[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur eau, santé, consommation, tourisme, loisirs, pollutions et déchets (vendredi 15 janvier)
Florence de Monclin
f.demonclin at fnh.org
Ven 15 Jan 08:03:16 CET 2021
Bonjour à tous,
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1- Enquête. Les silences de la Chine, un virus repéré dès 2013, la fausse piste du pangolin... Enquête sur les origines du SARS-CoV-2 <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/12/22/a-l-origine-de-la-pandemie-de-covid-19-un-virus-sars-cov-2-aux-sources-toujours-enigmatiques_6064168_1650684.html>, Le Monde, maj le 23/12/20 à 15h29
2- Birds for Change dresse des oiseaux éboueurs pour nettoyer nos incivilités <https://www.lesechos.fr/pme-regions/innovateurs/birds-for-change-dresse-des-oiseaux-eboueurs-pour-nettoyer-nos-incivilites-1277728>, Les Echos, 04/01/21, 06:30
3- Matériel électronique : cinq questions sur le nouvel indice de réparabilité <https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/01/04/materiel-electronique-cinq-questions-sur-le-nouvel-indice-de-reparabilite_6065170_4408996.html>, Le Monde, Pixels, maj le 05/01/21 à 06h02
4- Caps Me, pour en finir avec les capsules de café jetables <https://planete.lesechos.fr/solutions/caps-me-pour-en-finir-avec-les-capsules-de-cafe-jetables-6577/>, Les Echos Planète, maj le 05/01/21 à 12h57
5- Comment une société israélienne transforme l'air en eau à Gaza <https://www.geo.fr/environnement/comment-une-societe-israelienne-transforme-lair-en-eau-a-gaza-203333>, AFP, 05/01/21, 13:00
6- Les feux d'artifice peuvent difficilement être écolos <http://www.slate.fr/story/198871/feux-artifice-pas-respectueux-environnement-ecologie-sante>, Slate, 06/01/21, 14h06
7- Stocamine : Barbara Pompili en faveur du maintien des déchets sur place <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/06/stocamine-barbara-pompili-en-faveur-du-maintien-des-dechets-sur-place_6065396_3244.html>, Le Monde, 06/01/21, 17h10
8- 3 000 déchets excavés d’un site archéologique, le désastreux symbole de « l’ère du plastique » <https://www.numerama.com/sciences/680547-3-000-dechets-excaves-dun-site-archeologique-le-desastreux-symbole-de-lere-du-plastique.html>, Numerama, 07/01/21
9- Smartphones, ordinateurs, TV… les professionnels jugent le nouvel indice de réparabilité des produits électroniques <https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/01/08/smartphones-ordinateurs-tv-les-professionnels-jugent-le-nouvel-indice-de-reparabilite-des-produits-electroniques_6065642_4408996.html>, Le Monde, Pixels, 08/01/21, 16h04
10- Pollution. Balkans : le problème des déchets remonte à la surface des rivières <https://www.liberation.fr/planete/2021/01/08/balkans-le-probleme-des-dechets-remonte-a-la-surface-des-rivieres_1810673>, Libération, 08/01/21, 17:59
11- Fin du plastique, indice réparabilité, label anti-gaspillage… l’année 2021 marque un tournant pour l’économie circulaire <https://www.novethic.fr/actualite/environnement/economie-circulaire/isr-rse/fin-du-plastique-indice-reparabilite-label-alimentaire-l-annee-2021-marque-un-tournant-pour-l-economie-circulaire-149363.html>, Novethic, 12/01/21
En images
12- Jouets, bouteilles, sac... une plage de Rio de Janeiro submergée par une marée de plastique <https://www.nouvelobs.com/ecologie/20210105.OBS38418/jouets-bouteilles-sac-une-plage-de-rio-de-janeiro-submergee-par-une-maree-de-plastique.html>, L'Obs, 05/01/21, 13h18
13- Emploi : le métier de réparateur est de plus en plus nécessaire <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi-le-metier-de-reparateur-est-de-plus-en-plus-necessaire_4246847.html>, France 2, journal de 13h, 06/01/21
14- Consommation : comment fonctionne l'indice de réparabilité ? <https://www.francetvinfo.fr/economie/consommation-comment-fonctionne-l-indice-de-reparabilite_4246857.html>, France 2, journal de 13h, 06/01/21
Bien à vous,
Florence
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NOS VŒUX : "Un autre monde est à notre portée. Puisse l’éveil des consciences nous donner le ressort de le bâtir en conduisant ensemble radicalement et progressivement cette société qui conjugue les enjeux écologiques, sociaux et économiques. Dans un sursaut salutaire, levons-nous enfin et que chacun fasse sa part !", Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme
ENQUÊTE DU JOUR : Du pangolin à la chauve-souris, en passant par des expériences de laboratoire controversées, « Le Monde » a tenté de remonter jusqu’aux origines de l’épidémie, responsable de plus d’un million et demi de morts dans le monde. (cf. item 1)
ENTRÉE EN VIGUEUR DU JOUR : L’indice de réparabilité prend effet à partir du 1er janvier. En quoi consiste-t-il ? Quels produits seront notés par cette nouvelle étiquette et qu’induit-elle ? (cf. item 3, 9, 11, 13 & 14)
‘RÉVOLUTION' DU JOUR : La société d'un milliardaire russo-israélien transforme l'air en eau potable pour atténuer la crise sanitaire dans la bande de Gaza, cette enclave palestinienne que l'ONU prédisait "invivable" à partir de 2020. (cf. item 5)
INITIATIVES DU JOUR : — La start-up marseillaise Birds for Change teste une poubelle high-tech qui incite les corbeaux à collecter les déchets jetés au sol en contrepartie de nourriture. (cf. item 2)
— Avec Caps Me, deux jeunes étudiants proposent une dosette réutilisable, aussi simple d’utilisation que ses homologues à usage unique. (cf. item 4)
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1- Enquête. Les silences de la Chine, un virus repéré dès 2013, la fausse piste du pangolin... Enquête sur les origines du SARS-CoV-2, Le Monde, maj le 23/12/20 à 15h29
Stéphane Foucart avec Chloé Hecketsweiler
Du pangolin à la chauve-souris, en passant par des expériences de laboratoire controversées, « Le Monde » a tenté de remonter jusqu’aux origines de l’épidémie, responsable de plus d’un million et demi de morts dans le monde.
Des animaux exotiques en cage, des « marchés humides » chinois : début 2020, des images frappantes font le tour du monde et gravent dans les esprits le scénario probable de l’émergence du Covid-19. Un pangolin malade, une chauve-souris passant par là, une recombinaison de deux coronavirus et un marché très fréquenté, où humains et animaux se côtoient dans la promiscuité : à Wuhan, de ce cocktail détonant serait sorti un virus redoutable et remarquablement bien adapté à l’espèce humaine, le SARS-CoV-2, responsable de plus d’un million et demi de morts et de la plus grave crise sanitaire mondiale depuis plus d’un siècle. Mais près d’un an plus tard, ce scénario apparaît de plus en plus fragile, voire caduc.
A mesure que les explications avancées dès le mois de février sont ébranlées par de nouvelles données, les autorités chinoises mettent en avant des hypothèses jugées très improbables par les experts. En particulier, l’idée d’une contamination importée de l’étranger en Chine par le biais de produits surgelés est suggérée, voire promue depuis l’automne par des médias d’Etat. De même qu’une arrivée possible de la maladie en Chine par le biais des Jeux militaires mondiaux, organisés en octobre 2019 à Wuhan.
Des médias officiels chinois ont même diffusé sur les réseaux sociaux, début septembre, une vidéo évoquant « 200 mystérieux laboratoires de biosécurité mis en place par l’armée américaine tout autour du monde », susceptibles d’avoir laissé s’échapper le nouveau coronavirus. Des manœuvres qui répondent aux provocations de Donald Trump, ce dernier ayant lui-même assuré à plusieurs reprises, sans les détailler, avoir des preuves de l’implication d’un laboratoire chinois dans la propagation de la maladie.
> Lire aussi Coronavirus : Donald Trump adopte une ligne dure face à la Chine
Que sait-on avec certitude ? « Actuellement, les travaux de phylogénétique, conduits sur l’histoire évolutive du SARS-CoV-2 dans le cadre du projet collaboratif Nextstrain, indiquent que le virus qui circule aujourd’hui sur tous les continents est originaire d’une souche apparue en Asie, très probablement dans la région de Wuhan, sans doute en novembre 2019 », dit la généticienne Virginie Courtier (CNRS), chercheuse à l’Institut Jacques-Monod.
A ce jour, il semble acquis que le réservoir naturel du nouveau coronavirus est une espèce de chauve-souris dont l’aire de répartition recouvre le sud de la Chine ou l’Inde. Mais l’hôte intermédiaire éventuel – l’animal censé avoir joué le rôle de « tremplin » biologique vers l’humain – demeure introuvable. Rien, aujourd’hui, n’incrimine le pangolin ou une autre espèce… Quant au marché de Wuhan, s’il a pu jouer un rôle dans la propagation du virus, il n’est plus a priori considéré comme le point de départ de l’épidémie.
Des experts internationaux cooptés par Pékin
La question du passage du SARS-CoV-2 à l’humain demeure ainsi ouverte. « A ce jour, toutes les hypothèses sont recevables pour expliquer l’émergence du nouveau coronavirus, dit le virologue belge Etienne Decroly (CNRS). Que ce soit celle d’une transmission à l’homme par des mécanismes de transfert et d’adaptation naturels, ou d’un accident de laboratoire. Il faut absolument réussir à se défaire du complotisme ambiant pour que chacune puisse être examinée scientifiquement, sans préjugés. »
> Enquête :L’épidémie de Covid-19 et la popularité des théories complotistes en France
Un examen qui revient à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Début décembre, l’institution onusienne a annoncé la constitution d’un groupe d’une dizaine d’experts internationaux chargés d’enquêter sur l’émergence de la maladie. Composé de spécialistes de santé publique, de virologues, d’épidémiologistes et de zoologues, le groupe doit partir pour la Chine incessamment, pour travailler sur le terrain. Mais plus le temps passe, plus la probabilité de trouver s’amenuise. « Arriver sur place presque un an après le départ de l’épidémie réduit considérablement les chances de trouver des réponses, explique un ancien cadre de l’OMS. D’autant plus qu’il est illusoire de chercher le patient zéro d’une maladie dont une bonne part des cas sont contagieux tout en étant asymptomatiques. »
Ce ne sera pas le seul obstacle. Selon des informations du New York Times,les autorités chinoises ont négocié pied à pied les termes de l’enquête avec l’organisation onusienne, au détriment de l’indépendance de l’expertise. Non seulement les experts – bien que réputés – ont été cooptés par Pékin mais, selon les documents cités par le quotidien américain et que Le Monde a pu consulter, leur travail « s’appuiera (…) sur les informations existantes et viendra compléter, plutôt que dupliquer, les efforts en cours ou existants ». Ils ne seront donc pas fondés à reproduire les analyses de certaines données, mais devront parfois se contenter de travaux déjà conduits sous l’égide de Pékin.
