[revue-presse-FNH] Petite revue de presse centrée sur agriculture (dont OGM), alimentation, forêt, pêche, apiculture et jardinage (lundi 7 juin)

Florence de Monclin f.demonclin at fnh.org
Lun 7 Juin 08:05:45 CEST 2021


Bonjour à tous,

Un petit tour d'horizon avec deux possibilités d'accès aux dépêches et articles suivants : 
–> Un accès 'rapide' direct à la source de l'article (hors abonnement) par un lien hypertexte sur son intitulé dans le sommaire ; si un lien vers un article ne fonctionne pas, vous pouvez retrouver son contenu dans le corps du mail à l'item correspondant.
–> Un accès 'lent' et plus complet dans le corps du mail sous le sommaire et les extraits, incluant les articles réservés aux abonnés, des liens vers d'autres articles sur le même sujet et des pour en savoir plus (sources, etc.).
1- A New York, "Little Island", le nouveau parc en lévitation sur l'Hudson <https://www.geo.fr/voyage/a-new-york-little-island-le-nouveau-parc-en-levitation-sur-lhudson-204882>, AFP, 25/05/21, 02:00
2- Tribune. Broyage des canetons et poussins « Il est essentiel que le gouvernement français tienne son engagement » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/05/25/broyage-des-canetons-et-poussins-il-est-essentiel-que-le-gouvernement-francais-tienne-son-engagement_6081405_3232.html>, Le Monde, 25/05/21, 15h44
3- La certification agricole « HVE » sous le feu d’une nouvelle critique <https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/25/la-certification-agricole-hve-sous-le-feu-d-une-nouvelle-critique_6081444_3244.html>, Le Monde, maj le 26/05/21 à 05h09 
4- UE : les négociations sur la PAC dans la dernière ligne droite <https://www.challenges.fr/economie/ue-les-negociations-sur-la-pac-dans-la-derniere-ligne-droite_766264>, AFP, 26/05/21, 14:00
5- Tribune. « Quel hiatus entre politique de santé et politique agricole ! » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/05/27/quel-hiatus-entre-politique-de-sante-et-politique-agricole_6081632_3232.html>, Le Monde, 27/05/21, 06h00
6- Glyphosate : le plan B de Bayer ne convainc pas <https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/glyphosate-le-plan-b-de-bayer-ne-convainc-pas-1318657>, Les Echos, 27/05/21, 19:31
7- « Un accord, mais pas à n’importe quel prix » : échec des négociations sur la nouvelle PAC, reprise des discussions en juin <https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/28/un-accord-mais-pas-a-n-importe-quel-prix-echec-des-negociations-sur-la-nouvelle-pac-reprise-des-discussions-en-juin_6081847_3210.html>, Le Monde avec AFP, 28/05/21, 12h25 
8- Le gouvernement se donne six mois pour armer l'agriculture face au réchauffement climatique <https://www.lefigaro.fr/flash-eco/le-gouvernement-se-donne-six-mois-pour-armer-l-agriculture-face-au-rechauffement-climatique-20210528>, Le Figaro avec AFP, 28/05/21, 19:01
9- "C'est qui le patron" : avec l'explosion des ventes, le modèle de la marque des consommateurs est devenue une référence <https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/les-ventes-de-c-est-qui-le-patron-remede-a-la-crise-agricole-s-envolent-149843.html>, Novethic, 28/05/21
10- Tribune. « La France doit dénoncer les dérives du Sommet des systèmes alimentaires » <https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/05/29/la-france-doit-denoncer-les-derives-du-sommet-des-systemes-alimentaires_6081986_3232.html>, Le Monde, 29/05/21, 09h00
11- Un entrepôt de soja bloqué par des militants de Greenpeace près de Saint-Nazaire <https://information.tv5monde.com/info/un-entrepot-de-soja-bloque-par-des-militants-de-greenpeace-pres-de-saint-nazaire-410874>, AFP, 31/05/21, 16:00
12- Enquête. Les racines, grandes oubliées de l’agronomie et clés d’un futur écoresponsable <https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/05/31/les-racines-grandes-oubliees-de-l-agronomie-et-cles-d-un-futur-ecoresponsable_6082254_1650684.html>, Le Monde, maj le 01/06/21 à 06h04
13- Enquête. « On a toujours montré qu’une autre agriculture est possible » : Le Larzac, éternel laboratoire paysan <https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/06/01/on-a-toujours-montre-qu-une-autre-agriculture-est-possible-le-larzac-eternel-laboratoire-paysan_6082308_3224.html>, Le Monde, 01/06/21, 06h30
14- Dans un document interne, Nestlé avoue : 60% de ses produits sont mauvais pour la santé <https://korii.slate.fr/biz/nestle-document-60-pourcent-produits-alimentaires-mauvais-pour-sante-nutrition>, Korii, 01/06/21, 06h40
15- Réseaux organisés ou par des voisins : les vols de ruches augmentent <https://www.lejdd.fr/Societe/reseaux-organises-ou-par-des-voisins-les-vols-de-ruches-augmentent-4048480>, Le JDD, 01/06/21, 07h00
16- Glyphosate : relaxe pour 21 militants anti-OGM <https://information.tv5monde.com/info/glyphosate-relaxe-pour-21-militants-anti-ogm-411054>, AFP, 01/06/21, 17:00
17- Une pouponnière de millions d'insectes pour protéger les tomates <https://information.tv5monde.com/info/une-pouponniere-de-millions-d-insectes-pour-proteger-les-tomates-410974>, AFP, 01/06/21, 18:00
18- « Notre modèle est déshabillé, alors que l’agriculture bio touche tout le monde » : les exploitants en colère contre les arbitrages du gouvernement <https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/06/03/les-agriculteurs-bio-mecontents-des-arbitrages-du-gouvernement_6082590_3234.html>, Le Monde, 03/06/21, 11h43
En images
19- Pyrénées-Orientales : les agriculteurs du Roussillon sont les champions du bio <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/pyrenees-orientales-les-agriculteurs-du-roussillon-sont-les-champions-du-bio_4636127.html>, France 2, journal de 13h, 24/05/21
20- Vidéo. Une chimie verte qui se fait dans l’herbe <https://lejournal.cnrs.fr/videos/une-chimie-verte-qui-se-fait-dans-lherbe>, CNRS, « Un Zeste pour la planète », 25/05/12
21- L’agriculture régénératrice, ça marche comment ? <https://www.20minutes.fr/planete/3050031-20210528-agriculture-regeneratrice-ca-marche-comment>, 20 minutes avec Brut, 28/05/21, 15h43

Bien à vous,
Florence

NB : En pied de page de chaque message, vous disposez d’une adresse url qui vous permet de vous abonner, de changer votre adresse mail ou de vous désabonner directement à votre gré.

BILAN DU JOUR : Union européenne : les négociations pour une nouvelle politique agricole commune (PAC) échouent et reprendront en juin. (cf. item 4, suite, 5, 7, suite & 18)
DÉSASTRES DU JOUR : — Plus de 60% des aliments produits par la multinationale suisse Nestlé atteignent l'équivalent de la lettre C sur le Nutri-Score français, et c'est encore pire pour les boissons (96% en-dessous de 3,5) et les friandises ou glaces (99%). (cf. item 14)
— Les vols de colonies d'abeilles augmentent, sur fond de hausse du prix des essaims. Si le soupçon pèse sur des réseaux organisés, les malfaiteurs sont souvent… des voisins. (cf. item 15)
— La politique agricole commune (PAC) supprime définitivement les aides au maintien en agriculture biologique. (cf. item 18)
RENDEZ-VOUS DU JOUR : Le 'Varenne agricole de l’eau' devrait se concentrer sur trois thématiques : la gestion des risques, l'adaptation de l'agriculture et l'accès à une vision partagée concernant la ressource en eau mobilisable sur le long terme. France Nature Environnement (FNE), qui représente près de 6.000 associations, avait annoncé la veille son intention de ne pas prendre part à ce rendez-vous. (cf. item 8 & suite)
ENQUÊTES DU JOUR : — Dans une note remise aux ministères de l’agriculture et de la transition écologique, l’Office français de la biodiversité (OFB) assure que le label agricole HVE ne présente, dans la grande majorité des cas, aucun bénéfice environnemental. (cf. item 3)
— Invisibles, longtemps négligées, les racines sont des réseaux souterrains indispensables à la vie des plantes qui passent désormais sous la loupe des chercheurs. L’objectif : permettre une agriculture respectueuse de l’environnement, en misant sur des systèmes racinaires capables de mieux exploiter les ressources naturelles du sol. (cf. item 12)
— 40 ans après la lutte qui a durablement marqué le plateau du Larzac, en Aveyron, de jeunes paysans continuent à s’y établir grâce à un système foncier unique en France. De génération en génération, la transmission fonctionne plutôt bien, malgré quelques accrocs. (cf. item 13)
CITATION DU JOUR : "Le boulot des entreprises d'agroalimentaire est de générer du cash pour les actionnaires. Elles ont besoin pour cela de vendre des produits qui sont achetés par une cible la plus large possible, et ces produits, c'est la junk food" (mal bouffe), Marion Nestle (qui n’a rien à voir avec le groupe Nestlé), nutritionniste (cf. item 14)
ALTERNATIVES DU JOUR : — Un parc aérien de près d'un hectare posé sur 132 tulipes de béton, au-dessus du fleuve Hudson, a été inauguré à New York, comme un symbole d'une ville qui renaît après une pandémie qui l'a profondément marquée. (cf. item 1)
— "C'est qui le patron", la marque qui rémunère au juste prix les producteurs, est devenue incontournable en seulement quatre ans. (cf. item 9)
— Des millions de punaises et de micro-guêpes grouillent autour de plants de tabacs parfaitement alignés sous une vaste verrière. La coopérative agricole bretonne Savéol bichonne les petits insectes qui remplacent les pesticides pour lutter contre les ravageurs. (cf. item 17)
— Un climat favorable et une filière organisée, dans les Pyrénées-Orientales, plus d'un tiers des parcelles sont cultivées selon l'agriculture biologique. (cf. item 19)
— La phytorestauration, une technique par laquelle des chercheurs sont capables de dépolluer "naturellement" les eaux et sols usés grâce aux plantes, en produisant au passage un compost réutilisable. (cf. item 20)
— Associer plusieurs plantes différentes dans une même culture afin que chacune bénéficie des apports de l’autre, c’est le concept de l’agriculture régénératrice. (cf. item 21)
NOTRE ACTU : A suivre sur notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> ou Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>.
> Plan de relance, loi climat... Décryptage et propositions pour des avancées écologiques et sociales qui comptent <http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/presse/dp-plan-relance-fnh.pdf>
> Le temps est venu de poser les premières pierres d’un nouveau monde <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-temps-est-venu-lappel-de-nicolas-hulot-pour-poser-les-premieres-pierres-dun-nouveau-monde/>
> 10 mesures pour juger de la pertinence des programmes des candidats aux élections municipales <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/ecolos-et-sociales-les-prochaines-municipales>
> Baromètre des mobilités du quotidien - Coût, manque d'alternatives : les Français prisonniers de la voiture <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/cout-manque-dalternativesles-francais-prisonniers-de-leur-mode-de-transport>
> Guide en ligne. 7 propositions pour contribuer au grand débat national <http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/7-propositions-pour-contribuer-au-grand-debat-national/>
> Pétition. L’Affaire du Siècle. Climat : stop à l’inaction, demandons justice ! <https://laffairedusiecle.net/>
> Let’sbio ! Le Bonus cantine Bio et Locale <https://www.letsbio.org/>
> 30 gestes et astuces pour réduire sa conso d’énergie <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/economies-denergie-au-quotidien-trucs-et-astuces-pour-depenser-moins/>
> Groupe Facebook "Infos et astuces pour économiser l’énergie <https://www.facebook.com/groups/208132273169772/?utm_campaign=GE2018&utm_medium=E5&utm_source=GE2018E516>"
> Une collection de vidéos pour décrypter les enjeux écologiques et climatiques <https://www.youtube.com/playlist?list=PLh--7obE3XQ4Ku7J6VzsvlsKayQqvJTq9>
> Pétition. TAFTA, CETA : des traités climaticides qui menacent nos démocraties. <http://fondation-nicolas-hulot.org/action/tafta-ceta-des-traites-climaticides-qui-menacent-nos-democraties/?_ga=1.254849352.1537587716.1214298697>
> Crèches : arrêtons d’intoxiquer nos enfants <https://www.youtube.com/watch?v=FMjygtDmPSM>
> L'APPEL DES SOLIDARITÉS porté par plus de 80 ONG & associations de tous horizons <http://www.comite21.org/reseau-adherents/actualites.html?id=11056>
> 2nd édition de My Positive Impact : les 6 lauréats du public et les 3 lauréats du jury <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/trophees-pour-le-climat-my-positive-impact/>
_______________________________________________________________________________________________________________________
1- A New York, "Little Island", le nouveau parc en lévitation sur l'Hudson, AFP, 25/05/21, 02:00
Laura Bonilla Cal

Un parc aérien de près d'un hectare posé sur 132 tulipes de béton, au-dessus du fleuve Hudson, a été inauguré vendredi à New York, comme un symbole d'une ville qui renaît après une pandémie qui l'a profondément marquée.
"Little Island", accessible gratuitement par deux passerelles piétonnes, a été construite le long de l'endroit où se trouvait jadis le quai 54 de la compagnie maritime White Star, où débarquèrent, en avril 1912, 705 survivants du naufrage du Titanic.
Coût de cette île artificielle, environ 260 millions de dollars, financés pour l'essentiel par la fondation de l'entrepreneur Barry Diller et de son épouse, la créatrice Diane von Furstenberg. Le milliardaire a indiqué au New York Times qu'il prendrait en charge les coûts d'entretien du parc durant les 20 premières années.
Au total, sa contribution pourrait ainsi atteindre 380 millions de dollars, a-t-il estimé, du jamais-vu à New York pour un don privé à destination d'un jardin public.
"Little Island" a failli ne jamais être achevée, paralysée par une série de recours judiciaires sans fin, avant que le gouverneur de l'Etat de New York, Andrew Cuomo, ne parvienne à trouver un accord entre les parties, en 2017.
Construites à des hauteurs différentes, de 5 à 18 mètres, pour créer du relief, les tulipes, de 68 tonnes chacune, ont été remplies de terre, comme des pots de fleurs géants. Des fleurs de plus de 350 espèces différentes, arbustes et arbres ont été installés sur le site, qui sera ouvert de 06H00 à 01H00 tous les jours.
Le projet, situé entre la 13ème et 14ème rue, comprend également un amphithéâtre de près de 700 places. Il fait partie du Hudson River Park, projet d'aménagement des quais de l'Hudson entre la 59ème rue et Battery Park City, à l'extrême sud de Manhattan.
"Je suis incroyablement heureuse d'être ici et d'avoir survécu à la pandémie", a réagi l'une des premières visiteuses du lieu, Barbara Kenner, qui a perdu son emploi de responsable du personnel durant la crise sanitaire, qui a fait plus de 30.000 morts à New York. "Nous célébrons ici ce qu'est New York."
Au ras de l'eau, on aperçoit encore les restes des vieux piliers de bois du quai 54, conservés pour préserver l'habitat sous-marin.
La paysagiste Signe Nielsen, qui a conçu la surface de Little Island, voulait que les visiteurs "quittent la ville, la circulation, pénètrent dans un espace et soient surpris", a-t-elle expliqué à l'AFP. "J'espère qu'ils repartiront plus calmes et plus heureux qu'ils ne sont entrés."
"C'est un endroit vraiment sympa pour couper un peu avec la ville, en particulier à +downtown+", la pointe sud de Manhattan, "où nous n'avons pas beaucoup d'espaces verts", s'est réjouie Lauren Moon Fraser, allongée sur la pelouse avec son bébé.
<https://www.geo.fr/voyage/a-new-york-little-island-le-nouveau-parc-en-levitation-sur-lhudson-204882>
_______________________________________________________________________________________________________________________
2- Tribune. Broyage des canetons et poussins « Il est essentiel que le gouvernement français tienne son engagement », Le Monde, 25/05/21, 15h44
Par Collectif 

