en effet bel et bien des conflits de monde, des conflits de métaphysique.
Et quelle place faites-vous aux inégalités sociales ?
Quelle place je fais ? Vous vous moquez : toutes les inégalités dites « sociales » sont des inégalités géosociales. Elles portent toutes sur les mêmes objets mais rematérialisés : habitat, nourriture, éducation, mobilité, travail, relations familiales, division des genres. On n’arrête pas de faire un procès aux écologistes en leur disant : « Que faites-vous des problèmes sociaux ? » Mais qui définit ce qu’est un problème « social » ? Avant les féministes, « social » ne comprenait pas la question du genre. Avant les décoloniaux, « social » ne comprenait ni la race ni l’emprise coloniale.
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Il est incroyable qu’on répète ce mantra sur « fin du monde fin du mois », alors que la définition de ce qu’est une inégalité « sociale » n’a jamais cessé de changer. Eh bien oui, le monde s’ajoute aux fins de mois, comme le genre, la race se sont ajoutés aux divisions sociales. Un jour il faudra penser à quitter le XXe siècle. Si la sociologie ne change pas, ce n’est pas ma faute. En prenant une définition appauvrie du « social », on arrive évidemment à considérer l’écologie comme « extérieure ».
Mais l’écologie est, bien souvent, davantage une préoccupation de bobos que de « prolos ». Comment faire en sorte que les classes populaires rejoignent la classe écologique ?
Cette opposition bobo-prolo est bien avantageuse pour la droite, qui se drape dans la défense de la classe ouvrière contre l’hégémonie prétendue des écolos ! Le fond de vérité de cette petite astuce c’est que, en effet, les intérêts de classe sont encore moulés selon les anciens sillons de la tradition productiviste. Du coup, il est assez facile d’utiliser l’ancienne lutte des classes pour la tourner contre les nouvelles. Cela dit, rien ne change plus rapidement que la définition des intérêts de classe.
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Dans tous les cas que nous étudions Nikolaj Schultz et moi, nous sommes frappés de voir à quelle vitesse les alliances s’inversent. A condition que les deux camps acceptent de définir précisément leurs attachements et donc leur territoire de vie, un écolo urbain voit dans son voisin chasseur un allié, un éleveur qui a comme ennemi les végétariens se trouve vite des ennemis communs, un ingénieur astucieux se trouve à l’aise avec un projet de transition dans sa ville et ainsi de suite.
D’ailleurs les « classes populaires » sont aussi difficiles à définir que les fameux « bobos ». Ce qui manque, et j’en suis cruellement conscient, c’est la confrontation des intérêts, pour refondre les alliances. Mais pour cela, il faut inventer des dispositifs qui permettent enfin aux acteurs de définir leur territoire. C’est un énorme chantier, d’accord, mais il évolue vite, et on ne peut pas le réduire au cliché. De toute façon, c’est plutôt l’écologie qui rejoint les classes dites « populaires » : après tout, il s’agit bien de savoir, au fond, quel peuple nous voulons être sur quel genre de Terre. Voilà le niveau auquel il faut placer la question. N’oublions pas que le mot assez affreux « écologie » est là pour le mot « terrestre ».
Alors, c’est quoi, précisément, la condition terrestre ? Et qu’est-ce qu’une politique terrestre ?
Il me semble que c’est la reprise de toutes les questions classiques du politique, à ceci près que l’horizon d’attente est complètement différent puisque c’est le maintien de l’habitabilité qui est premier, la production qui est seconde. Du coup, le voile de la définition économique des relations se lève, et les choix sur les valeurs – pas sur les coûts ! – passent au premier plan. Et surtout, la politique étrangère est bien différente puisque les intérêts ne coïncident pas avec les limites des Etats nationaux.
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Ce qui était « externalisé », comme disent les économistes, est « internalisé ». Par exemple, votre voiture électrique parisienne et le lithium extrait au Chili se trouvent en conflit. Toutes les notions comme celles d’international ou d’universel se trouvent rejouées. Et, en plus, les échelles diffèrent selon les sujets de conflit. Le climat n’a pas besoin des mêmes institutions que le lithium ou les marées vertes. Toute la politique se rouvre, c’est ça la clé. Regardez l’ampleur des inventions institutionnelles pour tenter de tenir la température du globe dans certaines limites. C’est prodigieux.