> Lire aussi Coronavirus: militaire, agent secret ou hôtesse de l’air ? La France sur la piste de son « patient zéro »
Ce n’est pas la première fois que l’OMS avale une couleuvre. Mi-février, la première mission internationale envoyée par l’organisation onusienne, composée à parité d’experts chinois et étrangers, n’était au départ même pas autorisée à se rendre dans le Hubei. Seuls trois membres occidentaux de la mission avaient finalement pu passer quelques heures dans la région, en périphérie de Wuhan, sans pouvoir réellement enquêter.
Le marché, probable amplificateur
Très rapidement après le début de l’épidémie, des données épidémiologiques sont publiées dans la littérature scientifique internationale par des chercheurs chinois. Un tour de force. Dès le 29 janvier, l’équipe de George Gao, scientifique de réputation mondiale et patron du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) chinois, publie, dans le New England Journal of Medicine, une première étude d’ampleur, rassemblant les 426 premiers cas humains de la nouvelle pneumonie atypique.
Sur ces quelque quatre cents patients, plus de la moitié avaient un lien avec le marché. Des chiffres qui semblent plaider pour un rôle majeur de ce dernier mais, comme l’ont vite remarqué nombre d’observateurs, quatre des cinq premiers cas enregistrés, antérieurs à la mi-décembre, ne fréquentaient pas le fameux marché. Et aujourd’hui, dans ses rares prises de parole publiques, George Gao relativise le rôle du marché dans l’épidémie, qui pourrait avoir été un amplificateur de la nouvelle maladie plutôt que son point de départ.
> Lire aussi :La polémique sur l’origine du virus s’amplifie
Quant aux analyses conduites sur des échantillons prélevés sur les étals, elles n’ont toujours pas fait l’objet de publications dans la littérature scientifique. Le 22 janvier, les premières informations divulguées par le CDC chinois faisaient état de ce que, « malgré une campagne de tests intensive, aucun animal du marché n’a été jusqu’à présent identifié comme source possible d’infection ». Le CDC précisait aussi que « quinze échantillons environnementaux collectés dans l’aile ouest du marché ont été contrôlés positifs [au SARS-CoV-2] par des tests RT-PCR et des analyses de séquences génétiques ». Aucun détail sur la nature de ces échantillons n’a d’abord été apporté.
Des données plus précises sur le marché de Wuhan – un vaste espace de plus de 650 étals et près de 1200 salariés – n’ont été fournies à l’OMS que plusieurs semaines plus tard par les autorités chinoises. Une dizaine de vendeurs d’animaux sauvages vivants étaient présents fin décembre sur le marché, lit-on dans un mémo de l’organisation onusienne daté de juillet. Ces derniers « commerçaient notamment des écureuils, des renards, des ratons laveurs, des sangliers, des salamandres géantes, des hérissons et des cerfs sika ».
Des animaux d’élevage, sauvages et domestiques, étaient également échangés sur le marché, « en particulier des serpents, des grenouilles, des cailles, des rats de bambou, des lapins, des crocodiles et des blaireaux ». Nulle mention de chauve-souris ou de pangolins. Et sur plus de 330 échantillons collectés sur différents animaux du marché, aucun ne s’est révélé positif au SARS-CoV-2.
Le même mémo assure que, sur près de 850 échantillons collectés dans des évacuations d’eaux usées, une soixantaine se sont révélés positifs. Sans qu’il soit possible de savoir avec certitude si ces effluents provenaient d’humains ou d’animaux… Rien, en tout cas, qui permette, jusqu’à présent, d’identifier une espèce animale présente sur le marché qui aurait pu contaminer les chalands ou les employés.
Cette absence fait figure de casse-tête. Lors de l’épidémie due au SARS-CoV-1, en 2002, l’espèce suspectée d’avoir servi d’intermédiaire entre les chauves-souris et les humains – la civette palmiste – a été identifiée en quelques mois. De même, des traces du MERS-CoV (le coronavirus à l’origine de plusieurs centaines de cas de pneumonie sévère dans la péninsule Arabique) ont été détectées sur le dromadaire dès le printemps 2013, alors que le premier cas humain ne datait que de l’automne précédent.
En l’occurrence, impossible de détecter le SARS-CoV-2 chez le moindre animal. Or, selon la théorie dominante (et contestée par quelques-uns) du « débordement zoonotique » (zoonotic spillover), c’est l’installation d’une maladie virale dans une population d’animaux partageant certaines caractéristiques avec les humains et vivant à leur contact qui favorise le franchissement de la barrière d’espèces et la transmissibilité interhumaine. Ici, aucune intense circulation du nouveau coronavirus dans la faune ou des élevages n’a pu être mise en évidence jusqu’à présent – à l’exception de ceux contaminés par des humains, comme les visons d’élevage en Europe.
Le pangolin, coupable idéal
Ce vide ne demandait qu’à être rempli. « Quand tout le monde s’attend à ce qu’il y ait un hôte intermédiaire, le moindre petit indice, même très fragile, qu’on l’a enfin trouvé est susceptible de provoquer l’emballement, dit Roger Frutos, chercheur (Cirad) et spécialiste d’écologie des virus. C’est exactement ce qui s’est passé avec cette histoire de pangolins : ça a fait boule de neige. Tout le monde s’est mis à répéter qu’on avait enfin trouvé cet hôte intermédiaire, et quelque chose de probablement faux est devenu une évidence. »
Le 7 février, avant toute publication scientifique en bonne et due forme, l’université d’agronomie de Chine du Sud à Guangzhou annonce dans une conférence de presse avoir trouvé sur des pangolins des séquences génétiques de coronavirus semblables à 99 % à celles du SARS-CoV-2. On tient enfin l’hôte intermédiaire, celui qui arrange tout le monde : la découverte d’une civette infectée pourrait plonger Pékin dans l’embarras, les autorités chinoises s’étant engagées, après l’épidémie due au SARS-CoV-1, à lutter contre les élevages de ces petits carnivores prompts à transférer des virus aux humains. L’annonce est relayée – sur un mode interrogatif – par la revue Nature.
Quelques jours plus tard, trois équipes chinoises postent sur le site de prépublication bioRxiv et soumettent à de prestigieuses revues – Current Biology, PLOS Pathogens, Nature – des analyses de séquences génétiques prélevées sur des pangolins malades : des coronavirus partageant des similarités avec le SARS-CoV-2 y ont été détectés. En particulier, la protéine Spike (ou spicule) des coronavirus détectés sur ces étranges animaux ressemble fort à celle du nouveau coronavirus humain. Bien vite, l’écho donné à ces découvertes dépasse de loin leur portée réelle.
> Lire aussi « Le pangolin tient-il sa revanche avec le nouveau coronavirus ? »
Alors que les articles de recherche finalement publiés quelques semaines plus tard sont très prudents sur l’interprétation de ces résultats et ne prétendent pas avoir découvert le coupable, l’idée que l’on pourrait enfin tenir l’hôte intermédiaire s’est déjà propagée à grande vitesse. Dans les médias, mais aussi dans la littérature scientifique.
Portées par le prestige des revues qui les publient, les trois études-clés sur le sujet sont mentionnées au total plus de 400 fois dans les semaines suivant leur publication. Un taux de citation considérable. Dans la quête du tremplin biologique grâce auquel le SARS-CoV-2 aurait pu transiter de la chauve-souris à l’être humain, le pangolin est désormais le coupable idéal.
« Ces spéculations reposent sur des analyses bio-informatiques, en particulier à partir de séquences génétiques déjà présentes dans les bases de données, proteste Roger Frutos. La manière dont ces études ont été communiquées a laissé entendre qu’on venait de découvrir des éléments nouveaux. La réalité est que ces analyses ont été faites sur des pangolins en provenance de Malaisie, saisis il y a longtemps par les douanes, à près de 1 000 kilomètres de Wuhan ! Ces pangolins ne sont jamais entrés en Chine. »
En outre, ces trois études-clés sont toutes fondées sur les mêmes prélèvements, opérés sur le même lot de pangolins saisis entre mars et juillet 2019 par les douaniers du Guangdong. Et ce, sans que la provenance des données utilisées soit toujours clairement précisée par les chercheurs, comme l’ont noté deux biologistes, Alina Chan (Broad Institute, MIT) et Shing Hei Zhan (université de la Colombie-Britannique) dans une prépublication. Et sans que les données brutes aient été rendues publiques. Interrogées, les revues Nature et PLOS Pathogensdisent réexaminer les études qu’elles ont publiées sur le sujet, pour répondre aux questions soulevées.
Une erreur d’aiguillage
Le débat est vif. Le virologue Edward Holmes (université de Sydney), auteur d’une quatrième étude publiée en mars, également dans Nature, estime que « le soupçon que les séquences soient fausses est à la fois stupide et insultant ». Pour le biologiste australien, la quasi-identité de certaines séquences du coronavirus de pangolin avec celles du SARS-CoV-2 fait du petit mammifère un candidat pour le rôle d’intermédiaire. D’autant plus que d’autres de ces pangolins, saisis par les douanes du Guangxi, semblent également avoir été contaminés. De plus, rappelle-t-il, la première publication sur ce coronavirus de pangolin « date d’avant la pandémie ».
« Aujourd’hui, assure néanmoins Etienne Decroly, la majorité des spécialistes estiment que le pangolin n’est probablement pas l’hôte intermédiaire » du SARS-CoV-2. « La situation la plus à même de favoriser le passage d’un virus de chauve-souris à l’homme, c’est lorsqu’on a une circulation prolongée et pérenne du pathogène chez un hôte intermédiaire, explique le virologue français Meriadeg Le Gouil (université de Caen), spécialiste des pathogènes de chiroptères et de leur circulation. Typiquement, c’est ce qu’on a pu voir avec le virus Nipah en Malaisie, dans les années 1990. Des élevages de cochons étaient installés sur des plantations de manguiers fréquentées par des chauves-souris porteuses du virus. Les cochons ont été exposés de manière chronique aux excréments des chauves-souris, des cas de Nipah sont apparus après quelques années chez l’homme. »
Difficile d’envisager une telle configuration s’agissant du petit mammifère à écailles et de la chauve-souris incriminée, ajoute Roger Frutos. « L’espèce de pangolin incriminée vit dans les forêts de l’Asie du Sud-Est et son aire de répartition géographique ne recouvre même pas celle de l’espèce de chauve-souris qui porte le plus proche cousin du SARS-CoV-2 », explique le chercheur français. Des vétérinaires malaisiens ont voulu en avoir le cœur net : ils ont examiné des échantillons prélevés sur 334 pangolins saisis par leurs douanes entre août 2009 et mars 2019, et n’ont trouvé aucune trace du moindre coronavirus. Leurs travaux, publiés en novembre dans la revue EcoHealth, suggèrent que les pangolins sont sans doute contaminés de manière sporadique, peut-être par des humains, pendant leur transport en captivité.
Aujourd’hui, le SARS-CoV-2 demeure donc introuvable dans la nature. Mais absence de preuve n’est pas preuve d’absence : identifier formellement les hôtes naturels d’un virus peut s’avérer bien plus compliqué que chercher une aiguille dans une botte de foin.