Alors que Bundestag vient d’approuver une loi visant à mettre un terme à l’abattage des canetons et poussins en 2022, le gouvernement français, qui s’y était engagé par la voix du ministre de l’agriculture, tarde à tenir promesse, estime dans une tribune au « Monde » un collectif transpartisan de députés et de sénateurs. Or, cet atermoiement ralentit le développement de technologies de sexage. 
Tribune. En octobre 2019, le ministre de l’agriculture Didier Guillaume annonçait conjointement à son homologue allemande Julia Klöckner l’interdiction à la fin 2021 de l’élimination des poussins mâles, notamment par broyage. Depuis, le Bundestag vient de valider un projet de loi, déjà approuvé par le gouvernement allemand, pour interdire l’abattage des poussins mâles dès 2022. Mais en France, le gouvernement n’a encore donné aucune suite législative à ses annonces et aucune réaction n’émerge.
Dans les élevages bio comme ailleurs, l’industrie de l’œuf n’utilise que des poules femelles. A force de sélections génétiques, la production est passée d’une douzaine d’œufs par an à l’état sauvage à 150 œufs dans les années 1940. Depuis, alors que la production annuelle d’œufs par poule pondeuse doublait, la vitesse de croissance des races à viande a été multipliée par quatre. Les coqs des races de pondeuses grandissant trop lentement, l’élevage des mâles n’était plus assez rentable pour les filières viandes.
> Lire aussi  Emmanuel Macron en quête d’une doctrine et d’une stratégie en matière d’écologie
La ponte intensive épuisant leurs capacités physiques, les femelles pondeuses sont tuées à l’âge d’un an-et-demi (soit un cinquième de leur espérance de vie) lorsque leur fréquence de ponte diminue trop. 47 millions de poules pondeusessont donc remplacées chaque année dans les élevages et autant de poussins mâles sont éliminés par broyage ou gazage. De la même manière, bon nombre de canetons femelles sont tués juste après leur naissance, leur foie étant trop petit et innervé pour les producteurs de foie gras.
Des capacités cognitives étonnantes
Cet enjeu est loin d’être anecdotique pour l’éthique animale : le nombre de poussins et canetons tués chaque année en France est quatorze fois supérieur au nombre de vaches abattues. Actuellement, l’identification du sexe des poussins est réalisée dans les 72 heures après l’éclosion.
Or, à cet âge, ils sont déjà dotés de capacités cognitives étonnantes. A trois jours, ils comprennent par exemple qu’un objet continue d’exister même lorsqu’il leur est invisible, concept qu’un nourrisson ne commence à appréhender qu’après quatorze semaines. Avant même de sortir de l’œuf, à la fin de la troisième semaine de développement, les poussins communiquent avec leur mère (quand ils ont la chance qu’elle soit encore à leurs côtés) pour lui demander de les couver ou de les retourner.
Pour l’essayiste David Chauvet : « C’est la seule manière de mettre un terme à l’élevage industriel »
Cependant, la capacité la plus pertinente en éthique, celle de ressentir consciemment des expériences agréables et désagréables, viendrait encore plus tôt. D’après les tests d’imagerie cérébrale et les études neurobiologiques, les embryons commenceraient à éprouver de la douleur entre quatre et quatorze jours avant l’éclosion. Pour leur éviter des souffrances, de nouvelles technologies visent à détecter les embryons mâles au plus tôt.
Des progrès considérables
Alors qu’il y a vingt ans le sexage dans l’œuf n’était qu’une utopie, des progrès considérables ont été réalisés, principalement portés par l’intérêt du public allemand pour cette question éthique.
Deux technologies sont déjà disponibles et appliquées pour des œufs que l’on trouve actuellement en France. La première détermine le sexe par méthode optique lors de la deuxième semaine d’incubation. Reposant sur le scan des œufs par une caméra spéciale qui observe la lumière traversant l’œuf et sur un algorithme complexe, elle est expérimentée à un niveau industriel depuis 2019dans l’un des couvoirs de Carrefour France en partenariat avec Les Fermiers de Loué.
> Lire aussi  Une base de données destinée aux professionnels de l’alimentation accusée de pénaliser les systèmes agricoles extensifs
La seconde technologie est basée sur le prélèvement d’une goutte de blanc d’œuf à travers un trou microscopique et sur l’analyse des hormones qu’il contient. Cette technique allemande a déjà fait ses preuves : en 2020, plus de 6 000 supermarchés ont vendu des œufs ainsi sélectionnés.
Le doute du gouvernement français
Si de nombreux couvoirs et éleveurs n’ont pas encore choisi d’appliquer le sexage in ovo, c’est souvent par préoccupation des enjeux commerciaux et du coût de production qu’impliqueraient ces méthodes. Le prix d’une poulette standard est actuellement de 80 centimes en sortie de couvoir. Les divers procédés de sexage dans l’œuf pourraient faire monter les coûts à 1 euro, voire à 4,50 euros par poule pour les technologies les plus chères.
Comme chacune de ces poules pond environ 320 œufs en treize mois avant de partir à l’abattoir, au final le surcoût par œuf serait de 0,3 à 1,5 centime. Un prix que beaucoup de consommateurs seraient prêts à payer tant le broyage des poussins est une pratique révoltante.
> Lire aussi  « La question animale nous force à ouvrir les yeux sur ce que nous sommes devenus »
Le doute que laisse planer le gouvernement français sur de futures mesures ralentit l’implantation de nouvelles techniques de sexage. Plusieurs grands distributeurs comme Aldi et Carrefour ainsi que l’interprofession de l’œuf sont pourtant prêts à avancer sur ce sujet. Mais un choix technologique qui s’avérerait finalement non conforme aux normes représenterait un gaspillage d’investissement pour les précurseurs trop enthousiastes.
La France, premier pays producteur d’œufs en Europe
La France est le premier pays producteur d’œufs en Europe et son exemple pourrait très vite être suivi par les Pays-Bas, l’Espagne et l’Italie, qui se sont déjà orientés vers la fin de l’élimination des poussins mâles. Afin de bien jouer ce rôle déclencheur, il est essentiel que le gouvernement français tienne son engagement tout en protégeant la filière contre l’importation d’œufs et de poules qui ne respecterait pas les nouvelles normes françaises en matière d’éthique animale.
En janvier 2020, le gouvernement avait déçu la population en promettant des mesures fortes pour « la protection et le bien-être animal » sans finalement remettre en question l’élevage intensif alors que 85 % des Français souhaitent son interdiction. Il serait maintenant navrant qu’il ne concrétise pas l’une des rares concessions qu’il a accepté de faire en faveur des animaux.
§Premiers signataires : Guy Benarroche, sénateur des Bouches-du-Rhône, groupe Ecologiste-Solidarité et Territoires ; Esther Benbassa, sénatrice de Paris, groupe Ecologiste-Solidarité et Territoires et porteuse d’une proposition de loi contre le broyage des poussins ; Manuel Bompard, député européen, groupe de la gauche au Parlement européen – GUE/NGL ; David Cormand, député européen, groupe des Verts/Alliance libre européenne ; Monique de Marco,sénatrice de la Gironde, groupe Ecologiste-Solidarité et Territoires ; Eric Diard, député des Bouches-du-Rhône, groupe Les Républicains ; M’Jid El Guerrab, député de la 9e circonscription des Français établis hors de France, groupe Agir ensemble ; Meyer Habib, député de la 8ecirconscription des Français établis hors de France, Groupe UDI et Indépendants ; Dimitri Houbron, député du Nord, Groupe Agir ensemble
§ Liste complète des signataires <https://docs.google.com/document/d/1Ljb1nTq9XmDfcRWXG6Ox_hWbg8UIaA6QyJDglziRQ_Y/edit>
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/05/25/broyage-des-canetons-et-poussins-il-est-essentiel-que-le-gouvernement-francais-tienne-son-engagement_6081405_3232.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
3- La certification agricole « HVE » sous le feu d’une nouvelle critique, Le Monde, maj le 26/05/21 à 05h09 
Stéphane Foucart et Mathilde Gérard

Dans une note confidentielle remise fin 2020 aux ministères de l’agriculture et de la transition écologique, l’Office français de la biodiversité assure que le label agricole HVE ne présente, dans la grande majorité des cas, aucun bénéfice environnemental. 
Le ministre de l’agriculture Julien Denormandie l’a annoncé, vendredi 21 mai : le label Haute valeur environnementale (HVE) permettra de bénéficier des aides des « écorégimes » de la nouvelle Politique agricole commune (PAC), au même titre que l’agriculture biologique. Une note de l’Office français de la biodiversité (OFB), remise fin 2020 aux ministères de l’agriculture et de la transition écologique, mais restée confidentielle, montre pourtant que ce label ne présente, dans la grande majorité des cas, aucun bénéfice environnemental.
Ce bref rapport de l’agence publique à ses deux ministères de tutelle, que Le Monde a pu consulter, conforte, chiffres officiels à l’appui, les critiques formulées de longue date par les associations de défense de l’environnement qui considèrent le label HVE comme « un cheval de Troie du greenwashing », soutenu par les milieux de l’agriculture intensive.
> Lire aussi  Le gouvernement accusé de faire du label haute valeur environnementale un « cheval de Troie du “greenwashing” »
La note est singulièrement embarrassante. Exemple : l’un des critères d’obtention du label HVE impose que les achats d’intrants (pesticides, etc.) ne dépassent pas 30 % du chiffre d’affaires de l’exploitation. Or selon le rapport de l’OFB, un tel seuil n’est « pas du tout discriminant pour les exploitations viticoles, qui consacrent en moyenne seulement 14 % de leur chiffre d’affaires aux intrants, soit la moitié du niveau requis par le cahier des charges HVE ». Cette faille est d’autant plus profonde que la viticulture, précise le rapport, représente plus de 80 % des exploitations HVE. Même constat en maraîchage : le poids des intrants représente en moyenne 26 % du chiffre d’affaires des exploitations françaises. Moins que les 30 % requis par le label HVE.
Autre critère pour obtenir le précieux label : la part d’« infrastructures agroécologiques » (haies, bosquets, etc.) dans la surface agricole utile. Pour une exploitation de 100 hectares, lit-on dans le rapport, « un linéaire de 5 km de haies est nécessaire pour respecter le critère du verdissement [de la PAC] depuis 2015 »,mais seul un kilomètre de haies est requis pour le label HVE. « Sur ce critère, et en considérant uniquement les haies, l’exigence HVE est donc 5 fois inférieure au verdissement de la PAC tel qu’il existe depuis 2015 », conclut l’expertise confidentielle de l’OFB.
79 % des fermes en grande culture concernées
En conclusion, ajoute l’établissement public, « les seuils retenus ne permettent pas de sélectionner des exploitations particulièrement vertueuses », en particulier pour les exploitations viticoles qui représentent la grande majorité du label HVE. Ces critères d’éligibilité sont l’un des motifs d’inquiétude de certaines filières et organisations – dont la Confédération paysanne ou la Fédération nationale de l’agriculture biologique –, qui ont quitté avec fracas la réunion de présentation des arbitrages pour la prochaine PAC de M. Denormandie, le 21 mai.
> Lire aussi  Les arbitrages de la France pour la future PAC suscitent de vives crispations
Pour le ministre, l’accès aux écorégimes par le label HVE, au même titre que le bio ou que certaines pratiques comme le non-labour, est justifié par le fait que cet outil doit être « inclusif et simple d’accès ». « Ce n’est pas de l’argent en plus donné aux agriculteurs », a-t-il fait valoir, mais une somme prélevée sur les subventions actuellement perçues. Le ministère a ainsi calculé que 79 % des fermes en grande culture auraient accès à ces aides.
« Chercher à avoir un écorégime le plus facilement accessible ne peut pas être synonyme d’ambition environnementale, déplore Aurélie Catallo, coordinatrice de la plate-forme Pour une autre PAC. Le but pour nous n’est pas d’avoir un écorégime excluant. Mais là, ça veut dire qu’on a calibré le niveau d’ambition en fonction de ce qui se fait déjà, et non en fonction de ce qui serait souhaitable pour l’environnement. »
Dans l’entourage de Barbara Pompili, on assure que les constats tirés par l’OFB sont « collectivement partagés ». « On va réévaluer ces critères, et l’appel d’offres pour conduire cette évaluation a déjà été lancé, et celle-ci va être lancée courant 2021, dit-on au cabinet de la ministre de la transition écologique. On va aller vers une réévaluation du cahier des charges de la HVE. » Il en faudra sans doute plus pour convaincre. « La littérature est abondante pour dire que l’agriculture biologique est vertueuse pour l’environnement, dit Mme Catallo. Mais il n’existe à ce jour aucune étude scientifique pour dire que la certification HVE permet d’engager une transition agroécologique. »
<https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/25/la-certification-agricole-hve-sous-le-feu-d-une-nouvelle-critique_6081444_3244.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
4- UE : les négociations sur la PAC dans la dernière ligne droite, AFP, 26/05/21, 14:00
Julien Girault