Si de nouvelles alliances avec des « libéraux », ou même des « réactionnaires », se créent autour des questions d’habitabilité de la planète, pour quelles raisons la nouvelle classe écologique serait-elle, selon vous, nécessairement de gauche, et même de « gauche au carré » ? Prenons un exemple, une rivière polluée peut être défendue aussi bien par un châtelain, uniquement soucieux de préserver son patrimoine, que par des familles paupérisées qui en ont besoin pour se nourrir et s’abreuver ; le combat pour la défense d’un territoire peut se faire au nom de « la nature qui se défend » – comme le disent les zadistes – aussi bien qu’au nom d’une « terre [qui] ne ment pas » – comme le soutiennent les pétainistes et les zemmouriens…
Eh bien justement, c’est cette répartition nouvelle des intérêts et des indignations à laquelle on assiste. Votre exemple montre bien qu’on passe d’une lutte de classes bien définie à une lutte de classements, où les incertitudes sur qui est allié et qui est adversaire redeviennent mobiles. C’est ce qui se passe. La reterritorialisation est brutale et elle oblige à un discernement nouveau. Territoire est le terme critique qui oblige à tout repenser : appartenir à un territoire, oui, c’est une question très ancienne dans sa version disons réactionnaire, et très nouvelle dans sa version écologiste ou émancipatrice.
Quel peuple, sur quelle Terre ? Pourquoi c’est « de gauche », et même de gauche au carré, mais parce que l’ennemi fondamental est toujours le même, c’est la résistance universelle des sociétés contre l’« économisation » des relations entre les êtres humains ou non. Là, il y a une parfaite continuité. Gauche et droite se sont définies autour des questions de production. Il y a bien aussi une gauche et une droite sur les questions d’habitabilité. Mais les membres ne sont pas forcément les mêmes. Et les enjeux non plus. N’oublions pas que ceux qui parlent de retour à la nation, au sol, aux cultes des morts, etc. sont le plus souvent, en économie, des ultralibéraux acharnés.
> Lire aussi La pandémie de Covid-19, une extraordinaire matière à penser qui bouleverse la philosophie politique
On reproche parfois à l’anthropologie de la nature et à la nouvelle pensée du vivant d’être soit obscurantiste – ou anti-Lumières –, soit pas assez anticapitaliste. Comprenez-vous ces critiques ?
Oui je les comprends, ce que ces gens critiquent avec raison, c’est que ce déluge de propos sur la nature manque de ressort politique, et c’est souvent vrai. Mais c’est mal visé, ce qui nous intéresse, c’est de poser la question de ce qu’est une vie bonne. Nous n’avons pas besoin qu’on vienne nous dire que nous sommes interconnectés avec les autres vivants, nous le savons bien ! Il n’y a que ceux qui se sont crus modernes qui ont cru le contraire. La question politique, c’est de discerner quelle composition de vivants est vivable, encore une fois au sens propre, et laquelle est invivable. Je ne vois pas en quoi être anticapitaliste qualifie mieux pour aborder ces questions que l’analyse méticuleuse des entremêlements avec des vivants bien spécifiques.
Selon vous, on ne comprend rien aux positions politiques actuelles si l’on ne donne pas une place centrale au climat. En quoi le nouveau régime climatique modifie-t-il les clivages idéologiques ?
Quand je dis « régime », c’est dans tous les sens du terme, au sens juridique, politique, artistique aussi bien que scientifique. Oui, je suis assez obstiné sur ce point, depuis 1991, après la chute du mur de Berlin, j’explique que le nouveau régime climatique, une nouvelle répartition disons des questions sociales et naturelles, pèse sur tout le reste et redéfinit l’ensemble de nos attachements. C’est ça, n’avoir jamais été moderne.
Une notion a émergé lors de la primaire des Verts, avec la candidature de Sandrine Rousseau, celle d’« écoféminisme ». Cette idée doit-elle, selon vous, imprégner la nouvelle classe écologique ?
Ah oui, Rousseau avait un sacré punch ! Les féministes ont montré le lien fort qui existe entre l’exclusion des femmes et la réduction de tous les liens à la seule économie. Par conséquent, oui, le retour de la question du genre, sous toutes les formes possibles, est la marque d’un doute généralisé sur les liens définis par la seule économisation. D’ailleurs « les troubles dans le genre », pour employer une expression célèbre, sont devenus des troubles dans l’engendrement. D’où la sorte de panique des droites extrêmes. Parce que la question commune, au sens propre, c’est de savoir comment les sociétés vont continuer à exister. C’est ça, le basculement des questions de production vers les questions d’habitabilité.
> Lire aussi L’écoféminisme, contre les « dominations croisées » des femmes et de la nature
Vous avez soutenu la candidature d’Eric Piolle lors de la primaire des Verts. La stratégie de conquête de l’Elysée par Yannick Jadot vous semble-t-elle pertinente ? Et, plus généralement, comment percevez-vous cette élection ?