L’histoire oubliée des mineurs de Mojiang
Avant de poursuivre, un retour en arrière s’impose. Le 25 avril 2012, un homme de 42 ans est admis à l’hôpital de Kunming, la grande ville de la province du Yunnan, à quelque 1 500 km au sud-ouest de Wuhan. Il est sujet à une toux persistante depuis deux semaines, souffre d’une forte fièvre et surtout d’une détresse respiratoire qui s’aggrave. Le lendemain, trois autres patients, âgés de 32 à 63 ans, frappés de symptômes semblables, sont admis dans le même établissement. Le surlendemain, un homme de 45 ans y est à son tour hospitalisé. Un sixième, 30 ans, les rejoint une semaine plus tard.
Tous partagent plus ou moins les mêmes symptômes de pneumonie sévère. Leurs scanners thoraciques indiquent une atteinte bilatérale des poumons, avec des opacités en verre dépoli, qui sont aujourd’hui reconnues comme relativement caractéristiques du Covid-19, bien que non spécifiques. Trois d’entre eux présentent des signes de thrombose, une obstruction des vaisseaux là encore assez typique des complications du Covid-19.
Tous ont en commun d’avoir travaillé dans une mine désaffectée à Tongguan, dans le canton de Mojiang. Une mine peuplée de plusieurs colonies de rhinolophes – dites « chauves-souris fer à cheval » – où les six hommes ont passé jusqu’à deux semaines à cureter les galeries du guano des mammifères volants. Trois d’entre eux meurent à l’hôpital, après respectivement douze, quarante-huit et cent neuf jours d’hospitalisation. Les deux plus jeunes en réchappent après un séjour de moins d’une semaine, tandis qu’un autre, âgé de 46 ans, ne sortira de l’hôpital de Kunming que quatre mois après son admission.
Au printemps 2020, l’histoire oubliée des mineurs de Mojiang refait surface sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, un compte anonyme déniche un mémoire de master, mis en ligne sur la plate-forme officielle chinoise de publication des mémoires universitaires – thèses et masters. Le texte, rédigé en chinois par un certain Li Xu, donne un luxe de détails sur la maladie des six hommes. Celle-ci était connue et avait été brièvement rapportée par la presse scientifique : fin mars 2014, la revue Science avait relaté l’histoire, mentionnant la découverte, sur des rats vivant dans la même mine, d’un nouveau paramyxovirus (MojV), un virus d’une famille différente des coronavirus.
Mais aucune description précise des six cas cliniques n’avait jusqu’alors été publiée dans la littérature scientifique internationale. Et au printemps 2020, lorsque le mémoire de Li Xu est mis en circulation sur les réseaux sociaux, la ressemblance entre les symptômes des six mineurs de Mojiang et ceux du Covid-19 intéresse au plus haut point certains scientifiques. En particulier, deux microbiologistes indiens, Monali Rahalkar (Agharkar Research Institute) et Rahul Bahulikar (BAIF Research Foundation), feront une analyse du mémoire qui sera publiée en octobre dans la revue Frontiers in Public Health. La maladie des mineurs de Mojiang, assurent-ils, pourrait donner des « indices importants sur les origines du SARS-CoV-2 ».
Quel lien peut-il y avoir entre la maladie des mineurs de Mojiang de 2012 et le Covid-19 ? En quoi un saut dans le temps de près d’une décennie, assorti d’un détour de 1 500 km, permettrait-il d’y voir plus clair sur les origines du nouveau coronavirus ? L’histoire est digne d’un polar.
Un nouveau virus… et son jumeau
Le 23 janvier, les chercheurs du Wuhan Institute of Virology (WIV) postent sur un site de prépublication un article intitulé « Découverte d’un nouveau coronavirus associé à la récente épidémie de pneumonie chez l’homme et son origine potentielle chez la chauve-souris ». Ils y présentent le virus génétiquement le plus proche du SARS-CoV-2, qu’ils baptisent « RaTG13 », et publient le génome du nouveau venu, identique à 96,2 % au virus responsable du Covid-19. Seule information sur la provenance de RaTG13 : il a été détecté dans la province du Yunnan, sur une chauve-souris fer à cheval de l’espèce Rhinolophus affinis.
La proximité génétique entre les deux virus indique que le SARS-CoV-2 dérive bien d’un coronavirus de rhinolophe. Mais où RaTG13 a-t-il précisément été prélevé ? Dans quel contexte ? Les chercheurs du WIV ne le précisent pas. « Nous avons été un certain nombre à être surpris du peu d’informations donné par les auteurs, sur un virus dont la provenance est si capitale pour comprendre l’origine de l’épidémie ! », dit Etienne Decroly. Moyennant quelques amendements, l’étude est cependant acceptée par la revue Nature, qui la publie le 3 février. Sans plus de détails sur les circonstances de la découverte de ce nouveau coronavirus.
Six semaines après la publication des chercheurs du WIV, Rossana Segreto, une biologiste de l’université d’Innsbruck (Autriche), cherche des correspondances entre le génome du nouveau venu et d’autres séquences génétiques publiées sur GenBank, la principale base de données publique de séquences génétiques. Surprise : elle découvre que RaTG13 a un jumeau.
Le 16 mars, la biologiste autrichienne poste un bref commentaire sur un forum de virologie, expliquant qu’un petit morceau de génome, présent de longue date dans la base de données, correspond exactement à une partie de RaTG13. Le jumeau, à l’époque baptisé « RaBtCoV/4991 », avait été publié par les chercheurs du WIV dans la revue Virologica Sinica, en 2016. Soit quatre années avant qu’il ne soit présenté au monde sous un autre nom. La publication indique qu’il provenait d’une campagne d’échantillonnage menée en 2013 dans une mine désaffectée du canton de Mojiang. Là où, en 2012, les six mineurs étaient tombés malades.
Toutefois, rappelle un chercheur français qui a travaillé avec les virologues de Wuhan, l’équipe du WIV n’est pas la seule, en Chine, à s’être intéressée à la mine de Mojiang : un laboratoire de Pékin y a également envoyé ses chasseurs de virus pour prélever et rapporter des échantillons.
En juillet, dans un entretien à la revue Science, la virologue Shi Zhengli, patronne du laboratoire P4 de haute sécurité du WIV, met fin aux interrogations. Elle confirme que RaTG13 n’est autre que RaBtCoV/4991, bel et bien prélevé sur une chauve-souris fer à cheval, dans la mine désaffectée du Yunnan. Mais le trouble n’est pas entièrement dissipé pour autant.
Dans un autre entretien à Scientific American, la virologue de Wuhan assure en effet que la pneumonie des mineurs de Mojiang était due à une infection fongique. Cette explication ne convainc guère Monali Rahalkar et Rahul Bahulikar : « Le mémoire de Li Xu conclut que la pneumonie des mineurs était due à un virus de chauve-souris de type SARS-CoV », écrivent-ils.
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Une conclusion d’autant plus crédible à leurs yeux que le travail de l’étudiant précise que le diagnostic avait été posé par l’un des pneumologues chinois parmi les plus réputés, Zhong Nanshan, consulté pour l’occasion par les médecins du Yunnan et appelé aujourd’hui à assister les autorités de Pékin dans la gestion du Covid-19. Surtout, une thèse de doctorat citée par les deux chercheurs indiens – menée sous la direction de George Gao et soutenue en 2016 – revient brièvement sur l’histoire des mineurs de Mojiang, assurant que quatre d’entre eux présentaient des anticorps neutralisants (IgG) contre les coronavirus de type SARS.
Neuf coronavirus de type SARS
Pour autant, il est aujourd’hui impossible de déterminer avec certitude les causes de la maladie de Mojiang. « Contracter un coronavirus de chauve-souris dans de telles conditions n’est peut-être pas impossible, mais cela me semble peu probable, estime ainsi de son côté Meriadeg Le Gouil. Ce sont des virus fragiles, qui ne persistent que très peu de temps dans le guano. » Le doute persiste. « La coïncidence entre la maladie de 2012 chez les mineurs de Mojiang, les campagnes d’échantillonnage ultérieures et la découverte du plus proche virus du SARS-CoV-2 dans cette même mine justifient une enquête plus approfondie, écrivent les deux chercheurs indiens. Obtenir les données, ainsi que l’historique complet de cet incident, serait inestimable dans le contexte de la pandémie actuelle. »
Pressés de questions, les chercheurs du WIV ont commencé à répondre. A la demande de la revue Nature, ils ont publié le 17 novembre, plus de neuf mois après la publication princeps, une précision sur les conditions dans lesquelles RaTG13 a été collecté. Après l’incident des mineurs de Mojiang, écrivent-ils, « nous suspections une infection virale ». « Entre 2012 et 2015, notre groupe a échantillonné des chauves-souris une à deux fois par an dans cette grotte et collecté un total de 1 322 échantillons, poursuivent-ils. Dans ces échantillons, nous avons détecté 293 coronavirus très divers, dont 284 ont été classés comme alphacoronavirus et 9 comme betacoronavirus (…), ces derniers étant tous apparentés à des coronavirus de type SARS. »C’est l’un de ces neuf virus, ajoutent les chercheurs du WIV, qui a été renommé RaTG13 pour refléter l’espèce sur laquelle il a été prélevé (Rhinolophus affinis), la ville de prélèvement (Tongguan) et l’année de la collecte, 2013. Les chercheurs précisent que RaTG13 aurait été intégralement séquencé en 2018.
Quant aux mineurs, le laboratoire de Wuhan aurait reçu 13 échantillons sanguins de quatre d’entre eux, entre juillet et octobre 2012. Nulle trace de SARS n’y a selon eux été détectée – une affirmation qui contredit le mémoire de thèse de 2016 encadré par George Gao, que Le Monde a pu consulter. Les chercheurs de Wuhan précisent en outre avoir réitéré leurs analyses en 2020, sur les échantillons conservés depuis l’incident, avec le même résultat : pas d’infection virale de type SARS.
Reste que la précision publiée par les chercheurs du WIV suscite la surprise de certains de leurs pairs. « Il y a donc dans ce laboratoire de virologie huit autres coronavirus non publiés de type SARS, collectés dans cette mine, s’exclame Etienne Decroly. Sauf erreur, personne ne le savait ! »
Voilà qui ouvre une nouvelle question, que se posent plusieurs scientifiques interrogés par Le Monde : où se trouvent les séquences virales non publiées détenues par le WIV ? « Au cours de la dernière décennie, des centaines, voire des milliers de séquences d’agents pathogènes de la faune ont été collectées mais pas nécessairement publiées, dit la biologiste moléculaire Alina Chan (Broad Institute, MIT). Par exemple, nous avons appris que RaTG13 avait été séquencé en 2017 et 2018 mais que ces séquences n’ont été publiées qu’en 2020. Où ces séquences ont-elles été stockées ces dernières années ? Etait-ce seulement sur une base de données privée du WIV ? »
Une base de données disparue
En mai, un compte Twitter, anonyme et depuis supprimé, apporte peut-être un élément de réponse. Cet inconnu éphémère poste un lien vers une page Web archivée décrivant une base de données constituée en 2019 par les chercheurs du WIV. La page en question est un bref article signé des virologues de Wuhan, initialement publié sur le site de la revue China Science Data (Csdata.org <http://csdata.org/>), et dont il semble avoir été supprimé. Les virologues de Wuhan y expliquent que leur base comprend « des échantillons et des données sur les agents pathogènes viraux accumulés par [leur] groupe de recherche depuis longtemps » ajoutés « aux données publiées par des autorités internationales ».