Les négociations sur la réforme de la PAC, destinée à "verdir" l'agriculture du continent mais jugée très insuffisante par des ONG environnementales, battent leur plein à Bruxelles, en vue de finaliser un accord cette semaine.
Les ministres européens de l'Agriculture ont entamé mercredi une réunion de deux jours pour donner un coup d'accélérateur aux tractations entre eurodéputés et représentants des Etats membres, en cours depuis mardi.
Les Vingt-Sept s'étaient mis d'accord en octobre 2020 sur une réforme de la Politique agricole commune (PAC), qui s'appliquera à partir de janvier 2023 avec un budget d'environ 387 milliards d'euros pour sept ans, dont 270 milliards de subventions directes aux agriculteurs.
Le Parlement européen avait adopté parallèlement sa propre feuille de route, et depuis, eurodéputés et capitales bataillent d'arrache-pied : ils doivent impérativement s'entendre pour que la nouvelle PAC entre en vigueur.
"L'objectif est d'aller aussi loin que possible dans la transition environnementale avec un budget qui a été réduit", résume l'eurodéputée Anne Sander (PPE, droite), l'une des négociatrices.
Mais les points de discorde restent nombreux, notamment sur la compatibilité de la PAC avec les stratégies européennes du "Pacte vert" (neutralité carbone visée en 2050) et de "la Ferme à la fourchette" (sécurité alimentaire).
Celles-ci visent à réduire de 50% l'usage de pesticides d'ici 2030 tout en réservant un quart des terres aux cultures biologiques... objectifs ambitieux non repris en tant que tels dans la PAC.
- "Détricotage" -
Au centre des débats: le nouveau système des "écorégimes", primes accordées aux agriculteurs participant à des programmes environnementaux plus exigeants.
Les eurodéputés réclamaient que les Etats y consacrent au moins 30% des paiements directs de l'UE aux exploitants, tandis que les Vingt-Sept préconisaient un seuil de 20% -- tout en laissant latitude aux gouvernements d'en définir le contenu.
Finalement, le Portugal --qui occupe la présidence tournante de l'UE-- a proposé de fixer un niveau minimal d'écorégimes de 23% pendant deux années de transition, avant de passer à 25%, selon un diplomate européen.
"On serait prêt à accepter cela, si après deux ans, on obtient un alignement des plans stratégiques de chaque Etat avec les exigences du Pacte vert, le quart de terres en biologique... un engagement plus robuste en laissant aux agriculteurs le temps de s'adapter", confie une source parlementaire.
Mais libre à chaque Etat d'utiliser les écorégimes pour soutenir le biologique, ou plutôt pour aider les cultivateurs à réduire les pesticides, ou de définir un contenu plus vague... De quoi aviver les craintes d'une "renationalisation" de la PAC.
"La Commisison voulait détricoter le caractère commun de la PAC. Certes les conditions de production sont différentes selon les pays, mais on a besoin de normes communes fortes", d'un contrôle des stratégies de chaque Etat et d'un instrument centralisé pour identifier les bénéficiaires des subventions, estime Anne Sander.
- Spectre du "greenwashing"-
A l'inverse, les gouvernements s'alarment : si une part grandissante des versements est conditionnée au respect de normes environnementales (surface minimale en jachère, rotation des cultures....), quelles seront les dérogations possibles pour les agriculteurs ?
"Il est important de laisser de la flexibilité aux Etats", a insisté mercredi à son arrivée la ministre allemande Julia Klöckner.
"Les agriculteurs ne doivent pas être ensevelis sous la bureaucratie (...) Nous voulons récompenser les pratiques plus environnementales, mais cela doit être praticable financièrement", a-t-elle expliqué.
Pour le haut diplomate, "il s'agit de trouver un équilibre", pour éviter que "les capitales fassent ce qu'elles veulent" avec les fonds européens.
D'autres eurodéputés (sociaux-démocrates) veulent également conditionner le versement des aides au respect de normes sociales, avec d'éventuelles sanctions -- une option farouchement refusée par les 27.
Déjà, l'ONG Greenpeace, qui manifestait mercredi à Bruxelles, dénonce "du pur +greenwashing+".
"Cette PAC continue de financer l'élevage industriel et la production de nourriture animale, qui détruisent la nature, bouleversent le climat, tout en acculant à la faillite les petits exploitants", s'indigne son responsable Marco Contiero. 
"Les protections pour les terres humides ou prairies sont inexistantes (...) et il n'y a aucune exigence sur l'usage de fertilisants ou nitrates", abonde Célia Nyssens, du Bureau européen de l'Environnement.
<https://www.challenges.fr/economie/ue-les-negociations-sur-la-pac-dans-la-derniere-ligne-droite_766264>
Sur le même sujet :
> Plan stratégique National de la PAC : la déception l’emporte (Entretien) <https://www.natura-sciences.com/agriculture/plan-strategique-national-pac-deception.html>, Natura-sciences, 26/05/2021 à 17:24
_______________________________________________________________________________________________________________________
5- Tribune. « Quel hiatus entre politique de santé et politique agricole ! », Le Monde, 27/05/21, 06h00
Par Collectif

Alors que de nombreuses études montrent une imprégnation de la population aux pesticides, un collectif de professionnels de santé et de l’alimentation appelle, dans une tribune au « Monde », le gouvernement à agir, au travers de la PAC, afin de favoriser le développement de l’agriculture biologique.
Tribune. Si la politique nutritionnelle du gouvernement recommande, notamment à travers le Programme national nutrition santé (PNNS), d’aller vers une alimentation biologique pour les produits végétaux, c’est bien parce que l’exposition de la population aux pesticides est une préoccupation majeure de santé publique et qu’il faut absolument agir pour la réduire.
Nous, professionnels de santé, nutritionnistes, scientifiques, spécialistes de la santé et de l’alimentation, demandons au ministère de l’agriculture et de l’alimentation de prioriser dans la politique agricole commune (PAC) la réduction drastique des pesticides dans la production et dans l’alimentation en favorisant le développement de l’agriculture biologique.
> Lire aussi  « L’assiette des consommateurs de bio est plus respectueuse de l’environnement que celles des autres »
Les études montrent une imprégnation générale de la population, y compris du fœtus (données InVS 2013, complétées par celles des cohortes Pélagie et Elfe), par les pesticides. On le sait, les principales sources d’exposition sont l’alimentation et la boisson (Inserm 2013, expertise collective « pesticides et santé »).
En France, la moitié des aliments non bio contient des résidus de pesticides, trois en moyenne (rapports sur la contamination des aliments par les pesticides : DGCCRF, France, 2016 et EFSA, Union européenne, 2018), dont 60 % sont soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens. Les premières victimes sont bien sûr les professionnels agricoles et leurs enfants, pour qui l’exposition et donc les conséquences sont majorées (expertise collective « Pesticides : effets sur la santé », Inserm, 2013 ; « Cancer incidence in the AGRICAN cohort study (2005-2011) », Clémentine Lemarchand et al., Cancer Epidemiology, n° 49, 2017, p. 175-185).
Réduction du surpoids
Un nombre croissant d’éléments suggère que l’alimentation bio serait meilleure pour la santé humaine. Elle diminue drastiquement l’exposition aux pesticides (« Detection of glyphosate residues in animals and humans », Monika Krüger et al., Journal of Environmental & Analytical Toxicology, 2014 ; « Urinary pesticide concentrations in French adults with low and high organic food consumption : results from the general population-based NutriNet-Santé », Julia Baudry et al.,Journal of Exposure Science and Environmental Epidemiology, 2019 ; « Improvement of diet sustainability with increased level of organic food in the diet : findings from the BioNutriNet cohort », Julia Baudry et al., The American Journal of Clinical Nutrition, 2019 ; « Sustainability analysis of French dietary guidelines using multiple criteria », Emmanuelle Kesse-Guyot et al., Nature Sustainability, 2020), 85 % à 95 % des produits bio ne contiennent aucun résidu et les aliments transformés bio contiennent 90 % d’additifs et auxiliaires de fabrication en moins que les conventionnels.
> Lire aussi  Coronavirus : « Un moratoire sur les épandages de pesticides près des habitations est une nécessité sanitaire et morale »
Les produits bio présenteraient aussi une meilleure qualité nutritionnelle : plus d’antioxydants dans les végétaux (« Human health implications of organic food and organic agriculture : a comprehensive review », Axel Mie et al., Environmental Health, 2017), 50 % d’oméga-3 en plus dans le lait et les viandes (Dominika Srednicka-Tober et al., British Journal of Nutrition, 2016) et une teneur plus faible en métaux lourds et en nitrates (Marcin Baranski et al., Bristish Journal of Nutrition, 2014).
Par ailleurs une forte consommation d’aliments bio est associée à une diminution du risque de lymphome non hodgkinien (« Organic food consumption and the incidence of cancer in a large prospective study of women in the United Kingdom », K. E. Bradbury et al., British Journal of Cancer, 2014 ; « Association of frequency of organic food consumption with cancer risk : findings from the NutriNet-Santé Prospective cohort study », Julia Baudry et al.,JAMA Internal Medicine, 2018), en augmentation dans la population, ainsi que du risque de cancer du sein chez la femme ménopausée.
Chez les forts consommateurs et consommatrices d’aliments bio, on constate une réduction du surpoids, de l’obésité et du risque de diabète (« Profiles of organic food consumers in a large sample of French adults : results from the NutriNet-Santé cohort study », Emmanuelle Kesse-Guyot et al., PLOS One, 2013 ; « Prospective association between consumption frequency of organic food and body weight change, risk of overweight or obesity : results from the NutriNet-Santé study », Emmanuelle Kesse-Guyot et al., British Journal of Nutrition, 2017) ; « Inverse association between organic food purchase and diabetes mellitus in US adults », Yangbo Sun et al., Nutrients, 2018 ; « Prospective association between organic food consumption and the risk of type 2 diabetes : findings from the NutriNet-Santé cohort study », Emmanuelle Kesse-Guyot et al., International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity, 2020).
> Lire aussi  « L’agriculture biologique peut être meilleure pour l’environnement »
Et pourtant, aucun soutien supplémentaire à l’agriculture biologique n’a été décidé depuis le rapport de 2018 du Haut Conseil de la santé publique qui recommandait d’aller vers une alimentation végétale biologique, ni après la publication du dernier Programme national nutrition santé en 2019.
1 milliard d’euros par an
Pire, il y a quelques semaines le ministre de l’agriculture avouait que les objectifs de 15 % de surfaces bio en 2022 ne seraient pas atteints. Et on sait déjà qu’il en sera de même pour l’objectif de 20 % de produits bio en restauration collective, alors que les enfants sont une population sensible, notamment aux effets des perturbateurs endocriniens (Inserm, 2013).
> Lire aussi  Les arbitrages de la France pour la future PAC suscitent de vives crispations
Quel hiatus entre politique de santé et politique agricole ! Pour manger bio encore faut-il produire bio !
Le gouvernement s’apprête à réduire encore le soutien apporté aux agriculteurs et agricultrices biologiques à travers la PAC, qui représente plus de la moitié de l’argent public dépensé pour l’agriculture.
> Lire aussi  Le jour d’après : « Les Français se tournent de plus en plus vers les circuits alimentaires courts »
La France doit suivre la ligne de la Commission européenne et se fixer au moins 20 % de surfaces bio comme objectif 2027 ; ça a un prix, on le connaît : 1 milliard d’euros par an pour le bio pendant les cinq prochaines années, soit 10 % de la PAC !
Nous demandons donc que les aides nécessaires au développement de l’agriculture biologique soient mises en place, que des actions de communication d’envergure sur l’importance de privilégier les aliments bio soient déployées, ainsi qu’une politique volontariste permettant l’accès de toutes et de tous à une alimentation sans pesticides, pour le bien de notre santé, de celle de nos producteurs et de celle de notre planète.
Premiers signataires : Philippe Binder, médecin généraliste, professeur des universités à la faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers ; Laurent Chevallier, nutritionniste, médecin attaché au CHU de Montpellier ; Barbara Demeneix, endocrinologue, professeure émérite au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), directrice de recherche au CNRS ; Laurence Gamet-Payrastre, chargée de recherche hors classe, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), centre de recherche en toxicologie alimentaire Toxalim, Toulouse ; Serge Hercberg, professeur émérite de nutrition, université Sorbonne-Paris-Nord ; Emmanuelle Kesse-Guyot, épidémiologiste de la nutrition, directrice de recherche Inrae, équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN), centre Inserm-Inrae-Paris-XIII, Bobigny ; Denis Lairon, biochimiste et nutritionniste, directeur de recherche émérite, Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), centre de recherche en cardio-vasculaire et nutrition, Marseille ; Tania Pacheff, diététicienne-nutritionniste, présidente de Cantine sans plastique ; Pierre-Michel Périnaud, médecin généraliste, président de l’Alerte des médecins sur les pesticides (AMLP) ; Philippe Perrin, éco-infirmier, cofondateur et directeur de l’Institut de formation en santé environnementale (Ifsen) ; Philippe Pointereau, agronome, spécialiste des impacts environnementaux des régimes alimentaires, Solagro, Toulouse ; Pierre Rustin, biochimiste, directeur de recherche émérite au CNRS, unité Inserm 1141 « Physiopathologies et thérapie des maladies mitochondriales », Paris.
> Liste complète des signataires ici <https://alerte-medecins-pesticides.fr/au-fil-des-jours/manger-bio-un-enjeu-majeur-de-sante-publique-ignore-du-ministre-de-lagriculture-et-de-lalimentation/>.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/05/27/quel-hiatus-entre-politique-de-sante-et-politique-agricole_6081632_3232.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
6- Glyphosate : le plan B de Bayer ne convainc pas, Les Echos, 27/05/21, 19:31
Nathalie Steiwer

Le géant agrochimique allemand doit revoir sa stratégie après le rejet d'un accord à l'amiable avec les plaignants américains. Les marchés sanctionnent les nouvelles incertitudes juridiques qui pèsent sur son bilan.
Le plan B de Bayer n'a pas convaincu : son cours a chuté de près de 5 % jeudi. Les marchés ont sanctionné les nouvelles incertitudes juridiques qui pèsent sur le géant allemand de l'agrochimie, après le rejet d'un accord à l'amiable sur le glyphosate aux Etats-Unis.
Le compromis conclu il y a un an avec les plaignants concernant les effets cancérigènes de son désherbant Roundup a été invalidé par un juge de San Francisco, Vince Chhabria. Il estime que le délai de quatre ans donné aux utilisateurs pour déclarer un cancer est « tout simplement déraisonnable » explique-t-il dans une lettre reçue mercredi par Bayer.
>> Suite à lire en édition abonnée à :
<https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/glyphosate-le-plan-b-de-bayer-ne-convainc-pas-1318657>
_______________________________________________________________________________________________________________________
7- « Un accord, mais pas à n’importe quel prix » : échec des négociations sur la nouvelle PAC, reprise des discussions en juin, Le Monde avec AFP, 28/05/21, 12h25 

Trois jours de négociations n’ont pas suffi à mettre d’accord eurodéputés et Etats membres sur la nouvelle PAC destinée à « verdir » l’agriculture européenne à partir de 2023. Principal point d’achoppement : les « écorégimes ». 
C’est un nouveau pas en arrière pour la politique agricole commune (PAC). Après trois jours de négociations, eurodéputés et Etats membres de l’Union européenne (UE) ont finalement échoué à trouver un accord sur la nouvelle PAC destinée à « verdir » l’agriculture européenne à partir de 2023, a annoncé vendredi 28 mai le Conseil européen, précisant que les pourparlers reprendraient « en juin ». « Un nombre important de sujets cruciaux restent non résolus. Il a donc été décidé de repousser les discussions », a précisé le Conseil, l’instance représentant les Etats.
Une nouvelle proposition des ministres européens de l’agriculture, réunis mercredi et jeudi à Bruxelles, a été jugée par les eurodéputés encore trop éloignée de leurs revendications environnementales et sociales.
> Lire aussi  Les arbitrages de la France pour la future PAC suscitent de vives crispations
Les Vingt-Sept avaient approuvé en octobre 2020 la réforme de la PAC, avec un budget de 387 milliards d’euros pour sept ans, dont 270 milliards d’aides directes aux agriculteurs, mais ils doivent impérativement s’entendre avec le Parlement européen.
Dossier-clé : les « écorégimes », primes accordées aux agriculteurs participant à des programmes environnementaux exigeants. Les eurodéputés réclamaient initialement qu’ils représentent au moins 30 % des paiements directs aux agriculteurs. Les Etats se sont dits prêts à accepter un seuil de 25 %, mais des blocages subsistent sur l’éventuelle période de transition pour leur mise en place.
Les ministres proposent par ailleurs de réallouer des fonds non utilisés sur ce pourcentage, au grand dam des parlementaires, qui redoutent que ce mécanisme conduise à moins doter les écorégimes.
« Un accord mais pas à n’importe quel prix »
Les Etats veulent aussi rester libres de définir le contenu des écorégimes mais les eurodéputés réclament un encadrement strict et l’alignement des politiques nationales sur les stratégies environnementales et climatiques européennes (Pacte vert, objectifs de cultures bio, réduction chiffrée des pesticides…). « Nous voulons conclure un accord, mais pas à n’importe quel prix », a expliqué vendredi matin la ministre portugaise Maria do Céu Antunes, qui négocie au nom des Etats.
> Lire aussi  Négociations tendues sur la répartition des aides européennes entre agriculteurs
« Les agriculteurs ne doivent pas être ensevelis sous la bureaucratie (…) Nous voulons récompenser les pratiques environnementales, mais cela doit être praticable financièrement », avait averti la ministre allemande Julia Klöckner.
Les Etats refusent aussi de conditionner les subventions aux agriculteurs au respect de normes sociales. L’eurodéputé vert Martin Häusling a dénoncé une « radicalisation de la position » des ministres. « Chacun doit faire preuve de responsabilité, sans durabilité économique (des revenus des agriculteurs), pas de durabilité environnementale et climatique », a plaidé Anne Sander, négociatrice (PPE, droite) du Parlement.
> Lire aussi  La certification agricole « HVE » sous le feu d’une nouvelle critique
<https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/28/un-accord-mais-pas-a-n-importe-quel-prix-echec-des-negociations-sur-la-nouvelle-pac-reprise-des-discussions-en-juin_6081847_3210.html>
Sur le même sujet :
> Union européenne : les négociations pour une nouvelle politique agricole commune échouent et reprendront en juin <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/union-europeenne-echec-des-negociations-pour-une-nouvelle-politique-agricole-commune_4641089.html>, France info avec AFP, 28/05/21, 13:24
> PAC : nouvelles négociations en juin pour surmonter les blocages sur l'environnement <https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/pac-nouvelles-negociations-en-juin-pour-surmonter-les-blocages-sur-l-environnement_154648>, AFP, 28/05/21, 13h33
_______________________________________________________________________________________________________________________
8- Le gouvernement se donne six mois pour armer l'agriculture face au réchauffement climatique, Le Figaro avec AFP, 28/05/21, 19:01