Je ne suis pas politiste et je suis le premier à me méfier des intellectuels quand ils parlent de politique quotidienne ! Pour moi, les élections sont indispensables comme formation, comme recrutement, comme test pour les partis à venir. Mais comme le problème, c’est d’avoir derrière soi assez de gens qui soutiennent les mesures ou les programmes des partis qui arriveraient au pouvoir et qu’on est loin du compte en ce qui concerne la mutation écologique, je ne crois pas qu’il faille se faire trop d’illusions. Se trouver à l’Elysée sans troupe derrière soi et sans soutien populaire pour des mesures forcément impopulaires ne me paraît pas crédible. C’est pourquoi il faut travailler aussi tout en bas, pour créer ces forces qui soutiendraient plus tard la quête du pouvoir. N’est pas Lénine qui veut…
« Un spectre hante l’Europe et le reste du monde : l’écologisme ! », écrivez-vous, transformant la formule de Marx et Engels : votre mémorandum est-il le manifeste des partis écologistes ?
Ah non pas du tout, Nikolaj Schultz et moi, nous avons dressé la liste des points à discuter. C’est un mémo, pas du tout un essai et surtout pas un manifeste. Tout est à travailler.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/10/bruno-latour-l-ecologie-c-est-la-nouvelle-lutte-des-classes_6105547_3232.html>
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16- Entretien. « L’Anthropocène est le pire récit qu’on puisse faire de la crise environnementale contemporaine », Usbek & Rica, 12/12/21
Pablo Maillé

Le concept d’Anthropocène est-il aussi « révolutionnaire » que certains le prétendent  ? Entretien croisé avec l’historien des sciences, des techniques et de l’environnement Jean-Baptiste Fressoz et l’anthropologue Barbara Glowczewski.
Quelques semaines avant leurs conférences à la Cité des sciences, prévues respectivement le mardi 4 janvier 2022 et le mardi 18 janvier 2022, nous avons rencontré l’historien des sciences, des techniques et de l’environnement Jean-Baptiste Fressoz et l’anthropologue Barbara Glowczewski. L’occasion de confronter leurs approches respectives de la notion d’Anthropocène, concept forgé en 2000 par le biologiste américain Eugene F. Stoermer et le chimiste Paul Josef Crutzen selon lequel nous serions entrés dans une période où l’influence des humains sur la planète a atteint un tel niveau qu’elle est devenue une « force géologique » à part entière. Mais ce concept est-il aussi « révolutionnaire » que certains le prétendent ? Quelles limites ce grand récit présente-t-il ? Entretien croisé.
>> Suite à lire à :
<https://usbeketrica.com/fr/article/l-anthropocene-est-le-pire-recit-qu-on-puisse-faire-de-la-crise-environnementale-contemporaine>
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17- 10 conseils pour passer des fêtes de Noël tout en respectant l’environnement, Daily Geek Show, 14/12/21
Gabrielle Andriamanjatoson - Source : eartheasy

Il est possible de se faire plaisir sans blesser la planète
Les fêtes de Noël approchent et il est temps de s’y préparer. Décoration, cadeaux, vêtements et repas, il existe de nombreux aspects des fêtes qu’il faut prendre en compte pour en faire un moment magique. Mais en plus d’en faire un merveilleux moment de joie et d’allégresse, l’idéal serait d’en faire également un moment écolo et responsable. Oui, il est tout à fait possible de se montrer plus écologiquement responsable à Noël, et c’est d’ailleurs le très bon moment pour faire preuve d’une telle bonne action. Pour vous aider à cet effet, voici 10 astuces pour passer un Noël vert.
>> Suite à lire à :
<https://dailygeekshow.com/noel-ecologie/>
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18- UFC-Que choisir demande la réforme de l’indice de réparabilité, Le Monde avec AFP, 14/12/21, 07h08

Défauts d’affichage sur les sites de vente en ligne, mode de calcul inefficace… L’association de consommateurs pointe les manquements de l’outil mis en place en janvier 2021 pour encourager l’achat de produits réparables et lutter contre le gaspillage. 
A ce stade, les promesses ne sont pas tenues. UFC-Que choisir épingle, dans un rapport publié mardi 14 décembre, la pertinence de l’indice de réparabilité, censé lutter contre le gaspillage en encourageant l’achat de produits plus réparables.