Au total, peut-on lire, 22 257 échantillons y sont répertoriés. L’authenticité du bref article ne fait guère de doute : ce dernier est identifié par un DOI (digital object identifier), identifiant unique associé à chaque texte publié dans une revue savante. Les DOI sont délivrés par une organisation internationale, l’International DOI Foundation (IDF), qui maintient l’annuaire de référence associant chacun de ces identifiants avec l’emplacement sur le Web de l’article correspondant.
La consultation de cet annuaire indique que l’identifiant de l’article (10.11922/csdata.2019.0018.zh) a bel et bien été enregistré et qu’il pointe vers une page du site de China Science Data désormais introuvable. Non seulement l’article en question a disparu, mais les deux URL sur lesquelles est censée se trouver la base de données, sont vides. Contacté, le président du comité éditorial de la revue n’a pas répondu à nos sollicitations, pas plus que les chercheurs du WIV.
Les non-dits de l’institut de Wuhan sur l’épisode de Mojiang, la mise hors ligne de sa base de données sans explications, le refus de communiquer les carnets de laboratoire de ses chercheurs et les analyses contradictoires sur la maladie des mineurs : tout cela nourrit les interrogations de certains scientifiques.
Parmi les nombreux chercheurs interrogés par Le Monde sur leur conviction quant à l’origine du SARS-CoV-2, une majorité estime toutefois qu’un « événement zoonotique » demeure l’hypothèse la plus probable. « Il est par exemple possible que le virus ait été transmis à l’homme bien avant novembre 2019, et qu’il ait circulé à bas bruit dans la population sans être remarqué, explique la généticienne Virginie Courtier. Il aurait ainsi pu s’adapter à l’homme et devenir plus virulent après une mutation naturelle survenue à Wuhan en novembre 2019. En tout cas, il semble improbable qu’il ait été synthétisé au laboratoire car on ne retrouve pas ses séquences génétiques dans les bases de données disponibles. » Difficile, en somme, de construire un jeu de Lego si l’on ne dispose pas des pièces…
Un intrigant passe-partout
De nombreuses théories fantaisistes et affirmations invérifiables sur une supposée construction du virus ont été propagées depuis le début de la pandémie. En France, le Prix Nobel de médecine Luc Montagnier a même affirmé, sur la foi d’une prépublication rétractée depuis, que le SARS-CoV-2 portait des séquences du VIH intentionnellement insérées.
Aux Etats-Unis, une chercheuse chinoise originaire de Hongkong, Li-Meng Yan, a également multiplié spéculations et interventions médiatiques, avec le soutien de proches de Donald Trump, assurant par exemple que le nouveau coronavirus avait été synthétisé à dessein pour être une arme biologique.
Pour autant, dit Etienne Decroly, « bien que des études phylogénétiques excluent l’insertion de fragments du VIH dans le SARS-CoV-2, l’idée que la pandémie puisse être le fait d’un accident de laboratoire ne peut être évacuée et il faut la considérer sérieusement ». A mots couverts, Marion Koopman (université Erasmus, à Rotterdam), membre du groupe d’experts-enquêteurs de l’OMS, ne dit pas autre chose : « Tout est sur la table », a-t-elle déclaré fin novembre à la revue Nature.
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Pourquoi le nouveau coronavirus fait-il flamber toutes sortes de théories ? En partie parce qu’il se distingue par une caractéristique qui intéresse au plus haut point les scientifiques et dont la réalité fait consensus. L’une des protéines de l’enveloppe du virus, dite « Spike » (ou spicule), présente une affinité remarquable avec le récepteur ACE2, à la surface des cellules humaines. Elle s’y colle volontiers. « Il faut se représenter cette protéine comme une clé et le récepteur cellulaire comme une serrure », illustre Bruno Canard, chercheur (CNRS) à l’université d’Aix-Marseille et spécialiste des coronavirus.
Dans le cas du SARS-CoV-2, la clé virale s’insère parfaitement dans la serrure cellulaire humaine. Mais elle est pourvue d’une sorte de cran de sécurité qui l’empêche de tourner, et donc de déverrouiller la porte d’entrée dans la cellule. « Chez ce virus, le cran de sécurité peut être cassé par une protéine humaine, appelée “furine”. Nous appelons cette caractéristique un “site de clivage par la furine”, explique le virologue. La furine fait sauter le cran de sécurité et ainsi, la clé peut tourner dans la serrure. »
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L’infectivité du virus, sa capacité à attaquer différents organes et à infecter une variété d’espèces, lui est notamment conférée par ce fameux site de clivage par la furine (SCF), qu’Etienne Decroly et les chercheurs de l’équipe « Réplicases virales : structure, mécanisme et drug-design », à Aix-Marseille Université, ont été les premiers à détailler. Ce SCF est une singularité : aucun autre virus connu de type SARS n’en est pourvu.
De nombreux scientifiques ne voient dans cette singularité qu’un effet de l’évolution : hors la famille des types SARS, d’autres virus disposent de ce genre de passe-partout. D’autres chercheurs, minoritaires, n’hésitent pas à proposer des hypothèses alternatives, certaines publiées dans des revues scientifiques, suggérant que les caractéristiques du SARS-CoV-2 et son adaptation à l’homme puissent être le résultat d’expériences dites de « gain de fonction » et d’un accident de laboratoire.
Publié fin août par la revue BioEssays, un article de deux biologistes américains, Karl et Dan Sirotkin, argumentant en ce sens, est depuis quelques semaines le papier le plus consulté sur le site de la revue. « Cet article des Sirotkin est une hypothèse, prévient toutefois le microbiologiste et immunologiste Arturo Casadevall, professeur à l’université Johns-Hopkins. Je n’ai pas de problème avec la publication d’hypothèses scientifiques, mais je ne suis pas convaincu par leurs arguments. »
Des scénarios de science-fiction… bien réels
Ces expériences de « gain de fonction » consistent à forcer l’évolution d’un virus en répétant des infections sur des animaux de laboratoire, ou des cultures cellulaires. De telles expériences ont notamment été conduites avec la collaboration du WIV et publiées, comme par exemple en novembre 2015 dans la revue Nature Medicine. Leur objectif est de mieux comprendre la nature des modifications moléculaires qui augmentent la transmissibilité, la pathogénicité des virus, voire leur faculté à franchir la barrière d’espèces.
L’intérêt est réel, mais les risques aussi. De tels travaux ont été au centre d’un intense débat au sein de la communauté scientifique au début des années 2010 ; ils ont fait l’objet d’un moratoire entre 2014 et 2017, après la publication de travaux controversés sur des virus grippaux à potentiel pandémique, qualifiés dans la presse de « Frankenvirus ». Parmi les expériences semblables auxquelles le WIV a participé, certaines ont bénéficié de financements des National Institutes of Health (NIH) américains. Le Monde a requis des NIH l’accès à leur documentation sur le sujet, en vertu de la loi sur l’accès aux documents administratifs. Les NIH ont opposé une fin de non-recevoir, arguant du fait qu’une enquête était en cours.
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L’erreur de manipulation et la sortie d’un agent pathogène de l’enceinte du labo ne sont pas seulement des scénarios de science-fiction, rappelle Etienne Decroly. « Dans les mois et les années qui ont suivi l’épidémie due au SARS-CoV, le virus est sorti à quatre reprises de différents laboratoires où il était étudié, explique le chercheur. A chaque fois, la chaîne de contamination a pu être interrompue, mais ce virus était plus aisément contrôlable. »
Le fait est en outre peu connu du public, mais des précédents existent. En particulier, la pandémie de grippe A (H1N1) de 1977 a été causée par une erreur de manipulation humaine, comme s’accorde à le penser l’ensemble de la communauté scientifique compétente. Un débatsubsiste sur la nature de l’erreur en question (fuite accidentelle d’un laboratoire, essai vaccinal raté…) mais le génome du virus de type H1N1 qui circulait cette année-là, identique à celui qui circulait des décennies auparavant, ne laisse aucun doute sur le fait qu’il avait passé un long moment dans le congélateur d’un laboratoire – seul mécanisme susceptible d’avoir interrompu le rythme des mutations génétiques.
Le génome du SARS-CoV-2 recèle-t-il suffisamment d’informations pour que la question soit un jour tranchée ? « Le virus est vraisemblablement une mosaïque de plusieurs morceaux génétiques ayant des origines différentes, à l’instar de nos génomes, qui sont une mosaïque de nos deux parents : cet aspect démultiplie évidemment l’enquête sur ses origines, explique le biologiste Guillaume Achaz, professeur à l’université de Paris et spécialiste de dynamique des génomes et d’évolution moléculaire. Il existe des moyens d’analyser les taux de différents types de mutations qui sont intervenues sur une région du génome, et on pourrait ainsi voir si la partie du génome du SARS-CoV-2 qui a permis la transmission à l’homme a subi une pression de sélection plus forte qu’escompté. Avec un petit groupe d’autres scientifiques, nous allons tenter de trouver les moyens matériels et humains de travailler sérieusement sur la question. »
Selon M. Achaz, un an de travail permettrait d’aboutir à de premières indications. « Nous ne pourrons jamais parvenir à une preuve définitive, mais nous aurons au moins une sorte d’indice d’étrangeté », dit-il.
Un expert désigné par l’OMS en conflit d’intérêts
En attendant, malgré l’absence d’éléments probants, le débat est de plus en plus vif dans la communauté académique. « Je suis stupéfait des positions d’autorité qui sont prises par certains collègues, tranchant cette controverse dans un sens ou dans l’autre, dit Bruno Canard. Je vois parfois des collègues de très haut niveau, pour qui j’ai beaucoup d’estime, forger leurs opinions sans s’être vraiment penché sur les questions posées, sans avoir pris le temps de lire la littérature. »
Parmi les premières prises de position tranchées qui ont contribué à orienter les opinions scientifiques dès le début de la crise figure une tribune publiée le 19 février par la prestigieuse revue The Lancet. Vingt-sept scientifiques éminents y prennent fait et cause contre le complotisme ambiant autour des origines possibles du SARS-CoV-2. « Nous sommes déterminés à condamner fermement les théories du complot qui suggèrent que le Covid-19 n’a pas une origine naturelle, écrivent-ils. Des scientifiques de plusieurs pays ont publié et analysé les génomes de l’agent causal, le SARS-CoV-2, et ils concluent à une écrasante majorité que ce coronavirus est originaire de la faune sauvage comme tant d’autres pathogènes émergents. »
> Lire aussi L’étrange obsession d’un quart des Français pour la thèse du virus créé en laboratoire
Le chercheur désigné comme premier auteur et « auteur correspondant » (corresponding author, en anglais) – censé avoir rédigé la première version du texte, selon les règles de l’édition scientifique – est le microbiologiste Charles Calisher, professeur émérite à l’université d’Etat du Colorado. Mais, selon des correspondances obtenues par l’ONG US Right to Know (USRTK), en vertu de la loi américaine sur l’accès aux données, le texte en question a en réalité été rédigé par le zoologue Peter Daszak, qui n’apparaît que plus loin dans l’ordre des auteurs (les Anglo-Saxons parlent d’authorship). « Peter Daszak a rédigé le premier jet du texte et l’a amené jusqu’à la publication, confirme M. Calisher, dans un courriel au Monde. Les auteurs ont été listés de manière alphabétique. Peter, et non moi, est l’“auteur correspondant”. »
Or, M. Daszak présente un conflit d’intérêts : président de l’ONG EcoHealth Alliance, il est aussi un proche collaborateur des scientifiques du WIV, avec lesquels il a publié une vingtaine d’études au cours des quinze dernières années. L’ONG qu’il préside bénéficie en outre de bourses des National Institutes of Health (NIH) américains, qui lui permettent de financer les travaux de laboratoires à l’étranger et en particulier ceux du WIV, sur les coronavirus de chauves-souris. En dépit de ses liens étroits avec l’institut de Wuhan, M. Daszak – qui n’a pas répondu à nos sollicitations – est membre du groupe d’experts de l’OMS chargé d’enquêter sur l’origine du SARS-CoV-2, ainsi que de la commission constituée par The Lancet pour travailler sur cette question. Une situation qui irrite certains scientifiques.