Le gouvernement, qui a lancé vendredi un «Varenne agricole de l'eau et du changement climatique», s'est donné six mois pour rendre l'agriculture plus forte face au réchauffement climatique, a indiqué son ministre de tutelle Julien Denormandie lors du lancement de cette réflexion.
«Notre objectif, c'est de clore le +Varenne+ en janvier 2022», a déclaré Julien Denormandie, lors du lancement de ces travaux qui visent, entre autres, à faciliter le captage et l'utilisation des eaux de pluie par les agriculteurs, confrontés de plus en plus souvent à des épisodes de sécheresse dramatiques. Les travaux sur cette thématique seront clos en janvier 2022, mais certaines conclusions seront rendues avant, a indiqué Julien Denormandie, qui a lancé ce rendez-vous avec sa collègue Bérangère Abba, secrétaire d'État en charge de la Biodiversité, au ministère de la Transition écologique qui a la main sur la question de l'eau.
Le premier groupe de travail sur la gestion des risques devrait ainsi rendre des conclusions «dès cet été» sur la gestion des fonds d'indemnisation des calamités agricoles et «un peu plus tard pour l'assurance-récolte», dont une refonte complète sera à l'étude. «Aujourd'hui, ce qui nous réunit, c'est cette volonté d'avancer en commun par un travail collégial», a déclaré en préambule Julien Denormandie.
France Nature Environnement (FNE), qui représente près de 6.000 associations, avait annoncé la veille son intention de ne pas prendre part à ce rendez-vous. Selon elle, ce «Varenne de l'eau», lancé dans les locaux du ministère de l'Agriculture (situé rue de Varenne, d'où son nom) «dépossède le ministère de la Transition écologique de sa pleine compétence de pilotage pour ces enjeux transversaux» liés à l'eau. Julien Denormandie a indiqué avoir parlé à son président Arnaud Schwartz, jeudi : «on a eu une discussion très constructive hier sur le sujet et évidemment je souhaite que la FNE participe à terme à ce Varenne, en tout cas elle y a toute sa place», a-t-il déclaré, après avoir été interpellé sur ce boycott. Dès le début de cette demi-journée de présentation, le ministre a insisté sur la «responsabilité de l'ensemble des parties prenantes, les élus, les ONG, la société civile». «Si nous ne nous y mettons pas collectivement, c'est toute notre souveraineté agroalimentaire qui est en péril à court terme», a souligné le ministre.
> À lire aussi : PAC: le gouvernement veut donner la priorité aux protéines végétales et au bio
<https://www.lefigaro.fr/flash-eco/le-gouvernement-se-donne-six-mois-pour-armer-l-agriculture-face-au-rechauffement-climatique-20210528>
Sur le même sujet :
> Le Varenne agricole de l'eau et du changement climatique est lancé <https://www.actu-environnement.com/ae/news/varenne-agricole-eau-changement-climatique-lance-37613.php4>, Actu environnement, 28/05/21
_______________________________________________________________________________________________________________________
9- "C'est qui le patron" : avec l'explosion des ventes, le modèle de la marque des consommateurs est devenue une référence, Novethic, 28/05/21
Marina Fabre

C'est qui le patron a franchi la barre des 100 millions de briques de lait vendues chez Carrefour. Le seuil est symbolique mais il indique combien la marque, qui rémunère au juste prix les producteurs, est devenue incontournable en seulement quatre ans. Prise en exemple par Emmanuel Macron pour sortir de la crise agricole, elle s'exporte désormais en Grèce, en Espagne, au Maroc... et infuse lentement la grande distribution. 
C’était en 2016. Face à la détresse des paysans, au revenu faible, au surendettement, à un taux de suicide élevé, des consommateurs engagés décident de créer la marque C’est qui le patron. Le but : améliorer la rémunération des producteurs en payant quelques centimes de plus sa bouteille de lait. Quatre ans et demi plus tard, le succès est là. La marque a ainsi vendu chez son distributeur Carrefour 100 millions de bouteilles de lait. Au total, c'est plus de 220 millions de litres de lait qui ont été écoulés. "Nous sommes fiers d’avoir été la première enseigne à soutenir cette démarche vertueuse pour nos clients et les producteurs français", a réagi le distributeur.
>> Suite à lire à :
<https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/les-ventes-de-c-est-qui-le-patron-remede-a-la-crise-agricole-s-envolent-149843.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
10- Tribune. « La France doit dénoncer les dérives du Sommet des systèmes alimentaires », Le Monde, 29/05/21, 09h00
Par Collectif 

A quatre mois du prochain sommet des Nations unies, six syndicats et organisations de la société civile française dénoncent dans une tribune au « Monde » une rencontre qui fait fi du multilatéralisme, et demandent officiellement au gouvernement français de se retirer. 
Tribune. Le nouveau Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentairesqui se tiendra en septembre 2021 aurait pu être porteur d’avancées cruciales et grandement nécessaires dans le contexte sanitaire, économique et environnemental actuel. Pourtant, de nombreuses et profondes inquiétudes assombrissent cette initiative.
Annoncé en 2019, ce sommet est le fruit d’une nouvelle collaboration entre le Forum économique mondial et le secrétaire général des Nations unies. Les Etats membres des Nations unies, traditionnels garants de ce type d’initiative, n’ont jamais vraiment été consultés et l’Assemblée générale de l’ONU n’a même pas eu à se prononcer sur le sujet. C’est pourtant son rôle : c’est elle qui a validé par le passé la tenue des sommets alimentaires mondiaux de 1996 et de 2009.
Dès son annonce, ce sommet a donc fait fi d’un multilatéralisme pourtant indispensable et a progressivement marginalisé l’ensemble des acteurs souhaitant une réelle transformation sociale et écologique des systèmes agricoles et alimentaires. Un grand nombre d’Etats, de chercheurs et d’organisations de la société civile se sont ainsi retrouvés exclus des mécanismes de gouvernance du sommet ou n’ont été impliqués qu’a minima dans un faux-semblant de consultation.
Une urgence à agir
En parallèle, les organisateurs ont déroulé le tapis rouge aux principaux promoteurs d’une « révolution verte agricole » – OGM, digitalisation de l’agriculture, utilisation massive de pesticides et d’engrais de synthèse – dont on connaît les impacts dévastateurs partout dans le monde. Ces « solutions technologiques » seules capables, selon les organisateurs du sommet, de « changer la donne », renforcent toutes le système agro-industriel dominant et se font au détriment d’une vraie transformation agroécologique.
Pourtant, l’impératif d’assurer la souveraineté alimentaire et le droit à l’alimentation des populations, et l’urgence de répondre aux crises climatiques environnementales nécessitent au contraire de repenser nos pratiques agricoles et alimentaires, de renforcer un tissu dense de fermes à dimension humaine, et de permettre aux agricultrices et aux agriculteurs de vivre dignement, partout dans le monde.
> Lire aussi  Un One Planet Summit pour lancer une année cruciale pour la biodiversité
Il y a urgence à agir. Les prix des denrées alimentaires flambent, victimes de la spéculation, de la dérégulation des marchés et de la crise climatique. Le monde risque actuellement une des pires crises alimentaires du XXIe siècle. Comme pour les crises de 2008 et de 2011, le problème n’est pas un manque global de production agricole, mais un grave manque de redistribution au sein des filières alimentaires et de spéculation sur les marchés agricoles.
La responsabilité de la France
Ici comme ailleurs, la grande majorité des paysans vivent dans la pauvreté et se retrouvent prisonniers d’un système agroalimentaire destructeur qui leur est imposé par les principales multinationales du secteur à grand renfort de soutiens des pouvoirs publics. Partout, les conséquences environnementales de ces modes de culture et d’élevage industriels sont catastrophiques, que ce soit en termes de déforestation, de dérèglement climatique, de pollution des sols et des eaux ou de perte de biodiversité.
> Lire aussi  La Commission européenne présente un ambitieux projet de refonte de la réglementation sur les produits chimiques
La France a une responsabilité particulière envers ce sommet. Après les émeutes de la faim de 2008, notre diplomatie a joué un rôle majeur pour réformer la gouvernance internationale sur les questions agricoles et alimentaires. Le Comité pour la sécurité alimentaire mondiale (CSA) des Nations unies a été profondément renforcé et démocratisé, la France faisant en sorte que les premiers concernés par la faim, à savoir les paysans, les éleveurs, les pêcheurs et les peuples autochtones, aient leur mot à dire sur le sujet.
Notre pays est par ailleurs traditionnellement un grand défenseur des valeurs liées au multilatéralisme, où les Etats décident sur la base du principe « un pays = une voix ». Or, la France est jusqu’à présent restée particulièrement silencieuse face aux dérives de ce sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires ainsi que sur les failles de ses outils de gouvernance, qui font la part belle aux intérêts privés tout en marginalisant les voix de millions de paysans et de paysannes.
Le déshonneur de l’ONU
Ce silence français est coupable. Partout dans le monde, des voix dénoncent l’orientation de ce sommet : tribune des rapporteurs spéciaux aux droits à l’alimentation, courrier du rapporteur à la pauvreté, lettre ouverte de plus de 350 organisations de la société civile, etc.
Ce sommet entend placer l’avenir de millions de paysans, de milliards de consommateurs et de la planète tout entière entre les mains d’un nombre réduit d’entreprises multinationales qui cherchent à s’accaparer les terres, les semences et l’eau, et portent une responsabilité majeure dans la crise environnementale et climatique en cours.
> Lire aussi  En distinguant le Programme alimentaire mondial, le comité Nobel alerte sur l’urgence de la faim dans le monde
L’initiative aura d’ailleurs des conséquences au niveau national : son projet de digitalisation de l’agriculture renforcera par exemple de manière drastique le contrôle des quatre « géants du numérique » sur l’alimentation de toutes et tous. Tout l’opposé en somme du projet de « souveraineté agricole » vanté par notre ministre de l’agriculture lors de la récente annonce de son nouveau Varenne de l’agriculture et du climat. L’ONU s’est perdue dans cette initiative qui se construit à l’encontre de la souveraineté alimentaire des peuples et la France doit le dénoncer.
> Lire aussi  Pour éradiquer la faim d’ici à 2030, les donateurs devront doubler leurs dépenses
Nous demandons au gouvernement français de quitter sans attendre toutes les instances organisationnelles de ce sommet. C’est au sein du Comité pour la Sécurité alimentaire mondiale, seule instance internationale réellement inclusive à même de parler du futur de notre alimentation, que la France doit placer son énergie pour avancer vers des systèmes alimentaires plus justes et plus résilients.
§Les signataires : Evelyne Boulogne, porte-parole du Miramap ; Manuèle Derolez, déléguée générale du CCFD-Terre Solidaire ; Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France ; Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne ; Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France ; Pierre Micheletti, président d’Action contre la faim.
<https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/05/29/la-france-doit-denoncer-les-derives-du-sommet-des-systemes-alimentaires_6081986_3232.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
11- Un entrepôt de soja bloqué par des militants de Greenpeace près de Saint-Nazaire, AFP, 31/05/21, 16:00

Une dizaine de militants de Greenpeace ont bloqué lundi un entrepôt de soja dans le port de Saint-Nazaire, pour dénoncer les importations de soja en France, a constaté un photographe de l'AFP
L'ONG a lancé son action à l'aube contre cet entrepôt de soja Sea Invest situé à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique).
Les militants se sont enchaînés le cou avec des antivols sur les portails, empêchant l'accès aux poids-lourds. Il s'agissait des grilles d'accès "d'un entrepôt qui stocke chaque mois des tonnes de soja importé", a indiqué Greenpeace dans un communiqué.
Les militants de Greenpeace ont aussi bloqué "un tapis roulant sur lequel sont acheminées les cargaisons".
Des militants ont ensuite accroché à ce convoyeur mobile des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Déforestation : soja hautement inflammable", ou encore "Entrepôts pleins de soja/Politique vide de sens".
L'ONG entendait "dénoncer l'inaction climaticide de la France, qui importe chaque année dans ses ports trois millions de tonnes de soja destiné à nourrir nos animaux d'élevage, sans aucune garantie ou traçabilité suffisante", selon Cécile Leuba, chargée de campagne Forêts à Greenpeace France citée dans le communiqué.
L'action s'est terminée en début d'après-midi, a indiqué à l'AFP une représentante de Greenpeace.
Les militants ont été évacués sans "violence, très sereinement" par les forces de l'ordre, a-t-elle indiqué, précisant que les antivols des personnes enchaînées aux portails avaient été découpés "à la meuleuse".
L'ONG, qui rappelle que "la culture du soja est l'une des causes majeures de la déforestation et de la destruction d'écosystèmes précieux en Amérique latine", souligne que les "derniers chiffres de la déforestation sont une nouvelle fois catastrophiques".
Selon Greenpeace "il faut de toute urgence que le gouvernement prenne des mesures contraignantes pour s'assurer que nos importations de soja ne contribuent plus à détruire des forêts à l'autre bout du monde."
<https://information.tv5monde.com/info/un-entrepot-de-soja-bloque-par-des-militants-de-greenpeace-pres-de-saint-nazaire-410874>
_______________________________________________________________________________________________________________________
12- Enquête. Les racines, grandes oubliées de l’agronomie et clés d’un futur écoresponsable, Le Monde, maj le 01/06/21 à 06h04
Florence Rosier