L’indice, mis en place en janvier 2021, pèche par son mode de calcul, comme dans son défaut de diffusion par les distributeurs, estime l’UFC, qui « tire la sonnette d’alarme » et « demande une réforme » de cet instrument « afin qu’il puisse être un outil utile » pour les acheteurs. « Pourtant bienvenu, il est, en l’état, loin de constituer une information pertinente », pointe l’association.
L’UFC a analysé 330 produits et neuf sites de vente en ligne : une grande majorité de vendeurs ne répondent pas à leur obligation d’afficher l’indice, et seuls 42 % des produits ont le logo visible près du prix. Plus précisément, Leroy-Merlin est à 100 % ou Boulanger à 95 %, quand d’autres comme Amazon sont à 22 % voire 0 % pour Carrefour.
> Lire aussi Smartphones, ordinateurs, TV… les professionnels jugent le nouvel indice de réparabilité des produits électroniques
L’indice, sous forme d’une note de 1 à 10, doit être apposé sur cinq types d’équipements, choisis par les pouvoirs publics comme produits pilotes :
• Lave-linge
• Téléviseur
• Smartphone
• Ordinateurs portable
• Tondeuse à gazon.
L’objectif est d’inciter les fabricants à l’écoconception en fabriquant des produits facilement réparables.. Sauf que « l’indice semble ainsi avoir été bâti pour donner aux fabricants un satisfecit artificiel », critique l’UFC. La note repose sur des critères qui pèsent chacun le même poids (documentation, facilité de démontage, disponibilité des pièces détachées, prix…), au détriment des critères déterminants (la disponibilité des pièces détachées est l’un des éléments les plus importants).
> Lire aussi Matériel électronique : cinq questions sur le nouvel indice de réparabilité
L’achat d’un produit neuf reste l’option majoritaire
Ce qui « aboutit à des absurdités », avec par exemple les smartphones et les téléviseurs très bien notés quand ils sont pourtant sous la moyenne en termes de disponibilité de pièces, note encore l’UFC. L’association demande aux pouvoirs publics de revoir le mode de construction de cette note et d’imposer l’affichage aux vendeurs (avec la grille de notation directement accessible aux consommateurs).
L’enjeu n’est pas mince : aujourd’hui, seuls un tiers des 16 millions d’appareils de gros électroménager tombés en panne chaque année sont réparés, et le rachat d’un produit neuf reste l’option majoritaire, relève l’UFC. Ce taux est similaire pour l’ensemble des appareils électriques et électroniques.
L’objectif de l’Etat, avec cet indice, est d’atteindre 60 % de taux de réparation des produits électriques et électroniques. L’outil doit être dans un second temps étendu à d’autres produits, et même devenir un « indice de durabilité » à partir de 2024.
> Lire aussi « On est un lobby antilobby » : UFC-Que choisir, les vétérans de la défense du consommateur
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/12/14/ufc-que-choisir-demande-la-reforme-de-l-indice-de-reparabilite_6105954_3234.html>
En savoir plus :
> Raport. Indice de réparabilité - Le consommateur bien mal éclairé <https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-indice-de-reparabilite-le-consommateur-bien-mal-eclaire-n96968/>, UFC-Que choisir, 14/12/21 
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En images
19- La finance verte, pas si verte ?, France 2 , L’œil du 20h, 06/12/21

Et si la finance pouvait sauver la planète ? Aujourd’hui, de plus en plus d’épargnants souhaitent que leur argent finance des entreprises respectueuses de l’environnement. Pour les aider, l’Etat a créé des labels comme l’ISR (Investissement socialement responsable). Problème : une partie de cet argent continue de financer des entreprises très loin d’être exemplaires. L’œil du 20 heures vous aide à y voir plus vert !
>> Suite à lire et vidéo à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/video-la-finance-verte-pas-si-verte_4871669.html>
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20- Vidéo. Cyril Dion : « La priorité pour la planète est que les plus riches consomment moins », Le Monde, 07/12/21, 15h06

Le réalisateur et militant écologiste était l’invité du Festival du Monde. A l’occasion de la sortie de son film « Animal », il revient sur les engagements nécessaires pour sauver la planète. 
Un film pour sensibiliser le grand public. C’est le nouveau pari du militant écologiste Cyril Dion. Avec Animal (sortie en salles le 1 décembre 2021), le réalisateur tente de provoquer une prise de conscience face à l’extinction des espèces. Dans un tour du monde au plus près des animaux, il est accompagné de deux jeunes militants écologistes – la Britannique Bella et le Français Vipulan. Le but : trouver des solutions concrètes pour enrayer la sixième extinction de masse des espèces. Six ans après le documentaire Demain, coréalisé avec Mélanie Laurent, le cofondateur du mouvement Colibris pour la transition écologique fait le pari de l’émotion et du spectaculaire dans un road-movie planétaire.