Et ce d’autant plus que les liens de M. Daszak avec le WIV ne sont pas toujours déclarés. La tribune publiée le 19 février par The Lancetmentionnait ainsi que les vingt-sept signataires n’avaient aucun conflit d’intérêts. Comme la plupart d’entre eux, M. Calisher, désigné à tort comme auteur principal du texte, n’en avait effectivement aucun. Mais a-t-il compris le texte comme la majorité de ses lecteurs ? Lorsqu’on lui demande s’il signerait aujourd’hui la même déclaration, il répond de manière assez surprenante : « Oui, je la signerais. Je n’ai vu aucune preuve qui confirme définitivement l’origine du virus, ni dans un sens, ni dans l’autre. »
<https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/12/22/a-l-origine-de-la-pandemie-de-covid-19-un-virus-sars-cov-2-aux-sources-toujours-enigmatiques_6064168_1650684.html <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/12/22/a-l-origine-de-la-pandemie-de-covid-19-un-virus-sars-cov-2-aux-sources-toujours-enigmatiques_6064168_1650684.html>>
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2- Birds for Change dresse des oiseaux éboueurs pour nettoyer nos incivilités, Les Echos, 04/01/21, 06:30
Paul Molga
La start-up marseillaise Birds for Change teste une poubelle high-tech qui incite les corbeaux à collecter les déchets jetés au sol en contrepartie de nourriture. Elle cible les collectivités locales, les campus universitaires ou encore les stations de ski pour des opérations de nettoyage et de sensibilisation.
C'est un prototype hors du commun que teste actuellement à Strasbourg, auprès de l'équipe Ethologie Cognitive et Sociale de Valérie Dufour au CNRS, la start-up marseillaise Birds for Change : une poubelle qui permet aux pies, corbeaux, corneilles et autres choucas de déposer nos ordures jetées au sol. « Notre machine est dotée d'un système autonome de récompense : un oiseau conditionné reçoit une ration de nourriture chaque fois qu'il y place un déchet qu'il a récolté, mégot, canette ou papier gras », explique Jules Mollaret, cofondateur de cette entreprise née pendant le confinement. Le caractère social du volatile fait le reste : en regardant leur congénère, d'autres vont à leur tour expérimenter l'objet et, rapidement, plusieurs dizaines d'oiseaux pourraient jouer les éboueurs dans nos rues, sur les plages ou les pistes de ski.
Une expérimentation est en cours afin de confirmer la performance de cette transmission sociale chez les corvidés. Elle se fonde sur les travaux du chercheur Joshua Klein présentés en 2008. Avec sa « crow machine », il avait montré qu'il est possible de dresser ces volatiles réputés pour leur intelligence à rapporter des objets en échange de cacahuètes. Des étudiants du département Génie Electrique et Informatique Industrielle de l'IUT de Lille ont repris ses travaux en 2015 et confirmé leur incroyable capacité d'apprentissage à travers plusieurs générations d'individus.
>> Suite à lire à :
<https://www.lesechos.fr/pme-regions/innovateurs/birds-for-change-dresse-des-oiseaux-eboueurs-pour-nettoyer-nos-incivilites-1277728 <https://www.lesechos.fr/pme-regions/innovateurs/birds-for-change-dresse-des-oiseaux-eboueurs-pour-nettoyer-nos-incivilites-1277728>>
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3- Matériel électronique : cinq questions sur le nouvel indice de réparabilité, Le Monde, Pixels, maj le 05/01/21 à 06h02
Nicolas Six
Dans les prochaines semaines, une nouvelle étiquette fera son apparition dans nos magasins. Elle indiquera si les appareils sont conçus pour être réparés facilement.
Le 2 janvier, sur Twitter, un Emmanuel Macron optimiste s’est félicité de sept bonnes nouvelles pour la rentrée 2021 : parmi elles, l’entrée en vigueur de l’indice de réparabilité dès le 1er janvier. Cette note graduée de 0 à 10 « sera désormais affichée sur certains produits électroniques comme les smartphones ou les télévisions », précise le message du président.
Les appareils impossibles à réparer recevront de mauvaises notes, les produits faciles et peu coûteux à remettre en état seront valorisés. Cet indice n’est pas la traduction d’une directive européenne mais d’une initiative française qui vise à mieux informer les consommateurs et à encourager les constructeurs à améliorer l’écoconception de leurs produits.
>> Suite à lire à :
<https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/01/04/materiel-electronique-cinq-questions-sur-le-nouvel-indice-de-reparabilite_6065170_4408996.html <https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/01/04/materiel-electronique-cinq-questions-sur-le-nouvel-indice-de-reparabilite_6065170_4408996.html>>
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4- Caps Me, pour en finir avec les capsules de café jetables, Les Echos Planète, maj le 05/01/21 à 12h57
Pierre Fortin
Face aux difficultés du recyclage, deux jeunes étudiants proposent une dosette réutilisable, aussi simple d’utilisation que ses homologues à usage unique.
Ce doux bruit, entre le souffleur de feuille et la tondeuse à gazon, a envahi les open spaces et les cuisines depuis plus d’une décennie. C’est celui des fameuses machines et de leurs capsules, qui pèsent aujourd’hui 1,4 milliard d’euros, selon le cabinet Nielsen, sur les 2,9 milliards du marché du café en France. Jusqu’à peu, Thibaut Louvet, 21 ans, étudiant aux Arts et Métiers, et Jean de Boisredon, 20 ans, de Centrale-Supélec, faisaient partie des 83 % des Français amateurs de café, et des 67 % (Ifop, 2018) qui appréciaient particulièrement leur café en dosette. Mais un jour, les deux compères bricoleurs et sensibles à l’environnement tombent sur des documentaires anxiogènes sur l’impact écologique de ces capsules. « Pendant le confinement, nous nous sommes procuré des logiciels et une imprimante 3D, raconte Jean de Boisredon, pour trouver une solution à ce désastre. » Cent prototypes plus tard, ils conçoivent une dosette réutilisable aussi pratique à utiliser que les jetables. C’est la naissance de leur start-up, Caps Me.
>> Suite à lire à :
<https://planete.lesechos.fr/solutions/caps-me-pour-en-finir-avec-les-capsules-de-cafe-jetables-6577/>
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5- Comment une société israélienne transforme l'air en eau à Gaza, AFP, 05/01/21, 13:00
Guillaume Lavallée
Que fait la société d'un milliardaire russo-israélien dans la bande de Gaza, territoire contrôlé par les islamistes du Hamas ? Elle transforme l'air en eau potable pour atténuer la crise sanitaire dans cette enclave palestinienne que l'ONU prédisait "invivable" à partir de 2020.
Sur le toit d'un immeuble de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, une "révolution" se prépare discrètement. Une mosaïque de panneaux solaires alimente une énorme machine bourdonnante aux airs de groupe électrogène, venue d'Israël et qui retire l'humidité de l'air pour la transformer en eau potable.
Micro-territoire de deux millions d'habitants, Gaza est confrontée à une crise de l'eau potable dont les effets se font ressentir jusque dans les entrailles de la population qui présente des taux alarmants de calculs rénaux et de diarrhées, d'après des chercheurs.
A Gaza, l'eau potable est puisée dans le sol depuis des siècles. Mais, ces dernières décennies, la pression démographique a accru la pression sur l'aquifère qui s'est en outre rempli d'eau de la mer Méditerranée.
Cette eau saumâtre "n'est bonne que pour laver les vêtements, nettoyer et se doucher", résume Ghassan Ashour, un commerçant de Khan Younès.
Les Gazaouis se rabattent donc sur l'eau en bouteille ou celle de marchands qui livrent en camion-citerne, après traitement, de l'eau extraite de la nappe phréatique.
"Nous pompons ici chaque jour 80.000 litres d'eau que nous filtrons et à laquelle nous ajoutons du chlore et d'autres produits chimiques afin qu'elle soit consommable", explique Issa Al-Farra, propriétaire d'une station de pompage.
- "Invivable" -
Seulement 3% de l'eau potable de Gaza répond aux normes internationales, selon l'ONU qui avertissait il y a quelques années qu'un épuisement de l'aquifère allait contribuer à rendre la situation "invivable" dès 2020.
Des solutions émergent actuellement comme la création d'une vaste usine de dessalement financée par l'Union européenne et le déploiement des trois premiers "générateurs d'eau" de la société israélienne Watergen.
Deux ont été donnés par cette entreprise et un autre par l'institut de recherche environnementale Arava, situé dans un kibboutz du sud d'Israël. Chaque appareil coûte environ 50.000 euros.
L'un d'eux est installé à la mairie de Khan Younès: cet énorme cube de métal capte l'humidité dans l'air, la condense via un processus de réchauffement puis filtre l'eau, pour la rendre potable et sans arrière-goût douteux.
"Cette machine produit environ 5.000 litres d'eau potable par jour lorsque le taux d'humidité dans l'air est supérieur à 65%, et 6.000 litres si le taux dépasse 90%", explique à l'AFP Fathi Sheikh Khalil, ingénieur électrique et cadre de l'ONG palestinienne Damour qui gère l'appareil.
Une partie de cette eau est consommée par les employés municipaux et une autre acheminée à l'hôpital, explique M. Khalil. "Une ou deux machines ne vont pas tout changer mais c'est un début".
En branchant les "générateurs d'eau" sur des panneaux solaires équipés de batteries, le coût de production diminue tout comme l'empreinte carbone. Car Gaza dispose d'une seule centrale électrique, qui carbure au fioul importé et ne suffit pas pour couvrir la demande locale.
Mais dans ce territoire contrôlé par le Hamas, mouvement islamiste ayant affronté Israël dans trois guerres depuis 2008, n'est-ce pas singulier de faire affaire avec une entreprise israélienne ? "Nous acceptons l'aide de quiconque veut nous aider", assure M. Khalil.