Invisibles, longtemps négligés, ces réseaux souterrains indispensables à la vie des plantes passent désormais sous la loupe des chercheurs. L’objectif : permettre une agriculture respectueuse de l’environnement, en misant sur des systèmes racinaires capables de mieux exploiter les ressources naturelles du sol.
Elles forment la « face cachée des plantes », mais l’image est si galvaudée qu’on hésite à l’utiliser. Tout cliché porte sa vérité, pourtant. « En agronomie, les systèmes racinaires restent l’angle mort de l’amélioration des plantes », constate Christophe Maurel, du CNRS-Inrae. Nous sommes sur le campus de Montpellier SupAgro, mi-avril. La nature reverdit, l’air est printanier… et nous pénétrons à l’intérieur des laboratoires qui se consacrent à l’étude de ces parties végétales souterraines.
Les racines, grandes oubliées de l’agronomie ? Depuis une dizaine d’années, elles commencent à être moins négligées. Face aux méfaits écologiques de l’agriculture intensive, il est devenu urgent de promouvoir un mode de culture raisonné. « Jusqu’ici, on a surtout sélectionné des variétés végétales qui répondaient bien aux engrais. Et on s’est focalisé sur les parties aériennes des plantes cultivées. Maintenant, on se dit qu’on pourrait sélectionner des traits racinaires favorables à une croissance végétale peu consommatrice d’engrais et de pesticides »,explique Laurent Laplaze. Le chercheur, qui travaille à l’Institut de recherche en développement (IRD) de Montpellier, se réjouit de ce « changement de paradigme ». En témoigne le lancement prochain d’un appel à projets européen. Son but : financer la recherche de traits racinaires propices à une agriculture écoresponsable.
Les racines représentent environ un tiers de la biomasse de la plante. « Un peu moins dans les sols riches, un peu plus dans les sols pauvres »,précise Marc-André Selosse, professeur au Muséum national d’histoire naturelle à Paris. Leurs deux grandes fonctions sont connues de longue date : assurer l’ancrage de la plante dans le sol et une part essentielle de sa nutrition. Alors que les feuilles fabriquent, par photosynthèse (à partir du gaz carbonique et de l’énergie solaire), les sucres qui servent de carburant à la plante, les racines, elles, pompent dans le sol l’eau et les minéraux qui lui sont indispensables – aidées en cela, on le verra, par des champignons et des bactéries.
Grande plasticité
On les qualifie parfois de « tube digestif inversé », mais elles sont bien plus que cela. « Les systèmes racinaires ont de fantastiques capacités à moduler leur croissance selon les signaux qu’ils perçoivent dans le sol »,s’enthousiasme Christophe Maurel. « Ce sont des structures extrêmement plastiques, renchérit Laurent Laplaze. Parce qu’elles ancrent la plante au même endroit, leur vie durant, elles doivent s’adapter à cet environnement changeant et hétérogène qu’est le sol. Elles le font en modifiant leur développement. » A l’inverse, « les racines sont aussi capables de modifier le sol pour le rendre plus favorable à la plante ».
Pas de racines sans sol, bien sûr. A l’inverse, pas de sol sans racines ! « Avant l’arrivée des plantes sur la terre ferme, il y a 475 millions à 500 millions d’années, il n’y avait en surface pas de sol, que de la roche. Ce sont les plantes qui, par leurs racines, l’ont inventé », relève Marc-André Selosse. Comment ? En injectant sous terre de la matière organique, qui servira de colle entre les particules du sol. Et puis, à leur mort, les racines renforceront l’agrégation du sol et nourriront les microbes et le réseau fongique. Le réseau racinaire aide donc le sol à résister à l’érosion.
Retour à Montpellier SupAgro. Direction l’atelier de phénotypage du développement racinaire. Ici, les chercheurs caractérisent l’architecture et la croissance des systèmes racinaires du riz, du mil, du colza, de la tomate, etc., et de la plante modèle Arabidopsis. Cela, après avoir soumis (ou non) ces végétaux à divers stress : un déficit en eau, une carence en phosphate ou en nitrate…
Pour suivre le développement racinaire, les chercheurs rusent. Dans une expérience type, ils cultivent de jeunes plants dans un gel ou sur du papier buvard imprégné d’éléments nutritifs, entre deux plaques de verre transparentes, en contrôlant la teneur en eau. Puis ils mesurent le développement racinaire à l’aide d’un automate de prises de vue ou d’un scanner. La cinétique de croissance est ensuite analysée par des logiciels d’intelligence artificielle.
Un déficit en eau, par exemple, inhibe la croissance des racines latérales, celles qui sont branchées sur la racine primaire, qui s’enfonce à la verticale. « Nous recherchons les gènes impliqués dans la résistance à ce stress », indique Philippe Nacry, directeur de recherche à l’Inrae.
Dilemmes et prix à payer
En 2019, le laboratoire de Christophe Maurel a bénéficié d’un financement de 2,5 millions d’euros fourni par le Conseil européen de la recherche (ERC), une reconnaissance de son expertise. En 1992, aux Etats-Unis, ce chercheur a découvert comment l’eau pénètre dans les cellules végétales : elle passe à travers des canaux membranaires, les aquaporines. Plus récemment, en 2016, son équipe a montré comment, en cas d’inondation (donc de risque d’asphyxie), les racines d’Arabidopsisactivent un gène qui va réduire l’entrée d’eau dans leurs cellules… mais seulement si le sol est riche en potassium. Ce n’est pas un hasard : une fois l’inondation passée, le potassium favorisera la récupération de la plante, qui réhydratera plus vite ses feuilles. De quoi, peut-être, améliorer la tolérance de plantes cultivées aux inondations, à terme.
Mais il arrive que les racines soient confrontées à des dilemmes. En cas de sécheresse, par exemple, elles peuvent faire proliférer leurs vaisseaux (qui composent le xylème) pour mieux transporter l’eau. Elles résisteront alors mieux. Mais il y a un prix à payer : ces nombreux vaisseaux les rendent vulnérables à une invasion par des bactéries pathogènes du sol. La stratégie retenue par la sélection naturelle va donc dépendre des milieux. « Dans des sols peu infestés par certains pathogènes, par exemple, les variétés qui développent beaucoup de vaisseaux seront favorisées en cas de sécheresse », explique Christophe Maurel.
Examinons maintenant une légumineuse étonnante : le lupin blanc, dont les graines riches en protéines constituent une des bases de l’alimentation animale et sont prisées des végans. « Cette espèce s’est adaptée aux sols pauvres en nutriments. Elle forme des “racines protéoïdes” qui récupèrent très efficacement le phosphate », indique Benjamin Péret, directeur de recherche au CNRS. On connaît maintenant le gène qui gouverne la croissance de ces structures racinaires. Une précieuse base pour la sélection de variétés résistantes à une carence en phosphate. Par ailleurs, les racines des légumineuses (haricots, lentilles, pois…) forment des nodules colonisés par des bactéries capables de fixer efficacement l’azote du sol. Et de le leur transmettre.
Fascinantes alliances bactéries-racines. En avril, un de leurs secrets a été révélé par une équipe allemande. Confrontées à une carence en azote, certaines formes génétiques de maïs recrutent des bactéries du sol pour les aider à capter les faibles quantités d’azote disponibles. Comment ? Leurs racines produisent des molécules (des flavones) qui activent ces bactéries bénéfiques.
Enclencher une démarche inverse
A Montpellier SupAgro, les chercheurs s’intéressent aussi aux « poils absorbants » du blé ou de l’orge, par exemple. Ce sont de fins prolongements émis par les cellules des racines (chaque poil émanant d’une seule cellule), perpendiculairement à la surface. « Ils sont si fins [dix fois plus qu’un cheveu] qu’on a généralement du mal à les voir à l’œil nu », note Ikram Madani, doctorante. Leur mission : démultiplier le volume de sol exploré par les racines, « d’au moins 100 fois », souligne Hervé Sentenac, directeur de recherche à l’Inrae. Et accroître d’autant la quantité d’eau et de minéraux disponibles pour la plante.
« Avec la première révolution verte, on a peut-être sélectionné des variétés végétales paresseuses », glisse Hervé Sentenac. Parce qu’on les abreuve d’engrais, leur système racinaire n’a pas besoin d’investir dans des poils absorbants ni dans une symbiose avec des champignons. Désormais, l’enjeu est d’enclencher une démarche inverse. « Pour limiter la quantité d’engrais utilisés, on recherche des plantes qui ont développé des systèmes toujours plus efficaces d’exploration du sol, comme des poils absorbants longs et denses », explique le chercheur. Elles pourront aussi pousser dans les sols pauvres des pays en développement.
Voilà qui nous amène à l’IRD de Montpellier, où nous accueille Antony Champion. « Ici, nous étudions de nombreuses variétés de riz, de mil, de caféier, de maïs, de palmier-dattier, de sorgho… pour identifier les mieux adaptées à un environnement donné, indique le chercheur. Il n’existe pas un seul type idéal de plantes, mais des types adaptés au sol, au climat, aux modes de culture locaux. » Ici, les chercheurs dressent donc des catalogues des systèmes racinaires de chaque plante, en spécifiant leur adaptation à telle ou telle condition.
En voici un exemple. Il concerne le riz africain, souvent cultivé dans des deltas. Avec l’augmentation du niveau des mers qui accompagne le changement climatique, l’eau de ces deltas est de plus en plus salée. « Cette salinisation affecte beaucoup le système racinaire du riz », souligne Antony Champion. L’IRD, avec le CNRS, à Strasbourg, développe un programme de recherche sur cette question.
Un suivi en 3D
Nous voici dans les verrières tropicales de l’IRD. Dans des serres à 28 °C, sous 80 % d’humidité, de jeunes plants de riz africain sont pris en charge par Marie-Rose Thiaw, thésarde, qui peaufine leurs systèmes de culture. Pourront alors être étudiés les effets sur les racines d’un stress mécanique affectant les feuilles pour mimer une attaque d’insectes, par exemple. Ou bien les effets de la blessure d’une racine sur le reste de la plante.
En avril, Laurent Laplaze, de l’IRD, s’est rendu au Sénégal. Sa mission : étudier la réponse du système racinaire du mil à un épisode de sécheresse. Les chercheurs ont cultivé 160 lignées de mil en plein champ, en conditions d’irrigation optimale ou de stress hydrique. Puis ils ont déterré les systèmes racinaires et examiné leur architecture et leur anatomie, en regard des performances agronomiques. « Les tout premiers résultats révèlent la plasticité de ces systèmes racinaires. Mobiliser cette plasticité pourrait permettre de développer des variétés plus productives et mieux adaptées aux climats futurs d’Afrique de l’Ouest », résume le chercheur. L’étude est menée avec l’Institut sénégalais des recherches agricoles, le Centre national de recherche agronomique de Bambey (Sénégal) et l’université de Nottingham.
Dans cette université britannique, l’équipe du professeur Malcolm Bennett a développé un puissant robot pour suivre en 3D la croissance racinaire de plantes volumineuses, sans les détruire. Les graines sont semées dans de gros cylindres, puis passées périodiquement dans un scanner aux rayons X.
« Grâce à ce robot, nous avons découvert de nouveaux modes d’adaptation des racines à divers stress », indique Malcolm Bennett. Par exemple, lorsque la pointe de la racine perd contact avec un sol humide (si elle rencontre une cavité), elle cesse de se ramifier. A quoi bon faire des racines latérales si l’eau vient à manquer ?
Autre contrainte : les sols durs et compacts. Eh bien, les racines cessent de croître dans de tels sols en réponse à un signal chimique, l’éthylène. Libérée par les racines, cette hormone végétale gazeuse diffuse en principe à travers les sols aérés. Mais, dans les sols compacts, elle s’accumule et délivre son effet inhibiteur. Il y a mieux : des racines rendues insensibles à l’éthylène pénètrent mieux les sols compacts.
Le ballet des racines du riz
« La compaction des sols est un problème agronomique majeur en Europe. Elle affecte plus de la moitié des terres arables, à cause du poids des machines agricoles et des nouvelles pratiques de labour », explique Malcolm Bennett. Si les racines sont incapables de pénétrer un sol dur, dit-il, les rendements peuvent chuter de 25 % à 75 % en cas de sécheresse. « Développer des variétés résistantes à la compaction des sols est un enjeu vital. » La sélection de variétés résistantes à l’éthylène est une piste.
Voici maintenant une découverte qui donne le tournis. En 1865, Charles Darwin s’interrogeait dans un texte sur les plantes grimpantes : les racines peuvent-elles croître en tournant sur elles-mêmes, un peu comme les vrilles des plantes grimpantes ? Oui, répond aujourd’hui une équipe américaine, en révélant le formidable ballet des racines du riz.
L’équipe du professeur Philip Benfey, à l’université Duke (Caroline du Nord), a installé une caméra qui photographie, toutes les quinze minutes, la racine en croissance d’une graine de riz germée, cultivée dans un gel entre deux plaques transparentes. En accélérant le film à quinze images par seconde, ils ont découvert un étrange phénomène. La racine pousse en tournant sur elle-même, à la manière d’un tire-bouchon, mais laisse derrière elle un sillage rectiligne. En revanche, la racine d’un riz mutant ne présente pas ce mouvement de vrille et s’enfonce plus profondément. Un avantage ? Non, démontre cette équipe. Les deux types de riz ont été mis à rude épreuve : ils devaient franchir une plaque de plastique perforée de trous disposés de façon aléatoire. Résultat : le riz sauvage (non mutant) a su se faufiler rapidement à travers un trou, tandis que le riz mutant peinait à trouver son chemin. « Grâce à cette capacité de tourner sur elle-même, la pointe de la racine qui croît contourne plus facilement les obstacles du sol », explique Philip Benfey.
Un peu d’histoire évolutive, maintenant. Les premières plantes terrestres n’avaient pas de racines. Leurs ancêtres poussaient dans l’eau, et elles-mêmes vivaient dans des milieux souvent inondés. Les plus anciennes plantes terrestres fossiles à être parvenues jusqu’à nous, très bien conservées, proviennent d’Ecosse. Elles ont été trouvées dans un dépôt sédimentaire réputé, le chert de Rhynie. Vieux de 400 millions d’années, ce dépôt résulte de sources hydrothermales qui, en refroidissant, ont permis leur exceptionnelle préservation.
Sans racines, comment faisaient ces plantes pour se nourrir ? Elles avaient développé des tiges dressées, hautes de quelques centimètres, et des axes rampants qui s’étalaient largement. Eh bien, sur ces axes rampants, on a découvert des associations avec des champignons bien connus, dits « mycorhiziens », qui ont aidé ces plantes primitives à se nourrir. « Ces tiges rampantes se sont sans doute développées pour accueillir davantage de ces champignons », indique Marc-André Selosse.
Alliances intimes
« Dès que les plantes ont commencé à coloniser les milieux terrestres, il y a 450 millions à 500 millions d’années, elles ont fait alliance avec ces champignons, relève le professeur Francis Martin, spécialiste des symbioses arbres-champignons à l’Inrae de Nancy. Sans eux, les plantes n’auraient jamais pu évoluer ni conquérir la terre ferme. » Et l’espèce humaine n’aurait jamais existé, ajoute-t-il.
Au cours de l’évolution, les racines des plantes sont apparues à plusieurs reprises, d’une façon indépendante, dans différentes lignées : par exemple, chez les lycopodes (des plantes vivaces toujours vertes) et chez les plantes à fleurs. Mais toujours la symbiose plantes-champignons a été conservée.
« Les racines, ce sont d’abord des porte-champignons. Seules certaines lignées très récentes de plantes, vivant dans des milieux très riches, se sont débarrassées de cette symbiose », indique Marc-André Selosse. C’est le cas des brassicacées (choux, lupins d’Australie…), des plantes carnivores ou de certaines plantes aquatiques. Mais ce sont des exceptions.
Au total, de 90 % à 95 % des espèces végétales – arbres, mais aussi herbacées, céréales, mauvaises herbes… – ont des racines mycorhizées (sauf quand elles sont très jeunes). Ce monde hyperactif émerge parfois, en forêt, sous forme de chanterelles, de cèpes, de truffes ou d’amanites, les organes sexuels des champignons.
Ces alliances souterraines sont très intimes, puisque les filaments fongiques pénètrent dans la racine. Dans le cas des arbres, ils se faufilent entre les cellules des racines. Dans le cas des autres plantes, ils vont jusqu’à pénétrer dans ces cellules. Un pacte qui « fonctionne selon les règles du commerce équitable », écrit Francis Martin dans son livre Sous la forêt : pour survivre il faut des alliés (HumenSciences, 2019).
De fait, les deux partenaires en tirent bénéfice. La plante, dont un ancêtre unicellulaire a « inventé » la photosynthèse, produit des sucres en abondance. Une part importante migre vers les racines. Là, « de 10 % à 25 % des sucres fabriqués par la plante, précieux combustible cellulaire, sont rétrocédés au champignon ».
L’intérêt pour la plante ? Il est vital. Par la toile très dense qu’il tisse autour des racines, le champignon démultiplie la surface d’exploration du sol d’un facteur 100 à 1 000. Ses filaments absorbent des minéraux, qu’il rétrocède à son tour au végétal. Comme ils sont très fins (dix fois plus que les plus petites racines), ils peuvent s’immiscer dans de minuscules anfractuosités pour y puiser de l’eau, la transporter et en restituer une partie aux plantes. « Ces champignons aident les pins à résister à la sécheresse, par exemple », relève Francis Martin. Dernier atout : ils produisent des enzymes qui dégradent les produits organiques du sol. D’où une source de minéraux accrue, pour la plante.
Une curiosité, pour finir. Vous la découvrirez à l’arboretum de la Vallée-aux-Loups, à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). Au bord d’une rivière hantée se dressent d’étranges maisons de lutins. Ce sont, en réalité, d’authentiques racines sorties de terre, qui appartiennent au cyprès des étangs. Ces cônes pointus, à proximité du tronc, aident cet arbre à respirer en milieu humide. L’adaptation, toujours : c’est bien la clé de la survie.
<https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/05/31/les-racines-grandes-oubliees-de-l-agronomie-et-cles-d-un-futur-ecoresponsable_6082254_1650684.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
13- Enquête. « On a toujours montré qu’une autre agriculture est possible » : Le Larzac, éternel laboratoire paysan, Le Monde, 01/06/21, 06h30
Lola Cros, La Cavalerie (Aveyron), envoyée spéciale