> Retrouvez nos entretiens réalisés au Festival du Monde.
>> Vidéo à voir à :
<https://www.lemonde.fr/planete/video/2021/12/07/cyril-dion-la-priorite-pour-la-planete-est-que-les-plus-riches-consomment-moins_6105045_3244.html <https://www.lemonde.fr/planete/video/2021/12/07/cyril-dion-la-priorite-pour-la-planete-est-que-les-plus-riches-consomment-moins_6105045_3244.html>>
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21- Portrait. Camille Etienne : « Quand le réel devient intolérable, il faut prendre en main l’histoire pour la dévier », Le Monde, 10/12/21, 10h13

Camille Etienne était l’invitée du Festival du Monde. La militante écologiste explique ses engagements pour affronter le changement climatique. 
« Ceux qui n’écoutent pas la jeunesse ont toujours tort. » Camille Etienne est militante écologiste. A seulement 24 ans, elle côtoie les grands de ce monde pour tenter de faire prendre conscience de la crise écologique à laquelle la planète est confrontée. Porte-voix hyperactive de la jeunesse française engagée, elle se mobilise aux côtés de la pionnière Greta Thunberg, Suédoise de 18 ans, de la Belge flamande Anuna de Wever, 19 ans, ou encore de l’activiste allemande Luisa Neubaeur, 24 ans. Plateaux télé, radios, réseaux sociaux : Camille Etienne utilise tous les supports pour diffuser son message et faire changer les choses.
En septembre 2021, Camille Etienne était l’invitée du Festival du Monde. A cette occasion, elle est revenue sur ses engagements et ses envies de changements.
> Vidéo à voir à :
<https://www.lemonde.fr/planete/video/2021/12/10/camille-etienne-quand-le-reel-devient-intolerable-il-faut-prendre-en-main-l-histoire-pour-la-devier_6105469_3244.html>
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Une annonce
22- « L'Emploi : moteur de la transition bas carbone » : le Shift publie son rapport final sur l'Emploi dans le Plan de transformation, The Shift Project, 11/12/21, 17:26

Chères amies, chers amis du Shift,
Nous avons le plaisir de vous présenter le rapport « L'Emploi : moteur de la transformation bas carbone », sixième rapport final et véritable clé de voûte du vaste Plan de transformation de l'économie française (PTEF). 
Ce rapport s'appuie sur l'ensemble des travaux sectoriels du PTEF, l’expérience des auteurs, des recherches bibliographiques poussées, et surtout des échanges avec des dizaines de professionnels pour présenter les évolutions quantitatives et qualitatives de l'emploi cohérentes avec la décarbonation de la France à horizon 2050. Il propose également une série de mesures concrètes à mettre en œuvre par secteur, mais aussi plus globalement : une véritable politique industrielle pour la mise en action du PTEF dans l’économie française.
> Télécharger le rapport complet <https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2021/12/TSP-PTEF-Emploi-moteur-transformation-bas-carbone-RF-V4.pdf> (204 p.)
> Télécharger la synthèse <https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2021/12/TSP_RF-Emploi_Synthese.pdf> (10 p.)
> En savoir plus :
<https://mailchi.mp/theshiftproject.org/publication-rapport-emploi-9-decembre?e=ba6bcb377e>
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Une offre d’emploi
23- Poste en CDI. Mission de pilotage du dispositif de formation, d’évènements et de communication associée du Collège des transitions sociétales, candidature à faire avant le 24/12/21

Le contrat de travail est à durée indéterminée, à temps plein (4/5ème envisageable).
Le poste est à pourvoir à partir du lundi 28 mars 2022.
Le lieu d’accueil est IMT Atlantique (4, rue Alfred Kastler, 44300 Nantes).
Les candidatures sont à adresser par mail à <samuel.aubin at imt-atlantique.fr> (courrier de motivation manuscrit et CV), avec accusé de réception.
Date limite des candidatures : 24 décembre 2021
> Pour connaître les activités principales de la mission, le profil et/ou déposer sa candidature..., téléchargez la fiche de mission ci-dessous :
<https://web.imt-atlantique.fr/x-de/cts-pdl/uploads/images/College%20TS/Architecture%20apres%20septembre%202021/Recrutement/Mission%20de%20pilotage%20du%20dispositif%20de%20formation,%20d’évènements%20et%20de%20communication%20du%20CTS-1.pdf>
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