Sollicité, le Hamas n'a pas commenté dans l'immédiat.
- "Etape charnière" -
A environ 80 kilomètres au nord de Khan Younès, dans des tours de verre où se concentre le nec plus ultra de la "tech" israélienne, se trouvent les bureaux de Watergen, primée pour ses "générateurs d'eau".
A sa tête : Michael Mirilashvili, milliardaire russo-israélien d'origine géorgienne, emprisonné plusieurs années en Russie pour le rapt présumé des ravisseurs de son père --un riche homme d'affaires un temps détenu par des gangsters géorgiens.
Son procès n'a pas "respecté les normes d'impartialité", selon la Cour européenne de justice, et il a été relaxé en 2009.
Installé en Israël, l'homme d'affaires a racheté il y a près de cinq ans la startup Watergen, qui exporte désormais ses générateurs d'eau dans près de 80 pays.
"Il faut aider en premier lieu nos voisins", affirme-t-il à l'AFP. Le but "est de mettre un terme à la crise de l'eau à Gaza."
Reste que ce transfert vers Gaza a exigé "l'approbation de l'armée israélienne".
Puisque ses employés et lui ne peuvent se rendre dans l'enclave palestinienne sous blocus israélien, Watergen est passé par des intermédiaires comme l'institut Arava, en contact avec des ONG palestiniennes.
"Notre but est d'augmenter la cadence du projet en 2021" et de déployer des générateurs dans des écoles, indique David Lehrer, président d'Arava.
Espérant "davantage qu'une révolution de l'eau", il veut y voir une "étape charnière pour sortir de la spirale négative" des relations entre Israël et Gaza.
<https://www.geo.fr/environnement/comment-une-societe-israelienne-transforme-lair-en-eau-a-gaza-203333>
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6- Les feux d'artifice peuvent difficilement être écolos, Slate, 06/01/21, 14h06
Je
Repéré par Léah Boukobza sur Ecowatch
Cette pratique émerveille petits et grands, mais elle est particulièrement néfaste pour l'environnement (et notre santé).
Créés il y a des milliers d'années, les feux d'artifice sont originaires de Chine. Aujourd'hui, ils sont notamment utilisés pour célébrer le jour de l'An ou les fêtes nationales, comme le 14 juillet en France. Le public se réunit alors pour admirer dans le ciel leurs lumières et trajectoires. Malheureusement, ces spectacles nocturnes qui émerveillent petits et grands sont particulièrement néfastes pour l'environnement.
Lors de son explosion, un feu d'artifice libère des particules fines et des composants chimiques extrêmement polluants, qui détériorent considérablement la qualité de l'air que nous respirons. Selon l'OMS, les particules fines «peuvent pénétrer dans les poumons et entrer dans le système sanguin. Une exposition chronique aux particules augmente le risque de développer des maladies cardiovasculaires et respiratoires, ainsi qu'un cancer du poumon.»
C'est notamment pour cette raison que plusieurs États indiens ont fait le choix, en novembre dernier, d'interdire cette pratique lors de Diwali, la fête des lumières célébrée dans le pays. Toutefois, plusieurs personnes ont décidé de contourner la règle et de tirer malgré tout des feux d'artifice. À l'issue des cinq jours de fête, l'indice de la qualité de l'air en Inde était extrêmement inquiétant : 481 sur une échelle de 500.
>> Suite à lire à :
<http://www.slate.fr/story/198871/feux-artifice-pas-respectueux-environnement-ecologie-sante>
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7- Stocamine : Barbara Pompili en faveur du maintien des déchets sur place, Le Monde, 06/01/21, 17h10
Nathalie Stey (Strasbourg, correspondance)
En visite sur le site d’enfouissement, la ministre de la transition écologique a tenté de convaincre les acteurs locaux que le déstockage n’était pas la solution. Une décision définitive est attendue dans les prochaines semaines.
Les 42 000 tonnes de chrome, cadmium et arsenic enfouies dans les anciennes mines de potasse d’Alsace y resteront-elles pour toujours ? C’est en tout cas l’option privilégiée par la ministre de la transition écologique Barbara Pompili, venue se rendre compte sur le terrain de l’état du site et discuter avec les élus locaux et les représentants associatifs des différentes options envisageables, mardi 5 janvier. Une première en vingt ans.
Créé en 1999, le site de Stocamine devait permettre la reconversion de mines vouées à la fermeture, grâce à la création d’une zone d’activité consacrée au stockage et au traitement de déchets toxiques. Mais en 2002, un incendie entraîne l’arrêt du projet. Les anciennes mines abritent alors 44 378 tonnes de déchets, dont 1 600 ont brûlé et sont difficilement extractibles. Après de longues années d’inaction, le ministère de l’écologie se prononce en 2012 pour un déstockage des seuls déchets de mercure, assorti d’un confinement du site.
Ce déstockage partiel, réalisé entre 2014 et 2017, ne réussit cependant pas à rassurer élus locaux et associations, alarmés par la dégradation rapide du site et persuadés que les déchets restant risquent, à long terme, de polluer la nappe phréatique rhénane, première réserve d’eau potable d’Europe. Nicolas Hulot, alors ministre de la transition écologique et solidaire, engage en 2018 une étude supplémentaire pour évaluer la faisabilité d’un déstockage total. Son successeur, François de Rugy, annonce pourtant un an plus tard la fin du déstockage, avant de concéder une nouvelle étude.
Deux scénarios complémentaires seront étudiés
Cette dernière, réalisée par les groupes d’ingénierie Antea et Tractebel-Engie, a examiné la faisabilité de 3 scénarios : un déstockage complet, un déstockage excluant les déchets inertes (cendres, produits amiantés et déchets générés par le premier déstockage), et l’extraction des seuls déchets solubles (un quart des colis entreposés), susceptibles d’être emportés par les infiltrations et d’ainsi polluer la nappe phréatique.
Problème : ces trois options, évaluées entre 333 et 456 millions d’euros, imposent d’intervenir au-delà de 2027. Or il s’agit d’une date limite aux yeux de l’administration qui considère qu’au-delà, la sécurité des mineurs n’est plus assurée du fait de l’affaissement des galeries. La seule option sans impact négatif est selon eux le maintien sur place des déchets, assorti d’investissements pour les confiner afin d’éviter d’éventuelles pollutions.
> Lire aussi : StocaMine, « une bombe à retardement » en Alsace
La ministre de la transition écologique a cependant accepté d’étudier deux scénarios complémentaires. Le premier vise à déstocker tout ce qui est possible (5 400 tonnes) avant la réalisation du confinement ; le deuxième, à engager dès à présent une première phase de ce dernier avant de déstocker ce qui peut encore l’être (10 600 tonnes). C’est le scénario préconisé par le député Raphaël Schellenberger (LR), co-rapporteur d’un rapport parlementaire sur le sujet, et par une bonne partie des élus locaux. « On sécurise en réalisant de suite les barrages nécessitant d’entrer dans la mine, on déstocke ce qu’on peut, puis, quand il n’est plus possible de travailler dans cette mine, on ferme », résume l’élu.
Les associations environnementales et syndicats d’anciens mineurs regroupés au sein du collectif Déstocamine, de même que les élus écologistes, réclament quant à eux un déstockage total, y compris du secteur endommagé en 2002. « Le sous-sol du bassin potassique est totalement défoncé par un siècle d’exploitation minière. Même avec un confinement, le risque est grand que l’eau atteigne les déchets et arrive un jour à la nappe phréatique. Par ailleurs, on ne connaît pas tous les produits stockés dans les galeries. Rien que pour cela, il est impératif de déstocker », affirme ainsi le porte-parole du collectif, Yann Flory.
Des impacts écologiques importants
Les experts d’Antea et de Tractebel estiment que l’ensemble des scénarios étudiés comporte des risques élevés pour les mineurs, mais également des impacts écologiques importants, parce que les autres sites de stockage ne garantissent pas plus de sécurité que Stocamine. Un confinement serait donc plus sûr, tant pour les mineurs que pour l’environnement. Une analyse partagée par Barbara Pompili : « Il est possible de retirer de 15 % à 25 % de déchets supplémentaires, mais cela n’aurait aucun effet sur les risques résiduels, puisqu’il restera toujours des déchets dans la mine. D’autant que les scénarii les plus pessimistes évaluent, d’ici six cents à mille ans, les infiltrations d’eau polluée dans les 35 milliards de m3 de la nappe phréatique à 0,7 m3 par an. C’est une goutte d’eau dans une piscine olympique ! Les dangers pour la nappe phréatique sont réels mais ils sont ailleurs, en surface ; c’est là qu’il faut agir. »
Persuadée que le déstockage n’est pas la solution, la ministre attend désormais des élus et des responsables associatifs « tous les éléments qui prouveraient le contraire ». Avant de prendre une décision définitive à la fin du mois.
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/06/stocamine-barbara-pompili-en-faveur-du-maintien-des-dechets-sur-place_6065396_3244.html>
Sur le même sujet :
> Stocamine : Barbara Pompili favorable à un confinement définitif des déchets <https://information.tv5monde.com/info/stocamine-barbara-pompili-favorable-un-confinement-definitif-des-dechets-390422>, AFP, 05/01/21, 15:00
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8- 3 000 déchets excavés d’un site archéologique, le désastreux symbole de « l’ère du plastique », Numerama, 07/01/21
Marcus Dupont-Besnard
Des excavations archéologiques ont mis au jour la haute présence de plastique comme caractéristique de notre époque. Pour les auteurs, la trace de l'humanité laissée à la fin du 20e siècle et en ce début du 21e siècle pourrait donc être définie, archéologiquement, par une ère du plastique.
Les scientifiques visitant le site archéologique de Castell Henllys ne pensaient pas tomber, lors de leurs nouvelles fouilles, sur autant d’emballages de friandises Bounty ou de couverts en plastique. Ni sur les trois milliers d’autres déchets plastiques excavés sur place. L’équipe d’archéologues relate cette découverte à travers un papier publié le 7 janvier 2021 dans Antiquity. Cette pollution du site de Castell Henllys relève, pour eux, d’une énième signature de l’ère de l’Anthropocène.
>> Suite à lire à :
<https://www.numerama.com/sciences/680547-3-000-dechets-excaves-dun-site-archeologique-le-desastreux-symbole-de-lere-du-plastique.html>
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9- Smartphones, ordinateurs, TV… les professionnels jugent le nouvel indice de réparabilité des produits électroniques, Le Monde, Pixels, 08/01/21, 16h04
Nicolas Six
De l’avis des fabricants de matériel électronique, des vendeurs français et des associations de consommateurs, les critères qui servent au calcul de la note ne sont pas parfaits, mais l’indice constitue une belle avancée.
C’est l’un des objectifs clef de la loi antigaspillage de 2020 : aider les consommateurs à identifier les appareils électroniques faciles à réparer, grâce à une note graduée de 0 à 10. Cette note devra être affichée dans les magasins à côté des smartphones, des ordinateurs portables, des télévisions, des lave-linge et tondeuses à gazon.