Quarante ans après la lutte qui a durablement marqué le plateau du Larzac, en Aveyron, de jeunes paysans continuent à s’y établir grâce à un système foncier unique en France. De génération en génération, la transmission fonctionne plutôt bien, malgré quelques accrocs.
Ce pourrait être l’image d’un village gaulois, grand comme dix fois Paris. Un causse calcaire à perte de vue, à la croisée de l’Aveyron, du Gard et de l’Hérault. Un plateau balafré du nord au sud par l’autoroute des vacances, l’A75, qui relie Clermont-Ferrand à Béziers. Vu de la route, pas une âme qui vive, juste des brebis en pâture, çà et là. Le calme est trompeur, car depuis la lutte des années 1970, l’effervescence n’a jamais quitté le plateau du Larzac. Moins de 7 000 personnes vivent sur ces 1 000 km2, mais les places sont chères, et les candidats à un changement de vie sont plus nombreux que les terres disponibles.
Disséminés à des dizaines de kilomètres les uns des autres, des néopaysans s’y sont installés, à contre-courant de la tendance générale. Quand l’agriculture traditionnelle souffre d’un mal-être structurel, quand 50 % des agriculteurs aveyronnais seront à la retraite sans successeur dans dix ans, eux se félicitent de rester le laboratoire d’une autre forme de paysannerie. Le choix même du mot « paysan » y est revendiqué. Sur le Larzac, longtemps consacré à la production de lait de brebis pour l’industrie du roquefort, sont désormais élevés des vaches aubracs, des alpagas et même des lamas. Des brasseries artisanales ont fleuri, comme les ateliers de fabrication de fromages, d’apéritifs, d’huiles essentielles ou de culture du safran.
> Lire aussi Notre-Dame-des-Landes, Larzac : même combat ?
Société dans la société, le Larzac compte plus de paysans en 2021 que dans les années 1970. Cette situation, loin d’être fréquente ailleurs, est l’héritage de la lutte qui a marqué la région de 1971 à 1981, lorsqu’il s’agissait de s’opposer à l’extension d’un camp militaire. « Si on s’installe ici, on est forcément en adéquation, politique et agricole, avec ce qui s’y est passé », témoigne Marion Renoud-Lias, ingénieure agronome qui a repris une ferme d’aromatiques en 2016. Liés par l’énergie collective de la lutte, les paysans actuels jouissent surtout d’un sacré legs : un système foncier toujours unique en France. Observé de près, notamment par les militants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, jamais le modèle n’a été copié. Localement, les paysans-militants aiment à dire que, dans leur cas, toutes les étoiles étaient alignées : des « grandes gueules » engagées et des terres nationalisées.
Terre conservatrice, idées innovantes
« Ici, c’est facile d’être paysan, reconnaît Julien Bernard, installé sur le GAEC (Groupement agricole d’exploitation en commun) des Truels, à Millau, où il a grandi pendant la lutte dans un hameau squatté. Je n’aurais jamais acheté des terres en propriété : m’endetter sur vingt ans, ce n’est pas mon choix de vie. » Tout a basculé en 1985, quand l’Etat a accédé à la demande des paysans de faire du Larzac un laboratoire foncier en transférant la gestion de ses terres à la Société civile des terres du Larzac (SCTL), tout juste créée.
> Lire aussi (1972) : L'affaire du Larzac devient un enjeu de la campagne électorale dans l'Aveyron LES DENIERS DE JUDAS
Pour bien mesurer la portée de cet aboutissement, il faut remonter plus loin dans le temps, en 1971. Cette année-là, le gouvernement Chaban-Delmas annonce vouloir multiplier par six la surface du camp militaire présent depuis 1902 sur la commune de La Cavalerie, au cœur du plateau. Menacés d’expropriation, quelque 106 paysans, qui se définissent comme « normaux, votant à droite et allant à la messe », se lancent dans le militantisme pour défendre leur microrégion et sa vocation agricole. Dès 1973, des centaines de milliers de soutiens convergent chaque été vers le Larzac, laissant infuser des idées innovantes dans ce coin de France plutôt conservateur. Pour une agriculture raisonnée, pour des circuits courts avec le consommateur, pour s’émanciper des filières industrielles : la lutte sert de terreau à des réflexions à rebours de la libéralisation des marchés, y compris agricoles.
Durant cette même période, le causse se morcelle peu à peu : les bouts de terres s’arrachent entre l’Etat, décidé à parvenir à l’extension du camp, et les paysans et leurs soutiens, décidés à s’y opposer. Si bien qu’en 1981, quand François Mitterrand est élu à l’Elysée et alors que le projet d’extension est abandonné comme promis pendant la campagne, les terres du Larzac ressemblent à un puzzle.
> Lire aussi (1981) : Le Larzac libre et amer
Quatre années de réflexion et de casse-tête juridique aboutissent à la création de la SCTL. Par son biais, les terres agricoles sont gérées de façon collective et bénévole par un conseil de gérance composé de 13 élus et usagers du patrimoine étatique. Celui-ci attribue ainsi des « baux de carrière » (valables le temps d’une carrière et dénoncés à la retraite ou à la cessation d’activité) sur des fermes propriétés de l’Etat. Après appel à projets et examen approfondi des candidatures, le conseil de gérance choisit d’installer des paysans sur les quelque 55 « lots fermiers » que gère la SCTL. Certaines exploitations sont louées avec bâtiment agricole et logement, d’autres sans bâti, d’autres enfin pour des usages non agricoles comme l’artisanat et le commerce. Contre un loyer et le paiement d’une « valeur d’usage » au locataire précédent, le paysan peut utiliser l’outil de production jusqu’à sa retraite. Ensuite, l’ensemble doit être quitté pour revenir dans le circuit de la SCTL et accueillir de nouveaux locataires. Avantage du système : rajeunir en permanence la population en imposant un rapport nouveau à la propriété.
Agriculteurs hors cadre
« Nous avions un projet d’installation, je l’avoue maintenant, un peu “à l’ancienne”, reprend Marion Renoud-Lias, à la ferme des Homs. Accepter le bail de carrière de la SCTL, ça voulait dire que nous ne pourrions rien transmettre à nos enfants, que nous ne verrions pas vieillir les arbres que nous avons plantés. Alors oui, le fait d’accepter cette règle dès le départ change le schéma de vie, mais c’est grâce à elle que nous avons pu nous lancer dans de telles conditions. » Autrement dit avec des terres cultivées, une ferme entretenue, et une activité déjà en place, le tout pour un loyer en deçà des fermages pratiqués ailleurs, quoique réglementés par des barèmes préfectoraux et le code rural. Pour s’enquérir de la valeur d’usage et racheter la société de ses prédécesseurs, Marion Renoud-Lias estime avoir déboursé trois ou quatre fois moins que si elle avait dû racheter l’ensemble ailleurs.
> Lire aussi (2013) : Les paysans cultiveront le Larzac jusqu'en 2083
En délestant les jeunes agriculteurs du poids de l’acquisition du foncier agricole, la SCTL fait bouger les lignes et capte depuis quatre décennies des « hors cadres familiaux », c’est-à-dire des personnes non-issues du milieu agricole. « On a toujours montré qu’une autre agriculture est possible, rebondit Léon Maillé, un vétéran. Ailleurs, quand un paysan cesse son activité, c’est le voisin qui en profite pour s’agrandir. On laisse peu de chances à un jeune qui voudrait s’installer sans héritage foncier. C’est pour ça qu’on se retrouve en France avec des exploitations immenses, mécanisées, qui n’emploient qu’une ou deux personnes. Nous avons contré ce modèle qui court à sa perte. »
Soucieux de ne pas faire entrer d’intrus dans la « famille » Larzac, le conseil s’appuie sur une charte. Au moment d’étudier une candidature, le projet agricole mais surtout son volet humain, en matière de main-d’œuvre et de développement, sont étudiés de près. A chaque ferme qui se libère, l’attribution mise au vote est le théâtre de prises de bec entre les gérants. « C’est difficile d’avoir autorité sur des projets de vie de gens comme nous. Mais il faut trancher en gardant en tête l’ADN de la SCTL : faire perdurer l’activité sur le Larzac, en lien avec les attentes sociétales », témoigne Adrien Arguel, un trentenaire récemment reconverti en éleveur ovin grâce à la SCTL et dernier entré au conseil de gérance.
« Communauté d’indépendants »
La première génération qui a bénéficié de la SCTL, celle des fondateurs et de la bande du syndicaliste paysan José Bové, étant désormais à la retraite, c’est la deuxième et parfois la troisième qui assurent le relais. Parmi les jeunes pousses figurent en bonne place les « enfants du Larzac », ceux qui ont grandi pendant la décennie de lutte, qui sont partis pour leurs études et reviennent en nombre. C’est le cas de Léa Parsy. A 30 ans, après des études de fleuriste et l’ouverture de son échoppe en Lozère, la jeune femme a senti « le besoin viscéral de revenir à cette terre, de marcher dans les pas de son père », Bernard, avec qui elle s’est associée sur la ferme en 2018. Et d’ajouter : « Une amie d’enfance, qui était aide-soignante, vient tout juste de revenir aussi. »
Hors attaches familiales, la nouvelle génération est plutôt composée d’urbains, âgés d’une trentaine d’années en moyenne, dont de nombreux ingénieurs agronomes. « C’est la vraie différence avec les anciens. Ils avaient des profils similaires et ont profité de la SCTL pour accéder à des terres dont ils rêvaient pour passer leur vie, observe l’avocat Thierry Jouanneteau, conseil des paysans larzaciens depuis vingt-cinq ans. Ils étaient formatés de la même manière, mais la lutte qui les a rassemblés n’existe plus. Désormais, tous les profils se mêlent. Certains jeunes ne veulent pas tout donner à un lieu et à l’agriculture, viennent quelques années puis repartent. J’ai l’habitude de dire que le Larzac, c’est une communauté d’indépendants. » Des « indépendants » qu’il est parfois difficile de faire avancer ensemble…
> Lire aussi (2003) :Trente ans de manifestations sur le plateau du Larzac
La question du collectif, qui structure l’essentiel de la vie locale, se pose de manière criante de nos jours. « Notre génération n’est pas dans la même dynamique, on repart dans un certain individualisme », confie Julien Bernard. Entrer au conseil de gérance de la SCTL fait partie de ces engagements que certains hésitent à prendre. Ainsi, Marion Renoud-Lias se donne quelques années avant de franchir le pas : « La SCTL, c’est hyper prenant, aussi bien en temps qu’émotionnellement. Les réunions, on le sait, c’est du costaud. On n’est pas encore prêts à ça. » Et Julien Bernard d’ajouter : « De toute façon, il faut au moins trois ans pour comprendre le système. La propriété privée, c’est facile à côté ! »
Ombre paternaliste
Cette complexité juridique, à laquelle les fondateurs se sont frottés, est la partie la plus complexe à transmettre. Alors que tous les anciens sont sortis du conseil de gérance, ils pointent régulièrement leur nez aux assemblées générales et se disent souvent consultés par leurs successeurs. A 68 ans, José Bové fait partie de ceux qui voudraient institutionnaliser les règles de la SCTL et développer une formation pour les nouveaux venus. Autant dire que l’ombre paternaliste des anciens pèse sur le plateau. « S’ils veulent faire perdurer ce qu’ils ont construit, il faut qu’ils laissent la place, estime une paysanne-boulangère, Irène, désireuse de s’associer dans la région. Le Larzac ne doit pas rester en vase clos entre les anciens et leurs enfants : toute la richesse est dans le brassage qu’ils ont réussi à instaurer ici. »
> Lire aussi (1991) :" Ils " ont gardé le Larzac... Retour, vingt ans après, sur le causse rebelle qui fut le lieu mythique de la France contestataire
En 2018, le plateau a vu fermer son école, celle qui avait été ouverte pendant la lutte avec 36 enfants de militants et dont les bancs se sont vidés au fil des années. Avec huit élèves de la maternelle au primaire ces dernières années, elle n’a pas pu résister aux restructurations de l’éducation nationale. Un revers pour les habitants du Larzac, contraints de disperser leurs enfants dans divers établissements des environs. Les locaux de l’école ont été transformés en « maison de quartier ».
Un autre problème s’est imposé récemment sur la table de la SCTL : que faire des anciens qui rechignent à partir après leur retraite ? Quelle place leur accorder ? « Comme toute société, le Larzac et la SCTL en sont à gérer leurs anciens », sourit Marion Renoud-Lias. Quelques-uns, comme frustrés de règles qu’ils ont eux-mêmes édictées autrefois, ont fait savoir qu’ils souhaitaient construire un village réservé aux retraités du Larzac. Pour les générations suivantes, quitter le plateau est une donnée bien intégrée. « On le sait, on l’a accepté et on le voit presque comme une chance pour débuter la retraite sur une page blanche, confirme Marion Renoud-Lias. Ce n’était pas le cas de la première génération, qui a mis ses tripes dans la lutte et vit le moment comme un déchirement. »
<https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/06/01/on-a-toujours-montre-qu-une-autre-agriculture-est-possible-le-larzac-eternel-laboratoire-paysan_6082308_3224.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
14- Dans un document interne, Nestlé avoue : 60% de ses produits sont mauvais pour la santé, Korii, 01/06/21, 06h40
Repéré par Céline Deluzarche sur The Financial Times

Tempête en vue pour la multinationale suisse.
«Chez Nestlé, nous aidons les enfants à mieux manger.» C'est ce qui est écrit, en gros titre, sur la page d'accueil de Nestlé France. Malheureusement, la vérité est un peu moins reluisante pour le géant suisse de l'agroalimentaire.
Un document interne dévoilé par le Financial Times <http://www.ft.com/content/4c98d410-38b1-4be8-95b2-d029e054f492> révèle qu'à peine 37% des revenus du groupe (à l'exclusion des aliments pour animaux, produits pour bébé et nutrition médicale) proviennent de produits labellisés au-dessus de 3,5 sur le Nutri-Score australien.
C'est l'équivalent de la lettre C sur le Nutri-Score français, et une note que Nestlé juge lui-même comme répondant au seuil de «produit bon pour la santé». Et si plus de 60% des aliments manquent leur cible, c'est encore pire pour les boissons (96% en-dessous de 3,5) et les friandises ou glaces (99%).
Il suffit de faire un tour sur la plateforme Open Food Facts pour s'en convaincre. Les tablettes de chocolat Crunch ? «De mauvaise qualité nutritionnelle» (E). Les saucisses Knacki original ? «De faible qualité nutritionnelle» (D). Les cônes Extrême aux pépites de nougatine ? D aussi. Certains s'en sortent tout de même un peu mieux, comme la pizza Fraîch'up de Buitoni ou les céréales Chocapic (B).
Aux États-Unis, c'est encore pire, avec par exemple la diabolique pizza Pepperoni Digiorno avec une croute en croissant, qui comptabilise 40% des apports journaliers maximum en sel.
>> Suite à lire à :
<https://korii.slate.fr/biz/nestle-document-60-pourcent-produits-alimentaires-mauvais-pour-sante-nutrition>
_______________________________________________________________________________________________________________________
15- Réseaux organisés ou par des voisins : les vols de ruches augmentent, Le JDD, 01/06/21, 07h00
Marianne Enault

Les vols de colonies d'abeilles augmentent, sur fond de hausse du prix des essaims. Si le soupçon pèse sur des réseaux organisés, les malfaiteurs sont souvent… des voisins.
Quand, le 25 avril, Pascal Denis, 61 ans, a découvert sa parcelle déserte à Avesnes-le-Comte (Pas-de-Calais), l'apiculteur a subi un "choc". Volatilisées, ses 48 ruches, malgré le grillage de 2 mètres de hauteur qui encercle la propriété. Le ou les voleurs l'ont cisaillé après avoir échoué à forcer le portail. "­Depuis, je ne trouve plus le sommeil, raconte l'apiculteur, qui vend son miel d'acacia sur le marché d'Arras. Je suis stressé et j'ai peur que mes autres ruches disparaissent à leur tour." Il en possède environ 400. Ce qui représente une petite fortune. "Chaque ruche vaut environ 300 euros, estime le président du Syndicat national d'apiculture (SNA), Frank Alétru. À ce prix s'ajoutent la perte de la récolte de miel et les années investies dans la sélection génétique des reines. C'est comme entrer dans un haras et subtiliser un étalon !"
Selon les décomptes du SNA, les larcins commis sur les parcelles ont progressé de 50% en un an. "Sur les cinq premiers mois de 2021, on a eu 617 déclarations de sinistre, signale son président. L'an dernier, à la même époque, c'était 414." Pour cet apiculteur, installé en Vendée, le phénomène est sous-estimé car seules les plaintes des éleveurs assurés par son syndicat sont comptabilisées.
Didier Rimlinger s'est fait voler ses ruches par un voisin
Le prix des essaims, lui, a bondi, "de 80 à 130, voire 150 euros", témoigne Michel Torresan, apiculteur dans la Drôme. En cause, la disparition du pollinisateur, menacé par les maladies, les pesticides – dont les fameux néonicotinoïdes – et le frelon asiatique. En France, près de 30% des colonies meurent chaque année. Chez les producteurs d'essaims, les listes d'attente s'allongent pour obtenir les précieux insectes.
Si des réseaux étrangers sont établis, j'ai prévu de saisir Interpol
"Il y a deux profils de voleurs de ruches, souligne Frank Alétru. Il y a l'apiculteur qui a perdu ses abeilles, qui peine à reconstituer son rucher et qui va se servir chez un collègue en se disant que quelques ruches par-ci par-là ça ne se verra pas. Mais il semble y avoir aussi des ­réseaux vers des pays étrangers, dans l'est et le sud de l'Europe." Comme preuve, il évoque le petit nombre de ruches retrouvées : "Soit le bois est brûlé et seules les abeilles sont conservées, soit elles quittent la France." Également président de l'Association des apiculteurs professionnels européens, il travaille à l'élaboration d'une cartographie précise des vols. "On analyse les petites annonces de ruches à vendre sur Internet, détaille-t‑il. On devrait avoir des premiers résultats à l'automne. Si des réseaux étrangers sont établis, j'ai prévu de saisir Interpol."
Se faire voler ses ruches par un voisin ? C'est la mésaventure subie en février par Didier Rimlinger, installé à Montbronn, dans le pays de Bitche (Moselle). Douze de ses installations ont disparu lors de deux larcins distincts. Le malfaiteur, un jeune paysagiste de 25 ans, a été jugé le 20 mai par le tribunal correctionnel de Sarreguemines. "C'est un apiculteur passionné qui manquait de fonds pour commencer l'élaboration d'un rucher, indique le procureur ­Olivier Glady. Il est donc allé les voler à deux apiculteurs du coin."
J'ai été étonné qu'il n'ait trouvé que ce moyen-là pour avoir de l'argent facile, car je ne crois pas que l'apiculture rende riche !
Pour résoudre l'énigme – car peu d'enquêtes aboutissent eu égard à la difficulté de pister des ruches –, les gendarmes ont pu compter sur le bon sens de Didier Rimlinger. Peu après le vol, l'apiculteur constate que des abeilles reviennent sur le rucher déserté. "Elles étaient perdues, se souvient-il. Quand on vole des ruches, il faut partir à plus de 3 kilomètres, sinon les butineuses sont de retour." ­
Accompagné par des collègues, il bat la campagne pendant deux jours. "Nous avons fini par découvrir une parcelle sur laquelle j'ai reconnu mes ruches, relate-t-il. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que son propriétaire était venu me demander des renseignements sur l'activité d'apiculteur quelque temps avant!" Il prévient les gendarmes, qui procèdent à une perquisition. Les preuves matérielles sont accablantes : prudent, Didier Rimlinger avait en effet marqué de son numéro de producteur les cadres sur lesquels les abeilles font leur miel.
"Je n'avais pas les moyens d'acheter des ruches", expliquera le prévenu lors de son audition, sans ­exprimer de regrets. Au procureur, il a confié ses difficultés financières après un divorce. "Il avait des dettes diverses et un ­besoin assez urgent de revenus, rapporte le magistrat. J'ai été étonné qu'il n'ait trouvé que ce moyen-là pour avoir de l'argent facile, car je ne crois pas que l'apiculture rende riche !"
En Occitanie, le syndicat apicole souhaite que le vol de ruche soit une circonstance aggravante
Avec un casier judiciaire vierge et une procédure de plaider-­coupable, il a été condamné à quatre mois de prison avec sursis. Il devra aussi rembourser le préjudice aux victimes dans un délai de douze mois, faute de quoi il écopera de quatre mois de prison ferme. Mais, selon Didier Rimlinger, cela reviendra tout juste à verser 1 euro symbolique au syndicat d'apiculture régional, qui s'est porté partie civile. "Les ruches que j'ai récupérées sont mortes, dit-il, mais comment prouver que ce sont les mêmes que celles volées ?"
L'apiculteur est amer, face à une sanction qu'il juge peu ­sévère. "C'est triste, on encourage le vol." "Il y a une très grande clémence de la part des tribunaux, abonde Frank Alétru, du SNA. Ils ignorent la valeur d'une ruche et traitent ça comme une affaire de voleurs de poules." En Occitanie, le syndicat apicole souhaite que le vol de ruche soit une circonstance aggravante. En Paca, première Région productrice de miel en France, la sénatrice LR Dominique Estrosi Sassone a interpellé mi-mai le ministre de l'Intérieur sur la nécessité "d'une prise de conscience de ce phénomène grandissant".
Didier Rimlinger a évalué son manque à gagner à 10.000 euros et n'envisage pas de racheter les ruches manquantes. "Si ce type de vol prend de l'ampleur, je mettrai fin à mon activité." Le Syndicat national d'apiculture, lui, encourage ses adhérents à porter plainte systématiquement. Pour protéger les ruchers, plusieurs options sont possibles : installer des caméras infrarouges sur les sites, marquer les ruches, intégrer des puces GPS dans les cadres.
Mais ces dispositifs s'avèrent onéreux. Et le vol reste facile, les colonies étant installées de façon éparpillée, dans des endroits isolés. En Moselle, le larcin a eu lieu en plein jour à l'aide d'une simple camionnette. Dans le Pas-de-­Calais, Pascal Denis a déjà racheté une vingtaine de ruches et réfléchit à installer un système de surveillance. "À dire vrai, je suis un peu désorienté, reconnaît-il. Je voudrais surtout qu'on retrouve les voleurs, pour qu'ils comprennent que c'est une honte de voler le travail d'une vie !"
<https://www.lejdd.fr/Societe/reseaux-organises-ou-par-des-voisins-les-vols-de-ruches-augmentent-4048480>
_______________________________________________________________________________________________________________________
16- Glyphosate : relaxe pour 21 militants anti-OGM, AFP, 01/06/21, 17:00

"Une belle victoire" pour 21 Faucheurs volontaires qui avaient rendu impropres à la vente des centaines de bidons de glyphosate : le tribunal correctionnel de Foix les a relaxés mardi.
Le procureur avait requis des peines de 150 à 300 euros d'amende avec sursis pour ces militants environnementalistes jugés pour "dégradation du bien d'autrui en réunion".
"C'est aujourd'hui une belle victoire, mais on attend surtout de connaître dans quelques jours les attendus du tribunal pour savoir si, comme on l'espère, +l'état de nécessité+ a été retenu pour motiver le jugement", a indiqué à sa sortie du tribunal Dominique Masset, l'un des prévenus.
"Et si c'est le cas, c'est une avancée juridique considérable", a ajouté le co-président de l'association Campagne Glyphosate.
Mais pour lui, "la première des victoires remonte à 2017", quand le président du tribunal correctionnel de Foix avait accepté leur requête de saisir la Cour de justice de l'Union européenne sur la dangerosité du glyphosate.
La justice européenne avait toutefois estimé qu'"aucun élément" ne permettait de remettre en cause la validité de la législation de l'UE sur les pesticides.
A l'origine de ce dossier, deux actions en septembre 2016 et mars 2017 de faucheurs volontaires opposés aux OGM et aux pesticides, au cours desquelles ils avaient recouvert de peinture des bidons d'herbicide dans trois magasins de bricolage en Ariège.
Ces actions "revendiquées et effectuées à visage découvert" rentraient dans le cadre d'une campagne nationale pour "dénoncer les dangers de l'usage de ces produits toxiques", indiquent les Faucheurs dans un communiqué.
Lors de l'audience, l'avocat des prévenus Guillaume Tumerelle avait plaidé la relaxe et l'état de nécessité face à la "toxicité que représente le glyphosate", et plusieurs experts conviés par les faucheurs volontaires avaient pu développer leurs positions anti-glyphosate.
Le ministère public peut encore faire appel mais M. Masset juge "peu probable" cette possibilité "au vu de son réquisitoire assez clément".
<https://information.tv5monde.com/info/glyphosate-relaxe-pour-21-militants-anti-ogm-411054>
_______________________________________________________________________________________________________________________
17- Une pouponnière de millions d'insectes pour protéger les tomates, AFP, 01/06/21, 18:00
Sandra Ferrer

C'est un élevage intensif plutôt insolite: des millions de punaises et de micro-guêpes grouillent autour de plants de tabacs parfaitement alignés sous une vaste verrière. La coopérative agricole bretonne Savéol bichonne les petits insectes qui remplacent les pesticides pour lutter contre les ravageurs.
Quelque dix millions de petites punaises vertes macrolophus et 130 millions de micro-guêpes encarsia et eretmocerus sont produites annuellement par la coopérative leader de la tomate en France. 
La petite guêpe noire et jaune encarsia pond ses oeufs dans les larves d'aleurodes, des petites mouches blanches avides de sève et de plus en plus résistantes aux pesticides, dont elle se nourrit de l'intérieur provoquant leur mort. Eretmocerus s'attaque aussi aux mouches blanches mais à un stade un peu plus tardif, tout comme macrolophus qui mange cependant également des pucerons, des oeufs de chenille ou même des petites chenilles. 
En attendant de se retrouver sur un plant de tomates, la petite punaise verte est nourrie avec des oeufs de teigne dans les serres de Savéol Nature, l'unité chargée de cet élevage insolite situé à Guipavas, aux portes de Brest. 
Des centaines de plants de tabac, appartenant à la même famille que les plants de tomates, servent à héberger les petits auxiliaires. Leurs larges feuilles facilitant en outre la manipulation. 
A l'aide d'un sécateur, un employé coupe le haut d'un plant, puis le secoue au-dessus d'un large entonnoir. Les insectes tombent dans une boîte surmontée d'un filtre. Chaque semaine ils sont envoyés aux 126 maraîchers de la coopérative, qui produit également près de 16.000 colonies de bourdons destinés à la pollinisation des fleurs de tomate et de fraise. 
Si l'utilisation d'auxiliaires en remplacement des produits phytosanitaires est de plus en plus fréquente, Savéol est la seule coopérative en France, et même en Europe selon ses dires, à posséder son propre élevage, ce qui lui permet de répondre au mieux à ses besoins.
- "Troisième voie" -
Au premier trimestre 2021, la Direction générale de l'alimentation (DGAL) avait enregistré 330 références d'organismes utilisés en lutte biologique et bénéficiant d'autorisations contre 257 en 2015, signe du "fort développement ces dernières années" de l'utilisation d'insectes pour protéger les cultures, selon le ministère de l'Agriculture.
"En 2020, on n'a pas fait de traitement chimique du tout", se félicite François Pouliquen, à la tête de Saveur d'Iroise, une exploitation adhérente de la coopérative qui compte huit hectares de serres.
"On est dans une période où le consommateur cherche à manger sain. Le sans-pesticides est une troisième voie, une alternative pour une production de masse mais saine", plaide-t-il, estimant la production bio "pas à la portée de tout le monde en termes de budget". Son exploitation, située à Gouesnou, une commune voisine, produit des tomates hors sol, comme c'est le cas pour la grande majorité des adhérents de Savéol, ce qui exclut d'emblée une certification biologique.
Lancée dès 1983, avant d'être agrandie en 2013 pour atteindre une superficie de 4.500 m2, la ferme aux insectes de Savéol va encore s'étendre cette année, sur 1.200 m2 supplémentaires.
Cet agrandissement "va permettre d'augmenter significativement nos capacités de production", se réjouit auprès de l'AFP Pierre-Yves Jestin, à la tête depuis de la structure qui produit chaque année 74.000 tonnes de tomates, mais également 2.500 tonnes de fraises.
La nouvelle extension servira à développer l'élevage des punaises, dont la demande est "en croissance" depuis le lancement en 2019 du label "sans pesticides", explique à l'AFP Roselyne Souriau, responsable d'élevage à Savéol Nature. Le label a été lancé en 2019 avec les marques Prince de Bretagne, de la coopérative Sica de Saint-Pol de Léon, et Solarenn, autre coopérative bretonne. Actuellement, 163 maraîchers l'apposent sur leurs produits. 
La nouvelle extension permettra aussi le développement d'une nouvelle gamme d'insectes plus adaptés à la culture de la fraise.
<https://information.tv5monde.com/info/une-pouponniere-de-millions-d-insectes-pour-proteger-les-tomates-410974>
_______________________________________________________________________________________________________________________
18- « Notre modèle est déshabillé, alors que l’agriculture bio touche tout le monde » : les exploitants en colère contre les arbitrages du gouvernement, Le Monde, 03/06/21, 11h43
Laurence Girard