Cette nouvelle étiquette aurait dû apparaître le 1er janvier mais il faudra patienter avant qu’elle se généralise. L’Etat ne commencera à verbaliser le défaut d’affichage qu’en janvier 2022.
> Lire aussi Matériel électronique : cinq questions sur le nouvel indice de réparabilité
Le ministère de la transition écologique fonde de grands espoirs dans cet indice de réparabilité qui poussera, escompte-t-il, les fabricants de matériel électronique à améliorer la conception de leurs produits, et à prolonge leur durée de vie. Un scénario qui se réalisera uniquement si tout le monde, du fabricant au consommateur, en passant par les réparateurs et les vendeurs, jouent le jeu. En remontant l’historique de sa conception, on comprend qu’il s’agit d’un vrai défi.
Deux années de débats
A l’origine, beaucoup de fabricants étrangers, qui ne réalisent qu’une petite partie de leurs ventes en France, étaient gênés par cette incitation à changer en profondeur le fonctionnement de leur service après vente (SAV) et la conception de leurs appareils. Le ministère a donc adopté une démarche souple pour mettre au point cet indicateur, dont la présence sera néanmoins obligatoire, sous peine de sanctions.
« Tout a été co-construit », témoigne le porteur du projet, Stéphane Hocquet, haut fonctionnaire au ministère de l’écologie. Une longue concertation a permis à l’Etat de comprendre les contraintes des fabricants, de saisir ce qui semblait réaliste et point trop coûteux. Le ministère a veillé à « ce que les réparateurs agrées et indépendants soient présents à toutes les consultations, tout comme les vendeurs, les distributeurs et les associations citoyennes ».
L’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP) juge toutefois, par la voix de sa cofondatrice, Laetitia Vasseur, que l’équilibre n’était pas en faveur de ces dernières : « Les associations citoyennes n’étaient pas assez présentes. Nous étions souvent trois personnes face à cinquante lobbyistes », a-t-elle regretté.
Pour Fairphone, un fabricant néerlandais de mobiles faciles à réparer, cette démarche est néanmoins judicieuse : « L’industrie électronique est une chaîne d’approvisionnement très complexe. C’est seulement en parlant à différents acteurs qu’on arrive à une vue globale de ce qu’est un bon indice de réparabilité », juge Luke James, son responsable des ventes.
Durant plus de deux années, ces intérêts divergents ont collaboré dans « une cinquantaine de groupes de travail chargés de dépiauter chaque critère de réparabilité possible », selon Stéphane Hocquet. Au bout de la table, l’Etat a tranché, s’appuyant sur l’expertise de l’Agence de la transition écologique (Ademe) et de la répression des fraudes (DGCCRF). Pour le directeur des services du groupe Fnac Darty, Régis Koenig, « il y a eu quelques frictions au départ, mais très vite, les acteurs ont compris les enjeux. Ils ont perçu que c’était le sens de l’histoire. J’ai trouvé les débats très ouverts et constructifs ».
Dûment pesé et quantifié
Un indice a fini par émerger, se voulant rationnel et factuel. Le critère « démontage » compte par exemple pour 20 % de la note finale. Les fabricants sont pénalisés s’il est impossible de remplacer les composants-clés, qui sont listés précisément, ou si la manœuvre est trop longue, ou requiert un outillage inhabituel.
+ Un extrait de la grille d’évaluation de la réparabilité des smartphones en version quasiment finale. La simplicité du démontage est évaluée en nombre d’étapes nécessaires. <https://img.lemde.fr/2021/01/08/0/0/941/351/1328/0/45/0/ec116fb_848735087-demontabilite.JPG>
La qualité de la notice compte aussi pour 20 % de la note. Pour gagner des points, les fabricants doivent la mettre à disposition durant sept ans pour les smartphones (quatorze ans pour les machines à laver). Les schémas des cartes électroniques et du câblage doivent y être détaillés, comme les instructions de démontage. Et cela pousse le fabricant d’électroménager Miele à reconsidérer sa notice : « Nous réfléchissons à fournir la documentation technique nécessaire à une intervention sur les pièces principales. »
La question des pièces détachées d’un produit pèse pour 40 % de la note finale. Pour obtenir le score maximal, les fabricants doivent fournir une douzaine de pièces sous un délai de trois jours, à un prix raisonnable, pendant de longues années, à quiconque en fait la demande. Les particuliers et les petits réparateurs non agréés doivent pouvoir y accéder eux aussi : ce à quoi certains fabricants, tels Apple, se sont toujours refusés. Les iPhone, comme beaucoup d’autres smartphones, sont aujourd’hui très difficiles à ouvrir et leurs pièces sont très difficiles à remplacer.
> Lire aussi Des formations en ligne pour apprendre à réparer les smartphones
Suite à l’instauration de l’indice de réparabilité, la marque française de smartphones durcis Crosscall a choisi d’élargir l’accès à ses pièces détachées à tout le monde, « puisque la loi y incite », comme le confie son fondateur et président, Cyril Vidal.
Cette liste de critères ne contente évidemment pas tous les acteurs. Sous couvert d’anonymat, un grand fabricant de smartphones, très soucieux de la qualité de ses appareils, regrette que l’indice poussera à vendre des pièces détachées de produits aux réparateurs non agréés. Crosscall s’interroge : « Est-ce que tout le monde a le savoir-faire ? Cela n’est pas si évident de remonter un smartphone pour qu’il reste étanche. »
Le directeur des services de Fnac Darty soutient, de son côté, qu’« un réseau de pièces détachées ouvert est de nature à développer la réparation et recréer de l’emploi dans ce secteur. Dans l’automobile, personne n’aurait l’idée d’empêcher l’accès aux pièces détachées. Certes, il y a un danger à changer certaines pièces soi-même, mais quand on change sa roue de voiture, on ne se pose pas cette question ».
Pour accompagner ce changement, Crosscall songe à modifier son SAV : « Nous réfléchissons à un accompagnement des réparateurs indépendants », annonce l’entreprise. Pour Miele, « tout l’enjeu de demain sera d’améliorer l’aide apportée aux particuliers qui voudraient réparer eux-mêmes ».
Le contrôle, un enjeu-clé
Plusieurs acteurs pensent au contraire que l’indice de réparabilité actuellement lancé ne va pas assez loin : certains regrettent notamment que les fabricants s’attribuent eux-mêmes les notes. Pourraient-ils gonfler leurs scores ? Pour beaucoup d’acteurs, ces notes autodéclarées doivent impérativement être contrôlées à l’avenir. La fondatrice de l’association HOP estime que « l’autoévaluation, c’est le minimum. Nous aurions préféré un diagnostic ambitieux posé par des organisations tierces. Mais cela aurait eu un coût ».
Fairphone souhaiterait qu’« une deuxième vérification soit mise en place » et l’association de défense des consommateurs UFC-Que choisir signalait, mi 2020 dans la consultation publique du ministère, qu’« aucun contrôle de ces engagements [n’était] institué ».
Stéphane Hoquet concède qu’« il aurait effectivement fallu rémunérer l’instance tierce. En outre, il y aurait eu des querelles d’experts sur des microdétails. Cela aurait été très lourd, quasiment ingérable ». Il rappelle que la DGCCRF sera chargée de vérifier l’affichage en boutique et de contrôler que les notes sont établies avec justesse.
Le service de l’Etat ne sera toutefois pas seul à assurer ce contrôle : « Les associations de consommateurs s’en chargeront aussi », souligne le haut fonctionnaire, pensant notamment à iFixIt et Sosav, qui démontent des dizaines de smartphones chaque année pour rédiger des guides de réparation publiés sur Internet.
Pour faciliter ce travail de surveillance, les associations auront accès au détail des notes de chaque appareil : ils pourront télécharger sur le site du fabricant les scores obtenus sur dix critères qui servent de base au calcul final. En outre, l’Etat mettra à leur disposition des grilles de calcul vierges bien plus détaillées encore que les fabricants utilisent pour calculer leur indice de réparabilité. Ils pourront donc faire leur propre estimation précise du score d’un produit suspect. L’association HOP concède que ces informations sont utiles : « Pour un fabricant, il serait dangereux de mentir. L’enjeu de réputation est considérable. »
L’autoréparation oubliée ?
Dernière objection de HOP : « la facilité de réparation est insuffisamment valorisée ». Cet indicateur pèse un quinzième de la note finale, mais compte pourtant beaucoup pour les particuliers qui pratiquent l’autoréparation : selon une étude de l’Ademe, près d’un Français sur deux a déjà réparé lui-même un appareil électroménager.
Le ministère réplique que « l’indice n’est pas seulement destiné à l’autoréparation mais aussi aux professionnels de la réparation. N’oublions pas non plus que la note valorise beaucoup la disponibilité de pièces officielles et leur tarif. Ces critères sont précieux pour tout le monde, y compris pour les particuliers ».
Malgré les critiques, les associations et fabricants interrogés demeurent majoritairement satisfaits par l’indice de réparabilité. « J’y vois bien plus de positif que de négatif, juge Fairphone. En tant que consommateur, nous allons pouvoir faire des choix qui ont un poids. C’était inimaginable il y a quelques années. » Pour l’association, « il y a une brèche ouverte, mieux vaut la saisir plutôt que de se satisfaire de l’existant ».
Le groupe Fnac Darty, lui, reste plus prudent : « Sur le papier, c’est un bon indice. Il faudra mesurer sa réussite à l’épreuve des faits », ce qui demandera quelques mois, le temps qu’on connaisse les notes de nombreux produits en concurrence directe. Eric Koenig rappelle toutefois que « la France est précurseur au niveau mondial ». Même si, pour beaucoup, l’échelle hexagonale est trop petite pour pousser les fabricants du monde entier à améliorer l’écoconception de leurs produits, « l’Union européenne regarde très attentivement ce qui se passe en France », souligne-t-on à l’association HOP.
<https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/01/08/smartphones-ordinateurs-tv-les-professionnels-jugent-le-nouvel-indice-de-reparabilite-des-produits-electroniques_6065642_4408996.html>
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10- Pollution. Balkans : le problème des déchets remonte à la surface des rivières, Libération, 08/01/21, 17:59
Eva Moysan
Plusieurs cours d'eau de Serbie et de Bosnie-Herzégovine se sont retrouvés submergés par des ordures, rappelant le manque de solutions de recyclage dans les Balkans.
Une épaisse couche de déchets recouvre plusieurs rivières dans le sud-ouest de la Serbie depuis le début de la semaine. Des bouteilles en plastique surtout, mais aussi des restes de poubelles, des pneus, des réfrigérateurs et même un cercueil, selon le site de la BBC en serbe. Le lac réservoir de Priboj, à la frontière avec la Bosnie-Herzégovine, s’est retrouvé submergé à tel point qu’il n’est plus possible d’apercevoir le bleu de l’eau. Suivant le cours de la Drina, les détritus se sont ensuite amassés devant le barrage de Visegrad, en Bosnie-Herzégovine.