La politique agricole commune supprime définitivement les aides au maintien en agriculture biologique. Une décision qui pourrait peser sur les conversions, entraînant des renoncements.
Un baroud d’honneur. C’est le sentiment qui animait les agriculteurs bio venus manifester, mercredi 2 juin, sur l’esplanade des Invalides à Paris. Des exploitants agricoles soucieux d’exprimer leur mécontentement après les arbitrages rendus par le gouvernement au sujet de la future politique agricole commune (PAC). Pas de tracteurs menaçant le ministère de l’agriculture tout proche, mais des discours, de la musique, un esprit bon enfant sur fond de profonde colère, avec comme mot d’ordre : « La bio à poil ! »
« Entre la PAC qui va s’éteindre en 2022 et celle qui va arriver en 2023, je ne vois pas de changement. Les décisions prises ne sont pas à la hauteur des défis que nous devons relever collectivement », affirme Loïc Madeline, de la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB). Il avait claqué la porte lors de la réunion de présentation aux parties prenantes des arbitrages de la PAC organisée, vendredi 21 mai, par le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie. « Lors de la négociation préalable, nous avions fait des propositions. Elles n’ont pas été retenues. Nous avons été traités avec mépris. Je ne regrette pas d’avoir claqué la porte. Mais nous devons perdre avec dignité », ajoute-t-il.
> Lire aussi  Les arbitrages de la France pour la future PAC suscitent de vives crispations
Depuis, une bataille de chiffres s’est engagée. M. Denormandie a reconnu que l’objectif fixé par Emmanuel Macron d’atteindre 15 % des surfaces cultivées en bio à la fin du quinquennat ne sera pas atteint. La réalité serait plus proche de 12 % à 13 %, a-t-il pronostiqué.
Le gouvernement a donc fait le choix d’un nouveau cap avec l’ambition d’atteindre 18 % en 2027. Pour accompagner ce mouvement, 340 millions d’euros devraient être consacrés à l’aide à la conversion des exploitants agricoles désireux de passer en bio, sur la période de la prochaine PAC, 2023-2027. Dans la PAC qui s’achève, l’enveloppe dévolue à cette politique était estimée à 250 millions d’euros.
Les aides au maintien définitivement rayées de la carte
Cette aide à la conversion est versée pendant cinq ans. Elle doit suppléer les baisses drastiques de rendement et la réorientation des productions sur la ferme.
Avant, lorsque l’agriculteur bio avait passé cette période charnière, il touchait une aide au maintien, qui prenait le relais pour continuer à consolider son nouveau modèle économique. Des subsides cofinancés par l’Etat et les régions. En 2017, le gouvernement de M. Macron a décidé d’arrêter d’abonder les aides au maintien, laissant aux régions qui le souhaitaient la possibilité de les garder. M. Denormandie a annoncé qu’elles seront, cette fois, définitivement rayées de la carte avec la future PAC.
> Lire aussi  Pour une PAC plus juste, verte et tournée vers l’avenir, un millier de propositions citoyennes
De quoi faire réagir des agriculteurs bio, qui chiffrent d’ores et déjà leur manque à gagner. Le Groupement d’agriculteurs biologiques (GAB) d’Ile-de-France rappelle que ce soutien peut varier aujourd’hui de 160 euros à 600 euros par hectare. Pour une ferme de maraîchage de dix hectares, cela correspond par exemple à une perte de 6 000 euros sur un an. Pour une ferme de grandes cultures de cent hectares, c’est aux alentours de 16 000 euros par an de baisse de revenu.
Adeline Bodard, venue du Loiret – où elle cultive sur cent hectares céréales, fourrages et légumes – pour manifester à Paris, chiffre sa perte à 9 000 euros par an. La facture est encore plus lourde pour Pierre Bousseau, un éleveur de vaches limousines et cultivateur de céréales et de noyers en Charente ; il l’évalue à 12 500 euros. Pour Loïc Madeline, dont la ferme est dans l’Eure, au sein d’une région qui n’abonde plus la prime au maintien, la baisse des aides a déjà eu lieu.
Crispation sur les écorégimes
Autre point d’intense crispation avec le gouvernement : les écorégimes. Principal outil de verdissement de la future PAC, il doit servir à rémunérer des pratiques environnementales vertueuses. Pour l’heure, Bruxelles discute toujours de la part dans les aides directes versées à chaque agriculteur, dit « paiement de base », qui sera fléchée vers ces écorégimes. Le curseur varie entre 20 % et 30 %.
M. Denormandie souhaite que l’essentiel des agriculteurs soient éligibles aux écorégimes. Il a donc présenté un système d’attribution à deux niveaux. Il a placé le bio au niveau supérieur, gage d’une prime maximale, donc sans perte financière, pour les agriculteurs bio sur le volet des aides directes à l’hectare. Mais il a mis le bio sur un pied d’égalité avec une certification baptisée « HVE », pour « haute valeur environnementale », dont le cahier des charges n’est en rien comparable. Sur les panneaux des manifestants, elle est d’ailleurs nommée « haute valeur d’escroquerie ».
> Lire aussi  La certification agricole « HVE » sous le feu d’une nouvelle critique
« Mettre le bio et la certification HVE au même niveau, c’est un mauvais signal. Il n’y a pas d’inflexion de la PAC. Les services environnementaux ne seront pas rendus », estime Philippe Henry, président de l’Agence Bio. « La certification HVE est demandée par les grandes surfaces et les industriels de l’agroalimentaire, car le cahier des charges du bio est trop contraignant. Notre modèle est déshabillé, alors que l’agriculture bio touche tout le monde. Le gouvernement va casser des filières qui ont mis des années à se construire », s’emporte M. Bousseau.
M. Madeline s’interroge sur le risque d’une baisse du rythme des conversions, si le soutien financier n’est pas incitatif. « La communication sur une enveloppe augmentée pour les paysans conventionnels qui veulent se convertir au bio n’est que poudre aux yeux, ce budget est fictif et ne sera jamais dépensé, personne n’ira se convertir sans soutien durable », lance-t-il.
« Le cap des 50 000 agriculteurs bio a été franchi »
Les chiffres du nombre de conversions en 2020 n’ont pas encore été publiés. Seule certitude, selon M. Henry : « Le cap des 50 000 agriculteurs bio a été franchi. »
Lorsque le bilan des conversions en 2021 sera diffusé, de nombreuses données seront scrutées. Comme les éventuels renoncements des exploitants. Mais aussi l’appétit des consommateurs. « En grande distribution, il y a eu un tassement important de la croissance des produits bio en 2020, avec une progression de 13 % contre une hausse de 20 % auparavant », souligne Emily Mayer, directrice au sein de l’institut IRI. Une période très atypique, il est vrai, avec la frénésie d’achats du premier confinement et beaucoup de changements dans les habitudes de consommation des Français.
> Lire aussi  Le lobby agricole lutte contre un verdissement de la PAC
En ce début d’année 2021, les comparaisons sont encore plus périlleuses. « Sur les quatre premiers mois de l’année, les ventes de produits bio en grande distribution sont en retrait de 1,1 % par rapport à la même période de 2020, mais en hausse de 20 % comparées à 2019 », estime Mme Mayer.
Pour sa part, l’enseigne Biocoop, qui fédère 700 magasins spécialisés, a vu son chiffre d’affaires progresser de 16 % à 1,62 milliard d’euros en 2020. « Les discussions en cours sur la PAC présagent un recul important des efforts en faveur de l’agriculture biologique. Ce mouvement est en profond décalage, tant avec les aspirations politiques qu’avec les aspirations citoyennes, qui ont été amplifiées par la crise sanitaire en cours », a dénoncé, mercredi 2 juin, Biocoop, soutenant la mobilisation des agriculteurs bio.
<https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/06/03/les-agriculteurs-bio-mecontents-des-arbitrages-du-gouvernement_6082590_3234.html>
_______________________________________________________________________________________________________________________
En images
19- Pyrénées-Orientales : les agriculteurs du Roussillon sont les champions du bio, France 2, journal de 13h, 24/05/21

Dans les Pyrénées-Orientales, les agriculteurs se convertissent de plus en plus au bio. Plus d'un tiers des parcelles sont cultivées selon l'agriculture biologique. Comment expliquer un tel engouement ? 
Dans le Roussillon, les fruits et légumes font le plein de soleil. Charles Payre, agriculteur à Saint-Nazaire (Pyrénées-Orientales) s'est converti au bio il y a 50 ans. Avant cette transition, il utilisait largement des produits chimiques. "Les premiers pesticides, on était ravis, c'était l'avenir, et puis au bout de 5/6 ans, mon épouse a commencé à se dire que traiter comme ça, torse nu, sans faire attention alors qu'il y a des têtes de mort partout...", témoigne-t-il. 
Un climat favorable et une filière organisée
Denis Pla, un maraîcher de Saint-Hippolyte, est passé au bio pour des raisons économiques alors que sa monoculture de salade ne fonctionnait plus. Désormais, son exploitation s'est diversifiée, les cultures sont en rotation, et il vend en circuit court. Il a redressé sa trésorerie grâce aux 20% d'augmentation des prix de vente en bio. Il est convaincu d'avoir fait le bon choix pour la nature. Le climat est favorable dans la région : le vent et soleil réduisent le nombre de maladies sur les exploitations. Mais la filière est également bien organisée : en cas d'attaque de pucerons ou de prolifération de champignons, une association vient au secours des agriculteurs, qui ont appris aussi à anticiper les difficultés.
> Reportage à voir à :
<https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/pyrenees-orientales-les-agriculteurs-du-roussillon-sont-les-champions-du-bio_4636127.html <https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/pyrenees-orientales-les-agriculteurs-du-roussillon-sont-les-champions-du-bio_4636127.html>>
_______________________________________________________________________________________________________________________
20- Vidéo. Une chimie verte qui se fait dans l’herbe, CNRS, « Un Zeste pour la planète », 25/05/12

Ne pas polluer davantage, c’est bien… Mais dépolluer notre planète, c’est mieux ! Dans ce 3e épisode d'« Un Zeste pour la planète », focus sur la phytorestauration, une technique par laquelle des chercheurs sont capables de dépolluer "naturellement" les eaux et sols usés grâce aux plantes, en produisant au passage un compost réutilisable, avec un très faible impact sur l'environnement.
> Vidéo à voir à :
<https://lejournal.cnrs.fr/videos/une-chimie-verte-qui-se-fait-dans-lherbe <https://lejournal.cnrs.fr/videos/une-chimie-verte-qui-se-fait-dans-lherbe>>
_______________________________________________________________________________________________________________________
21- L’agriculture régénératrice, ça marche comment ?, 20 minutes avec Brut, 28/05/21, 15h43

Nature. Chaque jour, « 20 minutes » vous conseille des vidéos réalisées par son partenaire Brut.
Associer plusieurs plantes différentes dans une même culture afin que chacune bénéficie des apports de l’autre, c’est le concept de l’agriculture régénératrice. L’objectif ? Éviter les monocultures et l’utilisation de fertilisants, polluants, consommateurs d’eau, d’espace et fragilisants pour les sols. Cette technique agricole reproduit le fonctionnement originel de la nature complexifiant les plantations et favorisant une terre beaucoup plus riche.
Felipe Villela est le cofondateur de reNature, qui accompagne les agriculteurs et les aide à changer leurs méthodes agricoles. Il en dit plus dans cette vidéo, réalisée par notre partenaire Brut.
> Vidéo à voir à :
<https://www.20minutes.fr/planete/3050031-20210528-agriculture-regeneratrice-ca-marche-comment>
_______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA PRÉSENTE REVUE DE PRESSE...
Cette revue de presse s’inscrit dans la mission éducative de notre Fondation, au statut apolitique et non confessionnelle, et vise à répondre aux souhaits d’information et de sensibilisation des abonnés.
Elle n’a pas de caractère exhaustif. Il s’agit d’une sélection pluraliste d’articles ou de dépêches, parfois antagonistes, ne faisant pas systématiquement la Une des journaux et regroupés en 6 thèmes, adressée par mail du lundi au vendredi, à raison d’un thème différent chaque jour.
Diffuser ces articles ne signifie pas automatiquement les approuver mais vise à vous surprendre, vous enrichir, vous donner envie d’en savoir plus, vous aider à relayer l’info, à passer à l’action, et même, à vous indigner ou à vous faire sourire ! Nous espérons qu’au moins un de ces articles répondra chaque jour à l’un de ces objectifs.
Si l’archivage récemment mis en place ne cous convient pas, pensez à conserver les articles qui vous concernent ou vous intéressent particulièrement.
Sur le fond et en complément de notre site Internet <http://www.fondation-nature-homme.org/>, Facebook <https://www.facebook.com/FondationNH/>, Twitter <https://twitter.com/fondationNH> & Instagram <https://www.instagram.com/fondationNH/>, il s’agit là d’une modeste contribution à une meilleure compréhension du monde par l’éducation à la complexité.
Quant à la forme, elle se veut sans prétention et n'y associe aucune pièce jointe pour éviter de saturer votre boîte mail.
Pour agrandir la taille des caractères
A l’aide du clavier : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et appuyez sur la touche + autant de fois que vous le souhaitez jusqu’à ce que vous soyez en mesure de lire correctement.
A l’aide de la souris : Maintenez la touche CTRL de votre clavier enfoncée et tournez la molette de votre souris vers le bas pour agrandir. Cela fonctionne avec la plupart des navigateurs.
Merci pour votre indulgence.
NB : – Si vous êtes équipé(e) d’un antispam, n’oubliez pas de le formater pour vous permettre de recevoir la présente revue de presse.
- En pied de page de chaque message vous trouverez une adresse url qui vous permettra :
• De vous abonner, de changer de mail ou de vous désabonner à votre gré ;
• D’accéder à un archivage.
- Pour entrer en liaison avec le gestionnaire de cette liste, adresser votre mail à : <f.demonclin(at)fnh.org <http://fnh.org/>>
- Economisez de l'énergie, du papier et de l'encre, n'imprimez ce message que si nécessaire.
_______________________________________________________________________________________________________________________
À PROPOS DE LA FONDATION POUR LA NATURE ET L'HOMME (FNH)…
NOS PROGRAMMES
— Génération climat <http://www.generation-climat.org/>, un programme de soutien aux jeunes porteurs de projets en France et à l’étranger.
— J’agis pour la nature <https://jagispourlanature.org/>, des activités de bénévolat nature partout en France.
— Mon Restau Responsable <https://www.monrestauresponsable.org/>®, un outil gratuit destiné à accompagner les restaurants collectifs qui souhaitent proposer à leurs convives une cuisine saine, de qualité et respectueuse de l’environnement.
— L’affaire du siècle <https://laffairedusiecle.net/>, une campagne de mobilisation pour soutenir l'action en justice contre l'Etat pour le climat. 
— The Freaks <https://www.the-freaks.fr/>, un collectif d'artistes et de personnalités qui s'engagent à adopter de nouveaux comportements pour lutter contre la sur-consommation, la pollution, le réchauffement climatique et protéger la biodiversité.
— Le temps est venu <https://letempsestvenu.org/>,  100 propositions de Nicolas Hulot pour prendre la mesure des changements à entreprendre pour opérer une transition écologique socialement juste.
— Baromètre des mobilités <http://barometremobilites-quotidien.org/>, une analyse annuelle des pratiques de mobilité des Français.
LES PUBLICATIONS DU THINK TANK
— Les rapports et contributions  <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?category=think-tank&think-tank=rapport-contributions>
— Les Points de vue & Editos <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?think-tank=les-points-de-vue-editos&category=think-tank> 
— Les Talks <https://www.fondation-nicolas-hulot.org/articles/?think-tank=les-talks&category=think-tank> 
______________________________________________________________________________________________________________________

-------------- section suivante --------------
Une pièce jointe HTML a été nettoyée...
URL: <http://mailing.fondation-nature-homme.org/pipermail/revue-presse/attachments/20210607/10c5236d/attachment.html>


Plus d'informations sur la liste de diffusion revue-presse