Ils proviennent des nombreuses décharges situées le long des rivières. Quand le niveau de l’eau monte, elles emportent tous les déchets sur leur passage. Mais le poids de ces ordures pousse dangereusement sur les écluses de la centrale électrique de Visegrad. «Une grande quantité de déchets est arrivée d’un coup, entre 4 000 et 5 000 m3», estime auprès de l’AFP Tomislav Popovic, le directeur technique du barrage. Les barrières antipollution, qui servent à retenir les ordures flottantes en amont de la centrale, sont dépassées et plusieurs ont cédé. Tomislav Popovic dénonce l’inaction des autorités locales, leur reprochant de ne pas se préoccuper de l’environnement.
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L’alternative entre incinération et décharges sauvages
Les municipalités se renvoient la balle, chacune rejetant la faute sur celle située plus en amont. Les accusations remontent jusqu’au Monténégro, où la Drina prend sa source. C’est une histoire comme les Balkans en voient tous les jours : les dirigeants s’accusent mutuellement et personne ne se parle. Et à la fin, ce sont les citoyens qui trinquent. Depuis quelques années, des collectifs se créent pour interpeller leurs dirigeants sur les questions environnementales. C’est par exemple le cas d’Eko Straza («Garde écologique»), organisation serbe qui a publié des images de torrents de déchets sur les réseaux sociaux, contribuant à verser cette question dans le débat public.
> A lire aussi : Le charbon des Balkans fait suffoquer l’Europe
La gestion des ordures ménagères est un problème récurrent dans la région. Une enquête publiée conjointement par Mediapart et le Courrier des Balkans le 29 décembre montre par exemple comment les centrales d’incinération des déchets de Bulgarie ne respectent pas les normes environnementales. L’Union européenne sermonne régulièrement les pays de la région sur leur absence ou le manque de solutions de recyclage. Ainsi, en Bosnie-Herzégovine, la part des déchets municipaux recyclés s’élève à 0,5% quand la moyenne est de 44% dans l’UE. L’alternative pour les ordures se résume donc à finir dans une décharge sauvage ou à être brûlées, venant alourdir l’air déjà régulièrement saturé. La pollution de l’atmosphère est l’autre grand combat du collectif Eko Straza. Sur son site internet, il rappelle que les 18 centrales thermiques des Balkans occidentaux polluent plus que les 250 centrales thermiques de l’UE.
> A lire aussi : Pollution : les Balkans toussent, les gouvernements bottent en touche
Alors, chaque hiver, les Balkans étouffent. Ainsi, ce vendredi, Sarajevo caracolait parmi les dix villes les plus polluées du monde. L’aire urbaine de la capitale bosnienne et ses 690 000 habitants respiraient ainsi un air à la qualité plus catastrophique que celle de Calcutta et ses 17 millions d’habitants – pourtant connue pour ses forts taux de pollution. Cette situation entraîne des maladies respiratoires chroniques, notamment chez les enfants. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, la pollution est responsable de jusqu’à 20% des décès prématurés dans 19 villes des Balkans occidentaux. Eko Straza écrit sur son site que, chaque année en Serbie, 15 480 personnes meurent à cause de la pollution.
<https://www.liberation.fr/planete/2021/01/08/balkans-le-probleme-des-dechets-remonte-a-la-surface-des-rivieres_1810673>
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11- Fin du plastique, indice réparabilité, label anti-gaspillage… l’année 2021 marque un tournant pour l’économie circulaire, Novethic, 12/01/21
Marina Fabre
Un label pour mettre en valeur les initiatives contre le gaspillage alimentaire, la fin de plusieurs objets en plastique à usage unique, l’obligation d’un indice de réparabilité pour mieux guider les consommateurs… La loi économie circulaire regorge de mesures pour lutter contre le gaspillage. Ces mesures phares sont appliquées depuis le 1er janvier. Zoom sur ces changements qui pourraient marquer un tournant dans nos habitudes de consommation.
Un indice de réparabilité contre l’obsolescence programmée
Comment savoir, avant d’acheter un produit, s’il est réparable et si les pièces détachées défectueuses seront commercialisées ? Pour lutter contre l’obsolescence programmée, depuis le 1er janvier, un indice de réparabilité doit obligatoirement être apposé sur certains produits électroniques. Sont actuellement concernés les lave-linge, téléviseurs, smartphones, PC portables et les tondeuses à gazon. L’acheteur est guidé grâce à un logo allant du rouge vif (0/10), au vert foncé (10/10). Il représente un mix de critères allant de la difficulté de "démontabilité" du produit à la disponibilité des pièces détachées, en passant par le coût de la réparation.
"Les consommateurs attendent d’avoir de l’information sur la durée de vie des appareils. On voit ce qui s’est passé avec l’étiquette énergie depuis 25 ans. Tout le monde choisit maintenant en fonction de la performance énergétique. Ce qu’on espère c’est que les consommateurs vont désormais utiliser la réparabilité dans leurs critères d’achat", a déclaré sur BFM Business Régis Koening, directeur services de Fnac Darty. La liste des produits soumis à cette obligation d’étiquetage sera étendue dans les années à venir.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/environnement/economie-circulaire/isr-rse/fin-du-plastique-indice-reparabilite-label-alimentaire-l-annee-2021-marque-un-tournant-pour-l-economie-circulaire-149363.html>
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En images
12- Jouets, bouteilles, sac... une plage de Rio de Janeiro submergée par une marée de plastique, L'Obs, 05/01/21, 13h18
Des milliers de déchets sont apparus sur une plage brésilienne après de fortes pluies.
Un paysage dévasté. De fortes pluies ont amené une énorme quantité de déchets sur la plage de São Conrado, un quartier de la zone sud de la ville de Rio de Janeiro, au Brésil, ont rapporté plusieurs médias locaux, dimanche dernier.
De nombreux plastiques se sont accumulés dans le sable et ont été emportés par la mer, comme en témoigne cette vidéo de l’ONG Instituto Mar Urbano.
Comme l’avance une étude menée par la fondation Ellen McArthur et le cabinet McKinsey, en 2050, il pourrait y avoir plus de matière plastique que de poissons dans les mers et les océans.
Nous produisons dans le monde 225 millions de tonnes de plastique. Et chaque année, les sacs plastiques et les bouteilles sont les déchets les plus répandus dans nos océans.
>> Vidéo à voir à :
<https://www.nouvelobs.com/ecologie/20210105.OBS38418/jouets-bouteilles-sac-une-plage-de-rio-de-janeiro-submergee-par-une-maree-de-plastique.html>
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13- Emploi : le métier de réparateur est de plus en plus nécessaire, France 2, journal de 13h, 06/01/21
Avec la crise économique et les enjeux écologiques, les Français réparent de plus en plus leur matériel. Un nouveau métier émerge, celui des réparateurs.
Thomas Fort pratique son métier de réparateur à domicile depuis plus de quinze ans. Ces dernières années, il a vu les demandes des clients s'accélérer. Sur le terrain, trop peu de techniciens et son planning de rendez-vous déborde : "Ça nous fait du boulot, les gens gardent leur appareil qu'ils connaissent par cœur et tout le monde est content".
Des perspectives d'embauche
Pour un de ses clients, le changement d'une pièce risque de lui coûter jusqu'à 150 euros : "Ce lave-vaisselle a six ans, il peut être réparé, je préfère le garder. L'impact sur la planète est moindre, je n'ai pas besoin d'un nouveau lave-vaisselle". Dans les magasins, comme Darty, une centaine de produits sont apportés par les clients pour être réparés. Entre les ateliers, le service à domicile et les magasins, le groupe Darty prévoit d'embaucher 800 réparateurs d'ici les cinq prochaines années.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi-le-metier-de-reparateur-est-de-plus-en-plus-necessaire_4246847.html>
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14- Consommation : comment fonctionne l'indice de réparabilité ?, France 2, journal de 13h, 06/01/21
Depuis le 1er janvier, l'indice de réparabilité est obligatoire sur certains appareils électroménagers. Le journaliste Julien Duponchel est présent sur le plateau du 13 Heures de France 2 pour apporter des précisions.
Depuis le 1er janvier 2021, l'indice de réparabilité est obligatoire. Comment fonctionne-t-il ? "Avec des couleurs, explique le journaliste Julien Duponchel sur le plateau du 13 Heures, mercredi 6 janvier. Du rouge pour le plus mauvais au vert pour le meilleur, avec des notes plus précises". Plusieurs critères sont pris en compte comme la possibilité de démonter ou non un produit, la disponibilité de ses pièces, son prix et la notice du constructeur.
Cinq familles de produits
Cinq familles de produits sont concernées : les smartphones, les ordinateurs portables, les téléviseurs, les machines à laver et les tondeuses à gazon. "Ces cinq types d'électroménagers figurent parmi les plus achetés par les Français", explique le journaliste. Ce nouvel indice sera déployé progressivement jusqu'au 1er janvier 2022. "Cette nouvelle étiquette est une initiative franco-française, mais notre électroménager vient de l'étranger, peu de chance que les fabricants changent tout de suite leurs processus de fabrication".
> Plateau à retrouver à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/consommation-comment-fonctionne-l-indice-de-reparabilite_4246857.html>
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À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)...
NOS APPELS
– Le temps est venu <https://letempsestvenu.org/> de poser les premières pierres d’un nouveau monde
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– Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
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NOS VIDÉOS PÉDAGOGIQUES
– Sur notre chaîne You Tube <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>, retrouvez toutes nos vidéos.
NOS PUBLICATIONS (les plus récentes)
– Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>, janvier 2020
– Oui, les alternatives techniques aux néonicotinoïdes existent <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/oui-les-alternatives-techniques-aux-neonicotinoides-existent/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, mai 2016
– Mettre la politique monétaire au service de l’avenir <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/mettre-la-politique-monetaire-au-service-de-lavenir/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, mai 2016
– Rapport mobiliser les financements pour le climat <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/rapport-mobiliser-les-financements-pour-le-climat/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, février 2016
– Alimentation et climat : enjeux et solutions à différentes échelles <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/alimentation-et-climat-enjeux-et-solutions-differentes-echelles/?page=0&domaines1%5B%5D=32&domaines2%5B%5D=32&domaines3%5B%5D=32>, décembre 2015
– Solaire photovoltaïque : 25% de l'électricité mondiale bas carbone d'ici 2050 ! <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/solaire-photovoltaique-25-de-lelectricite-mondiale-bas-carbone-dici-2050/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, novembre 2015
– Les révolutions invisibles, un livre pour comprendre le monde qui vient <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/revolution-invisible-un-livre-pour-comprendre-le-monde-qui-vient>, août 2015
– Une revue consacrée aux liens entre environnement et inégalités sociales <http://www.fondation-nicolas-hulot.org/magazine/une-revue-consacree-aux-liens-entre-environnement-et-inegalites-sociales/?page=0&magazine_categorie%5B%5D=26>, juin 2015
– Démocratie participative : guide des outils pour agir <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/publication_etat_deslieaux_democratie_participative_0.pdf>, Etat des lieux & Analyses n°3, nouvelle édition, mars 2015
– Mobilité au quotidien - Comment lutter contre la précarité ? <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-mobilite-precarite.pdf>, Etat des lieux & Analyses, septembre 2014
– Etude. Les solutions de mobilité soutenable en milieu rural et périurbain <http://think-tank.fnh.org/sites/default/files/documents/publications/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf>, Fondation Nicolas Hulot & RAC France, juillet 2014
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